INFO-TURK

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27e Année - N°292

Décembre/December 2002
 
 

Militarisme

La Turquie doit absolument
se débarrasser du diktat de l'Armée
(Turkey must absolutely get rid of theArmy's diktat)

Le PE appelle la Turquie à séparer les "compétences civiles et militaires"

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L'ingérence de l¹armée turque freine la démocratisation du pays
Dogan Özgüden
La république des pachas: Ce pouvoir si pesant des militaires turcs
Eric Rouleau
The Turkish Army's business empire: OYAK
The Turkish Daily News


Moyen-Orient /Middle East
 

Manifestation à Istanbul contre une guerre en Irak
Les Etats-Unis demandent soldats, bases et ports à la Turquie
Washington compte sur Ankara pour le front nord contre Bagdad
Le tapis rouge pour Erdogan en échange du soutien à l'opérationcontre l'Irak
L'Armée turque et les islamistes déjà impliqués dans la croisade de Bush!
Irak: L'armée turque reconnaît se préparer à un possible conflit
Manoeuvres aéronavales conjointes entre Israël, les USA et la Turquie
Nord de l'Irak: Talabani pas opposé aux troupes turques en cas de guerre
La Turquie dit "oui" pour des bases, refuse l'arrivée de soldats américains
Turcs et Américains "au moins 5 ans" dans le nord irakien en cas de guerre
La Turquie étend le mandat de la force de surveillance aérienne du nord irakien
Les dirigeants turcs lient leur décision sur une guerre à l'avis de l'Onu
Washington satisfait de la coopération d'Ankara sur l'Irak
Signes d'activité militaire turque à la frontière irakienne
Plus de 2.000 manifestants à Istanbul contre une guerre en Irak
"Nous ne sommes pas un émirat", affirme le Premier ministre turc
Il faut donner une chance à la diplomatie en Irak, selon la Turquie

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Politique intérieure/Interior Policy

L'analyse du résultat des élections législatives du 3 novembre 2002

Dogan Özgüden

YSK cancels elections in Southeastern city of Siirt
Le gouvernement présente un projet de réformes au Parlement
Le parlement adopte des réformes permettant à Erdogan de devenir PM
Premier bras de fer entre le président et le gouvernement en Turquie
Le parlement confirme sa détermination de voir Erdogan Premier ministre
Le chef de l'Etat ouvre la voie à M. Erdogan pour devenir Premier ministre
Plus de 25 mille citoyens sont toujours privés des droits politiques
Meurtre douteux d'un spécialiste de l'islamisme
Arrestation d'un ancien député turc accusé de fraude
L'ancienne Premier ministre Ciller s'en va, Mehmet Agar chef du parti


Le Terrorisme de l'Etat/State Terrorism

La 6ème victime du régime carcéral lors du pouvoir islamiste; Le bilan: 103 morts
Des policiers turcs condamnés pour torture échappent à la prison
Fondations allemandes en Turquie: mise en garde du président du Bundestag
ONG allemandes accusées d'"espionnage": les accusés plaident non coupable
Fondations allemandes en Turquie: le président du Bundestag hausse le ton
Procès des fondations allemandes en Turquie: Berlin met Ankara en garde
Procès des fondations allemandes: M. Yakis rejette une ingérence allemande
IHD calls measures to prevent violence against women
State terrorism in brief

Pression sur les médias/Pressure on the Media

Pablo Neruda tried before of a Turkish state security court
Le procès intenté à RSFpar la Turquie pour atteinte au droit à l'image est reporté
Publishers still under State pressure in Turkey
Violence et sexe, deux recettes à audience parfois coûteuses à la télé turque
Pressure on the media in brief

Kurdish Question/Question kurde

HADEP denounces steps to cut back reforms
La Turquie condamnée pour violation du droit à la liberté et à la sûreté
Dissolution du DEP pro-kurde en 1994: Ankara à nouveau condamné
Leyla Zana invitée à Strasbourg pour la remise du prix Sakharov
Disappointment at absence of Leyla Zana in Strasbourg
Les Pays-Bas n'extraderont pas une responsable du PKK vers la Turquie
La réforme d'émissions en langue kurde qualifiée de "farce"
Kurdish Question in brief

Affaires religieuses/Religious Affairs

Le port du foulard redevient d'actualité en Turquie

Minorities/Minorités

Pétition des Arméniens de France contre l'adhésion de la Turquie à l'UE
Les Turcs doivent reconnaître le génocide arménien, selon Renaud Muselier
L'église "la plus malchanceuse au monde" sortie de l'oubli en Turquie
Prise de fonction du nouveau grand rabbin de Turquie à Istanbul

Socio-économique/Socio-economic

Greenpeace presse l'Italie de rapatrier des déchets dangereux de Turquie
Déficit commercial en hausse de 33,3% sur 10 mois à 11,424 milliards de dollars
Minimum monthly net wage fixed at $ 136 in Turkey
Le gazoduc sous-marin le plus profond du monde a commencé à fonctionner
Feu vert financier pour un tunnel sous le Bosphore
La Turquie compterait plus de 90 millions d'habitants en 2023

Relations avec l'Ouest/Relations with the West

European Parliament debated EU strategy towards Turkey
Les conservateurs restent opposés à une entrée de la Turquie dans l'UE
Près de 60% des Français opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Europe
Giscard: "La Turquie n'est pas un pays européen"
La Turquie n'adhérera pas à l'UE "avant 2013", selon Verheugen
La Turquie face aux "critères de Copenhague"
Erdogan accuse l'EU de mener une "politique de deux poids, deux mesures"
Turquie et Union européenne: les principaux arguments du débat
Le Parlement turc adopte un nouveau projet de réformes pro-européennes
Le parlement turc reporte un vote sur l'adoption de nouvelles réformes
Bush très insistant pour un geste en faveur de la Turquie
Erdogan souhaite une adhésion à l'ALENA en cas d'un refus de l'UE!
Ankara hausse le ton à la veille de Copenhague
Une chambre de commerce turque envisage un boycottage de produits de l'UE
Réformes: le Conseil de l'Europe attend la Turquie sur le terrain
Les 15 ont manifesté leur irritation après les pressions turques et américaines
Tension entre Paris et Ankara après la décision de l'UE sur la Turquie
La presse turque "déçue" du revers infligé à la Turquie par l'UE
Le gouvernement turc veut accélérer la mise en oeuvre de réformes
La présidence turque "pas surprise" et "pas contente" de Copenhague
L'Islande contre l'entrée de la Turquie dans l'Espace économique européen
Pour les Européens, la Turquie a encore beaucoup à faire
Des "conseillers pré-adhésion" attendus en 2003 dans les ministères turcs
Jacques Delors met en garde contre un rejet de la candidature turque

Relations avec Chypre et la Grèce/Relations with Cyprus and Greece

Après Copenhague, les Chypriotes turcs sont en colère la domination d'Ankara
La Turquie dénonce la décision de l'UE d'inviter Chypre
Turkish Cypriot rally calls for end to division
Denktash menace de démissionner si Ankara lui force la main

Relations régionales/Regional Relations

Poutine et Erdogan pour le renforcement de la lutte antiterroriste
Condamnation des commandos pro-tchéchène preneurs d'otages
Dix ans de prison pour un Arménien, accusé d'espionnage au profit de la Turquie
La Turquie accepte une prolongation de son mandat à la tête de l'Isaf

Immigration/Migration

Les Turcs d'Allemagne déchirés entre Orient et Occident
Libération d'une dirigeante du PKK aux Pays-Bas
Des immigrés kurdes à leur 16e jour de grève de la faim


Earlier bulletins / Bulletins précédents

Militarisme


La Turquie doit absolument se débarrasser du diktat de l'Armée

L'Union européenne a décidé le 13 décembre à Copenhague un élargissement historique à dix nouveaux pays, dont Chypre, qui va pousser ses frontières jusqu'à la Russie et l'Ukraine, treize ans après la chute du système soviétique en Europe. "Aujourd'hui, nous avons clos un des chapitres les plus sanglants et les plus sombres de l'histoire européenne", a déclaré le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, président en exercice de l'UE, saluant "un jour historique pour les peuples d'Europe et du monde".

L'Union européenne n'a pas voulu discuter plus avant avec la Turquie, qui faisait pression pour obtenir une date très rapide d'ouverture de ses négociations d'adhésion. Les Quinze ont décidé de ne se prononcer qu'en décembre 2004 à ce sujet, en fonction de l'avancement du processus démocratique.

L'UE accepte une Chypre divisée, en dépit des efforts des Nations unies pour mettre fin à une partition de 28 ans, la partie chypriote-turque se refusant à signer les accords proposés par l'Onu.

Encouragés dans tous les azimuts par George W. Bush en échange de d'obtenir la complicité de la Turquie dans sa croisade anti-irakienne, les dirigeants du pouvoir AKP, de mouvance islamiste, avaient haussé le ton à la veille du sommet de Copenhague évoquant d'éventuelles mesures de représailles contre l'Europe.

Ainsi, par leurs décisions relatives à l'adhésion de Chypre et de la Turquie, les dirigeants européens ont infligé un revers cinglant aux dirigeants d'Ankara.

A la veille du sommet de Copenhague, le Parlement turc, qui devait adopter une série de nouvelles réformes démocratiques, notamment en matière de défense des droits de l'Homme et de lutte contre la torture, a brusquement ajourné ses débats en signe de pression sur l'Union européenne.

La presse turque parlait d'un plan "B" du gouvernement turc selon lequel, en cas d'un échec à Copenhague, la Turquie annexerait la partie nord de Chypre.

Selon plusieurs journaux, le gouvernement turc envisagerait également d'exclure les firmes françaises et allemandes d'appels d'offres en Turquie, notamment en matière d'armement, s'il n'obtient pas satisfaction à Copenhague.

La chambre de commerce d'Ankara avait appelé pour sa part au boycottage de produits européens au cas où l'UE s'abstiendrait de fixer à Copenhague une date ferme pour l'amorce des négociations d'adhésion.

Et le chef du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan, était allé jusqu'à déclarer, lors de sa visite aux Etats-Unis, qu'Ankara chercherait à rejoindre l'ALENA (la zone de libre échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique) si son entrée à l'UE était compromise.

Par ailleurs, Ankara avait clairement fait entendre qu'on ne pouvait attendre de progrès sur la question de la réunification de Chypre ou de la politique européenne de sécurité et défense si l'UE ne répondait pas à ses attentes.

En refusant les chantages d'Ankara, les dirigeants européens ont pris le risque de mécontenter à la fois Ankara et Washington mais ils ont aussi clairement signifié leur volonté de résister aux pressions.
 

Qu'est-ce qu'ils attendaient effectivement de l'Union européenne?

Les dirigeants d'Ankara attendaient la fixation d'une date d'ouverture des négociations d'adhésion même si Ankara n'accomplit pas tous les devoirs formulés dans les critères de Copenhague.

Par contre, la majorité des dirigeants européens souhaitaient, avant donner une date d'ouverture des négociations, connaître mieux les intentions du pouvoir AKP et observer le rythme d'amélioration de la situation des droits de l'homme dans la pratique.

Parmi plusieurs réserves (démographique, économique, sociale, religieuse et culturelle) exprimées tardivement par des personnalités européennes vis-à-vis de l'adhésion turque, la réticence sur la fiabilité du pouvoir islamiste et sur la question des droits de l'homme étaient les plus pertinentes.

Bien que toutes les forces politiques turques semblaient réunies autour du pouvoir AKP (qui ne représente que 34,5% de la population) pour arracher une date de négociation, ces mêmes forces politiques, de gauche ou de droite, déclaraient lors de la campagne électorale qu'une éventuelle victoire de l'AKP constituerait un coup fatal pour le projet européen de la Turquie.

De plus, au cours de quelques semaines de pouvoir absolu, les dirigeants AKP avaient déjà donné plusieurs exemples de la contradiction entre leurs promesses "démocratiques" et leurs pratiques "antidémocratiques" en commençant par leur soumission totale à l'Armée.

En effet, le président du parti Tayyip Erdogan et le Premier ministre Abdullah Gül répétaient sans cesse qu'on ne modifiera jamais le statut privilégié des militaires et suivaient les instructions que leur dictent les généraux lors des briefings organisés de manière humiliante dans le quartier général de l'Etat-Major.

L'adoption de quelques amendements cosmétiques dans la législation n'étaient pas suffisante pour une véritable démocratisation.
 

Qu'est-ce que doivent faire les dirigeants de la Turquie

Après le sommet de Copenhague, les dirigeants d'Ankara ont une nouvelle chance jusqu'à la fin de 2004. Pour qu'on prenne au sérieux leur discours de "démocratisation", ils doivent immédiatement réaliser toutes les réformes indispensables réclamées par les organisations des droits de l'Homme.

Ayant une majorité absolue à l'Assemblé nationale, ils n'ont aucun prétexte pour traîner cette amélioration.
 

1. Le diktat de l'Armée exercé par le biais du MGK doit être aboli et le chef d'état-major doit subir l'autorité du ministre de la défense nationale.

2. Tous les détenus politiques dans les prisons turques, dont le nombre s'élève à plus de 10 milles selon les chiffres donnés par le ministère de la Justice, doit être libérés.

3. La Constitution actuelle imposée par les militaires en 1982 doit être entièrement modifiée en supprimant toutes les références à la suprématie de la nation turque et à la dominance de la pensée atatürkiste sur le système politico-social.

4. L'arsenal pénal du régime répressif doit être détruit par la suppression ou la modification de centaines d'articles incrustés dans toutes les lois.

5. Le système carcéral de Type F, cause d'une centaine de morts tragiques dans la résistance des prisonniers, doit être remplacé par un système plus humain.

6. Toutes les restrictions sur les libertés et les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités (arménienne, assyrienne, grecque etc.) doivent être abolies. Le droit d'enseignement et de publication dans la langue maternelle doit être reconnu sans aucune restriction comme il se pratique en Europe.

7. Le système électoral doit être modifié de sorte que le HADEP, majoritaire dans le Kurdistan turc, ou un autre parti kurde, puisse être représenté à l'Assemblée nationale pour pouvoir défendre les intérêts du peuple kurdes et des autres minorités.

8. La liberté de culte doit être reconnue non seulement aux musulmans sunnites, mais également aux autres catégories confessionnelles ou philosophiques comme musulmans alévites, non-musulmans ou non-croyants.


Tant que ces réformes radicales ne se réalisent pas, la Turquie restera toujours un pays non-démocratique et son adhésion à l'Union européenne sera ajournée sine die. (Info-Türk, 15 décembre 2002)
 
 

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Turkey must absolutely get rid of the Army's diktat

The European Union decided on December 13 in Copenhagen a historical widening with ten new countries, of which Cyprus, that will push its borders to Russia and the Ukraine, thirteen years after the fall of the Soviet system in Europe. "Today, we closed one of the bloodiest chapters and darkest of the European history", declared Danish the Prime Minister Anders Fogh Rasmussen, President-in-Office of the EU, greeting "a historical day for the people of Europe and the world".

The EU accepts divided Cyprus, in spite of the efforts of the United Nations to put an end to a 28 years partition, the Cypriot-Turkish part refusing to sign the agreements suggested by UNO.

The Fifteen also agreed to decide in December 2004 on the possibility of giving a date for the beginning of Turkish-European negotiations, only according to the advance of the democratic process.

Encouraged in all the azimuths by George W. Bush, in exchange to obtain the complicity of Turkey in his anti-Iraqi crusade, the AKP leaders of Islamist background had raised the ton the day before the Summit of Copenhagen by evoking possible reprisals against Europe if an early date is not announced for negotiations.

The day before of Copenhagen, the Turkish Parliament, which was to adopt a series of new democratic reforms as regards respect of the human rights and fight against torture, abruptly deferred its debates as a sign of pressure on the European Union.

The Turkish press spoke about a plan "B" of the Turkish government according to which, in the event of a failure in Copenhagen, Turkey would annex the northern part of Cyprus.

According to several newspapers, the Turkish government would also plan to exclude the French and German firms from invitations to tender in Turkey, in particular as regards armament, if it does not obtain satisfaction in Copenhagen.

The Chamber of Commerce of Ankara had called for its part to boycott European products if the EU would abstain from fixing in Copenhagen a firm date for the starter of the negotiations of adhesion.

What is more, the head of the AKP, Recep Tayyip Erdogan, during his visit in the United States, had gone so far by declaring that Ankara would seek to join the NAFTA (the free trade area between the United States, Canada and Mexico) if the EU did not give a date.

In addition, Ankara had clearly made hear that one could not await progress on the question of the reunification of Cyprus or the European policy of security and defense if the EU did not answer its waiting.

By refusing the blackmails of Ankara, the European leaders took the risk to dissatisfy at the same time Ankara and Washington but they clearly manifested their will to resist the pressures.
 

What do the European Union leaders await indeed?

The leaders of Ankara waited the fixing of a date of opening of the negotiations of adhesion even if Turkey does not achieve all the duties formulated in the criteria of Copenhagen.

On the other hand, the majority of the European leaders wished, before giving a date of opening of the negotiations, to see better the AKP's real intentions and to observe the rhythm of improvement of the situation of the humans right in practice.

Among many reserves (demographic, economic, social, religious and cultural) expressed lately by European personalities with respect to Turkish adhesion, the reserve on the reliability of the capacity of the Islamist power and the question of the humans right were most relevant.

Although all the Turkish political forces seemed united around the AKP power (which accounts for only 34,5% of the electors) to tear off a date of negotiation, these same political forces, left or right, had declared at the time of the electoral campaign that a possible victory of the AKP would constitute a fatal blow for the European project of Turkey.

Moreover, during a few weeks of their power, the AKP leaders had already given several examples of contradiction between their "democratic" promises and their "antidemocratic" practices in a total submission to the Army.

Indeed, the party leader Tayyip Erdogan and the Prime Minister Abdullah Gül unceasingly repeated that the privileges of the military would never be touched. They promised to adapt themselves to the instructions that the Generals dictate to them in a humiliating way at the briefings organized at the headquarters of the Staff.
 

What must the Ankara leaders do?

The adoption of some cosmetic amendments in the legislation was not sufficient for a true democratization.

After the Summit of Copenhagen, the leaders of Ankara have a new chance until the end of 2004. So that one takes with serious the their speech on "democratization", they must immediately carry out all the essential reforms claimed by the humans rights organizations.

Since they have an absolute majority in the National Assembly, they do not have any pretext to postpone these indispensable reforms:
 

1. The Army diktat exerted by the means of the National Security Council (MGK) must be abolished and the head of general staff must undergo the authority of the National Defense Minister.

2. All political detainees in the Turkish prisons, of which the number rises to more than 10 thousands according to figures given by the Ministry of Justice, must be released.

3. The Constitution imposed by the military in 1982 must be entirely modified by removing all the references to the supremacy of the Turkish nation and the predominance of the Atatürkist thought on the politico-social system.

4. The penal arsenal of the State terror must be destroyed by the suppression or the modification of hundreds of articles encrusted in all the laws.

5. The prison system of Type F, cause of more than hundred tragic deaths in the resistance of the prisoners, must be replaced by a more human system.

6. All restrictions on freedoms and the basic rights of the Kurdish people and the minorities (Armenian, Assyrian, Greek etc.) must be abolished. The right of teaching and publication in the mother tongue must be recognized without any restriction as it is practiced in Europe.

7. The electoral system must be modified so that the HADEP, majority in Turkish Kurdistan, or another Kurdish party, can be represented in the National Assembly for defending the interests of the Kurdish people and other minorities.

8. The freedom of belief must be recognized not only to the Sunnite Moslems, but also to the other religious or philosophical categories like Alevi Moslems, Non-Moslems or unbelievers.


As long as these radical reforms are not carried out, Turkey will always remain a non-democratic country and its adhesion with the
European Union will be deferred sine die. (Info-Türk, 15 décembre 2002)
 
 

L'ingérence de l'Armée turque freine la démocratisation du pays

Dogan Özgüden
(Interviewé par Tim Theunis au début décembre 2002)

A 66 ans, Dogan Özgüden est un des plus anciens journalistes de Turquie. Après avoir travaillé pour une dizaine de quotidiens turcs et avoir été menacé de près de 300 ans de prison pour avoir osé critiquer le régime répressif turc, il a dû quitter son pays après le coup d'Etat militaire de 1971. Rédacteur en chef à Bruxelles de l'agence de presse Info-Türk et auteur de nombreux ouvrages sur la Turquie, il nous éclaire sur l'évolution politique et militaire de son pays d'origine.

Quel regard portez-vous sur l'islamisme modéré incarné par le parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir en Turquie ?

L'islamisme incarné par l'AKP n'est pas historiquement et socialement comparable à l'islamisme algérien, pakistanais ou afghan. Même s'ils sont tous très attachés sur le fond aux valeurs coraniques, le nationalisme turc est beaucoup plus ancré dans les mentalités. A l'instar des autres formations politiques du pays, l'AKP fait partie des mouvements nationaliste et ultranationaliste qui se réunissent autour d'un même objectif : la suprématie de la nation turque. La nouvelle génération d'islamistes au pouvoir a été éduquée avec cette conception de l'islam. Mais l'AKP s'est rendu compte qu'un discours islamiste traditionnel provoquait des réactions hostiles de la part des occidentaux, des laïcs turcs et de l'armée turque. Il a donc changé de discours en apparence mais l'islamisme traditionnel demeure indéniablement son fonds de commerce.

Comment expliquez-vous dès lors que les autorités turques négocient avec les Américains un partenariat dans le cadre d'une éventuelle guerre contre l'Irak ?

La Turquie a déjà payé un lourd tribut lors de la Guerre du Golfe. Les partis politiques turcs et l'armée turque étaient donc réticents à participer à une éventuelle seconde guerre. L'Irak étant un pays de culture islamique, l'AKP avait encore plus de mal à accepter un tel partenariat. Il ne l'a d'ailleurs pas caché durant sa campagne électorale. Avec l'appui des Américains, l'AKP a toutefois l'occasion de légitimer son pouvoir aux yeux des militaires turcs ainsi que sur la scène politique du pays. La Turquie a en outre besoin du soutien américain pour gagner des points dans les relations qu'elle entretient avec l'Union européenne. Avec une dette avoisinant les 150 milliards de dollars, le pays a également besoin de sceller un accord avec le Fonds monétaire international. En contrepartie, les islamistes se voient donc obligés d'entretenir de bonnes relations avec les Américains. Les militaires et les nationalistes turcs ne voient pas non plus d'un bon ¦il la possible création d'un Etat kurde dans le Kurdistan irakien, conséquence possible d'une seconde intervention militaire à Bagdad. En échange d'un partenariat militaire et par peur que la population kurde en Turquie réclame à son tour l'indépendance, ils exigent donc des Etats-Unis qu'ils empêchent la création d'un tel Etat.

Comment décririez-vous les relations entre le pouvoir politique et l'armée turque ?

En analysant le passé du pays, la nouvelle génération islamiste turque s'est rendue compte que pour pouvoir rester aux commandes politiques du pays, il lui fallait entretenir des liens forts avec l'armée. Après être arrivé au pouvoir, l'AKP a pourtant tenu des discours allant dans un sens démocratique. En faisant allusion à leurs précédentes interventions, les militaires ont toutefois fait pression pour infléchir ces positions. Cela explique notamment les éloges récemment adressées à l'armée par le leader de l'AKP, Tayyip Erdogan, le Premier ministre Abdullah Gul et le président du Parlement, Bülent Arinç. Le Conseil national de sécurité qui est considéré comme le gouvernement de l'ombre est également dominé par l'armée. Malgré qu'ils y soient numériquement minoritaires, les militaires voient toujours leurs exigences rencontrées. La récente convocation du Premier ministre au Quartier Général de l'armée turque démontre également l'hégémonie de cette dernière. Cette ingérence de l'armée est une réalité cachée aux occidentaux. Elle constitue pourtant la clef des relations entre la Turquie et l'Europe.

L'armée turque, qui prétend s'ériger en gardienne du dogme nationaliste et laïc d'Atatürk, défend-t-elle le caractère laïc de l'Etat turc ?

En raison des problèmes économiques et sociaux du pays, l'islam reste le dernier refuge pour les grandes masses populaires. La laïcité est toutefois présente en Turquie par le mode de vie quasi occidental de sa population. En ce sens, on peut affirmer que le pays est laïc. Mais l'armée turque se prétend avec une grande hypocrisie être la défenderesse de cette laïcité. C'est elle a qui en effet encouragé l'influence de l'islam dans la société turque. Après le coup d'Etat militaire de 1980, il lui fallait un soutien de masse pour pouvoir contrecarrer le mouvement de gauche. La junte militaire a dès lors beaucoup investi dans la promotion de l'islam. Elle a encouragé la construction de mosquées et a instauré l'organisation de cours coraniques dans toutes les écoles du pays. Les enfants de familles non musulmanes ont également dû s'y soumettre.

Que faudrait-il pour mettre fin à cet interventionnisme militaire ?

Toute tentative par le passé de réduire le pouvoir de l'armée a été un échec. C'est toutefois la première fois dans l'histoire récente du pays qu'un parti politique est arrivé au pouvoir avec une telle majorité. L'AKP peut modifier la Constitution mais je ne crois plus en la sincérité des propos de ses dirigeants. Si l'armée ne touche pas à certaines promesses électorales tenues par l'AKP, ce parti peut parfaitement s'entendre avec elle. L'armée met en outre tout en ¦uvre pour qu'on ne touche pas à son projet de créer une industrie de guerre. Et cette industrie n'est pas seulement l'enjeu des militaires, c'est également celui des milieux capitalistes turcs. Un changement n'est possible que si le peuple turc comprend que la présence des militaires n'améliore pas la situation économique désastreuse du pays. Les médias turcs ont donc un rôle important à jouer. Il faut qu'ils cessent de relayer la propagande militariste en magnifiant le pays. La conjoncture internationale et l'évolution future du Moyen-Orient pourront peut-être y aider.

Les minorités ethniques du sud-est de la Turquie bénéficient-elles actuellement des mêmes droits que la population turque ?

La législation a été modifiée en ce sens mais tant que les mentalités ne changent pas, ces réformes ne servent à rien. Il est ainsi pour l'instant inconcevable qu'un Assyrien, un Arménien ou un Grec devienne officier de profession dans l'armée turque. L'accès aux professions en rapport avec la sûreté nationale ou dans l'administration publique leur est en effet refusé. Et cela parce que la Constitution est entièrement consacrée à la nation turque. Il est également impossible de créer une télévision privée kurde. Cette minorité s'est seulement vue octroyer récemment le droit à une représentation de quelques heures sur la télévision publique turque contrôlée par le gouvernement. Les restrictions relatives à l'éducation sont également nombreuses. La population du Kurdistan turc n'a par exemple pas encore le droit de fréquenter les écoles dans sa langue maternelle. Seuls certains cours privés se donnent. De même, les minorités arménienne, assyrienne et grecque peuvent restaurer leurs églises et monastères mais l'intention politique est plutôt d'attirer les touristes européens. La man¦uvre du pouvoir consiste donc à faire semblant de reconnaître des libertés aux minorités. Sur le fond, rien n'a changé.

La justice turque vous a récemment inculpé pour "insulte à l'armée" concernant un article écrit dans une revue turque à l'occasion du 30ème anniversaire de l'exécution de trois leaders de la jeunesse progressiste. Les autorités turques prétendent pourtant avoir éradiqué le délit d'opinion de ses lois.

Un autre journaliste-écrivain ainsi que l'éditeur responsable de la revue ont également été  inculpés pour "insultes à l'armée". Je n'ai pourtant fait que critiquer la position prise par l'armée à la fin des années 1960 et la répression qu'elle a menée de 1980 jusqu'en 2000. Je n'ai à aucun moment insulté au sens propre du terme les militaires. Mais les procureurs et les juges turcs décident arbitrairement si une opinion constitue une insulte ou une simple critique. La séparation des pouvoirs en Turquie est une gageure. Affirmer que la justice turque est indépendante est mensonger. C'est l'armée qui oriente la justice comme les autres institutions publiques du pays. Son ingérence freine la démocratisation de la Turquie. La formation de l'élite bureaucratique civile ou militaire se fait de manière à ce que les intérêts suprêmes de la nation turque soient assurés.

Que vous inspirent les déclarations de certains politiques qui ne considèrent pas la Turquie comme un pays européen et n'envisagent pas en conséquence de lui proposer une date pour négocier une éventuelle adhésion à l'Union européenne ?

La Turquie fait indéniablement partie de l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais c'est seulement si la Turquie respecte les critères de Copenhague que l'Europe se doit d'ouvrir des négociations d'adhésion, pas avant. Je comprends donc très bien les réticences européennes. Personne ne peut encore prédire l'attitude future de l'AKP. Durant la campagne électorale, les partis politiques de droite et de gauche l'ont accusé d'être le 5ème colon de l'islamisme mondial. Même si je ne pense pas qu'ils vont se diriger vers un intégrisme ou un fondamentalisme islamique, ce n'est que lorsque le leader du parti sera nommé Premier ministre que le vrai visage de l'AKP apparaîtra. Quoi qu'il en soit, sans une Constitution réellement démocratique et sans une armée en retrait de la vie politique, il est trop risqué de vouloir entamer des négociations. Il me paraît également inconcevable que des négociations puissent s'ouvrir alors même que le problème chypriote n'est pas résolu. Mais un éventuel refus d'ouverture des négociations pourrait provoquer d'une part, un durcissement du discours intégriste vis-à-vis de l'Europe, et d'autre part, une récupération d'une partie de l'électorat turc par les néo-fascistes évincés du pouvoir. L'Europe a donc plus que jamais l'avenir de la Turquie entre ses mains.
 
 

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The Turkish Army's business empire: OYAK

 
OYAK is one of Turkey's biggest companies with approximately 180,000 military officers as members. It has stakes in 26 companies in automotive, cement, finance, food, chemical and service sectors


Armed Forces Pension Fund (OYAK) revealed its 2000 activity report last week for the first time in its 40 year history. As it celebrates its 40th anniversary, OYAK has launched an ambitious restructuring program in order to become a more efficient and effective organization that provides superior service to its members.

OYAK is one of Turkey's biggest companies, with approximately 180,000 military officers as members. It has stakes in 26 companies in automotive, cement, finance, food, chemical and service sectors.

General Manager Coskun Ulusoy says the company has become a rising star on the business scene. By law, OYAK could only serve military members, but the management now wants to serve the civilian populace as well, which Ulusoy thinks could be possible through private pension funds.

OYAK indeed has developed itself into an industrial and financial group in order to be able to deliver social security services to its members. It sees an opportunity to share its experience as a pension fund at a time when private pension funds are on the agenda.

So far this year the company has increased its income by 250-300 percent on a lira basis, which corresponds to 50 percent in U.S. dollar terms. The company's annual profit is climbing towards TL 600 trillion.

"Turkey's armed forces command not only the second biggest army in NATO but also one of the country's most successful business empires," Financial Times'(FT) Leyla Boulton has written in an Oct. 9 article.

The board of the company consists largely of members with military roots, but Ulusoy stresses that OYAK doesn't belong to the army.

"The military is responsible for protecting the borders, as it should be. As a private institution we are offering professional service to our members who would put some of their earnings and ask us to operate it."

"OYAK has no role in the army organization. It's a social security institution for people who work in the army," Ulusoy says.

The company has been increasing its concentration in the financial sector and withdrawing from other areas and plans to demonstrate its 40-year experience through pension funds.

OYAK Menkul Degerler A.S., the brokerage arm of the group, has recently acquired a 91.5 percent stake in Yasar Yatirim, previously owned by bailed out Yasarbank. The plan is to merge the two brokerages by the beginning of 2002, to achieve a transaction volume that would put the enterprise on the fifth rank among Turkish brokerage firms.

Earlier in August, OYAK acquired Sumerbank from the Savings Deposit Insurance Fund, pledging to immediately contribute TL 27 trillion of capital. OYAK took over TL 2,000 trillion of Sumerbank's balance sheets, or one-third of the bank's assets, and plans to merge Sumerbank with the retirement fund's Oyakbank by Jan. 15, 2002, at the latest. The combined entity will have 150 branches nationwide.

OYAK takes further interest in Etibank, which is another problem bank under state receivership and is presently examining its accounts to make a possible bid. If the group decides on acquiring Etibank as well the newcomer will be merged with Oyakbank and Sumerbank.

Ulusoy predicts Sumerbank's net earnings by the end of this year will reach three-digit trillions. "The Sumerbank acquisition was obviously a correct move," he adds.

Unlike some of its peers in the banking industry, however, Oyakbank seeks no alliance with a foreign partner.

Coskun Ulusoy took his OYAK post in June 2000 and the company has since expanded its investments in the financial sector. Although it has evolved into a conglomerate on the Turkish business scene in recent years, the company is not very well known to the public, as it hasn't opted to reveal its results so far. Excluding its affiliated stakes and banking arm Oyakbank, the group's turnover has been estimated to exceed $5 billion this year.

"OYAK has failed to achieve its potential because of a complacent and slow-moving management culture. That, however, may be about to change. At a time when most Turkish companies are struggling simply to survive the worst economic crisis in the country's postwar history, Ulusoy, a U.S.-educated banker appointed chief executive and president just over a year ago, has a mission to modernize OYAK. His mandate from the generals who picked him is to make OYAK "grow faster in a fast-changing world and Turkey." If he succeeded, he could change the balance of power in corporate Turkey," Bouton said in the FT.

In the same boat

OYAK has successfully dealt with the ongoing economic crisis, managed to preserve its existence in the worst hit sectors and to post substantial earnings in some others. A swift and timely decision-making mechanism has helped a lot.

"Turkey is a boat. It doesn't mean anything in the long term if only our -----??? is clean. We will all go down if the boat sinks. We would like to make appropriate use of opportunities, work harder and fulfill our responsibility toward our members," Ulusoy says.

Ulusoy sees no reason to despair, at least from the viewpoint of the company, which has approximately TL 500 trillion in cash and no debt. The management had anticipated the February crisis and the devaluation and bought hard currency. Further, the company introduced cost cutting measures and halted investments that could be hurt by the crisis.

As far as new investments are concerned, OYAK plans to focus on the telecommunications and energy sectors. In a recent interview to Ekonomist magazine which was posted on the company website, OYAK Insaat Chairman Celalettin Caglar said OYAK was interested in Turk Telekom and was probing possible positive and negative aspects of a telecom investment. In addition it is also examining Turk Telekom's mobile arm Aycell.

In the energy sector the company might make bids for power contracts or seek alliances with companies that have won contracts in this sector, but Caglar said that wouldn't happen in the immediate future.

Ulusoy expects 2002 to be a more difficult year than 2001. "We are in a state of alarm for 2002. It seems next year will be more complicated. There's no certainty and it's difficult to predict the direction in which things will develop. Therefore we will be more cautious and careful," he says.

OYAK has developed an interest in privatizations and eyes national carrier Turkish Airlines (THY). "We will look into it when THY comes back on the privatization agenda. After all, why shouldn't we be interested as long as we can afford its price and conditions," Ulusoy says.

Results for 2000

According to company results which were revealed for the first time ever last week, the Armed Forces Pension Fund has posted a gross profit of TL 287 trillion in 2000.

In the same year it paid TL 87 trillion in taxes, exported $1.2 billion worth of goods. Total sales amounted to TL 3 quadrillion at end-2000. OYAK employs 12,572 people.
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Founded in 1961 OYAK, (Ordu Yardimlasma Kurumu/ Armed Forces Pension Fund) is a supplementary social security institution for military and civilian employees of the Turkish Armed Forces. According to information posted on the company website, OYAK is incorporated as a private entity under its own law subject to Turkish civic andcommercial code.

OYAK provides its members with "supplementary social benefits" apart from the official retirement fund, T.C. Emekli Sandigi / SSK, to which they are primarily affiliated.

OYAK serves as a life insurance company that pays death and dismemberment benefits and annuities, a social security institution that provides lump sum and retirement packages, a credit union that extends loans at subsidized rates and a housing cooperative that assists members buy homes for its 180,000 members, who are required by law to contribute 10 percent of their monthly base pay during their years of active service.

Having no other source of income than the contributions paid by its members, OYAK transfers a part of this income to investments so as to raise maximum income to provide efficient social benefits.

OYAK, with its headquarter in Ankara, functions as a holding company for a portfolio of equity investments in 26 companies, concentrated in the automotive, cement, financial and service sectors. Many of the investments are joint ventures with well-known international names, such as Renault and AXA.

OYAK functions

* in automotive and tire Industry with OYAK Renault, Mais and Goodyear,

* in transport Industry with Omsan,

* in fuel-oil industry with Selyak,

* in cement industry with Adana, Bolu, Unye, Mardin, Elazig, OYSA Nigde, OYSA Iskenderun cement factories,

* in finance and insurance sector with AXA-OYAK Holding, OYAK Menkul Degerler, OYAK BANK, Sumerbank and Halk Leasing,

* in agrochemical medicine industry with Hektas,

* in food industry with Tukas, Tam Gida, Eti Pazarlama,

* in construction Industry with OYAK Insaat,

* in tourism sector with OYTUR,

* in trade sector with OYTAS,

* in retailing sector with OYPA,

* in security sector with OYAK Guvenlik.

1961: Oyak was formed with the participation of 65,000 members on March 1, 1961 in an attempt to form an extra social security service to counter the social and physical risks that could be encountered by its members. That same year, it started making death and invalidity aid payments to its members as well as retirement aid payments, and by way of a providing a social service, started a Loans Service. OYAK gave importance to joint investments when making the best use of funds so as to develop and fulfill its aid and other services. Its first such venture took place in partnership with Goodyear Tyres.

1963: OYAK bought the building it still uses today. It started up Turkey's first chainstore with Ordu Pazarlari (Army Markets) opening its first store in Tandogan, Ankara. It also transferred its practices to computer in order to present its customers with a contemporary service. OYAK was in partnership at this time with Cukurova Cement and the Hektas Company.

1967: Continuing to make the best of investment opportunities, OYAK formed MAIS (Import and Sales of Motor Vehicles) Company and began investing in the automotive sector, which was and is extremely important not just for itself but for the Turkish economy. It also began working on automobile production that same year. Another investment project made by OYAK that year was in OYAK Sigorta (Insurance) and Tukas Turgutlu Conserves.

1969: Formed with a technical deficit according to Insurance regulations, OYAK began making profits from its activities within eight years. It also achieved actuary profit for the first time and switched to the profit sharing system to distribute the profit to its members. It had earlier secured an agreement with France's Renault Group over automobile production and now began construction on factories by founding the OYAK Automobile Factories Company. OYAK also accelerated investment in the cement business and became a partner in the cement plants at Bolu, Unya and Mardin.

1971: OYAK-Renault began production of the Renault 12.

1975: Continuing to develop its partnership portfolio in accordance with prevailing conditions, OYAK made an important investment in the Turkish electronics industry by becoming a partner in Turkish Military Electronics (ASELSAN).

1978: OYAK became a partner in the OMSAN office, which today occupies a respectable place in the transport sector.

1981: The Capital Markets Law was passed and OYAK's partners Goodyear, Hektas and Oytas became subject to it.

1982: Continuing to make joint investments, OYAK became a partner in Eti Marketing and Tam Foodstuffs (part of the Eti Group, one of Turkey's two major concerns in the biscuit sector. That same year, OYAK founded the OYAK Construction Company in order to offer its members housing under more appropriate conditions.

1984: OYAK started selling fresh chicken in special packaging, which was a first for Turkey, using a new joint concern Entas Integrated Poultry Industry. That same year, the Istanbul Bourse was founded and OYAK's partners Goodyear and Hektas began seeing business on the Bourse. Keeping pace with the rapid developments in the stock markets, OYAK founded the Oyak Stocks and Shares Company.

1985: One OYAK joint concern OYAK-Renault made an investment that brought movement to the Turkish automobile market and that could be considered the foundation for today's multi-brand competition. It started producing the Renault 9 model, which had been chosen European car of the year in 1984. The rapid competition environment in Turkey's automobile markets that this investment provided the foundations for created the opportunity for Turkish consumers to own quality European products.

1987: Adding tourism to its investment portfolio, OYAK purchased the Izmir Etap Hotel.

1990: OYAK's membership reached 177,000. In dollar terms, the retirement aid provided by the members had increased by 320 percent when compared to the day OYAK was founded. OYAK also went into partnership with Selyak, which acts in the petroleum sector with the Elf company, and with the First National Bank of Boston, which forms the foundation of today's OYAK Bank. That same year saw OYAK concerns Unye, Mardin and Bolu Cement Factories floated on the Istanbul Bourse.

1991: Shares in Adana Cement began to see transactions on the Istanbul Bourse. Keeping a close eye on innovations in the economy field, OYAK went into partnership with the Halk Financial Renting Company.

1992: OYAK went into partnership with te Nide and Iskenderun Cement Plants as part of the privatization scheme. It also began issuing cashpoint machine cards so as to enable its members to make better use of the Loans Service.

1994: Tukas was sold to the public. Also that year, all the shares in OYAK's partner the First National Bank of Boston were bought up and the OYAK Bank began operating.

1995: Continuing to invest in partnerships, OYAK teamed up with the French Axa Group and formed the AXA-OYAK Life Insurance Company. Not limiting its investments solely to joint concerns, OYAK also formed the OYAK Fund in parallel with developments in the finance sector.

1997: By means of a share exchange in OYAK's automotive partners OYAK-Renault and MAIS, OYAK's and Renault's shares became equal. Keeping a close eye on technological developments in its membership services, OYAK opened a website. By way of providing another service to its members, OYAK started paying dividends. It also abolished the inflation-linked system and switched to the average yield rate system.

1998: In accordance with the market needs at the time, OYAK parted ways with Turkey's first chain store Army Markets and became a joint partner in OYPA. Production of the Renault Megane-Wagon, built for the first time anywhere and only in Turkey, began at OYAK-Renault.

2000: OYAK's membership reached 179,000. The retirement aid it cold afford its members had increased 10-fold since it was founded. It also founded the OYAK Security Company that year. Still looking for ways to create more funds for its members, OYAK took an important step by going into cooperation with Vakifbank in order to benefit from funds other than the Loans Service Board.(Turkish Daily News, 27 November  2001)

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LA REPUBLIQUE DES "PACHAS"
Ce pouvoir si pesant des militaires turcs

Eric Rouleau
(Le Monde diplomatique, septembre 2000, Pages 8 et 9)
 

DURANT le mois d'août [2000], le président turc, M. Ahmet Necdet Sezer, ancien président du Conseil constitutionnel, a refusé de ratifier le décret gouvernemental destiné à licencier, sans autre forme de procès, les fonctionnaires suspects de sympathie pour les « séparatistes » kurdes ou [ ]les «fondamentalistes » musulmans. Ce veto a été interprété comme un défi lancé au haut commandement des forces armées, peu habitué à de telles résistances. Car les militaires continuent de peser de tout leur poids sur un système politique qui correspond peu aux normes de l'Union européenne.
 

Le spectacle serait jugé pour le moins insolite dans n'importe quel pays démocratique : d'anciens putschistes célébrant l'anniversaire de leur coup d'Etat. Une vingtaine d'anciens officiers turcs ont marqué le quarantième anniversaire de la « révolution démocratique » du 27 mai 1960 par diverses manifestations, qui retinrent à peine contre l'attention des médias locaux, tant l'événement leur parut banal : couronne de fleurs déposée solennellement au mausolée d'Atatürk ; conférence publique organisée par l'ex-capitaine Numan Esin, devenu un grand homme d'affaires, en sa qualité de président de la Fondation de la Constitution de 1961 ; discours apologétiques, empreints de fierté et de nostalgie, suivis d'un banquet typiquement républicain - fraternel, chaleureux, militant - couronné par des chants patriotiques entonnés en choeur par une centaine de personnalités militaires et civiles ayant largement dépassé l'âge de la retraite.

L'étonnement ne serait de mise que pour ceux qui ignorent la culture dominante forgée au rythme des siècles, la place privilégiée qu'ont toujours occupée les forces armées dans le paysage politique, sous la République comme à l'ère de l'empire ottoman : la troupe de la Sublime Porte, notamment celle des janissaires avant le XIXe siècle, ne se privait pas d'assassiner, de renverser ou d'introniser les sultans. Selon le cas, elle agissait en faveur des privilèges ou, rarement, dans le sens du progrès.

Ainsi le général Kemal Atatürk s'appuya-t-il sur une partie des forces armées, à la fin de la première guerre mondiale, pour chasser les occupants et fonder, en 1923, une république résolument tournée vers la modernité. Sur les dix présidents qui se sont succédé à la tête de celle-ci, six furent des militaires de haut rang. Depuis la prise du pouvoir par de jeunes officiers « radicaux », en mai 1960, la Turquie a connu une succession de complots militaires, de coups d'Etat, dont le dernier en date, en février 1997, fut qualifié de « virtuel » : vingt « recommandations » de l'état-major général suffirent pour liquider le gouvernement de coalition présidé par l'islamiste Necmetin Erbakan. C'est à cette époque que certains médias turcs, dans un élan d'enthousiasme, se mirent à désigner leurs héros, les officiers de haut rang, par le vocable déférent de « pachas », le titre auquel avaient droit autrefois les généraux de l'Empire (1)

Les pachas de la République, de « droite » ou de « gauche », ont immanquablement fait irruption sur la scène politique en se drapant de l'étendard du « kémalisme ». Le terme est d'ailleurs omniprésent, depuis la mort d'Atatürk, en 1938, dans les textes constitutionnels successifs établis par les militaires, les lois qui s'en inspirent, les discours politiques et aussi dans le serment prêté par le président de la République, les parlementaires, les juges, les grands commis de l'Etat. Toute opinion ou initiative relevant de la politique intérieure ou extérieure doit nécessairement correspondre aux concepts et aux voeux, réels ou supposés, du fondateur de la République.

Il serait hasardeux de qualifier le kémalisme d'idéologie quand on connaît le pragmatisme d'Atatürk, visionnaire et homme d'Etat, qui s'inspira tout à la fois de l'expérience de la Révolution française et des structures étatiques de puissances totalitaires de l'époque pour propulser la Turquie dans le monde développé. D'ailleurs, si son comportement s'était fondé sur une idéologie, ses successeurs n'auraient pas pris le contre-pied de certains aspects majeurs de sa politique, en remplaçant par exemple le système du parti unique par un régime multipartite, en substituant à l'économie étatisée celle du marché, en prenant la défense de minorités turques à l'étranger (Chypre, Bulgarie, Grèce, etc.) ou de peuples musulmans (bosniaque, kosovar, tchétchène, etc.), malgré le principe d'Atatürk selon lequel la République ne devait surtout pas prendre en charge la défense de Turcs, encore moins de musulmans, citoyens de pays étrangers. Surtout, le « père des turcs » interdisait aux militaires en activité toute ingérence dans les affaires publiques (2).

