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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


213-214

18e année - N°213-214
 Juillet-Août 1994
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

10e année de guerre

    La Turquie marque, le 15 août 1994, la 10ème année d'une guerre qui pousse constamment le pays à une polarisation irréversible entre les Turcs et les Kurdes ainsi qu'à une ruine totale sur les plans économique, social et international.
    Bien que cette guerre ait été déclenchée le 15 août 1994 par une attaque de guérilla kurde sur un poste de gendarmerie à Eruh, on sait très bien que le terrain avait déjà été préparé depuis des années par les autorités d'Ankara niant la reconnaissance de l'identité kurde et refusant catégoriquement toutes les demandes même les plus innocentes relatives aux droits fondamentaux de ce peuple, et plus particulièrement par le terrorisme d'Etat exercé dans le Kurdistan turc après le coup d'état militaire de 1980.
    Dans ce contexte, la première attaque du PKK aux positions militaires turques était une simple tentative d'autodéfense plutôt qu'une agression aventurière.
    Les militaires turcs minimisent depuis dix ans la force du mouvement national kurde et affirment chaque année que le PKK serait fini l'année suivante au plus tard. Quand le PKK propose de chercher tout ensemble une solution politique à la question kurde, le gouvernement turc et les militaires ont catégoriquement refusé de s'entretenir avec les "terroristes".
    C'est à cause de cette option militariste d'Ankara que la guerre a atteint ses dimensions horrifiantes de ce jour avec toutes ses conséquences catastrophiques pour l'économie turque. Qui plus est, au cours de cette guerre, le PKK a, au lieu d'être écrasé, s'est transformé en un mouvement de masse à l'échelle national.
    Selon les chiffres officiels, le PKK qui a été fondé par quinze personnes en 1978 se base aujourd'hui sur plus de 10 mille militants, 50 à 60 mille milices et quelque 375 mille supporters. Le PKK lui-même affirme d'avoir 30 mille combattants ou guérillas et quelque 4 million membres affiliés à l'ERNK aussi bien en Turquie qu'en Europe.
    La conséquence la plus dramatique de cette guerre est sans aucun doute la mort de dizaines de milliers de citoyens au cours des confrontations armées.
    Bien que les dirigeants d'Ankara et les militaires se pretendent victorieux dans les opérations répressives de cette année contre le mouvement national kurde —raids sur des villages kurdes, bombardement des populations civiles, mise à feu des maisons dans les villages et hameaux, opérations aériennes contre les bases du PKK dans le territoire irakien, arrestations en masse, torture, fermeture des journaux et publications, détentions et procès contre les intellectuels kurdes et turcs défendant les droits de la population kurde—, la salle guerre semble loin de se terminer.
    Au cours d'une conférence de presse tenue le 12 août 1994, à Bruxelles, le porte-parole du Front Populaire de Libération du Kurdistan (ERNK) Kani Yilmaz a dit: "Le gouvernement turc mène une guerre spéciale non seulement contre le peuple kurde mais aussi contre le peuple turc. Les intellectuels qui s'expriment oralement ou par écrit sont enfermés dans les prisons. Des dizaines de journalistes ont été condamnés à des dizaines d'années d'emprisonnement. Le procureur de la cour de sûreté de l'Etat d'Ankara ne reconnait aucun règle judiciaire et déploie constamment un comportement d'injustice envers les opposants. Bien sûr, il puise ce courage de l'office du chef d'état-major, parce que ce commandement de la guerre spéciale qui gouverne effectivement l'Etat turc.
    "En appliquant cette guerre spéciale dans le Kurdistan, l'Etat turc commet une grande monstruosité. Des milliers de villages ont été détruits. Toute la géographie de notre pays est en feu. Les récoltes sont incendiées. Les compatriotes sont assassinés.
    "La presse turque et les chaines de télévision sont à la mercie de la guerre spéciale et répandent des informations unilatérales en agitant la guerre. Leur tâche principale est de diffuser des informations mensongères et de mener une guerre psychologique.
    "Récemment, les journaux annoncent que 'le PKK est fini'. En réalité, alors que le PKK se renforce constamment, notre armée de guerrilla, ARGK,  se développe aussi bien en quantité qu'en qualité. C'est l'armée turque qui est en décomposition. C'est pourquoi les permissions dans l'armée ont été reportées. Elle a des milliers de morts et elle les dissimule de l'opinion publique. L'Armée turque ne déploie son 'héroisme' que contre des villageois sans armes et des cadavres de guérilléros. Les photos récentes [publiées par le quotidien Özgür Ülke] démontrent la bestialisation des véritables terroristes dans cette guerre.
    "Nous préférons et proposons toujours une solution politique. C'est l'Etat turc qui refuse toute solution pacifique. En isolant le Kurdistan du monde et empêchant la presse et les délégations étrangères d'y entrer, l'Etat turc mène un massacre et une horreur. Dans ce contexte, nous n'avons d'autre choix que de développer la guerre.
    "L'Etat turc s'est effondré sur les plans économique et militaire. Il n'a plus la confiance des autres Etats. Ne tenant aucun compte des avertissements del'Union européenne, du Conseil de l'Europe, de la CSCE et des organisations de droits de l'homme, la Turquie entre dans une période d'isolation."
    "Le monde entirer doit savoir que l'Etat turc n'a pas d'avenir. L'équilibre de forces se modifie au Moyen-Orient. De nouvelles forces s'émergent dans cette région. Tous ceux qui veulent avoir une place dans le Moyen-Orient doivent avoir des liens plus forts avec nous.

    Le quotidien Cumhuriyet du 9 mai 1994 rapporte que le nombre total des gens tués au cours de 10 années dernières s'élève, selon les données officielles,  à 9.982. Les chiffres suivants ont été donnés par le Directorat Général de la Sûreté:

    Nombre total d'actions:    9.595
    Personnel de sécurité mort au combat:    2.197
    Personnel de sécurité blessé au combat:    4.140
    "Séparatistes" morts au combat:    4.757
    "Séparatistes" blessés au combat:    2.082
    Civils morts pendant les combats:    3.028
    Civils blessés pendant les combats:    3.188

    Par contre, le PKK affirme que le nombre total des victimes de la guerre de dix ans s'élève à quelque 34.000. Les chiffres suivants ont été donnés le 12 août 1994 par le porte-parole der l'ERNK à Bruxelles:

    Nombre total d'actions:    10,384
    Soldats morts au combat:    16,642
    Officiers morts au combat:    509
    Policiers et collaborateurs tués:    3,500
    Protectueurs de village tués:    4,024
    Guérillas morts au combat:    3,206
    Civils morts pendant les combats:    5,000
    Villages brûlés et détruits:    2,000
    Kurdes forcés à l'exile:    3,500,000

CAMPS D'INTERNEMENT EN TURQUIE

    Les organisations des droits de l'homme et leurs représentants en Europe et aux Etats-Unis sont alarmés par les derniers rapports sur la Turquie, selon lesquels les forces de sécurité ont commencé à mettre sur pied des camps d'internement dans le sud-est de la Turquie où les villageois seraient détenus et interrogés en masse.
    Amnesty International, dans un rapport publié à la fin du mois de juillet, affirmait que les troupes militaires avaient déjà mis sur pied une zone d'internement dans la région et que des milliers de villageois, y compris des femmes et des enfants, y étaient détenus.
    "Ces détentions", affirme Amnesty, "se sont produites alors que des villages kurdes étaient brûlés et brutalement évacués lors d'opérations militaires contre les guérillas du PKK."
    Selon Amnesty plusieurs villages dans les environs d'Evrek, à Hakkari, ont été évacués de force et de nombreuses maisons et récoltes ont été brûlés par les forces de sécurité devant le refus des villageois de se joindre au système des gardiens de village. Quelque 1.500 villageois, parmi lesquels des femmes et des enfants, ont été detenus dans un camp d'internement près d'Evrek, dans la province d'Hakkari, et quelque 2.000 ont été rassemblés dans une zone de confinement dans la zone du poste de gendarmerie de Topcular, près de Damlatepe, province de Diyarbakir.
    Le Turkish Daily News du 23 juillet rapporte que les autorités américaines s'intéressent également de près à ces camps d'internement qu'on serait en train d'installer en Turquie.

LE PROCES KAFKAIEN DES DEPUTES DU DEP

    Le procès de five anciens députés du Parti de la Démocratie (DEP) et un député indépendant kurde s'ouvrait le 3 août dernier dans une atmosphère tendue avec de fortes mesures de sécurité et un étroit contrôle international.
    Les six députés -dont l'immunité parlementaire était levée par l'Assemblée Nationale après un vote intervenu en mars- sont accusés de trahison en vertu de l'article 125 du Code Pénal Turc.
    L'ancien président du DEP, Hatip Dicle, et quatre autres députés, Orhan Dogan, Leyla Zana, Ahmet Türk et Sirri Sakik, ont perdu leurs sièges au Parlement parce que leur parti avait été dissout par le Tribunal Constitutionnel. Accusés d'avoir établi des liens organiques avec le PKK et d'avoir reçu des ordres par téléphone du leader du PKK, Öcalan, les six défendeurs, en prison depuis six mois, risquent la peine de mort.
    Outre les diplomates européens résidant à Ankara, quelque 80 observateurs étrangers, dont plusieurs représentants des groupes de défense des droits de l'homme comme Helsinki Watch, la Fédération Internationale des Associations des Droits de l'Homme, Avocats sans Frontières, ainsi que des parlementaires ont assisté à la première audience. Un membre du parlement allemand, Siggi Martsch - député du Parti des Verts - ne fut pas autorisé à entrer dans la salle.
    Pas moins de 300 avocats ont introduit une demande pour défendre les ex-députés, les membres de la sécurité ont précisé que seuls les avocats nommés officiellement par les défendeurs pour les représenter ont été autorisés à pénétrer dans la salle.
    A l'intérieur de la salle d'audience, le banc des accusés était entouré de policiers bouchant la vue aux défendeurs. Dehors, des bus avec des forces anti-émeutes aux casques bleus, appuyés par un char blindé et des patrouilles de chiens, ont encerclé le bâtiment du tribunal.
    Les sympathisants provenant des circonscriptions des anciens députés n'ont pas été autorisés à entrer dans la ville d'Ankara. Une douzaine de bus provenant de toute la Turquie ont été interceptés dans des points de contrôle à l'extérieur d'Ankara. La police vérifiait les cartes d'identité et refoulait ceux qui provenaient du Sud-est, à majorité kurde.
    Au cours du premier jour de procès, deux procureurs ont commencé à lire les 452 pages d'inculpation. L'après-midi, les députés ont émis une objection à la longue lecture de l'inculpation estimant qu'il s'agissait d'une perte de temps, mais celle-ci a été rejetée par la cour.
    Un des observateurs étrangers, le membre du Parlement Européen Jannis Sekellariou, a déclaré: "Ceci n'est pas un procès, c'est un procès kafkaïen."
    Dans un message faxé le 14 août, les anciens députés du DEP traduits en justice accusent le gouvernement turc de mettre en scène un procès spectacle avec des fausses preuves.
    "S'appuyant sur de fausses preuves provenant de son imagination, le gouvernement turc n'hésite pas à piétiner nos droits, y compris celui à un jugement équitable," affirment les députés dans un message faxé aux journaux.
    Les députés accusent le chef d'État-major, Général Dogan Güres, de comploter au Parlement avec l'approbation de la présidence. Selon eux, le Premier Ministre Ciller a fait pressions sur le pouvoir judiciaire pour qu'il accélère le procès et "en finisse" avec les anciens députés. Ciller aurait dit "j'ai demandé à l'organe judiciaire de liquider cette affaire dès que possible." Ils ont accusé Ciller de les avoir condamnés avant le procès et selon eux celui-ci n'est plus qu'une formalité.
    Les ex-députés ont également fait allusion aux déclarations du ministre de l'Intérieur, Nahit Mentese, qui après que le Parlement ait levé les immunités des députés a déclaré, "ils ne mettront plus jamais les pieds dans cette chambre."
    Outre les six députés jugés, deux autres députés du DEP, Selim Sadak et Sedat Yurttas, ont été arrêtés par la CSE d'Ankara le 1e juillet dernier et mis en prison avec de fortes mesures de sécurité. On s'attend à ce qu'ils paraissent au tribunal avec les six autres députés kurdes accusés des mêmes délits.
    Six autres députés du DEP qui avaient perdu leurs sièges et immunité parlementaire ont déjà fui vers l'Europe pour y développer une campagne contre la répression en Turquie.

