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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie

189-190


16e année - N°189-190
Juillet-Août 1992
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

SOMBRE PANORAMA POUR LES DROITS DE L'HOMME

• 1.038 personnes ont perdu la vie dans des circonstances violentes
• Les forces de sécurité turques ont abattu 204 personnes
• 131 personnes furent victimes "d'assassins non identifiés"
• 179 autres ont déclaré avoir subi des tortures pendant leur interrogatoire
• 9 journalistes ont été assassinés
• 31 journalistes furent harcelés et attaqués par les forces de sécurité
• 53 publications furent confisquées par ordre judiciaire

    Dans un rapport portant sur six mois, jusqu'au 30 juin, la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) reproche une nouvelle fois au gouvernement de permettre aux forces de sécurité de terroriser la population, de ne pas respecter les droits de l'homme et d'être responsable de la sombre situation des droits de l'homme dans le pays.
    Selon le rapport de la TIHV, daté du 7 juillet 1992, un total de 1.038 personnes ont perdu la vie dans des circonstances violentes depuis le début de l'année. Les forces de sécurité turques ont abattu 204 personnes et au moins 179 autres ont déclaré avoir subi des tortures pendant leur interrogatoire.
    Plus de 30 journalistes furent harcelés et attaqués par les forces de sécurité et un total de 53 publications parmi lesquelles des journaux, des revues et des livres furent confisqués par ordre judiciaire.
    Le rapport de la fondation affirme que les droits de plusieurs individus, y compris celui à la vie, furent violés en Turquie.
    Selon ce rapport, au cours des six premiers mois de l'année "se sont produites de nombreuses violations de droits de l'homme", la population fut terrorisée et ses droits bafoués aussi scandaleusement que par le passé.
    "Aucune attention ne fut prêtée aux accusations de torture. Des livres, des revues et des journaux furent confisqués. Ceux qui ont osé parler ou écrire furent réduits au silence et jetés en prison. Au nom de la lutte antiterroriste, des méthodes illégales ont été adoptées et la population reçut une seule version des événements où la vérité était travestie", souligne le rapport.
    Celui-ci affirme également que la tension est montée dans le pays en raison de l'absence de solutions à la question kurde, tandis que les forces de sécurité matraquent les manifestants ou tirent sur eux.
    Au cours de la période susmentionnée, un total de 11 personnes sont mortes pendant leur période de détention "dans des circonstances suspectes", indique le rapport, tandis que 16 autres sont tombées sous les balles que les forces de sécurité tiraient en direction des manifestants. 35 personnes son mortes au cours des descentes menées dans leurs maisons par les forces de sécurité et 51 autres perdirent la vie dans divers incidents, dont des exécutions illégales et des coups de feu au hasard.
    Le nombre total de morts causés par ces incidents s'élève à 102, auxquels il faut ajouter les 92 manifestants assassinés et 341 blessés par les soldats dans le sud-est de la Turquie pendant les festivités du Nouvel An kurde ou Newroz, en mars. Outre les 205 personnes tuées par les forces de sécurité, un total de 549 officiers de la sécurité, civils et militants furent assassinés au cours de cette période et 131 personnes furent victimes "d'assassins non identifiés", ce qui en général veut dire qu'elles furent tuées par des forces clandestines.
    Trois personnes sont disparues sans laisser de traces.
    La plupart des assassinats se sont produits dans la turbulente région du sud-est où 85 personnes ont été tuées et 45 autres, identifiées comme faisant partie de l'organisation radicale Hezbollah, furent abattues.
    Des attentats contre des centres commerciaux, des véhicules et autres endroits similaires ont coûté la vie à 44 personnes, y compris des enfants, tandis que 83 autres personnes furent blessées.
    Pendant ce temps les attentats contre les membres de la sécurité et des institutions judiciaires se sont également poursuivis avec la même intensité, causant la mort à 39 agents de police, 21 gardiens de village, six soldats, quatre officiers des services de renseignement, deux gardiens de nuit, deux chauffeurs, un procureur d'une Cour de la Sûreté de l'Etat et 32 autres officiers.
    Au cours des affrontements armés survenus dans la région soumise à l'état d'urgence, le rapport comptabilise la mort d'un total de 287 militants de diverses organisations de gauche kurdes et turques et de 224 personnes parmi lesquelles figurent des membres des forces de sécurité et des civils.
    Le rapport souligne qu'au cours de cette période-là il n'y a pas eu de nette amélioration du point de vue démocratique et les mesures de répression contre les personnes travaillant dans les médias sont restées d'application. Au cours de 12 incidents différents, un total de 31 journalistes reçurent des coups de bâtons et de bottes et firent l'objet d'insultes de la part des forces de sécurité de l'Etat. Des attaques contre les journalistes, avec des armes à feu et des bombes, se sont également poursuivies.
    Tout au long de ses 53 pages, le rapport donne des exemples de diverses formes de violations des droits de l'homme observées en Turquie au cours des six derniers mois, allant de l'assassinat de manifestants aux décès par torture aux attaques contre les foules.
    Au cours de cette période, six fois les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestations et à neuf reprises des soldats ont investi des maisons "suspectes" et tué leurs habitants.
    Dans 29 cas, des personnes ont perdu la vie pour avoir désobéi à la police lorsque celle-ci leur ordonnait de s'arrêter, ou simplement parce que quelqu'un muni d'un titre officiel tira des coups de feu au hasard. Dans un des cas, des avions turques bombardèrent un village dans la région soumise à l'état d'urgence et dans un autre, on tira à la mitrailleuse sur un paysan depuis un hélicoptère.
    Dans un chapitre consacré à la torture en Turquie, le rapport donne des informations spécifiques à propos d'un certain nombre de cas de torture, parmi lesquels se trouvent onze personnes mortes ou simplement "disparues" alors qu'elles se trouvaient en détention.
    Le rapport explique également que des pressions sont exercées sur les partis politiques turcs et cite en qualité d'exemples le procès introduit contre le Parti Travailliste du Peuple (HEP), ainsi que les efforts déployés par le bureau des procureurs de la Cour de la Sûreté de l'Etat pour lever l'immunité de 22 parlementaires afin d'essayer de les traduire en justice où leur exécution sera demandée.