Les successeurs d'Atatürk choisirent malgré tout de le statufier, après avoir gommé de son héritage ce qui leur paraissait anachronique ou gênant. Ils firent du « kémalisme » un dogme de l'Etat, dont ils s'attribuèrent le monopole d'interprétation. Ils purent ainsi définir systèmes de gouvernement et comportements politiques selon leur convenance et sanctionner, au passage, ceux qui les contesteraient. Le dogme, simple dans son énoncé, flou à souhait dans son contenu, est présenté comme ayant une valeur absolue. Il tient en quelques mots : intégrité du territoire, unité de la nation, laïcité de la République. Principes honorables auxquels tout un chacun ne peut qu'adhérer, mais dont l'armée se veut la gardienne exclusive.

Son instrument, le corps des officiers, constitue une caste d'élite par excel lence (3). Les candidats à la carrière des armes sont pris en main dès leur adolescence, sélectionnés selon de stricts critères, subissent une formation intensive dans des écoles qui leur sont consacrées. Les cours ne sont soumis ni à l'agrément ni au contrôle du ministère de l'éducation nationale. Outre l'entraînement militaire, les cadets accomplissent des études de niveau universitaire, en histoire, en sciences politiques, en économie, en sociologie, et apprennent, au choix, diverses langues étrangères.

Officiers d'active, ils touchent des soldes bien supérieures à celles de fonctionnaires civils assimilés ; s'approvisionnent au rabais dans les magasins de l'armée ; bénéficient de prêts immobiliers avantageux; fréquentent des lieux de vacances, des hôtels et des clubs qui leur sont exclusivement réservés.

Un coup d'Etat virtuel

LA Constitution de 1982 actuellement en vigueur, confectionnée par les généraux qui s'étaient emparés du pouvoir deux ans auparavant, institutionnalise le pouvoir politique des forces armées. Le Conseil national de sécurité, surnommé parfois « gouvernement de l'ombre », qui réunit une fois par mois six militaires - cinq généraux et un amiral - en grand uniforme et cinq dirigeants civils (4), est habilité à présenter au gouvernement des « avis » - dans la pratique, des ordres sans appel - sur des questions relevant de la « sécurité nationale ». Celle-ci, précisait une récente circulaire de l'état-major général, « couvre virtuellement toutes les affaires d'intérêt public », tant en politique étrangère qu'en politique intérieure (5).

Les délibérations - et même parfois les décisions - du Conseil sont tenues secrètes. L'islamiste Necmetin Erbakan signa l'arrêt de mort de son gouvernement en février 1997 quand il tenta de soumettre au Parlement les dix-huit « recommandations » du Conseil visant à éradiquer la « réaction islamiste ». Il avait eu le tort de feindre ne pas comprendre qu'il s'agissait d'un ultimatum ouvrant la voie au coup d'Etat « virtuel », oubliant ainsi que, sous l'Empire ottoman, les sultans savaient que leurs jours étaient comptés quand les janissaires renversaient leurs chaudrons pour manifester leur colère.

La Constitution accorde, en outre, aux forces armées une autonomie qu'aucun Etat démocratique n'aurait admise (6). Le chef de l'état-major général « coiffe » son ministre de la défense ainsi que tous les autres membres du gouvernement : il se situe dans l'ordre protocolaire après le premier ministre, dont l'autorité est d'ailleurs moindre que la sienne dans les domaines les plus sensibles. Il lui revient, entre autres, de procéder aux nominations et promotions au sein des forces armées, de veiller à la sécurité intérieure et extérieure, de déterminer la politique de défense, de gérer la production et l'acquisition d'armements, dont les coûts ne figurent pas dans le budget de l'Etat.

C'est incidemment, par exemple, que l'on apprenait, par la revue Defense Week du 14 février 2000, que la modernisation des forces armées coûtera quelque 70 milliards de dollars au cours des quinze prochaines années. La tra dition veut cependant que le budget des dépenses courantes de l'armée (présenté sous une forme elliptique bien qu'il s'attribue un tiers ou davantage des recettes de l'Etat) soit adopté sans débat, par acclamation, avant que l'assemblée unanime n'adresse au chef de l'état-major ses « félicitations » et ses « voeux ».

Par ailleurs, la Constitution ainsi que les lois qui en découlent assurent, directement ou indirectement, le contrôle par l'état-major général de l'enseignement supérieur ainsi que l'essentiel du système judiciaire - les délits et les crimes d'opinion relèvent des tribunaux de sécurité de l'Etat, dans lesquels siégeaient il y a peu des militaires de haut rang. Les législateurs, les recteurs des universités, les substituts de parquet, les procureurs et les juges sont tenus de s'inspirer de la définition restrictive des libertés que donne la Constitution dans son préambule : « Aucune opinion ou pensée ne peut être protégée si elle va à l'encontre des intérêts nationaux turcs (...) des valeurs traditionnelles et spirituelles du peuple turc (...), principes et réformes modernistes d'Atatürk.

» Celles-ci sont précisées, si l'on peut dire, dans l'article 13 : « L'unité indivisible de l'Etat, la souveraineté nationale, la République, la sécurité nationale, le maintien de l'ordre, l'intérêt public, les bonnes moeurs, la santé publique.» L'article 14 va encore plus loin en interdisant l'« abus » des droits et des libertés, même reconnus comme légitimes. On l'aura relevé, non seulement les actes, mais aussi les « opinions » et les « pensées » répréhensibles sont passibles des tribunaux. L'article 130 stipule même que les « recherches et les publications de caractère scientifique » peuvent être interdites par les doyens d'université si elles étaient jugées contraires aux valeurs précitées (7). Promulgués dans la foulée de la Constitution de 1982, la loi électorale, celle qui régit les partis politiques comme les associations professionnelles et les syndicats, comporte des restrictions qui se veulent conformes au même dogme kémaliste.

Le pouvoir politique des « pachas » serait moins enraciné s'il ne s'appuyait pas également sur des moyens économico-financiers considérables (8). L'armée possède un holding tentaculaire, l'OYAK, composé d'une trentaine de grandes entreprises de production, de distribution, d'exportation dans des secteurs aussi variés que l'automobile, les cimenteries, l'agroalimentaire, les pesticides, le pétrole, le tourisme, les assurances, la banque, l'immobilier, les supermarchés, la haute technologie. Ces entreprises emploient quelque trente mille personnes, sans compter la main-d'oeuvre de sociétés en partenariat. L'un des fleurons du groupe, l'OYAK-Renault, dispose d'une capacité de production de cent soixante mille voitures par an (9).

Acteur majeur de l'économie, l'OYAK, qui figure parmi les trois ou quatre premiers holdings de Turquie, est bien doté. Il bénéficie des cotisations des membres des forces armées (qui versent obligatoirement 10 % de leurs soldes), des profits engendrés par ses propres entreprises, dont le taux de rentabilité est réputé être l'un des plus élevés du pays. Et pour cause : l'OYAK est exempté de tous impôts et taxes, privilège que d'autres acteurs du secteur privé jugent sans doute comme une forme de concurrence déloyale.

Le grand capital, cependant, s'en accommode puisque l'OYAK l'a associé, tant par intérêt que par calcul, à ses activités. Dans ses recherches, M. Taha Parla, professeur à l'université du Bosphore, a relevé parmi les partenaires de l'OYAK les noms de plusieurs puissants holdings dont ceux des familles Koç et Sabanci, « empereurs » de l'industrie et du commerce, et Taskent, « baron » des banques privées. En outre, les entreprises privées cooptent à des postes de direction des officiers supérieurs à la retraite, manière de les récompenser pour services rendus ou/et par souci de pérenniser les liens avec les officiers en activité. Ainsi a été scellée l'alliance de l'élite militaire avec le grand capital (national et transnational) et la bureaucratie étatique, constituant les trois piliers de l'OYAK.

Soeur jumelle de ce dernier, la TSKGV - ce sigle désigne la Fondation pour le renforcement des forces armées turques - compte une trentaine d'entreprises industrielles, appartenant elles aussi à l'armée, qui bénéficient des mêmes privilèges que l'OYAK. Vouée exclusivement à la production d'ar mements, la fondation emploie une vingtaine de milliers de salariés et fournit indirectement du travail à d'autres dizaines de milliers employés dans les entreprises de sous-traitance. Plus de 80 % des revenus sont versés à un fonds de réserve évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Une manière originale, note le professeur Taha Parla, de procéder à l'accumulation du capital (militaire) autre que celui engendré par le secteur privé (civil).

Désastreuse guerre du Kurdistan

Protégé par un arsenal de dispositions constitutionnelles et législatives, le triumvirat armée-grand capital-bureaucratie étatique bénéficie d'un bonus d'influence lorsque le rapport des forces politiques lui est favorable, lorsque s'affaiblissent les contre-pouvoirs au sein de la société, quand s'accroît - comme ce fut le cas ces dernières années - le discrédit de la classe politique. Les partis, le Parlement, le gouvernement, les médias, s'inclinent alors quand la haute hiérarchie militaire fait fi de la légalité.

Ils n'élèvent, par exemple, aucune objection quand les « pachas » refusent de communiquer au Parlement les textes des accords qu'ils ont conclus avec Israël ou quand les forces turques interviennent massivement - sans en avertir le gouvernement - dans le nord de l'Irak pour combattre les nationalistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ou encore lorsqu'ils s'opposent à l'ajournement d'élections, souhaité pourtant par une majorité députés, ou quand ils jugent inopportune la suppression d'articles du code pénal contraires aux droits de la personne ou font obstacle à la progression d'enquêtes sur des scandales (notamment sur des aspects particulièrement répugnants de la guerre antikurde), qui risquent de ternir la réputation des forces armées. Les apparences, il est vrai, sont sauves : les injonctions se présentent le plus souvent comme des « avis » ou des « voeux » exprimés par tel ou tel autre membre de l'état-major général, ce qui n'exclut pas des pressions en coulisse par des moyens moins subtils.

Deux problèmes d'envergure se sont opportunément substitués à ceux qui, naguère, avaient donné un rôle de premier plan aux forces armées. Aux hantises que suscitaient l'Union soviétique et le communisme, durant la guerre froide, ont succédé les peurs du « fondamentalisme islamique » et du « séparatisme kurde », l'un et l'autre confirmant la légitimité et la popularité des « pachas », défenseurs attitrés de la laïcité et de l'intégrité territoriale de la République.

Les combattants du PKK donnèrent, il est vrai, consistance aux thèses officielles en ayant recours aux armes pour obtenir l'instauration d'un Etat indépendant kurde dans les provinces du sud-est de la Turquie et en se réclamant encore du marxisme-léninisme. L'abandon par l'organisation de M. Abdullah Öcalan (dit Apo) de ses prétentions maximalistes, ses offres répétées depuis quelques années de négocier un statut fédéral ou d'autonomie, voire seulement une démocratisation qui reconnaîtrait aux Kurdes des droits élémentaires, les trêves qu'elle observa unilatéralement, furent ignorés ou présentés comme étant autant de ruses (10). Les intellectuels kurdes ou turcs qui prônaient la reconnaissance des seuls droits culturels furent traduits en justice pour « séparatisme » et « connivence » avec le PKK.

Ainsi la guerre déclenchée en 1984 se poursuivra-t-elle quinze ans durant - jusqu'à l'arrestation d'Apo, au Kenya en février 1999 -, avec son cortège d'atrocités, commises de part et d'autre, de destructions de quelque deux mille agglomérations kurdes et l'expulsion de centaines de milliers de leurs habitants, d'arrestations massives, de tortures, d'assassinats commis par des« escadrons de la mort » vraisemblablement patronnés par l'Etat, lui-même gangrené par des groupes mafieux.

Vaine - le problème kurde demeurant entier -, cette guerre fut aussi désastreuse à plus d'un égard : tandis que l'exercice des libertés régressait sensiblement, les coûts, évalués à 150 milliards de dollars, portaient atteinte au développement économique et au niveau de vie des citoyens. Surtout, loin de « cimenter l'unité de la nation », elle creusa le fossé entre Kurdes et Turcs.

Le conflit avec le PKK n'est pas sans rapport avec celui qui oppose l'armée aux islamistes. Parallèlement à la lutte déclenchée par les putschistes de 1980 contre l'extrême gauche, à laquelle appartenait l'organisation kurde, des gages étaient donnés à la mouvance islamique, perçue comme un rempart contre le « communisme ». L'enseignement de la religion a été dès lors rendu obligatoire dans les écoles publiques, primaires et secondaires, tandis qu'était légalisé le parti islamisant Refah, celui-là même qui devint l'ennemi à abattre dès ses premières victoires électorales en 1994-1995.

Deux paradoxes brouillent la compréhension du conflit. Le premier porte sur le sens donné en Turquie au terme de laïcité, qui ne signifie pas la séparation de l'Etat de la religion, mais bien l'intégration et le contrôle de celle-ci par l'autorité publique, qui, au besoin, l'instrumentalise (11) . La direction des affaires religieuses, financée généreusement par le budget de l'Etat, gère entre autres quelque cinq cents lycées (nommés Imam Hatip) - distincts de l'école publique -, destinés à former des imams mais qui, dans la pratique, dispensent une éducation religieuse à des centaines de milliers de futurs cadres de l'Etat et du secteur privé.

Cette même institution étatique a notamment édifié des milliers de mosquées, toujours aux frais du contribuable, l'objectif global étant de promouvoir un islam « éclairé » conforme aux principes kémalistes, entreprise qui s'est révélée pour le moins douteuse. On peut s'interroger encore sur l'inscription obligatoire de la religion sur les cartes d'identité, alors que la constitution stipule que « nul ne peut être astreint à divulguer ses convictions religieuses ». « Etatisation de l'islam », comme le prétendent les défenseurs du système, ou « islamisation de l'Etat », comme le soutiennent les contestataires ?

Autre paradoxe de taille, la nature duparti "islamiste"  que l'on diabolise à souhait : l'actuel Fazilet, successeur du Refah, interdit après le coup d'Etat « virtuel » de 1997. La formation de M. Necmetin Erbakan, vétéran de la politique, parlementaire de longue date, vice-président du conseil des ministres à deux reprises dans des gouvernements de coalition de droite ou de gauche, est tout sauf « fondamentaliste ». De sensibilité musul mane, certes, le parti - à la manière des chrétiens -démocrates en Occident - se réclame de la République, défend les principes de la laïcité « à la française » - selon les termes de son fondateur -, du pluralisme parlementaire et des droits de la personne.

Comblant le vide politique qu'a laissé une gauche atomisée par des décennies de répression (12) , il prétend en outre défendre les « laissés-pour-compte », les travailleurs, la petite-bourgeoisie des campagnes et des villes, en particulier celle de la « Turquie profonde », de culture anatolienne et musulmane. Le bât blesse d'autant plus que ce parti conteste - implicitement, il est vrai - le pouvoir politique de l'armée, la négation de l'identité des Kurdes, dont le parti recueille massivement les suffrages là où une formation pro-kurde est empêchée de se présenter. Les véritables enjeux de la confrontation n'ont rien à voir avec la défense de la laïcité.

On comprend dès lors pourquoi l'état-major général estime que les menaces qui mettent la République en péril - celles des aspirations convergentes des Kurdes et des « anatoliens » - ne sont pas révolues, malgré la déroute du PKK et la défaite du Fazilet aux dernières élections. Ces « menaces » persistantes éclairent aussi la raison pour laquelle les autorités compétentes n'ont pas ébauché la démocratisation exigée par l'Union européenne depuis de longues années et notamment en décembre 1999 au sommet d'Helsinki. Or la Turquie est tenue de se conformer aux critères politiques, dits de Copenhague, dans un délai de cinq ans, après quoi seulement les négociations en vue de son adhésion à l'Union européenne pourraient commencer (13) . La tâche sera particulièrement rude, à supposer qu'elle soit assumée sérieu sement : il s'agirait en effet de mener à son terme une révolution consistant à démanteler un système étatique cohérent et solidement ancré.

 
(1) Lire Panayotis Gavras, « The role of the military in turkish society », thèse présentée au département des études proche-orientales de l'université de  Princeton, avril  1989.

(2) A une exception près, le chef de  l'état-major général assistait, de plein droit, aux réunions du conseil des   ministres.

(3) Lire Mehmet Ali Birand, Shirts of Steel. An anatomy of the turkish armed forces, publié par Taurus (Londres) en
1991. L'ouvrage, une étude de terrain, unique en son genre, lève le voile sur certains aspects de la vie interne, et secrète, des forces armées.

(4) Le chef de  l'état-major général, les commandants des forces terrestres, navales, aériennes, et de la gendarmerie ainsi qu'un général agissant en qualité de secrétaire général du Conseil, d'une part, et de l'autre : le président de la République, le premier ministre, les ministres de la    défense, des affaires étrangères et de  l'intérieur. On devine comment sont prises les décisions « consensuelles ».

(5) Los Angeles Times, 9 mars 2000.

(6) Voir l'étude  d'Umit Sakallioglu, professeur à      l'université de    Bilkent, Ankara, intitulée « The   anatomy of the  turkish military's autonomy» et publiée dans Comparative Politics, New York, vol. 29, n° 2 1997.

(7) Ainsi, on ne  s'étonnera pas outre mesure de ne pas trouver un ouvrage ou une thèse universitaire d'auteurs turcs   analysant globalement
le rôle politique de l'armée. L'absence de transparence et aussi la prudence des  chercheurs en sont sans doute responsables.

(8) Taha Parla,  « Mercantile militarism in Turkey 1960-1998 », dans la revue New Perspectives on Turkey, Istanbul, automne 1998.

(9) OYAK, sigle du nom du holding Ordu Yardumlasma Kurumu (organisme de fonds de pension des forces armées), fondé en  janvier 1961 par les        auteurs du coup d'Etat de mai 1960. Ses activités industrielles et commerciales ont pris leur essor après le  putsch de 1980, à la
faveur de la libéralisation économique.

(10) Lire Kendal  Nezan, « L'injustice faite aux Kurdes », et Michel Verrier,   « En Turquie, un procès au peuple kurde », Le Monde diplomatique,          respectivement mars et juin 1999.

(11) Umit Sakallioglu :  « Parameters and   strategies of Islam-State interaction in republican Turkey », essai publié par le  Journal of Middle  East Studies, Cambridge (Royaume-Uni), n° 28, 1996. L'auteur rapporte qu'Atatürk avait inauguré l'instrumentalisation de l'islam en appelant au « djihad » lorsqu'il menait la guerre de libération nationale contre les forces alliées et l'Empire ottoman, et ce afin de rallier à sa cause les notables
anatoliens, les     dirigeants religieux et la paysannerie.

(12) Lire Wendy Kristianasen, « La gauche entre militaires et islamistes », Le   Monde diplomatique, février 1999.

(13) Lire Niels  Kadritzke, « Prudente détente gréco-turque », Le Monde diplomatique, juin 2000.
 


Le PE appelle la Turquie à séparer les "compétences civiles et militaires"

Le Parlement européen a adopté jeudi un texte réclamant que la Turquie sépare définitivement "les compétences civiles et militaires" du pouvoir, avant que l'UE puisse engager avec elle des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE).

Dans une résolution consacrée au sommet de Copenhague, les députés européens demandent à la Commission européenne de présenter une "liste d'objectifs concrets" pour que la Turquie puisse satisfaire aux "critères politiques" voulus par l'Union pour entamer des négociations d'adhésion.

Ces "critères politiques" portent sur le respect de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'Homme, ainsi que sur le respect des minorités, tels qu'ils ont été définis par les Européens, en juin 1993 à Copenhague.

La résolution du parlement n'a qu'une portée consultative.

A l'initiative du président du groupe socialiste au Parlement, Enrique Baron Crespo, un amendement spécifie en outre que "la séparation définitive des compétences civiles et militaires dans l'exercice du pouvoir" figure parmi les objectifs concrets à atteindre par la Turquie et que doit définir la Commission européenne.

L'amendement a été déposé par le groupe socialiste, mais aussi par le groupe PPE (centre-droit), celui des libéraux et celui des Verts.

Enrique Baron Crespo avait appelé mercredi devant l'hémicycle européen à ce que le "pouvoir civil ait la suprématie sur le pouvoir militaire" en Turquie. "C'est là, la question clef. C'est la question que nous devons poser à nos amis turcs", avait-il lancé.

L'armée turque s'exprime sur le principales questions touchant à la sécurité intérieure et extérieure du pays par l'intermédiaire du Conseil national de sécurité.

Les recommandations de cet organisme, en théorie purement consultatif, sont toujours scrupuleusement suivies par le gouvernement turc.

Les Quinze ont décidé au sommet de Copenhague le week-end dernier de se décider fin 2004 sur l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec la Turquie, qui dépendra des progrès dans les réformes réalisés par Ankara d'ici là.

Le gouvernement turc réclamait une échéance beaucoup plus proche.  (AFP, 19 décembre 2002)
 

Moyen-Orient /Middle East
 

Manifestation à Istanbul contre une guerre en Irak

Quelque 5.000 personnes ont manifesté dimanche à Istanbul contre une participation de la Turquie à une éventuelle offensive militaire américaine contre l'Irak.

Les manifestants se sont rassemblés sur la place de Caglayan, dans la partie européenne de la métropole, sous un important dispositif policier, à l'appel de partis politiques, syndicats et de nombreuses ONG.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire: "Non à la guerre", "La paix maintenant" ou "Vive la fraternité des peuples", les manifestants ont entonné les mélodies d'un groupe folklorique local venu se produire, selon la chaîne d'information NTV.

Un communiqué lu à la foule demande au gouvernement turc de ne pas prendre part à une action militaire contre l'Irak et de ne pas mettre ses bases à la disposition des Etats-Unis.

Selon l'agence Anatolie, quelque 140 ONG et de petits partis de gauche participaient à la manifestation, rapporte l'agence Anatolie.

La Turquie, alliée stratégique des Etats-Unis et seul pays musulman membre de l'Otan, est opposée à une éventuelle attaque contre l'Irak, craignant qu'un effondrement du régime irakien n'ouvre la voie à la formation d'un Etat kurde dans le nord de l'Irak, menaçant la stabilité régionale.

Les forces américaine et britannique utilisent la base aérienne turque d'Incirlik pour leurs patrouilles de surveillance de la zone d'exclusion du  nord de l'Irak imposée à Bagdad après 1991 pour protéger la minorité kurde de la région.

Deux hauts responsables américains, le numéro deux du département de la Défense, Paul Wolfowitz, et le numéro trois de la diplomatie américaine, Marc Grossman, sont attendus mardi à Ankara pour obtenir le soutien des autorités turques en cas d'intervention militaire contre l'Irak. (AFP, 1 décembre 2002)
 

Irak: Les Etats-Unis demandent soldats, bases et ports à la Turquie

Les Etats-Unis ont demandé à la Turquie, leur principal allié dans la région, de lui fournir des soldats et d'autoriser l'ouverture de ses bases aériennes et de ses ports en cas d'intervention militaire contre l'Irak, rapporte mardi la presse turque.

Dans une lettre de sept pages remise récemment à l'ambassadeur de Turquie à Washington, l'administration américaine demande la permission de déployer une centaine de milliers de soldats américains à la frontière entre l'Irak et la Turquie, souligne le journal à gros tirage Hurriyet.

Washington demande également à la Turquie de contribuer quelque 35.000 hommes à cette force et de lui ouvrir certaines bases aériennes et ports, précise ce journal.

Le ministère turc des Affaires étrangères interrogé par l'AFP s'est refusé à tout commentaire.

Le numéro deux du département américain de la Défense, Paul Wolfowitz, et le numéro trois du département d'Etat, Marc Grossman, étaient attendus mardi à Ankara pour des entretiens sur la question irakienne.

Selon le journal de centre-gauche Cumhuriyet, Washington demanderait également à Ankara de lui fournir une division armée, soit entre 17.000 et 20.000 soldats, pour pénétrer en territoire irakien à partir de la Turquie.

En contrepartie de son soutien logistique et militaire aux Etats-Unis, la Turquie verrait sa dette militaire de six milliards de dollars effacée, selon Cumhuriyet.

L'assistance à la Turquie, seul pays musulman de l'Otan, constituera le dossier clé de la visite des responsables américains. La presse américaine affirmait la semaine dernière que Washington pourrait proposer une aide financière de 700 à 800 millions de dollars dans le cadre d'une aide pluri-annuelle totalisant plusieurs milliards de dollars.

MM. Wolfowitz et Grossman s'entretiendront mardi et mercredi avec le Premier ministre Abdullah Gul et d'autres dirigeants du nouveau gouvernement issu de la mouvance islamiste.

Il rencontreront également des représentants de l'état-major turc, dont le chef, le général Hilmi Ozkok, a récemment effectué une tournée aux Etats-Unis.

Le nouveau gouvernement turc est opposé à une opération militaire contre l'Irak --tout comme l'était le gouvernement précédent-- estimant qu'elle déstabiliserait la région et accroîtrait les difficultés économiques du pays.

La Turquie a participé à la guerre du Golfe en 1991 et, depuis lors, autorise les forces américaines et britanniques à mener des patrouilles de surveillance au-dessus du nord de l'Irak depuis sa base aérienne d'Incirlik (sud). (AFP, 3 décembre 2002)
 

Washington compte sur Ankara pour le front nord contre Bagdad

La possibilité d'utiliser la Turquie pour une offensive à partir du nord donnerait aux forces américaines, déjà mobilisées au sud dans le Golfe, une flexibilité militaire accrue en cas d'intervention en Irak.

Ankara demeure certes réservé sur son degré de coopération avec les  Etats-Unis en cas de guerre, mais le numéro deux du Pentagone Paul Wolfowitz, qui s'est rendu sur place cette semaine, a affirmé que "le soutien de la Turquie est assuré".

Comme en 1991 avant la guerre du Golfe, les Américains ont obtenu de leurs vieux alliés turcs de l'OTAN, le principe de l'utilisation de bases militaires, dont la base aérienne d'Incirlik (est), ainsi que des droits de survols militaires essentiels, estiment des experts à Washington.

"Cela donne une flexibilité fantastique aux Etats-Unis pour planifier toute opération jugée nécessaire", a déclaré jeudi Jay Ferrar, un spécialiste militaire.

De plus, "cet appui politique et moral" à l'action de déstabilisation américaine contre Saddam Hussein "est aussi important que la souplesse tactique ou stratégique que confèrent les possibilités d'utilisation de bases ou de survols", ajoute M. Ferrar, vice-président du Center for Strategic & International Studies (CSIS).

Une cinquantaine d'avions américains, surtout des chasseurs, sont stationnés à Incirlik, d'où partent les appareils américains et britanniques imposant une zone d'exclusion aérienne dans le nord de l'Irak. 2.000 soldats américains y seraient stationnés, mais le nombre total des forces américaines en Turquie n'est pas connu.

Un ancien officier de l'armée de Terre, le général David Grange, estime lui aussi que le tremplin turc "a une valeur incalculable". "Pour les avions d'attaque, mais aussi les missions de sauvetage et de ravitaillement, la Turquie, qui connaît nos procédures et où nous avons une longue expérience, est vraiment idéale", a-t-il dit sur la chaîne CNN.

A défaut, selon ces spécialistes, le Pentagone disposerait de solutions de rechange mais moins adaptées. Par exemple l'utilisation d'aérodromes en Géorgie, mais cela impliquerait un accord tacite de Moscou. Ou des bombardements à partir des bases qu'ont établi les Américains en Asie centrale pendant la guerre en Afghanistan (Ouzbékistan, Kirghizstan), mais elles sont trop éloignées pour des opérations tactiques.

Les autorités d'Ankara paraissent réticentes au passage vers l'Irak d'effectifs importants d'infanterie, bien que, selon le quotidien Washington Post, cette question ainsi que le stationnement de commandos de forces spéciales américaines soient en discussions depuis des mois.

Pourtant, déclare Jay Ferrar, un feu vert turc n'est pas primordial dans ce cas: "En cas de conflit, la coalition neutraliserait de vastes secteurs des zones d'exclusion aériennes nord et sud pour établir des bases avancées" en vue d'opérations contre Bagdad. En fait, assure ce responsable de la CSIS, les Américains ont déjà pris pied militairement dans les zones kurdes du nord et à l'ouest dans le désert entre l'Irak et la Jordanie.

Le Pentagone a déployé plus de 65.000 militaires dans la région.

Tout n'est pas encore entièrement réglé entre Washington et Ankara. Le ministre turc des Affaires étrangères Yasar Yakis s'est dit "prêt à coopérer avec les Etats-Unis", sous la forme de "l'ouverture de l'espace aérien et de l'utilisation de bases". Mais le Premier ministre turc Abdullah Gul a ensuite précisé que son gouvernement "n'avait pas pris de décision politique finale".

La Turquie, à qui Washington a promis un soutien financier et réitéré son appui diplomatique à la candidature d'Ankara à l'Union européenne, veut aussi que le Conseil de sécurité de l'Onu entérine tout recours à la force. (AFP, 5 décembre 2002)
 

Le tapis rouge pour Erdogan en échange du soutien à l'opération contre l'Irak

L'administration Bush a déroulé mardi le tapis rouge pour recevoir le chef du parti turc au pouvoir Recep Tayyip Erdogan alors que les Etats-Unis ont besoin du soutien d'Ankara dans le cadre d'une éventuelle guerre contre l'Irak.

M. Erdogan, qui n'est ni chef d'Etat, ni chef de gouvernement, a rencontré George W. Bush à la Maison Blanche, le secrétaire d'Etat Colin Powell, le numéro deux du Pentagone Paul Wolfowitz et la conseillère du président pour la sécurité nationale Condoleezza Rice.

"Nous vous remercions pour votre attachement à la démocratie et à la liberté", a indiqué M. Bush à son interlocteur avant le début de leurs entretiens à la Maison Blanche.

M. Erdogan est le chef du parti de la Justice et du Développement (AKP), qui représente un courant islamiste modéré et détient depuis les élections de novembre la majorité absolue au Parlement turc.

Tant d'honneurs s'expliquent par le désir de Washington d'obtenir de la Turquie l'autorisation d'utiliser des bases militaires en cas d'un conflit avec l'Irak.

La Turquie, seul pays musulman de l'Otan, avait participé à la guerre du Golfe contre l'Irak en 1991. Elle autorise actuellement aux avions américains et britanniques qui patrouillent la zone d'interdiction aérienne du nord de l'Irak d'utiliser sa base aérienne d'Incirlik, dans le sud du pays.

Mais les dirigeants turcs redoutent qu'une nouvelle guerre contre Bagdad ne provoque une déstabilisation régionale, notamment par ses effets sur les Kurdes répartis surtout en Turquie et en Irak.

Lors d'une visite début décembre à Ankara, Paul Wolfowitz avait tenté de convaincre les dirigeants turcs de mettre leurs bases à la disposition des troupes américaines et affirmé que "le soutien de la Turquie est assuré".

Mais le Premier ministre turc Abdullah Gul s'était montré beaucoup plus circonspect en déclarant le 4 décembre que son pays ne s'était pas engagé formellement à coopérer en cas de guerre.

MM. Bush et Erdogan n'ont pas évoqué publiquement l'Irak mardi mais le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer a indiqué qu'ils avaient tous deux estimé que ce pays représentait "une menace" et "devait être désarmé".

Les réticences d'Ankara incitent l'administration Bush à courtiser M. Erdogan, dont le rôle est essentiel, même s'il n'est pas membre du gouvernement en raison d'une ancienne condamnation pour "incitation à la haine religieuse".

Pour mieux convaincre les Turcs, Washington leur offre son appui dans leur offensive pour adhérer à l'Union européenne (UE). "Nous nous tenons à vos côtés dans votre désir de rejoindre l'Union européenne", a déclaré M. Bush en recevant M. Erdogan.

Recep Tayyip Erdogan avait rencontré lundi à Copenhague le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, président en exercice de l'UE. Il a ensuite accusé l'UE de mener une "politique de deux poids, deux mesures" en rejetant la demande turque tout en acceptant d'examiner celles d'autres pays.

A deux jours d'un sommet à Copenhague, les dirigeants européens n'ont toujours pas fixé de date pour l'adhésion de la Turquie, candidate depuis 1999 et qui réclame une date fixe dès 2003 pour l'ouverture de négociations d'adhésion.

La France et l'Allemagne ne lui ont proposé jusqu'à présent qu'une clause "de rendez-vous" en décembre 2004.

"Nous pensons fortement que la Turquie devrait se voir offrir une date rapprochée pour entamer des négociations d'adhésion", avait déclaré la semaine dernière le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher. Certains responsables américains souhaitent que l'UE fixe une date à Copenhague. (AFP, 10 décembre 2002)
 

L'Armée turque et les islamistes déjà impliqués dans la croisade de Bush!

Une cinquantaine de camions, transportant des armes américaines légères, sont entrés en Irak du nord alors que la Turquie a déployé des troupes à la frontière irakienne pour parer "à toute éventualité", rapporte lundi la presse turque.

Milliyet, qui ne précise pas ses sources ou le nombre de soldats déployés, affirme qu'une force suffisante a été déployée le long des 400 kilomètres de frontière avec l'Irak pour parer à un afflux éventuel de réfugiés en cas d'opération militaire américaine en Irak.

Les autorités turques se sont refusées à tout commentaire.

Les soldats turcs sont également en force suffisante pour contrer une offensive de rebelles kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), réfugiés de l'autre côté de la frontièrer, ou s'opposer à l'éventuelle création d'un Etat kurde dans le nord de l'Irak, selon Milliyet.

La Turquie dispose également, depuis plusieurs années, d'une force de plusieurs centaines d'hommes stationnés dans le nord de l'Irak.

Selon plusieurs autres journaux, une cinquantaine de camions ont récemment passé le poste frontière de Habur avec suffisament d'armes pour équiper quelque 2.000 Kurdes entrainés par quelque 500 Américains dans le nord de l'Irak.

Selon la presse, le gouvernement turc pourrait répondre, dès cette semaine, à une demande de Washington pour l'ouverture à ses avions de plusieurs bases aériennes dans l'est et le sud-est anatolien, dont Incirlik, Diyarbakir, Batman, Mus et Malatya, pour d'éventuelles missions de guerre.

Selon le quotidien Cumhuriyet, une mission technique américaine arriverait cette semaine en Turquie pour inspecter ces aéroports.

Le numéro deux du Pentagone Paul Wolfowitz, avait affirmé lors d'une récente visite à Ankara que Washington envisageait d'investir quelque 700 à 800 millions de dollars, notamment pour la modernisation de ces aéroports.

Milliyet affirme lundi que la Turquie envisage une "coopération et coordination" avec les Etats-Unis en cas d'opération militaire contre l'Irak, mais demeure opposée au déploiement de dizaines de milliers de soldats américains sur son territoire.

Selon la presse, le Pentagone aurait souhaité déployer quelque 30.000 hommes en Turquie et 60.000 dans le nord de l'Irak. (AFP, 15 décembre 2002)
 

Irak: L'armée turque reconnaît se préparer à un possible conflit

L'armée turque a reconnu mercredi se préparer à un possible conflit en Irak, tout en démentant avoir déployé des milliers de troupes à la frontière avec son voisin.

Il est "naturel" que les forces armées turques "revoient leurs préparatifs et procèdent à des exercices d'entraînement et des manoeuvres du fait des événements dans la région" concernant une possible opération américaine contre le régime irakien, selon un communiqué de l'état-major des armées.

"Il n'y a pas de mesures extraordinaires prises ou de déploiement massif de troupes en dehors de préparatifs de routine pour parer aux développements qui pourraient se produire dans notre région", ajoute le communiqué.

Depuis plusieurs jours, la presse turque fait état de mouvements de troupes à la frontière irakienne, certains journaux évoquant des renforts turcs de 40.000 hommes.

Le communiqué à mis en garde contre la désinformation et des "informations erronées susceptibles de provoquer des craintes parmi la population".

Il s'agit de la première déclaration officielle de l'armée turque concernant des préparatifs pour une éventuelle opération militaire contre l'Irak.

Selon la presse turque, le Pentagone souhaiterait déployer quelque 60.000 soldats américains dans le nord de l'Irak et 30.000 sur des bases arrière en Turquie. Ankara, pour sa part, souhaiterait également déployer des troupes dans le Kurdistan irakien.

La Turquie est opposée à une opération militaire contre son voisin, craignant une déstabilisation de la région et de lourdes pertes économiques.

Mais, elle craint tout autant la mise en place d'un Etat kurde dans le nord de l'Irak en cas de désintégration du régime de Bagdad, estimant que ceci pourrait encourager des aspirations séparatistes de sa propre minorité kurde.

L'armée turque sort à peine de 15 ans de lutte contre une rébellion kurde menée par le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek) dans le sud-est du pays.

La Turquie, qui a déployé depuis plusieurs années quelque 2.000 soldats dans le nord de l'Irak pour surveiller les activités du PKK, a déjà fait savoir qu'elle envisage de mettre en place une "zone tampon" dans le nord de l'Irak pour éviter un afflux massif de réfugiés sur son sol en cas de guerre comme celui qui avait suivi à la fin de la guerre du Golfe en 1991. (AFP, 18 décembre 2002)
 

Manoeuvres aéronavales conjointes entre Israël, les USA et la Turquie

Israël, les Etats-unis et la Turquie procéderont le 1er janvier à des manoeuvres aéronavales conjointes au large des côtes israéliennes, a indiqué jeudi l'armée israélienne dans un communiqué.

Ces manoeuvres seront centrées sur des exercices de sauvetage en mer et la coordination des commandements militaires des trois pays dans ce cas de figure, précise le communiqué.

Des hélicoptères, des avions de reconnaissance et des bâtiments de la marine des trois pays y participeront, ajoute le texte.

Israël et les Etats-Unis, son principal allié, doivent par ailleurs procéder en janvier dans la région à des manoeuvres militaires conjointes dans la perspective d'une éventuelle attaque américaine contre l'Irak et d'une riposte irakienne contre l'Etat hébreu.

Ces manoeuvres auxquelles doivent prendre part des navires de guerre américains et des batteries de missiles antimissiles Patriot de fabrication américaine avaient été évoquées lors de la visite la semaine dernière en  Israël du sous-secrétaire américain à la Défense Douglas Feith.

L'Irak avait tiré 39 missiles sol-sol Scud sur Israël pendant la guerre du Golfe en 1991.

La Turquie est le principal allié régional d'Israël depuis 1996, date de la signature d'un accord de coopération militaire qui a soulevé la colère de la plupart des pays arabes et de l'Iran.

Depuis, les deux pays organisent régulièrement des manoeuvres militaires conjointes et ont noué d'importants liens économiques. (AFP, 19 décembre 2002)
 

Nord de l'Irak: Talabani pas opposé aux troupes turques en cas de guerre

Le chef de l'Union patriotique du Kurdistan irakien (UPK) Jalal Talabani a dit mardi qu'il n'était pas opposé à un déploiement au Kurdistan irakien (nord de l'Irak) de soldats turcs en cas de guerre menée par Washington et de participation d'Ankara, selon l'agence turque Anatolie.

"Si la Turquie coopère avec la coalition internationale (dirigée par les Américains contre l'Irak), nous accueillerions favorablement (ce déploiement)... Nous n'avons pas peur de la Turquie, ni de ses soldats", a déclaré Jalal Talabani en visite à Ankara où il a rencontré le Premier ministre turc Abdullah Gul et des diplomates de haut rang.

Massoud Barzani, le chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l'autre principale faction kurdes d'Irak du nord, a reporté à la semaine prochaine pour des raisons de santé sa visite à Ankara qu'il devait initialement effectuer en même temps que M. Talabani. Il doit également rencontrer le Premier ministre.

Le PDK et l'UPK contrôlent le Kurdistan irakien, qui échappe au contrôle du pouvoir central de Bagdad depuis la guerre du Golfe en 1991.

L'Etat turc, confronté aux velléités indépendantistes des Kurdes de l'est de la Turquie, a menacé de recourir à la force si les deux principales factions kurdes profitent de la guerre pour proclamer un Etat indépendant dans le nord de l'Irak.

Jusqu'à présent, les chefs kurdes n'étaient pas reçus par les chefs de gouvernement turc mais par des hauts responsables du ministère des Affaires étrangères.

De source diplomatique turque, on précise que la Turquie entend ainsi faire passer le message à l'administration irakienne qu'elle songe elle aussi à l'après-Saddam Hussein. (AFP, 24 décembre 2002)
 

La Turquie dit "oui" pour des bases, refuse l'arrivée de soldats américains (presse)

Les dirigeants civils et militaires turcs ont donné leur feu vert, lors d'une réunion au sommet lundi soir, à l'ouverture de plusieurs bases militaires aux Américains en cas d'opération contre l'Irak, mais ont refusé un pré-positionnement massif de troupes américaines en Turquie, a rapporté mardi la presse turque.

Un communiqué officiel publié lundi soir alors que le sommet des dirigeants turcs se poursuivait indiquait qu'une décision politique pour un engagement turc aux côtés des Etats-Unis lors d'une guerre contre l'Irak voisin n'avait pas encore été arrêtée.

Un conseil des ministres consacré à la question devait se tenir mardi soir.

Outre la base d'Incirlik (sud), utilisée massivement par les appareils britanniques et américains lors de la guerre du Golfe en 1991, Ankara mettrait à la disposition des Etats-Unis lors d'une éventuelle guerre ses aérodromes militaires de Diyarbakir (sud-est), Batman (sud-est), Mus (est) et Malatya (est), rapporte le journal Milliyet.

Incirlik accueille actuellement une cinquantaine de chasseurs-bombardiers américains et britanniques dans le cadre de la force "Northern Watch" chargée de faire respecter la zone d'exclusion aérienne mise en place au nord du 36e parallèle en Irak depuis 1991.

La réunion de lundi entre le Premier ministre Abdullah Gul, le chef d'état-major des armées, le général Hilmi Ozkok, le ministre des Affaires étrangères Yasar Yakis et d'autres hauts responsables s'est toutefois prononcée contre l'accueil de "dizaines de milliers de troupes d'infanterie" visant à ouvrir un "front nord" contre l'Irak, selon la presse locale.

Seulement des petites unités américaines seraient autorisées à stationner en Turquie, précise Milliyet.

Washington souhaiterait prépositionner jusqu'à 100.000 soldats en Turquie, selon la presse turque.

Toute décision concernant une aide militaire aux Etats-Unis doit obtenir l'aval du parlement à Ankara.

Les journaux soulignent que la Turquie exige que tout recours à la force bénéficie d'une légitimité internationale.

Selon le quotidien Radikal, la réponse de la Turquie aux demandes militaires de Washington pourrait être rendue publique à l'issue d'un Conseil national de sécurité (MGK), organe politico-militaire, qui doit se réunir vendredi.

Toujours selon les médias, des officiers américains opérant dans le cadre de l'Office de coopération de défense (ODC) basé à Ankara, ont commencé à inspecter des bases et ports turcs dans l'éventualité d'une guerre.

Le numéro deux du Pentagone Paul Wolfowitz avait indiqué lors d'une récente visite à Ankara que son pays pourrait investir plusieurs centaines de millions de dollars pour aider à la modernisation de bases militaires en Turquie.

La Turquie, seul pays musulman membre de l'Otan, est opposée à une opération militaire contre son voisin, craignant une déstabilisation de la région et de lourdes pertes économiques. Mais le gouvernement américain exerce une forte pression sur Ankara pour obtenir une "participation active" de l'armée turque à une opération en Irak. (AFP, 24 décembre 2002)
 

Turcs et Américains "au moins 5 ans" dans le nord irakien en cas de guerre

Les forces armées turques et américaines resteraient "au moins cinq ans" dans le nord de l'Irak dans le cas d'une opération militaire internationale contre le régime irakien, rapporte mercredi la presse turque.

Les Etats-Unis ont demandé à la Turquie d'ouvrir un "front nord" contre l'Irak avec le pré-positionnement de quelque 80.000 soldats américains dont le quartier général (QG) sera situé à Diyarbakir (sud-est), selon le journal Milliyet.

Si la Turquie -qui n'a pas encore arrêté sa décision politique sur son engagement lors d'une éventuelle opération militaire contre son voisin du sud- accepte cette demande, son armée devrait elle aussi entrer en force sur quelque 70 km en territoire irakien pour contrer un éventuel afflux de réfugiés, précise le quotidien.

Afin d'empêcher la création d'un éventuel Etat kurde dans le Kurdistan irakien -hantise de la Turquie- dans le cas d'un renversement du régime irakien, l'armée turque projette de rester aussi longtemps que les Américains seront présents dans la région, souligne le journal.

Cette durée est estimée à "au moins cinq ans", selon Milliyet et le journal à gros tirage Hurriyet.

Ce dernier affirme en outre que la Turquie a décidé d'augmenter considérablement le nombre de ses soldats déployés dans le nord de l'Irak. Elle envisage de déployer un corps d'armée, c'est-à-dire jusqu'à 30.000 hommes dans cette région, souligne le journal.

Ankara a déployé depuis plusieurs années des centaines de soldats dans le nord de l'Irak pour surveiller les activités des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La Turquie a déjà fait savoir qu'elle envisage de mettre en place une "zone tampon" dans le nord de l'Irak, qui échappe à Bagdad depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991, pour éviter un afflux massif de réfugiés sur son sol en cas de guerre.

Toute décision concernant une aide militaire aux Etats-Unis, allié stratégique de la Turquie, doit obtenir l'aval du Parlement à Ankara.

La Turquie exige que tout recours à la force bénéficie d'une légitimité internationale.

Jalal Talabani, le chef de l'Union patriotique du Kurdistan irakien (UPK), l'une des deux factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak, a dit mardi à Ankara qu'il n'était pas opposé à un déploiement dans cette zone de soldats turcs en cas de guerre menée par Washington et de participation d'Ankara. (AFP, 25 décembre 2002)
 
 

La Turquie étend le mandat de la force de surveillance aérienne du nord irakien

Le parlement turc a étendu mercredi pour une nouvelle période de six mois à partir du 31 décembre le mandat de la force aérienne américano-britannique chargée de la surveillance de la zone d'exclusion  aérienne dans le nord de l'Irak, a annoncé l'agence turque Anatolie.

