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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

45th Year / 45e Année
  Juin
2018 June
N° 478
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 588 69 73
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
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Socio-economics
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Cyprus and Greece
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Özgüden - Kürkçü - Er sur les élections


Medya Haber TV, 11-6-2018


Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Droits de l'Homme / Human Rights


Un député d'opposition sortant écroué pour "terrorisme"

Arrestation de 12 personnes accusées d'avoir insulté Erdogan
L'intervention d'Özgüden lors d'une conférence sur les élections
Maintien en prison du directeur d'Amnesty Turquie
4 morts dans des violences pendant la visite d'un député
19 arrestations après des incidents meurtriers dans une ville kurde

Plus de 2.000 personnes condamnées en lien avec le putsch manqué
Liberté conditionnelle pour des étudiants accusés de "terrorisme"
225 Investigations Brought against Rights Association Members

Des centaines de manifestants pour commémorer la résistance de Gezi
Manifestation à Bruxelles en soutien aux avocats turcs incarcérés


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Özgüden parmi 47 journalistes honorés par la TGC en Turquie
Le journaliste Mehmet Altan libre après presque 2 ans de prison
RSF: les médias en ordre de bataille pour le candidat-président
CPJ calls on presidential candidates to prioritize press freedom

Prof. Dr. Büşra Ersanlı Sentenced to 1 Year, 3 Months in Prison
Un caricaturiste écroué pour "insulte" à Erdogan
Le directeur de Le Point: "Oui, Erdogan est un dictateur"
Une du Point sur Erdogan: un kiosquier nîmois menacé porte plainte
Le Point dit être victime de "harcèlement" après sa Une sur Erdogan

Kurdish Question / Question kurde

Depuis sa prison, Demirtas attaque Erdogan à la TV d'Etat

Manifestation contre les attaques turques visant le PKK au Kurdistan

Le cimetière de Kobané en Syrie, symbole des victoires kurdes contre l'EI
Erdogan appelle à juger "au plus vite" son opposant kurde écroué
BHL dédicacera bien finalement son livre pro-kurde à Bordeaux

La difficile campagne, de sa prison, du candidat kurde Demirtas
Les Kurdes quittent une ville clé après un accord américano-turc

State Channel TRT Spares 105 Minutes to Erdoğan, 18 Seconds to Demirtaş

Minorités / Minorities

Annulation en Israël d'un vote sur la reconnaissance du "génocide arménien"

Le député arménien Paylan à Marseille pour la campagne du HDP
Knesset Postpones Debate on Armenian Genocide Recognition

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan assoit son pouvoir après sa victoire électorale

Erdogan vers des pouvoirs renforcés après son triomphe électoral
Erdogan remporte la présidentielle au premier tour

26 juin: Conférence sur les élections turques à Bruxelles
Cinq scénarios pour les élections en Turquie
Dates-clés du pouvoir d'Erdogan (CHRONOLOGIE)
Turquie: élections, mode d'emploi (REPERES)

Une alliance sans précédent menace Erdogan en Turquie
A Diyarbakir, le vote kurde suscite la convoitise

Chair of Supreme Election Council Did Not Meet OSCE Delegation
Le difficile défi d'une rivale d'Erdogan au passé encombrant
Fundamentalist Islamist Party Hüda Par to Support Erdoğan

Forces armées/Armed Forces

La Turquie va poursuivre ses bombardements dans le nord de l'Irak
Erdogan: Une opération dans le nord de l'Irak possible "à tout moment"

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Quand élections turques riment avec religion

Erdogan: Une "guerre entre les Croisés et le Croissant"
Offensive autrichienne contre l'"islam politique"
Une mosquée à la démesure d'Erdogan

Au large d'Istanbul, le plus grand édifice en bois d'Europe se meurt

Socio-économique / Socio-economic

Erdogan, l'incarnation d'une vision archaïque de la femme
Erdogan inaugure un nouveau gazoduc permettant d'alimenter l'Europe

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations


Berlin demande à Ankara d'expliquer la fermeture d'une école allemande
L'UE estime que la campagne électorale n'a pas été "équitable"
L'OSCE déplore l'absence "d'opportunités égales" pour les candidats
Allemagne: Merkel souhaite une "Turquie stable et pluraliste"
Réactions à la réélection de M. Erdogan
Les négociations d'adhésion à l'UE "effectivement au point mort"
Une délégation communiste française arrêtée quelques heures

Elections en Turquie: deux députés allemand et suédois interdits de visite
L'UE demande un procès équitable pour le directeur d'Amnesty International
EP Rapporteur Piri: Demirtaş Should be Released for Fair Election

Les Occidentaux doivent lutter contre la "diplomatie des otages" turque


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Washington peut encore bloquer la vente de F-35
Avec Erdogan, les relations américano-turques restent glaciales
Le chef de l'Otan félicite Erdogan pour sa victoire
La Maison Blanche appelle la Turquie à "renforcer la démocratie"

Livraison controversée du premier F-35 à la Turquie

Relations régionales / Regional Relations

Putine salue la "grande autorité politique" d'Erdogan après sa réélection

Damas dénonce des patrouilles turques près de Minbej
L'alliance kurdo-arabe prête à des discussions sans condition avec le régime
Stop à l’invasion turque au Sud-Kurdistan
Assad menace d'utiliser la force contre des combattants aidés par Washington

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration

74,85% des votants plébiscité en Belgique la réélection d'Erdogan

Des partisans d’Erdogan s’en prennent à la police et à la presse dans le Limbourg
L'opposant turc Cahit Zorel régularisé en Belgique
Ozguden over Turkse verkiezingen

Dans l'attente d'une décision, Cahit Zorel poursuit son action de protestation
Une ministre belge d'origine kurde se dit menacée de mort
Une lettre de propagande d'Erdogan à la communauté turque
L’État belge blanchi en appel dans le massacre de l’ETO au Rwanda

 Once upon a time in Schaerbeek
Un millier de manifestants à Bruxelles pour la régularisation des sans-papiers
Un échevin de Genk condamné à 18 mois de prison
Zoé Genot arrêtée après s'être infiltrée dans la base de Kleine-Brogel
Le centre culturel turc de Herstal n'a plus de permis d'urbanisme

L'opposant Cahit Zorel agressé par un intégriste turc
Commémorations tendues d'un attentat anti-turc en Allemagne
Que sait-on sur la communauté turque qui vit actuellement en France?


Droits de l'Homme / Human Rights

Un député d'opposition sortant écroué pour "terrorisme"

Un député sortant du principal parti d'opposition en Turquie a été écroué vendredi sur la base d'accusations d'activités "terroristes", a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Eren Erdem, 31 ans, est notamment accusé "d'avoir volontairement et délibérément aidé une organisation terroriste armée sans en être membre" et a été placé en détention dans l'attente de son procès, selon Anadolu.

Le député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) sous la précédente législature a été interpellé à Ankara dans la nuit et emmené à Istanbul tôt vendredi pour être présenté à un juge.

Ce développement survient mois d'une semaine après des élections présidentielle et législatives remportées dimanche par le chef de l'Etat Recep Tayyip Erodgan.

"J'ai été interpellé. Je n'en connais pas la raison. J'ai été arrêté par la police devant chez moi", avait-il tweeté dans la nuit de jeudi à vendredi.

Anadolu avait dans un premier temps fait état d'une accusation d'"appartenance à une organisation terroriste armée", mais n'y faisait plus référence après la décision du juge.

Le député sortant risque entre 9 ans et demi et 22 ans d'emprisonnement lors de son procès qui doit s'ouvrir le 19 septembre.

Il est accusé d'avoir publié, lorsqu'il était à la tête du journal Karsi, des enregistrements de conversations téléphoniques qui avaient fuité en décembre 2013 dans le cadre d'un scandale de corruption visant M. Erdogan, alors Premier ministre, et ses proches.

Les autorités qualifient ces fuites de "tentative de coup d'Etat" qu'elles attribuent au prédicateur Fethullah Gülen, également accusé d'avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.

Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie toute implication.

Cette incarcération "prépare le terrain au mensonge selon lequel +le CHP coopère avec le terrorisme+", a tweeté un autre député sortant du CHP, Baris Yarkadas.

"Eren Erdem faisait du journalisme. Le journalisme n'est pas un crime", a-t-il ajouté.

Lors de la campagne pour les élections législatives et présidentielles de dimanche, remportées par M. Erdogan et son parti, le chef de l'Etat a plusieurs fois accusé le CHP de soutenir le terrorisme.

L'un de ses principaux arguments a été la visite en prison du candidat CHP à la présidentielle, Muharrem Ince, au candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, détenu depuis novembre 2016, accusé d'appartenir et de diriger une "organisation terroriste".

Les autorités ont lancé de vastes purges à la suite du putsch manqué de juillet 2016, au cours desquelles plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été incarcérées.

Parmi elles figurent plusieurs députés du HDP, mais aussi un autre député du CHP, Enis Berberoglu, condamné pour avoir fourni au quotidien d'opposition Cumhuriyet des informations confidentielles.
(AFP, 29 juin 2018)

Arrestation de 12 personnes accusées d'avoir insulté Erdogan

Un tribunal turc a ordonné le placement en détention de 12 personnes accusées d'avoir proféré des jurons à l'encontre du président Recep Tayyip Erdogan lors d'un meeting du candidat de l'opposition Muharrem Ince avant l'élection présidentielle de dimanche, ont annoncé mercredi les médias officiels.

Ces douze personnes, qui ont été placées en détention préventive dans l'attente de leur procès, sont accusées d'avoir "insulté un chef d'Etat", à Izmir, sur les rivages de la mer Egée, où un meeting de M. Ince avait rassemblé jeudi dernier des dizaines de milliers de personnes.

Selon l'agence officielle Anadolu, des images de la scène, qui s'est déroulée dans un restaurant d'Izmir servant de l'alcool, ont été partagées sur les réseaux sociaux.

Des images abondamment diffusées par des sites pro-gouvernementaux montraient des consommateurs assis à la terrasse d'un restaurant en plein air scandant le nom de M. Erdogan sur un ton ironique, les propos supposés insultants étant censurés.

Le rassemblement électoral d'Izmir a été l'un des temps forts de la campagne de M. Ince, battu par M. Erdogan dès le premier tour dimanche.

Izmir est considérée comme un bastion de la principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) de M. Ince. Ce dernier y a recueilli 54% des voix.

Des milliers de personnes ont été poursuivies en Turquie sous l'accusation d'avoir insulté M. Erdogan depuis qu'il est devenu chef de l'Etat en 2014.
(AFP, 27 juin 2018)

erdogan

Mardi 26 juin 2018, SOS Turkey a organisé une conférence à la Maison des Parlementaires belges une conférence sur "Les élections turques. Qu’est-ce qui se passe après le 24 juin?" avec la participation des orateurs de différents peuples de la région.

SOS Turkey est une campagne qui a commencé l’année passée pour dénoncer la répression en cours en Turquie depuis la tentative du coup d’Etat en 2016.

Lors de la conférence, les orateurs suivants ont donné leur point de vue sur les perspectives après les élections du 24 juin:

Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Turk,
Eyyup Doru, représentant du HDP auprès de l’UE,
Aris Nalci, journaliste arménien,
Delil Agbaba, porte parole de la communauté alévie.

Le texte de l'intervention de Dogan Özgüden:

Chers Amis,

La question qui se pose aujourd'hui: que se passe-t-il depuis le 24 juin?

Ce qui s'est passé ce dimanche : Recep Tayyip Erdogan, qui dirige le pays depuis seize ans, a remporté les élections présidentielles avec 52 pourcent des voix et a renforcé sa dictature avec les pouvoirs étendus par la nouvelle constitution adoptée l'année passée.

Ce qui s'est aussi passé ce dimanche, le rival principal d'Erdogan, Muharrem Ince, candidat du parti social-démocrate CHP, a été battu malgré un score de 30 pourcent. Parmi les quatre autres candidats, Meral Aksener du parti d'extrême droite Iyi, Temel Karamollaoglu du parti islamiste Saadet et Dogu Perincek du parti ultra nationaliste et négationniste Vatan ont été condamnés à la disparition de la scène parlementaire.

Le seul candidat à la présidence qui se distingue avec 8,2% des voix est Selahattin Demirtas, ancien président du parti démocratique des peuples (HDP) qui a du mener sa campagne électorale depuis sa cellule de la prison d'Edirne.

Quant au HDP, par l'emprisonnement de son leader et plusieurs députés et dirigeants, mais également à cause de son exclusion d'une alliance électorale avec trois autres partis d'opposition, risquait de ne pas dépasser le seuil national des 10 pourcent et de perdre tous ses députés au profit du parti d'Erdogan. Mais grâce à une mobilisation exemplaire, le HDP, à lui seul, a réussi à devenir le troisième parti de la nouvelle assemblée nationale avec 67 députés.

Oui, Erdogan a effectivement remporté les élections présidentielles, mais sa victoire est déjà ombrée par la nouvelle composition de l'Assemblée nationale.

Malgré l'utilisation de tous les moyens étatiques et des médias au service du pouvoir, ce parti n'a obtenu que 41,4 pourcent des voix. Or, à l'issue des élections précédentes du 1er novembre 2015, le score de l'AKP était de 49,50 pourcent.

Cette chute énorme nous montre également la vraie raison de la victoire de Recep Tayyip Erdogan.

C'est grâce à son alliance préélectorale avec le parti d'extrême droite MHP qu'il a pu obtenir 52 pourcent des voix aux élections présidentielles. De ce pourcentage, seulement 42 % appartient à son propre parti AKP et le reste au MHP.

Si Erdogan n'avait pas fait une alliance pré-électorale avec le MHP, le leader de ce dernier Devlet Bahceli pouvait se présenter comme candidat aux présidentielles et obtenir plus de 10 pourcent des voix au détriment de celles d'Erdogan. Dans ce cas-ci, Erdogan ne pouvait obtenir que 42 pourcent des voix et serait confronter au deuxième tour des présidentielles au candidat social-démocrate Muharrem Ince.

C'est la raison pour laquelle, malgré sa victoire si applaudie, Erdogan sait très bien que sans consentement ou complicité du MHP, il ne réaliserait jamais ses ambitions hyperprésidentielles.

Voici les nouveaux pouvoirs élargis d'Erdogan:

- Doté du pouvoir exécutif, il nommera lui-même les ministres. Il désignera également un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de Premier ministre disparaîtra.

- Il choisira directement ou indirectement six membres du Haut conseil des juges et procureurs (HSYK), chargé de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire.

- Il décidera d'imposer l'état d'urgence en cas de "soulèvement contre la patrie" ou d'actions violentes qui mettent la nation (...) en danger de division".

- Les élections législatives et présidentielle se déroulent désormais de façon simultanée et tous les cinq ans, contre quatre auparavant.

La constitution donne à Erdogan la possibilité de prolonger sa présidence jusqu'en 2028.

Je reviens à la question qui est l'objet de cette conférence: qu'est-ce qui se passe depuis le 24 juin?

Tout d'abord un rappel:

Malgré la tenue des élections récentes, la Turquie reste toujours une prison de 784 mille kilomètres carrés. Sous un régime d'état d'urgence, l'emprisonnement des défenseurs des droits humains, hommes politiques kurdes, journalistes, universitaires, artistes, limogeages massives dans les services publics se poursuivent toujours de manière honteuse pour un pays qui est membre du Conseil de l'Europe et candidat à l'Union européenne.

Ce qui se passe actuellement en Turquie, une série de marchandages obscures parmi les partis de droite en vue d'officialiser et concrétiser aussitôt que possible un état dictatorial dominé d'une part par l' AKP de Recep Tayyip Erdogan et d'autre part par son allié MHP Devlet Bahceli.

Étant donné qu'Erdogan doit sa victoire à Devlet Bahceli et doit encore obtenir son soutien pour pouvoir passer certains actes législatifs de l'Assemblée nationale, le MHP avec ses 49 députés pourra imposer tout ce qu'il veut au président de la République.

Déjà dans les médias d'opposition, on parle du fait que le vrai pouvoir appartient désormais au parti d'extrême droite de Devlet Bahceli.

On verra l'impact de ce fait dans les jours qui viennent dans la désignation par Erdogan des nouveaux ministres et des haut fonctionnaires ou magistrats.

Il est fort possible que le groupe parlementaire du Bon parti de l'ancien loup gris Meral Aksener donnera le soutien nécessaire à l'alliance Erdogan-Bahceli dans l'adoption des nouvelles lois répressives.

La seule consolation pour les forces démocratiques du pays, c'est la grande réussite du parti démocratique des peuples, HDP, représenté dans l'Assemblée nationale par 67 députés.

Je dois dire encore quelques mots sur l'impact de ces élections sur les ressortissants de Turquie dans le monde.

Sur 3 millions d'électeurs à l'étranger 52 % ont voté malheureusement pour l'AKP et 59 % pour Recep Tayyip Erdogan.

Quant à la Belgique, sur 142 mille électeurs, 75 % ont voté pour Erdogan et 64 % pour l'AKP.

Bien entendu, cela n'est pas surprenant grâce au lavage de cerveau appliqué par les missions diplomatiques turques, la Diyanet, les mosquées et les associations nationalistes ou religieuses turques.

Ce qui également inquiétant c'est l'impact de ces résultats sur les élections communales, fédérales, régionales et européennes qui approchent.

Vu cette dominance de la dictature d'Erdogan sur les turco-belges, comment réagiront les partis politiques belges dans la sélection des candidats issus de la communauté turque?

Est-ce que les élus turcs négotiannistes ou défenseurs du régime d'Ankara pourront-ils toujours figurer sur les listes électorales?

Je termine en répétant la même question:

Qu'est-ce qui se passera en Belgique depuis le 24 juin?

Et un dernier mot:

Avec Inci, nous sommes à la 46e année de notre exil. Le 24 juin, il y avait une lueur d'espoir de revoir notre pays natal...

Une déception? Non... La lutte continue!

Maintien en prison du directeur d'Amnesty Turquie

Un tribunal d'Istanbul a ordonné jeudi le maintien en détention du directeur d'Amnesty International en Turquie, emprisonné depuis plus d'un an pour appartenance à une "organisation terroriste", en dépit des protestations des défenseurs des droits de l'homme.

Taner Kiliç est détenu depuis juin 2017 à Izmir (ouest). Il est accusé d'être lié au prédicateur turc exilé aux Etats-Unis Fethullah Gulen qui, selon Ankara, a fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016. Fethullah Gulen dément ces accusations.

Le tribunal a décidé de "maintenir notre collègue Taner Kiliç, qui est injustement emprisonné depuis un an", a dénoncé Amnesty Turquie dans un communiqué.

"Tout montre qu'il est innocent... Cette injustice est inacceptable", ajoute le texte.

La prochaine audience est prévue pour le 7 novembre.

Taner Kiliç est l'un des journalistes et militants des droits de l'homme, au nombre de plusieurs dizaines, arrêtés lors de la répression qui a suivi la tentative de coup d'Etat et qui a touché, selon les critiques du gouvernement turc, non seulement les auteurs présumés de ce coup, mais aussi des opposants au président Recep Tayyip Erdogan.

Taner Kiliç risque jusqu'à 15 ans de prison. Amnesty considère les charges pesant sur lui comme "sans fondement".

"Nous sommes tous en état de choc", a commenté sur Twitter le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty, qui était présent au tribunal. Selon lui, la décision du tribunal constitue un "triste commentaire sur l'état de la justice" en Turquie.
(AFP, 21 juin 2018)

4 morts dans des violences pendant la visite d'un député

Quatre personnes ont été tuées jeudi lors de violences dans une ville du sud de la Turquie au cours de la visite d'un député du parti au pouvoir en campagne pour les élections du 24 juin, ont annoncé les médias.

Une bagarre impliquant l'entourage du député de l'AKP Ibrahim Halil Yildiz au moment de sa visite dans la ville de Suruç, près de la frontière syrienne, selon les médias, dont certains ont fait état de tirs.

Les circonstances de cet incident font l'objet de versions divergentes.

Des médias favorables au gouvernement ont affirmé que M. Yildiz et ses partisans avaient été attaqués par des opposants armés de bâtons et de couteaux.

Mais les agences de presse Anadolu (étatique) et Dogan ont parlé d'une fusillade.

Anadolu a affirmé que des partisans du parti prokurde HDP étaient impliqués dans l'attaque et que le frère du parlementaire figurait parmi les personnes tuées.

Toutefois, des médias prokurdes ont imputé l'attaque aux gardes du corps du député, affirmant qu'ils avaient ouvert le feu dans un marché de la ville après que l'élu y eut reçu un accueil hostile des commerçants.

Le bureau du gouverneur de la province de Saliurfa dans laquelle se trouve Suruç, une ville majoritairement peuplée de Kurdes, affirme pour sa part dans un communiqué qu'une "bagarre a éclaté entre deux groupes" pendant la visite du député dans de petites entreprises et que trois personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans un "incident" qui a eu lieu après son départ.

Un des blessés est mort par la suite à l'hôpital où il a été admis, selon les médias, qui ont précisé que le député était quant à lui sain et sauf.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté imputé la responsabilité de ces violences au HDP ainsi qu'au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

"C'est l'illustration la plus évidente du fait que le HDP et le PKK n'ont pas été capables de renoncer à verser le sang des Kurdes pour alimenter leur stratégie d'expansion", a-t-il dit.

En juillet 2015, un attentat attribué au groupe Etat islamique (EI) à Suruç avait fait 34 morts. A la suite de cette attaque, M. Erdogan a déclenché une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'EI.
(AFP, 14 juin 2018)

19 arrestations après des incidents meurtriers dans une ville kurde

La police turque a arrêté samedi 19 personnes, dont un candidat du principal parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples), après des heurts meurtriers au cours de la campagne électorale dans une ville à majorité kurde proche de la frontière avec la Syrie, selon l'agence de presse étatique Anadalu.

Quatre personnes avaient été tuées jeudi lors de violences dans la ville de Suruç (sud) durant la visite d'un député du parti au pouvoir AKP (Parti de la justice et du développement), en campagne pour les élections législatives et présidentielle anticipées du 24 juin.

Les circonstances de cet incident font l'objet de versions divergentes.

Des médias pro-gouvernementaux ont affirmé que le député de l'AKP en visite, Ibrahim Halil Yildiz, et ses partisans avaient été attaqués par des opposants.

Des médias prokurdes ont imputé l'attaque aux gardes du corps du député, affirmant qu'ils avaient ouvert le feu dans un marché de la ville après que l'élu y eut reçu un accueil hostile des commerçants.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté incriminé le HDP ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Le député était sorti indemne de ces violences. L'identité des victimes n'a pas été clairement précisée dans l'immédiat.
(AFP, 16 juin 2018)

Plus de 2.000 personnes condamnées en lien avec le putsch manqué

Plus de 2.000 personnes ont été condamnées à des peines de prison, dont plus de 1.500 à vie, dans des procès liés au putsch manqué de juillet 2016 en Turquie, a indiqué jeudi le ministre de la Justice.

Des verdicts ont été rendus à ce jour dans 171 des 287 procès ouverts en lien avec la tentative de coup d'Etat et qui se sont soldés par la condamnation de 2.140 personnes, a affirmé Abdülhamit Gül, lors d'un entretien télévisé avec l'agence étatique Anadolu.

Parmi elles, 1.500 ont été condamnées à la prison à vie et 631 à des peines de réclusion allant de 1 an et 2 mois à 20 ans.

Par ailleurs, 1.478 personnes ont été relaxées, a poursuivi le ministre.

Les procédures judiciaires lancées après le putsch avorté sont d'une ampleur sans précédent en Turquie, avec des procès au cours desquels sont parfois jugées plusieurs centaines de personnes.

Ankara impute le putsch manqué au prédicateur Fethullah Gülen et à ses partisans. Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie toute implication.

Depuis la tentative de coup d'Etat, qui a fait 250 morts dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, les autorités turques ont lancé une riposte implacable contre les putschistes présumés.

Plus de 140.000 personnes ont ainsi été limogées ou suspendues et plus de 50.000 arrêtées dans le cadre de l'état d'urgence instauré dès le 20 juillet 2016.

L'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme accusent les autorités d'utiliser l'état d'urgence pour faire taire toute voix critique.
(AFP, 7 juin 2018)

Liberté conditionnelle pour des étudiants accusés de "terrorisme"

Un tribunal d'Istanbul a ordonné mercredi la remise en liberté conditionnelle de plusieurs étudiants d'une prestigieuse université turque accusés de "propagande terroriste" pour s'être opposés à l'offensive militaire d'Ankara en Syrie.

Le tribunal a demandé la libération sous contrôle judiciaire de 14 étudiants qui comparaissaient en détention préventive, selon une journaliste de l'AFP présente dans la salle d'audience archicomble.

Huit autres étudiants comparaissent libres dans le cadre de ce procès qui suscite l'inquiétude des défenseurs des droits de l'Homme.

La décision du tribunal mercredi a été accueillie par un tonnerre d'applaudissements des proches des prévenus, venus en nombre pour assister à la première audience du procès.

Ces étudiants de l'Université du Bosphore, l'un des creusets de l'élite politique et intellectuelle du pays, sont accusés d'avoir fait de la propagande pour le compte du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ils risquent jusqu'à cinq ans de prison s'ils sont reconnus coupables à l'issue de leur procès, dont la prochaine audience se tiendra le 3 octobre.

Les 14 étudiants dont le juge a ordonné mercredi la remise en liberté conditionnelle sont en détention préventive depuis le mois de mars, après leur arrestation lors d'un coup de filet de la police sur le campus.

Leur tort ? S'être rassemblés pour manifester leur opposition à l'opération militaire turque dans la région d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, contre une milice kurde affiliée au PKK.

Ce rassemblement avait été organisé en réaction à une distribution de pâtisseries baptisées "délices d'Afrine" sur le campus par d'autres étudiants favorables à l'opération lancée en janvier par le président Recep Tayyip Erdogan.

Prenant la parole au tribunal mercredi, les étudiants ont rejeté les accusations de propagande.

"Je n'ai fait l'apologie d'aucune violence, ni fait de propagande terroriste", s'est ainsi défendue Sükran Yaren Tuncer, selon une journaliste de l'AFP présente au tribunal.

"J'ai crié des slogans comme +Tous ensemble contre le fascisme+ et +Stop à la guerre, maintenant la paix+. Ce sont des slogans universels, scandés dans toutes les manifestations", a-t-elle ajouté.

Un autre prévenu, Ismail Gürler, a accusé des policiers de l'avoir brutalisé lors de son arrestation. "On m'a déshabillé, puis on m'a battu. A deux reprises", a-t-il déclaré d'une voix tremblante.

Une autre étudiante, Kübra Sagir, a dit "refuser d'être stigmatisée comme une terroriste". "Des slogans ont été scandés, mais on ne peut pas les considérer comme autre chose qu'une critique politique", a-t-elle plaidé.

Ce procès suscite l'inquiétude de leurs proches et des défenseurs des libertés, d'autant plus que le président Erdogan avait publiquement qualifié en mars ces étudiants de "traîtres" et de "terroristes".

L'offensive turque en Syrie s'est accompagnée d'une répression contre les voix critiques en Turquie, avec l'arrestation de centaines de personnes qui avaient dénoncé les opérations militaires sur les réseaux sociaux.

Le PKK est classé "organisation terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux et de nombreux journalistes et intellectuels ont été accusés en Turquie de propagande pour le compte de ce groupe.
(AFP, 6 juin 2018)

225 Investigations Brought against Rights Association Members

The Human Rights Association has announced its report entitled “Crackdowns on Human Rights Defenders, İHD and İHD Managers”.

The information that 10 Human Rights Association (İHD) managers were dismissed and 225 lawsuits and investigations have been brought against İHD members were included in the report.

10 rights defenders in seven cities were dismissed

The İHD members dismissed by statutory decrees are as follows:

İHD Secretary General Osman İşçi, İHD Ankara Branch Central Executive Board Member Adnan Vural, İzmir Branch Board Members Mine Çetinkaya, Caner Canlı, Eylem Temiz, Dersim Branch Chair Gürbüz Solmaz, Maraş Branch Chair Selçuk Delibaş, Sakarya Branch Board Member Kamber Göçer, Elazığ Branch Chair Behzat Hazır and İskenderun Branch Chair Coşkun Selçuk.

Call from UN human rights experts

The following call made by the UN human rights experts on January 17, 2018 urging Turkey to end the State of Emergency was stressed in the report:

“We remain concerned, as we have since the attempted coup, that the Government is taking steps at odds with its obligations under human rights law.

“We are deeply worried about severe crackdowns on civil society, including journalists, the media, human rights defenders, jurists, academics, and civil servants, as well as the use of various powers in ways that are inconsistent with its obligations under the International Covenant on Civil and Political Rights and the European Convention on Human Rights.”
(BIA, June 5, 2018)

Des centaines de manifestants pour commémorer la résistance de Gezi

Des centaines d'opposants au président turc Recep Tayyip Erdogan ont défilé jeudi dans le centre d'Istanbul pour commémorer le cinquième anniversaire des manifestations qui avaient constitué, en 2013, un sérieux défi à son pouvoir.

Les protestations avaient débuté à la fin du mois de mai 2013, pour dénoncer la construction d'un centre commercial dans le parc de Gezi à Istanbul, à proximité de la place Taksim, dans le centre de la ville.

Mais ce qui était au départ un mouvement local contre la réaffectation d'un des rares espaces verts d'Istabul s'est transformé en un mouvement de contestation contre Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, et qui s'était accompagné de rassemblements à travers tout le pays.

Surveillés par d'importants déploiements de la police anti-émeutes, les manifestants ont pris jeudi la direction de la place Taksim, avec des banderoles proclamant "les ténèbres se dissiperont, Gezi restera", ont constaté des correspondants de l'AFP.

"Nous sommes les manifestants de Gezi. Ils (le gouvernement) sont sur le point de partir", lançait un autre calicot.

Certains brandissaient les portraits des huit personnes tuées lors des violences avec la police à la fin de juin 2013, accompagnés de leurs noms.

Le défilé n'a toutefois pas été en mesure de rejoindre le parc Gezi lui-même, en raison des cordons de la police.

Il n'y a pas eu de heurts majeurs entre la police et les manifestants.

La Turquie se prépare le 24 juin à des élections présidentielle et législatives.

Recep Tayyip Erdogan est candidat à un nouveau mandat.

Cinq ans après les événements du parc Gezi, les opinions sont partagées, les anciens contestataires restant nostalgiques d'une époque où ils se sentaient en mesure de descendre dans la rue pour s'exprimer.

Recep Tayyip Erdogan et les soutiens de son gouvernement considèrent toutefois avec dédain les anciens manifestants, leur reprochant d'avoir bloqué un projet urbain et d'être à la solde de leurs adversaires politiques.

Mais les analystes considèrent que les manifestations de Gezi, avec la tentative du coup d'Etat de 2016, ont été les événements marquants des dernières années en Turquie. Des manifestations de masse sont maintenant rares et les rassemblements non autorisés sont souvent dispersés par la police à l'aide de canons à eau et avec recours à l'usage de la force.
(AFP, 31 mai 2018)

Manifestation à Bruxelles en soutien aux avocats turcs incarcérés

Une trentaine de personnes se sont rassemblées, lundi en début d’après-midi, au rond-point Schuman, devant les institutions européennes à Bruxelles, pour manifester leur soutien aux avocats turcs incarcérés depuis septembre dernier à la suite d’une rafle ayant visé l’association turque des juristes progressistes.

Parmi les manifestants, trois membres du Syndicat des avocats pour la démocratie (SAD) étaient présents, vêtus de leurs toges. La députée socialiste bruxelloise Simonne Susskind a de plus pris part au rassemblement.

Le Comité belge pour la levée de l’Etat d’Urgence en Turquie appelle les avocats et la société civile belge à organiser des manifestations de soutien, à écrire au ministre turc de la Justice ou encore à assister au procès des avocats turcs qui devrait commencer en septembre prochain.

Le porte-parole du Comité a remarqué que la résistance de l’opposition turque se poursuit à travers le sit-in des enseignants contre les purges, les plaidoiries des journalistes incarcérés ou les actions de désobéissance des détenus politiques pour dénoncer les mesures coercitives et la torture ayant cours : « Les avocats incarcérés sont à la fois les figures de proue et les boucliers de la société civile turque ».