    LES ACTIVISTES DES DROITS DE L'HOMME DECUS

    Un mois plus tard, dans leur évaluation réalisée pour le Quotidien Turkish Daily News, le 3 août 1992, les principaux activistes des droits de l'homme de Turquie ont indiqué que la plupart des promesses faites dans le protocole de coalition et le programme du gouvernement n'ont même pas été débattues. Ils soutiennent que la torture n'a pas cessé et que les violations des droits de l'homme se sont même intensifiées.
    Le président de l'Association des Droits de l'Homme (IHD), Nevzat Helvaci, souligna que le gouvernement ne faisait preuve d'aucune efficacité, ni dans sa politique de démocratisation et ouverture, ni dans l'application de cette politique. Il ajouta que les améliorations apportées au cours des 250 derniers jours étaient vraiment minimes. Le président déplora qu'on n'ait même pas adopté des mesures qui ne requièrent pas une modification de la loi et ajouta, "La torture, par exemple, pourrait être évitée, mais rien n'a été fait et elle sévit encore. Je perds progressivement espoir. Si dorénavant ils obtiennent de grandes choses, il va de soi que nous prêterons notre appui."
    Il manifesta également qu'il considérait nécessaire une démocratisation de tout le pays et que l'Etat devait agir dans le cadre de la loi et n'avait pas le droit de se comporter comme une organisation terroriste mais devait plutôt prendre des mesures contre les personnes armées. Cependant, il devrait trouver la manière de les prendre vivants, déclara-t-il.
    Le président de la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV), Yavuz Önen, déclara que le fait que le gouvernement se montre incapable d'inclure la démocratisation dans son programme avait causé une grande déception et ajouta, "Le gouvernement a trop tardé à adopter des mesures en faveur de la démocratisation et du respect des droits de l'homme. On a même l'impression qu'on essaye de détourner l'attention du peuple."
    Önen, qui demanda au gouvernement de tenir ses promesses, affirma que dorénavant il espérait l'établissement d'une démocratie où prévaudraient les droits civils. Il ajouta que les violations des droits de l'homme sont maintenant plus graves qu'avant: la torture persiste, les citoyens sont toujours privés des droits et libertés d'une démocratie, le droit de réunion est limité, et l'article de la loi anti-terreur qui protège les tortionnaires est toujours en vigueur. Il dit également que cette période de 250 jours était d'une importance historique pour la Turquie. Pour finir il conclut que les promesses de démocratisation devraient à présent être tenues sans détourner l'attention du public. "Sinon, le coup-d'Etat du 12 septembre pourrait se prolonger avec toutes ses organisations et ses lois."
    Ercan Kanar, chef de la section d'Istanbul de l'IHD, déclara que le gouvernement n'avait pas encore tenu une seule des promesses faites séparément par les deux partis de la coalition avant les élections et inclues dans le protocole de la coalition.
    Lorsqu'on lui demanda de comparer l'approche du gouvernement en ce qui concerne les droits de l'homme avec celle du Parti de la Mère Patrie (ANAP), Kanar répondit que le gouvernement actuel maintenait la même approche négative de son prédécesseur. "Le pire c'est que l'actuel gouvernement de coalition poursuit la même approche négative tandis qu'il emploie des termes comme 'démocratie'. Avec cette démagogie le gouvernement tente d'apaiser l'opposition publique et la réaction contre la violation des droits de l'homme." Tandis que le gouvernement répète qu'il veut encourager un public pluraliste, participant et réagissant, l'Etat lui-même est devenu réactionnaire, remarque Kanar.

PROLONGEMENT DE L'ETAT D'URGENCE

    Malgré la promesse du gouvernement de lever l'état d'urgence, le 26 juin, l'Assemblée Nationale décida une fois de plus de le prolonger pour quatre mois dans les dix provinces du Sud-est habitées par les Kurdes.
    Mis en colère par le style de la "décision de principe" du gouvernement de prolonger l'état d'urgence ainsi que le mandat des forces de coalition stationnées en Turquie pour protéger les Kurdes irakiens, les députés du principal parti de l'opposition, le Parti de la Mère Patrie (ANAP) et du Parti du Bien-être (RP) quittèrent l'hémicycle au moment du vote.
    Seuls 260 des 450 députés étaient présents lors du vote. Le prolongement de l'état d'urgence fut acceptée par 223 votes pour et 37 contre.
    Les députés du Parti Travailliste du Peuple (HEP) et une petite partie de ceux du Parti Populiste Social Démocrate (SHP) ont voté contre, tandis que la majorité des députés du SHP, du Parti de la Juste Voie (DYP) et du Parti Travailliste Nationaliste (MCP) acceptaient le prolongement.

ÖZAL OPPOSA SON VETO A LA REFORME JUDICIAIRE   

    Le 8 juin, le président Özal renvoyait au Parlement la loi qui apportait des changements significatifs au Code de Procédure de Jugement pour y être révisée.
    Ladite loi exigeait la présence obligatoire des avocats de la défense pendant les interrogatoires; refusait les aveux réalisés sous la contrainte de la torture ou de mauvais traitements et interdisait la détention de personnes soupçonnées d'avoir commis des délits sanctionnés par des peines inférieures à six mois. Elle réduisait également la période de détention à quatre jours au lieu des 15 actuels.
    Le président Özal opposa son veto à ces réformes sous prétexte qu'elles entraveraient la lutte contre le terrorisme et que certains des articles prévus dans la loi étaient contraires à l'opinion du Conseil National de Sécurité.
    Le veto du président démontre une fois de plus que le Conseil National de Sécurité, composé par des généraux de l'armée et certains ministres, conserve ses pouvoirs et impose des politiques antidémocratiques à l'Assemblée Nationale et au Gouvernement.

PROSCRIPTION DU PARTI SOCIALISTE

    Le 10 juillet, la Cour Constitutionnelle ordonnait la fermeture du Parti Socialiste (SP), l'accusant d'agir contre l'intégrité du pays. Le verdict, qui prévoit également le transfert de tous les biens du PS au Trésor de l'Etat, fut perçu comme un nouveau coup dur pour la démocratisation de la Turquie et il tend à indiquer que certains cercles au sein des autorités politiques du pays ne sont pas disposés à accepter des solutions politiques au problème kurde.
    La Cour Constitutionnelle, plus grand organe judiciaire du pays, prit sa décision à l'issue d'un vote où le résultat fut de neuf pour et un contre.
    Le 11 juillet, le président, Dogu Perincek, et les membres du conseil d'administration du défunt PS ont organisé une conférence de presse devant le palais du Premier Ministre pour protester contre la décision. Ils soulignèrent que leur lutte se poursuivrait dans le cadre du Parti Ouvrier (IP) récemment fondé.
    Perincek, qui attribue la fermeture du PS au fait qu'il s'agit "d'un parti qui mettait en évidence la réalité kurde", qualifia le verdict de "bombardement contre le lien affectif qui unit les peuples kurde et turc."
    Avant que la décision affectant le PS ne soit prise, l'hebdomadaire 2000e Dogru avait rapportait que le parti serait fermé par ordre de l'armée, accusant les membres du tribunal de collaborer avec les commandants turcs.
    La revue publia également les lettres envoyées par le président du tribunal Yekta Güngör Özden à d'importants officiers du régime militaire instauré après le coup-d'Etat de 1980, dans lesquelles il leur exprimait sa "gratitude et reconnaissance" pour leur conduite après le coup-d'Etat du 12 septembre.
    Dans une autre manoeuvre contre la liberté d'association, le Procureur Principal de la Cour de Cassation turque demanda récemment à la Cour Constitutionnelle d'interdire le Parti Travailliste du Peuple (HEP) pour des raisons similaires.
    Les observateurs pensent que la Cour Constitutionnelle pourrait prendre la même décision à l'égard du HEP dans les semaines à venir. Le HEP passe pour être plus radical que le SP dans son programme et ses activités sur la question kurde.
    La Cour Constitutionnelle avait déjà proscrit un autre parti de gauche: le Parti Communiste Uni de Turquie (TBKP).

