Droits
de l'Homme / Human Rights
Un député d'opposition sortant
écroué pour "terrorisme"
Un député sortant du principal parti d'opposition en Turquie a été
écroué vendredi sur la base d'accusations d'activités "terroristes", a
rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.
Eren Erdem, 31 ans, est notamment accusé "d'avoir volontairement et
délibérément aidé une organisation terroriste armée sans en être
membre" et a été placé en détention dans l'attente de son procès, selon
Anadolu.
Le député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) sous
la précédente législature a été interpellé à Ankara dans la nuit et
emmené à Istanbul tôt vendredi pour être présenté à un juge.
Ce développement survient mois d'une semaine après des élections
présidentielle et législatives remportées dimanche par le chef de
l'Etat Recep Tayyip Erodgan.
"J'ai été interpellé. Je n'en connais pas la raison. J'ai été arrêté
par la police devant chez moi", avait-il tweeté dans la nuit de jeudi à
vendredi.
Anadolu avait dans un premier temps fait état d'une accusation
d'"appartenance à une organisation terroriste armée", mais n'y faisait
plus référence après la décision du juge.
Le député sortant risque entre 9 ans et demi et 22 ans d'emprisonnement
lors de son procès qui doit s'ouvrir le 19 septembre.
Il est accusé d'avoir publié, lorsqu'il était à la tête du journal
Karsi, des enregistrements de conversations téléphoniques qui avaient
fuité en décembre 2013 dans le cadre d'un scandale de corruption visant
M. Erdogan, alors Premier ministre, et ses proches.
Les autorités qualifient ces fuites de "tentative de coup d'Etat"
qu'elles attribuent au prédicateur Fethullah Gülen, également accusé
d'avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.
Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie
toute implication.
Cette incarcération "prépare le terrain au mensonge selon lequel +le
CHP coopère avec le terrorisme+", a tweeté un autre député sortant du
CHP, Baris Yarkadas.
"Eren Erdem faisait du journalisme. Le journalisme n'est pas un crime",
a-t-il ajouté.
Lors de la campagne pour les élections législatives et présidentielles
de dimanche, remportées par M. Erdogan et son parti, le chef de l'Etat
a plusieurs fois accusé le CHP de soutenir le terrorisme.
L'un de ses principaux arguments a été la visite en prison du candidat
CHP à la présidentielle, Muharrem Ince, au candidat du parti prokurde
HDP, Selahattin Demirtas, détenu depuis novembre 2016, accusé
d'appartenir et de diriger une "organisation terroriste".
Les autorités ont lancé de vastes purges à la suite du putsch manqué de
juillet 2016, au cours desquelles plusieurs dizaines de milliers de
personnes ont été incarcérées.
Parmi elles figurent plusieurs députés du HDP, mais aussi un autre
député du CHP, Enis Berberoglu, condamné pour avoir fourni au quotidien
d'opposition Cumhuriyet des informations confidentielles. (AFP, 29 juin
2018)
Arrestation
de 12 personnes accusées d'avoir insulté Erdogan
Un tribunal turc a ordonné le placement en détention de 12 personnes
accusées d'avoir proféré des jurons à l'encontre du président Recep
Tayyip Erdogan lors d'un meeting du candidat de l'opposition Muharrem
Ince avant l'élection présidentielle de dimanche, ont annoncé mercredi
les médias officiels.
Ces douze personnes, qui ont été placées en détention préventive dans
l'attente de leur procès, sont accusées d'avoir "insulté un chef
d'Etat", à Izmir, sur les rivages de la mer Egée, où un meeting de M.
Ince avait rassemblé jeudi dernier des dizaines de milliers de
personnes.
Selon l'agence officielle Anadolu, des images de la scène, qui s'est
déroulée dans un restaurant d'Izmir servant de l'alcool, ont été
partagées sur les réseaux sociaux.
Des images abondamment diffusées par des sites pro-gouvernementaux
montraient des consommateurs assis à la terrasse d'un restaurant en
plein air scandant le nom de M. Erdogan sur un ton ironique, les propos
supposés insultants étant censurés.
Le rassemblement électoral d'Izmir a été l'un des temps forts de la
campagne de M. Ince, battu par M. Erdogan dès le premier tour dimanche.
Izmir est considérée comme un bastion de la principale formation
d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) de
M. Ince. Ce dernier y a recueilli 54% des voix.
Des milliers de personnes ont été poursuivies en Turquie sous
l'accusation d'avoir insulté M. Erdogan depuis qu'il est devenu chef de
l'Etat en 2014. (AFP, 27 juin
2018)

Mardi 26
juin 2018, SOS Turkey a organisé une conférence à la Maison des
Parlementaires belges une conférence sur "Les élections turques.
Qu’est-ce qui se passe après le 24 juin?" avec la participation des
orateurs de différents peuples de la région.
SOS Turkey
est une campagne qui a commencé l’année passée pour dénoncer la
répression en cours en Turquie depuis la tentative du coup d’Etat en
2016.
Lors de la
conférence, les orateurs suivants ont donné leur point de vue sur les
perspectives après les élections du 24 juin:
Dogan
Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Turk,
Eyyup Doru,
représentant du HDP auprès de l’UE,
Aris Nalci,
journaliste arménien,
Delil
Agbaba, porte parole de la communauté alévie.
Le texte
de l'intervention de Dogan Özgüden:
Chers Amis,
La question
qui se pose aujourd'hui: que se passe-t-il depuis le 24 juin?
Ce qui
s'est passé ce dimanche : Recep Tayyip Erdogan, qui dirige le pays
depuis seize ans, a remporté les élections présidentielles avec 52
pourcent des voix et a renforcé sa dictature avec les pouvoirs étendus
par la nouvelle constitution adoptée l'année passée.
Ce qui
s'est aussi passé ce dimanche, le rival principal d'Erdogan, Muharrem
Ince, candidat du parti social-démocrate CHP, a été battu malgré un
score de 30 pourcent. Parmi les quatre autres candidats, Meral Aksener
du parti d'extrême droite Iyi, Temel Karamollaoglu du parti islamiste
Saadet et Dogu Perincek du parti ultra nationaliste et négationniste
Vatan ont été condamnés à la disparition de la scène parlementaire.
Le seul
candidat à la présidence qui se distingue avec 8,2% des voix est
Selahattin Demirtas, ancien président du parti démocratique des peuples
(HDP) qui a du mener sa campagne électorale depuis sa cellule de la
prison d'Edirne.
Quant au
HDP, par l'emprisonnement de son leader et plusieurs députés et
dirigeants, mais également à cause de son exclusion d'une alliance
électorale avec trois autres partis d'opposition, risquait de ne pas
dépasser le seuil national des 10 pourcent et de perdre tous ses
députés au profit du parti d'Erdogan. Mais grâce à une mobilisation
exemplaire, le HDP, à lui seul, a réussi à devenir le troisième parti
de la nouvelle assemblée nationale avec 67 députés.
Oui,
Erdogan a effectivement remporté les élections présidentielles, mais sa
victoire est déjà ombrée par la nouvelle composition de l'Assemblée
nationale.
Malgré
l'utilisation de tous les moyens étatiques et des médias au service du
pouvoir, ce parti n'a obtenu que 41,4 pourcent des voix. Or, à l'issue
des élections précédentes du 1er novembre 2015, le score de l'AKP était
de 49,50 pourcent.
Cette chute
énorme nous montre également la vraie raison de la victoire de Recep
Tayyip Erdogan.
C'est grâce
à son alliance préélectorale avec le parti d'extrême droite MHP qu'il a
pu obtenir 52 pourcent des voix aux élections présidentielles. De ce
pourcentage, seulement 42 % appartient à son propre parti AKP et le
reste au MHP.
Si Erdogan
n'avait pas fait une alliance pré-électorale avec le MHP, le leader de
ce dernier Devlet Bahceli pouvait se présenter comme candidat aux
présidentielles et obtenir plus de 10 pourcent des voix au détriment de
celles d'Erdogan. Dans ce cas-ci, Erdogan ne pouvait obtenir que 42
pourcent des voix et serait confronter au deuxième tour des
présidentielles au candidat social-démocrate Muharrem Ince.
C'est la
raison pour laquelle, malgré sa victoire si applaudie, Erdogan sait
très bien que sans consentement ou complicité du MHP, il ne réaliserait
jamais ses ambitions hyperprésidentielles.
Voici les
nouveaux pouvoirs élargis d'Erdogan:
- Doté du
pouvoir exécutif, il nommera lui-même les ministres. Il désignera
également un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de Premier ministre
disparaîtra.
- Il
choisira directement ou indirectement six membres du Haut conseil des
juges et procureurs (HSYK), chargé de nommer et de destituer le
personnel du système judiciaire.
- Il
décidera d'imposer l'état d'urgence en cas de "soulèvement contre la
patrie" ou d'actions violentes qui mettent la nation (...) en danger de
division".
- Les
élections législatives et présidentielle se déroulent désormais de
façon simultanée et tous les cinq ans, contre quatre auparavant.
La
constitution donne à Erdogan la possibilité de prolonger sa présidence
jusqu'en 2028.
Je reviens
à la question qui est l'objet de cette conférence: qu'est-ce qui se
passe depuis le 24 juin?
Tout
d'abord un rappel:
Malgré la
tenue des élections récentes, la Turquie reste toujours une prison de
784 mille kilomètres carrés. Sous un régime d'état d'urgence,
l'emprisonnement des défenseurs des droits humains, hommes politiques
kurdes, journalistes, universitaires, artistes, limogeages massives
dans les services publics se poursuivent toujours de manière honteuse
pour un pays qui est membre du Conseil de l'Europe et candidat à
l'Union européenne.
Ce qui se
passe actuellement en Turquie, une série de marchandages obscures parmi
les partis de droite en vue d'officialiser et concrétiser aussitôt que
possible un état dictatorial dominé d'une part par l' AKP de Recep
Tayyip Erdogan et d'autre part par son allié MHP Devlet Bahceli.
Étant donné
qu'Erdogan doit sa victoire à Devlet Bahceli et doit encore obtenir son
soutien pour pouvoir passer certains actes législatifs de l'Assemblée
nationale, le MHP avec ses 49 députés pourra imposer tout ce qu'il veut
au président de la République.
Déjà dans
les médias d'opposition, on parle du fait que le vrai pouvoir
appartient désormais au parti d'extrême droite de Devlet Bahceli.
On verra
l'impact de ce fait dans les jours qui viennent dans la désignation par
Erdogan des nouveaux ministres et des haut fonctionnaires ou magistrats.
Il est fort
possible que le groupe parlementaire du Bon parti de l'ancien loup gris
Meral Aksener donnera le soutien nécessaire à l'alliance
Erdogan-Bahceli dans l'adoption des nouvelles lois répressives.
La seule
consolation pour les forces démocratiques du pays, c'est la grande
réussite du parti démocratique des peuples, HDP, représenté dans
l'Assemblée nationale par 67 députés.
Je dois
dire encore quelques mots sur l'impact de ces élections sur les
ressortissants de Turquie dans le monde.
Sur 3
millions d'électeurs à l'étranger 52 % ont voté malheureusement pour
l'AKP et 59 % pour Recep Tayyip Erdogan.
Quant à la
Belgique, sur 142 mille électeurs, 75 % ont voté pour Erdogan et 64 %
pour l'AKP.
Bien
entendu, cela n'est pas surprenant grâce au lavage de cerveau appliqué
par les missions diplomatiques turques, la Diyanet, les mosquées et les
associations nationalistes ou religieuses turques.
Ce qui
également inquiétant c'est l'impact de ces résultats sur les élections
communales, fédérales, régionales et européennes qui approchent.
Vu cette
dominance de la dictature d'Erdogan sur les turco-belges, comment
réagiront les partis politiques belges dans la sélection des candidats
issus de la communauté turque?
Est-ce que
les élus turcs négotiannistes ou défenseurs du régime d'Ankara
pourront-ils toujours figurer sur les listes électorales?
Je termine
en répétant la même question:
Qu'est-ce
qui se passera en Belgique depuis le 24 juin?
Et un
dernier mot:
Avec Inci,
nous sommes à la 46e année de notre exil. Le 24 juin, il y avait une
lueur d'espoir de revoir notre pays natal...
Une
déception? Non... La lutte continue!
Maintien en prison du directeur
d'Amnesty Turquie
Un tribunal d'Istanbul a ordonné jeudi le maintien en détention du
directeur d'Amnesty International en Turquie, emprisonné depuis plus
d'un an pour appartenance à une "organisation terroriste", en dépit des
protestations des défenseurs des droits de l'homme.
Taner Kiliç est détenu depuis juin 2017 à Izmir (ouest). Il est accusé
d'être lié au prédicateur turc exilé aux Etats-Unis Fethullah Gulen
qui, selon Ankara, a fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016.
Fethullah Gulen dément ces accusations.
Le tribunal a décidé de "maintenir notre collègue Taner Kiliç, qui est
injustement emprisonné depuis un an", a dénoncé Amnesty Turquie dans un
communiqué.
"Tout montre qu'il est innocent... Cette injustice est inacceptable",
ajoute le texte.
La prochaine audience est prévue pour le 7 novembre.
Taner Kiliç est l'un des journalistes et militants des droits de
l'homme, au nombre de plusieurs dizaines, arrêtés lors de la répression
qui a suivi la tentative de coup d'Etat et qui a touché, selon les
critiques du gouvernement turc, non seulement les auteurs présumés de
ce coup, mais aussi des opposants au président Recep Tayyip Erdogan.
Taner Kiliç risque jusqu'à 15 ans de prison. Amnesty considère les
charges pesant sur lui comme "sans fondement".
"Nous sommes tous en état de choc", a commenté sur Twitter le
secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty, qui était
présent au tribunal. Selon lui, la décision du tribunal constitue un
"triste commentaire sur l'état de la justice" en Turquie. (AFP, 21 juin
2018)
4 morts dans des violences pendant la visite d'un député
Quatre personnes ont été tuées jeudi lors de violences dans une ville
du sud de la Turquie au cours de la visite d'un député du parti au
pouvoir en campagne pour les élections du 24 juin, ont annoncé les
médias.
Une bagarre impliquant l'entourage du député de l'AKP Ibrahim Halil
Yildiz au moment de sa visite dans la ville de Suruç, près de la
frontière syrienne, selon les médias, dont certains ont fait état de
tirs.
Les circonstances de cet incident font l'objet de versions divergentes.
Des médias favorables au gouvernement ont affirmé que M. Yildiz et ses
partisans avaient été attaqués par des opposants armés de bâtons et de
couteaux.
Mais les agences de presse Anadolu (étatique) et Dogan ont parlé d'une
fusillade.
Anadolu a affirmé que des partisans du parti prokurde HDP étaient
impliqués dans l'attaque et que le frère du parlementaire figurait
parmi les personnes tuées.
Toutefois, des médias prokurdes ont imputé l'attaque aux gardes du
corps du député, affirmant qu'ils avaient ouvert le feu dans un marché
de la ville après que l'élu y eut reçu un accueil hostile des
commerçants.
Le bureau du gouverneur de la province de Saliurfa dans laquelle se
trouve Suruç, une ville majoritairement peuplée de Kurdes, affirme pour
sa part dans un communiqué qu'une "bagarre a éclaté entre deux groupes"
pendant la visite du député dans de petites entreprises et que trois
personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans un "incident" qui
a eu lieu après son départ.
Un des blessés est mort par la suite à l'hôpital où il a été admis,
selon les médias, qui ont précisé que le député était quant à lui sain
et sauf.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté imputé la
responsabilité de ces violences au HDP ainsi qu'au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste"
par la Turquie et ses alliés occidentaux.
"C'est l'illustration la plus évidente du fait que le HDP et le PKK
n'ont pas été capables de renoncer à verser le sang des Kurdes pour
alimenter leur stratégie d'expansion", a-t-il dit.
En juillet 2015, un attentat attribué au groupe Etat islamique (EI) à
Suruç avait fait 34 morts. A la suite de cette attaque, M. Erdogan a
déclenché une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'EI. (AFP, 14 juin
2018)
19 arrestations après des incidents meurtriers dans une
ville kurde
La police turque a arrêté samedi 19 personnes, dont un candidat du
principal parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples), après
des heurts meurtriers au cours de la campagne électorale dans une ville
à majorité kurde proche de la frontière avec la Syrie, selon l'agence
de presse étatique Anadalu.
Quatre personnes avaient été tuées jeudi lors de violences dans la
ville de Suruç (sud) durant la visite d'un député du parti au pouvoir
AKP (Parti de la justice et du développement), en campagne pour les
élections législatives et présidentielle anticipées du 24 juin.
Les circonstances de cet incident font l'objet de versions divergentes.
Des médias pro-gouvernementaux ont affirmé que le député de l'AKP en
visite, Ibrahim Halil Yildiz, et ses partisans avaient été attaqués par
des opposants.
Des médias prokurdes ont imputé l'attaque aux gardes du corps du
député, affirmant qu'ils avaient ouvert le feu dans un marché de la
ville après que l'élu y eut reçu un accueil hostile des commerçants.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté incriminé le HDP
ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation
classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Le député était sorti indemne de ces violences. L'identité des victimes
n'a pas été clairement précisée dans l'immédiat. (AFP, 16 juin
2018)
Plus de 2.000 personnes condamnées en
lien avec le putsch manqué
Plus de 2.000 personnes ont été condamnées à des peines de prison, dont
plus de 1.500 à vie, dans des procès liés au putsch manqué de juillet
2016 en Turquie, a indiqué jeudi le ministre de la Justice.
Des verdicts ont été rendus à ce jour dans 171 des 287 procès ouverts
en lien avec la tentative de coup d'Etat et qui se sont soldés par la
condamnation de 2.140 personnes, a affirmé Abdülhamit Gül, lors d'un
entretien télévisé avec l'agence étatique Anadolu.
Parmi elles, 1.500 ont été condamnées à la prison à vie et 631 à des
peines de réclusion allant de 1 an et 2 mois à 20 ans.
Par ailleurs, 1.478 personnes ont été relaxées, a poursuivi le ministre.
Les procédures judiciaires lancées après le putsch avorté sont d'une
ampleur sans précédent en Turquie, avec des procès au cours desquels
sont parfois jugées plusieurs centaines de personnes.
Ankara impute le putsch manqué au prédicateur Fethullah Gülen et à ses
partisans. Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M.
Gülen nie toute implication.
Depuis la tentative de coup d'Etat, qui a fait 250 morts dans la nuit
du 15 au 16 juillet 2016, les autorités turques ont lancé une riposte
implacable contre les putschistes présumés.
Plus de 140.000 personnes ont ainsi été limogées ou suspendues et plus
de 50.000 arrêtées dans le cadre de l'état d'urgence instauré dès le 20
juillet 2016.
L'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme
accusent les autorités d'utiliser l'état d'urgence pour faire taire
toute voix critique. (AFP, 7 juin
2018)
Liberté conditionnelle
pour des étudiants accusés de "terrorisme"
Un tribunal d'Istanbul a ordonné mercredi la remise en liberté
conditionnelle de plusieurs étudiants d'une prestigieuse université
turque accusés de "propagande terroriste" pour s'être opposés à
l'offensive militaire d'Ankara en Syrie.
Le tribunal a demandé la libération sous contrôle judiciaire de 14
étudiants qui comparaissaient en détention préventive, selon une
journaliste de l'AFP présente dans la salle d'audience archicomble.
Huit autres étudiants comparaissent libres dans le cadre de ce procès
qui suscite l'inquiétude des défenseurs des droits de l'Homme.
La décision du tribunal mercredi a été accueillie par un tonnerre
d'applaudissements des proches des prévenus, venus en nombre pour
assister à la première audience du procès.
Ces étudiants de l'Université du Bosphore, l'un des creusets de l'élite
politique et intellectuelle du pays, sont accusés d'avoir fait de la
propagande pour le compte du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ils risquent jusqu'à cinq ans de prison s'ils sont reconnus coupables à
l'issue de leur procès, dont la prochaine audience se tiendra le 3
octobre.
Les 14 étudiants dont le juge a ordonné mercredi la remise en liberté
conditionnelle sont en détention préventive depuis le mois de mars,
après leur arrestation lors d'un coup de filet de la police sur le
campus.
Leur tort ? S'être rassemblés pour manifester leur opposition à
l'opération militaire turque dans la région d'Afrine, dans le
nord-ouest de la Syrie, contre une milice kurde affiliée au PKK.
Ce rassemblement avait été organisé en réaction à une distribution de
pâtisseries baptisées "délices d'Afrine" sur le campus par d'autres
étudiants favorables à l'opération lancée en janvier par le président
Recep Tayyip Erdogan.
Prenant la parole au tribunal mercredi, les étudiants ont rejeté les
accusations de propagande.
"Je n'ai fait l'apologie d'aucune violence, ni fait de propagande
terroriste", s'est ainsi défendue Sükran Yaren Tuncer, selon une
journaliste de l'AFP présente au tribunal.
"J'ai crié des slogans comme +Tous ensemble contre le fascisme+ et
+Stop à la guerre, maintenant la paix+. Ce sont des slogans universels,
scandés dans toutes les manifestations", a-t-elle ajouté.
Un autre prévenu, Ismail Gürler, a accusé des policiers de l'avoir
brutalisé lors de son arrestation. "On m'a déshabillé, puis on m'a
battu. A deux reprises", a-t-il déclaré d'une voix tremblante.
Une autre étudiante, Kübra Sagir, a dit "refuser d'être stigmatisée
comme une terroriste". "Des slogans ont été scandés, mais on ne peut
pas les considérer comme autre chose qu'une critique politique",
a-t-elle plaidé.
Ce procès suscite l'inquiétude de leurs proches et des défenseurs des
libertés, d'autant plus que le président Erdogan avait publiquement
qualifié en mars ces étudiants de "traîtres" et de "terroristes".
L'offensive turque en Syrie s'est accompagnée d'une répression contre
les voix critiques en Turquie, avec l'arrestation de centaines de
personnes qui avaient dénoncé les opérations militaires sur les réseaux
sociaux.
Le PKK est classé "organisation terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux et de nombreux journalistes et intellectuels ont été
accusés en Turquie de propagande pour le compte de ce groupe. (AFP, 6 juin
2018)
225 Investigations Brought against Rights Association
Members
The Human Rights Association has announced its report entitled
“Crackdowns on Human Rights Defenders, İHD and İHD Managers”.
The information that 10 Human Rights Association (İHD) managers were
dismissed and 225 lawsuits and investigations have been brought against
İHD members were included in the report.
10 rights defenders in seven cities were dismissed
The İHD members dismissed by statutory decrees are as follows:
İHD Secretary General Osman İşçi, İHD Ankara Branch Central Executive
Board Member Adnan Vural, İzmir Branch Board Members Mine Çetinkaya,
Caner Canlı, Eylem Temiz, Dersim Branch Chair Gürbüz Solmaz, Maraş
Branch Chair Selçuk Delibaş, Sakarya Branch Board Member Kamber Göçer,
Elazığ Branch Chair Behzat Hazır and İskenderun Branch Chair Coşkun
Selçuk.
Call from UN human rights experts
The following call made by the UN human rights experts on January 17,
2018 urging Turkey to end the State of Emergency was stressed in the
report:
“We remain concerned, as we have since the attempted coup, that the
Government is taking steps at odds with its obligations under human
rights law.
“We are deeply worried about severe crackdowns on civil society,
including journalists, the media, human rights defenders, jurists,
academics, and civil servants, as well as the use of various powers in
ways that are inconsistent with its obligations under the International
Covenant on Civil and Political Rights and the European Convention on
Human Rights.” (BIA, June 5, 2018)
Des
centaines de manifestants pour commémorer
la résistance de Gezi
Des centaines d'opposants au président turc Recep Tayyip Erdogan ont
défilé jeudi dans le centre d'Istanbul pour commémorer le cinquième
anniversaire des manifestations qui avaient constitué, en 2013, un
sérieux défi à son pouvoir.
Les protestations avaient débuté à la fin du mois de mai 2013, pour
dénoncer la construction d'un centre commercial dans le parc de Gezi à
Istanbul, à proximité de la place Taksim, dans le centre de la ville.
Mais ce qui était au départ un mouvement local contre la réaffectation
d'un des rares espaces verts d'Istabul s'est transformé en un mouvement
de contestation contre Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, et
qui s'était accompagné de rassemblements à travers tout le pays.
Surveillés par d'importants déploiements de la police anti-émeutes, les
manifestants ont pris jeudi la direction de la place Taksim, avec des
banderoles proclamant "les ténèbres se dissiperont, Gezi restera", ont
constaté des correspondants de l'AFP.
"Nous sommes les manifestants de Gezi. Ils (le gouvernement) sont sur
le point de partir", lançait un autre calicot.
Certains brandissaient les portraits des huit personnes tuées lors des
violences avec la police à la fin de juin 2013, accompagnés de leurs
noms.
Le défilé n'a toutefois pas été en mesure de rejoindre le parc Gezi
lui-même, en raison des cordons de la police.
Il n'y a pas eu de heurts majeurs entre la police et les manifestants.
La Turquie se prépare le 24 juin à des élections présidentielle et
législatives.
Recep Tayyip Erdogan est candidat à un nouveau mandat.
Cinq ans après les événements du parc Gezi, les opinions sont
partagées, les anciens contestataires restant nostalgiques d'une époque
où ils se sentaient en mesure de descendre dans la rue pour s'exprimer.
Recep Tayyip Erdogan et les soutiens de son gouvernement considèrent
toutefois avec dédain les anciens manifestants, leur reprochant d'avoir
bloqué un projet urbain et d'être à la solde de leurs adversaires
politiques.
Mais les analystes considèrent que les manifestations de Gezi, avec la
tentative du coup d'Etat de 2016, ont été les événements marquants des
dernières années en Turquie. Des manifestations de masse sont
maintenant rares et les rassemblements non autorisés sont souvent
dispersés par la police à l'aide de canons à eau et avec recours à
l'usage de la force. (AFP, 31 mai
2018)
Manifestation à Bruxelles en soutien aux
avocats turcs incarcérés
Une trentaine de personnes se sont rassemblées, lundi en début
d’après-midi, au rond-point Schuman, devant les institutions
européennes à Bruxelles, pour manifester leur soutien aux avocats turcs
incarcérés depuis septembre dernier à la suite d’une rafle ayant visé
l’association turque des juristes progressistes.
Parmi les manifestants, trois membres du Syndicat des avocats pour la
démocratie (SAD) étaient présents, vêtus de leurs toges. La députée
socialiste bruxelloise Simonne Susskind a de plus pris part au
rassemblement.
Le Comité belge pour la levée de l’Etat d’Urgence en Turquie appelle
les avocats et la société civile belge à organiser des manifestations
de soutien, à écrire au ministre turc de la Justice ou encore à
assister au procès des avocats turcs qui devrait commencer en septembre
prochain.
Le porte-parole du Comité a remarqué que la résistance de l’opposition
turque se poursuit à travers le sit-in des enseignants contre les
purges, les plaidoiries des journalistes incarcérés ou les actions de
désobéissance des détenus politiques pour dénoncer les mesures
coercitives et la torture ayant cours : « Les avocats incarcérés sont à
la fois les figures de proue et les boucliers de la société civile
turque ».
Au plus fort de la campagne de soutien pour les enseignants victimes
des purges, une trentaine d’avocats qui assuraient leur défense,
notamment de l’Association des juristes progressistes (Cagdas
Hukukçular Dernegi) et du bureau du droit pour le peuple (Halkin Hukuk
Bürosu), ont été arrêtés à Istanbul, Ankara et Izmir dans le cadre
d’une enquête étiquetée « terroriste ». Dispersés dans 10 prisons
différentes, ils attendent leur procès depuis près de neuf mois dans
des conditions inquiétantes, selon le Comité qui dénonce des violences
physiques récurrentes. Il avance que l’avocat Engin Gökoglu a eu le
bras cassé après avoir désobéi aux gardiens. Leur courrier serait aussi
largement censuré. (Medias belges, 28 Mai 2018)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Özgüden parmi 47 journalistes honorés
par la TGC en Turquie
L'Association
des Journalistes de Turquie (TGC) a célébré la 72e année de sa
fondation le 27 juin 2018 dans ses locaux à Istanbul. Lors de la
cérémonie, 47 journalistes né(e)s en 1936 et 1937 ont été honoré(e)s
par l'attribution d'une "plaque d'hommage aux maîtres journalistes":
Abdullah
Yazıcı, Ahmet Şenova, Alaettin Bilgi, Ayten Huri Arıpınar, Burhan
Dodanlı, Cahit Aksoy, Çetin Mete, Demir Feyizoğlu, Dengiz Toprak, Doğan
Özgüden, Doğan Şener, Engin Sunar, Ercan San, Erdoğan Sevgin, Ergin
Konuksever, Ergun Emek, Erol Türegün, Erol Gönenç, Erol Diksoy, Fikret
Eriç, Garbis Keşişoğlu, Gültekin Tarı, Hilmi Yavuz, İhsan Öztamer,
İsmail Ünar Uzmen, Konur Ertop, Metin A. Coşkunoğlu, Mahmut Gültekin,
Mehmet Küçük, Üstün İnanç, Mustafa Hamid Toprak, Orhan Erinç, Özden
Vardar, Rauf Tamer, Safa Çeliker, Selahattin Oktay Ünsal, Selman
Erdoğdu, Sökmen Baykara, Şahin Tekgündüz, Tan Oral, Tanju Cılızoğlu,
Tuncer Cebecioğlu, Turgay Olcayto, Ünal Uyguç, Ünal Yiğitdinç, Yalçın
Toker, Yusuf Toledo.
Le
journaliste
exilé Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Türk, qui n'a pas pu y
être présent, a envoyé aux dirigeants de la TGC le message suivant:
"Cher(e)s
consœurs et confrères,
"Je suis
extrêmement heureux d'avoir été invité à la célébration du 72e
anniversaire de la fondation de notre association, toujours
défenderesse de la liberté de la presse.
"Il y a 66
ans,
au début de ma vie de journaliste, je me trouvais parmi les membres
actifs de l'Association des Journalistes d'Izmir. En 1965, en tant que
rédacteur en chef du quotidien Aksam à Istanbul, j'ai été affilié à
l'Association des Journalistes de Turquie (TGC).
“Exilé
depuis
47 ans, je suis également membre de l'Association générale des
journalistes professionnels de Belgique (AGJPB), mais je garde toujours
avec fierté mon affiliation à la TGC.
"En 2006,
quand
j'avais 70 ans, le document de remerciement que la TGC m'avait envoyé
pour mes travaux en tant que journaliste occupe une place
exceptionnelle chez moi à Bruxelles.
"Je me
souviens
avec admiration et gratitude comment les dirigeants de la TGC ont
résisté contre l'assaut des milieux hostiles aux droits humains et à la
liberté de presse suite à l'envoi d'un tel document.
"Les
conditions actuelles, comme vous pouvez l'imaginer, ne m'ont pas permis
d'être parmi vous le 27 juin 2018.
"Même s'il
ne m'est pas physiquement possible, mon âme est avec vous lors de cette
soirée.
"Par la
présente, j'exprime ma profonde amitié à tous mes consœurs et confrères
et en particulier à ceux et celles qui sont du même âge que moi. Je
vous remercie, dirigeants de la TGC, pour votre gentillesse et de vous
être souvenu de moi à cette occasion."
Le
journaliste Mehmet Altan libre
après presque 2 ans de prison
Le journaliste turc Mehmet Altan, condamné à la réclusion à vie en lien
avec le putsch manqué de 2016, a été libéré mercredi après près de deux
ans de détention, a annoncé l'ONG P24 oeuvrant pour la liberté de la
presse.
Mehmet Altan, 65 ans, présentateur d'une émission télévisée politique,
a quitté la prison de Silivri, près d'Istanbul, après une décision d'un
tribunal d'Istanbul ordonnant sa remise en liberté conditionnelle plus
tôt mercredi.
La sentence et sa condamnation à la réclusion à perpétuité n'ont pas
été annulées et il reste interdit de quitter le territoire et devra
pointer régulièrement auprès des autorités.
"Je suis libéré après 21 mois, alors que je n'aurais jamais dû être
emprisonné", a déclaré le journaliste devant la prison, selon P24. "Que
ma libération apporte de l'espoir sur la voie du droit et de la
démocratie", a-t-il dit, salué par des amis et des collègues.
Cette libération est intervenue trois jours après la réélection du
président Erdogan, qui pourra diriger la Turquie avec des pouvoirs
étendus.
Arrêté en septembre 2016, Mehmet Altan a été condamné en février à la
prison à vie avec son frère Mehmet, écrivain, et une autre journaliste
de renom, Nazli Ilicak, au terme d'un procès très critiqué en Turquie
et à l'étranger.
En janvier, la Cour constitutionnelle avait estimé que le journaliste
devrait être libéré car selon elle ses droits avaient été violés, mais
un tribunal turc avait refusé de le faire. La Cour européenne des
droits de l'homme avait estimé en mars que les droits de M. Altan
avaient été violés.
Mercredi, un tribunal régional d'Istanbul a ordonné en appel sa remise
en liberté conditionnelle, en basant sa décision sur le caractère
"contraignant" de l'arrêt de la Cour constitutionnelle.
"La libération de Mehmet Altan s'est longuement fait attendre", a
déclaré dans un communiqué le directeur Europe d'Amnesty International
Gauri van Gulik.
"Son emprisonnement était une parodie de justice emblématique des
profondes failles au sein du système judiciaire turc", a-t-il estimé.