Au plus fort de la campagne de soutien pour les enseignants victimes des purges, une trentaine d’avocats qui assuraient leur défense, notamment de l’Association des juristes progressistes (Cagdas Hukukçular Dernegi) et du bureau du droit pour le peuple (Halkin Hukuk Bürosu), ont été arrêtés à Istanbul, Ankara et Izmir dans le cadre d’une enquête étiquetée « terroriste ». Dispersés dans 10 prisons différentes, ils attendent leur procès depuis près de neuf mois dans des conditions inquiétantes, selon le Comité qui dénonce des violences physiques récurrentes. Il avance que l’avocat Engin Gökoglu a eu le bras cassé après avoir désobéi aux gardiens. Leur courrier serait aussi largement censuré.
(Medias belges,  28 Mai 2018)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Özgüden parmi 47 journalistes honorés par la TGC en Turquie

L'Association des Journalistes de Turquie (TGC) a célébré la 72e année de sa fondation le 27 juin 2018 dans ses locaux à Istanbul. Lors de la cérémonie, 47 journalistes né(e)s en 1936 et 1937 ont été honoré(e)s par l'attribution d'une "plaque d'hommage aux maîtres journalistes":

Abdullah Yazıcı, Ahmet Şenova, Alaettin Bilgi, Ayten Huri Arıpınar, Burhan Dodanlı, Cahit Aksoy, Çetin Mete, Demir Feyizoğlu, Dengiz Toprak, Doğan Özgüden, Doğan Şener, Engin Sunar, Ercan San, Erdoğan Sevgin, Ergin Konuksever, Ergun Emek, Erol Türegün, Erol Gönenç, Erol Diksoy, Fikret Eriç, Garbis Keşişoğlu, Gültekin Tarı, Hilmi Yavuz, İhsan Öztamer, İsmail Ünar Uzmen, Konur Ertop, Metin A. Coşkunoğlu, Mahmut Gültekin, Mehmet Küçük, Üstün İnanç, Mustafa Hamid Toprak, Orhan Erinç, Özden Vardar, Rauf Tamer, Safa Çeliker, Selahattin Oktay Ünsal, Selman Erdoğdu, Sökmen Baykara, Şahin Tekgündüz, Tan Oral, Tanju Cılızoğlu, Tuncer Cebecioğlu, Turgay Olcayto, Ünal Uyguç, Ünal Yiğitdinç, Yalçın Toker, Yusuf Toledo.

Le journaliste exilé Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Türk, qui n'a pas pu y être présent, a envoyé aux dirigeants de la TGC le message suivant:

"Cher(e)s consœurs et confrères,

"Je suis extrêmement heureux d'avoir été invité à la célébration du 72e anniversaire de la fondation de notre association, toujours défenderesse de la liberté de la presse.

"Il y a 66 ans, au début de ma vie de journaliste, je me trouvais parmi les membres actifs de l'Association des Journalistes d'Izmir. En 1965, en tant que rédacteur en chef du quotidien Aksam à Istanbul, j'ai été affilié à l'Association des Journalistes de Turquie (TGC).

“Exilé depuis 47 ans, je suis également membre de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB), mais je garde toujours avec fierté mon affiliation à la TGC.

"En 2006, quand j'avais 70 ans, le document de remerciement que la TGC m'avait envoyé pour mes travaux en tant que journaliste occupe une place exceptionnelle chez moi à Bruxelles.

"Je me souviens avec admiration et gratitude comment les dirigeants de la TGC ont résisté contre l'assaut des milieux hostiles aux droits humains et à la liberté de presse suite à l'envoi d'un tel document.

"Les conditions actuelles, comme vous pouvez l'imaginer, ne m'ont pas permis d'être parmi vous le 27 juin 2018.

"Même s'il ne m'est pas physiquement possible, mon âme est avec vous lors de cette soirée.

"Par la présente, j'exprime ma profonde amitié à tous mes consœurs et confrères et en particulier à ceux et celles qui sont du même âge que moi. Je vous remercie, dirigeants de la TGC, pour votre gentillesse et de vous être souvenu de moi à cette occasion."

Le journaliste Mehmet Altan libre après presque 2 ans de prison

Le journaliste turc Mehmet Altan, condamné à la réclusion à vie en lien avec le putsch manqué de 2016, a été libéré mercredi après près de deux ans de détention, a annoncé l'ONG P24 oeuvrant pour la liberté de la presse.

Mehmet Altan, 65 ans, présentateur d'une émission télévisée politique, a quitté la prison de Silivri, près d'Istanbul, après une décision d'un tribunal d'Istanbul ordonnant sa remise en liberté conditionnelle plus tôt mercredi.

La sentence et sa condamnation à la réclusion à perpétuité n'ont pas été annulées et il reste interdit de quitter le territoire et devra pointer régulièrement auprès des autorités.

"Je suis libéré après 21 mois, alors que je n'aurais jamais dû être emprisonné", a déclaré le journaliste devant la prison, selon P24. "Que ma libération apporte de l'espoir sur la voie du droit et de la démocratie", a-t-il dit, salué par des amis et des collègues.

Cette libération est intervenue trois jours après la réélection du président Erdogan, qui pourra diriger la Turquie avec des pouvoirs étendus.

Arrêté en septembre 2016, Mehmet Altan a été condamné en février à la prison à vie avec son frère Mehmet, écrivain, et une autre journaliste de renom, Nazli Ilicak, au terme d'un procès très critiqué en Turquie et à l'étranger.

En janvier, la Cour constitutionnelle avait estimé que le journaliste devrait être libéré car selon elle ses droits avaient été violés, mais un tribunal turc avait refusé de le faire. La Cour européenne des droits de l'homme avait estimé en mars que les droits de M. Altan avaient été violés.

Mercredi, un tribunal régional d'Istanbul a ordonné en appel sa remise en liberté conditionnelle, en basant sa décision sur le caractère "contraignant" de l'arrêt de la Cour constitutionnelle.

"La libération de Mehmet Altan s'est longuement fait attendre", a déclaré dans un communiqué le directeur Europe d'Amnesty International Gauri van Gulik.

"Son emprisonnement était une parodie de justice emblématique des profondes failles au sein du système judiciaire turc", a-t-il estimé.

Le tribunal d'Istanbul a décidé de maintenir en détention Ahmet Altan et Nazli Ilicak et ajourné la suite du procès en appel au 21 septembre.

Les journalistes avaient été condamnés sous l'accusation, jugée grotesque par leurs sympathisants, d'avoir envoyé des "messages subliminaux" appelant au renversement du gouvernement Erdogan lors d'une émission retransmise en direct à la télévision à la veille de la tentative de coup d'Etat.

Pour les organisations de défense des droits de l'homme, cette affaire illustre à la fois l'érosion de la liberté de la presse et la remise en cause de l'indépendance du pouvoir judiciaire en Turquie.

Depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016, les autorités turques ont lancé des purges sans précédent qui ont touché des dizaines de milliers de personnes, dont des opposants politiques du président Recep Tayyip Erdogan et des médias.

Par ailleurs, un tribunal d'istanbul a ordonné la libération du militant des droits de l'homme Celalettin Can détenu depuis février.

La justice "doit à présent tourner son attention vers les milliers d'autres personnes qui demeurent détenues d'une manière injuste en Turquie", a poursuivi M. van Gulik. Ainsi, le responsable d'Amnesty en Turquie Taner Kilic est en prison depuis plus d'un an, a-t-il déploré.

Selon P24, avant la libération de Mehmet Altan, 182 journalistes étaient détenus en Turquie, la plupart d'entre eux dans le cadre de l'état d'urgence.
(AFP, 27 juin 2018)

RSF: les médias en ordre de bataille pour le candidat-président

A l’approche des élections du 24 juin, l’unanimisme domine dans la presse turque. La mainmise du gouvernement sur les médias aboutit à une campagne électorale totalement déséquilibrée en faveur du pouvoir.
Les fortes turbulences économiques et sociales que traverse la Turquie ont contraint le président Erdoğan à convoquer les élections présidentielle et législatives avec près d’un an et demi d’avance, le 24 juin. Ces difficultés sont pourtant totalement absentes des principaux écrans de télévision nationaux, dont la plupart font activement campagne pour le président-candidat.

“L’extinction du pluralisme et la répression massive qui frappe les journalistes aboutissent à une campagne électorale univoque, bien loin du débat démocratique dont la Turquie a besoin, constate Erol Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie. La liberté de la presse est une condition de la démocratie, elle doit immédiatement être restaurée.”
 
Propagande sans limite pour le président-candidat
 
Depuis l’annonce des élections anticipées, à la mi-avril, la presse grand public et l’audiovisuel public se livrent à une propagande sans limite en faveur du président-candidat. Un unanimisme à la mesure du contrôle inédit que le gouvernement exerce sur les médias. Le rachat en mars du groupe de presse Doğan par la holding Demirören, fidèle au pouvoir, a parachevé l’extinction du pluralisme médiatique. D’après le projet Media Ownership Monitor, mené conjointement par RSF et le site d’information Bianet, ce sont désormais neuf des dix chaînes les plus regardées et neuf des dix quotidiens nationaux les plus lus qui sont aux mains d’investisseurs proches du pouvoir. Près de 150 médias ont été fermés manu militari sous l’état d’urgence en vigueur depuis juillet 2016.
 
En résonance avec les discours belliqueux du président-candidat et son alliance avec le parti ultranationaliste MHP, le patriotisme est un de ses principaux ingrédients de cette campagne. Une manière de mieux désigner les candidats de l’opposition comme des traîtres ou des complices du terrorisme. Ces dernières semaines, le quotidien Sabah a multiplié les entretiens en première page avec les proches de soldats turcs tués ou blessés dans les zones kurdes du nord de la Syrie. Des proches qui soutiennent tous le président Erdoğan. “Aux urnes pour la patrie ! Nous voterons pour la coalition présidentielle”, titrait ainsi le numéro du 22 avril.

L’AKP sur tous les écrans, l’opposition ramasse les miettes

Cette propagande est d’autant plus libre de se déchaîner que plus personne ne contrôle le respect par les médias de leurs obligations d’équilibre et d’impartialité : le gouvernement a supprimé le pouvoir de sanction en la matière du Haut Conseil de l’audiovisuel (RTÜK) et du Conseil électoral suprême (YSK) en 2017. Et ce n’est qu’au cours de la dernière semaine de campagne que l’audiovisuel public est tenu de diffuser les spots de campagne des différents candidats.

Ainsi, au cours du mois de mai, les chaînes d’information du groupe audiovisuel public TRT ont consacré près de 68 heures au parti au pouvoir AKP, contre un peu moins de 7 heures pour le premier parti d’opposition, le CHP. Les autres forces d’opposition n’ont eu droit qu’à des miettes : 12 minutes pour İyi Parti, 8 minutes pour Saadet, 23 minutes pour Hüda-Par, 2 minutes pour Vatan. Quant au parti de gauche pro-kurde HDP, dont le leader Selahattin Demirtaş est emprisonné, il a tout simplement été ignoré. Il avait pourtant rassemblé plus de 13% des voix et envoyé 80 députés au Parlement lors des élections législatives de juin 2015.

De CNN Türk à Akit TV, en passant par A Haber et Ülke TV, douze chaînes de télévision publiques et privées sont restées rivées pendant des heures à la présentation du programme électoral de l’AKP, le 24 mai. Aucun autre parti n’a eu droit aux mêmes faveurs. Il a fallu attendre le 11 juin pour que trois grandes chaînes retransmettent en direct leur premier meeting d’opposition.

Le journalisme sous état d’urgence
 
Le scrutin se tiendra une fois de plus sous état d’urgence. En vigueur depuis la tentative de putsch de juillet 2016 et reconduit une septième fois en avril, ce régime exceptionnel permet aux autorités de restreindre largement les libertés fondamentales et d'instaurer un climat de peur.

D’après les chiffres compilés par Erol Önderoğlu pour Bianet, 520 journalistes étaient menacés de prison du fait de leur profession à la fin 2017. Avec plus d’une centaine de journalistes derrière les barreaux, la Turquie est la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias. Des dizaines d’entre eux ont été maintenus en détention provisoire pendant plus d’un an avant d’être jugés. Les premiers à avoir été condamnés pour complicité présumée avec la tentative de putsch étaient les grands journalistes Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazlı Ilıcak. Malgré l’absence flagrante de preuves, ils ont reçu des peines de prison à vie en février.

Le président Erdoğan est loin d’être un candidat comme les autres : l’article 299 du code pénal rend l’”offense au président de la République” passible de prison. Pas moins de 43 journalistes et collaborateurs des médias ont été condamnés sous ce chef d’accusation depuis l’accession de Recep Tayyip Erdoğan à la présidence, en août 2014.
 
RSF témoigne auprès des observateurs internationaux
 
Erol Önderoğlu a fait part de sa vive inquiétude aux observateurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), le 29 mai, et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le 22 juin. Les premiers ont demandé dans leur communiqué final le report des élections, soulignant que les “restrictions à la liberté d'expression et de réunion introduites sous l’état d’urgence, les opérations de sécurité dans le Sud-Est et les nombreuses arrestations d’hommes politiques et de journalistes [avaient] un impact négatif sur le climat électoral et [limitaient] l'espace du débat démocratique, plus essentiel que jamais lors d'une campagne électorale”.  (RSF, 22 juin 2018)

CPJ calls on presidential candidates to prioritize press freedom

Ahead of June 24 presidential and parliamentary elections in Turkey, the Committee to Protect Journalists today joined 18 other international press freedom and freedom of expression organizations in calling on to the future leader of Turkey to prioritize press freedom and safety of journalists in the country.

Turkey is the world's leading jailer of journalists, with at least 73 in jail in direct retaliation for their work when CPJ conducted its most recent prison census on December 1, 2017.

The joint letter, led by European Centre for Press and Media Freedom, calls on presidential candidates, including the incumbent, Recep Tayyip Erdoğan, to drop charges against all journalists and to release those in prison, and to protect and strengthen press freedom and independent journalism by restoring impartiality of the judiciary and ending the state control of media.
(CPJ, June 20, 2018)

Prof. Dr. Büşra Ersanlı Sentenced to 1 Year, 3 Months in Prison

Trials of academics, who have been charged with "propagandizing for a terrorist organization" for having signed the declaration entitled "We will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace, continued in İstanbul Çağlayan Courthouse today (June 5).

Emeritus Prof. Dr. Büşra Ersanlı from Marmara University had her third hearing at the 32nd Heavy Penal Court.

The attorney Aynur Tuncel-Yazgan made a written statement on the defense of Ersanlı as to the accusations. The Prosecutor repeated his opinion as to the accusations and demanded that Ersanlı be tried as per the Article No. 7/2 of Anti-Terror Law as he also did at the previous hearing.

Ersanlı said, "I repeat my statement. I demand my acquittal". Her attorney Aynur Tuncel-Yazgan emphasized that the legal elements of the charges brought against Ersanlı did not arise and requested that a judgement of acquittal be pronounced. Ersanlı stated that she did not demand deferment of the announcement of the verdict.

The court board ruled that Prof. Dr. Büşra Ersanlı shall be sentenced to 1 year and 3 months in prison. The board also ruled that the deferment of the verdict shall not be implemented on the ground that "no opinion as to her avoidance of committing offense has emerged considering her personality which does not express any remorse."

Ersanlı has the right to object to the verdict in seven days.

The court board consisted of the Presiding Judge Ömer Günaydın; Court Members Habibe Ertuğrul and Özgür Erkan; Prosecutor Caner Babaloğlu.

The hearings against signatory academics started on December 5, 2017. As of June 5, 242 academics had their first hearings. 15 of these academics were sentenced to 1 year and 3 months in prison and all of the sentences were suspended, except for those of Prof. Dr. Zübeyde Füsun Üstel from Galatasaray University and Prof. Dr. Büşra Ersanlı from Marmara University.

What happened?

On January 10, 2016, 1,128 academics published a declaration entitled "We will not be party to this crime" on behalf of the Academics for Peace initiative. With the participation of further academics, the number of academics who have signed the declaration has reached 2,212.

With the indictment issued by the Prosecutor İsmet Bozkurt, lawsuits were filed against the academics on charge of "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article No. 7/2 of the Turkish Anti-Terror Law No. 3713.

As of June 5, 2018, 242 academics had stood trial since December 5, 2017. 15 of these academics were sentenced to 1 year and 3 months in prison and all of the sentences were suspended, except for those of Prof. Dr. Zübeyde Füsun Üstel from Galatasaray University and Prof. Dr. Büşra Ersanlı from Marmara University.

The penalty of Prof. Dr. Üstel was not deferred on the grounds that "she did not demand deferment of the announcement of the verdict and that she did not make a statement of penitence." As for the penalty of Prof. Dr. Büşra Ersanlı, it was not deferred on the ground that "no opinion as to her avoidance of committing offense has emerged considering her personality which does not express any remorse."

On March 10, 2016, the Academics for Peace made a statement for press and shared with the public what they had been going through since the declaration "We will not be a party to this crime" was published. The academics Dr. Lecturer Esra Mungan, Dr. Lecturer Muzaffer Kaya, Assoc. Prof. Dr Kıvanç Ersoy (March 15, 2016) and Dr. Lecturer Meral Camcı (March 31, 2016), who read out the above-mentioned statement for press, were arrested on charge of "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article No. 7/2 of the Turkish Anti-Terror Law. They were released on April 2016. Upon the request of the Prosecutor's Office, the Ministry of Justice granted a permission of trial as per the Article No. 301 of the Turkish Penal Code No. 301 on charges of "insulting the Turkish Nation, the State of the Republic of Turkey and the institutions and organs of the government." The lawsuits still continue. (BIA, June 5, 2018)

Un caricaturiste écroué pour "insulte" à Erdogan

Un caricaturiste turc âgé de 69 ans qui avait critiqué le président Recep Tayyip Erdogan dans ses oeuvres a été placé en détention pour "insulte" au chef de l'Etat, ont rapporté des médias mardi.

Nuri Kurtcebe, auteur de romans graphiques et dessinateur de presse, a été incarcéré lundi à la demande d'un tribunal de Yalova (nord-ouest), a indiqué l'agence de presse Dogan.

M. Kurtcebe avait été condamné en 2017 à plus d'un an et deux mois de prison pour une série de caricatures publiées en 2015 mettant en scène M. Erdogan.
 C'est pour purger cette peine qu'il a été interpellé et écroué après le rejet de sa demande d'appel, selon Dogan.

M. Kurtcebe est notamment connu en Turquie pour ses caricatures mordantes publiées par plusieurs journaux et revues.

Il a aussi adapté en 2001 en roman graphique une épopée du poète Nazim Hikmet (1902-1963) racontant la guerre d'indépendance turque menée par Mustafa Kemal ayant abouti à la naissance de la Turquie moderne en 1923.

La Turquie est régulièrement épinglée par les organisations de défense de la liberté d'expression qui dénoncent les arrestations pour injure à M. Erdogan qui se sont multipliées ces dernières années.

Les autorités turques ont par ailleurs multiplié les poursuites contre des journalistes et collaborateurs de presse, en particulier depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.

C'est notamment le cas de Musa Kart, l'un des plus célèbres dessinateurs de presse en Turquie, condamné en avril à trois ans et neuf mois de prison pour activités "terroristes" avec plusieurs de ses collègues du quotidien d'opposition Cumhuriyet. Il bénéficie d'une mesure de remise en liberté conditionnelle en attendant son procès en appel.

"Manifestement, ce gouvernement n'a pas renoncé à neutraliser les caricaturistes au moyen de peines de prison", a réagi Musa Kart après l'arrestation de M. Kurtcebe.
(AFP, 5 juin 2018)

Le directeur de Le Point: "Oui, Erdogan est un dictateur"

Interview avec le directeur de Le Point Etienne Gernelle par La Libre Belgique du 30 mai 2018

Est-ce qu’on peut dire, aujourd’hui, sans ambiguïté, que Recep Tayyip Erdogan est un “dictateur”?

Oui, ça me paraît évident. Dans la mesure où il ne respecte pas l’Etat de droit, qu’il fait emprisonner les juges et les avocats qui ne lui plaisent pas, plus une centaine de journalistes.Quand on ne respecte pas l’Etat de droit, on est un dictateur.

Quand bien même Recep Tayyip Erdogan a été élu démocratiquement?

Il a été élu démocratiquement, certes.Mais on connaît tous l’Histoire : Hitler est arrivé au pouvoir de façon parfaitement démocratique. De toute évidence, Erdogan ne respecte pas les libertés publiques : donc c’est un dictateur.

Dans ce cas, pourquoi est-il si difficile de présenter Erdogan comme un “dictateur”, en particulier pour la classe politique européenne?

Il y a une certaine lâcheté des dirigeants européens et occidentaux, et ce, pour deux raisons. Un, le chantage qu’exerce Erdogan visàvis de l’Europe sur la question des réfugiés – il en a des millions sur son territoire. Et que ditil làdessus ? “Si vous m’embêtez, je les pousse sur les routes.” Comme les Européens sont tétanisés par cette idée, de même que par la montée supplémentaire de l’extrême droite que cela pourrait provoquer, on négocie avec la Turquie.

Le deuxième problème, et qui a pesé pendant la guerre en Syrie contre l’Etat islamique, c’est la base de l’Otan d’Incirlik, qui est très importante pour les Américains. De toute évidence, ça les embête beaucoup de se fâcher avec Erdogan.

Le fait que la Turquie soit membre de l’Otan empêchet- il les dirigeants occidentaux de s’exprimer franchement sur le sujet?

Effectivement, l’Otan n’est pas désireuse de se séparer d’un de ses membres: plus elle compte de membres, plus l’alliance est importante. Cela ne résout pas la question : “Estce qu’on trouve normal d’être relié par des accords de défense automatiques (article 5 du traité de l’Atlantique Nord), avec un pays qui devient une dictature ? Un pays qui pratique le nettoyage ethnique à Afrine, en Syrie ?” Car c’est extrêmement clair : làbas, les Turcs sont intervenus pour évacuer les Kurdes afin de les remplacer par d’autres populations venues de Syrie, de manière à supprimer cette entité qui les gêne. Je trouve cela inouï que les démocraties occidentales ferment les yeux, ou l’aient fait pendant si longtemps. Je rappelle que la Turquie est encore officiellement candidate à l’entrée dans l’Union européenne. Alors qu’on sait que ça ne se fera pas. Il y a une hypocrisie des deux côtés.

Quand on évoque la Turquie, le monde politique, mais aussi lesmédias, parlent de “démocrature”. Il y a donc bien un problème avec le terme “dictature”, non ?

Moi je trouve qu’il n’est pas difficile de dire “dictature”, car c’est la réalité. Regardons les choses posément, et en face : nous avons affaire à un régime qui nie le génocide arménien, pourtant avéré et reconnu par tous les historiens sérieux. Qui désigne les Kurdes à la vindicte de manière permanente. Qui pratique le nettoyage ethnique à Afrine. Alors on peut fermer les yeux, dire que ce n’est pas bien, que bon, après tout…

L’un des arguments des pro-Erdogan consiste justement à invoquer la période actuelle. Laquelle, avec le conflit syrien et la question des migrants, est loin d’être apaisée. Est-ce une explication?

Ce n’est pas parce que la période est brûlante qu’on a le droit de faire du nettoyage ethnique. Rien ne l’excuse, ni ne le justifie. Rien.

Le président français Emmanuel Macron a pris la défense du “Point”, sans pour autant nommer explicitement le régime d’Erdogan. Comment l’entendez-vous ?

Le contenu du tweet était très intéressant, et pas tellement pour le soutien au “Point” :Macron parle d’“ennemis de la liberté”. Mais que fait Erdogan ? C’est quelqu’un qui a diminué très fortement les libertés dans son pays et qui, en plus, cherche à exporter sa censure en France. Dans un meeting, il a soutenu les gens qui ont enlevé les affiches. C’est quand même stupéfiant qu’un chef d’Etat approuve officiellement et publiquement une attaque à la liberté d’expression en France.
Entretien : Clément Boileau

Une du Point sur Erdogan: un kiosquier nîmois menacé porte plainte

Un kiosquier nîmois a porté plainte après avoir été menacé mercredi par un ressortissant turc qui exigeait qu'il retire les affiches de la Une de l'hebdomadaire Le Point présentant le président turc Erdogan de "dictateur", a-t-il raconté à l'AFP.

Vers 11H30 mercredi, "un ressortissant turc en survêtement noir d'une soixantaine d'années est venu dans le magasin et nous a demandé de retirer les affiches sur lesquelles figurait la Une du Point avec Erdogan", a expliqué ce responsable d'un tabac-presse de Nîmes qui ne veut pas être nommé pour des raisons de sécurité.

Le kiosquier relate que l'homme lui a dit "+Si vous n'enlevez pas les affiches, on vient dans l'après-midi et on casse tout+".

Avant ces menaces, le commerçant explique il est sorti avec lui en lui expliquant "que c'était une société privée qui gérait l'affichage" sur son magasin et qu'il "n'avait pas les clefs pour enlever les affiches".

"Moi je refuse d'enlever ces affiches par rapport à la liberté de la presse. Je suis diffuseur donc je suis solidaire de la presse", a poursuivi le commerçant. "Mais on m'a conseillé de les enlever... Là on est en train de les plier proprement dans le magasin et on attend de voir si on les remet ou pas", sous la surveillance de la police, ajoute le commerçant qui a aussitôt prévenu les forces de l'ordre.

"Il ne faut pas se laisser faire. On a encore la liberté d'écrire ce que l'on pense que ça plaise ou pas", s'insurge le kiosquier.

Dans un communiqué, l'union des commerçants Culture Presse "condamne fermement cet acte de pression sur un marchand de presse, de même que ceux sur des marchands du Pontet (Vaucluse) et de Valence (Drôme)" qui ces derniers jours ont également été pris à partie.

"Pas de liberté de la presse sans liberté de diffusion", souligne le texte, alors que Le Point a dénoncé dimanche une campagne de "harcèlement" contre son dernier numéro.

Le président Emmanuel Macron a jugé lundi soir "parfaitement inacceptable" que des affiches de l'hebdomadaire soient retirées des kiosques "au motif qu'elles déplaisent aux ennemis de la liberté".

"La démocratie ne se limite pas à l'acceptation d'insultes et de mensonges, c'est aussi la prise en compte des sensibilités de l'autre. Au-delà c'est de l'hypocrisie", lui a rétorqué mardi dans un tweet le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.
(AFP, 30 mai 2018)

Le Point dit être victime de "harcèlement" après sa Une sur Erdogan

L'hebdomadaire Le Point a dénoncé dimanche une campagne de "harcèlement" contre son dernier numéro, dont la Une présentant le président turc Erdogan comme un "dictateur" a fait l'objet de menaces dans le Sud de la France.

"Après une semaine de harcèlement, d'insultes, d'intimidation, d'injures antisémites et de menaces à notre attention sur les réseaux sociaux, voici venu le moment où les sympathisants (du parti du président turc) AKP s'attaquent aux symboles de la liberté d'expression et de la pluralité de la presse", a dénoncé Le Point dans un article paru sur son site internet.

Vendredi, au Pontet (Vaucluse), un kiosquier a fait retirer cette Une des façades de son kiosque sous la pression d'un groupe de militants.

"Un groupe de Turcs pro-Erdogan a menacé le gérant du kiosque" situé sur une place centrale de cette banlieue d'Avignon "pour lui intimer l'ordre de retirer l'affiche" qui était installée sur trois faces du kiosque, a expliqué Xavier Magnin, directeur de cabinet du maire Front National (FN) Joris Hébrard.

La société en charge des espaces publicitaires sur le kiosque a alors envoyé un salarié pour retirer l'affiche, qui présente un portrait de Recep Tayyip Erdogan sous le titre "Le dictateur. Jusqu'où ira Erdogan?". Les images de ce retrait ont depuis été largement relayées sur les réseaux sociaux.

La mairie du Pontet a demandé samedi matin à la société d'affichage de remettre l'affiche, ce qui a été fait vers 16H, provoquant l'arrivée une vingtaine de personnes pro-Erdogan. La gendarmerie a envoyé alors plusieurs hommes pour maintenir l'ordre.

Dimanche cependant, la Une du Point a de nouveau été cachée par d'autres affiches pro-Erdogan. Le Point indique que des militants ont également retiré l'affiche d'un kiosque de Valence (Drôme), à 100 km au nord du Pontet.

"C'est incroyable! Ils pensent qu'il leur est possible de pratiquer leur censure en France", a protesté le directeur du Point, Étienne Gernelle, interrogé par l'AFP, précisant qu'il s'interrogeait sur l'éventualité d'une action en justice.

Pour le président de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, "ces actes sont isolés mais ont une forte portée symbolique". "Ils s'en prennent à des vendeurs de journaux, cherchant à intimider toute la chaîne de production de la presse. Et ils militent en faveur d'un dirigeant qui a éteint le pluralisme dans son pays", a-t-il déclaré à l'AFP.

Interrogé sur ce qui s'est passé autour de la Une du Point au Pontet, le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a jugé sur France 3 que "cette atteinte inacceptable à la liberté d'expression, l'un des fondements de notre démocratie avec évidemment la liberté de la presse, doit éventuellement permettre toutes les poursuites prévues dans le droit".

"On ne va quand même pas tolérer en France que la Une d'un magazine soit en quelque sorte censurée par pression", a-t-il ajouté dans "Dimanche en politique".
(AFP, 28 mai 2018)

Kurdish Question / Question kurde


Depuis sa prison, Demirtas attaque Erdogan à la TV d'Etat

Candidat à l'élection présidentielle turque dans une semaine, le leader du parti prokurde Selahattin Demirtas a dénoncé depuis sa prison, à la télévision d'Etat, le régime "répressif" du président Recep Tayyip Erdogan, candidat à sa réélection.

En prison depuis novembre 2016, le charismatique leader du Parti démocratique des peuples (HDP) a accusé le parti du président sortant de l'avoir emprisonné pour des raisons politiques.

"La seule raison pour laquelle je suis ici est que AKP a peur de moi", a-t-il déclaré en référence au parti du président turc, en dénonçant un régime "répressif" et "autocratique".

Portant un costume sombre, M. Demirtas est apparu dans une intervention pré-enregistrée sur la télévision publique TRT depuis sa cellule de la prison d'Edirne (nord-ouest) car les autorités ne l'ont pas autorisé à se rendre dans les locaux de la chaîne à Ankara.

TRT a été critiquée de couvrir abondamment la campagne de M. Erdogan et d'ignorer les autres candidats, en particulier M. Demirtas. C'était la première fois qu'un candidat parlait depuis sa cellule

"Ce que nous sommes en train de vivre est un élément d'un régime autocratique. Mais la partie effrayante du film est encore à venir", a-t-il lancé en appelant les électeurs turcs à choisir "la liberté". "Nous allons empêcher notre pays de sombrer dans le gouffre".

M. Demirtas, un avocat de formation âgé de 45 ans, a été arrêté avec une dizaine d'autres députés du HDP le 4 novembre 2016, dans la foulée des purges déclenchées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet de la même année.

Accusé de faire de la propagande et d'appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, M. Demirtas risque jusqu'à 142 ans de prison.

Mais cela n'a pas empêché le HDP de le désigner candidat à la présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives le 24 juin.
(AFP, 17 juin 2018)

Manifestation contre les attaques turques visant le PKK au Kurdistan

Quelques centaines de membres et de sympathisants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des militants de la société civile ont manifesté vendredi aux pieds du mont Qandil, dans le nord de l'Irak, base arrière du mouvement rebelle régulièrement bombardée par la Turquie.

Dans la localité de Qardiah, les manifestants portaient des banderoles où on pouvait lire "Qandil ligne rouge" et scandaient des slogans fustigeant le président turc Recep Tayyip Erdogan, affirmant leur solidarité avec les combattants du PKK implantés dans cette région depuis une vingtaine d'années.

"Nous avons pris nos précautions et nous ne permettrons pas à Erdogan de nous attaquer et de tuer nos dirigeants", a affirmé à l'AFP Sarhad Vartu, un porte-parole du PKK, organisation rebelle kurde de Turquie classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

"Il y a une invasion massive, mais en même temps il y a une résistance acharnée", a-t-il assuré.

M. Erdogan avait affirmé le 11 juin que l'aviation turque poursuivrait ses bombardements contre le PKK dans le nord de l'Irak jusqu'à mettre fin à la "menace".

En outre, l'armée turque a multiplié au cours des dernières semaines les incursions terrestres dans la région.

Selon le PKK, l'armée turque a pénétré de 30 km à l'intérieur du Kurdistan irakien.

"Nous sommes des jeunes de la région du Kurdistan (irakien) et nous trouvons ici depuis 14 jours pour afficher notre solidarité", explique Mitra Zardasht, une militante de la société civile.

"Aujourd'hui, nous organisons cette manifestation au pied du mont Qandil pour être des boucliers humains contre les menaces turques d'envahir le mont Qandil", ajoute-t-elle.

