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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


143

12e année - N°143
Septembre  1988
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

Malgré l' échec sans précédent de sa carrière politique,
Özal se déclare vainqueur du référendum du 25 septembre!

UN REFERENDUM ABSURDE


    Le référendum du 25 septembre, dont l'objet était un changement constitutionnel ayant pour effet de faire avancer les élections locales de cinq mois et de les organiser en novembre, a infligé à Özal l'échec le plus retentissant de sa carrière politique, et ce alors que la semaine dernière, il s'était déclaré prêt à démissionner si le résultat lui était défavorable.
    Monsieur Özal n'a obtenu que 35% des voix, alors que 65% de l'électorat turc a voté contre l'amendement, répondant ainsi à l'appel de tous les partis de l'opposition, aussi bien de gauche que de droite.
    Malgré cette défaite, Özal a estimé que ce score, proche de celui obtenu par son parti lors des élections législatives de 1987 (36%), suffit à sauver la face et à revenir sur son intention de démissionner. Il a déclaré:" Nous continuerons à servir le pays pendant les quatre  années à venir, jusqu'aux prochaines élections législatives."
    De toute façon, beaucoup de personnes considéraient déjà l'annonce de son intention de démissionner, comme une tactique électorale destinée à lui faire gagner des voix. Il est clair que ce sont les scores d'Ankara (36,5%) et d'Istanbul (40,6%) qui ont sauvé Özal d'une catastrophe électorale plus importante. Dans certaines zones rurales, et plus particulièrement les provinces du Kurdistan Turc, son score n'atteignait pas 18%.
    Ce résultat reflète l'insatisfaction des électeurs face à l'incompétence du gouvernement à combattre l'inflation galopante, qui accusait une augmentation de 78,4% à la fin du mois d'août. Derrière la hausse des prix, on trouve un déficit budgétaire grandissant et des emprunts domestiques croissants, encouragés par la rapide dépréciation de la Livre turque, due au service de la dette qui est particulièrement lourd cette année.
    Une autre raison majeure de la défaite d'Özal est, sans aucun doute, le régime autoritaire persistant et la violation continuelle des droits de l'Homme.
    Suite à ce référendum, la population peut s'attendre à cinq mois de campagne électorale. Les élections locales qui auront lieu en mars 1989, constitueront un véritable test pour Özal ainsi que pour les partis de l'op-position.
    Certains pensent que Özal se fatigue et qu'il pourrait avoir l'intention de se retirer l'année prochaine à moins qu'il ne se décide à assumer la présidence à son tour, lorsque le général-président Kenan Evren se sera retiré à la fin de son mandat en novembre 1989.



RESOLUTION DU PARLEMENT EUROPEEN SUR LA TURQUIE

    Lors de sa session du 15 septembre 1988, le Parlement Européen a adopté une résolution demandant, pour la première fois en huit ans, la reconduction de la Commission parlementaire mixte Turquie-CEE. En dépit des réserves qu'il y exprime au sujet des violations des droits de l'hom-me, cette résolution constitue le dernier pas de l'Europe vers la reconnaissance du régime turc.
    La Commission parlementaire mixte, au sein duquel l'Assem-blée Nationale Turque et le Parlement Européen sont représentés respectivement par 18 députés avait été suspendue suite au Coup d'Etat militaire de 1980.
    Nous reproduisons ci-dessous la résolution, basée sur un rapport du député social-démocrate ouest-allemand Gerd Walter:
    "Le Parlement européen,
    "1. souligne que, sous l'influ-ence des pays de l'Europe, la Turquie s'est, à l'époque contemporaine, dotée de constitutions et d'un   ordre juridique inspirés du modèle démocratique des Etats d'Europe occidentale, qui de temps à autre sont cependant suspendus par des coups d'Etat;
    "2. estime que l'application et, le cas échéant, le développement de l'accord d'association constituent la formule propre à tenir dû-ment compte de l'importance particulière de la Turquie pour l'Eu-rope; estime toutefois que cela ne pourra être envisagé que lors-que la démocratie aura été totalement rétablie en Turquie et que les droits de l'homme y seront respectés;
    "3. est par conséquent disposé à, envisager la relance de l'association à la lumière de l'évolution qui s'opère en Turquie;

