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 Chief Editor /Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Responsible editor/Editrice responsable: Inci Tugsavul


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24e Année - N°266

Octobre/October 2000


Un loup gris

à la tête du parlement

*

POLITIQUE INTERIEURE/INTERNAL POLITICS

Un loup gris à la tête du parlement

 Alors que Bruxelles intensifie ses pourparlers avec Ankara afin d'accélérer le processus de l'intégration de la Turquie à l'Union européenne, l'Assemblée nationale turque a élu, le 18 octobre 2000, un député d'extrême-droite à la présidence de l'Assemblée nationale.
 Omer Izgi, membre du parti d'Action nationaliste (MHP)*, a obtenu 264 voix sur 550, devançant de deux voix seulement son rival du parti de la Mère patrie (ANAP), également au gouvernement.
 Le président de l'Assemblée Nationale est N°2 de la République et exerce les fonctions du chef de l'Etat en absence du président de la République.
 Le parti néo-fasciste turc occupe déjà dans le gouvernement actuel les postes de vice-premier ministre, ministre de la défense nationale, ministre de l'industrie et du commerce, ministre des travaux publics, ministre de la santé, ministre de l'agriculture, ministre de la communication ainsi que cinq ministres d'Etat.
 Le MHP (Parti d'action nationaliste), le deuxième partenaire de la coalition actuelle d'Ecevit depuis plus d'un an, est responsable de plus de cinq mille assassinats politiques dans les années 60 et 70. Le MHP prône la supériorité de la race turque et tâche pour la constitution d'un grand empire turc, Touran, qui regrouperait tous les turcophones à partir de la Mer adriatique jusqu'aux Murailles de Chine. Ses militants en Europe, protégés des missions diplomatiques turques, se sont impliqués dans plusieurs actes de grande criminalité y compris le trafic et dans l'attentat contre le Pape à Rome en 1981 et la mise au feu des locaux kurdes et assyriens à Bruxelles en 1998.
 Le candidat d'extrême-droite a été élu à ce poste important avec l'appui de l'Armée turque et du Premier ministre Bulent Ecevit,, également leader du parti de la Gauche démocratique (DSP), première formation au parlement monocaméral.
 Le président de la République Ahmet Necdet Sezer, un juge suprême élu à ce poste N°1 le 5 mai 2000, déçoit depuis lors l'Armée et la coalition MHP-DSP par son refus de signer plusieurs décrets non conformes à la constitution.
 Les chefs de l'Armée et les leaders du MHP déclarent souvent que certains critères de démocratisation imposés par l'Union européenne comme la reconnaissance des droits fondamentaux des Kurdes et des minorités et la suppression de certains articles répressifs dans la législation turque ne seraient pas compatibles avec "les intérêts suprêmes de l'Etat turc".  (Info-Türk, 18 octobre 2000)

Le président turc veut une constitution démocratique

 Le président turc Necdet Ahmet Sezer a plaidé le 1er octobre pour une nouvelle constitution plus respectueuse des droits de l'homme en inaugurant la nouvelle session de l'Assemblée nationale turque.
 "Il est nécessaire que la Turquie réfléchisse à une constitution et des lois qui répondent aux normes mondiales en matière de droits de l'Homme", a déclaré le président Sezer dans un long discours, retransmis en direct à la télévision.
 S'exprimant devant les membres du gouvernement et les 55O députés turcs, M. Sezer a notamment mentionné la peine de mort, dont l'abolition ne nécessiterait pas selon lui de révision constitutionnelle mais une simple modification du code pénal.
 Cette question est devenue un point de friction entre Ankara et les institutions européennes depuis qu'Ocalan avait été condamné à la peine capitale en juin 99.
 Peu avant que la candidature de la Turquie à l'élargissement de l'Union Européenne ne soit acceptée, en décembre 1999, la Cour Européenne des Droits de l'Homme avait demandé un sursis à exécution, puis le gouvernement avait décidé de "geler" le dossier.
 De même, Ahmet Necdet Sezer a plaidé pour la suprématie du droit dans les régions sous administration exceptionnelle, une allusion aux provinces du sud-est qui demeurent régies par l'état d'urgence, parce que "les restrictions mises aux libertés individuelles n'y sont pas sous le contrôle de l'appareil judiciaire".
 Depuis 1985, plusieurs provinces du sud-est à majorité kurde sont sous contrôle d'un super-préfet régional qui coordonne la lutte contre la rébellion séparatiste kurde. Le PKK a annoncé la fin de sa lutte armée en septembre 1999.
 "Je veux vous faire partager mon idée sur les priorités que la Turquie doit accorder dans ses efforts pour devenir une société moderne", a encore dit le chef de l'Etat, selon qui cela n'est possible que si l'Etat de droit est "appliqué, amélioré et protégé".
 "Ces changements doivent être décidés non pas parce que l'Union Européenne le demande, mais parce que notre peuple le mérite", a-t-il précisé.
 Ahmet Necdet Sezer, ancien président de la Cour Constitutionnelle, a été élu en mai dernier à la magistrature suprême par l'Assemblée nationale, à la surprise générale, après que le Parlement ait refusé un amendement à la Constitution qui aurait permis à Suleyman Demirel de briguer un second mandat. (AFP, 1 octobre 2000)

Turkish Parliament Convenes, but Generals Remain in Power

 For four centuries, the imperial council of the Ottoman Empire met in the divan at Topkapi Palace in Istanbul to debate the affairs of the far-flung realm. Shielded behind a grilled window above the exquisitely tiled chamber, the sultan observed the proceedings and dictated his instructions by summoning the grand vizier.
 The modern Turkish Parliament meets in a contemporary stone-and- wood office building in Ankara and, as befits the capital of the Turkish republic, no sultan oversees its deliberations. The ruler's role is occupied by the generals, who wield their power from behind the scenes.
 When Parliament convened today amid pomp and speeches, the influence of the military was evident on two of the most significant items on the legislative agenda, one authorizing the dismissal of civil servants suspected of Islamic sympathies and the other easing restrictions on freedom of speech.
 Turkey's generals regard themselves as guardians of the 77-year- old secular state and a bastion against Islamic fundamentalism. Although the military engineered three coups in the last four decades, its leaders prefer to exercise their authority quietly.
 But the cloak fell away in late August when the senior commander, Gen. Huseyin Kivrikoglu, demanded at a public ceremony that thousands of Islamic government employees be dismissed. The general warned that the military would "monitor" Parliament's action on legislation necessary to carry out the purge.
 Western diplomats were not as surprised by the general's sentiments as they were by his decision to announce them in public. In recent interviews, diplomats cautioned that Turkey's application for membership in the European Union will founder unless the military's influence is checked.
 While the power of the armed forces in public affairs may disturb Westerners accustomed to a politically neutral military, it is no surprise to Turks. The country's military has a high degree of authority over civil matters and autonomy over military affairs under the Constitution, which was written in 1982 by the generals who had seized power two years earlier.
 In practical terms, the generals have interpreted their mandate as authority to set parameters of acceptable behavior for the government and remain in the barracks as long as the civilian leaders observe the boundaries.
 "The state is a bus, the people are the passengers and the politicians are the driver," said Dogu Ergil, a political science professor at Ankara University. "When the reckless driver starts weaving, the army acts as the road barrier. Instead of rolling over the cliff, the bus hits the barrier."
 From the military's vantage point, the inroads by Islamic-oriented civil servants constitute a dangerous weaving. When President Ahmet Necdet Sezer twice refused to sign a decree authorizing the mass dismissal of government employees this summer, General Kivrikoglu stepped in with the thinly veiled demand that Parliament pass a law allowing the purge.
 Human rights advocates argue that a witch hunt could result from the dismissal of thousands of employees without a hearing. Similar legislation has failed to pass the fractious Parliament in the past and the outcome this time will provide an intriguing test of the military's power.
 On a quieter level, Turkish politicians said the generals have also warned the governing coalition not to go too far in softening laws that make it a crime to make speeches and write articles that can be interpreted as inflaming ethnic or religious differences, advocating an Islamic leadership or insulting the military. Here again the interests of the military and other hard-liners will collide with legislators who favor more democracy and are concerned about winning membership in the European Union.
 The legislators will face other tough issues, particularly on the economic side. Under prodding from the International Monetary Fund, Turkey has been fighting to reduce inflation and sell more state-owned businesses to the private sector. Parliament must approve a stringent new budget and the sale of three state- owned banks.
 In addition, hundreds of laws and regulations must be changed to meet European Union standards. For the same reason, an effort is expected to abolish the death penalty, a proposal that has already generated dissension within the three-party governing coalition. (DOUGLAS FRANTZ, New York Times, October 2, 2000)

La présidente de la commission des droits de l'homme écartée

 Mme Sema Piskinsüt, députée du parti de la Gauche démocratique (DSP) du Premier ministre Bülent Ecevit, et présidente de la Commission parlementaire des droits de l'homme, a été écartée de ses fonctions.
 La députée s'était faite remarquer pour ses critiques de la torture dans les commissariats et gendarmeries turcs et surtout pour avoir saisi et apporté au sein même du Parlement un falaka, instrument de torture très réputé chez les policiers turcs servant à suspendre un individu pour le fouetter. Les organisations de défense des droits de l'homme et la presse turque n'ont pas manqué de dénoncer l'éviction de Mme Piskinsüt de ladite commission, puisqu'elle n'y figure même plus comme simple membre.
 Voici la réaction de l'éditorialiste Fatih Altayli le 26 octobre dans le quotidien Hürriyet : "Ils ont encore trouvé le président de la commission en mettant une annonce dans la presse. Les qualités requises sont cela : Il doit être sourd pour ne pas entendre les victimes de la torture. Il doit avoir du savoir-vivre pour prévenir à l'avance les commissariats qui seront visités. Il doit être stupide pour croire que malgré l'annonce de sa visite un policier surpris de pratiquer le falaka ne fait en fait que carder le coton. Il doit résister aux chocs électriques pour ne pas être électrocuté lorsqu'il serrera la main des victimes. Il doit être retraité de la police, pour soumettre d'abord les rapports non pas au Parlement ou à la presse mais à son "chef" Tantan [ndlr : ministre de l'Intérieur]. De cette façon, la Turquie sera débarrassée de la honte de torture. Nous franchirons une étape de plus pour nous conformer à l'UE. Sema (Mme Piskinsüt) va partir et les accusations de tortures vont s'arrêter.". (CILDEKT, 30 octobre 2000)

LE TERRORISME DE L'ETAT / STATE TERRORISM

Les services secrets turcs ouvrent un centre de presse

 Les services secrets turcs du MIT ont inauguré le 3 octobre un centre de presse et apposé une plaque signalant leur présence à leur centrale à Ankara, pour la première fois de leur histoire.
 Le Premier ministre Ecevit, dont le bureau supervise le MIT, a assisté à la cérémonie en compagnie de plusieurs ministres et d'une foule de journalistes et s'est félicité de "l'ouverture d'un service de presse qui fournira l'occasion de recevoir des informations de première main sur le renseignement et la sécurité nationale".
 "La plupart du travail de renseignement se fait ouvertement. Nous sommes très probablement surveillés depuis l'espace au moment où nous tenons cette cérémonie", a-t-il ajouté.
 Le MIT a fonctionné dans le plus épais secret depuis sa création en 1965.
 Sa réputation avait été lourdement entachée en 1996 par le rapport officiel d'un inspecteur du bureau du Premier ministre qui avait dénoncé son implication dans les relations entre l'Etat et les milieux maffieux d'extrême droite. (AFP, 3 octobre 2000)

La Cour des droits de l'Homme condamne Ankara pour tortures

 La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné le 10 octobre la Turquie pour "violation du droit à la vie" d'un enseignant d'origine kurde, tué en 1993, et "torture" à l'encontre de son épouse qui avait porté l'affaire devant la juridiction de Strasbourg.
 La requérante, Nebahat Akkoc, dénonçait le meurtre de son mari, Zubeyir Akkoc, un professeur d'origine kurde, engagé dans des activités syndicales, abattu le 13 janvier 1993 par un ou des auteurs inconnus. Elle déplorait aussi l'absence d'enquête effective sur les circonstances de cette mort.
 Mme Akkoc, arrêtée en février 1994, se plaignait également d'actes de tortures commis pendant les dix jours de sa détention et des intimidations subies lorsqu'elle avait déposé sa requête devant la Cour européenne des droits de l'Homme, le 1er novembre 1993.
 Les juges européens ont alloué à la requérante la somme de 35.000 livres sterling (59.049 euros) pour dommage matériel, de 40.000 livres (67.485 euros) pour préjudice moral ainsi que 13.648,80 livres (23.027 euros) au titre des frais et dépens.
 La requérante, résidant à Adana, a assuré avoir été dévêtue, frappée, soumise à des chocs électriques, plongée dans de l'eau glacée puis dans de l'eau bouillante, et avoir été exposée à une forte musique ainsi qu'à de violentes lumières.
 La Cour européenne, qui a reconnu les actes de torture, a également jugé que les autorités n'avaient pas mené d'enquête efficace sur les circonstances du meurtre de M. Akkoc, lequel n'avait pas bénéficié d'une protection suffisante compte-tenu des risques inhérents à ses activités syndicales. (AFP, 10 octobre 2000)

Prolongation of State of Emergency

 National Security Council (MGK) gathered under the presidency of President Ahmet Necdet Sezer on 27 October. At the meeting it was decided to advice the Cabinet regarding the extension of the State of Emergency for Diyarbakir, Hakkari, Sirnak and Tunceli provinces. (Cumhuriyet, October 28, 2000)
Des enfants menacés de prison pour avoir violé le couvre-feu
 Un procureur de Sivas (centre) a requis le 26 octobre jusqu'à six mois de prison contre 51 personnes, dont 4 écoliers et 3 collégiens, qui avaient violé le couvre-feu très critiqué imposé le 22 octobre à toute la Turquie pour un recensement.
 Ils sont accusés d'avoir "désobéi aux ordres des autorités et risquent entre trois et six mois de prison", selon l'agence.
 Les écoliers ont indiqué dans leur témoignage qu'ils avaient été arrêtés par la police après être sortis jouer au football et n'avaient été relâchés qu'à la fin du couvre-feu de quatorze heures, à 16H00 GMT.
 Le couvre-feu a généralement été respecté, transformant la Turquie en pays fantôme, mais quelque 1.500 personnes avaient été interpellées par la police dans les rues pour l'avoir violé, tandis que quelque 950.000 recenseurs faisaient du porte-à-porte pour recueillir les données.
 Les autorités ont à nouveau annoncé, comme elles l'avaient fait lors du dernier recensement en 1997, qu'elles ne recourraient pas au couvre-feu pour le prochain recensement et mettraient en place un système informatisé. (AFP, 26 octobre 2000)

Onze militants de Greenpeace interpellés à Ankara

 Onze militants de Greenpeace ont été interpellés par la police turque alors qu'ils manifestaient le 26 octobre devant l'ambassade d'Espagne à Ankara pour demander le retour en Espagne d'un cargo chargé de déchets toxiques, a annoncé l'organisation écologiste.
 Des militants se sont enchaînés aux portes de l'ambassade et d'autres avaient accroché une banderole sur la façade du bâtiment proclamant: "Espagne, reprends tes déchets toxiques !" en turc et en espagnol.
 Les manifestants se sont dispersés après qu'un représentant de l'ambassade eut accepté de prendre une lettre dans laquelle ils pressent l'Espagne de rappeler un bateau chargé de produits toxiques actuellement ancré à Iskenderun (sud), sur la Méditerranée.
 Le bateau, à quai depuis février, contient des tonnes de déchets issus de la combustion du charbon provenant de trois centrales du nord de l'Espagne.
 Selon Greenpeace, le ministère turc de l'Environnement a demandé à ce que le bateau reste à quai jusqu'à ce que Madrid confirme son retour en Espagne, pour éviter un éventuel rejet des déchets en Méditerranée.
 Mais l'Espagne n'a toujours pas donné de réponse, assure l'organisation.
 "Nous pressons le gouvernement espagnol de prendre ses responsabilités et de demander le retour des déchets toxiques en Espagne", a souligné Tolga Temuge, du bureau de Greenpeace pour la Méditerranée, dans un communiqué de l'organisation. (AFP, 26 octobre 2000)

Manifestations anti-israéliennes en Turquie

 Le 4 octobre 2000:
 Une quinzaine de manifestants anti-israéliens ont été interpellés par la police turque à Istanbul devant les bureaux de la compagnie aérienne israélienne El Al.
 Les manifestants entendaient dénoncer les violences sanglantes dans les territoires palestiniens, mais n'ont pas eu le temps de faire de déclaration ou de déployer des banderoles devant la représentation d'El Al, située dans le quartier de Sisli (partie européenne de la métropole), selon l'agence.
 C'est la première manifestation de ce genre en Turquie depuis le début des affrontements entre militaires israéliens et Palestiniens.
 Le 7 octobre 2000:
 Une quinzaine de personnes qui manifestaient contre Israël et les violents affrontements avec les Palestiniens, ont été arrêtées par la police à Istanbul.
 Les manifestants s'étaient rassemblés dans le quartier européen de la ville en vue d'organiser une marche jusqu'au consulat américain et d'y rendre publique une déclaration dénonçant les "affrontements et la mort d'enfants palestiniens".
 Le 13 octobre 2000:
 Quelque 2.000 fidèles ont manifesté leur hostilité envers Israël à l'occasion de la grande prière du vendredi dans l'enceinte de la mosquée Sultanahmet d'Istanbul, certains brûlant un drapeau de l'Etat hébreu.
 Les protestataires, regroupés dans la cour intérieure de la mosquée à l'issue de la grande prière, ont lancé des slogans tels que "Palestine libre", "Israël assassin" et brandi des pancartes annonçant "Vive les enfants palestiniens armés de bâtons" et "Jérusalem est à nous", d'après les images montrées à la télévision.
 Un petit groupe a ensuite mis le feu à un drapeau israélien, toujours à l'intérieur de l'enceinte de la mosquée, sous les applaudissements de la foule.
 Le 14 octobre 2000:
 Des manifestations anti-israéliennes se sont déroulées sans incident devant les missions diplomatiques d'Israël à Ankara et Istanbul.
 A Ankara, une cinquantaine de manifestants rassemblés devant l'ambassade israélienne à l'appel de trois petits partis de gauche, ont condamné la violence "traditionnelle" des forces de sécurité israéliennes dans les territoires palestiniens.

