A non-government
information
service on Turkey Un service d'information
non-gouvernemental
sur la Turquie
21e Année -
N°234
Septembre 97 - Février 98
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215
58
60
Rédacteur en chef: Dogan
Özgüden
- Editrice responsable: Inci Tugsavul
1997: UN AN D'ISOLEMENT
Tout comme les années précédentes, 1997
n'a
pas offert à la population de Turquie la possibilité de
jouir
d'un régime démocratique conforme aux normes
européennes
et de mettre fin pacifiquement à la sale guerre que subit la
partie
orientale du pays. Au contraire, les violations des droits de l'homme
se
sont poursuivies avec la même intensité et les militaires,
au lieu de regagner leurs casernes, ont une fois de plus
confirmé
la domination qu'ils exercent sur la vie politique, sociale et
culturelle
du pays.
Au cours des derniers quatre mois de 1997 se sont produits une
série
d'événements qui confirment clairement ladite soumission
du gouvernement "réformiste et laïc" aux militaires et donc
l'isolement du régime d'Ankara aussi bien en Europe que dans le
monde islamique.
Les incessantes opérations transfrontalières de
l'armée
turque en territoire irakien contre les guérillas kurdes et la
coopération
"militaire et de renseignement" d'Ankara avec Israël ont
donné
lieu à une telle réaction dans le monde musulman et arabe
que le président de la République Süleyman Demirel a
dû abandonner la Conférence sur l'Islam en Iran.
En ce qui concerne les relations avec l'Europe, la diplomatie
turque
a subi sa plus lourde défaite depuis la proclamation de la
République
lorsque le Sommet de Luxembourg a décidé de ne pas
inclure
la Turquie parmi les pays éligibles pour l'adhésion
à
l'Union européenne bien qu'elle soit un membre associé de
l'UE depuis 1963.
Le Sommet de Luxembourg déclarait le 13 décembre
dernier
que les pays candidats qui voulaient participer à la
Conférence
européenne avec les 15 pays membres devaient "partager un
même
engagement pour la paix, la sécurité et des relations de
bon voisinage, l'intégrité et inviolabilité des
frontières
extérieures et les principes de droit internationaux afin de
résoudre
leurs différends de manière pacifique, en particulier via
la juridiction de la Cour internationale de justice de La Haye".
"Les Etats qui accepteront ces critères et les principes
énumérés
ci-dessus seront invités à la conférence. Dans un
premier temps, l'UE a invité la Turquie, Chypre et les dix
candidats",
indiquait l'accord.
Dans le rapport final, on prévoit une "politique de
rapprochement"
pour la Turquie sous le titre "Une stratégie européenne
pour
la Turquie". Dans ce chapitre, on affirme qu'Ankara, comme les autres
candidats,
sera jugée en fonction des principaux critères, et ajoute
que l'UE définira une stratégie qui la préparera
à
l'adhésion en la rapprochant de l'UE dans tous les domaines.
Cette stratégie consiste en un développement des
potentiels
de l'accord d'Ankara, la consolidation de l'union douanière, de
l'aide financière et de l'harmonisation de la législation
entre la Turquie et l'Union.
Cependant, le programme ultérieur affirme que les
relations
entre la Turquie et l'Union se développeront en fonction des
réformes
économiques et politiques de la Turquie, particulièrement
dans le domaine des droits de l'homme, du respect des minorités
(ajouté au texte au dernier moment), de l'établissement
de
relations stables et normales entre la Turquie et la Grèce et de
la solution des différends par des voies judiciaires, comme par
exemple la Cour internationale de justice, et de la solution du
problème
chypriote par l'application des résolutions du Conseil de
sécurité
de l'ONU".
Le gouvernement turc a immédiatement réagi par une
suspension unilatérale du dialogue politique avec l'Union
européenne
et a déclaré que la Turquie déclinerait une
invitation
à la Conférence du 12 mars. Tandis que le premier
ministre
Yilmaz accusait l'Union européenne d'être un "club de
chrétiens",
le vice-premier ministre Bülent Ecevit allait encore plus loin et
déclarait que même l'application de l'Union
douanière
pourrait être suspendue.
De leur côte, les militaires, pour riposter à la
décision
de l'UE, décidaient de poursuivre plus sévèrement
encore leur politique de listes rouges et jaunes. La Liste rouge
(comprenant
des pays auxquels la Turquie n'achètera pas d'armes et desquels
elle n'acceptera pas d'offres d'équipement militaire) comprend
déjà
la Norvège, la Suède, la Suisse, le Danemark, l'Autriche
et l'Afrique du Sud. La Liste jaune (comprenant des pays avec lesquels
la Turquie maintiendra des relations soumises à un
contrôle
strict) comprend déjà les Pays-Bas, l'Allemagne, le
Luxembourg,
la Belgique et la Finlande.
Le chef de l'armée le plus médiatisé, le
général
Cevik Bir, estime qu'aucun des pays de l'UE n'a un régime aussi
démocratique que celui de la Turquie et les a accusés de
soutenir les ennemis de la Turquie.
