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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


206

18e année - N°206
Décembre 1993
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul

 
1993: L'ANNEE DES FAUCONS

    L'Année 1993 s'est terminée avec d'autres violations des droits de l'homme, une intensification de la polarisation entre les Turcs et les Kurdes et une escalade sans précédent de l'état de guerre qui menace non seulement l'avenir de la Turquie mais également la stabilité dans le Moyen-Orient. En fait, le 70e anniversaire de la République de Turquie est connu comme "L'année des faucons" en raison de l'option militariste prise par les gouvernements de Demirel et de Ciller.
    Associated Press rapportait le 21 décembre dernier que le gouvernement turc avait destiné 150.000 soldats et policiers paramilitaires à la lutte contre les guérillas. "La Turquie, qui supporte déjà une dette de près de 60 milliards de dollars et une inflation de 67%, destine annuellement quelque 6,6 milliards de dollars aux dépenses de guerre, et ce chiffre devrait encore augmenter. L'économie du Sud-est a été dévastée. Les banques se retirent, la vente de biens de consommation a diminué de 20% et l'investissement privé est pratiquement nul. Des centaines de milliers de Kurdes sont partis vers l'Ouest", rapporte AP.
    Ci-après nous reproduisons de larges extraits d'une étude de la situation effectuée par Ismet Imset et publiée dans le Turkish Daily News du 17 décembre 1993:
    Bien que le gouvernement d'Ankara se soit engagé à maintes reprises à intensifier la démocratisation, la Turquie donne àl'Occident l'image d'un pays adoptant rapidement le style latino-américain, où les assassinats, les attaques contre les journaux, les arrestations de journalistes et la torture deviennent de plus en plus courantes et même systématiques. Les récents rapports internationaux sur les droits de l'homme suggèrent que le gouvernement de coalition d'Ankara ait totalement modifié sa politique et ne prête plus la moindre attention aux droits de l'homme et aux libertés, un des points principaux du protocole de la coalition.
    On ne parle plus de se conformer à la Charte de Paris, la transparence et les principes internationaux des droits de l'homme. Au contraire, le terrorisme dans le Sud-est est devenu l'excuse qui justifie les violations et une répression acceptée par le gouvernement. Les derniers événements impliquent que la Turquie s'éloigne de la structure d'Etat juridique à laquelle elle aspirait et qu'il se précise une influence militaire voilée mais qui n'atteint pas le stade de la prise de pouvoir par les extrémistes du pays.
    On ne parle plus des principes de la coalition, comme ceux de se soumettre à la Charte de Paris, respecter les droits et libertés de l'homme et/ou instaurer une totale transparence. Au lieu de cela, on a mené une vicieuse campagne d'assassinats politiques perpétrés par des escadrons de la mort comme ceux qui sévissent au Salvador, de descentes dans les locaux des journaux dissidents, d'arrestations massives et de torture systématique.
    Les événements ont démontré que ledit CMUK ou Programme de Réforme Judiciaire qu'Ankara avait fait miroiter à l'Occident comme la pierre angulaire des droits, n'est qu'une illusion. Sous le CMUK, seuls les délinquants ordinaires; violeurs, voleurs, cambrioleurs et assassins peuvent jouir de leurs droits, contacter leurs avocats et demeurer moins longtemps en détention. Les autres, tous ceux qui tombent dans la catégorie des "criminels" jugés par les cours de la sûreté de l'Etat -vestiges des tribunaux militaires de l'époque qui a suivi le coup-d'Etat-comme les journalistes, les écrivains, les médecins, les avocats, les activistes politiques et autres encore, n'ont pas droit à ces privilèges.
    Selon un récent rapport de Human Rights Watch, la Turquie est devenue un pays où se produisent d'horribles violations des droits de l'homme. Ce même rapport indique qu'au lieu de rester dans les limites de la loi et l'ordre, "le gouvernement a choisi de régler les problèmes par l'assassinat des membres présumés de groupes extrémistes".
    Récemment, des journalistes membres d'Amnesty International ont convoqué une manifestation devant l'Ambassade de Turquie à Londres pour protester contre l'assassinat dans ce pays d'au moins 12 journalistes depuis l'accès au pouvoir de la coalition.
    Selon un rapport publié par Helsinki Watch en novembre, même le Comité des Nations Unies contre la torture a dû mettre par écrit sa répulsion envers la situation de "torture omniprésente, délibérée et systématique" que vit la Turquie". En 1992, un total de 16 personnes en détention policière sont mortes dans des circonstances peu claires, en 1993 le chiffré s'élève à 18. Bon nombre de ces décès ont été décrits dans les rapports de la police comme résultant de suicides, crises cardiaques ou maladies.
    La plupart des souffrances ont été infligées aux activistes pro-kurdes et aux écrivains ainsi qu'aux chercheurs qui se sont penchés sur la question des droits de l'homme et des Kurdes. Les récents sondages d'opinion montrent que 60% des Turcs croient qu'il est nécessaire de lancer une guerre totale contre les Kurdes.
    En 1993, se sont produit trois événements majeurs, tous concernant des personnalités compromises avec la question kurde.
    Ugur Mumcu, un grand journaliste et écrivain, a perdu la vie dans l'explosion d'une voiture piégée en janvier 1993. L'assassinat fut immédiatement attribué à des services de renseignement étrangers, et tous les soupçons se sont tournés vers les services secrets iraniens. Mais les explosifs C-5 utilisés sont stockés par un certain nombre d'armées et de services secrets, y compris ceux de la Turquie.
    La mort du général de gendarmerie Esref Bitlis, d'autre part, reste un mystère. Plusieurs représentants des services de renseignement ont affirmé publiquement que l'accident d'avion qui lui coûta la vie était un acte de sabotage. Récemment, un agent de ces services est même passé à la télévision pour expliquer comment un tuyau aussi mince qu'un cheveu avait été fixé au fuselage de l'avion pour le faire exploser en l'air.
    Quatre autres agents des services de renseignement, tous en connexion avec ce qui semble être une équipe de gendarmerie contre-guérilla, ont été enlevés ou assassinés. Même la Premier Ministre Tansu Ciller, a été obligée d'admettre que ces assassinats étaient un "règlement de comptes interne". Elle n'a pas donné les noms des départements d'Etat qui avaient participé à ce "règlement".
    Quelque 500 civils, constituent les cibles moins connues des escadrons de la mort dans le Sud-est depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition en octobre 91. La plupart ont été exécutés d'une balle dans la tête. Leurs dossiers ont été classés dans le registre "crimes non éclaircis". Parmi eux, figurent ceux de 50 activistes et hommes politiques pro-kurdes. Musa Anter, un éminent écrivain kurde, fut assassiné à l'age de 74 ans. Mehmet Sincar, un parlementaire du Parti de la Démocratie (DEP), basé au Kurdistan, fut également assassiné. D'autres écrivains, journalistes et hommes politiques ont été choisis comme cibles de futurs attentats.
    Les attaques contre le journal d'idéologie kurde Özgür Gündem se sont multipliées. Certains de ses journalistes ont été assassinés, d'autres ont été arrêtés. Des enfants qui vendaient le quotidien dans le Sud-est ont été attaqués avec des couteaux de boucher, battus ou menacés. Aysel Malkac, qui aurait été arrêté le 6 août, est toujours porté "disparu".