ASSASSINATS DE JOURNALISTES

    Le nombre des journalistes abattus cette année s'élève à neuf avec cinq autres meurtres commis au cours des derniers mois. A l'exception de deux d'entre eux, tous ces journalistes travaillaient pour des journaux de gauche ou pro-kurdes qui couvraient la guérilla qui oppose le PKK aux forces de sécurité dans le Sud-est. Quatre des reporters assassinés travaillaient pour Özgür Gündem, un quotidien paru pour la première fois le 30 mai 1992.
    Ces meurtres révèlent l'existence d'une campagne pour réduire au silence la presse dissidente dans le Sud-est.
    Malgré la promesse du gouvernement d'arrêter les meurtriers, ceux-ci sont toujours en liberté. De plus, selon Helsinki Watch, il est peu probable qu'une enquête sérieuse soit en cours. L'attitude du gouvernement fut mise en évidence dans un commentaire du Premier Ministre Süleyman Demirel, qui le 11 août déclarait, "Les personnes tuées n'étaient pas des véritables journalistes. Il s'agissait de militants déguisés. Et ils s'entre-tuent."
    Après le dernier assassinat, celui du journaliste Hüseyin Deniz, survenu le 10 août, le président du Conseil de la Presse Turque, Oktay Eksi, critiqua le gouvernement dans un télégramme envoyé au Premier Ministre Demirel, pour avoir failli à ses promesses de paix et de stabilité pour la Turquie et souligna que jamais dans l'histoire du pays, les journalistes n'avaient subi tant d'attaques.
    Voici les journalistes assassinés pendant l'ère du gouvernement de coalition et la date de leur décès:
    HALIT GÜNGEN, de 22 ans, était journaliste de l'hebdomadaire de gauche 2000e Dogru. Il fut tué dans le bureau de la revue à Diyarbakir, le 18 février 1992 à 8 heures du soir. Juste avant l'assassinat, Güngen avait écrit un article pour l'édition du 16 février à propos du lien entre le Hezbollah (Parti de Dieu), un groupe terroriste islamique et l'Organisation Contre-Guérilla.
    CENGIZ ALTUN, de 24 ans, était correspondant à Batman de l'hebdomadaire Yeni Ülke. Il fut abattu le 24 février de six balles dans le dos alors qu'il se rendait à son travail. Un rédacteur de Yeni Ülke déclara qu'Altun avait reçu des menaces de mort au Poste de Gendarmerie de Gercus. Altun avait écrit des articles sur les activités supposées de la Contre-Guérilla; le dernier avait été publié dans l'édition du 2-8 février.
    IZZET KEZER, journaliste du quotidien Sabah, fut abattu le 23 mars par les forces de sécurité à Cizre, au cours des événements violents qui suivirent les festivités de la Nouvelle Année kurde, Newroz. Pendant un couvre-feu imposé par l'Etat, Kezer et d'autres journalistes sortirent de leur hôtel en brandissant des drapeaux blancs: les coups de feu avaient cessé à ce moment-là. Kezer, qui se trouvait à la tête du groupe, arriva à un croisement et fut abattu par les forces de sécurité qui firent feu depuis un véhicule de transport des troupes blindé.
    BÜLENT ÜLKÜ, correspondant d'un journal local à Bursa, fut tué le 1er avril.
    MACIT AKGÜN, un reporter de Yeni Ülke, fut trouvé le 2 juin pendu à un pilon de téléphone près du village de Cölova, à Nusaybin. Akgün était porté disparu depuis trois semaines et avait été aperçu pour la dernière fois à Nusaybin. Selon l'Agence de Presse Anatolie, une autopsie démontra qu'Akgün avait été étranglé dix jours auparavant. Une déclaration trouvée dans sa dépouille où l'on pouvait lire "qu'il avait été puni parce qu'il était un traître" aurait porté la signature du PKK.
    HAFIZ AKDEMIR, un reporter qui travaillait à la rédaction de Diyarbakir du quotidien Özgür Gündem fut tué le 8 juin d'une seule balle dans la nuque. Le meurtre fut commis à 8 heures du matin, à cinq mètres de sa maison à Diyarbakir. Les reporters d'Özgür Gündem déclarèrent que pendant plusieurs jours ils avaient fait l'objet de menaces par téléphone. Akdemir avait récemment interviewé des délégations des droits de l'homme qui visitaient la région et avait écrit des articles à leur sujet, il en avait également écrit sur les activités des forces contre-guérilla dans la zone.
    CETIN ABABAY, correspondant à Batman pour le journal Özgür Halk, reçut une balle dans la tête le 29 juillet à 7.30 du soir. L'attentat fut commis par trois hommes non identifiés lorsqu'il rentrait chez lui; Cetin mourut le 30 juillet à l'Hôpital Universitaire de Diyarbakir.
    YAHYA ORHAN, de 30 ans, était correspondant à Gercüs (province de Batman) d'Özgür Gündem. Il fut abattu le 31 juillet par des personnes inconnues à 10.30 du soir. Selon Özgür Gündem, Orhan avait été menacé en rue. Sa famille affirme que le 31 juillet il reçut un appel chez lui où on lui disait, "Nous avons éliminé tous les journalistes et maintenant c'est ton tour." On entendit alors des coups de feu au téléphone.
    HÜSEYIN DENIZ, de 36 ans, était correspondant d'Özgür Gündem à Ceylanpinar (province d'Urfa). Il fut gravement blessé au cou par une balle alors qu'il se rendait à son travail le 9 août dernier. Il est décédé le 10 août. Deniz était également le correspondant régional du quotidien Cumhuriyet.
    BURHAN KARADENIZ, de 19 ans et correspondant d'Özgür Gündem à Diyarbakir, fut gravement blessé au cou par une balle tirée par des personnes inconnues le 5 août à Diyarbakir; il souffre d'une paralysie de la partie inférieure du corps jusqu'à la taille. Karadeniz avait subi une détention policière de cinq jours après que plusieurs députés du HEP se soient rendus à Diyarbakir le 10 juillet dernier, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Vedat Aydin, activiste des droits de l'homme et membre du HEP.
    Selon l'opinion générale, des forces secrètes de l'Etat sont derrière ces meurtres et les autorités locales préfèrent fermer les yeux parce que ceux-ci touchent toujours des personnes controversées du monde des médias. La plupart des assassinats sont perpétrés de manière très professionnelle. La victime est suivie et abattue à l'aide d'une seule balle ou plusieurs balles provenant d'une seule arme. Puis les assassins disparaissent.
    Helsinki Watch, dans son communiqué de presse d'août 1992, manifesta: "HW est très préoccupé par ce qui semble être une campagne systématique pour empêcher la presse de parler des événements qui se produisent dans le sud-est de la Turquie. Nous prions le gouvernement de prendre des mesures immédiates pour enquêter sur ces assassinats et poursuivre les responsables."
    Le 9 septembre, la Fédération Internationale des Journalistes condamna l'incapacité du gouvernement turc à mener une profonde enquête sur l'assassinat des journalistes.
    Au cours d'une journée coordonnée d'action internationale, qui vit des journalistes allant de l'Argentine au Danemark adresser leurs protestations aux ambassades turques, le Secrétaire Général de la FIJ, Aidan White, rencontra l'ambassadeur turc en Belgique, Yildirim Keskin, et lui soumit un ensemble de cas réclamant l'attention des autorités turques.
    "La Turquie prétend être une démocratie respectant la liberté de la presse, mais le monde du journalisme n'en est pas convaincu," déclara M. White. "Le gouvernement doit étudier chaque attentat contre les médias et chaque acte de violence visant des journalistes et publier des rapports."
    La majorité des 81 syndicats nationaux de la FIJ répartis dans 64 pays se sont également joints à la protestation, aussi bien au niveau national que régional.
    En France, Reporters Sans Frontières (RSF) condamna la Turquie le 20 juillet dernier pour avoir violé la liberté de la presse, déplorant notamment la mort de journalistes dans des circonstances suspectes, l'emprisonnement de reporters et la censure.
    RSP déclara que la répression allait à l'encontre des promesses faites par le Premier Ministre Demirel, qui prévoyait l'adoption d'une nouvelle loi sur la presse garantissant sa liberté et avait prié les membres de la Communauté Européenne d'en tenir compte lors de l'examen de la demande d'adhésion de la Turquie.
    Selon RSP, 10 journalistes se trouvaient en prison pour "avoir photographié une manifestation interdite ou avoir insulté le président dans une revue satirique." A ce stade de l'année, les autorités ont saisi 21 éditions de 12 journaux et revues, affirme RSP.

    ASSASSINATS D'ACTIVISTES DES DROITS DE L'HOMME

    Outre des journalistes, un certain nombre d'activistes des droits de l'homme ont également été victimes de la violence des forces de sécurité et des organisations pro-gouvernementales subversives.
    L'activiste des droits de l'homme, Siddik Tan, fut assassiné le 20 juin dans une maison à Batman, dans le sud-est de la Turquie. Selon les rapports provenant de sources fiables, le meurtre fut commis par trois terroristes armés non identifiés. M. Tan était un membre actif du conseil d'administration de la section de Batman de l'Association des Droits de l'Homme de Turquie (IHD).
    Tan avait été blessé dans un autre attentat le 2 juillet 1991 suite à l'explosion d'une bombe placée dans sa voiture. Son fils, de dix ans, et un ami avaient également été blessés par l'explosion; la voiture fut totalement détruite.

