Malgré
l' échec sans précédent de sa carrière politique,
Özal se déclare vainqueur du
référendum du 25 septembre!
UN REFERENDUM ABSURDE
Le référendum du 25 septembre, dont l'objet était un
changement constitutionnel ayant pour effet de faire avancer les
élections locales de cinq mois et de les organiser en novembre, a
infligé à Özal l'échec le plus retentissant de sa carrière politique,
et ce alors que la semaine dernière, il s'était déclaré prêt à
démissionner si le résultat lui était défavorable.
Monsieur Özal n'a obtenu que 35% des voix, alors que
65% de l'électorat turc a voté contre l'amendement, répondant ainsi à
l'appel de tous les partis de l'opposition, aussi bien de gauche que de
droite.
Malgré cette défaite, Özal a estimé que ce score,
proche de celui obtenu par son parti lors des élections législatives de
1987 (36%), suffit à sauver la face et à revenir sur son intention de
démissionner. Il a déclaré:" Nous continuerons à servir le pays pendant
les quatre années à venir, jusqu'aux prochaines élections
législatives."
De toute façon, beaucoup de personnes considéraient
déjà l'annonce de son intention de démissionner, comme une tactique
électorale destinée à lui faire gagner des voix. Il est clair que ce
sont les scores d'Ankara (36,5%) et d'Istanbul (40,6%) qui ont sauvé
Özal d'une catastrophe électorale plus importante. Dans certaines zones
rurales, et plus particulièrement les provinces du Kurdistan Turc, son
score n'atteignait pas 18%.
Ce résultat reflète l'insatisfaction des électeurs
face à l'incompétence du gouvernement à combattre l'inflation
galopante, qui accusait une augmentation de 78,4% à la fin du mois
d'août. Derrière la hausse des prix, on trouve un déficit budgétaire
grandissant et des emprunts domestiques croissants, encouragés par la
rapide dépréciation de la Livre turque, due au service de la dette qui
est particulièrement lourd cette année.
Une autre raison majeure de la défaite d'Özal est,
sans aucun doute, le régime autoritaire persistant et la violation
continuelle des droits de l'Homme.
Suite à ce référendum, la population peut s'attendre
à cinq mois de campagne électorale. Les élections locales qui auront
lieu en mars 1989, constitueront un véritable test pour Özal ainsi que
pour les partis de l'op-position.
Certains pensent que Özal se fatigue et qu'il
pourrait avoir l'intention de se retirer l'année prochaine à moins
qu'il ne se décide à assumer la présidence à son tour, lorsque le
général-président Kenan Evren se sera retiré à la fin de son mandat en
novembre 1989.
RESOLUTION DU PARLEMENT EUROPEEN SUR LA TURQUIE
Lors de sa session du 15 septembre 1988, le
Parlement Européen a adopté une résolution demandant, pour la première
fois en huit ans, la reconduction de la Commission parlementaire mixte
Turquie-CEE. En dépit des réserves qu'il y exprime au sujet des
violations des droits de l'hom-me, cette résolution constitue le
dernier pas de l'Europe vers la reconnaissance du régime turc.
La Commission parlementaire mixte, au sein duquel
l'Assem-blée Nationale Turque et le Parlement Européen sont représentés
respectivement par 18 députés avait été suspendue suite au Coup d'Etat
militaire de 1980.
Nous reproduisons ci-dessous la résolution, basée
sur un rapport du député social-démocrate ouest-allemand Gerd Walter:
"Le Parlement européen,
"1. souligne que, sous l'influ-ence des pays de
l'Europe, la Turquie s'est, à l'époque contemporaine, dotée de
constitutions et d'un ordre juridique inspirés du modèle
démocratique des Etats d'Europe occidentale, qui de temps à autre sont
cependant suspendus par des coups d'Etat;
"2. estime que l'application et, le cas échéant, le
développement de l'accord d'association constituent la formule propre à
tenir dû-ment compte de l'importance particulière de la Turquie pour
l'Eu-rope; estime toutefois que cela ne pourra être envisagé que
lors-que la démocratie aura été totalement rétablie en Turquie et que
les droits de l'homme y seront respectés;
"3. est par conséquent disposé à, envisager la
relance de l'association à la lumière de l'évolution qui s'opère en
Turquie;
"Situation en Turquie
"a) Droits de l'Homme
"4. se réjouit que, depuis le 29 janvier 1987, les
citoyens turcs aient le droit de présenter une requête individuelle
auprès de la Commission européenne des droits de l'homme, conformément
à l'article 25 de la Convention européenne des droits de l'homme, mais
réaffirme la préoccupation qu'il a exprimée dans de nombreuses
résolutions à l'égard de la situation peu satisfaisante des droits de
l'homme en Turquie et, dans ce contexte, rappelle le rapport qui a été
élaboré à ce sujet par sa délégation pour les relations avec la Turquie;
"5. constate que la Constitution turque et le code
pénal turc maintiennent toujours les interdictions d'amnistier des
délinquants politiques qui ont eu recours à la violence et de mener
certaines activités politiques considérées comme légales dans les pays
démocratiques;
"6. prend acte de ce que, sur la base d'une loi
adoptée en 1987 par la Grande Assemblée nationale turque, les peines
d'emprisonnement prononcées dans le cadre des procès visant la DISK et
le Mouvement pacifiste ont été réduites -non sans restrictions de
certains droits civils et politiques-, certains des détenus se voyant
même libérés;
"7. relève qu'en dépit de certains efforts consentis
par le gouvernement turc, la torture et les conditions de détention
inhumaines restent répandues;
"8. se félicite de la signature et de la
ratification, à laquelle la Turquie a procédé entre-temps, de la
convention européenne relative à la torture et demande que les
dispositions prévues soient complètement appliquées et que cela
s'assortisse de possibilités de vérification internationale; se
félicite également du fait que la Turquie a ratifié la Convention des
Nations unies sur la torture le 2 août 1988;
"9. estime que la démocratie ne sera pas totalement
rétablie en Turquie aussi longtemps que la suprématie et l'indépendance
des tribunaux civils n'auront pas été restaurées, ainsi que le droit
d'être jugé rapidement et de façon impartiale avec l'assistance d'un
défenseur dans tous les cas;
"10. constate que l'existence et l'action des
tribunaux de sûreté de l'Etat vont à l'encontre du processus de
démocratisation et ne correspondent pas aux normes européennes;
"11. demande qu'il soit mis fin, dans les geôles
turques, à la détention indéterminée en régime cellulaire de personnes
qu'aucun tribunal n'a condamnées;
"12. préconise l'arrêt rapide des procès visant le
Mouvement pacifiste turc, la DISK et Devrimci Yol qui se déroulent
actuellement devant la Cour suprême; fait observer que l'inculpation du
MM. Kutlu et Sargin ainsi que le déclenchement d'une procédure
juridique visant à interdire le parti socialiste installé à la fin du
mois de janvier constituent de graves violations du droit à la liberté
d'action politique et demande une révision du code pénal turc (en
particulier de ses articles 141, 142 et 163) afin de permettre la mise