L'opération de surveillance de la zone d'exclusion aérienne située au nord du 36ème parallèle, baptisée "Northern Watch", a débuté en janvier 1997 et met en jeu une quarantaine d'avions de combat américains et britanniques basés à Incirlik, en Turquie. Son mandat a été renouvelé tous les six mois par le parlement de Turquie.

Cette force est destinée à protéger les populations kurdes du nord de l'Irak d'une attaque irakienne. Bagdad a perdu le contrôle de cette région désormais administrée par les Kurdes depuis la guerre du Golfe.

Une zone d'exclusion similaire a été créée dans le sud de l'Irak, afin de protéger les minorités chiites.

Par ailleurs, le débat au sujet de l'éventuel soutien du pays à une opération américaine en Irak et des formes qu'il pourrait prendre s'est poursuivi sans résultat mercredi.

A l'issue d'une réunion ministérielle, le porte-parole du gouvernement turc, le Premier ministre adjoint Abdullatif Sener a souligné qu'aucune décision n'avait encore été prise. "Nous avons évalué les derniers développements dans les relations américano-irakiennes et discuté des diverses possibilités qui nous sont offertes", a-t-il déclaré.

La question irakienne devrait dominer vendredi l'ordre du jour de la réunion mensuelle du Conseil National de Sécurité turc, l'organe exécutif suprême contrôlé par les militaires. Une décision favorable à un soutien à une opération contre l'Irak devrait ensuite être avalisée par le Parlement.

Ankara craint qu'une éventuelle guerre en Irak n'amplifie ses difficultés économiques et ne débouche sur la création d'un Etat kurde indépendant dans le nord de l'Irak, risquant d'entrainer des soubresauts parmi l'importante minorité kurde de Turquie. (AFP, 25 décembre 2002)
 

Les dirigeants turcs lient leur décision sur une guerre à l'avis de l'Onu

Les dirigeants turcs, réunis au sein du Conseil de sécurité nationale (MGK) pendant plus de cinq heures et demie, ont annoncé vendredi soir vouloir "chercher des solutions pacifiques" avant de s'engager dans une guerre contre l'Irak.

Les responsables civils et militaires turcs ont annoncé dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion mensuelle vouloir "poursuivre leurs efforts pour trouver une solution pacifique au problème (irakien) sur la base du droit international et des décisions de l'Organisation des Nations unies", rapporte l'agence Anatolie.

Le MGK a pris cette décision après avoir "passé en revue les attentes de la Turquie et les derniers développements, dans le cadre des intérêts à long terme du pays", selon le communiqué cité par Anatolie.

Le dirigeant du Parti de la Justice et du développement (AKP) au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré dans la soirée qu'il n'y avait pas de "marchandages" entre les Etats-Unis et la Turquie. "La guerre ne se marchande pas", a-t-il dit sur la chaîne d'informations continues NTV, cité par Anatolie.

Plusieurs journaux turcs évoquaient vendredi une demande d'Ankara d'au moins 28 milliards de dollars en échange d'un soutien à une intervention américaine contre le régime de Saddam Hussein.

M. Erdogan avait déjà affirmé plus tôt dans la journée, malgré les pressions de Washington, que son pays attendrait les décisions de l'Onu pour se prononcer sur une opération militaire contre l'Irak.

"Nous et les responsables du gouvernement disons que la Turquie ne clarifiera pas sa décision sans une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu", avait déclaré le chef de l'AKP.

Ankara souhaite d'abord prendre connaissance du rapport des inspecteurs de l'Onu sur les armes de destruction massive en Irak, annoncé pour le 27 janvier, selon M. Erdogan.

"Le rapport des inspecteurs de l'Onu sur les armes de destruction massive est très important pour nous", a affirmé M. Erdogan.

Ankara craint également les retombées économiques d'une guerre à un moment où le pays peine à sortir d'une récession.

Deux hauts responsables américains, le numéro trois du département d'Etat Marc Grossman et le sous-secrétaire au Trésor John Taylor, s'entretenaient vendredi à Ankara avec leurs homologues turcs d'une offre d'aide économique américaine en cas de guerre, mais aucun détail n'a filtré sur la teneur de leurs discussions.

Ankara reproche à Washington de n'avoir pas tenu ses promesses d'assistance économique faites au moment de la guerre du Golfe en 1991. Depuis lors, la Turquie aurait perdu 40 milliards de dollars en manque à gagner du fait de l'embargo décrété contre l'Irak.

La Turquie, un allié régional important des Etats-Unis, craint qu'une opération militaire contre le régime de Saddam Hussein ne déstabilise la région et n'ouvre la porte à un Etat kurde dans le nord de l'Irak.

Elle craint en outre de s'engager aux côtés des Américains dans une opération décriée par la quasi-totalité de sa population et de passer, aux yeux des musulmans du Proche-Orient, comme un pays à la solde de Washington.

Le Premier ministre Abdullah Gul a pour sa part affirmé à la sortie de la réunion du MGK que les dirigeants turcs "ne voulaient pas la guerre, qu'ils iraient jusqu'au bout des possibilités de paix", rapporte Anatolie.

M. Gul devrait se rendre en janvier en Arabie saoudite, en Jordanie, en Egypte et, éventuellement, en Syrie et en Iran pour "évaluer les chances d'une résolution pacifique du problème" irakien. (AFP, 27 décembre 2002)
 

Washington satisfait de la coopération d'Ankara sur l'Irak

Un haut responsable américain s'est déclaré satisfait samedi de la coopération des autorités turques au sujet de la crise irakienne, bien que la Turquie lie sa décision sur une éventuelle guerre à l'avis des Nations unies.

"Nos intenses consultations nous rapprochent encore davantage d'une vision commune du régime irakien", a dit le numéro trois du département d'Etat américain Marc Grossman devant la presse à l'issue d'un entretien avec le sous-secrétaire d'Etat turc aux Affaires étrangères Ugur Ziyal.

Les propos du diplomate américain retransmis par la chaîne turque NTV étaient traduits en turc.

Interrogé sur le communiqué du Conseil de sécurité nationale (MGK), organe politico-militaire turc, qui a annoncé vendredi "chercher des solutions pacifiques" avant de s'engager dans une éventuelle guerre contre l'Irak, M. Grossman s'est déclaré "satisfait" de la coopération d'Ankara.

Le sous-secrétaire américain au Trésor John Taylor qui accompagnait M. Grossman a pour sa part souligné que lors de ses contacts à Ankara avec les responsables de l'économie turque, les deux parties s'étaient efforcées de mettre en place une structure d'aide à la Turquie en cas d'opération militaire contre l'Irak.

Il a évoqué un paquet d'assistance économique pour la Turquie dans cette éventualité "non souhaitée", sans pourtant en dévoiler le moindre détail.

De source turque, on précise que Turcs et Américains sont tombés d'accord sur une assistance économique "flexible, capable de s'adapter aux besoins" de la Turquie.

Mais le montant du paquet ne sera connu qu'après des discussions qui se poursuivront dans les premières semaines de 2003, a précisé cette source sous couvert d'anonymat.

Plusieurs journaux turcs évoquaient vendredi une demande d'Ankara d'au moins 28 milliards de dollars en échange d'un soutien à une intervention américaine contre l'Irak.

Le chef de la diplomatie turque Yasar Yakis a indiqué samedi à Duzce (nord-est) que son pays n'était impliqué dans aucun "marchandage" avec les Etats-Unis sur le dossier irakien.

"Nous voulons avant tout prévenir une guerre", a-t-il dit, cité par l'agence Anatolie.

Le dirigeant du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, a indiqué vendredi que la Turquie attendrait les décisions de l'ONU pour se prononcer sur une opération militaire contre l'Irak, et ce malgré les pressions de Washington.

La Turquie, un allié régional important des Etats-Unis, craint qu'une opération militaire contre le régime de Saddam Hussein ne déstabilise la région et n'ouvre la porte à un Etat kurde dans le nord de l'Irak.

Ankara craint également les retombées économiques d'une guerre à un moment où le pays peine à sortir d'une récession.

Deux petites manifestations contre une participation de la Turquie à une possible conflit militaire contre l'Irak se sont déroulées samedi à Ankara et à Istanbul. Cette dernière métropole turque devrait être le théâtre d'une nouvelle manifestations dimanche. (AFP, 28 décembre 2002)
 

Signes d'activité militaire turque à la frontière irakienne

Des signes d'activité de l'armée turque sont visibles ces derniers jours à Silopi (sud-est), près de la frontière turco-irakienne, alors que Washington ne cesse de réclamer la coopération de son allié turc pour une éventuelle opération militaire contre l'Irak, a constaté dimanche un correspondant de l'AFP.

Un convoi de 80 à 90 véhicules militaires, essentiellement des camions, est arrivé samedi à un campement militaire situé à quelque 5 km du poste frontière de Habur, seul point de passage entre la Turquie et l'Irak.

D'autres véhicules de l'armée sont arrivés dans la zone dimanche.

Des soldats ont en outre érigé des murs de tuiles autour d'un complexe abritant des ateliers, situé sur la route menant de Silopi à Habur et qui pourrait être utilisé en cas d'afflux de réfugiés, selon la population locale.

Les autorités locales interrogées ont refusé de donner le moindre détail sur cette activité militaire.

Le nouvel ambassadeur de Turquie en Irak, Osman Paksut, a traversé en outre dimanche la frontière pour se rendre à Bagdad, a-t-on constaté.

Malgré les pressions de Washington, la Turquie ne s'est pas encore ouvertement engagée à participer aux côtés des Etats-Unis, son allié traditionnel, à une guerre contre le régime de Saddam Hussein.

Le dirigeant du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, a indiqué vendredi que la Turquie attendrait les décisions de l'ONU pour se prononcer sur une opération militaire contre l'Irak.

La Turquie craint qu'une guerre contre l'Irak ne déstabilise la région et n'ouvre la voie à la création d'un Etat kurde dans le nord de l'Irak qui échappe à Bagdad et où l'armée turque a déployé depuis plusieurs années des centaines de soldats.

Ankara craint également les retombées économiques d'une guerre à un moment où le pays peine à sortir d'une récession. (AFP, 29 décembre 2002)
 

Plus de 2.000 manifestants à Istanbul contre une guerre en Irak

Plus de 2.000 personnes ont manifesté dimanche à Istanbul contre une guerre en Irak et une éventuelle participation de la Turquie aux côtés des Etats-Unis, rapportent les médias.

Des drapeaux américain, israélien et britannique ont été brûlés lors de la manifestation, qui s'est déroulée sous un important dispositif policier, précise l'agence Anatolie.

Les manifestants se sont rassemblés sur la place de Caglayan, dans la partie européenne de la métropole, à l'appel de deux ONG pro-islamistes, aux cris de "Allah Akbar" (Allah est le plus grand).

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire "Non à la guerre" et "la Turquie ne sera pas un mercenaire des USA", les manifestants ont scandé des slogans anti-américains et agité des drapeaux turcs, selon la chaîne d'information NTV.

La Turquie, alliée stratégique des Etats-Unis et seul pays musulman membre de l'Otan, est opposée à une éventuelle attaque contre son voisin irakien, craignant qu'un effondrement du régime n'ouvre la voie à la formation d'un Etat kurde dans le nord de l'Irak, menaçant la stabilité régionale.

Les forces américaine et britannique utilisent la base aérienne turque d'Incirlik pour leurs patrouilles de surveillance de la zone d'exclusion du  nord de l'Irak imposée à Bagdad après 1991 pour protéger la minorité kurde de la région. (AFP, 29 décembre 2002)
 

"Nous ne sommes pas un émirat", affirme le Premier ministre turc

La Turquie n'est pas "un émirat" et le gouvernement turc refuse de soutenir automatiquement les Etats-Unis face à l'Irak, selon le Premier ministre turc Abdullah Gul, cité lundi par les rédacteurs-en-chef de plusieurs grands quotidiens.

"Le Premier ministre a dit: 'Nous ne sommes pas un émirat et je ne suis pas un émir. Nous sommes une société ouverte'", a affirmé à la télévision NTV Nurcan Akad, rédactrice-en-chef du journal Aksam, à l'issue d'une rencontre avec M. Gul.

"On ne peut pas attendre de la Turquie une décision (sur sa participation à une opération militaire) alors que les Etats-Unis n'ont pas pris leur propre décision", a-t-elle également déclaré, citant le Premier ministre.

"Gul a dit: 'Nous ne sommes pas un pays sujet à tous les vents. Nous ne dirons pas oui à toutes les demandes américaines. Nous prendrons nos propres intérêts en compte'", a affirmé pour sa part Ibrahim Yildiz, rédacteur-en-chef du journal Cumhuriyet.

Les Etats-Unis ont demandé à la Turquie une assistance militaire en cas d'opération contre l'Irak, mais le gouvernement a laissé entendre la semaine dernière qu'il attendrait une nouvelle décision du Conseil de sécurité de l'ONU pour se prononcer.

Le parlement tiendra une session à huis-clos d'ici la fin janvier pour discuter de la question irakienne, a également indiqué M. Yildiz citant le Premier ministre.

Un vote du parlement est nécessaire à toute participation de la Turquie à une opération militaire.

Selon Mme Akad, le Premier ministre a également évoqué des désaccords entre Ankara et Washington sur des demandes américaines d'inspections de bases aériennes et navales en préparation d'une éventuelle opération militaire.

"Les Etats-Unis veulent que ces inspections se déroulent dans le cadre d'accords existants de l'Otan, tandis que la Turquie dit qu'un nouvel accord doit être conclu pour ce qu'elle estime être une situation nouvelle et spéciale", rapporte Mme. Akad. (AFP, 30 décembre 2002)
 

Il faut donner une chance à la diplomatie en Irak, selon la Turquie

Les dirigeants turcs ont affirmé mardi qu'un règlement de la crise irakienne par des moyens pacifiques est encore possible alors que les Etats-Unis ont décidé d'accroître leur dispositif militaire dans la région du Golfe, pour mener une éventuelle guerre en Irak.

"Les voies diplomatiques pour une solution pacifique du conflit irakien ne sont pas encore épuisées", a déclaré le président Ahmet Necdet Sezer dans un message du nouvel An, publié par son service de presse.

Le chef de l'Etat a estimé que toutes les parties intéressées devaient "donner une chance à la paix".

Il a souligné la nécessité d'une légitimité internationale pour tout recours à la force.

"Tout les pas qui doivent être faits concernant l'Irak doivent l'être dans le cadre d'une légitimité et d'un consensus international", a estimé M. Sezer, appelant Bagdad à respecter "sans faillir" les résolutions du Conseil de sécurité sur son désarmement pour "contribuer à l'élimination de la menace d'une guerre".

Il a rappelé en outre qu'une aide militaire aux Etats-Unis, allié stratégique de la Turquie, doit obtenir l'aval du parlement à Ankara.

Le Premier ministre turc Abdullah Gul a pour sa part indiqué qu'il y avait toujours moyen de régler le dossier irakien sans effusion de sang, annonçant une prochaine tournée dans les pays de la région.

"Nous déployons d'intenses efforts pour une résolution pacifique de la question et nous appelons les pays de la région à y contribuer", a-t-il notamment déclaré, cité par l'agence Anatolie.

La date du voyage de M. Gul en Egypte, Syrie, Iran, Jordanie et Arabie Saoudite, selon les médias, n'a pas encore été précisée. Il doit avoir lieu début janvier.

Le gouvernement enverra d'autre part prochainement une délégation conduite par un ministre en Irak, a ajouté M. Gul.

Dans des déclarations à des rédacteurs en chef des principaux journaux turcs, publiées mercredi, le chef du gouvernement turc a indiqué n'éprouver "aucune sympathie" à l'égard du régime "autoritaire" irakien, "qui n'hésite pas à faire souffrir sa propre population"

Les Etats-Unis ont demandé à la Turquie une assistance militaire en cas d'opération contre l'Irak, mais le gouvernement a laissé entendre la semaine dernière qu'il attendrait une nouvelle décision du Conseil de sécurité de l'ONU pour se prononcer.

La Turquie craint qu'une guerre contre l'Irak ne déstabilise la région et n'ouvre la voie à un Etat kurde dans le nord de l'Irak où l'armée turque a déployé depuis plusieurs années des centaines de soldats. (AFP, 31 décembre 2002)
 
 

Politique intérieure/Interior Policy
 

L'analyse du résultat des élections législatives du 3 novembre 2002

Dogan Özgüden

(publiée par l'Institut kurde de Bruxelles dans un document intitulé
"Turkije, klaar voor de Europese Unie?", décembre 2002, pages 9-18)
 

80 ans après la proclamation de la République kémaliste, les Islamistes ont reconquis le pouvoirŠ Tous les partis politiques traditionnels se prétendant véritables héritiers du Kémalisme sont perdants. Un véritable séisme politique dans un pays qui frappe depuis des décennies la porte de l'Union européenne. Toutefois, au moment de la rédaction de ces lignes, rien n'est claire? Toujours se posent plusieurs questions tant en Turquie qu'en Europe, notamment:

 
- Quelle est l'identité réelle du parti de la Justice et du développement (AKP). Est-il un parti islamiste ou bien un parti "conservateur démocrate" ou "musulman démocrate"?

- Que sera l'avenir des relations entre la Turquie et l'Union européenne, notamment la réponse européenne à la demande persistante d'obtenir une date pour le commencement des négociations d'adhésion?

L'identité ou l'appartenance de l'AKP

La victoire électorale de l'AKP et l'élimination des grands partis traditionnels du Parlement s'expliquent avant tout par une double protestation par les couches populaires des métropoles et de l'Anatolie contre:

- La politique économique désastreuse pour les travailleurs, les paysans et les petites et moyennes entreprises imposée par le FMI. La récession s'est soldé par plus d'un million de nouveaux chômeurs, une chute de la livre turque de 50% par rapport au dollar, une hausse des taux d'intérêt et une inflation chronique.

- L'intervention fréquente des militaires dans la vie politique et sociale sous prétexte de "protéger la laïcité et le système kémaliste" pour le maintien de leur dominance sur le pays.

En effet, au lendemain d'élections législatives, la presse de sensibilité religieuse, comme les grands médias, mettait l'accent sur le fiasco des anciennes formations parlementaires plutôt que sur la victoire prévisible des pro-islamistes.

Le chef du parti Tayyip Erdogan a, dans sa première déclaration post-électorale, rejeté avec indignation le terme d'islamiste en affirmant que l'AKP ne serait qu'un parti conservateur. "Nous avons dit dans notre programme politique que nous ne sommes pas un parti basé sur la religion. Nos actions dans les jours qui viennent le montreront clairement", a-t-il ajouté.

Il est vrai qu'à première vue l'AKP n'entre pas dans la catégorie de partis islamistes comme ses précédents (NP, MNP, MSP, RP, FP) ou comme des formations purement islamistes dans certains pays comme Iran, Pakistan, Algérie ou Maroc.

Après la dissolution du FP, les fondateurs du nouveau parti, Tayyip Erdogan en tête, ont été très attentifs pour ne plus se cataloguer "islamistes", ce afin d'éviter le risque d'un nouveau procès d'interdiction d'une part, et d'autre part, en vue de charmer et transférer des personnalités appartenant aux autres partis politiques ou familles philosophiques.

Pour pouvoir donner aux électeurs non-pratiquants une image "moderne et laïque", ils sont même allés très loin en ne mettant pas des femmes au foulard sur les listes électorales de l'AKP.

Cette stratégie a bien marché et a amené l'AKP au pouvoir tout seul. Dans les premiers jours post-électoraux, Tayyip Erdogan et son entourage sont restés toujours attentifs pour rassurer le président de la République, l'Armée et les grands médias.

Toutefois, juste après la formation du gouvernement et l'élection du président du Parlement, les querelles vestimentaires se sont déclenché sans attendre long temps. La parution du nouveau président du Parlement accompagné de sa femme au foulard dans une cérémonie officielle et la publication dans les grands médias des photos tète couverte des épouses du Premier ministre et de plusieurs ministres étaient suffisants pour que les milieux kémalistes et para-militaires déterrent la hache de guerre!

Pour moi qui suis observateur attentif de la politisation de l'Islam en Turquie depuis des années '50, il sera naïf d'attendre des Islamistes de changer radicalement leur identité et leur appartenance philosophique. Même s'ils préfèrent de s'appeler désormais "conservateurs démocrates" ou "musulmans démocrates", ils resteront toujours fidèles à leurs symboles, leurs pratiques et leurs valeurs islamiques.

Si les partis politiques ont perdu toute leur crédibilité aux yeux des masses populaires et ouvertes ainsi la voie de pouvoir seul à l'AKP, il est tout à fait légitime pour ces derniers d'utiliser ce pouvoir afin de confirmer leur appartenance religieuse.

Il ne faut pas oublier que les dirigeants de l'AKP ont été formés dans l'école politique d'une série de partis d'Erbakan: le parti de l'Ordre (NP), le parti du salut national (MSP), le parti du bien-être (RP) et le parti de la Vertu (FP).

La politisation de l'Islam en Turquie était la conséquence d'une part des politiques répressives des pouvoirs kémalistes non seulement contre l'Islam, mais également contre toute forme d'organisations des masses populaires (partis de gauche, syndicats, regroupements des minorités nationales, ethniques ou culturelles), mais d'autre part, de l'intervention des USA dans la région pour contrecarrer la montée des mouvements nationalistes et anti-impérialistes proches de l'Union soviétique.

L'Arabie saoudite a joué le rôle principal dans la politisation de l'Islam en Turquie. Il faut rappeler que le nouveau Premier ministre Abdullah Gül était, de 1983 à 1991, un spécialiste économique de la Banque de développement islamique dont le siège se trouve à Jeddah (Arabie Saoudite).

La plupart des fondateurs ou membres actifs de l'AKP s'étaient engagés à militer pour l'Islam, même avant la création du premier parti islamiste, au sein des diverses organisations d'extrême-droite ou intégristes comme l'Union nationale des étudiants de Turquie (MTTB) et les associations pour lutter contre le communisme (KMC).

Il est fort possible qu'il y ait au sein de l'AKP ou parmi les électeurs de ce parti des personnes farouchement anti-communistes qui auraient participé aux massacres de Dimanche Sanglant en 1969, de Kahramanmaras en 1978 ou de Sivas en 1993.

Toutefois, la conjoncture internationale actuelle et surtout la mutation profonde dans la société turque fort influencent les nouvelles générations du mouvement islamiste.

Les jeunes militants islamistes des années '60 occupent aujourd'hui des positions importantes dans plusieurs domaines de la société. Ils sont devenus des politiciens aussi expérimentés que ceux de partis traditionnels. Les partis islamistes successifs ont été représentés dans l'Assemblée nationale et fait partie de plusieurs coalitions gouvernementales.

Depuis une dizaine d'année, ils dirigent les municipalités des métropoles comme Istanbul et Ankara. Ils constituent également une force indéniable dans le monde des affaires, dans plusieurs secteurs économiques, dans les universités.

D'ailleurs, ils se sont bien organisés dans les pays européens grâce à la présence des millions d'immigrés en provenance de Turquie et au soutien des holdings financiers de l'Arabie saoudite.

C'est avec cette force-là qu'ils ont bien évalué la déception des couches populaires qui avaient utilisé leur vote de protestation en 1999 en faveur du DSP d'Ecevit (gauche nationaliste) et du MHP de Bahceli (néo-fasciste).

Alors que le parti de la Vertu (FP) obtenait 15,38% des voix en 1999, l'AKP est monté tout seul à 34,28% en 2002, ce malgré la participation aux élections de trois autres partis rivaux de sensibilité islamique: le parti du Bonheur (SP), 2,49%; le parti de la Turquie indépendante (BTP), 0,48% et le parti  de la Nation (MP),  0,22%.

C'est qui est le plus remarquable est qu'aucun des partis d'establishment n'a pu réaliser un score honorable, tous sont restés au-dessous du seuil national.

Tout d'abord, le DSP dont la raison d'être n'est que le charisme de son leader Ecevit, s'est effacé totalement de la scène politique du pays. Alors qu'il était venu au pouvoir avec 22,06% des voix en 1999, son pourcentage est tombé jusqu'au 1,22% en 2002.

Si le parti républicain du peuple (CHP) a pu entrer dans l'Assemblée nationale comme la seule formation d'opposition, son pourcentage ne correspond pas du tout au vote potentiel de la famille sociale-démocrate.

Alors que le pourcentage total des partis de centre-gauche était 30,85% aux élections de 1999, le taux du CHP est resté à 19,39% à ces élections. Le transfert de Kemal Dervis, homme du FMI et de la Banque mondiale, qui est responsable N°1 de l'appauvrissement des couches populaires depuis deux ans, a servi non au succès électoral du CHP mais à la victoire de l'AKP qui critiquait sans cesse les mesures draconiennes imposées par le FMI.

La chute des partis de centre-droite est aussi dramatique que celle des partis de centre-gauche. Alors qu'ils ont obtenu 25,63% des votes en 1999, leur pourcentage est tombé aux 15,89% en 2002.

L'extrême-droite, malgré une chute dramatique du MHP (de 17,98% en 1999 à 8,36% en 2002), a obtenu un total de 16,63% des voix en 2002 contre 19,45% en 1999. 7,25% des voix de l'extrême-droite est allées au parti jeune (GP) de l'homme d'affaires Cem Uzan.

En dehors de l'AKP et du CHP, le seul parti augmentant ses voix est le parti démocratique du peuple (DEHAP).  Alors que le bloc électoral du parti du peuple pour la démocratie (HADEP) obtenait 4,73% des voix en 1999, le bloc électoral du DEHAP a obtenu 6,22% des voix au niveau national.

Mais le système électoral qui impose un seuil national de 10% l'a empêché de se représenter à l'Assemblée nationale malgré le fait qu'il a largement dépassé ce seuil dans toutes les provinces du Kurdistan turc: Diyarbakir 56,20%, Batman 47,10%, Sirnak 46,00%, Hakkari 45,20%, Van 40,90%, Mardin 39,60%, Mus 37,90%, Agri 35,10%, Igdir 32,70%, Tunceli 32,50%, Siirt 32,20%, Bitlis 30,00%, Bingol 22,00%, Urfa 19,3%.

Donc ce système anti-démocratique a empêché la représentation de 45% des électeurs, toutes les appartenances confondues, dans l'Assemblée nationale. Cela veut dire qu'en plus de l'opposition parlementaire du CHP, le pouvoir islamique, malgré sa victoire écrasante à ces élections, sera confronté une opposition extra-parlementaire qui représente presque la moitié de la population.

Cette opposition extra-parlementaire s'organisera autour de trois axes principaux:

- L'opposition pro-kurde menée par le DEHAP ou le HADEP, soutenue par des groupements de gauche marxiste sur le plan légal et par le KADEK sur le plan extra-légal.

- L'opposition ultra-nationaliste par trois partis: le MHP, le GP et le BBP.

- L'opposition centre-droite par deux partis principaux, DYP et ANAP.

Il faut y ajouter également l'opposition islamiste des partisans de Necmettin Erbakan, qui sont actuellement minoritaires et vaincus. Toutefois, à chaque échec du pouvoir actuel, cette tendance plus orthodoxe de l'Islamisme récupérera ses anciens adeptes en déception.

Le seuil national n'étant pas exigé pour les élections locales, ces forces politiques se mobiliseront dès maintenant pour conquérir en 2004 les municipalités où sont-elles puissantes.

Un succès électoral est déjà prévisible pour l'opposition pro-kurde dans les provinces du Kurdistan turc car elle y jouit d'une popularité non contestée et contrôle depuis des années plusieurs municipalités. Pour le reste du pays, son succès dépendra de sa réussite dans la formation d'un bloc plus étendu et plus représentatif que le bloc constitué aux élections clôturées.

Le sort des autres axes d'opposition dépendra de la performance du pouvoir AKP tant dans la solution des problèmes socio-économiques à l'intérieur que dans les relations extérieures et plus particulièrement  dans le processus d'adhésion à l'Union européenne.

Un échec sur le plan extérieur et particulièrement sur la question d'adhésion à l'Union européenne va servir avant tout au renforcement de l'axe ultra-nationaliste qui a déjà mené une campagne contre une adhésion à cette union en acceptant tous les critères de Copenhague relatifs au respect des droits de l'Homme.
 

L'AKP et l'Union européenne
 

Il faut se rappeler que le mouvement islamiste en Turquie, depuis des années 60, s'est manifesté l'opposant le plus farouche d'une adhésion à l'Union européenne. Les programmes, déclarations et discours d'Erbakan et son entourage, y compris les dirigeants actuels de l'AKP, sont pleins de critiques et insultes contre l'Union européenne et contre les défenseurs turcs de l'adhésion à cette union. Pour eux, l'Union européenne n'était qu'un piège tendu par le christianisme et le Sionisme pour établir leur domination sur le monde islamique.

Au lieu d'une adhésion à l'Union européenne, ils étaient plutôt pour un rapprochement avec le monde islamique et de faire partie d'une communauté économique entre les pays islamiques.

Toutefois, l'échec de Necmettin Erbakan dans ce sens lors qu'il était Premier ministre et la réaction des forces laïques et pro-occidentales contre une telle orientation ont obligé le mouvement islamiste turc de réviser sa position et de se déclarer favorable à l'adhésion à l'Union européenne.

Sans aucun doute, l'existence des millions d'immigrés musulmans dans les pays membres de l'Union européenne et notamment en Allemagne a fort influencé le comportement des Islamistes turcs et a favorisé cette nouvelle orientation conciliante vis-à-vis de l'Europe.

En effet, depuis 1980, le mouvement islamiste turc s'est bien organisé et implanté dans cette population. Ainsi, les dirigeants locaux de ce mouvement ont commencé à prendre place dans les structures politiques, sociales et culturelles des pays d'accueil.

Pour les Islamistes, l'intégration des immigrés musulmans dans les sociétés occidentales de culture chrétienne ne pose plus de problème... Ils se déclarent entièrement d'accord avec les instances européennes pour l'intégration de ces populations...
Toutefois, il y a une différence importante dans la définition de l'intégration.

Selon eux, l'intégration de ces populations dans la société d'accueil doit se réaliser non par leur intégration en tant qu'individus ou de citoyens respectant tous les critères des droits de l'Homme et les valeurs universelles, mais en tant que communautés autonomes avec leurs propres valeurs religieuses et culturelles et surtout avec leur conception des droits de l'Homme définie dans les textes coraniques.

Alors que cette définition d'intégration irritait au début les dirigeants politiques européens, cette réticence est remplacée au fil des années par une "compréhension", car ils se sont rendu compte qu'ils auront besoin des votes de ces nouveaux citoyens d'obédience islamique pour leur succès électoral.

Ainsi, sont développés de nouveaux programmes de "cohabitation" favorisant une tolérance absolue au développement de mode de vie islamique dans la cité, et ce au détriment des programmes d'insertion et d'intégration des citoyens musulmanes en tant qu'individu.

Un autre élément qui amène les Islamistes turcs à un virage pro-européen était le besoin d'avoir un soutien extérieur efficace contre les pratiques et les ingérences répressives de l'Armée turque.

C'est la raison pour laquelle, Erbakan, Erdogan et tous les autres dirigeants du mouvement islamiste, ont commencé à frapper la porte de la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg contre la fermeture de leurs partis politiques ou l'interdiction de leurs activités politiques par les tribunaux turcs sous la pression de l'Armée.

Si le leader de l'AKP Erdogan se dépêche après les élections pour visiter toutes les capitales européennes en vue d'obtenir une date pour le commencement des négociations d'adhésion à Copenhague les 12-13 décembre 2002, c'est plutôt pour obtenir un soutien de l'Occident à la levée de l'interdiction de son accès au poste de Premier ministre et pour éviter des ingérences éventuelles de l'Armée contre les décisions et pratiques de son pouvoir.

Quel que soit le motif véritable derrière cette nouvelle orientation, il s'agit d'un important progrès dans le processus de démocratisation de la Turquie. Dans ce sens, les premières déclarations d'Erdogan et de Gül relatives au respect des critères de Copenhague et à la solution du problème chypriote étaient fort promettant et applaudies par tout le monde.

Toutefois, il faut attendre encore quelques mois pour voir les pratiques véritables de ce nouveau pouvoir.

Déjà, ils ont changé leur langage à plusieurs reprises après l'intervention directe ou indirecte de l'Armée.

Au retour de sa première tournée dans les capitales européennes le 22 novembre, au cours d'une conférence de presse commune avec le leader de CHP Deniz Baykal, Erdogan a manifesté une nouvelle attitude menaçante à l'instar de celle de l'Armée. "Nous réclamons avec insistance une date pour l'amorce des négociations d'adhésion, il est du droit de la Turquie de l'obtenir. Si un avis défavorable est émis à Copenhague (concernant la Turquie), ils (les Quinze) en subiront les conséquences."

Erdogan avait déjà durci sa position sur la perspective d'adhésion de Chypre à l'UE, estimant qu'Ankara et Nicosie devraient rejoindre l'Union  simultanément, ce qui pourrait repousser de plusieurs années l'adhésion de Chypre.

L'AKP et l'Armée

Ce revirement d'Erdogan est tout en concordance avec la position de l'establishment, c à d. l'Armée, la bureaucratie et la présidence de la République.

Juste après les premières déclarations pacifiques d'Erdogan sur la question chypriote, sous la pression de l'Armée, la bureaucratie du ministère des affaires étrangères lui avait donné un "briefing" en vue de rectifier sa position sur "cette question nationale".

Le chef d'état-major turc avait averti le 14 novembre  l'Union européenne (UE) qu'une décision unilatérale sur l'adhésion de la République de Chypre (sud de l'île) pourrait provoquer une crise régionale. Aux célébrations marquant le 19ème anniversaire de la proclamation de la "République turque de Chypre du nord" (RTCN, uniquement reconnue par Ankara), le général Hilmi Özkök a déclaré: "Accorder à l'administration chypriote-grecque le statut de membre à part entière de l'UE (...) portera atteinte à la paix et la stabilité de l'île et entraînera la région dans une crise permanente."

Quant au président de la République Ahmet Necdet Sezer, lors d'une conférence de presse à Prague, il a accusé les dirigeants européens de "manque de sincérité". "Tout le monde dit la même chose. Je ne crois pas qu'ils soient à 100% sincères dans leurs réponses. Il est important que la Turquie obtienne une date le 12 décembre" à Copenhague. Si cela ne se produit pas, cela va créer une continuation de l'incertitude dans les relations entre la Turquie et l'Union européenne et de nouvelles divisions en Europe", a-t-il prévenu.

Erdogan, en tant que leader du mouvement islamiste, essaie de lier la question d'adhésion turque au comportement de l'Union européenne vis-à-vis de l'Islam.

Or, la réticence européenne sur ce point est réservée à une fraction minoritaire comme il est démontré par le vote du Parlement européen. Le vrai problème est le respect des droits de l'Homme  et des critères de Copenhague par la Turquie.

M. Chirac a, le même jour à Prague, réagi contre la tentation de poser le débat en termes d'"affrontement de religions", en réponse à une question évoquant l'arrivée éventuelle de "60 millions de musulmans turcs" dans l'UE. "Vous dites 60 millions de musulmans turcs, c'est curieux car vous ne dites pas 60 millions de chrétiens français", a-t-il répondu. "La Turquie est un pays laïc, et nous attendons bien entendu qu'elle ne remette pas en cause cette laïcité."

"La Turquie a toute sa place en Europe, mais la procédure devant éventuellement aboutir à son entrée dans l'Union européenne (UE) ne pourra être engagée que si les critères politiques et économiques, définis par les Quinze avant toute adhésion, sont respectés", a déclaré le président français.

Selon Erdogan, la Turquie a déjà tenu ses promesses en modifiant plusieurs articles de la Constitution et de la législation pénale. Pour ceux qui ne sont pas encore réalisés, l'Union européenne doit faire confiance au pouvoir islamiste de l'AKP.

Faire confiance à un parti politique du quel les antécédents avaient fait pleinement preuve d'une politique anti-occidentale et anti-Union européenne, c'est vraiment un peu tôt.

D'ailleurs, il n'y a aucune certitude que ce parti ne se soumettra pas au dictat de l'Armée sur les questions vitales comme le respect des droits de l'homme, la reconnaissance totale de l'identité nationale, culturelle et confessionnelle de tous les peuples et minorités du pays.

Après le coup d'état de 1980, plusieurs partis politiques qui sont arrivés au pouvoir avec la promesse de démocratisation s'étaient soumis immédiatement aux directives du Conseil de la Sûreté nationale (MGK).

L'opération de "briefings" au pouvoir AKP s'est déjà déclenchée même avant l'annonce du programme gouvernemental.

Il faut également voir les conséquences de la première réunion du Conseil de la Sûreté nationale, prévue pour après l'annonce du programme gouvernemental. Quelles que soient les promesses faites dans le programme gouvernemental, il faut voir comment seront-elles appliquées sous la pression du MGK.

D'ailleurs, n'est-il pas une des exigences principales de l'Union européenne pour l'adhésion turque de la suppression du pouvoir des militaires par le biais de ce MGK.

Avant demander une date pour le commencement des négociations d'adhésion, il faut tout d'abord répondre à cette exigence.

Dans le programme gouvernemental annoncé le 22 novembre 2002 il n'y a aucune allusion à cette réforme indispensable. Au contraire, le nouveau ministre de la défense nationale Vecdi Gönül, dans une déclaration au quotidien Radikal du 25 novembre 2002, a souligné que l'objection européenne aux compétences politiques de l'Armée ne sera jamais tenu compte par le gouvernement.

D'ailleurs, cette prise de position militariste est entièrement partagée par le leader du CHP Deniz Baykal qui a réagi contre les propos du commissaire européen Verhaugen demandant la suppression de l'ingérence du MGK dans la vie politique.

Quant au respect des autres critères de Copenhague, l'AKP a une majorité suffisante à l'Assemblée nationale pour pouvoir modifier entièrement la constitution répressive imposée par les militaires et tous les articles des répressifs de la législation turque. Notamment:

Les libertés d'expression et d'éducation en langue kurde doivent être reconnues sans aucune restriction.

Tous les prisonniers politiques dont le nombre actuel s'élève à plus de 10 mille doivent être immédiatemment libérés.

Ces changements peuvent se réaliser dans quelques séances de l'Assemblée nationale, même avant le sommet de l'Union européenne à Copenhague.

Formuler des chantages sans avoir accompli toutes ces conditions sine qua non, cela s'avéra une nouvelle man¦uvre bien rusée en vue d'éloigner la Turquie définitivement de la famille européenne.
 
 

YSK cancels elections in Southeastern city of Siirt

The Supreme Elections Board (YSK) on Monday decided to cancel elections in the Southeastern city of Siirt.

Elections winner's Justice and Development Party (AK Party) deputy group chairman Faruk Celik, earlier, applied to the YSK to cancel the elections in Siirt on grounds that there were some irregularities in three ballot boxes in a village of the city.

The decision will become official only after a decision from the Board is published in the Official Gazette.

The elections will be repeated in the city but the timetable has not been set yet. According to procedures, the elections should be repeated 60 days after the cancellation decision of the YSK.

It is expected the election will take place on one of the Sundays in February, 2003.

Controversial businessmen Fadil Akgunduz was elected as an independent deputy from the city. Akgunduz was being sought by Interpol on a red bulletin on the grounds that he was involved in corruption. After winning in the Nov. 3 elections, Akgunduz gained immunity. The lawmakers of Parliament are working on lifting his immunity.

Apart from Akgunduz, Mervan Gul from the ruling AK Party and Ekrem Bilek from the sole opposition Republican People's Party (CHP) were elected from Siirt to Parliament.

AK Party received 17.5 percent of the votes in the city and CHP obtained 8.9 percent of the votes in the Nov. 3 elections while the pro-Kurdish Hadep had tallied over 33 percent of the vote. Because of the ten percent national threshold, however, HADEP could not produce any seats from the city, while the AK Party, CHP and independent Akgunduz shared the three seats of the city.

Meanwhile, YSK's decision might pave the way for AK Party leader Recep Tayyip Erdogan, who was barred from elections because of a poem he read during a rally in Siirt in 1997, to be elected to Parliament and become the prime minister of Turkey.

Article 76 of the Constitution should be amended for the abolishment of Erdogan's political ban.

Article 76 organizes the eligibility to be a deputy and states those who have been sentenced to a prison term totalling one year or more, shall not be elected deputies, even if they have been pardoned.

Erdogan was sentenced to imprisonment on charges of sedition, an act violating Article 312 of the Turkish Penal Code which mainly covers crimes related to freedom of speech. Turkey amended this article as a part of a reform package.

Erdogan paid his jail term but was not allowed to participate in the elections.

Due to his ban, his close associate from the party, Abdullah Gul, is serving as the prime minister of Turkey.

He formed his government and won the vote of confidence last week.

AK Party has the majority to amend articles of the Constitution.

If they achieve to amend Article 76 of the Constitution in advance, Erdogan is expected to run in the elections in Siirt.

But the AK Party Siirt deputy should withdraw his candidacy.

It was rumored that AK Party applied to the court for the cancellation of elections in Siirt as a formula to carry Erdogan to Parliament. (Turkish Daily News, December 3, 2002)
 

Le gouvernement turc présente un projet de réformes au Parlement

Le gouvernement turc a soumis au Parlement un projet de nouvelles réformes démocratiques pour renforcer ses chances d'obtenir au sommet européen de Copenhague, à la mi-décembre, une date pour l'amorce de négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Dans ce document soumis au Parlement tard mardi et dont l'AFP a obtenu une copie mercredi, le gouvernement a cependant renoncé à une importante disposition qui figurait dans un précédent projet et qui concernait notamment le cas de l'ancienne parlementaire kurde Leyla Zana.

Selon le nouveau texte, Mme Zana et trois autres ex-députés condamnés à 15 ans de prison en 1994 pour des activités séparatistes liées à la rébellion kurde armée ne pourront être rejugés alors que le premier projet prévoyait une telle mesure.

La Cour européenne des droits de l'Homme avait qualifié leur procès d'inéquitable et le Conseil de l'Europe avait demandé en janvier dernier à Ankara de réviser leur procès.

Le nouveau projet, qui prévoit 34 amendements législatifs, porte surtout sur le renforcement de la lutte contre la torture et la défense des droits de l'Homme.

L'une des dispositions prévoit des mesures plus répressives contre la torture, pour laquelle la Turquie est souvent épinglée.

Les procureurs pourront lancer des poursuites contre les fonctionnaires sans au préalable obtenir une autorisation des supérieurs de la personne incriminée. Cependant le délai de prescription, qui est actuellement de 15 ans, reste inchangé alors que le projet précédent prévoyait de le lever.

Le projet rend en outre plus difficile l'interdiction des partis politiques.

Le parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir est issu d'un parti pro-islamiste interdit pour "activités anti-laïques" et fait lui-même également l'objet d'une procédure d'interdiction.

D'autres dispositions portent sur le renforcement de la liberté d'expression et d'association et les droits des prévenus.

La Turquie qui est officiellement candidate à l'UE depuis 1999, réclame que le sommet de Copenhague, les 12 et 13 décembre, lui donne son feu vert, dès 2003, pour l'amorce des discussions d'adhésion.

Le gouvernement prévoit de faire adopter le projet au Parlement avec le soutien de l'opposition avant le sommet européen. (AFP, 4 décembre 2002)
 

Le parlement turc adopte des réformes permettant à Erdogan de devenir PM

Le parlement turc a adopté vendredi une série d'amendements à la Constitution, qui devraient permettre au chef du parti au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, d'être élu au parlement et de devenir ensuite Premier ministre.

Sur les 461 députés qui ont participé au vote, 440 ont approuvé les amendements et 18 ont voté contre, à l'occasion de la seconde et dernière lecture du projet.

Une majorité des deux tiers, soit 367 (bien 367) voix sur un total de 550, était suffisante pour amender la loi fondamentale sans recours à un référendum.

Mardi, lors de la première lecture du projet, une majorité écrasante des députés avait déjà approuvé ces modifications constitutionnelles.

La nouvelle formulation de l'article 76 de la Constitution permettra à M. Erdogan, chef du parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) de se présenter à de futures élections.

L'AKP est arrivé au pouvoir à la suite de sa victoire aux législatives du 3 novembre, mais son chef n'était pas éligible et n'a pu devenir Premier ministre en raison d'une condamnation en 1998 pour incitation à la haine religieuse.

Il avait alors récité un poème à la tonalité islamiste lors d'un meeting politique.

L'AKP a formé le gouvernement que dirige actuellement le bras droit de M. Erdogan, Abdullah Gul.

Le chef du parti au pouvoir devrait faire son entrée au parlement à l'occasion d'une élection législative partielle, dès février ou mars 2003, à la faveur de la décision du Haut Conseil électoral turc (YSK) d'annuler le résultat des élections dans la province de Siirt (sud-est), pour des raisons de procédure. Sa candidature doit cependant être approuvée par le Haut Conseil.

Les amendements constitutionnels adoptés vendredi prévoient que seuls les personnes condamnées pour "crimes terroristes" seront désormais déclarés inéligibles et non plus ceux condamnés pour des délits "idéologiques", ce qui était le cas jusqu'à présent et avait empêché M. Erdogan de se présenter à une élection.

Un second amendement facilite les conditions pouvant mener à la convocation d'une élection partielle.

L'AKP a été soutenu vendredi par l'opposition parlementaire, en l'occurrence le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), seule autre formation à siéger à l'Assemblée nationale. (AFP, 13 décembre 2002)
 

Premier bras de fer entre le président et le gouvernement en Turquie

Un bras de fer opposait vendredi le nouveau gouvernement turc au président qui vient de mettre son veto à une réforme constitutionnelle visant à permettre au dirigeant du parti au pouvoir d'échapper à sa condition d'inéligibilité et de devenir Premier ministre.

La querelle, qui en dernier ressort pourrait conduire à un référendum, complique les efforts de Recep Tayyip Erdogan, 48 ans, le dirigeant du parti de la Justice et du Développement (AKP), pour s'imposer à la tête du pays.

Déclaré inéligible aux élections anticipées du 3 novembre, en raison d'une condamnation pour "incitation à la haine religieuse", M. Erdogan, un ancien islamiste qui se veut aujourd'hui conservateur modéré, n'a pu entrer au parlement et ne peut donc diriger le gouvernement.

Il demeure toutefois, aux yeux de l'opinion publique, le dirigeant de facto du pays, son bras droit, Abdullah Gul, étant considéré comme Premier ministre à titre temporaire.