Le tribunal d'Istanbul a décidé de maintenir en détention Ahmet Altan
et Nazli Ilicak et ajourné la suite du procès en appel au 21 septembre.
Les journalistes avaient été condamnés sous l'accusation, jugée
grotesque par leurs sympathisants, d'avoir envoyé des "messages
subliminaux" appelant au renversement du gouvernement Erdogan lors
d'une émission retransmise en direct à la télévision à la veille de la
tentative de coup d'Etat.
Pour les organisations de défense des droits de l'homme, cette affaire
illustre à la fois l'érosion de la liberté de la presse et la remise en
cause de l'indépendance du pouvoir judiciaire en Turquie.
Depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016, les autorités turques
ont lancé des purges sans précédent qui ont touché des dizaines de
milliers de personnes, dont des opposants politiques du président Recep
Tayyip Erdogan et des médias.
Par ailleurs, un tribunal d'istanbul a ordonné la libération du
militant des droits de l'homme Celalettin Can détenu depuis février.
La justice "doit à présent tourner son attention vers les milliers
d'autres personnes qui demeurent détenues d'une manière injuste en
Turquie", a poursuivi M. van Gulik. Ainsi, le responsable d'Amnesty en
Turquie Taner Kilic est en prison depuis plus d'un an, a-t-il déploré.
Selon P24, avant la libération de Mehmet Altan, 182 journalistes
étaient détenus en Turquie, la plupart d'entre eux dans le cadre de
l'état d'urgence. (AFP, 27 juin
2018)
RSF: les médias en ordre de bataille
pour le candidat-président
A l’approche des élections du 24 juin, l’unanimisme domine dans la
presse turque. La mainmise du gouvernement sur les médias aboutit à une
campagne électorale totalement déséquilibrée en faveur du pouvoir.
Les fortes turbulences économiques et sociales que traverse la Turquie
ont contraint le président Erdoğan à convoquer les élections
présidentielle et législatives avec près d’un an et demi d’avance, le
24 juin. Ces difficultés sont pourtant totalement absentes des
principaux écrans de télévision nationaux, dont la plupart font
activement campagne pour le président-candidat.
“L’extinction du pluralisme et la répression massive qui frappe les
journalistes aboutissent à une campagne électorale univoque, bien loin
du débat démocratique dont la Turquie a besoin, constate Erol
Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie. La liberté de la presse est
une condition de la démocratie, elle doit immédiatement être restaurée.”
Propagande sans limite pour le président-candidat
Depuis l’annonce des élections anticipées, à la mi-avril, la presse
grand public et l’audiovisuel public se livrent à une propagande sans
limite en faveur du président-candidat. Un unanimisme à la mesure du
contrôle inédit que le gouvernement exerce sur les médias. Le rachat en
mars du groupe de presse Doğan par la holding Demirören, fidèle au
pouvoir, a parachevé l’extinction du pluralisme médiatique. D’après le
projet Media Ownership Monitor, mené conjointement par RSF et le site
d’information Bianet, ce sont désormais neuf des dix chaînes les plus
regardées et neuf des dix quotidiens nationaux les plus lus qui sont
aux mains d’investisseurs proches du pouvoir. Près de 150 médias ont
été fermés manu militari sous l’état d’urgence en vigueur depuis
juillet 2016.
En résonance avec les discours belliqueux du président-candidat et son
alliance avec le parti ultranationaliste MHP, le patriotisme est un de
ses principaux ingrédients de cette campagne. Une manière de mieux
désigner les candidats de l’opposition comme des traîtres ou des
complices du terrorisme. Ces dernières semaines, le quotidien Sabah a
multiplié les entretiens en première page avec les proches de soldats
turcs tués ou blessés dans les zones kurdes du nord de la Syrie. Des
proches qui soutiennent tous le président Erdoğan. “Aux urnes pour la
patrie ! Nous voterons pour la coalition présidentielle”, titrait ainsi
le numéro du 22 avril.
L’AKP sur tous les écrans, l’opposition ramasse les miettes
Cette propagande est d’autant plus libre de se déchaîner que plus
personne ne contrôle le respect par les médias de leurs obligations
d’équilibre et d’impartialité : le gouvernement a supprimé le pouvoir
de sanction en la matière du Haut Conseil de l’audiovisuel (RTÜK) et du
Conseil électoral suprême (YSK) en 2017. Et ce n’est qu’au cours de la
dernière semaine de campagne que l’audiovisuel public est tenu de
diffuser les spots de campagne des différents candidats.
Ainsi, au cours du mois de mai, les chaînes d’information du groupe
audiovisuel public TRT ont consacré près de 68 heures au parti au
pouvoir AKP, contre un peu moins de 7 heures pour le premier parti
d’opposition, le CHP. Les autres forces d’opposition n’ont eu droit
qu’à des miettes : 12 minutes pour İyi Parti, 8 minutes pour Saadet, 23
minutes pour Hüda-Par, 2 minutes pour Vatan. Quant au parti de gauche
pro-kurde HDP, dont le leader Selahattin Demirtaş est emprisonné, il a
tout simplement été ignoré. Il avait pourtant rassemblé plus de 13% des
voix et envoyé 80 députés au Parlement lors des élections législatives
de juin 2015.
De CNN Türk à Akit TV, en passant par A Haber et Ülke TV, douze chaînes
de télévision publiques et privées sont restées rivées pendant des
heures à la présentation du programme électoral de l’AKP, le 24 mai.
Aucun autre parti n’a eu droit aux mêmes faveurs. Il a fallu attendre
le 11 juin pour que trois grandes chaînes retransmettent en direct leur
premier meeting d’opposition.
Le journalisme sous état d’urgence
Le scrutin se tiendra une fois de plus sous état d’urgence. En vigueur
depuis la tentative de putsch de juillet 2016 et reconduit une septième
fois en avril, ce régime exceptionnel permet aux autorités de
restreindre largement les libertés fondamentales et d'instaurer un
climat de peur.
D’après les chiffres compilés par Erol Önderoğlu pour Bianet, 520
journalistes étaient menacés de prison du fait de leur profession à la
fin 2017. Avec plus d’une centaine de journalistes derrière les
barreaux, la Turquie est la plus grande prison du monde pour les
professionnels des médias. Des dizaines d’entre eux ont été maintenus
en détention provisoire pendant plus d’un an avant d’être jugés. Les
premiers à avoir été condamnés pour complicité présumée avec la
tentative de putsch étaient les grands journalistes Ahmet Altan, Mehmet
Altan et Nazlı Ilıcak. Malgré l’absence flagrante de preuves, ils ont
reçu des peines de prison à vie en février.
Le président Erdoğan est loin d’être un candidat comme les autres :
l’article 299 du code pénal rend l’”offense au président de la
République” passible de prison. Pas moins de 43 journalistes et
collaborateurs des médias ont été condamnés sous ce chef d’accusation
depuis l’accession de Recep Tayyip Erdoğan à la présidence, en août
2014.
RSF témoigne auprès des observateurs internationaux
Erol Önderoğlu a fait part de sa vive inquiétude aux observateurs de
l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), le 29 mai, et
de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),
le 22 juin. Les premiers ont demandé dans leur communiqué final le
report des élections, soulignant que les “restrictions à la liberté
d'expression et de réunion introduites sous l’état d’urgence, les
opérations de sécurité dans le Sud-Est et les nombreuses arrestations
d’hommes politiques et de journalistes [avaient] un impact négatif sur
le climat électoral et [limitaient] l'espace du débat démocratique,
plus essentiel que jamais lors d'une campagne électorale”. (RSF,
22 juin 2018)
CPJ calls on presidential candidates
to prioritize press freedom
Ahead of June 24 presidential and parliamentary elections in Turkey,
the Committee to Protect Journalists today joined 18 other
international press freedom and freedom of expression organizations in
calling on to the future leader of Turkey to prioritize press freedom
and safety of journalists in the country.
Turkey is the world's leading jailer of journalists, with at least 73
in jail in direct retaliation for their work when CPJ conducted its
most recent prison census on December 1, 2017.
The joint letter, led by European Centre for Press and Media Freedom,
calls on presidential candidates, including the incumbent, Recep Tayyip
Erdoğan, to drop charges against all journalists and to release those
in prison, and to protect and strengthen press freedom and independent
journalism by restoring impartiality of the judiciary and ending the
state control of media. (CPJ, June 20, 2018)
Prof.
Dr. Büşra Ersanlı Sentenced to 1 Year, 3 Months in
Prison
Trials of academics, who have been charged with "propagandizing for a
terrorist organization" for having signed the declaration entitled "We
will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace,
continued in İstanbul Çağlayan Courthouse today (June 5).
Emeritus Prof. Dr. Büşra Ersanlı from Marmara University had her third
hearing at the 32nd Heavy Penal Court.
The attorney Aynur Tuncel-Yazgan made a written statement on the
defense of Ersanlı as to the accusations. The Prosecutor repeated his
opinion as to the accusations and demanded that Ersanlı be tried as per
the Article No. 7/2 of Anti-Terror Law as he also did at the previous
hearing.
Ersanlı said, "I repeat my statement. I demand my acquittal". Her
attorney Aynur Tuncel-Yazgan emphasized that the legal elements of the
charges brought against Ersanlı did not arise and requested that a
judgement of acquittal be pronounced. Ersanlı stated that she did not
demand deferment of the announcement of the verdict.
The court board ruled that Prof. Dr. Büşra Ersanlı shall be sentenced
to 1 year and 3 months in prison. The board also ruled that the
deferment of the verdict shall not be implemented on the ground that
"no opinion as to her avoidance of committing offense has emerged
considering her personality which does not express any remorse."
Ersanlı has the right to object to the verdict in seven days.
The court board consisted of the Presiding Judge Ömer Günaydın; Court
Members Habibe Ertuğrul and Özgür Erkan; Prosecutor Caner Babaloğlu.
The hearings against signatory academics started on December 5, 2017.
As of June 5, 242 academics had their first hearings. 15 of these
academics were sentenced to 1 year and 3 months in prison and all of
the sentences were suspended, except for those of Prof. Dr. Zübeyde
Füsun Üstel from Galatasaray University and Prof. Dr. Büşra Ersanlı
from Marmara University.
What happened?
On January 10, 2016, 1,128 academics published a declaration entitled
"We will not be party to this crime" on behalf of the Academics for
Peace initiative. With the participation of further academics, the
number of academics who have signed the declaration has reached 2,212.
With the indictment issued by the Prosecutor İsmet Bozkurt, lawsuits
were filed against the academics on charge of "propagandizing for a
terrorist organization" as per the Article No. 7/2 of the Turkish
Anti-Terror Law No. 3713.
As of June 5, 2018, 242 academics had stood trial since December 5,
2017. 15 of these academics were sentenced to 1 year and 3 months in
prison and all of the sentences were suspended, except for those of
Prof. Dr. Zübeyde Füsun Üstel from Galatasaray University and Prof. Dr.
Büşra Ersanlı from Marmara University.
The penalty of Prof. Dr. Üstel was not deferred on the grounds that
"she did not demand deferment of the announcement of the verdict and
that she did not make a statement of penitence." As for the penalty of
Prof. Dr. Büşra Ersanlı, it was not deferred on the ground that "no
opinion as to her avoidance of committing offense has emerged
considering her personality which does not express any remorse."
On March 10, 2016, the Academics for Peace made a statement for press
and shared with the public what they had been going through since the
declaration "We will not be a party to this crime" was published. The
academics Dr. Lecturer Esra Mungan, Dr. Lecturer Muzaffer Kaya, Assoc.
Prof. Dr Kıvanç Ersoy (March 15, 2016) and Dr. Lecturer Meral Camcı
(March 31, 2016), who read out the above-mentioned statement for press,
were arrested on charge of "propagandizing for a terrorist
organization" as per the Article No. 7/2 of the Turkish Anti-Terror
Law. They were released on April 2016. Upon the request of the
Prosecutor's Office, the Ministry of Justice granted a permission of
trial as per the Article No. 301 of the Turkish Penal Code No. 301 on
charges of "insulting the Turkish Nation, the State of the Republic of
Turkey and the institutions and organs of the government." The lawsuits
still continue. (BIA, June 5, 2018)
Un
caricaturiste écroué pour "insulte" à
Erdogan
Un caricaturiste turc âgé de 69 ans qui avait critiqué le président
Recep Tayyip Erdogan dans ses oeuvres a été placé en détention pour
"insulte" au chef de l'Etat, ont rapporté des médias mardi.
Nuri Kurtcebe, auteur de romans graphiques et dessinateur de presse, a
été incarcéré lundi à la demande d'un tribunal de Yalova (nord-ouest),
a indiqué l'agence de presse Dogan.
M. Kurtcebe avait été condamné en 2017 à plus d'un an et deux mois de
prison pour une série de caricatures publiées en 2015 mettant en scène
M. Erdogan.
C'est pour purger cette peine qu'il a été interpellé et écroué
après le rejet de sa demande d'appel, selon Dogan.
M. Kurtcebe est notamment connu en Turquie pour ses caricatures
mordantes publiées par plusieurs journaux et revues.
Il a aussi adapté en 2001 en roman graphique une épopée du poète Nazim
Hikmet (1902-1963) racontant la guerre d'indépendance turque menée par
Mustafa Kemal ayant abouti à la naissance de la Turquie moderne en 1923.
La Turquie est régulièrement épinglée par les organisations de défense
de la liberté d'expression qui dénoncent les arrestations pour injure à
M. Erdogan qui se sont multipliées ces dernières années.
Les autorités turques ont par ailleurs multiplié les poursuites contre
des journalistes et collaborateurs de presse, en particulier depuis la
tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.
C'est notamment le cas de Musa Kart, l'un des plus célèbres
dessinateurs de presse en Turquie, condamné en avril à trois ans et
neuf mois de prison pour activités "terroristes" avec plusieurs de ses
collègues du quotidien d'opposition Cumhuriyet. Il bénéficie d'une
mesure de remise en liberté conditionnelle en attendant son procès en
appel.
"Manifestement, ce gouvernement n'a pas renoncé à neutraliser les
caricaturistes au moyen de peines de prison", a réagi Musa Kart après
l'arrestation de M. Kurtcebe. (AFP, 5 juin
2018)
Le directeur de Le Point: "Oui, Erdogan
est un dictateur"
Interview
avec le directeur de Le Point Etienne Gernelle par La Libre Belgique du
30 mai 2018
Est-ce
qu’on peut dire, aujourd’hui, sans ambiguïté, que Recep Tayyip Erdogan
est un “dictateur”?
Oui, ça me paraît évident. Dans la mesure où il ne respecte pas l’Etat
de droit, qu’il fait emprisonner les juges et les avocats qui ne lui
plaisent pas, plus une centaine de journalistes.Quand on ne respecte
pas l’Etat de droit, on est un dictateur.
Quand bien même Recep Tayyip Erdogan a été élu démocratiquement?
Il a été élu démocratiquement, certes.Mais on connaît tous l’Histoire :
Hitler est arrivé au pouvoir de façon parfaitement démocratique. De
toute évidence, Erdogan ne respecte pas les libertés publiques : donc
c’est un dictateur.
Dans ce cas, pourquoi est-il si difficile de présenter Erdogan comme un
“dictateur”, en particulier pour la classe politique européenne?
Il y a une certaine lâcheté des dirigeants européens et occidentaux, et
ce, pour deux raisons. Un, le chantage qu’exerce Erdogan visàvis de
l’Europe sur la question des réfugiés – il en a des millions sur son
territoire. Et que ditil làdessus ? “Si vous m’embêtez, je les pousse
sur les routes.” Comme les Européens sont tétanisés par cette idée, de
même que par la montée supplémentaire de l’extrême droite que cela
pourrait provoquer, on négocie avec la Turquie.
Le deuxième problème, et qui a pesé pendant la guerre en Syrie contre
l’Etat islamique, c’est la base de l’Otan d’Incirlik, qui est très
importante pour les Américains. De toute évidence, ça les embête
beaucoup de se fâcher avec Erdogan.
Le fait que la Turquie soit membre de l’Otan empêchet- il les
dirigeants occidentaux de s’exprimer franchement sur le sujet?
Effectivement, l’Otan n’est pas désireuse de se séparer d’un de ses
membres: plus elle compte de membres, plus l’alliance est importante.
Cela ne résout pas la question : “Estce qu’on trouve normal d’être
relié par des accords de défense automatiques (article 5 du traité de
l’Atlantique Nord), avec un pays qui devient une dictature ? Un pays
qui pratique le nettoyage ethnique à Afrine, en Syrie ?” Car c’est
extrêmement clair : làbas, les Turcs sont intervenus pour évacuer les
Kurdes afin de les remplacer par d’autres populations venues de Syrie,
de manière à supprimer cette entité qui les gêne. Je trouve cela inouï
que les démocraties occidentales ferment les yeux, ou l’aient fait
pendant si longtemps. Je rappelle que la Turquie est encore
officiellement candidate à l’entrée dans l’Union européenne. Alors
qu’on sait que ça ne se fera pas. Il y a une hypocrisie des deux côtés.
Quand on évoque la Turquie, le monde politique, mais aussi lesmédias,
parlent de “démocrature”. Il y a donc bien un problème avec le terme
“dictature”, non ?
Moi je trouve qu’il n’est pas difficile de dire “dictature”, car c’est
la réalité. Regardons les choses posément, et en face : nous avons
affaire à un régime qui nie le génocide arménien, pourtant avéré et
reconnu par tous les historiens sérieux. Qui désigne les Kurdes à la
vindicte de manière permanente. Qui pratique le nettoyage ethnique à
Afrine. Alors on peut fermer les yeux, dire que ce n’est pas bien, que
bon, après tout…
L’un des arguments des pro-Erdogan consiste justement à invoquer la
période actuelle. Laquelle, avec le conflit syrien et la question des
migrants, est loin d’être apaisée. Est-ce une explication?
Ce n’est pas parce que la période est brûlante qu’on a le droit de
faire du nettoyage ethnique. Rien ne l’excuse, ni ne le justifie. Rien.
Le président français Emmanuel Macron a pris la défense du “Point”,
sans pour autant nommer explicitement le régime d’Erdogan. Comment
l’entendez-vous ?
Le contenu du tweet était très intéressant, et pas tellement pour le
soutien au “Point” :Macron parle d’“ennemis de la liberté”. Mais que
fait Erdogan ? C’est quelqu’un qui a diminué très fortement les
libertés dans son pays et qui, en plus, cherche à exporter sa censure
en France. Dans un meeting, il a soutenu les gens qui ont enlevé les
affiches. C’est quand même stupéfiant qu’un chef d’Etat approuve
officiellement et publiquement une attaque à la liberté d’expression en
France.
Entretien : Clément Boileau
Une du Point
sur Erdogan: un kiosquier nîmois menacé porte plainte
Un kiosquier nîmois a porté plainte après avoir été menacé mercredi par
un ressortissant turc qui exigeait qu'il retire les affiches de la Une
de l'hebdomadaire Le Point présentant le président turc Erdogan de
"dictateur", a-t-il raconté à l'AFP.
Vers 11H30 mercredi, "un ressortissant turc en survêtement noir d'une
soixantaine d'années est venu dans le magasin et nous a demandé de
retirer les affiches sur lesquelles figurait la Une du Point avec
Erdogan", a expliqué ce responsable d'un tabac-presse de Nîmes qui ne
veut pas être nommé pour des raisons de sécurité.
Le kiosquier relate que l'homme lui a dit "+Si vous n'enlevez pas les
affiches, on vient dans l'après-midi et on casse tout+".
Avant ces menaces, le commerçant explique il est sorti avec lui en lui
expliquant "que c'était une société privée qui gérait l'affichage" sur
son magasin et qu'il "n'avait pas les clefs pour enlever les affiches".
"Moi je refuse d'enlever ces affiches par rapport à la liberté de la
presse. Je suis diffuseur donc je suis solidaire de la presse", a
poursuivi le commerçant. "Mais on m'a conseillé de les enlever... Là on
est en train de les plier proprement dans le magasin et on attend de
voir si on les remet ou pas", sous la surveillance de la police, ajoute
le commerçant qui a aussitôt prévenu les forces de l'ordre.
"Il ne faut pas se laisser faire. On a encore la liberté d'écrire ce
que l'on pense que ça plaise ou pas", s'insurge le kiosquier.
Dans un communiqué, l'union des commerçants Culture Presse "condamne
fermement cet acte de pression sur un marchand de presse, de même que
ceux sur des marchands du Pontet (Vaucluse) et de Valence (Drôme)" qui
ces derniers jours ont également été pris à partie.
"Pas de liberté de la presse sans liberté de diffusion", souligne le
texte, alors que Le Point a dénoncé dimanche une campagne de
"harcèlement" contre son dernier numéro.
Le président Emmanuel Macron a jugé lundi soir "parfaitement
inacceptable" que des affiches de l'hebdomadaire soient retirées des
kiosques "au motif qu'elles déplaisent aux ennemis de la liberté".
"La démocratie ne se limite pas à l'acceptation d'insultes et de
mensonges, c'est aussi la prise en compte des sensibilités de l'autre.
Au-delà c'est de l'hypocrisie", lui a rétorqué mardi dans un tweet le
chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu. (AFP, 30 mai
2018)
Le Point dit être victime de "harcèlement" après sa Une
sur Erdogan
L'hebdomadaire Le Point a dénoncé dimanche une campagne de
"harcèlement" contre son dernier numéro, dont la Une présentant le
président turc Erdogan comme un "dictateur" a fait l'objet de menaces
dans le Sud de la France.
"Après une semaine de harcèlement, d'insultes, d'intimidation,
d'injures antisémites et de menaces à notre attention sur les réseaux
sociaux, voici venu le moment où les sympathisants (du parti du
président turc) AKP s'attaquent aux symboles de la liberté d'expression
et de la pluralité de la presse", a dénoncé Le Point dans un article
paru sur son site internet.
Vendredi, au Pontet (Vaucluse), un kiosquier a fait retirer cette Une
des façades de son kiosque sous la pression d'un groupe de militants.
"Un groupe de Turcs pro-Erdogan a menacé le gérant du kiosque" situé
sur une place centrale de cette banlieue d'Avignon "pour lui intimer
l'ordre de retirer l'affiche" qui était installée sur trois faces du
kiosque, a expliqué Xavier Magnin, directeur de cabinet du maire Front
National (FN) Joris Hébrard.
La société en charge des espaces publicitaires sur le kiosque a alors
envoyé un salarié pour retirer l'affiche, qui présente un portrait de
Recep Tayyip Erdogan sous le titre "Le dictateur. Jusqu'où ira
Erdogan?". Les images de ce retrait ont depuis été largement relayées
sur les réseaux sociaux.
La mairie du Pontet a demandé samedi matin à la société d'affichage de
remettre l'affiche, ce qui a été fait vers 16H, provoquant l'arrivée
une vingtaine de personnes pro-Erdogan. La gendarmerie a envoyé alors
plusieurs hommes pour maintenir l'ordre.
Dimanche cependant, la Une du Point a de nouveau été cachée par
d'autres affiches pro-Erdogan. Le Point indique que des militants ont
également retiré l'affiche d'un kiosque de Valence (Drôme), à 100 km au
nord du Pontet.
"C'est incroyable! Ils pensent qu'il leur est possible de pratiquer
leur censure en France", a protesté le directeur du Point, Étienne
Gernelle, interrogé par l'AFP, précisant qu'il s'interrogeait sur
l'éventualité d'une action en justice.
Pour le président de Reporters sans frontières, Christophe Deloire,
"ces actes sont isolés mais ont une forte portée symbolique". "Ils s'en
prennent à des vendeurs de journaux, cherchant à intimider toute la
chaîne de production de la presse. Et ils militent en faveur d'un
dirigeant qui a éteint le pluralisme dans son pays", a-t-il déclaré à
l'AFP.
Interrogé sur ce qui s'est passé autour de la Une du Point au Pontet,
le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a jugé sur France 3
que "cette atteinte inacceptable à la liberté d'expression, l'un des
fondements de notre démocratie avec évidemment la liberté de la presse,
doit éventuellement permettre toutes les poursuites prévues dans le
droit".
"On ne va quand même pas tolérer en France que la Une d'un magazine
soit en quelque sorte censurée par pression", a-t-il ajouté dans
"Dimanche en politique". (AFP, 28 mai
2018)
Kurdish
Question / Question kurde
Depuis sa prison, Demirtas attaque Erdogan
à la TV d'Etat
Candidat à l'élection présidentielle turque dans une semaine, le leader
du parti prokurde Selahattin Demirtas a dénoncé depuis sa prison, à la
télévision d'Etat, le régime "répressif" du président Recep Tayyip
Erdogan, candidat à sa réélection.
En prison depuis novembre 2016, le charismatique leader du Parti
démocratique des peuples (HDP) a accusé le parti du président sortant
de l'avoir emprisonné pour des raisons politiques.
"La seule raison pour laquelle je suis ici est que AKP a peur de moi",
a-t-il déclaré en référence au parti du président turc, en dénonçant un
régime "répressif" et "autocratique".
Portant un costume sombre, M. Demirtas est apparu dans une intervention
pré-enregistrée sur la télévision publique TRT depuis sa cellule de la
prison d'Edirne (nord-ouest) car les autorités ne l'ont pas autorisé à
se rendre dans les locaux de la chaîne à Ankara.
TRT a été critiquée de couvrir abondamment la campagne de M. Erdogan et
d'ignorer les autres candidats, en particulier M. Demirtas. C'était la
première fois qu'un candidat parlait depuis sa cellule
"Ce que nous sommes en train de vivre est un élément d'un régime
autocratique. Mais la partie effrayante du film est encore à venir",
a-t-il lancé en appelant les électeurs turcs à choisir "la liberté".
"Nous allons empêcher notre pays de sombrer dans le gouffre".
M. Demirtas, un avocat de formation âgé de 45 ans, a été arrêté avec
une dizaine d'autres députés du HDP le 4 novembre 2016, dans la foulée
des purges déclenchées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet de la
même année.
Accusé de faire de la propagande et d'appartenir au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux, M. Demirtas risque jusqu'à 142
ans de prison.
Mais cela n'a pas empêché le HDP de le désigner candidat à la
présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives le 24
juin. (AFP,
17 juin
2018)
Manifestation
contre les attaques turques visant le PKK au
Kurdistan
Quelques centaines de membres et de sympathisants du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) et des militants de la société civile
ont manifesté vendredi aux pieds du mont Qandil, dans le nord de
l'Irak, base arrière du mouvement rebelle régulièrement bombardée par
la Turquie.
Dans la localité de Qardiah, les manifestants portaient des banderoles
où on pouvait lire "Qandil ligne rouge" et scandaient des slogans
fustigeant le président turc Recep Tayyip Erdogan, affirmant leur
solidarité avec les combattants du PKK implantés dans cette région
depuis une vingtaine d'années.
"Nous avons pris nos précautions et nous ne permettrons pas à Erdogan
de nous attaquer et de tuer nos dirigeants", a affirmé à l'AFP Sarhad
Vartu, un porte-parole du PKK, organisation rebelle kurde de Turquie
classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
"Il y a une invasion massive, mais en même temps il y a une résistance
acharnée", a-t-il assuré.
M. Erdogan avait affirmé le 11 juin que l'aviation turque poursuivrait
ses bombardements contre le PKK dans le nord de l'Irak jusqu'à mettre
fin à la "menace".
En outre, l'armée turque a multiplié au cours des dernières
semaines les incursions terrestres dans la région.
Selon le PKK, l'armée turque a pénétré de 30 km à l'intérieur du
Kurdistan irakien.
"Nous sommes des jeunes de la région du Kurdistan (irakien) et nous
trouvons ici depuis 14 jours pour afficher notre solidarité", explique
Mitra Zardasht, une militante de la société civile.
"Aujourd'hui, nous organisons cette manifestation au pied du mont
Qandil pour être des boucliers humains contre les menaces turques
d'envahir le mont Qandil", ajoute-t-elle.
"Nous allons rester ici jusqu'à la disparition des menaces turques",
promet la militante. (AFP, 22 juin
2018)
Le
cimetière de Kobané en Syrie, symbole des
victoires kurdes contre
l'EI
Avec la tendresse d'un père, Adham Olaiki nettoie les feuilles et les
brindilles sur l'ultime lieu de repos de son fils, une tombe de marbre
dans un cimetière aux abords de Kobané, symbole dans le nord syrien de
la résistance aux jihadistes.
C'est là, dans "le cimetière des Martyrs", que reposent des centaines
de combattants kurdes, tombés sur le champ de bataille face au groupe
Etat islamique (EI), ainsi que des civils pris pour cible ou tués par
l'explosion de mines, comme le fils d'Adham, mort en 2015 à 12 ans.
Un monument funéraire de forme pyramidale, décoré des drapeaux des
Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde,
veille sur des rangées de tombes identiques, recouvertes de marguerites
jaunes et de roses rouges - aux couleurs du drapeau de la milice.
"Je viens ici chaque jour et m'occupe du jardin du cimetière. Cet
endroit est devenu plus qu'une maison pour moi. Je ne me sens bien
qu'auprès de la sépulture de mon fils", lâche le quinquagénaire.
Depuis trois ans, il vient tous les jours se recueillir, accomplissant
avec religiosité le même rituel auprès de la tombe de son fils.
Il a lui-même combattu dans les rangs des YPG, soutenues par la
coalition internationale menée par Washington, et contribué à la
victoire hautement symbolique contre l'EI à Kobané en 2015, au terme de
quatre mois de combats acharnés.
"J'ai encore les cicatrices d'éclats d'obus," dit-il en montrant son
dos.
- 'Fatigués de la guerre'-
Sur des pierres tombales en marbre sont gravés les noms de guerre des
combattants kurdes, ainsi que leur date de naissance et la bataille
durant laquelle ils sont tombés en "martyrs".
Beaucoup ont été tués à Kobané, d'autres dans la ville voisine de
Minbej en 2016, ou encore durant l'offensive de 2017 pour chasser l'EI
de Raqa, la capitale de facto des jihadistes dans le nord syrien.
Et les YPG poursuivent à l'heure actuelle leur ultime offensive contre
les dernières poches de l'EI dans l'est du pays.
Si Adham affirme ne pas regretter avoir pris les armes à l'époque, il
dit désormais vouloir vivre en paix.
"Beaucoup de mes camarades de combat sont enterrés ici. Cette guerre
nous a fatigués, nous aspirons à la paix, mais il faut d'abord que l'EI
soit totalement éradiqué pour que nos sacrifices aient du sens",
affirme-t-il.
Le cimetière, érigé en 2012, n'a eu de cesse de s'élargir au fil des
batailles livrées par les milices kurdes au groupe jihadiste.
Il abrite 1.230 martyrs tombés lors des combats à Kobané, Minbej, Raqa
et ailleurs, indique à l'AFP Aref Bali, responsable d'une association
qui soutient les familles.
- 'En vain' -
Des visiteurs marchent entre les tombes à la recherche d'un proche
tandis que d'autres dépoussièrent les stèles ou arrangent les fleurs en
récitant une prière.
La petite Leila, âgée seulement de 18 mois, joue innocemment près de
son grand-père et de sa tante, venus visiter la tombe de son père, mort
l'an dernier dans l'explosion d'une mine plantée par l'EI à Raqa.
Le grand-père, Mohyeddin Hami, qui tient à la main une photo du défunt,
a deux autres fils qui combattent toujours au sein des YPG.
"Leila a perdu son père 20 jours après son premier anniversaire. Mon
fils avait assisté à cette célébration puis nous a quittés", raconte à
l'AFP M. Hami, les larmes aux yeux.
"Notre peine est immense, nous avons sacrifié nos enfants pour libérer
notre terre. Nous poursuivrons Daech jusqu'au dernier jihadiste",
insiste le sexagénaire, utilisant l'acronyme arabe de l'EI.
"Tout ce sang n'a pas été versé en vain, c'était pour préserver la
sécurité et la stabilité de ce pays", ajoute-t-il.
A quelques mètres de la famille Hami, celle des Ibich rend hommage à
plusieurs de ses membres morts dans les combats contre l'EI.
Hamad Ibich, 56 ans, a participé, avec son frère, à la bataille de
Kobané mais seul lui en est sorti sain et sauf.
Le frère a été tué avec 12 autres combattants, lors d'une offensive
féroce des jihadistes contre une position kurde qu'ils tenaient, se
souvient-il.
Le quinquagénaire a également perdu son fils et son neveu, tous deux
morts au combat.
"Beaucoup de vies ont été sacrifiées, chaque famille a perdu deux ou
trois de ses membres", dit-il.
"Nous gardons la tête haute grâce à nos martyrs. Daech est fini
et les habitants du nord de la Syrie peuvent enfin souffler et vivre à
l'abri de toute cette brutalité". (AFP, 13 juin
2018)
Erdogan
appelle à juger "au plus vite" son opposant
kurde écroué
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté dimanche les tribunaux
à juger "au plus vite" son opposant kurde Selahattin Demirtas,
incarcéré pour des accusations de "terrorisme" et candidat aux
élections anticipées du 24 juin.
"Cet homme est actuellement en détention préventive, n'est-ce pas ?
Oui, il est écroué. A vrai dire, il faudrait que la justice rende sa
décision au plus vite", a déclaré M. Erdogan lors d'un meeting à
Kocaeli (nord-ouest).
A deux semaines d'élections anticipées cruciales qui s'annoncent
serrées, le président turc multiplie les attaques contre M. Demirtas,
chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde).