en place d'une véritable démocratie pluraliste; rappelle à ce propos
ses résolutions du 19 novembre 1987 et du 21 janvier 1988 réclamant la
libération de MM. Kutlu et Sargin;
"13. souhaite la levée des restrictions qui
subsistent à la liberté d'exercer des activités politiques et
syndicales et à la liberté d'opinion ainsi que l'abolition de la peine
de mort;
"14. constate qu'un grand nombre de citoyens turcs
ont demandé l'asile politique en Europe, que certains d'entre eux ont
été déchus de la nationalité turque et qu'il leur est impossible à ce
jour de rentrer dans leur pays d'origine;
"15. souhaite la restauration des droits de
citoyenneté pour tous les ressortissants turcs qui ont été privés de
leur nationalité pour raisons politiques, et des garanties pour les
réfugiés politiques souhaitant retourner en Turquie;
"16. demande la libération de tous les prisonniers
politiques qui ont été accusés en raison de leur idéologie politique ou
de leur appartenance à un parti ou à une organisation politique;
"17. condamne les actes terroristes d'où qu'ils
viennent et demande que soient reconnus les droits fondamentaux de
l'homme pour les membres de la minorité kurde résident en Turquie;
"18. rappelle les obligations qu'impose à la Turquie
le traité de Lausanne de 1923 en ce qui concerne les minorités non
musulmanes et plus particulièrement les populations helléniques de
Constantinople (Istanbul), d'Imbros (Gökçeada) et de Tenedos
(Bozcaada), ainsi que les Arméniens vivant encore en Turquie;
"Rétablissement de la démocratie parlementaire
"19. rappelle ses résolutions précitées du 23
octobre 1985 et du 11 décembre 1986, dans lesquelles le rétablissement
de la démocratie parlementaire était considéré comme la condition de la
relance des organes d'association;
"20. fait observer que depuis le rétablissement de
la Grande Assemblée turque, des progrès décisifs ont été accomplis dans
la voie de la restauration de la démocratie parlementaire, ce qui a
permis de remplir cette condition préalable;
"21. se réjouit de ce que, sur la base du référendum
organisé en septembre 1987, les droits politiques d'éminents hommes
politiques d'anciens partis ont été rétablis plus tôt que prévu;
"22. conforme toutefois les constatations faites par
sa délégation à l'occasion des élections turques du 29 novembre 1987,
mais note que tous les partis et forces politiques sont d'accord pour
éliminer les restrictions qui subsistent et rechercher une
consolidation plus poussée de la démocratie;
"23. demande aux autorités turques de lever l'état
d'urgence qui subsiste dans 11 provinces voisine de l'Iran et de l'Irak
afin de mettre un terme aux restrictions qui pèsent sur la vie
politique et parlementaire dans ces provinces;
"Etat de l'association
"24. rappelle qu'un an et demi seulement après
l'entrée en vigueur des traités de Rome, la Turquie a demandé d'être
associée à la CEE, ce qui a abouti à la signature de l'accord
d'association en 1963;
"25. constate que l'article 28 de l'accord
d'association prévoit que dès que le fonctionnement de l'accord
permettra d'envisager que la Turquie assume pleinement les obligations
prévues par le traité instituant la Communauté, les parties
contractantes examineront les possibilités d'une adhésion de la Turquie
à la Communauté;
"26. invite la Commission, qui est chargée, à la
suite de la demande d'adhésion de la Turquie à la Communauté, de
rédiger un avis à ce sujet conformément à l'article 237 du Traité CEE,
de tenir compte non seulement des aspects économiques d'une éventuelle
adhésion de la Turquie à la Communauté, mais aussi de ses aspects
politiques (évolution interne et externe de la Turquie, droits de
l'homme, libertés fondamentales, situation des minorités) ainsi que des
vues exprimées par le Parlement européen à travers ses diverses
résolutions;
"27. souligne que d'importantes obligations imposées
par l'accord d'association ne sont pas respectées et renvoie à cet
égard au rapport Pimenta de la commission des relations économiques
extérieures;
"28. signale en outre que les protocoles
d'adapta-tion à l'accord d'association CEE-Turquie, faisant suite à
l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à la Communauté, ont été
approuvés par le Parlement et conclus par la Commission;
"29. souligne à cet égard que son approbation de ces
protocoles techniques n'implique pas l'approbation de la politique
menée jusqu'à présent par le gouvernement turc et que subsistent ses
réserves susmentionnées en ce qui concerne la situation des droits de
l'homme et le développement d'une démocratie parlementaire;
"Relance de l'association
"30. souligne que sa défense tenace de la démocratie
et des droits de l'homme a contribué, dans certains cas, à alléger les
souffrances des personnes condamnées pour des motifs politiques en
Turquie;
"31. invite le gouvernement turc à respecter les
obligations qui lui incombent aux termes de l'Accord d'association et à
prendre toutes les mesures requises pour la consolidation de la
démocratie parlementaire et le respect des droits de l'homme;
"32. demande aussi au gouvernement turc de consentir
à une solution négociée au problème de Chypre, comme indiqué dans sa
résolution du 20 mai 1988, ainsi qu'au règlement de ses différends
bilatéraux avec la Grèce, Etat membre de la Communauté, par la
recherche de solutions conformes au droit international;
"33. estime qu'à la suite des élections de novembre
1987 en Turquie, les organes d'association constituent le cadre
approprié pour mener le dialogue entre la Communauté et la Turquie sur
la poursuite de cette évolution; souhaite dès lors la relance de
l'Association et le rétablissement de la commission parlementaire mixte
CEE-Turquie;
"34. rappelle au gouvernement turc que l'occupation
d'une partie de Chypre, qui est également associée à la Communauté
européenne, est inacceptable et reste un obstacle au développement de
bonnes relations;
"confirme à cet égard les constatations contenues
dans sa résolution du 20.5.1988 et demande:
"a) aux gouvernements des Etats membres de la
Communauté d'appuyer la nouvelle initiative du Secrétaire général de
l'ONU pour le succès des entretiens en cours entre le Président de la
République cypriote et M. Denktach, représentant de la communauté
cypriote turque, en vue du rétablissement de la paix et de la stabilité
dans la région, dans le cadre du respect des principes démocratiques et
de l'indépendance et de l'unité de la République cypriote;
"b) au gouvernement turc d'user de toute son
influence auprès de la population turque cypriote pour permettre la
recherche d'une solution durable et viable au problème cypriote,
conformément aux principes précités;
"35. se félicite de l'accord conclu récemment entre
les gouvernements grec et turc sur la préservation de la paix et sur
l'examen de leurs différends bilatéraux sur la base du droit
international et souligne que l'existence de relations harmonieuses
entre les deux pays contribuera aussi à une évolution positive des
relations entre la Communauté et la Turquie."