    Helsinki Watch incrimine le gouvernement

    Après la mort de Tan, Helsinki Watch exigea au gouvernement turc de mener une enquête immédiate et profonde sur cet attentat; de mettre fin aux perquisitions dans les bureaux de l'Association des Droits de l'Homme (IHD); de cesser la détention, la torture et le jugement des membres de l'IHD; et d'enquêter sur les menaces de mort adressées aux représentants et membres de cette association. Helsinki Watch demanda également au gouvernement de traduire en justice les responsables de la mort de l'activiste des droits de l'homme Vedat Aydin, assassiné en juillet 1991 à Diyarbakir.
    En juillet 1992, dans un communiqué de presse, Helsinki Watch rapportait ces cas concernant des activistes des droits de l'homme:
    "L'explosion d'une bombe dans la voiture de Siddik Tan en juillet 1992 constitue l'un des quatre attentats dirigés contre l'IHD en l'espace d'une courte période de temps en 1991. Le 18 juin 1991 un engin explosa dans la voiture de l'avocat et membre de l'IHD, Mustafa Ozer. Le 25 juin 1991, une bombe explosa dans le bureau de l'IHD à Diyarbakir causant d'importants dégâts.
    L'attentat le plus grave pendant les mois de juin et juillet, fut l'assassinat de Vedat Aydin, de 39 ans. Aydin était l'un des fondateurs de la section de Diyarbakir de l'IHD. Le 5 juillet 1991, M. Aydin fut emmené de son domicile par plusieurs hommes armés qui prétendaient être des officiers de police. Son corps fut retrouvé le 8 juillet hors de Diyarbakir; son crâne avait été fracturé, ses deux jambes étaient brisées et son corps portait 15 ou 16 blessures par balles. Personne n'a encore été inculpé du meurtre d'Aydin ou des autres actes de violence dirigés contre les membres de l'IHD.

    Menaces de Mort

    Au début du mois de mai, un tract contenant des menaces de mort contre 28 personnes fut distribué dans le sud-est de la Turquie. Les 28 personnes sont kurdes; toutes sont membres du Parlement ou se sont exprimées au nom des Kurdes; certaines ont enquêté sur les violations des droits de l'homme contre les Kurdes. Quatre de ces personnes sont membres de l'Association des Droits de l'Homme:
    Yavuz Binbay, président, IHD de Van,
    Sekvan Aytug, président, IHD de Sirnak,
    Faik Tunefan, membre, IHD d'Istanbul, et
    Ömer Hazar, membre, IHD d'Istanbul.
    Le tract fut signé par Islami Cihad-B - Islami Yumruk (Guerre Sainte Islamique-B - Poing de l'Islam). Selon Amnesty International, nombreux son ceux qui pensent que les forces de sécurité turques en sont responsables.
    Ercan Kanar, président de la section d'Istanbul de l'IHD, avait fait savoir que les leaders de l'association recevaient des menaces de mort (Cumhuriyet, 14 février 1992). En mai 1992, le Bureau Principal de l'IHD rapportait que ses départements faisaient l'objet de menaces (Cumhuriyet, 14 mai 1992).

    Arrestations et Tortures

    Sekvan Aytug, président de l'IHD de Sirnak, fut arrêté à son retour d'un voyage à Ankara le 14 mai 1992. La police ne communiqua pas la raison de sa détention, mais il avait récemment fourni de l'information aux délégations des droits de l'homme et à la presse à propos des violations des droits de l'homme qui s'étaient produites en mars 1992 à Sirnak durant le Newroz, Nouvel An kurde. Son nom figurait parmi les 28 personnes menacées de mort. Le 29 mai, Aytug était arrêté de manière officielle. Les membres de l'IHD de Sirnak qui l'on visité en prison ont déclaré: "Lors de notre visite nous avons remarqué des hématomes et des blessures à l'arcade sourcilière gauche, aux pieds et aux genoux. Ses déclarations aussi bien que tout ce que nous avons pu observer indiquaient que M. Aytug avait été torturé pendant sa détention."

    Perquisitions dans les locaux de l'IHD

    La section d'Istanbul de l'IHD fut perquisitionnée par la police le 21 mars 1992; celle-ci confisqua des documents et des avis. La même section fut perquisitionnée une nouvelle fois le 24 avril; des listes des membres et d'autres documents furent confisqués.
    Le 14 mai, le bureau principal de l'Association des Droits de l'Homme faisait savoir que ses départements avaient fait l'objet de descentes, perquisitions et fermetures au cours de dernières semaines (Cumhuriyet, 14 mai). A la fin du mois de mai, la section de l'IHD de Bursa fut également perquisitionnée par la police.

    Jugements contre les représentants de l'IHD

    Le 4 février 1992 fut ouvert à la Cour de la Sûreté de l'Etat un procès contre Esber Yagmurdereli, Ragip Duran et Atila Aycin en raison des discours qu'ils ont prononcés le 18 septembre 1991 lors d'un meeting organisé par la section d'Istanbul de l'IHD. Les défendeurs son inculpés de "propagande séparatiste" en vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur. Chacun d'eux risque une peine de prison pouvant aller de deux à cinq ans.
    Le 29 novembre 1991, six leaders de la section d'Istanbul de l'IHD étaient traduits devant la Cour de la Sûreté de l'Etat d'Istanbul et accusés d'avoir organisé une soirée de solidarité envers les Kurdes d'Irak. Le procureur demanda que soit fermée l'association et des peines de prison pour ses leaders.
    Refus de la Liberté d'Expression

    Le 21 mars 1992, la police empêcha des membres de la section d'Ankara de l'IHD de placer une couronne dans la rue Yüksel d'Ankara à l'occasion du Newroz. La police détruisit la couronne, frappa le membre du conseil de l'IHD, Alpaslan Erturk et arrêta le membre de cette même association, Yildiz Sik.
    (Pour d'autres cas de violence contre les activistes des droits de l'homme, voir Terreur d'Etat en juin-juillet)