Les décisions de Luxembourg n'auraient toutefois pas
dû
être une surprise pour les dirigeants Turcs. La Commission
européenne
avait déjà annoncé en juillet dernier que la
Turquie
ne ferait pas partie des pays éligibles pour l'adhésion
à
l'UE si elle ne satisfaisait pas trois conditions:
1. Respect total des droits de l'homme,
2. Recherche d'une solution politique à la question kurde,
3. Recherche d'une solution pacifique à ses
différends
avec la Grèce et non-obstruction de l'adhésion de Chypre
à l'Union européenne.
Depuis juillet, les militaires et leurs alliés au
Parlement
n'ont pris aucune mesure positive visant à satisfaire ces trois
conditions.
Le notes chronologiques reprises dans les autres articles
montrent
que, loin de respecter les droits de l'homme, au cours de ces quatre
derniers
mois:
• Les membres kurdes du Parlement, des journalistes et des
artistes
sont restés en prison.
• Juste avant le Sommet de Luxembourg, des activistes des droits
de l'homme comme Esber Yagmurdereli ont été
emprisonnés,
en vertu d'articles anti-démocratiques.
• Les actions légales pour fermer le Parti du
Bien-être
(RP) ont été accélérées.
• Beaucoup de publications et de livres ont été
confisqués,
des émissions de radio et de télévision ont
été
interdites.
Au lieu de chercher une solution politique à la question
kurde,
le Conseil de sécurité nationale (MGK) niait
officiellement
l'existence même du peuple kurde; les opérations
militaires
contre les opposants kurdes ont été intensifiées
aussi
bien en Turquie que dans les pays voisins.
D'autre part, l'exode kurde qui a commencé fin 1997 a mis
en évidence la situation dramatique que vit ce peuple en Turquie
et dans les territoires irakiens soumis au harcèlement des
militaire
turcs.
Concernant Chypre et la Mer Egée, au lieu d'accepter
l'adhésion
de Chypre et de chercher des solutions pacifiques aux différends
avec la Grèce, les forces armées turques se sont
mobilisées,
prétextant l'installation de missiles antiaériens russes
S-300 dans la partie sud de l'île.
Même au cours des deux premiers mois de 1998, rien n'a
changé
dans l'attitude rapace dont a fait preuve Ankara au chapitre des droits
de l'homme et de la question kurde.
Le Parti du Bien-être (RP) a été
fermé,
les leaders du Parti de la démocratie (HADEP) ont
été
arrêtés et le Conseil de sécurité nationale
(MGK) a ordonné à l'Assemblée nationale de
prolonger
l'état d'urgence dans les six provinces kurdes pendant quatre
mois
à dater du 31 mars.
L'ARMEE TURQUE DEBARRASSE LE PAYSAGE DES ISLAMISTES ET DES KURDES
Ci-après est reproduit un article de Reuter sur la
situation
récente en Turquie publié par les médias mondiaux
le 27 février. "Un an après qu'ils aient ordonné
l'arrêt
de l'avance de l'islam en politique, les généraux
laïques
peuvent se congratuler d'avoir sauvegardé la démocratie,
style turc." commence l'article.
"Le Parti du bien-être (RP), aux bases islamiques, a
été
interdit et son leader, Necmettin Erbakan, - le parrain du mouvement
islamique
moderne - a été suspendu d'activités politiques
après
un an comme premier ministre. Le parti successeur subit des menaces
judiciaires
et est paralysé par des luttes de pouvoir internes.
"Un deuxième assaut, l'arrestation éclair au
début
de ce mois des leaders du principal parti légal kurde, HADEP, a
ensuite rétabli un panorama politique dominé par les
partis
de tendance majoritaire de "gauche" et de "droite".
"Alors qu'ils se rencontraient jeudi dernier dans le cadre d'une
réunion du Conseil de sécurité nationale,
près
d'un an après le lancement d'une campagne contre les islamistes,
les commandants des forces peuvent considérer
l'interrègne
islamiste comme un simple mauvais souvenir. Le premier ministre turc
est
à nouveau le bienvenu à la Maison Blanche, les liens avec
Israël sont plus solides que jamais, le pays reste ancré
dans
l'OTAN et les autorités appliquent l'interdiction de cours de
coran
et d'habits islamiques. Mais des critiques et analystes affirment qu'on
est arrivé à une situation politique dénuée
de tout débat dans certains des thèmes d'actualité
les plus pressants et dans laquelle des milliers d'électeurs
sont
privés de leurs droits de représentation. 'Arborer le
drapeau
de la corruption politique', imprimait sarcastiquement le quotidien
Ülkede
Gündem, qui accusait l'armée d'avoir vidé de sens le
corps politique de la Turquie.
"'Supprimez les islamistes et les Kurdes et qu'est-ce qui
reste?',
demandait un diplomate occidental. 'Réponse: pas grand-chose.
Dans
beaucoup de thèmes, les autres partis sont quasiment identiques.
Et qui va représenter tous ces électeurs?'
"Les 62 millions de personnes qui composent la population turque
sont à près de 99% musulmans, dont une portion
significative
demande que leur religion joue un rôle dans la vie publique.