Manifestations contre les nouvelles prisons

 Le 1er octobre 2000:
 A Ankara, une soixantaine de protestataires qui voulaient profiter de la rentrée parlementaire pour réclamer l'abandon des prisons "de type F" ont été mis en garde à vue avant de pouvoir marcher vers l'Assemblée Nationale.
 A Istanbul, ce sont 35 personnes qui s'apprêtaient à manifester contre ces nouvelles prisons qui ont également été emmené par la police anti-émeute, à proximité de la grande maison d'arrêt de Gaziosmanpasa.
 Voilà des mois que les familles de détenus, des "politiques" d'extrême gauche pour la plupart, et les associations de défense des Droits de l'Homme dénoncent la réforme du système carcéral lancée par le gouvernement.
 Plus d'une dizaine de prisons "de type F", faites de cellules avec un maximum de trois détenus contre des dortoirs de plusieurs dizaines de personnes actuellement, qui doivent être inaugurées cette automne en Turquie.
 Ce projet vise à mettre fin aux émeutes récurrentes et souvent sanglantes dans les centres pénitentiaires surchargés du pays.
 Le 24 octobre 2000:
 Dix-neuf 19 manifestants ont été blessés à Ankara lors d'affrontements avec la police pendant une manifestation contre la répression d'une révolte dans une prison de la capitale l'an dernier qui avait fait 10 morts parmi les détenus, a indiqué à l'AFP l'Association des droits de l'Homme (IHD).
 Deux policiers ont également été blessés lors des violences qui ont éclatées après intervention des forces de l'ordre à coups de matraques contre les manifestants.
 Quarante-six manifestants ont été interpellés, selon l'IHD.
 Les manifestants protestaient contre l'ouverture du procès de 86 détenus accusés d'avoir participé à la révolte dans la prison d'Ulucanlar en septembre 1999, qui avait été réprimée dans le sang. Dix militants d'extrême gauche avait été tués et 20 autres blessés.
 Une centaine de manifestants se sont réfugiés dans les locaux de l'IHD pour tenter d'échapper à la police, a précisé une porte-parole de cette principale organisation de défense des droits de l'Homme en Turquie. (Info-Türk)

Mutineries et prises d'otages dans les prisons turques

 Des détenus de droit commun d'une prison de la ville turque d'Adana (sud) ont pris le 23 octobre 21 de leurs gardiens en otage pour protester contre des transferts de prisonniers vers d'autres établissements pénitentiaires.
 Les détenus s'opposent au transfert dans la ville voisine de Gaziantep de quatre chefs d'un gang mafieux.
 Outre la prise d'otage, les mutins ont incendié tout un bloc de la prison et restent retranchés derrière des barricades.
 Ils ont mis fin à la mutinérie le 26 octobre après de longues négociations.
 Encore le 23 octobre, une mutinerie avec prise de gardiens en otages s'était déclenchée dans la prison de Bayrampasa à Istanbul, et avait pris fin le 24 octobre.
 Les mutins réclamaient la mise en oeuvre d'une amnistie annoncée l'an dernier par le gouvernement mais qui n'a jamais été déclarée.
 Le 27 octobre, une quarantaine de prisonniers, membres de l'organisation fondamentaliste clandestine Hizbullah, ont déclenché une révolte prenant en otages 16 gardiens. (Info-Türk)

L'appel urgent des prisonniers politiques

 Les prisonniers politiques en Turquie ont récemment adressé à l'opinion publique un appel urgent. Voici un large extrait de cet l'appel:
 "Comme vous savez, depuis un an une vague de répression a commencé sous le nom de 'Prison de Type F', contre nous les prisonniers politiques.
 "Jusquíà aujourdíhui, líEtat a cherché un terrain pour pratiquer cette politique. On a essayé de légitimer les cellules pour quíils deviennent acceptables par líopinion publique. La politique de la prison de type F níest pas limitée aux prisonniers révolutionnaires. (...) Il est clair que la substance de cet assaut díisolement est díanéantir nos identités politiques et de supprimer notre organisation dans les prisons. Depuis hier jusquíà nos jours, la politique de la prison díEtat se base sur la capitulation.
 "Le fait d'avoir imposé, juste après la coup fasciste de 1980, líuniforme et líéducation militaire aux détenus politiques,
 "La déclaration de 1 août 1990,
 "Le massacre de la prison de Buca en 1995
 "Le massacre de la prison de Umraniye en 1996
 "Les déclarations de mai et la réouverture du cercueil de Eskisehir
 "Le massacre de la prison de Diyarbakir en 1996
 "Et le massacre de la prison díUlucanlar en 26 septembre 1999, après líassaut dans les prisons de Burdur et Bergama,
 "sont des exemples des assauts de líEtat pour "anéantir" les prisonniers révolutionnaires.
 "Tous ces exemples montrent la volonté díEtat et sa cible. La cible, ce sont les prisonniers révolutionnaires, le but est de les faire capituler.
 "LíEtat a pris une décision après le massacre díUlucanlar: 'On va passer aux cellules'. Cette décision donnait un signal pour la forme de la nouvelle période. Encore une fois les prisonniers révolutionnaires étaient ciblés. (...)
 "LíEtat ne veut pas donner le droit de vivre à ceux qui ne pensent pas comme lui. Nous ne pensons pas comme líEtat. Pour cela, 'soit vous pensez comme nous soit nous vous exterminerons', 'soit vous direz ce que nous disons soit vous vous taisez, sinon nous allons vous faire taire par force', voilà ce que dit líEtat. (...)
 "Nos revendications:
 "1. Les Prisons de type 'F' quíon continue à construire jusquíaujourdíhui, qui visent líanéantissement des prisonniers révolutionnaires, qui visent à les isoler, à les torturer, doivent être fermées.
 "2. La loi anti-terroriste numérotée 3713 qui accuse le peuple entier avec la démagogie de 'terrorisme', qui légalise la pratique de la torture et qui protège les tortionnaires doit être supprimée avec toutes ses conséquences anti-démocratique.
 " 3.Le protocole connu par líopinion publique sous le nom de 'protocole trianguler' qui a été signé par le ministère de la Justice, le ministère de líIntérieur, le ministère de la Santé et qui contient suppression des droits des prisonniers comme droits de défense et de soigne et qui oblige une fouille indigne aux avocats, doit être supprimé.
 "4. Les Cours de Surêté de líEtat qui sont des tribunaux exceptionnels et qui ont été mises en place en 1984 doivent être supprimées avec toutes leurs conséquences.
 "5. Les prisons doivent être contrôlées par une commission constituée des médecins de la chambre de médecin, des avocats choisi par les prisonniers, des familles de prisonniers choisies par les prisonniers, des représentants de líassociation des familles des prisonniers et des organisations démocratiques de masses, des représentants du syndicat du Tum Yargi-Sen (syndicat de la magistrature), en certaine période déterminée.
 "6. Les responsables du massacre de:
 "Nos trois camarades massacrés dans la prison de Buca le 21 septembre 1995
 "Nos quatre camarades massacrés dans la prison de Umraniye 4 Janvier 1996
 "Nos dix camarades massacrés dans la prison de Diyarbakir le 24 septembre 1999
 "Nos dix camarades massacrés dans la prison díUlucanlar le 26 Septembre 1999
 "Et les responsables des nos plusieurs camarades blessés suite à ces attaques doivent être jugés rapidement dans un procès ouvert au publique.
 "Ceux qui ont attaqué à nos camarades, ceux qui ont violé, ceux qui ont arraché le bras díun de nos camarades, ceux qui ont blessé plusieurs de nos camarades et ceux qui ont donné líordre de cet assaut le 5 juillet 2000 dans la prison de Burdur, doivent être jugés rapidement dans un procès ouvert au public.
 "Nos plusieurs camarades ont été emprisonnés vivant en déferrant date. Pour que le statut díêtre détenue soit acceptable et légitime devant les lois et devant le peuple líEtat doit prendre sous garantie la sécurité de la vie.
 "7. Nos camarades malades et nos camarades qui gardent toujours des séquestres depuis le jeûne de mort de 1996 et nos camarades blessés par des attaques fascistes dans les prisons et à qui on a empêché des soins doivent être libérés immédiatement.
 "8. Quand nous étions en garde-à-vue en différents lieux et différentes dates nous étions torturés. Nos tortionnaires doivent être jugés et condamnés. Concernant ces tortionnaires nous avons posé des plaintes dans les commissions de líAssemble Nationale et aux Tribunaux. Líétat doit renoncer à la protection des tortionnaires avec les décisions des non-lieux.
 "9.Toutes les lois anti-démocratiques contre la lutte libertaire et démocratique du peuple doivent être supprimées. Les répressions sur le peuple kurde et les autres minorités doivent cesser."

A Child killed by the Supporters of MHP

 Sükrü Saritas (13) was shot dead in Mustafa Kemal quarter of Ümraniye, Istanbul by supporters of Nationalist Action Party (MHP).
 The incident was reported as follows: A car covered with MHP flags was stoned by a group of children in the entrance of the Mustafa Kemal quarter in late afternoon on 29 October.
 Upon this Ruzi Temiz got out of the car and opened fire on the children. Sükrü Saritas got hit by three bullets and died on the scene.
 Following the incident Ruzi Temiz and his brother Edip Temiz who was in the car were detained.
 It was reported that RuziTemiz had been the chairperson of the Ülkü Ocaklari (ultra-nationalist youth center activating in line with the MHP ideology) in Erbaa district of Tokat.
 Whereas Sükrü Saritas had been detained earlier for hanging a placard for the Revolutionary Peopleís Liberation Party (DHKP-C).
 Upon the killing of Sükrü Saritas about 1500 people gathered outside the Okmeydani Cemevi (a place of worship) on 30 October and held a protest act. (Sabah-Yeni Safak, October 31, 2000)

Human Rights violations in brief

@ Lawyer Kamil Tekin Sürek, member of the General Executive Board of the Laborís Party (EMEP) and a columnist with the daily Evrensel, who was detained following the meeting held by HADEP Youth Commission in Ankara on 24 June opened a case against the Ministry of the Interior with a compensation demand of TL 10 billion on the grounds of an unfair detention for 48 hours. (Evrensel, October 4, 2000)
@ The Istanbul Branch of the Human Rights Association (IHD) made a statement concerning press articles saying that, because the names of the victims had not been identified, no progress had been made in an investigation lodged following the Parliamentary Human Rights Inquiry Commission members discovering of torture tools at Küçükköy Police Station in Gaziosmanpasa Istanbul. (Zaman, October 4, 2000)
 @ The case opened against Sema Pektas, one of the lawyers of the youths tortured in detention in Manisa, for giving the photos of police officers on trial for torturing the youths to the members of media and thus ìabused her dutyî, started on 4 October. In the hearing at Manisa Heavy Penal Court, the court board requested to withdraw from the trial on the grounds that ìthey were not impartial as they also heard the case brought against the police officers.î The nearest criminal court, Izmir Heavy Penal Court shall decide on this request. Pektasí lawyer Pelin Erda disclosed that the cameraman of a TV channel had taken images from the ìcase file that had been open,î and these images had constituted the evidence against lawyer Pektas. (Radikal, October 5, 2000)
@ The appeal made against the conviction of Zeki Rüzgar, a lawyer with Peopleís Law Office, Ayse Betül Gökoglu, the Chairwoman of the Association of Solidarity for Human Rights and Families of the Convicted Prisoners (TAYAD) and Ali Ercan Gökoglu was reviewed at the Supreme Court on 4 October. The trial was postponed to 8 November for the verdict. (Radikal, October 5, 2000)
 @ Ankara SSC Prosecution Office opened a case against 19 executive members of HADEP, including its Chairman Ahmet Turan Demir, on charges of ìseparatist propaganda.î The indictment asserted that ìseparatist propaganda was disseminatedî as ìKurds are mentioned as a classî in the leaflet entitled ìFreedom, Equality and Peace,î which was distributed by the HADEP on 1 September 2000 World Peace Day. they were indicted with the demand of up to 3 yearsí imprisonment under Article 8 of the Anti-Terror Law. (Yeni Gündem-TIHV, October 5, 2000)
 @ The case brought for Mehmet Yasik, the mayor of Küçükdikili town of Adana elected from the HADEP list, and 5 staff members of the municipality on the accusations of ìaiding the PKK and sheltering its members,î continued on 4 October. The trial was postponed to 22 November for compilation of missing documents. The trial had been brought when copies of the now defunct daily Özgür Bakis and the journal Özgür Halk had been found at the Municipality building. In the trial, sentences up to 4 year 6 months in prison are sought for Mehmet Yasik, Abdülkerim Timur, Kutbettin Örnek, Emin Erin, Bekir Emen and Hasan Günes under Article 169 of the Turkish Penal Code. (Yeni Gündem-TIHV, October 5, 2000)
 @ Diyarbakir Branch of Egitim Sen (Trade Union of Education, Science and Culture Laborers) was raided by the police on 3 October. The raid was reportedly carried out in connection with the festival to be held on the occasion of 5 October World Teachers Day. The executive members of the trade union, who were not in the office during the raid, were detained at the schools they work. (Evrensel-TIHV, October 5, 2000)
 @ Diyarbakir Branch of the Association for Solidarity with the Families of Arrested and Convicted Prisoners (THAY-DER) was closed for 3 months under the State of Emergency Law. (Evrensel, October 5, 2000)
 @ The trial of Eren Keskin, the Chairwoman of the Human Rights Association (IHD) Istanbul Branch, on charges of ìinsulting the armyî in an interview published in the pro-Islamic Cuma (Friday) journal, started on 5 October. The prosecutor seeks a sentence up to 6 years in prison for Keskin under Article 159/1 of the Turkish Penal Code. In the trial, Mehmet Özen, the editor-in-chief of Cuma, and Ramazan Gözübüyük, the interviewer, are also prosecuted along with Keskin. (Yeni Gündem , October 6, 2000)
 @ A group of women who headed from Istanbul to Ankara upon the call of the 2000 World Womenís March Coordination, were hindered by the police in Düzce on 7 October. Upon this, the women held a sit-in act. Police officers hindered the march of the women after a while. During the police intervention, leg of Aysegül Senol was broken. Forty-two women were forcibly taken into the police buses and taken to Düzce Security Directorate, whereas 15 women were hospitalized.S (Yeni Gündem, October 8, 2000)
 @ Students adhering the Nationalist Action Party (MHP) attacked at the left-wing students at Firat University Central Campus in Elazig. The gendarme intervened in the incident, and detained some 30 students. A student, F. E., was stabbed in the leg during the incident. (Yeni Gündem, October 7, 2000)
 @ Izmir SSC Prosecution Office brought a trial against HADEP leader Ahmet Turan Demir in connection with a speech he delivered at the congress of the HADEP Manisa Provincial Organization on 6 September 1998. The indictment sought a sentence of 1 year to 3 years in prison for Ahmet Turan Demir under Article 8 of the Anti-Terror Law on the grounds that ìhe had supported the attacks by the PKK thus legitimized themî in his speech. (Yeni Gündem, October 7, 2000)
 @ Six Executive members of the Egitim Sen Trade Union Diyarbakir Branch were reportedly dismissed from their office by Diyarbakir Governorate. The Governorate made its decision on the grounds that the persons in question "attempted to hold an unauthorized festival; and the invitations prepared for this festival read in Kurdish, 'We will be honored to be with you in the period of evolution of peace and labor into freedom, Egitim Sen AMED Branch'." (Yeni Gündem, October 7, 2000)
 @ Fiwe Kurdish women who were detained along with their translator Murat Batgi at Habur Border Gate on 4 October when returning from Northern Iraq where they went in order to put initiatives to stop the recent clashes between the Patriotic Union of Kurdistan (PUK) and the PKK, were arrested. Two drivers who were detained along with them were released. (Yeni Gündem, October 8, 2000)
 @ The trial brought against Cem Alptekin, one of the lawyers of the "16 March Massacre" at Istanbul Criminal Court No. 6, continued on 9 October. Alptekin is prosecuted with the demand of a sentence between 3 to 14 years. (Yeni Gündem, October 10, 2000)
 @ The General Penal Board of the Supreme Court quashed the 1 year 3 monthsí imprisonment given to Hasan Celal Güzel, former Chairperson of the Re-Birth Party (YDP), by Ankara Court of First Instance. Hasan Celal Güzel had been prosecuted under Article 158 of the Turkish Penal Code on the accusation of "insulting former President Süleyman Demirel" in his statement published on the daily Yeni Günaydin dated 23 June 1997. However, Ankara Court of First Instance had insisted on its original judgement, and the case file had been referred to the General Penal Board of the Supreme Court. (Yeni Gündem, October 11, 2000)
 @ Sept militants kurdes ont été tués et trois soldats turcs blessés lors d'un affrontement dans la province de Sirnak frontalière avec l'Irak et la Syrie, a annoncé l'autorité chargée de l'état d'urgence à Diyarbakir. Le communiqué ne précise pas quand l'affrontement a eu lieu. (AFP, 11 octobre 2000)
 @ The case opened against Van Mayor Sahabettin Özaslaner and Batman Mayor Abdullah Akin, from Peopleís Democracy Party (HADEP), in connection with their statements during the Congress of the HADEP Agri Provincial Organisation held on 3 September 1998, commenced at Erzurum State Security Court on 11 October. The hearing was postponed for the compilation of the missing documents. The prosecution demands 1 to 3 years of imprisonment for Özaslaner and Akin, on the accusations of ìinciting people to hatred and enmity,î under Article 312 of the Turkish Penal Code. (Hürriyet, October 12, 2000)
 @ The demand of Necmettin Erbakan, the former Chairperson of the Welfare Party (RP), for the correction of the prison sentence decision taken by the Diyarbakir State Security Court was rejected. After examining the appeal made by the lawyers of Erbakan, Diyarbakir SSC Prosecution Office concluded that ìthere was no position to correct the decisionî and sent the case file to the Supreme Court. Erbakan had been prosecuted on the charges of ìinciting people to enmityî in a speech he had given in Bingöl on 25 March 1994 and had been sentenced to 1 year in prison at Diyarbakir SSC on 10 March. The decision had been ratified by the Supreme Court on 8 June. (Yeni Gündem, October 17, 2000)
 @ Mehmet Dilsiz, HADEP Cizre (Sirnak) District Chairperson, was detained in a raid on his house on 15 October. Behiye Dilsiz, wife of Mehmet Dilsiz reported that the gendarmerie locked the household in a room and searched the house and later forced them to sign a minute stating that ìA PKK flag, a walkie talkie and journals were found in the house.î (Yeni Gündem, October 17, 2000)
 @ Left-wing students at Ankara University, Language and History-Geology Faculty were attacked by the students of Nationalist Action Party (MHP) supporters on 16 October. The MHP supporters stabbed a student named Volkan Ayhan Koku in the arm. The leftist students heavily beat a MHP supporter who was involved in the attack. Following the incident plainclothes police officers entered in the faculty garden and dispersed the students by opening fire into the air. Koku was taken to the hospital and he was later detained. (Yeni Binyil, October 17, 2000)
 @ Lawyer Filiz Köstak disclosed that she was abused by the women warders under cover of search when she went to visit her client at Bursa Special Type Closed Prison. Filiz Köstak stated that they went to the prison together with lawyer Fatma Karakas the previous week and were taken in the search section. (Yeni Gündem, October 18, 2000)
 @ The case opened with the demand of the closure of the Association of Struggle against Unemployment and High Prices continued at Fatih (Istanbul) Court of First Instance No. 2 on 18 October. The trial was postponed for compilation of the missing documents. (Yeni Gündem, October 19, 2000)
 @ Mustafa Ocak, who set himself on fire at Istanbul Security Directorate after being detained on the charges of ìaiding the members of PKK at Bayrampasa Prison to establish a private telephone exchange,î explained what he had gone through at a press meeting held at the Human Rights Association (IHD) Istanbul Branch on 19 October. Ocak said he had set himself on fire in the cell he had been kept because in both detentions he was tortured psychologically and was threatened with death. (Yeni Gündem, October 20, 2000)
 @ The ìHealth and Prisonî meeting to be held at Izmir by the Turkish Medical Association (TMA) on 20 October was actually hindered by police officers. Dr. Metin Bakkalci, TMA Second Chairperson and Human Rights Foundation of Turkey, Treatment and Rehabilitation Centers Coordinator reported that the meeting was actually hindered due to the insistence of the police officers to take audio-visual recordings of the meeting. Adrian Van Es, International Federation for Health and Human Rights Organization (IFHHRO) Secretary General stated that he had very much regretted not being able to share their experiences with Turkish physicians. (TIHV October 23, 2000)
 @ Cafer Atan, a teacher who have allegedly informed the whereabouts of Ibrahim Kaypakkaya, leader of Turkish Workersí Peasantsí Liberation Army (TIKKO) in Tunceli in 1973 was killed in Istanbul, Sarigazi on 21 October. Atan was reportedly killed by 3 people who came to his house around 11:30pm. _brahim Kaypakkaya who had been wounded in a clash that broke out in Tunceli on 23 January 1973 had been caught in Vartinik village where he had found shelter, upon a warning. Kaypakkaya had died on 16 May 1973 at Ankara Security Directorate due to the torture inflicted on him. (Hürriyet, October 24, 2000)