    Tels étaient les événements qui s'étaient produits jusqu'au mois de novembre. Un sombre bilan non seulement pour la coalition de Tansu Ciller mais aussi pour l'administration de Süleyman Demirel qui l'avait précédé. Depuis la fin de novembre, cependant, la situation des droits de l'homme et de la démocratie semble s'être encore dégradée depuis que les pays européens s'en sont pris aux activistes kurdes et qu'Ankara l'ait considéré comme un assentiment à leurs violations des droits de l'homme dans le pays. Au lieu de faire face à la propagation du terrorisme et la violence, la Turquie a adopté une politique militariste pour briser la structure de toute opposition au régime. La menace fut exprimée en premier par les commandants en chef. Ceux-ci ont fait savoir que les premières cibles seraient les personnes qui "soutiennent et sympathisent" avec les terroristes. Pour eux, quiconque s'écarte de la pensée établie, peut tomber dans cette catégorie.
    Et Ciller a accepté ces conditions. Au cours des trois dernières semaines seulement, les faits ont démontré que la situation va s'aggraver et que la crise des droits de l'homme va s'intensifier. Les nouvelles cibles d'Ankara ne sont pas les terroristes mais les écrivains, les auteurs et les hommes politiques: en un mot, les intellectuels du pays. En trois semaines, la Turquie a adopté une position visant à prouver que la fin de l'ère de la démocratisation est arrivée.
    Ünsal Öztürk, un éditeur d'Istanbul, a été condamné à un an de prison et à payer une amende de 100 millions de LT pour avoir publié un livre du leader du PKK Abdullah Öcalan.
    Neuf syndicalistes britanniques ont été détenus et menacés dans le Sud-est. L'un d'entre eux, une femme, affirme qu'un agent de police lui a tiré dessus.
    La Cour de la Sûreté de l'État a condamné l'écrivain Numan Baktas à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de 208 millions de LT pour un livre sur l'expérience de condamnés détenus à la prison de Diyarbakir en 1982.
    Onze avocats ont été placés en détention à Diyarbakir et Istanbul.
    Deux membres du groupe de musique pop turc Grup Yorum, Gürel et Elif Sumru, ont été condamnés à un an et huit mois de prison chacun et à payer une amende de 42 millions de LT pour "avoir diffusé de la propagande verbale destinée à détruire l'intégrité territoriale du pays".
    Deux personnes, Selma Dogan et Erol Yalcin, ont été tuées au cours d'une descente policière dans leur domicile, suite à laquelle la police les assimila a des terroristes.
    La CSE d'Istanbul a ouvert une enquête sur le professeur Dogy Ergil, un professeur de sciences politiques à l'Université d'Ankara, pour les remarques qu'il a publiées dans un magazine.
    Reuter rapporte que 200 chrétiens ont été expulsés de leurs maisons à Mardin après qu'un chef de village les a qualifiés d'Arméniens dans la chaîne de télévision publique.
    La CSE d'Ankara a condamné le journaliste-auteur Haluk Gerger à un an et huit mois de prison et à payer une amende de 208 millions de LT pour "diffusion de propagande séparatiste".
    La CSE d'Ankara a introduit une action en justice contre Akin Birdal, président de l'Association des Droits de l'Homme, l'avocat Ali Yildirim, membre du conseil d'administration de l'Association des Juristes Contemporains, le Dr. Alpaslan Berktay (un des fondateurs de l'association), l'ancien député Hüsnü Okcuoglu, et l'écrivain-journaliste, Yalcin Kücük, en raison des discours prononcés lors du 44e anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme. Ils seront également jugés pour diffusion de propagande contre la souveraineté du pays.
    Comme pour souligner les véritables cercles de pouvoir qui contrôlent les affaires de l'Etat, une cour de l'Etat-major a ordonné l'arrestation de deux informateurs et va les juger pour un programme diffusé sur une chaîne de télévision privée. Le producteur Erhan Akyildiz et le reporter, Ali Tevfik Berber, tous deux civils, ont été placés dans une prison militaire d'Ankara. Ils ne seront pas jugés par un tribunal civil mais par un militaire et sont accusés de "monter les gens contre le service militaire obligatoire".
    Berin Nadi, du journal Cumhuriyet, et l'ancien rédacteur du magazine Birikim, Aydin Engin, sont jugés pour avoir fait du procureur d'une cour de la sûreté de l'État la cible de divers articles publiés dans leurs périodiques.
    Comme si cela ne suffisait pas, les persécutions des pro-kurdes encore modérés et des institutions légales se sont intensifiées au cours de cette période. Premièrement, 16 membres du DEP, y compris les administrateurs provinciaux d'Ankara du Parti de la Démocratie (DEP) ainsi que le secrétaire du parti, Ibrahim Aksoy, ont été arrêtés. Le Tribunal Constitutionnel a alors introduit une action en justice demandant la fermeture définitive du DEP - ce qui privera 17 parlementaires de leur immunité.
    Tout cela fut suivi d'un harcèlement continuel contre le journal pro-kurde Özgür Gündem. La police, aux ordres de la CSE, est intervenue dans le bureau du journal à Istanbul et a arrêté 107 personnes, desquelles 88 seraient relâchées par la suite. Les bureaux de Gündem dans le pays ont été soit fouillés soit bloqués par la police et quelque 30 personnes ont été arrêtées. La police a déclaré récemment que la rédactrice-en-chef du journal, Gurbetelli Ersöz, également arrêtée, n'était pas en bonne santé. Ses amis craignent que cela ne signifie qu'elle va être torturée et tuée.
    Si l'on considère tous ces exemples, on peut dire que la Turquie du 20e siècle correspond à peine à la structure d'Etat contemporain dont parlent fréquemment le premier ministre et d'autres fonctionnaires de l'Etat.
    Les journaux subissent encore des descentes et les journalistes et écrivains sont arrêtés pour leurs publications.
    Les hommes politiques sont arrêtés pour leurs déclarations.
    Les avocats peuvent être arrêtés même pour les plaidoiries faites dans les salles d'audience.
    Et aucun des délinquants persécutés ne peut en aucune manière tirer profit des réformes judiciaires. Celles-ci ne sont applicables qu'aux délinquants ordinaires. Les intellectuels turcs peuvent être détenus pendant 15 jours, ils n'ont pas le droit de voir leurs avocats, peuvent être torturés et ont le droit de "se suicider" pendant leur détention.
    La Turquie commence l'année avec de grands problèmes mais le plus grave est sans doute la situation des droits et des libertés de l'homme; ceux-ci sont pratiquement inexistants.
    Les principales décisions politiques du pays sont influencées ou prises directement par les militaires.
    Le système judiciaire s'appuie toujours sur des verdicts pouvant être prononcés par les controversées cours de la sûreté de l'Etat, souvent dirigées par d'anciens officiers de l'armée. Les tribunaux militaires sont toujours en mesure d'arrêter et de juger des journalistes.
    Toute "activité intellectuelle" ou expression d'opinions peut être considérée comme une diffusion de "propagande contre la souveraineté de l'Etat". Et nul n'est libre d'exprimer ce qu'il ou elle peut penser.
    Toutes les priorités concernant les droits et les libertés de l'homme ont été mises de côté. Dans beaucoup de cercles on se demande cependant jusqu'où ira cette "campagne" et combien de temps elle va durer. En Occident, on remarque une anxiété croissante parmi les alliés de la Turquie. Selon une source de Washington digne de foi, le Département d'État et l'Administration sont tous deux préoccupés par l'avenir de la Turquie. Des signes similaires sont également visibles dans d'autres pays.
    Maintenant que l'Occident a porté le coup espéré au PKK, la prochaine étape sera de se préoccuper davantage des droits de l'homme en Turquie et d'empêcher l'administration de se faire "hara-kiri". Si le problème n'est pas traité avec toute l'attention et sensibilité qu'il mérite, il affectera inévitablement l'avenir social et politique de l'ensemble de la Turquie, ainsi que ses relations avec l'étranger.
    Un chose apparaît clairement: avec des actes de la nature de ceux décrits précédemment, la démocratie turque n'a pas à avoir peur d'un coup-d'Etat militaire dans les dix années à venir, puisqu'un régime autoritaire masqué gouverne déjà ce pays.