Le parlement avait adopté, il y a une semaine, trois amendements à la constitution pour permettre à M. Erdogan de se présenter à la députation, à l'occasion d'une élection partielle --fin février ou au début mars-- à Siirt, dans le sud-est du pays.

Le président Ahmet Necdet Sezer, un ancien président de la Cour constitutionnelle, y a opposé son veto, expliquant que ces changements à la loi n'avaient que des buts "subjectifs, concrets et personnels".

"Le président Sezer estime que ces amendements ont un objectif précis qui n'est pas juridique, mais politique", relevait vendredi le quotidien Zaman.

Le gouvernement, résolu à en découdre, entend faire adopter à nouveau les articles, dans les mêmes termes, obligeant le président, soit à en référer à la Cour constitutionnelle, soit à convoquer un référendum pour décider de la question, a-t-on appris vendredi de sources parlementaires.

Les amendements, adoptés avec le soutien d'une bonne partie de l'opposition, annulent notamment l'inéligibilité prononcée à l'encontre de personnes condamnées pour "actions idéologiques ou anarchiques".

Le gouvernement, pour renforcer encore sa position, a également soumis, dès jeudi soir au parlement, un nouvel amendement à une loi d'amnistie, adoptée en 2000.

Celui-ci prévoit d'apurer le casier judiciaire d'une personne condamnée pour des crimes concernant la liberté d'expression, y compris pour sédition, une fois la sentence effectuée et si son auteur ne s'est pas rendu coupable d'un crime similaire entretemps.

Même si le gouvernement remporte le bras de fer juridico-politique engagé avec le président, M. Erdogan pourrait voir s'échapper, faute de temps, l'occasion de se présenter à l'élection partielle à Siirt, ce qui retarderait une fois encore son entrée au parlement, selon les observateurs. (AFP, 20 décembre 2002)
 
 

Le parlement turc confirme sa détermination de voir Erdogan Premier ministre

Le parlement turc a confirmé sa détermination de voir le dirigeant du parti au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, devenir Premier ministre en approuvant, pour la seconde fois, une série d'amendements constitutionnels pour mettre fin à son inéligibilité.

Le nouveau vote, jeudi soir, fait suite au veto la semaine dernière du président Ahmet Necdet Sezer à un premier vote du Parlement.

M. Sezer, un ancien président de la Cour constitutionnelle, s'était déclaré opposé aux réformes décidées, estimant qu'elles étaient taillées sur mesure pour permettre l'élection de M. Erdogan et ne servaient pas l'interêt général.

Le chef de l'Etat n'a pas le droit de rejeter une deuxième fois ces amendements. Il ne peut cette fois qu'approuver les réformes ou convoquer un référendum sur la question, au risque de provoquer une crise politique.

Cette seconde hypothèse est jugée peu probable par les observateurs politiques pour qui le résultat d'un tel référendum confirmerait de toute façon la décision du Parlement, tout en affaiblissant le rôle du président.

M. Erdogan, 48 ans, avait été déclaré inéligible aux élections législatives du 3 novembre, très largement remportées par son Parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), en raison d'une condamnation en 1998 pour incitation à la haine religieuse qui lui a valu de purger quatre mois de prison.

Lors d'un meeting politique à Siirt, dans le sud-est du pays, il avait cité un poème comparant les mosqués à des casernes et les minarets à des baïonnettes, des propos jugés séditieux dans un pays musulman où l'Etat s'érige en garant de la laïcité.

Juste retour des choses pour ses partisans, c'est précisément à Siirt que M. Erdogan pourrait maintenant être élu à la députation, à l'occasion d'une élection partielle convoquée en raison de l'annulation du premier scrutin pour des raisons techniques.

L'élection aura lieu le 9 février et la liste finale de candidats doit être publiée le 28 janvier.

437 députés, de l'AKP et de l'opposition, sur les 550 que compte le Parlement ont approuvé jeudi soir les amendements constitutionnels qui annulent notamment l'inéligibilité prononcée à l'encontre de personnes condamnées pour "actions idéologiques ou anarchistes".

Le gouvernement, pour renforcer encore sa position, a également fait voter un amendement à une loi d'amnistie qui prévoit d'effacer du casier judiciaire les délits relevant de la liberté d'expression, y compris des condamnations pour sédition, une fois la peine purgée.

M. Erdogan, un ancien islamiste qui se veut aujourd'hui conservateur modéré, est considéré par l'opinion turque comme le dirigeant de facto du pays, Abdullah Gul occupant le poste de Premier ministre à titre temporaire.

M. Erdogan, un ancien maire d'Istanbul qui a fondé l'AKP en 2001 sur les cendres du parti islamiste de la Vertu (Fazilet) interdit par la justice turque, a entrepris une série de tournées à l'étranger, notamment dans le but d'asseoir sa légitimité.

Après avoir visité 14 des 15 capitales de l'Union européenne pour y défendre la cause de l'adhésion de son pays, il s'est rendu à Washington et Moscou pour y rencontrer respectivement les présidents George W. Bush et Vladimir Poutine.

Il doit se rendre du 7 au 11 janvier en Azerbaïdjan, au Kazakhstan et au Turkménistan --des pays avec lesquels la Turquie entretient des relations privilégiées -- et du 14 au 18 janvier en Chine, selon l'agence Anatolie. (AFP, 27 décembre 2002)
 
 

Le chef de l'Etat ouvre la voie à M. Erdogan pour devenir Premier ministre

Le président turc, Ahmet Necdet Sezer, a approuvé mardi une série d'amendements à la Constitution, ouvrant la voie au chef du parti au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, pour devenir Premier ministre.

L'approbation de ces amendements par le chef de l'Etat, qui avait dans un premier temps opposé son véto au vote du parlement, évite le recours à un référendum sur la question.

M. Sezer, un ancien président de la Cour constitutionnelle, s'était déclaré opposé aux réformes, estimant qu'elles étaient taillées sur mesure pour permettre l'élection de M. Erdogan, qualifié par la presse de "Premier ministre de facto", et ne servait pas l'intérêt général.

Mais le parlement lors d'un deuxième vote lui a renvoyé les amendements inchangés, avec le soutien de l'opposition, ne lui laissant cette fois le choix qu'entre une approbation et un recours au référendum.

Le référendum, très rare en Turquie, risquait toutefois de précipiter une crise politique et de nuire à la crédibilité du président alors que 437 députés (sur 550) à l'Assemblée ont voté pour les réformes, selon les analystes.

M. Erdogan, 48 ans, avait été déclaré inéligible aux élections législatives du 3 novembre, très largement remportées par son parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), en raison d'une condamnation en 1998 pour incitation à la haine religieuse qui lui a valu de servir quatre mois de prison.

Il devrait maintenant pouvoir se présenter, en février, à une élection législative partielle, ce qui lui permettra alors de devenir Premier ministre.

Lors d'un meeting politique à Siirt (sud-est), il avait cité un poème comparant les mosquées à des casernes et les minarets à des baïonnettes, des propos jugés séditieux dans un pays musulman où l'Etat s'érige en garant de la laïcité.

Juste retour des choses pour ses partisans, c'est justement à Siirt que M. Erdogan pourrait maintenant être élu à la députation, à l'occasion d'une élection partielle convoquée en raison de l'annulation du premier scrutin pour des raisons techniques.

L'élection aura lieu le 9 février et la liste finale de candidats doit être publiée le 28 janvier.

La candidature de M. Erdogan doit encore être acceptée par le Haut conseil électoral, mais semblait faire peu de doute après la décision du président.

Le gouvernement, pour renforcer encore sa position, avait également fait voter un amendement à une loi d'amnistie qui prévoit d'apurer le casier judiciaire d'une personne condamnée pour des crimes concernant la liberté d'expression, y compris pour sédition, une fois la sentence effectuée.

M. Erdogan, un ancien islamiste qui se veut aujourd'hui conservateur modéré, est considéré par l'opinion publique comme le dirigeant de facto du pays, son bras droit, Abdullah Gul, occupant le poste de Premier ministre à titre temporaire.

Ancien maire d'Istanbul, M. Erdogan, qui a fondé l'AKP en 2001 sur les cendres d'un parti islamiste interdit, a entrepris ces dernières semaines une série de tournées à l'étranger, notamment dans les pays de l'Union européenne, les Etats-Unis et la Russie, dans le but d'asseoir sa légitimité.

Il devrait prochainement se rendre dans plusieurs pays d'Asie centrale et en Chine.

M. Erdogan fait encore l'objet de plusieurs procès, notamment pour corruption alors qu'il dirigeait la première métropole de Turquie qui compte plus de 10 millions d'habitants. Mais en remportant un siège de député, il obtiendra aussi l'immunité parlementaire. (AFP, 31 décembre 2002)
 

Plus de 25 mille citoyens sont toujours privés des droits politiques

Alors que le nouveau pouvoir utilise tous les moyens pour rendre éligible le président de l'AKP Tayyip Erdogan, des dizaines de milliers citoyens restent toujours  privés de leurs droits politiques. La Fondation 78'liler a annoncé le 15 décembre 2002 que quelque 25 mille personnes, qui ont été condamnées à plus de cinq ans de prison par la  justice militaire pour des raisons politiques, sont toujours interdits de participer à des activités politiques ou d'intérêt public.

Après le coup d'état militaire de 1980, plus de 650 mille personnes avaient été arrêtées, 210 mille personnes traduites devant les tribunaux militaires et 1 million 650 mille  personnes fichées comme "dangereuse pour l'intérêt suprême de l'Etat turc." Parmi les inculpés, quelque 25 mille personnes ont été condamnées à des peines de prisons de plus de cinq ans.

Les dernières modifications dans la Constitution adoptées par l'Assemblée nationale et ratifiées par le président de la République ne restituent pas les droits politiques de ces anciens prisonniers politiques. (Info-Türk, le 31 décembre 2002)
 

Meurtre douteux d'un spécialiste de l'islamisme

Le président turc Ahmet Necdet Sezer a qualifé jeudi de "crime politique" l'assassinat la veille à Ankara d'un universitaire, spécialiste des mouvements islamistes.

"C'est évidemment un acte de terreur. Je pense que c'est un crime politique", a déclaré M. Sezer à des journalistes après le meurtre de Necip Hablemitoglu, tué mercredi soir à Ankara.

"J'espère que ce n'est pas le début de mauvais jours", a-t-il poursuivi, cité par l'agence Anatolie, faisant allusion à la série de meurtres politiques qui ont frappé la Turquie au début des années 90.

Necip Hablemitoglu, 48 ans, professeur associé de l'Université d'Ankara, a été tué par balles sur un parking devant son domicile de la capitale turque tard mercredi.

Pour l'instant, personne n'a été interpellé dans le cadre de son assassinat, déjà qualifié de "meurtre politique" par l'Union turque des associations d'avocats.

Connu comme nationaliste et fervent partisan du système laïc turc, Necip Hablemitoglu avait étudié des groupes fondamentalistes, notamment un ordre religieux controversé que les autorités avaient accusé de complot pour détruire le régime politique strictement laïque de la Turquie, selon Anatolie.

L'année dernière, il avait suscité une polémique, en accusant dans un livre des fondations allemandes travaillant en Turquie d'agir contre les intérêts du pays.

En octobre, certains de ses griefs avaient été repris par un tribunal qui avait lancé une procédure contre certaines organisations allemandes accusées d'espionnage, ce qui a entraîné un refroidissement des relations bilatérales.

De nombreux intellectuels ont été tués par des militants islamistes au début des années 90 en Turquie. (AFP, 19 décembre 2002)
 

Arrestation d'un ancien député turc accusé de fraude

La police turque a arrêté le 10 décembre un ancien député turc accusé de fraude massive, alors que la Justice venait de lancer un nouveau mandat d'arrêt à son encontre. Fadil Akgunduz, homme d'affaires de 44 ans, a été aussitôt été placé en détention.
Akgunduz  est accusé d'avoir extorqué d'importantes sommes à 247 Turcs vivant en Allemagne en promettant de larges bénéfices sur leurs investissements.

Un procureur turc a réclamé jusqu'à 1.235 ans de réclusion à l'encontre d'un ancien député accusé d'escroquerie à grande échelle, rapporte jeudi l'agence Anatolie.

Cet homme d'affaires à la réputaton sulfureuse aurait ainsi récolté jusqu'à six millions de marks allemands, mais n'a jamais restitué les sommes investies ni les intérêts. Il réfute les accusations.

Son arrestation fait suite à l'annulation du résultat des élections législatives du 3 novembre dans la province de Siirt (sud-est de la Turquie), où M. Akgunduz avait été élu député en tant qu'indépendant, obtenant du même coup l'immunité parlementaire.

Il avait pourtant mené sa campagne électorale depuis l'étranger, étant déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt en Turquie où il avait été condamné à deux ans de prison par contumace pour fraude.

Une cour d'Istanbul a transmis le mandat d'arrêt à la police, suite à l'annulation du scrutin de Siirt pour irrégularités de procédure.

Une centaine de ressortissants turcs vivant en Allemagne avaient également déposé plainte devant des tribunaux turcs contre M. Akgunduz, l'accusant de leur avoir extorqué environ six millions de DM (3,06 millions d'euros) pour un projet industriel frauduleux, selon la presse turque. (AFP, 10-26 novembre 2002)
 

L'ancienne Premier ministre Ciller s'en va, Mehmet Agar chef du parti

L'ancienne Premier ministre Tansu Ciller a fait des adieux émus à la politique, samedi, et aux délégués de son parti de la Juste Voie (DYP, non représenté au Parlement), laissant la place à son ancien ministre de l'Intérieur Mehmet Agar.

"J'endosse personnellement toute la responsabilité (de la défaite) et m'incline devant la décision populaire", a dit Mme Ciller devant membres et sympathisants de son parti, estimant "venu le temps de l'adieu", rapporte l'agence Anatolie.

Tansu Ciller avait convoqué un congrès du DYP, qu'elle présidait depuis juin 93, après la déroute électorale du 3 novembre dernier où le parti n'avait pas passé le barrage de 10% de voies au plan national permettant une représentation parlementaire, et avait annoncé qu'elle ne se re-présenterait pas.

Mehmet Agar, élu député indépendant au dernier scrutin avant de rejoindre le DYP qu'il avait quitté après sa disgrâce, fut ministre de l'Intérieur du dernier gouvernement de coalition auquel participa Mme Ciller.

Il avait été poussé à la démission en 1996, pour "raisons de santé", alors que sa signature figurait sur un passeport et un port d'armes officiels délivré à un terroriste ultra-nationaliste impliqué dans l'attentat contre le pape Jean-Paul II, mort dans un accident de voiture avec un chef de la police et un député du DYP.

Mme Ciller fut vice-Premier ministre (et ministre des Affaires étrangères) de Turquie de 96 à 97 dans un gouvernement dirigé par l'islamiste Necmettin Erbakan poussé à la démission par l'Armée après 4 mois de crise.

Elle avait été auparavant ministre de l'Economie en 91 et Premier ministre de 93 à 95. Elle obtint de l'Union Européenne, fin 95, l'établissement d'une Union douanière entre l'Europe et la Turquie.

Professeur d'économie éduquée aux Etats-Unis, elle a deux enfants d'un mari célèbre pour être le seul homme de Turquie à avoir pris le nom de famille de sa femme. (AFP, 14 décembre 2002)
 
 
 

Le Terrorisme de l'Etat/State Terrorism
 

La 6ème victime du régime carcéral lors du pouvoir islamiste; Le bilan: 103 morts

La grève de la faim qui dure depuis plus de deux ans pour protester contre le régime d'isolement carcéral dans les prisons turques a fait une nouvelle victime le 21 décembre 2002. Le nombre total des victimes s'élève ainsi à 103.

Berkan Abatay, 27 ans, est décédé dans un hôpital d'Istanbul, un an et demi après avoir commencé à jeûner, a précisé un communiqué publié samedi par TAYAD.

Il avait été emprisonné en 1996 pour appartenance à un groupe clandestin d'extrême gauche, le Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C).

En un mois, depuis l'arrivée au pouvoir du parti AKP, cinq autres prisonniers politiques se sont éteints à cause de la grève de la faim:

Serdar Karabulut, 32 ans, s'est éteint le 9 novembre dans un hôpital d'Ankara près d'un an et demi après s'être joint au mouvement. Karabulut avait été condamné en 1991 à 30 ans de prison pour appartenance au DHKP-C.

Imdat Bulut, arrêté en février 2000 dans le cadre d'opérations policières visant le DHKP-C, est mort le 19 novembre à l'hôpital de Bayrampasa d'Istanbul. Il a commencé à jeûner en juin 2001.

Zeliha Erturk, 25 ans, est morte le 30 novembre à l'hôpital Sisli Etfal d'Istanbul, portant à 60 le total des victimes d'un mouvement de protestation. Elle a été arrêtée pour appartenance au DHKP-C.

Le 1er décembre, à Izmir, Feridun Yucel Batu, 33 ans, qui avait entamé son jeûne il y huit mois, est mort tôt à l'hôpital Ataturk où il subissait des soins. Il était condamné à 12 ans et six mois de prison pour appartenance au DHKP-C.

Le 16 décembre, une autre détenue appartenant au DHKP-C, Feride Harman, libérée pour six mois pour se faire soigner, comme le permet la loi, est décédée dans une maison d'Aksaray, dans la partie européenne de la métropole, au 512 ème jour de son jeûne.

La grève a été lancée en octobre 2000 par plus d'un millier de prisonniers de gauche pour dénoncer l'entrée en service de prisons dites "de type F" où les cellules ne contiennent qu'une ou trois personnes, remplaçant les vastes dortoirs de plusieurs dizaines de détenus en fonction jusque là.

Les grévistes affirment que ce régime d'"isolement" les désocialise et les expose aux mauvais traitements de la part des gardiens et des forces de sécurité.

Les protestataires observent un jeûne tournant, absorbant de l'eau salée, sucrée et enrichie de vitamines pour rester en vie et ne pas perdre toutes leurs facultés mentales.

Le nombre des victimes de la grève de la faim s'élève à 62 morts. Ce chiffre comptabilise également des parents et proches de détenus qui ont observé un jeûne de solidarité, à domicile.

En plus de ces victimes, un assaut des forces de gendarmeries en décembre 2000, pour réduire le mouvement dans une vingtaine de prisons, avait fait 32 victimes dont deux gendarmes, et le gouvernement avait alors ouvert des nouvelles prisons dites "de type F".

Quatre prisonniers se sont en outre immolés par le feu en soutien aux grévistes et quatre autres personnes ont été tuées lors d'une intervention de la police en novembre dernier contre une maison d'Istanbul occupée par des grévistes.

Les protestataires avancent que le nouveau système désocialise les détenus et les expose aux mauvais traitements des forces de sécurité.

Mais le gouvernement s'est toujours catégoriquement refusé à revenir à l'ancien système, estimant qu'elles étaient la raison de fréquentes et sanglantes mutineries avec prises d'otages dans des prisons régulièrement dénoncées par les Européens pour leurs tristes bilans.

Les grévistes de la faim ont considérablement abaissé leurs exigences pour mettre fin à leur grève et sont prêts à accepter un compromis avancé par les chefs des 4 principaux barreaux du pays. Ce compromis, résumé sous la formule, 3 clefs 3 portes, permettrait aux détenus de 3 cellules de 3 détenus (9 personnes), de pouvoir communiquer entre eux pendant huit heures par jour. Toutefois, le ministère de la justice la refuse en invoquant des obstacles de nature technique et sécuritaire.

Le gouvernement refuse cependant catégoriquement d'envisager un retour à l'ancien système des dortoirs, estimant qu'il était à l'origine de régulières mutineries avec prise d'otages, tout comme il refuse d'aménager des activités communes pour sortir les détenus de leur isolement.

Actuellement quelque 10.000 des 55.000 détenus que compte la Turquie sont des détenus politiques accusés de terrorisme ou d'appartenance à un parti ou une organisation politiques illégaux. (Info-Türk, 21 décembre 2002)
 

Des policiers turcs condamnés pour torture échappent à la prison

Quatre policiers ont été condamnés lundi à un an de prison pour avoir torturé en 1997 un syndicaliste -décédé deux ans plus tard pendant une nouvelle séance de torture- mais n'auront pas à purger leur peine, a indiqué l'avocat de la victime.

Un tribunal d'Istanbul a infligé aux policiers une peine de 11 mois et 20 jours de prison, mais a suspendu son application après avoir "acquis la conviction qu'ils ne répèteraient pas le même crime", a indiqué à l'AFP Me Keles Ozturk.

Cinq autres policiers ont été acquittés.

Le syndicaliste Suleyman Yeter et 14 autres personnes avaient été torturés pendant leur garde à vue, en février 1997. Ils avaient été interpellés par la police qui pensait avoir à faire à un groupe clandestin d'extrême gauche.

M. Yeter est mort en garde à vue en mars 1999, le cou brisé, souffrant d'hémorragie et le corps couvert d'échymoses. La cause de sa mort, par torture, a été confirmée par une enquête officielle.

Une procédure judiciaire contre trois autres policiers impliqués dans la mort de M. Yeter est en cours.

Me Ozturk a dénoncé lundi le verdict comme "très léger", ajoutant qu'il n'y avait "aucun fondement légal pour la suspension des sentences".

L'incapacité de la Turquie à éradiquer la torture est l'une des principales raisons pour lesquelles la candidature d'Ankara à l'Union européenne (UE) est en panne.

Le nouveau gouvernement turc, formé après la victoire aux législatives du 3 novembre d'un parti né d'une scission au sein d'une formation islamiste, prépare actuellement un vaste ensemble de réformes devant rapprocher la Turquie des critères européens de respect de la démocratie et des droits de l'homme.

Ces réformes, parmi lesquelles des mesures renforcées de lutte contre la torture, pourraient faciliter l'obtention d'une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, à l'occasion du sommet européen de Copenhague les 12 et 13 décembre.

La Commission européenne a récemment estimé que la Turquie n'était pas encore prête à entamer ces discussions d'adhésion, soulignant notamment la persistance des allégations de torture et des restrictions à la liberté d'expression. (AFP, 2 décembre 2002)
 

Fondations allemandes en Turquie: mise en garde du président du Bundestag

Le président de la chambre des députés allemande (Bundestag) Wolfgang Thierse a indirectement mis en garde Ankara vendredi contre les conséquences d'un procès contre cinq fondations allemandes en Turquie sur les chances d'adhésion de ce pays à l'Union européenne.

Dans une lettre à son homologue turc Bulent Arinc, publiée par le Bundestag, M. Thierse rappelle que ce procès va s'ouvrir alors que la Turquie peut espérer l'engagement de négociations d'adhésion avec l'Union européenne, décision qui doit être prise en décembre 2004 par les Etats membres de l'UE comme en a convenu le sommet européen de Copenhague le 12 décembre.

"Dans ce contexte, souligne dans sa lettre le président du Bundestag, je suis inquiet du procès" contre les fondations allemandes, qui ont selon lui largement contribué à "la compréhension croissante" en Allemagne "pour le souhait de la Turquie d'adhérer à l'UE".

Le procès de cinq fondations allemandes accusées "d'espionnage" en Turquie doit s'ouvrir le 26 décembre devant une Cour de sûreté d'Etat d'Ankara.

"Je vous serais extrêmement reconnaissant de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que le déroulement et l'issue de ce procès ne nuise pas aux bonnes relations germano-turques", ajoute M. Thierse dans sa lettre à M. Arinc.

La décision des chefs de l'Etat et de gouvernement de l'UE de se retrouver en décembre 2004 pour décider de l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec Ankara s'est largement inspirée d'une proposition franco-allemande.

La procédure contre les fondations allemandes Konrad-Adenauer, proche de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), Friedrich-Naumann, proche du Parti libéral (FDP), et Heinrich-Boell, proche des Verts, ainsi que l'Institut allemand pour les relations avec l'Orient, a été lancée le mois dernier, provoquant un froid entre Ankara et Berlin. (AFP, 20 décembre 2002)
 

ONG allemandes accusées d'"espionnage": les accusés plaident non coupable

Le procès controversé à l'encontre de six organisations non gouvernementales allemandes, accusées d'"espionnage" en Turquie, s'est ouvert lundi à Ankara et a été ajourné à la fin janvier après que les inculpés ont plaidé non coupable.

Onze des 15 inculpés, dont huit Allemands, étaient présents jeudi matin, à l'ouverture du procès, devant une Cour de sûreté de l'Etat à Ankara. Les prévenus risquent jusqu'à 15 ans de prison.

Les six fondations allemandes sont accusées d'avoir scellé "une alliance secrète" avec des partenaires locaux pour "saper l'ordre politique et social" turc, ainsi que "l'unité du pays".

L'acte d'accusation fait état de "sérieux indices" sur des activités "d'espionnage", en soulignant que les fondations allemandes "mènent leurs activités dans des endroits où la diplomatie classique n'a pu obtenir de résultat et ont infiltré tous les domaines de la société et de la politique".

Certains accusés sont liés à quatre fondations politiques basées en Turquie: la fondation Konrad Adenauer, proche de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), la fondation Friedrich Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), la fondation Friedrich Naumann, proche du Parti libéral (FDP), et la fondation Heinrich Boell, proche des Verts.

D'autres sont liés à l'Institut d'Orient, une organisation scientifique dont le siège est à Istanbul et au groupe international d'action contre la faim (Fian), basé en Allemagne,
 La procédure, lancée en novembre dernier, a immédiatement été condamnée par Berlin.

Le président de la chambre allemande des députés (Bundestag), Wolfgang Thierse, a laissé entendre qu'une condamnation pourrait avoir un impact sur les chances d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

Recep Tayyip Erdogan, dont le parti de la Justice et du Développement (AKP) est au pouvoir en Turquie, a promis un "jugement équitable", en regrettant une procédure à l'encontre des fondations allemandes "très renommées en Turquie".

Les accusations se basent notamment sur le livre d'un universitaire, Necip Hablemitoglu, connu pour son nationalisme et tué par balles le 18 décembre devant son domicile à Ankara dans ce qui est considéré par les autorités comme un "meurtre politique".

Dans son ouvrage, M. Hablemitoglu accusait les ONG allemandes de recourir "à toute sorte d'agitation ethnique, religieuse et sociale" pour s'en prendre aux valeurs laïques de la Turquie qu'elles souhaitaient "déstabiliser".

Lors de la première audience, jeudi, d'une durée exeptionellement longue de cinq heures et hautement médiatisée, l'ensemble des accusés présents qui comparaissaient comme prévenus libres, ont plaidé non coupable. Le procès a été ajourné au 30 janvier.

Wulf Schonbom, le représentant en Turquie de la fondation Konrad Adenauer, a qualifié de "totalement absurdes" et "dénuées de fondement" les accusations portées contre son organisation, active depuis 1983 en Turquie et implantée dans 83 pays.

Son organisation oeuvre pour la "stabilité du régime démocratique" en Turquie, a-t-il fait valoir.

Yucel Sayman, l'ancien bâtonnier du barreau d'Istanbul, est accusé notamment d'avoir porté atteinte à l'"indivisibilité de l'Etat turc" en organisant des séminaires avec la fondation Heinrich Boell à Istanbul.
 Les allégations de "conspiration" sont fondées sur des "rumeurs et des ragots", s'est-il défendu devant les juges.

Les autres accusés ont mis en avant le caractère "respectable" de leurs organisations, en affirmant simplement ne pas "comprendre" les accusations. (AFP, 26 décembre 2002)
 

Fondations allemandes en Turquie: le président du Bundestag hausse le ton

Le président de la chambre des députés allemands (Bundestag), Wolfgang Thierse, a de nouveau mis en garde vendredi la Turquie contre les conséquences qu'aurait une condamnation de fondations allemandes jugées à Ankara sur les perspectives d'adhésion du pays à l'Union européenne.

Si le procès contre six organisations non gouvernementales allemandes accusées d'"espionnage", qui s'est ouvert jeudi, devait aboutir à une condamnation, ce serait "une claque pour tous ceux qui s'efforcent de donner une perspective européenne à la Turquie", a déclaré M. Thierse dans une interview à la radio InfoRadio Berlin.

Déplorant que "jusqu'ici", l'affaire des fondations "ne fait pas l'objet d'un large débat politique en Turquie", le social-démocrate a dénoncé "une tentative d'intimidation de la Justice turque de la part de certaines parties".

Le travail libre de fondations politiques est partie intégrante du quotidien démocratique, a poursuivi M. Thierse, en estimant que "la Turquie doit comprendre cela aussi".

La semaine dernière, M. Thierse avait déjà indirectement mis en garde Ankara. Dans une lettre à son homologue turc, Bulent Arinc, il avait rappelé que ce procès allait s'ouvrir alors que la Turquie peut espérer l'engagement de négociations d'adhésion avec l'UE.

La décision d'ouverture des négociations d'adhésion doit être prise en décembre 2004 par les Etats-membres de l'UE, comme en a convenu le sommet européen de Copenhague le 12 décembre, sur proposition franco-allemande.

Le procès, qui se déroule devant une Cour de sûreté d'Etat d'Ankara, a été ajourné à la fin janvier. Les inculpés ont tous plaidé non coupables.

La procédure vise les fondations allemandes Konrad-Adenauer, proche de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), Friedrich-Naumann, proche du Parti libéral (FDP), et Heinrich-Boell, proche des Verts, ainsi que l'Institut d'Orient et le groupe international d'action contre la faim (Fian), basé en Allemagne. (AFP, 27 décembre 2002)
 

Procès des fondations allemandes en Turquie: Berlin met Ankara en garde

Le ministre allemand de l'Intérieur Otto Schily a prévenu Ankara que le procès de six fondations allemandes en Turquie, accusées d'"espionnage", pourrait être "un grave revers sur le chemin de son adhésion à l'Europe", dans un entretien au journal dominical Welt am Sonntag.

"J'appelle le gouvernement et la justice turcs au bon sens. L'Allemagne prend cet évènement très, très au sérieux. Je vais bientôt me rendre en Turquie et en parler très sérieusement avec les responsables", a souligné le ministre social-démocrate.

"Il s'agit d'une procédure grave et inquiétante", a encore jugé M. Schily.

La semaine passée, le président de la chambre des députés allemands (Bundestag), Wolfgang Thierse, avait mis en garde à plusieurs reprises la Turquie contre les conséquences qu'aurait une condamnation de fondations allemandes jugées à Ankara.

Si le procès contre six organisations non gouvernementales (ONG) allemandes, qui s'est ouvert jeudi, devait aboutir à une condamnation, ce serait "une claque pour tous ceux qui s'efforcent de donner une perspective européenne à la Turquie", avait déclaré M. Thierse vendredi.

La décision d'ouverture des négociations d'adhésion doit être prise en décembre 2004 par les Etats membres de l'UE, comme en a convenu le sommet européen de Copenhague le 12 décembre, sur proposition franco-allemande.

Le procès, qui se déroule devant une Cour de sûreté d'Etat d'Ankara, a été ajourné à la fin janvier. Les inculpés ont tous plaidé non coupables.

La procédure vise les fondations allemandes Konrad-Adenauer, proche de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), Friedrich-Naumann, proche du Parti libéral (FDP), et Heinrich-Boell, proche des Verts, ainsi que l'Institut d'Orient et le groupe international d'action contre la faim (Fian), dont le siège est en Allemagne. (AFP, 28 décembre 2002)
 

Procès des fondations allemandes: M. Yakis rejette une ingérence allemande

Le ministre turc des Affaires étrangères Yasar Yakis a indiqué dimanche que plusieurs fondations allemandes en Turquie, accusées d'"espionnage", seront condamnées si leur culpabilité est établie par la justice turque, rejetant toute ingérence des autorités allemandes.

"Nos juges indépendants décideront dans l'affaire des fondations allemandes. S'ils (les juges) concluent que leurs activités sont contraires aux lois turques, naturellement ils se prononceront en conséquence", a-t-il dit à l'agence Anatolie.

Le ministre allemand de l'Intérieur Otto Schily a prévenu Ankara que le procès des six fondations allemandes en Turquie pourrait être "un grave revers sur le chemin de son adhésion à l'Europe", dans un entretien au journal dominical Welt am Sonntag.

"Nous n'allons pas renoncer à appliquer la loi parce qu'elle va nous empêcher d'entrer dans l'Union européenne", a répliqué sèchement M. Yakis.

Le chef de la diplomatie turque a précisé qu'"il n'est pas question pour le gouvernement (turc) de s'immiscer dans les affaires de la justice", appelant "le monde entier" à respecter le verdict de la justice turque dans ce procès controversé.

La semaine passée, le président de la chambre des députés allemands (Bundestag), Wolfgang Thierse, avait mis en garde à plusieurs reprises la Turquie contre les conséquences qu'aurait une condamnation de fondations allemandes jugées à Ankara.

La décision d'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie doit être prise en décembre 2004 par les Etats membres de l'UE, comme en a convenu le sommet européen de Copenhague le 12 décembre, sur proposition franco-allemande.

Le procès, qui se déroule devant une Cour de sûreté d'Etat à Ankara, a été ajourné à la fin janvier. Les inculpés ont tous plaidé non coupables à l'ouverture du procès, jeudi.

La procédure vise les fondations allemandes Konrad-Adenauer, Friedrich-Ebert, Friedrich-Naumann, et Heinrich-Boell, ainsi que l'Institut d'orient et le Groupe international d'action contre la faim (Fian), dont le siège est en Allemagne. (AFP, 29 décembre 2002)
 

IHD calls measures to prevent violence against women

Turkey's prominent human rights advocate, the Human Rights Association (IHD), called on measures to prevent violence against women on the occasion of the International Day for solidarity against violence against women.

IHD said that violence against women is the biggest hindrance against the protection and development of human rights issues.

In this light, IHD asked the state to increase protection and aid services.

It also called on the state to take effective measures in order to prevent implementations such as virginity control or sterilization.

The state should develop education and judicial measures in an effort to change social and cultural behavior against women, the IHD said.

According to the Human Rights Association, the state should open advice and protection homes for females and promote female associations to open similar facilities.

IHD also asked the state to revise penalties against those who committed crimes against women.

Family violence common in Southeast

Dr. Aytekin Sir of Dicle University Faculty of Medicine's Psychiatry Department stated that 102 women had approached their unit last year with complaints of being beaten on their wedding night, the Anatolia news agency reported yesterday.

Sir said the mental health of those women had been damaged due to these events.

Although there are various reasons for this behavior, Sir said that trying to dominate women is known as one of the main reasons for men to beat their wives.

"Scores of women in the Southeast are beaten on the first night of their marriage. As a result of this behavior, women cower in fear and suffer from sexual problems. Research revealed that women begin to show differing reactions. As they can't speak out, women try to assert themselves with body language. Some suffer from chronic headaches, some faint for no apparent reason, etc." Sir stated.

The Women's Center (KA-MER), a nongovernmental organization (NGO) formed by 12 women four years ago, aims to unite these women that are beaten. KA-MER's advisor Hayriye Ascioglu said there are scores of women who seek their help.

"Those women have difficulty talking about the violence they experience. After a number of sessions they are able to talk about the beatings," Ascioglu said.

The Southeast, suffering from political and economic problems, regularly makes the news due to the high suicide rate among women.

Arranged marriages, lack of education and money and traditions are among the reasons for gender problems in the region. (Turkish Daily News, November 26, 2002)

Human Rights violations in brief

Police Brutality against Teachers

Reports from Serik district (Antalya) stated that the police beat Ergin Ipteç, director of Cumhuriyet Primary School and Servet Kas, director of the teachers' house in Serik on 29 November. The events started, when Ergin Ipteç asked three women, walking in and out of the classes at his school, for their ID. One of the women apparently was the wife of Serik Chief of Police, Selman Kerimoglu, by the name of Serpil Kerimoglu (also police officer). Ergin Ipteç was told that he would soon be shown, who the women were. He was detained, when he left school to inform the district governor. Subsequently several teachers gathered in front of the police headquarters. Selman Kerimoglu came to tell them off and, when Servet Kas, director of the teachers' house protested against it, he was called inside. He soon came out of police headquarters, but with blood on his face. While Serik Governor Mehmet Aydin said that Servet Kas hit a door during the dispute, Servet Kas stated that he was beaten by a civilian dressed police officer, who wanted to lock him up into a room. Servet Kas was certified 3 days' inability to work. State secretaries started to investigate the incident. (Hürriyet-TIHV, December 1, 2002)

Trade Unionists beaten and detained

On 29 November the gendarmerie intervened when workers, who had been sacked in Tuzla (Istanbul) for being members of the trade union Deri-Is, wanted to hold a press conference. The soldiers detained Salih Kiliç, secretary for education with Türk-Is, Yener Kaya, chairman of Deri-Is, Musa Selvi, deputy chairman of Deri-Is, Hasan Sonkaya, chairman for the Tuzla branch and the executives Yusuf Gökçe, Gürsel Mentes and 2 workers, whose names could not be identified. (Özgür Gündem-TIHV, November 30, 2002)

Detentions and Arrests in istanbul

Safinaz Kekeç (31) was detained in Büyükçekmece, when she applied for a driving license. Reportedly she had been wanted for 9 years as an alleged militant of the Workers' and Peasants' Liberation Army of Turkey (TIKKO) and armed activities in Tokat province in 1993. On 1 December Kenan Aloglu was detained in Istanbul. Having been sentenced to 12.5 years' imprisonment for membership of the Workers' and Peasants' Liberation Army of Turkey (TIKKO) by Malatya SSC he had been put in Ovacik Closed Prison some 10 days ago, but escaped on the first day in prison. (Evrensel-Hürriyet-TIHV, December 2, 2002)

Police Brutality against Teachers

Following the incident in Serik district (Antalya) on 29 November, where the police beat Ergin Ipteç, director of Cumhuriyet Primary School and Servet Kas, director of the teachers' house in Serik, Serik Chief of Police, Selman Kerimoglu, and the police officer Mehmet Atasiper were suspended from duty. The state secretaries from the Ministry of the Interior are continuing their investigation. (Cumhuriyet-TIHV, December 3, 2002)

Torture in Baskale

Mevlüt Aytekin alleged to have been tortured after detention in Bilgeç village, Baskale district (Van) on 3 December. Soldiers from Beblesin Gendarmerie Station had carried out an ID check and alleged that his goats had no medical report. "I answered that TL 50 million was too much money and, therefore, I had not obtained a medical report, but they started to curse at me. On orders of the commander I was taken to the gendarmerie station and for about half an hour they kicked at me and beat me. I was beaten until I fainted. When I regained consciousness they put me into a minibus telling the driver to take me away." Apparently Mevlüt Aytekin was given back the goats. He filed an official complaint with the Van branch of the Human Rights Association. (Özgür Gündem-TIHV, December 5, 2002)

Torture of Student in Ankara

The Administrative Council in the office of the governor in Ankara decided against the report of inspectors from Ankara Police HQ and voted for an investigation into the allegation of torture of the student Veli Kaya. During the protests against the High Education Council (YÖK) in Ankara on 6 November had been taken into a cellar and kept their for 15 minutes, until angry citizens forced the police to open the cellar. The Administrative Council voted against investigations against Mehmet Yüksel, chief of the anti-riot police, because he ordered the release of the suspect. The file was sent to the chief prosecutor in Ankara. (Radikal-TIHV, December 9, 2002)

Restriction of the Right to Defense

Allegations from Istanbul stated that Istanbul Bar Association did not appoint a defense lawyer for a German citizen, suspected of a drug offence, despite regulation in the Criminal Procedure Code (CMUK). Board member and chief of the CMUK service of Istanbul Bar Association, Osman Aydin Sahin told the daily "Evrensel" that his department would have appointed a lawyer for a foreigner, had he not been from an imperialist country. (Evrensel-TIHV, December 6, 2002)

Case Against Hunger Strikers

On 9 December Üsküdar Criminal Court No. 1 continued to hear the case of 399 defendants, who had been in Üsküdar Prison at the time of the operation against the prisons in December 2000 and who are charged with rioting, possession of explosives and having killed the prisoner Ahmet Ibili by burning and the soldier Nurettin Kurt by shooting. The defendants Gülsüm Yildiz, Zuhal Sürücü, Nuran Güvenilir and Songül Yücel (remanded in Kartal Prison) and Zeynel Aygün, Engin Atesçi and Ayhan Aykut (not under arrest) were present at the hearing. The imprisoned defendants stated that they had been taken to the hearing without the possibility of preparation. Only Gülsüm Yildiz testified to the effect that they had been attacked in their sleep on 19 December at 4.30am and only tried to defend themselves against the attack. The ballistic report on 5 pistols reportedly found in the ward of the prisoners revealed that neither Ahmet Ibili nor Nurettin Kurt had been killed by these arms. Both had been killed by long rifle with high kinetic energy. The defense objected to armed soldiers in the courtroom, who were accompanying the prisoners, but the court rejected the demand to exclude armed personnel from the hearing. When the prisoners shouted slogans at the end of the hearing the soldiers attacked them. The police inside the court hall tried to confiscate the film of a reporter from the journal "Ekmek ve Adalet", but the defense lawyer prevented them from doing so. During the incidents in Ümraniye Prison the prisoners Ahmet Ibili, Ercan Polat, Umut Gedik, Riza Poyraz and Alp Ata Akçayöz and the gendarmerie soldier Nurettin Kurt had lost their lives. (Özgür Gündem-TIHV, December 10, 2002)

Students on Trial

On 9 December Istanbul Penal Court No. 13 started to hear the case of 19 students, who had protested the rector of Istanbul University, Prof. Dr. Kemal Alemdaroglu, during the opening ceremony on 3 October and who had been detained under beatings. The students are charged with violating Law No. 2911 on Meetings and Demonstrations. Meanwhile Rüya Kurtulus and Hasim Özgür Ersoy were dismissed from university for one year and 8 of the students for one month. Basak Sahin, who had shouted, "We want a free and democratic university", "No to YÖK," stated that she had not been given the floor and, therefore, been forced to express her opinion by shouting. The court adjourned the hearing to a later date. The names of the defendants are: Onur Karakas, Ismail Karasu, Ayfer Çiçek, Rüya Kurtulus, Basak Sahin, Özge Özen, Serpil Ocak, Meral Erdem, Inci Açik, Özge Pehlivan, Murat Kaya, Hasim Ersoy, Ahmet Özgüç, Erdinç Gök, Mert Özdogan, Nuri Günay, Avni Can Okur, Emrecan Bülbül and Ismail Kayatepe. (Özgür Gündem-TIHV, December 10, 2002)

Medical Treatment Neglected

Reports from Tunceli stated that health condition of the prisoner Emine Kiyançiçek (77) was severely deteriorating. Lawyer Hüseyin Aygün, stated that Kiyançicek was suffering from diabetes and hypertension and that the state hospitals Elazig and Tunceli and the Hospital of Ankara Metropolitan Municipality had issued reports certifying that she was not able to remain in prison. Lawyer Aygun had previously applied to Public Prosecution Office in Tunceli demanding the release of his client according to Article 399 of the TPC. Emine Kiyançiçek had been tried at Malatya State Security Court on charges of "aiding the PKK" together with Ali Adir (56), Naciye Sevük (20-disabled), Güllü Çelik (63), Yemis Altintas (63), and Fatma Sevük (77) was convicted to 45 months' imprisonment. They were imprisoned in May 2001 after the Court of Cassation confirmed the sentence in December 2000. (Özgür Gündem-TIHV, December 11, 2002)

Trade Unionists on Trial

On 10 December Ankara Penal Court No. 24 convicted 35 trade unionists, including Alaaddin Dinçer, chairman of the teachers' union Egitim-Sen. They had been charged with staging an illegal demonstration at Kizilay Square (Ankara) during last year protesting a draft law on trade unions excluding the right to strike and public bargaining.  The court sentenced the defendants to 15 months' imprisonment. (Cumhuriyet-TIHV, December 11, 2002)

Death in Custody

The 8th Chamber of the Court of Cassation confirmed the verdict of 5 March passed by Aydin Criminal Court No. 1 on 6 police officers, charged with the death in custody of Baki Erdogan, the alleged leader of the Revolutionary People's Liberation Party-Front (DHKP-C) for the Aegean region. Baki Erdogan was detained on 11 August 1993 and died on 21 August. The trial of former deputy chief of Aydin police, Ibrahim Türedi, director of the political police, Necmettin Aydinkaya, commissioner Cavit Sandikçi and the police officers Abdurrahman Çetinkaya, Ali Kumal and Ayhan Erdal has gone through its third round, after the 8th Chamber and the Panel of Chambers of the Court of Cassation sent the verdicts of 21 April 1998 and 25 June 1999 back for a retrial. During the first two rounds the court had sentenced the police officers to 5 years', six months' imprisonment, but was asked to establish whether the death might have been caused by epilepsy. Although the prosecutor had asked for acquittal in March, Aydin Criminal Court insisted on the sentences for "causing the death by ill-treatment aimed at extracting a confession". (TIHV, December 12, 2002)
 

Hüseyin Yildirim Convicted

On 11 December Istanbul SSC No. 6 convicted Hüseyin Yildirim of leading membership of the Turkish Communist Party/Marxist Leninist-Union (TKP/ML-B) and sentenced him to life imprisonment. The defendant, who is paralyzed after a traffic accident, attended the hearing in a wheelchair. He pleaded not guilty. The prosecutor demanded a conviction holding Yildirim responsible for an attack on a vehicle of the secret service MIT, during which the soldiers Günay Öztürk and Ugur Borazan died in Adana on 15 May 1992. The defendant stated that he shall ask the State President for a pardon on reason of bad health. (Radikal-TIHV, December 12, 2002)

Detentions and Arrests

In Izmir Derya Aras (23) and Taylan Özgür (24) was detained on allegations of actions for the Workers and Peasants' Liberation Army of Turkey (TIKKO) in Eskisehir and Istanbul. Rojda Erdogan (22), an alleged member of PKK/KADEK 22), was also detained in Izmir a few days before was arrested by Izmir SSC on 11 December. (Hürriyet-TIHV, December 12, 2002)

