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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

44th Year / 44e Année
Mars
2018 March
N° 475
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 588 69 73
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



https://www.facebook.com/fondation.info.turk/posts/10156502154273641?pnref=story


Droits de l'Homme / Human Rights


Statement in Front of Courthouse: ‘Boğaziçi University is on Trial’

Arrestation d'étudiants, traités de "terroristes" par Erdogan

ONU: "Graves" violations des droits de "centaines de milliers de personnes"
La politique d’Erdogan face au tribunal des peuples
Permanent People's Tribunal on Turkey and Kurds begins in Paris

Erdogan's regime to be tried by Peoples' Tribunal in Paris
Human Rights Association: 1154 Ill Prisoners, 402 in Serious Condition

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Writer Eliaçık Faces 7.5 Years in Prison Over ‘PKK Propaganda’
Journalism Organizations Denounce Operation Against Özgürlükçü Demokrasi
Une nouvelle loi renforce la mise au pas d’Internet en Turquie
Prosecutor’s Office Demands Prison Sentence for Musician Ferhat Tunç

Une célèbre actrice condamnée à dix mois de prison pour "insulte" à Erdogan
Pınar Selek File at Supreme Court General Board
Un conglomérat pro-Erdogan en passe de racheter le plus grand groupe de presse
L'autorité audiovisuelle autorisée à bloquer des contenus sur internet
La CEDH condamne l'emprisonnement de journalistes en Turquie

Procès Cumhuriyet entre 7 ans et demi et 15 ans de prison requis
La justice veut une peine plus lourde pour le journaliste Dündar
Deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet libérés
25 journalistes condamnés en lien avec le putsch manqué

#SaveTurkishJournalists : RSF lance un appel à la CEDH
Polémique après l'interdiction de chansons sur l'audiovisuel public

Nouvelle peine de prison pour Ahmet Altan déjà condamné à perpétuité

Kurdish Question / Question kurde

La Turquie somme les milices kurdes de quitter la ville de Minbej
 167.000 déplacés par les hostilités dans la région d'Afrine
Pour les déplacés d'Afrine, le nouvel an kurde s'annonce lugubre
Les Kurdes célèbrent Newroz dans une ambiance tendue
Afrine: les Kurdes syriens amers face l'inaction occidentale
Öcalan privé de contact extérieur en prison, s'inquiète le Conseil de l'Europe
Pas d'extradition vers la Turquie d'un responsable kurde syrien

Les Kurdes promettent de se battre pour la "libération" d'Afrine
Scènes de pillage à Afrine après l'entrée des forces pro-turques
Des forces pro-turques prennent le centre-ville d'Afrine

Manifestation nocturne pour solidarité avec Afrin à Bruxelles
Hommage à Carhaix au combattant breton tué à Afrin
Des combattants kurdes abandonnent la lutte anti-EI pour Afrine

Un média féministe prokurde lutte pour sa survie
Prison pour une députée kurde, nièce du leader du PKK

Saleh Muslim remis en liberté à Prague, protestation d'Ankara
Deux députés du HDP déchus de leur mandat parlementaire

Minorités / Minorities

Début du procès d'un pasteur américain le 16 avril

UN Human Rights Council adopts Genocide Prevention Resolution
Avec la chute d’Afrin, les derniers yézidis de Syrie disparaissent

Un site chrétien inscrit au patrimoine mondial endommagé par des raids turcs
Un procureur réclame la prison à vie pour un pasteur américain détenu
Attack on Saint Maria Catholic Church in Trabzon
70 intellectuels arméniens « exigent » l’élection d’un nouveau patriarche
L'Arménie désavoue les accords de normalisation avec la Turquie

Politique intérieure/Interior Politics

Dieu est à nos côtés! Le serment des unités spéciales
Vote d'une révision controversée de la loi électorale
Unités spéciales et unicité de Dieu - Etienne Copeaux


Forces armées/Armed Forces

Huit soldats turcs tués jeudi dans l'offensive en Syrie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Séries turques, symptôme des tensions entre Ankara et Ryad


Socio-économique / Socio-economic

Des milliers de femmes défilent à Istanbul pour "la liberté"


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations


Macron a reçu une délégation de la coalition arabo-kurde FDS

Wauquiez (LR) fustige l'"abandon" des Kurdes par l'Europe

MEPs call for human rights discussion at meeting with Turkey
L'UE durcit le ton avant une réunion attendue avec Erdogan
Merkel: la situation à Afrine est "inacceptable"

Militantes kurdes tuées à Paris: les proches veulent qu'un juge enquête
Pierre Laurent appelle le gouvernement "à faire plus" pour Afrine
L'UE lance une nouvelle aide financière pour les réfugiés en Turquie
Un rapport déplore le peu de résultats des fonds de pré-adhésion de l'UE

Manifestation pour Afrin: le silence des nations, est une complicité!
Une demande honteuse à Berlin par Ankara pour l'extradition de Muslim

Tribunal Permanent des Peuples sur la Turquie et les Kurdes à Paris
Ankara accuse Macron d'avoir "manqué de franchise"

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Trump veut "intensifier la coopération avec la Turquie"
Ankara promet d'étendre son offensive, Washington "préoccupé
Washington: abandon de poursuites contre des gardes d'Erdogan

Les Etats-Unis critiquent la Turquie pour ses opérations à Afrine
Le Pentagone admet une "pause opérationnelle" en Syrie

Relations régionales / Regional Relations


Les espions turcs "rapatrient" 6 partisans présumés de Gülen arrêtés au Kosovo
Affaire Skripal: Erdogan n'agira pas contre Moscou "sur la base d'une allégation"

Damas condamne "l'occupation turque" d'Afrine et réclame un "retrait immédiat"
Quelles conséquences en Syrie après la prise d'Afrine par les forces turques?
La Turquie construira des camps pour déplacés dans le nord de la Syrie
Rencontre le 16 mars à Astana entre Moscou, Téhéran et Ankara

36 combattants prorégime tués par l'aviation turque dans l'enclave d'Afrine
Première visite d'un président turc en Mauritanie
Erdogan demande des gestes à Alger pour améliorer les échanges commerciaux


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Dispute gazière avec Ankara: Chypre salue le soutien de l'UE
Un tribunal turc refuse de libérer deux soldats grecs

La justice grecque refuse d'extrader en Turquie un réfugié
Deux soldats grecs entrés en Turquie placés en détention

Immigration / Migration

Manifestation kurde contre le soutien de l'OTAN à l'offensive turque à Afrine
Afrine: Des milliers de manifestants pro-kurdes défilent en Europe
Le PS fait les yeux doux à Mahinur Ozdemir
Manifestation à Bruxelles pour demander la fin des violences à Afrin
Des milliers de manifestants pro-kurdes à Berlin contre l’offensive turque à Afrine
Rémunérations brutes des membres turco-belges du Parlement bruxellois

Manifestation en solidarité avec la résistance des peuples d'Afrin




Droits de l'Homme / Human Rights

Statement in Front of Courthouse: ‘Boğaziçi University is on Trial’

Academics from Boğaziçi University, who have been charged with "propagandizing for a terrorist organization" for signing the declaration "We will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace, have their first hearings today (March 28) in İstanbul Çağlayan Courthouse.

Before the hearing, a group of academics and students of Boğaziçi University gathered in front of the courthouse and gave a statement for press in support of the academics:

"On this day, when our colleague Prof. Onur Hamzaoğlu has been under arrest for 47 days and Serdar Başçetin for 43 days, we, the Academics for Peace are here once again to defend peace, freedom of expression and academia. Between the days of March 22 and 26, 11 students of Boğaziçi University were taken into custody. On March 22, 7 students of Boğaziçi University who were detained and released were subjected to battery and harassment while in custody.

"Since December 5, 2017, the Academics for Peace have been frequenting the justice. In 262 lawsuits that have been filed, our 173 colleagues have had their first hearings, 24 of them have had their second hearings and a verdict has been given in three lawsuits".

"Freedom of expression is a constitutional right"

"Today, together with our friends who are here again to support us and stand in solidarity with us, we will follow the first hearings of two academics from Boğaziçi University held at 14th Heavy Penal Court.

"Freedom of expression is a constitutional right, demanding peace is not and cannot be a crime. Right to education is guaranteed by the Constitution, it cannot be violated!

"Our teachers, Onur Hamzaoğlu and Serdar Başçetin, who are under arrest, and our 11 students who are held in custody have to be immediately released".

İldeş: A rush of detentions has been started at Boğaziçi

After the statement was read out, Education and Science Laborers' Union (Eğitim-Sen) Branch No.4 Chair, İzzet İldeş said,

"A special project is being implemented at Boğaziçi at the moment. A rush has been started for the detention of students and academics. Boğaziçi is one of the most deep-rooted universities of Turkey. Students enter this university after they manage to be among the most successful 1 percent. They know what to defend very well, too. Defending peace should never be a crime."
(BIA, March 28, 2018)

Arrestation d'étudiants, traités de "terroristes" par Erdogan

La police turque détenait dimanche sept étudiants d'une université d'Istanbul, qualifiés par le président Recep Tayyip Erdogan de "terroristes" pour s'être opposés à sa campagne militaire en Syrie.

La police a pénétré de force dans les dortoirs de l'Université du Bosphore (ou Bogazici) à 05H00 dimanche et arrêté trois étudiants, deux hommes et une femme, a annoncé à l'AFP l'avocat Inayet Aksu.

Selon lui, ces arrestations s'ajoutent à d'autres menées depuis jeudi, portant désormais le nombre d'étudiants de ce campus détenus à sept.

M. Erdogan a qualifié samedi de "terroristes" ces étudiants s'opposant aux opérations militaires turques en Syrie, lors d'un congrès de son parti, l'AKP, à Samsun sur la mer Noire.

Des tensions ont éclaté cette semaine au sein de l'Université du Bosphore entre étudiants pro et antiguerre en Syrie.

Un groupe d'étudiants a ouvert sur le campus un stand offrant des bonbons et des loukoums, appelés en anglais "turkish delight" et qu'ils ont rebaptisés "Afrin Delight", en mémoire des soldats turcs tombés dans les combats pour prendre l'enclave syrienne d'Afrine.

En réaction, d'autres étudiants ont déployé des bannières avec des slogans antiguerre.

"Alors que ces jeunes distribuaient des bonbons, ces jeunes communistes, ces traitres, ont osé s'en prendre à leur stand", a dénoncé M. Erdogan, qui a annoncé une enquête pour identifier les étudiants opposés aux opérations militaires.

"Des déclarations (antiguerre) peuvent déranger mais ne peuvent être considérées comme un crime selon le code pénal turc", a souligné Me Aksu.

Le 18 mars, les forces turques avec l'aide de supplétifs syriens alliés ont pris l'enclave d'Afrine dans le nord de la Syrie, y délogeant la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) à l'issue d'une offensive débutée deux mois plus tôt.

M. Erdogan a annoncé dimanche que la prochaine cible était la ville syrienne de Tal Rifaat, à une quarantaine de km au nord d'Alep.

Quelque 500 personnes sont détenues en Turquie pour avoir diffusé des messages critiquant ces opérations sur les réseaux sociaux ou pour avoir manifesté.

Kati Piri, rapporteur du parlement européen sur la Turquie, a dénoncé dimanche sur Twitter l'attitude de M. Erdogan.

"Des manifestants antiguerre qualifiés de 'terroristes' par le président Erdogan. La pensée critique est une conduite dangereuse dans la 'nouvelle Turquie'", a-t-elle écrit.
(AFP, 25 mars 2018)

ONU: "Graves" violations des droits de "centaines de milliers de personnes"

La prolongation de l'état d'urgence en Turquie a conduit à de "graves" violations des droits de "centaines de milliers de personnes", a accusé mardi un rapport de l'ONU, qualifié par Ankara de "biaisé" et "inacceptable".

Dans un document de 29 pages couvrant l'année 2017, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme a souligné que "les prolongations régulières de l'état d'urgence en Turquie ont conduit à de graves violations des droits de l'homme de centaines de milliers de personnes".

Parmi ces violations figurent la torture et autres mauvais traitements, les détentions arbitraires, la privation arbitraire du droit au travail et de la liberté de mouvement, ou encore les atteintes à la liberté d'association et d'expression, selon le rapport qui dénonce "l'érosion de l'état de droit en Turquie" et réclame la fin de l'état d'urgence.

La réaction d'Ankara n'a pas tardé.

Ce rapport "contient des informations déformées, baisées et fausses (et) est inacceptable pour la Turquie", a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

L'état d'urgence a été instauré en Turquie quelques jours après une tentative de coup d'Etat le 15 juillet 2016, imputée par les autorités au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie toute implication.

"Les chiffres sont stupéfiants: près de 160.000 personnes arrêtées pendant 18 mois d'état d'urgence ; 152.000 fonctionnaires renvoyés, dont beaucoup de manière totalement arbitraire ; des enseignants, juges et avocats renvoyés ou poursuivis ; des journalistes arrêtés, des médias fermés et des sites web bloqués", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, cité dans un communiqué.

"Il est clair que les états d'urgence successifs déclarés en Turquie ont été utilisés pour restreindre sévèrement et arbitrairement les droits humains d'un très grand nombre de personnes", a-t-il ajouté.

Le Haut-Commissariat reconnaît "les défis complexes auxquels la Turquie a dû faire face pour répondre à la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016 et à un certain nombre d'attentats terroristes".

Mais le rapport indique également que "le simple nombre" et "la fréquence" des décrets d'urgence, ainsi que "l'absence de lien" entre ces décrets et la "menace nationale semblent pointer (...) une utilisation des pouvoirs d'urgence pour étouffer toute forme de critique ou de dissidence à l'égard du gouvernement".

- 'Simulacre de noyade' -

"L'une des conclusions les plus alarmantes du rapport", a relevé M. Zeid, est "la manière dont les autorités turques auraient détenu une centaine de femmes enceintes ou venant d'accoucher, principalement au motif qu'elles étaient +associées+ à leur mari, qui sont soupçonnés d'être liés à des organisations terroristes".

Selon le Haut-Commissaire, certaines de ces femmes "ont été détenues avec leurs enfants et d'autres ont été violemment séparées d'eux". "C'est tout simplement scandaleux, tout à fait cruel, et cela ne peut certainement pas avoir quoi que ce soit à voir avec l'amélioration de la sécurité du pays", a-t-il asséné.

Le rapport de l'ONU documente également le recours à la torture et aux mauvais traitements en détention, y compris les passages à tabac, les agressions sexuelles, les chocs électriques et le simulacre de noyade par la police, la gendarmerie, la police militaire et les forces de sécurité.

Le rapport dénonce aussi la détention d'environ 300 journalistes, les accusations de fermeture de plus de 100.000 sites internet l'an dernier.

La Cour européenne des droits de l'Homme a également condamné mardi la Turquie pour la détention de deux journalistes, Mehmet Altan et Sahin Alpay, jugeant que leur maintien en détention ne pouvait être considéré comme "régulier" et "opéré selon les voies légales".

Dans son rapport, l'ONU note par ailleurs les allégations continues de violations des droits de l'Homme dans le sud-est de la Turquie, région en majorité peuplée de Kurdes.

Dans un rapport publié il y a un an, le Haut-Commissaire avait dénoncé les "allégations de destructions massives, de meurtres et de nombreuses autres graves violations des droits de l'Homme commises entre juillet 2015 et décembre 2016 dans le sud-est de la Turquie, au cours des opérations de sécurité gouvernementales".

Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), organe spécialisé du Conseil de l'Europe, s'est par ailleurs inquiété mardi des conditions de détention du chef historique de l'opposition kurde Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 une peine de prison à vie, et de trois autres prisonniers de l'île-prison d'Imrali (nord-ouest de la Turquie), privés de contact avec leurs avocats depuis presque cinq ans et avec leurs proches depuis plus de dix-huit mois.
(AFP, 20 mars 2018)

La politique d’Erdogan face au tribunal des peuples

La répression du peuple kurde est au cœur de ce rendez-vous juridique et politique qui comble les lâchetés internationales.

«Accusé Erdogan, levez-vous ! » La phrase n’a pas été formellement prononcée, hier, à l’ouverture de la session du Tribunal des peuples qui s’est ouverte à Paris, mais elle a résonné dans les oreilles des participants. Certes, ce tribunal-là n’est pas perruqué à l’anglaise, il n’a pas le ton magistral des cours de justice de France, où le juge règne encore comme au XIXe siècle lorsqu’il a devant lui de pauvres gens. Il s’agit de tout autre chose. « Les juridictions internationales ne jouent pas leur rôle. C’est pourquoi les sociétés civiles du monde entier ont pris l’initiative de créer le Tribunal permanent des peuples », souligne l’avocat Daniel Voguet.

Place de la République, tout un programme, il s’agit donc d’examiner les atteintes aux droits de l’homme perpétrées par la Turquie de Recep Erdogan. Les « magistrats » du tribunal, des juristes pour la plupart, comme son président, Philippe Texier, juge honoraire de la Cour de cassation en France (mais il y a aussi Denis Halliday, ancien coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak, de septembre 1997 à 1998), respecte les règles. Un procureur, Jan Fermon, dresse le réquisitoire et met en évidence les crimes de guerre perpétrés par Ankara, du 1er juin 2015 au 1er janvier 2017, dans les villes de l’Anatolie du Sud-Est, c’est-à-dire le Kurdistan de Turquie, ainsi que les responsabilités de l’État turc dans de multiples assassinats, enlèvements, en Turquie et en dehors, rappelant ainsi les meurtres de trois militantes et responsables kurdes, à Paris, le 9 janvier 2013.

Tribunal, donc témoignages. La défense ? Le dossier a été déposé au consulat de Turquie, à Paris, sans réponse pour l’instant. « Ce tribunal est symbolique, mais nous ne pouvons aller devant la Cour pénale internationale (CPI) puisque la Turquie n’a pas ratifié les accords de Rome », relève Sylvie Boitel, avocate à la cour d’appel de Paris.

Devant le Tribunal du peuple, se sont donc succédé jeudi – et vendredi encore – des « témoins », qui permettent de mieux appréhender la problématique. Un exposé historique de l’excellent Hamit Bozarslan, qui resitue la question kurde dans l’histoire de l’Empire ottoman et de la création de la première République kurde, et permet de comprendre la réalité actuelle dans toutes ses dimensions. Ahmet Yildirim, député du HDP, souligne qu’« aucun statut n’a été donné aux Kurdes au XXe siècle, il ne faut pas qu’il se passe la même chose au XXIe siècle ». Il rappelle les arrestations des parlementaires de son parti, mais aussi les méthodes utilisées contre tous ceux qui combattent la politique d’Erdogan. « Même les joueurs de l’équipe de football de Diyarbakir ont été sanctionnés parce qu’ils voulaient que les enfants puissent venir assister aux matchs en toute sécurité. » L’économiste Ahmed Pelda, de son côté, a relevé combien les droits des Kurdes sont bafoués économiquement, notamment parce que ces régions du Sud-Est anatolien sont délaissées par le pouvoir central. Culturellement, même punition : « Toutes les activités culturelles en langue kurde sont interdites, dénonce l’écrivain Rojan Hazim. On demande aux Kurdes de s’assimiler et d’accepter une langue qui n’est pas la leur. » Quant à Nazan Ustundag, elle est revenue sur le ciblage des femmes dans la répression du pouvoir turque. « Les élues inculpées l’ont notamment été à cause de leur participation à des journées comme celle du 8 mars, consacrée au droit des femmes », a-t-elle dit. (L'HUMANITÉ, 16 mars 2018)

Permanent People's Tribunal on Turkey and Kurds begins in Paris
 
The Permanent People's Tribunal, which provides a platform for a panel of judges to investigate war-crimes committed by the Turkish State against Kurds, has begun on Thursday in Paris.

The indictment against the Turkish state was brought forward by the International Association of Democratic Lawyers (IADL), the European Association of Lawyers for Democracy and World Human Rights, Maf-Dad, and the Kurdish Institute in Brussels.

It seeks to assess the extent of war-crimes committed by the Turkish State in its ongoing conflict with the Kurdistan Workers Party (PKK). It will specifically look at indiscriminate bombings n civilian neighbourhoods, especially in cities like Diyarbakir, Cizre, and Sirnak. The Tribunal will also investigate crimes conducted by the Turkish State targetting dissidents in the Kurdish diaspora in Europe and beyond.

Today, the program began with an introductory session that summoned the Turkish Republic on trial. At around 10:50 AM until 1:30 PM, participants discussed the principles, history, political rights, access to resources, and the cultural rights of Kurds in Turkey. Later on in the afternoon, it is expected that they will discuss war crimes committed in Cizre, Nusaybin, Sur and Sirnak.

Tomorrow, on March 16th, participants will discuss the Roboski massacre and violence against women. They will also investigate the historic use of Death squads used by the Turkish government against leftist and Kurdish dissidents. Former members of the security forces will testify on their contribution to false flag operations conducted by the Turkish Government.

On the third session, there will be a particular focus on the assassinations of Sara Sakine Cansiz, Fidan Dogan, and Leyla Saylemez -- the Kurdish women in the Kurdish freedom movement who were killed by a man suspected to be working with Turkish intelligence.

The session will finally end with the arrest and capture of Abdullah Ocalan, a co-founder and ideological figurehead of the PKK, who was detained in 1999 and has lived in solitary confinement in Imrali Prison, Turkey ever since.  (http://theregion.org/; 16 mars 2018)

Erdogan's regime to be tried by Peoples' Tribunal in Paris



A session of the Permanent Peoples Tribunal on alleged violations of international law and international humanitarian law by the Turkish Republic and its officials in their relations with the Kurdish people and their organisations will be held in Paris (France) on 15 and 16 March 2018.

A panel of judges will examine an indictment served upon the Turkish State and some of its officials. Turkey has been criticised by respected human rights organisations, governments, international bodies for violations of the right to freedom of expression, freedom of organisation etc. These violations have been extensively documented and some of them also submitted to the European Court of Human Rights.

All information on:

http://tribunal-turkey-kurds.org

Endorsing organisations and individuals:

http://tribunal-turkey-kurds.org/index.php/endorsers/

Human Rights Association: 1154 Ill Prisoners, 402 in Serious Condition

The Prisons Commission of the Human Rights Association (İHD) has announced there are 1154 ill prisoners in prisoners, 402 in critical condition.

The commission drew attention to rights violations and demanded thorough investigation of rights violations, foremost torture and abuse allegations, as well as legal action against those responsible.

"Conditions that threaten mental and physical integrity"

Accordingly Mesopotamia Agency's news piece, İHD Deputy Secretary General in charge of Prisons and Organization Necla Şengül and Central Prisons Commission Member Nehir Bilece made a statement on the subject at İHD İzmir Branch headquarters.

Stating that there are 1154 ill prisoners, 402 of them in critical condition, on İHD's list of ill prisoners, Şengül articulated their demand the immediate release of 402 inmates. Noting also the need for other prisoners to receive treatment as soon as possible, Şengül said these would also enter into the seriously ill category as long as they go untreated.

"Prison conditions threaten inmates' mental and physical integrity," said Nehir Bilece.

According to information given out by the Justice Ministry on November 2, 2017, there are 228,993 arrested/convicted inmates in prisons, reported Bilece, and said there are 386 prisons in Turkey with a total capacity of 208,830. "This means there are 20 thousand inmates sleeping on the floor," said Bilece.
(BIA, March 2, 2018)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Writer Eliaçık Faces 7.5 Years in Prison Over ‘PKK Propaganda’

Writer İhsan Eliaçık has started to be tried on charge of “propagandizing for the Kurdistan Workers’ Party (PKK)” due to some of his articles published on Internet. Eliaçık is facing up to 7.5 years in prison.

In the first hearing held at İstanbul 26th Heavy Penal Court, the prosecutor in his dictum stated that Prime Ministry Communication Center (BİMER) received a complaint about Eliaçık’s article.

In the dictum, the prosecutor claimed that the aforementioned article tried to create a perception against the legitimate operations launched by state’s security forces against terrorists. The prosecutor stated in the dictum that “when defendant’s articles are considered in perspective, they ae such as to call for terrorist violence, call on people to armed resistance and insurgency”.

Eliaçık: Prosecutor wishes that I live in misery

Not having attended the hearing, Eliaçık tweeted:

“What is the purpose of the prosecutor who demands that I serve 10 years in prison for promoting terrorism and my deprivation of being president, MP, civil servant, party administrator, etc.? 

“The prosecutor flew off the handle in the fourth hearing of the trial held yesterday; he says ‘May he serve 10 years in prison, let his penalty be increased, don’t let him elect or be elected, find party, foundation or association, profess, let him starve and live in misery”.
(BIA, March 28, 2018)

Journalism Organizations Denounce Operation Against Özgürlükçü Demokrasi


Journalism organizations have denounced the operation launched against Özgürlükçü Demokrası newspaper.

In their statements, Journalists’ Union of Turkey (TGS), Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey (DİSK) Press-labor Free Journalists Initiative and Mezopotamya Women Journalists’ Platform have denounced the operation launched against Özgürlükçü Demokrasi newspaper.

TGS

In its statement, the TGS stated that the government tries to silence the media outlets, which it cannot silence through buying, by confiscating them and said, “Turkey cannot be reduced to single voice, single color, single opinion”.

DİSK Press-Labor

DİSK Press-Labor denounced the allegations that a trustee has been appointed to Özgürlükçü Demokrasi newspaper:

“This is a part of a chain of pressures directed against a large number of dissident media outlets occurring in the wake of State of Emergency. Its aim is to silence free press and the history proves that it has never succeeded”.

Free Journalists’ Initiative

Free Journalists Association was closed by a decree in November 2016. Carrying on its activities as Free Journalists’ Initiative, the organization said that “the government will not be able to hide the facts from people” and called on the government to “give up imposing such crackdowns on alternative and dissident media”.

Mezopotamya Women Journalists’ Platform

Stating that “Özgürlükçü Demokrasi newspaper is the mirror of facts which the government overlooks and want to be overlooked”, the platform denounced the government over its policy of oppressing dissident media by means of appointing a trustee.

What happened?

The central office of Özgürlükçü Demokrasi newspaper in the district of Beyoğlu in İstanbul and the printing house where its newspapers are printed were raided by the police at midnight (March 28).

Mesopotamia Agency reported that after a search was conducted at the the central office of the newspaper until 3 a.m., the attorneys of the newspaper who went to the central office early in the morning encountered the officials from the Saving Deposit Insurance Fund (TMSF).

Speaking to bianet, Hüseyin Aykol, who writes in Özgürlükçü Demokrasi, told that the newspaper has been transferred to the Saving Deposit Insurance Fund (TMSF) and a trustee has been appointed.
(BIA, March 28, 2018)

Une nouvelle loi renforce la mise au pas d’Internet en Turquie

Le Parlement turc a adopté, le 21 mars 2018, une loi plaçant les services de vidéos en ligne sous la tutelle du régulateur de l’audiovisuel. Reporters sans frontières (RSF) dénonce la volonté d’Ankara de combler les dernières brèches dans son contrôle de l’information.

Après avoir mis au pas les médias traditionnels, les autorités turques parachèvent leur dispositif de censure d’Internet. Une loi votée le 21 mars place les services de vidéos en ligne sous le contrôle du Haut Conseil de l’audiovisuel (RTÜK). Pour pouvoir poursuivre leurs activités une fois qu’elle sera entrée en vigueur, ces plateformes devront obtenir une licence qui ne sera délivrée qu’après une enquête pouvant impliquer la police et les services secrets (MIT). Le RTÜK sera ensuite chargé de surveiller les contenus et de prononcer des sanctions en cas “d’irrégularité”. Il pourra aussi saisir le juge des référés pour faire bloquer en 24 heures les sites qui continueraient à émettre sans licence. La loi doit encore être promulguée par le président Erdoğan, ce qui devrait être une formalité.

Outre les services de vidéos à la demande comme Netflix, cette nouvelle loi devrait affecter des sites d’information alternatifs tels que MedyascopeTV (lauréat du Prix RSF 2017), Evrensel WebTV et Arti TV, ou encore des plateformes comme YouTube, Periscope et Facebook, dont se servent de nombreux médias censurés pour diffuser leurs contenus. Les ressources basées à l’étranger ou n’émettant pas en turc sont tout autant concernées. Même si les individus qui diffusent des vidéos en ligne ne devraient finalement pas être affectés, les contours de la loi restent flous. Un décret d’application doit les préciser d’ici six mois.

“Cette réforme antidémocratique, passée au pas de charge sans consulter la société civile, ne fait que renforcer la mainmise du gouvernement sur Internet, dénonce le représentant de RSF en Turquie, Erol Önderoğlu. A l’approche des élections générales de 2019, le pouvoir comble ainsi l’une des dernières brèches dans son contrôle de l’information.”

Ces dernières années, la politisation du RTÜK, dont les membres sont désignés par le Parlement, n’a fait que s’accentuer. Le régulateur est aujourd’hui largement dominé par le parti au pouvoir AKP et son allié nationaliste, le MHP. Le parti d’opposition CHP reste seul à tenter d’y faire valoir le pluralisme depuis l’éviction du contingent du parti pro-kurde HDP, à l’été 2017.

Internet était déjà hautement censuré en Turquie. Des amendements votés ces dernières années ont généralisé le blocage administratif pour des motifs de plus en plus larges. Outre les principaux sites d’information critiques, les autorités n’ont pas hésité à bloquer Twitter et YouTube à plusieurs reprises, et Wikipédia est toujours indisponible. Année après année, la Turquie reste le pays qui demande le plus de retraits de contenus à Twitter. Les outils de contournement de la censure (VPN, réseau Tor…) sont eux aussi attaqués. Et on ne compte plus les internautes jetés en prison pour leurs partages sur les réseaux sociaux.

Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés. La Turquie occupe la 155e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.
(RSF, 28 mars 2018)

Prosecutor’s Office Demands Prison Sentence for Musician Ferhat Tunç

Musician and writer Ferhat Tunç, against whom three lawsuits have been filed due to his social media posts, stood trial today (March 27). In the hearing held at İstanbul 36th Heavy Penal Court, the Prosecutor Hasan Adalı presented his dictum as to the accusations.

Adalı demanded penalty for Tunç as per the Article 7/2 of Anti-Terror Law as well as a penalty increase on the ground of a "successive offence."

Tunç: My social media posts are in contradiction with government policy

In his statement about the dictum as to the accusations, Ferhat Tunç emphasized that it is "ill-intended" that his posts from two years ago have been included in the indictment and said,

"I am aware that my [social media] posts are in contrast with the Kurdish policy of the current government. I am of the opinion that my posts are within the freedom of thought and expression."

The attorney of Tunç demanded time in the face of the dictum as to the accusations. The lawsuit will continue on May 3, 2018 at 11 a.m.

What happened?

A lawsuit has been filed against Ferhat Tunç due to his tweets where he said, "The world has its eyes on the Raqqa operation launched by the YPG and YPJ fighters, a thousand greetings to you as the good name of humanity", "We are bidding farewell to Aziz Güler, who has fallen martyr when fighting against the ISIS barbarity in Rojava" and "Worries about [PKK's imprisoned leader Abdullah] Öcalan, whom millions of people call 'my leader', need to be removed, so that the isolation will come to an end..."

There are 2 other lawsuits against him

There are currently two other lawsuits that have been filed against Ferhat Tunç. The first hearing of the lawsuit filed on charge of "inciting the public to enmity and hostility" will be held on April 18 at Büyükçekmece 4th Penal Court of First Instance. As for the lawsuit filed on charge of "insulting the President", it will be held on July 11 at Büyükçekmece 14th Penal Court of First Instance.