Dans une autre résolution, le Parlement Européen a
décidé d'activer les mécanismes appropriés à l'envoi de l'aide aux
réfugiés Kurdes en Turquie. Cependant un paragraphe remerciant la
Turquie pour avoir ouvert ses frontières aux réfugiés a été supprimé du
texte final.
RAPPORT AMERICAIN SUR LA TURQUIE
La Commission américaine sur la Sécurité et la
Co
opération en Europe a soumis au Congrès des Etats-Unis, en juillet
1988, son rapport mis à jour sur la si-tuation des droits de l'homme en
Turquie.
La Commission, après avoir fourni des informations
détaillées sur la situation des droits politiques, des prisonniers
politiques, de la torture, de la liberté d'association et des
syndicats, de la liberté de la presse, de la liberté d'expression, des
droits des minorités, de la liberté de culte, est arrivée à la
conclusion suivante:
"Les progrès importants de la Turquie en matière des
droits de l'Homme, au cours de ces dernières années, ont été reconnus
par un certain nombre d'or-ganisations dont le Conseil de l'Europe et
le Parlement Européen. Les efforts continus du gouvernement turc pour
améliorer la situation des droits de l'Homme ont donné de bons
résultats.
"En même temps, la Commission reste concernée par de
sérieux problèmes dans certains domaines. La Commission condamne la
torture sous n'importe quelle forme que ce soit, comme contraire au
respect de la dignité humaine, et ce en vertu des Accords d'Helsinki.
Le Gouvernement turc a pris des mesures ainsi que des engagements
internationaux récents, tendant vers la suppression totale de la
torture de la scène turque. La fidélité du gouvernement à cet objectif
ainsi qu'à ses engagements internationaux sera éprouvée dans le futur.
"En ce qui concerne le statut de la minorité kurde,
la Commission pense que la Turquie devra trouver un moyen de concilier
les aspirations de ces Kurdes, à vivre en paix en tant que citoyens de
la République Turque tout en maintenant leur culture traditionnelle.
Des activités politiques récentes laissent présager que le processus
est peut-être déjà en marche.
"Alors qu'il reste encore des thèmes qui ne peuvent
être traités à fond oralement ou par écrit, sans qu'on ait
préalablement considéré les conséquences potentielles légales, le degré
de liberté accordé à la presse est plus important que celui des années
précédentes. Le fait que des sujets qui étaient virtuellement
intouchables avant et pendant la Loi Martiale soient tolérés
actuellement met en évidence les progrès réalisés dans le domaine de la
liberté d'expression.
"Il est remarquable que, graduellement, les
questions administratives de longue date, dont certaines dataient
d'avant 1980, ont été résolues ces dernières années en respectant les
minorités religieuses. C'est un changement appréciable et la Commission
espère que ce pro-grès encourageant continuera.
"Aucune société n'est parfaite en ce qui concerne
les droits de l'Homme. Ainsi des pays comme la Turquie, dans lesquels
les citoyens ont la possibilité de saisir les Cours de justice de leurs
griefs, sont plus proches de l'idéal d'Helsinki que beaucoup de
pays signataires. De plus en plus les décisions du système judiciaire
vont dans le sens de la protection des libertés personnelles telles que
la liberté d'expression, de réunion, d'association. Si le gouvernement
turc est apte à suivre les lignes d'action qu'il s'est fixées, et ce à
tous les niveaux et à travers tout le pays, les recours à la Justice
seront peut-être moins fréquents et moins nécessaires.
"La Loi turque est en train d'évoluer vers une
réflexion et une institutionnalisation complète de toutes les libertés
qui ont gagné de la valeur depuis l'établisse-ment de la République. La
Commission pense que le processus est bien engagé."
SOUTIEN SOVIETIQUE A KUTLU ET SARGIN
Depuis le coup d'Etat de 1980, c'est la première
fois que l'URSS envoie un juriste de niveau supérieur comme observateur
à un procès politique en Turquie. Le professeur Rais Tuzmuhammedov,
représentant du Barreau soviétique, a assisté à l'audition de deux
dirigeants du TBKP (Parti Communiste Unifié de Turquie) du 17 août
dernier à Ankara.
Le professeur a déclaré, après l'audition, que le
procès de Nabi Yagci (alias Haydar Kutlu) et de Nihat Sargin
constituait une violation des règles internationales de démocratie.
Les dirigeants soviétiques, jusqu'à ce procès, n'ont
jamais montré leur soutien aux victimes du terrorisme d'Etat en
Turquie. Même ils n'ont pas hésité à renvoyer certains militants de
gauche qui demandaient l'asile politique à l'Union Soviétique. Certains
ont été condamnés par après à de très lourdes peines de prison par des
tribunaux militaires turcs.
CRITIQUES D'UN GROUPE ALLEMAND
Quatre observateurs de la RFA, qui se trouvaient à
Ankara pour assister au procès de masse du DEV-YOL, ont rencontré le
conseiller du ministre de la justice, Yildirim Türkmen, pour débattre
du système pénal turc et de l'emploi de la torture.
Le groupe, comprenant Udo Groenheid, président du
Barreau de Berlin Ouest; Eckard Barthel, député social-démocrate; S.
Graessner, le représentant de l'Associa
-tion médicale de Berlin Ouest et Brigitte Appel, député écologiste au
Parlement de Berlin Ouest, a déclaré que la torture est toujours
présente en Turquie et que 167 personnes en sont mortes depuis le coup
d'Etat militaire de 1980 .
