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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

41st Year / 41e Année
Octobre
 
2015 October
N° 446
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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İnci Tuğsavul'un 75. yaş dönümü
75e anniversaire d'İnci Tuğsavul

5 octobre 2015


Remerciement d'Inci

Cher(e)s ami(e)s,

Je vous remercie de tout mon cœur pour la célébration de mon 75e anniversaire et
vous présente le diaporama “Schaerbeek en quatre saisons” accompagné
d’un extrait de la musique immortelle de Vivaldi, diaporama que j’ai réalisé il y a six ans.

İnci Tuğsavul



Cliquer sur l'image


Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

La Turquie lance son site des "terroristes" les plus recherchés

Deux garçons de 12 et 13 ans poursuivis pour "insulte" à Erdogan

ECHR Condemns Turkey Over Detainee Death
Indignation après le décès d'une jeune femme abattue par la police
244 manifestants antigouvernementaux de Gezi condamnés

Erdogan considère l'attentat d'Ankara "acte terroriste collectif"
Un lycéen détenu plusieurs heures pour "insulte" à Erdogan

AI: End judicial harassment of lawyer Tahir Elçi
La Turquie condamnée par la CEDH pour des violences policières
Le bâtonnier de Diyarbakir interpellé pour "propagande terroriste"
Une Britannique employée d'une ONG trouvée morte à l'aéroport d'Istanbul
Plusieurs rassemblements en Turquie en hommage aux victimes
Le bilan de l'attentat d'Ankara passe de 99 à 102 tués
AI: Merkel must ensure rights of refugees not cut out of EU-Turkey deal

Cible des critiques, Erdogan reconnait de possibles "fautes" de l'Etat
Communiqué commun de six organisations démocratiques en Belgique
Communiqué van zes democratische organisaties in België
10.000 personnes manifestent à Istanbul contre le régime
Au moins 95 morts dans l'attentat le plus meurtrier de l'histoire turque
Tollé après la vidéo d'un Kurde trainé par une voiture de police
Dead body being dragged behind police vehicle
Pourquoi le corps d'Aziz Güler doit-il être enterré en Turquie?
Livraison d'armes à la Syrie: un secret judiciaire sur le procès

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Cumhuriyet sous protection policière pour cause de menaces jihadistes

50 médias internationaux écrivent au président Erdogan
Önderoglu:  « Le prix de l’information n’a jamais été aussi élevé »

Une leçon d'histoire dans les médias: Le Soir volé et Bugün volé!
Après deux télévisions, deux journaux d'opposition empêchés de paraître
Ecran noir imposé à deux télévisions proches de l'opposition
CPJ condemns Turkish raids, takeover of critical Koza İpek news outlets
RSF: Violent assaut policier contre des médias critiques à quelques jours des élections
IFJ slams Turkish government over latest media clampdown ahead the elections

La police prend en direct le contrôle de deux chaînes de télé d'opposition
Vives protestations après la mise sous tutelle d'un groupe de médias
La condamnation pour insulte à l'islam infligée au pianiste Fazil Say annulée
Investigation against Zarakolu over being Roj TV Correspondent
Le prix Dawit Isaak 2015 à Erol Özkoray

Associations de la presse: Vingt journalistes actuellement détenus
BIA: Prison, Attack, Threat, etc. against Making News; How Far?
CoE commissioner urges Turkey to respect freedom of press
Finnish Journalist Asks Erdoğan: "Are You a Dictator?"
Difficultés d'accès à Twitter en Turquie après l'attentat
La police arrête le rédacteur en chef d'un journal d'opposition
Un journaliste syrien de l'agence turque Anatolie tué en Syrie

Network Against Censorship: 35 journalist detained in September
Digiturk joins government-ordered ban on critical media
Demand for Arrest for 6 People attacking Hakan Overruled
Two Freedom of Expression Violation Verdicts by ECHR

Turkish journalists rally for press freedom amid pressure
Journalists Sued Every Day Allegedly Insulting the President Erdoğan
Hürriyet columnist Ahmet Hakan injured in 'organized assault'

Kurdish Question / Question kurde

1er novembre: Appel pour une journée mondiale de solidarité avec Kobanê

Le HDP sous pressions avant les législatives
Moscou reçoit des représentants des Kurdes syriens
Une ville mixte rejoint la région autonome kurde en Syrie

International Kurdish Conference kicks off in Moscow
Ban on HDP election brochures for promoting ‘self-governance’
Turkish army demolishes martyrs' cemetery and cemevi in Dersim
Declaration of establishment by Syrian Democratic Forces
Après l'attentat d'Ankara, la guerre fait rage entre Erdogan et le HDP
Le PKK annonce la suspension de leurs opérations avant les législatives

Kurdish Vigil in front of the EC for Ocalan's Freedom
State terror and people's resistance continue in Diyarbakir

Minorités / Minorities

Camp Armen Returned After 175 Days of Resistance

Une question importante relative aux dossiers scandaleux d'Europalia

Voici les dossiers pédagogiques scandaleux d'Europalia
niant l'existence des Arméniens, Assyriens et Kurdes!

Nouvelle ingérence d'Ankara: Dossiers pédagogiques d'Europalia
 La CEDH donne raison à un négationniste turc, mais pas à tous les négationnistes
Europalia: Happy end d’un conte de fée turco-turc? (Dogan Özgüden)

Information détaillée sur facebook:

https://www.facebook.com/fondation.info.turk
  • Inauguration d'Europalia Turquie: 4 manifestants anti-Erdogan arrêtés
  • La culture arménienne absente de l'exposition Europalia Turquie - Vidéo - RTL Vidéos
  • Visite du président Erdogan: bagarres entre les services de sécurité
  • Erdogan a humilié le Roi, la Reine et les personnalités politiques belges
  • Les enfants de st josse méprisés par la première Dame de Turquie...
Interpellation à la Cocof sur Europalia-Turquie
Europalia: Mauvaise année pour la Turquie (Le Vif/L'Express)
New details emerge about Hrant Dink’s murder
Ministry of Education intolerant to minorities in national curriculum


Politique intérieure/Interior Politics

La Turquie sous haute tension à la veille des élections législatives
Les élections législatives en Turquie, mode d'emploi

A l'aube des élections, à nouveau la spirale de la violence en Turquie
Nobel Institute director dismisses Erdoğan's Claims
HDP and CHP Leaders Come Together
Vigilance de la cour constitutionnelle face aux mesures antiterroristes
Election body rejects calls to move ballot boxes in Nov. 1 polls
Opposition leaders absent in protest as Erdoğan addresses Parliament
Conférence-débat d'Ahmet Insel à l'ULB
CHP aims to be in Turkey’s next government

Forces armées/Armed Forces

L'armée turque a frappé les combattants kurdes de Syrie "à deux reprises"

Six soldats et une vingtaine de rebelles tués dans de violents combats
Top commander says Turkey ‘actually waging war’ since July

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

La justice turque confirme que l'attentat d'Ankara a été ordonné par l'EI

Une fusillade entre militants de l'EI et la police fait 9 morts
Les étranges défaillances du pouvoir turc dans la lutte contre l’EI - Ragip DURAN
Le prédicateur Gülen, ennemi juré d'Erdogan, jugé à partir du 6 janvier
Après l'attentat d'Ankara, la Turquie confrontée à ses propres jihadistes
L'article d'Erwan Kerivel: Calife à la place du Calife…

Socio-économique / Socio-economic

Les menaces d'Erdogan contre Putin sont-elles réalisables?

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Adhésion de la Turquie à l'UE: Sarkozy contre un "chantage"

Valls: L'adhésion de la Turquie à l'UE, "une perspective de long terme"
La Turquie refuse d'accueillir de façon permanente les migrants
Merkel voit un progrès avec la Turquie, Pegida à nouveau dans la rue
Douche froide pour la Commission: la Turquie fait monter les enchères
Un "plan d'action commun" a été conclu entre l'UE et la Turquie
L'UE tend la main à la Turquie en échange de nouveaux camps
Toujours une soumission incroyable de Bruxelles au dictateur d'Ankara!
La visite d'Erdogan à Bruxelles dans une période très troublée en Turquie
Erdogan, timonier d’un bateau ivre
La visite en Belgique de Recep Erdogan suscite un certain embarras

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

65 US lawmakers to Obama: Make sure Turkish polls are free and fair

Obama se rendra en Turquie en novembre

Deux drones Predator américains se sont écrasés en Irak et en Turquie
Les Etats-Unis déploient des avions d'attaque au sol A-10 en Turquie
Ankara met en garde la Russie et les USA contre tout soutien aux PYD
Basbug accuses Bush of supporting plot against Turkish army
Mélenchon critique la bienveillance des EU et de la Turquie à Daech

Retrait comme prévu des missiles Patriots américains de Turquie

Relations régionales / Regional Relations

Le sort d'Assad divise les participants à la réunion de Vienne
Un militant syrien anti-EI et un ami retrouvés décapités en Turquie

Téhéran invité pour la première fois aux pourparlers internationaux sur la Syrie
Pourparlers inédits entre Moscou et le trio Washington-Ryad-Ankara
Poutine a discuté avec le président turc après sa rencontre avec Assad
Vaste offensive du régime appuyée par l'aviation russe
La Turquie estime que la Russie fait une "grosse erreur" en intervenant en Syrie
Les Kurdes irakiens: L'EI a utilisé du gaz moutarde dans une attaque
La Russie revoit ses ambitions à la baisse pour son gazoduc vers la Turquie
Erdoğan says will ask Putin to reconsider air strikes in Syria
Frappes russes en Syrie : "graves préoccupations" de la Turquie

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Greek Cyprus vows to block Turkey’s EU bid

La Turquie inaugure une conduite d'eau très attendue vers Chypre-Nord
Nicosie juge "illégal" un aqueduc sous-marin reliant Chypre-Nord à la Turquie
Migrations: Athènes rejette "l'idée des patrouilles greco-turques" en Egée

Immigration / Migration

Au moins dix morts, dont sept enfants, entre Turquie et Grèce

Echauffourées entre Turcs et Kurdes à Tokyo: 12 blessés
Enquête sur l'envoi d'une lettre de campagne de l'AKP en Belgique
Trop d’affiches d’Erdogan à Schaerbeek: la commune porte plainte

Démantèlement en Belgique d'une bande de faussaires
400 personnes manifestent contre Erdogan à Bruxelles
Des milliers de prokurdes défilent en France contre Erdogan

Vers une liste européenne de "pays sûrs" sans la Turquie
La Turquie très réservée sur le plan européen de lutte contre la crise des migrants


Droits de l'Homme / Human Rights

La Turquie lance son site des "terroristes" les plus recherchés

Les autorités turques ont lancé mercredi un site internet recensant les "terroristes" les plus recherchés par sa police, qui compte une majorité de rebelles kurdes et quelques jihadistes poursuivis après l'attentat-suicide meurtrier d'Ankara.

Le site (www.terorarananlar.pol.tr) recense au total 728 personnes, réparties en cinq couleurs en fonction de leur degré de dangerosité: rouge pour les plus redoutables, puis, dans un ordre décroissant, bleu, vert, orange et enfin gris.

Dans la "liste rouge" (32 noms) figurent les trois principaux dirigeants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Murat Karayilan, Cemil Bayik et Hüseyin Fehman. Ils y cotoient l'imam Fethullah Gülen, accusé par le président Recep Tayyip Erdogan d'avoir bâti un "Etat parallèle" pour tenter de le renverser.

Seuls deux membres présumés de l'organisation Etat islamique (EI) sont classés "rouge".

Plusieurs de ses militants recherchés après l'attentat qui a fait, le 10 octobre, 102 morts et plus de 500 blessés ne figurent que dans la catégorie bleue.

Le site du ministère turc de l'Intérieur se contente du strict minimum en termes d'éléments biographiques: une photo, les nom et prénom, les date et lieu de naissance et l'affiliation.

Il promet également des récompenses à toute personne qui "aiderait" ou "livrerait des renseignements aidant" à l'arrestation d'une personne recherchée. Ces primes varient de 300.000 livres turques (90.000 euros) à 4 millions de livres turques (1,2 million d'euros) pour les fugitifs classés "rouge".
(AFP, 28 octobre 2015)

Deux garçons de 12 et 13 ans poursuivis pour "insulte" à Erdogan

La justice turque a engagé des poursuites pour "insulte" au président Recep Tayyip Erdogan contre deux garçons de 12 et 13 ans accusés d'avoir déchiré une affiche à l'effigie de l'homme fort du pays, a rapporté mercredi le quotidien Hürriyet.

Dans son acte d'accusation, le parquet de Diyarbakir a requis contre les deux enfants des peines de quatorze mois à quatre ans et huit mois de prison, a précisé le journal.

Les deux accusés avaient été surpris le 1er mai en train d'arracher une affiche à l'effigie du chef de l'Etat dans une rue de la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays.

"On voulait arracher des affiches pour revendre le papier. On n'a pas fait attention à celui qui était sur la photo, on ne savait pas qui c'était", s'est défendu devant le magistrat le plus jeune d'entre eux, identifié par les initiales R.Y.

Selon leur avocat Ismail Korkmaz, la première audience du procès a été fixée au 8 décembre. "Si le président poursuit deux enfants pour avoir déchiré un poster, c'est très triste pour le droit", a-t-il commenté.

Les deux jeunes sont poursuivis dans le cadre de l'article 299 du code pénal turc qui punit toute personne qui "porte atteinte à l'image" du chef de l'Etat d'une peine maximale de quatre ans d'emprisonnement.

Depuis son élection à la présidence en août 2014, M. Erdogan, dont les détracteurs dénoncent régulièrement la dérive autoritaire, a multiplié les poursuites sur la base de cette disposition, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers.

En décembre dernier, un mineur de 17 ans avait été arrêté dans sa classe et détenu pendant plusieurs jours sous la même accusation, puis condamné à 11 mois de prison avec sursis.
(AFP, 28 octobre 2015)

ECHR Condemns Turkey Over Detainee Death

ECHR judging as to İskender Özpolat killed in police operation in Diyarbakır and Mehmet Özpolat who lost his life in the hospital where he was taken after being battered has ruled that Turkey violated right to live.

European Court of Human Rights (ECHR) concluded the application of families of İskender Özpolat and his cousing Mehmet Özpolat who were killed in a police operation in Diyarbakır.

ECHR ruled that Turkey violated Mehmet Polat's right to live and fined Turkey to pay 64,000 euros as solatium in addition to 6,000 euros of court costs.

Death resulted by battering in detention

Human Rights Association had written up a report by meeting with eyewitnesses and officials. In the conclusion chapter of the report, it was stated that Mehmet Özpolat was killed by battering:

"Mehmet Özpolat, according to testimonies of eyewitnesses, was detained by being battered on the house's roof by security forces. It was understood by the report received from Dicle University Medical Faculty Research Hospital dated July 16, 2007 that 17-year-old Özpolat lost his life due to the blows he received."

One died home, the other died in detention

Police took Mehmet Özpolat under custody in the operation launched on July 13, 2007 in Diyarbakır. Detained Mehmet Özpolat was taken to hospital with the complaint of tummy ache, and died due to neck bleeding in the hospital a day later.

İskender Özpolat who allegedly fired back at police during the police operation was killed at the scene of incident. Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office ruled killing of Özpolat was self-defense, and the case concluded with verdict of non-prosecution.

ECHR in its verdict ruled that there is no violation in İskender Özpolat case. It also added that not making an effective investigation was also a violation.
(BIA, Oct 27, 2015)

Indignation après le décès d'une jeune femme abattue par la police

La mort d'une jeune femme abattue chez elle par un policier qu'elle avait prié de se déchausser, selon sa famille, a suscité lundi une vive émotion en Turquie à six jours à peine des élections législatives anticipées du 1er novembre.

Issue de la minorité alévie (musulmans progressistes), Dilek Dogan, 25 ans, est morte dimanche soir à l'hôpital où elle était soignée après avoir été blessée par balle au cours d'une intervention de la police antiterroriste dans le district de Sariyer à Istanbul le 18 octobre, a rapporté la presse turque.

Selon le témoignage de ses parents, des policiers ont pénétré dans le domicile familial et la jeune femme leur a demandé de ne pas entrer avec leurs chaussures. Les agents ont refusé et l'un d'eux lui a tiré dessus.

Citée par les médias locaux, la police a de son côté affirmé que la jeune femme a été touchée lors d'une altercation entre un agent et un membre de sa famille qui aurait tenté de lui prendre son arme.

"Ma fille n'est pas une terroriste, pourquoi lui ont-ils tiré dessus ?", s'est plainte la mère de la victime.

Le décès de la jeune femme a suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux. "Voici la vérité: nous sommes tous à une balle de devenir un hashtag", s'est alarmée @bahar088 sur Twitter, reprenant l'un des slogans phares des manifestations contres les violences policières aux Etats-Unis.

A quelques jours d'élections législatives anticipées cruciales, des opposants au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan se sont emparés de l'incident.

"Vous verrez, il n'y aura ni procès, ni enquête", a réagi le chef de file du parti de la démocratie des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas.

"S'il y a eu une faute, elle sera rendue publique et les sanctions appropriées seront prises", a toutefois assuré lundi un vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus.

Au début du mois, une vidéo montrant la dépouille d'un homme kurde traînée par un véhicule blindé de la police dans le sud-est de la Turquie avait suscité un tollé, obligeant le Premier ministre Ahmet Davutoglu à annoncer l'ouverture d'une enquête.
(AFP, 26 octobre 2015)

244 manifestants antigouvernementaux de Gezi condamnés

Un tribunal d'Istanbul a condamné vendredi 244 personnes à des peines allant de deux à quatorze mois de prison pour leur participation à la vague de violentes manifestations qui a fait vaciller le gouvernement islamo-conservateur turc en juin 2013.

Lors de ce maxi-procès, 255 personnes, dont 7 étrangers, étaient poursuivies pour des infractions à la loi sur les manifestations, pour avoir causé des dommages à des propriétés privées ou des lieux de cultes ou encore soigné des manifestants.

Le procureur avait requis contre eux des peines allant jusqu'à douze ans de prison.

Quatre personnes ont notamment été condamnées à 10 mois de prison pour avoir "souillé un lieu de culte" après être entrées, avec des dizaines d'autres manifestants, dans la mosquée de Dolmabahçe, sur les rives du Bosphore, pour échapper à des échauffourées avec les forces de l'ordre.

L'incident avait suscité l'ire du Premier ministre de l'époque Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui président de la République, qui avait accusé les contestataires d'y être entrés avec leurs chaussures et d'y avoir bu de la bière.

L'imam de la mosquée avait toutefois contredit M. Erdogan en assurant qu'aucun intrus n'y avait consommé de l'alcool, un geste sacrilège aux yeux des musulmans.

Une cour criminelle d'Istanbul avait acquitté en avril dernier les 26 meneurs présumés - des architectes, ingénieurs ou médecins pour la plupart - du collectif à l'origine des manifestations.

Cette contestation sans précédent a démarré par la mobilisation d'une poignée d'écologistes opposés à un plan d'aménagement urbain qui prévoyait la destruction du parc Gezi, un petit jardin public proche de l'emblématique place Taksim d'Istanbul.

La violente répression de ce noyau de protestataires a déclenché un mouvement de masse contre M. Erdogan, accusé d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la Turquie.

Les heurts entre policiers et manifestants ont fait 8 morts et plus de 8.000 blessés.
(AFP, 23 octobre 2015)

Erdogan considère l'attentat d'Ankara "acte terroriste collectif"

Le double attentat suicide d'Ankara, qui a fait 102 morts le 10 octobre, est un "acte terroriste collectif" dans lequel le groupe Etat islamique (EI), les rebelles kurdes et la Syrie on joué un rôle, a estimé jeudi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Dans cette affaire, il y a Daech (acronyme arabe de l'EI), il y a le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), il y a les +moukhabarat+ (services de renseignement syriens), il y a le PYD (Parti de l'union démocratique kurde, proche du PKK)", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

"Ils ont tous ensemble planifié cette opération", a-t-il affirmé.

"Certains se lèvent et disent: +c'est Daech qui l'a fait, c'est je ne sais qui d'autre qui l'a fait+. C'est un acte terroriste tout à fait collectif", a insisté l'homme fort du pays.

Le double attentat suicide qui a frappé le 10 octobre un rassemblement pour la paix à l'appel de militants de gauche et de la cause kurde devant la gare centrale d'Ankara a tué 102 personnes, selon le dernier bilan officiel.

Sans exclure formellement le rôle du PKK, le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara a rapidement fait du groupe EI le "suspect numéro 1" de cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol turc.

Le bureau du procureur d'Ankara a confirmé lundi avoir formellement identifié l'un des deux kamikazes comme Yunus Emre Alagöz, un jeune Turc originaire de la ville d'Adiyaman (sud) soupçonné d'avoir combattu dans les rangs de l'EI en Syrie.

Cet homme est le frère de l'auteur présumé d'un autre attentat similaire qui a fait 34 morts en juillet dans la ville-frontière de Suruç (sud).

A la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, le double attentat d'Ankara a relancé les critiques contre M. Erdogan, accusé par l'opposition d'avoir délibérément négligé la sécurité de la manifestation visée.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, les hostilités ont repris depuis trois mois entre les forces de sécurité turques et les rebelles du PKK.
(AFP, 22 octobre 2015)

Un lycéen détenu plusieurs heures pour "insulte" à Erdogan

Un lycéen turc de 14 ans a été détenu plusieurs heures par la police dans la ville de Bünyan (centre) pour avoir "insulté" le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, avant d'être remis jeudi en liberté par un tribunal, a rapporté l'agence de presse Cihan.

Le mineur, identifié sous les initiales Ü.E. a été interpellé mercredi devant un café internet et conduit à un commissariat de police où il a passé la nuit, a précisé l'agence.

L'adolescent, que les médias avaient initialement présenté comme âgé de 15 ans, a été déféré jeudi devant un tribunal sur demande des procureurs qui ont requis son inculpation.

Mais en raison de son âge, les juges ont décidé de ne pas le poursuivre, car la loi turque sur la protection des enfants stipule qu'un mineur de moins de 15 ans ne peut être jugé pour un délit qui prévoit moins de cinq ans d'emprisonnement, selon Cihan.

Le jeune homme risquait d'être poursuivi sur la base de l'article 299 du code pénal turc qui punit toute personne qui "porte atteinte à l'image" du président d'une peine maximale de quatre ans d'emprisonnement.

En décembre dernier, le cas d'un autre mineur, âgé lui de 17 ans, arrêté dans sa classe et détenu pendant plusieurs jours sous la même accusation, avait défrayé la chronique en Turquie et nourri les critiques sur la dérive autoritaire du régime turc.

A l'issue de son procès, l'adolescent avait été condamné à 11 mois de prison avec sursis pour le même délit.

Depuis l'élection de M. Erdogan à la présidence en août 2014, les poursuites pour "insulte" au chef de l'Etat se sont multipliées en Turquie, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers.
(AFP, 22 octobre 2015)

AI: End judicial harassment of lawyer Tahir Elçi

Amnesty International calls on the Turkish authorities to end judicial harassment of the Head of the Diyarbakır Bar Association, Tahir Elçi, a pre-eminent lawyer and human rights defender.

A criminal investigation for “Making propaganda for a terrorist organisation” was started on 16 October following his statements on national television that the Kurdistan Workers’ Party (PKK) is not a terrorist organisation but an armed political movement with popular support.

In a further abuse of law, a warrant for Tahir Elçi’s arrest was issued on the absurd grounds that his whereabouts were unknown. He was detained yesterday in Diyarbakır, flown to Istanbul and brought for questioning before the prosecutor. The prosecutor’s request that Tahir Elçi be remanded in pre-trial detention pending the completion of the investigation was rejected by an Istanbul court and he was released, subject to a judicial control order and a ban on leaving the country.

Amnesty International views the case as an overtly political attack on Tahir Elçi’s right to freedom of expression, targeting him not only for his televised statements but for his work as a lawyer and human rights defender. 

Tahir Elçi has for decades defended the principles of law and human rights, in his native Cizre, and later Diyarbakır in the southeast of Turkey, taking cases to the national courts and the European Court of Human Rights, and working with national and international human rights organisations. He is in his second term as Head of the Diyarbakýr Bar Association, in which capacity he has headed missions documenting human rights violations in the predominately Kurdish southeast of Turkey. 

The judicial harassment of Tahir Elçi is a particularly outrageous example of the use of anti-terror laws to punish dissenting peaceful opinions regarding the PKK that conflict with the position of the government. A spate of investigations have been launched following the outbreak of violence between the PKK and the state security forces in July 2015. This case, and other similar cases brought under the provision for “making propaganda for a terrorist organisation”, make a mockery of revisions to the law enacted in the “Fourth judicial package” in 2013 that amend the definition of the crime to require an advocacy of violent methods.

Amnesty International calls on the Turkish authorities to immediately drop the criminal investigation into Tahir Elçi and to ensure that any prosecutions under the article are only brought in instances that amount to incitement of violence, in line with international human rights law. (AI Turkey Team, Oct 21, 2015)

La Turquie condamnée par la CEDH pour des violences policières

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour de mauvais traitements infligés par des policiers à une femme en garde à vue et un défaut d'enquête sur ces faits.

La CEDH a condamné la Turquie à lui verser 45.000 euros pour dédommagement moral.

Arrêtée en 1999 pour appartenance à une organisation politique illégale, elle déclarait avoir subi quatre jours de torture en garde à vue, avoir été pendue par les bras, frappée contre un mur, déshabillée et menacée de viol.

Elle avait porté plainte peu après les faits mais la cour d'assises d'Istanbul avait mis fin au procès des policiers en 2007 pour prescription.

Devant la CEDH, la requérante invoquait l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme, prohibant la torture et les traitements inhumains ou dégradants.

Une autre femme turque, arrêtée en 2006 lors d'une distribution de tracts et se disant également victime de mauvais traitements de la part de policiers, a été déboutée quant aux mauvais traitements et à l'atteinte à la liberté d'expression qu'elle invoquait. La CEDH a en revanche retenu dans son cas, comme pour l'autre requérante, un défaut d'investigation des autorités turques sur les faits de violence reprochés aux policiers.

En 2007, le parquet turc avait estimé que la plaignante avait été blessée parce qu'elle avait résisté à son arrestation.
(AFP, 20 octobre 2015)

Le bâtonnier de Diyarbakir interpellé pour "propagande terroriste"

Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir, la "capitale" du sud-est à majorité kurde de la Turquie, a été arrêté mardi à l'aube et conduit à Istanbul où il doit répondre d'accusations de "propagande terroriste", a-t-on appris de source judiciaire.

Avocat connu et engagé de la cause kurde, Tahir Elçi est poursuivi pour un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne d'information CNN Türk, dans lequel il avait affirmé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "n'est pas une organisation terroriste", a-t-on précisé de même source.

Le bâtonnier était interrogé mardi par le parquet antiterroriste, qui devait ensuite statuer sur son inculpation et son éventuel placement en détention.

Dans le droit pénal turc, l'"apologie du terrorisme" est un crime puni d'emprisonnement.

"Le PKK est un mouvement politique qui a d'importantes revendications politiques et qui dispose d'un large soutien, même si certaines de ses actions sont de caractère terroriste", avait affirmé M. Elçi sur CNN Türk, provoquant l'indignation des autres invités.

Le PKK a annoncé le 10 octobre une trêve à la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, mais les affrontements se poursuivent dans le sud-est du pays.
(AFP, 20 octobre 2015)

Une Britannique employée d'une ONG trouvée morte à l'aéroport d'Istanbul

Une Britannique travaillant pour une organisation non gouvernementale en Irak, Jacqueline Sutton, a été découverte morte samedi soir dans les toilettes de l'aéroport d'Istanbul, rapportent lundi son employeur ainsi que les médias britanniques et turcs.

"Nous sommes dévastés, à l'Institute for War and Peace Reporting (IWPR) d'annoncer la mort de notre directrice pour l'Irak, Jacky Sutton", a indiqué l'institut, qui aide les journalistes dans les zones de guerre.

"Les circonstances de sa mort ne sont pas claires et nous essayons d'établir les faits", a ajouté l'IWPR dans son communiqué. Le directeur exécutif de l'institut, Anthony Borden, a demandé une enquête "ouverte et transparente", soulignant qu'il était difficile d'accepter la thèse du suicide. Rapportant des informations des médias turcs selon lesquelles Mme Sutton, 50 ans, se serait pendue avec ses lacets de chaussures, il a ajouté "qu'il n'était même pas sûre qu'elle portait des chaussures à lacets".

Il a décrit Mme Sutton comme quelqu'un "de nature positive".

"Nous pouvons confirmer la mort d'un ressortissant britannique à Istanbul", avait auparavant indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères.

Jacqueline Sutton avait travaillé comme journaliste pour le service international de la BBC entre 1998 et 2000, avant d'effectuer différentes missions pour les Nations unies, notamment en Afghanistan, en Iran, à Gaza et en Irak, précise l'IWPR.

"Jacky retournait en Irak pleine de projets avec notamment des projets de lutter contre l'extrémisme violent qui menace le pays auquel elle était tant attachée", indique encore l'institut.

"Jacky était l'une de nos meilleures professionnelles en matière de développement travaillant sur l'Irak et elle a consacré près de dix ans de sa vie à aider le pays", a souligné M. Borden.

Selon le quotidien turc Hürriyet, Jacqueline Sutton était arrivée samedi soir à Istanbul en provenance de Londres et était en transit pour Erbil, dans le Kurdistan irakien.

Sudipto Mukerjee, du programme des Nations unies pour le développement a écrit sur Twitter "avoir beaucoup de mal à croire que ma collègue (...) s'est suicidée".

Le président du parlement irakien, Salim al-Juburi a, de son côté, "appelé les autorités turques de faire toute la lumière sur les circonstances de cet incident", selon un communiqué de la présidence. "Elle est morte dans des circonstances mystérieuses dans un aéroport turc alors qu'elle se rendait en Irak, où elle devait se rendre pour aider ce pays", a-t-il ajouté selon le communiqué.

L'institut IWPR a rappelé que le prédécesseur de Mme Sutton en Irak, Ammar al-Shahbander, avait été tué dans un attentat à la voiture piégée à Bagdad il y a à peine cinq mois.

Mme Sutton s'était justement rendue à Londres pour assister aux côtés de la famille d'Ammar al-Shahbander à une cérémonie religieuse en sa mémoire la semaine dernière.

Jacqueline Sutton faisait une thèse sur le développement international au Centre d'études arabes et islamiques de l'Australian National University.

Le directeur du centre, Amin Saukal, a déclaré au Guardian être "profondément attristé et choqué".
(AFP, 19 octobre 2015)

Plusieurs rassemblements en Turquie en hommage aux victimes

Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées dans différentes villes de Turquie samedi à l'appel d'associations pour rendre hommage aux 102 personnes tuées lors du double attentat-suicide survenu à Ankara une semaine plus tôt, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Portant des pancartes "On connait l'assassin" ou des portraits des victimes, plus d'un millier de manifestants se sont rassemblés à 15H locales (18H GMT) sur la rive asiatique d'Istanbul pour condamner l'attaque survenue à Ankara et "défendre la paix".

Quelques slogans anti-gouvernementaux ont à de rares reprises rompu le silence qui régnait sur une place bouclée par les militants de gauche, qui fouillaient à l'entrée toutes les personnes souhaitant se joindre au rassemblement, pour éviter toute nouvelle attaque.

"Nous n'avons pas oublié ceux qui sont morts pour la paix", a déclaré à l'AFP, Yigit Titiz, 26 ans, étudiant. Pour ce jeune homme, qui était "à dix mètres d'une des bombes à Ankara", en Turquie "les balles fusent" entre l'armée et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "et nous voulons dire que ce n'est pas une solution pour nous réconcilier."

"Dans les montagnes, le PKK et l'armée ont repris les armes juste parce que l'AKP (le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, Ndlr) veut se maintenir au pouvoir", a estimé Evrim Salci, 20 ans, étudiante. "Je n'ai connu que la guerre", a-t-elle déploré.

Un peu plus tôt dans la matinée, à 10H04 locales (7H04 GMT, heure précise de l'attentat), plusieurs centaines de personnes s'étaient réunies devant la gare d'Ankara, là où est survenu le double-attentat.

Le poing levé, ils ont rendu hommage aux victimes décédées et ont déposé des fleurs sur les lieux de l'attaque la plus meurtrière qu'ait connue la Turquie dans son histoire.

La semaine dernière, un double attentat suicide survenu en plein centre-ville de la capitale turque lors d'une manifestation de militants de gauche et de la cause kurde a tué 102 personnes, selon un dernier bilan annoncé vendredi.

Le gouvernement turc a estimé que le "suspect numéro 1" de cette attaque était le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Selon la presse turque, la police soupçonne deux jeunes Turcs originaires de la ville d'Adiyaman (sud). L'un d'eux est le frère de l'auteur présumé d'un précédent attentat attribué à l'EI, qui avait fait 34 tués en juillet dans la ville de Suruç, près de la frontière syrienne.

A la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, l'attentat d'Ankara a relancé la colère contre le président Recep Tayyip Erdogan, accusé par l'opposition prokurde d'avoir négligé la sécurité de la manifestation visée le 10 octobre, et de complaisance avec l'EI.

Ce scrutin se déroule alors que les affrontements ont repris depuis trois mois entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.
(AFP, 18 octobre 2015)

Le bilan de l'attentat d'Ankara passe de 99 à 102 tués

Le bilan du double attentat-suicide qui a visé une manifestation de militants de gauche et de la cause kurde devant la gare centrale d'Ankara le 10 octobre est passé de 99 à 102 morts, a annoncé vendredi le bureau du procureur de la capitale.

"Avec la mort d'un citoyen de plus (vendredi), le bilan des victimes de l'attentat est passé à 102 morts", a indiqué le parquet dans un communiqué publié sur son site internet, en précisant que 101 d'entre eux avaient été formellement identifiés.

Le bureau du procureur a également précisé qu'un total de 13 personnes se trouvaient en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte après cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol turc.

Les enquêteurs turcs considèrent le groupe groupe jihadiste Etat islamique (EI) comme le "suspect numéro 1" de cet attentat, a déclaré plus tôt dans la semaine le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu.

Les arrestations conduites par la police ont visé aussi bien l'entourage présumé des deux kamikazes présumés que plusieurs personnes, présentées comme proches des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui avaient échangé sur Twitter des informations sur un attentat quelques heures avant la double explosion d'Ankara, selon M. Davutoglu.

Selon la presse turque, la police a identifié deux jeunes Turcs originaires de la ville d'Adiyaman (sud) comme les auteurs de l'attaque d'Ankara. L'un d'entre eux est le frère de l'auteur présumé d'un précédent attentat attribué aux jihadistes, qui avait fait 34 tués en juillet dans la ville de Suruç, près de la frontière syrienne.

A la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, l'attentat d'Ankara a relancé la colère contre le président Recep Tayyip Erdogan, accusé par l'opposition prokurde d'avoir négligé la sécurité de la manifestation visée le 10 octobre et de complaisance avec l'EI.

Ce scrutin se déroule alors que les affrontements ont repris depuis trois mois entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.
(AFP, 17 octobre 2015)

AI: Merkel must ensure rights of refugees not cut out of EU-Turkey deal

European leaders’ desperate attempts to enlist Turkey as Europe’s gatekeeper are ignoring the manifest failures of the Turkish authorities to respect the rights of refugees and migrants, said Amnesty International today ahead of German Chancellor Angela Merkel’s visit to Istanbul tomorrow.

Talks between Angela Merkel and her Turkish counterparts – Prime Minister Ahmet Davutoglu and President Recep Tayyip Erdogan – on Sunday are set to cover the refugee crisis among other issues.

“Talks between the EU and Turkey on ‘migration management’ risk putting the rights of refugees a distant second behind border control measures designed to prevent refugees from reaching the EU,” said Andrew Gardner, Amnesty International’s Turkey researcher.

“The EU should indeed be doing more to help Turkey meet the challenges of hosting more than two million refugees and recent talk of a three billion euro offer is a step in the right direction. However, a deal premised on keeping refugees in Turkey fundamentally ignores both the challenges they face there and the obvious need for the EU to offer protection to a greater share of the world’s burgeoning refugee population.”

The meeting follows the publication on 6 October of a draft EU-Turkey Action Plan intended to boost EU support for refugees living in Turkey and secure Turkey’s assistance in combatting irregular migration from Turkey to the EU.

Hundreds of thousands of refugees and asylum-seekers, not just Syrians, are struggling to make ends meet. Non-Syrian refugees in particular face severe obstacles in accessing asylum and securing livelihoods. Yezidi refugees fleeing the armed group that calls itself the Islamic State in Iraq have been asked to wait for more than five years just to register as asylum-seekers.

The EU should be looking at ways in which it can offer safe and legal routes to refugees to reach Europe, but the current plan fails to offer any concreate assurances on boosting resettlement places for the neediest refugees in Turkey.

The EU’s plans push Turkey to strengthen its border controls are also fraught with risks. Amnesty International has documented a number of recent cases of refugees being forcibly returned to Syria and Iraq after being intercepted by Turkish border guards while trying to reach the EU. Others have been arbitrarily detained without access to lawyers.

As the EU discusses terms with Turkey more than 100 Syrian refugees in one returns centre alone in the eastern city of Erzurum remain in detention living in fear of being forced back across the border.

“In the weeks leading up to the EU negotiations, we have seen refugees being arbitrarily detained and even forcibly returned to the countries from which they have fled for attempting to cross to the EU. This is a flagrant breach of international law. Angela Merkel must insist that Turkey cleans up its act, before treating it as a reliable partner in the EU’s border management,” said Andrew Gardner

Amnesty International also warns that any suggestion of designating Turkey as a “safe country of origin” would be wrong in principle and set a dangerous precedent. European Commission figures show that one in four asylum seekers from Turkey have been granted refugee status in the EU – clear evidence that that country is not safe.

“It would be callous and utterly disingenuous to describe Turkey as a place of safety. There has been an escalation of violence between the PKK and the army and the police, along with a general deterioration of the human rights situation across the board. We have seen waves of arrests of political activists under vague anti-terror laws and further attacks on freedom of expression, with a spike in the number of cases of ill-treatment of detainees,” said Andrew Gardner.

“Turkey clearly wants its recognition as a safe country as a condition for its cooperation in border management, but it would be craven of the EU to give in to this. Angela Merkel must put principles before politics in her talks with the Turkish government.”

email: press@amnesty.org
twitter: @amnestypress

Andrew Gardner, Amnesty International’s researcher on Turkey, is also available for interviews: +90 (0)5393424472; +44 (0)7768792385

Cible des critiques, Erdogan reconnait de possibles "fautes" de l'Etat

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reconnu de possibles "fautes" de l'Etat et ordonné une enquête après l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de son pays, qui nourrit la contestation contre son régime avant les élections législatives du 1er novembre.

Lors de sa première apparition publique depuis le drame, l'homme fort du pays a également indiqué que l'attaque, qui a fait au moins 97 morts samedi dans la capitale turque, trouvait son "origine" en Syrie, confirmant la piste jihadiste avancée la veille par son Premier ministre Ahmet Davutoglu.

"Il a dû sans conteste y avoir une faute, une défaillance à un certain moment. De quelle importance ? Ce sera clair après l'enquête", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse avec son homologue finlandais, Sauli Niinisto, en visite en Turquie.

Le chef de l'Etat a annoncé dans la foulée avoir ordonné une enquête du Conseil d'inspection de l'Etat (DDK) "pour apporter une perspective différente" sur cette attaque.

Cet organisme chargé de vérifier le bon fonctionnement des rouages de l'Etat a récemment enquêté sur les circonstances de la mort de l'ancien président Turgut Özal, décédé en 1993 dans des circonstances controversées.

Depuis trois jours, M. Erdogan est à nouveau sous le feu des critiques de ses adversaires, notamment de l'opposition prokurde qui pointe du doigt ses responsabilités dans l'attentat.

Le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas, lui reproche ainsi d'avoir délibérément négligé la sécurité des partisans de la cause kurde visés samedi à Ankara, qui devaient défiler contre la reprise il y a près de trois mois des affrontements entre l'armée et les rebelles kurdes.

- 'Origine en Syrie' -

A la veille des législatives anticipées du 1er novembre, M. Demirtas accuse également le régime de M. Erdogan d'entretenir des liens avec les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Lors d'un entretien accordé lundi soir à la chaîne d'information CNN-Türk, M. Demirtas a estimé que "l'Etat Islamique ne peut avoir commis un tel attentat sans un soutien de l'Etat turc".

M. Davutoglu avait désigné lundi l'EI comme le "suspect numéro 1" de l'attentat.

"D'après les renseignements reçus (par la Turquie), cette attaque terroriste trouve ses origines en Syrie", a précisé M. Erdogan mardi, en promettant une nouvelle fois que ses "responsables seront traduits devant la justice".

Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, porte-parole de son gouvernement, a de son côté indiqué que "plusieurs arrestations" avaient été faites après l'attentat d'Ankara. M. Kurtulmus a précisé qu'il présentait des "similitudes" avec celle qui avait fait 34 morts le 20 janvier à Suruç, près de la frontière syrienne.

Selon le quotidien Hürriyet, l'ADN d'un des kamikazes présumés d'Ankara indique qu'il s'agirait d'un jihadiste connu pour avoir combattu en Syrie.

Ennemie jurée du président syrien Bachar al-Assad, la Turquie a été longtemps accusée par ses alliés de complaisance vis-à-vis des jihadistes qui le combattent. Après l'attentat de Suruç, elle a opéré un revirement en menant quelques raids aériens contre l'EI, qui l'a ouvertement menacé de représailles.

 - Manifestations -

Depuis le scrutin du 7 juin, la tension est vive entre le camp du chef de l'Etat et le HDP. En raflant 13% des suffrages et 80 sièges de députés (sur 550), le parti prokurde a largement contribué à faire perdre au parti de M. Erdogan la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans.

De son côté, le pouvoir accuse le HDP de "complicité" avec les "terroristes" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec l'espoir d'attirer à lui l'électorat nationaliste.

Le mouvement armé kurde a annoncé samedi, quelques heures après l'attentat d'Ankara, la suspension de ses opérations avant les élections, sauf en cas de "légitime défense". Des accrochages entre l'armée et le PKK ont toutefois été signalés depuis.

Depuis samedi, des milliers de personnes ont défilé en Turquie aux cris de "Tayyip assassin" pour dénoncer la stratégie de la tension dont ils accusent le chef de l'Etat.

Mardi matin, la police a violemment dispersé un rassemblement en hommage aux victimes dans le district stambouliote de Kadiköy et arrêté quatre manifestants, a rapporté la chaîne CNN-Türk.

Les forces de l'ordre sont également intervenues contre des manifestants dans le centre-ville d'Ankara, a constaté un photographe de l'AFP.

M. Erdogan fait campagne pour que son parti décroche au moins
 sièges de députés afin de pouvoir modifier la Constitution à sa main et renforcer ses pouvoirs.

Selon le ministère de la Santé, 53 personnes blessées dans l'attentat de samedi étaient toujours hospitalisées en soins intensifs mardi.
(AFP, 13 octobre 2015)

Communiqué commun de six organisations démocratiques en Belgique

10 octobre 2015: On a voulu assassiner la paix en Turquie



Le Samedi 10 octobre 2015  à Ankara, l’attentat le plus sanglant dans l’histoire de la Turquie a été commis, avec plus de cent morts et des centaines de blessés.

On a visé le mouvement démocratique dans son éventail le plus large, en tête duquel le mouvement démocratique kurde.

Le mot d’ordre de la manifestation n’était autre que « la lutte pour la paix ». Par cet attentat ignoble, on a visé le cœur de la démocratie et la paix en Turquie.

Quels que soient ceux qui ont commis l’attentat, le pouvoir en Turquie en est physiquement si ce n’est moralement responsable. Depuis quatre mois, le Président Erdogan et son gouvernement ont fait tout pour criminaliser le mouvement national kurde et l’ensemble des forces démocratiques du pays. Il y a actuellement un état d’urgence quasi permanent dans les provinces kurdes, avec tout ce que cela peut sous-entendre comme exactions et atteintes aux droits de l’homme. Le ministre de l’intérieur turc a annoncé  il y a une semaine, avec fierté que «  les 4000 actions des forces de l’ordre se sont soldées avec la mort de plus de 2000 terroristes » (lisez combattants du PKK). Il faut bien sûr ajouter des centaines de civiles (dont plus de 26 enfants) sans compter les soldats ou militaires tués dans ce bilan de juin à octobre 2015.

Le pouvoir fait tout pour exacerber la haine parmi les Turcs et faire peur aux Kurdes, des centaines d’élus kurdes ont été arrêtés, les députes de HDP frappés, des individus lynchés sous prétexte qu’ils sont kurdes, des bâtiments appartenant à HDP brulés, des journalistes  menacés, emprisonnés voir tabassés, les médias muselés.

Malgré cette réalité, le pouvoir turc et son président sont considérés comme des politiciens honorables, sont reçus en grande pompe dans les capitales occidentales et distingués avec des médailles honorifiques. Comme en Belgique lors de l’inauguration de L’Europalia 2015, le 5 et 6 octobre 2015.
Nous les signataires condamnons encore une fois cet attentat  ignoble.
Nous appelons les forces démocratiques et les médias  à dépasser les considérations de realpolitik et  faire barrage à ce pouvoir sanguinaire.

Association des Arméniens démocrates de Belgique
Ateliers du Soleil 
Info-Turk
Institut Assyrien de Belgique  
Institut Kurde de Bruxelles
La Maison du Peuple – Bruxelles

Info:
0489-739 701 (FR)
0479-562 962 (NL)

Communiqué van zes democratische organisaties in België

10 oktober 2015: Men wou de vrede vermoorden!

Op zaterdag 10 oktober 2015 vond in Ankara de bloedigste aanslag plaats in de geschiedenis van Turkije, waarbij meer dan honderdtwintig mensen omkwamen en honderden gewond raakten.

De aanslag was gericht tegen de breedst mogelijke democratische beweging, met aan het hoofd de democratische Koerdische beweging. 

Het ordewoord voor de betoging was niets minder dan « strijd voor de vrede ». Met deze laffe aanslag werd het hart van de democratie en de vrede in Turkije geviseerd.