Children tortured in Istanbul

F.Y. (12), L.K. (15), A.U. (15), F.U. (16) and Tufan Fetih Sezik (25) alleged that they were tortured at the central police station in Beyoglu (Istanbul) over three days. On 23 November children had witnessed how the drunken police officer Ahmet Ünlü had shot one of their friends, Bora Sezik, to death. A.U. (15) stated: "A drunk man and two transvestites came towards our group of 15 kids. Bora asked him for a cigarette, but the drunken man hit him. Bora hit back and the man took his pistols and fired two shots. One of the shots hit Bora to his stomach. The man ran away and we ran after him and beat him. When the police came we went away. We took Bora to Taksim Hospital for First Aid. The police detained my friends and me there and took us to Beyoglu Police Station. All of us were locked up in one cell. We asked for a lawyer, but they refused. Later the elderly brother of Bora, Tufan Fetih Sezik was taken in, but locked up in a different cell. They did not allow us to inform our parents. For 3 days we did not get anything to eat. We were beaten, especially at the end, when they forced us to sign a statement." The elderly brother of A.U., F.U. said: "Bora was still conscious, when we got to the hospital. I did not think that he would die. We were constantly beaten to accept that we attacked the police officer in an attempt of robbery and later took his pistol to shoot him, but accidentally hit our friend. We did not accept that. I was hosed with ice-cold water under high pressure. After that they stripped me stark naked and laid me on a concrete floor. They squeezed my testicles and beat me in order to testify against the other children." The children later applied to the Istanbul branch of the Human Rights Association and were examined by a physician from the Human Rights Foundation. Lawyer Bülent Kurt filed an official complaint on behalf of children with the public prosecutor in Beyoglu. (Özgür Gündem-TIHV, December 12, 2002)

Torture in Silivri

4 juveniles in Silivri filed official complaint with the public prosecutor alleging that they had been tortured at Silivri Gendarmerie Station. Reportedly the 7 juveniles aged between 16 and 20 had a quarrel in Akören village, Silivri district on 3 September. Lawyer Leyla Dilbaz representing the juveniles stated that her clients were beaten by lieutenant Aydin Kaçmaz with a truncheon and a wet towel at the Station. She also stated that the juveniles were released later, received medical reports certifying torture, but three of them had been too afraid to file complaints. (Cumhuriyet-TIHV, December 12, 2002)

Executives on Trial

A case had been launched against the founding members of Migration and Humanitarian Aid Foundation (GIYAV) that was founded in Mersin in 1999 with the objective of "providing humanitarian assistance to the displaced persons". The indictment wants Ismail Kartal, Mustafa Erdogdu, Naciye Arikan, Kadir Arikan, Macide Eren, Hikmet Özcan, Mehmet Barut, Ferbaha Firat, Ali Falcioglu, Cemal Bakaç, Ayse Bakaç, Vedat Karanediz, Remzi Erkut, Aleddin Erdogan, Ömer Dogan, Nazmi Gür, Mehmet Isiktas, Osman Baydemir, Sevil Erol, Emir Ali Simsek and Mahmut Özgür be tried convicted according to Article 169 of the TPC (aiding and abetting an illegal organization). The trial will commence at Adana SSC on 18 December. On the other hand, the General Directorate of Foundations applied to penal court of first instance demanding disbandment of the Foundations on the allegation that it "established relationships with abroad without taking permission from the Interior Ministry and Ministry of Foreign Affairs". This trial will commence on 23 December at Mersin Penal Court of First Instance No.4. (TIHV, December 12, 2002)

Complaint of Young Prisoners

On 13 September B.Kinay (16, from Siirt) and Y.B. (17, from Edirne) were detained at the central bus station in Istanbul-Esenler, where they were working carrying luggage and washing the busses. Erdit Qendor from Albania, who had to come to Turkey for studying, stated that they might be the ones, who stole his bag and mobile telephone. The juveniles were arrested and taken to Bakirköy Prison for Women and Children. During the first hearing at Bakirköy Criminal Court No. 8 the juveniles were charged with robbery at night requiring sentences of between 10 and 20 years. The victim Erdit Qendor testified that he had been mistaken in identifying them as the potential thieves and said that the people, who had robbed him, had been bigger and older. Nevertheless, the court did not release the defendants. On the other hand, lawyer Ilhami Sayan filed an official complaint against the staff at Bakirköy Prison for Women and Children alleging that B.K. and Y.B. had not only been beaten on the way to and from the court, but also on the day of their arrival. The juveniles said: "At the entrance the gendarmerie soldiers started to beat us. Later they asked us to undress. They beat us with sticks, when we were stark naked. Afterwards they forced us to make the most difficult sport. On the way to court we were subjected to violence and insults again." (16 December, Özgür Gündem-TIHV, December 16, 2002)

Torture in Antep

Masallah Uçar alleged that he was detained on 10 December, after he had visited his brother Cahit Uçar in Antep E-type Prison. He said that he had been kept in detention for one day and the police had asked him to become an informer. He added that he had been detained several times before, but this time he had been beaten more severely, because he rejected to become a police informer. (Özgür Gündem-TIHV, December 16, 2002)

Police Brutality in Izmir

The governor in Alsancak district (Izmir) did not permit that the allegation of Yusuf Ertekin on having been beaten by a police officer is being investigated. Yusuf Ertekin stated that he went to Alsancak State Hospital on 27 September in order to get a medical report. Although he had been sent there by the director for national education he was asked to pay. "I refused and asked to get my papers back. But instead the police officer at the hospital was called. The officer Seyfi Uysal came and started to insult me. I protested, but he continued swearing and attacked me. Other civilians rescued me from the hand of the police officer. I went to the Forensic Institute and received a report certifying two days' inability to work. With this report I filed a complaint with the public prosecutor. The prosecutor did not listen to me, when I told him that he might interview witnesses. Later the file was later sent to the district governor. The governor did not allow opening an investigation since arguing that there was not sufficient evidence against the police officer. (Özgür Gündem-TIHV, December 15, 2002)

Lawyers on Trial

On 12 December Istanbul SSC No. 6 continued to hear the case of Aysel Tugluk, Irfan Dündar and Mahmut Sakar, defense lawyers for KADEK leader Abdullah Öcalan. They are charged with "supporting the PKK" by sending messages of Abdullah Öcalan to news agencies. At the hearing the court decided to combine the ongoing case of lawyers Dogan Erbas and Filiz Köstak, who are also Öcalan's lawyers and also charged with the same offense, with this case. The hearing was adjourned to a later date. In the trial the prosecutor askes for improsonment sentences for the defendants according to Article 169 of the Turkish Penal Code (aiding and abetting an illegal organization). (TIHV, December 16, 2002)

Detentions and Arrests

During house raids in Konak-Izmir Evin Tunç, board member of the prisoner's relatives' organization TAYD-DER, Serkan Okumus, Hasan Manduz, Hüseyin Manduz, Mehmet Tanar, Yasin Tanaz and Servet Demirkan were detained. In Sivas Selam Korkut, an alleged member of the workers and Peasants' Liberation Army (TIKKO), who participated in the assassination attempt on Çankiri Governor Ayhan Çevik in 1999, reportedly surrendered to the police. Subsequently the offices of the journal "Isçi-Köylü" in Turhal district (Tokat) were raided and the staff members Sefagül Keskin and Derya Gökmen were detained. (Özgür Gündem-TIHV, December 15, 2002)

Torture Trial in Ankara

On 16 December Ankara Penal Court No. 9 continued to hear the case of the police officers Tayfun Nalçakar and Ali Gültepe charged with having tortured street vendor Haydar Durmaz at Ankara Police HQ after his detention on 17 August. The court heard the witnesses Çetin Acar, Ahmet Aslan and Erol Boz. Çetin Acar stated that he did not remember the date of the event, but he had beaten Haydar Durmaz. Erol Boz claimed that the police officers had not beaten the victim. Imam Bugu, lawyer of Haydar Durmaz said that the witnesses were under the influence of the police, because of their trade interest. The hearing was adjourned to 6 February 2003. The indictment wants the police officers Nalçakar and Gültepe to be sentenced according to Article 245 TPC (ill-treatment). (Milliyet-TIHV, December 16, 2002)

Beating of Veli Kaya

Lawyer Gökçen Zorcu appealed against the decision by the Administrative Council in the office of the governor in Ankara in connection with the allegation of torture of the student Veli Kaya. During the protests against the High Education Council (YÖK) in Ankara on 6 November had been taken into a cellar and kept their for 15 minutes, until angry citizens forced the police to open the cellar. She argued that the administrative council had partly approved the report of inspectors from Ankara Police HQ by saying that only two police officers should be tried and demanded that the responsible superiors should also be charged- (Cumhuriyet-TIHV, December 16, 2002)

Detention of Environmentalists

In Ankara villagers from the provinces of Sinop and Samsun demonstrated together with Greenpeace in front of the Italian Embassy against the disposal of poisonous waste in the Black Sea. Spokeswoman Hale Özen, Tuna Türkmen, Pinar Sasmaz and Banu Dökmecibasi were detained. (Milliyet-TIHV, December 17, 2002)

Detentions and Arrests

Following the detention of Selma Korkut, an alleged member of the workers and Peasants' Liberation Army (TIKKO), who participated in the assassination attempt on Çankiri Governor Ayhan Çevik in 1999, Sefagül Keskin, who had been detained in Turhal district (Tokat), was arrested on 16 December. In Izmir the alleged PKK/KADEK members H.M. (17), A.G. (17), S.O. (17), M.K. (19) and T.Ç. (21) were detained. H.M. and A.G. were arrested on 16 December. (Evrensel-Yeni Safak-TIHV, December 17, 2002)

Human Rights Defenders on Trial

A case has been launched against the Diyarbakir Representative of TIHV Lawyer Avukat Sezgin Tanrikulu, former chair of Istanbul Branch of the Human Rights Association (IHD), Eren Keskin and Sociologist Pinar Selek in connection with the speech they made during a human rights symposium organized by Diyarbakir branch of the IHD on 8 December 2001. The indictment, prepared by the public prosecutor in Diyarbakir wants the defendants be tried on charges of "insulting the security forces". The trial will commence at Diyarbakir Penal Court of First Instance No.3 on 30 January 2003. (TIHV, December 19, 2002)

MP Impunities

The trial processes have begun against former MPs Sedat Edip Bucak, charged with involving in the Susurluk scandal, and Eyüp Asik, charged with "aiding the mafia leader Alaattin Çakici to hide at the time that he was searched officially". The Ministy of Justice consigned the files of Bucak and Asik, which had been kept in the Grand National Assembly of Turkey (GNAT), to the public prosecutor at Istanbul SSC. Bucak and Asik will be tried at Istanbul Heavy Penal Court. The summary against Sedat Edip Bucak, of the prominent figures in the Susurluk scandal, had been prepared on 11 February 1997. After his impunity was withheld a case was launched against him on charges of "forming a gang" and "hiding Abdullah Çatli". However, when he was reelected to the Parliament in the general elections of 1999 the trial was suspended. The case launched against Eyüp Asik on charges of "aiding member of a gang formed in order to commit crime" was ended at Istanbul SSC on 3 February 1999 in acquittal. This trial was also suspended as Asik was reelected the Parliament in 1999 when the file was at the Court of Cassation. (Cumhuriyet-TIHV, December 19, 2002)

No Case against Operation in Prison

The chief prosecutor in Burdur decided not to bring charges against the gendarmes and guardians, who conducted an operation in Burdur Prison on 5 July 2000. As a result of the operation a number of prisoners had been injured including the prisoner Veli Saçilik, who had lost one arm. The prosecutor argued that the operation was conducted after the prisoners rioted; had remained in the boundaries of legal provisions; the use of force had been inevitable and their was not enough evidence for the allegations that the prisoners had been ill-treated, raped or sexually assaulted female prisoners. Lawyer Zeki Rüzgar criticized the fact that only 11 soldiers had been interrogated, although 500 gendarmes had participated in the operation. He stated that he would appeal against this decision. (Özgür Gündem-TIHV, December 19, 2002)

Cut of Wages Illegal

Diyarbakir Administrative Court approved the viewpoint of teacher Nesat Zerin, who had filed an application against the cut of his wage for having participated in the one-day no-work action on 1 December 2000. He is one of 70 teachers from Ergani district (Diyarbakir), whose salaries were cut by one thirties, because they did not come to work. The court ruled that the participation of teachers in an action by trade unions should be tolerated. The salary will have to be paid with interest. Meanwhile the trial at Ergani Penal Court on charges of staging an illegal demonstration continues against the 70 teachers. (Radikal-TIHV, December 19, 2002)

Torture Allegations from Süleyman Demirel University

Mahmut Çelik, chairman of the students association at the Süleyman Demirel University (Isparta), alleged that a room in the cellar of the rector's building was used by police officers to beat up dissident students. Further reports stated that 14 students, who had participated in protests against the Council for High Schools, had been punished twice by warnings, without asking them for comments. Meanwhile, the trial against the protesting students started at Isparta Penal Court on 16 December. The students Nuriye Türkmen, Sevil Çetin, Mahmut Çelik, Siyar Kilinç, H. Ibrahim Tasküprü, Burcu Yurt, Recep Çevik, Yakup Tanis, Deniz Akcan and Cahit Ot were present. The hearing is to continue today (19 December). (Özgür Gündem-TIHV, December 19, 2002)

No Case against Torturers

The public prosecutor in Hakkari decided not to bring charges in connection with the complaint of Resul Çiftçi, Nadir Çiftçi and Kemal Ege to have been tortured at Hakkari Police HQ between 19 and 22 November. On 22 November the three prisoners had been arrested in Hakkari on charges of supporting the PKK/KADEK. After arrest they had complained about torture in police custody and received reports from Hakkari State Hospital certifying three days' inability to work. Lawyer Mikail Demiroglu stated that the prosecutor had taken the decision on 6 December without taking the testimony of a single police officer at Hakkari Police HQ. The prosecutor had argued that the reports from Hakkari State Hospital were not related to the treatment by the security forces. (Evrensel-TIHV, December 20, 2002)

Protest against Prisons

On the second anniversary of the so-called "return to life" operation that had resulted in the death of 32 people a group calling themselves the Platform for United Struggle wanted to read out a press statement in Istiklal Alley in Istanbul. The police detained some 12 people under beatings and used tear gas. A group of prisoners' relatives protested against the operations against the prisons by laying down flowers in front of Bayrampasa Prison. They dispersed quietly. (Cumhuriyet-TIHV, December 20, 2002)

Torture in Bostaniçi

Hamza Özkan, board members of the People's Democracy Party (HADEP in Bostaniçi (Van) Hakim Ita, Abdullah Kaçan, Nuriye Gencer, Halime Kamis and Nazmi Peyan, who had been detained during house raids on 19 December, were arrested on 21 December. Filiz Saybak (16) was released. She said that psychological pressure had been exerted in custody. She had been put under pressure to become an informant for the police and inform them on developments in HADEP. She added that her hair had been pulled, when she refuse to work for the police. (22 December, Özgür Gündem-TIHV, December 20, 2002)

DHKP/C Trial

On 20 December Istanbul SSC passed its verdict on 6 alleged members of the Revolutionary People's Liberation Party/Front (DHKP/C). Selami Kurnaz and Mustafa Baris Akay were sentenced to 12.5 years' imprisonment and Erhan Keskin and Aysun Akdag to 45 months' imprisonment. Yücel Urbay and Hasan Urbay were acquitted. (Evrensel-TIHV, December 21, 2002)

Detention and Arrests

Fadik Adiyaman, Sehzade Boybas, Menekse Simsek, Kezban Bektas, Meryem Coskun and Senay Boybas, who had been detained in Küçükarmutlu-Istanbul during house raids on 15, 17 and 18 December, were arrested on 19 December on charges of membership of an illegal organization. Students registered to the Sivas University organized a meeting to protest in "Council on Higher Education (YÖK), possible US attack on Iraq, and disciplinary investigations against students" on 17 December and the students Kenan A., Ömer E., Ömer Faruk A., Meral A., Burhan G. and Fehmiye B. who participated the meeting were arrested. (Evrensel-Yeni Safak-TIHV, December 20-23, 2002)

TIHV Staff on Trial

On 30 December Izmir Penal Court No. 1 continued to hear the case of Dr. Alp Ayan, working at the TIHV Izmir representation, Ecevit Piroglu (executive member of the Human Rights Association Izmir Branch), Mert Zengin and the prisoner's relative Gonca Çoban in connection with a press conference held on 10 February 2001 in protest against the new F type prisons and the operations in various prisons that started on 19 December 2000 and resulted in the death of 32 people. They are charged under Article 159 with insulting the Turkish Armed Forces and the Ministry of Justice and are facing sentences of up to 6 years' imprisonment. The hearing was observed by Dr. Inge Genefke, Honorary Secretary-General of the International Rehabilitation Council for Torture Victims (IRCT), Dr. Marianne Kastrup, representative of the World Psychiatric Association (WPA), MEP Torben Lund, Dr. Astrid Sochting and Freihart Regner, Medical Group of Amnesty International (AI), Dr. Gisela Penteker and Dr. Waltraud Wirtgen, International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPNW), Britta Jenkins, Berlin Treatment Center for Victims of Torture and Berlin Medical Association, Per Stadig, International Red Cross, Elsa Le Penec and Catherine Teule, Federation Internationale des Droits de L'homme (FIDH). The hearing was adjourned to 24 April to establish the address of Gonca Çoban and to wait for a file from Izmir Penal Court No. 8 (verdict of 12 June 2001 on the same incident). (TIHV, December 31, 2002)

Case of Closure for IHD

The trial against the Human Rights Association (IHD) in connection with a congress by the branch in Siirt started and ended at Ankara Judicial Court No. 11 on 26 December. Because of alleged irregularities during the congress and a speech by Ahmet Turan Demir, deputy chairman of the People's Democracy Party (HADEP), interpreted as an insulted of the armed forces, the prosecutor had demanded the closure of the IHD, but in court he argued to drop the case. The court decided accordingly. (TIHV, December 26, 2002)

Case to Close the Ankara Branch

On 26 December Ankara SSC continued to hear the case against the Ankara branch of the Human Rights Association (IHD) with the demand of closure and sentences for "supporting illegal organizations". The hearing was adjourned because a medical report on responsibility for crimes of the defendant Ali Riza Bektas had not arrived. For the protests against the F-type prisons the former chairman Lütfi Demirkapi and the board members Ilhami Yaban, Ismail Boyraz, Erol Direkçi, Mesut Çetiner, Zeki Irmak, Riza Resat Çetinbas, as well as members of the prison commission Ali Riza Bektas, Selim Necati Ort, Saniye Simsek, Ekrem Erdin, Gökçe Otlu and Emrah Serhan Soysal are charged under Article 169 TPC. The prosecutor has also asked for closure of the branch according to Article 7/4 of the Law on Fighting Terrorism. (TIHV-TIHV, December 31, 2002)

Case against Eren Keskin

On 27 December Kartal Penal Court No. 2 announced its verdict on connection with an interview Eren Keskin, former chairwoman of the Istanbul branch of the IHD had given to two French newspapers in Marseille, published on 19 and 22 April 2001. She was acquitted of charges to have insulted the Republic abroad. On 26 December the trial against Eren Keskin on charges of separatist propaganda during a conference on violence against women continued at Istanbul SSC. (Evrensel-TIHV, December 27-28, 2002)

Torture in Istanbul

On 24 December Burak Baskaya, Behlül Ocak, Özlem Oral and Serkan Yilmaz held a press conference at the Istanbul branch of the IHD. They said that they had been detained during a press conference in Istiklal Alley on 19 December, the anniversary of the operation on prisons. They alleged that they had been tortured in the police vehicle, Istanbul Police HQ and Istanbul Courthouse. Burak Baskaya added that some of the detainees had obtained medical reports. (Evrensel-TIHV, December 25, 2002)

The Akkise Events

On 26 December Seydisehir (Konya) Criminal Court continued to hear the case of lieutenant Ali Çaliskan in connection with the incidents of Akkise in Ahirli district on 9 August 2001 that resulted in the death of Hasan Gültekin and injuries of several other people. The defendant maintained that he was hated, because he had captured many people and, therefore, the witnesses were not telling the truth. The defendant is in pre-trial since 16 May. A separate case against 52 soldiers and 22 civilians is continuing at Ahirli Penal Court. (Evrensel-TIHV, December 27, 2002)

Massacre in Prison

On 25 December Ankara Criminal Court No. 6 continued to hear the case 161 soldiers including three officers in connection with the massacre in Ankara Closed Prison on 26 September 1999 that resulted on the death of 10 prisoners. The attempt to identify the perpetrators by photographs was left aside, since the defendants had sent photographs of the time, when they joined the military academy. The defendants are charged with the killing of 5 prisoners (the others were allegedly killed by other inmates) and injury of 69 prisoners. The indictment has asked to apply Article 49/1 TPC that provides that civil servants go unpunished, if they committed a crime, while carrying out an order. (Milliyet-TIHV, December 28, 2002)

Death of Süleyman Yeter

On 27 December Istanbul Criminal Court No. 6 continued to hear the case of the police officers Ahmet Okuducu (wanted by an arrest warrant in absentia), Mehmet Yutar and Erol Ersan, who are charged with killing the trade unionist Süleyman Yeter under torture on 7 March 1999. This time the court followed the demand of the sub-plaintiffs and asked for the file of Istanbul Police HQ on an administrative investigation against the police officers. (Cumhuriyet-TIHV, December 28, 2002)

Physicians charged with documenting torture

On 25 December Istanbul Criminal Court No. 1 acquitted of Dr. Ayhan Sandal and Dr. Orhan Fevzi Gümrükçüoglu from charges of fraud by issuing reports certifying traces of torture for Mustafa Albayrak and Tufan Mengi, who had been detained in connection with an investigation against the municipality of Istanbul. (Yeni Safak-TIHV, December 26, 2002)

Lawyers on Trial

The Court of Cassation quashed the acquittal of 23 lawyers from Diyarbakir Bar Association. Between June and September 1999 they had refused to carry out services as required by the criminal procedure code (TCPC). On 14 December 2000 they had been acquitted from charges under Article 230 TPC (negligence of duty). The names of the lawyers are: Muhsin Bilal, Metin Kilavuz, Cihan Aydin, Zafer Yasli, Arzu Yesilkaya, Sehnaz Turan, Mehmet Gazanfer Abbasioglu, Mehmet Yasar, Songül Ulas, Sengül Hevint, Rasit Ocak, Mehmet Eminoglu, Ayla Akad, Nurettin Sevim, Yusuf Tosun, Serhat Aktan, Nevzat Eren, Sedat Aydin, Mahsum Bati, B. Dulkadir Güleç, Burhan Deyar, Fehmile Kas and Bayram Aydemir. (Özgür Gündem-TIHV, December 24, 2002)

Attack on Hotel "The Marmara"

On 24 December Beyoglu Criminal Court No. 2 continued to hear the case of Mustafa Yildirim and his brother Isa Yildirim in connection with the attack on the hotel "The Marmara" in Istanbul on 4 May. The Court rejected demands for release of Mustafa Yildirim and adjourned the hearing for the testimony of witnesses. (Yeni Safak-TIHV, December 25, 2002)

Murder and Torture in Diyarbakir

Nihat Ezer died as a result of an armed attack in Diyarbakir on 27 November. His brother Ridvan Ezer said: "My brother had no enemies and no financial problems with anyone. We heard a noise in the building and went outside the flat in the 8th floor. When we reached the fifth floor, the police had arrived. Because of 27 November the police was alerted. Special teams had been posted 50 meters away from the building. They could have caught the assailants, but only took the corpse away. They detained my father and a business partner of my brother." The partner Mehmet Güzel said: "We had closed the coffee shop together. In custody I was put under pressure to confess to the killing. When I refused they claimed that I knew the assailant and should tell them. I was tortured over three days." The wife of Nihat Ezer, Suriye Ezer stated that they had come from Kulp to Diyarbakir in 1992, after a brother of her husband had joined the PKK. (Özgür Gündem-TIHV, December 24, 2002)

Clash in Tokat

During a clash in the rural areas of Tokat Celalettin Ali Güler was killed on 29 December. He was said to be a leading person of the Revolutionary People' Liberation Army (DHKP-C). (Cumhuriyet-TIHV, December 30, 2002)

Susurluk Scandal

Reportedly Mustafa Altunok, body guard of former MP Sedat Bucak, who had worked in a special team and had received a sentence of 4 years' imprisonment in the so-called "Susurluk Case", fled abroad. Altunok had been arrested on 14 January 1997, but was released after the first hearing on 3 June 1997. Allegedly Küçükçekmece Police HQ did not act on order to capture him, which had been issued after the Court of Cassation had confirmed the verdict by Istanbul SSC. Altunok, who would have had to spend 382 days in prison, reportedly went to Germany in the last week of December. (Cumhuriyet-TIHV, December 26, 2002)
 

Pression sur les médias/Pressure on the Media
 

Pablo Neruoda tried before of a Turkish state security court

In Istanbul State Security Court (SSC) a new and very interesting case started. 2002 March issue of TAVIR -a cultural periodic- was collected by SSC on March 06th, and a case was opened against the responsible editor and writers of six differenet articles. Among them was a poem of Pablo Neruda titled "Ballad for mothers who lost their sons"  No reason is given and no explaination was made at the indictment for any of those six articles, only one sentence: "... those six articles violate article 8/2 of Anti Terror Law".

The responsible editor Ms. Ahu Zeynep Gorgun made her defence in which she rejected , but Pablo Neruda did not appear at the court, his chair remained empty. Next hearing: March, 6th, 2003.

At the same minutes, 35 people people -among them were union leaders and officials of political parties HADEP, ÖDP and EMEP- were SENTENCED TO 15 MONTHS of imprisonment each, with the accusation of violating the law for demonstrations(No:2911). Those people were arrested during a peaceful protest on June, 7th, 2002. The protest action was against the new amendment on the law for trade unions which excluded the right to strike. (Initiative for Freedom of Expression, December 13, 2002)

Le procès intenté à RSFpar la Turquie pour atteinte au droit à l'image est reporté

Depuis plusieurs années, Reporters sans frontières met un visage sur les responsables des violations de la liberté de la presse pour faire reculer l'impunité dont ils bénéficient trop souvent. Le 3 mai 2002, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières a proposé au public de faire la connaissance des 38 "prédateurs de la liberté de la presse", dont les portraits étaient épinglés sur une mappemonde géante installée dans le hall de la gare Saint-Lazare (voir photo).
 

La présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, parmi les "prédateurs de la liberté de la presse" a provoqué des incidents lors de l'exposition gare Saint-Lazare et suscité de très vives réactions en Turquie.

L'ancien chef d'état-major intente désormais un procès contre Reporters sans frontières pour atteinte au droit à l'image. Le procès, prévu le mercredi 16 octobre devant le tribunal de grande instance de Paris, a été reporté à une date ultérieure.

"La loi sur le droit à l'image est, une fois de plus, détournée de son objet. Ce tour de passe-passe juridique nous prive d'un vrai débat de fond sur les violations de la liberté de la presse en Turquie ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Reporters sans frontières rappelle qu'en 2001, plus de cinquante journalistes ont comparu devant les tribunaux turcs pour leurs écrits. Malgré les réformes démocratiques engagées dans la perspective de l'adhésion à l'Union européenne, l'année 2002 n'a pas vu d'amélioration significative de la situation. Quatre journalistes sont actuellement emprisonnés pour leur responsabilité dans la diffusion d'informations et de publications considérées par les autorités comme des menaces pour l'ordre public ou l'unité de l'Etat. Les journalistes osant aborder des sujets tabous comme le pouvoir de l'armée, le problème kurde ou les revendications islamistes sont constamment inquiétés. (RSF, 14 décembre 2002)
 

Publishers still under State pressure in Turkey

The Chairman of the Freedom to Publish Committe, Ragip Zarakolu, issued the following communiqué about the State pressure on publishers in Turkey:

In first place, We would like to thank IPA (International Publishers Association) and International PEN, for their solidarity with the publishers and the writers of Turkey against the banning of the books and the sentences and the fees. The support of world's community of publishers gave us courage and endurance in the struggle for freedom to publish. This is a brief picture of the freedom to publish in the last period.

In 2000 , 20 books of 14 publishing houses were banned or accused. In 2001 42 books of 23 publishing houses and 38 writers had the same destiny. The total number of the banned publications (as books and periodicals) in 2001 was 1300 with the datas of Ministry of Internal Affairs. And majority of the the books confiscated before legal process. Rarely these cases finished as acquitted.

In 2002 more books were accused than last year. These were 67 books. 35 publishers and 48 writers were accused. As a promising development, 14 of whom were acquitted. Yet 10 books and their writers and publishers were sentenced.. Two of the acquitals weren't accepted by Appeal Court and sent back to the courts. For example political historian Mr. Turan Feyizoglu's biography of one of the heros of turkish left, Ibrahim Kaypakkaya, was acpuitted. But Appeal Court did not approve this and sent back this case to the State Security Court.

Publisher Ms. Mukaddes Çelik, was acquited. The book, she was charged with, is called "Bizim Çak*r", which was about her husband, leader of a left organisation, was found supposedly hanged in his cell, during the military regime in 1981.

Mr. Ahmed Önal, who has the Prize of Freedoom of Thought by Publishers Union of Turkey, was sentenced because a book ("Teyra Baz" by Mr. Mahmut Baksi) about the relations of some politicians with drug-trafficing. Instead of using this book as a proof against drug-trafficing , this testimonies of a drug-trademan, Mr. Baybasin (who is in prison now in Holland), were confiscated. And now there is a program about this matter on turkish TV's, but the book was already sentenced, with the claim of insulting state security forces and the statesmen.

The reason of this rising trend of confiscations may be explained by the more nationalistic structure of the last coalition government. This phenomenon has caused a contradictionary situation. On the one hand , there has been some legal preparations for European Unity, on the other hand there was more intolerance against different and opposent expressions.

What is more, it has been observed also a kind of politicalisation in Turkish justice system, unfortunately. Dependent to the personel tendencies of jurists, more tolerant or more intolerant judgements could come. Further more, the conservative tendencies more affected the banning decrees about the books, which has erotical and sexual expressions.

Beside the books about kurdish question, more books about minorities in Turkey were banned and accused. This is affected also by the extreme right's campaigns against the minorities during the last year. For example, Mr. Ömer Asan, who has the Prize of Turkish-Greek Peace and Friendship, were accused 6 year later after publishing his book, "The Culture of Pontos", during this ultra-nationalist campaigns. Again another Prize owner writer (by Ministry of Culture), Mr. Kemal Yalc*n was accused, 4 years later after publishing "Emanet Cehiz" (The Bridal Trousseau). And his publisher had to make oto-cencorship, and privented to distribute a new book of the same writer, based on Armenian old men's testimonies, "Seninle Güler Yüzüm" (My Face smile with You). All books were destroyed by publishing house itself. Mr. Kemal Yalcin had to make a new print in Germany by himself. Another interesting example of oto-cencorship is the fate of Sorbonne oriented researcher Esther Be! nbassa's book "Israel- The Land Undividable". The same publisher decided not to publish this book at the last moment, because "it may create serious political problems for their important media group. But another important publishing house, Iletisim had dared to do this, and published the same book. And there was no problem.

Interestingly in the same period, some subvention (of Ministry of Culture) owned films were attacked or banned, with the same reason, "separatism". One of the films, "Salkim Hanimin Taneleri" (The Pieces of Lady Buch), was about minorities' sufferings in Turkey, in 40's. Because the film based on the novel of another Minister of the government, couldn't be banned. But another one ("Büyük Adam Küçük A?k"/"Great Man Little Love), about an retired old judge, who adopted a kurdish little orphan girl, was banned. Only after the order of Court of Administration the film became free again.

During last period, beside the book publishing, also other sectors of publishing had serios problems on the base of freeedom to expression and to publish. TV chanels (temporaly, several), radios (Özgür Radyo) and internet publishers (publisher Erol Özkoray's Idea Politika) had to stop their publishing by the decrees of government, or governmental institutions. 240 musical CD's and cassettes were banned with taking back their licence of production) , because of their protesting or etnical contents. The ministry of Industry tried to close "Kalan" CD and casette production company. Only the personal intervention of Minister of culture, the closure could be prevented.

The editor, Mr. Zeynel Abidin Kizilyaprak, was sentenced 1 year 4 month imprisonment, because he edited an album, "The Kurds from 1900 to 2000". His sentenced approved by Appeal Court. He has to go in prison now.

Another writer and publisher Mr. Melih Pekdemir was sentenced, because he made critics against the kurdish politics of government (beside kurdish groups). Not to go in jail, the writer, Mr. Pekdemir had to leave his country.

Publisher Özcan Sapan was sentenced, because of the collection of articals on, titeled "Writings of Caucasus". Also he forced to pay high amount of fees, because he dared to publish a critique of State TV and Radio Institution.

Also the editor of Publishing House Utopia, Mr. Cenk Agcabay were sentenced 3 years and 9 month, because he published an essay, titeled "Kovadis PKK" in a collection of articals, "The Struggle of Worker". The content of this artical was critical against the kurdish struggle, but the publisher accused with "to help illegal organisation".

Main accusations against the books were "separatism" (for the books about kurdish question or minorities), "insulting against the state and its institutions" (for the books about human rights' abuses and the ideological cadres in police), "to help illegal organisations" (interviews with guerilla, the memories or the history of left) and "to disturb people's moral values" (for erotical expressions).

Also the collection of caricatures and comics were confiscated and accused with the same arguments. These were mostly accused of harrassing people's moral values.

Famous french poet, Appolinaire's erotical novel, "Eleventhousand Whips" had the same fate. It is banned, and the editor of "Hades" Publishing Mr. Rahmi Akdas has to pay a big fine. And the poet and editor, Mr. Enis Batur's essays on art, collected under the title "Apple" was banned, only because of the picture of a painting. Anyway "Apple" was acquited. But another book, Dragan Babic's novel, "The Last Exile" was not so lucky. It is sentenced. And these time the court decided not only "to seizure" the copies, also "to annihilate" them. Using the term of "annihilation" created reactions in turkish press. These examples showed the growing degree of intolerence during the last government.

The most striking banning decree was about a dictionary about women's slang. (By Metis Publishing House). Also the grammar and dictionary of local pontiac/greek language, spoken in turkish region of Black Sea, was banned. So the pressures on kurdish culture began to spread to other cultural heritage of Anatolia, in the beginning of this year. This was also a threat to European Unity process, which gives priority to the protection of minorities. But as the publisher's community, we wish to be more hopeful for the next period upon the November elections. (Publishers' Union of Turkey, December 27, 2002)
 

Violence et sexe, deux recettes à audience parfois coûteuses à la télé turque

Les chaînes de télévision turques, dont on découvre régulièrement l'écran noir pour cause de suspension par les autorités de l'audiovisuel, jouent avec les interdits pour faire de l'audience quitte à perdre des recettes publicitaires.

Parmi les dizaines de chaînes privées visibles à Istanbul, principale métropole de Turquie, les plus regardées d'entre elles voient souvent leur faisceau coupé par le haut Conseil de la radio et de la télévision (RTUK).

La dernière en date - et championne de ce genre de sanctions - est Kanal D, condamnée pour un reportage comportant de la violence pouvant heurter les enfants, dont les programmes ont été interrompus durant 24 heures en début de semaine.

"Ces suspensions coûtent extrêmement cher à la chaîne", confirme l'un des avocats de la société, Erdal Aksu, se refusant toutefois à avancer un chiffre, mais expliquant que les bagarres juridiques, devant le tribunal administratif qui rend les verdicts, sont âpres pour éviter ces manques à gagner.

Depuis la création du RTUK en 1994, 16 chaînes ont ainsi connu l'obligation de suspendre leurs émissions, pour un total de 340 jours.

Hormis les raisons politiques - 94% des décisions de fermeture concernent des chaînes régionales accusées de "fondamentalisme" ou "séparatisme" - les scènes violentes et érotiques sont les premiers reproches faits aux chaînes nationales, après les atteintes aux droits de la personne.

"Ce sont bien entendu les images qui touchent le plus directement les gens qui les amènent à suivre nos programmes, alors nous allons aussi loin que possible, en essayant d'éviter de tomber sous le coup de la loi", convient, sous couvert d'anonymat, une responsable des programmes d'une de ces chaînes souvent épinglées.

"Il est bien évident que la course aux parts de marchés pour s'attirer l'argent de la publicité joue un rôle primordial dans la recherche du sensationnel", estime Cihangir Gener, chargé de la surveillance et de l'appréciation au RTUK, dans un entretien à l'AFP.

Les atteintes aux bonnes moeurs ne sont pas toujours localisées dans des films violents ou osés, mais parfois dans des programmes d'information, la dernière affaire en date remontant à la semaine passée, avec une sordide affaire de jeune fille violée mise en scène par Reha Muhtar sur Star-tv après avoir été à nouveau violée dans l'hôtel où elle était invitée.

Les sanctions pleuvent donc, même si les décisions de suspendre les organes audio-visuels deviendront "beaucoup plus difficiles" avec la mise en pratique de lois d'harmonisation pro-européennes, adoptées cet été.

"Les amendes seules doivent être dissuasives", estime M. Gener, indiquant qu'une seule contravention est punie d'une peine de 75.000 à 150.000 euros.

Aux termes de la nouvelle législation, la suspension n'interviendra plus qu'en cas de récidive.

Mais, pour les télévisions les plus puissantes, elles pourraient ne pas suffire.

"Pour certaines chaînes, comme les cryptées diffusant des films érotiques notamment, il leur semble quasi impossible de mettre un frein aux images raccoleuses", constate-t-il.

"Pour une chaîne comme Kanal D, cela coûte beaucoup moins cher que la perte de recettes publicitaires d'une journée entière", estime son avocat Erdal Aksu. (AFP, 27 décembre 2002)

Violations of thought freedom in brief

Journalist on Trial

The 8th Chamber of the Court of Cassation quashed the acquittal of Mehmet Özcan, editor-in-chief of the daily "Akit" for the article "The Headscarf General and Teacher Saim". The decision stated that some circles used the headscarf as a symbol against the secular nature of the State. The incriminated article had appeared in the paper on 25 November 2000. On 18 April 2002 Istanbul SSC had acquitted the defendants of charges brought under Article 312 TPC.  Now Istanbul SSC will have to conduct a retrial. (Cumhuriyet-TIHV, November 30, 2002)

Zarakolu¹s Son on Trial

On 29 November Istanbul SSC No. 4 started to hear the case of Cihan Deniz Zarakolu, son of Ragip and Aysenur Zarakolu. During the funeral of his mother on 27 January he allegedly said that his mother¹s name would be given to a town, once Kurdistan was founded. Charges against him were brought under Article 312 TPC. (Evrensel-TIHV, November 30, 2002)

Book Confiscated

Istanbul SSC ordered the confiscation of the book "Children of Ghosts ?The Kurds and their Traces in the Countries", written by US-citizen Margaret Kahn. The decision was based on allegations that the preface and introduction contained separatist propaganda. Publishing house Avesta stated that the book did not include any mention of Turkey. (TIHV, December 2, 2002)

Journalists on Trial

On 10 December Istanbul SSC No. 1 started to hear the case of Ahu Zeynep Görgü, owner of the journal "Kültür Sanat Yasaminda Tavir" (Position in Cultural and Art¹s Life) and the editor-in-chief Muharrem Cengiz. They are charged with disseminating propaganda for an illegal organization by publishing poems and stories including the poem of Pablo Neruda entitled "Song of Mothers, whose Sons died". Ahu Zeynep Görgün said that Enver Gökçe had translated the poem in 1960 and called the trial disrespect for a well-known writer. The hearing was adjourned to hear the testimony of Muharrem Cengiz. (Cumhuriyet-TIHV, December 11, 2002)

Journal Confiscated

The 13th edition of the journal "Odak" was confiscated on the orders of Istanbul SSC on the allegation that the article entitled "We have not forgotten the Massacre of 19 December, and We Shall Not" aimed at aiding an illegal organization via press. (Evrensel-TIHV, December 11, 2002)

Journalist Beaten

On the evening of 10 December Mehmet Sah Ayaz, editor-in-chief of the local newspaper "Batman Express" was beaten by three unidentified assailants, when he had parked his car in front of house in Batman. The journalist had to be treated in Batman State Hospital for wounds to his head and arms and sprained ribs. Ayaz suspected the businessmen Necat Nasiroglu and Muzaffer Nasiroglu to be behind the attack, since he and his paper were opposing the building of a thermoelectric power plant. (Evrensel-TIHV, December 12, 2002)

Journalists on Trial

On 10 December Sisli Penal Court No. 2 continued to hear the case of journalist Erol Özkoray and Nur Dolay in connection with articles that had appeared on the website and the December 2001 edition of the journal "Idea Politika". On 11 September 2001 an article under the title "What is the army good for?" appeared on the website of the journal. For this Erol Özkoray is charged with insulting the armed forces. The same charges relate to an article in the December 2001 edition under the title of "Kurdish Wound". Özkoray and Dolay are the defendants. Both are living in France and shall testify there. Sisli Penal Court adjourned the hearing to 11 July 2003. A separate trial against Özkoray and Dolay is continuing at Istanbul SSC in connection with the article "Kurdish Wound" in edition 12 of the journal. Further trials are continuing at Istanbul Criminal Court No. 2 and Sisli Penal Court No. 2. (BIA-TIHV, December 12, 2002)

Journalist on Trial

The case against the general director of broadcasting of Dünya Radio Sabri Ejder Öziç concluded at Adana SSC on 11 December with acquittal from charges related to a radio program on Israeli Attack on Palestinian. The decision of the court was based on that he did not participate the program. He was charged under the article 312 TPC. (Evrensel-TIHV, December 16, 2002)

"Freedom of Thought-For Everybody"

The former deputies of Virtue Party (FP), Yasin Hatipoglu, Zeki Çelik, Niyazi Yanmaz, Fetullah Erbas, Sacit Günbey, Mustafa Geçer and Latif Özbek, who sign the book "Freedom of Thought-For Everybody" as publishers testified to the prosecutor at Ankara SSC on 17 December. (Cumhuriyet-TIHV, December 19, 2002)

Film Artist on trial

The case against Film artist Ilyas Salman ended with acquittal at Kocaeli Penal Court of First Instance. In March 2001 he spoke on a conference of the Foundation for Science, Culture and Research and allegedly said that the TBMM was a "cowshed of 550 cows". Answering the question of a journalist after his testimony Ilyas Salman said that he regretted to have insulted the cows. (Evrensel-TIHV, December 19, 2002)

Indictment of TB board members

The public prosecutor in Diyarbakir indicted Baki Demirhan and other board members of the local TV station "Gün TV" for playing the song "De Xalo" (Uncle) on 4 October 2001. The defendants will be tried at Diyarbakir Criminal Court for insulting the armed forces. Earlier the owner of the TV station, Nevzat Bingöl, had been charged at Diyarbakir SSC for making separatist propaganda by playing this 200 year-old song interpreted by Sivan Perwer. He had been acquitted. (BIA-TIHV, December 20, 2002)

Torture in Sahinbey

Murat Sen, distributor of the daily "Özgür Gündem" in Sahinbey district (Antep), alleged that he had been detained on 21 December. "They blindfolded me and took me to an unknown place. The police officers said that I had put up posters. For two days they did not remove my blindfold and tortured me. I was released on 23 December." (Özgür Gündem-TIHV, December 26, 2002)

Journalist Sinan Kara on Trial

On 26 December Sinan Kara, owner of the local newspaper "Datça Haber", was arrested. On 15 November an arrest warrant had been issued against him, because he had not paid a fine of TL 30 billion (around $ 20,000). The execution of the sentences had been postponed for one month. On 25 December Sinan Kara had attended other trial against in Datça (Mugla), but he was not arrested. (Milliyet-TIHV, December 26-28, 2002)

Journalists Convicted

On 24 December Istanbul SSC convicted the journalist Mehmet Sevket Eygi and Selami Çaliskan, editor-in-chief of the daily "Milli Gazete" for an article of 12 May under the title of "Enemy of Headscarves". Both defendants were sentenced to 20 months¹ imprisonment for an offence under Article 312 TPC. The sentence of Selami Çaliskan was commuted to a fine of TL 4.4 billion. On 26 December Istanbul SSC sentenced Sakine Yalçin, editor-in-chief of the journal "Alinteri" to a fine of TL 7 billion for an article entitled "Don¹t Forget the 19th of December". (Özgür Gündem-TIHV, December 25-28, 2002)

Publisher Convicted

On 24 December Istanbul SSC passed its verdict on Abdullah Keskin, owner of the publishing house "Avesta" and Songül Keskin in connection with the books "Kurdish Uprising" and "History of Kurdistan". Defense lawyer Hasip Kaplan reminded of the fact that the books had been written at a time, when the Law to Fight Terrorism, defining the offence of "separatist propaganda" had not existed. The Court fined Abdullah Keskin TL 3.9 billion and acquitted Songül Keskin. (25 December, Özgür Gündem-TIHV, December 25, 2002)

Journalist and Politicians on Trial

On 24 December Diyarbakir SSC acquitted Bayram Bozyel, deputy chairman of the Rights and Freedoms Party (HAK-PAR) in Diyarbakir province, board member Mehmet Eren, who is also the representative of the journal "Dema Nu" in Diyarbakir and the HAK-PAR members M. Selim Akgök and Mahkum Yigitel for supporting the Socialist Party of Kurdistan (PSK). At the same time the court filed an official complaint against Mehmet Eren for possessing journals such as "Deng", "Roja Teze", "Dema Nu" and a book written by Kemal Burkay. On 12 June this year 23 HAK-PAR members had been detained in Diyarbakir and interrogated under torture for four days. All but Mehmet Eren had been released on 17 June. Mehmet Eren was released on 24 June, upon objection of his lawyers. He and the other three defendants had been indicted under Article 7/2 of the Law No. 3713 to Fight Terrorism for support of a (non-violent) terrorist organization provided in the premises of an association, foundation or political party. (BIA-TIHV, December 25, 2002)

Journalist on Trial

On 27 December Istanbul Criminal Court No. 2 passed its verdict related to articles of the journalist and writer Ahmet Altan in the magazine "Aktüel". Ahmet Altan and the editor-in-chief Murat Tunali were acquitted from charges of insulting the armed forces in the articles entitled "The Generals should return to their barracks" and "Put these generals on trial and name the journalists". (BIA-TIHV, December 28, 2002)

Journalists on Trial

On 27 December Istanbul SSC continued to hear the case of journalist Nese Düzel and Hasan Çakkalkurt, editor-in-chief of the daily "Radikal" related to an interview with Murtaza Demir, chairman of the "Pir Sultan Abdal 2 July Education and Culture Foundation". For the article of 8 January 2001 the journalists are charged under Article 312 TPC. The court adjourned the hearing to 11 April to await possible changes to Article 312.  (BIA-TIHV, December 28, 2002)

Attack on Journalist

On 21 December Mansur Obut, owner of the newspaper "GAP", which appears in Batman was attacked at his working place. Mansur Obut was beaten by two people with iron sticks and had to be taken to hospital. Obut suspected that the attack might be connected to article on a thermo power plant. On 11 December Mehmet Sah Ayaz, editor-in-chief of "Batman Ekspres" had suffered a similar attack. (BIA-TIHV, December 25, 2002)

Film Director on Trial

The public prosecutor in Bakirköy indicted Handan Ipekçi, who directed the film "Great Man, Small Love", on charges of insulting the armed forces. The first hearing will be conducted at Bakirköy Penal Court No. 2 on 17 April. In March the film had been banned from shows in cinema, but the ban was lifted in June. (BIA-TIHV, December 25, 2002)

Writer on Trial

The prosecutor at Istanbul SSC indicted writer Gülçiçek Günel Tekin in connection with his book "Our language is our identity". Tekin testified to Izmir SSC on 23 December in connection with this case. (Özgür Gündem-TIHV, December 24, 2002)

Confiscated Books

Istanbul SSC confiscated the book "Children of Ghosts-Tracing the Kurds and their Countries", published by "Avesta" Publications and written by Margaret Kahn, on the grounds that it contained separatist propaganda. On 27 December Ankara SSC ordered the confiscation of the books "The Kurdish Woman-From the Past to the Present" and "Kurdish Music, Dances and Songs", written by Mehmet Bayrak on the grounds that they contained separatist propaganda. These books had been confiscated in 1993. Mehmet Bayrak had appealed to the European Court of Human Rights and had been granted EUR 11,000 in compensation. (TIHV, December 20-29, 2002)

Concert Banned

Urfa Police HQ did not permit the concert of the music group "Kizilirmak", planned in Urfa for 27 December, on the grounds that the security of the hall could not be guaranteed. (Özgür Gündem-TIHV, December 28, 2002)
 

Kurdish Question/Question kurde
 

HADEP denounces steps to cut back reforms

Pro-Kurdish People's Democracy Party (HADEP) denounced plans to cancel proposed reforms to allow retrial in domestic courts when required by the European Court and issue an amnesty for students dismissed from universities for violating school disciplinary codes.