PRESSIONS SUR LES MEDIAS / PRESSURE ON THE MEDIA

Procès contre un écrivain lors qu'il se trouvait à Paris

 Le romancier turc Ahmet Altan, actuellement à Paris pour la promotion de son dernier roman, a appris qu'il était poursuivi par la justice de son pays pour avoir critiqué l'armée, indique son éditeur français Actes sud.
 "Il lui est reproché d'avoir écrit un article paru en avril 2000 dans l'hebdomadaire Aktuel dans lequel il désapprouve le rôle de l'armée dans la vie politique intérieure de son pays. Le procureur de la république, se référant à l'article 159 du code pénal qui stipule l'interdiction de dénigrer publiquement l'armée, requiert sept ans de prison contre Ahmet Altan", précise l'éditeur.
 Né en 1950, Ahmet Altan lutte depuis près de trente ans en faveur de la démocratie. Journaliste --il fut notamment rédacteur-en-chef du journal Milliyet (centre-gauche)-- il a écrit plusieurs romans qui ont eu beaucoup de succès dans son pays comme "Automne pendant quatre saisons", "Les contes dangereux" et "Comme une blessure de sabre". C'est ce dernier livre qu'il est venu présenter cette semaine à Paris.
 Jugé par la cour de Sûreté de l'Etat, Ahmet Altan a déjà été condamné à 20 mois de prison avec sursis en 1995, à la suite de la publication d'un article sur les Kurdes qui avait déplu à l'armée turque.
 Le 5 octobre, Ahmed Altan n'avait pas encore indiqué quelles étaient ses intentions face à la justice turque. (AFP, 5 octobre 2000)

Quotidien suspendu pour dix jours

 Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre la "suspension pour dix jours du quotidien d'extrême gauche 'Yeni Evrensel'". Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au ministre de "revenir sur cette décision".
 Depuis le début de l'année, deux autres journaux, le mensuel "Deng" et l'hebdomadaire "Roja Teze", avaient déjà fait l'objet de suspensions, respectivement pour trente et quinze jours.
 L'organisation a également rappelé que "la Cour européenne des droits de l'Homme a récemment condamné la Turquie, à deux reprises, pour avoir violé la liberté d'expression".
 Selon les informations recueillies par RSF, la rédaction du quotidien "Yeni Evrensel" a été informée, le 5 octobre 2000, que le journal serait suspendu pour dix jours à partir du 6 octobre. "Yeni Evrensel" a été sanctionné en vertu de l'article 312 alinéa 2 du code pénal pour "incitation à la haine, et à la discrimination raciale et régionale" suite à la parution d'un article, le 6 juin 1999, intitulé "La question kurde et la lutte pour l'égalité des droits".
 Le 14 juin 2000, la Cour de cassation n°8 d'Istanbul avait confirmé la condamnation du rédacteur en chef du journal, Tuncay Seyman, à une amende et à une peine de prison d'un an et huit mois - commuée en amende - et la suspension du journal pour dix jours. (RSF/IFEX, 6 octobre 2000)

Campagne internationale pour Yagmurdereli

 Le sort de l'avocat-écrivain turc aveugle qui a déjà passé 17 de ses 55 années d'existence dans les geôles turques pour délit d'opinion suscite une émotion grandissante dans l'opinion publique internationale.
 Le 29 septembre, le barreau de Bordeaux, au cours d'une cérémonie émouvante à l'Ecole nationale de la magistrature en présence de nombreuses personnalités a remis son prestigieux Prix Ludovic Trarieux des droits de l'homme au fils de Me Yagmurdereli.
 Le 13 octobre, 11 ONG occidentales dont la Fédération Internationale des journalistes, Human Rights Watch, la Fédération Internationale des association et institutions des bibliothèques, le PEN International, les PEN américain et canadien, ont adressé une lettre commune au Premier ministre turc Bülent Ecevit lui "demandant avec force, de décréter, à l'occasion de la fête nationale turque du 29 octobre, une vaste amnistie et afin de démontrer la détermination du gouvernement turc de se conformer aux normes internationales des droits de l'homme et aux principes de libre expression de libérer immédiatement et inconditionnellement de prison Esber Yagmurdereli".
 Les signataires rappellent que E. Yagmurdereli "aveugle depuis l'âge de dix ans a poursuivi sa campagne pour faire connaître le sort des Kurdes et autres violations des droits de l'homme en Turquie tout au long de son procès et de son emprisonnement en dépit des risques pour lui-même et a gagné respect et admiration à la fois en Turquie et à l'étranger. A mesure que se prolonge l'emprisonnement de Yagmurdereli croît l'outrage dans la communauté mondiale des droits de l'homme et des artistes".
 Plus de 250 écrivains, issus d'une douzaine de pays ont signé, un appel international en faveur de la libération de Me Yagmurdereli. Parmi les signataires de cet appel adressé au Premier ministre turc un fort contingent d'écrivains américains, scandinaves, britanniques et tchèques.
 Lors de sa visite officielle en Turquie le président tchèque s'est fait le porte-parole de cette mobilisation internationale en demandant au président turc la libération rapide de l'écrivain-avocat emprisonné. (CILDEKT, 19 octobre 2000)

Raid on the of the journal Yasadigimiz Vatan

 The office center of the journal ìYasadigimiz Vatanî (the Native Land we live on) in Cagaloglu, Istanbul, was raided by the police officers during the morning hours on 31 October.
 Upon the workers of the journal locking the doors the police officers entered into the office breaking the doors and pulling down the wall with a sledge-hammer.
 The police officers destroyed the office property and detained the workers together with around 30 people who came to support the office workers. (Cumhuriyet, October 31, 2000)

International appeal for gathering in Istanbul

 Sara Whyatt, Programme Director Writers in Prison Committee International PEN, has issued the following appeal to the world opinion:
 "Below are the details of a Freedom of Expression Conference to be held in Istanbul on 20-22 November 2000.  "The coordinator is Sanar Yurdatapan, whom many of you have met at the PEN Congress in Edinburgh, 1997 - and indeed during the previous Free Expression Conference in Istanbul the same year.
 "Yurdatapan continues to campaign against repression of free expression, and has published a series of challenging booklets with articles by dissidents, including Esber Yagmurdereli, the detained playwright. As a result, he and several other writers and intellectuals are facing the courts. Yurdatapan himself faces imminent imprisonment.
 "The WiPC headquarters whole-heartedly supports the Freedom of Expression (FoX) campaign, and intends on having Eugene Schoulgin represent it at the meeting. If any of your centres are keen on attending, Yurdatapan is able to cover all costs in Turkey although cannot pay for travel. Contact him directly on the email given with a copy to this office.
 "I do hope that you can join with Yurdatapan and his colleagues in their important campaign to end free expression abuses in Turkey.
 "Sanar Yurdatapan email address: antenna@superonline.com Tel: +90216 310 1173 Fax: + 90 216 492 0504
 "(1): First one was held on 10-12 March, 1997, in co-operation with Amnesty International and PEN Int. WIPC. 19 writers from 11 countries participated. (USA, Canada, Mexico, GB, Germany, Holland, Sweden, Finland, Russia, Israel, and Palestine.)
 "(2): All of these organizations are invited to participate and most of them accepted. But some of them have not given their official approval yet." (IFEX/WiPC, November 2, 2000)

Freedom of expression violations in brief

 @ The case opened against director Servet Özkan together with the executives Cezmi Arkis and Rifat Duman who were detained and later arrested following the raid carried out on the Mersin branch of the Mesopotamia Culture Center (MKM), commenced at Adana State Security Court (SSC) on 3 October. They are prosecuted on the charges of ìhelping and abetting the PKKî and 3 years 9 months prison sentence is demanded under Article 169 of the Turkish Penal Code. (Yeni Gündem, October 4, 2000)
 @ The Supreme Court ratified the 10-day closure penalty given by the SSC to the daily Evrensel in connection with A. Cihan Soyluís article titled ìKurdish Problem or struggle for ëabsolute equality of rightsíî published on 6 June 1999. At the hearing which was held at Istanbul SSC, editor-in-chief, Tuncay Seyman, had been sentenced to 1 year 8 months imprisonment and fined to TL 6 million under Article 312 of the Turkish Penal Code. (TIHV, October 6, 2000)
 @ M. Salih Kiran, a vendor for the newspaper Yeni Gündem in Mardin, who was harassed on the street and detained by the police on 6 October, was arrested by the Court he was referred to by the Prosecution Office. (Yeni Gündem, October 8, 2000)
 @ Writer Nihat Behram won the compensation case he opened against the Ministry of the Interior on the grounds that he had been detained unlawfully. Behram had been detained at the Istanbul Atatürk Airport on 29 November 1997 on the grounds that an arrest warrant in absentia had been issued for him. Nihat Behram had claimed TL 250 million from the Ministry of Interior and received TL 100 million in compensation for unlawful detention. Nihat Behram had been put on trial in 1984 on the charges of ìmaking communist propagandaî in an article titled ìThree Shoots on a Gallowsî published in the daily Vatan on 1976, but the trial had been dismissed on 1 December 1989 due to time lapse and the decision of arrest in absentia had been lifted. (Yeni Binyil, October 12, 2000)
 @ The 12th issue of the newspaper ìAnadoluída Yasamî was confiscated by Istanbul SSC Public Prosecution Office on the grounds of ìdisseminating separatist propagandaî in an article titled ìAlawites and Getting Organized (Aleviler ve Örgütlülük).î (Yeni Gündem, October 14, 2000)
 @ The trial of Yavuz Önen, TIHV Chairman, Hüsnü Öndül, IHD Chairman, Mehmet Atilla Maras, former Chairman of the Writers' Association, Yilmaz Ensaroglu, Mazlum-Der Chairman and Salim Uslu, Hak-is Chairman in connection with signing as publishers the book entitled ìFreedom to Thought 2000,î which contains a banned book and 60 articles continued on 17 October. The hearing was postponed to 11 December for the defendants to prepare their defense. (TIHV, October 18, 2000)
 @ The lawyers of the comic Pine, which is published in Kurdish, applied to the European Court of Human Rights, as the comic has not been allowed in the State of Emergency Region since 12 March. Lawyer Cihan Aydin stated that the name of the comic had been changed 7 times but the ban on its entrance in the State of Emergency Region continued. He said, ìDomestic remedies have been exhausted according to us. For this reason, we have applied to the ECHR.î (Yeni Gündem, October 21, 2000)
 @ Bahçelievler (Istanbul) District Governor banned a festival to be held by Bahçelievler Democracy Platform, on the grounds that ìsecurity could not be maintained and illegal organizations would hold demonstrations." (Evrensel, October 21, 2000)
 @ Police officers intervened in the panel titled ëGlobalization and Mediaí held by Karadeniz Günesi, Potkal and Serander journals in Trabzon on 30 October and detained 12 people. The police officers entered the Hamamizade Ihsanbey Culture Center where the panel was held and attempted to detain Köksal Kayisi, writer with the Isçi journal on the grounds of an arrest warrant in absentia issued for him. Upon the participants stating that Kayisi can only be detained at the end of the panel a row occurred between the police officers and the participants.(Hürriyet, October 31, 2000)

FORCES ARMEES / ARMED FORCES

La part du lion pour l'Armée dans le budget 2001

 Le ministère turc de la Défense aura, dans le projet de budget pour l'année 2001, la part du lion avec 7,6 milliards de dollars, selon les chiffres rendus public le 18 octobre par le ministre des Finances, Sumer Oral.
 L'ensemble du budget pour l'année prochaine est de 72,1 mds de dollars dont 7,6 mds seront alloués à la Défense, soit environ 10,5% du budget total après les sommes allouées au Trésor et au ministère des Finances.
 L'éducation et les dépenses de santé suivent avec respectivement 6 mds (8,4%) et 1,9 mds (2,6%) de dollars dans le budget qui prévoit un taux de croissance de 4,5%.
 En 2000, le budget alloué à la défense était de 6,1 mds de dollars (8,8% du budget). "Les réformes structurelles seront poursuivies et le programme économique lancé début 2000 sera maintenu afin d'atteindre nos objectifs", a dit M. Oral lors d'un point de presse.
 Il a souligné que l'inflation sera ramenée à 10% fin 2001.
 Le gouvernement turc a annoncé récemment qu'il devrait réviser à la hausse ses objectifs de ramener l'inflation chronique à 20-25% fin 2000 bien que pour la première fois depuis la fin des années 80, l'inflation soit descendue sous la barre des 50% en septembre, à 49% en glissement annuel.
 La Turquie vise à juguler l'inflation dans le cadre d'un accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui a accordé en décembre un crédit de 4 milliards de dollars sur trois ans pour son ambitieux programme de réforme économique.
 Le projet de budget doit être voté au parlement dans les prochaines semaines.
 La Turquie, avec la plus grande armée en nombre au sein de l'OTAN après les Etats-Unis, son plus important fournisseur d'armes, entend dépenser quelque 150 milliards USD pour moderniser son armée sur les 30 prochaines années. (AFP, 18 octobre 2000)

MGK "Recommendations" to Government Outlined

 Adoption of new measures to combat the threats against the secular system was debated during yesterday's session of the National Security Council [MGK].
 A MGK General Secretariat report, "Strategy for Fighting Reactionism," prepared at the prompting of a directive issued by the Office of the Prime Minister, voices the need to adopt new steps and radical measures, especially in the fields of education, judiciary, and executive, and proposes an action plan for this purpose.
 Among others, it calls for the raising of the compulsory education from eight to 12 years, transforming Imam-Hatips into vocational schools by barring female student attendance, purging ministries and universities of reactionary cadres, and enforcing strict administrative and financial control over societies, trusts, and Islamic business groups.
 The four and half-hour MGK meeting was held at Cankaya presidential mansion under the chairmanship of President Sezer.
 The meeting assessed the results of the three-month implementation of the "Strategy for Fighting Reactionism," which had been put into effect with a directive issued by the Office of the Prime Minister.
 A report on this issue submitted to the meeting by the MGK General Secretariat states that "reactionism continues to remain the number one threat against the Republic of Turkey" and lists the measures that should be adopted to combat it.
 The report says the strategy for combating reactionism "encompasses measures that should be taken as regards education, staffing, reactionary businesses, public relations, the institutions involved in anti-reactionary struggle, and foreign elements supporting reactionism."
 Reiterating that every ministry should be responsible for monitoring its own personnel, the report goes on to list the following institutions that should specifically combat reactionism:
 State Ministries responsible for the economy; the Ministries of Justice, Interior, Foreign, Finance, and National Education; the Customs Undersecretariat; the High Education Council [YOK]; Religious Affairs Department; and General Directorate of Trusts.
 In listing the new steps that need to be taken by the ministries and the institutions in the struggle against reactionism, the report also calls for extra vigilance in looking into the allegations surrounding "reactionary sportsmen."
 [reference is to a sportsman at Sydney Olympics who refused to wear a uniform with Turkish flag on and even refused to compete]
 The prison revolts and the amnesty issue were also debated at the meeting.
 The military branch of the MGK asked that the sensitivity of the public should be taken into consideration over the amnesty of convicts that have committed crimes of terror.
 Minister of Interior Tantan submitted a report to the meeting on the latest situation concerning the issue of the bankrupt banks.
 The MGK called for decisive measures against the bankrupt banks and gang crimes.
 It was also decided that the Cabinet should be informed of the extension of the State of Emergency in Diyarbakir, Tunceli, Hakkari, and Sirnak for another four months as of 30 November.
 The meeting also evaluated the latest developments on the "so-called Armenian genocide" claims.
 To combat Armenian claims, the  meeting looked into the possibility of setting up a scientific institution  made up of scholars from all over the world.
 The institution will be run from a single center to be set up at a university.
 Foreign Minister Ismail Cem briefed the MGK on the latest developments concerning the Middle East peace process.
 The meeting decided that Turkey should continue its contributions to the Middle East peace process. (Sabah, October 28, 2000)

QUESTION KURDE / KURDISH QUESTION

Continued Repression of Kurdish Publications

 As with previous issues, issue number 61 of the weekly newspaper Roja Teze (New Day) has been seized following a directive from the public prosecutor of the 5th State Security Court. According to chief editor of the newspaper, published in both Turkish and Kurdish, a total of 32 issues have been seized because of separatist propaganda.
 Similar arguments have been used in the prosecution of the Gaziantep newspaper Firatía Yasam (Life on the Euphrates).
 According to the publisher, Mehmet Boncuk, further issues of this newspaper have been banned under Article 20 of the Turkish Press Act, §5, paragraph 6. Since January 1999, 23 issues from a total of 77 have been seized and their distribution banned.
 Publishers from both newspapers have made press statements protesting against the repression of their publications as well as breaches of freedom of the press and freedom of thought in Turkey. (Roja Teze/IMK, September 20, 2000).

