Droits
de l'Homme / Human Rights
La manifestation de mères
de disparus réprimée par la police
La police turque a dispersé samedi une manifestation de mères à
Istanbul à la mémoire de proches disparus dans les années 1980 et 1990
et interpellé près de 50 participants à ce 700e rassemblement
hebdomadaire de protestation.
La police a eu recours à des canons a eau et à du gaz lacrymogène pour
disperser la foule, selon un photographe de l'AFP.
Au moins 47 personnes ont été interpellées par la police et promptement
acheminées vers des camionnettes à proximité, ont rapporté les médias
locaux.
L'avocat turc Efkan Bolac a annoncé sur Twitter que ces personnes
avaient été par la suite relâchées après avoir été interrogées par la
police.
Des internautes ont noté sur les réseaux sociaux que l'une des
dirigeantes du mouvement, une octagénaire nommée Emine Ocak, qui a été
interpellée par la police, avait déjà été photographiée au cours d'une
arrestation dans des circonstances similaires en 1997, deux ans après
la disparition de son fils après qu'il eut été placé en garde à vue.
Chaque semaine depuis le 27 mai 1995, les "Mères du samedi" (Cumatesi
Anneleri en turc) se rassemblent dans le centre-ville d'Istanbul à la
mémoire de proches que le gouvernement aurait fait disparaître au cours
de l'une des plus tumultueuses périodes de l'histoire de la Turquie.
Ces disparitions sont survenues à l'apogée de la rébellion des
partisans du PKK réclamant l'autonomie des Kurdes dans le sud-est, une
région majoritairement peuplée par cette minorité. Des dizaines de
milliers de personnes sont mortes dans ce conflit qui a débuté en 1984
et se poursuit encore aujourd'hui.
La directrice de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human
Rights Watch en Turquie, Emma Sinclair-Webb, a déploré un "traitement
honteux et cruel de familles réclamant la justice pour des crimes
commis par l'Etat".
Les manifestations des "Mères du samedi" avaient été systématiquement
dispersées par la police de 1999 à 2009 avant d'être tolérées sous
haute surveillance. L'intervention policière de ce samedi est la
première depuis plusieurs années. (AFP, 25 août
2018)
Le
président d'Amnesty en
Turquie libéré
Un tribunal d'Istanbul a ordonné mercredi la remise en liberté
conditionnelle du président d'Amnesty International en Turquie Taner
Kiliç, qui a quitté la prison quelques heures plus tard.
"Ok, maintenant, nous pouvons commencer à faire la fête. Taner est
vraiment libre", a lancé sur twitter Andrew Gardner, un chercheur
spécialiste de la Turquie à Amnesty, basé à Istanbul. Il a publié à
l'appui une photo de Taner Kilic en compagnie de sa famille.
Taner Kilic avait été incarcéré en juin 2017. Il était détenu à Izmir,
dans l'ouest du pays.
Andrew Gardner avait annoncé un peu auparavant la libération
conditionnelle du président d'Amnesty, tout en se montrant prudent.
Un tribunal avait en effet déjà ordonné fin janvier la libération de M.
Kiliç, avant qu'une autre cour n'annule cette décision. M. Kiliç était
resté derrière les barreaux après cet imbroglio judiciaire.
Cette nouvelle décision du tribunal était inattendue et survient au
lendemain d'un développement tout aussi soudain dans une autre affaire
judiciaire : un tribunal a libéré mardi soir deux soldats grecs détenus
depuis mars.
La libération de ces militaires a fait souffler un vent d'optimisme sur
les marchés turcs qui espèrent désormais une amélioration des rapports
avec l'Europe, aidant la livre turque, qui s'est effondrée la semaine
dernière sur fond de crise entre Ankara et Washington, à reprendre
quelques couleurs mercredi.
Ecroué depuis plus d'un an, M. Kiliç, un avocat de formation, est
accusé par les autorités turques d'appartenir au mouvement du
prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du
putsch manqué de l'été 2016, ce qu'il nie fermement.
Le procès de M. Kiliç a renforcé l'inquiétude des organisations de
défense des droits de l'Homme quant à l'érosion des libertés en Turquie
depuis la tentative de putsch.
Après la mise en échec du coup de force militaire, le gouvernement turc
a lancé des purges massives qui ont conduit à l'incarcération de
dizaines de milliers de personnes, dont des journalistes critiques et
des acteurs de la société civile. (AFP, 15 août
2018)
Attentat
devant la gare d'Ankara en 2015: prison à vie pour 9 personnes
Un tribunal turc a condamné vendredi à la prison à vie neuf personnes
reconnues coupables d'avoir participé à l'attentat le plus meurtrier de
l'histoire moderne de la Turquie qui a fait une centaine de morts
devant la gare d'Ankara en octobre 2015.
Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, neuf personnes ont
été individuellement condamnées à 101 peines de prison à perpétuité en
lien avec ce double attentat suicide qui a aussi fait des centaines de
blessés lors d'un rassemblement prokurde.
Le gouvernement attribue cette attaque commise le 10 octobre 2015 au
groupe Etat islamique (EI), qui ne l'a jamais revendiquée.
Le tribunal a établi à 100 morts le bilan officiel de ce double
attentat, le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc. Dans les
semaines ayant suivi l'attaque, les autorités avaient communiqué un
bilan de 102 morts.
D'après Anadolu, les personnes reconnues coupables d'avoir pris part à
l'attaque ont été individuellement condamnées à une peine
d'emprisonnement à vie pour chaque personne tuée et à une autre peine
de prison à perpétuité pour "tentative de renversement de l'ordre
constitutionnel".
Par ailleurs, elles ont été condamnées à plus de 10.500 années de
prison supplémentaires pour "multiples tentatives d'homicide".
Cette attaque a profondément choqué la Turquie, pays qui a par la suite
été secoué par de nombreux attentats commis par les jihadistes de l'EI
ou les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le "massacre de la gare", comme l'attentat du 10 octobre 2015 est
appelé en Turquie, a visé une foule qui s'était rassemblée pour
manifester pacifiquement en faveur de l'arrêt des combats entre l'armée
et la guérilla kurde dans le sud-est du pays.
Des opposants au président Recep Tayyip Erdogan ont plusieurs fois
reproché au gouvernement la lenteur de l'enquête et accusent les
autorités de n'avoir pas pris suffisamment de mesures pour assurer la
sécurité du rassemblement.
Le dernier attentat d'envergure à s'être produit en Turquie remonte à
la nuit du Nouvel An 2017. Un membre de l'EI avait attaqué une
discothèque à Istanbul avec un fusil d'assaut, faisant 39 morts. L'auteur présumé de
cette attaque a été capturé vivant et son procès est en cours. (AFP, 3 août
2018)
Curfews in Districts of Lice, Hani in Diyarbakır
The Governorship of Diyarbakır has announced that a curfew has been
declared in nine villages and hamlets in the districts of Hani and Lice
in Turkey's southeastern province of Diyarbakır on the ground that an
operation will be launched in the region.
The indefinite curfew was declared at 11.35 p.m. yesterday (August 2).
The justification for the curfew was announced as "ensuring people's
property and life safety and protecting civilians from being harmed" as
per the Law no. 5442 for Provincial Administration.
According to the written statement published on the official website of
the Governorship, the curfew will be in force as of its date of
announcement in the following villages and hamlets:
"In the district of Lice, the villages of Duruköy and Darlan and the
hamlets of Dahlık, Alikahya, Hacımusabey and Kutlamış. In the district
of Hani, the villages of Serenköy and Uzunköy and the hamlet of
Gürbulak."
About Diyarbakır
According to the Turkish Statistical İnstitute, in 2014 Diyarbakır was
Turkey’s 12th most populated city, with a population of 1,635,048. The
population of the city center is 834,854.
Diyarbakır’s (Amed’s) city center has about 9000 years of recorded
history. The Diyarbakır Castle and Gardens was named a Global Heritage
site by UNESCO in 2015. Dicle University was opened in 1978.
Diyarbakır Governor: Hüseyin Aksoy
Municipality co-chairs: Gültan Kışanak, Furat Anlı (Democratic Regions
Party).
(The elected Municipality Co-Chairs of Diyarbakır were arrested and the
former District Governor of Etimesgut, Cumali Atilla, who has been
appointed as a trustee to the municipality, took office on November 2,
2016)
(BIA,
August 3,
2018)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Notre ami, grand-reporter Günes Karabuda décédé
en Suède

Un des grands reporters de Turquie et de Suède, Günes Karabuda est
décédé le 24 août 2018 à Stockholm.
Né à Izmit en 1933, Karabuda avait commencé au journalisme lors de ses
études supérieures à Paris. Après 1961, Günes et son épouse suédoise
Barbro ont travaillé principalement pour la chaîne de télévision
suédoise (STV) et réalisé plusieurs reportages dans quatre coins du
monde.
Barbro Karabuda, quant à elle, était décédée le 7 octobre 2017 à cause
d'une maladie grave.
Günes et Barbro se trouvaient également parmi les contributeurs de la
revue socialiste Ant en Turquie.
Grâce à leurs reportages, la Turquie a connu plusieurs mouvements de
libération nationale et de résistance démocratique en Asie et Amérique
latine ainsi qu'au Moyen-Orient.
Ils avaient realisé également un reportage sur la terrible chasse
aux communistes en Indonésie.
En 1967, les Karabuda avaient été poursuivis par la justice turque en
raison d'un livre, Au-delà d'Euphrate, qu'ils ont écrit sur le
Kurdistan.
Nous sommes tristes d'avoir perdu deux amis et partageons le chagrin de
leur famille.
Une
journaliste allemande autorisée à quitter le
territoire turc
Une journaliste et traductrice allemande jugée en Turquie pour
activités "terroristes" a annoncé lundi que les autorités turques
avaient levé son interdiction de sortie du territoire, une décision
saluée par Berlin.
"Après un recours de mes avocats, l'interdiction de quitter le
territoire à laquelle j'étais soumise a été levée. Je remercie tous
ceux qui ont été à mes côtés et qui m'ont soutenue", a déclaré Mesale
Tolu sur Twitter.
Mme Tolu, âgée de 34 ans, avait l'interdiction de quitter la Turquie
depuis sa mise en liberté provisoire en décembre à l'issue de huit mois
en détention préventive.
L'incarcération de la journaliste, accusée de propagande et
d'appartenance au Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), une
formation interdite en Turquie car considérée comme "terroriste", avait
créé des tensions entre Ankara et Berlin.
Mme Tolu, qui travaillait avant son arrestation pour une petite agence
de presse turque de gauche, Etkin Haber Ajansi (ETHA), risque jusqu'à
15 ans de prison lors de son procès, qui est maintenu. La prochaine
audience doit se tenir le 16 octobre.
L'accusation contre Mme Tolu repose principalement sur sa présence à
des manifestations et des funérailles de militants du MLKP. Les
soutiens de la journaliste, qui rejette toutes les accusations,
dénoncent un procès politique.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas s'est déclaré
"soulagé" par cette "bonne nouvelle": "il s'agit (...) d'un pas vers
l'amélioration de nos relations avec la Turquie".
Il a cependant ajouté qu'Ankara devait poursuivre ces efforts et que
l'Allemagne allait continuer à "adopter une attitude critique à l'égard
de nombreux aspects de l'État de droit en Turquie".
"Cela s'applique en particulier aux cas d'emprisonnement en cours: au
moins sept Allemands sont actuellement emprisonnés pour des raisons
politiques que nous trouvons incompréhensibles", a-t-il affirmé dans un
communiqué. Il s'agit de ressortissants germano-turcs.
Avant le cas de Mme Tolu, l'incarcération d'un autre journaliste, le
Germano-Turc Deniz Yücel, avait aussi créé des tensions avec
l'Allemagne. M. Yücel a été remis en liberté provisoire en février
après plus d'un an d'incarcération.
La décision en faveur de Mme Tolu intervient à un mois d'un déplacement
prévu du président turc Recep Tayyip Erdogan à Berlin, alors que la
Turquie et l'Allemagne s'efforcent depuis plusieurs mois d'améliorer
leurs relations.
Par ailleurs, la Turquie a multiplié ces derniers jours les signes
d'apaisement en direction de l'Europe, sur fond de graves tensions
entre Ankara et Washington.
La semaine dernière, des tribunaux turcs ont ainsi libéré deux soldats
grecs et le président d'Amnesty International en Turquie, des
développements inattendus dans deux affaires qui ont alimenté les
tensions avec l'Europe. (AFP, 20 août
2018)
Journalistes:
Boucs émissaires de la crise financière en
Turquie
Confrontées à une crise financière sans précédent depuis plus de quinze
ans, les autorités turques cherchent des coupables. Reporters sans
frontières (RSF) craint que les journalistes indépendants soient de
nouveau désignés comme des boucs émissaires et appelle à la
restauration de l’État de droit.
C’est devenu une habitude : face aux mauvaises nouvelles, les autorités
turques tirent sur le messager. Alors que le cours de la livre turque
s’effondre, le ministère de l’Intérieur, le parquet d’Istanbul et le
gendarme boursier ont ouvert le 13 août des centaines d’enquêtes contre
les “manipulations dans les médias et sur les réseaux sociaux”, qui
“menacent la sécurité économique” du pays en “créant une perception
négative”. Les personnes visées risquent jusqu’à cinq ans de prison. La
présidence a quant à elle dénoncé une “campagne de désinformation,
partie intégrante de la guerre économique” menée contre la Turquie “par
les forces déjà à l’œuvre” derrière le mouvement Occupy Gezi en 2013 et
la tentative de putsch de 2016.
“Ces annonces laissent craindre une nouvelle chasse aux sorcières
contre les dernières voix critiques du pays, s’alarme le représentant
de RSF sur place, Erol Önderoğlu. La Turquie n’en serait pas arrivée là
sans la disparition de l’État de droit : le restaurer favoriserait le
retour de la confiance bien plus efficacement que de désigner de
nouveaux boucs émissaires. Le pays a plus que jamais besoin d’un
journalisme indépendant, gage de transparence et d’information fiable.”
Sur fond de tensions entre Ankara et Washington, la crise financière
nourrit la rhétorique patriotique officielle. Tandis que le président
Erdoğan déclarait la semaine dernière : “s’ils ont le dollar, nous
avons notre peuple, notre bon droit et Allah”, le quotidien
progouvernemental Sabah se lançait dans de virulentes attaques contre
la joint-venture américano-turque FOX TV, désignée comme “le bras
médiatique de l’attaque terroriste américaine” contre l’économie
nationale. Le 10 août, cette chaîne a mis fin au contrat du chef de son
bureau à Ankara, Sedat Bozkurt, invoquant des questions
administratives. Mais les collègues de ce journaliste réputé, en poste
depuis 2007, voient dans son licenciement une concession de FOX TV au
pouvoir.
La livre turque a perdu plus de 40% de sa valeur face au dollar depuis
le début de l’année. La débâcle s’est singulièrement accélérée suite
aux sanctions économiques imposées par les États-Unis, le 10 août,
suite à l’assignation à résidence du pasteur américain Andrew Brunson
en Turquie.
La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de
la liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante,
la situation des médias est devenue critique suite à la tentative de
putsch de juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès
de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de
professionnels des médias emprisonnés. (RSF, 18 aoùt 2018)
Investigation into 402 Social Media Accounts
The Ministry of Interior has made a statement concerning the operations
launched from August 6-13.
In the statement issued on its official website, it was stated that 402
social media accounts have been investigated and legal action has been
taken against 292 people in the last week.
Following charges were pressed against the social media users:
“Propagandizing for a terrorist organization, promoting these
organizations, declaring affiliation with terrorist organizations,
inciting people to enmity and hatred, insulting state officials,
attempting against state’s indivisible integrity, committing hate
speech…”
“Exchange rate” investigation into social media
General Directorate of Security has also launched an investigation
against 346 social media accounts sharing posts "which aim to create a
negative perception by manipulating the exchange rate of dollar."
The Ministry announced on February 26 that 845 people who criticized
the Afrin operation on social media and participated in critical
activities had been taken into custody. (BIA, 14 August 2018)
How Turkey silences journalists online, one removal
request at a time
On June 19, Abdülhamit Bilici, the last editor-in-chief of the
now-shuttered Turkish paper Zaman, tweeted about the decline of press
freedom in his home country. If you can see his tweet, you are probably
not in Turkey because it is among the over 1.5 million tweets belonging
to journalists and media outlets censored there under Twitter's
"country withheld content" (CWC) policy.
Since 2012, 13 countries have used Twitter's CWC tool to effectively
censor content, according to the social media platform's transparency
reports. Governments usually cite laws around national security,
counter-terrorism, defamation, or hate speech when requesting removals.
Figures from Twitter transparency reports show that legal demands to
remove content on the platform went from 432 requests in the first part
of 2014 to 6,651 requests in the second part of 2017. Turkey and Russia
were responsible for 74 percent of all requests during that period. As
legal demands can specify more than one account and/or tweet, over
78,000 accounts were reported by governments during that period.
Twitter complied fully or partially with 24 per cent of legal demands
from Turkey, compared with about 9 percent for the rest of the world.
Facebook's transparency reports for the same period show it made close
to 154,000 content restrictions worldwide. In the second part of 2017
in Turkey, more Twitter accounts were withheld and Facebook content
restricted than in any other country.
When CPJ reviewed a Buzzfeed News database of over 1,700 accounts
withheld in one or more country, along with court orders uploaded by
tech companies to Harvard University's Lumen database, tweets, Twitter
lists, and news reports, it was able to identify at least 59 Twitter
accounts that belong to journalists and media outlets censored using
the CWC tool in Turkey. As of late July, those 59 accounts had a
combined following of over six million, in a country of about 11
million Twitter users.
Journalists whose accounts have been censored by CWC requests told CPJ
that Twitter is inconsistent with its compliance with such requests and
complained about the lack of remediation options.
Bilici told CPJ, "It is a shame that Twitter silences a journalist
already silenced by an authoritarian government." The journalist is
living in exile in the U.S. after Turkey seized and then shuttered his
paper for its close ties to the Hizmet movement that Turkey accuses of
being a "terrorist organization" and being behind a failed attempted
coup in July 2016.
Bilici said, "I challenge both Twitter and the Turkish government to
[find in my tweets] anything that can be considered illegal or harmful.