    LES FORCES DE SECURITE RESPONSABLES DU BAIN DE SANG DU NEWROZ

    Un rapport détaillé de la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) à propos du bain de sang qui entacha les festivités du Nouvel An kurde ou Newroz en mars 1992, soutien que les forces de sécurité ont été les premières à tirer sur les manifestants - causant la mort à 92 personnes.
    Le rapport fait remarquer qu'une déclaration réalisée par le président Turgut Özal le 31 janvier, promettant une opération massive dans le sud-est de la Turquie, n'avait fait qu'augmenter la tension dans la région, bien que le Premier Ministre Demirel annonçait le 9 mars que le Newroz serait célébré en toute liberté.
    Contrairement à toutes les promesses officielles, poursuit le rapport, le bureau des gouverneurs des régions soumises à l'état d'urgence décréta une série d'interdictions avant les festivités du Newroz et les envoya sous forme de décrets aux autres gouverneurs. "Un des décrets", indique le rapport, "interdit le transport entre villages après 5 heures de l'après-midi, le travail dans les montagnes ou les champs et le lâcher d'animaux." Dans le cadre des mesures destinées à empêcher les festivités du Newroz, même les malades devaient demander des documents et des permis spéciaux aux forces de gendarmerie pour pouvoir se rendre dans les hôpitaux.
    Bien que Demirel ait fait une petite déclaration avant le 21 mars, précisant que tout le monde pouvait se réunir pour célébrer le Newroz à condition de ne pas provoquer des actes de violence, le rapport affirme que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants civils au début des festivités, provoquant d'autres affrontements. Selon la fondation, le premier incident est survenu le 20 mars dans la municipalité de Gercus à Batman, où les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un groupe de près de 250 personnes qui avaient allumé un feu dans le cadre des festivités traditionnelles du Newroz. Deux jeunes de 20 et 16 ans sont morts et huit autres personnes ont été blessées.
    A Sirnak, où un total de 38 personnes sont mortes et 120 autres ont été blessées le 21 mars dernier, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un groupe de civils qui refusaient de se laisser fouiller par la police tandis qu'ils marchaient en direction de la Place de la République. Comme les affrontements se poursuivaient, et le clandestin Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) entra également en action, le couvre-feu fut décrété dans la province. Cependant, les affrontement se sont poursuivis les 22 et 23 mars avec des attentats du PKK contre les baraquements militaires et les bâtiments officiels.
    Selon le rapport, au milieu de la confusion, les forces de sécurité ont tiré sur bon nombre de maisons qu'elles croyaient occupées par des militants du PKK et en représailles contre les événements, un groupe lyncha l'officier de police Osman Catana chez lui.
    Parmi les personnes identifiées comme victimes des terroristes, six avaient entre 30 et 40 ans et quatre autres avaient entre 45 et 70 ans. Le rapport, qui identifiait les blessés par leur nom, révéla l'existence de deux jeunes victimes: une fille de cinq ans et un garçon de neuf. La plupart des autres victimes avaient moins de 18 ans. Près de Cizre, où des milliers de personnes s'étaient donné rendez-vous pour célébrer le Newroz, les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants. L'attaque fut accompagnée de marches militaires amplifiées par les haut-parleurs de la police.
    "La tension monta d'un cran lorsque de nombreuses personnes sont tombées foudroyées par les balles", précise le rapport qui ajoute que le reporter Izzet Kezer du quotidien Sabah est également mort sous les balles provenant d'un véhicule blindé de la police alors qu'il portait un drapeau blanc. Au cours des affrontements survenus à Cizre entre le 21 et le 25 mars, le rapport souligne que 24 personnes sont mortes et 60 autres ont été blessées. Le rapport des Droits de l'Homme ajoute que la violence ne s'est produite que dans les régions où sont intervenues les forces de sécurité et cite Van et Adana comme exemple.
    A Van, les affrontements se sont produits après une intervention qui donna lieu au décret d'un couvre-feu. Une fois celui-ci décrété, indique le rapport, "les forces de sécurité ont semé la terreur dans la ville" et ont perquisitionné la section de Van de la Fondation des Droits de l'Homme ainsi que le bureau provincial du Parti Travailliste du Peuple (HEP). Ces perquisitions ont occasionné de nombreux dégâts. Bien que les manifestations dans les districts de Narlica et Daglioglu, à Adana, se sont déroulés sans incidents majeurs, le rapport indique que les forces de sécurité tirèrent sur les manifestants durant la nuit provoquant l'affrontement. Un jeune de 20 ans est mort et huit personnes, parmi elles un enfant et un agent de police, ont été blessés. Necmettin Ekici, de 30 ans, est mort dans une autre partie de la ville dans un incident similaire où six autres personnes ont été blessées.
    A Nusaybin, où des gardiens de village paramilitaires auraient tiré sur des villageois qui marchaient vers le centre de la ville le jour du Newroz, une personne est morte et deux autres ont été blessées, cependant on n'a pas rapporté d'autres cas de violence. Toutefois, le 22 mars, la police ouvrit le feu lorsque quelque 8.000 personnes se dirigeaient vers le centre de la ville, affirme le rapport.
    Un total de 19 personnes furent tuées et 52 autres blessées au cours des affrontements qui s'en suivirent.
    Dans la municipalité de Yuksekova, à Hakkari, on enregistra des incidents similaires après une première attaque des équipes spéciales contre les manifestants, au cimetière, et une autre à l'arme à feu dans la ville. Dans l'incident, un enfant de 14 ans fut tué et six autres blessés. Au cours de la matinée, les forces de sécurité ont tiré sur un groupe de 3.000 personnes réunies devant le bâtiment du gouverneur. En tout, quatre personnes sont mortes et 38 autres ont été blessées au cours de quatre jours de violence.
    Selon le rapport, bien que les autorités soutiennent que les affrontements se sont produits entre le PKK et les forces de sécurité, deux agents de police seulement sont morts pendant cette vague de violence, ce qui met sérieusement en doute la véracité de la version officielle.
    Le rapport conclut que si le PKK était vraiment intervenu dans ce sens, le nombre des victimes aurait été plus élevé.