"Situation en Turquie

    "a) Droits de l'Homme

    "4. se réjouit que, depuis le 29 janvier 1987, les citoyens turcs aient le droit de présenter une requête individuelle auprès de la Commission européenne des droits de l'homme, conformément à l'article 25 de la Convention européenne des droits de l'homme, mais réaffirme la préoccupation qu'il a exprimée dans de nombreuses résolutions à l'égard de la situation peu satisfaisante des droits de l'homme en Turquie et, dans ce contexte, rappelle le rapport qui a été élaboré à ce sujet par sa délégation pour les relations avec la Turquie;
    "5. constate que la Constitution turque et le code pénal turc maintiennent toujours les interdictions d'amnistier des délinquants politiques qui ont eu recours à la violence et de mener certaines activités politiques considérées comme légales dans les pays démocratiques;
    "6. prend acte de ce que, sur la base d'une loi adoptée en 1987 par la Grande Assemblée nationale turque, les peines d'emprisonnement prononcées dans le cadre des procès visant la DISK et le Mouvement pacifiste ont été réduites -non sans restrictions de certains droits civils et politiques-, certains des détenus se voyant même libérés;
    "7. relève qu'en dépit de certains efforts consentis par le gouvernement turc, la torture et les conditions de détention inhumaines restent répandues;
    "8. se félicite de la signature et de la ratification, à laquelle la Turquie a procédé entre-temps, de la convention européenne relative à la torture et demande que les dispositions prévues soient complètement appliquées et que cela s'assortisse de possibilités de vérification internationale; se félicite également du fait que la Turquie a ratifié la Convention des Nations unies sur la torture le 2 août 1988;
    "9. estime que la démocratie ne sera pas totalement rétablie en Turquie aussi longtemps que la suprématie et l'indépendance des tribunaux civils n'auront pas été restaurées, ainsi que le droit d'être jugé rapidement et de façon impartiale avec l'assistance d'un défenseur dans tous les cas;
    "10. constate que l'existence et l'action des tribunaux de sûreté de l'Etat vont à l'encontre du processus de démocratisation et ne correspondent pas aux normes européennes;
    "11. demande qu'il soit mis fin, dans les geôles turques, à la détention indéterminée en régime cellulaire de personnes qu'aucun tribunal n'a condamnées;
    "12. préconise l'arrêt rapide des procès visant le Mouvement pacifiste turc, la DISK et Devrimci Yol qui se déroulent actuellement devant la Cour suprême; fait observer que l'inculpation du MM. Kutlu et Sargin ainsi que le déclenchement d'une procédure juridique visant à interdire le parti socialiste installé à la fin du mois de janvier constituent de graves violations du droit à la liberté d'action politique et demande une révision du code pénal turc (en particulier de ses articles 141, 142 et 163) afin de permettre la mise en place d'une véritable démocratie pluraliste; rappelle à ce propos ses résolutions du 19 novembre 1987 et du 21 janvier 1988 réclamant la libération de MM. Kutlu et Sargin;
    "13. souhaite la levée des restrictions qui subsistent à la liberté d'exercer des activités politiques et syndicales et à la liberté d'opinion ainsi que l'abolition de la peine de mort;
    "14. constate qu'un grand nombre de citoyens turcs ont demandé l'asile politique en Europe, que certains d'entre eux ont été déchus de la nationalité turque et qu'il leur est impossible à ce jour de rentrer dans leur pays d'origine;
    "15. souhaite la restauration des droits de citoyenneté pour tous les ressortissants turcs qui ont été privés de leur nationalité pour raisons politiques, et des garanties pour les réfugiés politiques souhaitant retourner en Turquie;
    "16. demande la libération de tous les prisonniers politiques qui ont été accusés en raison de leur idéologie politique ou de leur appartenance à un parti ou à une organisation politique;
    "17. condamne les actes terroristes d'où qu'ils viennent et demande que soient reconnus les droits fondamentaux de l'homme pour les membres de la minorité kurde résident en Turquie;
    "18. rappelle les obligations qu'impose à la Turquie le traité de Lausanne de 1923 en ce qui concerne les minorités non musulmanes et plus particulièrement les populations helléniques de Constantinople (Istanbul), d'Imbros (Gökçeada) et de Tenedos (Bozcaada), ainsi que les Arméniens vivant encore en Turquie;

    "Rétablissement de la démocratie parlementaire

    "19. rappelle ses résolutions précitées du 23 octobre 1985 et du 11 décembre 1986, dans lesquelles le rétablissement de la démocratie parlementaire était considéré comme la condition de la relance des organes d'association;
    "20. fait observer que depuis le rétablissement de la Grande Assemblée turque, des progrès décisifs ont été accomplis dans la voie de la restauration de la démocratie parlementaire, ce qui a permis de remplir cette condition préalable;
    "21. se réjouit de ce que, sur la base du référendum organisé en septembre 1987, les droits politiques d'éminents hommes politiques d'anciens partis ont été rétablis plus tôt que prévu;
    "22. conforme toutefois les constatations faites par sa délégation à l'occasion des élections turques du 29 novembre 1987, mais note que tous les partis et forces politiques sont d'accord pour éliminer les restrictions qui subsistent et rechercher une consolidation plus poussée de la démocratie;
    "23. demande aux autorités turques de lever l'état d'urgence qui subsiste dans 11 provinces voisine de l'Iran et de l'Irak afin de mettre un terme aux restrictions qui pèsent sur la vie politique et parlementaire dans ces provinces;

"Etat de l'association

    "24. rappelle qu'un an et demi seulement après l'entrée en vigueur des traités de Rome, la Turquie a demandé d'être associée à la CEE, ce qui a abouti à la signature de l'accord d'association en 1963;
    "25. constate que l'article 28 de l'accord d'association prévoit que dès que le fonctionnement de l'accord permettra d'envisager que la Turquie assume pleinement les obligations prévues par le traité instituant la Communauté, les parties contractantes examineront les possibilités d'une adhésion de la Turquie à la Communauté;
    "26. invite la Commission, qui est chargée, à la suite de la demande d'adhésion de la Turquie à la Communauté, de rédiger un avis à ce sujet conformément à l'article 237 du Traité CEE, de tenir compte non seulement des aspects économiques d'une éventuelle adhésion de la Turquie à la Communauté, mais aussi de ses aspects politiques (évolution interne et externe de la Turquie, droits de l'homme, libertés fondamentales, situation des minorités) ainsi que des vues exprimées par le Parlement européen à travers ses diverses résolutions;
    "27. souligne que d'importantes obligations imposées par l'accord d'association ne sont pas respectées et renvoie à cet égard au rapport Pimenta de la commission des relations économiques extérieures;
    "28. signale en outre que les protocoles d'adapta-tion à l'accord d'association CEE-Turquie, faisant suite à l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à la Communauté, ont été approuvés par le Parlement et conclus par la Commission;
    "29. souligne à cet égard que son approbation de ces protocoles techniques n'implique pas l'approbation de la politique menée jusqu'à présent par le gouvernement turc et que subsistent ses réserves susmentionnées en ce qui concerne la situation des droits de l'homme et le développement d'une démocratie parlementaire;

"Relance de l'association

    "30. souligne que sa défense tenace de la démocratie et des droits de l'homme a contribué, dans certains cas, à alléger les souffrances des personnes condamnées pour des motifs politiques en Turquie;
    "31. invite le gouvernement turc à respecter les obligations qui lui incombent aux termes de l'Accord d'association et à prendre toutes les mesures requises pour la consolidation de la démocratie parlementaire et le respect des droits de l'homme;
    "32. demande aussi au gouvernement turc de consentir à une solution négociée au problème de Chypre, comme indiqué dans sa résolution du 20 mai 1988, ainsi qu'au règlement de ses différends bilatéraux avec la Grèce, Etat membre de la Communauté, par la recherche de solutions conformes au droit international;
    "33. estime qu'à la suite des élections de novembre 1987 en Turquie, les organes d'association constituent le cadre approprié pour mener le dialogue entre la Communauté et la Turquie sur la poursuite de cette évolution; souhaite dès lors la relance de l'Association et le rétablissement de la commission parlementaire mixte CEE-Turquie;
    "34. rappelle au gouvernement turc que l'occupation d'une partie de Chypre, qui est également associée à la Communauté européenne, est inacceptable et reste un obstacle au développement de bonnes relations;
    "confirme à cet égard les constatations contenues dans sa résolution du 20.5.1988 et demande:
    "a) aux gouvernements des Etats membres de la Communauté d'appuyer la nouvelle initiative du Secrétaire général de l'ONU pour le succès des entretiens en cours entre le Président de la République cypriote et M. Denktach, représentant de la communauté cypriote turque, en vue du rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région, dans le cadre du respect des principes démocratiques et de l'indépendance et de l'unité de la République cypriote;
    "b) au gouvernement turc d'user de toute son influence auprès de la population turque cypriote pour permettre la recherche d'une solution durable et viable au problème cypriote, conformément aux principes précités;
    "35. se félicite de l'accord conclu récemment entre les gouvernements grec et turc sur la préservation de la paix et sur l'examen de leurs différends bilatéraux sur la base du droit international et souligne que l'existence de relations harmonieuses entre les deux pays contribuera aussi à une évolution positive des relations entre la Communauté et la Turquie."
    Dans une autre résolution, le Parlement Européen a décidé d'activer les mécanismes appropriés à l'envoi de l'aide aux réfugiés Kurdes en Turquie. Cependant un paragraphe remerciant la Turquie pour avoir ouvert ses frontières aux réfugiés a été supprimé du texte final.

