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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


230

21e année - N°230
Janvier-Février 1997
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 


CHANTAGE

Afin de maintenir la Turquie comme l'otage de la complicité militaro-islamiste
"Baby face" de la mafia turque menace l'Europe

    Jamais dans la diplomatie mondiale s'est vu une chose si scandaleuse. Une femme qui a été déclarée une "complice de la mafia" non seulement par les partis d'opposition et la presse de son propre pays mais également par un tribunal criminel étranger et des institutions anti-drogue de plusieurs pays occidentaux peut continuer à conduire la diplomatie d'un pays de 60 millions.
    De plus, ce ministre "baby face" des affaires étrangères peut être reçu comme un interlocuteur crédible par les ministères des affaires étrangères des cinq pays les plus grands de l'Union européenne. Finalement, elle ose les menacer en affirmant qu'elle peut bloquer le processus d'ouverture vers l'Est de l'OTAN si le pays que sa mafia dirige n'est pas accepté à l'Union européenne.
    C'est la même méthode qu'elle avait utilisée il y a un an quand l'union douanière de la Turquie avec l'union européenne était fort contestée par le Parlement européen en raison de la situation affreuse des droits de l'homme.
    Se faisant passer pour le seul obstacle contre la montée de l'islamisme en Turquie, elle s'est livrée à son premier chantage sur l'Europe: "Si vous ne ratifiez pas l'Union douanière je perdrai les élections prochaines et la voie sera ouverte à un pouvoir islamiste!"
    Ce premier chantage a bien marché et plusieurs membres du Parlement européen, tout ignorant les violations terribles des droits de l'homme, ont voté pour l'Union douanière. C'est surtout grâce à cette ratification qu'elle a pu échapper à une catastrophe électorale en Turquie.
    Toutefois, après élections, elle n'a pas hésité pour un moment de choquer ses supporters européen en conduisant les islamistes au pouvoir en échange de se sauver d'être traduite devant la cour suprême pour corruptions.
    Un an plus tard, quand ses relations obscures avec la mafia turque sont mises en évidence de sorte que sa coalition avec les islamistes soit ébranlée, Ciller semble avoir une nouvelle fois besoin du doping extérieur pour pouvoir rester au gouvernement.
    En effet, le ministre des affaires étrangères et le leader du DYP Tansu Ciller a reçu un coup mortel d'Allemagne le 22 janvier 1997 quand le juge Rolf Schwalbe à la cour d'état de Francfort l'a accusée d'avoir des contacts personnels avec les trafiquants de narcotiques et de les protéger par les moyens de l'Etat.
    D'après l'agence de presse allemande DPA, le juge allemand, après avoir condamné trois ressortissants turcs pour le trafic, a déclaré que "deux familles fournissant l'héroïne à l'Europe, les Senocak et Baybasin, se trouvaient sous la protection de Ciller."
    Le gouvernement turc a tout de suite réagi contre la déclaration du juge et a demandé à l'Allemagne de s'excuser immédiatement. Toutefois, le ministre des affaires étrangères Kinkel, appelant Ciller le 28 janvier, l'a dit que le gouvernement allemand n'est pas autorisé de faire des commentaires sur la déclaration du juge à cause du principe de division des pouvoir et a décliné la demande d'excuses.
    Ciller et le gouvernement turc, dans les jours suivants, ont reçu de nouveaux coups des USA, Canada, Hollande, France et Grande Bretagne.
    Le Geopolitcal Narcotics Monitor à Paris, une institution qui est régulièrement en consultation avec l'Union européenne et les Nations-Unies, a ouvertement accusé la Turquie d'être impliquée dans le commerce illégal de narcotiques. Un représentant du Monitor dit que 70 pourcent des drogues arrivées en France proviennent de Turquie. "Est-ce possible si'il n'est pas soutenu par certains? Il est impossible de dire qu'il n'y a pas de connexion politique," a-t-il ajouté.
    Le ministre-adjoint de l'Intérieur britannique Tom Sackville a déclare que plusieurs opérations anti-drogues n'ont pas abouti à cause des fuites de la part turque. Il a dit que plus de 80 pourcent des héroïnes saisies en Grande Bretagne sont d'origine de Turquie. Il a exprimé la méfiance britannique vis-à-vis de l'exactitude des rapports envoyés par les autorités policières turques concernant le trafic de narcotiques. "Il y a également des rapports démontrant l'implication des policier et même des membres du gouvernement turc dans le trafic de narcotiques," a-t-il dit.
    Sackville a remarqué que cette complicité des officiels et politiciens turcs avec les criminels condamnés ternit l'image internationale de la Turquie."Nous savons que les renseignements secrets concernant des opérations de narcotiques sont tombes dans la main des trafiquants de drogue dans le passé. Je voudrais dire que quand nous informons les autorités turques de ces opérations, ils passent cette information aux trafiquants, ainsi les opérations échouent."
    Après le scandale de Susurluk, aux Etats Unis, la commission des affaires étrangères du Congrès a lancé une enquête sur ce sujet en collaboration avec l'office de narcotiques DEA, la CIA et les officiels du State Department.
    En Hollande, une commission parlementaire chargée de l'enquête sur le crime organisé déclare dans son rapport: "Le crime organisé a des relations étroites avec les autorités officielles de Turquie. Le milieu du crime organisé, les service de l'Etat et des hommes d'affaires constituent une force combinée dans ce pays." Récemment, la Hollande interdit les opérations monétaires des banques turques dans ce pays qui sont suspectées du blanchiment des revenues de narcotiques.
    Le ministre grec d'ordre public Yorgo Romainos a déclaré que l'Union européenne avait été averties plusieurs fois concernant la drogue provenant de Turquie et a demandé à l'Union européenne de constituer une commission d'enquête munie du pouvoir d'imposer des sanctions contre la Turquie. Entre 1991 et 1996 ils auraient saisi 957 kilos de drogue d'une valeur de 164 milliards de $ provenant de Turquie, et 360 personnes ont été arrêtée en liaison avec ce trafic, a-t-il ajouté.
    Au Canada, la police déclare avoir trouvé le numéro de téléphone (312-417 04 76) du chef de cabine de Tansu Ciller, M. Akin Istanbullu, dans l'agenda d'un trafiquant de narcotiques et avoir demandé à la Turquie des informations précises à ce sujet. Toutefois, les autorités turques ont dissimulé long temps l'appartenance de ce numéro de téléphone.
    Selon un article du quotidien Özgür Politika du 13 novembre 1996, confirmée par le quotidien Sabah du 25 janvier 1997, le service de renseignements allemand BND a découvert que Özer Ciller, le mari du ministre des affaires étrangères, aurait des relations étroites avec le milieu turc.
    Le 26 mai 1995, Ö. Ciller s'est rencontré avec un trafiquant d'armes et de narcotiques, Hüseyin Duman, un ancien agent de KGB et trafiquant des matières nucléaires, Metin Selvi, le patron des quotidiens turcs Hürriyet et Milliyet, Aydin Dogan, dans l'hôtel Brenner à Baden Baden. Ils auraient parlé du trafic d'osmium (utilisé dans la production des armes nucléaires) et d'or via l'Ukraine. Cette réunion serait assistée également par un autre trafiquant international, Alaattin Cakici, l'amiral en retraite Ibrahim Karabulut et un ancien coordinateur des Loups Gris en Europe, Enver Altayli.
    D'ailleurs, comme il est révélé dans les autres articles de notre bulletin, Tansu Ciller a toujours été la protectrice principale des Loups Gris, des chefs de police et de tribaux qui sont impliqués dans le trafic et les autres affaires occultes.
    Il s'agit d'une telle personne qui rencontre, à Rome le 29 janvier 1997, les ministres des affaires étrangères allemand, britannique, français, italien et espagnol en vue de revoir les relations turco-européennes. Selon la presse pro-gouvernementale, Ciller, tout en accusant l'Union européenne de faire une discrimination entre la Turquie et les ancien pays communistes, a martelé: "Nous allons poser à nouveau la candidature de la Turquie pendant le sommet européen prochain à Amsterdam."
    Au cours de sa conférence de presse destinée aux journalistes turcs plus tard, elle a révélé son chantage: "Si la Turquie ne prend pas sa place dans la photo de famille européenne à Amsterdam, nous n'hésiterons pas d'utiliser notre véto contre l'élargissement de l'OTAN vers l'Est."
    Toutefois, selon le quotidien Hürriyet du 31 janvier, le rêve de la Turquie de devenir un membre de l'Union européenne a reçu un mauvais coup à Rome malgré le martèlement de Ciller! Les cinq ministres des affaires étrangères ont donné à Ciller le message suivant: "Il est impossible pour vous de devenir un membre entier avec les problèmes existants."
    Klaus Kinkel est allé plus loin en disant: "La Turquie ne peut être plus prêt de l'Europe sans avoir résolu ses problèmes kurde et de droits de l'homme. Disant "Permettez  nous de formuler un statut spécial pour la Turquie," les cinq ministres ont proposé de faire la Turquie "un membre de deuxième classe."
    Le Milliyet rapportait le même jour: "Deux déceptions à Rome: Ciller a reçu un Non de l'Union européenne et s'est trouvé devant les protestations des députés italiens relatives au trafic de narcotiques."
    En effet, 13 députés italiens ont envoyé une lettre de protestation au premier ministre Prodi et au ministre des affaires étrangères Dini, dans laquelle ils les interrogent comment ont-ils pu rencontrer une personne [Ciller] accusée de protéger des trafiquants de narcotiques.
    Néanmoins, les Etats-Unis, juste comme ils faisaient il y a un an, ne se sont pas retardés d'intervenir une nouvelle fois en faveur du régime de mafia à Ankara. Le porte-parole de la Maison blanche Nicholas Burns a déclaré, "Les Etats-Unis ne favoriseront pas de créer des conditions nouvelles et artificielles qui peuvent empêcher la Turquie de jouer un rôle important en Europe. Nous sommes en faveur de l'inclusion complète de la Turquie dans les institutions occidentales."
    On peut facilement se rappeler que l'ambassadeur américain à Bruxelles, il y a un an, avait visité les chefs de tous les groupes politiques du Parlement européen afin d'obtenir leur approbation pour l'Union douanière, et finalement l'avait eue!
    Maintenant c'est le tour de la diplomatie européenne qui est en train de préparer le sommet de juin à Amsterdam.
    L'Europe cédera-t-elle encore une fois à ce chantage et inclura-t-elle la "Baby Face" de la mafia turque dans la photo de famille de l'Union européenne?
    Si oui, le Parlement européen digéra-t-il encore une fois un tel insulte aux valeurs morales et démocratiques des démocraties européennes qu'il doit défendre?
   

TANSU ÇILLER: UNE COMPLICE DE LA MAFIA.

    L'accident de Susurluk qui mit à jour la coopération d'un parlementaire, d'un chef de police et d'un hors-la-loi recherché d'urgence par Interpol a conduit aux allégations que l'Etat soit impliqué dans des activités louches, protégeant et soutenant des hors-la-loi.
    D'autres documents ont aussi été découverts et ont eu pour conséquences de nouvelles plaintes et allégations apparaissant presque chaque jours. Ces allégations dévoilent l'implications de personnalités officielles et de fonctionnaires dans des activités occultes en coopération avec des criminels recherchés.
    Le chef de police Hüseyin Kocadag, qui perdit la vie dans l'accident de Susurluk, voyageait avec le député parlementaire Sedat Bucak du parti de la juste voie (DYP), un chef de clan de quelques 30.000 hommes armés, et Abdullah Çatli.
    La révélation que l'une des victimes de l'accident était Çatli, responsable de l'assassinat de sept jeunes à Ankara en 1978, et de trafic de drogue et recherché d'urgence par Interpol, amena de sérieuses questions. Çatli était un criminel recherché, infâme militant d'une aile d'extrême droite et son nom avait été mentionné en relation avec des figures dominantes de l'organisation italienne Gladio. L'état a-t-il protégé d'autres hors-la-loi que Abdullah Çatli?

    L'alliance maudite: Les autorités rencontrent des criminels

    Le Turkish Daily News du 12 décembre 1996, rapporte des allégations selon lesquelles un meeting aurait eu lieu en 1993 entre les plus hauts représentants de l'Etat turque, des haut fonctionnaires de la sécurité et un groupe de 12 personnes soupçonnées d'être des hors-la-loi.
    A ce meeting se trouvaient Tansu Çiller, en même temps que le président de la République Süleyman Demirel, le président du parlement Hüsamettin Cindoruk, le commandant général de la gendarmerie Aydin Ilter, le ministre de l'intérieur, Nahit Mentese et le directeur général de la police Mehmet Agar. Parmi les douze personnes rencontrées, certaines étaient connues comme des hors-la-loi responsables du meurtre de soldats et d'officiers de police qui furent amenés du sud-est en secret et de façon officieuse.
    Ces personnes sont apparues à la télévision nationale, sur le programme "Aci" et ont été logées dans une résidence de la police. Elles ont été présentées comme étant les chefs kurdes les plus influents.
    Ces très respectables "chefs de clans kurdes" étaient: Ahmed Zeydan, Tahir Adiyaman, Kamil Atak, Ahdurrahman Özbek, Süleyman Tatar, Abdurrahman Seylan, Hazim Abat, Osman Demir, Ramazan Cetin, Dilbaz Uncu, Iskender Ertus et Hakki Tur.     Tansu Çiller se serait adressée à ces hommes, qui ont un long passé criminel, en disant: "nous allons résoudre la question de terrorisme ensembles". Des rapports prétendent qu'elle continua en leur garantissant que tous leurs besoins seraient satisfaits. Les "besoins" en question étaient des armes lourdes telles que des MG-3, BCX, des lanceurs de roquettes RP6, et des lances flammes. L'état refusa de satisfaire les demandes des chefs de clan en vue d'obtenir des "Howitzers" et des chars pour la police mais accorda des augmentations de salaire pour les gardiens de village, les milices locales stationnées dans les villages et les hameaux du sud-est.
    L'accident de Susurluk révéla que selon le code pénal turque, les haut fonctionnaires de l'état avaient commis un crime en accueillant les "chefs de clans favorables à l'Etat". L'article 296 du code pénal turc dit: "Quiconque connaît l'endroit où se sont réfugiés les condamnés ou les personnes recherchées sera emprisonné pour une durée de 3 à 5 ans s'il n'informe pas les autorités."
    L'ancien ministre des travaux public et du logement Serafettin Elçi qui était un proche témoin de ce meeting, définit plus clairement cette accusation: "Alors que le code pénal était si clair, il y avait parmi les invités des personnes qui étaient accusées d'assassinat et de trafic de drogue et qui étaient condamnées à mort et recherchées par les autorités."
    Il ajoute que Tansu Çiller et d'autres personnes présentes au meeting étaient parfaitement au courant de cette situation.
    "L'état doit être une institution légale et devrait maintenir sa sécurité par des moyens légaux," déclare Elçi. "Il ne devrait pas avoir besoin de collaborer avec des hors-la-loi. Si l'état résout ses problèmes par des activités illégales, son existence même devient sujette à discussion. L'état met sa crédibilité en danger s'il fait appel à des voies illégales telles que celles révélées par l'accident de Susurluk, et les citoyens seront alors sérieusement concernés. Les autorités qui ont des activités illégales sans en référer aux autorités supérieures devraient être démises de leur fonctions."
    Elçi dit également que l'Etat a pris la décision de collaborer avec les hors-la-loi en 1993.
    "La décision fut prise en 1993, de rares personnes en furent mises au courant avant le meeting. Vers 1993 le Conseil de sécurité nationale (MGK) fut informé de l'invitation de ces gens à Ankara et de l'aide qu'ils reçurent sous forme d'armes; en d'autres termes l'aide fournie à ces hors-la-loi fut approuvée et couverte par le MGK," rapporte Elçi.
    "Parmi les hors-la-loi amis de l'Etat, Tahir Yaman était accusé du meurtre de soldats et d'un témoin à charge en 1975 et serait toujours recherché, n'ayant pas été acquitté. Yaman a également déserté le service militaire. Il est dangereux pour l'état qu'un hors-la-loi menace les gens avec le soutien de l'Etat."
    Faisant état de ce qu'il y a eu de nombreux exemples depuis 1993 de relations telles que celles mises à jour par l'accident de Susurluk, Elçi dit que de nombreux ex-membres du PKK qui ont fait des aveux et été par conséquent utilisés dans des activités illégales par l'Etat.
    Elçi attire alors l'attention sur une déclaration de l'ex-ministre de l'intérieur Mehmet Agar.
    "Agar a confirmé qu'ils organisèrent des milliers d'opérations. Nul n'en fut informé. Il y a eu des milliers d'exécutions sommaires dans le sud-est et il est impossible que ceux qui sont responsables de ces milliers de meurtres ne puissent être trouvés. Si les meurtriers n'ont pas été trouvés, cela signifie que l'état les protège. Les meurtres non résolus peuvent être élucidés si l'état ne protège plus les assassins," dit-il.