"Nous allons rester ici jusqu'à la disparition des menaces turques", promet la militante.
(AFP, 22 juin 2018)

Le cimetière de Kobané en Syrie, symbole des victoires kurdes contre l'EI

Avec la tendresse d'un père, Adham Olaiki nettoie les feuilles et les brindilles sur l'ultime lieu de repos de son fils, une tombe de marbre dans un cimetière aux abords de Kobané, symbole dans le nord syrien de la résistance aux jihadistes.

C'est là, dans "le cimetière des Martyrs", que reposent des centaines de combattants kurdes, tombés sur le champ de bataille face au groupe Etat islamique (EI), ainsi que des civils pris pour cible ou tués par l'explosion de mines, comme le fils d'Adham, mort en 2015 à 12 ans.

Un monument funéraire de forme pyramidale, décoré des drapeaux des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde, veille sur des rangées de tombes identiques, recouvertes de marguerites jaunes et de roses rouges - aux couleurs du drapeau de la milice.

"Je viens ici chaque jour et m'occupe du jardin du cimetière. Cet endroit est devenu plus qu'une maison pour moi. Je ne me sens bien qu'auprès de la sépulture de mon fils", lâche le quinquagénaire.

Depuis trois ans, il vient tous les jours se recueillir, accomplissant avec religiosité le même rituel auprès de la tombe de son fils.

Il a lui-même combattu dans les rangs des YPG, soutenues par la coalition internationale menée par Washington, et contribué à la victoire hautement symbolique contre l'EI à Kobané en 2015, au terme de quatre mois de combats acharnés.

"J'ai encore les cicatrices d'éclats d'obus," dit-il en montrant son dos.

- 'Fatigués de la guerre'-

Sur des pierres tombales en marbre sont gravés les noms de guerre des combattants kurdes, ainsi que leur date de naissance et la bataille durant laquelle ils sont tombés en "martyrs".

Beaucoup ont été tués à Kobané, d'autres dans la ville voisine de Minbej en 2016, ou encore durant l'offensive de 2017 pour chasser l'EI de Raqa, la capitale de facto des jihadistes dans le nord syrien.

Et les YPG poursuivent à l'heure actuelle leur ultime offensive contre les dernières poches de l'EI dans l'est du pays.

Si Adham affirme ne pas regretter avoir pris les armes à l'époque, il dit désormais vouloir vivre en paix.

"Beaucoup de mes camarades de combat sont enterrés ici. Cette guerre nous a fatigués, nous aspirons à la paix, mais il faut d'abord que l'EI soit totalement éradiqué pour que nos sacrifices aient du sens", affirme-t-il.

Le cimetière, érigé en 2012, n'a eu de cesse de s'élargir au fil des batailles livrées par les milices kurdes au groupe jihadiste.

Il abrite 1.230 martyrs tombés lors des combats à Kobané, Minbej, Raqa et ailleurs, indique à l'AFP Aref Bali, responsable d'une association qui soutient les familles.

- 'En vain' -

Des visiteurs marchent entre les tombes à la recherche d'un proche tandis que d'autres dépoussièrent les stèles ou arrangent les fleurs en récitant une prière.

La petite Leila, âgée seulement de 18 mois, joue innocemment près de son grand-père et de sa tante, venus visiter la tombe de son père, mort l'an dernier dans l'explosion d'une mine plantée par l'EI à Raqa.

Le grand-père, Mohyeddin Hami, qui tient à la main une photo du défunt, a deux autres fils qui combattent toujours au sein des YPG.

"Leila a perdu son père 20 jours après son premier anniversaire. Mon fils avait assisté à cette célébration puis nous a quittés", raconte à l'AFP M. Hami, les larmes aux yeux.

"Notre peine est immense, nous avons sacrifié nos enfants pour libérer notre terre. Nous poursuivrons Daech jusqu'au dernier jihadiste", insiste le sexagénaire, utilisant l'acronyme arabe de l'EI.
 
"Tout ce sang n'a pas été versé en vain, c'était pour préserver la sécurité et la stabilité de ce pays", ajoute-t-il.

A quelques mètres de la famille Hami, celle des Ibich rend hommage à plusieurs de ses membres morts dans les combats contre l'EI.

Hamad Ibich, 56 ans, a participé, avec son frère, à la bataille de Kobané mais seul lui en est sorti sain et sauf.

Le frère a été tué avec 12 autres combattants, lors d'une offensive féroce des jihadistes contre une position kurde qu'ils tenaient, se souvient-il.

Le quinquagénaire a également perdu son fils et son neveu, tous deux morts au combat.

"Beaucoup de vies ont été sacrifiées, chaque famille a perdu deux ou trois de ses membres", dit-il.
 "Nous gardons la tête haute grâce à nos martyrs. Daech est fini et les habitants du nord de la Syrie peuvent enfin souffler et vivre à l'abri de toute cette brutalité".
(AFP, 13 juin 2018)

Erdogan appelle à juger "au plus vite" son opposant kurde écroué

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté dimanche les tribunaux à juger "au plus vite" son opposant kurde Selahattin Demirtas, incarcéré pour des accusations de "terrorisme" et candidat aux élections anticipées du 24 juin.

"Cet homme est actuellement en détention préventive, n'est-ce pas ? Oui, il est écroué. A vrai dire, il faudrait que la justice rende sa décision au plus vite", a déclaré M. Erdogan lors d'un meeting à Kocaeli (nord-ouest).

A deux semaines d'élections anticipées cruciales qui s'annoncent serrées, le président turc multiplie les attaques contre M. Demirtas, chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde).

Incarcéré depuis novembre 2016 et visé par plusieurs procédures judiciaires, notamment pour des accusations d'activités "terroristes" qu'il rejette, M. Demirtas risque plus de 142 ans de prison.

M. Erdogan accuse notamment M. Demirtas d'être responsable de la mort de plusieurs dizaines de personnes lors de manifestations ayant viré au bain de sang en octobre 2014.

Les principaux opposants de M. Erdogan ont appelé à la libération de M. Demirtas pour lui permettre de faire campagne pour les élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin. En vain.

"Son parti fait campagne pour lui. C'est plus qu'il ne mérite", a lancé le président turc.

Alors que M. Erdogan critiquait M. Demirtas, une partie de la foule des sympathisants venus l'écouter s'est mise à scander "peine de mort !".

"Comme je l'ai déjà dit à ce sujet, si le Parlement m'avait soumis une telle proposition, je l'aurais déjà approuvée depuis longtemps", a répondu le président turc, qui agite épisodiquement le rétablissement de la peine capitale abolie en 2004.

Depuis sa cellule dans une prison d'Edirne (nord-ouest), M. Demirtas, un charismatique avocat âgé de 45 ans, tente tant bien que mal de faire campagne, misant sur les réseaux sociaux et l'activisme des militants du HDP.

Il a réagi dimanche via Twitter aux attaques croissantes de M. Erdogan, dénonçant des "calomnies méprisables". "Face à votre bassesse, le peuple donnera en mon nom la réponse la plus éclatante dans les urnes le 24 juin", a-t-il dit.
(AFP, 10 juin 2018)

BHL dédicacera bien finalement son livre pro-kurde à Bordeaux

Le philosophe Bernard-Henri Lévy dédicacera bien finalement son livre pro-kurde jeudi soir à Bordeaux, la librairie Mollat assurant pouvoir désormais compter sur "toute la sécurité nécessaire" alors qu'elle avait annulé l'événement la veille.

"On aura toute la sécurité nécessaire", a affirmé à l'AFP Emmanuelle Robillard, "directrice projets", expliquant que le philosophe et Denis Mollat, propriétaire de la célèbre librairie bordelaise, s'étaient parlés dans la nuit au téléphone.

"Retournement de situation. Coup de téléphone, à l'instant, de Denis Mollat m'informant qu'il rétablit la séance de signature prévue, ce soir, à 18h. Merci à lui. Merci à ses équipes. L'honneur est sauf", tweetait alors BHL.

Mme Robillard a expliqué que Grasset, l'éditeur de l'ouvrage "L'Empire et les cinq rois", avait prévenu la librairie que cette dédicace présentait "un haut risque de sécurité". "Nous avions demandé un renfort à l'éditeur et lorsque hier soir, nous n'avons pas eu d'information, nous avons préféré annuler".

Puis, après l'entretien téléphonique entre les deux hommes, "tout s'est arrangé", a expliqué Mme Robillard, assurant que c'est le philosophe qui avait assuré le libraire des conditions de sécurité.

La préfecture de Gironde, contactée par l'AFP, a indiqué qu'elle avait été sollicitée dans la matinée par la librairie pour la mise en place d'un "dispositif de sécurité". Des force de l'ordre seront bien présentes, a-t-elle précisé.

"L'Empire et les cinq rois", réflexion sur la géopolitique du Moyen-Orient, défend la "justesse du combat" pour un État kurde indépendant, idée fermement rejetée par la Turquie.

Fin mai, des affiches de l'hebdomadaire Le Point, dont la couverture présentait le président turc, Recep Tayyip Erdogan, comme un "dictateur", avaient provoqué la colère de militants turcs.

"Je ne cède jamais à l'intimidation, je ne cède jamais au chantage. Quand on commence à reculer sur les principes fondamentaux, on perd sur tous les tableaux: sur celui de l'honneur, et sur celui de la défense des principes", avait déclaré à l'AFP mercredi soir le philosophe.
(AFP, 14 juin 2018)

La difficile campagne, de sa prison, du candidat kurde Demirtas

"Demirtas, c'est vous" : emprisonné depuis 2016, le chef de file des prokurdes de Turquie Selahattin Demirtas fait comme il peut campagne en vue d'élections anticipées cruciales, s'appuyant sur ses militants pour remporter un bras de fer inégal contre le président Recep Tayyip Erdogan.

Signe de la délicate situation dans laquelle il se trouve, c'est de la prison d'Edirne (nord-ouest), où il est écroué depuis novembre 2016 pour activités "terroristes", que M. Demirtas a été contraint de faire mercredi son premier "meeting" de campagne.

Profitant d'un entretien téléphonique avec son épouse autorisé par l'administration pénitentiaire, M. Demirtas s'est adressé à travers elle à ses partisans, dénonçant l'"injustice" qui, a-t-il dit, s'est renforcée sous la férule de M. Erdogan.

Enregistrée dans le salon de leur domicile familial à Diyarbakir (sud-est), cette allocution, audible via le haut-parleur du téléphone de Mme Demirtas, a ensuite été postée sur les réseaux sociaux par sa formation, le Parti démocratique des peuples (HDP).

M. Demirtas, un avocat de formation âgé de 45 ans, a été arrêté avec une dizaine d'autres députés du HDP le 4 novembre 2016, dans la foulée des purges déclenchées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet de la même année.

Accusé de faire de la propagande et d'appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, M. Demirtas risque jusqu'à 142 ans de prison.

Mais cela n'a pas empêché le HDP de le désigner candidat à la présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives, du 24 juin.

Cependant, le candidat prokurde a dû adapter sa stratégie, privé de la liberté de mouvement dont il usait autrefois pour organiser les meetings festifs qui lui ont permis d'apparaître comme étant un rival sérieux de M. Erdogan à l'occasion d'élections en 2014 et 2015.

- "Obstacles" -

De sa cellule à Edirne, M. Demirtas tweete quasi-quotidiennement par l'intermédiaire de ses avocats, alternant messages politiques, commentaires sur l'actualité et traits d'humour.

"Lorsque je fais des sondages dans ma cellule, je gagne toujours à 100%. Je plaisante. Une fois, lorsque je me suis agacé et n'ai pas voté pour moi, j'ai obtenu 50% des voix", a-t-il par exemple tweeté.

Pendant ce temps, les deux coprésidents du HDP sillonnent la Turquie.

"C'est difficile (de faire campagne ainsi), mais l'idée d'échouer ne nous vient pas à l'esprit", assure l'un d'eux, Sezai Temelli, interrogé par l'AFP à bord de son bus de campagne à Ankara.

Plusieurs responsables du HDP affirment que leurs rassemblements sont souvent perturbés, voire empêchés, par les forces publiques.

Les autorités "ont recours à tous les obstacles possibles", dénonce M. Temelli.

De plus, la campagne du HDP est largement ignorée par les médias traditionnels de plus en plus contrôlés par le gouvernement.

Selon Transparency International Turquie, la chaîne de télévision publique TRT n'a accordé que trois secondes de temps d'antenne à M. Demirtas au cours de ses principaux journaux en mai, contre 105 minutes à M. Erdogan.

M. Demirtas a néanmoins été autorisé à enregistrer un message de campagne pour la TRT, comme les autres candidats.

- "Ayez confiance" -

En dépit de cette situation, M. Demirtas exhorte ses troupes à être optimistes : "Demirtas, ce n'est pas l'homme qui est dans une cellule à Edirne. C'est vous. Ayez confiance en vous !", a-t-il lancé dans son allocution diffusée vendredi.

Le parti a beau se dire confiant, le fait que M. Demirtas soit incarcéré "peut briser la motivation des électeurs du HDP", qui partiraient du principe que la bataille est perdue d'avance, estime Murat Gezici, le président de l'institut de sondages Gezici.

Selon ses enquêtes, M. Demirtas obtiendrait 8 à 9% des voix à la présidentielle et son parti 9,7% aux législatives.

Özer Sencar, le PDG de l'institut Metropoll, dont les sondages donnent à M. Demirtas 11,4% des intentions de vote et au HDP 11%, est d'un autre avis.

"Demirtas est le meilleur candidat que pouvait choisir le HDP : jeune, intelligent, avec un bon sens de l'humour, apprécié des Kurdes et pour lequel des Turcs, surtout de gauche, ont de la sympathie", dit-il.

Un constat appuyé par Dürüst, une électrice du HDP rencontrée à l'occasion d'un rassemblement à Ankara : "Nous avons une idéologie, une croyance, un combat à mener. Demirtas peut être en prison, (...) mais ce combat ne s'arrête pas".

"Nous sommes à un moment charnière : c'est soit le HDP, soit notre fin", ajoute-t-elle.
(AFP, 6 juin 2018)

Les Kurdes quittent une ville clé après un accord américano-turc

La principale milice kurde de Syrie a annoncé mardi son retrait de Minbej, une ville stratégique du nord du pays qui fait l'objet d'un accord entre la Turquie frontalière et les Etats-Unis pour éviter une possible confrontation directe.

Ankara qualifie cette force kurde de "terroriste" mais Washington la considère comme un allié primordial dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), toujours actif en Syrie même s'il ne tient plus que quelques poches dans l'est du pays.

Mardi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a ainsi annoncé que 55 combattants prorégime avaient été tués depuis dimanche dans une opération que l'EI mène dans la vallée de l'Euphrate (est).

Dans un communiqué, les Unités de protection du peuple (YPG) ont fait part du "retrait" de Minbej de leurs derniers "conseillers militaires", qui étaient chargés de former des combattants antijihadistes locaux.

Cette décision intervient au lendemain de discussions entre Américains et Turcs au sujet de cette ville à majorité arabe, située à 30 km de la frontière turque et où des troupes américaines et françaises de la coalition internationale antijihadistes sont stationnées.

Le communiqué des forces kurdes n'a pas fait mention de ces discussions.

La tension entre les Etats-Unis et la Turquie, deux alliés dans l'Otan, est montée d'un cran cet hiver quand Ankara a plusieurs fois menacé d'étendre vers Minbej l'offensive qu'elle menait contre les YPG dans l'enclave kurde d'Afrine, plus à l'ouest.

- "Sécurité et stabilité" -

Mais elle est un peu retombée fin mai quand Washington et Ankara ont défini les contours d'une "feuille de route" en vue de coopérer pour "assurer la sécurité et la stabilité" dans cette ville.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et son homologue turc Mevlut Cavusolgu ont approuvé lundi cette feuille de route, selon le département d'Etat.

Un haut responsable américain a indiqué mardi que son application serait longue et "compliquée", de nombreux détails restant à négocier.

L'accord vise notamment à "tenir l'engagement américain à déplacer les YPG à l'est de l'Euphrate", selon ce responsable.

Un porte-parole du Conseil militaire de Minbej, qui contrôle la ville, a précisé mardi à l'AFP que cet organe n'avait pas encore été informé de "changements opérationnels" sur le terrain.

La France sera "attentive au modèle de gouvernance mis en place" dans le cadre de cet accord, a relevé pour sa part une source diplomatique française. "Il devra être pluraliste, représentatif et accepté par les populations locales", arabes et kurdes, a-t-elle dit à l'AFP.

Pour l'analyste Aaron Stein, de l'Atlantic Council à Washington, la mise en place de l'accord américano-turc ne garantit pas une baisse des tensions.

"En cas d'échec, ce sera retour à la case départ, quand (le président turc Recep Tayyip) Erdogan menaçait les Américains", juge-t-il.

- Raid de l'EI -

La Turquie, engagée dans une lutte armée avec les Kurdes sur son territoire, voit d'un très mauvais oeil la présence de forces kurdes syriennes à sa frontière et a mené deux offensives militaires dans le nord de la Syrie depuis 2016.

Les YPG forment l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance de combattants arabes et kurdes qui a joué un rôle clé pour faire reculer l'EI en Syrie et qui a d'ailleurs pris Minbej aux jihadistes en 2016.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le groupe jihadiste contrôle désormais moins de 3% du territoire syrien --contre près de 50% fin 2016 à l'époque de son "califat" autoproclamé--, après des offensives distinctes des FDS et des forces prorégime.

Les dernières poches que l'EI contrôle en Syrie se trouvent dans l'est, après l'évacuation le mois dernier, après un accord avec le régime, des derniers jihadistes présents dans le sud de Damas.

D'après l'OSDH, les 55 combattants pro-gouvernementaux tués, dont 10 mardi, l'ont été dans des attaques et combats ayant suivi un raid des jihadistes contre des villages tenus par le régime et ses alliés dans la vallée de l'Euphrate.

Les jihadistes ont pris quatre localités situées sur la route reliant la ville de Deir Ezzor à celle de Boukamal, à la frontière irakienne. Ces localités se trouvent à proximité de Hajine, la ville syrienne la plus peuplée que contrôle l'EI.

Au moins 26 combattants de l'EI sont morts dans les combats depuis dimanche, selon l'Observatoire.

Son directeur Rami Abdel Rahmane a indiqué à l'AFP que Moscou, pourtant l'allié indéfectible du régime, n'avait toujours pas mobilisé son aviation militaire pour venir en aide aux forces loyalistes dans cette région.
(AFP, 5 juin 2018)

State Channel TRT Spares 105 Minutes to Erdoğan, 18 Seconds to Demirtaş

The Transparency International (TI) has prepared a report concerning how much state channel TRT has spared time to presidential candidates during the election campaign period ahead of June 24 presidential and general elections.

Examining the time allocated TRT’s news channel to presidential candidates and political parties dated from May 4 to May 31, the association wrote down the following note on the introduction of the report:

“TRT shouldn’t work with any power group”

“Obliged with carrying out public broadcasting, TRT has to embrace all political parties with an egalitarian understanding. The responsibility of TRT, which is financed by all citizens’ taxes, is not to work for a power or interest group but to reflect the political spectrum with all diversity”.

According to the report, the time spared on TRT to the candidates from May 4 to May 31 is as follows:

People’s Alliance candidate Recep Tayyip Erdoğan: 105 minutes / 65 percent
CHP’s candidate Muharrem İnce: 37 minutes / 22 percent
İYİ Party’s candidate Meral Akşener: 14 minutes / 9 percent
Felicity Party’s candidate Temel Karamollaoğlu: 5 minutes / 3 percent
Vatan Party’s candidate Doğu Perinçek: 2 minutes
HDP’s candidate Selahattin Demirtaş: 0.3 minutes (18 seconds).

(BIA, 1 June 2018)

Minorités / Minorities

Annulation en Israël d'un vote sur la reconnaissance du "génocide arménien"

Un vote prévu mardi au parlement israélien pour une reconnaissance du "génocide arménien" a été annulé en raison de l'opposition du gouvernement, a indiqué la députée à l'origine de cette motion.

La Knesset (Parlement) avait approuvé fin mai une proposition de la députée Tamar Zandberg, du parti d'opposition de gauche Meretz, d'organiser un débat en séance plénière sur la "reconnaissance du génocide arménien".

La Turquie rejette avec véhémence le terme de "génocide".

Afin de s'assurer le soutien de la coalition de droite au pouvoir en Israël, la députée avait prévu la tenue de ce vote après les élections présidentielle et parlementaires turques qui ont eu lieu dimanche.

Mais, même après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan dès le premier tour, le gouvernement israélien et la coalition au pouvoir sont toujours opposés à ce vote, a dit Mme Zandberg.

"Malgré les promesses et les retards (....) le gouvernement et la coalition refusent de reconnaître le génocide arménien", a écrit Mme Zandberg sur Twitter lundi soir, indiquant qu'elle était "forcée d'annuler le vote".

Même si cette proposition ne pouvait être considérée comme émanant du gouvernement, elle aurait pu envenimer les relations déjà très détériorées entre Israël et la Turquie.

M. Erdogan a accusé Israël d'user de méthodes dignes des nazis après la mort de plus de 60 Palestiniens sous les balles israéliennes lors de manifestations et de heurts dans la bande de Gaza sous blocus le 14 mai.

Le gouvernement israélien avait lui-même ajourné début juin le vote d'une loi sur la reconnaissance du "génocide arménien", officiellement par crainte que ce vote ne profite à M. Erdogan

Le Meretz essaie depuis 1989 de faire reconnaître les massacres d'Arméniens commis par les Turcs ottomans en 1915-1917 comme un "génocide", mais les gouvernements en Israël ont rejeté ses tentatives en raison des liens avec la Turquie qui ont évolué en dents de scie ces dernières années.

Selon l'Arménie, quelque 1,5 million d'Arméniens sont morts lors de la chute de l'Empire ottoman. La Turquie rejette avec véhémence le terme de génocide, utilisé par près de 30 pays pour qualifier ces massacres.

Selon Ankara, 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts lorsque les Arméniens se sont révoltés contre le pouvoir ottoman en s'alliant avec les troupes russes.
(AFP, 26 juin 2018)

Le député arménien Paylan à Marseille pour la campagne du HDP

Le député du parti prokurde (HDP), Garo Paylan, était en meeting vendredi à Marseille où réside l'une des plus importantes communautés kurdes de France, espérant décrocher des voix pour les élections en Turquie et dépasser le seuil fatidique pour être représenté à l'Assemblée.

"Pour avoir la majorité à l'Assemblée, Erdogan (le président turc candidat à sa réelection NDLR) s'est fixé l'objectif de faire en sorte que HDP ne dépasse pas la barre des 10%", a assuré le député du Parti démocratique des peuples, Garo Paylan lors d'une conférence de presse.

"L'ordre a été transmis pour que HDP soit en dessous des 10%", a insisté le député évoquant des "pressions pour que les électeurs potentiels" de son parti en Turquie "ne puissent pas aller voter", notamment en "déplaçant" des bureaux de vote.

"Malgré toutes ces pressions (...) nous sommes confiants et persuadés qu'avec le vote des électeurs HDP à l'étranger nous dépasserons la barre de 10%", a poursuivi Garo Paylan.

Le 24 juin des élections présidentielle et législatives anticipées auront lieu en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan briguera un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.

Organisé par le Conseil de coordination des associations arméniennes de France Sud et le centre démocratique Kurde de Marseille le meeting baptisé "Stop Erdogan!" a rassemblé environ 300 personnes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
(AFP, 1 juin 2018)

Knesset Postpones Debate on Armenian Genocide Recognition

Knesset Speaker Yuli Edelstein has postponed a debate and vote on recognizing the Armenian genocide by the Ottoman Empire, the forerunner of modern Turkey, because there isn’t a Knesset majority to support the move. Last week, the Knesset approved a request by the left-wing Meretz party to hold a Knesset debate and a vote on the issue.

Meretz had submitted similar resolutions in recent years that were subsequently debated in the Knesset Education Committee, but this time the party insisted that the issue be addressed by the full Knesset. In the past, the government has consistently objected to holding such a debate in the Knesset. But last week, in the wake of deteriorating ties with Turkey, it did not submit an objection to a discussion and vote on the genocide perpetrated a century ago by the Ottoman Turks.

Edelstein, who supports recognition of the genocide, wrote Wednesday evening to the Armenian Patriarch of Jerusalem, Archbishop Nourhan Manougian, that he intends to bring the issue to a vote as soon as a majority is ensured. After consulting with coalition MKs, the Knesset speaker realized that the factions had not yet decided whether to support a proposal recognizing the genocide.

“As soon as I am convinced that there is a majority in the Knesset for this historic recognition, we will bring it to a vote in the plenum,” Edelstein wrote to the patriarch, adding, “I will do everything in my power and I hope that the efforts will bear fruit.”

Meretz chairman Tamar Zandberg said in response, “Those who spoke grandly just two weeks ago are afraid now. The coalition members’ embarrassing attempt to pass the buck to each other for this is shameful, certainly given the painful issue.

“I call on the coalition members ...to vote as they promised to vote and as basic morality demands. The Armenian community is waiting for justice and that’s not dependent on politics. .”

The Knesset has been marking the Armenian genocide every year since 2012, but such proposals are usually blocked because of Israel’s close ties with Azerbaijan, which is involved in an ongoing military conflict with neighboring Armenia.
(haaretz.com, May 31, 2018)

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan assoit son pouvoir après sa victoire électorale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan émergeait considérablement renforcé lundi de l'âpre bataille électorale remportée la veille contre une opposition incapable d'arrêter la marche du "Reïs" vers davantage de pouvoirs.

En remportant franchement les élections présidentielle et législatives dimanche contre une opposition pourtant ragaillardie, M. Erdogan a confirmé son statut de machine à gagner les scrutins depuis son arrivée au pouvoir, en 2003.

Mais en 15 ans de règne, M. Erdogan a profondément divisé la Turquie, entre ses partisans qui voient en lui l'homme du miracle économique et ses détracteurs qui l'accusent de monopoliser tous les pouvoirs et de réprimer sans merci toute forme d'opposition.

A l'issue de la bataille qui a opposé les deux camps dans les urnes dimanche, les autorités électorales ont déclaré M. Erdogan vainqueur du volet présidentiel du scrutin dès le premier tour, face notamment au candidat social-démocrate Muharrem Ince.

Ce dernier a reconnu lundi sa défaite, tout en estimant que la Turquie entrait désormais sous un "régime autocratique" avec l'entrée en vigueur imminente du système présidentiel voulu par M. Erdogan, qui deviendra l'unique détenteur de l'exécutif.

M. Ince a appelé M. Erdogan dans la soirée lundi pour le féliciter de sa victoire, a rapporté l'agence étatique Anadolu.

En attendant son intronisation pour ce nouveau mandat renforcé, qui ne devrait pas intervenir avant l'annonce des résultats définitifs prévue le 5 juillet, M. Erdogan savoure cette victoire.

"La Turquie a donné une leçon de démocratie au monde", a-t-il clamé dans la nuit de dimanche à lundi devant plusieurs milliers de partisans qui agitaient des drapeaux et scandaient son nom devant le siège de son parti, l'AKP, à Ankara.

- Triomphe du "Reïs" -

D'après l'agence de presse étatique Anadolu, qui fait état d'un taux de participation d'environ 88%, M. Erdogan est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de 99% des urnes. Soit plus que son score en 2014 (51,8%).

La coalition mise sur pied par M. Erdogan pour le volet législatif des élections récolte quelque 53,6% des voix, selon les résultats partiels d'Anadolu, grâce notamment au score inattendu de son partenaire, le parti ultranationaliste MHP (11%).

M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la république, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.

Mais ses détracteurs accusent le "Reïs", âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes, et ont suscité l'inquiétude de l'Europe.

Avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle, M. Erdogan peut rester au pouvoir jusqu'à 2028 s'il est réelu.

Cette réforme constitutionnelle prévoit le transfert de tous les pouvoirs exécutifs au président, qui pourra nommer les ministres et de hauts magistrats, décider du budget et gouverner par décrets. La fonction de Premier ministre sera supprimée.

Les élections de dimanche étaient considérées par les observateurs comme les plus difficiles pour M. Erdogan depuis son avènement au pouvoir, face à des vents économiques contraires et une opposition revitalisée.

- Campagne inégale -

M. Ince, un député pugnace qui a porté les couleurs du CHP à la présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan pour la présidentielle. Selon Anadolu, il a récolté près de 31% des voix.

Les observateurs ont pointé des conditions de campagne difficile pour l'opposition, à l'image d'une mission de l'OSCE qui a pointé lundi l'absence "d'opportunités égales" pour les candidats avec notamment une couverture médiatique largement favorable au président turc.

Malgré l'arrestation de plusieurs de ses députés et notamment de son candidat à la présidentielle Selahattin Demirtas, le candidat prokurde HDP est parvenu à franchir le seuil de 10% des voix au niveau national, ce qui lui permet de siéger à nouveau au Parlement.

Plusieurs pays ont félicité M. Erdogan pour sa réélection, comme le président russe Vladimir Poutine qui a loué lundi la "grande autorité politique" de son homologue turc.

En Allemagne, où vit une importante diaspora turque, la chancelière Angela Merkel a félicité M. Erdogan, souhaitant "une Turquie stable et pluraliste" dans laquelle l'Etat de droit est garanti.

La Maison Blanche a elle appelé Ankara à "renforcer la démocratie".

La Commission européenne a dit espérer qu'Ankara reste "engagée" avec l'Union européenne mais la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn, ont de leur côté estimé que les conditions de la campagne n'avaient pas été "équitables".
(AFP, 25 juin 2018)

Erdogan vers des pouvoirs renforcés après son triomphe électoral

Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan triomphait lundi après avoir remporté dès le premier tour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés face à une opposition pugnace qui a reconnu sa défaite tout en jugeant la campagne injuste.

Après avoir remporté dimanche des élections législatives et présidentielle contre une opposition vigoureuse, M. Erdogan s'est offert dans les premières heures de lundi un symbolique discours de victoire depuis le balcon du siège de son parti, l'AKP, à Ankara.

"La Turquie a donné une leçon de démocratie au monde", a-t-il clamé devant plusieurs milliers de partisans qui agitaient des drapeaux et scandaient son nom.

M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 2003, d'abord comme Premier ministre puis, à partir de 2014, comme président, s'est imposé comme le dirigeant turc le plus populaire, mais aussi le plus polarisateur de ces dernières décennies.

Accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs, il s'apprête après sa victoire à recevoir un nouveau mandat présidentiel de cinq ans aux prérogatives considérablement renforcées, aux termes d'une réforme constitutionnelle adoptée l'an dernier par référendum.

M. Erdogan a indiqué lors de son discours nocturne qu'il mettrait "rapidement" en place le nouveau système présidentiel prévu par cette réforme constitutionnelle.

Le président du Haut comité électoral (YSK) Sadi Güven a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi que M. Erdogan avait, selon des résultats provisoires, récolté la majorité absolue des voix dans le volet présidentiel du scrutin, synonyme de réélection dès le premier tour.

Le principal opposant de M. Erdogan à la présidentielle, le social-démocrate Muharrem Ince, a reconnu sa défaite lundi et exhorté le président à représenter "tous" les Turcs.

Rompant son silence lors d'une conférence de presse à Ankara, M. Ince a estimé que la Turquie était désormais passée sous "un régime autocratique" avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle.

- Nouveaux pouvoirs -

D'après l'agence de presse étatique Anadolu, qui fait état d'un taux de participation d'environ 88%, M. Erdogan est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de 99% des urnes.

La coalition montée par M. Erdogan pour le volet législatif des élections récolte quelque 53,6% des voix, selon les résultats partiels d'Anadolu, grâce notamment au score inattendu de son partenaire minoritaire, le parti ultranationaliste MHP (11%).

M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.

Mais ses détracteurs accusent le "Reis", âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe.

Avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle, M. Erdogan pourrait potentiellement rester au pouvoir jusqu'à 2023, voire au-delà.

Cette réforme constitutionnelle prévoit le transfert de tous les pouvoirs exécutifs au président qui pourra nommer les ministres et de hauts magistrats, décider du budget et gouverner par décrets. La fonction de Premier ministre sera supprimée.

Les élections de dimanche étaient considérées par les observateurs comme les plus difficiles pour M. Erdogan depuis son avènement au pouvoir, face à des vents économiques contraires et une opposition revitalisée.

- "Election injuste" -

M. Ince, un député pugnace qui a porté les couleurs du CHP à la présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan pour la présidentielle. Selon Anadolu, il a récolté près de 31% des voix.

Les observateurs ont pointé des conditions de campagne très inéquitables avec notamment une couverture médiatique largement favorable au président turc. "Cette élection a été injuste", a déploré M. Ince.

Malgré l'arrestation de plusieurs de ses députés et notamment de son candidat à la présidentielle Selahattin Demirtas, le candidat prokurde HDP est parvenu à franchir le seuil de 10% des voix au niveau national lui permettant de siéger à nouveau au Parlement.

