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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

41th Year / 41e Année
Octobre
 
2025 October
N° 566
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights


Une sincérité attendue depuis 16 ans! - Doğan Özgüden
Turkey’s prison population has increased sevenfold under AKP rule

Le Quisling du duo Tayyip-Devlet est renversé! - Doğan Özgüden
Un opposant iranien tué à Istanbul
Proposed judicial package introduces criminal penalties targeting LGBTI+ community
À propos de la troisième sortie européenne du CHP à Bruxelles - - Doğan Özgüden
S’agit-il seulement du DEM, et que dire de ce qu’a fait le CHP ? - Doğan Özgüden
"Rejoins l'AKP ou tu seras jeté en prison": l'opposition turque en étau
Quelle est la position de l’opposition sur le réarmement? - Dogan Ozguden

Pression sur les médias / Pressure on the Media

New judicial package would criminalize LGBTI+ journalism
Le procès des journalistes, dont celui de l'AFP, renvoyé
Sixième renvoi du procès de la sociologue franco-turque Pinar Selek
Une journaliste kurde condamnée à près de 3,5 ans de prison
Journalist Asuman Aranca sentenced to prison over report on high-profile murder case

Punitive travel restrictions hinder journalists in Turkey, union warns
Un journaliste est décédé après avoir été agressé

‘Our Media’ conference: Freedom of expression in times of crisis
Prison sentences sought for music group Manifest over “obscene acts”

Une célèbre agente de stars libérée en attendant son jugement
10 mois de prison pour avoir qualifié de « martyrs » 2 journalistes kurdes tués

Kurdish Question / Question kurde

Conscientious objectors receive prison sentences after repeated prosecutions

Erdogan plaide pour l'intégration rapide des forces kurdes syriennes
Erdogan exhorte les Kurdes à "achever leur intégration" en Syrie
Cessez-le-feu entre les autorités et les Kurdes après des affrontements à Alep

Les Kurdes au cœur des tensions en Syrie, Chris den Hond
Erdogan threatens Syrian Kurds if 'integration' with Damascus fails
Amedspor fined over Kurdish-language chest sponsor tagline
La réalisatrice franco-kurde Kudret Günes condamnée au silence en Turquie

Contention entre Erdogan et Ocalan ou bien la turquisation du problème kurde? - Ragip Duran

Minorités / Minorities

Le récit extra-ordinaire d’une famille dönme de Salonique: Retourner - Ragip Duran

Léon XIV se rendra en Turquie puis au Liban fin novembre pour son premier voyage

Politique intérieure/Interior Politics

La justice offre un répit à l'opposition

Le maire emprisonné d'Istanbul visé par une nouvelle enquête
Lourdes peines requises contre des maires d'opposition

La dynastie Erdogan a la recherche du prince héritier - Ragip Duran
Les désarrois du Président Erdogan : Trump, Kurdes, Syrie, les Mécontents -  Ragip Duran

Forces armées/Armed Forces

Syrie, Irak, Liban: la Turquie prolonge sa présence militaire

La Turquie prolonge de deux ans sa participation à la Finul
Gazap, l'énorme bombe thermobarique dont la puissance défie l'arme nucléaire

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Zuhal Demir demande à Maxime Prévot d’enquêter sur l’arrivée de certains imams turcs

Pourquoi la féministe musulmane Berrin Sönmez tombe le voile

Socio-économique / Socio-economic

Invisible in data, embedded in workforce: Refugee child workers in Turkey
Turkey ranks first in Europe for income inequality
17 blessés dans un séisme de magnitude 5,0 dans le nord-ouest du pays

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

La Turquie condamnée par la CEDH pour la détention d'une responsable kurde

Turkey submits its objection to the ECHR ruling on Kurdish politician Selahattin Demirtaş

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Erdogan remercie Trump et se dit "très satisfait" du cessez-le-feu à Gaza
Le prix Nobel de la paix pour Trump? - Enis Coskun

Relations régionales / Regional Relations

La Turquie nomme un ambassadeur à Damas
Gaza: Turquie et Qatar unis en soutien à la trêve

La Turquie envoie des équipes pour rechercher des dépouilles d'otages
Thousands raise their voices in İstanbul, demanding 'full embargo' on Israel
Flottille pour Gaza: 36 Turcs devraient rentrer chez eux

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Victoire écrasante de Tufan Erhürman face au protégé d'Ankara

Immigration / Migration

17 morts dans le naufrage d'un bateau de migrants

Quelque 100.000 manifestants dans les rues de Bruxelles
Une campagne à Bruxelles contre l'abattage sans etourdissement


Droits de l'Homme / Human Rights
Une sincérité attendue depuis 16 ans!


Doğan Özgüden,  Artı Gerçek, 28 octobre 2025
Que fera le gouvernement dictatorial, resté intraitable face aux sacrifices de
la résistance nationale kurde en 2009 et 2013, après la dernière déclaration de Qandil?
Avec la déclaration faite dimanche à Qandil par Sabri Ok, membre du Conseil exécutif du KCK (Union des Communautés du Kurdistan), et Vejin Dersim, commandant des YJA-STAR (Unités des Femmes Libres), en présence de 25 guérilleros qui ont quitté la Turquie, une nouvelle étape a été franchie dans le processus de « Paix et société démocratique » de la résistance kurde, que le pouvoir a baptisé « une Turquie sans terreur ».
 
Après la décision prise par le congrès du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) réuni du 5 au 7 mai 2025 de mettre fin à son existence organisationnelle et à sa stratégie de lutte armée, et la cérémonie d’autodafé de leurs armes, organisée deux mois plus tard, par un groupe de 30 guérilleros dirigé par Besê Hozat, coprésident du Conseil exécutif du KCK, le 11 juillet 2025, cela fait près de trois mois que l’administration de l’État n’a pris aucune initiative concrète en faveur de la paix et d’une société démocratique.
 
Bien au contraire, des milliers de détenus et prisonniers politiques, dont les dirigeants de l’opposition kurde, en tête desquels Öcalan et Demirtaş, mais aussi les dirigeants de l’opposition turque, à commencer par Kavala et İmamoğlu, continuent de souffrir dans les prisons, tandis que de nouvelles arrestations et conspirations se sont succédé sans interruption.
 
Le fait qu’İmamoğlu, le maire d’Istanbul, la plus grande métropole d’Europe, qui a remporté trois élections consécutivement, soit poursuivi pour « espionnage » alors qu’il est incarcéré dans la prison de Silivri, est un véritable scandale.
 
Suivant un communiqué publié le 22 octobre par l’Association de la Société civile dans le Système pénal (CİSST), le nombre de prisonniers a été multiplié par sept depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002. De 59.429 il y a 23 ans, il a atteint aujourd’hui le 420.904.
 
De plus, alors que les discours à haute dose sur l’établissement de la paix en Turquie et au Moyen-Orient se poursuivent sans relâche, l’appel fasciste et expansionniste de Devlet Bahçeli, l’initiateur du processus de « Turquie sans terreur », ayant appelé à l’annexion du nord de Chypre par la Turquie après que le candidat de l’opposition ait remporté la dernière élection présidentielle en KKTC (République turque de Chypre nord), a été un nouveau coup porté au processus de paix.
 
La déclaration faite dimanche au nom du KCK et des YJA-STAR, en présence d’un groupe armé de 25 membres des HPG (Forces de Défense du Peuple) et YJA-STAR ayant quitté la Turquie pour se rendre à Qandil, ouvrira-t-elle une nouvelle voie vers la paix et la démocratisation dans ce contexte de trouble et d’incertitude ?
 
Dans cette déclaration, il est indiqué à juste titre : « Nous sommes attachés aux décisions du 12e Congrès et déterminés à les mettre en œuvre. Cependant, pour que celles-ci puissent être mises en pratique, les paradigmes juridiques et politiques requis par le processus, conformément aux décisions du 12e Congrès du PKK, doivent être présentés sans délai. Dans ce cadre, la Loi Transitoire propre au PKK doit être adoptée comme base, et les lois de liberté et d’intégration démocratique nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être promulguées sans tarder ».
 
Immédiatement après, une déclaration publiée par le parti DEM exprimait les besoins suivants : « À ce stade, la première phase du processus est terminée. Suite aux décisions du Congrès et à l’autodafé des armes, une nouvelle page s’est ouverte avec l’achèvement du retrait. Il est temps de passer à la deuxième phase, bien plus cruciale et vitale, à savoir parvenir à la paix sociale par des initiatives « juridiques et politiques ». Cette phase est aussi significative qu’ardue. Le processus doit se dérouler dans le respect des lois, des droits et des libertés, et le langage politique et démocratique doit être renforcé ».
 
En suivant ces développements, j’ai passé en revue dans les archives d’Info-Türk, en remontant jusqu’aux années 90, les différentes initiatives qui furent lancées en faveur de « la paix et de la démocratisation », mais aussitôt terminées en désastre en raison des pratiques fascisantes et impérialistes du pouvoir AKP-MHP.
 
La première d’entre elles, comme je l’ai rappelé dans de précédents articles, fut l’appel à la paix lancé par le leader du PKK, Öcalan, il y a tout juste 27 ans, en 1998, lors d’une émission à laquelle j’avais également participé sur Med TV. Mais la réponse de l’État turc à celui-ci fut la pression exercée sur le régime syrien pour forcer l’éloignement d’Öcalan de ce pays et l’entraîner dans un long processus d’exil, puis de l’arrêter au Kenya avec le soutien des USA et de le condamner à mort dans un premier temps, avant de la commuer en réclusion à perpétuité sur l’île d’İmralı.
 
Malgré les opérations de plus en plus intensives et destructrices de l’Armée turque, tant en Turquie, qu’en Syrie et en Irak, la guérilla kurde, toujours plus renforcée grâce à la participation et au soutien des masses, est devenue la force de frappe la plus importante, non seulement dans sa propre lutte de libération nationale, mais aussi dans la lutte contre DAESH menaçant tous les pays à prédominance islamique de la région.
 
Durant cette période difficile, c’est en réaction aux propos du président Abdullah Gül, déclarant que « le problème kurde doit être résolu de toute urgence », tenus à la suite du succès des candidats kurdes aux élections locales de 2009, que le PKK décida un cessez-le-feu unilatéral le 13 avril 2009, et qu’à l’appel d’Öcalan, 34 guérilleros kurdes entrèrent en Turquie par le poste frontière d’Habur comme « ambassadeurs la paix », en étant accueillis avec enthousiasme partout où ils se rendirent comme des émissaires de paix. Comme l’illustre l’une des photographies ci-jointes, un des messages d’accueil des guérilleros portait l’inscription : « Le leader Apo et le KCK ont montré leur sincérité – C’est maintenant au tour du gouvernement et de l’État ». Cependant, la réponse de l’État fut de traduire en justice les 34 guérilleros et d’interdire le Parti pour une société démocratique (DTP) soutenu par les électeurs kurdes.
 
Un autre exemple de sacrifice de la résistance kurde par le passé fut, à l’appel d’Öcalan lors du Newroz de 2013, le retrait de certains groupes de guérilla de Turquie qui, comme de nos jours, après plusieurs jours de marche, furent accueillis en cérémonie dans les zones de défense des médias, contrôlées par le PKK dans la région du Kurdistan de l’Irak fédéral.
 
Mais ce processus, initié en 2013 et ayant suscité une participation active de diverses couches de la population et un véritable espoir, fut complètement mis en sommeil après qu’Erdoğan ait renversé la table des négociations de paix en 2015 et lancé une terreur d’État sans précédent en prenant prétexte du coup d’État factice de 2016.
 
Le processus lancé aujourd’hui par le pouvoir sous la dénomination de « Turquie sans terreur », auquel aussi bien Öcalan depuis İmralı que le parti DEM prennent une part active, aboutira-t-il réellement à une paix et à une démocratisation ?
 
L’une des pages les plus honteuses de l’histoire politique de la République de Turquie est sans conteste l’incarcération de centaines de leaders politiques et de dirigeants municipaux, dont les coprésidents du HDP Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu et le défenseur des droits humains Osman Kavala.
 
Depuis 2016, des curateurs ont été nommés dans 164 municipalités, dont 159 remportées par le HDP/DBP/DEM, et dans de nombreuses municipalités où aucun curateur n’a été nommé, les dirigeants ont été contraints de démissionner de leurs partis.
 
Cette pratique s’est poursuivie après les élections locales de l’année passée… Depuis le 31 mars 2024, des curateurs ont été nommés dans les municipalités métropolitaines de Mardin et Van, ainsi que dans les municipalités d’Hakkari, Batman, Tunceli, Siirt, Esenyurt, Halfeti, Ovacık, Bahçesaray, Akdeniz, Kağızman et Şişli.
 
Tout comme les pressions, les menaces et les condamnations contre les opposants en Turquie se sont poursuivis sans discontinuité, les menaces et pressions contre les opposants et les exilés à l’étranger n’ont jamais cessé non plus…
 
Tout cela se poursuit avec l’émission de notices rouges, les mises à la vindicte via les rapports de la fondation SETA conformément à sa mission de délation, et les provocations et agressions organisées par l’entremise des missions diplomatiques turques et les associations turques contrôlées par la Diyanet.
 
Oui, la déclaration et les images de ce dimanche en provenance de Qandil relatif au retrait complet de la guérilla de l’État turc, sont porteuses d’espoir pour tous les peuples de notre pays, qu’ils soient turc, kurde, arménien, assyrien, grec ou juif, assoiffés de paix et de démocratie, tout comme pour les diasporas de ces peuples à travers les quatre coins du monde. 
 
Mais personne ne devrait s’attendre à ce que ceux qui n’ont pas oublié comment le sacrifice exemplaire montré par les guérilleros en 2009 et 2013 s’est achevé en déconfiture, se réjouissent avant de voir les nouvelles surprises d’un Devlet Bahçeli qui appelle à l’annexion de Chypre du Nord à la Turquie, ou d’un Tayyip Erdoğan qui élabore des plans pour gouverner les peuples turc, kurde et arabe du Moyen-Orient sous la bannière de l’islam.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN


Turkey’s prison population has increased sevenfold under AKP rule

The number of prisoners in Turkey's prisons has reached 420,904, according to Oct 2025 prison statistics released by the Civil Society in the Penal System Association (CİSST). This marks a sevenfold increase from the 59,429 recorded in 2002, the year the ruling Justice and Development Party (AKP) came to power.

CİSST data shows that the total capacity of Turkey’s 402 prisons is 304,964, meaning the prison population now stands at 138% of capacity. Of all prisoners, 120,013 are held in open prisons, while 300,891 are in closed facilities.

Among all incarcerated individuals, 357,646 are convicted and 63,258 are in pretrial detention. Also, 200 identify as LGBTI+, 14,276 are foreign nationals, and 1,453 are serving aggravated life sentences.

There are 269 prisoners with disabilities, including 42 who are visually impaired, 28 with hearing impairments, and 162 with orthopedic conditions.

The data also reveals that 6,543 prisoners are over the age of 65. As of 2025, 77,014 prisoners were continuing their education, and 58,500 were engaged in insured vocational activities. Among the total population are 4,561 minors aged 12 to 18, including 187 girls. Additionally, 434 children aged 0–3 and 388 aged 4–6 are living in prison with their incarcerated mothers, of whom there are 19,290.

CİSST’s report highlights a particularly sharp rise in the number of pretrial detainees. The overall inmate population rose by 0.4% from the previous month and by 4.4% over the past six months. The report attributes this trend in part to the increasing use of pretrial detention as a punitive tool.

'Prison population linked to government policies'

Hürrem Sönmez, secretary general of the İstanbul Bar Association and coordinator at the Center for Research and Monitoring of Fair Trial Violations, said the figures are closely linked to government policies.

“There is a direct connection between prison overcrowding and the state’s penal policies,” Sönmez told bianet. “Criticizing the government should fall under freedom of expression, but these statements are increasingly criminalized, and people are prosecuted and detained as a result. This has a direct impact on prison capacity.”

She added that administrative oversight boards often block releases, even for prisoners who meet the conditions for supervised release, which she said also contibutes to overcrowding.

Sönmez emphasized that the transformation of pretrial detention from a protective legal measure into a punitive one is a central factor behind the rising prison population.

“Courts are supposed to interpret the law in favor of individual freedoms, but instead they often rule for detention. In our legal system, detention is supposed to be the exception, while release pending trial is the rule. But in recent years, this principle has been reversed in Turkey,” she said.

'Overcrowding leads to more violations'

Overcrowding leads to human rights violations within prisons, Sönmez warned. “Prisons holding far more inmates than they’re designed for results in increased rights violations. We witness violations stemming from staff shortages or mismanagement. For example, visiting hours may be limited or lawyer visitation rooms may be inadequate due to physical constraints.”

Arguing that the right to a fair trial is being systematically undermined, Sönmez said, “The solution lies in ending arbitrary pretrial detention, properly applying the penal enforcement laws, and putting a stop to sentence extensions. Detention must stop being used as a punishment and be restored to its original function as a legal safeguard.”

“A detained or convicted individual is entrusted to the state with both their physical and mental health. Therefore, it is essential to ensure the protections enshrined in domestic and international law to prevent human rights violations," she concluded.

According to Article 100 of Turkey’s Code of Criminal Procedure, a person can only be detained if there is strong suspicion supported by concrete evidence that they committed a crime. Even when such suspicion exists, a separate legal justification for detention must also be established. (BIA, 22 Oct 2025)

Le Quisling du duo Tayyip-Devlet est renversé !



Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 20 octobre 2025
 
Toutes les forces en faveur de la paix doivent ouvertement s’opposer aux délires fascistes et expansionnistes de Bahçeli concernant Chypre.
Chypre et la Turquie, mais aussi toutes les forces pacifistes et démocratiques du monde entier, à commencer par les membres de l’Union européenne, ont poussé un soupir de soulagement après les résultats de l’élection présidentielle qui s’est tenue dimanche dernier en République turque de Chypre du Nord.
 
Tufan Erhürman, défenseur d’une solution permettant aux deux peuples de Chypre de cohabiter pacifiquement et démocratiquement, a battu le valet d’Ankara, Ersin Tatar, avec une écrasante majorité des voix et est devenu président. Cependant, l’opinion publique a été tout de suite ébranlée par les divagations de Devlet Bahçeli, le partenaire de la « Turquie sans terreur », rejetant le résultat des élections et réclamant l’intégration immédiate de la RTCN à la Turquie.
 
En réalité, le choix anticolonialiste et pacifiste exprimé ce dimanche par le peuple de la RTCN était attendu depuis exactement cinq ans. Mais l’ouverture de dernière minute de Maraş/Varosha à la colonisation, malgré les protestations de nombreux pays à commencer par Chypre et la Grèce, les pots-de-vin versés dans les derniers jours aux électeurs indécis et les pressions et menaces exercées contre l’opposition, avaient permis à Ersin Tatar, la marionnette d’Erdoğan, d’accéder à la présidence.
 
Pourtant, les sondages d’opinion penchaient en faveur d’un triomphe de Mustafa Akıncı, le soixante-huitard, en qui tous les démocrates avaient placé leurs espoirs. 
 
Après son accession à la présidence en 2015, Akıncı, qui n’avait jamais cédé ni à la dictature de Tayyip ni à la présence militaire turque sur l’île, s’était également opposé, l’année dernière,  à l’incursion de l’armée turque au Rojava en déclarant suivant une position de principe des plus éminentes : « Ce qui s’est produit en 1974, même si nous le nommons une Opération de Paix, était une guerre, et c’est le sang qui coula. Même si nous l’appelons aujourd’hui une Source de Paix, ce qui coule n’est pas de l’eau, mais du sang. Par conséquent, mon plus grand souhait est qu’on revient au plus vite au dialogue et à la diplomatie ».  
 