NOUVELLE ESCALADE DE LA GUERRE SALE

    Le quotidien Hürriyet rapportait le 10 décembre que quatre équipes différentes comprenant des membres du Département des Opérations Spéciales ont été mises sur pied pour abattre le leader du PKK Abdullah Öcalan et d'autres chefs du PKK et de la guérilla.
    Selon le rapport, inspirés par une série de télévision américaine, ces équipes ont adopté le nom de "A-team". Elles ont fait d'ambitieuses promesses au chef d'Etat-major, qui à son tour a informé le Premier ministre Ciller de l'affaire. Il aurait dit à Ciller "Nous attendons le Jour-J".
    Les équipes sont composées de volontaires du personnel du département ayant reçu un entraînement spécial. La décision politique d'éliminer les dirigeants du PKK a été prise dans une réunion du Conseil de Sécurité Nationale et la tâche fut assignée au Département des Opérations Spéciales.
    Le 28 décembre, commentant des rapports de presse annonçant qu'une "A-Team" avait tué le leader du PKK Abdullah Öcalan, Ciller exprima sa joie à Hürriyet, "Ne vous avais-je pas dit qu'on allait en finir avec ce travail? Ayez un peu de patience". Cependant, la mort d'Öcalan n'a pas été confirmée par d'autres sources.
    Malgré les communiqués officiels assurant que le PKK avait reçu un coup important en 1993, les chiffres officiels montrent un redoublement des activités de cette organisation pendant les 11 premiers mois de l'année par rapport à la même période de 1992.
    D'après les chiffres officiels fournis par le Ministère de l'Intérieur et publiés par le Turkish Daily News du 27 décembre, le nombre d'incidents en rapport avec le PKK partout en Turquie s'élève à 3.901 durant les 11 premiers mois de cette année alors qu'il était de 1.920 en 1992. Le nombre de victimes civiles était de 1.249 le 30 novembre 1993, ce qui équivaut à une augmentation de 100% par rapport à 1992 où il était de 618.
    Pendant la même période de 1993, un total de 676 membres de la sécurité, y compris les gardiens de village temporaires, les soldats et les policiers, ont été tués. L'année précédente, le chiffre était de 634. Les chiffres officiels révèlent une augmentation des décès et blessés dans le camp du PKK en 1993. 1.552 militants ont été tués et 121 blessés, contrastant avec les données de l'année précédente, 1.228 tués et 52 blessés.
    Cependant, le nombre de militants du PKK capturés par les forces de sécurité au moment en 1993 était de 7.640, alors qu'il s'élevait à 7.908 en 1992.

LE "POISED HAMMER"  PROLONGE

    Malgré les nombreuses objections de l'opposition ainsi que de certains députés des partis au pouvoir, le mandat du Poised Hammer (surnommé Operation Provide Comfort) a été prolongé le 28 décembre par le Parlement pour 6 mois supplémentaires.
    196 des 358 députés présents se sont prononcés en faveur de la prolongation, 160 ont voté contre et deux se sont abstenus.
    Le député du SHP, Mümtaz Soysal a exprimé son opposition au Marteau prêt à l'action en ces termes:
    "Si nous acceptons la présence de drapeaux étrangers sur notre territoire, alors pourquoi nous engager dans une guerre de libération? Nous ne sommes pas une auberge d'un soir pour le Poised Hammer . Nous ne sommes pas une espèce de `république banane', nous ne sommes pas non plus le gardien de Washington dans le Moyen-Orient, une ligne de front ou un tremplin".
    L'ancien Premier ministre Bülent Ecevit, opposé à la décision, a déclaré:
"Le Poised Hammer  n'a pas seulement créé un vide de pouvoir dans le nord de l'Irak, il a également provoqué une absence d'autorité dans le sud-est de la Turquie. En prolongeant sont mandat, la Turquie court au suicide.
    Pour répondre aux critiques, le Ministre des affaires extérieures, Hikmet Cetin, soutient que l'absence des forces du Poised Hammer  pourrait donner lieu à un nouvel exode kurde de l'Irak vers la Turquie, comme ça s'est déjà produit en avril de 1991.
    Bien que certains députés prétendent que le Poised Hammer  favorise les opérations de guérilla du PKK, Cetin pense le contraire: "Une nouvelle migration en provenance de l'Irak pourrait provoquer un chaos dans la région qui se traduirait par un pouvoir accru du PKK. Par ailleurs, la présence des forces du Poised Hammer  facilite les opérations au-delà de la frontière contre les militants du PKK dans le nord de l'Irak.

ACTION CONJOINTE AVEC L'IRAN CONTRE LES KURDES

    Le Premier ministre Ciller a annoncé le 21 décembre dernier que la Turquie et l'Iran étaient arrivés à un accord pour lancer une action conjointe contre le terrorisme. "Cette action peut se produire sur notre territoire ou sur celui de l'Iran. Les détails seront réglés par les forces de sécurité et le Ministre de l'Intérieur", a-t-elle précisé lors de sa réunion avec le vice-président iranien Hassan Habibi à Ankara.
    Les discussions concernant la sécurité entre la Turquie et l'Iran au niveau des ministères de l'intérieur au début du mois dernier se sont soldées par un accord où les deux parties se sont engagées à envoyer des observateurs pour suivre leurs opérations respectives de "recherche et destruction" des bases "terroristes".
    Cet accord concerne spécialement les militants du PKK du côté turc et les activités du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (IKDP) ainsi que de l'organisation Mujahedeen Khalq, du côté iranien.
   
ELECTION D'UN PRESIDENT RADICAL AU DEP

    Le Parti de la Démocratie (DEP) est entré dans une nouvelle ère avec l'élection du député de Diyarbakir Hatip Dicle à la présidence du parti au cours de la 1ère convention extraordinaire célébrée le 12 décembre. L'élection de Dicle est interprétée par les observateurs politiques comme réorientation du DEP vers des politiques plus radicales bien que son sort soit actuellement entre les mains du Tribunal Constitutionnel et pourrait être fermé.
    Dicle, qui a terminé devant deux autres candidats issus de groupes modérés, a été élu au cours du troisième tour de vote, dans lequel il a obtenu 212 des 373 votes.
    Contrairement aux conventions de l'ancien Parti Travailliste du Peuple (HEP), aujourd'hui disparu, les participants n'ont pas été autorisés à chanter des slogans radicaux pro-kurdes. C'était aussi la première fois que le drapeau turc était déployé dans le hall de la convention.
    Contrastant avec le climat modéré qui régnait dans la convention, après son élection le nouveau président Hatip Dicle utilisa des expressions d'éloge envers le PKK. Il a souligné que les forces militaires du PKK pouvaient servir d'unité de défense locale jusqu'à la restauration d'une véritable paix et a ajouté que la population devrait pouvoir se prononcer en référendum sur leur volonté ou non de se séparer de la Turquie. Lui et ses collègues, a-t-il déclaré, seraient favorables à l'idée de maintenir l'unité. Mais a néanmoins ajouté que personne ne devrait considérer une solution sans le PKK. Ses déclarations ont été accueillies avec des applaudissements par les personnes présentes à la convention.