"Le fait que j'ai été contraint de faire campagne en étant incarcéré a été la plus grande injustice de cette campagne", a dénoncé M. Demirtas, selon un message posté sur son compte Twitter.

Les opposants, qui avaient mobilisé une armée d'observateurs pour surveiller les urnes, ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la province de Sanliurfa.

M. Erdogan a notamment été félicité par le dirigeant russe Vladimir Poutine qui a loué lundi la "grande autorité politique" de son homologue turc.

Les marchés semblaient rassurés par la victoire de M. Erdogan. La livre turque, qui s'est fortement dépréciée cette année, prenait environ 2% face au dollar.
(AFP, 25 juin 2018)

Erdogan remporte la présidentielle au premier tour

Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour dimanche pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés, venant à bout d'une opposition pourtant revigorée lors d'élections présidentielle et législatives âprement disputées.

M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 15 ans et a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, a savouré sa victoire en s'adressant dans la nuit de dimanche à lundi à des milliers de partisans réunis à Ankara devant le siège de son parti islamo-conservateur, l'AKP.

"Le vainqueur de cette élection, c'est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c'est chacun des 81 millions de nos concitoyens", a clamé M. Erdogan, tandis que ses supporters l'acclamaient.

Les autorités électorales turques ont indiqué tôt lundi que M. Erdogan avait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, ce qui lui permet d'être élu dès le premier tour face à une opposition pourtant farouche, à l'image du tribun social-démocrate Muharrem Ince.

M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.

Mais ses détracteurs accusent le "Reis", âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe.

Sa victoire aux élections de dimanche asseoit encore son pouvoir, car le scrutin marque le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l'Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif, aux termes d'un référendum parlementaire qui s'est tenu l'an dernier.

D'après l'agence de presse étatique Anadolu, M. Erdogan est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de 99% des urnes, et l'alliance dominée par l'AKP menait avec 53,61% dans le volet législatif du scrutin.

- "Derrière Erdogan" -

Son principal concurrent, le social-démocrate Muharrem Ince, arrive en deuxième position de la présidentielle avec 30,7%, et l'alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d'opposition pour le volet législatif du scrutin récolte 34%, d'après les résultats partiels publiés par Anadolu.

M. Ince n'a fait aucun commentaire concernant les résultats dimanche soir, convoquant une conférence de presse pour lundi à la mi-journée à Ankara.

Plusieurs milliers de partisans de M. Erdogan se sont rassemblés dans la soirée aux abords de la résidence du président à Istanbul, chantant et brandissant des drapeaux.

"Nous savions à 100% que nous allions gagner, Erdogan est notre champion", a dit Handan Boztoy, venue avec sa fille fêter la "victoire". "Les résultats ne changeront pas, ces 16 dernières années c'est toujours Erdogan qui a gagné. Nous sommes derrière lui en tant que nation".

"La victoire d'Erdogan est incontestablement le signe de sa grande popularité auprès de l'électorat turc, en particulier l'électorat conservateur dans les régions rurales d'Anatolie, et le signe de sa résilience face à une opposition unie", estime Jana Jabbour, docteure associée au CERI/Sciences Po et spécialiste de la Turquie.

S'il pensait mettre toutes les chances de son côté en convoquant ces élections pendant l'état d'urgence et plus d'un an avant la date prévue, M. Erdogan a été rattrapé lors de la campagne par la dégradation de la situation économique et surpris par un sursaut de l'opposition.

Voyant dans ces élections leur dernière chance d'arrêter M. Erdogan dans sa quête d'un pouvoir incontestable, des partis aussi différents que le CHP (le parti social-démocrate de Muharrem Ince), Iyi (nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite pour les législatives, avec l'appui du HDP (prokurde).

- Le parti prokurde au Parlement -

M. Ince, un député combatif qui a porté les couleurs du CHP à la présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan pour la présidentielle, électrisant des foules aux quatre coins du pays et réveillant une opposition assommée par ses défaites successives.

M. Erdogan présente le nouveau système présidentiel auquel il va accéder comme nécessaire pour doter la Turquie d'un exécutif stable, mais ses détracteurs l'accusent de vouloir monopoliser le pouvoir avec cette réforme qui supprime notamment la fonction de Premier ministre et permet au président de gouverner par décrets.

La campagne a été marquée par une couverture médiatique très inéquitable en faveur du président turc, dont chaque discours a été retransmis in extenso par les télévisions.

Le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, a été contraint de faire campagne depuis une cellule: accusé d'activités "terroristes", il est en détention préventive depuis 2016.

Selon les résultats partiels, M. Demirtas a obtenu près de 8% des voix et son parti à franchi le seuil de 10% au niveau national lui permettant de siéger au Parlement.

Les craintes de fraudes ont été vives pendant le vote, notamment dans le sud-est à majorité kurde. Les opposants, qui avaient mobilisé une armée d'observateurs, ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la province de Sanliurfa.
(AFP, 25 juin 2018)

26 juin: Conférence sur les élections turques à Bruxelles

Quel est l’avenir pour l’un des plus grands voisins de l’Union européenne ? Quel impact ont les élections sur le peuple turc?

Des experts de différents peuples de la région partagent leurs idées. La conférence ‘Les élections turques. Qu’est ce qui se passe après le 24 juin?‘ aura lieu le 26 juin dans le cadre de SOS Turkey. C’est une campagne qui a commencé l’année passée pour dénoncer la répression en cours en Turquie depuis la tentative du coup d’Etat en 2016.

Les invités sont:

✓ Doğan Özgüden (° 1936), journaliste et éditeur turc donne son avis sur les élections

✓ Eyyup Doru, représentant du HDP (Parti démocratique populaire) auprès de l’UE donne son point de vue sur les perspectives pour les Kurdes après les élections.

✓ Aris Nalci (° 1980, Istanbul), journaliste né en Istanbul, parlera de l’impact des élections sur le peuple arménien en Turquie

✓ Représentants de la communauté Alévie et Assyrienne

Quand: Mardi 26 juin, de 11h00 à 13h00

Ou: Maison des Parlementaires, Rue de Louvain 21, 1000 Bruxelles, Rotonde 1.

Inscription: mail à ts@kuridshinstitute.be

Cinq scénarios pour les élections en Turquie

La Turquie vote dimanche lors d'un double scrutin présidentiel et législatif considéré comme un défi électoral majeur pour le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis quinze ans.

Le 24 juin, la question sera surtout de savoir si M. Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour et s'il maintient la majorité de son parti, l'AKP, au parlement.

Si aucun candidat ne remporte plus de 50% des voix dès le premier tour de la présidentielle, un second tour se tiendra le 8 juillet.

Voici plusieurs scénarios envisageables.

- Victoire nette d'Erdogan -

SCENARIO: M. Erdogan remporte la présidentielle au premier tour, l'AKP reste majoritaire au parlement.

C'est le scénario que l'actuel chef de l'Etat souhaitait obtenir lorsque, mi-avril, il a convoqué les élections un an et demi avant leur date prévue, espérant prendre l'opposition au dépourvu.

Mais si M. Erdogan semblait alors confiant, la probabilité de voir ce scénario se réaliser a nettement reculé, avec la dégradation de la situation économique et un nouvel élan trouvé par l'opposition.

Erdogan "s'attendait à renforcer son pouvoir", notamment grâce à une révision constitutionnelle qui renforce considérablement les pouvoirs du président et dont les principales dispositions entrent en vigueur après les élections, "mais n'a pas le soutien majoritaire des électeurs turcs", estiment des analystes du Center for American Progress.

- Un second tour incertain -

SCENARIO: Lors de la présidentielle, l'opposition contraint M. Erdogan à un second tour.

Si M. Erdogan semble certain d'obtenir le plus de voix dimanche, il est possible qu'il ne remporte pas la présidentielle dès le premier tour.

Son rival le plus en vue, Muharrem Ince, candidat du CHP, principal parti d'opposition, a mené une campagne étonnamment solide. Avec les autres candidats, l'opposition peut peser suffisamment pour provoquer un second tour.

Des analystes estiment que M. Erdogan resterait le favori dans ce scénario.
 Mais si l'AKP perd sa majorité lors des législatives qui se joueront en un seul tour dimanche, "M. Erdogan aborderait le second tour avec sa traditionnelle image de maîtrise et d'invincibilité sérieusement écornée", selon Kemal Kirisci de la Brookings Institution.

- Victoire à la Pyrrhus -

SCENARIO: M. Erdogan remporte la présidentielle, l'AKP perd le contrôle du parlement.

"Le résultat le plus probable, aujourd'hui, est une victoire d'Erdogan et un parlement disputé", selon Aaron Stein, de l'Atlantic Council.

Ce scénario plongerait la Turquie dans une période de profonde incertitude, secouerait la confiance en l'économie turque et provoquerait potentiellement de nouvelles élections.

Ironiquement, l'opposition est aidée par des amendements portés par l'AKP, qui ont permis au CHP de s'allier avec trois autres partis pour les législatives, ce qui pourrait renforcer la présence de l'opposition au parlement.

Beaucoup dépendra de la capacité du parti prokurde HDP, une formation fermement anti-Erdogan qui se présente seule, à obtenir les 10% de votes nécessaires pour entrer au parlement.

L'AKP a déjà perdu sa majorité absolue une fois, lors des législatives de juin 2015. M. Erdogan avait alors rapidement convoqué de nouvelles élections pour la récupérer, signalant clairement qu'il ne s'accommoderait pas de coalitions.

Mais, en vertu de la réforme constitutionnelle adoptée en avril 2017, M. Erdogan serait en théorie contraint de remettre aussi la présidentielle en jeu pour convoquer de nouvelles législatives car les deux scrutins sont censés se tenir en même temps.

- Fin de l'ère Erdogan -

SCENARIO: Muharrem Ince remporte la présidentielle au second tour, l'opposition contrôle le parlement.

M. Ince est clairement le favori pour arriver deuxième derrière le président sortant, et bénéficierait au second tour du soutien des alliés du CHP aux législatives mais aussi potentiellement du HDP.

Si l'opposition prend le contrôle du parlement dimanche, cet élan aiderait fortement M. Ince le 8 juillet.

"Si cela se produit, un changement politique massif sera probablement mené sur plusieurs fronts", selon Marc Pierini, chercheur à Carnegie Europe, évoquant notamment les politiques économiques et les relations avec l'Occident.

- Territoire inconnu -

SCENARIO: L'opposition remporte la présidence, l'AKP garde le parlement.

Il s'agit probablement du scénario le plus confus, du fait que l'AKP n'a aucune expérience de cohabitation et que le nouveau président sera probablement très hostile au parti qui a jusque-là dominé la scène politique turque depuis 2002.

"Un président de l'opposition laïque sera confronté à une majorité islamiste et nationaliste au parlement, ce qui conduira à une situation confuse", observe M. Pierini.
(AFP, 20 juin 2018)

Dates-clés du pouvoir d'Erdogan (CHRONOLOGIE)

Rappel des principales dates depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, où des élections présidentielle et législatives doivent se dérouler le 24 juin.

- Les premières années -

En 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) cofondé par Recep Tayyip Erdogan, remporte une écrasante victoire aux législatives. En 2003, M. Erdogan est nommé Premier ministre.

En 2005, les autorités obtiennent l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union Européenne. De 2002 à 2004, Ankara a adopté des réformes politiques et économiques, voté l'abolition de la peine de mort et autorisé la langue kurde à la télévision publique. Mais les négociations sont enlisées depuis des années.

En août 2007, le Parlement élit président Abdullah Gül, premier responsable de la mouvance islamiste à accéder à la magistrature suprême dans la Turquie laïque fondée par Mustafa Kemal Atatürk.

- Place Taksim -

Le 31 mai 2013, les forces de l'ordre délogent à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogène plusieurs centaines de personnes campant près de la place Taksim d'Istanbul contre un projet d'aménagement urbain.

Pendant trois semaines, quelque 2,5 millions de personnes manifestent pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.

- Erdogan asseoit son règne -

Le 10 août 2014, M. Erdogan est élu chef de l'Etat dès le premier tour de la présidentielle, qui se déroule pour la première fois au suffrage universel direct.

Aux législatives du 7 juin 2015, l'AKP arrive en tête, mais est pour la première fois privé de sa majorité absolue au Parlement.

Le président Erdogan convoque des nouvelles élections le 1er novembre, remportées haut la main par l'AKP.

- Guérilla kurde -

En juillet 2015, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'armée rompent un fragile cessez-le-feu et reprennent les hostilités (plus de 40.000 morts depuis 1984).

Le pays va être visé par plusieurs attentats meurtriers, attribués ou revendiqués par la guérilla kurde ou le groupe Etat islamique (EI).

- Accord migratoire -

Fin 2015, un rapprochement s'opère entre Ankara et l'UE, à la faveur de la crise des réfugiés qui fuient la Syrie, la Turquie occupant une position géographique clé.

En mars 2016, Ankara et l'UE concluent un accord qui permettra de réduire considérablement les arrivées de migrants en Europe.

- Coup d'Etat raté - Purges -

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, une tentative de coup d'Etat par une faction de l'armée fait 250 morts et bouleverse la situation politique en Turquie. Elle est imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, qui nie toute implication.

Des purges d'une ampleur inédite visent les partisans de Gülen, puis la mouvance prokurde et les médias. Plus de 140.000 personnes ont été limogées ou suspendues et plus de 50.000 arrêtées.

Depuis le putsch manqué, de graves tensions opposent la Turquie à des pays européens, notamment l'Allemagne.

- Rapprochement avec Moscou -

Le 9 août 2016, M. Erdogan se réconcilie avec son homologue russe Vladimir Poutine, après une crise consécutive à la destruction d'un avion russe par la Turquie à la frontière syrienne fin 2015.

Deux semaines plus tard, la Turquie déclenche une offensive terrestre dans le Nord syrien contre l'EI, mais aussi contre les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice kurde, alliée de Washington dans la lutte contre les jihadistes, est considérée par Ankara comme l'extension du PKK.

Turquie et Russie vont s'impliquer, avec l'Iran, dans la recherche d'une trêve en Syrie, bien qu'Ankara appuie l'opposition au régime de Bachar al-Assad.

- Victoire étroite d'Erdogan -

Le 16 avril 2017, M. Erdogan remporte une courte victoire au référendum sur une réforme constitutionnelle renforçant considérablement ses pouvoirs. L'opposition conteste le résultat, dénonçant des "manipulations" pendant le scrutin.

- L'armée turque à Afrine -

Le 20 janvier 2018, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne contre les YPG dans la région syrienne d'Afrine.

Le 18 mars, l'armée turque et ses supplétifs rebelles syriens prennent le contrôle de la ville après en avoir délogé la milice kurde.
(AFP, 19 juin 2018)

Turquie: élections, mode d'emploi (REPERES)

Les électeurs turcs se rendront aux urnes le 24 juin pour des élections législatives et présidentielle cruciales.

Ces élections se tiendront simultanément en vertu d'une réforme constitutionnelle adoptée en avril 2017 qui renforce considérablement les prérogatives du président issu des urnes.
 
Voici quelques chiffres et informations-clé sur ce scrutin:

- Les chiffres

En tout, 56,3 millions d'électeurs sont appelés à voter.

Près de 181.000 bureaux de vote ont été mis en place, et seront ouverts entre 08H00 (05H00 GMT) et 17H00 le dimanche 24 juin.

Pour les quelque 3 millions de Turcs de l'étranger, les votes se sont tenus entre le 7 et le 19 juin, selon les pays.

- Le mode de scrutin

Lors de ces élections, les Turcs voteront à la fois pour leur président et leur député, en glissant deux bulletins dans une même enveloppe.

Le président est élu au suffrage universel direct.

Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des voix dès le premier, un second tour aura lieu le 8 juillet.

Quant aux députés, ils sont élus en un seul tour au scrutin de liste dans chacune des 81 provinces du pays. Les sièges y sont attribués proportionnellement au nombre de voix qu'ils obtiennent.

Afin de favoriser des majorités stables, seuls les partis qui réunissent plus de 10% des suffrages au niveau national participent à cette répartition.

Par ailleurs, en vertu de la réforme constitutionnelle d'avril 2017, 600 députés seront élus le 24 juin contre 550 dans la Chambre sortante.

- Les principales mesures de la nouvelle loi électorale -

Aux termes d'une loi adoptée en mars, les partis pourront pour la première fois constituer des alliances lors des législatives. Cette mesure peut permettre à des partis qui n'auraient pas obtenu 10% de voix d'entrer au Parlement.

Sur les bulletins de vote, les partis sont regroupés par alliance mais les électeurs apposeront leurs tampons dans la case d'un seul parti.

La nouvelle loi autorise également la validation des bulletins de vote sur lesquels ne serait pas apposé le sceau officiel, une mesure qui avait été déjà été prise ponctuellement au cours du référendum d'avril 2017 et qui avait fait polémique, l'opposition mettant en avant des risques de fraude.

La loi autorise aussi la fusion de certaines circonscriptions électorales et le déplacement d'urnes d'une circonscription à une autre par "mesure de sécurité".

Les forces de l'ordre sont par ailleurs autorisées à entrer dans les bureaux de vote en cas d'appel par un citoyen, un observateur ou un responsable, en cas de perturbations dans le bureau de vote. Elles pourraient ainsi en faire sortir les électeurs ou observateurs jugés responsables des troubles.

L'opposition dénonce des mesures visant à intimider certains électeurs, voire à compliquer le vote, notamment dans le sud-est à majorité kurde.

- Les partis et candidats qui se présentent

Six candidats se présentent à l'élection présidentielle: Meral Aksener (Iyi Parti), Selahattin Demirtas (HDP), Recep Tayyip Erdogan (AKP), Muharrem Ince (CHP), Temel Karamollaoglu (SP) et Dogu Perinçek (VP).

Pour ce qui est des législatives, deux alliances ont été formées.

La première, l'"Alliance du peuple", regroupe le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et le Parti d'action nationaliste (MHP). Le parti de la Grande union (BBP) présente des candidats sur les listes de l'AKP.

La deuxième, l'"Alliance de la nation", regroupe le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le Bon parti (Iyi Parti, droite nationaliste) et le Parti de la Félicité (Saadet, conservateur). Le Parti Démocrate (DP, centre-droit) présente des candidats sur les listes du Bon parti.

Le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde),Hüda-Par (islamiste kurde), et le Parti patriotique (VP) se présentent seuls.
(AFP, 19 juin 2018)

Une alliance sans précédent menace Erdogan en Turquie

Dans dix jours, les Turcs élisent un parlement et un président. Scrutin crucial dans ce pays dominé par l’AKP depuis 2002. "La Libre" entame une série de reportages.

A 20 heures dans ce restaurant proche de la place Taksim à Istanbul, la moitié des clients ripaille tandis que l’autre patiente imperturbable devant une assiette de dattes et d’olives. Vers 20 h 30, des GSM saluent d’une sonnerie la fin de l’attente et les croyants entament religieusement la datte, signe de l’iftar, la rupture du jeûne.

Le ramadan se termine dans le monde musulman tandis que la Turquie continue - en tout cas dans le quartier européen de Beyoglü - de voir cohabiter bannières au nom d’Erdogan et de son parti l’AKP, magasins de cigarettes et d’alcools et vendeurs de dürüms.

Désormais, sur la place Taksim, épicentre des contestations, se dresse une mosquée quasi terminée, dont le président turc est venu surveiller les travaux début juin à la fin d’une journée électorale. Son dôme domine de quelques mètres l’église orthodoxe toute proche, sous l’œil de Kemal Atatürk, campé dans le monument qui célèbre au centre de la place la fondation de la République laïque en 1923.

Les élections législatives et présidentielle du 24 juin approchent en Turquie; elles sont cruciales car elles vont entériner, en cas de victoire d’Erdogan, le passage d’un système parlementaire à un système présidentiel. Pourtant, il règne une atmosphère paisible entre touristes, réfugiés en quête d’une pièce et clients des chaînes de magasins de la rue Istlikal.

Calme trompeur car les débats sont quotidiens le soir à la télévision et les candidats parcourent la Turquie de meeting en meeting.

Des sondages à la limite

A dix jours du scrutin, les sondages restent incertains. Ils donnent une avance à Erdogan et à son parti AKP, entre 41 et 52 %, mais pas la certitude d’obtenir la majorité au Parlement, même avec l’appui des nationalistes du MHP, ni d’emporter la présidentielle au premier tour.

Son principal adversaire est le social-démocrate CHP, Ince Muharrem, qui glane selon les sondages environ 30 % des voix. Il est suivi de la candidate d’Iyi, Meral Aksener, et du candidat des Kurdes et de la gauche urbaine, Selahattin Demirtas, le leader du HDP qui fait campagne depuis sa prison.

Les conditions dans lesquelles se déroule le scrutin sont nettement en défaveur de l’opposition. Le président turc bénéficie de moyens financiers largement supérieurs au point que son portrait et les drapeaux de l’AKP sont omniprésents sur les grandes artères d’Istanbul. Lors de la campagne constitutionnelle de 2017, Erdogan avait déjà disposé de leviers financiers onze fois supérieurs aux autres partis.

Son parti islamo-conservateur promet à l’électeur la stabilité, après la tentative de coup d’Etat et dans le contexte d’un voisinage turbulent (Irak, Syrie, Iran). Murat Yalcintas, l’un des fondateurs de l’AKP, homme d’affaires et aujourd’hui en retraite de la politique, explique : "Depuis deux ou trois ans, nous essayons de nettoyer la maison. La maison est en désordre. On clarifie les choses. Il y a une petite dramatisation mais après, il y aura cinq années de calme sans élections."

Les promesses d’un AKP paniqué

Confronté à une alliance sans précédent de l’opposition, le parti au pouvoir multiplie les promesses depuis qu’il a annoncé les élections le 18 avril.

Selon le média online Odatv, très populaire en Turquie, l’AKP a notamment déclaré l’amnistie pour les constructions illégales, décrété une amnistie fiscale, promis d’augmenter le salaire des fonctionnaires, gelé le prix du gasoil en dépit de la baisse de la livre turque et lancé plusieurs opérations militaires au nord de l’Irak contre les bases du PKK kurde. "Tous ces efforts montrent que le soutien public pour l’AKP diminue et que le gouvernement travaille fort pour renverser la tendance", note Odatv.

Dans une tactique de dramatisation, le ministre de l’Intérieur a également évoqué, le 9 juin, sur CNN-Türk la probabilité qu’un nouveau coup d’Etat par les Gulénistes se produise "avec une campagne d’assassinats". Il a été appuyé par le chef du MHP qui a promis deux jours plus tard de "griffer les yeux de ceux qui ont les yeux sur notre existence".

Pour l’opposition, ces élections sont critiques. Si l’AKP et son président sont réélus, cela en est fini de la République laïque et de ses libertés. Utku Balaban en sait quelque chose. Ce sociologue a été démis de l’université d’Ankara lors de la purge d’après-coup. Il s’excuse de ne plus avoir de carte nominative. En désespoir de cause, il joue un rôle de conseiller au sein du parti social-démocrate. "Gezi, le coup d’Etat militaire… Erdogan a survécu à toutes les options non conventionnelles. Il reste les élections…", dit-il.

L’ex-universitaire espère que l’opposition restera unie : "Chacun est contre Erdogan, mais chacun l’est pour ses propres raisons. C’est pourquoi Erdogan a réussi à rester au pouvoir aussi longtemps." Un doute que le leader du CHP a balayé par un proverbe africain lors d’un meeting à Istanbul : "Si le zèbre, le lièvre, le tigre et le lion courent dans la même direction, c’est qu’il doit y avoir un feu dans la forêt. Nous allons l’éteindre, ce feu !"

Pour l’heure, les analystes scrutent les sondages et calculent les probabilités. "Si Erdogan fait 47-48 %, il va gagner au second tour des présidentielles (le 8 juillet, NdlR)", pronostique Utku Balaban. "Mais s’il fait moins et perd sa majorité aux législatives, les gens vont penser qu’il peut être battu et se mobiliser au second tour."

L’autre calcul est que l’opposition doit absolument aider le HDP à passer la barre des 10 %, seuil nécessaire pour envoyer des députés à la Grande Assemblée. Sans ce soutien, les votes iront au second parti dans le sud-est à majorité kurde, qui n’est autre que l’AKP, qui obtiendrait alors 80 sièges de plus au Parlement, qui en compte 600. (CHRISTOPHE LAMFALUSSY, La Libre Belgique, 14 juin 2018)


A Diyarbakir, le vote kurde suscite la convoitise

Le héros local emprisonné Selahattin Demirtas et son parti ne devraient y laisser que des miettes à leurs rivaux, mais Diyarbakir est courtisé par les autres candidats car le vote kurde pourrait déterminer l'issue des élections du 24 juin en Turquie.

S'il est assuré d'arriver en tête dans le volet législatif de ce scrutin à Diyarbakir, "capitale" du sud-est à majorité kurde de la Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP) doit atteindre le seuil fatidique de 10% au niveau national pour entrer au parlement et peser sur les futures alliances.

Le HDP s'attend à ce que M. Demirtas, bien qu'incarcéré, fasse un meilleur score qu'en 2014 (près de 10%). Le report de ses voix sur l'un des deux candidats qui accéderont à un éventuel second tour pourrait déterminer l'identité du prochain président.

Les Kurdes, qui constituent au moins un cinquième de la population de 80 millions que compte la Turquie, sont majoritaires dans le sud-est du pays, principal théâtre du conflit entre les insurgés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'armée turque depuis 1984.

Des combats ont repris en 2015 après l'effondrement d'un processus de paix lancé au début de la décennie.

A Diyarbakir, ville de près d'un million d'habitants, les candidats sont jugés à l'aune de leur politique à l'égard des Kurdes, en Turquie, mais aussi dans les pays voisins.

Le président Recep Tayyip Erdogan et son parti islamo-conservateur, l'AKP, qui y avaient réalisé les meilleurs scores derrière M. Demirtas et le HDP lors de la présidentielle de 2014 et des législatives de 2015, semblent en perte de vitesse.

- "Pas de raison de voter Erdogan" -

Outre l'abandon du processus de paix et la détention de M. Demirtas depuis novembre 2016 sous l'accusation de liens avec le PKK, M. Erdogan et son parti pâtissent de l'alliance nouée avec les ultranationalistes du MHP, bête noire des Kurdes.

"Cela agace les Kurdes en général, pas seulement les supporteurs du HDP, mais aussi ceux qui votaient AKP", souligne l'expert politique kurde Mehmet Vural, président du centre de recherches sociales DITAM.

Parmi les autres griefs, il cite l'hostilité de M. Erdogan au référendum d'indépendance organisé l'an dernier par le Kurdistan irakien, et l'offensive turque menée en début d'année dans l'enclave syrienne d'Afrine pour en déloger une milice kurde.

Malgré tout, M. Erdogan, dont le poster avec le slogan "C'est l'heure de la Turquie" tapisse des façades d'immeubles et des panneaux publicitaires, est venu faire campagne à Diyarbakir le 3 juin.

La région connaît "une paix jamais vue au cours des 40 dernières années", a-t-il plaidé devant des milliers de personnes venues l'écouter Place de la Gare.

Mais M. Vural estime que les Kurdes "n'ont plus de raison de voter pour Erdogan" et devraient lui préférer en cas de second tour Muharrem Ince, candidat du CHP (social-démocrate).

Le CHP ne trouvait pourtant pas grâce aux yeux des électeurs kurdes en raison de son opposition historique à la reconnaissance des droits de la minorité kurde, mais M. Ince s'est montré plus ouvert sur ce point.

Il tire aussi bénéfice de son refus de voter, contrairement à son parti, la levée de l'immunité parlementaire de M. Demirtas et de collègues du HDP en mai 2016.

- "Faiseurs de roi" -

Il l'a d'ailleurs rappelé lors d'un meeting qu'il a tenu lui aussi Place de la Gare lundi, en présence de milliers de personnes chauffées par une sono crachant ses hymnes de campagne et un speaker au verbe acéré.

M. Ince a aussi rappelé qu'il avait récemment rendu visite à M. Demirtas en prison, suscitant les vivats de la foule.

"Au premier tour des élections, nous voterons Demirtas. Au second tour, nous voterons Muharrem Ince et nous travaillerons avec lui", dit à l'AFP Mehmet Coban, rencontré lors du meeting.

Comme lui, d'autres participants se présentent comme des partisans du HDP qui ont l'intention de voter pour M. Ince lors d'un éventuel second tour.

Filiz Buluttekin, coprésidente de la branche locale du HDP, reçoit dans un modeste bureau au QG du parti entre réunions et autres engagements de campagne.

"Notre objectif est de recueillir entre 75% et 80% des voix et de remporter les douze sièges du Parlement réservés à Diyarbakir", dit-elle. "Nous allons attirer les votes qui allaient à l'AKP, car Erdogan se comporte en ennemi des Kurdes".

S'attendant à ce que M. Demirtas recueille entre 13 et 14% des voix à la présidentielle, elle ajoute: "En cas de second tour entre Erdogan et Ince, nous serons les faiseurs de rois".

Et pour elle, pas question de couronner M. Erdogan.
(AFP, 13 juin 2018)

Chair of Supreme Election Council Did Not Meet OSCE Delegation

The delegation of Organization for Security and Co-operation in Europe (OSCE), Office for Democratic İnstitutions and Human Rights, who has come to Turkey to monitor the Presidential and Parliamentary elections to be held on June 24, could not meet the Chair of the Supreme Election Council (YSK) Sadi Güven and its six other members.

Alican Uludağ from Cumhuriyet newspaper has reported that while the OSCE delegation met with four members of the Supreme Election Council, its Chairperson Güven as well as its six members did not attend the meeting.

The four members of the Supreme Election Council who met the delegation, namely the Deputy Chairperson Erhan Çiftçi, Zeynep Nilgün Hacımahmutoğlu, Kürşat Hamurcu and Yunus Aykan, were also the members who previously put an annotation to the 19-province-wide ballot box moving decision of the YSK.

During the meeting with the OSCE delegation, the decision of the Supreme Election Council to consider the unsealed ballot papers valid, the reliability of the Election Information System (SEÇSİS) and the decisions of the YSK being exempt from judicial remedies were also discussed.

The OSCE delegation also met with the technical team responsible for the management of the SEÇSİS and examined the system.
(BIA, 1 June 2018)

Le difficile défi d'une rivale d'Erdogan au passé encombrant

Seule femme à défier le président Recep Tayyip Erdogan à la présidentielle de juin, la nationaliste Meral Aksener fait figure de candidate sérieuse huit mois seulement après la création de son parti mais doit livrer un rude combat pour rallier l'opposition autour d'elle.

Première femme à se porter candidate pour une élection présidentielle en Turquie, Mme Aksener a fait sécession du Parti d'action nationaliste (MHP), qui a dominé la scène nationaliste turque pendant près d'un demi-siècle, pour créer le Iyi ("Bon") Parti en octobre 2017.

Au moment où le MHP a formé une alliance avec M. Erdogan pour les élections présidentielle et législatives du 24 juin, Mme Aksener s'est positionnée comme opposante directe de chef de l'Etat turc.

La création de son parti a secoué le paysage politique turc. L'importance de l'électorat nationaliste en Turquie a fait dire à de nombreux analystes que Mme Aksener avait
une chance réelle d'inquiéter M. Erdogan.

Mais du fait d'un temps d'antenne extrêmement réduit, Mme Aksener peine à rallier les soutiens, surtout face au candidat du principal parti d'opposition CHP, Muharrem Ince, qui semble, lui, monter en puissance.

De plus, sa réputation de nationaliste pure et dure et son passé en tant que ministre de l'Intérieur dans les années 1990 réduisent ses chances de réaliser une percée au sein de la minorité kurde qui représente environ un cinquième de l'électorat.

"En examinant l'arithmétique de l'élection, le plus probable est qu'Ince arrive deuxième (après Erdogan) et qu'Aksener soit derrière lui", estime Fuat Keyman, directeur du centre de réflexion Istanbul Policy Center.

Si aucun candidat ne remporte plus de 50% des voix au premier tour, un second tour sera organisé le 8 juillet.

Or M. Ince semble mieux placé que Mme Aksener pour atteindre un éventuel second tour, souligne Ödül Celep, professeur associé de Sciences politiques à l'université Isik d'Istanbul.

Il affirme que Muharrem Ince est capable à la fois de "consolider la base du parti mais aussi de rallier plus d'électeurs non-partisans, indépendants ou indécis".

- "Remède" -

Mme Aksener, 61 ans, se définit comme une nationaliste "avec un côté conservateur" et religieux, mais rejette les comparaisons avec Marine Le Pen, présidente du Front national, parti d'extrême droite français.