RAPPORT SUR LES DROITS DE L'HOMME DE JUIN-JUILLET

    Dans ses rapports mensuels de juin et juillet 1994, l'Association des Droits de l'Homme (IHD) fait état de chiffres effrayants sur la violation des droits de l'homme en Turquie. Le président de l'IHD, Akin Birdal, critique les autorités parce qu'elles ne prennent pas les mesures nécessaires pour empêcher ces violations. Il précise: "Chaque jour, la démocratie et les droits de l'homme paient leur tribut de sang en Turquie. Le plus dangereux de tout est qu'on est en train de détruire rapidement l'espoir des gens et leur foi en l'avenir."

    En juin:
    ° 27 personnes sont mortes suite aux tortures et aux exécutions extra-judiciaires. 16 d'entre elles ont été assassinées dans des circonstances mystérieuses. 26 autres personnes ont été blessées au cours d'attentats.
    ° Suite à des affrontements entre les guérillas du PKK et les forces gouvernementales, 431 personnes ont perdu la vie.
    ° Un total de 664 personnes ont été arrêtées, dont 63 par ordre des tribunaux.
    ° 98 villages et hameaux ont été évacués ou brûlés.
    ° Le nombre de victimes des "délits de conscience" s'élève à 103.
    ° Les tribunaux ont émis des condamnations pour un total de 112 ans de prison et 22 milliards de TL d'amende.
   
    En juillet:
    ° 36 personnes sont mortes sous la torture.
    ° 46 personnes affirment avoir été torturées.
    ° 1315 personnes ont été arrêtées, dont 53 par ordre des tribunaux.
    ° 49 personnes sont portées disparues après avoir été arrêtées par la police.
    ° 30 publications de différents genres ont été confisquées et 31 personnes travaillant dans le milieu des médias ont été arrêtées.
    ° Les tribunaux ont imposé un total de 44 ans de prison et 4 milliards 238 millions d'amende. Dans d'autres procès, les procureurs ont demandé un total de 39 ans et six mois de prison et 200 millions de TL d'amende.
    ° 9 associations ont été perquisitionnées et fermées.
    ° 16 personnes ont été tuées par des inconnus.
    ° 97 villages et hameaux ont été soit évacués ou brûlés.
    ° 29 personnes ont perdu la vie suite à des attaques contre des cibles civiles.
    ° 524 personnes ont perdu la vie dans des affrontements armés.
    Selon le rapport de juillet, 109 intellectuels turcs et kurdes -journalistes, écrivains, éditeurs, syndicalistes, députés et scientifiques- sont en prison. La Turquie se classe donc au deuxième rang, derrière la Chine, des pays qui persécutent systématiquement les intellectuels.
    Le président de l'IHD, Birdal, a déclaré: "Juillet a été un mois tragique en ce qui concerne les crimes de conscience et de liberté. D'une part, les députés qui ont perdu leur statut parlementaire pour exprimer leurs opinions risquent même la peine de mort, et d'autre part, ceux qui n'ont pu être brûlés à Sivas -l'écrivain Aziz Nesin - risquent d'être condamnés à mort par la justice."
    (Pour plus d'information: Insan Haklari Dernegi - Yüksel Caddesi 29/13, Yenisehir - Ankara; Tel: 90-313-432 09 57, Fax: 90-312-425 95 47).

LA RESOLUTION DU CONSEIL DE L'EUROPE

    L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adopté le 30 juin 1994 la résolution suivante relative aux conséquences de la dissolution du Parti de la démocratie (DEP) en Turquie:
    "1. L'Assemblée rappelle sa Résolution 1030 (1994) du 13 avril 1994 relative à l'arrestation et à la détention de six membres de la Grande Assemblée nationale turque les 2 et 3 mars 1994, dans laquelle elle a exprimé son inquiétude devant l'arrestation et la détention de plusieurs membres de cette Assemblée pour leurs opinions politiques, et a invité les autorités turques à retirer la demande qu'elles avaient adressées à la Cour constitutionnelle en vue d'une dissolution de DEP et dans laquelle elle a également demandé aux autorités turques—si elles maintiennent leurs poursuites contre les six députés du DEP—de ne plus les garder en prison et à abroger toutes les lois qui font un crime de trahison du discours politique normal et de la liberté d'expression sur certaines réformes de la constitution.
    "2. L'Assemblée estime que, depuis l'adoption de sa Résolution 1030 (1994), la situation s'est aggravée, particulièrement à la suite, tout d'abord de la décision prise par la Cour constitutionnelle d'Ankara le 17 juin de «dissoudre», c'est-à-dire de déclarer inconstitutionnel, le Parti démocratique (DEP), qui disposait—outre les six membres déjà incarcérés depuis les 2 et 3 mars—de treize membres à la Grande Assemblée nationale, puis de la mise en accusation, le 21 juin dernier, devant la Cour de sûreté de l'État, des six députés en question, contre lesquels a été requise la peine capitale.
    "3. L'Assemblée parlementaire craint que la décision de la Cour constitutionnelle turque ne débouche sur des poursuites à l'encontre des autres membres de ce parti.
    "4. L'Assemblée note que des requêtes ont été introduites devant la Commission européenne des Droits de l'Homme par les membres de la Grande Assemblée nationale incarcérés ou en leur nom.
    "5. L'Assemblée se déclare à nouveau, comme elle l'a fait dans sa Résolution 1030, pleinement consciente de la nécessité de préservé l'unité politique et l'intégrité territoriale de la République de Turquie et reconnaît le fait que la solution pacifique, démocratique et non séparatiste de ce problème n'incombe qu'aux citoyens de cette république
    "6. L'Assemblée est persuadée que la solution aux problèmes importants et à la grave situation que connaît le sud-est de la Turquie devra être recherchée par des moyens pacifiques et que—indépendamment de toute autre considération—les autorités turques commettent une erreur politique considérable en écartant les représentants élus d'une partie du peuple turc au lieu de s'efforcer d'instaurer un dialogue avec eux et par leur intermédiaire, ainsi qu'avec ceux qui recherchent une solution politique pacifique au problème kurde en Turquie.
    "7. L'Assemblée souligne les risques de voir les mesures prises contre les députés du DEP dégénérer en de nouvelles violations de la légalité et des droits de l'homme dans une société démocratique, dès lors que le fait de prôner, dans le cadre du débat public, des réformes constitutionnelles (en l'occurrence la garantie d'une autonomie (culturelle) des provinces kurdes) est interprété par les autorités comme une forme d'encouragement et de soutien à des actes séparatistes et terroristes.
    "8. L'Assemblée réaffirme son aversion pour toute forme de terrorisme et entend souligner l'importance des articles 10 et 11 de la Convention européenne des Droits de l'Homme, qui garantissent la liberté d'expression, de réunion et d'association —droits qui révèlent une importance particulière pour les membres d'un parlement.
    "9. L'Assemblée exprime le souhait que la Grande Assemblée nationale turque fasse le nécessaire pour modifier le plus rapidement possible la Constitution, de façon à la rendre compatible avec les normes du Conseil de l'Europe, et pour rendre leurs mandats aux députés qui les ont perdus par suite de la dissolution du DEP.
    "10. En conclusion, l'Assemblée
    "i. invite instamment la Grande Assemblée nationale turque, les autorités turques et la délégation parlementaire de Turquie à se conformer sans délai aux propositions énoncées dans sa Résolution 1030 (1994);
    "ii. charge son Bureau d'envoyer très rapidement à Ankara une délégation conduite par son président afin de prendre à nouveau contact avec les autorités turques—avec des résultats qu'il faut espérer positifs—pour évoquer une situation qui, par son urgence même, est extrêmement pénible; et
    "iii. exprime le souhait que la Turquie reçoive les délégations de la CSCE pour la mise en œuvre des mécanismes de droits de l'homme créés par cette organisation."

LA CSCE ENVERRA DES MISSIONS EN TURQUIE

    Le 9 juillet dernier, l'Assemblée de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) recommandait l'envoi de deux délégations en Turquie pour y étudier le cas des députés kurdes qui ont été emprisonnés et contrôler la situation des droits de l'homme dans le sud-est de la Turquie.
    Cette décision fut durement critiquée par les députés turcs présents selon lesquels la Turquie refusera l'entrée à ces délégations ou à toute autre envoyée par la CSCE.
    Le chef de la délégation turque, Uluc Gürkan, a déclaré dans le quotidien Cumhuriyet du 14 juillet que certains parlementaires occidentaux qui critiquaient la Turquie "tirent profit du trafic de drogue du PKK."

DEMISSION DU MINISTRE DES DROITS DE L'HOMME
    Le ministre de l'État turc responsable des droits de l'homme, Mehmet Kahraman, a démissionné le 25 juin de son poste au gouvernement et au SHP pour protester contre les difficultés posées pour la création d'un Ministère des Droits de l'Homme.
    "Jusqu'à maintenant j'ai patiemment tenté d'organiser un ministère des droits de l'homme comme l'avait prévu la coalition DYP-SHP. En raison de l'attitude négative, le groupe DYP a pris l'affaire en main pour faire passer la loi concernant cette affaire. Dans ces conditions ça ne sert à rien de continuer comme ministre," a-t-il déclaré.

MONTEE DE L'ANTI-SEMITISME EN TURQUIE

    Alarmés par la montée du Parti du Bien-être (RP), d'idéologie islamiste, lors des élections locales du 27 mars, l'Institut des Affaires Juives de Londres a cité la Turquie comme un des pays où l'anti-sémitisme "gagnait du terrain."
    L'institut, dans un rapport intitulé Anti-Sémitisme 1994, affirme que la Turquie et la Roumanie sont deux pays où la communauté juive court les plus grands dangers.
    Il y a deux ans, les juifs de Turquie célébraient les five siècles de tolérance religieuse dont ils avaient joui dans un environnement à dominance musulmane.
    Les juifs, qui avaient un statut spécial de minorité sous le pouvoir ottoman, ont choisi de l'abandonner au profit d'un statut de citoyen turc ordinaire après la proclamation de la République en 1923. Ils se sentaient ainsi protégés par le caractère laïc de l'Etat.
    Cependant, une taxe spéciale imposée aux minorités pendant la Deuxième Guerre Mondiale a ruiné certaines familles juives. Quelque 100.000 juifs ont émigré vers Israël depuis sa fondation en 1948. Certains sont partis dans les années 70 en raison de la violence politique qui frappait la Turquie.
    Actuellement la communauté se réduit à 25.000 personnes, concentrée à Istanbul.
    Les leaders du RP ont souvent dénoncé les "méfaits" de l'impérialisme américain et sioniste. Le leader du RP, Erbakan, a souvent répété son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, qu'il qualifie de "fiveuième colonne du sionisme."
    Le rapport de l'Institut des Affaires Juives considère préoccupant l'attentat contre Jak Kamhi, un célèbre homme d'affaires juif. Kamhi était le président de la Fondation Quincentenaire - un groupe chargé d'organiser de grandes festivités pour commémorer le 500e anniversaire de l'arrivée juive en Turquie, après que l'Empire Ottoman ait ouvert ses portes aux juifs qui fuyaient l'inquisition espagnole.
    Parmi d'autres actes, on peut citer la profanation du plus grand cimetière juif à Istanbul peu après les élections de mars. Un groupe s'identifiant comme le Front des Vengeurs Islamiques du Grand Orient a menacé les Juifs après qu'un colon juif ait massacré 30 Palestiniens en mars dernier dans une mosquée d'Hebron.
    La presse turque spécule constamment sur un prétendu "doigt" juif dans divers cas de corruption.