Onze membres du HADEP arrêtés pour soutien au PKK

 Onze membres du parti pro-kurde de la démocratie du peuple (HADEP) ont été placés en état d'arrestation le 1er octobre pour soutien aux rebelles kurdes de Turquie, a-t-on appris le 2 octobre de source de sécurité locale à Diyarbakir (sud-est).
 Le président provincial du HADEP à Sirnak (sud-est), Resul Sadak, et d'autres dirigeants locaux, interpellés le 23 septembre, ont été officiellement arrêtés pour soutien au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et incarcérés après avoir comparu devant un tribunal de cette ville, a-t-on précisé de même source.
 Une source des services de sécurité à Diyarbakir, plus importante ville du Sud-est anatolien, avait alors expliqué les interpellations par la saisie de trois grenades et d'un fusil automatique dans l'une des voitures d'un convoi du HADEP qui rentrait à Sirnak d'une province voisine.
 "Ces allégations sont dénuées de tout fondement", a affirmé le HADEP dans un communiqué, en dénonçant un complot politique et en demandant la libération "immédiate" de ses membres.
 Selon le HADEP, ces arrestations font partie des efforts des autorités pour empêcher l'implantation du HADEP à Sirnak. (AFP, 2 octobre 2000)

Plus de 20 tués dans des accrochages entre UPK et PKK

 Des accrochages opposaient le 2 octobre des combattants de l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) et des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak, a-t-on appris auprès de l'UPK qui a déploré 22 tués en plus de deux semaines.
 Selon un porte-parole de l'UPK, Fouad Maasoum, sa formation a perdu 10 combattants dans de violents échanges de tirs avec les rebelles du PKK qui "cherchent à occuper des zones" sous le contrôle de l'UPK, près de la frontière avec l'Iran.
 "Dix autres combattants ont été tués le 15 septembre. Deux jours plus tard, 2 autres combattants ont trouvé la mort en essayant de contrer une offensive du PKK dans la région de Kardakh," à des dizaines de km du triangle de la frontière irako-irano-turque, a ajouté à l'AFP M. Maasoum depuis Londres où il est basé.
 Le Kurdistan irakien échappe au contrôle du régime de Bagdad depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991. L'UPK contrôle la partie est de ce territoire, frontalier de l'Iran, alors que son rival, le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK), tient le secteur proche de la Turquie qui mène de fréquentes incursions en territoire irakien.
 En juillet, le Premier ministre turc Bulent Ecevit avait rencontré M. Jalal Talabani et l'a remercié pour sa lutte contre le PKK, marquant un rapprochement avec l'UPK qu'Ankara accusait auparavant d'aider les séparatistes turcs. (AFP, 2 octobre 2000)

Turkish police arrest 6 for sending Kurdish invitations

 Turkish police have arrested six teachers for sending out Kurdish-language invitations to a meeting in the country's mainly Kurdish southeast, a police official said on October 4.
 Turkey is under pressure to ease its tight restrictions on Kurdish linguistic and cultural rights after being accepted as a candidate for European Union membership late last year.
 But many here oppose such moves, fearing they could fuel nationalism and pave the way for a separate Kurdish state.
 Police in the regional capital Diyarbakir arrested the teachers, senior members of a teaching union, on October 3, and found documents praising the activities of Kurdish separatist guerrillas at the house of one, the police official said.
 The teachers were arrested because they had sent out invitations for a celebration of World Teachers Day on October 5 written in both Turkish and Kurdish, he said.
 "Publishing and distributing invitations in Kurdish is a crime under the law," he said. (Reuters, October 4, 2000)

Turkey's Foreign Minister Blocks OSCE Visit

 It has become definite that Foreign Minister Cem is the person who prevented the OSCE [Organization of Security and Cooperation in Europe] from visiting Turkey.
 The OSCE had planned this visit in order to obtain information on minority rights from the Turkish Government, opposition parties, and nongovernmental organizations.
 It has been revealed that Turkish Foreign Minister Ismail Cem -- who is striving to score points in Europe in order to achieve EU membership with words, such as the use of the Kurdish language on TV and in education -- has personally prevented the investigation into minority rights in the country.
 The OSCE has verified the report that appeared in our newspaper yesterday, which noted that Max Van Der Stoel, the OSCE National Minorities inspector, was not allowed to conduct an investigation on minority rights in Turkey.
 The news, which was reported by Ozgur Politika and was based on Turkish sources, emphasized that the Turkish Foreign Ministry did not allow Stoel to conduct an investigation on the rights of minorities.
 A high level official who is a member of the OSCE National Minorities Inspector's office in Lahey, a city in Holland, provided information on the issue to our paper yesterday and mentioned the existence of an ongoing communication between Stoel and Turkish Foreign Minister Ismail Cem on this matter.
 The official also emphasized that Stoel was not given permission to conduct an investigation on minority rights. (Ozgur Politika, October 5, 2000)

Visite de Massoud Barzani en Turquie

 Après la visite de Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), Massoud Barzani, leader du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK), est arrivé en Turquie le 3 octobre pour s'entretenir avec le Premier ministre turc Bülent Ecevit des derniers développements dans sa région. Il s'est entretenu également avec le chef des services secrets turcs (MIT), Senkal Atasagun et le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Faruk Logoglu.
 M. Barzani a indiqué que la Turquie avait payé des compensations à des familles kurdes irakiennes, victimes d'un raid de l'aviation turque mené en août dans la région.  La Turquie avait reconnu le 18 août y avoir mené trois jours auparavant, ajoutant qu'elle étudiait les allégations selon lesquelles cette attaque avait tué plus d'une quarantaine de civils. (CILDEKT, 6 octobre 2000)

Une fédération mondiale accusée de séparatisme

 Le 22 septembre dernier, le quotidien turc "Hurriyet" a publié un éditorial signé de son rédacteur en chef, selon lequel un séminaire, organisé en octobre par la Fédération mondiale des cités unies (FMCU) et la municipalité de Diyarbakir en Anatolie du sud-est, serait de nature à nuire au "projet de paix et de l'union de l'HADEP avec la Turquie tout entière" en s'adressant uniquement aux villes d'Anatolie du Sud-Est.
 La Fédération Mondiale des Cités Unies (FMCU) est une grande organisation internationale de 1500 collectivités locales qui s'est fixée pour missions d'agir en faveur de la paix, des échanges entre les peuples, de la coopération internationale entre pouvoirs locaux, de la démocratie, de l'autonomie locale et de l'amélioration et de la pérennisation de notre cadre de vie.
 Elle oeuvre aussi pour que ceux qui sont les plus proches des citoyens, les élus locaux, soient mieux entendus au niveau international. Nos interlocuteurs sont donc les maires des villes, et non des représentants de partis politiques, quels qu'ils soient.  (CILDEKT, 6 octobre 2000)

Kurdish Lawyers on Trial

 The case opened against 24 lawyers from Diyarbakir Bar upon the testimony of a repentant PKK militant named Abdülhakim Güven in 1993 continued at Diyarbakir SSC on 25 October.
 At the hearing, Lawyer Sezgin Tanrikulu said that they had applied to the European Court of Human Rights, and added, "In the case file, it said that the apprehension document issued for Lawyer Tahir Elçi had listed certain evidence of offenses.
 However, the documents that the Government had sent to the ECHR did not mention any evidence that had been listed in the apprehension document. It has been claimed that the lawyers had participated in the Kurdistan National Assembly that had conveyed in Zele Camp in 1993. However, if you look at the minutes of courts on those days, it will be seen that the lawyers had attended trials at the SSC."
 At the hearing, the Court Board rejected the lawyersí demand of a detailed investigation, and postponed the trial to 19 December in order to hear the final defenses as to the accusations. (Yeni Gündem, October 26, 2000)

Kurdish Businessmen To Hold Economic Congress

 Kurdish businessmen have decided to gather together to hold the first Kurdish economic congress. The congress will be held in December. Holding an historic meeting in Paris on Sunday, 8 October, Kurdish businessmen from Britain, Sweden, Switzerland, France, the Netherlands, and Germany gathered in the conference hall of Hotel Campanile. Kurdish businessmen from Denmark and Austria announced that they support the one-day meeting and that they approve of the decisions that will be made.
 Stressing that with the end of the war, the Kurdish market has become more attractive, the speakers noted that domestic and foreign capitals are very active in the region. Noting that American, European, Japanese, and Turkish investors visit Kurdistan in order to use the peaceful environment, the Kurdish businessmen stated that these circles make serious efforts to put the experience of the organized Kurdish people to good use.
 The speakers also gave examples of this. Drawing attention to the fact that the world is undergoing globalization, the speakers underlined that world capital is seeking business relationships with ethnic groups and added that as a result, there are efforts to develop relations with Kurdish employers. Explaining that the activities of Kurdish capital have also intensified in Turkey and Europe, the Kurdish businessmen stressed that all the sectors want to establish relations with Kurdish capital in their own field. Kurdish businessmen added that there is great competition to this end. (Ozgur Politika, October 11, 2000)

Returned Villagers Again Forced Out

 After Turkish Prime Minister Bulent Ecevit made announcements about the return to the village, 12 families obtained permission from the officials and returned to their hamlet of Akcapinar in the Lice district of Amed (Diyarbakir). There, they were to live yet a second trauma when the homes they had repaired were burned down by soldiers. The villagers are preparing to open cases against the Prime Ministry, the Interior Ministry, and military officials.
 Twelve families who were forced to migrate from their hamlet of Senlik tied to the Akcapinar village in November 1993 returned to their village five months ago. The villagers repaired their homes and some of them built new homes, but their joy did not last long.
 Soldiers tied to the Lice Gendarmerie Command raided the village on October 5 and set their homes alight and burned them down. Mehmet Akkus, Ahmet Budak, Mehmet Nazlier, Mehmet Nazli, Abdullah Opsin, Mustafa Nazlier, and Omer Nazlier were detained on allegations that they had not been authorized to return to the village. In addition to their homes, their vegetable gardens were also destroyed during the raid. Murat Opsin, who was in the village at the time of the raid, described what happened as follows: "About 200 soldiers came. They gathered all of us in the village center and insulted us, saying, 'You did not give information to the state. You have no right to live here.' After that, they burned our houses. They pulled up the crops out of the fields too."
 The villagers of Akcapinar once again migrated to Amed.  Mehmet Nazlier, one of the villagers whose concrete home was burned in Akcapinar, applied to the Diyarbakir Human Rights Association (IHD) for assistance. Nazlier said they would open a case against Prime Minister Ecevit for material and moral damages, and said the following: "The Prime Minister said that they would give assistance in the form of iron and cement for those who return. That's why I returned to the village. I got help from neighboring villages and my relatives and built a house for myself. My son worked with the DSP Youth Wings in the 1987 elections. I built my home because I trusted the Prime Minister, but they burned it."
 IHD Deputy Chairman Osman Baydemir said that the government had not acted sincerely on the return to the village project and said that they would file charges against the officials concerned. (Kurdish Observer, October 16, 2000)

Les forces de l'Etat continuent de torturer des Kurdes

 Au terme des enquêtes menées dans la ville kurde de Batman et dans les villes voisines de 1998 à 2000, la Commission des droits de l'homme du Parlement turc vient de rendre public un rapport fourmillant de témoignages insoutenables de victimes de tortures. Selon ce rapport, les personnes placées en garde-à-vue à Batman et dans les villes voisines ont subi d'une manière routinière les mêmes tortures. La routine consistait à "leur faire visiter les sites historiques et touristiques du pays" avec des musiques et des tortures adaptées à chaque étape de ce singulier tourisme. Les tortionnaires semblent avoir une prédilection particulière pour une marche des Janissaires ottomans partant en guerre contre les infidèles européens, Mehter Marsi, puisque toutes les victimes kurdes ont déclaré à la Commission avoir été torturées en compagne de cette musique jouée à fond où les tortionnaires se donnaient du c ur à l'ouvrage à chaque occurrence des strophes célèbres "marche en avant, le soldat turc, ne recule jamais".
 Présidée par Mme Piskinsut, députée du DSP de M. Ecevit, peu suspecte de sympathie pro-kurdes, la Commission a consigné une série de témoignages d'où il ressort que la police est assurée de l'impunité et que la justice, au courant de la torture, a condamné les prévenus sur la base de dépositions arrachées sous la torture.
 Rendant compte du rapport, le quotidien Milliyet, dans son édition du 14 octobre, cite le témoignage d'une victime comparaissant devant le tribunal à Batman. Alors qu'il rejette toutes les accusations portées contre lui, le juge lui dit:"mais vous les avez bien reconnues dans votre déposition à la police", "J'ai dû signer ce texte sous la torture" affirme le prévenu. Et le juge de l'admonester: "vous ne pouviez donc pas résister deux jours de plus à la torture?".
 D'autres victimes parlent des méthodes de tortures dénommées "voyages vers l'espace, vallée de la mort", etc. Que parmi ces milliers de victimes de la torture quelques unes s'adressent à la Cour européenne et obtiennent après 7 ou 8 années de démarches une condamnation symbolique de la Turquie ne semble nullement déranger les policiers dans leur pratique quotidienne de la torture des Kurdes. (CILDEKT, 19 octobre 2000)

La campagne des 101 représentants américains

 101 membres du Congrès américain ont, le 20 octobre, soutenu la résolution 461 de la Chambre des représentants appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de Leyla Zana, Orhan Dogan, Hatip Dicle et de Selim Sadak, quatre députés kurdes du Parlement turc emprisonnés et ont également demandé la levée des interdictions sur la langue et la culture kurdes.
 En 1999, 153 membres du Congrès américain avaient signé une lettre adressée au président Clinton, lui demandant d' uvrer pour la libération des députés kurdes. Les autorités turques n'avaient pas cédé à la demande, mais avaient offert à Leyla Zana la possibilité de la libérer si elle faisait une demande pour raison de santé. L. Zana avait refusé de se prêter à ce genre de man uvre et avait préféré rester solidaire de ses collègues. Les quatre députés kurdes se trouvent depuis mars 1994 incarcérés à la prison Ulucanlar d'Ankara.(CILDEKT,  30 octobre 2000)

Trois villageois kurdes tués par les soldats turcs

 Trois villageois kurdes, autorisés par la gendarmerie de Hakkari à aller cueillir des noix de leurs villages vidés par la force il y a déjà quelques années, ont, le 22 octobre, été tués par les soldats turcs venus de la province voisine de Sirnak. [ndlr : Selon les statistiques officielles, plus de 3400 villages kurdes ont été évacués par les militaires turcs].
 Une des victimes blessées, seul rescapé de l'opération, est arrêtée et les corps des trois autres ne sont toujours pas rendus à leurs familles. Aussi, Macit Piruzbeyoglu, député de la Mère patrie (ANAP) de Hakkari, est-il intervenu auprès du ministère de l'intérieur afin que les victimes aient au moins une sépulture décente. Mais, les corps restent introuvables jusqu'à présent et les familles accusent les soldats de les avoir dissimulés.
 Mehmet Kurt, Cevher Orhan, Salih Orhan et Kemal Tekin, domiciliés au village de Marunis (Yoncali en turc), dans la province de Hakkari, avaient été déplacés en 1993 à Xacort dans la province de Van par les militaires turcs. Après avoir obtenu l'autorisation de la gendarmerie centrale de Hakkari, les quatre villageois étaient venus le 19 octobre dans leur village pour la récolte annuelle des noix. (CILDEKT, 30 octobre 2000)