L'ARMEE ARRETE DES JOURNALISTES
   
    Deux journalistes de télévision, Erhan Akyildiz, de 46 ans, et Ali Tevfik Berber, de 34 ans, ont été arrêtés le 14 décembre 1993, par ordre du Chef d'État-major pour avoir diffusé du matériel audiovisuel visant à dissuader les Turcs de faire leur service militaire.
    Une déclaration écrite diffusée par le Département des Relations Publiques du Chef d'Etat-Major souligne que les deux journalistes ont été arrêtés dans le cadre d'une enquête ordonnée par les procureurs militaires du chef d'Etat-major en vertu de l'Article 58 du Code Pénal Militaire et l'Article 155 du Code Pénal Turc.
    Le président de l'Association des Journalistes Contemporains (CGD), Mustafa Ekmekci, a fait remarquer que l'arrestation des journalistes n'était pas conforme aux principes démocratiques.
    Les deux journalistes travaillaient pour la chaîne de télévision HBB, établie à Istanbul, et diffusaient un programme sur les insoumis et les déserteurs de l'armée. Plusieurs personnes interviewées dans le programme "Anten" étaient membres d'un groupe anti-guerre. Un porte-parole du chef d'Etat-major a précisé qu'ils étaient également recherchés et seraient arrêtés une fois leur trace retrouvée.
    Le programme coïncide avec une avalanche de rapports de presse affirmant que Serdar Güres, le fils du chef d'État-major, Dogan Güres, figurait également parmi les 250.000 insoumis.
    Les deux journalistes ont été relâchés le 20 décembre par la cour de l'Etat-major mais ont été convoqués devant le tribunal le 25 janvier pour y être jugés. Tous deux risquent une peine de prison comprise entre deux mois et deux ans.

L'ATTAQUE DU GENERAL GÜRES CONTRE LES MEDIAS

    Le 24 décembre, le chef d'État-major, général Dogan Güres, s'en est pris aux journalistes qui demandaient une levée des tabous sur les Forces Armées et les a qualifiés de nains et de personnes misérables.
    S'adressant à la Deuxième Brigade Commando à Bolu, Güres a dit: "Nous vivons des jours critiques mais nous nous en sortirons. Suite aux changements intervenus dans la région, les menaces pesant sur la Turquie n'ont fait qu'augmenter et les Forces Armées turques ont maintenant des devoirs plus importants. De temps en temps et plus spécialement dans les moments critiques, les personnes qui parlent trop fort et les organisations, peu nombreuses et insignifiantes, surgissent et lancent de basses accusations et attaques contre les commandants militaires. Ces misérables personnes se servent de l'excuse démocratique pour adresser des remarques du style, les Forces Armées turques ne sont pas un tabou et sont en train de cacher leurs véritables intentions. Le danger qui nous menace maintenant est constitué par l'organisation terroriste, ses collaborateurs les personnes qui la soutiennent verbalement ou par écrit. Mais n'ayez crainte, la nation turque est sur leur trace".

LE FILS DE GÜRES PRET A TIRER SUR LES JOURNALISTES !

    Après avoir fait la une des journaux -il a frappé des personnes, provoqué des bagarres, fait des dépenses extravagantes au club des officiers et s'est vu impliqué dans des scandales sexuels avec plusieurs modèles- cette fois-ci le fils du chef d'État-major, Serdar Güres, s'est trouvé mêlé à un scandale sur son éducation.
    Güres, qui suivait une formation à la section de théâtre du Conservatoire de l'État de l'Université d'Istanbul depuis cinq ans, aurait été admis à l'école en raison des pressions de sa famille. Bien qu'il n'assistait pas aux cours, il était parvenu au quatrième grade.
    L'acteur et directeur Ahmet Levendoglu, qui avait démissionné il y a quelque temps du conseil d'éducation, a souligné le 27 décembre dans une conférence de presse qu'on avait violé les règles de l'éducation pour satisfaire le plus haut général de l'Armée.
    Auparavant, la presse avait rapporté que Güres essayait d'éviter le service militaire en prolongeant son séjour au conservatoire. Le 26 décembre, Serdar Güres répliquait ouvertement que sa patience commençait à prendre fin et que si elle se terminait pour de bon il était capable de tuer un journaliste. Dans l'interview qu'il a concédée au quotidien Milliyet, il soutenait que ceux qui colportaient ces "rumeurs" n'étaient que des "traîtres" qui en fait visaient son père mais ne pouvaient l'atteindre directement.

NOUVELLE ATTAQUE CONTRE ÖGGÜR GÜNDEM
   
    L'assaut contre le quotidien Özgür Gündem a pris une nouvelle dimension lorsque le 10 décembre 1993 la police s'est attaquée au siège principal du journal à Istanbul et a arrêté 107 journalistes et employés. Le lendemain se sont produit de nouvelles attaques contre d'autres bureaux du quotidien. Bien que 88 des personnes arrêtées à Istanbul aient été relâchées, les arrestations continuent dans tout le pays.
    En raison de l'opération répressive menée précisément lors de la Journée Universelle des Droits de l'Homme, le quotidien n'a pu être publié pendant trois jours.
    Le 17 décembre, la rédactrice en chef du quotidien, Gurbetelli Ersöz, et 46 autres employés du journal étaient toujours en détention.
    Les journalistes d'Özgür Gündem craignent pour la vie d'Ersöz après qu'un officier de police ait annoncé que celle-ci était tombée malade après son arrestation.
    Les collègues des journalistes arrêtés soupçonnent la police d'essayer de les faire signer de fausses déclarations sous la contrainte de la torture. Les autorités ont empêché les avocats de visiter ou parler à leurs clients.
    La Fédération Internationale des Journalistes a immédiatement exprimé dans un communiqué la grande préoccupation que suscitait l'attitude de l'Etat turc envers les libertés de la presse.
    Le Comité des Écrivains en Prison PEN a également condamné le traitement que subit Özgür Gündem et a demandé des mesures urgentes.
    L'organisation Reporters sans Frontières (RSF) a demandé que la communauté internationale se joigne à la protestation.
    Le directeur de RSF, Robert Menard, a lancé un appel à la Turquie pour qu'elle respecte les libertés de la presse et les droits de l'homme et libère les employés d'Özgür Gündem arrêtés.
    Selon le Comité pour la Protection des Journalistes, qui a envoyé un message de protestation au Premier ministre Ciller, la Cour de la Sûreté de l'État, qui n'avait pas réussi à fermer Özgür Gündem par des moyens légaux, "a réussi à le fermer pendant trois jours en arrêtant les employés".