    Qui est qui? Portrait des criminels amis de l'état

    • Tahir Adiyaman (Tribu Jirki): il a 350 gardiens de village armés et possède 8 villages. Il fut condamné pour le meurtre de 7 soldats dans son village en 1975. Un ordre de la cour pour son arrestation est encore effectif. Son nom fut mentionné en connexion avec le meurtre du témoin Abdurrahman Caduk le 16 décembre 1976 celui-ci avait survécu à l'incident dans lequel les soldats furent assassinés. Tahir Adiyaman a été recherché pendant 18 ans et a évité son service militaire. Il fut fugitif en 1993.     Pendant que Tahir Adiyaman échangeait des poignées de main avec les responsables de l'état, le procureur de la cour criminelle d'Isparta confirmait le 29 septembre 1993 par lettre officielle n° 988/22 que l'accusé était toujours cherché au nom de la loi.
    • Hakki Türe (Tribu Beyzade): La population de son village compte 500 personnes et il est à la tête de 70 gardiens de village armés. Il est notoire que son frère et son fils ont effectué de longs séjours en prison pour trafic de drogue.
    • Süleyman Tatar (Tribu Tatar): Il dirige 200 gardiens de village. Il ne possède aucun village. Il est notoire qu'il a été condamné pour un meurtre qu'il a commis, mais on ignore s'il a purgé sa peine.
    • Hazim Rabat (Tribu Baba): Il représente une famille de 1.500 personnes à Senoba, et dirige 80 hommes armés. Il est connu qu'un membre de son groupe Yakup Kara et lui même ont assassiné le maire de district Hilal et 4 de ses hommes en 1990 au cours d'une querelle sanglante entre les familles.
    • Ahmet Benek (Tribu Benek): Il fut condamne par la cour de sécurité de l'état de Malatya en 1986 pour trafic de drogue et encourus 10 années d'emprisonnement. Il avait été incarcéré dans les prisons de Malatya et de Mardin jusqu'à sa libération suite au changement de la loi pénale en 1991.

    Çiller: défenseur des forces répressives obscures.

    Tansu Çiller, s'adressant au groupe parlementaire DYP le 26 novembre 1996, défendit publiquement Abdullah Çatli dans les termes suivants: "J'ignore s'il était coupable ou non. Néanmoins ceux qui ont tiré ou qui ont été touchés par balles pour l'état sont commémorés avec tout les honneurs. Ils nous inspirent le plus grand respect".
    Le 27 décembre 1996, Çiller rapporte que les forces de police ont été récemment l'objet d'une "campagne de diffamation".
    "Aucun incident ne peut entamer votre courage. Vous amènerez ces traîtres qui essaient d'éliminer le réflexe de défense de cet état à baisser la tête," dit encore Çiller. Çiller s'adressa aux étudiants de l'académie de police à Gölbasi, Ankara. Elle rapporte qu'une campagne de diffamation contre les forces de police a atteint des proportions incroyables et exprime le regret que les forces de police aient eu à endurer ceci.
    Le vice-premier ministre poursuivit, "ceux qui n'assument aucune responsabilité face à tous les problèmes de ce pays déshonorent les responsabilités que vous avez assumées et accomplies courageusement. Ceci ne devrait pas heurter votre sens moral. Ce ne sont pas eux qui vous ont donné votre ordre de mission. Ce sont les lois, l'état, et votre amour de la nation et du pays qui vous ont assigné cette mission. Je suis ici en qualité de haute responsable de la nation pour vous dire que notre état et la nation sont fières de vous."
    Çiller dit, "nous souhaitons rétorquer à ceux qui essaient de juger votre honorable combat aujourd'hui: arrêtez tout et faites attention à ce que vous dites". Elle ajouta qu'elle même et ses collègues ne donneraient aucune chance aux ennemis de la Turquie, peu importe la façon dont ils agissent, quel fusils ils emploient et avec quels ennemis ils ont collaboré.
    Çiller a dit qu'elle continuerait à soutenir les forces de police avec la détermination qui a été la sienne par le passé.

"ÇILLER S'EST ENTRETENUE AVEC ÇATLI"

    Le quotidien Cumhuriyet rapporte le 12 décembre 1996 que la cour de sûreté de l'état d'Istanbul, qui examine les allégations relatives aux gangs d'état déclenchées par l'accident de Susurluk, est en possession d'une déclaration qui incrimine Özer Uçuran Çiller, le mari de la leader du DYP et ministre des affaires étrangères Tansu Çiller.
    Selon cette déclaration, Özer Çiller et Çatli auraient échangé plusieurs conversations téléphoniques. La cour essaie de déterminer s'il y a des enregistrements téléphoniques qui corroborent ces plaintes.
    Par ailleurs, il est rapporté que le député DYP Mehmet Agar, qui démissionna comme ministre de l'intérieur à la suite de l'incident de Susurluk a signé non pas un seul mais bien deux documents permettant à Çatli, alias Mehmet Özbay, d'obtenir un port d'arme en tant "qu'expert de la police". Agar rejeta cette allégation. Un fonctionnaire déclara que les fusils trouvés dans la Mercedes du député DYP, Sedat Bucak, lorsque celle-ci s'écrasa contre un camion à Susurluk, appartenaient au département des forces spéciales.
    S'exprimant au parlement le 18 décembre, le principal leader de l'opposition ANAP, Mesut Yilmaz, fit référence au conte d'Ali-baba et les 40 voleurs, en disant "la tête des 40 voleurs est le vizir du pays" en référence à Tansu Çiller.

LES RELATIONS ENTRE ÇATLI ET LA CIA

    Selon l'hebdomadaire Aydinlik du 8 décembre 1996, le journaliste français Jean-Marie Stoerkel rapporte qu'il avait pu déterminer sans aucun doute possible l'appartenance aux services secrets occidentaux de Abdullah Çatli et Oral Celik, tout deux impliqués dans une tentative d'assassinat contre le pape.
    Selon lui, Çatli et Celik avaient été en contact avec un autre Turc, Bekir Celenk, qui lui-même travaillait avec Henry Arsan, un homme qui collaborait avec la CIA et avec certaines organisations secrètes, des groupes fascistes et des gangs terroristes en Italie.
    Selon Stoerkel les faux papiers d'identité de Çatli provenaient de France et l'argent dont il avait besoin d'Allemagne. Mais c'était l'organisation secrète italienne notoire Gladio qui l'amena aux États Unis.
    Stoerkel enquêta sur Abdullah Çatli et d'autres membres de ladite "mafia de l'aile droite" en Europe depuis la tentative de meurtre sur le pape Jean-Paul II.

LES ISLAMISTES ONT SAUVE CILLER D'ETRE JUGÉE DEVAN LA COUR SUPRÊME

    Une commission parlementaire chargée d'enquête sur les sources de la richesse douteuse du vice-premier Tansu Ciller a décidé le 15 janvier 1997 de ne pas l'envoyer à la coure suprême avec la vote des huit députés des partis de coalition contre sept députés d'opposition.
    De même façon, deux autres commission parlementaires chargées d'enquêter les irrégularités de Ciller dans les affaires de TOFAS et TEDAS ont bloqué les poursuites judiciaires contre le vice-premier. Ces deux commissions étaient elles aussi dominée par les députés de la coalition.
    Le parlement turc avait engagé en 1996 la plus vigoureuse "activité de vérification" de son histoire. Une série de "recherches" parlementaires et de commissions "d'enquête" ont été formées pour investiguer sur les assertions d'irrégularités qui ont préoccupé le public tout au long de l'année. Mais à la fin, les commission d'investigation, dont les trouvailles pouvaient avoir fait comparaître certains politiciens devant la cour suprême, a failli à atteindre les résultats escomptés.
    Au cours de la première partie de 1996, les leaders des partis politiques se sont âprement critiqués les un les autres. Le RP spécialement a mis sur l'agenda les un après les autres des dossiers d'irrégularités dirigés contre le leader du DYP Tansu Ciller. Le RP, à cette époque dans l'opposition, a demandé au parlement de former trois commissions d'investigation pour investiguer ces dossiers. Et, avec le soutien des autres partis d'opposition, ils sont arrivés à leur but.
    En représailles, le DYP a mis sur l'agenda d'une commission spéciale les affirmations d'après lesquelles il y aurait un lien financier illégal entre le parti du bien-être (RP) et Süleyman Mercümek, qui est en procès pour avoir manqué d'envoyer les fonds collectés pour aider la Bosnie aux organisations relevantes.
    A cette époque, la coalition DYP-ANAP était au pouvoir. L'ANAP soutenait les motions du RP pour des enquêtes sur les affirmations dirigées contre le partenaire de la coalition Ciller. Ceci a indisposé Ciller et fait éclaté la coalition DYP-ANAP qui s'était formée avec tant de difficulté.
    Et ensuite, le leader du DYP a formé un gouvernement de coalition avec le RP, le parti qui avait mené la démarche contre elle au parlement. Ceci a effectivement anéanti la possibilité qu'elle soit envoyée devant la cour suprême. Dans la seconde moitié de l'année, les députés du RP ont uni leurs forces avec les députés du DYP pour laver Ciller des accusations de leur propre parti devant les commissions d'enquête.
    Avec l'effondrement de ce coalition DYP-ANAP, les députés du DYP ont déclaré que le leader de l'ANAP Mesut Yilmaz était responsable pour les irrégularités de l'Emlakbank, c'est-à-dire, la banque de crédit au logement de l'Etat. Une commission d'enquête a été formée pour se pencher sur cette question. Une commission a aussi été constituée qui tiendrait Sinasi Altiner pour responsable des irrégularités dans l'attribution des projets TEDAS comme ministre de l'énergie de la période en question.
    Les cinq comités d'enquête formée dans la première moitié de l'année ont commencé par "acquitter" les leaders impliqués les uns après les autres dans la seconde moitié de l'année. Selon la constitution, un commission d'enquête parlementaire ne peut être mise sur pied que si un ministre ou un premier ministre avait commis un délit au cours du terme de son office. Sur base des trouvailles d'une telle commission, un premier ministre ou un ministre peut-être traduit devant un tribunal. Le rapport de la commission doit être débattu en assemblée générale du parlement et la personne en question devrait être renvoyée en cour suprême si un minimum de 276 députés sur 550 au total votent dans cette direction.
    Le travail d'investigation procède lentement dans les commission TEDAS et TOFAS qui implique Ciller jusqu'au moment venu pour ces commission de faire leurs rapports. Chacune de ces commissions se composait de 15 membres, dont huit étaient des partis au pouvoir, c'est-à-dire, le RP et le DYP, trois partis d'opposition, en l'occurrence, l'ANAP, le DSP et le CHP, se sont partagés entre eux les sept sièges restants.
    Les députés du RP et du DYP ont voté en faveur de Ciller en bloc. Les deux commissions ont rejeté même l'allégation que Ciller avait été coupable de négligence de ses devoirs. Grâce au soutien de son partenaire de la coalition, Ciller a évité d'être jugée devant la cour suprême dans ces deux affaires. Entre-temps, la troisième commission impliquant Ciller, c'est-à-dire, celle investiguant ses avoirs, doit compléter ses travaux le 20 janvier et présenter son rapport. L'attitude des députés RP dans la commission terminera le résultat du vote.
    Ont aussi été formées en 1996 de nombreuses commissions de recherches pour informer le parlement sur divers sujet. L'une de celles-ci a été formée avec le but de déterminer ce qu'un membre du RP, Süleyman Mercümek, réputé comme "caissier secret du RP", avait fait avec les milliards de lire récolté dans la population comme donations pour la Bosnie. Après un certains temps de recherche, elle a déterminé qu'il y avait en effet "un lien organique" entre Mercümek et le RP. Dans ce cas, les députés du RP et DYP ont inversé leur rôles. Cette fois, les membres du DYP dans la commission ont soutenu les membres du RP qui ont cherché un amendement au rapport de la commission. Le RP a été effectivement sauvé d'être envoyé au tribunal.

ÇATLI ÉTAIT À CHYPRE AVEC TOPAL

    Le quotidien Radikal du 19 décembre 1996 rapporte qu'Abdullah Çatli, trafiquant de drogue notoire et tueur à gage probable, s'envola vers Chypre dans le même avion que le "Roi des casinos" Ömer Lütfü Topal qui fut assassiné à Istanbul le 28 Juillet 1996.
     Selon un article dans le quotidien Yeni Düzen, une publication chypriote turque, Çatli et Agar arrivèrent dans la République turque de la Chypre du nord le 26 avril 1996, et Çatli consacra l'essentiel de son temps aux installations de jeux de hasard à Girne (Kyrenia) s'intéressant spécialement aux "Oscar Casinos" dont la gestion était en crise. Çatli quitta Chypre le 1er mai et Topal le 2.
    Le ministère turc de l'intérieur annonça récemment que les empreintes digitales de Çatli furent découvertes sur le barillet de l'une des armes utilisées pour le meurtre de Topal.