De quoi je me mêle ? Toute la classe politique, Tayyip en tête, de ses partisans aux souverainistes, et les médias accusèrent Akıncı d’ingratitude et de trahison.
 
À la racine de la sortie courageuse d’Akıncı se trouvait son appartenance à la génération des Deniz et des Mahir qui menèrent le soulèvement des années 68. En effet, Akıncı, né à Limassol en 1947, étudiant en architecture à l’Université technique du Moyen-Orient à Ankara, avait, comme tous les jeunes Chypriotes étudiant à l’époque en Turquie, rejoint les rangs de la lutte anti-impérialiste et de gauche en pleine ascension.
 
Je fus un témoin direct de la détermination avec laquelle de jeunes Chypriotes du même âge qu’Akıncı prirent part à la résistance de 68, luttèrent contre la dictature Denktaş imposée à leur pays et se montrèrent solidaires de la lutte commune contre l’impérialisme, non seulement des peuples de Turquie et de Chypre, mais aussi de tous les peuples du Moyen-Orient.
 
Des documents témoignant des assassinats cruels commis par les gangs terroristes dirigés par Denktaş contre des révolutionnaires turcs sur l’île, tels que le syndicaliste Derviş Ali Kavazoğlu et les deux courageux journalistes Ahmet Mustafa Gürkan et Ayhan Mustafa Hikmet, nous furent transmis par des étudiants révolutionnaires chypriotes, que nous publiâmes sur deux pages pleines dans la revue Ant le 9 septembre 1969.
 
Suite à cette publication, le duo Küçük-Denktaş fit interdire l’introduction de la revue Ant sur l’île de Chypre.
 
Après l’éviction du soixante-huitard Mustafa Akıncı, Ersin Tatar, installé dans le fauteuil de la présidence de la RTCN, se montra d’emblée comme l’homme-lige de la dictature des Erdoğan-Bahçeli en Turquie. Cinq ans durant, il exploita au maximum toutes les ressources du pays ainsi que les aides de la Turquie pour soumettre Chypre du Nord à une colonisation totale. En échange, il fut récompensé par une reproduction du palais de Tayyip à Ankara qu’il utilisa comme « Palais présidentiel » à Lefkoşa/Nicosie.
 
La raison en est claire… Chypre du Nord était l’un des objectifs proches de la grande conquête islamique d’Erdoğan, se voyant comme le leader des mondes islamique et turcophone, soutenu ouvertement ou à contrecœur par tous les partis hormis le DEM.
 
Tout comme l’armée américaine a établi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des bases et installations dans presque tous les pays du monde dans le but de « lutter contre le communisme », l’armée turque, sous le haut commandement de Recep Tayyip Erdoğan, a installé des bases et installations dans 15 pays répartis sur trois continents à travers le monde – Afghanistan, Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Irak, Qatar, Kosovo, Chypre du Nord, Libye, Liban, Mali, République centrafricaine, Syrie, Somalie et Soudan – pour lancer, si nécessaire, des opérations militaires « contre les ennemis des Turcs et de l’Islam ».
 
Après la Syrie, l’Irak et la Libye, l’armée turque et les mercenaires terroristes islamistes emmenés dans ses bagages ont été déployés aux côtés de l’armée azerbaïdjanaise pour attaquer le Haut-Karabagh, et même le territoire de l’Arménie.
 
Les opérations extérieures de l’armée turque ne se limitaient d’ailleurs pas aux opérations terrestres et aériennes…
 
Les médias à la botte du pouvoir l’écrivaient ouvertement : « Les descendants de Barberousse dominent les mers… Les navires de guerre qui protègent les droits de la Turquie en Méditerranée orientale, une région qui attire l’attention des multinationales pour ses ressources en hydrocarbures, mènent avec succès des opérations internationales dans une zone maritime s’étendant de l’Océan Arctique à l’Océan Indien. Les forces navales turques, qui naviguent simultanément avec 103 navires de guerre et toute leur puissance de feu sur une zone maritime de 462 000 kilomètres, font pâlir le monde de jalousie». (Milliyet, 24 mars 2019)
 
Pour que la conquête turco-islamique d’Erdoğan atteigne ses objectifs, la puissance militaire à elle seule ne suffit pas, les pays convoités doivent également avoir des dirigeants fantoches, qui se conformeront strictement aux directives d’Ankara.
 
En Azerbaïdjan, pays limitrophe de la Turquie, un tel individu est au pouvoir depuis 22 ans… Sous la couverture du slogan « Une Nation, Deux États », Ilham Aliev fait office de bourreau de Tayyip dans le Caucase…
 
À Chypre du Nord, voisin de la Turquie sur la côte opposée, après les cinq années de présidence honorable et de caractère de Mustafa Akıncı, fut de nouveau installé à la présidence un individu prêt à exécuter à la lettre les ordres de Tayyip : Ersin Tatar.
 
Comme je l’avais écrit à l’époque… Aliev et Tatar, l’un dans l’est de la Turquie, l’autre dans le sud, étaient les Quisling d’Erdoğan…
 
Mais qu’est-ce un Quisling ?
 
Dans la littérature politique internationale, ce terme désigne ceux qui, au pouvoir, collaborent avec ceux qui occupent leur pays, autrement dit un « traître »…
 
Ceux qui, comme moi, ont vécu la Seconde Guerre mondiale, se souviennent bien de ce qu’était Quisling ? À l’époque, la Norvège, en Europe du Nord, était l’un des pays occupés par l’armée nazie d’Hitler. Alors que le roi Haakon VII et tous les dirigeants du pays résistaient à l’invasion allemande qui débuta le 9 avril 1940, Vidkun Quisling, président du Parti fasciste norvégien, tenta d’abord de s’emparer du pouvoir par un coup d’État. Mais ne parvenant pas à obtenir le soutien du peuple et des dirigeants du pays, il servit clandestinement les occupants pendant deux ans, avant de finalement conclure un accord avec Hitler, en s’emparant officiellement du poste de Premier ministre le 1er février 1942, en instaurant dans le pays un régime fasciste et en envoyant les Juifs dans les camps de concentration.
 
Lorsque la Norvège fut libérée de l’occupation nazie par les forces alliées, Quisling fut arrêté le 9 mai 1945 pour haute trahison. Il fut jugé pour crimes contre l’humanité et exécuté le 24 octobre 1945.
 
Après son exécution, le nom de Quisling devint l’une des épithètes utilisés pour décrire ceux qui collaborent avec les occupants.
 
Notre génération a connu d’innombrables Quisling qui, après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la transition vers la prétendue « démocratie » multipartite, ont cédé le territoire de la Turquie à l’impérialisme américain, et emprisonné, torturé et exécuté des combattants pour la paix, la démocratie et la justice sociale qui s’opposaient aux diktats idéologiques, politiques, économiques et militaires de cet impérialisme… Les responsables des gouvernements du CHP, du DP et de l’AP, les généraux putschistes, puis ceux qui arrivèrent au pouvoir avec la constitution des putschistes…
 
Qu’en est-il des pères de la Synthèse turco-islamique, qui firent attaquer les locaux du Parti ouvrier de Turquie qui s’opposait à l’impérialisme américain, orchestrèrent l’attaque du Dimanche Sanglant contre les travailleurs et les jeunes manifestant contre la 6e Flotte américaine, et firent massacrer la jeunesse révolutionnaire anti-impérialiste dans des embuscades ?
 
De plus, lorsque des Quisling historiques sont arrivés seuls au pouvoir en Turquie, ils ont, d’une part, continué à écraser brutalement la gauche et la nation kurde, tout en faisant tout ce qui était en leur pouvoir, d’autre part, pour créer de nouveaux Quisling dans d’autres pays afin de les servir dans leur conquête turco-islamique.
 
Cependant, le peuple de Chypre du Nord a renversé l’un de ces Quisling lors de l’élection présidentielle de dimanche. Malgré les réactions fascistes et expansionnistes de Devlet Bahçeli, le leader du MHP, tenant de la « Turquie sans terreur », une période sombre a pris fin à Chypre du Nord.
 
Dans cette nouvelle ère d’espoir, toutes les forces de Turquie en faveur de la démocratie et de la paix doivent soutenir le président Tufan Erhürman, et nos partis d’opposition qui, depuis un an, entretiennent des relations étroites avec Bahçeli, le tenant de la « Turquie sans terreur », et attendent de lui une solution, doivent ouvertement s’opposer à ses délires fascistes et expansionnistes concernant Chypre.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

Un opposant iranien tué à Istanbul

Un militant iranien critique du régime de Téhéran est mort à Istanbul après avoir été grièvement blessé par balle mardi soir, ont rapporté des médias et des associations de défense des droits humains.

Selon les agences de presse privées turques DHA et IHA, Masoud Nazari a été pris pour cible au moment où il s'apprêtait à rentrer chez lui, dans l'arrondissement d'Arnavutköy.
 Il est mort dans la nuit dans un hôpital d'Istanbul des suites de ses blessures.

Ce Kurde iranien originaire de Javanroud, dans la province iranienne de Kermanshah (ouest), était une figure bien connue des milieux religieux sunnites kurdes, selon le groupe de défense des droits humains Haalvsh, basé hors d'Iran.

Haalvsh, qui le décrit comme un fervent critique de la théocratie chiite iranienne, précise que l'homme a fui l'Iran pour la Turquie il y a dix ans.

Un membre de la famille de l'opposant, dont l'identité n'a pas été révélée, a affirmé à Haalvsh que celui-ci avait fait l'objet de menaces des services de sécurité iraniens.

"L'assassinat de Masoud Nazari est un nouvel exemple des attaques ciblées de la République islamique contre les militants politiques et religieux à l'étranger", a affirmé l'organisation norvégienne de défense des droits humains Hengaw, spécialisée sur les zones kurdes d'Iran.

Selon la presse turque, l'auteur des tirs sur ce militant iranien n'a pas encore été appréhendé. (AFP, 15 oct 2025)

Proposed judicial package introduces criminal penalties targeting LGBTI+ community

The draft of the 11th Judicial Package, expected to be submitted to parliament soon, includes discriminatory provisions that directly target LGBTI+s.

If enacted, the draft would introduce prison sentences ranging from one to three years for those who "promote or encourage" what are described as “obscene acts.”

The relevant article reads, “Anyone who engages in or publicly encourages, praises, or promotes behavior that contradicts innate biological sex and public morality shall be punished with imprisonment from one to three years.”

The draft would also place same-sex marriage ceremonies and related rituals under threat of criminal prosecution.

Digital platforms would not be exempt from these regulations. According to the draft, content featuring LGBTI+ characters or telling their stories could be penalized or removed from broadcast by the Radio and Television Supreme Council (RTÜK).

One of the most critical measures in the draft is the proposal to raise the minimum age for gender reassignment surgeries from 18 to 25, along with stricter requirements for medical reports. Additionally, doctors performing what is deemed an “unlawful” procedure would face prison time and heavy fines.

The draft regulations closely mirror an earlier anti-LGBTI+ legislative proposal obtained by KaosGL earlier this year. The most notable difference is the increase in the minimum age for gender reassignment from 21 to 25.

While the draft’s rationale emphasizes the protection of the family institution, public morality, and youth, lawyer Umut Rojda Yıldırım has warned that the package poses serious threats to equality, freedom of expression, and the right to health. (BIA, 13 oct 2025)

À propos de la troisième sortie européenne du CHP à Bruxelles…



Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 13 octobre 2025

Les discours et les évènements survenus lors du meeting organisé hier à Bruxelles par Özgür Özel sont également riches d’enseignements pour la démocratisation de la Turquie.
Nous avons assisté à une nouvelle phase dans les efforts de la Turquie pour rejoindre l’Union européenne, anciennement appelée Communauté économique européenne, qui a débuté il y a tout juste 66 ans, avec un rassemblement organisé hier par le CHP dans la capitale de l’UE, Bruxelles.

Özgür Özel, dirigeant du parti dont l’arrivée au pouvoir d’ici 2028 au plus tard semble inéluctable, à moins que le régime islamofasciste actuel ne fasse obstacle de manière permanente aux prochaines élections parlementaires ou qu’un coup d’État militaire du genre de 1971 ou de 1980 survienne, a, dans son discours en marge de ce rassemblement, ouvertement promis, non seulement aux ressortissants de Turquie venus l’écouter, mais aussi devant les représentants de l’Union européenne :

« Aujourd’hui, l’Internationale socialiste possède les déclarations de 87 partis de 79 pays déclarant soutenir l’objectif du Parti républicain du Peuple d’une adhésion à l’Union européenne. Nos chers partis frères et des organisations très respectées, dont les représentants s’expriment ici, ne promettent que fraternité et solidarité pour ouvrier la voie au Parti républicain du Peuple si celui-ci parvient à faire avancer la Turquie sur la voie de la démocratie. Au contraire de ceux qui tentent de faire de la Turquie un pays isolé, suscitant l’hostilité du monde entier et que personne ne voudrait, et qui tentent de recueillir des voix sur cette haine, nous ferons de la Turquie une partie intégrante du monde moderne et de l’Europe moderne, et un membre à part entière de l’Union européenne où les interdits sont interdits et les frontières abolies ».

En écoutant ce discours passionné d’Özel, ma mémoire m’a transporté, il y a exactement 71 ans en arrière. Lors d’une conférence tenue à Paris le 23 octobre 1954 fut fondée l’Union de l’Europe occidentale, prémisse de l’Union européenne actuelle, avec la participation de la France, de l’Angleterre, de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, de l’Italie et de l’Allemagne fédérale.

Alors que l’Allemagne, principale responsable de la Seconde Guerre mondiale, était intégrée à cette union, le fait que la Turquie, alors membre du Conseil de l’Europe depuis 1950 et de l’OTAN depuis 1952, n’ait même pas été mentionnée dans cette organisation fut reçue avec surprise au sein de l’opinion publique…

Pourtant, ce n’était guère surprenant… Effectivement, la Turquie fut admise au sein du Conseil de l’Europe le 13 avril 1950, car elle était passée d’un régime de parti unique ayant duré des années à un régime multipartite. Les élections générales du 14 mai 1950 devaient marquer une étape importante de ce processus de démocratisation.

C’est exactement ce qui arriva, mais la première chose que fit le Parti démocrate, adoptant une attitude de soumission totale à l’impérialisme américain, fut d’envoyer une brigade de 4500 hommes en Corée pour combattre sous le commandement des généraux américains, tout en lançant une « rafle anticommuniste » de masse.

De plus, le 17 octobre 1954, une semaine seulement avant la création de l’Union de l’Europe occidentale lors de la Conférence de Paris, un tribunal militaire condamna 118 membres du Parti communiste de Turquie à des peines allant jusqu’à dix ans de prison et à des peines d’exil allant jusqu’à 3 ans.

Le CHP, qui avait soumis les communistes à toutes sortes d’oppressions et de cruautés tout au long de son pouvoir, demeura en tant que principal parti d’opposition un fervent soutien de toutes les mesures anticommunistes et pro-OTAN.

Bien que la première demande d’adhésion de la Turquie à l’ancienne Communauté économique européenne ait été faite par le Premier ministre Adnan Menderes en 1959, à une époque où le terrorisme d’État allait crescendo, la signature d’un accord d’association ne fut possible que le 12 septembre 1963, après l’adoption de la nouvelle constitution en 1961. Cependant, en raison des coups d’État fascistes successifs de 1971 et 1980, et de la terreur d’État qui fut poursuivie par la suite sous des gouvernements civils, les négociations d’adhésion à part entière n’ont jamais pu être lancées.

Tout comme Özgür Özel aujourd’hui, lorsque le CHP forma en 1978 un gouvernement avec la participation de députés sans partis, le Premier ministre Bülent Ecevit se rendit à Bruxelles pour une série d’entretiens à la fois avec les dirigeants de l’OTAN et du Marché commun, et lors d’un rassemblement qu’il fit organiser le 27 mai 1978, s’adressa aux travailleurs de Turquie de cette ville pour qu’ils « aident financièrement » l'économie de la Turquie à sortir de la crise.

Les détails des entretiens d’Ecevit avec les dirigeants de l’OTAN et de la CEE à l’époque, ainsi que sa demande d’aide aux travailleurs de Turquie présents au meeting, sont repris dans les bulletins en langue turque, française et anglaise d’Info-Türk de mai 1978. (https://www.info-turk.be/19.pdf)

Mais le coup d’État militaire fasciste du 12 septembre 1980 allait non seulement porter un coup aux relations de la Turquie avec les institutions européennes, mais aussi priver de leur citoyenneté des figures de l’opposition établis à l’étranger et placer les organisations de travailleurs migrants sous le contrôle des consulats et de la Fondation Diyanet.

Sous le régime de parti unique de l’ANAP consécutif au coup d’État de 1980, le Premier ministre Turgut Özal est venu à Bruxelles avec une importante délégation pour relancer les négociations d’adhésion à la CEE. Après avoir participé à une série d’entretiens avec le soutien du Premier ministre grec Papandreou, il s’était vanté lors d’une conférence de presse au Centre de la presse internationale le 4 mars 1988 que l’État turc avait pu obtenir le droit à une adhésion à l’UE après avoir mis fin à ses pratiques antidémocratiques.

Seulement, faute de progrès significatifs en matière de droits humains, les rapports entre Bruxelles et Ankara se bornèrent à des allées et venues protocolaires infructueuses. La candidature de la Turquie ne fut acceptée qu’au Sommet d’Helsinki tenu les 10 et 11 décembre 1999, à une époque où Ecevit était redevenu Premier ministre, et le Document de partenariat pour l’adhésion fut approuvé par le Conseil de l’Union européenne le 8 mars 2001.

Les dirigeants de l’AKP qui, alors qu’ils étaient dans l’opposition, avaient qualifié l’Union européenne de « piège sioniste », changèrent de discours après leur arrivée au pouvoir lors des élections de 2002, et réussirent à arracher lors du Sommet de Bruxelles du 17 décembre 2004, une décision stipulant que « la Turquie remplit suffisamment les critères politiques » et à entamer les négociations d’adhésion le 3 octobre 2005.

Toutefois, après qu’Erdoğan ait abandonné les pourparlers de paix avec la résistance nationale kurde et utilisé le coup d’État bidon de 2016 comme prétexte pour déclencher une terreur d’État sans précédent, l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est une fois encore entrée dans une impasse. 

Pour que la Turquie puisse devenir un partenaire respecté non seulement au sein de l’Union européenne, mais aussi auprès du Conseil de l’Europe et des Nations Unies, il n’y a aucune alternative qu’un renversement de la dictature AKP-MHP dans les plus brefs délais.

La démonstration de cette volonté par le leader du CHP Özgür Özel lors du rassemblement de Bruxelles est pour son parti d’une importance capitale.

Mais pour une pleine démocratisation de la Turquie et l’intégration de la Turquie à la Communauté européenne, tout comme au sein du Conseil de l’Europe, comme un État en tous points respectueux des droits humains et de l’égalité des peuples, , le devoir du CHP, le candidat le plus fort pour un futur gouvernement, est d’assurer la transition vers une période où le parti DEM et les autres partis de gauche pourront avoir voix au chapitre et pouvoir décisionnel, aussi bien au Parlement que dans les collectivités locales et toutes les institutions de l’État.

Un point important qui a retenu notre attention lors du meeting bruxellois du CHP de dimanche fut la montée sur scène à la fin du rassemblement, à l’invitation d’Özel, de tous les orateurs et invités belges et étrangers présents pour saluer ensemble le peuple.

