INFO-TURK

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Chief Editor /Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Responsible editor/Editrice responsable: Inci Tugsavul


27e Année - N°295

Mars/March 2003

 

La 106e victime de la grève de la faim:
la 9ème lors du pouvoir islamiste

*

Nouvelle ordonnance pour l'arrestation du rédacteur
en chef d'Info-Türk à la frontière turque
*
Le kémalisme constitue une "entrave"
à l'adhésion à l'UE (projet de rapport)
 


L'Armée turque est déjà au Kurdistan irakien depuis 20 ans
Ankara veut profiter d'une guerre pour étouffer l'opposition kurde
 

Tout le monde contre l'intervention de
l'Armée turque dans le Kurdistan irakien

La guerre et le Moyen-Orient


Kurdish Question/Question kurde
Le Terrorisme de l'Etat/State Terrorism
Pression sur les médias/Pressure on the Media
Politique intérieure/Interior Policy
Affaires religieuses/Religious Affairs
Socio-économique/Socio-economic
Relations avec l'Ouest/Relations with the West
Relations avec Chypre et la Grèce/Relations with Cyprus and Greece

Dossiers récents sur le militarisme en Turquie
Latest files on the militarism in Turkey

La Turquie doit absolument se débarrasser du diktat de l'Armée
Info-Türk 
Turkey must absolutely get rid of the Army's diktat
Info-Türk 
L'ingérence de l¹armée turque freine la démocratisation du pays
Dogan Özgüden
La république des pachas: Ce pouvoir si pesant des militaires turcs
Eric Rouleau
The Turkish Army's business empire: OYAK
The Turkish Daily News

 


 
La guerre et le Moyen-Orient

Kirkouk: l'émissaire américain tente de rassurer la Turquie

L'émissaire américain Zalmay Khalilzad a tenté lundi à Ankara de rassurer la Turquie sur le fait que les factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak n'essaieraient pas de prendre la grande ville pétrolière de Kirkouk, tenue par les forces de Saddam Hussein.

"Il est entendu entre tous que toutes les parties sont obligées de coopérer avec la coalition afin de décourager les gens d'entrer (dans Kirkouk), d'organiser un soulèvement et d'y envoyer des forces", a déclaré à la presse M. Khalilzad, représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, après un entretien au ministère turc des Affaires étrangères.

"La coalition a la responsabilité de la sécurité à Kirkouk. Les milices kurdes sont sous le contrôle des forces américaines", a ajouté M. Khalilzad.

La Turquie redoute que les Kurdes du nord de l'Irak, profitant de leur alliance avec les Etats-Unis contre Bagdad, ne soient tentés de proclamer leur indépendance, donnant l'exemple à la minorité kurde de Turquie.
 Ankara craint en particulier que les combattants kurdes ne s'emparent de Kirkouk et de l'autre ville nord irakienne de Mossoul, s'appropriant leurs richesses pétrolières pour se donner les moyens de créer un Etat indépendant.

Les miliciens kurdes ont progressé ces derniers jours vers Kirkouk, les soldats irakiens ayant abandonné certaines de leurs positions.

"Les Etats-Unis nous disent avec insistance que les groupes kurdes ou d'autres groupes locaux ne tenteront pas de s'emparer de villes comme Kirkouk et Mossoul, que ce soit en utilisant des civils ou des forces armées", a souligné de son côté le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Huseyin Dirioz.

La Turquie, déjà présente militairement dans le nord de l'Irak, souhaite y envoyer des soldats supplémentaires. Sous forte pression américaine, ses dirigeants ont accepté de n'agir qu'en coordination avec les Etats-Unis, en cas d'afflux de réfugiés ou de "menace" contre la sécurité du pays.

"Nous sommes d'accord sur le fait qu'une entrée des forces turques dans le nord de l'Irak n'est pas une fin en soi", a dit M. Khalilzad.

"La Turquie a des préoccupations et des intérêts légitimes. Nous le reconnaissons et nous ferons tout notre possible avec la Turquie et les gens du nord de l'Irak pour venir à bout de ces problèmes", a-t-il ajouté.

M. Khalilzad a poursuivi ces derniers jours ses entretiens dans le nord de l'Irak et en Turquie, pour contenir les projets turcs d'intervention et apaiser les inquiétudes des factions kurdes, hostiles à une présence militaire turque dans leur région. (AFP, 31 mars 2003)
 

Protection renforcée pour les convois américains dans le sud-est de la Turquie

Les Etats-Unis ont suspendu la circulation de convois militaires dans le sud-est de la Turquie en attendant un renforcement des mesures de sécurité après que plusieurs de leurs camions eurent été la cible de jets de pierre, a-t-on appris lundi de sources américaine et turque.

La guerre lancée par les Etats-Unis contre l'Irak, sans l'aval de l'ONU, a provoqué l'hostilité des populations de l'est de la Turquie, région frontalière de l'Irak, contre les militaires américains.

Le départ de plusieurs semi-remorques, transportant du matériel militaire, de la province de Mardin vers l'aérodrome militaire d'Incirlik, dans le sud du pays, a été reporté de lundi à mardi pour donner le temps aux autorités turques de renforcer les mesures de sécurité le long de la route, notamment au passage de zones urbaines.

L'armée américaine avait commencé à mettre en place des installations logistiques dans la région en prévision d'un déploiement militaire en Turquie.

Elle a récemment commencé à les démanteler après le refus du parlement turc d'autoriser le débarquement de milliers de fantassins américains en prévision d'une invasion de l'Irak.

Un groupe d'habitants du sud-est de la Turquie avait jeté des pierres dimanche sur un convoi de camions transportant du matériel militaire américain, brisant les vitres de deux d'entre eux, selon l'agence Anatolie.

L'incident avait eu lieu près de la ville de Sanliurfa, dans une région bordant la frontière syrienne, à population majoritairement arabe.

Un groupe d'experts militaires américains avait également été pris à partie dans la même région, vendredi, lorsqu'ils étaient venus enquêter sur la chute d'un missile de croisière américain. (AFP, 31 mars 2003)
 

Arrivée imminente de la première aide humanitaire dans le nord de l'Irak

N'attendant plus que le feu vert des douanes turques, deux camions d'aide humanitaire s'apprêtaient lundi, pour la première fois depuis le début des hostilités, à passer dans le nord de l'Irak afin d'y porter secours aux 200.000 personnes déplacées par la guerre.

Transportant 16 tonnes de compléments alimentaires et six tonnes de pastilles pour purifier l'eau, ces deux semi-remorques forment le premier convoi assemblé par l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) pour faire face à une situation humanitaire "critique et qui empire rapidement", selon l'agence.

"Les camions remplissent actuellement les formalités de dédouanement. Nous espérons qu'ils passeront lundi", a déclaré à l'AFP Michael Bociurkiw, porte-parole de l'Unicef à Silopi, dernière ville turque avant la frontière irakienne.

Ce premier convoi, dans le cadre du programme "pétrole contre nourriture" récemment redémarré, sera suivi d'un autre convoi, de 40 camions qui devrait traverser la frontière "mercredi ou jeudi" avec une cargaison d'une valeur de 4 millions de dollars, a ajouté M. Bociurkiw.

Les deux camions se trouvaient lundi dans la zone militaire interdite aux journalistes, mise en place par l'armée turque le long de la frontière irakienne.

D'autres équipements de même nature --médicaments, produits alimentaires,  équipements sanitaires et de purification de l'eau-- et d'une valeur de 10 millions de dollars, sont également en train d'être acheminés par voie maritime vers la Turquie pour être distribués dans le nord de l'Irak, a-t-il dit.

L'Unicef considère que la situation dans cette région, où quelque 600.000 personnes ont, selon elle, été déplacées au début des hostilités, est "critique et empire rapidement". Une partie de ces personnes sont ensuite retournées chez elles et environ 200.000, d'après le porte-parole, seraient encore déplacées.

"Certaines rentrent, mais il y en a encore beaucoup dans la nature qui ont besoin d'être assistées", a souligné M. Bociurkiw.

"Nombre d'entre elles sont des personnes qui partent la nuit et qui reviennent dans la journée" pour échapper aux bombardements, a-t-il précisé.

L'agence de l'Onu s'est fixée comme priorité la lutte contre la mortalité infantile et contre la malnutrition qui, avant le conflit, touchait un quart des enfants irakiens. Un enfant irakien sur huit n'atteignait pas l'âge de cinq ans, selon l'Unicef.

"Parmi les populations qui fuient les bombardements aujourd'hui, et si ces bombardements s'intensifient, il n'en faudra pas beaucoup pour que les plus vulnérables soient en péril", a précisé M. Bociurkiw, en rappelant que la malnutrition tuait davantage de personnes que les combats.

L'Unicef, qui dispose de trois centres dans les villes kurdes irakiennes de Dohouk, d'Erbil et de Souleimaniyah, ne redoute cependant pas un afflux de réfugiés à la frontière turco-irakienne.

"Les personnes quittent leurs villes pour des villages plus éloignés. Mais, selon les témoignages que nous recueillons, ces personnes considèrent les camps de réfugiés comme la toute dernière solution", a dit le porte-parole de l'organisation.

"Elles se sentent bien mieux avec leurs familles, leurs amis, dans des écoles ou dans des mosquées", a-t-il ajouté.

La Turquie, qui avait dû improviser l'accueil de 500.000 réfugiés irakiens pendant la guerre du Golfe en 1991, invoque le risque d'une crise humanitaire à sa porte pour justifier l'envoi possible de troupes dans le nord de l'Irak.

Selon les Kurdes irakiens qui vivent dans cette région, la Turquie vise surtout à étouffer toute velléité indépendantiste de leur part car cela risquerait de réveiller des aspirations similaires au sein de ses propres populations kurdes. (AFP, 31 mars 2003)
 

Nord de l'Irak: face à Washington, Ankara revendique son indépendance

Une fois écartée dans l'immédiat la menace d'un passage en force, les projets militaires de la Turquie dans le nord de l'Irak restent sujet de profondes divergences entre Washington et Ankara, qui ne cesse de lier le débat à la défense de ses intérêts nationaux et de son indépendance.

"Je veux dire clairement que la Turquie est un Etat indépendant et ne reçoit d'ordres de personne", a lancé samedi devant le Parlement le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, appelant les Etats-Unis à tenir compte de la "sensibilité" de son pays.

"Il est naturel que la Turquie réponde positivement aux requêtes de ses alliés, tant que sa sensibilité est ménagée", a ajouté M. Erdogan. Mais, a-t-il averti, la Turquie se réserve le droit d'agir "en Etat indépendant et souverain".

A l'appui de cet avertissement, la Turquie a mobilisé, selon une source américaine, 50.000 soldats le long de sa frontière avec le nord de l'Irak, région laissée depuis 1991 au contrôle de factions kurdes mais qu'Ankara considère comme partie de sa zone d'influence.

Alliée des Américains au sein de l'Otan mais pays musulman voisin de l'Irak, la Turquie s'était tardivement résignée à accorder aux Etats-Unis une aide minimale pour la guerre en Irak, en ouvrant le 21 mars des couloirs aériens au dessus de son territoire.

En contrepartie, Ankara a cherché à imposer l'envoi massif de soldats dans le nord de l'Irak, où des troupes turques sont du reste stationnées depuis plusieurs années, de crainte de voir naître un Etat kurde à ses portes en cas d'éclatement de l'Irak.

La Turquie, où vivent au moins dix millions de Kurdes, a elle-même combattu entre 1984 et 1999 une guérilla kurde, et redoute un regain de séparatisme sur son territoire.

Malgré de récentes assurances données par Ankara que rien ne serait tenté "sans coordination" avec Washington, aucun accord formel n'a encore été finalisé, capable de satisfaire à la fois Américains, Turcs et Kurdes.

Emissaire dans ce dossier, le représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad, de retour samedi du nord de l'Irak, a fait part aux responsables de la diplomatie turque des résultats de sa mission. Sans résultat probant, de nouveaux entretiens étant prévus dans la semaine à Ankara.

En écho aux protestations d'indépendance de M. Erdogan, un haut responsable américain soulignait samedi à Ankara que la Turquie, quelles que soient ses "inquiétudes légitimes", "ne doit pas aller dans le nord de l'Irak à moins d'une justification suffisante".

Selon ce responsable, les Kurdes du nord de l'Irak auraient accepté de ne pas tenter de prendre la grande ville de Kirkouk, aujourd'hui aux mains des forces de Saddam Hussein, vers laquelle des combattants du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) ont fait mouvement en fin de semaine.

Kirkouk et ses gisements d'or noir, convoités par les Kurdes, constituent l'un des sujets d'obsession de la Turquie: une prise de la ville signifierait pour Ankara un pas majeur vers l'indépendance des Kurdes d'Irak, et du même coup une menace suffisante pour justifier une intervention armée.

Inquiet lui aussi d'une éventuelle prise de Kirkouk, l'Iran, frontalier de la Turquie et de l'Irak, a néanmoins demandé à la Turquie de ne pas envoyer de troupes dans le nord de l'Irak.

"Nous comprenons les inquiétudes de la Turquie qui sont aussi les nôtres", a dit le chef de la diplomatie iranienne, Kamal Kharazi, "mais nous n'approuverions pas l'entrée de forces turques en Irak".

Six millions de Kurdes, selon les chiffres officiels, vivent en Iran, l'un des quatre pays sur lesquels ils se répartissent. Comme la Turquie, l'Iran redoute que les revendications kurdes ne se ravivent sur son territoire. (AFP, 30 mars 2003)
 

Téhéran, "inquiet" pour Kirkouk, appelle Ankara à ne pas envoyer de troupes

Téhéran "s'inquiète" d'une prise éventuelle de Kirkouk (nord de l'Irak) par les Kurdes, mais a demandé à la Turquie de ne pas envoyer de troupes dans le nord de l'Irak, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharazi.

"Nous sommes évidemment inquiets et nous avons dit à nos amis turcs de ne pas envoyer leurs forces" au Kurdistan irakien, a dit M. Kharazi, interrogé lors d'une conférence de presse sur l'éventualité d'une prise de Kirkouk, grande ville pétrolière du nord de l'Irak dont les Kurdes voudraient faire leur capitale.

"Nous comprenons les inquiétudes de la Turquie qui sont aussi les nôtres", a-t-il ajouté, "mais nous n'approuverions pas l'entrée de forces turques en Irak".

La Turquie revendique le droit d'envoyer dans le nord de l'Irak des milliers de soldats, de crainte que les Kurdes qui y vivent ne proclament leur indépendance et ne propagent des idées séparatistes parmi la minorité kurde de Turquie.

Sous la pression américaine, Ankara a laissé entendre cette semaine qu'il ne mettrait pas à exécution ses projets dans l'immédiat. Mais le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti samedi les Etats-Unis que la Turquie prendrait sa décision en Etat "indépendant et souverain".

M. Kharazi avait déjà présenté la question kurde comme "un sujet d'inquiétude commun à l'Iran et la Turquie ainsi qu'à la Syrie", lors d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Abdullah Gul mercredi.
 Selon des chiffres officiels, six millions de Kurdes vivent en Iran, l'un des quatre pays sur lesquels ils se répartissent.

Comme son voisin turc, l'Iran redoute que les revendications kurdes ne se ravive sur son territoire. (AFP, 30 mars 2003)
 

Les Etats-Unis retirent de Turquie le gros de leur matériel militaire

Les Etats-Unis ont retiré dimanche uneimportante partie du matériel militaire qu'ils avaient prépositionné dans lesud-est de la Turquie, a constaté un correspondant de l'AFP, alors que desincidents ont émaillé le même jour le départ d'un premier convoi.

L'armée américaine avait commencé la semaine dernière à enlever le matérielprépositionné en Turquie en vue d'une attaque de l'Irak par le nord, aprèsavoir dû renoncer à ce projet faute d'accord du parlement turc.

Plusieurs dizaines de semi-remorques chargés de véhicules militairesaméricains ont quitté dans la matinée la ville de Mardin, située à environ 250kilomètres à l'ouest de la frontière irakienne, en direction du portd'Iskenderun, dans le sud du pays.

Près de la ville de Sanliurfa, dans une région bordant la frontièresyrienne et à population majoritairement arabe, des personnes ont jeté despierres sur le convoi composé d'une quarantaine de véhicules, a rapportél'agence Anatolie.

Les chauffeurs ont immédiatement appelé les forces de l'ordre, mais lesmanifestants avaient quitté les lieux à leur arrivée. Deux camions ont euleurs vitres brisées, et les capots de plusieurs autres ont été endommagés.

La sécurité a ensuite été renforcée le long de la route que devaitemprunter le convoi.

Dimanche soir, des dizaines d'autres camions devaient aussi quitter Mardinet le site voisin de Kiziltepe, qui, après la fermeture de la base de Nusaybinla semaine dernière, comptaient parmi les installations militaires américainesles plus importantes et les plus proches de la frontière turco-irakienne.

Ces matériels américains "étaient en Turquie conformément au vote desdéputés turcs du 6 février", qui avait autorisé la venue de militairesaméricains pour la rénovation des ports et aérodromes locaux, a expliquéJoseph Pennington, porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.

"Cette motion était valide pour trois mois et elle arrive bientôt à sonterme", a-t-il ajouté.

Ces équipements pourraient être transportés vers le Golfe depuis le portturc d'Iskenderun, dans le sud du pays, ou depuis l'aéroport d'Incirlik, unpeu plus au nord.

M. Pennington n'était en revanche pas en mesure de fournir d'indicationsupplémentaire sur le calendrier prévu pour la fermeture des installationsmilitaires américaines restantes, ni sur le volume des matériels redéployés.

A l'occasion de deux votes distincts, les députés turcs ont autorisé ledéploiement de logisticiens américains sur le territoire national etl'ouverture de l'espace aérien aux avions et missiles américano-britanniques.

Le 1er mars, le parlement a en revanche rejeté une motion autorisant ledéploiement de 62.000 GI's qui aurait permis aux Etats-Unis d'ouvrir un frontnord contre l'Irak depuis la Turquie. (AFP, 30 mars 2003)
 

Les villageois turcs crient vengeance après la chute de Tomahawk américains

Le Tomahawk a explosé tout près des maisons en terre séchée. "S'ils sont si intelligents, pourquoi tombent-ils ici?", s'indigne Hassan Ucar qui, comme les autres habitants de Buyukmerdes, petit village du sud-est de la Turquie, refuse de croire à un accident.

En quelques jours, trois missiles de croisière américains faisant cap sur l'Irak se sont écrasés, sans faire de victime, à proximité de ce hameau d'environ 400 habitants, situé dans la province de Sanliurfa, à plus de 300 kilomètres à l'ouest de la frontière turco-irakienne. Le dernier Tomahawk est tombé à 500 mètres des habitations.

Quelques cylindres métalliques reposent encore, dispersés, dans des champs quadrillés par les gendarmes. Près du site, les hommes du village se sont réunis et conversent. Parfois, leurs propos s'enflamment.

"On ne tire de balle que sur son ennemi. Si tu reçois une balle, cela veut dire que tu es devenu l'ennemi de quelqu'un", philosophe Hassan Ucar, un fermier de 55 ans.

"Le prochain touriste américain qui vient ici, on le tue", renchérit, le plus posément du monde, Abdul Jelil Abdan, un autre éleveur deux fois plus jeune que Hassan.

Il n'est pas le seul à avoir des envies homicides. Des villageois interpellent les journalistes étrangers: "Américains?". Sans attendre la réponse, ils se passent l'index sous la gorge et miment un égorgement.

Samedi, des experts américains dépêchés sur place pour récupérer les morceaux du Tomahawk ont été accueillis par des jets de pierre lancés par des dizaines de villageois hurlant leur colère.

Certains habitants de Buyukmerdes promettent, dur comme fer, qu'ils s'armeront et qu'ils gagneront la frontière turco-irakienne "le moment venu" pour prendre les Américains en tenailles lorsque ceux-ci débarqueront en force dans le Kurdistan irakien pour ouvrir un front nord contre Saddam Hussein.

Car la thèse officielle de l'accident ne convainc personne au sein de cette population arabe, qui assure avoir des liens de parenté ancestraux avec le président irakien.

"Les Américains ont la meilleure technologie au monde. Une erreur peut se produire une fois, mais pas deux ou trois fois d'affilée", explique Hassan.

"Les services secrets américains ont découvert qu'on est de la même famille que Saddam et maintenant, ils essaient de nous faire peur", ajoute un grand villageois moustachu.

Un autre assure que les Etats-Unis se sont engagés dans une démonstration de force pour obliger les Turcs, très majoritairement hostiles à la guerre, à s'engager auprès des troupes américaines.
 D'autres encore estiment que les Américains veulent mettre la main sur les ressources d'hydrocarbures de la région, "comme ils essaient déjà de le faire en Irak".

"On exige que le gouvernement turc ferme l'espace aérien aux avions et missiles américains", reprend Abdul Jelil Abdan.

Après l'incident de vendredi, les Etats-Unis ont décidé de suspendre les tirs de missiles de croisière au-dessus de la Turquie. Selon les autorités turques, les tirs de Tomahawk depuis des bâtiments croisant en Méditerranée orientale avaient déjà été suspendus après la chute des deux premiers missiles le 23 mars, mais ils avaient repris peu de temps après. (AFP, 30 mars 2003)
 

Manifestations contre la guerre à Istanbul: 32 arrestations

Trente-deux personnes ont été interpellées par la police anti-émeutes samedi au cours de deux manifestations à Istanbul contre la guerre en Irak, a annoncé un porte-parole de la police.

L'un des rassemblements a dégénéré quand environ 150 manifestants de gauche ont refusé de se disperser comme le leur demandait la police, et ont tenté de défiler vers la place Taksim, dans la partie européenne de la ville.

Les policiers ont tenté de disperser le groupe à coups de matraque et en lançant des gaz lacrymogènes, tandis que les manifestants ripostaient à coups de bâtons, a rapporté l'agence Anatolie.

Plusieurs personnes ont été interpellées, et la police a aspergé les manifestants de peinture rouge pour pouvoir les repérer après la dispersion.

20 étudiants ont été arrêtés au cours d'un second rassemblement place Taksim, quand les manifestants ont essayé de se diriger vers le consulat des Etats-Unis en dépit d'une interdiction, a indiqué Anatolie.

D'autres petits rassemblements contre la guerre ont eu lieu dans plusieurs villes de Turquie, sans incidents.

L'opinion publique turque est très majoritairement hostile à la guerre en Irak, pays voisin de la Turquie, mais s'exprime peu, hormis au cours de petits rassemblements, les manifestations de masse étant inhabituelles en Turquie.

De fortes résistances dans les rangs du pouvoir, dominé par le Parti de la Justice et du Développement (AKP), formation issue de la mouvance islamiste, ont empêché l'adoption par le parlement d'un déploiement de troupes américaines en Turquie en vue d'une attaque de l'Irak par le nord.

Alliée des Etats-Unis au sein de l'Otan, la Turquie, sous forte pression américaine, avant longuement attendu avant d'ouvrir son espace aérien aux avions militaires américains le 21 mars, au deuxième jour de la guerre. (AFP, 29 mars 2003)
 

Des missiles américains tombés en Turquie et Arabie Saoudite (Pentagone)

Environ cinq missiles de croisière Tomahawk américains sont tombés par erreur et sans exploser en Arabie Saoudite, ainsi que quelques autres en Turquie, depuis le début de la guerre en Irak, a annoncé samedi un responsable du Pentagone.

Ces accidents ont amené une fermeture de la plupart des couloirs autorisés pour les tirs de missiles au-dessus des territoires de ces pays, a souligné ce responsable sous couvert de l'anonymat.

"Je pense qu'à un certain moment ils rouvriront", a-t-il ajouté, sans pouvoir préciser si la décision de fermeture des couloirs avait été prise volontairement par les Américains ou à la demande des pays concernés.

Il a ajouté que cette fermeture n'aurait pas d'effet sur les opérations aériennes des forces de la coalition car "il existe des options pour suivre d'autres trajectoires".

Les couloirs sont essentiels au début du conflit, lorsque de nombreux missiles sont tirés, mais ils perdent de leur importance lorsque le nombre des tirs se réduit, a encore noté ce responsable.

Les missiles, qui disposent d'ogives de près d'une demi tonne, n'ont pas explosé parce qu'ils ne sont pas armés avant d'atteindre leur cible.

Un missile américain est tombé vendredi près d'un petit village du sud-est de la Turquie, Buyukmurdes, dans la province de Sanliurfa, le troisième en moins d'une semaine.

Au commandement central (Centcom) américain au Qatar, le général Victor Renuart a déclaré qu'une analyse des procédures de lancement de missiles était en cours et que certains couloirs avaient été fermés.
 "En fait, nous (...) ne voulons pas mettre en danger les populations d'Arabie Saoudite ou de tout autre pays que (les missiles) pourraient traverser", a-t-il dit. (AFP, 29 mars 2003)
 

Les Turcs critiquent la guerre en Irak comme ils peuvent

Manifestations contre la guerre en Irak, appels au boycottage de produits américains, commentaires acerbes de la presse, la Turquie critique comme elle peut la guerre à sa frontière sud-est.

Plus de 5.000 manifestants d'obédience islamiste ont manifesté à la fin de la grande prière de vendredi, à Istanbul, contre "l'impérialisme américain", appelant à "l'intifada mondiale".

Jeudi, plus de 5.000 personnes rassemblées sous les bannières d'organisations de gauche avaient défilé dans le centre de la ville pour marquer le 35ème anniversaire d'une manifestation qui avait vu, en pleine guerre du Vietnam, les marins de plusieurs navires de la 6e Flotte américaine mouillant dans le Bosphore jetés à l'eau, avant de lever l'ancre pour ne jamais revenir.

Au quotidien, les journaux se montrent de plus en plus critiques des bombardements de civils en Iraq, tandis que les initiatives pacifistes se multiplient dans le pays.

La manifestation la plus spontanée de la population locale, à la hauteur de la peur qu'elle a vécue, fut la protestation des villageois d'Ozveren, dans le sud-est du pays, où était tombé dimanche accidentellement et sans faire de victime un missile de croisière Tomahawk.

Quelque 150 personnes ont conspué les experts militaires américains venus ramasser les morceaux, leur rappelant que "la Turquie ne veut pas de la guerre".

Dans le centre commerçant d'Istanbul, de nombreux magasins arborent une affichette disant "non à la guerre", "nous ne voulons pas de soldats étrangers".

Signe le plus spectaculaire de la résistance à une conflagration guerrière dans la région, une vingtaine de "boucliers humains" turcs en Irak depuis les premiers bombardements sont régulièrement montrés et interviewés dans les médias turcs, comme Mucahit Tellioglu, 15 ans, qui va rejoindre son père à Bagdad.

Un ingénieur en informatique d'Istanbul, qui avait envoyé des messages électroniques menaçant de mort le président américain George W. Bush, est actuellement jugé pour offense à un chef d'Etat, après que les services de renseignement américains l'eurent localisé.

"Choquée par les images télévisées de la guerre", une écolière d'Ankara âgée de neuf ans faisait vendredi la "une" de la presse, après que sa décision d'afficher sur les murs de son école son refus de la guerre eut été à l'origine d'une altercation entre son instituteur et son directeur.

Un groupe de "consommateurs opposés à la guerre" a également créé des sites internet appelant au boycottage de la monnaie américaine, ainsi que de certaines grandes marques américaines, du fast-food à la boisson gazeuse en passant par les cigarettes ou les compagnies aériennes.(AFP, 28 mars 2003)
 

Drapeaux américains, britanniques, espagnols et israéliens brûlés à Istanbul

Plus de 5.000 manifestants ont brûlé des drapeaux américains, britanniques, espagnols et israéliens vendredi à Istanbul pour marquer leur opposition à la guerre en Irak, a constaté l'AFP.

Les manifestants, rassemblés devant la mosquée Beyazit (dans la partie européenne de la ville), à la fin de la grande prière, ont également déchiré des milliers de faux billets de 100 dollars, tandis que certains agitaient au contraire des vrais dinars irakiens.

"Nous sommes tous des Bagdadis", clamait une banderole accrochée sur les murs de la mosquée, lieu de rassemblement traditionnel des protestataires d'obédience islamiste.

Les manifestants ont également scandé "Bonjour Bagdad, continue de résister!", prévenant "impérialistes, sionistes, n'oubliez pas le 11 septembre".

Quelque 500 policiers casqués, équipés de masques à gaz et de boucliers, surveillaient la manifestation, mais ne sont pas intervenus.(AFP, 28 mars 2003)
 

Manifestation contre la guerre en Turquie: 12 interpellations

Des policiers ont violemment dispersé dimanche àcoups de matraques une manifestation contre la guerre en Irak dans l'ouest dela Turquie, et interpellé 12 personnes, a rapporté la chaîne de télévisionCNN-Turk.

La police est intervenue quand les manifestants, membres d'un petit partide gauche, ont brûlé des drapeaux américains et britanniques, puis ont jetédes oeufs sur le consulat britannique d'Izmir, sur la côte de la mer Egée.

Les images de la télévision ont montré des policiers frappant lesmanifestants avec leurs matraques, puis traînant au sol ceux qu'ils avaientinterpellés.

Les petites manifestations de ce type se déroulent presque quotidiennementen Turquie. L'opinion publique de ce pays, voisin de l'Irak, est trèsmajoritairement hostile à la guerre, mais s'exprime peu, les manifestations demasse étant inhabituelles en Turquie. (AFP, 30 mars 2003)
 

Nord de l'Irak: nouveaux pourparlers turco-américains à Ankara

Les discussions entre diplomates turcs et américains à propos des projets de la Turquie dans le nord de l'Irak ont repris samedi à Ankara autour du représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad, a rapporté l'agence Anatolie.

Après de précédents entretiens en début de semaine à Ankara, M. Khalilzad s'est rendu dans le nord de l'Irak pour rencontrer les dirigeants des factions kurdes qui contrôlent cette région, soustraite à l'autorité de Bagdad en 1991.

Les nouvelles discussions à Ankara ont pour but "d'évaluer" les résultats de ces entretiens, a précisé Anatolie.

La Turquie, déjà présente militairement dans le nord de l'Irak, s'estime en droit d'y déployer des milliers de soldats supplémentaires, projet auquel les Etats-Unis sont fermement opposés.

Mercredi dernier, le chef d'état-major de l'armée turque, le général Hilmi Ozkok, avait laissé entendre que la Turquie renonçait dans l'immédiat à ses projets de déploiement militaire dans le nord de l'Irak.

Il avait annoncé qu'Ankara n'agirait qu'en "coordination avec les Etats-Unis", et seulement en réponse à une éventuelle "menace" contre la sécurité de la Turquie.

Mais, de source diplomatique américaine, on soulignait vendredi qu'aucun accord n'avait encore été formalisé avec les Etats-Unis.

"Les informations concernant un accord viennent du côté turc, malheureusement il faut deux côtés pour avoir un accord. Il n'y a pas d'accord pour le moment", avait souligné un responsable américain à Ankara sous couvert d'anonymat. (AFP, 29 mars 2003)
 

Véhicules américains dans le nord de l'Irak

Plusieurs dizaines de véhicules militaires américains ont été transportés au Kurdistan dans la nuit de jeudi à vendredi lors d'opérations aéroportées, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les véhicules de transport, type jeeps ou camions, ont été rassemblés près de la piste d'atterrissage de Harir (nord-est d'Erbil), où une intense activité aérienne a été entendue dans la nuit. Aucun blindé n'était visible depuis la route qui longe la piste d'atterrissage.

Quatre hélicoptères Sea Stalion étaient par ailleurs positionnés sur la piste, soit deux de plus que la veille.

Vers 08H00 (05H00 GMT) une trentaine de camions sont arrivés vides à Harir tandis qu'une partie des soldats américains semblaient sur le point de lever le camp.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces américaines ont procédé à leur premier déploiement majeur au Kurdistan avec le parachutage de plusieurs centaines d'hommes de la 173ème brigade de l'armée de Terre en vue de l'ouverture d'un front nord annoncée pour bientôt.

Disséminés autour de la piste d'atterrissage de Harir, une des quatre que compte le Kurdistan, les soldats armés de fusils automatiques M4 et de mitrailleuses, ont sécurisé la zone en vue d'un déploiement plus massif d'hommes et de matériel.(AFP, 28 mars 2003)
 

Ankara appelle Washington à tenir compte de ses inquiétudes

La Turquie a appelé vendredi les Etats-Unis à tenir compte de ses inquiétudes à propos de l'avenir du nord de l'Irak, région où elle craint de voir les Kurdes acquérir une trop grande autonomie à la faveur de l'offensive américaine en cours.

Lors de sa réunion mensuelle, le Conseil de sécurité nationale, qui regroupe les principaux dirigeants militaires et politiques du pays, a réaffirmé la volonté d'Ankara de protéger ses intérêts dans le nord de l'Irak, et souligné que le dispositif militaire nécessaire était en place à la frontière pour répondre à d'éventuelles menaces.

"Il est évident que la Turquie ne va pas cesser de prendre les mesures nécessaires contre de possibles menaces terroristes venant du PKK", a déclaré un communiqué publié après la réunion, en référence aux rebelles kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) retranchés dans le nord de l'Irak.

Ankara "est déterminé à prendre les mesures nécessaires pour fournir de l'aide humanitaire et empêcher des déplacements massifs de réfugiés ainsi que des affrontements entre différents groupes dans le nord de l'Irak", ajoute le texte.

Le Conseil a également réaffirmé la pérennité de l'alliance entre Ankara et Washington, malgré les tensions générées par la crise irakienne.

Mais il a demandé aux Etats-Unis de "prendre des mesures contre de possibles développements dans la région, avec une approche qui tienne compte de la sensibilité de la Turquie".

Région peuplée de Kurdes, le nord de l'Irak bénéficie d'une autonomie de fait depuis 1991.

Ankara craint en particulier que l'ouverture d'un deuxième front dans le nord de l'Irak, par les soldats américains, ne serve les intérêts des Kurdes qui voudraient s'emparer notamment de la ville de Kirkouk, au coeur d'une riche région pétrolière et aujourd'hui sous contrôle des forces de Saddam Hussein.

Premier mouvement majeur sur le front nord, des combattants kurdes de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), alliés de Washington, se sont approchés vendredi à 16 kilomètres à l'est de Kirkouk, après que les soldats irakiens eurent abandonné leurs positions pour se replier sur la ville.

Les Etats-Unis ont assuré récemment qu'ils assumeraient eux-mêmes le contrôle de Kirkouk et celui de Mossoul, autre ville du nord de l'Irak convoitée par les Kurdes, une fois chassées les forces gouvernementales.

Les factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak avaient de leur côté accepté de placer leurs forces sous commandement des Etats-Unis, lors d'une récente réunion à Ankara.

"La Turquie souhaite que l'opération militaire en Irak prenne fin rapidement, sans engendrer une atmosphère capable d'affecter la paix, la stabilité et la sécurité dans la région", ajoute le communiqué.

La Turquie, déjà présente militairement dans le nord de l'Irak, s'estime en droit d'envoyer dans cette région des milliers de soldats supplémentaires, un projet que les Etats-Unis s'efforcent de contenir.

Mercredi, le chef d'Etat-major de l'armée turque, le général Hilmi Ozkok, a laissé entendre que ce plan ne serait pas mis en oeuvre dans un futur proche, en assurant que la Turquie n'agirait qu'en coordination avec les Etats-Unis et seulement en cas de menace contre sa propre sécurité.(AFP, 28 mars 2003)
 

Les USA disposent de quatre pistes d'atterrissage dans le Kurdistan irakien

L'armée américaine peut compter sur quatre pistes d'atterrissage où poser des avions de ravitaillement ou de transports de troupes dans le Kurdistan irakien qui échappe au contrôle du régime de Bagdad.

Jeudi avant l'aube, plusieurs avions cargos militaires américains ont atterri sur une piste récemment aménagée dans la localité de Bakrajo, située à quelques kilomètres de Souleimaniyah, chef-lieu de la région orientale du Kurdistan (nord de l'Irak).

Ces atterrissages ont été précédés dans la nuit par le parachutage de plusieurs centaines de soldats américains dans une région proche d'Erbil, à plus de 150 km au nord de Bakrajo.

Mi-mars, un haut responsable kurde, le général Azad Miran, avait indiqué que des membres de commandos américains avaient aidé à remettre en état trois pistes d'atterrissage dans la région.

Le général Miran, chef des opérations militaires du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, qui contrôle la zone nord-ouest du Kurdistan), avait indiqué que ces pistes se trouvaient à Bamarni et Bakrajo, situées respectivement près des villes de Dohouk, et Souleimaniyah, ainsi qu'à Harir, à une quarantaine de  kilomètres au nord-est d'Erbil.

Il avait alors indiqué qu'un certain nombre d'éléments des forces spéciales américaines s'étaient mis en position autour de ces pistes.

Selon des experts militaires occidentaux, n'importe quel appareil peut se poser sur ces trois pistes d'atterrissage, asphaltées.

Un responsable kurde avait indiqué récemment à l'AFP que les pistes de Harir et Bamarni mesuraient l'une 1,8 km, et l'autre 2,2 km.

 Ces pistes avaient été construites au début des années 1980, à des fins militaires, par le régime irakien alors en guerre contre l'Iran.

Mais elles étaient inutilisées depuis la fin de la guerre du Golfe (1991)  et il avait fallu notamment en colmater les trous.

Une journaliste de l'AFP a pour sa part constaté l'existence d'une quatrième piste d'atterrissage à la sortie d'Erbil, mais celle-ci n'avait pas été réquisitionnée par les Etats-Unis. Longue de 3 km et large de 30 m, elle n'est entravée que par quelques pierres et touffes d'herbe sur les bas-côtés, et reste donc d'apparence parfaitement utilisable. (AFP, 27 mars 2003)
 

Deux batteries Patriot supplémentaires sont arrivées en Turquie

Deux nouvelles batteries antimissiles Patriot sont arrivées à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, portant à cinq le nombre de ces systèmes destinés à protéger le pays contre une possible attaque irakienne, a-t-on appris jeudi de source de l'Otan.

Les nouvelles batteries, déployées par l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), sont fournies par les Etats-Unis et leurs 200 servants sont des soldats américains.

Trois autres batteries, fournies par les Pays-Bas, sont déjà déployées à Diyarbakir, la plus importante ville du sud-est anatolien, et à Batman, située à environ 100 km plus à l'est, non loin de la frontière irakienne.

Aucune indication n'a été fournie sur le lieu de déploiement des deux nouvelles batteries qui seront opérationnelles dans les tout prochains jours. (AFP, 27 mars 2003)
 

Premier déploiement majeur des Américains au Kurdistan

Les forces américaines ont procédé à leur premier déploiement majeur au Kurdistan avec le parachutage dans la nuit de mercredi à jeudi de plusieurs centaines d'hommes de la 173ème brigade de l'armée de Terre en vue de l'ouverture d'un front nord annoncée pour bientôt.

"Plusieurs centaines, peut-être un millier d'hommes" de la 173e brigade de l'armée de Terre américaine ont été parachutés dans le nord de l'Irak, a annoncé un responsable américain de la Défense à Washington.

"C'est la première force d'importance dans le nord de l'Irak", a-t-il ajouté. La 173e brigade, unité d'élite qui a notamment combattu au Vietnam, est basée à Aviano près de Vicence, en Italie.

Le parachutage a eu lieu à Harir (à 75 km au nord-est d'Erbil), une des quatre pistes d'atterrissage que compte le Kurdistan et qui a été aménagée à cet effet depuis des semaines par les Kurdes.

Selon un membre du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, qui contrôle cette partie du territoire), l'opération a commencé vers 21H00 (18H00 GMT) mercredi pour s'achever vers 2H30 jeudi (23H30 GMT mercredi).

Les autorités locales avaient informé dans la soirée les habitants de Harir que l'électricité serait coupée et qu'ils ne devaient pas sortir de chez eux, a indiqué le gouverneur de la région, Lukman Makhmud.

Ainsi, après avoir entendu le vrombissement des hélicoptères, les habitants ont pu en découvrir deux posés sur la piste d'atterrissage à leur réveil.

Des dizaines de militaires américains en treillis beige étaient disséminés près de la piste et à ses alentours pour assurer sa sécurisation en vue d'une arrivée plus massive d'hommes et de matériel militaire.

Les soldats se sont positionnés dans des tranchées déjà prêtes, derrière des talus ou dans des trous d'hommes que l'on pouvait les voir creuser. Ils étaient armés d'artillerie légère et protégés des curieux par les forces spéciales kurdes.

Sur le tarmac, on pouvait également voir quelques véhicules américains, type jeep, ainsi que des conteneurs. Sur la route entre Harir et Erbil, l'AFP a pu voir plusieurs camions kurdes vides et d'autres transportant de l'essence.

Dans le même temps, plusieurs avions cargos militaires américains ont atterri avant l'aube sur une autre piste située à Bakrajo (est), dans la zone sous contrôle de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan), selon des témoins.

Ces deux opérations ont été menées quelques heures après que la Turquie eut fait la promesse de n'intervenir en Irak du Nord qu'en cas de menace et en coordination avec les Etats-Unis. Cette annonce semble avoir largement apaisé la tension entre les Turcs qui voulaient envoyer leurs troupes au Kurdistan et les Kurdes résolument opposés à cette éventualité.

Après avoir renoncé à un déploiement de dizaines de milliers de GI's par la Turquie suite au refus du Parlement turc, les Etats-Unis ont ainsi pu voir leur crainte d'une "guerre dans la guerre" s'éloigner et donner le coup d'envoi aux opérations aéroportées. Jusque là, seules des forces spéciales américaines - au moins un millier - étaient arrivées progressivement et discrètement au Kurdistan.

La décision de la Turquie "va nous soulager d'un poids important en nous permettant de nous concentrer vraiment sur le sud (vers l'Irak sous contrôle de Bagdad) et non sur le nord (vers la Turquie)", avait déclaré mercredi le responsable des relations extérieurs du PDK, Hoshyar Zebari.

Désormais, "la présence militaire américaine va s'accroître", avait ajouté le responsable qui a annoncé cette semaine l'ouverture d'un front nord conjoint américano-kurde pour "très bientôt".

L'arrivée des Américains a été accueillie de façon mitigée par les habitants de Harir qui avaient déjà vu ces dernières semaines des appareils se poser dans la région mais pas des Américains s'y déployer.

"La plupart de la population a peur désormais de faire l'objet d'une attaque irakienne parce que les Américains sont trop près", a expliqué un membre du PDK local, Sirwan Haji. (AFP, 27 mars 2003)
 

Les avions de combat américains quittent un par un Incirlik

Quelque 50 avions de combat américains et britanniques basés à Incirlik (sud de la Turquie) sont en cours de redéploiement et quittent un par un le territoire turc, certains pour le théâtre des opérations en Irak, a-t-on appris jeudi de source militaire américaine.

"Ils sont en cours de redéploiement", a indiqué le commandant Bob Thompson, porte-parole de "Northern Watch", une opération de reconnaissance et de surveillance de la zone d'exclusion aérienne du nord irakien dont le mandat a pris fin en raison de la guerre en Irak.

Cette opération découlait de mesures prises à la fin de la guerre du Golfe, en 1991, pour protéger la minorité kurde du nord irakien contre les attaques par les forces de Saddam Hussein.

Le redéploiement, déjà entamé, devrait se dérouler "assez rapidement", selon le porte-parole.

Les quelque 1.400 soldats, dont 1.000 Américains, qui participaient aux opérations au sol de "Northern Watch", doivent aussi prochainement quitter la Turquie, selon le commandant Thompson.

Une petite présence militaire américaine restera sur la base, utilisée depuis des années par l'Otan, et continuera à participer aux opérations de soutien logistique à l'Afghanistan, a-t-il précisé.

Depuis le début de la guerre, aucun des avions de combat d'Incirlik n'a été autorisé par les autorités turques à participer aux opérations contre l'Irak.

Quatre avions, participant aux combats, ont toutefois été autorisés à se poser d'urgence sur la base d'Incirlik depuis le début de la guerre, a-t-on appris jeudi de source diplomatique turque. Un des appareils transportait des blessés. (AFP, 27 mars 2003)
 

Le conflit irakien risque de porter un coup aux relations turco-américaines

Les relations entre Turquie et Etats-Unis, alliés au sein de l'Otan et partenaires stratégiques depuis la Guerre froide, risquent de sortir affaiblies d'un conflit irakien auquel Ankara n'a apporté qu'une aide limitée, estiment les analystes.

"Il est évident que les relations Turquie-Etats-Unis traversent une crise majeure", constate Hasan Unal, expert en relations internationales à l'université Bilkent d'Ankara, qui avertit d'un risque de "véritable rupture".

"C'est la première fois depuis que la Turquie fait partie de l'Otan que l'administration américaine n'informe pas Ankara du début d'une intervention militaire", note Hasan Unal à propos du lancement de la guerre en Irak. Cet expert voit là un "signe grave" de perte de confiance.

"Il est certain que le partenariat stratégique qui liait les deux pays a été endommagé, et devra être réparé", affirme de son côté l'éditorialiste du journal Milliyet Sami Kohen.

Le refus par le parlement turc, le 1er mars, d'un déploiement de soldats américains sur le sol national, a ouvert une crise dans les relations entre la Turquie, membre de l'Otan depuis 1952, et les Etats-Unis. Il a du même coup privé Ankara d'une contrepartie financière de 6 milliards de dollars.

L'ouverture le 21 mars, deuxième jour de la guerre en Irak, de l'espace aérien turc aux bombardiers américains, puis les déclarations d'apaisement d'Ankara sur ses plans militaires dans le nord de l'Irak, ont réduit les tensions.

La Turquie n'a d'ailleurs pas été oubliée par les Etats-Unis dans leurs prévisions budgétaires, publiées mardi et qui prévoient une aide aux pays ayant apporté un soutien à l'opération irakienne. Ankara doit recevoir à ce titre un milliard de dollars.

Première étape du soutien turc à la guerre en Irak, le gouvernement du parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) avait fait approuver, le 6 février, une motion sur la modernisation de ports et aéroports pour l'éventuel déploiement américain.

Mais ont suivi le "non" historique du parlement, puis les tentatives par Ankara d'imposer l'envoi de troupes dans le nord de l'Irak, sous contrôle kurde, qui ont soulevé des cris de colère à Washington. Mercredi cependant, l'armée turque laissait entendre qu'elle renonçait dans l'immédiat à ce projet.

Plusieurs analystes estimaient d'ailleurs qu'Ankara ne prendrait pas le risque d'aller au "clash diplomatique".
 Les Etats-Unis, de leur côté, "ont besoin de la Turquie, ils ne peuvent prendre le risque d'une crise en plein conflit", soulignait Sami Kohen.

Seul pays musulman de l'Otan, allié stratégique des Etats-Unis en raison de sa position géographique, la Turquie a maintenu, après la Guerre froide, des liens politiques et militaires privilégiés avec Washington.

Les Etats-Unis ont ainsi vivement insisté auprès de l'Union européenne pour qu'elle accepte d'intégrer la Turquie.

Mais plusieurs commentateurs soulignent que la crise irakienne a marqué un tournant dans ces relations. A plus long terme, la "crise de confiance" est bien là, "et la désillusion est sérieuse", écrivait mardi le quotidien Zaman, de tendance conservatrice religieuse.

"Après la fin de la Guerre froide, le concept du partenariat stratégique a été artificiellement entretenu, mais il doit être reconsidéré de manière plus réaliste", selon le journal. La Turquie a toujours dit "oui" aux Etats-Unis, mais "la méfiance s'est installée quand il s'est agi de l'Irak", relève Zaman.

Selon Fikret Bila, éditorialiste à Milliyet, "les points de désaccord" à propos de l'Irak "sont bien plus nombreux que les points d'entente, Washington étant en conflit avec le pouvoir irakien, Ankara avec l'opposition irakienne". (AFP, 27 mars 2003)
 

La Turquie a fait une "grosse erreur" en refusant l'armée US (Wolfowitz)

La Turquie a fait "une grosse erreur" en refusant le transit par son territoire des troupes américaines pour ouvrir un front nord en Irak, qui aurait permis de finir la guerre plus vite, a estimé jeudi au Congrès Paul Wolfowitz, le numéro deux du Pentagone.

"Il ne fait aucun doute que si nous avions aujourd'hui une division blindée dans le nord de l'Irak, la fin de la guerre serait plus proche", a déclaré M. Wolfowitz devant la commission des attributions budgétaires de la Chambre des représentants.

Le secrétaire adjoint à la Défense a aussi noté que le Parlement turc avait rejeté par quelques voix seulement la demande de laisser les troupes américaines transiter par la Turquie pour intervenir en Irak.

Il a aussi souligné que la Turquie faisait des efforts pour aider les Etats-Unis en accordant notamment aux forces aériennes américaines le droit d'utiliser son espace aérien pour conduire des opérations en Irak.

M. Wolfowitz a défendu l'octroi à la Turquie d'une aide américaine d'un milliard de dollars, requise par le président George W. Bush dans le cadre de la demande de rallonge budgétaire de 74,7 milliards de dollars qu'il vient de soumettre au Congrès.

Un représentant avait suggéré de punir la Turquie pour son refus d'autoriser les troupes américaines à utiliser son territoire pour attaquer l'Irak.

"L'économie turque connaît des difficultés et ce n'est pas dans notre intérêt", a expliqué M. Wolfowitz. (AFP, 27 mars 2003)

L'armée turque promet de ne pas agir sans accord américain

L'armée turque a annoncé mercredi qu'elle n'enverra des soldats supplémentaires en Irak qu'en accord avec les Etats-Unis et seulement en cas de menace, première réponse aux inquiétudes de Washington qui craint des violences dans cette région sous contrôle kurde.

Ces assurances semblent écarter, dans l'immédiat, la menace d'une intervention "unilatérale" turque dans le nord de l'Irak.

Celle-ci est redoutée par Washington car elle risquerait d'ouvrir une "guerre dans la guerre", compliquant l'offensive en cours contre le régime de Saddam Hussein.

S'adressant à la presse à Diyarbakir, principale ville du sud-est de la Turquie, le chef d'Etat-major de l'armée, le général Hilmi Ozkok, a annoncé que des soldats supplémentaires ne seraient envoyés dans le nord de l'Irak que si les troupes turques déjà présentes ne pouvaient répondre à d'éventuelles menaces contre la sécurité de la Turquie.

Mais ces soldats n'iront pas dans le nord de l'Irak "pour se battre ou pour occuper", a assuré le général Ozkok, promettant que toute initiative de ce type serait "coordonnée avec les Etats-Unis".

Sujet de vives tensions entre Ankara et Washington, le projet de déploiement turc ne fait cependant l'objet d'aucun accord politique officiel jusqu'à présent.

Et ces derniers jours, les responsables turcs ont multiplié, sous une avalanche de critiques internationales, les démonstrations de fermeté, affirmant, comme le ministre des Affaires étrangères Adbullah Gul, que leurs soldats "iront dans le nord de l'Irak".

Les discussions turco-américaines autour du représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad, doivent reprendre en fin de semaine à Ankara, après une visite de M. Khalilzad dans le nord de l'Irak.

Cette région, soustraite à l'autorité de Bagdad après la fin de la guerre du Golfe en 1991, est contrôlée par des factions kurdes qui redoutent de voir les Turcs s'installer durablement sur leur territoire.

"Nous n'avons pas l'intention d'installer une zone tampon permanente. Nous n'allons pas entrer en confrontation, sauf pour nous défendre. Nous n'avons pas d'intentions secrètes", a promis le général Ozkok, en uniforme de combat, de retour d'une visite aux soldats le long de la frontière turco-irakienne.

"Notre action sera coordonnée avec les Etats-Unis et les mesures nécessaires seront prises pour empêcher les malentendus", a-t-il assuré.

Comme "menaces" pouvant justifier l'envoi de soldats du côté irakien, le général Ozkok a cité un éventuel "afflux massif de réfugiés, une instabilité due à des combats entre forces locales armées ou une attaque de l'une d'elles contre la population civile".

La puissante armée turque, qui a combattu entre 1984 et 1999 une rébellion séparatiste kurde dans le sud-est, s'était mêlée au débat politique en prenant position, début mars, pour le passage de soldats américains sur le sol turc, ce qui aurait permis dans la foulée à Ankara de déployer massivement des troupes dans le nord de l'Irak.

Mais le refus du parlement, le 1er mars, d'autoriser ce passage, a contrarié les projets américains d'ouvrir un front dans le nord de l'Irak, et les Etats-Unis ont depuis multiplié les pressions sur la Turquie pour qu'elle renonce à ses projets de déploiement militaire à hauts risques.

Déjà présente militairement dans le nord de l'Irak, la Turquie estime de son côté être en droit d'y envoyer des milliers de soldats supplémentaires.

Outre les "menaces contre la sécurité" officiellement avancées, Ankara redoute par dessus tout que les Kurdes de la région ne soient tentés par l'indépendance à la faveur de la guerre en cours, entraînant une contagion au sein de la minorité kurde de Turquie. (AFP, 26 mars 2003)
 

Les Kurdes combattront toute intervention turque en Irak (responsable)

Un dirigeant kurde irakien Nichirvan Barzani a prévenu mardi à Damas que les Kurdes "combattront par tous les moyens" une intervention de l'armée turque dans le Kurdistan irakien.

"Nous sommes opposés à toute intervention militaire turque au Kurdistan qui n'a aucune justification et nous la combattrons par tous les moyens nécessaires", a déclaré M. Barzani, numéro deux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, de Massoud Barzani) aux journalistes.

Le PDK est l'une des deux factions qui se partagent le contrôle du Kurdistan irakien échappant au contrôle de Bagdad depuis 1991.

L'armée turque avait démenti samedi que ses troupes aient pénétré dans le nord de l'Irak, frontalier de la Turquie, mais annoncé avoir terminé ses préparatifs pour une telle opération.

M. Barzani a estimé par ailleurs que la guerre américano-britannique "durera encore quelques semaines" et jugé "normale" la résistance de certains Irakiens, minimisant les "difficultés" que rencontrent les forces de la coalition en Irak.

Selon lui, les forces américaines présentes dans le Kurdistan irakien "ne sont pas des forces de combat, mais se trouvent dans la zone kurde à des fins humanitaires".

En réponse à une question sur l'"après-Saddam Hussein", M. Barzani a répété que les Kurdes souhaitaient "l'avènement d'un Irak fédéral, démocratique, uni, vivant en paix avec son peuple et ses voisins".

"Les Etats-Unis, qui ont déployé plus de 200.000 soldats (autour de l'Irak) auront leur mot à dire s'agissant de l'avenir de ce pays", a-t-il affirmé.

Selon lui, après la chute du régime irakien, "une autorité intérimaire" prendra le pouvoir en Irak mais "les Etats-Unis s'occuperont de la défense et de la sécurité" du pays.

"Je ne pourrais pas qualifier d'occupation la présence de forces militaires américaines en Irak", a-t-il poursuivi, estimant que l'onjectif de ces forces était "la libération du peuple irakien".

Pour M. Barzani, "Les Américains resteront en Irak pour une période très limitée. Ils n'ont pas intérêt à rester longtemps".

Il a enfin annoncé qu'il avait rencontré lundi à Damas le chef de l'Etat syrien Bachar al-Assad et d'autres hauts responsables, notamment le vice-président Abdel Halim Khaddam.

Il a qualifié de "stratégiques" les relations du PDK avec la Syrie, qui est farouchement hostile à la guerre en Irak. (AFP, 25 mars 2003)
 

Washington récompense plusieurs pays, même la Turquie

Les Etats-Unis vont récompenser financièrement plusieurs pays pour le soutien apporté dans l'opération irakienne, y compris la Turquie dont l'engagement n'a pas répondu aux attentes de Washington, selon les détails du collectif budgétaire présenté mardi par le président George W. Bush.