LES FORCES DE SÉCURITÉ IMPLIQUÉES DANS DES ACTES CRIMINELS AU KURDISTAN

    Le correspondant spécial du Washington Post Kelly Couturier, rapporte le 27 novembre 1996: "Yüksekova… cette ville sablonneuse, balayée par le vent près de la frontière iranienne est située loin dans la zone de guérilla du sud-est de la Turquie. Une belle région montagneuse, rude, qui a été frappée par 12 années de conflits armés entre les forces gouvernementales et les séparatistes kurdes.
    "Comme beaucoup d’autres villes du sud-est de la Turquie, Yüksekova est remplie d’anciens habitants des villages qui sont venus ici après avoir perdu non seulement leurs proches mais leurs habitations et leurs gagne-pain dans cette guerre. Plus de 21.000 personnes ont été tuées dans la campagne du gouvernement contre le PKK. Un conflit qui coûte à Ankara des milliards de dollars et en est arrivé à toucher toute les faces de la politique turque, de l’économie jusqu’aux relations extérieures.
    "Et comme partout dans cette région il y a des gens qui font des cauchemars de meurtres, de torture, de kidnappings et autres crimes contre eux où leur familles qui les laissent tendus et méfiants. Les deux protagonistes de cette guerre ont commis des abus contre les droits de l’homme à l'encontre des populations civiles. Les responsables des droits de l’homme disent malgré les démentis que les forces de sécurité se sont livrées à des excès.
    "Mais ici à Yüksekova, les autorités ont récemment dénoncé un gang qui comprend plusieurs membres des forces de sécurité spéciales de lutte anti-insurrectionnelle, de contingents de gardiens de village arrêtés pour avoir été mêlés à un cas de kidnapping et d’extorsion. Dans un développement tout à fait inhabituel, un groupe de légistes comprenant un éminent ex-ministre de cabinet, demande une enquête gouvernementale pour déterminer 'l’importance exacte de l'implication des forces de sécurité' dans le gang que les légistes disent mêlé à des meurtres, des extorsions et un trafic de drogue.
    "Deux rapports des légistes, citants des témoins oculaires, mettent en avant l’implication d’un officier des forces armées dans le gang. Selon son ancien commandant de brigade, 'aucune charge n’est retenue à l'encontre du Maj. Mehmet Emin Yurdakul cité dans ce rapport' (celui-ci fut transféré à une fonction à l’étranger).Le rapport des légistes dit que le commandant de Yurdakul le décrit comme un soldat 'très efficace' et dément toute allégation à une quelconque responsabilité du major dans des actes répréhensibles.
    "Mais Ercan Karakas, ex-ministre de la culture et un des auteurs du rapport dénonce qu'il s’agit d'une couverture du gang de Yüksekova visant à protéger les officiers de haut rang pouvant être impliqués. 'Il est clair que des militaires doivent avoir été mêlés d'une façon où d'une autre dans le gang', a déclaré récemment Karakas en son bureau de l’Assemblée Nationale.
    "De telles accusations contre les forces de sécurité par des membres de l’assemblée sont extrêmement rares étant donné les privilèges et le pouvoir des forces armées turques considérées par beaucoup comme l’institution la plus respectable du pays. D’autres personnes ayant émis des accusations similaires, y compris des groupements juridiques et des journalistes ont été accusés par les officiels de l’état de répandre la propagande du PKK et ont souvent abouti en prison.
    "Le gouvernement a été soutenu largement par la population turque et la presse des courants principaux dans sa campagne militaire contre le PKK qui commença sa lutte pour un état indépendant kurde en 1984. Bien qu’ils se soient montrés critiques vis à vis des infractions à l’encontre des droits de l’homme commises par le gouvernement, les États-Unis ont soutenu la Turquie dans sa lutte contre les actes de terrorisme du PKK. Mais au fur et à mesure que la guerre se poursuit, l’état ne semble plus être protégé contre les critiques dans sa lutte anti PKK, telle qu'elle le fut antérieurement.
    "Karakas, membre du parti populaire républicain d’opposition déclara qu’il y a un groupe de pression en Turquie qui est fermement opposé à l’idée de mettre fin au conflit du sud-est car nombreux sont ceux qui en retirent beaucoup d’argent.
    "Les nombreux abus à l’encontre des droits de l’homme qui ont été perpétrés par les forces de sécurité dans le sud-est, y compris en ce qui concerne le gang de Yüksekova, sont attribués aux forces anti-insurectionnelles et aux gardiens de village enrôlés par le gouvernement pour faire face aux besoins d’un conflit de guérilla. Selon Karakas, un nombre important de membres des équipes spéciales et des gardiens de village ont des antécédents criminels.
    "D’après le rapport, dans le cas du kidnapping qui fit découvrir le gang de Yüksekova, un coup de téléphone des kidnappeurs qui se faisaient passer pour des membres du PKK fut localisé dans le quartier général d'une équipe spéciale locale.
    "Le système des gardiens de village en particulier a été lourdement critiqué par les groupes de droit pour avoir mis les villageois devant un dilemme: ou rejoindre les gardes et risquer d’être tué par le PKK qui prenaient fréquemment pour cible des gardiens de village et leurs familles, ou refuser de s’engager et risquer des représailles des forces de sécurité.
    "Selon les témoignages des groupes de droit et d’autres, les problèmes commencèrent pour beaucoup de villageois du sud-est lorsque les forces de sécurité entrèrent dans les villages et posèrent un ultimatum aux hommes: devenez gardiens de village ou nous vous évacuerons et/ou détruirons votre village.
    "Selon le rapport des juristes, c'est ce qui arriva à Abdullah Canan, homme d’affaire aisé d'un village près de Yüksekova.
    «D’après le rapport et les comptes rendus de ses proches, Canan avait entrepris des poursuites contre les membres des forces de sécurité qui avaient détruit plusieurs maisons dans son village après que les hommes aient refusé de devenir gardiens de village.
    «Selon le rapport des légistes, Canan fut sommé par le Maj. Yurdakul de retirer sa plainte contre les forces de sécurité. Canan ne s’exécuta pas et il disparut. Son corps mutilé fut retrouvé un mois plus tard.
    "'Ce qui me tourmenta le plus, ce furent les traces de torture sur son corps,' déclara Vahap, le fils de Canan récemment à Yüksekova. On avait entaillé des parties de son visage et de ses oreilles. Des bouts de ses doigts avaient été brûlés par des décharges électriques. On lui avait tranché la gorge et glissé sa carte d'identité à l’intérieur,' dit-il. 'Un acte très professionnel'.
    "Le rapport des légistes accuse le 'gang en uniforme' de Yüksekova de la mort de Canan et réclame une enquête de l’assemblée nationale sur les meurtres extra judiciaires dans le sud-est. Il y en a eu des centaines selon les groupes de droit".

ALORS QUE LES GANGS SONT LIBRES, LES TRIBUNAUX CONDAMNENT DES LYCEENS À L’EMPRISONNEMENT.

    Alors qu’une série de gangs opèrent librement dans le pays, des personnes dans la tranche d’âge de 19 à 25 ans et pour la plus part des étudiants d’une école secondaire de la ville de Manisa en région Égéenne, furent condamnées le 17 janvier 1997 à des peines de prison allant de 2 ans et demi à 12 ans et demi pour appartenance à une organisation de gauche illégale.
    Ils sont restés en état d'arrestation durant presque une année.
    Il n’y avait aucune "preuve évidente" autre que leur "aveux" et il a été déterminé que tous les 10 avaient été soumis à la torture durant leur détention.
    En fait, les policiers concernés ont été inculpés mais les tribunaux ne les ont pas encore condamnés.
    Les avocats qui défendent les étudiants disent que toute l’affaire a été une mise en scène.

    La cour turque libère un autre terroriste d'extrême droite

    Oral Celik, un militant d'extrême droite, accusé de complicité dans la tentative d'assassinat contre le pape Jean-Paul II et l'assassin d'un journaliste turc a quitté la prison en homme libre le 22 janvier suite à une décision de la cour provinciale.
    Celik extradé en septembre 1996 de Suisse où il purgeait sa peine pour trafic de drogue a ensuite été relâché par une autre cour qui l'avait condamné pour le meurtre d'un journaliste il y a 20 ans.
    Le terroriste suspect a été accusé d'avoir organisé la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II en mai 1981, mais la justice italienne qui condamna le ressortissant turc d'extrême droite Mehmet Ali Agca à l'emprisonnement à vie pour avoir blessé le souverain pontife, fut incapable de prouver sa complicité.
    La surprenante libération de Celik eut lieu juste quelques mois après la mort du terroriste turc N°1, Abdullah Çatli dans un accident de voiture qui mit à jour de scandaleuses connections entre les chefs de la police turcs, des magnats du crime et des politiciens véreux. Celik était un des principaux complices de Çatli.

SIÈGE AU DISTRICT KURDE DE LICE

    La branche Diyarbakir de l’association de défense des droits de l’homme (IHD) rapporta le 26 décembre 1996 que les habitants du district de Lice subissaient une intense pression de la part des autorités depuis une semaine.
    Selon les rapport les incidents ont fait suite à une visite au district le 11 novembre de fonctionnaires de Diyarbakir conduit par le commandant de la gendarmerie provinciale de Diyarbakir, et cela chez 67 responsables de villages.
    Les fonctionnaires exprimèrent leur déception suite au fait qu’aucune personne du district ne se soit présentée pour exercer la fonction de gardien de village. Ils demandèrent aux responsables des villages de préparer une liste de noms de personnes susceptibles de devenir gardiens de village. Les responsables refusèrent, arguant que joindre les gardiens doit être un acte volontaire.
    Durant un raid militaire à Lice le soir du 20 décembre toute la population mâle entre 20 et 60 ans, environ 2.500 hommes furent amenés sur l’aire de stationnement de la gendarmerie. Les résistants furent selon le rapport battus à coup de crosse et les malades furent tirés de leur lit. Un officier supérieur de l’armée informa la foule que 100 d’entre eux seraient affectés aux gardiens de village et s’ils refusaient, aucun d’entre eux ne quitterait le terrain.
    Le maire de Lice s’adressa également aux hommes, leur disant qu'il fournirait nourriture et aide durant le ramadan aux familles de ceux qui deviendraient gardiens de village. Les plus âgés et les employés des services officiels furent relâchés, et les autres furent menacés jusqu’à l’aube du 21 décembre afin d’accepter la fonction de gardiens de village "volontairement". Sept autres personnes furent selon le rapport battues.
    Le 22 décembre, les détenus furent battus et soumis de force à un entraînement militaire. Les gardiens de village nouvellement "recrutés" furent relâchés le 24 décembre avec des fusils et 7 hommes blessés furent soignés à leur domicile.
    Les gardiens de village sont des forces paramilitaires dans les zones troublées du sud-est. Il s’agit de civils armés s’opposant aux guérillas du PKK. Le nombre exact de gardiens de village est inconnu mais un des noms controversé impliqué dans l’accident de Susurluk, le député Urfa (DYP), Sedat Bucak aurait contrôle selon les rapports 15.000 de ces hommes armés dans le seul district de Siverek à Urfa.
    Il y a eu de nombreux rapports ces 10 dernières années faisant état d’enrôlement forcés de la population, à majorité Kurde, dans les forces de sécurité.
    Lice est réputée être un bastion du parti pro-kurde: parti démocratique du peuple (HADEP) et a été sujette à de semblables pressions par le passé. Des parties importantes de la ville furent brûlées par les forces de sécurité à la fin du mois d’octobre 1993 et une partie de la ville fut évacuée.
    La population a été réduite de plus de 10.000 en 1993, à un peu plus de 2.500 âmes aujourd’hui. Le district est fragilisé par les pressions continuelles des autorités et les incidents récents ne peuvent qu’accroître les tensions d’avantage encore pour les habitants restants.
    Les branches de Diyarbakir et d'Istanbul de l'Association des droits de l’homme (IHD), la fondation de Lice pour la culture et la solidarité et la fondation Solidarité  à Istanbul, HADEP et la confédération des syndicats progressistes (DISK) ont officiellement émis des protestations contre les récentes actions gouvernementales à Lice.
    Le juriste Mahmut Sakar, président de la IHD de Diyarbakir a déclaré le 26 décembre que Lice est devenue un camp de concentration.
    Sakar dit que la IHD essaya de contacter le gouverneur de Lice concernant les incidents mais on leur rétorqua que le gouverneur était en repos et que le commandant de la gendarmerie faisait office de gouverneur de district.
    Il ajoute que l’administration, qui est censée être civile, a été prise en flagrant délit ce qui prouve que le sud-est n’est pas gouverné par des autorités civiles mais par les militaires.
    La branche d’Istanbul du HADEP dénonce "l’horreur qui s’est abattue sur les habitants de Lice" dans un communiqué écrit. La déclaration de HADEP clame que l’état menace le droit à la vie et à l’habitation de la population de Lice.     Le communiqué poursuit: "Le gouvernement Refah-Yol, qui est incapable de surmonter le scandale de Susurluk, cherche à présent à se venger des habitants de Lice. Plutôt que d’amener les gang devant la justice, ils menacent la vie du peuple Kurde par la violence."
    La déclaration du HADEP dénonce que le système des gardiens de village est corrompu. "Il est impossible de réaliser la paix et la démocratie par des gardiens de village, des assassins nationalistes, des équipes spéciales et de trafiquants de drogue. La para-militarisation et la persécution dans la région devraient être arrêtées immédiatement."
    Le secrétaire général de la DISK Kemal Daysal proteste également contre les tentatives de para-militarisation forcées à Lice, affirmant: "il a été mis en lumière récemment comment certains tribus de la région utilisent les infrastructures de l’état pour leur propre satisfaction dans l'illégalité et comment ils commettent toute sorte d’actes criminels. C’est une grande erreur de s'obstiner dans le système des gardiens de village au moment même où l’aspect frauduleux de ce système est prouvé."
    La branche d’Istanbul du IHD fait remarquer que les fonctionnaires civils, y compris le maire de Lice sont impuissants face aux autorités militaires. Les déclarations d’IHD rapportent que durant les troubles d’octobre 1993 dans la région, même les députés parlementaires n’avaient pas accès à la région.
    Le président de La Fondation de Lice pour la Culture et la Solidarité Tahsin Ekinci dit à la conférence de presse de qu’il ferait un procès à la cour pour les récents incident s à Lice.

ERBAKAN CÈDE DEVANT LES MILITAIRES QUI DÉMETTENT DES OFFICIERS ISLAMISTES DE LEURS FONCTIONS

    Le conseil supérieur militaire présidé par le premier ministre islamiste Necmettin Erbakan a décidé le 10 décembre 1996 de démettre de leurs fonctions 69 officiers des forces armées turques, comprenant 58 islamistes.
    Trente-trois officiers et trente-six sous-officiers ont été renvoyés par l'organe militaire le plus haut. Cinquante-huit des personnes renvoyées ont été accusées d'avoir été impliquées dans des activités islamistes. Sept parmi celles-ci ont été renvoyées pour des problèmes de discipline et quatre pour avoir été impliquées dans des activités séparatistes.
    Une source militaire rapporta au TDN que Erbakan, en tant que président du conseil approuva la décision de renvoyer les fondamentalistes sans faire d’objection.
    En Août, 50 militaires comprenant 18 officiers avaient été renvoyés des forces armées turques par le même conseil pour des raisons similaires. Après la dernière décisions, le nombre de personnes qui ont été renvoyées des forces armées turques en 1996 s’élève à 119.
    Les députés RP furent contrariés par le fait que la décision du conseil à cet effet porte la signature du président RP et premier ministre Necmettin Erbakan.
    Le député RP Halil Ibrahim Celik dit "le RP est devenu l’outil d’une exécution sans jugement. Dans une société démocratique il ne peut y avoir de décision en dehors des instances judiciaires. L’article 125 de la constitution conduit à la constitutionnalisation de l’exécution sans jugement. Si les personnes expulsées de l’armée ont commis des crimes, les faits portés à leur charges doivent être jugés par les cours et ils doivent être condamnés s’ils sont reconnus coupables. Expulser ceux qui ne sont pas coupables par une décision du conseil supérieur militaire serait une exécution sans procès. Pour cette raison, je proteste vigoureusement contre l'expulsion de l'armée d’officiers et de sous-officiers, sur la base d’une décision du conseil supérieur militaire."
    Celik dit aussi que le chef d'état-major devrait être rattaché au ministère de la défense et que Conseil de sécurité nationale (MGK) devrait être immédiatement dissoute.