DECLARATION D'UNITE DES INTELLECTUELS

    Un groupe d'intellectuels turcs représentant différents partis politiques et croyances religieuses a publié le 14 décembre une "déclaration d'unité" contre l'intensification des actes de violence dans le sud-est de la Turquie et les restrictions des libertés fondamentales.
    La déclaration dit ceci:
    "Nous sommes des individus appartenant à différents groupes ethniques, croyances religieuses et courants politiques caractérisés par des dichotomies comme celles qui existent entre "Kurde et Turc", "Fondamentalisme Islamique et Laïcité", "Alawi et Sunni", "Gauche et Droite" et "Individualiste et Populiste". Nous nous sommes unis parce que l'intensification des actes de violence nous terrorise, nous réduit à une soumission silencieuse et menace notre liberté de pensée.
    "La psychologie qui prévaut maintenant dans la société, due à la terreur et la violence, éloigne les masses des processus démocratiques et politiques et les incite à la vengeance et à la violence.
    "N'oublions pas que les régimes totalitaires s'appuient sur la peur individuelle. Une société privée du droit àl'information, à s'exprimer, débattre et faire des compromis, ne peut trouver de nouvelles idées pour la solution des problèmes. Et une société qui ne peut trouver des solutions à ses problèmes est condamnée à la perte de confiance et finalement à s'imaginer des ennemis, internes et étrangers.
    "Une pénurie d'idées, corollaire de la barrière de tabous qui empêche une solution aux problèmes de la Question Kurde, est une des raisons fondamentales de l'actuelle atmosphère politique, caractérisée par la perplexité.
    "Ceux qui tentent de réduire au silence les gens qui proposent des solutions différentes que les leurs en les accusant de haute trahison, terrorisent en fait la libre pensée, créent une atmosphère bien plus dangereuse et causent des divisions sociales qui pourraient s'avérer irréversibles.
    "Tandis que le sens commun et la tolérance perdent du terrain, la Turquie, submergée par les luttes internes, est en train de couper ses liens avec le monde au lieu de profiter de son influence dans les régions environnantes. Nous, les personnes qui habitent dans ces régions, n'avons pas le droit d'ignorer les actes de violence réciproques provoqués par la Question Kurde. Toutes les personnes responsables doivent s'opposer à la violence, l'injustice et la torture, quiconque les commette ou les subisse.
    "Ne jouons pas le jeu de ceux qui tentent de perturber la paix sociale en incitant à la violence. Respectons, en tant qu'individus turcs, kurdes, laïcs, fondamentalistes, sunnis, alawis, de gauche ou de droite, les valeurs qui nous unissent dans la raison et l'amour."

SCANDALE DANS LA PRESSE TURQUE

    Après une courte période de calme relatif dans les batailles de médisance, les trois journaux turcs les plus vendus, Hürriyet, Sabah et Milliyet, ont repris les hostilités.
    L'actuelle guerre a éclaté après que Sabah ait annoncé qu'il offrait gratuitement des "Encyclopédies Internationales Américaines Grolier" et organisait une loterie pour ceux qui continuaient à collectionner ses volumes, avec des prix tels que des appartements luxueux, 30 voitures et 3.000 postes de télévision.
    Sa campagne fut cassée par Hürriyet et Milliyet, conscients du fait que leurs ventes, aux environs de 600.000 et 800.000 copies chacun, courent le risque de plonger rapidement, alors que Sabah dépasse le million de copies. Le premier jour de sa campagne, le 17 décembre, Sabah doublait ses ventes et atteignait les deux millions de copies.
    Hürriyet et Milliyet, qui soutenaient que l'offre de Sabah n'était qu'un canular et qu'on ne vendait pas cette encyclopédie aux États-Unis, se sont embarqués dans une implacable campagne de calomnies contre ce journal. "Attention!" disait Hürriyet, ne laissez pas l'encyclopédie de Sabah à vos enfants parce qu'ils vont rater leurs études". La publicité sur Show TV, son partenaire commercial, se moque de la collection de Sabah, affirmant qu'elle est pleine d'erreurs et qu'il lui manque des données. "Scandale dans la presse", pouvait-on lire dans une attaque contre Sabah en première page du Milliyet, qui souligne que les volumes de Sabah ne sont que des "billets de loterie déguisés en encyclopédies."
    La première guerre des encyclopédies entre les trois grands remonte à l'année dernière, lorsque Sabah lança une campagne où il offrait une collection d'encyclopédies gratuite. Milliyet et Hürriyet se sont engagés dans une bataille contre Sabah, offrant tous deux leurs propres collections.
    En raison des énormes coûts engagés, ils ont dû finalement se résoudre à signer un accord de courtoisie s'engageant à ne plus organiser ce genre de campagnes.
    Ce cessez-le-feu n'a pas été respecté longtemps et les trois quotidiens ont repris le sentier de la guerre - en flagrante violation de l'éthique universelle de la presse tout comme jadis.

ECHEC DE LA REFORME FISCALE   

    Malgré la promesse d'établir un juste équilibre des taxes à la fin de l'année, le 27 décembre le gouvernement de Ciller a approuvé au Parlement ladite "loi de la réforme" qui favorise les grandes fortunes au détriment de la population travailleuse.
    Ciller, cédant au monde des affaires, a introduit des changements de dernière minute dans le projet original de réforme fiscale lors du débat au Parlement et a supprimé plusieurs articles importants qui auraient imposé des nouvelles taxes aux corporations.
    Pour sa part, le Président Demirel, faisant la sourde oreille aux appels des médias, a approuvé la loi le 30 décembre dernier. Dans son édition du 29 décembre, le quotidien Hürriyet lui avait demandé d'opposer son veto à la loi car celle-ci creuserait le fossé entre les riches et les pauvres. Le journal a également précisé que les représentants du monde des affaires avaient fait pression sur le gouvernement d'Ankara et avaient réussi à faire passer la loi "comme ils le voulaient".
    Le quotidien Sabah a critiqué la nouvelle loi et précisé qu'au lieu d'obtenir une augmentation des revenus de 125 trillions de LT (8 milliards de dollars) grâce à la réforme fiscale, comme il était initialement prévu, le gouvernement allait même perdre de l'argent. D'autre part, en augmentant les taxes sur les biens de consommation, la charge sur le budget national pèse davantage sur les épaules des bas revenus.
    La Confédération des Syndicats Progressistes (DISK) a annoncé qu'avec l'adoption de la nouvelle loi les travailleurs vont payer en impôts quasiment la moitié des 20% du revenu national qui leur correspondent, tandis que les autres classes ne paieront que 5% de taxes sur leurs 75% du revenu national total.