LA SCANDALEUSE AFFAIRE DU POGROM DE SIVAS

    Le premier anniversaire du pogrom de Sivas du 2 juillet 1993, au cours duquel 37 intellectuels de gauche ou alévis ont été assassinés par des islamistes qui ont mis le feu à un hôtel, fut ponctué de grandes manifestations partout en Turquie.
    Pour ce qui est des actions légales contre les responsables de cet horrible acte, elles ont tourné au scandale avec la mise en liberté de la plupart des 124 défendeurs par la Cour de la Sûreté de l'Etat. Par une incroyable manoeuvre, le procureur de la CSE, Nusret Demiral, a demandé la peine de mort pour l'humoriste mondialement célèbre Aziz Nesin, l'accusant d'avoir provoqué le massacre de Sivas.
    Le 3 juillet 1994, plusieurs partis politiques, syndicats et associations ont convoqué un grand rassemblement à Sivas pour commémorer l'anniversaire de cette tragédie. Des forces de sécurité supplémentaires ont été amenées des villes voisines pour empêcher de nouveaux incidents. Beaucoup de manifestants ont été harcelés par la police et un hélicoptère a tenté de dissoudre la manifestation en voltigeant près du sol. Beaucoup de personnes ont perdu l'équilibre et sont tombées à terre. Un groupe de manifestants alévis ont été battus par la police et 27 d'entre eux ont été arrêtés.
    Le même jour, 30.000 manifestants se sont rassemblés à Ankara avec des bannières portant des slogans tels que "Sivas ne sera pas oublié" et "Tandis que des fanatiques provoquaient des incendies, le gouvernement les regardait."
    Des cérémonies de commémoration ont également été organisées à Francfort (Allemagne), où 12.000 personnes ont manifesté sous surveillance policière.
    L'assassinat de 37 intellectuels qui célébraient les festivités de Pir Sultan Abdal, un personnage historique de la secte Alévi lutant contre l'oppression ottomane, fut encouragé par le député maire du RP, Cafer Ercakmak, et d'autres représentants locaux du RP. Même le maire du RP, Temel Karamollaoglu, s'est adressé à la foule pour lui dire "je vous félicite pour votre sainte cause." Ercakmak est toujours en liberté. Selon une rumeur, il est rentré à Sivas et vit actuellement dans cette "ville imprégnée fondamentalisme radical." Karamollaoglu n'a jamais été inculpé et fut réélu maire sur la liste du RP dans les dernières élections municipales du 27 mars.
    Le 21 octobre 1993, la Cour de la Sûreté de l'Etat ouvrait un procès contre 124 suspects. Le fait que les accusés soient défendus devant la cour par un les plus hauts représentants et députés du RP, Sevket Kazan, tend à confirmer que ce parti était dans une certaine mesure impliqué dans le pogrom de Sivas.
    Au cours des procès, la CSE d'Ankara a déployé tous les efforts pour éviter aux défendeurs une condamnation et a déjà relâché 91 des 124 défendeurs, certains d'entre eux étaient passibles de la peine capitale.
    Plus grave encore, le procureur de la CSE, Nusret Demiral, a minimisé la responsabilité de ceux qui ont perpétré le massacre, et a demandé la peine de mort pour l'écrivain Aziz Nesin pour avoir publié des extraits du livre de Salman Rushdie, Les Versets Sataniques, dans un journal. Le procureur soutient que sa présence à Sivas pendant les festivités a incité les gens à attaquer l'hôtel où il se trouvait en compagnie d'autres intellectuels.
    Les familles des victimes de Sivas ont réagi de la manière suivante à la demande du procureur: "Nous voulons affronter le procès aux côtés d'Aziz Nesin et le comité organisateur des festivités de Pir Sultan Abdal. Nous avons tous commis l'erreur de faire confiance aux forces de sécurité et au système législatif et judiciaire. Le procureur de la CSE veut faire croire que ce sont les intellectuels, qui croient en la démocratie, la liberté et les droits de l'homme, qui sont les responsables du massacre, et non les assassins eux-mêmes."

UNE NOUVELLE FOIS LE RP EST LE SEUL PARTI EN HAUSSE

    Les trois réélections municipales célébrées le 10 juillet 1994 à Istanbul ont confirmé la montée du RP, bien que ce parti n'ait remporté qu'une mairie, celle du district de Beykoz.
    Les votes du RP ont considérablement augmenté dans chacune des trois municipalités, tandis que le DYP et l'ANAP n'ont augmenté leurs votes que dans une municipalité. Grâce à l'alliance avec d'autres partis de droite, ces deux formations ont respectivement remporté les mairies de Yalova et Fatih.
    Les trois partis sociaux-démocrates, SHP, DSP et CHP ont subi une défaite totale dans chacune des trois municipalités.
    Si nous considérons les pourcentages cumulés des trois municipalités, le RP s'affirme comme le deuxième parti avec 29,46% des votes, derrière l'ANAP (30,61%). Le DYP est troisième avec 16,14% des votes. Viennent ensuite le DSP (1,75%), le SHP (9,66%) et le CHP (0,59%).

SALES AFFAIRES DES ISLAMISTES DU RP

    La Télévision Allemande Channel 1 a découvert que le Parti du Bien-être (RP) turc possède 17 entreprises en Allemagne à travers l'Organisation Vision Nationale en Europe (AMGT), informait le 21 août dernier le quotidien Hürriyet.
    Ces entreprises maintiennent des activités dans plusieurs secteurs, y compris la construction et le traitement d'aliments. Des millions de marks gagnés par ces firmes finissent dans les caisses du RP.
    L'organisation AMGT possède également 105 lotissements de biens fonciers en Allemagne pour une valeur de 82 millions de DM. Au cours d'un programme les journalistes de télévision ont souligné qu'un des administrateurs de ces entreprises n'est autre que le neveu du président du RP, Sabri Erbakan, un des leaders de l'AMGT.
    Pendant le programme il a été dit que les revenus du RP provenant de l'Europe avaient deux sources: l'AMGT et l'Organisation d'Aide Humanitaire Internationale (IHH).
    Le procureur de Freiburg Fluck a fait savoir que l'argent récolté par l'IHH auprès des immigrants turcs en Allemagne pour aider la Bosnie, était "blanchit" par un transfert vers le compte bancaire en Turquie d'un homme d'affaires islamiste, Mercümek, connu comme le "caissier du RP." Selon le procureur, ils possèdent des documents significatifs prouvant que le RP a utilisé l'argent recueilli pour aider la Bosnie dans le financement de sa campagne électorale.

LA FORTUNE DE CILLER FAIT TREMBLER LE GOUVERNEMENT

    Le Daily Milliyet du 17 juin 1994 révélait la fabuleuse fortune que possède le Premier Ministre Tansu Ciller aux États-Unis. Selon le reportage, les époux Ciller, qui affirment qu'ils avaient 200 dollars lorsqu'ils ont été pour la première fois aux Etats-Unis pour aller à l'université, ont aujourd'hui dans ce pays des biens pour une valeur de 7 millions de dollars.
    Leurs possessions se trouvent principalement dans le New Hampshire et ont été achetées discrètement au cours des deux dernières années, lorsque Ciller était ministre d'État.
    Leurs possessions aux Etats-Unis comprennent: un centre commercial de granite, une luxueuse villa avec un solarium dans la ville de Salem, un hôtel de 120 chambres et un building de 18 appartements.
    D'autre part, le Britannica Yearbook 1994 révèle dans la biographie de Ciller que celle-ci a amassé une fortune d'environ 60 millions de dollars par des spéculations immobilières aussi bien en Turquie qu'à l'étranger.
    Bien que la Grande Assemblée Nationale turque ait débattu le 15 juillet dernier la possibilité d'ouvrir une enquête sur l'origine des possessions de Ciller, la majorité des partis de la coalition, DYP et SHP, avec l'aide du néo-fasciste MHP, ont décidé d'ouvrir une enquête sur les fortunes de tous les leaders politiques. Ainsi, Ciller échappe à une enquête spéciale sur sa fortune.
    L'attitude de compromis des leaders du SHP a soulevé une grande inquiétude parmi les membres ordinaires de ce partenaire de la coalition.
    Afin de calmer ou diviser l'opposition au sein de son parti le vice-premier ministre Murat Karayalcin a dû changer les ministres du SHP et placer quelques personnalités de l'opposition dans des postes ministériels.
    Un des durs du parti, Mümtaz Soysal, qui a fait annuler plusieurs décrets gouvernementaux après en avoir appelé au Tribunal Constitutionnel, fut nommé ministre des Affaires Étrangères à la place d'Hikmet Cetin.

VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN 1993

    La Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV), dans un rapport de 336 pages publié en juillet, rend publique la liste suivante concernant les violations des droits de l'homme en 1993:

Décès

Décès en détention ou en prison     29
Décès au cours des incidents du Newroz    3
Décès au cours des attaques contre les villages    46
Morts pendant les descentes dans les maisons        57
Morts après que les autorités aient tiré sur les manifestants    20
Morts pour avoir désobéi à l'ordre de s'arrêter, etc.     109
Personnes tuées par des explosions de mines    123
Assassinats par des inconnus    467
Décès pendant les incidents de Sivas    37
Décès suite à des attentats contre des civils    406
Personnes tuées dans des attaques armées ou assassinats    341
Personnel de sécurité mort au combat    776
Militants morts au cours d'affrontements    1078

Nombre total de personnes tuées en 1993    3492

Torture

Décès en détention ou en prison    29
"Disparitions" suite à des détentions    13
Nombre de personnes*  torturées    827

Liberté de la presse, de pensée et de croyance

Journalistes tués    7
Marchands de journaux tués    11
Employés de la presse disparus    3
Journalistes attaqués par des fonctionnaires publics    52
Journaux et périodiques confisqués    425
Livres confisqués    29
Journaux et périodiques fermés    14
Journalistes et écrivains condamnés    116
Sentences contre des journalistes et écrivains    165 ans 3 mois et 10 jours
Amendes imposées aux journalistes et écrivains    38.267.000.000 TL**
Journalistes emprisonnés après que leur sentence soit devenue sans appel    18
Journalistes arrêtés     60

Liberté d'organisation

Représentants de l'IHD tués    3
Sections de l'IHD fermées     4
Organisations démocratiques fermées    31
Leaders de partis politiques tués    15
Enseignants assassinés    50
Partis politiques fermés    4
Demandes de fermeture de partis politiques     2
Grèves interdites    1

    * Dans 160 d'entre elles, y compris 29 enfants et 126 femmes, les traces de torture ont été certifiées par des rapports médicaux émanant des institutions officielles. 22 des femmes torturées, affirment avoir été violées ou harcelées sexuellement.
    ** Environ 1,5 millions de dollars américains.
    [Le rapport peut être obtenu auprès de Türkiye Insan Hakkari Vakfi - Menekse 2. Sokak N° 16/6 - Kizilay - Ankara, Tel: (90-312) 417 71 80, Fax: (90-312) 425 45 52]