Un chapitre du collectif, d'un total de 74,7 milliards de dollars, est intitulé "fonds de soutien économique" et s'élève au total à 2,5 milliards de dollars. Sur ce total, la Turquie va recevoir un milliard de dollars, soit 40%.

"Un milliard de dollars va être accordé à la Turquie sous forme de dons. Une partie de ce montant pourra être utilisée par la Turquie pour payer les frais financiers liés à l'obtention et à la garantie de prêts à la Turquie allant jusqu'à 8,5 milliards de dollars", souligne le texte du collectif publié par les services budgétaires de la Maison Blanche.

Parmi les autres pays récompensés figurent la Jordanie (700 millions de dollars), l'Egypte (300 millions de dollars), l'Afghanistan (127 millions de dollars).

Israël, qui fait l'objet d'un chapitre à part, va recevoir au total dix milliards de dollars dont neuf milliards sous forme de garanties d'emprunts et un milliard d'aide au titre d'un "programme de financement militaire pour les pays étrangers" dont les fonds seront utilisés pour "renforcer les systèmes de défense militaires et civils contre les menaces régionales".

"Le partenariat pour le Moyen-Orient et la coopération avec les musulmans" va recevoir 200 millions de dollars, 50 millions vont être consacrés "à des mesures directes pour réduire le terrorisme et soutenir le processus de paix en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza".

Enfin, 40 millions de dollars serviront à payer les sommes liées à l'acheminement de l'aide humanitaire dans le Golfe en prévision du conflit avec l'Irak.

La Turquie avait négocié avec Washington un important paquet d'aides financières lorsque les Américains entendaient utiliser le territoire turc pour lancer une offensive sur le nord du territoire irakien. Celui-ci aurait permis à Ankara d'obtenir jusqu'à 30 milliards de dollars en prêts et garanties.

Mais le vote du Parlement turc le 1er mars refusant la présence de troupes américaines en Turquie avait fait capoter ce projet.

Les parlementaires ont toutefois accepté le 21 mars l'ouverture de l'espace aérien de leur pays aux avions américains pour qu'ils puissent effectuer des missions en Irak.

Dans le cas de l'Egypte, une partie des 300 millions de dollars prévus dans le collectif budgétaire pourra être utilisée par le Caire pour obtenir jusqu'à 2 milliards de dollars de prêts par l'intermédiaire de garanties, indiquent les documents publiés par la Maison Blanche.

Au titre de ce même programme, la Jordanie va recevoir en plus 406 millions de dollars, le Pakistan 175 millions de dollars et l'Afghanistan encore 170 millions de dollars.

La Colombie se voit accorder 34 millions de dollars au titre du programme de lutte contre la drogue.

Le collectif budgétaire présenté mardi par George W. Bush pour financer la guerre en Irak et ses conséquences prévoit au total 5 milliards de dollars pour les pays touchés de près ou de loin par le conflit, l'aide humanitaire et les opérations de maintien de la paix en Irak après le conflit. Il doit encore être débattu et voté par le Congrès. (AFP, 25 mars 2003)
 

Tout le monde contre l'intervention de l'Armée turque dans le Kurdistan irakien

Les Européens ont commencé à mettre en garde Ankara sur les conséquences d¹une intervention de son armée dans le nord de l¹Irak, qui pourrait compliquer encore davantage le processus d¹adhésion de la Turquie à l¹UE. Alors que la Turquie réitérait son intention d¹envoyer des soldats dans le nord de l¹Irak malgré les avertissements venus de l¹étranger, la Commission européenne a évoqué de son côté les «complications supplémentaires» que pourrait rencontrer la candidature turque à l¹Union européenne.

Dimanche, le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel avait été nettement plus explicite en estimant «impensable que la Turquie rejoigne l¹Europe si elle entre dans le Kurdistan» irakien.

«Il faut faire pression très fortement sur la Turquie pour lui indiquer que si elle sort de sa réserve, ce sera l¹élément déterminant pour lui refuser» l¹adhésion, avait ajouté M. Michel.

Sans reprendre cette menace à son compte, un porte-parole de la Commission a rappelé que les dirigeants européens avaient adressé un «signal clair à la Turquie et aux autres pays voisins de l¹Irak» lors du sommet de Bruxelles, jeudi et vendredi derniers.

En dépit de leurs divisions persistantes, les Quinze étaient tombés d¹accord pour appeler au respect de «l¹intégrité territoriale» de l¹Irak et «inviter tous les pays de la région à s¹abstenir d¹actions susceptibles d¹accroître l¹instabilité».

Cette déclaration a été entérinée par des représentants des 13 pays candidats à l¹UE, dont la Turquie, lors d¹un déjeuner vendredi avec les dirigeants des Quinze. Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul était alors présent, mais il n¹est pas intervenu sur le sujet et n¹a donc pris aucun engagement spécifique, a-t-on appris de sources diplomatiques.

Une incursion turque dans le Kurdistan irakien serait «parfaitement inacceptable», a prévenu lundi le Premier ministre britannique Tony Blair devant la Chambre des Communes.

L¹inquiétude des Européens sur l¹attitude de la Turquie s¹est aussi manifestée à l¹Otan, où l¹Allemagne et la Belgique ont menacé de retirer leur soutien à Ankara. Après avoir entendu les explications de l¹ambassadeur turc à l¹Otan, les membres de l¹Alliance ont décidé lundi de maintenir leur aide (quatre avions-radars Awacs et cinq batteries de missiles antimissile Patriot).

Sur ce dossier également, les Européens ne semblent pas tous sur la même longueur d¹onde. «Certains pays comprennent que la Turquie souhaite sécuriser sa frontière et éviter un afflux incontrôlable de réfugiés en envoyant quelques troupes en Irak», alors que d¹autres sont plus intransigeants, explique un diplomate.

«En revanche, nous refusons tous de voir la Turquie jouer un rôle déstabilisateur dans la région», assure un de ses collègues. Dans le contexte actuel, un pays comme la France pourrait aussi faire preuve d¹une plus grande indulgence à l¹égard d¹un Etat qui vient, comme elle, de s¹opposer à la stratégie américaine en Irak.

Pour la Commission, il est «encore trop tôt» pour tirer des conclusions sur le processus d¹adhésion de la Turquie à l¹UE, déjà confronté à de nombreux obstacles, qu¹il s¹agisse de la question des droits de l¹Homme ou du dossier chypriote.

A ce stade, Bruxelles n¹a donc pas l¹intention de remettre en cause l¹aide financière apportée à la Turquie dans le cadre du processus de «pré-adhésion». Au contraire, la Commission doit même proposer mercredi un doublement de cette aide, qui atteindrait 1,05 milliard d¹euros sur la période 2004-2006.

L¹Union élargie à 25 doit décider à la fin de 2004, sur la base d¹un rapport de la Commission, d¹ouvrir ou non des négociations d¹adhésion avec Ankara. (La Libre Belgique, 24 mars 2003)
 

La Turquie déterminée à intervenir dans le Kurdistan irakien

La Turquie veut intervenir dans le nord de l'Irak et affirme avoir un blanc-seing des Américains alors que Washington multiplie ses mises en garde et que l'Europe s'interroge sur les raisons d'une telle action.

"La présence et la future présence de la Turquie en Irak découlent de considérations humanitaires et d'inquiétude touchant au terrorisme", a affirmé lundi le porte-parole du gouvernement, Cemel Cicek.

Plusieurs milliers de soldats turcs sont déployés depuis plusieurs semaines à la frontière dans l'attente d'un ordre pour la franchir et établir un "cordon sanitaire" de plusieurs kilomètres de profondeur.

Près de 10.000 soldats turcs se trouveraient déjà en Irak du nord, où Ankara maintient depuis 1997 une présence militaire discrète, notamment pour lutter contre les rebelles kurdes turcs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui y sont réfugiés.

Ankara et Washington sont d'accord sur les principes d'une intervention militaire de la Turquie dans le nord de l'Irak, selon M. Cicek. Il appartient toutefois à Ankara seul "de prendre la décision concernant l'envoi de soldats là-bas", a-t-il dit.

"Nos intentions sont claires", a ajouté le porte-parole, affirmant que la Turquie n'a aucune revendication territoriale en Irak et veut seulement se protéger des retombées possibles de la guerre.

Dimanche, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait pris la parole à la télévision pour assurer que "la présence des soldats turcs dans cette région serait une source de stabilité et de sécurité pour la Turquie et la région".

"Les arrangements militaires que nous allons prendre dans une zone-tampon limitée au-delà de la frontière visent à contenir un possible afflux de réfugiés (...) et empêcher certaines provocations visant notre sécurité", avait-il affirmé.

Ankara, dont l'armée a combattu pendant 15 ans (1984-1999) la rébellion séparatiste kurde du PKK dans le sud-est de la Turquie, craint la naissance à ses portes d'une entité kurde en Irak, avec des risques de contagion au sein de sa propre minorité kurde.

M. Erdogan a également assuré qu'Ankara agirait en accord avec Washington, alors qu'une heure plus tôt le président George W. Bush affirmait pour sa part: "Nous avons fait savoir très clairement aux Turcs que nous attendions d'eux qu'ils n'entrent pas dans le nord de l'Irak".

Les diplomates à Ankara s'interrogeaient sur les raisons de cette apparente incompréhension, certains estimant que le gouvernement turc cherche à présenter sous le meilleur jour une décision d'intervention déjà prise.

L'armée a annoncé lundi que le chef d'état-major, le général Hilmi Ozkok, se rendrait mardi et mercredi dans les régions frontalières de l'Irak.

Washington craint des heurts entre les factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991 et l'armée turque, alors que ses propres forces arrivent, par avion, dans la région pour prendre à revers les forces de Saddam Hussein.

Une entrée des troupes d'Ankara dans le nord de l'Irak "apporterait des complications supplémentaires" à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, avançait pour sa part lundi un porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles.

Et le gouvernement allemand a indiqué attendre des éclaircissements sur les intentions de la Turquie en Irak.

L'UE et les Etats-Unis sont tous deux inquiets d'une entrée des Turcs en Irak, a affirmé le porte-parole du ministère grec des Affaires étrangères, Panos Béglitis, dont le pays exerce la présidence de l'UE.

Pendant ce temps, le représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad, sondait les autorités turques sur leurs intentions à Ankara. (AFP, 24 mars 2003)
 

Les soldats américains en Turquie commencent à plier bagages

Des soldats américains, déployés en avant-garde près de la frontière turco-irakienne, ont commencé à plier bagages, le Pentagone ayant renoncé à lancer une offensive contre l'Irak depuis la Turquie faute d'avoir obtenu l'accord d'Ankara.

Conspuée par une quarantaine de personnes, une unité américaine a quitté dimanche --quatre jours seulement après s'y être installée-- un site industriel de Nusaybin, ville du sud-est de la Turquie à environ 150 km de l'Irak. Cap à l'ouest pour rejoindre le port d'Iskenderun d'où elle devrait quitter le pays.

"Qu'ils s'en aillent tous! Que tous les Américains partent de Turquie, Inch Allah!", fulminait un badaud tandis que, derrière lui, deux camions-grues chargeaient des conteneurs, une citerne d'eau potable, des blocs de béton et des miradors à bord de semi-remorques.

Jeudi, le parlement turc a ouvert l'espace aérien national aux avions militaires américains, mais n'est pas revenu sur son refus, exprimé par un vote il y a trois semaines, d'accepter le déploiement de 62.000 GI's sur le territoire turc.

Cette décision avait sonné le glas des espoirs américains d'ouvrir un front nord contre l'Irak depuis la Turquie et, samedi, le Pentagone a dû se résigner à annoncer le déploiement de la 4ème Division d'Infanterie au Koweït plutôt que chez son allié de l'OTAN.

Officiellement présents en Turquie en vertu d'un accord qui confie aux Etats-Unis la rénovation de ports et aérodromes militaires, des soldats de l'US Army ont donc commencé à refaire leurs sacs, même si, pour le moment, seules quelques unités semblent concernées.
 Et près de 30 navires, qui faisaient des ronds dans l'eau en Méditerranée orientale en attendant le feu vert d'Ankara pour débarquer le matériel lourd de combat, ont pris la direction du canal de Suez et du Koweït.

"Nous ne voulons pas être les complices d'un crime. Les Américains pourront revenir ici, mais en tant que touristes", explique Zahir Irmak, propriétaire d'une bijouterie à Nusaybin.

"Ce qui compte, ce n'est pas notre argent. C'est notre honneur. Nous préférons vivre un peu plus pauvres mais avec toute notre dignité", ajoute cet homme de 26 ans, fermement opposé à une guerre en Irak à l'instar d'une immense majorité de ses compatriotes.

La fermeture du site de Nusaybin --un complexe d'ateliers-- porte toutefois un coup à l'économie locale, les militaires américains ayant fait miroiter des dizaines de milliers de dollars pour la location de terrains et de locaux. Une manne qui ne sera finalement pas versée.

"Leur venue a au moins eu un mérite: elle a permis d'accélérer la construction des ateliers qui traînait depuis 20 ans. En fait, c'est bien qu'ils soient venus et c'est bien qu'ils repartent", précise Zahir.

Parmi les quelque 70.000 habitants de Nusaybin, l'hostilité à une présence militaire américaine ne signifie pas un soutien ouvert à Saddam Hussein.
 "Nous ne voulons pas que le drapeau américain flotte ici. Nous sommes contents qu'ils remballent mais nous souhaitons aussi le départ de Saddam", déclare un autre badaud.

Dans cette région où les Kurdes sont ultra-majoritaires, le souvenir de Halabja, village du Kurdistan irakien que Saddam Hussein avait gazé, provoquant la mort de plus de 5.000 habitants, est encore vif 15 ans après. (AFP, 24 mars 2003)
 

Les forces turques sont entrées en Irak (ministre russe Défense)

Le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a affirmé lundi que les forces turques étaient entrées en Irak "il y a deux jours", selon l'agence Interfax.

"Selon mes informations, les forces turques sont entrées en Irak il y a deux jours", a déclaré le ministre selon l'agence. Cela peut "amener à une réaction en chaîne incontrôlable", selon lui.

"Le conflit en Irak peut sortir du cadre régional", a-t-il encore déclaré devant la presse lors d'un déplacement en république de Mordovie (Fédération russe).

L'armée turque, qui a déployé plusieurs milliers d'hommes depuis plusieurs semaines à la frontière du Kurdistan irakien dans l'attente d'un ordre pour la franchir, a démenti samedi avoir envoyé des soldats dans le nord de l'Irak.

La Turquie veut intervenir dans le nord de l'Irak et affirme avoir un blanc-seing des Américains, alors que Washington lui a lancé des avertissements allant en sens inverse.

Les discussions entre diplomates turcs et américains sur un déploiement de troupes turques dans le nord de l'Irak n'ont abouti à aucun accord lundi et se poursuivront mardi, a déclaré pour sa part lundi le représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad.

Ankara, dont l'armée a combattu pendant 15 ans (1984-1999) la rébellion séparatiste kurde du PKK dans le sud-est de la Turquie, craint la naissance à ses portes d'une entité kurde en Irak, avec des risques de contagion au sein de sa propre minorité kurde. (AFP, 24 mars 2003)
 

Une entrée des Turcs en Irak "compliquerait" l'adhésion à l'UE (Commission)

Une entrée des troupes turques dans le nord de l'Irak "apporterait des complications supplémentaires" en vue d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne, a prévenu lundi un porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles.

Selon ce porte-parole, les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze réunis en sommet jeudi et vendredi à Bruxelles "ont adressé un signal clair à la Turquie et aux autres pays voisins de l'Irak" en leur demandant dans une déclaration commune de préserver la stabilité régionale et l'intégrité territoriale de l'Irak.

"C'est un message clair, espérons qu'il sera suffisant à ce stade", a ajouté le porte-parole.

Il a néanmoins refusé de reprendre à son compte la mise en garde formulée dimanche par le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel, selon lequel "il faut faire pression très fortement sur la Turquie pour lui indiquer que si elle sort de sa réserve, ce sera l'élément déterminant pour lui refuser (l'adhésion) à l'Europe".

"Il est impensable que la Turquie rejoigne l'Europe si elle entre dans le Kurdistan" irakien, avait ajouté Louis Michel.

Selon le porte-parole de la Commission, "il est trop tôt" pour tirer de telles conclusions dans la mesure où la décision finale sur l'adhésion relève de l'ensemble des Etats membres et où une intervention turque dans le nord de l'Irak n'est pas avérée.

Mais une telle intervention "ne serait certainement pas la bienvenue" du point de vue des Européens et "apporterait des complications supplémentaires" pour l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec Ankara, a-t-il assuré.

Il a ajouté que la Commission n'avait a priori pas l'intention de modifier le rapport annuel qu'elle doit publier mercredi dans le cadre du "partenariat d'adhésion" entre l'UE et la Turquie.

Ce rapport fait le point des "efforts prioritaires" qui restent à accomplir. Parallèlement, la Commission doit proposer une augmentation substantielle de l'aide de "pré-adhésion" apportée à la Turquie pour la soutenir dans sa préparation, conformément à une décision prise lors du sommet européen de Copenhague en décembre dernier.

Selon des sources européennes, la Commission va suggérer un doublement de cette aide financière, qui atteindrait ainsi 1,05 milliard d'euros sur la période 2004-2006.

L'Union élargie à 25 doit décider à la fin de 2004, sur la base d'un rapport de la Commission, d'ouvrir ou non des négociations d'adhésion avec Ankara. (AFP, 24 mars 2003)
 

"Coopération" UE-USA face à une éventuelle entrée de la Turquie en Irak

L'Union européenne et les Etats-Unis sont convenus d'une "coopération serrée" pour faire face à une éventuelle entrée des troupes turques en Irak, a indiqué lundi le porte-parole du ministère grec des Affaires étrangères, Panos Béglitis, dont le pays exerce la présidence de l'UE.

Cette question a été discutée dimanche soir par téléphone entre le chef de la diplomatie grecque, Georges Papandréou, et le sous-secrétaire d'Etat américain pour les Affaires politiques, Marc Grossman, a indiqué M. Béglitis. M. Papandréou s'est aussi entretenu dimanche soir à ce sujet avec son homologue turc, Abdullah Gul, a-t-il indiqué.

L'UE et les Etats-Unis "sont également inquiets" face à la perspective d'une opération turque en Irak et en dépit des "problèmes et divergences, ils poursuivent leurs contacts sur les sujets cruciaux de cette période", a ajouté M. Béglitis.

M. Grossman a fait part à M. Papandréou de "l'inquiétude américaine face à l'éventualité d'une entrée des forces turques en Irak dans la mesure où les conditions posées par la Turquie ne sont pas remplies, c'est-à-dire que n'est pas constaté un important flux de réfugiés (de l'Irak vers la Turquie) et que, selon les informations américaines, il n'y a pas de mouvements des Kurdes d'Irak du nord susceptibles de créer des problèmes de sécurité à la Turquie", a rapporté M. Béglitis.

Pour sa part, M. Gul a assuré M. Papandréou que "la Turquie fera tout son possible pour éviter une implication en Irak", selon M. Béglitis. Le ministre grec lui a fait part de la décision commune des Quinze contre l'implication de pays voisins de l'Irak au conflit, et de leur attachement au respect de l'intégrité territoriale de l'Irak.

L'attitude turque dans le conflit avait également été discutée dimanche par M. Papandréou avec le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Le gouvernement grec a souligné dimanche qu'une éventuelle incursion turque entraînerait "la déstabilisation" de la région. (AFP, 24 mars 2003)
 

Berlin s'attend à des explications sur les intentions de la Turquie en Irak

Le gouvernement allemand a indiqué lundi s'attendre à ce que le représentant turc au sein de l'Otan apporte des éclaircissements sur les intentions de son pays en Irak, au cours d'une réunion de l'Alliance dans la journée.

"Le représentant de la Turquie à l'Otan pourrait donner des éclaircissements sur les intentions et les contours de la politique de son pays concernant sa présence à la frontière irakienne", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Walter Lindner, à la suite d'informations de presse faisant état de l'entrée de soldats turcs dans le Kurdistan irakien.

"Cet éclaircissement serait pas seulement dans l'intérêt de l'Allemagne, mais aussi de nombre de gouvernements des Etats membres de l'Otan", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, précisant que "selon les informations dont dispose le gouvernement, il n'y a pas eu d'incursion turque au nord de l'Irak".

Ce thème doit également figurer à l'agenda d'une réunion du conseil de sécurité allemand, présidé par le chancelier allemand Gerhard Schroeder, qui a lieu à 16H00 locales lundi (15H00 GMT), a indiqué le porte-parole du gouvernement Bela Anda.

Sous la présidence de M. Schroeder, le conseil de sécurité allemand réunit le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer, le ministre de la Défense Peter Struck, le ministre de l'Intérieur Otto Schily, ainsi que le chef de la chancellerie Frank-Walter Steinmeier.

"Il ne saurait y avoir un renforcement de la présence militaire turque en Irak au-delà du niveau actuel", a mis en garde lors d'une autre conférence de presse le ministre allemand de la Défense Peter Struck.

"Une entrée de la Turquie en Irak irait à l'encontre des fondements" de l'engagement de l'Otan d'aide envers Ankara, qui est "purement défensif", a affirmé Walter Lindner.

L'Otan s'est engagée à protéger la Turquie en cas d'agression irakienne et a déployé à des fins "strictement défensives" des avions radar Awacs et des batteries de missiles antimissiles Patriot dans ce pays. Mais une offensive turque en Irak pourrait remettre en cause ce soutien, a déjà averti samedi le gouvernement allemand.

Le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer a eu à ce sujet "des entretiens téléphoniques ce week-end avec le secrétaire général de l'Otan George Robertson, le Haut représentant de l'UE pour les affaires extérieures Javier Solana et des membres de l'Otan", a indiqué Walter Lindner.

"Dimanche soir il s'est entretenu par téléphone avec son homologue turc", a-t-il ajouté.

La Turquie maintient déjà, depuis 1997, une présence militaire permanente dans le nord de l'Irak, et a annoncé qu'elle pourrait prochainement renforcer sa présence pour protéger ses intérêts nationaux. L'accord initial conclu avec Washington prévoyait un déploiement de l'ordre de 40.000 soldats. (AFP, 24 mars 2003)
 

Une incursion turque au Kurdistan "inacceptable" (Blair)

Une incursion turque dans le Kurdistan irakien serait "parfaitement inacceptable", a déclaré lundi le Premier ministre britannique Tony Blair au cours d'une intervention aux Communes, ajoutant que cela avait été "très, très clairement" indiqué à Ankara.

"En ce qui concerne la Turquie, il serait parfaitement inacceptable qu'il y ait (de sa part) une quelconque incursion" au Kurdistan irakien, a dit M. Blair. Cela a été très, très clairement indiqué au gouvernement turc et aux militaires turcs".

"Je crois qu'ils ont compris, a-t-il ajouté, que ces messages ne sont pas seulement transmis par nous mais aussi par les Etats-Unis".

"Nous avons été en contact constant avec le gouvernement turc et les autorités kurdes pour les appeler au calme", a encore affirmé Tony Blair. (AFP, 24 mars 2003)
 

L'Irak met en garde la Turquie contre une incursion en Irak (Sabri)

Le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri a mis en garde dimanche la Turquie contre une incursion en Irak, affirmant qu'elle "paierait très cher" le prix d'un tel acte, dans une déclaration à la presse à l'issue d'une réunion de la Ligue arabe au Caire.

"La Turquie agit contre son peuple et elle paiera très cher si elle est entraînée dans la campagne colonisatrice menée contre l'Irak", a averti M. Sabri, ajoutant que "l'Irak est la clé de la stabilité dans la région".

"Si ils (les Turcs) appuient l'agression, alors ils se rangeront contre leur peuple musulman", a déclaré M. Sabri.

La Turquie a ouvert vendredi son espace aérien aux avions militaires américains en route pour l'Irak. L'armée turque a démenti samedi avoir envoyé des soldats dans le nord de l'Irak.

Le Parlement turc a voté la semaine dernière pour l'ouverture de l'espace aérien à l'aviation américaine et pour l'envoi de soldats turcs dans le nord de l'Irak, une région contrôlée par des factions kurdes qui, selon Ankara, pourraient imposer leur autonomie après la chute de Saddam Hussein.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche, dans un discours à la nation, qu'il allait procéder en Irak à "des arrangements militaires dans une ceinture limitée au delà de la frontière" turque, dans le but de "contenir un possible afflux de réfugiés et d'empêcher certaines provocations visant notre sécurité". (AFP, 23 mars 2003)
 

La Belgique met en garde la Turquie contre toute incursion en Irak

Le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel a mis en garde dimanche la Turquie contre toute intervention au Kurdistan irakien à la faveur du conflit, affirmant que l'Union européenne serait alors amenée à revoir sa position sur la demande d'adhésion d'Ankara.

"Il faut faire pression très fortement sur la Turquie pour lui indiquer que si elle sort de sa réserve, ce sera l'élément déterminant pour lui refuser (l'adhésion) à l'Europe", a affirmé le chef de la diplomatie belge au cours d'une émission de la chaîne de télévision RTL-TVi consacrée à l'Irak.

"Il est impensable que la Turquie rejoigne l'Europe si elle entre dans le Kurdistan" irakien, a ajouté Louis Michel, en estimant que cela remettrait également en cause le soutien actuel de l'Otan à ce pays.

Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt avait déjà prévenu samedi soir, sur une chaîne de télévision flamande, que "si cela arrive, il faudra revoir les mesures que nous avons prises dans le cadre de l'Otan".

A l'issue d'une grave crise le mois dernier, l'Otan avait pris une série de mesures pour protéger la Turquie en cas d'une éventuelle attaque irakienne, en envoyant notamment des avions-radar Awacs dans un but "strictement défensif".

L'armée turque a démenti samedi avoir envoyé des soldats dans le nord de l'Irak. (AFP, 23 mars 2003)
 

Bush: le message à la Turquie de ne pas entrer en Irak "est très clair"

Le président américain George W. Bush a affirmé dimanche que le message à la Turquie, de ne pas faire entrer de troupes dans le nord de l'Irak, était "très clair".

"Nous avons fait savoir très clairement aux Turcs que nous attendions d'eux qu'ils n'entrent pas dans le nord de l'Irak. Nous sommes en contact continu avec les militaires turcs comme avec les responsables politiques turcs. Ils sont au fait de notre politique", a ajouté M. Bush à des journalistes, à son retour à la Maison Blanche, après un week-end passé dans la résidence présidentielle de Camp David (Maryland).

"Et ils savent que nous travaillons avec les Kurdes afin de nous assurer qu'il n'y aura pas là-bas (dans le Kurdistan irakien) d'incident qui leur donnerait une excuse d'entrer" dans le nord de l'Irak, a-t-il précisé.

Des forces spéciales américaines sont arrivées en nombre au Kurdistan d'Irak, débarquant de quatre avions dans la nuit de samedi à dimanche, en vue de l'ouverture d'un front nord en Irak, a indiqué dimanche un haut responsable kurde. (AFP, 23 mars 2003)
 

Moscou critique la participation turque à la guerre en Irak

La Russie a critiqué samedi la participation des forces turques à la guerre en Irak, déclarant qu'il s'agissait d'une "nouvelle aggravation" de la situation.

"Nous dénonçons la guerre dans toutes ses manifestations, qu'elle vienne du sud, du nord, ou du côté de la Turquie. L'entrée des troupes turques signifie une nouvelle aggravation de la situation en Irak", a dit le chef de la diplomatie russe Igor Ivanov devant la presse.

"L'Irak n'a pas besoin d'une démocratie (portée) sur les ailes des missiles de croisière", a affirmé par ailleurs le ministre, dans une allusion aux bombardements américains.

"Le peuple irakien est un peuple sage et il peut lui-même construire son avenir. C'est pourquoi la Russie appelle une fois de plus à l'arrêt de la guerre et à un règlement politique", a ajouté M. Ivanov, qui venait de prononcer un discours devant le Conseil de politique extérieur et de défense, un organe consultatif russe.

En réponse à une question sur le sort des diplomates irakiens à Moscou, le chef de la diplomatie russe a confirmé qu'il n'allait pas donner suite à une demande américaine, adressée à une soixantaine de pays, d'expulser les représentants du régime de Bagdad.

"L'ambassadeur d'Irak est officiellement accrédité à Moscou, il continue et continuera à exercer ses fonctions. Nous n'avons aucune raison d'entreprendre une action quelconque contre l'ambassadeur d'Irak", a-t-il indiqué.  (AFP, 23 mars 2003)
 

Tensions entre troupes turques et kurdes dans le nord de l'Irak (presse)

Des tensions étaient perceptibles entre soldats turcs et kurdes dans le nord de l'Irak après que Ankara eut décidé de déployer des troupes au moins 24 km à l'intérieur de l'Irak, a rapporté dimanche le Sunday Telegraph.

La tension était notamment visible dans la petite ville de Vamerni, 5 km au-delà de la "zone de sécurité" mise en place par la Turquie le long de le frontière irakienne, où des véhicules de l'armée turque était surveillés par des soldats kurdes depuis leur garnison dans la même ville.

"Ils sont ici mais nous n'avons aucun type de rapports avec eux", a déclaré un officier kurde, Mohammed Tahir, cité par le correspondant du Sunday Telegraph. "Nous n'avons pas d'ordre de les empêcher de venir ici".

Côté turc, les soldats étaient sur les nerfs, selon le journal. "C'est interdit, a déclaré un soldat turc au correspondant du Sunday Telegraph. "Retirez-vous, vous n'avez rien vu".

Peu après, un officier turc menaçait le journaliste de le faire arrêter s'il ne quittait pas immédiatement les lieux. "Si vous restez ici, vous aurez des problèmes", a-t-il dit selon le Sunday Telegraph. "Quelqu'un viendra et vous arrêtera". (AFP, 23 mars 2003)
 

Les Kurdes turcs contre le déploiement de l'armée dans le nord de l'Irak

Des responsables politiques de la minorité kurde de Turquie ont condamné une intervention de l'armée turque au Kurdistan irakien, dont un millier d'hommes seraient entrés pendant la nuit de vendredi à samedi dans cette région contrôlée par des factions kurdes.

"L'armée turque n'a rien à faire là-bas", affirmait un responsable du Parti Démocratique du Peuple (DEHAP), qui a organisé vendredi un immense rassemblement des Kurdes de Turquie à Diyarbakir, dans le sud-est du pays, à l'occasion de la fête du Newroz, le Nouvel an persan.

 "Ce serait une catastrophe si l'armée turque entrait en Irak, il y a assez de problèmes ici", a expliqué à l'AFP lors de ce rassemblement une député européenne allemande d'origine kurde, Nea Téléknas Udep. Elle a émis de "sérieux doutes" quant à la volonté d'Ankara de se plier à un refus de Washington d'un déploiement de soldats turcs dans le Kurdistan irakien.

Le Parlement turc a voté jeudi une motion autorisant son armée à entrer dans le nord de l'Irak. Pendant la nuit de vendredi à samedi, des médias ont annoncé l'entrée au Kurdistan irakien d'un millier de soldats turcs, mais cette information n'avait été ni confirmée ni démentie officiellement samedi matin à Ankara.

Mehmet Abazoglu, le chef du DEHAP, dénonçait vendredi "l'attitude belliciste" de la Turquie dont les troupes, selon lui, ne peuvent que rencontrer de "sérieux problèmes" dans cette partie de l'Irak peuplée de Kurdes, et qui bénéficient d'une totale autonomie par rapport à Bagdad depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991.

"Il y a longtemps que l'armée turque a envoyé des troupes dans cette région, le long de la frontière", a souligné pour sa part un militant du DEHAP qui ne veut pas être nommé, le visage partiellement caché par un keffieh palestinien.

"Nos frères ne pourront pas rester les bras croisés si l'armée turque s'installe encore plus bas", a-t-il estimé, en soulignant que les Kurdes d'Irak y perdraient une autonomie durement acquise.

"Il faut que les Américains empêchent l'armée turque de s'installer", a estimé le militant en faisant remarquer que les Etats-unis avaient marqué leur opposition à un tel mouvement des troupes turques.

Ankara n'a jamais fait mystère de sa volonté d'avoir un droit de regard sur ce qui se passe dans cette région sensible de l'Irak. La Turquie craint, en effet, que le triomphe du séparatisme kurde irakien ne réveille des velléités similaires de la forte minorité kurde implantée dans le sud-est.

La Turquie a prévenu à plusieurs reprises qu'une déclaration d'indépendance du Kurdistan irakien serait un casus belli. D'autant que cette région regorge de pétrole capable de générer de très importants revenus pour ceux qui la contrôlent.

Ankara a fait face pendant de longues années à une dure lutte séparatiste de mouvements kurdes qui n'a véritablement pris fin qu'avec la trêve annoncée après l'arrestation du dirigeant indépendantiste kurde Abdullah Ocalan, condamné à mort en 1999 mais dont la peine a été commuée en 2002 en réclusion criminelle à perpétuité. (AFP, 23 mars 2003)
 

Chute de deux missiles Tomahawk en Turquie: confirmation américaine

Deux missiles de croisière américains se sont abattus dimanche en Turquie à cause d'erreurs techniques, sans faire de victimes, a annoncé dimanche le Pentagone, confirmant des informations en provenance du sud-est de la Turquie.

"Deux missiles de croisière Tomahawk ont raté leur cible, atterrissant en Turquie dans une zone inhabitée. Aucune victime n'a été signalée", a indiqué un porte-parole du Pentagone, le commandant James Cassella, citant le Commandement central américain (Centcom).

Un premier missile est tombé vers 15h30 GMT dans un terrain vague à un kilomètre du village d'Ozveren, à une centaine de km de la frontière syrienne, et a formé un cratère d'un mètre de profondeur, avait précisé à l'agence turque Anatolie le gouverneur de Sanliurfa (sud-est), Sukru Kocatepe.

Un deuxième missile est tombé quelque trois heures plus tard près de Viransehir, à environ 200 km de la zone d'impact du premier engin, avait ajouté Anatolie. (AFP, 23 mars 2003)
 

La presse turque s'interroge sur l'avenir des relations turco-américaines

La presse turque s'interrogeait samedi sur l'avenir des relations entre la Turquie et les Etats-Unis, fortement ébranlées par la crise irakienne et la question du nord de l'Irak, contrôlé par les factions kurdes.

"L'espace aérien et le nord de l'Irak secouent le partenariat stratégique vieux de 50 ans", titrait le journal libéral Radikal.

Il souligne que ce n'est qu'après un coup de téléphone vendredi soir du secrétaire d'Etat américain Colin Powell au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan que la Turquie a ouvert son espace aérien aux avions américains en dépit d'une décision pourtant prise en ce sens la veille au parlement turc.

Selon le journal populaire Aksam, la lenteur des autorités turques à prêter assistance à l'allié américain dans le conflit irakien menace désormais les intérêts de la Turquie dans le nord de l'Irak, où elle affirme avoir un droit de regard historique.

"La Turquie s'est, par sa politique, isolée dans la région, les Américains ne veulent plus qu'elle ait mot à dire", estime un éditorialiste du journal, mettant en cause l'"idiotie" de la politique turque, qui aura des conséquences pour Ankara dans le Kurdistan irakien, selon lui.

Pour Milliyet (libéral), les liens turco-américains ont "perdu beaucoup de leur signification ces deux-trois dernières semaines" en raison des interminables négociations lors desquelles la Turquie a tenté d'imposer un déploiement de ses unités dans le nord de l'Irak en échange de son aide à Washington pour la guerre en Irak.

Evoquant des "erreurs stratégiques" de la part d'Ankara dans la gestion de la crise et de la guerre en Irak, un commentateur du journal critique aussi l'"arrogance" de l'administration Bush dans les discussions politiques, qui ont poussé Ankara à "agir avec des réflexes" de défense et à rejeter les demandes américaines.

En dépit des mises en garde répétées des Etats-Unis, un millier de soldats turcs seraient entrés tôt samedi dans le nord de l'Irak contrôlé par les factions kurdes, selon la chaîne CNN-Turk, une information que n'a pas confirmée l'armée turque. (AFP, 22 mars 2003)
 

Les risques d'une intervention militaire turque en Irak du nord

Une intervention militaire turque en Irak du nord risque de provoquer une crise ouverte entre Ankara et Washington, des alliés au sein de l'Otan dont les relations se sont récemment tendues en raison du soutien mitigé de la Turquie aux opérations militaires des Etats-Unis en Irak.

Et l'annonce du passage de 1.000 soldats turcs en Irak du nord dans la nuit de vendredi à samedi a soudain fait monter la tension.

Washington et les factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak avaient en effet --juste avant-- adressé de sévères mises en garde à la Turquie contre une intervention unilatérale de ses forces dans la région.

"Nous avons informé le gouvernement turc et les forces armées turques qu'il serait clairement gênant qu'ils pénètrent dans le nord (de l'Irak) en grand nombre", avait par exemple souligné le chef du Pentagone Donald Rumsfeld.

L'avertissement intervenait en marge d'un bras de fer diplomatique entre Ankara et Washington qui s'est soldé, vendredi soir, par l'ouverture de l'espace aérien de la Turquie à l'aviation américaine sans que les Etats-Unis accordent, en contrepartie, un blanc-seing à Ankara pour son intervention.

Certains observateurs diplomatiques n'hésitaient d'ailleurs pas à considérer l'envoi des soldats turcs, ce même vendredi soir, comme le signe d'un "sursaut d'orgueil national" face aux injonctions du grand frère américain.

Les relations entre les deux pays ont récemment souffert en raison, selon Washington, du soutien mitigé d'Ankara aux opérations militaires américaines contre l'Irak.

La Turquie, qui considère que le contrôle de son "arrière cour" en Irak du nord est une question d'intérêt national, entendait à l'origine intervenir aux côtés des forces américaines et avait négocié à cet effet un accord avec elles.

Le rejet par le parlement turc, le 1er mars, du déploiement de 62.000 soldats américains en Turquie, en prévision d'une invasion de l'Irak par le nord, a toutefois fait capoté ces projets et remis en cause toute la coopération militaire entre les deux pays.

Ankara maintient en Irak du nord, depuis 1997 et en accord avec les factions kurdes irakiennes, une présence militaire pour lutter contre les rebelles kurdes turcs du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan -- rebaptisé Kadek) qui s'y sont réfugiés après 15 années de lutte sanglante en Turquie.

Cette présence militaire serait passée de 5.000 à 10.000 commandos au cours des trois derniers mois, indique-t-on de source militaire à Ankara.

Mais Ankara craint aujourd'hui qu'une déstabilisation de la région, provoquée par la guerre, ne relance la guérilla séparatiste dans sa propre province frontalière du sud-est anatolien, peuplée elle aussi de Kurdes.

Le gouvernement turc cherche donc à s'assurer que les factions kurdes irakiennes, qui ont arraché le contrôle du nord du pays aux forces de Saddam Hussein à la fin de la guerre du Golfe en 1991, ne chercheront pas à proclamer leur indépendance à la faveur de la guerre, initiative qui pourrait réveiller les vélléités séparatistes de son côté de la frontière.

Pour le vice-Premier ministre turc, Mehmet Ali Sahin, les relations américano-turques sont toutefois à l'épreuve des différends actuels.

"Il n'y a pas de tensions (...) Nos relations d'alliance avec les Etats-Unis n'ont pas été rompues et se poursuivent", a-t-il dit samedi à la chaîne CNN-Turc.

"Il peut y avoir certains problèmes, des différences d'objectifs mais en discutant nous sommes à même de les surmonter et nous les surmonterons comme ce fut le cas par le passé", a-t-il ajouté. (AFP, 22 mars 2003)
 

L'UE opposée à l'implication des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre

Le chef de la diplomatie grecque, Georges Papandréou, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, a affirmé samedi l'opposition de l'UE à "toute implication" des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre qui se déroule actuellement dans ce pays.

"Nous avons souligné notre inquiétude concernant l'implication dans la guerre de tout pays voisin (...) et nous croyons que le problème des refugiés peut être resolu par les propositions que nous avons élaborées", a déclaré M. Papandréou, cité dans un communiqué ministériel publié samedi soir à Athènes.

Interrogé auparavant sur l'éventualité d'une incursion de l'armée turque dans le nord de l'Irak, M. Papandréou avait répondu qu'il s'opposait "à toute implication des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre", selon l'Agence de presse d'Athènes (ANA, semi-officielle).

Après un chassé-croisé d'informations, Ankara a démenti samedi avoir envoyé des troupes supplémentaires dans le nord de l'Irak, comme cela avait été annoncé pendant la nuit de vendredi à samedi par la chaîne d'informations turque CNN-Turk.

A l'issue d'une réunion ministérielle pour évaluer la situation depuis le début de la guerre en Irak, M. Papandréou a souligné la volonté de l'UE d'aider à faire face à une vague éventuelle de refugiés en raison de la guerre, selon le communiqué.

Le ministre a notamment rappelé que la Grèce avait proposé à l'UE des moyens pour faire face à ce problème surtout en Turquie, pays qui risque de faire face à l'afflux d'un important nombre de refugiés.

Jeudi, en marge du sommet européen de Bruxelles, M. Papandréou avait assuré la Turquie de l'aide de l'UE, tout en mettant en garde ce pays contre un engagement militaire dans la région.

Le ministre grec a aussi indiqué qu'un projet d'aide humanitaire pour le peuple irakien avait été élaboré par l'UE et a appelé les organisations non gouvernementales à y coopérer.

"Nous allons procéder à la coordination de l'UE avec la Commission européenne et MM. Solana, Patten et Nielson (...) et nous aurons une coopération étroite avec les Nations unies ainsi que les pays arabes", a précisé M. Papandréou.

Il s'est référé également à la déclaration commune des Quinze sur l'Irak publiée lors du sommet européen de Bruxelles, qui réaffirmait le "rôle essentiel" de l'Onu "pendant et après la crise actuelle". (AFP, 22 mars 2003)
 

Berlin retirera ses soldats des Awacs en Turquie si Ankara entre en guerre

Le gouvernement allemand retirera ses soldats à bord des quatre avions-radar de type Awacs de l'Otan stationnés en Turquie si Ankara devait "prendre part à la guerre en Irak" a indiqué samedi le ministre des Affaires étrangères Joschak Fischer.

"D'après les informations de nos servives de renseignements, il n'y a pour l'instant aucun changement importants concernant la présence de troupes turques dans le nord de l'Irak", a indiqué M. Fischer devant la presse.

"Si la Turquie devait devenir prendre part à la guerre en Irak, nous serions alors dans une toute autre situation, qui, conformément à notre politique défendue depuis des mois, conduirait au retrait des soldats allemands à bord des Awacs de l'OTAN", a-t-il toutefois averti, alors que l'Allemagne refuse résolument depuis août toute intervention militaire en Irak.

"Nous ne voulons pas participer à une guerre", a encore affirmé M. Fischer lors d'une conférence de presse commune avec le ministre de la Défense Peter Struck.

"Si la Turquie devient active dans la guerre, notre devoir d'allié (de l'Otan, ndlr) n'aura plus lieu d'être", a indiqué M. Struck.

L'Allemagne maintiendra pour l'instant ses soldats à bord des quatre avions-radar de type Awacs de l'Otan stationnés en Turquie, a indiqué samedi le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer.

Selon une information de la chaîne d'information turque CNN-Turk, non confirmée par l'armée turque, un millier de soldats turcs sont entrés dans la nuit de vendredi à samedi dans le nord de l'Irak.

M. Fischer s'exprimait à l'issue du conseil de sécurité allemand, présidé par le chancelier Gerhard Schroeder, qui a toujours affirmé que les soldats allemands seraient à bord des Awacs de l'Otan uniquement pour protéger la Turquie, pays limitrophe de l'Irak, en cas de conflit.

Les quatre Awacs, regroupant environ 200 soldats de plusieurs pays, avaient été déployés fin février à la suite de la décision du Comité des plans de Défense de l'Otan d'approuver la mise en oeuvre d'urgence de mesures de défense en soutien à la Turquie, dans le cadre d'une "mission purement défensive".

"En aucun cas nous ne mènerons une opération offensive", avait alors indiqué le général de brigade Johann-Georg Dora, à la tête de la flotte des Awacs de l'Otan stationnés en Europe.

Sous la présidence de M. Schroeder, le conseil de sécurité allemand réunit le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer, le ministre de la Défense Peter Struck, le ministre de l'Intérieur Otto Schily, ainsi que le chef de la chancellerie Frank-Walter Steinmeier.  (AFP, 22 mars 2003)
 

Athènes s'oppose à l'implication des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre

Le chef de la diplomatie grecque, Georges Papandréou, dont le pays assure la présidence tournante à l'Union europénne (UE), a exprimé samedi son opposition à "toute implication" des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre qui se déroule actuellement dans ce pays.

Interrogé sur l'éventualité d'une possible incursion de la Turquie dans le nord de l'Irak, M. Papandréou a répondu qu'il s'opposait "à toute implication des pays frontaliers de l'Irak dans la guerre", a rapporté l'Agence de presse d'Athènes (ANA, semi-officielle).

L'armée turque ne confirmait ni ne démentait samedi dans la matinée une information rapportée plus de dix heures auparavant par la chaîne d'information turque CNN-Turk, sur une entrée d'un millier de soldats turcs dans le nord de l'Irak.

 A l'issue d'une réunion ministérielle pour évaluer la situation depuis le début de la guerre en Irak, M. Papandréou a souligné la volonté de l'UE d'aider à faire face à une vague éventuelle des refugiés en raison de la guerre, a rapporté l'ANA.

Le ministre grec a notamment rappelé que la Grèce avait proposé à l'UE des moyens pour faire face à ce problème surtout en Turquie, qui risque de faire face à un important nombre de refugiés.

M. Papandréou a aussi indiqué qu'un projet d'action d'aide humanitaire pour le peuple irakien avait été élaboré et a appelé les organisations non gouvernementales à coopérer dans ce sens, selon l'ANA.

Dans une déclaration commune des Quinze sur l'Irak lors du sommet à  Bruxelles vendredi, l'UE promettait l'aide humanitaire aux victimes de la guerre, défendant l'"intégrité" du territoire irakien. (AFP, 22 mars 2003)
 

La Turquie met fin à l'opération "Northern Watch" en Irak

Le gouvernement turc a mis fin à l'opération américano-britannique "Northern Watch", de surveillance de la zone d'exclusion aérienne du nord de l'Irak, en raison de la guerre dans ce pays, a annoncé samedi le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gul.

"Cette décision a été prise en accord avec les règles" établies pour cette opération, et ne constitue pas une "décision politique", a affirmé M. Gul à la télévision NTV.

A Washington, le Pentagone a confirmé la fin de l'opération. "Une fois que les combats ont commencé, ceux-ci ont remplacé l'opération Northern Watch", a déclaré un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel David Lapan. "C'est quelque chose à quoi nous nous attendions", a-t-il dit.

L'opération avait été mise sur pied après la guerre du Golfe de 1991 pour empêcher les forces irakiennes d'écraser les rebelles kurdes irakiens dans le nord du pays.

Les opérations de surveillance étaient menées depuis la base turque d'Incirlik, dans le sud du pays, où une cinquantaine d'avions américains et britanniques sont actuellement basés.

La fin de l'opération a été précédée de discussions entre Ankara et les pays impliqués, mais les termes de l'accord conclu avec le gouvernement turc lui donnaient le droit de prendre cette décision de manière unilatérale, soulignait-on samedi de source diplomatique américaine à Ankara.

Le gouvernement turc "a pris cette décision vendredi en raison de la guerre qui se déroule en Irak", a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères, précisant que "les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne ont été informées".

Des responsables turcs avaient récemment expliqué que "Northern Watch", mission de surveillance et de reconnaissance, devait en conséquence "prendre fin avec le début de l'opération" militaire américaine contre l'Irak.

La Turquie, qui a accepté vendredi d'ouvrir son espace aérien aux avions américains et britanniques, après un feu vert la veille du parlement, avait précisé que les avions basés à Incirlik ne seraient pas autorisés à participer à des bombardements en Irak. Aucune information n'était disponible dans l'immédiat sur le sort de ces avions.

L'opération "Northern Watch" a commencé le 1er janvier 1997, avec un mandat initial de six mois, renouvelé depuis sans interruption par le parlement turc, chaque année en juin et décembre.

Elle avait été précédée entre avril 1991 et décembre 1996 d'une opération du même type, "Provide Comfort".

Une seconde zone d'exclusion aérienne avait également été établie dans le sud de l'Irak.

Les avions américains et britanniques ont régulièrement été la cible de tirs irakiens, Badgad les accusant de viser des cibles civiles tandis que Washington et Londres affirmaient qu'ils ne bombardaient que des objectifs militaires. (AFP, 22 mars 2003)
 

Ankara ouvre son ciel aux avions US, entrée de troupes turques en Irak du nord

La Turquie a cédé vendredi soir à Washington en ouvrant son espace aérien aux avions américains en route pour l'Irak, après 24 heures d'un bras de fer, alors que des troupes turques entraient dans le nord de l'Irak tôt samedi en dépit des mises en garde répétées des Etats-Unis.

Un millier de soldats turcs seraient entrés dans les premières heures de samedi dans le nord de l'Irak contrôlés par les factions kurdes, selon la chaîne CNN-Turk.

L'armée turque n'a pas confirmé l'information.

Les soldats turcs sont entrés en Irak depuis Cukurca (extrême sud-est), située juste à la frontière turco-irakienne et doivent préparer le terrain pour l'arrivée d'un contingent plus important, selon la chaîne.

De retour de Bruxelles tard vendredi, le chef de la diplomatie turque a indiqué que les soldats turcs iront dans le nord de l'Irak "pour empêcher la création d'une vacance" de pouvoir et mener des missions humanitaires.

"Tous les problèmes avec les Etats-Unis ont été résolus", a-t-il affirmé.

Washington s'était déclaré fermement opposé à un déploiement "unilatéral" de troupes turques dans le nord de l'Irak, zone contrôlée depuis 1991 par des factions kurdes très hostiles aux soldats turcs dont plusieurs milliers sont déjà présents dans la région pour combattre les rebelles kurdes de Turquie qui s'y sont réfugiés.

Le chef du Pentagone Donald Rumsfeld a une nouvelle fois mis en garde Ankara, vendredi. "Nous avons informé le gouvernement turc et les forces armées turques qu'il serait clairement gênant qu'ils pénètrent dans le nord (de l'Irak) en grand nombre", a-t-il affirmé.

Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a de son côté indiqué sur la BBC (télévision) qu'un "nombre limité" de forces turques pourraient pénétrer dans le nord irakien mais qu'il n'y a pas d'"arrangement" avec Ankara aux dépens de l'intégrité territoriale de l'Irak.

La Turquie, au cours d'interminables négociations ces dernières semaines, a tenté d'imposer un déploiement de ses unités dans le nord de l'Irak en échange de son aide à Washington pour la guerre en Irak.

Vendredi soir, le ministre turc de la Défense, Vecdi Gonul, a annoncé que l'espace aérien de son pays était désormais ouvert, après un coup de téléphone du secrétaire d'Etat américain Colin Powell au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

"Il a été décidé dans l'intérêt de la Turquie d'ouvrir l'espace aérien turc", a déclaré M. Gonul à la télévision. .

Les tensions autour de cette affaire ont dégénéré en crise ouverte depuis le vote jeudi, par le parlement, d'une motion qui liait l'accès au ciel turc pour les avions américains et l'envoi de soldats turcs dans le nord irakien.

Ankara entend, en déployant ainsi ses troupes, contrecarrer toute velléité d'indépendance du Kurdistan irakien.

Malgré le feu vert des députés, aucun avion militaire américain n'a été autorisé à survoler vendredi la Turquie, ce qui a rendu furieux les responsables américains, au moment où leur pays lançait une offensive majeure contre l'Irak.

Depuis plusieurs semaines, Turcs et Américains, alliés au sein de l'Otan, avaient négocié un accord pour une intervention conjointe dans le nord de l'Irak, qui aurait autorisé le déploiement d'environ 40.000 soldats turcs dans cette région.

Mais le parlement turc avait refusé le 1er mars d'autoriser le transit de 62.000 fantassins américains par la Turquie, rendant caduc l'accord et privant Ankara d'une aide spéciale de six milliards de dollars.

Ankara veut être associée à l'avenir politique du nord de l'Irak, région sur laquelle elle estime avoir un droit de regard historique.

Mais Washington craint qu'une intervention turque n'ouvre la porte à une guerre dans la guerre --des heurts entre Turcs et Kurdes-- compliquant la tâche de ses propres soldats engagés contre Saddam Hussein. (AFP, 22 mars 2003)
 

De nombreux avions américains ont emprunté l'espace aérien turc

De "nombreux appareils" militaires américains ont emprunté l'espace aérien turc après son ouverture par les autorités tard vendredi, a rapporté samedi l'agence semi-officielle Anatolie.

L'agence ne précise pas le nombre d'avions, ni le moment de leur passage.

Le Parlement turc avait voté jeudi une motion autorisant l'ouverture de couloirs aériens pour les avions américains et britanniques en route vers l'Irak. Ces avions ne sont pas autorisés à atterrir ni à se ravitailler en kérosène sur les bases turques.

Malgré ce feu vert, aucun avion militaire américain n'avait été autorisé à survoler vendredi la Turquie, ce qui a rendu furieux les responsables américains, au moment où les Etats-Unis lançaient une offensive majeure contre l'Irak, provoquant une intervention personnelle du secrétaire d'Etat Colin  Powell auprès d'Ankara.

Vendredi soir, le ministre turc de la Défense, Vecdi Gonul, avait annoncé que l'espace aérien turc était désormais ouvert, après un coup de téléphone de Colin Powell au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

"Il a été décidé dans l'intérêt de la Turquie d'ouvrir l'espace aérien turc", a déclaré M. Gonul.

Certains corridors aériens dans l'est et le sud-est anatoliens ont été fermés aux vols civils après l'ouverture du ciel turc à l'aviation américaine, précise en outre Anatolie, citant des sources de l'aviation civile (DHMI).

La zone englobant les provinces turques de Malatya, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir, Elazig, Mus, Van et Adana (sud) a été fermée à l'aviation civile.

Cette situation ne doit cependant pas perturber les vols civils réguliers de la compagnie nationale turque Turkish Airlines (THY) vers ces régions, qui se poursuivent avec des "autorisations spéciales", selon les mêmes sources. (AFP, 22 mars 2003)
 

Les Etats-Unis renoncent finalement à déployer leurs troupes en Turquie

Les Etats-Unis ont abandonné samedi leur plan initial de lancer une offensive terrestre contre l'Irak depuis la Turquie au terme de plusieurs semaines d'atermoiements qui ont ébranlé les relations entre Washington et Ankara.

Le signe que Washington a renoncé à dépêcher des troupes dans le nord de l'Irak à partir du territoire turc est venu d'un ordre donné aux navires transportant des blindés et équipements de la 4e division d'infanterie de l'armée américaine de se diriger vers le Golfe.

"La 4e division d'infanterie se dirige vers le Golfe", a annoncé un responsable du Pentagone sous couvert de l'anonymat.

Environ 25 navires américains transportant des chars Abrams, des véhicules de combat Bradley et d'autres équipements sont actuellement en route pour une destination non précisée dans le Golfe, a précisé le responsable, vraisemblablement vers le Koweït.