LE CHEF DE L'ARMÉE TURQUE MENACE LES OPPOSANTS AU RÉGIME

    Le chef d'état-major le général Ismail Hakki Karadayi a de nouveau averti que toute tentative de renverser la laïcité et toute déviation par rapport aux principes fondateurs d'Atatürk était "complètement inacceptable" et devrait faire face à la puissance des forces armées turques.
    Parlant à Anadolu, un magazine mensuel turc publié à Bruxelles, Karadayi a dit que les militaires ne toléraient aucune action visant à saper le caractère séculaire et démocratique de la république.
    Le général Karadayi a dit que le succès dans la lutte militaire contre la terreur séparatiste ne devrait pas désillusionner le peuple turc et le faire croire que la menace a été complètement éradiquée. Il a dit que la terreur ne serait exterminée entièrement qu'au travers d'une combinaison de mesures militaires et non-militaires appliqués simultanément.
    Karadayi a aussi averti les ressortissants turcs vivant à l'étranger de garder l'oeil ouvert sur les activités des organisations séparatistes. Il a répété l'affirmation selon laquelle le PKK et d'autres groupes terroristes seraient connus pour financer leurs activités en partie par l'extorsion d'argent des ressortissants turcs travaillant en Europe.
    Dans sa déclaration, Karadayi a dit qu'il croyait que la Turquie deviendrait éventuellement un membre à part entière de l'Union européenne sans quoi l'exclusion de la Turquie serait au détriment à la fois de l'union européenne et de l'OTAN.
    "Je trouve très difficile de voir la Turquie travailler efficacement comme membre de l'OTAN si elle n'est pas admise comme membre à part entière de l'union européenne," a dit le chef d'état-major.

TROIS NOUVEAUX PARTIS POLITIQUES EN TURQUIE

    Récemment, trois partis politiques sont entrés sur la scène politique de la Turquie: Le parti démocrate de Turquie (DTP), le parti démocratique de masse (DKP) et le parti de la paix (BP). Désormais le nombre de partis politiques dans le pays s’élève à 35 mais 7 d'entre eux seulement sont représentés au parlement à cause de la loi électorale antidémocratique.
    Depuis la fin du régime militaire durant lequel toutes les organisations politiques furent bannies dans les années 80, la Turquie a eu une expérience des partis politiques assez fructueuse. Depuis 1983, 92 partis politiques ont été établis dans le pays, mais 11 partis de gauche ou kurdes ont été dissous par la cour constitutionnelle sur base de leur programme non conforme à la constitution imposée par les militaires en 1982.
    Selon des données communiquées par le procureur général de la cour d’appel, le parti démocrate nationaliste (MDP) mené par Turgut Sunalp, ancien général, fut le premier parti soutenu ouvertement par les militaires après les coup d’état de 1980. Le parti décida de sa dissolution 3 ans après leur apparition sur la scène politique.
    Le parti de la mère-patrie (ANAP), alors mené par Turgut Özal, suivit le MPD et survécut parmi une multitude de partis politiques. Actuellement, l’ANAP est le principal parti d’opposition.
    Seulement 35 des 92 partis ont survécu. Onze d’entre eux ont été dissout par la cour constitutionnelle. Voici ci-dessous, les partis principaux qui ont préservé leur existence politique:
    Le parti du bien être (RP), le parti de la mère-patrie (ANAP), le parti de la juste voie (DYP), le parti d'action nationaliste (MHP), le parti de la nation (MP), le parti de la gauche démocratique (DSP),  le parti ouvrier (IP), le parti républicain du peuple (CHP), le parti de la renaissance (YDP), le parti démocratique (second à porter ce nom), le parti ouvrier socialiste de Turquie (TSIP), le parti de la grande unité (BBP),le parti du pouvoir socialiste (SIP), le nouveau parti (YP), le parti de la voie principale (AYP), le parti démocratique du peuple (HADEP), le parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP), le parti libéral démocratique (LDP), le nouveau mouvement démocratique (YDH),le grand parti de la justice (BAP), le parti de la justice (AP), le parti de la justice de Turquie (TAP), le parti ouvrier révolutionnaire (DIP), le parti de la démocratie et de la paix (DBP), le parti du travail (EP), le parti de la grande Turquie (BTP), le parti ouvrier socialiste (SIP), le mouvement démocratique de la paix (DBH), le parti des travailleurs (EMEP), le parti de la paix (BP), le parti démocrate de Turquie (DTP) et le parti démocratique de masse (DKP)
    D’autres partis complètent la politique turque, tels que le parti appelé "la Turquie est heureuse avec ses invalides" et "le parti du Sultan", conduit par un homme dont le nom est Sultan.
    D’autres part ,des partis appelés "partis bidons" ont contribué à l’abondance de partis politiques durant la période post-83. Il y a eu 21 "partis bidons» depuis lors. Ils furent habituellement utilisés pour faciliter le transfère des parlementaires parmi les partis. Certains d’entre eux se sont même dissolus eux-mêmes le jour de leur création.
     Actuellement, le RP, ANAP, le DYP, le DSP, le CHP, le BBP et le DTP ont des représentants au parlement.
    Depuis 1983 lorsque le processus parlementaire fut rétabli, 11 partis ont été bannis de la politique par la cour constitutionnelle. Il s’agit de: le grand parti d’Anatolie (BAP), le parti socialiste (SP), le parti vert (YP), le parti du peuple (HP), le parti communiste uni de Turquie (TBKP), le parti du travail du peuple (HEP), le parti de la liberté et de la démocratie (ÖZDEP), le parti de la Turquie socialiste (STP), le parti de la démocratie (DP), le parti démocratique (DP), le parti de la démocratie et de la transformation (DDP).
    Simultanément, des procédures légales pour interdire le parti démocratique du peuple (HADEP), le Mouvement Démocratique de la Paix (DBH), le parti du travail (EP) et le parti de la résurrection (YDP) sont en cours.

    DTP: SCISSION DU DYP DE ÇILLER

    L’effort effectué pendant 4 mois par des députés qui ont démissionné ou ont été expulsés du parti de la juste voie (DYP) durant la présidence de Tansu Çiller et le groupe connu sous le nom de "Les déçus" pour former un nouveau parti a abouti le 7 janvier 1997. La requête pour la création du parti de la Turquie démocrate (DTP) présidé par l'ancien président du parlement Hüsamettin Cindoruk fut soumis au ministère de l'intérieur.
    Dans une déclaration à la presse de la part des fondateurs du nouveau parti, Cindoruk déclara qu’ils atteindraient bientôt le nombre minimum de 20 députés nécessaires pour former un groupe au parlement.
    Le DTP dont le programme comprend la lutte contre les manoeuvres malhonnêtes de Çiller, une réorganisation de la structure de l’état, vise à établir un système législatif bicaméral et des élections présidentielles à deux tours, l'élimination des élections partielles et la réduction du nombre de ministres à 22.

    DKP: UN NOUVEAU PARTI PRO-KURDE

    Un nouveau parti pro-kurde est entré sur la scène politique, alors que l'ancien ministre du logement Serafettin Elçi et un groupe d'ex-parlementaires déposaient leurs documents au ministère de l’intérieur le 3 janvier 1997.
    Le nouveau parti appelé le parti démocratique de masse (DKP), tentera de résoudre le problème kurde par une politique modérée contrairement à ses prédécesseurs plus radicaux comme le parti des travailleurs du peuple (HEP) et le parti de la démocratie (DEP) qui avaient antérieurement été supprimés, et le parti démocratique du peuple (HADEP), qui est menacé d'être dissout par la cour constitutionnelle.
    Elçi, censé suivre une ligne politique similaire à celle du parti démocratique du Kurdistan (KDP) de Massoud Barzani au nord de l'Irak déclara que le problème kurde serait résolu malgré tous les troubles.
    "Le DPK est un mouvement politique dont l'objectif principal est d'apporter une solution au problème kurde. Jadis on fit la promesse aux Kurdes qu’ils bénéficieraient de tous les moyens fournis par l'état. Mais plus tard ces engagements ne furent pas respectés et les Kurdes furent soumis à une politique qui visait à modifier leur identité et à les empêcher d'exister en tant que tels. Nos caractéristiques principales sont la volonté d’utiliser des méthodes démocratiques et le refus de la violence," déclarèrent les fondateurs du DKP.

    BP: SECOND ESSAI DE CRÉER UN PARTI DES ALEVIS.

    Suite à une action de la cour constitutionnelle pour supprimer le Mouvement Démocratique de la Paix (DBH) car on lui reprochait d'avoir un  programme opposé au rôle du Département des Affaires Religieuses, d’ancien membres ont créé un autre parti suivant les mêmes lignes que le DBH
    Le nouveau Parti de la Paix (BP) fut officiellement établi quand l’ex-président Mehmet Eti déposa les documents du parti au ministère de l'intérieur le 8 décembre 1996. Eti démissionna du DBH il y a deux semaines et est un des membres fondateurs du BP.
    Eti déclara que le BP suivrait une ligne démocratique qui respecterait les droits de l’homme et un état basé sur la loi. Il ajouta que le programme du nouveau parti n'inclura pas ce qui dans le programme de l’ancien parti concernant la direction des affaires religieuses.
    Le fondateur du DBH Ali Haydar Veziroglu, est aussi un des membres fondateurs et briguera la présidence du parti en même temps que Eti.
    La présidence du DBH, comprenant Veziroglu et Eti, décida de ne pas dissoudre celui-ci. Ils ont actuellement décidé de démissionner et de laisser la présidence du DHP à d’autres. Le DBH a l'intention de défendre son cas devant la cour constitutionnelle.

    TÜRK-IS ENVISAGE DE FORMER UN NOUVEAU PARTI

    Semsi Denizer, secrétaire général de la Confédération des Syndicats de Turquie (Türk-Is) dit que les actuels partis politiques furent incapables de résoudre les problèmes du pays et que les citoyens réclament la formation d’un nouveau parti. Ceci fut rapporté par l’agence Anadolou le 12 décembre 1996.
    "Le public a perdu l'espoir suite aux récents développements politiques dans le pays et, mis en face d’un vide politique, souhaite que Türk-Is comble ce vide," dit-il.
    Notant que ce projet fut évalué le 3 décembre durant un meeting du conseil d’administration de Türk-Is, Denizer déclara que les personnes présentes étaient en faveur de la création d'un nouveau parti politique. Se référant à l’amendement à la constitution de l’année dernière qui accordait aux syndicats la possibilité d’entrer dans le monde politique, il déclare que la confédération envisageait sérieusement cette possibilité.

LA MANIFESTATION DE TÜRK-IS AMÈNE DES MILLIERS DE PERSONNES À ANKARA

    La colère des travailleurs concernant la corruption de l’état largement répandue, le faible niveau de leurs revenus, le non respect de leurs droits sociaux ont attiré le 5 janvier 1997 dans les rues d'Ankara une manifestation de masse organisée par la plus importante confédération de syndicats.
    Plus de 100.000 manifestants venus de tout le pays ont bloqué les avenues principales de la capitale afin d'assister à la première manifestation de masse de l’année, ce que l'on pourrait appeler une "lutte pour la démocratie", lancée par la Türk-Is.
    La manifestation géante ayant comme objectif de protester contre les politiques du gouvernement commença tôt le matin en face du district de l’hippodrome de la ville où une masse de travailleurs, fonctionnaires et membres d'organisations civiques commencèrent leur marche en direction du district de Kizilay.
    La manifestation était également soutenue par les partis de gauche comme le DSP, le CHP, le HADEP, l'ÖDP et l'IP.
    Le président de Türk-Is, Bayram Meral, accompagné d’autres dirigeants syndicaux, mena les marcheurs qui portaient des drapeaux, des portraits d'Atatürk et des symboles de Türk-Is.
    La sécurité fut renforcée tôt le matin dans Ankara et les routes principales vers Kizilay étaient fermées au trafic. Les participants furent fouillés par la police. De petites escarmouches entre la police et les manifestants furent rapportées, mais aucune arrestation n’eut lieu.     S’adressant à la foule, Meral tempêta contre le gouvernement, l’accusant d'être un fauteur de troubles, créant un taux d’inflation pratiquement à 3 chiffres et causant l'augmentation du prix des denrées de façon irréfléchie.
    Meral critiqua également la politique de "l’ordre juste" du gouvernement islamiste, déclarant que cette politique était inutile puisque la population rurale continuait d'immigrer dans les grands centres urbains alors que des milliers de travailleurs avaient été licenciés.
    Se référant à l’accident de voiture controversé de Susurluk qui révéla le lien scandaleux entre l'état et la mafia, Meral déclara que le gouvernement avait été incapable de prévenir la corruption et les pots de vin et lui reprocha de ne pas avoir lancé une recherche diligente contre les implications par les gangs et les clans dans les affaires de l’état.
    Soulignant l'impossibilité de fournir une stabilité économique sans restaurer une stabilité politique, Meral déclara que Türk-Is continuerait la lutte pour trouver une solution à ces problèmes. Le président du Türk-Is énuméra une série de demandes faites au gouvernement, notamment la modification de la constitution actuelle qui fut élaborée après le coup d’état militaire de 1980 ,l'élimination des prétendus gangs, le désarmement des gardiens de village, la fin du problème de terrorisme dans le sud-est, le contrôle de l’inflation et la réduction du chômage, le remboursement des épargnes obligatoires, le retour de tribunaux indépendants, la limitation de l'immunité parlementaire à la vie privée, le droit de grève et l'instauration de conventions collectives pour les fonctionnaires.
    Meral affirma que le Türk-Is continuerait sa lutte de façon légitime et démocratique. Il annonça des manifestations de masse plus étendues et plus efficace si le gouvernement refusait de donner suite à leurs requêtes.

LES HOMMES D’AFFAIRES RÉCLAMENT LA DÉMOCRATISATION.