RAPPORT AMERICAIN SUR LA TURQUIE

    La Commission américaine sur la  Sécurité et la Co
opération en Europe a soumis au Congrès des Etats-Unis, en juillet 1988, son rapport mis à jour sur la si-tuation des droits de l'homme en Turquie.
    La Commission, après avoir fourni des informations détaillées sur la situation des droits politiques, des prisonniers politiques, de la torture, de la liberté d'association et des syndicats, de la liberté de la presse, de la liberté d'expression, des droits des minorités, de la liberté de culte, est arrivée à la conclusion suivante:
    "Les progrès importants de la Turquie en matière des droits de l'Homme, au cours de ces dernières années, ont été reconnus par un certain nombre d'or-ganisations dont le Conseil de l'Europe et le Parlement Européen. Les efforts continus du gouvernement turc pour améliorer la situation des droits de l'Homme ont donné de bons résultats.
    "En même temps, la Commission reste concernée par de sérieux problèmes dans certains domaines. La Commission condamne la torture sous n'importe quelle forme que ce soit, comme contraire au respect de la dignité humaine, et ce en vertu des Accords d'Helsinki. Le Gouvernement turc a pris des mesures ainsi que des engagements internationaux récents, tendant vers la suppression totale de la torture de la scène turque. La fidélité du gouvernement à cet objectif ainsi qu'à ses engagements internationaux sera éprouvée dans le futur.
    "En ce qui concerne le statut de la minorité kurde, la Commission pense que la Turquie devra trouver un moyen de concilier les aspirations de ces Kurdes, à vivre en paix en tant que citoyens de la République Turque tout en maintenant leur culture traditionnelle. Des activités politiques récentes laissent présager que le processus est peut-être déjà en marche.
    "Alors qu'il reste encore des thèmes qui ne peuvent être traités à fond oralement ou par écrit, sans qu'on ait préalablement considéré les conséquences potentielles légales, le degré de liberté accordé à la presse est plus important que celui des années précédentes. Le fait que des sujets qui étaient virtuellement intouchables avant et pendant la Loi Martiale soient tolérés actuellement met en évidence les progrès réalisés dans le domaine de la liberté d'expression.
    "Il est remarquable que, graduellement, les questions administratives de longue date, dont certaines dataient d'avant 1980, ont été résolues ces dernières années en respectant les minorités religieuses. C'est un changement appréciable et la Commission espère que ce pro-grès encourageant continuera.
    "Aucune société n'est parfaite en ce qui concerne les droits de l'Homme. Ainsi des pays comme la Turquie, dans lesquels les citoyens ont la possibilité de saisir les Cours de justice de leurs griefs, sont plus proches de l'idéal d'Helsinki que  beaucoup de pays signataires. De plus en plus les décisions du système judiciaire vont dans le sens de la protection des libertés personnelles telles que la liberté d'expression, de réunion, d'association. Si le gouvernement turc est apte à suivre les lignes d'action qu'il s'est fixées, et ce à tous les niveaux et à travers tout le pays, les recours à la Justice seront peut-être moins fréquents et moins nécessaires.
    "La Loi turque est en train d'évoluer vers une réflexion et une institutionnalisation complète de toutes les libertés qui ont gagné de la valeur depuis l'établisse-ment de la République. La Commission pense que le processus est bien engagé."

SOUTIEN SOVIETIQUE A KUTLU ET SARGIN

    Depuis le coup d'Etat de 1980, c'est la première fois que l'URSS envoie un juriste de niveau supérieur comme observateur à un procès politique en Turquie. Le professeur Rais Tuzmuhammedov, représentant du Barreau soviétique, a assisté à l'audition de deux dirigeants du TBKP (Parti Communiste Unifié de Turquie) du 17 août dernier à Ankara.
    Le professeur a déclaré, après l'audition, que le procès de Nabi Yagci (alias Haydar Kutlu) et de Nihat Sargin constituait une violation des règles internationales de démocratie.    
    Les dirigeants soviétiques, jusqu'à ce procès, n'ont jamais montré leur soutien aux victimes du terrorisme d'Etat en Turquie. Même ils n'ont pas hésité à renvoyer certains militants de gauche qui demandaient l'asile politique à l'Union Soviétique. Certains ont été condamnés par après à de très lourdes peines de prison par des tribunaux militaires turcs.


CRITIQUES D'UN GROUPE ALLEMAND

    Quatre observateurs de la RFA, qui se trouvaient à Ankara pour assister au procès de masse du DEV-YOL, ont rencontré le conseiller du ministre de la justice, Yildirim Türkmen, pour débattre du système pénal turc et de l'emploi de la torture.
    Le groupe, comprenant Udo Groenheid, président du Barreau de Berlin Ouest; Eckard Barthel, député social-démocrate; S. Graessner, le représentant de l'Associa
-tion médicale de Berlin Ouest et Brigitte Appel, député écologiste au Parlement de Berlin Ouest, a déclaré que la torture est toujours présente en Turquie et que 167 personnes en sont mortes depuis le coup d'Etat militaire de 1980 .
    Graessner a déclaré que l'ancien commandant de la loi martiale d'Ankara, Recep Ergun, a démis de ses fonctions un procureur militaire qui avait ouvert une procédure judiciaire contre des policiers accusés de torturer des détenus. "Cela montre que les tribunaux n'ont pas de liberté d'action." a-t-il ajouté.
    Le groupe ouest-allemand a également déclaré que la Turquie ne pouvait pas devenir membre à part entière des Communautés Européennes, compte tenu de son système judiciaire actuel et de la constante violation des droits de l'homme qui y sévissent.