"Les dernières élections générales,
fin
95, ont vu le Parti du Bien-être (RP) et le Parti du peuple
démocratique
(HADEP), pro-kurde, recueillir près de 26% du vote populaire. En
l'absence de suffrages fiables, il est difficile d'évaluer leur
force actuelle. Un important activiste des droits de l'homme soutient
que
l'attaque contre le Parti du Bien-être et ultérieurement
contre
HADEP, reflète une stratégie unifiée de la classe
politique imprégnée de laïcité et de
nationalisme.
"'Ces deux partis ne sont pas restés dans les limites
imposées
par l'Etat, et ils ont été interdits ou leurs membres ont
été arrêtés,' indiquait Birdal à
Reuters.
'Ces événements sont en réalité le
résultat
d'une mentalité qui dit: Soit tu agis en accord avec moi et dans
les limites que j'impose, soit je t'empêcherai d'exister'.
"Le 28 février 1997, au cours d'une réunion du
Conseil
de sécurité nationale, les grands chefs turcs
lançaient
leur 'coup-d'Etat en douceur' contre le leader du Parti du
Bien-être
et alors premier ministre Erbakan. L'armée avait
déjà
forcé auparavant la chute de trois gouvernements civils.
"Cette fois-ci ils ont utilisé le Conseil, chargé
de
la défense et dominé par des soldats, pour miner Erbakan
en réponse à une série de modestes initiatives
islamistes
qu'il avait entreprises. Il s'est vu contraint à
démissionner
en juin.
"Le mois dernier, le tribunal constitutionnel bannissait Erbakan
et son Parti du Bien-être. La sentence prenait effet le 22
février.
Une semaine auparavant, les procureurs avaient ordonné
l'arrestation
des leaders de HADEP, les accusant d'avoir des connexions avec des
séparatistes
armés.
"Moins à l'aise sans doute que les généraux
avec le résultat de ce 'coup-d'Etat progressif' du 28
février
1997, se trouve son bénéficiaire le plus visible,
l'actuel
premier ministre Mesut Yilmaz.
"Yilmaz succédait à Erbakan l'été
dernier
à la tête d'une coalition minoritaire pour faire face
à
une inflation galopante, des réformes économiques
dépassées
et des relations tendues avec l'Europe. Le premier ministre, un
conservateur
prudent qui occupe ce poste pour la troisième fois, a les mains
liées par une grande dépendance du Parti social
démocrate
(SHP) qui se maintient hors du gouvernement. Ceci, disent les
analystes,
pourrait amener Yilmaz et son Parti de la Mère Patrie (ANAP)
à
risquer la colère des généraux et certains
éléments
de son cabinet et faire des concessions aux islamistes en
échange
d'un futur soutien.
"Des signes indiquent déjà qu'il pourrait se servir
de la réunion du Conseil de sécurité juste pour
ça.
"'L'ANAP a déjà assoupli ses positions sur les
turbans
(style islamique) et les cours de Coran. Leur but est de voler les
votes
du Parti du Bien-être', expliquait le commentateur politique
Bilal
Cetin".
VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN 1997
Les statistiques sur un an de violations des droits de
l'homme en
Turquie, reprises ci-après, proviennent de l'Association des
droits
de l'homme de Turquie (IHD):
* 109 personnes ont été victimes d'assassinats non
élucidés.
* 114 personnes ont été exécutées
sans
procès, après avoir été torturées ou
se trouvant détenues.
* 2.514 personnes sont mortes au cours d'affrontements
armés.
* 66 personnes sont "disparues" alors qu'elles étaient
détenues.
* 366 ont été torturées ou s'en sont
plaintes.
* 27.308 personnes ont été arrêtées
par
la police.
* 1.273 personnes ont été placées en
détention
par les tribunaux.
* 23 villages ou hameaux ont été
évacués.
* 127 localités ont été bombardées.
* Le droit au travail a été violé 13.226
fois.
* 153 associations, syndicats, agences de presse et partis
politiques
ont été fermés.
* 213 associations, syndicats, agences de presse et partis
politiques
ont subi des descentes.
* 298 professionnels de la presse ont été
arrêtés
par la police.
* 278 publications ont été confisquées.
* Les procureurs ont demandé un total de 893 ans et 4 mois
de prison et un total de 64 milliards 885 millions de LT d'amendes pour
des délits d'opinion.
* A la fin de 1997, il y avait 105 prisonniers de conscience en
prison.
LA PRESSE TURQUE EN 1997
Le Conseil de la presse turque a déclaré que
1997 a
été pour la presse turque une année pleine de
pressions,
de mesures de prévention, de détentions et
d'arrestations.
Cette année, le propriétaire d'une chaîne de radio
a été assassiné, 3 journalistes ont
été
victimes d'attaques armées, 96 ont été
appréhendés
et 16 ont été arrêtés.
Dans l'explication du Conseil de la presse, on prétend que
la presse turque a vécu la phase la plus difficile et
problématique
depuis que la Turquie a adopté le système
démocratique,
sous la coalition RP-DYP. Pendant cette période, les membres du
gouvernement Refahyol ont menacé les journaux et les
chaînes
de télévision. Des organes de presse ont
été
fermés et menacés de censure. Des groupes mafieux ont
attaqué
des studios de télévision avec l'appui du gouvernement
Refahyol.