    Un rapport de l’association des industriels et des hommes d’affaires de Turquie (TUSIAD) proposant des initiatives pour relever les standards de la démocratie en Turquie fut présenté au président du parlement Mustafa Kalemli le 20 janvier 1997.
    Le président de la TUSIAD, Halis Komili, s’exprimant lors d’une conférence de presse à Ankara après présentation du rapport signale un méfiance généralisée de toute la nation envers le système actuel.
    Résumant le contenu et les buts du rapport, Komili dit que la TUSIAD avait accompli sa mission économique et que la Turquie se devait d'établir des droits démocratiques plus souples suite à son admission dans l’union douanière avec l'Union Européenne.
    Une des motivations pour un processus de démocratisation à plus grande échelle, dit Komili est, d’une part la nécessité d’une réconciliation collective et un gouvernement plus transparent et d’autre part la nécessité d'être en accord avec les normes démocratiques contemporaines pour une meilleure intégration avec les autres pays du monde.
    Komili dit que les faits récents tels que l’accident controversé de Susurluk, le scandale Aczmendi et la reddition d'un suspect du meurtre de Sabanci, furent toutes des scandaleuses transgressions du principe de la démocratie et des droits de l’homme, d’une politique respectable et des principes humanitaires. Ceci est la raison pour laquelle tous les secteurs de la société ont commencé à éprouver une profonde méfiance envers le système actuel, ajouta-t-il.
    Le système actuel ne se remet pas en cause et manque d'autocritique et pour cela est incapable de progresser, dit Komili. L’actuel régime politique, dans un effort pour préserver le statu-quo, préfère encore le silence à une quelconque opposition.
    Le président de la TUSIAD dénonce la raison pour laquelle les sectes religieuses et les gangs illégaux ont une telle influence et l’incapacité du système à s’améliorer. Dans de telles circonstances un nouvel accord visant à améliorer les standards démocratiques est nécessaire.
    Faisant appel à chaque citoyen et chaque institution dans le but d'obtenir un plus large éventail de droits démocratiques, Komili décrivit le contenu du rapport qui selon lui s'inspirait des exemples des démocraties occidentales.
    L’accord contient 5 sujets séparés préparés par différentes universités. Un des chapitres intitulé "perspective de démocratisation en Turquie" fut proposé par la commission des affaires parlementaires de la TUSIAD, et fut rédigée par le professeur Bülent Tanör. Dans ce chapitre il identifie les obstacles légaux primaires au processus de démocratisation.
    Le rapport contient également un chapitre qui suggère un nouveau statut pour les organisations, et recommande des modifications de la loi sur les partis politiques, stipulant que les partis politiques doivent fonctionner dans le respect des principes d’Atatürk et de ses réformes. Il propose également de réduire l'âge minimum requis pour les membres des partis politique de 21 à 18 ans.
    D’autres chapitres du rapport contiennent des propositions pour un avant projet de loi sur les administrations locales et régionales, les poursuites contre les fonctionnaires et un examen pour l'institution d’un ombudsman.

ÇATLI: LA CONNEXION ISRAÉLIENNE ?

    Le quotidien Cumhuriyet rapporte le 22 décembre 1996 que cette année Çatli se trouvait au nord de Chypre durant le congé de Bayram. Il voyagea avec la compagnie de tourisme OYAK (voyage du 1er avril au 26 mai) et logea à l'hôtel Jasmine qui appartenait au roi du casino Lütfü Topal.
    On a découvert que Çatli, alias Mehmet Ozbay, a effectué un paiement cash de 142.000.000 TL au représentant de la OYAK dans un flat du district Nisantasi d'Istanbul.
     En recherchant à qui appartenait le flat, ils parvinrent à titrer au clair une autre pièce du puzzle dans le "triangle de la mafia-politico-policière" mise à jour par Susurluk. Le flat avait été occupé par un homme juif jusqu'à un mois plus tôt. L'endroit pourrait avoir servi de quartier général à des opérations secrètes.

ANKARA RENONCERA-T-ELLE A LA RECONNAISSANCE DE LA JUSTICE EUROPEENNE?

    La presse turque du 20 janvier 1997 rapporte que la Turquie se préparerait à retirer son engagement relatif au droit de plainte individuelle à la Commission européenne des droits de l'homme et à renoncer sa reconnaissance de la compétence juridique de la Cour européenne des droits de l'homme.
    L'augmentation du nombre des condamnations pour la violation des droits de l'homme, surtout dans le Sud-est, qui coûtent très cher à l'Etat turc, et une récente décision favorable à une chypriote grecque seraient considérées par le gouvernement turc comme les motifs suffisants pour un tel changement vis-à-vis de la justice européenne.
    Le porte-parole du gouvernement Gürcan Dagdas a déclaré le 5 décembre que sur 6000 plaintes individuelles déposées à la Commission européenne des droits de l'homme 1500 appartiennent aux ressortissants de Turquie.
    Le gouvernement turc met en cause la Commission européenne des droits de l'homme en affirmant que celle-ci déclare recevable plusieurs plaintes des ressortissants turcs sans avoir vérifié si tous les moyens de recours ont été effectivement épuisés en Turquie.
    Ankara accuse également l'Association des droits de l'homme de Turquie (IHD) et le Kurdish Human Rights Project à Londres d'être derrière ces plaintes individuelles.
    Les officiels turcs critiquent la Cour européenne des droits de l'homme notamment pour ses deux dernières décisions relatives aux dossiers d'Akdivar (évacuation forcée des village en Turquie) et de Loizidou (empêchement d'accès à sa maison dans la partie turque de l'île)). Dans les deux cas, la cour a trouvé la Turquie coupable de violation des droits de l'homme.

GRANDE CONFÉRENCE MÉDIATIQUE TURQUE À STRASBOURG.

    En décembre 1996, le Parlement Européen a entendu pour la première fois les principaux éditeurs de quatre importants quotidiens turcs: Sabah, Yeni Yüzyil, Hürriyet et Milliyet concernant les amendements proposé à la loi de la presse et à la question générale de libertés civile en Turquie.
    Un de ces journalistes, Cengiz Çandar (Sabah) décrivit ses impressions le 12 décembre dans les termes suivants:
    "Me voici à Strasbourg une fois encore. J’étais ici il y a un an. A ce moment le temps était plus froid mais les relations avec le Parlement Européen et l’Union Européenne  étaient plus chaleureuses. L’Union douanière UE-Turquie allait être ratifiée. Une nouvelle ère décisive s’ouvrait dans les relations Turquie-UE.
    "Un an plus tard, nous observons que ces relations se sont refroidies au lieu de s’être institutionnalisées plus fermement, le fossé entre la Turquie et l’Europe s’est creusé. Ceci est un fait.»
    «Les mots des membres du PE furent plus doux que nous ne l’avions escomptée. Le néerlandais Piet Dankert, l’allemande Claudia Roth qui dirige les Verts et le vice-président du groupe socialiste Ioannis Rubatis qui fut dans le passé porte parole de Papandreou eux aussi prirent soin de formuler leurs questions de manière à ne pas froisser la sensibilité Turque.
    "Ils touchèrent la question Sud-est avec seulement une brève référence au fait que cela représentait un sujet qui pourrait causer à la Turquie de multiples maux de tête. Ils semblaient demander conseil afin d’aider la Turquie.
    "Mais ceci ne change rien au fait que la Turquie par rapport à l’ensemble de l'Europe est confrontée à de nombreux problèmes de libertés individuelles. Il était trop évident que la Turquie et l'Europe n’étaient pas parfaitement sur la même longueur d’onde. L’Europe est confrontée à une sérieuse difficulté concernant l’avenir de la Turquie.
    "L'attitude du RP représente un véritable case tête pour eux. Ils savent que le RP voit l'Europe et l'intégration turque dans l'Europe sans le moindre enthousiasme. Ils ne veulent prendre aucune initiative contre la Turquie qui justifierait l’attitude anti-européenne où anti-UE du RP.
    "Le fait que le ministre de l'extérieur Tansu Çiller a perdu presque toute crédibilité constitue un grand handicap. Elle a induit une très grande méfiance. Elle peut faire ce qui est en son pouvoir mais même s’il apparaissait qu’elle s’exprimait 'honnêtement' il serait très difficile désormais d'être convaincante.
    "Le ministre de la justice Sevket Kazan et d’autres représentants du RP ont fait des déclarations selon lesquelles 'la Turquie n'a pas de problèmes d'européanisation. La Turquie est européenne depuis 600 ans'. Mais ces 'affirmations' ne peuvent éliminer l’écart entre la Turquie et l’Europe. Etre européen signifie actuellement agir en accord avec l’agenda européen fonctionnant en tant que partenaire des institutions européennes et en conformité avec les normes européennes en matière économique et politique.
    "Le fait d’avoir été invité à Strasbourg indique que l'Europe ne veut pas renoncer à la Turquie.
    "Nous avons accepté l'invitation et avons tenu au Parlement Européen le genre de discours qui pouvait aider à institutionnaliser ces relations. Mais ceci ne suffit pas pour mettre les relations Turquie - Europe sur de bons rails.
    "Nous avons besoin d'un gouvernement 'respectable', c'est à dire un gouvernement démocratique respectant la liberté et qui développe une stratégie orientée vers le 21ème siècle."

COMMÉMORATION DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE GÖKTEPE

    On commémora l'assassinat du journaliste Metin Göktepe durant la première semaine de 1997 avec une série d’activités consacrées au premier anniversaire de sa mort.
    Göktepe était détenu par la police suite à sa présence aux funérailles des détenus qui moururent lors des heurts dans la prison type E Üsküdar d'Istanbul.
    L’association des journalistes contemporains (CGD), l’association pour la défense des droits de l’homme (IHD), le parti du travail (EP) et le parti républicain du peuple (CHP) et un certain nombre d’organisations non gouvernementales organisèrent une série d’activités de commémoration.
    Lors d’une cérémonie qui se déroulait en face de la Salle des sport Eyüp où Göktepe fut assassiné par la police, le frère de Göktepe déclara: "mon frère fut assassiné dans cette salle par la police qui le frappa à la tête il y a 365 jours aujourd'hui. Les suspects n’ont toujours pas été appréhendés. La famille souhaite que le nom de la salle soit modifié pour s’appeler Metin Göktepe»".
    Le reporter d’Evrensel, Metin Göktepe fut détenu par la police aux funérailles de Orhan Özen et Riza Boybas qui furent tués dans des heurts dans la prison type E Üsküdar le 8 janvier 1996.
    Il fut emmené au complexe sportif Eyüp avec d’autres personnes présentes aux funérailles qui furent arrêtées par la police. Göktepe fut retrouvé mort dans le jardin de thé qui se trouve en face du complexe sportif le lendemain matin. Le procureur d'Eyüp, Erol Canözcan dit qu’il fut tué dans le jardin de thé après avoir été relâché, alors que la police prétendit que Göktepe tomba d'une chaise et d'un mur et décéda.
    Ces explications conflictuelles empêchaient de dévoiler l'incident, mais des témoins dirent qu’ils avaient vu la police emmener Göktepe à l'intérieur du bâtiment et qu’ils se rappelaient que quelqu’un qui se disait journaliste avait été battu à mort par la police. Les déclarations des témoins empêchèrent d’occulter l’incident au cours duquel Göktepe fut battu à mort par la police.
    Le chef du département de la sécurité d'Istanbul de l'époque, Orhan Tasanlar, a admis que Metin Göktepe avait été pris par la police. Selon les enquêtes effectuées par les inspecteurs du département du ministère de l'intérieure, Metin Göktepe a bien été battu à mort par la police.
    Le rapport préparé par les inspecteurs fut envoyé au conseil administratif de la ville et demandait la condamnation de la police. La deuxième chambre du conseil de la cour suprême organisa un procès à la cour criminelle n°6 d'Istanbul en accord avec la décision du conseil de l'administration de la ville concernant les poursuites des officiers de police et de leurs supérieurs qui étaient impliqués dans le meurtre de Göktepe.
    Mais l'audience qui aurait du avoir lieu le 15 juillet 1996 fut transférée à Aydin pour des raisons de sécurité. Selon la décision approuvée par la 2ème chambre du conseil de la cour suprême, les officiers de la sécurité Seydi Battal Köse, Suayip Mutluer, Saffet Hizarci, Fedai Korkmaz, Murat Polat, Burhan Koc, Ilhan Sarioglu, Selcuk Bayraktaroglu, Metin Kusat, Tuncay Uzun et Fikret Kayacanlar seront poursuivis pour meurtre avec intention pour des raisons inexplicables, selon les article 452/1 et 463 du code pénal turque.
    Selon ces articles, les suspects devraient être condamnés à entre 5 et 15 ans de réclusion. Aucun des 48 officiers de police y compris les 11 suspects, ne fut présents à l'audience du 18 octobre à Aydin. Des collègues de Göktepe et un certain nombre de représentants de diverses organisations non gouvernementales étaient présents à l'audience et demandaient la poursuite des criminels.
    L’audience eut lieu dans un complexe sportif à cause des nombreuses personnes qui étaient présentes au procès. La mère, les frères et soeurs de Göktepe étaient présents. La mère de Göktepe protesta contre le transfert du procès à Aydin et ajouta: "Pourquoi les suspects restent-ils en liberté? Pourquoi n’ont-ils pas été appréhendés? Mon fils a été assassiné à Istanbul. Les officiers de police devraient être jugés à Istanbul".
    Les témoins ont déclarés que Göktepe a été battu pendant qu’il était détenu par la police. Les juristes ont demandé l'arrestation des officiers. Le juge refusa de satisfaire à leur demande. La cour postposa l’audience jusqu’au 29 novembre 1996 pour enquêter afin de savoir si les officiers étaient toujours en service. Mais le procureur général demanda le transfert du procès à Afyon sous prétexte d'un danger de provocation dû au grand nombre de personnes présentes au procès. Le conseil supérieur du bureau de la cour n°10 transféra le procès à Afyon à la demande du procureur là où le procès de l'incident du district de Gazi eut lieu également. Le procès fut postposé une fois de plus au 5 février 1997.

LE JOURNALISTE ISIK YURTCU GAGNE LE PRIX RSF 1996

    Dans un communiqué de presse du 10 décembre 1996, RSF a rapporté que le prix Reporters sans Frontières 1996 avait été attribué au journaliste turc Isik Yurtcu, ancien rédacteur en chef du quotidien pro-kurde Özgür Gündem, qui sert actuellement une peine de prison. La présentation a eu lieu le mardi 10 décembre 1996 à 11h30, à l'Espace Electra, 6 rue Récamier 75007 Paris.
    Isik Yurtcu a été arrêté en décembre 1994 et condamné à 14 ans et 10 mois d'emprisonnement pour des délits incluant "propagande séparatiste" et "insultes au gouvernement". Il est actuellement gardé dans la prison de Sakarya, à 150 km d'Istanbul.
    Lancé en mai 1992, Özgür Gündem a finalement cédé aux pressions officielles et a cessé de paraître en avril 1994. Avec une circulation de 30.000 exemplaires, le quotidien de langue turque Özgür Gündem  — regardé par les activistes kurdes comme leur journal de "résistance" et par le gouvernement turc comme le porte-parole  du PKK — est mémorable comme ayant été le seul journal pro-kurde.
    Présenté le 10 décembre pour marquer la journée internationale des droits de l'homme de l'ONU, le prix de 50.000 FF a été attribué depuis 1992 à un journaliste qui, par ses activités professionnelles, sa volonté de parler en dehors du consensus général, a démontré un engagement envers la liberté d'expression.
    Isik Yurtcu est né en 1945 à Adana. En 1969, il a commencé sa carrière comme reporter avec les journaux de gauche Ulus et Yeni Halkci dans la capitale. Après s'être installé à Istanbul dans les années septante, il a  travaillé pour les journaux "Demokrat", "Politika", "Dünya" et "Cumhuriyet". Ses articles allaient déjà à l'encontre des points de vue officiels, et Isik Yurtcu a reçu des peines de prison qui ont ensuite été commuées en amendes.
    Après le coup de 1971, dans "Yeni Halkci", il a publié des comptes-rendus de prisonniers politiques qui avaient été torturés dans les prisons militaires. En 1974, il a soutenu la campagne pour une amnistie générale des prisonniers politiques. Après le coup d'état militaire de septembre 1980, il a été arrêté comme un des signataires d'un "appel d'intellectuels" critiquant le coup. En 1982, il a été détenu pendant un court temps pour sa participation à l'exécutif d'un syndicat des journalistes.
    De nombreux ancien collègues l'appellent affectueusement comme "Isik baba" (oncle Isik). "La première fois que je l'ai rencontré", a raconté Ramazan Ülek, un moment rédacteur en chef de Özgür Gündem, était avant le lancement du journal. Il a aidé à définir un éditorial, sachant que nous n'avons que très peu d'expérience. Ses capacités le désignaient naturellement pour le poste d'éditeur. Et quand nous lui avons demandé de le prendre en charge, il a accepté sans hésitation." Ceci était en juin 1992. Huit mois plus tard, il a démissionné, étant inculpé dans pas moins de 26 procès de presse.
    Le 28 décembre 1994, juste après avoir pris sa retraite, Isik Yurtcu a été arrêté et emprisonné. Il ne peut être libéré avant 2009.