HUIT CONDAMNATIONS A MORT POUR DEV-YOL

Le procès de masse des 854 prévenus de DEV-YOL s'est terminé le 24 août à Erzincan, et ce après sept ans de procédure. Le tribunal militaire a condamné huit inculpés à mort et 14 autres à l'emprisonnement à vie.
    Le procès des militants de gauche a commencé en 1981, un an après que les forces militaires turques aient envahi la petite ville de Fatsa, située sur la mer noire près de Ordu, au moyen de tanks et de policiers dans le but de mettre fin à ce qui était décrit comme une domination politique des extrémistes de gauche de l'organisation DEV-YOL.
    Des hommes inconnus en civil, le visage caché par des masques noirs, ont conduit les policiers aux domiciles des personnes à arrêter. On a appris plus tard qu'il s'agissait de membres ou de sympathisants du MHP, parti néo-fasciste.
    Parmi les 854 prévenus, se trouvaient le maire de Fatsa, Fikri Sönmez, des fonctionnaires publics et des professeurs. Tous étaient accusés d'appartenir au DEV-YOL et de tenter de mettre sur pied une administration anticonstitutionnelle à Fatsa .
    En réalité, Fikri Sönmez avait été élu maire grâce au soutien de tous les partis politiques de la ville, à l'exception du néo-fasciste MHP, et avait institué une sorte d'autogestion.
    Pendant le procès, en 1983, on a assisté à l'arres-tation du procureur militaire, accusé de recevoir des pots-de-vin des familles des prévenus. Il a été condamné à 29,5 ans de prison, mais a été mis en liberté provisoire depuis.
    Cependant, le tribunal a continué à utiliser l'acte d'accusation qu'il avait préparé et qui réclamait la condamnation à mort pour 341 des prévenus. Entre-temps, monsieur Sönmez est mort en prison, en 1985, à cause des mauvais traitements qui lui ont été infligés.   
    En plus des huit condamnations à mort et des 14 emprisonnements à vie, le tribunal militaire a aussi prononcé 313 peines de prison allant de un à 20 ans.
    Après la lecture des condamnations, les prévenus ont commencé à crier des slogans tels que: "Nous n'avons pas encore dit notre dernier mot!", "Vive notre combat!", pendant que leurs parents les applaudissaient dans la salle.
    Seulement 38 des 854 prévenus étaient encore en détention lorsque les sentences ont été prononcées.
    Comme nous l'avons signalé dans la publication précédente, lors d'un autre procès de masse contre le DEV-YOL à Ankara, le procureur militaire a requis la peine de mort pour 74 des 723  prévenus.

DES PROCES POLITIQUES EN AOUT

    Le 7 août s'est ouvert un nouveau procès contre 18 personnes accusées de collaborer avec le PKK.
    Le 12 août, 7 membres du TKPB ont été condamnés à 34 ans de prison chacun par la Cour de Sûreté de l'E-tat d'Ankara pour avoir saboté, en 1986, les Industries d'Etat de machines et de produits chimiques à Kirikkale. Le jour suivant, on a procédé à l'arrestation de sept personnes, parents des condamnés, pour avoir crier des slogans pendant la lecture de la sentence.
    Le 13 août, deux étudiants, Gündüz Özer et Veysel Duvaryapan, ont été condamnés à 11 mois de prison pour avoir peint sur un mur un slogan demandant la li-bération des deux leaders du TBKP.
    Le 31 août, le procureur militaire de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Izmir a ouvert un nouveau procès contre 17 membres de Dev-Yol pour avoir essayé de pénétrer dans la prison de Kirsehir en creusant un tunnel, dans le but de sauver leurs camarades. Ils risquent des peines de prison de plus de 50 ans.

ARRESTATIONS DE MASSE EN AOUT

    Le premier août, à Mardin, la police a arrêté 59 Kur-des pour avoir procuré un abris aux opposants du PKK.
    Le 6 août, à Siirt, la police a arrêté 3 membres du Syndicat des ouvriers du secteur pétrolier (Petrol-Is), trois membres du Parti Populiste Social-démocrate(SHP), ainsi que 20 autres personnes.
    Le 8 août, à Ankara, 11 membres présumés du TKP/ML ont été arrêtés.
    Le 12 août, la police a déclaré avoir abattu trois di-rigeants du PKK à Adiyaman.
    Le 13 août, sept membres présumés du Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP) ont été arrêtés à Ankara.
    Le 15 août, une échauffourée entre les forces armées et la guérilla du PKK, a coûté la vie à deux personnes, une dans chaque camp.
    Le 17 août, sept membres présumés du PKK ont été arrêtés à Mardin.
    Le 20 août, la police a annoncé l'arrestation de 22 membres présumés du PKK dans les provinces australes d'Izmir et d'Antalya.
    Le 22 août, un militant du PKK a été abattu et deux autres arrêtés par les forces de sécurité à Mardin. Il semblerait que la victime soit le neveu du député social-démocrate Ahmet Türk.
   
ACTION POUR LES APATRIDES

    L'Association turque des droits de l'Homme a lancé une campagne pour la restauration de la nationalité de tous ceux qui en ont été privés à cause de leurs opi
nions politiques.
    Le 25 août, lors d'une visite d'une délégation de cette association, le président du SHP, Erdal Inönü a déclaré:" Priver des citoyens turcs de leur nationalité, est une pratique primitive. Lorsque nous arriverons au pouvoir, nous y mettrons immédiatement fin, et nous restaurerons leur nationalité."
    D'autre part, le Parlement Européen, dans sa résolution du 15 septembre 1988, a demandé au gouvernement turc de restaurer les droits politiques des ressortissants turcs qui ont été privés de leur nationalité et de fournir des garanties aux réfugiés politiques qui souhaitent retourner en Turquie.
NOUVELLES ALLEGATIONS SUR  LA TORTURE

    Lors du procès à la Cour de Sécurité de l'Etat d'Istanbul, le 16 août dernier, de 17 personnes accusées d'avoir aidé les prisonniers politiques qui se sont échappés de la prison militaire de Metris, une détenue a déclaré qu'ils avaient été torturés pendant leur interro-gatoire au centre de police .
    Une chanteuse de 16 ans, Saadet Akkaya, a raconté qu'elle avait été laissée sans vêtement pendant 15 jours et qu'elle avait été torturée au moyen de décharges électriques dans les organes génitaux et de coups de bouteille dans le vagin. Elle a ajouté que ses bourreaux communiquaient entre eux en utilisant des noms de code tels que Panzer, Echos 66, Vert, Atome, Laitier.
   
