Récompense
de la dame escroque pour l'union douanière
COMPLICITE MILITARISTE
ISLAMISTE
Seize ans après le coup d'état militaire du 12
septembre 1980, mené sous le prétexte de protéger la république laïque
contre la montée islamiste et neuf mois après la ratification de
l'union douanière sous le prétexte d'augmenter les chances électorales
du leader du DYP Tansu Ciller contre l'accession au pouvoir des
islamistes, le leader du RP islamiste Necmeddin Erbakan était introduit
dans le bureau du premier ministre par cette politicienne la plus
corrompue de l'histoire de la république.
Et les militaires, en retour de l'acceptation par
Erbakan de toutes les mesures répressives et antidémocratiques imposées
par le Conseil de la sécurité nationale (MGK), ont immédiatement
déclaré leur allégeance au premier ministre islamiste.
Quant aux Etats-Unis, le porte-parole du département
d'état Nicholas Burns, dans une interview au Turkish Daily News du 17
juillet, a approché le pouvoir islamiste avec compréhension et a dit:
"je ne pense pas que nous ayons jamais dit que 'laïcité' soit quelque
chose que nous sentons comme devant continuer pour nous d'avoir une
relation avec la Turquie"
Bien que l'une des premières choses que le nouveau
gouvernement a faites soit d'imposer une charge de 6% sur les
importations qui sont financées par des crédits étrangers, les missions
diplomatiques européennes sont encore en train de rechercher avec
optimisme des nouveaux gestes d'Erbakan et de sa compagnie pour donner
l'espoir d'une intégration pacifique à l'Europe de l'islamisme turc
tempéré d'ultra-nationalisme, de militarisme et d'opportunisme.
Le prix Pulitzer commentateur des affaires
étrangères Jim Hoagland, dans le Washington Post du 10 juillet, a
fustigé la coalition d'"artistes de l'escroquerie" des leaders Erbakan
et Ciller. "La stabilité politique de la Turquie est maintenant l'otage
d'un jeu d'escrocs; deux estampeurs turcs se rentrent l'un sur
l'autre et finalement dans l'administration Clinton. Erbakan était l'un
de ceux qui ont les premiers rendu public le fait que Ciller était
responsable de la disparition de millions de dollars alors qu'elle
était premier ministre. Erbakan a laissé tomber sa demande (d'un
enquête officielle) comme part de l'arrangement politique, mais l'épée
de Damoclès pend toujours au-dessus de sa tête," a-t-il dit.
• En fait, les dossiers d'enquête au sujet des
irrégularités et corruptions de Ciller, dressés par le RP sont toujours
dans les commissions parlementaires. Néanmoins, c'est le même RP qui
fait maintenant de l'obstruction dans les commissions pour discuter de
la question en échange de l'obéissance complète de Ciller aux
politiques du RP.
• Non seulement au parlement, mais aussi dans les
tribunaux, Ciller est toujours l'objet de procédures légales lancées
par le premier ministre Necmeddin Erbakan et le ministre de la justice
Sevket Kazan. Quand le RP dans l'opposition a rendu public les
irrégularités de Ciller, la dame escroque a accusé Erbakan de faire de
la contrebande de drogue et de détourner les fonds récoltés pour le
peuple bosniaque. Elle a aussi accusé Sevket Kazan d'être une homme
sans honneur et calomniateur. Dans trois procédures légales, Erbakan et
Ciller ont demandé de condamner Ciller à une amende totale de 16
milliards de LT. Ironie du sort, alors que ces dossiers attendent
d'être traités par des tribunaux, ces trois personnes, Erbakan, Ciller
et Kazan, s'accusant l'un l'autre d'être corrompus, détourneurs de
fond, contrebandiers et sans honneur, sont assis côte à côte dans le
même gouvernement de la république turque respectivement comme premier
ministre, vice premier ministre et ministre de la justice.
• La soumission la plus spectaculaire de Ciller
faite au RP est sans nul doute dans le domaine des affaires étrangères
dont elle est théoriquement le principal responsable comme ministre des
affaires étrangères. Juste après la formation du gouvernement RP-DYP,
Ciller, au cours de sa première rencontre avec les ambassadeurs des
alliés occidentaux de la Turquie, a catégoriquement nié les rumeurs
d'après lesquels Erbakan devait faire sa première visite officielle
dans des pays islamiques. Néanmoins, contredisant son partenaire,
Erbakan a entamé sa première visite officielle en Iran, Pakistan,
Singapour, Malaisie et Indonésie du 10 au 20 août en geste pour
satisfaire son électorat islamiste. Malgré la réaction américaine, il a
signé un contrat pour le gaz naturel de 20% milliards de dollars avec
l'Iran.
• Auparavant, au cours de la visite du président
égyptien Hosni Mubarak à Ankara le 11 juillet, Erbakan lui a dit que
les leaders des frères musulmans qui sont dans les prisons égyptiennes
pour terrorisme étaient en fait contre toute forme de violence et
qu'ils ne devraient pas être traités comme terroristes. Il a suggéré à
Mubarak que son administration réconcilie ses différences avec les
frères musulmans. Même sur une telle remarque irritant le président
égyptien, Ciller a dû fermer sa bouche.
• Une des premières choses que les islamistes ont
faite une fois au pouvoir était d'annoncer le 5 juillet la construction
d'une mosquée au coeur d'Istanbul, à la place Taksim. Par ailleurs, les
cercles du RP disent que leur prochain but est de rouvrir Sainte Sophie
d'Istanbul, fameuse église byzantine, comme mosquée fonctionnelle.
• Dans une autre démarche, le RP a obstrué au
parlement le passage à un système d'éducation fondamental de 8 ans, de
sorte que les écoles Imam Hatip (religieuses) puissent continuer de
fonctionner comme écoles secondaires. Ces écoles sont connues comme les
principaux centres d'instruction des militants islamistes qui sont
ensuite autorisés à entrer dans les universités et écoles supérieures
et deviennent gouverneurs et chefs de la sûreté.
Il y a quelques autres actions qui ont sans aucun
doute l'entier consentement de Ciller qui a des relations privilégiées
avec le mouvement fasciste turque.
• Après avoir formé leur gouvernement, Erbakan et
Ciller se sont précipités l'un après l'autre à Chypre à l'occasion du
22ème anniversaire d l'occupation turque de l'île. Ces visites ont été
suivies par l'arrivée à l'île de plus de 3.000 loups gris, militant
fascistes du parti de l'action nationaliste (MHP), pour contrer les
cyclistes grecs et européens protestant contre la division de l'île.
Sous l'égide du gouvernement turc et des commandants turcs à Chypre,
ils ont sauvagement assassiné deux manifestants grecs les 11 et 14 août.
• Les restes d'Enver pacha (1881-1922), membre du
triumvirat militaire responsable pour la tragédie humaine au cours de
la première guerre mondiale, particulièrement pour le génocide
arménien, ont été ramenés du Tadjikistan. Ce symbole de
l'expansionnisme turc a été enterré dans un mémorial à Istanbul le 4
août avec des cérémonies militaires auxquels assistaient le président
Demirel, des ministres et des généraux au sommet.
• Usant comme prétexte d'un acte provocatif
d'enlèvement du drapeau turc lors d'un congrès de l'HADEP, qui a
conduit à l'arrestation de tous les leaders du parti, une campagne
frénétique a été lancée à travers le pays: "lève ton drapeau!" Aussi
bien en Turquie que dans les pays étrangers où une communauté turque
existe, la vente de drapeaux turcs a atteint des niveaux sans
précédents. Dans les événements publics et spécialement au cours des
matchs de football, des milliers de drapeaux turc sont brandis en
criant des slogans: "La Turquie est la plus grande! " Très souvent des
drapeaux turcs sont accompagnés des drapeaux aux trois croissants et à
l'image de loup gris du mouvement fasciste turc, comme on l'a vu sur
les écrans de TV durant le match de football Turquie-Belgique à
Bruxelles le 31 août.
En matière de régime, en dépit de toute la
rhétorique pour la démocratie pendant les années d'opposition, les
islamistes n'ont pas attendu long temps pour suivre le chemin des
précédants gouvernements dans la soumission au diktat de l'armée.
• Après une série de visites mutuelles entre Erbakan
et les généraux de l'armée et des briefings militaires, conformément
aux directives du Conseil de la sécurité nationale (MGK), la loi
d'urgence dans dix provinces kurdes a été prolongée jusqu'à la fin de
l'année. Pour les années à venir, des préparations ont été commencés
pour remplacer la loi d'urgence par une nouvelle donnant des pouvoirs
extraordinaires aux gouverneurs provinciaux.
• Les tentatives de bonne volonté faite par
certaines islamistes, dont un député RP, pour un dialogue avec le
mouvement national kurde, ont été immédiatement réfutées par Erbakan
bien qu'il y semblait favorable antérieurement. Cette soumission
d'Erbakan aux militaires a conduit le PKK à mettre fin au cesser le feu
unilatéral qu'il avait proclamé avant les élections.
• Comme on l'a vu dans les autres pages, les
violations des droits de l'homme continuent comme précédemment et
l'image du gouvernement a déjà été ternie par la mort de douze
prisonniers en grève de la faim.
• Alors que l'attitude obstiné du gouvernement
RP-DYP concernant les conditions de vie en prison a conduit à la mort
de douze grévistes de la faim dans les prisons, le ministre de la
justice Sevket Kazan a favorisé 23 islamistes reconnus coupables
d'avoir brûlé 37 intellectuels à Sivas trois ans auparavant et les a
transférés le 26 août de la prison de Kirsehir à Sivas de sorte qu'ils
puissent y poursuivre plus facilement leurs relations familiales et
politiques.
• Erbakan, oubliant toutes ses déclarations
antisémites et anti-israëliennes durant ses années d'opposition, a fait
un virement de bord spectaculaire, et sous la pression de militaires,
le gouvernement a tout d'abord ratifié l'accord d'entraînement
militaire turco-israélien signé en février auquel Erbakan s'était
fermement opposé comme un acte hostile au monde musulman quand il était
dans l'opposition. Récemment, le 28 août, l'administration Erbakan a
signé un deuxième accord de coopération de défense avec Israël.
• Les islamistes, dans un autre tournant à 180
degrés, ont voté le 30 juillet pour l'extension de l'opération Provide
Comfort qui prolongeait l'intervention occidentale dans le nord de
l'Irak.
Quant aux problèmes sociaux:
• Si le RP est devenu le premier parti politique du
pays, c'était à cause de sa rhétorique populiste critiquant les
politiques anti-sociales de Ciller et de ses partenaires précédents.
Déjà au cours des deux premiers mois de leur pouvoir, les islamistes
ont prouvé qu'ils n'étaient pas différents des autres. Par exemple,
alors que le budget mensuel pour la nourriture seule d'une famille de
quatre personnes devrait au moins être de 25 millions de LT, le
gouvernement a concédé aux travailleurs un salaire minimum fixé à 17,01
millions de LT (197 $). Par ailleurs, le gouvernement islamiste a
provoqué la colère des travailleurs en refusant de restituer les
retenus obligatoires qui avaient été qualifiés de pillage lorsque le RP
était dans l'opposition.
De plus, l'hostilité de Ciller contre les
travailleurs est devenue plus agressive depuis qu'elle est devenue un
partenaire des islamistes. Au cours d'une visite des dirigeants
syndicaux à son bureau le 30 juillet, Ciller a crié hystériquement,
"Les travailleurs publics et l'Office de la sécurité sociale sucent le
sang de la Turquie! J'ai supprimé les travailleurs de mon agenda.
Qu'est ce qu'ils fichent? Et vous avez encore le front de venir et de
me demander des augmentations!"
L'ARMÉE A BESOIN DE 150 MILLIARDS DE DOLLARS DANS LES 25 PROCHAINES
ANNEES
Le premier ministre Necmeddin Erbakan, dans une
nouvelle manoeuvre pour satisfaire les militaires, a enjoint
l'industrie domestique turque de défense, le 11 août 1996, d'accélérer
les efforts "pour devenir autosuffisante et fournir tout ce dont les
forces armées ont besoin."
Au cours d'un briefing donné par des responsables
des forces armées et du ministère de la défense, Erbakan a
demandé que, si possible, l'achat d'armes provenant d'industries
étrangères soit suspendue et que ces besoins soient rencontrés par des
sources domestiques.
Erbakan a aussi demandé des études de faisabilité
pour une coopération en défense avec des pays musulmans, en particulier
la Malaisie, l'Indonésie et le Pakistan. Il a aussi dit que des
tentatives seraient faites pour inciter les experts en défense turc
travaillant actuellement à l'étranger à rentrer au pays.
Auparavant, l'Etat-Major de l'Armée a annoncé le 5
avril 1996 que 150 milliards de dollars seraient nécessaires pour
financer les armes et les opérations des forces armées turques dans les
25 prochaines années.
Au cours de cette période, les forces terrestres
auront besoin de 60, les forces navales de 25, et les forces aériennes
de 65 milliards de dollars en armes et en véhicules.
L'annonce a été faite au cours d'un meeting auquel
assistaient des représentants des ministères, des universités et des
organisations industrielles pour déterminer les besoins futurs de la
défense. Un projet étendu de réorganisation a été lancé en 1990 pour
restructurer et moderniser les forces armées turques (TSK).
L'annonce dit: "En vue de fournir à la TSK les
équipements et véhicules modernes que la structure projetée pour
ses forces demande, les menaces auxquelles la Turquie devra faire face
dans le futur doivent être prises en considération. Les besoins
prioritaires de la TSK sont les systèmes de contrôles et de
commande, les équipements de communication, les systèmes d'ordinateurs
et de renseignement ainsi que les systèmes de guerre électroniques et
les missiles guidés que les guerres du 21ème siècles vont requérir. De
plus, la revalorisation des principaux systèmes d'armes est considérée
comme une priorité principale."
Les projets qui ont été proposés au cours des
meetings sont comme suit:
A) Les projets conjoints des forces:
. Systèmes de communications intégrés de la TSK
(TAFICS)
. Système de données du contrôle de commandement de
la TDSK
. Système de communications du domaine tactique
. Les sauts de fréquences et le cryptage radio
. Les hélicoptères d'assaut et de reconnaissance.
. La production des systèmes de rocket et de missile
. Le système de monitoring satellite
B) Projets des forces terrestres
. Nouveaux systèmes radar
. Systèmes électroniques pour l'écoute et le
brouillage
. Divers systèmes de radio, de cryptographie et
d'ordinateur
. Systèmes de défense aérienne de basse altitude
. Armes modernes anti-tank
. Transporteurs blindés de personnel, howitzers
. Modernisation des tanks
C) Projets des forces navales
. Projet de monitoring-reconnaissance "long horizon"
. Avion de patrouille en mer et de monitoring
. Nouveaux radars et modernisation de l'équipement
existant
. Nouveaux terminaux satellite, modernisation et
production
. Le construction d'une nouvelle frégate de
conception turque.