Ces navires étaient stationnés depuis des semaines au large des côtes turques pendant qu'Ankara hésitait à laisser l'armée américaine utiliser ses bases turques pour lancer une offensive dans le nord de l'Irak.

Le changement de plan de Washington est intervenu alors que les Etats-Unis craignaient que la Turquie introduise des troupes dans le nord de l'Irak, concurrençant ainsi les forces américaines pour le contrôle des zones kurdes riches en pétrole.

Le nord de l'Irak pose un grave problème de sécurité pour la Turquie, qui craint une rébellion au sein de sa population kurde si les Kurdes irakiens réussissent à établir un Kurdistan indépendant dans le nord de l'Irak.

Washington a de son côté toujours pour plan de créer un front nord, mais à partir du Kurdistan irakien.

"Nous allons avoir un front dans le nord" de l'Irak, a déclaré le responsable. "Ils (les Turcs) vont devoir rester à l'écart".

Un nombre important de soldats turcs sont dispersés le long de la frontière nord de l'Irak, officiellement pour empêcher un afflux de réfugiés.

Certains sont entrés et sortis du territoire irakien, mais des responsables de l'armée américaine ont affirmé que ces mouvements étaient compatibles avec des opérations de contrôle des frontières.

"Nous n'avons pas vu de larges formations (turques) pénétrer" sur le territoire irakien, a déclaré le responsable.

Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a déclaré vendredi avoir "informé le gouvernement turc et les forces armées turques qu'il serait clairement gênant qu'ils pénétrent dans le nord (de l'Irak) en grand nombre".

Samedi, la Turquie s'est dite prête à déployer des troupes dans le nord de l'Irak, le long de sa frontière.

Ferme sur ses projets de déploiement dans cette région kurde, en dépit de la colère qu'ils suscitent à Washington, Ankara a néanmoins démenti, après un chassé-croisé d'informations, avoir d'ores et déjà envoyé des soldats supplémentaires dans le nord de l'Irak.

Ankara avait initialement accepté le plan américain de laisser 62.000 hommes utiliser ses bases et pistes d'aviation pour lancer une offensive sur le front nord de l'Irak, mais le parlement turc avait ensuite rejeté ce plan.

Le nouveau gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est resté ferme sur cette position, en rejetant même dans un premier temps le survol de son espace aérien par l'aviation américaine.

Mais vendredi soir, après des bombardements aériens massifs sur Bagdad, le ministre turc de la Défense Vecdi Gonul a déclaré qu'il avait été "décidé dans l'intérêt de la Turquie d'ouvrir l'espace aérien turc" à des missions de l'aviation américaine au-dessus de l'Irak. (AFP, 22 mars 2003)
 

Paris envisage de rejoindre l'effort de l'Otan pour protéger la Turquie

La France envisage de participer dans le cadre de l'Otan à la défense de la Turquie, en lui fournissant des équipements de protection contre les armes chimiques et bactériologiques (NBC), a-t-on appris vendredi de source française à l'Otan.

Paris a engagé "des discussions bilatérales avec la Turquie sur une éventuelle contribution française" et en a informé le secrétaire général de l'Otan George Robertson et ses alliés au sein de l'Alliance atlantique, a déclaré cette source à l'AFP.

Cette décision intervient à la suite d'une demande en ce sens de la Turquie qui a manifesté auprès de ses Alliés ses besoins en la matière et au lendemain du déclenchement de la guerre en Irak à laquelle Paris est opposée.

Un responsable de l'Otan a confirmé, sous couvert de l'anonymat, que la France avait prévenu le secrétaire général de ses intentions, sans pouvoir dire si le soutien français se ferait à titre bilatéral ou sous couvert effectif de l'Otan.

"C'est une bonne nouvelle", a-t-il cependant ajouté.

La France, ainsi que l'Allemagne et la Belgique, s'était opposée le mois dernier à ce que l'Otan s'engage dans "une logique de guerre" en fournissant à l'époque à la Turquie des mesures préventives de défense pour protéger ce pays en cas d'une éventuelle attaque irakienne.

L'Otan avait finalement approuvé ces mesures au sein du Comité des plans de défense (CPD), dont la France ne fait plus partie depuis 1966, mettant de facto à nue une Alliance divisée.

L'Otan a depuis lors envoyé quatre avions-radars Awacs qui opèrent, à partir de leur base avancée à Konya (sud-est de la Turquie), une surveillance continue de l'espace aérien turc, et déployé cinq batteries de missiles antimissiles Patriot, également installées dans le sud-est anatolien.

Par ailleurs, des pays membres se sont engagés à fournir du matériel de protection contre d'éventuelles attaques biologiques et chimiques en provenance d'Irak.

S'agissant de la France, elle a affiché à plusieurs reprises sa "solidarité" avec la Turquie et souligné que la crise à l'Otan ne concernait pas ses relations avec Ankara mais bien son refus d'impliquer l'Alliance dans la crise irakienne.

Le déclenchement de la guerre en Irak a changé la donne. "C'est un geste à l'égard de la Turquie", a expliqué un diplomate sous couvert de l'anonymat.

Les ambassadeurs de l'Otan s'étaient réunis d'urgence jeudi à des fins de consultations, peu après le début de la guerre en Irak. "S'il devait y avoir une attaque contre la Turquie, l'Otan remplirait ses obligations dans le cadre du traité" de l'Atlantique nord, a indiqué Lord Robertson dans une déclaration. (AFP, 21 mars 2003)
 

Madrid approuve l'envoi 1.100 militaires en Irak et en Turquie

 MADRID, 21 mars - Le gouvernement espagnol, réuni vendredi en conseil des ministres, a approuvé l'envoi de 1.100 militaires en Irak et en Turquie, a indiqué le ministre de la Défense Federico Trillo, confirmant l'annonce faite mardi par le chef du gouvernemennt, José Maria Aznar.

Cette autorisation concerne "le déploiement d'une unité conjointe des Forces armées espagnoles pour un soutien humanitaire dans la crise irakienne", composée du navire Galicia avec trois hélicoptères, d'une compagnie d'Infanterie de marine, d'une compagnie de soutien mixte d'ingénieurs spécialisés dans la lutte nucléaire, biologique et chimique, un escadron de médecins, la frégate Reina Sofia avec un hélicoptère ainsi que le navire de soutien logistique Marques de la Ensenada, a précisé M. Trillo.

M. Trillo a souligné lors d'une conférence de presse à Madrid que "la majeure partie de ce contingent de 868 effectifs est parti" jeudi vers le Golfe.

Le gouvernement espagnol a également autorisé "la participation d'unités (plus de 230 hommes) de l'Armée de l'air au soutien de l'OTAN à la défense de la Turquie", avec 6 chasseurs-bombardiers F-18, un avion de transport Hercules C130 et un hélicoptère de sauvetage, a indiqué le ministre. (AFP, 21 mars 2003)
 

Mise en garde de Rumsfeld contre un déploiement turc dans le nord de l'Irak

Le secrétaire à la Défense américain Donald Rumsfeld a mis en garde la Turquie, vendredi, contre un déploiement turc dans le nord de l'Irak.

"Nous avons informé le gouvernement turc et les forces armées turques qu'il serait clairement gênant qu'ils pénétrent dans le nord (de l'Irak) en grand nombre", a affirmé M. Rumsfeld lors d'une conférence de presse au Pentagone.

Il a précisé que les forces spéciales américaines étaient "en relation" avec les forces kurdes dans le nord de l'Irak.

M. Rumsfeld a en outre admis que cette question constituait "l'un des nombreux sujets" qui avaient retardé la décision de la Turquie d'ouvrir comme promis son espace aérien aux avions américains participant aux opérations militaires en Irak.

Selon des journaux turcs, des unités militaires turques contrôleraient plusieurs routes dans le nord de l'Irak.

Le parlement à Ankara a approuvé jeudi l'envoi de troupes turques dans cette région. Washington avait fait part de son opposition à toute action unilatérale de la Turquie, peu après ce vote.

Un porte-parole de l'armée turque, interrogé par l'AFP, a affirmé vendredi matin qu'aucun élément de la 2ème Armée, récemment envoyée à la frontière turco-irakienne, n'était encore passé du côté irakien. (AFP, 21 mars 2003)
 

Kurdistan irakien: nouvel avertissement américain à la Turquie

Les Etats-Unis ont lancé jeudi un nouvel avertissement à la Turquie pour qu'elle ne prenne pas l'initiative d'envoyer "unilatéralement" des troupes au Kurdistan irakien, après le vote du Parlement d'Ankara ouvrant la voie à une telle action.

"Nous sommes opposés à toute action unilatérale de la Turquie ou de qui que ce soit dans le nord de l'Irak", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher.

"Nous avons fait savoir clairement à la Turquie que nous nous opposons à toute action militaire qui ne serait pas sous le contrôle de la coalition" anti-irakienne dirigée par les Etats-Unis, a-t-il ajouté.

 M. Boucher s'est en revanche félicité de l'octroi par la Turquie, membre de l'Otan, de droits de survol de son territoire pour les appareils militaires américains engagés dans les opérations en Irak.

Le parlement turc a ouvert jeudi l'espace aérien du pays à l'aviation américaine et approuvé l'envoi de troupes turques dans le nord de l'Irak.

Une première motion, appelant au déploiement en Turquie de quelque 62.000 soldats américains, avait été rejetée par trois voix le 1er mars, provoquant une tension entre Ankara et Washington et amenant les Etats-Unis à retirer une offre d'aide économique spéciale de 6 milliards de dollars.

La Maison Blanche a confirmé jeudi que les Etats-Unis n'accorderont pas d'aide financière à la Turquie en contrepartie de sa décision d'ouvrir son espace aérien, cette décision relevant pour Washington d'une coopération normale entre pays membres de l'Otan. (AFP, 20 mars 2003)
 

Les pays de l'Otan vont fournir du matériel de protection à la Turquie

Les pays membres de l'Otan se sont engagés à fournir à la Turquie du matériel de protection contre d'éventuelles attaques biologiques et chimiques en provenance d'Irak, a annoncé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

La Turquie a demandé 10.000 doses de vaccin contre la variole au Danemark, 1.500 doses à la Hongrie, du matériel de protection d'un montant de 650.000 euros à la Norvège, du matériel de protection contre la maladie du charbon au Canada et du matériel de protection dont l'usage n'est pas précisé à la Pologne, a indiqué le ministère dans un communiqué.

"Les mesures nécessaires sont prises pour assurer que ce matériel sera rapidement acheminé en Turquie", a précisé le communiqué.

La Turquie est le seul pays membre de l'Otan frontalier de l'Irak. L'Alliance atlantique y a déjà déployé des batteries de missiles antimissiles Patriot, ainsi que quatre avions-radar Awacs chargés de la surveillance de l'espace aérien turc.

Un vote du parlement a autorisé jeudi le survol du territoire turc par l'aviation américaine en vue de ses opérations militaires en Irak.

A Bruxelles, l'Otan s'est dite déterminée à défendre la Turquie en cas d'attaque irakienne.

L'adoption de mesures préventives de défense de la Turquie en vue d'une guerre en Irak avait donné lieu le mois dernier à l'une des plus graves crises de l'histoire de l'Otan, en raison d'un affrontement ouvert sur le sujet entre les Etats-Unis et le trio France-Allemagne-Belgique. (AFP, 20 mars 2003)
 

Papandréou assure la Turquie de l'aide de l'UE

Le ministre grec des Affaires étrangères, George Papandréou, a assuré la Turquie de l'aide de l'Union européenne face aux conséquences éventuelle de la guerre en Irak, mettant toutefois en garde le pays contre un engagement militaire dans la région.

"Nous devons aider la Turquie dans ce conflit", a-t-il souligné en marge du sommet européen de Bruxelles, estimant que le pays sera certainement "affecté par ce conflit, potentiellement sur le plan économique, potentiellement sur le plan des réfugiés".

"Mais dans le même temps, nous devons être très clair, s'il vous plaît, pas d'engagement militaire dans la région", a poursuivi le ministre grec, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

"La Turquie est un pays candidat" à l'UE, "la Turquie a un avenir en Europe", a-t-il assuré. "Mais nous ne voulons pas voir ce conflit en Irak provoquer des problèmes", a-t-il ajouté.

Un "fort ressentiment" au sein des communautés kurdes en Irak ou en Turquie pourrait se créer, déboucher sur des tensions au sein même de la "société turque", ce qui "nuirait au processus de réforme politique en Turquie", a estimé M. Papandréou. (AFP, 20 mars 2003)
 

Washington n'accordera pas d'aide financière à la Turquie

Les Etats-Unis n'accorderont pas d'aide financière à la Turquie en contrepartie de sa décision de laisser les avions américains utiliser son espace aérien dans la guerre contre l'Irak, a déclaré jeudi le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer.

"Il y a eu des discussions sur un paquet d'aide financière pour la Turquie qui était lié à l'acceptation par la Turquie d'un plan de coopération global. Cela ne s'est pas concrétisé et le paquet n'est pas sur la table et n'y sera pas", a affirmé Ari Fleischer lors d'un point de presse.

Le parlement turc a ouvert jeudi l'espace aérien du pays à l'aviation américaine et approuvé l'envoi de troupes turques dans le nord de l'Irak.

Une première motion, appelant au déploiement en Turquie de quelque 62.000 soldats américains, avait été rejetée le 1er mars, provoquant une tension entre Ankara et Washington, alliés de longue date au sein de l'Otan.

"Nous sommes heureux que la Turquie ait pris les décisions qu'elle a prises", a affirmé Ari Fleischer, en commentant l'ouverture de l'espace aérien turc aux avions américains.

Le porte-parole de la présidence américaine s'est également félicité du fait que la coalition réunie par les Etats-Unis pour mener la guerre contre l'Irak comptait plus de 35 pays.

"Le président (Bush) aimerait remercier le nombre grandissant de pays qui ont rejoint la coalition des volontaires pour désarmer Saddam Hussein", a-t-il souligné.

Ari Fleischer a précisé que leur contribution allait de l'envoi de soldats sur le terrain à l'aide humanitaire en passant par le soutien logistique, les renseignements et la mise à disposition d'équipes spécialisées dans la défense contre les attaques chimiques et biologiques.

"Tout compris, la population des pays de cette coalition représente 1,18 milliard de personnes dans le monde et un Produit intérieur brut combiné de 21.700 milliards de dollars", a-t-il indiqué.

"Les principales races, religions et groupes ethniques y sont représentés et elle comprend des pays de tous les continents", a-t-il affirmé. (AFP, 20 mars 2003)
 

Des manifestants turcs houspillent un dirigeant kurde irakien

Une cinquantaine de Turcs, brandissant leur drapeau national, ont houspillé un dirigeant kurde irakien mardi à Ankara devant un bâtiment officiel où il venait s'entretenir avec des responsables américains et turcs de la situation dans le nord de l'Irak, a constaté l'AFP.

Les manifestants, qui ont failli renverser Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), dénonçaient les factions kurdes irakiennes pour leurs récentes déclarations menaçantes à l'égard des forces armées turques et pour avoir brûlé un drapeau turc lors d'une récente manifestation.

"Peshmergas, traîtres" et "Il faut briser les bras qui brûlent nos drapeaux", ont scandé les manifestants.

La réunion de mardi réunissaient les représentants des deux principales factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak, des diplomates turcs et le représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad. (AFP, 18 mars 2003)
 

Les autorités turques imposent des restrictions à la presse dans le sud-est

Le gouverneur de la province de Diyarbakir, qui est aussi "coordinateur" pour la sécurité dans le sud-est de la Turquie, a annoncé que les journalistes travaillant près de la frontière irakienne auraient besoin de nouvelles accréditations, a rapporté mardi l'agence Anatolie.

Le gouverneur Nusret Miroglu a indiqué qu'un centre de presse avait été spécialement mis en place à Diyarbakir pour faire face à l'afflux de journalistes locaux et étrangers, indique Anatolie.

Ce centre de presse délivrera des accréditations spéciales valables deux mois, indispensables pour travailler dans les provinces de Van, d'Hakkari et de Sirnak (frontalières de l'Irak), ainsi que celles de Batman, de Mardin et de Diyarbakir, selon le gouverneur.

Il a également annoncé qu'un centre de gestion de crise avait été mis en place à Silopi (agglomération la plus proche du poste-frontière avec l'Irak) pour faire face à un afflux possible de réfugiés en cas de guerre. (AFP, 18 mars 2003)
 

La Turquie se rallie à l'axe belliciste

Suivant la décision belliciste de Bush, les dirigeants militaro-islamistes ont, malgré l'opposition de la majorité écrasante de la population, décidé lundi soir d'engager la Turquie dans la guerre contre l'Irak. "Le gouvernement va évaluer la situation et prendre des décisons urgentes", a déclaré lundi soir à la presse le porte-parole de la présidence turque, Tacan Ildem, à l'issue du sommet qui a réuni le président de la République Ahmet Necdet Sezer, M. Erdogan, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gul et le chef d'état-major des armées, le général Hilmi Ozkok.

M. Ildem n'a pas précisé qu'elles seraient ces décisions, mais il pourrait s'agir de la présentation très prochainement au parlement par le nouveau gouvernement, dirigé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan --avant même d'avoir obtenu la confiance des députés--, d'une nouvelle motion prévoyant un déploiement de troupes américaines en Turquie, selon la chaîne de télévision d'informations NTV.

Les députés turcs avaient rejeté le 1er mars, par trois voix, une motion sur l'aide aux Etats-Unis, provoquant une tension dans les relations turco-américaines.

M. Ildem a souligné un "processus menant inévitablement à la guerre" contre l'Irak voisin, indiquant que la Turquie prendrait les mesures adéquates pour protéger ses intérêts nationaux dans la région.

Il a également appelé à l'unité nationale dans une période qu'il a qualifiée de "cruciale".

Les Etats-Unis souhaitaient faire transiter par la Turquie des troupes combattantes en vue d'une attaque de l'Irak par le nord, ainsi que l'ouverture de l'espace aérien turc aux forces américaines, mais l'absence de feu vert du parlement risque de les contraindre à renoncer à l'aide d'Ankara pour lancer une intervention militaire contre le régime de Bagdad.

M. Erdogan, qui a annoncé vendredi la formation de son gouvernement constitué de son seul Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), a affirmé que le vote d'un nouveau texte par le parlement n'était pas prioritaire pour son gouvernement.

Mais le vote de cette motion pourrait intervenir avant le vote de confiance prévu pour le week-end, selon NTV. (AFP, 17 mars 2003)
 

Déjà depuis 20 ans, incursions et présence militaire turques au Kurdistan irakien

La Turquie, en cas de guerre, veut envoyer des milliers de soldats dans le nord de l'Irak où, malgré l'opposition des Kurdes de la région, elle mène depuis 20 ans de fréquentes incursions et a même établi une présence militaire.

Les premières incursions turques dans les montagnes du nord de l'Irak  avaient pour but de poursuivre les combattants du PKK. Mais au fil des ans, elles ont pris de l'ampleur et se sont doublées d'une mise en garde aux Kurdes d'Irak contre l'éventuelle création d'une entité indépendante.

La première incursion remonte à mai 1983, trois mois après la signature par Ankara et Bagdad d'un accord qui autorisait les forces des deux pays à pénétrer sur le territoire de l'autre pour y poursuivre des rebelles.

Quelque 7.000 soldats turcs avaient alors pénétré côté irakien, à la recherche de bases du PKK, mais l'opération avait surtout infligé des pertes au Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l'une des deux factions kurdes qui contrôlent la région. Ce scénario s'est répété par la suite, convainquant le PDK de s'allier au PKK.

En 1986, 150 peshmergas étaient tués dans un bombardement de l'aviation turque sur des positions du PDK.

Ankara menaçant une politique encore "plus active" dans la région, le PDK mit un terme à sa coopération avec le PKK, qui s'allia à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), l'autre faction kurde du nord de l'Irak.

En 1988, Bagdad dénonçait son accord avec Ankara, la Turquie lui ayant refusé le droit de pénétrer sur son sol pour y pourchasser des Kurdes irakiens.

Mais quand le nord de l'Irak a échappé au contrôle irakien, à la fin de la guerre du Golfe, en 1991, la Turquie a trouvé un autre prétexte.

Estimant que l'absence d'autorité centrale aidait le PKK, son armée a pénétré au Kurdistan irakien avec chars et avions.

Les opérations militaires qui ont suivi ont soulevé des condamnations occidentales et arabes, mais la Turquie était alors soutenue par les Etats-Unis, car elle autorisait les avions américains à décoller de son territoire pour patrouiller dans la zone d'exclusion aérienne du nord irakien.

En 1997, l'UPK accusa les forces turques d'avoir visé ses positions avec des bombes incendiaires. C'est à cette époque que la Turquie a établi une présence militaire permanente dans le nord de l'Irak, sous la forme de commandos menant des opérations ponctuelles contre des rebelles.

Ankara, très discret sur ses intentions réelles au Kurdistan irakien, a reconnu en octobre dernier la présence de plusieurs centaines de soldats dans la région. Ces effectifs seraient de l'ordre de plusieurs milliers, selon la presse.  (AFP, 16 mars 2003)

Le déploiement américain en Turquie s'intensifie, les manifestations aussi

Les manifestations prennent de l'ampleur à Iskenderun, port du sud de la Turquie dans lequel l'armée américaine débarque à un rythme soutenu des équipements logistiques en vue de l'ouverture possible d'un front nord en Irak.

Aux cris de "Yankees go home" et "Le Moyen-Orient sera votre tombe", entre 300 et 400 manifestants ont brûlé un drapeau américain orné d'une croix gammée dimanche, aux abords des installations portuaires où sont entreposées des centaines de véhicules américains.

"Ce port est en territoire turc mais il est envahi par les Américains", a lancé un meneur à l'adresse des manifestants mobilisés par le parti des Travailleurs (extrême gauche), au lendemain d'une autre manifestation qui avait réuni quelque 5.000 personnes au même endroit.

Samedi soir, un nouveau cargo roulier chargé de véhicules militaires américains s'est amarré sur les quais d'Iskenderun et, dimanche matin, un convoi d'une centaine d'engins a quitté le port en direction du sud-est anatolien, région frontalière de l'Irak.

Ankara et Washington assurent que le débarquement de ces matériels s'inscrit dans le cadre d'un accord passé en février et qui autorise la présence sur le sol turc de quelque 3.500 logisticiens censés y rénover les ports et les aérodromes.

Dans l'opposition parlementaire turque, des voix s'élèvent cependant contre ces déploiements qui, estiment certains députés, sont directement liés à un effort de guerre contre l'Irak.

De fait, le volume, la nature et la destination de ces équipements soulèvent des questions: tous les jours, plusieurs dizaines de véhicules en tout genre --jeeps Hummer, citernes, semi-remorques, groupes électrogènes, ambulances, bulldozers-- mettent le cap vers la frontière irakienne.

Au large, en Méditerranée orientale, les troupes de combat américaines embarquées sur d'autres navires font des ronds dans l'eau, en attendant qu'Ankara donne le feu vert à leur débarquement.

A la surprise générale, les députés turcs avaient rejeté le 1er mars une motion du gouvernement proposant le déploiement sur le territoire national de 62.000 GI's.

La formation, à la fin de la semaine dernière, d'un nouveau gouvernement par le chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, pourrait déboucher sur le dépôt d'une nouvelle motion.

Mais M. Erdogan réclame en préalable à Washington des garanties sur le rôle que la Turquie serait appelée à jouer dans les régions kurdes du nord de l'Irak.

En attendant, tous les véhicules américains sont inspectés par les soldats turcs à leur arrivée à Iskenderun, a priori pour vérifier qu'ils ne contiennent pas du matériel de combat.

A Mersin (sud), autre port de transit pour les équipements de l'US Army, des véhicules équipés de lance-missiles antiaériens Stinger ont débarqué sans leurs engins, ont rapporté des journaux turcs.

Les Etats-Unis, qui réclament l'ouverture d'urgence de l'espace aérien turc, semblent toutefois confiants dans le fait que le parlement turc finira par donner son feu vert à un déploiement au sol de troupes de combat: des unités américaines ont déjà entrepris l'aménagement d'infrastructures dans plusieurs localités proches de la frontière irakienne.

A Mardin, ville située à environ 200 km de l'Irak et où les militaires américains ont mis en place un important centre logistique, l'armée américaine a "officiellement" demandé la venue de femmes de compagnie, écrivaient dimanche des journaux turcs. (AFP, 16 mars 2003)
 

L'armée américaine en Turquie: une présence discrète mais bien réelle

Dans l'espoir d'un nouveau vote d'Ankara sur le déploiement de leurs troupes sur le sol turc, les Etats-Unis préparent discrètement le terrain près de la frontière irakienne, apparemment confiants de pouvoir ouvrir un front nord dès le début des hostilités.

Dans les villages, sur les aéroports mais aussi dans les hôpitaux et sur les campus, l'armée américaine s'active avec l'espoir, le moment venu, de débarquer rapidement ses soldats sans rencontrer, comme jusqu'ici, trop de résistance de la part d'une population turque majoritairement hostile à une guerre.

Ils sont là sans être là: officiellement autorisés à déployer en Turquie quelque 3.500 spécialistes du génie pour y rénover les ports et aérodromes locaux, les militaires américains ont aussi commencé à prépositionner du matériel de soutien susceptible d'être utilisé en cas de conflit.

En témoignent les nombreux convois de camions qui ont quitté ces derniers jours le port méditerranéen d'Iskenderun, chargés de jeeps, d'ambulances et de véhicules de ravitaillement en carburant.

Stockés à l'abri des regards dans plusieurs villes plus ou moins proches de la frontière irakienne, ces équipements devraient venir en appui aux engins de combat américains, dont le débarquement est suspendu au feu vert du Parlement turc.

Sur l'aérodrome de la ville de Batman, à environ 200 km de la frontière irakienne, l'armée américaine a déjà installé des baraquements préfabriqués permettant d'accueillir quelque 5.000 soldats, ont rapporté les médias turcs.

A Mardin, au sud-ouest de Batman, elle a étendu son emprise sur une zone industrielle désaffectée, une aubaine pour la population locale qui négocie également la location de ses champs... à quatre fois le prix habituellement demandé.

Un peu plus à l'Est, à Nusaybin, l'US Army a payé cash des sommes astronomiques, mais invérifiables, pour la location de bâtiments et de terrain.

Bilsel Bac, directeur de l'hôpital universitaire de Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien, a en outre indiqué à l'AFP qu'une délégation de militaires américains avait visité son établissement la semaine dernière.

"Ils étaient particulièrement intéressés par notre antenne chirurgicale, notre unité de soins intensifs et celle pour les grands brûlés", a-t-il dit.

Rien n'a été laissé au hasard durant cette inspection, qui concernait aussi bien les blocs opératoires que les toilettes, ont précisé des employés de nettoyage.

Sur le campus voisin, des soldats américains habillés en civil auraient également approché des étudiants pour sonder leur réaction sur le déclenchement d'une guerre contre l'Irak, selon les médias locaux.

La plupart des étudiants interrogés sur place par l'AFP ont bien eu vent de ces rumeurs, mais personne n'a eu l'impression de s'entretenir avec ces militaires en civil.

"Nous, les étudiants, on est contre la guerre. Mais qu'est-ce qu'on peut faire? Tout ça, c'est décidé à Ankara", a expliqué l'un d'eux.

A la surprise générale, les députés turcs avaient repoussé le 1er mars une motion proposant le déploiement de 62.000 militaires américains sur le sol national.

Mais, suite à sa désignation au poste de Premier ministre mardi, Recep Tayyip Erdogan, le chef du Parti de la justice et du développement (AKP), pourrait dans les prochains jours déposer un nouveau texte, qui aurait cette fois-ci de grandes chances d'être entériné.

En Méditerranée orientale, de nombreux navires chargés de GI's et de matériels font depuis plusieurs semaines des ronds dans l'eau, dans l'attente de la décision d'Ankara.

En attendant, les initiatives américaines alimentent la colère de l'opposition de centre droit qui a réclamé, en vain, l'ouverture d'une enquête parlementaire, en considérant que les activités militaires américaines en Turquie avaient "fait du pays le théâtre de préparatifs guerriers". (AFP, 12 mars 2003)
 

A la frontière turco-irakienne, les peshmergas prêts au combat s'il le faut

Sur le talus de pierres, le peshmerga (combattant kurde), kalachnikov à l'épaule, surveille la montagne enneigée. A 10 km, de l'autre côté, c'est la Turquie, et depuis ce week-end l'ordre est à la vigilance accrue.

"On nous a dit d'augmenter la surveillance", lance laconique Nouri Omar, 35 ans, la taille ornée de cartouches et grenades de fabrication russe.

Sa base, sur les hauteurs du village de Kani Masi (région de Dohouk, nord du Kurdistan irakien), est à quelques kilomètres à peine de la frontière. La dizaine d'hommes qui y sont positionnés sont armés de kalachnikov de fabrication russe, chinoise ou allemande, de lance-roquettes RPG et d'au moins une mitrailleuse russe. D'autres bases sont dotées de canons 120 mm.

"Tout est calme, il n'y a pas de provocation, pas de coups de feu" des Turcs, poursuit Nouri Omar alors qu'un appareil, américain ou britannique, survole la base située en zone d'exclusion aérienne.

Le week-end dernier, tous les peshmergas à Dohouk, qui compte dans ses terres les deux-tiers de la frontière turco-irakienne, ont retrouvé leur base, selon l'état-major de la région.

Le rappel des troupes est survenu juste après que des centaines de véhicules militaires turcs eurent fait mouvement, en fin de semaine dernière, vers la frontière.

"L'armée turque bouge, on bouge: chacun est à son poste. Les peshmergas restent dans les bases, mais ils sont prêts à réagir", assène Wahid Bakouzi, le chef de la caserne 14 de Darkar, dont dépendent les combattants de Kani Masi.

Ce positionnement reste pour le moment très discret.

Selon les autorités locales il n'y a pas eu de renfort. On ne voit pas plus de combattants kurdes que la semaine dernière au principal poste-frontière d'Ibrahim Khalil, ni sur la petite route de montagne qui longe la frontière.

Les combattants semblent cantonnés dans leurs bases en retrait.

Bravade ou réalité, les peshmergas de Kani Masi affichent sérénité et détermination, en tout cas en présence d'un de leurs officiers.

"Cela fait 50 ans que l'on se bat contre les soldats irakiens (dépendant de Bagdad), il y a eu les avions, les chars, les armes chimiques. Nous nous sommes toujours battus et nous n'avons jamais eu peur. A côté des intrépides soldats irakiens, les Turcs seront faciles à affronter, on en sait quelque chose", dit crânement Jamil Omar, 50 ans.

Ankara est très hostile à la création d'une entité kurde indépendante dans le nord de l'Irak, craignant que ceci n'encourage une reprise de la rébellion parmi les Kurdes de Turquie. Les Kurdes de leur côté craignent que les Turcs entrent sur leur territoire et s'installent durablement dans la région.

"Dès l'arrivée (des soldats turcs), nous frapperons. Nous n'avons que des RPG contre leurs chars, nous ne pourrons peut-être pas tenir le front mais nous pourrons mener la guérilla", a prévenu le chef d'état-major pour la région de Dohouk, le général Babaker Zebari.

Les combattants savent bien aussi que le rapport de forces serait inégal. D'autant que si les soldats turcs pénétraient sur leur territoire, ils pourraient bénéficier du soutien des 400 à 500 militaires turcs, de leurs 40 chars et 40 canons déployés sur les bases de Bamarni et Batoufa situées à une dizaine de km à l'intérieur du nord de l'Irak.

Les Turcs se sont installés dans ces bases en 1997 en accord avec le PDK (Parti démocratique du Kurdistan qui contrôle la partie nord-ouest du Kurdistan irakien) qui était alors en guerre contre les Kurdes turcs du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, récemment rebaptisé Kadek).

Normalement, les soldats turcs ne sortent de leur base que pour chasser les hommes du PKK et leurs mouvements sur la route se font sous le contrôle des peshmergas kurdes irakiens.

"Nous ne sommes pas à égalité en matière d'armement", concède le chef de la caserne 14. "Mais nous avons la vigueur, la détermination, et la foi". (AFP, 12 mars 2003)
 

Les Patriot néerlandais veillent sur les cieux de la Turquie

Les cinq blocs de missiles montés sur semi-remorques pointent tous dans la même direction: l'Irak. Déployés sur l'aérodrome militaire de Diyarbakir, au sud-est de la Turquie, les Patriot sont parés à toute éventualité.

Pour la première fois, les Néerlandais déballent devant les journalistes l'une des trois batteries antimissiles qu'ils ont installées dans la région à la demande d'Ankara, au cas où l'imprévisible Saddam Hussein déciderait de lancer contre la Turquie les Scud qu'il pourrait avoir en sa possession.
 D'ordinaire très secrète vis-à-vis des médias, l'armée turque a accepté d'ouvrir sa base aux reporters. Les caméras tournent, les appareils photo mitraillent, les questions fusent.

Quels sont les risques d'une attaque balistique contre la Turquie? "Moyennement élevés". Le cas échéant, quel serait le taux de réussite des interceptions? "Entre 90 et 98%". Combien de temps allez-vous rester? "Au moins six mois".

Sollicités de toute part, les officiers néerlandais font preuve de diligence et répondent patiemment à toutes les questions, ou presque. Saddam dispose-t-il encore de missiles capables d'atteindre Diyarbakir, située à plus de 200 km de la frontière entre les deux pays? Hésitation...

Au niveau balistique, seuls les missiles Al-Samoud 2 sont actuellement dans le collimateur des experts de l'ONU en désarmement car ils excèdent d'une trentaine de km la portée autorisée (150 km). Suite à une injonction de Hans Blix, le chef des inspecteurs, l'Irak en a démoli 55 depuis le 1er mars.

Quant aux Scud, dont la portée est deux fois supérieure aux Al-Samoud 2, leur existence ou leur inexistence dans l'arsenal irakien reste difficile à démontrer.

"Peut-être qu'ils n'en ont plus, peut-être qu'ils en ont encore", répond, sans trop s'avancer, l'officier Hans Zetter, qui sert dans le poste de commandement, un ensemble de containers recouverts de filets de camouflage.

En arrière-plan, deux F-16 turcs passent à basse altitude pour un exercice de tir au canon. Leur vrombissement oblige le Néerlandais à s'interrompre.

"Le gouvernement turc nous a demandé de venir à Diyarbakir pour protéger la ville et sa base aérienne. Nous sommes prêts à faire face à tout ce qui pourrait survenir", reprend-il.

C'est au terme d'une crise de plusieurs jours résultant d'une opposition de la Belgique, de l'Allemagne et de la France, que l'Alliance atlantique avait accepté, le 19 février, de fournir ces moyens de protection à la Turquie, seul membre de l'Otan à partager une frontière avec l'Irak.

Au titre de l'opération "Display Deterrence" ("Dissuader"), les Néerlandais ont donc déployé trois batteries de Patriot, deux à Diyarbakir, la plus importante ville du sud-est anatolien, et une à Batman, plus près de la frontière irakienne.

Une batterie --cinq lanceurs avec quatre missiles chacun-- peut, selon le jargon militaire, "engager", c'est-à-dire intercepter, quatre cibles simultanément.

"C'est ce qui se fait de mieux actuellement", assure Hans Zetter, en soulignant que les logiciels ont été nettement améliorés par rapport à ceux des Patriot de première génération dont la fiabilité pendant la guerre du Golfe s'était avérée toute relative après coup.

L'heure tourne et les journalistes sont priés de rejoindre le bus, ce qu'ils font dans un joyeux désordre. Quelques derniers clichés avant un ultime briefing.

Là, le lieutenant-colonel Erik Harry Abma, commandant de l'unité, assure que la destruction en vol d'un Scud porteur d'agents chimiques ou biologiques n'aurait aucun effet sur l'environnement.

"Vu que l'interception se produirait à une altitude très élevée, au moins 10 km au-dessus du sol, la menace chimique ou biologique serait anéantie", déclare-t-il, sans vouloir se perdre dans davantage d'explications. (AFP, 12 mars 2003)
 

Tous les peshmergas de la région frontalière de la Turquie dans leur base

La totalité des peshmergas (combattants kurdes) de la région de Dohouk, frontalière de la Turquie, ont été positionnés dans leur base ce week-end pour parer à l'éventualité d'une incursion turque et à une riposte de Bagdad en cas de guerre, a indiqué mardi le chef militaire de cette région.

"Tous les peshmergas ont retrouvé leur base ce week-end pour l'ensemble de la région de Dohouk", a déclaré à l'AFP le général Babaker Zebari, chef militaire de la région de Dohouk interrogé dans la capitale de cette région qui porte le même nom.

"En vérité, ils sont là pour (réagir contre) l'Irak (contrôlé par Saddam Hussein). Mais comme les Turcs se sont présentés à la frontière, nous sommes prêts également pour cela", a poursuivi le général Zebari en référence aux mouvements de centaines de véhicules militaires turcs vers la frontière irakienne en fin de semaine dernière.

Ces larges mouvement constituent "une menace", a-t-il déclaré et "si les Turcs cherchent des problèmes, ils prendront leurs responsabilités".

"Dès leur arrivée, nous frapperons. Nous n'avons que des RPG (lance roquette anti-char portable) contre leurs chars, nous ne pourrons peut-être pas tenir le front mais nous pourrons mener la guerrilla", a-t-il ajouté.

Les deux-tiers de la frontière turco-irakienne se trouvent dans la région de Dohouk. Sa partie ouest touche la ligne de démarcation entre le Kurdistan irakien "libéré" et la zone contrôlée par Bagdad.

Le général s'est refusé à donner le nombre d'hommes mobilisés dans sa région. Le PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et l'UPK (Union patriotique du Kurdistan) qui se partagent la souveraineté du territoire parlent généralement de 70.000 peshmergas dans cette partie du Kurdistan qui échappe au contrôle de Bagdad depuis 1991.

Le responsable adjoint du PDK de la zone de Zakho, qui fait partie de la région de Dohouk, avait déjà indiqué lundi que tous les combattants kurdes de cette zone qui étaient en permission avaient été rassemblés dans leur base samedi et dimanche.

Le principal poste-frontière entre l'Irak et la Turquie, sur la route de Silopi vers Mossoul, se trouve à une dizaine de km de Zakho. Il se nomme Habur côté turc, Ibrahim Khaleel, côté irakien.

Un autre point de passage se trouve plus à l'ouest dans les montagnes sur une route difficilement pratiquable, entre Cukurca côté turc et Seri côté irakien.

Le positionnement des peshmergas semblait lundi uniquement cantonné aux bases, comme l'ont affirmé les autorités. Sur une route parallèle à la frontière, à une dizaine de km de la Turquie dans les montagnes, qui mène d'un point de passage à l'autre, l'AFP a pu constater la présence discrète des combattants dans leur base en retrait, mais pratiquement pas sur la route.

Le chef du PDK, Massoud Barzani, a encore répété samedi qu'une incursion des forces turques sous commandement américain ou pas, en cas de guerre en Irak, aurait des "conséquences très graves" pour "tout le monde".

Mercredi dernier, le chef d'état-major de l'armée turque, le général Hilmi Ozkok, avait prévenu les factions kurdes d'Irak qu'elles devraient assumer les conséquences d'une éventuelle confrontation avec l'armée turque, en cas d'intervention de celle-ci au Kurdistan irakien.

Ankara est très hostile à la création d'une entité kurde indépendante dans le nord de l'Irak, craignant que ceci n'encourage une reprise de la rébellion parmi les Kurdes de Turquie.

Les Kurdes de leur côté craignent que les Turcs, qu'ils entrent de façon unilatérale ou sous commandement américain, ne s'installent durablement dans la région. (AFP, 11 mars 2003)
 

Pour les Kurdes irakiens, plutôt Saddam que l'arrivée des Turcs

Le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani préfère le maintien au pouvoir de Saddam Hussein à Bagdad à l'arrivée des forces turques dans le secteur kurde du nord de l'Irak, a indiqué mardi un sénateur français de retour de cette région.

"Barzani m'a dit: on préfère Saddam Hussein à Bagdad que voir les Turcs ici", a affirmé le sénateur.

Aymeri de Montesquiou, membre UDF (centre-droit) du Sénat français (chambre haute), a indiqué à l'AFP que ce qui "prévalait au Kurdistan, c'est l'inquiétude face à une entrée des troupes turques".

"Les deux présidents  - Massoud Barzani, chef du Parti Démocratique du Kiurdistan (PDK) et Jalal Talabani, dirigeant de l'Union Démocratique du Kurdistan (UPK) - m'ont bien précisé qu'ils se battraient et qu'une guérilla était organisée du côté de leur frontière", a-t-il ajouté.

Le sénateur français, qui a rencontré sur place le représentant spécial du président américain George. W Bush en Irak, Zalmay Khalilzad, a indiqué que ce dernier lui avait dit que les Etats-Unis "seraient en guerre quoiqu'il arrive, mais qu'il avait pris conscience que les Turcs représentaient un problème" (vis-à-vis des Kurdes)".

"Les Américains ne les laisseront pénétrer que de quelques kilomètres au Kurdistan", a précisé le représentant spécial américain au sénateur français.

Samedi, Massoud Barzani a averti que l'entrée de soldats turcs en Irak aurait de "graves conséquences" pour tous et espéré que les Kurdes irakiens ne seraient pas "trahis" par les Américains en cas de guerre.

Le PDK partage le contrôle du Kurdistan irakien, qui échappe au régime de Bagdad, avec l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

La Turquie prévoit de déployer entre 40.000 et 55.000 soldats dans le nord de l'Irak dans l'éventualité d'une guerre afin d'y instaurer une zone tampon pour empêcher l'établissement d'un Etat kurde indépendant à ses frontières, selon la presse turque. (AFP, 11 mars 2003)

Trois groupes de militaires américains au Kurdistan

Trois groupes d'une dizaine de militaires américains sont établis dans le Kurdistan irakien à Dohouk (nord), Erbil (centre) et Suleimaniyah (sud-est) où ils préparent l'arrivée de GI's en vue d'une éventuelle guerre en Irak, a-t-on indiqué mardi à Dohouk de source militaire kurde.

"Il y a des Américains, des militaires, un groupe de 12 hommes à Dohouk, de 10 à Erbil et 10 à Suleimaniyah", a déclaré à l'AFP un militaire haut gradé en refusant de spécifier à quel corps ils appartenaient.

"Ils préparent l'arrivée des (soldats) américains" en vue de l'ouverture d'un front nord au Kurdistan irakien en cas de guerre en Irak, a poursuivi ce responsable.

Ces groupes de militaires sont positionnés près des trois pistes d'atterrissage que Washington a demandé aux Kurdes irakiens de rendre utilisables pour la mi-février, selon des responsables kurdes.

Il s'agit des pistes de Harir, près d'Erbil (capitale du Kurdistan irakien), Bamarni près de la frontière turque (où des soldats turcs sont basés depuis des années pour lutter contre les membres du PKK), et Bakrajo près de Suleimaniyah.

Ces pistes asphaltées, et désormais prêtes à l'emploi, pourraient servir pour l'ouverture d'un front nord par des opérations aéroportées si le Parlement turc maintient son refus de voir déployer des dizaines de milliers de soldats américains sur son territoire.

A Dohouk, zone sous contrôle du PDK (Parti démocratique du Kurdistan), l'AFP a pu voir des Occidentaux dans un véhicule sans plaque entrer sans se faire contrôler dans l'enceinte du quartier-général militaire pour la région.

A Suleimaniyah, un haut responsable militaire de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan, qui se partage le contrôle du territoire avec le PDK) a récemment admis que des forces spéciales américaines et britanniques avaient établi un centre opérationnel près de Suleimaniyah.

Ces militaires américains sont en contact avec les forces kurdes, a ajouté le responsable interrogé à Dohouk.

"Les Américains ne nous ont rien demandé, ce n'est pas un problème", a-t-il poursuivi comme tous les officiels interrogés sur le rôle des peshmergas (combattants kurdes) en cas de guerre.

La présence américaine au Kurdistan irakien est généralement un sujet tabou et le chef du PDK, Massoud Barzani, a parlé samedi de "fantômes".

Washington avait admis fin janvier la présence peu nombreuse de militaires américains dans le nord de l'Irak.

Le Pentagone a reconnu la contribution importante de commandos américains et alliés, ainsi que des paramilitaires de la CIA en Afghanistan fin 2001 pour guider les bombardements et établir des contacts avec les forces opposées aux talibans.

Rejetant l'idée que les peshmergas puissent jouer le même rôle que les moudjahidine afghans, le chef du groupe parlementaire du PUK à Erbil, Sadi Ahmed Pire, a récemment déclaré à l'AFP que les combattants kurdes pourraient conseiller les Américains sur les questions de logistique et de topographie. (AFP, 11 mars 2003)

Des députés turcs protestent contre les déploiements militaires américains

Des députés turcs ont appelé mardi à l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les déploiements américains en cours dans le pays, estimant qu'ils étaient directement liés à un effort de guerre contre l'Irak.

Cette demande a toutefois été rejetée par le parlement où le parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir, dispose d'une écrasante majorité.

Le 6 février, le parlement avait accepté le déploiement de quelque 3.500 spécialistes américains du génie pour aider à la modernisation de ports et d'aéroports susceptibles d'être utilisés en cas de guerre en Irak.

Mais les députés ont rejeté, le 1er mars, une motion du gouvernement appelant à autoriser 62.000 fantassins américains à débarquer en Turquie pour y établir une tête de pont en vue d'une éventuelle invasion du nord de l'Irak.

Encouragés par les promesses du gouvernement turc d'un nouveau vote sur la question, les Etats-Unis poursuivent néanmoins leurs débarquements de matériels militaires, notamment dans le port d'Iskenderun (sud du pays), tandis que des convois de 30 à 40 semi-remorques, chargés de véhicules militaires, prennent chaque jour la direction de bases dans l'est du pays.

"La Turquie n'est pas une République bananière," s'est exclamé mardi Deniz Baykal, le dirigeant du principal parti d'opposition au parlement, le Parti républicain du peuple (CHP), avant de soumettre au parlement "une demande d'enquête parlementaire" pour éclaircir cette affaire.

Mais le parlement a rejeté cette motion, grâce aux votes des députés du parti au pouvoir, l'AKP, qui ont été en retour la cible d'insultes depuis les bancs de l'opposition.

Pourtant, le président du parlement, Bulent Arinc, un membre du parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir, s'était lui aussi déclaré irrité dimanche par ce qu'il avait qualifié de déploiement "de facto".

"Les images que l'on voit à la télévision me dérangent beaucoup", avait affirmé M. Arinc, ajoutant: "Ils me hérissent le poil".

M. Arinc, qui n'a jamais caché son opposition à une opération militaire, avait suggéré aux députés, s'ils avaient des "inquiétudes", de mettre en place les "mécanismes de contrôle" parlementaire.

Selon l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, les déploiements en cours n'ont rien à voir avec les préparations pour une opération terrestre.

"Il ne s'agit pas de troupes de combats, mais de personnels et d'équipements militaires déployés conformément à la décision du Parlement turc. Les détails du déploiement ont fait l'objet d'un accord entre nos gouvernements", selon un porte-parole de l'ambassade.

Les convois militaires, outre des engins de travaux publics, comprennent de nombreux camions, jeeps et ambulances.

Le CHP estime que l'opposition du parlement à l'envoi de larges forces combattantes américaines rend caduque l'autorisation liée au premier envoi de spécialistes du génie.

"Le pays est transformé en théâtre pour des préparatifs de guerre (...) Des nouvelles bases logistiques sont établies, des ports, des bases et différentes facilités sont loués à des étrangers", affirme pour sa part le CHP pour qui: "Le parlement n'a jamais approuvé de telles activités".

Selon la chaîne de télévision NTV, neuf bases sont en cours d'établissement dans le sud-est du pays pour accueillir les soldats américains et leur soutien logistique.

"Il ne se passe rien de contraire aux accords", a affirmé pour sa part le Premier ministre Abdullah Gul.

"Aucune force combattante n'est entrée en Turquie et aucune force combattante n'est passée de Turquie en Irak", a affirmé M. Gul mardi au cours d'une conférence de presse.

De nombreuses rumeurs font état du passage dans le nord de l'Irak, non seulement de soldats turcs, mais d'Américains, en tenue civile, à bord de 4x4 immatriculés en Turquie.

Les préparatifs militaires américains provoquent également des tensions dans le pays. A Iskenderun, par exemple, où quelque 800 soldats américains auraient pris pied, des policiers turcs ont désarmé des Américains qui s'apprêtaient à quitter le port. Et la presse a affirmé qu'à Mersin (sud), les autorités avaient interdit le déchargement d'un navire civil, arrivé avec du matériel militaire. (AFP, 11 mars 2003)
 

Le débarquement américain se poursuit, irritant le président du Parlement

Le débarquement de matériel militaire américain et son acheminement vers le sud-est de la Turquie, en direction de la frontière irakienne, se poursuivait dimanche, alors que le président du Parlement Bulent Arinc se disait irrité par ce déploiement "de facto".

L'agence Anatolie a rapporté que deux nouveaux convois, d'importance non précisée, avaient quitté le port d'Iskenderun (sud) dimanche en début de matinée avec du matériel et des véhicules américains pour une destination inconnue.

Par ailleurs, dans la nuit, un bateau roulier, le Rokia Delmas, est arrivé dans le même port et a immédiatement commencé à débarquer son chargement, selon les images des chaînes de télévision.

Vendredi, un convoi d'environ 300 poids lourds avait transporté jusqu'à Mardin (moins de 200 km de l'Irak) un nombre important de véhicules apparemment pas destinés à des actions offensives dans le cadre d'un possible conflit contre l'Irak, mais peu adaptés aux travaux de terrassement qui seuls ont été autorisés par le parlement turc.

"Les images que l'on voit à la télé me dérangent extrêmement", a déclaré Bulent Arinc cité par les journaux dimanche.

Le président du parlement turc a suggéré aux députés, s'ils avaient des "inquiétudes" comme lui, de mettre en place les "mécanismes de contrôle" parlementaire.

"Il ne s'agit pas de troupes de combat mais de personnels et d'équipements militaires déployés conformément à la décision du parlement turc. Les détails du déploiement ont fait l'objet d'un accord entre nos gouvernements", a affirmé de son côté à l'AFP le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis.

Le journal Cumhuriyet a rapporté dimanche que quelque 700 militaires américains avaient tenté samedi de sortir de la zone sous douane du port d'Iskenderun, obligeant l'armée turque à les désarmer et à leur faire faire demi-tour.

Dimanche, le président du petit Parti des Travailleurs (IP, extra-parlementaire) Dogu Perincek a écrit une lettre au président turc Ahmet Necdet Sezer pour dénoncer la présence américaine en Turquie, "début de la fin de l'Etat turc" selon lui, a rapporté Anatolie.

De son côté, l'armée turque continuait également d'envoyer du matériel lourd, composé notamment de nombreux chars d'assaut et de blindés légers cette fois, vers la frontière irakienne.

Les quelques 500 véhicules militaires sont actuellement stationnés à proximité du poste frontière de Habur et devraient passer en Irak "dans les jours qui viennent", écrit Radikal qui montre les tanks perchés sur des poids lourds.

Le gouvernement, appuyé par l'état-major qui s'est prononcé en sa faveur, devrait présenter dans les prochains jours la motion autorisant le déploiement américain en Turquie.

Les manifestations publiques contre la guerre sont quotidiennes depuis plusieurs mois en Turquie. De nouveaux rassemblements étaient prévus ce dimanche.

Le parlement turc a refusé, le 1er mars, le déploiement de 62.000 soldats américains en Turquie.

Avant d'infliger ce coup dur inattendu aux projets militaires du Pentagone, les parlementaires turcs avaient accepté la venue d'environ 3.500 spécialistes du génie américains pour y aménager les ports et aérodromes militaires locaux. (AFP, 9 mars 2003)
 

Les pistes d'atterrissage du Kurdistan irakien sont prêtes à l'emploi

Sur les bords de la piste d'atterrissage de Harir (Kurdistan irakien), les bulldozers sont en manoeuvre près de tentes fraîchement plantées. Mais les peshmergas chargés d'en interdire l'accès affirment que la piste, inutilisée depuis 12 ans, est déjà prête à l'emploi.

La piste asphaltée, qui fait un peu plus de 2 km, s'inscrit sur un plateau entouré de champs, surplombé de collines pelées.

"Elle est en très bon état, il n'y a pas de trou", affirme un des peshmergas (miliciens kurdes) postés à l'un des deux postes de contrôle qui en surveillent l'accès depuis environ un mois.

Washington avait demandé aux Kurdes irakiens de rendre trois pistes d'atterrissage utilisables pour la mi-février, avait appris l'AFP de source sécuritaire kurde. Ces pistes, inutilisées depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991, sont Harir, près d'Erbil (capitale du Kurdistan irakien), Bamarni près de la frontière turque, où des soldats turcs sont basés depuis des années pour lutter contre les membres du PKK, et Bakrajo près de Souleimaniyah.

Toutes asphaltées, elles pourraient servir de pistes d'atterrissage pour des appareils américains en cas de guerre en Irak, si le Parlement turc maintient son refus de voir déployer des dizaines de milliers de GI's sur son territoire pour ouvrir un front nord au Kurdistan irakien.

Dimanche, des ouvriers s'activaient sur le côté de la piste de Harir où ils semblaient creuser un vaste trou. Au zoom, l'AFP a pu observer huit engins de chantier, bulldozers, excavatrices ou rouleau compresseur, une petite dizaine de camions et deux camions-citernes.

Les habitants du village disent avoir vu il y a environ un mois des peshmergas armés venir nettoyer la piste mais pas d'Américains. "Des hommes des forces spéciales" kurdes, mobilisés pour les opérations importantes, notamment pour assurer la sécurité des personnalités politiques kurdes, précise l'un d'entre eux, Abdullah Ali, 19 ans.

Près de Souleimaniyah, la piste de Bakrajo, également entourée de champs près desquels des tranchées ont été creusées, a aussi été nettoyée il y a un mois et fait depuis l'objet d'une surveillance aiguë.

Selon un responsable kurde, interrogé à Erbil sous couvert de l'anonymat, les deux pistes situées sur la partie contrôlée par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) font l'une 1,8 km, l'autre 2,2 km et sont prêtes à l'emploi.

"Je pense qu'elles sont prêtes. Cela ne pose pas de problème. Toutes les sortes d'appareils peuvent s'y poser", a-t-il ajouté.

A titre de comparaison, la piste d'Erbil qui n'a pas été réquisitionnée et reste donc l'état où les trois autres ont été trouvées il y a un mois, est dans un état plus que correct. Longue de 3 km et large de 30 m, elle n'est entravée que par quelques pierres et touffes d'herbe sur les bas-côtés.

Selon des experts militaires occidentaux, n'importe quel appareil peut se poser sur de telles pistes, C-5 ou C-17, gros porteurs Transall C-160 ou Hercules C-130. Elles avaient d'ailleurs été construites dans un but militaire au début des années 1980 par le gouvernement irakien alors en guerre contre l'Iran.

Toutefois, un autre responsable kurde souligne que leur utilisation ne pourrait être que "faible". Le manque d'infrastructures - aucune n'a de tour de contrôle - rendrait difficile l'atterrissage successif, massif et rapide d'avion-cargos ou de transports de troupes, si un front nord était ouvert sans la Turquie.

Officiellement, les responsables kurdes, du PDK comme de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan) affirment que les Américains ne leur ont donné aucun rôle dans le cadre d'une guerre en Irak et que leur action ne sera que défensive.

