Droits
de l'Homme / Human Rights
Les ténèbres dans lesquelles est née
la génération 36 !
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 27 février 2024)
Il y a
exactement 88 ans, l'année de ma naissance, les régimes
fascistes se renforçaient dans trois pays européens, tandis que le
racisme turc marquait de son empreinte la science dans notre pays
Il y a huit mois, dans
mon article intitulé "Un point-virgule dans la vie du journalisme...",
j'annonçais que je continuerais à écrire de manière plus intermittente,
plutôt qu'hebdomadaire, en raison de l'intensification de mon travail
d'archivage.
Cependant, comme l'actualité en Turquie et dans le monde ne me
permettait pas de rester silencieux pendant de longs intervalles, j'ai
continué à écrire au même rythme, malgré le fait que l'accident de
voiture douteux que j'ai eu le 25 août a rendu mes problèmes de santé
encore plus graves.
Aujourd'hui, 27 février, c'est mon anniversaire...
Le court mois de février a été consacré intensivement à la publication
d'un grand livre documentaire de 839 pages en anglais, que nous avons
préparé pour le 53e anniversaire du coup d'État du 12 mars 1971, puis
de la version française du livre sur la lutte multidimensionnelle
d'İnci.
En préparant ces deux livres pour leur publication, nous avons une fois
de plus fait l'expérience des luttes, des douleurs, des joies et des
espoirs que nous avons partagés pendant 62 ans, 9 ans en Turquie et 53
ans en exil.
Dans cet article, que j'écris alors que je laisse derrière moi 87 ans
de ma vie, j'ai pensé analyser une partie de l'histoire que je n'ai
jamais abordée dans mes mémoires et mes articles sur l'exil publiés
précédemment, à savoir ce qui se passait dans le monde et en Turquie en
1936, l'année de ma naissance, dans quel genre de monde je suis né, et
partager les résultats avec mes lecteurs.
En réalité, je ne suis pas né le 27 février, mais le 12 février 1936,
en tant que premier enfant d'une famille de cheminots à la gare
intermédiaire d'Irmak à Kalecik, mais comme il a fallu deux semaines à
mon père pour se rendre dans la grande ville et m'enregistrer, le 27
février 1936 a été inscrit sur mon acte de naissance comme ma date de
naissance.
Pendant les trois premières années de ma vie, les grands événements qui
ont marqué la Turquie et le monde ne font pas partie de ma mémoire. Il
m'est impossible de me rappeler que j'avais un an lorsque les six
flèches du CHP ont été ajoutées à la Constitution de la République de
Turquie, officialisant la dictature du parti unique, puis un an lorsque
la résistance de Dersim a été brutalement réprimée, et deux ans lorsque
Mustafa Kemal est mort... Ni le jour où la Seconde Guerre mondiale a
commencé...
Le premier événement important gravé dans ma mémoire depuis mon enfance
dans le désert anatolien a été le tremblement de terre d'Erzincan de
1939, qui a également secoué la gare de Musaköy, où nous nous trouvions
dans la province de Tokat...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque j'ai commencé à étudier
dans l'école primaire en briques de terre et à maître unique d'un
village proche de la gare intermédiaire de Kunduz, la première fois que
je suis entré dans l'unique salle de classe où cinq classes étaient
réunies, j'ai vu la célèbre carte des routes migratoires à côté du
portrait du grand Atatürk sur le mur.
Elle avait été réalisée conformément à la thèse de l'histoire turque,
élaborée par un comité d'historiens dirigé par Afet Inan sur
instruction d'Atatürk, afin de prouver que la race turque avait migré
de l'Asie centrale aux quatre coins du monde et apporté la
civilisation, et que les tribus qui avaient fondé les anciennes
civilisations en Anatolie étaient essentiellement turques. Il était
obligatoire d'accrocher cette carte aux murs de toutes les écoles
primaires afin d'élever les nouvelles générations au rang de racistes
turcs.
C'était l'expression graphique de la vantardise "Nous avons existé
avant l'histoire, nous existons après l'histoire..." de l'hymne de la
dixième année, qui était chanté tous les matins après le serment "Je
suis turc, je suis juste, je suis travailleur"...
L'année où le racisme a atteint son paroxysme, tant en Europe
qu'en Turquie...
Aurait-il été facile pour une génération qui avait suivi toutes les
classes de l'école primaire sous le lavage de cerveau imposé par cette
carte de briser les chaînes du racisme et du futurisme ?
Voici quelques nouvelles que j'ai découvertes pour la première fois
cette année, lorsque j'ai creusé un peu plus sur ce qui se passait en
1936, l'année de ma naissance, et qui montrent le monde sur lequel j'ai
ouvert les yeux cette année-là, et comment le fascisme et le racisme
ont prospéré à la fois dans le monde et dans notre pays :
5 mai : Les troupes fascistes italiennes occupent Addis-Abeba, la
capitale de l'Éthiopie.
9 mai : Benito Mussolini déclare que l'Italie est désormais un empire
fasciste.
19 août : Les fascistes espagnols abattent le grand écrivain Federico
Garcia Lorca.
1er octobre : Le chef fasciste, le général Francisco Franco, devient
chef du gouvernement espagnol.
25 octobre : Le dirigeant nazi allemand Adolf Hitler et le dirigeant
fasciste italien Benito Mussolini forment l'axe de pouvoir Rome-Berlin.
Qu'en est-il de ce qui s'est passé en Turquie en 1936 ?
Le 9 janvier, la faculté de langues, d'histoire et de géographie est
inaugurée à Ankara en présence du président Atatürk afin de dispenser
un enseignement universitaire raciste aux jeunes, nouvelle étape dans
l'ascension raciste du pouvoir CHP.
Extrait du journal Cumhuriyet du 10 janvier 1936 :
"La cérémonie d'ouverture de la faculté de langues, d'histoire et de
géographie a commencé par l'hymne national après que le président de la
République soit entré dans les loges. Le ministre de la Culture, Saffet
Arıkan, a pris la parole et a lu les discours suivants, qui ont été
très applaudis :
"La Société historique turque, fondée par Atatürk en 1929, a tracé les
grandes lignes de l'histoire turque. Aujourd'hui, c'est non seulement
notre droit naturel, mais aussi notre devoir sacré de rechercher les
racines de la langue turque dans les cultures chinoise, hindoue,
élamite, sumérienne, hittite, égyptienne, étrusque et latine, qui ont
toutes été fondées par nos ancêtres turcs.
"Vous êtes les enfants des hommes qui ont fondé la culture du monde
entier et vous êtes les enfants turcs qui recréeront la culture
mondiale qui aujourd'hui semble s'être décomposée ! C'est Atatürk,
notre père, qui veut cela".
Ce fut le début de l'hostilité et de l'oppression raciale et religieuse
qui se perpétue aujourd'hui contre la nation kurde et les anciens
peuples d'Anatolie sous la tyrannie de la dictature islamo-fasciste.
Après avoir lu cela, je me suis mieux souvenu du type de lavage de
cerveau et de conditionnement raciste auquel notre génération, née en
1936 et dans les années qui ont suivi, a été soumise.
Mes hommages à tous les amis qui sont nés en 1936 et résisté
au racisme
Si j'ai pu résister à ce conditionnement, si j'ai pu prendre parti pour
la démocratie et la gauche alors que j'étais encore au secondaire et au
lycée, c'est d'abord parce qu'enfant, j'ai partagé la misère des
paysans anatoliens pendant les années de guerre et que j'ai été le
témoin direct des persécutions de la gendarmerie. En outre, c'est parce
que mon père et ma mère, immigrés de Roumélie, ont toujours pris le
parti des opprimés, et que mon père m'a donné l'occasion de lire les
livres des écrivains de gauche de l'époque, Nazım Hikmet, Sabiha et
Zekeriya Sertel.
L'attentat contre le journal Tan de Sertel alors que j'étais en
dernière année d'école primaire, l'assassinat de Sabahattin Ali pendant
mes années de lycée, la capitulation devant l'impérialisme américain,
l'envoi de troupes en Corée, les arrestations de communistes et
l'inclusion de la Turquie dans l'OTAN en guise de récompense pour tout
cela, ont été des facteurs importants dans mon adoption des opinions de
gauche. Dès que j’ai commencé à travailler comme journaliste en 1952,
j'ai assumé des responsabilités au sein du syndicat des journalistes
et, à partir de 1962, dans les rangs du Parti ouvrier de Turquie.
Aujourd'hui, alors que j'ai franchi la 87e année de ma vie, j'ai pensé
à celles et à ceux qui, comme moi, sont nés en 1936, mais sont
décédés...
Güner Sümer en 1977, Oktay Arayıcı en 1985, Metin Oktay en 1991, Onat
Kutlar en 1995, Behzat Ay en 1999, Suna Korad en 2003, Oğuz Aral en
2004, Tuncer Necmioğlu en 2006, Esin Afşar en 2011, Nous avons perdu
Ergin Orbey en 2012, Tuncel Kurtiz en 2013, Çolpan İlhan en 2014, Erol
Büyükburç et Güney Dinç en 2015, Erdoğan Teziç en 2017, Erol Toy en
2021, Suna Kan, Bilge Umar et Orhan Erinç en 2023.
D’autres, nés à des dates différentes, ont aussi partagé ces valeurs et
nous ont quittés...
Ceux que j'ai connus personnellement ou ceux que j'ai côtoyés au sein
du Parti ouvrier de Turquie, dans le syndicalisme, à Akşam, Ant ou dans
nos luttes en exil dont je peux me souvenir en écrivant cet article :
Tahir Öztürk en 1967, Orhan Kemal en 1970, Hikmet Kıvılcımlı en 1971,
Deniz Gezmiş, Hüseyin İnan, Yusuf Arslan, Cihan Alptekin et Suat Derviş
en 1972, Zeki Baştımar et Ulvi Uraz en 1974, Harun Karadeniz en 1975,
İbrahim Güzelce en 1976, Kerim Sadi, et Yalçın Çetin en 1977, Bedrettin
Cömert en 1978, Kemal Türkler et Celalettin Kesim en 1980, Rıza Kuas et
Cengiz Tuncer en 1981, Nubar Yalım en 1982, Mim Uykusuz en 1983, Yılmaz
Güney et Necmeddin Büyükkaya en 1984, Fikri Sönmez, Turgut Uyar, A.
Kadir et Ruhi Su en 1985, Edip Cansever en 1986, Niyazi Ağırnaslı,
Behice Boran et Örsan Öymen en 1987, Hasan İzzettin Dinamo en 1989,
Turan Dursun et Cemal Süreya en 1990, Musa Anter en 1992, Aşık Nesimi
en 1993, Medet Serhat en 1994, Mehmet Ali Aybar, Aziz Nesin et Kemal
Sülker en 1995, Can Yücel, Enver Aytekin et Fakir Baykurt en 1996,
Cemal Hakkı Selek en 1999, Ahmet Kaya et Ferruh Doğan en 2000, Tilda
Kemal en 2001, Bülent Tanör en 2002, Dursun Akçam en 2003, Oğuz Aral et
Şükran
Kurdakul en 2004, Selahattin Hilav et Attila İlhan en 2005, İsmet
Sungurbey, Muzaffer Buyrukçu, Kemal Nebioğlu et Şinasi Kaya en 2006,
Hrant Dink en 2007, Eflatun Nuri et Fethi Naci en 2008, Aşık İhsani,
Asiye Eliçin et Ohannes Yaşar Uçar en 2009, Nihat Sargın en 2010,
Fahrettin Petek, Mihri Belli, Halit Çelenk et Mekin Gönenç en 2011,
Hüseyin Baş en 2012, Uğur Hüküm et Tuncel Kurtiz en 2013, Toygun
Eraslan, Orhan Suda et
Alpay Kabacalı en 2014, Yaşar Kemal et Çetin Altan en 2015, Bertan
Onaran, Tarık Akan, Yaşar Kaya et Vedat Türkali en 2016, Refik Erduran
et Barbro Karabuda en 2017, Mahmut Makal, Güneş Karabuda, Nebil Varuy,
Ülkü Tamer et Tektaş Ağaoğlu en 2018, Teslim Töre, Müşür Kaya Canpolat,
Ataman Aksöyek, Garbis Altınoğlu et Şeref Bakşık en 2019, Şekibe Çelenk
et Muzaffer Erdost en 2020, Demir Özlü, Ali
Ertem, Doğan Akhanlı et Yücel Sayman en 2021, Yalkın Özerden en 2022,
Aydın Engin, Osman Saffet Arolat, Niyazi Dalyancı et Rana Cabbar en
2023, Yalçın Cerit en 2024.
Dans ma 88e année, leur mémoire continuera à me donner de la force,
ainsi qu'à İnci.
Je me souviens d'eux avec respect et amour.
La société civile sous une pression croissante
Les activités des organisations non gouvernementales sont de plus en
plus restreintes en Turquie, a affirmé jeudi le Centre de développement
de la société civile (STGM), basé à Ankara, dans un rapport publié avec
le soutien de l'Union européenne.
"Le champ d'action de la société civile est de plus en plus restreint
en Turquie avec les nouvelles réglementations et la montée de la
pression de l'Etat", a affirmé le STGM qui a présenté jeudi à Ankara
les conclusions d'une étude de terrain menée auprès de plus de mille
organisations.
Les associations de défense des droits fondamentaux sont
particulièrement ciblées par des pressions, déclenchées souvent par une
campagne de lynchage médiatique, suivi d'une inspection administrative
et d'éventuelles amendes ou encore de procès pour la fermeture, affirme
Murat Ozcelebi, du STGM.
"Les organisations considérées comme opposantes au pouvoir subissent
beaucoup plus d'inspections donnant lieu à des sanctions. Cela pousse
beaucoup d'entre eux à l'autocensure", ajoute-t-il.
Plus de 1500 associations et fondations ont été fermées depuis le
durcissement du pouvoir qui a suivi la tentative du coup d'Etat de 2016
contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.
En plus des sanctions, des poursuites pénales contre des responsables
d'ONG sont aussi utilisées comme un moyen d'intimidation pour
l'ensemble de la société civile, précise M. Ozcelebi.
Les associations de défense des droits des LGBT et de l'égalité des
sexes sont particulièrement victimes "des agressions verbales et
physiques ainsi que du harcèlement à travers les médias", souligne le
rapport.
Adoptée en 2020, l'obligation légale pour les ONG de communiquer
l'identité de l'ensemble de leur membres aux autorités a été un autre
coup dur pour leurs activités.
"Après cette obligation, le nombre des membres des associations a chuté
de 12 à 8 millions en Turquie. Les gens ont peur d'être fichés, surtout
s'ils sont membres des organisations oeuvrant dans des domaines
considérés comme sensibles, comme la défense des LGBT", affirme M.
Ozcelebi.
"Une démocratie n'est possible qu'avec une forte société civile. Il
existe cependant de nombreuses lacunes concernant la participation de
la société civile en Turquie", regrette de son côté Levent Korkut,
président du STGM.
Sur 163 lois adoptées en 2021 et 2022, seules deux ont été rédigées
après consultation et prise en compte des avis des ONG, note le
rapport. (AFP, 22 fév 2024)
Erdoğan criticizes Constitutional Court and Council of
State
President Recep Tayyip Erdoğan, on his return from Egypt, shared his
assessments and answered questions from journalists on the plane.
Erdoğan stated that his visit to Egypt took place upon "a very
insistent invitation from Sisi." He also announced that the President
of Egypt would reciprocate the visit and come to Ankara.
Taking aim at both the Constitutional Court and the Council of State,
Erdoğan described some decisions of the Constitutional Court as
"peculiar."
Erdoğan commented on the decision of the Council of State, which
allowed 450 judiciary members dismissed on the grounds of alleged
connections to the Fethullah Gülen group to return to duty, saying:
"We cannot remain silent about the decision made by the Council of
State. Just as we do not stay indifferent to some peculiar decisions of
the Constitutional Court as the People's Alliance, we cannot stay
silent on this either. Moreover, I cannot digest these decisions of the
Constitutional Court. The Council of State occasionally does it,
bothering us with such decisions, but the frequent occurrence of such
decisions by the Constitutional Court seriously bothers us.
"For instance, the Constitutional Court has also made a decision
regarding the Information and Communication Technologies Authority
(BTK). Where do you even start with that? How can such a decision be
made? We are delving into this matter, and we will continue to follow
this issue in the Council of State as well." (BIA, 15 February 2024)
Over 3,700 acts of armed violence recorded in Turkey
in 2023
The Umut Foundation has released its annual "Turkey Armed Violence Map"
report.
Over the past decade, a total of 34,197 incidents of armed violence
have occurred, resulting in 21,434 fatalities and 31,207 injuries, some
severe.
In 2023, the top 11 provinces with the highest incidents are, in order:
Istanbul, Samsun, Adana, Izmir, Kocaeli, Sakarya, Bursa, Şanlıurfa,
Ankara, Diyarbakır, and Çorum.
Of the 3,773 incidents in 2023, 29.23% (1,103 cases) occurred in the
Marmara Region, 14.71% (555 cases) in the Black Sea Region, 14.44% (545
cases) in the Southeastern Anatolia Region, 12.54% (473 cases) in the
Aegean Region, 12.30% (464 cases) in the Central Anatolia Region, 11%
(415 cases) in the Mediterranean Region, and 5.78% (218 cases) in the
Eastern Anatolia Region.
Erzincan stands out as the calmest city this year, with a 92% decrease
in incidents, contrasting with serious increases, reaching up to 400%,
in some cities. Meanwhile, other cities experienced significant
reductions, ranging from 30% to 70% compared to the previous year.
In Erzincan, where only one incident was reported, the decrease is
reflected as 92%.
Notably, one of the violent incidents last year involved the use of a
keychain-type assassination weapon.
In Cihangir, Istanbul, during the first week of 2023, a keychain gun
homicide occurred. Abdürrahim G., walking his dog, encountered his
adversary Mustafa G. on the street. After handing over his dog to a
friend, Abdürrahim took out a keychain-shaped assassination gun
(clearly premeditated) and fired two shots at his opponent. Mustafa G.,
shot in the chest with the bullet lodged in his liver, was quickly
apprehended. The assailant claimed he shot Mustafa G. because he held
him responsible for his son's shooting.
Every city experiences armed violence, and incidents are increasing
every year, even in cities formerly considered peaceful. Erzincan, with
only one incident, stands out as the calmest city this year.
While some cities witnessed a surge of up to 400% in serious armed
violence incidents, there is also a notable decline in some provinces
by 30%, 40%, 50%, and even 70%, compared to the previous year. In
Erzincan, where only one incident was reported, the decrease is an
impressive 92%. (BIA, 12 February 2024)
Constitutional Court President speaks up
directly to Erdoğan
Constitutional Court President Zühtü Arslan spoke at the swearing-in
ceremony attended by Erdoğan: "You may not like or agree with the
decisions of the Constitutional Court, but compliance with these
decisions is a constitutional obligation."
Arslan, at the ceremony attended by President Recep Tayyip Erdoğan,
Speaker of the Parliament Numan Kurtulmuş, Minister of Justice Yılmaz
Tunç, and President of the Court of Cassation Mehmet Akarca, stated,
"Compliance with the decisions of the Constitutional Court is a
constitutional obligation."
Especially targeted after the violation decisions AYM made regarding
the Workers' Party of Turkey (TİP) Hatay Deputy Can Atalay, Arslan
addressed Erdoğan.
Arslan stated, "The ultimate authority to interpret the constitution is
given to the Constitutional Court."
Referring to individual applications that have been debated in recent
times, Arslan continued his speech:
There is no constitutional or legal basis or foundation for not
complying with the decisions of the Constitutional Court after judicial
decisions that have been finalized through appeal due to differences in
opinions and interpretations following the decision and interpretation
of the Constitutional Court.
The effectiveness of individual applications depends on the elimination
of the violation and the elimination of its consequences. Therefore, in
addition to determining the violation, the Constitutional Court must
also show how this violation will be remedied and how the consequences
of the violation will be eliminated. This is an obligation imposed on
the Constitutional Court by the constitution and laws.
Eliminating the consequences of the violation generally requires
restoring the situation to the state before the violation. The way to
do this is to ensure the elimination of the judicial decision if the
violation arises from a judicial decision.
Certainly, we may not like or agree with the decisions and
interpretations of the Constitutional Court and decisions regarding
constitutional provisions. However, even if we do not agree, compliance
with these decisions is a constitutional obligation in a state of law.
In fact, according to Article 153 of our Constitution, the decisions of
the Constitutional Court are final and bind the legislative, executive,
and judicial organs, administrative authorities, as well as real and
legal persons.
In essence, even if there were no Article 153 in the Constitution, this
result would not change. Because the violation decisions are not only a
requirement of Article 153. The implementation of the decisions is also
a necessary consequence of the Constitution being a social contract
that binds all of us, ensures the legitimacy of the powers we use, and
the obligation of loyalty to this contract and the principle of
fidelity to the covenant that we use." (BIA, February 8, 2024)
Attaque contre le palais de justice d'Istanbul:
trois morts dont les deux assaillants
Un civil a trouvé la mort et cinq personnes ont été blessées, dont
trois policiers, dans une tentative d'attaque mardi du palais de
justice d'Istanbul, lors de laquelle les deux assaillants ont été tués,
a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le ministère de l'Intérieur avait précédemment fait état de la mort de
deux assaillants dans une attaque "terroriste" d'une organisation
marxiste-léniniste radicale, ajoutant que trois policiers qui gardaient
le palais et trois civils avaient été blessés.
L'attaque visait le poste de police à l'entrée du palais de justice.
Les blessés, dont l'un a succombé à ses blessures, ont été hospitalisés.
"Je félicite nos forces de sécurité qui ont éliminé cette attaque
perfide grâce à une intervention opportune. Deux terroristes, une femme
et un homme, ont été neutralisés", a déclaré le chef de l'Etat lors
d'une cérémonie commémorant le séisme du 6 février 2023 à Kahramanaras
(sud-est), près de l'épicentre.
"La Turquie continuera de lutter avec détermination contre toutes les
organisations terroristes et leurs partisans, sans aucune
discrimination", a-t-il promis.
Selon le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, les deux assaillants
ont été "identifiés comme des membres du groupe terroriste DHKP-C".
Qualifiée de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux,
l'organisation marxiste-léniniste radicale DHKP-C a revendiqué
plusieurs attentats dans le passé en Turquie.
Le ministre n'a pas précisé quelles étaient les armes utilisées pour
l'attaque mais un témoin, rencontré sur les lieux par l'AFP, a assuré
avoir assisté à un échange de tirs.
"J'ai vu deux personnes, un homme et une femme, tirer sur la police.
L'homme a été abattu en premier. Puis la femme a tiré encore quelques
coups de feu", a raconté Mahir Yildiz, 25 ans, évoquant la "panique"
qui s'est emparée des personnes présentes.
"J'ai entendu 20 à 25 coups de feu. Il y avait une grande panique et
une grande peur à ce moment-là. Nous ne savions pas quelle direction
prendre" a-t-il ajouté.
- "Anti-impérialiste" -
Le ministre de la Justice a annoncé l'ouverture d'une enquête
pour "terrorisme".
Toute entrée et sortie au palais de justice de Caglayan ont été
temporairement suspendues.
Le groupe armé d'extrême-gauche DHKP-C ("Parti-Front révolutionnaire de
libération du peuple"), fondé il y a près de 50 ans, ne s'en prend
cependant généralement pas aux forces armées turques, mais vise plutôt
les intérêts "impérialistes" américains et l'Otan.
Il figure notamment sur la liste officielle des organisations
terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis, qui ont offert
trois millions de dollars en 2014 pour la capture de ses dirigeants.
Un kamikaze s'en réclamant s'était fait exploser en 2013 devant
l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, tuant un garde turc.
Le groupe avait aussi commis en 2015 une attaque contre le palais de
justice d'Istanbul, tuant le procureur d'alors, Mehmet Selim Kiraz.
(AFP, 6 fév 2024)
Un an après le séisme, des survivants réclament justice
Zahide Seker a souvent songé au suicide après avoir perdu presque toute
sa famille dans le séisme du 6 février 2023 qui a dévasté le sud-est de
la Turquie.
Mais la quadragénaire a vaincu ses démons et veut désormais que ceux
qu'elle tient pour responsables de l'effondrement de son immeuble à
Kahramanmaras, grande ville proche de l'épicentre, soient traduits en
justice.
"Je ne me tairai pas tant que justice ne sera pas faite",
affirme-t-elle à l'AFP dans le conteneur où elle vit désormais, comme
plusieurs centaines d'autres milliers de rescapés du tremblement de
terre de magnitude 7,8.
Zahide Seker habitait la cité Ebrar, où près d'une vingtaine
d'immeubles de huit étages se sont effondrés en pleine nuit tuant 1.400
personnes.
Les autorités estiment que 7.500 immeubles de la ville n'ont pas
résisté aux secousses, submergeant les secours déjà ralentis par la
tempête de neige qui s'abattait sur la région.
Zahide Seker n'a pu extraire les corps de ses deux enfants des
décombres qu'au sixième jour, à mains nues.
"On m'a pris ma joie de vivre. Ca fait un an et je n'arrive toujours
pas à dépasser ce traumatisme. J'ai voulu mourir plusieurs fois",
lâche-t-elle en sanglots.
"Seule la justice pourra me consoler."
- "colonnes coupées" -
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a imputé le lourd bilan -- plus
de 50.000 morts -- aux entrepreneurs et promoteurs, les accusant
d'avoir utilisé des matériaux de mauvaise qualité et d'avoir violé les
normes de construction.