    TERREUR D'ETAT EN JUIN ET JUILLET

    Le 2.6, à Ankara, près de 50 membres du service sanitaire ont placé une couronne noire devant le bâtiment du Ministère de l'Intérieur pour protester contre les tortures infligées à l'infirmière, enceinte de trois mois, Nazli Top, au Centre de la Police Politique à Istanbul entre le 27 avril et le 7 mai. La police a immédiatement dissout la manifestation et arrêté huit personnes.
    Le 2.6, dans la province de Rize, les forces de sécurité ont arrêté treize personnes.
    Le 2.6, dans la ville de Salihli (province de Manisa), le leader local du HEP, Ali Kacan, fut arrêté par la police.
    Le 2.6, la CSE de Diyarbakir condamna un membre présumé du PKK à 22 ans et six mois de prison et un autre à trois ans et neuf mois.
    Le 4.6, à Elazig, les forces de sécurité fouillèrent de nombreuses maisons. Au cours de l'opération trois personnes ont été abattues et 25 autres arrêtées.
    Le 4.6, dans la ville de Kiziltepe (province de Mardin), l'enseignant Seydos Aydogan fut assassiné par le Hezbollah.
    le 4.6, dans la ville de Kulp (province de Diyarbakir), les forces de sécurité ont ouvert le feu contre la foule rassemblée pour les funérailles d'un militant du PKK et blessèrent cinq personnes.
    Le 5.6, un meeting organisé par le Parti Ecologique dans le cadre de la Journée Mondiale de l'Environnement fut interdit par le gouverneur d'Izmir.
    Le 5.6, à Kiziltepe, au cours des funérailles de Seydos Aydogan, les forces de sécurité tirèrent sur la foule et tuèrent une personne, en blessèrent trois et arrêtèrent 20 autres.
    Le 5.6, le Hezbollah arrêta un minibus sur la route Midyat-Dargecit (province de Mardin) et assassina Fevzi Anik et Ahmet Yesilmen.
    Le 7.6, dans le district de Bismil (province de Diyarbakir) l'étudiant universitaire Aziz Biber fut poignardé par le Hezbollah et son corps fut abandonné au cimetière.
    Le 7.6, la cour pénale n_ 18 d'Ankara condamna 17 étudiants universitaires à des peines de prison allant jusqu'à six ans pour avoir pris part à une manifestation non autorisé en décembre 1989 à la Faculté Pédagogique de l'Université Gazi à Ankara.
    Le 10.6, un meeting sur les droits syndicaux des fonctionnaires publics fut interdit par le gouverneur d'Istanbul.
    Le 10.6, dans le district de Tatvan (province de Bitlis), un minibus fut stoppé et treize voyageurs furent abattus par des personnes non identifiées.
    Le 10.6, le gouverneur d'Hakkari n'autorisa pas l'ouverture d'une section du Syndicat de l'Education et la Science (EGIT-SEN) dans la province.
    Le 11.6, dans le district de Silvan (province de Diyarbakir), le docteur Mehmet Emin Ayhan fut assassiné par le Hezbollah.
    Le 11.6, les forces de sécurité arrêtèrent sept personnes dans le district de Mutki (province de Bitlis).
    Le 13.6, à Izmir, le leader local du HEP, Abdurrahman Dayan et 96 autres personnes furent arrêtés pour avoir chanté des chansons kurdes pendant une cérémonie de mariage.
    Le 13.6, dans le district de Kiziltepe (province de Mardin), le forgeron Seymuz Ibrahimoglu et son frère, Hasan Ibrahimoglu, furent assassinés par des tireurs inconnus.
    Le 14.6, à Mardin, le leader local du HEP, Veysi Parilti et un autre représentant du parti, Hasan Güler, furent arrêtés.
    Le 16.6, au cours de leur procès à la CSE d'Izmir, cinq étudiants du secondaire accusés d'appartenir à une organisation illégale, furent battus pendant l'audience pour avoir crié des slogans politiques.
    Le 16.6, le leader de l'IHD d'Antalya, Mustafa Sahin, déclarait qu'au cours des vingt derniers jours trois personnes avaient subi des tortures. Un garçon de 15 fut également torturé le 8 juin au poste de police du Port Maritime.
    Le 16.6, à Gaziantep, cinq personnes ont déclaré au cours d'une conférence de presse dans le Bureau Local de l'IHD que la police politique les avait torturées au cours de leur détention, entre le 18 et le 27 mai.
    Le 16.6, à Izmir, le gouverneur n'autorisa pas un meeting sur le thème de l'unité des socialistes.
    Le 16.6, à Izmir, trois personnes furent condamnées en vertu de l'Article 146 du CPT pour avoir attaqué une voiture de police. Chacune d'elles risque la peine capitale.
    Le 16.6, à Malatya, l'Association d'Education Folklorique (MFED) fut fermée par ordre du gouverneur.
    Le 16.6, les forces de sécurité arrêtèrent cinq villageois dans le district de Cinar (province de Diyarbakir) et cinq autres dans le district d'Ergani.
    Le 17.6, sept personnes furent condamnées par la CSE de Malatya à des peines de prison allant jusqu'à 3 ans et 9 mois pour avoir aidé le PKK.
    Le 17.6, la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV) rapportait qu'il était possible qu'un détenu politique, Hasan Güldal, ait été torturé jusqu'à la mort au Poste de Gendarmerie d'Artvin. Selon des témoins oculaires, Güdal avait été arrêté le 23 mai et avait subi des tortures. Personne ne sait où il se trouve depuis le 28 mai.
    Le 18.6, les forces de sécurité arrêtèrent 21 villageois dans les districts de Nusaybin et Mazidag (province de Mardin).
    Le 19.6, dans la ville de Silvan (province de Diyarbakir), les forces de sécurité tuèrent quatre personnes et en blessèrent trois autres alors qu'elles effectuaient une descente dans une maison. Parmi les victimes figure un représentant du HEP, Felemez Günes.
    Le 19.6, deux enfants, un de 14 ans et un autre de 17, accusés d'avoir pris part à des actions du PKK, furent condamnés à de lourdes peines de prison par la CSE de Diyarbakir. Dans un premier temps ils furent condamnés à la peine capitale en vertu de l'Article 25 du CPT, mais elle fut commuée en une peine de prison de 12 ans et 6 mois pour le plus jeune et de 16 ans et 8 mois pour l'autre.
    Le 20.6, à Batman, le représentant de l'IHD, Siddik Tan, fut abattu au cours d'une descente dans une maison. Il avait déjà été blessé l'année dernière, le 2 juillet, suite à l'explosion d'une bombe placée dans sa voiture.
    Le 20.6, à Istanbul, la police fit une descente dans les bas quartiers de Kücükarmutlu et fouilla toutes les maison une par une. 31 personnes auraient été arrêtées.
    Le 21.6, s'ouvrait à la Cour Criminelle n_ 3 de Bursa le procès contre 21 étudiants qui avaient participé à une bagarre entre groupes de gauche à l'Université d'Uludag trois mois auparavant. Le procureur demande des peines de prison supérieures à trois ans pour chacun d'eux.
    Le 22.6, à Batman et Nusaybin, trois personnes furent abattues par des inconnus.
    Le 22.6, des milliers de fonctionnaires publics qui participaient à une marche de protestation depuis Istanbul furent stoppés par la police à l'entrée d'Ankara. Pendant l'intervention policière, des centaines de manifestants furent brutalement battus et 30 d'entre eux furent arrêtés.
    Le 23.6, à Adana, treize militants supposés de la TIKKO (Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie) furent arrêtés.
    Le 23.6, à Gaziantep, huit personnes furent arrêtées pour avoir scandé des slogans au cours d'une soirée en faveur de la solidarité turco-kurde.
    Le 24.6, une femme enceinte de 22 ans, Menice Kirtay, fut victime de tortures et d'harcèlements sexuels au Poste de Police de Silvan. Elle avait été arrêtée le 19 juin suite à une descente de police au cours de laquelle son mari, Ali Kirtay, fut abattu. Elle perdit son enfant après qu'on lui ait introduit une matraque dans son vagin.
    Le 26.6, à Ankara, la police politique arrêta neuf militants supposés du PKK.
    Le 26.6, dans le district d'Idil (province de Sirnak), des gardiens de village tuèrent deux travailleurs municipaux.
    Le 26.6, le congrès du Syndicat des Travailleurs des Chemins de Fer fut interdit par le gouverneur d'Ankara sous prétexte que les fonctionnaires publics n'ont pas de droits syndicaux.
    Le 26.6, la CSE de Malatya condamna six militants présumés du PKK à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et six mois.
    Le 27.6, à Bitlis, neuf personnes furent placées en détention par un tribunal pour avoir pris part aux activités du PKK.
    Le 27.6, à Diyarbakir, Abdullah Aksoy fut abattu par le Hezbollah.
    Le 27.6, à Gaziantep, douze personnes furent arrêtées pour avoir chanté des chansons kurdes au cours d'une cérémonie de mariage.
    Le 29.6, commençait à la CSE d'Izmir le procès contre 34 personnes accusées d'avoir participé aux actes du 1e Mai alors qu'ils étaient interdits. Chacun d'eux risque une peine de prison de cinq ans.