TERRORISME D'ETAT AU COURS DES DEUX DERNIERS MOIS

    Le 1.6, les forces de sécurité font une descente dans le village de Bayrakli, à Derik, et mettent le feu à plusieurs maisons et machines agricoles. Au cours de l'opération, deux paysans kurdes sont battus pour avoir refusé de se joindre aux protecteurs de village pro-gouvernementaux.
    Le 1.6, le procureur de la CSE de Diyarbakir introduit une action en justice contre 35 militants présumés de l'aile Menzil du mouvement fondamentaliste Hezbollah. Jugés pour une série d'actes de violence, 15 des défendeurs risquent la peine capitale, et 20 autres, une peine de prison allant jusqu'à 15 ans.
    Le 1.6, la CSE de Malatya condamne deux militants du PKK à la prison à vie et five autres à différentes peines de prison comprises entre 18 ans et 9 mois.
    Le 2.6, à Diyarbakir, Nail Talan est abattu et l'enseignant Nuri Demiralp est blessé par des assaillants inconnus. Le même jour, les corps sans vie de Bayram Kanat et Fehmi Altun sont retrouvés sur les rives du fleuve Tigre.
    Le 2.6, un haut représentant de HADEP et du parti disparu DEP, Muhsin Melik, et son chauffeur, Mehmet Ayyildiz, sont abattus par des tireurs inconnus alors qu'ils quittaient leur domicile à Urfa. Juste avant de mourir, Melik dira à plusieurs témoins avoir reconnu parmi ses assaillants plusieurs policiers qui le suivaient partout.
    Le 2.6, Özgür Ülke rapporte que le 30 mai les forces de sécurité ont fait une descente dans deux villages kurdes, Kocalar à Bismil et Alaca à Kulp, et ont mis le feu à plusieurs maisons après les avoir arrosées d'essence. Pendant ces opérations, deux paysans ont été blessés dans le village d'Alaca. Celui-ci avait déjà subi quatre autres descentes auparavant.
    Le 3.6, à Diyarbakir, des inconnus abattent l'enseignent Kemal Göcer et en blessent un autre, Ahmet Meraloglu. Le même jour, à Kiziltepe, les fermiers Mehmet Öncel et Sirin Özkul sont abattus après avoir été sortis de leurs maisons.
    Le 4.6, le représentant du Parti des Travailleurs (IP) à Tunceli, Önder Kirmizitas, affirme avoir été kidnappé et torturé le 30 mai. La présence de traces de brûlures de cigarette et de coups a été certifiée par la médecine légale d'Ankara.
    Le 5.6, l'homme d'affaires kurde Savas Buldan et ses deux amis, Adnan Yildrim et Haci Koray, enlevés à Istanbul le 4 juin, sont retrouvés morts à Bolu. Le frère de l'homme d'affaires assassiné et ancien maire de Yüksekova, Necdet Buldan, accuse les forces de sécurité d'avoir commis ces crimes pour intimider les milieux d'affaires kurdes. Selon lui, les armes qui ont tué son frère avaient déjà été utilisées dans l'assassinat d'un autre homme d'affaires kurde, Behcet Cantürk, et de ses trois amis.
    Le 5.6, l'enseignant Nuri Demiralp, blessé le 2 juin, décède dans un hôpital de Diyarbakir.
    Le 5.6, les forces de sécurité attaquent le village de Yukari Karatas avec des roquettes et des armes automatiques provoquant la mort d'une fille de 7 ans, Didar Elmas, et des blessures à trois autres personnes. Plusieurs maisons sont détruites au cours de l'opération.
    Le 7.6, la CSE de Malatya condamne quatre membres présumés du PKK à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois. Dans une autre affaire, ce même tribunal condamne trois personnes à des peines de prison allant jusqu'à trois ans et neuf mois pour avoir donné refuge à des militants du Dev-Sol.
    Le 7.6, à Eruh, le berger Yusuf Elik est abattu par des protecteurs de village.
    Le 7.6, les forces de sécurité font une descente dans le village d'Üzümlü, à Erzincan, et arrêtent neuf paysans.
    Le 7.6, à Van, quatre étudiants de l'Université Centenaire sont arrêtés par la police.
    Le 8.6, à Viransehir, dix membres de l'HADEP sont arrêtés pour avoir donné refuge et aidé les membres du PKK.
    Le 8.6, la CSE d'Ankara condamne quatre membres présumés du PKK à des peines de prison allant jusqu'à 15 ans.
    Le 9.6, Güllü Küncülü affirme avoir été torturée par la police pendant 48 heures suite à son arrestation le 6 juin à Gaziantep. D'après ses déclarations, son mari, le représentant du DEP Hüseyin Küncülü, et Ismet Dikci, arrêtés au même moment, subissent encore des tortures. La présence de traces de torture sur le corps de Mme Küncülü a été certifiée par un rapport médical.
    Le 11.6, l'ancien maire d'Hazro (Diyarbakir), Resul Dolan, est arrêté en compagnie de trois autres personnes. Son fils, Yücel Dolan, avait été arrêté l'année dernière et est mort sous la torture.
    Le 11.6, 16 réfugiés politiques iraniens, membres présumés de Combattants du Peuple, sont condamnés par la CSE d'Istanbul à différentes peines de prison allant jusqu'à deux ans et six mois et à payer des amendes de 416 millions de TL.
    Le 15.6, le maire de la ville de Konya, Halil Ürün, est condamné par une cour pénale à payer une amende de 1.825.000 TL pour avoir insulté Atatürk dans un discours prononcé lors d'un meeting du RP. Le même jour, le procureur de la CSE de Diyarbakir introduit une action en justice contre le maire de Bingöl, Selahattin Aydar, pour incitation au crime.
    Le 16.6, douze officiers de police accusés d'avoir assassiné Hatice Dilek Aslan et Ismail Oral au cours d'un raid le 19 mai 1991, sont acquittés par la Cour Criminelle N°1 de Kadiköy, à Istanbul. La cour n'a pas tenu compte du témoignage du fils de la victime Cihan Aslan âgé de neuf ans.
    Le 16.6, à Izmir, les forces de sécurité auraient arrêté au cours des derniers jours un total de 17 personnes accusées d'avoir pris part aux activités du PKK.
    Le 15.6, Ali Baki, un paysan kurde du village de Kislacik, à Siirt, est retrouvé mort après sa détention. Les parents de la victime accusent la police de l'avoir torturé à mort.
    Le 16.6, la CSE d'Izmir condamne quatre défendeurs à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois pour appartenance au PKK.
    Le 16.6, à Divrigi, une marche de protestation de neuf travailleurs est empêchée de force par la police et quelque 50 manifestants sont arrêtés.
    Le 17.6, à Lice (Diyarbakir), une femme de 70 ans, Rehime Pehlivan, affirme avoir été torturée pendant ses 15 jours de détention. Selon elle, trois autres personnes détenues avec elle ont également été torturées.
    Le 17.6, à Idil (Sirnak), un ancien maire d'origine assyrienne, Sükrü Tutas est abattu par des tireurs inconnus. Le même jour, Veysi Benlice à Diyarbakir et Ziver Özdemir à Batman sont victimes d'assassinats politiques.
    Le 17.6, à Diyarbakir, Musa Günes meurt et deux autres fidèles sont blessés suite à l'explosion d'une bombe placée dans une mosquée.
    Le 18.6, à Batman, Ahmet Arik meurt au cours d'une attaque armée.
    Le 20.6, le Parti du Pouvoir Socialiste (SIP) annonce que ses deux membres Ilker Pinar et Volkan Yalcinkoklu ont été torturés après leur détention le 14 juin.
    Le 20.6, le procureur de la CSE d'Ankara introduit une action en justice contre 17 membres présumés de l'organisation islamiste IBDA-C. Les défendeurs risquent chacun d'eux une peine de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans.
    Le 20.6, à Idil, le chef du village de Kalaz, Sehabettin Elcioglu est abattu par des inconnus.
    Le 21.6, suite à une série d'opérations, les forces de sécurité arrêtent neuf membres présumés de l'Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie (TIKB) à Istanbul et huit personnes à Ankara.
    Le 21.6, Sehmuz Öncel, blessé une semaine auparavant au cours d'une attaque armée à Diyarbakir, décède dans un hôpital d'Ankara.
    Le 22.6, à Nusaybin, des tireurs inconnus abattent le chauffeur d'un minibus, Ali Özdemir, et blessent deux passagers.
    Le 23.6, la CSE d'Istanbul condamne le président du Syndicat des Aviateurs (Hava-Is), Attila Aycin, et l'avocat Esber Yagmurdereli à 20 mois de prison et à payer une amende de 250 millions de TL pour des discours qu'ils avaient prononcés dans un meeting à Istanbul. Dans la même sentence ils sont privés du droit d'exercer leur profession.
    Le 24.6, à Manisa, l'enseignant Taner Yenice affirme avoir été torturé par dix policiers après sa détention.
    Le 24.6, à Cay (Afyon), Osman Köksen, affirme avoir été torturé pendant 24 heures alors qu'il était détenu dans un poste de gendarmerie.
    Le 24.6, à Izmir, five représentants du Parti du Pouvoir Socialiste (SIP), Hamdi Samancilar, Hayrettin Akbas, Faik Bicer, Recai Gün et Semanur Özel, sont tous condamnés par la CSE d'Izmir à 20 mois de prison et à payer des amendes de 333 millions de TL pour avoir distribué un tract politique en janvier.
    Le 26.6, Kamil Hulak et Abdullah Sayin sont retrouvés morts près du village de Dalda à Bitlis.
    Le 28.6, l'ancien président du parti dissout DEP est condamné par la CSE d'Ankara à 4 ans de prison et à payer une amende de 500 millions de TL pour des déclarations qu'il à faites en Irak et en Allemagne.
    Le 28.6, le membre du Dev-Sol Selmani Özcan est condamné par la CSE d'Ankara à la peine capitale.
    Le 29.6, au cours de deux procès contre des militants présumés du PKK, la CSE d'Istanbul condamne deux défendeurs à des peines de prison allant jusqu'à trois ans et neuf mois. La CSE de Kayseri condamne quatre autres défendeurs à des peines de prison allant jusqu'à six mois.
    Le 30.6, Mehmet Ali Kilic, imam du village de Doganli, à Mardin, est assassiné au cours d'une attaque armée.
    Le 1.7, la CSE d'Ankara condamne five membres présumés du Parti Communiste Travailliste de Turquie-Léniniste (TKEP-L) à la prison à vie.
    Le 1.7, à Nusaybin, une série d'attaques armées provoquent la mort d'Hamdin Kaya, Zafer Yildrim, Abdumecit Kaya, Yusuf Yazig et Sabri Arar.
    Le 1.7, les forces de sécurité font une descente dans le village d'Erzincan et arrêtent 20 villageois.
    Le 2.7, des tireurs inconnus abattent Ahmet Özcan à Mus.
    Le 2.7, des gardiens de village prennent d'assaut le village d'Aktepe et abattent Bayram Tekin, neveu de Salih Tekin, représentant à Diyarbakir d'Özgür Gündem.
    Le 3.7, Aydogan Ozcan, Yüksel Özcan, Durmaz Deli et Göksal Oguz affirment avoir été torturés pendant trois jours au poste de police de Gayrettepe suite à leur arrestation le 28 juin.
    Le 3.7, un meeting de commémoration pour les victimes du massacre de Sivas du 2 juillet 1994, est dispersé de force par la police et six personnes sont blessées. A Izmir, un autre meeting de commémoration de ce même massacre est interdit par le gouverneur.
    Le 4.7, des tireurs inconnus abattent Hasan Topbik et Ihsan Karabulut à Batman.
    Le 5.7, à Aydin, les avocats Hülya Ücpinar, Mustafa Ufacik et Mustafa Alp sont battus par les gendarmes au Palais de Justice et ultérieurement au cours d'une visite à leurs clients détenus à la prison d'Aydin.
    Le 5.7, à Istanbul, le travailleur Ali Riza affirme avoir subi des tortures au poste de police d'Icerenköy suite à son arrestation pour avoir affiché des posters.
    Le 5.7, à Gebze, un groupe de travailleurs participant à un acte de protestation est dispersé par la police et quatre d'entre eux sont sérieusement blessés.
    Le 5.7, à Hakkari, Recep Yasar, Behcet Yasar et Fikret Kaya sont retrouvés morts sur l'autoroute Yüksekova-Semdinli.
    Le 6.7, commence un nouveau procès contre five membres présumés du PKK à la CSE d'Istanbul. Le procureur demande la peine capitale pour quatre d'entre eux. Le fiveuième, Serif Mercan, s'était suicidé quelques mois auparavant à la prison de Bursa.
    Le 6.7, l'ancien président du Syndicat des Employés Municipaux (Tüm Bel Sen) d'Izmir, Ikram Mihyas, est retrouvé mort. Il avait été enlevé le 5 juillet dernier.
    Le 6.7, des tireurs inconnus abattent Cemil Boga et Blessent Vedat Boga à Kiziltepe.
    Le 8.7, à Gebze, un nouvel acte de protestation par un groupe de travailleurs municipaux est dispersé par la police qui blesse plus de cent personnes. Après l'opération, 20 travailleurs sont arrêtés et un tribunal local décide d'interrompre l'acte.
    Le 8.7, à Diyarbakir, des tireurs inconnus abattent Abdülkadir Yücel.
    Le 9.7, à Batman, Halil Basma, qui avait été enlevé par des inconnus, est retrouvé mort sous un pont.
    Le 9.7, les forces de sécurité arrêtent neuf militants présumés du PKK au cours d'une série d'opérations.
    Le 9.7, les forces de sécurité font une descente dans une maison de Nusaybin, abattent Semsettin Kaplan et arrêtent sa femme.
    Le 10.7, un membre de l'Association des Droits de l'Homme (IHD), Yelda Özcan, affirme avoir été torturé après sa détention le 4 juillet à Istanbul.
    Le 11.7, la police d'Izmir annonce l'arrestation de 28 militants présumés du PKK au cours d'une série d'opérations menées depuis le début du mois de juillet.
    Le 11.7, à Nusaybin, des assaillants inconnus abattent Mehmet Emin Algin et détruisent sa maison.
    Le 12.7, s'ouvre le procès d'Arif Hikmet Iyidogan, accusé d'activités anti-militaristes, au tribunal militaire de l'État-major. Iyidogan, qui risque une peine de prison d'un an, est détenu à la prison militaire de Mamak.
    Le 13.7, une série d'opérations policières menées à Adana, Mersin et Tarsus donnent lieu à l'arrestation de quelque 40 personnes pour activités illégales.
    Le 13.7, la CSE de Malatya condamne deux membres de l'Armée de Libération des Travailleurs et Paysans de Turquie (TIKKO) et deux autres personnes à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et six mois.
    Le 13.7, les forces de sécurité font une descente dans le village de Veskan, à Yüksekova, et incendient deux maisons après avoir abattu Feysal Aslan et arrêté huit villageois.
    Le 14.7, Özgür Ülke rapporte que les forces de sécurité, après un mois d'opérations, ont dépeuplé 24 villages dans le district de Cukurca, province d'Hakkari. Quelque 12.000 villageois ont cherché refuge dans les villes et les villages voisins ou dans le nord de l'Irak.
    Le 15.7, à Izmir, les forces de sécurité mènent une série d'opérations répressives et arrêtent deux représentants de l'IHD, Ali Aslan et Naile Erogluer, le président de l'Association Culturelle Pir Sultan Abdal, Haydar Arslan, et five autres personnes.
    Le 15.7, five membres présumés du PKK sont condamnés par la CSE d'Ankara à des peines de prison allant jusqu'à 15 ans.
    Le 15.7, à Cizre, l'imam Süleyman Turgut, enlevé par deux inconnus le 13 juillet, est retrouvé mort.
    Le 15.7, au cours d'une descente dans les ailes 3 et 6 de la Prison de Malatya, 40 détenus politiques sont blessés, dont neuf grièvement.
    Le 16.7, à Nusaybin, Ibrahim Cekin est victime d'un assassinat politique.
    Le 18.7, à Ankara, le jeune Irfan Barat Efe affirme avoir été torturé après son arrestation le 16 juillet. L'Institut de Médecine Légale certifie son incapacité de travailler pendant 15 jours suite aux tortures endurées.
    Le 18.7, au cours d'une opération policière se déroulant depuis dix jours, 15 personnes auraient été arrêtées pour appartenance au Dev-Sol.
    Le 18.7, les forces de sécurité lancent une opération suite à des coups de feu entendus dans le district de Diyarbakir et brûlent et détruisent plus de 100 maisons, magasins et remises. Haci Tahir Kozat (70) est mort par asphyxie. Deux jeunes et un certain nombre d'animaux sont également tués.
    Le 19.7, Muzaffer Yildrim, blessé à Nusaybin le 29 juin, décède à l'hôpital.
    Le 20.7, à l'appel de leurs syndicats, des centaines de milliers de travailleurs et fonctionnaires organisent un acte d'avertissement partout en Turquie pour mettre en garde le gouvernement. Soit ils ne travaillent pas ou n'occupent pas leur poste pendant des périodes allant d'une à huit heures. A Istanbul, une manifestation de 500 travailleurs est dispersée à coups de matraque par la police et 18 personnes sont arrêtées.
    Le 21.7, Abdulaziz Saltan et Yusuf Baskan affirment avoir été torturés après que la police les ait arrêtés à Istanbul.
    Le 22.7, le procureur de la CSE de Diyarbakir introduit une action en justice contre le maire de Bingöl, Selahattin Aydar, et contre le président local de la Fondation Nationale des Jeunes de Diyarbakir, Bedri Baran, pour avoir incité les gens à l'hostilité dans leurs discours électoraux.
    Le 22.7, treize membres supposés de l'organisation Hezbollah sont inculpés par le procureur de la CSE de Diyarbakir pour une série d'actes terroristes. Huit des défendeurs risquent la peine capitale.
    Le 22.7, à Nusaybin, Süleyman Yaman est victime d'un meurtre politique.
    Le 23.7, trois fermiers, Fadil Toptan, Abdurrahman Arikan et Muhittin Tekin, sont retrouvés assassinés à Besiri (Batman).
    Le 3.7, à Yüksekova, les forces de sécurité tirent sur les gens dans la rue et abattent Perihan Soylu, blessent deux personnes et détruisent quatre maisons et 12 magasins.
    Le 24.7, le membre du DEP Kerim Tek est kidnappé le 22 juillet par des inconnus et est retrouvé mort près de la ville de Göksekova. Il avait été arrêté plusieurs fois et accusé d'aider le PKK. Son corps portait trois orifices de balle et des traces de torture.
    Le 25.7, au cours d'une cérémonie pour commémorer l'assassinat du syndicaliste Kenan Bucak, le 25 juillet 1980, la police arrête dix participants.
    Le 25.7, les forces de sécurité font une descente dans deux maisons à Istanbul et arrêtent plus de 20 personnes parmi lesquelles figurent des enfants.
    Le 26.7, le Syndicat des Travailleurs du Cuir annonce que five des dix personnes arrêtées la veille dans le cadre de la commémoration de Kenan Budak ont été torturés au cours de leur interrogatoire. Ces five personnes sont Murat Emin Özdemir, Berna Bozkurt, Oya Kosar, Sibel Altinok et Bülent Catar.
    Le 27.7, le jeune Muzaffer Karagöz affirme avoir été torturé pendant quinze heures au poste de police d'Umraniye à Istanbul.
    Le 27.7, la CSE de Diyarbakir ouvre le procès de five personnes accusées d'avoir mené des activités en faveur du PKK. Deux des défendeurs risquent la peine capitale.
    Le 28.7, à Kayseri, le paysan Osman Akin, arrêté par les gendarmes et accusé d'avoir insulté l'État, est retrouvé mort dans sa cellule.
    Le 28.7, à Adana, Fehmi Saygili affirme avoir été torturé au poste de police PTT pour avoir pris part à des actes de protestation kurdes.
    Le 28.7, des agresseurs inconnus attaquent une maison dans le village d'Aralik à Bismil et abattent un garçon de 11 ans et blessent deux personnes.
    Le 30.7, Ali Vural, à Diyarbakir, et Celal Bulut, à Nusaybin, sont abattus par des tireurs inconnus.
    Le 31.7, à Silvan, des inconnus battent à mort Tahir Güven. A Hasankeyf un employé du service sanitaire est abattu au cours d'une descente dans sa maison.