HADEP's criticisms were specifically directed at the opposition Republican People's Party (CHP), which the party said did not fulfill its responsibilities as a social democratic party in Parliament.

The government's three ministers have been preparing a package of proposed reforms in an attempt to bring Turkish laws into line with European Union standards ahead of a critical summit of the EU in December, which Turkey wants to set a date for the beginning of its accession talks.

Media reports said Monday that the government had decided to take out some proposed reforms from the package, including those to issue a student amnesty, allow retrial on the basis of the European Court decisions and lift a time limitation to bring legal action against the crime of torture.

The decision to cancel these reforms was made in the course of talks with the opposition CHP.

In a statement faxed to newspapers, HADEP said AK Party and CHP had a special responsibility to represent almost half of the society that voted for parties not represented in Parliament, forcing them to act in a more sensitive and careful manner.

"Serious troubles will be inevitable for Turkey if they ignore demands of those segments that are left out of Parliament," said the HADEP statement.

It criticized CHP statements against plans to allow retrial because this would pave the way for retrial of Leyla Zana, a former deputy of a now-defunct pro-Kurdish party who is in jail for "assisting a terrorist organization."

"Does the CHP not believe that efforts to correct the situation of Leyla Zana and her friends will be steps taken in the direction of democratization?" asked the statement.

It said CHP leader Deniz Baykal's moves to take the said reforms out of the reform package were tantamount to his putting a barrier for the development of both his party and Turkey.

AK Party's failure to stand by its reform package is also unacceptable, said the HADEP statement.

"Political stance of the government and opposition parties create suspicions on whether radical reforms Turkey needs will be implemented," it went on.

The reform package is expected to be taken up by Parliament this week. (Turkish Daily News , 3 December 2002)
 

La Turquie condamnée pour violation du droit à la liberté et à la sûreté

La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné jeudi la Turquie pour avoir placé en garde à vue pendant quinze jours et en dehors de tout contrôle juridictionnel une avocate qui purge depuis 1995 une condamnation à trente ans de prison.

La Cour a conclu à la violation du "droit à la liberté et à la sûreté" garanti par la Convention européenne des droits de l'Homme. Sevil Dalkiliç, âgée de 42 ans, a obtenu 5.500 euros de dédommagements.

Elle avait été arrêtée par la police le 2 mars 1994 et placée en garde à vue jusqu'au 17 mars 1994, soupçonnée d'avoir porté assistance à une bande armée illégale, à savoir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste).

L'avocate, membre à l'époque de l'Association des droits de l'Homme et du Parti social-démocrate populaire (SHP), avait ensuite été traduite devant un juge qui avait ordonné sa mise en détention provisoire. La cour de sûreté de l'Etat l'avait condamnée à 30 ans d'emprisonnement.

Elle avait saisi la Cour pour n'avoir pas été traduite "aussitôt" devant un juge après son arrestation, n'avoir pas disposé de voie de recours pour contester sa garde à vue et n'avoir pu demander réparation en raison de la durée de sa garde à vue.

Dans son arrêt, la Cour a souligné que les "problèmes particuliers" liés aux enquêtes relatives à des infractions terroristes n'impliquent pas que les autorités "aient carte blanche pour arrêter et placer en garde à vue des suspects, à l'abri de tout contrôle juridictionnel".

Dans un autre procès, La Cour européenne a condamné la Turquie pour violation de la liberté d'expression de l'auteur d'un livre d'entretiens avec le chef rebelle kurde Abdullah Ocalan.

Le gouvernement d'Ankara devra payer à Yalçin Küçük, 64 ans, 4.000 euros pour dommage moral ainsi que 1.500 euros pour frais et dépens pour violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

M. Küçük avait été condamné par la cour de sûreté de l'Etat à un an de prison et 100 millions de livres turques d'amende en 1995, pour propagande séparatiste, après avoir publié un livre intitulé "Entretien dans le jardin kurde", reproduisant sous forme de questions et réponses un entretien qu'il avait eu avec le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste). L'ouvrage avait été confisqué.

La Cour européenne a souligné qu'elle avait "conscience des préoccupations des autorités qui redoutent que des mots ou actes aggravent la situation régnant en matière de sécurité dans le Sud-Est" de la Turquie mais a considéré "en l'espèce que l'ensemble du livre n'incite pas à la violence, à la résistance armée ou au soulèvement".

La justice turque avait estimé que le livre de M. Küçük "divisait l'Etat de la République de Turquie en deux parties : la Turquie et le Kurdistan, et qu'il faisait de la propagande pour la formation d'un Etat kurde".

Certains passages du livre de M. Küçük, publié en avril 1993, évoquaient notamment le "programme d'autonomie culturelle pour les Kurdes". (AFP, 5 décembre 2002)
 

Dissolution du DEP pro-kurde en 1994: Ankara à nouveau condamné

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné mardi la Turquie pour avoir violé le droit à la liberté de réunion et d'association en prononçant en 1994 la dissolution du Parti de la Démocratie (DEP, pro-kurde).

Les juges des droits de l'homme de Strasbourg ont estimé que la dissolution du DEP "ne peut être considérée comme +nécessaire dans une société démocratique+" et constitue donc une violation de l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme qui garantit le droit à la liberté de réunion et d'association.

La Cour des droits de l'homme a condamné la Turquie à verser 200.000 euros pour dommage moral à M. Mehmet Hatip Dicle, à charge pour lui de "transférer" cette somme "aux membres et dirigeants du DEP" dont il était le président jusqu'à sa dissolution. M. Hatip Dicle recevra également de l'Etat turc 10.000 euros pour ses frais et dépens.

M. Hatip Dicle, avec quatre autres députés de son parti, avait été condamné le 8 décembre 1994 par la Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara à 15 ans d'emprisonnement pour appartenance à une bande armée. Deux autres députés avaient été condamnés à des peines de sept ans et demi et trois ans de prison.

La dissolution du DEP et la condamnation de sept de ses treize députés à de lourdes peines de prison (les six autres élus avaient pris la fuite) a été à l'origine de fortes tensions entre le Conseil de l'Europe et la Turquie et de plusieurs condamnations d'Ankara devant la Cour européenne des droits de l'homme.

En dépit de demandes insistantes du Conseil de l'Europe, les sept députés condamnés n'ont pas bénéficié à ce jour d'un nouveau procès.

Pour la Cour des droits de l'homme, les autorités d'Ankara n'ont "pas utilement démontré dans l'arrêt de dissolution que le DEP envisageait de compromettre le régime démocratique en Turquie par le biais de ses projets politiques"

Les juges de Strasbourg n'ont pas non plus trouvé de preuve permettant "d'assimiler le DEP aux groupes armés procédant à des actes de violence", comme le faisait valoir le gouvernement turc.

En revanche, la Cour reconnait que l'ancien président du DEP a fait en Irak des déclarations qui "s'analysent en une approbation du recours à la force comme moyen politique et à un appel de le faire".

Toutefois, pour les juges des droits de l'homme, ce discours prononcé à l'étranger ne pouvait avoir qu'un impact "très limité" sur la "sécurité nationale", "l'ordre public" ou  "l'intégrité territoriale" en Turquie. "Ainsi, selon la Cour, ce discours ne pouvait à lui seul justifier une sanction aussi générale que la dissolution de tout un parti politique, d'autant que la responsabilité pénale de son auteur avait déjà été engagée". (AFP, 10 décembre 2002)
 

Leyla Zana invitée à Strasbourg pour la remise du prix Sakharov

Le Président du groupe PSE, Enrique Barón Crespo, demande au gouvernement turc de permettre à Leyla Zana de venir à Strasbourg la semaine prochaine pour la remise du Prix Sakharov que le Parlement européen lui avait attribué en 1995.

Leyla Zana avait été condamné à 15 ans de prison ferme et cet arrêt du Tribunal turc avait été unanimement contesté par la Cour européenne des Droits de l'Homme et à plusieures reprises par le PE dans ses resolutions.

Dans sa lettre à l'ambassadeur turc auprès de l'Union europénne M. Oguz Demiralp, Barón rappelle qu'il avait directement soulevé la question avec Erdogan, leader du AKP, lors de sa rencontre avec la Conférence des Présidents du PE le 21 novembre à Strasbourg. La semaine prochaine le PE célébrera le quinzième anniversaire de la création du prix Sakharov et  a invité pour l'occasion tous les anciens lauréats y inclus Leyla Zana.

Dans sa lettre Barón souligne que la présence à Strasbourg de Leyla Zana la semaine prochaine "serait un important acte symbolique pour le PE qui demontrerait l'engagement sérieux de la Turquie de remplir les critères politiques de Copenhague et faire démarrer les négotiations d'adhésion à l'Union européenne". (PSE, 11 décembre 2002)
 

Disappointment at absence of Leyla Zana in Strasbourg

The President of the PES Group in the European Parliament, Enrique BARON, has said he was "dissapointed" that only some of the former winners of the EP's Sakharov Price for freedom of speech were able to travel to this year's ceremony in Strasbourg.

On the occasion of the award of the 2002 Sakharov prize to Cuban dissident Oswaldo PAYA, and the 15th anniversary of the prize, Mr BARON said "The Sakharov Price for freedom of speech is an expression of the universal values that we Socialists stand for. It is awarded out for respect for the role of individuals who fight for democracy and human rights. I regret very much that some previous winners of the prize were prevented by their governments from taking part in the ceremony."

Mr BARON referred to Leyla ZANA, a previous prize winner who is currently serving a 15 year prison sentence in Turkey for human right's activities.  "To allow Leyla ZANA travel to the EP ceremony would have been a positive signal from the Turkish Government, showing that it is sincere about its wish to join the EU and that it is willing to abide by the Copenhagen criteria", he said.

Mr BARON also said that while Oswaldo PAYA had not been his Group's candidate, it was in fact the PES Group which, through it's contacts and by calling upon the Cuban Government, had made possible his visit to Strasbourg. Only days before the awarding of the prize, it was still unclear whether Mr  PAYA would receive the authorization of the Cuban authorities to leave the country.(PES Group, 18 December 2002)
 

Les Pays-Bas n'extraderont pas une responsable du PKK vers la Turquie

La justice néerlandaise s'est opposée mardi à l'extradition vers la Turquie de Nuriye Kesbir, une responsable du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a indiqué l'agence néerlandaise d'information ANP.

Mme Kesbir a été arrêtée à l'aéroport d'Amsterdam Schipol en septembre 2001. Les autorités turques, alléguant ses liens avec le PKK et son implication dans des activités terroristes, avaient demandé son extradition en janvier 2002.

Un tribunal d'Amsterdam a estimé que l'appartenance de Mme Kesbir au PKK n'est pas un fait délictueux aux Pays-Bas et a donc refusé la demande d'Ankara. Les juges ont également estimé que la Turquie a insuffisamment répondu à deux demandes d'informations supplémentaires sur les faits retenus contre Nuriye Kesbir, qui restera provisoirement en détention aux Pays-Bas.

Selon les propos de son avocat Victor Koppe, relayés par l'ANP, elle pourrait prochainement être remise en liberté. Mme Kesbir a demandé l'asile politique aux Pays-Bas qui ont rejeté sa demande.

Nuriye Kesbir, 41 ans, est membre du Conseil présidentiel du PKK, et exerçait des fonctions importantes au sein de cette organisation aux côtés notamment d'Osman Ocalan, frère du chef rebelle kurde Abdullah Ocalan.

La Turquie reproche à Mme Kesbir d'être responsable d'au moins 25 attaques contre des objectifs militaires dans l'est de la Turquie entre 1993 et 1995. Mme Kesbir a toujours maintenu être membre du PKK, mais affirme ne s'y être occupée que des questions relatives aux femmes. (AFP, 10 décembre 2002)
 

La réforme d'émissions en langue kurde qualifiée de "farce"

Une loi, votée en août pour autoriser la diffusion d'émissions de radio et de télévision en langue kurde, a été publiée seulement cette semaine au journal officiel en Turquie et les programmes n'étant toujours pas prêts, certains Kurdes qualifient cette réforme de "farce".

La loi sur les programmes en langue kurde, accompagnée d'autres mesures touchant à l'enseignement - dans le secteur privé - de cette langue, avait pourtant fait l'objet d'un grand battage médiatique par un pays soucieux de convaincre l'Union européenne (UE) de son ralliement à une plus grande démocratie.

Mais le nombre et la nature des émissions prévues par le Haut Conseil de l'audiovisuel turc (RTUK) apparaît bien en deçà des espérances de la minorité kurde de Turquie, qui représente selon les estimations entre un quart et un tiers des 70 millions d'habitants du pays.

La méthode adoptée par les autorités "n'est vraiment pas élégante, il est clair qu'elles peinent à accorder ce droit culturel, qu'elles ne le font que forcées", commente Hasan Kaya, directeur de l'Institut kurde d'Istanbul, dans une interview à l'AFP.

La loi prévoit la diffusion d'un maximum quotidien de 45 minutes d'émissions radiophoniques en kurde, soit quatre heures par semaine, et de 30 minutes de programmes télévisés par jour, soit deux heures par semaine.

"Mettre en place des programmes aussi limités ressemble à une farce", estime M. Kaya.

A la radio, l'intégralité des programmes en langue kurde sera suivie de leur traduction en turc, tandis que les émissions télévisées devront être sous-titrées mot pour mot, spécifie le texte de loi.

Seule la société nationale de radio-télévision TRT pourra diffuser en langue kurde, ce qui élimine les très nombreuses chaînes privées.

"Même s'il est louable que les médias d'Etat soient associés au projet, pourquoi sont-ils les seuls à être autorisés à diffuser des émissions en kurde?", demande Hasan Kaya dont l'institut publie des livres et des recherches dans la deuxième langue la plus parlée du pays.

"Les radios et télévisions privées et locales devraient aussi être libres de faire de même", estime-t-il.

Selon le responsable juridique du Haut Conseil de l'audiovisuel, Mehmet Ali Yildirim, ce monopole ne devrait durer que "pour une période d'essai". L'esprit de la réforme est que, "si l'expérience réussit, elle pourrait ensuite être étendue à d'autres médias", a-t-il expliqué à l'AFP.

La TRT n'a pas souhaité pour sa part donner de détails sur le contenu des programmes en kurde.

Selon M. Yildirim, les programmes ne démarreront pas "avant la mi-janvier".

Ils ne comprendront que de la musique et des informations, et les présentateurs devront apparaître à l'écran "en habits modernes", ce qui signifie que les costumes kurdes traditionnels seront bannis.

Hasan Kaya juge "dommage qu'il n'y ait rien qui touche à l'éducation", notamment de la langue kurde elle-même, "à la défense de l'environnement ou aux préoccupations des enfants".

Il estime toutefois qu'il s'agit "d'un début" et se dit optimiste pour un "élargissement des droits des Kurdes".

La Turquie sort à peine de 15 ans de rébellion sécessionniste menée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé KADEK après avoir renoncé à la lutte armée en 1999), un conflit qui a fait quelques 36.500 victimes.

La défense de la langue kurde a longtemps été considérée comme un signe de soutien aux séparatistes et même le fait d'écouter de la musique kurde pouvait conduire à la prison. (AFP, 20 décembre 2002)

Kurdish Question in Brief

MKM on Trial

On 10 December the trial against representatives of the Mesopotamian Culture Center (MKM) in Mersin concluded at Adana SSC No. 2. The case had been brought after a raid of the premises of Mersin MKM on 12 July 2000. The director Servet Özkan and the staff members Rifat Duman and Cezmi Kenan Alisik had been arrested on charges of supporting the PKK. They had spent 10 months in pre-trial detention. In his final defense Servet Özkan stated that the MKM was an independent company with no connection to the dissolved PKK. He asked for acquittal. The court acquitted Rifat Duman and Cezmi Kenan Alisik, but sentenced Servet Özkan to 45 months¹ imprisonment. (Özgür Gündem-TIHV, December 11, 2002)

Education in Kurdish

The Disciplinary Board of Van Yüzüncü Yil University dismissed 175 students from the school for 6 months for they signed petitions demanding education in Kurdish. The students had been given the same sentence before, but the Administrative Court had quashed the sentences on the grounds that "the persons who were conducting the investigation were also presented in the Disciplinary Board". (Özgür Gündem-TIHV, December 12, 2002)

House raids in Sirnak

On 11 December the police conducted operations in Sirnak and detained many people. Yusuf Ugur, member of the Democratic People¹s Party (DEHAP) later complained to the public prosecutor and sent copies of it to the Prime Minister, the State President and the Interior Minister. He complained that masked men had raided in house in the middle of the night and beaten the people in it. On 13 December further raids were conducted. The detainees were named as Sevkan Duru, Nasir Duru, Osman Gelis, Resit Dogan, Emin Güngen, Tahir Güngen, Ferhan Katar, Süleyman Katar, Resul Katar, Idris Katar, Emin Üstek, Zübeyt Gülenç, Hüsnü Ugur, Besir Düskün, Ömer Külter, Çetin Bayat and Emin Urat. (Özgür Gündem-TIHV, December 15-16, 2002)

Pressure on Torture Victims

Resul Çiftçi, Nadir Çiftçi and Kemal Ege complained that police officers from Van and Hakkari had visited them in Van Closed Prison and put them under pressure to withdraw their complaints about torture. On 22 November the three prisoners had been arrested in Hakkari after three days in detention on charges of supporting the PKK/KADEK. After arrest they had complained about torture in police custody and reportedly received reports from Hakkari State Hospital certifying traces of torture. Abdulvahap Ertan, chairman of the Van branch of the Human Rights Association, required about the incident. The administration of Van Closed Prison confirmed that police officers had come, but since the prisoners did not want to see them, no meeting had taken place. (Özgür Gündem-TIHV, December 16, 2002)

Raids in Sirnak

In Sirnak 16 people, who had been detained after 10 December, were taken to the prosecutor¹s office on 16 December. The prosecutor released five people. Tahir Güngen, Emin Urat, Resul Katar, Hüsnü Ugur, Besir Çoskun, Resit Dogan, Emin Üstek, Zübeyir Gülenç, Nasir Duru, Sevkan Duru and Ömer Kültür were taken to a judge, who ordered their arrest, reportedly on charges of supporting an illegal organization. (Özgür Gündem-TIHV, December 17, 2002)

Kurdish Education

The students of Van Yüzüncü Yil University who were dismissed from the school for a second time on the reasons for demanding education in Kurdish applied to the administrative court demanding the related verdict to be quashed. Lawyer Fesih Kinav, acting on behalf of the 175 students reminded that Van Administrative Court had quashed the verdict on procedural ground and then the Rectorate removed the procedural deficiencies and gave the same sentence once one. (Evrensel-TIHV, December 19, 2002)

Detention and Arrests

In Diyarbakir Veysi Akbas, Ömer Akbey and Murat Önen, board members of the youth wing of the People¹s Democracy Party (HADEP) were detained on 16 December. On 17 December the board members Mazlum Tekdag and Ferdani Gökderi were detained, again when they left the HADEP offices in Ofis quarter. On 17 December the police intervened in the demonstration in Sivas Cumhuriyet University held by the students in protest of the "Council of Higher Education, a possible US attack on Iraq and the investigations launched against themselves" and detained 6 students. Later, eight of the students who went to the office of the Party of Labour (EMEP) to learn about the condition of their friends were also detained. (Evrensel-TIHV, December 18, 2002)

Trial against HAK-PAR

On 17 December Diyarbakir SSC No. 2 continued to hear the case of Mehmet Eren, board member of the Rights and Freedoms¹ Party (HAK-PAR) and representative of the journal "Dema Nu" in Diyarbakir, Bayram Bozyel, deputy chair of HAK-PAR and the members Mehmet Yigiter and Selim Akgöz. The defendants are charged with disseminating propaganda for the illegal Socialist Party of Kurdistan (PSK) according to Article 7/2 of Law No. 3713 to Fight Terrorism. The hearing was adjourned to 24 December. On 12 June this year 23 HAK-PAR members had been detained in Diyarbakir and interrogated under torture for four days. All but Mehmet Eren had been released on 17 June. Mehmet Eren was released on 24 June, upon objection of his lawyers. (BIA-TIHV, December 19, 2002)

Broadcast in Kurdish

The statute on broadcasting in local languages and dialects on radio and TV was published in the Official Gazette on 18 December. Broadcasting on radio may not exceed 4 hours per week and two hours on TV. The maximum broadcast per day was determined as 45 minutes on radio and 30 minutes on TV. The programs have to be directed at adults and may not contain lessons on the language. The TV programs will have subtitles, while the radio program is subsequently repeated in Turkish. The programs will not have a separate studio design and the speakers have to appear in contemporary dress. The next step will be a protocol between TRT and the High Council for Radio and TV (RTÜK) according to the profile of the audience. (Radikal-TIHV, December 19, 2002)

Education in Kurdish, Kurdish Songs

On 18 December Istanbul SSC No. 1 acquitted the student Cem Firat Halis from charges of supporting an illegal organization. He had signed a petition for Kurdish as an elective course at the Çukurova University (Adana) and was detained, when he came to Istanbul. On 17 December soldiers from Savur Gendarmerie Station (Mardin) detained the artist Fikri Güler, Hasan Akgül, Mahmut Güler and Siddik Güler. During a wedding organized by Hasan Akgül and Mahmut Güler the blind artist Fikri Güler had sung Kurdish songs. After a discussion with lieutenant Metin Dede he agreed to play Turkish songs as well. The defendants are expected to be taken to a prosecutor today. (Özgür Gündem-TIHV, December 19, 2002)

Sentence of Soysal Confirmed

The 9th Chamber of the Court of Cassation confirmed the sentence of 18 years¹ and 9 months¹ imprisonment for Cevat Soysal. He had been captured in Moldavia and tried at Ankara SSC for leading membership in the PKK.  (Özgür Gündem)

Campaign for Education in Kurdish

On 19 December the case of Hayrettin Altun, former chairman of the teachers¹ union Egitim-Sen in Diyarbakir, Medeni Alpkaya, treasurer of the union and the members of the music group from the confederation KESK in connection with the general assembly of 2 February ended at Diyarbakir SSC. The court acquitted the defendants Altun, Alpkaya, Sedat Balibey, Neset Güçmen, Bendi Velat Eminoglu, Ertaç Demirel, Ramazan Demir, Zahire Tetikbasi and Cangin Dogan. (Özgür Gündem-TIHV, December 20, 2002)

Ongoing Cases

On 19 December Istanbul SSC No. 6 continued to hear the case of 11 defendants, who had been detained after the 8th anniversary of the foundation of the People¹s Democracy Party (HADEP) in Bursa, on charges of having shouted slogans in favor of the PKK/KADEK leader Abdullah Öcalan. The remanded defendants Zafer Balci, Murat Köse, Rabia Tek, Nevzat Tekinalp and Kiymet Toprak were present. In summing up the case the prosecutor asked for imprisonment between 4.5 and 7.5 years for the defendants Zafer Balci, Murat Köse, Evren Demirvan, Veytullah Turgut and Tecelli Karasu according to Article 169 TPC. For the defendants Rabia Tek, Kiymet Toprak and Nevzat Tekinalp he wanted the same provision to be applied, but since they had been under 18 years of age their sentences should range from 3 to 5 years¹ imprisonment. The prosecutor wanted Nedim Emekçi to be acquitted. The court ordered the release of Zafer Balci, Murat Köse, Rabia Tek, Nevzat Tekinalp and Kiymet Toprak and adjourned the hearing for the defense to prepare the final statement. At Istanbul SSC No. 3 the trial against Kenan Günay, Naciye Cogaltay, Mehmet Besir Aykut and Sunay Yesildag continued. They are charged for participation in protest actions against the arrest of Abdullah Öcalan in Izmir and for sending militants to the "front". The court decided for the release of Mehmet Besir Aykut, but remanded the defendants Kenan Günay, Naciye Cogaltay and Sunay Yesildag. On 19 December Erzurum SSC heard the case of the sisters Figen and Meltem Erkus and three other defendants charged with having shouted slogans "Long Live Apo (Abdullah Öcalan)" during a concert of Özcan Deniz in Dogubeyazit district (Agri) in June this year. The defendants stated that they had applauded the artist by shouting "Biji" (Long Live), but not mentioned the name of "Apo". The court ordered the release of the defendants and adjourned the hearing to a later date. (Hürriyet-Özgür Gündem-TIHV, December 20, 2002)

No Case against Village Guards

The public prosecutor in Beytüssebap decided not to bring charges against village guards, who beat and insulted the lawyer Muharrem Sahin from Diyarbakir Bar Association, and soldiers, who did not intervene. During the 3 November election Diyarbakir Bar Association had been informed that irregularities had occurred in Uludere, Güçlükonak and Beytüssebap districts (Sirnak). Lawyer Muharrem Sahin went to Ayvalik (Çeman) village in Beytüssebap district to investigate the allegations. Reportedly village guards under the command of Tahir Adiyaman threatened, beat and insulted the lawyer. On 4 December he filed an official complaint, but the prosecutor now decided that there was no case of public interest. Lawyer Muharrem Sahin stated that he would appeal against this decision and, if necessary, take the case to the European Court of Human Rights. (Özgür Gündem-TIHV, December 23, 2002)

HADEP and the Kurdish Question

On 20 December Gevas Penal Court started to hear the case of Muzaffer Yildiz, chairman of the People¹s Democracy Party (HADEP) in Gevas district (Van). He is charged with violating the Election Law by speaking in a language apart from Turkish. On 27 October he allegedly held a speech in Kurdish. The prosecutor at Diyarbakir SSC indicted Hamit Okay, Nazim Kok and Tayyip Günes, board members of the People¹s Democracy Party in Nusaybin district (Mardin) in connecting with a commemoration meeting on 1 September. He charged the defendants with support for an illegal organization under Article 169 TPC. The indictment alleged that slogans for "the KADEK member Zeynel Durmus, who died in a clash with the security forces" had been shouted. Zeynel Durmus died on 1 September 2001, when he tried to evade detention by the police after a demonstration on World Peace Day and fell from top of a house. (Özgür Gündem-TIHV, December 21-22, 2002)

Attack by Village Guards

On 26 December Diyarbakir Criminal Court No. 3 started to hear the case of 10 village guards in connection with the attack in Ugrak village, Bismil district (Diyarbakir) on 26 September that had resulted in the death of Agit Tekin, Nezir Tekin and Ikram Tekin and the injury of six villagers. The defendants Abdülvahap Güçlü and Ibrahim Güçlü confessed to have taken part in the attack, while the other defendants pleaded not guilty. Veysi Tekin, Erhan Tekin, Mazlum Tekin and Güzel Tekin, who had been injured in the attack, identified the defendants. The witness Zeynep Tangüner said: "My grandson Mazlum Tekin was at my side. He was hit by the bullets and wanted to come towards me, but he couldn¹t because his intestine had come out." The court ordered the release of Hanifi Güçlü, Süleymen Güçlü, Ibrahim Güçlü, Ahmet Emin Güçlü and Mehmet Gök. The indictments wants the defendants Zeydin Güçlü (16), Abdülvahap Güçlü, Hasan Güçlü, Mehmet Hanifi Güçlü, Süleyman Güçlü Ibrahim Güçlü, Ahmet Güçlü, Emin Güçlü, Zeki Güçlü and Mehmet Gök to be sentenced according to Article 448 (murder) and Article 463 (increased penalty, if the crime is committed by more than one person). (Özgür Gündem-TIHV, December 27, 2002)

HADEP members on Trial

The decision on some 40 members of the People¹s Democracy Party (HADEP), who in February 2001 had attended a press conference in front of the HADEP offices in Siirt in connection with the "disappearance" of HADEP executives Serdar Tanis and Ebubekir Deniz in Silopi, reached the defendants only one month after the verdict by Siirt Penal Court. On 11 November the court had sentenced the defendants to 15 months¹ imprisonment and a fine of TL 11 million each. Ahmet Konuk, former chairman of HADEP in Siirt province, said that the verdict had reached them on 27 December. The sentences had been suspended for most defendants, but not for Ahmet Konuk, Abdurrahman Tasçi, Abdullah Gök, Aysel Adar, Bedrettin Polat, Emin Batur, Mehmet Emin Könes, Muhyettin Timurlenk and Süleyman Yas. (Özgür Gündem-TIHV, December 30, 2002)

Education in Kurdish

On 25 December Istanbul SSC passed its verdict on 11 parents, who had presented petitions on education in Kurdish to the governor of Güngören district (Istanbul). The court acquitted Yildiz Sevimtekin, Menice Günes, Melike Demir, Sahibe Sümer, Aysel Baydos, Aysel Kazanci and Fadime Tas, but sentenced Makbule Kocaman, Fatma Duman, and the HADEP officials Süleyman Bakis and Naif Çiçek to 45 months¹ imprisonment for supporting an illegal organization. (Özgür Gündem-TIHV, December 26, 2002)

Attack on HADEP Official

On 22 Ali Çalis, board member of HADEP in Güngören district (Istanbul) was attacked by unknown assailants in Topkapi district. He was hit by four bullets in his arm and stomach and had to be taken to hospital. (Özgür Gündem-TIHV, December 24, 2002)

Detentions and Arrests

In Bostaniçi town (Van) the HADEP members Selim Öcek and Fikret Ertos were arrested on 23 December. On 21 December the officials Hamza Özkan, Hakim Ita, Abdullah Kaçan, Nuriye Gencer, Halime Kamis and Nazmi Peyan had been arrested. In Hilvan district (Urfa) Mehmet Demir and Abdülmecit Beyam were arrested on 24 December on charges of membership of the PKK/KADEL. In Bursa Levent Dülger, an alleged gunman and bomber of the radical Islamic organization IBDA-C was detained in December. He was arrested on 30 December. In Sivas students, who participated in a demonstration against YÖK and the war against the Iraq on 17 December, faced arrest, but some were released after a short time. Kenan Ataç, Ömer Erdemir, Hasari Çiçek, Zekeriya Gündüz and Fehmiye Baskin were released on 26 December, but the objection against the arrest of Ömer Faruk Akyüz, Sevilay Demirbas, Ahmet Sevinç, Ferhat Erdem, Seref Balta and Burhan Günes was rejected. The student Meral Ay is being wanted. (Cumhuriyet, Özgür Gündem-TIHV, December 24-25-27, 2002)
 

Affaires religieuses/Religious Affairs
 

Le port du foulard redevient d'actualité en Turquie

L'épineuse question du port du foulard islamique à l'école et à l'université est redevenue d'actualité dans la Turquie laïque, un mois après l'arrivée au pouvoir du parti de la Justice et du Développement, issu de la mouvance islamique.

"Nous sommes plus optimistes maintenant, car nous voyons que le parti au pouvoir accorde plus d'importance aux Droits de l'Homme", estime Emine Gulsah Tolun, 17 ans, qui fait depuis février le siège du lycée qui l'a expulsée à cause de son voile.

Au second semestre de l'année scolaire passée, elles ont été environ 350 étudiantes du lycée de formation de prédicateurs (imam hatip) de Acibadem, sur la rive asiatique d'Istanbul, à se voir interdire l'entrée de l'établissement.

Depuis, elles sont une cinquantaine à battre le pavé, inlassablement, devant l'établissement où quelque 800 autres élèves suivent un enseignement axé sur l'Islam pour la préparation à des métiers liés à la religion musulmane.

Depuis que l'Armée, gardienne du dogme laïque, a acculé à la démission en 1997 le Premier ministre islamiste Necmettin Erbakan, l'application stricte du code vestimentaire républicain a jeté à la rue des milliers de lycéennes et d'étudiantes, qui espèrent aujourd'hui un assouplissement de la législation.

"Nous voulons entrer de plein droit, et la tête couverte, dans l'école", revendique Fatma Aladag, 17 ans.

Pour Nur Erter, vice-recteur de la grande université d'Istanbul, la question est réglée depuis longtemps, et d'ailleurs, il n'y a "plus une seule étudiante voilée sur le campus", et les manifestations ont cessé.

"Quand j'ai étudié ici dans les années 70", raconte-t-elle, "il n'y avait pas une seule étudiante voilée. Or elles étaient 1.265 en 1997, quand l'interdiction a été de nouveau appliquée".

"En 1999, quinze filles ont voulu s'inscrire avec le foulard (...) et cette année, une seule étudiante a refusé d'entrer à l'université sur 120 qui ont tenté de braver l'interdit", selon Mme Erter.

Elle rappelle volontiers les irruptions de jeunes filles portant le foulard lors de cérémonies, les prières de groupe dans les couloirs, les manifestations improvisées dans ce vénérable établissement "en pointe de la défense des réformes kémalistes", du nom du fondateur de la Turquie moderne.

"La loi veut que les étudiants soient admis dans les établissements d'enseignement en 'habit moderne', et la Cour Constitutionnelle a tranché en 1989 sur le fait que le foulard n'est pas compatible avec le terme d'habit moderne", selon Mme Erter.

Pour les lycéennes d'Acibadem, seul établissement du pays où perdure une telle "résistance", cette intransigeance fait fi du caractère musulman de la population.

"C'est ma religion qui veut que je sois couverte. C'est une question de croyance, le Coran le veut ainsi", explique Emine.

Fatma y voit "une question de libertés fondamentales, et si ce pays est un Etat de droit, les gens découverts doivent pouvoir y vivre, et ceux qui choisissent de se couvrir doivent pouvoir y étudier".

Dans les locaux majestueux de l'Université d'Istanbul, Nur Erter voit surtout un "comportement militant" dans ces revendications.

"On s'est rendu compte que les parents recevaient des aides de fondations islamistes pour envoyer leurs filles couvertes, alors on leur a offert le même genre d'assistance sociale, logement, emploi ou bourse, et la plupart d'entre elles ont renoncé à leur revendications", se félicite Mme Erter.

"Nous ouvrirons tous les recours possibles et nous finirons nos études, mais pas question de retirer notre foulard d!", promet pourtant Fatma.

Se gardant de tout discours politisé, Emine pense que le problème "sera bientôt réglé" et qu'elle pourra reprendre ses études.

Nur Merter, de son côté, constate que depuis l'arrivée au pouvoir le mois dernier de l'AKP, le problème du foulard est revenu à l'ordre du jour, et elle s'affirme inquiète pour l'avenir. (AFP, 3 décembre 2002)
 

Minorities/Minorités
 

Pétition des Arméniens de France contre l'adhésion de la Turquie à l'UE

Les Arméniens de France ont annoncé mercredi une "campagne de pétition nationale et européenne" pour lier l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne à la condition qu'Ankara reconnaisse le génocide arménien et garantisse les droits des minorités religieuses.

Cette pétition lancée à l'appel du Comité de défense de la cause arménienne (CDCA), avec le soutien du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) demande au président français Jacques Chirac de ne donner satisfaction à la Turquie, lors du sommet européen de Copenhague, que si ce pays répondait à plusieurs préalables.

Il s'agit notamment de "reconnaître le crime de génocide commis à l'encontre des populations arméniennes de l'Empire ottoman (en 1915-17) et ses conséquences", la "levée du blocus exercé depuis 1991 à l'encontre de la république d'Arménie", la "garantie des droits des minorités religieuses" en Turquie, l'octroi d'un "statut durable à sa minorité kurde" et la "libération des prisonniers politiques".

Une première remise de signatures recueillies auprès des citoyens français sera transmise à M. Chirac le mercredi 11 décembre, à la veille du sommet européen, selon le CDCA.

A cette occasion, le Comité arménien prévoit également plusieurs manifestations, le 11 décembre à Paris, Lyon (sud-est) et Marseille (sud) où réside la plus grande partie de la communauté arménienne de France.

Le parlement français a voté en janvier 2001 un texte reconnaissant comme "génocide" le massacre des Arméniens au début du XXe siècle dans l'empire ottoman, ce qui avait provoqué une crise avec Ankara.

Ankara conteste aussi bien le terme de génocide que les chiffres de morts donnés par les Arméniens.

Selon Erevan, 1,5 million d'Arméniens ont été tués entre 1915 et 1917, durant les dernières années de cet empire qui a donné naissance à la Turquie moderne. La Turquie affirme qu'environ 300.000 Arméniens et des milliers de Turcs ont été tués au cours de combats lorsque des Arméniens, alors sujets de l'Empire ottoman, s'étaient alliés avec l'ennemi russe en pleine Première Guerre mondiale dans l'espoir d'obtenir la création d'un Etat indépendant.

Le Parlement européen a reconnu en 1987 le génocide arménien et demandé à Ankara de faire de même.

Pour Paris, la Turquie doit encore se réformer avant qu'une date ne soit fixée pour l'ouverture de négociations en vue de son adhésion à l'UE, ce que réclame Ankara.

M. Chirac a récemment souhaité un consensus européen à Copenhague sur le message qui devrait être adressé à la Turquie lors de ce sommet.. (AFP, 4 décembre 2002)
 

Les Turcs doivent reconnaître le génocide arménien, selon Renaud Muselier

Le secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, a appelé dimanche à Paris la Turquie à reconnaître le génocide des Arméniens par l'empire ottoman en 1915, dans le cadre de sa candidature à l'Union européenne.

"Il est nécesaire pour avancer de reconnaître aussi le passé", a déclaré M. Muselier à l'émission Forum de Radio J, établissant le parallèle avec l'Allemagne et la France, "deux piliers fondamentaux de l'Europe (...) qui ont réussi à reconnaître leur histoire, leur passé et à ne pas l'oublier tout en se le pardonnant."

"Je crois, a-t-il ajouté, que c'est une démarche qui est importante sur le plan de la sagesse et de l'équilibre."

Premier adjoint au maire de Marseille, la deuxième ville de France qui compte la première communauté arménienne du pays (60.000 personnes), M. Muselier a rappelé qu'il était intervenu, comme député, pour la reconnaissance du génocide arménien, l'année dernière à l'Assemblée nationale française.

Il a fait cette année une visite en Arménie dans le cadre d'une tournée dans le Caucase.

"Compte tenu de la sensibilité de ce débat, nous ne pourrons pas échapper, et heureusement, à un vrai débat dans l'opinion publique", a-t-il souligné en rappelant que les Allemands et les Français ont fait leur devoir de mémoire et (qu')il est bon, toujours, pour avancer de clarifier, purifier, simplifier pour mieux pardonner".

Au total 1,5 million d'Arméniens ont été exterminés entre 1915 et 1917 pendant les dernières années de l'empire ottoman qui a donné naissance à la Turquie moderne, selon Erevan.

Ankara rejette de son côté la thèse du génocide, affirmant que 300.000 Arméniens environ furent tués aux côtes des Russes pendant des combats de la Première guerre mondiale et lors de déplacements de populations. (AFP, 22 décembre 2002)
 

L'église "la plus malchanceuse au monde" sortie de l'oubli en Turquie

Un archéologue britannique a annoncé vendredi avoir découvert sur les bords de la mer Noire en Turquie les ruines de "l'église la plus malchanceuse au monde", touchée depuis le IVe siècle par une succession de catastrophes naturelles avant d'abriter des activités impies.

L'édifice peu béni des dieux a été touché par deux tremblements de terre, une inondation et un glissement de terrain alors qu'elle était encore en construction, selon l'étude de l'archéologue publiée vendredi. Il aurait ensuite été reconverti en fumerie d'opium au Moyen-Âge, avant d'être oublié, enfoui sous terre pendant des siècles.

Un fragment de mosaïque romaine retrouvé au milieu des années 1990 à Ciftik, sur les rives de la mer Noire, avait attiré l'attention du musée de Sinope, qui avait commandé des fouilles à l'archéologue Stephen Hill, professeur de l'université britannique de Warwick.

L'église Saint Phocas, dont l'existence était inconnue jusqu'à ce jour, avait été construite au IVe siècle au sommet d'une falaise, sur les lieux mêmes où avait été martyrisé son saint patron par des soldats romains.

A peine ses fondations étaient-elles sorties de terre que l'église était frappée par un tremblement de terre. Les constructeurs ont repris leur travail, construisant un magnifique sol en mosaïques, finalement enfoui sous une couche de sédiments à la suite d'une inondation. Puis le site a subi un deuxième tremblement de terre, au moment où des sculptures décoratives étaient ajoutées.

A ce stade, le site religieux a été abandonné et remplacé par un atelier de poterie, victime d'un glissement de terrain. Enfin des graines de pavot et des fragments de pipe retrouvés près du porche de l'église laissent penser qu'elle aurait fini sa carrière comme fumerie d'opium au Moyen-Âge.

Aujourd'hui, de larges fissures sont apparues sur le site, ce qui suggère que son histoire maudite est loin d'être finie. (AFP, 12 décembre 2002)
 

Prise de fonction du nouveau grand rabbin de Turquie à Istanbul

La communauté israélite de Turquie a intronisé jeudi en la sinagogue Neve Shalom d'Istanbul Isak Haleva nouveau grand rabbin, le troisième de l'histoire de la République turque fondée en 1923, rapporte l'agence Anatolie.

Les grands rabbins d'Israël et de Moscou ainsi que des responsables de la Direction des Affaires Religieuse (organisme d'état turc) et des représentants des différentes communautés non-musulanes de Turquie assistaient à la cérémonie, précise Anatolie.

Isak Haleva, professeur d'hébreu et de religion juive dans les universités de Marmara (Istanbul) et Aksaray (centre du pays), occupait depuis 7 ans la fonction de premier adjoint au grand rabbin de Turquie.

Marié et père de 4 enfants, Isak Haleva parle, outre le turc et l'hébreu, l'araméen, le français, l'anglais, l'espagnol et le ladino (judéo-espagnol).

Il est connu pour son engagement et sa participation à de nombreuses initiatives oecuméniques comme des conférences de dialogue inter-religieux.

Le précédent grand rabbin, David Asseo, était décédé en juillet dernier.

La communauté juive de Turquie compte entre 25.000 et 30.000 membres, résidant essentiellement à Istanbul où l'on recense 18 synagogues en service. (AFP, 19 décembre 2002)

Socio-économique/Socio-economic
 

Greenpeace presse l'Italie de rapatrier des déchets dangereux de Turquie

Des militants de Greenpeace ont manifesté lundi devant l'ambassade d'Italie à Ankara pour appeler ce pays à rapatrier des fûts de déchets toxiques qui se sont échoués sur les côtes turques après avoir été jetés il y a 15 ans dans la mer Noire, a indiqué l'organisation écologiste.

"Italie reprend tes déchets toxiques" proclamait une banderole aux couleurs du drapeau italien déployée devant la mission italienne située sur l'une des principales artères de la capitale turque.

La manifestation était soutenue par une quinzaine de villageois de Soguksu, dans le nord de la Turquie, l'un des deux emplacements où des fûts contenant des composants toxiques tels que des métaux lourds sont stockés.

"L'Italie nous a promis trois fois dans les 15 dernières années qu'elle allait reprendre ses déchets, mais cela n'a pas été fait", a expliqué à l'AFP Banu Dokmecibasi, une militante de Greenpeace.

La militante a été reçue par l'ambassadeur italien, Vittorio Surdo, qui a réaffirmé l'engagement de son gouvernement à trouver un règlement au problème.

"Il nous a dit que les ministres de l'Environnement des deux pays devaient se rencontrer la semaine prochaine pour évoquer l'affaire", a-t-elle souligné.

Cinq manifestants, dont Mme Dokmecibasi, ont été brièvement interpellés par la police. Aucune raison n'a été donnée pour cette interpellation.

Les fûts entreposés en Turquie constitueraient une petite partie de 3.000 fûts jetés illégalement à la mer en 1987, après que la Roumanie eut refusé de les accepter, selon Greenpeace. (AFP, 16 décembre 2002)
 

Déficit commercial en hausse de 33,3% sur 10 mois à 11,424 milliards de dollars

Le déficit commercial de la Turquie a progressé de 33,3% sur les dix premiers mois de l'année à 11,424 milliards de dollars contre 8,567 milliards de dollars sur la même période de l'an passé, a annoncé jeudi l'Institut national des statistiques.

Les importations ont augmenté de 15,5% à 39,735 milliards de dollars, tandis que les exportations ont progressé de 9,6% à 28,311 milliards de dollars, selon l'institut.

Pour le seul mois d'octobre, les importations ont enregistré une hausse de 37,1% à 4,614 milliards USD et les exportations ont grimpé de 19,2% à 3,353 milliards USD par rapport à octobre 2001.

La progression des exportations, favorisée par la dépréciation de la livre turque, a permis à la Turquie de réduire son déficit commercial de 65,1% à 9,32 milliards de dollars en 2001.