Quand on les interroge sur la présence de militaires américains au Kurdistan irakien, ils affirment comme Massoud Barzani, chef du PDK, qu'il s'agit de "fantômes", ou bien répondent comme les responsables de l'UPK qu'"il n'y a pas de présence militaire américaine permanente" sur leur territoire même s'ils "vont et viennent".

Toutefois, un haut responsable militaire de l'UPK a confirmé l'information selon laquelle des forces spéciales américaines et britanniques avaient établi un centre opérationnel près de Souleimaniyah, à l'abri des curieux. (AFP, 9 mars 2003)
 

La Turquie à nouveau dans la rue pour manifester contre la guerre

Plusieurs manifestations se sont à nouveau déroulées dimanche en Turquie contre une possible intervention militaire en Irak et la participation de la Turquie à ce conflit, rapporte l'agence Anatolie.

Le parti de la Liberté et de la Solidarité (ODP, extra-parlementaire), a réuni ses partisans à Mersin (sud), devant le port où les Américains débarquent actuellement du matériel militaire dans la perspective de cette intervention, dit Anatolie.

Les responsables de l'ODP ont accusé le gouvernement turc de "faire payer la facture au peuple", de "demander au citoyen (turc) et sa vie, et son salaire", rapporte l'agence de presse.

A Istanbul, ce sont des membres de la Fondation Jeunesse nationale (islamiste), qui ont organisé un rassemblement de protestation devant les locaux régionaux du parti de la Justice et du Développement (AKP au pouvoir), selon la même source.

"Le peuple turc n'a jamais accepté l'asservissement et le dernier exemple en est ce qu'a montré le Parlement", a déclaré l'un des représentants de cette fondation, réclamant que "les véhicules militaires (américains) actuellement dans le port d'Iskenderun soient renvoyés", cite Anatolie.

Un groupe de jeunes sans appartenance politique revendiquée a défilé dans la rue près du grand bazar d'Istanbul, brandissant des pancartes disant "non à la guerre en Irak" et "Etats-Unis assassins", rapporte l'agence de presse.

A l'appel de l'Initiative de la maison Paix et Démocratie, l'ancien défenseur des Droits de l'Homme Akin Birdal a défendu à Ankara devant des "groupes de pression démocratique" l'idée que "la chance pour la paix n'est pas passée", rapporte Anatolie.

"Nous pouvons toujours, tous ensemble, arrêter la guerre", a indiqué M. Birdal, soutenant l'attitude du Parlement mais constatant que, malgré cela, les mouvements (de troupes américaines) au port d'Iskenderun continuaient, selon la même source.

Toujours à Ankara, des membres de l'Association de littérature et de la Maison de la Culture Nazim se sont regroupés pour crier "non à la guerre" et "USA, quittez l'Irak, quittez Incirlik", évoquant la base aérienne utilisée depuis la Guerre du Golfe pour surveiller la zone d'exclusion aérienne du nord de l'Irak.

Le débarquement de matériel militaire américain et l'acheminement de véhicules américains et turcs vers la frontière irakienne se sont poursuivis dimanche en Turquie.

Dans la nuit, un bateau roulier appelé "Rokia Delmas" est arrivé dans le port d'Iskenderun, commençant immédiatement à débarquer son chargement.

Le gouvernement, appuyé par l'état-major, devrait présenter dans les prochains jours la motion autorisant le déploiement américain en Turquie. (AFP, 9 mars 2003)
 

Manifestation à Bruxelles contre une intervention turque au Kurdistan irakien

Plusieurs milliers de Kurdes ont manifesté samedi devant le Parlement européen à Bruxelles pour protester contre une éventuelle intervention militaire de la Turquie au Kurdistan irakien en cas de guerre contre l'Irak.

Les manifestants, au nombre de 5.000, selon la police, ont exprimé leur opposition au président irakien Saddam Hussein tout en demandant à la Turquie de s'abstenir de déployer ses soldats dans la région.

De nombreux manifestants se sont rendus à la manifestation par bus en provenance de plusieurs pays européens dont la France, l'Allemagne, les Pays Bas et l'Espagne, selon l'agence de presse belge Belga.

Ils scandaient des slogans tels que "libérez le Kurdistan", "Saddam Hussein meurtrier" ou "pas d'intervention militaire turque".

La Turquie hésite toujours à soutenir les Etats-Unis lors d'une éventuelle guerre contre l'Irak voisin.

Le parlement turc a rejeté samedi dernier une motion qui devait permettre l'envoi en Turquie de 62.000 soldats américains pour une possible invasion de l'Irak ainsi que le déploiement de milliers de soldats turcs dans le nord du pays en cas de guerre. Le gouvernement turc a fait savoir qu'il envisageait de demander aux députés un nouveau vote sur cette question. (AFP, 8 mars 2003)
 

200 personnalités kurdes d'Iran contre une intervention turque au Kurdistan

Deux cents personnalités kurdes, du monde politique et culturel iranien, dont 22 députés kurdes du Parlement, ont dénoncé dans un communiqué reçu dimanche à Téhéran les "menaces de l'armée turque contre le Kurdistan irakien".

Dans ce communiqué, les signataires dénoncent "la volonté honteuse de la Turquie de violer les frontières internationales d'un autre pays (l'Irak)" ainsi que "le silence lourd de sens des pays de la région, des partis politiques et des organisations de la société civile" face à la politique d'Ankara.

"Nous qui avons payé le plus grand prix en tant qu'êtres humains et non seulement Kurdes, ne pouvons être les témoins de la destruction des expériences de ces dernières années des Kurdes (irakiens) pour défendre leur identité", ajoutent les signataires.

Le chef d'état-major de l'armée turque a lancé mercredi une sévère mise en garde aux factions kurdes du nord d'Irak contre toute volonté de créer un Etat kurde mais aussi une possible opposition à l'entrée des militaires turcs dans cette région.

Dans la perspective d'une guerre menée par les Etats-Unis contre l'Irak pour renverser le régime de Saddam Hussein, l'armée turque envisage d'entrer au Kurdistan irakien, dont une grande partie échappe au pouvoir central de Bagdad depuis 1991 et est sous le contrôle de factions kurdes.

Ankara craint que la création d'une entité kurde indépendante n'encourage une reprise de la rébellion parmi les Kurdes de Turquie. (AFP, 9 mars 2003)
 

Manifestation à Erbil contre une intervention turque au Kurdistan

Quelques centaines de jeunes Kurdes ont manifesté dans le calme samedi matin à Erbil (nord de l'Irak) contre une intervention des soldats turcs au Kurdistan irakien en cas de guerre en Irak, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les jeunes gens, qui avaient pour la plupart revêtu les tenues de leur équipe de football, ont défilé du siège du "gouvernement" kurde vers le "Parlement" à l'appel de de l'Union des jeunes du PDK (Parti démocratique du Kurdistan), parti qui contrôle la partie nord-ouest du Kurdistan irakien.

"Nous ne voulons pas des Turcs", "Nous sommes jeunes et forts, nous pouvons défendre le Kurdistan", ont-ils crié en défilant sous le contrôle d'un service d'ordre vigilant qui n'hésitait pas à faire taire les insultes quand elles s'exprimaient.

Lundi, lors d'une autre manifestation, un drapeau turc avait été brûlé, entraînant l'ire d'Ankara qui a parlé de "provocation", alors que le ton ne cesse de monter entre Turcs et Kurdes.

Au mégaphone toutefois, les organisateurs n'ont pas hésité à appeler les jeunes à se soulever.

"Il est temps pour les jeunes de se soulever à nouveau contre les forces d'occupation, comme en 1991", pouvait-on entendre sur fond de chanson militaire relatant l'insurrection du peuple kurde il y a 12 ans, juste après la guerre du Golfe.

"Nous sommes prêts à nous rendre à la frontière (turco-irakienne) pour empêcher les soldats turcs et toute autre puissance régionale de pénétrer au Kurdistan", a déclaré le chef de l'union, Saïd Mustafa. Il a rappelé que les statuts de son association prévoyaient que "chaque jeune doit protéger le gouvernement et le Parlement".

A leur arrivée au Parlement kurde, les manifestants ont été applaudis par des députés à qui ils ont remis une pétition.

Les Kurdes sont opposés à une quelconque opération militaire sur leur territoire des Turcs, qui de leur côté estiment avoir un droit de regard historique sur le Kurdistan. (AFP, 8 mars 2003)
 

Soldats turcs en Irak: Barzani prédit de "graves conséquences" pour tous

Le dirigeant kurde Massoud Barzani a  prévenu samedi que l'entrée de soldats turcs en Irak aurait de "graves conséquences" pour tous et espéré que les Kurdes irakiens ne seraient pas "trahis" par les Américains en cas de guerre.

"J'espère que les Turcs ne vont pas envoyer de forces (en Irak) car cela entraînerait de très graves conséquences pour le peuple de cette région, pour la Turquie, pour les Etats-Unis et pour tout le monde", a déclaré M. Barzani lors d'une conférence de presse.

"Une incursion des forces turques, de façon unilatérale ou avec les forces américaines, est inacceptable", a répété M. Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK).

Toutefois, a-t-il ajouté, "je suis optimiste sur le fait qu'une réunion tripartite entre Turcs, Américains et opposition, Kurdes inclus, se tiendra très bientôt".

Il n'a pas donné de date ni de lieu pour cette réunion. L'opposition irakienne, réunie la semaine dernière à Salaheddine, avait décidé de dépêcher une délégation de haut niveau pour des discussions multilatérales avec les Etats-Unis et la Turquie. Une telle réunion s'était tenue il y a une quinzaine de jours à Silopi en Turquie.

"Nous sommes engagés dans un dialogue constant avec les gouvernements américain et turc pour trouver des solutions afin d'éviter une possible intervention dans la région", a déclaré M. Barzani.

La Turquie, qui a déployé plusieurs milliers de soldats derrière la frontière au Kurdistan, entend renforcer sa présence dans le nord irakien en invoquant notamment ses intérêts ainsi que la nécessité de s'occuper des réfugiés poussés là par une guerre.

L'opposition irakienne, et surtout les Kurdes, craignent que Washington ne donne carte blanche à la Turquie pour occuper leur région, en contrepartie des facilités qu'Ankara accorderait aux forces américaines susceptibles d'attaquer l'Irak par le nord.

Une motion demandant le déploiement de militaires américains en Turquie pour l'ouverture d'un front nord a été rejetée la semaine dernière par le Parlement turc, mais elle pourrait de nouveau être examinée.

Concernant l'ouverture de ce front nord, M. Barzani a déclaré que "personne ne nous avait donné de rôle", que les "Américains n'avaient pas fourni d'armes ou d'assistants".

"Nous n'avons pas d'aéroport, nous avons des pistes d'atterrissage d'urgence et je ne pense pas qu'elles ont été préparées dans (le) but" d'accueillir des avions militaires américains, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il a espéré "qu'il n'y aura pas de trahison, que nous ne serons pas trahis (par les Américains)".

Il répondait à une question sur la répression des Kurdes par le régime irakien après l'insurrection qui avait suivi la guerre du Golfe en 1991. Le président américain de l'époque George Bush avait encouragé kurdes et chiites à se révolter avant de signer un cessez-le-feu avec Bagdad et n'avait pas soutenu les rebelles.

M. Barzani a estimé que la situation actuelle était différente et qu'il fallait "donner du crédit" au président George W. Bush.

"En 1991, les Américains avaient bâti une large coalition (...) pour libérer le Koweit, cette fois, ils la mènent pour leur propre sécurité nationale", a-t-il dit. "Cette fois l'opinion publique américaine ne peut pas accepter une telle trahison. Le monde a changé, nous ne sommes pas seuls", a-t-il poursuivi.
 Enfin, a-t-il argué, "le président Bush est le premier président à prendre position publiquement pour un système fédéral en Irak".

Le PDK se partage le contrôle du Kurdistan irakien, qui échappe au régime de Bagdad, avec l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).  (AFP, 8 mars 2003)
 

Nouveau débarquement de véhicules militaires américains en Turquie

Un navire a débarqué dans la nuit de jeudi à vendredi plusieurs centaines de véhicules militaires américains dans le port turc d'Iskenderun (sud), signe que les Etats-Unis n'ont pas renoncé à ouvrir un "front nord" contre l'Irak, selon les observateurs.

Parmi les véhicules déchargés, selon les télévisions, figuraient des jeeps, des camions, des ambulances, des engins de travaux publics et des élements destinés à la construction de ponts mobiles.

D'autres véhicules militaires américains avaient été déchargés dans ce port fin février, avant le vote du parlement turc contre le déploiement de forces combattantes américaines dans le pays, mais il s'agissait, selon les autorités, d'éléments destinés aux troupes du génie autorisées à rénover des bases militaires dans le pays.

Il s'agit du premier nouveau débarquement d'équipements militaires dans ce port depuis le vote du parlement samedi dernier. Le gouvernement turc a laissé entendre qu'il demanderait aux députés de voter à nouveau sur la question du déploiement américain.

Par ailleurs, quelque 500 semi-remorques, chargés de véhicules militaires turcs, ont pris vendredi la direction de la frontière avec l'Irak, selon les télévisions.

Ce convoi avait été précédé jeudi par quelque 200 camions militaires turcs qui avait eux aussi pris le chemin de la frontière et qui, selon la presse turque de vendredi, pourraient être passés dans le Nord irakien.

La route menant au poste frontalier d'Habur, seul point officiel de passage entre les deux pays, est interdite à la circulation depuis plusieurs jours, à partir d'un point de contrôle situé à quelques kilomètres de l'Irak.

Selon les médias turcs, le convoi de vendredi --le plus important vu dans la région-- a quitté dans la matinée le quartier-général d'une unité du 2ème corps d'Armée à Urfa, à quelque 340 kilomètres à l'ouest d'Habur.

Les semi-remorques transportaient des chars, des ambulances, des bulldozers et d'autres engins de travaux publics, selon les télévisions. (AFP, 7 mars 2003)
 

Mouvements militaires en Turquie en direction de la frontière irakienne

Quelque 200 camions militaires turcs se dirigeaient jeudi matin vers la frontière irakienne, tandis que des camions américains, chargés sur des semi-remorques, quittaient le port d'Iskenderun, dans le sud du pays, faisant route vers l'est, selon les télévisions et correspondants sur place.

L'état-major des armées a déclaré que les mouvements de troupes turques s'inscrivaient dans le cadre de "mesures normales" et que les activités des "éléments étrangers" étaient sous son contrôle.

Les camions turcs, bâchés, ont traversé dans la matinée la ville de Silopi, en direction du passage frontalier d'Habur, à 15 kilomètres de là, selon un correspondant sur place.

Dans le même temps, à plusieurs centaines de kilomètres plus à l'ouest, des dizaines de semi-remorques, chargés de camions militaires américains récemment débarqués, quittaient Iskenderun, selon les images diffusées par les chaînes de télévision. Ces semi-remorques, escortés par des forces de gendarmerie, avaient pris la direction de Mardin, en route vers l'est du pays, rapportaient à mi-journée les télévisions.

Plusieurs centaines de véhicules militaires américains, notamment des camions et des jeeps, ont été déchargés il y a 15 jours de plusieurs rouliers à Iskenderun.

Les autorités avaient affirmé qu'il s'agissait de véhicules destinés à être utilisés par les quelque 3.500 spécialistes américains du génie chargés de l'aménagement de ports et aérodromes militaires, susceptibles d'être utilisés en cas d'opération militaire contre l'Irak.

Ces travaux, ralentis lundi après un vote au parlement turc contre le déploiement de forces combattantes américaines, avaient repris jeudi après que le gouvernement turc, soutenu par l'armée, a fait savoir qu'il envisageait de demander aux députés de voter à nouveau sur la question.

Dans un communiqué, l'armée turque a exhorté jeudi les médias à ne pas interpréter les mouvements de troupes turques comme des "actions transfrontalières".

Le document souligne en outre que "toutes les activités des éléments étrangers dans notre pays se poursuivent conformément à une motion gouvernementale" autorisant les Etats-Unis à moderniser les bases turques.

Un nouveau vote au parlement ne devrait pas intervenir, au mieux, avant la fin de la semaine prochaine, après le remaniement ministériel qui devrait suivre l'élection, attendue dimanche, du dirigeant du parti au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan, au parlement.

Ce siège parlementaire, acquis à l'occasion d'une législative partielle, lui permettra de prendre officiellement sa place à la tête du gouvernement, qu'il dirige, en coulisse depuis novembre, en coopération avec l'actuel Premier ministre, Abdullah Gul. (AFP, 6 mars 2003)
 

L'Armée turque a apporté son soutien ferme à l'opération US contre l'Irak

Après une attente de quatre jours suivant la giffle cuisante du parlement turc à Bush et à ses complices, l'allié principal des Etats-unis en Turquie, l'armée turque a finalement rompu son silence et a apporté son soutien ferme au déploiement de forces américaines dans le pays. Les militaires turcs ont également mis en garde de manière très sévère les Kurdes d'Irak contre toute opposition à leur propre possible intervention.

"Les vues des forces armées sont les mêmes que celles du gouvernement", a déclaré le chef d'état-major, le général Hilmi Ozkok, lors d'une rare intervention devant les journalistes, auxquels il a lu une déclaration écrite.

Le général Ozkok faisait référence à une motion du gouvernement du parti de la Justice et du Développement (AKP) rejetée samedi dernier par le Parlement. Elle prévoyait un déploiement de 62.000 soldats américains en Turquie et l'envoi de troupes turques dans le nord de l'Irak.

Le rejet de la motion, y compris par près d'une centaine des députés de la majorité gouvernementale, a provoqué surprise et déception à Washington.

"Nous avions pensé que si un front était ouvert dans le nord (de l'Irak) la guerre serait écourtée et que des évènements imprévisibles n'auraient pas lieu", a précisé le général turc.

"Malheureusement, notre choix n'est pas entre le bien et le mal, mais entre le mauvais et le pire", a-t-il dit, soulignant que "si nous ne participons pas à une guerre, (...) il nous sera impossible d'avoir notre mot à dire après la guerre".

Relevant que son pays n'avait ni les capacités, ni les moyens de prévenir à lui seul une guerre, le général Ozkok a indiqué que "la Turquie subira les mêmes dommages, qu'elle participe ou non au processus de guerre".

Il a par ailleurs prévenu les factions kurdes d'Irak qu'elles devraient assumer les conséquences d'une éventuelle confrontation avec l'armée turque, en cas d'intervention de celle-ci au Kurdistan irakien.

"Je leur rappelle notre droit légitime à défendre nos intérêts nationaux et j'espère qu'ils seront prudents et coopératifs", a-t-il dit.

"Ceux qui veulent remplacer la paix par la confrontation en assumeront également la responsabilité et les conséquences", a-t-il dit sèchement.

Lundi, des milliers de Kurdes irakiens avaient manifesté à Erbil contre un possible envoi de soldats turcs dans leur zone, qui échappe au contrôle de Bagdad depuis 1991, et ont brûlé le drapeau turc.

Ankara est très hostile à la création d'une entité kurde indépendante dans le nord de l'Irak, craignant que "ceci n'encourage une reprise de la rébellion parmi les kurdes de Turquie, juste de l'autre côté de la frontière."

La Turquie a déjà déployé plusieurs milliers de soldats dans le nord de l'Irak et s'était proposé d'en augmenter le nombre en cas de guerre.

Mercredi, des cocktails molotov ont été lancés par de inconnus contre la représentation à Ankara du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l'une des deux factions kurdes d'Irak, provoquant des dégâts mineurs, a rapporté l'agence Anatolie. (Info-Türk/AFP, 5 mars 2003)
 

HRW met en garde contre la présence militaire turque en Irak

L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a mis en garde mercredi contre une présence militaire turque en Irak du nord et ses répercussions sur les populations civiles.

"Le souvenir de l'Armée turque dans sa lutte contre la rébellion kurde sur son territoire soulève de sérieuses craintes sur son engagement en Irak du nord", écrit HRW dans un communiqué reçu par l'AFP.

Human Rights Watch souligne que la lutte d'Ankara contre la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, aujourd'hui rebaptisé Kadek) a donné lieu à des violations "massives" des droits de l'Homme au cours de 13 années de conflit.

"Tortures, assassinats, disparitions, expulsions de centaines de milliers de villageois dont les maisons ont été brûlées" font partie de ces violations, alors que le PKK s'est aussi rendu coupable de "massacres de civils et d'exécutions de prisonniers", dit le communiqué de HRW.

L'organisation, basée à New York, rappelle également que l'Armée turque a violé les lois internationales en intervenant par le passé au-delà de sa frontière, en Irak du nord.

"Si les opérations de l'armée turque en Irak du nord ont une quelconque ressemblance avec celles dans le sud-est de la Turquie, on peut s'attendre à un désastre en matière de droits de l'Homme", dit HRW.

"Et la meilleure manière d'éviter que se répète un tel bilan serait de s'assurer que les auteurs des abus du passé restent en dehors de l'Irak du nord", écrit Elizabeth Andersen, responsable du département Asie centrale et Europe à HRW.

Elle recommande en outre de "s'assurer que des inspecteurs civils soient présent sur le terrain pour vérifier le comportement des militaires".

La Turquie, qui refuse pour l'instant d'autoriser le déploiement de militaires américains devant intervenir en Irak, envisage d'envoyer des troupes en Irak du nord pour s'occuper de réfugiés, empêcher la proclamation d'un état kurde indépendant et traquer les rebelles kurdes du PKK.

Ankara a lutté durant une quinzaine d'année contre une rébellion kurde visant à la création d'un état dans le sud-est de son pays, jusqu'à l'arrestation de son chef en 1999. Le conflit a fait quelques 36.500 victimes. (AFP, 5 mars 2003)
 

Un commandement politico-militaire conjoint pour le PDK et l'UPK

Les deux principales factions kurdes qui contrôlent le nord de l'Irak ont annoncé mardi la création d'un commandement politique et militaire conjoint, en raison des "circonstances critiques" dans la région.

Dans un communiqué co-signé par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani), les deux formations soulignent que "les circonstances critiques dans la région exigent davantage l'unité des rangs et la conjugaison des énergies".

Selon le communiqué, "le haut commandement conjoint" est chargé de la coordination entre les deux formations notamment dans "les domaines politique, militaire et administratif".

Le haut commandement est co-présidé par MM. Barzani et Talabani. Il regroupe des membres des deux formations.

Un responsable du PDK a estimé dans une déclaration à l'AFP que la mise en place de ce commandement unifié était "un indice sur la fin des divergences entre les deux factions et sur leurs efforts visant à unifier le discours politique des Kurdes en prévision de la prochaine étape".

Les deux factions, qui se disputaient le nord de l'Irak (qui échappe au pouvoir de Bagdad depuis la guerre du Golfe en 1991), avaient scellé fin 2002 leur réconciliation en ratifiant un accord de paix signé en 1998 à Washington. (AFP, 4 mars 2003)
 

Une partie des Turcomans craignent l'entrée des Turcs au Kurdistan irakien

Une partie des Turcomans du Kurdistan irakien se dit opposée à une opération militaire turque au Kurdistan et refuse de servir de prétexte à une intervention turque qui risquerait de se retourner contre eux.

Si d'un côté le parti du Front turcoman irakien, proche d'Ankara, menace d'appeler les Turcs à la rescousse en cas de "provocation" kurde, une autre partie des Turcomans du Kurdistan assure qu'elle sera aux côtés des Kurdes en cas d'entrée de soldats turcs au Kurdistan irakien qui échappe au contrôle de Bagdad depuis 1991.

"Nous avons la même position que les Kurdes sur la question", affirme Jawdat al-Najar, ministre turcoman chargé des questions de sa communauté au sein du gouvernement d'Erbil, dans la région contrôlée par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK).

S'il le faut, "les Turcomans se battront contre les Turcs avec les Kurdes", n'hésite-t-il pas à ajouter alors que le ton monte entre responsables turcs et kurdes.

Selon le Front turcoman d'Irak, il y aurait trois millions de Turcomans mais selon d'autres estimations il y en aurait 500.000, répartis essentiellement dans les régions d'Erbil, Souleimaniyah, ainsi qu'à Kirkouk et Mossoul. Ces deux dernières régions sont actuellement contrôlées par Bagdad et convoitées par les Kurdes.

Le ministre turcoman, de son côté, évoque la fraternité ancestrale entre Kurdes et Turcomans, les nombreux mariages mixtes, les droits de la minorité qu'il représente: la liberté politique et d'expression - une dizaine de partis et associations, deux télévisions turcomanes, huit journaux et magazines, quatre radios, des programmes dans leur langue sur la radio satellitaire du PDK, des écoles turcomanes. Les Turcomanes du Kurdistan ne sont toutefois pas représentés au Parlement.

"Sous l'empire ottoman, les Turcomans, comme les Kurdes ou les arabes, étaient privés de liberté, enrôlés de force dans l'armée", rappelle-t-il.

Si ces responsables insistent sur les acquis et disent ne pas craindre de représailles en cas d'intervention turque, les Turcomans de la rue eux ne cachent pas leurs craintes.

Selon Gérard Gauthier de l'Institut français des langues, à Erbil depuis quatre ans, "les Turcomans ne se sentent pas du tout Turcs et n'ont aucun intérêt à voir arriver les soldats turcs. Mais ils se disent aussi que si cela arrivait, les Kurdes leur en voudront et que cela les mettra dans une situation impossible".(AFP, 5 mars 2003)
 

Des Kurdes d'Irak manifestent contre un éventuel envoi de soldats turcs

Des milliers de Kurdes irakiens ont manifesté lundi contre un possible envoi de soldats turcs dans leur zone qui échappe au contrôle de Bagdad depuis 1991, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Les manifestants ont parcouru plusieurs kilomètres à Erbil, dans le Kurdistan irakien (nord), criant des slogans hostiles à la Turquie et demandant "une protection internationale pour le peuple kurde".

Des partis politiques et différentes associations ont appelé à cette manifestation au cours de laquelle des étudiants ont brûlé des drapeaux turcs devant le siège d'agences de l'Onu.

Le peuple kurde "se soulèvera" si jamais l'armée turque envahit le nord de l'Irak dans le cadre d'une attaque des Etats-Unis pour renverser le régime de Saddam Hussein, a affirmé samedi le dirigeant kurde Massoud Barzani, à l'issue d'une conférence de l'opposition irakienne.

"Même si les troupes turques sont sous commandement militaire américain, ce ne serait pas acceptable pour nous", a déclaré à la presse M. Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK).

Le PDK et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) se partagent le contrôle du Kurdistan irakien.(AFP, 3 mars 2003)
 

Des batteries antimissiles Patriot opérationnelles dans le sud-est turc

Trois batteries antimissiles Patriot, envoyées par les Pays-Bas pour protéger la Turquie en cas de guerre en Irak, sont désormais opérationnelles sur les aérodromes militaires de Diyarbakir et Batman, dans le sud-est du pays, a-t-on appris dimanche de sources militaires locales.

Deux batteries ont été déployées à Diyarbakir, la plus importante ville du sud-est anatolien, et une à Batman, située à environ 100 km plus à l'est, non loin de la frontière irakienne.

Les batteries sont servies par quelque 300 soldats néérlandais.

Chaque batterie comprend cinq véhicules de tir, équipés de quatre missiles chacun.

Les trois batteries peuvent tirer jusqu'à 60 missiles en même temps pour intercepter, à moyenne ou haute altitude, des missiles ennemis.

L'Alliance atlantique avait décidé le 19 février, après une crise de plusieurs jours résultant d'une opposition de la Belgique, de l'Allemagne et de la France, de fournir ces moyens de protection à la Turquie, seul membre de l'Otan à partager une frontière avec l'Irak.

Outre les Patriot, les moyens de l'Otan comprennent des unités spécialisées de protection contre les armes chimiques et bactériologiques et des avions radars Awacs, déployés sur la base aérienne de Konya, dans le centre du pays. (AFP, 2 mars 2003)
 

Le parlement turc refuse le déploiement des forces américaines

Le parlement turc a rejeté le 1er mars 2003 une motion appelant à un déploiement massif de soldats américains dans le pays, portant ainsi un coup sévère aux préparatifs militaires des Etats-Unis pour une possible guerre en Irak.

Le vote s'est déroulé au moment où 50.000 personnes manifestaient pacifiquement à Ankara contre une guerre en Irak.

Le Premier ministre Abdullah Gul, qui avait soumis la motion au parlement, a affirmé respecter la décision des députés, mais n'a pas exclu un nouveau vote sur la question en raison de l'absence d'une majorité claire à l'issue d'un débat et d'un vote à huis-clos.

Un total de 264 députés ont voté pour le déploiement, 250 ont voté contre et 19 se sont abstenus, selon le président du parlement, Bulent Arinc. Le parlement compte 550 députés.

La motion n'a pas été adoptée car elle a recueilli moins de la majorité des voix des députés présents lors du vote.

"Le gouvernement et le parti vont évaluer s'il faut présenter ou non une seconde motion" au parlement, a déclaré M. Gul à la télévision.

"Nous allons nous réunir, évaluer la situation et faire ce qui est nécessaire", a déclaré M. Gul.

Selon Dengir Mir Mehmet Firat, un député du parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir, les dirigeants du parti se réuniront dimanche pour décider de la marche à suivre.

"Non, une décision n'a pas été prise", a affirmé ce député à la presse qui lui demandait de confirmer le rejet de la motion.

"La majorité absolue n'ayant pas été atteinte, une décision n'a donc pas pu être prise. La décision n'a pas été rejetée ou approuvée. La décision n'a pas été prise faute d'une majorité absolue", a estimé pour sa part M. Arinc qui semblait lui aussi préparer le terrain pour un nouveau vote.

"Il n'y a pas de différence entre +n'a pas été acceptée+ et +a été refusée+", a estimé pour sa part Mustafa Ozyurek, vice-président du groupe parlementaire du parti Républicain du Peuple (CHP) qui a voté contre la motion.

"Je ne pense pas que le gouvernement va représenter prochainement la motion au Parlement", a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision CNN-Turk.

La révolte au sein du groupe parlementaire de l'AKP porte un coup sévère au prestige du gouvernement qui disposait d'une majorité théorique de près de deux-tiers à l'Assemblée.

Aux Etats-Unis, le résultat du vote a été accueilli avec incrédulité.

"Ils ont dit quoi ?", s'est exclamé, incrédule, un responsable du département d'Etat à l'annonce de l'échec de la motion.

"Nous respectons ceci en tant que résultat démocratique", a affirmé pour sa part Joseph Pennington, un porte-parole de l'ambassade américaine à Ankara.

"Les relations des Etats-Unis avec la Turquie ne sont en aucune façon menacées", a-t-il dit à l'AFP.

L'ambassadeur américain, Robert Pearson, pour sa part a déclaré "attendre l'avis du gouvernement de la Turquie sur comment procéder".

Washington a exercé des pressions considérables sur les responsables turcs dans l'espoir d'obtenir cette autorisation, allant jusqu'à proposer une aide de six milliards de dollars.

La motion devait permettre l'envoi en Turquie de 62.000 soldats américains pour une possible invasion de l'Irak ainsi que le déploiement de milliers de soldats turcs dans le nord de l'Irak en cas de guerre.

Le vote, plusieurs fois reporté, est intervenu au terme de deux semaines de négociations entre Américains et Turcs sur les conditions d'une coopération militaire contre l'Irak.

Mais l'absence d'un accord sur les compensations, notamment financières, que Washington proposait à Ankara, a sans doute influer sur le vote des députés.

Les députés, comme la population dans son ensemble, sont hostiles à l'idée d'une guerre en Irak, mais le gouvernement avait tenté de les convaincre en affirmant que le pays avait plus à perdre qu'à gagner en restant en dehors d'un conflit, jugé inévitable.

Une certaine confusion a entouré l'annonce du résultat du vote.

L'agence Anatolie et plusieurs chaînes de télévision ont tout d'abord affirmé que les députés, réunis à huis-clos, avaient accepté le déploiement des GI's, avant d'annoncer un recours contre la décision par le CHP, puis le rejet de la motion.

Tandis que les députés entamaient leur débat de trois heures au parlement, quelque 50.000 personnes manifestaient à Ankara contre la guerre.

"Nous ne voulons pas être les marionnettes des Américains", "A bas l'impérialisme américain", "Pas de guerre pour le pétrole", "Un oui à la guerre est une trahison pour le pays", ont scandé les manifestants encadrés par près de 5.000 policiers, dont les véhicules blindés étaient déployés autour du parlement.

Le vote pourrait forcer les Etats-Unis à renoncer à leur stratégie de prendre en tenaille l'Irak en cas de guerre.

Plusieurs navires américains croisent depuis une semaine au large de la Turquie et attendaient de pouvoir débarquer leur matériel de guerre. Ils pourraient maintenant aller renforcer les forces américaines dans le Golfe si Washington devait renoncer au "front nord" contre Bagdad, à partir de la Turquie. (AFP, 1er mars 2003)
 

Consternation au département d'Etat après le vote du Parlement turc

L'annonce du refus du Parlement turc d'autoriser le déploiement de 62.000 militaires américains a provoqué samedi la consternation au département d'Etat, où un communiqué très chaleureux est resté lettre morte.

"Ils ont dit quoi?", s'est exclamé, incrédule, un responsable du département d'Etat à l'annonce de l'échec de la motion.

La Maison Blanche, également sollicitée par l'AFP, n'a pas fait non plus le moindre commentaire sur le rejet par le Parlement turc d'une motion appelant à un déploiement massif de soldats américains dans le pays, faute de majorité absolue, annoncé par le président du parlement, Bulent Arinc.

Washington avait exercé des pressions considérables sur les responsables turcs dans l'espoir d'obtenir cette autorisation, allant jusqu'à proposer une aide de six milliards de dollars en échange de facilités pour permettre aux Américains d'attaquer éventuellement le front nord de l'Irak.

Vendredi, un responsable américain parlant sous couvert de l'anonymat avait indiqué que si le vote du Parlement turc sur ce sujet, déjà reporté à plusieurs reprises, était encore retardé et survenait "trop tard", Washington pourrait envisager d'autres options pour le déploiement de ses forces.

"Nous nous attendons à ce que le Parlement vote demain", samedi, pour donner son feu vert, avait alors dit le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher.

Des responsables du département d'Etat ont indiqué samedi qu'un communiqué préparé à l'avance "n'était plus valable".

Dans ce texte, les Etats-Unis prévoyaient de "saluer chaleureusement la décision du parlement turc d'autoriser des forces américaines à entrer en Turquie pour d'éventuelles opérations militaires en Irak", et d'"applaudir le leadership courageux du gouvernement turc".

Le département d'Etat avait également l'intention de souligner que "les Etats-Unis et la Turquie partagent une même vision d'un Irak libre de toute forme d'oppression sur la voie d'un avenir libre, pacifique et prospère conformément aux principes de la charte des Nations Unies".

L'ambassade des Etats-Unis à Ankara a fait savoir que Washington "respecte" la décision du parlement turc.

"Les relations des Etats-Unis avec la Turquie ne sont en aucune façon menacées", a déclaré un porte-parole de l'ambassade.

Un total de 264 députés ont voté pour le déploiement, 250 ont voté contre et 19 se sont abstenus, selon le président du parlement, Bulent Arinc. La motion n'a pas été adopté car elle a recueilli moins de la majorité des voix des députés présents lors du vote, selon M. Arinc, cité par l'agence Anatolie.

Mardi, le secrétaire d'Etat Colin Powell avait appelé le Premier ministre turc Abdullah Gul pour plaider en faveur d'un accord permettant le déploiement de troupes américaines le plus vite possible dans la perspective d'un conflit en Irak. (AFP, 1er mars 2003)
 

Quelques 50.000 manifestants à Ankara contre une guerre en Irak

Une manifestation pacifiste, rassemblant quelque 50.000 personnes selon les télévisions, s'est déroulée sans incident samedi à Ankara alors que le parlement débattait d'une motion sur le déploiement de soldats américains dans le pays en prévision d'une guerre en Irak.

Il s'agit de la plus importante manifestation de ce type en Turquie depuis le début de la crise irakienne.

Syndicats, organisations socio-professionnelles et de la société civile ainsi que formations politiques extra-parlementaires et le parti républicain du Peuple (CHP, seule formation d'opposition au Parlement) avaient appelé à ce rassemblement programmé pendant le débat au parlement.

Les députés, réunis à huis-clos, devraient autoriser l'entrée sur le territoire national de 62.000 soldats américains en prévision d'un conflit, malgré l'opposition d'une grande partie de l'opinion publique.
 Neuf Turcs sur 10, selon un récent sondage, sont opposés à une guerre en Irak.

Selon les chaînes d'informations CNN-Turk et NTV, le nombre des manifestants était "proche de 50.000". La police, très présente sur les lieux, n'a donné aucune estimation sur le nombre de participants.

Parmi ces derniers, certains brandissaient des drapeaux irakiens, d'autres brûlaient des mannequins représentant "l'Oncle Sam".

"Le peuple arrêtera cette guerre", proclamaient de nombreuses banderoles, tandis que d'autres affirmaient que "dire oui à la guerre, c'est trahir la patrie", en référence au vote du parlement.

"Si la motion est adoptée, que le Parlement aille sous les drapeaux", scandaient des manifestants.

Nombre de pancartes dénonçaient "l'impérialisme américain" ou appelaient à une "intifada mondiale".

"USA, dégagez, ce pays est le nôtre!", "Nous ne voulons pas être les marionnettes des Américains", "Pas de guerre pour le pétrole", affichaient d'autres banderoles.

Des chanteurs locaux ont organisé un concert au centre ville où des artistes et syndicalistes se sont succédés pour dénoncer les pressions américaines et la logique de guerre.

Le rassemblement s'est dispersé lentement en milieu d'après-midi, sous le soleil et sans incident, mais les principaux axes de la capitale n'ont rouvert à la circulation qu'une heure plus tard, seuls les accès au métro étant autorisés.

De nombreux véhicules blindés de la police et de la gendarmerie avaient été déployés dans le centre-ville, notamment autour du parlement où se déroulait le débat.

Quelque 400 autocars avaient acheminé vers la capitale des manifestants de différentes régions du pays et 5.000 policiers avaient été mobilisés pour parer à tout débordement, selon l'agence Anatolie.  (AFP, 1er mars 2003)
 

Kurdish Question/Question kurde

Le tribunal refuse de libérer les quatre ex-députés kurdes jugés à Ankara

La Cour de sûreté turque qui juge depuis vendredi à Ankara quatre ex-députés kurdes de Turquie a refusé de les remettre en liberté dans l'attente de leur nouveau jugement, comme le demandaient leurs avocats.

Ces quatre anciens députés, dont une femme, Leyla Zana, avaient été condamnés en 1994 à 15 ans de prison pour aide aux rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les trois autres accusés sont Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak.

Les accusés sont détenus à la prison centrale d'Ankara.

A l'issue de l'audience de vendredi, le juge a fixé la reprise du procès au 25 avril.

Les quatre ex-députés doivent leur nouveau procès à une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui a jugé le premier procès inéquitable, et à une décision du Parlement turc qui a autorisé de nouveaux procès pour les personnes dont les sentences ont été condamnées par la Cour de Strasbourg.

A l'ouverture du procès, Mme Zana a appelé l'Union européenne à encourager les réformes en cours en ouvrant immédiatement des négociations d'adhésion avec la Turquie.

"D'importants progrès ont été réalisés au cours des dernières années en matière de démocratisation", a affirmé Mme Zana, pour qui la Turquie doit néanmoins faire davantage en matière de respect des droits de l'Homme.

"C'est décevant, la Turquie a perdu une occasion de faire preuve d'une attitude démocratique pragmatique", a commenté Luigi Vinci, député italien au parlement européen venu en observateur. Si les quatre prévenus ne sont pas libérés lors de la prochaine audience, ce sera un "scandale", a-t-il dit à l'AFP.

Mme Zana, dont le procès est suivi avec attention par la Commission européenne, a appelé l'Union européenne à encourager les réformes en ouvrant immédiatement des négociations d'adhésion avec la Turquie.

"Cela accélèrerait le processus de démocratisation de la Turquie", a estimé l'ex-députée, qui a reçu du parlement européen le prix Sakharov pour la liberté d'expression.
 Les dirigeants européens ont prévu de se prononcer fin 2004 sur l'éventuelle ouverture de négociations d'adhésion avec Ankara, en fonction des réformes réalisées d'ici là par les autorités turques.

Mme Zana, âgée de 42 ans, et trois autres ex-députés --Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak-- avaient été condamnés en décembre 1994 à 15 ans de prison pour aide aux séparatistes armés du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ils doivent leur nouveau procès à une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui a jugé le premier procès inéquitable, et à une décision du parlement turc qui a autorisé de nouveaux procès pour les personnes dont les sentences ont été condamnées par la Cour, dont le siège se trouve à Strasbourg dans l'est de la France.

Il s'agit du premier procès de ce type depuis l'adoption des nouvelles mesures par le parlement en janvier.

Le procès s'est ouvert en présence de nombreux avocats, défenseurs des droits de l'Homme, diplomates, journalistes, ainsi que deux députés du parlement européen. Plus de 200 policiers avaient été mobilisés.

Mme Zana s'est défendue d'avoir incité les Kurdes de Turquie à la rébellion ouverte. "Nous n'avions qu'un seul objectif au parlement, c'était d'arrêter l'effusion de sang entre frères", a-t-elle ajouté.

Les quatre députés, qui, après leur élection en 1991, avaient provoqué un tollé en tentant de prêter serment en langue kurde au parlement, avaient vu leur immunité parlementaire levée afin qu'ils puissent être jugés pour liens avec le PKK.

"Nous sommes jugés pour nos opinions politiques", a affirmé M. Dicle.

La question kurde est particulièrement sensible en Turquie, pays qui compte plus de 10 millions de Kurdes, mais qui ne les reconnaît pas en tant que minorité nationale.

Le parlement a autorisé l'été dernier la diffusion d'émissions radio-télévisées en langue kurde, ainsi que l'enseignement, dans des écoles privées, de cette langue. La diffusion d'émissions n'a toutefois pas commencé.

Début mars, la justice turque a interdit un parti pro-kurde, le Hadep, et a appelé à l'interdiction d'un parti frère, le Dehap, estimant qu'ils portaient atteinte à l'unité du pays et appuyaient les activités clandestines du PKK  (rebaptisé Kadek).

Le PKK a mené pendant 15 ans une lutte séparatiste dans le sud-est du pays, qui a fait officiellement 36.000 morts. Il a déposé les armes en 1999.(AFP, 28 mars 2003)
 

Allemagne: 150.000 manifestants contre la guerre, 30.000 Kurdes à Francfort

Les manifestations allemandes contre la guerre en Irak ont rassemblé samedi environ 150.000 personnes, selon les estimations de la police, dont 30.000 Kurdes venus de toute l'Europe qui ont défilé à Francfort (centre-ouest) à l'occasion de leur Nouvel an, le Newroz.

A Berlin, près de 40.000 personnes, portant des banderoles "Arrêtez la guerre" ou encore "Sans nous, la guerre en Irak", ont arpenté sous le soleil la prestigieuse avenue Unter den Linden jusqu'à la Porte de Brandebourg, à l'appel du mouvement anti-mondialisation Attac et de plusieurs syndicats.

Les organisateurs entendaient aussi protester contre l'ouverture de l'espace aérien allemand aux avions américains participant à l'offensive militaire contre l'Irak.

Des dizaines de cortèges ont défilé dans les villes allemandes, 11.000 personnes par exemple à Nuremberg (sud-est), 10.000 à Stuttgart (sud-ouest) ou à Hambourg (nord). 7.000 opposants à la guerre se sont aussi rassemblés devant le quartier général américain de Heidelberg (sud-ouest).

A Francfort, la manifestation rassemblant 30.000 Kurdes d'Europe s'est déroulée dans le calme, sous la surveillance d'un important dispositif policier. Les manifestants ont proclamé leur solidarité avec les Kurdes d'Irak et de Turquie. Certains ont scandé des slogans contre une possible offensive militaire turque dans le Kurdistan irakien.

Ils ont aussi réclamé la libération du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek), Abdullah Ocalan, emprisonné en Turquie.

Jeudi, au premier jour de l'offensive militaire américano-britannique contre l'Irak, 250.000 Allemands avaient participé aux manifestations contre la guerre. (AFP, 22 mars 2003)
 

Célébration du Newroz en Turquie: près de 70 interpellations

Environ 70 personnes ont été interpellées vendredi par la police dans le sud-est de la Turquie au cours des célébrations du Newroz, le Nouvel an persan fêté par les Kurdes, mais cette journée s'est déroulée sans incident majeur, a annoncé la police.

Au total 180.000 Kurdes, selon une estimation de la police, ont participé à travers le pays à ces célébrations, marquées par des défilés et des fêtes de rue. Cette année, ces manifestations ont aussi donné l'occasion aux Kurdes de Turquie de dénoncer la guerre menée par les Etats-Unis en Irak.

La police avait renforcé la sécurité dans le sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes, où les célébrations du Newroz ont été émaillées de violences les années précédentes.

Les Kurdes de Turquie, qui constituent une importante minorité de dix millions de personnes, selon les estimations les plus basses, profitent habituellement de cette journée pour réclamer des droits accrus pour leur communauté.

Le Newroz donne également lieu à des manifestations de soutien aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont combattu entre 1984 et 1999 les forces turques.

Selon la police, 66 personnes ont été interpellées dans plusieurs localités du sud-est du pays pour des "agissements contraires à la loi".

Le rassemblement le plus important a eu lieu à Diyarbakir, principale ville du sud-est de la Turquie.

Rassemblés dès les premières heures de la matinée à la périphérie de la ville pour cette antique fête païenne qui marque aussi l'arrivée du printemps, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont participé à la manifestation, sous la haute surveillance de centaines de policiers et de gendarmes en tenues anti-émeutes. (AFP, 21 mars 2003)
 

Nouvel an kurde: 30 interpellations lors d'une manifestation dans l'est

La police turque a interpellé jeudi trente personnes qui manifestaient à Van (est) à la veille de la fête du Newroz, le Nouvel an traditionnel kurde, a rapporté l'agence Anatolie.

Les célébrations sur le campus de l'université de Van ont débuté dans le calme jusqu'à ce que l'un des étudiants déploie une banderole en faveur du chef rebelle kurde emprisonné, Abdullah Ocalan, a précisé l'agence.

La police a interpellé 30 personnes et renforcé la sécurité sur le campus.

Le Newroz, fête païenne d'origine zoroastrienne, qui annonce le réveil de la nature, est traditionnellement pour les Kurdes l'occasion d'affirmer leur identité, et a souvent été perturbé dans le passé par des affrontements sanglants entre la rébellion du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek) et les forces de l'ordre.

La tension est généralement vive lors de cette fête dans le sud-est, à majorité kurde, de la Turquie.

L'année dernière, deux personnes avaient été tuées et de nombreuses autres blessées lors d'incidents avec les forces de l'ordre.

Le PKK avait fait du Newroz un symbole de sa rébellion pour un Etat kurde indépendant, lancée en 1984. Cette rébellion avait cessé en 1999 après la capture et la condamnation de son chef Ocalan.

Les événements les plus graves se sont produits en 1992, lorsque les affrontements entre le PKK et les forces de l'ordre avaient fait une cinquantaine de morts dans le sud-est. (AFP, 20 mars 2003)
 

Ankara veut profiter d'une guerre pour étouffer l'opposition kurde (Hadep)

Le parti pro-kurde de la Démocratie du peuple (Hadep), interdit jeudi par la justice turque, a accusé vendredi l'Etat turc de vouloir profiter d'une possible guerre en Irak pour étouffer l'opposition kurde en Turquie.

"A l'orée d'une guerre (...) La Turquie veut aménager son intérieur", a affirmé lors d'une conférence de presse le président du parti, Ahmet Turan Demir, interdit par la Cour constitutionelle pour liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek), organisation illégale.

Selon M. Demir, l'Etat turc veut "réduire au silence les institutions démocratiques" et interdire sa formation pour "contrôler" l'opposition kurde.

"Il y a sans aucun doute un lien" entre l'interdiction du Hadep et les préparatifs pour une guerre en Irak, a-t-il notamment affirmé.

M. Demir a indiqué que le parti ferait appel de la décision de la Cour auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg et s'est déclaré confiant d'obtenir gain de cause.

"On ne peut pas interdire la pensée en interdisant des partis politiques," a-t-il souligné, ajoutant que le Hadep n'avait fait qu'oeuvrer en faveur de la promotion de la liberté d'expression et de la démocratie dans le pays.

Un total de 46 membres du Hadep (fondé en 1994), dont des membres fondateurs, ont été interdits de politique pour cinq ans, aux termes de la décision de la Cour qui est sans appel.

Nombre de dirigeants du Hadep, craignant l'interdiction de leur parti, étaient passés l'an dernier, avant les élections législatives de novembre,  dans les rangs du Dehap (Parti démocratique du peuple), dont le procureur de la Cour de cassation turque, Sabih Kanadoglu, a demandé l'interdiction jeudi.

Le Hadep nie tout lien avec le PKK, qui a lui même abandonné la lutte armée en 1999 après 15 ans de rébellion. Le Hadep avait remporté plusieurs municipalités lors d'élections locales en 1999. (AFP, 14 mars 2003)
 

Le Hadep interdit, les Kurdes continueront leur combat sous un autre nom

"Ils continueront à interdire nos mouvements politiques mais nous continuerons à les ressusciter", explique le barbier entre deux clients. Dans le souk de Diyarbakir, bastion kurde du sud-est de la Turquie, l'interdiction du parti Hadep laisse quasi indifférent.

Derrière les étals d'oranges, d'agrumes et d'épices, les langues peinent à se délier: politique et commerce ne font pas bon ménage. Les marchands redoutent surtout que ne traînent dans les parages les oreilles indiscrètes de policiers en civil.

"Les Turcs cherchent à affaiblir la cause kurde en nous bâillonnant politiquement mais ils se trompent car cela affaiblit leur image à l'étranger et nous apporte de nouveaux sympathisants", reprend le jeune barbier, arrivé à Diyarbakir après que son village eut été incendié par des inconnus lors du conflit entre soldats turcs et séparatistes kurdes (1984-1999).

Assis dans un fauteuil en cuir délabré, son client acquiesce. "Ankara hausse le ton et cela pourrait conduire à un nouveau conflit. Mais nous n'avons pas peur. Ce qui se produira sera la volonté d'Allah", dit-il.

Au terme d'une longue procédure judiciaire, la Cour constitutionnelle turque a prononcé jeudi l'interdiction du parti de la Démocratie du peuple (Hadep), principale formation pro-kurde du pays, portant à 24 le nombre de partis interdits en Turquie depuis 1963.

Presque simultanément, le procureur de la Cour de Cassation a lancé une procédure d'interdiction contre le Parti démocratique du peuple (Dehap), accusé de menées subversives contre l'intégrité nationale.

Ces initiatives ont suscité peu de remous au sein de la communauté kurde, ultra-majoritaire dans le sud-est anatolien. "Je n'aime pas parler de politique. Tout ce que je peux dire, c'est que j'adore la démocratie et la liberté", se hasarde le propriétaire d'une petite papeterie.

Une manifestation organisée vendredi par le Hadep, qui revendique 40.000 membres dans la seule ville de Diyarbakir, n'a réuni que quelques dizaines de personnes, filmées de long en large par les forces de sécurité turques.

"La décision de la Cour constitutionnelle aura un impact sur le nom de notre parti, pas sur la poursuite de notre action", a lancé à cette occasion Mefair Altindag, un responsable régional du Hadep.

Ce parti, créé en mai 1994, a lui-même succédé à un autre parti pro-kurde, le Parti de la Démocratie (DEP), interdit un mois plus tard. Les membres du Hadep envisagent maintenant de rejoindre le Dehap --en attendant une possible interdiction de celui-ci-- ou de refonder leur mouvement sous un nouveau nom.

"Le temps passe et rien ne change. Ils tentent d'empêcher notre action sous un étendard, nous la perpétuons sous un autre. Nous sommes résolus à poursuivre sur le chemin de la lutte politique", confie M. Altindag, dans un entretien accordé à l'AFP.

De leur côté, les autorités turques assurent mordicus que l'action du Hadep va bien au-delà du champ politique et que la formation entretient des liaisons dangereuses avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek), une organisation illégale qui a combattu l'armée turque pendant près de 15 ans.

"Vous savez, ils ont l'air bien respectable devant les objectifs des caméras mais, derrière ces apparences, ce sont les mêmes que l'on retrouve dans les rangs du PKK", expliquait un policier en marge de la manifestation du Hadep. (AFP, 14 mars 2003)
 

Ankara interdit HADEP, lance une procédure contre DEHAP

La justice turque a interdit jeudi un parti kurde et appelé à l'interdiction d'un parti frère à un moment où les tensions vont croissant dans les régions kurdes du sud-est anatolien à l'approche d'une guerre en Irak.

L'interdiction par la Cour constitutionnelle du parti de la Démocratie du peuple (Hadep) pourrait également porter tort à la candidature de la Turquie à l'Union européenne, estiment les diplomates.

Le Hadep est le 24ème parti politique à être interdit par la Cour constitutionelle depuis la création de cette instance en 1963.

"Après examen des preuves, il a été conclu que le Hadep est devenu un centre d'activités portant atteinte à l'unité indivisible de l'Etat en aidant et appuyant" le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek), une organisation illégale, a annoncé le président de la Cour constitutionelle Mustafa Bumin.

Quarante-six membres du Hadep, dont des membres fondateurs du parti, ont été interdits de politique pour cinq ans et les avoirs du parti saisis.

"Hadep n'a aucun lien avec la lutte armée. Nous avons toujours cru en une résolution pacifique des problèmes", a déclaré à l'AFP Mefair Altindag, chef de la branche régionale du Hadep à Diyarbakir, ville principale du sud-est anatolien.

"Ce sont le PKK puis le Kadek (nouveau nom du PKK, ndlr) qui se sont livrés à la lutte armée mais nous n'avons pas de liens avec eux", a-t-il ajouté.

Moins d'une demi-heure après cette décision sans appel de la Cour, le procureur de la Cour de cassation, Sabih Kanadoglu, appelait à l'interdicton du parti démocratique du peuple (Dehap), formation étroitement liée au Hadep.

M. Kanadoglu a affirmé que les activité du Dehap sont "contraires aux principes d'état de droit, d'équité et de république démocratique", rapporte l'agence Anatolie.

Le Dehap, fondé en 1999 --au moment où une procédure d'interdiction était lancé contre le Hadep-- a récemment accueilli d'anciens membres de ce parti.

Ceux-ci, craignant de voir leur formation interdite, étaient passés au Dehap à la veille des élections législatives de novembre.

Hadep et Dehap constituent les deux principales formations pro-kurdes de Turquie.

Le Dehap seul avait présenté des candidats aux élections, recueillant quelque 5% des suffrages, mais aucun siège parlementaire.

Le Hadep avait pour sa part remporté plusieurs municipalités lors d'élections régionales en 1999.

Le Hadep, créé en mai 1994, avait lui même succédé à un autre parti pro-kurde, le Parti de la Démocratie (DEP), interdit un mois plus tard.

Plusieurs membres du Hadep ont déjà été condamnés par la justice pour liens présumés avec le PKK, qui a abandonné la lutte armée après la capture et la condamnation pour "trahison et séparatisme" de son chef Abdullah Ocalan en 1999.

La procédure à l'encontre du Hadep avait été lancée en janvier 1999 par le procureur de la Cour de cassation de l'époque Vural Savas.

M. Savas accusait notamment le Hadep "d'avoir des liens organiques" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rabaptisé Kadek), qui a mis fin en 1999 à 15 ans de lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le sud-est anatolien à majorité kurde.