Plus de 260 d'entre eux ont été arrêtés dans les semaines suivant le
séisme, certains alors qu'ils tentaient de fuir la Turquie.
Mais les avocats des familles des victimes craignent que beaucoup
échappent à la justice, une partie des preuves à charge ayant disparu
sous les chenilles des bulldozers.
Les enquêtes contre les fonctionnaires ayant accordé les permis de
construire et validé les inspections de sécurité nécessitent une
autorisation du ministère de l'Intérieur: aucune n'a pour l'heure été
ouverte.
Nebahat Pacala, qui a perdu son mari, sa fille et sa petite-fille,
assure avoir répété aux entrepreneurs qu'ils construisaient sur un sol
instable et violaient les normes de construction.
"Ils ont construit une salle de prière en sous-sol et ont coupé des
colonnes" porteuses, assure la sexagénaire.
Les murs de son appartement gonflaient également à cause
d'infiltrations d'eau, "mais les entrepreneurs ont menacé mon fils
lorsque nous les avons alertés", affirme-t-elle.
- "preuves retirées" -
Devant le tribunal, Tevfik Tepebasi, l'un des principaux entrepreneurs
de la cité Ebrar, s'est dit innocent, affirmant même pour sa défense ne
"rien connaître" aux règles de construction, afin de rejeter la faute
sur ses équipes. Argument qui a suscité un tollé.
L'homme, poursuivi dans plusieurs enquêtes liées au séisme, encourt
jusqu'à 22 ans et demi de prison s'il est reconnu coupable d'avoir
causé la mort ou des blessures par négligence.
Gamze Bilginer Dogan, 29 ans, qui a perdu ses parents et sa fille dans
la cité Ebrar, s'est constituée partie civile "pour que Tepebasi ne
ressorte pas libre", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Un rapport d'expertise consulté par l'AFP a conclu au sujet d'un des
immeubles effondrés que les normes n'avaient pas été "suffisamment
respectées".
Ses auteurs accusent les fonctionnaires chargés de la supervision du
projet d'être responsables de la "principale négligence".
Ömer Gödeoglu, l'avocat des familles, redoute toutefois que le manque
de preuves atténue la sanction: "pendant que tout le monde était
concentré sur ses proches décédés, les preuves ont été retirées et les
décombres dégagés", explique-t-il.
- amnistie controversée -
Lors d'un meeting à Kahramanmaras en 2019, le président Erdogan s'était
félicité d'une loi d'amnistie controversée adoptée l'année précédente,
qui a régularisé près de six millions de logements construits
illégalement à travers le pays.
Cette loi a offert un toit à 145.000 personnes à Kahramanmaras. Mais au
lendemain du séisme, ses détracteurs l'ont accusée d'être l'une des
raisons du lourd tribut payé par la population.
Sur les ruines d'un ancien immeuble de cinq étages, Tuba Erdemoglu, 35
ans, montre des morceaux d'une mousse d'ordinaire utilisée comme
isolant.
Selon elle, c'est cette mousse -- et non du béton -- qui avait été
utilisée dans les colonnes du bâtiment, qui en s'écroulant a tué
quarante-quatre personnes, dont sa soeur et ses parents.
"Le bâtiment s'est effondré en quelques secondes. La mousse a volé
comme de la neige", affirme-t-elle. "Je veux que les
fonctionnaires municipaux soient poursuivis",
ajoute-t-elle. "Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont assassiné ma
famille." . (AFP, 28 jan 2024)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Kurdish play banned in Istanbul
A group of Kurdish actors was getting ready to
perform a play in Istanbul's Sisli district on Friday, until police
raided the Cemil Candas theatre.
The play, The King and Travis, was banned by Sisli mayor's office. The
reason is not known.
Two actors from the Sano Ar troupe were surrounded by police inside the
theatre. They were later expelled from the building.
The brother of one of the actors was detained in the raid.
The play had previously been banned in Agiri and Batman.
Actors and their fans believe the play was banned because it is in the
Kurdish language.
Sano Ar said in a video message that they will not give up their right
to perform in Kurdish.
"We will not leave the theatre. Let everyone know that Kurdish art is
not without support. We will never abandon our language. We, as Kurdish
artists who struggle for Kurdish art, say long live Kurdish theatre and
Kurdish language," Bahoz Ozsunar, one of the members of the troupe,
said.
A large number of police officers surrounded Cemil Candas Cultural
Center and prevented the audience from entering the building.
"I have been standing here for two hours. Although I knew the event had
been canceled, I still came here. I came for Deniz [Ozer] and myself,"
Xece, theater goer, told Rudaw.
"The only reason for the ban is because it is in Kurdish. I will not
say anything else. We have been disrespected for hundreds of years. We
will not tolerate this anymore," said Kocher, another theatre goer.
Pro-Kurdish Peoples' Equality and Democracy Party (DEM Party) and
lawyers condemned the ban on social media.
"This thing was carried out completely illegally. A paper was handed to
our clients but it only says the play was banned without stating any
reasons. This is a complete violation of the law," Dilsah Tas, lawyer
for the actors, said.
"When it comes to Kurds, they [the state] only do discrimination. There
is no other reason. They [the actors] are not linked to politics or
parties. They are comedians who want to perform, theater goer Ahmed
said.
This is not the first time that Kurdish plays and concerts have been
banned in Turkey, where the Kurdish language is not permitted in
official settings, except for limited hours of elective Kurdish classes
in schools. (RUDAW,
17 February 2024
Journalist Nagihan Yılkın fined for 'insulting public official'
Cumhuriyet reporter Nagihan Yılkın and cumhuriyet.com.tr
Editor-in-Chief Mustafa Büyüksipahi have received a verdict in the case
opened on charges of "insulting a public official", as per article 125
of the Turkish Penal Code, upon the complaint of the then Governor of
Gaziantep, Davut Gül.
According to Expression Interrupted, the trial, which had its fourth
hearing at İstanbul 2nd Criminal Court, was not attended by Yılkın and
Büyüksipahi. However, their legal representatives were present during
the hearing.
The prosecutor reiterated the indictment presented in the session dated
July 13, 2023, demanding punishment for Yılkın and Büyüksipahi on the
charges against them. Davut Gül's lawyer stated that the complaints
persisted and requested the punishment of Yılkın and Büyüksipahi in
line with the prosecutor's recommendation.
"There is public interest in the news"
Lawyer Özge Naz Akkaya, representing the journalists, argued that the
news was prepared within the scope of legal compliance with visible
reality. She stated, "The subject of the news is the then Governor of
Antep, Davut Gül, who performs public duties. The content of the news
is not related to Gül's personal and private life but concerns a public
tender project that has ended unfavorably. Therefore, there is public
interest in the news. There is no expression in the news that
constitutes an insult. Yılkın's actions fall within the scope of
legitimate reporting, and we request her acquittal."
Referring to the amendment in the Press Law eliminating the criminal
liability of the news director, Akkaya requested the acquittal of
Büyüksipahi, who was the responsible editor-in-chief during the period
when the news was published.
The court, in its decision, imposed a judicial fine of 7,080 Turkish
Liras on Yılkın for the crime of "insulting a public official."
Büyüksipahi was acquitted due to the absence of the defined act as a
crime in the law.
The case was initiated upon the complaint of Davut Gül regarding the
article titled "Complaint against Gaziantep Governor's Office:
Corruption and bribery network exposed," published on the Cumhuriyet
newspaper's website on March 5, 2022. The reporter Yılkın and
Büyüksipahi, who was the Responsible Editor-in-Chief at the time of the
news, faced the legal action. (BIA, 16 February 2024)
Three journalists found guilty of aiding
terrorist organization ‘without being a member’
The Committee to Protect Journalists urges Turkish authorities not to
fight the appeals of journalists Ahmet Altan, Nazlı Ilıcak, and Fevzi
Yazıcı and ensure that members of the press are not subject to judicial
harassment.
The 26th Istanbul Court of Serious Crimes found the three journalists
guilty of “assisting a [terrorist] organization without being a member”
on Wednesday over their alleged ties to the exiled preacher Fethullah
Gülen. The government accuses Gülen of maintaining a terrorist
organization, which it calls FETÖ/PDY, and blames for a failed 2016
military coup.
The court sentenced well-known novelist and journalist Altan to six
years and 3.5 months imprisonment; Ilıcak, former commentator for
pro-Gülen daily Özgür Düşünce and shuttered broadcaster Can Erzincan
TV, to five years and three months imprisonment; and Yazıcı, former
layout editor for shuttered daily Zaman, to two years and one month.
The court did not immediately order the journalists’ arrests, leaving
Altan and Ilıcak—who are both in their 70s—under judicial control,
which means they are under a travel ban and must report to the police
regularly. The court removed judicial control measures on Yazıcı.
“Turkish journalists Ahmet Altan, Nazlı Ilıcak, and Fevzi Yazıcı have
already spent years of their lives behind bars on trumped-up terrorism
charges stemming from their journalistic activities. It’s time to stop
this endless circle of dragging the journalists into courtrooms and
give them peace,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative.
“Turkish authorities should stop fighting the appeals of Altan, Ilıcak,
and Yazıcı and work towards improving the country’s press freedom
record.”
The court acquitted Yakup Şimşek, Zaman’s former advertising director,
of the terrorism charge against him.
The three journalists have been enmeshed in multiple appeals and
retrials since they were initially arrested in 2016 and sentenced to
life imprisonment in 2018. Ilıcak was released from prison in 2019,
Altan in 2021, and Yazıcı in March 2023.
Ilıcak was imprisoned from December 4, 2023, to January 28, 2024, after
losing an appeal for the charge of “slander” connected to a 2016
column, which contained allegations about a prosecutor who was
overseeing a terrorism investigation.
CPJ’s email to the Istanbul chief prosecutor’s office requesting
comment did not receive an immediate reply. (CPJ, 15 February 2024)
Drop in jailed journalists belies a
long-simmering press freedom crisis
In CPJ’s 2023 annual prison census, Turkey was the world’s 10th worst
jailer of journalists—its most press-friendly ranking in almost a
decade—with 13 behind bars, down from 40 the previous year.
But the latest numbers don’t tell the full story. Turkey has
consistently vied with China for the top slot in CPJ’s list of shame
and has taken first place five times in recent years, in 2012, 2013,
2016, 2017, and 2018.
The fall in imprisoned journalists in Turkey does not signal an
improvement in media freedom, Barış Altıntaş, co-director of the Media
and Law Studies Association (MLSA), a local group advocating for press
freedom and freedom of speech, told CPJ.
“Even if there were zero journalists in prison today, 200 journalists
may be arrested tomorrow,” she said. “The government determines the
number of arrested journalists, even when it is low.”
Although dozens of journalists have been freed since 2022, most are
still under investigation or awaiting trial, placing a stranglehold on
the country’s critical media, CPJ’s research shows.
Why is Turkey—a NATO member with close ties to the West—frequently
ranked alongside authoritarian states like Iran and Egypt in CPJ’s
prison census?
Understanding Turkey’s high rates of incarceration of journalists
requires a closer look at its domestic politics, particularly the
long-running conflict with Kurdish insurgents.
Imprisoned due to political winds
The reasons that journalists are imprisoned in Turkey are “100%
political,” said Ülkü Şahin, a lawyer with the Journalists’ Union of
Turkey (TGS), who monitors media trials. “The arrests of journalists
run in parallel with politics in Turkey. Whenever there are times of
crisis in Turkey, the number of arrested journalists increases.”
The conservative Justice and Development Party (AKP), which has ruled
Turkey since 2002, has repeatedly used the security forces and judicial
system to outmaneuver its political opponents.
“The journalism trials all stem from politics,” one court reporter told
CPJ on condition of anonymity, citing fear of reprisal. “The judges are
either ignorant about the law or they manipulate it for their
advantage.”
Shifting political winds in Turkey regularly sweep up journalists
across the political spectrum. Left-wing nationalist journalists were
targeted in the early 2010s, when hundreds including lawmakers, retired
generals, and academics were arrested in relation to the alleged
ultra-nationalist Ergenekon conspiracy to overthrow the government.
Some jailed reporters were linked to coup plots, while others were
arrested for “influencing a fair trial”—effectively criminalized for
independent coverage of police and court activities. Journalists who
had been close to the previous regime were imprisoned alongside Kurdish
citizens and socialists, two groups that are always present in the
country’s prisons.
Today, Turkey’s three longest-serving journalists are socialists
serving life sentences. Hatice Duman has been behind bars since 2003,
Mustafa Gök since 2004, and Erdal Süsem since 2010.
In 2016, the trend of politically-influenced media arrests continued
with the mass detention of journalists working for outlets associated
with the U.S.-based Islamic cleric Fethullah Gülen, after his religious
group fell out with its former ally the AKP.
Media detentions intensified after the 2016 attempted military coup,
which President Recep Tayyip Erdogan blamed on Gülen, who denied
involvement. That year, Turkey set a new global record of 84
journalists in jail—the most ever imprisoned by a nation in a year in
CPJ’s census.
‘We will punish you through the judiciary’
Today, the government continues to pressure the media to report its
version of reality, a second court reporter told CPJ on condition of
anonymity, citing fear of reprisal, adding that the arbitrary sentences
handed down to journalists were the “best indicator of how the
judiciary is under the influence of politics.”
The government’s attitude has been “either you practice journalism
according to our instructions or we will punish you through the
judiciary, with either investigations or prison,” said Fatma Demirelli,
co-director of Platform for Independent Journalism (P24), a local press
freedom group.
Mehmet Baransu, a former reporter and columnist for the shuttered
newspaper Taraf, has been imprisoned since 2015 on multiple charges
that stemmed from his reporting. In 2020, he was sentenced to more than
19 years in prison on charges that include alleged membership in
Gülen’s movement. The government considers Taraf a mouthpiece for the
Gülen movement, which it has designed as a terrorist organization and
refers to as FETÖ/PDY.
Baransu has appealed the verdict. After the 2016 coup attempt,
thousands of people with suspected ties to the Gülen community were
interrogated but “there wasn’t one testimony regarding my or Taraf’s
involvement [with Gülen],” Baransu told CPJ in an interview conducted
via his lawyer.
Meanwhile, he remains in prison awaiting retrial on two cases which
have been merged. One charge relates to a leaked National Security
Council document that Taraf published and the other charge, which the
journalist denies, is that he obtained a classified military document
titled “The Sovereign Action Plan.”
Baransu believes the multiple journalism-related charges that he is
facing are a punishment for his 2010 scoop about a planned coup. These
reports, based on leaked documents and published in Taraf in 2010, led
to the so-called Sledgehammer trials, in which more than 300 military
officers were jailed.
Kurdish journalists labeled as terrorists
Kurdish journalists in particular are in the crosshairs. The question
of Kurdish self-determination is a live one in Turkey, where Kurdish
people have been subjected to decades of discrimination since the
country’s founding. Turkish security forces have been fighting the
outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) since 1984 and peace efforts in
the early 2010s failed. The PKK is designated as a terrorist
organization by Turkey, the United States, and many Western governments.
Vaguely worded anti-terror and penal code statutes have allowed
authorities to conflate journalistic reporting that they consider
favorable to banned groups, like the PKK, with membership of a
terrorist organization—for which the punishment is up to 15 years in
prison.
Journalists’ union lawyer Şahin described terrorism-related charges as
a “very functional” offense for authorities because of their “flexible”
legal definition. Instead of asking prosecutors for evidence of a
defendant’s “organic ties” or links to a terrorist organization, courts
punish journalists simply for reporting the news, Şahin said.
Four out of five of the newly jailed journalists named in CPJ’s 2023
prison census were Kurdish— Sedat Yılmaz, Abdurrahman Gök, and Dicle
Müftüoğlu were arrested over alleged PKK ties. Meanwhile, Celalettin
Can was serving a 15-month sentence for guest editing the pro-Kurdish
newspaper Özgür Gündem for one day in 2016 before it was shuttered due
to alleged PKK ties.
(CPJ’s prison census provides a snapshot of journalists jailed as of
December 1; since then, some Turkish reporters have been released. Gök
and Yılmaz were freed pending trial on December 5 and 14 respectively,
while Can was released conditionally on December 20.)
‘Revolving door’ of arrests and intimidation
When it comes to the Kurdish media, Turkey has an unofficial revolving
door policy: as soon as one journalist from a newsroom is released
pending trial, another is arrested, said Serdar Altan, one of 15
Kurdish members of the press — 14 journalists plus one media worker —
imprisoned in June 2022 on charges of PKK membership.
This is an intimidation tactic, said Altan, who was freed on bail,
after 13 months behind bars, on July 12, the day that the group’s mass
trial on terrorism charges opened.
Sometimes the aim is to hinder an outlet’s work, at other times it’s to
make an example of the journalists, but authorities generally avoid
arresting every journalist at an outlet or shuttering it to avoid
“negative publicity,” he said.
The main reason that the number of Turkish journalists in jail dropped
in CPJ’s 2023 census is that a mass group that was imprisoned as of
CPJ’s census date in 2022 had been released, awaiting trial, on that
same date in 2023.
All were indicted on charges of terrorism, with their outlets labeled
as propaganda tools because of their news policies, according to CPJ’s
review of indictments, verdicts, and interrogation records.
CPJ visited the mainly Kurdish city of Diyarbakır, in southeastern
Turkey, to observe several of these trials on terrorism charges in
2023. The courthouse had the usual harsh, white florescent lighting
seen in similar buildings across Turkey, but security was noticeably
tighter: two X-ray searches, full height turnstiles, an ID control, a
ban on phones in the courtroom.
Journalists’ trials in this part of the country usually do not attract
much public attention in western Turkey because the government is
“effective” in presenting them as cases involving terrorist propaganda,
said Altan, who is based in Diyarbakır.
“The Western media says, ‘Let’s not get into this if they took the
journalist because of terrorism,’” he said.
Altan co-chairs the Dicle Fırat Journalists Association, a local press
freedom group. His other co-chair, Dicle Müftüoğlu, is being held on
terrorism charges in Sincan Women’s Closed Prison in the capital,
Ankara. When her trial opened in Diyarbakır on December 7, she
participated via teleconference.
Yılmaz—who worked with Müftüoğlu as an editor at the pro-Kurdish
Mezopotamya News Agency—agreed that Turkish civil society was often
reluctant to stand up for Kurdish journalists.
“Being a Kurdish journalist is perceived as a potential crime in the
polarized, divided circumstances of Turkey,” said Yılmaz, who spent
eight months in detention prior to his December 14 release on the first
day of his trial on terrorism charges.
“Being a Kurdish journalist makes your non-existent crime even
heavier.” (CPJ, 15 February 2024)
Deux journalistes kurdes placées en garde
à vue
La machine répressive du régime turc continue de s’emballer. Après
l’arrestation ce matin, à Istanbul, d’une correspondante de JinNews,
une autre journaliste kurde a été arrêtée à Cizre.
Après l’arrestation de Kibriye Evren, de l’agence de presse féminine
JinNews, tôt vendredi matin à Istanbul, une autre journaliste kurde,
Selamet Turan, a été placée en garde à vue à Cizre, dans la province
kurde de Sirnak.
La correspondante de l’agence de presse féminine JinNews, Kibriye
Evren, a été conduite à la direction anti-terroriste de Kocaeli à
l’issue de la perquisition de son domicile. Selon JinNews, elle s’est
vue imposer une interdiction de contact de 24 heures. Pendant une
journée, la journaliste n’aura donc pas doit à l’assistance d’un
avocat. Le motif de l’arrestation n’est pas connu pour l’heure.
Ce n’est pas la première fois que Kibriye Evren est la cible de la
répression du régime turc. À l’automne 2018, la journaliste kurde avait
déjà été arrêtée dans le cadre d’une vague d’arrestations visant
l’opposition et la société civile kurdes. Accusée d'”appartenance à une
organisation terroriste” et de “propagande terroriste”, elle avait été
libérée sous contrôle judiciaire après 13 mois de détention préventive.
Son procès est toujours en cours devant la juridiction pénale de
Diyarbakir.
Comme dans le cas d’Evren, les autorités n’ont pas donné d’informations
sur les raisons de l’arrestation de Selamet Turan. Condamnant
l’arrestation des deux femmes, l’ONG Coalition For Women In Journalism
(CFWIJ) a exigé leur libération immédiate.
Selon le rapport de janvier 2024 de l’Association des femmes
journalistes de Mésopotamie (MKG), 9 femmes journalistes étaient
derrière les barreaux à la fin du mois de janvier, tandis que 18
étaient poursuivies pénalement.
Selon l’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), dont le dernier
rapport date du mois de janvier, 57 journalistes se trouvent
actuellement dans les geôles turques. (ROJINFO, 9 février 2024)
Constitutional
Court rules ‘violation of rights’ for 502 internet
censorship cases
The Constitutional Court (AYM) has collectively ruled for the first
time on a violation of rights following its pilot decision on internet
access restrictions on October 27, 2021.
Reviewing all applications within the scope of freedom of expression,
the AYM reiterated that violations arising from Article 9 of Law No.
5651 constitute a structural problem, referencing its Keskin Kalem
decision in 2021.
It noted that the access restriction decisions of Peace Criminal
Judgeships systematically violate freedom of expression, and the appeal
mechanisms are ineffective. Additionally, the AYM pointed out that
despite the pilot decision urging the Parliament to make new
legislative arrangements, the Parliament did not comply.
In light of this, the AYM stated that it is now possible to
collectively resolve the applications, emphasizing, "What the judiciary
should do in this context is to initiate retrial proceedings and issue
a new decision in line with the principles stated in the violation
decision, eliminating the reasons that led to the violation."
The AYM also ruled for the payment of a certain amount of moral
compensation to the applicants for non-pecuniary damages that cannot be
remedied by the finding of a violation.
"The decision was delayed by a year"
Providing information to bianet about the not yet published judgment,
Prof. Dr. Yaman Akdeniz from the Freedom of Expression Association, who
evaluated the decision, stated that the applications for which the AYM
made a decision date back to 2014. He mentioned that out of 502
applications, 352 (70%) were made by the Freedom of Expression
Association.
Akdeniz, stating that the AYM's decisions today were expected after its
Keskin Kalem decision in 2021 and it was not a surprise, mentioned that
despite this, the AYM delayed the decision by about a year. He said,
"The AYM said it would wait for a year, but it waited for two years."
Reminding that after the Keskin Kalem decision in 2021, the AYM
annulled Article 9 of Law No. 5651, which allows courts to block access
for personality rights, Akdeniz continued as follows:
"The pressure on the Constitutional Court, the consecutive applications
made finally led to the annulment of both Article 9 and the violation
decision in 502 applications.
The Constitutional Court gave the Parliament nine months to make a new
regulation on this issue. The annulment decision will come into effect
on October 10, 2024. Meanwhile, a similar or even worse sanction
article will probably be added to Law No. 5651.
In the meantime, until October 2024, decisions under Article 9 will
continue to be given by peace criminal judgeships. They are already
giving them. Nothing will change. We will even enter the local
elections with the existence of this article.
In this case, the Constitutional Court did not want to go into the
content in the judgment where it ruled a violation for 502
applications. I called it a Pyrrhic Victory for this. After all, a
decision was made with great losses like the Pyrrhic Victory. But on
the other hand, as a result of the work we have done, 502 news, which
have an archive quality, will return through retrial.
News obstructed mostly by President Recep Tayyip Erdoğan and his
family. News removed by Bilal Erdoğan, Sümeyye Erdoğan, Burak Erdoğan.
When the decisions are disclosed, a serious political censorship map
parallel to political history will emerge.
On the other hand, if the Parliament does not make a new regulation,
new violation decisions will continue to come, but they will not go
into the content, and the Constitutional Court will not open a new
discussion. Because there is a pilot decision of the Constitutional
Court on this issue. Only the finalization of the applications will be
facilitated.
Nevertheless, the issue is not closed, censorship continues. Therefore,
the struggle will continue.
35,000 news articles censored in 8 years
According to the last EngelliWeb report published by the Freedom of
Expression Association in July 2023, within the scope of Article 9 of
Law No. 5651, 35,023 news were obstructed by 6,509 different decisions
made by 543 different peace criminal judgeships between 2014-2022, and
29,253 news were removed, withdrawn, or deleted.
In 2022 alone, while a total of 6,528 news with public interest were
obstructed as a result of decisions made under the pretext of
'violation of personality rights,' 5,388 news were also removed from
publication and censored. (BIA, February 8, 2024)
Judicial pressure on journalists escalated with
the 'disinformation law'
A study based on bianet's Media Monitoring Reports and data entered
into the Media Observation Database evaluates the freedom of expression
for media outlets and journalists in Turkey over the past year.
Since 2001, the IPS Communication Foundation/bianet has been regularly
reporting on violations of freedom of expression, and its 2023
assessment report is now available.
This report, prepared with the financial support of Oslo Metropolitan
University (Center for Journalism and Media International Center,
JMIC), has been prepared by Sinem Aydınlı and Erol Önderoğlu.
Referencing the BİA Media Monitoring Database 2023 data and four media
monitoring reports published in the same year, the report evaluates the
state of freedom of expression for media organizations and journalists
in Turkey over the past year.
The Media Monitoring Database, regularly updated through daily media
monitoring, lists a total of 210 new interferences between January 1,
2023, and January 1, 2024. Alongside interferences from previous years
where trials are ongoing, there are a total of 352 interferences for
the year 2023.
These interferences include interventions by third parties, such as
threats, harassment, or physical violence against journalists, along
with interventions by judicial or executive authorities.