My only crime is being a journalist."
Efe Kerem Sözeri, a Turkish researcher based in the Netherlands, said,
"Twitter, Facebook, [and] Google...are responsible to their
shareholders primarily, I don't consider them as guardians of the free
speech. But the imbalance in the tools they offer to users versus
governments make them complicit in the authoritarian rulers' crackdown
against opposition."
Twitter's co-founder Jack Dorsey has previously tweeted that his
platform stands for speaking truth to power, but its policy and data
show that Twitter may comply with requests to withhold content if the
platform receives "a valid and properly scoped request from an
authorized entity."
Colin Crowell, Twitter's head of global public policy, told CPJ, "If
[we] don't use CWC, then the alternative is to remove [the content]
globally [then] nobody can see it."
Soon after Twitter recorded its first CWC use in Turkey during a
two-week ban on the platform in 2014, then-Deputy Prime Minister Beşir
Atalay told the press that "Twitter now toes the line." Since then,
Turkey has used the tool to withhold 1,482 accounts (82 percent of all
accounts ever withheld worldwide), and 9,552 tweets (67 percent of all
tweets withheld worldwide), according to Twitter's transparency reports.
Asked whether Twitter is worried that Turkey might be misusing the tool
to silence journalists, Crowell told CPJ, "We are obviously concerned
about it to the extent we go to court to challenge it."
It is rare, however, for Turkish courts to accept Twitter's legal
objections. Between 2014 and 2017, they accepted less than 3 percent,
according to Twitter's transparency reports.
Getting a court order to censor journalists is not a hard task in
Turkey which, according to CPJ research, is the world's worst jailer of
journalists. Human Rights Watch said in 2014 that "Turkish courts have
tended to accede to government requests to block websites with apparent
minimal, if any, scrutiny."
The country's court system has also been criticized by the Council of
Europe Venice Commission. In an opinion on Turkey's peace judgeships,
which rule on cases of internet blocking via a "horizontal process" in
which appeals are heard by other peace judges rather than higher
courts, the commission found courts could be "capable of becoming an
instrument of oppression." It found that peace judges, who gained new
powers under the state of emergency, were burdened with ruling on
traffic offenses, in addition to more pressing cases. The judges
"rubberstamp all administrative bans, basically converting them into
court orders," Sözeri said.
Court documents viewed by CPJ show how an Ankara court in August 2016
ordered Bilici's Twitter account, which has over 210,000 followers, to
be blocked for "promoting terrorism, violence, and threatening national
security and public order." The order, made under law 5651 that
regulates internet publications, specifies tens of other websites and
Twitter accounts, including those of journalist Celil Sağır, who is
also in exile, and jailed journalist Hanım Büşra Erdal. Sağır had four
of his Twitter accounts blocked in Turkey between 2014 and 2016.
Amendments to law 5651 in 2014 gave authorities power to block sites
without a court order. Google transparency reports show that since the
amendments came into effect, the majority of removal requests came from
judicial rather than executive orders.
Law 5651 is "a very fast-track system [to block content] with almost no
checks," Sözeri said.
Erkan Saka, an assistant professor at the School of Communication at
Istanbul Bilgi University who met with Twitter during its meetings with
members of Turkish civil society and the private sector in 2014, said
that "without being blocked, [some Turkish users] stopped tweeting
or...went underground, [as they are] frightened to speak out."
Twitter, Facebook, Blogger, and YouTube are not the only social media
sites affected by Turkey's crackdown through legal demands. Between
July and December 2016, 75 of the 96 government takedown requests
reported by Tumblr in its transparency reports came from the Turkish
government, affecting 144 blogs. Tumblr complied in 16 percent of cases.
"After Gezi, internet blocking was intensified by legal measures, but
also beyond legal measures, there were political trolls, and more
technical measures like centralized governance of the internet,
centralized filtering system, internet throttling, and most likely deep
packet inspection-based surveillance," said Saka, referring to the
nationwide Gezi park protests in 2013.
In his U.N. report on regulation of user-generated online content
published earlier this year, David Kaye, the U.N. special rapporteur on
the promotion and protection of the right to freedom of opinion and
expression, recommended that "companies should recognize that the
authoritative global standard for ensuring freedom of expression on
their platforms is human rights law, not the varying laws of states or
their own private interests."
Crowell told CPJ that Twitter already incorporates these considerations.
Bilici said that the international community, including tech companies
like Twitter, need to stand with the Turkish people, not the
government. "I expect from all my colleagues in the democratic world
to...remind themselves that Turkish people are struggling to turn back
to democracy, and all the democratic world should support their
aspirations." (CPJ, August 13, 2018)
Prix d'honneur à Nuri Bilge Ceylan à
l'ouverture du Festival du film de
Sarajevo
Le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan s'est
vue remettre vendredi soir un prix d'honneur pour sa "contribution
exceptionnelle" au septième art, lors de la cérémonie d'ouverture du
24e Festival de film de Sarajevo.
"Vos films racontent la vie de ceux qui vivent sur ce qu'on appelle les
confins de l'Europe. Ils racontent l'histoire de nos proches, de nos
familles, de nos voisins, des villes, des banlieues et des villages que
nous habitons", a déclaré le directeur du Festival, Mirsad Purivatra,
avant de remettre le "Coeur d'honneur de Sarajevo" au cinéaste turc.
"C'est un grand honneur pour moi et je l'accepte de tout coeur. Je suis
venu trois fois ici, à ce festival, et c'est un de mes festivals
favoris", a déclaré le réalisateur devant plusieurs centaines
d'invités, dans le théâtre national de Sarajevo.
Nuri Bilge Ceylan, 59 ans, a notamment reçu la Palme d'or à Cannes en
2014 pour "Winter Sleep". Une rétrospective de son oeuvre est présentée
durant les huit jours du Festival de Sarajevo.
Le festival a été ouvert par la projection en plein air, devant 3.000
personnes, de "Cold War" (Prix de la mise en scène au dernier Festival
de Cannes), en présence de son réalisateur, le Polonais Pawel
Pawlikowski, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2015 avec
"Ida".
Le jury du programme de longs métrages régionaux, la compétition
principale du Festival de Sarajevo, est présidé par le réalisateur
iranien doublement oscarisé Asghar Farhadi. Dix films de l'Europe du
sud-est seront présentés dans cette compétition.
La promotion de ce cinéma est la mission principale de cette
manifestation crée comme un "acte de résistance" pendant la guerre de
Bosnie (1992-95).
Au total, 226 films de 56 pays doivent être projetés cette année.
(AFP, 10 août
2018)
Athènes
refuse d'extrader un journaliste turc
recherché par Ankara
Le ministère grec de la Justice a refusé
d'extrader vers la Turquie le journaliste turc Turgut Kaya, condamné
dans son pays pour participation à une organisation "terroriste",
a-t-on appris samedi de source judiciaire.
Turgut Kaya avait été arrêté une première fois en Grèce avril 2015. Il
avait alors été libéré mais a été de nouveau arrêté en février dernier
sur mandat d'arrêt émis par Interpol.
La cour suprême grecque l'a condamné fin mai en donnant son feu vert
pour son extradition en Turquie, qui le réclame pour qu'il purge une
peine pour participation à une organisation "terroriste", selon la même
source.
Il restait depuis lors emprisonné dans l'attente de la décision finale
du ministère grec de la Justice, compétent en dernier ressort sur les
extraditions.
Turgut Kaya s'est vu récemment octroyer l'asile en Grèce par les
services compétents et par conséquent, le refus d'extradition du
ministre grec Stavros Kontonis était attendu, selon la même source.
Les relations entre Athènes et Ankara sont particulièrement tendues
depuis le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016. La Grèce a octroyé
l'asile à huit militaires turcs ayant fui leur pays quelques heures
après cet évènement et qu'Ankara accuse d'avoir participé au coup, et
elle refuse de les extrader.
La tension est montée d'un cran après l'arrestation par les autorités
turques en mars dernier deux militaires grecs près de la frontière
greco-turque, accusés "d'avoir pénétré dans une zone interdite".
Athènes a protesté à plusieurs reprises contre leur détention et le
retard pris dans leur jugement.
Les deux militaires ont indiqué "qu'ils s'étaient perdus en
raison du brouillard lors d'une patrouille frontalière" et qu'ils
n'avaient pas l'intention de violer le territoire turc. (AFP, 4 août
2018)
Share the “World of Tayyips” and tell Turkey that
satire is not a crime
Satirical cartoons of political leaders are widely understood as a
crucial form of social commentary around the world. In Turkey, however,
they're yet another way the government criminalizes social criticism.
This July, punitive investigations have been launched against a group
of technical university students, 72 MPs and the leader of the
government's primary political opposition, all 'guilty' of sharing
“World of Tayyips”, a cartoon that depicts Turkish president Recep
Tayyip Erdoğan in the form of various animals.
The Initiative for Freedom of Expression – Turkey is inviting
supporters of freedom of expression around the world to reshare the
cartoon in solidarity with those under judicial threat. If you wish to
take part, share the cartoon by clicking the tweet below or write your
own tweet calling for tolerance of satire, using hashtag
#WorldofTayyips.
Background Information
On July 6, 2018, during graduation ceremonies at the Middle East
Technical University-Ankara, a copy of 'World of Tayyips” was carried
by students alongside other humorous posters, a common practice at the
university. In response, the Chief Prosecutor's Office launched an
investigation and charged the students who carried the banner with
"insulting the president." Four students were arrested on July 11 and
remain in detention. The 'criminal' poster is depicted below:
"World of Tayyips", the cartoon on the banner, was originally published
in Penguen (Penguin) humor magazine in 2005.
Then Prime Minister of Turkey, Erdoğan filed a claim against the
cartoonist for a nuisance compensation of 40 thousand TL- approximately
$30.000 USD. The case was rejected by the No.1 First Instance Court of
Ankara, on the ground that the caricature in question was within the
scope of "freedom of expression" and that politicians should tolerate
all kinds of critiques.
The cartoonist drew “World of Tayyips” to show their solidarity with
cartoonist Musa Kart, who was convicted of insulting the Prime Minister
for his depiction of Erdoğan as a cat. The conviction was overturned by
a higher court on appeal.
By sending a supportive tweet under #WorldofTayyips, you can take part
in this history of good-humored solidarity. (IFEX, 2 August 2018)
Kurdish
Question / Question kurde
Un haut diplomate américain en
visite chez les Kurdes de Syrie
Un haut diplomate américain s'est rendu parmi les Kurdes de Syrie
samedi, alors que cette minorité a engagé des négociations avec le
régime de Damas pour tenter de déterminer l'avenir de ses régions
semi-autonomes.
"Nous sommes prêts à rester, comme le président (Donald Trump) l'a
clairement dit, pour assurer la défaite durable du (groupe jihadiste)
Etat islamique (EI). Nous restons concentrés sur le retrait des forces
iraniennes mais aussi de leurs alliés", a dit devant la presse William
Roebuck, à Shadadi, dans la province de Hassaké (nord-est).
Washington, qui soutient les Forces démocratiques syriennes (FDS), fer
de lance de la lutte antijihadiste en Syrie, a critiqué à plusieurs
reprises l'implication de Téhéran, mais aussi du mouvement libanais
Hezbollah, dans le conflit syrien aux côtés du régime.
Soutenu militairement par la Russie, le pouvoir de Bachar al-Assad a
multiplié les victoires face aux rebelles et jihadistes, jusqu'à
reprendre près des deux-tiers du pays, ravagé depuis 2011 par la guerre.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), c'est
notamment grâce à l'appui de forces iraniennes et de milices chiites
que le régime a pu reconquérir de vastes pans de la province de Deir
Ezzor (est).
Mais certains secteurs de cette province restent contrôlés par les FDS,
qui luttent pour conquérir l'ultime réduit de l'EI.
M. Roebuck se rendra dans cette région de Deir Ezzor au cours des
prochains jours, a annoncé le service de presse des FDS.
La visite du diplomate, qui s'est également rendu à Kobané et Minbej
(nord), intervient alors que les Kurdes ont lancé des négociations
inédites avec le pouvoir de Damas, dans l'optique de déterminer le sort
des territoires semi-autonomes où ils ont instauré leur propre
administration.
Des responsables kurdes ont averti que ces discussions risquaient
d'être longues et difficiles.
La guerre en Syrie a démarré en 2011 après la répression par le régime
de manifestations prodémocratie. Elle s'est complexifiée avec
l'implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes et a
fait plus de 350.000 morts. (AFP, 25 août
2018)
Co-Mayor Hüseyin Yuka of HDP
Arrested
The Co-Mayor of the Kömür town Hüseyin Yuka, the Gerger District
Co-Chair of the Peoples' Democratic Party (HDP) Mahmut Özdemir and
Hasan Tunç, who were detained in house raids after four soldiers were
killed in a military operation conducted in the rural area around the
town of Kömür in Turkey's southeastern province of Adıyaman, were
arrested yesterday (August 20).
After giving their depositions at the Prosecutor's Office in Adıyaman
Courthouse, they were referred to court to be arrested on charge of
"aiding and abetting a terrorist organization knowingly and willfully."
Having deposed at the Court on Duty, Yuka, Özdemir and Tunç were
arrested on the related charge and sent to the Adıyaman Prison.
What happened?
One soldier died by an explosive detonated during an operation in
Adıyaman. Adıyaman Governorship announced that three more soldiers died
by "friendly fire" opened on the vehicle that came for evacuation. (BIA, 21 August 2018)
Former HDP MP Berk, Party Assembly
Member Özer Detained
The former Diyarbakır MP of the Peoples' Democratic Party (HDP) Edip
Berk and a reserve member of the HDP Party Assembly Gülşen Özer have
been taken into custody in a police raid conducted to their houses.
It has been stated that Berk and Özer, who have been taken to
Diyarbakır Security Directorate, have been detained as part of an
investigation, which has been launched into the statements that they
made during the Newroz celebrations in Turkey's eastern province of
Bingöl in 2018.
Berk was elected as HDP Diyarbakır MP on June 7, 2015. (BIA, 13 August 2018)
Demirtaş: HDP Should Come Out to
Field
Peoples’ Democratic Party’s (HDP) imprisoned former co-chair and
presidential candidate for June 24 elections Selahattin Demirtaş has
penned an article about June 24 presidential elections.
In his article published on ANF, Demirtaş criticized opposition’s
attitude it maintained following June 24 elections and criticized HDP
as well:
“Restricting all struggle to entirely de-functionalized parliament is
exactly what AKP-MHP fascist bloc desires. For this reason, forming
much stronger bonds with the grassroots is of vital importance.
“A movement that cannot embrace its own values cannot stand. The HDP
should quit this ‘vacation’ mood and come out to field”. (BIA, August 10, 2018)
Amnesty
appelle Ankara à stopper de "graves violations" à Afrine
Amnesty International a exhorté jeudi la Turquie à mettre un terme aux
"graves violations des droits de l'homme" à Afrine, ancien bastion
d'une milice kurde dans le nord de la Syrie, accusant Ankara de "fermer
les yeux" sur les exactions.
Dans un rapport publié dans la nuit de mercredi à jeudi, l'ONG affirme
que les résidents d'Afrine "endurent de multiples atteintes aux droits
de l'homme, qui sont pour la plupart le fait de groupes armés syriens
équipés et armés par la Turquie".
"Ces violations, sur lesquelles les forces armées turques ferment les
yeux, englobent des détentions arbitraires, des disparitions forcées,
la confiscation de biens et des pillages", énumère l'ONG dans son
rapport.
Les forces turques, soutenues par des groupes rebelles syriens équipés
et formés par Ankara, ont pris la région d'Afrine en mars après une
offensive militaire de deux mois qui a entraîné l'exode de dizaine de
milliers de personnes.
Nommée "Rameau d'olivier", cette opération visait à déloger d'Afrine
les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde soutenue par
Washington mais considérée comme "terroriste" par Ankara.
Si Ankara a toujours démenti viser les populations, plusieurs dizaines
de civils ont été tués dans les bombardements turcs pendant
l'offensive, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les autorités turques avaient assuré en mars qu'elles enquêteraient sur
des témoignages faisant état de pillages à grande échelle commis par
des groupes armés syriens alliés d'Ankara lors de la prise de la ville
d'Afrine en mars.
Selon Amnesty, des militaires turcs et des combattants syriens alliés
ont "réquisitionné des écoles" à Afrine, empêchant plusieurs milliers
d'enfants de poursuivre leur scolarité.
"L'offensive et l'occupation par l'armée turque exacerbent la
souffrance des habitants d'Afrine, qui ont déjà subi pendant des années
un conflit meurtrier", déclare Lynn Maalouf, directrice de recherches
sur le Moyen-Orient à Amnesty, citée dans le rapport.
L'ONG exhorte Ankara à "mettre sans délai un terme aux violations",
estimant que la Turquie, en tant que "force d'occupation", est
responsable de la sécurité des résidents et du maintien de l'ordre à
Afrine.
Avant l'opération "Rameau d'Olivier", la Turquie avait lancé une
première offensive dans le nord de la Syrie contre les YPG et les
jihadistes du groupe Etat islamique (EI). (AFP, 1 août
2018)
Un réfugié kurde iranien lauréat de la médaille Fields
Le Kurde iranien Caucher Birkar, réfugié au Royaume-Uni, est un des
quatre lauréats de la médaille Fields, considérée comme le prix Nobel
des mathématiques, décernée mercredi à Rio de Janeiro.
L'Allemand Peter Scholze, âgé de 30 ans seulement, a également été
récompensé, ainsi que l'Italien Alessio Figalli et l'Indo-australien
Akshay Venkatesh.
Né à Marivan, province kurde à la frontière avec l'Iran, Caucher
Birkar, 40 ans, a fait ses études à Téhéran avant de partir pour le
Royaume-Uni, où il a obtenu l'asile politique.
Professeur à l'Université de Cambridge, il a été récompensé pour sa
contribution aux études géométriques sur le plan de Fano.
"J'espère que cette nouvelle va faire sourire 40 millions de
personnes", a réagi sur Twitter le mathématicien, en référence au
peuple kurde. Avec tous les conflits qui font rage dans la région, "le
Kurdistan n'était pas un endroit où on pourrait imaginer qu'un enfant
puisse s'intéresser aux mathématiques", a-t-il ajouté.