Le cas le plus célèbre d'interdiction de parti pro-kurde en Turquie est sans doute celui du précédesseur du Hadep, le Parti de la Démocratie (DEP) en juin 1994, accusé d'avoir servi de relais au PKK.

Quatre membre du DEP, dont Mme Leyla Zana, lauréate en 1995 du Prix Sakharov pour la liberté d'expression du Parlement européen, purgent actuellement des peines de 15 ans de prison pour "appartenance" au PKK.

Leur cas avait provoqué de multiples démarches de l'Union européenne, à laquelle la Turquie souhaite adhérer. Au terme d'une série de réformes récemment adoptées par le parlement turc, ils doivent être prochainement rejugés.

D'autres partis pro-kurdes, notamment le Parti du Travail du peuple (HEP) et le Parti de la Liberté et de la Démocratie (OZDEP) ont également été dissous pour séparatisme.

En février 1999, un parti pro-kurde modéré, le Parti démocratique des masses (DKP), dirigé par un ancien ministre, Serafettin Elci, a été interdit pour avoir porté atteinte à l'unité de la Turquie et prôné les différences régionales et ethniques dans son programme.

La Cour constitutionelle a également interdit des partis de gauche sous l'accusation d'activités communistes et plusieurs partis pro-islamistes pour des activités anti-laïques.

Le parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir actuellement à Ankara est également issu d'un parti dissous, celui de la Vertu (Fazilet), interdit en 2001. (AFP, 13 mars 2003)
 

L'interdiction du Hadep, nouveau coup dur aux projets européens d'Ankara

L'interdiction jeudi du principal parti kurde de Turquie, le Hadep, fait planer des doutes sur la volonté d'Ankara de progresser sur la voie de la démocratie, et risque de porter un nouveau coup dur à ses projets d'intégration européenne.

La décision de la justice turque "va être examinée par les organes de l'Union européenne, mais il est certain qu'elle influencera de manière négative la marche européenne de la Turquie", a déclaré le porte-parole du ministère grec des Affaires Etrangères, Panos Béglitis, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

L'UE avait déjà averti que l'échec, mardi, de pourparlers à La Haye sur la réunification de Chypre risquait de nuire à l'intégration future de la Turquie.

Autre coup de semonce, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné mercredi Ankara pour ne pas avoir assuré un procès équitable au leader kurde Abdullah Ocalan, condamné en 1999 à la peine de mort La condamnation d'Ocalan avait été commuée en 2002 en réclusion à perpétuité.

La sanction visant le Parti de la démocratie du peuple (Hadep) "se surajoute à une accumulation de problèmes", soulignait jeudi un diplomate européen. "D'abord Chypre, puis Ocalan et aujourd'hui le Hadep. Je me demande qui sera visé demain".

Au moment où les tensions vont croissant dans les régions kurdes du sud-est anatolien à l'approche d'une guerre en Irak, la décision de la cour constitutionnelle risque en outre "d'avoir un impact très négatif sur le peuple kurde", estime un responsable du Hadep, Dogan Erbas.

"Une atmosphère optimiste avait commencé à s'installer avec le processus d'entrée dans l'UE, et les Kurdes pensaient que le parti ne serait pas interdit", a ajouté M. Erbas.

Environ 10 millions de Kurdes, sur une population de 70 millions d'habitants, vivent en Turquie, concentrés essentiellement dans le sud-est du pays où ils constituent le groupe majoritaire.

"La question kurde est une nouvelle fois poussée vers une voie sans issue.  La Turquie persiste dans son ancienne politique", a déclaré à l'AFP Mefahir Altindag, responsable du parti à Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien.

L'Union européenne surveille actuellement de près la manière dont la Turquie met en oeuvre une série de réformes destinées à instaurer davantage de démocratie, et pourrait entamer après décembre 2004 des pourparlers en vue d'une adhésion si Ankara remplit les critères démocratiques de l'UE. (AFP, 13 mars 2003)
 

La présidence de l'UE regrette l'interdiction du Hadep

La présidence grecque de l'Union Européenne a regretté vendredi l'interdiction jeudi par la justice turque du principal parti kurde du pays, le Hadep, en raison de ses liens présumés avec les séparatistes turcs.

"La présidence, au nom de l'UE, prend acte avec regret de la décision prise par la cour constitutionnelle turque en ce qui concerne l'interdiction du Hadep", selon un communiqué publié à Athènes.

La présidence, ajoute le texte, prend également note des préparatifs destinés à interdire le Parti démocratique du peuple (Dehap), affilié au Hadep. Elle examinera avec attention ces deux événements et "réitère l'importance fondamentale qu'elle attache au pluralisme démocratique".

Auparavant, la Commission européenne s'était déclarée elle aussi "particulièrement préoccupée" par l'interdiction du Hadep.

"Nous sommes particulièrement préoccupés, parce que c'est un verdict qui va à l'encontre de l'esprit des réformes engagées en Turquie depuis quelque temps", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne.

"Nous avons des doutes sur la compatibilité du verdict avec une certaine conception du pluralisme qui caractérise une démocratie moderne", avait-il ajouté.

Les juges turcs ont estimé que le Hadep menaçait l'unité du pays, en apportant son soutien aux rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebaptisé Kadek, qui a combattu pour la création d'un Etat kurde dans le sud-est anatolien. Le PKK a déposé les armes en 1999, mais pour Ankara le Kadek reste illégal. (AFP, 14 mars 2003)
 

Bruxelles "particulièrement  préoccupé" par l'interdiction du Hadep

La Commission européenne s'est déclarée vendredi "particulièrement préoccupée" par l'interdiction jeudi par la justice turque du principal parti kurde du pays, le Hadep.

"Nous sommes particulièrement préoccupés, parce que c'est un verdict qui va à l'encontre de l'esprit des réformes engagées en Turquie depuis quelque temps", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne.

"Nous avons des doutes sur la compatibilité du verdict avec une certaine conception du pluralisme qui caractérise une démocratie moderne", a ajouté le porte-parole.

Les juges turcs ont estimé que le Hadep menaçait l'unité du pays, en apportant son soutien aux rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebaptisé Kadek, qui a combattu pour la création d'un Etat kurde dans le sud-est anatolien. Le PKK a déposé les armes en 1999, mais pour Ankara le Kadek reste illégal.

La décision de la justice turque "influencera de manière négative la marche européenne de la Turquie", avait déclaré dès jeudi le porte-parole du ministère grec des Affaires étrangères, Panos Béglitis.

Le ton des relations entre l'Union européenne et la Turquie, qui est candidate à l'UE, s'est brusquement dégradé depuis l'échec des pourparlers de la dernière chance sur la réunification de Chypre, lundi et mardi derniers à La Haye.

La Commission européenne avait déjà relevé que cet échec hypothéquait sérieusement la possibilité pour Ankara d'ouvrir des négociations d'adhésion à l'Union.

L'UE a annoncé qu'elle accueillerait les dix nouveaux pays membres le 1er mai 2004, parmi lesquels figureront les autorités chypriotes grecques de Nicosie.

Mais les responsables européens n'ont pas manqué de relever le paradoxe qu'il y aurait à décider d'ouvrir éventuellement des négociations d'adhésion avec la Turquie si celle-ci ne reconnaît pas l'un des membres de l'Union.

Les 25 pays membres de l'Union élargie fonderont leur décision sur un rapport crucial de la Commisson européenne attendu fin 2004 où celle ci évaluera les progrès réalisés par Ankara dans ses préparatifs vers l'adhésion.

La Turquie ne reconnaît que les autorités de la République turque de Chypre du Nord (RTCN).

La présidence grecque de l'Union a appelé mardi la Turquie à renoncer à son "attitude intransigeante" sur Chypre, ajoutant qu'elle compromettait les possibilités d'une ouverture des négociations d'adhésion. (AFP, 14 mars 2003)
 

Washington critique avec modération l'interdiction d'un parti kurde turc

Les Etats-Unis ont très modérément critiqué, pour le "principe", l'interdiction jeudi du principal parti kurde de Turquie, le Hadep, par la Cour constitutionnelle turque.

"Par principe, les Etats-Unis considèrent que la fermeture d'un parti loyal envers les principes et les pratiques démocratiques est contraire aux normes internationales en matière de démocratie", a déclaré une porte-parole du département d'Etat, Brenda Greenberg, sans mentionner directement ce parti.

"Nous ne sommes pas en mesure de faire une évaluation des motivations légales de cette affaire", a-t-elle affirmé, en ajoutant que Washington "ne soutient ni ne s'oppose à aucun parti turc" et "n'intervient pas dans les processus intérieurs, politiques ou judiciaires", de ce pays.

L'interdiction par la Cour constitutionnelle, au terme d'une longue procédure judiciaire, du Parti de la Démocratie du peuple (Hadep) intervient à un moment où les tensions s'accroissent dans le sud-est anatolien en raison des rumeurs de guerre contre l'Irak voisin.

Elle risque par ailleurs d'être mal accueillie par les autorités européennes qui reprochent à Ankara des manquements à la démocratie alors que le pays est candidat à l'Union européenne (UE).

Les Etats-Unis tentent actuellement d'obtenir de la Turquie l'autorisation de déployer quelque 60.000 hommes pour ouvrir un front nord contre l'Irak dans la perspective d'un conflit avec Bagdad.

Le parlement a rejeté une première motion sur ce sujet, le 1er mars dernier, mais pourrait être amené à revoir sa position. Washington est prêt à apporter une aide économique spéciale de 6 milliards de dollars à Ankara si ce déploiement est accepté. (AFP, 13 mars 2003)
 

Ocalan met en garde contre les risques de heurts en Irak du nord

Le chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Ocalan a lancé une mise en garde contre les risques d'affrontement en Irak du nord entre Turcs et Kurdes, ont affirmé jeudi ses avocats.

Si la Turquie intervient militairement en Irak du nord, les affrontements pourraient durer "au moins 100 ans", estime M. Ocalan, cité par ses avocats qui ont pu le recontrer, mercredi, pour la première fois depuis près de quatre mois.

M. Ocalan, emprisonné depuis quatre ans, purge une peine de prison à vie sur l'île-prison d'Imrali. Il avait été condamné à mort en 1999 pour "trahison et séparatisme", mais sa peine a été commuée.

Selon ses avocats, il "se porte bien" et a pu voir son frère Mehmet Ocalan pendant une heure.

M. Ocalan a également appelé le futur Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à oeuvrer pour "la mise en application pleine et entière d'une démocratie vraie et sans restriction" dans le pays.

"Au moment où (le Premier ministre désigné Recep Tayyip) Erdogan forme son gouvernement, il lui faut ouvrir la voie du dialogue pour la paix", a affirmé M. Ocalan, cité par ses avocats lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Les avocats se sont par ailleurs félicités du verdict rendu mercredi par la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui a condamné la Turquie estimant que M. Ocalan "n'a pas été jugé par un tribunal indépendant et impartial" en 1999.

La rencontre entre M. Ocalan et ses avocats est intervenue avant l'annonce jeudi de l'interdiction du parti pro-kurde de la Démocratie du peuple (Hadep) pour liens avec la rébellion. La justice turque a également appelé à l'interdiction d'une autre formation pro-kurde, le parti démocratique du peuple (Dehap) lié au Hadep. (AFP, 13 mars 2003)
 

Procès Ocalan: la Turquie condamnée par la Cour des droits de l'Homme

Le leader kurde Abdullah Ocalan a obtenu partiellement gain de cause mercredi devant la Cour européenne des droits de l'Homme qui a condamné la Turquie pour "traitements inhumains" et "procès inéquitable" suite à sa condamnation à mort en 1999.

L'arrêt de la cour intervient près de quatre ans après la condamnation, en juin 1999, pour "trahison et séparatisme" du chef du mouvement rebelle kurde, dont la peine de mort a été commuée en réclusion à perpétuité en octobre dernier et qui est détenu en isolement sur l'île-prison d'Imrali, au nord-ouest de la Turquie.

La Turquie a indiqué qu'elle ferait appel de la décision de la Cour.

Abdullah Ocalan avait saisi la Cour européenne pour accuser le gouvernement turc d'une longue série de griefs concernant son arrestation par un commando à Nairobi en février 1999, son enlèvement vers la Turquie, sa détention en isolement, assimilée à des mauvais traitements, l'équité de son procès et sa condamnation à mort. L'audience s'était tenue le 21 novembre 2000.

L'arrêt de chambre publié mercredi reproche notamment à la Turquie la présence d'un magistrat militaire au sein de la cour de sûreté de l'Etat qui avait jugé M. Ocalan, notant qu'il n'avait pas été jugé par un "tribunal indépendant et impartial" et qu'il n'avait pas été "assisté par ses avocats lors de son interrogatoire" en garde à vue.

Elle a également estimé que le leader turc avait fait l'objet de mauvais traitements en violation de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme, "en ce que "la peine de mort a été prononcée à l'issue d'un procès inéquitable".

L'organe juridictionnel européen des droits de l'Homme a toutefois précisé que "toute menace d'application de la peine de mort a effectivement disparu" en Turquie et qu'"on ne peut plus prétendre qu'il existe des motifs sérieux de croire que le requérant risque d'être exécuté".

L'ex-chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) s'était également plaint devant la Cour de ses conditions de détention dans l'île-prison d'Imrali et de celles de son transfert du Kenya, où il s'était réfugié après son expulsion de Syrie en octobre 1998, vers la Turquie le 15 février 1999.

La Cour a estimé qu'il n'existait pas de "preuves" que son arrestation et les conditions de son transfert "aient eu des effets dépassant l'élément habituel d'humiliation inhérent à chaque arrestation ou détention".

Elle a jugé que les "conditions générales" de sa détention "n'ont pas atteint le seuil minimum de gravité nécessaire pour constituer un traitement inhumain ou dégradant".

Les avocats d'Abdullah Ocalan dénoncent régulièrement ses conditions de détention, à savoir l'isolement complet et l'absence de contacts avec ses avocats et sa famille.

La Cour a en revanche condamné la Turquie pour violation de l'article 5 (droit à la liberté et à la sûreté) de la Convention, pour le délai de garde à vue de M. Ocalan, qui a atteint "au moins sept jours" avant qu'il ne soit présenté à un juge, et son placement dans un "isolement total" pendant sa garde à vue, l'empêchant d'avoir recours à ses avocats.

Le parlement turc a récemment adopté une loi autorisant de nouveaux procès pour les prévenus dont les sentences ont été condamnées par la Cour européenne des droits de l'Homme.

Quatre anciens députés kurdes turcs, dont Mme Leyla Zana, emprisonnés pour aide aux rebelles séparatistes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) bénéficieront de cette mesure et seront rejugés prochainement.

La Cour européenne des droits de l'homme avait jugé leur procès inéquitable et le Conseil de l'Europe a demandé en janvier dernier à Ankara de le réviser. (AFP, 12 mars 2003)

Le dossier AFP sur les Kurdes

Peuple d'origine indo-européenne, descendants notamment des Mèdes et des Scythes, les Kurdes, musulmans sunnites dans leur majorité, sont établis sur près d'un demi-million de km2 essentiellement dans quatre pays, la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie.

Leur nombre total varie, selon les sources (officielles ou kurdes), de 25 à 35 millions de personnes, la Turquie en comptant le plus grand nombre (13 à 19 millions), suivi de l'Iran (6 à 8), l'Irak (4 à 5) et la Syrie (1 à 1,5). D'importantes communautés kurdes vivent aussi en Azerbaïdjan, en Arménie, au Liban et en Europe, notamment en Allemagne.

L'organisation tribale est un trait caractéristique de la société kurde depuis la fin de l'époque médiévale. En l'absence d'un Etat national kurde, les tribus sont les principales autorités auxquelles se réfère le peuple kurde.

Revendiquant, dès 1695, la création d'un Etat avec une culture, une histoire et un langage communs, les Kurdes sont considérés comme une constante menace à l'intégrité territoriale des pays que traverse le Kurdistan.

Leur quête d'un Etat commun est marquée alors par une série de massacres, harcèlement divers et discriminations de toutes sortes.

En 1923, le traité de Sèvres (1920), qui prévoyait l'indépendance du Kurdistan, est annulé. En 1945, la proclamation par les Kurdes d'Iran poussés par Moscou d'une république kurde (République de Mahabad) ne résiste pas à l'assaut de l'armée iranienne.

Dans les années 80, le soulèvement des Kurdes de Turquie plonge le sud-est du pays dans un état de guerre civile. Cette rébellion armée, menée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), fera plus de 31.000 morts entre 1984 et 1999. Le PKK a mis fin à la lutte armée après l'arrestation de son chef Abdullah Ocalan le 15 février 1999.

Parallèlement, au début des années 70, les autorités irakiennes déplacent de force des populations kurdes. En 1988, plus de 120.000 personnes fuient vers la Turquie les bombardements chimiques et les offensives de l'armée de Saddam Hussein.

En 1991, dès la fin de la guerre du Golfe, plus de 2 millions de Kurdes fuient la répression irakienne au nord du pays vers la Turquie et l'Iran, poussant les alliés occidentaux à intervenir et à instaurer une zone d'exclusion aérienne au nord du 36ème parallèle. Le Kurdistan irakien échappe ainsi, depuis avril 1991, à l'autorité de Bagdad.

Le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani se sont réconciliés après des combats fratricides qui ont fait des milliers de morts dans le milieu des années 1990. Le 4 octobre 2002, le "Parlement unifié" d'Erbil, créé en 1992, a tenu sa première séance depuis 1996.

Prudemment, les Kurdes d'Irak soutiennent les Etats-Unis contre Saddam Hussein, tout en gardant un oeil intéressé sur Kirkouk et Mossoul, villes à majorité kurde restées sous le contrôle de Bagdad et d'où est produit un tiers du pétrole irakien. (AFP, 14 mars 2003)

MEPs refused visit to Leyla Zana

Members from the Women's Rights and Equal Affairs Committee in the European Parliament were refused permission by the Turkish authorities to visit Leyla Zana last week.

Zana was sentenced to 15 years imprisonment in 1994 after defending the rights of the Kurdish population in Turkey.

Zana, a former Kurdish Member of Parliament, was also the winner of the 1995 Sakharov Price awarded for Freedom of Thought by the European Parliament -- a prize which she was unable to receive personally.

According to a report of the www.euobserver.com news portal, the head of the European Parliament Women's Rights Committee, Greek Socialist Anna Karamanou, said the committee wanted to express solidarity and support with Leyla Zana and also ask the Turkish government for her release.

But it appears that not all the members of the delegation wanted to visit Zana in prison as was planned in their three-day programme in Turkey.

"Not all the members of the delegation wanted to see Zana. Karamanou did not consult us. She should know the release of Zana is not a matter to be decided by the government, but by a court," Conservative Luxembourg MEP Astrid Lulling said.

"It is ridiculous what Karamanou wanted," she said. "I regret that Leyla Zana is in prison and I hope that she gets the opportunity to have a fair trial. But it is not up to us to decide."

In July 2001, the European Court of Human Rights ruled Leyla Zana's trial unfair.

In its bid for EU membership, the Turkish government adopted numerous reforms in August 2002, among them the right of Turkish citizens to judicial review of any verdict in a trial judged unfair by the European Court of Human Rights.

Turkey is under pressure to free its political prisoners, being one of the criteria that it has to fulfil in order to start accession negotiations with the EU. Member states will decide whether to grant Turkey a date to start these negotiations in 2004. (Turkish Daily News, March 6, 2003)
 

KNK (Kurdistan National Congress) Executive Council Briefing

The executive council held its second meeting at its Brussels headquarters with some non-executive members in attendance. The current political situation in the world and Kurdistan was the subject of a wide-ranging discussion.

The threats of attack from Turkey on the people of Kurdistan were the main focus of the meeting; on the one hand, the Turkish government is preparing its invasion plans for South Kurdistan and on the other hand, it is continuing its repressive policies and political isolation inside Turkey. By these means, Turkey is attempting to leave Kurds without any status and seeking to eliminate their struggle.

The Turkish aims can only exacerbate the situation in Kurdistan and put in jeopardy Kurdish aspirations, as well as preparing the way for the regimes in Syria and Iran to further undermine the Kurdish cause.

The executive council debated in detail the aims of Turkey and in response the council was appealing to all people in every part of Kurdistan and elsewhere to show their opposition and in every practical way to broaden their mass democratic protests.

The executive council supports the position of the Parliament in South Kurdistan against the threats and intimidation of Turkey and urges the Parliament to exercise its authority and continue its stand by mobilising the Kurdish people against these threats.

The executive council is asking the people in Kurdistan and all members to participate in actions to be held at this historic moment on all forthcoming occasions, such as International Women's Day on 8th March, the Halabja commemoration on 16th March and the Kurdish New Year. By so doing, they will fulfil their patriotic duty and responsibility to our history.

The executive council meeting coincided with the occasion of the 24th anniversary of Barzani's death and the council paid tribute to the heroic contribution to the Kurdish struggle of this respected leader.

The executive council agreed on the following points:

1, It is necessary at this critical time for all Kurdish political parties to strengthen their co-operation and direct their joint struggle to the achieving of national unity. The council agreed to take a lead in this;

2, The executive council set up a special committee in order to co-ordinate our activities to reject the plans of the Turkish government and to fulfil these decisions the special committee decided to organise a protest action against the Turkish policy to be held on 17 March in Brussels with the participation of Kurdish people including prominent intellectuals and artists;

3, The executive council welcomes and supports the democratic campaigns of the Kurdish people against the Turkish policy and judges it necessary to broaden the struggle at this current moment;

4, The executive council reiterates its condemnation of the policy of isolation imposed on KNK's Honorary President Abdullah Ocalan by the Turkish government and welcomes all actions against this policy, urging them to be stepped up and the Kurdish people in all parts of Kurdistan to join in such activities and give them their wholehearted support;

5, The executive council asks all political parties and organisations to prepare themselves for all necessary actions against the threats facing the Kurdish people. It is therefore vital for them to engage in dialogue and show solidarity;

6. The executive council finds it essential at this critical moment to give weight to maintaining contacts with those forces that have influence on the region and the world. Therefore, we ask all Kurdish organisations and political groups to co-operate and strengthen their diplomatic and political efforts for the national benefit. (KNK Executive Council, 1 March 2003)
 

Kurdish Question in Brief

Newroz Celebrations

A court case was launched against 15 persons in connection with the Newroz celebrations in Tunceli in 2002. The indictment wants the defendants to be sentenced according to Article 159/1 TPC and 312 TPC. HADEP board member Ayse Gökhan, HADEP chairperson for Tunceli Ali Can Önlü, Ibrahim Halil Ates, HADEP executives for Tunceli Hždžr Aytaç, Deniz Taçyildiz, HADEP chairperson for central district Hakki Kalan, Pary of Labor (EMEP) chairpeson for central district Murat Üldes, Gökhan Gündogan, Gökhan Yilmaz, Freedom and Solidarity Party (ÖDP) chairperson for Tunceli Yusuf Cengiz, Tunceli Bar Association chairperson Hüseyin Aygün, Tunceli Culture, Art and Solidarity Association chairperson Ekber Kaya, the trade union Tek Gžda-Is secretary  Seyit Aslan, the trade union Genel-Is chairperson for Tunceli branch Hasan Çiçek and the trade union Enerji Yapž-Yol Sen executive for Elazig branch Metin Turan will be tried. (Evrensel-TIHV, March 3, 2003)

Demonstrations for Öcalan

On 28 February a group of persons who wanted to protest against the condition of Öcalan staged a demonstration in Küçükçekmece (Istanbul). An ATM machine and some public buildings were thrown molotov cocktails. The same day in Ankara Ankara representative of the association of prisoners¹ relatives, TAYAD Dogan Karatastan, Ankara Juveniles' Association chairperson Emrah Güdenoglu and 16 persons were detained in front of the Justice and Development Party building. Hamza Aktas, Ayse Öztürk, Celal Beyazkaya, Oktay Kalaç, Ramazan Çelik, Mehmet Ferit Elalmis, Ferhat Ögmen, Ismail Cengiz Ogurtan, who were detained during the demonstration in Istanbul, were arrested on charges of "being member of an illegal organization" by Istanbul SSC on 28 February. Zeynettin Yavuz, Fersende Tas, Cemil Yavuz and the person with the first name Musa were released. In Tarsus Abdullah Ölmez was arrested on 28 February. DEHAP chairperson for Tarsus Alaattin Bilgiç, Haci Ates, Muazzez Araç, Fatma Yurdakul and Selim Gül were released. An investigation was started against the board members of Human Rights Association (IHD) in connection with the press release by IHD Hakkari branch on 10 February. Ismail Akbulut, who testified in connection with the investigation, was arrested on 28 February. During the raids on 28 February in Viransehir and Suruç (Urfa) DEHAP Viransehir executive Abbas Kaya, DEHAP Suruç executive Yilmaz Bozkurt, Mehmet Kaya, Müslüm Kaplan, Mehmet Kostu, Hikmet Beyhan, Mukadder Bilici, Zeki Balin, Salih Karakurt, Özgür Gündem distributors Abdullah Kaplan and Mustafa Kaya were detained. (Özgür Gündem-TIHV, March 1-2, 2003)

Detentions and Arrests in Van

On 3 March, Ibrahim Ete, executive for the provincial organization of HADEP in Van was detained after his visit to the Governor Hikmet Tan. Metin Kurt, Aydžn Kurt, Sevim Kurt, Çetin Bulut and Emrah Baran were detained the same day in Yüksekova district (Hakkari) in connection with the demonstrations held on 15 February. (Evrensel-Özgür Gündem-TIHV, March 4, 2003)

Demonstrations for Öcalan

On 3 March, the case against Gülistan Öncü, Ismail Asi and Ridvan Olcasöz, who had been detained in Kiziltepe district (Mardin) on 12 February after the demonstration held in the district to protest the conditions of the KADEK leader Abdullah Öcalan, commenced at Kiziltepe Penal Court of First Instance. tutuklanan the court adjourned the hearing to 24 March. The defendants are charged with "holding unauthorized demonstrations". (Özgür Gündem-TIHV, March 5, 2003)

Detentions, Arrests

In Göle district (Ardahan) the youngsters Y.Ç., N.A., T.D. and S.K. were detained on the allegation that they had sang songs in Kurdish. The youngsters were reportedly detained upon the appeal of Captain Alberk Mutluer, commander of Göle Military Police Headquarter. The youngsters were later released by the public prosecutor. On 4 March, the poet Yilmaz Odabasi was detained in Yalova province. He had been to the Security Directorate to get a passport, and was detained on the allegation that an arrest warrant had been issued against him. Ibrahim Ete, executive for HADEP in Van province, was remanded. He had been detained on 3 March. (Özgür Gündem-Yeni Safak-TIHV, March 5, 2003)

Kurdish Education

Malatya Administrative Court canceled the dismissal decision by National Education Ministry against Nazif Koç on the ground that the decision was extra-legal. Nazif Koç was tried on charges of "aiding and abetting an illegal organisation", because he made a speech for education in Kurdish during a program of "Medya TV" and Ankara SSC acquitted him on 8 August 2002. (Özgür Gündem-TIHV, March 9, 2003)

DEHAP Executive Arrested

Executive for the DEHAP in Van, Zeynep Boga, who had been detained on 8 March during the demonstration held on the occassion of International Women¹s Day, was arrested by Van SSC. Reportedly she is accused of "inciting people to hatred and enmity" during a speech she had made prior to the general elections of November 2002. (Özgür Gündem-TIHV, March 12, 2003)

Education in Kurdish

The Administrative Court in Van suspended the administrative sentences given to 16 students of Van Yüzüncü Yžl University. The University Rector¹s Office had dismissed the students from the school for a week for demanding education in Kurdish. The Administrative Court ruled: "The petitions the students handed in to the rector¹s office did not contain any criminal expressions according to the disciplinary law. The investigation also revealed that the plaintiffs did not engage in any violent actions or protest while handing in their petitions, their actions remained within the borders of Œraising a demand¹ by using one¹s constitutional and legal right to petitioning, and the case had nothing to with Œaiding and abetting an illegal organization¹. Hence, the administrative process is contrary to law." In November 2002, the Administrative Court had quashed the sentences against 171 students, charged of the same action, arguing that Prof. Dr. Bekir Tileklioglu, Prof. Dr. Hasan Ceylan, Prof. Dr. Firat Cengiz, Prof. Dr Zahit Agaoglu, Prof. Dr. Mehmet Koyuncu and Prof. Dr. Imit Tolluoglu, who had been members of both the investigating commission and the Disciplinary Board should have not had a right to vote in this case. Following the Court¹s verdict, the University had removed procedural failures and ruled for the dismissal of the students once more. 16 of these 171 students later opened a case at the Administrative Court against the decision. This case is still pending. (Özgür Gündem-TIHV, March 12, 2003)

HADEP Executives on Trial

The case against 18 executives of the HADEP in connection with the "First General Congress of the Youth Wing of HADEP" commenced at Ankara SSC on 12 March. The hearing was adjourned to a later date to hear the testimonies of the defendants. The indictment wants the defendants, including Chairman of HADEP Ahmet Turan Demir, Vice-Chairman Hamit Geylani, former Secretary General Mahmut Sakar, former Chair of the Youth Wing Ahmet Seker, Chair for HADEP in Tunceli Province Alican Önlü, Chair for HADEP in Antalya Province Mehmet Gündüz and Kahraman Elaltunkara be convicted under Article 169 of the TPC (aiding and abetting an illegal organization). (Özgür Gündem-TIHV, March 14, 2003)

Göç-Der Executives on Trial

On 12 March, Istanbul SSC continued to hear the case of the Chairwoman of the Migrants¹ Association for Social Cooperation and Culture (Göç-Der) Sefika Gürbüz and the Sociologist  Mehmet Barut of Mersin University in connection with the report on forced displacement which they published in March 2002. During the hearing Lawyer Metin Iriz asked the court to hear the members of the Parliamentary Investigation Commission on Forced Displacement and the persons whose names were mentioned in the report as witnesses. The SSC refused these demands and adjourned the hearing to later date. The indictment wants Gürbüz and Barut be convicted under Article 312 of the TPC (inciting people to hatred and enmity). (Özgür Gündem-TIHV, March 14, 2003)

Detentions, Arrests

In Kars, the police detained the DEHAP member Emine Çelebiler in connection with the press release she made on 8 March on the occasion of International Women¹s Day. Çelebiler was released on 11 March on bail. During the house raids organized in Antep, the university students Hasan Adem, Bilin Önen, Bilgin Isžk, Halil Mecit, Metin Oruç, Sahin Bakžr, Veli Kan, Cihan Özdogan, Ibrahim Arž, Delal Budak, Berdil Budak, Orhan Çiftçi and Hatice Kaya were detained on the allegation of "aiding and illegal organization". (Özgür Gündem-TIHV, March 14, 2003)

Detentions, Arrests

In Dicle district of Diyarbakir, DEHAP chairman for the district, Saban Kaymak and former executives of the Party, Mehmet Ataç, Ali Akkol and Ibrahim Atakay were remanded on 13 March. An investigation was launched against DEHAP executives for the district after their offices had been raided on 21 February. Reportedly they will be tried under Article 169 of the TPC. Metin Gönülsen, chair for the DEHAP organization in Maras, on 13 March. (Özgür Gündem-TIHV, March 14, 2003)

The Halabje Massacre

The police intervened in the demonstration held in Istanbul on 16 March in commemoration of the Halabje massacre of 16-17 March 1988, where 6 thousand people were killed by chemical bombs under Saddam Hussein¹s Anfal campaign against the Kurds, and that of the 16 March 1978 massacre, where 7 students of Istanbul University were killed by the fascists using weapons and bombs. The group was about to disperse when the police intervened and detained many persons with beatings. The police reportedly manhandled the journalists, too. On the same day, the police in Diyarbakir intervened in the press release held by members of the Democracy Platform and detained 10 persons. Following the panel held by DEHAP in Bulanik district (Izmir), the police detained Seyithan Akkaya, chair for DEHAP district organization.  During the demonstration held in Izmir the police detained Yüksel Odabasi, correspondent with the daily Özgür Gündem. (Cumhuriyet-TIHV, March 17, 2003)

Newroz Celebrations

Mersin Security HQ. did not allow persons to use "w" in the application of permission for Newroz celebration. Member of the organizing committee Ilhan Tas stressed that the application was approved by the Governor but officers in the Mersin Security HQ. removed the letter "w" from the application form, because the letter "w" is not a Turkish letter. 4 of 9 persons, who were detained on 13 March for distributing leaflets on Newroz celebration in Adana, were arrested on 14 March. (15-16 March, Özgür Gündem-TIHV, March 15-16, 2003)

Attack on DEHAP Offices

A group of rightist persons attacked DEHAP offices in Altinova (Ayvalik-Balikesir) on 15 March. The persons, who were detained after the incident, were released the same night. According to the press release of Abdurrahman Akin, DEHAP chairperson for Altinova, a row occurred between rightist students and Kurdish students in Altinova Lyceum on 14 March. After the row some 10 students were detained and released the same day. On the night of 15 March the gendarmerie detained 10 more persons. After their release some 150 persons marched to the offices of DEHAP and caused physical damage. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

The Halabje Massacre

The police intervened in the demonstration held in Istanbul on 16 March in commemoration of the Halabje massacre of 16-17 March 1988 and killing of Istanbul University students on 16 March 1978 and detained 26 persons. The detainees were released on 17 March. (Evrensel-TIHV, March 18, 2003)

Newroz Celebrations

On the night of 17 March in Adana the police intervened a group of persons who were celebrating Newroz and shot into the air. The same night in Bagcilar (Istanbul) police shot into the air and dispersed a group of children. In Okmeydani (Istanbul) DEHAP chairperson for Sisli and two musicians were detained. They were released some time later. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Detentions and Arrests

Syria extradited alleged KADEK executives Selahattin Canavar and Hayri Kaner. Since November Syria reportedly extradited 5 persons. On 14 March Latif Çarçur, Burhan Çarçur and Nedim Çarçur were detained in Van. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Neglect of Medical Treatment

Reports from the Bakirköy Prison for Women Juvenile stated that the political prisoner Hacer Kaya, suffering from hepatocarcinoma, was denied sufficient medical treatment. Hacer¹s father, Rüstem Kaya stated that his daughter had been incarcerated in April 2001 as an alleged member of the PKK and she had been transferred from Gebze Prison to Bakirköy when her health conditions deteriorated. Rüstem Kaya said, "Cancer has spread all over my daughter¹s body. She is permanently suffering from vomiting blood, excessive loss of weight, and insomnia. Until recently she could be brought to visits in her friends¹ arms. This has also become impossible as her health keeps deteriorating. I want to visit her in her ward, but the prison administration does not allow me to do so". Rüstem Kaya further stated that Hacer was taken to the Oncology Service at Cerrahpasa Medical Faculty from time to time, but since her health condition was extremely bad, the hospital administrators refused to keep her under treatment in the hospital despite the prison doctor¹s statement that she should stay in hospital. Kaya added that their appeal for Hacer¹s treatment in another hospital was also rejected. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Pressures Against DEHAP

On 12 March, chair for the DEHAP organization in Hazro district (Diyarbakir), Hamit Ergin was sentenced by Hazro Penal Court of First Instance to six months¹ imprisonment on charges of "violating the election law". He was reportedly put on trial for not removing the DEHAP sticker on the window of his house after the general election of November 2002. The office of DEHAP in Istanbul-Beyoglu was attacked by unknown persons in the evening of 17 March. Reportedly the windows were broken in the attack. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Newroz Celebrations

Tarsus Security Directorate reportedly granted permission for Newroz celebrations on condition that "the word Œnewroz¹ should be written with letter Œv¹ instead of Œw¹ and Œu¹ instead of Œo¹ on banners and placards". In Mersin, official permission for celebrations was granted however certain slogans such as "Bijî Newroz" were reportedly forbidden. In Bitlis, Maras and Ercis district (Van) celebrations were prohibited. On 19 March, 10 students were detained during Newroz celebrations at the Sakarya University. On the evening of 18 March, H.T, Süleyman Süle, Bilal Azrak, Bilal Yesil, Hamza Tamur, Adem Asan (19), Lezgin Tamur, Cengiz Nergiz and Arafat (last name not known) were detained during house raids in Mersin. On 19 March, members of DEHAP, Mehmet Tunç, Fesih Yaman, Salim Selçuk, Mehmet Sait Kayaalp, Mazlum Aydin and Cemal Turhan were detained in Tarsus. (Özgür Gündem-TIHV, March 20, 2003)

Demonstrations for Öcalan

In Batman, police intervened in a demonstration held to protest Öcalan¹s isolation on 19 March. Cemal Aydin, Adnan Yildiz and two persons who were holding a sit-in action in front of the DEHAP building were detained. Mahmut Akil, correspondent of the journal Azadiya Welat was reportedly threatened during demonstration. On 19 March, Van SSC started to hear the case of Faruk Temel, DEHAP youth wing chairperson for Hakkari, charged with "being a member of an illegal organization". Temel was arrested after a demonstration held on 22 January in Hakkari. On 19 March, Van Penal Court of First Instance No.2 started to hear the case of 8 women who had enchained themselves to iron pillars on the Sudan Boulevard on 17 February in Van. They are charged with "holding an illegal demonstration". Two of the defendants Hatice Baristiran (Tokluiçten) and Behiye Kaçkin were released at the hearing. (Özgür Gündem-TIHV, March 20, 2003)

Newroz Celebrations

Newroz celebrations were prohibited in Agri, Erzincan, Kars, Cizre (Sirnak), Siirt, Manisa and Turgutlu, Salihli, Alasehir, Sarigöl, Ahmetli, Gölmarmara, Akhisar, Saruhanli districts (Manisa). In Tatvan district (Bitlis) the permission was cancelled due to "weather conditions". On 20 March, gendarmeries intervened in Newroz celebration of students at the Van 100th Year University and detained 35 students. On the evening of 19 March the police raided the house of Nihat Nayir, DEHAP member and detained him. Bayram Sabah and Abdullah (last name not known) were detained during house raids in Mersin. (Özgür Gündem-TIHV, March 21, 2003)

Pressures Against HADEP and DEHAP

The case against the former chairman of the closed down HADEP for Batman province Aydin Ünesli and chair for Sason (Batman) district organization Ilyas Tiryaki ended on 21 March. Ünesli and Tiryaki were being tried under Article 81/m of the Law on Political Parties for having spoken in Kurdish during a party congress held on 30 December 2002. Sason Penal Court of First Instance sentenced Ünesli and Tiryaki to 2 years¹ imprisonment. In Hakkari, the DEHAP executive, Ayse Gökkan was remanded on 22 March on the allegation of "aiding an illegal organization". An investigation has been pursued against her in connection with the demonstrations held on the occasion of 8 March International Women¹s Day and the Newroz feast. (Özgür Gündem-TIHV, March 23, 2003)

Lawyers on Trial

On 20 March, Ankara SSC continued to hear the case of Mahmut Sakar, former SG of HADEP and DEHAP candidate for Diyarbakir, Salih Yildiz, DEHAP candidate for Hakkari and Irfan Dündar, lawyer of the PKK/KADEK leader Abdullah Öcalan in connection with interviews they gave on Medya TV. The hearing was adjourned to 22 April. The indictment demands Sakar and Dündar be tried according to Article 169 TPC and Salih Yildiz according to Article 8 of the Law on Fighting Terrorism. (TIHV, March 24, 2003)

Newroz Celebrations

The students of Sivas Cumhuriyet University, Ömer Faruk Akgöz, Burhan Günes, Mazlum Aka, Ferhat Erden, Erdal Atas and Fatih (surname not known), who had been detained during the house raids on 20 March, were released on 21 March after the Newroz celebrations had ended. During the celebration held in the evening of 20 March in Güngören (Istanbul) and Silopi (Sirnak) districts 20 and 37 persons were detained respectively. In Idil district (Sirnak) Abdurrahman Üngün, Hüseyin Ersen, Ferzende Ersen and Bedirhan Akyüz were detained in the same evening and Abdullah Kaya and Saniye Ertan were heavily wounded by the police. In a statement he made on 22 March, chair for DEHAP in Istanbul Province, Hüseyin Altun reported that between 18-21 March the DEHAP members and executives Çigdem Kiliçgün, Hanifi Yildiz, Fadime Aksal, Filiz Yilmaz, Pinar Aksakal, Erkan Tas, Mesut Yilmaz, Abdulsamet Erdogan, Harun Kaya, Mustafa Algan, Abbas Kulaksiz, Sehmuz Ölmez, Aydin Tarhan, M. Ali Baris, Mahmut Oktar, Osman Kaya, Mehmet Turuncu, Nihat Nayir, Gülay Yildirim, Vahit Özdemir, Hidir Buluter, Refik Davulcu, Mahir Yüksel, Saim Avras, Salim Çakar, Necdet Günana, M. Halim Akçan and Tekin Kartal were detained during the celebrations held in Beyoglu, Büyükçekmece, Eminönü, Sisli, Gaziosmanpasa, Sariyer and Maltepe districts. (Milliyet-Radikal-Özgür Gündem-TIHV, March 22-23-24, 2003)

Newroz Celebrations

Compared to the past much less incidents took place during the Newroz celebrations of 2003. However, the police intervened in the celebrations in several places and detained many people. In Diyarbakir, Ramazan Oflaz (48) died as a result of the heart attack he had due to the crowded surrounding. In Bingöl many people were detained. The delegation set up by 12 French and Italian visitors, who had gone to Bingöl to observe the celebrations, were not allowed to leave the municipality building and the hotel they were residing. Of the detainees DEHAP executives Ali Riza Yurtsever, Hasan Aydogmus, Faruk Ansin, chair for DEHAP in Bingöl M. Hadi Korkutata and Önder Armutçu were arrested on 23 March. In Karliova district 10 persons were detained. Among them Latif Karagöz and Çetin Aras were later released, the other 8 detainees, Hanifi Özmen, Mustafa Özmen, Burhanettin Özmen, Ertaç Karatas, Israfil Kizgin, Ali Çakmak, Saim Çakmak and Ahmet Çakmak are reportedly still being held at the Karliova Gendarmerie District Headquarter. In Van 36 students were detained during the celebrations made in the Yüzüncü Yil University. Of the detainees Nalan Yurtsever, Ayfer Karaman, Selma Özer, Mehmet Altintas, Kasim Yavuklu, Serif Nalgir and 5 students whose names have not been disclosed were remanded on 22 March on the allegation of "organizing unauthorized demonstrations". The other 25 students were released to be tried without remand. In Biga district of Çanakkale 14 persons were detained in connection with the celebrations. In Nusaybin district (Mardin) Üzeyir Sabayi was detained for "having put on peshmerga clothes". The German delegation who visited the Kurdish region to observe the Newroz celebrations was not allowed to enter Nusaybin. In Kiziltepe district (Mardin) 6 persons were detained. In Antep, 4 persons were detained after the celebratinos had ended. In Cizre district (Sirnak) the police allegedly broke down the windows of the shops, which had been closed on the occasion of Newroz. In the evening of 21 March the police intervened in the celebrations held by a crowded group in Silvan district (Diyarbakir) and detained Veli Esmer under beatings. In Izmir a person named Cihan Akyol was detained. Akyol was remanded on 23 March. In Sakarya province the police intervened in the unauthorized celebrations and detained 4 persons. The detainees were fined a total of TL 2 billion for "having caused air pollution by lighting fire". (Özgür Gündem-TIHV, March 22-23-24, 2003)

Detentions, Arrests

On 22 March, soldiers raided Okçular village of Bulanik district (Mus) on the allegation that "the Turkish flag hung in the primary school was burnt", and  detained Naci Günes, Cumali Çagrildi, Ali Karakaya and Hayati Saridag. All the detainees except for Saridag were remanded on 23 March. Of the 11 university students who had been detained in Urfa on 19 March, Nesrin Yazar, Tahsin Erdem, Hüseyin Tangat, Ali Esen and Mahmut Dogan were remanded on 23 March. (23-24 March, Özgür Gündem)

Newroz Celebrations

Mehmet Tunç, Salim Selçuk, Mehmet Sait Demir, Mazlum Aydin, Cemal Orhan, Fesih Yaman and Felemez (last name not known), who were detained in Tarsus district (Içel) on 19 March, were arrested on 23 March. Leyla Aydemir, Leyla Koçhan, Necla Kaya, Gülseren Salman, Aysel Gökçen, Selma Gökçen, Nura Kaya and Sakir Uca were detained on the grounds that "they participated in Newroz celebrations" in Gümüldür district (Izmir). 11 students, who were arrested on 22 March after Newroz celebrations at the Van 100th Year University, were released on objection of their lawyers. (Özgür Gündem-TIHV, March 25, 2003)

Pressures in Prisons

Member of DEHAP, Ayse Gökkan, who has been incarcerated in Hakkari Closed Prison, stated that the airing places in the prison were full of snow and prison officials had told them to clean themselves. She said "Our communication is restricted. Beside political prisoners and ordinary prisoners are staying in the same ward." Abdullah Semsu, a prisoner¹s relative stated that in Antep E Type Closed Prison hot water was rarely available once a week and prisoners had to take their baths with cold water. He added that the central heating was turned on only once a week. (Özgür Gündem-TIHV, March 27, 2003)

Kurdish Education Trials

On 26 March, Istanbul SSC heard the case of 28 students, on trial for having handed in petititions  to the university rectorships for education in Kurdish. The court acquitted the students from charges of "aiding an illegal organization". Antep Regional Administrative Court cancelled the dismissal of 7 students from the Harran University. Serdar Aksit, Ferdi Çiçek, Osman Toy, Naci Durmus, Siracettin Yagiz, Mehmet Sanvurkan and Kenan Seçgül had been punished by dismissal from university for 1 or and two semesters because of petitions demanding education in Kurdish. (Özgür Gündem-TIHV, March 27, 2003)

Demonstrations for Öcalan, Anti-War Demonstrations

The police intervened in a demonstration held by DEHAP Diyarbakir provincial organization to protest the conditions of KADEK leader Abdullah Öcalan and war on Iraq. Rihan Altindag, the deputy major of Kayapinar (Diyarbakir) was reportedly wounded during a row. Serzes Arslan, who was detained after a press release in front of the building of DEHAP Sarigazi (Istanbul) was reportedly released thereafter. (Özgür Gündem-TIHV, March 27, 2003)

Kurdish Education

On 27 March, Adana SSC continued to hear the case of 81 persons in connection with petitions handed in to the Seyhan (Adana) National Education Directorate demanding Kurdish education on 2 January 2002. In his summing up the case the prosecutor wanted HADEP executives Osman Fatih Sanli, Ahmet Gül, Zeki Serin and Fatih Demir to be sentenced according to Article 169 TPC and the other 77 defendants to be acquitted. The hearing was adjourned to 24 April. (Özgür Gündem-TIHV, March 28, 2003)

Clash between Village Guards

On the evening of 26 March, a village guard named Süleyman Tas died during a clash that broke out between village guards who were on turn nearby Karamese village of Sason district (Batman). The cause of the clash is not known. (Özgür Gündem-TIHV, March 28, 2003)

Kurdish Names

18th Law Department of the Court of Cassation ruled that a court case to erase a name, which was already registered, couldn¹t be launched even the name is in contravention to national culture and moral rules. On 12 June 2002 the public prosecutor in Kurtalan district (Siirt) opened a case at Kurtalan Judiciary Court with the demand that the family of a child with the name ³Helin², who was born on 23 September 2001 and registered on 14 February 2002, had to change her name according to the article 16/4 of Law on Population. But Kurtalan Judiciary Court ruled that the case should be sent to Administrative Court. After the appeal of Population Directorate to the Court of Cassation, 18th Law Department ruled that having a name is a constitutional right and a name could not be erased without replacing it with another one. (Milliyet-TIHV, March 29, 2003)

Newroz Celebrations

Mensur Yalçin, Savas Özkul, Mesut Ünlü and Bülent Çevik, who were detained on 25 March during Newroz celebrations in Izmir, were arrested by Izmir SSC on 28 March. Cemal Pirbudak, Fahrettin Kaya, Erdal Poyraz, Sinan Avsar, Ramazan Özkul and Veysi Kaya were released. Güler Kondu, Sehmuz Okalin and Davut Tunç, who were detained in Batman on 27 March, were arrested on charges of carrying KADEK flag during the celebrations. (Özgür Gündem-TIHV, March 29, 2003)

Detentions and Arrests

DEHAP chairperson for Tarsus Alaattin Bilgiç was arrested on 28 March for a speech he made during the 2nd Ordinary Congress of Tarsus branch of DEHAP. An investigation was launched against DEHAP executives for Tarsus for the congress. During Burhan Karadeniz¹s funeral in Batman, who died in Germany, 3 persons were detained. Two of the detainees Muzaffer Özbek and Nevzat Kaya were arrested on 29 March. Also the police seized the films of the photographer Mehmet Sirin Hatman working for the daily ³Özgür Gündem². Burhan Karadeniz had been shot to his neck with one bullet on 5 August 1992 and gone abroad for treatment. On the night of 29 March civilian dressed police officers raided a house in Pendik (Istanbul) and detained Musa Özcan. (Özgür Gündem-TIHV, March 29-30, 2003)

HADEP Members on Trial

On 31 March, Karakoçan (Elazig) Penal Court of First Instance sentenced Abdulkadir Gül, chair for the People¹s Democracy Party (HADEP) Karakoçan district (Elazig), Mirberk Çikaray, chair for HADEP Sarican town (Elazig), Cemal Ayik, Erkan Poyraz, Mehmet Sari, Ibrahim Selçuk and Mecit Yildiz for 5 months¹ imprisonment under Articles 81/c and 117 of the Law on Political Parties. Imprisonment sentences were commuted to fines of 1 billion 100 million TL. The defendants have been charged in connection with Kurdish songs played during a solidarity evening held by district organization of HADEP in Karakoçan on 22 December 2002. On the same day, Ankara SSC started to hear the case of 41 persons in connection with slogans shouted in favor of KADEK and Kurdish songs during the first congress of provincial organization of HADEP in Eskisehir. The hearing was adjourned to 28 May. In this trial, defendants Aydin Bolkan, a member of parliament of HADEP, Erdal Narman, chair for HADEP in Eskisehir, Günes Çelik, executive for the Freedom and Solidarity Party (ÖDP) in Eskisehir, and 12 students of the Anadolu University are charged under Article 169 TPC. Meanwhile, Reyhan Çörmek, executive member for DEHAP Women¹s Commission, was detained on 31 March in connection with an investigation launched by office of the Agri public prosecutor after Newroz celebrations. (Özgür Gündem-TIHV, April 1, 2003)

Detentions and Arrests

Sinan Ecer, Ercan Ecer, Vesfi Talan and Ibrahim Inan, who were detained on allegations of ³supporting KADEK² in Kurtalan district (Siirt) were arrested on 31 March. Other four detainees, Abdülvahap Yüksekbag, Sükrü Çiçek, Medeni Sevis and Davut Esmer were released. On the same day Mehmet Çetinkaya was detained in Batman. (Özgür Gündem-TIHV, April 1, 2003)
 

Le Terrorisme de l'Etat/State Terrorism
 

La 106e victime de la grève de la faim: la 9ème lors du pouvoir islamiste

La grève de la faim qui dure depuis plus de deux ans pour protester contre le régime d'isolement carcéral dans les prisons turques a fait une nouvelle victime. Le nombre total des victimes s'élève ainsi à 106 depuis le début et à 9 lors du pouvoir islamiste. Un prisonnier gréviste de la faim, Yusuf Arici, 32 ans, est mort le 26 mars 2003 dans un hôpital d'Ankara où il était traité,

Membre présumé du Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), Arici a entamé son jeûne le 1er mai 2002, deux ans après son incarcération dans la prison de Sincan à Ankara.

Un autre prisonnier appartenant  au DHKP-C, Orhan Oguz, 23 ans, détenu dans une cellule d'isolement de la prison de type F de Tekirdag s'était immolé par le feu le 26 février 2003 pour protester contre les conditions d'isolement.

La grève a été lancée en octobre 2000 par plus d'un millier de prisonniers de gauche pour dénoncer l'entrée en service de prisons dites "de type F" où les cellules ne contiennent qu'une ou trois personnes, remplaçant les vastes dortoirs de plusieurs dizaines de détenus en fonction jusque là.

Les grévistes affirment que ce régime d'"isolement" les désocialise et les expose aux mauvais traitements de la part des gardiens et des forces de sécurité.

Les protestataires observent un jeûne tournant, absorbant de l'eau salée, sucrée et enrichie de vitamines pour rester en vie et ne pas perdre toutes leurs facultés mentales.

Le nombre des victimes de la grève de la faim s'élève à 65 morts. Ce chiffre comptabilise également des parents et proches de détenus qui ont observé un jeûne de solidarité, à domicile.

En plus de ces victimes, un assaut des forces de gendarmeries en décembre 2000, pour réduire le mouvement dans une vingtaine de prisons, avait fait 32 victimes dont deux gendarmes, et le gouvernement avait alors ouvert des nouvelles prisons dites "de type F".

Cinq prisonniers se sont en outre immolés par le feu en soutien aux grévistes et quatre autres personnes ont été tuées lors d'une intervention de la police en novembre dernier contre une maison d'Istanbul occupée par des grévistes.

Les protestataires avancent que le nouveau système désocialise les détenus et les expose aux mauvais traitements des forces de sécurité.

Mais le gouvernement s'est toujours catégoriquement refusé à revenir à l'ancien système, estimant qu'elles étaient la raison de fréquentes et sanglantes mutineries avec prises d'otages dans des prisons régulièrement dénoncées par les Européens pour leurs tristes bilans.

Les grévistes de la faim ont considérablement abaissé leurs exigences pour mettre fin à leur grève et sont prêts à accepter un compromis avancé par les chefs des 4 principaux barreaux du pays. Ce compromis, résumé sous formule, 3 clefs 3 portes, permettrait aux détenus de 3 cellules de 3 détenus (9 personnes), de pouvoir communiquer entre eux pendant huit heures par jour. Toutefois, le ministère de la justice la refuse en invoquant des obstacles de nature technique et sécuritaire.

Le gouvernement refuse cependant catégoriquement d'envisager un retour à l'ancien système des dortoirs, estimant qu'il était à l'origine de régulières mutineries avec prise d'otages, tout comme il refuse d'aménager des activités communes pour sortir les détenus de leur isolement.

Actuellement quelque 10.000 des 55.000 détenus que compte la Turquie sont des détenus politiques accusés de terrorisme ou d'appartenance à un parti ou une organisation politiques illégaux. (Info-Türk, 26 mars 2003)
 

Plusieurs manifestations pacifistes en Turquie au premier jour du conflit

Plusieurs manifestations de pacifistes ont eu lieu jeudi en Turquie, notamment à Ankara où quelques échauffourées ont éclaté avec la police, au premier jour du conflit ouvert par les Etats-Unis contre l'Irak.

Le parlement turc était réuni jeudi pour débattre d'une motion devant permettre l'envoi de soldats turcs dans le nord de l'Irak et d'ouvrir l'espace aérien turc aux forces armées américaines.

A Ankara, des sympathisants du petit parti de la Liberté et de la Solidarité (ODP, extra-parlementaire, gauche) et des membres de diverses chambres professionnelles ont tenté de se regrouper sur la place de Kizilay, siège traditionnel des rassemblements populaires dans la capitale turque.

L'accès à la place avait été bloqué par la police, et c'est alors que des violentes échauffourées ont éclaté avec la police qui a fait usage de matraques, faisant quelques blessés légers parmi les manifestants et la police, selon l'agence Anatolie.