. Une nouvelle génération de chasseurs de mine et de
bateaux anti-mines.
. Une nouvelle génération de bateaux de
patrouille
D) projets des forces aériennes
. Avion de contrôle de commande et d'avertissement
. Tanker aérien
. Systèmes de contrôle de commande et de satellite
de renseignement.
. Système de reconnaissance pour transférer et
évaluer des donner.
. Systèmes de missiles de défense aérienne.
. Armes modernes air-air et air-sol.
. Hélicoptères de recherche et de sauvetage
Des responsables de l'Etat-Major on dit que 1.523
projets sont planifiés pour un coût de 647 milliards de dollars
jusqu'en l'an 2004. Ils ont ajouté qu'un tiers de leur budget été
alloué à des programmes de modernisation.
"En dépit des programmes de modernisation en cours,
au cours des 25 prochaines années la plupart des armes dans
l'inventaire des forces armées turques devront être modernisées et les
armes obsolètes devront être remplacées par une nouvelle
génération d'équipements," ont déclaré les responsables de l'Etat-Major.
Les besoins du commandement des forces terrestres
(60 milliards au total):
750 hélicoptères, 180 systèmes de missiles et de
rocket, 160 rockets anti-tank, 12 véhicules aériens de télécommande,
3.267 tanks de communication, 1.951 pistolets et howitzers, 48.564
véhicules roulants.
Les besoins du commandement des forces navales (25
milliards de dollars au total):
14 frégates, 16 bateaux de patrouilles, 15 navires
d'assaut guidés, 9 sous marins, 4 bateaux anti-mine, 4 dragueurs de
mines, 35 véhicules de débarquement, un navire à communication, 25
bateaux et véhicules de classe auxiliaire, 9 avions de patrouille en
mer, 38 hélicoptères.
Les besoins du commandement des forces
aériennes (65 milliards de dollar au total):
640 jets de combat, 79 avions d'opérations; 160
avions d'instruction, 68 avions de transport, 25 hélicoptères, 442
systèmes d'armes de défense aérienne.
Soulignant que le coût des ressources qui lui sera
nécessaire au cours de la période a été estimé à près de 150 milliards
de dollars aux prix de 1995, les responsables de l'Etat-Major ont
rappelé que la seule façon de garder cet argent à l'intérieur du pays
est de développer l'industrie de défense nationale.
Notant qu'à présent seulement 21 % du principaux
besoins en armes, équipement et pièces de rechange de la TSK pouvaient
être rencontrés par la production domestique, et que 79% des besoins
étaient suppléés de l'extérieur, les responsables de l'Etat-Major ont
déclaré:
"Notre conception sur la question de la
modernisation peut être résumée dans le soutien à l'industrie de
défense nationale en vue de maintenir les ressources qui doivent être
dépensées pour répondre aux besoins de la TSK à l'intérieur du pays
autant que possible.
"Sauf en cas d'urgence, la solution implique de ne
pas se procurer d'armes, équipement et matériel de technologie ancienne
même sous forme de donation. Néanmoins étant donné que la réponse à
l'entièreté des besoins de la TSK dans un bref délai au moyen de la
production nationale ne semble pas possible, soit le transfert de
technologie s'effectuera soit des travaux de participation aux projets
de la coopération armée de l'OTAN et de l'union ouest européenne. Les
industriels turcs sont considérés comme susceptibles de recevoir des
parts de marchés significatives de tels consortia, et les soutiennent
en conséquence. On pense que notre pays arrivera à un stade où il
produit et exporte de la technologie à chaque étape de la production au
lieu d'être un pays acheteur."
Ils ont rappelé qu'à présent la Turquie était un
membre de l'OTAN qui fait des appels d'offres aux hommes d'affaires de
l'industrie de défense. Ils ont dit qu'à l'exception des Etats-Unis et
du Canada, 25% des offres de 4,8 milliards de dollars avaient été
lancées par la Turquie au cours des trois dernières années. Ils ont
noté que c'était une chose regrettable que la Turquie, à la suite de
l'Arabie Saoudite, était le plus grand importateur d'armes dans la
région.
Les responsables de l'Etat-Major ont souligné
qu'alors que les organisations de l'industrie de défense existantes en
Turquie appartenaient au secteur public, il existait de nombreuses
compagnies privées qui ont la capacité d'entreprendre des projets dans
le domaine de la défense.
LA TURQUIE PRODUIRA SES PROPRES HELICOPTERES POUR SON ARMEE
Dans le cadre de sa politique visant à
rencontrer les besoins du pays en industrie de défense par la
production locale, Ankara a décidé en mesure significative de mettre
sur pied sa propre industrie d'hélicoptères. Des sources de l'industrie
de défense disent que le pays choisira soit de construire un
hélicoptère "d'assaut" soit un hélicoptère de "troisième génération" et
qu'il produira 95 % de l'appareil localement.
Un groupe de travail a été formé le 25 juillet
au cours d'un meeting à l'Etat-Major pour prendre les mesures
préliminaires.
Le groupe est constitué de représentants de la
compagnie turque d'avions (TUSAS) et de la fondation pour le
renforcement des forces armées turques (TSGV), et sera sous la
coordination du secrétariat de l'industrie de défense (SSM).
L'hélicoptère choisi pour la production sera parmi
ceux sur la liste de la "production nationale" de Turquie; à savoir, le
A-129 International (Mangusta) construit par la compagnie italienne
Agusta, le Tigre franco-allemand construit par l'entreprise commune
Eurocopter, le M1-28 de Russie, de même que des produits américains
tels que le King Cobra de Bell, qui est une version avancée du Super
Cobra, l'Apache de McDonell Douglas, le Sikorsky, ou le Comanche de
Boeing.
La Turquie produira les hélicoptères avec l'une de
ces compagnies avec 95% d'apport local ou produira en commun un tout
nouvel hélicoptère de troisième génération avec la compagnie
sélectionnée.
Une fois que le modèle et la méthode seront
déterminés, le projet, auquel l'Industrie turque de l'aviation, Aselsan
et Havelsan prendront part en même temps qu'un grand nombre
d'établissements du secteur privé, seront prêts pour la production en
l'an 2000. Initialement, on envisage la production de 100 hélicoptères.
Il existe des plans prévoyant la production de la
seconde phase d'un projet pour 30 hélicoptères cougar que la Turquie
avait décidé d'acheter à la France en utilisant 30% d'apport local.
Le plan initial avait prévu que les hélicoptères
seraient construits avec 20% d'apport local. Les négociations sont en
cours avec la France pour augmenter le taux jusqu'à 30%.
Les responsables notent que 18% d'apport local sont
envisagés pour les hélicoptères Black Hawk.
DES HELICOPTERES CONTROVERSES MIS EN SERVICE DANS LE SUD-EST
En dépit des critiques virulentes contre l'achat par
la Turquie des Mi-17s, la Turquie a utilisé les hélicoptères de
fabrication russe pour le transport et les évacuations médicales dans
des opérations contre le PKK dans le sud-est, ont déclaré les
responsables militaires le 10 juillet 1996.
L'achat de 65 millions de dollars de 19 Mi-17s en
1995 a fait l'objet de critiques par les experts de la défense et les
média. Les critiques ont dit que le manque de pièces de rechange et de
maintenance pour les hélicoptères étaient les principaux problèmes,
ajoutant que les Mi-17 étaient incompatibles avec les standards de
l'OTAN.
Les hélicoptères sont restés inutilisés pendant des
mois à Ankara jusqu'à ce que des pièces de rechange en suffisance aient
été amenées et que les hélicoptères puissent être mis en service dans
le sud-est.
Malgré que les Mi-17 soient capables de jouer un
rôle attaquant quand leurs trous à munitions sont chargés, les
responsables ont dit qu'il était impossible de les utiliser pour de
telles missions à cause de leurs faibles performances et leur agilité.
Au cours des opérations, les Mi-17s évitent les
champs de bataille, selon les responsables militaires
Comparés aux autres hélicoptères en usage dans les
forces armée turques telles que les cobras et Sikorskys, les Mi-17s ont
une technologie primitive, ont dit les responsables, ajoutant que
l'ingénierie mécanique des Mi-17s reste 30 ans en arrière par rapport
aux systèmes électroniques des Sikorskys.
L'accord de 65 millions de dollars signé par la
Turquie et la Russie en 1995 pour les 19 hélicoptères Mi-17 était le
résultat d'une proposition russe pour couvrir sa dette de près de 200
millions de dollars à la Turquie.
LE PARTI DU TRAVAIL (EP) MENACE DE FERMETURE
Une poursuite légale a été introduite devant la Cour
constitutionnelle contre le parti du travail (EP), deux mois après sa
fondation, par le bureau du procureur public en chef de la Cour
suprême. La section dans le programme du parti intitulée "une solution
populaire démocratique au problème kurde" a été présentée comme base
pour la demande de fermeture.
En protestation contre cette menace de fermeture, un
groupe de membres de l'EP se sont rassemblés devant le siège d'Ankara
le 24 juin. Soudainement, le groupe a été attaqué sans avertissement
par les forces de police anti-émeute.
Lors de l'attaque, plus de 200 manifestants ont été
blessés, trente d'entre eux sérieusement. Les policiers ont donné des
coups de matraque sur la tête des manifestants en particulier et n'ont
pas permis l'accès des ambulances dans la rue de sorte que les blessés
n'ont pu être hospitalisés.
Plus de 250 personnes ont été arrêtées, soit devant
lle siège de l'EP soit dans les hôpitaux où ils étaient en traitement.
Dans une conférence de presse à laquelle
participaient les représentants des organisations démocratiques ainsi
que deux membres du parlement européen, Claudia Roth et Magda Aelvoet,
le président de l'EP Levent Tüzel a accusé les autorités de l'état
d'attaquer tous ceux qui demandent la paix et la démocratie dans le
pays.
LES LEADERS DE L'HADEP EMPRISONNES SUITE A UNE PROVOCATION
Le parti du peuple pour la démocratie (HADEP), tout
comme ses prédécesseurs qui ont défendus les droits du peuple kurde, a
été la cible du terrorisme d'état. Suite à une provocation au cours de
son congrès tenu à Ankara le 23 juin 1996, 41 dirigeants du parti ont
été arrêtés et envoyés devant une cour extraordinaire tandis que le
parti lui-même est menacé de fermeture.
Au cours du congrès de l'HADEP, en dépit de toutes
les mesures de sécurités prises par les responsables du parti, des
individus non-identifiés ont retiré le drapeau turc derrière la scène
et l'ont remplacé par la bannière du parti du travail du Kurdistan
(PKK) et un poster de son leader, Abdullah Öcalan.
Utilisant cet acte comme prétexte, la police a
encerclé le hall de sports où le congrès avait lieu et arrêté le
président de l'HADEP Murat Bozlak et d'autres responsables du parti.
Alors que les leaders du parti étaient emmenés aux quartiers généraux
de la police, les forces de sécurité ont attaqué les délégués qui
protestaient contre les arrestations et des dizaines d'entre eux ont
été sérieusement blessés.
Alors que les délégués retournaient dans leur
provinces la nuit, les dirigeants de la section d'Elbistan de l'HADEP
ont été mitraillés par un escadron de la mort près de Kayseri.
Parallèlement à cela, des attaques à travers la Turquie ont commencé
contre les membres de l'HADEP.
Bien que les responsables de l'HADEP ont qualifié
l'enlèvement du drapeau turc par des personnes non-identifiées de
provocation, les autorités judiciaires ont immédiatement entamé une
procédure légale contre les leaders du parti.
Finalement, le 26 août, la CSE d'Ankara a inculpé le
président de l'HADEP Murat Bozlak et 40 autres responsables du parti en
vertu de l'article 5 de la loi anti-terreur et de l'article 168/1 du
code pénal turc.
Accusé de "diriger une organisation clandestine", le
président Murat Bozlalk, les vice-présidents Osman Özcelik et Ismail
Arslan, le secrétaire général Bahattin Günel, les dirigeants du parti
Zeynettin Unay, Seracettin Kirici, Cihan Sincar, Mehmet Nuri Günes, Isa
Karakut, Abdullah Akin, Ahmet Cihan, Ali Riza Yurtsever, Aynur Gürbüz,
Serap Mutlu, Veli Aydogan, Ziya Arikan, Melik Aygül, Musa Kulu, Hikmet
Fidan, Hasan Cemalettin Ezman, Hamit Geylani, Cabbar Leygara et Edip
Yildiz risquent des peines de prison allant jusqu'à 22,5 ans.
Accusés d'être membres d'une organisation illégale,"
les responsables de parti suivants risquent des peines de prison
n'allant pas en dessous de 10 ans: Celalettin Erkmen, Kudret Gözütok,
Firat Anli, Kemal Okutan, Yasar Küpeli, Ferhan Türk, Etem Bingöl, Babür
Pinar, Bayram Önal, Tevfik Kaya, Dursun Turan, Nebahat Altiok, Meliha
Özcan, Ibrahim Elveren, Ilhan Akalin, Ömer Doyuran et Rasit Pirinc.
Sirri Sakik, qui avait été condamné en même temps
que six autres députés DEP en 1994, est en jugement sous l'article 8 de
la loi anti-terreur - contre la propagande séparatiste - qui implique
une sentence de trois ans maximum.
Avant l'HADEP, Le parti du travail du peuple (HEP),
le parti de la démocratie (DEP) et la parti pour la liberté et la
démocratie (ÖZDEP) ont été fermés les uns après les autres et leurs
dirigeants soumis à des actions légales.
Selon Reuters, le procès pourrait occasionner de
nouveaux problèmes pour Ankara à l'étranger au sujet des droits d
l'homme et compromettre les promesses du premier ministre islamiste
Necmettin Erbakan pour améliorer la justice et prendre en main une
insurrection kurde de 12 ans dans un esprit "d'amour fraternel"
LE NOUVEAU GOUVERNEMENT EST RESPONSABLE POUR LA MORT DE 12 GREVISTES DE
LA FAIM
La grève de la faim dans les prisons turques qui a
renforcé l'image du Midnight Express dans l'opinion mondiale avec la
mort de 12 grévistes s'est terminée le 27 juillet à 11.30 , à son 69ème
jour et au 25ème jour du jeûne de la mort.
Le 26 juillet, 355 prisonniers étaient en jeune de
la mort et 2.174 étaient en grève de la faim dans 43 prisons de 38
villes. Parmi les détenus arrêtés et condamnés qui ont participé à la
grève de la faim et au jeûne de la mort, 170 sont en traitement. La
condition de 18 prisonniers est décrite comme sérieuse et 7 d'entre eux
se trouvent en unité de soins intensifs.