La presse avait espéré que ces conditions
changeraient
avec l'arrivée du gouvernement de Mesut Yilmaz, mais en peu de
temps
tous les espoirs ont été déçus.
Pour le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), le nombre de
journalistes détenus en 1997 était de 211. Au cours de
cette
même année, 143 journalistes ont été
harcelés
ou battus, les bureaux de 27 journaux, magazines, radios ou
télévisions
ont été attaqués et trois librairies ont
été
détruites. 109 journaux et périodiques ont
été
confisqués.
Les tribunaux ont interdit la publication de 21 journaux ou
périodiques
pendant une période totale de 28 mois et 20 jours. Un
périodique
fut définitivement fermé. Par ailleurs, le Conseil
supérieur
de la radio et la télévision (RTUK) a interdit 37
diffusions
de télévision et 20 diffusions de radio.
Dans les procès contre des journalistes ou des
écrivains,
les tribunaux ont prononcé des sentences pour un total de 137
ans
et 6 mois de prison et 69,1 milliards de TL d'amendes.
DU BIEN-ETRE (RP) A LA VERTU (FP)
16 janvier:
* Le Tribunal constitutionnel déclare illégal le Parti du
Bien-être (RP), pro-islamique, et bannit son leader, l'ancien
premier
ministre Necmettin Erbakan, ainsi que cinq autres députés
de la direction politique, pour une période de cinq ans. "Le
tribunal
a décidé la fermeture du Parti du Bien-être
considérant
les preuves d'actes contre les principes de la république
laïque",
explique le juge principal Necdet Sezer. Suite à la
décision
de la cour, Erbakan demande à ses partisans de garder le calme
mais
affirme que le verdict est une "erreur judiciaire grave" et s'engage
à
porter l'affaire devant la Cour européenne de justice.
* Les Etats-Unis affirment que le bannissement du Parti du
Bien-être
porte préjudice à la crédibilité du
système
démocratique de son allié dans l'OTAN.
* La présidence de l'Union européenne, la
Grande-Bretagne,
exprime la préoccupation que suscite l'interdiction du Parti du
Bien-être et annonce une consultation urgente avec ses
partenaires
de l'UE. "Nous sommes inquiets des conséquences que cela peut
avoir
pour le pluralisme démocratique et la liberté
d'expressions.
Nous en discuterons de manière urgente avec nos partenaires de
l'UE",
a averti la Grande-Bretagne.
18 janvier:
* Le leader islamique Necmettin Erbakan critique durement le Tribunal
constitutionnel
pour avoir dissout son parti et imposé une suspension de cinq
ans
à sa carrière politique. "Quel genre de justice
avons-nous?",
disait Erbakan a un groupe de partisans au cours d'un meeting à
Istanbul. "Ils nous jugent, mais il n'y a pas de délit. Ils
établissent
un dossier fait de découpes de journaux et l'utilisent comme
preuve".
20 janvier:
* Erbakan annonce que de nouveaux mouvements se formeront pour
prendre
sa place. "Je vous laisse entre les mains d'Allah (Dieu) jusqu'à
ce que nous nous retrouvions sous la lumière d'une grande
Turquie
qui naîtra très bientôt", disait Erbakan à la
nation au cours d'une conférence de presse.
* L'UE exprime sa consternation devant l'interdiction par la
Turquie
du Parti du Bien-être (Refah), d'idéologie islamique.
"L'Union
européenne note avec regret la décision du Tribunal
constitutionnel
turc... d'ordonner la fermeture du Parti du Bien-être, la
confiscation
de ses biens et l'interdiction pour certains de ses membres actuels et
antérieurs de faire partie du Parlement turc ou d'avoir des
activités
politiques pendant cinq ans", affirme la présidence de l'UE dans
une déclaration.
22 février:
* La décision du Tribunal constitutionnel, dans laquelle
figure
sa justification pour la fermeture du Parti du Bien-être (RP),
est
publiée dans la Gazette officielle, mettant fin aux 14 ans
d'existence
du parti. La fermeture est accompagnée de la suspension
d'activités
politiques pour six de ses membres, dont le président Necmettin
Erbakan. Ils devraient être jugés pour avoir soutenu le
fondamentalisme
islamique et s'être opposé au système laïc
turc.
23 février:
* Quarante et un député du Parti du Bien-être
(RP), déjà dissout, rejoignent le Parti de la vertu (FP),
permettant à ce dernier de former un groupe parlementaire. Le FP
avait été fondé le 10 décembre par
d'anciens
candidats parlementaires du RP.
24 février:
* Le nombre de personnes qui rejoignent le FP est de 91. Abdullah
Gül, membre distingué du RP qui s'est joint aux nouveaux
arrivés,
a assuré que le nouveau parti serait porteur d'idées
réformistes,
comme par exemple permettre aux femmes de participer à
l'administration
du parti, et rassembler les masses libérales.