L'OBLIGATION DE REVETIR L'UNIFORME CARCERAL

    Les autorités pénitentiaires ont obligé les prisonniers politiques, y compris ceux qui n'ont pas encore été condamnés, à revêtir un uniforme de prison. Cette pratique avait été supprimée l'année dernière, après que les prisonniers aient résisté.
    Le 9 août, l'Association de Solidarité avec les Familles des Détenus et des Prisonniers (TAYAD) a lancé un appel aux autorités pénitentiaires pour qu'elles cessent cette pratique inhumaine.
    Le 16 août, en réponse à cet appel, le Ministère de la Justice a envoyé une circulaire à toutes les prisons qui n'avaient pas encore adopté cette mesure, les enjoignant de le faire.
    Des familles de prisonniers ont déclaré que toute vélléité de résistance était découragée par la torture ou des menaces de sanctions disciplinaires.
    A la fin du mois d'août, les détenus de nombreuses prisons menaçaient de refaire une grève de la faim si cette pratique n'était pas abandonnée.
    A la prison de Bursa, un groupe de détenus politiques a tenté de s'échapper en creusant un tunnel de 15 mètres. Après l'avoir découvert, les autorités pénitentiaires ont adopté des mesures de sécurité extraordinaires dans plusieurs prisons dans le pays.
   
PERSECUTIONS DE LA PRESSE EN AOUT

    Le nombre de revues et de livres qui ont été confisqués ces derniers mois est tellement important, qu'il paraît que les caves de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul sont remplies à ras bord.
    Le 21 août, la police y a stocké 23,035 revues différentes qui pesait plus de 4 tonnes. Le périodique Milliyet du 23 août affirme que toutes les publications dé-clarées coupables seront envoyées à la papeterie d'Iz-mit pour y être détruites.
    Ci-dessous, nous résumons les persécutions dont la presse a fait l'objet en août:
    Le 7 août, le procureur d'Istanbul a mis en accusation deux journalistes du quotidien Milliyet: Talat Halman et Eren Güvener, pour avoir diffamé le premier mi-nistre Özal. Chacun d'eux risque plus d'un an de prison.
    Le 12 août, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a fait saisir un livre intitulé Socialisme et Démocratie Parlementaire sous prétexte qu'il contient de la propagande communiste.
    Le même jour, le journaliste Oral Calislar, après avoir purgé sa peine de 8 ans de prison, a été arrêté une nouvelle fois sous prétexte que son nom se trouvait sur la liste noire.
    Toujours le 12, le numéro d'août du mensuel Emek Dünyasi a été saisi par décision de la CSE d'Istanbul. Sept des douze numéros de ce mensuel ont été confisqués car ils contenaient des articles défendant les droits de la classe ouvrière et du peuple kurde.
    Le 13, le numéro d'août du quotidien Yeni Demokrasi a été saisi sur l'ordre de la CSE d'Istanbul.
    Le 19 août, Cemal Özcelik, éditeur responsable du mensuel Medya Günesi a été condamné à trois ans et demi de prison pour avoir publié des articles "affai-blissant le sentiment national". En guise de protestation, le comité de rédaction a entamé une grève de la faim, le 29 août.
    Le 28 août, l'éditeur de la revue mensuelle Devrimci Derlenis: Mr. Ahmet Kale ainsi que le représentant du mensuel Gün: Mr. Taner Renda ont été mis en état d'ar-restation à Ankara, par la police politique.
    Le 30 août, Dogu Perincek,éditeur en chef du hebdomadaire 2000 Dogru a été mis en état d'arrestation pour un rapport qu'il a publié sur la tentative d'assas-sinat perpétrée contre Özal.
    Le 31 août, le numéro de juin du mensuel Cagdas Yol a été confisqué sur ordre de la CSE d'Istanbul.

LE JUGE SUPREME CRITIQUE LE REGIME

    Le président de la Cour de cassation Ahmet Cosar a déclenché un débat sur les défauts du système judiciaire turc, en prononçant un discours lors de la cérémonie qui marquait l'ouverture du nouvel an judiciaire, le 6 septembre dernier à Ankara.
    "Il est inconvenant de maintenir la société turque à un niveau aussi bas que celui auquel elle était arrivée lors de la création de la République. C'est pour cette rai
son que nous considérons comme un devoir de mettre en garde, au nom de la justice turque , ceux qui seraient prêts à faire des concessions ou à mettre de côté le principe de sécularité, ou ceux qui souhaiteraient  freiner l'évolution de la société turque moderne par leur nostalgie Ottomane et Islamique."
    "Ceux qui sont dans ce cas doivent être conscients que, non seulement le bon sens inébranlable de l'His-toire les condamnera mais que, si c'est nécessaire, la justice turque leur infligera un châtiment plus efficace et plus rapide, avant même que le verdict de l'Histoire ne tombe," a-t-il dit à une audience composée du ministre de la justice Mehmet Topaç et de beaucoup d'autres leaders politiques.
    Cosar a expliqué les défauts du système judiciaire turc, critiquant la question extrêmement sensible des tribunaux militaires
    "Dans un système constitutionnel moderne,  deux mécanismes de justice séparés ne peuvent cohabiter. Un système judiciaire militaire n' est pas utile car les domaines judiciaire et militaire sont incompatibles. La structure de base de l'armée est une hiérarchie étroitement liée à la soumission, alors que la caractéristique principale de la justice devrait être l'indépendance."
    Le président de la Cour a également critiqué les Cours de Sûreté de l'Etat pour avoir employé du personnel militaire. Il soutient qu'il existe des vices de forme dans les règles régissant la nomination des juges et des procureurs, qu'il faudrait corriger.
    Il a également évoqué les "délits de conscience", considérant que "les pensées qui ne sont pas transformées en actes ne devraient pas être punies. Dans le monde civilisé, les avocats devraient avoir accès à leurs clients pendant les interrogatoires de police et le secret de l'enquête préliminaire devrait être abandonné. L' usage de la réclusion solitaire dans notre système devrait être aboli et les bâtiments des prisons devraient être plus appropriés à la dignité humaine."
    D'après la presse, le ministre de la justice Monsieur Topac avait demandé à prendre la parole au cours de la cérémonie, mais le président de la Cour de Cassation n'a pas autorisé ce membre du pouvoir exécutif à s'exprimer.
    Mr Erdal Inönü (SHP), principal chef de l'oppo-sition, a accueilli chaleureusement les remarques du juge suprême et les a soutenues .
    Teoman Evren, président de l' Union des Barreaux turcs, a déclaré que le discours de Cosar montre clairement la crise constitutionnelle que la Turquie traverse.
    La justice militaire a également réagi rapidement. Le président de la Cour militaire de Cassation, le général de brigade Hayri Erkan a déclaré:"Il existe des cours militaires dans tous les pays, et elles ne sont pas différentes de leurs homologues turques. Je peut clamer que les cours militaires en Turquie sont les plus indépendantes du monde."