Le ministre de la justice Sevket Kazan a accepté les
exigences des prisonniers, en premier lieu et principalement le
transfert de 102 prisonniers de la prison de type spécial d'Eskisehir.
En conséquence, 20 des prisonniers d'Eskisehir seront transférés à
Umraniye à Istanbul et 82 à la prison de Gebze.
Par ailleurs, les exigences suivantes des
prisonniers ont été acceptées:
-Fermeture de la prison de type spécial d'Eskisehir
pour les prisonniers politiques;
-Fin des violences subies au cours des transfert
vers les hôpitaux et les tribunaux,
-Fin des violences et mises en détentions dirigées
contre les familles,
-Autorisation des publications (qui ne sont pas
interdites) dans les prisons,
-Relations sociales entre les prisonniers non
empêchées,
-Établissement d'un comité pour observer si les
droits légaux sont mis en pratique ou non,
-maintenance de la communication entre
l'administration de la prison et les prisonniers par des représentants
des prisonniers.
Le président de la fondation des droits de l'homme
de Turquie (TIHV), Yavuz Önen, à propos de l'accord pour mettre fin à
la grève de la faim, a publié la déclaration suivante:
"Nous insistons pour que les responsables de la mort
de 12 personnes soient poursuivis. Le gouvernement turc en général, et
le ministre de la justice Sevket Kazan en particulier sont responsables
pour la mort de 12 personnes. Les prisonniers avaient des exigences
humaines et acceptables, mais le gouvernement n'a pas été prompt à
obtenir un accord même alors que les décès avaient lieu les uns après
les autres. En effet, Kazan s'était exprimé de façon provocative dans
cette période, et dans une conférence de presse tenue le 26 juillet, il
a créé l'impression qu'au risque de causer la mort de nombreux
prisonniers, une intervention aurait lieu dans les prisons.
"Nous sommes très contents que les grèves de la faim
se sont terminées, bien que tardivement, en consensus. Néanmoins, les
prisons ont toujours été une blessure ouverte de la Turquie. De tuer et
battre les prisonniers, les traitements et interdictions inhumaines ont
continuellement eu lieu dans les prisons. Les droits obtenus après des
grèves de la faim ont été retirés dans un bref délai. Dans le but
d'éviter toute suite arbitraire dans le futur, les problèmes dans les
prisons devraient être pris en considération dans le cadre d'un
programme de réforme judiciaire générale et discutés parmi les
représentants des prisonniers, le gouvernement et le ONGs. Une solution
permanente devrait être trouvée pour les problèmes dans les prisons,
les conditions de vie devraient être améliorées, et des standards de
vie humains devraient être adoptés au travers de lois. Et en fin de
compte, les ONGs devraient être capables de faire des observations dans
les prisons, et leurs rapports devraient être pris en considération par
le gouvernement."
Le 21 août, il a été rapporté que nombre des
promesses faites par la ministre de la justice n'étaient pas encore
tenues. Les prisonniers politiques d'Erzurum et Amasya étaient toujours
en grève de la faim. Le comité d'observation de prisons a averti le
gouvernement dé réaliser les conditions sur lesquelles le consensus a
été construit ou bien leur échec donnerait lieu à de nouvelles grèves
de la faim massives dans les prisons turques.
L'Union médicale turque (TTB) a déclaré que les
ex-grévistes ne recevaient pas de traitement adéquat à cause
d'embrouillement entre les ministères de la justice, de la santé et de
l'intérieur.
VIOLENCE POLICIERE CONTRE LES "MERES DU SAMEDI"
Parmi les différents moyens de protester contre le
terrorisme d'état, les rencontres périodiques des mères des personnes
disparues chaque samedi à Istanbul ont été l'un des événements les plus
spectaculaires de Turquie.
La protestation a commencé après la disparition de
Hasan Ocak au cours des perturbations qui ont eu lieu au district de
Gaziosmanpasa le 12 mars 1995, et ont continué de se développer tout au
long des quatre saisons - malgré la pluie, la neige, le vent, le soleil
brûlant et contre les pressions policières.
Les protestataires ont tiré leur inspiration des
mères de la plaza del mayo d'Argentine. Pendant 52 semaine les
protestations ont été pacifiques, mais depuis la conférence Habitat II
à Istanbul elles ont été marquées par la brutalité de la police qui a
considéré que les manifestations influenceraient négativement l'image
de la Turquie.
Le 22 juin, la police est intervenue violemment
contre les mères du samedi quand elles ont tenté de déposer des
oeillets sur la place Galatasaray. Ce jour là, tous les gens qui
portaient des oeillets dans leurs mains à Istiklal Caddesi, principale
rue commerçante piétonnière qui mène à la place Galatasaray, ont été
arrêtés par la police.
En juillet, alors que le nouveau gouvernement
parlait de plus de démocratisation, la violence policière contre les
mères du samedi a atteint des proportions effrayantes. Chaque samedi,
des centaines de mères ou de proches même que de nombreuses personnes,
dont des femmes, des avocats, des écrivains et des artistes ont été
soumis à des brutalité policières.
En août, quand il devient évident que la police ne
pouvait pas empêcher les mères du samedi de se rassembler chaque
semaine, le MHP néo-fasciste a commencé à rassembler les mères des
soldats ou policiers qui sont morts dans des confrontations armées avec
le PKK au cimetière militaire d' Edirnekapi chaque vendredi.
Alors que les mères du samedi sont maltraitées, les
mères du vendredi sont soutenues ouvertement par la police et les chefs
d'armée et par les grands médias de façon que la souffrance des mères
serve à une plus grande polarisation dans la société turque.
PREOCUPPATIONS DES ORGANISATIONS MEDICALES INTERNATIONAUX EN TURQUIE
Une délégation internationale représentant
l'Association américaine pour l'avancement de la science, l'Association
médicale de Berlin, Médecins du monde, la Commission américaine
d'Helsinki et Médecins pour les droits de l'homme, après une visite un
en Turquie du 1 au 6 juillet 1996, ont exprimé leur préoccupation au
sujet de la torture et d'autres aspects des droits de l'homme, et ont
en particulier protesté contre les attaques continuelles sur l'éthique
médicale.
La délégation a assisté au procès de Tufan Köse,
médecin, et de Mustafa Cinkilic, représentant de la fondation des
droits de l'homme de Turquie (TIHV) à Adana. Toux deux sont accusés par
des autorités turques pour leurs efforts pour traiter et réhabiliter
les victimes de la torture.
Ils ont aussi rencontré le docteur Seyfettin
Kizilkan, qui a été en appel d'une sentence de 3 ans et 9 mois sur
l'accusation d'aider le PKK. Après avoir examiné les évidences légales
qui apparaissent fabriquées dans ce cas et avoir discuté de l'affaire
avec de nombreuses personnes, ils ont demandé instamment au
gouvernement turc de supprimer les charges contre le docteur Kizilkan
et de le réinstaller dans sa position comme chef médecin de la sécurité
sociale de Diyarbakir.
DEUX MOIS DE TERRORISME D'ETAT
3.6, au cours du procès de l'armée de libération des
ouvriers et paysans de Turquie (TIKKO) devant la CSE d'Istanbul, des
gendarmes battent tous les inculpés pour avoir lancé des slogans
politiques. Huit inculpés sont ensuite emmenés à l'hôpital.
3.6, les forces de sécurité, effectuant un raid sur
le village de Bay dans la province d'Hakkari, emmènent en détention
environ 50 villageois et forcent beaucoup d'entre eux à manger les
excréments de leurs animaux. Les villageois informent l'IHD qu'une
femme souffrante de 80 ans, Sedika Beyter est tuée au cours de la
razzia.
4.6, une cour pénale d'Ankara entame le procès de
155 étudiants, dont 26 en état d'arrestation, pour avoir pris part à
une manifestation en protestation contre l'augmentation du minerval
universitaire.
4.6, à Yüksekova, une femme iranienne nommée
Seddighe Cahani est tuée par balle par les gendarmes sous le prétexte
qu'elle n'avait pas obéi à l'ordre d'arrêter sa voiture.
5.6, à Bismil, une fille de 15 ans, G.Ö, affirme
avoir été torturée et harcelée sexuellement pendant 16 jours au
bataillon des commandos après sa détention pour ne pas avoir porté sa
carte d'identité.
5.6, quatre responsables de l'association contre la
guerre (SKD), Osman Murat Ülke, Ali Serdar Tekin, Ayse Tosuner, Canan
Kilic et Funda Aktürk sont condamnés par une cour pénale d'Izmir à
trois mois de prison chacun pour avoir envoyé un représentant à un
meeting de l'organisation allemande pour la paix en 1994.
5.6, la police d'Ankara annonce l'arrestation
de dix-huit personnes dans les deux dernières semaines pour avoir pris
part à des activités du PKK.
5.6, à Istanbul, le secrétaire de l'HADEP pour le
district de Maltepe, Faruk Özkan est kidnappé par deux personnes
non-identifiées portant des armes à feu et une radio.
8.6, une peine d'emprisonnement de quatre ans contre
l'ouvrier Ahmet Kemal, pour avoir participé aux célébrations de Newroz
en 1992 à Cizre, est ratifiée par la cour de cassation. Kemal est mis
en prison à Cizre.
9.6, à Kiziltepe, Kuru Kutbettin, 17 ans est tué par
balle par deux tireurs non-identifiés.
9.6, à Adana, madame Kamile Kabak affirme que son
fils Hüsnü Kabak a disparu après sa détention par la police deux jours
auparavant.
9.6, à Tunceli, le village d'Ulukale est attaqué par
les forces de sécurité et de nombreuses maisons sont mises en feu.
10.6, le procureur en chef entame deux actions
légales contre le conseil d'administration de la confédération des
syndicats turcs (Türk-Is) pour avoir organisé deux manifestation de
protestation en 1995.
11.6, 26 dirigeants d'une série de syndicats et
d'organisations démocratiques sont traduits devant une cour pénale
d'Ankara pour avoir soutenu une action de protestation d'étudiants
universitaires.
11.6, les forces de sécurité détiennent six paysans
dans le village de Günbagi à Erzincan et sept étudiants dans la ville
d'Iskenderun.
11.6, la CSE de Malatya condamne trois membres du
PKK à la prison à vie et treize autres inculpés à différentes
peines de prison allant jusqu'à 10 ans.
12.6, la cour de cassation ratifie une peine de
prison de trois ans et neuf mois contre Nurettin Özatar, l'ancien
président de l'association des étudiants de la faculté des sciences
politiques à Ankara. Il est accusé d'être membre d'une organisation
clandestine.
12.6, à Gemlik, deux membres supposés de la TIKKO
sont mis en état d'arrestation par un tribunal. A Aydin, la police
emmènent 18 personnes en détention pour participation aux activités du
PKK.
13.6, à Van, les villages d'Arcun, Avan et Askan
sont vidées de leur population sous le prétexte de sécurité publique.
13.6, à Mersin, G.Ö, 15 ans est emmenée en détention
avec sa mère et sa soeur. G.Ö a déjà été détenue pendant 16 jours en
février 1996 à Bismil. Après sa libération elle a affirmé avoir été
torturée par les militaires.
13.6, à Van, les forces de sécurité effectuant
un raid sur un certain nombre de maisons arrêtent de nombreux
étudiants. Le même jour, à Adana, la police détient neuf personnes.
14.6, l'ancien du village de Citlik à Maras, Gürmo
Agac est emmené en détention par une équipe de militaires effectuant un
raid sur le village. Il avait dénoncé au quotidien Demokrasi que les
villageois étaient forcés par les forces de sécurité d'être des
protecteurs de village.
17.6, à Gaziantep, le docteur Bayram Bozbeyoglu est
emmené en détention pour avoir donné des soins médicaux aux grévistes
de la faim en prison.
17.6, à Diyarbakir, le président de la chambre des
docteurs en médecine, Seyfettin Kizilkan est condamné par la CSE de
Diyarbakir à trois ans et neuf mois dans prison pour avoir aidé le PKK.
Le tribunal décide aussi de priver le docteur Kizilkan du droit
d'exercer sa profession pour trois mois.
16.6, à Batman, un ancien responsable de syndicat,
Siyamet Yilmaz (Egitim Sen) est emmené en détention en même temps que
ses deux proches.
17.6, le quotidien Demokrasi rapporte que, à
Istanbul, Ibrahim Kanat a été gardé en détention pendant une semaine en
même temps que sa femme Emine Kanat et leurs deux enfants dont l'un a
trois ans et l'autre six ans.
17.6, à Lice, l'explosion d'une bombe dans la maison
d'Avni Babür cause la mort de trois de ses enfants et en blesse
deux autres.
17.6, à Istanbul, on rapporte qu'un détenu nommé
Ümit Aydin est jeté du troisième étage du centre de la
police politique à Aksaray. Bien qu'hospitalisé, on rapporte que la vie
d'Aydin est en danger.
18.6, la CSE d'Izmir condamne un membre de
l'organisation islamiste IBDA-C à la prison à vie.
18.6, les forces de sécurité arrêtent huit personnes
à Istanbul et 23 personnes à Izmir. Parmi ces deniers se trouve
aussi une jeune femme qui a donné naissance à un bébé trois jour
auparavant.
19.6, à Urfa, trois personnes sont emmenées en
détention par la police.
20.6, à Eskisehir, Ramis Hatipoglu, 46 ans qui
avait été emmenée en détention étant accusé de vol est trouvé
assassiné au poste de police de Carsi.
20.6, les forces de sécurité arrêtent les membres de
l'HADEP Mehmet Sahin et Selam Sahin à Hakkari, un autre membre de
l'HADEP, Ihsan Elcicek, à Izmir. Par ailleurs, dix personnes sont mises
en détention à Adana.
20.6, à Gaziantep, la présidente de la fondation des
femmes pour la liberté (ÖKV), Berivan Bozkurt est emmenée en détention.
21.6, le procès des dirigeants de la Türk-Is
commence devant une cour pénale d'Ankara.
21.6, le procureur publique entame une procédure
légale contre le président du parti pour la liberté et la solidarité
(ÖDP), Ufuk Uras, et 14 autres responsables du parti pour un communiqué
de presse critiquant des équipes spéciales dans le sud-est.
22.6, à Iskenderun le président local du CHP Nihat
Parlas est envoyé devant une cour pénale pour un procès à cause d'une
déclaration qu'il a faite à l'IHD contre les pratiques
antidémocratiques des forces de sécurité.
23.6, les forces de sécurité mettent trois personnes
en détention à Izmir et trois personnes à Istanbul, Afyon et Tunceli.