La Plate-forme contre la guerre, qui regroupe des organisations non gouvernementales, a par ailleurs déposé une couronne mortuaire devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.

Enfin, devant l'ambassade d'Irak, des femmes se sont rassemblées en signe de protestation, marquant leur solidarité avec la population irakienne en brûlant des cierges, selon l'agence de presse.

A Istanbul, des étudiants sont montés sur la tour à incendie du campus de l'université et y ont suspendu une pancarte proclamant leur opposition à la guerre, a rapporté Anatolie.

Dans le même quartier de Beyazit, dans la presqu'île historique de la partie européenne de la ville, quelque 400 étudiants se sont réunis sur le parvis de la mosquée où ils ont brûlé des drapeaux américain et israélien.

Un groupe constitué de représentants de la Chambre des médecins, du barreau, de professeurs d'université, a déposé une couronne au monument aux morts de la place de Taksim, sur la rive européenne d'Istanbul. (AFP, 20 mars 2003)
 

Demand for Closure of Seven Political Parties

On 18 March, the Chief Prosecutor at the Court of Cassation, Sabih Kanadoglu, opened a case against 7 political parties for not having participated in the two successive general elections. Kanadoglu stated that the parties in question had been warned in advance to disband themselves according to Article 105 of the Law on Political Parties.

These political parties are: Revolutionary Socialist Workers¹ Party (DSIP), Socialist Workers¹ Party of Turkey, Justice Party of Turkey, Justice Party, Great Justice Party, Main Path Party and the ³Türkiye Özürlüsüyle Mutludur Partisi², founded by the disabled people. (Cumhuriyet-TIHV, March 19, 2003)
 

26 personnes interpellées lors d'une manifestation pro-kurde à Istanbul

La police turque a interpellé 26 personnes au cours d'une manifestation organisée dimanche à Istanbul, à l'appel d'un parti pro-kurde, pour célébrer l'anniversaire du massacre de Halabja, qui avait fait près de 5.000 morts au Kurdistan irakien, a rapporté l'agence Anatolie.

Les manifestants ont été interpellés au moment où la police tentait de disperser le rassemblement, organisé à l'occasion du 15ème anniversaire de cette attaque au gaz, le 16 mars 1988, par les forces irakiennes sur la bourgade de Halabja.

Environ 300 personnes ont participé à la manifestation, organisée par le Parti démocratique du peuple (Dehap), qui milite pour des droits accrus pour la minorité kurde de Turquie (environ 10 millions d'habitants sur un total de 70 millions).

Un procureur a réclamé jeudi dernier l'interdiction du Dehap. Le même jour, la cour constitutionnelle a prononcé l'interdiction du principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti de la démocratie du peuple (Hadep), affirmant qu'il menaçait l'unité du pays en apportant son soutien aux séparatistes kurdes. (AFP, 16 mars 2003)

Quinze interpellations lors d'une manifestation anti-US de Greenpeace

Quinze membres de Greenpeace, des Turcs et des étrangers, ont été interpellés vendredi par la police alors qu'ils manifestaient, à l'entrée du port turc d'Iskenderun (sud), contre le débarquement de matériel militaire américain, selon l'organisation.

Parmi les personnes interpellées figurent un Britannique, un Libanais, un Australien et un Belge, précise-t-elle dans un communiqué.

Plusieurs militants ont été traînés par terre après que les forces de sécurité ont coupé les chaînes dont ils s'étaient servis pour s'attacher à un camion, utilisé pour bloquer une entrée du port, selon les images données par les chaînes de télévision.

Sur le camion, on pouvait lire "Non à la guerre" en anglais et en turc.

Mercredi, des gendarmes turcs avaient tiré des coups de semonce pour empêcher des manifestants du parti communiste turc (TKP) de pénétrer dans ce port où les Etats-Unis débarquent depuis plusieurs semaines du matériel militaire, en prévision d'une guerre contre l'Irak.

A Silopi, dans le sud-est du pays à quelque 30 km de la frontière irakienne, les forces de l'ordre ont empêché une cinquantaine de dirigeants syndicalistes de se rendre au poste-frontière turco-irakien de Habur pour protester contre une guerre, selon la chaîne d'information NTV.

Les Turcs sont très majoritairement opposés à une guerre contre l'Irak et des manifestations sont organisées quotidiennement dans diverses villes du pays. (AFP, 14 mars 2003)
 

Tirs de semonce pour empêcher des manifestants d'entrer dans un port turc

Des gendarmes turcs ont tiré des coups de semonce mercredi pour empêcher des manifestants de pénétrer dans le port d'Iskenderun (sud) où les Etats-Unis débarquent depuis plusieurs jours du matériel militaire, en prévision d'une guerre contre l'Irak, rapportent les médias.

Des manifestants qui résistaient aux forces de sécurité ont été interpellés, rapporte l'agence Anatolie, sans en préciser le nombre.

Les manifestants rassemblés à l'entrée du port à l'appel du parti communiste turc (TKP) ont essayé de forcer un barrage de gendarmes et les soldats ont tiré des coups de semonce, précise la chaîne d'information NTV.

Les manifestants, au nombre de 250 à 300, scandaient des slogans anti-américains tel "Yankee Go Home" lorsque les altercations ont eu lieu, selon les images diffusées par cette chaîne.

Les gendarmes, des militaires, casqués et armés de fusils automatiques, tentaient de repousser en dehors des grillages du complexe les manifestants qui brandissaient des drapeaux rouges et des banderoles proclamant: "Non à la guerre".

Les manifestants voulaient entrer dans le port et jeter de la peinture rouge sur les véhicules militaires américains, selon Anatolie.

Selon Alper Dizdar, un militant de l'TKP, cité par l'agence, la manifestation visait à dénoncer l'"occupation" américaine en Turquie.

Le port d'Iskenderun est particulièrement actiF depuis plusieurs jours, des cargos y déchargeant des véhicules militaires américains et des convois de semi-remorques emportant chaque jour ces véhicules vers des bases dans le sud-est du pays.

Selon l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, les déploiements en cours s'inscrivent dans le cadre des opérations de modernisation des aéroports et ports turcs, susceptibles d'être utilisés pour un soutien logistique en cas de guerre.

Des députés turcs ont appelé mardi à l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les déploiements américains en cours dans le pays, estimant qu'ils étaient directement liés à un effort de guerre contre l'Irak.

Mais la demande a été rejetée par la majorité gouvernementale au parlement.

Les Turcs sont très majoritairement opposés à une guerre contre l'Irak et des manifestations sont organisées quotidiennemt dans diverses villes du pays.

Le parlement turc a rejeté en début du mois une motion appelant à un déploiement massif de soldats américains en Turquie et à l'envoi de soldats turcs dans le nord de l'Irak.

Un nouveau vote pourrait toutefois être convoqué une fois que le Premier ministre désigné Recep Tayyip Erdogan aura formé son cabinet. (AFP, 12 mars 2003)
 

Human Rights violations in brief

Torture in Istanbul

Ercüment Ilten and Cemil Altintas, who were detained on 24 February in Sarigazi (Istanbul), announced in Istanbul branch of Human Rights Association that they were threatened to death and forced to become informers by JITEM members. During the press conference held on 28 February Altintas said that they were detained when they were leaving the offices of DEHAP in Sarigazi. He continued: "They took us to the Sarigazi Gendarmerie HQ. They were cursing and forcing us to take on the illegal demonstrations. Our photos and fingerprints were taken. After being taken to a forest called "forest of death" they threatened us to death if we don¹t take on the demonstrations. By using a knife they asked me to become an informer. Then we came back to the HQ. There the soldiers said us that those persons were JITEM members and released us." Ercüment Ilten said: "After being taken to the HQ the soldiers did not want to let us go with JITEM members. Then we were taken to a forest, we were blindfolded. I rejected that I joined the demonstrations and they started to beat me. They throw me in a hole and threatened to detah with a pistol. They also forced me to become an informer." (Özgür Gündem-TIHV, March 1, 2003)

Torture in Diyarbakir

Pžnar Aydin, student at the University of Diyarbakir, announced that she was beaten and threatened by the persons who introduced themselves as police officers. On 24 February two persons forced her to get in a car when she was leaving the campus. She was asked to give information on many names. Since she replied that she doesn¹t know any of them, the persons beat her. About 90 minutes she was kept in the car and threatened to death. After her release she made an official complaint to the public prosecutor in Diyarbakir. (Özgür Gündem-TIHV, March 1, 2003)

Pressures in Prisons

Mehmet Zennun Rüzgar, who was transferred from Batman Prison to Siirt Prison, was beaten by the soldiers in Siirt. His son Ali Osman Rüzgar said that his father was arrested in 1994 and they appealed to the Ministry of Justice for transfer because of the poor health of his father. He should have been transferred with an ordinary car instead of the transfer bus because of claustrophobia. Even his relatives paid the expenses of the transfer to the administration of the prison he was transferred with the bus on 25 January. In Siirt Prison the soldiers wanted him to get undressed; since he rejected the demand the soldiers forced him to stay in the cold for hours. He was also beaten. (Özgür Gündem-TIHV, March 1, 2003)

Torture in the Prison

8 of the 29 persons who were arrested on 19 February after the demonstration in Adana to protest against the condition of Öcalan were released on objection of their lawyers. After their release demonstrators announced that they were tortured in Adana Kürkçüler Prison. Nusret Bakžr said that the soldiers and police officers beat them when they were blindfolded. Zülküf Tezkorkmaz stressed that they were stripped naked and beaten. They were also forced to shave and cut their hairs and kept in the cells where for 4 days in isolation. (Özgür Gündem-TIHV, March 3, 2003)

Torture in Istanbul

A court case was launched against the police officers Emre Çözeli, Mehmet Yanbul, Erdal Dogan and Ayhan Misir ofr torturing Ali T. (16), Mucip G. (16) and Ersin Ü. (17) who were detained on 8 December 2001 on the allegation of theft. The police officers were charged under the article 245 TPC (ill-treatment) and the case will start on 15 April at Beyoglu Penal Court of First Instance. (Milliyet-TIHV, March 1, 2003)

Attack by Rightists

On 28 February, a group of rightist students raided the Atatürk Dormitory in Zeytinburnu (Istanbul) and attacked the students. During the incident the students Abdüllatif Gümüsgöz and Sedat Yildiz were heavily beaten, 8 students were injured. The police detained 32 students after the incident. According to the press release of security forces the fight started between two groups when they were playing billiards. (Evrensel-TIHV, March 2, 2003)

Detentions, Arrests

On 28 February, Mustafa Ugur Yasar who has been wanted in connection with the Sivas Massacre (2 July 1993) was arrested in Balikesir. He was sentenced by Ankara SSC to death penalty and was living with an fake ID in the house of his brother. NTV correspondent Ferhat Malgir, Cihan News Agency (CHA) correspondent Süphi Kaya, Ihlas News Agency (IHA) correspondent Zeki Gül, Zaman newspaper correspondent Medeni Akbas were detained in Batman, when they wanted to take photos of the military equipments which will be used during the possible US attack on Iraq. The journalists were released 30 minutes later. (Cumhuriyet-TIHV, March 1-2, 2003)

Demonstration to Protest the Council of Higher Education

On 3 March, Ankara Penal Court of First Instance No.8 started to hear the case of 24 persons in connection with the demonstrations held on 6 November 2002 on the occasion of the anniversary of the foundation of the Council of Higher Education. One of the defendants lawyer Gokcen Zorcu stated that she was not involved in the demonstration but intervened in the beating of Veli Kaya. She added that the office of the public prosecutor did not receive permission from the Ministry of Justice for her trial according to the Law on Lawyers. Mahir Aygün, executive of the People¹s Houses, said that he intervened in the incident with some other persons and made the police officers stop beating Veli Kaya. The hearing was adjourned to 3 April. In this trial, Gökçen Zorcu, Mahir Aygün, Umut Sener, Ilhan Türk, Ismail Coskun, Kürsat Bafra, Umut Alkaç, Onur Gülbudak, Hatice Allahverdi, Suat Agbaba, Yilmaz Eren, Nevzat Samet Baykal, Ozan Demirok, Sinan Kahraman, Emrah Çorbacžoglu, Elvan Kelebek, Hüseyin Dogan, Aslan Seçkin Tatar, Ahmet Hamdi Topaloglu, Burak Kaya, Yücel Ardžç, Kemal Kahraman, Mehmet Ali Tok, Devrim Agca are charged with "staging an illegal demonstration" (Radikal-TIHV, March 4, 2003)

Child on Trial

The public prosecutor at Diyarbakžr SSC indicted B.A.(14), who allegedly said "Happy is he who says I am a Kurd" during the oath taking ceremony at the Kazanci Primary School in Bismil district (Diyarbakir) on 15 November 2002. B.A. will be charged under Article 312 TPC with inciting people to hatred and enmity. Lawyer Muharrem Erbey stated that the governor in Bismil district did not give permission to investigate against Cemil Özer, administrator of the school and teachers Ayse Isteyilmaz and Feyzi Yurtoglu who allegedly beaten B.A. Erbey said they applied to the Diyarbakir Regional Administrative Court. (Özgür Gündem-TIHV, March 4, 2003)

Torture in Detention

The youngster D.S. (17), who had been detained in Istanbul on 7 February, stated that he had been tortured at Kocasinan Police Station. He stated to have been detained while passing by the street, and continued as follows: "Fifteen minutes later they detained Emir Melet, chair for the Youth Wing of HADEP in Bahcelievler district. Two of us were taken to the police station in the same police vehicle. There they asked us many times whether we knew who had hung the placards in favor of KADEK. They said, ŒYou are members of HADEP. You know who has done this. You have done this." The police forced me to testify against Emir. I told him that I would not do so. Thereafter they started to curse me and beat by fists and kicks. Later a man came to talk to me. He introduced himself as a lawyer and, to make me believe this, he gave me his card. He told me, 'If you testify that Emir hanged the placard, I will tell him to testify that you have hung it. This way both of you can be released. At the court, both of you can object to each others' testimony and I can get you released'. Thereupon I testified as he advised. Then Emir and I were brought face to face. Thinking that he had testified in the same manner, I said ŒEmir has hung the placard". Immediately Emir started to shout saying, ŒYou have fooled this guy¹. I understood that I was severely tricked. I was taken to the prosecution office. I told the prosecutor that I was tricked and refused the allegations. Since I am below the age of 18, I was released. But Emir was remanded because of my testimony." Lawyer Özcan Intas stated that Emir Melet had been tortured in detention. Intas said, "My client Melet has told me that he had been forced to become a police informant. After he had rejected this offer, he was hanged on a Palestinian hanger, stripped stark naked, sexually assaulted. The police also had fired pressurized water at his body". (Özgür Gündem-TIHV, March 5, 2003)

Demonstrations Against the War

On 4 May, many high school students in Istanbul boycotted the classes to protest the expected U.S. attack on Iraq. In Esenler Atisalani Lyceum the school administration and the police in plain clothes prevented the action. 7 students in Bagcilar Barbaros Lyceum were reportedly detained. (Özgür Gündem-TIHV, March 5, 2003)

Torturers on Trial

On 27 February Batman Heavy Penal Court continued to hear the case against the non-commissioned officers Yusuf Dönmez and Kenan Yžldžržm charged of torturing Seyithan Kžrar, Mehmet Acar and Mazhar Çžnar, who had been detained in Batman on 9 June 2002. The sub-plaintiff Oktay Bagatžr reported that the hearing was adjourned to 17 April to hear the witnesses. (TIHV, March 6, 2003)

Detentions, Arrests

On 5 March 47 persons were detained in Istanbul in connection with the demonstrations held to protest the conditions of Abdullah Öcalan and the expected U.S. attack on Iraq. Of the detainees Yasar Çiçeklidal, chair for the DEHAP in Sultanbeyli district was released a short while later. Late in the afternoon on 4 March, the chair for DEHAP organization in Kadžköy district, Faruk Koç, chair for the youth wing, Rükmettin Çakmak, and DEHAP members Besime Basar, Derya Aslan and Bayram Yžldžz were detained in Istanbul. DEHAP executive for central district organization in Igdir, Mehmet Cirkan was remanded on 5 March on the allegation of being a "member of an illegal organization". In Ankara, Esref Özviran, chair for HADEP in Altžndag district, was detained with a police raid to home. On 5 March, four members of the Association of Basic Rights and Freedom were detained in Istanbul in connection with the demonstration held to protest the U.S.. Of the 14 persons who had been detained in Hakkari on 15 February in connection with the demonstration held in Yüksekova district to protest the conditions of Abdullah Öcalan, Metin Kurt, Aydžn Kurt, Çetin Bulut, Emrullah Öztunç and Ersin Kaval were remanded on 5 March on charges of "aiding an illegal organization". The other 9 persons were released. (Özgür Gündem-TIHV, March 6, 2003)

Torture Trial

The public prosecutor in Istanbul opened a case against 4 police officers on charges of having tortured Zihni Ipek, who was detained on 24 August 2001 for having formed a "gang". Chief Inspector Adil Serdar Saçan and the police officers Alper Özdemir, Murat Gökçek and Semir Günaydin who were on duty at the police department for organized crimes are charged under Article 243 TPC. The trail will start at Istanbul Heavy Penal Court. (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Death Fasts

State President Ahmet Necdet Sezer pardoned the prisoners Mustafa Demirer, Faik Önder and Selahattin Akcan, whose health deteriorated as a result of the death fast action, according to Article 104 of the Constitution. The decision was published in the Official Gazette of 6 March. (TIHV, March 7, 2003)

HADEP Members on Trial

The case against HADEP youth wings chairperson for Nusaybin (Mardin) Baki Narman and HADEP members Süleyman Tekin, Yasar Ayaz and Mehmet Ali Çelik, who were arrested on 2 January on charges of being members of illegal organization, started on 6 March at Diyarbakir SSC. The defendants were released at the hearing. (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Teachers on Trial

On 5 March Eyüp Penal Court of First Instance No. 2 continued to hear the case of 247 teachers, who had participated in the one-day-stop-working action on 1 December 2000 in Istanbul. (Evrensel-TIHV, March 7, 2003)

Performance Prevented

The executive of ANKA Culture Centre Mustafa Hazer announced that they postponed the folk dance performance, which was supposed to be held on 9 March, for being threatened by Mersin Security HQ. HAzer said: "On 4 March we informed the governor¹s office about the performance. But on 5 March they called me to the Security HQ. and asked to postpone the performance. I was threatened to be arrested. I signed a document and postponed the performance." (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Student dismissed from School

The Dicle University student Abdurrahim Demir, who was sentenced to 3 years¹ 9 months¹ imprisonment under Article 169 of the TPC, was dismissed from the school because of his criminal record. Demir had been detained on 22 January 2002, when trying to hand in a total of 1540 petitions for education in Kurdish to the university rectorate. The case brought against him on charges of "aiding the PKK" was concluded by Diyarbakir SSC on  4 November 2002. (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Detentions, Arrests

Chair for the DEHAP in Istanbul, Hüseyin Altun, stated that during the last few days, many executives and members of the party were detained by the police. In Sazliköy town of Aydin the gendarmerie raided the houses of DEHAP executives Memduh Besenk, Hayrettin Baydar, Semsettin Soyalp and Ržza Soyalp on 4 March. Hayrettin Baydar was detained during the raids and was released on the following day. During the house raids organized in Antep on 5 March, Muzeffer Belgiç and Osman Beran were detained. (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Torturers on Trial

On 25 September Siirt Criminal Court continued to hear the case of 8 police officers, charged with having tortured Muzaffer Çinar, who was detained in Siirt on 21 July 1999. After his release on 29 July he went to Istanbul and was certified by various hospitals to have been tortured. The court adjourned the hearing for defendants to testify. (TIHV, March 10, 2003)

Incident during death fast in Küçükarmutlu

On 7 March Istanbul SSC No. 6 continued to hear the case of 19 people, who had been detained during an operation against a house in Küçükarmutlu quarter (Istanbul) where several people were conducting a solidarity hunger strike against the F-type prisons. In his summing up the case the prosecutor asked the defendants to be sentenced according to the article 169 TPC (aiding and abetting illegal organization). In this trial, the defendants Zeki Dogan, Sinan Tökü, Güzin Tolga, Eylem Göktas, Ahmet Güzel, Gamze Turan, Vedat Çelik, Selma Kubat  (under arrest) and Dursun Ali Pekin, Halil Aksu, Haydar Bozkurt, Hakki Simsek, Hüseyin Akpinar, Serhat Ertürk, Özkan Güzel, Madimak Özen, Halil Acar, Serap Boyoglu and Engin Karagöz have to expect sentences of between 5 and 22.5 years¹ imprisonment. On 5 and 13 November 2001 the security forces had conducted two operations in Küçükarmutlu quarter resulting in the deaths of Sultan Yildiz, Arzu Güler, Baris Kas and Bülent Durgaç. (Özgür Gündem-TIHV, March 8, 2003)

8 March Women¹s Day

Sarya Ölmez, who was going from Cizre (Sirnak) to Gemlik (Bursa) to join the press conference organized by DEHAP, was detained on 7 March. Ölmez was arrested on 8 March. The same day in Bursa Nilüfer Dumlu, Sevda Geçiren, Özcan Yildirim, Mahmut Sercan, Kiymet Toprak and DEHAP chairperson for Osmangazi Sadrettin Atak, Günes Yavuz and Gönül Yavuz were detained. During the house raids in Bursa on 8 March many persons were detained. Since the women were not allowed to enter Bursa the press conference was held in Ankara. On 9 March the police intervened a group of women, who returned back to Manisa from Bursa and wanted to read a press statement. After the press conference in Konya DEHAP women¹s wing executive Nurhan Öztürk, Sidar Arslan, Türkan Tahtaci, Gönül Baristiran and Hamza Ölmez were detained. During the activity in Van organized by DEHAP women¹s wing on 8 March DEHAP executive for Van Zeynep Boga was detained. Mersin Peace Penal Court banned the leaflets of DEHAP women¹s wing. The police prevented people to sign in Kurdish during the activity in Mersin on 8 March. 5 persons were detained during the incident.  On 8 March the police detained 10 persons in Çanakkale. Four persons who were beaten by the police wee transferred to the hospital. (Özgür Gündem-TIHV, March 8-9, 2003)

Demonstration Prevented

The police intervened the demonstration in Çinarlik district in Carsamba (Samsun) on 9 March against the powerhouse, which will damage the shore, and detained 50 demonstrators. (Radikal-TIHV, March 10, 2003)

Demonstrations, Detentions and Arrests

On 7 March the police intervened a group of students who wanted to read a press statement at the campus of Istanbul University. The students Günay Altiner, Derya Taskiran and Gökhan Dilek were detained under beatings. HADEP chairperson for Altindag (Ankara) Esref Özviran, who was detained on 4 March, was arrested on 7 March on charges of "aiding and abetting illegal organization" by Ankara SSC. Musa Erdogan, Müslüm Deniz, Salman Sahgül, Osman Beran, Mehmet Evli, Gazi Evli and Naci Halhalli, who were detained during the demonstrations in Antep, were arrested on 7 March. (Özgür Gündem-TIHV, March 8-9, 2003)

Bomb Explosion

On 9 March the child Veysi Yarmagiç (13) was wounded in Silvan (Diyarbakir), when the bullet of a rocket launcher he had found near Silvan Gendarmerie HQ. exploded. (Özgür Gündem-TIHV, March 10, 2003)

Torture in Detention

Halil Ibrahim Kafaoglu who was detained in Konya was reportedly beaten by superintendent Metin Kanyer at the police station.  On 10 March, Halil Ibrahim Kafaoglu, owner of a gas station, warned Metin Kanyer who wanted to have his car washed without waiting in line. Thereupon, Kanyer called for other police officers from Sehit Topel Polis Station and they took Halil Ibrahim Kafaoglu, his brother Mustafa Kafaoglu, his employees Adnan Pirinç and Mehmet Özdiken and a customer (name not known) to the station. Halil Ibrahim Kafaoglu was punched by Kanyer while testifying and hospitalized due to splitted lip and traumatized lower chin. (Radikal-TIHV, March 11, 2003)

Arrested Children

Four children, who were arrested in connection with demonstrations held for Öcalan in February were reportedly beaten at Bitlis Prison. Deham Saribulak, father of K. Saribulak, one of the children, stated that children who rejected to clean corridors were beaten in cells by prison guards. (Özgür Gündem-TIHV, March 11, 2003)

Demonstrations against War

On 10 March, police detained 5 students who enchained themselves to iron fence and 6 students who opened a banner in order to protest war in front of the Istanbul Besiktas Lyceum. Police officers who detained youngsters under beatings also harassed the reporters making a recording of the event. (Radikal-TIHV, March 11, 2003)

Susurluk Case

The 8th Chamber of the Court of Cassation declined the demand for a retrial of the former general and member of National Intelligence Service (MIT) Korkut Eken. Previously the demand had been declined by Istanbul Heavy Penal Court No.1 and Eken¹s lawyers had appealed to the Ministry of Justice and demanded the verdict to be quashed by a written order. The 8th Chamber of the Court of Cassation rejected this demand. (Hürriyet-TIHV, March 11, 2003)

Pressure to become a Police Informer

Reports from the IHD Adana Branch stated that Erkan Öztürk who had been detained on 10 March by the police in plain clothes was forced to become a police informer. Güden was reportedly asked by the police to give information about his friend Ismail Sürer in return for money. (Özgür Gündem-TIHV, March 12, 2003)

Torture in Detention

The superintendent police officer Metin Kanyer was suspended from duty due to the investigation filed against him. Kanyer is charged of beating Halil Ibrahim Kafaoglu at a police station in Konya on 10 March. (Radikal-TIHV, March 12, 2003)

Demonstrations Against War

A case has been launched against nine persons who had been detained on 24 February during a sit-in act held in Ankara to protest the Government motion relating to the deployment of U.S.¹ troops in Turkey and commissioning of Turkish troops abroad. The indictment prepared by the public prosecutor in Ankara wants the defendants Erdem Güdenoglu, Mehmet Yasar, Ufuk Safak, Yavuz Yegbek, Gültekin Acar, Hasan Karapžnar, Haydar Baržs Aybakžr, Mert Kavak and Ozan Eren be charged for "organizing an unauthorized demonstration". (Yeni Safak-TIHV, March 12, 2003)

Torture in Detention

The students Sevda Kurban, Sinem Camuz, Sinan Güzel, H.Y., R.B., Y.A., O.Y., B.S., N.A. (17) and S.Y., who had been detained in Istanbul on 10 March during a demonstration held to protest any U.S.¹ attack on Iraq, stated that they were tortured while in detention. The students filed an official complaint with the police officers on 12 March. N.A. stated that while being held at the Anti-Terror Department in Besiktas, they were subjected to beatings and physical and verbal abuse. Reportedly the detainees who were below the age of 18 were also handcuffed. Lawyer Behiç Asçž stated that the detainees were tortured also at the Haseki Hospital. (Özgür Gündem)

Demonstrations against War

On 12 March a clash broke out between the students of Istanbul Marmara University. The incident reportedly developed as follows: Some students, who are members of the Communist Party of Turkey (TKP), wanted to hang a placard on the building of the Faculty of Arts and Sciences to protest any possible U.S.¹ attack on Iraq. The nationalist right-wing students objected this and attacked the TKP members. In the clash the students named Volkan Bahtiyar Karabeyin, Gültekin Küpeli, Orhan Aslžhan, Mehmet Akkus, Deniz Aktas, Ali Tecer and Adnan Kemal Basaran were injured. Following the clash, the police detained some 40 students, most of them being members of TKP. The police intervened in the demonstration held by TKP at Iskenderun Harbour on 12 March. This harbor is one of the strategic points used by the U.S. to deploy its troops and equipments for attacking Iraq. Reportedly, a group of some 20 persons, including Akin Birdal, Chairman of the Socialist Democracy Party (SDP), gathered near the B gate to make a press release to protest American aggression. Meanwhile, a bus carrying some 100 TKP members arrived at the B gate and wanted to enter the harbor. The soldiers and police intervened in the group and opened fire into the air for warning. Then the police dispersed the group by force and detained the TKP members Necmettin Salaz, Alper Dizdar, Hasan Topuz and a person whose name could not be identified. (Evrensel-Milliyet-TIHV, March 14, 2003)

Demonstrations against War

At the night of 12 March,  a group on 40 people  in Birecik district of Urfa stoned a U.S. military vehicle which was carrying military equipment and ammunition. The police intervened in the group and detained Mehmet Karababa, executive of the Party of Labor in the district. Karababa was later released. (Özgür Gündem)

Lawyer Detained

Behiç Asçi, lawyer from the Office for People¹s Law was detained on 13 March. He was released the same day. When he was leaving Bakirköy Prison for Women and Children gendarmerie detained Asçi and he was taken to the department to fight terrorism. Behiç Asçi said: "Even they are not allowed to perform a security investigation against the lawyers They detained me after the investigation. At the department to fight terrorism the police officers Nihat Çulhaoglu and Ali Ersan threatened me to death not to work for the Office for People¹s Law. Asçi made an official complaint against the police officers Çulhaoglu and Ersan. The officers are on trial in connection with the death of Ismail Kahraman on 6 July 2002 in Istanbul. They were also tried for torturing Erol Kaplan, Ridvan Kura, Fatma Günay, Mustafa Demir, the lawyer Fazil Ahmet Tamer and the lawyer Hasan Demir, who were detained on 19 April 1994. (Özgür Gündem-TIHV, March 15, 2003)

Arrested Children

Cahit Bilgin (16), who was arrested for participating protest actions against the condition of Abdullah Öcalan, was beaten in Bitlis prison. His father Mehmet Bilgin applied to the Human Rights Associaition Van branch and stressed that his son was forced to clean the wards. Since Cahit Bilgin rejected the demand he was heavily beaten. In recent days Deham Saribulak, father of K. Saribulak, who was arrested with Cahit Bilgin, also made a press conference for the same allegations. (Özgür Gündem-TIHV, March 17, 2003)

Demonstrations Against War

The lawyer of Peace Initiative Ergin Cinmen and the lawyers of the journalists Aydin Engin, Mebuse Tekay, Oya Baydar Engin and Gencay Gürsoy made an official complaint to launch a court case against Governmental Motion to carry out necessary arrangements about deployment of U.S. technical and military personnel in Turkey for three months for modernization, development and construction of military bases and ports. The lawyers stressed that the operations and actions allegedly based on the motion are contradictory to the motion. According to the official complaint constructing military establishment in Mardin, transferring military equipments to the border, renting real estates for military purposes could not be related to the motion. The lawyers also launched a compensation case against the government. (Radikal-TIHV, March 15, 2003)

Demonstrations against War

Chair for DEHAP provincial organization in Kars, Mahmut Bosnak, was arrested on 15 March in connection with the leaflet titled "No to War, for the Fraternity of Turkish, Arab and Kurdish Peoples in Turkey and in the Middle East", and prepared by DEHAP Headquarters. Bosnak will reportedly be tried under Article 312 of the TPC. The case launched against Ahmet Dagtekin, Chair for DEHAP in Ceylanpžnar district (Urfa) on the allegation that "DEHAP¹s leaflets contained propaganda for illegal organizations" will start today (17 March). The Security Directorate in Urfa banned the panel planned to be held by the Women¹s Platform in Urfa under the title "Peace and Woman". The so-called "Peace Delegation" set up by representatives of civil democratic institutions to protest the U.S.¹s war preparations reached Silopi district (Sirnak) on 14 March. The delegation had set out from Istanbul. At the entrance to the district, the delegation was not allowed to proceed.  Thereupon they decided to go to Iskenderun. While passing by Nusaybin, the delegation was met by a crowded group, who the police soon dispersed by opening fire into the air. On 14 March, the police detained the members of Greenpeace who held a demonstration at the entrance of Iskenderun harbor. On 14 March Ankara SSC reportedly issued an arrest warrant against nine persons, Erdem Güdenoglu, Mehmet Yasar, Ufuk Safak, Yavuz Yesbek, Gültekin Acar, Hasan Karapinar, Haydar Baris Aybakir, Mert Kavak and Ozan Eren, who are put on trial for having protested the Government motion that allows the deployment of U.S.¹ troops in Turkey and commissioning of Turkish troops abroad. Haydar Baris Aybakir and Mert Kavak were arrested a few days ago. Mehmet Yasar and Gültekin Acar were arrested on 2 March during the demonstration held in front of the Justice and Development Party (AKP) Headquarters. The other 5 persons are being searched. (15-16-17 March, Özgür Gündem)

8 March Women¹s Day

Sehmuz Güler, Elif Yilmaz and Gökhan Erdal Özal, who were detained during the demonstration in Çanakkale, were arrested on 14 March. (Evrensel-TIHV, March 14, 2003)

Pressures in the Prisons

According to the press release by the prisoner in Iskenderun Special Type Prison the prisoners Ahmet Bilge and Cesim Soylu were transferred to another prison without their request. Even though the prisoner handed over petitions the directorate of the prison rejected the petitions. Then the prisoners started hunger strike on 12 March and wrote petitions to the authorities at the Ministry of Justice to inform them about the incident and hunger strike. But their petitions were not sent. According to the statement the letters written to the press and officials were also not sent for some time. The Kurdish books and journals are not bought, too. The prisoners are also subjected to ill-treatment on the way to and from the court. They are not medically treated. (Özgür Gündem-TIHV, March 14, 2003)

The "Umut" Case

Ankara SSC continued the retrial of 24 persons in the so-called "Umut" (Hope) case on 17 March. The defendants are charged with 22 actions, including the killing of journalist Ugur Mumcu, Dr. Bahriye Üçok, Prof. Dr. Muammer Aksoy and Prof. Dr. Ahmet Taner Kislali. At the hearing the police officers, who had written the report after the killing of Muammer Aksoy on 31 January 1990, testified. The court adjourned the hearing. The trial had ended at Ankara SSC on 7 January 2002. The court had sentenced Ferhan Özmen, Necdet Yüksel and Rüstü Aytufan to death according to Article 146/1 TPC for the "violent attempt to overthrow the constitutional order". The defendants Mehmet Ali Tekin, Abdülhamit Çelik, Muzaffer Dagdeviren, Fatih Aydin, Mehmet Sahin, Talip Özçelik, Hakki Selçuk Sanli, Mehmet Kassap, Mehmet Gürova, Adil Aydin and Murat Nazli were sentenced to 15.5 years¹ imprisonment according to Article 168/2 TPC. Under the same provision the defendant Yusuf Karakus was sentenced to 15 years¹ imprisonment and Hasan Kiliç was sentenced to 18 years¹, 9 months¹ imprisonment according to Article 168/1 TPC. The defendants Musa Koca, Ismail Koçhan, Seref Dursun, Adnan Yükdag and Abdullah Argun Çetin were acquitted. In November 2002, the 9th Chamber of the Court of Cassation confirmed the sentences against Dervis Polat and Yüksel Pekdemir and the acquittal of Abdullah Argun Çetin as well as the sentences against Mehmet Gürova, Mehmet Kassap, Adil Aydin, Talip Özçelik, Hakki Selçuk Sanli and Murat Nazli, but quashed the verdicts against Mehmet Ali Tekin, Abdülhamit Çelik, Muzaffer Dagdeviren, Fatih Aydin, Mehmet Sahin and Hasan Kiliç on the grounds of insufficient investigation. (Cumhuriyet-TIHV, March 18, 2003)

Fight between Trade Unions

The case against 7 persons in connection with the killings of 3 trade unionists on 20 November 2002 started at Bakirköy Heavy Penal Court on 17 March. The defendants testified at the hearing. Members of TÜMTIS Hasan Dogan, Aziz Özdogan, Ilker Dilcan and Kemal Karabulut said that they had been attacked by members of Nakliye-Is on the previous day of the incident. The court adjourned the hearing on 13 May. In Zeytinburnu-Istanbul disputes about the better trade union in the transportation sector had resulted in a fight with knives, sticks and stones causing the lives of Seref Akbulut (48), Oguzhan Melek (25) and Cemil Balli (28). The problems had started when some 800 workers left the trade union (TÜMTIS, member of the confederation Türk-Is) because of its "antidemocratic behavior" and joined Nakliyat-Is (confederation DISK) about two months ago. The defendants are charged with "killing, attempt to killing and participating clash leading to death" and expecting terms of imprisonment. (Evrensel)

Action Against War

Human Rights Association (IHD) Istanbul branch executives and members made an official complaint against Chief of General Staff Hilmi Özkök, Prime Minister Recep Tayyip Erdogan and former Prime Minister Abdullah Gül. IHD vice-president Eren Keskin stressed that transferring military persons to the borders is extra-legal and contrary to the governmental motion. The official complaint was based on the article 150 TPC (supplying arms to the organizations which is likely to commit crimes). (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Death Fasts

The State President Ahmet Necdet Sezer pardoned the political prisoner Hüseyin Polat according to Article 104 of the Constitution. Polat has reportedly been suffering from severe health problems due to his death fast action. The decision was announced in the Official Gazette on 14 March. (TIHV, March 18, 2003)

Case on Extra-judicial Execution

On 18 March, Ankara Heavy Penal Court No. 7 concluded the case of three soldiers in connection with the killing of private Ersan Uysal in Baypazari district of Ankara on 2 August 1999. The Court acquitted the defendants Mustafay Olcay, Duran Serefli and Harun Görgün. Uysal was reportedly trying to run away from his squadron when the soldiers shot him to death. However, at the time of the incident it was alleged that Uysal had in fact been killed after he had been caught. (Yeni Safak-TIHV, March 19, 2003)

Killing of Kemal Türkler

On 18 March, Istanbul Heavy Penal Court No.2 continued to hear the case against Ünal Osmanagaoglu charged of killing of Kemal Türkler, former chairman of the unions' confederation DISK on 22 July 1980. (Cumhuriyet-TIHV, March 19, 2003)

The U.S. Attack on Iraq

The members of the German Socialist Party, who have visited Turkey to investigate military preparations for a U.S. attack on Iraq, were not allowed to enter Hakkari province for "the existence of a state of emergency". The delegation left Ankara on 16 March to go to Van province and after concluding their visits and investigations there they set out for Hakkari on 18 March. They were stopped at the Zernek Gendarmerie Station near Gürpinar district and kept there for an hour. Then they were told not to proceed to Hakkari. The president of the delegation, Robert Jarom stated that he had a phone call with Van Governor Hikmet Tan and continued, "He said, ŒNeither me, nor the Hakkari Governor can help you. No matter it has not been declared officially, there is a state of emergency here. Only the Ministry of Interior may allow you to go there. Why don¹t you go to Diyarbakir, Kars, Agri or Mardin, instead of Hakkari? You can stay in Van. Furthermore, this is U.S.¹ fault, we have nothing to do¹. Upon his answer we returned to Van. In fact we had taken the necessary permissions from the Turkish authorities before coming here. The Ministrry of Interior was informed of the visit we planned to make in the region". (Özgür Gündem-TIHV, March 19, 2003)

Pressures in Prison

Nuri Çelik, Seyat Cengiz and Feridun Isçimen, prisoners in Agri Dogubeyazit Prison, were reportedly not taken to the hearings at Erzurum SSC on 11 March on the grounds that "their families did not pay for their trip." The prison administration allegedly had asked from prisoners 150 million each for their trip on 11 March. (Özgür Gündem-TIHV, March 20, 2003)

Death Fasts

State President Ahmet Necdet Sezer pardoned the prisoners Okan Ünsal and Mustafa Ünsal according to Article 104 of the Constitution. The decision was published in the Official Gazette of 19 March. (TIHV, March 20, 2003)

Official Complaint against Police Officers

Yavuz Karakus, chair for the Party of Labor (EMEP) for Diyarbakir filed an official complaint against Bülent Yavasoglu, Deputy Chief of Diyarbakir Police and other police officers who insulted and threatened him during the demonstration held on 16 March in commemoration of the Halabje massacre of 16-17 March 1988. (Evrensel-TIHV, March 20, 2003)

Police Officers on Trial

Ankara Penal Court of First Instance No.10 started to hear the case of two police officers, Sefa Sevim and Ergün Ates, in connection with the beating of Veli Kaya during demonstrations held on 6 November 2002 on the occasion of the anniversary of the foundation of the Council of Higher Education. Defendants¹ lawyers demanded that other police officers whose cases resulted in a decision not to prosecute, Zekai Baloglu, Cuma Cihan and Dursun Sarikaya be heard as witnesses. The hearing adjourned to 24 April. The indictment wants the defendants be sentenced to imprisonment according to Article 245 TPC. (Evrensel-TIHV, March 20, 2003)

Offer to become Police Informer

On 19 March Hüseyin Akbalik, student at the Bursa Uludag University, made a statement at the Bursa branch of the Human Rights Association (IHD) stating that on 13 March, two civilian dressed police officers had took him to the Hamzabey Mosque¹s garden and asked him to become a police informer. (Evrensel-TIHV, March 20, 2003)

Teachers on Trial

On 19 March, Ayancik (Sinop) Penal Court of First Instance acquitted 91 teachers who had participated in the one-day no-work action by the Labor Platform on 1 December 2000. (Evrensel-TIHV, March 20, 2003)

Detentions and Arrests

On 19 March, Nesrin Yazar, Tahsin Erdem, Sehmuz Dodanli, Hüseyin Tangat, Serif Aslan and M. Baki Erkan were detained during house raids in Urfa on allegations of "shouting slogans in favor of Abdullah Öcalan during demonstrations held in commemoration of Halabje Massacre" (Özgür Gündem-TIHV, March 20, 2003)

Demonstrations against War

On 20 March, a group of demonstrators walked from Kizilay Square towards the American Embassy. The police intervened in the crowd while returning to Kizilay and detained some of them. On the same day 6 students, who hung a banner saying "Damn with the US- Collaborator AKP- This country is not for sale" on the fire tower at the Istanbul University Beyazit Kampus, were detained. On the evening of 20 March, a crowd gathered in front of the Atatürk Cultural Center and walked towards Istiklal Street. The police intervened in the crowd and detained many persons under beatings. 7 persons were reportedly detained during a demonstration held in Konak district (Izmir). On 18 March, many students were reportedly detained during a demonstration held at the Middle East Technical University. (BIA-Özgür Gündem-TIHV, March 21, 2003)

Pressure in Prisons

The inmates in the juvenile ward in Buca Prison (Izmir) launched a strike in the evening of 20 March. They reportedly set the ward on fire, which was put out a short while later. The reason for the action is not known. On 22 March, the IHD Adana Branch Secretary Eylem Güden made a press release stating that the inmates in Kürkçüler Prison were confronting pressures from the prison administration. Güden stated that the pressure in the Prison increased since Mete Erdem was appointed as the director. Güden stated the duration of visits was decreased to 15 minutes, clothes and foodstuff brought by the visitors were ruined, and the inmates were forcibly shaven, and beaten on orders of the prison administration. (Evrensel-TIHV, March 22-23, 2003)

Death Fasts

State President Ahmet Necdet Sezer pardoned the prisoners Mustafa Sagdiç and Sahin Geçit according to Article 104 of the Constitution because of poor health due to their death fast actions. The decision was announced in the Official Gazette on 31 December 2002.  (TIHV, March 24, 2003)

Ankara IHD on Trial

On 20 March Ankara SSC continued to hear the case against the Ankara branch of the Human Rights Association (IHD) with the demand of closure and sentences for "supporting illegal organizations".  The hearing was adjourned to 29 April awaiting a medical report on the defendant Ali Riza Bektas. For the protests against the F-type prisons the former chairman Lütfi Demirkapi and the board members Ilhami Yaban, Ismail Boyraz, Erol Direkçi, Mesut Çetiner, Zeki Irmak, Riza Resat Çetinbas, as well as members of the prison commission Ali Riza Bektas, Selim Necati Ort, Saniye Simsek, Ekrem Erdin, Gökçe Otlu and Emrah Serhan Soysal are charged under Article 169 TPC. The prosecutor has also asked for closure of the branch according to Article 7/4 of the Law on Fighting Terrorism. (TIHV, March 24, 2003)

Demonstrations Against the War

On 21 March thousands of students in many universities boycotted the classes to protest the U.S. led attack on Iraq. No serious incidents were recorded during the actions. In Edirne the police intervened in the protest demonstration held by the students in front of the office of the Justice and Development Party (AKP) and detained 21 persons. In Adana Çukurova University 11 students were detained under beatings. The students were later released. On 21 March after the Friday Sermon in Beyazit Mosque had ended, hundreds of people held an open-air protest against the U.S.¹ attack on Iraq. A group of protesters wanting to march through Aksaray quarter was dispersed by the police by force. 4 persons were detained in the incident. Ahmet Faruk Keceli who had gone to Iraq as a human shield and returned from there a while ago initiated a hunger strike in Taksim square (Istanbul) on 22 March. On 23 March, clashes broke out between the police and the demonstrators on Istiklal Avenue (Istanbul). The police intervened in the demonstration and dispersed the people by beating and tear gas. On the same day, Hazma Özdemir, Aydin Saygili, two persons with the first names Veli and Günay were detained during the demonstration held in Esenler district (Istanbul). (Evrensel-Özgür Gündem-TIHV, March 22-23-24, 2003)

Killing of Sinan Kayis

On 24 March, Istanbul Penal Court No. 1 continued to hear the case of Ömer Karakus and Ziya Yücetepe, who on 31 August killed Sinan Kayis, member of the Freedom and Solidarity Party (ÖDP) and injured Yalçin Köse (owner of the coffee shop where the incident took place). The indictment wants Yücetepe and Karakus be sentenced to between 25 and 34 years¹ imprisonment on charges of "killing someone intentionally", "effective action", "holding unlicensed firearms". The hearing was adjourned to a later date awaiting autopsy report. (Evrensel-TIHV, March 25, 2003)

Anti-war Demonstrations

On 24 March, Kiziltepe Penal Court of First Instance continued to hear the case of Gülistan Öncü, executive for DEHAP Kiziltepe, Ismail Asi and Ridvan Olcasöz, a staff member of the journal Yeniden Özgür Gündem, charged with "holding an illegal demonstration". Defendants, who were arrested on 12 February after a demonstration in Kiziltepe (Mardin), were released at the hearing. (Özgür Gündem-TIHV, March 25, 2003)

Detentions and Arrests

Mustafa Coskun, who lives in the US, was reportedly arrested on allegation of "supporting KADEK" while visiting his relatives in Sarikamis (Kars). Coskun was reportedly arrested upon e-mail messages sent to the Security Directorate and the office of the State President. (Özgür Gündem-TIHV, March 25, 2003)

Death in Prison

The ordinary prisoner Mehmet Galip Yžldžržm (23), incarcerated in Lice district (Diyarbakir) committed sucide on 25 March. Yžldžržm was reportedly serving his 5 months¹ imprisonment sentence for having ranway from the military service. Reports from Edirne F-type prison stated that the common prisoner Ibrahim Saylž tried to commit suicide. (Evrensel-TIHV, March 26, 2003)

Village Guards on Trial

The case against 24 village guards (20 in remand) in connection with the killings of Yusuf Ünal, Abdulsamet Ünal and Abdurrahim Ünal in Nureddin (Nordin) village of Malazgirt district (Mus) on 9 July 2002 continued at Mus Heavy Penal Court on 24 March. The Court adjourned the hearing to 22 April to hear the witnesses.  The indictment wants the defendants be sentenced to life. During the hearing of 27 January the defendants Davut Polat, Mehmet Polat, Nuri Polat and Nihat Polat were released on bail to be tried without remand. (TIHV, March 26, 2003)

Trade Unionist on Trial

The case against Musa Akkas, Sivas representative of the teachers¹ trade union "Türk Egitim Sen", was concluded at Sivas Penal Court of First Instance No.2 on 25 March. Akkas was being tried on the allegation of "organizing unauthorized demonstration". (Evrensel-TIHV, March 26, 2003)

Detentions, Arrests

The student Bilim Solduk was detained on 25 March for having participated in the Newroz celebrations made in Çukurova University.  Nihat Avcž, Veysi Yakut, Baržs Çaylak and Mehmet Kocaakça who had been detained during the celebrations are reportedly still being held in detention. (Özgür Gündem-TIHV, March 26, 2003)

Death Fasts

On 26 March, Yusuf Araci, whose health deteriorated due to death fast action, died in Ankara Numune Hospital. Araci had been imprisoned as an alleged member of the Revolutionary People¹s Liberation Party-Front (DHKP-C) since 2000 and began his action on 1 May 2002 in Sincan F Type Prison. Another prisoner, Tanju Mete¹s health also reportedly deteriorated. He has been continuing the death fast action in Ankara Numune Hospital. (Biane-TIHV, March 27, 2003)

Students Dismissed from School

The Disciplinary Board of Trakya University punished 50 students who participated in a demonstration to protest the Board of Higher Education (YOK) on 17 December 2002. 8 students were dismissed from school for one month and 3 students for one week, other students received warnings. (Cumhuriyet)

Detentions and Arrests

On 26 March, Devrim Koçlan, the Labor Party (EMEP) Kadiköy (Istanbul) executive and Memet Alsan were detained and released the same day. Koçlan stated that police officers who took them to health examination asked for bribe. On the evening of 25 March, Ramazan Özkul, Sait Özkul, Erdal Poyraz, Fahrettin Kaya and Evin Tunç were detained during house raids in Çamlikule quarter of Buca district (Izmir). (Evrensel-Özgür Gündem-TIHV, March 27, 2003)

Trial on EJE

The case against 22 police officers on trial for the killing of Eda Yüksel, Taskin Usta and Sabahat Karatas in Ciftehavuzlar quarter of Istanbul on 17 April 1992 continued on 27 March at Kayseri Criminal Court No. 2. The court adjourned the hearing to hear the defenses. On 13 July 2001 the police officers Resat Altay, Ibrahim Sahin, Vasfi Kara, Abdullah Dindar, Mehmet Sakir Öncel, Ismail Alici, Adnan Tasdemir, Ruhi Firat, Aslan Pala, Mehmet Düzgün, Adalet Üzüm, Senel Karaman, Ömer Mesut Yagcioglu, Ismail Türk, Ali Türken, Yahya Kemal Gezer, Zülfikar Çiftçi, Sönmez Alp, Ayhan Çarkin, Salih Tonga and Yasar Karaçam had been acquitted. Since police officer Mahmet Baki Avci had died during the trial the case against him had been dropped. Court of Cassation quashed the verdict due to the procedure. (Evrensel-TIHV, March 28, 2003)

TKEP/L Trial in Istanbul

On 27 March, Istanbul SSC continued to hear the case of 24 alleged members of the Turkish Communist Labor Party/Leninist (TKEP/L), aged between 16 and 23, who had been detained in March 1996. The hearing was adjourned to a later date. In this trial the defendants Devrim Öktem, Bülent Gedik, Ismail Altun, Özgür Öktem and Erbil Kizil are charged under Article 146/1 TPC and have to expect life imprisonment. The defendants Zülcihan Sahin, Müstak Erhan Il, Izzet Tokur, Arzu Kemanoglu, Bilgin Ayata, Sinan Kaya, Ebru Karahanci, Ulas Bati (17), Okan Kaplan (17), Sevgi Kaya (16), Mustafa Yazici, Ilyas Koçak, Güven Dagdelen, Ahmet Olgun, Zuhal Sürücü (17), Serpil Koçak, Cemal Bozkurt, Ali Kiliç and Levent Bagdadi have to expect imprisonment. On 5 February, Istanbul Criminal Court No.6 had passed its verdict on the case against 6 police officers on charges of having tortured Bülent Gedik, Devrim Öktem, Zülcihan Sahin, Ali Kiliç, Sinan Kaya, Sevgi Kaya, Arzu Kemanoglu, Levent Bagdadi, Okan Kaplan, Izzet Tokur and Ulas Bati. Mustafa Sara who had tortured Bülent Gedik and Devrim Öktem had been sentenced to 2 years¹ imprisonment under Article 243 TPC. The case against Ali Çavdar had been dropped because of his death. The case against other defendants Mustafa Taner Paylasan, Ahmet Bereket, Fatih Berkup and Yakup Dogan had been dropped because of lapse of time. The lapse of time for Mustafa Sara will expire on 14 April. (Evrensel-TIHV, March 28, 2003)

Anti-War Demonstrations

On 27 March anti-war demonstrations were held in many provinces. No significant incident happened during demonstrations. Dogan Ince, Volkan Orpak and Tevfik Aklan were detained after a demonstration in Dolmabahçe (Istanbul). In Van the police hindered a press release. On 27 March, Van Penal Court of First Instance No. 1 acquitted 55 defendants who sent letters titled " No to War and Isolation" to the Interior and Justice Ministers on 25 January. The only remanded defendant Rukneddin Hakan, chair for DEHAP Van, was released at the hearing. The 55 defendants are also being tried at the Van DGM on charges of "aiding and abetting an illegal organization." Sabri Ugras, Nusaybin (Mardin) deputy major, filed an official complaint against police officers who had beaten him and his wife Sultan Ugras during an anti-war demonstration held on 14 March. Ugras stated that the hospital gave him a report certifying 11 days¹ and his wife 3 days¹ inability to work. (Özgür Gündem-TIHV, March 28, 2003)

EMEP Executive on Trial

On 27 March, Adana Penal Court of First Instance No.1 started to hear the case of Derman Taranci, executive for the Labor Party (EMEP) Mersin charged with "holding an illegal demonstration on 8 March". The hearing was adjourned to 20 April. Taranci is also being tried at the Adana SSC on charges of "aiding and abetting an illegal organization." (Evrensel-TIHV, March 28, 2003)

Trade Unionists on Trial

The case against 19 trade unionists, including the Chairman of the Confederation Of Unions Of Public Laborers (KESK), Sami Evren and Chairman of the teachers¹ trade union Egitim-Sen, Alaaddin Dinçer, in connection with the demonstration held in Adana on 3 October 2002 commenced on 27 March at Adana Penal Court of First Instance No. 6. The Court adjourned the hearing to 8 May to listen to further testimonies. (Özgür Gündem-TIHV, March 28, 2003

)Murder by Unidentified Assailants

Istanbul Administrative Court No.2 concluded the case launched by Alev Özgüner, daughter of a member of the Central Council of the Turkish Medical Association Sevinç Özgüner, who was killed by fascists on 23 May 1980 in Istanbul. The Court ruled that the Interior Minister should pay a compensation of 3 billion to Alev Özgüner. The verdict stated that the fact that assailants had not been seized within the lapse of time was an administrative defect and this would damage confidence of citizens in the state and law and cause moral harm.(Cumhuriyet-TIHV, April 1, 2003)

Anti-War Demonstrations

In Ankara, six members of the People¹s Houses, who were enchained themselves to iron pillars of the US Embassy to protest the war on Iraq, were detained on 31 March. (Cumhuriyet-TIHV, April 1, 2003)

Pression sur les médias/Pressure on the Media

Nouvelle ordonnance pour l'arrestation d'Özgüden à la frontière turque

Le procès contre Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Türk, et ses deux confrères pour "insultes à l'Armée turque" s'est poursuivi le 18 mars 2003 au tribunal pénal de première instance N°1 d'Istanbul. Vu l'absence d'Özgüden, le tribunal a ordonné, une fois de plus, à tous les postes-frontières de le déférer immédiatement à la justice dès qu'il rentrera.

Le procès a été reporté au 4 juin 2003.