    Le 30.6, à Silvan, trois personnes, Halim Yasar, son fils Adil Yasar et son frère Nazim Yasar furent abattus par le Hezbollah.
    Le 30.6, dans la ville de Nusaybin (province de Mardin), plus 3.000 personnes prirent part à une manifestation pour protester contre les opérations et les arrestations policières dans la région. Les forces de sécurité, appuyées par des tanks et des blindés arrêtèrent plus de 200 manifestants.
    Le 1.7, dans le district de Silvan (province de Diyarbakir), Mehmet Bugdayci et Recep Alparslan auraient été torturés jusqu'à la mort par le Hezbollah.
    Le 2.7, à Cizre, une opération policière de trois jours donna lieu à l'arrestation de plus de 100 personnes.
    Le 2.7, à Van, les forces de sécurité arrêtèrent six personnes.
    Le 2.7, la CSE d'Izmir condamna trois membres présumés du PKK à des peines individuelles de 12 ans et 6 mois de prison.
    Le 2.7, commença à la CSE d'Istanbul le procès contre 17 étudiants universitaires de gauche, arrêtés après un conflit avec des étudiants de droite à Bursa.
    Le 2.7, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul le procès contre six membres présumés de Dev-Sol (Gauche Révolutionnaire). Chacun d'eux risque une peine de prison de 22 ans et 6 mois. Les défendeurs manifestèrent que leurs dépositions avaient été obtenues sous la contrainte de la torture et présentèrent des certificats médicaux qui attestaient des traces de torture.
    Le 3.7, à Urfa, Ramazan Sat, de 38 ans, fut abattu par le Hezbollah.
    Le 5.7, la CSE d'Izmir interdit la distribution d'un tract intitulé "Mettons fin au terrorisme d'Etat et à la Guerre Spéciale", rédigé par le HEP. En outre, les représentants du HEP furent condamnés pour ce tract en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 7.7, un réfugié politique, Ali Ekber Basaran, fut arrêté à l'aéroport d'Ankara lorsqu'il rentrait de France après un long exil volontaire.
    Le 8.7, dans le district de Bismil (province de Diyarbakir), 15 villageois furent arrêtés par les forces de sécurité. Deux des détenus sont âgés de 12 ans.
    Le 8.7, commençait à la Cour Pénale n_ 15 d'Ankara le procès contre les leaders de TURK-IS (Confédération des Syndicats Turcs) pour avoir incité des travailleurs à la grève. Chacun d'eux risque une peine de prison de trois mois.
    Le 9.7, à Izmir, l'avocat Kemal Kirlangic déclarait que son client Rahmi Akbulak, ainsi que ses deux enfants, Sahbender et Muzaffer Akbulak, avaient été torturés le 4 juillet après une discussion avec des agents de police.
    Le 9.7, à Izmir, la police annonça l'arrestation de 50 militants présumés du PKK.
    Le 11.7, à Ankara, la police tua deux personnes alors qu'elle faisait une descente dans une maison. Les autorités policières soutiennent qu'elles se sont suicidées.
    Le 12.7, à Istanbul, la police fit une descente dans le Centre Culturel Ortaköy sans mandat judiciaire et arrêta 20 personnes.
    Le 12.7, trois personnes furent abattues par des inconnus alors qu'elles se rendaient en voiture de Sirnak à Uludere.
    Le 13.7, à Ankara, une série d'actions contre le PKK donna lieu à l'arrestation de 30 personnes.
    Le 13.7, à Istanbul, la police tua deux personnes au cours d'une descente dans une maison.
    Le 14.7, à Istanbul, le tenancier d'une maison de café Numan Akcal déclara avoir été torturé dans un poste de police.
    Le 15.7, la CSE de Malatya condamna trois membres du TDKP (Pari Communiste Révolutionnaire de Turquie) à des peines individuelles de prison de 15 ans.
    Le 16.7, à Bursa, un transitaire, Muammer Evren, affirmait que lui et sa femme avaient été torturés dans un poste de police où ils s'étaient rendus afin de déposer plainte pour vol.   
    Le 16.7, à Istanbul, dix personnes furent arrêtées par la police au cours des funérailles de Nurten Demir, abattu par la police le 13 juillet.
    Le 17.7, à Istanbul, le représentant du HEP, Cihan Sahkat, fut arrêté par la police qui effectuait une descente chez lui.
    Le 17.7, à Istanbul, la police dispersa de force une manifestation de travailleurs et en blessa huit.
    Le 17.7, dans la ville de Viransehir (province d'Urfa), une opération policière donna lieu à l'arrestation de cinq personnes, dont le président du HEP Cecen Topcu.
    Le 17.7, l'IHD annonçait que 50 personnes détenues au Centre de la Police Politique d'Izmir avaient été torturées.
    Le 18.7, à Batman, un vendeur ambulant, Mustafa Saltikap, fut abattu par des inconnus.
    Le 19.7, à Adana, 12 membres présumés du PKK furent arrêtés par la police politique.
    Le 19.7, à Batman, une opération contre le PKK donna lieu à l'arrestation de 20 personnes.
    Le 19.7, à Istanbul, alors que la police effectuait une descente dans une maison, trois personnes furent abattues sur place. Une autre personne qui avait pris la fuite subit le même sort dans une maison voisine. La police les accusait d'avoir participé aux activités du TIKKO. L'Association pour la Liberté et le Droit (Ögdür-Der) accuse la police d'exécuter des innocents sans procès.
    Le 19.7, à Istanbul, dix personnes furent arrêtés alors qu'elles honoraient la mémoire d'une victime de la terreur policière.
    Le 19.7, dans le district de Dogubeyazit (province d'Agri), les forces de sécurité arrêtèrent plus de 50 personnes au cours d'une opération de trois jours menée contre le PKK.
    Le 19.7, dans la ville de Nusaybin (province de Mardin), un commerçant de 35 ans, Mehmet Dagdelen, fut assassiné par des inconnus.
    Le 20.7, à Istanbul, un vendeur ambulant, Abdulbaki Kara, déclara qu'il avait été torturé pendant ses trois jours de détention policière, du 11 au 14 juillet.
    Le 20.7, à Tatvan, le chef du village de Düzcealan et neuf autres villageois furent arrêtés au cours d'une descente de police. Un des détenus, Hayat Oral, avait 16 ans.
    Le 22.7, neuf des 12 membres présumés du PKK arrêtés la semaine précédente par la police à Adana furent placés en détention par un tribunal.
    Le 23.7, une personne de 55 ans, Nurettin Aslan, aurait été tuée par la police au cours de son interrogatoire à Istanbul. Les autorités policières affirmèrent qu'Aslan se jeta du huitième étage du bâtiment.
    Le 23.7, à Aydin, le président local du HEP, Lezgin Culduz, et trois autres membres du parti, furent arrêtés par la police.
    Le 23.7, les forces de sécurité effectuèrent une série d'arrestations à Adana.
    Le 24.7, à Batman, Seyfettin Özdemir fut assassiné par le Hezbollah.
    Le 24.7, à Diyarbakir, Seyhmuz Güneyli et Salih Güneyli furent assassinés par des inconnus.
    Le 24.7, dans la ville de Ceylanpinar (province d'Urfa), 15 commerçants furent arrêtés pour avoir fermé leurs magasins dans un acte de protestation.
    Le 25.7, dans la ville de Kiziltepe (province de Mardin), un dentiste d'origine assyrienne, Yakup Yöndem, fut abattu par le Hezbollah.
    Le 26.7, à Batman, trois personnes, Cevdet Tasan, Mim Nesim Orman et Masum Erol furent assassinés par des inconnus.
    Le 26.7, dans la ville d'Uludere (province d'Hakkari), douze personnes furent arrêtées par la police.
    Le 27.7, un groupe de fonctionnaires publics fut attaqué par des équipes de police qui manifestait devant le Ministère de la Santé contre l'insuffisance des augmentations salariales. Sept des manifestants furent sérieusement blessés.
    Le 27.7, une femme kurde de 26 ans arrêtée au cours d'une opération contre le PKK à Izmir déclara qu'elle avait été battue par des agents de police devant ses enfants et qu'ensuite elle avait été torturée au poste de police.
    Le 28.7, à Antalya, des équipes de police firent une descente dans les quartiers d'Habibler et Sinan habités par des Kurdes et neuf personnes y furent arrêtées.
    Le 28.7, deux membres du Comité des Droits de l'Homme de l'Assemblée Nationale, le député d'Urfa, Halil Ibrahim Celik et le député d'Istanbul, Halit Dumankaya, ne furent pas autorisés à visiter les Quartiers de la Police Politique d'Ankara afin de vérifier les conditions de détention pratiquées là-bas.
    Le 28.7, des personnes armées non identifiées stoppèrent un bus à Hakkari et tuèrent une femme enceinte de huit mois, Naciye Özer, et une fille de 2 ans, Nurcan Özatak.
    Le 29.7, dans la ville de Nusaybin (province de Mardin), l'imprimeur Eyüp Aktas fut abattu par des inconnus.
    Le 30.7, à Nusaybin, Bedirhan Günes qui avait été victime d'un attentat des militants du Hezbollah est mort à l'hôpital.