The data presented in the report indicates that journalists and media
workers in Turkey have predominantly faced the threat of imprisonment
due to cases based on the Turkish Penal Code and the Anti-Terrorism Act.
Freedom of expression in 2023
According to the report, 2023 marked the return of Turkey to the
category of "countries that detain the most journalists" for the first
time since the attempted coup on July 15, 2016.
In the World Press Freedom Index by Reporters Without Borders (RSF),
Turkey declined further, ranking 165th out of 180 countries, compared
to 149th the previous year.
Turkey is categorized as "not free" in both the global freedom index
and the internet freedom index, according to the report by Freedom
House.
The law enacted in October 2022, commonly known as the "disinformation
law" or referred to as the "censorship law" by opposition circles,
criminalizing "publicly spreading misleading information," added
another layer to the interventions against freedom of expression.
News coverage of the presidential elections on May 14 and 28 became
another indication of the decline in media freedom. Mass arrests of
Kurdish journalists, the severe attack on Sinan Aygül after reporting
on corruption in Tatvan, and the arrest of TELE1 Editor-in-Chief Merdan
Yanardağ are just a few examples of these interventions.
A look at 2023 by the numbers
- 55 journalists were detained.
- 25 journalists were attacked.
- 81 media workers left their jobs due to layoffs or disagreements
arising from the editorial line of the media outlet.
- 42 journalists faced physical intervention, attacks, damage to their
equipment, targeting, or verbal threats.
- At least 13 journalists were sentenced to a total of 18 years, 8
months, and 25 days in prison and a total of 14,500 TL in fines.
- At least 121 journalists were accused of crimes in defamation and
slander cases.
- Trials continued for at least 22 journalists and media workers on
charges of "insulting the President."
- RTÜK issued 18 broadcast suspensions and a total of 56 fines
amounting to 29,861,186 TL to radio and television institutions.
- Peace Criminal Judgeships or the Union of Access Providers imposed
access restrictions on at least 986 news articles in a manner that
would restrict the formation of public opinion, based on requests from
government representatives and privileged circles.
- The Constitutional Court ruled that the imprisonment of journalists
constituted a "violation of the right to freedom of expression" and
ordered a total of 88,800 TL in compensation to be paid to journalists.
- "Disinformation" served as the pretext for at least 33 investigations
and prosecutions against journalists in 2023. Sixteen journalists were
detained, investigated, or arrested on charges of "publicly spreading
misleading information." (BIA, Feb 1, 2024)
Journalist
Mahmut Altıntaş detained, says police beat him
Turkish authorities must stop the country’s security forces from
harassing the press and investigate accusations by Mahmut Altıntaş, a
reporter for the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency, that police beat
him in detention, the Committee to Protect Journalists said Thursday.
Police in the eastern province of Adıyaman took Altıntaş into custody
on suspicion of terrorism propaganda on Saturday, January 27, freed him
pending investigation, and then immediately took him into custody a
second time and held him overnight. Altıntaş told CPJ and local news
organizations that police officers hit him the first time he was in
custody.
“The treatment of Mahmut Altıntaş, who was taken into custody twice, is
absolutely unacceptable even in an environment where members of the
press are routinely abused for doing their work,” said Özgür Öğret,
CPJ’s Turkey representative. “Turkish authorities must investigate
Altıntaş’ complaint against those he said used force against him, hold
them accountable, immediately return his confiscated equipment, and
take action to prevent unnecessary arrests and violence by security
forces.”
Altıntaş, based in Şanlıurfa province, traveled to Adıyaman on Saturday
to report on the aftermath of a 2023 earthquake when he was taken into
police custody on suspicion of terrorism propaganda and questioned
about 19 of his social media posts, including links to articles written
by him and others on Mezopotamya and articles from Kurdish language
newspaper Xwebûn, according to the sources above.
Altıntaş said a police officer told him to keep his head low while
being taken to see a prosecutor at the city courthouse following the
police interrogation. The journalist told CPJ that five officers
surrounded him when he refused to lower his head.
“I chanted the slogan ‘Biji Çepemanya Azad,’ which in Kurdish means
‘long live the free press’ to protest the situation. I received a blow
on my face after that. One of the officers was holding my neck; another
put his finger in my mouth. The others were holding my arms,” said
Altıntaş. He said he was then brought inside the courthouse as the
officers were holding his arms, pressing his head down, and insulting
him.
Altıntaş was later released under judicial control pending
investigation by an Adıyaman court, but before he could leave the
courthouse, he was informed that an officer filed a complaint against
him for “resisting the police.” He was once again taken into police
custody by the order of a prosecutor and spent a night in jail before
another court released him under judicial control pending
investigation. Adıyaman police confiscated his phone, computer and
camera, Altıntaş told CPJ.
The journalist’s lawyer has filed a criminal complaint against the
police officers Altıntaş says were involved in the abuse.
CPJ emailed the Adıyaman chief prosecutor’s office and the Interior
Ministry of Turkey, which oversees the police, for comment but didn’t
receive any reply. (CPJ, February 1, 2024)
Revue de la presse d’un
hôpital pyschiatrique
Ragip Duran, TVXS.GR, 27 janvier 2024
Les
réseaux sociaux et quelques quotidiens encore indépendants
décrivent une Turquie débordée, déséquilibrée, mais encore plein
d’humour.
Rituel matinal sine quo
non de l’homme moderne, quand on surfe sur
l’Internet ou bien quand on feuillette les rares quotidiens
indépendants du pays, on voit une Turquie complètement irrationnelle,
très bizarre voire intégralement folle.
Heureusement, l’humour y est encore présent.
Le voyage dans l’espace du pilote militaire turc, payé par le régime
(50 millions d’euros), au seuil des élections locales du 31 mars
prochain, continue à produire des blagues:
- Le patron du Space-X, apparaît sur une affiche de campagne
électorale. “Elon Musk, candidat de l’AKP pour la mairie du planète
Mars.”
- Une affiche collée sur la vitrine d’un petit magasin : Livraison de
licence d’astronaute/Nous vous envoyons à la lune!
- Des photos truquées produites grâce à l’application Deepfake montrent
des Turcs dans l’espace, assis par terre en train de prendre du raki à
côté du barbecue, sport favori des Turcs.
* Alors que les téléspectateurs suivaient les aventures de l’astronaute
turc, le même jour, un décret Présidentiel d’Erdogan a mis fin au
statut forestier de 6 millions de m2 dans les 13 départements du pays.
Ainsi, ses terrains sont désormais ouvert à la construction.
* La Présidente d'IYI Parti (Le Bon Parti, issu de l’extrême droite, 38
sièges sur 600), Mme Meral Aksener a déclaré qu’elle avait été témoin
“des assassinats braves” quand elle était jeune, c’est-à-dire avant le
Coup d’Etat de 1980.
* Plus de 14.000 médecins ont quitté la Turquie lors des 10 dernières
années selon l’Union des Médecins de Turquie. Une militante de l’AKP
avait déclaré publiquement son amour pour le Président Erdogan et avait
ajouté, “Nous sommes très contentes. Auparavant, on n’avait même pas le
droit de battre les médecins alors qu’aujourd’hui, on peut les frapper
librement”!
* Voici la liste des bacheliers, des meilleurs lycées d’Istanbul, qui
sont partis en 2023 à l’étranger pour faire des études universitaires :
- Lycée d’Autriche: 74 sur 75
- Lycée allemand: 122 sur 124
- Lycée d’Istanbul des Garçons: 133 sur 166
- Lycée Galatasaray: 78 sur 121
- Robert College: 34 sur 97
L’analyse du proviseur du Lycée Galatasaray, Prof. Dabak: “Ces jeunes
croient qu’ils peuvent recevoir un meilleur enseignement à l’étranger
et puis le désir de liberté y joue également”.
* La situation économique et financière de la majorité de la population
va de pire en pire. Mais par ailleurs le régime dépense des millions de
livres turcs pour les deux palais présidentiels selon le journaliste
Fatih Altaylı.
- Le Palais estival d’Okluk (Egée) a un budget annuel de 840.000.000 LT
(Environ 24 millions Euros). Alors que le Président n’y va que
seulement 3 jours au maximum en un an.
- Le Palais estival d’Ahlat (Est) a un budget annuel de 1.215.000.000
LT (Environ 37 millions Euros) . Le Président s’y rend peut être 1 ou 2
fois par an.
“İnsupportable est d’être turc” est le titre du livre de Haluk Sahin,
professeur de communication en retraite de l’Université Bilgi
d’Istanbul.
Kurdish
Question / Question kurde
La justice somme le gouvernement fédéral
irakien de payer les fonctionnaires du Kurdistan
La justice irakienne a sommé mercredi le gouvernement fédéral de verser
directement les salaires aux fonctionnaires dans le Kurdistan, et non
plus en passant par les autorités locales de cette région autonome du
nord de l'Irak, après plusieurs mois d'impayés.
Le verdict de la Cour suprême fédérale, plus haute instance judiciaire
d'Irak, vient en réponse à une plainte déposée par des avocats et des
fonctionnaires de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan, où des
enseignants ont fait grève et manifesté plusieurs semaines en raison de
trois mois de salaires impayés fin 2023.
Le gouvernement fédéral avait annoncé en septembre le versement annuel
aux autorités du Kurdistan de trois tranches de 700 milliards de dinars
(plus de 490 millions d'euros), pour payer les salaires publics.
Mais dans son verdict diffusé à la télévision publique, le juge Jassem
al-Amiri a ordonné mercredi à Bagdad de verser les salaires, les
pensions de retraite et les prestations sociales par virement sur les
comptes bancaires des bénéficiaires.
Toutes les instances étatiques concernées doivent adopter ce mécanisme
"sans en référer" aux autorités locales du Kurdistan, a souligné le
juge.
Le budget des salaires sera déduit des financements versés par Bagdad
au gouvernement régional du Kurdistan.
Le verdict somme également Erbil, capitale régionale du Kurdistan, de
"remettre au gouvernement fédéral tous ses revenus pétroliers et
non-pétroliers", et réclame un audit des comptes.
Des années durant, le Kurdistan autonome disposait de financements
indépendants grâce à ses exportations pétrolières.
Mais désormais, ces ventes de pétrole, actuellement suspendues en
raison d'un litige entre l'Irak et la Turquie, devront passer par
Bagdad, en échange de quoi un pourcentage du budget fédéral est alloué
à la région autonome.
Le Kurdistan continue néanmoins de bénéficier des revenus tirés de
plusieurs points de passage à ses frontières avec la Turquie, la Syrie
et l'Iran voisins.
Les relations entre Bagdad et le Kurdistan, autonome depuis 1991, sont
depuis toujours en dents de scie et la question du versement des
salaires des fonctionnaires vient régulièrement empoisonner leurs
rapports. (AFP, 21 fév 2024)
Les Kurdes demandent la
reconnaissance officielle de la langue kurde
Ce 21 février, c’est la Journée internationale de la langue maternelle.
Le 19 février, 24 membres d’institutions kurdes se sont rassemblées à
Van et ont exigé que la langue kurde ait un statut officiel en Turquie
et sur la scène internationale.
Le bureau de Van du Parti DEM et 24 institutions de la société civile
de la ville ont organisé lundi une déclaration à la presse dans le
cadre des activités du 21 février, Journée internationale de la langue
maternelle. Les membres des organisations civiles et politiques de Van
ont défilé jusqu’au bâtiment du DEM parti au Centre de recherche
linguistique, culturelle et artistique (ARSİSA) où a eu lieu la
conférence de presse.
« La plus ancienne langue de l’humanité »
Le co-porte-parole de la Commission Langue et Culture du Parti DEM,
Hemid Dilbihar, a rappelé que de nombreuses langues, dont le kurde,
sont actuellement menacées de disparition. Dilbihar a déclaré : « La
Journée mondiale de la langue maternelle célèbre l’égalité de toutes
les langues. Mais malheureusement, le statut et l’avenir de nombreuses
langues sont encore aujourd’hui incertains. Elles sont menacées
d’assimilation et d’extinction. Aujourd’hui, il existe des langues
comme le syriaque, le laz, le bosniaque, hemsin, circassien, arménien,
roumain et arabe en Anatolie. L’une des langues menacées est la langue
kurde, parlée par des dizaines de millions de Kurdes. La langue kurde
est la langue la plus ancienne et la plus riche de l’humanité. »
Dilbihar a déclaré : « La langue kurde est l’âme, l’esprit et le corps
des Kurdes. La langue kurde est l’épine dorsale de l’unité de la nation
kurde. Sans langue, il n’y a pas de Kurdes ni de Kurdistan. Les Kurdes
et le Kurdistan ne font qu’un et ne peuvent être séparés. L’un ne peut
exister sans l’autre. La liberté de la langue kurde est aussi la
liberté des Kurdes et du Kurdistan. Les Kurdes continuent leur lutte
pour protéger, revitaliser et développer leur langue. La langue kurde a
les mêmes droits fondamentaux que l’anglais, l’allemand, Français,
arabe, persan, turc et toutes les autres langues. Des millions de
Kurdes et tous les mouvements, partis, institutions, organisations et
cercles kurdes doivent s’unir pour la liberté de leur langue. »
Demandes
Déclarant qu’ils poursuivront leur lutte jusqu’à ce que le kurde soit
accepté comme langue officielle, Dilbihar a énuméré leurs
revendications suivantes :
« Nous voulons la langue kurde dans tous les domaines et nous nous
battons pour elle. Cette lutte va continuer.
Nos revendications et objectifs pour la langue kurde sont très clairs
et concrets :
-La langue kurde doit avoir un statut officiel et international ;
-Doit être officiellement accepté par les lois constitutionnelles et
internationales ;
-Le kurde devrait être la langue de l’éducation ;
-Le kurde devrait être utilisé dans des lieux tels que le parlement,
les gouvernorats, les municipalités, les tribunaux et les hôpitaux :
-L’Institut de la langue kurde devrait être officiellement reconnu et
géré par des représentants du peuple kurde.
– S’il y a des opportunités pour le turc, il devrait y avoir aussi des
opportunités pour le kurde. »
(Kurdistan Au Féminin, 20 février 2024)
Un bombardement fait deux morts au Kurdistan
d'Irak
Deux personnes ont été tuées mardi au Kurdistan autonome d'Irak dans un
bombardement imputé à la Turquie, ont rapporté une source de sécurité
et un responsable médical dans le nord irakien, où Ankara mène
régulièrement des frappes contre les combattants kurdes turcs du PKK.
L'armée turque confirme épisodiquement ses bombardements en territoire
irakien, où elle mène régulièrement des opérations militaires
terrestres et aériennes contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan
(PKK) et ses positions au Kurdistan autonome d'Irak et dans la région
montagneuse du Sinjar.
Le bombardement de mardi a eu lieu en soirée près du village reculé de
Kafya, dans la région montagneuse d'Akre, située dans le nord de l'Irak
non loin de la frontière avec la Turquie, a assuré à l'AFP la source
sécuritaire s'exprimant sous couvert d'anonymat.
"Deux civils ont été tués et un troisième blessé dans un bombardement
aérien turc", a précisé cette source, ajoutant qu'une équipe médicale
avait été dépêchée sur le site avec les proches des victimes pour
récupérer les corps.
De son côté, un responsable médical a fait état d'un bilan de deux
morts et de deux blessés dans un bombardement dans la région d'Akre.
La Turquie a installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases
militaires au Kurdistan irakien pour lutter contre le PKK, qui dispose
également de bases arrières dans cette région.
Samedi le ministère turc de la Défense avait rapporté la mort d'un
soldat turc dans une attaque contre une base militaire turque dans le
nord de l'Irak.
Au moins 18 soldats turcs avaient été tués dans des attaques séparées
en janvier et décembre dernier dans le nord de l'Irak.
En octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan assurait que son
pays allait "continuer d'intensifier" ses frappes en Irak et en Syrie
contre le PKK, classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux. (AFP, 20 fév 2024)
Marchers complete freedom walk in Turkey, demand Kurdish
rights
In Halfeti (Xelfetî), Urfa (Riha), a southeastern Kurdish-majority
province of Turkey, 75 participants concluded their 15-day 'Great
Freedom March' advocating for Kurdish rights and the release of
Kurdistan Workers' Party's imprisoned leader Abdullah Öcalan, amidst
calls for a peaceful resolution to the Kurdish issue.
The ‘Great Freedom March’ reached its final destination in Halfeti
(Xelfetî) district of Turkey’s southeastern Kurdish-majority Urfa
(Riha) province on Thursday 15 February, marking both the 25th
anniversary of the capture of the Kurdistan Workers’ Party’s (PKK)
imprisoned leader Abdullah Öcalan, and the culmination of a 15-day
journey to champion the cause of Kurdish rights and the release of
Öcalan.
The march, initiated on 1 February, aimed to highlight the Kurdish
issue and call for Öcalan’s physical freedom as a step towards a
democratic solution.
Democratic Regions Party (DBP) Co-chair Çiğdem Kılıçgün Uçar emphasised
the collective nature of the march. “This march is not only for those
who walked but represents the movement of millions. We will continue to
fight until Mr. Öcalan’s voice reaches everyone and the Kurdish issue
is resolved,” she stated.
The marchers, welcomed by locals with banners and slogans supporting
Öcalan, made a statement at Turkey’s pro-Kurdish Peoples’ Equality and
Democracy Party’s (DEM Party) district office in Halfeti, advocating
for peace and resistance against the ongoing war policies of the
Turkish state.
The marchers attempted to proceed to Öcalan’s birthplace, Amara, but
were denied entry by the officials who cited “restrictions due to
military operations”. Despite this setback, the participants remained
determined, highlighting the Kurdish struggle against the Islamic State
(ISIS) and the significant role of Kurdish women in North and East
Syria in establishing a new paradigm as envisioned by Öcalan.
Uçar criticised the Turkish state’s approach to the Kurdish issue and
the continued isolation imposed on Öcalan, calling for a unified effort
to address the Kurdish reality and demanding Öcalan’s freedom as the
key to resolution. She thanked all those who supported the march,
reaffirming the Kurdish commitment to their cause despite international
and domestic challenges.
The march concluded in Halfeti, with the participants vowing to persist
in their advocacy until a just solution is achieved, underscoring the
importance of solidarity and peaceful activism in the Kurdish movement.
(medyanews.net, 15 February 2024)
Öcalan,
l'icône kurde condamnée au silence
L'oncle qui incarne la cause": vingt-cinq ans après sa capture par les
services secrets turcs, Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), reste depuis sa cellule le visage
incontournable de la rébellion kurde.
L'ennemi public numéro un d'Ankara, arrêté le 15 février 1999 au
Kenya
au terme d'une traque acharnée, s'apprête à fêter ses 75 ans à
l'isolement début avril sur l'île-prison d'Imrali, en mer de Marmara,
au sud d'Istanbul.
Son dernier contact avec l'extérieur fut un bref échange téléphonique
avec des proches fin mars 2021. Ses avocats n'ont eux "aucune nouvelle"
depuis le 7 août 2019, "ni par téléphone ni par fax", a indiqué à l'AFP
l'un de ses conseils, Ibrahim Bilmez, affirmant n'avoir "aucune idée de
son état de santé".
Cette année-là, les autorités avaient autorisé ses avocats à lui rendre
visite, une première depuis 2011, après que des milliers de détenus
eurent observé une grève de la faim pour protester contre son isolement.
Malgré l'enfermement et le silence, celui que ses fidèles appellent
"Apo" ou "Serok" ("oncle" et "chef", en kurde) continue d'incarner la
rébellion kurde en Turquie, où le conflit entre le PKK et l'Etat a fait
plus de 40.000 morts depuis 1984.
Son aura perdure également en Europe, où des réfugiés kurdes
brandissent à longueur d'années des drapeaux et pancartes frappés de
son visage rond à l'épaisse moustache noire -- bien que les dernières
images du leader kurde, vieilles d'une décennie, montrent un homme à la
moustache et aux cheveux blanchis par l'âge.
- perpétuité -
Né le 4 avril 1949 dans une famille paysanne de six enfants dans le
village d'Omerli, à la frontière syrienne, Abdullah Öcalan s'engage à
l'extrême gauche pendant ses études en sciences politiques à Ankara, ce
qui lui vaut un premier séjour en prison en 1972.
En 1978, il fonde le PKK, d'obédience marxiste-léniniste. Deux ans plus
tard, c'est l'exil, le plus souvent à Damas ou dans la plaine libanaise
de la Bekaa alors sous contrôle syrien, où il installe son quartier
général.
"Apo" décide en août 1984 d'engager la lutte armée pour obtenir la
création d'un Etat kurde.
Aux attaques du PKK répond la répression d'Ankara. Le sud-est du pays
est plongé dans un état de quasi-guerre civile, contre un groupe
considéré comme "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union
européenne.
Contraint en 1998 de quitter la Syrie sous la pression turque, il erre
dans toute l'Europe avant d'être capturé par les services secrets turcs
à la porte de l'ambassade de Grèce à Nairobi, au Kenya.
Ramené en Turquie, il est condamné à mort, une peine commuée en
emprisonnement à perpétuité lors de la suppression de la peine capitale
en 2002.
- "acteur de référence" -
Ankara pensait en l'arrêtant avoir décapité le PKK. Mais même à
l'isolement, il continuera longtemps à diriger son mouvement en
délivrant ses instructions à ses visiteurs.
C'est ainsi lui qui ordonne un cessez-le-feu unilatéral qui perdure
jusqu'en 2004. Lui aussi qui commande au mouvement de renoncer à un
Etat kurde indépendant et de militer pour une autonomie politique au
sein de la Turquie, dont les Kurdes représentent selon certaines
estimations un cinquième des 85 millions d'habitants.
Lui encore qui, en 2012, ordonne la fin d'une grève de la faim suivie
par 700 détenus kurdes, et renoue le dialogue avec Recep Tayyip
Erdogan, alors Premier ministre.
En 2013, il appelle à nouveau ses troupes à un cessez-le-feu pour
parvenir à un règlement pacifique avec Ankara, avant que le conflit ne
reprenne en 2015.
Depuis, "la société kurde s'est diversifiée, et le mouvement kurde
politique et légal s'est imposé comme un acteur", souligne Hamit
Bozarslan, directeur d'études à l'EHESS, à Paris.
Lors des élections municipales de 2019, Öcalan et le parti prokurde HDP
(rebaptisé DEM) ont ainsi fait étalage de leurs divergences.
Mais si des discussions de paix devaient reprendre aujourd'hui, "je
continue à penser qu'il resterait l'acteur de référence", estime M.
Bozarslan.
D'après lui, "pour une grande partie des Kurdes, (...) c'est l'oncle
qui incarne non seulement la cause, mais qui incarne la nation kurde
dans sa totalité". (AFP, 17 février 2024)
Manifestation kurde à Bruxelles pour la
libération d’Öcalan
Un rassemblement était organisé par la communauté kurde de Belgique,
dimanche en début d'après-midi, devant la gare de Bruxelles-Central,
pour demander la libération du leader populaire kurde Abdullah Öcalan
et pour militer en faveur des droits des Kurdes.
"À bas régime fasciste en Turquie", ont scandé les manifestants, qui
étaient un peu plus de cent, munis de drapeaux imprimés du portrait
d'Abdullah Öcalan dont ils réclament la liberté.
Il y a 25 ans, les services secrets turcs enlevaient au Kenya le chef
du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, et
l'emmenaient en Turquie.
Öcalan sera condamné à mort, peine commuée ensuite en prison à vie. Il
est détenu sur l'île-prison d'Imrali dans la mer de Marmara. Il avait
joué un rôle capital dans les négociations de paix en 2013 et 2015
entre l'État turc et le PKK.
Les manifestants ont aussi réclamé une solution politique à la question
kurde, alors que le conflit entre l'État turc et le PKK a fait plus de
40.000 morts depuis 1984.
Ils ont attiré l'attention sur l'urgence d'une solution pacifique.
Ils ont aussi insisté sur le fait que le peuple kurde ne soit pas
oublié, parmi les autres conflits majeurs dans le monde, alors que des
milliers d'opposants politiques, surtout kurdes, sont enfermés dans les
prisons du régime du président Erdogan. (Agence Belga, 11 février 2024)
DEM Party's
İstanbul candidates are Meral Danış Beştaş and
Murat Çepni
DEM Party Spokesperson Ayşegül Doğan announced the municipal mayoral
candidates of her party. Doğan announced that Meral Danış Beştaş and
Murat Çepni are the candidates for İstanbul, stating, "Our decision is
not a gesture to some and a challenge to others."
DEM Party's İstanbul candidates are Meral Danış Beştaş and Murat Çepni
People's Equality and Democracy Party (DEM Parti) Spokesperson Ayşegül
Doğan addressed reporters in a press conference at the party's
headquarters regarding the local election agenda.
Doğan has announced the co-mayoral candidates for many cities,
including İstanbul and Ankara.
Referring to the 'Great Freedom March' in her speech, Doğan said, 'I
come to you with the dust of my feet from Cizre. The Freedom March has
been continuing for 9 days now, stopping at new stations. The Freedom
March will continue until February 15 with demands for equality,
freedom, justice, and peace. I salute the marchers. Isolation is not
only in prisons but in many of our lives. Our right to object, our
rebellion, our freedom of expression are under siege. That's why
isolation, like a snowball, is holding Turkey hostage.
Doğan then announced the co-mayoral candidates for 40 provinces and 16
metropolitan municipalities.
After announcing the candidates, Doğan stated: "We are a political
movement too strong and experienced to be squeezed into the options of
either winning or losing. Our decision is neither a gesture nor a
challenge. We present everything transparently. We are fighting not for
a party to feel powerful, but for peoples to live in a stronger and
more peaceful manner."