TERREUR D'ETAT EN DECEMBRE

    Le 1.12, le procureur de la CSE d'Istanbul inculpe Sarp Kuray, un réfugié politique rentré de France et arrêté à Istanbul le 23 octobre pour avoir créé à l'étranger le Sentier des Partisans (PY). Sarp risque la peine capitale en vertu de l'Article 146/1 du CPT.
    Le 1.12, à Dargecit (Mardin), cinq personnes sont tuées par l'explosion d'une mine placée par les forces de sécurité.
    Le 2.12, le Procureur en Chef de la République introduit une action en justice auprès du Tribunal Constitutionnel et demande la fermeture du Parti de la Démocratie (DEP). Il prétende que les déclarations du Président Yasar Kaya et l'appel lancé le 1er septembre 1993 par le parti en faveur de la paix violent de nombreux articles de la Constitution et la Loi sur les Partis Politiques.
    Le 2.12, les personnes suivantes sont victimes de la violence politique: Mehmet Nuri Özdemir, Salahattin Özdemir et Talip Topsuz à Batman; Mehmet Korkutata à Bingöl.
    Le 3.12, le nombre d'avocats kurdes en détention à Diyarbakir s'élève à 14 avec la récente arrestation de Tahir Elci, Fuat Hayri Durmus, Gazanfer Abbasioglu et Selim Kurbanoglu.
    Le 3.12, des inconnus assassinent Ridvan Agirman à Nusaybin, Ismet Demir à Batman et Mehmet Seycar à Diyarbakir.
    Le 4.11, à Adana, la police arrête trois personnes pour propagande séparatiste au cours d'une cérémonie de mariage. A Derik (Mardin), la police annonce l'arrestation de 20 personnes au cours d'une opération de recherche. Par ailleurs, le fermier Sehmuz Gecer est retrouvé mort dans la même ville.
    Le 6.12, des inconnus abattent Abdulkadir Tekin, Burhan Atas, Seyhmuz Narin à Diyarbakir et Esat Güntay à Batman.
    Le 7.12, le nombre d'avocats détenus à Diyarbakir s'élève à 16 avec l'arrestation d'Imam Sahin et Arzu Sahin.
    Le 7.12, des tireurs inconnus abattent Sukru Tavsan, Sadrettin Aydin, Recep Erbahadir, Sedat Akinci, Bulent Gül à Diyarbakir et Esat Göktal à Batman.
    Le 8.12, les forces de sécurité attaquent le village de Tecirli à Igdir et abattent Isa Kocbas, de 15 ans.
    Le 8.12, à Istanbul, neuf des trente personnes arrêtées les 26 et 27 novembre et accusées d'exercer des activités pour le PKK, sont placés en détention par un tribunal. A Batman, la police annonce l'arrestation de 30 personnes pour activités illégales.
    Le 8.12, la CSE de Malatya condamne six membres présumés de l'Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie (TIKKO) à des peines de prison allant jusqu'à 21 ans et 10 mois. Dans un autre procès trois personnes sont condamnées par cette même cour à des peines de prison de 4 ans et 6 mois chacune pour avoir pris part aux activités du Dev-Sol.
    Le 8.12, se produisent de nouvelles victimes de la violence politique: Hasan Elhakan et Nazmi Efe à Diyarbakir.
    Le 8.12, à Eruh (Siirt), Mehmet Sen et Ahmet Sen sont tués par l'explosion d'une mine placée par les forces de sécurité.
    Le 9.12, au cours d'une descente dans une maison à Ceylanpinar (Urfa), les forces de sécurité abattent une personne et arrêtent quatre autres.
    Le 9.12, à Digor (Kars), plus de 30 personnes sont arrêtées au cours d'opérations policières.
    Le 10.12, la CSE de Kayseri condamne le membre du PKK Yildrim Arican à la peine capitale et deux autres à une peine de prison de 15 ans.
    Le 10.12, le procureur de la CSE de Diyarbakir condamne 12 militants islamistes pour violence politique et demande la peine capitale pour 8 d'entre eux.
    Le 10.12, l'enseignant Hayrettin Yildiz à Diyarbakir et Sitki Yildrim à Adana sont victimes de la violence politique.
    Le 10.12, à Ankara, la police disperse de force plus de 3.000 fonctionnaires publics participant à une marche de protestation et arrête 25 d'entre-eux.
    Le 11.12, trois des 16 avocats kurdes arrêtés précédemment par la police à Diyarbakir, Sabahattin Acar, Tahir Elci et Nevzat Kaya, sont placés en détention par la CSE de Diyarbakir.
    Le 12.12, à Istanbul, huit membres de l'organisation islamiste IBDA-C sont arrêtés par la police.
    Le 13.12, à Batman, trois détenus politiques, Hamit Baltas, Diyadin Baltas et Yesil Isik, déclarent avoir été torturés durant 30 jours de détention pour les forcer à devenir des informateurs.
    Le 14.12, l'ancien Secrétaire Général du DEP, Ibrahim Aksoy, et quatre autres représentants du parti sont arrêtés par la police suite à un meeting célébré à Ankara le 24 septembre.
    Le 14.12, un meeting des défenseurs des droits de l'homme célébré à l'Université de Balikesir est empêché de force par la police et 24 étudiants sont arrêtés. Après leur mise en liberté, ils affirment avoir été torturés au poste de police.
    Le 14.12, trois passagers d'un bus sont tués à Siirt par l'explosion d'une mine placée par les forces de sécurité, sept autres personnes sont blessées.
    Le 15.12, l'explosion d'une bombe dans un café des quartiers kurdes d'Adana tue une personne et blesse treize autres.
    Le 15.12, après l'arrestation de trois avocats, la CSE de Diyarbakir place en détention six autres arrêtés précédemment par la police: Meral Danis Bestas, Arif Altinkalem, Fuat Hayati Demir, Mesut Bestas, Selim Kurbanoglu et Vedat Ertan. Le nombre d'avocats kurdes en détention s'élève donc à neuf.
    Le 16.12, à Istanbul, la police arrête 11 membres présumés du Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP).
    Le 17.12, à Nazilli, quatre représentants du Parti du Bien-être (RP) sont arrêtés pour propagande séparatiste.
    Le 17.12, à Istanbul, la police arrête Servan Ete, de trois ans, en compagnie de ses parents au cours d'une descente dans une maison. Ce même jour, cinq autres personnes sont arrêtées pour activités en faveur du TIKKO.
    Le 17.12, la Cour de Cassation approuve la sentence de prison à vie pour deux défendeurs du Dev-Sol, Ali Sahin et Serdar Demirel.
    Le 17.12, Mehmet Elcicek est victime de la violence politique à Diyarbakir.
    Le 18.12, à Diyarbakir, Nazime Ekinci affirme avoir été torturée après son arrestation policière le 15 décembre.
    Le 19.12, le représentant du DEP d'Antalya, Selim Öncu, est arrêté au cours d'une opération policière contre le PKK.
    Le 20.12, à Istanbul, 18 personnes sont arrêtées au cours d'une série d'opérations policières.
    Le 20.12, à Mardin, Ekrem Teonay et deux personnes inconnues sont assassinés pour des raisons politiques.
    Le 21.12, deux avocats kurdes, Arzu Sahin et Imam Sahin, arrêtés à Istanbul, sont envoyés à Diyarbakir pour y être jugés par la Cour de la Sûreté de l'État. Le nombre d'avocats kurdes en détention s'élève à neuf.
    Le 22.12, le représentant du DEP, Mehmet Zeynettin Unay, est arrêté pour purger une peine de prison de deux mois et 23 jours.
    Le 22.12, la CSE d'Ankara condamne 12 défendeurs appartenant au PKK à des peines de prison allant jusqu'à 22 ans et 6 mois.
    Le 22.12, quatre personnes sont assassinées pour des raisons politiques: Sinan Erdem, Mehmet Hadi Cam à Mardin, Salih Bozcu à Batman et Zeynel Keskin à Bingöl.
    Le 23.12, une Commission Parlementaire Conjointe décide de lever l'immunité parlementaire de quatre députes du DEP: le président du DEP, Hatip Dicle (Diyarbakir), Leyla Zana (Diyarbakir), Ahmet Türk (Mardin) et Mahmut Alniak (Sirnak). Si la décision est approuvée dans la session plénière du Parlement, les quatre députés seront jugés par la CSE d'Ankara et risqueront la peine capitale.
    Le 23.12, l'Association des Etudiants de la Faculté de Droit de l'Université d'Ankara est interdite par l'administration de l'université en raison des activités exercées par cette association pendant la Semaine pour les Droits de l'Homme.
    Le 23.12, les forces de sécurité ouvrent le feu sur un minibus à Igdir et abattent cinq paysans kurdes. Ultérieurement, quelque 40 paysans qui voulaient récupérer les corps des victimes sont arrêtés.
    Le 24.12, la section de Corum de l'IHD est perquisitionnée et quatre représentants sont arrêtés par la police.
    Le 25.12, l'Association des Femmes Démocratiques (UDKD) est fermée par le Gouverneur d'Istanbul et sa présidente, Necla Tanrikulu, est arrêtée.
    Le 25.12, à Izmir, l'Association pour les Droits et les Libertés (Özgür-Der) est perquisitionnée par la police et deux personnes sont arrêtées.
    Le 27.12, se produisent de nouvelles victimes de la violence politique: Sadi Kortak, Halim Özboyaci, Ayhan Dogan, Mehmet Akanli, Mehmet Kaymar, Mehmet Dayan à Diyarbakir, Zeki Yalcin à Hakkari, Fevzi Öncel, Sakine Öncel à Bismil, Sirac Cengiz à Batman.
    Le 28.12, le procureur en chef introduit une action en justice auprès du Tribunal Constitutionnel demandant l'interdiction du Parti de l'Union Socialiste (SBP). Il accuse les leaders du parti de propagande séparatiste.
    Le 28.12, à Corum, la section locale du IHD et la Maison du Peuple sont fermés par le gouverneur.
    Le 28.12, à Van, Ahmet Acar est assassiné pour des raisons politiques.
    Le 29.12, à Batman, Abdurrahman Bayindir est assassiné par des personnes inconnues.
    Le 31.12, Mehmet Yildiz est assassiné pour des motifs politiques à Diyarbakir.