Incarcéré depuis novembre 2016 et visé par plusieurs procédures
judiciaires, notamment pour des accusations d'activités "terroristes"
qu'il rejette, M. Demirtas risque plus de 142 ans de prison.
M. Erdogan accuse notamment M. Demirtas d'être responsable de la mort
de plusieurs dizaines de personnes lors de manifestations ayant viré au
bain de sang en octobre 2014.
Les principaux opposants de M. Erdogan ont appelé à la libération de M.
Demirtas pour lui permettre de faire campagne pour les élections
présidentielle et législatives anticipées du 24 juin. En vain.
"Son parti fait campagne pour lui. C'est plus qu'il ne mérite", a lancé
le président turc.
Alors que M. Erdogan critiquait M. Demirtas, une partie de la foule des
sympathisants venus l'écouter s'est mise à scander "peine de mort !".
"Comme je l'ai déjà dit à ce sujet, si le Parlement m'avait soumis une
telle proposition, je l'aurais déjà approuvée depuis longtemps", a
répondu le président turc, qui agite épisodiquement le rétablissement
de la peine capitale abolie en 2004.
Depuis sa cellule dans une prison d'Edirne (nord-ouest), M. Demirtas,
un charismatique avocat âgé de 45 ans, tente tant bien que mal de faire
campagne, misant sur les réseaux sociaux et l'activisme des militants
du HDP.
Il a réagi dimanche via Twitter aux attaques croissantes de M. Erdogan,
dénonçant des "calomnies méprisables". "Face à votre bassesse, le
peuple donnera en mon nom la réponse la plus éclatante dans les urnes
le 24 juin", a-t-il dit. (AFP, 10 juin
2018)
BHL dédicacera bien finalement son livre pro-kurde à
Bordeaux
Le philosophe Bernard-Henri Lévy dédicacera bien finalement son livre
pro-kurde jeudi soir à Bordeaux, la librairie Mollat assurant pouvoir
désormais compter sur "toute la sécurité nécessaire" alors qu'elle
avait annulé l'événement la veille.
"On aura toute la sécurité nécessaire", a affirmé à l'AFP Emmanuelle
Robillard, "directrice projets", expliquant que le philosophe et Denis
Mollat, propriétaire de la célèbre librairie bordelaise, s'étaient
parlés dans la nuit au téléphone.
"Retournement de situation. Coup de téléphone, à l'instant, de Denis
Mollat m'informant qu'il rétablit la séance de signature prévue, ce
soir, à 18h. Merci à lui. Merci à ses équipes. L'honneur est sauf",
tweetait alors BHL.
Mme Robillard a expliqué que Grasset, l'éditeur de l'ouvrage "L'Empire
et les cinq rois", avait prévenu la librairie que cette dédicace
présentait "un haut risque de sécurité". "Nous avions demandé un
renfort à l'éditeur et lorsque hier soir, nous n'avons pas eu
d'information, nous avons préféré annuler".
Puis, après l'entretien téléphonique entre les deux hommes, "tout s'est
arrangé", a expliqué Mme Robillard, assurant que c'est le philosophe
qui avait assuré le libraire des conditions de sécurité.
La préfecture de Gironde, contactée par l'AFP, a indiqué qu'elle avait
été sollicitée dans la matinée par la librairie pour la mise en place
d'un "dispositif de sécurité". Des force de l'ordre seront bien
présentes, a-t-elle précisé.
"L'Empire et les cinq rois", réflexion sur la géopolitique du
Moyen-Orient, défend la "justesse du combat" pour un État kurde
indépendant, idée fermement rejetée par la Turquie.
Fin mai, des affiches de l'hebdomadaire Le Point, dont la couverture
présentait le président turc, Recep Tayyip Erdogan, comme un
"dictateur", avaient provoqué la colère de militants turcs.
"Je ne cède jamais à l'intimidation, je ne cède jamais au chantage.
Quand on commence à reculer sur les principes fondamentaux, on perd sur
tous les tableaux: sur celui de l'honneur, et sur celui de la défense
des principes", avait déclaré à l'AFP mercredi soir le philosophe.
(AFP, 14 juin
2018)
La
difficile campagne, de sa
prison, du candidat kurde Demirtas
"Demirtas, c'est vous" : emprisonné depuis 2016, le chef de file des
prokurdes de Turquie Selahattin Demirtas fait comme il peut campagne en
vue d'élections anticipées cruciales, s'appuyant sur ses militants pour
remporter un bras de fer inégal contre le président Recep Tayyip
Erdogan.
Signe de la délicate situation dans laquelle il se trouve, c'est de la
prison d'Edirne (nord-ouest), où il est écroué depuis novembre 2016
pour activités "terroristes", que M. Demirtas a été contraint de faire
mercredi son premier "meeting" de campagne.
Profitant d'un entretien téléphonique avec son épouse autorisé par
l'administration pénitentiaire, M. Demirtas s'est adressé à travers
elle à ses partisans, dénonçant l'"injustice" qui, a-t-il dit, s'est
renforcée sous la férule de M. Erdogan.
Enregistrée dans le salon de leur domicile familial à Diyarbakir
(sud-est), cette allocution, audible via le haut-parleur du téléphone
de Mme Demirtas, a ensuite été postée sur les réseaux sociaux par sa
formation, le Parti démocratique des peuples (HDP).
M. Demirtas, un avocat de formation âgé de 45 ans, a été arrêté avec
une dizaine d'autres députés du HDP le 4 novembre 2016, dans la foulée
des purges déclenchées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet de la
même année.
Accusé de faire de la propagande et d'appartenir au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux, M. Demirtas risque jusqu'à 142
ans de prison.
Mais cela n'a pas empêché le HDP de le désigner candidat à la
présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives, du
24 juin.
Cependant, le candidat prokurde a dû adapter sa stratégie, privé de la
liberté de mouvement dont il usait autrefois pour organiser les
meetings festifs qui lui ont permis d'apparaître comme étant un rival
sérieux de M. Erdogan à l'occasion d'élections en 2014 et 2015.
- "Obstacles" -
De sa cellule à Edirne, M. Demirtas tweete quasi-quotidiennement par
l'intermédiaire de ses avocats, alternant messages politiques,
commentaires sur l'actualité et traits d'humour.
"Lorsque je fais des sondages dans ma cellule, je gagne toujours à
100%. Je plaisante. Une fois, lorsque je me suis agacé et n'ai pas voté
pour moi, j'ai obtenu 50% des voix", a-t-il par exemple tweeté.
Pendant ce temps, les deux coprésidents du HDP sillonnent la Turquie.
"C'est difficile (de faire campagne ainsi), mais l'idée d'échouer ne
nous vient pas à l'esprit", assure l'un d'eux, Sezai Temelli, interrogé
par l'AFP à bord de son bus de campagne à Ankara.
Plusieurs responsables du HDP affirment que leurs rassemblements sont
souvent perturbés, voire empêchés, par les forces publiques.
Les autorités "ont recours à tous les obstacles possibles", dénonce M.
Temelli.
De plus, la campagne du HDP est largement ignorée par les médias
traditionnels de plus en plus contrôlés par le gouvernement.
Selon Transparency International Turquie, la chaîne de télévision
publique TRT n'a accordé que trois secondes de temps d'antenne à M.
Demirtas au cours de ses principaux journaux en mai, contre 105 minutes
à M. Erdogan.
M. Demirtas a néanmoins été autorisé à enregistrer un message de
campagne pour la TRT, comme les autres candidats.
- "Ayez confiance" -
En dépit de cette situation, M. Demirtas exhorte ses troupes à être
optimistes : "Demirtas, ce n'est pas l'homme qui est dans une cellule à
Edirne. C'est vous. Ayez confiance en vous !", a-t-il lancé dans son
allocution diffusée vendredi.
Le parti a beau se dire confiant, le fait que M. Demirtas soit
incarcéré "peut briser la motivation des électeurs du HDP", qui
partiraient du principe que la bataille est perdue d'avance, estime
Murat Gezici, le président de l'institut de sondages Gezici.
Selon ses enquêtes, M. Demirtas obtiendrait 8 à 9% des voix à la
présidentielle et son parti 9,7% aux législatives.
Özer Sencar, le PDG de l'institut Metropoll, dont les sondages donnent
à M. Demirtas 11,4% des intentions de vote et au HDP 11%, est d'un
autre avis.
"Demirtas est le meilleur candidat que pouvait choisir le HDP : jeune,
intelligent, avec un bon sens de l'humour, apprécié des Kurdes et pour
lequel des Turcs, surtout de gauche, ont de la sympathie", dit-il.
Un constat appuyé par Dürüst, une électrice du HDP rencontrée à
l'occasion d'un rassemblement à Ankara : "Nous avons une idéologie, une
croyance, un combat à mener. Demirtas peut être en prison, (...) mais
ce combat ne s'arrête pas".
"Nous sommes à un moment charnière : c'est soit le HDP, soit notre
fin", ajoute-t-elle. (AFP, 6 juin
2018)
Les Kurdes quittent une ville
clé après un accord américano-turc
La principale milice kurde de Syrie a annoncé mardi son retrait de
Minbej, une ville stratégique du nord du pays qui fait l'objet d'un
accord entre la Turquie frontalière et les Etats-Unis pour éviter une
possible confrontation directe.
Ankara qualifie cette force kurde de "terroriste" mais Washington la
considère comme un allié primordial dans la lutte contre le groupe
jihadiste Etat islamique (EI), toujours actif en Syrie même s'il ne
tient plus que quelques poches dans l'est du pays.
Mardi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a ainsi
annoncé que 55 combattants prorégime avaient été tués depuis dimanche
dans une opération que l'EI mène dans la vallée de l'Euphrate (est).
Dans un communiqué, les Unités de protection du peuple (YPG) ont fait
part du "retrait" de Minbej de leurs derniers "conseillers militaires",
qui étaient chargés de former des combattants antijihadistes locaux.
Cette décision intervient au lendemain de discussions entre Américains
et Turcs au sujet de cette ville à majorité arabe, située à 30 km de la
frontière turque et où des troupes américaines et françaises de la
coalition internationale antijihadistes sont stationnées.
Le communiqué des forces kurdes n'a pas fait mention de ces discussions.
La tension entre les Etats-Unis et la Turquie, deux alliés dans l'Otan,
est montée d'un cran cet hiver quand Ankara a plusieurs fois menacé
d'étendre vers Minbej l'offensive qu'elle menait contre les YPG dans
l'enclave kurde d'Afrine, plus à l'ouest.
- "Sécurité et stabilité" -
Mais elle est un peu retombée fin mai quand Washington et Ankara ont
défini les contours d'une "feuille de route" en vue de coopérer pour
"assurer la sécurité et la stabilité" dans cette ville.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et son homologue turc Mevlut
Cavusolgu ont approuvé lundi cette feuille de route, selon le
département d'Etat.
Un haut responsable américain a indiqué mardi que son application
serait longue et "compliquée", de nombreux détails restant à négocier.
L'accord vise notamment à "tenir l'engagement américain à déplacer les
YPG à l'est de l'Euphrate", selon ce responsable.
Un porte-parole du Conseil militaire de Minbej, qui contrôle la ville,
a précisé mardi à l'AFP que cet organe n'avait pas encore été informé
de "changements opérationnels" sur le terrain.
La France sera "attentive au modèle de gouvernance mis en place" dans
le cadre de cet accord, a relevé pour sa part une source diplomatique
française. "Il devra être pluraliste, représentatif et accepté par les
populations locales", arabes et kurdes, a-t-elle dit à l'AFP.
Pour l'analyste Aaron Stein, de l'Atlantic Council à Washington, la
mise en place de l'accord américano-turc ne garantit pas une baisse des
tensions.
"En cas d'échec, ce sera retour à la case départ, quand (le président
turc Recep Tayyip) Erdogan menaçait les Américains", juge-t-il.
- Raid de l'EI -
La Turquie, engagée dans une lutte armée avec les Kurdes sur son
territoire, voit d'un très mauvais oeil la présence de forces kurdes
syriennes à sa frontière et a mené deux offensives militaires dans le
nord de la Syrie depuis 2016.
Les YPG forment l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes
(FDS), l'alliance de combattants arabes et kurdes qui a joué un rôle
clé pour faire reculer l'EI en Syrie et qui a d'ailleurs pris Minbej
aux jihadistes en 2016.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le groupe
jihadiste contrôle désormais moins de 3% du territoire syrien --contre
près de 50% fin 2016 à l'époque de son "califat" autoproclamé--, après
des offensives distinctes des FDS et des forces prorégime.
Les dernières poches que l'EI contrôle en Syrie se trouvent dans l'est,
après l'évacuation le mois dernier, après un accord avec le régime, des
derniers jihadistes présents dans le sud de Damas.
D'après l'OSDH, les 55 combattants pro-gouvernementaux tués, dont 10
mardi, l'ont été dans des attaques et combats ayant suivi un raid des
jihadistes contre des villages tenus par le régime et ses alliés dans
la vallée de l'Euphrate.
Les jihadistes ont pris quatre localités situées sur la route reliant
la ville de Deir Ezzor à celle de Boukamal, à la frontière irakienne.
Ces localités se trouvent à proximité de Hajine, la ville syrienne la
plus peuplée que contrôle l'EI.
Au moins 26 combattants de l'EI sont morts dans les combats depuis
dimanche, selon l'Observatoire.
Son directeur Rami Abdel Rahmane a indiqué à l'AFP que Moscou, pourtant
l'allié indéfectible du régime, n'avait toujours pas mobilisé son
aviation militaire pour venir en aide aux forces loyalistes dans cette
région. (AFP,
5 juin
2018)
State
Channel TRT Spares 105 Minutes to Erdoğan, 18
Seconds to Demirtaş
The Transparency International (TI) has prepared a report concerning
how much state channel TRT has spared time to presidential candidates
during the election campaign period ahead of June 24 presidential and
general elections.
Examining the time allocated TRT’s news channel to presidential
candidates and political parties dated from May 4 to May 31, the
association wrote down the following note on the introduction of the
report:
“TRT shouldn’t work with any power group”
“Obliged with carrying out public broadcasting, TRT has to embrace all
political parties with an egalitarian understanding. The responsibility
of TRT, which is financed by all citizens’ taxes, is not to work for a
power or interest group but to reflect the political spectrum with all
diversity”.
According to the report, the time spared on TRT to the candidates from
May 4 to May 31 is as follows:
People’s
Alliance candidate Recep Tayyip Erdoğan: 105 minutes / 65 percent
CHP’s
candidate Muharrem İnce: 37 minutes / 22 percent
İYİ Party’s
candidate Meral Akşener: 14 minutes / 9 percent
Felicity
Party’s candidate Temel Karamollaoğlu: 5 minutes / 3 percent
Vatan Party’s
candidate Doğu Perinçek: 2 minutes
HDP’s
candidate Selahattin Demirtaş: 0.3 minutes (18 seconds).
(BIA, 1 June
2018)
Minorités
/ Minorities
Annulation en Israël d'un vote sur la
reconnaissance du "génocide arménien"
Un vote prévu mardi au parlement israélien pour une reconnaissance du
"génocide arménien" a été annulé en raison de l'opposition du
gouvernement, a indiqué la députée à l'origine de cette motion.
La Knesset (Parlement) avait approuvé fin mai une proposition de la
députée Tamar Zandberg, du parti d'opposition de gauche Meretz,
d'organiser un débat en séance plénière sur la "reconnaissance du
génocide arménien".
La Turquie rejette avec véhémence le terme de "génocide".
Afin de s'assurer le soutien de la coalition de droite au pouvoir en
Israël, la députée avait prévu la tenue de ce vote après les élections
présidentielle et parlementaires turques qui ont eu lieu dimanche.
Mais, même après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan dès le
premier tour, le gouvernement israélien et la coalition au pouvoir sont
toujours opposés à ce vote, a dit Mme Zandberg.
"Malgré les promesses et les retards (....) le gouvernement et la
coalition refusent de reconnaître le génocide arménien", a écrit Mme
Zandberg sur Twitter lundi soir, indiquant qu'elle était "forcée
d'annuler le vote".
Même si cette proposition ne pouvait être considérée comme émanant du
gouvernement, elle aurait pu envenimer les relations déjà très
détériorées entre Israël et la Turquie.
M. Erdogan a accusé Israël d'user de méthodes dignes des nazis après la
mort de plus de 60 Palestiniens sous les balles israéliennes lors de
manifestations et de heurts dans la bande de Gaza sous blocus le 14 mai.
Le gouvernement israélien avait lui-même ajourné début juin le vote
d'une loi sur la reconnaissance du "génocide arménien", officiellement
par crainte que ce vote ne profite à M. Erdogan
Le Meretz essaie depuis 1989 de faire reconnaître les massacres
d'Arméniens commis par les Turcs ottomans en 1915-1917 comme un
"génocide", mais les gouvernements en Israël ont rejeté ses tentatives
en raison des liens avec la Turquie qui ont évolué en dents de scie ces
dernières années.
Selon l'Arménie, quelque 1,5 million d'Arméniens sont morts lors de la
chute de l'Empire ottoman. La Turquie rejette avec véhémence le terme
de génocide, utilisé par près de 30 pays pour qualifier ces massacres.
Selon Ankara, 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts
lorsque les Arméniens se sont révoltés contre le pouvoir ottoman en
s'alliant avec les troupes russes. (AFP, 26 juin
2018)
Le
député arménien Paylan à Marseille pour la
campagne du HDP
Le député du parti prokurde (HDP), Garo Paylan, était en meeting
vendredi à Marseille où réside l'une des plus importantes communautés
kurdes de France, espérant décrocher des voix pour les élections en
Turquie et dépasser le seuil fatidique pour être représenté à
l'Assemblée.
"Pour avoir la majorité à l'Assemblée, Erdogan (le président turc
candidat à sa réelection NDLR) s'est fixé l'objectif de faire en sorte
que HDP ne dépasse pas la barre des 10%", a assuré le député du Parti
démocratique des peuples, Garo Paylan lors d'une conférence de presse.
"L'ordre a été transmis pour que HDP soit en dessous des 10%", a
insisté le député évoquant des "pressions pour que les électeurs
potentiels" de son parti en Turquie "ne puissent pas aller voter",
notamment en "déplaçant" des bureaux de vote.
"Malgré toutes ces pressions (...) nous sommes confiants et persuadés
qu'avec le vote des électeurs HDP à l'étranger nous dépasserons la
barre de 10%", a poursuivi Garo Paylan.
Le 24 juin des élections présidentielle et législatives anticipées
auront lieu en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan briguera un
nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.
Organisé par le Conseil de coordination des associations arméniennes de
France Sud et le centre démocratique Kurde de Marseille le meeting
baptisé "Stop Erdogan!" a rassemblé environ 300 personnes, ont constaté
des journalistes de l'AFP. (AFP, 1 juin
2018)
Knesset Postpones Debate on Armenian Genocide
Recognition
Knesset
Speaker
Yuli Edelstein has postponed a debate and vote on recognizing the
Armenian genocide by the Ottoman Empire, the forerunner of modern
Turkey, because there isn’t a Knesset majority to support the move.
Last week, the Knesset approved a request by the left-wing Meretz party
to hold a Knesset debate and a vote on the issue.
Meretz had
submitted similar resolutions in recent years that were subsequently
debated in the Knesset Education Committee, but this time the party
insisted that the issue be addressed by the full Knesset. In the past,
the government has consistently objected to holding such a debate in
the Knesset. But last week, in the wake of deteriorating ties with
Turkey, it did not submit an objection to a discussion and vote on the
genocide perpetrated a century ago by the Ottoman Turks.
Edelstein,
who
supports recognition of the genocide, wrote Wednesday evening to the
Armenian Patriarch of Jerusalem, Archbishop Nourhan Manougian, that he
intends to bring the issue to a vote as soon as a majority is ensured.
After consulting with coalition MKs, the Knesset speaker realized that
the factions had not yet decided whether to support a proposal
recognizing the genocide.
“As soon as
I
am convinced that there is a majority in the Knesset for this historic
recognition, we will bring it to a vote in the plenum,” Edelstein wrote
to the patriarch, adding, “I will do everything in my power and I hope
that the efforts will bear fruit.”
Meretz
chairman
Tamar Zandberg said in response, “Those who spoke grandly just two
weeks ago are afraid now. The coalition members’ embarrassing attempt
to pass the buck to each other for this is shameful, certainly given
the painful issue.
“I call on the
coalition members ...to vote as they promised to vote and as basic
morality demands. The Armenian community is waiting for justice and
that’s not dependent on politics. .”
The Knesset has been marking the Armenian genocide every year since
2012, but such proposals are usually blocked because of Israel’s close
ties with Azerbaijan, which is involved in an ongoing military conflict
with neighboring Armenia. (haaretz.com, May 31,
2018)
Politique
intérieure/Interior Politics
Erdogan assoit
son pouvoir après sa victoire électorale
Le président turc Recep Tayyip Erdogan émergeait considérablement
renforcé lundi de l'âpre bataille électorale remportée la veille contre
une opposition incapable d'arrêter la marche du "Reïs" vers davantage
de pouvoirs.
En remportant franchement les élections présidentielle et législatives
dimanche contre une opposition pourtant ragaillardie, M. Erdogan a
confirmé son statut de machine à gagner les scrutins depuis son arrivée
au pouvoir, en 2003.
Mais en 15 ans de règne, M. Erdogan a profondément divisé la Turquie,
entre ses partisans qui voient en lui l'homme du miracle économique et
ses détracteurs qui l'accusent de monopoliser tous les pouvoirs et de
réprimer sans merci toute forme d'opposition.
A l'issue de la bataille qui a opposé les deux camps dans les urnes
dimanche, les autorités électorales ont déclaré M. Erdogan vainqueur du
volet présidentiel du scrutin dès le premier tour, face notamment au
candidat social-démocrate Muharrem Ince.
Ce dernier a reconnu lundi sa défaite, tout en estimant que la Turquie
entrait désormais sous un "régime autocratique" avec l'entrée en
vigueur imminente du système présidentiel voulu par M. Erdogan, qui
deviendra l'unique détenteur de l'exécutif.
M. Ince a appelé M. Erdogan dans la soirée lundi pour le féliciter de
sa victoire, a rapporté l'agence étatique Anadolu.
En attendant son intronisation pour ce nouveau mandat renforcé, qui ne
devrait pas intervenir avant l'annonce des résultats définitifs prévue
le 5 juillet, M. Erdogan savoure cette victoire.
"La Turquie a donné une leçon de démocratie au monde", a-t-il clamé
dans la nuit de dimanche à lundi devant plusieurs milliers de partisans
qui agitaient des drapeaux et scandaient son nom devant le siège de son
parti, l'AKP, à Ankara.
- Triomphe du "Reïs" -
D'après l'agence de presse étatique Anadolu, qui fait état d'un taux de
participation d'environ 88%, M. Erdogan est arrivé en tête de la
présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de
99% des urnes. Soit plus que son score en 2014 (51,8%).
La coalition mise sur pied par M. Erdogan pour le volet législatif des
élections récolte quelque 53,6% des voix, selon les résultats partiels
d'Anadolu, grâce notamment au score inattendu de son partenaire, le
parti ultranationaliste MHP (11%).
M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis
le fondateur de la république, Mustafa Kemal. Il a transformé la
Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant
l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.
Mais ses détracteurs accusent le "Reïs", âgé de 64 ans, de dérive
autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet
2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des
journalistes, et ont suscité l'inquiétude de l'Europe.
Avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle, M. Erdogan
peut rester au pouvoir jusqu'à 2028 s'il est réelu.
Cette réforme constitutionnelle prévoit le transfert de tous les
pouvoirs exécutifs au président, qui pourra nommer les ministres et de
hauts magistrats, décider du budget et gouverner par décrets. La
fonction de Premier ministre sera supprimée.
Les élections de dimanche étaient considérées par les observateurs
comme les plus difficiles pour M. Erdogan depuis son avènement au
pouvoir, face à des vents économiques contraires et une opposition
revitalisée.
- Campagne inégale -
M. Ince, un député pugnace qui a porté les couleurs du CHP à la
présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan
pour la présidentielle. Selon Anadolu, il a récolté près de 31% des
voix.
Les observateurs ont pointé des conditions de campagne difficile pour
l'opposition, à l'image d'une mission de l'OSCE qui a pointé lundi
l'absence "d'opportunités égales" pour les candidats avec notamment une
couverture médiatique largement favorable au président turc.
Malgré l'arrestation de plusieurs de ses députés et notamment de son
candidat à la présidentielle Selahattin Demirtas, le candidat prokurde
HDP est parvenu à franchir le seuil de 10% des voix au niveau national,
ce qui lui permet de siéger à nouveau au Parlement.
Plusieurs pays ont félicité M. Erdogan pour sa réélection, comme le
président russe Vladimir Poutine qui a loué lundi la "grande autorité
politique" de son homologue turc.
En Allemagne, où vit une importante diaspora turque, la chancelière
Angela Merkel a félicité M. Erdogan, souhaitant "une Turquie stable et
pluraliste" dans laquelle l'Etat de droit est garanti.
La Maison Blanche a elle appelé Ankara à "renforcer la démocratie".
La Commission européenne a dit espérer qu'Ankara reste "engagée" avec
l'Union européenne mais la cheffe de la diplomatie européenne, Federica
Mogherini, et le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn,
ont de leur côté estimé que les conditions de la campagne n'avaient pas
été "équitables". (AFP, 25 juin
2018)
Erdogan
vers des pouvoirs renforcés après son triomphe
électoral
Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan triomphait lundi après
avoir remporté dès le premier tour un nouveau mandat aux pouvoirs
renforcés face à une opposition pugnace qui a reconnu sa défaite tout
en jugeant la campagne injuste.
Après avoir remporté dimanche des élections législatives et
présidentielle contre une opposition vigoureuse, M. Erdogan s'est
offert dans les premières heures de lundi un symbolique discours de
victoire depuis le balcon du siège de son parti, l'AKP, à Ankara.
"La Turquie a donné une leçon de démocratie au monde", a-t-il clamé
devant plusieurs milliers de partisans qui agitaient des drapeaux et
scandaient son nom.
M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 2003, d'abord comme Premier
ministre puis, à partir de 2014, comme président, s'est imposé comme le
dirigeant turc le plus populaire, mais aussi le plus polarisateur de
ces dernières décennies.
Accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs, il s'apprête après sa
victoire à recevoir un nouveau mandat présidentiel de cinq ans aux
prérogatives considérablement renforcées, aux termes d'une réforme
constitutionnelle adoptée l'an dernier par référendum.
M. Erdogan a indiqué lors de son discours nocturne qu'il mettrait
"rapidement" en place le nouveau système présidentiel prévu par cette
réforme constitutionnelle.
Le président du Haut comité électoral (YSK) Sadi Güven a déclaré dans
la nuit de dimanche à lundi que M. Erdogan avait, selon des résultats
provisoires, récolté la majorité absolue des voix dans le volet
présidentiel du scrutin, synonyme de réélection dès le premier tour.
Le principal opposant de M. Erdogan à la présidentielle, le
social-démocrate Muharrem Ince, a reconnu sa défaite lundi et exhorté
le président à représenter "tous" les Turcs.
Rompant son silence lors d'une conférence de presse à Ankara, M. Ince a
estimé que la Turquie était désormais passée sous "un régime
autocratique" avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle.
- Nouveaux pouvoirs -
D'après l'agence de presse étatique Anadolu, qui fait état d'un taux de
participation d'environ 88%, M. Erdogan est arrivé en tête de la
présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de
99% des urnes.
La coalition montée par M. Erdogan pour le volet législatif des
élections récolte quelque 53,6% des voix, selon les résultats partiels
d'Anadolu, grâce notamment au score inattendu de son partenaire
minoritaire, le parti ultranationaliste MHP (11%).
M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis
le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la
Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant
l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.
Mais ses détracteurs accusent le "Reis", âgé de 64 ans, de dérive
autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet
2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des
journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe.
Avec l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle, M. Erdogan
pourrait potentiellement rester au pouvoir jusqu'à 2023, voire au-delà.
Cette réforme constitutionnelle prévoit le transfert de tous les
pouvoirs exécutifs au président qui pourra nommer les ministres et de
hauts magistrats, décider du budget et gouverner par décrets. La
fonction de Premier ministre sera supprimée.
Les élections de dimanche étaient considérées par les observateurs
comme les plus difficiles pour M. Erdogan depuis son avènement au
pouvoir, face à des vents économiques contraires et une opposition
revitalisée.
- "Election injuste" -
M. Ince, un député pugnace qui a porté les couleurs du CHP à la
présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan
pour la présidentielle. Selon Anadolu, il a récolté près de 31% des
voix.
Les observateurs ont pointé des conditions de campagne très
inéquitables avec notamment une couverture médiatique largement
favorable au président turc. "Cette élection a été injuste", a déploré
M. Ince.
Malgré l'arrestation de plusieurs de ses députés et notamment de son
candidat à la présidentielle Selahattin Demirtas, le candidat prokurde
HDP est parvenu à franchir le seuil de 10% des voix au niveau national
lui permettant de siéger à nouveau au Parlement.
"Le fait que j'ai été contraint de faire campagne en étant incarcéré a
été la plus grande injustice de cette campagne", a dénoncé M. Demirtas,
selon un message posté sur son compte Twitter.
Les opposants, qui avaient mobilisé une armée d'observateurs pour
surveiller les urnes, ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la
province de Sanliurfa.
M. Erdogan a notamment été félicité par le dirigeant russe
Vladimir Poutine qui a loué lundi la "grande autorité politique" de son
homologue turc.
Les marchés semblaient rassurés par la victoire de M. Erdogan. La livre
turque, qui s'est fortement dépréciée cette année, prenait environ 2%
face au dollar. (AFP, 25 juin
2018)
Erdogan
remporte la présidentielle au premier tour
Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier
tour dimanche pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés, venant à
bout d'une opposition pourtant revigorée lors d'élections
présidentielle et législatives âprement disputées.
M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 15 ans et a été réélu pour
un nouveau mandat de cinq ans, a savouré sa victoire en s'adressant
dans la nuit de dimanche à lundi à des milliers de partisans réunis à
Ankara devant le siège de son parti islamo-conservateur, l'AKP.
"Le vainqueur de cette élection, c'est la démocratie, la volonté
nationale. Le vainqueur de cette élection, c'est chacun des 81 millions
de nos concitoyens", a clamé M. Erdogan, tandis que ses supporters
l'acclamaient.
Les autorités électorales turques ont indiqué tôt lundi que M. Erdogan
avait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, ce qui lui
permet d'être élu dès le premier tour face à une opposition pourtant
farouche, à l'image du tribun social-démocrate Muharrem Ince.
M. Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis
le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la
Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant
l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé.
Mais ses détracteurs accusent le "Reis", âgé de 64 ans, de dérive
autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet
2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des
journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe.
Sa victoire aux élections de dimanche asseoit encore son pouvoir, car
le scrutin marque le passage du système parlementaire en vigueur à un
régime présidentiel où le chef de l'Etat concentre la totalité du
pouvoir exécutif, aux termes d'un référendum parlementaire qui s'est
tenu l'an dernier.
D'après l'agence de presse étatique Anadolu, M. Erdogan est arrivé en
tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de
plus de 99% des urnes, et l'alliance dominée par l'AKP menait avec
53,61% dans le volet législatif du scrutin.
- "Derrière Erdogan" -
Son principal concurrent, le social-démocrate Muharrem Ince, arrive en
deuxième position de la présidentielle avec 30,7%, et l'alliance
anti-Erdogan formée par plusieurs partis d'opposition pour le volet
législatif du scrutin récolte 34%, d'après les résultats partiels
publiés par Anadolu.
M. Ince n'a fait aucun commentaire concernant les résultats dimanche
soir, convoquant une conférence de presse pour lundi à la mi-journée à
Ankara.
Plusieurs milliers de partisans de M. Erdogan se sont rassemblés dans
la soirée aux abords de la résidence du président à Istanbul, chantant
et brandissant des drapeaux.
"Nous savions à 100% que nous allions gagner, Erdogan est notre
champion", a dit Handan Boztoy, venue avec sa fille fêter la
"victoire". "Les résultats ne changeront pas, ces 16 dernières années
c'est toujours Erdogan qui a gagné. Nous sommes derrière lui en tant
que nation".
"La victoire d'Erdogan est incontestablement le signe de sa grande
popularité auprès de l'électorat turc, en particulier l'électorat
conservateur dans les régions rurales d'Anatolie, et le signe de sa
résilience face à une opposition unie", estime Jana Jabbour, docteure
associée au CERI/Sciences Po et spécialiste de la Turquie.
S'il pensait mettre toutes les chances de son côté en convoquant ces
élections pendant l'état d'urgence et plus d'un an avant la date
prévue, M. Erdogan a été rattrapé lors de la campagne par la
dégradation de la situation économique et surpris par un sursaut de
l'opposition.
Voyant dans ces élections leur dernière chance d'arrêter M. Erdogan
dans sa quête d'un pouvoir incontestable, des partis aussi différents
que le CHP (le parti social-démocrate de Muharrem Ince), Iyi
(nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite
pour les législatives, avec l'appui du HDP (prokurde).
- Le parti prokurde au Parlement -
M. Ince, un député combatif qui a porté les couleurs du CHP à la
présidentielle, s'est imposé comme le principal rival de M. Erdogan
pour la présidentielle, électrisant des foules aux quatre coins du pays
et réveillant une opposition assommée par ses défaites successives.