Peter Scholze, professeur de l'Université de Bonn, a remporté la
médaille Fields grâce à ses travaux sur l'arithmétique et la géométrie
algébrique. "Il y a un nombre infini de problèmes. Quand on parvient à
en résoudre un, dix de plus font leur apparition", a affirmé le jeune
Allemand sur Twitter.
Alessio Figalli (bien Figalli), un Italien 34 ans, a pour sa part été
récompensé pour ses contributions à la théorie du transport optimal.
Chargé de recherches au CNRS (Centre national de la Recherche
scientifique en France) depuis 2007, il est actuellement détaché à
l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Suisse). Boursier du Conseil
européen de la recherche (ERC), il a notamment eu comme mentor le
Français Cédric Villani, médaillé Fields en 2010.
Le quatrième lauréat, Akshay Venkatesh, 36 ans, est né à New Delhi et a
grandi en Australie. Il a été récompensé pour ses travaux sur la
théorie analytique des nombres.
La médaille Fields est attribuée depuis 1936 à au maximum quatre
mathématiciens de moins de 40 ans.
Ce prix a été proposé en 1923 par le mathématicien canadien John
Charles Fields, décédé en 1932. Il a légué ses biens à la science pour
financer cette récompense, souvent qualifiée de "prix Nobel" de
mathématiques.
Sur les 55 lauréats au total, on compte notamment 13 Américains et 12
Français, les deux nationalités ayant reçu le plus souvent cette
récompense.
Les médailles ont été remises lors du Congrès international des
mathématiques, qui a lieu tous les quatre ans depuis la fin du XIXe
siècle et était organisé pour la première fois dans l'hémisphère sud.
Lors de la cérémonie d'ouverture, marquée par des présentations
culturelles d'Indiens d'Amazonie et de danseurs originaires des favelas
de Rio, les organisateurs ont annoncé que la prochaine édition aurait
lieu à Saint-Pétersbourg, en Russie, en 2022. (AFP, 1 août
2018)
Minorités
/ Minorities
Religious
communities' astonishing support to
Erdogan's power
Representatives of Turkey’s religious communities have denied claims
their groups were facing oppression, stressing that they are practicing
their religions freely.
“Statements alleging and suggesting there is oppression toward us are
completely unfounded and injudicious,” the communities said in a joint
statement, signed by the representatives of 18 religious minority
groups, on July 31.
The representatives, including Fener Greek Orthodox Patriarch Dimitri
Bartholomew, Armenian Patriarchate of Istanbul Archbishop Aram Ateşyan,
and Chief Rabbi of the Turkish Jewish Community Ishak Haleva, said that
as minority leaders they “felt the responsibility to inform the public
with the truth.”
They said there were different criticisms wrongly portraying Turkey and
claiming that there is religious and cultural oppression in the country.
“As religious representatives of ancient communities with different
religions and beliefs, which have been in this country for centuries,
we hereby declare that we are practicing our religions in accordance
with our traditions and are practicing our beliefs freely,” the
statement read.
“Many problems and victimizations that happened in the past were
resolved over the years. Regarding the subjects that we aim to work on,
we are in continuous dialogue with our state’s institutions with mutual
goodwill and solution-based conscience,” it added.
Fifteen other representatives of religious communities in Turkey that
signed the statement included Patriarchal Vicar of the Syriac Orthodox
Church Mor Filiksinos Yusuf Çetin, Apostolic Administrator of the
Armenian Archeparchy of Istanbul Archbishop Levon Zekiyan, Chaldean
Catholic Community spiritual leader François Yakan and pastor Krikor
Ağabaloğlu of the Gedikpaşa Armenian Protestant Church. (Hurriyet, July
31, 2018)
Politique
intérieure/Interior Politics
Crise turque: Berat Albayrak, le
"pacha des Finances" d'Erdogan
Bombardé ministre des Finances le mois dernier, Berat Albayrak, gendre
du président Recep Tayyip Erdogan dont il est souvent présenté comme le
dauphin, est en première ligne dans la tempête monétaire qui secoue la
Turquie.
L'effondrement de la livre turque, sur fond de crise diplomatique avec
les Etats-Unis, est venu percuter comme une comète M. Albayrak, 40 ans,
étoile montante de la scène politique turque.
C'est désormais lui qui monte au front pour tenter de rassurer des
marchés méfiants envers cet homme sans grande expérience économique.
Jeudi, il doit ainsi s'exprimer devant plusieurs centaines
d'investisseurs étrangers lors d'une "téléconférence" inédite.
Rarement très loin de M. Erdogan sur les photos prises lors des grands
événements, M. Albayrak, qui est marié à la fille aînée du maître de la
Turquie, Esra, s'est imposé depuis trois ans comme l'un des hommes les
plus puissants du pays.
Après avoir été ministre de l'Energie, fonction qui lui a permis d'être
au coeur de dossiers de premier plan, M. Albayrak a été propulsé en
juillet à la tête d'un super-ministère du Trésor et des Finances taillé
sur mesure après la réélection de M. Erdogan en juin.
Une promotion qui a stupéfié les économistes peu rassurés par son
maigre CV et qui respectaient l'expérience de Mehmet Simsek, le
précédent patron des Finances que M. Erdogan n'a pas reconduit.
Pour M. Albayrak, le défi est d'autant plus grand que la Turquie
traverse une phase économique délicate, marquée par une inflation
galopante, un déficit qui se creuse et la débâcle de la livre qui a
perdu 40% de sa valeur cette année.
Lors d'un discours censé rassurer les marchés, vendredi, jour où la
livre a le plus baissé, M. Albayrak est apparu fébrile, épongeant
régulièrement son visage dégoulinant de sueur.
- "Le Gendre" -
Dans un pays où le dernier Premier ministre Binali Yildirim était
largement perçu comme un loyal exécutant de M. Erdogan, M. Albayrak,
charismatique, bon orateur et parfaitement anglophone, faisait souvent
figure de deuxième homme fort du pays.
"Le Gendre", comme il est désigné par les détracteurs de M. Erdogan qui
dénoncent une forme de népotisme, accompagne le président lors de ses
déplacements les plus importants et assiste aux réunions les plus
cruciales.
Il était ainsi le seul responsable turc présent au côté de M. Erdogan
lors d'un déjeuner crucial mercredi à Ankara en l'honneur de l'émir du
Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a promis 15 milliards de
dollars d'investissements à la Turquie.
Signe de la proximité entre les deux hommes, M. Albayrak était en
vacances avec M. Erdogan dans le sud-ouest de la Turquie lorsque a
éclaté la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.
M. Albayrak accompagnait M. Erdogan lorsque celui-ci est rentré à
Istanbul dans la nuit du 16, un voyage en avion potentiellement risqué
au moment où des appareils putschistes patrouillaient les airs.
L'ex-ministre de l'Energie se tenait également au côté de M. Erdogan
lorsque celui-ci, ayant triomphalement atterri à l'aéroport Atatürk,
annonçait l'échec du coup de force militaire.
- Influence croissante -
Avant de se lancer en politique, M. Albayrak dirigeait Calik Holding,
un puissant conglomérat ayant des intérêts dans le textile, l'énergie
et, surtout, les médias, avec l'influent quotidien progouvernemental
Sabah et la chaîne d'information A Haber.
D'allure affable et assurée, M. Albayrak a obtenu un master en finance
à l'université Pace, à New York. Avant d'entrer au gouvernement en
2015, il écrivait régulièrement des chroniques dans les colonnes de
Sabah.
M. Erdogan est réputé très proche de la famille Albayrak, en
particulier du père de Berat, Sadik, un ancien journaliste et homme
politique islamiste dont il est un proche ami.
En septembre 2016, un groupe de hackers se faisant appeler Redhack a
affirmé avoir piraté la boîte mail de M. Albayrak et publié des
courriels de pression adressés à un cadre du plus puissant groupe
médiatique du pays, Dogan Media, qui a contesté l'authenticité des
messages.
L'influence croissante de M. Albayrak au sein du gouvernement fait
grincer des dents. Les observateurs lui prêtent notamment une rivalité
profonde avec le très populaire ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu.
Berat et Esra Albayrak se sont mariés en 2004 et ont trois enfants. (AFP, 16 août
2018)
L'opposante
nationaliste Aksener réélue à la tête de son
parti
L'opposante nationaliste turque Meral Aksener, candidate malheureuse
face à Recep Tayyip Erdogan aux élections de juin dernier, a été réélue
dimanche à la tête de son parti, moins d'un mois après avoir annoncé
son retrait.
En juillet, Mme Aksener, qui était arrivée à la quatrième place (7,3%
des voix) à la
présidentielle de juin, avait affirmé qu'elle se retirerait en de la
présidence du Bon Parti (Iyi parti, droite nationaliste) mais des
dirigeants de la formation avaient exprimé leur volonté de la
reconduire à son poste.
Pendant de longs mois, les observateurs l'avaient vue comme une
concurrente sérieuse à l'indétrônable président turc, au pouvoir depuis
2003, lors des élections législatives et présidentielle du 24 juin.
Première femme ministre de l'Intérieur dans les années 1990 en Turquie,
cette dissidente du Parti d'action nationaliste (MHP), désormais allié
à M. Erdogan, avait surpris en créant le Bon Parti (Iyi parti) en
octobre dernier.
S'exprimant devant le congrès de son parti, Mme Aksener a évoqué la
chute de la devise turque ainsi que les tensions diplomatiques avec les
Etats-Unis à la suite notamment de la détention d'un pasteur américain
jugé en Turquie pour "terrorisme".
"Des jours difficiles attendent notre pays", a-t-elle dit, faisant le
réquisitoire de la politique menée par M. Erdogan. (AFP, 12 août
2018)
La Turquie c'est l'"Allemagne des années 30", accuse
l'écrivaine Asli
Erdogan
Pour Asli Erdogan, écrivaine turque
risquant la perpétuité dans son pays et exilée en Allemagne, l'heure
est grave: dirigée par le président Recep Tayyip Erdogan, la Turquie
s'est muée en régime fasciste.
La romancière, qui n'a aucun lien de parenté avec le chef de l'Etat
turc, n'y va pas par quatre chemins. "La façon dont avancent les choses
en Turquie ressemble à l'Allemagne nazie", explique l'auteure de 51 ans
à l'AFP depuis Francfort, sa terre d'exil.
"Je pense que c'est un régime fasciste. Ce n'est pas encore l'Allemagne
des années 40 mais celle des années 30", explique la lauréate 2018 du
prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, en référence à la
période où les Nazis ont consolidé leurs pouvoirs en réprimant leurs
opposants accusés de comploter.
Mme Erdogan n'a dès lors aucune confiance en la justice, elle qui est
poursuivie pour "propagande terroriste" notamment en raison de son
travail dans le journal kurde Özgür Gündem, fermé depuis car accusé de
liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une
organisation classée "terroriste" par Ankara et en Occident.
"Un élément crucial est l'absence de système judiciaire", avance
l'auteure, qui décrit un pays aux prisons surpeuplées et aux salles
d'audience gérées par des juges d'une vingtaine d'années,
inexpérimentés mais fidèles au pouvoir et qui ont remplacé leurs aînés
évincés par la répression ayant suivi le putsch manqué de juillet 2016
contre le président Erdogan.
- "Pathétiquement drôle" -
Profondément marquée par ses 136 jours de détention, elle appartient à
ces dizaines de milliers de personnes visées par le pouvoir turc.
Ces arrestations visaient les partisans présumés du prédicateur
Fethullah Gülen, accusés d'avoir organisé le putsch, mais aussi les
médias d'opposition et les personnes soupçonnées de sympathies pour la
cause kurde.
Ankara rejette les accusations de violations massives des droits et
affirme répondre à une menace existentielle pour l'Etat.
"Erdogan est presque omnipotent", note la romancière, "il décide du
prix des médicaments, de l'avenir du ballet classique, les membres de
sa famille sont en charge de l'économie... L'opéra, qu'il déteste, est
aussi directement lié à lui".
"C'est ce qu'il y a de bien avec le fascisme, c'est aussi
pathétiquement drôle parfois", glisse-t-elle.
Elle avertit l'Occident de ne pas se laisser berner en pensant que les
choses vont s'arranger, maintenant que le président a consolidé ses
pouvoirs avec les élections générales de juin.
"C'est l'état d'urgence permanent", accuse-t-elle, alors qu'une
nouvelle loi "antiterroriste" controversée doit voir le jour pour
reprendre des mesures de l'état d'urgence qui vient d'être levé après
deux ans.
Dès lors, l'ex-physicienne du centre européen de recherche nucléaire de
Genève n'a pas d'espoir d'être acquittée à son procès, dont des
audiences sont prévues en octobre puis mars. "Ils ne bluffent pas",
déclare-t-elle, rappelant les nombreux journalistes condamnés cette
année, certains à la perpétuité.
- Ecrire "avec du sang" -
Même si son exil en Allemagne lui confère une certaine sécurité, Asli
trouve l'attente du verdict "presque insupportable".
"L'une des plus grandes tortures qu'on puisse faire à un être humain
est de garder son destin inconnu".
Libérée de prison fin décembre 2016, Asli Erdogan a pu récupérer son
passeport en septembre 2017 et s'est immédiatement exilée, comme
d'autres artistes et intellectuels.
Depuis, elle vit à Francfort, bénéficiant d'un appartement et
d'une allocation dans le cadre du projet international "Cities of
Refuge". Ce programme vise à fournir aux écrivains persécutés un lieu
sûr où vivre et travailler.
Mais l'auteure n'a pas encore été en mesure de reprendre la
plume. Traumatisée, prise d'insomnies, victime d'épisodes de dépression
et de problèmes de santé, elle se concentre sur des participations à
des événements littéraires et des conférences.
Elle a pour but aussi de défendre ceux qui sont encore derrière
les barreaux en Turquie. "J'ai été poussée dans un rôle politique, que
j'essaie de porter avec grâce".
Et quand elle se sentira enfin prête, elle couchera son expérience
carcérale sur papier, "une confrontation très lourde" car en
"littérature, il faut être honnête à plus de 200%. Tu écris avec du
sang".
(AFP, 5 août
2018)
Forces
armées/Armed Forces
Right of Asylum for Soldiers Fleeing to Greece
After July 15
Greek Council of State General Board has announced its final verdict
concerning the right of asylum granted to Süleyman Özkaynakçı, who was
among the soldiers who fled to Greece following July 15 coup attempt.
Rejecting Greek government's objection, the Greek Council of State
citing Geneva Convention ruled for the fugitive soldiers to be granted
right of asylum.
In the decision it was stated that there was not enough evidence
proving that Özkaynakça participated in the coup attempt and was a
member of the Fethullahist Terrorist Organization (FETÖ).
According to state-run Anadolu Agency, the decision is said to set a
precedent for the other fugitive soldiers.
The Greek Council of State had granted right of asylum to Özkaynakçı on
May 23, 2018 but the Greek government objected to this decision.
Ministry of Foreign Affairs: Scandalous decision
Following statements were included in a written statement issued by the
Ministry of Foreign Affairs:
"The Greek Council of State made a scandalous decision by granting
right of asylum to Süleyman Özkaynakçı, who is one of the perpetrators
of the July 15 coup attempt, by rejecting Greek Government's objection.
"The Greek posts shouldn't allow their country to become a safe harbor
for the putschists". (BIA, 22 August 2018)
Peut-on fermer la base américaine à
Incirlik?
Une fermeture aux appareils américains d'Incirlik, principale base
aérienne de l'Otan en Turquie et important soutien des opérations de la
coalition antijihadistes en Syrie, pourrait s'avérer coûteuse pour
Ankara, selon plusieurs analystes.
Alors que les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, alliés au
sein de l'Alliance atlantique, ont atteint leur plus bas depuis des
décennies ces dernières semaines, le président turc Recep Tayyip
Erdogan a prévenu Washington qu'il pourrait être poussé à trouver "de
nouveaux amis et de nouveaux alliés".
M. Erdogan a notamment eu une conversation téléphonique avec le
président russe Vladimir Poutine, avec lequel il a discuté de questions
économiques et commerciales ainsi que de la crise en Syrie.
Et selon des documents publiés la semaine dernière par des médias
américains, un groupe d'avocats proches du gouvernement turc a déposé
une motion devant le tribunal d'Adana, ville la plus proche de la base
d'Incirlik, pour demander l'arrestation d'officiers américains accusés
d'avoir participé au coup d'Etat manqué de juillet 2016 contre M.
Erdogan.
Les avocats citent notamment le général Joseph Votel, commandant des
forces américaines au Moyen-Orient, parmi les responsables américains
dont ils veulent l'arrestation.
"Nous n'avons constaté aucun changement dans nos relations avec nos
alliés turcs", a pourtant assuré mardi le général britannique Felix
Gedney, commandant adjoint des forces de la coalition en Syrie et Irak.
Mais pour l'ancien commandant des forces de l'Otan James Stavridis, la
situation est inquiétante. "Perdre la Turquie serait une erreur
géopolitique monumentale", a-t-il estimé lundi sur la chaîne MSNBC. "On
devrait pouvoir l'empêcher, mais c'est à la Turquie de faire le premier
pas à ce stade".
Un avis partagé par Joshua Landis, directeur du Center for Middle East
Studies, pour qui "c'est la Turquie qui souffrira le plus" des tensions
avec Washington.
"Je soupçonne fort qu'Incirlik va rester", précise-t-il à l'AFP. "Pour
la Turquie, chasser les Etats-Unis serait un revers majeur et je ne
pense pas qu'Erdogan le veuille".
- Têtes nucléaires -
La base d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, a été construite par les
Etats-Unis en 1951, au plus fort de la Guerre froide. Elle a servi de
base arrière pour les opérations américaines dans toute la région et
elle abrite 50 têtes nucléaires de la force de dissuasion de l'Otan,
qui assurent depuis des décennies la sécurité de la Turquie.
Depuis le 11-Septembre, elle fournit le plus gros de l'assistance
logistique aux opérations de l'Otan en Afghanistan et elle est
largement utilisée depuis 2015 pour les opérations de la coalition
internationale en Irak et en Syrie.