Freemuse has launched a campaign

The Denmark-based international organization World Forum on Music and Censorship (Freemuse) has launched an international campaign for the dismissal of lawsuits brought against Tunç. The related petition campaign of the organization is still continuing. (BIA, March 27, 2018)


Une célèbre actrice condamnée à dix mois de prison pour "insulte" à Erdogan

Une célèbre actrice et chanteuse turque, Zuhal Olcay, a été condamnée à dix mois de prison pour "insulte" au président Erdogan, rapporte jeudi le quotidien Hürriyet.

Zuhal Olcay, née en 1957 dans le quartier occidental d’Usküdar à Istanbul, avait été inculpée après un concert en août 2016. Lors de ce concert, elle avait changé les paroles d’une chanson, critiquant le président, et fait un doigt d’honneur.

La vidéo du concert avait été visionnée par un procureur d’Istanbul. Puis elle avait été inculpée. Le ministère public réclamait quatre ans de prison.

La justice lui reproche d’avoir changé les paroles de la chanson "Boş Vermişim Dünyayı" et d’y avoir introduit le couplet suivant : "Recep Tayyip Erdogan, c’est tout vide, ce n’est qu’un mensonge, la vie terminera un jour et vous direz un jour, j’avais un rêve". La chanteuse aurait ensuite fait un "geste insultant" qu’elle affirme avoir adressé au premier rang des spectateurs, dont certains lui avaient fait des remarques.

1.080 personnes condamnées pour insulte

Selon le site Turkishminute, un total de 1 080 personnes ont été condamnées pour insulte au président Erdogan en 2016. Ce média réalisé par des journalistes turcs en exil affirme se baser sur les statistiques du ministère de la Justice.

Le quotidien Hürriyet, qui rapporte la condamnation ce jeudi, est lui-même au centre de l’actualité car il fait partie de l’important groupe de presse Dogan (agence de presse, journaux, télévision CNN-Türk). Or ce groupe vient d’annoncer qu’il était en négociation pour être vendu à une holding proche du président Erdogan, Demimoren Holding.

Pour Reporters Sans Frontières, ce rachat signifierait "la fin d’une ère" de liberté de la presse en Turquie et "le contrôle gouvernemental sur les médias". (La Libre Belgique, 24 mars 2018)

Pınar Selek File at Supreme Court General Board

Evaluating the objection against decision of acquittal of author and sociologist Pınar Selek, Supreme Court 9th Penal Chamber has rendered decision of non-jurisdiction and sent the file to Supreme Court General Board, and that delivered an opinion that there is no change in its verdict of reversing the acquittal decision.

Speaking to bianet, lawyer Yasemin Öz said that the court delivering opinion while issuing decision of non-jurisdiction is contradictory and underscored that no hearing was held while Supreme Court General Board was examining the file.

"Even though Supreme Court Chief Prosecutor's Office, which demands aggravated lifetime imprisonment for our friend, is represented in the General Board, Pınar Selek won't be represented. This causes an imbalance between the defense and prosecution", Öz added.

"You can't take away this acquittal or Pınar Selek from us"

In its press release, Justice for Pınar Selek Committee said:

"We feel the need to share with the public several recent and worrying developments in the case of our friend sociologist-writer Pınar Selek, currently in the Supreme Court of Appeals. The "Spice Bazaar" conspiracy woven around our friend since 1998 is once more at the Supreme Court after 20 years and we liken this process to the chilling story of Sisyphus who was punished by the Gods to constantly push a rock up a mountain and shoulder the rock again every time it rolled down.

"We have had trouble translating to different languages how our friend, who has been acquitted four times, is still on trial. The problem is not our linguistic knowledge but rather law and justice itself.

"The 2014 decision to acquit Pınar Selek for the fourth time was appealed by the prosecutor and the case file has been sent to the Supreme Court. The file, sent from one penal chamber to another because of conflicts in jurisdiction and responsibility, was delayed until finally reaching the Supreme Court of Appeals' 9th Penal Chamber. The chamber had previously inspected the case and ruled that it was not within its jurisdiction. But the new committee of the 9th Penal Chamber in a very short time decided that there was no change to the 2009 decision regarding the overturning of the acquittal and sent the file to the General Criminal Council of the Supreme Court, along with the Chief Prosecutor's (of the Court of Appeals) demand for revoking of the acquittal,

"As will be remembered, the judges who illegally ignored Pınar Selek's third acquittal and who ruled for conviction as if they were stealing valuables from a fire, signed a scandalous decision. These judges are now on trial for aggravated life sentences under FETO investigations. The last Supreme Court notification has been prepared based on this decision that was based on ignoring legal evidence, manipulation to the extent of abuse of office, fake documents, slander, and claims that were debunked numerous times. But that decision's invalidity was ruled upon with the local court's fourth acquittal decision.

"We are concerned because of these negative developments and because there is no hearing at the General Criminal Council. We are facing an unjust, unbalanced situation in the examination hearing where the Supreme Court's Chief Prosecutor who appealed the acquittal decision and who's demanding an aggravated life sentence for our friend is being represent and where we do not have any right to speak against this debunked conspiracy. In practice, the General Criminal Council looks at the special report and the notification, without having the opportunity to examine the file, and rule within a week. If the acquittal is evaluated as a decision of persistence and if the General Criminal Council overturns it, that would carry the danger of this struggle for justice in its 20th year would end in a heavy conviction and serious monetary damages.

"Pınar Selek's case is at a critical juncture under the state of emergency. On her behalf, we call on all who carry the hope of a just, free and equal life, and who expand the circle of solidarity inside and outside the country, to shout out in support.

"We have for years considered it humiliating to even say Pınar Selek is innocent. Because the real crime has been committed against her, her family and her loved ones. This injustice against a feminist, anti-militarist woman of science, who worked with groups the system tried, who questioned with clean labor the twisted past, the missed peace, the manhood that is being built as the basis of patriarchy, is an unberabale threat that threatens us all.

"We are the ones who should be calling them to account. Pınar Selek should have never been tried. We hold up her acquittal with pride. You can't take away this acquittal or Pınar Selek from us".

What happened?

Having been tried and acquitted three times in the Egyptian Bazaar Bombing in 1998, Pınar Selek was sentenced to life on January 24, 2013.

Upon her appeal, Supreme Court 9th Penal Chamber overturned the verdict.

On October 3, 2014 the case opened again with the judge ordering the removal of life sentence and arrest warrant for Selek.

On December 5, 2014 reiterating his former opinion again, prosecutor recharged Pınar Selek with aggravated life sentence.

Pınar Selek was acquitted for the fourth time in the hearing held on December 19, 2014. The prosecutor appealed the decision on December 22, 2014. The file was sent to Supreme Court General Board.

Supreme Court Chief Prosecutor’s Office demanded that the acquittal decision be reversed. The case, which was sent by penal chambers to each other due to assignment dispute, lastly came to Supreme Court 9th Penal Chamber.
(BIA, March 23, 2018)


Un conglomérat pro-Erdogan en passe de racheter le plus grand groupe de presse

Le plus grand groupe de presse de Turquie était jeudi en passe d'être racheté par une holding proche du président turc Recep Tayyip Erdogan, une transaction qui renforcerait la mainmise du pouvoir sur les médias.

Le groupe Dogan a annoncé dans un communiqué que des discussions étaient en cours en vue de son achat par le conglomérat Demiroren Holding, qui possède déjà deux journaux pro-Erdogan.

Les discussions se déroulent sur la base d'une valeur opérationnelle de 1,1 milliard de dollars et une valeur boursière de 890 millions de dollars en tenant compte des dettes du groupe Dogan.

Dogan Holding est notamment constitué autour du quotidien Hürriyet, considéré comme le "journal de référence" en Turquie, de l'agence de presse Dogan, de la chaîne de télévision Kanal D et de la chaîne d'information CNN-Türk.

La version en anglais de Hürriyet, Hurriyet Daily News, est particulièrement lue par les expatriés et les diplomates en poste en Turquie.

Si elle devait se réaliser, cette transaction renforcerait l'inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse en Turquie qui dénoncent la multiplication des pressions contre les médias sous la présidence de M. Erdogan, en particulier depuis le putsch manqué de juillet 2016.

"Cette vente consacre la mort du pluralisme et du journalisme indépendant", a affirmé dans un communiqué Erol Önderoglu, représentant de Reporters Sans Frontières (RSF) en Turquie. "A l'approche des élections générales de 2019, l'emprise du gouvernement sur les médias est désormais totale".

- 'Tolérance zéro' -

"Avec ce rachat d'ampleur, y compris de Hürriyet, l'industrie des médias de masse en Turquie passe sous le contrôle politique direct du président Erdogan", a commenté sur Twitter Kadri Gürsel, grand nom de la presse en Turquie.

Un journaliste du groupe Dogan parlant à l'AFP sous couvert d'anonymat a estimé que le changement de pavillon attendu traduisait "un manque de pluralisme et une tolérance zéro pour les opinions dissidentes". "La liberté d'expression en Turquie touche le fond".

Longtemps considéré comme le représentant de l'establishment turc, le groupe Dogan a eu une relation délicate avec M. Erdogan, marquée par des années d'opposition à l'homme fort de Turquie, avant d'adopter une ligne plutôt progouvernementale.

Hormis quelques journaux, la plupart des grands médias turcs appartiennent à des holdings actifs dans plusieurs secteurs comme la construction ou l'énergie. Pour nombre d'observateurs, cette particularité les expose aux pressions des autorités.
 La quasi-totalité des médias grand public suivent la ligne gouvernementale, en dehors de quelques exceptions, comme le journal Cumhuriyet, dont le patron, le rédacteur en chef et plusieurs journalistes sont actuellement en procès pour activités "terroristes".

En 2009, Dogan avait été condamné à une amende colossale qui l'avait poussé à vendre -- à Demiroren Holding, déjà -- deux de ses principaux titres de presse, Milliyet et Vatan.

- "Pays fermé" -

Journalistes incarcérés, médias fermés: les ONG pointent régulièrement les pressions contre les médias en Turquie, pays qui occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par RSF.

Demiroren Holding, fondé et dirigé par Erdogan Demiroren, est actif notamment dans les secteurs de l'énergie, de la construction et du tourisme.

Dans un enregistrement diffusé par des médias en 2014, un homme présenté comme étant Demiroren pouvait être entendu en train de présenter des excuses en sanglotant à M. Erdogan, alors Premier ministre, après la publication par Milliyet de révélations explosives sur le processus de paix avec les Kurdes.

Un autre développement renforçant les craintes pour la liberté d'expression en Turquie a eu lieu sur le terrain législatif avec le vote par le Parlement tard mercredi d'une loi étendant l'autorité du Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) aux contenus audiovisuels publiés en ligne.

Cette loi oblige les organisations, locales ou internationales, qui souhaitent diffuser du contenu audiovisuel en ligne à obtenir une autorisation de diffusion auprès du RTÜK, qui aura donc compétence pour les bloquer ou les interdire.
(AFP, 22 mars 2018)

 L'autorité audiovisuelle autorisée à bloquer des contenus sur internet

Le Parlement turc a adopté une loi autorisant le du Conseil supérieur de l'audiovisuel à bloquer des contenus diffusés sur internet, suscitant
l'inquiétude de l'opposition qui a dénoncé jeudi un risque de "censure".

La loi, adoptée tard mercredi par 205 voix contre 18, étend l'autorité du Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) aux contenus audiovisuels publiés en ligne.

Elle oblige ainsi les organisations, locales ou internationales, qui souhaitent diffuser du contenu audiovisuel en ligne à obtenir une autorisation de diffusion auprès du RTÜK, qui aura donc compétence pour les bloquer ou les interdire.

Cela pourrait notamment concerner des médias fermés par les autorités dans le cadre des purges engagées après le putsch manqué de juillet 2016 et qui avaient opté pour la diffusion en ligne pour contourner l'interdiction.

L'autorité audiovisuelle turque est autonome, mais les membres de son Conseil suprême sont nommés par le Parlement, dans lequel le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir détient 316 sièges sur 539.

L'opposition et des ONG ont dénoncé un renforcement de la mainmise du gouvernement à l'encontre des médias à l'approche d'élections locales, législatives et présidentielle cruciales en 2019.

"A l'approche (des élections), le pouvoir +serre les vis+. Il bloque tous les moyens de l'opposition pour respirer et s'exprimer", a réagi sur Twitter Baris Yarkadas, député du Parti républicain du peuple (CHP, principal parti d'opposition), dénonçant "la plus vile des censures".

S'exprimant lors de l'adoption de la loi en commission en février, le ministre des Transports et des Communications, Ahmet Arslan, avait assuré qu'"il n'y a pas de censure", mais qu'il s'agit de prendre des mesures contre les contenus "qui causent du tort aux valeurs morales du pays et à la sécurité nationale".

Cette loi peut "faire de la Turquie un pays complètement fermé à l'extérieur, comme la Corée du Nord", affirme à l'AFP Garo Paylan, député du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde).

Selon lui, cette mesure pourrait s'appliquer à des sites comme le géant du streaming Netflix ou le site de partage de vidéos Youtube, si des plaintes sont déposées contre leurs contenus.

M. Paylan a toutefois pris note d'une modification apportée à la loi juste avant son adoption, qui en exclut les contenus partagés en ligne par des particuliers.
(AFP, 22 mars 2018)

La CEDH condamne l'emprisonnement de journalistes en Turquie

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné mardi Ankara pour avoir "violé" les droits fondamentaux de deux journalistes turcs emprisonnés dans la foulée du putsch manqué de juillet 2016, une première qui pourrait faire jurisprudence.

Ce sont les deux premiers arrêts du genre, mais ces décisions enverront certainement un message d'espoir aux plus de 150 journalistes emprisonnés en Turquie sous l'état d'urgence.

La Cour, dont les décisions sont contraignantes pour Ankara, a jugé que le maintien en détention provisoire de Mehmet Altan et Sahin Alpay ne pouvait être considéré comme "régulier" et "opéré selon les voies légales".

Les deux journalistes avaient saisi la CEDH en janvier et février 2017, après avoir demandé en vain leur remise en liberté auprès des juridictions turques. Depuis, Mehmet Altan, 65 ans, a été condamné en février à la prison à vie et Sahin Alpay, 73 ans, a été remis vendredi en liberté conditionnelle mais reste frappé d'une mesure d'assignation à résidence.

Dans les deux affaires, la Cour européenne déroule les mêmes arguments et motifs de la double condamnation d'Ankara.

"Droit à la liberté et à la sûreté" et "droit à la liberté d'expression": la chambre de la CEDH, instance composée de 7 juges dont un magistrat turc, a estimé à l'unanimité moins une voix, celle de ce juge turc, qu'Ankara a commis des violations de la Convention européenne des droits de l'homme.

La Cour estime que "la mise et le maintien en détention provisoire" des deux journalistes pour l'expression de leurs "opinions" est "une mesure lourde qui ne peut pas être considérée comme une ingérence nécessaire et proportionnée dans une société démocratique".

Elle épingle Ankara pour le rejet en janvier par deux tribunaux d'Istanbul d'une décision de la Cour constitutionnelle turque qui avait conclu à une "violation" des droits des deux journalistes et ordonné leur remise en liberté conditionnelle.

- Décisions contraignantes -

La CEDH souligne que l'arrêt de la Cour constitutionnelle était "clair et non-ambigu" et que des juridictions de niveau inférieur ne pouvaient s'y opposer.

Leur rejet de l'arrêt de la Cour constitutionnelle "va à l'encontre des principes fondamentaux de l'Etat de droit et de la sécurité juridique", principes "inhérents à la protection offerte" par la Convention européenne et "qui sont les pierres angulaires des garanties contre l'arbitraire", estime la CEDH.

Le maintien en détention provisoire des deux hommes "crée des doutes sérieux quant à l'effectivité de la voie de recours individuel devant la Cour constitutionnelle", ajoute-t-elle.

"Formuler des critiques contre les gouvernements" et "publier des informations qui sont considérées comme dangereuses pour les intérêts nationaux par les leaders et dirigeants d'un pays ne doivent pas aboutir à la formulation d'accusations pénales particulièrement graves", réaffirme aussi la Cour.

Mehmet Altan, qui présentait une émission de débat politique sur Can Erzincan Tv, a été condamné à la prison à vie le 17 février pour "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" avec son frère, le romancier et journaliste Ahmet Altan.

Sahin Alpay, 73 ans, journaliste au journal Zaman fermé par les autorités turques, est poursuivi pour des articles qui, selon l'accusation, faisaient l'apologie de l'organisation de Fethullah Gülen, auquel les autorités imputent la tentative de coup d'Etat.

L'arrêt de la CEDH n'est pas définitif. Le gouvernement turc et les requérants, auxquels la CEDH a alloué 21.500 euros chacun pour dommage moral qui devront être versés par la Turquie, disposent de trois mois pour demander un réexamen de l'affaire devant la Grande chambre de la CEDH.

A ce jour 153 journalistes sont emprisonnés ou en détention en Turquie et quelque 191 journaux, radios et chaînes de télévision ont été fermés depuis l'instauration de l'état d'urgence, selon l'ONG P24 créée pour promouvoir le journalisme indépendant en Turquie.
(AFP, 20 mars 2018)

Procès Cumhuriyet entre 7 ans et demi et 15 ans de prison requis

Un procureur a requis vendredi entre sept ans et demi et quinze ans de prison pour 13 collaborateurs du quotidien Cumhuriyet jugés pour activités "terroristes", ont rapporté le quotidien et l'agence étatique Anadolu.

Lors d'une audience du procès à Silivri, à la lisière d'Istanbul, le procureur a demandé à l'encontre des accusés des peines de prison allant de 7 ans et demi à 15 ans pour "aide à une organisation terroriste sans en être membre" contre les 13 accusés, parmi lesquels figurent le journaliste d'investigation Ahmet Sik, le rédacteur en chef du quotidien Murat Sabuncu, son patron Akin Atalay, le chroniqueur Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart, selon Cumhuriyet.

Quatre autres collaborateurs de Cumhuriyet sont jugés dans ce procès. Le journal n'a pas précisé les peines qui ont été requises contre eux.

Ce procès suscite l'inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent la multiplication des pressions contre les médias sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, notamment depuis le putsch manqué de juillet 2016.

Les collaborateurs de Cumhuriyet sont accusés d'aide à trois groupes classés "terroristes" par Ankara: le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation d'extrême gauche appelée DHKP-C, et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, auquel les autorités imputent la tentative de putsch de juillet 2016.

Cumhuriyet, farouche opposant à M. Erdogan, rejette en bloc ces accusations, estimant que le pouvoir cherche à réduire au silence l'un des derniers organes de presse indépendants en Turquie.

Actuellement, seul M. Atalay, président du conseil exécutif de la Fondation Cumhuriyet, qui détient le journal, est encore en détention préventive. Il a désormais passé plus de 500 jours derrière les barreaux.

Le juge a ordonné vendredi soir son maintien en détention avant de clore l'audience et d'ajourner le procès au 24 avril, selon Cumhuriyet.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
(AFP, 16 mars 2018)

La justice veut une peine plus lourde pour le journaliste Dündar

La Cour de cassation de Turquie a cassé vendredi une condamnation à cinq ans de prison du journaliste Can Dündar en 2016, estimant que celui-ci devrait recevoir une peine bien plus lourde pour "espionnage", selon l'agence de presse étatique Anadolu.

M. Dündar, un journaliste turc d'opposition devenu l'un des symboles des atteintes à la liberté de la presse en Turquie, avait été condamné en mai 2016 à cinq ans et dix mois d'emprisonnement pour révélation de documents secrets.

Il était poursuivi en raison de la publication en 2014 par le quotidien d'opposition Cumhuriyet, dont il était alors rédacteur en chef, d'un article et d'une vidéo faisant état de livraisons d'armes par les services secrets turcs à des rebelles islamistes en Syrie.

Mais le journaliste, actuellement exilé en Allemagne, avait fait appel de cette décision. La Cour de cassation a tranché vendredi et estimé que M. Dündar devrait être condamné à une peine comprise entre 15 et 20 ans de prison sur la base d'accusations en lien avec de l'"espionnage", a rapporté Anadolu.

"La Cour de cassation a trouvé la peine trop légère", a réagi sur Twitter M. Dündar, qui dirige aujourd'hui Ozgürüz, un média en ligne qu'il a créé, soulignant que le tribunal de première instance l'avait acquitté des accusations d'espionnage en 2016.

En 2016, M. Dündar avait été jugé avec Erdem Gül, alors chef du bureau de Cumhuriyet à Ankara, qui avait lui été condamné à cinq ans d'emprisonnement. Les deux hommes avaient alors été acquittés des accusations d'espionnage et maintenus en liberté conditionnelle le temps de leur appel.

Contrairement à M. Dündar, la Cour de cassation a confirmé vendredi qu'il n'y avait pas assez d'éléments prouvant que M. Gül avait mené des activités d'espionnage.

La décision de la Cour de cassation intervient le jour de la reprise d'un autre procès de 17 collaborateurs de Cumhuriyet, qui risquent jusqu'à 43 ans de prison pour activités "terroristes".
(AFP, 9 mars 2018)

Deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet libérés

Un tribunal turc a ordonné vendredi la libération conditionnelle du rédacteur en chef et d'un journaliste du quotidien d'opposition Cumhuriyet, jugés pour aide à des groupes "terroristes".

La libération du rédacteur en chef Murat Sabuncu et du journaliste d'investigation Ahmet Sik a été prononcée par le tribunal de Silivri, près d'Istanbul, au terme de la sixième audience du procès de 17 collaborateurs de Cumhuriyet.

Elle a été accueillie par les cris de joie des soutiens des accusés dans la salle d'audience. M. Sik n'a pu retenir ses larmes en écoutant la décision.

Les deux journalistes restent poursuivis dans cette affaire, a précisé le tribunal, qui a par ailleurs maintenu en détention le patron du quotidien, Akin Atalay.

M. Atalay est le dernier des 17 accusés à être encore en prison, tous les autres ayant été remis en liberté conditionnelle petit à petit depuis un an.

M. Sabuncu était incarcéré depuis 495 jours --la même durée que M. Atalay-- et Ahmet Sik 434 jours. Tous deux ont quitté la maison d'arrêt vendredi soir.

"Les problèmes de la Turquie ne seront pas résolus seulement parce que nous sommes libérés", a déclaré M. Sabuncu à sa sortie. "En tant que journalistes, notre mission consiste à faire notre travail sans crainte, comme avant".

"Ce n'est pas un jour pour se réjouir", a affirmé pour sa part M. Sik, en rappelant que le patron de Cumhuriyet restait détenu.

La sixième journée de ce procès, qui s'est ouvert le 24 juillet 2017, avait démarré dans la tension. La gendarmerie, positionnée devant le palais de justice, avait essayé d'empêcher les partisans des accusés de parler aux médias. Certains y sont tout de même parvenus, comme le député d'opposition Utku Cakirozer.

- 'Oppression' -

"Il est inacceptable que des journalistes restent si longtemps en prison simplement pour avoir exprimé leur opinion ou avoir publié des articles", a-t-il dit à l'AFP.

"Qu'on mette fin à cette oppression", titrait vendredi Cumhuriyet.

Parmi les accusés figurent d'autres grands noms des médias en Turquie, comme le chroniqueur francophone Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart.

Tous risquent jusqu'à 43 ans de prison pour des accusations d'aide à trois groupes classés "terroristes" par Ankara: le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation d'extrême gauche appelée DHKP-C, et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.

Ce dernier, qui s'est exilé aux Etats-Unis, est désigné par Ankara comme l'instigateur de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, mais nie toute implication.

Cumhuriyet rejette ces accusations et soutient que ce procès vise à réduire au silence l'un des derniers journaux indépendants du pays.

Lors de l'audience de vendredi, le tribunal a entendu plusieurs témoins dont un ancien journaliste de Cumhuriyet, Altan Oymen. "Ces accusations sont inimaginables", a-t-il affirmé, rappelant que Cumhuriyet avait été un des premiers à rendre compte des activités de Fethullah Gülen.

Le journaliste Ahmet Sik, libéré vendredi, est d'ailleurs un virulent critique du prédicateur. Dans un livre publié en 2011 et initialement interdit, "L'Armée de l'imam", il avait dénoncé l'emprise de Gülen sur les institutions turques, ce qui lui avait même valu un bref séjour en prison.

Ce procès suscite l'inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie, où les autorités ont multiplié les arrestations de journalistes.

Jeudi, 25 journalistes accusés d'être liés à la tentative de putsch ont ainsi été condamnés à des peines allant jusqu'à sept ans et demi de prison.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).

Pour le directeur d'Amnesty International pour l'Europe, Gauri van Gulik, les libérations des deux journalistes de Cumhuriyet vendredi constituent une "lueur d'espoir" dans un pays qui est le "plus grand geôlier de journalistes au monde".
(AFP, 9 mars 2018)

25 journalistes condamnés en lien avec le putsch manqué

Un tribunal turc a condamné jeudi 25 journalistes à des peines allant jusqu'à sept ans et demi de prison à l'issue de l'un des nombreux procès ouverts contre la presse après la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

La plupart des personnes condamnées ont collaboré avec des médias proches du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi le putsch manqué, mais tous nient toute implication dans la tentative de renversement du gouvernement turc.

Parmi les accusés figurent notamment le chanteur et journaliste Atilla Tas, condamné à plus de trois ans de prison, et le journaliste Murat Aksoy, condamné à plus de deux ans, selon l'agence de presse Dogan.

Les deux hommes, qui resteront en liberté conditionnelle en attendant le procès en appel, ont été reconnus coupables d'avoir "aidé une organisation terroriste sans en être membres", a rapporté Dogan.

Ankara considère comme "terroriste" le mouvement de Fethullah Gülen, qui, installé aux Etats-Unis, dément fermement avoir joué un rôle dans la tentative de putsch.

MM. Tas et Aksoy avaient été remis en liberté conditionnelle fin octobre dernier après plus de 400 jours passés derrière les barreaux.

"C'est une décision de justice, nous la respectons", a déclaré M. Tas jeudi à l'annonce de la décision du juge, selon une vidéo publiée sur le site du quotidien d'opposition Cumhuriyet. "Si être dans l'opposition dans un pays est un crime, alors je suis coupable", a-t-il dit.

"La procédure judiciaire n'est pas terminée", a tweeté pour sa part M. Aksoy. "Je crois que je serai finalement acquitté. Je n'ai fait qu'écrire et commenter", a-t-il déclaré.

Les deux hommes étaient jugés avec 27 autres accusés, dont 19 comparaissaient en détention provisoire, selon Dogan.

Treize des accusés, dont l'ancienne rédactrice du quotidien guléniste Zaman Hanim Büsra Erdal, ont été condamnés à 6 ans et 3 mois d'emprisonnement pour appartenance à une organisation terroriste. Et 10 d'entre eux ont été condamnés à sept ans et demi pour cette même accusation.

- 'Arbitraire' -

Les dossiers de trois des accusés ont été dissociés et le dernier des accusés a été acquitté.

Les accusations de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" et "tentative de renversement du gouvernement", qui visaient notamment MM. Tas et Aksoy, ont en revanche été abandonnées.

La Turquie est régulièrement critiquée pour l'ampleur des purges qu'elle a lancées après la tentative de coup d'Etat : plus de 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 ont été limogées ou suspendues.

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire a dénoncé un "verdict qui relève de l'arbitraire politique plutôt que de la justice".

La condamnation des journalistes jeudi montre que "tout vestige de l'État de droit a disparu en Turquie", a estimé M. Deloire, appelant à la "libération immédiate" de tous les journalistes condamnés en lien avec le putsch avorté.

Le représentant de l'OSCE pour la liberté de la presse, Harlem Désir, a fait part de sa "préoccupation" sur Twitter. "J'exhorte la Turquie à libérer les journalistes et à abandonner les accusations infondées qui pèsent contre eux", a-t-il ajouté.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par RSF.
(AFP, 8 mars 2018)

#SaveTurkishJournalists : RSF lance un appel à la CEDH

“Vous êtes notre dernier espoir” - “Nous avons besoin de vous” - “Nous comptons sur vous” - “Est-ce que cela cessera un jour ?”

Ce sont les messages que Reporters sans frontières (RSF) adresse, au nom des journalistes turcs emprisonnés arbitrairement, à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à travers une campagne de communication lancée ce jour sur les réseaux sociaux.

La CEDH reste en effet le dernier espoir, pour les journalistes turcs poursuivis et incarcérés arbitrairement, d’être libérés. Ces procédures sont contraires à la convention européenne des droits de l’homme à laquelle la Turquie, en tant que membre du Conseil de l’Europe, doit se conformer. En 2017, la Cour a accepté d’examiner de façon accélérée une vingtaine de recours introduits par journalistes emprisonnés en Turquie. Ces recours portent sur leur détention provisoire et n’auront que peu d’effet dès lors que les verdicts seront prononcés.

Il y a urgence !

Le 16 février, trois célèbres journalistes ont été condamnés à la prison à vie sans possibilité d’amnistie. Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazli Ilicak ont été reconnus coupables de “tentative de renverser l’ordre constitutionnel” pour avoir critiqué les autorités au cours d’une émission de télévision, la veille de la tentative de putsch.

En mars, la reprise du procès du quotidien Cumhuriyet est attendue ainsi que le verdict à l’égard des 26 journalistes accusés de collaborer avec des médias proches de la confrérie de Fethullah Gülen, présumé instigateur du putsch manqué. Les deux affaires sont devenues emblématiques de l’arbitraire qui règne dans les tribunaux turcs.

L’étau se resserre sur les journalistes turcs emprisonnés : Reporters sans frontières appelle la CEDH à agir avant qu’il ne soit trop tard et que les verdicts ne tombent !

La Turquie occupe la 155e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.
(RSF, March 2, 2018)

Polémique après l'interdiction de chansons sur l'audiovisuel public

Le gouvernement turc a tenté jeudi de couper court à une polémique née après la publication la veille d'une liste de plus de 200 chansons interdites par l'audiovisuel public.

L'opposition et des médias ont indiqué mercredi que le groupe audiovisuel public TRT avait transmis au parlement une liste de 208 chansons qui avaient été interdites de diffusion en 2016, dont 142 en turc et 66 en kurde. Parmi les artistes concernés figurent les chanteuses populaires Demet Akalin, Sila et Bengü.

Mais la TRT a réagi dans un communiqué dans la soirée, affirmant que ces informations "ne reflètent pas la vérité" et qu'"il n'est pas question pour la TRT de bannir des artistes" mais simplement de respecter la loi qui interdit la diffusion de contenus encourageant à fumer, à boire de l'alcool, ou véhiculant de la "propagande terroriste".

"Sur les 32.848 programmes de la TRT passés en revue par des experts en 2016, seuls 2 programmes télévisés, 30 spots publicitaires télévisuels, 8 spots publicitaires radiophoniques et 208 morceaux de musique n'ont pas été diffusés, et ce pour des raisons légales", a ajouté le groupe audiovisuel.

Le porte-parole du gouvernement, Bekir Bozdag, a défendu jeudi l'action de la TRT affirmant qu'elle faisait "son devoir".

"Présenter au public quelque chose que la TRT fait tous les ans comme si c'était une première (...) comme si c'était une sorte de censure illégale, est d'une grande immoralité", a-t-il déclaré lors d'une intervention télévisée.

Atilla Sertel, un député du Parti républicain du peuple (CHP, social démocrate), principal parti d'opposition, était monté au créneau mercredi sur cette affaire, faisant référence à des décisions similaires prises à la suite de coups d'Etat par le passé.