M. Erdogan présente le nouveau système présidentiel auquel il va
accéder comme nécessaire pour doter la Turquie d'un exécutif stable,
mais ses détracteurs l'accusent de vouloir monopoliser le pouvoir avec
cette réforme qui supprime notamment la fonction de Premier ministre et
permet au président de gouverner par décrets.
La campagne a été marquée par une couverture médiatique très
inéquitable en faveur du président turc, dont chaque discours a été
retransmis in extenso par les télévisions.
Le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, a été contraint
de faire campagne depuis une cellule: accusé d'activités "terroristes",
il est en détention préventive depuis 2016.
Selon les résultats partiels, M. Demirtas a obtenu près de 8% des voix
et son parti à franchi le seuil de 10% au niveau national lui
permettant de siéger au Parlement.
Les craintes de fraudes ont été vives pendant le vote, notamment dans
le sud-est à majorité kurde. Les opposants, qui avaient mobilisé une
armée d'observateurs, ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la
province de Sanliurfa. (AFP, 25 juin
2018)
26 juin: Conférence sur les élections
turques à Bruxelles
Quel est
l’avenir pour l’un des plus grands voisins de l’Union européenne ? Quel
impact ont les élections sur le peuple turc?
Des experts
de différents peuples de la région partagent leurs idées. La conférence
‘Les élections turques. Qu’est ce qui se passe après le 24 juin?‘ aura
lieu le 26 juin dans le cadre de SOS Turkey. C’est une campagne qui a
commencé l’année passée pour dénoncer la répression en cours en Turquie
depuis la tentative du coup d’Etat en 2016.
Les invités
sont:
✓ Doğan
Özgüden (° 1936), journaliste et éditeur turc donne son avis sur les
élections
✓ Eyyup
Doru,
représentant du HDP (Parti démocratique populaire) auprès de l’UE donne
son point de vue sur les perspectives pour les Kurdes après les
élections.
✓ Aris
Nalci
(° 1980, Istanbul), journaliste né en Istanbul, parlera de l’impact des
élections sur le peuple arménien en Turquie
✓
Représentants de la communauté Alévie et Assyrienne
Quand:
Mardi
26 juin, de 11h00 à 13h00
Ou: Maison
des Parlementaires, Rue de Louvain 21, 1000 Bruxelles, Rotonde 1.
Inscription:
mail à ts@kuridshinstitute.be
Cinq scénarios pour les élections en Turquie
La Turquie vote dimanche lors d'un double scrutin présidentiel et
législatif considéré comme un défi électoral majeur pour le président
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis quinze ans.
Le 24 juin, la question sera surtout de savoir si M. Erdogan remporte
la présidentielle dès le premier tour et s'il maintient la majorité de
son parti, l'AKP, au parlement.
Si aucun candidat ne remporte plus de 50% des voix dès le premier tour
de la présidentielle, un second tour se tiendra le 8 juillet.
Voici plusieurs scénarios envisageables.
- Victoire nette d'Erdogan -
SCENARIO: M. Erdogan remporte la présidentielle au premier tour, l'AKP
reste majoritaire au parlement.
C'est le scénario que l'actuel chef de l'Etat souhaitait obtenir
lorsque, mi-avril, il a convoqué les élections un an et demi avant leur
date prévue, espérant prendre l'opposition au dépourvu.
Mais si M. Erdogan semblait alors confiant, la probabilité de voir ce
scénario se réaliser a nettement reculé, avec la dégradation de la
situation économique et un nouvel élan trouvé par l'opposition.
Erdogan "s'attendait à renforcer son pouvoir", notamment grâce à une
révision constitutionnelle qui renforce considérablement les pouvoirs
du président et dont les principales dispositions entrent en vigueur
après les élections, "mais n'a pas le soutien majoritaire des électeurs
turcs", estiment des analystes du Center for American Progress.
- Un second tour incertain -
SCENARIO: Lors de la présidentielle, l'opposition contraint M. Erdogan
à un second tour.
Si M. Erdogan semble certain d'obtenir le plus de voix dimanche, il est
possible qu'il ne remporte pas la présidentielle dès le premier tour.
Son rival le plus en vue, Muharrem Ince, candidat du CHP, principal
parti d'opposition, a mené une campagne étonnamment solide. Avec les
autres candidats, l'opposition peut peser suffisamment pour provoquer
un second tour.
Des analystes estiment que M. Erdogan resterait le favori dans ce
scénario.
Mais si l'AKP perd sa majorité lors des législatives qui se
joueront en un seul tour dimanche, "M. Erdogan aborderait le second
tour avec sa traditionnelle image de maîtrise et d'invincibilité
sérieusement écornée", selon Kemal Kirisci de la Brookings Institution.
- Victoire à la Pyrrhus -
SCENARIO: M. Erdogan remporte la présidentielle, l'AKP perd le contrôle
du parlement.
"Le résultat le plus probable, aujourd'hui, est une victoire d'Erdogan
et un parlement disputé", selon Aaron Stein, de l'Atlantic Council.
Ce scénario plongerait la Turquie dans une période de profonde
incertitude, secouerait la confiance en l'économie turque et
provoquerait potentiellement de nouvelles élections.
Ironiquement, l'opposition est aidée par des amendements portés par
l'AKP, qui ont permis au CHP de s'allier avec trois autres partis pour
les législatives, ce qui pourrait renforcer la présence de l'opposition
au parlement.
Beaucoup dépendra de la capacité du parti prokurde HDP, une formation
fermement anti-Erdogan qui se présente seule, à obtenir les 10% de
votes nécessaires pour entrer au parlement.
L'AKP a déjà perdu sa majorité absolue une fois, lors des législatives
de juin 2015. M. Erdogan avait alors rapidement convoqué de nouvelles
élections pour la récupérer, signalant clairement qu'il ne
s'accommoderait pas de coalitions.
Mais, en vertu de la réforme constitutionnelle adoptée en avril 2017,
M. Erdogan serait en théorie contraint de remettre aussi la
présidentielle en jeu pour convoquer de nouvelles législatives car les
deux scrutins sont censés se tenir en même temps.
- Fin de l'ère Erdogan -
SCENARIO: Muharrem Ince remporte la présidentielle au second tour,
l'opposition contrôle le parlement.
M. Ince est clairement le favori pour arriver deuxième derrière le
président sortant, et bénéficierait au second tour du soutien des
alliés du CHP aux législatives mais aussi potentiellement du HDP.
Si l'opposition prend le contrôle du parlement dimanche, cet élan
aiderait fortement M. Ince le 8 juillet.
"Si cela se produit, un changement politique massif sera probablement
mené sur plusieurs fronts", selon Marc Pierini, chercheur à Carnegie
Europe, évoquant notamment les politiques économiques et les relations
avec l'Occident.
- Territoire inconnu -
SCENARIO: L'opposition remporte la présidence, l'AKP garde le parlement.
Il s'agit probablement du scénario le plus confus, du fait que l'AKP
n'a aucune expérience de cohabitation et que le nouveau président sera
probablement très hostile au parti qui a jusque-là dominé la scène
politique turque depuis 2002.
"Un président de l'opposition laïque sera confronté à une majorité
islamiste et nationaliste au parlement, ce qui conduira à une situation
confuse", observe M. Pierini. (AFP, 20 juin
2018)
Dates-clés du pouvoir d'Erdogan (CHRONOLOGIE)
Rappel des principales dates depuis l'arrivée au pouvoir de Recep
Tayyip Erdogan en Turquie, où des élections présidentielle et
législatives doivent se dérouler le 24 juin.
- Les premières années -
En 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la
mouvance islamiste) cofondé par Recep Tayyip Erdogan, remporte une
écrasante victoire aux législatives. En 2003, M. Erdogan est nommé
Premier ministre.
En 2005, les autorités obtiennent l'ouverture de négociations
d'adhésion à l'Union Européenne. De 2002 à 2004, Ankara a adopté des
réformes politiques et économiques, voté l'abolition de la peine de
mort et autorisé la langue kurde à la télévision publique. Mais les
négociations sont enlisées depuis des années.
En août 2007, le Parlement élit président Abdullah Gül, premier
responsable de la mouvance islamiste à accéder à la magistrature
suprême dans la Turquie laïque fondée par Mustafa Kemal Atatürk.
- Place Taksim -
Le 31 mai 2013, les forces de l'ordre délogent à l'aide de canons à eau
et de gaz lacrymogène plusieurs centaines de personnes campant près de
la place Taksim d'Istanbul contre un projet d'aménagement urbain.
Pendant trois semaines, quelque 2,5 millions de personnes manifestent
pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et
de vouloir "islamiser" la société turque.
- Erdogan asseoit son règne -
Le 10 août 2014, M. Erdogan est élu chef de l'Etat dès le premier tour
de la présidentielle, qui se déroule pour la première fois au suffrage
universel direct.
Aux législatives du 7 juin 2015, l'AKP arrive en tête, mais est pour la
première fois privé de sa majorité absolue au Parlement.
Le président Erdogan convoque des nouvelles élections le 1er novembre,
remportées haut la main par l'AKP.
- Guérilla kurde -
En juillet 2015, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et
l'armée rompent un fragile cessez-le-feu et reprennent les hostilités
(plus de 40.000 morts depuis 1984).
Le pays va être visé par plusieurs attentats meurtriers, attribués ou
revendiqués par la guérilla kurde ou le groupe Etat islamique (EI).
- Accord migratoire -
Fin 2015, un rapprochement s'opère entre Ankara et l'UE, à la faveur de
la crise des réfugiés qui fuient la Syrie, la Turquie occupant une
position géographique clé.
En mars 2016, Ankara et l'UE concluent un accord qui permettra de
réduire considérablement les arrivées de migrants en Europe.
- Coup d'Etat raté - Purges -
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, une tentative de coup d'Etat par
une faction de l'armée fait 250 morts et bouleverse la situation
politique en Turquie. Elle est imputée par Ankara au prédicateur
Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, qui nie toute implication.
Des purges d'une ampleur inédite visent les partisans de Gülen, puis la
mouvance prokurde et les médias. Plus de 140.000 personnes ont été
limogées ou suspendues et plus de 50.000 arrêtées.
Depuis le putsch manqué, de graves tensions opposent la Turquie à des
pays européens, notamment l'Allemagne.
- Rapprochement avec Moscou -
Le 9 août 2016, M. Erdogan se réconcilie avec son homologue russe
Vladimir Poutine, après une crise consécutive à la destruction d'un
avion russe par la Turquie à la frontière syrienne fin 2015.
Deux semaines plus tard, la Turquie déclenche une offensive terrestre
dans le Nord syrien contre l'EI, mais aussi contre les Unités de
protection du peuple (YPG). Cette milice kurde, alliée de Washington
dans la lutte contre les jihadistes, est considérée par Ankara comme
l'extension du PKK.
Turquie et Russie vont s'impliquer, avec l'Iran, dans la recherche
d'une trêve en Syrie, bien qu'Ankara appuie l'opposition au régime de
Bachar al-Assad.
- Victoire étroite d'Erdogan -
Le 16 avril 2017, M. Erdogan remporte une courte victoire au référendum
sur une réforme constitutionnelle renforçant considérablement ses
pouvoirs. L'opposition conteste le résultat, dénonçant des
"manipulations" pendant le scrutin.
- L'armée turque à Afrine -
Le 20 janvier 2018, la Turquie lance une offensive terrestre et
aérienne contre les YPG dans la région syrienne d'Afrine.
Le 18 mars, l'armée turque et ses supplétifs rebelles syriens prennent
le contrôle de la ville après en avoir délogé la milice kurde.
(AFP, 19 juin
2018)
Turquie: élections, mode d'emploi
(REPERES)
Les électeurs turcs se rendront aux urnes le 24 juin pour des élections
législatives et présidentielle cruciales.
Ces élections se tiendront simultanément en vertu d'une réforme
constitutionnelle adoptée en avril 2017 qui renforce considérablement
les prérogatives du président issu des urnes.
Voici quelques chiffres et informations-clé sur ce scrutin:
- Les chiffres
En tout, 56,3 millions d'électeurs sont appelés à voter.
Près de 181.000 bureaux de vote ont été mis en place, et seront ouverts
entre 08H00 (05H00 GMT) et 17H00 le dimanche 24 juin.
Pour les quelque 3 millions de Turcs de l'étranger, les votes se sont
tenus entre le 7 et le 19 juin, selon les pays.
- Le mode de scrutin
Lors de ces élections, les Turcs voteront à la fois pour leur président
et leur député, en glissant deux bulletins dans une même enveloppe.
Le président est élu au suffrage universel direct.
Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des voix dès le premier, un
second tour aura lieu le 8 juillet.
Quant aux députés, ils sont élus en un seul tour au scrutin de liste
dans chacune des 81 provinces du pays. Les sièges y sont attribués
proportionnellement au nombre de voix qu'ils obtiennent.
Afin de favoriser des majorités stables, seuls les partis qui
réunissent plus de 10% des suffrages au niveau national participent à
cette répartition.
Par ailleurs, en vertu de la réforme constitutionnelle d'avril 2017,
600 députés seront élus le 24 juin contre 550 dans la Chambre sortante.
- Les principales mesures de la nouvelle loi électorale -
Aux termes d'une loi adoptée en mars, les partis pourront pour la
première fois constituer des alliances lors des législatives. Cette
mesure peut permettre à des partis qui n'auraient pas obtenu 10% de
voix d'entrer au Parlement.
Sur les bulletins de vote, les partis sont regroupés par alliance mais
les électeurs apposeront leurs tampons dans la case d'un seul parti.
La nouvelle loi autorise également la validation des bulletins de vote
sur lesquels ne serait pas apposé le sceau officiel, une mesure qui
avait été déjà été prise ponctuellement au cours du référendum d'avril
2017 et qui avait fait polémique, l'opposition mettant en avant des
risques de fraude.
La loi autorise aussi la fusion de certaines circonscriptions
électorales et le déplacement d'urnes d'une circonscription à une autre
par "mesure de sécurité".
Les forces de l'ordre sont par ailleurs autorisées à entrer dans les
bureaux de vote en cas d'appel par un citoyen, un observateur ou un
responsable, en cas de perturbations dans le bureau de vote. Elles
pourraient ainsi en faire sortir les électeurs ou observateurs jugés
responsables des troubles.
L'opposition dénonce des mesures visant à intimider certains électeurs,
voire à compliquer le vote, notamment dans le sud-est à majorité kurde.
- Les partis et candidats qui se présentent
Six candidats se présentent à l'élection présidentielle: Meral Aksener
(Iyi Parti), Selahattin Demirtas (HDP), Recep Tayyip Erdogan (AKP),
Muharrem Ince (CHP), Temel Karamollaoglu (SP) et Dogu Perinçek (VP).
Pour ce qui est des législatives, deux alliances ont été formées.
La première, l'"Alliance du peuple", regroupe le Parti de la justice et
du développement (AKP, au pouvoir) et le Parti d'action nationaliste
(MHP). Le parti de la Grande union (BBP) présente des candidats sur les
listes de l'AKP.
La deuxième, l'"Alliance de la nation", regroupe le Parti républicain
du peuple (CHP, social-démocrate), le Bon parti (Iyi Parti, droite
nationaliste) et le Parti de la Félicité (Saadet, conservateur). Le
Parti Démocrate (DP, centre-droit) présente des candidats sur les
listes du Bon parti.
Le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde),Hüda-Par (islamiste
kurde), et le Parti patriotique (VP) se présentent seuls. (AFP, 19 juin
2018)
Une alliance sans
précédent menace Erdogan en Turquie
Dans dix jours, les Turcs élisent un parlement et un
président. Scrutin crucial dans ce pays dominé par l’AKP depuis 2002.
"La Libre" entame une série de reportages.
A 20 heures dans ce restaurant proche de la place Taksim à Istanbul, la
moitié des clients ripaille tandis que l’autre patiente imperturbable
devant une assiette de dattes et d’olives. Vers 20 h 30, des GSM
saluent d’une sonnerie la fin de l’attente et les croyants entament
religieusement la datte, signe de l’iftar, la rupture du jeûne.
Le ramadan se termine dans le monde musulman tandis que la Turquie
continue - en tout cas dans le quartier européen de Beyoglü - de voir
cohabiter bannières au nom d’Erdogan et de son parti l’AKP, magasins de
cigarettes et d’alcools et vendeurs de dürüms.
Désormais, sur la place Taksim, épicentre des contestations, se dresse
une mosquée quasi terminée, dont le président turc est venu surveiller
les travaux début juin à la fin d’une journée électorale. Son dôme
domine de quelques mètres l’église orthodoxe toute proche, sous l’œil
de Kemal Atatürk, campé dans le monument qui célèbre au centre de la
place la fondation de la République laïque en 1923.
Les élections législatives et présidentielle du 24 juin approchent en
Turquie; elles sont cruciales car elles vont entériner, en cas de
victoire d’Erdogan, le passage d’un système parlementaire à un système
présidentiel. Pourtant, il règne une atmosphère paisible entre
touristes, réfugiés en quête d’une pièce et clients des chaînes de
magasins de la rue Istlikal.
Calme trompeur car les débats sont quotidiens le soir à la télévision
et les candidats parcourent la Turquie de meeting en meeting.
Des sondages à la limite
A dix jours du scrutin, les sondages restent incertains. Ils donnent
une avance à Erdogan et à son parti AKP, entre 41 et 52 %, mais pas la
certitude d’obtenir la majorité au Parlement, même avec l’appui des
nationalistes du MHP, ni d’emporter la présidentielle au premier tour.
Son principal adversaire est le social-démocrate CHP, Ince Muharrem,
qui glane selon les sondages environ 30 % des voix. Il est suivi de la
candidate d’Iyi, Meral Aksener, et du candidat des Kurdes et de la
gauche urbaine, Selahattin Demirtas, le leader du HDP qui fait campagne
depuis sa prison.
Les conditions dans lesquelles se déroule le scrutin sont nettement en
défaveur de l’opposition. Le président turc bénéficie de moyens
financiers largement supérieurs au point que son portrait et les
drapeaux de l’AKP sont omniprésents sur les grandes artères d’Istanbul.
Lors de la campagne constitutionnelle de 2017, Erdogan avait déjà
disposé de leviers financiers onze fois supérieurs aux autres partis.
Son parti islamo-conservateur promet à l’électeur la stabilité, après
la tentative de coup d’Etat et dans le contexte d’un voisinage
turbulent (Irak, Syrie, Iran). Murat Yalcintas, l’un des fondateurs de
l’AKP, homme d’affaires et aujourd’hui en retraite de la politique,
explique : "Depuis deux ou trois ans, nous essayons de nettoyer la
maison. La maison est en désordre. On clarifie les choses. Il y a une
petite dramatisation mais après, il y aura cinq années de calme sans
élections."
Les promesses d’un AKP paniqué
Confronté à une alliance sans précédent de l’opposition, le parti au
pouvoir multiplie les promesses depuis qu’il a annoncé les élections le
18 avril.
Selon le média online Odatv, très populaire en Turquie, l’AKP a
notamment déclaré l’amnistie pour les constructions illégales, décrété
une amnistie fiscale, promis d’augmenter le salaire des fonctionnaires,
gelé le prix du gasoil en dépit de la baisse de la livre turque et
lancé plusieurs opérations militaires au nord de l’Irak contre les
bases du PKK kurde. "Tous ces efforts montrent que le soutien public
pour l’AKP diminue et que le gouvernement travaille fort pour renverser
la tendance", note Odatv.
Dans une tactique de dramatisation, le ministre de l’Intérieur a
également évoqué, le 9 juin, sur CNN-Türk la probabilité qu’un nouveau
coup d’Etat par les Gulénistes se produise "avec une campagne
d’assassinats". Il a été appuyé par le chef du MHP qui a promis deux
jours plus tard de "griffer les yeux de ceux qui ont les yeux sur notre
existence".
Pour l’opposition, ces élections sont critiques. Si l’AKP et son
président sont réélus, cela en est fini de la République laïque et de
ses libertés. Utku Balaban en sait quelque chose. Ce sociologue a été
démis de l’université d’Ankara lors de la purge d’après-coup. Il
s’excuse de ne plus avoir de carte nominative. En désespoir de cause,
il joue un rôle de conseiller au sein du parti social-démocrate. "Gezi,
le coup d’Etat militaire… Erdogan a survécu à toutes les options non
conventionnelles. Il reste les élections…", dit-il.
L’ex-universitaire espère que l’opposition restera unie : "Chacun est
contre Erdogan, mais chacun l’est pour ses propres raisons. C’est
pourquoi Erdogan a réussi à rester au pouvoir aussi longtemps." Un
doute que le leader du CHP a balayé par un proverbe africain lors d’un
meeting à Istanbul : "Si le zèbre, le lièvre, le tigre et le lion
courent dans la même direction, c’est qu’il doit y avoir un feu dans la
forêt. Nous allons l’éteindre, ce feu !"
Pour l’heure, les analystes scrutent les sondages et calculent les
probabilités. "Si Erdogan fait 47-48 %, il va gagner au second tour des
présidentielles (le 8 juillet, NdlR)", pronostique Utku Balaban. "Mais
s’il fait moins et perd sa majorité aux législatives, les gens vont
penser qu’il peut être battu et se mobiliser au second tour."
L’autre calcul est que l’opposition doit absolument aider le HDP à
passer la barre des 10 %, seuil nécessaire pour envoyer des députés à
la Grande Assemblée. Sans ce soutien, les votes iront au second parti
dans le sud-est à majorité kurde, qui n’est autre que l’AKP, qui
obtiendrait alors 80 sièges de plus au Parlement, qui en compte 600.
(CHRISTOPHE LAMFALUSSY, La Libre Belgique, 14 juin 2018)
A Diyarbakir, le vote kurde suscite la convoitise
Le héros local emprisonné Selahattin Demirtas et son parti ne devraient
y laisser que des miettes à leurs rivaux, mais Diyarbakir est courtisé
par les autres candidats car le vote kurde pourrait déterminer l'issue
des élections du 24 juin en Turquie.
S'il est assuré d'arriver en tête dans le volet législatif de ce
scrutin à Diyarbakir, "capitale" du sud-est à majorité kurde de la
Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP) doit atteindre le
seuil fatidique de 10% au niveau national pour entrer au parlement et
peser sur les futures alliances.
Le HDP s'attend à ce que M. Demirtas, bien qu'incarcéré, fasse un
meilleur score qu'en 2014 (près de 10%). Le report de ses voix sur l'un
des deux candidats qui accéderont à un éventuel second tour pourrait
déterminer l'identité du prochain président.
Les Kurdes, qui constituent au moins un cinquième de la population de
80 millions que compte la Turquie, sont majoritaires dans le sud-est du
pays, principal théâtre du conflit entre les insurgés du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'armée turque depuis 1984.
Des combats ont repris en 2015 après l'effondrement d'un processus de
paix lancé au début de la décennie.
A Diyarbakir, ville de près d'un million d'habitants, les candidats
sont jugés à l'aune de leur politique à l'égard des Kurdes, en Turquie,
mais aussi dans les pays voisins.
Le président Recep Tayyip Erdogan et son parti islamo-conservateur,
l'AKP, qui y avaient réalisé les meilleurs scores derrière M. Demirtas
et le HDP lors de la présidentielle de 2014 et des législatives de
2015, semblent en perte de vitesse.
- "Pas de raison de voter Erdogan" -
Outre l'abandon du processus de paix et la détention de M. Demirtas
depuis novembre 2016 sous l'accusation de liens avec le PKK, M. Erdogan
et son parti pâtissent de l'alliance nouée avec les ultranationalistes
du MHP, bête noire des Kurdes.
"Cela agace les Kurdes en général, pas seulement les supporteurs du
HDP, mais aussi ceux qui votaient AKP", souligne l'expert politique
kurde Mehmet Vural, président du centre de recherches sociales DITAM.
Parmi les autres griefs, il cite l'hostilité de M. Erdogan au
référendum d'indépendance organisé l'an dernier par le Kurdistan
irakien, et l'offensive turque menée en début d'année dans l'enclave
syrienne d'Afrine pour en déloger une milice kurde.
Malgré tout, M. Erdogan, dont le poster avec le slogan "C'est l'heure
de la Turquie" tapisse des façades d'immeubles et des panneaux
publicitaires, est venu faire campagne à Diyarbakir le 3 juin.
La région connaît "une paix jamais vue au cours des 40 dernières
années", a-t-il plaidé devant des milliers de personnes venues
l'écouter Place de la Gare.
Mais M. Vural estime que les Kurdes "n'ont plus de raison de voter pour
Erdogan" et devraient lui préférer en cas de second tour Muharrem Ince,
candidat du CHP (social-démocrate).
Le CHP ne trouvait pourtant pas grâce aux yeux des électeurs kurdes en
raison de son opposition historique à la reconnaissance des droits de
la minorité kurde, mais M. Ince s'est montré plus ouvert sur ce point.
Il tire aussi bénéfice de son refus de voter, contrairement à son
parti, la levée de l'immunité parlementaire de M. Demirtas et de
collègues du HDP en mai 2016.
- "Faiseurs de roi" -
Il l'a d'ailleurs rappelé lors d'un meeting qu'il a tenu lui aussi
Place de la Gare lundi, en présence de milliers de personnes chauffées
par une sono crachant ses hymnes de campagne et un speaker au verbe
acéré.
M. Ince a aussi rappelé qu'il avait récemment rendu visite à M.
Demirtas en prison, suscitant les vivats de la foule.
"Au premier tour des élections, nous voterons Demirtas. Au second tour,
nous voterons Muharrem Ince et nous travaillerons avec lui", dit à
l'AFP Mehmet Coban, rencontré lors du meeting.
Comme lui, d'autres participants se présentent comme des partisans du
HDP qui ont l'intention de voter pour M. Ince lors d'un éventuel second
tour.
Filiz Buluttekin, coprésidente de la branche locale du HDP, reçoit dans
un modeste bureau au QG du parti entre réunions et autres engagements
de campagne.
"Notre objectif est de recueillir entre 75% et 80% des voix et de
remporter les douze sièges du Parlement réservés à Diyarbakir",
dit-elle. "Nous allons attirer les votes qui allaient à l'AKP, car
Erdogan se comporte en ennemi des Kurdes".
S'attendant à ce que M. Demirtas recueille entre 13 et 14% des voix à
la présidentielle, elle ajoute: "En cas de second tour entre Erdogan et
Ince, nous serons les faiseurs de rois".
Et pour elle, pas question de couronner M. Erdogan. (AFP, 13 juin
2018)
Chair of Supreme Election Council Did Not Meet OSCE
Delegation
The delegation of Organization for Security and Co-operation in Europe
(OSCE), Office for Democratic İnstitutions and Human Rights, who has
come to Turkey to monitor the Presidential and Parliamentary elections
to be held on June 24, could not meet the Chair of the Supreme Election
Council (YSK) Sadi Güven and its six other members.
Alican Uludağ from Cumhuriyet newspaper has reported that while the
OSCE delegation met with four members of the Supreme Election Council,
its Chairperson Güven as well as its six members did not attend the
meeting.
The four members of the Supreme Election Council who met the
delegation, namely the Deputy Chairperson Erhan Çiftçi, Zeynep Nilgün
Hacımahmutoğlu, Kürşat Hamurcu and Yunus Aykan, were also the members
who previously put an annotation to the 19-province-wide ballot box
moving decision of the YSK.
During the meeting with the OSCE delegation, the decision of the
Supreme Election Council to consider the unsealed ballot papers valid,
the reliability of the Election Information System (SEÇSİS) and the
decisions of the YSK being exempt from judicial remedies were also
discussed.
The OSCE delegation also met with the technical team responsible for
the management of the SEÇSİS and examined the system. (BIA, 1 June 2018)
Le
difficile défi d'une rivale d'Erdogan au
passé encombrant
Seule femme à défier le président Recep Tayyip Erdogan à la
présidentielle de juin, la nationaliste Meral Aksener fait figure de
candidate sérieuse huit mois seulement après la création de son parti
mais doit livrer un rude combat pour rallier l'opposition autour d'elle.
Première femme à se porter candidate pour une élection présidentielle
en Turquie, Mme Aksener a fait sécession du Parti d'action nationaliste
(MHP), qui a dominé la scène nationaliste turque pendant près d'un
demi-siècle, pour créer le Iyi ("Bon") Parti en octobre 2017.
Au moment où le MHP a formé une alliance avec M. Erdogan pour les
élections présidentielle et législatives du 24 juin, Mme Aksener s'est
positionnée comme opposante directe de chef de l'Etat turc.
La création de son parti a secoué le paysage politique turc.
L'importance de l'électorat nationaliste en Turquie a fait dire à de
nombreux analystes que Mme Aksener avait
une chance réelle d'inquiéter M. Erdogan.
Mais du fait d'un temps d'antenne extrêmement réduit, Mme Aksener peine
à rallier les soutiens, surtout face au candidat du principal parti
d'opposition CHP, Muharrem Ince, qui semble, lui, monter en puissance.
De plus, sa réputation de nationaliste pure et dure et son passé en
tant que ministre de l'Intérieur dans les années 1990 réduisent ses
chances de réaliser une percée au sein de la minorité kurde qui
représente environ un cinquième de l'électorat.
"En examinant l'arithmétique de l'élection, le plus probable est
qu'Ince arrive deuxième (après Erdogan) et qu'Aksener soit derrière
lui", estime Fuat Keyman, directeur du centre de réflexion Istanbul
Policy Center.
Si aucun candidat ne remporte plus de 50% des voix au premier tour, un
second tour sera organisé le 8 juillet.
Or M. Ince semble mieux placé que Mme Aksener pour atteindre un
éventuel second tour, souligne Ödül Celep, professeur associé de
Sciences politiques à l'université Isik d'Istanbul.
Il affirme que Muharrem Ince est capable à la fois de "consolider la
base du parti mais aussi de rallier plus d'électeurs non-partisans,
indépendants ou indécis".
- "Remède" -
Mme Aksener, 61 ans, se définit comme une nationaliste "avec un côté
conservateur" et religieux, mais rejette les comparaisons avec Marine
Le Pen, présidente du Front national, parti d'extrême droite français.
Elle peine notamment à exposer un projet clair envers les plus de 3,5
millions de réfugiés syriens dont la présence en Turquie suscite des
tensions croissantes.
Elle a ainsi été attaquée pour avoir déclaré qu'elle partagerait un
iftar --repas de rupture du jeûne du ramadan-- avec les Syriens dans
leur pays l'année prochaine.
Elle s'est ensuite expliquée, affirmant n'avoir jamais fait de
déclaration visant à "jeter (les réfugiés) dehors".
Mme Aksener a par ailleurs fait une série de promesses visant à défaire
les mesures controversées imposées sous M. Erdogan, comme la levée de
l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch manqué de juillet 2016 et
l'abandon du système présidentiel qui doit entrer en vigueur après les
élections.
"Elle se présente comme le remède aux maux de la Turquie d'aujourd'hui
et concentre sa campagne sur la bonne
gouvernance, la justice et la responsabilité", explique à l'AFP Anthony
Skinner, du cabinet international Verisk Maplecroft.
Selon M. Celep, Mme Aksener a des qualités qui en font une "combinaison
unique", urbaine, laïque, éduquée avec des racines fermement ancrées à
la droite du spectre politique turc.
- Vote kurde -
Son plus grand défi sera de convaincre les Kurdes, qui ont encore à
l'esprit son passage au gouvernement en 1996-1997 pendant les années
les plus meurtrières pour la rébellion kurde dans le sud-est du pays.
Dans une tentative de rallier leur vote, Mme Aksener a déclaré que le
candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, emprisonné depuis
novembre 2016, devrait être libéré pour faire campagne.
"Comment la Turquie peut-elle justifier une telle concurrence
injuste?", a-t-elle demandé.
"Je veux dire aujourd'hui qu'à commencer par moi-même, aucun Kurde ne
votera pour Mme Aksener", a néanmoins répliqué la co-présidente du HDP,
Pervin Buldan, citée par le site d'information Gazete Duvar.
Pour le PDG de l'institut de sondages Metropoll, Özer Sencar, Mme
Aksener doit faire face à une "perception négative" parmi les Kurdes et
certains électeurs de gauche.
Son potentiel électoral pourrait être "affecté par son passé de
ministre et le fait que c'est une nationaliste turque", estime-t-il. (AFP, 1 juin
2018)
Fundamentalist Islamist Party Hüda Par to
Support Erdoğan
The fundamental Islamist Free Cause Party (Hüda Par), which is active
in Turkey’s southeastern region, has decided to support President and
Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan in
presidential election.
Hüda Par, which will enter 27th Term Parliamentary General Election
with its party logo, Hüda Par made an announcement on its official
website.
Stressing that they gave support to the AKP in April 16, 2016
referendum, the party said that they will follow the same line.
Its chair resigned
Party’s Chair Zekeriya Yapıcıoğlu resigned from his post on May 21,
2018 to become his party’s independent candidate from Diyarbakır. (BIA, 28 May 2018)
Forces
armées/Armed Forces
La Turquie va poursuivre ses bombardements dans le
nord de l'Irak
Le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que l'aviation turque
poursuivrait ses bombardements contre les bases arrières du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak jusqu'à mettre
fin à la "menace".
A moins de deux semaines d'élections anticipées cruciales le 24 juin,
M. Erdogan a affirmé que 14 cibles avaient été détruites au cours du
weekend par l'aviation d'Ankara dans les monts Kandil, confirmant un
bilan avancé la veille par l'état-major.