Graessner a déclaré que l'ancien commandant de la
loi martiale d'Ankara, Recep Ergun, a démis de ses fonctions un
procureur militaire qui avait ouvert une procédure judiciaire contre
des policiers accusés de torturer des détenus. "Cela montre que les
tribunaux n'ont pas de liberté d'action." a-t-il ajouté.
Le groupe ouest-allemand a également déclaré que la
Turquie ne pouvait pas devenir membre à part entière des Communautés
Européennes, compte tenu de son système judiciaire actuel et de la
constante violation des droits de l'homme qui y sévissent.
HUIT CONDAMNATIONS A MORT POUR DEV-YOL
Le procès de masse des 854 prévenus de DEV-YOL s'est terminé le 24 août
à Erzincan, et ce après sept ans de procédure. Le tribunal militaire a
condamné huit inculpés à mort et 14 autres à l'emprisonnement à vie.
Le procès des militants de gauche a commencé en
1981, un an après que les forces militaires turques aient envahi la
petite ville de Fatsa, située sur la mer noire près de Ordu, au moyen
de tanks et de policiers dans le but de mettre fin à ce qui était
décrit comme une domination politique des extrémistes de gauche de
l'organisation DEV-YOL.
Des hommes inconnus en civil, le visage caché par
des masques noirs, ont conduit les policiers aux domiciles des
personnes à arrêter. On a appris plus tard qu'il s'agissait de membres
ou de sympathisants du MHP, parti néo-fasciste.
Parmi les 854 prévenus, se trouvaient le maire de
Fatsa, Fikri Sönmez, des fonctionnaires publics et des professeurs.
Tous étaient accusés d'appartenir au DEV-YOL et de tenter de mettre sur
pied une administration anticonstitutionnelle à Fatsa .
En réalité, Fikri Sönmez avait été élu maire grâce
au soutien de tous les partis politiques de la ville, à l'exception du
néo-fasciste MHP, et avait institué une sorte d'autogestion.
Pendant le procès, en 1983, on a assisté à
l'arres-tation du procureur militaire, accusé de recevoir des
pots-de-vin des familles des prévenus. Il a été condamné à 29,5 ans de
prison, mais a été mis en liberté provisoire depuis.
Cependant, le tribunal a continué à utiliser l'acte
d'accusation qu'il avait préparé et qui réclamait la condamnation à
mort pour 341 des prévenus. Entre-temps, monsieur Sönmez est mort en
prison, en 1985, à cause des mauvais traitements qui lui ont été
infligés.
En plus des huit condamnations à mort et des 14
emprisonnements à vie, le tribunal militaire a aussi prononcé 313
peines de prison allant de un à 20 ans.
Après la lecture des condamnations, les prévenus ont
commencé à crier des slogans tels que: "Nous n'avons pas encore dit
notre dernier mot!", "Vive notre combat!", pendant que leurs parents
les applaudissaient dans la salle.
Seulement 38 des 854 prévenus étaient encore en
détention lorsque les sentences ont été prononcées.
Comme nous l'avons signalé dans la publication
précédente, lors d'un autre procès de masse contre le DEV-YOL à Ankara,
le procureur militaire a requis la peine de mort pour 74 des 723
prévenus.
DES PROCES POLITIQUES EN AOUT
Le 7 août s'est ouvert un nouveau procès contre 18
personnes accusées de collaborer avec le PKK.
Le 12 août, 7 membres du TKPB ont été condamnés à 34
ans de prison chacun par la Cour de Sûreté de l'E-tat d'Ankara pour
avoir saboté, en 1986, les Industries d'Etat de machines et de produits
chimiques à Kirikkale. Le jour suivant, on a procédé à l'arrestation de
sept personnes, parents des condamnés, pour avoir crier des slogans
pendant la lecture de la sentence.
Le 13 août, deux étudiants, Gündüz Özer et Veysel
Duvaryapan, ont été condamnés à 11 mois de prison pour avoir peint sur
un mur un slogan demandant la li-bération des deux leaders du TBKP.
Le 31 août, le procureur militaire de la Cour de
Sûreté de l'Etat d'Izmir a ouvert un nouveau procès contre 17 membres
de Dev-Yol pour avoir essayé de pénétrer dans la prison de Kirsehir en
creusant un tunnel, dans le but de sauver leurs camarades. Ils risquent
des peines de prison de plus de 50 ans.
ARRESTATIONS DE MASSE EN AOUT
Le premier août, à Mardin, la police a arrêté 59
Kur-des pour avoir procuré un abris aux opposants du PKK.
Le 6 août, à Siirt, la police a arrêté 3 membres du
Syndicat des ouvriers du secteur pétrolier (Petrol-Is), trois membres
du Parti Populiste Social-démocrate(SHP), ainsi que 20 autres personnes.
Le 8 août, à Ankara, 11 membres présumés du TKP/ML
ont été arrêtés.
Le 12 août, la police a déclaré avoir abattu trois
di-rigeants du PKK à Adiyaman.
Le 13 août, sept membres présumés du Parti
Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP) ont été arrêtés à Ankara.
Le 15 août, une échauffourée entre les forces armées
et la guérilla du PKK, a coûté la vie à deux personnes, une dans chaque
camp.
Le 17 août, sept membres présumés du PKK ont été
arrêtés à Mardin.
Le 20 août, la police a annoncé l'arrestation de 22
membres présumés du PKK dans les provinces australes d'Izmir et
d'Antalya.
Le 22 août, un militant du PKK a été abattu et deux
autres arrêtés par les forces de sécurité à Mardin. Il semblerait que
la victime soit le neveu du député social-démocrate Ahmet Türk.
ACTION POUR LES APATRIDES
L'Association turque des droits de l'Homme a lancé
une campagne pour la restauration de la nationalité de tous ceux qui en
ont été privés à cause de leurs opi
nions politiques.
Le 25 août, lors d'une visite d'une délégation de
cette association, le président du SHP, Erdal Inönü a déclaré:" Priver
des citoyens turcs de leur nationalité, est une pratique primitive.
Lorsque nous arriverons au pouvoir, nous y mettrons immédiatement fin,
et nous restaurerons leur nationalité."
D'autre part, le Parlement Européen, dans sa
résolution du 15 septembre 1988, a demandé au gouvernement turc de
restaurer les droits politiques des ressortissants turcs qui ont été
privés de leur nationalité et de fournir des garanties aux réfugiés
politiques qui souhaitent retourner en Turquie.