"La TRT avait préparé un programme spécial en 2013 sur les chansons qui étaient +interdites de diffusion+ pendant la période du coup d'Etat. Que va-t-elle faire à propos des chanteurs interdits d'aujourd'hui ?", a-t-il déclaré.

L'armée turque a mené plusieurs coups d'Etat en Turquie, notamment en 1960, 1971 et 1980.

L'opposition accuse régulièrement le président Recep Tayyip Erdogan de dérive autoritaire, mettant notamment en cause l'étendue des purges engagées après le putsch manqué de juillet 2016, au cours desquelles plus de 140.000 personnes ont été limogées ou suspendues, plus de 50.000 incarcérées et plusieurs dizaines de médias fermés à travers le pays.

Mais les autorités affirment que ces mesures d'exception sont nécessaires pour éliminer tout risque de sédition.
(AFP, 1 mars 2018)

Nouvelle peine de prison pour Ahmet Altan déjà condamné à perpétuité

Le romancier et journaliste turc Ahmet Altan, déjà condamné à perpétuité pour des liens présumés avec le putsch manqué de juillet 2016, s'est vu infliger mercredi une nouvelle peine de près de six ans de prison, selon l'agence de presse étatique Anadolu.

M. Altan, 67 ans, a été condamné par un tribunal d'Istanbul à trois ans d'emprisonnement pour propagande en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, et à deux ans et 11 mois pour insulte faite au président Recep Tayyip Erdogan, écrit Anadolu.

Incarcéré depuis septembre 2016, ce romancier, qui a également fondé le journal d'opposition Taraf, a déjà été condamné le 17 février à la prison à vie, avec son frère Mehmet et la journaliste Nazli Ilicak, pour "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel".

Tous trois journalistes et intellectuels respectés en Turquie, ils étaient notamment accusés d'avoir envoyé des "messages subliminaux" au cours d'une émission retransmise en direct à la télévision à la veille du putsch manqué du 15 juillet 2016.

Ils ont toujours nié toute implication et rejeté des accusations "absurdes".
 Dans une tribune parue mercredi dans le New York Times, Ahmet Altan raconte son attente avant le verdict dans le procès à l'issue duquel il a été condamné à perpétuité, déclarant que "trois hommes (les juges) avec leurs cravates dénouées du fait de l'ennui, délibèrent sur mon destin".

Après l'annonce de la décision du juge, "je tends les mains", poursuit-il. "Ils me menottent. Je ne verrai plus jamais le monde. Je ne verrai plus jamais le ciel sans qu'il soit encadré par les murs d'une cour".

Par ailleurs, 38 lauréats du prix Nobel, dont Svetlana Alexievich et Kazuo Ishiguro, ont signé une lettre ouverte au président Erdogan reproduite mercredi par le quotidien britannique The Guardian appelant à un "acquittement rapide en appel de Mme Ilicak et des frères Altan".

Cette affaire a été marquée par un épisode qui a provoqué une levée de boucliers le mois dernier, lorsqu'un tribunal turc a refusé de libérer Mehmet Altan malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle estimant que son incarcération était une "violation" de ses droits.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters Sans Frontières.
(AFP, 28 février 2018)

Kurdish Question / Question kurde

La Turquie somme les milices kurdes de quitter la ville
de Minbej

La Turquie n'hésitera pas à intervenir à Minbej, à moins que les combattants de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme un groupe "terroriste" par Ankara, ne quittent cette ville située dans le nord de la Syrie, a averti mercredi le Conseil national de la sécurité présidé par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le président Erdogan a répété à plusieurs reprises que cette ville située dans une zone frontalière de la Turquie serait la prochaine cible des forces turques qui ont pris le 18 mars le contrôle d'Afrine (nord-ouest de la Syrie), auparavant entre les mains des YPG.

Mais contrairement à Afrine, des troupes américaines sont stationnées à Minbej, et une attaque turque sur cette ville risquerait de provoquer un affrontement sans précédent entre les deux puissances de l'Otan.

"Les terroristes à Minbej doivent quitter la région immédiatement, sinon la Turquie n'hésitera pas à y prendre l'initiative comme elle l'a fait dans d'autres régions", a mis en garde le Conseil national de la sécurité.

Ankara a lancé en janvier une offensive aérienne et terrestre contre Afrine afin d'en déloger les combattants des YPG, considérés par Washington comme un des fers de lance dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Le 18 mars, les forces turques et des supplétifs rebelles syriens ont pris totalement le contrôle d'Afrine, d'où les YPG se sont retirées sans combattre.

Minbej a été contrôlée par les jihadistes de l'Etat islamique, qui en ont été chassés par les combattants de la milice kurde.
(AFP, 28 mars 2018)

167.000 déplacés par les hostilités dans la région d'Afrine

Quelque 167.000 personnes ont été déplacées par l'avancée des forces turques contre les milices kurdes dans la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie), ont indiqué vendredi les Nations unies.

"L'estimation est maintenant de 167.000 personnes qui ont été déplacées par les hostilités dans le district d'Afrine", a déclaré un porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse.

"La plupart, 137.000 personnes, sont partis à Tal Rifaat", a-t-il dit, précisant que les autres sont allés à Nobol, Zahraa et dans les villages environnants.

Cet "afflux massif de déplacés met sous pression les communautés d'accueil, qui sont déjà débordées", a également indiqué Ocha.

"La situation à Tal Rifaat, Nobol et Zahraa", qui sont sous contrôle du gouvernement syrien, "est difficile, les villages étant surpeuplés", selon l'ONU.

L'armée turque a déclenché le 20 janvier une offensive dans le nord-ouest de la Syrie pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave kurde d'Afrine.

"A l'intérieur de la ville d'Afrine, on estime qu'il y a encore entre 50.000 à 70.000 personnes", a spécifié M. Laerke.

Selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les quatre hôpitaux qui fonctionnaient à Afrine avant l'offensive turque, seul un est encore opérationnel.

L'agence spécialisée de l'ONU a aussi indiqué avoir déployé des cliniques médicales mobiles et acheminé du matériel médical dans les zones qui accueillent les personnes nouvellement déplacées du district d'Afrine.

"Enfants, femmes et hommes ont effectué des voyages éreintants pour fuir Afrine et ont besoin d'une assistance sanitaire urgente. Notre personnel a rencontré des civils qui ont déclaré avoir marché pendant 36 heures pour atteindre des zones plus sûres", a déclaré la représentante de l'OMS en Syrie, Elizabeth Hoff, citée dans le communiqué.
(AFP, 23 mars 2018)

Pour les déplacés d'Afrine, le nouvel an kurde s'annonce lugubre

Rachida Ali venait d'emménager il y a quelques mois dans une nouvelle maison à Afrine. Après avoir fui l'offensive turque contre l'enclave kurde syrienne, elle célèbre mercredi un bien triste Norouz, le nouvel an kurde, loin de son "palais".

"Cela aurait été plus facile de mourir que d'abandonner notre maison", lâche, d'une voix nouée par l'émotion, cette quadragénaire qui a trouvé refuge dans des territoires voisins dont les Kurdes et le régime syrien se partagent le contrôle.

Elle fait partie des dizaines de milliers de civils qui ont fui Afrine, ville du nord-ouest syrien conquise dimanche par l'armée turque et des supplétifs syriens après deux mois de bombardements meurtriers sur l'enclave kurde.

Chaque 21 mars, la famille célébrait Norouz à Afrine où tous les habitants allumaient des feux de bois et revêtaient des habits fleuris traditionnels colorés. Mais ce mercredi, les circonstances ne s'y prêtent pas.

"C'est une tragédie, un peuple exilé et perdu, qui ne sait pas ce qui l'attend", déplore Rachida, un voile lilas fleuri posé sur ses cheveux, installée à même le sol et entourée par des petits au visage joufflu.

En l'écoutant parler, deux vieilles dames assises à ses côtés, devant un thé chaud, ne peuvent retenir leurs larmes, s'essuyant les yeux avec le foulard qui couvre leurs cheveux.

Ils sont une cinquantaine à vivre dans cette maison de la localité d'Al-Ziyarah, à quelques dizaines de kilomètres d'Afrine. Des sacs en plastique et en jute bourrés d'affaires sont posés le long des murs. Des sachets de pain et des casseroles s'entassent près de matelas en mousse.

-'Paradis' perdu-

"Norouz n'a plus aucun sens, quand on est loin d'Afrine", lâche Rouhane, 38 ans.

"Afrine, c'était notre paradis. Je n'oublie pas ce moment où, en la quittant, je me suis retourné et j'ai jeté un dernier regard vers la ville. Je me sentais impuissant, j'avais mauvaise conscience", confie la jaune femme.

Pour la communauté kurde syrienne, Afrine est particulièrement symbolique.

Elle a été un laboratoire d'émancipation pour la minorité, opprimée des décennies sous le clan Assad. C'est ici qu'est née en 2012 leur administration semi-autonome, qui a permis l'introduction dans les écoles de la langue kurde, longtemps bannie, et la création de forces de sécurité kurdes.

Randa Omar appréhende elle aussi l'avenir.

"On aurait jamais cru qu'on allait être confronté au spectre de l'exil", lâche la quadragénaire. "Ils nous ont obligé à quitter notre paradis pour vivre l'enfer de l'inconnu".

-'Sauver les enfants'-

Mohamed Zaki et sa famille ont vécu un double exil. Après avoir abandonné leur village dans l'enclave d'Afrine et avoir trouvé refuge dans son chef-lieu du même nom, ils ont été jetés une nouvelle fois sur les routes.

"On a fui à pied, avec les vêtements qu'on a sur le dos. Si nous ne nous étions pas abrités dans les sous-sols, nous serions morts", lâche-t-il.

L'agriculteur aux cheveux blancs et au teint hâlé, qui possédait des terres à Afrine, dort à même le sol avec ses enfants, emmitouflés sous des couvertures autour de lui.

"Nous sommes des paysans. Depuis des milliers d'années, on hérite de ces terres de père en fils", s'emporte-t-il, accompagnant ses paroles d'amples mouvements de la main.

"On n'a même pas d'argent pour manger. On a tout abandonné derrière nous. On est arrivé ici sans un sou", poursuit-il.

"Comment peut-on penser à célébrer Norouz? On ne rêve pas de festivités. On veut juste sauver les enfants de cette tragédie", ajoute-t-il.

Il aura suffi de quelques jours seulement pour qu'Afrine se vide de la quasi totalité de ses habitants.

Fuyant les violences, les civils n'ont eu d'autres choix que d'emprunter un corridor au sud de la ville, s'échappant parfois à pied au milieu d'une cohorte de camionnettes et de voitures transportant de maigres possessions chargées à la hâte.

Un calvaire qu'a vécu Khalil Tamr, 82 ans. Quatre jours durant, il a marché.

"Je suis arrivé seul ici. Aucune voiture ne m'a pris", lâche M. Tamr, qui a trouvé refuge au rez-de chaussé d'un immeuble abandonné à Al-Ziyarah.

A moitié allongé sur une couverture étendue à même le sol, le vieil homme à la barbe blanche rugueuse, en veste de costume, aspire de temps en temps une bouffée de son fume-cigarette, l'air grave.

Ses chaussures, une bouteille d'eau et un sac contenant du pain sont alignés près du mur en béton nu. Sur la route, il a été séparé de ses deux filles et de son fils: "Même les enfants, je les ai perdus".
(AFP, 21 mars 2018)

Les Kurdes célèbrent Newroz dans une ambiance tendue

Des centaines de milliers de Kurdes de Turquie célébraient mercredi leur Nouvel An,
Newroz, dans un contexte particulièrement tendu cette année par l'offensive d'Ankara dans le nord de la Syrie et l'arrestation de responsables prokurdes.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes vêtues de couleurs vives ont participé, sous haute surveillance policière, à des rassemblements autorisés à Diyarbakir, grande ville du sud-est à majorité kurde de Turquie, et à Istanbul, ont constaté des correspondants de l'AFP.

A Diyarbakir, une marée humaine s'est déversée sur la place traditionnellement utilisée pour les célébrations de Norouz, à l'appel de plusieurs associations et partis politiques prokurdes, dont le principal, le Parti démocratique des peuples (HDP).

Les personnes rassemblées à Istanbul et à Diyarbakir ont dansé des danses traditionnelles, sauté par-dessus des feux et brandi des drapeaux aux couleurs du HDP, selon les correspondants de l'AFP.

Le Nouvel An kurde survient dans un contexte de fortes tensions, en raison notamment de l'arrestation de plusieurs responsables politiques prokurdes, dont du HDP, et de l'offensive que mène la Turquie depuis deux mois dans l'enclave kurde syrienne d'Afrine.

Des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pris dimanche la ville d'Afrine, tenue jusque-là par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, mais soutenue par Washington.

L'offensive à Afrine s'est accompagnée en Turquie de l'arrestation de centaines de personnes qui avaient critiqué l'opération militaire sur les réseaux sociaux.

En outre, plusieurs dizaines de personnes soupçonnées de préparer des "provocations" lors des célébrations de
Newroz ont été interpellées ces derniers jours, selon les médias turcs.

"Afrine était une ville de paix. Nous n'accepterons jamais l'agression contre les habitants d'Afrine qui se gouvernaient eux-mêmes et vivaient dans la fraternité", a déclaré à Diyarbakir la co-présidente du HDP Pervin Buldan.

"Nous voulons la paix à Afrine. Nous voulons que les guerres cessent", a dit à l'AFP Fuat Bulut, un homme participant aux célébrations à Diyarbakir.

Le sud-est à majorité kurde de la Turquie est agité par des troubles depuis la rupture, en 2015, d'une trêve fragile entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une sanglante guérilla ayant fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
(AFP, 21 mars 2018)

Afrine: les Kurdes syriens amers face l'inaction occidentale

Fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, les Kurdes syriens enragent d'avoir été "abandonnés" par leurs alliés occidentaux face aux Turcs à Afrine et dénoncent un "nettoyage ethnique" auquel le monde assiste "en spectateur".

"Le silence de la communauté internationale participe au plan macabre planifié par (le président turc Recep Tayyip) Erdogan. Silence vaut acceptation", déplore mardi un collectif de Kurdes originaires d'Afrine et vivant en Europe, dans le quotidien français "Le Monde".

"N'abandonnez pas vos alliés!", supplient-ils, alors que la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) a été chassée de son bastion d'Afrine dimanche par des militaires turcs et leurs supplétifs syriens.

Qualifiés de "terroristes" par Ankara en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla sur le sol turc, les YPG sont parallèlement les alliés précieux en Syrie de la coalition internationale anti-EI emmenée par Washington.

Or, malgré cet engagement de la première heure, "les mêmes combattants qui luttaient courageusement contre Daech (acronyme arabe du groupe EI, ndlr) sont aujourd'hui laissés à la merci de l'armée turque", accuse Khaled Issa, représentant officiel en France du Kurdistan syrien (Rojava), qui dénonce "un nettoyage ethnique" dont "les grandes puissances restent spectatrices".

La perte d'Afrine constitue un cuisant revers pour les Kurdes syriens, opprimés pendant des décennies sous le régime du clan Assad, mais qui ont acquis une autonomie de facto dans de vastes territoires à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), quelque 250.000 civils ont fui les violences à Afrine et des dizaines d'autres ont été tués, ainsi qu'environ 1.500 combattants kurdes.

Mais "en raison de l'appartenance à l'Otan de l'agresseur (ndr, la Turquie), cette violation multiple du droit international ne sera jamais sanctionnée", s'indigne la Communauté kurde d'Allemagne, où vivent environ un million de Kurdes.

"Afrine est l'expression la plus brutale de ce qu'on appelle la Realpolitik", explique à l'AFP Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
 "Les Occidentaux, en particulier les Américains, étaient bien contents d'avoir les troupes kurdes syriennes au sol pour lutter contre l'EI. Mais Ankara, membre de l'Otan, sera toujours plus important qu'Afrine", commente ce spécialiste français de la Turquie.

- 'embarras' -

"Afrine met les Occidentaux dans l'embarras", renchérit Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie et Moyen Orient de l'Institut français des relations internationales (IFRI).

"S'engager aux côtés des Kurdes supposerait de soutenir la perspective politique kurde en Syrie, le Rojava en particulier, or les Occidentaux n'ont jamais tranché sur cette question. Ensuite, cela signifierait se réengager dans le conflit syrien alors que tout le monde veut s'en extraire. Le sentiment général, c'est qu'il n'y a que des coups à prendre", souligne à l'AFP la chercheuse.

Washington a mis en garde lundi Ankara, exprimant sa "grande préoccupation" après la prise d'Afrine.

Le président français Emmanuel Macron a également exprimé "sa grande préoccupation" et appelé Moscou, maître du jeu en Syrie, "à faire ses meilleurs efforts pour que cessent les combats et les pertes civiles".

Mais ces réactions ne sont pas à la mesure du drame qui se joue à la frontière turco-syrienne, prévient-on dans le camp kurde, qui accuse Ankara de s'être allié avec des jihadistes pour reprendre Afrine.

"Les gouvernements européens doivent comprendre qu'il ne s'agit pas uniquement de la sécurité de notre peuple, car la chute d'Afrine signifie la création d'un nouveau foyer jihadiste menaçant la sécurité de Paris, de Berlin, de Londres", prévient le collectif de Kurdes originaires d'Afrin.

Le président Erdogan a de surcroît prévenu qu'il comptait étendre son offensive à d'autres zones du nord de la Syrie, dont la ville de Minbej, à une centaine de kilomètres à l'est d'Afrine.

Une telle initiative serait potentiellement explosive, car des centaines de militaires américains, qui soutiennent les YPG contre les jihadistes de l'EI, y sont déployés.

Toutefois, s'interroge un fin connaisseur du dossier, "Erdogan a-t-il les moyens militaires des ambitions qu'il affiche en Syrie? J'en doute".

"En dépit des déclarations très guerrières d'Erdogan, la Turquie ne pourra aller beaucoup plus loin", renchérit Didier Billion, selon qui la question kurde le long de la frontière turco-syrienne "nécessite de prendre le chemin des négociations".
(AFP, 20 mars 2018)

Öcalan privé de contact extérieur en prison, s'inquiète le Conseil de l'Europe

Le Conseil de l'Europe s'est de nouveau inquiété mardi de l'absence de visites et de contacts avec ses avocats du chef de l'opposition kurde Abdullah Öcalan et de trois autres prisonniers de l'île-prison d'Imrali (nord-ouest de la Turquie).

Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), organe spécialisé du Conseil de l'Europe, "exprime sa vive inquiétude sur la situation du contact des détenus avec le monde extérieur, qui s'est encore détériorée".

"Tous les détenus se sont vus empêcher de recevoir la visite de leurs avocats depuis presque cinq ans et de leurs proches depuis plus de dix-huit mois", alors qu'une interdiction totale d'appels téléphoniques a aussi été imposée, explique le CPT qui a visité cette prison de haute-sécurité en avril 2016.

Chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, qui approche des 70 ans, purge depuis 1999 une peine de réclusion à vie dans la prison d'Imrali, sur une île de la mer de Marmara. Au moment de la visité du comité anti-torture, trois autres prisonniers y étaient détenus.

Appelant les autorités turques à faire le nécessaire pour permettre aux détenus d'Imrali de recevoir des visites de leurs proches et de leurs avocats, le comité anti-torture a, en revanche, relevé que "les conditions matérielles de détention concernant Abdullah Öcalan se sont considérablement améliorées" par rapport à sa visite précédente réalisée en janvier 2013.

L'opposant kurde se trouve désormais dans un ensemble de trois cellules fusionnées représentant une surface de 40 m2, avec une chambre, un salon et une salle de bains. Il a également accès à un espace extérieur d'environ 50 m2.

"La délégation a eu une impression favorable quant aux soins de santé de l'établissement", ajoute le communiqué, précisant qu'aucun signe de mauvais traitement n'avait été perçu.

Dans une réponse publiée à la demande de la Turquie par le Conseil de l'Europe, Ankara se défend en affirmant que "la législation turque accorde la possibilité aux détenus condamnés à la prison à vie de recevoir des visites" et qu'Abdullah Öcalan a d'ailleurs reçu une visite de son frère en septembre 2016.

La CEDH avait condamné en 2014 la Turquie pour la peine incompressible de réclusion à perpétuité infligée à Abdullah Öcalan et son isolement "inhumain" durant ses premières années à la prison d'Imrali.
(AFP, 20 mars 2018)

Pas d'extradition vers la Turquie d'un responsable kurde syrien

Le responsable kurde syrien Saleh Muslim, arrêté puis remis en liberté fin février à Prague, ne sera pas extradé vers la Turquie, en raison de l'arrêt de la procédure préalable d'extradition, a annoncé lundi la justice tchèque.

"Le parquet a clos la procédure préalable d'extradition car cette personne ne séjourne pas sur le territoire de la République tchèque", a déclaré à la presse la porte-parole du parquet, Stepanka Zenklova, ce qu'a confirmé à l'agence de presse CTK Miroslav Krutina, l'avocat de M. Muslim.

Ce responsable kurde syrien, 67 ans, fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication.

Ancien coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), M. Muslim avait été arrêté le 24 février à Prague où il participait à une conférence internationale confidentielle.

Il a été remis en liberté trois jours plus tard, après avoir promis qu'il ne quitterait pas le territoire de l'Union européenne, puis a quitté la République tchèque, sans qu'on connaisse sa destination.

Selon Me Krutina, avec l'arrêt de la procédure à Prague, il n'est plus "en principe" obligé de respecter la condition de rester dans l'UE.

Le PYD est considéré par Ankara comme une extension du PKK, qui est engagé dans une guérilla en Turquie depuis trois décennies.

Ce mouvement politique kurde syrien est aussi le bras politique des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, contre laquelle la Turquie a déclenché en janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

Saleh Muslim encourt en Turquie 30 peines de prison à perpétuité s'il y est jugé, selon le ministère turc de la Justice.

Ankara "peut continuer à demander aux pays où Saleh Muslim séjourne de l'arrêter et éventuellement de l'extrader", a encore déclaré M. Krutina.

Selon le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, Ankara ne "lâchera pas" Saleh Muslim, "même s'il se rend dans un autre pays".
(AFP, 19 mars 2018)

Les Kurdes promettent de se battre pour la "libération" d'Afrine

Les Kurdes de Syrie se sont engagés à se battre jusqu'à la "libération" d'Afrine, promettant de "frapper à chaque opportunité" les forces turques et leurs supplétifs syriens qui ont pris dimanche le contrôle de la ville kurde dans le nord-ouest syrien.

"La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire d'Afrine", a mis en garde dans un communiqué envoyé à la presse l'administration semi-autonome kurde de la région, conquise par les forces d'Ankara.

La Turquie a lancé le 20 janvier une opération militaire en territoire syrien dans le but de déloger de l'enclave d'Afrine la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Les forces d'Ankara et les rebelles syriens ont pris dimanche le contrôle de la grande ville du même nom.

L'enclave kurde dans son intégralité est désormais sous le contrôle des forces turques et des rebelles syriens pro-Ankara, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette région était autrefois un des trois cantons formant la "région fédérale" proclamée en 2016 sur les territoires de la communauté, contrôlés par une administration semi-autonome.

"Dans tous les secteurs d'Afrine, nos forces vont devenir un cauchemar permanent" pour les forces turques et les rebelles syriens, met en garde le communiqué des autorités locales kurdes.

"Notre guerre contre l'occupation turque (...) est entrée dans une nouvelle étape: nous passons d'une guerre de confrontation directe à une tactique d'attaques éclairs", précise le texte.
(AFP, 18 mars 2018)

Scènes de pillage à Afrine après l'entrée des forces pro-turques

Des rebelles syriens alliés à Ankara se sont livrés dimanche à des pillages dans la ville kurde d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, après avoir pris avec les forces turques le contrôle de la cité, selon une ONG et des correspondants de l'AFP.

Vidée de sa population de 350.000 habitants, la ville était le principal objectif de l'offensive lancée le 20 janvier par la Turquie pour chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Cette faction qualifiée de "terroriste" par Ankara, est un allié précieux de Washington dans la lutte antijihadistes.

Après l'entrée des forces turques et leurs supplétifs syriens dans la ville, les rebelles "ont commencé à piller les biens des habitants, ainsi que des bâtiments politiques et militaires, mais aussi des magasins", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des correspondants de l'AFP ont vu des magasins pillés, et des rebelles charger pêle-mêle dans des pick-up cartons de nourriture, chèvres, couvertures, et même des motos empilées les unes sur les autres, avant de quitter la ville.

C'est au volant de tracteurs que ces combattants ont notamment remorqué des voitures hors de la ville.
 Un habitant avait indiqué à l'AFP plus tôt dans la journée avoir vu des combattants voler des voitures et piller des magasins.

Quelques heures après leur entrée dans Afrine, combattants syriens et soldats turcs se sont déployés dans l'ensemble des quartiers, tirant en l'air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspondants de l'AFP.
(AFP, 18 mars 2018)

Des forces pro-turques prennent le centre-ville d'Afrine

Le drapeau turc flotte désormais sur Afrine: après quasiment deux mois d'offensive, la Turquie et ses alliés syriens ont rempli un objectif majeur en chassant de cette ville du nord-ouest de la Syrie la milice kurde qu'Ankara considère comme "terroriste".

Les Kurdes de Syrie ont réagi en promettant de se battre pour la "libération" de toute la région d'Afrine, cible depuis le 20 janvier d'une offensive de la Turquie qui avait pour but d'en déloger les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice, considérée par Ankara comme une menace à sa frontière, a été l'allié de Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Ces derniers jours, l'avancée des forces turques et de leurs alliés rebelles syriens vers la ville d'Afrine a entraîné un exode massif de civils, à l'image de celui également en cours sur un autre front syrien, dans la Ghouta orientale, près de Damas, où le régime combat des groupes rebelles.

Dimanche, quelques heures après leur entrée dans Afrine, combattants syriens et soldats turcs se sont déployés dans l'ensemble des quartiers de la ville, tirant en l'air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspondants de l'AFP.

Perchés sur le balcon d'un bâtiment public, des soldats ont brandi le drapeau turc. Plus loin, des rebelles syriens se sont rassemblés au pied d'une statue d'une figure historique de la résistance kurde, déboulonnée.

"Des unités des Forces syriennes libres, qui sont soutenues par les forces armées turques, ont pris le contrôle total du centre-ville d'Afrine à 08H30" (05H30 GMT), a annoncé triomphalement le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

L'administration locale kurde de la région d'Afrine a toutefois promis que ses combattants deviendraient un "cauchemar permanent" pour l'armée turque et les rebelles syriens dans l'enclave.

"La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire", a-t-elle clamé dans un communiqué.

- 'Pas fini' -

A la mi-journée, aucun combattant des YPG n'était visible dans la ville d'Afrine, où se trouvaient seulement quelques civils, a constaté un correspondant de l'AFP.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que plus de 1.500 combattants kurdes avaient été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie, depuis le début de l'offensive sur l'enclave.

L'armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs.

Avec le quasi-encerclement de la ville, les bombardements aériens et les tirs d'artillerie s'étaient intensifiés ces derniers jours.

La Turquie nie avoir visé la population mais l'OSDH évalue à plus de 280 le nombre de civils tués depuis le début de l'offensive d'Ankara.

Echappant à l'avancée des forces turques, près de 250.000 personnes ont quitté depuis mercredi la ville d'Afrine, empruntant un couloir dans le sud de la cité menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le régime syrien, a indiqué l'OSDH.

D'après cette ONG, il ne resterait que quelques milliers d'habitants dans la ville.

Entré dans sa huitième année, le conflit syrien implique à ce jour plusieurs acteurs régionaux et puissances internationales sur un territoire morcelé. Cette guerre complexe a tué plus de 350.000 personnes depuis 2011 et jeté des millions sur la route de l'exil.

- 'Pourparlers' dans la Ghouta -

Sur un autre front de cette guerre, un second exode massif de civils est ainsi en cours, dans la Ghouta orientale, où l'enclave rebelle assiégée depuis 2013 se réduit comme peau de chagrin face à l'avancée du régime.

Dimanche, pour la première fois depuis des années, le président syrien Bachar al-Assad s'est d'ailleurs rendu dans la Ghouta, auprès des troupes du régime poursuivant l'offensive contre ce dernier fief rebelle aux portes de Damas, ont rapporté ses services.

Après un mois d'offensive, l'enclave est désormais scindée en trois. L'avancée du régime, qui contrôle plus de 80% du fief rebelle, s'est faite au prix d'un lourd bilan humain: selon l'OSDH, les bombardements ont tué au moins 1.400 civils, dont 274 enfants.

Et "des milliers de civils" continuent de fuir la poche sud tenue par le groupe rebelle Faylaq al-Rahmane, en direction des territoires gouvernementaux, d'après l'OSDH.

Selon la même source, ce secteur "attend l'annonce d'un accord entre Faylaq al-Rahmane et la Russie, concernant l'évacuation des rebelles vers le nord de la Syrie".

Le porte-parole du groupe rebelle, Waël Alwane, a fait état de "pourparlers" avec une délégation de l'ONU, assurant que "des préparatifs sont en cours pour la tenue de négociations sérieuses garantissant la sécurité et la protection des civils".

Pour échapper aux bombardements et à la mort, plus de 65.000 personnes ont fui les territoires rebelles dans la Ghouta ces derniers jours, d'après l'OSDH.
(AFP, 18 mars 2018)

Manifestation nocturne pour solidarité avec Afrin à Bruxelles

Le samedi 10 mars, vers nuit, des
manifestants kurdes à Bruxelles sont descendus dans la rue pour protester contre l'agression turque et le silence international. Ils demandent que nos gouvernements réagissent et fassent tout ce qu'ils peuvent pour protéger le peuple d'Afrin. La police a actuellement inclus les manifestants dans l'Arenbergstraat et exige qu'ils délivrent leurs papiers d'identité.

Le rassemblement non-autorisé sur la Grand-Place de Bruxelles a poussé des dizaines de policiers à intervenir et à se déployer dans le centre de la capitale, avec une autopompe afin de maintenir l’ordre.

Vrede Vzw demande que l'on fasse preuve de compréhension pour les manifestants qui sont désespérés par rapport à la faute internationale sur ce qui se passe à Afrin et qu'ils peuvent partir indemnes sans être arrêtés.


Samedi dernier, quelque 600 personnes s’étaient déjà rassemblées devant le Palais de Justice de Bruxelles. Alliées des États-Unis dans la lutte contre le groupe terroriste Etat islamique, les forces armées turques bénéficient du soutien des forces du régime de Bachar el-Assad. Les Turcs voient dans les milices du YPG le bras syrien du PKK autonomiste qu’ils combattent sur leur territoire. Les combats ont fait de nombreuses victimes. (Vrede Vzw et Le Soir, 11 mars 2018)

Hommage à Carhaix au combattant breton tué à Afrin

Plusieurs centaines de personnes, selon les organisateurs, ont participé samedi à Carhaix à un hommage au combattant breton tué en février à Afrin (Syrie), cible d'une offensive de l'armée turque.

"A l'hommage de Kendal Breizh à Carhaix qui est tombé à Afrin (...) sous les bombes de la dictature turque", a notamment écrit sur son compte twitter, en y joignant des photos, le député breton Paul Molac (LREM), qui a pris la parole devant l'assemblée où avaient pris place de nombreux Kurdes, parfois venus de l'étranger.

Kendal Breizh est le nom de guerre du combattant breton - Olivier Le Clainche à l'état-civil-, qui avait quitté la Bretagne au début de l'été dernier pour rejoindre les Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD) syrien. Il a été tué le 10 février, lors de l'offensive turque, toujours en cours dans cette région syrienne.