25 février:
* Le Parti de la Vertu (FP) continue de grandir avec
l'arrivée
de nouveaux membres du Parti du Bien-être. Le nombre de membres
dépasse
déjà les 100, devenant ainsi le principal parti de
l'opposition
au Parlement. Le maire islamiste d'Istanbul Recep Tayyip Erdogan
annonce
son passage au Parti de la Vertu.
26 février:
* Des membres du Comité des Affaires civiles de
l'Assemblée
de l'Atlantique nord rencontrent Necmettin Erbakan, leader du Parti du
Bien-être (RP), récemment dissout. Necmettin a
été
lui-même exclu du Parlement et interdit d'occuper un poste de
leader
politique pendant cinq ans pour activités anti-laïques.
LE RP: LE 21e PARTI INTERDIT
Le parti du Bien-être (RP) est le 21e parti politique
frappé
d'interdiction en Turquie. Avant que ne soit établi la Cour
constitutionnelle,
deux partis avaient été interdits par la Cour
pénale.
La Cour constitutionnelle, fondée par la Constitution de
1960,
conclut les six cas de fermeture de partis par une décision
officielle
en vigueur jusqu'au coup d'Etat de 1980. Les partis interdit par la
Cour
constitutionnelle avant 1980 sont:
Le Parti des Ouvriers-Paysans (ICP), le Parti de l'Ordre national
(MNP), le Parti du Futur idéal de Turquie (TIUP), le Parti
Ouvrier
de Turquie (TIP), le Parti de la Grande Anatolie (BAP) et le Parti
travailliste
de Turquie (TEP).
Les 15 partis interdits depuis 1983 sont:
Le Parti de la Grande Anatolie (fermé deux fois), le Parti
socialiste, le Parti des verts, le Parti du peuple, le Parti communiste
uni de Turquie, le Parti travailliste du peuple, le Parti de la
liberté
démocratique, le Parti socialiste de Turquie, le Parti de la
Démocratie,
le Parti démocrate (fermé deux fois), le Parti de la
démocratie
et du changement, le Parti du renouveau, le Parti travailliste, le
Parti
de l'Union socialiste et le Parti du Bien-être.
L'action en justice menée contre le Parti des masses
démocratiques
(DKP) est toujours en cours à la Cour constitutionnelle.
UN EMPRISONNEMENT DANS L'INDEX DES RELATIONS AVEC L'UE!
15 septembre:
La Cour de cassation rejette un appel de l'avocat Esber
Yagmurdereli,
de 52 ans, contre une sentence de 10 mois de prison pour "propagande
séparatiste".
Yagmurdereli, qui est aveugle, avait écopé d'une peine de
prison 10 mois prenant fin le 16 septembre 1997. Il en avait
été
condamné pour un discours prononcé en septembre 1991 dans
lequel il accusait les autorités de violer les droits de l'homme
à l'encontre des Kurdes. Yagmurdereli avait déjà
été
arrêté en 1978 et condamné à vie pour des
délits
politiques. Pendant ce temps il avait été élu
membre
d'honneur de plusieurs centres PEN. Il fut ensuite libéré
en vertu d'une amnistie en avril 1991. Cependant, sa liberté
n'était
pas inconditionnelle et requérait qu'il ne soit plus
condamné
pour un délit politique. Dans le cas contraire, il devrait
purger
le restant de la peine. Une condamnation à vie est
considérée
équivalente à 36 ans de prison. Yagmurdereli devra donc
purger
les 22 ans et six mois restants de sa condamnation à vie
précédente,
ainsi que dix mois de prison supplémentaires.
19 octobre:
Esber Yagmurdereli est arrêté chez lui à
Istanbul
par la Direction de la sûreté du Département de
l'Ordre
public d'Istanbul. Il est emmené dans les bureaux du
Département
à Gayrettepe, à Istanbul, où il est retenu pendant
deux jours avant d'être finalement transféré
dansune
prison de Cankiri.
9 Novembre:
Les autorités turques, dans une manoeuvre destinée
à tromper l'opinion publique européenne, libèrent
Esber Yagmurdereli pour des raisons médicales.
17 janvier:
Le procureur public de Cankiri émet un nouveau mandat
d'arrêt
contre l'activiste des droits de l'homme Esber Yagmurdereli sous
prétexte
qu'il refuse de se rendre à l'examen médical. Il avait
été
libéré le 9 novembre pour des raisons médicales.
28 janvier:
Le Comité des écrivains en prison de PEN
International
se dit très préoccupé par le revirement intervenu
dans la suspension de la peine de 22 ans de prison contre Esber
Yagmurdereli.
Ce dernier a immédiatement prix la fuite.
NOUVEAU RAPPORT CONTROVERSE SUR LE SCANDALE DE SUSURLUK
Un rapport controversé de l'enquêteur Kutlu
Savas, élaboré
sur ordre du premier ministre Mesut Yilmaz, fut présenté
aux médias le 23 janvier 1998 comme grand succès du
gouvernement
dans la lutte contre la corruption et les relations douteuses.