L'ATTITUDE HYPOCRITE DU GOUVERNEMENT VIS A VIS DES REFUGIES KURDES
    Après le cessez-le-feu qui est intervenu entre l'Iran et l'Irak, plus de 100.000 paysans kurdes ont gagné la Turquie et ont demandé l'asile politique au gouvernement turc, dans l'espoir d'échapper aux offensives sanglantes de Bagdad. Cet afflux de réfugiés a mis ce der-nier dans une situation très difficile qui a, depuis des années, d'énormes problèmes avec la guérilla kurde sur son propre territoire.   
    L'Irak utilise, dans le nord du pays, une force de 60.000 hommes pour mettre les Kurdes en déroute. Les réfugiés accusent le régime de Saddam Hussein d'utiliser des armes chimiques contre les Kurdes.
    Le gouvernement irakien soutient au Gouvernement turc, qu'en vertu d'un traité signé par les deux parties il y a quatre ans, il a le droit de poursuivre les Kurdes à l'intérieur du territoire turc. En fait, les forces armées turques ont déjà, par le passé, pénétré à deux reprises sur le territoire irakien en poursuivant des guérilleros du PKK.
    De plus, l'armée turque est opposée à toute installation de Kurdes irakiens, elle craint en effet des infiltrations de combattants kurdes hostiles au régime d'An-kara. Cependant le gouvernement a dû leur accorder un asile provisoire, et ce sous la pression de l'opinion publique et des institutions européennes. En agissant ainsi, le gouvernement espérait, primo: se ménager l'appui de la population kurde lors du référendum du 25 septembre; secundo: influencer favorablement le Parlement Européen qui était sur le point de voter une résolution sur les rapports entre la Turquie et la CEE.
    Mais depuis quelques semaines, les réfugiés kurdes ont commencé à se plaindre de leurs conditions de vie dans les camps. La plupart déclarent aux reporters étrangers qu'ils préfèrent rester en Turquie, mais ils se plaignent du froid, des mauvaises conditions sanitaires qui favorisent la propagation des maladies, et du man-que de nourriture. D'autres signes de malaises sont apparus dans les camps lorsque les réfugiés ont brûlé les poteaux électriques pour se réchauffer.
    A Hakkari, des réfugiés kurdes se sont battus avec des soldats turcs qu'ils accusaient de harcèlement sexuel sur la personne des jeunes femmes kurdes.
    De plus, le gouvernement turc, qui ne reconnaît pas officiellement l'existence du peuple kurde et de sa lan
gue, a envoyé 48 professeurs dans les camps pour enseigner le turc aux réfugiés kurdes irakiens. Ce qui est susceptible d'aggraver le malaise qui existe déjà dans les camps.
    Quant aux assertions des réfugiés concernant l'emploi d'armes chimiques par l'Irak, le gouvernement turc a déclaré: "nos propres médecins et spécialistes qui ont examiné les gens ayant demandé asile à la Turquie, n'ont trouvé aucun signe d'armes chimiques". Entre-temps, le département d'Etat américain annonçait que des armes chimiques avaient été utilisées lors de l'offensive contre les Kurdes.
    Le représentant du ministère turc des affaires étran-gères a déclaré que la réaction de la Turquie devant une éventuelle visite aux camps de réfugiés, d'un comité d'enquête des Nations-Unies, sera négative.   

LE DRAME DES REFUGIES IRANIENS EN TURQUIE

    Amnesty International a publié, en juillet 1988, un document qui décrit la situation des Iraniens en Turquie, et plus particulièrement les procédures auxquelles les candidats à l'asile politique et les réfugiés politiques sont soumis. Se basant sur des informations fournies par des réfugiés iraniens qui ont traversé la Turquie, ainsi que par leurs amis et leurs parents, le rapport d'Amnesty International établit que:" Des centaines d'Iraniens ont été sommairement reconduit de la frontière turco-iranienne  en Iran, sans avoir eu la possibilité de demander l'asile politique aux représentants du Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés (HCRNU) ou aux autorités turques compétentes. Les candidats-réfugiés politiques qui se présentent aux représentants du HCRNU à Ankara, sont obligés de le déclarer à la police turque et sont renvoyés à la frontière pour une procédure de pré-sélection. Selon ce rapport, des candidats-réfugiés ont été forcés de quitter les camps situés sur la frontière, où ils étaient détenus en attendant de recevoir la permission de se rendre dans les villes satellites autour d'Ankara, où ils sont interrogés par le HCRNU en vue d'obtenir leur statut de réfugié. Là ils attendent leur transfert aux pays tiers. Dans quelques cas, des Iraniens ayant obtenu le statut de ré-fugié du HCRNU, ont été reconduits de force en Iran.
    "Au moins quatre des Iraniens, qui avaient été reconduits de Turquie en Iran depuis novembre 1986, ont été exécutés, les autres emprisonnés et torturés."
    Le document demande qu'il soit mis immédiatement fin aux retours forcés des candidats-réfugiés avant que le HCRNU ait décidé de leur statut et qu'aucun gouvernement n'envoie des réfugiés iraniens dans des pays comme la Turquie où ils ne sont pas protégés contre un refoulement éventuel.
LES SUICIDES ATTEIGNENT UN NIVEAU RECORD
   
    La police a annoncé, le 23 août dernier, que durant les six premiers mois de l'année, les suicides ont atteint un niveau record à Istanbul. De janvier à juin , 64 des 100 personnes qui ont attenté à leurs jours, sont décédées. Des soins médicaux rapides ont permis de sauver les 36 autres. Quarante pour-cent des cas de suicide étaient des hommes de 15 à 35 ans.