Wie ook de daders van deze aanslag zijn, de machthebbers van Turkije zijn er de facto politiek – en al dan niet moreel – voor verantwoordelijk. De afgelopen vier maanden hebben president Erdoğan en zijn regering er alles aan gedaan om de Koerdische beweging en de vereniging van democratische krachten in Turkije te criminaliseren. Op dit moment is de noodtoestand zo goed als permanent uitgeroepen over de Koerdische provincies en vinden er alle mogelijke vormen van onderdrukking en mensenrechtenschendingen plaats die een dergelijke staat van beleg met zich mee kan brengen. De Turkse minister van Binnenlandse Zaken verkondigde vorige week met trots dat “de ordediensten 4000 acties hebben uitgevoerd met de dood van meer dan 2000 terroristen tot gevolg” (lees strijders van de PKK). Daar moet men honderden burgerdoden aan toevoegen (waaronder minstens 26 kinderen), zonder de dode soldaten en militairen te vergeten optellen in de trieste balans van juni tot oktober 2015.   

De Turkse machthebbers doen er alles aan om de haat onder de Turken op te drijven en de Koerden bang te maken, honderden Koerdische verkozenen zijn gearresteerd, HDP-afgevaardigden werden in elkaar geslagen, individuen werden gelyncht omdat ze ervan verdacht werden Koerdisch te zijn, kantoren van de HDP werden in brand gestoken, journalisten werden bedreigd, geslagen en in de gevangenis opgesloten, de media gemuilkorfd.

Ondanks deze realiteit worden de Turkse machthebbers en hun president gezien als eerbiedwaardige politici en worden ze met veel pracht en praal ontvangen in de westerse hoofdsteden en onderscheiden met medailles. Zoals in België op 5 en 6 oktober tijdens de openingsplechtigheid van Europalia 2015.

Wij, de ondertekenaars, veroordelen nogmaals deze laffe aanslag. 

Wij roepen de democratische krachten en de media op om consideraties van realpolitik opzij te schuiven en deze bloedige machthebbers een halt toe te roepen. 

Associatie van Democratische Armeniërs in België
Ateliers du Soleil 
Info-Türk
Assyrisch Instituut van België  
Koerdisch Instituut
Volkshuis – Brussel


Info:
0489-739 701 (FR)
0479-562 962 (VL)


10.000 personnes manifestent à Istanbul contre le régime

Quelque 10.000 personnes ont dénoncé samedi soir à Istanbul la responsabilité du gouvernement dans le double attentat meurtrier qui a visé un rassemblement pour la paix de l'opposition à Ankara, a constaté un photographe de l'AFP.

Derrière une large bannière proclamant "nous connaissons les meurtriers", les manifestants ont conspué le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

"Erdogan meurtrier" ou "la paix l'emportera", ont-ils scandé sur l'avenue Istiklal, la grande artère piétonne située au coeur de la partie européenne de la plus grande ville de Turquie.

D'importants effectifs de police ont encadré le défilé, qui s'est déroulé sans incident.

Des rassemblements similaires ont été signalés dans l'après-midi, notamment à Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, où des incidents ont éclaté entre les manifestants et la police, qui a fait usage de grenades lacrymogènes, selon un autre photographe de l'AFP.

L'agence de presse Dogan a également signalé des marches de protestation à Izmir (ouest), Batman, Urfa et Van (sud-est).

Au moins 86 personnes ont été tuées et 186 blessés lors d'un double attentat-suicide qui a visé des militants de partis, syndicats et ONG de gauche proches de la cause kurde venus manifester près de la gare d'Ankara pour dénoncer la reprise du conflit kurde.

Cet attentat est le plus meurtrier jamais recensé sur le sol turc.
(AFP, 10 octobre 2015)

Au moins 95 morts dans l'attentat le plus meurtrier de l'histoire turque

Deux explosions survenues presque simultanément samedi à Ankara, près du lieu d'un rassemblement pour la paix organisé par des militants de gauche et des activistes kurdes, ont fait au moins 95 morts et 245 blessés, dont 48 reposent dans un état critique, selon le plus récent bilan des autorités.

Les déflagrations se sont produites à quelques minutes d'intervalle à l'extérieur de la principale gare de la capitale de la Turquie, alors que des centaines de participants s'étaient réunis en prévision de la manifestation lancée par le syndicat de la fonction publique du pays et d'autres groupes de la société civile.

Le but de l'événement était de réclamer davantage de démocratie ainsi que la fin des affrontements entre les rebelles kurdes et les forces de sécurité turques.

Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité des explosions, qui se sont déroulées à 50 mètres l'une de l'autre, mais le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a affirmé qu'il y avait des «signes forts» indiquant qu'il s'agissait d'attentats-suicides. Les autorités ont dit avoir ouvert une enquête à ce sujet. Les explosions ont eu lieu à un moment difficile pour la Turquie, qui doit tenir des élections anticipées le 1er novembre.

M. Davutoglu a aussi laissé entendre que les rebelles kurdes ou le groupe armé État islamique pourraient être responsables.

Le gouvernement turc est sur le qui-vive depuis qu'il a accepté de jouer un rôle plus actif dans la lutte contre le groupe État islamique (ÉI). Le pays, qui est membre de l'OTAN, a notamment autorisé les avions américains à utiliser ses bases militaires pour mener leurs raids aériens contre l'organisation terroriste, en plus d'effectuer lui-même des frappes contre l'ÉI. La Turquie est en outre le pays qui accueille le plus de réfugiés syriens au monde.

Les chasseurs turcs ont aussi bombardé à de multiples reprises les positions des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak. Quelque 150 policiers et soldats turcs, de même que des centaines d'insurgés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont péri depuis la reprise des hostilités, en juillet.

Au rassemblement de samedi, certains disaient croire que les rebelles du PKK déclareraient un cessez-le-feu temporaire - ce qu'ils ont fait, quelques heures après l'attentat - pour assurer que les élections du 1er novembre se passent dans le calme et la sécurité.

Des images diffusées par l'agence de nouvelles turque Dogan montrent des manifestants près de la gare d'Ankara, chantant et exécutant une danse traditionnelle en se tenant par la main, lorsqu'une immense explosion derrière eux les surprend. Par la suite, un photographe de l'Associated Press a vu plusieurs corps recouverts de drapeaux ensanglantés et de bannières apportées par les manifestants.

L'une des craintes déjà évoquées pour la Turquie est que ces attentats attisent les tensions ethniques déjà sensibles. Selon Soner Cagaptay, un analyste à l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, c'est ce qui pourrait se produire avec ce «massacre, qui vise une foule pro-kurde mais surtout turque».

D'après l'expert, ce pourrait être l'oeuvre de groupes «qui espèrent inciter le PKK ou ses éléments plus jeunes et radicaux à continuer de combattre la Turquie». Il ajoute que c'est le groupe État islamique qui profiterait le plus d'un conflit à grande échelle entre la Turquie et le PKK.

«Ce développement pourrait faire de l'ÉI un problème secondaire aux yeux de plusieurs Turcs et du PKK», a-t-il fait valoir par courriel.

Des petites manifestations antigouvernementales se sont formées sur les lieux du drame et à l'extérieur d'hôpitaux d'Ankara, pendant que le ministre de l'Intérieur, Selami Altinok, visitait les blessés. Plus tard, des milliers de personnes se sont rassemblées à Istanbul, près de la place principale, dénonçant les attaques et accusant le gouvernement d'être responsable de l'intensification des tensions dans le pays.

Le gouvernement turc a temporairement interdit aux médias de diffuser des images du moment des explosions, des images horribles ou sanglantes «qui créent un sentiment de panique», a-t-il estimé.

Le premier ministre a décrété un deuil national de trois jours. (Associated Press, 10 octobre 2015)


Tollé après la vidéo d'un Kurde trainé par une voiture de police

La profanation par des policiers turcs du cadavre d'un rebelle kurde tué lors de heurts dans le sud-est de la Turquie a provoqué une vive controverse, une affaire dont l'extrême violence a été dénoncée par la classe politique.

Haci Lokman Birlik, 24 ans, a été tué dans la nuit de vendredi à samedi lors d'une opération des forces spéciales de la police à Sirnak. Son cadavre a ensuite été accroché au pare-chocs d'une voiture de police pour être traîné dans les rues de la ville kurde où des combats acharnés se déroulent depuis plusieurs semaines.

Les images de sa dépouille traînée au bout d'une corde ont suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans la presse d'opposition.

Pour le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu, il s'agissait d'un "terroriste armé qui a attaqué les forces de sécurité au lance-roquette mais cela ne justifie en aucun cas le traitement dont il a été victime". Il a annoncé l'ouverture d'une enquête.

D'autres images diffusées en boucle sur les réseaux sociaux montrent la police en train d'insulter le corps. On entend l'un d'eux féliciter son collègue pour avoir tué l'homme en question.

Selon le principal parti prokurde HDP (Parti de la démocratie des peuples) la victime, qui serait le beau-frère d'un législateur de cette formation, se battait dans les rangs du Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), la guérilla urbaine du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et a été capturé, blessé, puis exécuté en marge d'affrontements avec les forces turques.

"Cette façon de traiter les morts n'existe pas même dans les tribus primitives", s'est indigné Levent Gök, un député du principal parti d'opposition social démocrate CHP (Parti républicain du peuple), exhortant le pouvoir à juger les policiers responsables des faits.
(AFP, 7 octobre 2015)

Dead body being dragged behind police vehicle



A video footage showing the dead body of a man being dragged behind a police vehicle emerged on Sunday after the photos of the incident circulated in the social media and sparked wide public outcry.

The footage, published on the Karşı daily’s website, late on Sunday appears to show the body being dragged while police officers on the vehicle are heard swearing at the dead body. One is heard congratulating his colleague for killing the man.

According to media reports, the dead body was that of Hacı Lokman Birlik, the brother-in-law of pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) Şırnak deputy Leyla Birlik. Hacı Lokman Birlik was killed on Friday in a clash between members of the terrorist Kurdistan Workers' Party (PKK) and Turkish security forces in Şırnak.

Sharing a photo of the incident on his Twitter account, HDP Co-chair Selahattin Demirtaş wrote on Sunday: “Look at this photo closely. It was taken the day before yesterday in Şırnak. Nobody should forget this and we will never forget it.”

The emergence of the footage comes to refute claims by pro-Justice and Development Party (AK Party) figures who argued earlier on Sunday that the photos were fabricated and that they were intentionally served to the media by PKK sympathizers to create a negative public perception about the AK Party government. However, the same figures claimed later the same day that the body had been tied to the police car in case the body was booby-trapped. The pro-government Akşam daily claimed on Sunday afternoon that dragging bodies in such a way was a “routine practice” that is performed across the world as a security precaution.

Akşam's report also claimed that dead bodies suspected of being booby-trapped are dragged by people holding ropes if the body is found in a rural area but if the body is found in a residential area, the body is pulled by a police car to protect locals. No official statement has yet been made about the photos.

Birlik was buried after a funeral on Saturday in the Dicle neighborhood in Şırnak. HDP Şırnak deputies Leyla Birlik, Faysal Sarıyıldız and Aycan İrmez attended the funeral.

Speaking to reporters following the funeral, Leyla Birlik's husband, Mehmet Birlik, said that they will not surrender to the AK Party despite all the pressure it is putting on Kurdish people. Sarıyıldız also told the press that it was “the barbarism of the AK Party that killed Birlik.”

In the meantime, the Interior Ministry announced on Sunday afternoon that it has launched an investigation over the photos. In a written statement, the ministry said that all the claims regarding the photos will be investigated by the ministry. (TODAY'S ZAMAN, Oct 4, 2015)

Pourquoi le corps d'Aziz Güler doit-il être enterré en Turquie?



Aziz Güler a commencé ses combats militants lorsqu’il était étudiant dans le departement des relations inernationales dans le Faculté de Sciences Politiques de l’Universite Yildiz à Istanbul et est devenu un des leaders du mouvement  des étudiant(e)s. Il était parmis les fondateurs de l’Union des Etudiants, Genç-Sen, dont il était membre du comité central, affilié au DİSK (Conféderation des Syndicats Progressistes). Il était toujours à l’avant-garde dans les combats de la classe ouvrière, des opprimés et des pauvres.Nous le connaisons des combats pour les libertés sociales et politiques des peuples de Turquie et de l’insurrection de Gezi.
 
Aziz n’a pas pu rester indifferent à la guerre, aux destructions et aux massacres menés en Rojava e a quitté İstanbul où il était né, pour rejoindre le combat contre les bandes de EI. Dans ce combat, comme dans ceux de Turquie, il a était au premières rangs. Il avait à peine 27 ans quand il a tombé à cause d’une mine enterré par les bandes de l’EI.
 
Sons corps est réfusé honteusement par l’etat turc dont il est un citoyen, depuis Septembre 21. Les officiels, d’abord revendicant d’une décision de cabinet des ministres, ont changé le discours aprés les initiatives insistantes des avocats, des membres de parlement et de son famille. Le préfet de Suruç, Abdullah Çiftçi a déclaré qu’il n y avait pas une decision écrit, mais que l’interdiction fut en vigeur à cause d’une ordre orale de premier ministre. Le corps d’Aziz Güler est retenu a la morgue d’une hopital a Rojava à cause d’une ordre arbitraire, illégitime et contre-humaine du premier ministre turc depuis Septembre 21.
 
Nous savons qu’Aziz n’est pas seul; qu’il y a des dizaines des corps qui sont refusés le droit d’être enterré dans les terres où ils étaient nés par les pretextes arbitraires et illégitimes.
 
La république de Turqie doit immediatement en finir avec cette pratique insensée, inhumaine, illégitime et contre les accords internationaux et les corps doivent être soumis à ses familles. Nous addressons à l’opinion publique a prendre action immediatement pour en finir avec cette interdiction insensé et illegitime e pour la restitution des corps tombés à Rojava à ses familles.
 
LETTRE DE LA FAMILLE D’AZİZ GÜLER: NOUS DEMANDONS LE CORPS DE NOTRE FILS
 
Nous demandons notre fils, notre bien-aimé, notre chéri! Nous avons perdu notre fils/mon frere Aziz Güler en Septembre 21, 2015 à Rojava. Son corps est toujours là-bas. Les administrateurs refusent de nous restituer son corps.
 
Aziz est le fils de ce pays. Il est né, il est grandi, il a etudié, il  travaillait, il combattait pour la cause des pauvres dans ce pays. C’est seulement dans son pays, à côté de ses amis et ses bien-aimés que son âme et son corps pouvaient trouver du paix.
 
Nous n’avons jamais laissé notre Aziz seul durant sa vie et nous n’avons pas l’intention de le laisser seul apres sa perte. C’est pour cette raison que nous insistons de recevoir son corps. Nous le demandons pour pouvoir le visiter chaque jour, pour pouvoir appaiser même un peu, notre envie de le voir, pour pouvoir l’embrasser affectueusement...
 
Nous voulons d’enterrer notre fils/mon frere à Istanbul où vive toute sa famille. Mais les officiels que nous nous sommes addressés disent qu’il y a une décision du cabinet de ministres pour ne pas accepter dans les pays les corps provenant de Rojava.
 
Aucun loi, réglement, aucune décision ne peut être consideré au-dessus des valeurs humains. Laissez nous de vivre notre souffrance en paix. Ayez respect à notre doléance. Restituez-nous notre fils pour que notre souffrance au delà de toute description s’appaise un peu...
 
Sa mère: Elif Güler, Son père: Mehmet Güler, Son frère: Ersin Umut Güler.

Livraison d'armes à la Syrie: un secret judiciaire sur le procès

Quatre anciens procureurs et un ex-officier turcs ont comparu jeudi à huis clos devant un tribunal d'Ankara dans le cadre d'une affaire extrêmement controversée de livraison d'armes à la Syrie l'an dernier, a annoncé l'agence pro-gouvernementale Anatolie.

Les cinq hommes, arrêtés en mai dernier, sont accusés d'avoir tenté de renverser le gouvernement et révélé des informations sensibles relatives à la sécurité nationale. S'ils sont jugés coupables, ils encourent la prison à perpétuité.

Leur procès s'est ouvert sous haute surveillance devant un tribunal au sein de la Cour suprême d'Ankara, a rapporté Anatolie. Le juge a immédiatement imposé le secret judiciaire sur le procès, ce qui implique qu'il se déroulera à huis clos et qu'aucun compte-rendu d'audience ne pourra être publié.

L'ancien procureur de la région d'Adana (sud), Suleyman Bagriyanik, et ses trois adjoints, avaient été, dans un premier temps, mutés, puis suspendus après avoir ordonné la fouille de plusieurs camions et bus dans les provinces d'Adana et Hatay en janvier 2014, parce qu'ils les suspectaient de contrebande de "munitions et armes" à destination de la Syrie.

L'officier qui comparaît à leur côté, l'ancien colonel Ozkan Cokay, était à l'époque le plus haut gradé de la région.

Après la saisie des camions, une série de documents avait circulé sur l'internet affirmant qu'il s'agissait en réalité de véhicules de l'Agence de renseignements nationale turque (MIT) livrant des armes aux rebelles islamistes syriens combattant le président Bachar al-Assad.

Tout en souhaitant la chute du régime de Bachar Al-Assad, la Turquie avait alors vivement démenti apporter une quelconque aide aux rebelles islamistes en Syrie, comme le groupe Etat islamique (EI).

Le gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur cette affaire et l'enquête a été menée dans le plus grand secret.

Au total, plusieurs dizaines de personnes, dont des soldats et des policiers, ont été arrêtées, mais la date de leur procès n'a pas été communiquée.

Les autorités turques ont attribué la responsabilité du scandale à l'imam Fethullah Gülen, bête noire du pouvoir islamo-conservateur d'Ankara, qui vit aux Etats-Unis.

Des organisations étrangères de défense des droits de l'homme ont exprimé leur inquiétude, dénonçant une campagne judiciaire visant les pro-Gülen.
(AFP, 1 octobre 2015)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Cumhuriyet sous protection policière pour cause de menaces jihadistes

La police turque a renforcé samedi la protection autour du siège du journal d'opposition Cumhuriyet à Istanbul après avoir reçu des informations faisant état de menaces d'attentat jihadiste à la veilles des élections législatives anticipées de dimanche.

Les autorités ont indiqué avoir saisi une note comportant l'adresse du quotidien sur des membres présumés du groupe Etat islamique (EI) arrêtés cette semaine dans la ville de Gaziantep (sud), près de la frontière syrienne, a rapporté Cumhuriyet.

Depuis vendredi soir, la police a déployé des barrières autour du siège du journal et filtre étroitement les mouvements dans le quartier.

"Ce journal a l'habitude de sortir malgré les menaces de ce type", a déclaré dans ses colonnes son directeur de la publication, Akin Atalay, "nous sommes déterminés à poursuivre notre mission d'information quelles que soient les circonstances".

Les forces de police turques ont multiplié ces derniers jours les descentes contre les milieux jihadistes en Turquie, trois semaines après l'attentat suicide qui a fait 102 morts et plus de 500 blessés devant la gare centrale d'Ankara.

En mai, le président Recep Tayyip Erdogan avait porté plainte Cumhuriyet, qui avait publié les photos de l'interception, en janvier 2014, d'un convoi chargé d'armes à destination de la Syrie appartenant aux services de renseignement (MIT). Son rédacteur en chef, Can Dündar, risque une lourde peine de prison.

Depuis plusieurs années, le régime turc est régulièrement épinglé par les défenseurs de la liberté de la presse, qui dénoncent ses pressions sur les journalistes.

Mercredi, la police a pris d'assaut devant les caméras deux télévisions proche de l'opposition visées par un ordre de mise sous tutelle judiciaire. Les détracteurs du régime ont dénoncé sa volonté de faire taire les critiques avant le scrutin.
(AFP, 31 octobre 2015)

50 médias internationaux écrivent au président Erdogan

Une cinquantaine de médias internationaux, dont l'Agence France-Presse, ont envoyé une lettre ouverte au président turc Recep Tayyip Erdogan pour lui faire part de leur inquiétude quant aux atteintes à la liberté de la presse en Turquie avant les élections législatives de dimanche.

Parmi les signataires de la lettre, rendue publique vendredi, figurent les rédacteurs en chef du New York Times, de l'AFP, de La Stampa, de la Süddeutsche Zeitung, de VICE Media, du New Yorker et du Washington Post.

La lettre cite une série d'incidents ces deux derniers mois, notamment deux attaques contre le siège du quotidien Hurriyet, l'agression dont a été victime le journaliste Ahmet Hakan Coskun, l'assaut de la police contre le siège du groupe de Koza Ipek Media cette semaine et la détention de trois journalistes travaillant pour Vice News, dont Mohammed Ismael Rasool qui est toujours en prison, ainsi que d'autres poursuites et arrestations.

"Nous vous appelons à employer toute votre influence pour vous assurer que les journalistes, qu'ils soient citoyens turcs ou membres de la presse internationale, soient protégés et autorisés à faire leur travail sans encombre", écrivent les responsables des médias à M. Erdogan, soulignant l'impact négatif pour l'image de la Turquie des atteintes à la liberté de la presse.

Les rédacteurs en chef mettent en garde contre une "culture de l'impunité", et critiquent l'absence de condamnation par le gouvernement turc des attaques contre les journalistes indépendants.
(AFP, 30 octobre 2015)

Önderoglu: « Le prix de l’information n’a jamais été aussi élevé »

Erol Önderoglu est représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie. Il revient sur les récentes atteintes à la liberté d’expression.

C ette semaine, l’État a pris le contrôle de quatre journaux et chaînes d’opposition au motif qu’ils soutenaient le réseau Gülen, accusé d’avoir bâti un « État parallèle ». Pourquoi une telle opération juste avant les élections ?

Le scrutin du 7 juin a montré que la machine de propagande du président Erdogan n’avait pas fonctionné. Il s’affaire donc à fragiliser les médias critiques ou hostiles. L’opération a été spectaculaire pour faire passer ce message : « Si vous n’êtes pas dans mon camp, vous n’avez aucune raison d’être. » Nous craignons que ces méthodes s’étendent, après les élections, aux autres titres d’opposition tels que S.zcü ou Cumhuriyet. Personne n’est à l’abri.

RSF vient de participer, avec six autres ONG internationales, à une mission d’urgence sur la liberté de la presse. Quel est votre constat ?

Il est sans appel : en trois mois, 49 journalistes ont été interpellés ; deux ont été condamnés pénalement pour insulte au chef de l’État ; 35 ont fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites judiciaires pour ce même motif ; 24 journalistes sont actuellement en prison pour des motifs politiques. Ces chiffres reflètent un climat hostile pour la liberté de la presse. Nous voulions ouvrir le dialogue avec le gouvernement et les médias qui lui sont proches, mais nous n’avons été reçus par aucun représentant de ces médias, par aucun officiel de l’AKP ni du gouvernement, malgré trois tentatives.

Quels impacts ont eus la reprise des combats avec le PKK et les attentats attribués à Daesh sur le travail des journalistes ?

Immédiatement, une centaine de sites proches du PKK ont été bloqués sur décision administrative. Une trentaine de représentants des médias kurdes ont été interpellés à Diyarbakir – ils ont été libérés depuis. Des articles de Cumhuriyet, mettant à jour les liens entre le gouvernement et des groupes islamistes en Syrie, ont été censurés sur le site du journal. Après l’attentat d’Ankara, le gouvernement a aussi mis en place une censure temporaire de toute information sur l’attaque et l’enquête. Or, il y a un vrai travail journalistique à accomplir sur les zones sombres de l’attentat, notamment sur la responsabilité du gouvernement et ses liens avec Daesh. Mais tout journaliste qui s’y risque peut faire l’objet d’une enquête pour « haute trahison », à l’image du rédacteur en chef de Cumhuriyet. En Turquie, le prix de l’information n’a jamais été aussi élevé pour les journalistes. (Le Soir, 31 oct 2015)

Une leçon d'histoire dans les médias!

1945: LE SOIR VOLE (En Belgique)...
18 mai 1940 :

Quelques jours après l'invasion allemande, Le Soir cesse de paraître. Il est relancé, contre la volonté des propriétaires, par un groupe de collaborateurs (Horace Van Offel, Raymond De Becker). Le quotidien fut rendu à ses propriétaires à la libération.


*
75 ans plus tard
2015: BUGÜN VOLE (En Turquie)..

Le 29 octobre 2015:

Le quotidien Bugün qui fait partie d'un groupe de médias proche de l'opposition n'a pu paraître jeudi au lendemain du spectaculaire assaut policier contre deux télévisions du même groupe. Le lendemain, Bugün volé a paru avec des éloges au despote Erdogan.



Après deux télévisions, deux journaux d'opposition empêchés de paraître

Deux quotidiens turcs proches de l'opposition n'ont pu paraître jeudi au lendemain du spectaculaire assaut policier contre deux télévisions du même groupe qui a ravivé les critiques contre le président Recep Tayyip Erdogan, a rapporté un de leurs responsables.

Les journaux Bugün et Millet font partie du groupe de médias Ipek-Koza, comme les chaînes Bugün TV et Kanaltürk, contraintes mercredi d'interrompre leur diffusion.

"Nous avions bouclé notre journal à 15h00 (mercredi) et à 17h00 il était à l'imprimerie", a raconté le rédacteur en chef de Bugün, Erhan Basyurt, mercredi soir à la télévision. "Ils ont temporisé en prétextant des problèmes techniques jusqu'à 21h. Puis ils nous ont dit qu'on ne pourrait pas être imprimés, qu'il y avait une interdiction écrite", a-t-il ajouté.

M. Basyurt a été licencié avec deux reporters du quotidien Bugün jeudi matin, a rapporté le journal Zaman.

Le quotidien Millet a partagé sur son compte Twitter la "une" de l'édition qui aurait dû paraître jeudi: la photo de la carte de presse ensanglantée de l'un de ses journalistes sous le titre "un putsch sanglant".

Mercredi à l'aube, des policiers en tenue antiémeute ont pris d'assaut en direct devant les caméras le siège stambouliote des chaînes Bugün TV et Kanaltürk et des journaux Millet et Bugün, dont la maison-mère avait fait l'objet lundi d'une mise sous tutelle judiciaire.

La holding Koza-Ipek est réputée proche de l'imam Fethullah Gülen, devenu "l'ennemi public numéro 1" du président Recep Tayyip Erdogan depuis un retentissant scandale de corruption qui a visé son entourage pendant l'hiver 2013.

Interrogé mercredi soir à la télévision, M. Erdogan a justifié la décision de la justice.

"Pourquoi la justice a-t-elle désigné des administrateurs (pour diriger Koza-Ipek)?", s'est-il interrogé. "Car le numéro 1 (de Koza-Ipek, Akin Ipek, qui vit à l'étranger) s'est enfui. Il dit +il n'y a absolument aucune irrégularité+. Alors pourquoi fuis-tu ? Ne fuis pas, reste dans ton pays", a poursuivi le président.

"S'il s'en va, cela veut dire qu'il y a une fuite d'eau quelque part", a-t-il conclu.

Un important dispositif policier était positionné devant le siège d'Ipek média jeudi matin, a rapporté l'agence de presse Cihan.

A quelques jours des élections législatives de dimanche, le raid policier de mercredi a ravivé les critiques de l'opposition et des capitales étrangères, qui ont dénoncé les pressions du gouvernement islamo-conservateur sur ses adversaires.
(AFP, 30 octobre 2015)

Ecran noir imposé à deux télévisions proches de l'opposition

La police turque a pris d'assaut mercredi puis contraint à l'interruption de leur diffusion deux télévisions proches de l'opposition au président Recep Tayyip Erdogan, aussitôt accusé de vouloir museler ses adversaires à quatre jours des élections législatives.

En direct devant les caméras, des policiers en tenue antiémeute ont pris d'assaut à l'aube le siège stambouliote des chaînes Bugün TV et Kanaltürk, dont la maison mère avait fait l'objet lundi d'une mise sous tutelle judiciaire très controversée.

La holding Koza-Ipek est réputée proche de l'imam Fethullah Gülen, devenu "l'ennemi public numéro 1" du chef de l'Etat depuis un retentissant scandale de corruption qui a visé son entourage pendant l'hiver 2013.

Appuyés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes, les forces de l'ordre ont forcé le barrage des salariés qui défendaient le bâtiment puis ont investi, avec l'un des nouveaux administrateurs, la régie des deux télévisions.

Vers 13H30 GMT, les téléspectateurs de Bugün TV et Kanaltürk ont subitement vu apparaître un écran noir.

"Nous allons bientôt fermer, c'est une question de secondes", avait prévenu quelques instants auparavant le rédacteur en chef de Bugün TV, Tarik Toros, qui s'est opposé toute la journée à la prise de contrôle de sa chaîne.

Escorté hors de la régie par des policiers, M. Toros s'est vu signifier son licenciement par une note manuscrite, a rapporté la presse turque.

"C'est un jour noir pour la démocratie et la liberté en Turquie", proclamait une banderole déployée sur le site de Bugün TV.
 Toute la journée, des incidents ont opposé devant leur siège les forces de l'ordre et des centaines de manifestants, dont des députés de l'opposition. Plusieurs personnes ont été arrêtées, a rapporté la télévision privée NTV. Un photographe de l'AFP a été insulté et frappé au visage par un policier en civil.

- L'UE et les Etats-Unis "préoccupés" -

La justice turque a prononcé lundi la mise sous tutelle de Koza-Ipek, accusée selon un procureur d'Ankara de "financer", "recruter" et "faire de la propagande" pour le compte de Fethullah Gülen, qui dirige depuis les Etats-Unis un influent réseau d'ONG, médias et entreprises qualifié par les autorités d'"organisation terroriste".

M. Erdogan reproche à son ex-allié d'avoir bâti un "Etat parallèle" pour le renverser et a multiplié depuis les poursuites judiciaires et les purges contre ses partisans.

Après celle de Bank Asya, le 10e réseau bancaire du pays également proche de M. Gülen, la prise de contrôle de Koza-Ipek a suscité de nombreuses inquiétudes.

"Des élections arrivent (...). Il se peut que notre voix devienne elle aussi difficile à entendre dans les deux ou trois jours qui viennent", a déclaré le coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) Selahattin Demirtas, qui s'est rendu sur place.

"Le pouvoir a montré aujourd'hui ce qu'il adviendra de ce pays si on ne met pas un terme à cette oppression dimanche", a renchéri sur son compte Twitter un député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Eren Erdem.

A Bruxelles, l'Union européenne s'est déclarée "préoccupée" par l'intervention de la police turque et a appelé au "respect de la liberté d'expression". A Washington, le département d'Etat a lui aussi fait part de sa "préoccupation" et a exhorté son allié turc à "respecter non seulement la liberté des médias mais aussi (...) ses propres valeurs démocratiques consacrées dans sa Constitution".

Les tensions entre les médias et les autorités, déjà fortes, ont été exacerbées ces dernières semaines par la reprise du conflit kurde et les législatives du 1er novembre.

Le quartier général stambouliote du quotidien Hürriyet a été la cible le mois dernier de deux attaques de manifestants favorables au chef de l'Etat et l'un de ses chroniqueurs vedettes, Ahmet Hakan, passé à tabac devant son domicile.

"La persécution des organes de presse critiques a atteint un niveau extrêmement inquiétant à cause des élections", s'est alarmée mercredi l'ONG Reporters sans frontières, qui place la Turquie 149e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse.

Le gouvernement prend des "mesures exceptionnelles pour faire taire les médias critiques", a condamné Emma Sinclair-Webb de Human Rights Watch, déplorant un geste "sans précédent depuis le coup d'Etat militaire de 1980".

Le gouvernement turc se défend pour sa part de vouloir étouffer les médias et M. Erdogan répète que la presse de son pays est "la plus libre du monde".
(AFP, 28 octobre 2015)

CPJ condemns Turkish raids, takeover of critical Koza İpek news outlets

Istanbul, October 28, 2015—The Committee to Protect Journalists condemns this week’s raids on several pro-opposition media outlets belonging to the Koza İpek Group. Police broke into the company’s building in Istanbul today and shut down live television broadcasts, two days after a Turkish court ordered the trustees of the privately owned company to be replaced, according to reports.

Istanbul police broke the gates of the Koza İpek building in Istanbul’s Şişli district and used water cannons and tear gas against protesters who had gathered in support of the news outlets, reports said. The building houses the company’s five media outlets: Bugün TV, Kanaltürk TV, Kanaltürk radio, and the daily newspapers Bugün and Millet. Police cut live broadcasts of Bugün TV and Kanaltürk TV during the raid, according to local press reports. The news broadcasts, which had provided political debate and opposition views in the run-up to November 1 parliamentary elections, have been replaced with documentaries on World War II and the lives of camels, reports said. It is unclear if the raid will obstruct the reporting of the radio station and newspapers. Both papers had published their October 29 editions by the time this alert was released.

“By replacing news broadcasts with camel films days before a parliamentary election, Turkey’s leaders have shown they no longer are interested in even pretending to respect the country’s democracy,” CPJ Europe and Central Asia Program Coordinator Nina Ognianova said. “We call on the Turkish government to immediately return Bugün TV, Kanaltürk TV, and the other Koza İpek media outlets to their rightful management.”

Today’s action comes a day after riot police raided the Ankara headquarters of the media outlets’ holding company, Koza İpek Group, which also owns mining and food production companies. The raids were carried out to enforce a Monday decision by the 5th Ankara Penal Court of Peace, which ordered senior management to be replaced with a government-approved board of trustees during an investigation into the company, according to reports. The Koza İpek Group said it is contesting the legality of the government takeover.

The Ankara Chief Public Prosecutor’s Office sought the takeover while authorities investigate alleged ties between the Koza İpek Group and Fethullah Gülen, a government supporter turned critic living in self-imposed exile, according to the English-language Hürriyet Daily News. The Turkish government claims that Gülen is leading an illegal organization that has infiltrated Turkish society, the police, judiciary, and the media, with the purposes of toppling the current Justice and Development Party (AKP) administration. Gülen denies the claims.

The measures this week are a continuation of pressure on the Koza İpek Group. In September, at least six Koza İpek employees were detained briefly, and computers and hard drives were confiscated when Ankara police raided the company, according to reports. The group was accused of disseminating terrorist propaganda and providing financial support to the alleged Gülen-led illegal organization, according to reports. Turkish authorities have declared the alleged organization a terrorist group.

Turkey’s broadly worded anti-terrorism statutes have enabled authorities to conflate coverage of banned groups as well as reporting on sensitive issues with terrorism or other anti-state activity, CPJ has found.

Authorities have said the appointment of a new board of trustees to the Koza İpek Group was necessary to ensure “a healthy investigation” of the holding’s finances and to “uncover material truths,” according to the Ankara court decision, as cited by the Hürriyet Daily News. In an interview for Bugün TV before the station was shut down, Koza İpek’s chief executive office, Akın İpek, said the targeting of his companies was politically motivated and the government takeover was carried out because authorities failed to find any illegal activities during financial inspections of his businesses. (Email: nognianova@cpj.org)

RSF: Violent assaut policier contre des médias critiques à quelques jours des élections

Reporters sans frontières (RSF) dénonce fermement les attaques répétées contre les médias de la holding Koza Ipek. A l’aube du 28 octobre 2015, la police d’Istanbul a violemment investi leurs locaux, coupé l’antenne de Kanaltürk et tenté d’interrompre celle de Bugün TV.

A quelques jours d’élections législatives cruciales, le 1er novembre, la pression contre les médias critiques ne cesse de s’intensifier en Turquie. Tous les segments de l’opposition sont visés, dont les partisans du mouvement socio-religieux de Fethullah Gülen, ancien allié du président Erdogan devenu son pire ennemi. Parmi ces derniers figure la holding Koza Ipek, qui regroupe 21 sociétés dont les chaînes Bugün TV, Kanaltürk et Samanyolu Haber, ainsi que les quotidiens Bugün et Millet.

Le 28 octobre vers 4h30 du matin, des centaines de policiers anti-émeutes ont pris position devant le siège de la branche média de la compagnie, dans le quartier Mecidiyeköy d’Istanbul. Ils ont forcé l’entrée trois heures plus tard en tronçonnant le portail, puis fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau contre les centaines de manifestants et journalistes qui tentaient de leur barrer le passage. Le directeur de la rédaction de Today’s Zaman, Bülent Kenes, a été brutalisé et le reporter de Bugün, Kamil Maman, a été interpellé.

Peu après 9 heures, les policiers ont tiré les câbles des caméras présentes pour tenter d’interrompre la couverture en direct des opérations. Ils ont ensuite coupé l’antenne de Kanaltürk et tenté de faire de même pour Bugün TV. Le directeur de la rédaction, Tarik Toros, a refusé de se plier à leurs demandes, et les journalistes leur ont barré l’accès au centre de commande.

“La persécution des médias critiques a atteint un niveau extrêmement préoccupant pour la tenue des élections, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. L’acharnement du pouvoir à faire taire les médias du groupe Koza Ipek n’en est que la dernière illustration. Nous appelons de nouveau les autorités à y mettre un terme et à laisser les médias faire leur travail, conformément à la Constitution et aux conventions internationales qui engagent la Turquie.”

Sous tutelle des autorités

L’intervention policière fait suite à une décision judiciaire controversée, deux jours plus tôt, qui avait ordonné le placement de Koza Ipek sous la tutelle des autorités dans le cadre d’une enquête pour “financement et propagande du terrorisme”. L’“organisation terroriste” avec laquelle la compagnie est soupçonnée de collaborer n’est autre que la confrérie Gülen, désormais interdite. Des administrateurs temporaires ont donc été désignés par les autorités en lieu et place de la direction actuelle. La plupart d’entre eux sont connus pour être proches du parti au pouvoir AKP.

La holding Koza Ipek est dans l’oeil du cyclone depuis plusieurs mois. Le siège du groupe a fait l’objet de deux perquisitions successives, en août et en septembre, suite à quoi un mandat d’arrêt a été lancé contre le président de son conseil d’administration, Hamdi Akin Ipek. “Si nous avions accepté de faire partie du ‘pool de médias’ [acquis au gouvernement], cela ne se serait pas passé comme cela”, a déclaré ce dernier le 25 octobre.

Bugün TV, Kanaltürk et Samanyolu Haber figurent en outre parmi les sept chaînes de télévision évincées des principaux bouquets de télévision câblée et satellitaire à la mi-octobre, à la demande de la justice.

La Turquie occupe la 149e place sur 180 dans le Classement mondial 2015 de la liberté de la presse. RSF a pris part à une mission commune sur place avec sept autres organisations internationales et locales, du 19 au 21 octobre, pour souligner la gravité de la situation. (RSF, 28 oct 2015)

IFJ slams Turkish government over latest media clampdown ahead the elections

The International Federation of Journalists (IFJ) today joined its affiliate, the Journalists’ Union of Turkey (TGS, in Turkish), in condemning the police raid of Kanaltürk and Bugün TV, part of pro-opposition media holding Koza-Ipek, this morning in Istanbul.

Police moved in after a court in Ankara on Monday ordered the seizure of Koza-Ipek, accusing the company of “terror propaganda.” The conglomerate is linked to the US-exiled cleric Ferthullah Gullen, a one-time ally of Turkish President Recep Tayyip Erdogan, who has turned the government’s prominent critic, reports said.

According to media reports, the riot police forced their way into the Istanbul headquarters of media outlets Kanaltürk and Bugün TV and harassed some employees of the targeted media outlets who were trying to access their workplace. Kamil Maman, a reporter for the Bugün daily, was harshly treated and then detained by the police, the TGS reported. Police used tear gas and water cannons in the running battles between the police and protesters, including opposition parliamentarians who spoke of a dark day for democracy and described the police action as politically motivated to silence independent media ahead of Sunday general election.

The storming followed the court ruling to appoint a board of trustees to manage the conglomerate and to seize its 21 companies. The Ankara Chief Prosecutor reportedly said that the seizure was linked to an investigation into the conglomerate on suspicion of”terror financing" , "terror propaganda" and other offences related to Koza-Ipek's support for Gulen's Hizmet (Service) movement, media added.

The TGS Secretary-General Mustafa Kuleli added that the attack on press freedom by AK Party government is a sign of panic caused by its fear of losing power in the general election after losing its absolute majority in the last poll in June. He stressed the importance of solidarity among journalists to push back against intimidation: “It is again up to us to save ourselves. Solidarity will make us stronger,” he said.

The IFJ supports its affiliate and reminds the Turkish government that the role media in reporting independently on a crucial vote will be one of the determining factors for its credibility and the legitimacy of those who are seeking the mandate to lead the country.

“This latest media clampdown, so close to a vital election , risks undermining the integrity of the electoral process if journalists are denied the opportunity to provide independent, accurate and objective information to the Turkish voters,” said IFJ President Jim Boumelha. “We urge the authorities to respect press freedom and restrain from undue interference in journalists’ affairs, thus ensuring there is a level playing field for - and proper scrutiny of - all those who seeking to hold public office.”

Read the Opens external link in new windowDeclaration adopted last 21 October in Istanbul by the IFJ, the EFJ, Turkish affiliate TGS and other international press freedom organisations expressing solidarity with journalists in Turkey.

For more information, please contact IFJ on + 32 2 235 22 16

La police prend en direct le contrôle de deux chaînes de télé d'opposition

La police turque a pris mercredi en direct le contrôle de la régie des télévisions Bugün TV et Kanaltürk à Istanbul, dont le groupe proche d'un ennemi du président Recep Tayyip Erdogan fait l'objet d'une mise sous tutelle controversée à la veille des législatives.

Devant les caméras, les forces de l'ordre ont pénétré dans le siège des deux chaînes, propriété du groupe Koza-Ipek, en dispersant les salariés qui le protégeaient avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, selon les images retransmises en direct par Bugün TV sur son site internet.

Des policiers et un des nouveaux administrateurs du groupe nommés par la justice ont investi la régie des deux télévisions et en ont pris le contrôle, malgré l'opposition d'un de ses rédacteurs en chef.

La justice turque a décidé lundi de mettre sous tutelle la holding Koza-Ipek, accusée selon un procureur d'Ankara de "financer", "recruter" et "faire de la propagande" pour le compte de l'imam Fethullah Gülen, qui dirige depuis les Etats-Unis un influent réseau d'ONG, médias et entreprises qualifié par les autorités d'"organisation terroriste".

Ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan, M. Gülen est devenu son "ennemi public numéro 1" depuis le scandale de corruption qui a visé des proches de l'homme fort du pays et des membres de son gouvernement fin 2013.

La décision de la justice turque a été violemment dénoncée par l'opposition comme une atteinte à la liberté de la presse, à la veille des élections législatives anticipées qui se déroulent dimanche en Turquie.
(AFP, 28 octobre 2015)

Vives protestations après la mise sous tutelle d'un groupe de médias

Les forces de l'ordre turques ont usé de gaz lacrymogènes mardi pour disperser quelques dizaines de personnes protestant contre la mise sous tutelle de la holding Koza-Ipek, proche de Fethullah Gülen, l'ennemi juré du Président Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé les médias turcs.

La décision de mettre sous tutelle la holding Koza-Ipek qui dispose d'un important groupe de presse comprenant notamment le journal Bugün et la télévision Kanaltürk a été prise lundi par la justice, à la demande du procureur général d'Ankara.

La police a investi mardi les locaux de ce groupe qui est également présent dans les secteurs de l'énergie et de la métallurgie, à cinq jours des élections législatives, provoquant des manifestations à Ankara et Istanbul.

Dans un communiqué publié mardi, le procureur général d'Ankara a justifié sa demande en expliquant qu'il soupçonnait la holding de "financer", "recruter" et "faire de la propagande" pour le compte de l'imam Fethullah Gülen, qui dirige depuis les Etats-Unis un influent réseau d'ONG, médias et entreprises qualifié par les autorités d'"organisation terroriste".

Ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan, M. Gülen est devenu son "ennemi public numéro 1" depuis le scandale de corruption qui a visé des proches de l'homme fort du pays et des membres de son gouvernement fin 2013.

Le chef de l'Etat accuse M. Gülen d'avoir bâti un "Etat parallèle" pour le renverser et multiplié les poursuites judiciaires et les purges contre ses partisans.

Début septembre, la police avait perquisitionné les locaux de 23 sociétés appartenant à Koza-Ipek dans le cadre d'une enquête "antiterroriste". Six personnes avaient été alors arrêtées puis remises relâchées.

Le patron du groupe Koza, Akin Ipek, actuellement à l'étranger, a catégoriquement nié mardi toute activité illégale et dénoncé des "mensonges".

A la suite de la décision de la justice lundi, de nouveaux administrateurs ont été nommés pour prendre les commandes du groupe.

Parmi eux figurent, selon la presse turque, d'anciens responsables du groupe Turkuvaz qui regroupe des médias favorables au gouvernement islamo-conservateur, dont le quotidien à grand tirage Sabah et la chaîne de télévision ATV.

A Istanbul, plusieurs dizaines de personnes se sont également réunies pour dénoncer la mise sous tutelle du groupe, a constaté un photographe de l'AFP.

"Lorsque l'éventail de points de vue offert aux citoyens se réduit, en particulier avant une élection, c'est une source d'inquiétude", a réagi l'ambassade des Etats-Unis en Turquie sur son compte Twitter.
(AFP, 27 octobre 2015)

La condamnation pour insulte à l'islam infligée au pianiste Fazil Say annulée

La cour suprême d'appel turque a annulé au nom du droit à la libre expression la peine de dix mois de prison avec sursis infligée en 2013 au pianiste virtuose turc Fazil Say pour insulte aux valeurs religieuses, a rapporté lundi la presse turque.

Dans son jugement cité par les quotidiens Hürriyet et Radikal, la 8e chambre de cette haute instance a jugé que les tweets controversés qui avaient motivés sa condamnation relevaient de "l'exercice normal de la liberté d'expression".

Athée revendiqué et critique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis treize ans dans son pays, Fazil Say a été condamné en 2013 pour une série de commentaires sur Twitter tjugés "injurieux envers les valeurs religieuses".

"Vous dites que des flots de vin coulent au paradis. Est-ce que le paradis est une taverne ?" ou "vous dites qu'il y a au paradis deux houris (femmes vierges) pour chaque croyant. Est-ce que le paradis est un bordel ?", avait écrit le musicien en citant des vers d'Omar Khayyam, grand poète persan du XIe siècle.

Cette condamnation, avait suscité de nombreuses critiques contre l'actuel régime turc, accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et islamiste.

"La pression du conservatisme religieux est de plus en plus forte et je pense qu'il est temps pour moi de m'installer au Japon", avait lancé l'an dernier Fazil Say dans un entretien accordé à un journal turc.