Dans son discours, Özel exprima aussi ainsi ses remerciements : « Nous n’avons pas seulement des amis de Turquie parmi nous aujourd’hui. De nombreux représentants de nos partis frères européens sont présents. D’éminents représentants de l’Internationale socialiste, du Parti socialiste européen, des Verts et du Parlement européen sont présents. Nous remercions chaleureusement tous les députés et le maire de Bruxelles, les honorables maires de Rome, d’Amsterdam, de Barcelone et de Budapest qui ont transmis leurs messages, notre frère le maire de Thessalonique, ainsi que les maires de Timişoara, de Cologne, de Francfort et d’Utrecht pour le soutien qu’ils ont accordé à cette place et l’hospitalité qu’ils nous ont offerte. Heureux soient-ils. Nous sommes ravis qu’ils soient parmi nous ».

Rappelons-le… Tout comme le Parti républicain du Peuple qui a organisé ce meeting, le Parti socialiste (PS) de la partie francophone de la Belgique et VOORUIT, le parti socialiste de la partie néerlandophone du pays, sont également membres de l’Internationale socialiste…

Cependant, bien que le rassemblement ait eu lieu en plein milieu de Bruxelles, aucun des élus turcs des assemblées municipales, régionales et fédérale de Belgique, en ce compris ceux qui sont membres de partis socialistes, n’ont pris la peine d’assister et de montrer leur solidarité à cette manifestation de solidarité internationaliste à quelques centaines de mètres de chez eux.

Il n’y a pas si longtemps, tout juste une semaine d’ici, le bourgmestre socialiste de Bruxelles Philippe Close s’était rendu à Istanbul pour un évènement du Club de Galatasaray, accompagné de quatre députés turcs du Parlement régional bruxellois.
Participant à de telles manifestations, cette délégation n’a même pas pris la peine de témoigner sa solidarité à Ekrem İmamoğlu, maire de la plus grande métropole d’Europe, en lui rendant visite dans la prison de Silivri, près d’Istanbul, où il croupit, victime des persécutions de Tayyip.

Alors que le Parti républicain du Peuple s’apprête à gouverner la Turquie et à prendre les commandes de ses relations internationales, il devrait également envisager sérieusement la représentation des citoyens turcs à l’étranger au sein des gouvernements des pays et régions où ils résident. Ses partis « frères » au sein de l’Internationale socialiste devraient se montrer plus vigilants dans la sélection des candidats turcs et s’efforcer d’empêcher qu’ils ne deviennent les serviteurs du gouvernement turc actuel.

C’est aussi le devoir du parti DEM qui, tout comme le CHP, est membre de l’Internationale socialiste.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

S’agit-il seulement du DEM, et que dire de ce qu’a fait le CHP ?



Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 5 octobre 2025)
Alors que l’attitude des députés du DEM lors de l’ouverture de la Grande Assemblée nationale de Turquie est critiquée, les contributions du CHP à la formation du régime de Tayyip depuis les 31 dernières années ne doivent pas être oubliées non plus
J’avais prévu d’écrire pour cette fois un billet différent pour Artı Gerçek, pour lequel j’écris sans interruption depuis huit ans. Le 5 octobre marque en effet le 85e anniversaire d’İnci Tuğsavul, ma compagne et ma plus proche camarade de lutte. Une vie jalonnée de 31 années passées sur la terre où elle a vu le jour et a grandi, et de 54 années en exil, continuant à lutter, envers et contre tous, pour ses convictions…

Alors que nous approchons tous deux les 90 ans avec plus de 60 ans de vie commune, nous sommes conscients que les feuilles du calendrier tombent de plus en plus vite et que le nombre de nos proches, amis et camarades de lutte encore en vie diminue diablement.

Comme à chaque anniversaire, nous vivons toujours en ce jour l’indignation d’avoir été contraints de demeurer physiquement éloignés de notre beau pays, où nous avons, des années durant, lutté pour nos convictions, connu les douleurs et les joies, les défaites et les espoirs, et d’avoir été régulièrement la cible d’insultes, d’attaques et de menaces tant par les dirigeants de ce pays que par leurs représentants à l’étranger.

Dans ces moments chargés d’émotion, notre attention se tourne bien évidemment vers les initiatives de paix et de démocratisation, tant en Turquie que dans nos diasporas.

Depuis deux jours, les médias de Turquie s’emballent en interprétations divergentes de deux évènements inhabituels survenus lors de la cérémonie d’ouverture de la Grande Assemblée nationale de Turquie.

Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du Peuple), qui avait assisté au complet à la même cérémonie l’année dernière et accueilli le président en se levant, a refusé, avec le TİP (Parti ouvrier de Turquie) et l’EMEP (Parti du Travail), d’assister à la cérémonie de cette année, où Erdoğan devait prendre la parole, pour protester contre les arrestations et les destitutions de leurs propres maires et responsables de parti au cours de l’année écoulée.

Bien que tardive, cette réaction était justifiée.

En revanche, les députés du parti DEM (Parti pour l’Égalité des Peuples et la Démocratie), qui a toujours défendu l’initiative pour la paix et la liberté, ont non seulement refusé de participer à cette manifestation de protestation commune, mais aussi, contrairement à l’année dernière, se sont levés à l’unisson pour saluer Erdoğan à son entrée dans l’hémicycle. Plus tard, ils ont également été photographiés lors de la réception dans le Salon de Marbre aux côtés d’Erdoğan, avec certains gestes interprétés comme de la sympathie et de l’admiration.

À l’heure où non seulement la résistance nationale kurde, mais aussi les dirigeants et militants d’autres organisations d’opposition, victimes du terrorisme d’État, continuent d’être embastillés, cette proximité et ce respect témoignés à Erdoğan, le principal responsable de cette oppression, ont suscité un esclandre dans tous les milieux d’opposition, en ce compris par certains des propres membres et sympathisants du parti DEM.

Cependant, les contempteurs de cette dernière attitude du parti DEM, offrant un « remontant » à Erdoğan que les sondages montrent en chute constante dans les intentions de vote, ne doivent pas négliger les opportunités offertes et les soutiens accordés à Erdoğan par les dirigeants du CHP, ni même leurs postures de soumission et de collaboration, au cours des 31 dernières années où celui-ci a gravi les marches du pouvoir et consolidé son régime despotique.

Ne l’oublions pas, s’il y a aujourd’hui une dictature Erdoğan à la tête de la Turquie, ses fondations n’ont pas été uniquement posées grâce à la coopération et au soutien de partis et de politiciens islamistes et fascistes.

Souvenons-nous :

Lors des élections municipales de 1994, il y avait trois partis de « centre-gauche », tous issus du CHP : le SHP (Parti social-démocrate du Peuple) dirigé par Murat Karayalçın, le DSP (Parti de la Gauche démocratique) dirigé par Bülent Ecevit, et le CHP dirigé par Deniz Baykal. Mais faute de pouvoir présenter un candidat commun à la mairie d’Istanbul en raison de désaccords entre eux, la gestion de la plus grande métropole de Turquie fut offerte sur un plateau en or à Recep Tayyip Erdoğan, connu comme le caïd politique du mouvement islamiste.

À Istanbul, le candidat du SHP, Zülfü Livaneli, obtint 20,3% des suffrages, le candidat du DSP, Necdet Özkan, 12,38%, et le candidat du CHP, Ertuğrul Günay, 1,4%, soit un total de 34,08% des voix pour les trois partis de « centre-gauche ». Mais en raison de la division du vote de « centre-gauche », Recep Tayyip Erdoğan devint maire de la grande municipalité d’Istanbul en se détachant avec 25,19% des voix.

De plus, c’est Deniz Baykal, le leader du CHP, qui a permis à Recep Tayyip Erdoğan, empêché d’entrer au Parlement et de devenir Premier ministre en raison d’une condamnation alors que l’AKP était arrivé seul au pouvoir après les élections générales de 2002, le droit d’être élu député lors d’une élection partielle factice, pour accéder à la tête du gouvernement, puis de l’État.

N'est-ce pas Kemal Kılıçdaroğlu, le leader du CHP qui a soutenu Erdoğan, utilisant la fausse tentative de coup d’État de 2016 comme prétexte pour instaurer un régime dictatorial, dans son opération de l’Esprit de Yenikapı, puis la levée de l’immunité parlement des élus du HDP, dont Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ ?

Par la suite, on n’oublie pas qu’Özgür Özel, qui a pris la présidence du CHP l’année dernière, avait déclaré bravache : « Nous allons reconquérir Taksim », avant de se retirer sans résistance devant l’Aqueduc de Valens le matin du 1er Mai. Le lendemain, il rendit visite à Recep Tayyip Erdoğan au siège de l’AKP, où après une rencontre avec des visages tout souriants, il inaugura une ère de « détente » dans la vie politique turque.

Tandis que je pensais à tout cela, un article de mon vieil ami, Enis Coşkun, secrétaire général de l’Association pour la Paix de Turquie dissoute après le coup d’État de 1980, publié dans le journal du Parti communiste français L’Humanité, est apparu sur mon écran.

S’opposant à la nomination du tyran américain Trump au prix Nobel de la Paix, Enis tire une leçon cruciale de l’histoire mondiale :

« Le 29 septembre 1938, le Premier ministre britannique Chamberlain, le Premier ministre français Daladier, le ministre italien des Affaires étrangères Galeazzo Ciano et Hitler signaient les accords de Munich qui entérinèrent l’occupation par l’Allemagne de la région des Sudètes, au sud de la Tchécoslovaquie. Moins d’un an après ces accords, le 1er septembre 1939, Hitler attaquait la Pologne, déclenchant la guerre la plus sanglante de l’Histoire.

« Les signataires prétendirent avoir sauvegardé la paix au mépris des nombreuses critiques et mises en garde sur l’expansionnisme hitlérien.

« Douze parlementaires suédois proposèrent alors la candidature de Chamberlain au prix Nobel de la paix au nom de ce « succès ».

« […] en 1939, le Prix Nobel de la Paix n’a pas été décerné. La rancune d’Hitler ne se fit pas attendre longtemps : le 9 avril 1940, il envahissait la Norvège. »

Oui, 86 ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, qui a plongé le monde entier dans la catastrophe, éviter les faiblesses de Chamberlain dans ses relations avec le duo Erdoğan-Bahçeli, symbole de la dictature et de l’hostilité à la paix, non seulement en Turquie, mais aussi dans tout le Moyen-Orient et l’Egée, devrait être le devoir primordial de toute personne et organisation tenant pour la démocratie, la liberté et la fraternité des peuples.

Si aucune mesure concrète n’a encore été prise au cours du processus qui dure depuis un an et que le gouvernement a baptisé « Turquie sans terreur », si on veut que les dirigeants politiques et les militants de la lutte pour la paix et la liberté ciblés par le duo Erdoğan-Bahçeli continuent à croupir en prison, la Grande Assemblée nationale de Turquie où tout peut se décider est là…

Le premier devoir ne devrait pas être de perdre du temps et de tromper le monde avec des réunions de commission bidon ou des rencontres en Salon de Marbre, mais d’assurer par un véritable travail parlementaire l’abrogation rapide de toutes les lois antidémocratiques et l’organisation d’élections anticipées qui remplaceront un « système présidentiel » corrompu par un véritable parlement représentant la volonté populaire.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

"Rejoins l'AKP ou tu seras jeté en prison": l'opposition turque en étau

Sous la pression des autorités turques, de plus en plus de maires et élus d'opposition rallient le parti au pouvoir AKP du président Recep Tayyip Erdogan.

Depuis les élections locales de mars 2024 largement remportées par le CHP, premier parti d'opposition, une soixantaine de mairies tenues par différentes formations d'opposition sont passées aux mains de l'AKP (islamo-conservateur), dont sept au cours des deux derniers mois.

Dans la majorité des cas, les municipalités ont changé d'affiliation en suivant leur maire, démissionnaire pour rejoindre le parti au pouvoir, à l'image de la maire d'Aydin (ouest), Özlem Cercioglu, dont le ralliement à l'AKP a été annoncé lors d'une cérémonie par le président turc en personne.

Pour le CHP social-démocrate, ces ralliements illustrent la pression qui s'est abattue sur le parti dont de nombreux élus ont été arrêtés pour "terrorisme" ou "corruption", ce qu'ils nient, tel le populaire maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan, emprisonné depuis mars.

"Rejoins l'AKP ou tu seras jeté en prison. Voilà ce qu'ils disent!" a dénoncé en août le président du CHP Özgür Özel.

"La seule raison pour laquelle j'ai été arrêté et suspendu de mes fonctions est mon refus de céder aux pressions pour rejoindre l'AKP", a de son côté accusé le maire CHP de Bayrampasa - un des 39 districts d'Istanbul -, Hasan Mutlu, détenu depuis mi-septembre pour "corruption".

- "Forcés à démissionner" -

"Les maires le constatent, il n'est pas nécessaire de commettre une infraction pour être emprisonné en Turquie. On force les gens à témoigner contre eux", assure à l'AFP le vice-président du CHP Murat Bakan. "Certains maires, aux convictions plus solides et plus combatifs, résistent. Mais d'autres, par peur, préfèrent changer de parti plutôt que de se retrouver en prison".

"La principale motivation de l'AKP est de conserver son pouvoir et de nous priver des opportunités de gouvernance locale qui, selon eux, nous apportent le soutien des électeurs. Ils veulent accaparer autant de mairies que possible", estime aujourd'hui M. Bakan.

Cette tendance existait déjà après les élections municipales de 2019, quand les maires de dizaines de municipalités remportées par le parti pro-kurde DEM, dans le sud-est du pays, ont été invalidés et remplacés par des administrateurs issus de l'AKP.

Le CHP dénonce aussi des pressions sur les élus pour changer la composition des conseils municipaux.

Sitki Keskin, conseiller du district de Cukurova à Adana (sud), dont le maire CHP Zeydan Karalar est emprisonné depuis juillet, affirme à l'AFP que les tensions apparaissent quand l'opposition et l'AKP se retrouvent face à face au sein d'un conseil municipal.

"Dans certaines localités dont les maires ont été arrêtés et destitués, des conseillers ont été forcés à démissionner afin de céder la majorité des sièges à l'AKP qui pèsera ainsi sur la désignation d'un maire adjoint", affirme-t-il.

"L'objectif est de neutraliser l'opposition", explique à l'AFP la politologue Sinem Adar, du Centre d'études appliquées sur la Turquie, basé à Berlin.

"Avec ces ralliements, l'AKP tente également d'insinuer l'idée que le parti est toujours populaire puisque ces maires délaissent le CHP pour le rejoindre. Or la popularité de l'AKP est en baisse constante depuis 2015", ajoute-t-elle.

"Nos frères et soeurs qui ont rejoint nos rangs (...) jugent que l'AKP est le parti idéal pour servir la nation. Cela nous réjouit. Je suis convaincu que de nouveaux ralliements surviendront", s'est félicité mi-septembre le président turc.

"Mais cette stratégie ne marche pas, au contraire. Notre résistance consolide l'ensemble de l'opposition", affirme Murat Bakan.

Parallèlement aux pressions judiciaires qui visent à évincer le président du CHP par une procédure toujours en cours, la "guerre sur plusieurs fronts" que le pouvoir mène contre l'opposition devrait se poursuivre, estime Sinem Adar.

"L'AKP est arrivé au bout de sa capacité à se réformer, d'où le recours à la répression", poursuit-elle.

"Si des élections libres avaient lieu, les chances de l'AKP seraient très minces. Nous sommes pris dans un tourbillon. Tant que le CHP continue de résister, cet antagonisme se complique encore davantage", avance l'analyste. (AFP, 2 oct 2025)

Quelle est la position de l’opposition sur le réarmement?


Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 25 septembre 2025)
Le CHP, tout comme le parti DEM et les autres partis de gauche, doit au plus vite s’opposer, par principe, à la folie du réarmement imposé par l’OTAN au gouvernement AKP-MHP.
L’échec de la tentative par le gouvernement AKP-MHP de paralyser le CHP en mobilisant toute la mécanique judiciaire, neutralisée grâce à l’organisation d’un nouveau congrès extraordinaire, a constitué une victoire majeure pour notre front démocratique… Cependant, malgré cette défaite, on peut s’attendre à ce qu’Erdoğan et ses collaborateurs continuent de fomenter de nouveaux complots… Il n’est guère surprenant que le despotisme qui a conduit à l’incarcération du maire élu d’Istanbul, İmamoğlu, après ceux des municipalités à majorité kurde, ait immédiatement après ce congrès ciblé la municipalité d’Ankara…

Il n’y a aucun doute que le CHP, annoncé comme devançant de loin l’AKP dans les derniers sondages d’opinion, devrait s’imposer, devrait s’imposer comme le principal parti lors des prochaines élections, qu’elles soient anticipées ou tenues à temps, et la principale force du futur gouvernement de coalition.

Ce que l’on attend d’Özgür Özel, qui a prouvé son leadership non seulement en organisant avec succès des rassemblements de résistance de masse, mais aussi en se faisant élire à l’unanimité lors du dernier congrès extraordinaire de son parti, c’est, plutôt que de flirter avec les partis de droite comme son prédécesseur Kılıçdaroğlu, de former une coalition avec le parti DEM, qui a la confiance du peuple kurde, et les partis de gauche, et d’inaugurer une véritable ère « de démocratie et de paix » en Turquie.

Nous avions connu une situation similaire à celle d’aujourd’hui, il y a exactement un demi-siècle, lors des premières élections générales consécutives au coup d’État militaire du 12 mars 1971. Alors que l’AP sous la direction de Demirel n’avait recueilli que 29,82 pourcents des suffrages, le CHP était arrivé en tête avec 33,30 pourcents, en captant toutes les voix de gauche du fait de l’interdiction du Parti ouvrier de Turquie et de l’absence de tout autre parti pour remplacer ce dernier.

Sous le nouveau gouvernement formé par Bülent Ecevit, qui dirigeait alors le CHP, en coalition avec le MSP islamiste, il était attendu que la première priorité soit la libération immédiate de tous les prisonniers politiques incarcérés. Cependant, tandis que tous les islamistes condamnés ou emprisonnés en vertu de l’article 163 du Code pénal turc furent libérés après le premier vote à l’Assemblée, l’amnistie de nos camarades socialistes et kurdes condamnés ou emprisonnés en vertu des articles 141 et 142 fut bloquée par les députés du MSP, et leur libération ne fut possible que grâce à l’intervention de la Cour constitutionnelle.

De plus, l’intervention de l’armée turque menée contre le coup d’État grec d’extrême droite à Chypre à cette époque, allait bientôt se transformer en une opération d’invasion, et pour la première fois depuis la fondation de la république, la Turquie allait établir une zone d’occupation en dehors de ses frontières.

L’hystérie militariste générée par l’Opération de Chypre a non seulement favorisé l’accélération du réarmement en Turquie, mais aussi préparé le terrain pour le coup d’État militaire fasciste, encore plus sanglant, qui allait être mené six ans plus tard, le 12 septembre 1980.

La raison pour laquelle je rappelle ceci vient d’une série de déclarations favorables à de futurs « projets de défense » que le CHP, futur candidat au pouvoir, a tenu, tout en menant par ailleurs une lutte justifiée contre la dictature de Tayyip.

Alors que tous les pays du monde, des USA à la Russie, de l’Union européenne à la Chine, se livrent à une course effrénée aux armements, le vice-président du CHP, Yankı Bağcıoğlu, responsable des politiques de défense nationale, a expliqué lors d’une déclaration faite le 6 décembre 2024 :

« Il y a une course aux armements qui s’intensifie rapidement dans le monde et dans notre voisinage. Les mesures prises par la Turquie dans ce contexte sont-elles suffisantes ? Nous devons nous poser cette question et chercher des réponses réalistes. L’examen du rapport annuel sur les dépenses de défense de l’UE, récemment publié par l’Agence européenne de défense, nous permet de constater clairement la gravité de la situation dans notre région.