Un maire kurde accusé de séparatisme

 Le procès de Mme Cihan Sincar, maire HADEP de la ville de Kiziltepe, accusée de porter atteinte à l'intégrité territoriale de la Turquie sur le fondement de l'article 8 de la loi anti-terreur turque, s'est ouvert le 24 octobre devant la Cour de sûreté de l'Etat (DGM) de Diyarbakir.
 Il lui était reproché entre autres d'avoir prononcé le mot "Kurdistan" au cours d'une interview accordée le 12 avril au quotidien suédois Dagens Nyheter mais aussi d'avoir déclaré que des paysans kurdes avaient dû fuir après la destruction de leurs villages par les militaires.
 L'intérêt du procès était double, car non seulement il s'agit une nouvelle fois d'une représentante élue directement par le peuple poursuivie pour ses propos mais également par le fait que Per Jonsson, journaliste suédois du quotidien en question, soit cité comme témoin à décharge.  (CILDEKT, 30 octobre 2000)

MINORITES / MINORITIES

Génocide arménien: La soumission américane à Ankara

 Le régime d'Ankara soulagé célébrait le 20 octobre une "victoire" après avoir vu provisoirement reculer le spectre d'une reconnaissance du génocide arménien par les Etats-Unis, son grand allié.
 "Les relations turco-américaines ont été sauvées d'une grande menace", s'est félicité le chef de la diplomatie turque Ismail Cem dans une déclaration diffusée en pleine nuit à Ankara.
 Le Speaker de la Chambre des représentants, Dennis Hastert, venait de retirer de l'ordre du jour l'examen d'une résolution qui qualifie de génocide les massacres d'Arméniens perpétrés sous l'Empire ottoman entre 1915 et 1917, répondant à une demande du président Bill Clinton.
 Ce dernier a joué sur la situation actuellement extrêmement tendue au Proche-Orient et les incertitudes dans le Caucase, où les Américains tentent de prendre pied, pour obtenir ce retrait, soulignant l'importance pour les Etats-Unis de conserver un allié fiable dans la région.
 Ce retrait "montre la force de la Turquie et la valeur que les Etats-Unis lui accordent", a commenté devant la pressse le Premier ministre Bulent Ecevit, précisant qu'il avait envoyé une lettre de remerciement au président Clinton.
 La presse célébrait une "victoire" pour Ankara, après un mois de tensions et d'incertitudes sur l'adoption de la résolution.
 "Merci Clinton", lançait sobrement le journal islamiste modéré Zaman.
 "Le geste d'Ankara --renforcer les relations avec l'Irak- a porté ses fruits", estimait le quotidien à grand tirage Hurriyet.
 Furieuse de voir progresser au Congrès la résolution, la Turquie a exercé une pression maximum pour obtenir son retrait: elle a multiplié récemment les vols humanitaires vers Bagdad, envoyé une mission de reconnaissance en Irak pour augmenter la capacité de l'oléoduc à travers lequel elle importe du brut irakien.
 Surtout, elle a menacé de limiter les vols des appareils américains décollant de sa base d'Incirlik pour surveiller l'interdiction de survol imposée à l'aviation irakienne dans le nord de l'Irak.
 Elle a aussi menacé d'exclure les compagnies américaines de contrats dans les domaines de l'énergie ou de l'armement.
 Après l'adoption du projet par la commission le 3 octobre, le chef d'état-major de l'armée turque, le général Huseyin Kivrikoglu, a repoussé une visite bilatérale prévue mi-octobre aux Etats-Unis dans la foulée de l'adoption du projet, a indiqué un porte-parole de l'état-major.
 Le ministère turc des Affaires étrangères, de sa part, a regretté dans un communiqué que les "messages" lancés par la Turquie après l'adoption de la résolution en sous-commission n'aient "pas été suffisamment compris".
 Le ministre turc de la Défense Sabahattin Cakmakoglu, [appartenant au parti néo-fasciste turc MHP], a annoncé que les contrats d'armements entre la Turquie et les Etats-Unis pâtiraient de l'adoption au Congrès américain d'un texte reconnaissant le génocide arménien.
 Le 14 octobre, près de 5.000 Turcs, venus de toute l'Allemagne, ont manifesté dans les rues de Berlin pour protester contre la résolution qui reconnaît le génocide arménien.
 Les missions diplomatiques et les milieux nationalistes turcs ont mobilisé tous les moyens possibles afin d'empêcher l'adoption du projet par la Chambre des représentants et des autres projets éventuels par les assemblées européennes.
 En effet, le 11 octobre, sous la pression du gouvernement turc, la Commission des affaires étrangères du Parlement européen a refusé d'intégrer une référence au génocide arménien dans le rapport de Philippe Morillon sur l'état des négociations d'adhésion avec la Turquie.
 Or, déjà plus de dix ans, le 18 juin 1987, le même Parlement européen avait adopté une résolution qui considère la reconnaissance du génocide arménien par le gouvernement turc comme une des conditions sine quoi non pour l'adhésion turque à l'Union européenne.
 A Erevan, le gouvernement arménien a "regretté" le retrait de la résolution, tout en appelant son voisin turc au dialogue sur cette question.
 Mais la Turquie n'est pas délivrée de l'épée de Damoclès: si le retrait de la résolution annule ses chances d'un passage à court terme à la Chambre, elle ne les écarte pas définitivement. (AFP, 20 octobre 2000)

Ciller demande l'expulsion de tous les Arméniens

 Avant le retrait du projet de résolution à la Cahmbre des représentants, l'ancienne première-ministre turque Mme Çiller est allé plus loin dans la surenchère. Elle a demandé qu'en cas d'adoption de cette résolution la Turquie expulse tous ses citoyens arméniens vers l'Arménie et qu'elle fasse payer cher celle-ci par des mesures les plus efficaces, économiques, sans doute, mais aussi militaires.
 Les 30.000 Arméniens rescapés du génocide qui sont encore tolérés à Istanbul se sentent particulièrement exposés et otages. Magnanime, Mme Çiller veut leur donner une chance de prouver leur loyauté envers la Turquie en signant personnellement une lettre adressée au Congrès américain "pour dénoncer les agissements des milieux hostiles à la Turquie qui à l'instigation de l'Arménie veulent détruire le climat de paix, de stabilité et de fraternité qui règnent dans notre pays".
 Cette lettre a été publiée in extenso dans le quotidien Hürriyet du 11 octobre.
 Cette prise de position raciste et belliqueuse de Mme Çiller n'a, bien sûr, donné lieu à aucune poursuite judiciaire dans un pays où pourtant un ancien Premier ministre, N. Erbakan, a été condamné à un an de prison pour "incitation à la haine raciale", pour une simple phrase : "Si l'idéologie officielle affirme : 'Heureux celui qui se dit Turc, comment empêcher nos frères Kurdes de se dire fiers d'être Kurdes'".
 De même, les appels quotidiens des journalistes, des hommes politiques "des mères de martyrs" demandant "aux Kurdes qui refusent l'assimilation, qui n'aiment pas Atatürk, qui n'aiment pas notre drapeau de s'en aller ailleurs, de quitter le pays, y compris le sud-est (lire le Kurdistan) que nous, Turcs, avons conquis par la force" diffusés par les chaînes de télévision publiques et privées ne sont pas considérés comme des incitations à la haine raciale et ne donnent lieu à aucune poursuite judiciaire. (CILDEKT, 19 octobre 2000)

Un autre regard turc sur le génocide arménien

 Malgré les menaces de l'Etat turc et la soumission du Parlement européen aux chantages d'Ankara, quelques intellectuels turcs ont osé discuter la question de génocide arménien et contester le négationnisme d'Ankara.
 Nous publions ci-bas la traduction d'un article du chercheur Taner Akçam, un des anciens leaders de la jeunesse progressiste turque, qui a déjà écrit un livre et plusieurs articles à l'encontre de la thèse officielle.
 Nous tenons à signaler que les journaux turcs, Hürriyet en tête, provoquent les milieux ultra-nationalistes turcs contre Akcam en le qualifiant "traître à la nation turque".
 Voici le texte de Taner Akcam:
"De quoi parlons-nous?"
 "Notre façon d'aborder la Question Arménienne dévoile un problème essentiel de notre pays. En effet, nous sommes loin de posséder une quelconque culture de la discussion au sujet des crimes collectifs. Nous ne possédons pas même d'une moralité suffisante pour condamner ces crimes. Nous sommes incapables d'éprouver la compassion nécessaire pour parler des grands drames humains. Jetez donc un coup d'oeil sur les articles: pas une seule phrase de compassion ou de considération sur cette tragédie qui selon eux, a causé la disparition de 300.000 âmes. Pas une seule trace de tristesse.
 "J'ai honte d'être un homme. Lorsque j'ai suivi les débats menés en Turquie sur l'évocation du génocide au congrès américain, ma première réaction fut un sentiment de honte. Je m'efforce de comprendre l'hystérie vécue, la folle agressivité, les menaces, les insultes etc. Mais ce qui me paraît bizarre, ce sont ces discussions apparemment "rationnelles" sur le sujet. A l'instar d'un match de football, on fait de profondes analyses pour trouver la faille dans la stratégie de l'adversaire. Au centre du terrain, se trouve la balle du "Génocide" et nous disputons un match. Pourtant, n'oublions pas que cette "balle" englobe tout de même les cadavres de 800.000 humains...
 "J'ai honte! Les discussions d'hier démontrent qu'ils ne saisissent pas vraiment de quoi il s'agit ou qu'alors, ils sont totalement privés des sentiments humains les plus élémentaires. Je ne trouve pas d'autre explication.
 "Dois-je vous rappeler qu'il s'agit tout de même de 800 000 êtres humains tués (selon les statistiques officielles Ottomanes) et ce, même si l'on n'est pas d'accord sur ce nombre au sur la cause de cette tragédie.
 "Oui messieurs, nous parlons de centaines de milliers d'humains morts ou tués. Supposons que vous rejetiez ce chiffre et que vous le rameniez à 300.000. Comprenez-vous ce que vous êtes en train de faire, ce dont vous parlez? Le stade Ali Sami Yen [à Istanbul] peut contenir au maximum 35-40.000 personnes. Remplissez-le puis évacuez-le 10 fois et vous comprendrez alors ce que représente concrètement ce nombre de victimes. Messieurs, la mort d'une seule personne est une cause de peine et de chagrin.
 "Mais utilisons vos chiffres. Vous évoquez la mort de 300 000 individus. En outre, vous affirmez que ces derniers ont été tués par des brigands ou par des maladies. Maintenant veuillez relire ce que vous avez écrit. Etudiez les termes et les propos que vous avez tenus sur la mort de ces 300.000 individus. N'avez-vous pas de nausée, n'avez-vous pas envie de vomir?
 "Notre façon d'aborder la Question Arménienne dévoile un problème fondamental de notre pays. Nous sommes loin de faire preuve d'équité lorsque nous parlons des crimes collectifs. Nous ne savons même pas faire preuve de moralité pour condamner ces crimes. Nous ne sommes pas même capables d'éprouver le moindre regret sur les grands drames humains pour pouvoir en débattre. Jetez donc un coup d'oeil sur ces articles, on n'y trouve pas une seule phrase de regret sur le chiffre de 300.000 morts qu'ils avancent. Pas le moindre signe de remords. Ils sautent de joie et d'allégresse.
 "Pour ces derniers, il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'une partie des traîtres qui voulaient détruire notre état soient morts durant la déportation. Pour eux, il n'y a jamais eu de problème, mis à part les Arméniens eux-mêmes. D'ailleurs, si cette situation devait se représenter, ils estiment qu'il faudrait réagir de la même façon.
 "Avant toute chose, il faut garder présent dans nos esprits que des centaines de milliers de personnes sont mortes. Si nous réussissons ce pari, si nous parvenons à condamner le meurtre collectif, alors nous verrons alors ces gens, que vous considérez comme agressifs, venir discuter avec nous autour de la même table.
 "Actuellement, nous nous contentons de nous justifier (ou de nous légitimer) face aux critiques. Mais d'après vous, commettre des crimes collectifs ou bien encore adopter une attitude qui encourage ceux-ci ne sont pas des actes répréhensibles. Au contraire, tenez-vous peut-être à les rééditer s'il le faut, n'est-ce pas ?
 "Et dire qu'avec cette mentalité nous souhaitons intégrer le monde moderne. Quelle impertinence messieurs!"
 (Taner Akcam, Yenibinyil, 1er octobre 2000, traduit en français par le Dr. Shabug Gedik, et publié par GAMK du 12 octobre 2000 à Paris)

Syriac Church Priest Detained

 Yusuf Akbulut, the priest of Mother Mary Syriac Church in Mardin, who made a statement after the US House of Representatives Committee on International Relations adopted a resolution affirming the Armenian genocide, and said "Syriacs were also subjected to genocide along with the Armenians," was detained by the police on 5 October.
 The police officers also seized the video and photograph cameras of DHA (Dogan News Agency) reporters Ramazan Yavuz and Özgür Cebe, who were waiting at the door of the Church during the detention of Yusuf Akbulut. (Hürriyet, October 6, 2000)

L'ONU appelle Ankara à mieux protéger les minorités

 La Turquie devrait réviser ses lois pour mieux protéger les petites minorités religieuses et faire plus pour combattre l'intolérance, selon un rapport de l'ONU publié le 19 octobre.
 Le texte, préparé par le rapporteur spécial de la Commission de l'ONU sur les droits de l'Homme Abdelfattah Amor, indique que même si la Constitution de la Turquie garantit la liberté religieuse et de croyance, les groupes non-musulmans rencontrent des obstacles pour acquérir des biens ou créer leurs propres écoles.
 La politique d'Etat à l'égard de la religion est "extrêmement complexe" et contraste "avec les affirmations catégoriques des dirigeants qu'elle est un modèle de tolérance et de non-discrimination", poursuit le rapport élaboré à l'issue d'une visite de M. Amor en Turquie du 30 novembre au 9 décembre 1999.
 Le texte recommande aux autorités turques "d'appliquer le principe selon lequel le nationalisme ne doit pas être utilisé contre les minorités religieuses".
 Les musulmans représentent près de 99% de la population turque, estimée à 66 millions d'habitants. Mais le nombre des non-musulmans varie, le dernier recensement portant sur l'appartenance ethnique ou religieuse datant de 1965.
 Si les chefs de la communauté juive en Turquie, qui compte 25.000 personnes, se déclarent "totalement satisfaits", ce n'est pas le cas des chrétiens grecs et arméniens.
 Selon le patriarche arménien orthodoxe, ses fidèles estimés entre 60.000 et 93.000 personnes, jouissent d'une liberté totale de culte, mais le patriarchat n'a pas de statut légal.
 De la même façon, le patriarchat grec-orthodoxe, qui compte 2.500 à 4.000 fidèles, ne peut posséder des biens ou avoir des revenus.
 Les communautes grecques-orthodoxes et assyriennes-syriaques sont en train de disparaître lentement, souligne M. Amor. Il recommande à Ankara de garantir les droits des minorités à établir des lieux de cultes et à prêcher leur religion. (AFP, 19 octobre 2000)

Birdal à nouveau menacé de prison pour le génocide arménien

 L'ancien président de l'Association turque des droits de l'Homme, sorti de prison il y a un mois jour pour jour, est menacé d'une nouvelle peine de un à trois ans de détention pour incitation à la haine.
 Le 23 octobre, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a ouvert une enquête contre M. Birdal pour incitation à la haine à propos d'un discours qu'il a prononcé à Bremerhaven (Allemagne) et dans lequel il aurait appelé la Turquie à "demander pardon aux Arméniens pour le génocide".
 Akin Birdal, récompensé en 1999 du Prix Amnesty International des droits de l'Homme, avait été emprisonné l'an dernier aux termes du même article 312 du code pénal qui sanctionne l'incitation à la haine, à la suite d'un appel à une solution pacifique au conflit dans le sud-est à majorité kurde.
 En mai 1998, il avait miraculeusement survécu à une attaque à main armée, dans les locaux de l'Association des Droits de l'Homme à Ankara, au cours de laquelle il avait été grièvement blessé.
 Akin Birdal avait été auparavant condamné à une année de prison pour soutien à la rébellion armée du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan qui a mené durant 15 ans jusqu'à septembre 1999 un conflit ayant fait quelque 36.500 victimes. (AFP, 23 octobre 2000)

Appel européen pour un dialogue sur les droits des minorités

 L'UE a appelé le 24 octobre la Turquie à engager un dialogue avec l'OSCE sur la protection des droits de minorités, alors que ce pays essaie d'aligner ses pratiques dans le domaine des droits de l'Homme avec celles en vigueur dans les pays de l'UE.
 Lors d'une conférence de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe consacrée à la protection des droits civiques et des droits de l'Homme, l'Union européenne a remarqué les efforts de cette organisation pour engager la discussion dans ce domaine avec la Turquie, et a exprimé "son espoir que ces efforts allaient rapidement s'avérer efficaces".
 "L'Union européenne souligne l'importance d'une coopération complète de tous les pays membres (de l'OSCE) avec le Haut Commissaire pour les minorités nationales", a indiqué l'UE dans une déclaration rendue publique lors de la conférence.
 La déclaration a salué l'intention de la Turquie d'observer les critères de l'UE, qui incluent la protection des minorités.
 La Turquie est devenu candidat officiel à l'adhésion à l'UE en décembre.
 Les organisations non-gouvernementales ont vivent critiqué la Turquie pour son attitude envers la minorité kurde.
 Le président turc Necdet Ahmet Sezer a appelé début octobre à une nouvelle constitution dans laquelle une place plus importante serait attribué aux droits de l'Homme.
 La conférence de Varsovie, consacrée à la protection des droits civiques et des droits de l'homme, réunit du 17 au 27 octobre quelque 400 représentants de 54 pays membres de l'OSCE et de 130 organisations non-gouvernementales. (AFP, 24 octobre 2000)