Après la décision de la Cour suprême d'appel, le tribunal qui a condamné le pianiste peut définitivement l'acquitter ou alors décider de le rejuger.
(AFP, 26 octobre 2015)

Investigation against Zarakolu over being Roj TV Correspondent

Another investigation has been started against journalist and human rights defender Ragıp Zarakolu.

Zarakolu has been accused of being member of terror organization, the evidence called for this accusation is the interview he gave to Roj TV in 2010.

It was stated that the investigation case was opened in 2010 by Ankara Chief Public Prosecutor's Office, and turned into a new investigation file titled " Investigating Crimes against Constitutional Order" by Prosecutor Ramazan Dinç.

Zarakolu was arrested over aiding terror organization charges in 2011 and released by the court after kept in prison for 5 months. The justification is that he joined Peoples' Democratic Party's (HDP) opening of Political Academy a couple of years ago and gave a small speech. During this investigation, the investigation started in 2010 hadn't come out.

Zarakolu states that in the accusation there is an allegation that "Since the TV channel contacted him, then he must be a 'reporter' of this TV channel, and since this TV channel belongs to terror organization according to the claim, then he himself is also a member of terror organization."

Zarakolu in his testimony stated "he has been doing journalism for over 40 years as of 1968; he even forgot the number of national and international media organs he issued opinion, and he didn't ask any of the channels their color, race, or political ideology."

He responded to allegation of being a correspondent by saying he has been doing chief-editorship for many periodical or non-periodical publications and

Fatih Polat faced similar accusations

A similar accusation has been directed against Evrensel newspaper chief-editor Fatih Polat too in June. Polat faces accusations of "being correspondent to Roj TV", "being member of armed terror organization" and "promoting armed terror organization". Polat in his statement had said "he has been doing journalism at Evrensel as of its founding year of 1995 and been carrying on duty of chief-editorship."

Roj TV shut down in 2012

Roj TV began its broadcasting life in 2004 in Denmark. Copenhagen City Court filed a claim in 2010 alleging the TV was "supported by Kurdistan Workers' Party (PKK)" and "promoting terrorism". The case was concluded in 2012 and the channel was fined for 670,000 euros. Denmark cancelled broadcasting license on the same days Roj TV declared bankruptcy on July 3.
(BIA, Oct 27, 2015)

Le prix Dawit Isaak 2015 à Erol Özkoray

 
Le club suédois Publicist district Ouest, décerne à Erol Özkoray le prix Dawit Isaak 2015. Le prix est décerné aux personnes ou organisations œuvrant dans l’esprit de Dawit Isaak pour la liberté d’expression, la liberté de la presse, les droits et les libertés démocratiques.

Erol Özkoray a pendant 15 ans été persécuté dans son pays en Turquie pour sa critique envers le régime islamiste de l’AKP. En 2014, il fut condamné à onze mois et vingt jours de prison pour son livre «Le Phénomène Gezi», par la couverture et la publication de graffitis anonymes inscrits sur les murs par des manifestants lors du mouvement de protestations au Parc Gezi à Istanbul en 2013.

Le combat pour la démocratisation via un exil politique se poursuit aujourd’hui à Växjö.
 
Öskoray fut correspondant à Paris pour le plus important journal turc Hurriyet, ainsi que correspondant turc pour le quotidien espagnol El País.
 
Entre 1998 et 2002 Özkoray publia la revue culturelle Idea Politika qui œuvra pour la démocratie et sa sensibilisation.
 
- « Comme intellectuel, écrivain et éditeur je ne peux accepter une quelconque restriction à la liberté d’expression. Elle est essentielle pour la démocratie. Les peines de prison à l’encontre de l’écriture et la publication de livres sont contraires à la démocratie et dévoile la partie dangereuse du gouvernement islamiste en Turquie », déclara Erol Özkoray dans un précédent interview.
 
Erol Özkoray est aujourd’hui un «écrivain réfugié» à Växjö. L’ «écrivain réfugié» reçoit une protection, est encouragé dans sa profession et participe à la vie culturelle de la ville, conformément à la devise de l’ICORN (International Cities of Refuge) : Protect - Promote - Participate, où Protect (protéger) est la première des priorités.
(contact@imprescriptible.fr, 28 oct 2015, Traduction : Guy Marcossian)
 
Associations de la presse: Vingt journalistes actuellement détenus

Vingt journalistes sont aujourd'hui détenus en Turquie, ont rapporté mercredi des organisations de défense de la liberté de la presse, qui dénoncent les pressions accrues du gouvernement à l'approche du scrutin législatif du 1er novembre.

A l'issue d'une "mission d'urgence" de trois jours, une coalition de sept ONG a réitéré son "inquiétude liée à la dégradation de la liberté de la presse et à l'impact qu'elle peut avoir sur les élections" législatives anticipées prévues le 1er novembre.

Le gouvernement islamo-conservateur turc utilise les lois antiterroristes pour "dissuader (les journalistes) de publier des informations sur des sujets d'intérêt public", a-t-elle dénoncé lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Certains journalistes attendent leur procès depuis plusieurs mois en prison et d'autres ont été condamnés pour des liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par la Turquie.

"De nombreux journalistes sont en prison pour avoir simplement fait leur travail, informer le public", a déclaré Barbara Trionfi, directrice exécutive de l'International Press Institute (IPI), l'une des organisations présentes.

Ces dernières semaines, la reprise des combats meurtriers entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays et les élections législatives anticipées ont exacerbé les tensions entre les médias et les autorités.

Les locaux du quotidien Hürriyet à Istanbul ont été à deux reprises attaqués par des manifestants progouvernementaux et l'un de ses éditorialistes vedettes, Ahmet Hakan, a été passé à tabac par quatre hommes devant son domicile au début du mois d'octobre.

Des journalistes étrangers travaillant dans le sud-est à majorité kurde ont également été arrêtés et expulsés, comme Frederike Geerdink, journaliste néerlandaise indépendante, sommée de quitter le pays le mois dernier.

Jeudi, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a lancé une pétition pour obtenir la libération de Mohammed Ismael Rasool, un journaliste irakien détenu depuis près de deux mois sur la base d'accusation de "terrorisme". Les deux collègues britanniques du site d'information Vice News avec lesquels il travaillait ont été expulsés.

La Turquie pointe à la 149e place, sur 180, au classement mondial de la liberté de la presse publié le mois dernier par l'ONG Reporters sans frontières, derrière la Birmanie (144e) et juste devant la Russie (152e).
(AFP, 21 octobre 2015)

BIA: Prison, Attack, Threat, etc. against Making News; How Far?



The interim government, which was formed after the Justice and Development Party (AKP) has lost its majority in the parliament after 13 years in June 7 elections, has started to undertake some actions targeting opposition media.

The media organs taking Kurdish Question into their agenda after aerial operations on Qandil started were subjected to police operations. Their websites have been widely censored. While financial operations were launched against İpek Group known with its close relations with Gülen Congregation, three TV channels were removed from digital platform, and Bugün daily journalist Gültekin Avcı was arrested.

In the period when Cumhuriyet daily and Doğan Media Group were subjected to "terror," "espionage," and "insult" investigations, verbal offensives by the top authorities set the stage in which Hürriyet daily and journalist Ahmet Hakan were attacked. President Recep Tayyip Erdoğan whose dream of becoming president collapses with the general election results has after a short break returned quickly to his aggressive tone against critical media. Erdoğan bringing 14 journalists to trial in the last three months has also caused 19 media representatives be inquired with his new complaints according to Article number 299 (Article number 299: One who insults president sentenced to from 1 to 4 years in prison) of Turkish Penal Code (TCK).

BIA July-August-September 2015 Media Monitoring Report indicates that criminalization towards journalists and media have become more widespread after peace process was "put into cold storage" and authorities held Anti-Terror Summit with authorized editorial directors:

101 websites, 40 Twitter accounts, 178 news have been censored; 21 journalists, 3 media organs, 1 printing house were attacked; arresting media representatives increased sixfold; 28 journalists were sued based on Anti-Terror Law (TMK), 60 were sued according to TCK.
(Full text: http://bianet.org/english/freedom-of-expression/168464-increasing-pressure-on-press-democracy-in-question)

Titles from Media Monitoring

BIA has sections "murdered journalists", "attacks against imprisoned journalists", "assault, threat and obstructions", "investigations, ongoing cases, verdicts", "insult, personal rights and action for damages", "bans, shut downs, pull offs", "Constitutional Court", "ECtHR", "Radio and Television Supreme Council (RTÜK)", "Supreme Election Board (YSK)".

The trials that were conducted according to TCK and TMK about the journalists went on for three months. In the trials, charges of "being a member of armed organization", "aiding the organization" or "forming and conducting organization" continued. (BIA, Oct 19, 2015)

CoE commissioner urges Turkey to respect freedom of press

Council of Europe Commissioner for Human Rights Nils Muiznieks has expressed concern over the recent developments affecting the right to freedom of expression in Turkey and criticized the court ban on reporting “news, interviews, criticism” related to the Oct. 10 terrorist bombing in Ankara that killed 97 people on Saturday.

In a statement released late Thursday, Muiznieks said, “I regret to see that in announcing such a sweeping ban on all media, the court does not seem to have weighed the public's legitimate need for essential information, which is particularly crucial in times of crisis such as the one provoked by the heinous attack of Oct.10.”

“I wish to remind the Turkish authorities of the relevant Council of Europe standards, as summarized in the Guidelines of the Committee of Ministers on protecting freedom of expression and information in times of crisis, which include terrorist attacks,” he added.

At the request of the prosecutor investigating the Oct. 10 bombings in Ankara, the penal court of peace declared a complete ban on reporting news, interviews and criticism for the sake of the investigation on all media, including the social media and internet media. The Radio and Television Supreme Council of Turkey (RTÜK) announced the ban to broadcasters, publishing the court decision on its website.

“Freedom of expression, which includes the freedom to receive and impart information, is a fundamental precondition for a truly democratic society. It is particularly important to uphold this right in an electoral context. I have already expressed my concerns regarding freedom of expression in Turkey on several occasions in the past, but there have been further worrying developments in recent weeks, including the assault on the journalist Ahmet Hakan, the arrest and later release of the editor-in-chief of the Zaman newspaper, Bülent Keneş, and the simultaneous removal of certain TV channels from various broadcasting platforms, reportedly in connection with investigations of the Ankara Public Prosecutor's Office,” Muiznieks said.

“I urge the authorities to take note of these legitimate concerns and do their utmost to address them in full respect of all the principles enshrined in the European Convention on Human Rights and the case-law of the European Court of Human Rights,” he added. (TODAY'S ZAMAN, Oct 15, 2015)

Finnish Journalist Asks Erdoğan: "Are You a Dictator?"

The President Recep Tayyip Erdoğan answered the questions of press members after he met the President of Finland, Sauli Niinistö yesterday.

“Are you a dictator?”

Upon the question “People are afraid of you. Some say that you are a ‘dictator’. What do you think about?” from a Finnish journalist, Tom Kankkonen,

Erdoğan answered:

“You wouldn’t ask these kinds of questions ıf I were a dictator. You can’t see the ruler and his family were limitlessly insulted when there was a dictator in the country. The country in which the freedom is limitless is Turkey.”

DDK was appointed

Reminding militant organizations like Armenian Secret Army for the Liberation of Armenia (ASALA), Kurdistan Workers’ Party (PKK) and Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) have been attacking for 40 years, Erdoğan expressed that he appointed the State Supervisory Council (DDK) for Ankara bombing.

 “All possibilities of DAESH (ISIS), PKK, Democratic Union Party (PYD) and Revolutionary People's Liberation Party–Front (DHKP-C) should be investigated. I hope we will invalidate their attempts. We have our duties in these times when our fellowship is tested.”

“First said it was deep state and then hid away”

"Some say it was the deep state that carried out Ankara bombing. How do they know? These are just gossips. They first said it was deep state and then hid. The attackers will come out.

"It is untrue to call on someone to resign after every incident. I govern the state and I am a human. Everyone makes mistakes. The ones who call the government to resign should resign themselves since they couldn’t manage to come to power.

"National Intelligence Organization carries us the necessary information while DNA analysis has been carried out for the dead bodies. We learned some preparations had been made before the bomb attack in Ankara. It may be related to Syria.”

Erdoğan left carnations

The President Erdoğan, his wife Emine Erdoğan and the President of Finland, Sauli Niinistö, left carnations on the place where Ankara bombing occurred.
(BIA, Oct 13, 2015)

Difficultés d'accès à Twitter en Turquie après l'attentat

Le réseau social Twitter a rapporté samedi que des utilisateurs avaient du mal à accéder à son service en Turquie, dans un tweet diffusé après un double attentat à Ankara qui a fait 86 morts.

"Des utilisateurs en Turquie ont fait part de difficultés d'accès à Twitter dans beaucoup d'endroits", a indiqué le groupe américain sur son compte @policy.

"Nous enquêtons et espérons bientôt le retour à la normale du service", a ajouté le réseau social, qui revendiquait fin juin 316 millions d'abonnés.

Twitter a diffusé un tweet similaire en langue turque.

Fin juillet, un juge turc avait interdit la diffusion sur internet des images d'un attentat suicide attribué au groupe jihadiste Etat islamique (EI) perpétré près de la frontière syrienne, provoquant d'importantes perturbations sur le réseau Twitter.

Depuis plus d'un an, le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie s'en prend régulièrement aux réseaux sociaux et à leurs utilisateurs.

Début 2014, le président Recep Tayyip Erdogan a ordonné à plusieurs reprises le blocage momentané de Twitter, Facebook ou YouTube, accusés notamment de diffuser des accusations de corruption visant son entourage.

En mars, le Parlement turc a voté une disposition autorisant le gouvernement à bloquer un site internet sans décision de justice, une mesure pourtant censurée quelques mois plus tôt par la Cour constitutionnelle.
(AFP, 10 octobre 2015)

La police arrête le rédacteur en chef d'un journal d'opposition

La police turque a arrêté vendredi soir à Istanbul le rédacteur en chef d'un quotidien de langue anglaise proche de l'opposition accusé d'avoir "insulté" le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan sur les réseaux sociaux, a rapporté le journal.

Le journaliste, Bülent Kenes, a été interpellé par des policiers en civil dans les locaux du quotidien Today's Zaman, devant des centaines de salariés et de collègues qui portaient des pancartes avec le slogan "les médias libres ne se tairont pas".

Le rédacteur en chef a été conduit en voiture jusqu'au palais de justice d'Istanbul, selon la chaîne de télévision proche du groupe Zaman, Samanyolu, qui a retransmis son arrestation en direct.

Dans l'après-midi, un juge avait ordonné, sur réquisition du procureur, l'arrestation de M. Kenes, poursuivi pour une série de tweets écrits en août.

Le rédacteur en chef de Today's Zaman, la version anglaise du quotidien Zaman, le plus vendu en Turquie, avait déjà écopé en juin dernier d'une peine de vingt-et-un mois de prison avec sursis pour un autre tweet "insultant" à l'encontre de M. Erdogan.

Zaman est considéré comme proche de l'imam Fethullah Gülen, devenu l'ennemi numéro 1 de l'homme fort du pays depuis le scandale de corruption qui a éclaboussé son régime fin 2013.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan, élu en août 2014 à la magistrature suprême, a multiplié les plaintes en diffamation ou insulte contre ses adversaires, qu'il s'agisse d'adversaires politiques, de journalistes, d'artistes ou de simples citoyens.

Le gouvernement islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002, est régulièrement dénoncé pour ses attaques visant la liberté de la presse en Turquie.

Ces dernières semaines, plusieurs médias ont été la cible de descentes de police ou d'enquêtes judiciaires pour "propagande terroriste" en faveur du PKK, notamment le groupe Dogan, propriétaire du quotidien Hürriyet et de la chaîne d'information CNN Türk.

Des élections législatives anticipées sont prévues le 1er novembre en Turquie.
(AFP, 9 octobre 2015)

Un journaliste syrien de l'agence turque Anatolie tué en Syrie

Un photojournaliste syrien travaillant pour l'agence de presse turque Anatolie a été tué lors d'un attentat-suicide près d'Alep, dans le nord de la Syrie, en proie à de violents combats entre jihadistes et rebelles rivaux, a annoncé vendredi Anatolie.

Agé de 27 ans, Saleh Mahmoud Laila est mort lors de l'explosion jeudi d'une voiture piégée sur un marché de la ville de Hraytan, au nord d'Alep, qui a fait au total une vingtaine de victimes, a précisé l'agence progouvernementale.

M. Laila avait été grièvement brûlé en juillet lors d'un bombardement de l'armée du président syrien Bachar al-Assad sur Alep. Soigné dans un hôpital turc, il était ensuite retourné en Syrie pour y couvrir la guerre qui fait rage depuis 2011.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté ses condoléances à la famille du journaliste et à son employeur en soulignant le travail "précis", "compréhensif" et "dévoué" effectué par la victime.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au moins 85 journalistes sont morts en Syrie depuis 2011.
(AFP, 9 octobre 2015)

Network Against Censorship: 35 journalist detained in September

35 journalists were detained and one other was remanded in custody in the month of September, 2015, according to a report by Solidarity Network against Censorship.

While the attacks of the AKP government against press continue, Solidarity Network Against Censorship has said in a report on censorship and attacks on press that 35 journalist were detained and one other was remanded in custody during the month of September.

The report underlined that attacks and repressions against the press in Turkey are on increase ahead of the snap election to be held on November 1, adding that journalists and press organisations were not only subjected to lawsuits and censorship but also targeted by physical assaults. The report said the censorship and repressions on the press are being implemented in consideration of mainly daily columns, TV programs and tweets of press members.

The Solidarity Network further reported that two journalists were attacked by police during September and two others were abducted and threatened again by police. The balance sheet also included two attacks with stones and sticks against Hürriyet daily, as well as the assault on Turkish journalist Ahmet Hakan. According to the figures provided by the report, other attacks that took place during last month are as follows:

-Two press institutions were raided by police
-Legal action was taken against 19 journalists for “insulting the President”
-35 journalists were detained
-One journalist was remanded in custody
-Three foreign journalists were deported
-Attempts at restraining Dicle News Agency (DIHA) continued, which was censored 21 times.
(ANF, Oct 7, 2015)

Digiturk joins government-ordered ban on critical media

Joining two other similar platforms that earlier banned critical media in a government-backed move, digital satellite platform Digitürk announced on Thursday that that it stops the broadcast of TV channels Bugün TV, Kanaltürk, Shaber and Samanyolu, which are known for their critical stance towards the government.

Turkcell TV+, an online TV streaming service from Internet provider Superonline, and Tivibu, another service provided by TTNet, earlier announced that they removed the channels in question from their platforms by order of the Ankara Public Prosecutor's Office on the suspicion that these channels support a terrorist organization.

Even children's channel Yumurcak TV was removed, prompting anger from some users who were perplexed at the idea that a children's TV channel could be supporting terrorism.

Digiturk brought the same explanation in its statement on Thursday, saying the channels were removed from the platform “due to legal obligation.”

The removal of the channels is seen as a move by the Justice and Development Party (AK Party) government to silence free and independent media before a crucial snap election scheduled for November.

The Bugün TV, Kanaltürk, Shaber, and Samanyolu TV channels have become the target of the government's crackdown for being deemed to be affiliated with the Gülen movement, also known as Hizmet, a grassroots social initiative inspired by Islamic scholar Fethullah Gülen.

President Recep Tayyip Erdoğan blames the movement for instigating the massive corruption probes revealed on Dec. 17 and 25, 2013, which involved ministers in his government and even some of his family members.

 Consumers Association (TÜDER) President Aydın Ağaoğlu earlier told Today's Zaman that the banning of the TV channels could lead to consumers filing lawsuits against the platforms for violating their contracts.

“Companies cannot cancel [TV channels] that are set out in the contract before the contract term ends or the consumers are informed,” Ağaoğlu said. (TODAY'S ZAMAN, Oct 8, 2015)

Demand for Arrest for 6 People attacking Hakan Overruled

In the attack on Hürriyet daily writer and CNN Türk programmer journalist Ahmet, objection waived by prosecutors for the suspects, who are released after judicator interrogation, to be arrested was overruled by superior court.

Superior court evaluating the objection noted that the ruling regarding the release of six suspects is sound.

Chief Prosecutor conducting the enquiry Mehmet Şenay Baygın had objected to the release of six suspects who were send to the court for arrestment on Sunday.

Six suspects out of seven issued to İstanbul Palace of Justice on Sunday were discharged of lack of evidence, and suspect Ahmet Şengüler was arrested for "willful injury."
(hurriyetdailynews.com, Oct 7, 2015)

Two Freedom of Expression Violation Verdicts by ECHR

The ECHR today in two different verdicts concluded the application of Ahmet Sami Belek and Savaş Velioğlu from Günlük Evrensel newspaper and Müdür Duman from People's Democracy Party (HADEP).

In both cases Turkey was concluded to violate right of freedom of expression and condemned to pay 575 euros to Belek, 285 euros to Velioğlu and 1,250 euros for each as solatium. It was also ruled for Duman to be paid for 12,500 euros as solatium and 3,200 euros for law costs.

"Democratic society" emphasis in the verdict

HADEP Eminönü District President Müdür Duman was charged with having Kurdistan Workers' Party (PKK) flags, publications and articles and books written by PKK leader Abdullah Öcalan in his house. Duman's objections agains the charges had been overlooked by the court.

On July 15, 2001, he was found guilty in the court ruling in which he was absent and couldn't find a chance to submit his final defense for "promoting crime and criminal" and "overlooking crime" and sentenced to six months of prison and 91,260 liras (approximately $30,000).

ECHR: There is no hate speech or call for violence

Second ruling of the ECHR was about the application of managin editor of the newspaper Müdür Belek and editor Velioğlu. On May 21, 2003, an article that included the statements of members of the Kurdistan Freedom and Democracy Congress was published in the newspaper. In the article democratic solution was demanded for the Kurdish question. A day later, a prosecution was brought against the journalists. On December 10, 2003, State Security Court ruled Belek to pay 575 euros, Velioğlu 285 euros, in addition, a three-day publication ban was imposed on the newspaper. Belek and Velioğlu went to ECHR on November 4, 2004 upon their sentences were approved.

ECHR stated that "the article counted as crime element does not involve hate speech and doesn't call for violence" in its ruling which it found Turkey guilty for violation of freedom of expression.


The European Court of Human Rights (ECHR) has ruled that charges pressed against Günlük Evrensel newspaper writers Ahmet Sami Belek and Savaş Velioğlu, and Müdür Duman from HADEP are violation of freedom of expression and condemned Turkey to indemnity.
(BIA, Oct 6, 2015)

Turkish journalists rally for press freedom amid pressure



Turkish journalists have rallied in Istanbul in a show of solidarity with their colleagues who have been facing politically-motivated attacks and threats in the past weeks.

After the protest started in the Beyoğlu district's Tünel neighborhood on Oct. 3, journalists marched to Galatasaray Square with a placard reading "Free press cannot be silenced."

Dozens of prominent journalists, including Hürriyet Editor-in-Chief Sedat Ergin, Hürriyet Daily News Editor-in-Chief Murat Yetkin, Hürriyet columnist Tufan Türenç and Hürriyet Digital Coordinator Bülent Mumay, joined the protest.

"From issues about freedom of the press, we arrived at a point where we don't even have life safety. We have serious concerns," Press Council President Pınar Türenç said in a statement on behalf of protesters, condemning recent threats and attacks.

Hürriyet's Istanbul headquarters were pelted with stones by mobs on Sept. 6 and Sept. 8. The newspaper's prominent columnist Ahmet Hakan was injured in an assault by four men in front of his home on Oct. 1.

"We won't leave Turkey to these bandits and bullies. We are here to show it," Hürriyet Editor-in-Chief Ergin said, stressing that similar rallies can be organized each Saturday if needed.

A number of politicians from the Republican People's Party (CHP) and the Peoples' Democratic Party (HDP) also attended the rally.

"Those who cannot confront criticism with words resort to slander, lies and threats. And when slander is not enough, they resort to violence," HDP deputy Garo Paylan said after the rally.
(hurriyetdailynews.com, Oct 3, 2015)

Journalists Sued Every Day Allegedly Insulting the President Erdoğan

Managing Editor Vural Nasuhbeyoğlu and Publisher Mehmet Akif Koşar of Evrensel Daily have been sued for “insulting the President” according to the Article 299 of Criminal Code of the Republic of Turkey (TCK). The trial will start on October 1, 2015.

According to the Article 299, a person who insults the President shall be sentenced to 1 to 4 years in prison.

Evrensel’s lead writer İhsan Çaralan and other columnists Mustafa Köz and  Erol Aral also were opened investigation for their columns.

In the first three weeks of September, at least 19 media employees were sued:

Caricaturist Musa Kart (Cumhuriyet), journalists and columnists Ekrem Dumanlı (Zaman),Ertuğrul Özkök (Hürriyet), Yavuz Baydar (Bugün), Tayfun Talipoğlu(Yurt), Onur Erem (BirGün), Murat Çapan (Nokta), Hasan Cemal (T24),Aytekin Gezici (Twitter),  Gökçe Fırat Çulhaoğlu (Türk Solu), Atilla Taş(Meydan), Gülizar Baki (Meydan), Levent Kenez (Meydan), Ahmet Altan Vural Nasuhbeyoğlu (Evrensel), Mehmet Akif Koşar (Evrensel),İhsan Çaralan  (Evrensel), Erol Aral (Evrensel) and Mustafa Köz(Evrensel).

Before September…

Many columnists and editor-in-chiefs; Özgür Mumcu (Cumhuriyet), Barış Pehlivan(Odatv.com), Ender İmrek (Evrensel), Barış İnce (BirGün) were put on trial according to the Article 299 before September. Judicial oppression from many different politic people also affects the universities and activist people.
(BIA, Oct 1, 2015, 2015)

Hürriyet columnist Ahmet Hakan injured in 'organized assault'

Four men, arriving with a black Honda at 12:35 a.m. Oct. 1, attacked Hakan in Istanbul’s Nişantaşı neighborhood, as the columnist was returning home after hosting his program on private broadcaster CNNTürk. While one of the assailants targeted Hakan’s bodyguard, others attacked Hakan.

After the attack, perpetrators left the scene with the same car, with license plate number 34 VY 7765. Police detained three suspects after the attack. Another suspect was detained early Oct. 1.

Ahmet Hakan, who was hospitalized with broken bones in his nose and ribs, was discharged from hospital early Oct. 1.

“Such attacks will never intimidate us. We are not afraid. We will continue walking on the path that we know is right,” Hakan said in a message conveyed to the public by Hürriyet Editor-in-Chief Sedat Ergin.

“According to the information we have, the assailants followed Hakan after he left the television building. We see that it was an organized, planned attack,” Ergin told journalists in front of the hospital.

Daily Hürriyet’s headquarters in Istanbul was attacked by pro-Justice and Development Party (AKP) protesters on Sept. 6.
After less than 48 hours, the building was attacked by another club-swinging, stone-pelting group.

AKP MP Abrurrahim Boynukalın was filmed while delivering a fiery speech in front of Hürriyet amid the first violent attack.
Boynukalın was filmed in another video while explicitly threatening Hakan and Ergin.

Threats continued after the attack as Boynukalın enjoyed impunity.

“Like schizophrenia patients, you think you are still living in the days when Hürriyet was running the country. We could crush you like a fly if we want. We have been merciful until today and you are still alive,” Star newspaper columnist Cem Küçük said in a Sept. 9 article.

All suspects who were detained after the attacks targeting the newspaper building were released.

Boynukalın, who was earlier filmed while saying that “Our mistake was that we never beat them in the past,” addressed the issue in a tweet soon after the assault targeting Hakan.

“We are not as perfidious as beating a journalist with four men in front of his home,” Boynukalın said.

Meanwhile, Republican People’s Party (CHP) leader Kemal Kılıçdaroğlu has expressed his concerns on the assault.

“I am extremely sad. A dear journalist was first threatened with death and now physically assaulted. It creates great concern among us that tension in society has reached this point. It is our great desire that the government should take very careful and consistent steps over attacks targeting the media. Security forces will also fulfill their duty by finding the real perpetrators of this incident,” said Kılıçdaroğlu.
(hurriyetdailynews.com, Oct 1, 2015)

Kurdish Question / Question kurde

1er novembre: Appel pour une journée mondiale de solidarité avec Kobanê


Kobanê et les deux autres cantons du Rojava (Kurdistan de l’ouest, Syrie) sont confrontés à des assauts incessants depuis le 19 juillet 2012, date de la proclamation de l’autonomie démocratique sur leur territoire. Cette région aspire à construire un nouveau système fondé sur l’auto-gouvernance, et ouvert à la diversité socio-culturelle, religieuse et ethnique.

La population du Rojava a fait preuve d’une détermination exceptionnelle dans sa volonté de construire une nouvelle administration, repoussant les attaques des groupes extrémistes. Cette détermination a culminé avec la résistance populaire de Kobanê qui a marqué le début de la fin du mythe de Daesh et prouvé au monde que la réunion de la volonté de la population et des institutions locales était suffisante pour combattre le terrorisme et défendre l’humanité et la paix.

Le prix de cette victoire a cependant été très élevé et ses effets sont  visibles dans notre vie quotidienne. Kobanê, la capitale de la résistance, est en ruine. 70% de ses habitations sont détruites et beaucoup de ses habitants ont émigré, se dispersant aux quatre coins du monde. Toutefois, la volonté de la population de retourner chez elle et de reconstruire cette ville martyre qui a payé un si lourd tribut pour défendre l’humanité est très forte. Malgré le manque de médicaments et de nourriture dû à la fermeture de l’unique poste-frontière avec la Turquie, la population guidée par les unités de protection du peuple et des femmes (YPG et YPJ) continue à résister contre Daesh grâce à la coh& eacute;s ion entre toutes les composantes du Rojava (Kurdes, Arabes, Syriaques, Assyriens) et avec l’aide des frappes de la coalition internationale.

La population de Kobanê et du Rojava attendait de toutes celles et ceux qui partagent ses valeurs de paix et de justice un soutien fort contre le terrorisme, pour la reconstruction de Kobanê et pour l’ouverture d’un couloir humanitaire, ce qui nécessite une pression renforcée sur la Turquie. Cependant, le soutien s’est limité à des promesses qui n’ont pas encore été réalisées. C’est pourquoi, le 1er novembre, nous appelons tous les peuples à manifester leur solidarité avec Kobanê et sa courageuse population qui a ému le monde par sa résistance et sa victoire contre les ennemis de l’humanité.

Plus la population du Rojava et de Kobanê sera soutenue, plus fortes seront les chances pour la paix et l’égalité de l’emporter sur la barbarie dans cette région du monde.

Le Conseil exécutif du canton de Kobanê – Syrie

Conseil Démocratique Kurde en France (CDKF)
16, rue d'Enghien - 75010 Paris
Tel: 09.52.51.09.34

Le HDP sous pressions avant les législatives

Bête noire des jihadistes et du gouvernement, le principal parti prokurde de Turquie est contraint de mener une campagne discrète à quelques jours des élections législatives anticipées de dimanche, gêné aux entournures par la reprise du conflit kurde.

Il y a cinq mois, le charismatique chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP) paradait sur les estrades devant des milliers de partisans enthousiastes.

Dimanche, Selahattin Demirtas s'est contenté d'un menu politique des plus allégés. Un thé avec une poignée d'ouvriers sur un chantier à l'aube, une omelette avec des étudiants à la mi-journée, puis un discours devant quelques centaines de partisans entassés dans une salle de conférences mal éclairée d'Istanbul.

"C'est une période très difficile pour notre parti, nous devons faire face au gouvernement et à Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique)", explique Emin Ergin, un militant de 67 ans. "Je suis kurde et j'ai connu les dictatures", confie-t-il, "mais pour la première fois de ma vie, je ne suis pas rassuré en allant à un meeting".

Après celui qui avait déjà visé un de ses meetings à Diyarbakir le 5 juin, l'attentat qui a tué le 10 octobre à Ankara 102 militants de gauche et de la cause kurde lors d'une "marche pour la paix" a bouleversé la campagne du HDP.

Dans la foulée, le parti a annulé tous ses rassemblements de masse, remplacés par des "rencontres" en lieux clos, préalablement inspectés par des chiens renifleurs.

Depuis cet attentat qui porte la marque jihadiste, M. Demirtas ne retient plus ses coups. D'ordinaire mesuré, il accuse le gouvernement islamo-conservateur d'avoir délibérément négligé la sécurité du rassemblement d'Ankara et le président Recep Tayyip Erdogan de diriger un "Etat tueur en série".

Le régime et le HDP sont à couteaux tirés depuis les législatives du 7 juin.

En décrochant 80 sièges de députés et près de 13% des suffrages, le mouvement de M. Demirtas a mis fin au contrôle absolu que le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan exerçait au Parlement depuis treize ans.

- 'Au bord de la guerre civile' -

"Il (Erdogan) conçoit la politique comme un pouvoir personnel. il se voit comme le chef religieux d'un califat", a lâché dimanche M. Demirtas.

En retour, le chef de l'Etat et son Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu reprochent au HDP d'être les "complices " de "ceux de la montagne", où se trouve l'état-major du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Depuis l'attentat de Suruç (sud), attribué aux jihadistes, qui a tué 34 jeunes militants de la cause kurde fin juillet, le PKK a repris ses attaques meurtrières contre l'armée et la police, symboles d'un Etat qui a selon lui négligé la sécurité de la population kurde.

Et même si M. Demirtas répète que le HDP n'est pas la "vitrine politique" du PKK, la reprise du conflit kurde, qui a fait 40.000 morts depuis 1984, a fragilisé sa position. Les rebelles l'ont même embarrassé en décrétant une trêve jusqu'au 1er novembre afin, ont-ils plaidé, de ne pas "gêner" sa campagne.

 "+Traîtres à la patrie+, +ennemis de la nation+. Vous remarquez qu'ils (le pouvoir) ne parlent jamais de nous comme des adversaires politiques", dit M. Demirtas. "Ils ont poussé la Turquie au bord de la guerre civile, au point où des gens se haïssent".

"Ils le salissent parce qu'ils sont jaloux", estime Kenan Oztürk, 24 ans, qui soutient le HDP. "L'arbre qui donne des fruits finit toujours par être caillassé", philosophe-t-il. "Les autres hommes politiques sont encore dans le passé. Selahattin Demirtas, lui, est proche de nous", renchérit Rabia Aktürk, une jeune militante de 22 ans.

Malgré un environnement difficile, le HDP espère confirmer sa percée de juin et même améliorer son score. Les sondages le créditent de 12 à 14% des intentions de vote.

Sous l'impulsion de M. Demirtas, le parti a élargi sa base au-delà de la seule défense de l'autonomie kurde. Il s'est transformé en une formation de gauche moderne, qui défend "toutes les minorités" et se pose en "seule vraie alternative" à l'AKP.

S'il espère passer la barre des 100 députés, l'avocat de 42 ans ne s'attend pas à former "un nouveau gouvernement alternatif après le 1er novembre". "Mais nous allons franchir une nouvelle étape", répète-t-il, "grandir et nous rapprocher de notre but".
(AFP, 27 octobre 2015)

Moscou reçoit des représentants des Kurdes syriens

L'envoyé spécial du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, a reçu mercredi à Moscou des représentants des Kurdes syriens, malgré la mise en garde d'Ankara contre toute aide de la Russie aux combattants kurdes syriens.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères s'est entretenu avec Assia Abdallah, coprésidente du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), et Anwar Muslim, chef de l'administration de Kobané, a annoncé la diplomatie russe dans un communiqué.

Au cours de cette rencontre, Moscou "a souligné la nécessité de consolider les efforts de chaque groupe ethnique et religieux composant la société syrienne, y compris les Kurdes, pour l'éradication du terrorisme en Syrie".

Les milices kurdes du PYD ont été le fer de lance d'une reconquête sur le groupe Etat islamique de territoires situés le long de la frontière avec la Turquie, avec un soutien américain, et la participation de groupes arabes locaux.

Pour sa part, la Turquie considère le PYD comme un parti "frère" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène la guérilla depuis 1984 contre ses forces de sécurité sur son territoire.

Ankara avait convoqué l'ambassadeur de Russie il y a une semaine pour leur adresser une "mise en garde nécessaire" et rappeler "la position de la Turquie au sujet du PYD".

"La Turquie ne peut tolérer aucune coopération avec des organisations terroristes qui font la guerre contre elle", avait déclaré le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu.

Début octobre, l'envoyé spécial du Kremlin pour le Moyen-Orient avait également rencontré le chef du PYD Salih Muslim pour discuter de coopération en matière de lutte antiterroriste.
(AFP, 21 octobre 2015)

Une ville mixte rejoint la région autonome kurde en Syrie

Une ville mixte en Syrie, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait été chassé en juin, va rejoindre l'administration autonome kurde dans le nord du pays, a annoncé mercredi un important parti kurde syrien.

Selon le Parti de l'union démocratique (PYD), principale formation kurde en Syrie, le conseil local de Tall Abyad a fait part mercredi de son accord pour être dirigé par "l'administration autonome, et faire formellement partie de l'administration autonome du canton de Kobané".

En juin, les forces kurdes et leurs alliés rebelles arabes avaient expulsé les combattants de l'EI de Tall Abyad, ville située dans la province de Raqa.

Un conseil local composé de Kurdes et d'Arabes se charge depuis des affaires courantes de la ville.

Cité par le PYD, un responsable local a affirmé que Tall Abyad allait devenir "un modèle de coexistence pacifique pour l'ensemble du peuple syrien".

L'administration autonome kurde s'est mise en place lorsque l'armée syrienne s'est retirée de la quasi-totalité du nord et nord-est syrien à majorité kurde en 2012, l'année qui a suivi le début du conflit syrien.

Ce territoire autonome est divisé en trois "cantons", celui de Kobané (nord), Jaziré (nord-est) et Afrine (nord-ouest).

Au début du mois d'octobre, la principale milice kurde et des groupes rebelles arabes qui combattaient ensemble depuis longtemps ont décidé de formaliser leur alliance au sein de la coalition des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui inclue des Kurdes, des Arabes et des chrétiens syriaques.

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 après la répression de manifestations réclamant des réformes, est devenu complexe au fil des années avec une multiplication des acteurs, locaux et étrangers, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a causé la mort de plus de 250.000 personnes et poussé à la fuite des millions de Syriens.
(AFP, 21 octobre 2015)

International Kurdish Conference kicks off in Moscow

The International Kurdish Conference, organised jointly by the Union of International Kurdish Social Institutions and Russian Institute of Strategic Research (RISI) has kicked off in Moscow.

The conference under title “Foundation Perspective of International Coalition for Struggle against ISIS”, is attended by delegations from North Kurdistan and Rojava, chair of A Just Russia, Sergey Mironov, as well as many other politicians, academics, Middle East and Asia researchers and journalists. The Kurdish institutions and organisations based in Russian Federation are also attending the conference.

'KURDS PLAY AN IMPORTANT ROLE IN THE PROCESS'

The opening speech of the conference was made by the head of Russian Institute of Strategic Research, Leonid Petrovich, who stressed that a new process is underway in the Middle East and that the Kurds play an important role in this process. “This is why we will assess the strategic importance of both the region and the Kurds in our conference”, said Petrovich.

Speaking after, A Just Russia party chair Sergey Miranov recalled that there are some forces disturbed by the Russian intervention in Syria, adding;

“The U.S. is taking decisions to determine the faith of Syria without asking the opinions of other powers. However, at the current stage, it has been proved how wrong these decisions are. Additionally, the U.S. does not take into consideration the national interests of the people as it acts in line with its own interests and leaves a wreck behind everywhere it intervenes. Vladimir Putin has clearly expressed Russia's attitude and tha it will no more remain silent on the developments taking place in the region.”

'U.S. DOESN'T HIT REAL TARGETS'

Stressing that the U.S. in fact helps ISIS by not hitting the places that must actually be targeted, Miranov went on saying that all the international forces should take a joint decision about Syria and the peoples living in the region, as this is not a decision to be left to one single state or force alone.

Miranov further drew attention to the assessments of Russian President Putin at the UN General Assembly, saying the coalition against ISIS can achieve important results only if it truly undertakes its responsibilities, in which the influence of Russia must also be taken into consideration.

“Global forces consider Russia as a threat to themselves. However, everyone knows very well that the international coalition can be successful neither against ISIS nor in Syria unless Russia is included”, he underlined.

'SOME ARE DISTURBED BY THE RUSSIAN INTERVENTION IN SYRIA'

Noting that there are some forces disturbed by the Russian intervention in the Syria, Miranov said; “We have considered PYD from very beginning as having an important mission in Syria. PYD strengthens the possibility of a democratic solution in Syria with its presence. We are ready to work together with all the forces against ISIS”, stressed Miranov.

The conference continues with the speeches of representatives from Kurdish institutions and international organisations.
(ANF, Oct 20, 2015)

Ban on HDP election brochures for promoting ‘self-governance’

An Ağrı court has ordered the confiscation of brochures prepared by the pro-Kurdish People’s Democratic Party (HDP) for the upcoming general elections on the grounds that it promotes local self-governance.

The Ağrı Penal Court of Peace reportedly took the decision on Monday at a request filed by the Ağrı Chief Public Prosecutor’s Office. According to the decision, the brochures were reading: “We support all people live on their own will with their differences. We believe in direct democracy. We defend strengthening of local governments and self-governance. We want to elect our own governor and district governor.”

The BirGün daily reported that in line with the ruling, authorities wanted to confiscate brochures as a group of HDP members were distributing them in Aydın.

Several mayors from the HDP were earlier detained in police operations launched after claims of a declaration of self-governance in their districts.

The HDP election declaration puts emphasis on "democratic autonomy" and "common homeland" as well as seeking a solution to the Kurdish issue based on peaceful methods rather than taking up arms.

"The central administration's full control over the local administration will be eliminated and democratic autonomy will play a crucial role in the future democratization of Turkey, the solution to the Kurdish issue, the establishment of social peace and the founding for a unity among nations. All required steps to promote and maintain administrations based on local democratic preferences will be taken. The ideal of democratic autonomy will be put into practice to ensure that all may take part in the political decision-making process," the HDP underlined.

The party also committed to establishing "regional parliaments" that will be inclusive of their constituents' political, economic, social, geographical and cultural diversity, and which will feature governors who are elected rather than assigned. (TODAY'S ZAMAN, Oct 19, 2015)

Turkish army demolishes martyrs' cemetery and cemevi in Dersim

The extensive operation of Turkish troops in the rural areas surrounding Pülümür valley continues intensely.

'Selcan Çiçek and Dr. Baran Cemetery', which houses graves of fallen PKK militants and victims of Dersim massacre perpetrated by state forces in 1938, was shelled by the Turkish army with helicopters and tanks. The human shields in the area on the other hand were hindered by soldiers from going to the operation area.

The extensive operation by Turkish troops continues in the rural areas of Pülümür Valley since it was started after the closure of Dersim-Pülümür road by an order from Dersim Governorate three days ago. The army has deployed additional troops and airdropped more soldiers in the area.

While the operation intensifies mainly in the triangular area between Hakis (Büyükyurt), Dokuzkaya (Malka Sor) and Alacık (Zage), Cobra type helicopters shelled 'Selcan Çiçek and Dr. Baran Cemetery' which houses graves of PKK militants and victims of the Dersim massacre perpetrated by state forces in 1938. After shelling the cemetery, Turkish soldiers also blew up the Cemevi (Alevi place of worship) in the graveyard with explosives. The graves in the cemetery were also destroyed by bombardments launched from tanks.

COMMUNICATION CUT WITH THE PEOPLE IN THE REGION

While transportation in the region has been banned by Turkish forces amid frequent sounds of explosions, communication with the people in the villages of Nazmiye and Pülümür districts has been completely cut. It is reported that electricity transmission towers in the area were damaged under intense bombardments and power has been cut in the district centre and the villages. The electricity shortage has also rendered the pumps providing water for villages ineffective.

While bombardments by Turkish troops continue since yesterday evening, intense reconnaissance flights have also been taking place over the region.

In the meantime, soldiers shelled the operation area once again this morning as clashes continue between Turkish troops and HPG guerrillas that respond to the attacks.

HUMAN SHIELDS PREVENTED BY SOLDIERS

In another development, around a hundred people who include HDP Dersim deputy Edibe Şahin, representatives of NGOs as well as Gürsel Özbey, father of sergeant Semih Özbey who was detained by PKK guerrillas on September 18, gathered at the city centre to act as human shields and started to march towards the operation area in Pülümür Valley.

The human shields whom soldiers didn't allow access to the operation area started a sit-in action at Tülük crossroad on Pülümür road.
(ANF, Oct 18, 2015)

Declaration of establishment by Syrian Democratic Forces



A total of 13 organizations have announced a joint establishment of Syrian Democratic Forces.

The 13 organizations include,
- YPG/YPJ,
- Al-Sanadid Forces,
- Syriac Military Council,
- Burkan Al-Fırat Operations Center,
- Suwar al-Raqqa,
- Shams al-Shamal,
- Lîwa Al-Selcuki,
- Brigade Groups of Al-Jazira,
- Jabhat Al-Akrad
- Jaysh Al-Thuwar (Revolutionaries' Army involving Jabhat Al-Akrad, Lîwai 99, Special Operations Center 455, Lîwa Al-Selcuki, Ahrar Al-Zawiya, Lîwa Sultan Selîm, Lîwa Şuheda Al-Atarib)
- Lîwai Al-Tehrîr and
- Lîwai 99 Muşat.
The press conference announcing the establishment of Democratic Syrian Forces was attended by a representative from all the mentioned forces.The joint press release was read by Şêx Bender Himêdî El-Deham from Al-Sanadid Forces.

El-Deham said all the forces joining the Democratic Syrian Forces herald the birth of future's Syria, adding; "This democratic step will enable the democratic unity of all Syrian peoples on the basis of women's freedom. Our basic objective is the founding of democratic Syria.”

Deham stated that their founding meeting witnessed a discussion of the situation and developments in Syria, treatment of the previously failed experiences and ascertainment of the intervention by external forces as the main reason of the failure.

Remarking that the meeting was attended by Arab, Kurdish, Syriac, Assyrian and Turkmen representatives, Deham said their primary objective was to fight the ISIS and forces attacking the peoples of Syria. Deham on behalf of Democratic Syrian Forces thanked the coalition forces for the support they provided, and called them to continue their support.

Deham informed that the meeting ended with the establishment of the United Military Council which will handle the works and joint coordination in the name of Democratic Syrian Forces.