Mais aujourd'hui, avec une Turquie qui apparaît de plus en plus
instable, certains experts suggèrent de réduire la dépendance de l'US
Air Force à la base d'Incirlik.
"Je ne veux pas dire que nous devrions rompre nos relations avec la
Turquie, mais (...) la chose que les Turcs ont tendance à brandir le
plus facilement --l'accès à la base d'Incirlik-- devient de moins en
moins importante", déclarait récemment Steven Cook, du Council on
Foreign Relations.
Et le centre de recherche Bipartisan Policy Center, qui encourage les
compromis entre républicains et démocrates, a publié sur son site une
carte de la région avec toutes les alternatives possibles à Incirlik
pour les opérations américaines au Proche-Orient, notamment des bases
aériennes en Jordanie ou au Koweït.
De plus, les tensions avec les Etats-Unis risquent de coûter cher à la
Turquie en termes de programmes militaires.
Le Congrès américain a interdit au Pentagone de livrer à la Turquie le
moindre avion de combat F-35 tant qu'Ankara ne se serait pas engagée à
ne pas finaliser ses négociations avec la Russie pour l'achat de
systèmes de défense antiaérienne russes S-400, auxquels cet avion
furtif est censé pouvoir échapper.
Et Ankara, partenaire depuis 2002 du consortium international ayant
financé le F-35, risque de perdre un juteux contrat de 1,5 milliard de
dollars avec le Pakistan pour la vente de 30 hélicoptères d'attaque de
fabrication turque T-129 ATAK.
Selon la publication spécialisée Defense News, qui cite des
responsables militaires turcs, l'appareil comporte des pièces
fabriquées aux Etats-Unis. Washington pourrait décider d'en bloquer
l'exportation si les relations s'envenimaient encore.
Signe que malgré l'escalade verbale, les dirigeants turcs semblent
soucieux de ne pas aggraver la situation, la Maison Blanche a annoncé
lundi que l'ambassadeur de Turquie à Washington, Serdar Kilic, avait
rencontré le conseiller à la sécurité nationale de la présidence, John
Bolton. (AFP, 15 août
2018)
Témoignage
d'un militaire turc emprisonné pendant
16 mois
Le 15 juillet 2016, les militaires turcs se sont emparés des rues, des
ponts, d'infrastructures de toutes sortes. Le président Erdogan s'est
adressé à la population au moyen d'un téléphone. Et au bout d'une nuit
de confusion, le coup d'Etat est jugulé.
La responsabilité du coup est attribuée à Fethullah Gülen, l'ancien
allié du président Erdogan qui vit en exil aux Etats-Unis. Il nie mais
des purges de grande ampleur ont été menées dans le pays.
Cafer Topkaya est militaire. A l'époque, il travaille à l'OTAN, à
Bruxelles. Il est rappelé à Ankara et rapidement jeté en prison. "Les
conditions étaient inhumaines et nous étions maltraités. Il y avait de
grandes lampes au plafond. Elles étaient laissées allumées pendant la
nuit afin qu'on ne puisse pas dormir. Les policiers criaient, juraient
et nous humiliaient", explique-t-il
Après plusieurs jours d'attente, il finit par apprendre qu'on lui
reproche la possession d'un compte Twitter et l'appartenance au
mouvement de Fethullah Gülen. Il nie en bloc.
Dans le même temps, toute la société turque est épurée des membres
réels ou présumés de l'organisation. 77.000 personnes sont
emprisonnées, 150.000 perdent leurs emplois. Selon Cafer, elles ont un
profil commun.
"Ils ont étudié et ont été éduqués dans le style occidental. Ce sont
des laïcs, ils ne sont pas membres de groupes religieux. Ils ne sont
pas religieux. Ils ont été élevés dans les idéaux d'Atatürk, le
fondateur de la république. Nous pensons que la Turquie devrait avoir
une place en Occident. Dans le bloc de l'Ouest. Etre membre de l'union
européenne et continuer à faire partie de l'OTAN." (RTBF, 3 août 2018)
Cafer espère que son pays se réveillera un jour du cauchemar. "J'espère
et je veux croire que le peuple turc, mes concitoyens, se réveilleront
un jour et comprendront qu'ils ne soutiennent pas la bonne personne."
Libéré au bout de 16 mois, Cafer espère retourner dans son pays,
reprendre la vie qui, nous dit-il, lui a été volée un certain 15
juillet 2016.
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Gaia veut que l’abattage sans étourdissement soit
enfin interdit à Bruxelles
Gaia a symboliquement rebaptisé mardi la «maison de la région» située
place Royale à Bruxelles en «maison de l’abattage sans étourdissement».
L’association de défense du bien-être animal entend ainsi rappeler sa
volonté de voir la Région de Bruxelles-Capitale interdire à son tour
l’abattage sans étourdissement.
Accompagnés d’un quintette de cuivres, le président et la directrice de
Gaia, Michel Vandenbosch et Ann De Greef, ont symboliquement coupé le
ruban pour inaugurer cette «maison de l’abattage sans étourdissement».
«Avant la fin de la législature, le gouvernement bruxellois doit suivre
l’exemple de la Wallonie et de la Flandre, et mettre définitivement un
terme à l’abattage sans étourdissement de moutons et de bovins partout
à Bruxelles», a lancé Michel Vandenbosch. «Et donc aussi à l’abattoir
d’Anderlecht, où des centaines de moutons et de bovins sont aujourd’hui
douloureusement égorgés en pleine conscience pour la fête du sacrifice.»
Depuis plusieurs années, Gaia mène une action symbolique le jour de la
fête musulmane du sacrifice (l’Aïd al-Adha). A cette occasion, les
fidèles tuent un animal -généralement un mouton- et le consomment
autour d’un repas de famille. Le rituel entourant l’abattage de
l’animal fait l’objet de controverses.
«Que les choses soient claires. Nous ne demandons pas l’interdiction de
l’abattage rituel», a précisé Michel Vandenbosch. «Mais simplement que
soit mis un terme à la souffrance, techniquement évitable.» En Wallonie
et en Flandre, dès l’entrée en vigueur de l’interdiction, les animaux
mis à mort selon un rite religieux devront obligatoirement être
étourdis par électronarcose, ajoute Gaia.
En Belgique, l’interdiction absolue de l’abattage sans étourdissement a
été adoptée l’an dernier en Flandre et en Wallonie, et entrera en
vigueur respectivement le 1er janvier 2019 et le 1er septembre 2019.
Actuellement, en Wallonie, l’abattage rituel sans étourdissement peut
être effectué uniquement dans des abattoirs agréés. Aucune demande en
ce sens n’a toutefois été formulée à l’occasion de la fête du
sacrifice, a indiqué l’Afsca lundi. En Flandre, trois abattoirs
temporaires sont établis.
La Région bruxelloise, elle, n’a pas installé d’abattoir temporaire et
aucune demande d’autorisation d’une telle structure n’a été reçue par
la secrétaire d’Etat en charge du Bien-Etre animal, Bianca Debaets. La
Région n’a toutefois pas voté d’interdiction légale.
Le nombre d’animaux sacrifiés lors de cette célébration religieuse est
en baisse chaque année et cette année la tendance devrait se
poursuivre. La fête tombe en effet cette année durant les congés
estivaux et de nombreuses personnes de confession musulmane la
célèbrent en famille à l’étranger. (Belga, 24 août 2018)
La
Turquie rejette un nouvel
appel du pasteur américain Brunson
Un tribunal turc a rejeté vendredi une nouvelle demande de levée de
l'assignation à résidence du pasteur américain Andrew Brunson, au coeur
d'une crise diplomatique entre Ankara et Washington, a indiqué à l'AFP
son avocat.
L'avocat du pasteur Brunson, Cem Halavurt, a déclaré qu'il ferait à
nouveau appel dans deux semaines.
La détention pendant un an et demi puis le placement en résidence
surveillée en Turquie de M. Brunson a provoqué une grave crise
diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis.
Washington a imposé une série de sanctions contre la Turquie -- qui a
répliqué avec des mesures similaires -- du fait de cette affaire.
Mais le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a prévenu jeudi
que l'administration américaine était prête à imposer de nouvelles
sanctions.
"Nous prévoyons de faire davantage s'ils ne le libèrent pas
rapidement", a-t-il affirmé.
Me Halavurt avait déposé un nouveau recours mardi contre l'assignation
à résidence de son client, après une première tentative infructueuse
début août.
Un premier tribunal turc avait rejeté sa demande mercredi, mais
celle-ci devait être examinée par une autre cour de plus haute
instance. Celle-ci s'est donc prononcée vendredi.
M. Brunson risque jusqu'à 35 ans de prison pour espionnage et activités
"terroristes", des accusations qu'il rejette en bloc. (AFP, 17 août
2018)
En
Centrafrique, une école du réseau Gülen
fait de la résistance
En Afrique, de nombreuses écoles proches
du réseau Hizmet, dirigé par l'opposant turc Fethullah Gülen, ont fermé
leurs portes sous la pression d'Ankara, mais celle de Bangui, l'école
Galaxy, résiste encore.
Emre (prénom modifié) n'est pas un directeur d'école ordinaire. Malgré
son statut d'enseignant, son air affable et l'excellente réputation de
l'école Galaxy, il vit comme un fugitif, exilé de son pays, la Turquie.
Son crime? Diriger une école proche du réseau Hizmet de Fethullah
Gülen, qualifié de "terroriste" par le président turc Recip Tayyip
Erdogan qui l'accuse d'avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.
Depuis cette tentative de coup d'Etat, le régime d'Erdogan tente de
fermer toutes les écoles proches d'Hizmet dans le monde.
En Afrique, au moins 18 pays (Cameroun, Niger, Mali, Sénégal,
Mauritanie, Guinée, Tchad, Soudan, Maroc, Guinée-Équatoriale, Angola,
Rwanda, Madagascar, Somalie, Angola, République du Congo, Gabon,
Gambie) ont déjà cédé aux demandes d'Ankara.
Les établissements du réseau Hizmet ont été nationalisés ou récupérés
par la fondation Maarif, proche du pouvoir turc, et leurs professeurs
embarqués dans des avions vers la Turquie et écroués.
- "Dignité" -
"Les Centrafricains ont protégé leur dignité", se réjouit un membre du
personnel enseignant de l'école Galaxy, reconnaissant envers la
Centrafrique, l'un des seuls pays en Afrique centrale à n'avoir pas
cédé aux pressions turques.
Etrange paradoxe pour un pays sous la coupe de groupes armés depuis des
années où l'Etat est faible et où tout, ou presque, peut s'acheter.
"On nous accuse d'être un groupe terroriste alors qu'on fait de
l'éducation et de l'humanitaire" affirme le directeur, en traversant
son établissement qui n'a rien a envier aux lycées européens: tableau
numérique, vidéo projecteur, salle informatique, cantine, terrains de
sports, etc.
"Ils m'ont cité personnellement, le 15 juillet 2016, comme appartenant
au mouvement Gülen" " se rappelle Emre qui, pourtant, "n'a rien a voir
avec ce qui s'est passé à Ankara il y a deux ans", selon un connaisseur
du mouvement Gülen.
Emre ne peut plus rentrer chez lui, comme neuf autres ressortissants
turcs de Centrafrique, sous peine d'être emprisonné. Ils possèdent un
statut de réfugiés, et sont suivis par le Haut commissariat de l'ONU
aux réfugiés (HCR).
"Les Turcs bénéficient de la protection juridique de l'Etat
centrafricain, le HCR est là en tant qu'observateur" explique une
source dans cette organisation, qui avoue à demi mot son impuissance si
Bangui devait accéder aux demandes d'Ankara.
"Au Gabon, le HCR avait protesté, saisi les autorités, mais ça n'a rien
changé", se souvient une source humanitaire qui a assisté à la
fermeture de l'école La Lumière de Libreville et à la déportation en
avril vers la Turquie du directeur, de son adjoint et d'un enseignant,
ainsi que de leurs familles.
- "Cadeaux" -
"Le Gabon a privilégié le rapport inter-Etats, je suis sûr qu'ils (les
dirigeants Gabonais) ont eu beaucoup à gagner", affirme Jean Serge
Bokassa, qui dit avoir reçu "des propositions" d'Ankara lorsqu'il était
ministre centrafricain de la Sécurité et de l'administration
territoriale.
En mars 2017, des diplomates turcs sont venus le voir, se
rappelle-t-il. "Ils ont procédé par intimidation verbale et promesse de
cadeaux", proposant "la nationalisation des infrastructures scolaires
et une assistance dans plusieurs domaines", selon M. Bokassa.
Il assure avoir refusé ces propositions, tout comme un autre ministre
de l'époque, qui préfère rester anonyme.
"Je leur ai dit +si vous voulez nous aider, construisez un
établissement au lieu d'en fermer un+", explique ce ministre qui s'est
vu proposer à plusieurs reprises une invitation en Turquie et "des
cadeaux". "Ils m'ont dit que si j'acceptais, je n'aurai pas à le
regretter".
Si l'école a réussi à résister, c'est "d'abord parce qu'il n'y a pas
d'ambassade turque dans le pays, et peu de liens économiques et
diplomatiques", affirme un connaisseur du dossier. "Ensuite, la
direction de l'école a de très bonnes relations avec le gouvernement -
la directrice-adjointe de l'école Galaxy pour filles est la femme du
Premier ministre - et bénéficie d'un très bon niveau scolaire".
Galaxy enregistre d'excellents résultats avec 83% de réussite au bac
contre 12% au niveau national.
Selon Jean-Serge Bokassa "des lobbies proches du pouvoir centrafricain
cherchent à organiser un rapprochement avec la Turquie". Bien
qu'opposant au président Faustin-Archange Touadéra, il se félicite de
la fermeté de l'exécutif : "Pour l'instant, Je me réjouis du fait que
le président n'ait pas cédé". (AFP, 10 août
2018)
L'Etat islamique (EI) décapite
un otage druze de 19 ans
Le groupe
jihadiste Etat islamique (EI) a exécuté un jeune homme qui faisait
partie des dizaines d'otages druzes qu'il a enlevés le mois dernier
dans la province méridionale syrienne de Soueida, ont indiqué dimanche
un média syrien en ligne et une ONG.
L'étudiant
de
19 ans a été décapité jeudi après avoir été enlevé avec plus de 30
personnes, des femmes et des enfants pour la plupart, d'un village de
Soueida lors d'un assaut sanglant mené le 25 juillet par l'EI, a
affirmé à l'AFP le journaliste Nour Radwan qui dirige Soueida24. Selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), il s'agit du
premier otage exécuté depuis les enlèvements.
Soueida24
et
l'OSDH avaient fait état de l'enlèvement d'une trentaine de femmes et
d'enfants, ainsi que de 17 hommes "portés disparus", après les attaques
de l'EI le 25 juillet, dont des attentats suicide, dans plusieurs
localités de la province qui ont fait plus de 250 morts, l'un des
bilans les plus lourds depuis le début de la guerre en 2011.
Selon
l'OSDH,
les jihadistes réclament la libération par le régime de combattants de
l'EI capturés dans la province voisine de Deraa. L'EI n'a pas
revendiqué les enlèvements mais des sources locales affirment que les
familles des détenus ont reçu des photos et vidéos envoyées par les
jihadistes sur leurs téléphones. (AFP, 6 aout 2018)
La
Turquie maintient l'assignation à résidence
d'un pasteur américain
Un tribunal turc a refusé mardi de lever l'assignation à résidence d'un
pasteur américain accusé de "terrorisme" et d'"espionnage" dans une
affaire qui a fortement tendu les relations entre Ankara et Washington,
selon l'agence de presse étatique Anadolu.
L'avocat du pasteur Andrew Brunson avait demandé lundi à ce que
celui-ci soit libéré et que son interdiction de quitter le territoire
soit également levée. Mais un tribunal d'Izmir (ouest) a rejeté ces
requêtes mardi, selon Anadolu.
Le pasteur américain a été placé en résidence surveillée mercredi
dernier après avoir passé plus d'un an et demi en détention préventive.
Andrew Brunson a été arrêté en octobre 2016 dans le cadre des purges
lancées par Ankara dans la foulée du putsch manqué de juillet de la
même année.
Il est accusé par les autorités turques d'avoir agi pour le compte du
réseau du prédicateur Fethullah Gülen auquel Ankara impute, malgré les
dénégations de ce dernier, le putsch manqué, mais aussi pour celui du
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes).
Ces deux organisations sont considérées comme "terroristes" par
les autorités turques.
Le pasteur Brunson, qui réside en Turquie depuis une vingtaine d'années
et dirigeait avant son arrestation une petite église protestante à
Izmir, nie en bloc les accusations.
Cette affaire a contribué à tendre les relations entre Ankara et
Washington, le président américain Donald Trump ayant appelé plusieurs
fois à sa libération.
La tension est montée d'un cran la semaine dernière lorsque M. Trump et
son vice-président Mike Pence ont mis en garde la Turquie contre de
"lourdes sanctions" si le pasteur n'était pas remis en liberté.
Mais son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a répliqué en affirmant
qu'il ne pourrait pas "obliger la Turquie à reculer avec des sanctions".
Les menaces américaines sont "absolument inacceptables", a déclaré
mardi le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, ajoutant
que si les Etats-Unis mettaient à exécution leurs menaces de sanctions,
Ankara "prendrait des mesures de représailles".
M. Kalin, qui n'a pas élaboré sur ce point, a toutefois souligné que
les tensions actuelles entre les deux pays ne devraient pas affecter
les patrouilles menées en parallèle par des militaires turcs et
américains dans la ville de Minbej, dans le nord de la Syrie.
La Turquie et les Etats-Unis connaissent de nombreux sujets de
dissension, Ankara reprochant notamment à Washington son soutien à une
milice kurde syrienne et le refus de la justice américaine d'extrader
Fethullah Gülen, qui réside en Pennsylvanie.
Par ailleurs, l'incarcération par la Turquie de deux employés locaux
des missions américaines et le placement en résidence surveillée d'un
troisième ont contribué à tendre les rapports bilatéraux. (AFP, 31 juillet
2018)
Socio-économique
/ Socio-economic
Contre la crise turque, que des
potions amères pour Erdogan
La Turquie a basculé la semaine dernière dans une crise monétaire.