« Par exemple, la Grèce est l’un des pays de l’UE qui consacre le plus de ressources à sa défense. Avec des dépenses de défense atteignant les 2,8 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2023, la Grèce se classe au 4e rang des pays de l’UE. Plus frappant encore, les trois premiers pays du classement sont la Pologne, la Lituanie et l’Estonie, qui partagent des frontières avec la Russie. L’allocation d’un budget aussi important à sa défense par la Grèce, alors qu’elle est entourée de pays membres de l’OTAN, montre clairement que sa perception générale de la menace diffère de celle de l’OTAN et du système international.

« Ce tableau devrait aussi servir d’enseignement important pour la Turquie. Nous devons non seulement analyser les dépenses de défense de nos voisins, mais aussi évaluer avec réalisme les performances de l’industrie turque de défense. Ce secteur, qui s’était fixé un objectif d’exportation de 6 milliards de dollars pour 2023, a clôturé l’année en deçà de son objectif, avec 5,54 milliards de dollars. Aucun objectif clair n’a été annoncé depuis longtemps pour 2024. Selon le programme annuel présidentiel pour 2025 publié fin octobre, les exportations pour 2024 étaient estimées à 6,6 milliards de dollars. Cependant, en novembre, le total des exportations n’a pu atteindre que 5,761 milliards de dollars. Ces chiffres montrent que pour atteindre l’objectif de 6,6 milliards de dollars, il faudra en décembre dépasser le record du mois d’octobre (820 millions de dollars). L’industrie turque de la défense a le potentiel pour atteindre des volumes d’exportation bien plus importants. Mais cela nécessite une vision plus forte, un leadership plus déterminé et un soutien accru à notre industrie de défense. »

Le même vice-président, dans une dernière déclaration faite le 2 septembre 2025, met en exergue le fait que l’industrie turque de défense est devenue un acteur mondial grâce à des décennies de travail et de détermination, en expliquant :

« Nos drones/UCAV développés par Baykar et TAI sont devenus une marque mondiale et ont représenté une part importante de nos exportations dans le secteur de la défense, totalisant 7,1 milliards de dollars en 2024. Le KAAN, développé sous la direction de TAI, a effectué son premier vol en 2024, plaçant la Turquie parmi les rares pays capables de produire des avions de combat de cinquième génération. Le Projet MILGEM, initié par la vision des regrettés amiraux Vural Bayazıt et Özden Örnek, a renforcé nos forces navales avec l’intégration de corvettes et de frégates nationales à notre arsenal. Le Projet Dôme d’Acier va renforcer notre défense aérienne, mais compte tenu des initiatives prises par les pays de la région en ce sens, il s’agit d’une initiative cruciale bien tardive. Bien que retardés, le char ALTAY, les obus FIRTINA et les systèmes de guerre électronique KORAL amélioreront l’efficacité de nos forces terrestres au sol.

« Posséder ou soutenir l’industrie nationale de défense ne doit pas être réduit au soutien à un parti politique, cette question doit être abordée dans une perspective supra-politique. Assurer la préparation des forces armées turques à la guerre pour contrer toutes les menaces est un devoir assigné au pouvoir exécutif en vertu de l’article 117 de la Constitution. S’acquitter de ce devoir n’est pas une faveur, mais une obligation constitutionnelle ».

De plus, le président du CHP Özgür Özel, lors d’une visite au TAI le 25 octobre 2024, a déclaré : « C’est ici une institution précieuse de la Turquie. J’ai été l’un des premiers responsables politiques à partager le premier vol du Kaan et à exprimer notre fierté pour cette entreprise. Tous les membres du Parti républicain du Peuple soutiennent le TAI et ses filiales, et tous ses projets en cours. Nous les suivons avec la plus grande attention. C’est l’une des institutions qui mérite le plus de soutien. Il est non seulement stratégique pour l’industrie de la défense, mais il exporte également. L’année dernière, il a généré près d’un milliard de dollars de revenus pour la Turquie grâce à ses exportations de haute technologie ».

Il y a deux mois, le ministre belge de la Défense Theo Francken avait participé avec une importante délégation militaire au Salon international de l’industrie de la défense (IDEF) à Istanbul, en ne tarissant pas d’éloges sur le renforcement de l’industrie turque de guerre, avant de se rendre à Ankara pour s’agenouiller devant le mausolée d’Atatürk à Anıt Kabir.

De tels éloges de Francken, qui est l’un des dirigeants du parti nationaliste flamand N-VA, en qualité de ministre de la Défense, à la Turquie qu’il avait vivement critiqué il y a six ans alors qu’il était député, avait pour calcul d’encourager l’augmentation des dépenses en armement des États membres de l’OTAN.

Ces démonstrations de Francken ont profondément ému le leader du CHP Özgür Özel, qui lui a adressé ce message : « Au nom des millions de citoyens attachés aux valeurs fondatrices de notre République, je vous remercie une fois encore, et souhaite dès que possible vous rencontrer personnellement et échanger avec vous ».

Heureusement, la députée d’Erzurum du parti DEM Meral Danış Beştaş, alors que le budget 2025 du ministère de la Défense nationale était discuté à la GANT le 13 décembre 2024, a formulé les critiques justifiées suivantes à l’égard de l’armement de l’État turc :

« Un budget record a été alloué au secteur de la défense et de la sécurité en Turquie pour 2025. 913 milliards de livres de dépenses ont été alloués à la défense et 694 milliards à la sécurité intérieure. En incluant le Fonds de soutien à l’industrie de défense, on parle d’un budget de 1608 milliards de livres turques. La Turquie figure parmi les pays les plus dépensiers de l’OTAN. Le budget de la défense nationale a augmenté de 41 pour cent. Il s’agit d’un budget qui surpasse ceux de la santé et de l’éducation. Ce budget, alloué au conflit et à la violence, est en réalité un budget pris à la population. Le budget alloué aux institutions de défense et de sécurité en 2025 équivaut au total des salaires annuels de près de 7 millions de travailleurs soumis au salaire minimum. Une augmentation de salaire de 50 pour cent aurait pu être accordée à 500 000 enseignants. Ce budget de la défense aurait pu initier une révolution de bien-être pour les autres segments de la société.

« La géographie change, les cartes se redessinent, mais vous continuez à bombarder le Rojava. Il n’y a pas d’autres discours que de qualifier le peuple habitant là-bas de terroriste/ Chaque bombe que vous larguez là-bas nous touche profondément, ils sont nos frères. Au lieu de cette politique d’hostilité, nous proposons une politique de solidarité. Vous dites : « Ce n’est pas nous, c’est l’ANS qui fait cela ». Demandez à qui veut l’entendre, il sait exactement ce qu’est l’ANS. Il y a une ANS qui s’approvisionne de tout en Turquie, de ses armes à ses chaussures en passant par ses sous-vêtements, nommons-le. La plus longue frontière de la Turquie est celle qu’il partage avec la Syrie, et cette frontière entourée de barbelés et de mines, offre-t-elle un climat de paix ? Nous parlons de la possibilité que la porte s’entrouvrant à la paix soit ensoleillée. Une solution sans armes est possible. Nous luttons depuis des années pour la justice et nous sommes prêts à consacrer tous nos moyens pour la paix. Regardons les réalités en face et laissons les gens des deux côtés étouffer le grondement des canons par des cris de joie. »

Neuf mois se sont écoulés. Tandis que les palabres se poursuivent au sein de la commission créée à la GANT dans le cadre du processus baptisé « Turquie sans terrorisme » par le pouvoir et « Société pacifique et démocratique » par la résistance kurde, le président de l’État turc Erdoğan parti pour New York pour s’adresser aux Nations Unies et obtenir le soutien du président américain Trump, continue de soutenir l’ANS et de menacer le Rojava, en s’entendant comme larrons en foire avec le chef islamiste syrien Ahmed al-Charaa.

Oui, le CHP, le parti numériquement le plus puissant de Turquie, doit tout de suite abandonner son soutien au réarmement et, aux côtés du DEM, représentant politique de la résistance kurde, et des autres partis de gauche, assumer la responsabilité de jeter les bases de la paix et de la démocratie dans ce pays.  

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN


Pression sur les médias / Pressure on the Media

New judicial package would criminalize LGBTI+ journalism, press freedom groups warn

Seventeen press and freedom of expression organizations, including the Media and Law Studies Association (MLSA), the Turkish Journalists’ Union (TGS), and the DİSK Press Workers (Basın-İş) union, have called for the removal of anti-LGBTI+ provisions from the draft of Turkey’s 11th Judicial Reform Package.

The package, expected to be submitted to parliament soon, introduces prison sentences ranging from one to three years for those who "promote or encourage" what are described as “indecent acts.”

The relevant article reads, “Anyone who engages in or publicly encourages, praises, or promotes behavior that contradicts innate biological sex and public morality shall be punished with imprisonment from one to three years.”

Also according to the draft, content featuring LGBTI+ characters or telling their stories could be penalized or removed from broadcast by the Radio and Television Supreme Council (RTÜK).

In a joint statement, the organizations argued that the proposed measures would effectively criminalize reporting on LGBTI+ issues.

“If enacted, this legislation would eliminate the right of LGBTI+s to receive and share news,” the statement read. “It would turn coverage of rights violations against LGBTI+ people, trans murders, publications on sexual health, Pride Marches, and other LGBTI+-related stories into criminal offenses under the guise of ‘promotion.’”

The draft includes a provision titled “indecent acts,” which proposes up to three years in prison for praising, encouraging, or promoting any behavior deemed contrary to “biological gender” or “public morality.”

The statement emphasized that the language of the bill is even vaguer and more punitive than Russia’s 2013 “gay propaganda law.”

Increasing pressure on LGBTI+ journalism

The statement also noted that censorship and pressure against LGBTI+ communities and media intensified following the government’s declaration of 2025 as the “Year of the Family.”

It cited the February arrest of Yıldız Tar, editor-in-chief of Kaos GL, a news portal focusing on LGBTI+ rights, and the June ban on access to Kaos GL’s website and social media accounts for allegedly “openly inciting crime.”

“The proposed provision reportedly included in the 11th Judicial Package will escalate rights violations and turn reporting on LGBTI+ issues, which is already difficult, into a punishable offense. Vague terms like ‘contrary to biological gender’ or ‘against public morality’ will open the door to arbitrary interventions against the press and civil society," said the statement.

“This proposal does not only target LGBTI+ individuals. It also places journalists who report on LGBTI+ rights violations under threat of prosecution and seeks to criminalize their work. For these reasons, we, the undersigned press and expression freedom organizations, demand the immediate removal of this provision from the proposed legislation.”

Signatories:

Media and Law Studies Association (MLSA), Dicle Fırat Journalists’ Association, European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF), P24 Platform for Independent Journalism, Progressive Journalists Association (ÇGD), International Press Institute (IPI), European Federation of Journalists (EFJ), International Federation of Journalists (IFJ), Journalists Union of Turkey (TGS), Observatory of the Balkans, Caucasus and Trans-Europe (OBCT), Committee to Protect Journalists (CPJ), Foreign Media Association, PEN International, PEN Norway, Media and Migration Association (MGD), Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), DİSK Basın-İş. (BIA, 24 Oct 2025)

Le procès des journalistes, dont celui de l'AFP, renvoyé

Le procès de quatre journalistes turcs, dont le photographe de l'AFP Yasin Akgül, arrêtés pendant la vague de manifestations de l'opposition en mars, a été renvoyé vendredi au 27 novembre par le tribunal pénal d'Istanbul, a constaté l'AFP.

Les reporters interpellés couvraient tous la vague de contestation déclenchée par l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, toujours détenu. Ils avaient été libérés de prison après plusieurs jours de détention.

Outre le journaliste de l'Agence France-Presse, le photographe indépendant Bulent Kiliç, le reporter de la chaîne Now Haber Ali Onur Tosun, ainsi que la journaliste indépendante Zeynep Kuray étaient appelés à comparaitre.

"Je suis journaliste depuis quinze ans, mais jamais je n'ai été arrêté chez moi, à l'aube, sous les yeux de mes enfants", a déclaré Yasin Akgül à la barre. "Je marchais devant les manifestants, à côté des policiers, pour avoir de meilleures photos", a-t-il insisté.

"Mon client est journaliste... son contrat a été joint au dossier. Alors qu'il couvrait une manifestation publique, il est accusé d'y avoir participé...", a déploré son avocat, Me Kemal Kumkumoglu.

"Ces journalistes ont fait leur travail, il n'y aucune infraction", a-t-il lancé à la cour, réclamant la relaxe.

Des milliers de manifestants et plus d'une dizaine de journalistes, ainsi que des avocats, avaient été arrêtés lors de cette vague de contestation en soutien à M. Imamoglu, figure de l'opposition et principal rival du président Recep Tayyip Erdogan.

Ils ont été accusés d'avoir violé la loi sur les manifestations et rassemblements publics. Ils risquent en théorie jusqu'à trois ans de prison.

Yasin Akgül est le seul d'entre eux travaillant pour un média international.

"Nous suivons de très près les poursuites judiciaires injustement lancées contre Yasin Akgül. Le dossier d'accusation contre notre photographe, qui ne faisait que son travail en couvrant des événements d'intérêt public, est vide", a indiqué Phil Chetwynd, directeur de l'Information de l'AFP.

"L'AFP attend sa relaxe complète et réaffirme son attachement indéfectible à la liberté de la presse et à la protection des journalistes, partout dans le monde", a-t-il insisté.

L'organisation Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé un "complot pour masquer la brutalité policière" exercée lors des manifestations.

Pour Erol Önderoglu, le représentant de RSF en Turquie, "les poursuites pour complot contre les journalistes, accusés d'être des +activistes+, auraient dû cesser aujourd'hui et des relaxes prononcées immédiatement".

Face à la mobilisation de mars, sans précédent depuis les grandes manifestations antigouvernementales de Gezi en 2013, le président Erdogan avait juré de ne pas céder à la "terreur de la rue".  (AFP, 24 oct 2025)

Sixième renvoi du procès de la sociologue franco-turque Pinar Selek

Le procès fleuve par contumace de Pinar Selek, sociologue franco-turque accusée de "terrorisme", a été renvoyé mardi pour la sixième fois par un tribunal d'Istanbul, ont annoncé ses proches à l'AFP.

La prochaine audience aura lieu le 2 avril 2026, ont indiqué ses avocats à son comité de soutien et à l'intéressée, réfugiée en France, qui a pris la parole depuis Marseille (sud).

La justice turque poursuit la chercheuse, spécialiste des mouvements féministes kurdes, depuis 27 ans et a déjà prononcé quatre acquittements.

"Le procès est reporté au 2 avril à 9H45 (6H45 GMT)", a confirmé Pinar Selek mardi devant son comité de soutien par visioconférence, précisant que "la demande d'emprisonnement à vie et le mandat d'arrêt international" qui la visent sont maintenus.

"Ils pensent me fatiguer mais ils n'arriveront pas à éteindre les lucioles. Le pouvoir (turc) est en train de perdre", a-t-elle ajouté, annonçant qu'elle espérait suivre la prochaine audience depuis les locaux de la Ligue des droits de l'homme à Paris.

Comme la dernière fois, le 25 avril, l'audience a été refermée à peine ouverte et Pinar Selek a confié craindre la lassitude des médias après de si nombreux acquittements et renvois d'audiences.

Le tribunal avait alors affirmé attendre une réponse d'Interpol, l'organisation internationale de police criminelle, à sa demande d'extradition.

Or, selon l'avocat de Mme Selek, Me Akin Atalay, "Interpol a bien refusé le mandat d'arrêt mais la cour ne l'a pas pris en compte".

Pinar Selek a été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la communauté kurde, puis accusée d'être liée à une explosion qui avait fait sept morts au bazar aux épices d'Istanbul.

Libérée fin 2000, elle est d'abord restée à se battre en Turquie avant d'être poussée à l'exil en avril 2009. Elle se dit convaincue d'être arrêtée dès son arrivée si elle rentre en Turquie.

En juin 2024, l'accusation a ajouté une nouvelle pièce au dossier en accusant la chercheuse d'avoir participé à un événement organisé en France par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le PKK, considéré comme un mouvement terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, est interdit en Turquie, mais s'est engagé depuis près d'un an dans un processus de désarmement et de paix avec les autorités turques. (AFP, 21 oct 2025)

Une journaliste kurde condamnée à près de 3,5 ans de prison

La journaliste kurde Öznur Değer a été condamnée à près de trois ans et demi de prison par un tribunal turc pour « propagande terroriste » après avoir rapporté le meurtre de deux collègues par un drone turc au Rojava.

Un tribunal turc a condamné la journaliste kurde Öznur Değer à trois ans et quatre mois et demi de prison pour « propagande terroriste ». Le verdict a été rendu mardi par la deuxième Cour pénale de Mardin. Öznur Değer est la rédactrice en chef de l’agence de presse féminine kurde Jin News.

Le verdict a été rendu en l’absence de l’accusée et de ses avocats. Le procès a été ouvert à la suite d’une perquisition en février dernier, au cours de laquelle Değer a été arrêtée au domicile familial dans le district de Kızıltepe par l’Unité spéciale antiterroriste turque (PÖH), qui a usé de la force pour l’appréhender. Elle a été maintenue en détention provisoire pendant environ trois mois avant d’être libérée sous caution en mai.

Les accusations reposaient sur l’article 7/2 controversé de la loi antiterroriste turque, qui criminalise la « propagande » en lien avec une organisation classée comme « terroriste » – en l’occurrence, prétendument reprise en faveur du PKK. Les accusations portaient sur les reportages et publications de Değer sur les réseaux sociaux concernant une frappe de drone meurtrière menée par l’armée turque dans le nord et l’est de la Syrie fin 2024, au cours de laquelle les journalistes Nazim Daştan et Cihan Bilgin ont été tués.

L’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), basée à Amed (Diyarbakır), a vivement critiqué le verdict : « Nous n’acceptons pas ce verdict contre notre collègue. Nous le réaffirmons : le journalisme n’est pas un crime et ne doit pas être criminalisé. »

Depuis des années, l’Association des droits de l’homme (IHD) dénonce l’abus de la justice turque par la loi antiterroriste et l’interprétation extrêmement large de ce que constitue le « terrorisme » afin de réprimer les opinions dissidentes. Dans le cas des Kurdes et des militants de gauche, notamment, les accusations infondées de terrorisme sont systématiquement instrumentalisées pour sanctionner des actions impopulaires. Même les discours politiques, les écrits critiques et la participation à des manifestations sont souvent qualifiés de « terrorisme ». (AFP, 21 oct 2025)

Journalist Asuman Aranca sentenced to prison over report on high-profile murder case

An İstanbul court has sentenced journalist Asuman Aranca to 10 months in prison for publishing details from an expert report related to the 2021 assassination of Sinan Ateş, former leader of the Turkish nationalist Grey Wolves (Ülkü Ocakları) group.

The sentence was deferred by the court, meaning it will not be enforced unless Aranca commits another offense within a specified period.

The İstanbul 2nd Penal Court of First Instance ruled that Aranca, a reporter for independent news outlet T24, violated the confidentiality of the investigation with her article titled, “T24 obtains expert report in Sinan Ateş murder file: Grey Wolves chair allegedly requested Ateş's address.”