"Souvenez-vous, j'ai parlé de Kandil, j'ai parlé de Sinjar", a-t-il
déclaré lors d'un discours de campagne à Nigde (centre). "Nous y avons
démarré une opération".
Une source présidentielle a peu après précisé que l'opération en
question ne concernait que Kandil.
"Vingt de nos avions ont détruit 14 cibles importantes, des caches
d'armes, ce genre de choses. Ils ont frappé, puis sont revenus. Ce
n'est pas terminé, cela va continuer", a ajouté le chef de l'Etat turc.
"Nous faisons en sorte que Kandil ne soit plus une menace ou un foyer
du terrorisme pour notre pays et notre peuple", a-t-il ajouté.
Le PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux, mène depuis 1984 une sanglante rébellion sur le sol turc,
mais ses dirigeants se trouvent dans le nord de l'Irak, près de la
frontière.
L'armée turque semble avoir multiplié au cours des dernières semaines
les incursions terrestres dans cette zone, déjà régulièrement la cible
de frappes aériennes.
En pleine campagne pour les élections législatives et présidentielle du
24 juin, le président turc a annoncé la semaine dernière sa volonté d'y
lancer une offensive militaire, sur le modèle des deux campagnes menées
depuis 2016 contre le groupe Etat islamique (EI) et des rebelles kurdes
dans le nord de la Syrie.
Le conflit entre Ankara et la rébellion kurde a repris de plus belle en
2015 après la rupture d'une fragile trêve qui a mis fin aux espoirs
d'une résolution à court terme de cette crise, qui a fait plus de
40.000 morts depuis 1984. (AFP, 11 juin
2018)
Erdogan:
Une opération dans le nord de l'Irak possible
"à tout moment"
La Turquie peut lancer une opération contre les bases arrières de la
rébellion kurde du Partis des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le
nord de l'Irak "à tout moment", a déclaré jeudi le président Recep
Tayyip Erdogan.
"S'il y a la moindre menace envers la Turquie qui vient d'Irak, et
parfois cela arrive, nous en parlerons à Bagdad. Si Bagdad dit +je ne
peux pas résoudre cela+, nous ne demanderons d'autorisation à personne,
nous frapperons Sinjar, et nous frapperons Kandil, et même Makhmur", a
déclaré le président turc lors d'une interview télévisée diffusée tard
jeudi.
"Nous pouvons venir à tout moment", a-t-il ajouté.
Si le président turc évoque régulièrement Kandil et Sinjar, c'est la
première fois qu'il évoque Makhmur, une localité située au sud de
Mossoul et qui "alimente", selon lui, les bases arrières de Kandil.
Le PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux, mène depuis 1984 une sanglante rébellion sur le sol turc,
mais son état-major se trouve dans le nord de l'Irak, près de la
frontière.
L'armée turque semble avoir multiplié au cours des dernières semaines
les incursions dans cette zone qui est régulièrement bombardée par ses
avions.
La semaine dernière, elle a annoncé la mort de quatre de ses soldats
dans des affrontements avec le PKK dans le nord de l'Irak.
Ankara évoque régulièrement la possibilité d'y lancer une offensive
transfrontalière, sur le modèle de deux opérations militaires menées
contre le groupe Etat islamique (EI) et des rebelles kurdes dans le
nord de la Syrie depuis 2016.
Mais le ton semble monter à l'approche des élections présidentielle et
législatives du 24 juin, tandis que la dernière offensive menée contre
une offensive kurde syrienne a joui d'une forte popularité.
Le ministre de l'Intérieur a ainsi déclaré lundi qu'une opération
n'était plus qu'une "question de timing". (AFP, 8 juin
2018)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Quand élections turques riment avec religion
(La Libre Belgique, Sarah Freres, 23 juin 2018)
Du 15 au 19
juin, les Turcs de Belgique ont voté pour les élections législatives et
présidentielles qui se tiennent ce dimanche 24 juin. La Turquie faisant
partie des pays qui tentent de limiter la contestation politique dans
leur communauté immigrée, ces élections anticipées sont suivies de près
par les autorités belges. Un suivi qui passe, entre autres, par le
contrôle des mosquées.
C’est en
tout
cas ce qu’avance Guy Rapaille, ancien patron du comité R, dans une
récente interview accordée au "Soir" et à "Knack". "Il y a des contacts
entre des imams et des agents des services de renseignements turcs.
Idem avec des organes culturels. Il ne s’agit pas à 100 % d’espions,
mais plutôt d’agents d’influence. Ils propagent le message : ‘le
président Erdogan est le nouveau sultan, et il doit absolument en
rester ainsi.’ De la propagande, donc."
Concernant
les lieux de culte turcs, deux organisations sont à la manoeuvre en
Belgique : la Diyanet et la Fédération islamique. Depuis les réformes
d’Atatürk dans les années 20, la Turquie est un Etat laïque. Or, la
séparation entre l’Eglise et l’Etat n’est pas aussi nette que dans
certains pays européens.
La Diyanet
D’Ankara à
Istanbul, en passant par Bruxelles, Paris ou Berlin, la religion est
placée sous le contrôle de l’Etat turc. Avec un instrument : la
Diyanet. Dotée d’un budget de 1,6 milliard d’euros et forte de 140 000
fonctionnaires, cette toute-puissante direction des affaires
religieuses oeuvre pour la diffusion d’un islam turc, forme et rémunère
les imams, les envoie en Belgique pour une période de quatre ans,
supervise leurs activités au quotidien, leur donne des instructions sur
leur sermon lors de la prière du vendredi.
"Le
discours
véhiculé est à la fois religieux et étatique. C’est surtout via une "Le
discours véhiculé est à la fois religieux et étatique. C’est surtout
via une propagande de type nationaliste qu’un certain nombre d’idées
passent. Par exemple : la nécessité de la préservation du territoire ou
la lutte contre les organisations terroristes", décode Mazyar
Khoojinian, spécialiste de la communauté turque de Belgique, docteur en
histoire à l’ULB. "C’est une école religieuse très orthodoxe,
directive, qui donne peu de place à l’autonomie et l’indépendance des
fidèles et qui souligne surtout le respect de la tradition, des
hiérarchies et de l’ordre établi."
La
Fédération
islamique de Belgique
La seconde
instance est la Fédération islamique de Belgique, dont est issu le
nouveau président de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), Mehmet
Ustun. Elle partage la même vision rigoriste de l’islam que l’AKP, le
parti islamo-conservateur d’Erdogan.
Son
élection
alimentant tous les soupçons, l’homme a été obligé à peine élu
d’assurer que son élection n’avait rien à voir avec les institutions
turques.
"La
Fédération veut davantage s’insérer dans la société belge pour ne pas
être trop dépendante de l’Etat turc. Elle pousse ses imams à parler la
langue de la région où ils sont installés, là où les imams de la
Diyanet sont essentiellement turcophones et connaissent peu la société
belge", avance encore l’universitaire.
Un budget
qui
dépasse celui du ministère de l’Education
Des deux
organisations, la Diyanet est de loin la plus puissante en Belgique.
Selon un décompte de l’Exécutif des musulmans en juillet dernier, elle
regroupe 73 des quelque 300 mosquées réparties dans le pays. Cela fait
d’elle la plus large fédération de mosquées, toutes communautés
musulmanes confondues. Et depuis quelques années, elle s’est
étroitement rapprochée du parti d’Erdogan. Alors, fait-on du
prosélytisme dans les mosquées turques en cette période Alors, fait-on
du prosélytisme dans les mosquées turques en cette période électorale ?
"Indirectement, oui. La Diyanet préexiste à l’AKP en Turquie. Mais
quand ce parti arrive au pouvoir, en 2002, il en fait l’une des
principales institutions de contact avec la population. En 16 ans, ils
ont eu le temps de nommer des imams proches du pouvoir. Aujourd’hui,
les budgets de la Diyanet sont plus élevés que ceux du ministère de
l’Education nationale. Petit à petit, la Diyanet a donc pris une
coloration AKP", observe Mazyar Khoojinian.
Des
soupçons
de financements électoraux déguisés
La
révélation
par la presse de l’espionnage à grande échelle par la Diyanet des
opposants politiques a poussé la tutelle turque à la discrétion. "L’AKP
n’utilise plus trop la Diyanet et, comme d’autres partis, a recours à
d’autres voies", pointe le spécialiste. Des voies plus classiques,
comme le porte-àporte ou les rassemblements organisés par l’Union
européenne des démocrates turcs (UETD).
La
discrétion
ne fait néanmoins pas tout. L’absence de contrôle sur les budgets des
mosquées non reconnues en Belgique alimente des soupçons sur de
possibles financements électoraux déguisés derrière certaines
activités. "On sait que l’AKP met des bus à disposition pour permettre
aux Turcs d’aller voter à Anvers ou à Bruxelles. Mais on ne sait pas
réellement qui paie ses bus… Et comme les points de rendez-vous sont
aux abords des mosquées, cela pose question. Certains ont avancé que
c’était payé par la Diyanet. Si c’est le cas, la question est de savoir
si cela est payé par les cotisations des fidèles ou directement par la
Turquie", ajoute l’universitaire.
La Diyanet
bénéficiant d’un statut d’association internationale, elle dispose
d’une immunité diplomatique, notamment sur les aspects financiers. Une
pratique à laquelle la Belgique voudrait mettre un terme. Le ministre
de la Justice, Koen Geens (CD&V, qui a la tutelle sur les cultes),
veut renforcer le contrôle du financement du culte musulman par les
pays étrangers. Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Theo
Francken (NVA), n’octroie plus de visas aux imams turcs qui souhaitent
prêcher dans des mosquées non reconnues. En Flandre, l’été dernier, la
ministre flamande des Affaires intérieures Liesbeth Homans (N-VA) avait
retiré la reconnaissance d’une mosquée de Beringen, reprochant à l’imam
de cette mosquée Diyanet de confondre prêches religieux et meeting
électoral en faveur de l’AKP.
D’après
Mazyar Khoojinian, mieux contrôler les mosquées turques ne revient pas
seulement à mieux contrôler la propagande politique. Des sermons
provocants peuvent avoir un impact sur la société. "On doit être
extrêmement prudent quant au type de discours diffusé. Prenons par
exemple la confrérie Gülen. En Belgique, elle n’est pas considérée
comme une organisation terroriste, au contraire de la Turquie. Or, ici,
les associations proches de cette confrérie ont pignon sur rue, sont
composées de gens qui ont la nationalité belge et doivent donc être
protégées. Tout discours incendiaire dans une mosquée peut donc porter
atteinte à l’ordre public et la sécurité en Belgique. Et ça, ça ne
concerne pas que l’AKP. C’est beaucoup plus large."
Erdogan:
Une
"guerre entre les Croisés et le Croissant"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué samedi la
décision du chancelier autrichien de fermer des mosquées dans le cadre
d'une offensive contre l'"islam politique", mettant en garde contre une
"guerre entre les Croisés et le Croissant".
"Ces mesures prises par le Premier ministre autrichien sont, je le
crains, en train de mener le monde vers une guerre entre les Croisés et
le Croissant", a déclaré M. Erdogan dans un discours à Istanbul dans la
soirée.
Le croissant de lune est l'un des symboles qui sont régulièrement
associés à l'islam.
Les déclarations de M. Erdogan surviennent au lendemain de l'annonce
faite par le gouvernement conservateur du chancelier Sebastian Kurz de
mesures visant, selon lui, à lutter contre l'"islam politique".
Parmi ces mesures, figurent la fermeture prochaine de sept mosquées et
la possible expulsion de dizaines d'imams financés par la Turquie.
"Ils disent qu'ils vont bouter hors d'Autriche nos hommes de religion.
Croyez-vous que nous ne réagirons pas si vous faites une telle chose ?
Cela signifie que nous allons devoir faire quelque chose", a déclaré M.
Erdogan, sans autres précisions.
Vendredi, le porte-parole du président turc avait déjà dénoncé
l'annonce faite par l'Autriche comme une mesure résultant, selon lui,
de "la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire" dans
ce pays.
Environ 360.000 personnes d'origine turque vivent en Autriche, dont
117.000 ont la nationalité turque.
Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement
tendues
depuis la tentative de putsch contre M. Erdogan en juillet 2016 qui a
été suivie d'une répression de grande ampleur.
Les propos du président turc surviennent par ailleurs avant les
élections anticipées cruciales du 24 juin.
Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables
turcs d'organiser des meetings en Autriche en vue de ce double scrutin
présidentiel et législatif. (AFP, 9 juin
2018)
Offensive autrichienne
contre l'"islam politique"
Le gouvernement conservateur autrichien a lancé vendredi une offensive
contre "l'islam politique" qui pourrait conduire à l'expulsion de
dizaines d'imams financés par la Turquie et à la fermeture durable de
sept mosquées accusées notamment de tendances extrémistes.
"Des sociétés parallèles, l'islam politique et la radicalisation n'ont
pas leur place dans notre pays", a argumenté lors d'une conférence de
presse le chancelier autrichien Sebastian Kurz, également chef du parti
conservateur (ÖVP) qui gouverne depuis décembre 2017 avec la formation
d'extrême droite FPÖ.
Le gouvernement a annoncé avoir ordonné la fermeture de sept lieux de
culte musulmans qui contreviennent selon lui à la loi sur l'islam de
2015, laquelle impose "une attitude positive envers l'Etat et la
société" de la part des responsables de mosquées.
Des démarches ont par ailleurs été engagées pour reconsidérer les
autorisations de séjour des imams rattachés à l'Union islamique turque
d'Autriche (Atib), la plus puissante association religieuse turque dans
le pays, liée à la Direction des Affaires religieuses en Turquie
(Diyanet). La loi autrichienne sur l'islam interdit le financement des
imams par des fonds étrangers.
- "Discriminatoire" -
"Le cercle de personnes qui pourraient être affectées par ces mesures
comprend environ 60 imams", a précisé le ministre de l'Intérieur (FPÖ)
Herbert Kickl. Avec leurs familles, quelque 150 personnes au total
pourraient perdre leur droit de résidence, a-t-il indiqué.
Ankara a rapidement et vivement réagi, qualifiant ces annonces de
"résultat de la vague populiste, islamophobe, raciste et
discriminatoire dans ce pays", selon les propos sur twitter du
porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan.
Mais les dirigeants de deux des principaux partis d'extrême droite en
Europe, la Ligue italienne et le Rassemblement National français, ont
applaudi ces annonces.
"L'Autriche prend les choses en main contre l'islam politique", s'est
félicité Marine Le Pen dans un tweet. Le tout nouveau ministre italien
de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue, a salué l'initiative
autrichienne contre "l'extrémisme religieux", souhaitant rencontrer
rapidement l'exécutif viennois.
Dans les faits, seuls deux imams affiliés à l'Atib, sur les 60
personnes potentiellement concernées, se sont d'ores et déjà vu opposer
un avis négatif de séjour et risquent l'expulsion. Les autres cas
seront examinés au fur et à mesure et l'ensemble de la procédure
prendra du temps, a précisé le gouvernement, ajoutant que les décisions
pouvaient également faire l'objet de recours.
Environ 360.000 personnes d'origine turque vivent en Autriche, dont
117.000 ont la nationalité turque. Les relations entre Ankara et Vienne
sont particulièrement tendues depuis la répression qui a suivi la
tentative de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.
Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables
turcs de tenir des meetings dans le pays en vue des élections du 24
juin.
- "C'est ridicule" -
Début avril, la publication de photos d'une reconstitution, dans une
mosquée de Vienne affiliée à l'Atib, d'une bataille emblématique de
l'histoire ottomane jouée par des enfants habillés en soldats, avait
suscité l'émoi dans l'ensemble de la classe politique autrichienne.
Certains enfants étaient allongés pour figurer les victimes, leur corps
enroulé dans un drapeau turc.
M. Kurz avait alors promis "une tolérance zéro" et prévenu d'un
renforcement des contrôles des lieux de culte musulman. Vendredi,
l'opposition sociale-démocrate a salué "les première mesures
intelligentes du gouvernement", tandis que les Verts se sont inquiétés
que ces annonces renforcent le parti du président Erdogan.
Parmi les sept mosquées - dont quatre à Vienne - à l'encontre
desquelles une fermeture a été ordonnée, six sont chapeautées par une
association, sans affiliation nationale et non liée à la Turquie,
baptisée "association cultuelle arabe". Certains de ses représentants
sont accusés de prêcher un islam radical.
Une septième mosquée est considérée sous influence de l'organisation
ultranationaliste turque des "Loups gris".
Devant le local de cette dernière affublé d'un panneau "fermé", un
fidèle exprimait vendredi sa surprise : "je fréquente cet établissement
depuis que je suis enfant (...), je n'y ai jamais entendu de propos
salafiste, c'est ridicule", estimait Kürsant, 26 ans.
Les débats sur l'immigration et l'intégration ont été au centre de la
campagne législative autrichienne à l'automne, alors que ce pays de 8,7
millions d'habitants a enregistré plus de 150.000 demandes d'asile,
représentant près de 2% de sa population, à la suite de l'afflux de
réfugiés de 2015-2016.
La coalition victorieuse a par ailleurs lancé un projet de loi
durcissant les dispositions sur l'asile et réduisant les aides sociales
pour les réfugiés. (AFP, 8 juin
2018)
Une mosquée à la démesure
d'Erdogan
Recep
Tayyip
Erdogan, qui briguera un nouveau mandat aux élections du 24 juin, a
fait construire une immense mosquée sur la plus haute colline
d’Istanbul. L’édifice, nouveau symbole de la ville selon le président,
suscite enthousiasme et critiques acerbes.
N ous y
sommes
presque, Inch’Allah ! Il n’y a plus qu’à démonter les échafaudages et à
étendre les tapis pour 63.000 fidèles. » Sous ses faux airs de chef de
chantier, Ergin Külünk sourit d’impatience. Il égrène les statistiques
et les superlatifs, ravi de son petit effet, quand deux chiffres
suffiraient à donner la mesure du lieu : la hauteur des échafaudages
(environ 70 mètres) et la surface des tapis (15.000 mètres carrés).
Nous sommes en plein mois de ramadan et sur la colline de Çamlica, au
sommet d’Istanbul, l’une des plus grandes mosquées du monde attend sa
première prière.
Ergin
Külünk
préside l’association chargée, depuis cinq ans, de superviser les
travaux. C’est lui qui guide les visiteurs et les abreuve de détails
sur les dalles chauffantes de la cour – « ainsi, les fidèles ne
glisseront pas les jours de neige » –, les inscriptions du dôme de 34
mètres de diamètre – « rédigées grâce aux nanotechnologies » –, ou
encore l’ascenseur qu’empruntera l’imam pour grimper le minbar et y
délivrer ses sermons à 21 mètres du sol. « Plus qu’une mosquée, nous
bâtissons un complexe avec un musée, une galerie d’art, une
bibliothèque, des ateliers, une salle de conférence et un parking fermé
de 3.500 places », énumère le sexagénaire au milieu des
marteaux-piqueurs et des fers à souder.
Comme un
sultan
De même
qu’autrefois le sultan faisait ériger une mosquée appelée à graver son
règne dans la postérité, l’édifice en travaux sur la colline de Çamlica
est une commande spéciale de Recep Tayyip Erdogan. L’actuel président
était encore Premier ministre lorsque, le 29 mai 2012, dans un discours
célébrant la conquête de Constantinople par les troupes ottomanes, il a
promis la construction d’une « mosquée géante », un lieu de culte si
grand qu’il serait « visible depuis toute la ville d’Istanbul ». Moins
d’un an plus tard, camions et bulldozers prenaient d’assaut la colline
de pins.
Ergin
Külünk
est un ami de jeunesse de Recep Tayyip Erdogan. Dans son bureau sous la
mosquée, bien en vue sur une étagère, trône le casque du président
lorsqu’il rend visite au chantier et une assiette à son effigie,
décorée de ces mots : « On ne se prosterne que devant Allah. » « Cette
mosquée entrera dans l’Histoire comme un symbole d’Istanbul et du
pouvoir de notre président », se félicite son « vieil ami ».
Recep
Tayyip
Erdogan, dont le domicile stambouliote, sur la rive asiatique, voisine
la future mosquée, suit de très près sa construction. « Nous
l’informons chaque mois de l’avancée des travaux, et lui-même partage
ses idées et ses demandes, que nous mettons en œuvre », raconte Ergin
Külünk.
Cet
ingénieur
en bâtiment tient à préciser que l’édifice n’a rien coûté aux
contribuables. « Nous avons fait une campagne de dons, dit-il. Des
particuliers et des entreprises ont répondu à l’appel et, Dieu merci,
nous n’avons eu aucun problème de financement. » Le budget du complexe,
dont la construction n’est pas terminée, avoisinerait les 110 millions
de dollars. Il sera inauguré « d’ici quelques mois au plus tard, assure
Ergin Külünk. Mille ouvriers travaillent d’arrache-pied. Inch’Allah,
nous ouvrirons bientôt les portes de la mosquée en présence de notre
président ».
Chez les
partisans de Recep Tayyip Erdogan, qui briguera le 24 juin un nouveau
mandat pour lui-même et son parti lors d’élections présidentielle et
législatives anticipées, la mosquée suscite l’enthousiasme. Mais elle
s’attire aussi des critiques à la mesure de son gigantisme. Hatice, une
enseignante à la retraite, s’agite au pied de la colline. « Avant
c’était un parc ! Une forêt ! En un claquement de doigts, ils ont
détruit notre forêt ! », s’émeut-elle.
Show
politique
Tayfun
Kahraman, président de la Chambre des urbanistes d’Istanbul, confirme
le déclassement express de la colline de Çamlica – autrefois site
naturel protégé – dès lors que l’actuel président s’est mis en tête d’y
ériger une mosquée géante. La Chambre des urbanistes a essayé, en vain,
de faire annuler le projet. « Nous avions deux arguments , explique
Tayfun Kahraman. Le premier est que le site n’aurait jamais dû être
constructible. Le second est qu’au vu du faible nombre d’habitants
autour de la mosquée, il est clair qu’un tel édifice ne répond à aucun
besoin. Il ne s’agit de rien d’autre que d’un show politique » , accuse
cet opposant, qui rappelle qu’Istanbul compte plus de 3.300 mosquées
pour 15 millions d’habitants.
Contemplant
le
Bosphore depuis son bureau flambant neuf, Ergin Külünk soutient
évidemment le contraire : « La rive asiatique d’Istanbul avait besoin
d’une grande mosquée. Elle complétera la silhouette de la ville en
répondant à sa rive européenne, célèbre pour ses mosquées emblématiques
comme celle de Sultanahmet » , plus connue des touristes sous le surnom
de « Mosquée bleue ».
Les
touristes,
c’est notamment à eux que pense Riza, un épicier, à l’ombre d’un
minaret de 107 mètres de haut. « Un tel édifice devrait nous amener des
visiteurs » , songe-t-il à voix haute. Mais ce musulman pratiquant
semble un peu mal à l’aise. « D’un côté, il est difficile de s’opposer
à la construction d’une mosquée où tant de fidèles pourront prier
ensemble , concède-t-il. Mais d’un autre côté, Istanbul avait-elle
besoin d’un tel monument ? Nous avons déjà plusieurs grandes mosquées
historiques où nos sultans-bâtisseurs ont été enterrés et qui sont donc
très importantes pour nous. J’avoue avoir du mal à comprendre le besoin
d’un tel édifice. J’y vois surtout une démonstration de force »,
poursuit le commerçant.
Au pouvoir
depuis plus de 15 ans, Recep Tayyip Erdogan est soucieux de laisser une
trace dans sa ville natale, la ville dont il a été maire dans les
années 1990 et qui l’a propulsé au sommet de l’Etat. A Istanbul, le
président a déjà fait bâtir plusieurs infrastructures géantes (ses «
projets fous ») devenues symboles de son règne : un pont sur le
Bosphore, un tunnel sous le détroit ou encore un aéroport – l’un des
plus grands du monde – dont l’entrée en service est prévue à l’automne.
Il promet également de creuser un « deuxième Bosphore » (le projet
Kanal Istanbul) d’une quarantaine de kilomètres dans l’ouest de la
ville. Recep Tayyip Erdogan redessine Istanbul à sa mesure et à son
image, celle d’un dirigeant pieux et qui le revendique. « En islam,
faire construire une mosquée est considéré comme sevap , une bonne
action qui sera récompensée par Dieu », observe Ergin Külünk, l’ami du
président.
Quand elle
regarde l’immense mosquée qui s’élève devant sa cuisine, Hatice,
l’enseignante retraitée, voit surtout un péché d’orgueil. « Notre
prophète Mohammed n’aurait jamais approuvé ce déballage de luxe ,
tranche-t-elle. La prière musulmane est privée, personnelle. Il n’y a
pas de place pour l’ostentation ou la fanfaronnade. Tout ça pour l’ego
d’un seul homme… », soupire-t-elle.
Un dernier
détail, gardé secret, lui donnera peut-être raison : le nom de cette
mosquée géante. Ergin Külünk admet que son appellation actuelle – «
mosquée de la colline de Çamlica » – n’est que provisoire. Il se
murmure sur la colline que Recep Tayyip Erdogan pourrait donner son nom
à son œuvre religieux. « Je ne pense pas qu’il acceptera mais il faut
faire pression » , a lancé le président du Parlement, Ismail Kahraman,
l’un des promoteurs de l’idée. Sous la coupole bleu et or, Ergin Külünk
esquisse un nouveau sourire. « Je ne peux rien vous dire… Vous aurez la
réponse le jour de l’inauguration. » (Le Soir, 4 juin 2018)
Au large
d'Istanbul, le plus grand édifice en
bois d'Europe se meurt
Erol Baytas observe le mastodonte de bois qui se dresse devant lui en
secouant la tête. "Je ne sais pas s'il passera un autre hiver", dit-il
en désignant les tuiles, les planches et autres bouts de tuyaux qui
gisent à ses pieds.
Erigé à la fin du 19e siècle sur une île au large d'Istanbul, l'ancien
orphelinat grec-orthodoxe Prinkipo menace aujourd'hui de s'effondrer,
exténué après un demi-siècle d'abandon.
Pour tenter de sauver ce trésor architectural, la fédération européenne
du patrimoine culturel Europa Nostra a inscrit l'édifice, qu'elle
présente comme la plus grande construction en bois d'Europe, sur sa
liste des sept sites les plus menacés en 2018.
"C'est un miracle qu'il tienne encore debout", dit M. Baytas, qui
connaît mieux que personne ce bâtiment dont il est le gardien depuis
plus de trois décennies. "Je l'ai vu se dégrader jour après jour".
Conçu à l'origine comme un hôtel-casino de luxe, ce monument de bois
sur six étages a été commandé par la Compagnie internationale des
wagons-lits à l'architecte franco-ottoman Alexandre Vallaury, le
concepteur du célèbre hôtel Pera Palace à Istanbul.
Trônant au sommet d'une colline de Büyükada, la plus grande des Iles
des Princes situées en mer de Marmara, à moins d'une heure et demie de
bateau du centre d'Istanbul, l'établissement devait accueillir la fine
fleur de la Belle Epoque arrivant à Istanbul par L'Orient-Express.
Mais en 1898, lorsque le bâtiment est achevé, le sultan Abdulhamid II
refuse de délivrer une autorisation d'exploitation: les activités de
l'hôtel-casino iraient à l'encontre de la morale religieuse.
Racheté par l'épouse d'un riche banquier de la minorité grecque
d'Istanbul, le bâtiment est donné au patriarcat oecuménique de
Constantinople qui, en 1903, en fait un orphelinat. Il accueillera près
de 5.800 orphelins de la communauté grecque-orthodoxe de Turquie, avant
de fermer ses portes en 1964.
- Corbeaux -
Yani Kalamaris y a vécu et travaillé de 1955 à 1961 comme éducateur.
Enfoncé dans un fauteuil en cuir dans le salon d'un grand hôtel
d'Istanbul, cet homme élégant âgé de 83 ans fouille sa mémoire.
"C'était sans conteste le plus bel endroit d'Istanbul", dit-il, les
yeux scintillants derrière une paire de fines lunettes.
D'une sacoche, il sort un album à la couverture usée. Sur les photos
sépia d'époque, M. Kalamaris fait défiler l'histoire de sa "maison",
comme il l'appelle.
"Là, c'était après une cérémonie de fin d'année", dit-il en montrant
une photo où on le voit au milieu d'un groupe d'enfants sur une grande
terrasse ouvrant sur un jardin.
Elle offrait une vue imprenable plein sud sur la mer. Il n'en reste
aujourd'hui que quelques poutres tordues.
Au-dessus, les fenêtres ont été condamnées. Deux corbeaux coassent,
perchés dans l'un des nombreux trous dont la façade marron terne est
vérolée. La bâtisse a pris de sinistres airs de manoir hanté depuis la
fermeture de l'orphelinat, en 1964.
Cette année-là, alors qu'Ankara et Athènes s'écharpent au sujet de
Chypre, l'orphelinat est contraint par les autorités turques de cesser
son activité, officiellement pour "insalubrité".
Laissé à l'abandon, le bâtiment subit depuis un demi-siècle les assauts
du climat.
"Une fois, un vieux monsieur qui était orphelin ici et qui habite
aujourd'hui en Grèce est venu et on est entrés à l'intérieur ensemble",
raconte M. Baytas. "Il était effondré et murmurait sans cesse +Qu'est
devenue ma maison?+ Je l'ai pris dans mes bras et on a pleuré comme des
gamins".
- "Transmettre" -
La situation s'est aggravée ces dernières années en raison notamment
d'une bataille judiciaire qui a opposé de 1997 à 2010 l'Etat turc et le
patriarcat concernant le titre de propriété et a paralysé toute
initiative.
Mais aujourd'hui, la minorité grecque orthodoxe d'Istanbul, qui ne
compte plus que quelque 3.000 membres, est déterminée à sauver ce qui
peut encore l'être.
Fin avril, le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, a demandé
l'aide du gouvernement turc lors d'une rencontre avec le président
Recep Tayyip Erdogan.
Mais Ankara fera-t-il des efforts, alors que ses relations avec Athènes
connaissent un regain de tensions et que la question de la réouverture
du séminaire orthodoxe grec de Halki, situé sur l'île voisine de
Heybeli, n'a toujours pas été réglée?
"Cet édifice appartient à toute la Turquie, aux habitants d'Istanbul, à
la culture locale", plaide Apostolos Poridis, architecte en chef du
patriarcat.
"Son architecture est une question de mémoire. Il faut protéger ce
bâtiment pour le transmettre", dit-il à l'AFP.
- "Pas trop tard" -
Certaines des 220 pièces que compte le Prinkipo conservent des vestiges
de sa splendeur passée, comme la salle de bal, avec ses loges et ses
balcons, son parquet lustré et ses colonnes ouvragées toujours intactes.
"On a perdu beaucoup de temps. Mais il n'est pas trop tard", assure
Piet Jaspaert, vice-président d'Europa Nostra.
Selon l'ONG, une délégation d'experts se rendra sur place pendant l'été
pour examiner l'édifice et déterminer l'ampleur et le coût des travaux
à réaliser. La presse turque évoque une somme d'environ 50 millions de
dollars.
"L'ossature principale est solide, mais le gros problème vient du
toit", résume M. Poridis, l'architecte. Des mesures d'urgence, comme
l'installation d'une toiture externe avant l'hiver sont envisagées, en
attendant que les travaux démarrent.
"J'espère que ça ira vite", dit M. Kalamaris en rangeant son album dans
sa sacoche. "J'aimerais bien revoir le bâtiment dans sa splendeur
d'antan, une dernière fois". (AFP, 28 mai
2018)
Socio-économique
/ Socio-economic
Erdogan, l'incarnation d'une vision
archaïque de la femme
A Istanbul, le 17 juin, des partisanes de Recep Tayyip Erdogan (en bas,
à g., avec son épouse, Emine) lors d'un meeting de l'AKP. Pour sauver
son trône, le président sortant a rameuté ses supportrices. © arnaud
andrieu pour le vif/l'express
La scène date un peu - juin 2013 -, mais fait toujours les délices des
féministes turques. Micro en main, le président Recep Tayyip Erdogan,
veste à carreaux et phrasé martial, harangue debout une foule de
fidèles. Soudain, son épouse, assise à son côté, se lève et lui glisse
un mot à l'oreille. Il l'ignore. Elle insiste. Excédé, le reis, réélu
dimanche avec 52,5 % des voix, rabroue d'un geste impérieux la première
dame. Laquelle, ainsi tancée, se tasse humblement sur son siège, un
pâle sourire aux lèvres.
Dire que, trente-six ans plus tôt, c'est à la faveur d'un meeting du
MSP, l'ancêtre du Parti de la justice et du développement (AKP), la
formation islamo-conservatrice au pouvoir, que " Tayyip ", costume
crème, voix de velours, avait envoûté la jeune Emine, militante issue
d'une famille pieuse et modeste de Fatih, quartier populaire
d'Istanbul. Un vieux sage apparu en songe, confiera-t-elle à ses amies,
lui avait prédit l'idylle. En ce temps-là, le futur sultan déclamait
des poèmes à la tribune...
Adieu rimes et stances. Désormais, Erdogan l'imprécateur gronde et
houspille à tout-va, quitte à sermonner ses ouailles, suspectées de
tiédeur. Car le vent, hier si propice, a quelque peu tourné. Un
suspense inédit aura ainsi flotté sur les élections anticipées,
présidentielle et législatives, du 24 juin. Pour sauver son trône et
garder le contrôle de la " Grande Assemblée nationale ", le sortant
devait impérativement rameuter ses troupes ; à commencer par la cohorte
des " chères soeurs ", concitoyennes tantôt courtisées, tantôt rudoyées.