24.6, la CSE de Kayseri condamne le membre du DHKP-C
Mustafa Sarikaya à une emprisonnement de douze ans et six mois.
25.6, à Izmir, les membres de l'IHD Güzin Barmasiz
et Emrah Dertli sont kidnappés dans un minibus par des assaillants
non-identifiés.
25.6, 20 personnes, parents de prisonniers
politiques, sont envoyés devant une cour pénale d'Ankara pour avoir
organisé une action de protestation dans la capitale.
26.6, la CSE d'Ankara condamne 21 membres du
parti communiste révolutionnaire de Turquie/union des jeunes
communistes (TDKP/GKB) à différentes peines de prison allant jusqu'à 12
ans et 6 mois.
26.6, à Mardin, les forces de sécurité effectuant un
raid sur le village d'Edi mettent en détention le chef de village
Abdurrahman Temel ainsi que 22 autres villageois.
27.6, la CSE d'Istanbul condamne cinq membres
du PKK à la prison à vie et huit autres inculpés à différentes peines
de prison allant jusqu'à 22 ans et 6 mois.
27.6, les forces de sécurité effectuent un raid sur
le bureau de Kocaeli du parti du pouvoir socialiste (SIP) et
confisquent tous les documents à l'intérieur. Le même jour, à Izmir, un
meeting organisé par l'ÖDP contre la privatisation des transport
publics est empêché par les forces de police.
27.6, les forces de sécurité effectuant un raid sur
le village de Kocatepe à Mardin arrêtent 20 personnes.
28.6, le maire de la ville de Kilavuz à Mardin,
Abdurrahman Bozkurt est mis en état d'arrestation en même temps que son
fils, accusés d'aider le PKK. Bozkurt est membre du DYP, partenaire de
la coalition.
29.6, le quotidien Demokrasi rapporte que Keko
Polat, 62 ans, qui avait été détenue le 10 juin par des gendarmes
effectuant un raid dans le village de Lazvan à Tunceli est en
traitement à l'hôpital d'Elazig à cause des tortures qu'elle a subie.
2.7, les forces de sécurité effectuant une descente
sur une maison d'Istanbul mettent dix personnes en détention.
3.7, le quotidien Evrensel rapporte que sept
dirigeants de syndicat appartenant à différents syndicats ont été mis
en état d'arrestation à Istanbul.
3.7, la CSE d'Istanbul condamne quatre membre
du DHKP-C à la prison à vie, 19 autres inculpés à différentes peines de
prison allant jusqu'à 18 ans et 6 mois.
4.7, le président de l'IHD Akin Birdal est condamné
par la CSE de Konya à un an de prison et une amende de 300.000 LT pour
un discours qu'il a fait en 1995 à l'occasion de la journée
mondiale de la paix.
4.7, la CSE d'Istanbul condamne cinq membre du
TDKP à des peines de prison allant jusqu'à trois ans et 9 mois de
prison.
4.7, à Sivas, les forces de sécurité arrêtent trois
membres supposés de la TIKKO à Sivas, deux personnes à Istanbul, une
personne âgée de 50 ans à Van.
5.7, le procureur public en chef entame une
procédure légale en vue d'interdire le parti de la résurrection
islamiste (IDP) sur base du fait que ce parti n'a pas participé aux
deux dernières élections générales.
5.7, le procès de 32 personnes, accusées d'être des
dirigeants et membres de la voie révolutionnaire (Dev-Yol) clandestine,
commence devant la CSE d'Istanbul. Sept inculpés risquent la peine
capitale et le reste des peines de prison allant jusqu'à 22,5 ans.
5.7, à Istanbul, la police met en détention le
syndicaliste Kenan Öztürk et sept ouvriers au cours d'une action de
protestation.
6.7, à Cizre, Mehmet Inanc est assassiné par des
tireurs non identifiés.
6.7, à Istanbul, des policiers faisant une descente
sur une maison arrêtent quatre personnes.
6.7, à Ankara, un groupe de loups gris attaquent le
bureau de Cankaya de l'HADEP. A Izmir, un meeting de l'HADEP dans la
ville de Buca est interdite par décision du gouverneur.
6.7, à Adana, les forces de sécurité effectuant un
raid sur certaines maisons mettent quatre ouvriers municipaux en
détention. Le même jour, deux personnes sont arrêtées à Suruc, six
personnes à Antalya, quatre personnes à Manavgat.
7.7, l'ancien député kurde Mahmut Alinak est
brutalement battu par des policiers à Ankara alors qu'il essaye
d'empêcher une attaque de la police contre les proches de prisonniers
politiques.
7.7, à Batman, Meryem Arasan est paralysée suite aux
tortures qu'elle a subie après sa détention le 3 juin.
7.7, à Kiziltepe, Kenan Demir est victime d'une
attaque armée.
8.7, à Milas, M.C., 15 ans affirme avoir été torturé
après avoir été détenu le 18 juin par la gendarmerie.
8.7, la cour de cassation ratifie une peine
d'emprisonnement de 18 mois contre l'ancien député du RP Hasan Mezarci
pour avoir insulté Atatürk. Mezarci est actuellement en Allemagne. S'il
retourne en Turquie, il sera mis en prison.
9.7, à Izmir, deux responsables du CHP, Nedim Güllü
et Ismet Atici affirment avoir été torturés au cours de leur détention
au poste de police d'Anafartalar.
9.7, à Istanbul, le président du syndicat des
fonctionnaires municipaux (Bem-Sen), Ali Bingöl est emmené en détention
policière. A Diyarbakir, on rapporte que la maison de Kadri Göldere,
dirigeant du Syndicat des enseignants (Egitim Sen) est sous occupation
policière constante.
9.7, les forces de sécurité mettent en détention six
militants du PKK à Izmir, six paysans à Suruc et deux personnes à
Istanbul.
10.7, un autre responsable de la Bem-Sen, Hanifi
Saglam est emmené en détention à Istanbul.
10.7, à Batman, les forces de sécurité effectuant un
raid sur une maison ont tué par balle trois personnes accusées d'être
des activistes du PKK.
10.7, la cour de cassation ratifie des peines de
prison contre quatre membres de la DHKP-C et des peines de prison
allant jusqu'à 15 ans contre quatre autres inculpés.
11.7, on rapporte que les forces de sécurité ont
emmené en détention 12 dirigeants de syndicats au cours des derniers
jours. Deux d'entre eux, le président de Saglik-Sen Tolga Köseoglu et
le membre du conseil d'administration Songül Aytermir sont mis en état
d'arrestation par la CSE d'Istanbul.
11.7, à Diyarbakir, une équipe de police fait une
descente sur la maison du président local de l'union des travailleurs
de la voie publique (Yol-Is), Enver Ölmez en brisant la porte avec des
marteaux. Après avoir battu les enfants, Feyzullah (15) et Yeliz (19),
les policiers l'ont emmené en détention.
12.7, à Istanbul, Ibrahim Kanat qui avait été détenu
en même temps que sa femme et ses deux enfants en juin, affirme que la
police l'a torturé lui et sa femme devant leur enfants.
12.7, le procès de 139 personnes détenues au cours
d'une manifestation de protestation devant le ministère de l'éducation
nationale commence devant une cour pénale d'Ankara. Pour manifestation
non autorisée, chacun d'entre eux risque une peine de prison allant
jusqu'à 3 ans.
14.7, à Istanbul, une équipe de police effectuant un
raid sur une maison tue par balles quatre jeunes gens en représailles
d'une attaque alléguée d'un poste de police du DHKP-C qui se serait
soldée par la mort de deux policiers.
14.7, à Osmaniye, les forces de sécurité annoncent
l'arrestation de 13 personnes à Izmir, douze à Ankara, trois à
Istanbul, quatre à Mersin et une à Antalya.
15.7, les forces de sécurité annoncent l'arrestation
de 13 personnes à Izmir, douze à Ankara, trois à Istanbul, quatre à
Mersin et une à Antalya.
16.7, à Gaziantep, au cours d'une conférence de
presse d'un groupe d'ouvriers textiles sur la grève, les forces de
sécurité mettent en détention environ 60 personnes. Parmi les détenus
on trouve des responsables de partis politiques, de syndicats et
d'organisation de droits de l'homme.
16.7, les forces de sécurité détiennent treize
personnes à Izmir et quatorze personnes à Bursa pour activités du PKK.
Le même jour sept responsables de l'HADEP aussi sont mis en détention
policière à Antalya.
17.7, un ex responsable du Syndicat des travailleurs
de la santé (Tüm-Saglik-Sen), Mahmut Konuk est détenu à Ankara.
18.7, la CSE de Diyarbakir place sous arrestation
deux responsables de syndicats, Vezir Perisen (Belediye Is) et Enver
Ölmez (Yol Is).
19.7, les forces de sécurité détiennent trois
personnes à Dörtyol, une personne à Pazarcik et trois étudiants à
Istanbul pour activités clandestines.
19.7, à Lice, trois personnes sont trouvées brûlées
vives.
21.7, un meeting organisé par des organisations
démocratiques à Istanbul pour les droits et libertés fondamentales est
interdit au dernier moment par le bureau du gouverneur.
21.7, à Kastamonu, sept responsables de
l'association pour la pensée Atatürkiste (ADD) sont traduits devant une
cour pénale pour avoir mis un poster sur le mur de l'association avec
une phrase extraite des discours d'Atatürk. Chacun risque une peine de
prison allant jusqu'à un an.
22.7, à Adana, Muzaffer Adiyaman qui avait mis
en détention le 24 juin affirme avoir été torturée et violée pendant 21
jours par les policiers aux quartiers généraux de la sûreté de la ville.
22.7, à Antakya, neuf membres de l'HADEP sont
emmenés en détention sur l'accusation de prendre part aux activités du
PKK.
22.7, le président local du parti pour la démocratie
et la paix (DBP) Veli Koparan ainsi que deux autres responsables de
parti sont détenus à Hakkari. Le même jour, un ancien responsable de
l'HADEP, Ekrem Kaya, est mis en détention à Istanbul en même temps que
sa femme, sa mère et sa fille.
24.7, à Istanbul, 11 personnes sont emmenés en
détention policière pour avoir pris part aux activités de l'union des
révolutionnaires communistes de Turquie (TIKB).
28.7, treize militants islamistes sont inculpés pour
l'assassinat du journaliste Cetin Emec, de l'écrivain Turan Dursun et
d'un opposant au régime iranien. Deux des accusés risquent la peine
capitale.
28.7, les forces de sécurité détiennent dix
personnes à Istanbul et treize personnes à Ankara pour prendre part aux
activités du DHKP-C.
30.7, les force de sécurités annoncent l'arrestation
d'environ dix responsables de l'EP à Kocaeli, Adapazari, Gebze et
Karadeniz Ereglisi. Le même jour le secrétaire d'Istanbul de l'HADEP
Cemal Coskun est emmené en détention.
31.7, à Iskenderun, six personnes sont emmenées en
détention policière sur l'accusation de prendre aux activités du parti
communiste marxiste léniniste (MLKP) et de la TIKKO.
VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN AVRIL-MAI-JUIN 1996
L'association des droits de l'homme (IHD) a publié
le 30 juillet son rapport sur les violations des droits de l'homme qui
ont eu lieu en Turquie au cours des mois d'avril, mai et juin
1996. Affirmant qu'il y avait encore 136 prisonniers d'opinion à la fin
de juin, le rapport tient les forces de la sûreté comme principal
responsable pour les décès, les disparitions et la torture en détention
qui se sont produits spécialement dans le sud-est de la Turquie.
Voici les chiffres sur les violations des droits de
l'homme en avril, mai et juin:
Meurtres non résolu 10
Morts en détention 32
Morts au cours d'échauffourées 730
Morts de civils 18
Disparition après détention 36
Cas de torture 50
Détentions policières 6342
Arrestations judiciaires 354
Villages évacués 12
Bombardements 29
Bureaux d'associations et de médias
fermés 29
Bureaux d'associations et de médias ayant fait
l'objet d'une descente 19
Journalistes mis en détention 106
Publications confisquées 48
De plus, les procureurs ont réclamé des peines de 62
ans et 9 mois de prison dans des accusations contre des journalistes.
Les tribunaux ont prononcé 35 ans et 6 mois
d'emprisonnement et une amende totale de 1 milliard 549 million LT dans
des procès d'opinion.
13.665 MEURTRES NON ELUCIDES DEVANT LA CSE
Un total de 13.665 affaires de meurtre sont restés
non élucidés à la fin de 1995 mais sont toujours en investigation par
les huit bureaux de procureur de la cour de la sûreté de l'état, a
rapporté l'Agence de presse anatolienne le 1er août.
D'après les données du directorat général des
annales et statistiques criminelles, les procureurs ont reçu des
dossiers sur 2.401 nouveaux meurtres en 1995, à ajouter aux 11.264
affaires laissées en suspense des années précédentes.
La cour de Diyarbakir a le plus grand nombre
d'affaires non résolues, avec 11.699. La cour de Malatya prend la
seconde place avec 879 affaires de meurtre non résolues, suivies par
Erzincan avec 695, Izmir avec 11, Istanbul avec 83, Ankara avec 73,
Kayseri avec 37 et Konya avec 22.
Le rapport des affaires de meurtre dans le total des
affaires traitées par les CSE a été de 56,4%.
PAS DE RETOUR DANS LES VILLAGES EVACUES
En dépit des affirmations du nouveau gouvernement
d'après laquelle les victimes des évacuations de village sont autorisés
à retourner dans leurs maisons, le porte-parole du CHP Sinan Yerlikaya
a dit le 5 août qu'il n'y avait pas d'activités en parallèle avec ces
promesses.
"J'ai fait une étude dans le sud-est, il n'y a pas
de village où la migration inverse se produise. Il y a quelques
villages dont la population a été forcée de devenir des gardiens de
village. Ceux qui ont migré vers les villes sont dans les rues, dans
des cafés et cherchent à survivre dans des tentes et des écuries. Il
n'y a pas d'agriculture ni d'activité sociale.
Le 10 juillet, l'association des droits de l'homme
Mazlum-Der a annoncé que ces dernières années un total de 4.185.000
personnes dans le sud-est ont été forcé de quitter leurs villages et
hameaux et de migrer vers les grandes cités.
Nombre de ces migrants forcés ont été installés dans
les villes:
Adana 1.200.000
Diyarbakir 1.150.000
Sanliurfa 450.000
Gaziantep 400.000
Van 350.000
Mardin 250.000
Batman 230.000
Elazig 70.000
Hakkari 50.000
Malatya 35.000
"MORT ACCIDENTELLE" D'UN TEMOIN DE LA BRUTALITE POLICIERE
On rapportait le 23 juillet qu'une femme nommée
Hanim Gül, "seul témoin vivant" d'une opération de police qui a causé
la mort de quatre personnes, se serait suicidée alors qu'elle était en
observation à l'hôpital d'urgence d'Istanbul.