Originally sentenced to one year in prison, the court reduced the sentence to 10 months due to good conduct and ruled to defer the announcement of the verdict.

The Journalists Association of Turkey criticized the court's decision, describing it as "yet another example of attempts to criminalize journalism."

It also noted that Aranca's article had been awarded the association's 2024 Investigative Journalism Award.

“We will keep saying 'journalism is not a crime' and stand against all forms of pressure targeting journalists who report in the public interest," said the statement.

During the hearing, held via video conference from Ankara, both Aranca and her lawyer, Mustafa Gökhan Tekşen, denied the charges. Prosecutors argued that the publication of details from the expert report exceeded the boundaries of press freedom and did not serve the public interest.

Aranca rejected this claim, stating, “The report in question is 900 pages long. The part concerning the individual is 400 pages. It is not possible to publish the entire document.”

She also emphasized the continued political and public relevance of the case, adding, “One of the suspects was recently killed in broad daylight. This case has been part of public discourse, even fictionalized in TV series like 'Behzat Ç.' How can there be no public interest?”

She further argued that the report had already been shared with parties involved in the investigation, meaning it was no longer confidential. All individuals named in the report had already been convicted, so the presumption of innocence had not been breached, she added.

Her lawyer said, “Neither the prosecution nor any other authority has the power to dictate how journalism should be conducted,” he said, adding that the indictment itself acknowledged the newsworthiness of the report.

Tekşen highlighted that the article had received journalism awards from the Progressive Journalists Association, the Journalists Association of Turkey, and the Ankara Journalists Association. He also stated that no parties named in the article had filed a complaint.

Following the defense, the court announced its decision to convict Aranca but deferred the sentence, effectively suspending it unless further legal infractions occur. (BIA, 22 Oct 2025)


Punitive travel restrictions hinder journalists in Turkey, union warns

The Journalists Union of Turkey (TGS) has raised concerns over the increasing use of judicial control measures against reporters, stating that such restrictions are hindering press freedom and interfering with professional journalism.

At a press conference held yesterday at the TGS office in Şişli, İstanbul, union officials said that at least 67 journalists were subjected to judicial control orders between Sep 2024 and Sep 2025. These measures, which typically include international travel bans and mandatory check-ins at police stations, are imposed during investigations and prosecutions.

“We often talk about pressure on the press in terms of trials and detentions. But the number of judicial control orders against journalists is rapidly increasing and making it impossible for them to do their jobs," said TGS Secretary-General Banu Tuna.

“A reporter does not work from behind a desk. A journalist who cannot travel is no longer able to do their job. When someone is prevented from leaving their home, city, or country, the message is clear: ‘You can no longer practice journalism',” she added.

The report did not cover journalists placed under judicial control prior to Sep 2024, meaning the actual number could be higher. “Determining the exact number of journalists currently under judicial control and the duration of these measures is nearly impossible due to the widespread and arbitrary nature of the practice,” Tuna said.

109 journalists detained in a year

The data presented by the union showed that 109 journalists were detained over the past year. Of these, 36 were formally arrested, and four were placed under house arrest. Among those arrested, 32 were later released, while the house arrest orders for all four were lifted. As of today, four journalists detained in the past year remain in detention.

Of the 32 journalists released after arrest, 21 were freed under judicial control measures, three were acquitted, two were released after the announcement of their verdicts was deferred, and six were released with no conditions following an appeal.

Of the 109 journalists who had to testify to either the police or prosecutors, only 27 were released without any judicial restrictions. The remaining 82 were either arrested or placed under judicial control. Judicial control measures for the 46 non-detained journalists included travel bans and mandatory check-ins, in some cases multiple times per week.

“Judicial control has become a form of press control,” said Tuna. “We did not see these kinds of numbers in our reports from two years ago or the one before that. There has been a sharp increase in 2024–2025. It’s a new method—or rather, a renewed use of an old method.”

As an example, Tuna cited investigative journalist Timur Soykan, who is currently required to check in at a police station three times a week due to ongoing investigations. This represents a serious limitation on his ability to travel, she said.

News anchor Özlem Gürses was also mentioned as a case. Gürses was placed under house arrest for 52 days earlier this year over charges she was eventually acquitted of. During that period, her employer Sözcü TV set up a temporary studio in her home so she could continue presenting her morning program remotely.

Another case involved Evrensel reporter Nisa Sude Demirel, who was detained from her home during a dawn raid. Despite providing her signed articles and press credentials to authorities, she was placed under a travel ban and required to check in at a police station twice a week. While the signature obligation was lifted after four months, the travel ban remains in effect. (BIA, 15 oct 2025)

Un journaliste est décédé après avoir été agressé

Un journaliste turc est décédé lundi soir après avoir été agressé par deux personnes à Istanbul, ont rapporté les médias turcs, suscitant la réaction de l'opposition et des associations de journalistes en Turquie qui dénoncent "une mort suspecte".

Hakan Tosun, 50 ans, a été retrouvé inconscient après avoir été agressé samedi par deux personnes alors qu'il marchait dans la rue, selon les images de vidéo surveillance diffusées par les médias turcs.

Ses agresseurs ont été arrêtés dimanche, a annoncé la police d'Istanbul.

Hakan Tosun était connu pour ses reportages et documentaires sur des luttes pour la protection de l'environnement et la gentrification des quartiers.

"Cette attaque inacceptable et ignoble n'a pas seulement visé un journaliste, mais aussi la vérité, la liberté de la presse et le droit à l'information", a dénoncé Burhanettin Bulut, vice-président du CHP, principal parti de l'opposition.

"Hakan Tosun était un journaliste en quête de vérité et défenseur de la nature et de la vie. Élucider tous les aspects de cette mort suspecte est une exigence de la liberté de la presse et du respect du droit à la vie", a de son côté réagi sur X le parti prokurde DEM.

L'association des journalistes progressistes a dénoncé "les attaques contre les journalistes devenues monnaie courante" en Turquie et a appelé à "faire la lumière sur ces attaques". (AFP, 14 oct 2025)

‘Our Media’ conference: Freedom of expression in times of crisis

Freedom of expression, the future of journalism in the Western Balkans and Turkey, ethical dilemmas surrounding the use of social media for civil society purposes, and the improvement of cooperation between journalists, activists, and citizens were among the topics discussed at the international conference “Our Media,” held at the Faculty of Political Sciences in Sarajevo.

The two-day conference brought together more than 70 media professionals and representatives of civil society organizations dedicated to media freedom. The event was organized by the South East European Network for Professionalization of Media (SEENPM) and Mediacentar Sarajevo.

The conference is a continuation of a regional project of the same name, launched in 2023, which includes research on the future of media and journalism trends, as well as discussions on other important issues such as the sustainability of independent media, pressures on freedom of expression, and local media activism by citizens in the Western Balkans and Turkey.

The world in 2023, when the partner organizations launched the project “Our Media,” was a different place than it is today, said Maida Muminović, Executive Director of the Mediacentar Sarajevo Foundation. Civil society organizations working to protect freedom of expression, as well as independent media, are going through a period of increasing pressure and uncertainty.

“At the conference, we decided to focus on global issues that affect our region, as well as pressing matters in the Western Balkans, and on global developments that raise concerns about the future of human rights around the world,” said Muminović.

During the conference, the results of a regional study on the future of media and the impact of professional journalism on the democratization of society were also presented. The findings showed that journalists in the region continue to face pressure and threats, receive low salaries, and that women working in the media rarely reach leadership positions. Interest among young people in studying communication is steadily declining, while on the other hand, the number of media outlets continues to grow year by year.

“Media trends are almost the same across the region and generally point to the strong pressure faced by media outlets, especially independent and smaller local ones. We are facing an uncertain future, which makes it even more important for civil society organizations to connect. That is why we are pleased that we managed to make this event regional and, to some extent, international,” said Tihomir Loza, Director of SEENPM, a network of 18 media organizations from Southeast Europe.

In addition to the social and economic challenges journalists are currently facing, not only in the region but around the world, such as censorship and biased reporting on Gaza, the shutdown of media outlets, and the reduction of funds for independent media, the conference also addressed the impact of new technologies.

Long-time SEENPM collaborator and media expert from Belgrade, Snježana Milivojević, in her presentation, addressed the issue of technology, describing it as the greatest challenge for the media, journalism, and the public interest within the information ecosystem.

“I like to say that, as critical theorists always remind us, technology does not change the world when it first appears, but when everyone starts using it. We have grown accustomed to it, and it has become part of our everyday lives,” said Milivojević.

The project “Our Media” is funded by the European Union, with additional support for the conference provided by the Open Society Foundations Western Balkans. By the end of the project, research on the future of media will continue, and the existing online learning platform on media literacy will be expanded. In addition, young leaders and media activists from the region will take part in study visits across Europe to further develop their skills and apply them within their local communities.  (BIA, 6 octobre 2025)

Prison sentences sought for music group Manifest over “obscene acts”

Members of the music group Manifest are facing charges of “obscene acts” and “indecent exposure” over dance performances during their concert in Istanbul on September 6. Launched ex officio, the investigation concluded.

The prosecutor’s office demanded that the group members be sentenced to between six months and one year in prison for “committing obscene acts by means of exposure.”

Investigation launched ex officio

The Istanbul Chief Public Prosecutor’s Office announced that it had launched an ex officio investigation into the Manifest group due to dance moves and stage performances deemed “obscene” during their concert at KüçükÇiftlik Park on September 6.

During the investigation, the group members gave statements and were released under judicial control measures, including a travel ban and a signature obligation.

Manifest: “We didn’t intend to offend anyone”

Following the investigation, Manifest issued a statement on social media, standing by their stage performance but emphasizing that they had no intention to offend anyone:

“While we take full responsibility for our performance on stage, we would like it to be known that our intention was never to disturb anyone or disregard sensitivities.”

Access ban and new indictment

While the investigation was ongoing, the Ankara 6th Criminal Judgeship of Peace imposed an access ban on the concert footage on the grounds of “protecting national security and public order.”

In the newly prepared indictment, the group members are accused of “committing obscene acts by means of exposure,” and the prosecutor is seeking six months to one year in prison for each of them.

Growing scrutiny of artists

In recent weeks, similar investigations against artists have drawn attention.

Roughly two weeks ago, singer Mabel Matiz also faced obscenity charges and a prison demand of six months to three years over the lyrics of his song Perperişan. (BIA, 7 octobre 2025)

Une célèbre agente de stars libérée en attendant son jugement

Un tribunal turc a ordonné mercredi la libération sous contrôle judiciaire d'une célèbre agente d'acteurs de séries turques à succès, arrêtée en janvier pour "tentative de renversement du gouvernement", a rapporté l'agence DHA.

Ayse Barim avait été interpellée fin janvier à la demande du parquet d'Istanbul dans le cadre de l'enquête sur les manifestations antigouvernementales du parc de Gezi, en 2013, qui avaient ouvert une vague de contestation sans précédent du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

Le parquet avait accusé Mme Barim de "pousser" ses acteurs à prendre part au manifestations, ce qu'elle a nié.

"J'ai perdu 30 kilos en prison et j'ai connu de sérieux problèmes de santé", a-t-elle déclaré mercredi à la barre, selon l'agence de presse privée turque DHA.

Le juge a ordonné sa libération sous contrôle judiciaire, dans l'attente de la prochaine audience, programmée le 11 février, a rapporté DHA.

Plusieurs acteurs ont assisté à l'audience de mercredi pour témoigner de leur soutien à Ayse Barim, assurant qu'elle ne les avait pas influencé dans leur décision de participer aux manifestations.

"Nous prenons nos propres décisions", a déclaré Halit Ergenc, l'un des acteurs les plus célèbres en Turquie, qui a travaillé avec Mme Barim pendant plus de vingt ans. (AFP, 1 oct 2025)

10 mois de prison pour avoir qualifié de « martyrs » 2 journalistes kurdes tués

Un civil kurde a été condamné à 10 mois de prison pour avoir qualifié de « martyrs » Nazim Daşdan et Cihan Bilgi, journalistes tués par un drone turc au Rojava / Syrie du Nord et d’Est. Il est accusé d’avoir fait de la « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».

Mithat Yılmaz, qui a assisté à la cérémonie de condoléances pour les journalistes Nazim Daşdan et Cihan Bilgin, qui ont été directement ciblés et tués par la Turquie avec un drone, et a scandé le slogan « Şehid Namirin » (le slogan kurde signifiant « Les martyrs sont immortels »), a été condamné à 10 mois de prison.

Mithat Yılmaz, qui a assisté à la cérémonie de condoléances pour les journalistes Nazim Daşdan et Cihan Bilgin, assassinés par un drone de la Turquie le 19 décembre 2024, alors qu’ils couvraient les événements du barrage de Tişrin, dans le nord et l’est de la Syrie, et scandé le slogan « Şehid Namirin », a été condamné à dix mois de prison. Un acte d’accusation a été dressé contre Mithat Yılmaz, ancien responsable provincial du Parti des régions démocratiques (DBP) à Mêrdîn, qui figurait parmi les personnes présentes à la cérémonie de condoléances, organisée dans le district de Mîdyad (Midyat) de Mêrdîn et visitée par des milliers de personnes pendant trois jours, pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». L’acte d’accusation a utilisé les termes « membre d’une organisation terroriste séparatiste » pour les journalistes assassinés et « soi-disant condoléances » pour les condoléances.

L’acte d’accusation, qui interprétait la possession de photographies de journalistes comme étant des « membres de l’organisation PKK/KCK-PYD/YPG », précisait que le slogan « Şehid Namirin » avait été scandé contre Nazim Daştan et Cihan Bilgin, décrits comme « membres de l’organisation », et que Yılmaz avait également scandé ce slogan. L’acte d’accusation, qui estimait que Yılmaz avait « tenu des déclarations qualifiant des membres de l’organisation de martyrs lors d’une cérémonie de condoléances organisée en hommage aux membres de l’organisation tués (…) », citait la décision de la Cour d’appel, arguant que le slogan scandé « faisait l’éloge des membres de l’organisation [terroriste] » et constituait de la « propagande en sa faveur ».

L’audience finale dans l’affaire portée contre lui suite à l’acte d’accusation retenu par la 3e Haute Cour pénale de Mardin s’est tenue aujourd’hui. Yılmaz n’était pas présent, mais son avocat, Ferhat İbrahimoğlu, était présent. Lors de l’audience, le parquet a réitéré sa demande de sanction contre Yılmaz.

L’avocat de Yılmaz, Me İbrahimoğlu, a déclaré que Nazim Daşdan et Cihan Bilgin étaient journalistes et avaient été tués dans l’exercice de leurs fonctions. Rappelant qu’aucune décision de justice définitive n’avait déclaré Nazim Daşdan et Cihan Bilgin de « membres d’une organisation terroriste », Me İbrahimoğlu a affirmé que le slogan « Şehîd namirin » ne constituait pas un élément constitutif du crime de « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et qu’il existait des précédents en la matière, et a requis l’acquittement de son client.

Après la défense, le tribunal a condamné Yılmaz à dix mois de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Le tribunal a reporté l’annonce du verdict. (Kurdistan Au Féminin, 30 septembre 2025)

Kurdish Question / Question kurde

Conscientious objectors receive prison sentences after repeated prosecutions

Conscientious objectors in Turkey continue to face cycles of prosecution, sentencing, and re-prosecution for the same acts of refusing compulsory military service. While earlier cases often resulted in fines, courts have recently handed down prison sentences to three objectors.

Among them is Kamil Murat Demir, who has faced over ten lawsuits for refusing military service. Most of these cases ended in acquittals or fines. However, in the most recent case brought by the Tunceli 1st Penal Court of First Instance, Demir was sentenced to 21 months in prison without a full trial.

Demir told bianet that the legal proceedings were repetitive and unfounded. “I was born and raised in Dersim, a place heavily impacted by conflict. I’ve witnessed the destruction caused by war, which is why I decided at an early age not to serve in the military. I later declared my conscientious objection."

New cases were filed against him before existing ones are resolved, he said, adding, “Tunceli 1st Penal Court, has been issuing charges like a copy-paste process under the same articles. Previously, fines were imposed. Now, recent rulings have resulted in prison sentences just for refusing military service."

Also pointing to contradictions in the government’s policies, particularly in light of the ongoing peace discourse regarding the Kurdish issue, he said, “On one hand, there are peace talks, disarmament efforts, and an end to a 40-year struggle. Yet, the government continues to force people into the military and into taking up arms. This is a contradiction.

“While people are being urged to put down weapon, those who refuse to bear arms are being forced into military service. This reveals the government’s lack of seriousness about peace.

"Forcing people into militarization and glorifying the use of weapons has societal consequences. We see how men trained in violence act at home or on the streets. These are hate crimes fed by a militarized culture.”

Call for legal reform

The İstanbul branch of the Human Rights Association (İHD) has also criticized the prison sentences issued to Kamil Murat Demir, Çınar Koçgiri Doğan, and İnan Mayıs Aru for exercising their right to conscientious objection.

In a joint statement held at the İHD office in İstanbul, the İHD Conscientious Objection Commission and the Conscientious Objection Watch described the repeated trials and recent convictions as “judicial harassment that has taken the form of torture.”

They accused the Turkish judiciary of systematically violating international human rights obligations and the principle of ne bis in idem — the right not to be tried twice for the same offense.

Reading out the joint statement, attorney Hülya Üçpınar said, “It has been clearly emphasized that Articles 3, 6, and 9 of the European Convention on Human Rights were violated."

“Conscientious objection is not a crime, it is a fundamental human right,” Üçpınar stated, calling on the authorities to take immediate steps.

“We urge the Republic of Turkey to comply with its international obligations. All judicial harassment against Kamil Murat Demir, Çınar Koçgiri Doğan, and İnan Mayıs Aru must end immediately. Ongoing cases should be dropped, and previous convictions erased.

"All judicial authorities must respect ECtHR rulings and end unlawful practices. All criminal and administrative sanctions against conscientious objectors must be lifted. Legal terms such as ‘draft evader’ or ‘deserter,’ which are used as tools of repression, should be abolished. Turkey must recognize the right to conscientious objection in domestic law, taking into account the demands of objectors.” (BIA, 21 Oct 2025)

Erdogan plaide pour l'intégration rapide des forces kurdes syriennes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que l'intégration rapide des forces kurdes syriennes au sein du pouvoir central en Syrie contribuerait à accélérer le développement et à promouvoir l'unité nationale de ce pays, dans des propos diffusés mardi par son bureau.

Les Kurdes, une importante minorité ethnique qui contrôle de vastes étendues du nord-est de la Syrie riches en pétrole et en blé, ont conclu le 10 mars un accord en vue d'une fusion dans un délai d'un an avec les institutions syriennes de leurs structures tant civiles que militaires.

M. Erdogan, dont le gouvernement a noué des liens étroits avec les nouveaux dirigeants en Syrie, souhaiterait que l'intégration des troupes kurdes y ait lieu dès que possible.

"L'intégration rapide des Forces démocratiques syriennes (kurdes, ndlr) en Syrie accélérera également les efforts de développement de ce pays", a-t-il dit aux journalistes dans l'avion qui le ramenait du sommet sur Gaza en Egypte.

"Nous félicitons le gouvernement syrien d'aller de l'avant en ayant une vision qui englobe toutes les composantes ethniques et religieuses du pays", a ajouté le chef de l'Etat turc.

"C'est dans l'intérêt à la fois de la Syrie et de la Turquie", a-t-il conclu.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a déclenché trois offensives dans le nord de la Syrie contre les combattants kurdes syriens et contre les militants du groupe Etat islamique (EI).