Soutenue par un prêt de 16 milliards USD du Fonds monétaire international (FMI), la Turquie lutte depuis février 2001 contre l'une des pires crises économiques de son histoire. (AFP, 25 décembre 2002)
 

Minimum monthly net wage fixed at $ 136 in Turkey

As the annual inflation rate is still about 30 percent, the minimum wage for workers was increased by 22 percent in 2003 effective for the full year.

A minimum wage committee that convened to discuss the minimum wage for 2003 decided to raise the figure to net TL 223,749,000 (approximately $136) for those older than 16 years.

For those up to 16 years minimum wage will be net TL 188,282,250 throughout 2003. Pre-tax minimum wage is TL 306,000,000 and TL 256,500,000 for the two age groups, respectively.

Previously minimum wage was determined for six-month periods.

Under the new figures, the a minimum-waged worker older than 16 years costs TL 379,667,901 on the employer and younger ones cost TL 337,592,901. These figures include the employer's share of the social security contributions.

As civil servant reactions to a three-month wage hike determined this week by the government continue, the 22 percent increase in minimum wage also drew criticism from unionists, but employers appeared content with the rise considering a 20 percent end-year inflation target for 2003.

Salih Kilic, chairman of Turkey's major labor confederation Turk-Is, said the minimum wage announced by the minimum wage committee didn't meet the expectation of workers. "Minimum wage continues to be a misery wage," Kilic was quoted by the Anatolia news agency as saying.

"We voted against this proposal during committee sessions. Another bad news is that this minimum wage will stay in effect for a year," Kilic said.

Meanwhile, Nihat Yuksel, a representative for the Turkish Employers Confederation (TISK), suggested that the minimum wage committee considered the 20 percent 2003 inflation target and acted even flexibly when setting 22 percent rise.  (Turkish Daily News, December 27, 2002)
 

Le gazoduc sous-marin le plus profond du monde a commencé à fonctionner

La Russie a commencé dimanche à envoyer du gaz naturel vers la Turquie à travers le Blue Stream (le Courant bleu), le gazoduc situé le plus profondément sous la mer au monde, a annoncé un ingénieur chargé du pompage cité par l'agence Itar-Tass.

D'une longueur totale de 1.393 km, le gazoduc passe sous la mer Noire sur une distance de 400 km, à une profondeur pouvant atteindre plus de 2000 m par endroits.

Il relie la raffinerie de gaz russe d'Izobilnoï (sud, sur la côte) au port turc de Samsun (nord), avant de poursuivre sa route vers Ankara.

C'est le deuxième gazoduc de ce type installé entre les deux pays. Sa construction a été achevée le 20 octobre et 16 milliards de m3 de gaz doivent à terme transiter chaque année par cette conduite.

"C'est notre plus gros investissement ces dix dernières années", a déclaré à Itar-Tass Iouri Bassaryguine, chef de l'exploitant russe du gazoduc, Kubangazprom.

Le gazoduc fonctionnera à pleine capacité après une période d'essai de 15 jours, a, de son côté, dit à l'agence Interfax Natalia Selivanova, porte-parole du géant gazier russe Gazprom, dont Kubangazprom est une filiale régionale.

Selon elle, la compagnie turque Botash recevra lundi les premières quantités de gaz envoyées dimanche.

En Turquie, des voix se sont élevées contre ce projet, insistant sur son caractère non viable au plan commercial et sur la dépendance qu'il va entraîner à l'égard de la Russie, selon elles. (AFP, 29 décembre 2002)
 

Feu vert financier pour un tunnel sous le Bosphore

Un projet de tunnel rail-route traversant le Bosphore en plein centre d'Istanbul, a reçu la garantie financière d'un organisme japonais de crédit qui devrait permettre de lancer prochainement l'appel d'offres, selon les media.

Le coût de l'ouvrage, qui reliera les rives européenne et asiatique du détroit, à l'entrée de la mer de Marmara, est estimé à quelque 2,5 milliards de dollars (autant d'euros), et pourrait entrer en service en 2006, précise l'agence Anatolie.

La garantie de l'établissement financier JBIC permet à la société turque DLH supervisant le projet "Marmaray" d'ouvrir un premier appel d'offres pour la connexion des trains de banlieue qui partent vers les faubourgs ouest et est d'Istanbul depuis le Bosphore, pour environ un milliard de dollar, précise Anatolie.

Cet appel d'offres pourrait être lancé courant janvier, selon les journaux turcs qui citent quatre consortiums comprenant chacun une compagnie japonaise et une firme turque.

La presse estime par ailleurs que les travaux pourraient être lancés au cours de la deuxième moitié de l'année 2003.

Le tunnel devrait mesurer 1,8 kilomètre de long sous le Bosphore et avoir une capacité horaire de 70.000 personnes transportées, supposée soulager le transit entre les deux parties de la ville reliées par deux gigantesques ponts suspendus.

Officiellement approuvé par les autorités admnistratives en début d'année, ce projet représente l'un des plus importants ouvrages de Turquie, mais aussi l'un des plus anciens projets de ce type dans ce pays. (AFP, 30 décembre 2002)
 

La Turquie compterait plus de 90 millions d'habitants en 2023

La Turquie comptait 69,7 millions d'habitants à la mi-2002 et en comptera 90,4 millions en 2023, selon les projections de l'institut national des statistiques (DIE) publiées mercredi par le quotidien Turkish Daily News.

La Turquie comptera 7O,8 millions d'habitants à la mi-2003, 73,1 millions à la mi-2005, et 87,8 millions à la mi-2020, selon l'institut.

Quelque 45% de la population du pays sont âgés de moins de 21 ans, selon la Banque Mondiale. Le pays compte 6% de retraités. (AFP, 31 décembre 2002)
 

Relations avec l'Ouest/Relations with the West
 

European Parliament debated EU strategy towards Turkey

The Committee on Foreign Affairs, Human Rights, Common Security and Defence of the European Parliament, on December 3, 2002,  debated EU Strategy towards Turkey.

Joost LAGENDIJK (Greens/EFA, NL) reported on Tuesday to the Foreign Affairs Committee on the visit by a European Parliament delegation to Ankara on 25 and 26 November.  "This visit enabled us to meet the new Turkish government and learn more about its political programme", said Mr Lagendijk.  Part of Tuesday's debate focused on the role of the army in Turkey.  MEPs then discussed the question of setting a date for the start of accession negotiations at the Copenhagen summit next week.

As regards the prominence of the military in Turkish affairs, Catherine LALUMIERE (PES, F) emphasised that in Turkey it was the army that safeguarded the secular nature of the state.  If the role of the army were limited this could work to the advantage of militant Islam.  Ioannis SOULADAKIS (PES, GR) argued that Turkey should amend its constitution in order to distribute military and civilian roles differently.  Arie OOSTLANDER (EPP-ED, NL) claimed that, given the power of the military, "the civil authorities are only a façade" and that security concerns took clear precedence over respect for human rights.

Andrew DUFF (ELDR, UK), who was a member of the delegation, called on the Council to put forward a clear timetable for opening negotiations with Turkey, provided that the Turkish Cypriot leader Rauf Denktash agreed to negotiate on the basis of the proposals made by UN Secretary General Kofi Annan.  Philippe MORILLON (EPP-ED, F) pointed out that the EU had always insisted on pre-conditions for negotiations, namely a reduction in the role of the army, respect for human rights and a settlement of the Cyprus question.  "But we are not seeing any real progress", he added.

According to Mrs Lalumière, "At Copenhagen a sufficiently strong political signal must be sent out so as not to 'break the spirit' of reform in Turkey". She added "It would be unwise to say 'no' to all Turkey's demands".  Michael GAHLER (EPP-ED, D) thought however that the emphasis should be on meeting the accession criteria rather than on setting a date.  "And if reduced influence of the army leads to an increase in militant Islam, Turkey must stay outside the Union", he said in reply to Mrs Lalumière's comments. (News Report-PE, December 3, 2002)
 

Les conservateurs restent opposés à une entrée de la Turquie dans l'UE

L'Union chrétienne-démocrate allemande (CDU, opposition conservatrice) s'est prononcée contre l'adoption d'un calendrier de négociations, lors du sommet de Copenhague les 12 et 13 décembre, en vue d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

Il serait erroné de donner une date pour une ouverture de négociations avec la Turquie, a estimé Angela Merkel, présidente de la CDU, lors d'une réunion de son parti à Berlin.

"Il ne faut pas s'imaginer que seule la perspective d'une date pour entamer des discussions (...) pourrait accélérer les réformes démocratiques et économiques en Turquie et les rendre irréversibles", a-t-elle affirmé.

Mme Merkel, dont le camp s'est toujours opposé à une adhésion de la Turquie à l'UE, a en revanche plaidé pour un "partenariat privilégié" entre Bruxelles et Ankara.

La coalition gouvernementale allemande entre les sociaux-démocrates et les Verts va s'engager pour que l'Union européenne donne un "signal clair" à la Turquie lors du sommet de Copenhague, avait déclaré fin novembre le chancelier Gerhard Schroeder.

Fin octobre, les Quinze avaient adressé au sommet de Bruxelles des signaux positifs à la Turquie, sans toutefois annoncer l'ouverture de négociations d'adhésion. (AFP, 3 décembre 2002)
 

Près de 60% des Français opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Europe

Quelque 58% des Français se déclarent opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE), selon un sondage publié jeudi par l'hebdomadaire chrétien le Pèlerin Magazine.

Selon ce sondage réalisé par la Sofres, 35% des personnes interrogées se sont déclarés "pas favorables du tout" et 23% "plutôt pas favorables" à ce que la Turquie "devienne dans les années à venir membre à part entière de l'Union européenne".

En revanche, elles ont été 29% au total à se dire "plutôt favorables" (24%) ou "très favorables" (5%), selon ce sondage réalisé les 14 et 15 novembre à partir d'un échantillon national représentatif de 1.000 personnes, selon la méthode des quotas.

Les plus réticents à l'entrée de la Turquie dans l'UE sont les retraités (65%), les électeurs de droite (71%) et les catholiques pratiquants occasionnels (65%).

La Turquie est officiellement candidate à rejoindre l'UE depuis 1999. Elle souhaite obtenir une date d'ouverture des négociations en vue de son adhésion à l'occasion du sommet européen de Copenhague la semaine prochaine.

Le président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing, a spectaculairement relancé le débat sur cette question en déclarant début novembre que la Turquie n'était pas un pays européen.. (AFP, 4 décembre 2002)
 

Giscard: "La Turquie n'est pas un pays européen"

Le président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing, a été l'un des premiers à avancer cet argument, qui depuis a fait couler beaucoup d'encre. Pour l'ancien président français, la Turquie a "95% de sa population hors d'Europe" et sa "capitale n'est pas en Europe".

Ce point de vue n'a pas grande signification puisque la capitale économique et culturelle de la Turquie est Istanbul, située elle en Europe, rétorquent ses partisans. D'ailleurs, depuis la chute du mur de Berlin, l'ancienne Constantinople est redevenue la "capitale économique et commerciale de l'Europe du sud-est", écrit Kemal Dervis, ancien ministre turc. D'autres font également remarquer que la Turquie est membre du Conseil de l'Europe depuis 1949 et de l'Alliance atlantique depuis 1952 où sa fidélité n'a jamais été remise en cause.

Ce débat renvoit plus généralement à la question des frontières de l'Europe. Où s'arrête l'Europe ? Cette question délicate n'a jamais été tranchée et nombreux sont ceux qui, à l'instar de M. Giscard d'Estaing, estiment que la Turquie fournit l'occasion d'y répondre enfin franchement, en marquant une pause dans l'élargissement de l'UE.

Il est certes utile de se demander si le Belarus ou l'Ukraine ont leur place en Europe mais il est trop tard pour la Turquie, à qui l'UE a officiellement accordé en 1999 le statut de pays candidat, répondent les partisans d'Ankara.

 La Turquie est un pays peuplé et trop en retard économiquement.

La Turquie avec 66 millions d'habitants deviendrait dans 20 ans le pays le plus peuplé de l'UE, si elle devait la rejoindre, avec quelque 100 millions d'habitants.

Dans ces conditions, "nous n'allons quand même pas faire de la Turquie le premier pays démographiquement le plus peuplé de l'Europe avec les difficultés que nous connaissons actuellement, c'est impossible", déclarait récemment le maire de Marseille (sud de la france) Jean-Claude Gaudin.

Le revenu par habitant atteint à peine les deux tiers de celui de la République tchèque, l'économie est en pleine crise et la corruption est endémique. Ces facteurs sont autant d'incitations à une vague massive d'immigration turque en Europe, avertissent les détracteurs d'Ankara.
 Le revenu turc par habitant est presque trois fois plus élevé que celui de la Roumanie, pays pourtant presque assuré de rejoindre l'Union européenne à l'horizon 2007, répondent ses partisans. Quant aux difficultés économiques, l'entrée dans l'UE devrait lui permettre d'y remédier plus facilement et la "pulsion d'immigration" diminuerait alors d'autant, estime l'ancien Premier ministre français Michel Rocard.

La Turquie est un pays musulman qui ne partage pas la même histoire, les mêmes valeurs que l'Europe.

La Turquie est un "Etat historiquement opposé à l'Europe", juge ainsi l'eurodéputé français Jean-Louis Bourlanges.
 L'histoire est certes "semé de conflits opposant les Ottomans aux Européens, mais ces conflits n'ont pas été plus importants que ceux qui ont opposé les puissances européennes entre elles", rétorque Kemal Dervis. D'ailleurs, "l'empire ottoman était ancré autant, sinon plus, dans les Balkans qu'au Moyen-Orient", ajoute-t-il.

Derrière l'histoire ou la culture se cache surtout l'argument religieux, relèvent aussi les partisans d'Ankara, qui rappellent la nature laïque de l'Etat turc et dénoncent la tentation de faire de l'Europe un "club chrétien". Faux, "l'Europe n'est pas l'exclusivité des peuples chrétiens", rétorque le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui, avec beaucoup d'autres sur le même thème, ont cherché à clore le débat sur la religion en citant la Bosnie-Herzégovine ou l'Albanie comme des exemples de pays musulmans ayant vocation à rejoindre l'Europe.

Les défenseurs d'Ankara soulignent encore sur ce sujet que rejeter la Turquie, ce serait rejeter le plus important, et presque le seul des pays musulmans véritablement laïcs, et se priver ainsi d'un médiateur entre l'Occident et l'Islam, au risque d'encourager ceux qui, dans le monde, préparent les nouvelles guerres de religion. (AFP, 9 décembre 2002)
 

La Turquie n'adhérera pas à l'UE "avant 2013", selon Verheugen

La Turquie n'adhérera pas à l'Union européenne "avant 2013", a estimé le commissaire européen à l'Elargissement Guenter Verheugen dans une interview au quotidien français La Croix à paraître mardi.

L'entrée de la Turquie dans l'UE "ne se fera certainement pas avant 2013, première date possible", a déclaré M. Verheugen, estimant qu'il fallait "dès aujourd'hui" déterminer les effets de cette adhésion sur les institutions européennes, les structures de décision et les différentes politiques communes.

"Il est grand temps de réfléchir à notre avenir et, après Copenhague, de répondre à deux questions essentielles: quelle sera la place de la Turquie au sein de l'Union et comment l'Union et ses politiques peuvent-elles absorber la Turquie", a-t-il ajouté.

La candidature turque à l'UE sera discutée par les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze les 12 et 13 décembre au sommet de l'UE de Copenhague.

La France et l'Allemagne ont adopté le 4 décembre une position commune pour proposer d'offrir à la Turquie une ouverture conditionnelle de négociations d'adhésion à l'Union européenne au 1er juillet 2005.

Selon M. Verheugen, cette proposition franco-allemande est "compatible" avec les critères d'adhésion de l'UE.

Concernant les critères politiques que la Turquie doit remplir pour adhérer, il a rappelé que "le jugement définitif ne se fera qu'à partir du moment où nous constaterons que toutes les réformes améliorant les droits de l'Homme seront mises en pratique".

"Or les Turcs partent de l'idée que, dès qu'une loi a été décidée, cela suffit, alors que ce qui compte est de la traduire dans la vie quotidienne", a-t-il ajouté.

Selon le commissaire européen, il est toutefois dans l'intérêt des Européens "d'apporter la preuve qu'il est possible d'intégrer un pays musulman à l'Union européenne". (AFP, 9 décembre 2002)
 

La Turquie face aux "critères de Copenhague"

Dans le débat sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, qui sera au coeur du prochain sommet de Copenhague, les Quinze renvoient régulièrement Ankara au "respect des critères de Copenhague", fixés en juin 1993 à l'occasion d'un précédent sommet dans la capitale danoise.

Lors de cette rencontre, les dirigeants européens avaient dressé la liste des conditions, politiques et économiques, que tout pays candidat doit obligatoirement remplir avant son entrée dans l'Union.

Il doit avoir:
 - "des institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection;

- "une économie de marché viable ainsi que la capacité de faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché intérieur;

- "la capacité d'assumer les obligations de son adhésion et notamment de souscrire aux objectifs de l'union politique, économique et monétaire".

Pour entrer dans l'UE, un pays candidat doit aussi avoir "renforcé ses capacités administratives et judiciaires" de manière à garantir l'application effective de la législation communautaire transposée dans les législations nationales.

Depuis 1998, la Commission européenne publie chaque automne un rapport annuel faisant le point sur le respect des critères de Copenhague par chacun des candidats.

Dans son dernier document de ce type, publié en octobre dernier, la Commission avait noté des "progrès remarquables" de la Turquie pour remplir ces critères tout en constatant des manques encore importants à la fois sur le plan économique et politique. Elle s'était donc gardée de se prononcer sur une date possible d'ouverture de négociations d'adhésion avec Ankara.

L'ouverture de négociations n'est toutefois pas liée à un respect complet des critères de Copenhague. Ainsi, la Bulgarie n'a obtenu qu'en octobre dernier le statut d'"économie de marché viable", alors qu'elle a formellement entamé les négociations en 2000.

Le sommet européen d'Helsinki, en décembre 1999, avait accordé à la Turquie le statut de candidat officiel mais avait également souligné le chemin qui restait à parcourir en vue du respect de l'ensemble des critères de Copenhague. (AFP, 9 décembre 2002)
 

Erdogan accuse l'EU de mener une "politique de deux poids, deux mesures"

Le chef du parti turc au pouvoir Recep Tayyip Erdogan a, une nouvelle fois, accusé lundi l'Union européenne de mener une "politique de deux poids et deux mesures" face aux pays qui souhaitent adhérer à l'UE, à l'issue d'une rencontre à Copenhague avec son président en exercice, le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen.

 "L'UE a commencé les négociations avec les pays candidats actuels alors que certains ne remplissaient pas les critères politiques requis", a affirmé, au cours d'un point de presse, M. Erdogan, citant "en exemple la Lettonie où les droits de la minorité russophone ne sont pas respectés, et les pays de l'Est -candidats- où environ 6 millions de tziganes vivent dans des conditions difficiles".

"Fixer une date à Copenhague sera le succès de l'UE à son grand examen, et les gens (en Turquie) pourront dire: le compromis de civilisation a démarré", selon M. Erdogan.
 "L'UE ne doit pas tomber dans des petits calculs qui n'honorent pas sa grandeur, et doit abandonner cette politique de +deux poids et deux mesures+", a-t-il estimé.

"Elle ne doit pas décourager le peuple turc, le gouvernement, l'opposition, les organisations non gouvernementales" en refusant de fixer une date pour ces négociations", a-t-il ajouté.

"Si l'UE continue de nous refuser une date de négociations, elle en supportera les conséquences, et les dommages psychologiques sur la préparation de l'opinion turque à l'entrée dans l'UE", a mis en garde M. Erdogan.

"La poursuite des réformes en Turquie n'est pas liée à l'UE, et nous continuerons sur cette voie pour le bienfait de notre peuple, que l'UE nous accepte ou non", a-t-il précisé.

De son côté, le Premier ministre danois a réitéré qu'il "est encore trop tôt pour dire quelle décision sera prise au sommet européen" de Copenhague les 12 et 13 décembre.

"Je termine mardi à Athènes ma tournée des autres capitales européennes, et j'étudierai ensuite avec beaucoup de soins les réactions de mes partenaires ainsi que les avis de Recep (Tayyip) Erdogan et la lettre qu'il m'a remise de la part du chef du gouvernement turc, comportant un calendrier pour l'application des réformes en Turquie" exigées par l'UE, a précisé M. Rasmussen.

"Toutes ces données seront prises en compte dans la proposition de la présidence danoise aux dirigeants de l'UE concernant la prochaine étape de la Turquie" sur sa voie vers l'adhésion, a-t-il assuré.

La Turquie, candidate à l'UE depuis 1999, réclame une date fixe dès 2003 pour l'ouverture de négociations d'adhésion, alors que la France et l'Allemagne proposent de fixer "une clause de rendez-vous" en décembre 2004 pour examiner, après un rapport de la Commission européenne, si Ankara a respecté les critères européens en matière de démocratie et d'économie de marché.

M. Rasmussen, rejetant l'accusation de "deux poids et deux mesures" de son hôte, a rappelé que "la Turquie sera traitée comme tous les autres pays candidats, et une date d'amorce des négociations sera fixée lorsque ce pays respectera les critères politiques" de l'UE.

"Le respect de ces critères est une condition pour décider d'une telle date. Nous avons besoin maintenant de voir clairement une application des réformes adoptées en Turquie. Nous avons besoin de voir ces réformes non seulement sur le papier, mais traduites dans les faits, sur le terrain", a-t-il ajouté.

Il a observé que la Commission européenne fera une évaluation des progrès des pays candidats (la Bulgarie, la Roumanie et la Turquie) en octobre 2003, laissant entendre que la date d'ouverture de négociations pour Ankara ne serait pas fixée avant cette échéance. (AFP, 9 décembre 2002)
 

Turquie et Union européenne: les principaux arguments du débat

Partisans et détracteurs de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne s'affrontent à coups d'arguments géographiques, politiques, économiques ou culturels dont voici les principaux:

"La Turquie n'est pas un pays européen"

Le président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing, a été l'un des premiers à avancer cet argument, qui depuis a fait couler beaucoup d'encre. Pour l'ancien président français, la Turquie a "95% de sa population hors d'Europe" et sa "capitale n'est pas en Europe".

Ce point de vue n'a pas grande signification puisque la capitale économique et culturelle de la Turquie est Istanbul, située elle en Europe, rétorquent ses partisans. D'ailleurs, depuis la chute du mur de Berlin, l'ancienne Constantinople est redevenue la "capitale économique et commerciale de l'Europe du sud-est", écrit Kemal Dervis, ancien ministre turc. D'autres font également remarquer que la Turquie est membre du Conseil de l'Europe depuis 1949 et de l'Alliance atlantique depuis 1952 où sa fidélité n'a jamais été remise en cause.

Ce débat renvoit plus généralement à la question des frontières de l'Europe. Où s'arrête l'Europe ? Cette question délicate n'a jamais été tranchée et nombreux sont ceux qui, à l'instar de M. Giscard d'Estaing, estiment que la Turquie fournit l'occasion d'y répondre enfin franchement, en marquant une pause dans l'élargissement de l'UE.

Il est certes utile de se demander si le Belarus ou l'Ukraine ont leur place en Europe mais il est trop tard pour la Turquie, à qui l'UE a officiellement accordé en 1999 le statut de pays candidat, répondent les partisans d'Ankara.

"La Turquie est un pays peuplé et trop en retard économiquement"

La Turquie avec 66 millions d'habitants deviendrait dans 20 ans le pays le plus peuplé de l'UE, si elle devait la rejoindre, avec quelque 100 millions d'habitants.

Dans ces conditions, "nous n'allons quand même pas faire de la Turquie le premier pays démographiquement le plus peuplé de l'Europe avec les difficultés que nous connaissons actuellement, c'est impossible", déclarait récemment le maire de Marseille (sud de la france) Jean-Claude Gaudin.

Le revenu par habitant atteint à peine les deux tiers de celui de la République tchèque, l'économie est en pleine crise et la corruption est endémique. Ces facteurs sont autant d'incitations à une vague massive d'immigration turque en Europe, avertissent les détracteurs d'Ankara.

Le revenu turc par habitant est presque trois fois plus élevé que celui de la Roumanie, pays pourtant presque assuré de rejoindre l'Union européenne à l'horizon 2007, répondent ses partisans.

Quant aux difficultés économiques, l'entrée dans l'UE devrait lui permettre d'y remédier plus facilement et la "pulsion d'immigration" diminuerait alors d'autant, estime l'ancien Premier ministre français Michel Rocard.

"La Turquie est un pays musulman qui ne partage pas les mêmes valeurs que l'Europe"

La Turquie est un "Etat historiquement opposé à l'Europe", juge ainsi l'eurodéputé français Jean-Louis Bourlanges.

L'histoire est certes "semé de conflits opposant les Ottomans aux Européens, mais ces conflits n'ont pas été plus importants que ceux qui ont opposé les puissances européennes entre elles", rétorque Kemal Dervis. D'ailleurs, "l'empire ottoman était ancré autant, sinon plus, dans les Balkans qu'au Moyen-Orient", ajoute-t-il.

Derrière l'histoire ou la culture se cache surtout l'argument religieux, relèvent aussi les partisans d'Ankara, qui rappellent la nature laïque de l'Etat turc et dénoncent la tentation de faire de l'Europe un "club chrétien".

Faux, "l'Europe n'est pas l'exclusivité des peuples chrétiens", rétorque le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui, avec beaucoup d'autres sur le même thème, ont cherché à clore le débat sur la religion en citant la Bosnie-Herzégovine ou l'Albanie comme des exemples de pays musulmans ayant vocation à rejoindre l'Europe.

Les défenseurs d'Ankara soulignent encore sur ce sujet que rejeter la Turquie, ce serait rejeter le plus important, et presque le seul des pays musulmans véritablement laïcs, et se priver ainsi d'un médiateur entre l'Occident et l'Islam, au risque d'encourager ceux qui, dans le monde, préparent les nouvelles guerres de religion. (AFP, 9 décembre 2002)
 

Le Parlement turc adopte un nouveau projet de réformes pro-européennes

L'ensemble du Parlement turc, réuni en assemblée constitutionnelle, a adopté mardi un nouveau projet de réformes démocratiques visant à rapprocher la Turquie des critères politiques de Copenhague, à deux jours du sommet européen de l'Union Européenne (UE) qui se tiendra jeudi dans la capitale danoise.

Ces amendements constitutionnels, qui doivent être approuvés mercredi par les mêmes parlementaires en assemblée plénière, ont été adoptés tant par les députés du parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir que par ceux de l'opposition du parti républicain du Peuple (CHP, social-démocrate).

Les réformes prévues font suite à une une première série de trente-quatre modifications législatives présentées (bien: présentées) la semaine dernière pour favoriser l'intégration européenne de la Turquie, qui espère des 15 une date d'ouverture des discussions d'adhésion à l'UE.

Parmi les modifications prévues figure la restriction des clauses empêchant à un citoyen turc d'être candidat à la députation, disposition qui concerne le président de l'AKP, Recep Tayyip Erdogan, qui ne peut être Premier minstre en raison d'une ancienne condamnation pour "incitation à la haine religieuse".

Le nouveau texte indique que les candidats à une élection ne pourront avoir été condamnés pour des "actions terroristes", alors que la précédente loi stipulait des "actions idéologiques et anarchiques", sitpule l'agence de presse Anatolie.

 Cet amendement ouvre la voie à l'élection de M. Erdogan à l'Assemblée, à la suite de l'annulation d'un scrutin local qui va entraîner des élections législatives partielles à Siirt (sud-est) où il sera candidat, puis à sa nomination comme Premier ministre.

Une autre modification prévue concerne l'allègement des conditions donnant le droit de former un parti politique, et l'obligation pour la Cour constitutionnelle de réunir une majorité qualifiée de voix pour interdire les partis politiques.

Les autres amendements renforcent le secret professionnel des journalistes et des patrons de presse, et réduisent les condamnations contre les fondations des minorités non musulmanes.

Ce nouveau projet de réformes ne fait pas mention du cas de l'ancienne parlementaire kurde Leyla Zanab et de trois autres ex-députés condamnés à 15 ans de prison en 1994 pour des activités séparatistes liées à la rébellion kurde.

La Cour européenne des droits de l'Homme avait qualifié leur procès d'inéquitable et le Conseil de l'Europe avait demandé en janvier dernier à Ankara de réviser leur procès.

L'ensemble des amendements législatifs porte surtout sur le renforcement de la lutte contre la torture, avec des mesures plus répressives, et la défense des droits de l'Homme, avec la possibilité de poursuites contre les fonctionnaires incriminés sans l'autorisation préalable de leurs supérieurs. (AFP, 10 décembre 2002)
 

Le parlement turc reporte un vote sur l'adoption de nouvelles réformes

Le parlement turc a reporté mercredi soir un vote sur l'adoption de nouvelles réformes démocratiques, estimant nécessaire l'adoption préalable d'amendements constitutionnels s'y référant, rapporte l'agence Anatolie.

Alors que le parlement avait déjà adopté, point par point, une trentaine de nouvelles loi d'harmonisation avec les critères européens, portant notamment sur les droits de l'Homme et la lutte contre la torture, la commission constitutionnelle a brusquement retiré le projet.

Ce retrait s'explique, selon Anatolie, par le fait que des dispositions figurant dans les réformes législatives portent aussi sur les amendements constitutionnels.

De source parlementaire, on souligne cependant qu'il pourrait s'agir d'un "message" à l'Union européenne (UE), les députés turcs ayant préféré attendre les conclusions du sommet européen de Copenhague, jeudi et vendredi.

La Turquie réclame avec insistance du sommet une date, dès 2003, pour l'amorce de ses négociations d'adhésion à l'UE.

Le parlement avait adopté mardi soir à une très large majorité, en première lecture, ces réformes constitutionnelles portant sur les lois électorales, afin de permettre au chef du parti au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, d'être élu au parlement et de devenir Premier ministre.

Le parlement devrait adopter vendredi, en seconde lecture, ces amendements constitutionnels. (AFP, 11 décembre 2002)
 

Bush très insistant pour un geste en faveur de la Turquie

George W. Bush se montre très insistant pour convaincre les dirigeants de l'Union européenne (UE) de la nécessité d'ouvrir des négociations d'adhésion avec la Turquie lors de leur sommet de Copenhague qui commence jeudi.

Le président américain multiplie les appels téléphoniques aux principaux dirigeants européens. Mercredi, il a appelé le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, président en exercice du Conseil des ministres de l'UE, et le président français Jacques Chirac.

La veille, il avait reçu à la Maison Blanche Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti turc AKP au pouvoir, et profité de l'occasion pour lui affirmer: "Nous nous tenons à vos côtés dans votre désir de rejoindre l'Union européenne". Lundi, il avait appuyé la cause d'Ankara auprès du Premier ministre finlandais Paavo Lipponen en visite à Washington.

Les quinze dirigeants européens ne devraient toutefois pas fixer à Copenhague une date pour le début des négociations d'adhésion.

M. Rasmussen a indiqué mercredi après sa conversation avec George W. Bush que celui-ci "avait présenté des arguments concrets pour défendre" la candidature turque.

Mais il a ajouté avoir "clairement indiqué (à M. Bush) que pour obtenir une date de négociations avec l'Union, chaque candidat devait remplir certaines conditions bien déterminées, comme les critères de démocratie stable, d'Etat de droit, de respect des droits de l'Homme et des minorités".

"Le jour où la Turquie les respectera, on pourra démarrer les négociations", a-t-il dit.

L'appui apporté par les Etats-Unis aux ambitions européennes d'Ankara n'est pas nouveau. Mais leur souhait de pouvoir utiliser des bases militaires turques en cas d'opération militaire contre l'Irak les incitent à faire monter la pression sur les Quinze.

"Le président a fait part de sa rencontre très positive avec M. Erdogan à la Maison Blanche et exprimé son espoir que l'UE saurait saisir un moment historique pour répondre à la Turquie positivement et en faisant montre de vision", a souligné mercredi le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer en commentant la conversation entre MM. Bush et Rasmussen.

A propos de celle avec le dirigeant français, un autre porte-parole de la présidence américaine, Sean McCormack, a affirmé que "le président Chirac est d'accord avec le président Bush sur l'importance de cette question".

Mais la France et l'Allemagne se sont entendues pour proposer à leurs partenaires d'ouvrir sous conditions et seulement en juillet 2005 des négociations d'adhésion. Cette ouverture dépendrait des résultats fin 2004 d'un rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie en matière de démocratie et d'économie.

Paavo Lipponen, deux jours après ses entretiens avec le président Bush a la Maison Blanche, a affirmé mercredi depuis Helsinki qu'il "n'est pas possible de donner à la Turquie une date précise pour un début des négociations avec l'Union européenne, car elle ne remplit pas les critères de Copenhague" (institutions stables et démocratiques, respect des droits de l'homme, économie viable et concurrentielle, etc.).

"Et le Conseil européen ne peut pas prendre de décision non plus, car d'après les règlements, un rapport positif doit d'abord émaner de la Commission", a ajouté le dirigeant finlandais.

L'administration Bush devra sans doute se contenter de la part du Sommet européen de l'affirmation d'un "intérêt stratégique à maintenir la Turquie sur un cap de réformes orientées vers l'Occident", selon les termes employés mercredi par M. Rasmussen.

Quant à la manière dont Washington fait passer son message aux dirigeants européens, le Premier ministre danois s'est borné à indiquer que M. Bush lui avait souligné "qu'il ne devait pas et ne voulait pas s'immiscer dans les affaires internes de l'UE". (AFP, 11 décembre 2002)
 

Erdogan souhaite une adhésion à l'ALENA en cas d'un refus de l'UE!

Le chef du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré mercredi avoir proposé au président américain George W. Bush que son pays rejoigne la zone de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALENA) si son entrée à l'Union européenne (UE) était compromise.

"Si la Turquie se voit refuser d'adhérer à l'UE, ce ne sera pas la fin du monde", a-t-il dit, cité par l'agence Anatolie, lors d'un discours à l'adresse de Turcs expatriés rassemblés dans un local turc à New York.

"En cas d'un refus de l'UE, nous rechercherons une sortie. Dans ce contexte j'ai proposé au président Bush d'accepter la Turquie à l'ALENA", a-t-il dit.

Les dirigeants turcs sont de plus en plus pessimistes concernant un feu vert du sommet de l'UE à Copenhague, jeudi et vendredi, pour l'ouverture de négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, qu'ils réclament avec insistance pour 2003.

Mardi en recevant M. Erdogan à la Maison Blanche, le président américain a indiqué que son pays appuyait la Turquie dans ses efforts pour adhérer à l'UE.

Le Premier ministre turc Abdullah Gul a affirmé que son pays rejettera toute offre de l'UE pour l'ouverture de négociations d'adhésion en 2005, en référence à une proposition franco-allemande en ce sens. (AFP, 11 décembre 2002)
 

Ankara hausse le ton à la veille de Copenhague

Partagée entre angoisse et amertume, la Turquie a haussé le ton, mercredi, à la veille du sommet de Copenhague, affirmant son opposition à tout délai à des négociations d'adhésion avec l'UE et évoquant d'éventuelles mesures de représailles contre l'Europe.

"Nous rejetons absolument cette date", a déclaré au quotidien Milliyet le Premier ministre Abdullah Gul, commentant une proposition franco-allemande pour l'ouverture, sous conditions, de négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE en 2005.

"S'ils (les Quinze) prennent une telle décision, nous ne l'accepterons pas. Nous sommes résolus", a affirmé M. Gul, dont le pays réclame l'ouverture de négociations avec l'UE dès l'an prochain.

"Je ne veux pas offenser d'autres pays, mais nous ne tolérerons pas une telle chose, nous ne resterons pas dans la salle d'attente", a-t-il ajouté.

M. Gul, qui a quitté Ankara en fin d'après-midi pour le sommet de l'UE à Copenhague, a affirmé à son départ que la Turquie avait rempli tous les critères nécessaires à son entrée en Europe.

"Il n'y a pas d'excuses (pour l'Europe) à s'opposer à la Turquie, et si ces excuses demeurent, ce sera un signe de mauvaise foi", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Si le sommet a recours à "des stratagèmes" pour reporter les négociations, "nous défendrons l'honneur de la Turquie", a-t-il ajouté.

La Turquie craint de faire les frais d'une nouvelle donne, à partir de 2004, lorsque 10 nouveaux pays rejoindront le club européen, compliquant ses chances de satisfaire aux exigences de 25 membres.

Selon plusieurs journaux, le gouvernement turc envisagerait d'exclure les firmes françaises et allemandes d'appels d'offres en Turquie, notamment en matière d'armement, s'il n'obtient pas satisfaction à Copenhague.

"Préparation d'un plan d'action contre le tandem des deux têtus", affichait le quotidien pro-islamiste Yeni Safak à côté d'une photo des dirigeants français et allemand, Jacques Chirac et Gerhard Schroeder, auteurs de la proposition "2005".

La chambre de commerce d'Ankara a appelé pour sa part au boycottage de produits européens au cas où l'UE s'abstiendrait de fixer à Copenhague une date ferme pour l'amorce des négociations d'adhésion.

Et le chef du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan, est allé jusqu'à déclarer, lors de sa visite aux Etats-Unis, qu'Ankara chercherait à rejoindre l'ALENA (la zone de libre échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique) si son entrée à l'UE était compromise.

Les menaces de boycottage sont "régulièrement d'actualité en Turquie dès que leur fierté est blessée et qu'ils estiment devoir réagir", affirmait pour sa part un diplomate occidental.

Par ailleurs, Ankara a clairement fait entendre qu'on ne pouvait attendre de progrès sur la question de la réunification de Chypre ou de la politique européenne de sécurité et défense si l'UE ne répondait pas aux attentes d'Ankara.

Ankara s'oppose catégoriquement, pour le moment, à la conclusion d'un accord sur l'utilisation de moyens militaires de l'Otan par l'UE.

M. Gul avait récemment affirmé qu'une date pour la Turquie à Copenhague aiderait à la résolution du problème de la division de Chypre.

Mais, le dirigeant Chypriote-turc, Rauf Denktash, a affirmé mercredi soir à la télévision turque que sa délégation à Copenhague ne signerait pas l'accord cadre, récemment remanié, de l'ONU sur la réunification de l'île.

Et il a averti que les pressions internationales en cours nuisaient aux chances de parvenir à un accord.

Le parlement turc, qui devait adopter mercredi soir une série de nouvelles réformes démocratiques, notamment en matière de défense des droits de l'Homme et de lutte contre la torture, a brusquement ajourné ses débats en fin de journée. (AFP, 11 décembre 2002)
 

Une chambre de commerce turque envisage un boycottage de produits de l'UE

La chambre de commerce d'Ankara a appelé mardi à un boycottage de produits européens au cas où l'Union européenne (UE) s'abstiendrait de fixer à son sommet de Copenhague, jeudi et vendredi, une date ferme pour l'amorce des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE.

L'influente organisation d'hommes d'affaires a préparé un "plan d'action" en deux étapes qui sera mise en oeuvre au cas où la Turquie n'obtiendrait pas une date "acceptable" des Quinze à Copenhague, souligne un communiqué du président de la Chambre, Sinan Aygun, reçu à l'AFP.

Le premier volet du plan prévoit, en coordination avec d'autres ONG, un "arrêt de l'achat de biens et services provenant de pays de l'UE" et d'un appel aux Turcs à ne pas se déplacer pour des raisons touristiques dans les pays qui se prononceront contre une date pour leurs pays au sommet européen, selon le document.

Le deuxième volet du plan prévoit de faire pression sur le gouvernement turc pour une révision de l'accord d'union douanière Turquie-UE, en vigueur depuis 1996, et enfin un retrait de la demande d'adhésion de la Turquie à l'UE au cas où aucun progrès ne serait enregistré en faveur de la candidature turque dans un délai de six mois.

La chambre propose en dernier recours que la Turquie puisse signer un accord de libre commerce avec les Etats-Unis, son allié traditionnel.

Selon la presse turque, le gouvernement turc menacerait d'exclure les firmes françaises et allemandes d'appels d'offres en Turquie, notamment en matière d'armement, s'il n'obtient pas satisfaction à Copenhague.

Paris et Berlin ont proposé une ouverture, sous conditions, de négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE en 2005, alors que la Turquie les réclame avec insistance pour 2003. (AFP, 11 décembre 2002)
 

Réformes: le Conseil de l'Europe attend la Turquie sur le terrain

La Turquie, désireuse d'accéder à l'Union européenne, proclame être prête à se mettre aux normes en matière de respect des droits de l'Homme, mais leur application restera à prouver, avertissent des experts du Conseil de l'Europe alors que s'ouvre le Sommet européen de Copenhague.

Signe que tout ne va pas tout seul, même sur le plan législatif, le parlement turc a reporté mercredi soir un vote sur l'adoption de nouvelles réformes démocratiques en invoquant la nécessité d'amendements constitutionnels préalables.

"Il ne suffit pas de voter des lois, il faut aussi les appliquer", souligne de toute façon Mady Delvaux, membre de l'Assemblée parlementaire (PS-Luxembourg) et rapporteur pour la Turquie, membre de l'organisation paneuropéenne depuis 1949.

Il est vrai que le Conseil de l'Europe scrute à la loupe depuis des années les atteintes aux droits de l'homme en Turquie et sait qu'il y a souvent loin des intentions aux actes.

Tortures, disparitions, homicides, destructions de biens par les forces de sécurité ont été condamnés par une quarantaine d'arrêts de la Cour européenne des droits de l'Homme qui en tout a rendu 430 décisions concernant ce pays depuis 1996. Le Comité de prévention de la torture (CPT) a pour sa part effectué 13 visites, notamment dans les prisons turques, depuis 1990.

"La Turquie doit accepter le fait qu'il reste du travail à réaliser pour consolider les institutions démocratiques et protéger les droits de l'Homme. Au sommet de Copenhague, il faudrait dire à la Turquie qu'elle est entrée dans le jeu, mais aussi que la balle est dans son camp", a souligné le président de l'Assemblée parlementaire, Peter Schieder.

Le "test" sur la réelle volonté de changement de la Turquie "sera l'application concrète" des mesures annoncées. "Beaucoup dépendra de l'attitude des juges et des tribunaux", souligne un expert des droits de l'Homme au Conseil de l'Europe, sous couvert de l'anonymat.

Un autre fonctionnaire évoque pour sa part le poids de la "tradition" et la "lente évolution des mentalités depuis Atatürk", fondateur, sur les ruines de l'empire Ottoman, de la République turque moderne et laïque en 1923.

Le 10 juillet, le Comité des ministres du Conseil constatait, dans une résolution d'une rare sévérité, "le nombre considérable d'allégations de formes graves de mauvais traitements rapportées dans les régions du sud-est" à majorité kurde.

A eux seuls, les affrontements dans cette région, où l'Etat d'urgence imposé depuis 15 ans vient d'être levé fin novembre, ont donné lieu à de nombreuses accusations de violations des droits de l'Homme à l'encontre des autorités.

Dans ce cadre, le Conseil de l'Europe attend notamment que les nouvelles réformes législatives permettent de rejuger d'anciens parlementaires, dont Mme Leyla Zana, condamnés en 1994 à 15 ans de prison pour aide aux rebelles séparatistes kurdes. Leur procès avait été qualifié d'inéquitable par la Cour européenne des droits de l'Homme.

Pourtant, dans certains domaines comme l'abolition de la peine de mort et l'octroi de droits culturels aux Kurdes cet été, le délai des gardes à vue ramené de 15 à 4 jours ou la composition de la Cour de sûreté de l'Etat, des efforts ont été constatés.

En outre, depuis le début de l'année, une quarantaine de procès se sont terminés par des règlements à l'amiable où la Turquie a fait amende honorable en reconnaissant ses torts. (AFP, 12 décembre 2002)
 

Les 15 ont manifesté leur irritation après les pressions turques et américaines

En refusant d'accélérer le mouvement sur la candidature turque à l'UE, les dirigeants européens ont pris le risque de mécontenter à la fois Ankara et Washington mais ils ont aussi clairement signifié leur volonté de résister aux pressions.

Réunis en sommet à Copenhague, les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze se sont mis d'accord jeudi soir pour attendre jusqu'en décembre 2004 avant de décider s'ils ouvriraient ou non des négociations d'adhésion avec la Turquie.

Ils ont ainsi approuvé l'essentiel d'une proposition franco-allemande vivement critiquée par Ankara qui la jugeait bien en deçà de ses aspirations.

Durant le dîner des Quinze qui a tranché la question, "un fort sentiment d'irritation l'a finalement emporté à l'égard de l'attitude de ces derniers jours de la Turquie et des Etats-Unis", a-t-on appris de source proche de la rencontre.

Même les plus fervents partisans de la cause d'Ankara, comme le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, "ont dû reconnaître que cela n'était pas acceptable", a ajouté cette source.

Selon un participant à la rencontre parlant sous couvert de l'anonymat, le président français Jacques Chirac a été le plus virulent vis-à-vis de la Turquie qu'il a accusée de "chantage".

"M. Chirac a expliqué qu'il était certes important que les candidats à l'Union apprennent l'esprit communautaire, mais qu'il était encore plus important qu'ils agissent de manière éduquée et civilisée", a rapporté ce participant.

Après avoir réagi dans un premier temps avec une certaine prudence, la délégation turque présente en force à Copenhague a laissé éclaté vendredi sa colère, qu'elle a dirigée en priorité contre M. Chirac.

Par l'intermédiaire d'un de ses conseillers, le Premier ministre turc Abdullah Gul a "profondément regretté" l'attitude du président français, estimant qu'il avait influencé négativement la décision finale des Quinze.

M. Gul a aussi fait savoir que la date de décembre 2004 était "impossible à accepter" pour la Turquie.

Il devait s'entretenir directement vendredi en milieu de journée à Copenhague, à sa demande, avec M. Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schroeder, la rencontre ayant malgré tout été maintenue.

A l'approche du sommet, les dirigeants turcs avaient multiplié les déclarations aux accents menaçants pour mettre en garde l'UE contre une décision qui ne leur serait pas favorable.

Selon plusieurs journaux, le gouvernement turc a même envisagé d'exclure les firmes françaises et allemandes d'appels d'offres en Turquie, notamment en matière d'armement, s'il n'obtenait pas satisfaction.

Le président George W. Bush a aussi fait l'objet jeudi soir de critiques peu amènes de la part des dirigeants européens, en particulier du chancelier allemand Gerhard Schroeder, pour la manière dont il s'était saisi du dossier de l'adhésion turque à l'UE, a-t-on indiqué de sources diplomatiques.