Après des années d'érosion, la livre turque s'est effondrée sur fond de
tensions avec les Etats-Unis et de défiance envers la gestion
économique de Recep Tayyip Erdogan.
La devise turque a perdu environ 40% de sa valeur face au dollar depuis
le début de l'année et connu une spectaculaire débâcle ces derniers
jours. Après une accalmie, elle a replongé vendredi, alors que la crise
avec Washington s'envenime.
Pour les économistes, Ankara doit prendre des mesures urgentes pour
redresser sa monnaie dont l'agonie inquiète l'Europe. Mais la plupart
des remèdes qu'ils préconisent vont à l'encontre de la politique menée
jusqu'ici par M. Erdogan.
- Relever les taux -
Les économistes répètent depuis plusieurs mois qu'une hausse
significative des taux d'intérêt de la banque centrale est nécessaire
pour soutenir la livre et enrayer l'inflation galopante.
Mais M. Erdogan s'oppose fermement à une telle mesure. Les marchés ont
été sidérés le mois dernier par le refus de la banque centrale de
suivre cette voie en dépit de la gravité de la situation.
La banque centrale a néanmoins eu discrètement recours ces derniers
jours à un mécanisme lui permettant de hausser de facto son taux au
jour le jour.
Ce moyen détourné "a renforcé les inquiétudes selon lesquelles (la
banque centrale) craint de subir les foudres" du gouvernement, souligne
William Jackson, de Capital Economics.
- Regagner la confiance -
Les économistes s'interrogent sur la capacité de M. Erdogan à affronter
la crise actuelle, d'autant plus qu'il a nommé en juillet son gendre
relativement novice, Berat Albayrak, aux Finances.
Les positions "peu orthodoxes" de M. Erdogan, convaincu par exemple que
baisser les taux fait baisser l'inflation, ont créé une "crise de
confiance", souligne Timothy Ash, économiste spécialisé dans les
marchés émergents.
Vendredi, les agences de notation Standard and Poor's et Moody's ont
abaissé la note de la dette de la Turquie, la première déplorant
l'absence de plan "crédible" d'Ankara face aux turbulences actuelles.
Après des années de forte croissance, grâce notamment aux largesses du
gouvernement, les économistes appellent à ralentir la machine.
M. Albayrak a assuré jeudi qu'il combattrait l'inflation et imposerait
la rigueur budgétaire. Mais les marchés attendent des actions.
- Apaiser les tensions -
Si elle n'est pas la seule cause de l'effondrement de la livre, la
crise avec les Etats-Unis, liée notamment au sort d'un pasteur
américain en Turquie, y a largement contribué.
Pendant que les tensions avec Washington se renforcent, Ankara
multiplie les contacts avec la Russie et l'Europe, qui a vivement
critiqué les atteintes aux droits de l'Homme en Turquie depuis deux ans.
La crise avec les Etats-Unis va pousser M. Erdogan à être
"considérablement plus prudent dans son approche avec l'UE", souligne
le cabinet Eurasia Group.
Les libérations cette semaine de deux soldats grecs et du président
d'Amnesty International en Turquie ne sont "pas une coïncidence",
souligne une source diplomatique européenne.
- Demander de l'aide ? -
La Turquie va-t-elle avoir recours au Fonds monétaire international
(FMI) ? La question se pose aujourd'hui dans les cercles économiques.
Mais faire appel au FMI supposerait que M. Erdogan, qui s'enorgueillit
d'avoir "réglé les dettes" de son pays, ravale sa fierté et que
Washington, tout-puissant dans cette institution, donne son accord.
Deux obstacles de taille.
M. Albayrak a indiqué que la Turquie n'avait "aucun contact avec le
FMI", ajoutant qu'Ankara oeuvrerait plutôt à attirer de nouveaux
investissements.
M. Erdogan a déjà obtenu jeudi un chèque de 15 milliards de dollars de
l'émir du Qatar.
Mais la 17e puissance économique mondiale est "bien trop importante
pour rester longtemps à flots avec des petites doses d'argent
étranger", nuance Holger Schmieding, économiste Berenberg.
- Pour l'instant, "demi-mesures" -
Les autorités turques tentent pour le moment de stopper la débâcle de
la livre sans toucher aux taux de la banque centrale.
Celle-ci a promis de fournir aux banques les liquidités nécessaires et
Ankara a dressé de nouvelles barrières contre la spéculation sur la
livre turque.
Pour l'instant, le gouvernement turc "n'a fait que le strict minimum",
juge Capital Economics.
M. Erdogan "va vraisemblablement essayer de tenir avec des demi-mesures
dans les semaines à venir", anticipe M. Schmieding, de Berenberg. "Il
est peu probable que cela arrange les choses de manière décisive". (AFP, 18 août
2018)
La
Turquie hausse ses tarifs douaniers contre les
Etats-Unis
La Turquie a fortement augmenté mercredi les tarifs douaniers de
plusieurs produits américains emblématiques, alimentant une crise
diplomatique avec les Etats-Unis qui a fortement malmené la livre
turque.
Parmi les produits visés par cette forte hausse figurent les véhicules
de tourisme, dont les tarifs douaniers s'élèvent désormais à 120%,
certaines boissons alcoolisées (140%), le tabac (60%) ou encore le riz
et des produits cosmétiques.
D'après la ministre turque du Commerce Ruhsar Pekcan, le montant des
nouveaux tarifs douaniers annoncés mercredi s'élève à 533 millions de
dollars.
Cette décision, annoncée dans un décret signé par le président Recep
Tayyip Erdogan, survient alors que Washington et Ankara traversent une
crise diplomatique ayant conduit ces deux alliés au sein de l'Otan à
s'imposer des sanctions réciproques en août.
Le vice-président turc Fuat Oktay a précisé mercredi que la hausse des
tarifs douaniers était un acte de "représailles" contre les "attaques
délibérées de l'administration américaine sur (l')économie" turque.
Le président américain Donald Trump avait notamment annoncé la semaine
dernière le doublement des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium
turcs.
Mercredi, la Maison Blanche a jugé que "les tarifs douaniers de la
Turquie sont certainement regrettables et un pas dans la mauvaise
direction."
"Les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis contre la Turquie
relevaient d'intérêts de sécurité nationale. Les leurs sont des
représailles", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Sarah
Sanders.
Les tension américano-turques ont précipité l'effondrement de la livre
qui a perdu plus de 40% de sa valeur face au billet vert et à l'euro
depuis le début de l'année.
Cependant, la Turquie a reçu un soutien de poids mercredi avec une
promesse de 15 milliards de dollars d'investissements du Qatar formulée
lors d'une rencontre à Ankara entre M. Erdogan et le dirigeant du
richissime émirat gazier, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
Cette annonce, faite par la présidence turque qui a rendu hommage à
l'"amitié et la solidarité" du Qatar, a accéléré la remontée de la
livre qui regagnait quelque 5% en valeur face au billet vert en fin de
journée.
La devise turque semblait en voie de relative stabilisation cette
semaine sous l'effet de mesures de la banque centrale et de nouvelles
restrictions aux échanges financiers ("swap") annoncées mercredi par
l'autorité des banques (BDDK) afin de contrer les spéculations.
- Pasteur toujours retenu -
La hausse des tarifs mercredi survient au lendemain d'un spectaculaire
appel de M. Erdogan, qui dénonce une "guerre économique", à boycotter
les appareils électroniques manufacturés par les Etats-Unis.
Les turbulences entre la Turquie et les Etats-Unis se sont renforcées
au cours des derniers mois avant de virer à l'orage en juillet à cause
de la détention en Turquie du pasteur Andrew Brunson.
Il est accusé par Ankara d'espionnage et d'activités "terroristes", ce
qu'il nie en bloc. Après plus d'un an et demi d'incarcération, il a été
placé en juillet en résidence surveillée.
Un tribunal truc a rejeté mercredi une nouvelle demande de levée de son
assignation à résidence.
Mercredi la Maison Blanche a à nouveau réclamé sa libération. La
veille, elle avait fait savoir que M. Trump ressentait "beaucoup de
frustration du fait que le pasteur ne soit pas libéré".
En parallèle de sa fermeté envers les Etats-Unis, la Turquie semble
cependant soucieuse de ménager ses autres partenaires et alliés.
- Spectre d'une récession -
Signe que la crise avec Washington pourrait pousser Ankara à renouer
avec l'Europe, M. Erdogan s'est entretenu au téléphone mercredi avec la
chancelière allemande Angela Merkel, qu'il doit rencontrer fin
septembre à Berlin.
D'après un responsable turc, les deux dirigeants ont convenu d'une
rencontre "dans les prochains jours" entre le patron de l'économie
turque Berat Albayrak, gendre de M. Erdogan, et les ministres allemands
de l'Economie et celui des Finances.
Par ailleurs, la justice turque a ordonné mardi la libération de deux
soldats grecs et mercredi du président d'Amnesty International en
Turquie, des développements inattendus dans deux affaires qui ont
contribué à tendre les rapports entre Ankara et l'Europe.
Outre les tensions avec Washington, les marchés s'inquiètent aussi de
la mainmise de M. Erdogan sur l'économie, notamment depuis sa
réélection en juin.
Les économistes critiquent le refus de la banque centrale de redresser
ses taux malgré une forte inflation (près de 16% en juillet). M.
Erdogan s'oppose fermement à une telle mesure, malgré les appels
répétés des marchés en ce sens.
"Le plongeon de la livre turque va vraisemblablement faire grimper
l'inflation à plus de 20% et faire basculer l'économie dans une
récession dans les mois à venir", s'alarme Capital Economics. (AFP, 15 août
2018)
La livre s'effondre, Erdogan dénonce une "guerre
économique"
La livre turque a connu vendredi une
chute brutale alimentée par l'intensification de la crise entre Ankara
et Washington, mais le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu'il
sortirait vainqueur de cette "guerre économique" qui inquiète dans le
monde.
Le président américain a annoncé sur Twitter la hausse des taxes à
l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs, désormais de 50% et 20%
respectivement, notant que les relations entre les Etats-Unis et la
Turquie, alliés au sein de l'Otan, n'étaient "pas bonnes en ce moment".
La devise turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au
billet vert depuis le début de l'année, a enregistré une baisse
vertigineuse jusqu'à des plus bas historiques. Elle s'échangeait à 6,43
livres pour un dollar à la clôture de Wall Street, soit une baisse de
13,7% après avoir perdu jusqu'à 24% au cours de la journée.
Face à cette déroute, M. Erdogan, qui fait face à l'un de ses plus
difficiles défis économiques depuis son arrivée au pouvoir en 2003, a
appelé ses concitoyens à la "lutte nationale" en échangeant leurs
devises étrangères pour soutenir leur monnaie.
Le ministère des Affaires étrangères a averti que "le seul résultat de
telles sanctions (...) est d'affecter nos relations d'alliés", dans un
communiqué.
"Comme toutes les mesures prises contre la Turquie, elles trouveront
leur réponse", a ajouté le ministère, précisant que la décision
"ignorait" les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Cet effondrement qui pousse la Turquie vers une crise monétaire
survient sur fond de fortes tensions diplomatiques entre Ankara et
Washington et de défiance croissante des marchés envers l'équipe
économique de M. Erdogan.
La crise turque a envoyé une onde de choc planétaire, faisant baisser
les actions de plusieurs banques européennes tandis que Wall Street
ouvrait en baisse, ce qui illustre la crainte d'une contagion à
l'économie mondiale.
La chute de la livre vendredi "montre que les investisseurs sont de
plus en plus inquiets de l'imminence d'une crise monétaire totale",
souligne dans une note David Cheetham, analyste chez XTB.
- Hémorragie -
La devise turque connaît une érosion inexorable depuis plusieurs
années, mais l'hémorragie s'est aggravée ces derniers jours en raison
de la grave crise diplomatique avec les Etats-Unis liée à la détention
en Turquie d'un pasteur américain.
Ces deux alliés au sein de l'Otan ont imposé des sanctions réciproques
à des responsables gouvernementaux. Si ces mesures sont avant tout
symboliques, elles ont inquiété les investisseurs étrangers desquels
l'économie turque est dépendante.
Comme un symbole, la présidence turque a annoncé peu après l'annonce de
Donald Trump que M. Erdogan avait eu un entretien téléphonique avec son
homologue russe Vladimir Poutine, ajoutant que les deux dirigeants
avaient notamment parlé Syrie et échanges commerciaux.
En l'absence d'annonce de mesures fortes, le gouvernement turc n'a pu
enrayer la chute de la livre tout au long de la journée.
"Si vous avez des dollars, des euros ou de l'or sous votre oreiller,
allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques.
C'est une lutte nationale", a exhorté M. Erdogan dans un discours à
Bayburt (nord-est).
"Nous ne perdrons pas cette guerre économique", avait auparavant lancé
le président turc qui a pointé un doigt accusateur en direction d'un
mystérieux "lobby des taux d'intérêt".
- Déception -
Ces déclarations n'ont fait qu'accélérer la chute de la monnaie turque,
signalant la déception des marchés qui attendent des mesures fortes.
Les marchés s'inquiètent des orientations de la politique économique de
M. Erdogan, la banque centrale turque rechignant à relever ses taux
pour soutenir la livre et réguler une inflation qui a pourtant atteint
près de 16% en juillet en rythme annuel.
Nombre d'économistes estiment qu'une hausse massive des taux est
incontournable, mais M. Erdogan, qui a un jour qualifié les taux
d'intérêt de "père et mère de tous les maux", y est fortement hostile.
Visiblement soucieux d'envoyer des signaux positifs aux marchés, le
nouveau ministre des Finances Berat Albayrak, qui est également le
gendre du chef de l'Etat turc, a insisté sur l'"importance" selon lui
de l'"indépendance de la banque centrale" turque.
Depuis sa nomination à ce poste après la réélection de M. Erdogan en
juin, M. Albayrak s'est efforcé sans succès d'apaiser les investisseurs.
L'agonie de la livre turque cette semaine n'a quasiment pas été évoquée
par les principales chaînes de télévision et les journaux à grand
tirage, pour la plupart contrôlés par le pouvoir. (AFP, 10 août
2018)
Déplacement d'un hammam historique menacé
d'engloutissement
Les autorités turques ont
déplacé lundi au cours d'une opération spectaculaire et millimétrée un
hammam historique de 1.500 tonnes pour éviter qu'il ne soit submergé
par les eaux dans le cadre d'un projet de barrage controversé.
Le déménagement du hammam d'Artuklu, construit il y a plus de 650 ans
dans la localité de Hasankeyf (sud-est), sur les rives du Tigre, a
mobilisé des moyens extraordinaires, selon des correspondants de l'AFP.
Chargé sur une plateforme roulante faite sur mesure, le mastodonte de
pierre a été transporté sur une large route construite spécialement
pour l'occasion. Le convoi a mis plusieurs heures pour parcourir les
deux kilomètres le séparant de sa destination.
Cette opération s'inscrit dans un effort de préservation du patrimoine
face au projet de barrage d'Ilisu, qui est situé en aval et provoquera
à terme l'engloutissement de Hasankeyf.
Ce barrage fait partie du Projet d'Anatolie du Sud-Est, un vaste plan
d'aménagement du territoire qui vise à améliorer l'approvisionnement en
énergie de cette région.
Pour préserver certains ouvrages de Hasankeyf, ville qui abrite de
nombreux vestiges des époques romaine, byzantine, pré-ottomane et
ottomane, les autorités ont créé un "parc culturel" à proximité de la
ville.
C'est là qu'a été entreposé le hammam lundi. L'an dernier, un
tombeau datant du 15ème siècle et pesant plus de 1.100 tonnes y avait
déjà été déplacé.
"Six autres ouvrages (les rejoindront). Hasankeyf va
véritablement préserver son identité historique, et le nouveau
Hasankeyf sera une perle touristique", a déclaré le gouverneur de la
province de Batman, Ahmet Deniz, cité par l'agence de presse étatique
Anadolu.
Mais des activistes locaux craignent que le caractère unique du lieu ne
soit perdu à jamais avec la montée des eaux.
Sujet sensible en Turquie, la construction du barrage est
également source de tension avec l'Irak voisin, alimentée en aval par
le Tigre dans une région où le contrôle de la ressource hydraulique est
crucial.
En juin, l'ambassadeur turc en Irak Fatih Yildiz avait annoncé
que la Turquie suspendait pour un peu moins d'un mois le processus de
retenue d'eau après des plaintes de la part de l'Irak. (AFP, 6 août
2018)
Un
scandale monétaire au détriment des
consommateurs
IL Y A 28 SIECLES: les premières pièces de monnaie auraient été
frappées dans le royaume de Lydie et plusieurs cités indépendantes
d'Asie Mineure.
IL Y A 186 ANS: par la loi monétaire du 5 juin 1832, la Belgique se
dota d'une unité monétaire semblable à celle de la France : «Cinq
grammes d'argent au titre de neuf dixième de fin constituent l'unité
monétaire au nom de franc». Le franc était donc défini en poids
d'argent.
IL Y A 19 ANS: l'euro a remplacé le franc belge, le 1er janvier 1999
(entrée dans la zone euro) au taux de conversion de 1 euro = 40,3399
francs.
IL Y A 2 ANS: Le gouvernement fédéral a décidé d'externaliser la frappe
des pièces. Le 22 janvier 2018, la frappe des pièces belges est confiée
à la Monnaie royale des Pays-Bas, qui a elle-même été rachetée par le
groupe belge Heylen, basé à Herentals.
2018: plusieurs super marchés arrondissent vers haut les centimes
d'Euros au détriment de petits consommateurs en raison du manque des
centimes fournis par les institutions responsables.
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
La
Turquie continuera de boycotter l'Eurovision,
inadapté au jeune
public
La Turquie, qui boycotte depuis
l'Eurovision depuis 2012, ne participera pas à la prochaine édition de
ce concours international de chansons Eurovision, jugeant la
compétition inadaptée au jeune public, selon le président de la
télévision publique turque TRT, Ibrahim Eren.
"Nous n'envisageons pas de participer à la compétition", a déclaré M.
Eren, selon des propos rapportés par le quotidien Hürriyet.