La semaine dernière, la Syrie a annoncé un cessez-le-feu global avec les forces kurdes à l'issue de discussions entre le président Ahmad al-Chareh et le dirigeant kurde Mazloum Abdi, à la suite d'affrontements meurtriers à Alep, dans le nord.

Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre l'EI, vaincu en Syrie en 2019. (AFP, 14 oct 2025)

Erdogan exhorte les Kurdes à "achever leur intégration" en Syrie

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté mercredi les Kurdes de Syrie à "achever leur intégration", au lendemain de l'annonce d'un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales syriennes et des combattants kurdes du nord du pays.

Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre 2024, des affrontements ont opposé les deux parties dans le nord et le nord-est de la Syrie, faisant encore deux morts lundi à Alep, alors que l'application d'un accord pour intégrer les forces kurdes à l'armée syrienne piétine.

Mais Damas a annoncé mardi un cessez-le-feu "global" avec les Kurdes après une rencontre entre le président intérimaire, Ahmad al-Chareh, et le chef kurde Mazloum Abdi en présence d'émissaires américains.

"Les Forces démocratiques syriennes (bras armé des Kurdes syriens, NDLR) doivent tenir leurs promesses. Elles doivent achever leur intégration à la Syrie", a déclaré le président Erdogan à un groupe de journalistes à bord de son avion, au retour d'un voyage à l'étranger, selon des propos transmis mercredi par la présidence turque.

Le 10 mars, Damas et les Kurdes avaient signé un accord d'intégration des institutions civiles et militaires de l'administration autonome kurde dans les institutions nationales, mais d'importantes divergences entre les deux parties ont retardé jusqu'ici sa mise en oeuvre.

Soutien du pouvoir à Damas, la Turquie partage une frontière de plus de 900 km avec son voisin syrien et maintient des troupes dans le nord de son territoire depuis des années au nom de sa lutte contre des combattants kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".

De 2016 à 2019, la Turquie a lancé trois offensives dans le nord de la Syrie contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS,) et le groupe Etat islamique (EI). (AFP, 8 octobre 2025)

Cessez-le-feu entre les autorités et les Kurdes après des affrontements à Alep

Damas a annoncé mardi un cessez-le-feu "global" avec les Kurdes dans l'ensemble de la Syrie, après une rencontre entre le président intérimaire Ahmad al-Chareh et le chef kurde Mazloum Abdi, au lendemain d'affrontements à Alep, dans le nord du pays, qui ont fait deux morts.

Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre 2024, des affrontements ont opposé les deux parties dans le nord et le nord-est de la Syrie, tandis que l'application d'un accord pour intégrer les forces kurdes à l'armée piétine.

L'annonce du cessez-le-feu est intervenue après une rencontre entre Ahmad al-Chareh et Mazloum Abdi à Damas, la première depuis juillet, en présence d'émissaires américains, a indiqué une source gouvernementale à l'AFP.

Le ministre syrien de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, a annoncé s'être réuni avec Mazloum Abdi et avoir convenu d'un "cessez-le-feu global sur l'ensemble des axes et points de déploiement militaires dans le nord et le nord-est de la Syrie".

Il a ajouté que la mise en oeuvre de l'accord commencerait immédiatement.

Des affrontements avaient éclaté lundi soir à Alep entre deux quartiers à majorité kurde et les zones tenues par les forces gouvernementales, auxquels un cessez-le-feu local a mis fin à l'aube.

Au moins un membre des forces de la Sécurité intérieure et un civil ont été tués dans des bombardements attribués par les médias d'Etat aux forces kurdes présentes dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et Achrafieh.

Ces deux quartiers sont contrôlés par des unités kurdes locales liées aux FDS et à leurs forces de sécurité, les Assayich.

- Fuite de civils -

"Nous avons eu peur et nous avons décidé ce matin de quitter notre maison à Cheikh Maqsoud", a affirmé à l'AFP Sinan Rajab Bacha, un habitant de 67 ans joint au téléphone.

"Nous avons vu un grand nombre de familles fuir Cheikh Maqsoud et Achrafieh", a-t-il ajouté, précisant que les entrées des deux quartiers étaient bloquées et seule la sortie autorisée aux habitants.

Les FDS ont nié toute attaque contre les forces gouvernementales, accusant au contraire des factions pro-Damas d'avoir imposé un siège aux quartiers kurdes et tenté d'y avancer "avec des chars".

Elles ont affirmé que des habitants avaient pris les armes "aux côtés" des forces kurdes pour se défendre.

Les FDS s'étaient retirées des deux quartiers en avril dernier dans le cadre d'un accord de désengagement conclu avec le gouvernement.

Des combats sporadiques ont opposé les forces kurdes et des forces gouvernementales ou des factions proturques qui leur sont affiliées dans d'autres régions du nord de la Syrie au cours des derniers mois.

En mars, Damas et les Kurdes avaient signé un accord d'intégration des institutions civiles et militaires de l'administration autonome kurde dans les institutions nationales.

Mais d'importantes divergences entre les deux parties ont retardé jusqu'ici la mise en oeuvre de cet accord.
 Mardi, M. Abdi a évoqué à Damas avec le président intérimaire "les mécanismes d'intégration des FDS au sein de l'armée syrienne", selon une source proche des participants.

Le Commandant militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, et l'émissaire américain Tom Barrack, assistaient à la réunion en tant que médiateurs, selon cette source.

Les puissantes FDS, qui contrôlent de vastes parties du nord-est syrien, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie et sont soutenues par les Etats-Unis qui encouragent également le nouveau pouvoir islamiste à Damas.

Les Kurdes réclament notamment un système de gouvernance décentralisé, ce que rejette le nouveau dirigeant islamiste, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024.

Deux provinces du nord-est de la Syrie, sous contrôle des Kurdes, avaient été exclues par le pouvoir central de la consultation qui s'est tenue dimanche pour désigner un Parlement transitoire. (AFP, 7 octobre 2025)

Les Kurdes au cœur des tensions en Syrie

Chris den Hond, orientxxi,  2 octobre 2025
Le 10 mars 2025, le président syrien Ahmed Al-Charaa et Mazloum Abdi, dirigeant militaire des Forces démocratiques syriennes, avaient signé un accord prévoyant des avancées concrètes sur le statut et la place des Kurdes. Six mois plus tard, sa mise en œuvre se fait toujours attendre. La Turquie et Israël tentent activement de bloquer ce processus : Ankara pousse pour un État syrien centralisé, Tel-Aviv préfère un morcellement du pays. Les États-Unis, eux, donnent l’impression de changer de cap au gré des événements. Les Kurdes et leurs alliés plaident pour une autonomie dans une Syrie unifiée, un équilibre complexe.

Le 12 juillet 2025, Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie et le Liban, a reproché aux FDS leur lenteur à s’intégrer à l’armée. Il a rappelé que la Syrie est « un seul pays, une seule nation avec une seule armée ». Les dirigeants kurdes ont immédiatement répondu : « Un retour à la situation antérieure à 2011 n’est pas négociable, c’est exclu. » Pas question d’un retour à la centralisation d’avant-guerre. Les FDS acceptent de rejoindre l’armée, mais comme force autonome en coordination avec Damas.

VOLTE-FACE ÉTATSUNIENNE

Changement de ton un mois plus tard : lors d’une réunion à Amman, le 12 août, Barrack plaide pour une Syrie décentralisée et affirme que les Unités de protection du peuple (YPG) ne sont pas liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mais alliés des États-Unis. Pour Patrice Franceschi, auteur de Avec les Kurdes (Gallimard, 2020), la raison est limpide : « Les États-Unis ne comprennent pas grand-chose de la situation en Syrie, c’est comme en Afghanistan. Leur politique varie comme une girouette. Le massacre des Druzes les a fait changer d’avis. »

« Quant à la Turquie, poursuit-il, elle veut liquider toute autonomie kurde en Syrie et transformer la nouvelle Syrie en un État centralisé à la turque. Si cela échoue, elle va reprendre son intervention militaire, peut-être à travers l’Armée nationale syrienne qu’elle équipe et entraîne. » Selon lui, les Kurdes le savent très bien et ils se préparent. « Depuis la chute de Bachar Al-Assad, Ankara est à la manœuvre. C’est le projet turc qui se met en place actuellement. Ahmed Al-Charaa ne peut rien faire sans l’accord de la Turquie. Il a tout au plus 20 000 combattants. »

Le journaliste Sylvain Mercadier renchérit :

"Les États-Unis ont changé de ton suite aux violences entre les Druzes d’un côté et les forces tribales soutenues par des milices du gouvernement de Damas de l’autre. Ces dernières sont responsables des massacres à Soueïda. Cela a certainement influencé la politique étatsunienne et démontre que Tom Barrack et Washington naviguent à vue dans leurs efforts de sortie de crise. C’est l’amateurisme et le court-termisme classique de la politique extérieure de Trump."

LES RETOMBÉES DU MASSACRE DES DRUZES

Un rapport d’Amnesty International Syrie1 confirme la responsabilité des forces gouvernementales et de leurs alliés dans l’exécution de dizaines de Druzes les 15 et 16 juillet 2025 :

"Le 15 juillet, les forces gouvernementales avaient annoncé être entrées dans la ville de Soueïda. (…) L’escalade de la violence n’a pris fin qu’avec le retrait des forces gouvernementales tard dans la nuit du 16 juillet, laissant derrière elles plusieurs dizaines de corps assassinés. Sur certaines vidéos authentifiées, on peut voir des hommes armés en uniforme, sans insigne, circuler à bord de camions portant clairement le logo du ministère de l’intérieur."

Les Druzes, communauté issue d’une branche du chiisme, sont en première ligne depuis ces massacres. Leur chef spirituel syrien, Hikmat Al-Hijri, a réclamé une séparation administrative d’avec Damas. Mais Walid Joumblatt, leader du Parti socialiste progressiste et de la communauté druze au Liban, nous a déclaré s’y opposer farouchement :

"Je suis contre la séparation des Druzes de l’État syrien, car cela signifierait la dislocation du pays. Le projet initial israélien, sioniste, c’est de disloquer toute la région, en partant de la Syrie. (…) Les Druzes vivent ensemble avec les Bédouins dans la même région depuis des siècles, on ne peut pas les séparer."

En mai 2025, Joumblatt s’était rendu à Damas pour dialoguer avec Al-Charaa et des responsables druzes :

"Il faut œuvrer à une réconciliation entre les Druzes et le gouvernement de Damas, ce qui a été le cas tout au long de l’histoire. (…) Je ne suis pas pour tout centraliser à Damas, mais pour que les habitants de Soueïda, Druzes et Bédouins, restent dans une Syrie unifiée avec une nouvelle formule de gouvernement, non centralisé comme avant, mais avec une gestion conjointe de la police, de l’armée et aussi de l’économie."

QUELLE AUTONOMIE ?

La participation de milices pro-régime aux massacres des Alaouites en janvier 2025 puis des Druzes en juillet 2025 a creusé la méfiance. Et les propos récents d’Al-Charaa n’ont rien arrangé. Le 12 septembre 2025, il déclarait que « les FDS ne représentent pas tous les Kurdes, que la région qu’elles contrôlent est à majorité arabe ». La réplique d’Aldar Khalil, un dirigeant des FDS, lancée sur une place de Qamishili le 17 septembre, a été cinglante :

"Qui représentes-tu ? Qui t’a amené à Damas ? La côte syrienne, le nord-est de la Syrie et Soueïda ne t’acceptent pas, et les Alaouites, les Druzes, les Yézidis, les Arméniens et les sunnites ne t’acceptent pas non plus. Aucune élection n’a eu lieu, qui représentes-tu ?"

Al-Charaa ne semble prêt qu’à concéder une autonomie communautaire limitée dans certaines zones kurdes comme Kobané ou Qamishli, assortie de quelques postes symboliques. Les Kurdes, eux, rejettent une logique ethnique ou confessionnelle à la libanaise et défendent une décentralisation régionale inspirée de l’Espagne, de la Suisse ou de la Belgique.

Shahrazad Al-Hussein Al-Jasem de Deir ez-Zor, membre de Zenobia, une association de femmes arabes basée à Raqqa, explique qu’elle ne fait pas partie des Arabes qui veulent se séparer des Kurdes.

Nous ne voulons pas le retour de Damas dans notre région, parce que le gouvernement de Damas est un gouvernement d’une seule couleur, ce n’est pas un gouvernement inclusif. Les gens de Deir ez-Zor soutiennent les FDS. Nous voulons rester avec eux. Nous voulons une gouvernance décentralisée.
Georgette Barsoum, représentante de l’Union des femmes syriaques, confirme :

"Après la bataille contre l’Organisation de l’État islamique nous avons créé nos propres organisations et nous avons obtenu des acquis, pas seulement pour les femmes, mais au niveau du fonctionnement démocratique de la société. Nous avons de fortes craintes que ce gouvernement autoproclamé de Damas veuille casser nos acquis. Ils ne veulent pas de notre projet d’autogouvernement."

Malgré tout, les discussions se poursuivent sur des sujets précis. À Damas, Îlham Ahmed, la ministre des affaires étrangères de l’Administration autonome dans le nord et l’est de la Syrie (AANES), a rencontré le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani. Ils ont abordé le contrôle des frontières, en envisageant une gestion conjointe ainsi que la réouverture de l’aéroport de Qamishli. Les diplômes des universités de Kobané, Qamishli et Raqqa sont aussi désormais reconnus par Damas, et la langue kurde est de facto acceptée.

Le retour des déplacés reste en suspens : environ 350 000 personnes, chassées lors des offensives turques à Afrin en 2018 puis à Tal Abyad et Ras al-Aïn en 2019, survivent toujours dans des camps. L’accord du 10 mars 2025 prévoit leur retour, mais les milices pro-turques refusent de quitter ces zones. « Le retour des déplacés d’Afrin est lié à un accord global sur l’armée. La Turquie veut d’abord un désarmement des FDS avant de donner l’ordre à ses proxys de quitter la zone (…) », explique Hozan Ahmed, secrétaire du bureau Rojava Europe. Le dossier énergétique, lui, paraît plus simple : les Kurdes contrôlent les champs pétroliers et gaziers du nord-est et de Deir ez-Zor, mais affirment que ces ressources appartiennent à tous les Syriens.

Depuis sa prison, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, observe avec impatience l’évolution sur le terrain. Le 27 février 2025, il avait annoncé la dissolution du parti, hors Rojava, mais attend toujours un geste d’Ankara. En septembre 2025, il a mis en garde :

Si on désarme les FDS maintenant, les Kurdes subiront le même sort que les Druzes et les Alaouites. Si Damas ou Ankara exigent le désarmement des FDS, on arrête tout le processus de paix en Turquie. (…) Ankara et Damas ont intérêt à accepter l’offre de paix des Kurdes, car notre but est le vivre ensemble, c’est la coexistence. Si cette offre échoue, ce seront les États-Unis et Israël qui vont modeler la région. Et leur but est la division entre les peuples.

Erdogan threatens Syrian Kurds if 'integration' with Damascus fails

President Recep Tayyip Erdogan stated on 1 October that Turkiye will not allow Syria's fragmentation if a deal to integrate the Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) into the Syrian military led by self-appointed President Ahmad al-Sharaa collapses.

“We have engaged all channels of diplomacy, both to preserve Syria's territorial integrity and prevent a terrorist structure from forming across our borders. We continue to use these channels with patience, sincerity, and common sense,” Erdogan explained while giving a speech to mark the Turkish parliament's re-opening.

“If diplomatic initiatives are left unanswered, Turkiye's policy and position are clear. Turkiye will not allow a deja vu to take place in Syria,” he added.

The US-backed SDF controls large swathes of oil-rich territory in north and east Syria, which it administers under the name of the Autonomous Administration of North and East Syria (AANES).

The US-backed SDF was established under US guidance in 2015. It is an offshoot of the Kurdistan Workers Party (PKK), which Ankara considers a terrorist organization.

Erdogan has threatened to take military action against the SDF if it does not integrate its forces into the Syrian state, based on an agreement reached with President Sharaa, the former Al-Qaeda leader, on 10 March.

Turkiye occupies large areas of land in northern Syria and has deployed forces against the SDF in the past. Erdogan claims Ankara needs a “buffer zone” to protect against PKK attacks.

Earlier this week, Syria's government asked factions within the military to prepare for operations against the SDF, the Syrian Observatory for Human Rights (SOHR) reported.

According to SOHR, Turkish-aligned factions in the Syrian army were asked to “prepare for operations” against the SDF in Deir Hafer and the Tishreen Dam area.

SOHR added that officials in Damascus have requested that a campaign against the SDF not take more than a week.

If launched, the operation would aim to pressure the Kurdish–dominated group into accepting the agreement signed with Damascus in the wake of the Syrian government's large-scale massacre of Alawite civilians on the country's coast.

The SDF leadership is worried the Kurds could be subjected to similar massacres if they give up their weapons and allow their fighters to integrate into the Syrian military as individuals rather than as units under Kurdish command.

Recent days have seen a significant buildup of both Syrian army forces and SDF troops on the front lines in eastern Aleppo.

On Monday, SOHR reported escalating clashes, as more than 10 artillery shells struck areas around the Tishreen Dam following exchanges between the SDF and Turkish-backed Syrian factions.

Earlier in the day, SOHR sources confirmed that orders were issued to Syrian government forces to deploy “show-of-force” units with heavy vehicles, tanks, and artillery to the Deir Hafer frontline in anticipation of possible SDF operations.

There are also reports that the SDF has stationed kamikaze drones, rocket launchers, and long-range artillery near the local sugar factory.

The Turkish army, which has operated against the SDF in the past, may be gearing up for a new campaign, Sharaa said earlier this month.

Turkiye "may act militarily if full integration is not achieved by December," Sharaa warned.

In late May, Erdogan warned the SDF to “quit stalling” and integrate with the Syrian army.

Turkiye is currently training Syria's new extremist-dominated military.

The National reported on 17 August that Damascus is assembling a force of 50,000 to capture Deir Ezzor and Raqqa from the SDF. (The Cradle, 1 octobre 2025)

Amedspor fined over Kurdish-language chest sponsor tagline

Amedspor, a football club based in the predominantly Kurdish city of Diyarbakır, has been fined by the Turkish Football Federation (TFF) for displaying a Kurdish-language message on its team jersey despite prior approval from the federation.

The club, which plays in Turkey’s second-tier 1. Lig, featured the logo of the Tezgel Kom company on its jersey, with the Kurdish tagline “Koma me bona we” (“Our group is for you”) displayed beneath it. The team wore this jersey in a Sep 14 match against Pendikspor, two days after the federation granted written approval.

However, following the team’s next match against Sakaryaspor on Sep 21, the federation's Professional Football Disciplinary Board (PFDK) imposed a fine of 110,000 (~2,640 US dollars) liras, citing a violation of equipment regulations.

Amedspor criticized the decision as discriminatory, announcing plans to challenge it in court. The decision "violated the principal of legality, which is fundamental to disciplinary law," the club said in a statement, noting that the federation had previously approved the jersey advertisement.

Despite the fine, the team wore the same jersey its latest match against Sakaryaspor yesterday. Amedspor shared the shirt on social media with a message featuring their sponsor's slogan: "'Our team is for you.' We are not just a club, we are millions of people."

The decision drew condemnation from the pro-Kurdish Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party, whose members criticized the federation and brought the issue into the parliamentary agenda.

Tuncer Bakırhan, co-chair of the party, said, “Such a policy of intolerance feeds a social climate where people face racist attacks for speaking Kurdish in public."

"This institutional mindset causes the most harm to efforts for peace," he said, referring to the ongoing initiative to resolve the Kurdish question, where DEM Party is considered an important actor.