Bien qu'aux dires de nombreux critiques le rapport ne contient
rien
de nouveau, à titre de rappel nous reproduisons certains points
importants:
Lutte contre le terrorisme
Le rapport insiste sur l'inquiétude que suscite dans la
population
la découverte d'activités illégales qui ont
focalisé
l'attention sur les relations qu'entretiendraient les hommes politiques
avec des pouvoirs occultes. Le but de ces activités est
d'obtenir
des richesses, de l'influence et du pouvoir, indique le rapport. "Il
est
également troublant que ces activités illégales
jouissent
de la couverture de la lutte anti-terroriste", précise-t-il.
Le rapport souligne que toutes les "institutions" de l'Etat
étaient
conscientes de l'existence de ces activités illégales.
Suite
à l'accident de Susurluk la population a pu constater que ces
institutions
ne sont soumises à aucun contrôle. "Des affaires
classées
comme secrets d'Etat ont commencé à apparaître dans
les journaux. C'était là le meilleur indicateur de
l'absence
de dévouement au sein des institutions".
Triangle meurtrier
A propos de la suite de meurtres qui se sont produits dans la
région
entre les provinces d'Izmir, Adapazari et Bolu, le rapport
précise
que des fonctionnaires de la sûreté, y compris des
officiers
de la police et de la gendarmerie, ainsi que d'anciens membres
confirmés
d'organisations terroristes - qui seraient impliqués dans des
meurtres
- étaient tous encore concentrés dans la région.
"Ceux
qui ont commis ces crimes ne se donnent même pas la peine d'aller
ailleurs, et l'horreur qu'ils ont provoquée est devenue la
meilleur
preuve de leur force".
"L'Etat gardait le silence"
Le rapport accuse également l'Etat de garder le silence
à
propos de son infiltration par des gangs illégaux. Le
blâme
était essentiellement rejeté sur l'Organisation nationale
de renseignement (MIT) et le Département de la
sûreté,
qui ensemble emploient plus de 150.000 officiers de police. Il reproche
à ces organisations d'avoir été incapables de
faire
face à quelques gredins qui avaient acquis un certain
degré
d'influence.
Le rapport prévient qu'il est possible que des gangs
illégaux
deviennent incontrôlables si l'Etat n'entreprend pas des
réformes
en profondeur. Il a une fois de plus blâmé l'Etat car il
s'est
montré incapable d'exercer ses fonctions de manière
professionnelle.
"L'existence de tant d'élément contraires dans le
même
corps est due à l'apparition de champs d'activités
illégales
rendue possible par ce chaos. Les fonctionnaires concernés ont
été
incapables d'empêcher le développement de ces
activités
et ont donc choisi de les soutenir. Ces incidents sont demeurés
secrets jusqu'à l'accident de Susurluk".
Catli a laissé 2 millions de DM à sa
famille
Abdullah Catli, le présumé terroriste de droite qui
occupe les devants de la scène dans la controverse sur
l'accident
de Susurluk, figurait également dans le rapport. "Les empreintes
digitales de Catli ont été relevées sur les lieux
où fut assassiné le soi-disant roi du casino, Ömer
Lütfü
Topal. Il y a également le fait que Catli ait laissé 2
millions
de DM à sa famille, et on attend que l'enquête
révèle
où sont passés les millions de dollars extorqués
à
Topal", observe le rapport. On demande également que l'on
révèle
tout le contenu des dossiers sur Catli. Le rapport attire l'attention
sur
les liens supposés entre Catli, les agents de police
soupçonnés
d'avoir assassiné Topal et la Direction de la
sûreté
d'Istanbul.
"Ersever n'a pas été assassiné
par
Yesil"
Une section du rapport était consacrée au meurtre,
non élucidé, de l'officier de gendarmerie à la
retraite
et fonctionnaire des renseignements, Ahmet Cem Ersever. Il
désapprouve
clairement les affirmations de MIT selon lesquelles Hanefi Avci, chef
adjoint
de la section de renseignement du Département de la
sûreté,
aurait recruté Mahmut Yildrim - dont le nom de code est "Yesil"
- pour "exécuter" Ersever.
Il rejette également que Avci ait contacté la
fiancée
d'Ersever, Nevval Boz, et son assistant, Mustafa Deniz, avant
d'assassiner
l'officier des services de renseignement.
Le rapport détruit Yesil, qui affirme avoir tué
Ersever,
et l'accuse d'arborer une attitude basse et non civilisée dont
le
seul but est de promouvoir ses intérêts personnels.
Topal assassiné par un gang
Le rapport de Susurluk établit un lien entre l'assassinat
en 1996 du dénommé roi du casino Ömer
Lütfü
Topal et les forces d'élite de la police. "Topal avait
purgé
une peine de prison de 1979 à 1984 pour trafic de drogues et
rata.
En 1990 il commença à faire des affaires avec des
partenaires
israéliens", explique la rapport sans préciser quel type
"d'affaires". Le rapport souligne que les bénéfices
annuels
de la chaîne d'entreprises de Topal s'élèvent
à
un milliard de dollars. On y indique également que Topal a fait
diverses affaires en Azerbaïdjan et au Turkménistan.