SOCIO-ECONOMIQUE / SOCIO-ECONOMIC

Zeugma la splendide livrée aux eaux du barrage

 Lorsqu'un général d'Alexandre le Grand décida de construire une ville sur l'Euphrate en 300 avant-Jésus Christ, il n'imaginait pas les bénéfices mitigés que lui apporterait l'eau.
 A la jonction des routes du commerce entre l'Asie et l'Occident, Zeugma fut riche et splendide avant d'être dévastée par les attaques des Parthes, pour aujourd'hui être engloutie par la retenue d'un barrage.
 Une intense campagne internationale pour sauver Zeugma s'achève le 4 octobre, après quoi les eaux du barrage de Birecik, près de Gaziantep (sud-est), monteront pour la deuxième fois depuis juin, et engloutiront une autre partie de la ville.
 Une fois le barrage rempli, il inondera 30% des 2000 hectares de Zeugma, que les experts comparent pour sa richesse à Pompéi, engloutie, elle, par la lave du Vésuve en l'an 79.
 Une course contre la montre de quatre mois dans une chaleur torride a au moins donné à l'équipe d'une centaine d'archéologues turcs et étrangers la satisfaction d'avoir amélioré sa connaissance de la vie à Zeugma et sauvé des eaux plusieurs merveilles.
 "Je me sens à la fois heureux et triste. Une partie de Zeugma sera engloutie, mais nous avons tout fait pour mettre en oeuvre la meilleure stratégie possible dans ces conditions", estime le chef de l'équipe, Kemal Sertok.
 Les fouilles ont permis de découvrir 3 grandes mosaïques et fresques qui décoraient murs et sols des villas des riches habitants, de nombreuses statuettes, des milliers de pièces et inscriptions attestant d'une remarquable organisation sociale.
 Trente autres mosaïques ont été enduites d'un produit qui doit les préserver pendant des siècles, puis laissées sur place.
 "Sur un site aussi vaste que Zeugma, vous ne pouvez jamais tout excaver", explique l'archéologue britannique Robert Early.
 "Notre mission était d'apprendre à connaître la vie içi aux époques hellénistique, romaine et byzantine, et de préserver sur place ce qui reste pour les futures générations. Je crois que c'est un succès", ajoute-t-il.
 La direction du barrage de Birecik, entreprise mixte entre l'état turc et 5 sociétés européennes, préfère les bénéfices plus immédiats à l'Histoire.
 "Ce qui est sous l'eau est moins important que le barrage", estime Saffet Atici, directeur du barrage, élément d'un projet géant pour irriguer le sud-est anatolien pauvre et sec et faire face à la demande énergétique croissante du pays.
 "Le barrage a inondé 4.500 hectares, mais il irriguera 100.000 hectares et produira 2,5 milliards de kWh d'électricité par an, 2% de la production totale de la Turquie, relève-t-il.
 Le niveau d'eau ne sera pas immédiatement porté au maximum prévu à partir de le 4 octobre, car la baisse des eaux de l'Euphrate, en raison de la sécheresse, ne permet pas à l'installation de fonctionner à pleine capacité.
 Mais cela n'aidera pas Zeugma.
 "Nous avons achevé notre programme. Continuer à excaver serait risqué avec la prochaine arrivée des pluies", explique M. Sertok, à l'exception, peut-être, des fouilles concernant les archives de la ville.
 La construction de Birecik a démarré en 1996, mais les appels pour sauver Zeugma n'ont commencé à être entendus qu'en juin, lorsqu'une première tranche de la ville a été inondée, soulevant un émoi international.
 D'autant que les archéologues avaient entre-temps retrouvé des dizaines de mosaïques et fresques -900 m2 en tout- représentant des scènes mythologiques, destinées à être exposées au musée de Gaziantep une fois agrandies.
 Le ministère de la culture devra alors aussi décider de classer ou non les 70% restants de la ville une zone archéologique protégée. (AFP, Sibel Utku, 3 octobre 2000)

Inflation de 3,1% en septembre, +49% sur un an

 L'inflation a atteint en Turquie 49% en septembre en glissement annuel, contre 53,2% en août, avec une hausse des prix à la consommation de 3,1% par rapport à août, a annoncé le 3 octobre l'Institut des statistiques d'Etat (DIE).
 Les prix de gros ont augmenté de 2,3% pour la même période.
 En août, les prix à la consommation avaient connu une progression de +2,2% par rapport à juillet et une progression similaire en juillet par rapport à juin.
 L'inflation est ainsi tombée pour la première fois sous la barre des 50% depuis la fin des années 80, a relevé l'économiste Deniz Gokce sur la chaîne de télévision d'information continue NTV, se réjouissant de ces chiffres.
 La Turquie entend ramener l'inflation à 20-25% fin 2000, 10% fin 2001, puis 5% fin 2002, dans le cadre d'un accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui a accordé en décembre un crédit de 4 milliards de dollars sur trois ans pour son ambitieux programme de réforme économique. (AFP, 3 octobre 2000)

Séries de mesures pour économiser l'énergie en Turquie

 Le Premier ministre turc Bulent Ecevit a annoncé le 4 octobre une série de mesures pour éconmiser l'énergie en raison d'une pénurie aggravée par une sécheresse qui a provoqué une baisse alarmante du niveau d'eau des barrages.
 "Le niveau d'eau dans les installations hydroélectriques a atteint le point le plus bas de cette dernière décennie en raison de faibles précipitations", a-t-il souligné dans une circulaire.
 "La différence entre la production et la demande d'énergie se trouve à un niveau critique", a-t-il relevé.
 M. Ecevit a indiqué que pour prévenir des coupures d'électricité, l'énergie devait être économisée, à commencer par le secteur public pour qu'il serve de "modèle" au secteur privé.
 La circulaire demande ainsi au secteur public de réaménager les horaires pour profiter au maximum de la lumière du jour et d'utiliser des ampoules électriques consommant moins d'énergie.
 Les administrations sont appelées à utiliser du gaz naturel pour le chauffage dans la mesure du possible et à mettre un terme à l'éclairage décoratif.
 Une commission a été mise en place pour contrôler le respect de ces mesures.
 Dans une déclaration séparée, M. Ecevit a indiqué qu'un décret avait été soumis au président Ahmet Necdet Sezer sur des mesures visant à accroître la production énergétique.
 Le niveau d'eau de trois importants barrages situés sur l'Euphrate dans le sud-est du pays --Keban, Ataturk et Karakaya-- et cruciaux dans la production électrique, est tombé à un niveau alarmant en raison de la sécheresse qui sévit dans la région, a expliqué le Premier ministre.
 La Turquie, qui consomme 120 milliards kWh d'électricité par an, pourrait faire face à une pénurie de quelque 10 milliards de kWh à la fin de l'année, a récemment déclaré le sous-secrétaire d'Etat à l'Energie, Yurdakul Yigitguden.
 La demande énergétique atteindra jusqu'à 290 milliards kWh en 2010, ce qui nécessitera un investissement annuel de près de 5 milliards de dollars dans ce domaine, selon les autorités. (AFP, 4 octobre 2000)

Des cigares cubains produits en Turquie à partir de 2001

 Les fameux cigares cubains seront produits en Turquie, avec en partie du tabac turc, à partir du 1er janvier 2001, a annoncé le 19 octobre le ministre d'Etat turc Rustu Kazim Yucelen.
 Ankara et La Havane avaient signé fin 1998 un accord pour une production commune de cigares cubains et décidé de créer à Istanbul une compagnie commune, TECA, d'un capital de trois millions de dollars.
 "La construction de l'usine sera achevée d'ici décembre et la production pourra commencer dès le premier janvier', a dit le ministre turc qui recevait le ministre cubain de l'Industrie légère Jesus Perez Othon.
 Il a indiqué que le président cubain Fidel Castro serait invité dans le courant de janvier en Turquie pour l'inauguration officielle de l'installation. (AFP, 19 octobre 2000)

Unjust Income Distribution in Turkey Detailed

 Turkey reportedly is one of the five countries with the worst income distribution in the world.
 Figures on the income distribution in Turkey in the first half of 2000 reveal the great difference between the incomes earned by Istanbul's super rich citizens---who have grabbed the lion's share of the country's income--and citizens living in other regions and large provinces.
 According to a study conducted by researcher Mustafa Sonmez, each family from among Istanbul's one-percent richest people has earned 27.5 billion [Turkish] lira a month out of the total amount of 39.09 quadrillion lira disposable income in the first six months of this year.
 The total amount of income earned by this group, which consists of about 19,000 families, exceeds the total amount of income earned by a number of regions and large cities combined in Anatolia.
 - The income earned by the one-percent richest people in Istanbul exceeds the total amount of income earned by Izmir, Adana, and Bursa combined.
 A total number of 1.03 million families live in the aforementioned three cities.
 The income earned by a single family from the 19,000-strong "cream class" in Istanbul exceeds the income earned by 57 families in any of the aforementioned three cities.
 - The two-percent richest people in Istanbul (approximately 38,000 families) earn a total amount of income equivalent to the income earned by 1.22 million families in Ankara (616 trillion lira a month).
 - The four-percent richest people in Istanbul (approximately 75,000 families) earn a total income that is close to the total income earned by people living in the Black Sea region (1.83 million families).
 - About 2.25 million families live in the Aegean.
 However, the total amount of income earned by these families is less than the income earned by the nine-percent richest people in Istanbul, who have earned a total amount of income worth 906 trillion lira.
 - The total amount of income earned by all the families combined in Central Anatolia barely reaches the total amount of income earned by the 12-percent richest people in Istanbul
 - About 1.80 million families live in the Mediterranean region.
 This number constitutes 12.5 percent of Turkey's total population.
 These families earn a total amount of income equivalent to the total amount of income earned by the 72,000 richest people in Istanbul, who constitute four percent of the total population of this city.
 While each family from the one-percent richest people in Turkey earns a total amount of income worth 27.5 billion lira a month, Adana has now become the second city in Turkey where a large amount of "super rich" people have emerged.
 Families from the "super rich" class in Adana earn a total amount of income worth 18 billion lira a month each.
 Meanwhile, the one-percent richest people in Antalya earn about 15.7 percent of the total income earned by all the families in Antalya.
 Each family from the richest class in Antalya earns a total amount of income worth 9.5 billion lira a month.
 Meanwhile, each family from the poorest class in Antalya earns a total amount of income worth 97 million lira a month.
 The Majority of Destitute Families in Central Anatolia and the Black Sea Region
 People earning the lowest incomes are concentrated in Southeast Anatolia, East Anatolia, and the Black Sea region.
 The average monthly income earned by each family in the aforementioned three regions amounts to 295 million lira, 363 million lira, and 387 million lira respectively.
 Meanwhile, interesting figures are revealed when we look at the income earned by people from the perspective of the one-percent sections of the population.
 The results of the study carried out by Sonmez has revealed that the poorest families live in Central Anatolia and the Black Sea region and not in east and southeast Anatolia, as was commonly believed.
 According to the study, the one-percent poorest families in Turkey live in Central Anatolia.
 Each of these families earns a total income of 23 million lira a month.
 Meanwhile, each of the poorest families in the Black Sea region earns a total amount of income worth 27 million lira a month. (Milliyet October 21, 2000)

Le temps d'un recensement sous couvre-feu

 La Turquie s'est transformée en "pays fantôme" le 22 octobre après l'instauration très critiquée d'un couvre-feu devant permettre un recensement national.
 Pendant quatorze heures, entre 02H00 GMT et 16H00 GMT, les Turcs sont restés enfermés chez eux pendant que des fonctionnaires faisaient du porte à porte pour collecter les données démographiques.
 Ce couvre-feu a suscité une vive controverse et a été dénoncé dans la presse comme une mesure "primitive", "contraignante" et "non-contemporaine".
 Les forces de l'ordre ont interpellé quelque 2.900 personnes selon la presse.
  Selon la chaîne de télévision NTV, la police a profité du couvre-feu pour perquisitionner les domiciles de criminels recherchés et elle a ainsi interpellé quelque 1.400 personnes. De plus, les forces de l'ordre ont interpellé 1.500 personnes qui se trouvaient dans les rues en violation du couvre feu.
 Les contrevenants, pour la plupart interpellés à Istanbul, ont été relâchés après avoir été inculpés de "désobéissance civile", mais dans l'ensemble, le couvre feu a été bien respecté.
 Toute la journée, les rues de la capitale sont restées désertes et presque toutes silencieuses, rappelant aux Turcs les mauvais souvenirs des nombreux couvre-feux imposés lors des coups d'Etat militaires de 1960, 1971 et 1980.
 Les magasins, cinémas et autres commerces avaient reçu ordre de rester fermés. Les trains et le métro ont également cessé de fonctionner dès l'entrée en vigueur du couvre-feu, et la moitié des vols intérieurs ont été annulés par la compagnie Turkish Airlines.
 Seuls les pompiers, la police, l'armée et quelques privilégiés qui avaient obtenu une dérogation ont poursuivi leurs activités.
 Profitant du couvre-feu, les forces de sécurité turques ont perquisitionné au domicile de certains criminels recherchés par la police, arrêtant au moins 185 personnes, a rapporté la chaîne NTV.
 A Adana (sud-est), la police a tenté en vain de renvoyer chez eux des dizaines d'enfants, qui sortaient en masse dans les rues de la ville. Les policiers ont même eu recours à des jets d'eau contre des enfants qui jetaient des pierres, et ont tenté de les effrayer avec des chiens.
 Les étrangers résidant en Turquie avaient eux aussi reçu l'ordre de rester chez eux pour être comptabilisés.
 Les groupes de touristes ont été autorisés à poursuivre leur programme de visites, mais ceux qui voyageaient seuls ont été priés de rester à leur hôtel.
 Face aux violentes critiques contre cette mesure jugée autoritaire, des responsables ont assuré le 22 octobre que ce recensement sous couvre-feu serait le dernier, et qu'un système informatisé serait mis en place dans l'avenir, ce que les autorités avaient déjà promis lors du recensement de 1997.
 Le questionnaire en 43 points a été distribué par quelque 950.000 fonctionnaires. Outre les questions classiques sur l'état civil, figuraient également des questions sur le niveau d'éducation, mais aussi d'autres plus personnelles, comme le nombre de fausses couches pour toute Turque âgée de plus de 12 ans.
 Les résultats de ce recensement devraient être connus dans six semaines.
 Ils conditionnent le montant des aides publiques accordées aux communes, en fonction de leur population, de sorte que plusieurs maires, dont le maire islamiste de la capitale Ankara, ont menacé de limiter les accès aux services municipaux pour ceux qui tenteraient de se soustraire au recensement.
  Selon le dernier recensement de 1997, la Turquie comptait 62,5 millions d'habitants. (AFP, 22 octobre 2000)

Des recenseurs ont gonflé les chiffres avec les morts

 La population de villes turques a été gonflée pendant le recensement par des relevés dans les cimetières pour augmenter le nombre d'habitants et permettre ainsi aux municipalités de recevoir une aide accrue de l'état, a affirmé le 26 octobre le quotidien Hurriyet.
 Le chef de l'institut national des statistiques Sefik Yildizeli, cité par le journal, a confirmé la fraude, découverte lorsqu'un premier examen des chiffres a fait ressortir une augmentation incroyable du nombre d'habitants de plusieurs villes par rapport au recensement précédent en 1997.
 "Malheureusement, c'est exact. Le lien établi entre aides de l'état et population des municipalités a provoqué ce problème", a déclaré M. Yildizeli.
 Les municipalités se voient allouer 25 millions de livres turques (environ 36 dollars) par habitant au terme de la loi. (AFP, 26 octobre 2000)

Bankruptcies rock the banking sector

 A series of scandals is rocking Turkey's banking sector. On October 27, the newly formed Banking Supervisory Board seized control of two ailing banks, Etibank and Bank Kapital, bringing to ten the number of banks currently under the tutelage of the state. This move was welcomed as a sign that the new supervisory institution intends to fulfill its mission of bringing discipline and transparency to the financial sector.
 Earlier in October, Murat Demirel, nephew of former president Süleyman Demirel and ex-owner of Egebank, which was placed under state control last December, was arrested and accused of having siphoned off funds from his bank through front companies and off-shore accounts.
 As the investigations into the bankruptcies continue, the scandal threatens to spread further. Turkish commentators have called for bureaucrats and politicians who allowed the banks to be emptied without intervening to be held accountable for the debacle. "Banks are robbed by their owners, but they couldn't do it without help from both bureaucrats and politicians. Mugging people with the help of the state apparatus is like committing adultery: you cannot do it alone!," wrote Cüneyt Ulsever in the Turkish Daily News.
 Newspapers have revealed that a report on Egebank drawing attention to the fraud was submitted to the minister in charge of the economy as early as July 1999, six months before the state institutions took steps to stop the plunder. Famous names have been mentioned in connection with Egebank. Rüsdü Saracoglu, former governor of the Central Bank, and Nail Keçili, head of the advertising agency Cenajans/Grey, were asked to testify after allegedly receiving credits from the bank. Columnist Rauf Tamer resigned from Sabah newspaper after another journalist divulged that a well-known writer had received one million dollars in cash from Murat Demirel. Tamer denied the accusation, but was nevertheless asked to appear in court to testify.
 President Ahmet Necdet Sezer suggested setting up special courts to deal with criminal bankruptcy cases. In recent months, several other scandals involving widespread fraud with the complicity of civil servants and officials have made the headlines in the press.
 "The corruption economy is the number one threat to Turkey's economic and political stability. It lies at the root of many of our country's problems and poses a future threat to our society and constitutional regime," Interior Minister Saadettin Tantan said as he announced that an extensive research into the matter would be conducted in cooperation with the Turkish Economic and Social Research Foundation (TESEV).
 The Turkish government will now have to deal with the political and economic impact of these bankruptcies.
 By taking control of Etibank, the Turkish state has acquired a 15 % stake in a large private media conglomerate. Etibank belonged to Dinç Bilgin, the owner of the Sabah group, which includes several newspapers, magazines and television stations. A retired navy commander sat on the board of Etibank, while three other retired generals were members of the board of banks seized in December 1999.
 A few days before he lost control of Etibank, Dinç Bilgin sold 50 % of his Sabah shares to Turgay Ciner, a businessman whose name had been mentioned in connection with the Susurluk scandal, which had revealed, four years ago, close links between criminal gangs, right-wing politicians and the police.
 The Bilgin group has announced its intention to repay its debts. Meanwhile all the private assets of Dinç Bilgin and his close associates have been frozen.
 Bank Kapital, the other bank seized on October 27, was owned by the Ceylan construction group.
 Losses incurred by the ailing banks are placing a heavy burden on the Turkish economy, as do state banks weighed down by bad loans. Zekeriya Temizel, whose surname means "clean hand", said a plan to rehabilitate and sell the eight banks seized last year, which had bad debts totalling $7.3 billion, was ready and would be unveiled within days. To finance the operation, the Banking Supervisory Board has obtained a $6.1 billion loan from the Treasury. Meanwhile, prosecutors issued an arrest warrant against Hayyam Garipoglu, former head of Sümerbank, one of the banking establishments taken by the state last year, and four of his associates.
 Under a stand-by agreement with the IMF, Turkey had pledged to reform its banking sector. The World Bank, which has promised $2 billion in aid, also wants Turkey to dispose of the banks rapidly.
 The leader of the Turkish Businessmen and Industrialists' Association (TUSIAD), Erkut Yücaoglu, stressed the need for consolidation in the overcrowded financial sector where eighty banks are competing. Yücaoglu suggested the Turkish market could only support ten or fifteen banks. (Turkey Update, October 31, 2000)