PERSECUTION DES MEDIAS EN DECEMBRE

    Le 2.12, la Cour de Cassation confirme la condamnation des deux musiciens du groupe Yorum, Kemal Sahir Gürel et Elif Sumru Gürel. Ces deux artistes avaient été condamnés par la CSE d'Izmir à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de 42 millions de LT (2.800 $) chacun en raison des chansons qu'ils avaient interprétées lors d'un concert célébré à Denizli le 15 mars 1992.
    Le 2.12, Esma Turan, rédacteur du périodique Taraf, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an de prison et au paiement d'une amende de 250 millions de LT (16.666 $). Dans la même affaire, le propriétaire de la revue, Kazim Albayrak, écope d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $).
    Le 2.12, des assaillants inconnus battent deux vendeurs du quotidien Özgür Gündem à Van et Diyarbakir.
    Le 3.12, le rédacteur du périodique Özgür Halk, Hasan Tepe, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et au paiement d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $). Le propriétaire de la revue, Haydar Demir, écope également d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $).
    Le 3.12, le propriétaire du périodique Taraf, Kazim Albayrak, est condamné par la CSE d'Istanbul à dix mois de prison et au paiement d'une amende de 208 millions de LT (13.866 $) pour un de ses articles. Le tribunal a également interdit la publication de la revue pendant un mois.
    Le 3.12, deux marchands de journaux, Musa Dürü et Yahya Cilligöz, sont abattus à Batman par des inconnus. A Diyarbakir, un vendeur d'Özgür Gündem de 16 ans est poignardé par des assaillants.
    Le 5.12, la CSE d'Istanbul confisque le livre Ronak ve Kime Ez, du célèbre poète kurde Cigerhun, pour propagande séparatiste. La dernière édition du quotidien Aydinlik est également confisquée pour incitation à l'émeute.
    Le 6.12, Nazim Taban, rédacteur du périodique Emegin Bayragi, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an de prison et au paiement d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $), pour divers articles publiés le premier mai. L'éditeur de la revue, Yalcin Ates écope également d'une amende de 200 millions de LT (13.333 $) pour ces mêmes articles. Le tribunal a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant 15 jours.
    Le 3.12, Yalcin Ates, rédacteur de la revue Ekimler, est condamné par la CSE d'Istanbul à payer une amende de 3.970.000 LT (264 $). La cour a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant un mois.
    Le 6.12, le N°82 de l'hebdomadaire Azadi et le N°25 du périodique Devrimci Emek sont confisqués par la CSE d'Istanbul en vertu de la LAT.
    Le 7.12, Nedime Tunc, propriétaire et rédactrice du périodique Newroz Atesi, est condamnée par la CSE d'Istanbul à six mois de prison et au paiement d'une amende de 50 millions de LT (3.333 $) pour un article concernant l'assassinat du journaliste Musa Anter.
    Le 8.12, la CSE d'Istanbul confisque le N°104 du périodique Emegin Bayragi ainsi que la première édition d'une nouvelle publication, Marksist Damar, en vertu de la LAT.
    Le 8.12, à Istanbul, au cours d'une conférence de presse dans le Quartier Général de la Police, le correspondant d'Aydinlik, Imam Hantas, est harcelé par la police et le film de sa caméra est confisqué.
    Le 9.12, Isik Yurtcu, ancien rédacteur du quotidien Özgür Gündem, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et au paiement d'une amende de 28,7 millions de LT (1.913 $). Le propriétaire du journal, Yasar Kaya, écope également d'une amende de 56,7 millions de LT (3.783 $).
    Le 9.12, Müstak Erhan, rédacteur du périodique Devrimci Emek, est condamné par la CSE d'Istanbul à cinq mois de prison et à payer une amende de 41,6 millions de LT (2.777 $). La cour a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant un mois.
    Le 9.12, la CSE d'Ankara condamne le journaliste-écrivain Haluk Gerger à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de 208 millions de LT (13.866 $) pour avoir envoyé un message de solidarité à un meeting le 23 mai 1993.
    Le 9.12, Güray Gürel, rédacteur du périodique Alternatif est mis en détention par la CSE d'Istanbul pour la publication de divers articles.
    Le 10.12, Isik Yurtcu, ancien rédacteur d'Özgür Gündem, est condamné par la CSE à un an de prison et au paiement d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $). Le propriétaire du journal, Yasar Kaya, à également écopé d'une amende de 100 millions.
    Le 10.12, Nusret Öztürk, rédacteur du périodique Ekimler, est condamné par la CSE d'Istanbul à cinq mois de prison et à payer une amende de 41,6 millions de LT (2.777 $). La cour a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant un mois.
    Le 10.12, Hidir Ates, ancien rédacteur du périodique Odak, est condamné par la CSE d'Istanbul à neuf mois de prison et au paiement d'une amende de 720.000 LT (48 $) pour propagande antimilitariste.
    Le 12.12, le procureur public d'Izmir interdit un poster contre la peine capitale fait par l'Association des Droits de l'Homme (IHD) et l'Association des Avocats Contemporains (CHD).
    Le 13.12, la CSE d'Istanbul confisque le livre Personne ne peut juger l'aube, imprimé par la maison d'édition Barikat.
    Le 14.12, à Iskenderun, le vendeur d'Özgür Gündem, Zuhat Tepe, est retrouvé avec la gorge tranchée.
    Le 14.12, le correspondant à Diyarbakir du quotidien Aydinlik, Ferhat Bulak, est détenu depuis dix jours. Après sa libération il affirme avoir été torturé pendant son interrogatoire.
    Le 15.12, deux producteurs de programmes de télévision, Erhan Akyildiz et Ali Tevfik Berber, sont mis en détention par le Tribunal Militaire. Le Quartier Général de l'Etat-Major avait émis un mandat d'arrestation sous prétexte qu'ils avaient discrédité l'armée dans un programme diffusé le 8 décembre.
    Le 15.12, le N°26 du mensuel Odak est confisqué par la CSE d'Istanbul. En outre, deux correspondants de la revue, Mehmet Ayvali et Firat Kilic, sont arrêtés à Izmir.
    Le 16.12, l'écrivain Yalcin Kücük est condamné par la CSE d'Ankara à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de 208 millions de LT (13.866 $) pour un discours prononcé lors d'un meeting en 1992.