Who is Meral Danış Beştaş?
Meral Danış Beştaş, born in 1967 in Mazıdağı, Mardin, graduated from
Dicle University Faculty of Law in 1990. She worked as an independent
lawyer affiliated with the Diyarbakır Bar Association, where she also
served in various capacities within the bar administration. She
specialized in women's rights and human rights issues and represented
clients in cases of human rights violations brought before the European
Court of Human Rights (ECHR). She held positions within the Human
Rights Association (İHD).
She notably served as the applicant's lawyer in Turkey's first
conviction for domestic violence, known as the Opuz case.
Beştaş served as the Co-Vice Chair of the Peace and Democracy Party
(BDP) and was a member of its legal commission. She was elected as a
Member of Parliament for Adana in the 25th and 26th terms, and for
Siirt in the 27th term. She held the positions of Co-Spokesperson and
Co-Chair of the Legal and Human Rights Commission within the Peoples'
Democratic Party (HDP).
She fulfilled the role of a member of the Constitutional Conciliation
Commission established in the Turkish Grand National Assembly (TBMM).
Additionally, she served as a member of the Constitution Committee, the
Human Rights Examination Committee, and as the Deputy Chair of the
Subcommittee on Children's Rights. She also served as the Deputy
Parliamentary Group Chair of the HDP.
Danış-Beştaş is married and has two children. (BIA, February 9, 2024)
Les Kurdes lancent la « Marche pour la liberté »
La « Grande Marche pour la Liberté » a débuté aujourd’hui à Qers avec
des revendications pour la levée de l’isolement d’Imrali et la solution
du problème kurde et la liberté d’Abdullah Öcalan. De nombreux élus
politiques, dont Cengiz Çiçek, co-porte-parole du Congrès démocratique
des peuples (HDK), Çiğdem Kılıçgün Uçar, coprésidente du Parti des
régions démocratiques (BDP), Tülay Hatimoğulları, coprésidente du Parti
de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), Kerem Canpolat,
coprésident du MED TUHAD-FED et des membres du mouvement des femmes
kurdes (Tevgera Jinên Azad – TJA) ont participé à la marche qui a eu
lieu après une déclaration à la presse.
Tout au long de la marche, des slogans kurdes tels que « Bijî
berxwedana zindanan », et « Bijî berxwedana Îmraliyê (Vive la
résistance d’Imralı) » ont été scandés. Le long du parcours de la
marche, les riverains ont également soutenu les manifestants. Les
membres des partis politiques et les représentants des organisations de
la société civiles se sont rendus à pied au bâtiment de l’organisation
provinciale du parti DEM. La foule rassemblée ici scandait fréquemment
les slogans « Bijî Serok Apo ». Les manifestants ont expliqué le but de
la marche au public rassemblé.
Le co-porte-parole du Congrès démocratique des peuples (Halkların
Demokratik Kongresi – HDK, union de nombreuses associations et partis
politiques de gauche en Turquie), Cengiz Çiçek, a déclaré : « La
question kurde est une question de statut. Il est de notre
responsabilité de garantir la liberté physique de M. Öcalan. Ce n’est
pas notre choix, c’est notre obligation. Serhildan (le soulèvement)
nous a amenés à ce jour. Nous devons garantir cet esprit. Si un peuple
défend sa liberté, il obtiendra certainement sa liberté. La victoire
appartient à ceux qui se mettent en route. Il faut chaque jour
accroître cet enthousiasme et aller jusqu’à la victoire. Le système
veut nous distraire de nos agendas. Pour cette raison, notre ordre du
jour est M. Öcalan, malgré le génocide et le colonialisme. Notre marche
se poursuivra jusqu’à ce que M. Öcalan rencontre le peuple en liberté.
Le jour de la rencontre sera notre jour de liberté. »
(infolibertaire.net, 1 février 2024)
Kurdish
service of Radio Sweden to close
The management of Radio Sweden is closing down the Kurdish service,
which has been broadcasting for 23 years, citing "economic crisis" as
the reason.
The radio management has also decided to close some sections
broadcasting in various languages, including the Kurdish section.
The Kurdish service, staffed by four individuals, will conclude its
final broadcast on March 31, 2024, and will be closing down.
Kurdish section at Radio Sweden, mentioned in his statement to bianet
that discussions about the closure of some sections due to "economic
crisis" have been ongoing for the past few months. Kavak noted that,
however, the name of the Kurdish service was not among those mentioned.
He emphasizes that they experienced a huge shock:
"Great sorrow, a huge shock... The Kurdish editorial team within
Swedish Radio was highly valued. It was considered a fundamental engine
for multilingual broadcasting. There was a significant demand for us to
conduct our broadcasts in Swedish also, and we were meeting that
demand. As a team of four, we didn't view this work as just an 8-hour
job; we saw it as our child. We were dedicated to nurturing it in the
best and most beautiful way possible. We dedicated our days and nights
to it, conducting most of our research outside of regular working
hours. It wasn't just a job done for a livelihood; we saw it as an
important section for both the general population in Sweden and the
Kurdish community in Sweden. Our colleagues in other services are also
deeply saddened."
"Significant loss for Kurdish journalism"
Beşir Kavak also expressed the significance of the Kurdish service of
Radio Sweden for Kurdish journalism:
"We are aware of the situation in Kurdish media. Political structures
establish media outlets out of necessity. Partisanship is clearly
evident in Kurdish media. Media organizations often aim to increase
their followers and readership, sometimes publishing news that is not
well-founded or based on reliable sources. Radio Sweden, which
maintains a high level of journalism, provides training for all
employees several times a year. We are in constant contact with all our
Swedish colleagues every day for news verification. Therefore, I
consider the discontinuation of this example to be a significant loss."
"Bridge between the Kurdish community and Sweden"
Kavak highlights the two main tasks of the Kurdish section, stating
that one is to "inform Kurds living in Sweden who cannot express
themselves sufficiently in Swedish about the national agenda," and the
other is to "raise awareness in the Swedish society about the problems
of the Kurdish community living in Sweden."
Due to these two aspects, Kavak notes that the Kurdish service of Radio
Sweden serves as a "bridge" between the Kurdish community and Sweden.
He also expresses the view that the radio plays a significant role in
the integration of the Kurdish community into Swedish society.
Following the announcement of the closure of the Kurdish section, Kurds
living in Sweden and abroad expressed their reactions on social media
platforms. Some social media users speculated, referring to Sweden's
NATO membership, that the Kurdish section might have been closed due to
Turkey's request. However, Beşir Kavak considers these claims as
"speculation":
"As long as we don't have concrete evidence, all of these are just
speculation. Based on my experience at the radio, I can say that I
don't believe the radio management makes decisions under political
influence. There is indeed independent media in Sweden. They make their
decisions independently. I have also followed the discussions in
question. There are some debates calling for the termination of
broadcasts in foreign languages on the radio. However, without concrete
evidence, all of these are just speculation." (BIA, Feb 1, 2024)
Minorités
/ Minorities
Arrestation de six personnes soupçonnées
d'espionner des Ouïghours
Six personnes soupçonnées d'espionner des réfugiés ouïghours sur le sol
turc pour le compte des services de renseignement chinois ont été
arrêtées à Istanbul, a annoncé mardi l'agence de presse étatique turque
Anadolu.
Un septième suspect est toujours recherché, lui aussi accusé d'avoir
collecté des informations sur des membres et des associations de la
minorité musulmane et turcophone des Ouïghours, selon Anadolu.
Plusieurs dizaines de milliers de Ouïghours ont trouvé refuge ces
dernières années en Turquie, pays culturellement proche et qui est l'un
des principaux défenseurs de leur cause face à Pékin, accusé de crimes
contre l'Humanité à leur encontre.
Des manifestants ouïghours se réunissent régulièrement devant le
consulat chinois à Istanbul, brandissant les portraits de membres de
leur famille dont ils disent être sans nouvelles parfois depuis des
années.
Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, la France et le
Royaume-Uni ont dénoncé un "génocide" en cours contre les Ouïghours.
Depuis 2017, plus d'un million d'entre eux ou de membres d'autres
groupes ethniques, principalement musulmans, ont été internés dans des
"camps" de "rééducation", des termes rejetés par Pékin qui évoque des
centres de formation permettant d'éloigner la population de
l'extrémisme et d'assurer la paix. (AFP, 20 fév 2024)
Tensions à la frontière entre
l'Arménie et l'Azerbaïdjan, quatre soldats arméniens tués
La hache de guerre n'est pas encore enterrée entre l'Arménie et
l'Azerbaïdjan. Les deux pays se sont accusés mutuellement mardi 13
février d'avoir procédé à des tirs à la frontière, un incident qui a
fait au moins quatre morts parmi les soldats arméniens selon Erevan.
Mardi matin, "les tirs des forces armées azerbaïdjanaises en direction
des positions de combat arméniennes près de Nerkin Hand (dans le
sud-est de l'Arménie, NDLR) ont fait quatre morts au combat et un
blessé du côté arménien", a indiqué le ministère arménien de la Défense
dans un communiqué. Un précédent bilan donné par Erevan faisait état de
deux militaires tués dans cet accrochage frontalier.
De son côté, le Service azerbaïdjanais des gardes-frontières a affirmé
que l'armée azerbaïdjanaise avait mené une "opération de vengeance" en
réponse à une "provocation" des forces arméniennes commise lundi soir
selon Bakou et ayant blessé un soldat azerbaïdjanais.
Le Kremlin appelle "à la retenue"
Selon un communiqué du ministère azerbaïdjanais de la Défense, les
forces arméniennes ont tiré à deux reprises lundi soir sur ses
positions "en direction du village de Kokhanabi, dans la région de
Tovouz" (nord-ouest de l'Azerbaïdjan).
À l'issue de l'opération mardi, "le poste militaire d'où provenaient
ces tirs (...) a été entièrement détruit", a assuré le Service
azerbaïdjanais des gardes-frontières, promettant une "riposte encore
plus sévère et résolue" à "chaque provocation" à la frontière entre
l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Le ministère arménien de la Défense a de son côté rejeté ces
accusations en affirmant qu'elles "ne correspondent pas à la réalité".
Le Kremlin a lui appelé "les deux parties à la retenue".
Cet incident survient quelques jours après la réélection à la tête de
l'Azerbaïdjan d'Ilham Aliev, au pouvoir depuis deux décennies dans ce
pays riche en hydrocarbures.
L'homme fort de Bakou, âgé de 62 ans, surfe sur sa victoire militaire
contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023,
qui a mis fin à trois décennies de sécessionnisme marquées par deux
guerres.
En septembre 2023, l'armée azerbaïdjanaise, à la faveur d'une offensive
éclair, a pris entièrement le contrôle de cette enclave montagneuse qui
était dirigée par des séparatistes arméniens depuis des décennies,
poussant à la fuite vers l'Arménie de dizaines de milliers d'habitants.
Équilibre précaire
Le président azerbaïdjanais est cependant suspecté par Erevan d'avoir
d'autres ambitions territoriales : le contrôle de la région arménienne
de Siounik pour relier l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan au
reste de l'Azerbaïdjan.
Dans cette optique, l'Arménie a rejoint officiellement fin janvier la
Cour pénale internationale, qui mène des enquêtes et juge les personnes
accusées des crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la
communauté internationale.
L'Azerbaïdjan nie de son côté toute volonté d'expansion territoriale.
Mais l'équilibre reste fragile entre les deux voisins ennemis du
Caucase : des incidents armés comme celui de mardi ont toujours
régulièrement lieu à la frontière. De quoi pousser de nombreux
observateurs avisés à rester prudents sur l'avancée des négociations
entre Bakou et Erevan, tant les désaccords et sources de tensions entre
les deux pays se sont accumulés en trente ans.
Ces derniers mois, plusieurs cycles de négociations chapeautées
séparément par l'Union européenne, les États-Unis et la Russie – allié
traditionnel de l'Arménie – n'ont pas donné de résultats.
Fin janvier, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait affirmé
avoir proposé à l'Azerbaïdjan de signer un "pacte de non-agression",
dans l'attente d'un traité de paix, quelques semaines après que son
homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait assuré ne pas vouloir
d'une "nouvelle guerre".
Début décembre 2023, les deux pays s'étaient engagés à prendre des
"mesures concrètes" pour "normaliser" leurs liens. Moins d'une semaine
plus tard, ils échangeaient des prisonniers de guerre. (AFP, 15 février
2024)
Esclavage
de Yézidis: vers un premier procès en Belgique
Louis Colart, Le Soir, 6 février 2024
Le calvaire du peuple yézidi résonne jusqu’en Belgique. Et certains de
leurs bourreaux pourraient faire l’objet de procès aux assises pour des
faits de crimes contre l’humanité.
Les Yézidis, peuple de quelques centaines de milliers d’âmes vivant
essentiellement au nord de l’Irak et en Syrie, ont fait l’objet d’une
tentative de génocide dès l’été 2014 par un groupe Etat islamique (EI)
en pleine expansion. Suivant leur propre religion – un monothéisme
teinté d’influences chrétiennes et musulmanes – cette ethnie kurde a
été sévèrement opprimée par le groupe djihadiste. Les hommes embrigadés
de force ou tués en masse, des milliers de femmes et de filles enlevées
pour être réduites en esclavage. Notamment comme esclaves sexuelles
pour faire les enfants qui constitueraient la prochaine génération de
combattants de Daesh, sorte de « plan de natalité » ayant germé dans
les cerveaux malades des chefs de l’EI.
Comme Le Soir, De Morgen et d’autres médias l’ont rapporté dès 2021 à
l’issue d’enquêtes réalisées en Irak, plusieurs djihadistes d’origine
belge sont reliés à l’esclavage de femmes yézidies. La justice s’en est
saisie. Et les dossiers avancent bien. En témoigne ce déplacement
d’enquêteurs et de magistrats belges réalisé au travers d’une
commission rogatoire internationale en juin 2023, au nord de l’Irak,
afin de recueillir les témoignages de survivantes.
« Il y a 15 dossiers ouverts au parquet fédéral pour ces faits commis à
l’égard de la communauté yézidie », confirme le porte-parole de
l’institution, Eric Van Duyse, en réponse à nos questions. « Les
suspects sont originaires de la région bruxelloise, de la région
verviétoise de la région anversoise. »
Un suspect verviétois est connu : il s’agit de Tarik Jadaoun. Le
djihadiste croupit dans une prison de Bagdad après une condamnation à
mort prononcée par la justice irakienne il y a plusieurs années.
Des vivants et des présumés morts
Dans certains cas à partir d’informations du Soir, la justice a ouvert
ou approfondi trois dossiers concernant des Bruxellois : Younes
Abaaoud, le petit frère du coordinateur des attentats du 13 novembre
2015 à Paris ; Yassine Cheikhi, qui serait détenu par les forces kurdes
du nord-est de la Syrie ; et le Laekenois Sammy Djedou.
Si Cheikhi serait bien vivant dans une prison syrienne, les deux autres
sont présumés décédés. Mais, faute de preuves formelles de leurs morts
respectives, la justice peut malgré tout se poursuivre. Et concernant
Sammy Djedou, le dossier est le plus mûr parmi les 15 enquêtes en
Belgique pour ces crimes commis à l’égard de la communauté yézidie. «
Le juge d’instruction a annoncé la prochaine communication du dossier
Djedou au parquet fédéral. L’orientation de ce dossier sera déterminée
par le magistrat titulaire après examen du dossier. Il est prématuré à
ce stade de donner un timing pour la fixation de ce dossier devant les
juridictions d’instruction », ajoute Eric Van Duyse.
Jugés par défaut ?
Selon nos informations, on s’achemine bien vers un premier procès
d’assises en Belgique dans ce type d’affaires, donc des faits qualifiés
de « crimes contre l’humanité », pour juger Sammy Djedou. Si
l’intéressé était bien renvoyé devant les assises, la fixation ne sera
toutefois pas une priorité pour la justice : l’homme ayant plus que
vraisemblablement été tué dans une frappe de drone américaine en 2016.
Djedou, haut cadre de la cellule des opérations extérieures de l’EI, la
cellule qui planifiait les attentats en Europe, a été condamné
plusieurs fois par défaut en Belgique pour des faits de terrorisme.
Et pour les suspects vivants ? La question d’éventuels procès futurs
risque d’être compliquée par la quasi-impossibilité de rapatrier ces
hommes en Belgique. On le sait, le gouvernement fédéral n’est pas
ouvert au rapatriement des djihadistes hommes. Seuls des retours
d’enfants accompagnés de leurs mères, au cas par cas, ont été effectués
sous cette législature. Il n’a jamais été question de transférer les
hommes. « Si les personnes poursuivies ne sont pas présentes sur le sol
belge, il est possible d’entamer des procédures par défaut à leur
encontre », rappelle toutefois le parquet fédéral.
EP conference on Yazidis: Turkish
attacks on Shengal must stop
In the last session of the conference organised by the umbrella
organisation of Yazidi Women's Councils (SMJÊ) in cooperation with the
Centre of the Union of Yazidi Associations at the European Parliament,
the focus was on reconstruction of Shengal and the recognition of its
self-government.
In the session moderated by Shilan Badal Kheder, the first presentation
was made by Suham Dexîl Reşo, spokesperson of the Diplomatic Committee
of the TAJÊ (Yazidi Women’s Freedom Movement). She noted that the
Yazidi people have been through 74 fermans throughout their history.
Ferman is the term the Yazidis use to refer to the massacres and
extermination operations in their history. While in Ottoman usage the
term stands for a decree of the Sultan, in the Yazidi community the
word took on the denotation of persecutions and pogroms. The genocide
and femicide that began with the rout of the KDP peshmerga and the ISIS
invasion of Shengal on 3 August was the 74th ferman in Yazidi history.
Calling for more countries to recognise the Yazidi genocide, Suham
Dexîl Reşo said, "The genocide perpetrated against Yazidis in 2014 was
also a femicide.”
Suham Dexîl Reşo said, "The Yazidi community must be protected from new
genocides. Germany has also recognised the genocide, but recognition is
not enough. Yazidis should be protected. However, they are not."
ATTACKS OF THE TURKISH STATE MUST BE STOPPED
Suham Dexîl Reşo stated that after the ISIS genocide in Shengal, the
Turkish state started to attack the Yazidi town and not a year has
passed without an attack since. "This reality should be seen when
talking about the protection of the Yazidis. These attacks must be
stopped in order to protect the Yazidis". Reşo called especially for
Germany to stop arms sales to the Turkish state. Pointing to the
agreement concluded between the Erbil and Baghdad governments against
Shengal, Suham Dexîl Reşo underlined that the decisions taken regarding
the Yazidis should be taken in consultation with the Yazidi people. She
criticised the fact that the Erbil-Baghdad agreement does not recognise
the will of the Shengal people, adding: "The Yazidi people want this
agreement to be cancelled."
Suham Dexîl Reşo stated that it is not possible to develop a solution
as long as the attacks of the Turkish state continue, underlining that
another issue is reconstruction, "Today there is a model in Shengal,
which embraces all the peoples in the region. After 74 fermans, it is
the right of Yazidis to defend themselves and to be autonomous. This is
a legitimate right. Self-defence is a right for the Yazidi people and
all peoples."
THREAT OF GENOCIDE CONTINUES
Pointing out that the threat of genocide continues besides the attacks
of the Turkish state, Suham Dexîl Reşo said that the genocidal
onslaught in 2014 was a planned aggression and that ISIS continues to
exist in Iraq, especially in the Anbar region close to Shengal.
Suham Dexîl Reşo remarked that the threat of genocide continues and
added, "ISIS gangs and their collaborators should be prosecuted and
held to account. The establishment of an international court to this
end is important and necessary."
Reşo called for international steps to be taken for those who were
kidnapped by ISIS and whose fate is still unknown, and for mechanisms
to be established to find them.
CALL FOR FREEDOM FOR ABDULLAH ÖCALAN
Suham Dexîl Reşo also recalled Kurdish People's Leader Abdullah
Öcalan’s appeal for the protection of the Yazidi community and the
intervention of freedom fighters to rescue the Yazidis from genocide
when ISIS attacked. Reşo denounced the isolation of Abdullah Öcalan,
who has not been heard from for nearly three years, and called for
participation in the global campaign for the freedom of the Kurdish
leader.
THE BIGGEST THREAT IS THE TURKISH STATE
Scientist and journalist Dr. Rassmann gave information about the
geographical location of Shengal in a presentation titled “Shengal - A
so-called disputed region.” Providing details about the region
and its
strategic importance on maps, Dr. Rassmann remarked that the Turkish
state poses the biggest threat among the neighbouring countries.
Rassmann pointed to Turkey's undisguised expansionist policies and
said: "Turkey wants to take Mosul and Kirkuk. In addition, the Turkish
state pursues a hostile policy against the Kurds."
THE SOLUTION LIES IN THE RECOGNITION OF SHENGAL’S AUTONOMY
Dr. Rassmann said that the Turkish state is constantly bombarding and
intensively using drones and said, "In this way, civilian life is made
difficult. Pointing out that the Turkish state also conducts
intelligence activities in the region and threatens the people,
Rassmann said: "The presence of drones is a terrorist activity. The
people are terrorized.”
Defining the never-ending Turkish attacks as "extrajudicial executions"
and "de facto execution", Dr. Rassmann emphasised that "They want to
depopulate the region". Dr Rassmann concluded by emphasising that the
solution lies in the recognition of the autonomy of Shengal.
The last speaker of the session, Dr Mechthild Exo, made a presentation
titled “The democratic nation as a future model and solution for
Shengal and the region”. Mechthild Exo said, "Autonomy is a peaceful
future and a solution for the Shengal region."
Mechthild Exo shared information about the organisation and life in
Shengal, saying "Shengal today is protected by the Yazidi youth, and
women play a fundamental role in all institutions."
Mechthild Exo underlined that this is a very important process and drew
attention to the attacks of the Turkish state, saying that although
there is talk of 74 fermans against the Yazidis, the attacks against
them continue.
Mechthild Exo also talked about the concept of democratic nation and
said, "The nation state and related powers constitute a problem,
especially in the Middle East. In the democratic nation model, there is
no organisation as a state. Society takes its place in the organisation
with its own free will. In Shengal, the democratic nation is no longer
just being discussed, it is being implemented.”
Mechthild Exo said that the model in Shengal can be expanded and
applied to other regions of Iraq as a solution, emphasising that the
attacks of the Turkish state can be prevented in this way. (ANF, 30 Jan
2024)
Turkey's
last Armenian village stands strong with its
women after earthquakes
Last year’s earthquakes on February 6 and 20 undoubtedly changed the
routines of intra-city travel in Hatay.
Most of the city's roads are in ruins not only because of the
earthquakes but also due to the heavy machinery and trucks involved in
debris removal. If you are driving from Antakya to Samandağ, you need
to be careful along the way. The road, usually two lanes, can suddenly
narrow down to one, and construction machinery and trucks can appear
any time.
Vakıflı is a small village, approximately 5 kilometers from Samandağ
and 25 kilometers from Antakya districts. Nestled at the foot of Mount
Musa, overlooking the Mediterranean, it is surrounded by orange,
tangerine, lemon, and grapefruit trees, emanating the fragrance of
citrus. It is the last Armenian village in Turkey.
Vakıflı is located in southern Hatay.
Journalist and author Serdar Korucu, in his 2021 book "Sancak Düştü"
(The Sanjak Falls), writes about the Armenians of Mount Musa, once part
of the "İskenderun Sanjak" during the Ottoman era:
"Out of the six villages on Mount Musa – Hıdır Bek/Hıdırbey, Yoğunoluk,
Kebusiye (now known as Kapısuyu), Hacıhabibli (Eriklikuyu), Bityas
(Batıayaz), Vakıf (Vakıflı) – many Armenians 'preferred' leaving Hatay.
The ones who stayed gathered in Vakıflı, affectionately termed by the
media as Turkey's 'only Armenian village' (actually the 'last Armenian
village'). These migrations were not limited to Mount Musa. In 1936,
the Armenian population, constituting 11% of the Sanjak's population,
dwindled to a symbolic number."
While the earthquakes on February 6 did not cause destruction in the
village of about 35 households and 135 residents, the earthquakes
centered around Defne and Samandağ in the Hatay-centered quake on
February 20 resulted in nearly half of the church and houses being
either damaged or collapsed. The heavy rainfall the day before filled
small potholes on the damaged village roads with water, making our
journey to Vakıflı a bit challenging.
Vakıflı is a special case for women. The women's cooperative,
established long before February 6, re-engaged in regional production
activities shortly after the earthquake. We visited Vakıflı to see the
women's production workshops and discuss the period before and after
February 6.
After the collapse of its bell tower and damage in its walls, Surp
Asdvadzadzin Church will undergo restoration.
We call Kuhar Kartun when we arrive at the Vakıfköy Patriarch Mesrob II
Cultural Center. A minute later, she greets us from a short distance:
"Come, come, we are downstairs, in the production workshop."
The lower floor of the cultural center, located just behind the Surp
Asdvadzadzin Church, is the Mihran Ulikyan Production and Food
Workshop. The center consists of two separate three-story buildings,
including a guesthouse, lodge, and museum.
Kuhar Kartun is from the Vakıfköy Women's Cooperative management and
has been living in Vakıflı for about 30 years.