Tout a commencé le 14 juillet quand la police a fait
une descente sur la maison de Gül sur base du fait qu'elle serait le
refuge d'une organisation de gauche illégale. Au cours du raid, Hanim
Gül a sauvé sa vie en sautant d'une fenêtre. Elle a été emmenée à
l'hôpital pour être traitée pour une blessure par balle et le trauma
résultant de sa chute.
La police a annoncé qu'au cours de l'incident la
fille de 16 ans de la famille Suna Gül, en même temps que trois autres
personnes, a été tuée, en la présentant comme une terroriste. Le même
jour Suna Gül est apparue bien vivante pour dire qu'elle n'était pas
une terroriste et qu'elle était ailleurs au cours du raid.
Et quelque jours plus tard sa mère Hanim Gül a été
tuée après être tombée d'une fenêtre d'hôpital.
La mort de Hanim Gül ajoute un nouveau maillon à la
chaîne de suspicion à propos de la police, particulièrement à cause du
fait qu'elle était la seule personne vivante capable de parler de ce
qui était arrivé lors de l'attaque policière à Gültepe.
CHIFFRES RECENTS SUR LES VIOLATIONS DE LA LIBERTE D'OPINION
Selon un rapport récent publié le 8 août par le
quotidien Cumhuriyet, le nombre de prisonniers d'opinion en Turquie
s'est monté à 150 dans la première moitié de 1996. Ce nombre était de
100 en 1994 et de 121 en 1996.
En dépit de la modification de l'article 8 de la loi
anti-terreur, les sentences, aussi bien réclamées qu'obtenues contre
les accusés se sont considérablement accrues au lieu d'avoir baissé. En
six mois, les procureurs ont réclamé un total de 877 ans de prison pour
des délits d'opinion et les tribunaux ont prononcé un total de 140 ans
d'emprisonnements. Le total des emprisonnements réclamés pour des
délits d'opinions était de 1081 ans en 1994 et de 1712 ans en 1995. Le
total des emprisonnements prononcés pour les mêmes délits était de 533
ans et 5 mois en 1994, et de 172 et 8 mois en 1995.
Cumhuriyet rapporte aussi que parmi les prisonniers
d'opinion on trouve cinq ex-députés du DEP, Orhan Dogan, Leyla Zana,
Hatip Dicle, Selim Sadak, Sirri Sakik; des leaders de l'HADEP; le
sociologue Ismail Besikci, le journaliste Isik Yurtcu, des membres des
groupes musicaux Kutupyildizi, Yorum, Özgürlük Türküsü et Munzur.
D'autre part, la branche d'Ankara du syndicat des
journalistes de Turquie (TGS), dans un rapport rendu public le 12 août,
ont donné les données suivantes pour six mois concernant les violations
de la liberté de la presse du 1 janvier au 30 juin 1996:
Journaliste assassiné: 1
Journaliste victime de la terreur:
1
Journalistes agressés: 2
Journalistes attaqués par les forces de
sécurité: 17
Journalistes attaqués par des responsable de
parti: 2
Journalistes attaqués par des personnes
non-identifiées: 17
Attaques sur la maison ou la voiture d'un
journaliste: 2
Journaliste battu par un propriétaire de
journal: 1
Journaliste mis en détention: 38
Journalistes kidnappés: 2
Raids sur des bureaux de journaux:
5
Association de journalistes ayant fait l'objet d'une
descente de police: 1
Confiscations: 13
Interdictions de publication: 3
Interdictions d'émission radio-TV:
7
Radio définitivement interdite: 1
Avertissements aux radios-TV: 4
Censure directe par le premier
ministre: 1
Les tribunaux ont donné, dans cette période, un
total de 3 ans, quatre mois et 10 jours d'emprisonnement et une amende
totale de 256 millions de LT aux écrivains et éditeurs. Par ailleurs,
les propriétaires de journaux et magazines ont été condamnés à une
amende totale de 3 milliards 278 millions.
Selon un autre rapport publié par l'association des
journalistes de Turquie (TGC) du 15 juillet, le nombre de journalistes
professionnels condamnés à des peines de prison dans la première moitié
de 1996 a atteint 44 et les procès récemment ouverts ou en cours contre
des journalistes professionnels dans la même période se montent à 33.
Le nombre des journalistes ou écrivains détenus ou arrêtés en six mois
a atteint 73. Dans les journalistes accusés, quatorze ont été jugés par
des cour de la sûreté de l'état ou des cours militaires. Les autorités
ont confisqué huit livres et 33 journaux ou magazines dans la même
période. Les tribunaux ont décidé d'interdire les publications de 12
différents périodiques.
L'EDITRICE AYSE ZARAKOLU A NOUVEAU EMPRISONNEE
L'éditrice de la maison d'édition Belge madame Ayse
Nur Zarakolu a été mise en prison le 29 août pour servir sa nouvelle
peine de prison. Elle a été condamnée par la CSE d'Istanbul à un
emprisonnement de 113 jours pour avoir publié le livre de Faysal Dagli
intitulé Birakuji-La guerre civile des kurdes. La cour a condamné
Zarakolu pour un reportage de 7 pages dans le livre de 300 pages.
Après la ratification de la sentence par la cour de
cassation, Zarakolu a été arrêtée et envoyée à la prison de type
spécial de Sagmalcilar à Istanbul.
Alors qu'elle entrait en prison, Zarakolu a dit: "Le
livre a été écrit par un journaliste. Le sujet du livre est la guerre
civile qui a eu lieu dans les régions kurdes de l'Irak en 1992. Un
reportage sur le chef de l'organisation kurde ARGK a été considéré
comme crime.
"Hier le mot kurde était interdit. Ismail Besikci a
été jugé et condamné pour avoir utilisé ce mot. Pourtant, aujourd'hui
presque tous les partis politiques ont publié un rapport sur la
question kurde. Beaucoup d'entre eux parlent d'une solution pacifique.
De chercher une solution pacifique signifie d'accepter l'existence
d'une guerre. Comme ce fait est admis par tout le monde, comment un
livre sur cette guerre peut-il être considéré comme un crime? Alors,
tous les procès politiques concernant la question kurde devraient
immédiatement être stoppés."
Par ailleurs, la CSE d'Istanbul a condamné Zarakolu
le 31 juillet 1996 à une peine de prison de six mois et une amende de
50 millions de LT pour avoir publié le livre de l'ancien maire de
Diyarbakir Mehdi Zana intitulé Chère Leyla, cette nuit fut un long
exil. Le tribunal a également émis un mandat d'arrêt en son absence
pour Zana qui était en voyage en Europe à ce moment.
Zarakolu sera jugé pour la seconde fois le 11
septembre par la CSE d'Istanbul pour avoir publié le livre d'Yves
Ternon sur le génocide arménien.
LE PROCES DE L'ASSASSINAT DE GÖKTEPE KIDNAPPE
Le 15 juillet 1996, une délégation des Reporters
Sans Frontières (RSF) a assisté à l'ouverture à Istanbul du procès des
policiers accusés d'avoir battu à mort le journaliste Metin Göktepe le
8 janvier 1996.
Le procès a été transféré à la ville d'Aydin, à
quelques 400 milles d'Istanbul, pour des raisons de sécurité. La RSF
est préoccupée par les pressions sur l'un des principaux témoins de la
défense, Deniz Ocan, qui a été kidnappé et a souffert de mauvais
traitements pendant eux jours.
La RSF en a appelé aux autorités européennes en
exprimant ses vifs regrets que la procès ait été transféré à Aydin; en
exprimant ses préoccupations au sujet des pressions sur le principal
témoin de la défense; en notant que le progrès du procès sera un test
de l'engagement des autorités turques par rapport aux principes
démocratiques et aux accords internationaux; et enjoignant les
autorités européennes de s'assurer que le procès soit conforme aux
règles fondamentales des lois internationales.
Le journaliste d'Evrensel Metin Göktepe, âgé de 27
ans, est décédé dans des circonstances douteuses après avoir été détenu
par la police le 8 janvier 1996.
UN JOURNALISTE TURC ASSASSINE A CHYPRE
Kutlu Adali, l'éditorialiste du quotidien chypriote
turc Yeni Düzen, organe du parti républicain turc (CTP) de gauche, a
été tué par balles à l'extérieur de sa maison dans le secteur turc de
Nicosie, dans les premières heures du 7 juillet 1996.
D'après Reporters sans frontières (RSF), il a été
frappé à la tête et est mort sur le coup. Intellectuel de gauche qui a
souvent critiqué des hommes politiques dans ses éditoriaux, Kutlu Adali
avait reçu des menaces de mort. Il était connu comme un partisan de la
coopération pacifique avec l'état à dominance grecque de Chypre.
A Nicosie, un appel anonyme à la rédaction du
journal Kibris a revendiqué la responsabilité de l'assassinat,
affirmant que le meurtre a été commis sur ordre du groupe d'extrême
droite la brigade turque de revanche (TIT).
Selon le Comité pour la protection journalistes
(CPT), la brigade turque de revanche a émergé il y a plusieurs mois
quand elle a fait circuler des brochures annonçant qu'elle punirait
ceux qui s'opposent à la cause des Turcs à Chypre.
DEUX MOIS DE PRESSIONS SUR LES MEDIAS
1.6, les hebdomadaires Aydinlik et Sosyalist Iktidar
sont confisqués par une cour pénale d'Istanbul pour avoir critiqué le
ministre de la justice. Le même jour le périodique Tavir est confisqué
par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
2.6, le n° 76 du périodique Özgür Gelecek est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande d'une organisation
hors-la-loi.
3.6, un livre intitulé l'histoire des droits de
l'homme, écrit par le député secrétaire de l'IHD Hasan Anar, est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
4.6, un livre de mémoires, HEP, DEP et l'Etat - du
parlement à la prison, écrit par l'ancien député kurde Mahmut Alinak,
est confisqué par une cour pénale d'Istanbul sur l'accusation d'insulte
à l'assemblée nationale, aux forces de sécurité de l'état, au
gouvernement et à la justice.
5.6, le n° 24 du périodique Özgür Genclik est
confisqué par la CSE d'Istanbul sur l'accusation de propagande
révolutionnaire.
5.6, la projection d'un film intitulé Istanbul est
sous mes ailes est interdit à Kayseri par décision du maire de la
ville. Ce film, dirigé par Mustafa Altioklar, commente une période de
l'empire ottoman d'un point de vue contraire à
l'interprétation islamiste.
7.6, à Izmir, un concert du chanteur folklorique
célèbre Ferhat Tunc est interdit par le gouverneur.
8.6, le n° 69 du périodique Söz est confisqué par la
CSE d'Istanbul en vertu de l'article 8.
8.6, dans la province de Cizre, l'ancien du village
de Yesilyurt, Abdurrahman Mustak, est inculpé pour avoir écouté la
MED-TV kurde. L'écoute de cette radio a été interdite le 5
février 1996 par le super gouverneur de la région d'état d'urgence.
Mustak risque une peine de prison allant jusqu'à 6 mois pour avoir
contrevenu à cette interdiction.
9.6, le conseil supérieur de la radio et de la
télévision (RTÜK) décide d'interdire l'émission de Kanal D TV pour un
jour sur l'accusation d'émettre un programme incompatible avec les
interdictions de la période électorale.
10.6, une cour pénale d'Ankara prend une décision
pour empêcher l'hebdomadaire Aydinlik de publier un rapport sur les
relations du ministre de la justice Mehmet Agar avec la mafia turque.
10.6, trois responsables du centre culturel de la
Mésopotamie (MKM), Vehbiye Tüzün, Serhat Karatas et Erdal Ceviz ainsi
qu'un responsable de l'institut kurde, Mehmet Safi Ekinci, sont emmenés
en détention policière à Istanbul.
10.6, le correspondant Irmak Ugurlu du périodique
Özgür Atilim est emmené en détention policière alors qu'il couvre un
meeting dans un cimetière d'Istanbul, organisé pour commémorer les
victimes des disparitions en détention.
11.6, un correspondant du périodique Kurtulus, Arzu
Uzun, est emmené en détention à Istanbul en même temps que sa mère Ipek
Uzun.
11.6, un correspondant du périodique Özgür Gelecek,
Zeynel Salt est kidnappé par quatre tireurs non identifiés à Istanbul.
Il est relâché après avoir été battu pendant trois heures.
11.6, l'écrivain kurde Recep Marasli et un ancien
responsable du DEP, Abdülcabbar Gezici, sont condamnés par la CSE
d'Istanbul à 20 mois de prison et 133 millions de LT d'amende
chacun en vertu de l'article 8 pour leurs propos dans un programme de
télévision de Kanal 6 sur la question kurde. Quant aux animateurs du
programme, Ahmet Altan et Nese Düzel, ils sont acquittés.
12.6, un correspondant d'Erzincan du quotidien
Demokrasi, Düzgün Akbaba est détenu par une équipe militaire au cours
d'un raid contre sa maison.
13.6, la projection du film intitulé Istanbul est
sous mes ailes est interdit à Urfa par décision du maire de la ville.
15.6, la CSE d'Istanbul interdit la publication du
périodique Emekcinin Alinteri pour un mois. Le dernier numéro du
périodique Proleter Halkin Birligi est confisqué par le même tribunal
pour propagande séparatiste.
17.6, le conseil supérieur de la radio et la
télévision (RTÜK) décide d'interdire les émissions d'Inter Star TV pour
trois jours, Kanal D, ATV et Show TV pour un jour chacun.
17.6, les forces de sécurité ont empêché deux
pique-niques organisés pour leurs lecteurs par le périodique Alinteri à
Silifke et par Kurtulus à Gaziantep.
19.6, trois correspondants d'Evrensel, Mete Karakul,
Cengiz Simsek et Baris Erbektas sont emmenés en détention alors qu'ils
couvrent l'arrestation des parents des prisonniers devant le bureau du
DYP à Istanbul.
19.6, un correspondant local du quotidien Demokrasi,
Ömer Faruk Kaynak est mis en détention à Urfa. Le même jour, à Ankara,
le correspondant d'Aksam Fehmi Calmuk et deux correspondants
d'Interstar TV, Ahmet Takan et Noya Inal, sont emmenés en détention
alors qu'ils couvrent les travaux pour former une nouvelle coalition
gouvernementale.
20.6, le dernier numéro du quotidien Evrensel est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour un article critiquant le ministère
de la justice. Le numéro de juin du périodique Kervan est confisqué par
une cour pénale d'Istanbul pour contenir des articles concernant
l'anniversaire de la résistance historique des ouvriers en 1970.