Deham called upon all the Syrian men and women to join the ranks of their forces.
(ANF, Oct 15, 2015)

Après l'attentat d'Ankara, la guerre fait rage entre Erdogan et le HDP

L'attentat meurtrier qui a visé samedi une marche pour la paix à Ankara a porté la rivalité entre le gouvernement turc et le principal parti prokurde du pays à de nouveaux sommets, exacerbant les tensions à moins de trois semaines des législatives.

La fumée des deux déflagrations à peine dissipée, le charismatique chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas, a violemment mis en cause la responsabilité du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan dans l'attaque, l'accusant d'être à la tête d'un "Etat tueur en série".

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a riposté en refusant de le recevoir avec les autres chefs de l'opposition.

"Le codirigeant d'un parti représenté au Parlement peut dire publiquement +ces gens ont été massacrés par l'Etat+", s'est indigné M. Davutoglu à la télévision.

L'opposition entre les deux camps est telle qu'ils s'opposent même sur le bilan de l'attaque: 97 morts pour les autorités, 128 pour le parti de M. Demirtas.

Depuis plusieurs mois déjà, l'animosité était vive entre le régime et le HDP, qui a largement contribué à priver, lors des législatives du 7 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan de la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans.

Ce revers a ruiné les rêves du président de modifier la Constitution pour renforcer ses pouvoirs.

D'ordinaire mesuré, M. Demirtas a nettement musclé sa rhétorique après le choc de l'attentat de samedi, qui a tué de nombreux militants ou cadres de son parti.

Cette attaque est la troisième visant le HDP ou ses soutiens. Deux jours avant les législatives de juin, une bombe a fait 4 morts lors d'une de ses réunions électorales dans son fief de Diyarbakir (sud-est). Et le 20 juillet, un attentat suicide a tué 34 militants de la cause kurde à Suruç, à la frontière syrienne.

Dans les trois cas, le groupe Etat islamique (EI) a été clairement mis en cause ou fortement soupçonné.

A chaque fois, le parti prokurde a accusé le gouvernement d'avoir délibérément négligé sa protection. Voire d'avoir collaboré avec les jihadistes, défaits en Syrie par les combattants kurdes qu'Ankara considère comme des "terroristes".

- 'Renverser le dictateur' -

"Ils (le gouvernement) nous ont adressé un message: +nous pouvons tuer qui se met en travers de notre route et étouffer l'affaire+", a accusé M. Demirtas.

Si ce discours a enchanté ses troupes, il a outré le pouvoir. La presse favorable au régime a reproché à son auteur de "tenir une réunion politique" sur les lieux du drame en promettant à ses partisans de "renverser le dictateur", c'est-à-dire M. Erdogan.

Comme le relève Aaron Stein, analyste à l'Atlantic Council, l'idée selon laquelle le pouvoir turc soutiendrait les jihadistes contre les combattants kurdes de Turquie ou de Syrie est "largement partagée" dans les troupes du HDP.

"Demirtas a répété des accusations qui ont conduit beaucoup à penser qu'un attentat du type de ceux menés par l'EI pouvait être lié à l'AKP", explique M. Stein, "ce n'est certainement pas vrai mais cela peut expliquer leur colère".

Depuis la campagne des législatives du 7 juin, le camp du président reproche avec insistance au HDP sa "complicité" avec les "terroristes" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après l'attentat de Suruç, les rebelles ont rompu le cessez-le-feu qu'ils respectaient depuis deux ans et recommencé leurs attentats contre policiers et soldats turcs. La Turquie, qui compte environ 15 millions de Kurdes, soit 20% de sa population, a riposté en bombardant les bases du PKK en Irak. Une escalade qui a rompu les discussions de paix engagées en 2012 entre les deux parties.

La reprise des affrontements entre l'armée et les rebelles a fragilisé la position de M. Demirtas.

M. Erdogan n'a pas manqué de souligner la proximité du dirigeant kurde avec la rébellion, dans l'espoir d'attirer à lui les suffrages nationalistes lors des législatives anticipées du 1er novembre. S'il le pouvait, "il courrait dans les montagnes" où le PKK a ses bases arrières, a récemment raillé le président.

"Demirtas est un dirigeant charismatique capable d'élargir la base électorale de son parti", juge Aaron Stein, mais sa proximité supposée avec le PKK peut lui coûter "politiquement très cher".

A en croire les derniers sondages, qui voient le HDP augmenter son score le 1er novembre, il a jusque-là réussi à écarter ce risque.
de possibles "fautes" de l'Etat  (AFP, 13 octobre 2015)

Le PKK annonce la suspension de leurs opérations avant les législatives

Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont multiplié depuis près de trois mois les attaques contre les forces de sécurité turques, ont annoncé samedi la suspension de leurs opérations à trois semaines des élections législatives.

"Tenant compte des appels venus de Turquie et de l'étranger, notre mouvement a décrété une période d'inactivité pour nos forces de guérilla, sauf si nos militants et nos forces de guérilla étaient attaqués", a écrit l'Union des communautés du Kurdistan (KCK), l'organisation qui chapeaute les mouvements rebelles kurdes.

"Pendant cette période, nos forces de guérilla ne mèneront pas leurs activités prévues et n'engageront aucune autre activité hormis celles destinées à protéger leur situation actuelle et ne feront rien qui pourrait empêcher une élection honnête", a ajouté le KCK dans une déclaration publiée sur son site internet.
 
e document du mouvement ne fait aucune mention de l'attentat qui a visé samedi matin des manifestants qui devaient participer à un rassemblement pour la paix près de la gare d'Ankara, faisant au moins 30 morts et 126 blessés.

Depuis la fin juillet, le PKK a repris sa campagne d'attentats contre les forces de sécurité turques dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, tuant plus de 150 policiers et soldats. L'armée turque a de son côté multiplié les opérations de représailles contre les rebelles, notamment en bombardant ses bases arrière du nord de l'Irak.

Ces violences ont mis un terme au processus de paix engagé en 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara avec les rebelles et sonné le glas d'un cessez-le-feu qui tenait depuis plus de deux ans.

Dans un entretien accordé mardi à l'AFP dans son repaire irakien, le chef du PKK Cemil Bayik avait annoncé une "initiative" destinée à aider le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), avant les législatives anticipées du 1er novembre prochain.

"Nous sommes prêts à cesser le feu dès maintenant", avait dit M. Bayik, "il est nécessaire d'aider le HDP".

Lors des législatives du 7 juin, le HDP avait remporté 13% des suffrages et 80 sièges de députés, contribuant à faire perdre au parti du président Recep Tayyip Erdogan la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans.
(AFP, 10 octobre 2015)

Kurdish Vigil in front of the EC for Ocalan's Freedom

Vendredi 9 october 2015 , Place Schuman at 11.00

We the Kurdish community in Belgium, Holland, France and Germany will have an vigil in front of the European Commission headquarters building on 9th October at 11.00.

Our Vigil will focus on the isolation on Mr, Abdullah
Öcalan. The Kurdish community in Europe is very concerned about the imprisoned Kurdish leader Mr. Öcalan`s situation. Since 5th April 2014 we have any news from him.

We the Kurd's see Abdullah Öcalan as  key chief negotiator and representative of our political aspiration. But, unfortunately, the strategy by the AKP government demonstrates a lack of desire to address the Kurdish question in the country and rather chooses to continue the policy of deliberate annihilation implemented militarily and judicially on the Kurdish people.

Finally, with Erdogan’s ending of the Kurdish-Turkish peace process on the 24th of July 2015 a new total war against the Kurds has been under way. Since this date, Kurdish mountains, villages and geography have been under daily attack and bombardment. For almost a week the Turkish Special Forces, supported by the army, has declared a state of emergency in Kurdish towns and are undertaking extrajudicial killings in the region.

Dear Member of the Press,

We kindly invite you to our VIGIL (public-meeting) on 09th October in front of the European Commission headquarters building on 9th October at 11.00.

State terror and people's resistance continue in Diyarbakir

Both the terror of state forces and the resistance of the people continue in Silvan district of Amed (Diyarbakir).

Deputy co-mayor of Silvan, Zuhal Tekiner, who talked to the district governor was answered that “We have started a cleansing operation”. She stated that Turkish state forces started to attack neighborhoods with tanks and panzers upon the imposition of a curfew.

Tekiner informed that two people have just been been wounded in their area, including a 12-year-old child, Barış Çakış, who has been shot in the foot but couldn't be taken to hospital yet as snipers have also targeted those who went to the scene to carry him into an ambulance in the area.

Tekiner gave the following information regarding the current situation in the town; "Thousands of special operation police have been trying to enter Tekel neighborhood from Mescit neighborhood since yesterday. They are opening fire on every corner of the neighborhood with mortars and heavy weapons. We are facing a threat of imminent massacre as thousands of people in the town are suffering from violence and heavy attacks by special operation teams. We have been able to verify the death toll as 2 but some reports say 4 people have lost their lives and over 20 people have been wounded so far."

Remarking that soldiers on the other hand hindered the entry of hundreds of people coming from Amed and Batman, Tekiner said only DBP Co-President Kamuran Yüksek, HDP Amed deputies Nursel Aydoğan and Sibel Yiğitalp have been allowed access into the town where state forces continue shooting at every single person they see.


Curfew Declared in Silvan, Diyarbakır

A curfew has been declared on Friday since 6 a.m. in Silvan district of Diyarbakır province in southeastern Turkey. Booms and gunshots were heard in the morning.

On October 1, sergeant Tolga Topçuoğlu and specialist sergeant Sinan Uçan died from Kurdistan Workers’ Party (PKK) attack last morning. After the military operation, a curfew was declared.

Curfews in Diyarbakır

These are the curfews declared by governorship in Diyarbakır in September:

From September 13, 2015 at 8 a.m. to September 14, 2015 at 16:30. (Silvan district)

On August 14 and 15, 2015. (Silvan district)

From September 28, 2015 to September 29, 2015 at 5 p.m.  (Hani district’s nine quarters)

From September 27, 2015 to September 27, 2015 at night (Bismil district)

From September 13, 2015 to September 14, 2015 (Sur district)
(ANF, Oct 3, 2015)

Minorités / Minorities

Camp Armen Returned After 175 Days of Resistance

Camp Armen's deed has been returned to Gedikpaşa Armenian Protestant Church Foundation.

According to Uygar Gültekin's news from Agos weekly, the foundation's lawyer Seba Aslangil has expressed that the procedures at land registry office have been completed.

The volunteers entering the 175th day of the resistance in the camp welcomed the return of the deed with joy.

What had happened?

Camp Armen in Tuzla, once hosted orphan Armenian children, started the day with a demolishment attempt on May 6.

Even though volunteers who rushed into Camp Armen upon hearing the demolishment managed to halt the destruction, some parts of the building were demolished.

Following the watch and resistance that began upon this incident, title owner of the land on where the building is situated, Fatih Ulusoy, declared on May 23 that he will donate the land to Gedikpaşa Armenian Protestant Church Foundation. However, the land wasn't donated.
(BIA, Oct 27, 2015)

Une question importante relative aux dossiers scandaleux d'Europalia

Arnaud Lismond Mertes demande sur Facebook Info-Turk:

Le festival Europalia Turquie suit scrupuleusement la ligne négationniste de l'Etat turc. Les dossiers pédagogiques mis en ligne par le festival et destinés à nos écoliers belges présentent l'histoire de la Turquie et de l'Anatolie sans aucune mention des minorités Arméniennes et Kurdes ni de leurs cultures plusieurs fois millénaires. C'est comme s'ils n'avaient jamais existé. 100 fois honteux en cette année où l'on commémore le 100e anniversaire du génocide des Arméniens. A l'injure, l'insulte est ajoutée. Mais, Bernard Coulie , que font des professeurs ou des personnes associées à UCL en tant que superviseurs de ces "dossiers pédagogiques"?

Voir en annexe un extrait du site UCL sur ce qu'on attend d'un(e) historien(ne) formé(e) dans ses facultés:




Voici les dossiers pédagogiques scandaleux d'Europalia
niant l'existence des Arméniens, Assyriens et Kurdes!




Malgré la protestation du Comité des Arméniens de Belgique et des organisations cosignataires auprès des ministres de l'Enseignement (http://www.info-turk.be/446.htm#Courrier), les dirigeants d'Europalia-Turquie ont présenté aux enseignants du primaire et secondaire plusieurs dossiers pédagogiques qui conforment à la version officielle que les gouvernements turcs ressassent depuis la Première Guerre mondiale, à savoir une Turquie exclusivement turque.

Voici le lien vers ces dossiers qui font l'impasse sur la volonté centenaire d’éradiquer en Turquie la présence et l’apport culturel des minorités ethniques ou religieuses, victimes soit du génocide des Arméniens, des Araméens-Assyriens-Chaldéens-Syriaques et des Grecs pontiques en 1915 (génocide qu’elle ne reconnaît toujours pas), soit de l'oppression continue de l'État turc.

Encore pire, dans ces dossiers ne se trouvent aucune référence à l'existence des peuples arménien, assyrien ou kurde qui existaient en Anatolie même avant la conquête turque.

http://europalia.eu/fr/images/dossiers-pedagogiques_226.html

Quand on cherche avec Acrobat Reader's "find" les mots "arménien, assyrien ou kurde", rien n'est trouvé dans ces dossiers prétendument pédagogiques, aussi trompeurs qu’inexacts, cautionnés par des universitaires belges!

Courrier adressé par le Comité des Arméniens de Belgique aux ministres de l'éducation

Nouvelle ingérence d'Ankara: Dossiers pédagogiques d'Europalia
Le Comité des Arméniens de Belgique vient d'adresser aux Ministres Joëlle Milquet
et Hilde Crevits un courrier
à propos des dossiers pédagogiques qu’Europalia Turquie
proposera, le 24 octobre, aux enseignants du secondaire


Madame Joëlle Milquet,
Vice-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Ministre de l’Education de la Culture et de l’Enfance.
Place Surlet de Chokier 15-17
1000 Bruxelles

Bruxelles, le 13 octobre 2015

Madame la Ministre,

Nous avons pris connaissance du contenu des dossiers pédagogiques qu’Europalia Turquie proposera le samedi 24 octobre aux enseignants du secondaire.

Nous déplorons que la présentation de l’histoire de la Turquie soit entièrement conforme à la version officielle que les gouvernements turcs ressassent depuis la Première guerre mondiale, à savoir une Turquie exclusivement turque.

Ainsi ce dossier fait l'impasse sur la volonté centenaire d’éradiquer en Turquie la présence et l’apport culturel des minorités ethniques ou religieuses, victimes soit du génocide des Arméniens, des Araméens-Assyriens-Chaldéens-Syriaques et des Grecs pontiques en 1915 (génocide qu’elle ne reconnaît toujours pas), soit de l'oppression continue de l'État turc.

Il nous paraît indigne d’un Etat de droit comme la Belgique et de son exigence d’un enseignement impartial qu’un dossier prétendument pédagogique, aussi trompeur qu’inexact, ait pu recevoir la caution d’universitaires belges et ait pu être imposé par la Turquie et par ses exigences déshonorantes et négationnistes.

Ce dossier, en taisant la culture et la présence des minorités précitées, se fait l’instrument complice d’une désinformation historique.

Nous tenons par la présente à vous faire part de notre légitime émoi et à vous demander avec fermeté et confiance d’intervenir dans cette inacceptable et tendancieuse ingérence de la Turquie dans le programme éducatif belge.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’expression de ma plus haute considération,

Christian Vrouyr,
Président du Comité des Arméniens de Belgique

Cosignataires:

  • Association des Arméniens Démocrates de Belgique-Associatie van Democratische Armëniers in België.
  • Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind - « La Haine, je dis NON »
  • Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
  • Fédération Assyrienne de Belgique
  • Fédération des Araméens (Syriaques) de Belgique.-Federatie van de Arameeërs (Oud-Syriërs) van België.
  • Fondation Info-Turk - Info-Turk Stichting
  • Institut Syriaque de Belgique, Syriac Institute of Belgium.
  • KAMIAN 'K'EN ARGOS Association des Grecs Pontiques de Bruxelles.- Griekse Pontische Vereniging van Brussel
  • Les Ateliers du Soleil
  • Mesrob Machtots

La CEDH donne raison à un négationniste turc, mais pas à tous les négationnistes

La Suisse a violé la liberté d'expression d'un Turc en le condamnant pour avoir nié le génocide arménien, a tranché jeudi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) sans toutefois vouloir remettre en cause la pénalisation des négationnismes, en particulier de la Shoah.

Les propos de Dogu Perinçek, un homme politique turc qui avait qualifié publiquement le génocide arménien de 1915 de "mensonge international", n'ont pas porté atteinte "à la dignité des membres de la communauté arménienne au point d'appeler une réponse pénale en Suisse", notamment car ces propos "ne peuvent pas être assimilables à des appels à la haine" contre les Arméniens, ont estimé par 10 voix contre 7 les juges européens, dans un arrêt définitif.

Profondément divisés sur cette épineuse question, les juges de la Grande chambre ont précisé que ce raisonnement ne concernait pas la négation du génocide des Juifs par les nazis.

Cette précision était attendue avec impatience par les juristes européens, car ce point aurait notamment pu avoir une incidence sur une procédure actuellement pendante en France, par laquelle un négationniste conteste la constitutionnalité de la loi réprimant la négation de l'Holocauste.


Pour la CEDH, pénaliser la négation de l'Holocauste "se justifie", car une telle attitude "passe invariablement pour la traduction d'une idéologie antidémocratique et antisémite".

Dans le cas qui lui était soumis jeudi, la Cour européenne s'est par ailleurs dite "incompétente" pour prendre position quant à la réalité historique du génocide arménien.

Pour déterminer si des propos négationnistes peuvent ou doivent être poursuivis en justice, la CEDH a également souligné la nécessité de tenir compte du contexte et du pays dans lequel ces propos ont été tenus.

Si "la négation de l'Holocauste est surtout dangereuse dans les Etats qui ont connu les horreurs nazies", en revanche dans le cas de M. Perinçek, il n'y a pas de "lien direct" entre la Suisse et "les événements survenus au sein de l'Empire ottoman en 1915", a observé la Cour.

- L'Arménie satisfaite -

Pour Nicolas Hervieu, un juriste français spécialiste de la CEDH, un tel raisonnement est "plutôt habile parce qu'il permet de maintenir ce statut particulier pour la Shoah".

De ce fait, la loi française pénalisant la négation de la Shoah "n'est pas frontalement menacée par cet arrêt", selon lui. En revanche, au vu de cette jurisprudence européenne, il serait "assez difficile de pénaliser la négation du génocide rwandais dans un pays éloigné du Rwanda", a-t-il développé.

Dans ce dossier, c'est la deuxième fois que Dogu Perinçek obtient satisfaction devant la CEDH: un premier arrêt, rendu fin 2013, lui avait déjà été favorable, mais les autorités helvétiques avaient demandé, et obtenu, un nouvel examen de l'affaire.

"C'est un jour historique, car ce jugement porte sur une affaire qui a duré 100 ans", s'est réjoui jeudi à Strasbourg M. Perinçek.

De manière plus surprenante, Erevan a fait part de sa satisfaction, en raison du caractère nuancé de l'arrêt.

"Cela veut dire que les Etats d'Europe peuvent punir la négation du génocide arménien quand celle-ci est vue comme visant à inciter à la violence ou à la haine raciale", a déclaré le procureur général arménien, Guevorg Kostanian.

"Perinçek n'est qu'un provocateur sans valeur dont le discours n'a pas été pris au sérieux et n'a fait aucun mal", a estimé M. Kostanian. "Donc, on n'avait pas besoin de lancer des poursuites criminelles contre lui dans une société démocratique".

L'Association Suisse-Arménie (ASA), en revanche, s'est déclarée "consternée et profondément choquée" par la décision rendue à Strasbourg.

"La liberté d'expression ne peut être utilisée aux fins de réécrire l'histoire, en cherchant à nier ou à justifier un génocide", a-t-elle souligné, dénonçant de la part de la Turquie un "négationnisme d'Etat".

Quant au Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, il voit dans cet arrêt de la CEDH "une grave atteinte à la mémoire des victimes du génocide de 1915 et à la dignité de leurs descendants".
(AFP, 15 octobre 2015)

Europalia: Happy end d’un conte de fée turco-turc?



Dogan Özgüden
Rédacteur en chef d’Info-Turk


Incroyable mais vrai… Un prestigieux festival qui devrait servir à la fraternité entre tous les peuples a été inauguré dans la capitale européenne sous l’ombre affreuse d’un despote turco-islamiste. Un despote qui a déclaré maintes fois son hostilité à la liberté d’expression et de créativité, à l’égalité des citoyens d’origines et de confessions différentes et pire, aux droits de la femme !

Oui, Europalia-Turquie 2015… Malgré tous les avertissements et critiques émis par les milieux démocratiques, ce festival ne sert qu’à privilégier la richesse artistique et culturelle de la partie turco-musulmane-ottomane de ce pays, tout en niant l’existence préalable sur ces terres des civilisations arménienne, assyrienne, grecque et kurde.

Une honte plus grave pour les responsables belges: malgré toutes les critiques, ils ont préféré d’organiser ce festival au 100e anniversaire du génocide des Arméniens et Assyriens, suivi par le massacre des Grecs pontiques et Kurdes. A l’inauguration de ce festival, ils ont honoré un despote qui nie toujours ces atrocités et impose ce négationnisme honteux même aux élus belges d’origine turque.

Il s’agit d’un échec cuisant non seulement pour les dirigeants belges, mais également pour les diasporas issues de cette terre, berceau de toutes les civilisations qui existaient même avant la conquête turco-musulmane au 11e siècle.

Ce « conte de fée » a débuté il y a déjà plus de dix ans. Le 1er février 1994, la Turquie avait été choisie pour l’ »Europalia ‘96 » alors que les hommes et femmes de culture et de science étaient toujours les cibles principales de la terreur d’Etat.  Comme plusieurs démocrates, j’avais protesté contre cette initiative dans un article du journal Le Soir du 23 décembre 1994: «Europalia ’96 » : festivités de la honte ?»

Heureusement à cette époque-là, les organisateurs de l’Europalia ont dû accepter les arguments contestataires et ont annulé en mars 1995 la tenue du festival.

Dix ans plus tard, comme si la Turquie était devenue une véritable démocratie, les médias belges annonçaient que Europalia-Turquie se tiendrait dans la capitale européenne en 2015. La Libre Belgique, par exemple,  donnait l'information avec comme titre : "L’édition 2015 du festival Europalia mettra la culture turque à l’honneur".

Quant aux médias turcs, même ceux qui sont contre le pouvoir islamiste actuel, applaudissaient cette nouvelle comme une victoire du lobby turc dans la capitale européenne contre les diasporas qui se préparaient à commémorer le centenaire du génocide de 2015. Selon ces médias, le ministre turc de la culture les aurait pris à contre-pied en disant: “L’Anatolie est le berceau d’innombrables civilisations, un musée à ciel ouvert. Nous voulons faire connaître la culture anatolienne dans son ensemble, complète et non divisée en compartiments et la culture arménienne en fait partie. Comme les veines d’un seul corps.”

C’est inadmissible.

Dans un communiqué du 28 novembre 2014, nous contestions cet argument mensonger :
Quelques expositions, peut être quelques représentations musicales seront, selon eux, suffisantes pour montrer au public européen que les veines arménienne, assyrienne, grecque de ce corps sont toujours aussi vivantes que la veine turco-islamique dans la Turquie actuelle.

Qu'en est-il du génocide et de la déportation des millions d'Arméniens, Assyriens et Grecs d'il y a 100 ans?

Pourquoi il n'y a - t - il aujourd'hui que quelques dizaines de milliers de descendants de ces peuples autochtones d'Anatolie, peuples qui y existaient déjà avant l'arrivée des Turcs dans "ce berceau d'innombrables civilisations"?

L'Anatolie d'aujourd'hui est-elle vraiment "un musée à ciel ouvert" ou bien "un cimetière à ciel ouvert" d'innombrables civilisations victimes d’exterminations ou de déportations il y a un siècle ?

Qu'en est-il de l'oppression et de l'extermination des peuples kurdes et yézidis? Koçgiri, Seyh Said, Agri, Dersim et Roboski?

Qu'en est-il de la tyrannie sunnite sur la communauté alévie?

Quand a été posée lors d’une conférence une question à propos du centenaire du génocide de 2015, le président d'Europalia International Jacobs de Hagen a répondu qu’il s’agissait d’une simple coïncidence de dates et a rappelé qu’Europalia se veut “apolitique”.

Apolitique?

Alors que toutes les forces démocratiques du monde se préparent déjà à la commémoration du 100e anniversaire du premier génocide du 20e siècle, les dirigeants néo-ottomans et islamistes de la Turquie persistent toujours dans la négation de ce crime honteux commis par l'Empire ottoman sur les terres qui étaient la mère patrie des Arméniens, Assyriens et Grecs.

Honorer un tel régime par l'organisation d'Europalia, est-ce vraiment un acte apolitique?

Malheureusement, les forces d’opposition de Turquie n’ont pas réagi pour empêcher ce scandale politico-culturel !

Malgré quelques déclarations courageuses de personnalités des diasporas arménienne et assyrienne, aucune résistance n’a été organisée contre cette complicité turco-belge.

Le négationniste N°1 de la Turquie a été accueilli en grande pompe les 5-6 octobre 2015 par le couple royal, le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, les président(e)s des chambres et bien entendu par les dirigeants d’Europalia et hommes d'affaires.

Un accueil si aveugle qu’on a préféré ignorer toutes les insolences d’Erdogan qui a réagi tel un sultan ottoman en visite en pays conquis :

Déjà à son arrivée à Bruxelles le soir du dimanche 4 octobre, il a perturbé le trafic sur une des artères les plus importantes de la ville pour s’adresser à ses partisans. Début 2014, il avait déjà fait la même chose, mais malgré les critiques, la Ville de Bruxelles n’avait pas empêché cette fois-ci ce désordre.

Le lendemain, la first lady Erdogan a bloqué les magasins de l’avenue Louise sous la bienveillance de la police bruxelloise.

Encore, deux altercations physiques et violentes entre les bodyguards d’Erdogan et les services de sécurité.

Humiliation de la famille royale belge par Erdogan par un retard excessif lors du dîner au château de Laeken.

Le sultan s’était déjà présenté tardivement au rendez-vous précédent avec le Premier ministre Charles Michel et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, à Val Duchesse.

Malheureusement, il n’y a eu aucune réaction contre ces grossièretés et Erdogan a couronné sa conquête de la capitale belge et européenne le soir du 6 octobre lors de l’inauguration d’Europalia-Turquie par sa présence avec le Roi des Belges au Bozar…

Le despote est reparti tout en renforçant sa propagande de « conquistador » juste trois semaines avant les nouvelles élections législatives. Elections provoquées pour s’assurer une majorité absolue en vue d’élargir ses pouvoirs présidentiels. Il n’a pas hésité à déclencher une guerre civile pour attirer les votes ultra-nationalistes et anti-kurdes.

Les dirigeants belges ont préféré ignorer toute l’arrogance d’Erdogan pour assurer des relations lucratives entre les milieux d’affaires des deux pays et alléger leurs charges concernant l’arrivée massive des refugiés via la Turquie.

Heureusement, RTL a eu le courage de passer un reportage avec Mme Shake Matossian, critique d’art d’origine arménienne, qui résume son impression sur une exposition baptisée Anatolia : « un aperçu de 12.000 ans de culture turque mais pas un mot de la civilisation arménienne » comme celles des Assyriens et Grecs.

Nous félicitons également Le Soir pour ces quelques remarques après l’inauguration : «2015 est le centenaire du génocide arménien. Rien là-dessus? On a l’impression d’un Europalia turco-turc, qui a oublié de présenter ses identités multiples, son drôle de rapport au territoire, à l’Etat. On est plus dans Exploration du Monde (moderne) que dans un Kunsten Festival des Arts (audacieux). Quelles questions sur la Turquie du président Erdogan : un Etat policier qui massacre des civils dans sa région du Kurdistan, des journalistes menacés et emprisonnés, le statut de la femme constamment rabaissé, etc. ? Quelles traces dans une programmation artistique et culturelle d’envergure ? Europalia ne dérange pas et c’est cela qui dérange. » C.MA.

Maintenant, finis les contes de fée…

Les temps sont durs pour les peuples de Turquie et du Proche Orient. Ces peuples souffrent à cause de la folie d’un despote turco-islamiste qui n’a jamais hésité à apporter son soutien logistique aux bourreaux jihadistes de l’EI!

Alors que le festival Europalia sert à la propagande du Sultan Erdogan, les jihadistes continuent à démolir en Syrie et en Iraq toutes les richesses historiques de l’humanité!


Interpellation à la Cocof sur Europalia-Turquie

Interpellation par M. Andre du Bus, député bruxellois, à l’attention de la Ministre Présidente et de la Ministre en charge de la Culture au sein du Collège de la Commission Communautaire française, Madame Fadila Laanan à propos de l’exposition Europalia Turquie

Madame la Ministre,

L’inauguration d’Europalia Turquie est un événement culturel majeur mais qui ne peut se limiter à une lecture strictement culturelle. Pour différentes raisons. D’abord parce qu’il se tient l’année même de la commémoration du centenaire du génocide arménien. Et l’on sait à quel point ce génocide s’est traduit par l’éradication, l’élimination, la destruction systématique -et étalée durant des décennies -d’un patrimoine religieux important, principalement en Anatolie, berceau historique des populations arméniennes.

Ensuite parce que la Turquie persiste à ne pas vouloir reconnaître ce génocide, contrairement à un nombre croissant de pays.

Enfin parce que les circonstances actuelles dans lesquelles se déroulent cet événement – je parle ici de l’actuelle campagne électorale en Turque – se caractérisent par des initiatives et des prises de position très claires de la part de plusieurs acteurs politiques. Je pense entre autre au récent refus d’ouvrir les portes d’un palais du Heysel au président de la Turquie dans le cadre de l’organisation d’un meeting électoral à l’attention des belges et européens d’origine turque, meeting concomitant aux cérémonies d’inauguration d’Europalia Turquie.

Tout cela fait en sorte que cette inauguration n’est pas uniquement un simple fait culturel. Il touche les sensibilités de nombreux bruxellois, d’origines diverses. Des Bruxellois qui suivent attentivement les conditions de cette inauguration tout autant que le contenu de l’exposition et le discours politique qui est tenu. Des Bruxellois qui, à titre d’exemple, se posent la question de savoir pourquoi les institutions représentants les minorités arméniennes, assyriennes, grecques et kurdes n’étaient pas invitées à la programmation d’Europalia-Turquie.

Or il importe qu’Europalia Turquie soit aussi l’occasion d’apaisement de certaines tensions qui se sont manifestées à l’occasion des fêtes de commémoration du centenaire du génocide arménien. Les organisateurs en sont parfaitement conscients car ils ont eux-mêmes procédé à des remaniements, des modifications récentes, par exemple dans l’organisation d’une conférence qui mettait en présence des orateurs qui manifestement ne jouaient pas la carte de l’apaisement et du respect mutuel.

Madame la ministre, vous le savez mieux que moi, la culture est un vecteur identitaire puissant. Sa mise en valeur peut conforter ou infirmer certaines thèses identitaires. Ce qui fait de la culture un vecteur politique tout aussi puissant.

Mon souhait, Madame la ministre, est de vous entendre vous exprimer sur ces enjeux, en tant que ministre bruxelloise de la Culture, qui ne peut ignorer les diversités culturelles qui se multiplient au sein de notre région, qui ne peut ignorer les aspirations au respect et à la compréhension mutuelle.

En réponse à une question parlementaire en mars dernier au parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles, le ministre Rudy Demotte disait qu’Europalia tiendrait compte de toutes les composantes du pays mis à l’honneur et que la dimension arménienne serait assurée à travers différents projets. Il précisait également qu’il s’agissait pour la Fédération Wallonie Bruxelles de contribuer dans les limites de ses moyens au rapprochement entre la Turquie et l’Arménie sur cette question éminemment sensible.

Même si la contribution financière de la Cocof à Europalia Turquie est très faible via WBI, disposez-vous d’informations précises sur une garantie de la représentation équilibrée des composantes historiques et, plus particulièrement de la dimension arménienne, dans le cadre de cette exposition ? Par ailleurs, pouvez-vous vous joindre à l’avis du ministre Président Rudy Demotte pour avancer, au départ de vos compétences de la Cocof, sur un rapprochement, aussi minime ou symbolique soit-il, entre la Turquie et l’Arménie sur ces questions auxquelles de nombreux Bruxellois restent très attentifs ?

Je vous remercie pour votre attention.

André du Bus

Europalia: Mauvaise année pour la Turquie
En adoubant la Turquie comme hôte du 25e festival Europalia, les autorités belges se sont mis à dos les Arméniens de Belgique. Mais pas seulement. Tout cela au nom de la realpolitik, surtout économique
Par François Janne d’Othée, Le Vif/L'Express, 2 octobre 2015

C’est un hôte controversé qui s’apprête à couper le ruban du 25e festival culturel Europalia consacré à la Turquie : l’autoritaire président turc Recep Tayyip Erdogan inaugurera, le 6 octobre au côté du roi Philippe, la grande exposition Anatolia au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (voir page 64). Même si Turquie et Belgique sont des partenaires de longue date, notamment au sein de l’Otan, le tapis rouge déroulé à l’Etat turc, partenaire obligé de ce festival, reste en travers de la gorge non seulement des Arméniens et Kurdes de Belgique, mais aussi d’élus de la N-VA, pourtant dans la majorité fédérale, qui ont décidé de boycotter le dîner au Parlement belge en l’honneur d’Erdogan.

Tout au long de 2015, le pouvoir turc s’est trouvé sous le feu des critiques sur au moins trois fronts : la commémoration du génocide arménien, qu’il s’évertue à nier, la guerre en Syrie, qu’il a contribué à attiser, et le regain de tension avec les Kurdes sur fond de nouvelles élections prévues le 1er novembre prochain. Autant d’ombres jetées sur un festival Europalia à nouveau plongé dans les crispations de 1995, quand l’édition consacrée au pays d’Atatürk avait finalement dû être annulée pour manque de diversité culturelle et atteintes aux droits de l’homme.

Organiser Europalia Turkey l’année même du centenaire du génocide arménien n’était pas la meilleure idée. « Nous le ressentons comme un manque de tact absolu », déclarait en avril Christian Vrouyr, président de la communauté arménienne de Belgique. Le pouvoir turc se refuse toujours à reconnaître les massacres de 1915 comme un génocide malgré l’abondante documentation en ce sens. Les Arméniens ne sont pas les seuls à dire « non à Europalia » : les Araméens, les Syriaques, les Kurdes et le Comité de soutien aux chrétiens d’Orient les ont rejoints pour réclamer l’annulation de l’événement et se déclarer choqués que le roi Philippe accueille « en grande pompe et en ami » le chef d’un gouvernement négationniste.

D’autant que le gouvernement belge, par la voix de Charles Michel, a finalement reconnu le génocide arménien. Dans la foulée, une résolution a même été votée au Parlement fédéral, mais tellement light qu’elle n’a jamais menacé la venue d’Erdogan à Bruxelles. « Le texte a sans doute été écrit par des diplomates des deux pays », subodore l’ancien bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux (PS), qui reconnaît que, sur ce coup, « Reynders a joué finement ». Finement ? Pas au goût des descendants devenus belges des victimes de 1915 qui rappellent, en outre, que les non-musulmans restent souvent des citoyens de seconde zone en Turquie. Ils poursuivent : « Si l’Allemagne fédérale n’avait pas admis sa responsabilité dans la Shoah et condamné le nazisme, la Belgique lui aurait-elle offert les vitrines d’Europalia (NDLR : en 1977) ? ».

« Le hasard du calendrier »

Du côté belge, on assume complètement le choix. « Bien sûr, on savait que 2015 était une année de commémoration, avance Kristine De Mulder, directrice du festival. C’est vraiment le hasard du calendrier. Je peux comprendre l’émoi de la communauté arménienne, mais le souvenir du génocide est-il moins douloureux en 2014 ou en 2016 ? D’autre part, la commémoration s’est tenue en avril, et nous sommes en octobre. Il ne faut pas exagérer non plus. » D’après elle, la Turquie était depuis un certain moment sur le haut de la liste, et « plusieurs raisons » ont poussé à ce choix. Elle évoque la richesse culturelle de ce pays, mais aussi le double anniversaire 45/25 : 45 ans d’existence d’Europalia et 25e édition. « Il nous fallait un pays qui fasse le pont entre l’Europe et l’Asie », d’où proviennent deux des trois derniers invités, la Chine et l’Inde. Kristine De Mulder évoque encore l’importante communauté turque en Belgique, à laquelle elle aurait pu ajouter les 700 000 Belges qui passent chaque année des vacances à Istanbul, Antalya ou Izmir. Elle ponctue : « La Turquie reste candidate à une entrée dans l’Union européenne, et nous ne pouvons l’ignorer. »

Et quid de la sélection des œuvres d’art ? Les minorités seront-elles représentées ? « Les artistes arméniens, kurdes ou alevis ne veulent pas nécessairement se profiler comme tels, réplique Kristine De Mulder. Ils sont d’abord Turcs. Notre impératif est inverse : nous voulons que l’art relie les gens. Ainsi, le festival mettra à l’honneur le plus grand photographe d’Istanbul. Il s’appelle Ara Güler, il est d’origine arménienne, mais il est d’abord le plus grand photographe d’Istanbul. On ne se focalise pas sur les identités, mais uniquement sur l’intérêt artistique ». Cela n’a pas empêché un premier couac : la Maison du livre de Saint-Gilles a décidé d’annuler ses soirées programmées dans le cadre d’Europalia, à la suite du refus de deux journalistes de participer à « une entreprise de propagande du pouvoir turc », à cause de la présence d’un écrivain, Markar Esayan, qui s’avère être arménien mais aussi député du parti au pouvoir AKP (Parti de la justice et du développement).

Campagne électorale

La Turquie n’est toutefois pas l’Arabie saoudite ni la Syrie. Autrement dit, la légitimité démocratique du président Erdogan revient comme un argument pour justifier la tenue d’Europalia Turkey. Or, pour ses détracteurs, le président turc semble de plus en plus à l’étroit dans ses habits démocratiques. Il rêve de changer la Constitution pour doper ses pouvoirs, mais la montée en puissance du parti prokurde HDP aux législatives de juin dernier a privé l’AKP de sa majorité absolue. L’opposition l’accuse d’avoir fait capoter les discussions pour la formation d’une coalition, et d’attiser les tensions à l’égard des Kurdes afin d’apparaître comme l’homme providentiel au prochain scrutin.

Recep Tayyip Erdogan aura donc besoin d’engranger un maximum de voix. A trois semaines des élections, le « nouveau sultan » devrait profiter du passage dans notre pays pour rallier la communauté turque de Belgique, où il reste très populaire. Avec ses 130 000 électeurs potentiels, elle pèse d’un poids certain. En Belgique comme dans les pays voisins, près des trois quarts des électeurs votent pour l’AKP. En mai dernier, à la veille des législatives, Erdogan s’était produit telle une rock star dans l’Ethias Arena d’Hasselt, face à 15 000 fans exubérants.

Sur le terrain turc, c’est une « logique de guerre » qui prévaut désormais, accusent les deux seuls ministres HDP qui viennent de démissionner. Certains parlent de terreur organisée : arrestations de militants et de journalistes, couvre-feu dans certaines localités du Kurdistan, mise à sac de bureaux du HDP, le tout sur fond de bombardements de positions du groupe rebelle kurde PKK en Irak et d’attentats contre les forces turques... Le 9 septembre, le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, se disait « inquiet » de ce regain de violence, mais condamnait uniquement les attaques revendiquées par le PKK.

Ce conflit ranimé avec les Kurdes s’inscrit dans un autre : la guerre en Syrie. Depuis le début, le président islamo-conservateur a clairement pris le parti des rebelles syriens, jurant la perte du président Bachar al-Assad. Il n’a pas hésité à armer des combattants et a longtemps fermé les yeux sur les incessants passages de djihadistes, y compris belges, au-delà de la frontière syrienne. Et si Erdogan s’est finalement résolu à combattre l’Etat islamique, ennemi juré des Occidentaux, ce ne serait qu’un paravent pour mieux bombarder les positions du PKK. Entre-temps, le bilan de la guerre s’élève à 240 000 morts, et les flots de réfugiés vers l’Europe via la Turquie ne tarissent pas.

Un gros client

Du côté belge, c’est la mansuétude qui prévaut. Didier Reynders évite tout geste qui pourrait froisser l’ombrageux partenaire d’Ankara avec qui il partage la même position anti-Assad, et qui exerce un ascendant certain sur l’électorat belgo-turc en Belgique. Concernant l’Arménie, il s’y est rendu le 27 avril dernier, soit... deux jours après la commémoration, alors qu’il se profilait naguère comme un ardent défenseur de la cause. Pourquoi ce revirement ? Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, on renvoie à la « diplomatie économique », chère au ministre.

Commercialement, la Turquie pèse d’un poids certain : 13e client de la Belgique et 19e fournisseur, même si la position tend à s’effriter. Le commissaire d’Europalia n’est autre que le baron Luc Bertrand, président du comité exécutif d’Ackermans et van Haaren, groupe spécialisé dans le dragage des ports. Une des trois expositions phares d’Europalia aura d’ailleurs pour thème « Istanbul - Anvers, deux ports, deux villes ». Lors de la présentation du programme, Luc Bertrand (dont la fille Alexia vient d’être nommée chef du cabinet « vice-Premier » de Didier Reynders) ne s’est pas privé de souligner l’intensité des échanges entre les deux pays.

Pour le journaliste belgo-turc Mehmet Koksal, « Europalia ressemble trop à du maquillage pour des intérêts financiers. Les entreprises ne sont-elles pas à même d’organiser cela toutes seules ? Pourquoi faut-il l’argent du contribuable ? Actuellement, et c’est du jamais-vu, plus de 90 sites Web de la société civile sont bloqués en Turquie, des zones entières sont interdites aux médias et les journalistes font face à des centaines de procédures judiciaires. Pourquoi n’a-t-on pas invité ces gens-là, interdits de parole dans leur pays ? » En 2017, Europalia sera consacrée à l’Indonésie. Une édition plus sereine, ose-t-on espérer.

New details emerge about Hrant Dink’s murder

Police officer Muhittin Zenit, who had been in contact with a key informant in murder of Armenian-Turkish journalist Hrant Dink, has said he was prevented from giving testimony in the slaying by former police intelligence chiefs Ramazan Akyürek and Ali Fuat Yılmazer.

Zenit, who was arrested as part of an investigation into public servants accused of negligence in the murder of Dink, wrote his testimony on March 20 before sending it to the Istanbul Public Prosecutor’s Office.

After Zenit’s statements, prosecutor Gökalp Kürkçü took the testimony of several officials, including Yılmazer, who was the former Istanbul police intelligence chief when Dink was shot dead on Jan. 19, 2007, in Istanbul.

Akyürek was the Trabzon Police Department head at the time of murder.

On May 28, Yılmazer reportedly told prosecutor Kürkçü that he told Akyürek, the former head of Turkey’s Police Intelligence Department, and Zenit not to go to Istanbul to give testimony regarding incidents in the lead-up to the Dink murder.

Yılmazer told the prosecutor that he had informed Zenit and Akyürek that it not be correct to provide testimony regarding key figure Erhan Tuncel’s past as a police informant.

“I told Ramazan Akyürek not to be part of such an incident. I said his [Tuncel] contact with us had been cut long ago and that he had not informed us correctly about the incidents. We cannot talk about a person as an informant when he hides the facts about a murder. A week later, Muhittin Zenit called me and said that his testimony had been demanded in connection with [Tuncel] in Istanbul. I told him that it was not right for him to get involved over someone who had already cut his ties with us,” Yılmazer reportedly told the prosecutor.

The Istanbul Police Department later learnt that Tuncel was a former police informant from his own testimony rather than learning it from the Trabzon police or police intelligence unit.

Ogün Samast assassinated Dink in broad daylight on a busy street outside of the office of the bilingual Turkish-Armenian weekly Agos in Istanbul’s Şişli district. Samast is serving a sentence of 22 years and 10 months in a high-security prison. Yasin Hayal and Tuncel were accused of encouraging Samast to kill Dink in the Black Sea province of Trabzon.
(hurriyetdailynews.com, Oct 1, 2015)

Ministry of Education intolerant to minorities in national curriculum

The Ministry of Education has been found to promote a Turkish-nationalist curriculum that focuses on Turkishness rather than diversity, it was revealed in a report released on Wednesday that was produced as a collaboration by the Minority Rights Group International (MRG) and Tarih Vakfı (History Foundation).

“There are no references to diversity and peace in the Constitution or in the National Education Constitutive Law. On the contrary, they highlight Turkishness and Atatürk-styled nationalism as their fundamental goal,” stated Nurcan Kaya, a human rights lawyer and Turkey's MRG coordinator, at a press conference in İstanbul.

She explained that while there were 139 minority schools in Turkey during the 1923-1924 academic school year, only 24 were active for the 2014-2015 school year with 24 Armenian schools, six Rum, one Jewish and one Syriac. On Monday, the Private Rum Gökçeada Middle and High School reopened, for the first time since closing 40 years ago and with a total of 10 students, thereby bringing the number of minority schools to 25 for this academic year. Additionally, a Kurdish school opened in the Kurdish-dominated southeastern region of Turkey, but, as many other private schools have experienced, it faced many obstacles in its opening. These schools seek to provide education in both Turkish and the students' mother tongue.

“In fact, education in ‘mother tongue' is actually prohibited by Article 42 of the Constitution,” Kaya noted. She also explained that these schools are considered to be outside of the national identity and are even considered foreigners, despite the fact that for centuries the ancestors of these populations have been local demographics of Turkey.

But in more recent years, with the rule of the Justice and Development Party (AK Party), the paradigm has shifted from Atatürk-styled secular nationalism to a “Turkish Islamic” identity, particularly in the style of Sunni Islam. Additionally, the rule of the AK Party has led to a dramatic increase in imam-hatip (Islamic religion education) schools. In 2002, when the AK Party first gained power, the number of students enrolled in imam-hatip schools was 73,100 nationwide. For the 2014-2015 academic year there were 546,443 students enrolled in the Islamic-oriented institutions.
Mandatory religion courses

Another element that proves to be a source of controversy, according to Kaya, is the mandate for religious courses in public schools. The Ministry of Education requires public school students to take Sunni-oriented, Islamic religion courses which only Christian and Jewish students are exempt from. This does not take into account non-believers or the large Alevi population who adhere to a spiritual branch of Shiite Islam. According to a European Policy Center (EPC) report released in 2014, Alevis constitute 25 percent of the Turkish population.