L’OCCIDENT CRAINT UNE GUERRE ENTRE LA GRÈCE ET LA TURQUIE.

    Les gouvernements occidentaux craignent que 1997 pourrait être une année de guerre entre la Grèce et la Turquie, selon le quotidien britannique The Independent du 10 janviers 1997.
    "Une détérioration constante dans les relations entre la Grèce et la Turquie préoccupe les gouvernements occidentaux, qui craignent que 1997 pourrait être l’année ou des mésententes qui couvent depuis longtemps dans l'est méditerranéen mènerait à une guerre," rapporte l’article signé par Tony Barber, éditeur européen.
    Barber dit que les différents entre les deux pays voisins ce sont intensifiés ces derniers mois avec la course aux armements qui s'accentue dans la région. C’est la raison qui a amené les relations déjà fragiles, à la limite de la guerre.
    Le même jour, le 10 janvier, la Turquie émit une ferme protestation contre le déploiement de missiles antiaériens de longue portée S-300 russes dans le sud de Chypre en dépit d’une mise en garde du département d’état des États-Unis contre l’usage de la force où de menaces.
    Le ministre des affaires étrangères Tansu Çiller lors d'une conférence de presse déclare "si ces armes offensives sont déployées, le nécessaire sera fait. Si des raid s'imposent, ils seront effectués".
    Simultanément, "la république turque du nord de Chypre (RTCN)" retira son engagement à l’ONU et menaça d'ouvrir les faubourgs Famagusta de Varosha à l'installation des.Turcs.
    Le même jour, un porte parole de l’état-major général turc dit: "si toutes les tentatives diplomatiques bien intentionnées turques pour arrêter le transport des missiles russes S-300 vers la Chypre grecque échouaient, la Turquie détruirait ses missiles en Chypre grecque».
    Le porte parole du département d’état américain Nicholas Burns dit le 11 janvier que les menaces publiques irresponsables du ministre Turque de la défense étaient désormais adoptées par le ministre des affaires étrangères également.
    De plus, Burns conseilla à l’état major général turc de relire les cours d’histoire.
    Concernant les déclarations du ministre des affaires étrangères Çiller, Burns dit: «nous pensons que des affirmations aussi dramatiques de sa part où de n’importe quel autre responsable turc sont non appréciables et hautement irresponsables».

HUMAN RIGHTS WATCH OPPOSÉ AUX COMMANDES D’AVIONS TURQUES

    Human Rights Watch a émis le 19 janvier 1997 un avis s’opposant violemment au plan turc d’acquisition de nouveaux avions pour combattre le PKK qu'il qualifie de «groupe armé d’opposition».
    Les différentes commandes militaires ont été soit annulées dans le passé soit soumises à d'importantes pressions de la part de HRW ainsi que de "lobbies" ethniques et de groupements de non-prolifération des armes.
    Des hélicoptères Super Cobra construits par Bell Textron et des bombes «Cluster» sont deux exemples de commandes annulées à la suite de semblables pressions sur le département d’état, le pentagone et le congrès U.S. Après que la vente de Super Cobra pour un montant de 140.000.000 $ ait été suspendue par le département d’état US, la Turquie annonça en novembre 1996 qu’elle avait annulé le marché.
    L’annulation de la commande des frégates de la classe «Knox» et les missiles ATACMS (Army Tactical Missile System) à rayon d’action de 150 Km sont des exemples de commandes qui ont été mise dans l’impasse par Washington. La commande de ATACMS qui a été reformulée à la fin de décembre 1995 a cependant été approuvée en décembre 1996 et chemina discrètement par la commission des relations extérieures du sénat durant les derniers jours du 104e congrès.
    Human Rights Watch rapportèrent: "les négociations pour la suite des commandes d’avions et d'équipements pour les militaires et les forces de police de la Turquie sont en cours":
    • Quatre hélicoptères cargo militaires à grande capacité CH-47 CHINOOK pour un coût de 135.000.000$. Les hélicoptères CHINOOK sont construits par Boeing aux Etats unis.
    • Cinquante hélicoptères de transport armés Black Hawks D-70A faisant partie d’une commande de 95 hélicoptères pour un montant de 1.1 milliard de dollars signés en 1992-1993 avec Sikorsky, le fabriquant U.S. La Turquie a déjà reçu 45 des Black Hawks faisant partie de cet arrangement, le reste de ces appareils devant être co-produits. La commande est momentanément suspendue à cause de désaccords concernant les termes de la coproduction, dit HRW.
    • Trente hélicoptères AS-532 Cougar de combat, de recherche, de sauvetage et utilitaires.
    Ankara a reçu livraison de 20 de ces hélicoptères pour 253 million $ en tant que partie d'un contrat antérieur. Selon HRW la suite de la commande est constamment négociée avec le consortium Germano-Français Eurocopter basé à Paris pour la coproduction de 30 hélicoptères, d'une valeur de 400 million $.
    • On prévoit la modernisation de 54 avions de combat F4 Phantom, un contrat de modernisation estimé à 600 millions avec la "Israël Aircraft Industry" qui fut signé par le premier ministre turc, Necmettin Erbakan, le 6 décembre 1996 malgré toutes les craintes concernant les préjugés anti-israéliens d’Erbakan. Les jets doivent être équipés de nouveaux radars, de contre mesures électroniques, d’armes et de systèmes de navigation.
    • «Popeye missiles»: La Turquie a également annoncé, selon HRW, des plans d’achat de 30 missiles guidés externes "Popeye" de la compagnie Israélienne "Raphaël" pour les jets.
    • Support logistique pour la flotte de jets de combat F-16.
    La Turquie négocie un marché avec les responsables U.S. de Lockheed Martin, la division moteur aéronautique de General Electric, la division guidage et commande de Litton Industries et Westinghouse Electric pour 125 million $.     L’administration Clinton a signifié au congrès son intention d’approuver la demande turque pour l’acceptation de la commande.
    Human Rights Watch réplique que "des avions de combat et des hélicoptères similaires à ceux cités ci-dessus" furent utilisés dans la "campagne anti-insurrectionnelle turque" et ont amené de flagrantes violations de la loi internationale humanitaire. Ceci a consisté à bombarder des villages sans discrimination, tuant des civils et détruisant des propriétés; le transport de troupes vers et à partir de villages qui furent brûlés et vidés de leur population par la force et le kidnapping, la torture et le meurtre de civils.
    Pour contrebalancer ces accusations, HRW note également que "le PKK est également impliqué dans un processus de sérieux abus des droits de l’homme tels que des exécutions illégales, des tirs sans discrimination, des kidnappings et des extorsions».
    HRW presse les Etats-unis et les autres gouvernements occidentaux "de freiner dorénavant la vente à la Turquie d'armes qui sont susceptibles d’être utilisées pour des violations des droits de l’homme et des lois humanitaires".
    De commun accord, l’organisation de la sécurité et de la coopération dans ses principes de transfert d’armes et la section 502b du "U.S. foreign assistance act" appelle à une telle restriction sur le commerce des armes," dit HRW.

DE NOUVELLES CENSURES SUR LES PUBLICATIONS KURDES.

    Le gouvernement interdit le 5 janvier 1997 la distribution de diverses publications soupçonnées de propagande pour le PKK. Le quotidien Özgür Politika publié en Allemagne depuis pus d'un an, se trouve en tête de liste. L’interdiction frappe aussi des livres écrits par le leader du PKK Abdullah Öcalan.

LA DISPARITION DES ASSYRIENS EN TURQUIE

Jan PACAL, The Turkish Daily News, le 29 août 1996

    En dépit de la définition utilisée par les leaders politiques d'une "Turquie mosaïque et colorée", l'évanouissement et la disparition de ces couleurs ne peut plus être cachés - et l'exemple le plus flagrant de couleurs qui sont sur le point de disparaître complètement sont les 45.000 Assyriens sur un total de 50.000 qui ont émigré hors de Turquie dans les 20 dernières années.
    Le nombre d'assyriens en Turquie aujourd'hui est d'environ 5000. Cette population est limitée aux grandes villes uniquement parce que la totalité des villages assyriens sont maintenant devenus des villages fantômes. Les Assyriens ont été forcés de chercher un avenir hors de Turquie. Les villages qui ont été brûlés, l'éducation inégale, les pressions - de nombreux problèmes peuvent être listés maintenant - tout a servi à les pousser à se mettre à la recherche d'un pays dans lequel ils puissent vivre d'une façon plus démocratique. Il suffira de regarder l'histoire récent sans oeillères pour voir et juger tous ces développements d'une façon plus objective.

    Un citoyen

    "Mon cher ministre, je me demande si Abdullah Öcalan est circoncis ou non? L'évidence que je porte à votre attention ici implique un chanteur. Son nom est Coskun Sabah. Mon cher ministre,  je ne sais pas quel est son vrai nom; mais je sais que cette personne, qui gagne de l'argent en jouant de l'oud pour des millions de musulmans, est un assyrien. Je veux dire qu'il et un arménien… Et je veux citer ici une partie de sa chanson appelée "Sud-est," dont les paroles et la musique lui appartiennent. Ceci est ce que dit l'assyrien: 'Sud-est, sud-est/ la façon de mes parents/ je ne peux pas supporter cette envie/ Diyarbakir m'a manqué!'
    Le sud-est est la terre de l'Islam depuis près de 13 siècles. Le manque que mentionne Sabah dans sa chanson est-il le manque de sa vie privée? Ou l'Assyrien est-il l'interprète du manque des croisés depuis 1.000 ans? La CSE  [tribunal exceptionnel] a dû ouvrir une enquête sur cet Assyrien, et, si nécessaire, cette chanson qui menace notre intégrité devrait être interdite…"
    Cette lettre, qui a été envoyée au ministre de l'intérieur de la période, Ismet Sezgin, et a aussi été imprimée dans le journal Zaman, continue dans la même veine. Néanmoins, ce n'est pas une simple lettre, mais un instrument qui révèle l'approche menaçante à laquelle doivent faire face les Assyriens, et l'auteur de la lettre, même pas capable de distinguer le Assyriens des Arméniens, utilise le mot 'assyrien" comme une insulte.

    Droit d'asile pour les Assyriens

    En Turquie, de tels événements ne figurent même pas dans les journaux: des villages sont brûlés et des gens torturés. Compte tenu du fait que cette réalité n'est pas cachée, la cour  fédérale d'Allemagne, après qu'une résolution soit passée l'année passée, a expliqué que les assyriens seraient pris en considération comme un groupe complet.
    La raison de cette décision était que le gouvernement turc ne donne pas suite aux plaintes de la minorité assyrienne de façon à ne pas mettre en péril la loyauté à l'état des aghas, des chefs locaux, des gardiens de village et Hizbullah dans le Sud-est.
    Un autre point intéressant était que l'Allemagne, qui croit que les Kurdes peuvent vivre en sécurité en dehors du Sud-est, a conclu que les Assyriens ne sont en sécurité dans aucune région du pays, et leur a donné le droit de se réfugier.
     En plus, il est vrai aussi que l'émigration n'est pas quelque chose de nouveau pour les Assyriens, comme ils l'ont fait depuis les 20 dernières années. Les chercheurs s'accordent généralement pour dire que la raison pour cette émigration n'a pas été économique, mais que les gens ont été forcés à émigrer à cause de pressions dans la région. "La pression qui avait commencé en 1970 s'est accélérée et, depuis 1980, les gens ont commencé à voir l'émigration comme la seuls solution," dit le chercheur et journaliste Yakup Bilge. "Dans les années 80 l'émigration assyrienne s'est fortement accélérée, spécialement dans le sud-est… Le conflit est devenu plus violent avec l'interférence du PKK, et ceci a mis les Assyriens dans une pire situation."
    "Bien que les Assyriens n'ont pas pris position, ils ont été soumis à des meurtres non résolus et de pression. Toutes ces choses ont emmené les Assyriens loin de ce pays auquel ils avaient été attachés pendant 5000 ans. En d'autres termes, ils ont été forcés de chercher leur avenir ailleurs - hors de ce pays," continue Bilge.
    Bilge attire l'attention sur le fait que la population assyrienne était d'environ 50.000 dans le sud-est dans les années 50, mais ce nombre a maintenant décru jusqu'à 2000, avec la majorité dans Midyat et ses villages avoisinants. Avec la majorité des Assyriens à Istanbul, la population totale pour tout le pays est d'environ 5000. Selon Yakup Bilge, les Assyriens ne se considèrent plus comme faisant partie de la "mosaïque turque".
    "Quel qu'en soit la raison, les Assyriens vivent leur nouvelle vie en exil. Mais même si cette couleur est en extinction, elle protège encore son existence en Turquie, La disparition finale de cette couleur dépend complètement de la démocratie turque car le Assyriens ont décidé ce ne pas vivre dans un endroit où il n'y a pas de paix ni de démocratie. Et l'émigration continuera sauf si la Turquie fournit ces deux éléments", avertit Bilge.
    Un représentant des églises orthodoxes, le journaliste et écrivain Isa Karatas, attire l'attention sur un autre point: "En Turquie il n'y a que les Arméniens et Grecs qui ont les droits des minorités, mais bien que les Assyriens soient chrétiens ils ne peuvent bénéficier de ce droits." Les assyriens sont chrétiens, mais pas une minorité, et à cause du fait qu'ils n'ont pas les droits des minorités, ils ne peuvent établir leurs propres écoles, et comme résultat naturel ne peuvent fournir pour le développement et l'apprentissage de leur propre langue. Les cours de langues ouverts dans les églises n'ont pas été capables de s'étendre à cause de raison diverses. Malheureusement le gouvernement ne peut supporter ces cours et essaye de les fermer.
    L'exemple le plus flagrant de la situation a été observé dans le monastère Deyrilzafaran à Mardin. En 1979, l'éducation de la religion et de la langue a été bannie, et la raison qui a été donnée était que les enfants assyriens qui y étaient éduqués rejoignaient les organisations terroristes. Ces fausses allégations se trouvaient aussi dans les journaux.
    "Les classes de religion à l'école sont un des autres problèmes des Assyriens - comme pour d'autres minorités. Bien que ce problème n'apparaisse pas comme important il est l'une des principales raisons pour l'émigration car ces gens sont empêchés de défendre leurs propres valeurs religieuses. Dans les classes officielles de religion, les religions autres que l'islam prennent seulement 3 pages dans les livres de cours, et ne sont pas non plus données dans le cadre de leur propres valeurs. Tandis que les parents assyriens qualifient à leurs enfants la Bible comme le livre qui montre la voie vers Dieu et les prêtres comme des personnes respectées expliquant cette voie, les livres du ministère introduisent la Bible comme quelque chose qui a été détruite et changée et les prêtres comme ceux qui l'ont changé à leur avantage."
    Isa Karatas résume les résultats de cette situation avec la question "les enfants assyriens devraient-ils essayer d'expliquer que ces affirmations sont fausses, ou devraient-ils étudier leurs leçons? Certains ont essayé d'être silencieux et d'accepter la situation, mais l'émigration a été une continuation de ceci; et c'était le but, de toutes façons."