NOUVELLES ALLEGATIONS SUR LA TORTURE
Lors du procès à la Cour de Sécurité de l'Etat
d'Istanbul, le 16 août dernier, de 17 personnes accusées d'avoir aidé
les prisonniers politiques qui se sont échappés de la prison militaire
de Metris, une détenue a déclaré qu'ils avaient été torturés pendant
leur interro-gatoire au centre de police .
Une chanteuse de 16 ans, Saadet Akkaya, a raconté
qu'elle avait été laissée sans vêtement pendant 15 jours et qu'elle
avait été torturée au moyen de décharges électriques dans les organes
génitaux et de coups de bouteille dans le vagin. Elle a ajouté que ses
bourreaux communiquaient entre eux en utilisant des noms de code tels
que Panzer, Echos 66, Vert, Atome, Laitier.
L'OBLIGATION DE REVETIR L'UNIFORME CARCERAL
Les autorités pénitentiaires ont obligé les
prisonniers politiques, y compris ceux qui n'ont pas encore été
condamnés, à revêtir un uniforme de prison. Cette pratique avait été
supprimée l'année dernière, après que les prisonniers aient résisté.
Le 9 août, l'Association de Solidarité avec les
Familles des Détenus et des Prisonniers (TAYAD) a lancé un appel aux
autorités pénitentiaires pour qu'elles cessent cette pratique inhumaine.
Le 16 août, en réponse à cet appel, le Ministère de
la Justice a envoyé une circulaire à toutes les prisons qui n'avaient
pas encore adopté cette mesure, les enjoignant de le faire.
Des familles de prisonniers ont déclaré que toute
vélléité de résistance était découragée par la torture ou des menaces
de sanctions disciplinaires.
A la fin du mois d'août, les détenus de nombreuses
prisons menaçaient de refaire une grève de la faim si cette pratique
n'était pas abandonnée.
A la prison de Bursa, un groupe de détenus
politiques a tenté de s'échapper en creusant un tunnel de 15 mètres.
Après l'avoir découvert, les autorités pénitentiaires ont adopté des
mesures de sécurité extraordinaires dans plusieurs prisons dans le pays.
PERSECUTIONS DE LA PRESSE EN AOUT
Le nombre de revues et de livres qui ont été
confisqués ces derniers mois est tellement important, qu'il paraît que
les caves de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul sont remplies à ras
bord.
Le 21 août, la police y a stocké 23,035 revues
différentes qui pesait plus de 4 tonnes. Le périodique Milliyet du 23
août affirme que toutes les publications dé-clarées coupables seront
envoyées à la papeterie d'Iz-mit pour y être détruites.
Ci-dessous, nous résumons les persécutions dont la
presse a fait l'objet en août:
Le 7 août, le procureur d'Istanbul a mis en
accusation deux journalistes du quotidien Milliyet: Talat Halman et
Eren Güvener, pour avoir diffamé le premier mi-nistre Özal. Chacun
d'eux risque plus d'un an de prison.
Le 12 août, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a
fait saisir un livre intitulé Socialisme et Démocratie Parlementaire
sous prétexte qu'il contient de la propagande communiste.
Le même jour, le journaliste Oral Calislar, après
avoir purgé sa peine de 8 ans de prison, a été arrêté une nouvelle fois
sous prétexte que son nom se trouvait sur la liste noire.
Toujours le 12, le numéro d'août du mensuel Emek
Dünyasi a été saisi par décision de la CSE d'Istanbul. Sept des douze
numéros de ce mensuel ont été confisqués car ils contenaient des
articles défendant les droits de la classe ouvrière et du peuple kurde.
Le 13, le numéro d'août du quotidien Yeni Demokrasi
a été saisi sur l'ordre de la CSE d'Istanbul.
Le 19 août, Cemal Özcelik, éditeur responsable du
mensuel Medya Günesi a été condamné à trois ans et demi de prison pour
avoir publié des articles "affai-blissant le sentiment national". En
guise de protestation, le comité de rédaction a entamé une grève de la
faim, le 29 août.
Le 28 août, l'éditeur de la revue mensuelle Devrimci
Derlenis: Mr. Ahmet Kale ainsi que le représentant du mensuel Gün: Mr.
Taner Renda ont été mis en état d'ar-restation à Ankara, par la police
politique.
Le 30 août, Dogu Perincek,éditeur en chef du
hebdomadaire 2000 Dogru a été mis en état d'arrestation pour un rapport
qu'il a publié sur la tentative d'assas-sinat perpétrée contre Özal.
Le 31 août, le numéro de juin du mensuel Cagdas Yol
a été confisqué sur ordre de la CSE d'Istanbul.
LE JUGE SUPREME CRITIQUE LE REGIME
Le président de la Cour de cassation Ahmet Cosar a
déclenché un débat sur les défauts du système judiciaire turc, en
prononçant un discours lors de la cérémonie qui marquait l'ouverture du
nouvel an judiciaire, le 6 septembre dernier à Ankara.
"Il est inconvenant de maintenir la société turque à
un niveau aussi bas que celui auquel elle était arrivée lors de la
création de la République. C'est pour cette rai
son que nous considérons comme un devoir de mettre en garde, au nom de
la justice turque , ceux qui seraient prêts à faire des concessions ou
à mettre de côté le principe de sécularité, ou ceux qui
souhaiteraient freiner l'évolution de la société turque moderne
par leur nostalgie Ottomane et Islamique."
"Ceux qui sont dans ce cas doivent être conscients
que, non seulement le bon sens inébranlable de l'His-toire les
condamnera mais que, si c'est nécessaire, la justice turque leur
infligera un châtiment plus efficace et plus rapide, avant même que le
verdict de l'Histoire ne tombe," a-t-il dit à une audience composée du
ministre de la justice Mehmet Topaç et de beaucoup d'autres leaders
politiques.
Cosar a expliqué les défauts du système judiciaire
turc, critiquant la question extrêmement sensible des tribunaux
militaires
"Dans un système constitutionnel moderne, deux
mécanismes de justice séparés ne peuvent cohabiter. Un système
judiciaire militaire n' est pas utile car les domaines judiciaire et
militaire sont incompatibles. La structure de base de l'armée est une
hiérarchie étroitement liée à la soumission, alors que la
caractéristique principale de la justice devrait être l'indépendance."
Le président de la Cour a également critiqué les
Cours de Sûreté de l'Etat pour avoir employé du personnel militaire. Il
soutient qu'il existe des vices de forme dans les règles régissant la
nomination des juges et des procureurs, qu'il faudrait corriger.