Le président américain avait plaidé la cause d'Ankara de manière ostentible en multipliant les appels téléphoniques aux principaux dirigeants européens.

"Nous nous tenons à vos côtés dans votre désir de rejoindre l'Union européenne", avait-il publiquement assuré en début de semaine au chef du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan.

L'appui apporté par les Etats-Unis à Ankara n'est pas nouveau. Mais leur souhait de pouvoir utiliser des bases militaires turques en cas d'opération militaire contre l'Irak les ont visiblement incités à faire monter la pression sur les Quinze.

"Il n'appartient pas au président américain d'interférer dans une décision européenne", avait rétorqué jeudi la ministre française à l'Industrie Nicole Fontaine. (AFP, 13 décembre 2002)
 

Tension entre Paris et Ankara après la décision de l'UE sur la Turquie

L'échec d'Ankara au sommet européen de Copenhague, qui n'a pas obtenu de voir examiner sa candidature à l'UE avant fin 2004, a provoqué une forte tension entre la Turquie et la France, accusée par les Turcs d'avoir joué un rôle majeur dans ce revers.

Le premier ministre turc, Abdullah Gul, homme lige du vainqueur des dernières élections législatives, Recep Tayyip Erdogan, chef du parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, a laissé éclater sa mauvaise humeur en marge du sommet.

M. Gul, selon un de ses conseillers, a accusé la France d'avoir influencé négativement la décision des Quinze de repousser à décembre 2004 une décision sur l'ouverture de négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE et a "profondément regretté" l'attitude du président français Jacques Chirac, lors d'un entretien avec le Premier ministre britannique Tony Blair.

Ankara avait auparavant multiplié les interventions, insistant pour que des négociations commencent si possible dès 2003 ou au plus tard début 2004.

Mais M. Chirac a fait preuve d'une grande fermeté, tenant à ce que soit maintenu un délai de deux ans avant d'apprécier les progrès de la Turquie en matière de démocratisation et de stabilisation de l'économie de marché.

Ankara a toutefois du s'incliner à Copenhague où le Premier ministre suédois Goeran Persson a annoncé, en marge du sommet, que la décision de l'Union européenne d'examiner fin 2004 la demande d'adhésion de la Turquie "n'est plus négociable".

La polémique, déjà ancienne, sur une éventuelle entrée de la Turquie dans l'Union européenne est revenue au premier plan après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis.

La guerre, lancée par Washington contre les islamistes radicaux, a remis à l'ordre du jour les interrogations sur la capacité de la Turquie, où plus de 90% de la population est musulmane, d'obtenir un statut de véritable démocratie.

Ces doutes, souvent silencieux, ont été pour la première fois exprimés à haute voix par un personnage-clé de l'intégration européenne, l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, désormais président de la Convention sur l'avenir de l'Europe.

Dans une interview début novembre à l'influent quotidien français Le Monde, M. Giscard d'Estaing a estimé que l'entrée de la Turquie dans l'UE signifie purement et simplement "la fin de l'Union européenne".

En cela, M. Giscard d'Estaing a semblé en phase avec l'opinion française puisque, selon un récent sondage, quelque 58% des Français sont opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE).

La Turquie est certes "un pays proche de l'Europe, un pays important, qui a une véritable élite, mais ce n'est pas un pays européen", avait dit M. Giscard d'Estaing.

Pour atténuer l'effet de ce pavé dans la mare, un porte-parole de la Commission européenne avait souligné que M. Giscard d'Estaing avait émis une "opinion personnelle", tout en réaffirmant que Bruxelles n'avait pas l'intention de revenir sur le statut de candidat, donné à la Turquie au sommet européen d'Helsinki en 1999.

 Le gouvernement français avait lui aussi tenté de calmer les esprits. La Turquie a "toute sa place en Europe", avait dit le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, en soulignant toutefois qu'elle serait jugée "sur ses actes".

 Les rapports entre la France et la Turquie s'étaient nettement dégradés après l'adoption par le parlement français, début 2001, d'une loi reconnaissant comme "génocide" le massacre des Arméniens au début du XXe siècle dans l'empire ottoman. Ankara avait manifesté sa colère et la tension entre les deux pays avait duré près d'un an. (AFP, 13 décembre 2002)
 

La presse turque "déçue" du revers infligé à la Turquie par l'UE

La presse turque affichait sa déception vendredi après que l'Union européenne eut repoussé à décembre 2004 une décision sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie, malgré les espoirs d'Ankara de rejoindre l'UE au plus vite.

"Encore une déception", titrait à la Une le journal de centre-gauche Cumhuriyet, soulignant qu'une fois que les 10 autres pays candidats auront été intégrés à l'UE, en mai 2004, il sera plus difficile à la Turquie d'entamer des négociations.

Entérinant un scénario proche de celui proposé par le couple franco-allemand, les Quinze ont décidé d'attendre décembre 2004 pour évaluer, sur la base d'un rapport de la Commission européenne, les avancées démocratiques turques.

"C'est pour 2005", titrait le journal à gros tirage Hurriyet, en parlant de l'ouverture de négociations.

Selon Hurriyet, la Turquie n'a pas obtenu ce qu'elle souhaitait, mais elle peut encore jouer la "carte chypriote" pour obtenir des changements dans la position des Quinze.

La Turquie lie la résolution du conflit chypriote à l'obtention d'une date ferme, dès 2003, pour l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE.

"L'UE rend les choses difficiles", soulignait le journal populaire Aksam, affirmant que les Quinze n'ont pas été "justes" envers la Turquie, et qualifiant le sommet européen de "fiasco".

Selon le quotidien, la décision conditionnelle de l'UE rend difficile un règlement du dossier chypriote.

"Il s'agit vraiment de l'un des plus mauvais résultats que pouvait obtenir la Turquie, personne ne s'y attendait", estimait de son côté l'éditorialiste du journal libéral Radikal.

Il relève que la Turquie n'a pas su gérer le problème chypriote pendant des années et que "Chypre constitue le plus grand obstacle" à l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Un autre éditorialiste de ce journal estime que des changements peuvent encore intervenir en faveur de la Turquie après une rencontre trilatérale, prévue vendredi en milieu de journée en marge du sommet, entre les dirigeants turcs, le chancelier allemand Gerhard Schroeder et le président français Jacques Chirac.

Il souligne que les diplomates turcs et européens travaillent sur une formule qui puisse satisfaire la Turquie.
 Celle-ci consisterait à ne pas impliquer les 10 prochains membres de l'UE dans une décision sur la Turquie.

Sabah (populaire) impute la décision européenne à l'intransigeance du dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash qui refuse de signer un accord cadre à Copenhague sur la réunification de l'île, comme le lui demandent l'ONU et les Européens.

M. Denktash, qui a subi une opération du coeur aux Etats-Unis en octobre, devait quitter vendredi après-midi l'hôpital où il se trouve actuellement à Ankara pour se reposer pendant plusieurs jours au palais présidentiel turc. (AFP, 13 décembre 2002)
 

Le gouvernement turc veut accélérer la mise en oeuvre de réformes

Le gouvernement turc, issu de la mouvance islamiste, veut accélérer la mise en oeuvre de réformes démocratiques pour que le pays adhère au plus vite à l'Union européenne (UE) et pour asseoir son autorité face aux autorités laïques, civiles et militaires, toujours méfiantes à son égard.

Le Premier ministre, Abdullah Gul, de retour du sommet de l'UE à Copenhague, a fait part de sa détermination à "tout faire pour avancer la date" de décembre 2004 fixée par l'UE pour évaluer la candidature de la Turquie avant de négocier son adhésion.

Si la Turquie prouve d'ici à décembre 2004 qu'elle est un pays démocratique, "l'Union européenne ouvrira sans délai des négociations d'adhésion", ont affirmé les Quinze à Copenhague.

 "Nous ferons tous pour avancer la date du rendez-vous que l'Union européenne nous a fixée", a promis M. Gul, cité par l'agence Anatolie.

"Tout dépend de nous désormais, en mettant bon ordre dans ses affaires, la Turquie aura plus de moyens de faire pression sur l'UE", a-t-il estimé.

Depuis sa victoire aux élections du 3 novembre, le parti de la Justice et du Développement (AKP) n'a eu de cesse d'affirmer son attachement aux valeurs démocratiques et à l'alignement traditionnel du pays avec l'Occident.

Fort d'une majorité absolue au parlement, l'AKP a multiplié les projets de réformes législatives qu'il se fait fort d'adopter d'ici la fin de l'année.

Jusqu'à présent, l'AKP a d'ailleurs bénéficié d'une lune de miel politique, en raison de son franc succès aux élections, mais aussi parce que tout le pays s'est rangé à son côté pour défendre la cause nationale européenne, dans l'attente de Copenhague.

Le parti d'opposition laïc Républicain du Peuple (CHP), par exemple, a voté, quasiment comme un seul homme, en faveur des premières réformes législatives et constitutionnelles.

Mais l'après-Copenhague pourrait voir resurgir les divisions.

Nombre d'opposants au gouvernement craignent que l'AKP cherche à promouvoir une politique "islamiste", sous couvert d'alignement avec les normes démocratiques européennes.

Le débat sur le port du foulard islamique -interdit dans les universités et la fonction publique- en témoigne.

Le gouvernement a laissé entendre que son port fait partie des libertés individuelles, souhaitées par l'UE, alors que le système judiciaire affirme qu'il est contraire à la Constitution, car visant, avant tout, à la remise en cause du système laïc d'un pays, à 99% musulman.

Lors d'une récente réunion entre M. Gul et les chefs d'état-major, les généraux auraient d'ailleurs mis en garde le Premier ministre contre un nouveau débat sur le foulard et exigé que les "militants islamistes" soient exclus de l'administration, selon la presse.

L'influence des militaires, qui se sont adjugé le rôle de garants de la Constitution, est très importante en Turquie, où ils ont conduit trois coups d'Etat depuis 1960. Et en 1997, ils se sont débarrassés du premier gouvernement islamiste du pays par de lourdes pressions.

Un contrôle plus strict des autorités militaires par les civils fait partie des conditions de l'UE pour l'adhésion de la Turquie.

"Le plus difficile travail sera de subordonner l'état-major au ministère de la Défense", relevait d'ailleurs dimanche le journal Radikal en parlant des réformes à instituer.

"Il nous faut accepter l'idée que les deux années à venir pourront mener à de plus grandes difficultés", estimait dimanche le quotidien Hurriyet.

"Car il faut comprendre que ce sera une période de test où l'Europe va surveiller la mise en place des réformes (...) Chaque pas que fera la Turquie, chaque jugement de tribunal, chaque action de police, chaque décision administrative sera examiné à la loupe par l'UE".

Et "l'un des sujets qui sera surveillé de près sera la question de l'armée" et le rôle du Conseil de sécurité nationale, organe qui regroupe les chefs d'états-majors et les principaux ministres, et dont les avis, quoique informels, sont toujours retenus par le gouvernement. (AFP, 15 décembre 2002)
 

La présidence turque "pas surprise" et "pas contente" de Copenhague

La présidence de la République turque a estimé samedi qu'elle ne considérait pas les conclusions du sommet européen de Copenhague comme une "surprise", et qu'elle n'en était "pas contente", a déclaré son porte-parole cité par Anatolie.

"La décision (des Quinze) n'a pas été une surprise" du point de vue du Président Ahmet Necdet Sezer, a indiqué Tacan Ildem lors d'une conférence de presse au Palais présidentiel.

"Personnellement, le Président de la République n'est pas content de la décision car elle est en-deçà de nos attentes", a également dit M. Ildem.

Le porte-parole de la Présidence turque a rappelé que le chef de l'Etat n'avait pas fait le déplacement de Copenhague parce qu'il avait acquis "la certitude qu'il ne sortirait pas du sommet européen la décision d'ouvrir les discussions en 2003".

"La décision d'hier (vendredi) a été prise sous l'influence de l'axe franco-allemand, particulièrement de l'Allemagne pour des raisons de politique intérieure", a encore dénoncé M. Ildem au nom du Président Sezer.

Le chef de l'Etat turc a également fustigé la décision des Quinze d'inviter Chypre à rejoindre l'Union, alors qu'il "aurait fallu dire qu'il ne devait pas être question d'une intégration (de la République de Chypre) avant que les négociations n'aboutissent à une solution au problème de Chypre", a fait savoir son porte-parole.

Si la Turquie prouve d'ici à décembre 2004 qu'elle est un pays démocratique, "l'Union européenne ouvrira sans délai des négociations d'adhésion avec ce pays", ont décidé les Quinze, réunis jeudi et vendredi dans la capitale danoise, une décision qui semble satisfaire le gouvernement turc malgré ses exigences d'un rendez-vous en 2003. (AFP, 14 décembre 2002)
 

L'Islande contre l'entrée de la Turquie dans l'Espace économique européen

Le ministre islandais des Affaires étrangères Halldor Asgrimsson a critiqué mardi l'idée selon laquelle l'Espace économique européen pourrait devenir l'antichambre de l'Union européenne, rejetant par là-même l'entrée de la Turquie dans l'EEE.

"L'Union européenne ne peut pas évidemment augmenter le nombre d'adhérents à l'EEE sans l'approbation des Etats déjà membres", a déclaré le ministre dans un entretien avec le quotidien Morgunbladid paru mardi, critiquant une idée lancée par le président de la Commission européenne Romano Prodi lors du sommet européen de Copenhague, et qui pourrait concerner la Turquie, mais aussi le Bélarus, l'Ukraine ou la Moldavie.

"Je trouve que ces idées montrent une certaine méconnaissance de la nature de l'EEE. L'EEE implique la liberté de circulation des biens et des personnes entre les pays: je ne vois pas comment il pourrait concerner la Turquie à moins de changer la nature même de l'EEE", a précisé M. Asgrimsson, ajoutant que ces idées n'avaient pas été discutées formellement au sein de l'Association économique de libre échange (AELE) qui forme l'EEE avec les pays de l'UE (Suisse exceptée). (AFP, 17 décembre 2002)
 

Pour les Européens, la Turquie a encore beaucoup à faire

Abolir dans les faits la torture et revoir la place de l'armée dans la société turque : plusieurs responsables européens ont souligné mercredi au Parlement de Strasbourg l'ampleur des efforts qui restent à accomplir par Ankara avant d'engager des négociations d'adhésion avec l'Union Européenne (UE).

"Les réformes sur le papier ne suffisent pas. Encore faut-il que personne ne meure suite à des tortures dans une prison turque. C'est cela qui compte", a résumé le commissaire européen à l'Elargissement, Guenter Verheugen.

Le sommet de Copenhague a donné rendez-vous à l'Union fin 2004 pour se décider sur l'ouverture éventuelle des négociations d'adhésion avec la Turquie, en fonction des réformes mises en oeuvre par Ankara à cette date. La Turquie, candidate à l'UE depuis 1999, réclamait une date beaucoup plus rapprochée.

Mais pour les Européens, l'adoption en ce moment par la Turquie de lois conformes aux dispositions de l'Union doit s'accompagner de leur application effective dans les coins les plus reculés du pays.

"Il faut d'abord que les conditions politiques soient remplies", a ajouté Guenter Verheugen en faisant référence aux critères de respect de la démocratie et des droits de l'Homme, ainsi que des minorités, définis par les Européens pour pouvoir prétendre à l'adhésion à l'Union. "Ensuite, seulement, on pourra décider du début des négociations", a poursuivi le commissaire.

"Nous n'avons pas donné de promesse d'adhésion" à la Turquie, a souligné le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen. Pour le président en exercice de l'Union, "il n'est pas question d'accorder un traitement particulier à la Turquie, dans quelque sens que se soit".

Au lendemain du sommet de Copenhague, les Européens insistent sur le fait qu'Ankara doit intensifier ses réformes et les mettre en oeuvre.

"En Turquie, ce qui manque, c'est une démocratie, à savoir que le pouvoir civil ait la suprématie sur le pouvoir militaire. Et c'est là la question clef. C'est la question que nous devrons poser à nos amis turcs", a lancé Enrique Baron Crespo, le président du groupe socialiste (PSE) au Parlement européen.

L'armée turque s'exprime sur les principales questions touchant à la sécurité intérieure et extérieure du pays par l'intermédiaire du Conseil national de sécurité.

Les recommandations de cet organisme, en théorie purement consultatif, sont en fait toujours scrupuleusement suivies par le gouvernement.

"Quelques changements formels ne suffiront pas à transformer en profondeur la place de l'armée dans la société turque", a estimé Ari Oostlander (PPE, centre-droit).

Enrique Baron Crespo a estimé que les Turcs avaient "perdu une grande occasion" en ne laissant pas une ancienne députée kurde, Leyla Zana, emprisonnée en Turquie, venir mardi à Strasbourg à l'occasion du 15ème anniversaire du prix Sakharov pour la liberté de pensée, décerné par le Parlement européen et dont elle fut lauréate en 1995.

La Turquie peut manifester aussi sa volonté européenne sur la question chypriote en contraignant les Chypriotes turcs à renoncer à leur "politique de blocage" vers une réunification de l'île, a souligné Jacques Poos (socialiste).

Le député a invité Ankara à frapper "un grand coup sur la table" à l'adresse du dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash, montrant ainsi que "sa volonté proclamée de persévérer sur sa voie européenne est bien réelle".

Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, Elmar Brok, a préconisé enfin un "partenariat" privilégié avec la Turquie, estimant que "la cohésion" de l'Union sera mise à l'épreuve avec les "futurs élargissements". (AFP, 18 décembre 2002)
 

Des "conseillers pré-adhésion" attendus en 2003 dans les ministères turcs

Une douzaine au moins de "conseillers pré-adhésion", venus des administrations des Etats membres de l'Union, vont être détachés en 2003 dans les ministères turcs pour aider Ankara à se préparer aux dispositions européennes, a-t-on annoncé vendredi à Bruxelles.

C'est la première fois que de tels conseillers, appelés aussi "jumeaux", proposeront leurs services pour la Turquie. Cette méthode "très réussie" a déjà été appliquée dans les douze autres pays candidats, a précisé la Commission européenne dans un communiqué.

Les "jumeaux", détachés pendant un an ou deux, aident les pays candidats à aligner leurs pratiques législatives sur celles de l'Union européenne, selon la Commission.

L'envoi de ces "conseillers pré-adhésion" est prévu dans le cadre d'un programme d'assistance financière pré-adhésion de 126 millions d'euros.

Les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont décidé le 13 décembre, au sommet de Copenhague, de se retrouver fin 2004 pour se prononcer sur l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec la Turquie. La décision dépendra des réformes réalisées à ce moment par Ankara.

Le sommet de Copenhague "a admis que l'assistance financière pré-adhésion à la Turquie serait sérieusement étoffée à partir de 2004", relève la Commission. (AFP, 20 décembre 2002)
 

Jacques Delors met en garde contre un rejet de la candidature turque

L'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, a mis en garde contre un rejet de la Turquie dans sa candidature à l'Union européenne (UE), dans un entretien au quotidien belge francophone Le Soir publié samedi.

"Aujourd'hui, après ce que l'on a promis, dire non à la Turquie serait contribuer à des rancoeurs, à des divisions, à des mouvements de masse qui mettent en danger la paix et la compréhension mutuelle entre les habitants de la planète", a estimé Jacques Delors.

"Si la grande Europe comporte demain plus de trente pays, parce que j'espère vraiment que les pays de l'ex-Yougoslavie nous rejoindront... je pense aussi que la Turquie en sera", a-t-il ajouté.

Il appartient toutefois à la Turquie "de remplir les conditions mises à l'adhésion de tout pays et notamment une démocratie pluraliste, respectueuse des droits de l'homme et de la femme".

La Turquie a le statut de candidate à l'UE depuis 1999. Le sommet européen de Copenhague a décidé le 13 décembre que les responsables de l'Union se prononceront fin 2004 sur l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec Ankara. La Turquie réclamait une échéance plus proche pour une telle décision.

Interrogé sur la Convention sur l'avenir de l'Europe, Jacques Delors a estimé que ce forum avait "gagné la partie" en s'imposant aux gouvernements, mais il s'est montré prudent sur ses résultats.

"La Convention a gagné la partie, a-t-il dit. Beaucoup de gouvernements l'ont acceptée parce qu'ils ne pouvaient pas la refuser; mais aujourd'hui tous sont obligés de s'y intéresser".

"Arrivera-t-elle à un consensus sur un projet de traité constitutionnel? Je peux le souhaiter, mais pas dire si cela se fera", a-t-il ajouté aussitôt.

La Convention, présidée par Valéry Giscard d'Estaing, doit remettre son projet de Constitution en juin 2003, avant la tenue d'une Conférence intergouvernementale (CIG) qui aura le dernier mot.

L'ancien président de la Commission européenne a enfin plaidé pour le concept de la "différenciation" au sein de l'Union. "Je pense que la différenciation reste 'le concept' pour avancer. C'est-à-dire la possibilité pour certains pays d'aller plus vite ou plus loin dans certains domaines". (AFP, 27 décembre 2002)
 

Relations avec Chypre et la Grèce/Relations with Cyprus and Greece
 

Après Copenhague, les Chypriotes turcs sont en colère la domination d'Ankara

"Que va-t-il advenir des Chypriotes turcs?" Cette question inquiète la communauté turcophone de Chypre, île divisée depuis trois décennies, au lendemain d'un sommet européen conclu sans accord sur la réunification du pays.

Vendredi à Copenhague, les Quinze ont invité la République de Chypre, la partie chypriote grecque internationalement reconnue, à intégrer l'Union européenne (UE) à partir de mai 2004, malgré la division de l'île depuis 1974, à la suite d'une intervention militaire turque répondant à un coup d'Etat visant à rattacher l'île de Méditerranée orientale à la Grèce.

Le sentiment d'isolement est plus fort que jamais pour cette population au ban de la communauté internationale, et la presse locale aussi bien que celle de Turquie s'en fait l'écho depuis plusieurs jours.

"Attention à Chypre!", prévenait dimanche l'éditorialiste Emin Colasan dans le journal turc Hurriyet, constatant que "se tiennent des meetings politiques où les manifestants agitent des drapeaux européens".

Cela veut dire que "les Chypriotes turcs vont se diviser, certains ne renonçant pas à défendre l'intérêt national, d'autres étant prêts à se jeter dans les bras des Chypriotes grecs pour gagner plus d'argent et le droit de circuler librement", estime cet eurosceptique.

Plusieurs quotidiens revenaient sur la manifestation pro-européenne qui s'est déroulée vendredi soir dans la partie nord, turque, de Nicosie avec des drapeaux fleuris d'une île de Chypre sans ligne de démarcation, lancée quasi spontanément après l'annonce par le fils du dirigeant chypriote turc Rauf Denktash d'un accord avec la partie sud.

Ce geste en direction d'un règlement politique à la division de l'île, en marge du sommet de Copenhague, a ensuite été démenti par M. Denktash père.

Le journal chypriote turc Kibris publiait ce week-end une photo de la manifestation qui a réclamé la démission du vieux leader, actuellement hospitalisé à Ankara, et la signature d'un accord avec les Chypriotes grecs pour accéder à l'UE.

"La route de l'Europe s'est ouverte pour la Turquie, Chypre sud est devenue membre, que va-t-il advenir des Chypriotes turcs?", se demande Kibris.

"Là-bas c'est la fête, ici c'est la désolation", écrit Hurriyet, comparant l'ambiance dans la partie sud de Chypre, invitée à faire partie de l'UE, et la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie), toujours plus isolée.

Pour le journal d'opposition Afrika, "les Chypriotes grecs sont membres de l'Union européenne, nous, prisonniers de la Turquie, nous sommes les seuls à être oubliés".

"Chypre a depuis hier rejoint le continent européen. Mais une partie de ces terres sont sous occupation du candidat futur qu'est la Turquie", note Afrika.

L'intransigeance de Rauf Denktash, appuyé par la Turquie, semble de plus en plus dépassée et critiquée par la société civile et l'opposition politique.

"Si l'on donnait à la population la possibilité de se prononcer, elle signerait immédiatement un accord avec le sud", affirme Muharrem Faiz, directeur du Centre de recherches sociales et d'éducation de Chypre, dans une interview à l'AFP.

"Tout le monde est prêt à tout partager avec les vosins grecs, mais l'idéologie officielle se raccroche au prétexte de la souveraineté dont personne n'a rien à faire", constate-t-il.

Dans son édition de dimanche, Kibris se raccroche à l'espoir qu'une solution puisse être trouvée "d'ici au 28 février", date fixée par les Nations unies pour répondre à son projet de plan de paix pour Chypre.

Kibris se faisait également l'écho, dimanche, d'un appel à la démission "immédiate" de M. Denktash par le parti républicain de Chypre turque (CTP). (AFP, 15 décembre 2002)
 

La Turquie dénonce la décision de l'UE d'inviter Chypre

La Turquie a dénoncé mercredi la décision de l'Union européenne d'inviter la seule partie grecque de Chypre --internationalement reconnue-- à la rejoindre en mai 2004, malgré la division de l'île, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le document qualifie d'"inacceptable" du point de vue politique et juridique la décision des Quinze prise lors du sommet européen de Copenhague, la semaine dernière, d'inviter Chypre à rejoindre l'UE.

"L'UE n'a nullement le droit de prendre des décisions unilatérales sur l'avenir de Chypre en violation des traités internationaux et de créér des obligations internationales", souligne le communiqué.

Pour la Turquie, les Chypriotes-grecs ne représentent pas les Chypriotes-turcs qui ont créé en 1983 la République turque de Chypre du nord (RTCN), que seule la Turquie reconnaît.

"Il n'existe pas à Chypre un seul Etat, gouvernement ou parlement représentant l'intégralité de l'île", précise le document.

Chypre est divisée depuis 1974 à la suite d'une intervention militaire turque qui répondait à un coup d'Etat visant à rattacher l'île de Méditerranée orientale à la Grèce.

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères a été diffusé au moment même où s'ouvrait une réunion, à la présidence turque, des principaux dirigeants civils et militaires du pays, ainsi que du dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash, pour discuter de la politique à suivre à Chypre.

"Il existe aujourd'hui à Chypre deux communautés séparées et deux systèmes démocratiques créés par ces dernières, ainsi que deux systèmes juridiques et deux Etats", indique le document, mettant l'accent sur la souveraineté de la RTCN.

La Turquie soutient la poursuite des négociations sur la base du plan soumis en novembre aux deux parties chypriotes par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et souhaite la conclusion d'un accord prévoyant la création d'un "nouveau partenariat" reposant sur l'égalité et la souveraineté des deux parties, ajoute le texte.

Les efforts de l'Onu pour trouver un compromis à l'arraché entre Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs au sommet de Copenhague s'étaient soldés par un échec.

L'UE souhaite désormais que les Chypriotes parviennent à un accord de réunification d'ici au 28 février, sur la base du plan onusien qui appelle à la mise en place d'une confédération sur le modèle helvétique.

M. Denktash, 78 ans, absent de Copenhague en raison de son état de santé, s'était affirmé prêt à négocier le plan de paix de l'ONU, tout en émettant d'importantes réserves.

Les Chypriotes-grecs ont également fait part d'objections. (AFP, 18 décembre 2002)
 

Turkish Cypriot rally calls for end to division

About 30,000 Turkish Cypriots took to the streets of Nicosia yesterday, calling for reunification with the Greek Cypriot majority and pressing for the resignation of their leader.

Public employees refused to work, increasing the pressure on Rauf Denktash to agree to a UN plan that could see a united Cyprus join the European Union in April 2004.

"Yes to a solution by February 28," the demonstrators chanted, invoking a deadline that the UN Secretary General Kofi Annan has set for acceptance of the UN plan.

Their protest is thought to have been the biggest yet in the state that is recognised only by Turkey.

"Yes to a Cyprus settlement and the EU," they shouted, in defiance of the authorities who have prohibited public debate of the breakaway territory's future.

Protestors waved blue European Union flags and demanded the resignation of the 78-year-old Mr Denktash as riot police looked on.

"Resign! Resign! You do not represent the Turkish Cypriots," they chanted.

The demonstration coincided with the third day of a hunger strike by prominent members of the Turkish Cypriot opposition. They too are demanding that the veteran leader resign.

"There's no work and no money in the north," said Mehmet, a construction worker and one of a growing number of Turkish Cypriots to have sought employment in the south.

"Why shouldn't we live together with the Greek Cypriots? It's only Denktash who doesn't want a solution," the 50-year-old said in fluent Greek.

"If there's no agreement by February everybody will want to leave. It will be like the collapse of the Berlin Wall, you'll see, they'll come in their thousands."

Mr Denktash, who led an armed resistance movement during inter-communal fighting in the 1960s, is blamed for thwarting the UN plan.

Many see it as the best possi ble chance of ending 28 years of partition.

They fear that the hardline stance taken by Mr Denktash threatens to leave them stranded while their wealthier co-islanders enter the EU.

Cyprus was among 10 new countries that were invited to join the 15-nation bloc at the EU summit in Copenhagen earlier this month. If it accedes reunited, as other member states hope, Turkish Cypriots would be the first major Muslim population admitted to the enlarged union.

Settlement of the longstanding dispute would also help Turkey's own membership bid.

Ankara has about 35,000 troops stationed in the north and could find itself in the embarrassing situation of occupying part of the EU if joint accession is thwarted.

"The big question is whether the Turkish government can bring the necessary pressure to bear on Mr Denktash in the next two months," said Dr James Ker-Lindsey who runs a think-tank in Nicosia.

"Rauf Denktash is increasingly out of touch with his own people and what they want. Support for EU accession is extremely high among the Turkish Cypriots, he added."

European officials hope to see the two feuding communities - divided since 1974 when a coup orchestrated in Athens prompted the Turkish army to invade - reconciled.

Failure would see EU borders end at a UN-patrolled barbed wire fence. The edgy ceasefire line is manned by British troops serving with the UN troops.

Greek Cypriots, who account for about 80% of the population and 63% of its territory, applied for membership of the European Union on behalf of the whole island in 1992.

The UN-brokered peace talks are due to resume in January. In an attempt to entice the Turkish Cypriots, whose income is seven times lower than that of their compatriots across the ethnic divide, the Greek Cypriot leader, Glafcos Clerides, has promised to take economic measures in the New Year to bolster the northern part of the island. (The Guardian, December 27, 2002)
 

Denktash menace de démissionner si Ankara lui force la main

Le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash a menacé de démissionner si la Turquie, seul pays à reconnaître la République de Chypre du nord qu'il préside, voulait le forcer à signer un accord qu'il considérerait comme inacceptable sur la réunification de l'île, a rapporté lundi le quotidien Hurriyet.

"Je ne songe pas à démissionner", a affirmé M. Denktash, faisant référence à une manifestation de masse, la semaine dernière à Nicosie-nord, qui a appelé à son départ. Toutefois, "si la Turquie fait pression sur moi pour signer un document que je ne peux accepter, je partirai", a affirmé M. Denktash.

"Mais je n'ai vu aucune pression d'un gouvernement (turc) jusqu'à présent", a-t-il ajouté.

Les Nations unies, qui cherchent à promouvoir les pourparlers de paix entre MM. Denktash et Glafcos Clerides, son homologue chypriote-grec, ont soumis aux deux parties un plan pour la réunification de l'île, leur demandant de signer un accord d'ici le 28 février afin de permettre aux deux parties de l'île de rejoindre ensemble l'Union européenne.

Le parti de la Justice et du Développement (AKP), qui a remporté les élections législatives en Turquie le mois dernier, semble vouloir adopter une plus grande flexibilité face au problème chypriote.

"Si nous ne réglons pas ce problème (les manifestations) vont croître", a affirmé la semaine dernière le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan.

"Nous ne pouvons pas évaluer une querelle avec une logique datant d'il y a 40 ans," a encore affirmé M. Erdogan, qui semblait implicitement critiquer l'attitude intransigeante de M. Denktash.

Chypre est divisé depuis 1974 lorsque les troupes turques ont envahi le nord de l'île à la suite d'un coup d'Etat des Chypriotes-grecs visant à unir l'île à la Grèce. La Turquie maintient quelque 30.000 soldats dans le nord de Chypre. (AFP, 30 décembre 2002)
 

Relations régionales/Regional Relations
 

Poutine et Erdogan pour le renforcement de la lutte antiterroriste

Le président russe Vladimir Poutine a reçu mardi au Kremlin le dirigeant du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan, pour parler du renforcement de la coopération dans la lutte antiterroriste et l'accroissement du commerce bilatéral.

Le président russe a félicité M. Erdogan pour sa victoire "convaincante" aux élections du 3 novembre en soulignant que Moscou comptait "atteindre un nouveau niveau de coopération" avec Ankara.

"Notre but principal est de renforcer nos liens économiques", a pour sa part souligné au début de la rencontre M. Erdogan qui est accompagné d'une délégation de 170 hommes d'affaires.

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 5 milliards de dollars cette année, selon M. Poutine "sans compter 4 milliards de dollars qui ne sont pas enregistrés officiellement" et représentent le petit commerce auquel se livrent de nombreuses Russes en Turquie où ils achètent des produits qu'ils revendent ensuite dans leur pays.

Le président russe a également remercié M. Erdogan, chef du parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) pour "sa position ferme dans la lutte contre le terrorisme".

"La Turquie et la Russie sont membres de la coalition anti-terroriste. Nous espérons que notre coopération dans ce domaine va augmenter", a-t-il ajouté.

A plusieurs reprises, Moscou a accusé la Turquie qui compte une importante diaspora tchétchène de tolérer sur son territoire des activités pro-indépendantistes.

M. Erdogan a également assuré que l'activité de son parti était "basée sur les principes démocratiques inspirés des valeurs familiales et de l'attachement à la Patrie".

M. Erdogan qui est reconnu à l'étranger comme le dirigeant de facto de la Turquie s'est déjà rendu à Washington pour y rencontrer le président américain George W. Bush. (AFP, 24 décembre 2002)
 

Condamnation des commandos pro-tchéchène preneurs d'otages

Treize militants turcs pro-tchétchènes, auteurs d'une prise d'otages dans un hôtel de luxe d'Istanbul en avril 2001, ont été condamnés lundi à des peines allant de quatre à 12 ans de prison, a annoncé un avocat.

La cour de justice a infligé la peine la plus lourde (12 ans) au meneur du groupe, Muhammed Emin Tokcan, qui avait déjà réalisé une prise d'otages en 1996 sur un ferry, en mer Noire, avec à son bord environ 200 personnes, pendant trois jours, pour protester contre la répression par Moscou de la rébellion indépendantiste en Tchétchénie, a indiqué à l'AFP Me Kadir Kartal.

Les 12 autres membres du commando Tokcan se sont vu infliger entre quatre et huit ans de prison, mais compte tenu des périodes d'emprisonnement déjà effectuées et d'autres remises de peines procédurales, la cour a décidé de les libérer, a ajouté M. Kartal.

Cependant, deux d'entre eux pourraient retourner en prison si la Cour d'appel confirme leurs peines, a-t-il poursuivi.

Les 13 hommes -- dont certains étaient équipés d'armes lourdes -- avaient pris en otage une centaine de clients d'un grand hôtel, le Swissotel Istanbul, pendant 12 heures en avril 2001 pour protester contre la guerre menée par le pouvoir fédéral russe dans la république indépendantiste de Tchétchénie (Caucase du Nord), avant de se rendre sans violence.

Tokcan, un Turc, âgé de 33 ans, d'origine caucasienne, devra en outre accomplir cinq années supplémentaires en prison, correspondant au reliquat de la peine prononcée contre la prise d'otages sur le ferry en 1996.

Il avait, en effet, été condamné à huit ans de détention pour la prise d'otages, dont la majorité étaient des touristes russes, mais il avait réussi à s'évader avant d'être capturé par la police turque alors qu'il tentait de fuir à l'étranger.

Il a ensuite bénéficié d'un récente loi d'amnistie du gouvernement turc et a été relâché. Cependant, l'amnistie ne s'applique pas aux récidives de délits. (AFP, 30 décembre 2002)
 

Dix ans de prison pour un Arménien, accusé d'espionnage au profit de la Turquie

Un Arménien, Mourad Bodjolian, a été condamné lundi à dix ans de prison dans un camp à régime sévère pour espionnage au profit de la Turquie par un tribunal d'Erevan, a annoncé un collaborateur du tribunal contacté par l'AFP.

Arrêté le 26 janvier dernier, M. Bodjolian était accusé d'avoir fourni des informations, notamment d'ordre militaire, aux services secrets turcs à six reprises, recevant pour cela à chaque fois une somme allant de 500 à 2.250 dollars.

La haute trahison dont a été accusé M. Bodjolian est punissable de mort, la peine minimum étant de 10 ans de prison.

Le condamné a nié avoir trahi son pays, a souligné le collaborateur du tribunal sous couvert de l'anonymat.

Tout en admettant avoir remis aux services turcs des informations, il a affirmé qu'il les avait recueillies dans des publications locales.

"Je n'ai jamais rien accompli qui aurait pu nuire à l'Arménie et suis toujours resté un patriote", avait auparavant déclaré l'accusé au cours de son procès.

Selon le jugement du tribunal, M. Bodjolian a transmis depuis l'année 2000 des informations sur la politique intérieure et extérieure de l'Arménie, sur son armée, sur les bases russes situées en Arménie, ainsi que sur la coopération gréco-arménienne.

M. Bodjolian est un ancien immigré qui a travaillé comme diplomate et traducteur avant de se reconvertir dans les affaires avec la Turquie, avait indiqué la presse arménienne peu après son arrestation.

Arrivé de Turquie au milieu des années 1960, il était devenu un expert universitaire de ce pays, avant d'être chargé du département de la Turquie au ministère arménien des Affaires étrangères en 1991-1992.

Il avait été, à la fin 1995, l'interprète particulier du président arménien de l'époque, Levon Ter-Petrossian.

En 1997, il avait été désigné par le ministère des Affaires étrangères comme organisateur et traducteur du Conseil turco-arménien des affaires, et commerçait lui-même avec la Turquie depuis trois ans.

Ankara a reconnu l'Arménie peu après son indépendance en 1991, mais n'a jamais établi de relations diplomatiques avec l'ancienne république soviétique en raison de la controverse sur le génocide dont les Arméniens estiment avoir été victimes et que la Turquie refuse de reconnaître. (AFP, 16 décembre 2002)
 

La Turquie accepte une prolongation de son mandat à la tête de l'Isaf

La Turquie a accepté de prolonger jusqu'en février son commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) en Afghanistan, indique vendredi un communiqué des services de presse du Premier ministre turc.

Le mandat de six mois de la Turquie expirait ce vendredi.

"Le transfert de pouvoirs entre notre commandement à la tête de l'Isaf et l'Allemagne et les Pays-Bas se fera au début de février 2003, dans le cadre des discussions avec ce pays", ajoute le communiqué.

L'Isaf, chargée d'assurer la sécurité à Kaboul et dans ses environs, compte quelque 4.600 soldats sous commandement turc depuis le 20 juin, après un premier commandement britannique.

La force est mandatée par l'ONU et est commandé par le général de division turc Hilmi Akin Zorlu.

La Turquie a décidé par ailleurs de participer avec un contingent réduit au commandement germano-néerlandaise de la force, ajoute le document.

Quelque 1.100 soldats turcs sont déployés dans l'Isaf actuellement.

La Turquie s'était dans un premier temps refusée à prolonger son mandat mais souligné qu'il n'y aurait pas de vacance à la tête de la force internationale à laquelle participent 22 pays, dont certains n'ont que de très petits contingents. La majorité des pays membres font partie de l'Otan.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé le 27 novembre le mandat de l'Isaf pour un an, mais l'Allemagne et les Pays-Bas ont fait savoir qu'ils n'acceptaient cette responsabilité que pour six mois seulement et à compter de la mi-février.

De source militaire occidentale dans la capitale afghane, on avait récemment estimé que le contretemps pour la passation de pouvoirs résultait en partie d'une volonté allemande de préparer à fond l'organisation et la logistique de ce qui constituera pour Berlin le tout premier commandement d'une grosse opération internationale. (AFP, 20 décembre 2002)
 

Immigration/Migration
 

Les Turcs d'Allemagne déchirés entre Orient et Occident

Ali Mete est Turc de naissance mais Berlinois de choix et ses mots sont durs pour exprimer sa déception après la décision de l'Union européenne (UE) de continuer à faire attendre la Turquie à sa porte.

"Faire attendre les gens encore et encore affaiblit leur confiance", met en garde l'épicier, tout en sirotant un verre de thé sucré dans son office, sous un portrait de Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), le fondateur de la Turquie laïque moderne.

"Si nous pouvions rejoindre l'UE rapidement, les changements politiques et économiques exigés viendraient trois fois plus vite que si nous tentons de conduire les réformes en dehors de l'UE", estime M. Mete, Berlinois depuis 14 ans et l'un des 180.000 Turcs qui résident dans la capitale, des 2,5 millions d'Allemagne et des 3,5 millions de l'UE.

La décision du sommet de Copenhague la semaine dernière de reporter d'au moins deux ans le début des négociations d'entrée de la Turquie dans l'UE, et l'éloignement de la perspective de son adhésion définitive, a fait apparaître l'Union aux yeux de nombre de Turcs d'Allemagne comme un club de riches chrétiens auquel ils n'appartiendront jamais.

Pour le responsable de la communauté turque en Allemagne, Kenan Kolat, à un moment de tensions entre Orient et Occident, l'UE joue avec le feu en donnant l'impression de snober la Turquie alors qu'elle pourrait servir d'intermédiaire, voire de modèle pour le monde islamique.

La décision du sommet "a conforté les Turcs dans leurs préjugés, affirme M. Kolat. Lorsque l'information est tombée, ils m'ont dit: vous, les modérés, vous nous avez toujours dit qu'il y avait de l'espoir, et regardez ce qui s'est passé. Ils ont l'impression qu'on se moque d'eux."

L'Allemagne compte l'une des plus importantes communautés d'expatriés turcs dans le monde, conséquence d'un accord germano-turc destiné à fournir de la main d'oeuvre par dizaines de milliers à l'Allemagne prospère des années soixante.

Ils ne sont jamais rentrés chez eux et aujourd'hui, la troisième génération d'immigrés travaille, étudie et se marie dans un pays où les turcs sont pourtant toujours considérés comme des étrangers.

Les responsables turcs et les autorités allemandes de l'immigration parlent souvent de "ghettoïsation" de la communauté en Allemagne, marquée par un chômage important, une connaissance souvent limitée de l'allemand et la formation de quartiers turcs.
 Mais le fossé est avant tout culturel et religieux.

"Je suis turque mais je me sens à moitié européenne", lance pourtant Arzu Besi, 21 ans, la nièce de M. Mete. Son oncle est moins enthousiaste: "En affaires, j'ai beaucoup de bons contacts avec les Allemands mais dans la vie privée, je n'ai pas vraiment d'amis allemands".

Déçu de la décision de Copenhague, Mahmut Cabuk, 37 ans et vendeur dans l'un des innombrables stands de kebab, estime en comprendre les raisons: "les Allemands en ont marre des problèmes de chômage et n'ont pas besoin de Turcs qui prennent leur boulot."

Gul Kaya Tutut, mariée à un Allemand et à la tête d'un salon de coiffure très rentable, présente un avis différent : "s'il y avait des opportunités économiques en Turquie et un système politique similaire, il y aurait peu de raisons de rester ici." (AFP, 18 décembre 2002)
 

Libération d'une dirigeante du PKK aux Pays-Bas

La Cour d'appel d'Amsterdam a ordonné mardi la libération de Nuriye Kesbir, une responsable du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui était détenue suite au rejet en première instance de sa demande d'asile, a indiqué l'agence de presse néerlandaise ANP.

La justice néerlandaise avait refusé le 10 décembre une demande d'extradition adressée aux autorités néerlandaises par Ankara, décision que Nuriye Kesbir, 41 ans, avait attendu en prison.

Malgré le refus de la justice néerlandaise d'accéder à la demande turque, Mme Kesbir avait été maintenue en détention en raison du rejet en première instance de sa demande d'asile.

A la suite de cette décision de la Cour d'appel, le ministre néerlandais de l'Immigration, de le Politique d'asile et de l'Intégration devra prendre une nouvelle décision concernant la demande d'asile.

Mme Kesbir avait été arrêtée à l'aéroport d'Amsterdam Schipol en septembre 2001. Elle est membre du Conseil présidentiel du PKK et exerçait des fonctions importantes au sein de cette organisation aux côtés notamment d'Osman Ocalan, frère du chef rebelle kurde Abdullah Ocalan.

La Turquie reproche à Mme Kesbir d'être responsable d'au moins 25 attaques contre des objectifs militaires dans l'est de la Turquie entre 1993 et 1995. Mme Kesbir a toujours maintenu être membre du PKK, mais affirme ne s'y être occupée que des questions relatives aux femmes. (AFP, 17 décembre 2002)
 

Des immigrés kurdes à leur 16e jour de grève de la faim

Les vingt-six immigrés kurdes en situation irrégulière, qui occupent depuis plus de deux mois un local paroissial de Bordeaux (sud-ouest), ont entamé mardi, à la veille de Noël, leur 16e jour de grève de la faim, a constaté l'AFP.

Ces immigrés, qui demandent aux autorités françaises leur régularisation collective, pour l'instant sans succès, ne prennent aucun médicament, se contentant de boire de l'eau sucrée et du thé.

Cette grève de la faim pourrait désormais entraîner de "graves séquelles" pour leur système nerveux, a affirmé le collectif de soutien qui s'est mis en place, se basant sur l'avis de médecins qui suivent quotidiennement ces hommes.

Deux immigrés, très affaiblis, ont déjà été hospitalisés dimanche et lundi. Le premier a rejoint ses compagnons, tandis que le second était toujours sous surveillance médicale mardi, a indiqué la même source.

Une dizaine de sympathisants de nationalité française devaient par ailleurs entamer pour le Réveillon de Noël un jeûne symbolique de 24 heures dans le même local.

Le 21 octobre, l'archevêché de Bordeaux avait accepté d'accueillir, à sa demande, un groupe d'immigrés en situation irrégulière, en majorité des Turcs et des Kurdes qui demandent leur régularisation collective.

L'archevêque Mgr Jean-Pierre Ricard, s'est par la suite désolidarisé des 26 Kurdes quand ils se sont mis en grève de la faim, estimant être en désaccord avec une démarche mettant leur vie en danger, et souhaitant les voir trouver un autre local. (AFP, 24 décembre 2002)
 

 
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