M. Molac est député de la 4è circonscription du Morbihan, le département où vivait Olivier Le Clainche, qu'il connaissait personnellement, celui-ci l'ayant interviewé à plusieurs reprises alors qu'il travaillait dans une radio associative locale.

Parmi les autres intervenants lors de cet hommage organisé notamment par les Amitiés Kurdes de Bretagne et "les amis et camarades de Kendal Breizh", un représentant du Parti communiste ainsi que ceux de plusieurs formations et associations bretonnes, de même que des militants kurdes.

L'hommage s'est achevé par la lecture d'un texte écrit par Olivier Le Clainche, tué par un bombardement aérien, en compagnie notamment d'un ressortissant espagnol, originaire de Galice.

Kandal Breizh, a précisé l'AKB, a été enterré à sa demande au Rojava, le nom donné au Kurdistan syrien, de facto autonome jusqu'à l'offensive turque déclenchée le 20 janvier.

La milice kurde des YPG est considérée comme "terroriste" par Ankara mais est alliée aux Etats-Unis dans la guerre contre l'EI.
(AFP, 10 mars 2018)

Des combattants kurdes abandonnent la lutte anti-EI pour Afrine

Déployés dans l'est syrien pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI), des combattants kurdes disent avoir hâte d'abandonner ce front pour venir en aide à leurs frères d'armes cibles d'une offensive turque dans l'enclave d'Afrine, dans le nord-ouest du pays.

Et même si leur allié américain dans la lutte antijihadiste n'ira pas leur prêter main forte, ils se disent déterminés à protéger leur communauté.

Dans la ville de Qamichli, la colère est perceptible aux funérailles de trois combattants kurdes, tombés au combat dans le désert de Deir Ezzor, où se trouve un des derniers réduits jihadistes.

Ils "auraient dû mourir à Afrine", lâche Rochavam Qamichlo, un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), cette coalition arabo-kurde soutenue par Washington dans la lutte anti-EI.

A côté de lui, des dizaines de personnes se massent autour de trois cercueils, recouverts du drapeau kurde rouge, jaune et vert.

La Turquie a lancé le 20 janvier avec des rebelles syriens une offensive contre l'enclave d'Afrine dans le but d'y déloger la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) --épine dorsale des FDS--, qualifiée de groupe "terroriste" par Ankara et considérée comme une menace à sa frontière.

Plus de 170 civils, dont près de 30 enfants, ont été tués dans les bombardements turcs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Mardi, les FDS ont annoncé le redéploiement à Afrine de quelque 1.700 combattants basés jusque là dans l'est du pays. Ils doivent être envoyés dans l'enclave en cours de semaine.

- 'Besoin de nous' -

"Ils ont plus que jamais besoin de nous" à Afrine, affirme Rochavam Qamichlo.

"Des centaines de combattants, originaires d'Afrine ou qui ont des proches là-bas sont déjà rentrés pour défendre" la région, indique un haut responsable des FDS, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

"Et il y a un très fort désir chez les autres combattants d'y aller aussi", reconnaît-il.

A Qamichli, un autre combattant se présentant sous son nom de guerre Nuchine Qamachlo, assure qu'il veut lui aussi rejoindre la lutte à Afrine.

"Nous pouvons affronter les Turcs sans l'aide de la coalition" internationale antijihadistes emmenée par Washington, lance le jeune homme de 25 ans.

Des responsables américains et de la coalition ont affirmé ne pas vouloir s'impliquer sur le front d'Afrine, disant craindre que ces combats ne détournent les FDS des opérations anti-EI.

En attendant, cet abandon américain a un goût amer pour les Kurdes.

"Nous avons combattu Daech et avons aidé la coalition à Raqa, mais celle-ci n'a pas soutenu ses partenaires", a affirmé à l'AFP Abou Omar al-Idlebi, un commandant des FDS, en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.

"Nos parents à Afrine constituent une priorité et leur protection est plus importante que les décisions prises par la coalition, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Raqa.

Les FDS ont été le fer de lance de la guerre pour déloger les jihadistes de Raqa, ancien chef-lieu de l'EI, ainsi que de Deir Ezzor.

- 'Solution juste' -

Galvanisés par un sentiment communautariste, d'autres combattants kurdes ont afflué vers Afrine en provenance de la ville de Qamichli, de la région de Kobané, de la province de Hassaké, ou encore du quartier kurde de Cheikh Maqsoud à Alep, selon Rezan Hedo, un conseiller des YPG à Afrine.

"La perte d'Afrine serait une perte pour tout le Rojava", souligne Nuchine Qamachlo, en référence au nom kurde du territoire semi-autonome dans le nord et le nord-est de la Syrie.

"Nous protégerons Afrine de toutes nos forces et nous affronterons les Turcs comme nous l'avons fait avec Daech", ajoute le jeune homme.

Estimés à 15% de la population, opprimés pendant des décennies sous le régime du clan Assad, les Kurdes ont profité de la guerre en Syrie pour établir une autonomie de facto dans les territoires qu'ils contrôlent dans le nord du pays.

Ankara n'a jamais accepté cette autonomie, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.

"Cette région ne retrouvera jamais la stabilité tant qu'aucune solution juste n'est trouvée pour le peuple kurde", a indiqué Abdel Salam Ahmad, un responsable du mouvement kurde pour une société démocratique.
(AFP, 6 mars 2018)

Un média féministe prokurde lutte pour sa survie

Fermé deux fois et interdit de diffusion à sept reprises pour "propagande terroriste", Jinnews, unique site d'information composé uniquement de femmes en Turquie, lutte pour sa survie.

Les autorités accusent Jinnews, qui publie en plusieurs langues dont le turc, le kurde et l'anglais, de faire de la propagande pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Six enquêtes ont été ouvertes par des tribunaux à travers le pays. Jinnews se défend de toute "propagande terroriste" et affirme que la teneur de ses publications relève de la liberté de la presse.

Créé le 8 mars 2012, sous le nom d'Agence de presse "Jin" ("femme" en kurde), ce média qui ne recrute que des femmes a été fermé une première fois en octobre 2016 par décret-loi, quelques mois après le putsch manqué du 15 juillet contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Mais l'équipe, alors composée d'une soixantaine d'employées à travers le pays, en texte, photo et vidéo, a décidé de continuer à publier, sous un nouveau nom. Avant d'être à nouveau fermée en août 2017 et de renaître sous le nom de Jinnews.

A Diyarbakir, principale ville du sud-est à majorité kurde de Turquie, deux employées du site déambulent dans les rues. Beritan Elyakut, caméra à la main, et Safiye Alagas, prête à dégainer son appareil photo, préparent un sujet pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

"Le BTK, l'institution en charge des technologies de l'information, tente de nous empêcher de diffuser", explique Beritan Elyakut, qui y travaille depuis 5 ans. "Comment avons-nous contourné ces interdictions ? Nous avons demandé et reçu différents noms de domaine. Jinnews a été fermé six fois. Nous nous sommes appelés Jinnews1, Jinnews2, Jinnews3 en tout comme ça six fois et à chaque fois nous avons dû fermer. Là, nous avons porté plainte."

Jinnews7 est le dernier avatar du site à avoir été bloqué, fin février.

- 'Cible' -

Jinnews revendique une information défendant des valeurs féministes, avec un gros travail de réflexion sur le vocabulaire utilisé et les angles choisis.

"Les femmes sont persécutées, et notre devoir d'agence d'information est de le faire savoir", explique Safiye Alagas, pour qui Jinnews est "devenu une cible". "Nous nous battons pour les femmes en tant que femmes", affirme-t-elle.

Mme Alagas, qui a rejoint l'agence il y a 6 ans, se souvient très bien de son premier contact avec ce qui s'appelait alors Jinha.

"Lors d'un séminaire de journalisme sur les droits des femmes, j'ai appris que cette agence n'utilisait pas les noms de famille, car c'est de la domination patriarcale. J'ai trouvé ça très intéressant, très surprenant", raconte-t-elle.

Le site de Jinnews a été bloqué en janvier en raison d'un article sur des agents des renseignements turcs que le PKK affirme détenir en Irak, un enlèvement qui n'a jamais été confirmé par les autorités turques.

Les autorités lui reprochent également sa couverture de l'offensive menée par Ankara dans l'enclave syrienne d'Afrine, contre une milice kurde considérée par la Turquie comme une extension en Syrie du PKK mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Désormais, l'agence ne compte plus que 25 employées, dont 8 à Diyarbakir, et ne publie que sur les réseaux sociaux, puisque son site internet, bloqué en Turquie, n'y est accessible que via les "réseaux privés virtuels" (VPN).

De nombreux médias kurdes ou prokurdes ont été fermés depuis l'instauration de l'état d'urgence au lendemain de la tentative de coup d'Etat, imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie les faits.

Des dizaines de journalistes sont également incarcérés, conduisant la Turquie à occuper la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters Sans Frontières (RSF).

Si la plainte déposée par l'agence de presse aboutit, elle pourra garder le nom de Jinnews. Autrement, elle se contentera d'en trouver un autre pour assurer sa survie, assurent les journalistes.
(AFP, 3 mars 2018)

Prison pour une députée kurde, nièce du leader du PKK

Un tribunal turc a condamné à deux ans et demi de prison jeudi une députée du principal parti prokurde de Turquie qui est aussi la nièce du chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Dilek Ocalan, députée du Parti démocratique des peuples (HDP) et nièce d'Abdullah Ocalan, a été condamnée à deux ans et six mois de prison pour "propagande terroriste" par un tribunal de Sanliurfa (sud-est), a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Selon Anadolu, un procureur avait requis jusqu'à cinq ans de prison contre la députée accusée d'avoir, en 2016, "légitimé" les actions du PKK et d'avoir fait de la "propagande" lors des funérailles d'un membre de cette organisation classée "terroriste" par Ankara.

La condamnation de Mme Ocalan survient sur fond de pressions accrues sur les milieux prokurdes depuis le lancement de l'offensive d'Ankara contre une milice kurde dans le nord-ouest de la Syrie, le mois dernier.

Les autorités turques accusent le HDP d'être la vitrine politique du PKK, une organisation également classée "terroriste" par l'Union européenne et les Etats-Unis.

Abdullah Öcalan, chef historique du PKK, purge depuis 1999 une peine de réclusion à vie sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest). Le PKK livre depuis 1984 une sanglante guérilla contre Ankara, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Mais le HDP a toujours rejeté les accusations de collusion avec le PKK lancées par le pouvoir turc et estime être victime d'une chasse aux sorcières en raison de son opposition au président Erdogan.

Le parti a été fortement affecté par les purges qui ont suivi le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie toute implication.

Ainsi, neuf députés du HDP sont actuellement incarcérés, selon le parti, dont ses anciens co-présidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, écroués depuis novembre 2016.

Entre ceux qui ont été arrêtés et ceux qui ont été déchus de leur mandat, seuls 46 de ses 59 députés élus en novembre 2015 siègent encore au parlement.
(AFP, 1 mars 2018)

Saleh Muslim remis en liberté à Prague, protestation d'Ankara

Le tribunal municipal de Prague a remis en liberté mardi le responsable kurde syrien Saleh Muslim, qui continue à faire l'objet d'une demande d'extradition, Ankara s'étant aussitôt élevé contre cette décision de la justice tchèque.

"Le juge a décidé de remettre M. Saleh Muslim en liberté. En même temps, M. Muslim a promis qu'il ne quitterait pas le territoire de l'Union européenne et qu'il se présenterait au tribunal, à son appel", a déclaré à l'AFP sa porte-parole, Marketa Puci.

"Cette décision est une décision de soutien très clair au terrorisme", a réagi le porte-parole du gouvernement turc, Bakir Bozdag, ajoutant que la remise en liberté de Saleh Muslim aurait "un impact négatif sur les relations entre la Turquie et la République tchèque".

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a quant à lui indiqué que la Turquie ne "lâcherait pas" Saleh Muslim, "même s'il se rend dans un autre pays". "Il n'y aura pas de répit pour Saleh Muslim, nous serons sur ses talons", a-t-il déclaré à des journalistes turcs en marge d'un déplacement en Algérie.

"La décision du tribunal (tchèque) ne signifie pas que tout est terminé, nous n'allons pas lâcher cette affaire", a insisté M. Cavusoglu, qualifiant de "scandaleuse" la remise en liberté du responsable kurde.

De son côté, le ministre turc de la Justice, Abdülhamit Gül, a qualifié la décision du tribunal tchèque d'"absolument inacceptable", ajoutant qu'Ankara continuerait de "suivre de près" l'affaire.

- Procédure d'extradition -

Dans un communiqué publié plus tard mardi, le ministère tchèque des Affaires étrangères "rejette résolument toute accusation de soutien au terrorisme international".

"La République tchèque n'a violé par la décision du tribunal municipal aucun de ses engagements de droit international, y compris ceux découlant de la Convention européenne d'extradition", a-t-il ajouté. "La procédure d'extradition n'a pas été arrêtée par cette décision du tribunal", a-t-il souligné.

Saleh Muslim a déclaré pour sa part à l'agence de presse tchèque CTK qu'il "ne s'agissait pas d'une décision politique mais juridique", après que la décision du tribunal praguois, qui a siégé à huis clos, eut été acclamée par plusieurs dizaines de Kurdes venus lui manifester sa solidarité.

Environ 200 personnes, dont de nombreux Kurdes, avaient déjà protesté lundi devant le ministère tchèque de l'Intérieur contre son arrestation.

Coprésident jusqu'à l'an dernier du Parti de l'union démocratique (PYD), M. Muslim, qualifié par la Turquie de "chef d'un groupe terroriste", avait été arrêté samedi à Prague, où il participait à une réunion internationale confidentielle.

Ankara avait "commencé les démarches en vue de l'extradition vers la Turquie" de Saleh Muslim, qui encourt 30 peines de prison à perpétuité s'il y est jugé, selon le ministère turc de la Justice.

Les autorités d'Ankara disposent d'un délai de 40 jours pour cette démarche, selon la porte-parole du ministère tchèque de la Justice, Tereza Schejbalova.

- Décision 'test' -

Cette demande d'extradition constitue un "test" pour la République tchèque, a affirmé mardi le Premier ministre turc, entraînant la question sur le terrain diplomatique. "C'est un jour de test pour la République tchèque, qui est notre alliée au sein de l'Otan", a dit Binali Yildirim lors d'un discours devant les députés de la majorité à Ankara.

M. Muslim fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication.

Le PYD est considéré par Ankara comme une extension du PKK, qui mène une guérilla en Turquie depuis trois décennies.

Ce mouvement politique kurde syrien est aussi le bras politique des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, contre laquelle la Turquie a déclenché en janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).
(AFP, 27 février 2018)

Deux députés du HDP déchus de leur mandat parlementaire

Deux nouveaux députés du principal parti prokurde de Turquie ont été déchus de leur mandat mardi, après avoir été formellement condamnés dans deux affaires distinctes, selon leur formation politique.

Ahmet Yildirim, vice-président du groupe parlementaire du Parti démocratique des peuples (HDP) et Ibrahim Ayhan, député HDP, ont tous deux été déchus de leur mandat mardi, a annoncé à l'AFP une responsable du parti.

M. Yildirim a été condamné pour "insulte au président" après avoir traité le président Recep Tayyip Erdogan de "caricature de sultan", précise le HDP.

M. Ayhan a été condamné pour "propagande en faveur d'une organisation terroriste", pour avoir salué la mémoire d'Aziz Güler, un combattant kurde décédé considéré comme "terroriste" par les autorités turques.

Le HDP avait raflé 80 sièges aux législatives de juin 2015, privant ainsi le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) de la majorité absolue. Lors de nouvelles élections convoquées pour novembre de la même année, le HDP a perdu 21 députés.

Parmi eux, 9 ont été depuis déchus de leur mandat, en comptant MM. Yildirim et Ayhan.

Les autorités turques accusent le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Mais le parti a toujours rejeté ces allégations et affirme être visé en raison de son opposition au président Erdogan.

Le parti a ainsi été fortement affecté par les purges qui ont suivi le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie toute implication.

Ainsi, 9 députés du HDP sont actuellement incarcérés, selon le parti, dont ses anciens co-présidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, interpellés en novembre 2016.

Entre ceux qui ont été arrêtés et ceux qui ont été déchus de leur mandat, seuls 46 des 59 députés élus en novembre 2015 siègent encore au parlement.
(AFP, 27 février 2018)

Minorités / Minorities

Début du procès d'un pasteur américain le 16 avril

Le procès d'un pasteur américain arrêté en Turquie dans la foulée du putsch manqué et incarcéré depuis, malgré les appels de Washington à sa libération, débutera le 16 avril, a rapporté lundi l'agence de presse étatique Anadolu.

Le pasteur Andrew Brunson est accusé d'avoir mené des activités pour le compte de deux groupes "terroristes" et de s'être procuré des documents confidentiels "à des fins d'espionnage politique ou militaire", selon l'acte d'accusation cité par Anadolu.

Il risque jusqu'à 15 ans de prison pour le premier chef d'accusation et jusqu'à 20 années supplémentaires pour le second, selon cette version de l'acte d'accusation citée par Anadolu qui diffère d'une précédente version mentionnée par les médias turcs selon lesquels il était passible de la prison à vie.

D'après Anadolu, son procès débutera le 16 avril à Izmir, ville de l'ouest de la Turquie où il avait été arrêté en octobre 2016 et où il gérait avec son épouse une église protestante depuis une vingtaine d'années.

Le pasteur est notamment accusé d'avoir agi pour le compte du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, à qui Ankara impute l'organisation du putsch manqué, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Cette affaire est l'un des multiples dossiers qui empoisonnent les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, deux alliés au sein de l'Otan dont les rapports se sont dégradés depuis deux ans.

Le secrétaire d'Etat américain sortant Rex Tillerson a rencontré fin mars 2017 à Ankara Norine Brunson, épouse du pasteur, qui avait elle aussi été initialement détenue avant d'être relâchée.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé en septembre qu'il était prêt à échanger le pasteur américain contre Fethullah Gülen, installé en Pennsylvanie d'où il nie toute implication dans le putsch avorté.
(AFP, 26 mars 2018)

UN Human Rights Council adopts Genocide Prevention Resolution

Genocide Prevention Resolution initiated by Armenia was adopted at the 37th session of the UN Human Rights Council by consensus in Geneva on March 23. Nearly 6 dozens of countries introducing all the regional groups of the Human Rights Council joined Armenia and co-authored the resolution. The resolution will be open for the co-authoring for two more weeks, the press service of the MFA Armenia reported.

“Armenia’s representative emphasized in his speech that the initiation of the mentioned resolution is the demonstration of Armenia’s resolve and continuous commitment to the prevention of the crime of genocide. He underlined the special importance of adopting the resolution on Prevention of genocide by consensus by the HRC in the year marking the 70th anniversary of the first UN international agreement on human rights.

The resolution reaffirms that fight against impunity is a key factor for preventing genocides. It expresses concern over the attempts to deny or approve genocides, stressing that they undermine the fight against impunity, reconciliation of peoples and crime-prevention efforts.

The resolution pays special attention to the exposure of signs and reasons of genocides.

It welcomes the call of the Special Adviser of the Secretary-General on the Prevention of Genocide to for a universal adoption of the resolution ahead of the 70th anniversary of the Convention.

The document also expresses satisfaction over the declaration of December 9 International Day of Commemoration and Dignity of the Victims of the Crime of Genocide and of the Prevention of this Crime by the UN General Assembly.

The resolution recommends the Office of the High Commissioner for Human Rights to organize a high-level discussion during the September session of the HRC dedicated to the 70th anniversary of the Convention on preventing and punishing the crime of genocide.

The resolution also envisages that the Secretary General of the UN will prepare a report based on the information received from the Member States on genocide education and the illustration of the Convention.
(news.am/eng/news/)


Avec la chute d’Afrin, les derniers yézidis de Syrie disparaissent

Dimanche 18 mars, la ville kurde syrienne a été prise par des groupes islamistes soutenus par la Turquie.
Ses 50 000 yézidis ont fui, craignant des massacres comme au Sinjar en 2014.

Le 7 mars, dans un village près d’Afrin, ces femmes yézidies se sont réunies pour manifester leur soutien aux défenseurs kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Elles sont arrivées de Sinjar, ville tombée aux mains des Turcs.

« Dans notre village de Qastal Jando, les deux mausolées ont été détruits… » Sur la route de l’exode, à 5 km au sud d’Afrin, la voix d’Abdu Alo, yézidi syrien de 59 ans (1), est douce et tragique. « Autrefois, tous nos voisins venaient à nos fêtes religieuses, même les Kurdes et les Arabes sunnites », soupire-t-il.

Il ajoute : « Tout le monde est parti en un jour, pour éviter qu’ils capturent qui que ce soit. » Abdu Alo sait qu’il ne reverra jamais sa terre natale. Afrin, ville kurde du nord-ouest de la Syrie, est tombée dimanche sous le contrôle de groupes islamistes syriens soutenus par la Turquie.

Quand l’opération militaire Rameau d’olivier, lancée par les Turcs, a débuté, le 20 janvier, Qastal Jando fut l’un des premiers villages attaqués. De ses maisons, on voyait Azaz, bastion des djihadistes.

Plus de 150 000 civils évacués

Sachant bien que ces derniers étaient les supplétifs des Turcs, les habitants yézidis de Qastal Jando ont compris que c’était la fin. Ils ont fui, ne voulant pas que se répètent les exactions de Daech durant l’été 2014 au Sinjar, cette montagne du nord de l’Irak où des villages entiers avaient été pris. Les hommes exécutés, les femmes et les enfants kidnappés.

Avant guerre, Abdu Alo, ingénieur, vivait et travaillait à Alep. Il a préféré se replier dans son village lorsque la deuxième ville de Syrie a été ravagée. Comme les dizaines de milliers de yézidis peuplant autrefois la région d’Afrin, il fait à présent partie des plus de 150 000 civils évacués par les autorités kurdes, pour éviter un massacre.

Il s’est d’abord réfugié chez un ami à Ain Dara, au sud d’Afrin, où les yézidis vénéraient les ruines d’un temple hittite vieux de 3 000 ans. L’aviation turque l’a bombardé. « On n’ose plus s’y rendre, proteste celui qui l’a hébergé. Ainsi que dans notre temple. La zone est constamment bombardée. »

Un patrimoine dévasté

« Avant la guerre, nous étions 50 000 autour d’Afrin », détaille Pir Abdulrahman Shamo, l’un des chefs de la minorité, qui pratique une religion pré-islamique. Rencontré dans le centre culturel yézidi d’Afrin, avant la chute de la ville, il poursuit : « Lors de la guerre civile, 15 000 yezidis avaient déjà fui la Syrie. L’invasion nous a forcés à nous replier de village en village, ou vers Afrin. »

Et d’énumérer le patrimoine déjà dévasté par les assaillants dans cette succession de fuites : les mausolées de Qastal Jando, un vieux château d’une grande famille, le temple d’Ain Dara…

« Toute cette guerre cible en particulier les yézidis », s’indigne le vieux sage, la main tremblante. « Le but est d’effacer l’identité kurde de cette région, parce que le yézidisme était autrefois la religion de tous les Kurdes. »

Un « silence international »

Son ami Mahmoud Kalash dénonce « un génocide ». « Le silence international rend possible d’autres actes d’extermination. Alors que notre religion n’est que paix et amour », fulmine-t-il. Si certains fuyards peuvent s’arrêter à Alep, où subsiste une petite communauté yézidie – 13 000 selon Pir Shamo –, la plupart cherchent à rejoindre le nord de l’Irak, et l’Europe.

De rares informations parviennent désormais des territoires occupés par les milices islamistes soutenues par la Turquie. Des yézidis font état de proches ayant disparu : des vieillards ou des familles qui n’ont pas pu fuir.

Des vidéos circulent. Elles montrent des hommes barbus, en tenue de combat, hilares, faisant subir à des villageois yézidis terrorisés des interrogatoires sur leur connaissance de l’Islam. « Vous méritez d’être massacrés », les menace un combattant. « Voilà le marché des cochons », scande un autre, qui filme le bazar d’un village yézidi.

Une autre vidéo montre des supplétifs turcs saccageant un mausolée. Comme dans tous les lieux saints yézidis, un « arbre à souhaits » se trouve à côté du temple. À ses branches, les fidèles ont noué des tissus colorés pour demander quelque chose à Tawusi Melek, incarnation de leur divinité. À la fin de la vidéo, les djihadistes mettent le feu à l’arbre sacré. (La Croix, 23 mars 2018)

Un site chrétien inscrit au patrimoine mondial endommagé par des raids turcs

L'aviation turque a endommagé en Syrie un site archéologique chrétien classé au patrimoine mondial de l'Unesco, alors que les forces d'Ankara avaient engagé une offensive dans le nord-ouest du pays contre l'enclave kurde d'Afrine, ont indiqué jeudi les autorités syriennes.

Les bombardements menés mercredi soir "par des avions turcs", ont visé "le site de Brad, situé à 15 km de la ville d'Afrine, et inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis 2011", a indiqué la Direction générale des antiquités et des musées en Syrie (DGAM) sur son site internet.

Les frappes ont provoqué "la destruction de plusieurs édifices archéologiques importants" et parmi les structures touchées figurent "le tombeau de Saint-Maron, patron de la communauté maronite, et l'église Saint-Julianos qui abrite ce tombeau", selon le chef de la Direction générale des antiquités Mahmoud Hammoud.

Il s'agit de "l'une des plus vieilles églises chrétiennes dans le monde", construite vers la fin du IVe siècle, a-t-il précisé.

La Turquie a lancé le 20 janvier une offensive pour chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Ses forces se sont emparés dimanche de la ville d'Afrine, chassant les YPG de l'enclave.

Fin janvier, un temple néo-hittite vieux de 3.000 ans avait déjà été endommagé par les frappes aériennes turques dans le nord de la Syrie. Ankara avait alors assuré que les "vestiges archéologiques" ne faisaient "certainement pas partie des cibles" de son offensive.

Outre le tombeau de Saint-Maron, découvert en 2002 par des archéologues français, la ville antique de Brad comprend plusieurs vestiges chrétiens datant des périodes romaine et byzantine.

"Ce site constitue l'une des plus belles pages de l'histoire du christianisme. Il abrite trois églises, un monastère et une tour de cinq mètres", a dénoncé Maamoun AbdulKarim, l'ancien chef des Antiquités.

"Même les Mongols ne l'ont pas fait", a-t-il déploré à l'AFP.

Il avait récemment tiré la sonnette d'alarme au sujet de villages antiques datant du début du christianisme inscrits en 2013 sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco, et qui se trouvent dans le secteur de Jabal Samaan, près de la ville d'Afrine.

L'Unesco a déploré à plusieurs reprises "l'immensité des dégâts" causés aux trésors archéologiques et culturels en Syrie depuis le début de la guerre en 2011.

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a notamment détruit les plus beaux temples de Palmyre lors de son occupation du site.

La communauté maronite joue un rôle politique prépondérant au Liban, où les premiers disciples de Saint-Maron sont arrivés en provenance de Syrie il y a plus de 1.500 ans.
(AFP, 22 mars 2018)

Un procureur réclame la prison à vie pour un pasteur américain détenu

Un procureur turc a réclamé mardi la prison à vie pour un pasteur américain détenu en Turquie depuis octobre 2016 et dont le sort est l'une des sources de tension entre Ankara et Washington, selon les médias.

Selon l'acte d'inculpation, le pasteur Andrew Brunson, est accusé "d'appartenir à et de faire partie de la direction" du réseau de Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être le cerveau du putsch manqué de juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan, a rapporté l'agence de presse Dogan.

Le pasteur avait été arrêté et incarcéré à Izmir (ouest) en octobre 2016 pour des liens présumés avec le réseau de Fethullah Gülen. Il gérait à Izmir une église protestante depuis une vingtaine d'années avec sa femme.
 Le président Erdogan avait affirmé en septembre qu'il était prêt à échanger Fethullah Gülen, installé en Pennsylvanie, contre le pasteur américain.

Un décret-loi publié en août en Turquie confère en effet au président le pouvoir d'autoriser l'extradition d'étrangers en échange de Turcs détenus ou condamnés à l'étranger, si une telle mesure est "nécessaire pour la sécurité nationale ou dans les intérêts du pays".

Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, pourtant alliés au sein de l'Otan, se sont nettement dégradées depuis le putsch manqué, notamment du fait des appels répétés d'Ankara à l'extradition de M. Gülen, restés à ce jour sans réponse.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a rencontré fin mars 2016 à Ankara Norine Brunson, épouse du pasteur, qui avait elle aussi été initialement détenue avant d'être relâchée. M. Tillerson a par ailleurs affirmé en août que M. Brunson avait été "emprisonné à tort".
(AFP, 13 mars 2018)

Attack on Saint Maria Catholic Church in Trabzon

According to the news reflected in the press, a person in his forties took a single shot with a gun at the window over the garage door of the church. After this hate attack, one person has been taken into custody.

Earlier this year, on February 9, a material emitting smoke was thrown at the garden of the church and five people, who were taken into custody in relation with this incident, were all released.

Attacks on Saint Maria Catholic Church

February 9, 2018 - A material emitting smoke was thrown at the garden of the church, five people, who were taken into custody in relation with this incident, were all released.

July 17, 2016 - After the 15-July coup attempt, a group protesting the coup attempt attacked the Saint Maria Catholic Church, chanting Allahu Akbar. Breaking the windows of the church by throwing paving stones, the group tried to break the door of the church with the hammers which they brought along.

January 1, 2011 - The church was threatened on the ground that the cross of the church was illuminated. In one of the bottles thrown at the church, there was a note which read, "Either you take down the cross on top of the church or we will." Though the attack was referred to the security forces, who took the video recordings from the surveillance cameras, no clues could be found. No one at the church was appealed to for their testimony and no complaint petition was received.

The murder of the Priest Andrea Santoro

The Priest of the Saint Maria Church Andrea Santoro was murdered in an armed attack on February 5, 2006 while he was praying.

Oğuzhan Akdin, who was arrested on charge of murdering Santoro with a gun and was at the age of 16 on this date, was sentenced to 18 years and 10 months in prison by the Heavy Penal Court of Trabzon and was discharged from prison upon the completion of his execution period.
(BIA, 7 March 2018)

70 intellectuels arméniens « exigent » l’élection d’un nouveau patriarche

Le 9 février, les autorités turques sont brutalement intervenues pour stopper le processus d’élection d’un nouveau patriarche arménien d’Istanbul.

Cette intrusion divise la communauté arménienne sur la stratégie à adopter. Une pétition, signée par 70 intellectuels, exige la tenue d’un scrutin « libre et transparent ».

« Nous espérons et exigeons que soit mis fin à l’administration du siège patriarcal par un vicaire et que le siège vacant soit pourvu d’un titulaire digne et légitime, grâce à un vote public, conformément à nos traditions et à nos droits de citoyens. Nous lançons un appel à l’ensemble des Arméniens et aux institutions communautaires de Turquie afin qu’à tous les niveaux, utilisant tous les moyens disponibles, ils protestent et refusent cette situation. »

Le 21 février, l’hebdomadaire turco-arménien bilingue Agos a publié un appel signé par plus de soixante-dix universitaires, écrivains et artistes arméniens de Turquie pour exiger la tenue d’un scrutin « libre et transparent » afin d’élire un nouveau patriarche.