Il a également évoqué les "délits de conscience",
considérant que "les pensées qui ne sont pas transformées en actes ne
devraient pas être punies. Dans le monde civilisé, les avocats
devraient avoir accès à leurs clients pendant les interrogatoires de
police et le secret de l'enquête préliminaire devrait être abandonné.
L' usage de la réclusion solitaire dans notre système devrait être
aboli et les bâtiments des prisons devraient être plus appropriés à la
dignité humaine."
D'après la presse, le ministre de la justice
Monsieur Topac avait demandé à prendre la parole au cours de la
cérémonie, mais le président de la Cour de Cassation n'a pas autorisé
ce membre du pouvoir exécutif à s'exprimer.
Mr Erdal Inönü (SHP), principal chef de
l'oppo-sition, a accueilli chaleureusement les remarques du juge
suprême et les a soutenues .
Teoman Evren, président de l' Union des Barreaux
turcs, a déclaré que le discours de Cosar montre clairement la crise
constitutionnelle que la Turquie traverse.
La justice militaire a également réagi rapidement.
Le président de la Cour militaire de Cassation, le général de brigade
Hayri Erkan a déclaré:"Il existe des cours militaires dans tous les
pays, et elles ne sont pas différentes de leurs homologues turques. Je
peut clamer que les cours militaires en Turquie sont les plus
indépendantes du monde."
L'ATTITUDE HYPOCRITE DU GOUVERNEMENT VIS A VIS DES REFUGIES KURDES
Après le cessez-le-feu qui est intervenu entre
l'Iran et l'Irak, plus de 100.000 paysans kurdes ont gagné la Turquie
et ont demandé l'asile politique au gouvernement turc, dans l'espoir
d'échapper aux offensives sanglantes de Bagdad. Cet afflux de réfugiés
a mis ce der-nier dans une situation très difficile qui a, depuis des
années, d'énormes problèmes avec la guérilla kurde sur son propre
territoire.
L'Irak utilise, dans le nord du pays, une force de
60.000 hommes pour mettre les Kurdes en déroute. Les réfugiés accusent
le régime de Saddam Hussein d'utiliser des armes chimiques contre les
Kurdes.
Le gouvernement irakien soutient au Gouvernement
turc, qu'en vertu d'un traité signé par les deux parties il y a quatre
ans, il a le droit de poursuivre les Kurdes à l'intérieur du territoire
turc. En fait, les forces armées turques ont déjà, par le passé,
pénétré à deux reprises sur le territoire irakien en poursuivant des
guérilleros du PKK.
De plus, l'armée turque est opposée à toute
installation de Kurdes irakiens, elle craint en effet des infiltrations
de combattants kurdes hostiles au régime d'An-kara. Cependant le
gouvernement a dû leur accorder un asile provisoire, et ce sous la
pression de l'opinion publique et des institutions européennes. En
agissant ainsi, le gouvernement espérait, primo: se ménager l'appui de
la population kurde lors du référendum du 25 septembre; secundo:
influencer favorablement le Parlement Européen qui était sur le point
de voter une résolution sur les rapports entre la Turquie et la CEE.
Mais depuis quelques semaines, les réfugiés kurdes
ont commencé à se plaindre de leurs conditions de vie dans les camps.
La plupart déclarent aux reporters étrangers qu'ils préfèrent rester en
Turquie, mais ils se plaignent du froid, des mauvaises conditions
sanitaires qui favorisent la propagation des maladies, et du man-que de
nourriture. D'autres signes de malaises sont apparus dans les camps
lorsque les réfugiés ont brûlé les poteaux électriques pour se
réchauffer.
A Hakkari, des réfugiés kurdes se sont battus avec
des soldats turcs qu'ils accusaient de harcèlement sexuel sur la
personne des jeunes femmes kurdes.
De plus, le gouvernement turc, qui ne reconnaît pas
officiellement l'existence du peuple kurde et de sa lan
gue, a envoyé 48 professeurs dans les camps pour enseigner le turc aux
réfugiés kurdes irakiens. Ce qui est susceptible d'aggraver le malaise
qui existe déjà dans les camps.
Quant aux assertions des réfugiés concernant
l'emploi d'armes chimiques par l'Irak, le gouvernement turc a déclaré:
"nos propres médecins et spécialistes qui ont examiné les gens ayant
demandé asile à la Turquie, n'ont trouvé aucun signe d'armes
chimiques". Entre-temps, le département d'Etat américain annonçait que
des armes chimiques avaient été utilisées lors de l'offensive contre
les Kurdes.
Le représentant du ministère turc des affaires
étran-gères a déclaré que la réaction de la Turquie devant une
éventuelle visite aux camps de réfugiés, d'un comité d'enquête des
Nations-Unies, sera négative.
LE DRAME DES REFUGIES IRANIENS EN TURQUIE
Amnesty International a publié, en juillet 1988, un
document qui décrit la situation des Iraniens en Turquie, et plus
particulièrement les procédures auxquelles les candidats à l'asile
politique et les réfugiés politiques sont soumis. Se basant sur des
informations fournies par des réfugiés iraniens qui ont traversé la
Turquie, ainsi que par leurs amis et leurs parents, le rapport
d'Amnesty International établit que:" Des centaines d'Iraniens ont été
sommairement reconduit de la frontière turco-iranienne en Iran,
sans avoir eu la possibilité de demander l'asile politique aux
représentants du Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés
(HCRNU) ou aux autorités turques compétentes. Les candidats-réfugiés
politiques qui se présentent aux représentants du HCRNU à Ankara, sont
obligés de le déclarer à la police turque et sont renvoyés à la
frontière pour une procédure de pré-sélection. Selon ce rapport, des
candidats-réfugiés ont été forcés de quitter les camps situés sur la
frontière, où ils étaient détenus en attendant de recevoir la
permission de se rendre dans les villes satellites autour d'Ankara, où
ils sont interrogés par le HCRNU en vue d'obtenir leur statut de
réfugié. Là ils attendent leur transfert aux pays tiers. Dans quelques
cas, des Iraniens ayant obtenu le statut de ré-fugié du HCRNU, ont été
reconduits de force en Iran.
"Au moins quatre des Iraniens, qui avaient été
reconduits de Turquie en Iran depuis novembre 1986, ont été exécutés,
les autres emprisonnés et torturés."
Le document demande qu'il soit mis immédiatement fin
aux retours forcés des candidats-réfugiés avant que le HCRNU ait décidé
de leur statut et qu'aucun gouvernement n'envoie des réfugiés iraniens
dans des pays comme la Turquie où ils ne sont pas protégés contre un
refoulement éventuel.