    Le 16.12, deux journalistes du quotidien Cumhurriyet, le rédacteur Aydin Engin et l'éditeur Berin Nadi, sont jugés par la CSE d'Istanbul pour avoir critiqué le procureur de la CSE d'Ankara, Nusret Demiral. Murat Belge, éditorialiste en chef du quotidien Birikim, est également jugé par le même tribunal en vertu de la LAT. Ils risquent tous deux jusqu'à cinq ans de prison.
    Le 16.12, le N°26 du mensuel Hedef es confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 17.12, quatre correspondants d'Özgür Gündem, Haci Cetinkaya, Mehmet Özen, Beyhan Günyeli et Gürsel Sahin, arrêtés le 11 décembre à Adana, affirment une fois mis en liberté avoir été torturés pendant sept jours.
    Le 19.12, les dernières éditions des quotidiens Cumhuriyet et Özgür Gündem sont confisquées par la CSE d'Istanbul.
    Le 20.12, deux producteurs de programmes de télévision, Erhan Akyildiz et Ali Tevfik Berber, sont relâchés lors du procès par la Cour Martiale de l'État-major. Le tribunal a empêché l'accès à la salle des deux parlementaires Sirri Sakik et Mahmut Alniak.
    Le 20.12, le N°11 du périodique Devrimci Cözüm, le N°18 d'Özgür Gelecek et les dernières éditions de Genclik Yildizi et Partizan sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
    Le 21.12, la correspondante d'Özgür Gündem, Necmiye Aslanoglu, affirme avoir été torturée après son arrestation le 9 décembre.
    Le 21.12, le président de l'IHD d'Istanbul, Ercan Kanar est condamné par un tribunal militaire à dix mois de prison pour un article publié par Özgür Gündem où il critique l'armée.
    Le 22.12, la Cour de Cassation confirme la sentence prononcée contre le Professeur Fikret Bakaya. Il avait été condamné par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de 41 millions de LT (2.733 $) pour le livre La faillite du Paradigme - Introduction à la critique de l'idéologie officielle. L'éditeur du livre, Selim Okcuoglu, est également condamné à cinq mois de prison et au paiement d'une amende de 41 millions de LT (2.733 $).
    Le 22.12, le N°128 de l'hebdomadaire Aktüel, est confisqué par la CSE d'Istanbul en vertu de la LAT.
    Le 23.12, le sociologue Ismail Besikci est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et au paiement d'une amende de 100 millions de LT (6.666 $) pour une lettre ouverte qu'il a adressée au Tribunal Constitutionnel et publiée par Özgür Gündem. Dans un autre procès, Besikci reçoit la même sentence pour une conférence intitulée Méthode scientifique et mon combat. Besikci est déjà en prison pour ses trois autres condamnations.
    Le 23.12, deux journalistes du journal Cumhuriyet, le rédacteur responsable Aydin Engin et le reporter Celal Baslangic, sont condamnés par la CSE d'Istanbul. Le premier devra purger une peine de 15 mois de prison et le deuxième devra payer 2.275.000 LT (151 $) d'amende pour un reportage du leader islamiste aczmendi Müslüm Gündüz. Ce dernier a été condamné à 15 mois de prison pour avoir insulté Atatürk dans son interview.
    Le 23.12, la rédactrice en chef d'Özgür Gündem, Gurbetelli Ersöz, et le directeur, Ali Riza Halis, sont mis en détention par un tribunal d'Istanbul. Ils avaient été arrêtés par la police au cours de la perquisition effectuée par la police le 10 décembre dans le bureau principal du journal.
    Le 23.12, le reporter de la télévision allemande, Stefan Walberg, arrêté le 23 octobre 1992 pour avoir aidé le PKK, est exceptionnellement amnistié par le président Süleyman Demirel.
    Le 24.12, rédacteur du périodique Ekimler, Seyit Nusret Öztürk, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans et six mois de prison et au paiement d'une amende de 250 millions de LT (17.241 $) pour un article publié le premier mai 1992. La cour a également interdit la publication de la revue pendant un mois.
    Le 24.12, l'ancien rédacteur d'Özgür Gündem, Isik Yurtcu est condamné par la CSE d'Istanbul à quatre ans de prison et au paiement d'une amende de 200 millions de LT (13.333 $). La cour a également infligé une amende de 200 millions de LT à l'éditeur du journal, Yasar Kaya, et interdit la publication du journal pendant deux mois.
    Le 24.12, le rédacteur responsable de la revue artistique Hevdem est mis en détention dans le cadre d'une enquête politique.
    Le 25.12, le correspondant à Sivas de l'hebdomadaire Gercek, Cevat Aktas, est arrêté après avoir fait un reportage sur un meeting estudiantin dans cette ville.
    Le 28.12, la CSE d'Ankara décide de confisquer six livres du sociologue Besikci de publication récente: 1) Affaire Besikci 1 du point de vue de la Méthode scientifique, l'Autonomie des Universités et les Principes de la Société Démocratique, 2) Affaire Besikci 2 du point de vue de la Méthode Scientifique, l'Autonomie des Universités et les Principes de la Société Démocratique, 3) Affaire Besikci 4 du point de vue de la Méthode Scientifique, l'Autonomie des Universités et les Principes de la Société Démocratique, 4) L'affaire du Général Muglali - 33 balles, 5) Un intellectuel, une organisation et la Question Kurde, 6) Sur la Société Kurde. Suite à cette décision, 27 des 31 livres de Besikci ont été interdits. Par ailleurs, huit actions en justice différentes ont été introduites contre Besikci en relation avec ces six livres interdits.
    Le 29.12, le N°85 du périodique Isciler ve Toplum est confisqué en vertu de la LAT.
    Le 30.12, l'ancien rédacteur d'Özgür Gündem, Seyh Davut Karadag, est condamné à un an de prison et à payer une amende de 71 millions de LT (4.733 $). L'éditeur du journal, Yasar Kaya, a également écopé d'une amende de 143 millions de LT (9533 $). La cour a par ailleurs interdit la publication du journal pendant un mois. Au total, Özgür Gündem ne pourra être publié pendant quatre mois.
    Le 30.12, l'ancien rédacteur du périodique Emegin Bayragi, Nazim Taban, est condamné par la CSE d'Istanbul à cinq mois de prison et à payer une amende de 41 millions de LT (2.733 $).
    Le 30.12, la dernière édition du quotidien Aydinlik est confisquée par la CSE d'Istanbul pour avoir publié une interview du porte-parole du PKK, Ali Sapan. Le calendrier de 1994, publié par Özgür Gündem et le N°15 du périodique Yeni Demokrat Genclik sont également confisqués pour propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
    Le 31.12, le rédacteur responsable du bulletin d'information du défunt HEP, Kemal Okutan, est condamné par la CSE d'Ankara à six mois de prison et au paiement d'une amende de 50 millions de LT (3.333 $) pour l'édition sur les événements du Newroz de 1992.