Le procureur de la République réclame une peine de prison jusqu'à six ans contre Dogan Özgüden et Emin Karaca, pour les articles qu'ils avaient écrits à la revue Türkiye'de ve Avrupa'da Yazin (Littérature en Turquie et en Europe) à l'occasion du 30e anniversaire de l'exécution de trois leaders de la jeunesse progressiste par la junte militaire. Quant à l'éditeur responsable de la revue, Mehmet Emin Sert, il risque une lourde amende pour avoir publié ces articles.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait, lors de sa séance plénière du 28 janvier 2003, adopté une nouvelle recommandation sur la liberté d'expression dans les médias en Europe. Après avoir constaté qu'"il continue d'y avoir des poursuites pénales à l'encontre de journalistes en Turquie", l'instance parlementaire européenne donnait comme exemple le procès intenté contre Özgüden et ses deux collègues en Turquie.

D'autre part, Reporters sans frontières (RSF) avait immédiatement protesté contre l'inculpation de trois journalistes. "Si ces journalistes sont condamnés pour insulte à l'armée, la Turquie trahira les engagements qu'elle a pris envers l'Union européenne", avait déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans une lettre adressée au ministre turc de la Justice.

Réagissant contre l'inculpation d'Özgüden en Turquie, la Secrétaire nationale de l'Association Générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB), Mme Martine Simonis, avait envoyé un message de protestation au ministre turc de la Justice et à M. Louis Michel, ministre belge des affaires étrangères.

M. Louis Michel avait répondu à la lettre de Mme Simonis le 23 janvier 2003 en ces termes: "Je partage entièrement votre inquiétude et je regrette de constater que la Turquie mène encore des procès contre la liberté d'expression. Selon les informations recueillies par mes services, le risque d'incarcération est limité pour l'intéressé, étant donné qu'il n'y a pas eu de mandat d'arrêt international lancé contre lui dans l'affaire pendante. Mais le risque subsiste sans doute pour des affaires antérieures. J'ai demandé à notre ambassadeur à Ankara de suivre de près le cas spécifique de Monsieur Özgüden."

Exilé en Belgique, Özgüden, 67 ans, avait été inculpé dans plusieurs procès d'opinion et privé de nationalité turque à cause de ses critiques contre le régime répressif en Turquie.

La nouvelle ordonnance d'arrestation datée du 18 mars 2003 contre Özgüden démontre que la justice turque ne tient pas compte de réactions internationales.

D'ailleurs, au cours des mois de janvier, février et mars 2003, plusieurs journaux ont été confisqués, des journalistes et des artistes poursuivis, des émissions de TV ou de radio interdites ou suspendues par la justice turque.
 

Two journals to be closed for seven days

On 12 March, the case against the owner of the daily "Yeniden Özgür Gündem", Ali Çelik Kasžmogullarž, and editor-in-chief, Mehmet Çolak was also concluded at Istanbul SSC. The journalists were being tried in connection with an article by Abdullah Öcalan that was published in the daily on 15 September 2002.

The Court fined Kasžmogullarž and Çolak TL363,554,000 and ordered the closure of the daily for 7 days.

On 12 March, Istanbul SSC concluded the case against Ümit Gök, editor-in-chief of the journal "Sanat ve Hayat" (Art and Life). The Court ruled that the articles written by Associated Professor of Economics Haluk Gerger, and the Kurdish writer and critic Muhsin Kžzžlkaya contained "separatist propaganda" and sentenced Gök to 1 year' 1 month' and 10 days' imprisonment under Article 8 of the Anti-Terror Law.

The court also ordered the closure of the journal for 7 days.  (Özgür Gündem-TIHV, March 13, 2003)
 

Editorial cartoonists' cases postponed for "expert opinion"

Askin Ayrancioglu and Seyit Saatci, two Turkish editorial cartoonists, were placed under house arrest in July 2001 for cartoons that appeared as part of a public exhibit at the Boyabat Public Library. One cartoon depicted a Kurdish mother mourning for her lost son and another cartoon focused on the military authorities. The cartoons were also confiscated at that time.

These cartoons can be seen at http://www.interplus.ro/smileclub/index.html (Cartoonists Rights Network South-Eastern Europe) under the ALERT button.

According to a report received at CRN from a Turkish cartoonists' organization yesterday, the charge at court (Turkish law/matter case no. 159/1-31-33-36) was Contempt of the State Police. The punishment, if the editorial cartoonists were convicted, would have been from 1 to 6 years' imprisonment.

Turkish law is undergoing some dynamic changes, so their case was referred to another court. After another hearing on November 26, 2002, the case was sent up to the Turkish Supreme Court. They in turn sent it back down to the Bayabat Law Court. On March 7, 2003, the court set a new hearing date of April 10, 2003, at which time they will hear from an expert witness who will render an opinion about the cartoons and their meanings under the law.

Cartoonists Rights Network is in contact with both cartoonists and is monitoring this case. We feel that this case will further inform the freedom of expression community about the Turkish government's intent and ability to liberalize its draconian insult laws and curtail other attacks against journalists and writers. (CRN/IFEX, March 10, 2003)
 

Meeting of Turkish and Greek Cypriot Woman Journalists

Humanity, peace and reconciliation are keys to settlement of the Cyprus crisis and women have a crucial role to play in bridging the gulf that divides the community said two of the island's leading women journalists in Brussels today at a celebration for International Women's Day.

Sevgul Uludag, journalist from the Yeni Düzen Daily from the Northern part of Cyprus, and Androula Gioargiadou, Editor in Chief in the Public Service Broadcasting, CyBC, buried some of their differences to lead a discussion on finding a route to reconciliation at the conference Courage in Coverage: The Cypriot Conflict, jointly organised by the European Federation of Journalists and the International Labour Organisation.

The conference, held on the eve of International Women's Day, focused on the contribution to conflict resolution of women in journalism and heard from both women that the wish for reunification is strong on both sides of the divide.

But serious violations against freedom of expression in the Northern part of Cyprus are continuing. "Since 2001 there has been a concerted media campaign by the Denktash-regime against journalists", said Sevgul Uludag who told of the use psychological terror to isolate journalists and a regime that does not shy away from intimidating journalists by all means, including death threats. She herself has been the victim of such a campaign. She showed papers, in which she made front-page news with her photo accompanying headlines condemning her as a traitor, a European Union agent or informer.

The event, which was chaired by former CNN correspondent and war reporter Patricia Kelly, took place in the context of the ongoing peace process in Cyprus and the imminent enlargement of the European Union, which may open the way to the full restoration of human rights and fundamental freedoms for all Cypriots.

Summing up, Patricia Kelly, whose reporting took her to Kosovo, Bosnia and the Middle East during the first Gulf war, said: "These women from the two communities shed new light on a long and serious conflict which has not reached the front pages, because it is not a sexy conflict. Media sometimes fail to focus unless there are bullets flying around". (EFJ Media Release, 7 March 2003)

La Turquie condamnée pour violation de la liberté d'expression de Yasar Kemal

La Turquie a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme pour violation de la liberté d'expression d'un écrivain, condamné pour un article critiquant la politique des autorités turques envers les Kurdes, a indiqué mardi la Cour dans un communiqué.

Yasar Kemal Gokceli, écrivain turc de 76 ans, avait été condamné en 1996 par la cour de sûreté de l'Etat à un an et huit mois de prison pour un article intitulé "Le ciel noir de la Turquie" publié en 1995 dans le livre "La liberté d'expression et la Turquie". La Cour de sûreté turque avait en effet considéré que ce texte visait "à attiser la haine et l'hostilité entre les citoyens d'origine turque et ceux d'origine kurde".

Le livre "La liberté d'expression et la Turquie" publié par la société CSY, qui a également déposé un recours devant la Cour européenne, avait fait l'objet d'une saisie.

La Cour européenne, soulignant notamment que certains passages "particulièrement acerbes" de ce texte empreint "d'agressivité certaine et de virulence" donnent au récit une "connotation hostile", estime malgré tout que cet article "ne saurait passer pour inciter à l'usage de la violence, à la résistance armée ou au soulèvement".

La Cour considère ainsi que la condamnation pénale de l'auteur et la saisie sont des mesures qui n'étaient pas "nécessaires dans une société démocratique" et condamne la Turquie pour violation de la liberté d'expression (article 10) de M. Gokceli et de la société CSY. (AFP, 4 mars 2003)
 

Violations of press and expression freedom in March 2003

Eren Keskin's Trial continued in Istanbul

On 28 February Istanbul SSC continued to hear the case of Eren Keskin, former chairwoman of the Istanbul branch of the Human Rights Association (IHD) in connection with a speech she held at a conference of the Union of Alevite Women in Germany entitled "Women¹s Rights" in Cologne on 16 March. At the hearing Prof. Dr. Nejla Arat, member of Philosophy Department at the University of Istanbul, testified that Eren Keskin has the right to disclose her ideas, but a social reflex was developed against her ideas damaging Turkey¹s image. Eren Keskin is charged with an offence of Article 312 TPC for inciting the people to hatred and enmity by making a difference based on class, race, belief and region. (Evrensel-TIHV, March 1, 2003)

Journal Distributor Beaten in Antep

A police officer and a doorman beat the distributor of the daily Özgür Gündem in Antep Hüseyin Isik, when he was in a building to leave the paper. The police officer was already threatening Isik for days and warned him not to distribute the paper. (Özgür Gündem-TIHV, March 2, 2003)

Journalist on Trial in istanbul

The public prosecutor in Beyoglu (Istanbul) indicted journalist Ahmet Kahraman in connection with an article published in the journal Özgür Gündem on 13 October 2002. Kahraman will be charged under Article 159 TPC with insulting Turkish identity. The trial will commence at the Beyoglu Penal Court of First Instance No.2. (Evrensel-TIHV, March 4, 2003)

30 families on Trial for Kurdish Names

The public prosecutor in Yüksekova (Hakkari) indicted 30 families on charges of "having given their children names in contravention to national culture and moral rules" as provided in Article 16 of the Law No. 1587 on Civil Registration. The trial will commence at Yüksekova Court of First Instance. (Özgür Gündem-TIHV, March 4, 2003)

Kurdish Juvenile on Trial for saying "I am a Kurd"

The case against the juvenile B.A. (14) charged of having said, ŒHappy is he who says I am a Kurd¹ during the oath taking ceremony at the Kazanci Primary School in Bismil district (Diyarbakir) on 15 November 2002, commenced at Diyarbakir SSC on 4 March. B.A. did not attend the hearing. The hearing was adjourned to a later date so as to hear the witnesses. While waiting outside the courtroom, B.A. said to the journalists, "In the last paragraph I said ŒI am a Turk¹. But my teacher got my expression as ŒKurd¹. She took me to the Director¹s room. The Director called my father. Then, he threatened me saying, ŒYou are organizing separatist actions in the school. I shall perturb you". Then pointing to the iron stick he held in his hands, he threatened me to rape. Four days later they took me to the gendarmerie". The indictment wants B.A. be sentenced under Article 312 of the TPC. (Milliyet-TIHV, March 5, 2003)

FIDH Vice-Chairman Akin Birdal on Trial

On 5 March Ankara Heavy Penal Court No. 2 concluded the case of Akin Birdal, Vice-chair of the International Federation of Human Rights Associations (FIDH) for a speech he delivered in Germany on 20 October 2000. The court acquitted Birdal for "lack of evidence". Birdal was being tried Article 159 of the Turkish Penal Code (TPC) for allegedly having said that Turkey should apologize for the Armenian genocide. The hearings held during the previous one and a half years to establish the identity and whereabouts of the journalist of the daily "Gözcü", who had reported on this event. (Özgür Gündem-TIHV, March 5, 2003)

Journal Confiscated in Istanbul

The last edition of the journal "Ekmek ve Adalet" (Bread and Justice) was confiscated by Istanbul SSC on the allegation that the article titled "Trait and Patriotism", which criticizes the Government¹s collaboration with the U.S, contained elements of crime. (Evrensel-TIHV, March 6, 2003)

Radio Manager on Trial in Istanbul

On 6 March Istanbul SSC concluded the case of Seyfullah Karakurt, managing director of the radio station "Anadolu¹nun Sesi". He was charged under Article 312/2 TPC in connection with programs on the F-type prisons and the massacre in Ulucanlar Prison (Ankara). The court acquitted the defendant on the ground of "lack of evidence". (Evrensel-TIHV, 7 mars 2003)

Journalists on Trial in Istanbul

On 7 March Istanbul SSC No. 1 continued to hear the case of Ahu Zeynep Görgü, owner of the journal "Kültür Sanat Yasaminda Tavir" (Position in Cultural and Art¹s Life) and the editor-in-chief Muharrem Cengiz. They are charged with disseminating propaganda for an illegal organization by publishing poems and stories including the poem of Pablo Neruda entitled "Song of Mothers, whose Sons died". In his summing up the case the prosecutor asked for acquittal of Muharrem Cengiz and demanded sentence for "abetting and aiding illegal organization" for Ahu Zeynep Görgün. (Evrensel-TIHV, 7 mars 2003)

A Poster Banned in Van

Van Penal Court of First Instance lifted the ban decision by Van Peace Penal Court for a poster from Labour Platform under the slogan "No to War". A caricature by Cumhur Gazioglu was used in the poster and the ban decision was based on that the poster might cause tension within the public. (Özgür Gündem-TIHV, 7 mars 2003)

Journals Confiscated

The 28th edition of the journal "Iktidar Için Mücadele Birligi" was confiscated on the grounds that some articles contained "propaganda of an illegal organization".  The last edition of the journal "Odak" was confiscated on the grounds that some articles contained "separatist propaganda". (Evrensel-TIHV, 11 mars 2003)

Journal "Ekmek ve Adalet" confiscated

The 51st edition of the journal "Ekmek ve Adalet" was confiscated by Istanbul SSC on the allegation that some articles relating to the F-type prisons and the prison operations of 19 December 2000 contained illegal propaganda. (Evrensel-TIHV, March 13, 2003)

Journalists Detained at the Border

The correspondent with the ABC News Elif Esma Ural, cameraman Alan Weeks and the correspondent with Los Angeles Times Don Bartletti were detained on 10 March near Ovaköy village of Silopi district while trying to pass to Northern Iraq via illegal means. The journalists were released on 11 March. Reportedly, Alan Weeks and Don Bartletti will be deported. Elif Esma Ural stated that she paid a fine of TL86 million for breaching the Law on Passport. (Özgür Gündem-TIHV, March 13, 2003)

Pressure on Özgür Gündem

Özgür Gündem distributor in Sirnak Ismet Tokay, M. Sirin Balaman, Ahmet Kaya and Murat Arsu announced that they were put under pressure by police officers. They were several times detained. On 15 February Tokay and Balaman were detained and imposed a fine of TL. 84 million, because the issue they were distributing had to be confiscated. Ahmet Kaya said that the police seized all the newspapers he had, when he was detained on 1 March. Soldiers detained him on 8 March once again. He was kept 4 hours in the Gendarmerie HQ: and cursed. (Özgür Gündem-TIHV, March 18, 2003)

Journalist Detained in Bursa

On 17 March the police raided the office of the daily Özgür Gündem in Bursa and detained the representative, Genco Tas. Tas was reportedly released a while later. (Özgür Gündem-TIHV, March 19, 2003)

Publisher and Translator on Trial

On 19 March, Istanbul Penal Court of First Instance No.2 started to hear the case of Ömer Faruk, administrator for Ayrinti publishing house and translator Kerim Sadi in connection with Marquis de Sade¹s book titled ³Yatak Odasžnda Felsefe² (Philosophy in the Bedroom). Ömer Faruk reminded that the book was translated to Turkish after 207 years of its publication. The hearing was adjourned to 4 June. Indictment wants the defendants to be sentenced according to Article 426 TPC (insulting the moral feelings of the people). (BIA-TIHV, March 21, 2003)

Journalists Convicted, Journal Closed Down

The 9. chamber of the Court of Cassation  confirmed the sentences for the owner of the Kurdish weekly Azadiya Welat, Nuri Karakoyun, editor-in-chief Tahsin Uyan, and Salih Turan and Suat Özalp. On 6 June 2002 the journalist had been convicted by Istanbul SSC for three different articles including statements by Osman and Abdullah Öcalan in the edition 292 of 1 September 2001 and fined them TL 142 million. The court also ordered the closure of the paper for one week. (24 March, Özgür Gündem-TIHV, March 24, 2003)

Journalists on Trial in Istanbul

On 24 March, Istanbul SSC continued to hear the case of Aydin Dogan, owner of the daily "Hürriyet", the editor-in-chief Necdet Tatlican and reporter Saban Arslan, charged with "having shown former Interior Minister Sadettin Tantan a target to illegal organization in an article of 16 August 2001". The hearing was adjourned to a later date to hear the testimony of Arslan. (Evrensel-TIHV, March 25, 2003)

Pressure on the Press in Mersin

On 24 March, the police raided Mersin office of the journal ³Özgür Kadinin Sesi² (Voice of Free Woman). Züleyha Turhan, Mersin representative for the journal, stated that police insulted everyone in the office and confiscated the journals without any court decision. (Evrensel-TIHV, March 25, 2003)

Journalists Arrested in Istanbul

The case against the owner of the journal "Kültür Sanat Yasamžnda Tavžr", Muharrem Cengiz and editor-in-chief, Ahu Zeynep Görgün was concluded at Istanbul SSC on 25 March. The Court initially sentenced Görgün to 3,5 years¹ imprisonment under Article 169 of the TPC (aiding and abetting an illegal organization), then converted this sentence to fine. Muharrem Cengiz was acquitted. The Court also ordered the closure of the journal for 1 day. (Evrensel-TIHV, March 26, 2003)

Trial of Eren Keskin in Istanbul

The case against Eren Keskin, Vice Chair of the Human Rights Organization (IHD), in connection with a speech she made on 25 November 2001 during the panel, "Violence Against Women",  was concluded at Istanbul SSC on 25 March. The Court acquitted Keskin ruling that the elements of crime was not materalized. Keskin was being tried under Article 8 of the Anti-Terror Law (disseminating seperatist propaganda). (Evrensel-TIHV, March 26, 2003)

Radio Manager on Trial in istanbul

On 6 March Istanbul SSC concluded the case of Seyfullah Karakurt, managing director of the radio station "Anadolu¹nun Sesi". He was charged under Article 312/2 TPC in connection with programs on the F-type prisons and the massacre in Ulucanlar Prison (Ankara). The court acquitted the defendant on the ground of "lack of evidence". (Evrensel-TIHV, March 7, 2003)

Journalists on Trial in Istanbul

On 7 March Istanbul SSC No. 1 continued to hear the case of Ahu Zeynep Görgü, owner of the journal "Kültür Sanat Yasaminda Tavir" (Position in Cultural and Art¹s Life) and the editor-in-chief Muharrem Cengiz. They are charged with disseminating propaganda for an illegal organization by publishing poems and stories including the poem of Pablo Neruda entitled "Song of Mothers, whose Sons died". In his summing up the case the prosecutor asked for acquittal of Muharrem Cengiz and demanded sentence for "abetting and aiding illegal organization" for Ahu Zeynep Görgün. (Evrensel-TIHV, March 7, 2003)

Poster Banned in Van

Van Penal Court of First Instance lifted the ban decision by Van Peace Penal Court for a poster from Labour Platform under the slogan "No to War". A caricature by Cumhur Gazioglu was used in the poster and the ban decision was based on that the poster might cause tension within the public. (Özgür Gündem-TIHV, March 7, 2003)

Cartoonists on Trial in Boyabat

On 3 March, the retrial of the cartoonists Askžn Ayrancžoglu and Seyit Saatçi in connection with the exhibition they had organized in Boyabat district of Sinop in June 2001, started at Boyabat Penal Court of First Instance. Ayrancžoglu and Saatçi had initially been put on trial under Article 159 of the TPC on charges of "insulting the security forces". This case was pursued at Boyabat Heavy Penal Court.  Following the amendments made in Article 159 in February 2002, the Court had decided that the Penal Court of First Instance in Boyabat should look at the case. During the hearing of 26 September 2002, this court also ruled not to be responsible for the case. After that the Court of Cassation investigated the case and charged Boyabat Penal Court of First Instance with pursuing the case. The next hearing will be held on 10 April. (BIA-TIHV, March 12, 2003)

Journalists Convicted in Istanbul

Three separate cases relating to the articles published in the daily Özgür Gündem were concluded on 27 March at Istanbul SSC. In the case against the owner of the daily Ali Çelik Kasžmogullarž and editor-in-chief Mehmet Çolak in connection with the statements of KADEK executive Osman Öcalan which were published in the paper, the Court fined Kasimogullari TL 218 million and ordered the closure of the daily for 2 days. The second case was launched in connection with an interview with Osman Öcalan which was published in the paper on 7 October 2002. In this case, the Court fined Kasžmogullarž and Çolak TL 3, 97 billion. In third case the journalists were tried for the article covered in the paper on 20 October 2002 under the title "DEHAP is the only Power for Solution". In this case, the court fined Kasžmogullarž and Çolak TL 3,3 billion. (Özgür Gündem-TIHV, March 28, 2003)

Actors on Trial in Siirt

The case against 14 actors of the Siirt Municipality Theater on trial for having insulted the army and the police while staging Dario Fo¹s play "We Can¹t Pay, We Won¹t Pay", continued on 27 March at Siirt Penal Court of First Instance. The Court adjourned the hearing to hear the testimony of the defendant Sores Yetis. In this trial, the indictment wants the defendants Mizgin Karadag, Gülnur Kaya, Bedri Erdemci, Ayfer Sevimli, Serpil Ercan, Ercin Berrak, Alper Göyer, Sabahattin Kaya, Zülfü Kaya, Sores Yetis, Lokman Hekimoglu, Abbas Dayan, Veysel Akcan and Ekrem Oktay be charged under Article 159 of the TPC. (TIHV, March 28, 2003)

Journalist on Trial in Mersin

The case against the representative of the journal "Özgür Halk" for Mersin Gulistan Seçkin, who was detained on 30 January, concluded at Mersin Peace Penal Court on 28 March. The case was launched on charges of "keeping illegal publications". The court sentenced Gulistan Seçkin to a fine of TL. 606 million. (Özgür Gündem-TIHV, March 29, 2003)

Politique intérieure/Interior Policy

La justice renonce à demander l'interdiction du parti au pouvoir en Turquie

Le principal procureur du pays a annnoncé mardi qu'il renonçait à demander l'interdiction du Parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir en Turquie.

Le procureur a toutefois estimé que ce parti devrait être mis à l'amende pour avoir ignoré une décision de la Cour constitutionnelle qui, au printemps dernier, avait appelé l'AKP à se défaire de son dirigeant, Recep Tayyip Erdogan, en raison de sa condamnation pour "incitation à la haine religieuse", rapporte l'agence Anatolie.

C'est en raison du refus du parti de démettre son dirigeant que le procureur avait entamé une procédure d'interdiction.

M. Erdogan est resté président de l'AKP et est aujourd'hui Premier ministre.

Prenant en compte les réformes constitutionnelles adoptées par le parlement depuis la victoire de l'AKP aux élections de novembre, "il est naturellement hors de question d'interdire" le parti, a déclaré le procureur, Sabih Kanadoglu, qui présentait à la Cour constitutionnelle les raisons qui l'ont amené à demander la mise à l'index du parti.

Ces réformes ont autorisé M. Erdogan à rester dirigeant du parti et à se faire élire député, ce qui lui a permis de devenir Premier ministre.

M. Kanadoglu a toutefois estimé que l'Etat devrait priver le parti d'une partie, ou de la totalité, des fonds publics qui lui sont alloués pour avoir ignoré la décision de la Cour qui avait donné six mois à l'AKP pour se trouver un autre dirigeant.

Au total, 24 formations politiques ont été dissoutes en Turquie par décision de justice depuis 1963. (AFP, 25 mars 2003)
 

Le gouvernement d'Erdogan obtient la confiance sur fond de crise irakienne

Le gouvernement turc a obtenu dimanche la confiance du parlement, formalité qui permet au nouveau Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan de prendre officiellement la direction du pays.

Son parti de la Justice et du Développement (AKP) est au gouvernement depuis novembre, mais M. Erdogan, déclaré inéligible en novembre, a du attendre que le parlement vote les réformes nécessaires pour lui permettre de remporter une législative partielle et la tête d'un gouvernement qu'il dirigeait de fait en coulisse.

Sur les 512 députés (sur 550) qui ont participé au vote, 350 ont voté en faveur du programme du nouveau gouvernement et 162 contre.

M. Erdogan, nommé le 11 mars Premier ministre, s'est adressé aux députés à l'issue du vote et a indiqué que son gouvernement cherchera à remédier aux problèmes du pays et à surmonter ces "jours difficiles".

L'AKP, une formation aux origines islamistes, avait remporté une écrasante victoire aux législatives de 3 novembre avec plus de 34% des voix.

Mais M. Erdogan, le dirigeant du parti, ayant été déclaré inéligible en raison d'une ancienne condamnation pour "incitation à la haine religieuse", c'est son bras-droit Abdullah Gul qui avait formé le premier gouvernement.

La majorité parlementaire de l'AKP a adopté une série d'amendements législatifs et constitutionnels pour permettre à M. Erdogan d'être élu au parlement.

Le 9 mars grâce à une législative partielle à Siirt (sud-est), M. Erdogan a été élu député, formalité nécessaire à sa nomination au poste de Premier ministre.

Dans le nouveau cabinet M. Erdogan n'a pas oublié M. Gul et l'a nommé ministre des Affaires étrangères.

M. Erdogan, 49 ans, un ancien maire d'Istanbul, a purgé quatre mois de prison en 1998 pour avoir récité des vers, jugés subversifs, lors d'un discours politique.

L'AKP, une nouvelle formation dans le pays, bénéficiait d'un crédit de confiance lorsqu'il a pris en novembre la direction du pays.

Mais les difficultés se sont accumulées au cours des mois derniers, notamment sur la plan international avec la crise irakienne, et le nouveau gouvernment, qui comprend presque tous les ministres du gouvernement sortant, affronte de multiples critiques, notamment dans la presse.

Le rejet par le parlement d'une motion appelant au déploiement massif de troupes américaines en Turquie, en prévision d'une invasion de l'Irak par le nord, a notamment privé le pays d'une aide spéciale promise par les Etats-Unis de six milliard de dollars.

Les Etats-unis ont finalement renoncé à déployer leurs troupes en Turquie et ont ordonné aux quelque 25 navires, transportant des blindés et équipements de la 4e division d'infanterie de l'armée américaine, de quitter la Méditerranée pour le Golfe, a annoncé samedi un responsable du Pentagone.

Dans son programme, le gouvernement turc a souligné sa volonté de relancer l'économie et de réduire l'inflation à un seul chiffre, à un moment où les taux d'intérêts ont grimpé à 65% en raison des incertitudes résultant de la guerre en Irak.

La dette publique turque s'élevait à 155 milliards de dollars en janvier et le gouvernement aura fort à faire pour assurer le service de cette dette.
 En matière de politique étrangère, la Turquie s'est engagée notamment à remplir les critères de Copenhague pour permettre l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne. (AFP, 23 mars 2003)
 

Le gouvernement turc vertement critiqué pour sa gestion de la crise irakienne

Le gouvernement turc était vertement critiqué ce week-end par la presse et l'opposition pour sa gestion de la crise irakienne, notamment pour s'être mis à dos son allié américain en refusant de lui donner une réponse claire à ses demandes de soutien pour la guerre.

Journaux et télévisions s'acharnaient sur le nouveau gouvernement, formé le 14 mars par Recep Tayyip Erdogan, le nouveau Premier ministre dont le parti de la Justice et du Développement (AKP) dirige le pays depuis novembre.

L'arrivée au pouvoir de l'AKP, nouvelle formation aux origines islamistes, avait été accueillie avec satisfaction par une grande partie de la population, échaudée par plusieurs années de crise économique et fatiguée de voir des coalitions gouvernementales souvent boiteuses se succéder depuis plus de 10 ans.

Mais le gouvernement de l'AKP a immédiatement été confronté à une succession de problèmes sur la scène internationale, des négociations pour une adhésion à l'Union européenne à la crise irakienne en passant par Chypre, où l'Onu a vainement tenté de persuader les communautés grecque et turque d'accepter la réunification.

Mais c'est sur le dossier des relations avec les Etats-Unis que les cadres, relativement inexpérimentés de l'AKP, sont véritablement critiqués.

Le gouvernement sortant d'Abdullah Gul, que M. Erdogan dirigeait déjà en coulisse, n'a pas su obtenir l'aval du parlement pour un déploiement de 62.000 fantassins américains en Turquie, en vue d'envahir l'Irak par le nord.

Et l'allié américain, forcé de revoir ses plans pour la guerre en Irak, s'est déclaré furieux des tergiversations d'Ankara, accusé de marchander son soutien en échange de plusieurs milliards de dollars.

"La politique du gouvernement dans la crise irakienne est un échec total (...) en raison de cette politique, la Turquie a perdu tous ses atouts" en matière de politique étrangère, affirmait récemment le dirigeant du principal parti d'opposition, Deniz Baykal.
 "Nous sommes dans une situation très difficile. Les Etats-Unis ont vu qu'ils ne pouvaient faire confiance à leur allié de plus de 50 ans (...) nous traversons une période extraordinaire", a estimé le professeur Kemal Kirisci, spécialiste des relations internationales à l'université du Bosphore, à Istanbul.

Les liens entre les deux pays, alliés depuis 1952 au sein de l'Otan, ont pris un "coup très dur", a-t-il estimé.

Les Etats-Unis ont finalement dû se résigner à une assistance limitée des Turcs qui ont ouvert vendredi, après d'ultimes tractations, leur espace aérien aux avions américains en route pour l'Irak.

La volonté d'Ankara de renforcer sa présence militaire dans le nord de l'Irak, contrôlé par les factions kurdes, est également source de préoccupation, Washington et les Kurdes irakiens étant hostiles à une telle intervention.

M. Erdogan devait s'adresser dimanche soir à la nation pour défendre la politique de son gouvernement.

"La situation du gouvernement est pathétique", estimait Aykut Kansu, un politologue de l'université technique du Moyen-orient d'Ankara, critiquant "l'amateurisme" de M. Erdogan qui pourrait entraîner des problèmes à long terme pour le pays.

La Turquie pourrait dorénavant moins compter sur le soutien des Etats-unis à l'échelle internationale, selon les observateurs.

La presse turque ne mâchait pas ses mots dimanche envers le gouvernement.

Après l'échec des négociations entre Washington et Ankara sur l'ouverture d'un front nord en Irak, "la Turquie s'est rendue compte que c'est elle qui n'avait pas de plan B et non pas les Américains" qui ont redéployé l'essentiel de leurs forces sur le Golfe, soulignait un commentateur du journal Aksam.

Le journal populaire Sabah déplorait le manque de "vision" du gouvernement et estimait que la Turquie "devra payer un lourd tribut pour ses tergiversations." (AFP, 23 mars 2003)
 

Nouveau gouvernement en Turquie avec pour priorité le déploiement américain

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a formé vendredi un nouveau gouvernement turc, qui devrait avoir pour première mission d'obtenir du Parlement le feu vert à un déploiement de troupes américaines en Turquie, élément clé des plans de guerre des Etats-Unis en Irak.

L'équipe de 22 ministres, approuvée par le président Ahmet Necdet Sezer, doit encore obtenir la confiance du Parlement avant d'entrer en fonction, une simple formalité en raison de la domination de l'AKP sur l'assemblée (365 députés sur un total de 550).

Ce vote pourrait intervenir vendredi prochain, selon la télévision NTV.

Le nouveau gouvernement est pour l'essentiel le même que celui du Premier ministre sortant Abdullah Gul, bras droit de M. Erdogan et allié des Etats-Unis, qui devient vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.

Chef charismatique du Parti de la Justice et du Développement (AKP), une formation aux origines islamistes qui avait remporté une victoire écrasante aux élections législatives de novembre 2002 et qui détient la totalité des portefeuilles ministériels, M. Erdogan avait été écarté du premier gouvernement en raison d'une condamnation pour "incitation à la haine religieuse".

Il était néanmoins déjà le véritable homme fort du pays, et a profité d'une modification de la constitution pour se faire élire le 9 mars député lors d'une législative partielle, prélude à sa désignation mardi comme Premier ministre.

L'une des premières tâches du nouveau gouvernement sera de répondre aux pressions croissantes des Etats-Unis, qui réclament l'aval d'Ankara à un déploiement de 62.000 soldats américains sur le sol turc, en prévision de l'ouverture d'un "front nord" en Irak, et l'autorisation de survol de la Turquie qui permettrait des bombardements ou une opération aéroportée.

Ces deux dispositions doivent obligatoirement recevoir le feu vert du parlement turc, qui, le 1er mars, avait voté contre par une courte majorité de trois voix.

M. Erdogan, qui a reçu jeudi des demandes pressantes du président américain George W. Bush et du vice-président Dick Cheney, devra donc user de toute sa persuasion auprès d'une partie des députés de l'AKP récalcitrants à pactiser avec Washington.

Selon des sources proches du gouvernement, 15 à 20 députés de ce noyau dur menaceraient même de quitter le parti, ce qui constituerait un camouflet pour le Premier ministre tout juste investi.

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Yasar Yakis, a expliqué vendredi que M. Erdogan allait "chercher à connaître le sentiment de ses députés concernant une seconde motion", avant de décider de soumettre le texte aux députés. Ces consultations devraient prendre quelques jours.

L'aide de la Turquie, seul pays musulman de l'Otan, constitue un élément essentiel du dispositif que Washington met en place autour de l'Irak, afin de prendre le pays en tenailles entre le nord et le sud.

Jeudi, un nouveau signe d'impatience est venu du président Bush qui, dans une lettre à M. Erdogan, a réclamé l'ouverture "d'urgence" de l'espace aérien turc ainsi que des réponses rapides à la demande d'un déploiement de troupes. Dick Cheney a également téléphoné jeudi à M. Erdogan.

La présence américaine en Turquie s'est intensifiée depuis que le parlement, en février, avait autorisé l'arrivée de 3.500 spécialistes américains du génie chargés de l'aménagement de ports et aérodromes militaires susceptibles d'être utilisés en cas de guerre en Irak.

Depuis, des convois de véhicules militaires américains, débarqués dans le port d'Iskenderun (sud-est de la Turquie), prennent presque quotidiennement la route de l'est, en direction de l'Irak. (AFP, 14 mars 2003)
 

Recep Tayyip Erdogan nommé Premier ministre de Turquie

L'ancien islamiste, Recep Tayyip Erdogan, devenu l'homme politique le plus populaire de Turquie, a été nommé mardi Premier ministre, mais sa première tâche --décider du déploiement de militaires américains dans le pays-- risque de méconter une large majorité de la population.

Sa nomination par le président Ahmet Necdet Sezer lui permet néanmoins de prendre ouvertement la direction d'un gouvernement, dont il avait été écarté il y a quatre mois en raison d'une décision de justice le déclarant inéligible pour les élections législatives.

Il dirigeait toutefois, en sous-main, le pays, aux côtés de son bras droit, le Premier ministre sortant Abdullah Gul qui a démissionné mardi pour lui permettre de prendre sa place.

Des réformes aux lois électorales adoptées par un parlement, où son parti possède une majorité écrasante, lui ont permis en effet, dimanche, de remporter une élection législative partielle à Siirt, dans le sud-est du pays, dernière formalité nécessaire pour qu'il puisse devenir Premier ministre.

Cet ancien maire d'Istanbul avait purgé quatre mois de prison en 1998 pour avoir récité des vers, jugés subversifs, lors d'un discours politique.

Interdit de politique, il avait à la faveur d'une première amnistie pu former l'AKP, un parti aux origines islamistes, en 2001.

Et c'est lui qui a mené son parti à la victoire en novembre, la population s'accordant à reconnaître en lui le véritable dirigeant du pays.

Grâce à cette nomination "nous rectifions encore un défaut dans notre vie démocratique", a estimé M. Erdogan, s'adressant brièvement à la presse après sa rencontre d'une demi-heure avec M. Sezer. (AFP, 11 mars 2003)
 

L'AKP a remporté 84,7% des voix à Siirt et Erdogan élu député

Recep Tayyip Erdogan, le chef du Parti de la Justice et du Développement (AKP au pouvoir), a finalement été élu député le 9 mars dans une élection partielle à Siirt (sud-est). L'AKP a remporté 84,7% des voix contre 13,8% pour le parti républicain du Peuple (social démocrate, opposition).

Erdogan pourra ainsi devenir Premier ministre de Turquie, en remplacement de son bras droit Abdullah Gul, nommé à l'issue des législatives du 3 novembre, remportées par son parti avec 34% des suffrages tout en promettant de s'effacer dès que M. Erdogan serait élu.

"Depuis Ankara, je présente mes remerciements au peuple de Siirt", a clamé M. Erdogan depuis le siège du parti de la Justice et du Développement à Ankara, souhaitant que "cela porte chance au peuple de 7 à 70 ans".

"Cette date du 9 mars est un tournant dans la lutte pour un état démocratique, un nétat de droit et un état juste", a encore clamé Recep Tayyip Erdogan, suivi sur une place centrale de Siirt par plusieurs centaines de personnes.

L'AKP a remporté les 3 sièges en jeu dans cette circonscription.

Le taux de participation a été de 62%, a indiqué le gouverneur Nuri Okutan.

Au total 119.000 électeurs étaient appelés aux urnes pour pourvoir les trois sièges manquants du parlement turc qui en compte 550.

Sur les 74.000 suffrages exprimés, l'AKP a recueilli 55.687 voix et le parti d'opposition républicain du peuple (CHP, social-démocrate) 9.102 voix. Le parti communiste de Turquie (TKP) et ler Parti ouvrier (IP) qui étaient également en lice ont recueilli chacun quelque 400 voix.

En raison de vices de procédure dans un village de cette région défavorisée, le Haut conseil électoral avait annulé le vote de la circonscription de Siirt, après les législatives de novembre.

M. Erdogan, déclaré inéligible en raison d'une condamnation pour des propos séditieux, n'avait pu être candidat en novembre dernier.

Mais à la faveur d'amendements constitutionnels adoptés par la nouvelle majorité parlementaire, M. Erdogan a pu se présenter à la députation, ironiquement dans la ville même où son discours de campagne en 1997 lui avait valu quatre mois de prison et le bannissement de la politique.

M. Erdogan, ancien maire d'Istanbul, est considéré depuis novembre comme le véritable dirigeant en coulisse du pays. Son élection doit lui permettre de remplacer M. Gul à la tête du gouvernement.

"Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes", avait-il déclaré, citant un poème turc, lors d'un meeting politique en 1997.

C'est ce discours, prononcé alors qu'il était maire d'Istanbul, qui lui avait valu sa condamnation à quatre mois de prison.

Depuis son retour sur la scène politique en 2001, au terme d'une amnistie, M. Erdogan s'est gardé de critiquer le système laïc ou les autorités militaires.

La montée en puissance de son parti avait provoqué l'appréhension de la société civile laïque qui doute de son islamisme nouvellement modéré.

Mais dans une société en crise, où un million de personnes avaient perdu leur emploi en l'espace de 18 mois du fait d'une crise économique, et où nombre d'électeurs se déclaraient las d'une classe politique vieillissante, souvent corrompue, M. Erdogan avait su se rallier, à la surprise générale, une large audience et 34% des suffrages aux élections.

Son parti, qui a obtenu près de deux tiers des sièges au parlement, a pu former à lui seul le gouvernement.

M. Erdogan, qui avait demandé à son bras droit, Abdullah Gul, de diriger à titre temporaire le gouvernement, avait entamé une tournée des capitales européennes pour y défendre la candidature de son pays à l'Union européenne, à la veille du sommet de Copenhague en décembre.

Reçu à l'étranger comme Premier ministre "de facto", il n'avait eu de cesse d'appeler à une plus grande liberté d'expression et du culte en conformité avec les normes démocratiques européennes.

Faisant figure chez ses sympathisants d'homme politique "propre", M. Erdogan rappelle volontiers son origine modeste.

Né dans un quartier pauvre d'Istanbul d'une famille originaire de Rize (nord-est), sur la mer Noire, il vendait dans sa jeunesse de l'eau et des confiseries dans la rue pour se payer des livres scolaires alors qu'il étudiait dans une école coranique.

Par la suite il a étudié l'économie à l'université avant de rejoindre le mouvement de Necmettin Erbakan, le premier islamiste à gouverner la Turquie avant le coup de colère des militaires qui acculèrent ce dernier à la démission en 1997.

M. Erdogan, devenu très populaire grâce à une campagne de nettoyage des rues et d'amélioration des conditions sanitaires à Istanbul lorsqu'il en était maire, avait suivi M. Erbakan dans sa chute.

Il s'était par la suite éloigné de son mentor politique pour former en 2001 l'AKP, un mouvement conservateur composé, selon les observateurs, de "démocrates musulmans".

Par son charisme, il a su charmer le pays, mais le fait que sa femme et ses deux filles portent le voile islamique inquiète la société laïque occidentalisée.

Ces derniers mois, il a été acquitté dans une série de procès où il était accusé de corruption pour des faits remontant à l'époque où il était maire d'Istanbul. (AFP, 10 mars 2003)
 

Le Monde: Quelle est la vraie nature du pouvoir en Turquie?

Quelle est la vraie nature du pouvoir en Turquie? Qui gouverne réellement ce grand pays candidat à l'entrée dans l'Union européenne: l'armée, ou le gouvernement démocratiquement élu? La réponse ne va pas de soi, hélas; les dernières nouvelles sont ambiguës, trop.

Lors des élections de novembre dernier en Turquie, le chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, avait été empêché de se présenter. Le prétexte alors évoqué était dérisoire. L'état-major turc voulait éviter une victoire de l'AKP, parti islamique. L'AKP a remporté les élections, largement. Mais toujours sous le coup d'une inéligibilité imposée par le système, son chef n'a pu prendre la tête du gouvernement AKP constitué au lendemain des élections.

Finalement autorisé à être candidat, M. Erdogan a remporté, dimanche 9 mars, une éclatante victoire lors d'un scrutin partiel dans une circonscription du sud-est du pays. Il entre au Parlement, et va devenir premier ministre. C'est une excellente chose pour la démocratie. Cet épisode serait tout à fait rassurant s'il n'était, malheureusement, contredit par un certain nombre d'évolutions allant en sens inverse.

Il y a d'abord la question chypriote. Chypre est coupée en deux depuis 1974, quand l'armée turque a envahi le nord de l'île. La communauté internationale ne reconnaît que la partie chypriote grecque. En vingt-neuf ans, toutes les tentatives de mettre fin à cette division ont échoué. Aujourd'hui, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, propose la réunification de Chypre en une confédération de deux Etats ? l'un chypriote grec, l'autre chypriote turc. C'est ainsi que l'île entrerait dans l'Union européenne. Les négociations entre les deux parties devaient reprendre ce lundi 10 mars aux Pays Bas, à La Haye. Elles ont jusqu'à présent achoppé, principalement du fait des généraux d'Ankara. Ceux-ci ont tissé avec le pouvoir chypriote turc, qu'ils parrainent, une trame complexe d'intérêts politiques et financiers qu'ils se refusent à défaire. Le gouvernement AKP est partisan de la formule suggérée par l'ONU. L'emportera-t-il?

Il y a ensuite la question de l'Irak. Le gouvernement AKP va de nouveau soumettre au Parlement une motion devant autoriser le déploiement de 62.000 soldats américains en Turquie. Il le fait sous la pression des militaires, contre le gré de ses élus, de ses électeurs et d'une écrasante majorité de Turcs qui ne veulent pas que leur pays serve de base arrière à une attaque contre l'Irak. Une telle motion avait été défaite le 1er mars. Encore une fois, la même question est posée: qui décide dans cette affaire ? l'armée ou le pouvoir civil?

L'état-major veut profiter de l'offensive américaine pour faire entrer l'armée turque au Kurdistan d'Irak. Il veut assurer son emprise sur cette région au lendemain d'une défaite de Saddam Hussein. Le pouvoir civil à Ankara devrait s'y opposer. L'occupation par la Turquie d'une partie d'un de ses voisins est incompatible avec son adhésion à l'Union européenne. Il faut choisir. (Le Monde, 11 mars 2003)
 

First Islamist protest against AK Party

As the ruling Justice and Development Party (AK Party) tries to present the decision to permit deployment of American forces to Turkish soil as a "state decision" by delaying a vote in Parliament to Saturday, the first Islamist protest against AK Party was held in Istanbul yesterday.

In Istanbul, about 3,000 people gathered outside a mosque following Friday prayers to protest an Iraq war, shouting "Imperialist U.S.A." and "We won't be U.S.A.'s soldiers." They also hung banners reading "Don't fear the U.S.A., fear Allah."

Islamists rushed into squares one day before the discussion about the motion on deployment of foreign troops and the dispatch of Turkish troops in Parliament.

Some 3,000 people who gathered after Friday prayer in Beyazit square in Istanbul, held a demonstration to protest the AK Party and the U.S. Demonstrators who performed Friday prayer in Beyazit Mosque, said Allahuekber and walked to the square. About 200 women demonstrators joined the others in the square and the group hung banners with the slogan "Muslims are brothers. Don't share in wildness" and "Don't fear the U.S. but God" on the gate of the mosque. Most of slogans were against the AK Party.

During the demonstration, the group shouted slogans such as "Tayyip, don't cause our patience to come to an end", "Murderer U.S., collaborationist AKP", "Don't bargain on our brothers' blood", "We don't want a collaborationist government", "Muslims don't submit to injustice", "We won't become hired assassins", "Iraqi public is not alone" and "Murderer U.S. get out the Middle East". The AKP was harshly criticized in the speeches.

Islamist journalist-writer Abdurrahman Dilipak addressed the AKP leader Erdogan and asked him to not allow Turkish soldiers to be sent to Iraq and to not support the U.S. He stated that the AKP deputies would be losers if they didn't listen to the public and said, "If the body of a Turkish soldier is brought to this mosque in the next days, all hell will break loose. Then no parliamentarians can walk on the streets. If the AKP deputies say 'yes' to the war while the public shouts 'no' on the streets, this means they are obstinate and they will lose. Here we say to them 'don't cause the death of our brothers, don't help the heartless'. Then they will be against you and the cost of the war will be worse."

At the end of his speech, Abdurrahman Dilipak said that religious functionaries in Istanbul would prepare a notice to explain that such a war is against the soul of Islam and send it to Ankara.

Professor Ahmet Agirakca said, "Here I address the deputies. Mothers and fathers who will loose their children in Iraq, will curse you. If you vote 'yes' in Parliament, you won't be chosen again. Don't listen to party leaders and say 'no' to the U.S."

"No To War Platform" spokesman Tayfun Mater invited everyone to the anti-war meeting that will be held today in Ankara.

The Humanitarian Relief Foundation (IHH) Chairman Bulent Yildirim compared the attack of the U.S. on Iraq with the Crusades.

Demonstrators, who burned huge U.S. and Israeli flags by saying Allahuekber, left Beyazit square after performing a prayer. (Turkish Daily News, March 1, 2003)
 

Affaires religieuses/Religious Affairs

M. Erdogan abandonne une procédure contre son propre pays à Strasbourg

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a abandonné la procédure qu'il avait engagée contre son propre pays devant la Cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg, a-t-on appris mardi auprès de la Cour.

Une porte-parole a précisé que la cour avait reçu lundi une demande de l'avocat du nouveau Premier ministre turc "signalant qu'il n'entendait pas maintenir ses requêtes".

M. Erdogan contestait depuis 1999 devant les juges européens sa condamnation à dix mois de prison ferme, prononcée en avril 1998 par la Cour de sûreté de l'Etat de Diyarbakir pour des propos "visant à la provocation raciale et religieuse".

Ce verdict qui avait entraîné son inéligibilité, l'avait empêché de se présenter aux élections législatives du 3 nomvembre et donc de devenir chef du gouvernement lorsque son parti avait remporté le scrutin.

En Turquie, tout Premier ministre doit être préalablement élu député. Début janvier, le parlement turc a voté un texte permettant à M. Erdogan d'accéder officiellement à cette fonction. Il a été élu député le 9 mars grâce à une législative partielle, puis nommé chef du gouvernement le 11 mars.

M. Erdogan avait introduit trois requêtes au total devant la Cour européenne, la première remontant à 1999 et les deux autres à l'an dernier, dans lesquelles il avait notamment fait valoir que sa condamnation et l'inégibilité entraînée par celle-ci constituaient des violations de son droit à un procès équitable, de sa liberté de conscience, de sa liberté d'expression, de l'interdiction de la discrimination et de la protection de la propriété.

La Cour européenne devra désormais décider si elle continue l'examen des requêtes, comme le lui permet l'article 37 de la Convention sur la sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, ou si elle abandonne la procédure. (AFP, 25 mars 2003)
 

M. Erdogan: un Premier ministre qui accuse son pays à Strasbourg

Le Premier ministre turc désigné Recep Tayyip Erdogan est le premier chef de gouvernement européen engagé dans une procédure contre son propre pays devant la Cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg, a confirmé vendredi la Cour à l'AFP.

L'ancien maire d'Istanbul conteste depuis 1999 devant les juges européens sa condamnation à dix mois de prison ferme, prononcée en avril 1998 par la cour de sûreté de l'Etat de Diyarbakir, pour des propos "visant à la provocation raciale et religieuse".

Ce verdict, qui entraînait son inéligibilité, l'avait empêché de se présenter aux élections législatives, et donc de devenir chef du gouvernement dès novembre dernier.

Dans sa requête contre la Turquie, M. Erdogan soutient notamment que cette condamnation constitue une violation de sa liberté de conscience, de sa liberté d'expression et de son droit à un procès équitable. La plainte a été déclarée partiellement recevable en novembre dernier, ce qui n'augure pas d'une décision sur le fond, qui n'interviendra pas avant plusieurs mois, voire plusieurs années.

Par ailleurs, le Premier ministre désigné a déposé en septembre dernier une nouvelle plainte devant la Cour européenne, cette fois pour contester l'inégibilité entraînée par le verdict de 1998.

L'accession de M. Erdogan à la tête du gouvernement a été rendue possible par des amendements constitutionnels adoptés par la nouvelle majorité parlementaire. L'ancien maire d'Istanbul a ainsi pu être élu député le 9 mars, dans la ville même où son discours de campagne en 1997 lui avait valu d'être condamné en 1998. (AFP, 14 mars 2003)

Heurts entre manifestants et policiers après la prière du vendredi à Istanbul

Des incidents ont éclaté entre la police et des fidèles qui protestaient contre la guerre en Irak, après la prière du vendredi dans la grande mosquée de Beyazit à Istanbul, et quatre personnes ont été interpellées, a rapporté un journaliste de l'AFP.
 Environ 5.000 manifestants, encadrés par plusieurs centaines de policiers anti-émeutes, s'étaient rassemblés après la prière devant la mosquée, située dans le centre-ville, aux cris de "Maudits soient les Etats-Unis", "les Etats-Unis hors du Moyen-Orient", "la Turquie n'est pas Israël", ou "Allah ou akbar".

Des jeunes presque en pleurs, criant "maudite soit l'Amérique" et accompagnés par une grande clameur, ont mis le feu à des drapeaux américains et israéliens, avant de les piétiner.

Lors de la dispersion des manifestants, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques, l'AFP constatant deux blessés légèrement atteints à la tête et quelques dizaines de personnes indisposées par les gaz.

Quatre personnes ont été interpellées, a indiqué un policier.

Les manifestants s'étaient rassemblés sous la neige, brandissant toutes sortes de pancartes dénonçant "une agression mondiale", et appelant à une "intifada mondiale". Parmi eux, une cinquantaine de femmes étaient regroupées sur un côté.

Une prière silencieuse a été organisée sur le parvis extérieur de la mosquée, devant 200 à 300 policiers anti-émeutes, avant que ne reprennent les slogans: "Musulman, ne dors pas, ton tour viendra".

Un prêcheur improvisé s'est mis à lancer des invectives contre "ceux qui veulent se noyer dans le sang, qui lancent la guerre sur les routes de Mahomet", demandant "qu'ils soient maudits!". Un autre manifestant, irakien d'origine turkmène, appelait à la paix entre les musulmans, arabes, kurdes et turkmènes.

Malgré une large banderole dénonçant un "gouvernement marionnette de la junte du Conseil de Sécurité Nationale", le parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, a été relativement épargné par les invectives des manifestants.

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a pourtant eu droit à son nom sur un calicot blanc maculé de gouttes rouges dénonçant "Bush, Blair, Tayyip, les assassins les plus connus du monde".

L'opinion publique en Turquie, pays musulman frontalier de l'Irak, est très hostile à l'intervention américaine contre Bagdad. Ce mécontentement s'exprime quotidiennement lors de multiples manifestations, le plus souvent de petits groupes.

Les Etats-Unis, alliés de la Turquie au sein de l'Otan, ont cherché à obtenir le soutien d'Ankara avant de lancer leur intervention militaire. Mais cette requête s'est heurtée à l'opposition d'une partie de la classe politique, et il a fallu des semaines avant que le parlement ne vote, jeudi, l'ouverture du ciel turc aux avions américains. Cette autorisation n'était toujours pas effective vendredi. (AFP, 21 mars 2003)
 

La femme du Premier ministre turc concilie mode et foulard islamique

Emine Erdogan, la femme du nouveau Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste, n'abandonnerait pour rien au monde son foulard, même au nom des responsabilités officielles de son mari.

Depuis la victoire électorale du parti de la Justice et du Développement (AKP) de son époux en novembre, Emine Erdogan s'est distinguée par une manière très personnelle de s'habiller, conciliant sa foi musulmane et les obligations protocolaires d'un état solidement attaché à ses principes laïcs.

A défaut de plaire à tout le monde, son style a le mérite d'être nouveau en Turquie, où le foulard est soit le signe d'une ruralité profonde, soit l'emblème d'un militantisme arrogant.

Ses foulards élégants, ses longues robes aux couleurs vives et à la coupe recherchée montrent que le respect des codes islamiques ne sont pas forcément synonymes de toilettes austères.

Pour sa première visite à l'étranger, Mme Erdogan avait même fait la une des journaux en compagnie de la femme du Premier ministre sortant, Harunissa Gul.

A Davos, en Suisse, où leurs époux suivaient le Forum économique mondial, leur manteau à revers de fourrure complétant un foulard assorti de lunettes de soleil a fait le bonheur des photographes.

Cette nouvelle mode divise les stylistes de mode, l'un d'eux, Cengiz Abazoglu, se montrant très emballé quand son collègue, Nuri Yerlitas, estime que Mme Erdogan aurait "besoin de conseils d'un professionnel".

Certains ont déjà récupéré l'image très médiatique de Mme Erdogan, un couturier lançant, à son insu, une collection baptisée "Emine Erdogan 2003", qui a suscité les protestations de l'intéressée.

C'est à 15 ans que la jeune femme, aujourd'hui âgée de 54 ans, 5 de plus que son mari, a été forcée par son frère de se couvrir, la faisant "pleurer des jours durant, et même penser au suicide", livrait-elle récemment à la presse.

Ce n'est qu'après s'être plongée dans la lecture d'ouvrages religieux qu'elle s'est elle-même convaincue de porter le foulard.

Mais pas question pour autant de pousser les autres à suivre son exemple, car "chaque femme doit faire ce qu'elle veut", dit Mme Erdogan.

Pour l'instant, la deuxième dame de Turquie n'a pas eu à gérer les problèmes d'étiquette qui interviendront inexorablement, le port du voile étant strictement interdit dans les bâtiments officiels.

Un incident avait éclaté, peu après les élections, quand la femme du président du parlement, Bulent Arinc, était apparue, la tête couverte, aux côtés de son mari devant le chef de l'Etat Ahmet Necdet Sezer, qui lui remettait ses pouvoirs avant une visite à l'étranger.

Mais Mme Erdogan entend bien ne pas jouer les seconds rôles, elle qui a longtemps assisté son mari dans ses combats politiques.