    Majorité ou minorité?

    Karatas, qui affirme que le problème en Turquie n'est pas celui d'être un Assyrien, mais d'être un chrétien, met en avant le problème de religion plutôt que le concept d'origine nationale ou ethnique.
    Il mentionne aussi le 39éme article du traité de paix de Lausanne, signé entre la Turquie et les puissances alliées en 1922 et qui établissaient la souveraineté de la république turque. Le traité dit que "les citoyens turcs catégorisés comme minorités bénéficieront des mêmes droits politiques et sociaux que les musulmans. La croyance religieuse et la différence de secte ne peuvent empêcher un citoyen turc de bénéficier d'aucun des droits civils ou politiques ou d'être nommé dans une quelconque position officielle."
    Karatas continue, "actuellement, aucun membre d'une minorité ne peut être policier ou officier. Les Assyriens ont les droits de la majorité et pas de la minorité, mais d'être chrétien les empêche de bénéficier des droits de la majorité. Les assyriens vivant à l'intérieur des frontières de la Turquie n'ont toujours pas ces droits."
    Un autre point qu'Isa Karatas mentionne est les médias et l'intelligentsia. "Il y a des écrivains qui prétendent qu'ils connaissent beaucoup et écrivent comme s'ils connaissaient beaucoup. Pourtant, dans un des livres du ministère de l'éducation, intitulé Jeûne et sacrifice en islam et d'autres religions, l'écrivain Tahsin Feyizli déclare dans la section intitulée 'Jeûne chez les Assyriens' que 'les Assyriens ont été tellement influencés par les chrétiens qu'ils sont comme une secte de christianité.' Il s'avère que cette personne 'respectable' ne sait même pas que les Assyriens sont effectivement chrétiens."
    L'article intitulé "Ahdi-cedid," dans le premier volume de l'Encyclopédie islamique, contient aussi des affirmations fausses. L'une d'elles est que la bible utilisée par les Assyriens n'inclut pas deux sections. Mais une distorsion plus importante est dans le livre du professeur Mehlika Aktot Kasgarli intitulé Turco sémites à Mardin et dans les populations environnantes, publié par l'université Erciyes. Le professeur écrit des Assyriens: "Ces turcs chrétiens, qui ont accepté notre langue et nos traditions et qui n'ont pas le statut d'une minorité, sont appelés turco sémites, en considération de leur origines. Les sémites ne sont pas une nation différente de la nation turque, et ils ont même des caractéristiques turques." Nous ne devons pas oublier que Kasgarli a aussi appelé les Kurdes "Turcs de montagnes," et ainsi suit cette innovation, les "Turco-sémites."

    Villages brûlés et évacués

    Les révélations de Karatas sur des faits qui ne sont pas épuisables démontrent une fois encore les raisons de l'émigration. En 1992, le cimetière du village de Midyat Bulbuk a été bombardé, et la raison donnée était que peut être c'était un lieu pour une cache d'arme secrète du PKK.
    Dans un autre cas, un feu qui a commencé dans la station de police du village d’Ögündük, qui avait été attaqué par le PKK le 21 juillet 1992, a conduit à ce que le village et ses champs et vignobles soient brûlés, et Sükrü Yalin, âgée de 17 ans, a été blessé.
    Le 2 août 1992, le village Çatalçam, situé à Dargeçit, a été attaqué. Le cimetière et les maisons assyriennes ont été détruites. Le 21 janvier 1993 le village d'Izbirak situé à Midyat a été attaqué par des gardiens de village et Melke, Süleyman, Borsoma et une femme de nom inconnu ont été kidnappés. Les villageois ont été forcés d'être des gardiens de village. Les incidents sont enregistrés ainsi, mais au cours des dernières années environ 20 villages assyriens ont été évacués. Voici les noms de certains villages et les provinces où ils étaient situés . Kosrali (Silopi), Elbeyendi (Midyat), Bardakçi (Midyat), Baglarbasi (Midyat), Yamanlar (Midyat), Baristepe (Midyat), Mürcemekli (Midyat), Güngören (Midyat), Dagici (Nusaybin), Üçyol (Nusaybin), Güzelsu (Nusaybin), Dibek (Nusaybin), Tasköy (Nusaybin), Girmeli (Nusaybin), Sare (Idil), Yarbasi (Idil), Izbirak Köyü (Dargeçit), Alayurt Köyü (Idil), Arica (Gercüs), Yamanlar (Gercüs) et Binkalbe (Gercüs).

    Citoyenneté retirée

    Non seulement les maisons de nombreux Assyriennes ont été détruites mais l'état turc dans un certain nombre de cas est allé un pas plu loin, supprimant la citoyenneté de nombreux supposés "Turco-sémites". Voici la liste des Assyriens dont la citoyenneté turque a été retirée par l'ordonnance de la commission du ministère répertoriée 95 6805: Melke Davut (Midyat), Yakup Gönen (Midyat-Gevriye), Bulut Samuel Bulut (Midyat Yemisli), Yusuf Aykil, Edibe Aykil (Midyat Baglarbasi), Bahi Akil, Semun Ünal, Yusuf Sürer, Celil Büyükbas, Mardin Bülbül, Fehmi Yarar (Midyat), Aho Erdinç (Nusaybin-Taskoy), Ishak Tahan (Midyat), Afem Adil, Ismuni Adil (Midyat-Yemisli), Mihayel Bayru, Idil Fikri Aksoy (Midyat), Yakup Yontan (Kiziltepe) Circis Yuksel, Savur Dereiçi, Aydin Aydin, Nusaybin Uçkoy, Musa Demir, Yusuf Ozbakir, Isa Koç (Midyat-Yemisli), Gevriye Durmaz, Midyat Dogançay, Gorgis Savci, Dargeçit Anitli, Fuat Bayindir, Idil Hanna (Aydin), Dargeçit Anitli, Yakup Mete (Midyat), Sükrü Tutus (Idil), Aziz Çiftçi (Mardin), le docteur Edvart Tanriverdi (Midyat).

    Assyriens kidnappés

    Depuis l980, 20 filles assyriennes, incluant des enfants, ont été kidnappées. Hasine Selege, âgée de 14 ans, a été emmenée en 1994 du village de Mercimekli; en mars 1994, Türkan Gülec a été emmenée du village de Midyat Altinbas; Marta Ilik en septembre 1994 du village de Nusaybin Odabasi et Lahdo Barinc du village d'Ögündük, qui a été kidnappé le 22 février 1993 par des personnes affirmant être des gardiens de villages. Elle a été relâchée en échange de 100.000 DM huit mois plus tard.
    Le prêtre du village d’Ögündük, Melke Tok, a été kidnappé le 9 janvier l994 par des personnes suspectées d'être des supporters d'Hizbullah. Après être brûlé vif, il a réussi à s'échapper. I1 a dit qu'il avait été mis sous pression pour changer sa religion en l'Islam.

    Les arrestations et les disparus

    Heylan Simsek explique comment son mari et son fils, Hamdi et Hikmet Simsek, ont disparu: Le 13 janvier l993, mon mari et son fils ont été arrêtés par des soldats. Ils nous ont rassemblés dans le centre du village. Ils ont pendu la croix représentant nos croyances religieuses au cous de l'imam du village, Ibrahim Akil, et dit, "nous allons tous vous tuer parce que vous êtes chrétiens."
    Les frères Edip et Ercan Diril Idil, qui ont voulu revenir d'Istanbul au village Kumkaya de Silopi, se sont perdus quelque part près de Cizre. Les dernières nouvelles de ceux ci étaient que la route était pleine de mines et que les soldats ne les ont pas autorisé à passer. Plus personne n'a entendu parler d'eux depuis lors.
    Le 18 juin 1994, Hürmüz Diril a été arrêté et mis en prison à l'office du procureur de Beytussebab, où il se rendait pour demander pourquoi son village assyro-chaldéen qui avait été évacué par les forces de sécurité a été brûlé. L'ancien du village est toujours en prison, son crime supposé était qu'il a offert de l'aide et était un complice de terroristes.
    En face de telles pression les Assyriens de Turquie se sont éloignés du pays d'origine pour trouver une nouvelle vie dans des pays plus prêts à accepter leur foi et leur identité. Ainsi, une autre pièce de la mosaïque a éclaté.

UNE AMENDE DE 70 MILLION $ OU UN EMPRISONNEMENT DE 11 MILLION ANS

    D'après le quotidien Radikal du 18 novembre 1996, un éditeur de différentes revues de porno à Istanbul, Cengiz Aynaz, a été emprisonné le 17 novembre en raison de 2017 procès différents contre ses publications.
    Des procureurs réclament une amende totale de 7 trillons de LT. S'il ne peut la payer, Aynaz sera gardé dans la prison jusque 11 millions ans.

TERRORISME D'ETAT EN DEUX MOIS

    Le 1.11, la CSE d'Istanbul inculpe 95 personnes pour les incidents du 1er mai.
    Le 4.11, les syndicalistes Kadri Gökdere et Taha Gül sont traduits devant la CSE de Diyarbakir pour l'aide au PKK.
    Le 5.11, les forces de sécurité arrêtent le syndicaliste Ali Ürküt à Diyarbakir et neuf membres du MLKP à Istanbul.
`    Le 6.11, l'Association contre la guerre d'Izmir est interdite par le gouverneur = Une centaine d'étudiants sont arrêtés dans plusieurs villes pour protester contre le YÖK.
    Le 7.11, six membres du DHKP-C sont arrêtés à Marmaris.
    Le 8.11, un tribunal pénal d'Ankara condamne huit étudiants à trois mois de prison pour a manifestation. = La CSE de Malatya condamne un membre du PKK, Seyit Bulut, à la prison à vie = 52 membres du HADEP sont traduits devant un tribunal pénal à Istanbul pour une conférence de presse relative aux grèves de la faim dans les prisons.
    Le 9.11, le dirigeant du KESK Emrullah Cin est arrêté à Diyarbakir.
    Le 11.11, le président de l'IHD, Akin Birdal, celui de Mazlum-Der, Ilhan Arslan, et en autre dirigeant de l'IHD, Cemil Aydogan, sont jugés par la CSE d'Ankara  pour avoir visité un camp du PKK en vue d'assurer la libération d'un groupe de prisonniers de guerre. Chacun risque une peine de 7 ans et 6 mois.
    Le 13.11, la CSE de Malatya condamne quatre personnes à trois ans et neuf mois pour participer aux activités du PKK. = La CSE de Konya condamne 14 membres du PKK à la prison à perpétuité, 44 autres à des peines jusque 12 ans et 6 mois.
    Le 14.11, à Ankara, 48 étudiants sont inculpés pour manifestations non-autorisées. Chacun risque une peine jusque trois ans.
    Le 16.11, une manifestation pour la paix, organisée par le DHB est interdite par le gouverneur.
    Le 18.11, le procureur d'Istanbul inculpe 343 étudiants pour une manifestation non-autorisée.
    Le 19.11, la CSE d'Istanbul condamne neuf personnes à des peines jusque 4 ans et 6 mois pour participer aux activités du DHKP-C. Toujours à Istanbul, quatre personnes sont condamnées aux peines jusque 12 ans et 6 mois pour participer aux activités du PKK.
    Le 20.11, la CSE d'Ankara condamne un membre du PKK à la peine capitale et un autre à 15 ans.
    Le 21.11, à Istanbul, 20 membres du HADEP sont arrêtés par la police pour participer aux activités du PKK = La CSE de Diyarbakir condamne un membre du PKK à la prison à perpétuité.
    Le 22.11, à Diyarbakir, l'Association pour la solidarité avec les familles des prisonniers (TUHAD) est fermée par le gouverneur. = A Istanbul, neuf personnes sont arrêtés pour appartenance au parti communiste/construction (KP/IO).
    Le 23.11, à Istanbul, sept syndicalistes sont arrêtés pour appartenance au MLKP.
    Le 25.11, le procès des 683 syndicalistes et employés, accusés d'un sit-in non-autorisé, commence à un tribunal pénal d'Istanbul. Chacun risque une peine jusque trois ans.
    Le 26.11, à Istanbul, la police perquisitionne les offices de l'IHD et dix autres associations sociales et culturelles. = L'ancien bâtonnier du Barreau d'Istanbul, Turgut Kazan est inculpé pour avoir insulté le ministre de la Justice. Il risque une peine de jusque 16 mois.
    Le 27.11, la CSE d'Istanbul condamne 17 personnes aux peines jusque 12 ans et 6 mois pour activités du PKK.
    Le 28.11, l'état d'urgence est prolongé pour quatre mois à partir du 30 novembre par l'assemblée nationale suivant les directives du CNS. Van, Bitlis, Tunceli, Sirnak, Hakkari, Diyarbakir, Batman, Bingöl et Siirt sont sous l'état d'urgence depuis juillet 1987.
    Le 29.11, un étudiant de 15 ans d'école secondaire, A.S. est traduit devant la CSE d'Izmir avec dix autres personnes sous l'inculpation de participer aux activités d'une organisation illégale. Le jeune déclare avoir été torturé au poste de police pour accepter les accusations. = Un tribunal pénal d'Ankara commence à juger 48 étudiants pour une manifestation = Le membre du parlement danois Soeren Soendergraad est expulsé de Turquie sous prétexte qu'il n'a pas le cachet d'entrée sur sont passeport. Il se trouvait en Turquie pour enquêter sur le cas de Kemal Koc (Voir: Info-Türk 229).
    Le 30.11, le syndicaliste suédois Ilka Parssinen n'est pas autorisé par le gouvernement turc de s'adresser à un panel organisé à Ankara au sujet des organisations de masse.
    Le 2.12, le président de l'Association contre la guerre d'Izmir, Osman Murat Ülke est incarcéré dans une prison militaire à Eskisehir pour avoir refusé de porter l'uniforme militaire à un régiment d'entraînement à Bilecik où a-t-il été envoyé après sa mise en liberté le 19 novembre. = Les anciens députés du DEP Mehmet Emin Sever, Mahmut Uyanik, Muzaffer Demir et Abdülkadir Zilan sont inculpés par le procureur de la CSE d'Ankara pour avoir aidé le PKK et pour la propagande séparatiste. Chacun risque une peine jusque 7 ans et demi.
    Le 6.12, la CSE d'Ankara condamne neuf étudiants aux peines jusque 18 ans pour des manifestations non-autorisées.
    Le 8.12, la CSE d'Izmir condamne cinq syndicalistes aux peines jusque trois ans pour une manifestation non-autorisée. = à Istanbul, 15 personnes sont arrêtées pour avoir fondé une organisation islamiste radicale.
    Le 10.12, le vice-président et l'avocat Eren Keskin est empêchée de quitter la Turquie afin de participer à une réunion d'AI en Allemagne. = Une cour criminelle d'Istanbul commence à juger le président du HADEP Nurat Bozlak pour avoir insulté les forces armées dans un discours. = La CSE de Malatya condamne un membre de TIKKO à la prison à vie.
    Le 11.12, treize islamistes sont traduits devant la CSE d'Ankara pour une manifestation anti-laïque le 4 octobre.
    Le 12.12, un Assyrien âgé de 22 ans, Soner Önder est condamné par la CSE d'Istanbul à une peine de 16 ans et 8 mois sous accusation d'avoir participé à une action armée du PKK à Istanbul. Droits de l'Homme sans frontières à Bruxelles accuse le tribunal d'avoir condamné l'Assyrien sans aucune preuve = La CSE de Diyarbakir place en détention préventive le soldat turc Ibrahim Yaylali, relâché récemment comme prisonnier de guerre par le PKK, pour avoir dit "Cher président Öcalan" pour le leader du PKK. = Un tribunal pénal d'Istanbul commence à juger 56 syndicalistes et employés pour une conférence de presse tenue en relation avec les grèves de la faim des prisonniers politiques.
    Le 13.12, un tribunal pénal de Kayseri condamne les présidents locaux des 6 syndicats à une peine de 18 mois pour une manifestation non-autorisée. = La CSE de Malatya condamne trois personnes à la prison à vie et quatre autres à des peines jusque 16 ans.
    Le 14.12, à Ankara, la police arrête 33 personnes pendant une manifestation des employés du secteur public.
    Le 16.12, la CSE d'Istanbul commence à juger 96 personnes pour les incidents du premier mai au cours des quels trois personnes étaient abattues par la police. = à Istanbul, la police arrête cinq élèves de l'école primaire pour avoir participé à une manifestation contre les relations Etat-Mafia. = La cour de cassation ratifie une peine de prison à vie contre le juriste Süleyman Altun pour des relations avec le PKK.
    Le 17.12, le festival pour la paix et l'amitié organisé par l'IHD à Malatya est interdit par le gouverneur. = La CSE d'Ankara commence à juger le président Aydemir Güler et trois autres dirigeants du parti du pouvoir socialiste (SIP) pour leur discours à un congrès du parti. Chacun risque une peine jusque trois ans.
    Le 18.12, la police arrête quelque 20 étudiantes pendant une perquisition au campus de l'université Dicle à Diyarbakir. Dans la même ville, le président de la Chambre des architectes, Ahmet Cengiz est également détenu par la police. = A Istanbul, l'Association pour la solidarité avec les familles des prisonniers (TUAD) est fermée par la police.
    Le 20.12, cinq membres du TDKP sont condamnés par la CSE de Konya aux peines jusque 12 ans et 8 mois.
    Le 23.12, la CSE de Diyarbakir condamne le syndicaliste Kadri Gökdere et l'enseignant Taha Gül à 18 ans et 9 mois pour avoir aidé le PKK.
    Le 24.12, la CSE d'Istanbul commence à juger le président local de l'IHD, Ercan Kanar et l'ancien président local du HEP, Felemez Basboga, pour avoir tenu une réunion non-autorisée.
    Le 25.12, la CSE d'Istanbul condamne 14 membres du parti populaire révolutionnaire de Turquie (TDHP) à des peines jusque 18 ans et 9 mois.
    Le 26.12, l'ancien député RP Hasan Mezarci est arrêté par la police à son retour d'Europe à Istanbul. Il doit purger une peine de 18 mois pour avoir insulté Atatürk. = Un tribunal pénal de Zonguldak condamne les présidents locaux de six syndicats à une peine de 15 mois et une amende de 250 millions LT chacun pour une réunion non-autorisée.
    Le 28.12, la Cour de cassation ratifie des peines jusque 12 ans et 6 mois contre six membres du DHKP/C. = La CSE de Malatya condamne un membre du PKK à la prison à perpétuité et un autre membre à trois ans et neuf mois.