A student is exempted from this course by proving their religious orientation as it labelled on their Turkish citizenship card. Some people who were born Muslim, though, later convert to Protestant Christianity, for example, and do not change the label on their citizenship card. Kaya argued that with students being exempted from this course, the opportunity for them to be “othered” by their classmates is opened.
Discriminatory funding from MEB

Minority schools face discrimination not only through the curriculum, but in their funding as well. Armenian schools, for example, hold a very unique status in the education system for they are neither fully private nor are they entirely state-bound. Armenian students do pay a fee for their education, as in private schools, but if a family is not able to afford the fee, the student will not be denied education. The schools are also able to receive donations from private donors. Armenian schools have two different types of employees: those who receive their salary from the school and those who are paid by the state. A teacher who teaches the Armenian language course is paid by the school, while a Turkish language teacher receives the status of a civil servant. Lastly, the curriculum for history courses is regulated by the Ministry of Education. Therefore, some of the discriminatory rhetoric used against Armenians in the Turkish national textbooks is also taught to Armenian students.
(TODAY'S ZAMAN, Oct 1, 2015)

Politique intérieure/Interior Politics

La Turquie sous haute tension à la veille des élections législatives

Les Turcs retournent dimanche aux urnes pour leur deuxième scrutin législatif en moins cinq mois dans un pays en crise et sous haute tension, sur fond de violences jihadistes, de reprise du conflit kurde et d'inquiétudes sur la dérive autoritaire du gouvernement.

Samedi, dernier jour de la campagne électorale, le Premier ministre islamo-conservateur sortant Ahmet Davutoglu doit tenir une réunion publique à Ankara et le chef du principal parti d'opposition Kemal Kiliçdaroglu à Istanbul.

Après treize ans de domination sans partage mais de plus en plus contestée sur la Turquie, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan joue gros.

Même s'il est arrivé en tête en atteignant 40,6% des suffrages et 258 sièges de députés sur 550, son Parti de la justice et du développement (AKP) a perdu le 7 juin la majorité absolue qu'il détenait depuis son arrivée au pouvoir en 2002.

Ce revers a sonné, provisoirement, le glas de l'ambition de M. Erdogan d'imposer à son pays une "superprésidence" aux prérogatives renforcées. Convaincu de pouvoir se "refaire", l'homme fort de la Turquie a toutefois laissé s'enliser les discussions pour la formation d'un gouvernement de coalition et programmé des élections anticipées.

Mais la plupart des sondages lui prédisent un nouvel échec et assurent que l'AKP sera une nouvelle fois contraint à un gouvernement de coalition.

En à peine cinq mois, le climat politique a pourtant singulièrement changé.

Le conflit armé qui oppose depuis 1984 les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de sécurité turques a repris cet été dans le sud-est, région en majorité peuplée de Kurdes, et enterré le fragile processus de paix engagé il y a trois ans.

La guerre qui sévit depuis quatre ans en Syrie a débordé au-delà des frontières de ce pays en territoire turc. Après celui de Suruç (sud) en juillet, un attentat-suicide perpétré par deux militants du groupe jihadiste Etat islamique (EI), le plus meurtrier dans l'histoire de la Turquie, a fait 102 morts au cours d'une manifestation prokurde en plein coeur de sa capitale Ankara.

Ces violences inquiètent de plus en plus ouvertement les alliés occidentaux de la Turquie, à commencer par l'Union européenne (UE), soumise à un flux croissant de réfugiés, pour l'essentiel syriens, en provenance de son territoire.

Conjugué au récent ralentissement de l'économie, qui constituait jusque-là son principal argument électoral, ce climat a mis en difficulté le régime de M. Erdogan.

- 'L'AKP ou le chaos' -

Pour rallier les suffrages des nationalistes, Ahmet Davutoglu, qui est aussi chef de l'AKP, a fait de la sécurité et de l'intégrité de son pays son leitmotiv, sur le mode "l'AKP ou le chaos".

"Nous avons besoin d'un gouvernement fort pour protéger la stabilité (...) l'AKP est le seul espoir de la Turquie", a-t-il répété vendredi dans son très conservateur fief de Konya.

M. Davutoglu s'en est par ailleurs pris au Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) et à ses "complices" du PKK.

Depuis des semaines, l'opposition dénonce en retour la complaisance du pouvoir avec les jihadistes de l'EI et sa dérive autoritaire.

"Certains veulent rétablir le sultanat dans ce pays, ne les y autorisez pas !", a exhorté vendredi le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu à Izmir (ouest). "Donnez-moi quatre ans de pouvoir, vous verrez comment un pays peut-être gouverné, sans corruption, sans gaspillages", a-t-il promis.

Le spectaculaire assaut donné mercredi par la police au siège de deux chaînes de télévision proches de l'opposition visées par une mise sous tutelle judiciaire a renforcé les craintes de l'opposition, des ONG et de la communauté internationale.

Une cinquantaine de médias internationaux, dont l'Agence France-Presse, ont envoyé une lettre ouverte au président Erdogan pour lui faire part de leur inquiétude quant aux atteintes à la liberté de la presse dans son pays. Les rédacteurs en chef de ces médias mettent en garde contre une "culture de l'impunité", et critiquent l'absence de condamnation par le gouvernement turc des attaques contre les journalistes indépendants.

Bien qu'il se soit cette fois abstenu de faire ouvertement campagne pour son parti contrairement à ce qu'il avait fait en juin, le chef de l'Etat n'en a pas moins pesé de tout son poids. "Si notre nation fait le choix du gouvernement d'un seul parti, je crois que cela posera les bases d'un retour de la stabilité que nous connaissons depuis douze ou treize ans", a-t-il dit jeudi.

Même si les partis de l'opposition se sont montrés plus enclins à constituer une coalition, la plupart des observateurs doutent que, quelle que soit sa composition, elle soit suffisamment solide pour ramener un peu de stabilité dans une Turquie plus divisée que jamais.

"Le scénario le plus probable reste le même: encore des turbulences", a résumé l'analyste Asli Aydintasbas, du Conseil européen sur les relations étrangères.
(AFP, 31 octobre 2015)

Les élections législatives en Turquie, mode d'emploi

Les Turcs choisissent dimanche leurs députés à l'occasion d'élections législatives anticipées, cinq mois à peine après un premier scrutin qui a vu le parti du président Recep Tayyip Erdogan perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans.

Cette consultation se déroule dans un climat d'extrême tension après la reprise du conflit kurde et, surtout, l'attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara.

Voici quelques chiffres et clés pour suivre ce scrutin:

- les chiffres

Selon le Haut-conseil électoral (YSK), un total de 54.049.940 électeurs de Turquie (pour une population de 77,6 millions d'habitants) sont appelés aux urnes, un chiffre en hausse d'environ 400.000 depuis les législatives du 7 juin. Plus de 2,8 millions de citoyens turcs résidant à l'étranger ont déjà pu voter ces dernières semaines dans leurs consulats.

Les premiers des 175.000 bureaux de vote seront ouverts à partir de 07h00 et les derniers fermeront à 17h00 locales (04h00-14h00 GMT).

- le mode de scrutin

Les députés turcs sont élus en un seul tour au scrutin de liste dans chacune des 81 provinces du pays. Les sièges y sont attribués proportionnellement au nombre de voix qu'ils obtiennent, selon un système appelé loi de Hondt.

Afin de favoriser des majorités stables, seuls les partis qui réunissent plus de 10% des suffrages au niveau national participent à cette répartition. Très critiqué car injuste, ce système existe dans d'autres pays européens, où le plancher de représentation est toutefois limité à 5%. En Turquie, il avait permis en 2007 à l'AKP de M. Erdogan d'enlever 62% des sièges (341) avec seulement 46,5% des voix.

- la sécurité

Des élus de l'opposition se sont inquiétés du bon déroulement du scrutin dans le sud-est à majorité kurde du pays, théâtre depuis trois mois de violents affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le ministre de l'Intérieur Selam Altinok a annoncé la mobilisation de 255.000 policiers et 130.000 gendarmes pour assurer la sécurité le jour de l'élection.

- les forces politiques en présence

Si le YSK a officiellement enregistré 16 partis pour ces élections, seuls quatre d'entre eux sont susceptibles de faire leur entrée au Parlement.

Au pouvoir depuis 2002, l'AKP a remporté tous les scrutins et renforcé ses positions à chaque législative (34,2% en 2002, 46,5% en 2007, 49,9% en 2011). Mais, victime du déclin de l'économie et des critiques sur sa dérive autoritaire, il a reculé en juin (40,6%). Il est crédité d'un score équivalent qui lui permettra de regagner la majorité absolue.

Héritier du père fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) dénonce à tour de bras la dérive autoritaire et islamiste de M. Erdogan. Mais il souffre de l'absence d'un chef emblématique. Il est crédité de 26 à 28% des suffrages. Il en avait réuni 25,1% il y a cinq mois.

Très à droite, le Parti de l'action nationaliste (MHP) espère profiter de l'effritement de la base conservatrice de l'AKP et de la reprise du conflit kurde. Il avait totalisé 16,4% le 7 juin, les sondages lui prédisent un score légèrement inférieur dimanche.

Porte-voix de la minorité kurde (20% de la population), le Parti démocratique des peuples (HDP) devrait franchir le seuil de 10% des voix, comme en juin. Grâce à son charismatique chef de file Selahattin Demirtas, 42 ans, il s'est transformé en un parti de gauche, moderne, tourné vers toutes les minorités. Il est crédité de 12 à 15% des voix.

L'AKP a remporté le 7 juin 258 sièges de députés, devant le CHP (132), le MHP et le HDP (80 chacun).
(AFP, 30 octobre 2015)

A l'aube des élections, à nouveau la spirale de la violence en Turquie

Des villes sous couvre-feu, des jeunes sur les barricades et la police en armes, omniprésente. Le sud-est à majorité kurde de la Turquie a replongé dans un état de guerre larvée qui menace le bon déroulement des législatives du 1er novembre.

Aux confins de la Syrie et de l'Irak, la ville de Cizre est devenue un symbole de la reprise du conflit kurde. Le mois dernier, les forces de sécurité turques y ont affronté la jeune garde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pendant huit jours, au milieu de 120.000 habitants aux abois soumis à un blocus total.

Les combats ont été particulièrement meurtriers. Le gouvernement affirme n'avoir éliminé que des "terroristes". Mais, selon les ONG de défense des droits de l'Homme, 21 civils ont été tués et la population de la ville traumatisée.

Parmi ces victimes, la famille Edin. La belle-fille, Zeynep Taskin, 18 ans, a été tuée par un tireur embusqué devant la porte de sa maison, son bébé de 9 mois Berxwedan dans les bras. Quelques instants plus tard, sa belle-mère Masallah a été abattue par la même arme alors qu'elle lui portait secours.

"Voilà la seule arme que sa mère portait sur elle", s'indigne le chef de la famille, Ahmet, en montrant son neveu.

"Ils tiraient sur toutes les portes (...) ils n'ont fait aucune distinction", s'étrangle le chauffeur routier devant sa façade criblée de balles, "je n'ai pas vu le tireur de mes propres yeux mais on sait que les forces de l'Etat contrôlaient ce quartier. Ceux qui tiraient, c'étaient ceux de l'Etat (...) ce sont eux les terroristes".

Les jeunes qui ont pris les armes pour faire le coup de feu contre les unités spéciales de la police antiémeute turque dans les rues de Cizre sont sur la même ligne. Le gouvernement est le seul et unique responsable des violences.

"Nous n'avons fait que nous défendre", assure Siphan à qui veut l'entendre.

Le visage dissimulé par une cagoule, T-shirt de camouflage et pantalon de treillis, ce grand escogriffe de 28 ans affiche fièrement son appartenance au Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), une "filiale" urbaine du PKK.

- Pressions -

Sitôt levé le couvre-feu, son groupe, qu'il dit fort d'une centaine de jeunes, a remis en place les barricades et les tranchées à l'entrée du quartier de Nur, avec la ferme intention de continuer à en interdire l'entrée aux forces de l'ordre.

"A la moindre occasion, on est arrêtés, nos maisons sont perquisitionnées, je ne veux plus de cette cruauté. On est prêts à faire ce qu'il faut pour empêcher ça", lâche Siphan, "on veut juste que la République turque respecte nos droits de citoyens et qu'elle reconnaisse que nous sommes Kurdes".

Le gouvernement turc a balayé d'un revers de main ces revendications et justifié son recours à la force par la nécessité de réprimer une tentative de "soulèvement" à Cizre, comme dans plusieurs autres villes du sud-est de Turquie à majorité kurde.

"Nous sommes confrontés à une opération qui vise à étendre la guerre menée par les groupes armés (kurdes) des zones rurales aux villes", a expliqué le Premier ministre islamo-conservateur turc, Ahmet Davutoglu.

"Bien sûr, aucun Etat ne peut accepter que des quartiers entiers de plusieurs villes s'affranchissent de son autorité", tranche Vahap Coskun, professeur de droit à l'université Dicle de Diyarbakir, "mais les mesures prises par l'Etat pour réagir aux manifestations et aux provocations du PKK sont largement contraires aux droits de l'Homme".

A la veille du scrutin du 1er novembre, les deux camps s'accusent mutuellement de recourir aux armes pour faire pression sur les électeurs.

"Ceux qui se présenteront devant les bureaux de vote pour terroriser, pour faire pression en disant +vote pour tel ou tel parti+ seront traînés devant la justice", a lancé mardi le chef du gouvernement devant ses partisans à Van (est).

Le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) crie lui aussi au scandale et dénonce les arrière-pensées électorales du pouvoir. "Son objectif est de faire que le HDP ne soit pas représenté au Parlement", accuse la députée Caglar Demiralp.

Le bâtonnier de la ville en est lui aussi convaincu.

"Le pouvoir essaie d'effrayer les gens pour qu'ils ne votent pas. Il pourrait même annuler le scrutin ici sous de faux prétextes sécuritaires", met en garde Nusirevan Elçi. "Il est facile de tuer, c'est beaucoup plus difficile de faire la paix".
(AFP, Burak AKINCI, 22 octobre 2015)

Nobel Institute director dismisses Erdoğan's Claims

The director of the Norwegian nobel Institute, Olav Njølstad, told the Cihan news agency in a written statement that the Nobel committee is politically independent and does not get instructions from anyone, in response to claims by Turkish President Recep Tayyip Erdoğan that the decisions of the committee are politically biased.

Erdoğan had said: “We are hosting 2.5 million refugees at the moment. Nobody cares about that. Because the Nobel [prize awarding] is political,” at a gathering of the Women 20 (W-20), an engagement group formed under the auspices of the G20, in İstanbul on Oct. 16.
In a response to the claim, Njølstad said the president's statements are mistaken, as the Nobel committee do not receive instructions from anyone as to who to give the Nobel Peace Prize to.

“You know how the Nobel prizes are given. They are given by order [from outside the committees]. This means whether [the recipients] deserve it or not does not matter,” Erdoğan had said. His remarks were specifically directed at the Nobel Peace Prize and appeared to have stemmed from reports that German Chancellor Angela Merkel was among the favorites to receive the award because of her welcoming stance on the refugee crisis unfolding in Europe.

Erdoğan had criticized the committee in 2014 as well, saying in December of last year that its decisions are not objective.
(TODAY'S ZAMAN, Oct 20, 2015)

HDP and CHP Leaders Come Together

Peoples’ Democratic Party (HDP) Co-Chairs Figen Yüksekdağ and Selahattin Demirtaş and Republican People’s Party (CHP) Leader Kemal Kılıçdaroğlu came together.

Demirtaş explained the journalists after the meeting:

“I hope all politicians will be brave enough to keep dialogue opportunities open. We are humans and we are traumatized by the recent events. If we don’t solve the problems, we shouldn’t walk around as ‘politicians’. Prime Minister’s blaming behaviors created a huge political gap, but Kılıçdaroğlu behaved maturely, something that I appreciate.

“There is a state structure protecting ISIS”

 “Investigation prosecutor had informed us the perpetrators –suicide bombers- of Ankara bombing were linked to Diyarbakır and Suruç explosions.

All of them will be revealed, to whom they were linked to, by whom they were supported and so on. And of course, related politicians will be revealed.

There is a strong structure among the state protecting Islamic State of Iraq and Syria (ISIS). They have solid connections.

“How did they go to Syria?”

“Davutoğlu’s speech, “The state has no security gap” makes us worried. How could he say the state is as pure as the driven snow even if the investigation isn’t over yet? As a Prime Minister, you don’t know the state is involved or not.

“We seriously believe that this case won’t be revealed totally. They may have come from Syria but how did they go to Syria?  Who are responsible from these events?

Kılıçdaroğlu: Why did people die if there isn’t security gap?

CHP Leader Kılıçdaroğlu:

“We side with togetherness, not separation. This meeting was important. I wish all political parties make these kinds of visits. Prime Minister Ahmet Davutoğlu’s latest statements are ridden with contradictions. I am really worried about him. He is overwhelmed with the tension of the events. Why did people die if there isn’t a security gap?”
(BIA, Oct 16, 2015)

Vigilance de la cour constitutionnelle face aux mesures antiterroristes

Les juges suprêmes en Turquie doivent être vigilants face aux mesures restrictives prises au nom de la lutte antiterroriste, qui pourraient arbitrairement enfreindre la liberté d'expression, notamment sur internet, a estimé mardi à Strasbourg le président de la cour constitutionnelle turque Zühtü Arslan.

"Nous, les juges des cours constitutionnelles et des cours suprêmes, nous devons être plus vigilants contre les mesures restrictives (...) qui pourraient attenter arbitrairement à la liberté d'expression, même si elles sont imposées au nom de la lutte contre le terrorisme", a plaidé M. Arslan, qui s'exprimait à Strasbourg lors d'un colloque sur la liberté d'expression.

Evoquant la "nécessité de combattre toutes les formes de terrorisme en respectant la liberté d'expression, qui est la pierre angulaire de la démocratie", le président de la cour constitutionnelle turque a rappelé que son institution s'était opposée par le passé à des tentatives de l'exécutif de bloquer l'accès à Twitter et YouTube.

Dans les deux cas, la Cour constitutionnelle a "jugé qu'internet et les réseaux sociaux jouaient un rôle crucial dans les sociétés démocratiques" et qu'en conséquence "les autorités (devaient) agir avec prudence et de manière responsable lorsqu'elles régulent internet", a souligné M. Arslan.

En octobre 2014, la Cour constitutionnelle turque avait annulé plusieurs dispositions d'une nouvelle loi controversée renforçant les prérogatives du gouvernement islamo-conservateur pour bloquer un site internet sans décision de justice.

Ces dispositions ont cependant été rétablies en mars 2015 par le Parlement turc.

Depuis l'hiver 2013, le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie s'en prend régulièrement aux réseaux sociaux et à leurs utilisateurs. Début 2014, le président Recep Tayyip Erdogan avait ordonné à plusieurs reprises le blocage momentané de Twitter, Facebook ou YouTube, accusés notamment de diffuser des accusations de corruption visant son entourage.
(AFP, 13 octobre 2015)

Supreme Election Board rejected calls for relocation of ballot boxes

The YSK's decision, taken by a majority of votes, came after a number of local election councils in the eastern and southeastern Turkey requsted to not conduct voting in certain neighborhoods due to security concerns in the upcoming election, amid deadly renewed conflict between security forces and militants of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK).

Turkey’s interim government and opposition parties were at odds on the prospect of moving polling stations in the Nov. 1 snap election, with the main opposition party leader saying such a step would make the results “shady,” raising questions over “the presence of the state” in certain places.

“A practice such as moving ballot boxes or voters is very dangerous. This is what it means: ‘There is no state there.’ You will create an environment where the state doesn’t exist and this is very dangerous,” Republican People’s Party (CHP) head Kemal Kılıçdaroğlu said in remarks published on Sept. 30.

The leader of the Justice and Development Party (AKP), Prime Minister Ahmet Davutoğlu, however, said “everyone should respect decisions taken by the top election authority” in the country. He also suggested that the practice would “expose the game” of the Peoples’ Democratic Party (HDP), which he claimed relied on “coercion” of voters in parts of the southeast.

The AKP had later split into two camps. One day after AKP Deputy Head Mehmet Ali Şahin said the YSK does not have authority to decide on the moving of ballot boxes to other villages or neighborhoods before a legal regulation is passed, AKP Spokesperson Ömer Çelik claimed in a written statement that it did, citing various similar previous decisions from both district election boards and the YSK.

The District Election Council in Cizre in Şırnak province decided on Sept. 18 to not establish any ballot box in the district’s Cudi, Nur and Sur neighborhoods, as well as many villages. The decision cited security concerns and the risk of bomb attacks during the vote as the reason to prevent voting in these areas.

The same kind of decisions were released afterwards by local councils in Diyarbakır province; the downtown districts of Bitlis and Hakkari provinces; the Yüksekova town of Hakkari province; the Silopi town of Şırnak province.

The latest request was made by the district election board in the eastern province of Batman’s city center. The Oct. 1 decision stated that a total of 170 ballot boxes in 15 neighborhoods would not be set up due to security concerns.

The 170 ballot boxes that would have been in 26 schools in Batman’s city center will instead be combined with ballot boxes in eight neighborhoods elsewhere in the province, according to the ruling.

Şeref Malkoç, AKP's representative in the YSK, reacted angrily after the Oct. 3 decision. "This decision by the YSK violates both the laws and the reality," he said.
(hurriyetdailynews.com, Oct 3, 2015)

Opposition leaders absent in protest as Erdoğan addresses Parliament

Political tension in Turkey's domestic politics was amply reflected in the opening of the new legislative year in Parliament on Thursday, with no opposition party leader present as the president addressed Parliament.

Deputies from the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) left Parliament when President Recep Tayyip Erdoğan took the floor to deliver his speech on the occasion of the opening session.

A battle of words sometimes took place between some other opposition deputies and Erdoğan during his speech.

The leaders of the three opposition parties represented in Parliament, Kemal Kılıçdaroğlu of the main opposition Republican People's Party (CHP), Devlet Bahçeli of the Nationalist Movement Party (MHP), and Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, the HDP's co-chairs, did not attend Parliament's first session.

Only some CHP and MHP deputies stood up when Erdoğan entered Parliament's chamber to deliver his speech, while the deputies of the Justice and Development Party (AK Party), of which Erdoğan is a founder, stood up in unison.

The HDP's Demirtaş said in a press meeting the same day that all HDP deputies would have been present in Parliament out of respect if Erdoğan had acted like an impartial president, accusing him of being politically biased.

The HDP co-chair also said he did not find it necessary to listen to a political personality who had conducted an election campaign like a chairman of a political party ahead of the general election in early June.

Before being elected president in August of last year, Erdoğan had headed AK Party governments since 2003. He has been much criticized by the opposition for favoring the AK Party while president despite being required by the Constitution to be impartial.

Erdoğan was quick to respond when some MHP deputies made critical remarks during his speech on Thursday.

Erdoğan warned those countries which, he said, support terrorist organizations in Turkey, saying: “We know very well what you are up to. This will also burn your hand.”

In an obvious reference to opposition parties blasting the AK Party government for the sharp increase in terrorist attacks in recent months, he also argued that it was like offering support to terrorism when you expect to gain political advantage through criticism.

Upon some critical comemts from Oktay Vural, MHP parliamentary group deputy chairman, Erdoğan said, “Are you disturbed?”

Since a settlement process was launched by the government with the terrorist Kurdistan Workers' Party (PKK) at the end of 2012, the MHP has accused AK Party governments of treason, arguing that the process would lead to the division of the country.

Some protests were heard from the ranks of the MHP as Erdoğan stressed that Turkey would continue to fight against terrorism.

In response, he said: “We have gone to that region many times. Just tell me, how many times have you [your party] gone there? You cannot even establish your party organization in those regions.”

Erdoğan has long said that the MHP and the CHP are not able to get votes in the country's southeastern provinces, which are predominantly Kurdish.

In his speech, Erdoğan emphasized that fight against the PKK would continue until the PKK gets rid of its weapons.

The settlement process recently collapsed when the PKK killed two police officers in late July.

In reaction to the HDP deputies leaving Parliament as he took the floor, Erdoğan claimed that they do not represent Kurds in Turkey.

The HDP took 80 seats in Parliament in the last general election, thanks mainly to Kurdish votes.

Erdoğan also stressed that not all Kurdish citizens should be seen as terrorists.

Parliament will go into recess once again because of the snap election to be held on Nov. 1. (TODAY'S ZAMAN, Oct 1, 2015)

Conférence-débat d'Ahmet Insel à l'ULB


CHP aims to be in Turkey’s next government

“I dedicate this election manifesto to the youth,” said main opposition Republican People’s Party (CHP) Chair Kemal Kılıçdaroğlu on Sept. 30, addressing thousands at a party gathering in Ankara. Members of the party’s youth branch were placed on two sides of the stage where he was delivering his speech.

With the CHP being the first party to announce its election manifesto for the Nov. 1 re-election, Kılıçdaroğlu wants to win the hearts and minds of young voters, who make up almost half of the population in Turkey. Not only are there 6 million-plus university students, but the country’s out-of-work and unemployed youth rate is among the worst in the OECD.

“Eighty percent of all workers in Turkey are working on the minimum wage: 1,054 Turkish Liras [$347] per month,” said Kılıçdaroğlu. “And 80 percent of all minimum wage earners are young men and women,” he added, before repeating his promise before the June 7 election to increase the minimum wage almost 50 percent to 1,500 TL a month ($493) if the CHP comes to office. “I know it will not be a big achievement, but at least it will give everyone some relief,” he said.

The CHP head then listed a number of election promises. These promises were not only to young people, but also to workers, farmers, the unemployed, and the business community (“If they want to criticize the CHP when the CHP is in government, they can do so freely,” he said). The pledges together amounted to a typical European-style social democratic program, marking a clear shift from the nationalist-leaning CHP of five years ago when Kılıçdaroğlu was first elected.

“In return, I ask for one thing from the young men and women of Turkey,” Kılıçdaroğlu said. “Please get involved in politics. Get involved in politics and clean it of dinosaurs. I invite you to be members of the CHP in the easiest way: Just register using our website.” These remarks raised the eyebrows of some gray-haired old-guard CHP members, who have spent decades out of government.

Kılıçdaroğlu also raised the bar in another important issue - in fact the most important political issue in Turkey. “It is the CHP, the founder party of the republic, that can solve the Kurdish problem through social reconciliation - neither through security-focused policies nor through secret talks with non-transparent agendas, but in parliament,” he said. “Out of the four parties in parliament, the CHP seems to be the only one for now that can both clearly condemn the terrorist acts of the [outlawed Kurdistan Workers’ Party] PKK, deny the government’s current security-based line, and call for a political solution to the Kurdish problem in parliament.”

At the end of his 1-hour 20-minute presentation of the manifesto, the CHP youth branch members encircled Kılıçdaroğlu on the podium, chanting slogans like “Power, power!”

Still, opinion polls do not point to the CHP winning power in the Nov. 1 election. Kılıçdaroğlu himself has said he was happy to see some polls showing the CHP at 30 percent. But it is clear that he is preparing the CHP to share power in a coalition, probably with Prime Minister Ahmet Davutoğlu’s Justice and Development Party (AK Parti), if the outcome of the Nov. 1 re-election is similar to the result on June 7 and the AK Parti is also unable to form a government on its own. In his address yesterday, Kılıçdaroğlu said it was President Tayyip Erdoğan’s influence on PM Davutoğlu that ruined coalition talks between the two parties after June 7.

The aim for the new election is also obvious from the CHP’s campaign slogan. On July 7, its slogan was “Vote [for us] so they go away.” Now it is “Turkey first.” This may mean that the CHP could be open for reconciliation with its rival depending on the outcome of the election 30 days from now.
(hurriyetdailynews.com, Oct 1, 2015)

Forces armées/Armed Forces

L'armée turque a frappé les combattants kurdes de Syrie "à deux reprises"

L'armée turque a "frappé à deux reprises" récemment les positions des combattants kurdes de Syrie, a déclaré le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu lors d'un entretien accordé lundi soir à la chaîne de télévision turque A Haber.

"Nous avions prévenu que le PYD (Parti de l'union démocratique, Kurdes de Syrie) ne devait pas franchir (une limite) au-delà de l'ouest de l'Euphrate et nous avons frappé à deux reprises", a indiqué M. Davutoglu.

Lundi, les forces kurdes syriennes avaient accusé l'armée turque d'avoir visé leurs positions, une information qui n'avait pas été immédiatement confirmée par la Turquie.

Le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara s'inquiète depuis des mois de la progression dans le nord de la Syrie des forces kurdes syriennes, proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène la rébellion depuis 1984 en Turquie.

Le week-end dernier, le président Recep Tayyip Erdogan a clairement mis en garde le PYD et ses miliciens des Unités de protection du peuple (YPG) contre toute volonté d'étendre leur contrôle dans le nord de la Syrie, le long de la frontière turque.

"Tout ce qu'ils souhaitent, c'est s'emparer entièrement du nord de la Syrie (...) c'est une menace pour nous et il n'est pas possible pour la Turquie d'accepter cette menace", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un discours public.

Soutenues par les Etats-Unis, les milices kurdes syriennes constituent le fer de lance des forces terrestres engagées contre les jihadistes en Syrie. Après la ville emblématique de Kobané en janvier, elles ont pris le contrôle de celle de Tall Abyad en juin.

La semaine dernière, elles ont annoncé avoir intégré Tall Abyad dans "l'administration autonome" qu'elles exercent sur la partie nord du territoire syrien.
(AFP, 27 octobre 2015)

Six soldats et une vingtaine de rebelles tués dans de violents combats

Six soldats turcs, dont un lieutenant-colonel, et une vingtaine de rebelles kurdes ont été tués dans de violents combats dans l'extrême sud-est et l'est de la Turquie, a-t-on indiqué dimanche de source de sécurité.

Les combats qui se poursuivent depuis plusieurs jours dans la zone montagneuse de Daglica (province de Hakkari), tout proche de la frontière irakienne, sont particulièrement intenses, et ont couté la vie à quatre militaires, a-t-on précisé de même source.

Des hélicoptères sont aussi engagés dans ces affrontements qui surviennent malgré une trêve unilatérale annoncée le week-end dernier par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avant les élections anticipées prévues le 1er novembre en Turquie.

Par ailleurs deux autres soldats ont été tués dimanche dans une attaque à la mine télécommandée visant un véhicule de l'armée perpétrée par des rebelles dans la province de Tunceli (est), a indiqué l'agence de presse pro-gouvernementale Anatolie.

Deux soldats ont été blessés dans cette attaque, selon Anatolie.

Depuis la fin juillet, le PKK, une organisation considéré comme terroriste par bon nombre de pays, a repris sa campagne d'attentats contre les forces de sécurité turques, tuant plus de 150 policiers et soldats. L'armée turque a de son côté multiplié les opérations de représailles contre les rebelles, sur le sol turc et dans le nord de l'Irak, où le mouvement armé kurde dispose de bases-arrière.
(AFP, 18 octobre 2015)

Top commander says Turkey ‘actually waging war’ since July

The Turkish Armed Forces (TSK) have been “actually waging a war” for the last few months, a top commander has said, referring to military operations launched against bases of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) in northern Iraq.

Air Forces Commander Gen. Abidin Ünal referred to air strikes against PKK camps, “ongoing since July 23,” during a speech at a ceremony for the 64th anniversary of the foundation of the Air Force Academy.

“Today, the Turkish Air Forces are actually waging a war. More than just a medium-scale war, it is fighting on two fronts,” Ünal said late on Oct. 5.

After months of wavering and following a suicide bombing in the town of Suruç on the Syrian border on July 20, which was blamed on fighters of the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) - an arch-foe of the PKK and its U.S.-backed Syrian affiliate, Turkey agreed on July 23 to partner with the United States in launching joint air strikes against fighters of ISIL in Syria and Iraq. The military operations against ISIL in Syria and the PKK in Iraq on July 23 and 24, in retaliation to their attacks in Turkey on July 20, 22 and 23, were accompanied by simultaneous police raids in Turkey where hundreds of people with suspected links to ISIL, the PKK and the armed leftist Revolutionary People’s Liberation Party-Front (DHKP-C) were taken into custody.

“In sum, we have used over 2,000 modern ammunitions and have stuck over 1,200 targets. I want to emphasize that our intelligence units, through reconnaissance, and our analysts have designated those 1,200 to 1,500 targets,” Ünal said, praising the performance of the Turkish Air Forces.

“None of those over 2,000 strikes were responded to,” he said. “So we are talking about a very integrated system of pilots, commissioned officers and non-commissioned officers.”

Soon after pounding ISIL positions in Syria, Ankara quickly turned its attention to strike the PKK in northern Iraq. More than 120 members of the security forces and hundreds of militants have been killed since July, leaving a three-year-old peace process in tatters and raising concern about the security of the snap parliamentary election set for Nov. 1.
(hurriyetdailynews.com, Oct 6, 2015)

Affaires religieuses / Religious Affairs

La justice turque confirme que l'attentat d'Ankara a été ordonné par l'EI

La justice turque a confirmé mercredi que l'attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara avait été commandité par le groupe Etat islamique (EI), dans le cadre d'une campagne de "terreur" destinée à faire annuler les élections législatives.

Deux semaines et demie après l'attaque la plus meurtrière de l'histoire de la Turquie, le bureau du procureur général d'Ankara chargé de l'enquête a affirmé détenir des "preuves sérieuses" qu'elle avait été perpétrée par une cellule jihadiste turque sur ordre direct du quartier général de l'EI en Syrie.

"Cette organisation terroriste a mené l'attaque contre le la gare centrale d'Ankara sur l'ordre du groupe terroriste en Syrie", a indiqué le parquet dans une déclaration.

Deux jours après l'attentat, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu avait lui-même publiquement présenté l'EI comme le "suspect numéro 1", mais sans exclure la responsabilité des rebelles kurdes ou de l'extrême gauche.

Le bureau du procureur général a précisé que la cellule jihadiste qui a opéré à Ankara, formée dans la ville de Gaziantep (sud) près de la frontière syrienne, "avait planifié des attentats en Turquie après avoir reçu des instructions directes de l'organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI) en Syrie".

La cellule turque s'est vu intimer l'ordre d'"attaquer des cibles du PKK (les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan) et antiDaech en Turquie" avec l'objectif de "repousser les élections législatives du 1er novembre", selon les magistrats.

Le PKK et les milices kurdes de Syrie dont il est proche constituent le fer de lance des combattants qui luttent contre l'EI en Syrie et en Irak.

Le 10 octobre, deux kamikazes se sont fait exploser au milieu d'une foule de militants de gauche et de la cause kurde qui dénonçaient la reprise des affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes du PKK.

L'un d'entre eux a été identifié par les enquêteurs comme étant Yunus Emre Alagöz. Il faisait partie d'un groupe de jeunes radicaux originaire de la ville conservatrice d'Adiyaman (sud), avait combattu en Syrie et était le frère de l'auteur présumé d'un précédent attentat attribué aux jihadistes qui a fait 34 morts en juillet à Suruç (sud).

Le bureau du procureur a confirmé que la cellule de Gaziantep était responsable de l'attentat de Suruç et de celui qui avait fait 5 morts lors d'un meeting du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) à Diyarbakir (sud-est), à l'avant-veille des élections législatives du 7 juin.

Quatre personnes soupçonnées d'avoir participé à l'organisation de l'attentat d'Ankara ont été inculpées et écrouées la semaine dernière, dont le chauffeur du véhicule qui a convoyé les deux kamikazes vers la capitale turque.

La police turque a procédé depuis à de nombreux coups de filet dans les milieux jihadistes, afin d'éviter de nouveaux attentats.

Lundi, deux policiers qui donnaient l'assaut sur plusieurs "planques" jihadistes ont été tués à Diyarbakir par un kamikaze. Sept militants présumés de l'EI ont été tués dans la fusillade qui a suivi et douze autres arrêtés.

Mardi, les forces de l'ordre ont interpellé une soixantaine d'autres suspects à Istanbul, Konya (centre) et Kocaeli (nord-ouest).
(AFP, 28 octobre 2015)

Une fusillade entre militants de l'EI et la police fait 9 morts

Deux policiers turcs et sept membres présumés du groupe Etat islamique (EI) ont été tués lundi lors d'une fusillade à Diyarbakir (sud-est), la plus sérieuse survenue sur le sol turc depuis qu'Ankara a rejoint la coalition antijihadiste l'été dernier.

Cet accrochage s'est produit à l'aube lorsque des unités de la police antiterroriste ont pris d'assaut plusieurs "planques" de l'EI dans la grande métropole du sud-est à majorité kurde du pays.

Il intervient à six jours d'élections législatives anticipées sous haute tension, et deux semaines après un attentat suicide attribué aux jihadistes qui a fait 102 morts en plein coeur d'Ankara et sur fond de reprise du conflit kurde.

Deux policiers ont été tués lors de l'opération, victimes de pièges explosifs posés par les militants jihadistes, a rapporté l'agence de presse gouvernementale Anatolie.

Cinq autres policiers ont été blessés et sept membres présumés de l'EI "neutralisés" lors de violents affrontements, qui se sont poursuivis plusieurs heures à l'arme lourde, a indiqué le bureau du gouverneur local.

Selon le gouvernorat, douze personnes ont été arrêtées lors de cette opération.

Le gouvernement s'est réjoui du succès de cette opération. "Au vu des résultats, nous pouvons dire qu'une importante cellule de Daech (l'acronyme arabe de l'EI) a été neutralisée", s'est réjoui le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus.

Les autorités turques ont multiplié les coups de filet dans les milieux jihadistes depuis l'attentat-suicide d'Ankara contre un rassemblement de militants de gauche et de la cause kurde.

Quatre membres présumés de l'EI, présenté comme le "suspect numéro 1" par le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu, ont été inculpés et écroués.

Les autorités ont également formellement identifié l'un des deux kamikazes, Yunus Emre Alagöz. Selon le procureur en charge de l'enquête, il est le frère de l'auteur présumé de l'attentat de Suruç, soupçonné d'avoir combattu en Syrie dans les rangs de l'EI et membre d'une cellule jihadiste installée dans la ville conservatrice d'Adiyaman (sud).

Les médias turcs ont rapporté samedi que la police était à la recherche de quatre membres de l'EI, dont une ressortissante allemande, soupçonnés d'être entrés de Syrie en Turquie pour y commettre d'autres attentats.

- 'Guerre contre le terrorisme' -

L'attaque d'Ankara a eu lieu trois mois après un attentat-suicide similaire, imputée aussi à l'EI, à Suruç, à la frontière syrienne, où 34 militants prokurdes avaient été tués.

Longtemps soupçonnées de complaisance avec les mouvements les plus radicaux qui combattent le régime de Damas, sa bête noire, les autorités turques ont frappé pour la première fois des cibles de l'EI en Syrie après un incident de frontière entre ses soldats et des militants jihadistes quatre jours après l'attentat de Suruç.

La Turquie a depuis rejoint officiellement la coalition antijihadiste dirigée par Washington.

Les adversaires du gouvernement, à commencer par l'opposition prokurde, continuent toutefois à l'accuser de "protéger" le groupe jihadiste.

"Mes amis, regardez-moi maintenant, regardez mes yeux, mon visage, écoutez mes discours. Est-ce que j'ai vraiment le visage de quelqu'un qui soutient l'EI ?", s'est défendu M. Davutoglu lundi lors d'un échange avec des étudiants à Istanbul.

S'il a mis en cause le rôle de l'EI dans l'attentat d'Ankara, le gouvernement turc n'a toutefois pas écarté la responsabilité d'autres groupes.

La semaine dernière, le président Recep Tayyip Erdogan a évoqué un "acte terroriste collectif" qu'il a attribué aux jihadistes, aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), aux milices kurdes de Syrie et aux services de renseignement de Damas.

Après l'attentat de Suruç, le PKK avait repris sa campagne d'attentats contre les policiers et les soldats turcs, accusant Ankara de ne pas protéger les Kurdes de Turquie.

Ces opérations et les bombardements de représailles menées par l'armée turque ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 entre Ankara les rebelles kurdes, qui mènent une guérilla depuis 1984.

M. Erdogan a répété lundi devant des élus locaux que sa "guerre contre le terrorisme" se poursuivrait après le scrutin de dimanche. "Ces opérations continueront contre toutes les organisations terroristes après le 1er novembre", a-t-il assuré.

Les Turcs votent dimanche pour des législatives anticipées. Ce scrutin est crucial pour le parti de M. Erdogan, au pouvoir depuis 13 ans, qui espère retrouver la majorité gouvernementale qu'il a perdue lors des élections du 7 juin.
(AFP, 26 octobre 2015)

Les étranges défaillances du pouvoir turc dans la lutte contre l’EI

Ragip DURAN

Les défaillances de la police et des services de sécurité pour prévenir le double attentat suicide d’Ankara, qui a fait au moins 102 morts le 10 octobre, apparaissent jour après jour dans toute leur évidence.«J’ai déposé une plainte à la police. Je leur avais dit d’arrêter et de mettre en prison mon fils. Ils l’ont interrogé et puis ils l’ont laissé libre. Et lui, il est reparti en Syrie», s’indignait le père d’Omer Denyz Dundar, présumé deuxième kamikaze. «Il est parti pour la Syrie en 2013. Il est revenu un an après. Il est resté huit mois dans notre ville d’Adiyaman. C’est à ce moment-là que j’avais déposé la plainte mais la police ne l’a pas pris au sérieux», a précisé le père expliquant avoir compris qu’Omer Denyz avait des relations avec l’Etat islamique (EI) et qu’il voulait ainsi le sauver «de cette organisation d’assassins». Tout en maintenant ses accusations sur l’incroyable laxisme des forces de sécurité, le vieil homme est désormais convaincu que son fils n’est pas le second kamikaze. Il y a eu aurait une erreur dans les tests ADN. «Son frère a envoyé un message sur Facebook affirmant que lui et Omer Denyz vont bien»,a-t-il précisé.

Tous les fils de l’enquête sur ce double attentat, le plus grave de l’histoire de la Turquie républicaine, n’en remontent pas moins à la ville d’Adiyaman dans le sud-est, 290 000 habitants, distante d’à peine 150 kilomètres de la frontière syrienne. Au moins 300 jeunes du lieu sont partis combattre en Syrie dans les rangs des jihadistes et la plupart d’entre eux sont de jeunes Kurdes islamistes radicalisés. C’est de là aussi qu’est originaire Seyh Abdurrahman Alagöz, l’auteur de l’attentat suicide de Suruç, dans le sud-est, qui fit 35 morts le 20 juillet en visant une manifestation de militants kurdes et de gauche. Son frère aîné, Yunus Emre Alagöz, a été formellement identifié par les analyses ADN comme étant l’autre kamikaze d’Ankara. «Seyh Abdurrahman et Yunus Emerefils m’ont dit qu’ils avaient trouvé un travail de peintre à Gaziantep. Nous, on est pauvres, alors j’étais contente que mes fils aient trouvé un boulot. Son père est chauffeur de camion. On est separés», a raconté la mère. Le père, Zeynel Abidin Alagöz, s’était lui aussi, comme le père d’Omer Denyz Dundar, rendu auprès de la police d’Adiyaman pour dénoncer son fils, trois mois avant l’attentat de Suruc. «Ils n’ont rien fait, alors que je leur ai bien expliqué que mes fils avaient des rapports avec l’EI», se désole leur géniteur.

«Devenir le plus vite possible martyr»

Le gouvernement a imposé le black-out sur les informations concernant l’attentat d’Ankara. Mais plusieurs journaux, comme Radikal (centre gauche) ouCumhuriyet, ainsi que le site d’information indépendant Dikmen, bravent cette interdiction et publient des témoignages accablants sur l’attitude de la police, des responsables de la sécurité et des services de renseignement (MIT). Des députés du CHP (social-démocrate, principale formation de l’opposition), Eren Erdem, Veli Agababa et Ali Seker, ont aussi rendu public un rapport sur l’enquête qu’ils ont menée à Adiyaman. «Les jihadistes étrangers arrivent en général en Turquie aux aéroports d’Istanbul, d’Ankara et d’Antalya. Ils y sont accueillis par les membres de l’EI, sont envoyés dans la zone frontalière turco-syrienne, traversent relativement facilement la frontière et sont pris en charge de l’autre côté par l’EI, qui vérifie s’ils sont de vrais volontaires ou de possibles agents infiltrés», expliquent les députés dans leur rapport, affirmant que «quand ils sont blessés ils sont renvoyés en Turquie avec des cartes d’identités syriennes. Et ils sont soignés dans les hôpitaux privés des districts et des villes turcs.»

Adiyaman a été une plaque tournante dans ce réseau. Le parquet avait ouvert depuis près de deux ans une information sur l’organisation et l’implantation des jihadistes dans la ville. Un acte d’accusation a été rédigé en décembre 2014 visant le groupe «Dokumaci», du nom de famille du chef du groupe de l’EI à Adiyaman. Parmi les accusés figuraient apparemment aussi les auteurs présumés des attentats de Suruç et d’Ankara. Le chef et les membres de ce groupe étaient sur écoute depuis septembre 2013 selon l’acte d’accusation. Les enregistrements de leurs conversations sont éloquents. «Dieu merci, nous avons tué 45 infidèles», affirmait un des membres du groupe.«Ceux qui viennent d’Adiyaman sont à côté de moi»,clamait leur chef, Dokumaci, encourageant ses camarades «à devenir le plus vite possible martyr, car la vie dans le monde actuel est insupportable et il faut le plus vite possible joindre Allah». Une conversation enregistrée le 15 mai dernier entre les frères Alagöz ne laissait guère de doutes sur leurs intentions. «C’est peut-être la dernière fois qu’on se parle», disait l’un. L’autre renchérissait : «Nous avons déjà enterré nos frères dont les corps étaient déchiquetés, bonheur à nos frères.» La dernière de ces interceptions téléphoniques remonte apparemment au 17 mai. Dès lors, les enquêteurs auraient perdu la trace des deux frères Alagöz, comme celle des autres membres du groupe.