Bakırhan called for the decision to be reversed and for a formal apology, adding, “This level of disrespect toward the native language of millions violates democratic principles and social peace.”

Tülay Hatimoğulları, the other co-leader, described the fine as “an attack not just on Amedspor, but on the native language of millions of Kurds.”

Meral Danış Beştaş, a DEM deputy, noted that the slogan is legally trademarked and registered with the Trade Ministry. "Is writing or shouting a slogan in Kurdish a crime? No, it’s the native language of 20 million people in this country," she wrote on social media. “TFF’s role is not to ban the use of native languages, but to strengthen the unifying spirit of sports. Language is identity, not a crime.”

DEM deputy Serhat Eren submitted a written inquiry today to Youth and Sports Minister Osman Aşkın Bak, demanding answers to 12 questions about the issue. These include the legal basis for penalizing a previously approved slogan, whether similar penalties have been imposed on other clubs, and whether the ministry plans to address concerns about discrimination based on language.

Eren pointed to the contradiction between the federation’s written approval and the subsequent penalty, asking whether the slogan’s trademark registration was disregarded. His inquiry also referenced a joint statement by 16 bar associations, which condemned the decision as targeting the native language of millions and called for safeguards against discriminatory practices. (BIA, 30 sept 2025)

La réalisatrice franco-kurde Kudret Günes condamnée au silence en Turquie

La lecture du jugement a traîné en longueur, une bonne vingtaine de minutes, une éternité d’angoisse, un gouffre sans fond dans lequel Kudret Günes s’est perdue au point qu’il lui faudra du temps, beaucoup de temps, pour retrouver les mots et l’envie de les prononcer.

Artiste franco-turque d’origine kurde, âgée de 69 ans, cette documentariste à la voix grave et douce, installée depuis quarante ans en France, est sortie du tribunal d’Ankara, ce mardi 8 juillet, comme percutée par un jugement auquel elle ne s’attendait pas.

Vingt mois de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme », assortis d’une mise en garde de la cour contre toute parole intempestive. Comprendre, selon son avocate, « cinq ans de silence ». Une peine qui porte directement atteinte à sa liberté d’expression et illustre, à sa manière, le contexte de plus en plus répressif du pouvoir turc à l’égard des voix discordantes. (Le Monde, 27 septembre 2025)


Contention entre Erdogan et Ocalan ou bien la turquisation du problème kurde?

Ragip Duran, TVXS.GR,  29 septembre 2025

Alors que le problème kurde reste encore, depuis 1925, le sujet politique le plus important de l’Etat et de la société en Turquie, alors que la Commission Parlementaire poursuit ses interminables réunions pour écouter les différents acteurs du conflit, alors que l’ensemble de la population en particulier les Kurdes désirent se renseigner sur les négociations secrètes entre Abdullah Ocalan et les représentants de l’Etat turc, un livre récemment publié par deux universitaires kurdes d’Iran (Rojhelat) propose une perspective critique sur les politiques du leader kurde Ocalan: “Le Paradoxe Kurde de l’Apatridie  (Statelessness en anglais)- Les Stratégies d’Ocalan sur le Confédéralisme et la Turquisation” (Faire partie de la Turquie, s’adapter à la Turquie) (Palgrave Macmillan, Suisse, 2025, version originale en anglais/ Traduction en turc publié chez DOZ, Istanbul, 2025).

Kamal Soleimani et Behrooz Shojai analysent les livres, les déclarations et les interviews d’Ocalan publiés avant et après son incarceration(1999). Les deux universitaires se concentrent essentiellement sur quatre sujets: L’Etat-Nation, Le Pacte National Turc (Misak-i Milli), la langue kurde en tant qu’acteur socio-politique et la fraternité kurdo-turque.

Il y a, selon les deux universitaires, un grand changement dans les politiques et les analyses d’Ocalan depuis son emprisonnement en 1999. Les auteurs, comparent les écrits et les déclarations du Président du PKK et croient qu’Ocalan se rapproche de plus en plus des thèses officielles de l’Etat turc. Ocalan n’est plus pour l’autodétermination ou la création d’un Etat indépendant kurde, mais il propose “une intégration démocratique de la population kurde au sein de l’Etat turc”.

Le Président du PKK, “reconnaît désormais la légalité et la légitimité de l’Etat turc et ne s’oppose plus contre la nature unitaire de la République Turque”, constatent Soleimani et Shojai. Ocalan, selon les deux auteurs ne défend plus “la langue maternelle kurde et sa reconnaissance officielle par Ankara” mais demande simplement “l’apprentissage du kurde, une langue locale, dans des établissements privés”.

Il peut y avoir au moins cinq probabilités, selon les auteurs du livre, qui peuvent expliquer ce changement politique de cap.

1- Le public d’Ocalan a changé, c’est-à-dire auparavant, il s’adressait aux Kurdes alors que désormais, il parle aux officiels turcs qui se rendent fréquemment à la prison de l’île d’Imrali (Marmara). 

2- Il attendait un très bon verdict pour sa requête devant la Cour Européenne de Droits de l’Homme (CEDH- Strasbourg) alors qu’il est deçu.

3- Ocalan, à la suite des pourparlers à Imrali avec essentiellement les responsables des services de renseignement a adopté les prises de position des officiels turcs.

4- Ou bien tous ces écrits, toutes ces déclarations ne sont pas produits par Ocalan, mais par quelqu’un d’autre.

5- Il se peut que la santé mentale et sprituelle d’Ocalan n’est pas très en forme.

Ce livre risque de provoquer un grand débat en particulier dans le monde kurde en Turquie.

Par ailleurs, bien que rédigé avant la dernière initiative du Président Bahceli (extrême-droite, allié d’Erdogan) ce livre avait en général prévu le cours des relations entre Ocalan et Ankara. Les médias turcs observent qu’il y a un très bon rapport entre Ocalan et Bahceli.

Le régime au nom de la “Turquie Sans Terrorisme” et Ocalan, au nom de la “Paix et Démocratie Sociale”, poursuivent un processus pas très transparent dont personne ne sait ni le cours ni les résultats attendus.

Minorités / Minorities

Le récit extra-ordinaire d’une famille dönme de Salonique: Retourner

Ragip Duran, TVXS.GR, 12 octobre 2025

F. Nihan Hassan, nom de plume d’une universitaire, a publié récemment un livre (Dönmek-Retourner/Salonique-Istanbul-Salonique, chez Mundi, Istanbul, 237 p.) dans lequel elle raconte les mésaventures centenaires (1912-2022) de ses ancêtres de Salonique. Il s’agit de trois générations d’une famille ‘’Dönme’’, communauté juive sépharade qui a suivi le kabbaliste Sabbataï Tsevi après sa conversion forcée à l'islam en 1666.

Le récit dévoile la vie tumultueuse des parents, des grands-parents, des oncles et des tantes, en tout 10 personnes, tout au long du 20e siècle. Donc un roman de famille, rédigé par la petite-fille qui a été choquée quand seulement à 40 ans, elle a appris ses origines familiales : ‘’Nous sommes des Juifs dönme de Salonique’’.

Cette communauté bannie voire condamnée et par les musulmans et par les Juifs avait beaucoup souffert quand ses membres ont dû quitter Salonique en 1912 et en 1924. De plus, elle n’était pas bien accueillie par l’Etat et la société turque.

Mme Hassan, a fait beaucoup de recherches dans les archives publiques grecques et turques, a revu les documents et lettres de sa famille et beaucoup de livres sur Salonique et sa communauté dönme. Elle a passé des jours entiers dans le cimetière dönme d’Istanbul, à Bulbulderesi pour décrypter les inscriptions (en ancien turc) sur les pierres tombales pour rédiger ce récit. Elle était accompagnée pendant plus de 4 ans de recherche et de rédaction des spécialistes d’histoire de Salonique et des dönme.

L’autrice a un style et un langage simple, fluide et saisissant. De plus, ses lignes, ses phrases sont très visuelles. Elle insiste sur les détails quand il s’agit de dresser des portraits de ses ancêtres, mais également quand elle parle des repas et des habits.

Des dix héros du récit, six sont des femmes. C’est pourquoi d’ailleurs, on peut facilement qualifier ce texte de ‘’roman de femmes’’.

Les membres de la grande famille avaient vécu à Salonique, à Bagdad et à Istanbul. Ces trois villes sont également bien décrites dans le récit.

Mme Hassan a su très bien fiancer les faits individuels avec les événements sociaux voire politiques. Ces grands-parents et ses parents ont été victimes de l’échange forcé de populations gréco-turques (1923-24) et de l’Impôt sur la Fortune (1942)  qui avait visé en particulier les non-musulmans de la population turque.

Le récit est très moderne, très actuel, car il parle de l’immigration, de l’état d’âme des minorités, de la préservation des croyances religieuses et aussi des rapports des citoyens avec leurs propres origines.

La répression directe ou indirecte contre les personnes et les communautés non reconnues par l’Etat, mais également par une grande partie de la société voit le jour dans ce récit.

Enfin, Mme Hassan, avec ce livre, rend hommage à sa famille, nous informe sur un passé méconnu par la majorité des lecteurs turcs, mais encourage également autres auteurs et autrices à révéler les histoires problématiques des grands-parents sujets de l’Empire Ottoman et plus tard citoyens de la République de Turquie.

Léon XIV se rendra en Turquie puis au Liban fin novembre pour son premier voyage

Le pape Léon XIV se rendra en Turquie puis au Liban du 27 novembre au 2 décembre pour son premier voyage à l'étranger depuis son élection en mai, a annoncé mardi le Vatican.

Il est attendu du 27 au 30 novembre à Iznik (nord-ouest de la Turquie) à l'occasion d'un évènement religieux, puis au Liban du 30 novembre au 2 décembre, a déclaré dans un communiqué le directeur du service de presse du Vatican.

Le programme détaillé de ce déplacement de six jours sera annoncé "en temps voulu", a précisé Matteo Bruni.

En septembre, des sources vaticanes avaient dit à l'AFP que ce voyage en deux étapes était en préparation, après l'invitation des autorités officielles tuques et libanaises.

En juillet, le pape avait lui-même confirmé son intention de se rendre en Turquie pour participer au 1.700e anniversaire du Concile de Nicée, un évènement majeur dans l'histoire de la chrétienté.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.

Nicée, actuellement la ville d'Iznik, située à une centaine de kilomètres au sud-est d'Istanbul, a accueilli en 325 le premier concile oecuménique de l'histoire du christianisme, convoqué par l'empereur Constantin Ier.

Cette assemblée d'environ 300 évêques de l'Empire romain a établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

- "Un moment historique" -

Très attendue au Liban, la visite de Léon XIV, aujourd'hui âgé de 70 ans, devrait être centrée sur la paix dans ce pays multiconfessionnel qui s'est engagé à désarmer les groupes non étatiques et notamment le mouvement chiite pro-iranien Hezbollah.

En août, le patriarche maronite Bechara Raï avait annoncé que le pape américain se rendrait au Liban "d'ici à décembre", sans donner plus de précisions.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, Israël maintient des troupes dans des positions frontalières jugées stratégiques dans le sud du Liban et procède régulièrement à des frappes, affirmant viser des combattants du Hezbollah et les infrastructures de ce mouvement.

Léon XIV devient ainsi le troisième pape à visiter le Liban après Jean-Paul II (1997) et Benoît XVI (2012).

Il devrait visiter le monastère de Mar Charbel (Saint Charbel) au nord de Beyrouth, a dit une source proche des organisateurs à l'AFP mardi.

Le président libanais Joseph Aoun a pour sa part salué la visite, "un moment historique qui réaffirme la place et le rôle de notre pays au coeur de l'Église et dans la conscience du monde, en tant qu'espace de liberté, terre de coexistence et message d'humanité".

"La visite papale est un appel à la paix, à l'enracinement de la présence chrétienne en Orient et à la préservation du modèle libanais, dont le monde et la région ont besoin", a ajouté M. Aoun, selon un communiqué de la présidence libanaise.

Le dernier voyage d'un pape en Turquie remonte à 2014 avec le déplacement de François à Ankara et Istanbul, où il avait rencontré le président Recep Tayyip Erdogan, une visite déjà centrée sur le dialogue oecuménique et la question migratoire.

Avant le pape argentin, la Turquie avait déjà accueilli les visites de Benoît XVI (2006), Jean-Paul II (1979) et Paul VI (1967). (AFP, 7 octobre 2025)

Politique intérieure/Interior Politics

La justice offre un répit à l'opposition

Soulagement pour l'opposition turque: un tribunal d'Ankara a abandonné vendredi des poursuites visant la direction du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui croule depuis un an sous les enquêtes et les arrestations.

Les juges ont déclaré non recevable une plainte sur des allégations d'achats de voix lors d'un congrès en 2023 du principal parti de l'opposition turque.

Les poursuites menaçaient d'invalider l'élection de l'actuelle direction du CHP, sorti largement victorieux d'élections locales l'an passé, et de déboucher sur la nomination à la tête du parti d'un administrateur désigné par l'Etat.

Le tribunal a notamment estimé qu'un des plaignants, un ancien élu du CHP qui avait déjà été exclu du parti lors du dépôt de la plainte, n'avait "pas la capacité d'intenter une action en justice".

La décision a été accueillie par des applaudissements dans la salle d'audience, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Ceux qui soutiennent l'autocratie et les autocrates ont perdu, et ceux qui soutiennent la démocratie ont gagné", a jugé vendredi le patron du CHP, Özgür Özel, promettant que "la démocratie l'emportera(it) face à l'autocratie aux prochaines élections".

L'avocat du CHP, Caglar Caglayan, s'est lui félicité d'une décision "résultant de l'État de droit". "Puisse-t-elle être bénéfique pour tous", a-t-il déclaré à la presse à l'issue de l'audience, tandis que la défense du plaignant  annonçait sa volonté de faire appel.

Les marchés, sensibles aux soubresauts politiques en Turquie, ont aussi réagi favorablement: le BIST100, indice vedette de la Bourse d'Istanbul, progressait fortement (+4%) peu avant 14H30 (11H30 GMT).

"Le gouvernement nomme des administrateurs au lieu de s'occuper des problèmes de la population. Mais ses ambitions ont été contrecarrées aujourd'hui", s'est réjouie auprès de l'AFP Ummu Gulsun Seyfi, retraitée de 75 ans et membre du CHP depuis 1977, présente dans la salle d'audience vendredi matin.

 - Offensive judiciaire -

 Le CHP nie depuis le départ ces allégations d'achats de voix, et accuse le gouvernement d'utiliser le pouvoir judiciaire pour mener à bien un "coup d'État politique".

Pour tenter de consolider sa direction, le CHP avait organisé un congrès extraordinaire le 21 septembre, au cours duquel son patron Özgür Özel avait été réélu.

Le CHP, fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, est la cible depuis un an d'une vaste offensive judiciaire.

Sa figure la plus populaire, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, est incarcéré depuis mars pour corruption, une accusation qu'il rejette. Vendredi, une nouvelle enquête, cette fois pour espionnage, a été ouverte contre lui.

L'arrestation de M. Imamoglu, vu comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait provoqué de nombreuses réactions internationales et suscité une contestation inédite en Turquie depuis 2013.

Accusé de dérive autoritaire, M. Erdogan, Premier ministre entre 2003 et 2014, et président depuis lors, avait juré lors de cette mobilisation de ne pas céder à la "terreur de la rue".

Plus d'une dizaine d'autres maires CHP d'arrondissements d'Istanbul et de villes turques ont également été arrêtés et incarcérés depuis un an, la plupart pour corruption ou terrorisme. (AFP, 25 oct 2025)

Le maire emprisonné d'Istanbul visé par une nouvelle enquête

Une enquête pour espionnage a été ouverte contre le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, incarcéré depuis mars pour des accusations de corruption qu'il rejette, a rapporté vendredi l'agence de presse étatique Anadolu.

Son directeur de campagne lors des élections municipales de 2019 et 2024, Necati Özkan, et le rédacteur en chef de la chaîne d'opposition Tele1, Merdan Yanardag, sont également visés par l'enquête du parquet général d'Istanbul.

Cette nouvelle enquête visant Ekrem Imamoglu, considéré comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, intervient alors qu'un tribunal d'Istanbul l'a relaxé vendredi dans une affaire portant sur des accusations de trucage d'un appel d'offres réalisé lorsqu'il était maire de Beylikdüzü, un district d'Istanbul, en 2015.

Cette relaxe n'éclaircit pas pour autant son horizon judiciaire.

M. Imamoglu fait l'objet de nombreuses poursuites qui l'empêchent en l'état de pouvoir candidater à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2028, pour laquelle son parti, le CHP (social-démocrate), principale force d'opposition, l'a investi.

L'enquête pour espionnage le visant fait suite à l'arrestation début juillet d'un homme d'affaires turc accusé d'avoir joué un rôle dans son élection en 2019 à la mairie d'Istanbul.

Selon le bureau du procureur d'Istanbul, cet homme d'affaires et le directeur de campagne de M. Imamoglu auraient notamment partagé des données électorales confidentielles avec des services de renseignement étrangers.

Les partisans du CHP, sorti large vainqueur d'élections locales l'an passé aux dépens de la coalition au pouvoir, accusent le gouvernement de chercher à affaiblir l'opposition avec l'aide de la justice. (AFP, 24 oct 2025)

Lourdes peines requises contre des maires d'opposition

Le parquet d'Istanbul a requis lundi de lourdes peines d'emprisonnement contre sept maires d'opposition turcs soupçonnés d'appartenance à une organisation criminelle, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Les sept élus, arrêtés entre janvier et juillet, sont tous membres du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), la principale force de l'opposition turque, visée depuis un an par une série d'enquêtes et d'arrestations.

Un total de 415 années de prison est requis contre Riza Akpolat, le maire de l'arrondissement stambouliote de Besiktas, accusé notamment d'"appartenance à une organisation criminelle", de "trucage d'appels d'offres" et d'"enrichissement illicite", selon l'acte d'accusation cité par Anadolu.

Les six autres maires, poursuivis pour "trucages d'appels d'offres" et "acceptation de pots-de-vin", encourent jusqu'à 18 ans de prison.

Plus de 700 ans de prison sont en outre requis contre Aziz Ihsan Aktas, l'homme d'affaires accusé d'avoir dirigé cette présumée organisation criminelle.

La date de l'ouverture de leur procès n'a pas encore été rendue publique.

En mars, le populaire maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu avait lui aussi été arrêté et incarcéré pour "corruption", une accusation qu'il rejette. L'arrestation de M. Imamoglu, considéré comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait déclenché un mouvement de contestation inédit depuis 2013 en Turquie.

Les partisans du CHP, sorti large vainqueur d'élections locales l'an passé aux dépens de la coalition au pouvoir, accusent le pouvoir turc de tenter d'affaiblir l'opposition avec l'aide de la justice. (AFP, 20 oct 2025)

La dynastie Erdogan a la recherche du prince héritier

Ragip Duran, TVXS.GR, 13 octobre 2025

Le visage du Président Erdogan qu’on voit souvent sur les écrans, sa voix, sa façon de parler de plus sa marche inquiète pas seulement les médecins, mais également l’ensemble des citoyens. Âgé de 71 ans le Président a désormais un regard lunatique. Il a apparemment des problèmes de compréhension même quand il s’agit des questions déjà préparées des journalistes du Palais.

Il avait déjà en 2017 parlé lui-même de “la fatigue du métal” pour expliquer les faiblesses de son parti.