INTELLECTUELS EN PRISON OU EN DETENTION:

    D'après les informations fournies par l'Association des Droits de l'Homme (IHD), les intellectuels suivants étaient en prison ou en détention à la fin de juillet 1994:

Journalistes en Prison

    Osman Günes (Emek Dünyasi), six mois,  dans la prison Bayrampasa -Istanbul;
Hidir Ates (Odak), six mois, Bayrampasa ; Zana Sezen (Azadi), six mois, Bursa; Hidir Batusal (Özgür Gelecek), six mois, Erzurum; Tuncay Atmaca (Emek), 20 mois, Urla; Naile Tuncer (Devrimci Proletarya), six mois,  Canakkale; Besir Günden (Azadi), Mus; Ergün Gümgüm (Hevdem), six mois, Buca; Hidir Gülyildar (Gercek), six mois; Fethiye Peksen (Devrimci Cözüm), Bayrampasa; Hikmet Cetin (Deng), six mois, Bayrampasa; Gülperi Türüz (Alinteri), six mois, Antakya; Mustafa Cubuk (Emek), un an, Bayrampasa; Kenan Kalyon (Toplumsal Dayanisma), six mois, Bayrampasa; Süleyman Bakirman (Tavir), Adana-Kürkcüler; Deniz Gezen (Mücadele), Izmit; Cemal Uc (Mücadele), Tunceli; Hüseyin Solak (Mücadele), Malatya; Veysel Sahin (Mücadele), Bursa; Necati Önder (Mücadele), Malatya; Murat Kirsoy (Mücadele), Malatya; Özcan Yildiz (Mücadele), Malatya; Nizamettin Karaciger (Özgür Gündem), Mus; Ercan Arslan (Özgür Gündem), Adiyaman; Kemal Sahin (Özgür Gündem), Bayrampasa; Sabri Bölek (Özgür Gündem), Erzurum; Cemile Yürümez (Emekci Kadinlar), Bayrampasa; Fahrettin Dülger (Alternatif), Sagmalcilar; Nebahat Polat (Özgür Gelecek), Ankara; M. Emin Unay (Özgür Gündem), Buca; Salih Tekin (Özgür Gündem), Mardin; Hasan Deger (Özgür Gündem), Diyarbakir ; Meral Tikiz (Özgür Gündem), Erzurum; Botan Önen (Özgür Gündem), Diyarbakir; Cafer Cakmak (Mücadele), Bayrampasa; Emine Serhat (Özgür Gündem), Erzurum; Ahmet Önal (Newroz Atesi), Kirklareli; Ramazan Öcalan (Özgür Gündem), Urfa; M. Emin Baser (Özgür Gündem), Bayrampasa; Hanim Harman (Mücadele), Malatya; Hamdullah Akyol (Medya Günesi), Diyarbakir; Mehmet Kesli (Newroz), Bayrampasa; Hasan Özgün (Özgür Gündem),  Diyarbakir; Müslim Yilmaz (Newroz), Bayrampasa; Mehmet Dönmez (Özgür Ülke), Bayrampasa; Özdemir Toprak (Özgür Gündem),  Bayrampasa; Hüseyin Tekin (Emegin Bayragi), Bayrampasa; Selman Cimen (Serketin), Bayrampasa; Bahattin Sevim (Özgür Gündem), Mus; Hayrettin Dündar (Özgür Gündem), Elazig; Mustafa Kemal Akkaya (Özgür Ülke), Bayrampasa; Hekimoglu Ismail (Zaman), Sile; Mustafa Kaplan (Yeni Asya), Buca; Türker Alp (Özgür Gündem), Bayrampasa; Mustafa Demirdag (Özgür Gelecek), Bayrampasa; Ismail Günes (Özgür Gündem), Erzurum; Ibrahim Özen (Devrimci Cözüm), Gebze; Kenan Topalak (Devrimci Cözüm), Gebze; Bektas Cansever (Devrimci Cözüm), Gebze; Sakine Fidan (Mücadele), Diyarbakir; Burhan Gardas (Mücadele), Ankara; Ilhan Özdemir (Özgür Halk), Malatya; Salih Özcelik (Azadi), Ankara; Özgür Arslan (Özgür Gündem), Bayrampasa; Özkan Kilic (Yeni Ülke), 20 mois, Bayrampasa; Selcuk Tas (S.Y. Kurtulus), Ankara; Metin Dag (Özgür Gündem), Diyarbakir; Sadi Etdöger (Özgür Gündem), Erzurum; Suha Soysal Demirci (Özgür Ülke), Bayrampasa; Murat Yesilirmak (Medya Günesi), Bayrampasa; Nalan Alici (Özgür Ülke), Diyarbakir; Mehmet Kesli (Newroz), Bayrampasa; Yemliha Kaya (Yoksul Halkin Gücü), Bayrampasa; Asli Günes (Hedef), Ankara; Umit Erdogdu (Demokrat), 20 mois; Nazim Taban (Emegin Bayragi), cinq mois; Isik Yurtcu (Özgür Gündem), 11 mois; Adnan Akfirat (Aydinlik), 20 mois; Emel Kapilan (Özgür Gündem),  en état d'arrestation; Mustafa Kemal Begüm (Kurtulus), en état d'arrestation; Elanur Kaya (Hedef), en état d'arrestation; Günay Güler (Alternatif), en état d'arrestation; Mehmet Sah Yildiz (Özgür Gündem), en état d'arrestation; Halim Yurtoglu (Mücadele), en état d'arrestation; Aysel Bölücek (Mücadele), en état d'arrestation; Serdar Gelir (Mücadele), en état d'arrestation; Özgür Güdenoglu (Mücadele), en état d'arrestation; Ahmet Fethi Yildirim (Toplumsal Dayanisma), en état d'arrestation; Emel Atici (Hedef), en état d'arrestation; Nergis Gülmez (Özgür Gelecek), en état d'arrestation; Vatan Dinc (Emegin Bayragi), en état d'arrestation; Mehmet Efe (Özgür Halk), en état d'arrestation; Hacay Yilmaz (Emek), deux ans, Buca ;
   