 Purges

«Ces conversations sont très claires. Il ne s’agit de pas de signes mais de vraies preuves de crimes en préparation. Le MIT aurait dû suivre de près ces personnes, sans les lâcher un seul instant. La défaillance des services de sécurité est très sérieuse», accuse, dans une interview au quotidienCumhuriyet du 18 octobre, Cevat Ones, ex-numéro deux des services de renseignements turcs. Ces ratés en chaîne témoignent pour le moins de la désorganisation de l’appareil sécuritaire turc après les réorganisations successives menées par l’AKP, au pouvoir depuis 2002, qui a d’abord éliminé les policiers et les responsables liés aux militaires et à la bureaucratie kémaliste. Il y eut en outre, à partir de l’automne 2013, de nouvelles purges massives visant cette fois les policiers et les magistrats soupçonnés d’être en cheville avec la confrérie islamiste de Fetullah Gülen, longtemps alliée de Recep Tayyip Erdogan puis devenue son plus implacable ennemi. Près de 10 000 policiers, notamment les cadres de l’antiterrorisme, ont été mis à pied. L’éradication de ce que l’homme fort d’Ankara appelle «l’Etat parallèle» –c’est-à-dire les «gulenistes»– était devenue la grande priorité. L’autre était de combattre les rebelles kurdes du PKK. La lutte contre les groupes jihadistes passait d’autant plus au second plan que longtemps l’AKP avait joué cette carte à la fois contre le régime de Bachar al-Assad, mais aussi pour affaiblir le mouvement kurde. Le retour de bâton est terrible, montrant un pouvoir totalement dépassé par les événements.
(Source)

Le prédicateur Gülen, ennemi juré d'Erdogan, jugé à partir du 6 janvier

Le prédicateur turc Fethullah Gülen, ennemi juré du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, sera jugé en Turquie en son absence au début de l'année prochaine pour tentative de coup d'Etat, a rapporté lundi l'agence de presse Dogan.

M. Gülen, qui vit depuis 1999 en exil aux Etats-Unis, sera poursuivi pour avoir "créé et dirigé une organisation terroriste armée", ainsi que pour tentative de "renverser par la force et la violence la République turque", a précisé Dogan.

Soixante-huit autres personnes comparaîtront avec lui à partir du 6 janvier, selon l'acte d'accusation de 1.453 pages cité par l'agence.

Longtemps allié du régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie, l'imam Gülen est accusé par M. Erdogan d'avoir voulu le renverser en pilotant une vaste enquête anti-corruption lancée fin 2013 contre l'actuel président et ses proches.

Le prédicateur, qui dirige un vaste réseau d'écoles, d'entreprises et d'ONG baptisé Hizmet ("service" en turc), a toujours nié ces allégations, dénonçant une "chasse aux sorcières".

Le gouvernement turc a lancé des purges de grande ampleur, arrêté des journalistes et des hommes d'affaires considérés comme proches de M. Gülen, et ouvert plusieurs fronts judiciaires contre le prédicateur.

Depuis près de deux ans, le chef de l'Etat a opéré de nombreuses purges contre les adeptes de Hizmet, notamment dans la police et la justice où des milliers de fonctionnaires ont été mutés, révoqués ou même incarcérés. Son gouvernement a également lancé de nombreuses procédures judiciaires contre ce qu'il qualifie d'"Etat parallèle".

M. Gülen avait déjà été renvoyé devant un tribunal le 17 septembre dans une affaire distincte pour "constitution de bande criminelle armée", faux et diffamation par le parquet antiterroriste d'Istanbul, qui avait requis son incarcération.
(AFP, 19 octobre 2015)

Après l'attentat d'Ankara, la Turquie confrontée à ses propres jihadistes

La Turquie était jusque-là considérée comme le point d'entrée favori des recrues jihadistes étrangères vers la Syrie voisine. L'enquête sur l'attentat-suicide d'Ankara confirme qu'elle est aussi devenue une terre de recrutement de ses kamikazes.

Diyarbakir, 5 juin 2015: 5 morts dans une explosion lors d'une réunion électorale du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde). Suruç, 20 juillet: 34 morts dans un attentat-suicide contre des partisans de la cause kurde. Ankara, 10 octobre: 99 morts dans un double attentat-suicide visant une manifestation pour la paix.

Aucune de ces attaques n'a été revendiquée mais, de l'avis-même des autorités turques, elles portent toutes la marque du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Dans ces trois cas, les informations qui ont filtré dans la presse ont pointé du doigt un groupe de jeunes Turcs radicalisés, proches de l'EI et originaires de la même ville du sud-est du pays, Adiyaman, qui compte environ 200.000 habitants.

"Il s'agit d'une même mouvance turco-jihadiste", résume une source diplomatique occidentale, "un petit groupe de Turcs radicalisés, qui ont combattu sous les couleurs de l'EI en Syrie et qui montent des opérations de leur propre initiative".

Selon le quotidien Hürriyet, les deux auteurs présumés de l'attaque d'Ankara ont été formellement identifiés. Il s'agit d'Ömer Deniz Dündar et de Yunus Emre Alagöz. Ce dernier est le frère d'Abdurrahman Alagöz, présenté comme le kamikaze de Suruç.

Connus des services de services de police, les frères Dündar le sont aussi à Adiyaman.

"Il s'agit de deux frères jumeaux, âgés de 23 ou 24 ans. Des étudiants qui se sont radicalisés et sont allés plusieurs fois combattre en Syrie", affirme à l'AFP un ami de la famille, Ali Ekin. "Leur père les a signalés à de multiples reprises aux autorités, mais ça n'a servi à rien", déplore-t-il.

"Les premières plaintes des parents Dündar datent de septembre 2013", confirme l'avocat de la famille, Osman Süzen.

Leur père est allé chercher ses deux fils à Raqqa, fief syrien de l'EI, et ils ont fini par rentrer en Turquie avec leurs épouses. "Pendant des mois, ils ont vécu dans la maison familiale sans que personne ne juge bon de venir les interroger", peste-t-il.

 - 'Capitale de Daech' -

 Dans la région d'Adiyaman, l'enrôlement des deux frères Dündar est loin d'être un cas isolé, selon les avocats du barreau local. "Dix-huit plaintes ont été déposées par des familles dont des proches ont rejoint Daech (acronyme arabe de l'EI)", avance M. Süzen.

"L'EI s'est appuyé sur un noyau dur de cinq ou six camarades pour recruter des dizaines de jeunes, et ainsi former une équipe de kamikazes", estime pour sa part Ali Ekin.

"Adiyaman n'est pas devenu la capitale de Daech" en Turquie, s'empresse toutefois d'ajouter ce proche de la famille Dündar, "les gens d'ici ont le même degré de sympathie que le reste du pays pour l'organisation islamiste".

"Il y a des cellules à Bingöl, Konya, Sakarya, Osmaniye, mais aussi à Istanbul et Ankara", affirme un connaisseur du dossier qui souhaite garder l'anonymat, "l'EI y recrute dans les milieux populaires, des familles où la religion est très peu présente".

Les deux frères kamikazes de Suruç et Ankara sont kurdes, précise Ali Ekin. "Le plus difficile pour ces parents dont les gamins se sont fait exploser, c'est que ce sont des Kurdes qui ont tué des Kurdes ou des prokurdes: c'est pire que tout".

Comme son parti, le député HDP d'Adiyaman, Behçet Yildirim, reproche au gouvernement islamo-conservateur turc d'être complaisant avec l'EI. "L'EI, ennemi des Kurdes en Syrie et en Irak, devient ainsi l'allié de la Turquie" pour "lutter contre les Kurdes", déplore-t-il.

Hostile au régime de Damas, la Turquie a été longtemps accusée par ses alliés de mansuétude vis-à-vis des jihadistes qui le combattent. Après l'attentat de Suruç, elle a toutefois opéré un revirement en menant quelques raids aériens contre l'EI, qui l'a ouvertement menacée de représailles.

"Cela fait plus de deux ans que nous tentons de faire prendre conscience à la Turquie de la menace que représente l'EI pour eux", confirme la source diplomatique, "je ne suis pas sûr pas qu'Ankara en soit encore totalement convaincu".

Selon la presse, les kamikazes présumés d'Ankara figuraient sur une liste d'une vingtaine de personnes jugées dangereuses par la police. Ce qui ne les a pas empêchés de tromper la vigilance des autorités pour frapper dans la capitale.
(AFP, 16 octobre 2015)

L'article d' Erwan Kerivel: Calife à la place du Calife…

Un article très documenté, qui paraitra également dans la revue Europe/Orient n°21.

Il permet de donner un contexte foisonnant pour retracer les origines de l’attentat d’Ankara et comprendre les projets de son “calife”.

Conclusion: La nébuleuse islamo-fasciste de Turquie et ses ramifications avec certaines strates de l’« état profond » et du clan Erdoğan sont actuellement un danger croissant pour les forces démocratiques en Turquie et au Kurdistan. Leur implication dans les attentats récents sur le sol turc et leur participation au djihad en Syrie sont des signes inquiétants de leur renforcement.... Erdoğan travaille à devenir calife à la place du calife.

(http://www.kedistan.net/2015/10/13/calife-a-la-place-du-calife/)


Socio-économique / Socio-economic

Les menaces d'Erdogan contre Putin sont-elles réalisables?

La Turquie, qui accuse la Russie de violations de son espace aérien, peut faire appel à d'autres que la Russie pour construire sa première centrale nucléaire et ne plus se fournir auprès de cet important partenaire commercial en gaz naturel, a prévenu jeudi son président Recep Tayyip Erdogan.

"Si les Russes ne construisent pas Mersin Akkuyu, alors d'autres viendront le faire", a-t-il dit à un journaliste qui l'interrogeait lors de son voyage au Japon pour savoir si le projet de la première centrale nucléaire de la Turquie construite par la Russie (Rosatom) dans le sud du pays serait affecté par les actuelles frictions.

"Ils (les Russes) ont déjà investi 3 milliards de dollars dans le projet. De ce fait, c'est à la Russie d'agir avec plus d'attention", a dit le chef de l'Etat islamo-conservateur turc, cité par le journal Hürriyet.

La centrale d'Akkuyu est un projet d'envergure de 19 milliards d'euros (21 mds de dollars) mené par la Russie qui devrait entrer en service en 2020.

La Russie contrôle en outre largement le robinet de gaz naturel de la Turquie, très dépendante envers Moscou qui lui fournit plus de 50% de son gaz.

Jeudi, la présidence russe a indiqué que les raids russes contribuaient en fait à protéger la sécurité de la frontière turque.

"Ces actions (...) contribuent à la sécurité dans la région qui bordent la frontière de la Turquie. A cet égard, la Russie oeuvre à ce qu'il y ait plus de stabilité et de sécurité sur les frontière de la République de Turquie", a souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.

De l'avis des observateurs, les avertissements du président turc reflètent plutôt sa frustration générale sur le dossier syrien.

"La réalité est que la Turquie a besoin de l'importation de gaz russe plus de Gazprom a besoin du marché gazier turc", a indiqué à l'AFP Andrew Neff, analyste chez IHS energy.

"La Russie est de loin le plus grand fournisseur de gaz à la Turquie qui ne peut se passer du gaz russe à moyen terme, et encore moins à court terme", a-t-il souligné.
(AFP, 8 octobre 2015)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Adhésion de la Turquie à l'UE: Sarkozy contre un "chantage"

Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi que l'adhésion de la Turquie à l'Europe ne devait pas être "le produit d'un chantage", dans un discours prononcé à Madrid, devant la chancelière allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants de partis conservateurs, réunis en congrès.

"Bien sûr que nous devons parler avec la Turquie, grand pays, grande civilisation, grand peuple, mais négocier, dialoguer avec la Turquie, ce n'est pas céder à un chantage", a-t-il déclaré.

"Nous avons des intérêts communs, parlons-en, mais l'adhésion à l'Europe n'est pas le produit d'un chantage, il est la conclusion d'un idéal commun, il nous faut d'urgence inventer un partenariat pour la Turquie aujourd'hui qui ne sera pas l'adhésion et qui ne sera pas un refus de la discussion", a ajouté le président du parti Les Républicains.

Mme Merkel l'écoutait, assise aux côtés du chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy et du président du Conseil européen Donald Tusk.

Dimanche, Mme Merkel avait estimé avoir obtenu un progrès dans les pourparlers avec la Turquie sur l'accueil des migrants, promettant de relancer la candidature d'Ankara à l'UE. Elle s'était rendue en Turquie pour proposer à Ankara des aides pour l'accueil des réfugiés notamment syriens afin qu'ils ne cherchent pas à gagner les pays européens voisins.

Mardi, le Premier ministre Manuel Valls avait utilisé devant les députés français le mot "chantage": "Il ne peut y avoir aucun marchandage, aucun chantage, mais la nécessité d'une aide à la Turquie" pour faire face à l'afflux des réfugiés fuyant le conflit syrien, avait dit M. Valls.

M. Sarkozy a par ailleurs mis en avant une "crise de l'identité européenne".

"L'identité, la civilisation, la culture, les langues européennes, si nous ne les défendons pas qui les défendra?", a-t-il demandé. "Oui à la générosité mais nous ne voulons pas changer la culture européenne, notre mode de vie ni qu'on nous enlève notre identité", a-t-il dit, soucieux de ne pas laisser ce discours "aux populismes".
(AFP, 22 octobre 2015)

Valls: L'adhésion de la Turquie à l'UE, "une perspective de long terme"

L'adhésion à l'UE de la Turquie, en première ligne de la crise des réfugiés, "reste une perspective de long terme" qui devra "le moment venu, être approuvée par le peuple français", a déclaré mardi Manuel Valls à l'Assemblée nationale.

"La question de l'adhésion turque reste une perspective de long terme qui devra, le moment venu, être approuvée par le peuple français. Donc, il ne peut y avoir aucun marchandage, aucun chantage, mais la nécessité d'une aide à la Turquie" pour faire face à l'afflux des réfugiés fuyant le conflit syrien, a souligné le Premier ministre, interrogé par François Fillon lors de la séance des questions à l'Assemblée.

Angela Merkel a estimé dimanche avoir obtenu un progrès dans les pourparlers avec la Turquie sur l'accueil des migrants, promettant de relancer la candidature d'Ankara à l'UE.

"Comme l'a rappelé le chef de l'État, l'issue de ces négociations (d'adhésion d'Ankara) est ouverte", a insisté Manuel Valls.

"Nous souhaitons que ces négociations avancent dans les domaines sur lesquels la Turquie est prête. Depuis 2005, 14 chapitres sur 35 ont été ouverts, un a été fermé, onze de ces chapitres ont été ouverts (...) sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un seul l'a été depuis l'arrivée de François Hollande à la présidence de la République",
a-t-il poursuivi.

Manuel Valls en a profité pour rappeler "une constance de la politique française", à savoir "la solidarité et le lien avec l'Allemagne (qui) sont indispensables".

"Et je ne participerai pas, moi, alors que Mme Merkel appartient à la même formation politique que vous au niveau européen, le PPE (Parti Populaire Européen), je ne participerai pas (...) à une mise en cause de l'Allemagne (...) Ce lien et cette solidarité avec l'Allemagne, nous les revendiquons, c'est une constance, nous n'en changerons pas au gré des campagnes électorales", a poursuivi Manuel Valls.

La chancelière allemande avait déjà été critiquée par une partie de la droite française, son alliée au plan européen, pour ses positions successives sur la question des migrants. Bruno Le Maire avait notamment estimé qu'elle avait commis "une double erreur" en ouvrant en grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés avant de faire volte-face.
(AFP, 20 octobre 2015)

La Turquie refuse d'accueillir de façon permanente les migrants

La Turquie n'est pas un "camp de concentration" et refuse d'accueillir de façon permanente sur son sol les migrants dont l'Union européenne ne veut pas, a affirmé lundi le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu.

"Nous ne pouvons pas accepter un accord sur la base suivante: +Donnez-nous de l'argent et ils restent en Turquie+. La Turquie n'est pas un camp de concentration", a déclaré M. Davutoglu lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision A Haber, au lendemain d'un entretien à Istanbul avec la chancelière allemande Angela Merkel.

"Je l'ai dit à Merkel. Personne ne doit attendre de la Turquie qu'elle se transforme en un camp de concentration où resteraient tous les réfugiés", a-t-il insisté.

"Mais l'immigration illégale doit être contrôlée", a ajouté le chef du gouvernement, "nous allons donc mettre en place des mécanismes conjoints (à cet effet)".

Bruxelles a annoncé jeudi un "plan d'action" aux termes duquel Ankara s'engagerait à retenir sur son territoire les migrants, notamment syriens, qui veulent rallier l'Europe, en échange d'une libéralisation du régime des visas pour les citoyens turcs et d'un coup de pouce à la candidature d'Ankara à une entrée dans l'UE.

La Turquie, qui accueille déjà officiellement 2,2 millions de réfugiés syriens, a fait monter les enchères en qualifiant ce plan de simple "projet" et en jugeant le budget proposé par l'UE "inacceptable".

"Nous avons parlé de 3 millions d'euros +d'argent frais+ mais ce n'est pas une somme définitive. Nos besoins (financiers) pourraient augmenter", a remarqué M. Davutoglu.

Lors de sa visite turque dimanche, Mme Merkel avait salué l'effort consenti par la Turquie pour l'accueil des réfugiés syriens et promis de "redynamiser" le processus de candidature turque à l'UE, au ralenti depuis de nombreuses années.

"Les discussions en la matière sont très prometteuses et continueront", avait-elle dit après un entretien avec le président Recep Tayyip Erdogan.

M. Davutoglu s'est lui réjoui de la "meilleure approche" récemment adoptée par Bruxelles sur le dossier des migrants.

Il s'est déclaré lundi optimiste sur une prochaine libéralisation du régime des visas imposés aux Turcs par l'UE. "Nous avons exigé l'abolition des visas Schengen et avons reçu une réponse positive. Cela interviendra en juillet 2016, les négociations continuent", a-t-il affirmé.
(AFP, 19 octobre 2015)

Merkel voit un progrès avec la Turquie, Pegida à nouveau dans la rue



Le mouvement islamophobe allemand Pegida organise lundi une grande marche dans son fief de Dresde (est) à l'occasion de son premier anniversaire, au lendemain d'une visite de la chancelière allemande à Istanbul consacrée à l'accueil des migrants.

Un temps moribond, ce mouvement a trouvé un second souffle dans la crise migratoire qui nourrit son discours de plus en plus radical, à mesure que les réfugiés arrivaient en Allemagne, où de 800.000 à un million de demandeurs d'asile sont attendus cette année.

La classe politique allemande a dès lors mis la lutte contre l'extrême droite, responsable aussi de dizaines d'attaques depuis le début de l'année contre des foyers de réfugiés, en tête des priorités.

Mais des voix plus nombreuses s'élèvent aussi pour fermer les frontières, une mesure que Mme Merkel a rejetée à plusieurs reprises en la qualifiant de "fausse solution".

Et depuis quelques semaines, Angela Merkel est devenue la cible privilégiée de Pegida qui cogne avec une férocité inédite sur elle et sa politique de la main tendue aux réfugiés.

L'agression à l'arme blanche commise samedi contre une candidate à la mairie de Cologne (ouest) connue pour ses activités pour l'accueil des migrants avait illustré la montée de la tension en Allemagne sur ce sujet. La candidate, Henriette Reker, gravement blessée et hospitalisée, a été élue dimanche avec plus de 52% des voix.

"Les citoyens ne devraient pas suivre ceux qui descendent dans la rue remplis de haine et d'hostilité envers les autres", a mis en garde la dirigeante allemande dans un entretien samedi à la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Angela Merkel, dont le pays reste la principale destination des réfugiés de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan, s'est rendue dimanche à Istanbul pour des entretiens avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu et le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, trois jours après l'adoption par un sommet de l'Union européenne d'un "plan d'action" pour amener la Turquie à agir en amont sur le flux de migrants fuyant notamment la guerre en Syrie, en les gardant sur son territoire.

La chancelière et les dirigeants turcs ont estimé avoir progressé sur la question des migrants, bien qu'aucune des parties n'évoque un accord définitif.

- 'La Turquie laissée seule' -

Le Premier ministre turc, M. Davutoglu, a salué une "meilleure approche" de l'UE à l'égard de la Turquie, qui a accueilli deux millions de réfugiés fuyant la guerre en Syrie voisine.

"Malheureusement, la Turquie a été laissée seule par la communauté internationale pour supporter ce fardeau (des réfugiés). Nous sommes satisfaits qu'ils aient une meilleure approche maintenant. Le progrès constaté en matière de partage (de ce fardeau) est très important", a-t-il déclaré en conférence de presse commune avec Mme Merkel.

Ankara avait d'abord qualifié le plan européen de simple "projet" au budget "inacceptable", estimant à au moins trois milliards d'euros ses besoins
pour financer l'accueil des réfugiés la première année.

Les Européens souhaitent qu'Ankara accueille davantage de réfugiés et renforce la surveillance des frontières notamment en échange de soutiens financiers.

Mme Merkel et M. Davutoglu se sont en outre inquiétés d'une "nouvelle vague" de réfugiés syriens de la région d'Alep (à la frontière avec la Turquie) où les forces du régime syrien avancent.

L'UE a vu arriver depuis le début de l'année des centaines de milliers de migrants, souhaitant s'établir en Allemagne et en Europe du Nord.
 Depuis samedi, après une nouvelle fermeture par la Hongrie de ses postes frontières avec la Croatie, les migrants prennent la route de l'Autriche et de l'Allemagne via la Slovénie. Dimanche cependant leur progression vers la Slovénie se faisait au ralenti avec un goulot d'étranglement à la frontière serbo-croate où quelque 2.000 migrants attendaient de pouvoir passer.

Ljubljana a réaffirmé dimanche qu'elle ne serait en mesure de faire transiter vers l'Autriche que jusqu'à 2.500 migrants par jour. Le gouvernement slovène a d'ailleurs refusé de laisser entrer un train transportant 1.800 migrants de Croatie, après un premier afflux de 3.000 personnes la veille dans ce petit pays (2 millions d'habitants) de l'UE.

Pour le moment épargnée par la vague de migrants arrivant en Europe, la Suisse a connu dimanche une poussée spectaculaire de la droite anti-immigration aux élections législatives. Le parti populiste UDC est devenu la première formation de la Confédération helvétique.
(AFP, 19 octobre 2015)

Douche froide pour la Commission: la Turquie fait monter les enchères

Dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'issue d'un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, la Commission européenne avait fait part de son "optimisme" en annonçant un accord avec Ankara pour endiguer ces flux migratoires.

Mais le ministre turc des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu a douché l'enthousiasme bruxellois. "Ce n'est pas définitif (...) C'est un projet sur lequel nous travaillons", a-t-il déclaré, qualifiant notamment d'"inacceptable" l'aide financière proposée par l'UE.

Face aux exigences de Bruxelles - accueillir davantage de réfugiés, renforcer la surveillance des frontières -, le plan d'action prévoit la relance des discussions sur la candidature de la Turquie à l'UE, un accès facilité aux visas pour les citoyens turcs et une aide financière.

C'est sur ce dernier point que la Turquie a tapé du poing sur la table, précisant avoir besoin d'au moins trois milliards d'euros pour la première année.

Les chefs d'Etat et de gouvernements s'étaient contentés jeudi d'évoquer "de nouveaux financements, substantiels et concrets", sans fixer de montant.

Ces dernières semaines, l'exécutif européen avait proposé à Ankara un montant d'environ un milliard d'euros, en redirigeant vers l'aide aux réfugiés des fonds déjà envisagés pour la Turquie dans le cadre d'autres partenariats. Mais le chiffre de trois milliards a ensuite été présenté par des sources européennes comme le montant minimal réclamé par Ankara.

La Commission est prête à mobiliser une partie de ce montant sur le budget de l'UE, mais son président Jean-Claude Juncker a clairement signifié aux Etats membres qu'ils allaient devoir mettre la main au portefeuille.

Si l'UE insiste, c'est que la voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenu l'accès le plus emprunté chaque jour par les migrants cherchant à rejoindre l'UE.

Angela Merkel s'est montrée ouverte vendredi à une concession à la Turquie, qui souhaite être considérée comme un "pays sûr" par les Européens. La chancelière allemande est attendue dimanche à Istanbul pour discuter de la crise migratoire.

La Hongrie a fermé, comme annoncé, les principaux points de passage des migrants à sa frontière croate. Trois points de passage sont concernés sur toute la longueur de la frontière entre la Hongrie et la Croatie. Au poste de Zakany, un passage officieux en pleine campagne, les dernières ouvertures dans la clôture de barbelés ont été hermétiquement obstruées un peu avant 01H00 (23H00 GMT) dans la nuit de vendredi à samedi après le passage d'un dernier groupe de migrants, selon des journalistes de l'AFP.

Les deux postes-frontières officiels de Beremend et Letenji restent ouverts pour les usagers présentant des papiers en règle, mais empêchent les passages de migrants non munis de visas.

"La +frontière verte+ a été fermée, vous pouvez toujours franchir la frontière légalement et demander l'asile", a déclaré Zoltan Kovacs, un porte-parole du gouvernement hongrois joint par l'AFP.

Budapest avait annoncé vendredi après-midi son intention de fermer dans la nuit sa clôture anti-migrants tout juste achevée, comme le pays l'avait fait il y a un mois à sa frontière avec la Serbie.

Quelque 1.500 hommes, femmes, enfants, et une personne âgée portée en fauteuil roulant par des proches, ont franchi en silence à Zakany, les pieds dans la boue, le passage vers la Hongrie, pays qu'ils ne feront que traverser pour rallier l'Europe occidentale.

Tous étaient arrivés, moins d'une heure avant la fermeture de la frontière, dans une gare voisine, après un long périple depuis la Turquie à travers les Balkans. La plupart disaient ignorer qu'ils faisaient partie du dernier groupe à franchir ce accès.


Plus de 170.000 migrants sont entrés en Hongrie via la Croatie depuis le 15 septembre, les deux pays coopérant de facto pour assurer le transit quotidien.

La Croatie va rediriger l'afflux prévisible des migrants, après la fermeture de la frontière hongroise, vers la Slovénie, a annoncé le ministre croate de l'Intérieur après des discussions entre les deux pays.

Un migrant afghan a été tué jeudi soir par la police des frontières bulgare, une première depuis le début de la crise qui a vu affluer plus de 600.000 migrants en Europe, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le jeune Afghan a été mortellement touché par un tir de sommation dont la balle a "ricoché", selon la police bulgare, qui tentait d'arrêter une cinquantaine de migrants qui venaient de franchir illégalement la frontière turque.
 (AFP, 17 octobre 2015)

Un "plan d'action commun" a été conclu entre l'UE et la Turquie

La Commission européenne a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi qu'elle avait conclu un "plan d'action commun" avec la Turquie pour endiguer les flux migratoires, à l'issue d'un sommet des chefs d'Etats à Bruxelles.

"Nous nous sommes mis d'accord sur le contenu exact de ce plan d'action", a indiqué le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse dans la nuit de jeudi à vendredi.

"La Turquie se montre prête à accueillir davantage de réfugiés et à leur offrir plus de perspectives pour leur éducation et leur travail, à mieux les enregistrer, à une surveillance des frontières plus efficace et aussi à une lutte commune contre les réseaux criminels de trafic d'êtres humains", a détaillé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

En échange, "on va aider, car investir financièrement en Turquie est aussi dans notre intérêt à nous", a-t-il ajouté, confirmant qu'Ankara exige trois milliards d'euros d'aide de la part des Européens.

M. Juncker a indiqué que cet aspect du plan devait encore être négocié "dans les jours qui viennent".

Le président français François Hollande a confirmé qu'"il n'y a pas de montant qui a été fixé". "Il ne s'agit pas de donner de l'argent. Il s'agit de savoir" à quoi ces fonds peuvent servir, a-t-il plaidé.

Les aides doivent notamment être consacrées "à la création de centres de réfugiés" et "la prise en charge des enfants", a souligné M. Hollande.

La Commission a d'ores et déjà prévu de dégager "500 millions d'euros sur ses moyens propres" pour "assurer de premières actions", a-t-il précisé.

Le feu vert politique des dirigeants européens à ce plan est "une étape majeure" dans la gestion de la crise migratoire, a indiqué de son côté Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui réunit les chefs d'Etats et de gouvernement des 28 membres de l'UE.

Les Européens promettent en échange à Ankara d'"accélérer" les négociations pour faciliter l'octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l'UE.

"Mais ceci ne veut pas dire que nous renonçons aux critères de base qui sont la règle dans ce domaine", a souligné M. Juncker, ajoutant qu'une première évaluation des progrès dans les négociations sera réalisée au printemps 2016.

"Il ne peut y avoir de libéralisation des visas s'il n'y a pas de contrôles. C'est un mouvement parallèle", a renchéri le président François Hollande.
 Les dirigeants de l'UE sont également convenus d'oeuvrer à un système intégré de gestion des frontières qui "ira au-delà du mandat de Frontex", l'agence européenne de surveillance des frontières.

"Dans les prochains mois, l'agence va se transformer en un organe plus opérationnel", a expliqué M. Tusk.

"Notre but est de donner à Frontex le droit de renvoyer les migrants illégaux de sa propre initiative, et de la rendre plus proactive en ce qui concerne la protection des frontières extérieures" de l'UE, a indiqué le président du Conseil.

 Enfin, les 28 ont également débattu de la création d'un corps de gardes-frontières européens pour renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne.

"L'idée a progressé", a assuré M. Hollande. "Cette proposition n'est plus une proposition, c'est une décision. Ce sera un coût bien moins élevé que s'il fallait rétablir des frontières nationales", a-t-il ajouté.
(AFP, 16 octobre 2015)

"Capitulation inacceptable", juge Marine Le Pen

La présidente du FN Marine Le Pen a qualifié de "capitulation inacceptable" le plan d'action commun conclu entre l'UE et la Turquie pour endiguer les flux migratoires.

"Le plan d'accord conclu cette nuit entre l'Union européenne et la Turquie sur la question des migrants est une capitulation inacceptable au détriment de tous les intérêts de notre pays", estime Mme Le Pen dans un communiqué.

"La Turquie va d'abord recevoir un confortable chèque de 3 milliards d'euros de la part des Etats européens, contraints d'accepter ce chantage aux migrants car désarmés par la suppression volontaire de leurs frontières nationales et par Schengen", ajoute Mme Le Pen.

"La Turquie ensuite va bénéficier d'une augmentation des visas accordés par l'Europe à ses ressortissants. Prétendre combattre l'immigration en ouvrant les vannes, voilà une drôle de conception de l'action politique", poursuit-elle.

Si le Premier ministre néerlandais, qui participait au sommet des chefs d'Etat à l'origine de ce plan d'action, a confirmé qu'Ankara exige 3 milliards d'euros d'aide, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a indiqué que cet aspect du plan devait encore être négocié "dans les jours qui viennent".

Les Européens ont par ailleurs promis à Ankara, en échange des efforts consentis pour l'accueil des réfugiés, d'"accélérer" les négociations pour faciliter l'octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l'UE.

La présidente du Front national est tête de liste pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie, qui comprend notamment la ville de Calais, qui abrite, dans des conditions précaires, entre 4.000 et 6.000 migrants, selon les sources.
(AFP, 16 octobre 2015)

Les journalistes ont été malmenés lors de la visite d'Erdogan

Dans une séquence d'émission de la RTBF, déjà vue 200.000 fois sur Internet, le porte-parole du Premier ministre exige d'un journaliste que certaines images ne soient pas diffusées à l'écran.

Dans le cadre de l'émission hebdomadaire 7 à la Une de la RTBF, le journaliste Tristan Godaert intervient chaque semaine dans une séquence appelée Contrechamp. Avec un seul objectif : se pencher sur un sujet d’actualité à travers les coulisses et les à-côtés de celui-ci. Le journaliste s’invite donc sur place et tente de balader sa caméra un peu partout. "Les à-côtés et les anecdotes sont souvent très instructifs", indique-t-on, sur le site de la RTBF, pour présenter l'émission. Reste que, depuis samedi soir, une séquence fait le buzz sur la toile, et a déjà été regardée par plus de 200.000 internautes. Dans ce petit film consacré aux coulisses de la visite d'État du président turc Recep Tayyip Erdogan, on voit Frédéric Cauderlier, l'actuel porte-parole du Premier ministre, en colère, exiger du journaliste que certaines images filmées par son cameraman ne soient pas diffusées à l'écran. "Elle ne souhaite pas être filmée (Ndlr, Aurélie Czekalski, attachée de presse du Premier ministre). Le truc n'a pas intérêt à passer sur antenne, c'est clair?", indique Frédéric Cauderlier, qui ne se doute pas qu'il est filmé. "Si elle est dans le sujet, c'est une erreur grave et cela ne restera pas sans suite !", poursuit-il. "Tu veux faire chier dans les coulisses en permanence. C'est bien, c'est amusant. Tu veux jouer au Petit Journal ? C'est bien, fais le, c'est chouette. Mais pas en permanence. Tu as envie de travailler comme cela ? Continue à travailler comme cela, mais cela ne durera pas longtemps avec nous !", poursuit le chef de com' du MR. Précisons que le film ne dure qu'une minute 36, et que la discussion a duré plus longtemps que ces quelques extraits rendus publics par la RTBF.

Que s'est-il passé ? À la base, le cameraman de Contrechamp filme une discussion, où l’on peut observer le conseiller de l'ambassade de Turquie reprocher à une collaboratrice du Premier ministre Charles Michel (MR) d'avoir laissé une journaliste poser au président turc une question dérangeante. Une séquence-coulisse pour le service de communication du Premier ministre, qui considère, que les caméras ne sont pas censées filmer ce genre de discussion. Aurélie Czekalski, l'attachée de presse, demande donc au journaliste de ne pas diffuser cette séquence, et va jusqu'à menacer de prévenir les responsables de la RTBF. C'est donc cet échange que le porte-parole du Premier ministre ne souhaite pas voir être diffusé. Il invoque pour ce faire le droit à l'image de son attachée de presse.

Si Frédéric Cauderlier n'a pas souhaité réagir personnellement à ce bad buzz, l'entourage du Premier ministre ne cache pas son agacement face à une vidéo, qui tromperait délibérément les téléspectateurs sur ce qui s'est vraiment passé. "On est attaché plus que tout à la liberté de la presse. Les services du président turc avaient exigé que certains journalistes d'opposition ne reçoivent pas leur accréditation, ce que nous avons justement refusé au nom de la liberté d'expression. La vidéo est donc trompeuse car elle fait croire qu'on ne voulait pas que cette journaliste pose une questions. Ce qui est faux", nous indique-t-on. "Prendre ces images à ce moment portait clairement atteinte au droit à l'image de la collaboratrice. Les communicants n’ont pas été prévenus qu’ils faisaient l’objet d’un reportage, la RTBF ayant annoncé sa venue pour couvrir la visite d’Erdogan", souligne encore l'entourage de Charles Michel.

Un point de vue que ne partage pas François Mazure, le présentateur de l'émission 7 à la Une, qui trouve au contraire pertinent d'avoir diffusé la séquence. "On a flouté les visages, donc on respecte le droit à l'image. Mais on a estimé que le ton était interpellant. Cela pouvait relever de l'intimidation. On a estimé que cette séquence était donc importante à diffuser", explique-t-il.

De son côté, la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) a dénoncé ce dimanche les tentatives d'intimidation répétées du cabinet du Premier ministre belge Charles Michel à l'encontre du journaliste de la RTBF dans le cadre de la couverture de cette visite d'Etat.
(La Libre Belgique, 11 octobre 2015)

Attentat: la presse française pointe du doigt Erdogan

Après l'attentat de samedi qui a fait au moins 97 morts à Ankara, la presse française pointe du doigt lundi le président Recep Tayyip Erdogan estimant qu'il attise les tensions en Turquie à trois semaines de législatives dangereuses qu'il organise après avoir perdu la majorité absolue au Parlement lors des élections de juin.

Le plus virulent est Patrick Apel-Muller qui affirme dans le quotidien communiste l'Humanité que "le président turc a choisi de mener campagne dans le sang" car "pour cet islamiste, la stratégie de la peur semble le seul moyen d'empêcher les électeurs de le désavouer une seconde fois."

Deux fortes explosions, attribuées par le gouvernement à des kamikazes, ont visé samedi matin près de la gare centrale de la capitale turque une manifestation de partis, syndicats et ONG proches de la cause kurde, qui dénonçaient la reprise des affrontements entre les forces de sécurité et la rébellion kurde.

"Erdogan alimente tous les soupçons. Toutes les colères", analyse, pour La Montagne, Bruno Mège ce qui fait que "cette théorie complotiste se répand comme une traînée de poudre", assure Philippe Palat (Le Midi Libre).

Dans Libération, Marc Semo estime aussi qu'"Erdogan mise sur une stratégie de la tension" mais que "cette politique mène le pays dans une impasse totale". "Un basculement de la Turquie dans la violence aura un effet dévastateur bien au-delà du pays", ajoute Libé et "c'est aussi pour cela que l'enjeu des élections est crucial pour toute l'Europe".

A cet égard,
Carole Bouillé souligne dans l'Union que "la situation est explosive ... dans ce pays où certaines régions ne sont plus très loin de la guerre civile". D'autant, ajoute Olivier Pirot (La Nouvelle République du Centre-ouest), qu'"avec cette montée continue de la tension et des violences, c'est aussi une solution de paix durable avec les Kurdes qui s'éloigne de plus en plus."

" La manoeuvre d'Erdogan, explique Pierre Fréhel (Le Républicain lorrain) a
consisté à profiter de la guerre pour se débarrasser de toute opposition. Son pari n'est pas gagné. A moins qu'il ne liquide aussi les élections prévues."

Dans Sud-Ouest, Bruno Dive, remarque que "personne ne peut souhaiter la déstabilisation de la Turquie dans une région déjà si tourmentée". Mais il faut espérer que celle-ci retrouve au plus vite le chemin de la démocratie", ajoute-t-il.
(AFP, 12 octobre 2015)

L'UE tend la main à la Turquie en échange de nouveaux camps

L'Union européenne s'est accordée avec Ankara sur un "plan d'action commun" qui prévoit la mobilisation de fonds européens et l'accueil en Europe de réfugiés qui affluent en Turquie, en échange de l'ouverture de centres d'accueil de demandeurs d'asile sur le territoire turc.

La crise migratoire sera mercredi au centre des débats au Parlement européen à Strasbourg en présence du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel, laquelle doit dans la soirée défendre sa politique d'ouverture aux réfugiés au cours d'une émission télévisée très attendue.

En Turquie, les Européens attendent notamment qu'elle ouvre six "centres de réception" de réfugiés co-financés par l'UE, une perspective jusqu'ici rejetée par le gouvernement turc.

Ils demandent aussi davantage de patrouilles et d'opérations de secours au large de ses côtes, et qu'elle reprenne les migrants économiques renvoyés par l'UE.

La mise en oeuvre de ce plan d'action "va contribuer à accélérer le processus de libéralisation des visas" pour les Turcs voulant voyager en Europe, a assuré la Commission européenne, qui a publié mardi une version provisoire du texte négocié avec Ankara.

Les autorités turques n'ont pas réagi dans l'immédiat. L'annonce intervient après un accord de principe trouvé entre les dirigeants des institutions européennes et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi à Bruxelles, a affirmé la Commission européenne.

La Turquie joue un rôle pivot: chaque jour, depuis ses côtes, embarquent des milliers de personnes pour les îles grecques de la mer Egée.

"Le plan d'action" liste "une série d'actions et de collaborations qui doivent être mises en oeuvre urgemment" pour maîtriser l'afflux de réfugiés de la Turquie vers l'UE.

Chacune des propositions de l'accord doit encore être approuvée par les deux parties, a indiqué l'exécutif bruxellois.

"Tout ce qui aidera les réfugiés, comme des centres de réception adéquats leur offrant de bonnes conditions (...) est bienvenu", s'est félicitée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), basée à Genève.
 "C'est un bon pas. Mais les besoins sont si grands, avec 20 millions de réfugiés dans le monde, sans compter les foules qui se déplacent maintenant de Syrie et d'autres endroits du Moyen-Orient et d'Afrique, que plus il y aura d'engagement en faveur de la réinstallation mieux ce sera", a déclaré à l'AFP son directeur général William Lacy Swing.

Les Européens, qui font face à la pire crise migratoire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, craignent l'arrivée de nouvelles vagues de réfugiés en raison de l'aggravation de la crise syrienne où l'aviation russe mène désormais des frappes contre les rebelles et groupes jihadistes en soutien au président Bachar al-Assad.

Dans un rapport publié mercredi, le groupe Oxfam a estimé que les efforts internationaux déployés pour aider les Syriens dans leur pays et à l'étranger se sont avérés "totalement insuffisants".

- 'Nouvelle vague' -

"Une victoire potentielle du régime d'Assad est plus probable aujourd'hui en raison de l'engagement de l'Iran et de la Russie en Syrie, et cela se traduira par une prochaine vague migratoire", a prévenu mardi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

"Selon les estimations des Turcs, trois millions de réfugiés supplémentaires pourraient venir d'Alep et de ses environs", a-t-il insisté.

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu avait rejeté avec véhémence la semaine dernière l'installation sur son sol des camps d'accueil et d'enregistrement des migrants souhaités par l'UE, la jugeant "inacceptable" et "inhumaine".

La Turquie, où la campagne pour les élections du 1er novembre bat son plein, craint surtout que ces "guichets" pour les candidats à l'asile --avec la perspective d'être peut-être transférés pour certains en Europe-- ne provoquent une ruée de candidats, alors qu'elle accueille déjà 2,2 millions de réfugiés syriens.

L'UE a réitéré sa promesse de "mobiliser jusqu'à un milliard d'euros" en 2015 et 2016 pour la Turquie et d'abonder un fonds pour la santé et la scolarisation des réfugiés syriens à hauteur de 500 millions d'euros.

Les dirigeants européens s'engagent surtout à "soutenir" les projets de "réinstallation" qui "permettraient à des réfugiés en Turquie d'entrer dans l'UE d'une façon ordonnée", et sans risquer leur vie sur des embarcations de fortune en mer Egée.

Cet été, les 28, la Norvège, la Suisse, l'Islande et le Liechtenstein se sont engagés à un programme de répartition de 22.500 réfugiés vivant dans des camps dans des pays voisins de la Syrie.

"Le travail sur une approche structurée des réinstallations dans toute l'UE sera intensifié", selon le plan d'action. Ce débat s'annonce explosif, alors que les pays de l'UE se sont déchirés ces dernières semaines sur la répartition de 160.000 réfugiés déjà arrivés dans l'Union.

Un avion a été affrété pour les premiers transferts dans ce cadre de réfugiés érythréens, d'Italie en Suède, vendredi. Il décollera de Rome dans la matinée, a annoncé la Commission.

Bruxelles met aussi l'accent sur "la lutte contre les passeurs de migrants", grâce à un renforcement des moyens des garde-côtes turcs, qui devraient multiplier les patrouilles mais aussi les sauvetages en mer.
(AFP, 7 octobre 2015)

Toujours une soumission incroyable de Bruxelles au dictateur d'Ankara!


Photo: Binfikir

Photo: BelTurkHaber


Une fois de plus, malgré ce qui s'est passé, environ 3.000 ressortissants turc se sont rassemblées place Stéphanie pour accueillir, dimanche à 19h, le président de la république de Turquie Recep Tayyip Erdogan, en visite à Bruxelles pendant 2 jours.

La circulation des trams a été interrompue en fin de journée entre la place Stéphanie et l'arrêt Louise. Il y a deux ans, une perturbation pareille à cause de la venue d'Erdogan a été fort critiquée.

Question: le bourgmestre de la Bruxelles Ville, Yvan Mayeur, comment a-t-il autorisé un tel rassemblement pour la propagande personnelle du dictateur de Turquie?

Selon les médias belges, le public est majoritairement composé de Belgo-turcs, mais compte également des ressortissants turcs d'Allemagne ou des Pays-Bas. Des ballons rouges et blancs ainsi que de nombreux drapeaux turcs ont décoré la place.

Certaines affiches de ce rassemblement étaient tout à fait racistes contre le peuple turc. L'une entre elles disaient (photo) "3-5 hordes de chien hurlent Kurdistan!"

Protestation à Strasbourg

Près de 5.000 personnes selon les organisateurs et 1.400 selon la police se sont rassemblées ce dimanche après-midi pour protester contre le meeting tenu parallèlement au Zénith de Strasbourg par le président turc Tayyip Erdogan.

Sous la vigilance de nombreux agents de police en civil, le rassemblement s’est déroulé dans le calme malgré des discours enflammés prononcés sur une tribune fraîchement installée. Des diatribes qui ont unanimement condamné le président turc à qui il a été reproché, en autre, une politique répressive à l’encontre des opposants, des démocrates, du peuple kurde, des alévis…
 
Le meeting organisé au Zénith par le président turc, est vécu par nombreux participants venus d’Allemagne, de Suisse et de la France entière, comme une agression, une de plus. « Erdogan est venu à Strasbourg pour mobiliser ses troupes, car il est frustré de ne pas avoir obtenu la majorité absolue aux élections du 7 juin dernier. Cela l’empêche de modifier la constitution en sa faveur car il refuse tout gouvernement de coalition. C’est pour ça qu’il organise des élections anticipées », explique Erdal Kiliçkaya président de la Fédération union des alévis en France (FUAF), organisatrice du rassemblement.

« Il rêve de devenir le sultan du Moyen Orient, on s’approche de la charia. Dans certaines écoles les filles sont déjà séparées des garçons, l’école coranique prend de plus en plus d’importance. Il réprime les Kurdes et toutes les minorités religieuses. Si il perd, il va être encore plus agressif. On ne veut pas de ses discours de haine, on veut vivre ensemble. On avait commencé la paix, et il commence la guerre. »

Accusé également de soutenir Daesh et de tenir un discours double, les propos à l’encontre du président tout comme les nombreuses pancartes de l’assemblée étaient loin d’être tendres avec le président turc. Un meeting strasbourgeois qualifié d’illégal par certains manifestants kurdes, et même regretté : « Nous espérons que pas un centime de la ville ou de l’Eurométropole a été dépensé pour l’organisation du meeting d’Erdogan, explique Simon Baumert, coordinateur EELV à Strasbourg. Pourquoi la ville de Bruxelles a refusé qu’il y soit organisé et pas Strasbourg ? Nous aurions souhaité un signal plus ferme des autorités locales. Non, Erdogan n’est pas le bien venu à Strasbourg. »

La visite d'Erdogan à Bruxelles dans une période très troublée en Turquie

La Turquie pourrait apporter une aide décisive à l'UE pour régler la crise des réfugiés qui fuient massivement le conflit syrien, mais une meilleure coopération entre Bruxelles et Ankara, aux relations difficiles, reste à échafauder, selon des analystes.