LES FABULEUX PROFITS DES BANQUES ETRANGERES EN TURQUIE
    1987, a été une année lucrative pour les banques étrangères. Le Dateline Turkey du 11 juin 1988, rapporte qu'en comparaison avec les autres pays, les banques étrangères font de très gros profits en Turquie. Les calculs montrent que leurs profits sont cinq fois plus importants en Turquie que dans les autres pays. Le risque encouru par la plupart de ces banques dans leurs opérations de prêts était minime puisque leurs principaux débiteurs étaient les holdings turcs les plus importants.
Banques

Banque ottomane
Citibank
Standard Chartered
Manufacturers Hanover
Chase Manhattan
Banque Indosuez
Bank Mellat
Chemical Mitsui
The First National Bank of Boston
Bank of Bahrain and Kuwait
Saudi American Bank
Arab Turkish Bank
profit net (LT)

17,8 milliards
5,5 milliards
2,9 milliards
2,3 milliards
2,1 milliards
2,1 milliards
2,0 milliards
1,6 milliards
1,5 milliards
1,4 milliards
1,3 milliards
0,3 milliards
    La Banque Ottomane est la seule banque étrangère qui existe en Turquie depuis la fondation de la République, et ce en vertu d'un accord privilégié. Mais dès le coup d' Etat militaire de 1980, d'autres banques ont eu accès à l'économie turque.
    La Citibank (EU) a été la première à réaliser qu'il y avait de l'argent à gagner en Turquie. D'autres banques américaines et arabes l'ont suivie. Toutefois, il n'y a toujours pas de banque allemande en Turquie malgré le fait que les deux états entretiennent des relations commerciales très importantes. De même, à part une entreprise japonaise implantée en Turquie, il n' y existe pas de banques japonaises et ce malgré l'essor des relations commerciales turco-japonaises.

LE CAPITAL ETRANGER EN TURQUIE

    Depuis le coup d'Etat militaire de 1980, non seulement la présence des banques étrangères, mais aussi celle des investisseurs étrangers dans les autres secteurs économiques a augmenté dans des proportions de 1 à 8, principalement à cause des nouvelles facilités qui leurs ont été accordées et du frein mis au mouvement syndical.
    Après l'arrivée au pouvoir d'Ozal,cette augmentation a connu une accélération considérable.
ENTREPRISES MIXTES ET LEUR CAPITAL
 

années

1984
1985
1986
1987
1988 (7m)
nombre des entreprises mixtes

267
421
610
839
1.000
part du capital
étranger dans les
entreprises mixtes

117,9 milliards LT
207,8 milliards LT
302,9 milliards LT
435,6 milliards LT
599,9 milliards LT
capital total
des entreprises mixtes (LT)

254,8 milliards
464,9 milliards
707,2 milliards
960,0 milliards
1.287,3 milliards
PAYS D'ORIGINE DU CAPITAL ETRANGER


pays

RFA
Iran
USA
Suisse
GB
Syrie
Pays-Bas
Arabie Séoudite
France
Autres

TOTAL
nombre
de compagnies
impliquées par ce pays

154      
114     
101     
90     
78      
70      
35      
28      
25      
305      

1.000     
capital
investi par ce pays (LT)

72,9 milliards
10,9 milliards
63,4 milliards
100,0 milliards
34,6 milliards
6,0 milliards
28,7 milliards
16,9 milliards
31,5 milliards
234,5 milliards

599,9 milliards

    En ce qui concerne la répartition du capital étranger sur les différents secteurs, celui de la manufacture arrive en tête avec un total de 329,6 milliards LT. Il est suivi par les services qui comptent 236.7 milliards de LT, par l'agriculture avec 25,9 milliards LT et enfin par les mines avec 7.7 % milliards de LT. Dans le secteur des services, l'investissement étranger dont la banque et la finance ont bénéficié est de 84,7 milliards LT au total.
    La proportion d'investissements étrangers dans tou
tes les entreprises mixtes a atteint 46,6% en 1987 con
tre 29,7% en 1979.

3 ENTREPRISES TURQUES A L'ECHELLE MONDIALE

    Selon le magazine Fortune, trois entreprises turques sont parmi les 500 plus importantes à l'échelle mondiale, à l'exception des Etats-Unis.
    La Turkish Petroleum Inc. (TPAO) figure à la 117ème place avec un chiffre de vente de 5,7 milliards de dollars. Koç Holding est remonté de la 155ème place qu'elle occupait en 1987 à la 149ème. La Sabanci Holding, par contre est retombée de la 166ème place à la 178ème.
    Le rapport met également en évidence que la TPAO était à la 41ème place si l'on considère son profit net de 490 millions de dollars et à la 247ème si l'on considère le nombre d'employés et d'ouvriers qu'elle emploie, soient 18.846. Koç se trouve à la 147ème place au regard de son profit net de 167 millions de dollars, par contre il occupe la 129ème place au regard du nombre d'ouvriers qu'elle emploie, soient 35.530.
    La TPAO est une entreprise d'Etat qui détient le monopole de l'industrie pétrolière, alors que la Koç et la Sabanci sont des compagnies privées, investissant dans des secteurs industriels et commerciaux différents. Le nombre des compagnies détenues par la Koç et la Sabanci est respectivement de 91 et de 56.