" Le dernier carré des amoureuses, grince l'avocate Hülya Gülbahar,
figure du féminisme turc. Celles qui se rangent encore envers et contre
tout sous l'aile du protecteur charismatique. " Lequel mise bien sûr
sur le maillage que tissent, rue par rue et de village en village, les
sections féminines de l'AKP. Mais aussi sur le rayonnement, au
demeurant aléatoire, de " ses " femmes. En l'occurrence, sa compagne, à
l'élégance islamo-compatible, et leurs deux filles.
Esra et Sümeyye, les deux filles d'Erdogan, assument leur devoir
clanique.
Esra et Sümeyye, les deux filles d'Erdogan, assument leur devoir
clanique. © arnaud andrieu pour le vif/l'express
A en croire Meryem Atlas, rédactrice en chef de l'édition anglaise du
journal erdoganiste Sabah, " Emine Hanim " (Mme Emine) n'aurait rien de
la muette du sérail. " Maternelle, compatissante, à l'écoute,
avance-t-elle. Mais ni docile ni soumise. " De fait, on l'a vue
accourir, coiffée du türban, le foulard à la turque, auprès de la veuve
éplorée, de la mère du soldat fauché au front, des rescapés d'une
tragédie minière ; ou, à l'heure de l'iftar, la rupture du jeûne du
ramadan, couvrir de cadeaux des gamins déshérités.
A l'étranger, les usages de la diplomatie matrimoniale auront conduit
la First Lady d'Ankara dans un orphelinat de Kuala Lumpur (Malaisie),
ou du côté du Bangladesh, au coeur d'un camp de réfugiés rohingya, ces
musulmans birmans persécutés. Pour le reste, Emine se borne à graviter
dans l'ombre du grand homme. " A mes yeux, confie la journaliste Isin
Eliçin, pilier du site d'information alternatif Medyascope, elle
incarne un archaïsme, voire une forme de régression. Logique :
l'exercice du pouvoir, pour son mari, est un one-man-show. Et doit le
rester. "
Madame occupe donc, à la demande, les espaces que Monsieur ignore ou
déserte. " Un partenariat conjugal ", s'amuse la gracile Merve
Pehlivan, traductrice et animatrice d'une scène stambouliote
cosmopolite et branchée. " Jamais elle n'émettra une opinion
divergente, renchérit Hülya Gülbahar. Inconcevable : lui cultive une
posture virile et patriarcale de mâle dominant, de chef de clan, et
tient à demeurer le maître du jeu de rôles. " Emine endosse les siens
sans rechigner. Dont celui, à Ankara, d'intendante des cuisines du
pharaonique Palais blanc, siège de la présidence, aux 1 150 pièces. En
avril 2015, au détour d'un édifiant reportage paru dans le quotidien
Yeni Safak, elle vante ainsi les vertus du recyclage des pelures de
pomme, des peaux de citron et des noyaux d'olive. Un an plus tard, lors
d'une conférence à la gloire des mères des sultans ottomans, l'épouse
du " boss " assimile le harem à " une école de vie " et à " un lieu
d'éducation ".
Des mondanités de dame patronnesse
Son influence politique ? Minimale. En 2004, lasse de recueillir les
amères confidences d'épouses de parlementaires AKP infidèles, elle
aurait inspiré un projet de loi - promptement torpillé- tendant à
criminaliser l'adultère. Ses racines arabes ont, par ailleurs, incité
quelques exégètes à lui attribuer telle ou telle inflexion de la
doctrine moyen-orientale de son époux. " Pures fadaises ", tranche un
diplomate européen. Mieux vaut néanmoins ne pas ironiser sur ses
mondanités de dame patronnesse. Pour avoir, en septembre 2010, décrit
de sa plume grinçante un dîner de gala au profit des enfants
palestiniens, la journaliste Mine Kirikkanat a été brutalement virée de
sa rédaction. Quant au député du Parti républicain du peuple (CHP) qui
avait osé apostropher l'oratrice dépêchée par son mari à l'ambassade du
Japon le temps d'une cérémonie - " A quel titre parlez-vous ? Vous ne
détenez aucune fonction protocolaire ! " -, il fut désavoué par sa
direction.
Dans la famille Erdogan, les filles... Passons sur l'aînée, Esra, 37
ans, reléguée dans la coulisse depuis son fastueux mariage, en juillet
2004, avec le businessman Berat Albayrak, rejeton d'un penseur
islamiste fameux. Promu depuis lors ministre de l'Energie et membre du
comité exécutif de l'AKP, " Monsieur Gendre " doit à l'estime que lui
témoigne beau-papa le sobriquet, un rien abusif, de " vice-président ".
Prénommée Sümeyye, la cadette mérite, quant à elle, mieux qu'une brève
mention. Si la favorite du reis, qui la surnomme " ma gazelle ", a
cueilli un diplôme de sciences politiques aux Etats-Unis et un master
en sociologie à la London School of Economics, c'est que le port du
voile était à l'époque banni des campus turcs. Forte de ce cursus,
Sümeyye exercera quatre années durant la fonction de conseillère du
père, alors Premier ministre.
Les épousailles de sa soeur avaient forgé l'alliance entre l'"
Erdoganie " et l'aristocratie des affaires ? Son union, tout aussi
princière, scellera la réconciliation entre l'islamisme d'Etat et la
hiérarchie militaire : en mai 2016, la " gazelle " convole avec un
ingénieur militaire, formé lui aussi outre-Atlantique, héritier de la
fabrique familiale d'armements. Moins exposée qu'hier, elle sert
dorénavant la cause en qualité de vice-présidente de la Kadem
(Association Femmes et démocratie), une " ONG " très gouvernementale. "
Sa présence inspire confiance, soutient son amie Meryem Atlas. Et elle
est plus puissante là qu'à la tête d'un ministère. " Pas si simple.
"Le plus dur, c'est de changer les mentalités"
" Sümeyye n'est qu'un alibi, et la Kadem, une vitrine doublée d'un
instrument au service d'Erdogan ", assène Hülya Gülbahar. A entendre
ses animatrices, l'association milite pourtant en faveur de la "
tolérance zéro " pour les maris cogneurs, revendique la paternité -
pardon, la maternité - du maintien à 18 ans de l'âge au mariage des
jeunes filles, et incite les " soeurs " à investir l'arène politique.
Mais voilà, le patriarcat a le cuir épais. " Le plus dur, admet Meryem,
c'est de changer les mentalités. Celles du mari, du policier, de
l'imam. Bien plus essentiel que d'adopter une Constitution et des lois
parfaites. "
Parfaites, les lois ? Il aura fallu attendre 2005 pour abroger celle
qui visait à absoudre le violeur pour peu qu'il " consente " à épouser
sa victime. Texte infâme, qu'une phalange de députés AKP tentera
vainement de rétablir en 2016. " Sans Erdogan, supporter n° 1 de la
femme turque, insiste Meryem, cette faction-là dicterait ses dogmes. "
Cofondatrice de l'AKP en rupture de ban, Fatma Bostan, aujourd'hui
engagée au sein du parti islamiste Saadet, se souvient des audaces "
révolutionnaires " d'un " Tayyip " qui, alors maire d'Istanbul, rayait
de sa liste des prétendants masculins en position éligible pour leur
substituer des candidates. Pour autant, le reis ne s'est jamais
affranchi de son impensé misogyne. Lui ne croit pas à l'égalité des
genres, concept " contraire à la nature ".
De même, Erdogan juge " incomplète la femme qui n'a pas enfanté ",
l'invitant à s'acquitter a minima trois fois de cette mission sacrée.
L'avortement ? " Un meurtre ", assène le Lider maximo turc, qui a
oeuvré à limiter l'accès à la pilule du lendemain comme à
l'accouchement par césarienne. Toute crèche nouvelle, lance-t-il un
jour, appelle la construction d'un hospice. En clair, la femme salariée
délaissera fatalement ses parents âgés...
Aux yeux de Canan Kaftancioglu, médecin légiste et présidente du CHP
pour Istanbul, rien ne reflète mieux le machisme du sultan que le
calembour qu'il dégaine volontiers pour stigmatiser un adversaire : "
Celui-là, on ne sait pas si c'est un adam (" homme ", en turc) ou un
Madame. " " Le pire, soupire l'opposante, c'est qu'Emine elle-même rit
à cette blague navrante. " (Le Vif, 30 juin 2018)
Erdogan
inaugure un nouveau gazoduc permettant
d'alimenter l'Europe
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré mardi un gazoduc qui
permettra à terme d'acheminer du gaz naturel de l'Azerbaïdjan vers
l'Europe, en passant par l'Anatolie, et de réduire la dépendance du
continent envers les hydrocarbures russes.
Le Gazoduc transanatolien (Tanap), dont la construction est estimée à
8,5 milliards de dollars, fait partie des grands projets
d'infrastructures mis en avant par M. Erdogan dans le cadre de sa
campagne pour les élections présidentielle et législatives anticipées
du 24 juin.
Le chef de l'Etat turc a inauguré le Tanap lors d'une cérémonie à
Eskisehir (centre) avec ses homologues azerbaïdjanais Ilham Aliev,
serbe Aleksandar Vucic, ukrainien Petro Porochenko, ainsi que le
dirigeant de la république turque autoproclamée de Chypre-Nord (RTCN),
Mustafa Akinci.
"Le Tanap est le dernier fruit de notre vision commune", a déclaré M.
Erdogan. "Il est aussi annonciateur des futurs projets que nous
entreprendrons".
Les dirigeants ont ensuite assisté à la mise en place de la section
finale du gazoduc avant de manipuler une roue permettant au gaz de
circuler.
Long de 1.850 km, le Tanap est connecté au gazoduc du Caucase-sud (SCP)
qui pompe du gaz dans le vaste gisement Shah Deniz, en mer Caspienne,
puis achemine l'or bleu en Turquie via l'Azerbaïdjan et la Géorgie.
L'autre extrémité du Tanap sera connecté au gazoduc transadriatique
(TAP) qui doit acheminer le gaz naturel en Italie via la Grèce et
l'Albanie.
Ensemble, le SCP, le Tanap et le TAP forment le "Southern Gas
Corridor", un méga-projet au coût estimé à environ 40 milliards de
dollars qui s'inscrit dans la volonté de l'Europe de réduire sa
dépendance au gaz russe dans un contexte de fortes tensions depuis
plusieurs années.
Le gazoduc Tanap permettra, à terme, d'acheminer 10 milliards de mètres
cubes de gaz par an vers l'Europe et six milliards vers la Turquie. Les
premières livraisons en Europe sont attendues en 2020. (AFP, 12 juin
2018)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Berlin demande à Ankara d'expliquer
la fermeture d'une école allemande
L'ambassade d'Allemagne à Ankara a demandé samedi à la Turquie
d'expliquer pourquoi une école allemande d'Izmir (ouest) avait été
fermée sans justification.
"Une branche de l'école de l'ambassade d'Allemagne a été fermée le 28
juin par les services régionaux du ministère turc de l'Eduction", a
indiqué dans un communiqué la représentation allemande.
"Nous demandons au gouvernement turc de nous expliquer d'urgence
pourquoi l'école a été fermée", a ajouté l'ambassade, estimant que ces
établissements étaient un élément "essentiel" des relation culturelles
et scolaires entre les deux pays.
Berlin et Ankara travaillent à normaliser leurs relations après les
fortes tensions l'an dernier pendant le référendum en Turquie, et
durant la répression du coup d'Etat manqué de juillet 2016.
Les Etats membres de l'Union européenne ont protesté contre les
dizaines de milliers d'arrestation qui ont suivi le putch raté, dont
celles de journalistes accusés de lien avec les putschistes ou de
militants kurdes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répliqué en comparant les
Européens à des nazis pour refuser aux Turcs le droit d'organiser des
meetings dans leurs pays avant le référendum d'avril 2017 qui a
considérablement renforcé ses pouvoirs.
Après la réélection d'Erdogan dimanche, la chancelière allemande Angela
Merkel avait assorti ses félicitations d'un souhait d'être "le
partenaire d'une Turquie stable et pluraliste, dans laquelle la
participation démocratique et la préservation de l'Etat de droit sont
renforcées " (AFP, 30 juin
2018)
L'UE
estime que la campagne électorale n'a pas été
"équitable"
La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué
lundi les conditions de la campagne électorale en Turquie, estimant
qu'elles n'avaient pas été "équitables".
Dans un communiqué conjoint, Mme Mogherini et le commissaire européen à
l'Elargissement Johannes Hahn ont pris acte de l'évaluation de l'OSCE
et du Conseil de l'Europe qui ont dénoncé dans un rapport préliminaire
l'absence "d'opportunités égales pour les candidats".
"Comme la mission d'observation des élections par l'OSCE l'a évalué,
les électeurs avaient un véritable choix mais les conditions de
campagne n'étaient pas équitables", ont-ils déclaré.
"En outre, le cadre juridique restrictif et les pouvoirs conférés par
l'état d'urgence en cours restreignent les libertés de réunion et
d'expression, y compris dans les médias", ont ajouté Mme Mogherini et
M. Hahn, qui s'engagent néanmoins à "travailler avec le président
(Erdogan) et le Parlement (turc) pour répondre ensemble aux nombreux
défis communs qui nous attendent".
Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat
aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée
par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu
sa défaite tout en déplorant une campagne injuste.
Le rapport de l'OSCE et du Conseil de l'Europe met en avant les
conditions de campagne inéquitables des différents partis, notamment
sur le plan médiatique, le parti au pouvoir et le président sortant
bénéficiant d'une couverture "plus favorable".
"Les organes médiatiques, dont l'audiovisuel public, n'ont pas offert
aux électeurs des informations équilibrées sur les différents
candidats", selon l'OSCE.
De son côté, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a
félicité le président Erdogan pour sa réélection, tout en rappelant les
"valeurs fondamentales" de l'Alliance.
La Turquie occupe une place majeure au sein de l'Alliance atlantique de
par sa situation stratégique sur son flanc Sud et sa proximité
géographique avec la Russie, et joue un rôle clé dans le combat contre
le groupe Etat islamique (EI) dans la zone irako-syrienne.
Mais des tensions sont apparues avec d'autres membres de l'Alliance,
notamment à cause du rapprochement entre Moscou et M. Erdogan, qui a
signé un contrat pour l'achat de missiles de défense aérienne russes.
Les relations sont aussi tendues avec les Etats-Unis qui soutiennent
des forces kurdes -- considérées comme "terroristes" par la Turquie --
dans la guerre contre l'EI.
Par ailleurs, les purges massives qui ont touché des opposants et des
journalistes après une tentative manquée de putsch en juillet 2016 ont
suscité l'inquiétude de l'Europe.
"L'Otan est fondée sur quelques valeurs fondamentales: la démocratie,
l'Etat de droit, les libertés individuelles. Personnellement, j'attache
beaucoup d'importance à ces valeurs et je souligne leur importance dans
de nombreuses capitales de l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des
dirigeants turcs", a ajouté M. Stoltenberg à Luxembourg. (AFP, 25 juin
2018)
L'OSCE
déplore l'absence "d'opportunités égales"
pour les candidats
Une mission d'observateurs internationaux déployés pour les élections
en Turquie, a dénoncé lundi l'absence "d'opportunités égales" pour les
candidats, tout en estimant que ceux-ci avaient pu transmettre leur
message au public.
"Même s'il n'y avait pas d'opportunités égales, la plupart des
compétiteurs ont pu transmettre leurs messages au public", a affirmé la
mission commune d'observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe,
dans un rapport préliminaire lu lors d'une conférence de presse à
Ankara.
Toutefois, "le jour des élections, les procédures ont été généralement
suivies, même si des mesures légales importantes ont souvent été omises
pendant le décompte" des voix a ajouté le chef de la mission de l'OSCE
Ignacio Sanchez Amor en présentant le texte à la presse.
Ainsi, certains bulletins n'étaient pas tamponnés par les comités en
charge des bureaux de vote, et les bulletins n'étaient pas
systématiquement enregistrés lors de leur livraison dans les bureaux de
vote, une irrégularité qualifiée de "sérieuse" dans le rapport.
Pointant des "restrictions" auxquelles ont été soumis certains
observateurs internationaux, le texte explique que "les évaluations
négatives (des observateurs) étaient souvent liées à la présence de
personnels non-autorisés, souvent des policiers, qui sont parfois
intervenus dans le processus".
Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat
aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée
par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu
sa défaite tout en déplorant une campagne injuste.
Le rapport de l'OSCE et du Conseil de l'Europe met en avant en effet
les conditions de campagne inéquitables des différents partis,
notamment sur le plan médiatique, le parti au pouvoir et le président
sortant bénéficiant d'une couverture "plus favorable".
"Les organes médiatiques, dont l'audiovisuel public, n'ont pas offert
aux électeurs des informations équilibrées sur les différents
candidats", selon l'OSCE. (AFP, 25 juin
2018)
Allemagne: Merkel souhaite une
"Turquie stable et pluraliste"
La chancelière allemande Angela Merkel a souhaité lundi au lendemain de
la victoire du président turc Recep Tayyip Erdogan "une Turquie stable
et pluraliste"dans laquelle l'Etat de droit est garanti alors que les
relations entre Berlin et Ankara ont connu des tensions depuis 2016.
"La Turquie a montré une grande responsabilité" dans la gestion de la
crise des réfugiés fuyant les conflits au Moyen-Orient, a souligné la
chancelière dans un message de félicitations.
"Nous voulons d'autant plus être le partenaire d'une Turquie stable et
pluraliste, dans laquelle la participation démocratique et la
préservation de l'Etat de droit sont renforcés ", a ajouté la
chancelière rappelant que la Turquie et l'Allemagne sont liées par "une
amitié de longue date".
"Pour votre réélection, je vous transmets mes félicitations", a-t-elle
poursuivi, affirmant en outre "se réjouir de poursuivre et renforcer la
coopération de nos pays".
Les relations entre Berlin et Ankara ont traversé de fortes turbulences
depuis le coup d'Etat manqué contre M. Erdogan en juillet 2016.
L'Allemagne s'était inquiétée des "purges" pratiquées dans l'armée et
l'administration à la suite de ce putsch.
Berlin avait interdit aux responsables politiques turcs de faire
campagne en Allemagne pour les élections présidentielle et législatives
de dimanche, à l'instar de ce qu'il avait fait au printemps 2017 pour
le référendum sur l'élargissement des pouvoirs du président turc.
De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a
critiqué les conditions de la campagne électorale en Turquie, estimant
qu'elles n'avaient pas été "équitables", notamment sur le plan de
l'accès des candidats à une couverture médiatique.
Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat
aux pouvoirs renforcés à la tête de la Turquie et l'alliance dominée
par son parti a obtenu la majorité au Parlement. L'opposition a reconnu
sa défaite tout en déplorant une campagne injuste. (AFP, 25 juin
2018)
Réactions à la réélection de M. Erdogan
Voici les principales réactions lundi à la réélection dès le premier
tour du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui obtient un nouveau
mandat aux pouvoirs renforcés.
- Etats-Unis -
Les Etats-Unis, par le biais de la porte-parole de la Maison Blanche
Sarah Sanders, ont appelé Ankara à "prendre des mesures afin de
renforcer la démocratie".
Washington n'avait pas félicité officiellement M. Erdogan lundi à
20H30 GMT et les premières réactions étaient très froides.
- Allemagne -
Après de fortes turbulences ces derniers mois entre les deux pays, la
chancelière Angela Merkel a félicité Recep Tayyip Erdogan et dit "se
réjouir de poursuivre et renforcer la coopération de nos pays".
L'Allemagne, où vit une importante diaspora turque, souhaite "être le
partenaire d'une Turquie stable et pluraliste, dans laquelle la
participation démocratique et la préservation de l'Etat de droit sont
renforcés", ajoute Mme Merkel dans un message de félicitations.
- Russie -
Dans un télégramme de félicitations, le président russe Vladimir
Poutine, "a souligné que les résultats de l'élection attestent
pleinement de la grande autorité politique de Recep Tayyip Erdogan".
Sa réélection témoigne "du large soutien accordé au cap fixé sous sa
direction sur les questions sociales et économiques auxquelles la
Turquie est confrontée, et au renforcement de la position du pays en
termes de politique étrangère", selon le Kremlin.
- Union européenne _
La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué les
conditions de la campagne électorale, qui n'ont pas été "équitables".
Dans un communiqué conjoint, Mme Mogherini et le commissaire européen à
l'Elargissement Johannes Hahn ont pris acte de l'évaluation de l'OSCE
et du Conseil de l'Europe qui ont dénoncé dans un rapport préliminaire
l'absence "d'opportunités égales pour les candidats".
- Iran -
Le président iranien Hassan Rouhani a offert ses "félicitaions les plus
sincères" à M. Erdogan. Il "espère" que les relations vont "se
développer davantage" sur la base "des solides liens historiques,
culturels, religieux, des relations de bon voisinage, du respect mutuel
et des intérêts communs" entre les deux pays.
- Hongrie -
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a félicité Recep Tayyip
Erdogan, estimant que "la stabilité de la Turquie est une bonne
nouvelle" pour l'Europe. Dans une lettre au président turc, M. Orban
affirme que "notre continent est confronté à de sérieux problèmes de
sécurité et il est essentiel de les surmonter par une coopération
prévisible et efficace avec la Turquie".
- Suède -
"La Turquie n'est pas en position de donner aux autres pays des leçons
de démocratie, lorsque le chef de l'opposition (kurde Selahattin
Demirtas, NDLR) est en prison depuis longtemps", a déclaré la ministre
suédoise des Affaires étrangères Margot Wallstrom.
"La question kurde et les développements économiques de la Turquie sont
des défis graves. Nous sommes inquiets de la façon dont a évolué la
Turquie récemment", a indiqué Mme Wallstrom.
- Bulgarie -
Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a félicité au téléphone M.
Erdogan. "Je suis convaincu que nous travaillerons ensemble pour la
consolidation des relations entre nos deux pays dans le domaine de la
migration, ainsi que pour la paix et la stabilité dans la région",
a-t-il déclaré.
M. Borissov a informé le président turc de ce qu'il avait appelé l'UE,
lors du mini-sommet de Bruxelles dimanche, à verser tout le financement
à la Turquie prévu par l'accord UE-Turquie pour contrôler l'immigration.
- Royaume-Uni -
"Le Royaume-Uni a hâte de poursuivre ses rapports étroits avec la
Turquie", a déclaré le porte-parole de la Première ministre Theresa May.
"Les deux pays ont un éventail large d'intérêts communs, notamment la
sécurité de la région, la lutte contre le terrorisme, les
investissements et le commerce bilatéraux. Nous coopérerons avec le
président Erdogan et son gouvernement pour développer cette important
relation bilatérale".
Il a déclaré attendre le rapport des observateurs de l'élection pour se
prononcer sur son équité.
- Grèce -
"J'espère qu'après cette victoire électorale, il (Erdogan) sera moins
nerveux", s'est borné à répondre le ministre grec des Affaires
étrangères Nikos Kotzias, interrogé par la presse.
La semaine dernière, M. Kotzias avait déclaré que M. Erdogan "devait
faire preuve de plus de flexibilité et d'intention de résoudre les
problèmes", faisant surtout allusion à la détention depuis mars de deux
soldats grecs à Edirne, ville près de la frontière des deux pays.
- Otan -
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité Recep
Tayyip Erdogan, tout en rappelant les "valeurs fondamentales" sur
lesquelles l'Alliance, dont la Turquie est membre, a été fondée:
démocratie et Etat de droit.
"Je félicite aussi le peuple turc pour la participation élevée aux
élections", a-t-il ajouté. "L'Otan est fondée sur quelques valeurs
fondamentales: la démocratie, l'Etat de droit, les libertés
individuelles. Personnellement, j'attache beaucoup d'importance à ces
valeurs et je souligne leur importance dans de nombreuses capitales de
l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des dirigeants turcs", a-t-il
ajouté.
- Chine -
La Chine a salué M. Erogan et "respecte le choix du peuple turc", a
déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères
Geng Shuang.
"La Chine accorde une grande importance à ses relations avec la
Turquie. Ces dernières années, sous la direction de nos deux chefs
d'Etat, nos relations bilatérales et notre coopération dans tous les
domaines ont progressé et obtenu beaucoup de résultats positifs". "La
Chine désire coopérer plus avec la Turquie", a-t-il ajouté. (AFP, 25 juin
2018)
Les
négociations d'adhésion à l'UE
"effectivement au point mort"
L'UE a constaté mardi que les négociations d'adhésion avec la Turquie
étaient "effectivement au point mort", alors que ce pays "s'éloigne de
plus en plus" du bloc, selon les conclusions d'une réunion des 28
ministres des Affaires européennes à Luxembourg.
"Le Conseil note que la Turquie s'éloigne de plus en plus de l'Union
européenne. Les négociations d'adhésion de la Turquie sont donc
effectivement au point mort", est-il écrit dans le document qui a
conclu la discussion des 28 sur les perspectives d'élargissement de
l'UE.
Il est précisé qu'"aucun nouveau chapitre ne peut être envisagé pour
l'ouverture ou la fermeture et aucun autre travail de modernisation de
l'union douanière UE-Turquie n'est prévu".
Ces conclusions font écho à celles du dernier rapport d'évaluation de
la Commission européenne sur les pays candidats à l'adhésion publié en
avril, quand l'exécutif européen avait déjà écarté toute ouverture d'un
nouveau chapitre des discussions sur l'adhésion d'Ankara.
Les relations entre l'UE et la Turquie se sont très fortement tendues
depuis la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et les purges
massives touchant opposants et journalistes qui ont suivi.
Mardi, deux jours après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan
à la tête du pays, le président de la Commission européenne Jean-Claude
Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk lui ont adressé
une lettre commune de félicitations, très courte.
"La Turquie est un pays candidat et un partenaire clé pour l'Union
européenne. Nous avons hâte de continer à travailler étroitement avec
vous sur des sujets d'intérêt communs pour les relations UE-Turquie,
comme la sécurité, la migration et l'énergie", ont simplement déclaré
les deux dirigeants.
Dans leurs conclusions, les ministres saluent certes l'effort d'Ankara
pour l'accueil de plus de 3,5 millions de réfugiés sur son territoire,
mais déplorent par ailleurs "l'ampleur et la portée disproportionnées
des mesures prises" dans le sillage du coup d'Etat manqué.
Ils appellent ainsi la Turquie à "inverser les tendances négatives de
façon urgente".
Parmi les préoccupations du Conseil: "le recul continu et profondément
inquiétant de l'Etat de droit et des droits fondamentaux, dont la
liberté d'expression", mais aussi "la détérioration de l'indépendance
et du fonctionnement du judiciaire", ainsi que les mesures ciblant des
journalistes, des universitaires, des membres de partis politiques et
parlementaires, des défenseurs des droits de l'Homme, ou encore des
utilisateurs de réseaux sociaux. (AFP, 26 juin
2018)
Une
délégation communiste française arrêtée
quelques heures
Une sénatrice et deux militants communistes français ont été arrêtés
quelques heures dimanche à Agri (est de la Turquie), où ils étaient
venus observer les élections à l'invitation d'un parti pro-kurde,
épisode montrant "la fébrilité" du pouvoir turc, selon le parti
communiste.
"Nous avons été arrêtés à 10H30 et retenus à la gendarmerie jusque 17H,
à la fin des opérations de vote. On nous a dit qu'il n'y aurait pas de
poursuites contre nous car notre présence n'était pas délictuelle", a
expliqué à l'AFP Hulliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin.
La délégation, composée également de Christine Prunaud, sénatrice des
Côtes d'Armor, et Pascal Torre, membre du secteur des Relations
Internationales au PCF, s'était rendue dans deux bureaux de vote et
revenait en ville quand elle a été interpellée. "On nous a emmenés à la
gendarmerie pour vérifier nos identités puis on nous a demandé ce qu'on
faisait là, pour quelle organisation on travaillait", a raconté Mme
Turan.
"Ils avaient du mal à admettre qu'on était juste là pour observer les
élections", a-t-elle ajouté.
La délégation, qui avait répondu à un appel du HDP, le principal parti
pro-kurde, "n'a rien constaté de particulier" dans ces deux bureaux de
vote, mais ne souhaitait pas faire de commentaire politique jusqu'à son
retour en France, prévu lundi soir.
"Le consulat de France à Ankara nous a quand même dit de rester à
l'hôtel parce qu'il pouvait y avoir une autre arrestation possible", a
dit Christine Prunaud à Franceinfo.
Le Parti communiste a dénoncé plus tôt dans un communiqué une volonté
du pouvoir turc "d'étouffer toutes les voix qui dénoncent les fraudes
massives à l'oeuvre", ajoutant que "ces méthodes ne font que le
renforcer résolument à rester aux côtés des démocrates de Turquie qui
entendent mettre un terme à la dictature" de Recep Tayyip Erdogan.
Opposants turcs et ONG avaient mobilisé plusieurs centaines de milliers
d'observateurs pour surveiller les urnes, distincts des observateurs
dépêchés par les organisations internationales comme l'OSCE.
C'était "une mission d'observation de nature citoyenne comme cela se
fait dans d'autres pays", pour s'assurer qu'aucune fraude n'était
commise car "il y a eu des doutes lors des précédentes élections", et
"on n'a pas du tout caché la raison pour laquelle ils se rendaient sur
place", a déclaré à Franceinfo le numéro un du PCF et sénateur, Pierre
Laurent.
"Cette attitude des autorités turques montre leur grande fébrilité",
selon lui.
Le Parti de Gauche, qui a apporté son soutien aux communistes, a
affirmé dimanche soir que sa propre délégation invitée par le HDP,
Danielle Simonnet, Jean-Christophe Sellin et Simon Berger, avait "subi
une inacceptable garde à vue de deux heures à l'aéroport d'Istanbul
samedi avec menace d'expulsion immédiate et interdiction définitive du
territoire".
"Cette fébrilité illustre la peur de perdre les élections malgré la
répression menée et la tentation renouvelée de recourir à des fraudes
massives", a-t-il estimé dans un communiqué.
L'agence turque Anadolu a de son côté rapporté des procédures
judiciaires contre 10 étrangers accusés, selon elle, d'avoir tenté de
se faire passer pour des observateurs internationaux. D'après l'agence,
trois Français, trois Allemands et trois Italiens figurent parmi les
personnes interpellées.
Plus de 56 millions d'électeurs étaient appelés dimanche à voter pour
leur président et leurs députés, dans un scrutin qui marquera le
passage du système parlementaire en vigueur à un régime
hyper-présidentiel, voulu par Recep Tayyip Erdogan, mais décrié par ses
opposants. Le chef de l'Etat était donné en tête avec un score de 58,5%
après le dépouillement de plus d'un quart des bulletins.
Le principal parti d'opposition turc a dénoncé des tentatives de fraude
et énuméré plusieurs exemples de tentatives de bourrage d'urnes en
faveur de l'alliance dominée par le parti au pouvoir AKP
(islamo-conservateur). (AFP, 24 juin
2018)
Elections en Turquie: deux
députés allemand et suédois interdits de
visite
Deux députés allemand et suédois ont déclaré jeudi s'être vu refuser
par Ankara l'entrée en Turquie où ils devaient officier en tant
qu'observateurs internationaux lors des élections générales de dimanche.
Le député allemand Andrej Hunko, du parti de la gauche radicale Die
Linke, devait participer à la surveillance des scrutins législatifs et
présidentiels pour le compte de l'Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE).
Mais alors qu'il s'apprêtait à s'envoler depuis Vienne, le représentant
turc de l'OSCE a informé l'organisation que l'entrée sur le territoire
turc ne lui serait pas accordée, a indiqué le député allemand.
"En tant que député du Bundestag allemand et membre de l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe, j'ai participé à l'observation de
presque toutes les élections en Turquie", s'est indigné M. Hunko.
Le député suédois Vert Jabar Amin, déjà arrivé à l'aéroport d'Istanbul,
s'est vu lui aussi opposer jeudi le même refus par les autorités
turques.
"Quand je suis arrivé au contrôle des passeports, les services de
renseignement m'attendaient. Ils ont pris mon passeport et m'ont amené
à un autre endroit. Cinq minutes plus tard, les renseignements sont
venus et m'ont dit qu'ils avaient reçu leurs ordres de plus haut",
a-t-il affirmé à l'agence suédoise TT.
Il a expliqué n'avoir pas été informé des raisons de son interdiction
d'entrée en Turquie mais les services turcs lui auraient dit qu'ils
essayaient de le remettre dans le prochain avion pour Stockholm.
Selon une lettre consultée par l'AFP, l'OSCE a fait état de sa
"déception", déplorant que des membres de la mission d'observation
aient été empêchés d'entrer en Turquie au motif de leurs "opinions
politiques publiquement exprimées".
"Il est inacceptable qu'un observateur électoral ait été empêché
d'entrer en Turquie. Nous avons demandé une explication aux
représentants turcs", a réagi la chef de la diplomatie suédoise Margot
Wallström.
De son côté, le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré
être "en contact avec la Turquie", conjointement avec l'OSCE, afin de
demander "une levée de l'interdiction d'entrée" visant le député
allemand.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son parti Justice et
Développement (AKP) affrontent dimanche des élections anticipées
législatives et présidentielle.