Elle peine notamment à exposer un projet clair envers les plus de 3,5 millions de réfugiés syriens dont la présence en Turquie suscite des tensions croissantes.

Elle a ainsi été attaquée pour avoir déclaré qu'elle partagerait un iftar --repas de rupture du jeûne du ramadan-- avec les Syriens dans leur pays l'année prochaine.

Elle s'est ensuite expliquée, affirmant n'avoir jamais fait de déclaration visant à "jeter (les réfugiés) dehors".

Mme Aksener a par ailleurs fait une série de promesses visant à défaire les mesures controversées imposées sous M. Erdogan, comme la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch manqué de juillet 2016 et l'abandon du système présidentiel qui doit entrer en vigueur après les élections.

"Elle se présente comme le remède aux maux de la Turquie d'aujourd'hui et concentre sa campagne sur la bonne
gouvernance, la justice et la responsabilité", explique à l'AFP Anthony Skinner, du cabinet international Verisk Maplecroft.

Selon M. Celep, Mme Aksener a des qualités qui en font une "combinaison unique", urbaine, laïque, éduquée avec des racines fermement ancrées à la droite du spectre politique turc.

- Vote kurde -

Son plus grand défi sera de convaincre les Kurdes, qui ont encore à l'esprit son passage au gouvernement en 1996-1997 pendant les années les plus meurtrières pour la rébellion kurde dans le sud-est du pays.

Dans une tentative de rallier leur vote, Mme Aksener a déclaré que le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, emprisonné depuis novembre 2016, devrait être libéré pour faire campagne.

"Comment la Turquie peut-elle justifier une telle concurrence injuste?", a-t-elle demandé.

"Je veux dire aujourd'hui qu'à commencer par moi-même, aucun Kurde ne votera pour Mme Aksener", a néanmoins répliqué la co-présidente du HDP, Pervin Buldan, citée par le site d'information Gazete Duvar.

Pour le PDG de l'institut de sondages Metropoll, Özer Sencar, Mme Aksener doit faire face à une "perception négative" parmi les Kurdes et certains électeurs de gauche.

Son potentiel électoral pourrait être "affecté par son passé de ministre et le fait que c'est une nationaliste turque", estime-t-il.
(AFP, 1 juin 2018)

Fundamentalist Islamist Party Hüda Par to Support Erdoğan

The fundamental Islamist Free Cause Party (Hüda Par), which is active in Turkey’s southeastern region, has decided to support President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan in presidential election.

Hüda Par, which will enter 27th Term Parliamentary General Election with its party logo, Hüda Par made an announcement on its official website.

Stressing that they gave support to the AKP in April 16, 2016 referendum, the party said that they will follow the same line.

Its chair resigned

Party’s Chair Zekeriya Yapıcıoğlu resigned from his post on May 21, 2018 to become his party’s independent candidate from Diyarbakır.
(BIA, 28 May 2018)

Forces armées/Armed Forces

La Turquie va poursuivre ses bombardements dans le nord de l'Irak


Le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que l'aviation turque poursuivrait ses bombardements contre les bases arrières du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak jusqu'à mettre fin à la "menace".

A moins de deux semaines d'élections anticipées cruciales le 24 juin, M. Erdogan a affirmé que 14 cibles avaient été détruites au cours du weekend par l'aviation d'Ankara dans les monts Kandil, confirmant un bilan avancé la veille par l'état-major.

"Souvenez-vous, j'ai parlé de Kandil, j'ai parlé de Sinjar", a-t-il déclaré lors d'un discours de campagne à Nigde (centre). "Nous y avons démarré une opération".

Une source présidentielle a peu après précisé que l'opération en question ne concernait que Kandil.

"Vingt de nos avions ont détruit 14 cibles importantes, des caches d'armes, ce genre de choses. Ils ont frappé, puis sont revenus. Ce n'est pas terminé, cela va continuer", a ajouté le chef de l'Etat turc.

"Nous faisons en sorte que Kandil ne soit plus une menace ou un foyer du terrorisme pour notre pays et notre peuple", a-t-il ajouté.

Le PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, mène depuis 1984 une sanglante rébellion sur le sol turc, mais ses dirigeants se trouvent dans le nord de l'Irak, près de la frontière.

L'armée turque semble avoir multiplié au cours des dernières semaines les incursions terrestres dans cette zone, déjà régulièrement la cible de frappes aériennes.

En pleine campagne pour les élections législatives et présidentielle du 24 juin, le président turc a annoncé la semaine dernière sa volonté d'y lancer une offensive militaire, sur le modèle des deux campagnes menées depuis 2016 contre le groupe Etat islamique (EI) et des rebelles kurdes dans le nord de la Syrie.

Le conflit entre Ankara et la rébellion kurde a repris de plus belle en 2015 après la rupture d'une fragile trêve qui a mis fin aux espoirs d'une résolution à court terme de cette crise, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
(AFP, 11 juin 2018)

Erdogan: Une opération dans le nord de l'Irak possible "à tout moment"

La Turquie peut lancer une opération contre les bases arrières de la rébellion kurde du Partis des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak "à tout moment", a déclaré jeudi le président Recep Tayyip Erdogan.

"S'il y a la moindre menace envers la Turquie qui vient d'Irak, et parfois cela arrive, nous en parlerons à Bagdad. Si Bagdad dit +je ne peux pas résoudre cela+, nous ne demanderons d'autorisation à personne, nous frapperons Sinjar, et nous frapperons Kandil, et même Makhmur", a déclaré le président turc lors d'une interview télévisée diffusée tard jeudi.

"Nous pouvons venir à tout moment", a-t-il ajouté.

Si le président turc évoque régulièrement Kandil et Sinjar, c'est la première fois qu'il évoque Makhmur, une localité située au sud de Mossoul et qui "alimente", selon lui, les bases arrières de Kandil.

Le PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, mène depuis 1984 une sanglante rébellion sur le sol turc, mais son état-major se trouve dans le nord de l'Irak, près de la frontière.

L'armée turque semble avoir multiplié au cours des dernières semaines les incursions dans cette zone qui est régulièrement bombardée par ses avions.

La semaine dernière, elle a annoncé la mort de quatre de ses soldats dans des affrontements avec le PKK dans le nord de l'Irak.

Ankara évoque régulièrement la possibilité d'y lancer une offensive transfrontalière, sur le modèle de deux opérations militaires menées contre le groupe Etat islamique (EI) et des rebelles kurdes dans le nord de la Syrie depuis 2016.

Mais le ton semble monter à l'approche des élections présidentielle et législatives du 24 juin, tandis que la dernière offensive menée contre une offensive kurde syrienne a joui d'une forte popularité.

Le ministre de l'Intérieur a ainsi déclaré lundi qu'une opération n'était plus qu'une "question de timing".
(AFP, 8 juin 2018)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Quand élections turques riment avec religion


(La Libre Belgique, Sarah Freres, 23 juin 2018)

Du 15 au 19 juin, les Turcs de Belgique ont voté pour les élections législatives et présidentielles qui se tiennent ce dimanche 24 juin. La Turquie faisant partie des pays qui tentent de limiter la contestation politique dans leur communauté immigrée, ces élections anticipées sont suivies de près par les autorités belges. Un suivi qui passe, entre autres, par le contrôle des mosquées.

C’est en tout cas ce qu’avance Guy Rapaille, ancien patron du comité R, dans une récente interview accordée au "Soir" et à "Knack". "Il y a des contacts entre des imams et des agents des services de renseignements turcs. Idem avec des organes culturels. Il ne s’agit pas à 100 % d’espions, mais plutôt d’agents d’influence. Ils propagent le message : ‘le président Erdogan est le nouveau sultan, et il doit absolument en rester ainsi.’ De la propagande, donc."

Concernant les lieux de culte turcs, deux organisations sont à la manoeuvre en Belgique : la Diyanet et la Fédération islamique. Depuis les réformes d’Atatürk dans les années 20, la Turquie est un Etat laïque. Or, la séparation entre l’Eglise et l’Etat n’est pas aussi nette que dans certains pays européens.

La Diyanet

D’Ankara à Istanbul, en passant par Bruxelles, Paris ou Berlin, la religion est placée sous le contrôle de l’Etat turc. Avec un instrument : la Diyanet. Dotée d’un budget de 1,6 milliard d’euros et forte de 140 000 fonctionnaires, cette toute-puissante direction des affaires religieuses oeuvre pour la diffusion d’un islam turc, forme et rémunère les imams, les envoie en Belgique pour une période de quatre ans, supervise leurs activités au quotidien, leur donne des instructions sur leur sermon lors de la prière du vendredi.

"Le discours véhiculé est à la fois religieux et étatique. C’est surtout via une "Le discours véhiculé est à la fois religieux et étatique. C’est surtout via une propagande de type nationaliste qu’un certain nombre d’idées passent. Par exemple : la nécessité de la préservation du territoire ou la lutte contre les organisations terroristes", décode Mazyar Khoojinian, spécialiste de la communauté turque de Belgique, docteur en histoire à l’ULB. "C’est une école religieuse très orthodoxe, directive, qui donne peu de place à l’autonomie et l’indépendance des fidèles et qui souligne surtout le respect de la tradition, des hiérarchies et de l’ordre établi."

La Fédération islamique de Belgique

La seconde instance est la Fédération islamique de Belgique, dont est issu le nouveau président de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), Mehmet Ustun. Elle partage la même vision rigoriste de l’islam que l’AKP, le parti islamo-conservateur d’Erdogan.

Son élection alimentant tous les soupçons, l’homme a été obligé à peine élu d’assurer que son élection n’avait rien à voir avec les institutions turques.

"La Fédération veut davantage s’insérer dans la société belge pour ne pas être trop dépendante de l’Etat turc. Elle pousse ses imams à parler la langue de la région où ils sont installés, là où les imams de la Diyanet sont essentiellement turcophones et connaissent peu la société belge", avance encore l’universitaire.

Un budget qui dépasse celui du ministère de l’Education

Des deux organisations, la Diyanet est de loin la plus puissante en Belgique. Selon un décompte de l’Exécutif des musulmans en juillet dernier, elle regroupe 73 des quelque 300 mosquées réparties dans le pays. Cela fait d’elle la plus large fédération de mosquées, toutes communautés musulmanes confondues. Et depuis quelques années, elle s’est étroitement rapprochée du parti d’Erdogan. Alors, fait-on du prosélytisme dans les mosquées turques en cette période Alors, fait-on du prosélytisme dans les mosquées turques en cette période électorale ? "Indirectement, oui. La Diyanet préexiste à l’AKP en Turquie. Mais quand ce parti arrive au pouvoir, en 2002, il en fait l’une des principales institutions de contact avec la population. En 16 ans, ils ont eu le temps de nommer des imams proches du pouvoir. Aujourd’hui, les budgets de la Diyanet sont plus élevés que ceux du ministère de l’Education nationale. Petit à petit, la Diyanet a donc pris une coloration AKP", observe Mazyar Khoojinian.

Des soupçons de financements électoraux déguisés

La révélation par la presse de l’espionnage à grande échelle par la Diyanet des opposants politiques a poussé la tutelle turque à la discrétion. "L’AKP n’utilise plus trop la Diyanet et, comme d’autres partis, a recours à d’autres voies", pointe le spécialiste. Des voies plus classiques, comme le porte-àporte ou les rassemblements organisés par l’Union européenne des démocrates turcs (UETD).

La discrétion ne fait néanmoins pas tout. L’absence de contrôle sur les budgets des mosquées non reconnues en Belgique alimente des soupçons sur de possibles financements électoraux déguisés derrière certaines activités. "On sait que l’AKP met des bus à disposition pour permettre aux Turcs d’aller voter à Anvers ou à Bruxelles. Mais on ne sait pas réellement qui paie ses bus… Et comme les points de rendez-vous sont aux abords des mosquées, cela pose question. Certains ont avancé que c’était payé par la Diyanet. Si c’est le cas, la question est de savoir si cela est payé par les cotisations des fidèles ou directement par la Turquie", ajoute l’universitaire.

La Diyanet bénéficiant d’un statut d’association internationale, elle dispose d’une immunité diplomatique, notamment sur les aspects financiers. Une pratique à laquelle la Belgique voudrait mettre un terme. Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V, qui a la tutelle sur les cultes), veut renforcer le contrôle du financement du culte musulman par les pays étrangers. Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Theo Francken (NVA), n’octroie plus de visas aux imams turcs qui souhaitent prêcher dans des mosquées non reconnues. En Flandre, l’été dernier, la ministre flamande des Affaires intérieures Liesbeth Homans (N-VA) avait retiré la reconnaissance d’une mosquée de Beringen, reprochant à l’imam de cette mosquée Diyanet de confondre prêches religieux et meeting électoral en faveur de l’AKP.

D’après Mazyar Khoojinian, mieux contrôler les mosquées turques ne revient pas seulement à mieux contrôler la propagande politique. Des sermons provocants peuvent avoir un impact sur la société. "On doit être extrêmement prudent quant au type de discours diffusé. Prenons par exemple la confrérie Gülen. En Belgique, elle n’est pas considérée comme une organisation terroriste, au contraire de la Turquie. Or, ici, les associations proches de cette confrérie ont pignon sur rue, sont composées de gens qui ont la nationalité belge et doivent donc être protégées. Tout discours incendiaire dans une mosquée peut donc porter atteinte à l’ordre public et la sécurité en Belgique. Et ça, ça ne concerne pas que l’AKP. C’est beaucoup plus large."

Erdogan: Une "guerre entre les Croisés et le Croissant"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué samedi la décision du chancelier autrichien de fermer des mosquées dans le cadre d'une offensive contre l'"islam politique", mettant en garde contre une "guerre entre les Croisés et le Croissant".

"Ces mesures prises par le Premier ministre autrichien sont, je le crains, en train de mener le monde vers une guerre entre les Croisés et le Croissant", a déclaré M. Erdogan dans un discours à Istanbul dans la soirée.

Le croissant de lune est l'un des symboles qui sont régulièrement associés à l'islam.

Les déclarations de M. Erdogan surviennent au lendemain de l'annonce faite par le gouvernement conservateur du chancelier Sebastian Kurz de mesures visant, selon lui, à lutter contre l'"islam politique".

Parmi ces mesures, figurent la fermeture prochaine de sept mosquées et la possible expulsion de dizaines d'imams financés par la Turquie.

"Ils disent qu'ils vont bouter hors d'Autriche nos hommes de religion. Croyez-vous que nous ne réagirons pas si vous faites une telle chose ? Cela signifie que nous allons devoir faire quelque chose", a déclaré M. Erdogan, sans autres précisions.

Vendredi, le porte-parole du président turc avait déjà dénoncé l'annonce faite par l'Autriche comme une mesure résultant, selon lui, de "la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire" dans ce pays.

Environ 360.000 personnes d'origine turque vivent en Autriche, dont 117.000 ont la nationalité turque.
 Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement tendues depuis la tentative de putsch contre M. Erdogan en juillet 2016 qui a été suivie d'une répression de grande ampleur.

Les propos du président turc surviennent par ailleurs avant les élections anticipées cruciales du 24 juin.

Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables turcs d'organiser des meetings en Autriche en vue de ce double scrutin présidentiel et législatif.
(AFP, 9 juin 2018)

Offensive autrichienne contre l'"islam politique"

Le gouvernement conservateur autrichien a lancé vendredi une offensive contre "l'islam politique" qui pourrait conduire à l'expulsion de dizaines d'imams financés par la Turquie et à la fermeture durable de sept mosquées accusées notamment de tendances extrémistes.

"Des sociétés parallèles, l'islam politique et la radicalisation n'ont pas leur place dans notre pays", a argumenté lors d'une conférence de presse le chancelier autrichien Sebastian Kurz, également chef du parti conservateur (ÖVP) qui gouverne depuis décembre 2017 avec la formation d'extrême droite FPÖ.

Le gouvernement a annoncé avoir ordonné la fermeture de sept lieux de culte musulmans qui contreviennent selon lui à la loi sur l'islam de 2015, laquelle impose "une attitude positive envers l'Etat et la société" de la part des responsables de mosquées.

Des démarches ont par ailleurs été engagées pour reconsidérer les autorisations de séjour des imams rattachés à l'Union islamique turque d'Autriche (Atib), la plus puissante association religieuse turque dans le pays, liée à la Direction des Affaires religieuses en Turquie (Diyanet). La loi autrichienne sur l'islam interdit le financement des imams par des fonds étrangers.

- "Discriminatoire" -

"Le cercle de personnes qui pourraient être affectées par ces mesures comprend environ 60 imams", a précisé le ministre de l'Intérieur (FPÖ) Herbert Kickl. Avec leurs familles, quelque 150 personnes au total pourraient perdre leur droit de résidence, a-t-il indiqué.

Ankara a rapidement et vivement réagi, qualifiant ces annonces de "résultat de la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire dans ce pays", selon les propos sur twitter du porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan.

Mais les dirigeants de deux des principaux partis d'extrême droite en Europe, la Ligue italienne et le Rassemblement National français, ont applaudi ces annonces.

"L'Autriche prend les choses en main contre l'islam politique", s'est félicité Marine Le Pen dans un tweet. Le tout nouveau ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue, a salué l'initiative autrichienne contre "l'extrémisme religieux", souhaitant rencontrer rapidement l'exécutif viennois.

Dans les faits, seuls deux imams affiliés à l'Atib, sur les 60 personnes potentiellement concernées, se sont d'ores et déjà vu opposer un avis négatif de séjour et risquent l'expulsion. Les autres cas seront examinés au fur et à mesure et l'ensemble de la procédure prendra du temps, a précisé le gouvernement, ajoutant que les décisions pouvaient également faire l'objet de recours.

Environ 360.000 personnes d'origine turque vivent en Autriche, dont 117.000 ont la nationalité turque. Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement tendues depuis la répression qui a suivi la tentative de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.

Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables turcs de tenir des meetings dans le pays en vue des élections du 24 juin.

 - "C'est ridicule" -

Début avril, la publication de photos d'une reconstitution, dans une mosquée de Vienne affiliée à l'Atib, d'une bataille emblématique de l'histoire ottomane jouée par des enfants habillés en soldats, avait suscité l'émoi dans l'ensemble de la classe politique autrichienne. Certains enfants étaient allongés pour figurer les victimes, leur corps enroulé dans un drapeau turc.

M. Kurz avait alors promis "une tolérance zéro" et prévenu d'un renforcement des contrôles des lieux de culte musulman. Vendredi, l'opposition sociale-démocrate a salué "les première mesures intelligentes du gouvernement", tandis que les Verts se sont inquiétés que ces annonces renforcent le parti du président Erdogan.

Parmi les sept mosquées - dont quatre à Vienne - à l'encontre desquelles une fermeture a été ordonnée, six sont chapeautées par une association, sans affiliation nationale et non liée à la Turquie, baptisée "association cultuelle arabe". Certains de ses représentants sont accusés de prêcher un islam radical.

Une septième mosquée est considérée sous influence de l'organisation ultranationaliste turque des "Loups gris".

Devant le local de cette dernière affublé d'un panneau "fermé", un fidèle exprimait vendredi sa surprise : "je fréquente cet établissement depuis que je suis enfant (...), je n'y ai jamais entendu de propos salafiste, c'est ridicule", estimait Kürsant, 26 ans.

Les débats sur l'immigration et l'intégration ont été au centre de la campagne législative autrichienne à l'automne, alors que ce pays de 8,7 millions d'habitants a enregistré plus de 150.000 demandes d'asile, représentant près de 2% de sa population, à la suite de l'afflux de réfugiés de 2015-2016.

La coalition victorieuse a par ailleurs lancé un projet de loi durcissant les dispositions sur l'asile et réduisant les aides sociales pour les réfugiés.
(AFP, 8 juin 2018)

Une mosquée à la démesure d'Erdogan

Recep Tayyip Erdogan, qui briguera un nouveau mandat aux élections du 24 juin, a fait construire une immense mosquée sur la plus haute colline d’Istanbul. L’édifice, nouveau symbole de la ville selon le président, suscite enthousiasme et critiques acerbes.

N ous y sommes presque, Inch’Allah ! Il n’y a plus qu’à démonter les échafaudages et à étendre les tapis pour 63.000 fidèles. » Sous ses faux airs de chef de chantier, Ergin Külünk sourit d’impatience. Il égrène les statistiques et les superlatifs, ravi de son petit effet, quand deux chiffres suffiraient à donner la mesure du lieu : la hauteur des échafaudages (environ 70 mètres) et la surface des tapis (15.000 mètres carrés). Nous sommes en plein mois de ramadan et sur la colline de Çamlica, au sommet d’Istanbul, l’une des plus grandes mosquées du monde attend sa première prière.

Ergin Külünk préside l’association chargée, depuis cinq ans, de superviser les travaux. C’est lui qui guide les visiteurs et les abreuve de détails sur les dalles chauffantes de la cour – « ainsi, les fidèles ne glisseront pas les jours de neige » –, les inscriptions du dôme de 34 mètres de diamètre – « rédigées grâce aux nanotechnologies » –, ou encore l’ascenseur qu’empruntera l’imam pour grimper le minbar et y délivrer ses sermons à 21 mètres du sol. « Plus qu’une mosquée, nous bâtissons un complexe avec un musée, une galerie d’art, une bibliothèque, des ateliers, une salle de conférence et un parking fermé de 3.500 places », énumère le sexagénaire au milieu des marteaux-piqueurs et des fers à souder.

Comme un sultan

De même qu’autrefois le sultan faisait ériger une mosquée appelée à graver son règne dans la postérité, l’édifice en travaux sur la colline de Çamlica est une commande spéciale de Recep Tayyip Erdogan. L’actuel président était encore Premier ministre lorsque, le 29 mai 2012, dans un discours célébrant la conquête de Constantinople par les troupes ottomanes, il a promis la construction d’une « mosquée géante », un lieu de culte si grand qu’il serait « visible depuis toute la ville d’Istanbul ». Moins d’un an plus tard, camions et bulldozers prenaient d’assaut la colline de pins.

Ergin Külünk est un ami de jeunesse de Recep Tayyip Erdogan. Dans son bureau sous la mosquée, bien en vue sur une étagère, trône le casque du président lorsqu’il rend visite au chantier et une assiette à son effigie, décorée de ces mots : « On ne se prosterne que devant Allah. » « Cette mosquée entrera dans l’Histoire comme un symbole d’Istanbul et du pouvoir de notre président », se félicite son « vieil ami ».

Recep Tayyip Erdogan, dont le domicile stambouliote, sur la rive asiatique, voisine la future mosquée, suit de très près sa construction. « Nous l’informons chaque mois de l’avancée des travaux, et lui-même partage ses idées et ses demandes, que nous mettons en œuvre », raconte Ergin Külünk.

Cet ingénieur en bâtiment tient à préciser que l’édifice n’a rien coûté aux contribuables. « Nous avons fait une campagne de dons, dit-il. Des particuliers et des entreprises ont répondu à l’appel et, Dieu merci, nous n’avons eu aucun problème de financement. » Le budget du complexe, dont la construction n’est pas terminée, avoisinerait les 110 millions de dollars. Il sera inauguré « d’ici quelques mois au plus tard, assure Ergin Külünk. Mille ouvriers travaillent d’arrache-pied. Inch’Allah, nous ouvrirons bientôt les portes de la mosquée en présence de notre président ».

Chez les partisans de Recep Tayyip Erdogan, qui briguera le 24 juin un nouveau mandat pour lui-même et son parti lors d’élections présidentielle et législatives anticipées, la mosquée suscite l’enthousiasme. Mais elle s’attire aussi des critiques à la mesure de son gigantisme. Hatice, une enseignante à la retraite, s’agite au pied de la colline. « Avant c’était un parc ! Une forêt ! En un claquement de doigts, ils ont détruit notre forêt ! », s’émeut-elle.

Show politique

Tayfun Kahraman, président de la Chambre des urbanistes d’Istanbul, confirme le déclassement express de la colline de Çamlica – autrefois site naturel protégé – dès lors que l’actuel président s’est mis en tête d’y ériger une mosquée géante. La Chambre des urbanistes a essayé, en vain, de faire annuler le projet. « Nous avions deux arguments , explique Tayfun Kahraman. Le premier est que le site n’aurait jamais dû être constructible. Le second est qu’au vu du faible nombre d’habitants autour de la mosquée, il est clair qu’un tel édifice ne répond à aucun besoin. Il ne s’agit de rien d’autre que d’un show politique » , accuse cet opposant, qui rappelle qu’Istanbul compte plus de 3.300 mosquées pour 15 millions d’habitants.

Contemplant le Bosphore depuis son bureau flambant neuf, Ergin Külünk soutient évidemment le contraire : « La rive asiatique d’Istanbul avait besoin d’une grande mosquée. Elle complétera la silhouette de la ville en répondant à sa rive européenne, célèbre pour ses mosquées emblématiques comme celle de Sultanahmet » , plus connue des touristes sous le surnom de « Mosquée bleue ».

Les touristes, c’est notamment à eux que pense Riza, un épicier, à l’ombre d’un minaret de 107 mètres de haut. « Un tel édifice devrait nous amener des visiteurs » , songe-t-il à voix haute. Mais ce musulman pratiquant semble un peu mal à l’aise. « D’un côté, il est difficile de s’opposer à la construction d’une mosquée où tant de fidèles pourront prier ensemble , concède-t-il. Mais d’un autre côté, Istanbul avait-elle besoin d’un tel monument ? Nous avons déjà plusieurs grandes mosquées historiques où nos sultans-bâtisseurs ont été enterrés et qui sont donc très importantes pour nous. J’avoue avoir du mal à comprendre le besoin d’un tel édifice. J’y vois surtout une démonstration de force », poursuit le commerçant.

Au pouvoir depuis plus de 15 ans, Recep Tayyip Erdogan est soucieux de laisser une trace dans sa ville natale, la ville dont il a été maire dans les années 1990 et qui l’a propulsé au sommet de l’Etat. A Istanbul, le président a déjà fait bâtir plusieurs infrastructures géantes (ses « projets fous ») devenues symboles de son règne : un pont sur le Bosphore, un tunnel sous le détroit ou encore un aéroport – l’un des plus grands du monde – dont l’entrée en service est prévue à l’automne. Il promet également de creuser un « deuxième Bosphore » (le projet Kanal Istanbul) d’une quarantaine de kilomètres dans l’ouest de la ville. Recep Tayyip Erdogan redessine Istanbul à sa mesure et à son image, celle d’un dirigeant pieux et qui le revendique. « En islam, faire construire une mosquée est considéré comme sevap , une bonne action qui sera récompensée par Dieu », observe Ergin Külünk, l’ami du président.

Quand elle regarde l’immense mosquée qui s’élève devant sa cuisine, Hatice, l’enseignante retraitée, voit surtout un péché d’orgueil. « Notre prophète Mohammed n’aurait jamais approuvé ce déballage de luxe , tranche-t-elle. La prière musulmane est privée, personnelle. Il n’y a pas de place pour l’ostentation ou la fanfaronnade. Tout ça pour l’ego d’un seul homme… », soupire-t-elle.

Un dernier détail, gardé secret, lui donnera peut-être raison : le nom de cette mosquée géante. Ergin Külünk admet que son appellation actuelle – « mosquée de la colline de Çamlica » – n’est que provisoire. Il se murmure sur la colline que Recep Tayyip Erdogan pourrait donner son nom à son œuvre religieux. « Je ne pense pas qu’il acceptera mais il faut faire pression » , a lancé le président du Parlement, Ismail Kahraman, l’un des promoteurs de l’idée. Sous la coupole bleu et or, Ergin Külünk esquisse un nouveau sourire. « Je ne peux rien vous dire… Vous aurez la réponse le jour de l’inauguration. » (Le Soir, 4 juin 2018)

Au large d'Istanbul, le plus grand édifice en bois d'Europe se meurt

Erol Baytas observe le mastodonte de bois qui se dresse devant lui en secouant la tête. "Je ne sais pas s'il passera un autre hiver", dit-il en désignant les tuiles, les planches et autres bouts de tuyaux qui gisent à ses pieds.

Erigé à la fin du 19e siècle sur une île au large d'Istanbul, l'ancien orphelinat grec-orthodoxe Prinkipo menace aujourd'hui de s'effondrer, exténué après un demi-siècle d'abandon.

Pour tenter de sauver ce trésor architectural, la fédération européenne du patrimoine culturel Europa Nostra a inscrit l'édifice, qu'elle présente comme la plus grande construction en bois d'Europe, sur sa liste des sept sites les plus menacés en 2018.

"C'est un miracle qu'il tienne encore debout", dit M. Baytas, qui connaît mieux que personne ce bâtiment dont il est le gardien depuis plus de trois décennies. "Je l'ai vu se dégrader jour après jour".

Conçu à l'origine comme un hôtel-casino de luxe, ce monument de bois sur six étages a été commandé par la Compagnie internationale des wagons-lits à l'architecte franco-ottoman Alexandre Vallaury, le concepteur du célèbre hôtel Pera Palace à Istanbul.

Trônant au sommet d'une colline de Büyükada, la plus grande des Iles des Princes situées en mer de Marmara, à moins d'une heure et demie de bateau du centre d'Istanbul, l'établissement devait accueillir la fine fleur de la Belle Epoque arrivant à Istanbul par L'Orient-Express.

Mais en 1898, lorsque le bâtiment est achevé, le sultan Abdulhamid II refuse de délivrer une autorisation d'exploitation: les activités de l'hôtel-casino iraient à l'encontre de la morale religieuse.

Racheté par l'épouse d'un riche banquier de la minorité grecque d'Istanbul, le bâtiment est donné au patriarcat oecuménique de Constantinople qui, en 1903, en fait un orphelinat. Il accueillera près de 5.800 orphelins de la communauté grecque-orthodoxe de Turquie, avant de fermer ses portes en 1964.

- Corbeaux -

Yani Kalamaris y a vécu et travaillé de 1955 à 1961 comme éducateur. Enfoncé dans un fauteuil en cuir dans le salon d'un grand hôtel d'Istanbul, cet homme élégant âgé de 83 ans fouille sa mémoire.

"C'était sans conteste le plus bel endroit d'Istanbul", dit-il, les yeux scintillants derrière une paire de fines lunettes.

D'une sacoche, il sort un album à la couverture usée. Sur les photos sépia d'époque, M. Kalamaris fait défiler l'histoire de sa "maison", comme il l'appelle.

"Là, c'était après une cérémonie de fin d'année", dit-il en montrant une photo où on le voit au milieu d'un groupe d'enfants sur une grande terrasse ouvrant sur un jardin.

Elle offrait une vue imprenable plein sud sur la mer. Il n'en reste aujourd'hui que quelques poutres tordues.

Au-dessus, les fenêtres ont été condamnées. Deux corbeaux coassent, perchés dans l'un des nombreux trous dont la façade marron terne est vérolée. La bâtisse a pris de sinistres airs de manoir hanté depuis la fermeture de l'orphelinat, en 1964.

Cette année-là, alors qu'Ankara et Athènes s'écharpent au sujet de Chypre, l'orphelinat est contraint par les autorités turques de cesser son activité, officiellement pour "insalubrité".

Laissé à l'abandon, le bâtiment subit depuis un demi-siècle les assauts du climat.
 "Une fois, un vieux monsieur qui était orphelin ici et qui habite aujourd'hui en Grèce est venu et on est entrés à l'intérieur ensemble", raconte M. Baytas. "Il était effondré et murmurait sans cesse +Qu'est devenue ma maison?+ Je l'ai pris dans mes bras et on a pleuré comme des gamins".

- "Transmettre" -

La situation s'est aggravée ces dernières années en raison notamment d'une bataille judiciaire qui a opposé de 1997 à 2010 l'Etat turc et le patriarcat concernant le titre de propriété et a paralysé toute initiative.

Mais aujourd'hui, la minorité grecque orthodoxe d'Istanbul, qui ne compte plus que quelque 3.000 membres, est déterminée à sauver ce qui peut encore l'être.

Fin avril, le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, a demandé l'aide du gouvernement turc lors d'une rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan.

Mais Ankara fera-t-il des efforts, alors que ses relations avec Athènes connaissent un regain de tensions et que la question de la réouverture du séminaire orthodoxe grec de Halki, situé sur l'île voisine de Heybeli, n'a toujours pas été réglée?

"Cet édifice appartient à toute la Turquie, aux habitants d'Istanbul, à la culture locale", plaide Apostolos Poridis, architecte en chef du patriarcat.

"Son architecture est une question de mémoire. Il faut protéger ce bâtiment pour le transmettre", dit-il à l'AFP.

- "Pas trop tard" -

Certaines des 220 pièces que compte le Prinkipo conservent des vestiges de sa splendeur passée, comme la salle de bal, avec ses loges et ses balcons, son parquet lustré et ses colonnes ouvragées toujours intactes.