En effet, quelques jours auparavant, le 9 février précisément, l’État turc est intervenu brutalement dans les affaires de la communauté arménienne de Turquie : le ministre de l’intérieur turc s’est déplacé en personne jusqu’à Istanbul où avaient été convoqués un certain nombre de notables de la communauté.

À l’issue de cette réunion, le conseil ecclésial du Patriarcat arménien de Constantinople a rétabli Mgr Aram Atéshian dans ses fonctions de vicaire général, alors que l’assemblée ecclésiale – sorte de synode de l’Église arménienne – avait élu un an auparavant et à une très large majorité Mgr Karékine Békdjian locum tenens (« celui qui tient lieu ») du Patriarcat arménien de Constantinople, le chargeant d’organiser de nouvelles élections pour remplacer l’actuel patriarche en titre, Mesrob II Mutafyan, gravement malade depuis plus de dix ans.

Responsabilité devant l’opinion publique

Dans leur pétition, les 70 intellectuels et artistes arméniens de Turquie interpellent solennellement l’ensemble des responsables de leur Église : les membres de l’Assemblée ecclésiale pour leur rappeler « leur responsabilité devant l’opinion publique » et les inviter « à respecter leur serment » ; les responsables des institutions communautaires « afin qu’ils mettent fin à leur passivité » et « prennent désormais l’initiative ».

« La paix ne sera rétablie dans notre communauté que lorsque l’élection patriarcale se sera faite dans la justice et le respect du droit. Le silence né de la résignation et de la soumission n’est pas synonyme de paix, mais d’oppression », accusent-ils sévèrement.

L’ingérence des autorités turques dans le processus électoral lancé par l’Église arménienne n’en finit pas de susciter des remous en interne.

« Mouton du gouvernement turc »

Le bouillonnant député arménien Garo Paylan a accordé plusieurs entretiens dans les médias turcs comme arméniens, pour critiquer les autorités turques, mais aussi les responsables ecclésiaux – au premier chef Mgr Ateshian, à l’origine de cette affaire pour s’être rendu à Ankara se plaindre d’avoir été écarté par son Église. « En recevant le pouvoir du gouvernement, vous devenez une sorte d’otage », lui a lancé le député turc, très populaire auprès de la jeunesse arménienne, interrogé le 14 février par le site TRT. am d’Erevan.

Pour cette figure en vue de l’Église arménienne, qui n’hésite pas à qualifier l’actuel vicaire général de « mouton du gouvernement turc » ou de « marionnette aux mains, non seulement du gouvernement, mais également de la Défense, de la Sécurité et de la Justice », la communauté arménienne « a besoin de l’autonomisation du Patriarcat ». « Nous devons être mieux organisés, car cette situation pourrait bien diviser la communauté », a-t-il également affirmé.

De fait, la petite communauté arménienne de Turquie est clivée par cette affaire et les suites à lui donner. D’un côté, certains anciens gardent le souvenir des persécutions passées et « redoutent d’entrer dans un rapport de force avec le pouvoir », analyse Philippe Sukiasyan, diacre et historien. De l’autre, une part grandissante de chrétiens arméniens plus « émancipés », représentatifs de la « Génération Dink » du nom de ce journaliste et écrivain turc d’origine arménienne, ancien directeur de la publication du journal Agos assassiné par un nationaliste le 19 janvier 2007, souhaite au contraire revendiquer « sa pleine citoyenneté ». « Erdogan adopte la posture du sultan ottoman intervenant sans complexe dans les affaires des ’minorités’. Mais les jeunes arméniens ne veulent plus rester dans celle de ’sujets de l’empire ottoman’ », observe ce bon connaisseur de l’Église arménienne.

Communiqué « très neutre » du Catholicos d’Arménie

Les fidèles ont guetté la tenue le 20 février à Etchmiadzine (Arménie) de la session du Conseil Spirituel Suprême, organe supérieur du catholicossat, se demandant s’il ferait jouer le 7e canon du Concile de Jérusalem de 1651 en vertu duquel « si un évêque tente de devenir primat d’un diocèse, non pas par la volonté du Catholicos mais par un acte de corruption, ou par la contrainte exercée par des étrangers, il sera alors privé de son rang de religieux » ?

Finalement, un communiqué « très neutre » a été publié, rapporte Philippe Sukiasyan, demandant à la fois au gouvernement turc d’autoriser des élections « libres et transparentes », mais reconnaissant aussi « des erreurs, incompréhensions et une certaine précipitation » au sein de l’Église arménienne, et invitant chacun à « la retenue ».
(la-croix.com, Anne-Bénédicte Hoffner , 1 mars 2018)

L'Arménie désavoue les accords de normalisation avec la Turquie

L'Arménie a annoncé jeudi désavouer les accords de normalisation avec la Turquie, accusant Ankara de ne pas pouvoir "se débarrasser de ses stéréotypes", alors que leurs relations restent hantées par le souvenir des massacres d'Arméniens pendant la Première guerre mondiale.

Le président arménien Serge Sarkissian a fait publier jeudi un décret ordonnant d'"annuler la procédure de signature des accords", qui a eu lieu le 10 octobre 2009 à Zurich, en Suisse.

Ces accords historiques visaient à établir des relations diplomatiques entre l'Arménie et la Turquie et rouvrir leurs frontières, mais devaient être ratifiés par les parlements des deux pays pour entrer en vigueur. Cette ratification n'a jamais eu lieu ni en Arménie, ni en Turquie.

Peu avant la publication du décret sur le site de la présidence arménienne, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a accusé la Turquie de "ne pas être prête à ratifier ces accords ni à les mettre en oeuvre", dans son discours lors d'une réunion du Conseil de sécurité national.

"Les déclarations de la Turquie sur sa volonté d'une soi-disant réconciliation historique n'ont rien à voir avec la réalité", a affirmé M. Nalbandian, en déplorant qu'Ankara "n'ait pas trouvé la force de se débarrasser de ses stéréotypes".

Les deux pays s'opposent notamment sur la question des massacres d'Arméniens commis par les Turcs ottomans en 1915-1917. L'Arménie qualifie de "génocide" ces massacres, qui ont fait selon Erevan quelque 1,5 million de morts, alors que la Turquie rejette ce terme avec véhémence.

La Turquie a fermé en 1993 sa frontière avec l'Arménie par solidarité avec l'Azerbaïdjan et par mesure de rétorsion envers le soutien apporté par Erevan aux séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh, enclave en territoire azerbaïdjanais contrôlée par les Arméniens depuis une guerre dans les années 1990.

L'Arménie, pour sa part, refusait jusqu'ici tout lien entre la question du Nagorny Karabakh et le processus de réconciliation turco-arménien.
(AFP, 1 mars 2018)

Politique intérieure/Interior Politics

Dieu est à nos côtés! Le serment des unités spéciales

Etienne Copeaux

Voici les valeurs pour lesquelles on envoie les commandos des unités spéciales au combat, contre les villes kurdes de Turquie et désormais contre les Kurdes de Syrie. Il faut le savoir et le faire savoir.
Prestation de serment des PÖH avant leur départ pour Afrin. en bas de l'écran à droite, le symbole du Loup Gris, symbole du parti fascisant MHP. Lieu non précisé. Capture d'écran sur la chaîne Polis Özel Harekat sur youtube
Prestation de serment des PÖH avant leur départ pour Afrin. en bas de l'écran à droite, le symbole du Loup Gris, symbole du parti fascisant MHP. Lieu non précisé. Capture d'écran sur la chaîne Polis Özel Harekat sur youtube
(Cet article fait suite à "Unités spéciales et unicité de Dieu")

Les cérémonies organisées lors du départ des commandos pour la Syrie sont devenues un rituel prisé par la population et la presse. Dans son édition du 22 février 2018, le site beyazgazete.com rapporte des images significatives : drapeaux sur les terrasses, jets des rameaux d'olivier, prières publiques, chant de la marche des Mehter (une marche militaire ottomanisante), enfants vêtus de tenues léopard, sacrifice de béliers, distribution de drapeaux et de corans aux militaires...

Différentes formules de serments circulent, dont l'une, assez brève, commence par un Bismillahirahmanirahim (« Au nom de Dieu, le clément et le miséricordieux »), et se termine par « Nous vaincrons ! Nous vaincrons ! Nous vaincrons ! Que Dieu protège la police turque, que Dieu protège les soldats turcs, Amen ». Les commandos jurent fidélité à Allah, à la patrie, au drapeau, et de mener un combat sans merci contre « les traîtres, les séparatistes, aux terroristes » (voir cet exemple, filmé à Nusaybin, sur la frontière, un autre à Yozgat, le « serment de vengeance » d'une unité féminine.

De très nombreuses scènes de prestation de serment sont disponibles sur les réseaux sociaux et sur youtube. Ce sont souvent des vidéos visiblement mises en ligne pour la propagande militaire, souvent agrémentées d'images patriotiques (le drapeau qui flotte au vent) et militaristes (clips de scènes de guerre ou plutôt de manœuvres militaires). D'autres ont été réalisées avec un smartphone par des amateurs se trouvant parmi les spectateurs, au plus près des militaires. Celle que je vais analyser pour vous tourne sur Facebook actuellement, mais malheureusement je ne peux pas la reproduire sur le blog. Le lieu et la date de l'enregistrement sont inconnus; toutefois, son contenu se rapportant clairement à l'invasion turque en Syrie, on peut la dater grossièrement de février 2018.

Texte complet:
http://www.susam-sokak.fr/2018/03/dieu-est-a-nos-cotes-le-serment-des-unites-speciales.html


Vote d'une révision controversée de la loi électorale

Le Parlement turc a approuvé mardi une révision controversée de la loi électorale qui, pour ses détracteurs, vise à favoriser le président Recep Tayyip Erdogan au cours des prochains scrutins et pourrait ouvrir la voie à des fraudes.

Les modifications ont été votées pendant une séance parlementaire qui a duré toute la nuit et a débouché sur une rixe entre des députés ultranationalistes alliés au chef de l'Etat et des élus du principal parti d'opposition, selon les médias.

La validation de ce texte composé de 26 articles survient à un an de scrutins cruciaux qui renforceront considérablement les pouvoirs du président qui sera élu.
 Les élections législatives et présidentielle sont prévues pour novembre 2019, mais les rumeurs sur la convocation d'élections anticipées se multiplient, même si elles sont pour le moment démenties par le gouvernement.

Le texte adopté mardi lève notamment l'interdiction des alliances électorales, apportant un cadre législatif au pacte conclu entre M. Erdogan et les ultranationalistes du Parti d'action nationaliste (MHP).

Cette mesure permet aux partis regroupés au sein d'une alliance de pouvoir envoyer des députés dans l'hémicycle même s'ils obtiennent pris séparément un nombre de voix inférieur au seuil nécessaire de 10%. Pour les observateurs, le MHP n'est pas assuré de franchir cette limite en 2019.

L'une des mesures les plus critiquées de cette loi est la validation des bulletins de vote sur lesquels n'est pas apposé le sceau officiel, ce qui ouvre, selon l'opposition, la voie à des fraudes.

Plusieurs députés de l'opposition ont aussi vertement critiqué la "hâte" avec laquelle cette révision a été votée, après une séance marathon qui a duré, selon le compte-rendu du Parlement, de 13H59 lundi à 09H41 mardi.

Pour Meral Danis Bestas, une députée du parti prokurde HDP, la troisième formation au Parlement, cet empressement est la preuve que le gouvernement souhaite organiser des élections anticipées "à tout moment".

"Notre peuple n'oubliera pas comment vous avez fait passer en toute hâte cette proposition qui valide les bulletins et les enveloppes sans sceau", a réagi la députée Didem Engin, du principal parti d'opposition CHP, sur Twitter.
(AFP, 13 mars 2018)

Unités spéciales et unicité de Dieu

Etienne Copeaux
Le 20 janvier 2018, la Turquie a lancé contre les YPG kurdes et la région d'Afrin, au nord-ouest de la Syrie, une opération militaire dont le nom est une insulte aux oliviers. Elle a donné lieu à une nouvelle poussée de nationalisme dans les médias, qui répercutent, sans aucun recul, sans aucune critique ni réflexion, les communiqués des autorités, les photos et vidéos des rituels guerriers.

Toutes les  icônes sont bonnes à prendre. Des membres des PÖH prient avant de partir pour la Syrie, devant une effigie d'Atatürk. Photo extraite d'un album de Takvim, mars 2018 https://www.takvim.com.tr/galeri/turkiye/turkiyenin-dort-bir-yanindan-joh-ve-poh-timleri-afrine-ugurlaniyor/14

Toutes les icônes sont bonnes à prendre. Des membres des PÖH prient avant de partir pour la Syrie, devant une effigie d'Atatürk. Photo extraite d'un album de Takvim, mars 2018 https://www.takvim.com.tr/galeri/turkiye/turkiyenin-dort-bir-yanindan-joh-ve-poh-timleri-afrine-ugurlaniyor/14

On dispose de beaucoup de « reportages » sur le départ au front des forces turques, notamment des unités d'opérations spéciales de la police (Polis özel harekat, PÖH) et de la gendarmerie (Jandarma özel harekat, JÖH). La presse aux ordres les appelle « ceux des trois lettres » (Üç harfliler). « Ces héros ne savent pas ce qu'est la peur, ils sont prêts à courir au martyre, ils redonnent confiance à l'ami et sèment la peur chez l'ennemi », écrit Takvim le 11 février.

Appelées couramment « équipes spéciales » (özel tim), ces unités ont reçu leur cadre administratif en 1983. Leurs membres sont triés sur le volet et reçoivent une formation et un entraînement poussés. Des centres de formation sont disséminés dans le pays, comme à Foça (Phocée) près d'Izmir, Merzifon, au nord-est d'Ankara, ou encore Adıyaman ; ils sont en général envoyés dans les « régions touchées par le terrorisme » (terör bölgeler) où ils disposent de puissants moyens matériels (blindés, hélicoptères). Ils sont également spécialistes de l'infiltration, de la défense des bases militaires et des opérations de commando. Lorsqu'on parle, dans les médias, d'un affrontement concernant une gendarmerie, dans le sud-est, il ne faut pas imaginer comme en France une petite caserne avec une dizaine de gendarmes bonasses. Il s'agit de puissantes forteresses abritant une unité de JÖH, conçues pour dominer la région comme on domine un pays conquis (voir sur ce blog « Casernes, cimetières, statues »)

Les policiers recrutés pour les PÖH remplissent les mêmes fonctions, tout en étant plus souvent employés pour lutter contre le « terrorisme » dans les villes. JÖH et PÖH sont aussi anciens que la guerre contre le PKK. En 2015-2016, ils ont été les principaux acteurs des opérations de siège et de destruction des villes ou quartiers kurdes du sud-est (Lice, Diyarbakır, Sırnak, Idil...). Dans les lourdes opérations anti-kurdes d'aujourd'hui, le pouvoir compte bien plus sur ces unités spéciales, qui ne dépendent pas du ministère de la défense, que de l'armée elle-même.

En effet les membres de ces forces spéciales n'ont rien à voir avec les appelés du contingent. Ce sont des professionnels, des spécialistes, relativement âgés, expérimentés, aguerris, des tueurs, souvent recrutés dans les milieux d'extrême-droite : parti MHP, mouvements de Loups gris (Bozkurt) et d' « idéalistes » (ülkücü). Ils sont très populaires actuellement en Turquie car considérés comme les protecteurs du pays contre le PKK et tous les dangers de déstabilisation provenant de Syrie et d'Irak.

Texte complet:
http://www.susam-sokak.fr/2018/03/unites-speciales-et-unicite-de-dieu.html


Forces armées/Armed Forces

Huit soldats turcs tués jeudi dans l'offensive en Syrie

La Turquie a essuyé jeudi de lourdes pertes dans le cadre de son offensive contre une milice kurde dans le nord-ouest de la Syrie, l'état-major annonçant que huit soldats avaient été tués et 13 blessés.

Ce bilan, donné par l'armée dans deux communiqués séparés, fait de la journée de jeudi l'une des plus meurtrières pour Ankara depuis le déclenchement de son opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG) dans la région d'Afrine le 20 janvier.

"Dans le cadre des opérations à Afrine, cinq de nos compagnons d'armes héroïques sont tombés en martyrs et sept ont été blessés" jeudi, a déclaré l'état-major dans un premier communiqué.

Peu après, l'état-major annonçait que trois autres soldats avaient été tués et six blessés, sans toutefois donner de précisions sur les circonstances dans lesquelles cela s'était produit.

L'agence de presse Dogan a rapporté que d'intenses combats avaient éclaté dans l'après-midi entre des unités des forces spéciales turques récemment déployées à Afrine et des membres des YPG qui ont notamment tendu une embuscade à l'aide de tunnels.

D'après Dogan, un hélicoptère turc dépêché pour évacuer les blessés a dû rebrousser chemin après avoir été touché par un tir. Il a fallu que des avions pilonnent la zone pour permettre aux victimes d'être rapatriées.

En déplacement au Sénégal, le président turc Recep Tayyip Erdogan a été informé de la situation au cours d'entretiens téléphoniques avec le chef de l'armée et le ministre de l'Intérieur, a souligné l'agence de presse étatique Anadolu.

"Que Dieu accorde la paix à nos soldats tombés en martyrs à Afrine, toutes mes condoléances à leurs proches", a déclaré sur Twitter le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.

Les pertes essuyées par Ankara jeudi portent à au moins 40 le nombre des soldats turcs tués depuis le début de cette offensive baptisée "Rameau d'olivier".

La Turquie considère les YPG comme une organisation "terroriste", étroitement liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui est engagé dans une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

Cependant, les YPG sont soutenues par les Etats-Unis et ont été le fer de lance au sol, en Syrie, de la coalition internationale qui combat les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

La situation s'est compliquée avec le déploiement, il y a une dizaine de jours, d'éléments favorables au régime dans l'enclave d'Afrine, les observateurs mettant en garde contre un risque accru de collision entre les forces d'Ankara et de Damas.

Par ailleurs, Ankara a rejeté cette semaine l'appel des Etats-Unis à appliquer la trêve humanitaire que réclame le Conseil de sécurité des Nations unies en Syrie, Ankara estimant que la résolution onusienne ne concernait pas son opération.

Le Comité international de la Croix-Rouge a fait savoir qu'un convoi d'aide humanitaire était entré jeudi dans la région d'Afrine, pour la première fois depuis le début de l'offensive turque qui a durement impacté les civils.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 141 civils, dont 27 enfants, ont péri depuis le début de la campagne militaire turque, ce que dément Ankara.
(AFP, 1 mars 2018)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Séries turques, symptôme des tensions entre Ankara et Ryad

La déprogrammation par un puissant groupe audiovisuel saoudien de séries turques à succès a suscité mercredi indignation et colère en Turquie, symptômes des tensions croissantes entre Ankara et Ryad.

A l'origine de la crise, la décision prise par le groupe saoudien MBC d'interrompre début mars la diffusion sur toutes ses chaînes des séries télévisées turques qui sont aujourd'hui un instrument du soft power d'Ankara dans le monde arabe.

Le ministre turc de la Culture, Numan Kurtulmus, a fustigé cette décision, estimant mardi qu'il n'appartenait pas à "trois politiciens assis autour d'une table de décider quels programmes les gens peuvent regarder. Cette époque-là est révolue depuis longtemps".

D'après les médias turcs, six séries télévisées sont concernées par la décision prise par MBC, qui a indiqué que son choix visait à promouvoir "des productions arabes de grande qualité qui incarnent les valeurs et les traditions de la région".

Argument rejeté par les commentateurs turcs, qui voient derrière cette mesure la main du pouvoir saoudien, au moment où les relations entre la Turquie et l'Arabie saoudite et ses alliés, notamment les Emirats arabes unis et l'Egypte, traversent une zone de turbulences.

C'est "un événement très important qui ne doit pas seulement intéresser le secteur des séries télévisées, car ces séries sont (...) l'instrument de soft power le plus puissant de la Turquie", soulignait mercredi le grand quotidien progouvernemental Sabah dans un éditorial.

En effet, ces séries turques, qui vont de l'histoire à l'eau de rose aux superproductions glorifiant l'histoire ottomane, connaissent un succès énorme de Bagdad à Casablanca, où leur diffusion est attendue avec avidité.

- Soft power -

"Notre secteur des séries télévisées connaît une progression au pas de course. A travers le monde, les gens attendent impatiemment les séries turques", a souligné mercredi M. Kurtulmus.

Il a affirmé que plusieurs de ses homologues étrangers lui avaient parlé de ces séries : "Il y a vraiment un intérêt très fort. Cela montre le +soft power+ de la Turquie".

Pour Sabah, le constat est clair: la décision de MBC montre que "l'influence de la Turquie au Proche-Orient et l'intérêt des arabes pour notre pays dérange certaines personnes (...) Il faut que le gouvernement (turc) intervienne !"

Le patron de la chambre de commerce d'Istanbul, Oztürk Oran, a estimé mercredi que "personne ne pourra faire obstacle aux productions turques, tant que les séries turques continueront d'être de qualité."

En revanche, l'acteur turc Engin Altan, qui incarne le personnage principal dans "Ertugrul: la Résurrection", une série à succès sur la naissance de l'Empire ottoman, a estimé dans une interview à Al-Jazeera que l'interdiction de MBC "aurait sans doute un impact sur l'industrie des séries turques".

Mais, a-t-il déclaré, "elle n'empêchera pas ceux qui veulent regarder ces séries de les voir", évoquant notamment les réseaux sociaux.

La décision de MBC survient sur fond de tensions entre la Turquie et l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, notamment depuis qu'Ankara a clairement exprimé son soutien au Qatar, visé par un embargo de ses voisins.

L'Arabie saoudite et ses alliés, notamment les Emirats arabes unis, se méfient de plus en plus de la Turquie, jugée favorable à des groupes islamistes comme les Frères musulmans, perçus comme une menace pour la sécurité régionale.

MBC est contrôlée par l'homme d'affaires saoudien Walid al-Ibrahim, récemment détenu pendant près de trois mois dans le cadre d'une vaste campagne anticorruption.

Le Financial Times a rapporté que les autorités avaient ordonné à M. Ibrahim de céder sa participation majoritaire dans MBC pour obtenir sa libération, ce qui n'a pas été confirmé par Ryad.

Si le président turc Recep Tayyip Erdogan ne retient pas ses coups contre les dirigeants émiratis, il s'est abstenu jusqu'à présent de prendre pour cible les dirigeants saoudiens. Contrairement à certains éditorialistes proches du pouvoir.

"Cher prince (...) prendre la Turquie pour cible ne vous apportera rien, vous perdrez beaucoup", a ainsi mis en garde mercredi l'éditorialiste de Yeni, Safak Ibrahim Karagül, dans une "lettre ouverte" au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
(AFP, 7 mars 2018)

Socio-économique / Socio-economic

Des milliers de femmes défilent à Istanbul pour "la liberté"

Plusieurs milliers de femmes ont défilé sous haute surveillance policière jeudi soir sur la principale avenue d'Istanbul pour réclamer plus de "liberté" et la "fin du patriarcat", selon des correspondants de l'AFP.

Brandissant des bannières proclamant "Nous sommes fortes ensemble !", "Résisterez-vous avec nous ce printemps ?", et criant des slogans parfois hostiles au gouvernement, les manifestantes ont descendu l'avenue Istiklal, coeur de la rive européenne d'Istanbul.

"La situation des femmes ici est honteuse. Et ça empire", déclare à l'AFP Turkan Gezmis. "Ils ne nous laissent pas être libres. Tous les jours, il y a des pressions, et encore des pressions. Ca suffit !".

"La Turquie est franchement sous la moyenne. Quand on parle de libertés, il n'y a rien de tout ça. Et pas seulement pour les femmes, pour tout le monde", dénonce Hale, une autre manifestante. "Nous ne vivons pas dans un pays où il y a de l'égalité".

Les organisations de défense des droits des femmes dénoncent régulièrement des déclarations jugées sexistes des dirigeants turcs, à commencer par le président Recep Tayyip Erdogan.

Ce dernier a d'ailleurs réitéré jeudi, lors d'une cérémonie organisée à l'occasion de la journée de la femme, qu'il souhaitait que les Turques aient "au moins trois enfants", des déclarations qui lui ont valu de nombreuses critiques.

"Quand je dis cela, ça en dérange certains. Pourquoi ? Parce que ce sont des ennemis de notre nation", a déclaré le chef de l'Etat islamo-conservateur, régulièrement épinglé par les associations féministes.

Ce défilé survient alors que les manifestations se font de plus en plus rares en Turquie, pays où l'état de droit s'est dégradé ces dernières années, en particulier depuis le putsch manqué de juillet 2016.

Dans ce contexte, la marche du 8 mars l'an dernier avait donné lieu à l'une des plus grandes manifestations en Turquie depuis le mouvement de protestation antigouvernemental du printemps 2013.

"Si vous regardez les manifestations de ces quatre dernières années, vous verrez que ce sont les femmes qui rassemblent le plus", souligne Günes Yücel. "Et aujourd'hui nous sommes encore là".
(AFP, 8 mars 2018)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Macron a reçu une délégation de la coalition arabo-kurde FDS

Emmanuel Macron a reçu jeudi une délégation des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), composées de combattants arabes et kurdes syriens, et les a assurées du "soutien de la France", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.

Le chef de l'Etat "a rendu hommage aux sacrifices et au rôle déterminant des FDS dans la lutte contre Daech", selon le texte, qui précise que la délégation reçue à l'Elysée était composée "à parité de femmes et d'hommes, d'Arabes et de Kurdes syriens".

Emmanuel Macron a "réaffirmé la priorité de ce combat alors que la menace terroriste perdure. Il a assuré les FDS du soutien de la France, en particulier pour la stabilisation de la zone de sécurité au nord-est de la Syrie, dans le cadre d'une gouvernance inclusive et équilibrée, pour prévenir toute résurgence de Daech dans l'attente d'une solution politique au conflit syrien", selon l'Elysée.

Ces dernières années, les FDS ont été le fer de lance de la guerre pour déloger les jihadistes de Raqa, ancien chef-lieu du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, ainsi que de Deir Ezzor.

L'épine dorsale des FDS est la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), contre laquelle les troupes turques ont lancé une offensive, l'expulsant le 19 mars du canton d'Afrine.

L'Elysée rappelle, dans le communiqué, que Paris a exprimé sa préoccupation sur la situation dans cette région.

Au cours de l'entretien, Emmanuel Macron a également redit l'engagement de la France contre le PKK, le principal mouvement kurde en Turquie, et son attachement à la sécurité de la Turquie.

"Prenant acte de l'engagement des FDS à n'avoir aucun lien opérationnel avec ce groupe terroriste et à condamner tout acte à caractère terroriste d'où qu'il vienne, il a souhaité qu'un dialogue puisse s'établir entre les FDS et la Turquie avec l'assistance de la France et de la communauté internationale", précise l'Elysée.

Les Occidentaux s'inquiètent de plus en plus de la situation dans le nord de la Syrie alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit prêt à élargir l'offensive contre la milice kurde à d'autres zones.

Ankara n'a jamais caché son hostilité face à l'autonomie de facto acquise par les Kurdes de Syrie dans de vastes territoires proches de la frontière turque, à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.

A l'issue de la rencontre à l'Elysée, une des représentantes kurdes, Asiya Abdellah, a annoncé que la France allait envoyer des soldats à Minbej, prochaine ville que le président Erdogan menace d'attaquer au nord de la Syrie et où des forces américaines sont aussi présentes.
"Il y aura l'envoi de nouvelles troupes françaises à Minbej. La coopération va être renforcée", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.

"La France va renforcer son dispositif militaire", a précisé le représentant du Kurdistan syrien (Rojava) en France, Khaled Issa, à l'AFP. "Dans le cadre de la sécurisation de la reconstruction du nord de la Syrie, il y aura un renforcement du dispositif militaire français et d'autres pays à Minbej , pour la défense de Minbej", a assuré M. Issa qui faisait partie de la délégation reçue à l'Elysée.

Des forces spéciales françaises sont stationnées en Syrie. La France reste toutefois très discrète sur cette présence et sur le volume déployé.

Selon l'écrivain français Patrick Franceschi, qui soutient les Kurdes syriens et qui assistait à la conférence de presse, ce déploiement sera "très rapide".

L'Elysée n'a fait aucun commentaire sur ces déclarations.
(AFP, 29 mars 2018)

Wauquiez (LR) fustige l'"abandon" des Kurdes par l'Europe

Le président de Les Républicains, Laurent Wauquiez, a vivement critiqué jeudi l'attitude de l'Europe vis-à-vis des Kurdes estimant qu'ils étaient abandonnés "à leur sort" face à la Turquie.

"Le comportement de l'Europe n'est pas digne. On est train d'abandonner les Kurdes à leur sort face à la Turquie, c'est un scandale", a-t-il dit à Lyon depuis l'hôtel de la région Auvergne-Rhône-Alpes qu'il préside.

"Il est important que nous ouvrions les yeux et que nous ne nous coupions pas de ceux qui nous ont aidé à combattre Daech" (acronyme de l'organisation Etat islamique en arabe, ndlr), a-t-il ajouté.

Laurent Wauquiez tenait jeudi son habituelle conférence de presse avant l'Assemblée plénière de la région. Il a évoqué le sort des Kurdes car un plan de soutien aux Chrétiens d'Orient et autres minorités (Kurdes, Yézidis, ... ) sera proposé au vote.

Ce plan, doté dans un premier temps d'une enveloppe de 350.000 euros par an, pourra être porté à 500.000 euros.

L'objectif sera notamment de choisir une ville dans le nord de l'Irak et d'y investir en partenariat avec la Croix Rouge et la Fondation Mérieux.

"La question ce n'est pas de défendre les Chrétiens en Orient mais la volonté de défendre un Orient qui soit divers" car avoir "un Orient monoreligion" serait pour Laurent Wauquiez "la négation même de l'histoire et de l'identité" de la région.

Ankara a lancé une offensive dans le nord-ouest de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), accusée de "terrorisme" mais alliée des Américains dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique.

Malgré les critiques de Washington, les forces turques ont pris un premier bastion des YPG, Afrine, et visent désormais Minbej, autre enclave kurde, où sont stationnées des troupes américaines.

Samedi dernier, quelques milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes européennes, notamment à Paris, pour protester contre ces offensives.

Emmanuel Macron avait exprimé la veille sa "préoccupation" auprès de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
(AFP, 29 mars 2018)

L'UE et la Turquie se parlent, mais sans avancées "concrètes"

Le président Recep Tayyip Erdogan a souhaité une relance du processus d'adhésion de son pays à l'UE, laquelle a toutefois rappelé les importants différends l'opposant à Ankara dans plusieurs dossiers brûlants, lors d'un sommet qui s'est conclu sans avancées "concrètes", lundi en Bulgarie.

"Nous restons candidats à une accession à l'UE et souhaitons avancer plus rapidement dans cette direction", a souligné le chef d'Etat turc à l'issue d'un dîner de travail avec les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du Conseil européen Donald Tusk organisé à Varna, sur la Mer noire, par la présidence bulgare de l'UE.

M. Erdogan a notamment pointé la bonne coopération d'Ankara et des Vingt-Huit en matière de gestion de l'immigration et de lutte contre le "terrorisme", disant espérer que les deux partenaires étaient sortis d'une "période très difficile".

Mais beaucoup de nuages continuent d'obscurcir les relations entre Ankara et Bruxelles, de l'érosion de l'Etat de droit en Turquie depuis le putsch manqué de juillet 2016 à l'intervention controversée des troupes d'Ankara contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, en passant par des différends sur la Grèce et Chypre.