L'AKP, qui fait alliance avec le Parti du mouvement nationaliste au
sein de l'"Alliance du peuple", est favori de ces deux scrutins, mais
certains analystes pensent qu'il ne remportera pas la majorité
parlementaire. (AFP, 21 juin
2018)
L'UE
demande un procès équitable
pour le directeur d'Amnesty International
L'Union européenne a réclamé jeudi "un procès équitable" pour le
directeur d'Amnesty International en Turquie Taner Kiliç et pour les
autres défenseurs des droits de l'homme détenus dans le pays.
"Les autorités turques - pays candidat à l'adhésion à l'UE et membre du
Conseil de l'Europe - doivent garantir le droit à un procès équitable
sur la base du principe de la présomption d'innocence, conformément à
la Convention européenne des droits de l'homme et à la jurisprudence de
la Cour européenne des droits de l'homme", a plaidé la porte-parole de
la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dans une
déclaration.
"Taner KiliC, le directeur d'Amnesty International en Turquie, a été
arrêté il y a un an. M. Kiliç est avocat et défenseur des droits de
l'homme et, comme lui, de nombreux autres défenseurs des droits de
l'homme comme Osman Kavala, ainsi que des journalistes, des
parlementaires, des juges, des procureurs et des universitaires restent
en détention", a souligné cette porte-parole, Maja Kocijancic.
Le président d'Amnesty en Turquie, a été arrêté il y a un an jour pour
jour à Izmir (ouest), accusé d'appartenir à une "organisation
terroriste". Il risque jusqu'à 15 ans de prison.
L'ONG s'est engagée mercredi à "redoubler" ses efforts pour obtenir sa
libération.
Le procès de M. Kiliç est en cours et doit reprendre le 21 juin, à
trois jours d'élections législatives et présidentielle cruciales lors
desquelles M. Erdogan briguera un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.
"Des améliorations concrètes et durables dans le domaine de l'État de
droit, de l'indépendance du pouvoir judiciaire et des libertés
fondamentales demeurent essentielles pour le développement des
relations bilatérales entre l'UE et la Turquie", a averti la
porte-parole de Mme Mogherini. (AFP, 7 juin
2018)
EP Rapporteur Piri: Demirtaş Should be Released for Fair
Election
The European Parliament (EP) Turkey Rapporteur Kati Piri has posted a
message on Facebook with the hashtag #FreeDemirtas.
Kati Piri has stated that the imprisoned Presidential candidate of the
Peoples' Democratic Party (HDP) Selahattin Demirtaş should be released
from prison so that the Presidential and Parliamentary elections on
June 24 can be fair.
Piri has also referred to the previous calls made by the Presidential
candidate of the main opposition party Republican People's Party (CHP)
Muharrem İnce as well as the Chair and Presidential candidate of the
İYİ Party Meral Akşener for the release of Demirtaş.
Emphasizing that Demirtaş is forced to conduct his election campaign
from prison, Kati Piri has repeated the call for his release and said,
"It is only then a fair election campaign can be run." (BIA, June 4, 2018)
Les
Occidentaux doivent lutter contre la "diplomatie
des otages" turque
Les pays occidentaux doivent adopter un plan de lutte coordonné contre
la Turquie, qui utilise les prisonniers étrangers comme monnaie
d'échange diplomatique, ont affirmé des experts en rendant public un
rapport sur le sujet jeudi à Washington.
Le rapport étudie les cas de 55 ressortissants étrangers ou binationaux
arrêtés et emprisonnés en Turquie depuis le coup d'Etat avorté de
juillet 2016, qui a déclenché une répression féroce contre ceux accusés
d'être des partisans du prédicateur Fethullah Gülen accusé d'avoir
fomenté le putsch, ou des soutiens de la rébellion kurde.
Au moins six d'entre eux, dont deux Américains, sont toujours en
détention.
Dans de nombreux cas, les preuves sont ténues et les interrogatoires
sont secrets. S'il ne s'agit pas d'un effort centralisé, mais plutôt
des problèmes locaux combinés à un sentiment anti-occidental, le
pouvoir tente d'exploiter la situation, estiment les auteurs du rapport.
"Cela fait partie d'une politique globale de diplomatie des otages",
explique l'ex-parlementaire turc Aykan Erdemirn, qui travaille
désormais au sein du centre de réflexion conservateur Foundation for
Defense of Democracies.
"Il semble que ces individus soient utilisés comme monnaie
d'échange
ou comme gages, souvent pour obtenir des concessions" en faveur de la
Turquie, ajoute-t-il.
Ankara a, par exemple, lié plus ou moins explicitement la libération
des prisonniers à l'extradition des partisans de Gülen basés en
Occident, ou dans certains cas à des contrats de vente d'armes.
Les gouvernements privilégient jusqu'ici des discussions bilatérales
pour obtenir la libération de leurs ressortissants, une stratégie au
succès divers.
Le rapport appelle à une action plus dure, comme celle adoptée par
l'Allemagne, et qui entrerait dans le cadre d'une "stratégie
transatlantique concertée" pour plus d'efficacité.
Berlin avait renforcé ses consignes de sécurité après le putsch raté,
notamment en raison d'une vague d'arrestations de ressortissants
allemands ou germano-turcs, et avait réduit ses investissements en
Turquie, un pays-membre de l'Otan.
"La politique de Berlin d'absence de normalisation tant qu'il y a des
prisonniers politiques serait plus efficace si elle était mise en place
par ses partenaires occidentaux", estime le rapport.
L'ambassade turque à Washington n'était pas joignable dans l'immédiat
pour réagir mais Ankara a plusieurs fois appelé au respect de son
système judiciaire. (AFP, 31 mai
2018)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Washington peut encore bloquer
la vente de F-35
La vente controversée d'avions de combat furtifs F-35 par les
Etats-Unis à la Turquie, dont le premier vient d'être livré, peut
encore être bloquée si Ankara confirme sa volonté d'acheter un système
de défense antiaérien russe, a déclaré mercredi un haut responsable
américain.
"C'est une affaire très sérieuse", a affirmé Wess Mitchell, chargé des
relations avec l'Europe et l'Otan au département d'Etat américain, lors
d'une audition parlementaire. "Nous avons clairement dit à plusieurs
reprises au plus haut niveau du gouvernement turc qu'il y aura des
conséquences" si la Turquie confirme l'acquisition de systèmes de
défense antiaérienne russes S-400, a-t-il ajouté.
Les représailles seraient d'abord des sanctions, comme prévu par une
loi américaine qui interdit de conclure des contrats avec plusieurs
sociétés d'armement russes, a prévenu Wess Mitchell.
Mais il a aussi dit qu'"une acquisition de S-400 aurait inévitablement
des conséquences sur l'avenir de la coopération militaro-industrielle
turque avec les Etats-Unis, y compris concernant les F-35". "Nous avons
été on ne peut plus clairs, en privé comme en public: une décision sur
les S-400 changera les relations américano-turques de manière
difficilement remédiable", a-t-il martelé.
Les Etats-Unis ont livré la semaine dernière leur premier F-35 à la
Turquie, malgré les tensions croissantes avec ce pays membre de l'Otan
et l'opposition du Sénat américain. Un deuxième avion, bijou de
technologie censé échapper aux radars les plus perfectionnés, doit être
remis prochainement par son constructeur, le groupe de défense
américain Lockheed Martin.
Mais ces appareils vont dans un premier temps rester en Arizona, aux
Etats-Unis, pendant toute la formation des pilotes turcs, un processus
qui peut prendre un à deux ans selon le Pentagone.
"Les Etats-Unis restent en possession de l'avion jusqu'à son transfert
qui intervient normalement après un long processus de formation", a
expliqué Wess Mitchell, jugeant que Washington peut encore
juridiquement mettre fin à la transaction, notamment en lien avec "des
préoccupations de sécurité nationale". "Cela joue à notre avantage, car
cela nous donne plus de temps pour continuer à faire pression" sur la
Turquie pour qu'elle n'achète pas le système russe "avant de devoir
prendre une décision définitive sur les F-35", a ajouté le diplomate.
Le Sénat américain s'est opposé à la livraison des F-35 et exige
effectivement que la vente de ces appareils soit annulée si Ankara mène
à son terme la procédure d'achat des S-400 russes, conformément à un
contrat signé le 12 septembre. (AFP, 27 juin
2018)
Avec Erdogan, les relations américano-turques restent
glaciales
L'accueil glacial réservé par les Etats-Unis à la réélection de Recep
Tayyip Erdogan en Turquie, et la ligne dure affichée par le président
turc, laissent présager de relations durablement tendues entre les deux
pays alliés, notamment sur la question des Kurdes.
Washington a ostensiblement fait le service minimum depuis l'annonce de
la victoire du président sortant aux élections de dimanche. "Nous
tentons d'organiser un appel téléphonique" entre Donald Trump et Recep
Tayyip Erdogan, s'est bornée à dire lundi la Maison Blanche, tandis que
le département d'Etat a seulement affirmé "respecter" le résultat.
"Même avec un appel du président Trump pour féliciter son homologue, et
un effort pour améliorer les relations", les nuages qui se sont
accumulés dans le sillage du putsch raté de juillet 2016 et de la
répression qui a suivi en Turquie "vont continuer à assombrir
l'horizon", estime Steven Cook, du think tank Council on Foreign
Relations, prédisant même "de plus en plus de tensions".
Depuis l'échange chaleureux de septembre à l'ONU, quand le président
américain décernait "de bonnes notes" à son "ami" Erdogan, malgré des
relations déjà difficiles entre les deux membres de l'Otan, ces liens
se sont encore détériorés.
Le président turc a mené le choeur des protestations contre la
reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d'Israël. Et
Washington n'a pas obtenu la libération du pasteur américain Andrew
Brunson, jugé en Turquie pour des liens présumés avec des groupes
"terroristes", pas plus qu'Ankara n'a eu gain cause dans sa demande
d'extradition du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et
auquel les autorités turques attribuent une implication dans le coup
d'Etat avorté.
L'administration Trump a ainsi exhorté lundi la Turquie à "renforcer la
démocratie", demandant à tous les élus, "y compris le président
Erdogan", de "représenter les différentes positions de tous les
citoyens turcs". Washington a aussi appelé de ses voeux une "relation
constructive" pour "résoudre les problèmes" bilatéraux et "faire face
ensemble" aux "défis communs".
- Ultranationalistes -
"La levée ou non de l'état d'urgence par Erdogan sera un des premiers
tests, cela en dira long sur sa position et celle du nouveau Parlement
au sujet des enjeux cruciaux que sont la démocratie et l'Etat de
droit", estime Kemal Kirisci, expert du think tank Brookings
Institution.
Mais le principal noeud devrait rester le soutien américain à la milice
kurde des Unités de protection du peuple (YPG), alliée de Washington
dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie
mais considérée comme "terroriste" par Ankara. L'armée turque a lancé
en début d'année une vaste offensive contre cette milice dans le
nord-ouest de la Syrie, provoquant une nouvelle crise avec les
Etats-Unis.
Au prix de tractations diplomatiques laborieuses, les diplomates turcs
et américains se sont finalement accordés début juin sur une "feuille
de route" pour une coopération sur le terrain, aux termes de laquelle
les YPG doivent quitter la ville-clé de Minbej, qui a cristallisé les
tensions et où les deux pays alliés risquaient d'entrer en collision.
Mais la méfiance perdure.
Surtout, la question kurde risque d'être exacerbée par l'alliance que
le président Erdogan a dû former, pour garder la majorité, avec les
ultranationalistes du MHP, porteurs d'une ligne encore plus dure sur ce
dossier.
"La couleur politique du Parlement et de la nouvelle administration
turque sera le nationalisme", explique Asli Aydintasbas, chercheuse au
European Council on Foreign Relations. "Le fait qu'Erdogan soit
dépendant des ultranationalistes va parfois être difficile à gérer",
estime-t-elle.
D'autant que la campagne menée par Ankara contre les milices kurdes est
très populaire en Turquie, et "l'opposition turque au soutien américain
aux YPG va être exprimée encore plus souvent et de manière encore plus
ferme", selon Soner Cagaptay, du Washington Institute for Near East
Policy. "La marge de manoeuvre de la diplomatie turque, déjà limitée
sur les questions kurdes, va encore rétrécir dans les jours et mois à
venir." (AFP, 26 juin
2018)
Le chef de l'Otan félicite Erdogan pour sa victoire
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité lundi le
président turc Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection, tout en
rappelant les "valeurs fondamentales" de l'Alliance, tandis que la
Commission européenne a exprimé son souhait de voir la Turquie rester
"engagée" avec l'UE.
"Je vais féliciter le président Erdogan pour sa réélection en tant que
président. Je félicite aussi le peuple turc pour la participation
élevée aux élections", a déclaré le Norvégien à son arrivée à une
réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense à
Luxembourg.
La Commission européenne, elle, attend l'évaluation finale de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur
la tenue des élections.
"Nous espérons que sous la direction du président Erdogan la Turquie
restera un partenaire engagé avec l'UE sur des sujets majeurs d'intérêt
commun, comme la migration, la sécurité, la stabilité de la région et
la bataille contre le terrorisme", a déclaré le porte-parole de la
Commission, Margaritis Schinas, sans plus de commentaires.
M. Erdogan a remporté dimanche un nouveau mandat de cinq ans dès le
premier tour des élections, pour lequel ses prérogatives de président
seront considérablement renforcées après une réforme constitutionnelle
adoptée l'an dernier.
La Turquie est un membre important au sein de l'Alliance atlantique de
par sa situation stratégique sur son flanc Sud et sa proximité
géographique avec la Russie, et joue un rôle clé dans le combat contre
le groupe Etat islamique (EI) dans la zone irako-syrienne.
Mais des tensions sont apparues avec d'autres membres de l'Alliance,
notamment à cause du rapprochement entre Moscou et M. Erdogan, qui a
signé un contrat pour l'achat de missiles de défense aérienne russes.
Les relations sont aussi tendues avec les Etats-Unis qui soutiennent
des forces kurdes -- considérées comme "terroristes" par la Turquie --
dans la guerre contre l'EI.
Par ailleurs, les purges massives qui ont touché des opposants et des
journalistes après une tentative manquée de putsch en juillet 2016 ont
suscité l'inquiétude de l'Europe.
"L'Otan est fondée sur quelques valeurs fondamentales: la démocratie,
l'Etat de droit, les libertés individuelles. Personnellement, j'attache
beaucoup d'importance à ces valeurs et je souligne leur importance dans
de nombreuses capitales de l'Otan, dont Ankara, quand j'y rencontre des
dirigeants turcs", a ajouté M. Stoltenberg à Luxembourg. (AFP, 25 juin
2018)
La
Maison Blanche appelle la Turquie à "renforcer
la démocratie"
Les Etats-Unis ont appelé lundi la Turquie à "renforcer la démocratie"
au lendemain de la large victoire du président Recep Tayyip Erdogan
lors des élections présidentielle et législatives turques.
"Nous encourageons la Turquie à prendre des mesures afin de renforcer
la démocratie", a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah
Sanders, devant la presse.
A ce stade, Washington n'a pas officiellement félicité le président
turc pour sa réélection dès le premier tour, et ses premières réactions
sont très froides.
"Nous tentons d'organiser un appel téléphonique entre le président et
le président turc pour réaffirmer la force de notre lien", a dit Sarah
Sanders, alors que les relations entre Washington et Ankara, pourtant
alliés au sein de l'Otan, traversent depuis deux ans des phases de
vives tensions.
La porte-parole de la présidence américaine a appelé de ses voeux "la
poursuite des progrès afin de résoudre les problèmes dans nos relations
bilatérales".
De son côté, le département d'Etat américain s'est aussi abstenu de
toutes félicitations, se bornant à dire que Washington "respecte la
décision des électeurs turcs". "Nous souhaitons une relation
constructive avec le président Erdogan pour faire face ensemble à nos
défis communs", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la diplomatie
américaine.
"Nous encourageons tous les représentants élus de la Turquie, y compris
le président Erdogan, à représenter les différentes positions de tous
les citoyens turcs et à renforcer la démocratie turque", a-t-il insisté.
La Turquie a lancé en janvier dans le nord-ouest de la Syrie une
offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple
(YPG), considérée par Ankara comme une organisation terroriste, mais
soutenue par Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe
Etat islamique (EI). Ces opérations ont suscité une nouvelle crise
entre les deux pays, qui se sont finalement accordés début juin, au
terme de tractations diplomatiques laborieuses, sur une "feuille de
route" pour une coopération sur le terrain.
La Turquie réclame également, sans succès jusqu'ici, l'extradition du
prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et auquel Ankara
attribue une implication dans le putsch avorté de juillet 2016. (AFP, 25 juin
2018)
Livraison
controversée du premier F-35 à la Turquie
Les Etats-Unis ont livré jeudi leur premier avion de combat furtif F-35
à la Turquie, malgré les tensions avec ce pays et l'opposition du Sénat
américain.
Le nouvel avion américain, bijou de technologie censé échapper aux
radars les plus perfectionnés,
a été remis à des responsables turcs par le constructeur de l'appareil,
le groupe de défense américain Lockheed Martin, au cours d'une
cérémonie à Fort Worth (Texas).
Un deuxième appareil doit être livré dans les prochains jours et les
deux avions seront transférés sur la base aérienne de Luke, en Arizona,
a indiqué un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Mike
Andrews.
Pourtant le Sénat s'est opposé à cette livraison en raison de
l'intention affichée par Ankara, partenaire depuis 2002 du consortium
international ayant financé le F-35, d'acheter des systèmes de défense
antiaérienne russes S-400 auquel cet avion furtif est sensé pouvoir
échapper.
Dans un projet de loi sur le financement du Pentagone approuvé mardi,
le Sénat a exigé que la vente de ces appareils soit annulée si Ankara
mène à son terme la procédure d'achat
des S-400 russes, conformément à un contrat signé le 12 septembre.
"Tout effort de la Turquie de renforcer davantage ses relations avec la
Russie dégradera la sécurité globale de l'Alliance Atlantique, des
pays-membres de l'Otan et de l'interopérabilité de l'alliance",
souligne le texte.
Si ce document est adopté en l'état par les deux chambres,
l'administration américaine devra exclure la Turquie du programme F-35,
retirer de l'appareil les composants fabriqués en Turquie et empêcher
la sortie des F-35 turcs du territoire américain.
En l'occurrence, l'appareil livré en grande pompe jeudi à Ankara
restera en Arizona pendant toute la formation des pilotes turcs, un
processus qui peut prendre "un à deux ans", selon un responsable du
ministère de la Défense.
Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant alliés au
sein de l'Otan, se sont tendues depuis qu'Ankara a lancé en janvier
dans le nord-ouest de la Syrie une offensive contre la milice kurde des
Unités de protection du peuple (YPG), considérée par Ankara comme une
organisation terroriste, mais soutenue par Washington dans la lutte
contre le groupe Etat islamique (EI).
Lancé au début des années 1990, le F-35 est le plus cher des programmes
d'armement de l'histoire militaire américaine, avec un coût estimé au
total à près de 400 milliards de dollars pour le Pentagone, pour un
objectif de près de 2.500 appareils à produire dans les décennies à
venir. (AFP,
21 juin
2018)
Relations
régionales / Regional Relations
Poutine salue la "grande autorité
politique" d'Erdogan après sa
réélection
Le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi Recep Tayyip
Erdogan pour sa réélection qui témoigne selon lui de la "grande
autorité politique" du chef de l'Etat turc dont il est un allié.
Après avoir envoyé un télégramme de félicitations lundi matin, M.
Poutine s'est entretenu par téléphone avec son homologue turc pour le
"féliciter pour sa victoire" et convenir notamment de "maintenir une
coopération étroite" sur le dossier syrien, a indiqué le Kremlin dans
un communiqué.
Dans son télégramme, le président russe a "souligné que les résultats
de l'élection attestent pleinement de la grande autorité politique de
Recep Tayyip Erdogan", selon un autre communiqué du Kremlin.
La réélection de M. Erdogan dès le premier tour témoigne également "du
large soutien accordé au cap fixé sous sa direction sur les questions
sociales et économiques à laquelle la Turquie est confrontée, et au
renforcement de la position du pays en termes de politique étrangère",
selon le communiqué.
M. Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 15 ans et a été réélu pour
un nouveau mandat de cinq ans, a noué une relation étroite avec
Vladimir Poutine ces dernières années, malgré une année de crise après
la destruction en 2015 d'un bombardier russe par l'armée turque à la
frontière syrienne.
En 2017, les deux dirigeants à poigne, dont les relations avec
l'Occident connaissent des tensions, se sont rencontrés à huit
reprises, sans compter de nombreux entretiens téléphoniques.
Vladimir Poutine, qui a rencontré en avril Recep Tayyip Erdogan, "a
noté avec satisfaction les progrès du développement des relations entre
la Russie et la Turquie, qui dans plusieurs secteurs sont sur le point
d'atteindre un niveau stratégique", a indiqué le communiqué.
"Le président russe a confirmé être prêt à poursuivre un dialogue
soutenu, un travail étroit bilatéral sur l'ordre du jour régional et
international", a précisé le Kremlin.
Avec l'Iran, la Russie et la Turquie ont formé un groupe de travail sur
le dossier syrien et sont les parrains du processus d'Astana qui a
permis la mise en place de "zones de désescalade" sur le terrain. En
avril, MM. Poutine et Erdogan avaient été rejoints par le président
iranien Hassan Rohani pour un sommet trilatéral sur la Syrie à Ankara.
Les liens commerciaux entre Moscou et Ankara se sont aussi resserrés
récemment, avec la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu, dans
la région de Mersin (sud), par le géant russe Rosatom, un chantier
estimé à quelque 20 milliards de dollars.
Ankara et Moscou ont aussi dit avoir conclu un accord portant sur
l'achat par la Turquie, pourtant membre de l'Otan, de systèmes russes
de défense anti-aérienne S-400, qui a irrité Washington. (AFP, 25 juin
2018)
Damas dénonce des patrouilles
turques près de Minbej
Les autorités de Damas ont dénoncé mardi des patrouilles militaires
menées par les forces turques près de la ville de Minbej, initiées dans
le cadre d'un accord avec les Etats-Unis pour réduire les tensions dans
le nord syrien.
Les patrouilles ont commencé lundi près de Minbej, actuellement sous le
contrôle d'une coalition soutenue par Washington et dominée par une
milice kurde, les Unités de protection du peuple (YPG).
La milice, allié crucial des Etats-Unis dans la lutte antijihadiste,
est considérée comme un groupe "terroriste" par Ankara, qui a menacé à
plusieurs reprises de lancer une offensive contre Minbej, où sont
également stationnées des troupes américaines et françaises.
"La Syrie condamne fermement et rejette les incursions des forces
turques et américaines dans le secteur de Minbej", a déclaré une source
du ministère des Affaires étrangères de Damas, citée par l'agence de
presse officielle Sana.
Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière impliquant de
multiples belligérants, le pouvoir de Damas, qui contrôle déjà plus de
la moitié du territoire syrien, ne cache pas sa détermination à
reconquérir tout le pays.
Il critique régulièrement les interventions dans le nord syrien de la
Turquie, parrain traditionnel des rebelles, mais aussi le soutien
militaire apporté par Washington aux Kurdes.
La source citée mardi dénonce ainsi "l'agression continue de la
souveraineté, de la sécurité et de l'intégrité territoriale" de la
Syrie, menée par les Etats-Unis et la Turquie.
A la faveur du conflit en Syrie, la communauté kurde a grignoté une
autonomie de facto sur les territoires sous son contrôle dans le nord
du pays, au grand dam de la Turquie qui craint de voir sa propre
communauté développer des aspirations similaires.
La Turquie se montre très virulente face à la présence de combattants
kurdes à Minbej, et a menacé à plusieurs reprises d'y lancer une
offensive après avoir déjà réussi en mars à déloger les YPG de leur
enclave d'Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie.
Mais les efforts diplomatiques entre Washington et Ankara, deux alliés
au sein de l'Otan, ont permis l'adoption début juin d'une feuille de
route afin de réduire les tensions.
Dans la foulée, les YPG avaient annoncé le "retrait" de Minbej de leurs
derniers "conseillers militaires". (AFP, 19 juin
2018)
L'alliance
kurdo-arabe prête à des discussions sans
condition
avec le
régime
Le bras politique des forces kurdo-arabes qui contrôlent de facto de
larges pans de territoire dans le nord-est syrien a annoncé dimanche
être prêt à des pourparlers sans conditions préalables avec le régime
de Damas.
Le Conseil démocratique syrien est lié aux Forces démocratiques
syriennes (FDS), qui n'affrontent pas le régime mais le groupe Etat
islamique (EI), avec le soutien des Occidentaux.
La plupart des territoires contrôlés par les FDS sont gérés par une
administration autonome kurde et échappent à l'autorité du régime du
président Bachar al-Assad.
Dans un communiqué, le Conseil démocratique syrien a affirmé être prêt
à résoudre le conflit syrien par le dialogue et "n'hésitera pas à
donner son accord à des pourparlers sans conditions".
Un responsable de cet organe, Hekmat Habib, a indiqué à l'AFP que le
Conseil et les FDS étaient "sérieux" dans leur volonté "d'ouvrir la
porte au dialogue" avec le gouvernement.
"Les FDS, qui contrôlent 30% du territoire syrien, et le régime (qui en
contrôle plus de la moitié, ndlr), sont les deux seules forces qui
peuvent s'asseoir à la table des négociations et élaborer une solution
à la crise syrienne", a-t-il dit.
Ces déclarations s'inscrivent dans le contexte d'une tentative de
rapprochement entre les autorités kurdes et le régime dans le but
d'éviter un affrontement armé dans le nord de la Syrie.
Le mois dernier, M. Assad avait averti les Kurdes qu'il pourrait
utiliser la force contre eux s'il ne parvenait pas à reprendre par la
négociation les territoires qu'ils contrôlent.
Peu après, une délégation de l'opposition syrienne tolérée par le
régime avait effectué une rare visite à Qamichli, principalement
contrôlé par des forces kurdes affiliées aux FDS.
Selon un responsable kurde syrien, cette délégation a tenté de jouer un
rôle de médiateur entre les autorités autonomes kurdes et le régime.
Côté gouvernemental, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem
a expliqué que Damas parlait de façon informelle avec les Kurdes mais
qu'aucune négociation n'avait été entamée.
Les Kurdes syriens n'ont encore jamais été invités à prendre part aux
pourparlers de paix sur la Syrie encadrés par l'ONU.
Les FDS ont conquis l'essentiel des territoires qu'elles contrôlent
lors de leurs opérations contre l'EI, avec le soutien de la coalition
internationale antijihadistes dirigée par Washington qui y a notamment
déployé des forces spéciales. (AFP, 10 juin
2018)
Stop à l’invasion turque au Sud-Kurdistan
Appel
du Conseil démocratique kurde en France:
Les Kurdes se sont battus en première ligne, en Iraq et en Syrie,
contre Daesh, organisation dont le but est de fonder un système
salafiste, menaçant tous les peuples de la région et, au-delà,
l’humanité toute entière. Si Daesh a perdu ses principaux fiefs et
s’est considérablement affaibli, c’est en grand partie grâce au combat
courageux et déterminé mené par les Kurdes.
Cependant, la Turquie d’Erdogan qui a de tout temps soutenu Daesh,
tente coûte que coûte de mettre à néant les acquis réalisés par les
Kurdes. Après avoir attaqué et envahi la ville kurde d’Afrîn au Rojava
(Syrie), avec l’aide de ses alliés islamistes, l’armée turque vise
maintenant le Sud-Kurdistan (Irak).
L’Etat turc a bombardé et envahi Afrin, une région à majorité kurde qui
était un oasis de paix dans un pays déchiré par la guerre, un lieu de
refuge et un laboratoire de mise en œuvre du projet de confédéralisme
démocratique. Cette invasion criminelle a provoqué des centaines de
morts et une nouvelle vague de déplacements massifs. Elle se situe dans
le cadre d’un projet turc de nettoyage ethnique contre les Kurdes.
De nombreux signes montrent la volonté de la Turquie d’envahir le
territoire kurde irakien, en particulier la région de Qandil, pour
tenter d’encercler et d’étouffer la seule zone libre de la région.
L’aviation turque mène fréquemment des bombardements dans les régions
de Metina, Avasin, Zap, Basyan, Gare, Xakurk et Qandil, causant la mort
de civils.
http://cdkf.fr/2018/06/08/stop-a-linvasion-turque-au-sud-kurdistan/
Assad menace
d'utiliser la force contre des combattants aidés par Washington
Le président syrien Bachar al-Assad a menacé de recourir à la force
contre des combattants arabo-kurdes soutenus par Washington, afin de
reprendre les régions qu'ils contrôlent dans le nord-est du pays en
guerre.
Dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today, diffusée
jeudi, M. Assad a par ailleurs affirmé qu'une confrontation directe
entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée de justesse en
Syrie, où les deux grandes puissances interviennent dans le conflit.
Le président syrien a affirmé être ouvert aux négociations avec les
Forces démocratiques syriennes (FDS) formée de combattants kurdes et
arabes, mais "si cela ne marche pas nous allons libérer les territoires
par la force".
Des combats inédits ont éclaté fin avril entre les forces du régime et
des combattants des FDS dans la province de Deir Ezzor (est), riche en
pétrole, et autrefois tenue par le groupe Etat islamique (EI), chassé
de l'immense majorité de la région sous le coup de multiples offensives.
Cette province avait été l'objet d'une course entre les forces du
régime Assad, soutenue par l'aviation russe, et les FDS, appuyées par
la coalition internationale emmenée par Washington, chacun essayant de
devancer la progression de son concurrent.
Aujourd'hui, le pouvoir de Bachar al-Assad contrôle la ville de Deir
Ezzor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive
ouest de l'Euphrate, tandis que les FDS sont stationnées sur la rive
orientale.
Sur un autre plan, M. Assad a affirmé qu'une confrontation directe
entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée.
"Nous étions près d'une confrontation directe entre les forces russes
et celles des Etats-Unis, et heureusement elle a été évitée", a dit le
président syrien qui s'exprimait en anglais.
Déclenché en 2011 par la répression par le régime de manifestations
pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil
des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes,
sur un territoire morcelé.
Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de
personnes. (AFP, 31 mai
2018)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Immigration
/ Migration
74,85% des votants
plébiscité
en Belgique la réélection d'Erdogan
Sur les quelque 140.000 citoyens turcs résidant en Belgique et
enregistrés sur les listes électorales, un sur deux s'est déplacé pour
glisser dans l'urne le bulletin de son candidat à la présidentielle et
renouveler le parlement turc. Le taux de participation des Turcs de
Belgique s'est élevé à respectivement 50,83% pour les élections
législatives et 51,25% pour la présidentielle, selon les estimations
disponibles lundi au lendemain du scrutin.
La communauté turque de Belgique compte environ 250.000 citoyens.
Quelque 140.000 d'entre eux s'étaient inscrits au préalable pour
pouvoir voter entre le 15 et le 19 juin aux élections qui se sont
tenues en Turquie hier/dimanche, selon des chiffres de l'ambassade de
Turquie à Bruxelles. Parmi ces inscrits, une personne sur deux a
effectivement voté.
Les votants ont en majorité (74,85%) plébiscité la réélection du
président sortant Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier ne fait d'ailleurs
mieux qu'au Liban (94% des voix pour un taux de participation de 32%)
et en Jordanie (77,5% des voix pour un taux de participation de 22,5%).
En Belgique, ils étaient 15% à soutenir le candidat de l'opposition
sociale-démocrate Muharrem Ince. Le candidat du parti prokurde HDP,
Selahattin Demirtas, a quant à lui obtenu 6,6% des voix des Turcs de
Belgique.
De manière générale, Recep Erdogan a obtenu une majorité de voix dans
les pays voisins de la Belgique: en France (63,7%), aux Pays-Bas (73%)
ou encore en Allemagne (64,8%). Le taux de participation y est
cependant chaque fois inférieur à 50%. Outre-Atlantique et en Russie,
c'est son rival Muharrem Ince qui arrive en tête.
Aux législatives, le parti islamo-conservateur AKP de M. Erdogan a
emporté 64,35% des suffrages "belgo-turcs", contre 10,6% pour le Parti
républicain du peuple (CHP), laïque, de M. Ince. Le Parti d'action
nationaliste (MHP) arrive troisième avec 9,7%, suivi de près (9,6%) par
le Parti démocratique des peuples (HDP), ancré à gauche et défenseur de
la minorité kurde.
Recep Tayyip Erdogan dirige la Turquie depuis 2003, d'abord en tant que
Premier ministre puis en tant que président à partir de 2014. Les
élections de dimanche marquent un tournant dans l'histoire
parlementaire du pays puisque le chef de l'État bénéficiera de pouvoirs
étendus pour ce nouveau mandat. Approuvé lors d'un référendum
parlementaire tenu en 2017, ce nouveau régime présidentiel octroie la
totalité du pouvoir exécutif au "Reïs" (chef) Erdogan.