LA PERSECUTION DES MEDIEAS EN DEUX MOIS

    Le 1.11, l'éditorialiste Mehmet Pamak de la revue islamiste Selam est condamné à Istanbul à une peine de 20 mois et une amende de 433 mille LT, et le rédacteur de la même revue Sukuti Mehmetoglu à une amende de 3 millions LT.
    Le 4.11, deux journalistes du périodique Alinteri, Merdan Özcelik et Salim Gümüs sont arrêtés par la police à Istanbul et Yildirim Dogan de Kizil Bayrak à Zonguldak. = Les derniers numéros d'Özgür Gelecek, Nüroj et Alinteri sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 5.11, les revues Partizan Sesi et Genc Direnis sont confisquées par la CSE d'Istanbul. = A Istanbul, treize personnes travaillant pour le périodique Kizil Bayrak et un membre du groupe musical Yorum, Hakan Alak, sont arrêtés à Istanbul.
    Le 8.11, la CSE d'Istanbul décide d'interdire le périodique Özgür Atilim pour un mois.
    Le 11.11, un nouveau quotidien, Emek, successeur d'Evrensel, est confisquée par la CSE d'Istanbul.
    Le 12.11, le correspondent de Kurtulus, Ümit Cirikliel déclare avoir été torturé par la police à Ankara. Un autre correspondent de la même revue, Ulas Sahintürk est arrêté le même jour à Samsun. = A Izmir, l'Association culturelle Pir Sultan Abdal est fermée pour quinze jour par le gouverneur. = Le dernier numéro d'Atilim et une brochure intitulée Özgür Atilim son confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 14.11, à Maras, la représentation d'une pièce de Nazim Hikmet, Inek, est interdite par le gouverneur.
    Le 16.11, Kurtulus est confisqué par la CSE d'Istanbul pour faire éloges à une organisation illégale.
    Le 17.11, les forces de sécurité arrêtent le correspondent d'Özgür Atilim Mikail Vayit à Antakya, les correspondents d'Özgür Halk et Demokrasi, respectivement Salih Dinc et Hayrettin Celik, à Batman.
    Le 18.11, le poète Yilmaz Odabasi est inculpé par un procureur d'Ankara pour son livre intitulé Le rêve et la vie. Il risque une peine jusque trois ans. = La CSE d'Istanbul condamne l'éditeur du périodique Ronahi, Ihsan Türkmen, à une amende de 83 millions LT et décide de fermer le journal pour un mois. = Les derniers numéros de Ronahi et Özgür Gelecek sont confisquées par la CSE d'Istanbul. = L'office d'Özgür Halk à Diyarbakir est perquisitionné par la police qui y arrête également deux personnes.
    Le 19.11, Alinteri est confisqué par la CSE d'Istanbul. = Le correspondent de Demokrasi et le secrétaire de la CGD Muteber Yildirim est incarcéré pour qu'il purge une peine de dix mois pour son articles concernant les grèves ouvrières.
    Le 20.11, à Van, le correspondent de Demokrasi Adil Harmanci et sa femme sont arrêtés par la police. = La cour de cassation ratifie une peine d'un an et un amende de 100 millions LT contre Nazime Kaya, l'éditrice responsable du périodique Hedef. La cour ratifie également un mois d'interdiction de la même revue. = Le périodique Deng est confisqué par la CSE d'Istanbul.
    Le 22.11, à Izmir, la police perquisitionne un livre de Hasan Yildiz intitulé La politique et le modernisme au début du 20e siècle. = Le correspondent d'Alinteri Filiz Soylu est kidnappée par la police à Eskisehir.
    Le 25.11, à Izmir, un concert du groupes musicaux Ekin et Günisigi est interdit par la gouverneur.
    Le 27.11, le premier numéro d'une nouvelle revue, Hevi, est confisqué par la CSE d'Istanbul.
    Le 28.11, la police arrête trois correspondents de Kizil Bayrak, Erol Malkoc, Bahri Colak et Gönül Sayginer à Ankara, et le correspondent d'Özgür Atilim Salahattin Ünsal à Kayseri. = La CSE d'Istanbul confisque le périodique Perspektif.
    Le 29.11, le correspondent de Newroz Yilmaz Kaplan est arrêté à Antep. = Le périodique Partizan est confisqué par la CSE d'Istanbul. Le même tribunal interdit la publication de la revue islamiste Akinci Yolu pour un mois.
    Le 30.11, le RTÜK interdit les émissions de la chaîne privée Kanal D pour trois jours.
    Le 3.12, la CSE interdit le quotidien Demokrasi pour cinq jours et le périodique Devrimci Cözüm pour un mois. = L'éditeur de Demokrasi Veli Mükyen est condamné à une amende de 291 millions LT.
    Le 4.12, le RTÜK interdit les émissions de la chaîne privée Show TV pour deux jours et de la radio privée Ekin pour une durée indéterminée. = L'ancien éditeur de Newroz, Hüseyin Alatas, et la présidente de la Fondation des femmes pour la liberté, Berivan Bozkurt sont mis en état d'arrestation à Gaziantep pour appartenance au parti communiste du Kurdistan (KKP).
    Le 5.12, le correspondent de Demokrasi Zülfikar Ali Aydin est arrêté à Istanbul.
    Le 6.12, le quotidien Emek est confisqué par la CSE d'Istanbul.
    Le 7.12, la CSE d'Istanbul interdit le périodique Proleter Halkin Birligi pour un mois et condamne ses éditeurs à une amende totale de 140 millions LT.
    Le 10.12, la CSE d'Ankara commence à juger les dirigeants de l'IHD Naciye Erkol, Yildiz Temürtürkan, Oya Ersoy, Mustafa Tüm, Adnan Okur, Ender Büyükculha et Meryem Erdal pour avoir publié un livre intitulé Le panorama des droits de l'homme en Turquie.
    Le 11.12, le musicien Hakan Alak du groupe Yorum déclare avoir été torturé pour douze jours après son arrestation le 5 novembre. = Le RTÜK interdit les émissions de la radio privée Demokrat pour un jour. = La CSE d'Istanbul commence à juger le leader de la confrérie Aczmendi, Müslüm Gündüz ainsi que deux journalistes du quotidien Milliyet, Eren Güvener et Murat Sabuncu pour un reportage avec celui-là. = A Usak, la représentation d'une pièce intitulée Les matins aux couleurs de cendre ayant objet l'exécution injustifiée d'un jeune révolutionnaire est interdite par le gouverneur.
    Le 12.12, les anciens directeurs du quotidien Özgür Gündem, Gurbetelli Ersöz et Ali Riza Halis sont condamnés chacun par la CSE d'Istanbul à une peine de 3 ans et 9 mois.
    Le 16.12, les périodiques Odak et Direnis sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 17.12, la CSE d'Istanbul condamne l'ancien président du syndicat Petrol-Is, Münir Ceylan à une amende de 600 mille LT pour un article qu'il avait écrit au quotidien Demokrasi. Le tribunal décide également d'interdire la parution de Demokrasi pour dix jours.
    Le 19.12, Hedef est confisqué par la CSE d'Istanbul.
    Le 20.12, l'écrivain Hamit Baldemir est condamné par la CSE d'Istanbul à une peine de 16 mois et une amende de 133 millions LT pour son livre La femme kurdes dans les métropoles. = A Aydin, le correspondent d'Azadiya Welat Ferec Cobanoglu est arrêté par la police.
    Le 23.12, un tribunal pénal d'Istanbul condamne l'écrivain Orhan Gökdemir et son éditeur Sirri Öztürk à une amende de 75 millions LT chacun pour un livre intitulé Des organisations secrètes à parti du bien-être - L'autre islam.
    Le 24.12, un livre intitulé La Question kurde et des propositions pour une solution démocratique et le périodique Alinteri sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 26.12, la CSE d'Istanbul condamne l'éditeur de Demokrasi Veli Mükyen à une amende de 2,411 milliards LT ainsi que le rédacteur Ali Zeren à une peine de six mois et une amende de 1,159 milliards LT à l'issus de quatre procès différents. La cours décide également d'interdire la parution de Demokrasi ainsi que du périodique Odak pour un mois.
    Le 27.12, les émission de la chaîne privée Kanal-D sont interdites par le RTÜK pour un jour. = Les périodiques Aydinlik, Enternasyonalist Devrimci Maya et Proleter Halkin Birligi sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 31.12, à Osmaniye, deux journalistes du quotidien Özgür Cukurova, Yeter Özcan et Bayram Dana sont mis en état d'arrestation.

LA TURQUIE FAIT APPEL POUR LA CONSTRUCTION DES CENTRALES NUCLEAIRES

    En dépit des réactions des cercles écologistes, le gouvernement le 17 décembre a repris l'initiative vers l'ère d'énergie nucléaire, invitant aux offres pour au moins une grande centrale d'énergie près de la ville côtière méditerranéenne d'Akkuyu.
    L'appel demande des offres pour des centrales à unité simple ou multiple avec des sorties allant de 1.200 à 2.800 mégawatts. Des sources industrielles ont dit antérieurement d'une centrale de 1.400 mégawatts coûte environ 2,5 milliards de $ et prend six ans à construire.
    Annonçant l'appel dans une conférence de presse, le ministre de l'énergie Recai Kutan a dit que le gouvernement envisagerait d'autres centrales nucléaires dans les années à venir pour rencontrer l'insuffisance énergétique du pays.
    Le premier effort de la Turquie en vue de l'énergie nucléaire remonte à 1965 quand le gouvernement a invité aux offres pour un réacteur à l'eau lourde devant être construit sur le site d'Akkuyu. Des efforts similaires ont suivi en 1975 pour construire un centrale nucléaire sur un site de 8,5 km2 à Akkuyu. Ceux-ci aussi se sont révélés sans fruits car une firme suédoise, Asea-Atom/Stal-Laval, qui a gagné le contrat officiel a ensuite annulé ses garanties en 1980.
    Par la suite, la Turquie a envoyé des lettres d'intention à KWU et AECL pour la construction de deux centrales séparées à Akkuyu, et à General Electric pour construire des centrales nucléaires dans la province de Sinop sur la mer noire. En accord avec le modèle construire-opérer-transférer, la Turquie a proposé à ces firmes d'opérer les centrales pendant 15 ans, ensuite de les transférer à l'Institut de l'électricité turque (TEK). Bien que AECL ait signé un accord préliminaire avec le TEK en 1985, ce projet a été aussi suspendu.

CILLER CONSIDÈRE L'EAU COMME UNE MENACE FUTURE POUR LA PAIX

    Le vice-premier ministre Tansu Ciller a dit le 17 décembre 1996 que dans les années futures, le Moyen-Orient deviendrait une région très importante, spécialement en rapport avec l'eau, et a ajouté que la Turquie évolue rapidement vers un monde qui verrait l'eau, comme l'essence, comme une ressource naturelle de valeur, rapporte l'agence Anadolou.
    Ciller, parlant à Istanbul comme présidente honoraire au premier meeting de la Fondation de la recherche stratégique du monde de l'avenir, a noté que l'agenda global du 20ème siècle changeait rapidement.
    Elle a dit que le moyen orient deviendrait une région à risque, ayant une importance globale en rapport avec l'eau. "L'eau deviendra la variable la plus importante," a-t-elle dit, se référent à la préservation de la paix mondiale.
    Orhan Özcanli, secrétaire général de la formation, a dit que l'organisation était établie en septembre 1996 avec le but de permettre l'utilisation des données stratégiques obtenues par des méthodes objectives et scientifiques. Il a ajouté que la fondation organiserait des rencontres tous les deux mois, et a annoncé que l'ancien président américain George Bush et Mihail Gorbachev, le dernier président de l'ex-URSS, assisteront au meeting à Istanbul le 6 avril 1997.