Et "en termes de solutions concrètes, nous ne sommes parvenus à aucun compromis aujourd'hui", a relevé M. Tusk, soulignant que "seuls des progrès sur ces questions permettront d'améliorer les relations entre l'UE et la Turquie, y compris le processus d'adhésion".

M. Juncker a notamment souhaité une levée de l'état d'urgence institué par Ankara ainsi qu'une "nouvelle approche concernant l'emprisonnement de journalistes" en Turquie. "Nous devons continuer le dialogue dans ces circonstances vraiment difficiles", a estimé M. Tusk.

M. Erdogan avait affirmé avant le sommet qu'une adhésion à l'UE restait pour la Turquie un "objectif stratégique", alors que le processus est au point mort depuis plusieurs mois. Ankara souhaite notamment une exemption rapide de visas pour ses ressortissants souhaitant se rendre dans l'UE.

Hôte de ce sommet, le premier ministre bulgare Boïko Borissov, dont le pays, voisin de la Turquie, assume pour la première fois la présidence tournante de l'UE, s'est félicité d'un retour des partenaires "à la table des négociations". "Je pense que nous aurons une autre rencontre d'ici la fin de la présidence bulgare en juin", a-t-il déclaré.

- "Partenaire stratégique" -

Aucune partie n'a intérêt à faire dérailler les discussions: pour la Turquie, l'UE reste un partenaire commercial précieux, et Bruxelles a besoin d'Ankara, notamment pour maîtriser les flux migratoires. "L'UE est un partenaire stratégique pour la Turquie, et ce serait une erreur d'isoler la Turquie de l'UE", a souligné M. Erdogan.

Les tensions étaient montées d'un cran la semaine dernière lorsque les dirigeants européens ont condamné les "actions illégales persistantes" de la Turquie en mer Égée et en Méditerranée orientale au détriment de la Grèce et de Chypre, après plusieurs incidents.

La Turquie avait qualifié d'"inacceptables" les déclarations de l'UE, et a également exprimé sa colère face aux critiques européennes au sujet de son offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) dans la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

L'une des priorités pour les Etats membres est de s'assurer qu'Ankara continue d'appliquer l'accord migratoire conclu en mars 2016, qui a permis de réduire de "97%", selon M. Juncker, les passages vers l'Europe, en échange notamment d'une aide financière.

M. Erdogan s'est toutefois une nouvelle fois plaint de "retards" dans le versement de cette enveloppe de trois milliards d'euros, à laquelle doivent s'ajouter trois autres milliards. M. Juncker a rappelé que le versement de tranches supplémentaires était conditionné à des résultats concrets.

Si Ankara a multiplié ces derniers mois les signaux d'apaisement envers certains pays européens, dont l'Allemagne, en libérant par exemple des journalistes écroués, l'UE continue de s'inquiéter au sujet des purges en Turquie depuis le putsch manqué: plus de 55.000 personnes, dont des opposants et des journalistes, ont été incarcérées et 160.000 limogées ou suspendues.

La prolongation de l'état d'urgence en vigueur en Turquie depuis juillet 2016 a conduit à de "graves" violations des droits de "centaines de milliers de personnes", s'est alarmée l'ONU dans un rapport publié la semaine dernière.

Lors d'une visite de M. Erdogan à Paris en janvier, le président français Emmanuel Macron avait évoqué l'idée d'un "partenariat" entre l'UE et la Turquie, à défaut d'une adhésion.
(AFP, 27 mars 2018)

MEPs call for human rights discussion at meeting with Turkey

Seventy-five members of the European Parliament have signed an open letter calling for human rights in Turkey to be put on the agenda of an upcoming summit meeting between the European Union and Turkey on March 26, 2018.

The letter notes that the European Parliament has repeatedly condemned the arbitrary imprisonment of journalists in Turkey and urges European Union leaders to emphasise that closer relations would be dependent on an improvement in Turkey’s human rights record.

“Both EU leaders and elected representatives of the European people have a duty to demonstrate full solidarity with every individual detained in Turkey for exercising their free expression,” the letter said.

“It is time for the European Union, its institutions and its members states to make an immediate and strong criticism of the massive crackdown in the country.”

Full letter:

Dear President Tusk, Dear President Juncker,

We would like to express grave concern regarding the deterioration of the human rights context and of the rule of law in Turkey, and to write to you ahead of the EU-Turkey leaders' meeting in Varna, Bulgaria on 26 March 2018. We urge you to ensure human rights are discussed as a matter of priority, and call upon you to press President Erdoğan to put an end to repression in the country and release individuals detained without evidence of wrongdoing.

As Turkey is under a state of emergency imposed after a failed coup in July 2016, President Erdoğan has headed the cabinet and ruled the country by decree, with weakened parliamentary and judicial oversight. Since July 2016, independent media has been silenced, with over 160 media outlets and publishing houses closed down, and scores of journalists and media workers jailed without any evidence of their participation in illegal activities. Turkey is the country with the highest number of journalists in detention anywhere in the world. Many are held in pre-trial detention, face terrorism-related charges and could face sentences of life imprisonment. Scores of individuals are imprisoned for undertaking their legitimate work as journalists - without ever advocating violence.

The European Parliament has repeatedly condemned the arbitrary imprisonment of many journalists in Turkey and has called for their immediate release, issuing the European Parliament resolution of 27 October 2016 on the situation of journalists in Turkey, the European Parliament resolution of 6 July 2017 on the 2016 Commission Report on Turkey and the European Parliament resolution of 8 February 2018 on the current human rights situation in Turkey.

Several of us have committed to personally take up individual cases of jailed journalists unjustly imprisoned and to repeatedly call for their immediate release. These include Şahin Alpay, a 74-year-old political scientist and former columnist for the shuttered newspaper Zaman (released on 16 March, but under judicial control and confinement to his house while his trial continues); Ahmet Şık, investigative writer and reporter for the opposition daily Cumhuriyet (released on 9 March, pending conclusion of trial); Akın Atalay, chief executive officer of Cumhuriyet; Abdullah Kılıç, former columnist for the shuttered daily newspaper Meydan; and Zehra Dogan, artist and journalist for the feminist Kurdish news site JINHA. İnan Kızılkaya, former news editor of the pro-Kurdish daily Özgür Gündem, is currently outside of detention, yet still faces charges and therefore risks reimprisonment. These are just a few examples amongst so many. According to recent accounts, there are still more than 150 journalists imprisoned in Turkey. Others, including human rights defenders including Osman Kavala and Taner Kılıç, academics, lawyers and elected members of the parliament and local politicians, remain behind bars.

We have been deeply shocked by the recent collapse of the independence and effectiveness of Turkey’s judiciary. On 12 January, a local court crushed a Constitutional Court’s ruling that journalists Şahin Alpay and Mehmet Altan should be released. On February 1, a decision by a Turkish court to keep Taner Kılıç, human rights defender and chair of the board of Amnesty International’s Turkey section, in pre-trial detention less than 24 hours after ordering his provisional release shows the increasingly politicized and arbitrary nature of Turkey’s judicial system. We welcomed the 2 February joint statement by the High Representative for Foreign Affairs and Security Policy and the Commissioner on European Neighbourhood Policy and Enlargement Negotiations on those cases and urge you to make robust calls for their release during your Summit with President Erdoğan.

Both EU leaders and elected representatives of the European people have a duty to demonstrate full solidarity with every individual detained in Turkey for exercising their free expression. It is time for the European Union, its institutions and its Members States to make an immediate and strong criticism of the massive crackdown in the country. The Turkish people depend on our support.

Pending discussions on Turkey’s accession to the EU, on a renewed customs union, as well as the EU’s support to key extractive infrastructures like the Trans-Anatolian Pipeline and other forms of economic and political cooperation are important for the EU and Turkey. However, we urge you to be unequivocal with President Erdoğan: closer relations between the European Union and Turkey can only be conditioned on the lifting of the state of emergency, returning to rule of law, releasing detained journalists, human rights defenders and elected politicians, and ensuring accountability for torture and ill-treatment committed in police custody.

L'UE durcit le ton avant une réunion attendue avec Erdogan

Les dirigeants des pays de l'UE ont envoyé un message de fermeté jeudi à la Turquie, en condamnant ses "actions illégales persistantes" en Méditerranée, à quelques jours d'une rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan censée apaiser des relations tourmentées.

Des incidents ont eu lieu récemment en mer sur fond de contentieux territoriaux anciens avec Chypre et la Grèce. La marine turque a notamment empêché un navire italien d'aller forer dans les eaux chypriotes et un patrouilleur turc a percuté un navire grec en mer Egée.

La réunion programmée le 26 mars à Varna, en Bulgarie, entre M. Erdogan et les présidents de la Commission et du Conseil européen, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, doit notamment rassurer Ankara sur la poursuite de l'aide financière européenne promise dans leur accord migratoire controversé de mars 2016.

Mais certains Etats de l'UE ont insisté pour que la main tendue européenne à ce partenaire indispensable ne soit pas interprétée comme un chèque en blanc.

Le Conseil européen "condamne fermement la poursuite des actions illégales de la Turquie en Méditerranée orientale et en mer Egée et souligne sa pleine solidarité avec Chypre et la Grèce", ont déclaré les 28, selon les conclusions adoptées jeudi soir.

Les conclusions ont aussi "rappelé l'obligation de la Turquie de respecter le droit international et les bonnes relations de voisinage, et normaliser les relations avec les Etats membres de l'UE y compris la République de Chypre".
 Ils ont par ailleurs exprimé la "grave inquiétude" des 28 "sur le maintien en détention de citoyens de l'UE en Turquie".

- "Provocations" -

Ces lignes font référence, sans les citer, à plusieurs contentieux d'Ankara avec la Grèce et Chypre qui se sont récemment envenimés, sur fond de critiques de l'UE d'une dérive jugée autoritaire du régime turc.

Le président Erdogan a adressé récemment des mises en garde au sujet de l'exploitation du gaz dans les eaux chypriotes, invoquant les "droits inaliénables" de la communauté chypriote-turque de l'île divisée sur ses ressources naturelles.

La marine turque a bloqué début février un bateau italien venu forer au large des côtes de l'île, invoquant "des manoeuvres militaires" dans ce secteur.

En février également, un patrouilleur turc avait percuté un navire grec près d'un îlot inhabité disputé en mer Egée orientale.

Les relations difficiles entre la Grèce et la Turquie, membres de l'Otan, sont accentuées par le refus d'Athènes d'extrader huit officiers turcs ayant trouvé refuge en Grèce après le putsch manqué de juillet 2016.

Les autorités turques ont de leur côté arrêté début mars deux soldats grecs entrés en territoire turc en patrouillant à la frontière.

Les dirigeants chypriote et grec ont pris la parole jeudi soir à Bruxelles pour évoquer les "provocations" de leur voisin turc.

"Nous devons être très clairs envers la Turquie et ses obligations, en particulier en matière de respect du droit international", avait affirmé le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à son arrivée à Bruxelles. "Mais nous devons aussi garder ouvertes les portes du dialogue", a-t-il ajouté.

- Soutien financier -

Le rôle de la Turquie sur le front syrien a aussi accentué les crispations ces dernières semaines. Certains pays de l'UE ont demandé que l'offensive turque contre l'enclave kurde d'Afrine soit évoquée jeudi soir à Bruxelles, a indiqué un responsable européen.

La semaine dernière, la Commission européenne avait toutefois voulu envoyer des signaux positifs au régime turc qui se plaint régulièrement du blocage de ses négociations d'adhésion, lancées en 2005, et reproche aux Européens de ne pas avoir encore exempté ses ressortissants de visas.

L'exécutif européen vient ainsi de donner son feu vert à une seconde aide de 3 milliards d'euros pour l'accueil des réfugiés syriens en Turquie pour 2018 et 2019, après une première du même montant pour 2016 et 2017.

Ce soutien avait été promis sous conditions dans le cadre de leur accord migratoire controversé de mars 2016, qui a permis de freiner de manière spectaculaire les arrivées de migrants sur les côtes grecques.

L'annonce de cette aide devrait être confirmée lors de la réunion de Varna.
(AFP, 23 mars 2018)

Merkel: la situation à Afrine est "inacceptable"

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé mercredi "inacceptable" que des milliers de civils souffrent des combats à Afrine, enclave kurde en Syrie dont la Turquie a pris le contrôle après une offensive controversée.

"Indépendamment des intérêts sécuritaires justifiés de la Turquie, c'est inacceptable ce qu'il se passe à Afrine où des milliers et des milliers de civils sont réprimés, meurent ou sont forcés de fuir", a dit la chancelière dans son discours de politique générale devant les députés.

Elle a "condamné de la manière la plus ferme" la situation dans cette zone kurde dont la Turquie a pris le contrôle dimanche, près de deux mois après le début de l'offensive.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), quelque 250.000 civils ont fui les violences à Afrine et des dizaines d'autres ont été tués, ainsi qu'environ 1.500 combattants kurdes.

La quasi-totalité de la classe politique allemande, y compris des personnalités influentes de parti conservateur de Mme Merkel, avait condamné les agissements turcs, un allié clé au sein de l'Otan.

Par ailleurs, Mme Merkel a aussi condamné une nouvelle fois les "épouvantables" pilonnages syriens sur la Ghouta orientale, avec l'aide de la Russie.

La communauté kurde d'Allemagne a critiqué ces derniers jours le gouvernement allemand mais aussi l'Europe pour son absence de réactions faces aux exactions présumées commises par le Turquie à Afrine.

L'Allemagne, qui abrite quelque 3 millions de Turcs ou personnes d'origine turque, entretient des relations compliquées avec la Turquie, les deux pays ayant multiplié les crises et les disputes depuis près de deux ans.

Elle craint aussi une importation sur le territoire allemand du conflit turco-kurde.
 Depuis le début de l'année, une trentaine d'établissements, notamment religieux, de la communauté turque ont été vandalisés ou incendiés. La police soupçonne des attaques de groupuscules kurdes mais aussi de l'extrême droite.

En représailles, Ankara a convoqué mi-mars l'ambassadeur allemand pour lui transmettre des "avertissements nécessaires".
(AFP, 21 mars 2018)

Militantes kurdes tuées à Paris: les proches veulent qu'un juge enquête

Les familles de trois militantes kurdes tuées en 2013 réclament qu'un juge d'instruction soit saisi pour identifier d'éventuelles complicités liées aux services secrets turcs dans cette affaire où le seul suspect est décédé, a indiqué vendredi à l'AFP un de leurs avocats.

Le Turc Omer Güney avait été renvoyé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour ces assassinats mais il est mort, à 34 ans, en prison fin 2016 avant son procès.

Il était accusé d'avoir tué le 9 janvier 2013 les militantes kurdes Sakine Cansiz, fondatrice du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Fidan Dogan et Leyla Saylemez dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan à Paris.

Son décès avait entraîné de fait l'extinction de l'action publique à son encontre. Mais, début 2017, les familles avaient demandé la poursuite d'investigations pour identifier d'éventuels complices ou coauteurs.

Leurs avocats avaient alors déposé une première plainte auprès du parquet de Paris en y joignant des documents en turc. Une enquête préliminaire a été ouverte au printemps dernier pour assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle, notamment pour procéder à la traduction de ces pièces.

Un an après, les familles ont déposé lundi une nouvelle plainte, avec constitution de partie civile, pour qu'un juge d'instruction soit saisi. "Il faut que la justice française ait le courage de continuer l'enquête pour identifier des complices et éviter l'impunité de ces crimes", a déclaré à l'AFP Me Antoine Comte, avocat de la famille de Fidan Dogan.

Si Omer Güney, qui clamait son innocence, était le seul accusé, les enquêteurs avaient à l'époque pointé "l'implication" de membres des services secrets turcs, le MIT, dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires, selon une source proche du dossier.

Les investigations n'avaient pas permis d'établir si ces agents avaient agi "avec l'aval de leur hiérarchie" ou "à l'insu de leur service afin de
discréditer (le MIT, ndlr) ou de nuire au processus de paix", entamé à l'époque entre Ankara et le PKK.

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014. Des médias turcs avaient diffusé un enregistrement d'une conversation entre un homme présenté comme Omer Güney et deux agents des services, ainsi qu'un document s'apparentant à un "ordre de mission" pour Güney.

Dans leur plainte, dont l'AFP a eu connaissance, les familles font valoir l'existence de nouveaux éléments, transmis au parquet de Paris, et renforçant selon elles la thèse d'une "opération mûrement planifiée par les services secrets" turcs.

Elles produisent notamment les déclarations en janvier 2018 attribuées à deux responsables du renseignement arrêtés par les forces kurdes en Irak et dans lesquelles ils auraient identifié de possibles commanditaires au sein des services secrets.

Les avocats soulignent par ailleurs qu'une procédure judiciaire turque a montré qu'Omer Güney avait dans son téléphone un numéro attribué à la direction du MIT. Ils affirment aussi que la justice française a été informée d'une enquête à Bruxelles révélant selon eux de possibles liens entre le triple assassinat et un projet d'attentat contre des personnalités kurdes en Belgique.
(AFP, 16 mars 2018)

Pierre Laurent appelle le gouvernement "à faire plus" pour Afrine

Le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent a appelé mercredi le gouvernement "à parler plus fermement" contre l'opération turque en cours autour de la ville kurde d'Afrine en Syrie, menacée d'être soumise à un siège.

"La France doit être plus ferme. Elle doit parler clairement sur la menace que fait peser la Turquie sur la sécurité régionale", a déclaré Pierre Laurent à l'Assemblée, aux côtés notamment de députés communistes et de Clémentine Autain (LFI).

Le responsable communiste et sénateur de Paris a souhaité qu'Emmanuel Macron reçoive une délégation parlementaire "transpartisane" pour discuter de la situation à Afrine.

Les parlementaires s'exprimaient en présence d'Agit Polat, représentant du Conseil démocratique Kurde en France, et Nursel Kilic, représentante du Mouvement des femmes Kurdes en Europe.

Les deux représentants kurdes ont indiqué que des "manifestations auront lieu le 24 mars "dans plusieurs capitales européennes contre cette tentative de nettoyage ethnique".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit espérer que son armée puisse encercler mercredi la ville syrienne d'Afrine, dans le cadre de l'offensive lancée le 20 janvier pour chasser une force kurde syrienne de cette région frontalière de la Turquie.

Considérée comme un groupe "terroriste" par Ankara, cette milice a été un allié précieux des Occidentaux dans la lutte antijihadiste en Syrie. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré mardi que les inquiétudes "légitimes" de la Turquie concernant la sécurité de sa frontière ne justifiaient "absolument pas" l'opération dans le canton d'Afrine et "en aucun cas des opérations militaires aboutissant à mettre en danger les populations civiles".

Face au spectre d'un siège ou d'un assaut sur cette cité de 350.000 habitants, de nombreux civils tentent de fuir la ville - qui manque d'eau et d'électricité - ou cherchent de la nourriture et des médicaments, faisant craindre un nouveau drame humanitaire en Syrie.
(AFP, 14 mars 2018)

L'UE lance une nouvelle aide financière pour les réfugiés en Turquie

La Commission européenne a donné son feu vert mercredi à une seconde aide de 3 milliards d'euros pour l'accueil des réfugiés syriens en Turquie, plaidant pour le maintien du lien fragile avec Ankara malgré des tensions récurrentes.

Cette nouvelle aide, après une première du même montant, avait été promise sous conditions dans le cadre de leur accord migratoire controversé de mars 2016, qui a permis de freiner de manière spectaculaire les arrivées de migrants sur les côtes grecques.

L'annonce de ce soutien financier, considéré comme un dû par Ankara, intervient en amont d'une réunion programmée le 26 mars à Varna en Bulgarie entre les dirigeants de l'UE et le président Recep Tayyip Erdogan, pour faire le point sur les relations tourmentées entre Turcs et Européens.

L'aide européenne, prévue pour 2018 et 2019, devra toutefois encore faire l'objet d'un débat interne dans l'UE, certaines capitales rechignant à fournir les deux tiers du montant prévu, comme le demande Bruxelles.

La première tranche du fonds, pour 2016 et 2017, "a permis l'accès à l'éducation à 500.000 enfants et à 1,2 million de réfugiés de bénéficier de versements mensuels en espèces" en Turquie, a souligné le commissaire européen en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos.

Au total, plus de 70 projets ont été financés ou programmés en faveur des près de 3,5 millions de réfugiés syriens se trouvant sur le sol turc, indique la Commission, selon laquelle 1,85 milliard a été effectivement versé à fin 2017.

-'Geste positif'-

"Je vous assure que cet argent a été donné", a déclaré M. Avramopoulos, alors que la Turquie a plusieurs fois déploré la lenteur de l'aide financière européenne. "Maintenant nous sommes devant un nouveau budget analogue" nécessaire pour poursuivre l'aide, a plaidé le commissaire grec.

La Commission insiste sur la nécessité de préserver le lien avec la Turquie, rappelant que sur le plan migratoire, le nombre d'arrivées irrégulières en Grèce est "inférieur de 97%" à celui qui était observé avant leur accord de 2016.

"Notre coopération avec la Turquie est un élément clé pour relever des défis communs", a souligné M. Avramopoulos, jugeant qu'elle "est dans l'intérêt de l'UE, et de la Turquie également".
 Il a notamment appelé Ankara a faire un "geste positif" de son côté, en libérant les deux soldats grecs détenus "pour entrée illégale" sur son territoire. Mais ce différend n'est que le dernier d'une longue liste.

La Turquie se plaint régulièrement du blocage de ses négociations d'adhésion, lancées en 2005, et reproche aux Européens de ne pas avoir encore exempté ses ressortissants de visas malgré la promesse d'avancées dans ce dossier dans le cadre de l'accord migratoire de 2016.

Les pays européens critiquent de leur côté les dérives autoritaires du régime turc, déplorant notamment son durcissement après le coup d'Etat manqué de juillet 2016. Et ils ont peu goûté les accusations de comportement "nazi" proférées l'an dernier par M. Erdogan à l'encontre de dirigeants européens.

Le rôle de la Turquie sur le front syrien, où son armée cherche à chasser une milice kurde syrienne (YPG), alliée de Washington et des Occidentaux, a aussi accentué les crispations.

-'Evident' ?-

La nouvelle "tranche" d'aide pour la Turquie, à laquelle la Commission a donné mercredi un cadre juridique, pourrait elle susciter des tensions à l'intérieur de l'UE.

"Il semble évident que l'on doit maintenir la même division" que pour la première tranche, à savoir un milliard d'euros provenant du budget de l'UE et le reste provenant des Etats membres, a précisé mercredi M. Avramopoulos.

Mais cela ne semble pas aussi "évident" pour les Etats membres. "Lors des négociations sur le budget 2018 de l'UE, la Commission a promis que l'aide viendrait du budget européen: nous souhaitons que ce soit le cas", a déjà prévenu un diplomate d'un grand pays.
(AFP, 14 mars 2018)

Un rapport déplore le peu de résultats des fonds de pré-adhésion de l'UE

L'aide financière accordée par l'UE à la Turquie dans le cadre de ses difficiles négociations d'adhésion n'ont eu pour l'heure qu'un "effet limité", déplore la Cour des comptes européenne dans un rapport publié mercredi.

Pour la période allant de 2007 à 2020, l'UE a prévu une enveloppe totale de plus de neuf milliards d'euros pour aider la Turquie à s'aligner sur sa législation, au titre de "l'instrument d'aide de pré-adhésion".

Ce soutien financier a donné des résultats "dans les domaines où la volonté politique était plus forte, comme les douanes, l'emploi et la fiscalité", même s'ils risquent d'être compromis "par la difficulté de dépenser les fonds et par le recul des réformes", a observé la Cour.

Mais "le financement n'a pas permis de répondre de manière satisfaisante à certains besoins fondamentaux dans les secteurs de l'Etat de droit et de la gouvernance, où des réformes indispensables se font attendre", soulignent les auditeurs.

Les sommes dépensées n'ont en particulier pas suffisamment permis d'améliorer "l'indépendance et l'impartialité du système judiciaire, la lutte contre la grosse corruption et contre la criminalité organisée, ni la liberté de la presse" ou encore "la prévention des conflits d'intérêts".

Selon les auditeurs, "l'analyse réalisée par la Commission européenne elle-même montre que des progrès insatisfaisants sont enregistrés dans ces domaines depuis plusieurs années, en raison d'un manque de volonté politique de la part des autorités turques".

A partir de 2018, "la Commission devrait veiller à affecter les fonds destinés à la Turquie en ciblant davantage les domaines où les réformes nécessaires (...) accusent un retard", a recommandé Bettina Jakobsen, responsable du rapport de la Cour des comptes, citée dans un communiqué.

Le rapport déplore par ailleurs que la Commission ne se soit pas assez servie de la possibilité de "subordonner le financement à certaines conditions" dans les domaines considérés comme prioritaires.

Dans son budget pour 2018, l'UE a décidé de couper de plus de 100 millions d'euros les versements effectués au titre des aides de pré-adhésion à la Turquie, en raison de la détérioration de l'Etat de droit et du respect des droits de l'homme dans ce pays.

Les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE ont commencé en 2005, mais elles sont enlisées depuis des années. Les relations se sont encore dégradées entre Bruxelles et Ankara après le coup d'Etat avorté de juillet 2016 en Turquie, qui a conduit à des purges massives.

La plupart des Etats membres de l'UE n'ont toutefois pas souhaité pour l'heure suspendre officiellement ces tractations d'adhésion, craignant de provoquer une rupture définitive avec un partenaire clé sur le dossier migratoire et dans la lutte antiterroriste.
(AFP, 13 mars 2018)

Manifestation pour Afrin: le silence des nations, est une complicité!

Les Kurdes et leurs amis en Suisse ont mis en place une manifestation indéfinie devant l’office des Nations Unies à Genève pour protester contre les attaques de l'Etat turc et des bandes alliées sur Afrin et signaler ainsi le silence de l'ONU sur ces mêmes attaques barbares. La manifestation se tient parallèlement à la 37ème session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en cours depuis le 26 février. Les manifestants attirent l'attention sur les attaques actuelles de l'État turc et sur les massacres perpétrés contre des civils à Afrin en dépit de la résolution de l'ONU pour un cessez-le-feu de 30 jours à travers la Syrie.

Les initiants de cette manifestation attirent l’attention sur le silence de l’ONU malgré sa résolution de cessez-le-feu face au massacre des kurdes. Ce silence est interprété comme une complicité avec les oppresseurs.
 
Près d'un millier de personnes ont rejoint la manifestation devant l'ONU et la place des Nations est couverte de banderoles sur lesquelles on peut lire: "Kurdes de Turquie, l'ONU reste silencieuse", "Hier Kobane, aujourd'hui Afrin, hier ISIS, aujourd'hui Turquie" et "Turquie massacres, Europe, L'OTAN et l'ONU sont silencieux ". Des cercueils sont exposés pour mettre l’accent sur le massacre d'Afrin, et les noms des pays qui jouent un rôle dans cette tuerie massive sont exposés avec des écritures sur des banderoles. En criant « Assassin Erdogan », « Envahissant l'Etat turc", "Les massacres de la Turquie, les Nations Unies", les manifestants exhortent les Etats membres de l'ONU à agir immédiatement contre l'Etat turc.
 
La manifestation c’est terminé avec une Chaîne humaine pour la solidarité avec la ville d’Efrin bombardée depuis un mois et demi par l’aviation turque. (demirsonmez.blog, 7 mars 2018)


Une demande honteuse à Berlin par Ankara pour l'extradition de Muslim

La Turquie a transmis à l'Allemagne une demande formelle d'arrestation et d'extradition du responsable kurde syrien Saleh Muslim, quelques jours après sa brève arrestation en République tchèque à la demande d'Ankara, a rapporté lundi l'agence étatique Anadolu.

La demande d'"arrêter et d'extrader" M. Muslim à été adressée à l'Allemagne, où il s'est rendu après sa libération par les autorités tchèques, selon Anadolu.

Cette demande a été faite en lien avec un attentat à la voiture piégée qui a fait 36 morts à Ankara en mars 2016, revendiqué par des militants kurdes, selon Anadolu. Un tribunal turc avait demandé la semaine dernière l'arrestation de M. Muslim pour son implication présumée dans cette attaque.

Coprésident jusqu'à l'an dernier du Parti de l'union démocratique (PYD), M. Muslim, qualifié par la Turquie de "chef d'un groupe terroriste", avait été arrêté le 24 février à Prague, où il participait à une réunion.

La Turquie avait immédiatement demandé son extradition, mais il a été remis en liberté trois jours plus tard, "promettant" qu'il ne quitterait pas le territoire de l'Union européenne.

M. Muslim a ensuite été aperçu samedi à Berlin lors d'une manifestation contre l'offensive menée par la Turquie contre les Unités de protection du peuple (YPG), bras armé du PYD, dans le canton d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

Le PYD et les YPG sont considérés par Ankara comme une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Des images de la manifestation de samedi montraient des drapeaux des YPG, ainsi que des portraits du chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, détenu en Turquie depuis 1999.

Une vidéo publiée sur Facebook par le PYD Berlin montrait également M. Muslim
tenant un discours au cours de cette manifestation où il déclaré : "Nous croyons dans les juges en Europe. Les jeux (...) de la Turquie ne marcheront jamais en Europe. Je suis maintenant libre, et le serai jusqu'à ce que nous obtenions la victoire à Afrine et en Syrie".

Saleh Muslim fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un autre attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication. Il risque 30 peines de prison à perpétuité s'il est jugé en Turquie.

Sa remise en liberté à Prague a provoqué la colère des autorités turques, qui ont qualifié cette décision de "scandaleuse" et "inacceptable".

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a indiqué qu'il aborderait la question avec son homologue allemand Sigmar Gabriel au cours d'une rencontre prévue mardi à Berlin.

"Nos efforts ne sont pas limités à la République tchèque ou à l'Allemagne", a-t-il ajouté, interrogé par la presse. "Que Saleh Muslim aille où il veut, nous ne lâcherons pas l'affaire".
  (AFP, 5 mars 2018)

Tribunal Permanent des Peuples sur la Turquie et les Kurdes à Paris

Les 15 et 16 mars 2018, se tiendra à Paris une session du Tribunal Permanent des Peuples sur les violations massives des droits humains commises par l’État turc dans ses rapports avec la population kurde vivant sur le territoire turc.

Bourse du Travail (salle Eugène Hénaff, 29 boulevard du Temple 75003 Paris) de 9h à 18h.

Les 15 et 16 mars 2018, se tiendra à Paris, une session du Tribunal Permanent des Peuples qui portera sur les violations alléguées du droit international et du droit international humanitaire par la République de Turquie et ses agents dans leurs rapports avec le peuple kurde et ses organisations.

L’initiative de cette session a été lancée par quatre organisations, l’Association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD), l’Association Européenne des Juristes pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (EJDH), l’Association pour la Démocratie et le Droit International (MAF-DAD) et l’Institut Kurde de Bruxelles. Cette proposition a été acceptée par le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) (http://permanentpeoplestribunal.org) qui va désigner un collège de juges.

L’organisation de cette session s’inscrit dans la tradition des Tribunaux d’Opinion organisés dans le passé par différentes organisations pour soumettre des allégations de violations des droits fondamentaux à des collèges de juges éminents et prestigieux, dotés d’une autorité légale et morale, afin de rechercher une opinion faisant autorité sur les violations alléguées.

Les Tribunaux d’opinion sont organisés dans des situations où aucune instance judiciaire internationale de caractère officiel n’a été mise en place pour juger les violations en question, ou quand, pour certaines raisons, ces instances ne sont pas compétentes pour le cas spécifique, ou encore quand les instances judiciaires nationales n’offrent pas (suffisamment) de garanties d’indépendance et/ou d’impartialité.