Selon le rapport, Topal aurait aidé activement le Parti de
la Juste Voie à empêcher la réélection de
Mesut
Yilmaz, actuel premier ministre, comme député de
Rize,
ville de l'ouest de l'Anatolie. Topal aurait également
aidé
financièrement le rival de Yilmaz.
Toujours selon le rapport, les premières informations sur
les liens entre l'assassinat de Topal et les équipes
d'élite
de la police proviendraient d'une note spéciale envoyée
par
la branche d'Istanbul de MIT à la Direction de la
sûreté.
Le rapport souligne aussi les liens spéciaux qui
existaient
entre Topal et Mehmet Agar. "Selon certaines affirmations, Agar avait
demandé
une enquête sur de possibles liens de Topal avec les
nationalistes
kurdes. Se sachant visé, Topal a demandé plus de
protection
à la police. Il aurait envoyé à Orhan Tasanlar,
l'ancien
chef de la police d'Istanbul, un cadeau d'une valeur de 250 milliards
de
TL, mais aurait été pris de panique après que
Tasanlar
ait rejeté sa demande.
Kutlu Savas, affirme dans le rapport de Susurluk que Topas a
été
assassiné en juillet 1997, au moment où les
soupçons
contre lui atteignaient leur point culminant. Topal se serait vu
obligé
de payer 17 millions de dollars à ses assassins
présumés,
mais on l'informa que l'argent n'avait jamais atteint sa destination.
Les
empreintes digitales du terroriste de droite Abdullah Catli ont
été
relevées sur les lieux du crime.
Özer Ciller et les plans pour assassiner le
leader du
PKK
Certaines sections du rapport de Kutlu Savas sur la description
des
liens Etat-mafia, particulièrement dans les parties qui
concernent
la lutte contre le terrorisme et la restructuration du MIT,mettent en
évidence
le rôle qu'aurait joué Özer Ciller, l'époux de
l'ancienne premier ministre Tansu Ciller :
"Des changements radicaux se sont produits dans la structure de
la
police et des institutions de renseignement dans la deuxième
moitié
de 1993, suite au changement intervenu à la tête du
gouvernement.
Après l'arrivé au pouvoir de Tansu Ciller, une "attitude
rapace" a dominé la politique anti-terroriste du pays, ajoute le
rapport. On y relève que la nomination de Mehmet Agar comme chef
du Département de la sûreté s'est également
produite pendant cette période.
Le rapport met également en exergue les liens qu'Özer
Ciller avait avec Mehmet Eymur, le chef de la section anti-terroriste
de
MIT. Ce dernier était en désaccord avec Mehmet Agar.
Eymur
aurait soumis ses rapports à l'époux de la premier
ministre
et aurait reçu ses ordres de lui et non de Tansu Ciller.
D'autre part, l'organisation de sûreté
dirigée
par Mehmet Agar avait acquis un pouvoir immense avec le soutien de la
premier
ministre Ciller. "Cette organisation de police a entrepris d'importants
projets comme la capture (et assassinat) du leader du PKK Abdullah
Öcalan",
précise le rapport.
Les organisations de renseignement étaient
également
engagées dans d'autres projets, comme suivre la piste du leader
terroriste d'extrême-gauche, Dursun Karatas, au Royaume-Uni, en
Belgique
et aux Pays-Bas. "Pour cela, ils coopéraient avec le baron de la
drogue Nurettin Güven", explique le rapport. Il ajoute que le MIT
avait destiné 12,5 milliards de dollars provenant du fonds des
pots-de-vin
au financement de ces opérations et les avait
transférés
au Département de la sûreté. "Puisqu'on savait que
les allocations provenant du fonds des pots-de-vin étaient
toujours
approuvés par la premier ministre, on n'expliquait jamais
comment
et pourquoi cet argent était réservé. Ensuite,
cette
somme montait jusqu'à 40 ou 50 milliards de dollars",
précise
le rapport.
"UN RAPPORT POUR COUVRIR LE DESASTRE DE SUSURLUK?"
Le rapport sur Susurluk a provoqué un grand scandale
et des
tensions dans les relations avec Azerbaïdjan et finalement, le
premier
ministre Mesut Yilmaz a dû présenter ses excuses à
Haydar Aliyev, président de ce pays.
Dans ce rapport on dit que le fils d'Aliyev devait de l'argent au
défunt roi du casino, Ömer Lütfü Topal. Le
rapport
dit aussi que les services de renseignement turcs étaient
directement
impliqués dans la préparation d'un coup d'Etat contre le
président Aliyev en 1995. Un agent de l'Organisation nationale
de
renseignement (MIT) a eu un entretien avec l'ancien président
d'Azerbaïdjan,
Ebulfeyz Elcibey, et a déterminé les noms des personnes
qui
feraient partie du gouvernement après le coup d'Etat.
Devant la réaction d'Aliyev, le président Demirel
s'est
mis personnellement en contact avec lui pour lui assurer que la Turquie
n'avait aucun lien avec le coup d'Etat et le premier ministre Yilmaz a
dû faire des excuses publiques à Aliyev.
Le rédacteur du Turkish Daily News Ilnur Cevik
écrivait
dans un article le 26 janvier 1998 que le rapport semble destiné
à créer un rideau de fumée pour empêcher la
population de voir le véritable désastre.