LES SUICIDES ATTEIGNENT UN NIVEAU RECORD
La police a annoncé, le 23 août dernier, que durant
les six premiers mois de l'année, les suicides ont atteint un niveau
record à Istanbul. De janvier à juin , 64 des 100 personnes qui ont
attenté à leurs jours, sont décédées. Des soins médicaux rapides ont
permis de sauver les 36 autres. Quarante pour-cent des cas de suicide
étaient des hommes de 15 à 35 ans.
LES FABULEUX PROFITS DES BANQUES ETRANGERES EN TURQUIE
1987, a été une année lucrative pour les banques
étrangères. Le Dateline Turkey du 11 juin 1988, rapporte qu'en
comparaison avec les autres pays, les banques étrangères font de très
gros profits en Turquie. Les calculs montrent que leurs profits sont
cinq fois plus importants en Turquie que dans les autres pays. Le
risque encouru par la plupart de ces banques dans leurs opérations de
prêts était minime puisque leurs principaux débiteurs étaient les
holdings turcs les plus importants.
Banques
Banque ottomane
Citibank
Standard Chartered
Manufacturers Hanover
Chase Manhattan
Banque Indosuez
Bank Mellat
Chemical Mitsui
The First National Bank of Boston
Bank of Bahrain and Kuwait
Saudi American Bank
Arab Turkish Bank
profit net (LT)
17,8 milliards
5,5 milliards
2,9 milliards
2,3 milliards
2,1 milliards
2,1 milliards
2,0 milliards
1,6 milliards
1,5 milliards
1,4 milliards
1,3 milliards
0,3 milliards
La Banque Ottomane est la seule banque étrangère qui
existe en Turquie depuis la fondation de la République, et ce en vertu
d'un accord privilégié. Mais dès le coup d' Etat militaire de 1980,
d'autres banques ont eu accès à l'économie turque.
La Citibank (EU) a été la première à réaliser qu'il
y avait de l'argent à gagner en Turquie. D'autres banques américaines
et arabes l'ont suivie. Toutefois, il n'y a toujours pas de banque
allemande en Turquie malgré le fait que les deux états entretiennent
des relations commerciales très importantes. De même, à part une
entreprise japonaise implantée en Turquie, il n' y existe pas de
banques japonaises et ce malgré l'essor des relations commerciales
turco-japonaises.
LE CAPITAL ETRANGER EN TURQUIE
Depuis le coup d'Etat militaire de 1980, non
seulement la présence des banques étrangères, mais aussi celle des
investisseurs étrangers dans les autres secteurs économiques a augmenté
dans des proportions de 1 à 8, principalement à cause des nouvelles
facilités qui leurs ont été accordées et du frein mis au mouvement
syndical.
Après l'arrivée au pouvoir d'Ozal,cette augmentation
a connu une accélération considérable.
ENTREPRISES MIXTES ET LEUR CAPITAL
années
1984
1985
1986
1987
1988 (7m)
nombre des entreprises mixtes
267
421
610
839
1.000
part du capital
étranger dans les
entreprises mixtes
117,9 milliards LT
207,8 milliards LT
302,9 milliards LT
435,6 milliards LT
599,9 milliards LT
capital total
des entreprises mixtes (LT)
254,8 milliards
464,9 milliards
707,2 milliards
960,0 milliards
1.287,3 milliards
PAYS D'ORIGINE DU CAPITAL ETRANGER
pays
RFA
Iran
USA
Suisse
GB
Syrie
Pays-Bas
Arabie Séoudite
France
Autres
TOTAL
nombre
de compagnies
impliquées par ce pays
154
114
101
90
78
70
35
28
25
305
1.000
capital
investi par ce pays (LT)
72,9 milliards
10,9 milliards
63,4 milliards
100,0 milliards
34,6 milliards
6,0 milliards
28,7 milliards
16,9 milliards
31,5 milliards
234,5 milliards
599,9 milliards
En ce qui concerne la répartition du capital
étranger sur les différents secteurs, celui de la manufacture arrive en
tête avec un total de 329,6 milliards LT. Il est suivi par les services
qui comptent 236.7 milliards de LT, par l'agriculture avec 25,9
milliards LT et enfin par les mines avec 7.7 % milliards de LT. Dans le
secteur des services, l'investissement étranger dont la banque et la
finance ont bénéficié est de 84,7 milliards LT au total.
La proportion d'investissements étrangers dans tou
tes les entreprises mixtes a atteint 46,6% en 1987 con
tre 29,7% en 1979.
3 ENTREPRISES TURQUES A L'ECHELLE MONDIALE
Selon le magazine Fortune, trois entreprises turques
sont parmi les 500 plus importantes à l'échelle mondiale, à l'exception
des Etats-Unis.
La Turkish Petroleum Inc. (TPAO) figure à la 117ème
place avec un chiffre de vente de 5,7 milliards de dollars. Koç Holding
est remonté de la 155ème place qu'elle occupait en 1987 à la 149ème. La
Sabanci Holding, par contre est retombée de la 166ème place à la
178ème.
Le rapport met également en évidence que la TPAO
était à la 41ème place si l'on considère son profit net de 490 millions
de dollars et à la 247ème si l'on considère le nombre d'employés et
d'ouvriers qu'elle emploie, soient 18.846. Koç se trouve à la 147ème
place au regard de son profit net de 167 millions de dollars, par
contre il occupe la 129ème place au regard du nombre d'ouvriers qu'elle
emploie, soient 35.530.
La TPAO est une entreprise d'Etat qui détient le
monopole de l'industrie pétrolière, alors que la Koç et la Sabanci sont
des compagnies privées, investissant dans des secteurs industriels et
commerciaux différents. Le nombre des compagnies détenues par la Koç et
la Sabanci est respectivement de 91 et de 56.
LES INDUSTRIELS LES PLUS PERFORMANTS
Selon un rapport publié par l'hebdomadaire turc,
Ekonomik Panorama, dans le secteur industriel, deux compagnies
appartenant au Koç Holding, Arcelik et Tofas, occupent le haut de la
liste en termes de volume de ventes et de rentabilité de ventes pour
1987.
Arcelik est spécialisé dans la production de biens
de consommation durables, Tofas est un des plus grands noms de
l'industrie automobile en Turquie.
Ils sont suivis par la OYAK, un holding géant
contrôlé par des officiers de l'armée turque, qui investit dans toutes
les branches de l'économie et qui a une entreprise de voitures en
co-gestion avec Renault.