21.6, l'éditeur d'un livre intitulé Introduction à
la littérature kurdes, Yusuf Yesilöz est emmené en détention quand il
arrive à l'aéroport d'Istanbul venant de Suisse. Pour ce livre,
la CSE d'Istanbul avait déjà publié un mandat d'arrêt pendant en
son absence.
21.6, quatre membres du groupe musical Yorum, Kemal
Sahir Gürel, Ufuk Göker, Irsad Aydin et Özcan Senver sont à nouveau mis
en détention.
23.6, les périodiques Odak, n° 55 et Öncü Yurtsever
Genclik n° 1, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
23.6, le bureau d'Adana du périodique Kurtulus fait
l'objet d'une descente de police et tout le matériel est confisqué. Un
employé: Yildiz Gemicioglu, est emmené en détention.
24.6, les deniers numéros des périodiques Kurtulus,
Özgür Atilim et Genclik sont confisqués par la CSE d'Istanbul.
25.6, la projection du film intitulé Istanbul est
sous mes ailes est interdit à Balikesir et Meram par la décision des
maires des villes.
26.6, le rédacteur en chef du périodique Odak, Erhan
Duman est condamné par la CSE d'Istanbul à un an de prison et 100
millions d'amende pour propagande séparatiste. Le tribunal décide aussi
de suspendre la publication de la revue pour un mois.
26.6, deux correspondants d'Adana du périodique
Zafer Yolunda Kurtulus, Yildiz Gemicioglu et Mehmet Kargilar, sont
arrêtés à Adana.
27.6, le correspondant du Demokrasi Mena Avci et
trois employés du même journal, Semsettin Yildirim, Haci Osman Sarban
et Ali Kocyigit, sont emmenés en détention alors qu'ils rentrent chez
eux à Istanbul.
28.6, au cours d'un opération de raid étendue, les
forces de sécurité mettent en détention les journalistes suivants: les
correspondants du Demokrasi Abdullah Kaplan, Turabi Sen et Nurcan
Turgut d'Elazig, les correspondants d'Özgür Halk Emin Konan et Seher
Sabit à Elazig, le correspondant d'Özgür Halk Dilber Aydemir à Adana,
l'éditeur d'Özgür Atilim Mustafa Süke à Istanbul, le correspondant du
Kurtulus Mehmet Balci à Gaziantep et le correspondant du Kurtulus Ferit
Yildiz à Antakya.
28.6, un concert organisé à Samandag par le
périodique Insancil et la Maison populaire de Samandag est interdit par
décision du gouverneur d'Hatay. Les autorités interdisent aussi une
représentation de théâtre sur Nazim Hikmet à Gebze et une soirée
culturelle pour le journal Evrensel à Zile.
1.7, le poète Abdullah Riza Ergüven est condamné par
une cour pénale d'Istanbul à 20 mois de prison pour insulte à la
religion dans son livre intitulé Sentences interdites. L'éditeur du
livre, Ismet Arslan est lui aussi condamné à la même peine
d'emprisonnement, mais cette punition est ensuite commuée en une amende.
2.7, à Izmir, au cours d'un meeting en commémoration
du massacre de Sivas, les forces de sécurité attaquent des journalistes
et blessent Arif Cayan (Ege TV), Dilek Eski (Gazete) et Necati Aygin
(Cumhuriyet).
2.7, le n° 52 du périodique Kurtulus, est confisqué
par la CSE d'Istanbul pour propagande d'une organisation illégale.
3.7, la CSE d'Istanbul décide de suspendre la
publication du périodique Atilim pour un mois sur l'accusation de
propagande séparatiste.
4.7, deux membres du groupe musical Yorum, Kemal
Sahir Gürel et Ufuk Satilmis Lüker, sont placés sous mandat d'arrêt,
accusés d'être membres d'une organisation clandestine.
5.7, l'ancien éditeur du périodique Kizil Bayrak,
Güray Ülkü est condamné par la CSE d'Istanbul à quatre mois de prison.
Le tribunal décide aussi d'interdire la publication du périodique pour
trois mois.
5.7, le poète et écrivain Yilmaz Odabasi est inculpé
pour avoir critiqué dans le périodique Özgür Yasam le harcèlement de
l'HADEP. Risquant une peine de prison allant jusqu'à un an, Odabasi
sera jugé par une cour criminelle à Istanbul.
5.7, l'éditeur responsable du journal kurde défunt
Roj, Mustafa Yilmaz est emmené en détention.
6.7, le correspondant de l'Odak d'Adana Mahir Yilmaz
Sari, mis en détention le 3 juin, affirme avoir été torturé en
détention policière.
6.7, à Iskenderun, Ersen Korkmaz, fondateur du
journal Demokrat Iskenderun et le correspondant d'Iskenderun du
quotidien Evrensel, est poignardé par un groupe de loups gris.
6.7, le dernier numéro du quotidien Evrensel est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour contenir un reportage avec un
ancien agent de police révélant la provocation par les forces de
l'état. Le n° 52 du périodique Kurtulus est également confisqué par le
même tribunal pour la propagande du DHKP-C.
10.7, le quotidien Evrensel est confisqué par la CSE
d'Istanbul pour avoir publié une déclaration du député Cem Özdemir. Le
même tribunal décide aussi de publier la publication des périodiques
Özgür Halk et Proleter Halkin Birligi pour un mois. Ce dernier
est également condamné à une amende de 42,4 millions de LT
11.7, la CSE d'Istanbul condamne le quotidien
Evrensel à une amende totale de 735.851.250 (±9.000 $) pour des
articles publiés dans trois numéros différents.
11.7, le rédacteur en chef de la revue pour femmes
Roza, Fatma Kayhan est amenée devant la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
11.7, à Istanbul, les correspondants d'Evrensel
Mustafa Kara, Zafer Kütük et Mehmet Fatih Yurt, sont emmenés en
détention par la police au cours d'une descente à leurs maisons.
12.7, le périodique Yeniden Newroz est confisqué par
la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
12.7, l'éditeur responsable de périodique Hedef,
Celal Dönmez, et un correspondant d'Alinteri, Pervin Abduloglu, sont
emmenés en détention à Istanbul.
12.7, le procureur de la CSE de Diyarbakir entame
une action légale contre la Can TV locale pour avoir utilisé de la
musique kurde dans certains de ses programmes.
13.7, à Adana, le distributeur du périodique Azadiye
Welat Mesut Aslan est mis en détention.
13.7, le correspondant d'Özgür Atilim Ferhat Akcay
reçoit un certificat médical confirmant qu'il avait été battu et blessé
le 11 juillet alors qu'il couvrait une action protestation à
Istanbul.
14.7, le représentant d'Alinteri Ceyhan et le
responsable de l'IHD Süleyman Aksoydan sont emmenés en détention
policière à Adana.
15.7, la CSE d'Istanbul confisque le n° 17 de
Proleter Halkin Birligi et le n° 53 de Kurtulus pour séparatisme et
propagande d'organisations illégales.
15.7, c'est la première qu'un programme de TV est
interdit directement par décision du premier ministre. Le premier
Erbakan, usant de son pouvoir conféré par l'article 25 de la loi sur la
radio-TV, interdit à Interstar TV de diffuser un reportage sur les
grévistes de la faim.
16.7, les forces de sécurité mettent en détention le
correspondant Deniz Fidan du Kurtulus et le correspondant d'Atilim
Vahit Yurttas à Ankara, et le correspondant d'Evrensel Sevda Cetinkaya
à Gaziantep.
16.7, le bureau central du quotidien Evrensel à
Istanbul est l'objet d'une descente de police sous le prétexte de
chercher une personne recherchée.
16.7, le dirigeant socialiste et écrivain Mihri
Belli est condamné par la CSE d'Istanbul à un an et 40 jours de prison
et 111 million de LT d'amende pour un article qu'il a écrit pour le
défunt Özgür Ülke. L'exécution de la sentence est par la suite
suspendue pour cinq ans.
16.7, six militants d'EP sont condamnés par la CSE
d'Izmir à deux ans de prison chacun pour avoir mis des posters du parti
sur des murs à Izmir.
17.7, le président du parti ouvrier (IP), Dogu
Perincek est condamné par une cour pénale d'Ankara à neuf mois de
prison pour avoir insulté la cour constitutionnelle dans une conférence
de presse. La peine de prison est ensuite commuée en amende de 2,7
million de LT.
17.7, le correspondant de Diyarbakir d'Özgür Halk,
Necmiye Arslanoglu est mis en détention par la police au cours d'une
descente sur sa maison.
18.7, le n° 76 d'Alinteri est confisqué par la CSE
d'Istanbul pour la propagande d'une organisation illégale.
18.7, les correspondants de Partizan Sesi Özlem Akin
et Hakan Oksar sont emmenés en détention à Istanbul alors qu'ils
couvrent un meeting en solidarité avec les grévistes de la faim.
20.7, un numéro spécial d'Özgür Gelecek sur les
grévistes de la faim est confisqué par la CSE d'Istanbul sur
l'accusation d'inciter le peuple à la haine.
22.7, le RTÜK décide de suspendre la diffusion de
Kanal D et Flash TV pour deux jours, Kanal 6, Cine 5 et Show TV pour un
jour. Par ailleurs, la Can TV à Diyarbakir reçoit un avertissement du
RTÜK pour avoir utilisé des chansons kurdes dans ses programmes.
23.7, à Antakya, le bureau du Kurtulus fait l'objet
d'une descente de police. La CSE d'Istanbul confisque les périodiques
Uzun Yürüyüs n°5, Emek n°45 et Roj n° 24 pour propagande séparatiste.
23.7, la police fait une descente sur le bureau de
l'Alinteri et met en détention deux correspondants, Özgür Akbaba et
Sabahat Yaman.
24.7, la police effectuant un raid sur le bureau du
périodique Kurtulus met 15 personnes en détention.
25.7, à Istanbul, le procureur publique entame une
action légale à l'encontre des administrateurs de l'association
culturelle Pir Sultan Abdal pour avoir soutenu une résistance ouvrière
l'année passée. Parmi les accusés se trouvent le fameux acteur de
théâtre et de cinéma Ilyas Salman.
25.7, le n° 45 de Devrimci Emek est confisqué par la
CSE d'Istanbul pour propagande d'une organisation clandestine.
28.7, la CSE d'Istanbul confisque deux récents
numéros du quotidien Evrensel et le numéro 18 du périodique Proleter
Halkin Birligi pour des articles concernant les grèves de la faim.
ATTAQUE DE LA POLICE CONTRE L'ASSOCIATION DES JOURNALISTES
L'après midi du 15 juillet 1996, des policiers ont
battu cinq photographes et des reporters qui étaient en train de
couvrir une manifestation contre les brutalités policières qui se
tenait devant le bureau du gouverneur d'Istanbul. Selon des récits
oculaires, les policiers ont intentionnellement visé les journalistes,
les battant et cassant leurs caméras.
Plusieurs reporters ont fui la police et se sont
réfugiés dans le bureau de l'Association des journalistes de Turquie
(TGC). Trois officiers de police ont poursuivi ces journalistes et se
sont frayé un chemin dans le bureau de l'association.
Le secrétaire général de l'association, Leyla
Tavsanoglu, a protesté contre le raid policier et dit aux policiers
qu'ils poursuivaient des journalistes dans leurs droits. Les policiers
lui ont dit que les journalistes étaient des terroristes.
Les policiers ont poursuivi en emmenant plusieurs
journalistes hors du bureau de l'association. Parmi ceux qui ont été
battus et détenus on trouve madame Hatice Tuncer, reporter du quotidien
Cumhuriyet, et madame Sevil Erdogan, reporter du quotidien Siyah Beyaz.
Les journalistes ont été ensuite relâchés.
Dans un communiqué de presse, le comité pour la
protection des journalistes (CPJ) souligne que ceci n'est pas un cas
isolé. CPJ a écrit aux autorités turques en mars au sujet d'une attaque
similaire par la police. Depuis lors, CPJ a documenté deux autres
incidents où la police a harcelé et détenu des journalistes qui
essayaient de couvrir des événements.
NOUVELLES CONDAMNATIONS CONTRE ISMAIL BESIKCI
Bien que déjà condamné à des centaines d'années de
prison, le sociologue Ismail Besikci est toujours en procès et condamné
par des cours extraordinaires pour ses opinions.
Besikci a été condamné le 22 juin par la CSE
d'Istanbul à un an, trois mois et 16 jours de prison et 129 millions de
LT d'amende pour un article sur les plaintes individuelles à la
commission européenne des droits de l'homme qu'elle a écrit en 1994 au
quotidien Özgür Ülke.
Le 27 juin il a été condamné à nouveau par la
CSE d'Istanbul à vingt mois de prison et 133.333.000 de LT pour son
livre intitulé Une nation qui se découvre: les Kurdes. Le tribunal a
aussi condamné l'éditeur du livre, Ünsal Öztürk, à une amende de 50,9
million de LT.
Au cours d'un second procès pour son livre intitulé
Les interdictions qui perdent leur fonction - interdictions de penser,
le 8 juillet, Besikci a été condamné par la CSE d'Ankara à un an
d'emprisonnement et à une amende de 145 millions de LT. L'éditeur du
livre, Ünsal Öztürk a également été condamné à un amende de 26 millions
de LT.
Alors qu'il effectuait ses peines de prison à la
prison centrale d'Ankara, Besikci a été transféré à la prison de Metris
à Istanbul le 20 août 1996, à cause du fait que ses affaires
ultérieures seront traitées par la cour de la sûreté de l'état
d'Istanbul.
LE RETOUR DE MED TV A L'ANTENNE MALGRE LA PRESSION D'ANKARA
Le 2 juillet, les émissions quotidiennes de la
télévision kurde Med TV ont été arrêtées à cause de la pression de
l'Etat turc sur la compagnie européenne de satellite Eutelsat.
Ankara a également exercé la pression politique et économique sur tous
les pays européen pour qu'ils refusent à la Med TV l'accès aux
satellites.
Toutefois, après une silence de 45 jours, la Med TV
a recommencé ses émissions quotidiennes le 15 août par l'intermédiaire
d'une compagnie américaine de satellite, Intelsat.
Au cours d'une conférence de presse tenue
simultanément à Bruxelles et à Londres juste avant le recommencement
des émissions, les dirigeants de MED TV ont dit: "Nous avons le regret
de dire que plusieurs pays se réclamant démocratiques ont soutenu la
Turquie dans ses effort de faire interdire la Med TV. Certaines
compagnies de satellite ont rompu leur contrat avec la Med TV en raison
des considérations politiques de leur gouvernements. Cela s'avère tout
ç fait contraire à l'idée de libre circulation et la liberté de presse.
Toutefois, Med TV a à l'heure actuelle un contrat sûr avec Intelsat des
Etats-Unis."