"On a perdu beaucoup de temps. Mais il n'est pas trop tard", assure Piet Jaspaert, vice-président d'Europa Nostra.

Selon l'ONG, une délégation d'experts se rendra sur place pendant l'été pour examiner l'édifice et déterminer l'ampleur et le coût des travaux à réaliser. La presse turque évoque une somme d'environ 50 millions de dollars.

"L'ossature principale est solide, mais le gros problème vient du toit", résume M. Poridis, l'architecte. Des mesures d'urgence, comme l'installation d'une toiture externe avant l'hiver sont envisagées, en attendant que les travaux démarrent.

"J'espère que ça ira vite", dit M. Kalamaris en rangeant son album dans sa sacoche. "J'aimerais bien revoir le bâtiment dans sa splendeur d'antan, une dernière fois".
(AFP, 28 mai 2018)

Socio-économique / Socio-economic

Erdogan, l'incarnation d'une vision archaïque de la femme

A Istanbul, le 17 juin, des partisanes de Recep Tayyip Erdogan (en bas, à g., avec son épouse, Emine) lors d'un meeting de l'AKP. Pour sauver son trône, le président sortant a rameuté ses supportrices. © arnaud andrieu pour le vif/l'express

La scène date un peu - juin 2013 -, mais fait toujours les délices des féministes turques. Micro en main, le président Recep Tayyip Erdogan, veste à carreaux et phrasé martial, harangue debout une foule de fidèles. Soudain, son épouse, assise à son côté, se lève et lui glisse un mot à l'oreille. Il l'ignore. Elle insiste. Excédé, le reis, réélu dimanche avec 52,5 % des voix, rabroue d'un geste impérieux la première dame. Laquelle, ainsi tancée, se tasse humblement sur son siège, un pâle sourire aux lèvres.

Dire que, trente-six ans plus tôt, c'est à la faveur d'un meeting du MSP, l'ancêtre du Parti de la justice et du développement (AKP), la formation islamo-conservatrice au pouvoir, que " Tayyip ", costume crème, voix de velours, avait envoûté la jeune Emine, militante issue d'une famille pieuse et modeste de Fatih, quartier populaire d'Istanbul. Un vieux sage apparu en songe, confiera-t-elle à ses amies, lui avait prédit l'idylle. En ce temps-là, le futur sultan déclamait des poèmes à la tribune...

Adieu rimes et stances. Désormais, Erdogan l'imprécateur gronde et houspille à tout-va, quitte à sermonner ses ouailles, suspectées de tiédeur. Car le vent, hier si propice, a quelque peu tourné. Un suspense inédit aura ainsi flotté sur les élections anticipées, présidentielle et législatives, du 24 juin. Pour sauver son trône et garder le contrôle de la " Grande Assemblée nationale ", le sortant devait impérativement rameuter ses troupes ; à commencer par la cohorte des " chères soeurs ", concitoyennes tantôt courtisées, tantôt rudoyées.

" Le dernier carré des amoureuses, grince l'avocate Hülya Gülbahar, figure du féminisme turc. Celles qui se rangent encore envers et contre tout sous l'aile du protecteur charismatique. " Lequel mise bien sûr sur le maillage que tissent, rue par rue et de village en village, les sections féminines de l'AKP. Mais aussi sur le rayonnement, au demeurant aléatoire, de " ses " femmes. En l'occurrence, sa compagne, à l'élégance islamo-compatible, et leurs deux filles.

Esra et Sümeyye, les deux filles d'Erdogan, assument leur devoir clanique.
Esra et Sümeyye, les deux filles d'Erdogan, assument leur devoir clanique. © arnaud andrieu pour le vif/l'express

A en croire Meryem Atlas, rédactrice en chef de l'édition anglaise du journal erdoganiste Sabah, " Emine Hanim " (Mme Emine) n'aurait rien de la muette du sérail. " Maternelle, compatissante, à l'écoute, avance-t-elle. Mais ni docile ni soumise. " De fait, on l'a vue accourir, coiffée du türban, le foulard à la turque, auprès de la veuve éplorée, de la mère du soldat fauché au front, des rescapés d'une tragédie minière ; ou, à l'heure de l'iftar, la rupture du jeûne du ramadan, couvrir de cadeaux des gamins déshérités.

A l'étranger, les usages de la diplomatie matrimoniale auront conduit la First Lady d'Ankara dans un orphelinat de Kuala Lumpur (Malaisie), ou du côté du Bangladesh, au coeur d'un camp de réfugiés rohingya, ces musulmans birmans persécutés. Pour le reste, Emine se borne à graviter dans l'ombre du grand homme. " A mes yeux, confie la journaliste Isin Eliçin, pilier du site d'information alternatif Medyascope, elle incarne un archaïsme, voire une forme de régression. Logique : l'exercice du pouvoir, pour son mari, est un one-man-show. Et doit le rester. "

Madame occupe donc, à la demande, les espaces que Monsieur ignore ou déserte. " Un partenariat conjugal ", s'amuse la gracile Merve Pehlivan, traductrice et animatrice d'une scène stambouliote cosmopolite et branchée. " Jamais elle n'émettra une opinion divergente, renchérit Hülya Gülbahar. Inconcevable : lui cultive une posture virile et patriarcale de mâle dominant, de chef de clan, et tient à demeurer le maître du jeu de rôles. " Emine endosse les siens sans rechigner. Dont celui, à Ankara, d'intendante des cuisines du pharaonique Palais blanc, siège de la présidence, aux 1 150 pièces. En avril 2015, au détour d'un édifiant reportage paru dans le quotidien Yeni Safak, elle vante ainsi les vertus du recyclage des pelures de pomme, des peaux de citron et des noyaux d'olive. Un an plus tard, lors d'une conférence à la gloire des mères des sultans ottomans, l'épouse du " boss " assimile le harem à " une école de vie " et à " un lieu d'éducation ".

Des mondanités de dame patronnesse

Son influence politique ? Minimale. En 2004, lasse de recueillir les amères confidences d'épouses de parlementaires AKP infidèles, elle aurait inspiré un projet de loi - promptement torpillé- tendant à criminaliser l'adultère. Ses racines arabes ont, par ailleurs, incité quelques exégètes à lui attribuer telle ou telle inflexion de la doctrine moyen-orientale de son époux. " Pures fadaises ", tranche un diplomate européen. Mieux vaut néanmoins ne pas ironiser sur ses mondanités de dame patronnesse. Pour avoir, en septembre 2010, décrit de sa plume grinçante un dîner de gala au profit des enfants palestiniens, la journaliste Mine Kirikkanat a été brutalement virée de sa rédaction. Quant au député du Parti républicain du peuple (CHP) qui avait osé apostropher l'oratrice dépêchée par son mari à l'ambassade du Japon le temps d'une cérémonie - " A quel titre parlez-vous ? Vous ne détenez aucune fonction protocolaire ! " -, il fut désavoué par sa direction.

Dans la famille Erdogan, les filles... Passons sur l'aînée, Esra, 37 ans, reléguée dans la coulisse depuis son fastueux mariage, en juillet 2004, avec le businessman Berat Albayrak, rejeton d'un penseur islamiste fameux. Promu depuis lors ministre de l'Energie et membre du comité exécutif de l'AKP, " Monsieur Gendre " doit à l'estime que lui témoigne beau-papa le sobriquet, un rien abusif, de " vice-président ".

Prénommée Sümeyye, la cadette mérite, quant à elle, mieux qu'une brève mention. Si la favorite du reis, qui la surnomme " ma gazelle ", a cueilli un diplôme de sciences politiques aux Etats-Unis et un master en sociologie à la London School of Economics, c'est que le port du voile était à l'époque banni des campus turcs. Forte de ce cursus, Sümeyye exercera quatre années durant la fonction de conseillère du père, alors Premier ministre.

Les épousailles de sa soeur avaient forgé l'alliance entre l'" Erdoganie " et l'aristocratie des affaires ? Son union, tout aussi princière, scellera la réconciliation entre l'islamisme d'Etat et la hiérarchie militaire : en mai 2016, la " gazelle " convole avec un ingénieur militaire, formé lui aussi outre-Atlantique, héritier de la fabrique familiale d'armements. Moins exposée qu'hier, elle sert dorénavant la cause en qualité de vice-présidente de la Kadem (Association Femmes et démocratie), une " ONG " très gouvernementale. " Sa présence inspire confiance, soutient son amie Meryem Atlas. Et elle est plus puissante là qu'à la tête d'un ministère. " Pas si simple.

"Le plus dur, c'est de changer les mentalités"

" Sümeyye n'est qu'un alibi, et la Kadem, une vitrine doublée d'un instrument au service d'Erdogan ", assène Hülya Gülbahar. A entendre ses animatrices, l'association milite pourtant en faveur de la " tolérance zéro " pour les maris cogneurs, revendique la paternité - pardon, la maternité - du maintien à 18 ans de l'âge au mariage des jeunes filles, et incite les " soeurs " à investir l'arène politique.

Mais voilà, le patriarcat a le cuir épais. " Le plus dur, admet Meryem, c'est de changer les mentalités. Celles du mari, du policier, de l'imam. Bien plus essentiel que d'adopter une Constitution et des lois parfaites. "

Parfaites, les lois ? Il aura fallu attendre 2005 pour abroger celle qui visait à absoudre le violeur pour peu qu'il " consente " à épouser sa victime. Texte infâme, qu'une phalange de députés AKP tentera vainement de rétablir en 2016. " Sans Erdogan, supporter n° 1 de la femme turque, insiste Meryem, cette faction-là dicterait ses dogmes. "

Cofondatrice de l'AKP en rupture de ban, Fatma Bostan, aujourd'hui engagée au sein du parti islamiste Saadet, se souvient des audaces " révolutionnaires " d'un " Tayyip " qui, alors maire d'Istanbul, rayait de sa liste des prétendants masculins en position éligible pour leur substituer des candidates. Pour autant, le reis ne s'est jamais affranchi de son impensé misogyne. Lui ne croit pas à l'égalité des genres, concept " contraire à la nature ".

De même, Erdogan juge " incomplète la femme qui n'a pas enfanté ", l'invitant à s'acquitter a minima trois fois de cette mission sacrée. L'avortement ? " Un meurtre ", assène le Lider maximo turc, qui a oeuvré à limiter l'accès à la pilule du lendemain comme à l'accouchement par césarienne. Toute crèche nouvelle, lance-t-il un jour, appelle la construction d'un hospice. En clair, la femme salariée délaissera fatalement ses parents âgés...

Aux yeux de Canan Kaftancioglu, médecin légiste et présidente du CHP pour Istanbul, rien ne reflète mieux le machisme du sultan que le calembour qu'il dégaine volontiers pour stigmatiser un adversaire : " Celui-là, on ne sait pas si c'est un adam (" homme ", en turc) ou un Madame. " " Le pire, soupire l'opposante, c'est qu'Emine elle-même rit à cette blague navrante. "
(Le Vif, 30 juin 2018)

Erdogan inaugure un nouveau gazoduc permettant d'alimenter l'Europe

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré mardi un gazoduc qui permettra à terme d'acheminer du gaz naturel de l'Azerbaïdjan vers l'Europe, en passant par l'Anatolie, et de réduire la dépendance du continent envers les hydrocarbures russes.

Le Gazoduc transanatolien (Tanap), dont la construction est estimée à 8,5 milliards de dollars, fait partie des grands projets d'infrastructures mis en avant par M. Erdogan dans le cadre de sa campagne pour les élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin.

Le chef de l'Etat turc a inauguré le Tanap lors d'une cérémonie à Eskisehir (centre) avec ses homologues azerbaïdjanais Ilham Aliev, serbe Aleksandar Vucic, ukrainien Petro Porochenko, ainsi que le dirigeant de la république turque autoproclamée de Chypre-Nord (RTCN), Mustafa Akinci.

"Le Tanap est le dernier fruit de notre vision commune", a déclaré M. Erdogan. "Il est aussi annonciateur des futurs projets que nous entreprendrons".

Les dirigeants ont ensuite assisté à la mise en place de la section finale du gazoduc avant de manipuler une roue permettant au gaz de circuler.

Long de 1.850 km, le Tanap est connecté au gazoduc du Caucase-sud (SCP) qui pompe du gaz dans le vaste gisement Shah Deniz, en mer Caspienne, puis achemine l'or bleu en Turquie via l'Azerbaïdjan et la Géorgie.

L'autre extrémité du Tanap sera connecté au gazoduc transadriatique (TAP) qui doit acheminer le gaz naturel en Italie via la Grèce et l'Albanie.

Ensemble, le SCP, le Tanap et le TAP forment le "Southern Gas Corridor", un méga-projet au coût estimé à environ 40 milliards de dollars qui s'inscrit dans la volonté de l'Europe de réduire sa dépendance au gaz russe dans un contexte de fortes tensions depuis plusieurs années.

Le gazoduc Tanap permettra, à terme, d'acheminer 10 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l'Europe et six milliards vers la Turquie. Les premières livraisons en Europe sont attendues en 2020.
(AFP, 12 juin 2018)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Berlin demande à Ankara d'expliquer la fermeture d'une école allemande

L'ambassade d'Allemagne à Ankara a demandé samedi à la Turquie d'expliquer pourquoi une école allemande d'Izmir (ouest) avait été fermée sans justification.

"Une branche de l'école de l'ambassade d'Allemagne a été fermée le 28 juin par les services régionaux du ministère turc de l'Eduction", a indiqué dans un communiqué la représentation allemande.

"Nous demandons au gouvernement turc de nous expliquer d'urgence pourquoi l'école a été fermée", a ajouté l'ambassade, estimant que ces établissements étaient un élément "essentiel" des relation culturelles et scolaires entre les deux pays.

Berlin et Ankara travaillent à normaliser leurs relations après les fortes tensions l'an dernier pendant le référendum en Turquie, et durant la répression du coup d'Etat manqué de juillet 2016.

Les Etats membres de l'Union européenne ont protesté contre les dizaines de milliers d'arrestation qui ont suivi le putch raté, dont celles de journalistes accusés de lien avec les putschistes ou de militants kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répliqué en comparant les Européens à des nazis pour refuser aux Turcs le droit d'organiser des meetings dans leurs pays avant le référendum d'avril 2017 qui a considérablement renforcé ses pouvoirs.

Après la réélection d'Erdogan dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel avait assorti ses félicitations d'un souhait d'être "le partenaire d'une Turquie stable et pluraliste, dans laquelle la participation démocratique et la préservation de l'Etat de droit sont renforcées "
(AFP, 30 juin 2018)

L'UE estime que la campagne électorale n'a pas été "équitable"

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué lundi les conditions de la campagne électorale en Turquie, estimant qu'elles n'avaient pas été "équitables".

Dans un communiqué conjoint, Mme Mogherini et le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn ont pris acte de l'évaluation de l'OSCE et du Conseil de l'Europe qui ont dénoncé dans un rapport préliminaire l'absence "d'opportunités égales pour les candidats".

"Comme la mission d'observation des élections par l'OSCE l'a évalué, les électeurs avaient un véritable choix mais les conditions de campagne n'étaient pas équitables", ont-ils déclaré.

"En outre, le cadre juridique restrictif et les pouvoirs conférés par l'état d'urgence en cours restreignent les libertés de réunion et d'expression, y compris dans les médias", ont ajouté Mme Mogherini et M. Hahn, qui s'engagent néanmoins à "travailler avec le président (Erdogan) et le Parlement (turc) pour répondre ensemble aux nombreux défis communs qui nous attendent".

Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu sa défaite tout en déplorant une campagne injuste.

Le rapport de l'OSCE et du Conseil de l'Europe met en avant les conditions de campagne inéquitables des différents partis, notamment sur le plan médiatique, le parti au pouvoir et le président sortant bénéficiant d'une couverture "plus favorable".

"Les organes médiatiques, dont l'audiovisuel public, n'ont pas offert aux électeurs des informations équilibrées sur les différents candidats", selon l'OSCE.

De son côté, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité le président Erdogan pour sa réélection, tout en rappelant les "valeurs fondamentales" de l'Alliance.

La Turquie occupe une place majeure au sein de l'Alliance atlantique de par sa situation stratégique sur son flanc Sud et sa proximité géographique avec la Russie, et joue un rôle clé dans le combat contre le groupe Etat islamique (EI) dans la zone irako-syrienne.

Mais des tensions sont apparues avec d'autres membres de l'Alliance, notamment à cause du rapprochement entre Moscou et M. Erdogan, qui a signé un contrat pour l'achat de missiles de défense aérienne russes.

Les relations sont aussi tendues avec les Etats-Unis qui soutiennent des forces kurdes -- considérées comme "terroristes" par la Turquie -- dans la guerre contre l'EI.

Par ailleurs, les purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes après une tentative manquée de putsch en juillet 2016 ont suscité l'inquiétude de l'Europe.

"L'Otan est fondée sur quelques valeurs fondamentales: la démocratie, l'Etat de droit, les libertés individuelles. Personnellement, j'attache beaucoup d'importance à ces valeurs et je souligne leur importance dans de nombreuses capitales de l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des dirigeants turcs", a ajouté M. Stoltenberg à Luxembourg.
(AFP, 25 juin 2018)

L'OSCE déplore l'absence "d'opportunités égales" pour les candidats

Une mission d'observateurs internationaux déployés pour les élections en Turquie, a dénoncé lundi l'absence "d'opportunités égales" pour les candidats, tout en estimant que ceux-ci avaient pu transmettre leur message au public.

"Même s'il n'y avait pas d'opportunités égales, la plupart des compétiteurs ont pu transmettre leurs messages au public", a affirmé la mission commune d'observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe, dans un rapport préliminaire lu lors d'une conférence de presse à Ankara.

Toutefois, "le jour des élections, les procédures ont été généralement suivies, même si des mesures légales importantes ont souvent été omises pendant le décompte" des voix a ajouté le chef de la mission de l'OSCE Ignacio Sanchez Amor en présentant le texte à la presse.

Ainsi, certains bulletins n'étaient pas tamponnés par les comités en charge des bureaux de vote, et les bulletins n'étaient pas systématiquement enregistrés lors de leur livraison dans les bureaux de vote, une irrégularité qualifiée de "sérieuse" dans le rapport.

Pointant des "restrictions" auxquelles ont été soumis certains observateurs internationaux, le texte explique que "les évaluations négatives (des observateurs) étaient souvent liées à la présence de personnels non-autorisés, souvent des policiers, qui sont parfois intervenus dans le processus".

Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu sa défaite tout en déplorant une campagne injuste.

Le rapport de l'OSCE et du Conseil de l'Europe met en avant en effet les conditions de campagne inéquitables des différents partis, notamment sur le plan médiatique, le parti au pouvoir et le président sortant bénéficiant d'une couverture "plus favorable".

"Les organes médiatiques, dont l'audiovisuel public, n'ont pas offert aux électeurs des informations équilibrées sur les différents candidats", selon l'OSCE.
(AFP, 25 juin 2018)

Allemagne: Merkel souhaite une "Turquie stable et pluraliste"

La chancelière allemande Angela Merkel a souhaité lundi au lendemain de la victoire du président turc Recep Tayyip Erdogan "une Turquie stable et pluraliste"dans laquelle l'Etat de droit est garanti alors que les relations entre Berlin et Ankara ont connu des tensions depuis 2016.

"La Turquie a montré une grande responsabilité" dans la gestion de la crise des réfugiés fuyant les conflits au Moyen-Orient, a souligné la chancelière dans un message de félicitations.

"Nous voulons d'autant plus être le partenaire d'une Turquie stable et pluraliste, dans laquelle la participation démocratique et la préservation de l'Etat de droit sont renforcés ", a ajouté la chancelière rappelant que la Turquie et l'Allemagne sont liées par "une amitié de longue date".

"Pour votre réélection, je vous transmets mes félicitations", a-t-elle poursuivi, affirmant en outre "se réjouir de poursuivre et renforcer la coopération de nos pays".

Les relations entre Berlin et Ankara ont traversé de fortes turbulences depuis le coup d'Etat manqué contre M. Erdogan en juillet 2016. L'Allemagne s'était inquiétée des "purges" pratiquées dans l'armée et l'administration à la suite de ce putsch.

Berlin avait interdit aux responsables politiques turcs de faire campagne en Allemagne pour les élections présidentielle et législatives de dimanche, à l'instar de ce qu'il avait fait au printemps 2017 pour le référendum sur l'élargissement des pouvoirs du président turc.

De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué les conditions de la campagne électorale en Turquie, estimant qu'elles n'avaient pas été "équitables", notamment sur le plan de l'accès des candidats à une couverture médiatique.

Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu sa défaite tout en déplorant une campagne injuste.
(AFP, 25 juin 2018)

Réactions à la réélection de M. Erdogan

Voici les principales réactions lundi à la réélection dès le premier tour du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui obtient un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.

- Etats-Unis -

Les Etats-Unis, par le biais de la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders, ont appelé Ankara à "prendre des mesures afin de renforcer la démocratie".
 Washington n'avait pas félicité officiellement M. Erdogan lundi à 20H30 GMT et les premières réactions étaient très froides.

- Allemagne -

Après de fortes turbulences ces derniers mois entre les deux pays, la chancelière Angela Merkel a félicité Recep Tayyip Erdogan et dit "se réjouir de poursuivre et renforcer la coopération de nos pays".

L'Allemagne, où vit une importante diaspora turque, souhaite "être le partenaire d'une Turquie stable et pluraliste, dans laquelle la participation démocratique et la préservation de l'Etat de droit sont renforcés", ajoute Mme Merkel dans un message de félicitations.

- Russie -

Dans un télégramme de félicitations, le président russe Vladimir Poutine, "a souligné que les résultats de l'élection attestent pleinement de la grande autorité politique de Recep Tayyip Erdogan".

Sa réélection témoigne "du large soutien accordé au cap fixé sous sa direction sur les questions sociales et économiques auxquelles la Turquie est confrontée, et au renforcement de la position du pays en termes de politique étrangère", selon le Kremlin.

- Union européenne _

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué les conditions de la campagne électorale, qui n'ont pas été "équitables".

Dans un communiqué conjoint, Mme Mogherini et le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn ont pris acte de l'évaluation de l'OSCE et du Conseil de l'Europe qui ont dénoncé dans un rapport préliminaire l'absence "d'opportunités égales pour les candidats".

- Iran -

Le président iranien Hassan Rouhani a offert ses "félicitaions les plus sincères" à M. Erdogan. Il "espère" que les relations vont "se développer davantage" sur la base "des solides liens historiques, culturels, religieux, des relations de bon voisinage, du respect mutuel et des intérêts communs" entre les deux pays.

- Hongrie -

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a félicité Recep Tayyip Erdogan, estimant que "la stabilité de la Turquie est une bonne nouvelle" pour l'Europe. Dans une lettre au président turc, M. Orban affirme que "notre continent est confronté à de sérieux problèmes de sécurité et il est essentiel de les surmonter par une coopération prévisible et efficace avec la Turquie".

- Suède -

"La Turquie n'est pas en position de donner aux autres pays des leçons de démocratie, lorsque le chef de l'opposition (kurde Selahattin Demirtas, NDLR) est en prison depuis longtemps", a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallstrom.

"La question kurde et les développements économiques de la Turquie sont des défis graves. Nous sommes inquiets de la façon dont a évolué la Turquie récemment", a indiqué Mme Wallstrom.

- Bulgarie -

Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a félicité au téléphone M. Erdogan. "Je suis convaincu que nous travaillerons ensemble pour la consolidation des relations entre nos deux pays dans le domaine de la migration, ainsi que pour la paix et la stabilité dans la région", a-t-il déclaré.

M. Borissov a informé le président turc de ce qu'il avait appelé l'UE, lors du mini-sommet de Bruxelles dimanche, à verser tout le financement à la Turquie prévu par l'accord UE-Turquie pour contrôler l'immigration.

- Royaume-Uni -

"Le Royaume-Uni a hâte de poursuivre ses rapports étroits avec la Turquie", a déclaré le porte-parole de la Première ministre Theresa May.

"Les deux pays ont un éventail large d'intérêts communs, notamment la sécurité de la région, la lutte contre le terrorisme, les investissements et le commerce bilatéraux. Nous coopérerons avec le président Erdogan et son gouvernement pour développer cette important relation bilatérale".

Il a déclaré attendre le rapport des observateurs de l'élection pour se prononcer sur son équité.

- Grèce -

"J'espère qu'après cette victoire électorale, il (Erdogan) sera moins nerveux", s'est borné à répondre le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Kotzias, interrogé par la presse.

La semaine dernière, M. Kotzias avait déclaré que M. Erdogan "devait faire preuve de plus de flexibilité et d'intention de résoudre les problèmes", faisant surtout allusion à la détention depuis mars de deux soldats grecs à Edirne, ville près de la frontière des deux pays.

- Otan -

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité Recep Tayyip Erdogan, tout en rappelant les "valeurs fondamentales" sur lesquelles l'Alliance, dont la Turquie est membre, a été fondée: démocratie et Etat de droit.

"Je félicite aussi le peuple turc pour la participation élevée aux élections", a-t-il ajouté. "L'Otan est fondée sur quelques valeurs fondamentales: la démocratie, l'Etat de droit, les libertés individuelles. Personnellement, j'attache beaucoup d'importance à ces valeurs et je souligne leur importance dans de nombreuses capitales de l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des dirigeants turcs", a-t-il ajouté.

- Chine -

La Chine a salué M. Erogan et "respecte le choix du peuple turc", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang.

"La Chine accorde une grande importance à ses relations avec la Turquie. Ces dernières années, sous la direction de nos deux chefs d'Etat, nos relations bilatérales et notre coopération dans tous les domaines ont progressé et obtenu beaucoup de résultats positifs". "La Chine désire coopérer plus avec la Turquie", a-t-il ajouté.
(AFP, 25 juin 2018)

Les négociations d'adhésion à l'UE "effectivement au point mort"

L'UE a constaté mardi que les négociations d'adhésion avec la Turquie étaient "effectivement au point mort", alors que ce pays "s'éloigne de plus en plus" du bloc, selon les conclusions d'une réunion des 28 ministres des Affaires européennes à Luxembourg.

"Le Conseil note que la Turquie s'éloigne de plus en plus de l'Union européenne. Les négociations d'adhésion de la Turquie sont donc effectivement au point mort", est-il écrit dans le document qui a conclu la discussion des 28 sur les perspectives d'élargissement de l'UE.

Il est précisé qu'"aucun nouveau chapitre ne peut être envisagé pour l'ouverture ou la fermeture et aucun autre travail de modernisation de l'union douanière UE-Turquie n'est prévu".

Ces conclusions font écho à celles du dernier rapport d'évaluation de la Commission européenne sur les pays candidats à l'adhésion publié en avril, quand l'exécutif européen avait déjà écarté toute ouverture d'un nouveau chapitre des discussions sur l'adhésion d'Ankara.

Les relations entre l'UE et la Turquie se sont très fortement tendues depuis la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et les purges massives touchant opposants et journalistes qui ont suivi.

Mardi, deux jours après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan à la tête du pays, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk lui ont adressé une lettre commune de félicitations, très courte.

"La Turquie est un pays candidat et un partenaire clé pour l'Union européenne. Nous avons hâte de continer à travailler étroitement avec vous sur des sujets d'intérêt communs pour les relations UE-Turquie, comme la sécurité, la migration et l'énergie", ont simplement déclaré les deux dirigeants.

Dans leurs conclusions, les ministres saluent certes l'effort d'Ankara pour l'accueil de plus de 3,5 millions de réfugiés sur son territoire, mais déplorent par ailleurs "l'ampleur et la portée disproportionnées des mesures prises" dans le sillage du coup d'Etat manqué.

Ils appellent ainsi la Turquie à "inverser les tendances négatives de façon urgente".

Parmi les préoccupations du Conseil: "le recul continu et profondément inquiétant de l'Etat de droit et des droits fondamentaux, dont la liberté d'expression", mais aussi "la détérioration de l'indépendance et du fonctionnement du judiciaire", ainsi que les mesures ciblant des journalistes, des universitaires, des membres de partis politiques et parlementaires, des défenseurs des droits de l'Homme, ou encore des utilisateurs de réseaux sociaux.
(AFP, 26 juin 2018)

Une délégation communiste française arrêtée quelques heures

Une sénatrice et deux militants communistes français ont été arrêtés quelques heures dimanche à Agri (est de la Turquie), où ils étaient venus observer les élections à l'invitation d'un parti pro-kurde, épisode montrant "la fébrilité" du pouvoir turc, selon le parti communiste.

"Nous avons été arrêtés à 10H30 et retenus à la gendarmerie jusque 17H, à la fin des opérations de vote. On nous a dit qu'il n'y aurait pas de poursuites contre nous car notre présence n'était pas délictuelle", a expliqué à l'AFP Hulliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin.

La délégation, composée également de Christine Prunaud, sénatrice des Côtes d'Armor, et Pascal Torre, membre du secteur des Relations Internationales au PCF, s'était rendue dans deux bureaux de vote et revenait en ville quand elle a été interpellée. "On nous a emmenés à la gendarmerie pour vérifier nos identités puis on nous a demandé ce qu'on faisait là, pour quelle organisation on travaillait", a raconté Mme Turan.

"Ils avaient du mal à admettre qu'on était juste là pour observer les élections", a-t-elle ajouté.

La délégation, qui avait répondu à un appel du HDP, le principal parti pro-kurde, "n'a rien constaté de particulier" dans ces deux bureaux de vote, mais ne souhaitait pas faire de commentaire politique jusqu'à son retour en France, prévu lundi soir.

"Le consulat de France à Ankara nous a quand même dit de rester à l'hôtel parce qu'il pouvait y avoir une autre arrestation possible", a dit Christine Prunaud à Franceinfo.

Le Parti communiste a dénoncé plus tôt dans un communiqué une volonté du pouvoir turc "d'étouffer toutes les voix qui dénoncent les fraudes massives à l'oeuvre", ajoutant que "ces méthodes ne font que le renforcer résolument à rester aux côtés des démocrates de Turquie qui entendent mettre un terme à la dictature" de Recep Tayyip Erdogan.

Opposants turcs et ONG avaient mobilisé plusieurs centaines de milliers d'observateurs pour surveiller les urnes, distincts des observateurs dépêchés par les organisations internationales comme l'OSCE.

C'était "une mission d'observation de nature citoyenne comme cela se fait dans d'autres pays", pour s'assurer qu'aucune fraude n'était commise car "il y a eu des doutes lors des précédentes élections", et "on n'a pas du tout caché la raison pour laquelle ils se rendaient sur place", a déclaré à Franceinfo le numéro un du PCF et sénateur, Pierre Laurent.

"Cette attitude des autorités turques montre leur grande fébrilité", selon lui.

Le Parti de Gauche, qui a apporté son soutien aux communistes, a affirmé dimanche soir que sa propre délégation invitée par le HDP, Danielle Simonnet, Jean-Christophe Sellin et Simon Berger, avait "subi une inacceptable garde à vue de deux heures à l'aéroport d'Istanbul samedi avec menace d'expulsion immédiate et interdiction définitive du territoire".

"Cette fébrilité illustre la peur de perdre les élections malgré la répression menée et la tentation renouvelée de recourir à des fraudes massives", a-t-il estimé dans un communiqué.
 L'agence turque Anadolu a de son côté rapporté des procédures judiciaires contre 10 étrangers accusés, selon elle, d'avoir tenté de se faire passer pour des observateurs internationaux. D'après l'agence, trois Français, trois Allemands et trois Italiens figurent parmi les personnes interpellées.

Plus de 56 millions d'électeurs étaient appelés dimanche à voter pour leur président et leurs députés, dans un scrutin qui marquera le passage du système parlementaire en vigueur à un régime hyper-présidentiel, voulu par Recep Tayyip Erdogan, mais décrié par ses opposants. Le chef de l'Etat était donné en tête avec un score de 58,5% après le dépouillement de plus d'un quart des bulletins.

Le principal parti d'opposition turc a dénoncé des tentatives de fraude et énuméré plusieurs exemples de tentatives de bourrage d'urnes en faveur de l'alliance dominée par le parti au pouvoir AKP (islamo-conservateur).
(AFP, 24 juin 2018)

Elections en Turquie: deux députés allemand et suédois interdits de visite

Deux députés allemand et suédois ont déclaré jeudi s'être vu refuser par Ankara l'entrée en Turquie où ils devaient officier en tant qu'observateurs internationaux lors des élections générales de dimanche.

Le député allemand Andrej Hunko, du parti de la gauche radicale Die Linke, devait participer à la surveillance des scrutins législatifs et présidentiels pour le compte de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Mais alors qu'il s'apprêtait à s'envoler depuis Vienne, le représentant turc de l'OSCE a informé l'organisation que l'entrée sur le territoire turc ne lui serait pas accordée, a indiqué le député allemand.