    PRESSIONS SUR LES MEDIAS EN JUIN ET JUILLET

    Le 2.6, l'administration de la Prison Centrale d'Ankara interdit aux détenus la lecture d'une série de publications comme Yeni Ülke, Yeni Demokrasi, Halk Demokrasisi, Kristal-Is Bulteni, Wellat, Secme Yazilar, Mücadele, Ekimler, Cagdas Hukuk Bülteni.
    Le 3.6, le rédacteur de la revue politique Ak-Dogus, Sinami Orhan, fut arrêté pour purger une peine de prison de 18 mois dont il avait écopé pour avoir insulté Atatürk dans un article.
    Le 9.6, la Cour de Cassation confirma une peine de prison d'un an et quatre mois pour le caricaturiste Ismail Pehlivan, rédacteur de l'hebdomadaire Girgir. Il avait été condamné par une cour pénale d'Istanbul en vertu de l'Article 158 du CPT pour avoir insulté le président Özal dans une caricature.
    Le 9.6, l'édition n_ 34 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 16.6, l'édition n_ 35 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour avoir critiqué le Procureur de la CSE d'Ankara.
    Le 16.6, l'édition n_ 18 du mensuel Komün fut confisquée par la CSE d'Istanbul.
    Le 17.6, l'éditeur Hikmet Kicak fut condamné par la CSE d'Ankara à payer une amende de 150 millions de LT (20.000$) pour avoir publié un livre d'Edit Polat intitulé Nous avons transformé la pénombre en Newroz [Nouvel An kurde], et ce en vertu de la Loi Anti-Terreur. Le livre avait déjà été confisqué.
    Le 17.6, le journaliste Adnan Gerger fut condamné en vertu de la Loi Anti-Terreur pour son livre A qui appartient l'arrière des montagnes ? Il sera jugé par la CSE d'Ankara.
    Le 18.6, l'ancien président du HEP à Aydin, Lezgin Culduz, et Ismet Dag furent condamnés par la CSE d'Izmir à des peines de prison de 20 mois et à payer des amendes de 41,6 millions de LT (6.000$) pour avoir publié un calendrier "contenant de la propagande séparatiste."
    Le 19.6, le correspondant à Nusaybin du journal Özgür Gündem, Vahap Aslan, fut arrêté par la police alors qu'elle faisait une descente chez lui.
    Le 24.6, un livre intitulé Ma vie en bref, écrit il y a 70 ans par Ekrem Cemil Pasa, fut confisqué à Ankara parce qu'il contient quelques photos critiques à l'égard d'Atatürk.
    Le 24.6, deux correspondants du journal Özgür Gündem, Mehmet Senol et Rauf Yildiz, furent arrêtés à Diyarbakir.
    Le 28.6, le correspondant à Nusaybin du journal Özgür Gündem, Vahap Aslan, déclara avoir été torturé pendant la semaine de détention policière dont il avait subie.
    Le 29.6, la dernière édition de l'hebdomadaire Azadi fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 1.7, l'édition n_ 37 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisquée pour propagande séparatiste.
    Le 3.7, une collection de poèmes publiés par Cemsid Mar, Légendes kurdes contemporaines, fut confisquée par la CSE d'Ankara en vertu de la LAT. L'éditeur du livre, Mehmet Bayrak fut condamné à payer une amende de 100 millions de LT (13.500$).
    Le 3.7, le journaliste Kadir Misirlioglu fut jeté en prison pour y purger une peine de 20 mois dont il avait écopé pour un article qu'il avait écrit en 1977.
    Le 9.7, la CSE d'Ankara confisqua le livre du Dr Ismail Besikci La loi de Tunceli-1935 et le génocide de Dersim pour propagande séparatiste. Le livre avait déjà été confisqué il y a deux ans en vertu de l'Article 142 du Code Pénal Turc. Mais la décision avait été annulée après la suppression de cet article.
    Le 12.7, le gouverneur d'Istanbul interdit des posters réalisés par le Parti de l'Union Socialiste (SBP) préconisant une solution pacifique à la question chypriote.
    Le 12.7, la revue politique Emegin Bayragi fut confisquée par la CSE d'Istanbul en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 12.7, la CSE d'Istanbul confisqua la nouvelle édition de l'hebdomadaire Mücadele l'accusant de faire l'apologie d'une organisation illégale.
    Le 13.7, à Ankara, le journaliste Medeni Ayhan, représentant de la revue Özgür Halk, fut arrêté en compagnie de 29 autres personnes au cours d'une série d'opérations contre le PKK.
    Le 13.7, à Istanbul, la police arrêta une voiture du journal Özgür Gündem,  frappa les journalistes Gökhan Kürüm et Cafer Yildiz et détruisit tous les journaux qu'ils transportaient dans le véhicule.
    Le 18.7, le concert du groupe Kizilirmak à Antakya fut interdit par le gouverneur d'Hatay.
    Le 19.7, l'édition n_ 39 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait un rapport de l'Internationale des Démocrates Chrétiens à propos de la question kurde.
    Le 21.7, le correspondant du quotidien Özgür Gündem, Ali Dogan, fut arrêté par la police à Tunceli.
    Le 22.7, à Istanbul, deux correspondants de l'hebdomadaire Gercek, Ilkay Demir et Metin Göktepe, furent arrêtés et frappés par la police alors qu'ils couvraient un acte de protestation des travailleurs municipaux.
    Le 23.7, dans la ville d'Ergani (province de Diyarbakir), la librairie Arkadas fut perquisitionnée et son libraire, Ümit Özgür, fut frappé et blessé au visage.
    Le 25.7, deux correspondants du quotidien Özgür Gündem, Bahatin Özen et Ayten Aydin, furent arrêtés par la police alors qu'ils couvraient la visite des députés du HEP à Mardin.
    Le 26.7, un livre intitulé Notre drapeau flottera sur tout le pays, publié par la maison d'édition Haziran, fut confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une organisation illégale.
    Le 26.7, un poster sur les Kurdes, réalisé par le Parti de l'Union Socialiste (SBP) fut interdit par le gouverneur d'Izmir. Par ailleurs, la CSE d'Izmir décréta sa confiscation.
    Le 27.7, les autorités policières refusèrent de délivrer un passeport à Yasar Kaya, éditeur du journal Özgür Gündem.
    Le 27.7, deux correspondants du quotidien Özgür Gündem, Abdullah Arisoy et Ali Komak, déclarèrent qu'au cours des 15 jours de détention qu'ils avaient passés à Cizre, entre le 1 et le 16 juillet, ils avaient été torturés. Bien qu'ils ont été relâchés, un tribunal vient de délivrer un mandat d'arrestation contre eux.
    Le 28.7, l'édition n_ 4 du mensuel Mücadele fut confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait des articles en faveur de Dev-Sol.
    Le 28.7, le représentant d'Ankara du mensuel Özgür Halk, Medeni Ayhan, déclara une fois en liberté qu'il avait subi des mauvais traitements durant ses 15 jours de détention policière et qu'il avait été témoin des tortures infligées aux autres détenus.
    Le 30.7, le président local du HEP dans la province d'Aydin, Lezgin Culduz, fut arrêté sur ordre de la CSE d'Izmir pour avoir appuyé le PKK.
    Le 30.7, un livre intitulé Mon étude sur la lutte nationale kurde à Dersim, rédigé par le journaliste Mehmet Bayrak à partir des travaux de Nuri Dersimli, fut confisqué par la CSE d'Ankara pour propagande séparatiste. Un action en justice fut également introduite contre Mehmet Baykara.
    Le 30.7, un livre intitulé La question de la femme et la famille, qui contient des articles du leader du PKK Öcalan, fut confisque en vertu de la LAT.
    LE 31.7, dans le district de Kiziltepe (province de Mardin) l'éditeur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Mezopotamya, Cemil Aydogan, fut jugé à la CSE de Diyarbakir pour propagande séparatiste. Le procureur demande une peine de prison de 5 ans et une amende de 50 millions de LT (7.000$) en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 31.7, le procureur introduisit une action en justice à la CSE d'Istanbul contre l'éditeur Yasar Kaya et le rédacteur responsable, Selcuk Gür, du quotidien Özgür Gündem pour avoir publié une interview du leader du PKK, Öcalan.