LES INDUSTRIELS LES PLUS PERFORMANTS

    Selon un rapport publié par l'hebdomadaire turc, Ekonomik Panorama, dans le secteur industriel, deux compagnies appartenant au Koç Holding, Arcelik et Tofas, occupent le haut de la liste en termes de volume de ventes et de rentabilité de ventes pour 1987.
    Arcelik est spécialisé dans la production de biens de consommation durables, Tofas est un des plus grands noms de l'industrie automobile en Turquie.
    Ils sont suivis par la OYAK, un holding géant contrôlé par des officiers de l'armée turque, qui investit dans toutes les branches de l'économie et qui a une entreprise de voitures en co-gestion avec Renault.
    Selon ce magazine, les 100 plus grosses compagnies turques ont vendu pour 16.891 trillions de LT en 1987. Ce qui représente une augmentation considérable par rapport à 1986 et ses 5.146 trillions de LT. Leurs profits bruts s'élevaient à 955 milliards de LT contre 435 milliards de LT en 1986.
    Les 10 compagnies de tête ont vendu pour 2.151 milliards de LT, soit approximativement 13% du chiffre total des ventes des 100 plus grosses entreprises et leur profit est de 295 milliards de LT soit 31% du profit total.
    1987 a été une excellente année, et ce plus particulièrement pour le secteur automobile. Les industries de montage automobile partagent les premières places de la liste avec le secteur chimique. On a assisté à une très forte compétition entre les Tofas de la Koç et les Renaults de la OYAK.
Compagnies

1. Arçelik
2. Tofas
3. OYAK-Renault
4. Çukurova Çelik
5. Toros Gübre
6. Aksa Akrilik Kimya
7. Sasa Suni Elyaf
8. Otosan Otomobil
9. Netas
10. Teletas
Chiffres d'affaires

287.9 milliards LT
253.8 milliards LT
230.2 milliards LT
225.0 milliards LT
221.2 milliards LT
203.4 milliards LT
189.3 milliards LT
181.9 milliards LT
181.3 milliards LT
177.3 milliards LT
Niveau de profit

13.6%
25.7 %
9.6 %
1.1%
1.1%
25.3%
20.7%
13.4%
9.7%
17.7%
LES VERTS DEVIENNENT LE DIXIEME PARTI TURC
    Le parti des Verts (YP) est devenu le dixième parti politique enregistré officiellement en Turquie. Le but principal du nouveau parti est la protection de l'environnement naturel, social et culturel du pays.
    Le nouveau parti a été créé par le Dr. Celal Ertug et 51 autres écologistes. Son ambition est de participer aux prochaines élections locales et d'attirer les voix des électeurs qui se sentent concernés par les problè-mes écologiques. Le Dr. Ertug a déclaré: "Nous pensons que le système parlementaire traditionnel perd de sa va-leur. Le YP est une nouvelle alternative pour les an-ciens partis politiques traditionnels, aussi bien de droite que de gauche. Notre stratégie politique sera locale. Nous croyons en la localisation du système politique dans lequel chaque individu sera libre de prendre ses propres décisions."
    La fondation du YP coïncide avec le débat existant autour de la proposition de construire un complexe hôtelier près du petit village de Dalyan, situé sur la côte méditerranéenne, dans lequel se trouve un élevage de tortue "Loggerhead", et avec le largage de fûts empoisonnés, par des navires étrangers, dans les eaux territoriales turques de la Mer Noire.
    Néanmoins, le YP n'est pas le seul groupe cherchant à recueillir les voix des personnes non conformistes. Une partie des fondateurs du YP, menée par le Dr. Aydin Ayas, a déjà annoncé qu'elle ne se reconnaissait pas dans la discipline du parti car elle a été imposée par les règles de la législation sur les partis politiques, que le YP est tenu de respecter.
    Le quotidien Hürriyet du 2 août 1988, a nommé les autres formations écologistes comme suit:
    LES RADICAUX: ils sont menés par Ibrahim Eren et tentent de réaliser l'unification  de tous les groupes radicaux et marginaux, écologistes, antimilitaristes, athés et homosexuels, sur base de coordination et de communication.
    LES VERTS RADICAUX DEMOCRATES: ils sont rassemblés autour de l'Association Green Peace et pu-blient une revue du même nom, ils préfèrent s'organiser en associations locales plutôt qu'en parti politique.
    LES VERTS ISLAMIQUES: c'est un journaliste islamique qui les anime: Abdurrahman Dilipak.Ils font ap-pel à tous les groupes qui s'opposent au pouvoir établi, à l'exception des homosexuels. Ils se préparent à pu-blier une revue intitulée Cevre Kültürü (Culture Ecologique) dans le but de développer une éthique islamique et écologiste.
    LES VERTS SCIENTIFIQUES: ce sont des ingénieurs qui le forment en grande partie, ils préparent la publication d'une revue intitulée Bizim Çevre (Notre Environnement).
    L'ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DE LA VIE NATURELLE: ce groupe ne se préoccupe que de la protection de la nature.
    LES LIBERTINS: ils refusent toute forme d'organi-sation et prônent l'initiative personnelle, ils se nomment eux-mêmes Les Ecologistes libertins.
    LES TRANSNATIONALISTES: ils sont proches du Parti Radical Transnational, qui a été fondé en Italie. Un transnationaliste turc, Ayhan Birol, fait partie du Conseil fédéral de ce parti.

DES BARILS EMPOISONNES DANS LA MER NOIRE
   
    On a trouvé 203 barils contenant des produits empoisonnés et cancérigènes dans les eaux territoriales turques de la Mer Noire. Le Département de la Protection de l'Environnement a annoncé que ces produits sont susceptibles de provoquer des maladies allant des problèmes dermatologiques au cancer .
    Le sigle de la Compagnie de produits chimiques ouest allemande Hoechst figurait sur certains bidons; mais les représentants turcs de la Compagnie ont dégagé toute responsabilité dans cette affaire. Il  semblerait que ces barils soient originaires d'Italie et qu'ils aient été jetés dans la Mer Noire par un navire Syrien, Le Zanoobia. D'après le quotidien italien L' Espresso, le ca-pitaine du Zanoobia, Ahmad Tabalou affirme que la succursale italienne de la Compagnie Jelly Wax lui a pro-mis de verser 200.000 dollars sur le compte de son frère en Suisse s'il acceptait de larguer les fûts dans les eaux territoriales turques.
    D'autre part, le 14 août dernier, le cargo allemand Petersberg a été refoulé du port d'Istanbul avec sa cargaison radioactive et nocive. Celle-ci avait été décrite comme "du sable industriel" lors de son chargement à Vienne, le 23 mai, à bord du Petersberg qui a aussitôt mis le cap sur la Turquie, ou une compagnie turque s'en était portée acquéreuse. De plus, la TAEK, Commission Turque de l' Energie Atomique, a effectué une série de tests qui a dépisté la présence de césium, un élément radioactif qui est habituellement libéré à la suite  d'accidents nucléaires .