"Unfortunately, Vakıfköy has been the last Armenian village in Turkey
since 1938. I say 'unfortunately' because we are the only village left
from thousands of villages in these lands," says Kartun. (BIA,
Feb 2,
2024)
Attaque dans une église
catholique d'Istanbul: un mort, les deux assaillants arrêtés
Un homme a été tué dimanche à Istanbul en pleine messe dans une église
italienne catholique par deux assaillants masqués qui ont ouvert le feu
et ont été finalement arrêtés par la police turque.
Le groupe Etat islamique a revendiqué l'attaque, via le réseau social
Telegram.
Les autorités turques avaient auparavant estimé que l'attaque semblait
viser une personne en particulier plutôt que l'église Santa Maria,
située dans le quartier Sariyer sur la rive européenne d'Istanbul.
La victime, qui assistait à la célébration, d'abord identifiée par ses
initiales C. T, s'appelait Tuncer Cihan, a déclaré dimanche soir le
ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.
Les deux assaillants ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de fuir, a
annoncé dans la soirée le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.
Sur des images prises par des caméras de sécurité avant l'attaque, on
peut voir deux hommes portant des masques noirs et les mains dans les
poches. L'un d'eux a des lunettes de soleil.
Une quarantaine de personnes participaient à la messe, selon des
responsables locaux, dont le consul général de Pologne à Istanbul,
Witold Lesniak, et sa famille.
L'attaque est survenue vers 11H40 locales (08H40 GMT). "Après le second
coup de feu, l'arme à feu n'a plus fonctionné, alors les assaillants
ont pris la fuite. A ce moment là, tout le monde était couché sur le
sol. Il y avait entre 35 et 40 personnes à l'intérieur", a précisé à la
presse le maire de quartier, Sukru Genc.
L'attaque n'a fait aucun blessé, selon le gouverneur d'Istanbul, Davut
Gul.
- "Attaque ignoble" -
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré plus tôt que
les
"mesures nécessaires" avaient été prises pour arrêter les assaillants,
dont le mobile restait inconnu.
Le pape François a exprimé depuis Rome sa "proximité" avec la
communauté de cette église. "Nous condamnons fermement cette attaque
ignoble", a-t-il ajouté.
Le ministre italien des Affaires étrangères a égalemnt exprimé ses
"condoléances" et sa "ferme condamnation".
L'attaque survient plus d'une semaine après une rencontre à Istanbul
entre M. Erdogan et la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
"Nos forces de sécurité mènent une enquête à grande échelle sur cette
affaire", a déclaré Omer Celik, le porte-parole du parti au pouvoir AKP
(Parti pour la justice et le développement). "Ceux qui menacent la paix
et la sécurité de nos citoyens n'atteindront jamais leurs objectifs".
Le populaire maire de la ville, Ekrem Imamoglu, a lui affirmé: "Nous
n'accueillerons jamais dans notre ville ceux qui visent notre unité et
notre paix en attaquant des lieux de culte".
En décembre, les forces de sécurité turques avaient arrêté 32 suspects,
membres présumés du groupe jihadiste Etat Islamique (EI), soupçonnés de
préparer des attentats contre des synagogues, des églises et
l'ambassade d'Irak. Les arrestations avaient été effectuées dans neuf
villes différentes, dont Istanbul et Ankara, la capitale.
L'EI a revendiqué un certain nombre d'attentats meurtriers en Turquie
dont l'un, le 1er janvier 2017 dans un nightclub d'Istanbul, qui avait
fait 39 morts. (AFP, 28 jan 2024)
Politique
intérieure/Interior Politics
L’opposition
turque en rangs dispersés pour les élections
municipales
Courrier
International, 22 février 2024
Réunie en une vaste
coalition allant de l’extrême gauche à une partie de l’extrême droite,
l’opposition turque a échoué à défaire le pouvoir ultranationaliste de
Recep Tayyip Erdogan lors de l’élection présidentielle de mai 2023.
Aujourd’hui désunie, elle pourrait voir lui échapper une partie des
mairies qu’elle avait conquises en 2019. Les élections municipales du
31 mars s’annoncent en effet très disputées, en particulier concernant
les métropoles d’Istanbul et d’Ankara, tombées dans l’escarcelle de
l’opposition en 2019.
Après l’espoir d’une
victoire électorale au printemps 2023, la défaite a eu raison de
l’unité de la coalition formée par les partis d’opposition turcs. Le
parti d’extrême droite IYI a ainsi décidé de présenter ses propres
candidats aux élections locales, plutôt que de se ranger sous la
bannière du principal parti d’opposition, le CHP [le parti kémaliste,
nationaliste et laïc], au risque de disperser les voix d’opposition,
notamment dans des villes comme Istanbul et Ankara, où il bénéficie
d’une certaine audience, souligne le média en ligne Turkey Recap.
Candidats kurdes à
Istanbul
Sans être
officiellement
allié à l’opposition, le parti prokurde, le DEM [ancien HDP, récemment
rebaptisé face à des risques d’interdiction, comme le font
régulièrement les partis kurdes depuis les années 1990], se contentait
généralement de présenter ses candidats dans ses bastions de l’est du
pays et de soutenir tacitement le candidat d’opposition dans les
grandes villes de l’Ouest en ne lui opposant pas de rival.
Hostile au maire CHP
d’Ankara, dont les Kurdes peinent à oublier le passé de militant
d’extrême droite, le DEM a fait planer le doute jusqu’au dernier moment
concernant son possible soutien à Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul.
Mais le mardi 20 février, à l’heure limite du dépôt des candidatures,
le parti a fait savoir qu’il présenterait ses propres cocandidats,
proposant comme il le fait systématiquement un tandem formé d’un homme
et d’une femme, rapporte le quotidien Sözcü.
La partie n’est pas
jouée pour Erdogan
Face à ces divisions,
le
ton est à un triomphalisme parfois un peu outrancier dans le camp du
pouvoir. Ainsi de cet éditorialiste du quotidien progouvernemental
Hürriyet [ancien journal d’opposition, racheté en 2018 par un homme
d’affaires proche du pouvoir], qui s’imagine déjà conquérir Izmir, la
troisième ville du pays, historiquement très libérale et laïque, ce qui
lui vaut dans le pays le surnom d’“Izmir l’infidèle” :
Mais le pouvoir doit
lui
aussi compter avec une certaine désunion dans ses rangs. Le parti
islamiste du YRP, avec lequel il avait fait alliance pour la
présidentielle, se sent pousser des ailes. Mécontent des quelques
sièges de seconde main que lui réservait Erdogan, il a décidé de faire
cavalier seul, quitte à faire gagner l’opposition. “Nous ne sommes pas
la roue de secours de l’AKP, nous allons présenter nos listes”, a ainsi
affirmé son dirigeant dans une interview au journaliste Murat Yetkin,
estimant que, “à Istanbul et Ankara, les candidats de l’opposition sont
bien placés pour l’emporter à nouveau”.
Dans la ville
d’Antakya,
décimée par le séisme de février 2023, le CHP a fait le choix, malgré
les oppositions locales, de représenter le maire actuel, Lütfü Savas,
pourtant jugé en partie responsable du terrible bilan humain de la
catastrophe et copieusement hué lors des récentes commémorations.
Le parti au pouvoir,
lui
aussi conspué pour sa gestion du tremblement de terre, entend jouer sur
ces failles pour reprendre cette ville symbolique. “Si le pouvoir
central et les institutions locales ne se donnent pas la main, ne se
soutiennent pas mutuellement, alors rien de bon ne peut arriver à une
ville. Regardez l’exemple de cette pauvre Antakya”, a ainsi déclaré le
président turc.
Des propos jugés
scandaleux, que l’hebdomadaire satirique Leman a choisi de tourner en
dérision en une de son édition du 20 février.
“Chuchote-moi quelque
chose de sale”, demande ainsi une femme à son partenaire, qui lui
récite alors la tirade d’Erdogan. Ce à quoi elle répond : “Ah non, là
tu vas trop loin !”
Scènes
modernes du charabia turc
Ragip Duran, TVXS.GR, 10 février 2024
* La
vérité est dans la rue. Elle est relatée d’une façon plus ou moins
déformée sur les médias sociaux. Aujourd’hui en Turquie la vérité est
très bizarre voire elle est tristement fantasmagorique.
“Les Temps Sont
Difficiles” chantait en France Léo Ferré dans les
années 60. Aujourd’hui en Turquie “Les Temps Sont Absurdes” diront les
citoyens qui lisent les médias sociaux ou traditionnels.
Ces derniers sont devenus les versions en turc des magazines
légendaires d’humour, comme Canard Enchaîné ou Charlie Hebdo en France,
Private Eye en Grande-Bretagne ou Krokodil (URSS) et Mad (USA), ces
deux derniers malheureusement en retraite.
Voici une liste des événements et déclarations absurdes des deux
dernières semaines publiés sur la toile ou la presse quotidienne écrite:
* La Justice (Adalet en turc) est un nom de femme. La Loi (Kanun) est
le nom d’un instrument de musique orientale. Alors de nos jours, chez
nous, la Loi joue et la Justice danse!
* Dialogue lors d’une entrevue de recrutement:
- J’ai une licence d’archéologie et un master d’histoire. Je cherche un
emploi!
- Très bien, citez moi donc la sourate de Tebareke… (Une longue sourate
du Coran sur la propriété, la grandeur et l’unicité d’Allah)
* Un bâtiment de trois étages sur l’avenue centrale d’une ville
d’Anatolie.
- 3ème étage, la permanence locale du MHP (extrême-droite)
* 2ème étage, la permanence locale d’IYI Parti (Issu du MHP)
* 1er étage, la permanence locale d’AKP (Erdogan)
* Rez-de-chaussée, Le Monopole du Coin (monopole du tabac et d’alcool)
* Ahmet en robe, porte parole populaire d’une secte islamiste:
“L’augmentation des prix est une bonne chose. Car elle empêche les
péchés. Je ne suis pas au courant, mais je crois que le prix de
l’alcool, des stupéfiants et celui des femmes des bordels sont
également en hausse. Alors vous voyez…”
* Il s’est avéré que Le Président du Conseil İnteruniversitaire, entité
créée par décret du Conseil des ministres, M. Orhan Hikmet Azizoglu
n’est pas un universitaire. Il n’a même pas une licence. Mais il n’est
pas le seul haut responsable dans ce cas. Ils gardent tous toujours
leurs postes.
* L’hymne national turc est le seul au monde, qui commence par l’appel
“N’aie pas peur!”.
Malgré cela…
* Les médias du pouvoir ont fait l’éloge de Mme Alev Alatli, crypto
intellectuelle, libérale au départ, puis propagandiste Erdogan, est
morte. Elle avait reçu Le Grand Prix Culturel de la présidence de la
République. Son fils a été financièrement soutenu par le régime. Elle
avait déclaré devant Erdogan: “Je suis sûre que George Orwell et voire
Daniel Defoe vous applaudiraient!”. Très peu de personne dans la salle,
connaissait Orwell et Defoe, mais ils avaient quand même applaudi sans
savoir le sens de ce compliment. Personne d’ailleurs ne le sait encore!
* Enfin un peu d’optimisme: Selon un papier d’Ertugrul Ozkok, ancien
dirigeant du quotidien populaire Hurriyet qui cite les statistiques des
mesures d’audience des TV et autres chiffres officiels d’autres
secteurs, estime que le régime n’a toujours pas pu, après 22 ans de
pouvoir, établir sa domination idéologico-culturelle
- Les soap opéras diffusés sur les chaînes de TV sont au moins 20 fois
plus regardés que les séries pseudo historiques sur la grandeur de
l’Empire ottoman et des sultans, malgré de grandes campagnes de
publicité et de promotion du pouvoir.
- Il y a de moins en moins d’écolier qui préfèrent les écoles et lycées
religieux (Imam Hatip), alors que ces établissements sont considérés
comme des centres de formation des nouveaux cadres du régime.
- Selon des chiffres officiels, la population de la Turquie en fin 2023
est de 85.372.377. Il y a eu une augmentation de seulement 92.824 par
rapport à la fin 2022. (Faut-il tenir en compte des plus de 100 milles
morts lors du tremblement de terre de février et des plus de 100 milles
morts du Covid). Le taux de croissance de la population était de 7.1
sur mille alors que le taux est descendu à 1.1 sur mille en un an. Cela
veut dire que la majorité des familles turques n’a pas tenu compte des
appels du Président Erdogan qui disait: “Trois enfants ne suffisent
pas, il faut en avoir au moins 5”.
- Personne ne peut prétendre que le nombre de personnes qui fréquente
les mosquées, qui font la prière 5 fois par jour, qui fait le jeûne
pendant le Ramadan a augmenté depuis 2002, date de la prise du pouvoir
par Erdogan.
“Le normal n’existe plus. Tout est désormais anormal. C’est pourquoi on
s’étonne aujourd’hui quand on voit ou quand on entend un fait ou une
déclaration rationnelle, logique, conforme à la réalité” conclut un
journaliste chevronné d’Ankara.
Can Atalay,
élu député, mais toujours en prison
Ragip Duran, TVXS.GR, 5 février 2024
Le régime
n’a pas libéré l’avocat Can Atalay malgré deux verdicts de la
Cour Constitutionnelle qui risque d’être elle-même abolie.
L’avocat Can Atalay
(48), condamné à 18 ans de prison ferme en 2022
pour avoir participé “au soulèvement de Gezi” (protestation spontanée
en masse de la jeunesse contre le régime en mai 2013 pour empêcher la
construction d’une caserne militaire dans le parc Gezi d’Istanbul), élu
en 2023 député d’Antioche (Sud-est) du Parti ouvrier de Turquie (TIP,
Gauche, 4 députés sur 600) il restera encore en prison. Car le
Président de l’Assemblée Nationale a lu à la tribune le 30 janvier
dernier la décision de la Cour de cassation qui avait confirmé la
condamnation de M. Atalay, malgré deux verdicts de la Cour
Constitutionnelle qui avait précisé que “les droits de l’accusé avaient
été violés” et avait demandé la libération et le rejugement de
l’avocat. La lecture de la décision de la Cour de cassation à
l'Assemblée nationale met fin à la députation de M. Atalay. Alors qu’il
n’avait pas pu mettre les pieds dans l’enceinte du Parlement à Ankara.
En Turquie, depuis 1946, date des premières élections libres, au moins
7 personnes en prison ont été élues député et ont été immédiatement
libérées, conformément à la loi toujours en vigueur.
Le régime actuel continue à nier la suprématie de la Cour
Constitutionnelle comme dans le procès de M. Osman Kavala, homme
d’affaire et organisateur des ONG qui a été condamné à perpétuité pour
“ tentative de renverser le gouvernement” en tant que “coordinateur des
événements de Gezi”. La Cour Constitutionnelle turque et la Cour
Européenne des Droits de l’Homme avait demandé plusieurs fois la
libération immédiate de M. Kavala.
M. Bahceli, Président du MHP (Parti d’Action Nationaliste,
extrême-droite, allié d’Erdogan, 49 sièges) avait même demandé
“l’abolition pure et simple de la Cour Constitutionnelle”, qui parfois
prend des décisions conformes à la loi mais qui vont contre les
intérêts du régime. La Cour de cassation, a décrété que les verdicts de
la Cour Constitutionnelle “n’avaient aucune valeur légale”. La
Cassation a même osé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les
membres de la Cour Constitutionnelle, accusés “d’être sous l’influence
des terroristes” .
Plusieurs responsables des barreaux, ceux des ONG ainsi que les
Associations des Droits de l’Homme et des professeurs de droit ont tous
protesté contre le verdict de la Cour de cassation et la décision de
l'Assemblée nationale où le Parti d’Erdogan et ses alliés ont la
majorité. (323 sièges contre 269).
Can Atalay, est un juriste très actif surtout dans la défense des
opprimés, des travailleurs et les victimes du régime. Il était l’avocat
des parents des 301 mineurs morts à Soma (2014), des parents des 7
mineurs tués à Hendek (2021), des parents des 25 voyageurs de train
morts à Corlu (2018), des familles de 13 étudiantes mortes dans un
foyer d’un secte islamiste à Adana (2016).
Au fond de sa cellule dans la prison de Silivri à 70 km. d’Istanbul, il
préparait des dossiers pour la reconstruction d’Antioche, la plus
grande victime du tremblement de terre du 6 février 2023 où le régime
délaisse à cause de sa population multi-ethnique et multi-religieuse,
essentiellement arabe et chrétienne.
Plusieurs personnalités et organisations de l’opposition critiquent
sévèrement la détention de l’avocat :
- Alors qu’Erdogan ne cesse de répéter que la volonté nationale
(C’est-à-dire ceux qui sont élus avec les votes de la nation) est
primordiale, il viole le droit d’élire et d’être élu des habitants
d’Antioche.
- La Cour de cassation et l'Assemblée nationale ont violé la
Constitution. Elles ont commis un crime contre la loi suprême. C’est
illégal.
Un professeur d’économie en exil en France critique ces opposants :
“Ils n’ont probablement pas lu ni Baruch Spinoza, ni George Orwell, ni
Hannah Arendt” dit-il. Et ajoute :
“Désormais, rien n’est illégal, car le droit n’existe plus !”
Le député
d'opposition Can Atalay,
en
prison, déchu de son mandat
Le député turc d'opposition Can Atalay, élu en mai dernier depuis sa
cellule de prison et au coeur d'un imbroglio judiciaire, a été déchu
mardi de son mandat parlementaire, a annoncé le vice-président du
parlement turc.
Plusieurs députés ont brandi des pancartes "Liberté pour Can Atalay"
dans l'hémicycle à la lecture de la décision, selon des images
diffusées en direct à la télévision.
L'avocat, élu sous la bannière du Parti des travailleurs de Turquie
(TIP, gauche), avait été condamné en avril 2022 à 18 ans de prison,
accusé d'avoir cherché, avec le philanthrope Osman Kavala -- condamné à
la prison à vie -- à renverser le gouvernement en 2013 à travers une
vague de manifestations sans précédent.
Le député de la province d'Hatay (sud), qui rejette ces accusations,
est depuis plusieurs mois au coeur d'une bataille judiciaire opposant
deux des plus hautes cours de Turquie.
La Cour constitutionnelle a ordonné par deux fois la remise en liberté
de l'élu, âgé de 47 ans, arguant que son droit à la "liberté" et à la
"sécurité individuelle", ainsi que celui d'être "élu et de mener des
activités politiques", avaient été "violés".
Le premier avis de la Cour constitutionnelle, rendu en octobre dernier,
avait été contesté par la Cour de cassation. Le président turc Recep
Tayyip Erdogan avait alors pris le parti de cette dernière en accusant
la Cour constitutionnelle "d'accumuler les erreurs".
Un deuxième avis, rendu fin décembre, a été pareillement ignoré. (AFP,
30 jan 2024)
Forces
armées/Armed Forces
La Somalie approuve un accord de
défense avec la Turquie
Le gouvernement et le parlement somalien ont approuvé mercredi un
accord de défense avec la Turquie, sur fond de tensions régionales
entre Mogadiscio et son voisin éthiopien qui a signé un accord avec la
région somalienne séparatiste du Somaliland.
Dans le cadre de cet accord de défense, d'une durée de 10 ans, la
Turquie, membre de l'OTAN et proche alliée de la Somalie, aidera à
défendre le long littoral somalien et à reconstruire les forces navales
de ce pays instable de la Corne de l'Afrique, a expliqué le président
Hassan Cheikh Mohamoud à la suite d'une session conjointe du Parlement.
"L'accord soumis au Parlement aujourd'hui porte uniquement sur la
coopération entre la Somalie et la Turquie en matière de défense
maritime et d'économie, il ne vise en aucun cas à créer de la haine ou
une querelle avec un autre pays ou gouvernement", a-t-il déclaré.
Les tensions sont fortes entre les voisins de la Corne de l'Afrique
depuis un rapprochement entre l'Ethiopie et le Somaliland, matérialisé
par la signature le 1er janvier d'un "protocole d'accord" prévoyant la
location pour 50 ans à l'Ethiopie de 20 km de côtes du Somaliland sur
le golfe d'Aden. Mogadiscio a dénoncé un accord "illégal".
Les autorités somalilandaises ont affirmé qu'en échange de cet accès à
la mer, l'Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître
officiellement, ce qu'aucun n'a fait depuis que ce petit territoire de
4,5 millions d'habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de
la Somalie en 1991. (AFP, 21 fév 2024)
La Turquie construit une nouvelle route à Berwari
L’Etat colonialiste turc a a commencé la construction d’un nouveau
bâtiment dans la région kurde de Bewarî et empêche les civils de se
rendre dans la zone.
L’État turc a construit des dizaines de bases militaires et de centres
de renseignement à 40 kilomètres à l’intérieur du sud du Kurdistan.
L’Irak et le gouvernement de la région du Kurdistan restent silencieux
face à l’invasion turque et aux attaques génocidaires de l’État turc.
Les attaques d’invasion de l’État turc occupant contre le territoire du
Kurdistan du Sud (nord de l’Irak) se poursuivent sans interruption.
L’État génocidaire turc, qui a subi une grande défaite contre la
guérilla de la liberté du Kurdistan, a construit des dizaines de bases
militaires dans le sud du Kurdistan avec le soutien du PDK au pouvoir.
Selon un reportage de RojNews basé sur des informations obtenues de
sources locales, l’État turc occupant a commencé la construction d’une
nouvelle route dans le village de Keste, dans le quartier de Berwarî,
au pied du mont Metîna, avec des machines de construction.
La source a indiqué que l’État turc occupant empêchait les journalistes
et les civils d’entrer dans la région et que les villageois vivant dans
la région ne pouvaient pas se rendre sur leurs terres et faire leurs
travaux agricoles. (Infolibertaire.net, 13 février 2024)
La
Turquie va fournir des drones à
l'Egypte
La Turquie a donné son accord pour fournir des drones de combat à
l'Egypte, où le président Recep Tayyip Erdogan devrait se rendre
prochainement, scellant la réconciliation des deux pays, a annoncé
dimanche le chef de la diplomatie turque.
"Le processus de normalisation est largement achevé. Les relations
(entre les deux pays) sont importantes pour la sécurité et le commerce
dans la région" a souligné Hakan Fidan lors d'un entretien télévisé.
"Nous avons passé un accord pour leur fournir des véhicules aériens
sans pilote", a-t-il indiqué.
"Nous devons avoir des relations sérieuses avec l'Egypte pour la
sécurité en Méditerranée", a insisté le ministre turc.
Selon l'agence de presse turque Anka, la visite du président Erdogan à
son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qu'il avait qualifié de
"putschiste", devrait avoir lieu le 14 février, après douze ans de
brouille entre les deux dirigeants.
La dernière visite du chef de l'Etat turc au Caire remonte à novembre
2012, quand il était Premier ministre, pour y rencontrer le président
d'alors Mohamed Morsi.
Les deux pays avaient mutuellement rappelé leurs ambassadeurs après le
coup d'Etat du maréchal al-Sissi en 2013.
Le rapprochement entre les deux dirigeants s'est opéré en novembre 2022
au Qatar, en marge de la Coupe du monde de Football, et en juillet 2023
Ankara a renvoyé un ambassadeur au Caire. (AFP, 4 fév 2024)
Le Canada réexaminera les demandes
d'exportation d'armes vers la Turquie
Le Canada a annoncé lundi reprendre sous certaines conditions
l'évaluation des demandes d'exportation d'armes à la Turquie près d'une
semaine après la ratification par le parlement turc de l'adhésion de la
Suède à l'Otan.
Les permis pour articles militaires et certains types d'armes seront
maintenant examinés "au cas par cas", a déclaré le gouvernement
canadien dans un avis aux exportateurs, précisant que le refus présumé
des demandes d'exportation "n'est plus en vigueur".
En 2021, le Canada avait annulé "un certain nombre de licences
d'exportation" vers Ankara en raison de "preuves crédibles que
l'Azerbaïdjan utilisait des technologies canadiennes exportées vers la
Turquie dans le cadre du conflit militaire au Nagorny Karabakh en
2020", a précisé à l'AFP Jason Kung, porte-parole d'Affaires mondiales
Canada, le ministère des Affaires étrangères canadien.
L'annulation concernait une trentaine de permis d'exportation de
différents types de matériel militaire.
Le Canada exige dorénavant que les exportateurs obtiennent de
l'importateur turc "une assurance quant à l'utilisation finale" des
armes, notamment une déclaration d'Ankara à savoir "si les biens seront
réexportés ou transférés vers un pays non-membre de l'Otan, à
l'exception de l'Ukraine".
Le ministère canadien des Affaires étrangères se réserve en outre le
droit de prendre "les mesures qui s'imposent" en cas d'"utilisation
abusive" d'une arme "pour commettre ou faciliter des violations graves
du droit international".
"Affaires mondiales Canada peut décider de cesser de délivrer des
licences à tout moment", a ajouté M. Kung.
Dans un communiqué, le comité national arménien du Canada a condamné la
décision du gouvernement canadien.
"Cette décision soulève de profondes inquiétudes pour la communauté
arméno-canadienne car elle compromet l'engagement du Canada envers les
droits de la personne, la sécurité internationale et la justice", a
affirmé l'organisation.
La reprise des ventes d'armes par le Canada en Turquie survient trois
jours après que les Etats-Unis ont donné leur feu vert à la vente
d'avions de chasse F-16 à Ankara dans la foulée de la très attendue
ratification turque pour l'adhésion de la Suède à l'Otan. (AFP, 30 jan
2024)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
En Turquie,
l’islamisation croissante de l’enseignement
public
Le Monde, 23 février 2024
En dépit des réticences de parents d’élèves, les établissements « imam
hatip », chargés de former prédicateurs et imams, se développent sous
l’impulsion du pouvoir islamo-conservateur.