"En tant que chaîne publique, nous ne pouvons diffuser en direct à
21h00, une heure où les enfants regardent la télévision, un Autrichien
qui porte à la fois une barbe et une jupe, (...) et qui se dit à la
fois homme et femme", a-t-il justifié
Il faisait là clairement référence à la drag queen autrichienne
Conchita Wurst, gagnante de l'Eurovision en 2014.
"Nous l'avons dit à l'Union européenne de radio-télévision (UER), +vous
avez dévié de vos valeurs+", a poursui M. Eren. "Quand cela sera
corrigé, nous reviendrons à l'Eurovision".
L'édition 2019 de l'Eurovision doit se tenir en Israël, dont la
représentante, Netta Barzilai, l'a emporté en mai dernier.
La télévision publique turque avait claqué la porte du concours
de l'Eurovision en 2012, citant un audimat faible et sa désapprobation
pour les règles de vote en vigueur qui, à ses yeux, n'accordaient pas
une part suffisante au choix du public.
Entre autres reproches, la Turquie déplorait officiellement un système
qui, depuis 2009, accordait systématiquement aux cinq principaux
contributeurs financiers à l'événement (Allemagne, Espagne, France,
Grande-Bretagne, Italie) une place en finale, quelle que soit la
qualité de la prestation artistique de leurs représentants.
Mais, plus qu'un problème d'organisation, de nombreux observateurs ont
expliqué la décision turque par ce que les autorités
islamo-conservatrices considèrent comme un déclin "moral" de la
compétition.
Le retrait de la Turquie est intervenu après que la Suède, le pays hôte
en 2013, eut retransmis les images de deux danseurs suédois
s'embrassant pendant les répétitions.
La Turquie avait remporté le concours en 2003, à Riga (Lettonie), grâce
à sa star Sertab Erener. (AFP, 4 août
2018)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Coups de feu contre
l'ambassade américaine, aucune victime
Des coups de feu ont été tirés tôt lundi contre l'ambassade américaine
à Ankara sans faire de victime, ont rapporté les autorités, dans un
contexte de vives tensions entre la Turquie et les Etats-Unis.
Un ou plusieurs individus non identifiés ont tiré plusieurs fois depuis
un véhicule sur le bâtiment de l'ambassade américaine vers 05H30 (02H30
GMT) lundi, selon un communiqué du gouvernorat d'Ankara.
Aucun blessé n'était à déplorer, a indiqué le gouvernorat, ajoutant
qu'une enquête était en cours.
Deux hommes ont été arrêtés dans la journée et ont avoué avoir perpétré
ensemble cette attaque, selon un deuxième communiqué publié en fin
d'après-midi.
L'ambassade américaine a remercié les autorités turques pour leur
"action prompte et professionnelle" qui a permis l'arrestation de ces
deux individus.
"Nous apprécions le soutien et la protection (des autorités turques)",
ajoutait-elle, dans un communiqué diffusé dans la soirée.
Un impact de balle était clairement visible lundi matin sur la vitre
d'une guérite de sécurité de l'ambassade, a constaté une journaliste de
l'AFP.
Cet incident survient à un moment de fortes tensions entre la Turquie
et les Etats-Unis, pourtant alliés au sein de l'Otan.
En raison de la détention pendant un an et demi puis l'assignation à
résidence d'un pasteur américain fin juillet, Washington a imposé des
sanctions contre Ankara, qui a immédiatement répliqué.
"Cette attaque est une tentative de créer du chaos", a dénoncé sur
Twitter Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc Recep Tayyip
Erdogan. "La Turquie est un pays sûr, les missions étrangères sont
protégées par la loi", a-t-il ajouté.
Condamnant lui aussi les faits, le ministre turc des Affaires
étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a assuré sur Twitter: "Nous nous
assurerons qu'une enquête sera rapidement conduite sur cette affaire et
que ses auteurs seront présentés à la justice".
Dans un communiqué, le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Hami Aksoy, a par ailleurs affirmé que "les mesures ont été
prises pour assurer la sécurité de l'ambassade américaine à Ankara, des
autres missions américaines et de leur personnel en Turquie".
La crise diplomatique entre Ankara et Washington a notamment inquiété
les marchés, déjà défiants face à la mainmise sur l'économie du
président Recep Tayyip Erdogan, et fait s'effondrer la livre turque.
"Il n'y a aucune différence entre les attaques contre notre économie et
celles qui visent notre drapeau ou notre appel à la prière", a déclaré
M. Erdogan dans un communiqué diffusé lundi matin, en amont de la fête
musulmane du sacrifice.
"Ceux qui pensent qu'ils nous feront céder avec les cours des devises
verront bientôt leur erreur", a ajouté le chef de l'Etat turc, signe
que les tensions ne faiblissent pas. (AFP, 20 août
2018)
La Turquie conteste devant l'OMC
les taxes américaines
La Turquie a déposé plainte devant l'OMC pour contester les droits de
douane sur l'acier et l'aluminium imposés par les Etats-Unis, indique
un document distribué lundi aux membres de l'Organisation Mondiale du
Commerce.
La Turquie a demandé formellement l'ouverture de "consultations" avec
les Etats-Unis à propos des droits de douane de 25% sur l'acier et de
10% sur l'aluminium, ce qui constitue la première étape du règlement
des différends.
Ankara juge ces mesures "incompatibles avec un certain nombre de
dispositions de l'Accord de l'OMC sur les sauvegardes et de l'Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1994",
poursuit le document. "La Turquie attend avec intérêt de recevoir une
réponse des États-Unis à la présente demande, en vue de déterminer une
date mutuellement convenable pour la tenue de consultations.
De nombreux membres de l'OMC ont déjà saisi cette organisation pour
contester les taxes américaines, notamment l'Union européenne, la
Chine, la Russie, la Suisse, le Mexique et le Canada.
En vertu des règles de l'OMC, si 60 jours se passent sans consultations
conduisant à un règlement du conflit, la Turquie pourra demander à
l'OMC de constituer une instance d'arbitrage, déclenchant ainsi un long
et coûteux processus qui pourrait durer des années.
La semaine dernière, le gouvernement turc avait déjà adopté des mesures
de rétorsion à l'égard des Etats-Unis pour protester contre la hausse
des droits de douane sur l'acier et l'aluminium.
Une large gamme de produits américains ont ainsi été visés, comme les
véhicules de tourisme, dont les tarifs douaniers s'élèvent désormais à
120%, certaines boissons aloolisées (140%), le tabac (60%) ou encore le
riz et certains produits cosmétiques.
Les relations entre Ankara et Washington sont au plus bas, du fait
notamment de la détention en Turquie pendant un an et demi d'un pasteur
américain, désormais assigné à résidence.
La guerre commerciale a fait chuter la devise turque face au billet
vert qui a perdu près de 40% de sa valeur depuis le début de l'année. (AFP, 20 août
2018)
Ankara
défie encore Washington, la livre ploie
La Turquie a maintenu vendredi l'assignation à résidence d'un pasteur
américain, en dépit de nouvelles menaces de sanctions des Etats-Unis,
qui ont mis à mal la livre turque et auxquelles Ankara a promis de
répliquer.
Un tribunal d'Izmir (ouest) a rejeté vendredi un nouveau recours du
pasteur Andrew Brunson, dont le sort est au coeur de l'une des plus
graves crises diplomatiques entre Ankara et Washington, deux alliés au
sein de l'Otan, depuis près d'un demi-siècle.
Cette décision survient au lendemain de nouvelles pressions américaines
: le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a prévenu jeudi que Washington
prendrait des sanctions supplémentaires si Ankara ne libérait pas le
pasteur Brunson.
Ces menaces ont été balayées par Ankara vendredi. "Nous avons répliqué
(aux sanctions américaines) en accord avec les règles de l'OMC et nous
continuerons de le faire", a déclaré la ministre turque du Commerce,
Ruhsar Pekcan, citée par l'agence étatique Anadolu.
Gel des avoirs de ministres de part et d'autre, augmentation réciproque
des tarifs douaniers sur certains produits... : les sanctions déjà
prononcées par Washington et les mesures similaires prises par Ankara
ont créé un vent de panique sur les marchés
Et alors que la crise diplomatique ne montre aucun signe d'apaisement,
la livre turque, qui a pourtant repris des couleurs cette semaine après
une spectaculaire débâcle, piquait à nouveau du nez vendredi.
En fin de journée, la devise turque avait perdu près de 4% face au
dollar, comparé à jeudi soir, repassant au-dessus de la barre des 6
livres pour un billet vert.
- Vers l'Europe -
Dans la tourmente financière, la Turquie a néanmoins reçu un soutien de
poids mercredi: le Qatar a promis d'investir 15 milliards de dollars
dans le pays.
Et le président Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu cette semaine avec
la chancelière allemande Angela Merkel et le président français
Emmanuel Macron, signe qu'Ankara veut se rapprocher de l'Europe après
deux années de tensions liées à la situation des droits de l'homme en
Turquie.
Dans la foulée de ces entretiens, le ministre turc des Finances Berat
Albayrak s'est entretenu vendredi avec son homologue français, Bruno Le
Maire.
Au cours de cet entretien, ils se sont accordés à "renforcer leur
coopération et agir ensemble face aux sanctions américaines", selon un
tweet de M. Albayrak. Et des équipes des deux ministères se
retrouveront à Paris le 27 août, selon Anadolu.
- "Modérément convaincant" -
M. Albayrak, qui est le gendre du président Erdogan, s'est efforcé de
se montrer rassurant au cours d'une téléconférence inédite jeudi avec
plusieurs milliers d'investisseurs.
Il a affirmé que son pays "émergerait encore plus fort" de la crise de
la livre, dont la valeur a fondu d'environ 40% par rapport au dollar
cette année.
Il a également rejeté les éventualités d'un plan d'aide du Fonds
monétaire international (FMI) ou d'un recours au contrôle des capitaux.
Mais son allocution n'a pas suffi à rasséréner les marchés, le cabinet
de conseil Capital Economics jugeant ainsi sa performance "modérément
convaincante".
Outre les tensions avec les Etats-Unis, les économistes restent
également préoccupés par la mainmise de M. Erdogan sur l'économie.
Les marchés ont sévèrement sanctionné le refus de la banque centrale de
relever ses taux d'intérêts le mois dernier, en dépit de la chute de la
monnaie nationale et d'une inflation galopante. M. Erdogan, partisan de
la croissance à tout prix, s'y oppose fermement.
Pour l'agence de notation Fitch, les mesures annoncées sont ainsi
"incomplètes" et "il est peu probable qu'elles permettent seules de
stabiliser durablement la devise et l'économie".
Pour cela, il faudrait "une hausse de la crédibilité des politiques et
de l'indépendance de la banque centrale, la tolérance d'une croissance
plus faible et une réduction des déséquilibres macroéconomiques et
financiers", estime l'agence.
Et dans la soirée de vendredi les agences de notation Standard and
Poor's et Moody's ont abaissé la note de la dette de la Turquie, SP
projetant même une récession en 2019.
La note de SP est abaissée à "B+", s'enfonçant dans la catégorie des
investissements considérés comme très spéculatifs.
Celle de Moody's passe à "Ba3" avec une perspective négative, indiquant
qu'elle pourrait encore l'abaisser dans quelques mois.
L'agence signale un "affaiblissement continu des institutions publiques
turques" et "les préoccupations grandissantes relatives à
l'indépendance de la banque centrale".
Preuve peut-être du rapprochement souhaité avec l'Europe, la justice
turque a ordonné cette semaine la libération de deux soldats grecs et
du président d'Amnesty International en Turquie, des décisions
inattendues dans deux affaires très critiquées en Europe. (AFP, 17 août
2018)
Erdogan
jure de braver les
"menaces" américaines
Le président turc Recep Tayyip Erdogan
s'est juré samedi de répondre aux "menaces" des Etats-Unis visant à
faire libérer un pasteur américain, ne montrant aucune volonté
d'apaisement dans son bras de fer avec Washington, qui a accentué la
chute de la devise nationale.
Déclarations chocs, sanctions, menaces de représailles, puis doublement
des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium turc : le
ping-pong Ankara-Washington est allé crescendo ces derniers jours,
emportant avec lui la livre turque qui a dévissé vendredi de 16% face
au billet vert.
Au coeur de cette bataille : le sort du pasteur américain Andrew
Brunson,
actuellement jugé en Turquie pour "terrorisme" et "espionnage", placé
fin juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention.
Les Etats-Unis demandent sa libération immédiate, alors que la
Turquie plaide pour l'extradition de Fethullah Gülen, prédicateur turc
établi depuis près de 20 ans sur le sol américain et soupçonné par
Ankara d'être l'architecte du putsch manqué de juillet 2016.
"Il est mauvais d'oser mettre la Turquie à genoux avec des menaces
concernant un pasteur", a lancé samedi M. Erdogan, lors d'un
rassemblement à Unye, sur les rives de la Mer noire. "Honte à vous,
honte à vous. Vous échangez votre partenaire stratégique de l'Otan pour
un prêtre".
La Turquie et les Etats-Unis sont partenaires dans le cadre de l'Otan
et les Etats-Unis disposent d'une importante base à Incirlik, dans le
sud du pays, actuellement utilisée comme centre des opérations contre
le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
"Notre partenariat pourrait être en danger", a averti samedi le
président turc dans les colonnes du New York Times, agitant la menace
de "chercher de nouveaux amis et de nouveaux alliés" au lendemain de la
chute brusque de la devise nationale causée par la décision du
président Trump, annoncée dans un tweet, de doublement des tarifs
douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs.
- Dollar versus Allah -
"S'ils ont le dollar, nous avons Allah", a dit M. Erdogan, appelant les
Turcs à ne pas s'affoler et surtout à convertir leurs réserves cachées
en or ou en devises étrangères en livres turques afin de soutenir la
monnaie nationale.
Lors d'un discours à Rize, sur la Mer noire, il s'en est aussi pris aux
taux d'intérêt, "un instrument d'exploitation qui rend les pauvres plus
pauvres et les riches plus riches". La banque centrale turque a résisté
ces dernières semaines aux pressions en faveur d'une hausse des taux
d'intérêt pour faire face à une forte inflation et à la baisse de la
monnaie nationale.
Le président turc a assuré qu'il se conformerait à la loi au sujet du
pasteur Brunson : "Nous n'avons pas fait jusqu'ici de concessions en
matière de justice et nous n'en ferons jamais".
Dans son tweet annonçant l'augmentation des tarifs douaniers sur
l'acier et l'aluminium turcs, Donald Trump avait d'ailleurs reconnu :
"Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment".
L'Iran, qui a aussi connu cette année une chute vertigineuse de sa
monnaie, en raison du rétablissement de sanctions des Etats-Unis qui se
sont retirés de l'accord sur le nucléaire iranien, a pris samedi fait
et cause samedi pour Ankara face à Washington.
"La jubilation éprouvée (par le président Donald Trump) en
imposant des difficultés économiques à la Turquie, son allié de l'OTAN,
est honteuse", a écrit le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad
Javad Zarif, sur Twitter.
"Les Etats-Unis doivent apprendre à maîtriser leur addiction aux
sanctions et à l'intimidation ou le monde entier se réunira et, au-delà
des condamnations verbales, les y forcera", a souligné M. Zarif, en
disant vouloir "soutenir" son voisin turc. (AFP, 11 août
2018)
Pas
de
sortie de crise entre les Etats-Unis et la Turquie
Le chef de la diplomatie américaine a réaffirmé vendredi à son
homologue turc sa "détermination" à obtenir la libération d'un pasteur
américain, mais Ankara continue de rejeter les "menaces" de Washington
tout en prônant le dialogue.
Mike Pompeo et Mevlüt Cavusoglu se sont entretenus à l'abri des caméras
en marge d'un forum de pays d'Asie du Sud-Est à Singapour, alors que
les relations turco-américaines, déjà très tendues, se sont encore
envenimées autour du sort du pasteur Andrew Brunson, en résidence
surveillée en Turquie où il est jugé pour "espionnage" et "terrorisme".
Washington a en effet annoncé cette semaine des sanctions contre les
ministres turcs de la Justice et de l'Intérieur, Abdulhamit Gül et
Süleyman Soylu, pour leur rôle présumé dans cette affaire. Le coup de
froid entre les deux pays, pourtant alliés au sein de l'Otan, s'est
alors mué en l'une des plus graves crises américano-turques depuis des
décennies.
"Les Turcs avaient été prévenus qu'il était temps qu'ils nous rendent
le pasteur Brunson, et j'espère qu'ils vont voir" ces sanctions "pour
ce qu'elles sont, la preuve de notre grande détermination", a déclaré
avant la rencontre Mike Pompeo à des journalistes qui l'accompagnent en
Asie, dont celui de l'AFP.
"Le pasteur Brunson est un pasteur innocent et ils doivent le laisser
rentrer aux Etats-Unis", a-t-il insisté.
A l'issue de l'entretien, sa porte-parole, Heather Nauert, a déclaré
que les deux pays allaient "continuer à essayer de résoudre leurs
problèmes".
- Rencontre "constructive" -
De son côté, le chef de la diplomatie turque a une nouvelle fois rejeté
la stratégie américaine. "Nous disons depuis le début que le langage
menaçant et les sanctions n'auront aucun résultat. Nous l'avons répété
aujourd'hui", a dit M. Cavusoglu à Singapour.
Il a néanmoins estimé que la rencontre avait été "constructive au plus
haut point" et plaidé pour "la diplomatie et le dialogue, une
compréhension mutuelle et des accords".
Si le gouvernement turc avait dès mercredi affirmé qu'il prendrait
"sans délai" des mesures en représailles aux sanctions américaines,
Ankara n'avait annoncé aucune sanction vendredi en début de soirée.
Connu pour ses diatribes contre l'Occident, le président Recep Tayyip
Erdogan n'a toujours pas réagi aux sanctions américaines, malgré un
discours de près de deux heures vendredi lors duquel il n'a pas
directement fait référence à la crise avec les Etats-Unis.
Tout juste a-t-il lâché qu'il ne s'attendait pas à ce que la
coopération entre les militaires turcs et américains dans la ville
syrienne de Minbej (nord) soit "affectée par les autres problèmes que
nous avons".
Même si Ankara continue de s'élever contre les sanctions jugées
"inacceptables", l'heure semble plutôt être à la prudence et à l'appel
au dialogue.