Journalistes Condamnés et Recherchés

    Hacer Temirkan (Devrimci Proletarya); Sedat Karatas (Azadi); Kamil Ermis (Deng); Rifat Sefali (Vatan Günesi); Fatma Yazici (2000e Dogru); Hale Soysü (2000e Dogru); Celik Malkoc (Yeni Cözüm); Yasar Kaya (Özgür Gündem)

Ecrivains et Artistes en Prison

    Günay Aslan, deux ans, Mugla(Köycegiz); Ahmet Zeki Okcuoglu, deux ans, Gemlik; Hasan Bildirici, deux ans, France.; Edip Polat, trois ans, Buca-Izmir; Ismail Besikci, 14 ans et six mois, Ankara ; Fikret Baskaya, deux ans, Haymana ;  Haluk Gerger, 20 mois, Haymana ; Mustafa Kaplan, un an, Izmit ; Mehdi Zana, deux ans, Ankara ; Naile Tuncer, deux ans, Bayrampasa ; Munir Ceylan, 20 mois, Tekirdag/Saray ; Mehmet Cetin, deux ans, Gemlik ; Ömer Agin, deux ans, Bayrampasa; Numan Bektas, deux ans, bientôt en prison; Kemal Sahir Gürel (musicien), 20 mois, Kesan; Metin Bakirci (acteur), Bayrampasa; Engin Günay, 20 mois.

Editeurs en Prison

    Aysenur Zarakolu (Editions Belge), cinq mois, Bayrampasa ; Sirri Öztürk (Editions Sorun), cinq mois, Babaeski ; Nabi Barut (Editions Zagros), six mois, Bayrampasa ; Selim Okcuoglu (Editions Doz), 20 mois, Gemlik ; Recep Marasli (Editions Komal), cinq mois, Istanbul.

Editeurs bientôt en Prison

    Ilyas Burak (Melsa Publications), cinq mois.; Zeynel Abidin Kizilyaprak (Pele Sor Publications), cinq mois; Ünsal Öztürk (Yurt Publications), 20 mois.

Maisons d'Edition poursuivies

    Alan, Belge, Basak, Berhem, Berfin, Cep, Deng, Doz, Dönüsüm, Evrensel, Firat, Haziran, Iletisim, Komal, Pencere, Melsa, Med, Özge, Pelesor, Umut, Yaba, Yurt, Zagros.

RECORD DE CONDAMNATIONS CONTRE BESICKCI

    Parmi les écrivains emprisonnés en Turquie, le sociologue Ismail Besikci, d'origine kurde, est depuis 20 ans la cible n° 1 du terrorisme d'État. Après les deux coups-d'Etat militaires, en 1971 et 1980, il a été arrêté pour avoir défendu les droits fondamentaux du peuple kurde dans ses livres et est resté en prison pendant des années.
    Après l'adoption de la Loi Anti-Terreur, les Cours de la Sûreté de l'État l'ont condamné à 81 reprises, l'accusant de faire de la propagande séparatiste dans plus de trente livres et divers articles.
    Besikci purge actuellement à la prison d'Ankara une partie des 14 ans et six mois de réclusion correspondant aux sentences ratifiées par la Cour de Cassation. La Cour Suprême a également ratifié une amende d'un total de 850 millions de TL.
    Avec les dernières condamnations de juin et juillet, les peines infligées à Besikci par les CSE dans 22 procès à la fin du mois de juillet 1994 s'élevaient à 55 ans et 3 mois de prison et à 3 milliards 534 millions de TL d'amende.
    Outre ces condamnations, Besikci est encore impliqué dans 59 autres procès devant la CSE et risque 118 ans de prison et une amende de 14 milliards 750 millions d'amende.
    Étant donné qu'il n'a pas les moyens de payer ces amendes, en vertu de la Loi Anti-Terreur, celles-ci seront commuées en peines de prison. Besikci sera donc condamné à une peine de réclusion de 405 ans.
    Voici les dernières sentences contre Besikci et ses éditeurs:
    Le 7.6, la CSE d'Istanbul condamne Besikci à deux ans de prison et à payer une amende de 250 millions de TL pour un article publié dans le périodique Yeni Insan. Le rédacteur de la revue, Levent Aslan, a également écopé de six mois de prison et d'une amende de 50 millions de TL pour propagande séparatiste.
    Le 14.6, la CSE d'Ankara inflige à Besikci deux ans de prison et une amende de 250 millions de TL pour son livre Le Cas de Besikci du point de vue de l'autonomie universitaire et les principes démocratiques de la société. Le directeur de la maison d'édition Yurt, qui a publié ce livre, a également été condamné à six mois de prison et à payer une amende de 100 millions de TL pour propagande séparatiste.
    Le 21.6, Besikci est une nouvelle fois condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à payer une amende de 100 millions de TL pour un article publié par l'hebdomadaire Yeni Ülke le 25 octobre 1992. Le tribunal a également interdit la publication de Yeni Ülke pendant un mois, bien que la revue ne paraisse plus depuis plus d'un an.
    Le 30.6, Besikci est condamné par la CSE d'Ankara à un total de dix ans et quatre mois de prison et à payer 416 millions de TL d'amende pour 15 livres différents.
    Le 6.7, la Cour de Cassation ratifie une peine de 4 ans de prison et une amende de 350 millions de TL imposées au sociologue Besikci pour un article intitulé Lettre ouverte au président du Tribunal Constitutionnel et le livre La levée de conscience.
    Le 13.7, la Cour de Cassation ratifie une peine de prison de deux ans et une amende de 250 millions de TL imposées au sociologue Ismail Besikci pour son livre Les Kurdes se reconnaissent eux-mêmes. La Cour Suprême a également ratifié une peine de prison de six mois et une amende de 50 millions de TL contre l'éditeur du livre, Ünsal Öztürk.

LE DEFI DE L'EDITRICE ZARAKOLU

    Mme Ayse Nur Zarakolu, directrice de la maison d'édition Belge, se trouve à la prison de Bayrampasa depuis le 4 mai 1994, où elle purge une peine de prison dont elle avait fait l'objet pour avoir publié le livre de Besikci Le programme du Parti du Peuple Républicain (1931) et le problème kurde.
    Depuis la prison elle a émis les communiqués de presse suivants:
    "Je me trouve ici aujourd'hui parce que penser est devenu un "crime", et en plus un "crime terroriste." Après les écrivains, les éditeurs font également leurs valises, non pas pour de nouveaux travaux et études, mais pour aller en prison. Voilà ce que signifie aujourd'hui en Turquie le mot `démocratisation'! Un convoi d'écrivains et éditeurs jetés en prison. Après moi, près de dix autres éditeurs seront mis sous les verrous.
    "En Turquie, les écrivains et éditeurs sont contraires à une nouvelle vague d'attentats. Mais dans notre pays, il n'y a pas de liberté de pensée, une des acquisitions fondamentales de l'humanité.
    "Il est absurde d'espérer une telle liberté dans un pays dont l'Etat a pour habitude de la violer.
    "La seule contribution qu'apportent les soi-disant gouvernements civils au processus de `démocratisation' est de poursuivre les éditeurs. De nos jours, grâce à la contribution du 9e jury de la Cour de Cassation, les propriétaires de maisons d'édition sont condamnés à la prison, et ces sentences sont ratifiées.
    "En vertu de leur Loi Anti-Terreur, les propriétaires de journaux et magazines n'étaient pas passibles de peines de prison, seulement d'amendes. Mais maintenant on commence à infliger des peines de prison aux éditeurs qui publient ces livres. C'est un scandale juridique, car les éditeurs sont assimilés à des rédacteurs en chef. Un amendement prévoyant des peines de prison pour les propriétaires de maisons d'édition fut récemment soumis à un débat parlementaire. On ne sait pas encore si cette modification de la Loi Anti-Terreur, proposée par le député du DYP, Baki Tug, sera approuvée ou non. Mais sans attendre la décision du Parlement, les Cours de la Sûreté de l'Etat et la Cour de Cassation, se substituant au Parlement, font allusion à un délit non prévu par la loi et l'appliquent aux propriétaires de maisons d'édition.
    "En Turquie, on ne peut espérer de l'Etat qu'il fasse effective la liberté d'opinion. Dans ces conditions comment les écrivains pourraient-ils s'exprimer, ou faire part de leurs opinions? Comment traduire la richesse de la culture universelle? Comment diffuser l'information sur la lutte menée actuellement pour la défense de la liberté?
    "Les médias suppriment maintenant les programmes qu'ils ont annoncés suite à des ordres des supérieurs. Mais les éditeurs ne doivent pas suivre ces ordres `venant d'en haut', ils doivent donner vie à la liberté d'expression. Ils doivent faire ce qu'omet de faire l'Etat, même s'ils se heurtent à des obstacles. Ils doivent offrir toutes les possibilités à l'écrivain qui veut exprimer sa pensée. Si le prix à payer est la prison, ils doivent l'endurer.
    "Si l'interdiction qui frappait les livres de Nazim Hikmet a été levée ce n'est pas grâce au ministre de la Culture, mais grâce aux éditeurs morts dans les salles d'audience, comme Mehmet Ali Ermis, et aux vaillants lecteurs interrogés pendant des jours pour avoir eu dans leur poche un simple poème de Nazim Hikmet.
    "Si la littérature socialiste peut être publiée librement aujourd'hui, c'est grâce, entre autres, à Ilhan Erdost, battu à mort pendant sa période de détention. Si la presse d'opposition survit aujourd'hui malgré toutes les pressions, c'est grâce aux éditeurs qui continuent à faire paraître les publications malgré les incroyables décrets SS et à la lutte contre l'idéologie officielle et les tabous.
    "Nous ne soumettrons pas cette `liberté' de publication aux limitations des tabous ou de l'idéologie officielle, nous agirons en tant que protecteurs de la liberté de pensée, d'expression et de création. Nous ne céderons pas à la censure ou auto-censure. Notre maison d'édition restera ouverte à tous les écrivains qui veulent exprimer librement leurs pensées.
Je pense que nous avons raison et que nous vaincrons."
   