L'accélération de la crise syrienne, où la Russie effectue des frappes aériennes depuis mercredi, risque de jeter davantage de réfugiés sur les routes, et c'est dans ce contexte que le président turc Recep Tayyip Erdogan est reçu lundi à Bruxelles par le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Donald Tusk, le président du Conseil européen.

La Turquie joue un rôle pivot: chaque jour, depuis ses côtes, embarquent des milliers de personnes pour les îles grecques de la mer Egée. Une fois arrivées sur le continent, elles poursuivent leur route par les Balkans jusqu'en Hongrie ou Croatie, d'où elles tentent de gagner le nord de l'Europe, en particulier l'Allemagne, dans l'espoir d'y trouver l'asile.

"Dans cette catastrophe migratoire, dans cet exode massif provoqué par la Syrie et maintenant en partie par l'implantation militaire russe qui donne aux gens le sentiment que ça va s'aggraver, la Turquie et l'Union sont dans le même bateau (...) C'est déstabilisant pour eux comme c'est déstabilisant pour l'UE", souligne Marc Pierini, chercheur à l'institut Carnegie Europe.

La Turquie a dit jeudi sa "grave préoccupation" après les premières frappes russes en Syrie. Et le président Erdogan a répété sa volonté d'amener son pays à une adhésion à l'UE, à la peine depuis 2005, y voyant une "stratégie gagnant-gagnant".

- Main tendue -

"La Turquie fait partie de la solution", a assuré cette semaine Simon Mordue, haut fonctionnaire de la Commission européenne.

"La Turquie accueille actuellement plus de deux millions de réfugiés syriens, dont 260.000 sont dans des camps et 1,75 sont en dehors de camps. La Turquie a investi plus de huit milliards de dollars pour les loger", a-t-il expliqué. "Nous voyons donc la Turquie comme un partenaire dans cette crise, de nombreux défis auxquels la Turquie fait face sont similaires à ceux que nous affrontons".

Cette main tendue cache mal le malaise des Européens, dont les relations avec Erdogan se sont refroidies depuis quelques années.

Droits de l'homme, liberté d'expression, indépendance de la justice... La liste des griefs adressés ces dernières années par Bruxelles à Ankara est longue. Les Européens, même s'ils reconnaissent à Ankara le droit de lutter contre "le terrorisme", s'inquiètent en privé de l'offensive contre la rébellion kurde du PKK lancée fin juillet et ils regrettent son peu d'empressement à combattre les jihadistes de l'Etat islamique.

En face, le gouvernement islamo-conservateur et M. Erdogan ont fustigé Bruxelles pour son inaction face au problème des réfugiés syriens. Ankara réclame sans cesse une zone de sécurité le long de la frontière turco-syrienne, que l'UE ne voit pas d'un bon oeil.

- Elections -

"Cette visite intervient aussi dans une période très troublée en Turquie, avec des élections parlementaires le 1er novembre sur fond de spirale de violence et de détérioration de l'Etat de droit" en raison de raids et d'attaques contre des partis et médias prokurdes, souligne M. Pierini, ex-ambassadeur de l'UE dans ce pays.

Les Européens ont proposé la semaine dernière des aides financières massives à la Turquie et via l'ONU.

Mais la coopération souhaitée par Bruxelles va bien plus loin. Elle porte sur la lutte contre les passeurs sur les côtes turques --alors que le "business" du passage de demandeurs d'asile en Europe devrait au moins rapporter un à deux milliards d'euros cette année, selon M. Pierini-- et sur le demantèlement de filières de faux passeports.

Surtout, les Européens aimeraient que la Turquie accepte la mise sur pied de procédures d'enregistrement de demandeurs d'asile, qui pourront ensuite être en partie accueillis en Europe, pour éviter qu'ils ne se lancent dans le voyage périlleux sur des embarcations de fortune. Cette idée a été jugée "inacceptable" par le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Gerald Knaus, directeur du think thank Initiative européenne pour la stabilité (ESI), propose lui une "mesure exceptionnelle" pour soulager à la fois le fardeau turc et assécher la route meurtrière de la mer Egée : "Berlin devrait s'engager à prendre 500.000 réfugiés syriens directement depuis la Turquie dans les douze mois à venir".

En même temps, pour les décourager, l'UE devra systématiquement renvoyer en Turquie les migrants arrivés illégalement en Europe, selon lui.
(AFP, Alix RIJCKAERT, 3 octobre 2015)

Erdogan, timonier d’un bateau ivre

La Libre Belgique, Jérome Bastion, 3 octobre 2015


Près de trois mois après la désignation d’une nouvelle représentation nationale par les électeurs turcs, le Parlement s’est réuni pour la première fois jeudi sur une scène inédite et plutôt surréaliste, qui en dit long sur l’état dans lequel se trouvent les institutions du pays : aucun leader de l’opposition n’était présent lorsque le chef de l’Etat a pris la parole. Hormis les membres de l’AKP, le parti du Président et du Premier ministre, les députés ne se sont même pas levés, comme le veut la tradition, lorsqu’il est entré dans la salle plénière. Et dès ses premiers propos, les élus du Parti démocratique des Peuples (HDP, gauche pro-kurde) ont quitté leurs bancs en signe de défiance. "Pour nous, Recep Tayyip Erdogan n’incarne pas la fonction de Président de la République, il se comporte comme le Président du Parti de la Justice et du Développement (AKP) , et il porte l’entière responsabilité de la situation de guerre qui prévaut actuellement", a expliqué la vice-présidente du groupe parlementaire HDP Pervin Buldan.

De quoi courroucer, forcément, le chef de l’Etat qui s’en est une fois de plus violemment pris aux élus du HDP en lançant qu’"ils ne représentent pas (mes) frères kurdes". " C’est une farce !" Elle ne fait pas du tout sourire le politologue Cengiz Aktar : "Quel est ce Président qui fustige un parti élu ?" Pour lui, "Erdogan ne rate pas une occasion de violer la Constitution" , et risque fort de " continuer ainsi jusqu’à ce qu’il parte" . Et de conclure : "La démocratie représentative, déjà, avait du plomb dans l’aile dans ce pays, mais désormais, c’est la démocratie participative qui ne fonctionne plus. L’Etat, les institutions sont quasiment à l’arrêt, c’est une ambiance de fin de règne" , conclut-il.

Tentative de changement de régime

L’Etat, c’est lui, Recep Tayyip Erdogan, en effet : depuis qu’il a été élu Président de la République (pour la première fois dans l’histoire du pays au suffrage universel) en août 2014, bien sûr; mais paradoxalement plus encore depuis que l’AKP - qu’il contrôle encore de près, comme l’a montré le congrès du parti le 12 septembre dernier - a perdu la majorité absolue au Parlement, début juin. Tout le monde sait qu’il a tout fait pour empêcher la formation d’une coalition gouvernementale afin de convoquer de nouvelles élections législatives, le 1er novembre prochain.

C’est d’ailleurs lui, sans attendre la décision du Haut Conseil électoral, normalement seul habilité à définir le calendrier des élections, qui a annoncé la date de cette nouvelle consultation - le plus rapidement possible, ramenant le délai légal de trois à deux mois après l’échec des négociations pour la formation d’un gouvernement de coalition, dont la durée limite n’était même pas à son terme.

C’est lui aussi qui annonçait le 16 juillet dernier : "Que vous l’acceptiez ou non, il y a eu un changement de régime en Turquie. Ce qu’il faut maintenant, c’est officialiser cette situation par un changement de Constitution."

Cote de popularité en chute libre

Stupeur dans l’opposition qui a dénoncé un coup d’Etat civil. Pour Murat Yetkin, rédacteur en chef de "Hürriyet Daily News", c’est bien "un coup de force constitutionnel" que tente d’imposer le Président Erdogan, à la manière de Napoléon-Louis Bonaparte (Napoléon III). Ce dernier avait été élu Président en 1848 avant d’être proclamé Empereur en 1851 alors qu’il n’avait plus de majorité à l’Assemblée pour rester légalement au pouvoir.

M. Erdogan n’a jamais caché son ambition d’instaurer un régime présidentiel fort, mais il n’en a plus les moyens. En a-t-il encore même la légitimité ? Rien n’est moins sûr. Si, d’après les sondages, l’AKP devrait faire un score sensiblement comparable à celui de juin dernier (41 % des voix), la cote de popularité du Président est en chute libre. Selon une enquête d’opinion réalisée par l’institut Ipsos, 79 % des personnes sondées estiment que le Président Erdogan doit se tenir en dehors du jeu politique, et seulement 31 % le voyaient porteur d’un projet en septembre (contre 36 % un mois auparavant).

En cas de nouvel échec de l’AKP à conquérir une majorité suffisante pour le changement de Constitution tant espéré, sa réaction ne manque pas d’inquiéter. "Comme il n’est pas homme à accepter la défaite ni à reculer, il y a de quoi craindre un passage en force, alors que déjà les institutions sont passablement malmenées par ses oukazes" , confie un diplomate occidental. C’est le sort du "sultan" Erdogan (dont le mandat court jusqu’en août 2019) et de la démocratie turque qui sera donc jeté le 1er novembre.

Le marathon bruxellois de Recep Tayyip Erdogan

Le président turc effectuera une visite d’Etat en Belgique à l’occasion de l’inauguration d’Europalia Turquie, mardi - il était déjà venu en mai, dans le cadre de sa campagne électorale. Il atterrira dimanche soir à Melsbroek. Lundi, il s’entretiendra avec le roi Philippe, ainsi qu’avec le Premier ministre Charles Michel et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et sera reçu à la Chambre des représentants. Il rencontrera aussi les présidents de la Commission et du Conseil européen, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk pour discuter de la crise migratoire.

La visite en Belgique de Recep Erdogan suscite un certain embarras
Recep Erdogan arrive (lundi et mardi prochains) en Belgique à un mois de nouvelles élections législatives en Turquie (le premier novembre), convoquées alors que son Parti de la justice et du développement (au pouvoir depuis 2002), après des élections déjà en juin dernier, eut été mis en minorité au parlement, se retrouvant ainsi dans l’impossibilité de constituer un nouveau gouvernement. Plusieurs régions ont basculé dans l’insurrection entre-temps, et le conflit kurde a repris. Environ 120.000 ressortissants d’origine turque vivent en Belgique, fournissant un bataillon d’électeurs non négligeable.
Le président turc est attendu chez nous pour une visite d’Etat et l’inauguration d’Europalia. Un classique, avec une dose d’embarras. Il ne sera pas reçu à l’hôtel de Ville de Bruxelles.

Il sera reçu diplomatiquement, avec égards et honneurs, mais la venue de Recep Tayyip Erdoğan ne suscite pas moins un certain embarras. En Belgique lundi et mardi prochains pour une visite d’Etat classique doublée d’une inauguration du festival culturel Europalia, le président de la République turque, contrairement à l’usage en pareille circonstance, ne sera pas reçu à l’Hôtel de Ville de Bruxelles à son arrivée. Un peu parce qu’Yvan Mayeur, bourgmestre, se rend ce jour-là en Tunisie pour y rencontrer une série de maires qui ont eu à subir et à combattre le terrorisme. Un peu parce que le même ne souhaite pas forcément dérouler le tapis rouge pour un hôte contesté et contestable politiquement. Yvan Mayeur sera présent lors de l’accueil protocolaire, le lendemain, mardi, à midi, au Palais royal, un incontournable explique-t-on, mais pour le reste, c’est service minimum.

L’accès au Palais 12 refusé

Sur un autre registre mais dans le même ton, le socialiste vient de refuser à Recep Erdogan l’accès au Palais 12 à Bruxelles pour un rassemblement électoral dans les prochains jours (des élections législatives auront lieu en Turquie le premier novembre), au motif que la salle « n’est pas prévue pour des meetings politiques, mais pour des spectacles et des concerts, nous ne sortirons pas de là ».

Ajoutez que le leader islamo-conservateur a renoncé à louer une salle en Flandre également, après que sa prestation en mai dernier, à l’Ethias Arena d’Hasselt, devant plusieurs milliers d’expatriés, avait été l’objet de vives critiques au nord, en particulier de la part de la N-VA, qui avait ciblé les diatribes « politico-religieuses » du leader du Parti de la justice et du développement. Les nationalistes flamands remettent le couvert : plusieurs élus ont laissé entendre qu’ils boycotteront le déjeuner en l’honneur du président turc offert au parlement fédéral la semaine prochaine, où il sera reçu par son hôte, Sigfried Bracke, président de la Chambre (N-VA, mais enthousiaste, dit-on…), et Christine Defraigne, présidente du Sénat.

Côté embarras toujours, les ministres-présidents des Régions et Communautés sont attendus mardi au Palais royal pour le déjeuner officiel en l’honneur du chef d’Etat, mais notre petit doigt nous dit qu’ils ne se bousculeront pas pour être sur la photo. Plusieurs observeront une sorte de distance critique.

Pour Charles Michel, Premier ministre (qui a eu un entretien avec son homologue turc à New-York, à l’ONU, où il se trouve actuellement) et Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, c’est une autre histoire. Les deux recevront sans réserve le chef d’Etat avec lequel ils auront des échanges ayant trait notamment à la lutte contre le terrorisme, les contrôles des réfugiés aux frontières de la Turquie, peut-être la reconnaissance du génocide arménien par notre pays, il y a quelques mois.

Quinze minutes d’audience avec le Roi


Une visite d’Etat comprend traditionnellement un important volet royal. Recep Erdoğan aura droit à 15 minutes d’audience avec le Roi et à un déjeuner officiel au château de Laeken d’une heure vingt, outre l’accueil officiel place des Palais et la cérémonie au Soldat inconnu. Programme minimum de la part du Palais ? Celui-ci s’en défend. Le programme de la visite turque a été calqué sur celle du président indien dans le cadre d’Europalia voici deux ans. Un programme en trois volets (inauguration d’Europalia Turquie, visite d’Etat et visite turque aux autorités européennes) qui laisse peu de temps à d’autres activités comme des déplacements en province.

Alors certes, le Roi et la reine ne mettront pas les petits plats dans les grands comme ils l’avaient fait pour le couple présidentiel chinois, premier à être venu en visite d’Etat en Belgique sous le règne de Philippe. Mais il ne faudrait rien y voir d’autre qu’un programme classique dans le cadre d’Europalia. (Le Soir, 2 octobre 2015)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

65 US lawmakers to Obama: Make sure Turkish polls are free and fair

Sixty-five members of the US Congress have asked President Barack Obama in a letter to encourage Turkey to take all necessary measures to ensure that elections slated for Nov. 1 are held in a "truly free" environment.

"We are writing to express our concerns regarding the need to ensure the integrity of the upcoming November 1 elections in Turkey and the process surrounding these elections," the lawmakers said in a joint letter. The letter was spearheaded by Congressmen Todd Rokita and Alan Lowenthal.

We ask that the US continue to support and encourage free, open, and fair elections in Turkey," the letter said.

The members of the Congress recalled that the elections next week mark the second time this year that the Turkish people will be voting for their parliamentary representation. The elections in early summer ended the ruling Justice and Development Party's (AK Party) 13-year single-party rule, but weeks of political jockeying failed to form a coalition government.

The lawmakers warned of "troubling reports of media suppression," adding that fair elections require government to respect free speech and the rule of law so that these ideas are openly discussed in a society.

The letter came on a day when the Turkish government moved to seize İpek Media Holding, one of the leading critical media group, just days before the polls. The media group has been under intense government pressure for nearly two years because the family that owns the holding is critical of the government.

The letter also reminded that leading Turkish satellite, cable, and internet broadcasters have announced they will no longer broadcast news channels critical of the government.

This is the sixth letter submitted by members of the US Congress as well as Senators to US officials, asking them to urge Ankara to ensure media freedom, rule of law and uphold democratic values that are enshrined in its Constitution. Previous letters were signed by nearly 100 members of the Congress and at least 73 Senators.

The lawmakers said the previous June elections were notably close and a small electoral shift would have changed the outcome. "Any questions about the integrity of new elections could exacerbate regional political tensions and further polarize the political scene in Turkey," the letter noted.

It also stated that successful elections in Turkey provide leadership in a region where developing democracies "face great turmoil and existential threats" from radical groups. However, it added, in light of recent events, concerns have been raised about the Turkish government's dedication to the democratic process. 

The letter highlighted that many in the international community have already announced they will take steps in advance of these elections to ensure the voice of the Turkish people in heard.

"The US should encourage the Turkish government take all necessary action to ensure truly free elections on Nov. 1.," lawmakers concluded. (TODAY'S ZAMAN, Oct 27, 2015)

Obama se rendra en Turquie en novembre

Le président américain Barack Obama se rendra en Turquie en novembre pour le G20 avant de visiter les Philippines et la Malaisie pour des sommets régionaux, a annoncé lundi la Maison Blanche.

Au G20, Barack Obama compte "encourager les initiatives internationales visant à soutenir une croissance économique mondiale solide, durable et équilibrée", selon le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, cité dans un communiqué.

Le président voyagera entre le 14 et le 22 novembre, a-t-il précisé. Les dirigeants du G20 se retrouveront les 15 et 16 novembre à Antalya, en Turquie.

Barack Obama se rendra ensuite à Manille, aux Philippines, pour le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec, du 16 au 18 novembre), puis à Kuala Lumpur en Malaisie pour le sommet de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean, du 19 au 21 novembre).

"Les voyages du président aux Philippines et en Malaisie mettent en évidence le soutien des Etats-Unis envers les institutions régionales en Asie", ajoute Josh Earnest.

Ces institutions renforcent "la sécurité et la prospérité tout en faisant avancer la stratégie américaine de rééquilibrage vers la région Asie-Pacifique", ajoute-t-il.

Le président emploiera ce voyage pour "souligner l'importance de parvenir à un accord ambitieux et durable sur le changement climatique" lors de la Conférence de Paris (COP21).
(AFP, 26 octobre 2015)

Deux drones Predator américains se sont écrasés en Irak et en Turquie

L'armée de l'air américaine a récemment perdu deux drones armés en Irak et en Turquie dans des incidents séparés, ont annoncé des responsables militaires mercredi.

Les deux drones d'attaque Predator étaient équipés de missiles air-sol Hellfire lorsqu'ils se sont écrasés, mais les appareils et armements ont été récupérés, selon l'armée.

Le premier incident est survenu le 17 octobre (bien 17) quand un pilote a "perdu le signal de son appareil, qui s'est écrasé au sud-est de Bagdad", a précisé le colonel Steve Warren, un porte-parole du Pentagone.

La police irakienne a retrouvé le drone et l'a rendu aux Américains. Personne n'a été blessée.

Deux jours plus tard, un autre Predator est tombé dans le sud de la Turquie, a expliqué M. Warren. Les médias locaux ont précisé qu'il était tombé dans la région d'Hatay.

"L'appareil a connu un ennui mécanique. L'Air Force a continué à le contrôler et l'a fait se poser dans une zone non peuplée", a-t-il dit.

Là aussi le Predator a été rendu aux autorités américaines.

Des enquêtes ont été ouvertes concernant ces deux incidents.

Les Etats-Unis sont à la tête d'une coalition d'une soixantaine de pays qui bombarde des cibles du groupe jihadiste Etat islamique en Syrie et en Irak depuis plus d'un an.

La Turquie permet aux Américains d'utiliser sa base aérienne d'Incirlik, dans le sud du pays, pour mener ces frappes.
(AFP, 21 octobre 2015)

Les Etats-Unis déploient des avions d'attaque au sol A-10 en Turquie

L'armé américaine a déployé douze avions d'attaque au sol A-10 sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, dans le but de renforcer la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique, a annoncé un responsable américain mardi.

Ces aéronefs, connus pour leur capacité à détruire les chars d'assaut, ont été acheminés pendant le week-end et sont déjà programmés pour partir en mission contre l'EI, a précisé à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat.

Ce déploiement va "renforcer les capacités" de la coalition menée par les Etats-Unis qui combat les jihadistes ultra-radicaux en Irak et en Syrie, a-t-il ajouté.

Aussi connus sous le nom de "Warthog", les avions A-10 sont spécialement conçus pour l'appui aérien rapproché et sont capables d'attaquer les véhicules blindés.

Ils volent par exemple plus bas et moins vite qu'un F-16, ce qui les exposent également davantage.

"Il y a un risque plus significatif qu'avec un autre aéronef en raison de la trajectoire qu'ils suivent", explique la même source.

Ces A-10 pourraient servir à soutenir les groupes rebelles qui combattent l'EI dans le nord de la Syrie, dont un groupe appelé "coalition arabe syrienne", destinataire de munitions parachutées la semaine dernière par l'armée américaine, a-t-elle ajouté.

Les douze avions viennent renforcer l'aviation de la coalition, trois semaines après que la Russie a lancé sa propre campagne de bombardement en Syrie.

Les Etats-Unis et la Russie sont "très proches" de signer un accord pour éviter tout incident aérien entre leurs aviations qui opèrent séparément dans le ciel de la Syrie, a indiqué lundi le Pentagone.
(AFP, 20 octobre 2015)

Ankara met en garde la Russie et les USA contre tout soutien aux PYD

La Turquie a convoqué mardi les ambassadeurs des Etats-Unis et de la Russie pour les mettre en garde contre toute aide aux combattants kurdes syriens dans le cadre de leurs opérations contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a-t-on appris de source officielle turque.

Les autorités turques les ont "informés de la position de la Turquie au sujet du Parti de l'union démocratique (PYD, Kurdes de Syrie)", a indiqué à l'AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que "les mises en garde nécessaires leur ont été adressées".

Ankara considère le PYD comme un parti "frère" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène la guérilla depuis 1984 contre ses forces de sécurité sur son territoire.

"La Turquie ne peut tolérer aucune coopération avec des organisations terroristes qui font la guerre contre elle", a déclaré mercredi le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu devant la presse.

Les milices du PYD, assistés de renforts du PKK, ont défait les jihadistes en janvier dans la ville syrienne kurde emblématique de Kobané et les ont chassés en juin de celle de Tall Abyad, à la frontière turque, avec l'aide militaire des Etats-Unis.

La Russie est de son côté entrée en lice dans le conflit en Syrie en soutien au régime du président Bachar al-Assad. Ces derniers jours, elle a multiplié les frappes contre les mouvements rebelles qui le combattent, dont ceux de l'EI.

L'envoyé spécial du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, s'est entretenu la semaine dernière avec le chef du PYD Salih Muslim pour discuter de coopération en matière de lutte antijihadiste.

M. Davutoglu a souligné mercredi les "liens organiques" qui unissent le PYD et le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne (UE).

"Comme les Etats-Unis et d'autres pays alliés combattent les groupes affiliés à al-Qaïda, la Turquie est déterminée à combattre contre le PKK et ses filiales. Comme les Etats-Unis et ses alliés ne tolèrent pas les livraisons d'armes à al-Qaïda et ses filiales, la Turquie ne tolère pas celles à destination du PKK et de ses filiales", a insisté le chef du gouvernement.
(AFP, 14 octobre 2015)

Basbug accuses Bush of supporting plot against Turkish army

Former Chief of General Staff Gen. İlker Başbuğ presented his defense at a second hearing before the Supreme Court of Appeals in the Ergenekon coup plot case on Oct. 7.

Former Chief of General Staff said a plot was laid against the Turkish Armed Forces.

Başbuğ was asked who was behind the “game” played against the Turkish Armed Forces and replied, “The George W. Bush administration has supported the game against the Turkish Armed Forces,” adding that the Gülen movement was the main perpetrator of the violation of law via their cadre placed in the judiciary and police department. 

With statements such as “What they have asked and we did not give?” and “We were cheated,” the U.S. government clearly stated they had given support to the Gülen movement, Başbuğ also said.

He was targeted by the Gülen movement because of his statements against the group, Başbuğ said.

The Ergenekon coup plot trial, considered the most important legal battle in recent Turkish history, reached an end on Aug. 5, 2013, after Istanbul’s 13th High Criminal Court handed down severe punishments.

The verdict trial, which decided the fate of 275 suspects at the end of a five-year process, resulted in hundreds of years of imprisonment in total and several aggravated life sentences for a series of the country’s high-ranking army members, journalists and academics.

Suspects faced a series of charges from a combined mass of different cases, but with the overall focus around their implication in the Ergenekon network, which was ultimately acknowledged by the court as a terrorist organization that had attempted to overthrow the government.

The trial was sent to the Supreme Court of Appeals Prosecutor’s Office following the appeals issued.

Turkey’s Supreme Court of Appeals Prosecutor’s Office has demanded the reversal of the decision in the Ergenekon coup plot case from a methodological perspective, without entering the essence of the case. 
(hurriyetdailynews.com, Oct 7, 2015)

Mélenchon critique la bienveillance des EU et de la Turquie à Daech

L'intervention militaire russe en Syrie "permet de comprendre" que "Daech a bénéficié d'une espèce de bienveillance" "tout à fait suspecte" des Etats-Unis et de la Turquie, a estimé mercredi Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de Gauche (PG).

"Je propose qu'on traite les causes, que (les migrants) n'aient pas besoin de partir plutôt que d'essayer de les empêcher d'arriver" en Europe, et notamment "comment arrêter les guerres que nous avons nous-mêmes provoquées. La guerre d'Afghanistan a été provoquée par les Etats-Unis d'Amérique et il y a des vagues d'Afghans. De même la guerre de Syrie, d'Irak sont toutes des enfants de l'intervention nord-américaine et à chaque fois nous les amplifions, nous permettons qu'elles durent", a déclaré M. Mélenchon sur France 2.

"Aujourd'hui l'intervention russe permet de découvrir, de comprendre qu'en réalité Daech (acronyme arabe de l'organisation Etat islamique) a bénéficié d'une espèce de bienveillance nord-américaine, turque, qui est tout à fait suspecte", a-t-il poursuivi.

"On voit bien que dans toute ces affaires, il y a des grandes puissances qui de manière très traditionnelle utilisent les guerres locales pour leurs propres enjeux", a ajouté M. Mélenchon.

Le dirigeant du PG avait déjà, le mois dernier, critiqué les frappes et la position françaises en Syrie, prônant de commencer "par discuter avec ceux qui font la guerre, c'est-à-dire notamment avec Bachar al-Assad" et estimant que "l'attitude des Russes (était) beaucoup plus sensée".

La crise migratoire en Europe sera mercredi au centre des débats au Parlement européen en présence de François Hollande et d'Angela Merkel. "Ces deux-là sont les syndics de faillite de la maison parce que l'Europe est entrée dans une crise morale terrible. Après avoir brutalisé la Grèce, elle s'avère maintenant incapable de faire face aux conséquences de ses actes, c'est-à-dire cette énorme vague de migration", a commenté le député européen.

La position de l'Allemagne, qui a ouvert en grand ses portes aux migrants avant de rétablir des contrôles à ses frontières huit jours plus tard, "c'était de l'opportunisme. Après tout, pourquoi pas si cela peut régler le sort de quelques milliers de malheureux. Mais la vérité c'est que l'offre qu'a fait Mme Merkel s'est avérée immédiatement déraisonnable. (...) Personne ne peut régler le problème de la vague d'immigration de cette manière".
(AFP, 7 octobre 2015)

Retrait comme prévu des missiles Patriots américains de Turquie

Les missiles Patriot américains déployés en Turquie depuis 2013 pour protéger ce pays de missiles venant de Syrie seront retirés comme prévus en octobre, malgré l'évolution de la situation en Syrie, a-t-on appris auprès du Pentagone.

"Nous prévoyons toujours d'achever" le retrait de ces missiles anti-aérien "en octobre", a indiqué la porte-parole du Pentagone Laura Seal.

Les Etats-Unis et la Turquie avaient annoncé en août le retrait de ces missiles, déployés sous l'autorité de l'Otan en 2013 pour protéger la Turquie d'éventuels tirs de missiles venus de Syrie.

Les Etats-Unis avaient justifié ce retrait par la nécessité de moderniser les deux batteries de missiles concernées.

L'Allemagne a aussi annoncé son intention de retirer de Turquie ses deux batteries de missiles Patriot.

L'Otan peut toujours compter sur une batterie espagnole déployée depuis janvier 2015 à Adana, au sud de la Turquie.

Selon le Pentagone, les Patriots américains pourront être redéployés en Turquie "sous une semaine" en cas de besoin.

Les Etats-Unis maintiennent également en permanence en Méditerranée des navires militaires équipés de système anti-missile Aegis, capable de fournir à l'Otan des capacités de défense aérienne dans la région, rappelle le Pentagone.

Les Etats-Unis et la Turquie "consulteront leurs alliés de l'Otan sur les moyens de répondre aux préoccupation de la Turquie sur sa sécurité", a également indiqué Laura Seal.

La situation militaire en Syrie a rapidement évolué ces dernières semaines, avec le déploiement d'avions de combat par la Russie qui ont commencé mercredi des missions de bombardements dans le pays.

Les missiles Patriot peuvent détruire en vol des missiles balistiques tactiques, des missiles de croisière ou des avions.
(AFP, 1 octobre 2015)

Relations régionales / Regional Relations

Le sort d'Assad divise les participants à la réunion de Vienne

La réunion de Vienne vendredi sur la crise syrienne a achoppé sur de nombreux points, dont le principal est le sort du président Bachar al-Assad, mais un processus a été mis en route, au moment où les Etats-Unis annonçaient l'envoi pour la première fois de soldats au sol.

Pendant que les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien, y compris pour la première fois l'Iran, étaient réunis dans la capitale autrichienne, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'un petit contingent de soldats d'élite en Syrie, assurant toutefois qu'ils ne participeraient pas directement aux combats.

Sortant de l'hôtel Impérial, à l'issue de huit heures de discussions serrées entre une vingtaine de délégations, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré: "Nous avons abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines".

"Le principal point de désaccord est le rôle futur de M. Bachar al-Assad", a ajouté le chef de la diplomatie française, soulignant aussi des "points d'accord": "le processus de transition, la perspective d'élections et le rôle des Nations unies".

Les participants ont notamment estimé que l'Etat syrien devait être préservé et ont chargé les Nations unies de négocier un cessez-le-feu et d'organiser de futures élections générales, a indiqué à la presse le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Il a confirmé que son pays, la Russie et l'Iran "s'étaient mis d'accord pour ne pas être d'accord" sur le sort à réserver au président Assad, qui va certainement constituer dans les semaines et sans doute les mois à venir le point de divergence numéro un dans ces négociations.

"La position des Etats-Unis est qu'il n'est pas possible que le président Assad puisse unifier et gouverner la Syrie", a ajouté l'Américain. "Nous pensons que les Syriens méritent d'avoir un meilleur choix".

Pour sa part, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, cité à l'issue de la réunion par les agences de son pays, a assuré que vendredi "certains pays avaient tenté d'inclure un calendrier pour le départ de Bachar al-Assad". "Mais avec les efforts faits, cette partie a été supprimée", s'est-il félicité.

Pendant que les diplomates étaient à l'oeuvre à Vienne, Washington a annoncé l'envoi en Syrie, pour la première fois, d'une cinquantaine de soldats des forces spéciales ainsi que l'acheminement d'avions d'attaque au sol A-10 et de chasseurs F-15 sur une base aérienne turque voisine, afin d'accroître les capacités américaines de lutte contre les groupes extrémistes radicaux.

Sergueï Lavrov a désapprouvé cette décision, rappelant qu'"une opération militaire -que ce soit dans les airs ou au sol - a besoin du consentement des gouvernements concernés et du conseil de sécurité de l'ONU.

- 'Difficile' solution politique -

La stratégie américaine en Syrie "n'a pas changé", a affirmé un porte-parole de la Maison blanche, assurant que les militaires envoyés sur place n'auraient pas de "missions de combat".

Cette décision était "en discussion depuis des mois", a pour sa part confié John Kerry à Vienne.

Même si personne ne s'attendait à Vienne à une avancée diplomatique majeure, notamment sur le rôle futur du président Assad, soutenu par Moscou et Téhéran, la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes a été perçue comme un progrès.

Ont également pris part aux pourparlers de Vienne des représentants chinois, libanais et égyptiens, de même que les ministres français, britannique et allemand des Affaires étrangères.

"Nous avons enfin réussi à rassembler autour d'une même table tout le monde sans exception", s'était félicité Sergueï Lavrov.

A l'issue de la réunion, il a déclaré que "le processus politique devrait désormais conduire à un accord entre les parties (syriennes) pour parvenir à la création d'une structure inclusive qui permette de régler les questions vitales pour le pays, de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections générales".

Pour l'instant, il n'est pas question d'une participation du gouvernement syrien ou de l'opposition au processus entamé à Vienne.

La Russie, qui insiste avec l'Iran pour que le président syrien joue un rôle dans la transition politique à venir, a déclenché le 30 septembre une campagne de bombardements aériens en Syrie: Moscou a affirmé vendredi avoir détruit depuis cette date 1.623 "cibles terroristes".

L'Iran apporte un soutien financier et militaire direct à Damas alors que l'Arabie saoudite soutient des groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

Sur le terrain, les violences se poursuivent avec la même intensité: vendredi matin, le tir par les forces du régime d'une pluie de roquettes sur le marché de Douma, une banlieue de Damas tenue par la rébellion, a fait au moins 89 morts, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
(AFP, 31 octobre 2015)

Un militant syrien anti-EI et un ami retrouvés décapités en Turquie

Un jeune militant syrien hostile au groupe jihadiste Etat islamique (EI) et un de ses amis ont été retrouvés décapités vendredi dans une maison en Turquie, a annoncé à l'AFP le groupe "Raqa est massacré en silence".

Ce groupe répertorie les abus de l'EI à Raqa, une ville située dans le nord de la Syrie et considérée comme le fief syrien de l'organisation ultraradicale depuis la prise de la ville en janvier 2014.

Le militant Ibrahim Abdelkader et Farès Hamadi "ont été retrouvés décapités ce (vendredi) matin" dans le domicile de ce dernier à Sanliurfa, dans le sud de la Turquie, a indiqué l'un des fondateurs du groupe, Abou Mohammad.

Sur sa page Facebook officielle, ce groupe, créé en avril 2014, accuse l'EI de les avoir assassinés.

Ibrahim AbdelKader, qui avait fui vers la Turquie il y a un peu plus d'un an, était âgé de 20 ans et son ami d'une vingtaine d'années. Tous deux étaient originaires de Raqa, a précisé Abou Mohammad.

Des membres du groupe ont été tués en Syrie par le passé, mais c'est la première fois que l'un d'eux est assassiné à l'étranger, a-t-il ajouté.

L'agence de presse turque DHA a de son côté rapporté que deux Syriens avaient été décapités à Sanliurfa et que la police avait arrêté sept Syriens.

Sanliurfa se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière qui sépare la Turquie de la province syrienne de Raqa.

La Turquie a longtemps été accusée par des militants de l'opposition syrienne, les combattants kurdes et même par certains de ses alliés occidentaux de fermer les yeux sur le passage en Syrie des jihadistes de l'EI.

Raqa fut la première capitale provinciale syrienne à échapper au régime de Bachar al-Assad lorsque plusieurs groupes rebelles se sont emparés de la ville en mars 2013.

Mais depuis, l'EI l'a emporté sur ces groupes, et y a installé un régime brutal et très organisé.

"Raqa est massacré en silence" publie régulièrement des photos et des vidéos sur les pratiques de l'EI à Raqa, de l'interdiction des connexions privées à internet à la décision de délivrer des cartes d'identité.

Ses militants sont régulièrement visés par le groupe, qui les considère comme des "infidèles" susceptibles d'être exécutés.

Peu après la formation du groupe militant, l'EI a arrêté des dizaines de personnes dans la ville. A l'époque, des membres du groupe avaient assuré qu'ils continueraient à recenser et publier les abus.

"Il est extrêmement dangereux de s'opposer à l'EI (...). Mais il faut briser le mur de la peur", avait dit en avril 2014 Abou Ibrahim, l'un de ses fondateurs. "Nous devons faire des sacrifices. Sinon ils nous gouverneront pour de bon, et c'est tout simplement inacceptable".
(AFP, 30 octobre 2015)

Téhéran invité pour la première fois aux pourparlers internationaux sur la Syrie

Les chefs de la diplomatie américaine, russe, turque et saoudienne ouvrent jeudi à Vienne un deuxième cycle de discussions sur le conflit syrien auquel participera le lendemain pour la première fois l'Iran, principal allié de la Syrie au Proche-Orient.

"Nous avons examiné l'invitation et il a été décidé que le ministre des Affaires étrangères participerait aux pourparlers", a déclaré mercredi la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham.

La présence de Mohammad Javad Zarif aux pourparlers internationaux sur le conflit syrien marque un tournant diplomatique majeur voulu par Moscou.

C'est la première fois que l'Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, l'Iran n'avait pas participé à la conférence de Genève-1 sur la Syrie, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en raison de l'opposition des États-Unis et de l'Arabie saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.

L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite -- les deux grandes puissances rivales de la région -- s'opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

La Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l'Iran à un règlement politique. Mais les Etats-Unis s'y opposaient fermement, avant d'amorcer mardi à la surprise générale une inflexion de leur position.

Aux chefs de la diplomatie américaine, russe, saoudienne et turque se joindront également vendredi dans la capitale autrichienne leurs homologues libanais et égyptien. Les ministres des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, britannique, Philip Hammond, et allemand, Frank-Walter Steinmeier, ainsi que la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini y seront aussi.

Ces "pourparlers élargis" seront précédés jeudi soir par une réunion quadripartite entre les chefs de la diplomatie de la Russie, Sergueï Lavrov, des Etats-Unis, John Kerry, de l'Arabie saoudite, Adel al-Jubeir, et de la Turquie, Feridun Sinirlioglu, selon une source diplomatique russe.
 Une première rencontre du même format s'était déroulée vendredi dernier dans un palace viennois pour évoquer les perspectives de règlement de la guerre civile syrienne qui a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.
(AFP, 29 octobre 2015)


Pourparlers inédits entre Moscou et le trio Washington-Ryad-Ankara

Les chefs des diplomaties américaine, saoudienne, turque et russe se retrouvent vendredi à Vienne pour des pourparlers inédits sur la guerre en Syrie entre le trio Washington-Ryad-Ankara, farouches adversaires du régime de Damas, et Moscou, son plus fidèle allié.

La capitale autrichienne doit être toute la journée le théâtre d'un ballet diplomatique entre l'Américain John Kerry, le Russe Sergueï Lavrov, le Saoudien Adel al-Jubeir et le Turc Feridun Sinirlioglu.

Le point d'orgue en sera, en début d'après-midi, une réunion quadripartite consacrée au conflit syrien, une première diplomatique et le signe de l'internationalisation d'une guerre civile qui a fait plus de 250.000 morts depuis mars 2011.

Une trilatérale Etats-Unis-Arabie saoudite-Turquie, également inédite, est aussi programmée dans la matinée. Elle sera suivie d'un nouvel entretien entre John Kerry et Sergueï Lavrov, deux dirigeants qui affichent une certaine complicité et qui maintiennent un canal de communication entre leurs gouvernements aux relations très dégradées.

Les positions entre, d'un côté, Washington, Ryad et Ankara et, de l'autre côté, Moscou, demeurent antagoniques sur la Syrie.

Les Américains et leurs alliés pilotent une coalition militaire internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et apportent leur soutien à des rebelles syriens ennemis du régime de Damas.

En face, la Russie, alliée clé du président Bachar al-Assad, a lancé il y a trois semaines une campagne de bombardements aériens en Syrie. Une intervention contre le "terrorisme", affirme Moscou. Des raids destinés plutôt à sauver le chef de l'Etat syrien, accusent Washington et ses partenaires.

Avant de dépêcher son ministre Lavrov à Vienne, le président russe Vladimir Poutine a jugé jeudi que "l'objectif des Etats-Unis était de se débarrasser d'Assad".

- 'Double jeu' -

Le chef du Kremlin a même fustigé "le double jeu" prêté aux Occidentaux: "dire qu'on lutte contre les terroristes et en même temps essayer de se servir d'une partie d'entre eux pour faire avancer ses pions au Proche-Orient et servir ses intérêts".

Au contraire, a fait valoir le président russe, "notre but est de vaincre le terrorisme (...) et d'aider le président Assad à revendiquer la victoire contre le terrorisme".

"Nous pouvons ainsi créer les conditions pour le lancement et, j'espère, la conclusion réussie d'un processus politique", a encore plaidé M. Poutine, qui avait reçu mardi à Moscou le chef de l'Etat syrien, tout en réclamant l'amorce d'un "processus politique".

L'appui diplomatique, historique et inconditionnel que Moscou apporte à Damas se double de livraisons d'équipements de défense et, depuis le 30 septembre, de plus de 800 frappes contre des "cibles terroristes", selon le chef de l'intervention militaire russe, le général Andreï Kartapolov.

En plus d'un an, la coalition conduite par les Etats-Unis a, elle, effectué plusieurs milliers de raids contre l'EI en Syrie et en Irak. Mais "pourquoi (...) n'ont-ils toujours pas donné de résultats tangibles?", a encore critiqué M. Poutine.

En réponse, Washington et ses partenaires martèlent qu'il n'existe "pas de solution militaire" à la guerre en Syrie et qu'il faut chercher une porte de sortie politique.

- Départ d'Assad -

Mais après avoir exigé inlassablement le départ immédiat du président Assad, comme préalable à un processus politique, les Etats-Unis ont mis de l'eau dans leur vin en admettant ces derniers mois que le calendrier était négociable.

En visite jeudi à Berlin, avant d'arriver dans la soirée à Vienne, John Kerry n'a pas explicitement réclamé le départ de M. Assad mais il a estimé devant la presse que la seule "chose qui se dresse sur le chemin (d'une solution politique) est une personne du nom d'Assad, de Bachar al-Assad".

Egalement ennemie du régime syrien alaouite (une branche du chiisme), l'Arabie saoudite sunnite exige que le président Assad quitte le pouvoir, mais un ministre avait indiqué lundi qu'il pourrait rester en place pendant la mise sur pied d'un gouvernement de transition.

La Turquie est aussi une adversaire de la Syrie mais elle a toutefois récemment jugé "possible" un processus de transition avec le chef de l'Etat syrien. Une première pour Ankara.

L'Iran, puissant soutien de son allié syrien, n'est pas invité à Vienne bien que M. Kerry y ait encore fait référence jeudi: il a rappelé que tout comme les Etats-Unis, la Russie et l'Europe, Téhéran était "d'accord" sur le principe d'une solution politique en Syrie.
(AFP, 23 octobre 2015)

Poutine a discuté avec le président turc après sa rencontre avec Assad

Le président Vladimir Poutine a discuté avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan du déplacement mardi soir à Moscou du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé mercredi le Kremlin.

MM. Poutine et Erdogan ont "discuté de la situation en Syrie. Dans ce cadre, le chef de l'Etat russe a informé son collègue turc des résultats de la visite de la veille au soir à Moscou du président Bachar al-Assad", a déclaré le Kremlin dans un communiqué.

La présidence turque a confirmé cet entretien téléphonique, selon l'agence de presse turque Anatolie, qui a également annoncé une rencontre bilatérale entre les deux chefs d'Etat au G20 qui aura lieu en novembre à Antalya, dans le sud de la Turquie.

M. Erdogan a fait part de ses "inquiétudes au sujet des derniers événements en Syrie" et a averti Vladimir Poutine que les frappes russes en cours dans la région d'Alep, dans le nord de la Syrie, pourraient provoquer une "nouvelle vague de réfugiés", selon cette agence.

Pendant sa visite surprise mardi à Moscou, Bachar al-Assad, dont c'était la première sortie officielle de son pays depuis le début de la guerre civile en mars 2011, a remercié le chef de l'Etat russe pour son "aide" en Syrie.

Avec le déclenchement des frappes aériennes russes en Syrie le 30 septembre, les relations entre Moscou et Ankara se sont tendues.

Membre de l'Otan, la Turquie participe à une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui vise le groupe Etat islamique et s'oppose à tout règlement politique du conflit syrien impliquant le maintien au pouvoir de M. Assad.

Or, la visite du président syrien à Moscou a été perçue par beaucoup comme un rappel : le Kremlin est plus déterminé que jamais à soutenir son allié, au moment même où les raids aériens de l'aviation russe entrent dans leur quatrième semaine.

La Turquie est également inquiète des éventuelles conséquences que peuvent avoir ces frappes russes sur son territoire : vendredi, Ankara avait ainsi annoncé avoir abattu un drone de "fabrication russe", sans préciser à quelle armée il appartenait.
(AFP, 21 octobre 2015)

Vaste offensive du régime appuyée par l'aviation russe

Le régime syrien poursuit une vaste offensive près d'Alep (nord) pour reprendre une autoroute reliant les grandes villes du pays, la Turquie voisine annonçant avoir abattu un drone, russe selon Washington, ce que dément Moscou.

La Russie, alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad, a annoncé vendredi que son aviation avait effectué plus de 650 sorties et mené des raids contre plus de 450 cibles depuis le début le 30 septembre de son intervention en Syrie, où le conflit a fait depuis 2011 plus de 250.000 morts.

Appuyée par l'aviation russe, l'armée syrienne a ouvert un "nouveau front" vendredi près d'Alep (nord) et s'est emparée de deux villages au sud de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis jeudi, des "dizaines" de frappes russes ont touché ce secteur contrôlé par une mosaïque de groupes rebelles, dont le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et d'autres groupes islamistes, a-t-il ajouté.

"Près de 3.000 combattants pro-régime sont engagés dans les combats d'Alep, dont des centaines d'Iraniens et de miliciens libanais du Hezbollah, ainsi que des Irakiens", a indiqué à l'AFP une source militaire syrienne.

D'après un responsable américain, ce serait près de 2.000 Iraniens ou combattants soutenus par l'Iran, comme ceux du Hezbollah ou de groupes irakiens, qui participent à cette offensive près d'Alep, dans "un effort coordonné" entre l'Iran, la Russie et le régime syrien.

Selon ce responsable, pendant que les Iraniens et leurs groupes affiliés appuient les forces syriennes près d'Alep, les Russes sont en train d'aider l'armée du régime à mener deux offensives visant à "prendre en tenaille" les rebelles dans les provinces centrales de Homs et Hama.