Civil Servants Protest against the IMF

 Civil servants affiliated with Ankara Branch Platform of the Confederation of the Public Laborers Trade Unions (KESK) held a demonstration at Kizilay Square in Ankara on 30 October in protest against the governmentís budget of 2001 and the arrival of the International Monetary Fund (IMF) delegation at Turkey.
 The police took strict security precautions prior to the demonstration and surrounded the Kizilay Square, but they did not intervene in the demonstration that was attended by about 1000 people.
 A press statement was made at Egitim Sen Union Branch after the demonstration. Saban Vural (Spokesperson of Mersin Branch Platform of KESK) protested against the arrival of the IMF Chief Carlo Cottarelli and a delegation of the World Bank at Turkey before the annual budget for the year 2001 that was prepared in line with the instructions of the IMF and the World Bank is voted at the Parliament.
 In Izmir, members of the KESK Branch Platform made a press statement and held a sit-in protest at Konak Square. Meanwhile, the Labor Platform that has been formed by 15 trade unions, professional organizations and associations took a decision of not working in overall Turkey on the last day of the debates on the 2001 budget at the Parliament in protest against the ìbudget, compulsory public saving funds, privatization and lack of employment guarantees." (Evrensel, October 31, 2000)

AFFAIRES RELIGIEUSES / RELIGIOUS AFFAIRS

Arrestation de près de 300 islamistes en Turquie

 La police turque a arrêté récemment dans l'ensemble du pays près de 300 personnes soupçonnées d'appartenir à une organisation islamiste ayant pour objectif le renversement de l'Etat laïque et l'instauration d'un régime théocratique.
 Les suspects qui ont été arrêtés dans 28 provinces de Turquie, appartiennent à l'organisation Malatyalilar dont l'objectif est l'instauration d'un Etat théocratique basé sur la loi islamique.
 Plusieurs personnes arrêtées ont déclaré à la police que leur groupe tentait aussi d'établir des relations avec le Hizbullah, une organisation islamiste extrémiste turque accusée d'avoir commis des dizaines de meurtres.
 Depuis le début de l'année, la police turque a découvert des dizaines de cadavres de victimes présumées du Hizbullah, enterrées la plupart du temps dans des jardins aux quatre coins du pays. (AFP, 2 octobre 2000)

Non-lieu pour l'ex-maire islamiste d'Istanbul

 Le procureur général de la Cour de cassation turque Vural Savas a prononcé un non-lieu le 3 octobre en faveur de l'ex-maire islamiste d'Istanbul Recep Tayyip Erdogan dans une enquête pour "incitation à la violence" lors d'un discours prononcé en 1998.
 Aucune poursuite judiciaire ne sera donc lancée contre M. Erdogan, figure de proue des islamistes modérés, qui a déjà purgé une peine de prison pour sédition.
 Le Conseil d'Etat avait donné en septembre son feu vert à l'ouverture d'une enquête contre M. Erdogan sous l'accusation d'avoir poussé ses sympathisants à la violence contre M. Savas, qui avait ouvert contre lui un procès pour sédition.
 "Il est clair que l'accusé a tenu ces propos sans pour autant vouloir commettre un crime", a estimé M. Savas.
 M. Erdogan, 46 ans, avait été élu maire d'Istanbul en 1994 de la liste du parti islamiste de la Prospérité (Refah), de l'ancien Premier ministre Necmettin Erbakan. Après l'interdiction de ce parti en janvier 1998 pour activités anti-laïques, il avait poursuivi sa carrière au sein du parti de la Vertu (Fazilet), successeur du Refah.
 Populaire dans sa métropole, M. Erdogan bénéficiait d'un soutien important dans l'aile libérale du parti et faisait même figure de futur chef du Fazilet, après que M. Erbakan eut été interdit de politique pour cinq ans une fois son parti interdit.
 Mais ses perspectives ont été réduites à néant lorsqu'il fut condamné à dix mois de prison en avril 1998 pour avoir cité un poème lors d'un meeting: "Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats".
 Les juges y ayant vu une "incitation à la haine religieuse", il avait été déchu de son poste et interdit de politique à vie.
 Après avoir purgé quatre mois de prison par le jeu des remises de peine, il est resté depuis sa libération en juillet 1999 à l'écart de la vie politique. (AFP, 3 octobre 2000)

Manifestations pour le port du foulard

 La police turque a interpellé 20 personnes qui protestaient contre l'interdiction du port du foulard dans les établissements d'enseignement lors de deux manifestations après la prière du vendredi.
 A Gebze (nord-ouest), la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de soutien aux étudiantes qui sont empêchées de suivre les cours si elles portent le foulard, et 15 personnes ont été interpellées.
 A Konya (centre), 5 personnes ont été interpellées alors qu'elles distribuaient des oeillets rouges et des copies des vers du Coran sur l'obligation pour les femmes de se couvrir la tête.
 Le port du foulard est interdit dans la fonction publique, les écoles et les universités en Turquie, pays musulman mais à l'Etat laïque, les autorités y voyant le signe d'un Islam politique qui a pour objectif d'instaurer un ordre religieux. (AFP, 13 octobre 2000)

Un chef de confrérie musulmane jugé par contumace

 Un dirigeant d'une puissante confrérie musulmane, Fethullah Gulen, accusé de vouloir renverser le régime laïque, est jugé depuis lundi par contumace devant une Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara.
 Le parquet a requis dix ans de prison contre M. Gulen, 63 ans, chef de la branche la plus influente de la confrérie des Nurcus, pour "création et direction d'une organisation illégale visant à détruire l'ordre laïque pour le remplacer par un Etat basé sur des principes religieux".
 Les juges ont estimé qu'un mandat d'arrêt contre lui était inutile et ont ajourné l'audience en demandant que M. Gulen soit présent à la prochaine pour témoigner.
 Fethullah Gulen se trouve depuis plus d'un an aux Etats-Unis et ses défenseurs ont présenté à la cour un rapport de médecins américains attestant qu'il ne pouvait voyager pour se rendre en Turquie et comparaître devant le tribunal en raison de problèmes cardiaques et de diabète.
 Le procureur accuse la confrérie de vouloir fonder "une dictature théocratique" en utilisant les jeunes qui suivent un enseignement dans ses écoles où "ils sont soumis à un lavage de cerveau".
 Il estime qu'elle a réussi à s'infiltrer "insidieusement" dans les rouages de l'Etat en se présentant comme un groupe modéré et pro-démocratique.
 Les disciples de Gulen, considérés comme des modérés, ont mis en service plus de 300 écoles et des universités, en Turquie, dans les républiques turcophones ex-soviétiques d'Asie centrale, dans le Caucase, en Extrême-Orient et dans les Balkans.
 La confrérie possède également un journal, une chaîne de télévision, une agence de presse, une banque et une dizaine d'autres compagnies en Turquie.
 Le procès cantre M. Gulen fait partie d'une campagne contre l'Islam politique menée depuis 1997 par la puissante armée turque, qui se considère comme la gardienne du régime laïque, et avait obtenue à cette date la démission du Premier ministre islamiste Necmettin Erbakan. (AFP, 16 octobre 2000)

La police capture 18 membres du Hizbullah dont 5 dirigeants

 La police turque a récemment capturé à Istanbul 18 membres présumés de l'organisation islamiste extrémiste turque Hizbullah, dont cinq dirigeants.
 Parmi les personnes interpellées dans ce coup de filet se trouve Mehmet Sudan, devenu le nouveau chef de cette organisation clandestine après que l'ex-leader, Huseyin Velioglu, eut été tué dans une fusillade à Istanbul avec la police en janvier dernier, selon l'agence, qui cite des services de sécurité.
 Quatre de ses acolytes et 13 autres membres du mouvement ont également été capturés dans une descente policière contre une maison de Kartal, dans la partie asiatique de la métropole, indique l'agence, sans cependant préciser la date de cette opération.
 Le Hizbullah turc, qui n'est pas lié au groupe libanais du même nom, a été fondé dans le sud-est turc au début des années 90 dans le but de combattre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui réclamait la création d'un Etat kurde indépendant de cette région.
 Les autorités turques l'accusent de tenter de renverser le régime laïc pour instaurer un état islamique, mettant en cause notamment un soutien de l'Iran, ce que ce pays rejette.
 Depuis le début de l'année, la police turque a découvert des dizaines de cadavres de victimes présumées du Hizbullah, enterrées la plupart du temps dans des jardins aux quatre coins du pays. (AFP, 31 octobre 2000)

RELATIONS AVEC L'OUEST / RELATIONS WITH THE WEST

Le président Havel demande la libération d'un écrivain turc

 Le président tchèque Vaclav Havel a indiqué le 12 octobre qu'il avait demandé aux dirigeants turcs la libération de l'écrivain turc Esber Yagmurdereli, emprisonné pour propagande séparatiste après avoir prôné une solution pacifique à la question kurde.
 "J'ai sollicité la remise en liberté et l'amnistie d'un collègue écrivain, membre du Pen Club International", a déclaré M. Havel lors d'une conférence de presse à Istanbul.
 Il s'agit de l'avocat et écrivain Esber Yagmurdereli, selon un membre de sa délégation.
 M. Havel avait rencontré le 10 octobre à Ankara son homologue turc Necdet Sezer et le Premier ministre Bulent Ecevit.
 Esber Yagmurdereli, aveugle et âgé de 54 ans, purge depuis 1997 une peine de 23 ans de prison. Il a déjà passé treize ans dans les geôles turques, de 1978 à 1991, pour "activité subversive armée".
 Vaclav Havel, qui est également dramaturge et a passé de nombreuses années en prison sous le régime communiste, a indiqué qu'il n'avait pas évoqué directement la question kurde avec les responsables turcs.
 Il a toutefois rappelé devant la presse qu'il était partisan du "droit pour les Kurdes de parler leur langue (...) tout comme les Tchèques n'ont pas forcé les Slovaques à parler une autre langue". (AFP, 12 octobre 2000)

Le gouvernement turc divisé sur les réformes européennes

 La gouvernement turc reste divisé sur les réformes qu'il doit réaliser pour adhérer à l'Union européenne (UE), à deux semaines de la publication d'un rapport définissant le partenariat d'adhésion avec la Turquie, a déclaré le 24 octobre le vice-Premier ministre turc Mesut Yilmaz.
 "Bien que tout le monde soit d'accord pour que la Turquie adhère à l'UE, il y a de grandes divergences d'opinions, même entre les partis de la coalition gouvernementale, sur les pas à faire dans cette voie", a dit M. Yilmaz, chargé des affaires européennes, lors du groupe parlementaire de son parti de la mère patrie (ANAP, centre-droit).
 Il n'a toutefois pas précisé sur quels sujets les trois partis de la coalition étaient divisées.
 Il a cependant relevé que "certains milieux" étaient en désaccord sur la question de savoir si le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) continuait de rester, en dépit de l'arrêt de ses 15 ans de lutte armée, une menace et un obstacle pour les réformes démocratiques que la Turquie est tenue d'accomplir pour une adhésion à l'UE.
 "Dans la dernière décennie, la Turquie a adopté des mesures extraordinaires contre cette menace. A ce stade, il n'y a pas de vue commune si elle reste encore une menace", a-t-il dit.
 Le gouvernement est opposé à l'octroi aux Kurdes des droits culturels, comme un enseignement ou une télévision en kurde, estimant que cela constituerait une menace pour l'unité du pays.
 Le PKK a annoncé en septembre dernier l'arrêt de sa rebellion, à l'appel de son chef Abdullah Ocalan, condamné à mort en Turquie.
 Mais l'armée turque se dit déterminée à pourchasser les rebelles "jusqu'au dernier".
 M. Yilmaz a estimé que selon certains milieux, les réformes demandées par l'UE posent "un grand risque", alors que d'autres (milieux) sont d'avis que la réussite sur le plan militaire doit être appuyée par des "ouvertures démocratiques".
 "Je figure parmi eux", a-t-il ajouté.
 L'UE doit publier le 8 novembre un rapport définissant le partenariat d'adhésion avec la Turquie, candidate à l'UE depuis décembre.
 Ankara est pressé par l'UE d'engager des réformes politiques pour satisfaire aux critères d'adhésion: abolir la peine de mort, améliorer le respect des droits de l'Homme et la liberté d'expression, et modifier le poids des militaires dans la prise de décisions politiques. (AFP, 24 octobre 2000)

La Turquie bloque les discussions UE-OTAN

 La Turquie, qui craint d'être tenue à l'écart de la nouvelle politique européenne de défense, bloque les discussions entre l'Union européenne et l'OTAN sur les relations permanentes entre les deux organisations.
 Lors d'une réunion ministérielle de l'OTAN à Birmingham (Grande-Bretagne) début octobre, le ministre français de la Défense Alain Richard a accusé la Turquie, sans la nommer, dénonçant "les obstacles persistants posés par un Etat membre" de l'OTAN dans les relations entre l'Alliance atlantique et l'UE.
 La Turquie bloque ainsi la transmission de documents de l'OTAN à l'UE, réclamant qu'ils soient au préalable agréés par les 19 pays de l'Alliance au conseil permanent de l'organisation, selon plusieurs sources dans les deux organisations sous couvert de l'anonymat.
 Les travaux du groupe de travail sur le transfert des moyens de l'OTAN à l'UE n'avancent pas non plus, Ankara considérant que les Quinze doivent d'abord préciser les modalités de la participation des six pays européens de l'OTAN non membres de l'UE (Turquie, Norvège, Pologne, Islande, République tchèque et Hongrie) à la défense européenne, selon ces sources.
 La position intransigeante d'Ankara lasse même le plus puissant des alliés: les Etats-Unis. Washington, qui se déclare désormais "convaincu" par les efforts des Européens en matière de défense, a pris ses distances avec Ankara.
 "Ce n'est pas aux Etats-Unis de dire à l'UE ce qu'il faut faire sur la question de la +participation+" des six pays européens de l'OTAN non membres de l'UE, a déclaré le secrétaire américain à la Défense William Cohen à Birmingham.
 Les Quinze ont décidé de se doter d'ici 2003 d'une force de réaction rapide de 80.000 hommes pour être capable de mener notamment des opérations de paix de type Kosovo.
 Depuis la mise sur les rails de cette politique en décembre 1999 au sommet d'Helsinki, les six de l'OTAN se sont montrés inquiets d'être tenus à l'écart, mais c'est la Turquie qui s'est montrée la plus virulente.
 La Turquie considère qu'en raison de sa situation géographique, elle a le droit de participer à la défense européenne, sans attendre son adhésion à l'UE, qui reste lointaine.
 Au sommet européen de Feira (Portugal) en juin, les Quinze ont décidé de créer une structure de consultation avec quinze pays tiers européens (les six de l'OTAN et neuf pays candidats à l'UE).
 Mais les pays partenaires n'auront pas accès aux organes de contrôle de la politique européenne de défense, les Quinze tenant à conserver leur autonomie de décision.
 Cette structure de consultation est loin de satisfaire les pays de l'OTAN non membres de l'UE, qui voudraient être traités sur un pied d'égalité, comme c'était le cas au sein de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), organisation européenne de défense qui va disparaître d'ici à la fin de l'année.
 Les Quinze ont également invité les pays tiers européens à apporter des capacités additionnelles à la force de réaction rapide commune.
 "Ces contributions seront les bienvenues, mais je rappelle qu'il appartient naturellement aux membres de l'UE seuls de remplir les objectifs de capacités qu'ils se sont fixés", avait déclaré en septembre M. Richard.
 La Turquie a déjà annoncé qu'elle était prête à apporter une brigade accompagnée d'un soutien naval et aérien. La Norvège, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ont aussi fait des propositions.
 Aujourd'hui, les diplomates de l'UE se préparent à ce que les arrangements permanents entre l'Union et l'OTAN ne soient pas bouclés pour le sommet européen de Nice du 7 au 9 décembre, comme la présidence française de l'UE l'espérait.
 Plusieurs "détails importants" pourraient être réglés plus tard en 2001. (AFP, 26 octobre 2000)

L'appel des Pays-Bas à la Turquie

 Le Premier ministre néerlandais Wim Kok a appelé le 30 octobre la Turquie, pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne (UE), à traduire ses paroles en actes en matière de respect des normes européennes.
 "Nous souhaitons que la Turquie agisse de manière à traduire ses intentions", en matière de respect des normes de l'UE, "en lois qui soient appliquées ensuite dans la vie quotidienne", a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Bulent Ecevit.
 Soulignant qu'il ne revenait pas à son pays mais aux Turcs de décider de quelle manière ils pouvaient remplir les conditions d'adhésion, M. Kok a relevé que l'issue du processus dans lequel la Turquie se trouve engagé sera décidé en dernier ressort par les organes compétents des Quinze. (AFP, 30 octobre 2000)