"Même les couples mariés depuis 40 ans peuvent avoir des désaccords", a
ainsi relativisé vendredi le puissant ministre des Finances et gendre
de M. Erdogan, Berat Albayrak. "Ils se disputent, puis se
réconcilient", a-t-il ajouté à la chaîne NTV.
- Marchés inquiets -
De nombreux analystes estiment que la Turquie est soucieuse de ne pas
envenimer davantage la situation alors que l'annonce des sanctions
américaines a fait souffler un vent de panique sur les marchés. La
livre turque a atteint un plus bas historique, s'échangeant à plus de
cinq pour un dollar.
Washington a fait de la libération d'Andrew Brunson une priorité et a
haussé le ton la semaine dernière après le placement en résidence
surveillée du pasteur qui a passé un an et demi en détention et encourt
jusqu'à 35 ans de prison.
Au lieu d'apaiser les tensions, cette décision de la justice turque a
envenimé la crise entre les deux pays dont les relations se sont
détériorées ces derniers mois notamment au sujet du conflit en Syrie.
Andrew Brunson est accusé de terrorisme et d'espionnage pour le compte
de deux organisations classées "terroristes" en Turquie, le réseau du
prédicateur Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis, et le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK). Mais il se dit innocent, avec le
soutien de l'administration américaine.
La Turquie réclame de son côté l'extradition de Fethullah Gülen,
désigné par Ankara comme le cerveau du putsch avorté de juillet 2016 en
Turquie. (AFP,
3 août
2018)
Une
alliance difficile: cinq points de discorde
entre Ankara et Washington
Les tensions entre Washington et Ankara ont franchi un nouveau palier
avec la décision américaine d'imposer mercredi des sanctions contre
deux ministres turcs en lien avec la détention d'un pasteur américain.
La Turquie a juré de répliquer. Cet épisode apparaît comme le point
d'orgue de deux années de relations tendues entre ces deux alliés au
sein de l'Otan.
Voici les principaux sujets qui les divisent:
- Fethullah Gülen -
La présence aux Etats-Unis depuis 1999 du prédicateur turc Fethullah
Gülen est probablement le principal objet de la colère d'Ankara.
La Turquie accuse en effet cet ancien allié du président Recep Tayyip
Erdogan d'avoir fomenté le putsch manqué du 15 juillet 2016, et traque
depuis sans relâche ses partisans.
a Turquie a demandé à plusieurs reprises l'extradition de M. Gülen, qui
dément toute implication dans le coup d'Etat raté.
Mais à ce jour, ces demandes sont restées lettre morte. "La question
est +y a-t-il des preuves suffisamment claires de l'implication
personnelle de Fethullah Gülen?+",a affirmé fin juillet un haut
responsable américain.
- Américains détenus en Turquie -
La détention pendant un an et demi puis le placement en résidence
surveillée d'un pasteur américain, Andrew Brunson, la semaine dernière,
a été l'affaire qui a fait éclater la crise actuelle entre Ankara et
Washington.
M. Brunson, qui dirigeait une église protestante à Izmir, est accusé
d'espionnage et d'avoir agi pour le compte du réseau de Fethullah
Gülen, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ces deux organisations sont considérées comme terroristes par la
Turquie.
C'est en appelant à sa libération immédiate que Washington a menacé la
Turquie de sanctions, avant de mettre cette menace à exécution dès
mercredi soir.
Outre M. Brunson, deux employés locaux des missions américaines en
Turquie sont en détention et un autre en résidence surveillée.
- Le procès Halkbank -
En mai, Mehmet Hakan Atilla, ex-directeur général adjoint de la banque
publique turque Halkbank, a été condamné par un tribunal américain à 32
mois d'emprisonnement pour fraude bancaire et conspiration dans une
affaire impliquant des milliards de dollars.
Il a fait appel et Ankara a vivement protesté après sa condamnation.
Cette affaire fait planer la menace d'une amende colossale contre
Halkbank, une perspective qui inquiète le pouvoir turc.
Un homme d'affaires turco-iranien, Reza Zarrab, est au coeur de cette
affaire explosive. Lors du procès, il a impliqué le président Erdogan
et des ministres du gouvernement turc.
Ankara a qualifié ce procès de "complot" manigancé par Fethullah Gülen.
- Les milices kurdes en Syrie -
La Turquie ne cesse de reprocher aux Etats-Unis le soutien apporté en
Syrie aux Unités de protection du peuple kurde (YPG) pour lutter contre
le groupe Etat islamique (EI).
Ankara considère en effet cette milice comme une émanation du PKK,
classé "terroriste" par la Turquie mais aussi les Etats-Unis.
Après une première offensive en 2016 visant les combattants kurdes et
les jihadistes, la Turquie a lancé cette année une opération pour
déloger les YPG de l'enclave syrienne d'Afrine.
Elle a menacé d'étendre cette offensive vers Minbej où sont stationnés
des soldats américains. Mais Ankara et Washington se sont accordés sur
une "feuille de route" prévoyant le retrait des YPG de Minbej et
l'instauration de patrouilles conjointes.
La Turquie a assuré en début de semaine que cet accord ne serait pas
affecté par les tensions actuelles. "Je ne vois pas comment (cette
feuille de route) pourrait fonctionner avec les sanctions imposées à la
Turquie", estime toutefois Asli Aydintasbas, chercheuse au European
Council on Foreign Relations.
- Le rapprochement entre Ankara et Moscou -
Ankara et Moscou coopèrent étroitement sur le dossier syrien, mais le
principal sujet d'inquiétude pour Washington est l'accord conclu pour
l'achat par la Turquie de systèmes de défense antiaérienne russe S-400,
incompatibles avec les systèmes de défense de l'Otan.
Le Congrès américain a approuvé mercredi un budget interdisant au
Pentagone de remettre à la Turquie le moindre avion de combat F-35 tant
qu'Ankara ne se sera pas engagé à ne pas finaliser ses négociations
pour l'achat de S-400.
Mais M. Kalin a affirmé cette semaine qu'Ankara disposait de moyens de
recours légaux pour s'opposer à ce blocage. (AFP, 2 août
2018)
Sanctions
américaines aux ministres turcs et rétorsion d'Ankara
La Turquie a menacé mercredi les Etats-Unis de mesures de rétorsion
suite aux sanctions imposées par Washington aux ministres turcs de
l'Intérieur et de la Justice en réponse à l'arrestation et la détention
du pasteur américain Andrew Brunson.
Ces sanctions consistent en la saisie des biens et avoirs de Süleyman
Soylu et Abdulhamit Gül, a indiqué le département américain au Trésor.
L'administration Trump a également interdit à tout ressortissant
américain de faire affaire avec ces responsables turcs.
"Il ne fait aucun doute que cela va grandement endommager les efforts
constructifs déployés en vue de régler les problèmes entre les deux
pays", a réagi le ministère turc des Affaires étrangères dans un
communiqué.
"Il y aura sans délai une réponse à cette attitude agressive qui ne
mènera à rien", a-t-il ajouté, alors que la livre turque avait atteint
mercredi son plus bas niveau historique face au billet vert (5 livres
turques pour 1 dollar).
Accusé par les autorités turques d'activités "terroristes" et
d'espionnage, le pasteur Andrew Brunson a été placé il y a tout juste
une semaine en résidence surveillée après un an et demi de détention.
"Nous croyons qu'il a été victime d'un traitement injuste et injustifié
de la part du gouvernement turc", a commenté Sarah Sanders, la
porte-parole de la Maison Blanche, en annonçant les sanctions contre
ces responsables turcs.
"La détention injuste du pasteur Brunson et sa poursuite par les
autorités turques sont tout simplement inacceptables", a réagi de son
côté le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Süleyman Soylu et Abdulhamit Gül ont dirigé des organisations
gouvernementales turques responsables de violation des droits de
l'homme, estime le Trésor pour justifier ces mesures.
Parallèlement à l'annonce de ces sanctions, le département d'Etat
américain a indiqué que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo
avait parlé au téléphone avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu et
allait le rencontrer cette semaine à Singapour pour demander la
libération du pasteur américain.
Andrew Brunson "doit être libéré de sa résidence surveillée et ramené à
la maison", a déclaré à la presse la porte-parole de la diplomatie
américaine Heather Nauert.
Mike Pompeo, en route pour Singapour où il participera vendredi et
samedi à des réunions régionales, a de son côté rapporté que le
président Donald Trump avait estimé que les sanctions annoncées contre
des ministres turcs étaient "la mesure appropriée" face au "refus" de
libérer ce pasteur.
La tension est montée d'un cran la semaine dernière entre Washington et
Ankara, du fait de la détention en Turquie de ce pasteur.
Son placement en résidence surveillée mercredi dernier, après un an et
demi de détention, a décuplé les tensions. Donald Trump et son
vice-président Mike Pence avaient alors menacé la Turquie de "lourdes
sanctions" si Andrew Brunson n'était pas remis en liberté.
- "Evangéliste et sioniste" -
Ankara ne cesse depuis de dénoncer un langage "inacceptable" de la part
de son allié au sein de l'Otan.
Par ailleurs, Mike Pence, chrétien évangélique comme M. Brunson, a
désigné le pasteur comme une "victime de persécution religieuse" dans
une Turquie à majorité musulmane.
"La Turquie n'a aucun problème avec les minorités religieuses", s'est
défendu mercredi Recep Tayyip Erdogan.
"Il nous est impossible d'accepter cette mentalité évangéliste et
sioniste et ce ton menaçant venant des Etats-Unis", a également déclaré
le président turc, répondant aux questions de journalistes à Ankara.
"Personne ne gagnera quoi que ce soit à cette approche pleine de propos
menaçants", a-t-il ajouté.
Le pasteur Brunson, qui rejette toutes les accusations portées contre
lui, risque jusqu'à 35 ans d'emprisonnement.
Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, qui ont les deux plus
grandes armées de l'Otan, sont compliquées par des désaccords sur le
dossier syrien et le sort du prédicateur et opposant turc Fethullah
Gülen, exilé en Amérique, dont Ankara réclame avec insistance
l'extradition pour son implication présumée dans le putsch avorté de
juillet 2016.
Cette demande est restée pour l'heure lettre morte.
Le soutien apporté par Washington à la milice syrienne kurde des YPG a
en outre fortement tendu les rapports, Ankara voyant dans ce groupe
armé une organisation "terroriste" qui menace ses frontières.
Par ailleurs, deux employés locaux des missions américaines en Turquie
sont actuellement en détention, et un autre est assigné à résidence.
(AFP, 1 août
2018)
Relations
régionales / Regional Relations
La Turquie met en garde Moscou
contre une "catastrophe" à Idleb
La Turquie a mis en garde vendredi Moscou, qui intervient militairement
en Syrie en soutien au régime de Damas, contre une possible
"catastrophe" en cas de "solution militaire" à Idleb, ultime grand fief
insurgé du pays.
Une offensive du régime syrien contre cette province à la frontière
turque semble imminente, mais peu probable sans accord d'Ankara,
parrain traditionnel des rebelles. Les tractations entre la Russie et
la Turquie se sont intensifiées ces dernières semaines et une
importante délégation turque s'est rendue vendredi à Moscou.
"Une solution militaire causerait une catastrophe non seulement pour la
région d'Idleb mais aussi pour l'avenir de la Syrie. Les combats
pourraient durer longtemps, les civils seront touchés", a déclaré le
chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de
presse aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le régime de Damas, dont Moscou est le principal allié, ambitionne de
reconquérir cette région du nord-ouest de la Syrie, dominée à 60% par
Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de membres de l'ex-branche
d'Al-Qaïda), et qui compte également une multitude de groupes rebelles.
"Néanmoins, il est très important que ces groupes radicaux, les
terroristes, soient mis hors d'état de nuire. C'est également important
pour la Turquie car ils sont de l'autre côté de notre frontière. Ils
représentent en premier une menace pour nous", a poursuivi M. Cavusoglu.
La province d'Idleb, l'utime grand fief des rebelles et des jihadistes
en Syrie, a une importance stratégique en raison de sa situation à la
frontière avec la Turquie, parrain des rebelles, et près de la province
côtière de Lattaquié, fief du régime Assad.
Elle fait aussi partie des "zones de désescalade" mises en place en
Syrie à l'issue des négociations de paix d'Astana, parrainées par la
Russie, la Turquie et l'Iran.
C'est dans cette province que le régime envoie rebelles et civils après
leur évacuation des bastions repris au terme de sièges et d'assauts
meurtriers.
- "Très difficile" -
La situation à Idleb est "très difficile", a reconnu vendredi M. Lavrov.
"Mais lorsque l'on a créé une zone de désescalade à Idleb, personne ne
proposait d'utiliser cette zone pour que des combattants, avant tout
ceux du Front al-Nosra, s'y cachent en se servant des civils comme d'un
bouclier humain", a-t-il déclaré.
"Non seulement ils restent là-bas, mais il y a des attaques et des tirs
permanents en provenance de cette zone contre les positions de l'armée
syrienne", a souligné M. Lavrov, assurant qu'en avaient été lancés
récemment une cinquantaine de drones visant la base aérienne russe de
Hmeimim avaient été lancés récemment, et détruits par les forces russes.
Une offensive du régime syrien contre cette province, dont la
quasi-totalité échappe au contrôle de Damas, semble imminente depuis
que le président syrien Bachar al-Assad a déclaré fin juillet: "Idleb
est désormais notre but". Il avait ajouté que ce n'était "pas le seul"
objectif.
Le 9 août, l'armée syrienne a largué des tracts appelant habitants et
combattants à se rendre.
Selon des experts, le régime ne peut cependant pas agir sans tenir
compte de la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, qui y a
installé des postes d'observation et déployé des forces.
Pour sa part, Ankara, qui accueille déjà plus de trois millions de
réfugiés syriens et cherche à éviter tout nouvel afflux, pourrait
négocier et éventuellement se mettre d'accord avec Moscou sur la
nécessité d'éliminer les jihadistes à Idleb, mais sans une offensive
d'envergure contre la province, affirment-ils.
Dans ce contexte, le président russe, Vladimir Poutine, a reçu dans
l'après-midi au Kremlin le chef de la diplomatie turque, ainsi que le
ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et le chef du Service de
renseignement turc, Hakan Fidan, louant la coopération "de plus en plus
profonde" avec la Turquie dans le règlement des dossiers "épineux comme
la crise syrienne".
"Grâce aux efforts de nos pays, avec participation des autres pays
intéressés, notamment de l'Iran (...), nous avons réussi à avancer
nettement dans le règlement de la crise syrienne", a assuré M. Poutine.
(AFP,
24 août
2018)
Une
coalition arabo-kurde prête à un échange
avec l'EI pour
sauver des civils
Les Forces démocratiques
syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis,
ont annoncé dimanche leur disposition à échanger des prisonniers du
groupe Etat islamique (EI), après la décapitation par les jihadistes de
l'un des civils enlevés à Soueida, dans le sud de la Syrie.
"Nous assurons à notre peuple dans la ville de Soueida ainsi qu'aux
parents des otages notre totale disposition à tout échange avec Daech
afin de les libérer", a déclaré à l'AFP Redur Khalil, porte-parole des
FDS, utilisant l'acronyme en arabe de l'EI.
Cette annonce intervient alors les négociations menées par la
Russie pour libérer une trentaine de femmes et d'enfants druzes dans la
province méridionale de Soueida enlevés par l'organisation
ultraradicale, se sont soldées par un échec.
"Cette initiative ne remplace pas la médiation russe. Il s'agit d'une
proposition de notre part pour sauver les civils", a ajouté M. Khalil.
Les FDS ont été le fer de lance des combats menés contre l'EI en
Syrie, chassant les jihadistes de pans entiers du territoire et
capturant des milliers de combattants au fil de la débâcle de l'EI.
Parmi ces derniers figurent des jihadistes étrangers ayant rejoint l'EI
en Syrie ainsi que de hauts responsables du groupe extrémiste.
Le 25 juillet, l'EI a lancé des attaques coordonnées dans la province
de Soueida ayant fait plus de 250 morts, et enlevé une trentaine de
femmes et d'enfants alors que 17 hommes sont portés disparus selon le
média en ligne Soueida24 et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
La décapitation, annoncée dimanche par les mêmes sources, d'un étudiant
de 19 ans enlevé du village de Chabké avec sa mère, est la première
exécution par l'EI d'un otage civil en Syrie depuis près d'un an.
L'EI n'a pas revendiqué cette exécution ni les enlèvements et n'a pas
non plus publié les vidéos sur ses chaînes de propagande
traditionnelles.
Les FDS ont entamé fin juillet des négociations inédites avec le régime
de Damas sur l'avenir des zones semi-autonomes kurdes dans le nord de
la Syrie.
Déclenché en 2011 par la répression brutale de manifestations
pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil
des ans. Il a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et
réfugiés.
(AFP,
5 août
2018)
Irak:
réouverture prochaine du consulat turc
à Mossoul
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi que son pays
allait rouvrir "dans les 100 jours" un consulat à Mossoul (nord de
l'Irak), quatre ans après la prise en otage de ses diplomates dans
cette ville par le groupe Etat islamique (EI).
"Le consulat général de Mossoul et celui de Bassora (sud de l'Irak)
reprendront leurs activités dans les 100 jours", a déclaré M. Erdogan
lors de la présentation à Ankara des projets de son gouvernement après
sa réélection en juin dernier.
Dans une volonté d'afficher ses ambitions dans le nord de l'Irak, la
Turquie avait ouvert un consulat avec des effectifs importants à
Mossoul, avant la montée en puissance de l'EI dans la région et en
Syrie voisine.
En juin 2014, les jihadistes ont pris d'assaut la représentation turque
et retenu en otage les 46 membres du consulat, y compris des diplomates
et des enfants, avant de les libérer en septembre après trois mois de
captivité.
Si les autorités turques avaient déjà indiqué qu'Ankara souhaitait la
réouverture du consulat de Mossoul, c'est la première fois qu'une
échéance est fixée.
Par mesure de sécurité, le consulat de Bassora avait été évacué une
semaine après la prise de contrôle de celui de Mossoul par l'EI.
En avril 2016, la coalition anti-EI emmenée par les Etats-Unis a
détruit, en coordination avec Ankara, le bâtiment consulaire occupé par
les jihadistes.