On rencontre ces cas de figure concernant les allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations massives des droits humains commises par l’État turc dans ses rapports avec la population kurde vivant sur le territoire turc.

Le collège de juges désignés par le TPP examinera un acte d’accusation signifié à l’État turc et à certains de ses agents. Le non-respect par la Turquie des droits et libertés fondamentaux, notamment les libertés d’expression, d’association, etc. a été souvent dénoncé, en particulier par les organisations européennes et internationales des droits humains. Ces violations ont été largement documentées et font d’ailleurs l’objet d’une jurisprudence abondante des la Cour européenne des Droits de l’Homme (CrEDH). C’est pourquoi, l’acte d’accusation sera concentré sur deux points particuliers moins documentés que les précédents :

•    Il est allégué que les forces turques auraient commis des crimes de guerre massifs dans le cadre du conflit armé opposant l’État turc aux rebelles kurdes. Les civils auraient été délibérément ciblés par ces actes dont le but aurait été de terroriser la population civile. Ce type de crimes aurait dramatiquement augmenté en intensité entre 2015 et 2017, après que l’État turc ait interrompu les pourparlers de paix avec les représentants du mouvement kurde et le PKK en particulier. Une partie principale de la session va se concentrer sur cette période et examiner les événements survenus durant celle-ci dans les villes kurdes comme Diyarbakir, Cizre, Sirnak. De nombreuses sources font état de l’utilisation par l’armée turque d’avions, de tanks et d’artillerie contre des civils dans certains quartiers de ces villes, causant des morts et des destructions massives.

•    Il est également allégué que des agents de l’État turc auraient été impliqués dans des assassinats ciblés contre des opposants, en particulier des personnalités kurdes. Ces attentats auraient été perpétrés aussi bien en Turquie qu’à l’étranger. L’assassinat à Paris, le 9 janvier 2013, de trois militantes kurdes en est l’un des derniers exemples. En Turquie, de nombreux assassinat ciblés, dits “d’auteur inconnu” ont été commis dans les années 90. Dans la deuxième partie principale de la session, sera examinée l’allégation selon laquelle ces crimes sont des “crimes d’État” engageant directement ou indirectement la responsabilité de l’État turc.

Le Tribunal annoncera sa décision environ deux mois après la session, durant une conférence dans l’enceinte du Parlement européen à Bruxelles. Les membres du Parlement européen seront invités à cette conférence pour débattre des initiatives politiques découlant de la décision du Tribunal, en particulier des mesures pour lutter contre l’impunité.

Inscriptions en ligne dans la limite des places disponibles : http://tribunal-turquie-kurdes.org/index.php/formulaire-denregistrement/

Le Comité de coordination de la session du TPP sur la Turquie et les Kurdes
Mail : info@tribunal-turkey-kurds.org
Site internet : http://tribunal-turquie-kurdes.org/

Ankara accuse Macron d'avoir "manqué de franchise"

La Turquie a accusé mercredi la présidence française d'avoir "manqué de franchise" en affirmant qu'Emmanuel Macron avait dit lors d'un entretien téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan que la trêve réclamée par l'ONU en Syrie concernait aussi l'offensive d'Ankara dans ce pays.

Selon l'Elysée, M. Macron a déclaré lors d'un entretien lundi avec son homologue turc que la trêve demandée par le Conseil de sécurité de l'ONU devait également s'appliquer à la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie), où Ankara mène une offensive depuis un mois.

Une version contredite mercredi par le ministère turc des Affaires étrangères: "contrairement au communiqué publié par le bureau du président français (...), le président Macron n'a pas évoqué Afrine lorsqu'il a parlé de la résolution de l'ONU", a ainsi soutenu le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy.

M. Aksoy a déclaré que l'"écart" qu'il y a selon lui entre le contenu de l'entretien téléphonique et le communiqué français "signale un manque de franchise" de Paris, ajoutant qu'il était "malvenu de ne pas informer correctement le public".

Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a indiqué qu'Ankara a transmis sa réaction aux autorités française.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution réclamant "sans délai" un cessez-le-feu humanitaire d'un mois sur l'ensemble de la Syrie, en réaction notamment à la mort de centaines de civils dans des bombardements du régime syrien sur un fief rebelle.

La Turquie a salué l'adoption de cette résolution, mais estime qu'elle ne concerne pas l'offensive qu'elle mène depuis le 20 janvier à Afrine contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Toutefois, la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert a assuré mardi le contraire et "encouragé la Turquie à relire la résolution". Des propos qui ont fait sortir Ankara de ses gonds.

Rejetant des déclarations "sans fondement", le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a appelé mercredi Washington à "s'efforcer de stopper les attaques du régime syrien contre des civils innocents, au lieu de faire des déclarations en soutien aux terroristes".
(AFP, 28 février 2018)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO


Trump veut "intensifier la coopération avec la Turquie"

Donald Trump veut "intensifier la coopération avec la Turquie" au sujet du conflit en Syrie, où l'armée turque mène une offensive militaire contre des milices kurdes alliées de Washington, a rapporté mardi la Maison Blanche.

Le président des Etats-Unis a fait part de son intention à son homologue français Emmanuel Macron lors d'une conversation téléphonique mardi.

Ankara a lancé une offensive dans le nord-ouest de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), accusée de "terrorisme" mais alliée des Américains dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Malgré les critiques de Washington, les forces turques ont pris un premier bastion des YPG, Afrine, et visent désormais Minbej, autre enclave kurde, où sont stationnées des troupes américaines.

Le sort de Minbej fait l'objet de discussions en coulisses entre diplomates américains et turcs depuis une visite très tendue à Ankara en février de l'ex-secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, qui n'avait pas débouché sur une solution à la crise entre les deux pays alliés au sein de l'Otan.

Donald Trump et Emmanuel Macron ont par ailleurs "exprimé leur soutien à la forte réponse apportée par l'Occident à l'attaque aux armes chimiques de la Russie" contre l'ex-espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni, selon le communiqué de la Maison Blanche. Les Etats-Unis et les Européens, ainsi que plusieurs autres pays alliés, ont procédé depuis lundi à des expulsions massives et coordonnées de diplomates et agents de renseignement russes.

Enfin, les deux présidents ont évoqué les "pratiques commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne et les prochaines étapes pour traiter les pratiques commerciales déloyales de la Chine", a ajouté la Maison Blanche, alors que des négociations sont en cours pour éviter une guerre commerciale sino-américaine.
(AFP, 27 mars 2018)

Ankara promet d'étendre son offensive, Washington "préoccupé"

Les Etats-Unis ont mis en garde Ankara, son allié au sein de l'OTAN, exprimant leur "profonde préoccupation" quant à la situation à Afrine, alors que la Turquie a annoncé sa volonté d'étendre son offensive à d'autres zones du nord de la Syrie.

En prenant Afrine dimanche avec l'aide de supplétifs syriens alliés, "nous avons laissé derrière nous l'étape la plus importante de l'opération" lancée le 20 janvier dans le nord-ouest syrien, a déclaré lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Mais "nous allons poursuivre ce processus jusqu'à la destruction totale de ce corridor constitué de Minbej, Aïn al-Arab (nom de Kobané en arabe), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli" dans le nord syrien, a averti M. Erdogan.

Des troupes américaines, qui continuent de soutenir les combattants kurdes dans la lutte contre l'EI, sont actuellement stationnées à Minbej, à une centaine de km à l'est d'Afrine.

L'offensive vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée "terroriste" par Ankara mais allié précieux de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Washington a mis en garde Ankara, exprimant lundi sa "grave et croissante préoccupation" sur cette offensive qui a détourné l'attention du combat contre l'EI, lequel "se reconstitue dans certaines zones".

Le département d'Etat a également fait part de sa "profonde préoccupation (...) à propos de la situation à Afrine".

Ankara n'a jamais dissimulé son hostilité face à l'autonomie de facto acquise par les Kurdes de Syrie dans de vastes territoires proches de la frontière turque, à la faveur du conflit meurtrier et complexe qui ravage la Syrie depuis 2011.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), quelque 250.000 civils ont fui les violences à Afrine et des dizaines d'autres ont été tués, ainsi qu'environ 1.500 combattants kurdes.

Khaled Issa, représentant en France du Kurdistan syrien (Rojava) a dénoncé "un nettoyage ethnique" dont "les grandes puissances restent spectatrices".

Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, a demandé lundi un accès humanitaire à la ville d'Afrine ainsi qu'aux déplacés.

- 'Grande victoire' -

La conquête d'Afrine permet à Ankara de consolider son rôle dans une guerre complexe qui oppose sur plusieurs fronts des belligérants soutenus par des puissances étrangères et a coûté la vie à plus de 350.000 personnes depuis 2011.

"C'est une grande victoire pour Erdogan", estime l'analyste Fabrice Balanche, confirmant que la Turquie construit "une zone d'influence dans le nord" syrien.

"Le rêve d'autonomie des Kurdes s'effondre. Les YPG vont se faire écraser par la Turquie (...)", assure ce spécialiste de la Syrie.

Le régime de Damas, qui n'a jamais véritablement répondu à l'appel à l'aide des forces kurdes, à l'exception de l'envoi de quelques combattants, a condamné lundi "l'occupation turque à Afrine et ses crimes" et a réclamé "le retrait immédiat des forces d'invasion des territoires syriens qu'elles ont occupés".

Le ministère français des Affaires étrangères a lui jugé que "les préoccupations légitimes de la Turquie concernant la sécurité de sa frontière ne devaient pas conduire à une implantation militaire dans la profondeur du territoire syrien".

- 'Chaos généralisé' -

De nouveaux pillages ont été menés lundi dans la ville par des combattants syriens pro-Ankara, selon un correspondant de l'AFP et l'OSDH. "C'est le chaos généralisé", a ajouté l'ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain.

La veille, des correspondants de l'AFP avaient vu des magasins saccagés, des combattants chargeant pêle-mêle dans des pick-up cartons de nourriture, chèvres, couvertures et même des motos, avant de quitter la ville.

Ankara a annoncé lundi qu'elle enquêtera sur les informations faisant état de pillages à Afrine. "Certains groupes n'ont probablement pas suivi les ordres", a dit un porte-parole de la présidence turque.

Sur un autre front, dans la Ghouta orientale, le régime syrien a reconquis plus de 80% du dernier fief rebelle aux portes de Damas, à la faveur d'une offensive soutenue par son allié russe.

Un mois jour pour jour après le début de cette opération, le président Bachar al-Assad s'est rendu dimanche sur place, auprès de troupes du régime.

La présidence syrienne a publié des vidéos le montrant en tenue décontractée, lunette de soleil et col de chemise ouvert, au volant de sa voiture pour se rendre dans la Ghouta.

Au lendemain de cette visite, le pilonnage du régime s'est poursuivi et au moins 39 civils ont été tués lundi dans la Ghouta, selon l'OSDH.

Parmi eux, 15 enfants et deux adultes ont été tués par un raid aérien alors qu'ils s'abritaient dans une école à Arbine, située dans une poche rebelle.

"Le sous-sol de l'école était utilisé comme abri" contre les bombardements, a expliqué à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, qui a indiqué que le raid avait probablement été effectué par l'aviation russe.

Depuis le 18 février, les bombardements ont tué plus de 1.450 civils, dont 297 enfants, d'après l'OSDH.

Pour échapper aux bombardements et à la mort, près de 70.000 personnes ont fui les territoires rebelles ces derniers jours.
(AFP, 20 mars 2018)

Les Etats-Unis critiquent la Turquie pour ses opérations à Afrine

Washington a mis en garde lundi Ankara: le département d'Etat a exprimé sa "profonde préoccupation" quant au sort des civils après la prise par les Turcs de l'enclave d'Afrine en Syrie, le Pentagone appelant lui à "rester concentré" sur la lutte contre le groupe Etat islamique.

"Nous avons à plusieurs reprises exprimé notre profonde préoccupation aux autorités turques à propos de la situation à Afrine", écrit la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert, dans un communiqué.

"Il semble que la plus grande partie de la population de la ville, qui est à majorité kurde, a dû évacuer sous la menace d'une attaque des forces armées turques et des forces d'opposition soutenues par la Turquie", ajoute-t-elle.

"Nous sommes également préoccupés par les informations sur du pillage" dans la ville, précise Heather Nauert.

"Les Etats-Unis n'opèrent pas dans la région du nord-ouest de la Syrie où se situe Afrine", a souligné la porte-parole de la diplomatie américaine, ajoutant que Washington "reste engagé auprès de la Turquie, notre alliée à l'Otan, pour prendre en compte leurs inquiétudes légitimes concernant la sécurité".

Du côté militaire, le Pentagone s'est dit "inquiet face aux informations indiquant que des civils n'ont plus accès à l'eau potable"'.

"Nous sommes toujours préoccupés face à la situation dans le nord-ouest de la Syrie et appelons toutes les parties à combattre l'EI, à la désescalade, à résoudre le conflit syrien et à protéger les vies de civils innocents", a déclaré le colonel Rob Manning, un porte-parole du ministère américain de la Défense.

"Nous encourageons toutes les parties à autoriser la circulation sans entraves de ces ressources et de l'aide humanitaire extrêmement nécessaire à travers la Syrie", a-t-il ajouté.

Les derniers événements à Afrine "s'ajoutent à une situation humanitaire déjà inquiétante dans la région", a également insisté Heather Nauert.
(AFP, 19 mars 2018)

Washington: abandon de poursuites contre des gardes d'Erdogan

Les autorités américaines ont discrètement abandonné les poursuites visant 11 agents de sécurité du président turc Recep Tayyip Erdogan, suspectés d'avoir violemment agressé des militants kurdes en mai 2017 à Washington, a confirmé jeudi à l'AFP une source judiciaire.

Ces poursuites irritaient vivement l'homme fort d'Ankara et pesaient sur les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, pays que Washington considère comme un allié clé dans la lutte contre le groupe Etat islamique.

Au total 19 suspects avaient été inculpés dans ce dossier diplomatique sensible, dont 15 gardes du corps de M. Erdogan, une mesure jugée "scandaleuse" par le président turc.

Les poursuites visant les gardes du corps ont été classées sans suite le 7 novembre 2017 pour quatre d'entre eux et le 14 février 2018 pour sept d'entre eux, a précisé à l'AFP Bill Miller, un porte-parole du parquet de la capitale fédérale.

Le 14 février était la veille d'un déplacement de Rex Tillerson, qui dirigeait alors la diplomatie américaine, à Ankara. M. Tillerson y a rencontré M. Erdogan, le département d'Etat affirmant jeudi qu'il s'agissait simplement d'une "coïncidence" de dates.

"Le ministère (américain des Affaires étrangères) n'a joué aucun rôle dans la décision d'abandonner les charges", a assuré la porte-parole Heather Nauert.

L'annonce de l'abandon des charges, pour des motifs pour l'heure inexpliqués, a toutefois suscité des réactions de surprise, voire de suspicion, tant les autorités américaines ont affirmé disposer de témoignages et vidéos permettant d'incriminer les partisans d'Erdogan.

Selon elles, les agents de sécurité turcs, souvent en costume sombre, ont brutalement agressé les protestataires kurdes pacifiques, les frappant même à terre.

Ces faits remontant au 16 mai s'étaient soldés par un bilan de 12 blessés dont un policier.

La plupart des agresseurs présumés avaient pris le large, probablement en Turquie. Seuls deux suspects résidant aux Etats-Unis ont comparu devant la justice, niant d'abord les faits avant de négocier une peine d'un an et un jour de prison.
(AFP, 22 mars 2018)

Le Pentagone admet une "pause opérationnelle" en Syrie

Le départ d'une partie des combattants kurdes alliés des Etats-Unis en Syrie vers l'enclave d'Afrine, cible d'une attaque de la Turquie, a provoqué "une pause opérationnelle" contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a admis lundi le Pentagone.

L'alliance arabo-kurde des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) est affaiblie par l'opération turque contre la région d'Afrine, de nombreux combattants de la faction kurde de l'alliance, les Unités de protection du peuple (YPG), ayant choisi de se battre contre la Turquie plutôt que contre l'EI.

La quasi-totalité du territoire que l'EI contrôlait dans l'est de la Syrie est désormais libérée mais il reste des jihadistes retranchés dans la vallée de l'Euphrate, près de la frontière irakienne.

"Les pauses opérationnelles se produisent régulièrement pour diverses raisons", a déclaré le colonel Rob Manning, un porte-parole du ministère américain de la Défense.

"La nature de notre mission en Syrie n'a pas changé", a-t-il ajouté. "Cette pause opérationnelle ne nous détournera pas de notre objectif principal, qui est l'EI".

Le commandant Adrian Rankine-Galloway, un autre porte-parole, a souligné que les Etats-Unis poursuivaient leurs frappes aériennes contre l'EI et qu'aucun territoire n'avait été perdu.

"Nous savons que certains combattants des SDF ont quitté la vallée de l'Euphrate et nous insistons sur le fait que se détourner du combat contre l'EI pourrait coûter très cher", a-t-il ajouté.

Le chef du Commandement américain pour le Proche et le Moyen-Orient (Centcom), le général Joe Votel, a prévenu le Congrès la semaine dernière que les Etats-Unis et la Turquie avaient des "intérêts divergents" dans la région. "Notre souci, bien sûr, est que cette activité à Afrine nous détourne de nos efforts contre l'EI", a-t-il dit.

L'armée turque a lancé le 20 janvier une offensive impliquant avions et soldats pour déloger de cette région la milice des YPG, qualifiée de groupe "terroriste" et considérée par Ankara comme une menace à sa frontière.
  (AFP, 5 mars 2018)

Relations régionales / Regional Relations

Les espions turcs "rapatrient" 6 partisans présumés de Gülen arrêtés au Kosovo

Les services secrets d'Ankara ont "rapatrié" jeudi en Turquie six partisans présumés d'un prédicateur opposé au président Recep Tayyip Erdogan qui avaient été arrêtés au Kosovo, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Les six hommes, présentés comme des adeptes du prédicateur Fethullah Gülen, ont été ramenés en Turquie à bord d'un avion privé après avoir été interpellés lors d'une opération conjointe entre les services turcs et kosovars, selon Anadolu.

Peu avant, le ministère de l'Intérieur du Kosovo avait annoncé l'arrestation de cinq Turcs enseignant dans une école de Pristina liée au prédicateur Gülen et la révocation de leur permis de résidence pour des considérations relevant de la "sûreté de l'Etat".

Le principal et quatre enseignants de l'école "Mehmet Akif", à Pristina, ont été arrêtés dans la matinée en se rendant au travail, selon leurs proches. Il était impossible dans l'immédiat de déterminer l'identité de la sixième personne.
 Anadolu a publié des photos montrant les six hommes après leur arrestation, les mains liées dans le dos.

M. Gülen, un ex-allié de M. Erdogan installé aux Etats-Unis depuis la fin des années 1990, est accusé par le président turc d'avoir ourdi la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016, ce qu'il dément catégoriquement.

Le prédicateur est à la tête d'un vaste réseau d'ONG et d'écoles à travers le monde, et a ouvert au cours des dernières décennies plusieurs établissements dans les Balkans, en Afrique et en Asie centrale.

D'après Anadolu, les six hommes ramenés en Turquie étaient des "cadres" du mouvement du prédicateur Gülen qui étaient notamment chargés d'exfiltrer ses partisans désireux de quitter la Turquie, où ils sont traqués par les autorités.

Le gouvernement turc a en effet lancé des purges d'une ampleur sans précédent contre les gulénistes présumés, qui se sont ensuite rapidement étendues aux milieux prokurdes et à des médias critiques.

Depuis le putsch manqué, plus de 55.000 personnes ont été arrêtées et plus de 150.000 limogées ou suspendues.

La traque des gulénistes présumés de se limite pas à la Turquie : en novembre dernier, les services de renseignement turcs ont rapatrié un homme d'affaires arrêté au Soudan lors d'une opération conjointe avec Khartoum.
(AFP, 29 mars 2018)

Affaire Skripal: Erdogan n'agira pas contre Moscou "sur la base d'une allégation"

La Turquie ne prendra pas de mesures contre la Russie, à qui le Royaume-Uni attribue l'empoisonnement sur son sol d'un ex-agent double, "sur la base d'une allégation", a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan, selon la presse turque mercredi.

Ces déclarations surviennent alors que les Etats-Unis, plusieurs pays de l'Union européenne, ainsi que l'Otan, dont la Turquie est membre depuis 1952, ont expulsé de façon coordonnée cette semaine des diplomates russes.

"Nous n'envisageons pas de prendre des mesures similaires juste parce que certains pays ont pris des mesures sur la base d'une allégation", a déclaré M. Erdogan, dans des propos rapportés mercredi par les quotidiens Hürriyet et Yeni Safak.

"Il n'est absolument pas question pour nous d'agir comme eux", a ajouté le président turc qui répondait aux questions de journalistes en rentrant de Bulgarie, où il a rencontré lundi les chefs du Conseil européen Donald Tusk et de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

La Turquie, qui possède la deuxième armée de l'Otan en nombre, est restée relativement silencieuse sur cette affaire qui a conduit Londres et ses alliés à opposer, de façon spectaculaire, un front uni face à Moscou, qui de son côté rejette toute implication.

Sergueï Skripal, un ex-agent double russe vivant en Grande-Bretagne, et sa fille Ioulia ont été empoisonnés avec une substance neurotoxique le 4 mars à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
 Lundi, le ministère turc des Affaires étrangères avait "condamné" l'attaque, sans toutefois mentionner Moscou. Peu après, le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag, avait précisé qu'Ankara "n'envisageait pas de prendre une quelconque décision contre la Russie".

M. Erdogan entretient des rapports chaleureux avec le président russe Vladimir Poutine, alors que les relations de la Turquie se sont au contraire dégradées avec la plupart des pays occidentaux depuis un an et demi.

M. Poutine est d'ailleurs attendu en Turquie début avril avec son homologue iranien Hassan Rohani pour un sommet consacré à la Syrie, dossier sur lequel Ankara et Moscou ont renforcé leur coopération ces derniers mois.
(AFP, 28 mars 2018)

Damas condamne "l'occupation turque" d'Afrine et réclame un "retrait immédiat"

Le régime syrien a condamné lundi "l'occupation turque" de la ville d'Afrine (nord-ouest), réclamant le "retrait immédiat" des troupes d'Ankara présentes en Syrie, selon le ministère des Affaires étrangères cité par l'agence officielle Sana.

Les forces turques et des combattants syriens alliés ont conquis dimanche la grande ville d'Afrine et le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est engagé à élargir l'offensive à d'autres territoires tenus par la communauté kurde dans le nord syrien.

"La Syrie condamne l'occupation turque à Afrine et ses crimes, et réclame le retrait immédiat des forces d'invasion des territoires syriens qu'elles ont occupés", indique une missive envoyée au secrétaire général de l'ONU et au président du Conseil de sécurité des Nations unies, citée par Sana.

L'administration semi-autonome kurde avait demandé l'intervention du régime de Damas et le déploiement de son armée à la frontière pour protéger l'enclave d'Afrine face à l'offensive d'Ankara, lancée le 20 janvier contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Le régime, qui a condamné à plusieurs reprise "l'agression" turque, n'a jamais répondu à cet appel et seul un nombre limité de combattants prorégime avait rejoint l'enclave pour épauler les combattants kurdes.

Ankara n'a jamais caché son hostilité face à l'autonomie de facto acquise par les Kurdes de Syrie dans de vastes territoires près de la frontière turque, à la faveur du conflit meurtrier et complexe qui ravage la Syrie depuis 2011.

"En prenant le contrôle de la ville d'Afrine, nous avons laissé derrière nous l'étape la plus importante de l'opération", a déclaré lundi M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

"Maintenant, nous allons poursuivre ce processus jusqu'à la destruction totale de ce corridor constitué de Minbej, Aïn al-Arab (nom de Kobané en arabe), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli", a-t-il martelé.
(AFP, 19 mars 2018)

Quelles conséquences en Syrie après la prise d'Afrine par les forces turques?

L'armée turque et des rebelles syriens alliés ont pris dimanche le contrôle de la ville kurde d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, une conquête majeure qui risque d'avoir de profondes répercussions pour les acteurs impliqués dans le conflit.

Que signifie la prise de cette ville et de la région du même nom pour la Turquie --acteur incontournable de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011--, mais aussi pour le régime syrien et la communauté kurde?

- La Turquie -

La Turquie a lancé le 20 janvier une offensive pour chasser de la région syrienne d'Afrine, située à sa frontière, la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). C'est aujourd'hui chose faite.

Cette milice, classée groupe "terroriste" par Ankara, est pourtant un allié précieux de Washington dans la lutte en Syrie contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Avec le déploiement de forces turques et de rebelles syriens alliés à Afrine, la Turquie élargit sa sphère d'influence dans le nord-ouest syrien.

Ankara soutient déjà une multitude de groupes insurgés dans des territoires de la province d'Alep (nord), où se trouve Afrine, mais aussi dans la province voisine d'Idleb (nord-ouest).

"Afrine est un des territoires les plus stratégiques du nord-ouest de la Syrie. C'est un secteur qui permet à la Turquie de consolider sa présence pour des années à venir", selon Nicholas Heras, expert au centre de réflexion Center for a New American Security.

"Les Turcs sortent vainqueurs, c'était à prévoir", confirme Aaron Stein, de l'Atlantic Council.

Lui aussi pronostique l'émergence "d'une zone contrôlée par la Turquie en Syrie, opérant de manière indépendante du gouvernement central (de Damas), et pouvant servir de bassin d'accueil pour les réfugiés installés en Turquie", où vivent plus de trois millions de Syriens ayant fui le conflit dans leur pays.

A plusieurs reprises, le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis d'étendre l'offensive à d'autres territoires kurdes dans le nord syrien, notamment Minbej, où sont stationnées des troupes de Washington.

- Les Kurdes -

La perte d'Afrine vient indéniablement ébranler le rêve d'autonomie des Kurdes de Syrie, estimés à 15% de la population et opprimés pendant des décennies sous le régime du clan Assad.

"C'est un grand revers pour le projet d'autonomie kurde, qui vient démoraliser la population, mais aussi les YPG", reconnaît Mutlu Civiroglu, spécialiste des questions kurdes.

La communauté avait profité de la guerre pour établir une autonomie de facto dans les territoires sous son contrôle, dans le nord et le nord-est du pays.

Et la région d'Afrine avait été le laboratoire de cette émancipation: c'est le premier secteur où la minorité a installé en 2012 une administration semi-autonome, avec l'introduction de la langue kurde, longtemps bannie, dans les écoles et la création de ses propres forces de sécurité.

Elle était par la suite devenue l'un des trois cantons formant la "région fédérale", l'administration semi-autonome proclamée en 2016 sur les territoires contrôlés par les Kurdes.

La minorité conserve ses deux autres cantons de Fourat, entre Alep et la province de Raqa (nord), et Jaziré, qui correspond à la province de Hassaké (nord-est), où des troupes de l'allié américain sont déployées, pour aider dans la lutte contre l'EI.

Car avec la montée en puissance du groupe extrémiste, les YPG étaient rapidement apparus comme le fer de lance de la lutte antijihadistes.

La perte d'Afrine "vient certainement écorner leur image de grands combattants devant le monde", estime M. Stein.

L'administration locale kurde de la région d'Afrine a toutefois promis que ses combattants deviendraient un "cauchemar permanent" pour l'armée turque et les rebelles syriens dans l'enclave.

"La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire", a-t-elle clamé dans un communiqué.

- Le régime syrien -

Le pouvoir de Bachar al-Assad n'a jamais caché son hostilité face à la montée en puissance de la communauté kurde, utilisant parfois les mots les plus durs à leur égard, et allant jusqu'à les accuser de "trahison".

Il avait toutefois dénoncé "l'agression brutale" de la Turquie contre Afrine et des forces prorégime avaient rejoint l'enclave pour épauler les combattants kurdes.

Pour M. Civiroglu, l'extension de la présence turque dans le nord-ouest syrien "met beaucoup de pression sur le régime", qui n'a jamais caché sa détermination à reconquérir l'intégralité du territoire syrien avec le soutien militaire de la Russie.

"Avec le contrôle d'Afrine, la Turquie s'approprie une partie importante du territoire syrien, qu'elle ne va pas redonner à Bachar al-Assad", affirme M. Heras, estimant qu'Ankara agit avec "la bénédiction de la Russie".

"Tant que Moscou estimera avoir besoin d'Ankara pour stabiliser la Syrie" et que les deux pays "négocieront des accords (...), Bachar al-Assad sera un spectateur de la partition de la Syrie".
(AFP, 18 mars 2018)

La Turquie construira des camps pour déplacés dans le nord de la Syrie

La Turquie a lancé des préparatifs pour la construction de camps pouvant accueillir jusqu'à 170.000 déplacés dans le nord de la Syrie, a annoncé mardi le ministère turc des Affaires étrangères.

Le Croissant-Rouge turc et l'Agence turque de gestion des situations d'urgence (Afad) ont entamé les préparatifs pour mettre en place des camps d'une capacité d'accueil de 170.000 personnes à Idleb (nord-ouest) et dans la région contrôlée par Ankara et ses supplétifs rebelles syriens dans le nord du pays, a indiqué à la presse Hami Aksoy, porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.

La province d'Idleb est l'une des zones de désescalade établies par un accord conclu entre la Turquie, soutien de l'opposition et la Russie et l'Iran, soutiens du régime de Damas.

L'armée turque ainsi que les groupes rebelles syriens qu'elle soutient ont par ailleurs repris au groupe Etat islamique (EI) de larges pans du nord de la Syrie au cours de l'opération Bouclier de l'Euphrate menée entre août 2016 et mars 2017.

La Turquie accueille actuellement plus de trois millions de réfugiés ayant fui le conflit qui fait rage depuis près de 7 ans en Syrie, mais elle s'efforce désormais de diriger les déplacés vers des camps du côté syrien de la frontière.

Ankara craint notamment un nouvel afflux de réfugiés, en raison de l'opération qu'il mène depuis fin janvier dans l'enclave d'Afrine contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Cette offensive a par ailleurs fortement tendu les relations entre la Turquie, qui considère les YPG comme une organisation "terroriste", et les Etats-Unis, qui se sont alliés à ces combattants kurdes pour lutter contre l'EI.

Lors d'une visite à Ankara du Secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson mi-février, Ankara et Washington s'était accordés sur la mise en place de "groupes de travail" pour régler leurs différends.

"Nos attentes des Etats Unis sont claires, nous attendons la reprise des armes (fournies par Washington) des YPG", a insisté mardi M. Aksoy, précisant que ce sujet sera largement abordé lors de la première réunion de ces groupes de travail prévue à Washington les 8 et 9 mars.
  (AFP, 6 mars 2018)

Rencontre le 16 mars à Astana entre Moscou, Téhéran et Ankara

Des représentants de la Russie, la Turquie et l'Iran, parrains du processus d'Astana pour la paix en Syrie, se rencontreront le 16 mars à Astana en l'absence "d'observateurs et des parties syriennes", a annoncé mardi la diplomatie kazakhe.

"D'après les informations données par les pays garants du processus d'Astana en Syrie, les ministres des Affaires étrangères de l'Iran, la Russie et la Turquie ont l'intention de se rencontrer dans la capitale du Kazakhstan le 16 mars", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Cette "rencontre ministérielle à Astana est prévue sans observateurs ni parties syriennes", a précisé la diplomatie kazakhe, ajoutant que "selon les informations du ministère russe des Affaires étrangères, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura sera invité".