Les émissions du premier jour ont commencé avec des
nouvelles, musiques et TV shows. Plus tard, à l'occasion de
l'anniversaire de la résurrection armée du PKK [qui avait commencé le
15 août 1984], le président du PKK Öcalan a été invité par téléphone à
un débat sur les possibilités d'une solution pacifique à la question
kurde.
Pendant les premières heures, les émissions ont
illégalement été brouillées d'interférences extérieures.
Le directeur de Med TV Ilhan Kizilhan a dit: "Cette
sorte de brouillage n'arrive pas pour la première fois. Déjà le 15
décembre 1995, nos émissions avaient été brouillées de même manière. A
ce moment là, la Med TV était en train de transmettre un programme sur
les possibilités d'une solution pacifique à la question kurde. Derrière
ce sabotage se trouve l'Etat turc. Au début de cette année la presse
turquie rapportait que l'Etat turc envisage d'utiliser de telles
méthodes. La partie nord de Chypre est utilisée comme le quartier
général de telles opérations subversives."
LE PARLEMENT EUROPÉEN LANCE DES ACTIONS CONTRE LA TURQUIE
Au vu de la situation critique en Turquie, le 24
juillet, le président du comité des affaires étrangères, Gerardo
Fernandez-Albor (EPP, E), envoyant une lettre au membre de la
commission Hans Van den Broek, a fortement enjoint à la commission
européenne de dresser un rapport à moyen terme sur la situation des
droits de l'homme devant la session de septembre du parlement.
L'assentiment du parlement à l'union douanière
CEE/Turquie était conditionnée à la soumission d'un tel rapport chaque
année - une condition que la commission a acceptée.
Fernandez-Albor a aussi demandé au membre de la
commission de faire pression sur les autorités turque en vue
d'améliorer les conditions de vie des prisons.
Auparavant, le parlement, lors de sa session du 20
juin, a adopté la résolution suivante sur les droits de l'homme et la
situation en Turquie:
"Le Parlement européen,
"A. désireux d'établir de bonnes relations avec la
Turquie, mais rappelant les nombreuses résolutions sur les droits de
l'homme qu'il a adoptées dans le passé ainsi que les déclarations dans
lesquelles les autorités turques s'étaient, avant la ratification de
l'union douanière, engagées à améliorer la situation,
"B. profondément préoccupé par les opérations
militaires récemment menées par les forces armées turques en Turquie
orientale et par leur refus de rechercher les voies d'un règlement
pacifique du conflit, malgré l'annonce de cessez-le-feu faite par le
PKK le 15 décembre 1995,
"C. considérant que, dans de nombreuses prisons
turques, des prisonniers kurdes ont fait une grève de la faim pour
protester contre les mesures répressives adoptées par M. Mehmet Agar,
ancien chef de la Sécurité promu ministre de la justice,
D. alarmé par les informations selon lesquelles
plusieurs des grévistes de la faim se trouvent dans un état grave, les
soins médicaux requis leur étant refusés,
"E. très préoccupé par d'autres informations sur les
mauvais traitements qui sont infligés aux détenus et qui se sont soldés
notamment par quatre morts en janvier 1996, à la prison d'Istanbul,
"F. alarmé d'apprendre que les anciens députés
d'origine kurde, à savoir Leyla Zana, Hatip Dicle, Selim Sadak et Orhan
Dogan, n'ont toujours pas été libérés de prison et qu'ils se sont
associés à la grève de la faim à laquelle participent d'autres détenus
politiques,
"G. estimant que les persécutions à l'encontre de
l'écrivain Yasar Kemal et du sociologue Ismail Besikci, ainsi que le
traitement réservé aux prisonniers politiques en général, ne sauraient
être conformes aux règles reconnues à l'échelle internationale en
matière de droits de l'homme,
"H. dénonçant les interdictions de réunion et de
manifestation, les violences, les arrestations et les matraquages par
la police pendant la conférence HABITAT II,
"I. vivement préoccupé par le fait que M. Seyfettin
Kizilkan, président de l'ordre des médecins de Diyarbakir et militant
des droits de l'homme, a été condamné par une cour de sûreté de L’Etat
à plus de trois années d'emprisonnement sur la base d'accusations que
des observateurs ont jugées forgées de toutes pièces;
"J. pleinement conscient des incertitudes qui pèsent
sur la scène politique turque après la chute de l'actuel gouvernement
et la démission du premier ministre, M. Mesut Yilmaz;
"1. invite instamment le prochain gouvernement à
s'engager à reconnaître et à soutenir les droits de l'homme en Turquie,
conformément à la Convention européenne sur les droits de l'homme, dont
ce pays est l'un des signataires, et à entreprendre de nouvelles
réformes législatives, substantielles, requises pour prévenir toute
atteinte à ces droits;
"2. demande au nouveau gouvernement de décréter une
amnistie générale qui garantira la libération de tous les prisonniers
déclarés coupables en application d'une législation contraire au
principe de la liberté d'expression et aux droits de l'homme, et à
mettre un terme aux actions en justice engagées à l'encontre de toutes
les personnes dont le procès est encore en cours et renouvelle plus
particulièrement sa demande de libérer immédiatement Mme Leyla Zana
ainsi que les trois autres députés au DEP;
"3. invite le gouvernement turc à mettre fin à ses
opérations militaires dans le sud-est du pays et à entamer des
négociations avec l'ensemble des organisations kurdes en vue de
débloquer la situation et de s'acheminer vers un règlement politique et
pacifique du conflit;
"4. demande aux autorités turques de reconnaître les
droits de tous les Kurdes vivant dans le pays et à faciliter le
rapatriement de tous les Kurdes déplacés;
"5. presse le Conseil d'inscrire la question kurde
en Turquie à l'ordre du jour de l'OSCE et à rechercher tous les moyens
gui permettront d'encourager les initiatives visant à régler les
questions des droits de l'homme et des Kurdes en Turquie;
"6. invite instamment le nouveau gouvernement à
adopter résolument les mesures gui s'imposent pour mettre un terme à la
torture et à prendre des dispositions pour que la Croix-Rouge
internationale puisse visiter les prisons et les prisonniers politiques;
"7. estime qu'un tel mépris à l'égard des
obligations inhérentes au droit international et aux textes
fondamentaux sur les droits de l'homme est gravement incompatible avec
l'esprit dans lequel a été conclu l'accord sur l'union douanière entre
l'Union européenne et la Turquie, et invite donc le Conseil et la
Commission à presser les autorités turques d'agir en sorte que les
détenus ne soient plus maltraités et reçoivent des soins médicaux;
"8. demande à la Commission de tenir ses engagements
quant au suivi de la situation des droits de l'homme en Turquie, et
l'invite à lui transmettre dans les plus brefs délais le deuxième
rapport intérimaire sur les droits de l'homme en Turquie."
OSCE EN APPEL A ANKARA POUR UNE SOLUTION PACIFIQUE
L'assemblée parlementaire de l'organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), adoptant une résolution
lors de son meeting du 9 juillet à Stockholm, en a appelé au
gouvernement turc pour une solution pacifique sur la question kurde.
Dans sa résolution, l'assemblée parlementaire de
l'OSCE:
"En appelle au gouvernement et au parlement turcs
pour abolir l'article 8 de la loi anti-terreur, l'article 312 du code
pénal et d'autres statuts qui violent le principe de la liberté
d'expression,
"Demande instamment au gouvernement turc de prendre
des mesures urgentes pour stopper l'usage généralisé de la torture par
la police et d'autres responsables, et de mettre fin à ses persécutions
de professionnels de la médecine et d'ONGs qui offrent des traitements
aux victimes de la torture et de révéler les violations des droits de
l'homme;
"En appelle au gouvernement turc pour promouvoir les
moyens économiques, sociaux, culturels, législatifs et d'autres moyens
pacifiques pour résoudre le problèmes internes, en particulier ceux qui
concernant la population kurde dans la Turquie du sud-est;
"Demande au gouvernement turc d'établir des
mécanismes consultatifs avec les organisations kurdes non-violentes,
qui reconnaissent l'intégrité territoriale de la Turquie, de désamorcer
les sources de conflit et de proposer des stratégies pour résoudre la
crise dans le sud-est de la Turquie."
FESTIVAL DE LA HONTE, EUROPALIA-TURQUIE, FINALEMENT ANNULE
Le festival Europalia-Turquie, déjà reporté de
septembre 1996 à septembre 1997, a été définitivement annulé par la
décision de la fondation Europalia du 17 juillet en raison de
difficultés causées par la partie turque.
L'organisation d'un tel festival au nom d'un pays où
les droits de l'homme sont systématiquement violés avait déjà donné
lieu à des protestations de la part d'organisations et personnalités
démocratiques.
L'éditeur Info-Türk Dogan Özgüden, dans une lettre
ouverte (Le Soir, 23 décembre 1994), a averti que le festival, s'il se
tenait, sera enregistré dans les annales comme "festival de la honte"
tant que des intellectuels et artistes restent dans les prisons et que
les droits d'autres communautés nationales et religieuses de Turquie
sont systématiquement violés.
Finalement, les autorités belges ont refusé de
subsidier l'organisation du festival et la fondation Europalia a dû
suspendre les préparatifs en mars 1995 pour "raisons financières."
Néanmoins, après la ratification de l'Union
douanière par le parlement européen, les autorités belges, ne tenant
aucun compte de la continuation des violations systématiques des droits
de l'homme en Turquie a donné le feu vert pour un Europalia-Turquie en
1997.
En dépit de cette inconcevable capitulation
européenne, la partie tuque n'a jamais rempli ses engagements
financiers et culturels jusqu'au 1er juillet 1996, date ultime pour le
commencement de l'organisation, et la partie belge a dû abandonner ce
projet honteux.
Le commissaire du festival Europalia, l'ambassadeur
Jan Hollants Van Loocke a dit dans une conférence de presse: "Il a été
décidé après un examen approfondi et concertation avec les milieux
intéressés, de remettre sine die le festival Europalia 97 Türkiye. Ce
qui équivaut à un abandon longuement provisoire."
En créant eux mêmes les raisons pour l'annulation
d'un festival qui aurait servi la propagande de leur propre régime
répressif, les autorités turques ont prouvé une fois de plus jusqu'à
quel point elles sont crédibles dans leur coopération avec leurs
partenaires étrangers.
Ce qui est le plus important pour la Belgique, est
qu'elle s'est ainsi épargnée, même si c'est involontairement, à la
honte de donner une tribune internationale au seul régime répressif de
l'Europe.
MONTEE EN FORCE DES HOMMES D'AFFAIRE TURCS EN EUROPE
Le nombre de citoyens turc vivant dans les pays
européens qui cherchent à devenir leur propre employeur est en
accroissement rapide et s'est déjà accru jusqu'à plus de 50.000.
Les hommes d'affaires turcs ne sont plus impliqués
uniquement dans les secteurs de l'économie qui ont été
traditionnellement leur domaine, tels que les restaurants et la
restauration mais s'investissent dans beaucoup de domaines différents.
Ce développement est lié de près à la créativité des Turcs de deuxième
et troisième génération qui ont été élevés en grande partie en Europe.
Il est également très intéressant que le groupe cible de consommateurs
pour ces hommes d'affaires ne sont plus seulement des Turcs.
A présent, ils ont rejoint deux associations
protectrices. La fédération des associations d'hommes d'affaires
turco-allemand (TIDAF) inclut de nombreuses organisations de
différentes régions de l'Allemagne. Une autre organisation est
l'Association des hommes d'affaires turc en Europe (ATIAD).
Selon les données du Centre d'études sur la Turquie
à Essen, 49.300 immigrés turcs ont établi leur propres affaires dans
toute l'Europe. 40.500 d'entre eux sont en Allemagne. Il y a aussi
3.300 hommes d'affaires turcs en France, 2.600 en Hollande, 2.000 en
Hollande, 2.000 en Angleterre et 900 en Belgique.
L'investissement total par ces hommes d'affaires en
Allemagne a atteint 8,3 milliards de DM et le chiffre d'affaire est de
34 milliards de DM. Ces hommes d'affaire ont aussi créé de nouveaux
postes de travail, donnant du travail à 168.000 personnes.
Selon les données provenant de l'ATIAD le 21 février
1996, le nombre des hommes d'affaires turcs en Europe se monte à
55.000. L'investissement total par ces hommes d'affaire en Europe a
atteint 12 milliard de DM et le chiffre d'affaire total est de 45
milliards de DM. Ils ont aussi créé du travail pour 180.000 personnes
en Europe.
Selon un autre rapport du Centre pour les études sur
la Turquie, une majorité des 14.500 étudiants universitaires turcs en
Allemagne indiquent que, bien qu'ils croient que les chances pour un
emploi et les conditions en Turquie soient bonnes, ils désirent
travailler en Allemagne dans le futur.
RAPPORT DE LA TIHV SUR LES DECES DANS LES PRISONS TURQUES
La fondation des droits de l'homme de Turquie (TIHV)
a publié en mars 1996 un nouveau dossier sur la torture, détaillant les
décès en lieux de détention ou en prison en Turquie depuis le 12
septembre 1980 jusqu'au 12 septembre 1995.
Nous reproduisons ci-dessous le chapitre concernant
la situation des prisons turques qui est la principale raison des
récentes grèves de la faim qui se sont soldées par la mort de 12
prisonniers politiques.
Conditions de vie inhumaines dans les prisons
Avec le coup d'état militaire du 12 septembre, une
politique de pressions et d'extermination systématiques était mise en
pratique dans les prisons. Les prisons se sont transformées en lieu où
les plus cruelles agressions, pressions, tortures et traitements
inhumains étaient pratiquées sous couvert de "discipline militaire". A
cause de tels traitements dans les prisons, des dizaines de personnes
ont été tuées, des dizaines d'autres mutilées (12 d'entre eux dans ce
qui était alors la prison militaire de Diyarbakir, tandis que le nombre
de détenus de prison qui ont contracté des maladies chroniques était
extrêmement élevé. La torture et les traitements inhumains dans les
prisons militaires d'Erzurum Dagkapi, Ankara Mamak, Istanbul Metris et
Diyarbakir ont atteint un niveau extrême.