M. Erdogan a emporté dimanche la victoire au premier tour de l'élection
présidentielle avec 52,5% des votes, après dépouillement de plus de 99%
des urnes. (7sur7.be, 25 juin 2018)
RESULTATS
DES LEGISLATIVES DANS LE MONDE
Electeurs: 3.032.206
Votes valables: 1.497.197 (49,38%)
AKP: 51,75%
CHP: 17,72%
HDP: 17,33%
MHP: 7,99%
IYI: 4,04%
SAADET: 0,76%
VP: 0,26%
HUDA PAR: 0,12%
RESULTATS DES PRESIDENTIELLES DANS LE MONDE
Electeurs: 3.032.206
Votes valables: 1.496.364 (49,41%)
Erdogan: 59,40%
Ince: 25,75%
Demirtas: 11,06%
Aksener: 2,99%
Karamollaoglu: 0,58%
Perincek: 0,20%
POURCENTAGES PAR PAYS DE INCE ET ERDOGAN
Afrique du sud 42% - 35%
Albanie 49% - 38%
Algérie 38% - 45%
Allemagne 22% - 65%
Arabie Saoudite 42% - 54%
Australie 42% - 45%
Autriche 17% - 72%
Azerbaïdjan 34% - 38%
Belgique 15% - 75%
Bosnia 30% - 59%
Bulgarie 58% - 25%
Canada 53% - 26%
Chine 62% - 19%
Chypre du Nord 38% - 49%
Danemark 23% - 58%
Egypte 33% - 56%
Emirats 76% - 14%
Espagne 64% - 18%
États-Unis 69% - 18%
Finlande 39% - 21%
France 19% - 64%
Géorgie 49% - 36%
Grèce 56% - 23%
Hongrie 59% - 23%
Irak 19% - 31%
Iran 41% - 36%
Irlande 65% - 16%
Israël 60% - 32%
Italie 43% - 32%
Japon 19% - 39%
Jordanie 16% - 77%
Kazakhstan 38% - 47%
Kirgizistan 21% - 59%
Koweit 50% - 41%
Liban 4% - 94%
Macédoine 29% - 58%
Néderland 18% - 73%
Nouvelle Zélande 66% - 15%
Norvège 24% - 56%
Omman 69% - 24%
Pays-Bas 18% - 73%
Pologne 63% - 19%
Qatar 60% - 29%
Roumanie 41% - 40%
Royaume-Uni 52% - 22%
Russie 57% - 27%
Serbie 64% - 23%
Sudan 27% - 66%
Suède 22% - 44%
Suisse 32% - 38%
Tchequie 70% - 11%
Tunis 27% - 66%
Turkmenistan 50% - 37%
Ukraine 42% - 29%
Uzbekistan 31% - 54%
RESULTATS DEFINITIFS DES PRESIDENTIELLES EN BELGIQUE
Electeurs: 142.463
Votes valables: 75.201 (52,79%)
Erdogan: 74,85%
Ince: 15,03%
Demirtas: 5,61%
Aksener: 2,53%
Karamollaoglu: 0,77%
Perincek: 0,19%
RESULTATS
DEFINITIFS DES LEGISLATIVES EN BELGIQUE
Electeurs:
142.463
Votes valables: 76.324 (53,57%)
AKP: 64,34%
CHP: 10,56%
MHP: 9,67%
HDP: 9,58%
IYI: 3,32%
SAADET: 0,96%
VP: 0,23%
HUDA PAR: 0,17%
Des
partisans d’Erdogan s’en prennent à la
police et à la presse
Les partisans de Recep Tayyip Erdogan ont célébré la victoire de leur
candidat en Turquie et dans plusieurs villes européennes après
l’annonce du chef d’Etat turc de sa victoire aux élections
présidentielles. A Heusden-Zolder (Limbourg), le rassemblement a
dégénéré. La police a dû dressé des dizaines de pv visant des
conducteurs qui bloquaient les routes. Des journalistes ont pour leur
part fait l’objet de menaces.
La police de Heusden-Zolder avait pris des mesures pour prévenir tout
débordement en cas de rassemblement. Une interdiction de klaxonner ou
de bloquer la voie publique avait notamment été décrétée.
Quelques centaines de voitures ont malgré tout entravé la circulation
durant plusieurs heures. La police a dû intervenir pour dévier le
trafic. Lors du chaos qui s’en est découlé, un véhicule a heurté une
voiture de police banalisée. Deux personnes ont été blessées et ont dû
être hospitalisées. Au total, quelque 75 procès-verbaux ont été dressés.
Les partisans s’en sont également pris à des journalistes de Radio 2
(VRT). "Lorsque nous avons sorti notre caméra pour prendre des photos
pour le site web, ça a eu l’effet d’un chiffon rouge sur un taureau",
témoigne notre collègue Dirk Reynders.
"Quelques personnes ont commencé à nous menacer et nous insulter, et se
sont dirigés vers nous suivis de dizaines d’autres personnes. Nous
avons été pris à parti durant tout un temps. Ils ont également menacé
de mettre en morceau notre matériel", raconte-t-il encore. (VRT, 25
juin 2018)
L'opposant turc Cahit Zorel
régularisé en Belgique
Après 17 ans d’attente et 70 jours de sit-in devant le Conseil du
Contentieux des Étrangers, Cahit Zorel vient d’être régularisé.
Cet opposant turc s’est vu refusé d’être régularisé à plusieurs
reprises depuis son arrivée en Belgique il y a plus de 17 ans. Même son
mariage (avec une personne de nationalité belge) n’avait pas eu
d’incidence, les autorités allant jusqu’à conseillé à sa femme de le
suivre en Turquie.
Après un passage au Conseil du Contentieux le 14 juin dernier, où des
dizaines de solidaires étaient venus le soutenir, Cahit vient
finalement d’être régularisé. (https://secoursrouge.org/Bruxelles-Cahit-est-regularise)
Ozguden over Turkse verkiezingen
Aylin
Koksal, Knack, 25 juni 2018
Voor Dogan
Özgüden, journalist en hoofdredacteur van zijn eigen krant
InfoTürk, is het een zwarte dag voor de democratie. Zijn kritische
krant die gevestigd is in Brussel, wordt verzorgd en beheerd door
hemzelf. 'Dit zijn geen verrassende resultaten, maar dankzij de
alliantie met de ultranationalistische partij MHP heeft de partij van
Erdogan toch de 50 procent kunnen overschrijden. Hij kon dus met gemak
een tweede ronde vermijden. Het enige positieve is dat de
pro-Koerdische partij HDP de tien procent heeft gehaald, maar dat zal
dan ook niet hun voordeel spelen.'
Gevaarlijk
voor Europa
'Wat mij
echt zorgen baart, is dat de Turkse bevolking op het randje
staat van een burgeroorlog', meent hij. 'De verdeeldheid zal de komende
dagen heel voelbaar zijn. Ik voorspel protesten, gevechten, conflicten
en in het ergste geval een burgeroorlog. Nu moeten leiders wereldwijd
actie ondernemen om kleinere partijen als de HDP onder hun vleugels te
nemen.'
Lees ook:
Verbannen Turkse journalist: 'De macht van de Turkse regering in België
is omnipresent'
Ook in ons
land kwamen gisteren talloze aanhangers van de president
Erdogan op straat, nadat hij de overwinning opeiste. In Heusden-Zolder
blokkeerden honderden claxonnerende auto's de openbare weg. Ook
journalisten werden bedreigd en uitgescholden. 'Dit is meer dan een uit
de hand gelopen viering', vertelt journalist Özgüden. 'Dit is ook
gevaarlijk voor Europa. Laten we niet vergeten dat er ook verkiezingen
aankomen in België. Turkse media zullen meteen analyses vrijgeven over
welke partij als beste de Turkse regering dient, ze zullen dan ook
stemmen voor een partij die pro-Erdogan is. Veel Belgische partijen
rekenen op de steun van de Turken, die partijen zullen alvast niet op
hun teentjes trappen. Be.One bijvoorbeeld profileert zich openlijk als
pro-Erdogan.'
Desondanks
is Özgüden absoluut geen voorstander van de afschaffing van
de dubbele nationaliteit: 'Ik vocht hier zelf jarenlang mee om mensen
de kans te geven om te stemmen in hun land van herkomst. Het afschaffen
van de dubbele nationaliteit lijkt me dan ook ondemocratisch.' Maar hoe
democratisch is het dat Turkse Belgen massaal stemden voor een partij
die een compleet dictatoriale systeem wil invoeren? 'Heel
ondemocratisch', bekent hij.
Dans l'attente d'une décision, Cahit Zorel
poursuit
son action de protestation
L'opposant turc Cahit Zorel qui se mobilise depuis
65 jours devant le Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE) contre son refus de
régularisation vient d'annoncer qu'il poursuivra son action jusqu'à l'obtention
d'une décision favorable.
Il se mobilise
les jours ouvrables de 11H00 à 14H00 devant le CCE.
Cahit Zorel
est
un
sans-papier de 46 ans présent depuis 17 ans en Belgique et marié
depuis 4 ans à une Belgo-turque. Il a travaillé pendant 11 ans dans un
restaurant à Liège et vit actuellement en Flandre.
Le 25 janvier
dernier, il avait reçu un document l'informant que la Sûreté de l'Etat
le
considérait comme un des dirigeants, pour la région Liège/Verviers, de
l'organisation d'extrême gauche DHKP/C, intégrée dans la liste des
organisations terroristes de l'Union européenne en 2002.
Les arguments
de
la Surêté de l'Etat sur lesquels l'Office des Etrangers a fondé son
refus ont été contestés par la défense de Cahit Zorel.
Lors de l'audience du 13 juin devant le Conseil du
Contentieux des Etrangers (CCE) à Bruxelles, son avocat Raf
Jespers a notamment fait valoir qu'il n'avait jamais été poursuivi pour
des faits de violence et qu'il n'y a aucun dossier judiciaire à son
encontre. "Son engagement militant ne met pas en danger la sécurité
nationale. Il n'a pas été entendu avant la prise de décision, qui s'est
basée sur les notes de la Sûreté de l'Etat. Il aurait dû être confronté
avec le contenu de ces notes au préalable".
La décision
est
attendue dans un à deux mois.
Une
ministre belge d'origine kurde se dit menacée de
mort
Une ministre belge d'origine kurde, Zuhal Demir, connue en Turquie et
auprès de la communauté turque de Belgique pour ses prises de position
anti-Erdogan, va porter plainte pour menaces de mort, a appris l'AFP
mercredi auprès de son cabinet.
"Il y aura une plainte, c'est en préparation, son avocat fait le
nécessaire", a indiqué une source au cabinet de Mme Zemir.
Mardi soir, sur la chaîne publique flamande VRT, la secrétaire d'Etat à
l'Egalité des chances, issue de la N-VA (nationalistes flamands), a
fait état de menaces de mort formulées récemment contre elle et sa
fille âgée de six mois.
Elle a établi un lien avec l'hostilité que lui a témoigné sur Facebook
une responsable du microparti Be.One, Hatice Kör, accusée de l'avoir
traitée de "terroriste" pour ses liens supposés avec le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Je ne l'accepte plus", a dit à la VRT Zuhal Demir, qui a toujours
démenti ces affinités qu'on lui prête avec une organisation classée
"terroriste" par Ankara, l'Union européenne et Washington.
Selon le membre de son cabinet, ces accusations sont liées à "la grande
influence de l'AKP (le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan) au
sein de la communauté turque de Belgique".
Cela intervient à quelques jours du double scrutin présidentiel et
législatif prévu dimanche en Turquie, mais "il n'y a pas forcément de
corrélation avec ce contexte", a toutefois assuré cette source.
Be.One, cofondé début 2018 par l'essayiste belge d'origine libanaise
Dyab Abou Jahjah, entend aligner des candidats aux élections communales
d'octobre dans une dizaine de villes flamandes dont Anvers, Gand et
Malines.
Se voulant multiethnique, défendant la promotion des descendants
d'immigrés dans la société belge, le parti a désigné la N-VA comme un
de ses principaux adversaires politiques. (AFP, 20 juin
2018)
Une lettre de propagande
d'Erdogan à la communauté turque
Une lettre
de
propagande du président turc, Recep Erdogan, envoyée à la communauté
turque aux Pays-Bas suscite l’indignation de La Haye.
Ankara n’a
de
cesse de mettre les nerfs des Pays-Bas à l’épreuve. Propre à faire
monter d’un cran les tensions déjà vives entre les deux pays, une
lettre du président turc Recep Erdogan a produit le plus mauvais effet
à La Haye.
Dans le
cadre
de la campagne électorale en Turquie en vue des élections anticipées de
dimanche prochain, un courrier de propagande est récemment parvenu aux
Néerlandais d’origine turque qui, la plupart, possèdent la double
nationalité. Une lettre envoyée, sachant qu’un scrutin par anticipation
a été organisé à leur intention dans trois villes néerlandaises
(Amsterdam, Deventer et La Haye). Ouvert depuis vendredi dernier, ce
scrutin se clôture demain.
Signée de
Recep Erdogan en tant que président de Turquie et chef de file de son
parti AK, la lettre enjoint à « ses concitoyens » néerlandais de
participer au scrutin.
« Une
ingérence étrangère malvenue et inappropriée », a estimé le ministre
des Affaires sociales, Wouter Koolmees. Selon ce ministre chargé aussi
de l’intégration, « les Néerlandais turcs ont leur avenir aux Pays-Bas
». La Haye se réserve pour l’instant la forme d’une réaction officielle.
Mais le
recours à l’ambassade de Turquie sera impossible puisqu’Ankara a fermé
sa représentation diplomatique dans le royaume l’année dernière. Cette
mesure de rétorsion a été prise après l’expulsion manu militari du
territoire néerlandais d’une ministre turque venue faire campagne en
faveur du référendum en Turquie voulu par le président Recep Erdogan.
La Haye et le maire de Rotterdam s’étaient opposés à la tenue de son
meeting. (Les
Echos, Didier Burg, 18 juin 2018)
L’État
belge blanchi en appel dans le massacre de l’ETO
au
Rwanda
La cour d'appel de Bruxelles a estimé que la décision de retirer les
militaires belges stationnés à l'École Technique Officielle de Kigali
incombait à l'ONU et non à l'État belge, contredisant le jugement rendu
en première instance.
« Il y a toujours des aléas dans un procès mais là, on ne s’y attendait
pas ». L’avocat Philippe Lardinois a du mal à cacher sa stupeur, et
pour cause : le revirement de la justice belge a de quoi surprendre.
Après 14 années de procédure, la cour d’appel de Bruxelles a finalement
estimé, dans un arrêt prononcé le 8 juin, que Jeune Afrique a pu
consulter, que la responsabilité du départ du contingent belge de la
Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar) qui
stationnait à l’École technique officielle (ETO), à Kigali, « incombe à
l’ONU » et non aux autorités belges.
Le litige concernait la détermination de la responsabilités des
massacres qui ont suivi l’évacuation par les militaires belges de
l’ETO, ainsi que l’indemnisation des victimes. (jeuneafrique)
Le
communiqué
de la famille de notre amie
et collègue Florida Mukeshimana,
formatrice
principale des Ateliers du Soleil:
Chers amis,
Hier en cours de journée, nous avons pris connaissance par le biais de
notre avocat, de la conclusion de la Cour d'Appel dans l'affaire ETO.
La Cour d'Appel a mis hors cause l'Etat Belge, estimant que c'est bien
la Minuar, Mission des Nations Unies pour le Rwanda qui a abandonné les
refugiés de l'ETO.
Le jugement est décevant mais pour nous l’irréparable a déjà été commis
le 11 Avril 1994. Le procès restera dans l’histoire. Une victoire pour
nous en première instance et un étonnant revirement de situation en
Cour d'Appel.
Nos avocats analysent encore le jugement pour savoir quelle suite y
donner, sachant déjà que notre famille est épuisée par de longues
années de recherche de la justice.
Après 14 ans de procédure, et 24 ans après le génocide perpétré contre
les tutsis, nous pensons avoir tout fait pour que l'abandon des l'ETO
puisse être connu dans le monde entier.
Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidés et épaulés
durant ce combat.
La famille de feu Boniface Ngulinzira
Once upon a time in Schaerbeek

Après le premier génocide des Arméniens en 1895 par l'Empire ottoman,
la Commune de Schaerbeek avait accueilli les 17-18 juillet 1902 le
premier congrès à ce sujet en présence de Jean Jaurès.
Malgré les machinations de la diplomatie ottomane pour empêcher les
organisateurs de trouver une salle de réunion en Belgique, ce premier
congrès international des amis de la cause arménienne avait eu lieu à
Schaerbeek, grâce à la libérale hospitalité du gouvernement belge et du
bourgmestre de Schaerbeek M. Guillaume Kennis.
Selon la revue ProArmenia du 25 juillet 1902, "dans la rue Collignon,
un élégant établissement non loin de la maison communale, au fond d'un
couloir fleuri et orné de tapis et de plantes vertes, une salle point
trop spacieuse, mais suffisante néanmoins pour le nombreux public
d'élite qui y représente à peu près toutes les nations civilisées à
part la Suisse et l'Allemagne, cette dernière s'étant fait excuser par
la lettre de Bernstein. Les accès sont gardés par des agents communaux
en grand uniforme."
En annexe le discours historique de Jean Jaurès à Schaerbeek il y a 116
ans.
Hélas, 13 ans plus tard de ce discours, le peuple arménien a subi le
deuxième génocide et la déportation de 1915 dans l'Empire ottoman.
https://www.facebook.com/fondation.info.turk/posts/10156764961683641
Un millier de
manifestants à Bruxelles pour la régularisation des
sans-papiers
Quelque 1.100 personnes, selon la police locale, ont participé dimanche
à Bruxelles à une manifestation pour la régularisation sans conditions
et contre les politiques migratoires de l'Union européenne et de ses
États membres. Les manifestants ont notamment réclamé une politique
migratoire hospitalière et respectueuse de tous les droits humains, la
fermeture des centres fermés et la fin de la criminalisation des
sans-papiers et des personnes solidaires des sans-papiers.
Le cortège est parti vers 14h00 de la gare du Nord et s'est rendu à la
gare du Midi. La manifestation était à l'initiative de Coordination des
Sans Papiers de Belgique, d'organisations syndicales et du Ciré
(Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers).
Les manifestants ont exigé des solutions humaines pour les sans-papiers
qui se trouvent en Belgique depuis longtemps et qui n'ont pas encore de
permis de séjour. Ils en ont appelé à la régularisation des
sans-papiers sur base de critères clairs et permanents, notamment sur
base de l'ancrage durable des personnes en Belgique, de leur
vulnérabilité, et de la longueur de la procédure.
Ils ont également demandé qu'une commission indépendante soit
systématiquement impliquée dans les dossiers de régularisation afin de
limiter le pouvoir discrétionnaire de l'Office des étrangers.
Le droit à la santé et à l'éducation pour les enfants sans-papiers
figuraient aussi au nombre de leurs requêtes, de même que la lutte
contre l'exploitation des travailleurs immigrés en séjour irrégulier,
la fraude et le dumping social. (Belga, 10 juin 2018)
Un échevin de Genk condamné
à 18 mois de prison
Ali Caglar (CD&V), échevin à Genk, a été condamné pour corruption
passive à 18 mois de prison avec sursis et à 6.000 euros d’amende.
Il est aussi privé de ses droits durant 10 ans. L’échevin des Travaux
publics devait répondre, au même titre que l’ex-président des Hells
Angels à Genk, Fabrizio Muto, et l’entrepreneur néerlandais Hendrik
Pals de corruption passive, faux et utilisation d’une fausse facture.
Ali Caglar a omis de déclarer comme dépense électorale une facture
payée par Pals pour des impressions lors des élections de 2012.
Fabrizio Muto et Hendrik Pals ont été condamnés respectivement à 18
mois de prison avec sursis et à une amende de 6.000 euros.
Zoé Genot arrêtée après s'être
infiltrée dans la base de Kleine-Brogel
Huit militants de la campagne "Nuke free zone", parmi
lesquels la députée bruxelloise Zoé Genot (Ecolo), ont été arrêtés
dimanche matin après s'être infiltrés dans la base militaire aérienne
de Kleine-Brogel. Lors de leur mise en scène, les militants ont
symboliquement exfiltré des ogives états-uniennes "qui y sont
illégalement entreposées depuis plus de 60 ans", annonce l'ONG Agir
pour la paix.
Le groupe de militants qualifie l'action de "beau succès dans le cadre
du désarmement nucléaire" et affirme qu'elle est un "message clair pour
le gouvernement fédéral: il faut sans attendre établir une feuille de
route visant au retrait des armes nucléaires sur le territoire belge et
signer le traité onusien d'interdiction des armes nucléaires".
"Avec la mise en place du traité d'interdiction des armes nucléaires,
notamment grâce au mouvement citoyen ICAN (prix Nobel de la Paix 2017,
ndlr), il y a enfin une possibilité internationale de bannir ces armes
nucléaires et les dangers qu'elles font peser sur l'humanité", souligne
Agir pour la paix.
"Non à la gabégie nucléaire"
Pour les activistes, qui dénonce le futur sommet de l'Otan affirmant
que "29 chefs d'Etat y prendront des décisions politiques majeures hors
de toute instance démocratique alors que ces mêmes décisions menacent
la sécurité de l'ensemble de la planète", il est temps de dire "non à
la gabégie nucléaire" qui coûte "des milliards" et contribue "à la
course à l'armement mondial".
Contre-sommet
Le groupe d'action a déjà annoncé des manifestations et mouvements de
paix lors des 11 et 12 juillet pour organiser un contre-sommet. "Il est
temps que l'Otan disparaisse", affirme-t-il. . (Belga, 10 juin
2018)
Le centre culturel turc de Herstal
n'a plus de permis d'urbanisme
Lorsqu'une fondation religieuse turque a racheté les anciens
établissements Forir, voici douze ans, son projet de centre culturel et
récréatif s'est heurté à l'hostilité de plusieurs voisins. Une pétition
a circulé contre les deux minarets, envisagés au départ pour la partie
du site consacrée à une mosquée. Les plans ont alors été modifiés, les
autorisations ont été accordées, mais, sur recours d'habitants du
quartier, le ministre a annulé le permis: le prétexte invoqué, c'est
que la dépollution de l'ancienne usine n'aurait pas respecté les
principes de précautions des décrets wallons. Le conseil d'état a
pourtant cassé cette décision, et le centre culturel a donc pu
s'installer et commencer à fonctionner. Ce qui n'a pas découragé un
opposant, qui s'est à nouveau tourné vers le conseil d'état, cette fois
sur base d'un nouvel argument: les nuisances sonores.
Le bâtiment se situe, en effet, en intérieur d'ilôt dans une zone
d'habitat. Et la cour du centre culturel turc donne sur l'arrière des
jardins des maisons des alentours. Or, l'étude de bruit n'a pas
suffisamment examiné les propagations sonores dans toutes les
directions. Les magistrats ont été convaincus, et ils viennent
d'annuler le permis.
Du côté de l'administration communal herstalienne, c'est la surprise.
Du côté du centre culturel turc également. Mais une nouvelle demande
devrait très rapidement être introduite pour régulariser la situation,
sur base d'une fréquentation revue à la baisse, conformément à
l'utilisation actuelle des anciens établissements Forir, nettement en
retrait par rapport aux ambitions initiales des promoteurs. (RTBF,
7 juin 2018)
L'opposant
Cahit Zorel agressé par
un intégriste turc
Communiqué du CLEA:
Depuis le mardi 17 avril 2018, Cahit Zorel, opposant turco-kurde
habitant en Belgique, organise un sit-in tous les jours de 11h à 15h
devant le Conseil du Contentieux des Étrangers à Bruxelles pour
réclamer sa régularisation après 17 ans d’attente, régularisation
réfusée au motif de son engagement dénonçant le régime turque par sa
participation à des manifestations et conférences, distribution de
tracts, écriture d’articles.
Le jeudi 7 juin 2018, au 50e jour de son action, il fut la victime
d'une agression au couteau par un ressortissant turc intégriste.
Le 13 juin prochain, Cahit Zorel comparaîtra devant le Conseil du
Contentieux des Etrangers. Le CLEA vous invite à assister à l'audience
à 9 heures 30 à l'adresse suivante: 92-94 rue Gaucheret à 1030
Bruxelles. Venez nombreuses et nombreux !
http://leclea.be/affaire_dhkp-c/harceles_en_europe/cahit_zorel-droit_au_sejour.html
Commémorations tendues d'un
attentat anti-turc en Allemagne
Berlin et Ankara commémorent mardi l'un des pires attentats racistes de
l'Allemagne d'après-guerre, perpétré il y a 25 ans, dans un contexte de
montée de l'extrême droite et de tensions entre les deux pays avant les
élections turques.
Le 29 mai 1993, cinq Turques de 4 à 27 ans avaient péri dans un
incendie xénophobe à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. Les images
du bâtiment embrasé avaient fait le tour du monde et scandalisé
l'Allemagne. Les auteurs, quatre jeunes néonazis, ont été condamnés à
des peines de 10 à 15 ans de prison.
Mardi la chancelière Angela Merkel et le ministre des Affaires
étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, seront présents aux hommages rendus
un quart de siècle après le drame à partir de la mi-journée.
Officiellement, M. Cavusoglu est en Allemagne pour participer à cette
cérémonie du souvenir.
Mais à moins d'un mois des scrutins législatifs et présidentiel du 24
juin en Turquie, sa venue fait grincer des dents en Allemagne.
Les détracteurs d'Ankara redoutent que le ministre en profite pour
faire campagne en faveur du président Recep Tayyip Erdogan et batte le
rappel de la communauté turque d'Allemagne, en dépit du refus de Berlin.
Forte de 3 millions de personnes, la plus grande diaspora turque au
monde compte 1,4 million d'électeurs pouvant voter en Turquie. Une
manne pour le président Erdogan qui vise un deuxième mandat mais
risque, au vu des sondages, d'être privé de majorité absolue.
- "Acte effroyable" -
Berlin a interdit aux responsables politiques turcs de faire campagne
en Allemagne pour ces élections, à l'instar de ce qu'il avait fait au
printemps 2017 pour le référendum sur l'élargissement des pouvoirs du
président turc.
Plusieurs pays européens avaient fait de même, déclenchant une crise
entre Ankara et Berlin, avant que les deux pays n'entament récemment un
rapprochement.
Dernier symptôme des relations tendues entre Ankara et les Européens:
l'hebdomadaire français Le Point a dénoncé le "harcèlement" de
partisans de M. Erdogan contre son dernier numéro, dans lequel le
dirigeant turc est qualifié de "dictateur". Le président français
Emmanuel Macron a pris lundi la défense du magazine, déclarant que "la
liberté de la presse n'a pas de prix".
Parmi les voix opposée à une récupération politique des cérémonies,
celle de Mevlüde Genc, 75 ans, qui a perdu ses deux filles, ses deux
petites-filles et une nièce dans l'incendie.
"Je voudrais rendre hommage à mes enfants morts. Je ne veux pas qu'il y
ait quoi que ce soit de politique", a-t-elle déclaré.
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, présent mardi, a
affirmé que la présence de son homologue turc "ne s'inscrit pas dans le
cadre des élections" et sera dédiée "aux victimes".
"L'acte effroyable de Solingen est et reste une attaque contre nous
tous, contre nos valeurs et notre cohabitation pacifique. Et aussi
contre ce qui fait l'Allemagne", a-t-il insisté mardi dans un entretien
à des journaux allemands.
Une mise en garde qui intervient alors que l'extrême droite est en
plein essor en Allemagne : avec ses discours anti-migrants et
anti-musulmans musclés, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) a
fait une entrée fracassante en septembre à la chambre des députés.
- "Chameliers" -
L'AfD surfe sur les peurs suscitées par l'arrivée depuis 2015 en
Allemagne de plus d'un million de demandeurs d'asile et multiplie les
provocations contre les Turcs d'Allemagne, première communauté immigrée
du pays.
En février, un élu local de l'AfD avait scandalisé en les qualifiant de
"marchands de cumin" et de "chameliers".
Récemment, Alice Weidel, cheffe de file du parti, s'en est pris aux
femmes en "burqa, filles voilées, hommes armés de couteaux et autres
bons à rien" qui menacent, selon elle, la prospérité allemande.
"Les propos de l'extrême droite populiste déterminent le discours
public sur les questions de flux de réfugiés ou de migrants", s'est
inquiété mardi Gökay Sofuoglu, président de la Communauté turque
d'Allemagne.
Alors que "racisme, xénophobie et islamophobie connaissent un essor" en
Allemagne, "responsables politiques et médias devraient être prudents
dans leur langage", s'était ému lundi le ministère des Affaires
étrangères turc. Une mise en garde implicite à l'AfD. (AFP, 29 mai
2018)
Que
sait-on sur la communauté turque qui vit
actuellement en France?
Le week-end
dernier, une dizaine de ressortissants turcs ont fait pression sur des
vendeurs de journaux au Pontet (Vaucluse) et à Valence (Drôme) afin
qu’ils retirent de leurs kiosques les affiches faisant la publicité du
dernier numéro du Point consacré à Erdogan, le président de la Turquie,
qualifié de dictateur en couverture. L’affaire a fait grand bruit et
donne l’occasion de nous pencher sur le visage de la communauté turque
vivant en France. Voici en quatre questions ce qu’il faut savoir pour
l’essentiel.
Combien de
Turcs habitent aujourd’hui en France ?
Même si
aucun
recensement exact n’a été établi, au moins 600.000 Turcs, peut-être
650.000, vivent en France aujourd’hui. Les deux principales régions à
les accueillir sont la région parisienne et l’Est de la France (Alsace
et Moselle). Ils se trouvent aussi du côté de Lyon et de Limoges.
Comment se
situent-ils politiquement ?
Environ
300.000
sont inscrits sur les listes électorales. « Tous ne votent pas mais en
général, ils participent fortement », observe Didier Billion, directeur
adjoint de l’IRIS, et docteur en science politique et certifié
d’Histoire et Géographie, spécialiste du Moyen-Orient et de la Turquie,
auteur du livre «Géopolitique des mondes arabes» (édition Eyrolles). Et
d’ajouter que les dernières échéances électorales « ont montré un
différentiel entre les moyennes nationales en Turquie et les votes des
Turcs en France, qui sont plutôt en faveur de l’AKP ».
Par
exemple,
lors des législatives de 2015, plus de 50 % des électeurs vivant en
France, ont voté pour le parti au pouvoir contre 41 % en Turquie. Le
référendum d’avril 2017 sur la réforme de la constitution (renforçant
notamment les pouvoirs du président) a obtenu 51,4% de réponses
favorables en Turquie tandis qu’en France, le « oui » l’a emporté avec
65 % des suffrages exprimés.
« Ceux qui
vivent et votent à l’étranger sont souvent assez légitimistes. Ce n’est
pas mécanique ni même systématique mais ils ont plutôt tendance à voter
pour le parti au pouvoir », explique Didier Billion, qui avance
néanmoins une autre raison. « Le parti au pouvoir utilise assez
massivement les moyens de l’Etat pour faire de la propagande en sa
faveur. Il s’appuie notamment sur le réseau des mosquées. Les imams
turcs, qui viennent en France, sont nommés par le pouvoir [la Direction
des affaires religieuses qui dépend du Premier ministre]. La plupart
d’entre eux d’ailleurs ne parle pas la langue. Lorsqu’ils s’adressent à
la communauté, ils font prononcent des sermons en faveur du pouvoir.
Comme il y a un retour de la pratique religieuse, ces prêches ont
évidemment une importance ».
Pourquoi
Erdogan a de nombreux soutiens en France ?
« Il ne
faut
pas oublier une chose : le pouvoir, que l’on peut critiquer sur
beaucoup d’aspects comme les droits démocratiques, s’est paré jusque-là
de bons résultats économiques », répond Didier Billion. Ce qui a permis
à la Turquie de fortement progresser depuis une quinzaine d’années. «
Les Turcs qui vivent en France, restent très attachés à leur mère
patrie. Ils sont très liés à ces bons résultats. Cela explique qu’une
forte propension d’entre eux vote pour Erdogan ou son parti »,
complète-t-il.
Quid des
mesures répressives ou des pressions quotidiennes exercées sur la
population ? Les expatriés, retournant régulièrement au pays ou
continuant d’avoir contact avec leur famille, ne peuvent l’ignorer. «
Ils sont au courant mais ils ne le vivent pas dans leur chair. Le
nationalisme reste une valeur assez bien partagée chez les Turcs. Même
à l’étranger, on se réfère souvent à la Mère Patrie. Ils ont le regard
beaucoup moins critique à l’égard de ce qui se passe là-bas »,
argumente Didier Billion.
Les Turcs
vivant en France sont-ils réellement influents ?
Le week-end
dernier, une poignée de pro-Erdogan s’en est pris à deux gérants de
kiosques à Valence et au Pontet. S’il n’était guère nombreux, ils ont
néanmoins obligé les propriétaires à retirer les affiches vantant la
sortie du dernier numéro du Point. Une forme de censure qui a
rapidement suscité la polémique, et Emmanuel Macron a tweeté son
soutien à l'hebdomadaire.
Jusque-là,
les
organisations turques « n’étaient pas politiquement organisées » et «
s’occupaient assez peu de la vie politique française », note le
chercheur. Il a fallu que la France reconnaisse officiellement le
génocide arménien, perpétré par les Turcs en 1915, pour que les voix
commencent à s’élever.
« Depuis la
manifestation devant le Sénat (en 2012), il y a une volonté, même
minoritaire, de peser sur la situation politique française », estime
Didier Billion. Et d’ajouter : « Un jour Erdogan avait dit aux
ressortissants vivant en Allemagne de ne pas s’assimiler au pays dans
lequel ils vivaient et de rester turcs. Evidement, cela agit sur la
conscience collective. Il y a une volonté du pouvoir d’instrumentaliser
la communauté turque (expatriée) mais pour l’instant, les résultats ne
sont pas avérés. L’AKP a l’oreille et la confiance de Turcs en France
mais ils ne sont pas capables de peser sur vie politique française »,
conclut le chercheur. (20minutes.fr, 28 Mai 2018)
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