Selon ce magazine, les 100 plus grosses compagnies
turques ont vendu pour 16.891 trillions de LT en 1987. Ce qui
représente une augmentation considérable par rapport à 1986 et ses
5.146 trillions de LT. Leurs profits bruts s'élevaient à 955 milliards
de LT contre 435 milliards de LT en 1986.
Les 10 compagnies de tête ont vendu pour 2.151
milliards de LT, soit approximativement 13% du chiffre total des ventes
des 100 plus grosses entreprises et leur profit est de 295 milliards de
LT soit 31% du profit total.
1987 a été une excellente année, et ce plus
particulièrement pour le secteur automobile. Les industries de montage
automobile partagent les premières places de la liste avec le secteur
chimique. On a assisté à une très forte compétition entre les Tofas de
la Koç et les Renaults de la OYAK.
Compagnies
1. Arçelik
2. Tofas
3. OYAK-Renault
4. Çukurova Çelik
5. Toros Gübre
6. Aksa Akrilik Kimya
7. Sasa Suni Elyaf
8. Otosan Otomobil
9. Netas
10. Teletas
Chiffres d'affaires
287.9 milliards LT
253.8 milliards LT
230.2 milliards LT
225.0 milliards LT
221.2 milliards LT
203.4 milliards LT
189.3 milliards LT
181.9 milliards LT
181.3 milliards LT
177.3 milliards LT
Niveau de profit
13.6%
25.7 %
9.6 %
1.1%
1.1%
25.3%
20.7%
13.4%
9.7%
17.7%
LES VERTS DEVIENNENT LE DIXIEME PARTI TURC
Le parti des Verts (YP) est devenu le dixième parti
politique enregistré officiellement en Turquie. Le but principal du
nouveau parti est la protection de l'environnement naturel, social et
culturel du pays.
Le nouveau parti a été créé par le Dr. Celal Ertug
et 51 autres écologistes. Son ambition est de participer aux prochaines
élections locales et d'attirer les voix des électeurs qui se sentent
concernés par les problè-mes écologiques. Le Dr. Ertug a déclaré: "Nous
pensons que le système parlementaire traditionnel perd de sa va-leur.
Le YP est une nouvelle alternative pour les an-ciens partis politiques
traditionnels, aussi bien de droite que de gauche. Notre stratégie
politique sera locale. Nous croyons en la localisation du système
politique dans lequel chaque individu sera libre de prendre ses propres
décisions."
La fondation du YP coïncide avec le débat existant
autour de la proposition de construire un complexe hôtelier près du
petit village de Dalyan, situé sur la côte méditerranéenne, dans lequel
se trouve un élevage de tortue "Loggerhead", et avec le largage de fûts
empoisonnés, par des navires étrangers, dans les eaux territoriales
turques de la Mer Noire.
Néanmoins, le YP n'est pas le seul groupe cherchant
à recueillir les voix des personnes non conformistes. Une partie des
fondateurs du YP, menée par le Dr. Aydin Ayas, a déjà annoncé qu'elle
ne se reconnaissait pas dans la discipline du parti car elle a été
imposée par les règles de la législation sur les partis politiques, que
le YP est tenu de respecter.
Le quotidien Hürriyet du 2 août 1988, a nommé les
autres formations écologistes comme suit:
LES RADICAUX: ils sont menés par Ibrahim Eren et
tentent de réaliser l'unification de tous les groupes radicaux et
marginaux, écologistes, antimilitaristes, athés et homosexuels, sur
base de coordination et de communication.
LES VERTS RADICAUX DEMOCRATES: ils sont rassemblés
autour de l'Association Green Peace et pu-blient une revue du même nom,
ils préfèrent s'organiser en associations locales plutôt qu'en parti
politique.
LES VERTS ISLAMIQUES: c'est un journaliste islamique
qui les anime: Abdurrahman Dilipak.Ils font ap-pel à tous les groupes
qui s'opposent au pouvoir établi, à l'exception des homosexuels. Ils se
préparent à pu-blier une revue intitulée Cevre Kültürü (Culture
Ecologique) dans le but de développer une éthique islamique et
écologiste.
LES VERTS SCIENTIFIQUES: ce sont des ingénieurs qui
le forment en grande partie, ils préparent la publication d'une revue
intitulée Bizim Çevre (Notre Environnement).
L'ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DE LA VIE
NATURELLE: ce groupe ne se préoccupe que de la protection de la nature.
LES LIBERTINS: ils refusent toute forme
d'organi-sation et prônent l'initiative personnelle, ils se nomment
eux-mêmes Les Ecologistes libertins.
LES TRANSNATIONALISTES: ils sont proches du Parti
Radical Transnational, qui a été fondé en Italie. Un transnationaliste
turc, Ayhan Birol, fait partie du Conseil fédéral de ce parti.
DES BARILS EMPOISONNES DANS LA MER NOIRE
On a trouvé 203 barils contenant des produits
empoisonnés et cancérigènes dans les eaux territoriales turques de la
Mer Noire. Le Département de la Protection de l'Environnement a annoncé
que ces produits sont susceptibles de provoquer des maladies allant des
problèmes dermatologiques au cancer .
Le sigle de la Compagnie de produits chimiques ouest
allemande Hoechst figurait sur certains bidons; mais les représentants
turcs de la Compagnie ont dégagé toute responsabilité dans cette
affaire. Il semblerait que ces barils soient originaires d'Italie
et qu'ils aient été jetés dans la Mer Noire par un navire Syrien, Le
Zanoobia. D'après le quotidien italien L' Espresso, le ca-pitaine du
Zanoobia, Ahmad Tabalou affirme que la succursale italienne de la
Compagnie Jelly Wax lui a pro-mis de verser 200.000 dollars sur le
compte de son frère en Suisse s'il acceptait de larguer les fûts dans
les eaux territoriales turques.
D'autre part, le 14 août dernier, le cargo allemand
Petersberg a été refoulé du port d'Istanbul avec sa cargaison
radioactive et nocive. Celle-ci avait été décrite comme "du sable
industriel" lors de son chargement à Vienne, le 23 mai, à bord du
Petersberg qui a aussitôt mis le cap sur la Turquie, ou une compagnie
turque s'en était portée acquéreuse. De plus, la TAEK, Commission
Turque de l' Energie Atomique, a effectué une série de tests qui a
dépisté la présence de césium, un élément radioactif qui est
habituellement libéré à la suite d'accidents nucléaires .