L'annonce de ces nouveaux pourparlers à Astana intervient alors que le régime syrien poursuit les bombardements meurtriers sur l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, aux portes de Damas.

L'offensive aérienne a tué près de 770 personnes depuis le 18 février.

Fin février, l'Union européenne avait appelé Moscou, Ankara et Téhéran, "en tant que garants du processus d'Astana, à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que les combats cessent."

Lors de cette nouvelle rencontre le 16 mars, les trois pays "discuteront de leurs futures actions conjointes", a indiqué le ministère kazakh des Affaires étrangères.

"Les participants prévoient d'analyser les résultats obtenus pendant la première année de (leur) coopération pour un règlement de la situation en Syrie", a-t-il ajouté.

En janvier 2017, la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, soutien des rebelles, ont organisé, sans l'implication de Washington, des discussions réunissant à Astana pour la première fois des représentants du régime et une délégation rebelle.

Ce processus d'Astana a jusqu'à présent abouti à un accord sur la mise en place en décembre 2016 de quatre "zones de désescalade", permettant parfois une diminution des violences en Syrie, sans les faire cesser.

La dernière rencontre entre les trois parrains s'est tenue le 21 et 22 décembre dans la capitale kazakhe, sans véritables avancées vers une solution au conflit syrien, qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.
  (AFP, 6 mars 2018)

36 combattants prorégime tués par l'aviation turque dans l'enclave d'Afrine

Au moins 36 combattants des forces prorégime ont été tués samedi dans des raids aériens de la Turquie contre l'enclave kurde d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les frappes menées contre la localité de Kfar Janna ont tué 36 membres des forces prorégime, a indiqué l'ONG, précisant qu'il s'agit du troisième bombardement contre des positions des forces loyalistes en 48 heures.

Cela porte ainsi à 54 le nombre de combattants des forces prorégime tués depuis jeudi soir par des raids turcs.

Ces combattants font partie de forces venues en février épauler les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie, que la Turquie cherche à chasser de sa frontière par le biais d'une offensive lancée le 20 janvier.

Jeudi soir, "14 combattants prorégime ont déjà été tués dans des frappes sur le village de Jamma, tandis quatre autres ont péri vendredi près de la localité de Rajo", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les frappes turques de samedi contre des positions des forces prorégime ont été confirmées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington.

Les frappes turques des derniers jours interviennent alors que les forces d'Ankara et les groupes rebelles syriens qui lui sont alliés progressent dans l'enclave d'Afrine.

Samedi, elles ont pénétré dans la localité de Rajo, l'une des principales dans le nord-ouest de la région.

Les forces d'Ankara et les groupes rebelles syriens progressent, en parallèle, en direction de la localité de Jaindaris, dans le sud-ouest d'Afrine.

"Nous avons également pris le contrôle de la colline stratégique de Bafalioun (...) qui assure la voie vers la conquête d'Afrine", a dit à l'AFP un responsable militaire des groupes rebelles pro-Ankara.

Quelque 251 combattants pro-Ankara et 281 membres des forces kurdes ont été tués depuis le début de l'opération, selon l'OSDH, qui fait aussi état de 149 civils tués dans l'enclave d'Afrine.
(AFP, 3 mars 2018)

Première visite d'un président turc en Mauritanie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé mercredi après-midi à Nouakchott pour une visite de quelques heures, la première d'un chef d'Etat turc en Mauritanie, a constaté un correspondant de l'AFP.

M. Erdogan, en provenance d'Algérie et accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, n'a pas fait de déclaration à son arrivée à l'aéroport de la capitale mauritanienne, où il a été accueilli par son homologue Mohamed Ould Abdel Aziz, plusieurs membres du gouvernement et des dignitaires de la société civile et de l'armée.

M. Erdogan devait s'entretenir au palais présidentiel avec le chef de l'Etat mauritanien, avant de signer plusieurs accords de coopération, selon le programme officiel.

Ces accords concernent le domaine de la pêche et de l'économie maritime, l'agriculture, le renforcement et la protection des investissements, le tourisme, la coopération
dans domaine des hydrocarbures et des mines, la circulation et le séjour des personnes, la présence en Mauritanie d'écoles turques et la coopération en matière des bourses de l'enseignement supérieur, selon un document obtenu par l'AFP de sources mauritaniennes.

M. Erdogan devait ensuite être l'hôte d'un dîner offert par M. Aziz avant de quitter la Mauritanie en début de soirée pour se rendre au Sénégal voisin, avant-dernière étape d'une tournée africaine qui s'achèvera vendredi au Mali.

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2003, M. Erdogan a entrepris de renforcer les liens entre la Turquie et le continent africain, un effort qui s'est concrétisé notamment par la multiplication des ambassades turques et des dessertes de la compagnie Turkish Airlines.

En parallèle, M. Erdogan s'efforce de combattre l'influence qu'y a bâtie le prédicateur turc Fethullah Gülen, bête noire d'Ankara qui l'accuse d'avoir fomenté le putsch manqué en 2016.

M. Gülen, qui nie toute implication dans le coup d'Etat manqué, a ouvert plusieurs écoles sur le continent africain. Nombre de ces établissements ont été fermés depuis un an et demi à la demande d'Ankara, notamment à Nouakchott, où les autorités mauritaniennes ont en revanche autorisé l'ouverture d'une école contrôlée par le gouvernement turc.
(AFP, 28 février 2018)

Erdogan demande des gestes à Alger pour améliorer les échanges commerciaux

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est félicité mardi de la signature d'accords avec l'Algérie, appelant ce pays à "faciliter" le travail des hommes d'affaires turcs sur place pour améliorer des échanges commerciaux d'un "niveau insuffisant".

Ces accords vont permettre à Ankara et Alger de "diversifier leurs échanges commerciaux" en attendant la signature "le plus rapidement possible de l'accord sur la protection des investissements", a déclaré M. Erdogan, lors d'un discours devant des hommes d'affaires turcs et algériens, au deuxième jour d'une visite officielle en Algérie.

Le président turc, qui a entamé à Alger une tournée en Afrique, avait déjà insisté, dans un entretien au quotidien algérien Echorouk paru lundi, sur la nécessaire signature de cet accord bilatéral "de promotion et de protection des investissements, depuis longtemps en discussion", semblant s'impatienter sur la longueur des négociations.

"Nous voyons l'Algérie comme un îlot de stabilité politique et économique dans la région. Notre premier partenaire commercial en Afrique, c'est l'Algérie", a-t-il rappelé mardi, tout en estimant que le volume des échanges commerciaux avec son pays est à un "niveau insuffisant".

Actuellement autour de 4 milliards de dollars, les échanges commerciaux doivent "atteindre dans une première étape 5 milliards, puis 10 milliards de dollars", a-t-il estimé.

"Les investissements et le commerce gagneront en volume à mesure que le travail de nos hommes d'affaires en Algérie sera facilité", a-t-il souligné, sans autre détail, en présence du Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia et du ministre de l'Industrie Youcef Yousfi.

- Premier investisseur étranger -

Dans son entretien à Echorouk, M. Erdogan avait critiqué les barrières à l'importation mises en place par l'Algérie "qui freinent le développement des échanges commerciaux" avec son pays, et réclamé un assouplissement du système de délivrance des visas pour les citoyens turcs, particulièrement pour les hommes d'affaires.

Mardi, il s'est également dit "convaincu de la nécessité" de faire avancer rapidement la coopération dans le secteur de l'énergie, en développant notamment "des projets communs".

Le président turc s'est à ce sujet félicité de la signature lundi soir d'un mémorandum d'entente entre le géant national algérien des hydrocarbures Sonatrach et les groupes turcs Rönesans et Bayegan, "portant sur un investissement pétrochimique d'un milliard de dollars dans la zone franche de Yumurtalik, à Adana", dans le sud de la Turquie.

Au terme de cet accord, dont les détails n'ont pas été dévoilés dans l'immédiat, Sonatrach fournira notamment la matière première pour la production de 450.000 tonnes de polypropylène par an, a indiqué M. Erdogan.

Ce document figure parmi les sept "accords de partenariat et de coopération et mémorandums d'entente" dans les hydrocarbures, l'agriculture, le tourisme, l'enseignement supérieur, la diplomatie et la culture, signés entre la Turquie et l'Algérie, peu après l'arrivée de M. Erdogan à Alger.

Selon les médias étatiques algériens, 796 entreprises turques emploient plus de 28.000 personnes en Algérie. Les investissements turcs s'élèvent à plus de 3 milliards de dollars - surtout dans le textile, la pharmacie et la sidérurgie - faisant de la Turquie le premier investisseur étranger en Algérie, hors hydrocarbures.

Mardi après-midi, selon l'agence de presse algérienne APS, M. Erdogan a été reçu par son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, âgé de 80 ans et très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, reçoit peu de dignitaires étrangers et apparaît rarement en public.

Le chef de l'Etat turc est attendu mercredi à Nouakchott, avant de se rendre au Sénégal et au Mali.
(AFP, 27 février 2018)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Dispute gazière avec Ankara: Chypre salue le soutien de l'UE

Le président chypriote Nicos Anastasiades a salué mardi le soutien apporté à son gouvernement par l'Union européenne qui a dénoncé le blocage par l'armée turque d'un navire de forage en Méditerranée orientale.

L'UE a condamné jeudi les "actions illégales" de la Turquie au large de l'île méditerranéenne, soulignant sa "pleine solidarité" avec la République de Chypre, membre du bloc européen et dont l'autorité ne s'exerce que sur les deux-tiers (sud) du pays, le tiers nord étant occupé par l'armée turque.

Elle réagissait notamment au blocage par la marine turque d'un navire du géant italien de l'énergie Eni qui devait effectuer des explorations gazières à l'est de Chypre, et qui a dû in fine quitter la zone.

"Pour la première fois, il y a une forte condamnation sans précédent des activités illégales et continues de la Turquie en Méditerranée orientale", a déclaré M. Anastasiades lors d'un forum consacré au secteur de l'énergie.

Le président chypriote a accusé Ankara de mener une "politique de la canonnière" en bloquant le navire italien qui opérait dans la Zone économique exclusive, près des côtes de la partie de l'île occupée par l'armée turque et où habitent les Chypriotes-turcs.

Le gouvernement chypriote a signé ces dernières années des contrats d'exploration avec des géants des hydrocarbures comme Eni, le Français Total ou l'Américain ExxonMobil.

Mais Ankara, dont les troupes ont envahi en 1974 le nord de l'île en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce, réclame la suspension de toute exploration tant qu'une solution à la division de Chypre n'est pas trouvée.

M. Anastasiades a estimé que l'objectif réel de la Turquie était de contrôler les routes d'approvisionnement en énergie dans la région.

"Les actions de la Turquie visent l'objectif à long terme que le pays devienne un centre d'approvisionnement énergétique exclusif pour l'Union européenne", a-t-il assuré.

Ankara a qualifié vendredi d'"inacceptables" les critiques formulées par l'Union européenne.
(AFP, 27 mars 2018)

Un tribunal turc refuse de libérer deux soldats grecs

Un tribunal turc a rejeté mardi une nouvelle demande de libération de deux soldats grecs interpellés début mars pour être entrés illégalement en Turquie, une affaire qui a tendu les rapports entre Ankara et Athènes.

Un tribunal d'Edirne (nord-ouest de la Turquie) a ordonné le maintien en détention de ces deux militaires grecs, invoquant notamment un "risque" de fuite s'ils étaient relâchés, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Cette décision survient alors que les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du Conseil européen Donald Tusk ont abordé cette affaire avec le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un sommet en Bulgarie lundi soir.

La justice turque avait déjà rejeté une première demande de libération des deux militaires le 5 mars.

Les deux militaires grecs ont été placés en détention préventive début mars après avoir été interpellés du côté turc de la frontière dans une "zone militaire interdite", selon les autorités turques.
 Les deux soldats soutiennent qu'ils sont entrés en Turquie par erreur lors d'une patrouille à la frontière par mauvais temps, mais la justice turque les soupçonne de "tentative d'espionnage".

Cette affaire a contribué à tendre davantage les rapports entre la Grèce et la Turquie, deux alliées au sein de l'Otan aux relations historiquement délicates, régulièrement secouées par des spasmes.

Ces derniers mois, la Turquie et la Grèce ont eu de vifs échanges au sujet du refus de la justice grecque d'extrader huit officiers turcs qu'Ankara accuse d'avoir pris part à la tentative de putsch de juillet 2016.

En outre, plusieurs incidents se sont produits ces dernières semaines en mer Egée, où un patrouilleur turc a notamment percuté un navire grec, faisant monter la tension dans cette zone aux frontières disputées.
(AFP, 27 mars 2018)

La justice grecque refuse d'extrader en Turquie un réfugié

La justice grecque s'est opposée mardi à l'extradition vers son pays d'un Turc arrêté à Athènes, soupçonné d'appartenir au groupe d'extrême gauche DHKP-C classé "terroriste" en Turquie ainsi que par l'Union européenne et les États-Unis, a indiqué une source judiciaire

Sasi Naci Ozpolat, 47 ans, avait été arrêté avec huit compatriotes en novembre dernier, peu avant la visite en Grèce du président turc Recep Tayyip Erdogan. Le parquet grec a lancé contre le groupe, trouvé en possession d'armes et d'explosifs, des poursuites pour "appartenance à une organisation terroriste" et "actions terroristes".

 Les magistrats compétents pour les extraditions ont jugé que les accusations portées par la Turquie contre M. Ozpolat - de complicité dans l'assassinat du procureur d'Istanbul en avril 2015 - n'étaient pas suffisamment fondées, au risque qu'il soit jugé pour d'autres charges en cas d'extradition, a précisé la même source judiciaire.

 Le suspect a affirmé qu'il était poursuivi pour son action politique, relevant que cela lui avait déjà valu emprisonnement et tortures en Turquie. Il a affirmé avoir demandé l'asile politique en France.

 La justice grecque avait déjà refusé l'extradition d'un premier membre du groupe des neuf en février, Mehmet Dogan, 60 ans. Une troisième requête turque d'extradition doit encore être examinée, concernant la seule femme du groupe, Halaz Secer, 21 ans.

 Le sort de M. Ozpolat a été tranché alors que la Grèce est dans l'attente du procès en Turquie de deux officiers grecs arrêtés jeudi dernier à la frontière terrestre entre les deux pays, qu'ils venaient de franchir lors d'une patrouille, par erreur à cause du mauvais temps selon Athènes.

 Un tribunal turc a rejeté lundi leur demande de libération, après qu'Athènes a appelé la Turquie sur ce cas à "ne pas transformer une procédure routinière en un problème juridique et politique majeur".

Sur fond de raidissement du régime turc, les relations entre la Grèce et la Turquie, tous deux membres de l'Otan, se sont tendues ces derniers mois, l'une des pommes de discorde étant le refus de la justice grecque d'extrader huit militaires turcs ayant fui le pays voisin après le coup d'État manqué de juillet 2016.  (AFP, 6 mars 2018)


Deux soldats grecs entrés en Turquie placés en détention

Deux soldats grecs arrêtés après être entrés en territoire turc en patrouillant à la frontière ont été placés en détention vendredi, sur fond de fortes tensions entre Athènes et Ankara.

Les deux hommes ont été interpellés jeudi après-midi au nord du fleuve Evros qui sépare les deux pays.

Selon l'agence étatique turque Anadolu ils ont été placés en détention vendredi pour "tentative d'espionnage militaire" et "entrée en zone militaire interdite".

Mais une source militaire grecque contactée par l'AFP a démenti le fait qu'ils soient accusés d'"espionnage".

"L'image que nous avons est que les deux militaires sont accusés d'entrée en zone militaire interdite mais ne sont pas accusés de tentative d'espionnage", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'état-major grec, Vassilis Beletsiotis.

Selon Anadolu, les deux militaires ont expliqué dans leurs déclarations aux autorités turques être entrés en Turquie en suivant des traces de pas dans la neige et afin d'envoyer des images prises avec leurs téléphones portables à leurs supérieurs.

"Le Premier ministre suit la situation de près et est en contact avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale grecque.

Les conditions climatiques "étaient mauvaises et les deux militaires, qui étaient armés, ont perdu leur orientation", avait expliqué plus tôt vendredi à l'AFP à Athènes le porte-parole de l'armée de terre, Nikolaos Fanios.

Les deux militaires grecs sont en bon état de santé, "il n'y a pas eu de combat et actuellement ils se trouvent à Edirne", avait-il ajouté.

- Tensions -

Les relations entre la Grèce et la Turquie, toutes deux membres de l'Otan, sont traversées par de vives tensions depuis plusieurs mois, alimentées par le refus d'Athènes d'accéder à une demande d'Ankara d'extrader huit officiers turcs ayant trouvé refuge en Grèce après le coup d'Etat manqué en Turquie en juillet 2016.

L'un de ces militaires a même obtenu l'asile fin décembre, avant que cette décision ne soit "temporairement" suspendue par la justice début janvier à la suite d'un recours du gouvernement grec.

Les tensions sont montées d'un cran récemment après de fermes mises en garde du président turc Recep Tayyip Erdogan au sujet de l'exploitation du gaz dans les eaux chypriotes, dans l'est de la Méditerranée. M. Erdogan invoque les "droits inaliénables" de la communauté chypriote-turque de l'île divisée sur ses ressources naturelles.

Et, il y a deux semaines, un patrouilleur turc avait percuté un navire grec près d'un îlot inhabité disputé en mer Égée orientale, suscitant une mise en garde envers Ankara du Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Tzanakopoulos, a indiqué vendredi, avant l'annonce de la mise en détention des deux militaires, que le chef de l'état-major grec s'était entretenu au téléphone avec son homologue turc "dans un bon climat" pour régler cette affaire et "afin que les procédures légales en Turquie soient rapidement entamées". Il avait pronostiqué un retour "imminent" des deux militaires en Grèce.

Les chefs d'état-major se sont entretenus une seconde fois vendredi, selon la source gouvernementale grecque.

Malgré leurs relations délicates, plombées aussi par des différends territoriaux en mer Egée, Athènes et Ankara coopèrent en matière économique et commerciale. Les deux pays collaborent également étroitement pour limiter le flux migratoire vers l'Europe dans le cadre d'un pacte UE-Turquie conclu en mars 2016.

M. Erdogan a effectué début décembre une visite en Grèce, la première d'un président turc en 65 ans. Après une rencontre avec M. Tsipras, les deux hommes avaient affiché leur volonté d'arrondir leurs différends historiques et de poursuivre leur coopération en matière de réfugiés et d'économie.

Le président turc avait néanmoins causé des froncements de sourcils lors de cette visite en demandant "la révision du traité de Lausanne de 1923" qui délimite les frontières en Europe et au Moyen-Orient.
(AFP, 2 mars 2018)

Immigration / Migration


Manifestation kurde contre le soutien de l'OTAN à l'offensive turque à Afrine

Quelque 1.100 membres de la communauté kurde de Belgique, d'après la police locale, ont manifesté mardi à Bruxelles afin de dénoncer le soutien de l'OTAN à l'intervention militaire turque contre l'enclave kurde d'Afrine, dans le nord de la Syrie, qui a été lancée le 20 janvier dernier par Ankara. Les manifestants ont notamment dénoncé la double posture de l'OTAN et des puissances occidentales qui ont soutenu les Kurdes dans la lutte contre l'Etat islamique sans leur offrir de reconnaissance politique en contrepartie.

Depuis 2012, l'enclave kurde d'Afrine située au nord-ouest de la Syrie, était contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD) syrien qui est combattue par les autorités turques pour leurs liens avec le PKK (Le Parti des travailleurs du Kurdistan). La Turquie considère en effet les YPG comme étant l'aile syrienne du PKK, lui-même considéré comme un groupe armé terroriste par une grande partie de la communauté internationale dont l'Union européenne et les États-Unis notamment.

Les YPG sont toutefois un fer de lance dans la lutte contre l'organisation terroriste Etat islamique (EI) et ont bénéficié à partir de 2014 du soutien militaire croissant de la communauté internationale. Le 20 janvier dernier, Ankara a lancé une offensive militaire baptisée "Rameau d'Olivier" destinée à chasser les YPG d'Afrine. L'ONU estime que cette action contre les milices kurdes sur la ville syrienne d'Afrine a déplacé 167.00 personnes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avance pour sa part le bilan de 286 civils tués lors de bombardements aériens et de tirs d'artillerie. Les forces turques ainsi que leurs supplétifs syriens ont pris le contrôle de l'enclave le 18 mars dernier.

La marche de ce mardi vient clôturer une semaine de mobilisation quotidienne de la communauté kurde à Bruxelles pour protester contre l'intervention militaire turque contre Afrine. Durant une semaine, les manifestants ont en effet dénoncé l'abandon d'Afrine par ses alliés occidentaux, partagés entre leur alliance avec la Turquie qui est membre de l'OTAN et celui avec les forces kurdes syriennes dans leur lutte contre l'EI.

"L'OTAN a entamé depuis quelques jours son déménagement vers son nouveau siège et nous profitons de l'occasion pour rappeler que cette organisation ainsi que les pays occidentaux cèdent au chantage d'Erdogan et de son gouvernement AKP en acceptant qu'il mène une intervention militaire contre le peuple kurde et le mouvement démocratique en Syrie. L'OTAN ne prend aucune mesure pour faire respecter les résolutions de l'ONU concernant un armistice dans l'enclave d'Afrine. Elle reste silencieuse face au crimes contre l'humanité commis à Afrine par la Turquie qui est un de ses membres", indique Delil Agbaba, porte-parole de NavBel, le conseil des communautés kurdes de Belgique.

"L'OTAN comme les puissances occidentales ont fourni un soutien militaire aux Kurdes dans leur lutte contre l'Etat islamique mais ne daignent pas leur offrir une reconnaissance politique ni les considérer comme des partenaires des négociations politiques à Genève. C'est cette double posture de l'Occident qui encourage la Turquie à attaquer les Kurdes de Syrie avec des forces anti-démocratiques et des troupes djihadistes, en ce inclus d'ancien combattants de l'Etat islamique", ajoute t-il.

Selon Delil Agbaba, les hommes qui n'ont pas pu fuir Afrine après la prise de l'enclave par l'armée turque et ses alliés, sont jetés en prison et soupçonnés d'être membres des YPG du seul fait d'êtres Kurdes. Leurs proches sont sans nouvelles d'eux et certains de ces hommes incarcérés ont été retrouvés assassinés. Il estime également que la reconquête d'Afrine attise un climat nationaliste en Turquie et un racisme à l'encontre des peuples non-turcs qui y vivent.

L'offensive turque menée à Afrine a également conduit en Turquie à l'arrestation de centaines de personnes qui avaient critiqué l'opération militaire sur les réseaux sociaux.

La Plateforme de Solidarité Afrine, qui dénonce également l'inaction de l'Occident face aux crimes commis par la Turquie dans l'enclave reconquise vante pour sa part le modèle en vigueur au Rojava (Kurdistan syrien) incluant la région d'Afrine.

"Il s'agit d'un modèle démocratique basé sur la liberté, l'égalité et la libération des femmes réalisé pour la première fois au Moyen-Orient. Une politique démocratique, égalitaire, fondé sur la vie commune et libre de toutes les identités qui est devenue l'espoir et le seul modèle de solution au Moyen-Orient pour mettre en pratique l'égalité, la liberté et la cohabitation pacifique entre les peuples, les identités, les croyances et les sexes", conclu-t-elle. (Belga, 28 mars 2018)

Afrine: Des milliers de manifestants pro-kurdes défilent en Europe

Quelques milliers de personnes ont défilé samedi dans plusieurs villes européennes, notamment à Paris, pour protester contre l'offensive turque dans l'enclave kurde d'Afrine, en Syrie.

Derrière une bannière dénonçant le "nettoyage ethnique mené à Afrine par la Turquie et ses mercenaires jihadistes", 4.000 manifestants ont défilé dans le nord de Paris, a indiqué à l'AFP Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).

La préfecture de police a elle évalué à 2.700 le nombre de manifestants.

"A Afrine, nous nous défendons contre les attaques des barbares de l'Etat turc mais aussi de leurs alliés jihadistes", a lancé en kurde Vedat Bingol, co-président du CDK-F, traduit par M. Polat, avant de déplorer "le silence de la communauté internationale" sur ce dossier.

D'autres rassemblements étaient prévus ce samedi en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Suède. Quelque 1.000 personnes se sont notamment réunies à Hambourg, selon les organisateurs.
 Ankara a lancé le 20 janvier une opération militaire contre l'enclave d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, pour en déloger les Unités de protection du peuple (YPG), une milice considérée comme "terroriste" par la Turquie mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

La Turquie et ses supplétifs rebelles syriens ont pris le contrôle dimanche de l'ensemble de l'enclave. Quelque 167.000 personnes ont fui l'avancée des troupes turques, selon l'ONU.

Emmanuel Macron a exprimé sa "préoccupation" auprès de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, lors d'un entretien téléphonique vendredi, mettant notamment en avant "la nécessité de permettre le plein accès de l'aide humanitaire aux populations civiles", a rapporté la présidence française.
(AFP, 24 mars 2018)

Le PS fait les yeux doux à Mahinur Ozdemir

Selon le journal L'Echo, le Parti Socialiste aimerait attirer dans ses rangs la députée belge d'origine turque Mahinur Ozdemir, éjectée en mai 2015 par le cdH parce qu'elle refusait de reconnaître le génocide arménien. Des discussions informelles auraient lieu actuellement avec le PS Schaerbeekois en vue des élections communales et législatives de 2018 et 2019.

Interrogé sur la possibilité de voir l'ex-députée bruxelloise du cdH Mahinur Ozdemir figurer sur une liste PS aux prochaines élections, Paul Magnette a souligné que les conditions posées par le parti étaient "les mêmes pour tous". Le parti a notamment réaffirmé son attachement à la laïcité de l'état à travers son 'Chantier des idées'.

"Si elle dit 'je ne veux pas reconnaître le génocide arménien', c'est non", a ajouté Paul Magnette, tout en précisant qu'il n'était pas informé d'éventuelles tractations entre Mme Ozdemir et son parti.

La députée belge, qui siège de manière indépendante au Parlement bruxellois, constitue un réservoir de voix important au sein de la communauté belgo-turque de Bruxelles, en raison notamment de sa proximité avec l'AKP du président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier lui avait d'ailleurs apporté son soutien lors de son éviction du cdH il y a trois ans. Lors du scrutin de novembre 2015, les Turcs de Belgique avaient voté à 70% pour l'AKP (soit au total 55.423 votes).

"Franchement, je ne sais même pas à l'heure actuelle si je poursuivrai l'expérience politique après 2019", a réagi la députée à L'Echo. (Belga, 18 mars 2018)

Manifestation à Bruxelles pour demander la fin des violences à Afrin

Quelque 200 personnes se sont rassemblées samedi après-midi devant le Palais de Justice de Bruxelles pour demander la fin des violences perpétrées dans l’enclave kurde d’Afrin par les forces armées turques en vue d’y déloger les milices kurdes du YPG.

Alliées des États-Unis dans la lutte contre le groupe terroriste Etat islamique, les milices kurdes bénéficient à présent du soutien des forces du régime de Bachar el-Assad. Les Turcs voient dans les milices du YPG le bras syrien du PKK autonomiste qu’ils combattent sur leur territoire. Les combats ont fait de nombreuses victimes. “Depuis le 20 janvier dernier, l’armée turque et ses alliés djihadistes ont lancé une offensive aussi brutale qu’illégale dans la région d’Afrin. En un mois, on déplore 250 morts parmi les civils et 600 blessés dans cette enclave kurde située dans le nord-ouest de la Syrie, à la frontière turco-syrienne.

Des médecins ont fait rapport de l’utilisation d’armes chimiques par les forces armées turques lors de leurs attaques”, indique Delil Agbaba, porte-parole de NavBel, le conseil des communautés kurdes de Belgique, qui organise la manifestation. “Malgré la résolution réclamant “sans délai” un cessez-le-feu humanitaire d’un mois sur l’ensemble de la Syrie qui a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 24 février dernier, la Turquie continue son offensive. A travers cette action, nous voulons donc également dénoncer le silence et la passivité de la communauté internationale qui n’essaie même pas de faire appliquer la résolution de l’ONU pour laquelle ses membres ont voté”, conclu-t-il. (Belga, 3 mars 2018)

Des milliers de manifestants à Berlin contre l’offensive turque à Afrine

Plusieurs milliers de personnes ont défilé sous haute surveillance policière samedi dans le centre de Berlin pour protester contre l’offensive turque dans l’enclave kurde d’Afrine en Syrie.

La police a parlé d’une manifestation «globalement sans troubles», même si quatre policiers ont été agressés et légèrement blessés par des participants. Trois personnes ont été interpellées.

Le cortège, organisé par des ONG, des organisations kurdes et certains partis politiques sous la bannière «Ensemble contre les attaques turques à Afrine», était encadré par une forte présence policière.

Selon les organisateurs, quelque 20.000 personnes ont participé, selon la police «plusieurs milliers».

Plusieurs manifestations pro-kurdes ont eu lieu en Allemagne depuis le déclenchement le 20 janvier par Ankara d’une offensive sur Afrine contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Qualifiée de «terroriste» par la Turquie, cette dernière est alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

En janvier, la police avait dispersé à Cologne une manifestation en raison de la présence dans le cortège de symboles interdits du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les protestions à Berlin ont eu lieu alors que 36 membres des forces du régime syrien et de leurs alliés ont été tués samedi dans des frappes de la Turquie contre l’enclave kurde, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
(AFP, 3 mars 2018)

Rémunérations brutes des membres turco-belges du Parlement bruxellois

Sevket TEMIZ PS 123 532,62 Euros
(également conseiller communal à Bruxelles-Ville)
Emin ÖZKARA PS 139 875,06
Euros
(également conseiller communal à Schaerbeek)
Hasan KOYUNCU PS 123 532,62
Euros
(également conseiller communal à Schaerbeek)
Mahinur OZDEMIR Indépendants 123 532,62
Euros
(également conseiller communal à Schaerbeek)

Source: http://www.parlement.brussels/remunerations/

Manifestation en solidarité avec la résistance des peuples d'Afrin

Le 20 janvier, l'armée turque et ses alliés djihadistes ont lancé une offensive brutale contre Afrin, une enclave kurde à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Afrin était jusqu'à présent la région la plus épargnée par la guerre civile, mais en un mois, l'attaque a déjà fait près de 200 morts, rien que parmi les civils.

Par cette attaque, l'État turc et ses alliés s'en prennent au modèle de société d'Afrin et du reste du Rojava (le Kurdistan syrien): un modèle de société basé sur la démocratie participative, l'égalité des droits de tous les peuples et toutes les confessions, la libération des femmes et l'écologie.

Manifestons ce 3 mars en solidarité avec les peuples et la résistance d'Afrin, contre l'agression turque, contre le silence et la complicité de la communauté internationale !

3 mars 2018, 14h, Place Poelart
(devant le Palais de Justice),
1000 Bruxelles

Nous demandons de:

- condamner la guerre menée par le régime turc
- arrêter le commerce d’armes avec la Turquie
- prendre de toute urgence des mesures menant à la fin des hostilités et au retrait des troupes turques
- lancer des initiatives diplomatiques qui aboutiront à une trêve durable et à des négociations politiques
- aider à garantir la liberté d'expression et d'association dans l'Etat turc

Plateforme de Solidarité avec Afrin

https://www.facebook.com/AfrinSolidarityPlatformBelgium/


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