RELATIONS REGIONALES / REGIONAL RELATIONS

Grève des fonctionnaires chypriotes-turcs

 Les fonctionnaires chypriotes-turcs ont suivi massivement le 17 octobre dans la partie nord (turque) de Chypre une grève à l'appel de leurs syndicats pour protester contre un programme d'aide économique élaboré par la Turquie qui prévoit des mesures d'austérité.
 Quelque 38.000 des 40.000 fonctionnaires de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) ont observé le mouvement qui a paralysé le nord de l'île, selon les syndicats.
 Environ 15.000 personnes, de source syndicale, ont en outre manifesté sans incident dans les rues de Nicosie (nord) scandant des slogans réclamant notamment la démission du président Rauf Denktash.
 Les transports aériens et maritimes entre la Turquie et la RTCN ont été arrêtés et les transports publics paralysés en raison de ce mouvement de grève sans précédent depuis la création en 1983 de la RTCN.
 Chaque année, la Turquie fournit une aide de plusieurs centaines de millions de dollars à la RTCN, soumise à un embargo international.
 Les autorités d'Ankara accusent depuis plusieurs années le gouvernement chypriote-turc de mauvaise gestion économique et avaient conditionné une nouvelle aide à la RTCN à la mise en vigueur d'une politique d'austérité.
 Le Conseil des ministres chypriote-turc avait accepté ce programme économique début octobre. Il prévoit l'ouverture d'une ligne de crédit spéciale au profit de la RTCN, permet notamment de régulariser les retards de paiement des salaires des fonctionnaires et augmente la TVA.
 Fin juillet, le Premier ministre chypriote-turc Dervis Eroglu avait déclaré qu'il demanderait à la Turquie une aide pour payer les fonctionnaires et dédommager les actionnaires floués dans une série de faillites bancaires.
 Des centaines de victimes de banqueroutes de banques avaient, le 19 juillet, saccagé le Parlement pour réclamer leur dû. (AFP, 17 octobre 2000)

Ankara et Tirana vont renforcer leur coopération militaire

 La Turquie et l'Albanie ont exprimé le 19 octobre leur volonté d'accroître leur coopération dans le domaine de la défense afin de contribuer à la paix et la stabilité dans les Balkans.
 "Nous allons déployer des efforts afin de renforcer notre coopération en matière de défense et de sécurité", a déclaré à la presse le Premier ministre albanais Ilir Meta à Ankara à l'issue d'une rencontre avec son homologue turc Bulent Ecevit.
 Ce dernier a indiqué que la coopération militaire turco-albanaise contribuerait à la paix et la stabilité des Balkans, déchirés par une succession de conflits armés.
 Les deux hommes n'ont pas précisé les mesures concrètes qui seront prises dans ce domaine.
 La Turquie, qui entretient des relations étroites avec l'Albanie, a octroyé plus de 40 millions de dollars pour la modernisation de l'armée albanaise et compte doubler ce montant d'ici 2004.
 Ankara s'est impliqué depuis le début de l'année dans la modernisation de la principale base militaire albanaise, à Pasha Liman (100 km au sud de Tirana), complètement détruite lors de la rébellion armée du printemps 1997, et envisage de faire de même pour l'usine d'armements de Poliçan (sud). (AFP, 19 octobre 2000)

Accord de construction d'un oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan

 La Turquie a signé le 19 octobre à Ankara avec un groupe d'investisseurs occidentaux un accord pour la construction d'un oléoduc d'importance stratégique entre Bakou (Azerbaïdjan), Tbilissi (Géorgie) et le port turc de Ceyhan (sud).
 "Il s'agit d'une signature historique. C'est un pas très important dans la réalisation de ce projet, le plus important du 21ème siècle", a dit le Premier ministre turc Bulent Ecevit lors de la cérémonie de signature.
 Il a précisé que l'oléoduc contribuera au renforcement politique des pays d'Asie centrale et du Caucase.
 L'oléoduc, dont la construction est fortement appuyée par les Etats-Unis, acheminera pétrole et gaz naturel de la mer Caspienne à travers la Géorgie jusqu'au port turc et vers l'Occident.
 L'accord a été signé par le ministre turc de l'Energie Cumhur Ersumer, la compagnie pétrolière étatique azerbaïdjanaise SOCAR, la compagnie publique turque BOTAS et un groupe d'investisseurs occidentaux conduits par British Petroleum (BP), qui contrôlera 50% du projet.
 Les présidents azerbaïdjanais et géorgien, respectivement Heydar Aliev et Edouard Chevardnadze avaient paraphé le document dans le courant de la semaine à Bakou et Tbilissi.
 La Turquie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie avaient signé en novembre dernier, en présence du président américain Bill Clinton, l'accord prévoyant la construction de cet oléoduc, qui coûtera 2,4 milliards de dollars et dont la construction commencera l'an prochain pour s'achever en 2004.
 La construction de l'oléoduc doit être approuvée par le gouvernement de chacune des parties.
 La mer Caspienne est supposée receler les troisièmes plus importantes réserves d'hydrocarbures, après le Golfe et la Sibérie. Ces ressources sont à l'origine d'une compétition féroce entre les pays riverains: l'Azerbaïdjan, l'Iran, le Kazakhstan, la Russie et le Turkménistan.
 Les Etats-Unis sont opposés aux oléoducs passant par l'Iran, que Washington accuse de soutenir le terrorisme international. (AFP, 19 octobre 2000)

La "Love Story" se heurte aux limites militaires

 Le spectaculaire rapprochement turco-grec s'est heurté à ses limites avec le retrait le 22 octobre des troupes grecques de manoeuvres de l'OTAN en Turquie, butant sur les problèmes qui divisent toujours les deux pays en mer Egée.
 Les manoeuvres "Destined Glory 2000", du 9 au 25 octobre, devaient pourtant être le signe supplémentaire d'une normalisation des relations entre les deux voisins, après des décades d'hostilité qui les ont menés au bord d'un conflit armé en 1996 autour de la souveraineté sur des îlots rocheux en Egée.
 Elles ont ainsi vu pour la première fois depuis la création de la République turque en 1923 le débarquement de troupes grecques en sol turc, dans la région d'Izmir (ouest), d'où les Grecs avaient été chassés lors de la Guerre d'Indépendance menée par Ataturk.
 Mais d'incessantes bisbilles sur les couloirs aériens autorisés aux avions grecs au-dessus de la mer Egée, à la géographie complexe, ont provoqué le fiasco, et rappelé la profondeur du différend: délimitation de l'espace maritime et aérien, du plateau continental, et "militarisation" de certaines îles grecques dénoncée par la Turquie.
 L'armée turque n'a rompu son silence, après deux semaines entrecoupées de suspensions de la participation grecque aux manoeuvres, que pour accuser le 22 octobre les avions grecs d'avoir violé les règles décidées par l'OTAN et pour mettre en garde contre les conséquences "indésirables" de ces violations.
 Le ministre grec de la défense Akis Tsohatzopoulos a rétorqué le jour suivant en accusant la Turquie d'exploiter les manoeuvres "pour promouvoir ses revendications illégales en Egée".
 "La Turquie doit comprendre qu'une telle attitude ne contribue pas à sa demande d'adhésion à l'Union européenne, cela ne correspond pas aux déclarations de ses représentants selon lesquelles les relations de la Grèce et de la Turquie se sont améliorées", a-t-il lancé.
 Le patient travail des chefs de la diplomatie grec Georges Papandréou et turc Ismail Cem, qui a abouti à un réchauffement spectaculaire soutenu par un élan de solidarité spontané entre les deux peuples frappés par des séismes meurtriers en août et septembre 1999, s'est ainsi vu rappelé à ses limites.
 MM. Cem et Papandréou avaient déjà dû annuler en catastrophe --officiellement sous prétexte de la crise au Proche-Orient-- une rencontre le 15 octobre à Rhodes (Grèce) et Marmaris (Turquie) destinée à entretenir la flamme.
 Mais cet accident de parcours ne devrait pas mettre fin au dialogue qu'ils ont ouvert en juin 1999 en laissant délibérément de côté les problèmes sur l'Egée et sur Chypre, divisée en deux secteurs depuis l'intervention de l'armée turque dans le nord en 1974 suite à un putsch de nationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.
 "Ce différend ne doit pas affecter les efforts de rapprochement des deux pays. Les deux parties doivent oeuvrer à rechercher les moyens de régler tous leurs différends (en mer Egée) par la voie du dialogue", a commenté un diplomate turc sous couvert de l'anonymat.
 Le ministre turc de la défense Sabahattin Cakmakoglu a minimisé la portée de l'incident: "Je ne trouve pas approprié de remplacer les liens d'amitié par du pessimisme après un ou deux événements, a-t-il souligné devant la presse, jugeant "prématuré" de supputer sur une possible détérioration des liens entre les deux pays.
 Le même jour à Athènes le porte-parole du gouvernement Dimitris Reppas, estimait que "les relations gréco-turques doivent être jugées dans leur évolution, selon le critère politique, et ne peuvent pas commencer et s'achever lors d'un exercice de l'OTAN", affirmant que la Grèce est décidée à poursuivre sa politique "stabilisatrice" en mer Egée. (AFP, 23 octobre 2000)

Ankara et Moscou renforcent leur coopération militaire

 La Turquie et la Russie ont exprimé le 23 octobre leur volonté de renforcer leur coopération dans le domaine militaire au premier jour d'une visite à Ankara du Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov.
 "Nous sommes tombés d'accord pour accroître davantage notre coopération militaire afin de renforcer la confiance mutuelle", a déclaré M. Kassianov lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue Bulent Ecevit.
 "Les relations dans le domaine de l'industrie de la défense devraient également être consolidées", a-t-il précisé.
 M. Ecevit a déclaré que la Turquie était désireuse et prête à coopérer plus activement avec la Russie dans le domaine de l'industrie de la défense.
 "Nous pouvons ainsi instaurer un climat de confiance, alors la concurrence cèdera la place au partenariat", a-t-il dit.
 Le consortium russo-israélien Kamov-IAI brigue avec le Ka-50-2 Erdogan un contrat de quatre milliards de dollars pour la vente à la Turquie de 145 hélicoptères de combat.
 La Turquie a annoncé en juillet qu'elle entamerait des négociations "en priorité" avec la firme américaine Bell-Textron, tout en laissant ouverte l'option Erdogan.
 M. Ecevit a réaffirmé que la Turquie considérait cet appel d'offre sous "une perspective technique et financière", indiquant qu'une "décision finale" n'avait pas encore été prise.
 De source turque, on a indiqué que les deux pays avaient décidé de créér une commission spéciale dans le domaine de la technologie militaire chargée de rechercher les moyens de développer certains projets d'armements.
 MM. Kassianov et Ecevit ont signé une série de protocoles soulignant la volonté d'accroître leurs liens économiques et commerciaux.
 Les deux pays coopèrent déjà dans la construction d'un gazoduc de 1,213 km reliant les deux pays à travers la mer Noire, un projet baptisé Blue Stream, dont la construction a commencé en février. Il doit être opérationnel en 2001 et fournir 365 milliards de m3 de gaz à la Turquie sur 25 ans. (AFP, 23 octobre 2000)

La Grèce rejette les arguments turcs sur la démilitarisation

 La Grèce a affirmé le 24 octobre qu'elle exercerait ses droits souverains en mer Egée en rejetant les arguments turcs selon lesquels les îles grecques de Limnos et d'Icaria devraient être "démilitarisées".
 "La mémoire et la sensibilité de la Turquie sont sélectives, car le Traité de Montreux de 1936 a levé la démilitarisation de ces îles, ce que tout le monde sait", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Dimitris Reppas, dans son point de presse quotidien.
 "Il n'est pas question de limiter notre droit d'utiliser les couloirs aériens au-dessus de ces îles, l'argument turc de démilitarisation de ces îles est inacceptable", a ajouté M. Reppas, affirmant que "les avions de chasse grecs ont utilisé, utilisent et utiliseront ces couloirs aériens".
 M. Reppas a souligné que "l'important, c'est que l'OTAN puisse imposer à la Turquie l'application d'un plan d'exercices convenu au départ".
 La Grèce a retiré le 22 octobre ses forces des manoeuvres alliées "Destined Glory 2000", en Turquie, qui s'achèvent le 25 octobre, en raison de restrictions apportées par la Turquie à la circulation d'avions de chasse grecs au dessus des îles de Limnos et d'Icaria, une zone de tensions fréquentes entre les deux pays.
 "L'incident de l'exercice allié est une évolution négative, mais la stratégie de notre pays concernant les relations gréco-turques est dictée par notre souci de sauvegarder la paix et la stabilité dans la région", a par ailleurs affirmé M. Reppas.
 "Nous réussirons avec la coopération de l'Union européenne à ce que la Turquie applique les règles internationales", a-t-il ajouté. (AFP, 24 octobre 2000)

Demande grecque de report d'une remise de prix

 Le chef de la diplomatie grecque, Georges Papandréou, a demandé le report de la remise d'un prix qui lui a été attribué ainsi qu'à son homologue turc Ismail Cem par le Conseil du traité de l'Atlantique nord, l'organe de l'Otan, a-t-on appris auprès du ministère grec des Affaires étrangères.
  Les motifs de ce report sont notamment "les derniers incidents survenus" entre la Grèce et la Turquie lors des manoeuvres alliées "Destined Glory 2000", qui ont pris le 25 octobre près des côtes de Turquie, a précisé le porte-parole du ministère Panos Béglitis.
 "M. Papandréou a envoyé une lettre au Conseil atlantique pour demander le report" de la cérémonie de remise du prix décerné à MM. Papandréou et Cem pour leur contribution à la paix dans la région, a indiqué M. Beglitis. La cérémonie devait avoir lieu à Budapest le 31 octobre.
 Les deux ministres sont les principaux protagonistes du rapprochement bilatéral entamé en juin 1999 et qui s'est concrétisé par la signature de huit accords dans des différents domaines au début de l'année. (AFP, 26 octobre 2000)

Ecevit accuse la Grèce d'éluder le dialogue

 Le Premier ministre turc Bulent Ecevit a accusé le 26 octobre la Grèce d'éluder le dialogue avec la Turquie, alors que le rapprochement récent entre les deux pays traverse une phase de glaciation.
 La décision d'une commission parlementaire grecque de ne pas soumettre pour ratification à l'assemblée un accord de coopération bilatérale sur le tourisme "montre une fois de plus combien la Grèce est timorée face à l'amélioration des relations avec la Turquie", a estimé M. Ecevit.  "Il est évident que la Turquie est conciliante et favorable au dialogue dans ses relations avec la Grèce. Mais les récents événements montrent que la Grèce essaie d'éluder le dialogue avec la Turquie", a-t-il ajouté.
 La Grèce s'est retirée le 22 octobre de manoeuvres de l'OTAN en Turquie, auxquelles elle participait pour la première fois, après que la Turquie eut refusé que ses avions empruntent un couloir aérien au-dessus des îles grecques de Limnos et Icaria, dont Ankara dénonce la "militarisation".
 La Grèce a rétorqué que le Traité de Montreux de 1936 avait levé la démilitarisation de ces îles et que le refus de survol était une limitation "inacceptable" de l'exercice de sa souveraineté.
 En outre, le chef de la diplomatie grecque, Georges Papandréou, a demandé le report de la remise d'un prix qui lui a été attribué ainsi qu'à son homologue turc Ismail Cem par le Conseil du traité de l'Atlantique nord, l'organe de l'OTAN, prévue le 31 octobre à Budapest.
 Le ministère turc des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire. (AFP, 26 octobre 2000)

IMMIGRATION / MIGRATION

6 Kurdes cherchant réfuge en Italie trouvés morts

 Le 11 octobre, 462 clandestins dont, 345 Kurdes irakiens, abandonnés en pleine mer sur un cargo turc, ont pu débarquer dans le port italien d'Otrante. L'équipage de ce vieux cargo turc Diler avait laissé ses passagers à leur sort à vingt mille des côtes italiennes. Repéré par des gardes-côtes italiens le navire a été conduit à Otrante par un équipage italien. Ses passagers épuisés de fatigue ont été conduits dans un centre d'accueil pour être identités et soignés.
 Le ministre italien de l'Intérieur Enzo Bianco a affirmé que les malheureux passagers, dont près de la moitié des femmes et des enfants, "allaient vers une mort certaine". Selon lui, les passeurs appartiennent à "une organisation criminelle des plus dangereuses et sont d'une violence inouïe ".
 Ils avaient embarqué à Izmir, en Turquie, et payé 2500 dollars par adulte et la moitié par enfant pour le voyage. L'embarquement à Izmir s'est déroulé au vu et au su des autorités portuaires et policières turques, et sans doute avec leur complicité. Avoir le moins de Kurdes possible dans la région est l'une des lignes de force de la politique turque. En plus ce trafic sur une vaste échelle rapporte beaucoup d'argent aux divers services turcs. C'est pourquoi le souhait formulé par M. Bianco d'une "meilleure coopération avec la police turque " pour endiguer cet afflux de réfugiés risque de rester un v u pieux tout comme les autorités turques n'ont jusqu'ici pas fait preuve d'empressent pour la coopération policière européenne contre le trafic de drogue, car ce trafic rapporte bon an mal an de 35 à 40 milliards de dollars à l'économie "grise " turque.
 Par ailleurs, le 18 octobre, la police italienne a trouvé sur une route près de la frontière albanaise les corps de six Kurdes irakiens asphyxiés qui, selon toute vraisemblance, venaient de Grèce à bord d'un poids lourd. Après le passage de la frontière le chauffeur a jeté sur le bord de la route les cadavres de ses passagers clandestins. (CILDEKT, 19 octobre 2000)

 

 
 
 
 
 
 
 

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(January/janvier 1998 - Octobre/October 2000)
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