[Les cas de torture, de pratiques systématiques
d'extermination, d'assassinats brutaux dans les prisons ont été aussi
observés après le coup d'état militaire du 12 septembre. Néanmoins,
cette fois les prisons militaires étaient remplacées par les prisons du
ministère de la justice, c'est-à-dire des prisons "civiles". Les
prisonniers reconnus coupables ou arrêtés transférés de la prison de
type spécial d'Eskisehir vers la prison de type E d'Aydin ont été
brutalement battus par le personnel de la prison où ils avaient été
envoyés le 2 août 1989. A cause de ces mauvais traitements, 2
prisonniers arrêtés, Mehmet Yalcinkaya et Huseyin Hüsnü Eroglu sont
décédés, 6 prisonniers arrêtés ont été blessés. La tentative faite pour
emmener un prisonnier arrêté de la prison de type E de Diyarbakir pour
un nouvel interrogatoire le 3 octobre 1994 sur directive du bureau du
procureur public a provoqué des incidents. D'autres prisonniers,
protestant contre la tentative d'emmener le prisonnier arrêté, ont
érigé des barricades devant les portes et lancé un mouvement de
résistance. Suite à cela, le 4 octobre une opération a été menée contre
les ailes où la résistance continuait. Au cours de l'opération, un
prisonnier arrêté nommé Ramazan Ozuak a succombé de suffocation, plus
de 50 prisonniers ont été blessés (certains de coups de feu), et
la prison a été endommagée. Certains des prisonniers ont été transférés
par la force à la prison de type E de Gaziantep Süleyman Ongun n'avait
pas été hospitalisé même après que son état se soit détérioré, de sorte
que ses blessures s'étaient infectées et qu'il était décédé à cause
d'un manque de soins appropriés.]
Le nombre de prisonniers qui sont décédés à la
prison militaire de Diyarbakir à cause de tortures, grèves de la faim,
suicides ou négligence était de plus de 40. Dans cette prison, les
prisonniers étaient soumis aux méthodes les plus cruelles telles que
d'être forcés de violer l'un l'autre ou d'enfoncer un bâton dans l'anus.
Les pressions et tortures dans les prisons ont donné
lieu à une résistance. En 1985, de nombreuses grèves de la faim et des
actes de résistance variés ont eu lieu dans les prisons. Des milliers
de détenus de prison ont payé de leur personne pour lutter contre les
pressions et la tortue. Les grèves de la faim qui ont continué pendant
des semaines et même des mois se sont déroulées dans les prisons. Suite
aux grèves de la faim, un total de 12 personnes sont décédés, 8 d'entre
elles dans la prison militaire de Diyarbakir et le reste dans la prison
Sagmalcilar d'Istanbul. Ce nombre s'est élevé à 13 quand un prisonnier
de la prison de type E de Mus est décédé au cours d'une grève de la
faim en 1993.
[Les personnes arrêtées et condamnées dans des
procès du PKK ont lancé une grève de la faim indéfinie le 14
juillet 1995. Près de 1000 prisonniers arrêtés et reconnus coupables
servant leur peine dans plus de 20 prisons ont participé aux grèves de
la faim, assorties d'exigences politiques. La grève de la faim dans les
prisons était soutenue par les proches des prisonniers arrêtés et
reconnus coupables au travers d'actes variés tels que grèves de la
faim, des actions de sit-in dans les bâtiments des partis politiques et
des marches. La plupart des actions ont été confrontées aux
interventions des agents de sécurité, les bâtiments des partis
politiques ont été vidés par la police, des personnes ont été battues,
certaines blessées. Des centaines de personnes ont été mises en
détention, certains des détenus ont été arrêtés. La grève de la faim
qui s'est transformée en grève illimitée le 13 août 1995, s'est
terminée le 19 août 1995 par une déclaration affirmant que "les
protestations avaient atteint leur but". Au cours de la grève de la
faim, 2 détenus, Fesih Beyazcicek servant sa peine dans le prison de
type E de Yozgat et Remzi Altintas de la prison de type E
d'Amasya, sont décédés. Avec le décès de Fesih Beyazcicek et de Remzi
Altintas, le nombre des personnes décédées dans les grèves de la faim
s'est élevé à 15.]
Des efforts dans et en dehors des prisons ont
provoqué une diminution de la torture et des pressions. En 1986, les
cas de torture dans les prisons n'ont pas cessé, mais ont décru dans
une grande proportion. Néanmoins, les mauvaises conditions de vie dans
les prisons ne semblent pas s'être améliorées. Le port de l'uniforme
était obligatoire et à cause de ceci des personnes ont été jugées et
reconnues coupables. Les livres et journaux étaient considérés comme du
luxe. Les prisonniers pouvaient à peine rencontrer et communiquer avec
leur famille. Les problèmes de santé; de nourriture et de ventilation
ont commencé à mettre en danger la vie de certains prisonniers.
Sur base d'exigence d'améliorations dans les
conditions de vie, des grèves de la faim ont été lancées dans toutes
les prisons au cours de l'été 1987. Les cris de "nous voulons vivre
comme des êtres humains" se sont élevés des murs des prisons et se sont
répandus à travers le pays. Les proches des prisonniers, et des
activistes des droits de l'homme ont soutenu la résistance dans les
prisons par les activités de masse qu'ils organisaient. Dans le cadre
de ces activités, un groupe de proches de prisonniers, qui est parti
d'Istanbul le 28 juillet 1987 est arrivé à Ankara après s'être
arrêté à Canakkale, Bursa et Eskisehir. Le groupe a été frappé à
l'entrée d'Ankara et à la porte de l'assemblée nationale à laquelle ils
voulaient soumettre une pétition le 1 septembre, journée mondiale de la
paix, demandant l'amélioration des conditions de vie dans les prisons.
A cause des violences reçues, Didar Sensoy, l'un des membres fondateurs
de l'association des droits de l'homme, est décédé suite à un coma
d'insuline.
La mort de Didar Sensoy a accru la préoccupation
pour les prisons et vaincu la résistance du gouvernement en fonction à
cette époque qui persistait à refuser d'améliorer les mauvaises
conditions de vie. Certaines mesures pour améliorer les conditions de
vie carcérales ont été mises sur l'agenda. Le port obligatoire de
l'uniforme a été levé. Des changements positifs ont été faits dans les
conditions de vie. Néanmoins, aucun de ces amendements n'était
suffisant ni permanent. On a tenté de retirer tout ce qui avait été
obtenu comme conséquence des activités avec une décision connue sous le
nom de "circulaire du 1er août". Aussi, les prisons ont enregistré des
activités variées en octobre, novembre et décembre. La masse des
activités et le soutien du public a conduit à la suspension de la
circulaire du 1er août. La circulaire du 1er août a été mise en
application sous le prétexte d'évasion de certaines prisons au milieu
de 1989. La circulaire a été retirée d'application après de longs
efforts et résistances. Néanmoins, les prisons n'ont pas pu arriver à
la paix et à des conditions de vie confortables. L'accroissement
significatif dans le nombre de prisonniers comme en 1991, a
négativement affecté les conditions de vie. La stabilité n'a pas pu
être garantie dans les prisons. Certains droits accordés aux
prisonniers reconnus coupables ou arrêtés en liaison avec des cas
ordinaires ( tels que visites libre, droit d'être transférés dans des
prison de districts, d'être relâchés après avoir servi 2/5 de leur
peine d'emprisonnement) n'ont pas été accordés aux prisonniers
politiques par la "Loi pour combattre le terrorisme" qui est entrée en
vigueur le 12 avril 1991.
Maintenant, les prisons sont toujours la scène de
mauvais traitements, grèves de la faim, agissements illégaux et
comportement arbitraire et continue d'être la plaie ouverte de la
Turquie. Les traitements inhumains et les grèves de la faim dans les
prisons occasionnent une série de problèmes pour les parents des
détenus de prison et continuent d'être la source de beaucoup de peines.
Non seulement les prisonniers politiques mais
également ceux de droit commun doivent vivre dans des conditions
affligeantes dans les prisons. Un rapport préparé en 1993 par la
branche d'Istanbul du IHD a souligné que la répression et les
traitements inhumains n'étaient pas appliqués qu'aux prisonniers
politiques et que les prisonniers ordinaires devaient faire face à de
sérieux problèmes dans les prisons. Voici quelques extraits du rapport:
"Jusqu'à présent, seule la situation des prisonniers politiques a été
discutée, et ce que les prisonniers accusés de crimes ordinaires ont du
endurer, a été ignoré. Dans les ailes où les prisonniers et détenus de
droits commun sont enfermés, un désordre dégoûtant a été la règle, qui
est basé sur le triangle administration/gardiens, chefs des ailes et
mafia de la drogue. Dans ces ailes; le trafic de drogue prévaut et les
prisonniers sont encouragés à devenir consommateurs. Il est fréquemment
observé que des prisonniers juvéniles soient abusés sexuellement et
violés. Les faibles parmi les arrêtés et les condamnés sont forcés à
verser un tribut et utilisés comme esclaves. Les problèmes dans les
prisons où sont gardés les prisonniers ordinaires sont sciemment
négligés." Le rapport a souligné aussi que les problèmes dans les
prisons ne concernaient pas seulement les proches des prisonniers, mais
que tout le monde, et en particulier les hommes politiques devraient
s'occuper de cette question d'une manière sensible.
Les problèmes sanitaires et les conditions
inadéquates pour les traitements nécessaires des prisonniers arrêtés et
condamnés sont parmi les problèmes vitaux des prisons. De nombreux
prisonniers sont morts, ont été estropiés ou ont souffert de maladies
chroniques à cause des mauvaises conditions de vie, du manque de
moyens médicaux nécessaires ou parce qu'ils n'avaient pas été envoyés à
l'hôpital à temps.
Un important développement concernant les détenus de
prison a été enregistré en 1991. Il s'agissait du relâchement
conditionnel issu du "Loi pour combattre le terrorisme" qui est entré
en vigueur le 12 avril 1991. L'application prévoyait des diminutions
significatives dans les peines appliquées aux personnes jugées ou
condamnées pour des crimes commis avant le 12 avril 1991. De la sorte,
près de la moitié des prisonniers dans les prisons (approximativement
10.000) ont été relâchés. Néanmoins, l'application excluait les
articles 146 et 125 du code pénal turc en vertu desquels des
prisonniers de gauche étaient poursuivis ou reconnus coupables. En
conséquence seulement 708 (la plupart d'entre eux étaient de droite)
des 3.500 prisonniers politiques dans les prisons à cette époque ont
été libérés.
Par sa décision rendue le 22 juillet 1991, la cour
constitutionnelle a supprimé l'inégalité qui existait en rapport avec
les sentences rendues en vertu de l'article 146 du code pénal turc.
Environ 1.500 prisonniers ont bénéficié de la décision. Un millier
d'entre eux a été libéré en août 1991. La cour constitutionnelle a
préféré garder le silence au sujet des affaires lancées en lien avec
les organisations kurdes, en particulier avec le PKK, en vertu de
l'article 125 du code pénal turc.
[La diminution dans le nombre des prisonniers
arrêtés et condamnés dans les prisons n'a pas duré longtemps. Le nombre
des prisonniers arrêtés et condamnés qui avait baissé à 20.000 en 1991,
s'est accru jusqu'à 32.000 à la fin de 1993, 40.000 à la fin de 1994,
et 50.000 en 1995. L'augmentation dans le nombre des prisonniers
arrêtés et condamnés pour raisons politiques a été plus frappante. Le
nombre des prisonniers politiques qui était de 4.284 en 1993, a atteint
6.379 au milieu de 1994. Ce nombre dépassait les 8.000 à la fin de
1994, et 10.000 au milieu de 1995. Ce nombre était autour de 900 en
novembre 1991, lorsque le gouvernement de coalition DYP-SHP est arrivé
au pouvoir]
La cour constitutionnelle n'a pas annulé la
disposition qui prévoyait qu'aucun inculpé traduit sous l'article 125
du code pénal turc en liaison avec les organisation kurdes, en
particulier avec le PKK, ne puisse bénéficier de la libération
conditionnelle, ni non plus en 1992. La décision a été prise par 7 voix
contre 4. D'après la décision, dans les procès lancés en lien avec les
organisation kurdes, les inculpés condamnés à mort devront rester en
prison 20 ans au lieur de 10 ans, et les inculpés condamnés à vie iront
en prison pour 15 ans au lieu de 8 ans. Un membre de la cour
constitutionnelle a dit-"La raison la plus importante de cette décision
est que les crimes de cet article sous toujours commis. L'élément
organisationnel d'autres crimes a disparu, et ils sont devenus des cas
individuels. Pourtant le nombre de crimes de l'article 125 qui
est basé sur l'intégrité de la Turquie, n'a pas décru, mais au
contraire augmenté récemment."
Cette décision a illustré que deux standards
différents sont utilisés pour les organisations turques et kurdes, ce
qui est en violation avec le principe d'égalité affirmé dans la
constitution.
Les caractéristiques les plus évidentes de
l'application systématique de la torture en Turquie sont les décès en
lieux de détention ou en prisons. Ce cas devint plus évident avec le
coup d'état militaire du 12 septembre et le nombre des personnes tuées
sous la torture est trop élevé pour les compter. La torture s'est
transformée en une coutume de punition primitive, primaire et
extrajudiciaire.
Les décès à cause de la torture n'ont pas été
limités à la période de la junte militaire. Quand les cas de décès,
dont la répartition et la liste complète sont données dans les pages
ci-après, sont examinées, il devient apparent que les pratiques et les
décès causés par la torture durant la période de junte ont continué au
cours de la période des gouvernements subséquents. L'évaluation en ce
qui concerne les cas de décès est comme suit:
Un total de 434 personnes sont décédées au cours de
la période de 15 ans entre le 12 septembre 1980 et le 12 septembre
1995. 419 d'entre eux sont mort en lieux de détention ou prison et 15
d'entre eux au cours de grèves de la faim organisées pour exiger une
amélioration des conditions de vie inhumaines dans les prisons. Quand
on ajoute le chiffre précédent au nombre de personnes qui sont décédées
(un total de 26) à cause de maladie dues à la torture dans les lieux de
détention ou les prisons ou parce qu'ils n'ont pas pu recevoir le
traitement médical nécessaire, un sombre bilan affichant le décès de
460 personnes au cours des 15 dernières apparaît.
BILAN DE LA TORTURE SUITE AU COUP D'ÉTAT DU 12 SEPTEMBRE
Décès en lieux de détention ou
prisons Décès au cours de grèves de la
faim Décès dûs à des maladies causées par la
torture Total
1980 : 43 -
- 43
(Entre le 12 septembre 1980 - le 31 décembre 1980)
1981 : 73 1
- 74
1982 : 49 4
- 53
1983 : 20 -
1 21
1984 : 23 6
3 32
1985 : 27 -
2 29
1986 : 19 -
1 20
1987 : 18 -
- 18
1988 : 14 1
1 16
1989 : 11 -
1 12
1990 : 12 -
3 15
1991 : 21 -
- 21
1992 : 17 -
1 18
1993 : 29 1
7 37
1994 : 34 -
1 35
1995 : 9 2
5 16
(Entre le 1er janvier 1995 - le 12 septembre 1995)*
TOTAL 419 15
26 460
(*) Ultérieurement les décès en lieux de détention ou en prison ont
continué sans interruption.