PRESSIONS SUR LES MEDIAS EN DEUX MOIS

    Le 1.6, deux magazines politiques, le N° 9 de Gercek et Ocak, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et anti-militariste.
    Le 1.6, la CSE d'Istanbul inflige au directeur de la maison d'édition Doz, Selim Okcuoglu, une amende de 50 millions de TL pour avoir publié un livre intitulé L'industrie turque au Kurdistan.
    Le 2.6, la CSE d'Istanbul condamne cinq écrivains, Sungur Savran, Ali Riza Tura, Mehmet Sadi Ozansu, Hasan San et Mehmet Yalcin Kaylar, à deux ans de prison et à payer des amendes de 100 millions de TL pour des articles publiés par la revue Cagri. Ils sont accusés d'avoir violé la Loi Anti-Terreur.
    Le 4.6, le rédacteur responsable d'Özgür Ülke, Suha Soysal Demirci est placé en détention par la CSE d'Istanbul pour diffusion de propagande séparatiste dans divers articles publiés dans les 12 éditions du journal. Ce même jour, à Urfa, deux distributeurs de ce journal, Mehmet Askin et Ibrahim Nas sont arrêtés par la police.
    Le 7.6, le quotidien Özgür Ülke annonce que 34 de ses 39 éditions depuis qu'il a vu le jour le 28 avril 1994, ont été confisquées par la CSE d'Istanbul pour diffusion de la propagande séparatiste et anti-militariste et publication de communiqués de presse d'organisations illégales. Au cours de la même période, les deux rédacteurs du journal, Kemal Akkaya et Suha Soysal Demirci, le correspondant Mehmet Emin Ünay, l'administrateur Türker Alp et le chauffeur Mehmet Dönmez ont été arrêtés par décision de la cour.
    Le 6.6, deux revues politiques, le N° 3 de Denge Azadi et le N° 9 de Gercek, ainsi que la première édition d'un bulletin intitulé Haklar ve Özgürlükler (Droits et Libertés) sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 6.6, au cours d'un concert du groupe Yorum à Gaziantep, plus de 50 spectateurs sont arrêtés par la police pour avoir scandé des slogans politiques. Lorsq'un autre groupe de personnes commence à crier pour dénoncer l'intervention de la police, celle le disperse par des coups de feu en l'air.
    Le 7.6, un des anciens rédacteurs du quotidien disparu Özgür Gündem, Seyh Davud Karadag, est condamné par la CSE d'Istanbul à quatre ans et huit mois de prison et à payer une amende de 371.683.000 TL pour deux reportages et deux articles publiés le 16 juin 1993. Le propriétaire du journal, Yasar Kaya, a également écopé d'une amende de 363 millions de TL pour séparatisme. Bien qu'Özgür Gündem ne soit plus publié depuis avril 1994 en raison des fortes pressions dont il a fait l'objet, le tribunal a également décidé d'interdire sa publication pendant un mois.
    Le 7.6, l'écrivain Mehmet Bayrak est condamné par la CSE d'Ankara à 6 mois de prison et à payer une amende de 100 millions de TL pour son livre intitulé Cagdas Kürt Destanlari (Légendes contemporaines kurdes).
    Le 7.6, l'avocat Selim Okcuoglu, directeur de la maison d'édition Doz, condamné pour avoir publié un livre intitulé L'Échec des Paradigmes, est arrêté pour purger une peine de 5 mois de prison. Il a été envoyé à la prison de Gemlik où son frère purge actuellement une peine de prison pour un article. Le professeur Fikret Baskaya, auteur de L'Échec des Paradigmes, purge également une peine de 20 mois de réclusion à la prison d'Haymana.
    Le 7.6, le rédacteur du journal Medya Günesi, Murat Yesilirmak, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste dans plusieurs articles publiés le 16 mai 1994.
    Le 8.6, le N° 118 d'Emegin Bayragi et le N° 97 de Mücadele sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
    Le 9.6, à Diyarbakir, le distributeur du quotidien Özgür Ülke Zafer Tüzün et son assistant de 16 ans sont arrêtés par la police. A Batman, un autre distributeur, Ismail Agaya, serait porté disparu depuis le 29 mai, date à laquelle il fut enlevé par trois inconnus.
    Le 12.6, la CSE d'Istanbul inflige au rédacteur de l'hebdomadaire Gercek, Pelin Sener, une peine de prison d'un an et une amende de 125 millions de TL en vertu de la LAT. Le tribunal décide également d'interdire la publication de la revue pendant un mois.
    Le 10.6, la CSE d'Istanbul confisque les dernières éditions des périodiques Liseli Genclik, Emegin Bayragi, Denge Azadi et Dayanisma pour leur caractère séparatiste et agitateur.
    Le 13.6, le rédacteur de la revue kurde Welat, Mazhar Günbat, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à payer une amende de 320.000 TL pour incitation de la population à l'hostilité. Le tribunal a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant un mois. Au cours du procès, Günbat a insisté pour mener sa défense en langue kurde, mais le tribunal a rejeté sa demande précisant que le détenu voulait s'exprimer dans une langue incompréhensible.
    Le 14.6, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul le procès de onze journalistes du quotidien disparu Özgür Gündem, arrêtés le 10 décembre 1993. Le rédacteur en chef Gurbetelli Ersöz, le correspondant Gülten Kisanak, Ferda Cetin, Ali Riza Halis, Faysal Dagli, Mahmut Dogan, Mehtap Gürbüz, Yurdusev Özsökmenler, Mehmet Balamir, Müslim Yücel, Hüseyin Olgun et Ferhat Tugan sont accusés d'appartenir au PKK et de transformer le journal en un organe du PKK. Le propriétaire du journal, Yasar Kaya, est également inclus dans la liste des accusés bien qu'il se trouve actuellement en Europe. A l'issue du premier procès, Gurbetelli Ersöz et Ali Riza Halis, qui étaient en détention depuis six mois, ont été relâchés.
    Le 15.6, un caricaturiste d'Özgür Gündem, Dogan Güzel, est condamné par une cour criminelle d'Istanbul à 10 mois de prison et à payer une amende de 1,5 millions de TL pour un des ses dessins publié le 22 septembre 1993. Le tribunal condamne également le rédacteur Besim Döner à la même peine et décide d'interdire la publication d'Özgür Gündem pendant 15 jours, bien que celui-ci ne soit plus publié depuis avril.
    Le 15.6, la CSE d'Istanbul condamne l'ancien éditeur d'Özgür Gündem, Erkan Aydin, à payer une amende de 53.322.000 TL pour avoir publié une interview d'Öcalan, leader du PKK. La publication du journal est également interdite pendant 10 jours.
    Le 15.6, le président du Centre Culturel de Mésopotamie(MKM), Ibrahim Gürbüz, est placé en détention par la CSE d'Istanbul pour un article qu'il publia dans le journal Özgür Ülke le 26 mai 1994.
    Le 15.5, la CSE d'Istanbul confisque l'hebdomadaire Nokta pour un article sur l'organisation islamiste IBDA-C.
    Le 16.6, la rédactrice du périodique Özgür Halk, Emine Buyrukcan est condamnée par la CSE d'Istanbul à six mois de prison et à payer une amende de 50 millions de TL pour une série d'articles qu'elle publia le 15 novembre 1993. Le tribunal a également infligé au propriétaire du périodique, Haydar Demir, une amende de 100 millions de TL et a interdit la publication du journal pendant un mois.
    Le 16.6, le rédacteur du périodique Newroz, Mehmet Kesli, est mis en détention par la CSE d'Istanbul pour avoir enfreint la LAT.
    Le 17.6, le rédacteur du périodique Gencligin Sesi, Seher Karatas, est condamné par la CSE d'Istanbul à 6 mois de prison et à payer une amende de 100 millions de TL. Le tribunal a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant dix jours.
    Le 17.6, le secrétaire général du Parti Communiste Travailliste de Turquie (TKEP), Teslim Töre, est condamné par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et à payer une amende de  333 millions de TL en vertu de l'article 8 de la LAT.
    Le 18.6, les dernières éditions des périodiques Hedef, Halkin Gücü et Devrimci Alternatif sont confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 19.6, le correspondant à Diyarbakir du quotidien Özgür Ülke, Nalan Atici, est arrêté par la police alors qu'il rentrait chez lui.
    Le 21.6, Seyh Davud Karadag, ancien rédacteur du quotidien disparu Özgür Gündem, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à payer une amende de 250 millions de TL. Dans le même procès, le propriétaire du journal, Yasar Kaya, écope d'une amende de 121 millions de TL. Le tribunal a également décidé d'interdire la publication du journal pendant un mois. Dans quatre autres procès, Yasar Kaya se voit infliger un total de 753 millions de TL d'amende pour différents articles.
    Le 22.6, l'éditeur Burhan Günel est condamné par la CSE d'Ankara à six mois de prison et à payer une amende de 50 millions de TL pour avoir publié un livre intitulé La loi de la résistance et la défaite. L'auteur de l'ouvrage, Numan Bektas, avait déjà écopé de 20 mois de prison et d'une amende de 208 millions de TL.
    Le 22.6, le correspondant à Diyarbakir du quotidien Özgür Ülke, Nalan Atici, arrêté par la police trois jours auparavant, est mis en détention par la CSE de Diyarbakir.
    Le 22.6, le N° 120 du périodique Emegin Bayragi est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 23.6, deux rédacteurs du périodique Pir Sultan Abdal, Ibrahim Halit Elci et Kemal Altintas, déjà sous les verrous, sont tous deux condamnés par la CSE d'Ankara à deux ans de prison et à payer deux amendes de 250 millions. Le tribunal a également infligé 6 mois de prison et une amende de 2 milliards de TL au rédacteur de la revue, Metin Kuzugüdenlioglu, et 6 mois de prison et une amende de 5 milliards de TL à l'éditeur Murtaza Demir et à l'imprimeur Burhan Günel.
    Le 23.6, la CSE d'Ankara condamne Mustafa Pala à deux ans de prison et à payer une amende de 250 millions de TL et Aydin Doyan à six mois de prison et à payer 100 millions de TL d'amende pour avoir publié un livre contenant des interviews de Musa Anter, victime d'un meurtre politique.
    Le 23.6, deux périodiques, le N° 29 d'Özgür Gelecek et le N° 18 de Partizan, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'une organisation illégale.
    Le 24.6, l'ancien rédacteur Özgür Gündem, Seyh Davut Karadag, est condamné par la CSE d'Istanbul à quatre ans de prison et à payer une amende de 682 millions de TL. Le tribunal a également interdit la publication du journal pendant 25 jours. Le même jour, le propriétaire du quotidien, Yasar Kaya, écope d'une amende de 743 millions de TL.
    Le 24.6, la CSE d'Ankara inflige au directeur de la maison d'édition Yurt, Ünsal Öztürk, deux ans de prison et 100 millions de TL d'amende pour avoir publié le livre du leader du PKK, Öcalan, Le fascisme du 12 septembre et la résistance du PKK.
    Le 24.6, la CSE d'Istanbul confisque le N° 21 du périodique Yeni Demokrat Genclik et le livre du journaliste Faysal Dagli Birakuji (Fratricide).
    Le 24.6, le célèbre humoriste turc Aziz Nesin est jugé par la cour criminelle d'Izmir pour un discours prononcé dans un meeting en décembre 1993. Accusé d'avoir insulté la République turque et ses gouvernements, Nesin risque une peine de prison de cinq ans en vertu de l'article 159 du Code Pénal Turc.
    Le 27.6, le journaliste et écrivain Haluk Gercer est incarcéré à Ankara pour purger une peine de prison de 20 mois. Il avait été condamné par la CSE d'Ankara en vertu de l'article 8 de la LAT, pour un message qu'il avait adressé à un meeting.
    Le 28.6, deux journalistes du quotidien Zaman, le rédacteur Servet Engin et le journaliste Mustafa Güner Yazgan, sont condamnés par une cour pénale d'Ankara à trois mois et 15 jours de prison et à payer une amende de 2 millions de TL pour avoir insulté le ministre de la Justice. Dans un autre procès contre le même journal, l'éditeur Servet Engin et le rédacteur Varol Bektas écopent de peines similaires.
    Le 29.6, le rédacteur du périodique Newroz Atesi, Nedime Tunc, est condamné par la CSE d'Istanbul à 4 ans de prison et à payer une amende de 550 millions de TL. Le tribunal a également interdit la publication de la revue pendant un mois.
    Le 29.6, trois périodiques, le N° 6 de Denge Azadi, le N° 19 de Newroz, et le N° 3 de Bayrak, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
    Le 1.7, une édition spéciale du périodique Hedef est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 3.7, un concert de solidarité avec le groupe Yorum, cible du terrorisme d'État, est interdit par le gouverneur d'Istanbul. La police a dispersé la foule qui s'était rassemblée devant la salle de concert pour manifester contre cette décision et a arrêté 20 personnes. Parmi elles figurent le correspondant d'Özgür Ülke, Hüseyin Inan, et deux avocats, Metin Narin et Mustafa Coban.
    Le 4.7, le N° 7 du périodique Denge Azadi et le N° 3 de Kizil Bayrak, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 5.7, le directeur de la maison d'édition Zagros, Nabi Barut, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an de prison et à payer une amende de 250 millions de TL pour avoir publié un livre contenant des articles du leader du PKK, Öcalan.
    Le 5.7, le rédacteur de l'hebdomadaire Gercek, Pelin Sener, est condamné par la CSE d'Istanbul à six mois de prison et à payer une amende de 50 millions de TL pour avoir publié un article intitulé Confessions d'un intellectuel. Dans un autre procès contre Gercek, l'ancien éditeur du périodique, Kamil Tekin Sürek, écope d'une amende de 50 millions de TL.
    Le 6.7, une bombe placée par des inconnus détruit le bureau d'Istanbul de la revue islamiste Beklenen Vakit.
    Le 9.7, le président de Kütahya de l'Association des Droits de l'Homme (IHD), Seydi Bayram, est condamné par la CSE de Konya à 0 mois de prison et à payer une amende de 208 millions de TL pour avoir émis un communiqué de presse contenant le mot Kurdistan en 1993.
    Le 9.7, l'auteur et éditeur kurde, Recep Marasli, est arrêté suite à une descente de police dans son domicile d'Istanbul. Il est accusé d'avoir fait de la propagande séparatiste dans une interview diffusée par une chaîne de télévision privée en 1993 et dans son livre La défense au procès de Rizgari à Diyarbakir. Une des personnes arrêtées en compagnie de l'auteur, Nurcan Balci, a dû être transportée à l'hôpital. L'Association des Droits de l'Homme affirme que Balci a été torturé.
    Le 10.7, la dernière édition du périodique Denge Azadi est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 12.7, un ancien rédacteur du journal disparu Özgür Gündem, Erkan Aydin, est condamné par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et à payer une amende de 208.333.000 millions de TL en vertu de la LAT. Le tribunal a également interdit la publication d'Özgür Gündem pendant dix jours bien que le journal soit déjà fermé.
    Le 15.7, l'éditeur Sirri Öztürk, qui purge une peine de prison de cinq mois pour avoir publié L'Anthologie des poèmes de prison 1980-1990 est hospitalisé suite à une crise cardiaque survenue à la prison de Babaeski.
    Le 16.7, le correspondant à Diyarbakir d'Özgür Ülke, Necmiye Aslanoglu, est arrêté par la police après avoir été battu dans la rue.
    Le 19.7, les dernières éditions des périodiques Denge Azadi, Aydinlik, Genclik Yildizi, Deng et Halkin Gücü sont confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 20.7, le rédacteur en chef du périodique Medya Günesi, Vedat Aydin est arrêté à Istanbul. Il sera jugé par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 20.7, le correspondant Özgür Ülke, Yüksel Diker est arrêté à Van pour avoir aidé le PKK et abrité ses membres.
    Le 20.7, le rédacteur du périodique Emegin Bayragi, Cem Özen, est placé en détention par la CSE d'Istanbul en vertu de la LAT.
    Le 21.7, un des rédacteurs du quotidien disparu Özgür Gündem, Seyh Davut Karadag, est une nouvelle fois condamné par la CSE d'Istanbul à payer une amende de 121.257.000 TL pour divers articles qu'il a publiés. Le tribunal a également infligé au propriétaire du journal, Yasar Kaya, une amende de 242.514.000 TL et à ordonné l'interruption des publications pendant 15 jours. Dans un autre procès, la CSE inflige une nouvelle amende à Yasar Kaya de 273.627.000 TL et ferme le journal pendant 20 jours.
    Le 21.7, le rédacteur en chef du périodique Özgür Bilim, Medeni Ayhan est condamné par la CSE d'Ankara à deux ans de prison et à payer une amende de 250 millions de TL pour avoir utilisé le mot "Kurdistan" dans ses articles. Les membres du comité d'édition de la revue, Riza Dogan, Abdurrahim Kocbin, Haydar Karayel, Cengiz Yasar et Mehmet Tanrikulu sont également condamnés à deux ans de prison et à payer des amendes de 250 millions de TL.
    Le 21.7, l'auteur et éditeur kurde Recep Marasli, arrêté le 9 juillet au cours d'une descente de police dans son domicile d'Istanbul, est placé en détention par la CSE d'Istanbul sous prétexte qu'il est le leader d'une organisation appelée Parti de la Liberté du Kurdistan (PRK). Outre Marasli, deux autres personnes, Ergül Kiyak et Yüksel Bekiroglu, ont également été mises en détention.
    Le 22.7, le rédacteur d'Özgür Ülke, Halil Kalkilic, est mis en détention par la CSE d'Istanbul pour plusieurs articles et informations qu'il publia dans les éditions de juillet. Il sera jugé en vertu de la LAT.
    Le 25.7, le N° 10 de Denge Azadi et le N° 22 de Yeni Demokrat Genclik sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 26.7, la CSE d'Istanbul décide de confisquer cinq périodiques, le N° 23 de Newroz, le N° 17 de Gercek, le N° 31 d'Özgür Gelecek, le N° 26 d'Ekspres et le N° 14 de Gencligin Sesi, pour propagande séparatiste et contre l'armée.
    Le 26.7, le livre Capitalisme, Socialisme et Organisation, du leader TKEP, actuellement sous les verrous, est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 27.7, la dernière édition du périodique Odak est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 29.7, la correspondante d'Özgür Ülke, Mihriban Artikar, est torturée et insultée au centre d'administration de la police d'Istanbul où elle était allée pour retirer son passeport.
    Le 29.7, le N° 45 d'Özgür Ülke est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 31.7, à Gaziantep, une équipe de police fait une descente dans une maison et arrête six musiciens, Saban Kilic, Mustafa Gümüs, Ilyas Gümüs, Salih Ceylan, Ahmet Sezer et Celal Sezer, alors qu'ils répétaient.