Parents d’élèves, enseignants, habitants du quartier, ils ont tout
essayé, de la veillée quotidienne aux pétitions, des manifestations aux
actions en justice, qu’ils ont même gagnées. Rien n’y a fait. Le
collège public Ismail-Tarman, situé sur la rive européenne d’Istanbul,
a été progressivement transformé en institution religieuse, une de ces
écoles destinées à former prédicateurs et imams appelées en Turquie «
imam hatip » et dont l’essor, porté par le gouvernement
islamo-conservateur d’Ankara, ne cesse de s’affirmer dans tout le pays.
Lundi 19 février, une quinzaine de contestataires se sont à nouveau
regroupés, tôt le matin, devant l’entrée de l’établissement avec une
banderole à peine jaunie par le temps et sur laquelle est écrit « Nous
voulons notre école ! »
Cela fait plus de sept ans qu’ils sont en lutte. Sept ans, depuis
qu’une poignée de familles a appris, un jour de printemps 2016, que le
ministère de l’éducation à Ankara avait décidé de changer la vocation
de cet établissement plutôt bien coté et apprécié pour son bon niveau.
Très vite, ils découvriront que trois autres écoles situées à
proximité, dans cet arrondissement de Besiktas, réputé laïque et ouvert
sur le monde, se trouvent dans la même situation.
Plus de 950 familles sur les 1 140 élèves que compte Ismail-Tarman se
sont alors mobilisées. Des habitants du quartier, même sans enfants,
ont rejoint le mouvement. « Cela a légèrement freiné les ambitions des
autorités, elles ont mis un an avant de changer de directeur et ont
introduit la non-mixité des classes et les cours religieux d’abord à
partir de la 6e, avant de les installer progressivement, année après
année, dans les classes supérieures », explique Bengü Dogan, mère d’un
adolescent du collège et engagée de la première heure au sein du
collectif.
« Génération pieuse »
Aujourd’hui, moins de 500 élèves fréquentent l’établissement. Certaines
salles sont vides, des activités ont été supprimées. La plupart des
élèves d’Ismail-Tarman se sont retrouvés dans des établissements
publics plus éloignés, dans des classes surchargées, ou, pour les plus
fortunés, dans des lycées privés.
Les sept otages retenus "pour Gaza" libérés sains et saufs
Un homme armé prétendant agir "pour Gaza" a retenu neuf heures durant
jeudi sept employés d'une usine turque du groupe américain Procter
& Gamble (P&G), finalement libérés sains et saufs.
Selon le gouverneur de la province de Kocaeli (nord-ouest) Seddar
Yavuz, le preneur d'otages, un ancien employé, a été arrêté sans
violence au cours d'une brève opération des forces de l'ordre.
"Nos forces de sécurité ont mené leur opération lorsqu'il s'est rendu
aux toilettes, sans blesser les otages", a-t-il expliqué aux
journalistes sur place, précisant que l'assaillant ne s'était
revendiqué d'aucun groupe politique ou militant.
Il réclamait la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza et
l'ouverture du point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et
l'Egypte, a précisé le gouverneur.
Les familles réunies aux abords du site ont confirmé à l'AFP que les
sept otages, dont une jeune femme de 26 ans, étaient sains et saufs.
"Nous sommes très heureux après ces longues heures d'attente. Dieu
merci, ils tous sont sains et saufs", a confié à l'AFP Fatma Dursun,
tante d'un des otages.
L'homme, qui détenait "deux armes" et "un dispositif" possiblement
explosif, selon le gouverneur, avait fait irruption sur le site vers
14H30 (11H30 GMT).
- "qu'il aille se battre là-bas" -
Selon une photo diffusée par l'une des otages sur son compte
Instagram
- vérifié par l'AFP -, il apparaissait le visage partiellement couvert
par un keffieh palestinien, portant ce qui pouvait être des explosifs
fixés sous la poitrine par du ruban adhésif et un pistolet dans la main
droite.
"Pour Gaza", indiquait un message bombé en rouge sur un mur derrière
lui, sous deux drapeaux turc et palestinien se faisant face.
"S'il fait ça pour la Palestine, qu'il aille se battre là-bas.
Qu'est-ce que ma fille de 26 ans a à voir là-dedans?", s'était insurgée
auprès de l'AFP Çigdem Aydemir, la mère de cette jeune employée,
entourée de proches anxieux patientant dans la nuit.
"Il fait ça supposément pour l'Islam mais ce sont ceux comme lui qui
font le plus de mal à l'Islam", avait aussi réagi Sedat Degirmenci, le
beau-père d'un des otages.
Les familles, tenues à l'écart du site par un cordon policier, se sont
plaintes au cours de ces heures d'attente du manque d'information de la
part des autorités.
Un porte-parole du fabricant américain de produits ménagers et
d'hygiène Procter & Gamble avait précisé à l'AFP que l'usine de
Gebze, à la périphérie est d'Istanbul, avait été "évacuée plus tôt dans
la journée".
"Les travailleurs ont été évacués de l'usine P&G de Gebze; sept
ouvriers restent otages", avait également indiqué le syndicat Umut-Sen
dans un message posté sur le réseau social X.
- soutien américain à Israël -
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'un des dirigeants les
plus
critiques d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le
mouvement islamiste palestinien Hamas, a dénoncé à plusieurs reprises
le soutien des Etats-Unis à Israël, qu'il a qualifié d'Etat
"terroriste" et "génocidaire".
Des appels au boycott de produits américains ont également été très
relayés en Turquie depuis le début du conflit. Plusieurs restaurants
McDonald's et cafés Starbucks - qui opèrent sous licence turque - ont
été vandalisés à travers le pays.
Début novembre, la police turque avait dû disperser à l'aide de gaz
lacrymogènes un rassemblement pro-palestinien organisé devant une base
militaire abritant des forces américaines, quelques heures avant une
visite à Ankara du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Des foules de manifestants s'étaient également rassemblées dans les
premiers jour du conflit devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara et
son consulat à Istanbul.
Des manifestations de soutien aux Palestiniens sont régulièrement
organisées dans le pays. (AFP, 1 février 2024)
Socio-économique
/ Socio-economic
La Banque centrale turque conserve son
taux d'intérêt à 45%
La Banque centrale turque a maintenu jeudi son taux directeur à 45%,
marquant ainsi la fin de son cycle de resserrement monétaire comme elle
l'avait annoncé le mois dernier après huit mois consécutifs de hausses.
"Le niveau actuel du taux directeur sera maintenu jusqu'à ce qu'il y
ait une baisse significative et durable de la tendance sous-jacente de
l'inflation mensuelle", a précisé la banque.
La Turquie avait entamé en juillet dernier une politique de relèvement
des taux d'intérêt afin d'endiguer l'inflation, qui restait établie en
janvier autour de 65% sur un an, selon les dernières statistiques
officielles.
Celles-ci sont cependant dénoncées par les économistes indépendants qui
estiment que la hausse des prix à la consommation atteint au moins le
double.
Un nouveau gouverneur de la Banque centrale, l'ex-économiste d'Amazon
Fatih Karahan, a été nommé au début du mois en remplacement de Hafize
Gaye Erkan, première femme à ce poste, démissionnaire après moins d'un
an à la suite d'accusations d'avantages accordés à sa famille, ce
qu'elle a nié.
Lors de sa première apparition publique le 8 février, M. Karahan avait
estimé qu'une nouvelle hausse des taux n'était pas nécessaire.
Il a cependant précisé que la banque reverrait sa décision en cas de
détérioration de l'inflation.
Selon Liam Peach, économiste principal des marchés émergents chez
Capital Economics, basé à Londres, la hausse des taux d'intérêt sera
mise en pause au cours des prochains mois.
"Avec une inflation susceptible de terminer l'année entre 30 et 35 pour
cent, il est toujours possible que la banque centrale entame un cycle
d'assouplissement avant la fin de l'année", a-t-il précisé dans une
note adressée à ses clients.
"Mais notre point de vue de base reste que les taux d'intérêt resteront
inchangés cette année", a-t-il ajouté.
Selon Bartosz Sawicki, analyste de marché chez Conotoxia, le nouveau
gouverneur suit les pas de son prédécesseur qui avait affirmé que le
cycle de resserrement s'était achevé en janvier.
La livre turque s'échangeait jeudi après-midi autour d'un dollar
américain pour 30,99 livres turques.
Selon les prévisions de Conotoxia, la monnaie turque pourrait continuer
de baisser en 2024 pour atteindre 35 livres pour un dollar.(AFP, 22 fév
2024)
L’or brille, mais il tue...
Ragip Duran, TVXS.GR,
17 février 2024
* Quand
le profit sans limite et sans contrôle des compagnies devient
la règle principale le pays sombre dans le malheur catastrophique.
Le 13 février dernier
vers 14h00 locale (13h00 en Grèce) 9 ouvriers
sont restés sous 10 millions de m3 de terre à la suite du glissement de
terrain survenu dans une mine d’or à Ilic, district d’Erzincan (Est).
Cette mine est exploitée par une compagnie américano-canadienne,
Anagold (La Mère Or, en turc) avec son partenaire turc Calik Holding
dirigé jadis par le gendre du Président Erdogan.
Anagold a pu obtenir tous les permis officiels grâce à leur partenaire
turc, mais les responsables de la mine sont accusés de faire des
sondages et de l’extraction avec de la cyanure, légalement interdite.
La pluie et l’Euphrate qui n’est pas très loin de la zone de la mine
risquent, selon les spécialistes de l’écologie, de détruire
complètement toute la région et peut empoisonner la nature d’abord dans
une zone de 275 km2 et puis dans toute la vallée que traverse
l’Euphrate.
L’opposition, les ONG et les spécialistes accusent les autorités qui
avaient accordé les permis sans faire les études et contrôles
nécessaires et sans prendre les mesures obligatoires.
De leur côté, les porte-parole du ministère et ceux des compagnies
minières appellent au calme et prétendent qu’il n’y aucun risque.
Pourtant, ‘4 procureurs et 10 scientifiques sont sur le terrain et
poursuivent leurs travaux” a déclaré le ministre de l’Intérieur. Il y a
également des responsables locaux du parti au pouvoir qui ont estimé
que “ce fléau vient du haut, c’est le destin, donc on ne peut pas
s’opposer contre la volonté divine!”. Amen!
4 responsables techniques d’Anagold ainsi qu’un activiste écologiste
local ont été arrêtés par le parquet.
Anagold avait fait en 2019 un don de 13 millions de Liras (environ 400
milles Euros) à l’Université Binali Yidirim d’Erzincan, du nom du
dernier Premier ministre d’Erdogan et avait fait cadeau de plusieurs
véhicules et engins à la municipalité d’Ilic. L’avocat de cette
compagnie, était l’ancien Président de l’Union des Barreaux de Turquie
d’Istanbul, le Prof. Metin Feyzioglu, promu plus tard comme ambassadeur
de “la République Turque de Chypre du Nord” reconnu uniquement par
Ankara. M. Hakkı Akil, ancien ambassadeur de Turquie à Paris, est
actuellement le porte-parole du holding Calik.
En pleine campagne électorale pour le scrutin du 31 mars, date des
élections locales, le candidat du pouvoir à Istanbul, dirigé par
l’opposition depuis juin 2019, Murat Kurum n’est pas au sommet de sa
forme. Car il était récemment le Ministre de l’Environnement, de
l’Urbanisme et du Changement Climatique qui avait délivré les licences
nécessaires, aujourd’hui contestées par les spécialistes, pour
l’exploitation de cette mine d’Anagold.
Enfin, un internaute, une mauvaise langue, désire soutenir le candidat
du pouvoir avec un slogan pour Kurum:
“ - Grâce à l’amnistie de zonage que j’avais légiféré, j’ai contribué à
la destruction de 11 départements lors du séisme de février.
- J’ai fait augmenter la capacité technique des zones minières ainsi le
pays tout entier sera noyé dans la cyanure.
- Donnez-moi l’autorité, votez pour moi, je vais effacer Istanbul de la
carte!”
Un navire
de marchandises coule au sud d'Istanbul,
six disparus
Un navire de marchandises a coulé jeudi en mer de Marmara, au sud
d'Istanbul, avec à son bord six marins, ont annoncé les autorités
turques.
Le cargo long de 69 mètres, qui transportait plus de 1.000 tonnes de
poussière de marbre, a été localisé à 51 mètres de profondeur, a
indiqué jeudi soir le ministère turc de la Défense.
Le vraquier battant pavillon turc avait envoyé un signal de détresse
peu après 06H30 (03H30 GMT) alors qu'il se trouvait au large de l'île
d'Imrali, située à une cinquantaine de kilomètres des rives sud
d'Istanbul, selon le ministère turc des Transports.
Le signal du navire avait cessé d'émettre à 07H12 (04H12 GMT).
Des avions et bateaux des garde-côtes turcs ont été dépêchés dans la
zone dès les premières heures du jour, mais seul un radeau de sauvetage
vide a pu être identifié à la surface de l'eau.
Selon la presse turque, les six marins portés disparus sont tous de
nationalité turque. (AFP, 15 fév 2024)
Au
moins neuf personnes piégées dans une mine d'or après un glissement de
terrain
Au moins neuf personnes sont piégées dans une mine d'or dans la
province d'Erzincan, dans le nord-ouest de la Turquie, après le
glissement d'une butte de terre qui pourrait être contaminée par du
cyanure, ont annoncé mardi les autorités turques.
"Il n'y a pas de nouvelles de neuf mineurs. Une opération de secours
est en cours avec une équipe de 400 personnes", a affirmé le ministre
turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, sur la chaîne publique TRT Haber.
"Il s'agit du glissement d'une butte formée par un empilement de terre
retirée de la mine", a précisé le ministre.
La terre qui s'est effondrée pourrait contenir du cyanure utilisé pour
extraire l'or, a de son côté mis en garde un syndicat de mineurs.
"Le sauvetage des mineurs pourrait prendre beaucoup de temps à cause de
la terre contenant du cyanure", a estimé Basaran Aksu, du syndicat
Bagimsiz Maden Is.
"Il n'est pas question d'une fuite en ce moment dans l'Euphrate", le
fleuve qui traverse la province d'Erzincan, a affirmé le gouverneur
Hamza Aydogdu.
Le ministère de l'Environnement a de son côté annoncé que des mesures
ont été prises pour "empêcher des matériaux de se déverser dans
l'Euphrate".
-Effondrement en quelques secondes-
Selon les premières images diffusées par des médias turcs, une
butte
de terre s'est effondrée en quelques secondes et a dévalé comme une
coulée de lave dans une vallée, couvrant une large superficie.
Le glissement concerne "une masse terrestre de 8 à 10 décares" qui
s'est par la suite répandue sur "100 décares", a affirmé M. Yerlikaya.
"Nous avons pris nos dispositions pour un éclairage nocturne. Nous
n'avons qu'un souhait : pouvoir donner une bonne nouvelle à leurs
familles, nos prières vont dans ce sens", a-t-il ajouté.
Ce glissement de terrain est survenu vers 14H00 locales (11H00 GMT) à
Iliç, dans la province d'Erzincan, et des équipes de secours des villes
voisines ont été déployées, a annoncé l'agence publique de gestion des
catastrophes Afad.
Les ministres de l'Intérieur et de l'Energie sont attendus sur place,
selon la chaîne privée turque NTV.
"Nous mobiliserons tous nos moyens pour mettre en lumière les raisons
de cet incident", a de son côté affirmé l'entreprise chargée de la mine
d'or, Anagold.
Employant 667 mineurs, cette même mine avait déjà fait la une des
journaux en 2022 après une fuite de cyanure, incitant les autorités à
suspendre brièvement ses opérations.
Elle avait cependant rouvert après avoir payé une amende, provoquant un
tollé de l'opposition turque.
"Malgré la fuite de cyanure, le permis de la mine n'a pas été retiré et
sa capacité a été accrue. L'entreprise a bénéficié d'une protection
judiciaire (...). Tout cela a pavé la voie du désastre", a réagi
l'Ordre des médecins de Turquie.
Des glissement de terrain ou des effondrements de mines sont
relativement fréquents dans certaines régions de Turquie.
Quarante-deux mineurs ont été tués lors d'une explosion survenue en
2022 à Amasra, dans le nord du pays. (AFP, 13 fév 2024)
L'inflation
stable sur un an, mais en
forte hausse en janvier
L'inflation en Turquie est restée stable en janvier à 64,8% sur un an,
selon les données officielles publiées lundi, mais la hausse des prix
sur un mois est la plus forte depuis août.
Quoique comparable au taux d'inflation annuel enregistré en décembre
(64,7%), la hausse des prix à la consommation sur le seul mois de
janvier a atteint 6,7% - contre 2,9% en décembre 2023.
Ces chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants
du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui estiment que la
hausse réelle des prix atteint 129,1% en glissement annuel.
Malgré les hausses régulières des salaires et des pensions de retraite,
l'inflation demeure un sujet brûlant en Turquie, à deux mois
d'élections municipales que le président Recep Tayyip Erdogan - réélu
fin mai pour un troisième mandat - souhaite remporter à Ankara et
Istanbul, les deux plus grandes villes du pays, passées aux mains de
l'opposition en 2019.
La Banque centrale turque, qui a relevé son taux directeur de 8,5% à
45% depuis juin pour tenter d'endiguer l'inflation, a estimé fin
janvier que "le niveau de resserrement monétaire requis pour établir la
désinflation a été atteint".
La gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan, en
poste depuis moins d'un an, a annoncé vendredi sa démission dans un
communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'accusations
impliquant sa famille - qu'elle a démenties.
Elle a dans la foulée été remplacée par le vice-gouverneur, l'ancien
économiste d'Amazon Fatih Karahan, né en 1982. (AFP, 5 fév 2024)
Turquie: 4h17: Un an apres le séisme, le chagrin intact
Cem TAYLAN , avec Anne CHAON , AFP, 6 fév 2024
Le visage tendu, un portrait de leur enfant ou de leur parent disparu
serré dans les bras, les proches des victimes se sont recueillis par
milliers mardi dans les ruines du pire séisme de la Turquie
contemporaine.
A 4H17, l'heure de la première secousse, qui a fait plus de 53.500
morts dans le sud et le sud-est de la Turquie le 6 février 2023, les
familles et les amis des disparus se sont rassemblés dans le
centre-ville d'Hatay, le nom moderne d'Antakya, l'ancienne Antioche
millénaire dévastée à 90%.
Effondrés, noyés de larmes, ou figés dans la douleur de ces 65 secondes
qu'ils revivent ad nauseam depuis un an, ils sont serrés les uns contre
les autres en silence autour de braseros improvisés, une branche de
laurier en main, la fleur symbolique d'Antakya.
Enlacés, ravagés par le chagrin, ils ont improvisé de petits autels à
même le sol, déposant des bougies et des roses à l'endroit même où se
tenait l'immeuble, la maison qui a englouti leur bien-aimé, leur
enfant, leurs parents, des familles entières parfois.
Au sol, les proches ont disposé entre les bougies les photos des
dizaines d'habitants de la résidence Rana, effondrée comme des milliers
d'autres en quelques secondes sous la violence du choc.
- "On se connaissait tous" -
"Je n'ai pas l'impression que c'était il y a un an, pour moi
c'était
hier", confie Eda Boz, 44 ans, contrainte de se réfugier dans la
capitale Ankara, et revenue spécialement pour les commémorations. "Dans
cet immeuble vivaient mes amis d'enfance, des camarades d'école. On se
connaissait tous", regrette-t-elle les larmes aux yeux en se jurant "de
revenir à Hatay".
Un bref moment de tension a d'ailleurs opposé les familles désireuses
de se recueillir devant la résidence aux forces de police qui voulaient
les empêcher d'accéder au site, avant de se résoudre à les laisser
passer, a constaté l'AFP.
Au même moment, un rassemblement identique se déroulait un peu plus au
nord dans le centre de Kahramanmaras, ville située à une cinquantaine
de km de l'épicentre du séisme: "65 secondes qui ont valu une
éternité", a résumé dans un message sur le réseau social X l'Afad,
l'agence de secours turque accusée d'avoir tardé à venir en aide aux
sinistrés - et même d'avoir vendu des tentes qui leur étaient destinées.
Le président Recep Tayyip Erdogan, attendu mardi à Kahramanmaras, un
fief de son parti, l'AKP, a également posté mardi matin un message sur
"X" à l'heure de la secousse: "De tels désastres et de telles
souffrances sont des tournants où la force de l'unité, de la solidarité
et de la fraternité des nations est mise à l'épreuve".
"Nous poursuivrons notre travail jusqu'à ce que nos villes soient
reconstruites et que le dernier citoyen dont la maison a été détruite
ou rendue inutilisable soit amené dans un foyer sûr" a-t-il promis
malgré la défiance qui accompagne l'action du gouvernement depuis le
drame.
A Antakya, Esat Gül, un étudiant de 19 ans n'y croit guère.
"Un an a passé, la ville est toujours en ruine", lâche-t-il. "Je n'ai
plus beaucoup d'espoir dans l'avenir. Beaucoup de jeunes de mon âge
cherchent à quitter le pays", ajoute-t-il en jetant une rose dans le
fleuve Oronte qui traverse la ville.
Démission de la gouverneure
de la Banque centrale, remplacée par le vice-gouverneur
La gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan, en
poste depuis moins d'un an, a annoncé vendredi sa démission dans un
communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'un scandale
impliquant sa famille.
Dans la foulée, le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a remplacée
par le vice-gouverneur, l'ancien économiste d'Amazon Fatih Karahan, né
en 1982.
Ce dernier a commencé sa carrière d'économiste à la Réserve fédérale de
New York en 2012. Il avait rejoint Amazon en 2022, et la Banque
centrale turque en juillet dernier.
Sa nomination semble confirmer l'orientation pro-marché de M. Erdogan,
après des années de crise économique.
Mme Erkan a été accusée par plusieurs médias turcs d'avoir accordé des
avantages à sa famille au sein de la Banque centrale, ce qu'elle nie.
Les investisseurs occidentaux avaient salué ses premières mesures, une
série rapide de hausse des taux d'intérêt qui ont aidé à stabiliser la
lire en déroute et à maîtriser la flambée du coût de la vie en Turquie,
victime d'une crise qui a vu l'inflation atteindre 85% en 2022 et près
de 65% en 2023.
Elle explique dans son communiqué avoir demandé au président Erdogan
d'être "libérée de (ses) fonctions, qu'elle a remplies avec honneur
depuis le premier jour".
La gouverneure âgée de 44 ans, première femme à ce poste et réputée
pour son expertise aux Etats-Unis, avait pris ses fonctions début juin
après la réélection du président Erdogan.
Elle est notamment accusée d'avoir permis à son père de prendre en
toute illégalité des décisions au sein de la Banque centrale.
Un bureau, une voiture de fonction et des gardes de corps auraient été
accordés à son père Erol Erkan, aux ordres duquel "personne n'ose
s'opposer", ont également rapporté les journaux turcs, suscitant de
virulentes critiques sur les réseaux sociaux.
Selon des observateurs, elle se serait attiré les foudres du président
lorsqu'elle a raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était
contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son
mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en
Turquie.
"Une campagne visant à ruiner ma réputation a été organisée contre
moi", a-t-elle expliqué dans son communiqué. Elle a ajouté avoir pris
la décision de démissionner "pour protéger (sa) famille et (son) bébé
innocent, âgé de moins de 18 mois".
- "Alléger la pression" -
Les attaques visant la banquière, très appréciée des milieux
économiques, inquiètent les investisseurs et soulèvent la question sur
le long terme de la loyauté du chef de l'Etat à l'égard de ses
collaborateurs.
Mme Erkan vivait depuis deux décennies aux Etats-Unis où elle a étudié
avant de prendre ses fonctions à Ankara au sein d'une équipe
d'économistes respectés, formés notamment à Wall Street, chargés de
sortir la Turquie de la crise.
Leurs réformes ont fait revenir les investisseurs étrangers et sauvé le
pays d'une potentielle crise bancaire.
La démission de Mme Erkan intervient une semaine après la fin d'une
série de hausses historiques des taux d'intérêt, qui ont vu le taux de
base passer de 8,5% à 45%.
La Banque centrale avait indiqué la semaine dernière qu'elle prévoyait
de maintenir les taux élevés dans un avenir immédiat afin de maintenir
l'inflation sous contrôle.
Le ministre des Finances Mehmet Simsek a qualifié la décision de Mme
Erkan de "totalement personnelle".
"Notre programme économique, mené sous le leadership de notre président
Recep Tayyip Erdogan, se poursuit résolument et sans interruption", a
assuré le ministre dans un communiqué. "Nous continuerons de prendre
des mesures fermes pour arriver à notre objectif de stabilité des prix".
Des analystes ont estimé que le départ de la gouverneure pourrait aider
Mehmet Simsek et son équipe à poursuivre leurs réformes en éliminant un
scandale gênant.
"Je ne pense pas que la démission de la gouverneure de la Banque
centrale aura un impact négatif", a ainsi jugé Fatih Ozatay, professeur
à l'Université d'économie et de technologie TOBB d'Ankara. "En outre,
c'est un développement qui va alléger la pression sur la Banque
centrale". (AFP, 2 février 2024)
Gap between minimum wage and poverty line closing
The Confederation of Turkish Trade Unions (TÜRK-İŞ) has released the
January results of its monthly "Poverty and Destitution Threshold
Research," conducted regularly to highlight the 'livelihood conditions.'