Les circonstances de la libération des otages restent obscures, des
articles de presse évoquant à l'époque un échange contre des membres de
l'EI détenus par la Turquie.
M. Erdogan, alors Premier ministre, avait affirmé qu'aucune rançon
n'avait été versée, évoquant des "négociations diplomatiques et
politiques".
L'ancien consul général de Mossoul, Ozturk Yilmaz, s'est lancé dans une
carrière politique après sa libération et est devenu vice-président du
principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP,
social-démocrate). (AFP, 3 août
2018)
Les
Kurdes syriens vont poursuivre le dialogue avec
le régime
Une coalition arabo-kurde engagée dans des négociations inédites avec
le pouvoir à Damas a annoncé samedi la création de "comités" chargés de
poursuivre les discussions, en vue d'une solution politique prévoyant
une "décentralisation".
Longtemps opprimés par le régime, les Kurdes de Syrie ont profité du
conflit qui ravage le pays depuis 2011 pour instaurer une autonomie de
facto dans les régions sous leur contrôle dans le nord et le nord-est
syrien, soit près de 30% du territoire selon l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH).
Une délégation du Conseil démocratique syrien, bras politique des
Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par Washington, a eu des
discussions jeudi à Damas, à l'invitation du gouvernement syrien, les
premières du genre.
"Il a été décidé de former des comités pour aller de l'avant dans les
négociations afin de régler tous les problèmes en suspens", a indiqué
le Conseil démocratique syrien dans un communiqué.
Ces comités se pencheront sur des problématiques d'ordre "économique,
militaire, juridique et politique", a précisé Sihanouk Dibo, un
conseiller du Parti de l'union démocratique(PYD), une formation
représentée au sein du Conseil.
Leur objectif sera "de mettre en place une feuille de route menant à la
décentralisation de la Syrie", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Il est encore trop tôt pour parler d'un accord mais nous y oeuvrons",
a poursuivi le responsable, avant de préciser que les négociations
seraient "longues et difficiles car le pouvoir de Damas est très
centralisé".
Le régime a Damas n'a pas commenté ces négociations.
Fin 2017, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem avait
reconnu que les Kurdes syriens souhaitaient "une forme d'autonomie",
estimant que cette question était "négociable".
En menant ces négociations à Damas, les Kurdes auraient cherché à
préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime
qui est en position de force après avoir réussi à reconquérir plus de
60% du pays avec l'aide de l'allié russe.
Le président Bachar al-Assad, qui critique le soutien américain aux
FDS, avait d'ailleurs menacé en mai de recourir à la force pour
reconquérir les territoires kurdes.
La minorité kurde (15% de la population) contrôle de vastes pans de
territoires à cheval sur les provinces de Raqa et Alep (nord), mais
aussi de Deir Ezzor et Hassaké, où se trouvent d'importants champs
pétroliers.
En 2016, la communauté a proclamé une "région fédérale" qui gère ces
territoires. Cette administration organise des élections à un niveau
local et collecte des impôts. Elle a ses propres forces de police et
écoles.
Avec l'appui de la coalition internationale, les FDS, fer de lance de
la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), luttent
toujours contre une poche de l'EI à Deir Ezzor. (AFP, 31 juillet
2018)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Demande d'asile d'une ex-députée
turque du HDP en Grèce
Une ex-députée turque du parti prokurde HDP, Leyla Birlik, condamnée en
Turquie pour "insulte au président", a fui en Grèce où elle a demandé
l'asile politique, a indiqué vendredi une source policière.
Mme Birlik, 44 ans, s'est présentée mercredi à la police
d'Alexandroupoli, près de la frontière terrestre gréco-turque
(nord-est) qu'elle venait de franchir illégalement, a précisé cette
source, confirmant des informations des médias grecs.
Elle a déposé une demande d'asile politique, et restait détenue dans
l'immédiat vendredi au poste de police, selon la même source.
Selon l'agence de presse turque DHA, la demandeuse d'asile avait été
condamnée par contumace en janvier dernier à un an et neuf mois ferme
de prison pour "insulte au président" pour une déclaration remontant à
2015.
Elue de la province de Sirnak, dans le sud-est turc à majorité kurde,
elle avait aussi été arrêtée en novembre 2016, accusée de "propagande
terroriste" et d'appartenance au parti séparatiste kurde PKK, classé
"terroriste" par la Turquie et les États-Unis, selon la chaîne CNN-Turk.
De même source, elle avait été détenue jusqu'en janvier 2017, puis
relâchée sous contrôle judiciaire et interdiction de sortie du
territoire.
Les relations entre Athènes et Ankara se sont tendues après le refus
grec d'extrader huit militaires turcs ayant fui leur pays quelques
heures après le coup d'état manqué de juillet 2016. La Grèce leur a
octroyé l'asile alors que la Turquie les accuse d'avoir participé au
putsch.
Des centaines de Turcs ont par ailleurs demandé l'asile en Grèce pour
fuir les purges déclenchées en Turquie après l'échec du coup d'état. (AFP, 24 août
2018)
Retour en
Grèce de deux soldats libérés d'une
prison turque
Les deux soldats grecs libérés d'une prison turque après plus de cinq
mois de détention ont atterri dans la nuit de mardi à mercredi à
l'aéroport de Thessalonique, ville du nord de la Grèce, a rapporté un
journaliste de l'AFP.
Dans la foulée de l'annonce mardi après-midi de la décision de leur
libération par un tribunal à Edirne, ville turque où ils étaient
détenus depuis mars dernier, le ministre adjoint des Affaires
étrangères Georges Katrougalos et le chef adjoint de l'état-major
Konstantinos Floros s'y sont rendus à bord d'un avion officiel pour les
transférer en Grèce.
Les deux soldats sont sortis de l'appareil en tenue militaire et ont
été accueillis vers 03h30 heure locale (00h30 GMT) à l'aéroport de
Thessalonique par le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, le
chef de l'état-major Alkiviadis Stephanis, une garde d'honneur et leurs
parents, selon la même source et des images diffusées en direct par la
télévision publique grecque ERT.
"J'espère que leur libération marquera un nouveau chapitre pour les
relations gréco-turques", a déclaré le ministre Panos Kammenos aux
médias.
"Nous pouvons vivre ensemble dans l'intérêt de nos deux peuples et en
respectant le droit international", a-t-il ajouté.
Souriant, les deux soldats ont embrassé leurs parents, qui ont remercié
les médias de leur soutien.
"C'était une aventure inédite. Merci pour le soutien des gens", a dit
le père d'un des deux militaires.
A l'annonce de la décision du tribunal turc mardi, le Premier ministre
grec Alexis Tsipras s'est félicité de la libération des deux soldats,
"un acte de justice", qui "va contribuer au renforcement de l'amitié,
du bon voisinage et de la stabilité dans la région".
Athènes avait à plusieurs reprises protesté auprès d'Ankara contre leur
détention. La question avait été abordée avec le président turc Recep
Tayyip Erdogan par les présidents de la Commission européenne
Jean-Claude Juncker et du Conseil européen Donald Tusk au cours d'un
sommet récent en Bulgarie.
Dans un tweet publié mardi soir, M. Juncker s'est dit "ravi" de cette
libération.
"La Turquie n'a rien à craindre de ses voisins européens. L'Union
européenne va poursuivre sa relation stratégique avec la Turquie" tout
en espérant voir "un Etat démocratique, stable et prospère", a-t-il
écrit, à un moment où les relations sont difficiles entre la Turquie et
l'Occident.
Les autorités turques avaient arrêté les deux militaires grecs début
mars près de la frontière gréco-turque, en les accusant d'avoir pénétré
"dans une zone interdite".
Mais les soldats ont soutenu s'être perdus par erreur en raison "du
brouillard lors d'une patrouille frontalière".
Au cours d'une audience mardi dans le cadre de leur procès, le tribunal
d'Edirne a décidé de lever leur maintien en détention, à la demande de
leurs avocats.
L'arrestation de ces deux militaires grecs a détérioré les relations
déjà tendues entre les deux pays voisins ces dernières années.
A l'origine de cette tension, le refus d'Athènes d'extrader vers Ankara
huit officiers turcs ayant fui en Grèce et ayant bénéficié de l'asile
après le coup d'Etat manqué en Turquie en juillet 2016. (AFP, 15 août
2018)
Immigration
/ Migration
Un
candidat Ecolo-Groen de Saint-Josse fait le
salut des Loups-Gris
On attend impatiemment l'annonce des candidats de tous les partis
politiques, de droite ou de gauche, pour pouvoir connaître la prise de
position des candidats turcs en ce qui concerne le régime actuel en
Turquie et plus particulièrement le négationnisme d'Ankara.
Une dernière nouvelle décevante
Kenan Aydogan, deuxième en partant de la droite, fait le salut des
Loups-Gris
Kenan Aydogan est né à Saint-Josse il y a 30 ans. Il travaille comme
conducteur de bus scolaire pour la Communauté flamande. Il figure en
10e place sur la liste Ecolo-Groen de Saint-Josse emmenée par Zoé
Genot. Sur une photo publiée sur sa page Facebook en novembre 2017, on
le voit en compagnie d'un ami faisant le salut des sympathisants du
MHP, le Parti d'Action nationaliste, aussi connu sous le nom de
Loups-Gris. Le MHP est un parti généralement classé à l'extrême droite.
S'il compte des élus au Parlement turc et fait partie du jeu politique
normal, en Belgique, il serait sans nul doute rangé au côté du Vlaams
Belang derrière le cordon sanitaire en vigueur depuis 1991.
Kenan Aydogan replace la photo dans son contexte : il assistait à un
mariage et un de ses amis d'enfance s'est fait photographier à ses
côtés en faisant le salut des Loups-Gris, comme il le fait chaque fois
qu'on le photographie. "Je n'allais pas nier cet ami d'enfance",
explique le candidat Ecolo-Groen. "Il ne sait rien de la politique
turque et fait ce geste par mimétisme, fasciné par des histoires de
mafieux turcs qu'on lui a racontées."
Ensuite, une deuxième photo fait surface, nettement plus embarrassante.
Sur ce cliché, pris lors de la soirée du Nouvel An 2018, c'est Kenan
Aydogan lui-même qui fait le salut au sein d'un petit groupe. La photo
figure elle aussi sur Facebook, sur la page d'un parent du candidat.
"Je me fous de leur gueule", argumente Kenan Aydogan. "Je fais ça avec
la main gauche, pas avec la main droite, déjà. Je les connais très bien
mes amis pro-MHP, je les traite de fascistes. Je fais ce signe par
dérision."
A l'époque, il est vrai, Kenan Aydogan ne songeait pas à être candidat
aux élections communales de 2018. Il était alors secrétaire de la
section locale du SP.a et se plaignait de l'inactivité des socialistes
flamands, qu'il allait quitter quelques mois plus tard pour rallier
Groen. Il s'attend désormais à faire l'objet d'attaques de ses
adversaires politiques en raison de ces photos, qu'il s'est refusé, par
honnêteté, à supprimer.
Ecolo embarrassé
La tête de liste Ecolo à Saint-Josse, Zoé Genot, n'est pas ravie de
l'apparition de ces photos. Elle a pourtant vérifié le profil Facebook
de Kenan Aydogan sur les 6 derniers mois, allant jusqu'à se faire
traduire tout ce qui était rédigé en turc. "C'est un citoyen actif, qui
s'occupe des jeunes, aide les gens à rédiger des courriers, à chercher
un emploi. J'ai été choquée en voyant cette photo", nous répond la tête
de liste Ecolo-Groen de Saint-Josse. Qui ajoute vouloir en parler avec
l'intéressé dès son retour de l'étranger. A ce stade, donc, les Verts
n'ont pas encore décidé si Kenan Aydogan figurera bien sur la liste
définitive le 14 octobre prochain. (RTBF.BE, 24 aoùut 2018)
Suède : Un négationniste d’origine turque aux
législatives, exclu de son parti
Le Parti suédois du Centre (libéral) a annulé l’adhésion de son
candidat aux parlementaires prévues le 9 septembre prochain.
Mikail Yuksel, le candidat d’origine turque exclu, a indiqué aux médias
turcs qu’il a été accusé d’être le « porte-voix » du président turc
Recep Tayyip Erdogan.
Il a ajouté que certaines personnes en Suède avaient été perturbées par
sa campagne organisée notamment dans le district de Kulu relevant de la
province de Konya (centre de la Turquie) dans le cadre des élections
suédoises.
Le parti ne l’a pas défendu face à la campagne organisée contre lui,
a-t-il déclaré, relevant que les attaques ont compris des critiques
concernant son père, qui était un ancien maire du Parti d’action
nationaliste (MHP).
« Malgré mon désintérêt à l’égard de la politique turque et mon souci
de résoudre les problèmes des citoyens ici (en Suède), ils m’ont obligé
de commenter la politique turque, et ont suscité contre moi des
allégations mensongères », a poursuivi Yuksel.
« Mon parti n’a pas fait preuve de courage face à cette campagne de
diffamation quand les journaux suédois ont repris lesdites allégations
», a-t-il noté.
Il a souligné qu’il a subi des pressions pour l’inciter à faire des
déclarations sur le génocide arménien car en Février 2015 à Mynttorget
à Stockholm Mikail Yüksel dans un discours avait nié le génocide des
Arméniens, des Assyriens / Syriens et des Grecs du Pont en 1915.
Yuksel a soutenu qu’il « maintient sa candidature aux élections,
appelant les musulmans et les Turcs dans la ville de Göteborg (sud) à
voter en sa faveur ».
Il a par ailleurs affirmé qu’il tient à fonder un nouveau parti en cas
de victoire aux parlementaires. (http://www.armenews.com/spip.php)
Appel à la solidarité avec les mères
du samedi à Bruxelles
En Turquie, des personnes après avoir été mises en garde à vue par les
forces de sécurité ont disparus. Leur existence même a été niée et
personne n’a eu de nouvelles. Les familles des disparus et les
défenseurs des droits de l’homme qui les soutiennent ont lancé une
protestation pacifique en scandant « Nous voulons nos disparus ».
Tous les samedis à midi, ils ont fait entendre leur voix en exigeant la
vérité et la justice en portant le portrait de centaines de
photographies de disparus sur la place Galatasaray, qui est l’endroit
le plus fréquenté d’Istanbul.
Devenue la protestation pacifique, la plus longue en Turquie, les
rassemblements du samedi entreront dans leur 700e semaine le 25 août
2018. Depuis 700 semaines, les mères du samedi auront recherché leurs
disparus et la justice.
Chaque samedi à Galatasaray, leur appel est adressé à tous :
«S’habituer à l'injustice est aussi honteux que de produire
l’injustice; ne t’habitue pas et ne te tais pas! »
Nous vous appelons à soutenir l’appel à la vérité et à la justice des
mères du samedi en portant une photo de nos disparus n’importe où dans
le monde où vous vous trouverez le samedi 25 août 2018.
Adresse: Place de la Monnaie 1000 Bruxelles
Le 25.08.2018
14h00
HDK- Le Congrès Dêmocratique du Peuple
Özil "absolument pas" victime de racisme au sein de la
Mannschaft, selon Neuer
Le capitaine de l'Allemagne Manuel Neuer a estimé que Mesut Özil, qui a
claqué la porte de la Mannschaft en se disant victime de racisme,
n'avait "absolument pas" été discriminé au sein de la sélection.
"On a beaucoup parlé (des propos d'Özil) et on a beaucoup écrit dessus.
C'est évidemment un sujet qui a été très pénible pour ceux qui ont tout
lu", a déclaré le portier du Bayern jeudi soir en marge d'un camp
d'entraînement du Bayern Munich, selon des propos rapportés vendredi
par la presse allemande.
Mesut Özil, milieu de terrain d'origine turque, n'a "absolument pas"
été victime de racisme au sein de la Mannschaft. "Nous avons toujours
cherché à intégrer tous les joueurs et avons tout fait pour (qu'ils)
aillent jouer avec un bon esprit", a estimé le capitaine de la
sélection.
Quitter la Mannschaft, "c'est la décision individuelle de chaque
joueur. Il faut que chacun cherche ses propres raisons, et (Mesut Özil)
les a trouvées (...). Nous acceptons naturellement cette décision",
a-t-il ajouté, appelant désormais l'équipe allemande à "un nouveau
départ".
"Nous devons de nouveau avoir des joueurs qui sont vraiment fiers de
jouer pour l'équipe nationale et donnent tout pour jouer pour leur pays
afin de retrouver la voie du succès", a ajouté Neuer.
"Il n'est pas question de racisme dans l'équipe nationale", a renchéri
vendredi l'attaquant de la Mannschaft Thomas Müller, admettant
cependant que cet épisode avait été préjudiciable pour l'équipe,
éliminée piteusement dès le premier tour du Mondial russe.
"Le débat a été lancé de l'extérieur mais les protagonistes n'ont
certainement pas non plus joué un rôle heureux - que ce soit du côté de
la Fédération ou des joueurs eux-mêmes", a déclaré Müller en marge du
même camp d'entraînement.
Cette affaire est "une discussion hypocrite entretenue par les médias",
a-t-il accusé, trouvant alarmant qu'un "tel sujet soit répandu avec
délectation". "Et après nous nous étonnons que la société soit
divisée", a-t-il lancé.
Mesut Özil, longtemps un modèle d'intégration par le sport, a essuyé
des critiques très véhémentes et parfois douteuses avant et après
l'élimination humiliante de l'Allemagne du Mondial en Russie.
Il lui a été reproché de manquer de patriotisme en raison d'une photo
prise lors d'une rencontre à Londres avec le président turc Recep
Tayyip Erdogan en mai.
Excédé, Özil a fini par quitter la Mannschaft fin juillet en accusant
le patron de la Fédération, Reinhart Grindel, de le considérer comme
Allemand uniquement "quand nous gagnons" mais comme "un immigré quand
nous perdons".
L'intéressé a rejeté ces accusations mais admis ne pas avoir
suffisamment défendu le joueur.
L'affaire Özil est d'autant plus sensible que l'Allemagne connaît un
essor sans précédent de l'extrême droite depuis 1945. (AFP, 3 août
2018)
M.
Di Ripo et Mme Onkelinx, en
êtes-vous fiers?
https://www.facebook.com/groups/672213746202585/permalink/1779786638778618/

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