"En tant que député du Bundestag allemand et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, j'ai participé à l'observation de presque toutes les élections en Turquie", s'est indigné M. Hunko.

Le député suédois Vert Jabar Amin, déjà arrivé à l'aéroport d'Istanbul, s'est vu lui aussi opposer jeudi le même refus par les autorités turques.

"Quand je suis arrivé au contrôle des passeports, les services de renseignement m'attendaient. Ils ont pris mon passeport et m'ont amené à un autre endroit. Cinq minutes plus tard, les renseignements sont venus et m'ont dit qu'ils avaient reçu leurs ordres de plus haut", a-t-il affirmé à l'agence suédoise TT.

Il a expliqué n'avoir pas été informé des raisons de son interdiction d'entrée en Turquie mais les services turcs lui auraient dit qu'ils essayaient de le remettre dans le prochain avion pour Stockholm.

Selon une lettre consultée par l'AFP, l'OSCE a fait état de sa "déception", déplorant que des membres de la mission d'observation aient été empêchés d'entrer en Turquie au motif de leurs "opinions politiques publiquement exprimées".

"Il est inacceptable qu'un observateur électoral ait été empêché d'entrer en Turquie. Nous avons demandé une explication aux représentants turcs", a réagi la chef de la diplomatie suédoise Margot Wallström.

De son côté, le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré être "en contact avec la Turquie", conjointement avec l'OSCE, afin de demander "une levée de l'interdiction d'entrée" visant le député allemand.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son parti Justice et Développement (AKP) affrontent dimanche des élections anticipées législatives et présidentielle.

L'AKP, qui fait alliance avec le Parti du mouvement nationaliste au sein de l'"Alliance du peuple", est favori de ces deux scrutins, mais certains analystes pensent qu'il ne remportera pas la majorité parlementaire.
(AFP, 21 juin 2018)

L'UE demande un procès équitable pour le directeur d'Amnesty International

L'Union européenne a réclamé jeudi "un procès équitable" pour le directeur d'Amnesty International en Turquie Taner Kiliç et pour les autres défenseurs des droits de l'homme détenus dans le pays.

"Les autorités turques - pays candidat à l'adhésion à l'UE et membre du Conseil de l'Europe - doivent garantir le droit à un procès équitable sur la base du principe de la présomption d'innocence, conformément à la Convention européenne des droits de l'homme et à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme", a plaidé la porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dans une déclaration.

"Taner KiliC, le directeur d'Amnesty International en Turquie, a été arrêté il y a un an. M. Kiliç est avocat et défenseur des droits de l'homme et, comme lui, de nombreux autres défenseurs des droits de l'homme comme Osman Kavala, ainsi que des journalistes, des parlementaires, des juges, des procureurs et des universitaires restent en détention", a souligné cette porte-parole, Maja Kocijancic.

Le président d'Amnesty en Turquie, a été arrêté il y a un an jour pour jour à Izmir (ouest), accusé d'appartenir à une "organisation terroriste". Il risque jusqu'à 15 ans de prison.

L'ONG s'est engagée mercredi à "redoubler" ses efforts pour obtenir sa libération.

Le procès de M. Kiliç est en cours et doit reprendre le 21 juin, à trois jours d'élections législatives et présidentielle cruciales lors desquelles M. Erdogan briguera un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.

"Des améliorations concrètes et durables dans le domaine de l'État de droit, de l'indépendance du pouvoir judiciaire et des libertés fondamentales demeurent essentielles pour le développement des relations bilatérales entre l'UE et la Turquie", a averti la porte-parole de Mme Mogherini.
(AFP, 7 juin 2018)

EP Rapporteur Piri: Demirtaş Should be Released for Fair Election

The European Parliament (EP) Turkey Rapporteur Kati Piri has posted a message on Facebook with the hashtag #FreeDemirtas.

Kati Piri has stated that the imprisoned Presidential candidate of the Peoples' Democratic Party (HDP) Selahattin Demirtaş should be released from prison so that the Presidential and Parliamentary elections on June 24 can be fair.

Piri has also referred to the previous calls made by the Presidential candidate of the main opposition party Republican People's Party (CHP) Muharrem İnce as well as the Chair and Presidential candidate of the İYİ Party Meral Akşener for the release of Demirtaş.

Emphasizing that Demirtaş is forced to conduct his election campaign from prison, Kati Piri has repeated the call for his release and said, "It is only then a fair election campaign can be run."
(BIA, June 4, 2018)

Les Occidentaux doivent lutter contre la "diplomatie des otages" turque

Les pays occidentaux doivent adopter un plan de lutte coordonné contre la Turquie, qui utilise les prisonniers étrangers comme monnaie d'échange diplomatique, ont affirmé des experts en rendant public un rapport sur le sujet jeudi à Washington.

Le rapport étudie les cas de 55 ressortissants étrangers ou binationaux arrêtés et emprisonnés en Turquie depuis le coup d'Etat avorté de juillet 2016, qui a déclenché une répression féroce contre ceux accusés d'être des partisans du prédicateur Fethullah Gülen accusé d'avoir fomenté le putsch, ou des soutiens de la rébellion kurde.

Au moins six d'entre eux, dont deux Américains, sont toujours en détention.

Dans de nombreux cas, les preuves sont ténues et les interrogatoires sont secrets. S'il ne s'agit pas d'un effort centralisé, mais plutôt des problèmes locaux combinés à un sentiment anti-occidental, le pouvoir tente d'exploiter la situation, estiment les auteurs du rapport.

"Cela fait partie d'une politique globale de diplomatie des otages", explique l'ex-parlementaire turc Aykan Erdemirn, qui travaille désormais au sein du centre de réflexion conservateur Foundation for Defense of Democracies.

 "Il semble que ces individus soient utilisés comme monnaie d'échange ou comme gages, souvent pour obtenir des concessions" en faveur de la Turquie, ajoute-t-il.

Ankara a, par exemple, lié plus ou moins explicitement la libération des prisonniers à l'extradition des partisans de Gülen basés en Occident, ou dans certains cas à des contrats de vente d'armes.

Les gouvernements privilégient jusqu'ici des discussions bilatérales pour obtenir la libération de leurs ressortissants, une stratégie au succès divers.

Le rapport appelle à une action plus dure, comme celle adoptée par l'Allemagne, et qui entrerait dans le cadre d'une "stratégie transatlantique concertée" pour plus d'efficacité.

Berlin avait renforcé ses consignes de sécurité après le putsch raté, notamment en raison d'une vague d'arrestations de ressortissants allemands ou germano-turcs, et avait réduit ses investissements en Turquie, un pays-membre de l'Otan.

"La politique de Berlin d'absence de normalisation tant qu'il y a des prisonniers politiques serait plus efficace si elle était mise en place par ses partenaires occidentaux", estime le rapport.

L'ambassade turque à Washington n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir mais Ankara a plusieurs fois appelé au respect de son système judiciaire.
(AFP, 31 mai 2018)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Washington peut encore bloquer la vente de F-35

La vente controversée d'avions de combat furtifs F-35 par les Etats-Unis à la Turquie, dont le premier vient d'être livré, peut encore être bloquée si Ankara confirme sa volonté d'acheter un système de défense antiaérien russe, a déclaré mercredi un haut responsable américain.

"C'est une affaire très sérieuse", a affirmé Wess Mitchell, chargé des relations avec l'Europe et l'Otan au département d'Etat américain, lors d'une audition parlementaire. "Nous avons clairement dit à plusieurs reprises au plus haut niveau du gouvernement turc qu'il y aura des conséquences" si la Turquie confirme l'acquisition de systèmes de défense antiaérienne russes S-400, a-t-il ajouté.

Les représailles seraient d'abord des sanctions, comme prévu par une loi américaine qui interdit de conclure des contrats avec plusieurs sociétés d'armement russes, a prévenu Wess Mitchell.

Mais il a aussi dit qu'"une acquisition de S-400 aurait inévitablement des conséquences sur l'avenir de la coopération militaro-industrielle turque avec les Etats-Unis, y compris concernant les F-35". "Nous avons été on ne peut plus clairs, en privé comme en public: une décision sur les S-400 changera les relations américano-turques de manière difficilement remédiable", a-t-il martelé.

Les Etats-Unis ont livré la semaine dernière leur premier F-35 à la Turquie, malgré les tensions croissantes avec ce pays membre de l'Otan et l'opposition du Sénat américain. Un deuxième avion, bijou de technologie censé échapper aux radars les plus perfectionnés, doit être remis prochainement par son constructeur, le groupe de défense américain Lockheed Martin.

Mais ces appareils vont dans un premier temps rester en Arizona, aux Etats-Unis, pendant toute la formation des pilotes turcs, un processus qui peut prendre un à deux ans selon le Pentagone.

"Les Etats-Unis restent en possession de l'avion jusqu'à son transfert qui intervient normalement après un long processus de formation", a expliqué Wess Mitchell, jugeant que Washington peut encore juridiquement mettre fin à la transaction, notamment en lien avec "des préoccupations de sécurité nationale". "Cela joue à notre avantage, car cela nous donne plus de temps pour continuer à faire pression" sur la Turquie pour qu'elle n'achète pas le système russe "avant de devoir prendre une décision définitive sur les F-35", a ajouté le diplomate.

Le Sénat américain s'est opposé à la livraison des F-35 et exige effectivement que la vente de ces appareils soit annulée si Ankara mène à son terme la procédure d'achat des S-400 russes, conformément à un contrat signé le 12 septembre.
(AFP, 27 juin 2018)

Avec Erdogan, les relations américano-turques restent glaciales

L'accueil glacial réservé par les Etats-Unis à la réélection de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, et la ligne dure affichée par le président turc, laissent présager de relations durablement tendues entre les deux pays alliés, notamment sur la question des Kurdes.

Washington a ostensiblement fait le service minimum depuis l'annonce de la victoire du président sortant aux élections de dimanche. "Nous tentons d'organiser un appel téléphonique" entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, s'est bornée à dire lundi la Maison Blanche, tandis que le département d'Etat a seulement affirmé "respecter" le résultat.

"Même avec un appel du président Trump pour féliciter son homologue, et un effort pour améliorer les relations", les nuages qui se sont accumulés dans le sillage du putsch raté de juillet 2016 et de la répression qui a suivi en Turquie "vont continuer à assombrir l'horizon", estime Steven Cook, du think tank Council on Foreign Relations, prédisant même "de plus en plus de tensions".

Depuis l'échange chaleureux de septembre à l'ONU, quand le président américain décernait "de bonnes notes" à son "ami" Erdogan, malgré des relations déjà difficiles entre les deux membres de l'Otan, ces liens se sont encore détériorés.

Le président turc a mené le choeur des protestations contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d'Israël. Et Washington n'a pas obtenu la libération du pasteur américain Andrew Brunson, jugé en Turquie pour des liens présumés avec des groupes "terroristes", pas plus qu'Ankara n'a eu gain cause dans sa demande d'extradition du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et auquel les autorités turques attribuent une implication dans le coup d'Etat avorté.

L'administration Trump a ainsi exhorté lundi la Turquie à "renforcer la démocratie", demandant à tous les élus, "y compris le président Erdogan", de "représenter les différentes positions de tous les citoyens turcs". Washington a aussi appelé de ses voeux une "relation constructive" pour "résoudre les problèmes" bilatéraux et "faire face ensemble" aux "défis communs".

- Ultranationalistes -

"La levée ou non de l'état d'urgence par Erdogan sera un des premiers tests, cela en dira long sur sa position et celle du nouveau Parlement au sujet des enjeux cruciaux que sont la démocratie et l'Etat de droit", estime Kemal Kirisci, expert du think tank Brookings Institution.

Mais le principal noeud devrait rester le soutien américain à la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), alliée de Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie mais considérée comme "terroriste" par Ankara. L'armée turque a lancé en début d'année une vaste offensive contre cette milice dans le nord-ouest de la Syrie, provoquant une nouvelle crise avec les Etats-Unis.

Au prix de tractations diplomatiques laborieuses, les diplomates turcs et américains se sont finalement accordés début juin sur une "feuille de route" pour une coopération sur le terrain, aux termes de laquelle les YPG doivent quitter la ville-clé de Minbej, qui a cristallisé les tensions et où les deux pays alliés risquaient d'entrer en collision. Mais la méfiance perdure.

Surtout, la question kurde risque d'être exacerbée par l'alliance que le président Erdogan a dû former, pour garder la majorité, avec les ultranationalistes du MHP, porteurs d'une ligne encore plus dure sur ce dossier.

"La couleur politique du Parlement et de la nouvelle administration turque sera le nationalisme", explique Asli Aydintasbas, chercheuse au European Council on Foreign Relations. "Le fait qu'Erdogan soit dépendant des ultranationalistes va parfois être difficile à gérer", estime-t-elle.

D'autant que la campagne menée par Ankara contre les milices kurdes est très populaire en Turquie, et "l'opposition turque au soutien américain aux YPG va être exprimée encore plus souvent et de manière encore plus ferme", selon Soner Cagaptay, du Washington Institute for Near East Policy. "La marge de manoeuvre de la diplomatie turque, déjà limitée sur les questions kurdes, va encore rétrécir dans les jours et mois à venir."
(AFP, 26 juin 2018)

Le chef de l'Otan félicite Erdogan pour sa victoire

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection, tout en rappelant les "valeurs fondamentales" de l'Alliance, tandis que la Commission européenne a exprimé son souhait de voir la Turquie rester "engagée" avec l'UE.

"Je vais féliciter le président Erdogan pour sa réélection en tant que président. Je félicite aussi le peuple turc pour la participation élevée aux élections", a déclaré le Norvégien à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense à Luxembourg.

La Commission européenne, elle, attend l'évaluation finale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la tenue des élections.

"Nous espérons que sous la direction du président Erdogan la Turquie restera un partenaire engagé avec l'UE sur des sujets majeurs d'intérêt commun, comme la migration, la sécurité, la stabilité de la région et la bataille contre le terrorisme", a déclaré le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, sans plus de commentaires.

M. Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat de cinq ans dès le premier tour des élections, pour lequel ses prérogatives de président seront considérablement renforcées après une réforme constitutionnelle adoptée l'an dernier.

La Turquie est un membre important au sein de l'Alliance atlantique de par sa situation stratégique sur son flanc Sud et sa proximité géographique avec la Russie, et joue un rôle clé dans le combat contre le groupe Etat islamique (EI) dans la zone irako-syrienne.

Mais des tensions sont apparues avec d'autres membres de l'Alliance, notamment à cause du rapprochement entre Moscou et M. Erdogan, qui a signé un contrat pour l'achat de missiles de défense aérienne russes.

Les relations sont aussi tendues avec les Etats-Unis qui soutiennent des forces kurdes -- considérées comme "terroristes" par la Turquie -- dans la guerre contre l'EI.

Par ailleurs, les purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes après une tentative manquée de putsch en juillet 2016 ont suscité l'inquiétude de l'Europe.

"L'Otan est fondée sur quelques valeurs fondamentales: la démocratie, l'Etat de droit, les libertés individuelles. Personnellement, j'attache beaucoup d'importance à ces valeurs et je souligne leur importance dans de nombreuses capitales de l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des dirigeants turcs", a ajouté M. Stoltenberg à Luxembourg.
(AFP, 25 juin 2018)

La Maison Blanche appelle la Turquie à "renforcer la démocratie"

Les Etats-Unis ont appelé lundi la Turquie à "renforcer la démocratie" au lendemain de la large victoire du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections présidentielle et législatives turques.

"Nous encourageons la Turquie à prendre des mesures afin de renforcer la démocratie", a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, devant la presse.

A ce stade, Washington n'a pas officiellement félicité le président turc pour sa réélection dès le premier tour, et ses premières réactions sont très froides.

"Nous tentons d'organiser un appel téléphonique entre le président et le président turc pour réaffirmer la force de notre lien", a dit Sarah Sanders, alors que les relations entre Washington et Ankara, pourtant alliés au sein de l'Otan, traversent depuis deux ans des phases de vives tensions.

La porte-parole de la présidence américaine a appelé de ses voeux "la poursuite des progrès afin de résoudre les problèmes dans nos relations bilatérales".

De son côté, le département d'Etat américain s'est aussi abstenu de toutes félicitations, se bornant à dire que Washington "respecte la décision des électeurs turcs". "Nous souhaitons une relation constructive avec le président Erdogan pour faire face ensemble à nos défis communs", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la diplomatie américaine.

"Nous encourageons tous les représentants élus de la Turquie, y compris le président Erdogan, à représenter les différentes positions de tous les citoyens turcs et à renforcer la démocratie turque", a-t-il insisté.

La Turquie a lancé en janvier dans le nord-ouest de la Syrie une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par Ankara comme une organisation terroriste, mais soutenue par Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Ces opérations ont suscité une nouvelle crise entre les deux pays, qui se sont finalement accordés début juin, au terme de tractations diplomatiques laborieuses, sur une "feuille de route" pour une coopération sur le terrain.

La Turquie réclame également, sans succès jusqu'ici, l'extradition du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et auquel Ankara attribue une implication dans le putsch avorté de juillet 2016.
(AFP, 25 juin 2018)

Livraison controversée du premier F-35 à la Turquie

Les Etats-Unis ont livré jeudi leur premier avion de combat furtif F-35 à la Turquie, malgré les tensions avec ce pays et l'opposition du Sénat américain.

Le nouvel avion américain, bijou de technologie censé échapper aux radars les plus perfectionnés,
a été remis à des responsables turcs par le constructeur de l'appareil, le groupe de défense américain Lockheed Martin, au cours d'une cérémonie à Fort Worth (Texas).

Un deuxième appareil doit être livré dans les prochains jours et les deux avions seront transférés sur la base aérienne de Luke, en Arizona, a indiqué un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Mike Andrews.

Pourtant le Sénat s'est opposé à cette livraison en raison de l'intention affichée par Ankara, partenaire depuis 2002 du consortium international ayant financé le F-35, d'acheter des systèmes de défense antiaérienne russes S-400 auquel cet avion furtif est sensé pouvoir échapper.

Dans un projet de loi sur le financement du Pentagone approuvé mardi, le Sénat a exigé que la vente de ces appareils soit annulée si Ankara mène à son terme la procédure d'achat
des S-400 russes, conformément à un contrat signé le 12 septembre.

"Tout effort de la Turquie de renforcer davantage ses relations avec la Russie dégradera la sécurité globale de l'Alliance Atlantique, des pays-membres de l'Otan et de l'interopérabilité de l'alliance", souligne le texte.

Si ce document est adopté en l'état par les deux chambres, l'administration américaine devra exclure la Turquie du programme F-35, retirer de l'appareil les composants fabriqués en Turquie et empêcher la sortie des F-35 turcs du territoire américain.

En l'occurrence, l'appareil livré en grande pompe jeudi à Ankara restera en Arizona pendant toute la formation des pilotes turcs, un processus qui peut prendre "un à deux ans", selon un responsable du ministère de la Défense.

Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant alliés au sein de l'Otan, se sont tendues depuis qu'Ankara a lancé en janvier dans le nord-ouest de la Syrie une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par Ankara comme une organisation terroriste, mais soutenue par Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Lancé au début des années 1990, le F-35 est le plus cher des programmes d'armement de l'histoire militaire américaine, avec un coût estimé au total à près de 400 milliards de dollars pour le Pentagone, pour un objectif de près de 2.500 appareils à produire dans les décennies à venir.
(AFP, 21 juin 2018)

Relations régionales / Regional Relations

Poutine salue la "grande autorité politique" d'Erdogan après sa réélection

Le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection qui témoigne selon lui de la "grande autorité politique" du chef de l'Etat turc dont il est un allié.

Après avoir envoyé un télégramme de félicitations lundi matin, M. Poutine s'est entretenu par téléphone avec son homologue turc pour le "féliciter pour sa victoire" et convenir notamment de "maintenir une coopération étroite" sur le dossier syrien, a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Dans son télégramme, le président russe a "souligné que les résultats de l'élection attestent pleinement de la grande autorité politique de Recep Tayyip Erdogan", selon un autre communiqué du Kremlin.

La réélection de M. Erdogan dès le premier tour témoigne également "du large soutien accordé au cap fixé sous sa direction sur les questions sociales et économiques à laquelle la Turquie est confrontée, et au renforcement de la position du pays en termes de politique étrangère", selon le communiqué.

M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 15 ans et a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, a noué une relation étroite avec Vladimir Poutine ces dernières années, malgré une année de crise après la destruction en 2015 d'un bombardier russe par l'armée turque à la frontière syrienne.

En 2017, les deux dirigeants à poigne, dont les relations avec l'Occident connaissent des tensions, se sont rencontrés à huit reprises, sans compter de nombreux entretiens téléphoniques.

Vladimir Poutine, qui a rencontré en avril Recep Tayyip Erdogan, "a noté avec satisfaction les progrès du développement des relations entre la Russie et la Turquie, qui dans plusieurs secteurs sont sur le point d'atteindre un niveau stratégique", a indiqué le communiqué.

"Le président russe a confirmé être prêt à poursuivre un dialogue soutenu, un travail étroit bilatéral sur l'ordre du jour régional et international", a précisé le Kremlin.

Avec l'Iran, la Russie et la Turquie ont formé un groupe de travail sur le dossier syrien et sont les parrains du processus d'Astana qui a permis la mise en place de "zones de désescalade" sur le terrain. En avril, MM. Poutine et Erdogan avaient été rejoints par le président iranien Hassan Rohani pour un sommet trilatéral sur la Syrie à Ankara.

Les liens commerciaux entre Moscou et Ankara se sont aussi resserrés récemment, avec la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu, dans la région de Mersin (sud), par le géant russe Rosatom, un chantier estimé à quelque 20 milliards de dollars.

Ankara et Moscou ont aussi dit avoir conclu un accord portant sur l'achat par la Turquie, pourtant membre de l'Otan, de systèmes russes de défense anti-aérienne S-400, qui a irrité Washington.
(AFP, 25 juin 2018)

Damas dénonce des patrouilles turques près de Minbej

Les autorités de Damas ont dénoncé mardi des patrouilles militaires menées par les forces turques près de la ville de Minbej, initiées dans le cadre d'un accord avec les Etats-Unis pour réduire les tensions dans le nord syrien.

Les patrouilles ont commencé lundi près de Minbej, actuellement sous le contrôle d'une coalition soutenue par Washington et dominée par une milice kurde, les Unités de protection du peuple (YPG).

La milice, allié crucial des Etats-Unis dans la lutte antijihadiste, est considérée comme un groupe "terroriste" par Ankara, qui a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive contre Minbej, où sont également stationnées des troupes américaines et françaises.

"La Syrie condamne fermement et rejette les incursions des forces turques et américaines dans le secteur de Minbej", a déclaré une source du ministère des Affaires étrangères de Damas, citée par l'agence de presse officielle Sana.

Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière impliquant de multiples belligérants, le pouvoir de Damas, qui contrôle déjà plus de la moitié du territoire syrien, ne cache pas sa détermination à reconquérir tout le pays.

Il critique régulièrement les interventions dans le nord syrien de la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, mais aussi le soutien militaire apporté par Washington aux Kurdes.

La source citée mardi dénonce ainsi "l'agression continue de la souveraineté, de la sécurité et de l'intégrité territoriale" de la Syrie, menée par les Etats-Unis et la Turquie.

A la faveur du conflit en Syrie, la communauté kurde a grignoté une autonomie de facto sur les territoires sous son contrôle dans le nord du pays, au grand dam de la Turquie qui craint de voir sa propre communauté développer des aspirations similaires.

La Turquie se montre très virulente face à la présence de combattants kurdes à Minbej, et a menacé à plusieurs reprises d'y lancer une offensive après avoir déjà réussi en mars à déloger les YPG de leur enclave d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie.

Mais les efforts diplomatiques entre Washington et Ankara, deux alliés au sein de l'Otan, ont permis l'adoption début juin d'une feuille de route afin de réduire les tensions.

Dans la foulée, les YPG avaient annoncé le "retrait" de Minbej de leurs derniers "conseillers militaires".
(AFP, 19 juin 2018)

L'alliance kurdo-arabe prête à des discussions sans condition avec le régime

Le bras politique des forces kurdo-arabes qui contrôlent de facto de larges pans de territoire dans le nord-est syrien a annoncé dimanche être prêt à des pourparlers sans conditions préalables avec le régime de Damas.

Le Conseil démocratique syrien est lié aux Forces démocratiques syriennes (FDS), qui n'affrontent pas le régime mais le groupe Etat islamique (EI), avec le soutien des Occidentaux.

La plupart des territoires contrôlés par les FDS sont gérés par une administration autonome kurde et échappent à l'autorité du régime du président Bachar al-Assad.

Dans un communiqué, le Conseil démocratique syrien a affirmé être prêt à résoudre le conflit syrien par le dialogue et "n'hésitera pas à donner son accord à des pourparlers sans conditions".

Un responsable de cet organe, Hekmat Habib, a indiqué à l'AFP que le Conseil et les FDS étaient "sérieux" dans leur volonté "d'ouvrir la porte au dialogue" avec le gouvernement.

"Les FDS, qui contrôlent 30% du territoire syrien, et le régime (qui en contrôle plus de la moitié, ndlr), sont les deux seules forces qui peuvent s'asseoir à la table des négociations et élaborer une solution à la crise syrienne", a-t-il dit.

Ces déclarations s'inscrivent dans le contexte d'une tentative de rapprochement entre les autorités kurdes et le régime dans le but d'éviter un affrontement armé dans le nord de la Syrie.

Le mois dernier, M. Assad avait averti les Kurdes qu'il pourrait utiliser la force contre eux s'il ne parvenait pas à reprendre par la négociation les territoires qu'ils contrôlent.

Peu après, une délégation de l'opposition syrienne tolérée par le régime avait effectué une rare visite à Qamichli, principalement contrôlé par des forces kurdes affiliées aux FDS.

Selon un responsable kurde syrien, cette délégation a tenté de jouer un rôle de médiateur entre les autorités autonomes kurdes et le régime.

Côté gouvernemental, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a expliqué que Damas parlait de façon informelle avec les Kurdes mais qu'aucune négociation n'avait été entamée.

Les Kurdes syriens n'ont encore jamais été invités à prendre part aux pourparlers de paix sur la Syrie encadrés par l'ONU.

Les FDS ont conquis l'essentiel des territoires qu'elles contrôlent lors de leurs opérations contre l'EI, avec le soutien de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington qui y a notamment déployé des forces spéciales.
(AFP, 10 juin 2018)

Stop à l’invasion turque au Sud-Kurdistan

Appel du Conseil démocratique kurde en France:

Les Kurdes se sont battus en première ligne, en Iraq et en Syrie, contre Daesh, organisation dont le but est de fonder un système salafiste, menaçant tous les peuples de la région et, au-delà, l’humanité toute entière. Si Daesh a perdu ses principaux fiefs et s’est considérablement affaibli, c’est en grand partie grâce au combat courageux et déterminé mené par les Kurdes.

Cependant, la Turquie d’Erdogan qui a de tout temps soutenu Daesh, tente coûte que coûte de mettre à néant les acquis réalisés par les Kurdes. Après avoir attaqué et envahi la ville kurde d’Afrîn au Rojava (Syrie), avec l’aide de ses alliés islamistes, l’armée turque vise maintenant le Sud-Kurdistan (Irak).

L’Etat turc a bombardé et envahi Afrin, une région à majorité kurde qui était un oasis de paix dans un pays déchiré par la guerre, un lieu de refuge et un laboratoire de mise en œuvre du projet de confédéralisme démocratique. Cette invasion criminelle a provoqué des centaines de morts et une nouvelle vague de déplacements massifs. Elle se situe dans le cadre d’un projet turc de nettoyage ethnique contre les Kurdes.

De nombreux signes montrent la volonté de la Turquie d’envahir le territoire kurde irakien, en particulier la région de Qandil, pour tenter d’encercler et d’étouffer la seule zone libre de la région. L’aviation turque mène fréquemment des bombardements dans les régions de Metina, Avasin, Zap, Basyan, Gare, Xakurk et Qandil, causant la mort de civils.

http://cdkf.fr/2018/06/08/stop-a-linvasion-turque-au-sud-kurdistan/

Assad menace d'utiliser la force contre des combattants aidés par Washington

Le président syrien Bachar al-Assad a menacé de recourir à la force contre des combattants arabo-kurdes soutenus par Washington, afin de reprendre les régions qu'ils contrôlent dans le nord-est du pays en guerre.

Dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today, diffusée jeudi, M. Assad a par ailleurs affirmé qu'une confrontation directe entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée de justesse en Syrie, où les deux grandes puissances interviennent dans le conflit.

Le président syrien a affirmé être ouvert aux négociations avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) formée de combattants kurdes et arabes, mais "si cela ne marche pas nous allons libérer les territoires par la force".

Des combats inédits ont éclaté fin avril entre les forces du régime et des combattants des FDS dans la province de Deir Ezzor (est), riche en pétrole, et autrefois tenue par le groupe Etat islamique (EI), chassé de l'immense majorité de la région sous le coup de multiples offensives.

Cette province avait été l'objet d'une course entre les forces du régime Assad, soutenue par l'aviation russe, et les FDS, appuyées par la coalition internationale emmenée par Washington, chacun essayant de devancer la progression de son concurrent.

Aujourd'hui, le pouvoir de Bachar al-Assad contrôle la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive ouest de l'Euphrate, tandis que les FDS sont stationnées sur la rive orientale.

Sur un autre plan, M. Assad a affirmé qu'une confrontation directe entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée.

"Nous étions près d'une confrontation directe entre les forces russes et celles des Etats-Unis, et heureusement elle a été évitée", a dit le président syrien qui s'exprimait en anglais.

Déclenché en 2011 par la répression par le régime de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.

Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
(AFP, 31 mai 2018)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece



Immigration / Migration

74,85% des votants plébiscité en Belgique la réélection d'Erdogan

Sur les quelque 140.000 citoyens turcs résidant en Belgique et enregistrés sur les listes électorales, un sur deux s'est déplacé pour glisser dans l'urne le bulletin de son candidat à la présidentielle et renouveler le parlement turc. Le taux de participation des Turcs de Belgique s'est élevé à respectivement 50,83% pour les élections législatives et 51,25% pour la présidentielle, selon les estimations disponibles lundi au lendemain du scrutin.

La communauté turque de Belgique compte environ 250.000 citoyens. Quelque 140.000 d'entre eux s'étaient inscrits au préalable pour pouvoir voter entre le 15 et le 19 juin aux élections qui se sont tenues en Turquie hier/dimanche, selon des chiffres de l'ambassade de Turquie à Bruxelles. Parmi ces inscrits, une personne sur deux a effectivement voté.

Les votants ont en majorité (74,85%) plébiscité la réélection du président sortant Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier ne fait d'ailleurs mieux qu'au Liban (94% des voix pour un taux de participation de 32%) et en Jordanie (77,5% des voix pour un taux de participation de 22,5%). En Belgique, ils étaient 15% à soutenir le candidat de l'opposition sociale-démocrate Muharrem Ince. Le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, a quant à lui obtenu 6,6% des voix des Turcs de Belgique.

De manière générale, Recep Erdogan a obtenu une majorité de voix dans les pays voisins de la Belgique: en France (63,7%), aux Pays-Bas (73%) ou encore en Allemagne (64,8%). Le taux de participation y est cependant chaque fois inférieur à 50%. Outre-Atlantique et en Russie, c'est son rival Muharrem Ince qui arrive en tête.

Aux législatives, le parti islamo-conservateur AKP de M. Erdogan a emporté 64,35% des suffrages "belgo-turcs", contre 10,6% pour le Parti républicain du peuple (CHP), laïque, de M. Ince. Le Parti d'action nationaliste (MHP) arrive troisième avec 9,7%, suivi de près (9,6%) par le Parti démocratique des peuples (HDP), ancré à gauche et défenseur de la minorité kurde.

Recep Tayyip Erdogan dirige la Turquie depuis 2003, d'abord en tant que Premier ministre puis en tant que président à partir de 2014. Les élections de dimanche marquent un tournant dans l'histoire parlementaire du pays puisque le chef de l'État bénéficiera de pouvoirs étendus pour ce nouveau mandat. Approuvé lors d'un référendum parlementaire tenu en 2017, ce nouveau régime présidentiel octroie la totalité du pouvoir exécutif au "Reïs" (chef) Erdogan.