According to the research:
The monthly expenditure required for a four-person family to be able to
eat healthily, balanced, and adequately (poverty threshold) is 15,048
lira.
The total amount of compulsory monthly expenditures for other
necessities such as clothing, housing (rent, electricity, water, fuel),
transportation, education, health, and similar needs, in addition to
food expenses (poverty line), is 49,019 lira.
The 'cost of living' for a single employee has risen to 19,630 lira per
month.
In December, TÜRK-İŞ measured the poverty threshold at 14,431 lira, the
poverty line at 47,009 lira, and the cost of living for a single
employee at 18,796 lira.
Furthermore, TÜRK-İŞ noted that the minimum spending for food for a
4-person family residing in Ankara increased by 4.27% compared to the
previous month. The calculated rate of change over the last 12 months
was 69.76%.
According to the research, the increase in meat prices continued this
month, with the highest increase observed in fish prices. There was an
average increase of 32 lira in fish prices, and the price per kilogram
of anchovy rose to 120 lira.
There was a slight increase in the price of eggs per piece, with
chicken prices rising by 5 lira compared to the previous month, with an
average kilogram price of 77 lira on the shelves.
In January, the price of bread increased, and the price of a 200-gram
bread in Ankara rose to 8 lira. The highest increase in the legumes
group was observed in green lentils, with the kilogram price reaching
86 lira.
The average price per kilogram of vegetables was 34.34 lira, while the
average price per kilogram of fruit was calculated to be 34.25 lira.
There has been an average increase of 30 lira in the price per liter of
olive oil. The liter of olive oil is now being sold at an average of
330 lira. Similarly, with a price increase of 17 lira, black olives are
priced at an average of 225 lira, and green olives are priced at an
average of 190 lira on supermarket shelves. (BIA, Feb 1, 2024)
Le séisme
de 2023 a fait près de 60.000 victimes
Le séisme du 6 février 2023 qui a frappé le sud-est de la Turquie a
fait 53.537 morts et 107.213 blessés, selon le dernier bilan donné
vendredi par le ministère turc de l’Intérieur.
Avec les 1414 morts comptabilisés de source officielle dans les zones
contrôlées par Damas en Syrie voisine, et les plus de 4500 recensés
dans les régions échappant au contrôle de Damas, le désastre aura causé
la mort de près de 60.000 personnes.
«Lors des tremblements de terre qui ont causé de lourdes destructions,
nous avons perdu 53.537 vies et 107.213 de nos citoyens ont été
blessés», a indiqué vendredi le ministre turc Ali Yerlikaya devant la
presse, près d’un an après le désastre. Le précédent bilan, arrêté en
avril, faisait état de 50.783 morts et 107.204 blessés.
Alors que les autorités avaient été sévèrement critiquées par la
population pour leur manque de réactivité et la lenteur des secours, le
ministre a voulu revenir sur l’organisation de l’aide.
Après le séisme survenu à 4h17 locales (2h47 suisses), les premiers
secours ont été envoyés à partir de 5h45 (3h45 heure suisse) et à 11h25
(9h25 suisses) les premières tentes étaient installées, a affirmé M.
Yerlikaya.
«14 millions de citoyens affectés»
Onze provinces turques ont été touchées sur une superficie de 120.000
kilomètres carrés, a-t-il rappelé, affectant avec plus ou moins de
gravité «14 millions de nos concitoyens, entrant ainsi dans l’histoire
mondiale en termes de zone d’impact», a-t-il ajouté.
Selon ses chiffres, 38.901 bâtiments ont été immédiatement détruits par
les secousses. Au total 650.000 personnels de secours, dont 11.500
envoyés par d’autres pays en signe de solidarité, ont été déployés.
Selon le ministre, 645.000 tentes ont été installées pour abriter
temporairement 2,5 millions de personnes. Un an après, près de 700.000
sinistrés vivent toujours dans 414 villes conteneurs, dont 215.224
unités ont été installées. Au total, plus de 2,3 millions de bâtiments
ont été endommagés par le séisme, dont 60.421 ont été ou seront
rapidement détruits car trop fragilisés. 91% des débris ont été
déblayés.
Pour marquer l’anniversaire de la catastrophe, le président Recep
Tayyip Erdogan doit se rendre samedi à Hatay, la province la plus
touchée près de la Syrie, où il remettra symboliquement les clés de
41.000 logements neufs et de 5000 maisons de village à leurs nouveaux
occupants, a encore annoncé le ministre. (AFP, 2 févr 2024)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Un Syrien arrêté en Turquie, accusé
d'espionner pour la France
Un opposant syrien en Turquie, investi dans la défense des réfugiés, a
été arrêté et accusé d'espionnage au profit de la France, a indiqué
mercredi une source proche du dossier, confirmant une information de la
presse locale.
Selon le quotidien pro-gouvernemental Sabah, Ahmed Katie a été arrêté
en compagnie de deux autres ressortissants syriens à Bursa (130 km au
sud d'Istanbul) et accusé "d'espionnage au profit de la DGSE", les
services de renseignement extérieur français.
Sabah précise que Katie, qui réside légalement en Turquie depuis 2013,
avait été gardé sous étroite surveillance avant d'être interpellé et
placé en détention.
Selon un proche du dossier refusant d'être cité, Ahmed Katie "a été
coincé" alors qu'il s'apprêtait à quitter la Turquie avec sa famille
pour gagner la France afin d'y déposer une demande d'asile quand il a
été interpellé.
L'avocat d'Ahmed Katie, Halim Yilmaz, n'avait pu être joint mercredi
par l'AFP.
Militant des droits de l'homme et opposant au régime syrien de Bachar
el-Assad, plusieurs fois emprisonné et torturé en Syrie, Ahmed Katie a
disparu le 27 novembre 2023, selon ses proches.
Son épouse avait signalé sa disparition le 30 novembre.
Quelques jours plus
tard, plusieurs organisations turques et syriennes
de défense des droits humains avaient donné une conférence de presse,
s'inquiétant de sa disparition.
Fin octobre, Ahmed Katie avait posté un message sur sa page Facebook,
annonçant qu'il suspendait ses activités au côté des réfugiés syriens
en raison de "circonstances" particulières et de "pressions".
Les autorités turques ont conduit récemment de nombreuses arrestations
de personnes accusées d'espionnage au profit d'Israël ou de l'Iran.
La Turquie accueille officiellement plus de 3 millions de réfugiés
syriens qui ont fui la guerre dans leur pays. (AFP, 21 fév 2024)
Deux hommes
suspectés d'être des "loups gris" mis en
examen à Paris
Deux hommes suspectés d'appartenir au mouvement ultranationaliste turc
des "Loups gris" ont été mis en examen jeudi à Paris pour apologie du
terrorisme et reconstitution d'un groupe de combat dissous, a appris
l'AFP du parquet de Paris et d'une source proche du dossier.
A la suite d'une enquête confiée par le Pôle national de lutte contre
la haine en ligne du parquet de Paris aux enquêteurs du 1er district de
police judiciaire, une information judiciaire a été ouverte jeudi, a
précisé le parquet.
Deux personnes, "nées en France en 2000 et 2003" et qui selon BFM TV
avaient été interpellées mardi à Strasbourg et Saint-Etienne, ont été
mises en examen pour apologie publique en ligne d'un acte de terrorisme
et participation au maintien ou à la reconstitution de groupe de combat
dissous, a indiqué le ministère public.
"Sans antécédents, ils ont été placés sous contrôle judiciaire.
L'instruction aura notamment pour objet de poursuivre les
investigations sur leur matériel informatique", a-t-on ajouté.
BFM TV avait indiqué que ces deux personnes étaient membres des "Loups
gris", un mouvement ultranationaliste turc proche des nationalistes
alliés au gouvernement. Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP
qu'ils étaient suspectés d'appartenir à ce groupe.
Ce mouvement, dont de nombreux membres soutiennent le président Recep
Tayyip Erdogan, a été dissous en France en novembre 2020, provoquant
des tensions entre Ankara et Paris.
A l'origine, les "Loups gris" sont un surnom donné aux membres des
"Foyers idéalistes", un mouvement ultranationaliste qui s'est développé
à partir des années 1960 dans l'orbite du parti turc d'extrême droite
MHP.
Ralliés à l'idéologie "panturquiste" et soupçonnés d'accointances avec
la mafia turque, ils ont surtout fait parler d'eux dans les années 1970
et 1980 par leurs actions violentes dans les rues et sur les campus en
Turquie contre des militants de gauche et des minorités, allant
jusqu'au meurtre.
En annonçant sa dissolution en novembre 2020, le ministre de
l'Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié les "Loups gris" de groupe
qui "incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des
actions violentes".
Les "Loups gris", dont le nombre est difficile à quantifier, avaient
été accusés par le gouvernement d'avoir participé à des incidents entre
les communautés turque et arménienne près de Lyon.
Ils promeuvent "une idéologie tendant à discriminer voire à provoquer à
la violence contre les personnes d'origine kurde et arménienne",
affirmait le décret de dissolution. (AFP, 7 fév 2024)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
La vente des F-16 américains à la Turquie officiellement
approuvée
La vente d'avions de chasse américains F-16 à la Turquie a été
"approuvée" par le Congrès américain, point final à des mois de
tractations entre Washington et Ankara, a annoncé dimanche
l'ambassadeur américain en Turquie.
"La décision (...) du Congrès d'approuver l'acquisition par la Turquie
de 40 avions F-16 et de 79 kits de modernisation est une grande
avancée", s'est félicité l'ambassadeur, Jeff Flake, dans un message
publié par l'ambassade américaine à Ankara sur le réseau social X.
Le gouvernement américain avait donné le 26 janvier son accord à cette
vente d'un montant de 23 milliards de dollars, trois jours après la
ratification par Ankara de l'adhésion de la Suède à l'Otan.
Le Congrès américain, notifié le même jour de cette vente réclamée par
la Turquie, disposait d'un délai de quinze jours - désormais échu -
pour s'y opposer.
Les Etats-Unis, avant de donner leur feu vert, avaient attendu que les
instruments de ratification par la Turquie de l'adhésion suédoise à
l'Otan soient physiquement déposés à Washington, a indiqué un
responsable américain, témoignant du caractère ultra-sensible des
négociations ayant prévalu à cet accord.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a bloqué vingt mois durant
l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, avait conditionné
l'adhésion suédoise à l'approbation "simultanée" par les Etats-Unis de
la vente des chasseurs F-16 à son pays. (AFP, 11 fév 2024)
Relations
régionales / Regional Relations
Sissi et Erdogan ouvrent "une nouvelle
page" dans leurs relations après une décennie de brouille
Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et turc Recep Tayyip
Erdogan ont annoncé mercredi au Caire ouvrir "une nouvelle page" dans
leurs relations après plus d'une décennie de brouille.
En 2013, quand M. Sissi alors chef de l'armée renversait l'islamiste
Mohamed Morsi, grand allié de M. Erdogan, ce dernier jurait qu'il ne
parlerait "jamais" à "quelqu'un comme" lui.
Une décennie plus tard, le dirigeant turc a été accueilli avec les
honneurs par son homologue égyptien à son atterrissage à l'aéroport du
Caire.
Les deux hommes ont ensuite signé plusieurs accords, plaidant tous deux
pour "une nouvelle étape dans les relations", une augmentation des
échanges commerciaux "à 15 milliards de dollars par an sous quelques
années" et une coopération diplomatique au Moyen-Orient et en Afrique.
Si le torchon a longtemps brûlé --l'Egypte et la Turquie soutiennent
deux gouvernements rivaux en Libye et ne se sont que récemment
réconciliés sur le dossier soudanais--, les relations commerciales sont
restées au beau fixe: Ankara est le cinquième partenaire commercial du
Caire.
"L'Egypte est actuellement le premier partenaire commercial de la
Turquie en Afrique", s'est félicité M. Sissi mercredi.
- "Occupation et massacres" -
Lundi, M. Erdogan avait affirmé se rendre aux Emirats arabes unis
puis
en Egypte pour "voir ce qui peut être fait de plus pour nos frères à
Gaza", petit territoire palestinien frontalier de l'Egypte pilonné sans
répit par Israël depuis l'attaque meurtrière sans précédent du Hamas
contre le sud du pays le 7 octobre.
M. Erdogan avait ajouté qu'Ankara faisait "tout pour arrêter le bain de
sang", alors que plus de 28.000 Palestiniens ont été tués, en grande
majorité des civils, selon le gouvernement du Hamas, dans l'offensive
lancée dans la bande de Gaza par Israël en représailles à l'attaque.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes
côté israélien, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un
décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient
morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une
semaine fin novembre avait permis la libération de 105 otages en
échange de 240 Palestiniens détenus par Israël.
M. Erdogan a dénoncé mercredi "la politique d'occupation et de
massacres du gouvernement de Benjamin Netanyahu", le Premier ministre
israélien.
Evoquant Rafah, la ville du sud de la bande de Gaza sur laquelle
l'armée israélienne menace de lancer une offensive, M. Erdogan a
exhorté la communauté internationale à "ne pas laisser se produire une
telle folie qui mènera au génocide".
- Aide humanitaire -
M. Sissi, lui, a dénoncé "les obstacles d'Israël qui font que
l'aide humanitaire entre trop lentement à Gaza".
L'Egypte tient l'unique ouverture de Gaza sur le monde qui ne soit pas
contrôlée par Israël: le terminal de Rafah. Tous les autres points de
passage sont hermétiquement fermés par Israël.
Si Rafah relie les territoires palestinien et égyptien, les Israéliens
exigent de fouiller l'ensemble des camions qui y transitent, ce qui
ralentit l'acheminement de l'aide.
M. Erdogan, qui a qualifié Israël d'"Etat terroriste" et le Hamas de
"groupe de libérateurs", a rappelé début novembre son ambassadeur à
Tel-Aviv, tout en jugeant impossible de "rompre complètement" avec
Israël.
Avant le 7 octobre, plusieurs dirigeants politiques du Hamas étaient
installés à Istanbul. Ils ont discrètement été priés de partir depuis.
Dès le début du conflit à Gaza, M. Erdogan a proposé sa médiation mais
les discussions sur des trêves sont jusqu'ici menées par le Qatar et
l'Egypte.
Mardi, les directeurs des services de renseignement américain et
israélien, le Premier ministre qatari et des dirigeants égyptiens ont
discuté au Caire des moyens pour "oeuvrer à une trêve dans la bande de
Gaza".
Ces discussions, qui portaient aussi sur une nouvelle libération
d'otages, ont été "positives" et doivent se poursuivre jusqu'à
vendredi, a rapporté une télévision proche du renseignement égyptien.
(AFP, 14 fév 2024)
Ankara confirme une visite imminente de Poutine, sans
précision de date
Le ministre turc des Affaires étrangères
Hakan Fidan a confirmé dimanche soir une visite imminente du président
russe Vladimir Poutine, sans en préciser la date.
"La visite de M. Poutine était prévue. Elle aurait dû se produire plus
tôt. Cette visite nous donnera l'occasion d'aborder de nombreuses
questions" a déclaré le ministre sur la chaine publique TRT Haber.
Des médias ont évoqué la date du 12 février, mais la présidence turque,
interrogée à plusieurs reprises par l'AFP, a refusé de confirmer ou de
préciser où le président Recep Tayyip Erdogan prévoit de recevoir son
homologue russe.
La Turquie, qui sera le premier pays membre de l'Otan dans lequel se
rendra M. Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine en février
2022, a approuvé le mois dernier, après vingt mois de suspens, l'entrée
de la Suède dans l'Alliance atlantique.
"Nos présidents se rencontrent régulièrement", a rappelé M. Fidan. Leur
dernier tête-à-tête a eu lieu en septembre 2023 à Sotchi, dans la
résidence de vacances de M. Poutine, mais depuis les deux dirigeants se
sont fréquemment entretenus par téléphone.
M. Erdogan est parvenu depuis le début de la guerre à ménager ses
relations à la fois avec l'Ukraine et avec la Russie.
La Turquie aide notamment Moscou à contourner les sanctions
occidentales, auxquelles elle ne s'est pas jointe, en poursuivant ses
échanges commerciaux avec la Russie.
"Beaucoup de questions seront sur la table", a estimé M. Fidan, qui a
notamment cité l'énergie, la situation dans le territoire palestinien
de Gaza, "le corridor des céréales" en mer Noire, qui permettait
l'exportation sécurisée des produits agricoles ukrainiens et auquel
Moscou a mis fin après un an, à l'été 2023.
La Syrie sera également à l'ordre du jour, a glissé le ministre turc:
quoique raccord sur de nombreux dossiers internationaux, Moscou et
Ankara s'opposent sur la présence des combattants du Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK) et de leurs alliés dans le nord-est de
la Syrie.
En 2019, un accord entre Ankara et Moscou avait mis fin à une offensive
turque sur la promesse de la création d'une "zone de sécurité" de 30 km
pour protéger la Turquie des attaques qui pourraient venir du
territoire syrien.
La Turquie reproche à la Russie de ne pas respecter ces accords. (AFP,
4 fév 2024)
Putin to visit Nato-member Turkey on Feb 12, says
Turkish official
Russian President Vladimir Putin will visit NATO member Turkey to meet
President Tayyip Erdogan on Feb. 12, a Turkish official said on
Wednesday.
Putin's visit will be his first to a NATO member since Russia's
full-scale invasion of Ukraine in February 2022.
Putin's scope to travel abroad has been limited since March last year
when the International Criminal Court (ICC) issued an arrest warrant
against him for the alleged deportation of Ukrainian children to
Russia, a war crime. Russia denied the charge and called the move
outrageous, but said it was legally void in any case because Russia is
not a member of the ICC.
Turkey is also not a party to the Rome Statute of the ICC, so Putin can
travel to Turkey without fear of being arrested under the warrant.
Turkey has sought to maintain good relations with both Moscow and Kyiv
since Russia invaded Ukraine. It has provided military support to
Ukraine and voiced support for its territorial integrity, but also
opposes sanctions on Russia in principle.
Ankara is seeking to convince Russia to return to the so-called Black
Sea Grain Initiative after Moscow withdrew last July, ending a year of
protected exports from Ukrainian ports amid the war. Erdogan said
alternatives to the deal could not provide a lasting solution.
Separately, Erdogan will travel to Egypt on Feb. 14, the official said,
after the two countries upgraded their diplomatic relations by
appointing ambassadors last year following a decade of tension.
(Reuters, 1 Feb 2024)
La Turquie
veut aider le Niger à "renforcer son indépendance"
La Turquie a affirmé jeudi vouloir aider le Niger à "renforcer son
indépendance" après l'annonce par Niamey de son retrait de la
Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
"Le président Erdogan a exprimé le soutien de la Turquie aux mesures
prises par le Niger pour renforcer son indépendance politique,
militaire et économique", a indiqué la présidence turque à l'issue d'un
tête-à-tête à Ankara entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le
Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, nommé par le
régime militaire au pouvoir à Niamey.
La Turquie dit vouloir renforcer ses échanges commerciaux avec le
Niger, qui a annoncé mardi -- à la suite du Mali et du Burkina Faso --
avoir notifié son retrait de la Cedeao, une décision aux conséquences
potentiellement lourdes pour son économie et sa stabilité politique.
La Cedeao s'est employée en vain à obtenir le retour le plus rapide
possible de civils au pouvoir à Niamey, Bamako et Ouagadougou, où des
coups d'Etat ont renversé les présidents élus.
Selon la présidence turque, M. Erdogan a déclaré que "la Turquie
s'opposait aux interventions militaires étrangères qui victimisent le
peuple nigérien et continuerait à le faire".
Ankara, qui a étendu sa présence au Sahel et souhaite y accroître
encore son influence en profitant notamment du départ forcé de la
France, a adopté une position conciliante avec les militaires arrivés
au pouvoir au Niger à l'issue d'un coup d'Etat fin juillet.
La situation au Niger est scrutée de près par Ankara, le pays sahélien
étant situé à la frontière sud de la Libye, où la Turquie possède de
très nombreux intérêts. (AFP, 1 février 2024)
Erdogan "se
félicite" de la décision de la CIJ concernant Israël
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est félicité vendredi de la
décision de la Cour internationale de justice (CIJ) appelant Israël à
empêcher tout acte éventuel de "génocide" et à autoriser l'accès
humanitaire à Gaza.
"Je considère comme précieuse la décision d'injonction provisoire prise
par la Cour internationale de justice concernant les attaques
inhumaines à Gaza et je m'en félicite", a écrit sur le réseau social X
le président turc.
"Nous espérons que les attaques d'Israël contre les femmes, les enfants
et les personnes âgées prendront fin", a ajouté le chef de l'Etat turc,
l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël depuis le début de la
guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
La Turquie continuera "de suivre le processus (judiciaire) pour
garantir que les crimes de guerre commis contre des civils palestiniens
innocents ne restent pas impunis", a-t-il souligné.
Le président turc avait affirmé la semaine dernière que son pays
fournissait des preuves à charge contre Israël à l'Afrique du sud, qui
a saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations
unies sur le génocide établie au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale et de l'Holocauste. (AFP, 26 jan 2024)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Immigration
/ Migration
Débat au Parlement bruxellois sur les sourates
récitées
La Libre Belgique, 24
février 2024
La vidéo d’un imam
récitant une sourate du Coran au perchoir du Parlement bruxellois a
enflammé les débats durant plusieurs jours.
Plusieurs personnes
représentant l’ASBL Friends of Brussels avaient été invitées, à
l’initiative du député socialiste Hasan Koyuncu (PS), pour une remise
de prix au sein de l’assemblée parlementaire. Parmi les personnes
présentes figuraient l’imam pakistanais de Leeuw-Saint-Pierre, Muhammad
Ansar Butt qui, après sa récitation depuis la tribune, a reçu une
décoration de la Secrétaire d’État bruxelloise Nawal Ben Hamou.
Polémique autour
d'une sourate au Parlement : "Notre député a été instrumentalisé, mais
cela ne peut plus se reproduire"
Le sujet a été abordé
ce vendredi au Parlement bruxellois, lors d’un débat d’actualité.
Interrogée par
plusieurs
députés, Nawal Ben Hamou a donné sa version des évènements, qui se sont
déroulés le 13 janvier. “Ces récitations religieuses n’ont aucunement
leur place dans une assemblée”, a-t-elle rappelé. “J’ai été induite en
erreur par cette association (ASBL Friends of Brussels) et je la
condamne fermement.”
Il apparaît
toutefois,
comme l’a souligné Céline Frémault (Les Engagés), que cette rencontre a
été organisée via le député Hasan Koyuncu. “Est-ce l’ASBL elle-même qui
a organisé cette visite ou les députés de votre parti ?”
L’absence d’Hasan
Koyuncu
Hasan Koyuncu (PS),
qui
avait invité l’association au Parlement bruxellois, n’était pas présent
au sein de l’hémicyle pour apporter ces précisions…
Une lettre lui a été
envoyée et il a été officiellement convoqué ultérieurement par Rachid
Madrane, président du Parlement bruxellois.
”Vous connaissez mon
engagement en faveur de la laïcité et de la stricte séparation du culte
et de l’État. C’est ce qui a fondé mon engagement politique et c’est ce
qui m’anime au quotidien”, a encore expliqué Nawal Ben Hamou. “J’ai été
invité à un évènement de l’association qui présentait cela comme la une
visite de 80 citoyens bien intégrés dans la communauté bruxelloise. Je
n’ai pas organisé cet évènement, je n’ai pas invité cette association,
je ne l’ai pas sélectionnée ni financée”, a-t-elle poursuivi. “Un
monsieur a ensuite pris place à la tribune et a récité un texte. J’ai
compris que cela avait une dimension religieuse.”
Mise devant le fait
accompli, je lui donne la médaille. Tout s’est passé en quelques
secondes. Je regrette et condamne la décision de l'association de lui
décerner un prix. Je n'avais pas toutes les informations nécessaires
pour faire un choix éclairé en quelques secondes seulement."
Nawal Ben Hamou (PS),
Secrétaire d'Etat bruxelloise au Logement.
La socialiste assure
alors avoir quitté la salle. “J’ai tenu à m’en distancier
symboliquement et physiquement avec mes collègues députés”,
ajoute-t-elle. “Une fois revenue dans la tribune, j’ai fait connaître
ma volonté de partir définitivement. L’organisateur a insisté, il a dit
compter sur moi. Il y avait un hémicycle rempli, et je devais remettre
des prix à une dizaine de personnes présentes dans l’assemblée. Et là,
alors qu’on me confie les prix à décerner, je me rends compte qu’il est
destiné à la personne qui a récité la prière et qu’on place face à moi.
Mise devant le fait accompli, je lui donne la médaille. Tout s’est
passé en quelques secondes. Je regrette et condamne la décision de
l’association de lui décerner un prix. Je n’avais pas toutes les
informations nécessaires pour faire un choix éclairé en quelques
secondes seulement.”
”J’ai l’impression
par-dessus tout, que cette histoire est peut-être avant tout l’histoire
d’une association qui a voulu faire plaisir à des représentants
politiques, et l’histoire de représentants politiques qui ont voulu
faire plaisir à une association”, synthétise John Pitseys, chef de
groupe Ecolo.