Voici un extrait de cet article:
"Pendant toute une semaine nous avons assisté à un
débat stérile à propos sur
révélations
du rapport de Susurluk, demandé par le premier ministre Mesut
Yilmaz
et élaboré par Kutlu Savas... Nous avons attendu que les
choses se tassent et que chacun ait dit ce qu'il avait à dire
à
ce propos avant de faire un quelconque commentaire. Nous pensons
qu'à
présent il est temps de parler clairement.
"Pendant toute une semaine des personnes ont été
accusées
de divers crimes. Une seule chose, l'essentiel du problème,n'a
pas
été abordée : les véritables liens entre
les
représentants de l'Etat, les hommes politiques et la
pègre.
"Kutlu Savas est l'ancien haut fonctionnaire de la
sûreté
qui a élaboré un rapport spécial pour le
défunt
Turgut Özal sur des exportations fictives aussi peu concluant que
son actuel rapport sur Susurluk.
"En fait, même la manière de rendre public le
rapport
semblait une farce. Le premier ministre a choisi de
révéler
le rapport au cours d'un programme spécial intitulé Arena
sur la chaîne de télévision privée D au lieu
de l'annoncer sur les chaînes de la télévision
d'Etat
TRT ou dans une conférence de presse.
"Pourquoi a-t-il choisi une forme si peu conventionnelle ? C'est
un mystère...
"Yilmaz a dit à plusieurs reprises qu'il irait jusqu'au
fond
du scandale de Susurluk même si cela devait lui coûter sa
place
à la tête du gouvernement. Lorsqu'il fut premier ministre
pendant trois mois, début 1996, il a même dit qu'il aurait
tout révélé sur Susurluk s'il était
resté
au pouvoir 15 jours de plus.
"Yilmaz est maintenant au pouvoir depuis plus de six mois, mais
le
pays ne voit toujours pas plus clair dans le scandale de Susurluk. Le
rapport
aurait dû dire qui a ordonné la formation de gangs au sein
de l'Etat. Il aurait dû dénicher les fonctionnaires de
l'Etat
qui ont protégé ces gangs. Ça n'a pas
été
le cas.
"Personne ne daigne demander comment et pourquoi les
fonctionnaires
de l'Etat ont réussi à créer des escadrons de la
mort.
On ne veut même pas débattre si l'Etat devrait avoir le
droit
de tuer ses 'opposants'.
"Le rapport se limite à essayer de rejeter le
blâme
de la formation des escadrons de la mort sur l'ancien premier ministre
Tansu Ciller. Il traite de faits qui se sont produits depuis 1993 mais
ne dit rien des activités de ces gangs avant cette date, lorsque
Tansu Ciller n'était pas au pouvoir.
"Les révélations visent à salir Ciller mais
se gardent de révéler des événements
passés
et l'origine des escadrons de la mort.
"Le président Süleyman Demirel a qualifié de
'fête'
le programme de télévision dans lequel Yilmaz
révélait
les 'conclusions' du rapport sur Susurluk, mais a ensuite
réalisé
que c'était une grande erreur. Le rapport non seulement accuse
Tansu
Ciller de soutenir les escadrons de la mort mais révèle
également
que les dirigeants d'Azerbaïdjan et de Turkménistan
étaient
également coupables de corruption et
d'irrégularités...
"Les dirigeants d'Azerbaïdjan et de Turkménistan
étaient
furieux et le président Haydar Aliyev menaça d'annuler
une
visite à Ankara... Demirel a alors réalisé que la
'fête' tournait au vinaigre.
"Yilmaz a demandé d'autres investigations sur l'affaire
Susurluk.
Cependant, si ces recherches s'opèrent dans le sens du rapport
de
Savas, nous perdons notre temps. Yilmaz devrait avoir le courage
d'aller
jusqu'au fond de l'affaire des escadrons de la mort et
révéler
à la nation ce qui s'est passé dans le pays depuis
environ
seize ans."
DEUX MANIERES D'ACCUEILLIR LES CHRETIENS!
Au cours d'un symposium sur le thème "Religion,
Science et
Environnement" célébré à Trabzon, les
délégués
chrétiens et en particulier le patriarche orthodoxe grec
Bartholomew
ont été abordés par des groupes
ultra-nationalistes
qui criaient "Trabzon sera la tombe du prêtre", "La Mer Noire est
turque et le restera", "Rentre chez toi" et "Si notre sang est
divisé,
l'Islam gagnera". (Turkish Daily News, 3.10.1997).
*
A la veille du nouveau millénaire, la Turquie
élabore
des plans pour retirer le plus grand bénéfice du
"tourisme
de la foi". Tandis que le Vatican prépare de grandes
célébrations
pour le 2000e anniversaire de la naissance du Christ, la Turquie a
décidé
d'organiser des "Voyages de la foi" pour visiter les sites historiques
et les reliques de chrétienté.(Milliyet, 8.2.1998).
De nombreux critiques trouvent cette initiative scandaleuse dans
un pays où les chrétiens ont été
systématiquement
opprimés.