A partir de ces trois axes, l'armée veut reprendre des tronçons d'une autoroute de 360 km allant de Damas à Alep, construite dans les années 1960 pour relier les principales villes du pays.

Selon un dernier bilan de l'OSDH, au moins 250.124 personnes ont péri depuis le début de la guerre, dont 74.426 civils y compris 12.517 enfants. L'OSDH dénombre aussi 43.752 morts parmi les rebelles et 37.010 parmi les combattants étrangers. Du côté des forces prorégime, il y a eu 91.678 morts.
(AFP, 17 octobre 2015)

La Turquie estime que la Russie fait une "grosse erreur" en intervenant en Syrie

La Russie fait une "grosse erreur" en intervenant militairement dans le conflit syrien aux côtés du régime du président Bachar al-Assad, a une nouvelle fois estimé jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu.

"La Russie fait une grosse erreur (...), ce qu'elle fait n'apportera aucun autre bénéfice que de retarder le processus de transition qui permettrait de sortir la Syrie du chaos", a déclaré M. Sinirlioglu après un entretien avec son homologue saoudien Adel al-Jubeir. "Nous continuerons à la (la Russie) mettre en garde", a-t-il ajouté.

 L'aviation de Moscou bombarde quotidiennement depuis deux semaines ce qu'elle qualifie de "cibles terroristes" en Syrie, aussi bien du groupe Etat islamique (EI) que des rebelles modérés qui luttent contre le régime de Damas.

Jeudi, l'état-major russe a ainsi affirmé avoir frappé 32 cibles jihadistes.

La Turquie soutient depuis le début de la guerre en Syrie des groupes rebelles, dans l'espoir qu'ils renversent le régime Assad. Elle a à plusieurs reprises déjà exprimé ses "graves préoccupations" après des bombardements russes contre des cibles de l'opposition modérée.

"L'Arabie saoudite et la Turquie sont d'accord pour soutenir l'opposition en Syrie. C'est important pour trouver une solution politique", a répété le chef de la diplomatie turque, ajoutant que M. Assad ne devait avoir "aucun rôle" dans la transition.

Un général de l'armée de l'air russe, Sergueï Dronov, est par ailleurs arrivé jeudi à Ankara à la tête d'une délégation militaire afin de procéder à un échange d'informations "pour éviter une nouvelle incursion", a rapporté l'état-major turc.

Au début de mois, des avions russes ont violé à deux reprises l'espace aérien turc le long de la frontière syrienne, provoquant une vive réaction d'Ankara.

"Nous avons discuté de l'intervention de puissances étrangères, particulièrement de l'intervention russe, qui est une question critique et pourrait précipiter d'autres pays étrangers à intervenir en Syrie", a pour sa part déclaré devant la presse le chef de la diplomatie saoudienne.

Ankara et Ryad se sont déchirés autour du soutien saoudien au coup d'Etat militaire qui a provoqué la chute du président islamiste égyptien Mohamed Morsi en 2013, un proche du président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan.

Mais les deux pays se sont toutefois récemment rapprochés. M. Erdogan a ainsi défendu l'Arabie saoudite, critiquée pour son organisation jugée défaillante du pèlerinage de La Mecque après une bousculade ayant fait plus de 1.600 morts, selon des chiffres donnés par 31 pays participants.
(AFP, 15 octobre 2015)

Les Kurdes irakiens: L'EI a utilisé du gaz moutarde dans une attaque

Des tests sanguins montrent que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a utilisé du gaz moutarde dans une attaque contre les forces kurdes en août, a déclaré jeudi le gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien.

"Les résultats des tests sanguins effectués sur 35 combattants kurdes révèlent des traces de gaz moutarde", indique le ministère des Peshmergas, nom donné aux forces kurdes.

"Pendant l'attaque des villes de Gweyr et Makhmur, l'EI a lancé environ 50 obus de mortier", selon la même source, en référence à deux villes situées au sud-ouest d'Erbil, la capitale du Kurdistan (nord).

Selon le ministère des Peshmergas, 37 des explosions ont dégagé une poussière blanche et du liquide noir. Trente-cinq peshmergas avaient souffert de l'inhalation du gaz et certains avaient été transférés à l'étranger pour être soignés.

Le ministère a exhorté tous les pays qui combattent le groupe jihadiste de fournir aux peshmergas des équipements contre les armes chimiques, en référence à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui mène depuis un an des frappes aériennes contre l'EI en Irak.

Les autorités kurdes avaient minimisé l'attaque du 11 août, parlant de la possible utilisation de chlore. Ils n'avaient alors pas donné d'informations sur la gravité des blessures de leurs combattants.

Le Wall Street journal avait de son côté cité des responsables américains qui disaient soupçonner l'utilisation de gaz moutarde par l'EI durant l'attaque.

L'EI a lancé une offensive fulgurante en juin 2014 en Irak, qui lui a permis de prendre le contrôle de larges territoires au nord de Bagdad, dont certains proches du Kurdistan irakien.
(AFP, 8 octobre 2015)

La Russie revoit ses ambitions à la baisse pour son gazoduc vers la Turquie

La Russie, dont les relations avec la Turquie se crispent depuis le début de ses frappes en Syrie, revoit nettement à la baisse ses ambitions pour son projet de gazoduc TurkStream censé lui permettre d'approvisionner l'Europe en évitant l'Ukraine.

TurkStream a été dévoilé fin 2014 à la suite de l'abandon surprise, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream, bloqué par l'Union européenne. Il vise à développer les livraisons vers le marché turc mais aussi à servir de base à des futures livraisons vers le Sud de l'Europe.

Le calendrier comme la taille du projet se voulaient ambitieux: début des travaux dès la mi-2015, premiers approvisionnements fin 2016 et à terme, une capacité considérable de 63 milliards de m3 par an, soit environ 40% de ce qu'exporte la Russie actuellement vers l'Europe.

Un an après, non seulement le projet semble au point mort, mais le géant public gazier Gazprom semble se résoudre à un projet bien plus modeste.

Mardi, son directeur général Alexeï Miller a indiqué que ses capacités maximales seraient moitié moindres, à 32 milliards de m3 par an. Et mercredi, son numéro deux Alexandre Medvedev a reconnu que le dossier ne serait pas débloqué rapidement.

"Dans la mesure où il n'y a pas d'accord intergouvernemental, les délais sont repoussés", a constaté le numéro deux du groupe public, Alexandre Medvedev, cité par les agences russes. "Si ces délais s'allongent d'un an, cela ne sera pas un drame", a-t-il poursuivi.

L'horloge tourne: le contrat avec l'Ukraine encadrant le transit de gaz russe vers l'Europe (environ 15% de la consommation du Vieux Continent) expire en 2019 et Moscou compte avec ses nouveaux projets se passer de ce voisin avec qui les conflits gaziers se multiplient depuis dix ans.

- Gazprom plus réaliste -

Jusqu'à présent, Moscou met ces retards sur le compte de la politique intérieure en Turquie, où le parti au pouvoir a perdu en juin la majorité absolue au Parlement, et espère plus de clarté après les législatives du 1er novembre.

Mais Ankara a invoqué en septembre "un manque de confiance mutuelle" et depuis le contexte semble de moins en moins propice au dialogue. Les tensions entre les deux pays se sont nettement intensifiées depuis le début des frappes russes en Syrie, la Turquie - membre de l'Otan - dénonçant des violations de son espace aérien par l'aviation russe.

Mardi, le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, généralement en bons termes avec Vladimir Poutine, a prévenu: "Si la Russie perd un ami comme la Turquie avec laquelle la coopération est très développée, alors elle perdra beaucoup. La Russie doit le savoir".

Au delà des brouilles actuelles, si Gazprom revoit actuellement sa copie, c'est surtout parce que "ses prévisions n'étaient pas réalistes: le groupe revient petit à petit à une position plus pragmatique", explique à l'AFP Valéri Nesterov, analyste à la banque Sberbank CIB, pour qui "le sud de l'Europe n'a pas besoin" des volumes prévus au départ.

- Cap sur le nord -

Le groupe russe semble avoir changé son fusil d'épaule. Alors que TurkStream s'enlisait ces derniers mois, il a sorti de son chapeau fin juin un renforcement du gazoduc Nord Stream approvisionnant déjà l'Allemagne via la mer Baltique. Deux mois plus tard, il signait un pacte d'actionnaires pour ce "Nord Stream 2" réunissant à ses côtés les grands énergéticiens européens: les groupes allemands BASF et E.ON, le français Engie, l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.

Alexeï Miller a d'ailleurs expliqué ses nouvelles prévisions pour TurkStream par "la prise en compte des capacités au nord".

L'option nord évite de devoir se mettre d'accord individuellement avec chaque pays, sous l'oeil désapprobateur de Bruxelles qui veut diversifier les sources d'approvisionnement, sur un tracé terrestre. Pour l'instant, seule la Grèce s'est dite intéressée pour prolonger TurkStream en échange d'un financement russe. Ensuite, cela permet de viser des zones où la concurrence s'annonce moins violente que le "corridor sud" que rêvent d'alimenter l'Azerbaïdjan, des pays d'Asie centrale, le Qatar et pourquoi pas l'Iran.

"Avec Nord Stream 2, des capacités de 63 milliards de m3 pour TurkStream seraient redondantes et vu les difficultés politiques en Turquie, les négociations avaient peu de chance de progresser", a estimé Alexandre Kornilov, de la banque russe Alfa.
(AFP, 7 octobre 2015)

Erdoğan says will ask Putin to reconsider air strikes in Syria

Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has criticized Russia's air strikes in Syria saying they target moderate rebels fighting against President Bashar al-Assad and vowed to express his concerns to Russian leader Vladimir Putin.

“Russia does not have borders with Russia. I, on the other hand, have a 911-kilometer border with Syria and I am bothered by what is happening [inside Syria]. Turkey is currently taking care of 2 million people from Syria. They did not go to Russia; we are taking care of them, not Russia," Erdoğan said in remarks broadcast on al-Jazeera television late on Friday.

“Why is Russia taking such an interest in Syria? This is what I want to understand.”

Erdoğan and Putin have maintained warm ties throughout the Syrian civil war despite their deep differences on how to resolve the Syrian crisis.

The Turkish president's criticism of Russia follows the start of Russian air strikes in Syria last week. Moscow says it hits the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) targets but Turkey and the Western countries including the US are concerned that the Russian strikes target rebels fighting against Assad to prop up the Syrian regime.

“We have heard that 65 people were killed in air strikes they [Russians] carried out yesterday [Thursday]. Where? In Hama, Homs and around Aleppo. This is very striking. Because Russia says in a statement to our embassy that it will carry out operations against Daesh [ISIL]. But it targeted the opposition that fights against the regime, not Daesh, and the civilians were killed in the process. And they ignore the deaths of civilians,” Erdoğan told al-Jazeera.

He said he would discuss his concerns with Putin, asking him to reconsider policy. “Since we are two friendly countries, I will ask him to revise their steps,” he said.

In a joint statement released by the Turkish Foreign Ministry, the US, Turkey, Britain, France, Germany, Qatar and Saudi Arabia called on Russia on Friday to stop its air strikes aiming to help Assad's regime against Syrian opposition and urged Moscow to focus on fighting ISIL.

“We express our deep concern with regard to the Russian military buildup in Syria and especially the attacks by the Russian Air Force on Hama, Homs, Idlib since yesterday [Thursday] which led to civilian casualties and did not target Daesh,” said the statement, adding that the Russian strikes “constitute a further escalation and will only fuel more extremism and radicalization.”

Turkish Prime Minister Ahmet Davutoğlu also criticized the Russian strikes, saying in a televised interview late on Friday that there were no ISIL targets in Hama or Homs where first Russian air strikes took place. (TODAY'S ZAMAN, Oct 3, 2015)

Frappes russes en Syrie : "graves préoccupations" de la Turquie

Le ministre turc des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu a exprimé jeudi les "graves préoccupations" de son pays après les premières frappes russes en Syrie, dont les cibles font polémique.

"Nous avons de graves préoccupations au sujet des informations selon lesquelles la Russie aurait ciblé des positions de l'opposition plutôt que celles de Daech (groupe jihadiste Etat islamique) et que ces frappes auraient également fait des victimes civiles", a déclaré M. Sinirlioglu, cité par l'agence pro-gouvernementale Anatolie.

Si ces informations venaient à être confirmées, "cela intensifierait la crise et c'est la dernière chose dont nous avons besoin dans le contexte tragique et chaotique de la Syrie", a-t-il estimé.

La Russie mène depuis mercredi des bombardements en Syrie contre "l'État islamique et les autres groupes terroristes". Or Russes et Occidentaux divergent sur la définition de "terroriste". Les Européens, les Arabes et les Américains font le distinguo entre l'EI, le Front Al-Nosra et les rebelles modérés qu'ils soutiennent. Pour Moscou, tout opposant armé au régime d'Assad est un "terroriste".

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a jugé que les frappes ne visaient "probablement pas" les jihadistes de l'EI et a estimé que l'approche russe "tournera mal" si elle se fixe pour unique objectif de défendre le régime Assad.

La Turquie soutient depuis le début de la guerre en Syrie des groupes rebelles, dans l'espoir qu'ils renversent le régime Assad.

Erdogan: La Syrie ne peut être forcée de choisir entre Bachar al-Assad et l'EI

La Syrie ne peut pas être forcée de choisir entre le président Bachar al-Assad et les "groupes terroristes" comme le groupe Etat islamique (EI), a déclaré jeudi le président turc Tayyip Erdogan.

Erdogan, qui a toujours rejeté l'idée de coopérer avec Assad pour lutter contre l'EI, s'adressait au parlement turc au lendemain des frappes aériennes russes en Syrie en soutien au régime de Bachar al-Assad.

"Le peuple syrien ne peut être laissé avec le choix entre un régime qui les massacre et des organisations terroristes", a-t-il déclaré.

Le président syrien reste la bête noire de la Turquie. Son Premier ministre a affirmé lundi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, que la Turquie était prête à coopérer avec tous les pays, y compris la Russie, pour trouver une sortie de crise en Syrie qui exclut son président Bachar al-Assad et permette de vaincre le groupe Etat islamique.

Dans son discours jeudi, M. Erdogan s'est gardé de faire une allusion explicite aux actions récentes de la Russie. Mais il a dit: "J'espère que les développements récents aideront à résoudre ce problème qui dure depuis presque cinq ans".

La Turquie a accueilli officiellement 2,2 millions de Syriens depuis le début de la guerre civile meurtrière qui ravage son voisin et dépensé 7,5 milliards d'euros à cette fin, accusant souvent l'Union européenne de ne pas en faire assez.

"Nous n'avons pas le droit de laisser nos frères mourir en Méditérranée ou de les traiter avec cruauté aux frontières ou dans des gares comme certains pays européens le font", a encore déclaré M. Erdogan.
(AFP, 1 octobre 2015)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Greek Cyprus vows to block Turkey’s EU bid

Greek Cyprus said on Monday that it would not end its veto of Turkey's accession negotiations with the European Union, potentially scuppering EU leaders' plans to "re-energize" the talks in return for Ankara's help in tackling Europe's migrant crisis.

The conflict-divided eastern Mediterranean island has a long list of grievances against Turkey, its giant northern neighbor. It has blocked the accession talks for several years, citing the presence of Turkish troops in the Turkish-speaking north of the island.

"The reasons [the negotiations] were frozen have not ceased to exist," Greek Cypriot Foreign Minister Ioannis Kasoulides told the Greek state broadcaster NET. "As things presently stand, we cannot give our consent [to their resumption]."

EU leaders last week pledged renewed consideration of the long-stalled accession talks with Ankara, cash and easier visa terms in return for its help in tackling a migration crisis that has seen hundreds of thousands of people fleeing conflicts and poverty in the Middle East and Africa pour into Europe.

Almost half a million people, including many Syrians fleeing war in their homeland, have entered the EU this year, mainly crossing from Turkey to EU member Greece. Turkey itself has provided shelter for some 2.2 million Syrian refugees.

Kasoulides referred specifically to two chapters, or policy areas in accession negotiations, one concerning the judiciary and fundamental rights and the other dealing with justice, freedom and security.

Greek Cyprus, an EU member state since 2004, has been split along ethnic lines since a Turkish intervention in 1974 triggered by a brief Greek-inspired coup.

Greek Cyprus is blocking the accession talks because Turkey still keeps troops in the Turkish Republic of Northern Cyprus (KKTC), whose government is recognized only by Ankara. The EU considers the Greek Cypriot government in Nicosia to represent the whole island.

On-off peace talks

Greek Cyprus is currently blocking six of the 35 chapters Turkey must conclude as part of its accession negotiations. These include energy, where Turkey has attempted to challenge Greek Cyprus's right to explore for oil and gas in a region that has recently yielded some of the world's biggest natural gas finds in a decade.

In addition to Greek Cyprus, some other EU member states have been at best lukewarm about the possible future admission of Turkey, a large, mainly Muslim nation that borders unstable, conflict-riven countries such as Syria and Iraq.

On-off peace talks over the years to reunite the island as a federation have so far failed, but diplomats say a present round of talks are showing encouraging signs of progress.

Kasoulides, who was in Athens to address an interfaith conference, said talks had not yet reached the stage where the sides had “mirror image” positions but said he was hopeful of progress as talks went on.

A former British colony, Cyprus has a complex governance system where Britain, Greece and Turkey are “guarantors” of the island in the event of a disruption to constitutional order. Greek Cyprus wants to abolish those guarantees, used as a pretext for military intervention in the past.

"These guarantees cannot be accepted as a means to make either Greek or Turkish Cypriots feel safe," Kasoulides said. (TODAY'S ZAMAN, Oct 19, 2015)

La Turquie inaugure une conduite d'eau très attendue vers Chypre-Nord

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré samedi une conduite d'eau pour ravitailler le secteur turc de Chypre (nord) en eau potable, un ambitieux projet qui a connu une dizaine d'années de retard.

Les travaux, qui ont duré quatre ans, ont permis, selon les autorités turques, de mettre en place 24 km de conduites terrestres dans le sud de la Turquie, 3,7 km en République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) et 67 km de conduite sous-marine entre la Turquie et Chypre.

"L'eau coulera à flots vers la RTCN", a assuré M. Erdogan lors d'une cérémonie à Anamur (sud de la Turquie), point de départ de l'aqueduc.

Une fois le projet achevé, 75 millions de m3 d'eau couleront chaque année à travers les 107 km de conduite qui relient le barrage d'Alakopru, à Anamur, à celui de Gecitkoy, dans la partie nord de l'île.

La moitié de cette eau sera consacrée à usage domestique et l'autre moitié à l'irrigation agricole, a expliqué le chef de l'Etat turc.

Grâce à ce projet, la RTCN devrait voir ses besoins en eau assurés pour une cinquantaine d'années, et ses revenus agricoles seront nettement revalorisés.

La RTCN connaît une pénurie chronique d'eau depuis sa création en 1983, les principales ressources hydrauliques de l'île étant dans la partie sud (grecque) qui, elle-même, souffre de pénurie.

Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat nationaliste qui visait à rattacher l'île à la Grèce.

Le gouvernement chypriote a dénoncé jeudi la construction de l'aqueduc sous-marin qui selon lui "viole le droit international" et vise à renforcer le contrôle de la Turquie sur Chypre".

L'eau est un souci récurrent sur la petite île exposée aux risques de sécheresse. Pour y remédier, la partie sud de l'île a construit à grand frais des usines de dessalement de l'eau de mer.

De nouvelles négociations entre la République de Chypre, dont l'autorité ne s'étend que sur le sud, et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), auto-proclamée et reconnue seulement par la Turquie, ont débuté en mai, avec l'objectif d'aboutir à un accord de paix qui permette la création d'un Etat fédéral unifié.
(AFP, 18 octobre 2015)

Nicosie juge "illégal" un aqueduc sous-marin reliant Chypre-Nord à la Turquie

Le gouvernement chypriote a jugé jeudi illégal un aqueduc sous-marin reliant la Turquie à la partie nord de l'île occupée par les troupes turques, estimant qu'il portait atteinte aux négociations sur la réunification de l'île méditerranéenne.

Le ministère chypriote des Affaires étrangères a indiqué que l'aqueduc sous-marin, long de 106 km et qui tire de l'eau d'un barrage près du port turc de Mersin pour l'acheminer dans la partie nord de l'île, "viole le droit international".

Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat nationaliste qui visait à rattacher l'île à la Grèce.

De nouvelles négociations entre la République de Chypre, dont l'autorité ne s'étend que sur le sud, et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), auto-proclamée et reconnue seulement par la Turquie, ont débuté en mai, avec l'objectif d'aboutir à un accord de paix qui permette la création d'un Etat fédéral unifié.

Alors que les pourparlers actuels, sous l'égide de l'ONU, sont largement vus comme la dernière chance de décrocher un accord, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que cet aqueduc intervient "à un
moment crucial du processus".

Il a accusé Ankara de chercher à "augmenter au maximum l'influence et le contrôle de la Turquie sur Chypre".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan doit inaugurer le projet samedi.

Selon les responsables turcs, l'aqueduc fournira 75 millions de m3 d'eau par an, suffisamment pour couvrir les besoins en eau potable et irrigation de Chypre-Nord jusqu'au moins 2040.

L'eau est un souci récurrent sur la petite île exposée aux risques de sécheresse. Pour y remédier, la partie sud de l'île a construit à grand frais des usines de dessalement de l'eau de mer.
(AFP, 15 octobre 2015)

Migrations: Athènes rejette "l'idée des patrouilles greco-turques" en Egée

Athènes a rejeté mardi "l'idée de patrouilles" communes en mer Egée avec la Turquie voisine, avec laquelle la Grèce a des différends territoriaux, dans le but de lutter contre le trafic des migrants, une proposition faite par l'Allemagne.

"La Grèce, qui garde les frontières européennes en Egée et en Méditerranée, n'a jamais pensé à demander à sa marine de guerre ou en général à ses forces armées de faire face aux réfugiés de guerre", a indiqué un communiqué du ministère grec des Affaires étrangères.

"La Grèce ne peut pas discuter d'idées sans précédent, publiées récemment, comme celles(suggérant) des
patrouilles gréco-turques des frontières maritimes", poursuit ce texte.

Ce communiqué répond "à des déclarations du porte-parole de la chancellerie allemande (Steffen Seibert) lundi sur la nécessité de faire face d'une façon +coordonnée+ à la question migratoire et à la situation en Egée".

"Nous avons en ce moment, en particulier en mer Egée entre la Grèce et la Turquie, une situation où les passeurs peuvent dans les faits agir à leur guise", a indiqué lundi Steffen Seibert, soulignant que cette "situation met beaucoup de monde en danger de mort".

"Je ne peux pas vous dire quelle coopération exacte des gardes-côtes et des unités de la Marine doit être mise en place mais nous avons évidemment besoin d'une situation ordonnée à cette frontière extérieure de l'UE", a-t-il ajouté.

Athènes a peur qu'Ankara profite de la question des réfugiés pour renforcer sa présence en Mer Egée, où les deux pays se disputent à propos de la délimitation du plateau continental, a estimé mardi le quotidien libéral Kathimerini.

Le ministère des Affaires étrangères a toutefois souligné que le gouvernement grec était prêt à oeuvrer avec la Turquie pour lutter contre les réseaux du trafic humain mais que cela "doit se réaliser d'une façon coordonnée dans le cadre d'échange d'informations et de l'application du traité bilatéral sur la réadmission par la Turquie des réfugiés arrivant (illégalement) en Grèce".

Une réunion interministérielle a eu lieu mardi soir à Athènes sous l'égide du Premier ministre grec Alexis Tsipras sur la question migratoire.

Plus de 400.000 réfugiés, surtout des Syriens et des Afghans, sont arrivés en Grèce depuis début janvier alors que des dizaines ont été noyés en tentant de faire la traversée.

Au total 710.000 sont entrés dans l'UE par la Grèce et l'Italie pendant la même période, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex.

La question migratoire a provoqué de profondes divisions au sein de l'Union européenne, qui essaie de régler la répartition des migrants entre ses pays membres ou limiter le flux.
(AFP, 13 octobre 2015)

Immigration / Migration

Au moins dix morts, dont sept enfants, entre Turquie et Grèce

Au moins dix personnes, dont sept enfants, ont perdu la vie dans des naufrages d'embarcations de migrants mercredi entre la Turquie et la Grèce, provoquant un appel d'Athènes à un sursaut européen pour garantir la sécurité des réfugiés.

En fin de soirée, trois nouveaux noyés --deux enfants et une femme-- ont été repêchés au large de l'îlot d'Agathonissi, au sud de l'Égée orientale, après une journée de recherches.

Une vaste opération de secours se poursuivait par ailleurs au large de l'île de Lesbos, plus au nord, où quelque 240 personnes dont beaucoup souffrant d'hypothermie ont été recueillies après le naufrage d'une barque en bois transportant un nombre indéterminé de migrants.

Des vents violents soufflaient sur toute la zone où les sauveteurs avaient retrouvé dans la soirée un homme et deux enfants noyés dans ce naufrage. Des patrouilleurs grecs et un hélicoptère, avec le renfort de nombreux pêcheurs, et même d'habitants de l'île accourus avec des jet-skis participaient aux opérations.

"La situation est très confuse. On ignore combien étaient vraiment à bord", a déclaré une porte-parole de la police portuaire.

Selon les médias sur place, des enfants ont été transférés dans un état critique dans le dispensaire proche de Molyvos.

Plus tôt, sur une plage de Molyvos, un photographe de l'AFP avait vu six enfants ramenés inanimés et auprès desquels s'activaient des secouristes.

Victime d'un précédent naufrage dans la même zone, un garçon de sept ans recueilli inanimé a succombé plus tôt dans la journée au dispensaire de Molyvos, où il avait été transféré en ambulance. Une fillette d'un an embarquée dans le même bateau a elle pu être réanimée, mais son état restait "critique" selon la police portuaire.

Deux enfants et un homme se sont aussi noyés plus au sud, au large de Samos, quand leur embarcation convoyant une cinquantaine de personnes a fait naufrage en début d'après-midi.

Un enfant et deux hommes restaient portés disparus dans la nuit au large de cette île.

Une fillette de cinq ans est par ailleurs décédée dans la matinée à l'hôpital de Samos après y avoir été transférée inanimée par ses parents, provisoirement accueillis dans un centre d'enregistrement des migrants de l'île. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du décès.

Ces nouveaux drames portent à 39 le nombre de migrants jusque là retrouvés morts dans les eaux grecques depuis le 1er octobre, selon un décompte établi par l'AFP sur la base des données fournies par la police portuaire grecque.

Les opérations de la police portuaire "tendent hélas à devenir une angoissante collecte de réfugiés noyés", a réagi le ministre grec de la Marine, Theodore Dritsas.

"La priorité de l'Europe doit rester la réinstallation dans la sécurité des réfugiés en provenance de leurs pays d'origine", via notamment l'octroi "de visas humanitaires et de permis de regroupement familial, pour études et soins médicaux" a-t-il plaidé, cité par un communiqué. "Tant que l'Europe cultivera les égoïsmes nationaux, les passeurs feront d'énormes chiffres d'affaires au détriment de la vie des réfugiés", a-t-il ajouté.

"Il est absolument obscène que les leaders européens permettent un enchaînement de tragédies sur nos rives", a pour sa part dénoncé Gauri van Gulik, responsable pour l'Europe d'Amnesty International.

Depuis le début de l'année, 560.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Grèce par la mer, sur un total de plus de 700.000 ayant gagné l'Europe par la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Plus de 3.200 personnes, principalement des enfants, ont péri dans ces traversées, selon l'OIM. (AFP, 29 octobre 2015)

Echauffourées entre Turcs et Kurdes à Tokyo: 12 blessés

Douze personnes ont été blessées dimanche dans des echaufourrées entre Kurdes et Turcs devant l'ambassade de Turquie au Japon, où les expatriés turcs étaient appelés à voter par anticipation pour les législatives du 1er novembre, selon les médias japonais.

La police a dû intervenir pour ramener le calme devant l'ambassade, où se tenaient les opérations de vote, selon des images diffusées par la chaîne privée TBS.

La cause de ces incidents n'était pas connue dans l'immédiat, selon TBS qui rapporte que deux policiers ont été blessés.

L'agence Jiji Press rapporte de son côté que les affrontements ont débuté quand des Kurdes ont tenté de brandir le drapeau d'une formation politique pro-kurde.

"J'étais dans une voiture avec des amis quand des Turcs m'ont subitement agressé", a déclaré de son côté à TBS un homme à la chemise déchirée.

Quelque 3.600 Turcs vivent au Japon, selon le ministère japonais des Affaires étrangères.

Les législatives turques interviennent alors que les affrontements ont repris depuis trois mois entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays.

L'attentat suicide du 10 octobre contre un rassemblement pour la paix à Ankara à l'appel de militants de gauche et de la cause kurde a relancé la colère contre le président Recep Tayyip Erdogan, accusé par l'opposition prokurde d'avoir négligé la sécurité de la manifestation et de complaisance avec le groupe Etat islamique.
(AFP, 25 octobre 2015)

Enquête sur l'envoi d'une lettre de campagne de l'AKP en Belgique

Le secrétaire d'Etat à la Vie privée, Bart Tommelein, souhaite que la commission de la protection de la vie privée enquête sur la manière dont le parti du président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a obtenu l'adresse de personnes vivant en Belgique mais d'origine turque les invitant à voter pour l'AKP lors des prochaines élections législatives, a-t-il annoncé mercredi.

Ces personnes ont reçu une lettre signée par le Premier ministre turc et président du Parti de la justice et du développement (AKP), Ahmet Davutoglu, les appelant à voter pour ce parti lors des législatives du 1er novembre.

"Je constate avec un grand étonnement que les électeurs votant pour l'AKP seraient récompensés par exemple par une réduction de 20% sur les vols de (la compagnie aérienne turque) Turkish Airlines, des primes pour les femmes turques ayant des enfants à l'étranger et une réduction sur la somme versée pour éviter le service militaire", a pour sa part dénoncé le député Peter De Roover (N-VA).

Aux Pays-Bas, le collège pour la protection des données personnelles (CBP) a annoncé mardi l'ouverture dès cette semaine d'une enquête sur l'envoi d'une lettre similaire à un nombre important de Turco-Néerlandais.

Schaerbeek intransigeante sur l'affichage clandestin, fût-il pour Erdogan

De son côté, la commune de Schaerbeek ne badine pas avec les auteurs d'affichage clandestin sur son territoire, fût-ce au profit du président turc Recep Tayyip Erdogan.

Elle compte activer à la lettre son règlement assortis d'amendes salées pour les auteurs du placement d'autocollants à l'effigie de M. Erdogan, en campagne électorale, avant les législatives du 1er novembre. (Belga, 22 oct 2015)

Trop d’affiches d’Erdogan à Schaerbeek: la commune porte plainte



La commune de Schaerbeek ne badine pas avec les auteurs d’affichage clandestin sur son territoire, fût-ce au profit du président turc Recep Tayyip Erdogan. Elle compte activer à la lettre son règlement assorti d’amendes salées pour les auteurs du placement d’autocollants à l’effigie de M. Erdogan, en campagne électorale, avant les législatives du 1er novembre.

À l’encontre de la propreté publique
D’après le cabinet du bourgmestre Bernard Clerfayt, de très nombreux autocollants favorables à M. Erdogan sont collés un peu partout et dans le quartier turc de Bruxelles, essentiellement à Schaerbeek et à Saint-Josse.

Ces autocollants/affiches sont pour la plupart collés sur du mobilier urbain. «  Les services communaux sont extrêmement fâchés de ces salissures motivées par des velléités électoralistes internes à la Turquie, au mépris des efforts importants menés de longue date par la commune pour garantir la propreté publique  », a commenté mercredi le directeur de cabinet du bourgmestre, interrogé par l’agence Belga.

Selon lui, la commune dressera par conséquent procès-verbal pour infraction, poursuivra les contrevenants et veillera à nettoyer au plus vite l’espace public qui a été fortement souillé par ces tracts et autocollants. Une plainte a été déposée et le bourgmestre se portera partie civile dans ce dossier.

Les contrevenants risquent, selon le règlement taxe de la « Cité des ânes » sur les salissures sur les voies et lieux publics ou visibles de ceux-ci, d’être poursuivis pour un montant de 225 euros par m2 entamé, c’est-à-dire par lieu d’infraction, a rappelé le directeur de cabinet du bourgmestre.
(Belga, 22 oct 2015)

Démantèlement en Belgique d'une bande de faussaires

La justice belge a démantelé une bande spécialisée dans la confection et le trafic de faux documents d'identité expédiés vers la Grèce et la Turquie, et probablement utilisés pour le trafic d'être humains vers l'UE, a annoncé lundi le parquet de Bruxelles.

L'enquête est partie d'informations faisant état de l'existence d'un trafic de faux documents et de documents falsifiés au départ de Bruxelles, a précisé le parquet dans un communiqué.

Un second volet a vu le jour après l'interception à l'aéroport de Bruxelles d'un colis à destination de la Grèce contenant des documents falsifiés.

Deux suspects principaux, intervenus dans l'expédition du colis, ont été identifiés par les enquêteurs. D'après les enquêteurs, les suspects n'agissaient pas seuls et les envois étaient "bien plus considérables que les quelques colis interceptés".

Les adresses des destinataires étaient "typiquement situées en Turquie ou en Grèce, ce qui laisse supposer que ces documents étaient utilisés dans le trafic des êtres humains vers l'Europe, un aspect important au vu de la problématique actuelle des réfugiés", explique le parquet.

"Il est tout à fait probable que des personnes liées à la problématique du trafic d'être humains se trouvent parmi les personnes" se fournissant auprès de la bande, ajoute le communiqué.

Les deux enquêtes ont été fusionnées et l'un des "suspects principaux" a été interpellé le 13 octobre à l'aéroport de Charleroi (sud de la Belgique) au moment où s'apprêtait à retourner "dans son pays d'origine", selon le parquet, qui ne précise pas le pays en question.

Le même jour, "plusieurs perquisitions" ont eu lieu à Bruxelles et une à Anvers (nord), qui ont débouché sur l'interpellation de neuf autres personnes. Toutes ont été inculpées et placées en détention provisoire.

Un "grand nombre" de faux documents ou de documents authentiques mais falsifiés, ainsi qu'une "énorme quantité de cartes en plastique nécessaires pour la confection des documents" ont été saisis.

"Un atelier de confection a également pu être démantelé", a ajouté le parquet, en précisant que les enquêteurs y avait découvert notamment une "presse", une "imprimante spécifique pour cartes en plastique" et des "scanners". "Les suspects cachaient également de l'argent de manière très professionnelle", selon le communiqué.
(AFP, 19 octobre 2015)

400 personnes manifestent contre Erdogan à Bruxelles

Environ 400 manifestants, essentiellement kurdes, ont protesté dimanche devant l'ambassade de Turquie et sur la place du Luxembourg après les attentats qui ont frappé Ankara samedi. La foule a accusé le président turc Erdogan d'être derrière ces sanglantes attaques qui ont fait au moins 95 morts. L'action a failli dégénérer, les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes.

Au moins 95 personnes ont péri samedi dans un double attentat perpétré contre une manifestation pour la paix organisée par le parti pro-kurde HDP au départ de la gare centrale d'Ankara. Les autorités turques font porter la responsabilité de ce crime aux djihadistes de l'Etat islamique alors que les militants kurdes estiment que le président Erdogan se trouve lui-même derrière cet acte sanglant.

"Des attaques du régime"

Alors que des milliers de Turcs sillonnaient dimanche les rues de leur capitale en hommage aux victimes, quelque 400 manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade turque en Belgique, selon la police. Des Kurdes venus de tout le pays, et même d'Allemagne ou des Pays-Bas, avaient rallié Bruxelles en compagnie de démocrates turcs, d'Arméniens et de représentants d'autres minorités. "Nous condamnons les attentats d'Ankara. Ce sont des attaques du régime, qui n'a pas encore digéré la défaite qu'il a subi aux élections du 7 juin", a déclaré Uçar Salih, président de la fédération kurde de Belgique.

Vote sous tension

Un nouveau scrutin doit se tenir le 1er novembre en Turquie. Les ressortissants turcs peuvent déjà exprimer leur suffrage dans leur ambassade, située rue Montoyer. La police avait bouclé l'artère afin d'éviter toute confrontation, mais la température a augmenté quand l'un des électeurs s'est rendu à proximité du rassemblement. La police n'a pas hésité à faire usage de gaz lacrymogènes et les yeux de certains manifestants, parmi lesquels figuraient des femmes et des enfants, ont subi les effets du gaz. "Cela n'était pas nécessaire", estimait l'un des protestataires.

Selon le porte-parole de la police de Bruxelles, le calme est désormais revenu. Les manifestants ont ensuite pris la direction de la place du Luxembourg, où le rassemblement s'est poursuivi avec plusieurs discours. (Belga, 11 octobre 2015)

Des milliers de prokurdes défilent en France contre Erdogan

Plusieurs milliers de personnes, kurdes en majorité, ont manifesté dimanche en France, au lendemain de l'attentat meurtrier d'Ankara, pour dénoncer la "politique de guerre" du régime turc.

Le cortège le plus nombreux, rassemblant 3.000 personnes selon la police, a défilé dans le centre de Paris, entre la place de la République et Châtelet, où les manifestants ont scandé "Erdogan, assassin" et "Solution politique pour le Kurdistan".

Ils brandissaient un drapeau kurde géant, des bannières de différents mouvements politiques kurdes et des pancartes noires proclamant: "Les martyrs de la révolution ne meurent jamais" et "AKP + Daech = attentat Ankara".

L'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie, qui a visé samedi une manifestation de mouvements proches de la cause kurde, a fait au moins 95 morts. En l'absence de revendication, le gouvernement turc a évoqué trois auteurs possibles: les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe jihadiste État islamique (EI, ou Daech) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche.

Mais le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP) sont aussi accusés par certains d'être responsables de la montée des tensions, à l'approche des élections législatives du 1er novembre et alors que les affrontements font rage entre forces de sécurité turques et PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Une manifestation spontanée avait déjà réuni un millier de prokurdes samedi à Paris. Ils étaient plus nombreux dimanche, 3.000 selon la préfecture de police, sous le mot d'ordre "Non à la politique de guerre et de terreur de l'État turc".

"On vient démontrer notre solidarité avec les peuples qui souffrent en Turquie et au Moyen-Orient. C'est un attentat contre les forces progressistes, contre la paix, contre ceux qui veulent faire de la Turquie et du Moyen-Orient une région stable", a déclaré Yekbun Eksen, du Conseil démocratique kurde. "On dénonce aussi la politique d'Erdogan qui se sert de la haine et de la terreur comme bases de son pouvoir."

Firat, jeune militant de la Fédération des associations de travailleurs et de jeunes (DIDF), jugeait aussi que "le responsable, c'est Erdogan". "L'attentat a eu lieu à un kilomètre de la présidence de la République, il ne peut pas ne pas être impliqué", a-t-il accusé.

Le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, qui a pris la parole place de la République, après une minute de silence, a établi un "lien direct" entre l'attentat d'Ankara et les élections législatives turques. "Le régime tyrannique d'Erdogan mène la guerre contre son propre peuple. Cet attentat porte la marque du pouvoir et de la duplicité qu'il entretient depuis des mois avec les criminels de Daech", a-t-il dénoncé.

D'autres rassemblement ont eu lieu en province dimanche, notamment à Lyon, où 300 personnes selon la police ont scandé: "Daech assassin, Etat turc complice", devant le consulat turc, protégé par une rangée de CRS.

A Bordeaux, environ 300 manifestants se sont rassemblés sur le parvis du Grand Théâtre, brandissant des photos des victimes de l'attentat et des banderoles proclamant: "la Turquie massacre les civils kurdes!".

Quelques 150 personnes ont aussi défilé à Toulouse. Samedi, des manifestations organisées dans la foulée de l'attentat avaient également réuni des centaines de personnes à Marseille, Strasbourg et Rennes.
(AFP, 11 octobre 2015)

Vers une liste européenne de "pays sûrs" sans la Turquie

L'adoption d'une liste européenne de "pays sûrs" qui permettrait de renvoyer plus rapidement certains migrants vers leur pays d'origine achoppe en raison de désaccords sur la Turquie, qui pourrait finalement ne pas y figurer, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes.

"Tous les Etats membres sont d'accord pour établir une liste commune" de pays sûrs, a affirmé le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, dont la pays assure la présidence de l'UE, à l'issue d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur à Luxembourg.

En septembre, la Commission européenne avait proposé d'établir une liste commune de "pays sûrs", dont les ressortissants ne courent a priori pas de risques dans leur pays justifiant une demande d'asile dans l'Union, et ce pour accélérer leur rapatriement.

Mais les divisions autour de ce projet sont "au moins aussi toxiques" que celles ayant surgi autour de la répartition de 160.000 réfugiés qui a conduit l'Union au bord de la rupture le mois dernier, a précisé une source européenne à l'AFP.

En effet, plusieurs capitales refusent d'inscrire sur la liste la Turquie, en raison de son bilan mitigé en matière d'indépendance de la justice, de droits des minorités, de liberté de la presse et d'expression notamment, selon plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le Parlement européen a, sur le plan législatif, son mot à dire "en ce qui concerne ce sujet très sensible de liste de pays sûrs", a rappelé M. Asselborn.

"Dans certains Etats de l'UE, la position définitive n'a pas encore été arrêtée", a-t-il reconnu, le gouvernement allemand par exemple n'ayant pas encore tranché.

La Commission européenne propose d'inscrire sept pays, dont la Turquie et le Kosovo, sur cette liste. L'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie y figureraient également.

Jeudi, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est dit néanmoins "assez confiant sur le fait qu'on puisse trouver une solution sans tarder".

Conscients que les eurodéputés rechigneraient à donner leur feu vert à une liste incluant la Turquie, les Européens s'apprêteraient à "laisser le problème turc de côté" en proposant dans l'immédiat d'y inscrire seulement les six pays balkaniques concernés, a affirmé une source diplomatique à l'AFP.

"Jamais le Parlement européen ne classera par un vote la Turquie dans les pays sûrs, cela reviendrait donc à tuer immédiatement le projet", a-t-elle expliqué.
(AFP, 8 octobre 2015)

La Turquie très réservée sur le plan européen de lutte contre la crise des migrants

La Turquie a accueilli avec beaucoup de réserves la promesse de l'Union européenne (UE) de l'aider à supporter l'accueil des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents sur son sol, en déplorant le manque de moyens financiers et surtout le retard de ce soutien.

Lundi, le président de la Commission de l'UE Jean-Claude Juncker a présenté au président turc Recep Tayyip Erdogan un "projet de plan d'action" destiné à enrayer ou au moins ralentir le flux des migrants qui tentent chaque jour par tous les moyens de quitter la Turquie pour rejoindre l'Europe.

En échange d'une mobilisation financière de 1,1 milliard d'euros, Bruxelles presse Ankara de retenir les candidats au départ sur son territoire en installant des centres d'accueil de demandeurs d'asile. L'UE plaide également pour que les Turcs musclent la surveillance maritime de leurs côtes, d'où l'essentiel des migrants s'élancent à destination des îles grecques toutes proches.

Sans surprise, le gouvernement turc a accueilli avec scepticisme, voire irritation, les appels du pied insistants de Bruxelles.

"L'UE est pressée, pas nous", a déclaré sous couvert de l'anonymat à l'AFP un responsable gouvernemental turc, "mais cela fait déjà quatre ans que nous faisons déjà tout ce qui est écrit dans ce plan". "L'enveloppe financière prévue par ce plan doit également être augmentée", a-t-il ajouté.

Selon la dernière estimation officielle, près de 2,5 millions de personnes --2,2 millions de Syriens et 300.000 Irakiens-- ont trouvé refuge depuis quatre ans en Turquie pour fuir la guerre dans leurs pays. Ankara affirme avoir déjà déboursé plus de 6,5 milliards d'euros pour les accueillir.

"Nous ne les avons pas abandonné à leur mort. Permettez-moi de le dire avec fierté, la Turquie a supporté seule ce fardeau", a rappelé avec insistance M. Erdogan à l'issue de sa rencontre lundi avec les dirigeants européens.

Le ministère turc des Affaires étrangères a souligné dans une déclaration que le plan européen n'avait pas encore été formellement adopté. Et ajouté que la Turquie et l'UE étaient convenues d'établir un "groupe de travail" pour l'étudier.

- 'Gaspillage' -

Des responsables européens, dont le commissaire en charge des migrations Dimitris Avramopoulos, sont attendus cette semaine à Ankara pour discuter des propositions de l'UE.

Président du centre de recherche sur l'asile et les migrations (Igam), Metin Corabatir juge que l'Europe s'est trompée en pensant que verser de l'argent aux Turcs pour qu'ils gardent les réfugiés sur leur territoire permettrait de résoudre la crise.

"Des nouveaux camps doivent être construits, mais pour combien de personnes ?", s'interroge M. Corabatir en rappelant que l'essentiel des réfugiés syriens vivent dans les villes, loin des camps. "Construire des camps peut sembler une solution temporaire aux yeux des Européens mais elle n'est pas efficace. Les fonds européens versés à cette fin seraient du gaspillage", juge-t-il.

Le "projet de plan d'action" de Bruxelles comporte également un volet de lutte contre les trafiquants qui organisent les passages clandestins de migrants, notamment en renforçant les patrouilles de garde-côtes turques et le renforcement de la surveillance le long de toutes ses frontières.

"L'UE va demander à la Turquie de lutter contre les trafiquants d'êtres humains qui opèrent au grand jour le long de ses côtes occidentales", a relevé l'expert Marc Piérini, de la fondation Carnegie Europe, ancien ambassadeur de l'UE à Ankara.

Quant aux fameux "hotspots", les centres d'accueil de demandeurs d'asile que l'Europe presse la Turquie d'installer sur son sol, ils ont peu de chances d'être acceptés.

Le mois dernier, le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu les avaient d'ores et déjà rejetés, les jugeant "inacceptable" et "inhumains", et plaidé à l'inverse pour l'instauration de "zones de sécurité" sous protection internationale, susceptibles d'accueillir les déplacés sur le sol même de la Syrie.

Mais les Européens n'ont pas repris à leur compte cette vieille et insistante revendication turque. La récente intervention de l'armée russe dans le conflit syrien l'a encore rendue plus improbable.
(AFP, 8 octobre 2015)

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