"Beaucoup la considèrent comme le personnage le plus influent dans l'entourage de son mari", écrivait récemment le quotidien Aksam.

Son appartenance à la province de Siirt a notamment pesé le 9 mars lors du scrutin législatif partiel qui a vu l'élection de M. Erdogan, le propulsant au poste de Premier ministre.

Mère de quatre enfants, Mme Erdogan est également une fervente adepte de la médecine "alternative", le quotidien Sabah annonçant qu'une nouvelle boisson - non alcoolisée bien entendu - de sa composition serait bientôt "officialisée" dans les bureaux du Premier ministre.

Emine Erdogan ne manque pas une occasion de vérifier que son époux éclaircit régulièrement sa voix, très sollicitée, d'un mélange de citron pressé, miel et jus de persil. (AFP, 20 mars 2003)

Socio-économique/Socio-economic

Le parlement turc approuve le budget 2003

Le parlement turc a approuvé samedi le budget 2003 du pays, attendu par le Fonds monétaire international (FMI) qui en avait fait l'un des conditions au déblocage d'un prêt de 1,6 milliard de dollars.

Le budget, élaboré après de longues négociations avec le FMI, prévoit des dépenses de 86,3 milliards de dollars et des recettes de 59 milliards de dollars, a rapporté l'agence Anatolie.

Le budget prévoit une croissance de 5% et une réduction de l'inflation à 20 pour cent à la fin de l'année.

L'approbation par les députés du budget 2003 était une condition posée par le FMI avant le déblocage d'une nouvelle tranche de crédit stand-by d'un montant de 1,6 milliard de dollars, en suspens depuis octobre dernier.

Ce prêt fait partie d'un accord stand-by d'un montant total de 16 milliards de dollars conclu entre le FMI et la Turquie en février 2002, dans le but d'aider ce pays à faire face à une grave récession consécutive à deux crises financières.

Le FMI a aussi demandé au gouvernement d'accélérer son programme de privatisation et de présenter au parlement un projet de réforme fiscale.

Le bureau du FMI à Ankara avait indiqué dans la semaine qu'une décision pourrait être prise à la mi-avril sur le déblocage de l'aide à Ankara si les conditions requises étaient remplies d'ici là. (AFP, 29 mars 2003)
 

Croissance de 7,8% de l'économie turque en 2002

L'économie turque a enregistré une croissance de7,8% en 2002 par rapport à l'année précédente, a annoncé lundi l'Institutnational des statistiques (DIE).

Ce chiffre est supérieur à l'objectif de 4% prévu par la Turquie pourl'année 2002.

Au dernier trimestre 2002, la croissance a atteint 11,5%, selon le DIE.

Le produit national brut (PNB) par habitant s'est chiffré à 2.584 dollarsen 2002, par rapport à 2.212 dollars en 2001 ).

En 2001 dans un contexte de crise économique, l'économie turque avait vuune contraction sans précédent de 9,4%.

Le parlement turc a approuvé samedi le budget 2003, attendu par le FondsMonétaire International (FMI), qui en avait fait une des conditions audéblocage d'une nouvelle tranche de crédit de 1,6 milliard de dollars.

Le FMI a conclu en février 2002 un accord stand-by avec Ankara portant sur16 milliards de dollars, pour aider la Turquie à faire face à une graverécession consécutive à deux crises financières.

Le budget prévoit une croissance de 5% et une réduction de l'inflation à20% à la fin de l'année. (AFP, 31 mars 2003)
 

Les marchés turcs rassurés par l'aide de Washington sur fond de guerre

Les marchés financiers turcs affichaient jeudi un optimisme prudent après l'annonce, mardi, que la Maison Blanche va demander au Congrès américain un milliard de dollars d'aide pour la Turquie.

Nombre d'analystes craignent toutefois que le Congrès ne revoie cette aide à la baisse, notamment en raison du refus du parlement turc d'autoriser le déploiement de soldats américains en Turquie à la veille de la guerre en Irak.

"L'effet positif (de cette aide), c'est la baisse des taux d'intérêt à 64-65% ce jeudi, contre plus de 70% en début de semaine, et une remontée de l'indice boursier avec le recul des devises face à la Livre turque", affirmait Hakan Avci, analyste chez Global securities.

La baisse des taux d'intérêt pèsera sur le remboursement de la lourde dette turque (93,4 milliards de dollars à rembourser en 2003) pour laquelle "il est toujours question d'un trou budgétaire de quelques milliards", selon M. Avci.

"Des difficultés pour le remboursement de la dette demeurent d'actualité", estimait Kerem Korur, directeur général de Halk securities, qui affichait le même optimisme mesuré.

"Les marchés ont pris la nouvelle avec précaution, si la décision est confirmée par le Congrès le 12 avril, ils réagiront avec plus d'enthousiasme", prévoit-il.

Selon Hakan Avci, "cet argent américain sera très utile, c'est sûr, mais on ne sait pas encore comment il sera ventilé et les marchés attendront d'avoir confirmation de sa venue avant de se réjouir".

L'indice IMKB-100 des valeurs vedette de la Bourse d'Istanbul avait progressé de 3,3% après l'offre de cette aide financière mardi, puis gagné encore 2,4% mercredi, après des pertes importantes auparavant.

Jeudi, l'indice IMKB-100 affichait un gain de 1,74% à la clôture. (AFP, 27 mars 2003)
 

Fin de la visite de la mission d'experts du FMI en Turquie

La mission d'experts du Fonds monétaire international (FMI) a achevé sa visite en Turquie et a trouvé un accord avec le gouvernement ouvrant la voie au déblocage d'une nouvelle tranche de crédit, a indiqué lundi le Fonds.

Un terrain d'entente a été trouvé avec le gouvernement turc sur les grandes lignes d'un projet de lettre d'intention récapitulant les mesures acceptées par Ankara en échange du déblocage d'une nouvelle tranche du crédit accordé en 2002.

"Les autorités turques et la mission du FMI ont trouvé un accord sur tous les éléments clé d'une lettre d'intention pour le quatrième examen du programme", selon le communiqué du FMI qui rappelle qu'il reste quelques détails à "finaliser lors de la semaine à venir".

La conclusion de la mission d'experts et le règlement des derniers détails permettra d'envisager une réunion du conseil d'administration du Fonds lors de la première quinzaine du mois d'avril, selon le FMI.

Les administrateurs devraient à cette occasion donner leur feu vert au déblocage d'une nouvelle tranche du crédit de 16 milliards de dollars accordé en février 2002 sur deux ans à Ankara.

Selon le FMI, le Premier ministre Abdullah Gul a clairement fait part des engagements de son gouvernement en matière de politique économique, incluant notamment un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 6,5% du PIB en 2003 et, sur le moyen terme, pas d'ajournement ou de restructurations générales d'arriérés de dettes, l'adoption rapide d'une réforme fiscale, ou encore des actions pour renforcer l'indépendance de l'agence de surveillance des banques et la réduction des emplois dans les entreprises publiques.

"Pour réaliser ses objectifs économiques, le gouvernement doit strictement mettre en oeuvre les politiques auxquelles il s'est engagé", a rappelé le FMI dans son communiqué.

Le Fonds appelle ainsi Ankara à adopter le budget 2003 sans tarder ainsi que les mesures de réformes fiscales, à réduire le personnel des entreprises publiques et à privatiser.

"Lorsque les derniers détails auront été réglés et que les mesures promises auront été mises en oeuvre, le conseil d'administration pourra se réunir lors de la première quinzaine d'avril", selon le FMI, pour examiner la demande d'Ankara de déblocage d'une nouvelle tranche de 1,6 milliard de dollars. (AFP, 10 mars 2003)
 

Le secteur du tourisme en Turquie craint les retombées d'une guerre en Irak

Les professionnels du tourisme en Turquie, activité qui représente la première source de devises pour le pays, craignent qu'un conflit en Irak ne ruine la saison, les scénarios les plus optimistes prévoyant déjà un fort ralentissement.

"Jusqu'à janvier, les réservations étaient satisfaisantes, mais depuis février, nous n'en avons enregistré aucune, alors que c'est habituellement exactement le moment pour remplir le carnet de commandes", explique Ibrahim Kalender, directeur général adjoint de Vasco tourisme, à Anatalya (sud).

A Bodrum, l'une des principales stations balnéaires dans l'ouest du pays, la société de séjours sur yacht Era Yat attend toujours ses premières réservations, traditionnellement faites au cours du mois de mars.

"Je n'ai pas reçu une seule demande pour l'instant", dit son directeur Erman Aras, qui craint déjà une perte de 30% sur l'ensemble de l'année.

Öger tours, premier voyagiste turc, qui travaille essentiellement avec l'Allemagne, a enregistré un début d'année "extrêmement réussi", avec une demande en augmentation de "près de 40%" selon son directeur, Huseyin Baraner, mais depuis la mi-février, s'il n'enregistre pas encore d'annulation, M. Baraner note une "chute d'environ 60% des réservations".

"Tout le monde attend pour l'instant, cela va au minimum retarder le début de la saison, les mois de mars et avril sont déjà perdus", estime-t-il.

Chez Pacha tours, voyagiste français spécialisé dans les groupes, le début du mois de février a également marqué le début de la méfiance pour les vacanciers, alors que les réservations étaient en augmentation d'environ 25% par rapport à l'année passée.

"Les annulations ont commencé à nous arriver des pays d'outre-mer, comme l'Australie et le Canada, puis l'Europe aussi a commencé à décommander à hauteur de 25 à 30%", selon le directeur adjoint de Pacha pour la Turquie Tanju Berk.

La Turquie a accueilli l'an dernier 13,2 millions d'étrangers, marquant une fréquentations en hausse de 14% par raport à l'année précédente. Le ministère du Tourisme se fixait pour 2003 un objectif de 15 millions de touristes. (AFP, 6 mars 2003)
 

Le gouvernement turc se serre la ceinture, le FMI s'en félicite

Le gouvernement turc a annoncé lundi des mesures visant à faire des économies de plusieurs milliards de dollars pour lutter contre la récession que traverse le pays depuis février 2001.

La décision a immédiatement été saluée par le Fonds monétaire international (FMI) qui était venu à la rescousse d'Ankara avec des prêts totalisant 16 milliards de dollars.

L'annonce des mesures gouvernementales est intervenue au moment même où la Bourse d'Istanbul enregistrait une baisse importante de ses valeurs après la décision du parlement de refuser le déploiement de soldats américains dans le pays, mesure qui devait permettre à Ankara d'obtenir six milliards de dollars de dons des Etats-Unis.

Les mesures annoncées par le gouvernement représentent l'équivalent de plus de neuf milliards de dollars.

Parmi celles-ci figurent l'augmentation cette année de l'impôt sur les biens fonciers et celle de la vignette automobile, ainsi que d'importantes économies dans les dépenses militaires du pays, selon un communiqué du service de presse du Premier ministre Abdullah Gul.

D'autres mesures prévoient des économies grâce notamment à des restrictions sur les embauches en 2003 dans le secteur public.

Le gouvernement réduira également les subventions accordées aux municipalités des grandes villes.

Ankara espère un déblocage, courant mars, d'une nouvelle tranche de crédit stand-by du FMI d'un montant de 1,6 milliard de dollars au terme de négociations entre Ankara et le Fonds.

Le directeur pour la Turquie du FMI, Juha Kahkonen, s'est félicité des décisions du gouvernement, dans un communiqué publié par la représentation à Ankara du Fonds.

"Nous saluons les pas annoncés aujourd'hui par le gouvernement", souligne le document précisant que le surplus hors remboursement de la dette de 6,5% du PNB est conforme aux prévisions budgétaires 2003 du gouvernement.

Les mesures ont été annoncées par le gouvernement alors qu'une vive tension régnait lundi matin sur les marchés financiers.

La Bourse d'Istanbul a chuté de plus de 11% et la livre turque perdait du terrain contre le billet vert et l'euro.

La Turquie est lourdement endettée et les marchés comptaient sur l'aide financière américaine pour soutenir l'économie fragilisée par deux ans de crises.

Pour tenter de convaincre les députés de voter pour le déploiement américain, le dirigeant du parti au pouvoir Recep Tayyip Erdogan avait rappelé avant le vote de samedi que la Turquie devait trouver cette année 73,5 milliards de dollars pour payer ses dettes. (AFP, 3 mars 2003)
 

Le budget 2003 consacre la moitié des dépenses au remboursement de la dette

Le gouvernement turc a présenté lundi un projet de loi de budget déficitaire pour 2003: près de la moitié des dépenses seront consacrées au remboursement des intérêts de la dette publique, a déclaré le ministre des Finances, Kemal Unakitan.

Le budget de l'année précédente avait également consacré la moitié des revenus au remboursement de cette dette croissante.

Le projet qui a tardé à venir devant les députés en raison des élections législatives de novembre dernier, remportées par le parti de la Justice et du Développement (AKP), prévoit environ 60 milliards de dollars de revenus pour des dépenses de 89 milliards de dollars, a indiqué M. Unakitan lors d'une conférence de presse.

Environ 40 milliards de dollars seront consacrés au remboursement de la dette publique, qui a atteint 155 milliards de dollars en janvier 2003, selon les chiffres du Trésor turc.

Le budget soumis au parlement qui doit commencer à le débattre dans les prochains jours, prévoit par ailleurs des exportations d'une valeur de 39,2 milliards de dollars pour des importations de 54,7 milliards de dollars, soit une balance commerciale déficitaire de 15,5 milliards de dollars.

Les recettes fiscales prévues sont de l'ordre de 52 milliards de dollars.

Le budget tient compte d'une éventuelle intervention militaire américaine contre l'Irak voisin et est conforme à l'accord de redressement économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de sortir d'une grave crise économique qui a frappé la Turquie en février 2001, selon le ministre.

"Notre objectif numéro 1 est de réduire les charges découlant des intérêts", a-t-il dit.

Les prévisions de croissance pour l'année 2003 sont de 5% et le taux d'inflation de 20% pour les prix à la consommation.

M. Unatikan a indiqué que le budget avait été préparé conformément à l'objectif fixé avec le FMI d'un surplus budgétaire, hors remboursement de la dette, de 6,5% du PNB.

Le gouvernement turc a par ailleurs annoncé lundi des économies et des augmentations d'impôts qui devraient rapporter 9 milliards de dollars de plus cette année à l'état.

"Nous demandons un petit sacrifice" à la population, a souligné M. Unatikan.

Ankara espère un déblocage, courant mars, pour le paiement par le FMI d'une nouvelle tranche de crédit stand-by d'un montant de 1,6 milliard de dollars au terme de négociations entre Ankara et le Fonds. (AFP, 3 mars 2003)
 

Foreign trade deficit widened in 2002

Turkey's exports rose 12 percent in 2002 and reached $35.1 billion, exceeding an official estimate of $34.5 billion, the State Institute of Statistics (DIE) announced yesterday.

Imports, on the other hand, increased 22.8 percent from the crisis year 2001, and amounted to $50.8 billion. The official estimate for imports was $47.5 billion, DIE said.

Foreign trade deficit widened 56.5 percent to $15.8 billion from $10.1 billion in 2001. The export import ratio dropped to 69 percent in 2002, from 75.7 percent in 2001.

Exports remained strong in 2002 despite an appreciation in the local currency and served as the driving force for the unexpectedly robust economic growth performance.

Last year mining and stone-quarrying exports declined 0.4 percent, while exports of industrial goods, which account for 93.1 percent of total exports, jumped 13.8 percent. Farm and forestry exports dropped 10.5 percent in 2002.

Meanwhile, imports of capital goods soared 20.4 percent, those of intermediate goods 23.1 percent and consumer goods 21.9 percent in 2002.

Turkey's exports to OECD countries rose by 11.5 percent last year, including exports to the European Union which increased 12 percent. Exports to non-OECD countries rose by 9.3 percent and by 49.5 percent to free zones in Turkey.

Trade deficit booms in December

At the same time, Turkey's imports surged 47.3 percent in December to a record $5.1 billion, which analysts tied to the appreciation in the value of the lira and the jump in global oil prices, which hit a 12-year high $40 per barrel on Thursday.

Exports in the same month increased merely by 5.8 percent to $2.8 billion and foreign trade deficit widened 188.6 percent to $2.3 billion.

Turkey's mining exports plunged 28.1 percent in December versus a 6.6 percent rise in exports of industrial goods. Exports of farm rose by 0.1 percent.

Imports of capital goods rose 61.6 percent, intermediate goods 44.4 percent and consumer goods 43.4 percent. (Turkish Daily News, March 1, 2003)
 

Relations avec l'Ouest/Relations with the West

Kurdes d'Allemagne: les autorités sur le qui-vive

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive: la guerre en Irak, avec ses conséquences imprévisibles au Kurdistan, risque selon elles de déclencher une vague de violence dans la communauté kurde en Allemagne, la plus importante d'Europe.

"On ne peut exclure des actions violentes de certains individus", reconnait Ciler Firtina, membre de la direction du collectif d'associations kurdes en Allemagne KOMKAR, basé à Cologne (ouest).

"Mais la plupart des Kurdes sont pacifiques et le resteront", affirme-t-elle, en soulignant la perte d'influence du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste), interdit depuis 1993 en Allemagne mais qui survit sous le nom de "Congrès de la démocratie et de la liberté pour le Kurdistan" (Kadek).

Et d'ajouter une mise en garde révélatrice de la tension ambiante: "Il faut éviter de semer la panique et de trop parler, il ne faut pas exciter les gens".

500.000 Kurdes, essentiellement d'origine turque mais aussi irakienne, vivent en Allemagne, qui abrite la plus grande communauté turque en Europe (2,5 millions de personnes au total).

En 1999, lors de l'arrestation au Kenya puis de la condamnation à mort en Turquie du chef du PKK Abdullah Ocalan, des Kurdes avaient notamment assailli le consulat d'Israël à Berlin, afin de protester contre le rôle joué par le Mossad (services secrets israéliens) dans la localisation de leur leader. Quatre manifestants avaient été tués par les gardes israéliens.

Le ministère fédéral de l'Intérieur allemand a averti en début de semaine qu'il fallait s'attendre à des "réactions sur le sol allemand" en cas de dégradation de la situation dans le Kurdistan irakien, dans le nord du pays à la frontière avec la Turquie.

Le porte-parole du ministère, Rainer Lingenthal, a spécifiquement mentionné le Kadek. Mais les risques de violence émanent aussi d'autres groupes, a-t-il affirmé, se refusant à plus de détail "pour des raisons de sécurité".

Si l'armée turque pénètre en Irak, en dépit de son engagement à demeurer de l'autre côté de la frontière, les conséquences sur les relations entre les Kurdes et les Turcs en Allemagne "sont difficilement calculables", estime le vice-président du Parti social-démocrate (SPD, au pouvoir) chargé des Affaires étrangères, Gernot Erler.

Aussi le gouvernement allemand a-t-il adopté une attitude très prudente vis-à-vis d'Ankara, se contentant de menacer de retirer, en cas d'intervention turque en Irak, les soldats allemands embarqués à bord des avions de surveillance Awacs déployés par l'Otan pour participer à la défense de la Turquie face à une éventuelle agression irakienne.

Mais Berlin se refuse à envisager des conséquences sur les perspectives d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. "On ne saurait lier" ces négociations à une entrée des troupes turques dans le nord de l'Irak, déclarait lundi le porte-parole du gouvernement allemand Bela Anda.

La Fédération des associations kurdes en Allemagne (YEK-KOM), proche du Kadek selon les renseignements intérieurs allemands, estime que les craintes de violence sont exagérées.

"Les Kurdes continueront de manifester pacifiquement, même si les troupes turques pénètrent dans le nord de l'Irak", affirme la porte-parole de la Fédération, Ayten Kaplan, à Duesseldorf (ouest).

Une manifestation des Kurdes d'Europe à Francfort (ouest), qui avait réuni 40.000 personnes samedi dernier, s'était ainsi déroulé sans aucun incident, en dépit des craintes de la police, mobilisée en surnombre.

Un appel en allemand du Kadek, diffusé sur l'internet, tient cependant un langage plus vindicatif : "Nous appelons notre peuple (...) à l'étranger à participer à des actions de résistance, et notre jeunesse à rejoindre la guérilla et à soutenir la guerre défensive". (AFP, 27 mars 2003)
 

Human Rights Watch met en garde Ankara contre des "violations" en Irak

L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a mis en garde Ankara contre des "violations" en cas d'intervention en Irak du nord, indique un communiqué parvenu jeudi à l'AFP.

Dans cette lettre adressée au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, HRW demande aux autorités turques de "prendre les mesures pour éviter la répétition des violations passées dans toute opération en Irak du nord".

HRW rappelle les "violations massives commises durant les quinze années de conflit dans le sud-est de la Turquie", avec des "détentions arbitraires généralisées, de la torture, des exécutions extra-judiciaires, des expulsions illégales, la destruction de propriétés civiles".

"Peu a été fait en Turquie pour juger les responsables de ces abus ou pour purger les forces de sécurité des auteurs de ces violations", regrette l'organisation.

HRW demande que le gouvernement "s'assure que les troupes turques ne répètent pas ce genre de violations dans toute intervention dans le nord de l'Irak".

Elle recommande qu'Ankara "n'envoie au-delà de sa frontière ni les éléments responsables de violations dans le sud-est turc, ni les milices paramilitaires dites gardiens de villages, responsables de nombreuses violations dans le sud-est de la Turquie".

Le chef de l'état major de l'armée turque Hilmi Ozkok a affirmé mercredi qu'un déploiement militaire turc en Irak du nord n'était pas nécessaire à l'heure actuelle, ajoutant qu'une éventuelle intervention se ferait en coopération avec les Etats-Unis. (AFP, 27 mars 2003)
 

Le kémalisme constitue une "entrave" à l'adhésion à l'UE (projet de rapport)

Un projet de rapport du Parlement européen (PE) invite les autorités turques à procéder à des "modifications draconiennes" de la structure de l'Etat, considérant que le "kémalisme" constitue une "entrave" à l'adhésion à l'UE.

Le texte a été présenté mardi à la Commission des Affaires étrangères du PE. Ce "projet de rapport sur la demande d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne" devrait être soumis pour adoption avant l'été prochain en séance plénière du Parlement.

"La philosophie de base de l'Etat turc, à savoir le "kémalisme", implique une peur démesurée de compromettre l'intégrité de l'Etat turc", écrit ce rapport rédigé par l'eurodéputé Arie Oostlander (Pays-Bas, démocrate-chrétien).

Pour l'auteur, le "kémalisme" implique aussi "l'insistance sur l'homogénéité de la culture turque (nationalisme), l'étatisme, le rôle puissant des forces armées, ainsi qu'une attitude très rigide à l'égard de la religion", autant de facteurs qui font "de cette philosophie fondamentale une entrave même à l'adhésion à l'Union européenne".

Evoquant l'organisation de l'Etat, l'auteur du rapport estime notamment que "le rôle de l'armée freine l'évolution de la Turquie vers un système démocratique pluraliste".

Pour lui, "la suppression à terme" du Conseil national de Sécurité "dans le rôle et la position qui sont actuellement les siens sera nécessaire".

Le Conseil constitue l'instance capitale où les militaires turcs se prononcent sur les principaux problèmes de l'heure dans le pays.

Une réforme de l'Etat implique aussi que les autorités turques se débarrassent de leur "peur démesurée du fondamentalisme et du séparatisme montants". Le gouvernement d'Ankara est également invité à "faire preuve de plus de décontraction face à l'Islam et à la religion en général".

Pour l'auteur du rapport, la "sécularisation rigide" est à l'origine de "réactions antidémocratiques telle que l'Islam intolérant".

Par conséquent, "les modifications demandées sont si fondamentales qu'elles exigent l'élaboration d'une nouvelle constitution non explicitement fondée sur le kémalisme, mais sur les principes démocratiques européens, lesquels créeront notamment l'équilibre entre les droits des individus et des minorités, et les droits collectifs".

L'UE élargie à 25 doit décider à la fin de 2004, sur la base d'un rapport de la Commission européenne, d'ouvrir ou non des négociations d'adhésion avec Ankara. (AFP, 25 mars 2003)
 

La Turquie dénonce un projet de rapport "subjectif" du parlement européen

La Turquie a dénoncé un projet de rapport du parlement européen, présenté mardi, et qui considère que le "kémalisme" constitue une "entrave" à son adhésion à l'Union européenne, estimant qu'il s'agit d'"évaluations subjectives" de son auteur.

"Le rapport de l'eurodéputé pour lequel les valeurs fondamentales de l'UE reposent essentiellement sur la culture judéo-chrétienne, est axé sur des évaluations subjectives concernant l'évolution historique de notre pays", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"La philosophie de base de l'Etat turc, à savoir le 'kémalisme', implique une peur démesurée de compromettre l'intégrité de l'Etat turc", écrit ce rapport rédigé par l'eurodéputé Arie Oostlander (Pays-Bas, démocrate-chrétien) et présenté à la Commission des Affaires étrangères du parlement européen.

Evoquant l'organisation de l'Etat, l'auteur du rapport estime notamment que "le rôle de l'armée freine l'évolution de la Turquie vers un système démocratique pluraliste".

"Ce rapport, à l'état actuel, est loin d'être constructif pour un pays candidat à l'adhésion à l'UE", indique le ministère turc, soulignant que le gouvernement est décidé à marcher sur le chemin vers une intégration à l'UE.

Ankara espère que le projet de rapport sera révisé par une "approche rationnelle" de la Commission et que les "préjugés" en seront "éliminés".

"Une telle approche sera beaucoup plus appropriée pour les valeurs communes de l'UE et les intérêts multilatéraux de la Turquie et de l'UE", ajoute le communiqué.

Ce "projet de rapport sur la demande d'adhésion de la Turquie à l'UE" devrait être soumis pour adoption avant l'été prochain en séance plénière du parlement.

Le "kémalisme" tire son nom du fondateur de la République de Turquie  Mustafa Kemal Ataturk (1881-1938), qui a constitué le pays sur les ruines de l'empire Ottoman.

L'UE élargie à 25 doit décider fin 2004, sur la base d'un rapport de la Commission européenne, d'ouvrir ou non des négociations d'adhésion avec Ankara. (AFP, 25 mars 2003)
 

La Commission propose de doubler l'aide de pré-adhésion de la Turquie à l'UE

La Commission européenne a décidé mercredi de proposer un doublement de l'aide financière à la Turquie en vue d'une éventuelle adhésion à l'UE, pour la porter à 1,05 milliard d'euros entre 2004 et 2006, a-t-on annoncé de source européenne.

L'aide proposée, qui doit encore recevoir maintenant l'aval des Quinze, est de 250 millions d'euros pour 2004, 300 millions pour 2005 et 500 millions d'euros pour 2006, soit un total de 1,050 milliard, selon le "partenariat d'adhésion" adopté par la Commission européenne.

Jusqu'à présent, l'aide prévue par les Quinze correspondait à un montant de 177 millions d'euros par an.

Le "partenariat d'adhésion" identifie en outre les efforts qu'Ankara doit accomplir en priorité pour remplir les critères d'adhésion.

La Commission souligne en particulier l'importance de poursuivre les réformes politiques: la Turquie doit ainsi renforcer l'indépendance et l'efficacité de son système judiciaire, assurer le respect effectif des droits de l'Homme et des minorités et promouvoir la lutte contre la torture.

La Commission appelle aussi Ankara à "adapter" le fonctionnement du Conseil national de Sécurité de façon à ce que le contrôle des militaires par les autorités civiles corresponde aux normes des pays de l'Union.

Le Conseil national de sécurité turc, dont l'influence est très importante,  regroupe les principaux dirigeants civils et militaires de Turquie et débat régulièrement des principaux sujets de l'heure.
 La Commmission européenne a d'autre part énuméré plusieurs objectifs devant être remplis par la Turquie avant 2004, comme celui de mener à bien les réformes structurelles réclamées par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International.

L'Union élargie à 25 doit décider à la fin de 2004, sur la base d'un rapport de la Commission, d'ouvrir ou non des négociations d'adhésion avec Ankara.

La Commission avait indiqué lundi qu'une entrée des troupes turques dans le nord de l'Irak "apporterait une complication supplémentaire" pour une éventuelle adhésion à l'UE.

Mais le président de la Commission européenne Romano Prodi a fait savoir mardi qu'il avait reçu "l'assurance" que les forces armées turques n'avaient "pas l'intention" de mener des opérations militaires en Irak. (AFP, 26 mars 2003)
 

Bruxelles veut aider les réformateurs turcs à "garder le cap" sur l'Europe

La Commission européenne a proposé mercredi que l'UE double son aide financière pour favoriser l'adhésion de la Turquie, en appelant les partisans des réformes dans ce pays à "garder le cap" sur l'Europe malgré les nouvelles difficultés liées à la guerre en Irak.

Le commissaire européen à l'Elargissement, Guenter Verheugen, a toutefois lancé une mise en garde contre toute velléité d'Ankara de dépêcher ses troupes dans le nord de l'Irak, sous contrôle kurde.

"S'il y avait pareille incursion, cela aurait des conséquences sérieuses pour les relations entre l'Union européenne et la Turquie", a averti le commissaire devant la presse.

Mais, en adoptant les termes d'un nouveau "partenariat d'adhésion" avec Ankara, la Commission a surtout voulu adresser le signal que la route de l'UE restait ouverte.

Elle a notamment proposé que l'aide de pré-adhésion à la Turquie soit portée entre 2004 et 2006 à 1,050 milliard d'euros, soit un doublement par rapport à ce qui était prévu initialement sur cette période (environ 530 millions d'euros).

"Malgré toutes les difficultés qui sont apparues, il ne faut pas que les partisans de la réforme abandonnent le cap vers l'Europe", a insisté le commissaire.

Pour lui, il serait "catastrophique" que la situation actuelle, en particulier la guerre en Irak, conduise à interrompre le processus des réformes en Turquie "qui avait bien démarré", voire même que ce processus enregistre un "retour en arrière".

La Commission a accompagné sa proposition financière, que les Quinze doivent encore approuver, de nombreuses exigences en termes de réformes, notamment politiques.

La Turquie doit ainsi renforcer l'indépendance et l'efficacité de son système judiciaire, assurer le respect effectif des droits de l'Homme et des minorités et promouvoir la lutte contre la torture.

M. Verheugen a rappelé que la réalisation de ces réformes serait déterminante pour le rapport que la Commission présentera fin 2004 et sur la base duquel les 25 membres de l'Union élargie décideront ou non d'ouvrir les négociations d'adhésion avec Ankara.

La Commission a aussi clairement évoqué la place de l'armée dans la société turque, un sujet de préoccupation grandissant pour les Européens.

L'Union veut avoir la "certitude que le Parlement et le gouvernement (turcs) contrôlent l'armée et non pas l'inverse", a résumé Guenter Verheugen.

"Les exigences que nous fixons à la Turquie sont élevées" mais le "défi peut être relevé", a-t-il dit.

Indépendamment de la guerre en Irak, les relations entre l'UE et la Turquie ont souffert de l'échec des pourparlers sur la réunification de Chypre, constaté le 11 mars.

Guenter Verheugen avait alors estimé qu'Ankara avait perdu une "occasion extraordinaire" en ne parvenant pas à convaincre le dirigeant chypriote turc, Rauf Denktash, d'accepter le plan de réunification proposé par l'Onu.

Ce plan "reste sur la table" et l'UE attend de la Turquie qu'elle "soutienne fermement les efforts pour atteindre une solution globale au problème chypriote", a insisté mercredi la Commission.

Guenter Verheugen a donné rendez-vous à la Turquie pour reprendre en mains le dossier chypriote, "après la guerre en Irak".

L'interdiction à la mi-mars par la justice turque du principal parti kurde, le Hadep, avait également été mal accueillie par les Européens, qui considèrent cette mesure comme peu compatible avec une véritable volonté de réformes. (AFP, 26 mars 2003)
 

Fondations allemandes: acquittement de l'ensemble des inculpés

Une Cour de sûreté d'Etat à Ankara a acquitté mardi les 15 inculpés lors d'un procès controversé à l'encontre de six organisations non gouvernementales allemandes, accusées d'"espionnage" en Turquie.

Les juges ont estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour juger de la culpabilité des 15 prévenus, neuf Allemands et six Turcs.

Les prévenus étaient accusés d'avoir établi des liens illégaux avec des organisations turques visant à miner l'ordre social et politique en Turquie. Ils risquaient jusqu'à 15 ans de prison.

La procédure concernait les fondations politiques Konrad Adenauer, proche de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), Friedrich Naumann, proche du Parti libéral (FDP), et Heinrich Boell, proche des Verts-- ainsi que l'Institut d'Orient, une organisation scientifique dont le siège est à Istanbul.

Le groupe international d'action contre la faim (Fian), dont le siège est en Allemagne mais qui n'avait pas de représentant présent au procès, était inculpé au début de la procédure, mais avait vu les poursuites abandonnées à son encontre il y a plusieurs semaines.
 Le procès avait suscité des tensions dans les relations entre Ankara et Berlin, le ministre des Affaires étrangères allemand Joshka Fischer appelant à un "dénouement positif" à cette poursuite.

"Je crois que cette décision (de la Justice turque) va aider à rétablir ces relations", a déclaré à l'issue du verdict l'un des accusés, Wulf Schoenbohm, représentant en Turquie la Fondation Konrad Adenauer.

"J'espère que tout ce qui concerne les fondations allemandes est oublié maintenant et que, bien sûr, nous allons pouvoir continuer à travailler ici", a-t-il ajouté.

La même fondation Konrad Adenauer a indiqué dans un communiqué: "notre confiance en l'Etat de droit qu'est la Turquie n'a pas été vaine".

Le dossier d'accusation affirmait que les représentants de ces organisations étaient impliqués dans "des activités où la diplomatie classique n'était pas parvenue à ses fins, et avait infiltré tous les domaines de la société et de la classe politique".

Selon l'accusation, les organisations non-gouvernementales en question travaillaient à "l'instauration d'un système fédéral en Turquie et critiquaient l'Armée, garante du système laïque et unitaire de l'Etat turc".

L'ambassade d'Allemagne à Ankara, qui avait qualifié les accusations "d'absurdes", s'est félicité du verdict. (AFP, 4 mars 2003)
 

Giscard répète, à Washington, son opposition à une adhésion turque

Le président de la Convention sur l'avenir de l'Europe Valéry Giscard d'Estaing a répété mardi soir à Washington son opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, en assurant que sa culture n'était pas européenne.

"A l'évidence les Turcs ne sont pas Européens et ils ne deviendront pas membres lors des prochains cinq à sept ans", a-t-il déclaré en reponse à une question lors d'une conférence organisée par l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger.

"Je ne veux pas sous-estimer la Turquie, c'est un grand pays, qui a une grande culture. Mais est-elle pleinement européenne? non", sa culture, sa foi, son système juridique sont différents, a affirmé l'ancien l'ex-président français, en soulignant que la Turquie reste "un voisin important".

M. Giscard d'Estaing avait affirmé en décembre dernier dans une interview qu'une éventuelle adhésion de la Turquie marquerait "la fin de l'Union européenne". Le mois suivant il avait ironisé sur les interventions pressantes américaines en faveur d'une adhésion de la Turquie à l'UE.

Le sommet européen de Copenhague, en décembre, a décidé que les Quinze se prononceraient à la fin de 2004 sur l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion avec Ankara, une décision qui sera prise en fonction de l'ampleur des réformes accomplies à cette date.

M. Giscard d'Estaing a été aussi interrogé sur le blocage par la France, l'Allemagne et la Belgique des demandes américaines que l'Otan aide la Turquie dès avant une guerre en Irak. "L'Otan doit être repensé dans sa finalité et son rôle", a répondu l'ancien président en notant que l'Alliance atlantique - dont la création fut à l'époque demandée par les Européens - n'avait pas pour compétence de prendre en charge l'Irak.

La Convention doit proposer un traité constitutionnel pour l'Europe d'après l'élargissement à 10 nouveaux pays. (AFP,11 février 2003)
 

Relations avec Chypre et la Grèce/Relations with Cyprus and Greece

Détournement d'un Airbus: les passagers rapatriés en Turquie

Les 194 passagers de l'Airbus 310 de la Turkish Airlines détourné dans la nuit de vendredi à samedi vers Athènes ont décollé de l'aéroport de la capitale grecque pour Ankara samedi matin, a indiqué cette compagnie, tandis que le pirate de l'air restait interrogé par la police.

Les passagers sont partis à bord d'un appareil de la Turkish Airlines  dépéché à l'aube dans la capitale grecque;

Les 9 membres d'équipage doivent eux être rapatriés dans le courant de la journée à bord d'un second appareil;

"Globalement, l'état des passagers ne présente pas de problèmes", a indiqué le directeur de l'aviation civile, Stavros Constantinidis, sur la radio athénienne Flash.

Ces passagers, dont 4 députés et un ancien ministre turc, avaient été progressivement libérés sains et saufs de l'avion après avoir été pris en otages pendant près de deux heures par Ozgur Gençaslan, un Turc de 20 ans, présenté comme déséquilibré par la police grecque.

Le jeune homme restait interrogé dans la matinée au siège de la Sécurité d'Athènes, dans l'attente de sa comparution devant un procureur, prévu pour la mi-journée, selon une source policière.

La Turquie n'avait pas demandé son extradition en milieu de matinée, selon le ministère des Affaires Etrangères, qui a refusé de préciser quelle position adopterait la Grèce si une telle requête lui était soumise.

L'avion assurant une liaison entre Istanbul et Ankara avait été détourné vendredi soir après 20 minutes de vol par le pirate, qui réclamait d'aller à Berlin. La Grèce a autorisé un atterrissage à Athènes pour approvisionnement en carburant.

Les forces spéciales de la police avaient mis fin au détournement de l'Airbus en arrêtant à l'aube le pirate de l'air, qui était resté à bord avec deux pilotes après l'évacuation progressive des passagers. (AFP, 29 mars 2003)
 

La Turquie demande à la Grèce l'extradition du pirate de l'air

La Turquie a demandé à la Grèce l'extradition du pirate de l'air qui a détourné vendredi soir un avion turc vers Athènes, a annoncé samedi le ministre turc des Transports, Binali Yildirim, cité par l'agence Anatolie.

"Nous avons demandé à la Grèce l'extradition de l'auteur du détournement", a dit M. Yildirim en rencontrant les députés turcs qui se trouvaient parmi les passagers de l'avion, arrivés samedi matin à Ankara.

L'avion, un Airbus A-310 de la Turkish Airlines, qui reliait Istanbul à Ankara avec 203 personnes à bord, dont 194 passagers, avait été détourné après 20 minutes de vol par un jeune déséquilibré turc, Ozgur Gençaslan, âgé de 20 ans, qui exigeait que l'appareil se rende à Berlin.

L'avion s'était posé vers 22h00 GMT à Athènes. Les passagers ont été libérés quatre heures plus tard et le jeune homme s'est rendu à la police grecque.

Le détournement a pris fin après l'intervention du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui a téléphoné à l'un des députés turcs à bord de l'appareil. Le député a passé son téléphone portable au pirate de l'air, qui a accepté de relâcher les passagers après cette conversation, avait indiqué M. Yildirim pendant la nuit.

Selon les proches du jeune homme, interrogés par la police turque dans leur petit village de Yozgat, en Anatolie centrale, celui-ci avait souvent affirmé qu'il voulait se rendre en Allemagne où travaille son père.

"Il disait toujours qu'il voulait aller en Allemagne. Quand on lui demandait comment il irait, il répondait 'je trouverai un moyen de piéger ceux qui sont à bord de l'avion, pour aller en Allemagne'. Nous n'avons jamais pensé qu'il le ferait", ont raconté les proches d'Ozgur Gençaslan, selon l'agence Anatolie. (AFP, 29 mars 2003)
 

Chypre: la Turquie a laissé échapper "une occasion extraordinaire" (Verheugen)

La Turquie a laissé échapper une "occasion extraordinaire" avec le dernier plan de l'Onu sur la réunification de Chypre à propos duquel un accord n'a pu être atteint entre les deux communautés chypriotes, a déclaré lundi le commissaire européen à l'Elargissement.

"La Turquie n'a vraiment pas pu saisir une occasion extraordinaire" avec ce plan des Nations Unies, a estimé Guenter Verheugen devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen.

"Il semble que le gouvernement turc n'ait pas été en mesure d'exercer la pression nécessaire" sur le dirigeant chypriote turc, Rauf Denktash, a déploré Guenter Verheugen.

"Le dernier plan présenté par Kofi Annan (le secrétaire général de l'Onu)  était certainement la meilleure offre jamais faite aux Chypriotes turcs. Je suis convaincu du fait qu'on ne peut même pas avoir de meilleure offre", a poursuivi le commissaire.

Guenter Verheugen a appelé Ankara à "reprendre ses efforts" pour trouver une solution au problème de l'île divisée depuis 1974 entre Chypriotes turcs et Chypriotes grecs.

Sans faire d'allusion précise, le commissaire a averti d'autre part Ankara que les critères d'adhésion à l'Union européenne étaient fondés "sur des principes et sur des valeurs sur lesquels nous ne pouvons pas revenir et que nous ne pouvons pas adapter en fonction des conditions politiques".

"Ces principes et ces valeurs sur lesquels reposent nos critères d'adhésion sont inamovibles et tout candidat doit le savoir, la Turquie également", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de la Commission européenne s'était déclaré la semaine dernière "particulièrement préoccupé" par l'interdiction par la justice turque du principal parti kurde du pays, le Hadep. (AFP, 17 mars 2003)
 

L'échec sur Chypre, handicap de taille sur la route de la Turquie vers l'UE

L'échec des négociations pour réunifier l'île de Chypre risque de constituer pour la Turquie un sérieux handicap supplémentaire pour l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Il "apparaît très difficile" d'engager à la fin de l'année prochaine des négociations d'adhésion avec la Turquie si la situation actuelle persiste, a assuré mardi un porte-parole de la Commission européenne, quelques heures après le constat d'échec des ultimes tractations menées à La Haye sous l'égide de l'Onu.

Pour le commissaire à l'Elargissement, Guenter Verheugen, il est "plus que jamais nécessaire" pour la Turquie de redoubler d'efforts pour trouver une solution au problème de Chypre. Faute de quoi, a-t-il prévenu, la division de l'île constituerait un "sérieux obstacle" pour les "aspirations" turques à ouvrir les négociations d'adhésion à l'UE.

"Il n'est pas possible que la Turquie espère avancer sur la voie européenne si elle garde son attitude intransigeante sur une question majeure qui détermine son avenir au sein de l'Europe, comme l'est le règlement politique de la question de Chypre", a souligné de son côté le porte-parole du gouvernement grec, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Conformément à une décision prise en décembre dernier au sommet européen de Copenhague, l'Union élargie à 25 doit décider à la fin de 2004 d'ouvrir ou non des négociations d'adhésion avec Ankara, en fonction des progrès réalisés par la Turquie dans sa préparation, mais aussi du dossier chypriote.

Parmi les dix nouveaux membres de l'UE appelés à se prononcer sur la candidature d'Ankara figureront donc les autorités chypriotes grecques de Nicosie.

L'UE risque alors d'être "confrontée à une situation étrange, puisqu'un pays candidat (la Turquie) ne reconnaîtrait pas un Etat membre (Chypre)", a résumé le porte-parole de la Commission. Après l'entrée effective de Chypre dans l'UE, le 1er mai prochain, on pourra considérer que la Turquie occupe une partie du territoire de l'Union, a-t-il ajouté.

Les dirigeants chypriotes grecs et turcs ont échoué à la Haye à trouver un accord pour assurer la réunification de Chypre avant la signature le 16 avril à Athènes du traité d'adhésion à l'Union européenne des nouveaux membres.

En dépit de cet échec, le calendrier de l'élargissement n'est pas remis en cause pour les autorités chypriotes grecques, a souligné le porte-parole de la Commission. "Le processus d'adhésion se poursuivra comme prévu dans les calendriers fixés", a-t-il déclaré.

Mais Bruxelles souhaite aussi éviter que la Turquie ne "réagisse excessivement" à la prochaine signature du traité d'adhésion par les autorités chypriotes grecques.

La Commission a ainsi fait savoir que l'échec de La Haye ne remettait pas en cause ses projets d'une hausse substantielle de l'aide financière accordée à Ankara pour l'aider à préparer une entrée dans l'Union, dont le montant annuel (environ 170 millions d'euros) devrait au moins doubler à partir de 2004.

Les milieux diplomatiques s'interrogent néanmoins sur la signification politique de l'intransigeance des Chypriotes turcs.

"S'il est vrai que le refus des Chypriotes turcs vient en fait des militaires turcs qui manifesteraient ainsi l'importance de leur pouvoir, alors c'est un signal très négatif pour une entrée de la Turquie dans l'Union", estimait mardi un diplomate. (AFP, 11 mars 2003)
 

Athènes: L'adhésion turque à l'UE passe par un réglement à Chypre

L'adhésion de la Turquie à l'Union européenne "passe" par le réglement de la question chypriote, a souligné mardi le porte-parole du gouvernement grec après l'échec des négociations de la Haye sur le plan de paix de l'Onu.

"Il n'est pas possible que la Turquie espère avancer sur la voie européenne si elle garde son attitude intransigeante sur une question majeure qui détermine son avenir au sein de l'Europe, comme l'est le règlement politique de la question de Chypre", a déclaré le porte-parole Christos Protopapas dans son point de presse quotidien.

"Cela nous rend optimistes et nous devons continuer à travailler dans la même direction", a-t-il ajouté.

Plus tôt mardi, un porte-parole de la Commission européenne avait estimé qu'il serait "très difficile" d'engager des négociations d'adhésion avec la Turquie "si la situation actuelle prévalait" à Chypre fin 2004, lorsque la Commission doit donner son avis sur ce sujet.

M. Protopapas a estimé que l'adhésion de la République de Chypre à l'UE et "le fait que l'avenir européen de la Turquie passe par la résolution du problème politique de Chypre" pouvaient "changer les choses et changer l'attitude de la Turquie".

M. Protopapas a par ailleurs indiqué que le Premier ministre Costas Simitis avait téléphoné lundi au dirigeant du parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan pour le féliciter de son élection au poste de député qui lui permet de prendre la tête du gouvernement turc.

M. Simitis en a profité pour lui "souligner que la Turquie devait contribuer à résoudre la question de Chypre", a indiqué M. Protopapas.

L'UE a annoncé au sommet des Quinze de Copenhague en décembre que le cas de la Turquie serait réévalué en décembre 2004 en fonction de l'ampleur des réformes accomplies pour décider d'éventuelles négociations d'adhésion en 2005.

Depuis le sommet européen d'Helsinki où elle a mis fin à son veto à une éventuelle adhésion turque à l'UE, la Grèce soutient qu'Ankara doit contribuer à régler le problème chypriote ainsi que les problèmes bilatéraux gréco-turcs si elle veut faire avancer sa candidature. (AFP, 11 mars 2003)
 

La presse turque: L'échec sur Chypre va peser sur les projets d'Ankara avec l'UE

L'échec des discussions sur la réunification de Chypre va entraîner une période de tensions dans les relations entre la Turquie et l'Union européenne (UE), s'accordait à penser mercredi la presse libérale turque.

"Le cauchemar chypriote commence", titrait en Une le quotidien Radikal écrivant que le dirigeant chypriote turc Rauf Denktash "se félicite" de l'échec des discussions de lundi à La Haye.

Selon ce journal, "tout le monde a perdu à Chypre, sauf une personne (Denktash)", ajoutant qu'il faudrait maintenant un "miracle" pour que les parties grecque et turque de l'île trouvent un compromis sur le plan de réunification proposé par le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan.

"La Turquie a perdu une opportunité d'éliminer une importante barrière à son intégration européenne", en n'usant pas assez de son influence pour trouver une solution, selon un éditorialiste de ce journal.

L'échec d'un accord à Chypre devrait rapprocher Ankara davantage de son allié américain après son "isolement" possible par l'Europe, estime encore ce journal.

Selon Milliyet, l'échec des discussions de paix va surtout avoir un impact sur la partie turque de Chypre et les projets d'Ankara visant à rejoindre le club européen.

"Une non-solution va provoquer une attitude anti-turque parmi les pays européens (...) La Turquie va en pâtir", estime un éditorialiste.

Plusieurs journaux populaires accordaient une place importante à la mise en garde formulée mardi par le porte-parole du commissaire européen à l'Elargissement Guenter Verheugen, selon lequel la Turquie deviendra une force d'occupation à Chypre en 2004, lorsque la partie grecque de Chypre intégrera l'UE.

"Chantage Européen", titrait le journal à gros tirage Hurriyet.

L'UE a annoncé en décembre que la candidature de la Turquie serait réévaluée en décembre 2004, en fonction des réformes accomplies, afin de décider de l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion en 2005.

Les discussions visant à réunifier les deux communautés avant une adhésion de la République de Chypre -- reconnue internationalement pour représenter l'ensemble de l'île-- à l'UE, ont échoué mardi matin à La Haye.

Chypre est divisée depuis 1974, date à laquelle l'armée turque a envahi le nord de l'île en réponse à un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce. (AFP, 12 mars 2003)
 

Ankara fustige des propos du porte-parole de la Commission européenne

La Turquie a sévèrement critiqué mercredi des propos sur sa présence militaire à Chypre tenus la veille par un porte-parole de la Commission européenne, Jean-Christophe Filori, indiquant qu'ils relevaient de l'"ignorance".

"Ces propos soulignent l'ignorance des raisons pour lesquelles la Turquie se trouve sur l'île", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Selon la presse turque, M. Filori a affirmé à des journalistes que "quand Chypre (partie grecque, internationalement reconnue) deviendra membre de l'Union européenne, la Turquie sera considérée comme puissance d'occupation" dans le nord (turc) de l'île.

Selon le communiqué, la présence des forces turques dans le nord de Chypre découle des traités internationaux. La Turquie est une des puisssances garantes de l'indépendance de Chypre, aux côtés de la Grèce et de la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale.

"La Turquie a le droit de déployer des forces armées à Chypre en tant que pays garant", précise le document, ajoutant que les déclarations de M. Filori "ne contribuent en aucun cas aux efforts de paix et de compromis à Chypre".
 Chypre est divisée depuis 1974, date à laquelle l'armée turque a envahi le nord de l'île en réponse à un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.

Les discussions visant à réunifier les deux communautés avant une adhésion de la République de Chypre à l'UE, ont échoué mardi à La Haye.

Bruxelles a prévenu qu'il serait désormais "très difficile" d'entamer les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE sans un accord de réunification de l'île de Chypre.

L'UE a annoncé en décembre que la candidature de la Turquie serait réévaluée en décembre 2004, en fonction des réformes accomplies, afin de décider de l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion en 2005. (AFP, 12 mars 2003)
 

Un C-130 israélien gêné par des F-16 turcs près de Rhodes (Athènes)

Un avion israélien de type C-130 a été "gêné" mardi matin par deux avions militaires turcs F-16 à l'est de l'île grecque de Rhodes (Dodécanèse, sud-est), a affirmé un communiqué de l'état-major de l'armée de l'air grecque.

"Une formation de deux F-16 turcs de l'armée de guerre turque s'est approché et a géné un C-130 israélien qui volait à 15 milles nautiques à l'est de Rhodes à 24.000 pieds", a indiqué le communiqué.

La Turquie et la Grèce s'accusent mutuellement de violations de leur espace aérien en mer Egée.

Athènes revendique un espace aérien de 10 milles alors qu'Ankara lui reconnaît seulement une limite de 6 milles, égale à la limite des eaux territoriales grecques dans la mer Egée. La Grèce revendique le droit d'étendre ses eaux territoriales à 12 milles, conformément à la Convention internationale sur le droit de la mer, que la Turquie n'a pas signée.

Pour la Turquie, une telle extension serait un casus belli. (AFP, 11 mars 2003)
 

La Turquie et Denktash contre le plan Annan

Le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash a exigé jeudi des changements au plan pour la réunification de Chypre proposé par le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan.

"Il est douteux que nous puissions accepter le plan. Nous avons besoin de changements pour l'accepter", a-t-il déclaré dans un discours au parlement turc à Ankara.

M. Denktash a confirmé qu'il se rendrait à La Haye le 10 mars pour y rencontrer M. Annan, mais seulement pour "rechercher des changements au plan".

Il s'était auparavant entretenu jeudi avec les responsables du gouvernement turc des dernières propositions de l'Onu.

A l'issue de ces entretiens, le porte-parole de la présidence turque, Tacan Ildem, a déclaré à la presse qu'il appartenait aux Chypriotes, Grecs et Turcs, de décider d'accepter ou non l'idée d'un référendum sur la réunification de l'île.

"La proposition visant à soumettre le plan à un référendum dans sa forme actuelle est un sujet sur lequel les deux parties de l'île doivent se prononcer dans le cadre de leurs structures démocratiques et constitutionnelles", a déclaré M. Ildem.

M. Annan, en visite la semaine dernière à Chypre, avait appelé les dirigeants des communautés grecques et turques à soumettre son plan à un référendum à la fin mars.

"Le plan Annan, dans sa forme actuelle, est loin de répondre aux attentes de base et aux inquiétudes du côté turc", a souligné M. Ildem.

Et il a rappelé que M. Annan avait estimé que des amendements pouvaient encore être apportés à son plan, d'ici le 25 mars, si les deux parties les acceptaient.

"Les Chypriotes grecs ont soumis leurs propositions au sécrétaire-général. Les Chypriotes turcs vont également soumettre leurs propositions pour des changements", a affirmé M. Ildem tout en réaffirmant le soutien de son pays à M. Denktash.

M. Denktash, accompagné de son Premier ministre Dervis Eroglu et du président du parlement de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie), était arrivé mercredi à Ankara pour des consultations avec le gouvernement turc.

Contesté dans sa petite république unilatéralement proclamée, M. Denktash semble avoir trouvé le soutien qu'il escomptait de la direction turque.

A l'invitation de M. Annan, M. Denktash et le président chypriote-grec, Tassos Papadopoulos se retrouveront lundi à La Haye pour donner leur réponse à l'appel de l'ONU à l'organisation de référendum sur le plan de paix, dans le nord turc et le sud grec de l'île.

Mardi, le commissaire européen à l'Elargissement Guenter Verheugen avait appelé Ankara à faire pression sur M. Denktash pour accepter un réglement, estimant qu'une impasse à un règlement à Chypre mettrait en danger l'ouverture des négociations d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne.

Jeudi c'était au tour du Premier ministre grec Costas Simitis qui a appelé le gouvernement turc à contribuer "de manière décisive" à un réglement de l'affaire chypriote créée, selon lui, par "l'intransigeance" de M. Denktash.

"Il est clair, a déclaré M. Simitis, que l'Union européenne veut un règlement des différends encore existants, elle ne veut pas de ligne de séparation à Chypre, et le rapprochement d'Ankara avec l'Europe passe par la fin des lignes de séparations à Chypre".

En cas d'absence de solution, M. Annan a averti qu'il mettrait un terme à ses efforts de médiation.

La date butoir pour une réponse à son plan avait initialement été fixée au 28 février, afin de permettre l'organisation d'un référendum sur la réunification.

Une île réunifiée serait alors en mesure de signer le traité d'adhésion à l'UE le 16 avril et de rejoindre l'Europe en mai 2004.

Le plan prévoit un nouvel Etat fédéral, fondé sur le modèle suisse.

Chypre est divisée en deux depuis l'invasion en 1974 du tiers nord de l'île par l'armée turque en réaction à un coup d'Etat à Nicosie soutenu par Athènes qui visait à rattacher l'île à la Grèce. (AFP, 6 mars 2003)

 

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