M. Erdogan a emporté dimanche la victoire au premier tour de l'élection présidentielle avec 52,5% des votes, après dépouillement de plus de 99% des urnes. (7sur7.be, 25 juin 2018)

RESULTATS DES LEGISLATIVES DANS LE MONDE

Electeurs: 3.032.206
Votes valables: 1.497.197 (49,38%)
AKP: 51,75%
CHP: 17,72%
HDP: 17,33%
MHP: 7,99%
IYI: 4,04%
SAADET: 0,76%
VP: 0,26%
HUDA PAR: 0,12%

RESULTATS DES PRESIDENTIELLES DANS LE MONDE

Electeurs: 3.032.206
Votes valables: 1.496.364 (49,41%)
Erdogan: 59,40%
Ince: 25,75%
Demirtas: 11,06%
Aksener: 2,99%
Karamollaoglu: 0,58%
Perincek: 0,20%

POURCENTAGES PAR PAYS DE INCE ET ERDOGAN

Afrique du sud 42% - 35%
Albanie 49% - 38%
Algérie 38% - 45%
Allemagne 22% - 65%
Arabie Saoudite 42% - 54%
Australie 42% - 45%
Autriche 17% - 72%
Azerbaïdjan 34% - 38%
Belgique 15% - 75%
Bosnia 30% - 59%
Bulgarie 58% - 25%
Canada 53% - 26%
Chine 62% - 19%
Chypre du Nord 38% - 49%
Danemark 23% - 58%
Egypte 33% - 56%
Emirats 76% - 14%
Espagne 64% - 18%
États-Unis 69% - 18%
Finlande 39% - 21%
France 19% - 64%
Géorgie 49% - 36%
Grèce 56% - 23%
Hongrie 59% - 23%
Irak 19% - 31%
Iran 41% - 36%
Irlande 65% - 16%
Israël 60% - 32%
Italie 43% - 32%
Japon 19% - 39%
Jordanie 16% - 77%
Kazakhstan 38% - 47%
Kirgizistan 21% - 59%
Koweit 50% - 41%
Liban 4% - 94%
Macédoine 29% - 58%
Néderland 18% - 73%
Nouvelle Zélande 66% - 15%
Norvège 24% - 56%
Omman 69% - 24%
Pays-Bas 18% - 73%
Pologne 63% - 19%
Qatar 60% - 29%
Roumanie 41% - 40%
Royaume-Uni 52% - 22%
Russie 57% - 27%
Serbie 64% - 23%
Sudan 27% - 66%
Suède 22% - 44%
Suisse 32% - 38%
Tchequie 70% - 11%
Tunis 27% - 66%
Turkmenistan 50% - 37%
Ukraine 42% - 29%
Uzbekistan 31% - 54%

RESULTATS DEFINITIFS DES PRESIDENTIELLES EN BELGIQUE

Electeurs: 142.463
Votes valables: 75.201 (52,79%)
Erdogan: 74,85%
Ince: 15,03%
Demirtas: 5,61%
Aksener: 2,53%
Karamollaoglu: 0,77%
Perincek: 0,19%

RESULTATS DEFINITIFS DES LEGISLATIVES EN BELGIQUE

Electeurs: 142.463
Votes valables: 76.324 (53,57%)
AKP: 64,34%
CHP: 10,56%
MHP: 9,67%
HDP: 9,58%
IYI: 3,32%
SAADET: 0,96%
VP: 0,23%
HUDA PAR: 0,17%

Des partisans d’Erdogan s’en prennent à la police et à la presse

Les partisans de Recep Tayyip Erdogan ont célébré la victoire de leur candidat en Turquie et dans plusieurs villes européennes après l’annonce du chef d’Etat turc de sa victoire aux élections présidentielles. A Heusden-Zolder (Limbourg), le rassemblement a dégénéré. La police a dû dressé des dizaines de pv visant des conducteurs qui bloquaient les routes. Des journalistes ont pour leur part fait l’objet de menaces.
 
La police de Heusden-Zolder avait pris des mesures pour prévenir tout débordement en cas de rassemblement. Une interdiction de klaxonner ou de bloquer la voie publique avait notamment été décrétée.

Quelques centaines de voitures ont malgré tout entravé la circulation durant plusieurs heures. La police a dû intervenir pour dévier le trafic. Lors du chaos qui s’en est découlé, un véhicule a heurté une voiture de police banalisée. Deux personnes ont été blessées et ont dû être hospitalisées. Au total, quelque 75 procès-verbaux ont été dressés.

Les partisans s’en sont également pris à des journalistes de Radio 2 (VRT). "Lorsque nous avons sorti notre caméra pour prendre des photos pour le site web, ça a eu l’effet d’un chiffon rouge sur un taureau", témoigne notre collègue Dirk Reynders.

"Quelques personnes ont commencé à nous menacer et nous insulter, et se sont dirigés vers nous suivis de dizaines d’autres personnes. Nous avons été pris à parti durant tout un temps. Ils ont également menacé de mettre en morceau notre matériel", raconte-t-il encore. (VRT, 25 juin 2018)

L'opposant turc Cahit Zorel régularisé en Belgique

Après 17 ans d’attente et 70 jours de sit-in devant le Conseil du Contentieux des Étrangers, Cahit Zorel vient d’être régularisé.

Cet opposant turc s’est vu refusé d’être régularisé à plusieurs reprises depuis son arrivée en Belgique il y a plus de 17 ans. Même son mariage (avec une personne de nationalité belge) n’avait pas eu d’incidence, les autorités allant jusqu’à conseillé à sa femme de le suivre en Turquie.

Après un passage au Conseil du Contentieux le 14 juin dernier, où des dizaines de solidaires étaient venus le soutenir, Cahit vient finalement d’être régularisé. (https://secoursrouge.org/Bruxelles-Cahit-est-regularise)

Ozguden over Turkse verkiezingen

Aylin Koksal, Knack, 25 juni 2018

Voor Dogan Özgüden, journalist en hoofdredacteur van zijn eigen krant InfoTürk, is het een zwarte dag voor de democratie. Zijn kritische krant die gevestigd is in Brussel, wordt verzorgd en beheerd door hemzelf. 'Dit zijn geen verrassende resultaten, maar dankzij de alliantie met de ultranationalistische partij MHP heeft de partij van Erdogan toch de 50 procent kunnen overschrijden. Hij kon dus met gemak een tweede ronde vermijden. Het enige positieve is dat de pro-Koerdische partij HDP de tien procent heeft gehaald, maar dat zal dan ook niet hun voordeel spelen.'

Gevaarlijk voor Europa

'Wat mij echt zorgen baart, is dat de Turkse bevolking op het randje staat van een burgeroorlog', meent hij. 'De verdeeldheid zal de komende dagen heel voelbaar zijn. Ik voorspel protesten, gevechten, conflicten en in het ergste geval een burgeroorlog. Nu moeten leiders wereldwijd actie ondernemen om kleinere partijen als de HDP onder hun vleugels te nemen.'

Lees ook: Verbannen Turkse journalist: 'De macht van de Turkse regering in België is omnipresent'

Ook in ons land kwamen gisteren talloze aanhangers van de president Erdogan op straat, nadat hij de overwinning opeiste. In Heusden-Zolder blokkeerden honderden claxonnerende auto's de openbare weg. Ook journalisten werden bedreigd en uitgescholden. 'Dit is meer dan een uit de hand gelopen viering', vertelt journalist Özgüden. 'Dit is ook gevaarlijk voor Europa. Laten we niet vergeten dat er ook verkiezingen aankomen in België. Turkse media zullen meteen analyses vrijgeven over welke partij als beste de Turkse regering dient, ze zullen dan ook stemmen voor een partij die pro-Erdogan is. Veel Belgische partijen rekenen op de steun van de Turken, die partijen zullen alvast niet op hun teentjes trappen. Be.One bijvoorbeeld profileert zich openlijk als pro-Erdogan.'

Desondanks is Özgüden absoluut geen voorstander van de afschaffing van de dubbele nationaliteit: 'Ik vocht hier zelf jarenlang mee om mensen de kans te geven om te stemmen in hun land van herkomst. Het afschaffen van de dubbele nationaliteit lijkt me dan ook ondemocratisch.' Maar hoe democratisch is het dat Turkse Belgen massaal stemden voor een partij die een compleet dictatoriale systeem wil invoeren? 'Heel ondemocratisch', bekent hij.


Dans l'attente d'une décision, Cahit Zorel poursuit son action de protestation

L'opposant turc Cahit Zorel
qui se mobilise depuis 65 jours devant le Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE) contre son refus de régularisation vient d'annoncer qu'il poursuivra son action jusqu'à l'obtention d'une décision favorable.

Il se mobilise les jours ouvrables de 11H00 à 14H00 devant le CCE.

Cahit Zorel est un sans-papier de 46 ans présent depuis 17 ans en Belgique et marié depuis 4 ans à une Belgo-turque. Il a travaillé pendant 11 ans dans un restaurant à Liège et vit actuellement en Flandre.

Le 25 janvier dernier, il avait reçu un document l'informant que la Sûreté de l'Etat le considérait comme un des dirigeants, pour la région Liège/Verviers, de l'organisation d'extrême gauche DHKP/C, intégrée dans la liste des organisations terroristes de l'Union européenne en 2002.

Les arguments de la Surêté de l'Etat sur lesquels l'Office des Etrangers a fondé son refus ont été contestés par la défense de Cahit Zorel.

Lors de l'audience du 13 juin
devant le Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE) à Bruxelles, son avocat Raf Jespers a notamment fait valoir qu'il n'avait jamais été poursuivi pour des faits de violence et qu'il n'y a aucun dossier judiciaire à son encontre. "Son engagement militant ne met pas en danger la sécurité nationale. Il n'a pas été entendu avant la prise de décision, qui s'est basée sur les notes de la Sûreté de l'Etat. Il aurait dû être confronté avec le contenu de ces notes au préalable".

La décision est attendue dans un à deux mois.

Une ministre belge d'origine kurde se dit menacée de mort

Une ministre belge d'origine kurde, Zuhal Demir, connue en Turquie et auprès de la communauté turque de Belgique pour ses prises de position anti-Erdogan, va porter plainte pour menaces de mort, a appris l'AFP mercredi auprès de son cabinet.

"Il y aura une plainte, c'est en préparation, son avocat fait le nécessaire", a indiqué une source au cabinet de Mme Zemir.

Mardi soir, sur la chaîne publique flamande VRT, la secrétaire d'Etat à l'Egalité des chances, issue de la N-VA (nationalistes flamands), a fait état de menaces de mort formulées récemment contre elle et sa fille âgée de six mois.

Elle a établi un lien avec l'hostilité que lui a témoigné sur Facebook une responsable du microparti Be.One, Hatice Kör, accusée de l'avoir traitée de "terroriste" pour ses liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Je ne l'accepte plus", a dit à la VRT Zuhal Demir, qui a toujours démenti ces affinités qu'on lui prête avec une organisation classée "terroriste" par Ankara, l'Union européenne et Washington.

Selon le membre de son cabinet, ces accusations sont liées à "la grande influence de l'AKP (le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan) au sein de la communauté turque de Belgique".

Cela intervient à quelques jours du double scrutin présidentiel et législatif prévu dimanche en Turquie, mais "il n'y a pas forcément de corrélation avec ce contexte", a toutefois assuré cette source.

Be.One, cofondé début 2018 par l'essayiste belge d'origine libanaise Dyab Abou Jahjah, entend aligner des candidats aux élections communales d'octobre dans une dizaine de villes flamandes dont Anvers, Gand et Malines.

Se voulant multiethnique, défendant la promotion des descendants d'immigrés dans la société belge, le parti a désigné la N-VA comme un de ses principaux adversaires politiques.
(AFP, 20 juin 2018)

Une lettre de propagande d'Erdogan à la communauté turque

Une lettre de propagande du président turc, Recep Erdogan, envoyée à la communauté turque aux Pays-Bas suscite l’indignation de La Haye.

Ankara n’a de cesse de mettre les nerfs des Pays-Bas à l’épreuve. Propre à faire monter d’un cran les tensions déjà vives entre les deux pays, une lettre du président turc Recep Erdogan a produit le plus mauvais effet à La Haye.

Dans le cadre de la campagne électorale en Turquie en vue des élections anticipées de dimanche prochain, un courrier de propagande est récemment parvenu aux Néerlandais d’origine turque qui, la plupart, possèdent la double nationalité. Une lettre envoyée, sachant qu’un scrutin par anticipation a été organisé à leur intention dans trois villes néerlandaises (Amsterdam, Deventer et La Haye). Ouvert depuis vendredi dernier, ce scrutin se clôture demain.

Signée de Recep Erdogan en tant que président de Turquie et chef de file de son parti AK, la lettre enjoint à « ses concitoyens » néerlandais de participer au scrutin.

« Une ingérence étrangère malvenue et inappropriée », a estimé le ministre des Affaires sociales, Wouter Koolmees. Selon ce ministre chargé aussi de l’intégration, « les Néerlandais turcs ont leur avenir aux Pays-Bas ». La Haye se réserve pour l’instant la forme d’une réaction officielle.

Mais le recours à l’ambassade de Turquie sera impossible puisqu’Ankara a fermé sa représentation diplomatique dans le royaume l’année dernière. Cette mesure de rétorsion a été prise après l’expulsion manu militari du territoire néerlandais d’une ministre turque venue faire campagne en faveur du référendum en Turquie voulu par le président Recep Erdogan. La Haye et le maire de Rotterdam s’étaient opposés à la tenue de son meeting. (Les Echos, Didier Burg, 18 juin 2018)

L’État belge blanchi en appel dans le massacre de l’ETO au Rwanda

La cour d'appel de Bruxelles a estimé que la décision de retirer les militaires belges stationnés à l'École Technique Officielle de Kigali incombait à l'ONU et non à l'État belge, contredisant le jugement rendu en première instance.

« Il y a toujours des aléas dans un procès mais là, on ne s’y attendait pas ». L’avocat Philippe Lardinois a du mal à cacher sa stupeur, et pour cause : le revirement de la justice belge a de quoi surprendre. Après 14 années de procédure, la cour d’appel de Bruxelles a finalement estimé, dans un arrêt prononcé le 8 juin, que Jeune Afrique a pu consulter, que la responsabilité du départ du contingent belge de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar) qui stationnait à l’École technique officielle (ETO), à Kigali, « incombe à l’ONU » et non aux autorités belges.

Le litige concernait la détermination de la responsabilités des massacres qui ont suivi l’évacuation par les militaires belges de l’ETO, ainsi que l’indemnisation des victimes. (jeuneafrique)

Le communiqué de la famille de notre amie
et collègue Florida Mukeshimana,
formatrice principale des Ateliers du Soleil:


Chers amis,

Hier en cours de journée, nous avons pris connaissance par le biais de notre avocat, de la conclusion de la Cour d'Appel dans l'affaire ETO.

La Cour d'Appel a mis hors cause l'Etat Belge, estimant que c'est bien la Minuar, Mission des Nations Unies pour le Rwanda qui a abandonné les refugiés de l'ETO.

Le jugement est décevant mais pour nous l’irréparable a déjà été commis le 11 Avril 1994. Le procès restera dans l’histoire. Une victoire pour nous en première instance et un étonnant revirement de situation en Cour d'Appel.

Nos avocats analysent encore le jugement pour savoir quelle suite y donner, sachant déjà que notre famille est épuisée par de longues années de recherche de la justice.

Après 14 ans de procédure, et 24 ans après le génocide perpétré contre les tutsis, nous pensons avoir tout fait pour que l'abandon des l'ETO puisse être connu dans le monde entier.

Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidés et épaulés durant ce combat.

La famille de feu Boniface Ngulinzira

Once upon a time in Schaerbeek



Après le premier génocide des Arméniens en 1895 par l'Empire ottoman, la Commune de Schaerbeek avait accueilli les 17-18 juillet 1902 le premier congrès à ce sujet en présence de Jean Jaurès.

Malgré les machinations de la diplomatie ottomane pour empêcher les organisateurs de trouver une salle de réunion en Belgique, ce premier congrès international des amis de la cause arménienne avait eu lieu à Schaerbeek, grâce à la libérale hospitalité du gouvernement belge et du bourgmestre de Schaerbeek M. Guillaume Kennis.

Selon la revue ProArmenia du 25 juillet 1902, "dans la rue Collignon, un élégant établissement non loin de la maison communale, au fond d'un couloir fleuri et orné de tapis et de plantes vertes, une salle point trop spacieuse, mais suffisante néanmoins pour le nombreux public d'élite qui y représente à peu près toutes les nations civilisées à part la Suisse et l'Allemagne, cette dernière s'étant fait excuser par la lettre de Bernstein. Les accès sont gardés par des agents communaux en grand uniforme."

En annexe le discours historique de Jean Jaurès à Schaerbeek il y a 116 ans.

Hélas, 13 ans plus tard de ce discours, le peuple arménien a subi le deuxième génocide et la déportation de 1915 dans l'Empire ottoman.

https://www.facebook.com/fondation.info.turk/posts/10156764961683641

Un millier de manifestants à Bruxelles pour la régularisation des sans-papiers

Quelque 1.100 personnes, selon la police locale, ont participé dimanche à Bruxelles à une manifestation pour la régularisation sans conditions et contre les politiques migratoires de l'Union européenne et de ses États membres. Les manifestants ont notamment réclamé une politique migratoire hospitalière et respectueuse de tous les droits humains, la fermeture des centres fermés et la fin de la criminalisation des sans-papiers et des personnes solidaires des sans-papiers.

Le cortège est parti vers 14h00 de la gare du Nord et s'est rendu à la gare du Midi. La manifestation était à l'initiative de Coordination des Sans Papiers de Belgique, d'organisations syndicales et du Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers).

Les manifestants ont exigé des solutions humaines pour les sans-papiers qui se trouvent en Belgique depuis longtemps et qui n'ont pas encore de permis de séjour. Ils en ont appelé à la régularisation des sans-papiers sur base de critères clairs et permanents, notamment sur base de l'ancrage durable des personnes en Belgique, de leur vulnérabilité, et de la longueur de la procédure.

Ils ont également demandé qu'une commission indépendante soit systématiquement impliquée dans les dossiers de régularisation afin de limiter le pouvoir discrétionnaire de l'Office des étrangers.

Le droit à la santé et à l'éducation pour les enfants sans-papiers figuraient aussi au nombre de leurs requêtes, de même que la lutte contre l'exploitation des travailleurs immigrés en séjour irrégulier, la fraude et le dumping social.
(Belga, 10 juin 2018)

Un échevin de Genk condamné à 18 mois de prison

Ali Caglar (CD&V), échevin à Genk, a été condamné pour corruption passive à 18 mois de prison avec sursis et à 6.000 euros d’amende.

Il est aussi privé de ses droits durant 10 ans. L’échevin des Travaux publics devait répondre, au même titre que l’ex-président des Hells Angels à Genk, Fabrizio Muto, et l’entrepreneur néerlandais Hendrik Pals de corruption passive, faux et utilisation d’une fausse facture.

Ali Caglar a omis de déclarer comme dépense électorale une facture payée par Pals pour des impressions lors des élections de 2012.

Fabrizio Muto et Hendrik Pals ont été condamnés respectivement à 18 mois de prison avec sursis et à une amende de 6.000 euros
.

Zoé Genot arrêtée après s'être infiltrée dans la base de Kleine-Brogel

Huit militants de la campagne "Nuke free zone", parmi lesquels la députée bruxelloise Zoé Genot (Ecolo), ont été arrêtés dimanche matin après s'être infiltrés dans la base militaire aérienne de Kleine-Brogel. Lors de leur mise en scène, les militants ont symboliquement exfiltré des ogives états-uniennes "qui y sont illégalement entreposées depuis plus de 60 ans", annonce l'ONG Agir pour la paix.

Le groupe de militants qualifie l'action de "beau succès dans le cadre du désarmement nucléaire" et affirme qu'elle est un "message clair pour le gouvernement fédéral: il faut sans attendre établir une feuille de route visant au retrait des armes nucléaires sur le territoire belge et signer le traité onusien d'interdiction des armes nucléaires".

"Avec la mise en place du traité d'interdiction des armes nucléaires, notamment grâce au mouvement citoyen ICAN (prix Nobel de la Paix 2017, ndlr), il y a enfin une possibilité internationale de bannir ces armes nucléaires et les dangers qu'elles font peser sur l'humanité", souligne Agir pour la paix.

"Non à la gabégie nucléaire"

Pour les activistes, qui dénonce le futur sommet de l'Otan affirmant que "29 chefs d'Etat y prendront des décisions politiques majeures hors de toute instance démocratique alors que ces mêmes décisions menacent la sécurité de l'ensemble de la planète", il est temps de dire "non à la gabégie nucléaire" qui coûte "des milliards" et contribue "à la course à l'armement mondial".

Contre-sommet

Le groupe d'action a déjà annoncé des manifestations et mouvements de paix lors des 11 et 12 juillet pour organiser un contre-sommet. "Il est temps que l'Otan disparaisse", affirme-t-il. . (Belga, 10 juin 2018)

Le centre culturel turc de Herstal n'a plus de permis d'urbanisme

Lorsqu'une fondation religieuse turque a racheté les anciens établissements Forir, voici douze ans, son projet de centre culturel et récréatif s'est heurté à l'hostilité de plusieurs voisins. Une pétition a circulé contre les deux minarets, envisagés au départ pour la partie du site consacrée à une mosquée. Les plans ont alors été modifiés, les autorisations ont été accordées, mais, sur recours d'habitants du quartier, le ministre a annulé le permis: le prétexte invoqué, c'est que la dépollution de l'ancienne usine n'aurait pas respecté les  principes de précautions des décrets wallons. Le conseil d'état a pourtant cassé cette décision, et le centre culturel a donc pu s'installer et commencer à fonctionner. Ce qui n'a pas découragé un opposant, qui s'est à nouveau tourné vers le conseil d'état, cette fois sur base d'un nouvel argument: les nuisances sonores.

Le bâtiment se situe, en effet, en intérieur d'ilôt dans une zone d'habitat. Et la cour du centre culturel turc donne sur l'arrière des jardins des maisons des alentours. Or, l'étude de bruit n'a pas suffisamment examiné les propagations sonores dans toutes les directions. Les magistrats ont été convaincus, et ils viennent d'annuler le permis.

Du côté de l'administration communal herstalienne, c'est la surprise. Du côté du centre culturel turc également. Mais une nouvelle demande devrait très rapidement être introduite pour régulariser la situation, sur base d'une fréquentation revue à la baisse, conformément à l'utilisation actuelle des anciens établissements Forir, nettement en retrait par rapport aux ambitions initiales des promoteurs. (RTBF, 7 juin 2018)

L'opposant Cahit Zorel agressé par un intégriste turc

Communiqué du CLEA:

Depuis le mardi 17 avril 2018, Cahit Zorel, opposant turco-kurde habitant en Belgique, organise un sit-in tous les jours de 11h à 15h devant le Conseil du Contentieux des Étrangers à Bruxelles pour réclamer sa régularisation après 17 ans d’attente, régularisation réfusée au motif de son engagement dénonçant le régime turque par sa participation à des manifestations et conférences, distribution de tracts, écriture d’articles.

Le jeudi 7 juin 2018, au 50e jour de son action, il fut la victime d'une agression au couteau par un ressortissant turc intégriste.

Le 13 juin prochain, Cahit Zorel comparaîtra devant le Conseil du Contentieux des Etrangers. Le CLEA vous invite à assister à l'audience à 9 heures 30 à l'adresse suivante: 92-94 rue Gaucheret à 1030 Bruxelles. Venez nombreuses et nombreux !

http://leclea.be/affaire_dhkp-c/harceles_en_europe/cahit_zorel-droit_au_sejour.html

Commémorations tendues d'un attentat anti-turc en Allemagne

Berlin et Ankara commémorent mardi l'un des pires attentats racistes de l'Allemagne d'après-guerre, perpétré il y a 25 ans, dans un contexte de montée de l'extrême droite et de tensions entre les deux pays avant les élections turques.

Le 29 mai 1993, cinq Turques de 4 à 27 ans avaient péri dans un incendie xénophobe à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. Les images du bâtiment embrasé avaient fait le tour du monde et scandalisé l'Allemagne. Les auteurs, quatre jeunes néonazis, ont été condamnés à des peines de 10 à 15 ans de prison.

Mardi la chancelière Angela Merkel et le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, seront présents aux hommages rendus un quart de siècle après le drame à partir de la mi-journée.

Officiellement, M. Cavusoglu est en Allemagne pour participer à cette cérémonie du souvenir.

Mais à moins d'un mois des scrutins législatifs et présidentiel du 24 juin en Turquie, sa venue fait grincer des dents en Allemagne.

Les détracteurs d'Ankara redoutent que le ministre en profite pour faire campagne en faveur du président Recep Tayyip Erdogan et batte le rappel de la communauté turque d'Allemagne, en dépit du refus de Berlin.

Forte de 3 millions de personnes, la plus grande diaspora turque au monde compte 1,4 million d'électeurs pouvant voter en Turquie. Une manne pour le président Erdogan qui vise un deuxième mandat mais risque, au vu des sondages, d'être privé de majorité absolue.

- "Acte effroyable" -

Berlin a interdit aux responsables politiques turcs de faire campagne en Allemagne pour ces élections, à l'instar de ce qu'il avait fait au printemps 2017 pour le référendum sur l'élargissement des pouvoirs du président turc.

Plusieurs pays européens avaient fait de même, déclenchant une crise entre Ankara et Berlin, avant que les deux pays n'entament récemment un rapprochement.

Dernier symptôme des relations tendues entre Ankara et les Européens: l'hebdomadaire français Le Point a dénoncé le "harcèlement" de partisans de M. Erdogan contre son dernier numéro, dans lequel le dirigeant turc est qualifié de "dictateur". Le président français Emmanuel Macron a pris lundi la défense du magazine, déclarant que "la liberté de la presse n'a pas de prix".

Parmi les voix opposée à une récupération politique des cérémonies, celle de Mevlüde Genc, 75 ans, qui a perdu ses deux filles, ses deux petites-filles et une nièce dans l'incendie.

"Je voudrais rendre hommage à mes enfants morts. Je ne veux pas qu'il y ait quoi que ce soit de politique", a-t-elle déclaré.

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, présent mardi, a affirmé que la présence de son homologue turc "ne s'inscrit pas dans le cadre des élections" et sera dédiée "aux victimes".

"L'acte effroyable de Solingen est et reste une attaque contre nous tous, contre nos valeurs et notre cohabitation pacifique. Et aussi contre ce qui fait l'Allemagne", a-t-il insisté mardi dans un entretien à des journaux allemands.

Une mise en garde qui intervient alors que l'extrême droite est en plein essor en Allemagne : avec ses discours anti-migrants et anti-musulmans musclés, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) a fait une entrée fracassante en septembre à la chambre des députés.

- "Chameliers" -

L'AfD surfe sur les peurs suscitées par l'arrivée depuis 2015 en Allemagne de plus d'un million de demandeurs d'asile et multiplie les provocations contre les Turcs d'Allemagne, première communauté immigrée du pays.

En février, un élu local de l'AfD avait scandalisé en les qualifiant de "marchands de cumin" et de "chameliers".

Récemment, Alice Weidel, cheffe de file du parti, s'en est pris aux femmes en "burqa, filles voilées, hommes armés de couteaux et autres bons à rien" qui menacent, selon elle, la prospérité allemande.

"Les propos de l'extrême droite populiste déterminent le discours public sur les questions de flux de réfugiés ou de migrants", s'est inquiété mardi Gökay Sofuoglu, président de la Communauté turque d'Allemagne.

Alors que "racisme, xénophobie et islamophobie connaissent un essor" en Allemagne, "responsables politiques et médias devraient être prudents dans leur langage", s'était ému lundi le ministère des Affaires étrangères turc. Une mise en garde implicite à l'AfD.
(AFP, 29 mai 2018)

Que sait-on sur la communauté turque qui vit actuellement en France?

Le week-end dernier, une dizaine de ressortissants turcs ont fait pression sur des vendeurs de journaux au Pontet (Vaucluse) et à Valence (Drôme) afin qu’ils retirent de leurs kiosques les affiches faisant la publicité du dernier numéro du Point consacré à Erdogan, le président de la Turquie, qualifié de dictateur en couverture. L’affaire a fait grand bruit et donne l’occasion de nous pencher sur le visage de la communauté turque vivant en France. Voici en quatre questions ce qu’il faut savoir pour l’essentiel.

Combien de Turcs habitent aujourd’hui en France ?

Même si aucun recensement exact n’a été établi, au moins 600.000 Turcs, peut-être 650.000, vivent en France aujourd’hui. Les deux principales régions à les accueillir sont la région parisienne et l’Est de la France (Alsace et Moselle). Ils se trouvent aussi du côté de Lyon et de Limoges.

Comment se situent-ils politiquement ?

Environ 300.000 sont inscrits sur les listes électorales. « Tous ne votent pas mais en général, ils participent fortement », observe Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, et docteur en science politique et certifié d’Histoire et Géographie, spécialiste du Moyen-Orient et de la Turquie, auteur du livre «Géopolitique des mondes arabes» (édition Eyrolles). Et d’ajouter que les dernières échéances électorales « ont montré un différentiel entre les moyennes nationales en Turquie et les votes des Turcs en France, qui sont plutôt en faveur de l’AKP ».

Par exemple, lors des législatives de 2015, plus de 50 % des électeurs vivant en France, ont voté pour le parti au pouvoir contre 41 % en Turquie. Le référendum d’avril 2017 sur la réforme de la constitution (renforçant notamment les pouvoirs du président) a obtenu 51,4% de réponses favorables en Turquie tandis qu’en France, le « oui » l’a emporté avec 65 % des suffrages exprimés.

« Ceux qui vivent et votent à l’étranger sont souvent assez légitimistes. Ce n’est pas mécanique ni même systématique mais ils ont plutôt tendance à voter pour le parti au pouvoir », explique Didier Billion, qui avance néanmoins une autre raison. « Le parti au pouvoir utilise assez massivement les moyens de l’Etat pour faire de la propagande en sa faveur. Il s’appuie notamment sur le réseau des mosquées. Les imams turcs, qui viennent en France, sont nommés par le pouvoir [la Direction des affaires religieuses qui dépend du Premier ministre]. La plupart d’entre eux d’ailleurs ne parle pas la langue. Lorsqu’ils s’adressent à la communauté, ils font prononcent des sermons en faveur du pouvoir. Comme il y a un retour de la pratique religieuse, ces prêches ont évidemment une importance ».

Pourquoi Erdogan a de nombreux soutiens en France ?

« Il ne faut pas oublier une chose : le pouvoir, que l’on peut critiquer sur beaucoup d’aspects comme les droits démocratiques, s’est paré jusque-là de bons résultats économiques », répond Didier Billion. Ce qui a permis à la Turquie de fortement progresser depuis une quinzaine d’années. « Les Turcs qui vivent en France, restent très attachés à leur mère patrie. Ils sont très liés à ces bons résultats. Cela explique qu’une forte propension d’entre eux vote pour Erdogan ou son parti », complète-t-il.

Quid des mesures répressives ou des pressions quotidiennes exercées sur la population ? Les expatriés, retournant régulièrement au pays ou continuant d’avoir contact avec leur famille, ne peuvent l’ignorer. « Ils sont au courant mais ils ne le vivent pas dans leur chair. Le nationalisme reste une valeur assez bien partagée chez les Turcs. Même à l’étranger, on se réfère souvent à la Mère Patrie. Ils ont le regard beaucoup moins critique à l’égard de ce qui se passe là-bas », argumente Didier Billion.

Les Turcs vivant en France sont-ils réellement influents ?

Le week-end dernier, une poignée de pro-Erdogan s’en est pris à deux gérants de kiosques à Valence et au Pontet. S’il n’était guère nombreux, ils ont néanmoins obligé les propriétaires à retirer les affiches vantant la sortie du dernier numéro du Point. Une forme de censure qui a rapidement suscité la polémique, et Emmanuel Macron a tweeté son soutien à l'hebdomadaire.

Jusque-là, les organisations turques « n’étaient pas politiquement organisées » et « s’occupaient assez peu de la vie politique française », note le chercheur. Il a fallu que la France reconnaisse officiellement le génocide arménien, perpétré par les Turcs en 1915, pour que les voix commencent à s’élever.

« Depuis la manifestation devant le Sénat (en 2012), il y a une volonté, même minoritaire, de peser sur la situation politique française », estime Didier Billion. Et d’ajouter : « Un jour Erdogan avait dit aux ressortissants vivant en Allemagne de ne pas s’assimiler au pays dans lequel ils vivaient et de rester turcs. Evidement, cela agit sur la conscience collective. Il y a une volonté du pouvoir d’instrumentaliser la communauté turque (expatriée) mais pour l’instant, les résultats ne sont pas avérés. L’AKP a l’oreille et la confiance de Turcs en France mais ils ne sont pas capables de peser sur vie politique française », conclut le chercheur. (20minutes.fr,  28 Mai 2018)




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