UN SALAIRE MINIMAL RIDICULE

    Le 5 août, une commission tripartite fixait le salaire brut minimal des travailleurs à 4.173.750 TL. Après les déductions pour la sécurité sociale et les impôts, un travailleur recevra 2.759.429 TL (81$) par mois.
    Ce chiffre représente une augmentation de 67.12 % par rapport à l'année précédente alors que le taux d'inflation d'année dernière dépasse les 110 %.
    La Confédération des Syndicats de Turquie (Türk-Is), considérant ridicule la hausse des salaires proposée par le gouvernement, a refusé de prendre part aux négociations de la Commission de Salaire Minimal. En l'absence des représentants syndicaux, le nouveau salaire minimal était donc fixé par les représentants du gouvernement et les employeurs.

ACTE MASSIF DES TRAVAILLEURS

    Le 20 juillet, les syndicats ont convoqué une "grève générale" d'un jour dans tout le pays pour réclamer une hausse salariale en accord avec l'inflation galopante. L'acte fut marqué par des manifestations dans les grandes villes, ainsi que des arrêts de travail et du transport public dans de nombreuses parties du pays.
    C'était la première action commune de grande envergure convoquée par la Confédération des Syndicats de Turquie (Türk-Is), la Confédération des Syndicats Progressistes (DISK), la Confédération Hak-Is et la Plate-forme des Travailleurs Publics, intégrés dans un rassemblement commun appelé Plate forme Démocratique.
    Les syndicats ont accusé le gouvernement d'avoir omis d'honorer des accords précédents concernant l'augmentation des salaires des travailleurs du secteur public. Ils ont également demandé qu'on mette fin aux licenciements massifs. Quelque 52.000 travailleurs ont perdu leur emploi en raison des mesures d'austérité annoncées par le Premier Ministre Ciller le 5 avril dernier.

LES SYNDICATS SE PLAIGNENT AU ILO

    La Confédération des syndicats turcs (Türk-Is) s'est plainte à l'OIT des politiques contraires aux intérêts des travailleurs adoptées par le gouvernement.
    Dans un discours prononcé devant le Conseil d'Administration de l'OIT à propos des politiques défavorables pour les travailleurs, le président de Türk-Is, Bayram Meral, a déclaré que la Turquie était toujours régie par la constitution et les lois émanant du coup d'état militaire du 12 septembre 1980 et qu'elle violait gravement les accords de l'OIT.
    "Les limitations imposées aux négociations collectives et au droit de grève des fonctionnaires publics sont toujours en vigueur. Les fonctionnaires publics doivent faire face aux obstacles administratifs, au séparatisme anti-syndicaliste et à diverses formes d'oppression lorsqu'ils tentent d'exercer leurs droits syndicaux fondamentaux. Il est consternant d'observer que certains syndicalistes ont été arrêtés, placés en détention ou même incarcérés et privés de leurs droits syndicaux fondamentaux en raison des lois anti-démocratiques," affirme Meral.
    Soulignant que les problèmes des travailleurs turcs se sont aggravés suite au programme de stabilité [adopté le 5 avril], Meral précise que les syndicats n'ont pas été consultés lors de la préparation des mesures d'austérité et que seuls les demandes et les intérêts du FMI et des employeurs ont été tenus en compte.
    "Les mesures d'austérité sont anti-démocratiques et tentent de faire porter le fardeau de la crise aux travailleurs," conclut-il.

REVENU NATIONAL PAR HABITANT: 1.980$

    Le revenu national annuel par habitant en Turquie était en 1992 de 1.980$, ce qui la situait en 50e position mondiale, selon un rapport de la Banque Mondiale. En première position arrive la Suisse avec 36.080$, suivie par le Japon et la Suède avec 28.190 et 27.010 respectivement.
    Les données de la Banque Mondiale montrent également que le revenu par habitant en Turquie sur base de la parité du pouvoir d'achat (PPA) était en 1992 de 5.170 $, ce qui la situe en 49e position mondiale. Les Etats-Unis arrivent en tête avec 23.120$ suivis par la Suisse et l'Allemagne avec 22.100 et 20.610$ respectivement.
    Dans un autre classement, qui tient compte du Produit National Brut (PNB), la Turquie est classée 26e mondiale avec 115,8 milliards de dollars en 1992. Le PPA-GNP de la Turquie était de 30,5 milliards de dollars, la situant en 19e position.

LA DETTE EXTERIEURE ATTEINT LES 67,3 MILLIARDS DE DOLLARS

    La dette extérieure de la Turquie atteignait les 67,3 milliards de dollars à la fin de l'année dernière, et sa proportion par rapport au Produit National Brut s'élevait à40,6%, selon un rapport du 15 juillet de l'agence de presse officielle Anatolie.
    72,5% de la dette extérieure correspond à des prêts à moyen et long terme et le reste à des prêts à court terme.
    Selon les chiffres du ministère des Finances, la proportion de la dette extérieure par rapport au PNB, qui maintenait une tendance à la hausse entre 1988 et 1991, continue d'augmenter et était de 36,2% en 1992 et de 40,6% en 1993.

NOUVELLES REGLES DANS LES DETROITS

    Les nouvelles règles qui régissent la navigation maritime dans les détroits, dont l'entrée en vigueur au 1e juillet 1994 a été décidée par le gouvernement turc, ont soulevé une série de protestations des pays qui empruntent cette voie maritime.
    Le passage dans les détroits était régie depuis 1936 par la Convention de Montreux. Cependant, depuis lors le trafic dans cette zone s'est fortement intensifié. Selon les représentants maritimes turcs environ 60% des 45.000 bateaux qui empruntent cette route chaque année transportent du gaz naturel, des produits chimiques, du pétrole ou des dérivés pétroliers, et même des déchets nucléaires.
    Après la collision entre deux bateaux battant pavillon chypriote grec, l'un d'entre eux transportait du pétrole russe, le gouvernement turc a décidé que les bateaux transportant des matières dangereuses devaient déclarer leur intention de passer 24 heures à l'avance. Si nécessaire, le trafic peut être interrompu pendant leur passage. Ankara insiste également pour qu'ils prennent des pratiques à bord, bien qu'en vertu de la Convention de Montreux, ceci ne peut être rendu obligatoire.
    Deux des voisins de la Turquie, la Russie et la Grèce, ont critiqué ces nouvelles règles, les considérant contraires à la législation internationale à la Convention de Montreux de 1936. D'autres pays - l'Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie, Chypre et Oman - se sont également opposés aux règles dévoilées par la Turquie lors d'une réunion de l'Organisation Maritime Internationale célébrée il y a un mois.