L'imam savait ce qu'il faisait
Razika Adani, La
Libre Belgique, 21 février 2024
Le 13 janvier dernier
depuis la tribune du Parlement bruxellois un imam pakistanais, Muhammad
Ansar Butt, a récité en psalmodiant pendant trois minutes et 30
secondes des versets du Coran, ce qui est un scandale politique d’une
extrême gravité étant donné que cet imam ne s’est pas retrouvé au
Parlement bruxellois par hasard. Il a été invité par des
parlementaires. Il s’agit également d’un scandale politique car ceux
qui l’ont invité ne pouvaient pas ignorer son activisme islamiste
fondamentaliste, surtout qu’ils l’ont invité pour lui remettre une
médaille de la bonne intégration. Des parlementaires bruxellois
considèrent donc que son profil de fondamentaliste islamiste est un
exemple de la bonne intégration des musulmans en Belgique. On marche
sur la tête.
Pas une maladresse
Cet événement doit
être
pris avec la gravité qu’il représente. Il n’est pas une simple
maladresse. L’imam savait parfaitement ce qu’il faisait et réciter le
Coran au sein du parlement n’est pas anodin. Pour lui, il s’agissait
d’un signe fort pour les islamistes non seulement de Belgique mais du
monde entier sur la capacité de l’islam à s’imposer en Occident non
seulement dans les lieux publics, mais aussi au sein du parlement, lieu
où on exerce la politique par excellence et où on légifère. Le choix
des versets a également un sens. L’imam a récité les versets 41 à 47 de
la sourate 33, Les Coalisés, qui appellent à embrasser l’islam et
rappellent les récompenses que Dieu réserve aux musulmans. L’imam a
donc fait de la prédication, il a appelé à embrasser l’islam, au sein
du Parlement Bruxellois.
Pour les islamistes,
la
symbolique est forte. Le piétinement de la neutralité de l’État est
également fort, la religion s’est immiscée par la grande porte dans la
politique.
Ce scandale politique
soulève des questions importantes sur l’audace de l’activisme islamiste
en Occident et jusqu’où il peut aller. Cet activisme qui a fait non
seulement échouer le processus de modernisation des sociétés
musulmanes, qui a eu lieu entre le XIXe siècle et le XXe siècle, mais
les a également poussées à renoncer à ce qu’elles ont réalisé lors de
cette période comme je l’explique dans mon étude Maghreb : l’impact de
l’islam sur l’évolution sociale et politique, publiée par Fondapol en
décembre 2022. L’activisme islamiste s’attaque aujourd’hui à cette même
modernité mais en Occident, c’est-à-dire sur sa propre terre natale. Il
n’y a pas un islamisme spécifique à l’Occident comme le pensent
certains. L’activisme islamiste en Occident s’inscrit dans la
continuité de celui mené dans les pays musulmans. On ne peut pas
comprendre l’islamisme qui s’active en Occident si on le dissocie de
celui des pays musulmans, sa matrice.
Complaisance du Parti
socialiste
Il soulève des
questions
sur la complaisance du Parti socialiste avec l’islamisme et jusqu’où il
peut aller pour faire plaisir à ses alliés islamistes, étant donné que
l’imam fondamentaliste a été invité par le Parti socialiste et
précisément par le député Hasan Koyuncu, vice-président de la Cocof. La
secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des chances de ce même parti,
Nawal Ben Hamou, est celle qui l’a décoré. Il soulève des questions sur
les élus musulmans ou issus de familles musulmanes et leur capacité à
résister à la pression des islamistes sans avoir peur d’être accusés
d’incrédulité ou de trahison. Le comportement de cet imam et de
beaucoup d’autres islamistes n’est pas dans l’intérêt des musulmans
d’Occident. Si ces derniers veulent s’intégrer dans leurs pays
d’accueil et vivre en harmonie avec les autres, s’ils ne veulent pas
être rejetés par l’Occident, ils doivent respecter les valeurs et les
lois de leur pays et être munis de la force nécessaire pour que jamais
leur religion ne prime sur les lois de leur pays et ses valeurs, dont
la neutralité de l’État chèrement acquise.
Le scandale
du verset à la tribune parlementaire de la capitale de l’Europe !
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 19 février 2024)
Les
dernières œuvres du
Parti socialiste belge qui, tout comme son parti-frère, le CHP en
Turquie, tente de s’attirer les faveurs des islamistes, commencent
également à l’éclabousser.
Ces jours-ci, la
Belgique, tout comme la Turquie, est en pleine bascule électorale…
Après les élections locales qui auront lieu en Turquie le 31 mars, les
électeurs belges se rendront aux urnes pour les assemblées fédérale et
régionales et le Parlement européen le 9 juin, et les conseils
communaux (municipaux) le 13 octobre.
Bien que les citoyens turcs résidant en Belgique ne puissent pas voter
pour les élections municipales en Turquie, contrairement aux élections
parlementaires et présidentielles, ils observent cependant avec
curiosité et enthousiasme les candidats que les partis pour lesquels
ils ont voté en mai dernier désigneront dans les villes et villages
dont ils sont originaires, et leurs chances de se faire élire.
Par exemple, les immigrants originaires d’Emirdağ, qui constituent le
premier grand groupe d’émigrés de Turquie en Belgique, ont protesté à
juste titre contre la décision fractionnelle de la direction du CHP de
ne plus présenter comme candidat, Yılmaz Büyükerşen, le maire sortant
de la municipalité depuis 25 ans. Une municipalité dont le district
d’Emirdağ est proche, sinon sur le plan administratif, du moins sur les
plans socioéconomique et culturel…
Et ils ont tout à fait raison… J’ai personnellement connu Yılmaz
Büyükerşen au début des années 1960 comme journaliste et syndicaliste,
et qui, depuis un quart de siècle, a rendu de grands services et créer
des réalisations inoubliables à Eskişehir. À l’époque où je
représentais le syndicat des journalistes d’Izmir au sein de la
Fédération des syndicats de journalistes de Turquie, Yılmaz
représentait le syndicat des journalistes d’Eskişehir.
Je ne peux pas oublier non plus la manière dont Yılmaz, au nom du
syndicat d’Eskişehir, avait soutenu lors d’une réunion intersyndicale
extraordinaire à Istanbul, notre déclaration face aux accusations de «
propagande communiste » proférées à notre encontre par l’un de nos
syndicats membres à la suite de la publication au nom de la fédération
d’un communiqué appelant à l’abrogation des articles 141 et 142 du Code
pénal turc interdisant la pensée et les organisations de gauche.
C’était en 1962, au moment où le Parti ouvrier de Turquie avait
commencé à s’organiser.
Mais l’attention des originaires de Turquie en Belgique est davantage
encore concentrée sur les deux élections qui se tiendront à court
intervalle en Belgique. Dans la capitale, ce sont surtout les élections
pour le Parlement régional de Bruxelles et les conseils communaux de
Schaerbeek et de Saint-Josse, où les immigrants originaires de Turquie
sont les plus représentés, qui sont au centre des attentions…
Les originaires de Turquie ont depuis des années le droit de voter à la
fois aux élections parlementaires et aux élections locales, et (dans ce
dernier cas) même s’ils n’ont pas acquis la nationalité belge… Pour peu
qu’ils aient acquis la citoyenneté belge, ils peuvent être candidats et
éligibles au conseil communal, au parlement régional, au parlement
fédéral et au Parlement européen.
Les élections qui se tiendront à Bruxelles revêtent une grande
importance pour les partis politiques belges, pas uniquement du fait de
l’électorat de Turquie, mais aussi du fait que la région possède la
plus grande part de la population musulmane de Belgique. Suivant les
dernières données, alors que les taux de personnes originaires de pays
musulmans sont de 4,9 pourcents en région wallonne et de 5,1 pourcents
en région flamande, ce taux atteint 23,6 pourcents en région
bruxelloise.
En région bruxelloise, les ressortissants originaires de pays musulmans
constituent 45 pourcents de la population de Saint-Josse, et 37,3
pourcents à Schaerbeek.
On ne s’attend pas à de grandes surprises pour les élections à venir à
Saint-Josse, où vit le plus haut taux de musulmans. Emir Kır, maire
sortant depuis 12 ans, exclu du Parti socialiste il y a quatre ans
après avoir reçu dans ses bureaux des politiciens du MHP, a déclaré
dans une interview accordée le 17 février à un site d’information turc,
et bien qu’il se soit entretenu dans les derniers jours avec le chef du
Mouvement réformateur (MR), qu’il se présentera à l’élection communale
comme indépendant sur une « Liste du Bourgmestre » confectionnée par
ses soins, mais qu’il pourrait former une coalition avec d’autres
partis, même si sa liste arrivait en tête en nombre de
sièges.
En revanche, dans la commune de Schaerbeek où les musulmans forment le
tiers de la population, des changements surprenants sont attendus lors
des prochaines élections… Une crise majeure secoue ces derniers temps
l’administration communale en raison des réactions suscitées parmi les
habitants de certaines décisions imposées par le parti École,
partenaire au pouvoir, tendant à compliquer la vie quotidienne… À tel
point qu’en raison du refus de l’opposition d’assister aux séances, le
Conseil communal n’a plus pu se réunir depuis des mois et ne parvient
pas à se prononcer sur de nombreuses questions urgentes et vitales.
La contre-offensive des socialistes à Schaerbeek
C’est pourquoi le Mercato, c’est-à-dire le « marché des transferts
politiques », dans la commune de Schaerbeek avait déjà débuté au milieu
de l’année passée.
C’est ainsi que Sadık Köksal, à la fois conseiller communal à
Schaerbeek et député régional bruxellois, avait quitté au mois de juin
le parti des francophones belges DEFI, qui dirige la commune, pour
devenir membre du Mouvement réformateur (MR), tandis qu’Emin Özkara,
député régional bruxellois depuis 2004 et membre du conseil communal de
Schaerbeek avait rejoint en septembre les rangs de DEFI après avoir
démissionné du Parti socialiste.
Le Parti socialiste, dans l’opposition depuis 18 ans face à la
coalition DEFI-ECOLO qui dirige la commune de Schaerbeek, a fait une
sortie sensationnelle dans le courant de la semaine dernière, dans la
perspective de prendre part à la direction de la commune en cas de
minorisation de la coalition actuellement au pouvoir lors des
prochaines élections. Afin d’attirer les votes musulmans, il a désigné
comme candidat bourgmestre pour les élections à venir, Hasan Koyuncu,
membre du conseil communal de Schaerbeek depuis 12 ans et parlementaire
bruxellois depuis 10 ans.
Comme d’autres politiciens turcs membres du Parti socialiste, Hasan
Koyuncu n’a jamais manqué de défendre avec insistance les vues imposées
par l’État turc et les islamistes au sein des assemblées et des
institutions dans lesquelles il officie.
Par exemple, bien que l’abattage des animaux d’abattoirs sans
anesthésie ait été interdit dans les régions wallonne et flamande, la
même proposition d’interdiction a été rejetée lors de la séance du
Parlement régional bruxellois du 17 juin 2022, par 42 voix contre, 38
pour et 8 abstentions, conformément aux diktats de la Fondation Diyanet
de Belgique et du Conseil de coordination des institutions islamiques
de Belgique.
Le côté édifiant de ce vote fut que les partis de gauche et
écologistes, qui ont voté sans exception en faveur de cette
interdiction dans les régions flamande et wallonne, ont effectué un
virage à 180 degrés en région bruxelloise, 16 des 19 députés du Parti
socialiste (PS et VOORUIT) en ce compris Hasan Koyuncu, l’ensemble des
11 députés du Parti du Travail de Belgique (PTB et PVDA) et 9 des 19
députés Verts (ECOLO et GROEN) ayant voté contre.
Encouragés par les votes négatifs des députés de gauche et verts, à
commencer par ceux du Parti socialiste, avec comme seule arrière-pensée
les votes musulmans à attirer lors des prochaines élections, l’Exécutif
des Musulmans de Belgique et le Conseil de Coordination des
Institutions Islamiques de Belgique avaient fait appel devant la Cour
européenne des droits de l’homme à Strasbourg pour faire annuler les
décisions d’interdiction dans les régions flamande et wallonne.
Cependant, l’arrêt rendu la semaine dernière par la Cour européenne des
droits de l’homme, en statuant que les réglementations interdisant la
pratique de « l’abattage rituel » n’étaient pas contraires à la liberté
de croyance et ne contenaient pas de discrimination, a été un choc
complet, non seulement pour les organisations et médias aux ordres des
institutions islamistes et de l’État turc, mais aussi les partis de
gauche qui dirigent la région et les communes bruxelloises.
Le summum dans le pari du racolage des islamistes du Parti
socialiste !
Mais après cette décision, toute l’opinion publique belge a vécu un
choc plus grand encore, qui plus est des œuvres du candidat bourgmestre
du Parti socialiste à Schaerbeek, Hasan Koyuncu.
Dans une vidéo publiée ce vendredi dernier sur les réseaux sociaux, on
pouvait voir un imam du nom de Muhammad Ansar Butt en train de lire des
versets du Coran à la tribune du Parlement bruxellois après avoir reçu
une médaille.
Cette vidéo, enregistrée lors d’une cérémonie de remise de prix
organisée le 13 janvier par le vice-président du parlement, Hasan
Koyuncu, en collaboration avec l’association des Amis de Bruxelles
(Friends of Brussels), avait été mise en ligne sur Facebook par l’imam
d’origine pakistanaise, résidant dans la commune de Leeuw-Saint-Pierre
en région flamande.
La vidéo de cette scène incroyable avait été vue par le député fédéral
et ancien secrétaire d’État à la Migration Theo Francken (N-VA) et
aussitôt partagée et commentée sur Twitter avec un très long message de
commentaire.
Francken critiquait le Parti socialiste « pour se soumettre toujours
plus aux exigences des islamistes » et condamnait avec force « des
scènes sans précédents de capitulation ».
Georges-Louis Bouchez, président du MR, un parti de centre-droit,
décrivait cette évolution comme le résultat « de faire du
communautarisme une arme électorale », et le président régional du
parti demandait que les responsables rendent des comptes : « Des
siècles de luttes de religion nous regardent. Comment pourrait-on
accepter de tels agissements ? »
Quant au président de Défi, François De Smet, il qualifiait cette
situation de « scène aussi surréaliste qu’inadmissible, qui illustre la
montée du communautarisme en politique bruxelloise », et d’affirmer que
« ceci justifie pleinement d’inscrire la laïcité politique dans la
Constitution ».
Et Darya Safai, qui a pris part à l’opposition contre le régime
islamiste en Iran et a demandé l’asile politique à la Belgique après sa
sortie de prison, a été élue au parlement fédéral lors des dernières
élections comme députée N-VA, tout en rappelant sa détention à Téhéran,
déclarait : « Chaque matin, nous étions réveillés dans la prison des
Ayatollahs par le genre de versets lus au Parlement bruxellois, et nous
étions forcés de prier avec les mêmes mots dans notre cellule. Dans le
même temps, on pendait quelques Iraniens pour que cela serve de leçon
aux autres. Cela me choque d’entendre les mêmes choses en Belgique,
dans le cœur de la démocratie occidentale, 24 ans après avoir survécu à
cette prison ».
Face à ce scandale, Rachid Madrane, le président du Parlement
bruxellois issu du Parti socialiste, a rappelé que les députés ont le
droit d’organiser des événements dans l’enceinte du Parlement avec la
participation des citoyens, et que la salle de l’assemblée plénière
reçoit chaque année 10 000 visiteurs. Il a cependant souligné que le «
Parlement est le temple de la démocratie : ce n’est ni une mosquée, ni
une église, ni une synagogue, ni un temple maçonnique » et qu’il
enverrait à ce sujet un courrier d’avertissement au vice-président
Hasan Koyuncu et aux autres chefs de groupes de parti.
Cela dit, Rachid Madrane, qui se démarque par sa tendance laïque au
sein du Parti socialiste, est aussi en froid avec la direction du parti
à la veille du scrutin…
Lors du congrès bruxellois du Parti socialiste tenu le 16 décembre 2023
pour approuver les têtes de liste du parti à Bruxelles pour les
prochaines élections régionales et fédérales, lorsque le président de
la fédération bruxelloise, Ahmed Laaouej, s’est placé comme tête de
liste à la région, Rachid Madrane a annoncé qu’il ne serait pas
candidat pour les élections de juin 2024, en déclarant « Cela me fait
mal, mais je ne peux pas. Je ne crois pas en la façon dont cette liste
a été établie, et donc je ne crois pas en cette liste. Je vous souhaite
bonne chance », avant de quitter la salle en compagnie d’autres membres.
Pour en revenir à Schaerbeek, il semble très peu probable que le Parti
socialiste, qui patauge dans tant d’incohérences et de conflits
internes, puisse arriver au pouvoir lors des prochaines élections avec
une liste dirigée par celui qui a préparé le terrain à la lecture d’une
sourate à la tribune du parlement bruxellois.
Le Parti socialiste peut-il augmenter ses chances électorales, en
intensifiant davantage encore ses concessions aux islamistes, et en
prenant des initiatives pour se rendre plus agréable encore au lobby
turc ?
Ce n’est pas facile dans un environnement où presque tous les partis
jouent la carte islamiste et évitent soigneusement les commentaires et
critiques susceptibles de déranger la dictature islamo-fasciste en
Turquie…
Tout comme son parti-frère au sein de l’Internationale socialiste, le
Parti républicain du Peuple (CHP) en Turquie, qui continue à stagner
malgré toutes les concessions et les soutiens apportés à l’islamisme et
au nationalisme et ses prises de distance constantes avec la résistance
démocratique kurde…
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
LA PRIERE, LE PECHE ET L'OFFRANDE
François Mathieu, La Libre Belgique, 19 février 2024
Depuis des décennies, depuis les attentats de Bruxelles tout
particulièrement, le débat sur la laïcité de l’État s’est enflammé. On
l’a vu tout récemment encore lors des débats sur le port du voile dans
l’administration... Nouvel épisode en date, cette vidéo montrant un
imam récitant une prière depuis la tribune du Parlement bruxellois.
Elle est évidemment choquante, puisqu’elle remet en cause le
sacro-saint principe de la neutralité de l’État. Comme l’a fort bien
dit Rachid Madrane, le président de l’assemblée bruxelloise, "le
Parlement n’est pas le temple d’autre chose que de la démocratie". La
neutralité de l’État est même l’un des piliers de notre démocratie, en
ce sens qu’elle permet de garantir des droits et des libertés à chacun
dans une société qui se veut pluraliste.
Ce principe de base a été bafoué, peu importe la teneur du message
véhiculée par cet imam pakistanais invité par un député socialiste,
Hasan Koyuncu. Chaque député, sans en prévenir le bureau du Parlement,
peut organiser des visites. Le "temple", pour reprendre ce mot, doit
rester ouvert à chaque citoyen. Mais l’invitation de cet imam, encore
plus à quelques encablures des élections, jette un fameux doute sur la
vision communautariste qu’elle laisse entrevoir.
Le pluralisme ne doit pas être utilisé à des fins communautaristes,
pratique détestable qui a refait débat lorsque la question des signes
convictionnels a été remise sur la table fin de l’année dernière.
Détestable, parce qu’in fine elle est en complète contradiction avec
l’idée de pluralisme véhiculée par cette notion même de neutralité de
l’État, qui garantit à chaque citoyen d’être traité de manière
identique, quelles que soient notamment sa religion et sa couleur de
peau...
C’est, à chaque fois, une entorse au "vivre ensemble", dont le monde
politique dit pourtant vouloir se prévaloir dès qu’il le peut. La
vérité, c’est que cet activisme communautariste, au-delà d’être
contraire aux principes de notre démocratie, fait encore plus le lit de
l’extrême droite. Y compris parce que la récupération qui en est faite
est parfois outrancière, voire incorrecte. Bref, ce sont encore une
fois les seuls extrémistes qui se frottent les mains...
Le PS a
désigné Hasan Koyuncu la tête de sa liste pour
l’élection communale à Schaerbeek
Réunis en assemblée générale ce mardi soir, les militants du PS de
Schaerbeek ont approuvé à une large majorité le binôme qui tirera la
liste socialiste aux élections communales d’octobre.
Si le PS a autrefois misé sur une star nationale en la personne de
Laurette Onkelinx, avec deux échecs électoraux à la clé, il change de
stratégie pour 2024, en optant pour un candidat très ancré localement.
"Je suis un enfant de Schaerbeek ", confirme Hasan Koyuncu, invité de
Bruxelles Matin sur Vivacité. "J’y ai grandi, j’y ai fait mes études,
ma famille y vit depuis les années 1960. "
Conseiller communal depuis douze ans, député bruxellois depuis dix ans,
il se fixe un nouveau cap pour Schaerbeek : "notre objectif principal
est de peser sur les politiques sociales", dit celui qui se présentera
en binôme avec Justine Harzé, présidente du PS schaerbeekois.
Se voit-il déjà bourgmestre, dans une commune où les socialistes sont
dans l’opposition depuis 18 ans ? "Par nature, oui, comme toutes les
têtes de liste. Aujourd’hui, Schaerbeek a besoin de renouer avec la
gauche."
Belge d’origine turque, il est le premier candidat PS issu de la
diversité à occuper la tête de liste dans la deuxième commune la plus
peuplée de Bruxelles. "Je ramasse des voix de partout, pas seulement de
ma communauté", précise celui qui avait enregistré le plus de voix de
préférence (2581) sur la liste socialiste schaerbeekoise en 2018.
Si Hasan Koyuncu n’émet "aucune exclusive" en termes de partenaires de
majorité, il s’avance sur Good Move, le plan de mobilité régional
particulièrement contesté à Schaerbeek. S’il devient bourgmestre, il
mettra en place "un mécanisme de concertation citoyenne sincère. Cela
n’a pas été le cas jusqu’à maintenant. On ira à la rencontre des
citoyens et on fera les corrections si nécessaire, avec ou sans Écolo",
se projette le député bruxellois. (RTBF, 7 février 2024)
En Italie, 20 ans de prison pour un passeur après un naufrage
meurtrier
Un tribunal italien a condamné mercredi à vingt ans de prison un
passeur turc impliqué dans un naufrage qui a causé la mort d'au moins
94 migrants, ont rapporté les médias.
Le tribunal de Crotone (sud) a reconnu Gun Ufuk, un ressortissant turc
de 29 ans, coupable d'avoir provoqué le naufrage d'un navire plein de
migrants et d'avoir participé à un réseau d'immigration clandestine.
Il l'a également condamné à une amende de trois millions d'euros et à
verser des dommages et intérêts aux parties civiles.
M. Ufuk était l'un des quatre trafiquants d'êtres humains présumés à
bord d'un navire de migrants qui a fait naufrage lors d'une tempête au
large de la Calabre le 26 février 2023.
Le bateau, qui transportait environ 180 migrants originaires
d'Afghanistan, d'Iran, du Pakistan et de Syrie, dont de nombreux
enfants, avait quitté les côtes turques mais a coulé peu après.
Un passeur présumé a péri dans le naufrage, tandis que deux autres ont
comparu en justice.
M. Ufuk a affirmé au tribunal mercredi qu'il n'avait été engagé que
pour être le mécanicien du bord, pas le pilote.
"J'ai dû fuir la Turquie pour des raisons politiques", a-t-il déclaré
au tribunal, affirmant qu'il avait été emprisonné pour avoir critiqué
le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Après ce naufrage, la Première ministre italienne, d'extrême droite
Giorgia Meloni a promis de se montrer plus sévère envers les passeurs.
Son parti a remporté les élections de 2022 en s'engageant notamment à
réduire les arrivées de migrants par la mer dans la péninsule. (AFP, 7
fév 2024)
Trois arrestations pour trafic
d'armes entre la Turquie et la France
Trois suspects, interpellés après l'interception d'un convoi près de
Montluçon (Allier), ont été mis en examen pour contrebande d'armes à
feu "trafiquées" en provenance de Turquie et à destination de la
banlieue parisienne, a annoncé mardi le parquet de Bordeaux.
Deux de ces personnes ont été interpellées sur l'autoroute A71 par le
GIGN le 22 janvier lors d'un convoi remontant vers Paris, "l'un à bord
d'un véhicule +ouvreur+, le second conducteur du véhicule +porteur+,
transportant plusieurs armes de poing", a précisé le parquet. La
troisième personne a été arrêtée en région parisienne.
Menées par les sections de recherches de la gendarmerie de Toulouse et
Versailles, sous l'égide de la Juridiction interrégionale spécialisée
(JIRS) de Bordeaux, les investigations conduites entre l'Allier et le
Val-d'Oise ont permis de saisir une cinquantaine d'armes à feu, des
munitions et plusieurs milliers d'euros.
Quelque 120 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour cette
opération, dont les Groupes d'observation et de surveillance (GOS)
d'Ile-de-France et de Lyon, la section aérienne de gendarmerie de Lyon,
les groupements de gendarmerie départementale de l'Allier et du Val
d'Oise, ainsi que le commissariat de police de Sarcelles.
Les trois suspects, deux hommes et une femme âgés de 21 à 34 ans, de
nationalité turque et française, ont été mis en examen pour
acquisition, détention et cession d'armes et munitions, participation à
une association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits, et
blanchiment en bande organisée. Ils ont été placés en détention
provisoire.
Les armes saisies présentaient "des caractéristiques d'armes
modifiées", ce qui suggère qu'elles pourraient provenir d'une "filière
souterraine de modification et d'acheminement d'armes trafiquées", a
précisé Frédérique Porterie, procureure de la République à Bordeaux,
dans un communiqué.
Elles étaient "destinées à alimenter les réseaux criminels des
banlieues parisiennes", selon le parquet.
Les interpellations font suite à une première opération au cours de
laquelle trois autres suspects avaient été interpellés par le GIGN lors
d'une transaction d'armes en mars 2023 à Tarbes, dans les
Hautes-Pyrénées. Quarante-quatre armes avaient alors été saisies. (AFP,
30 jan 2024)
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