La santé physique et morale d’Erdogan ne sont pas les seuls désavantages du Président. Il continue à perdre des points dans les sondages d’opinion, l’économie turque va de pire en pire, la diplomatie turque se promène encore dans les impasses et il y a désormais même des anciens députés et responsables du Parti au pouvoir qui sont arrêtés, accusés “d’insulte au Président” pour de simples messages critiques envers le régime sur les médias sociaux.
Il faut donc trouver le remplaçant ou bien le successeur d’Erdogan. Il y a selon les médias trois candidats:

- M. Bilal Erdogan, fils du Président
- M. Selcuk Bayraktar, le gendre du Président
- M. Hakan Fidan, actuel ministre des affaires étrangères

Bilal Erdogan est le candidat le plus faible parmi les trois prétendants. Né en 1981, bachelier du Lycée Coranique (Imam Hatip), a obtenu sa licence à l’Université de Bloomington (Indiana, Etats-Unis) a un master de l’Université Harvard. Malgré ce CV académique, Bilal est connu comme un “type pas du tout intelligent”. Il y a même une expression idiomatique en turc populaire qui dit “Explique moi ceci comme si tu parles à Bilal” pour dire les choses de la façon le plus simple possible. Homme d’affaires très actif dans les secteurs de transport maritime et de l’industrie alimentaire, il est un des dirigeants d’une grande fondation islamique, TUGVA, la Fondation de la Jeunesse de Turquie, exonérée d’impôt grâce à un décret du Président, le père de Bilal. Le fils était en 2017 à Bologne en Italie, en tant que doctorant, mais sa carrière universitaire a été interrompue, car le Parquet de la ville a ouvert une investigation contre le jeune Erdogan accusé de “blanchiment d’argent”.

Le second candidat, le gendre M. Selcuk Bayraktar, né en 1979, marié en 2016 avec une des filles du Président est d’origine de la Mer Noire. Il a fait des études à Robert College et à l’Université Technique d’Istanbul et a obtenu son master de l’UPenn (États-Unis) pour devenir ingénieur. Père de deux enfants Bayraktar est le PDG de la grande compagnie Baykar qui produit les drones et autres armes. Il n’est pas considéré par l’opinion publique turque comme un politicien ou homme d’Etat.

Enfin le troisième candidat, M. Hakan Fidan, ancien chef des services de renseignement (MIT) actuel ministre des affaires étrangères est né en 1968 d’un père kurde et d’une mère turque. Toujours très proche du Président Erdogan, il a, en très peu de temps monté rapidement les escaliers de la bureaucratie. Sous-officier de formation, il a fait des études universitaires aux États -Unis et en Allemagne puis à Ankara. Spécialiste de la communication et des renseignements, il a un large réseau politico-professionnel en Turquie et dans le monde occidental. Très discret pendant longtemps, il est considéré par plusieurs médias du monde occidental comme le no 2 du régime et le successeur naturel du Président Erdogan. Sa position oblige nationaliste et Étatiste Fidan dirige la diplomatie turque comme s’il était toujours à la tête des services de renseignement. Ses partisans le présentent sur la Toile comme un héros accompagné de la musique de fond d’une série télévisée sur la Maffia.

Les chroniqueurs et observateurs turcs et étrangers parlent d’une “lutte acharnée entre les trois candidats”. De son côté, le Monarque, comme son nom l’indique, n’aime pas du tout les potentiels numéros deux.

“Le risque, c’est que quand le bateau coule, l’ensemble des voyageurs, la totalité des membres de l’équipage y compris le nouveau capitaine coulent aussi” conclut un professeur de Sciences Politiques en exil en Allemagne.

Les désarrois du Président Erdogan : Trump, Kurdes, Syrie, les Mécontents…
 

Ragip Duran, TVXS.GR, 5 octobre 2025
 
Humilié devant les caméras dans le Bureau Ovale par Donald Trump, le Président Erdogan a été très bien accueilli le lendemain par les députés kurdes de la Grande Assemblée Nationale de Turquie à Ankara.
 
“Il n’y a personne qui connaît mieux que lui (Erdogan) les fraudes électorales” avait lancé le Président Trump. Son homologue turc, ne parle aucune langue étrangère, mais bien qu’assisté d’un interprète, il a gardé le silence et n’a pas pu répondre. Trump a également diplomatiquement critiqué le Président turc: “ J’avais demandé la libération du Pasteur Brunson il l’avait tout de suite libéré”. Il s’agit du religieux américain, arrêté en Turquie, accusé de “terrorisme et d’espionnage” en 2016 lors du Coup d’Etat raté de l’Imam Fetullah Gulen.
 
L’opposition turque a violemment protesté: “Ce n’est pas Erdogan, mais c’est la nation et l’honneur de la Turquie, qui ont été attaquées” estime-t-elle.
 
Le 1er octobre dernier, lors de la séance inaugurale du Parlement turc, Erdogan est allé jusqu’aux rangs des députés du DEM (Parti de l’Egalité et de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, troisième parti du Parlement, 56 sièges sur 592) et s’est entretenu à bâtons rompus avec les dirigeants et députés kurdes. Ces derniers, visages souriants, ont royalement accueillis Erdogan.
 
DEM, qui garde encore l’espoir sur le projet de la “Turquie Sans Terrorisme” ou bien de la “Turquie de Paix et de la Démocratie Sociale” croit que le problème essentiel est la libération d’Abdullah Ocalan, “Grand Leader du peuple kurde” et “Négociateur en chef”, bien qu’en prison depuis 1999.
 
Les médias d’opposition critiquent sévèrement “la défaite à Washington du monarque”. “Il a promis à Trump d’acheter plus de 200 avions commerciaux Boeing, du gaz naturel américain et de supprimer les barrières douanières qui visent les produits importés des Etats Unis”. En contre partie? “Nous leur accorderons une légitimité” a répondu Tom Barrack, ambassadeur à Ankara des Etats Unis et envoyé spécial de Trump en Syrie.
 
Les relations entre la Turquie, les Etats-Unis, la Syrie et les Kurdes sont devenus encore plus compliquées quand Devlet Bahceli, Président du MHP (Extrême-droite, allié d’Erdogan, 47 sièges) a déclaré, juste avant le départ d’Erdogan à New York pour participer à l’Assemblée Générale de L’ONU, qu’Ankara “peut faire alliance avec la Russie et la Chine”. Il croit que “cette alliance n’affaiblira pas les relations d’Ankara avec l'Union européenne et l’OTAN”.
 
Ankara d’Erdogan et Damas d’Ahmed Al-Charaa désirent voir les Kurdes de Syrie, qui contrôlent environ 1/3 du territoire du pays et possèdent une armée de 100 milles soldats, intégrés complètement dans le système de l’Etat central de Syrie. Alors que les Kurdes du pays, soutenus par Washington, Paris, Londres et Tel-Aviv veulent une autonomie voire une structure fédérale.
 
Erdogan, entrain toujours perdre des points dans les sondages d’opinion, incapable de gérer les crises économiques, sociales et morales est en même temps incompétent d’inventer et d’appliquer une bonne politique étrangère. Mais il est toujours maître dans le domaine d’arrêter les opposants, de nommer des administrateurs au lieu des maires élus et de présenter les défaites comme des victoires.
 
“Pas facile d’être l’Homme Unique du pays. Mais il est encore plus difficile d’être le citoyen simple du pays, car pauvre, en chômage et sans espoir” croit un journaliste chevronné en exilé à Bruxelles.


Forces armées/Armed Forces

Syrie, Irak, Liban: la Turquie prolonge sa présence militaire

Le parlement turc a reconduit mardi la participation de l'armée turque pour deux ans à la Force de l'Onu au Liban et son déploiement chez ses voisins d'Irak et de Syrie pour trois ans, ont rapporté les médias turcs.

La Grande assemblée était saisie d'une motion signée par Recep Tayyip Erdogan, dans laquelle le chef de l'Etat souhaitait reconduire la présence turque au sein de la Force intérimaire des Nations unies dans le sud du Liban (Finul), à laquelle elle participe depuis 2006.

"Compte tenu de nos relations bilatérales avec le Liban et des conditions de sécurité dans la région", des éléments de l'armée turque, dont le nombre sera déterminé par le président, "participeront à la Finul pour deux années supplémentaires à compter du 31 octobre 2025", indique ce texte.

Le parlement a également approuvé la motion du chef de l'Etat portant sur l'extension pour trois ans du déploiement des forces turques dans le nord de l'Irak, ainsi qu'en Syrie, principalement pour contrer les mouvements kurdes.

Selon la chaine de télévision privée NTV et le site T24, cette proposition a été rejetée par les deux principaux partis d'opposition, le CHP social-démocrate et le parti pro-kurde DEM.

L'armée turque mène depuis 2015 des opérations de protection de sa frontière avec la Syrie et maintient une présence militaire visible dans le nord-est du pays pour parer la menace des groupes armées kurdes.

Selon le porte-parole du parti AKP au pouvoir, elle dispose de 16.000 à 18.000 soldats sur place.

Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024 et l'avènement d'un gouvernement de transition, qu'elle soutient, Ankara appuie le processus d'intégration des forces kurdes à l'armée syrienne et a laissé entendre qu'elle pourra, si ce processus aboutit, reconsidérer sa présence militaire.

C'est également pour contrer les combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) que la Turquie maintient depuis 25 ans des dizaines de bases dans le Kurdistan autonome d'Irak, d'où elle lance des opérations terrestres et aériennes contre les guérilleros du PKK installés dans les montagnes du nord de l'Irak.

Le PKK est cependant engagé depuis près d'un an dans un processus de désarmement et de paix avec les autorités turques, à l'initiative de celles-ci.

En dépit de l'annonce de la dissolution du parti en mai 2025, les forces turques ont été accusées de poursuivre leurs opérations chez leurs voisins.

Au Liban, l'armée turque comptait 97 personnels au sein de la Finul, selon le dernier décompte disponible, sur des effectifs internationaux de 13.000 personnes, dont 9.800 soldats issus principalement d'Indonésie, d'Italie et d'Inde, les trois principaux pays contributeurs.

Cette force internationale a été régulièrement prise sous les feux croisés d'Israël et du Hezbollah libanais, depuis que ce mouvement pro-iranien a ouvert un front contre Israël en octobre 2023. (AFP, 21 oct 2025)

La Turquie prolonge de deux ans sa participation à la Finul

Le Parlement turc a prolongé mardi de deux ans la participation de l'armée turque à la Force intérimaire des Nations unies dans le sud du Liban (Finul), ont annoncé en direct les médias turcs.

Des Turcs font partie de cette force depuis 2006.

Le Parlement était saisi d'une motion signée par Recep Tayyip Erdogan, dans laquelle le chef de l'Etat souhaitait prolonger la présence militaire turque dans ce cadre au Liban.

"Compte tenu de nos relations bilatérales avec le Liban et des conditions de sécurité dans la région", des éléments de l'armée turque, dont le nombre sera déterminé par le président, "participeront à la Finul pour deux années supplémentaires à compter du 31 octobre 2025", peut-on lire dans la motion.

L'autorisation avait été reconduite l'an dernier pour un an, avec le déploiement de 97 membres des forces turques.

D'après le site internet des Nations unies, la Finul comptait, en juillet 2025, des effectifs internationaux de 13.000 personnes, dont 9.800 soldats issus principalement d'Indonésie, d'Italie et d'Inde, les trois principaux pays contributeurs.

Cette force internationale a été régulièrement prise sous les feux croisés d'Israël et du Hezbollah libanais, depuis que ce mouvement pro-iranien a ouvert un front contre Israël en octobre 2023.

Gazap, l'énorme bombe thermobarique dont la puissance défie l'arme nucléaire

C’est un grand coup que vient de frapper la Turquie lors du 17e Salon international de l'industrie de la défense (IDEF, International Defence Industry Fair) 2025 à Istanbul. Le pays de Recep Tayyip Erdogan, qui s'est déjà illustré ces dernières années grâce à ses drones, a en effet révélé la plus grosse bombe non nucléaire du monde. Avec ses 970 kilos et sa technologie novatrice, cette arme appelée Gazap — colère en turc — rivalise presque avec ses équivalentes atomiques.

Incendie intense et fusion de l'acier

Conçue par le centre de recherche et développement du ministère turc de la Défense nationale, elle a d'ores et déjà passé toutes les phases de test et de certification. Selon le site Interesting Engineering, qui relaie les médias turcs, elle pourrait donc d'ores et déjà être déployée et utilisée sur un théâtre d'opération. Et donc potentiellement vendue à un État ou à un autre dans ce but.

Ce qui rend cette arme si puissante tient d’abord au fait qu’elle appartient à la catégorie des armes thermobariques, aussi appelées armes à explosion carburant-air. Ces dernières embarquent généralement une réserve de carburant qui une fois libéré dans l'air par un premier dispositif forme un nuage hautement explosif dont la détonation est provoquée par un second dispositif. Et les conséquences sont ravageuses. Gazap peut en effet provoquer une chaleur extrême de près de 3000°C capable de faire fondre l’acier et de détruire le béton. Quant aux humains, cela peut les brûler jusqu'aux os.

Une arme à fragmentation dévastatrice

Autre spécificité destructrice, la bombe Gazap est une arme à fragmentation capable de libérer 10 000 éclats sur une zone d'un kilomètre de rayon. En moyenne 10,6 fragments touchent chaque mètre carré, soit plus de trois plus que les 3 éclats par mètre carré des bombes à fragmentation traditionnelle. La version actuelle de cette munition peut être larguée depuis des chasseurs F-16 ou F-4 Phantom mais les autorités turques prévoient une version compatible avec des drones.

Une bombe peut en cacher une autre

À l'occasion de ce salon, la Turquie a également présenté une autre bombe, moins tape-à-l’œil mais aussi importante pour les conflits futurs. Nommée Hayalet, fantôme en turc, ou NEB-2, elle pèse elle aussi autour de 970 kilos. Mais elle a une autre spécialité : détruire les bunkers les plus profonds ou les bâtiments les plus renforcés. Et d'après Istanbul, elle est la plus efficace du monde pour cette mission.

"Normalement, dans les centrales nucléaires, les missiles américains pénètrent 2,4 mètres (7,8 pieds) de béton C35 (béton standard). NEB-2 pénètre 7 mètres de béton C50, trois fois plus résistant que celui utilisé dans les centrales nucléaires", a expliqué un responsable turc à nos confrères locaux. Or, quand on sait que Vladimir Poutine pourrait avoir une stratégie pour s’en prendre aux centrales nucléaires de l’OTAN, il y a de quoi s'inquiéter franchement. (GEO France, 15 octobre 2025)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Zuhal Demir demande à Maxime Prévot d’enquêter sur l’arrivée de certains imams turcs

La ministre flamande de l’Emploi, Zuhal Demir (N-VA), accuse la Turquie de profiter du système des passeports verts pour envoyer en Belgique des imams favorables au régime du président Recep Tayyip Erdogan et ainsi influencer les troisième et quatrième générations de Flamands d’origine turque. L’élue N-VA a demandé au ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés), de mener une enquête à ce sujet, a-t-elle indiqué dimanche dans un communiqué.

Ce passeport vert exempte les citoyens turcs de la nécessité d’obtenir un visa, normalement obligatoire pour entrer en Europe, et leur permet de résider sur le sol belge jusqu’à 90 jours. Il permet également de ne pas devoir solliciter un permis de travail en Flandre, pourtant requis depuis 2019 pour les représentants des communautés religieuses reconnues.

“Ces règles ont encore été durcies depuis lors, afin d’éviter que des puissances étrangères n’influencent les communautés locales”, a souligné Mme Demir. “En 2024, 18 demandes de permis de travail ont été introduites, dont 17 ont été rejetées pour ces raisons.”

Des imams en mission

Cependant, selon la ministre, la Turquie contourne les règles et envoie des imams missionnés par la Diyanet, l’administration turque responsable de la gestion du culte islamique, “qui dépend directement des compétences du président Erdogan”.

La Diyanet compte plus de 60 mosquées en Belgique, dont 43 en Flandre.

Le système des passeports verts pose également question chez nos voisins allemands, français et néerlandais, a poursuivi la ministre flamande. “En Allemagne, 19 imams ont fait l’objet d’une enquête pour espionnage, ce qui a créé des tensions diplomatiques entre Berlin et Ankara. La France a entamé des réformes sous la présidence d’Emmanuel Macron afin de limiter l’influence des imams de la Diyanet”, a-t-elle avancé.

Autant de signaux qui doivent mener à l’ouverture d’une enquête, a estimé Zuhal Demir, appelant le ministre des Affaires étrangères à prendre des mesures. (Belga, 19 octobre 2025)

Pourquoi la féministe musulmane Berrin Sönmez tombe le voile

Berrin Sönmez a passé une grande partie de sa vie à défendre les droits et les libertés des femmes, dont celle de ne pas porter le foulard islamique dans ce pays laïc qu'est la Turquie depuis 1923. Mais aussi celle de le porter.

Aujourd'hui retraitée, l'historienne et journaliste a commencé sa carrière comme enseignante chercheuse dans le secteur public. Musulmane pratiquante, elle s'est vu interdire le port du foulard islamique au travail dans les années 1980/90. La discrimination du gouvernement de l'époque à l'égard de l'islam la poussera même à quitter le service public.

Petite fille, élevée dans une famille pratiquante, elle voit bien que les femmes ne sont pas traitées comme les hommes. Éprise de justice, elle s'empare de la cause féministe pour lutter contre ces inégalités qui la heurtent tant.

Le port du foulard est une décision dont elle n'a jamais beaucoup parlé, car "c'est une question très personnelle", dit celle qui se dit fière d'avoir réussi à concilier les piliers de son identité "islamique et féministe".

En 2002, pour la première fois dans l'histoire de la Turquie moderne, un parti à orientation religieuse remporte suffisamment de voix pour former un gouvernement. C'est le Parti de la justice et du développement, l'AKP, toujours au pouvoir aujourd'hui.

À l'époque, Berrin Sönmez vote pour Recep Tayip Erdogan: "Au départ, lui et son parti incarnaient un espoir pour les droits. Ils ont joué le jeu de la démocratie, ils sont allés à Bruxelles, ils ont fait passer des lois contre les violences faites aux femmes, ils ont accepté de signer la convention d’Istanbul…" déclare-t-elle au correspondant du journal Le Monde.

En 2021, l'AKP lève l’interdiction du voile à l'université, puis au collège, dans la fonction publique, au Parlement et même dans la police.

Des mesures reçues en Turquie comme une libération des droits des femmes et sur lesquelles elles ne veulent pas revenir, explique alors Berrin Sönmez. "Ceux qui considèrent le foulard comme un symbole religieux contraire au principe de laïcité devraient comprendre qu'il s'agit d'une discrimination: interdit ou obligatoire, le foulard est une même violation des droits des femmes si la règle est imposée par l'Etat", estime-t-elle.

L'année suivante, le président Erdogan propose même d'inscrire le port du voile dans la Constitution, en vain.

À la différence des années 1990, aucun mouvement politique ne propose aujourd'hui l'interdiction du port du voile en Turquie. Le candidat d'opposition Kemal Kiliçdaroglu lui-même, président du CHP laïc, le parti fondé par Mustafa Kemal, propose d'inscrire ce droit dans la loi.

"Il y a eu une avancée considérable à ce sujet. Les femmes religieuses et les femmes laïques travaillent désormais ensemble au sein des organisations féministes", se félicite Berrin Sönmez.

Au fil des années, Berrin Sönmez constate que le gouvernement de l'AKP ne souffre pas la critique, que les droits et libertés se restreignent, à commencer par ceux des femmes. La tentative de coup d'État raté de 2015 et la répression qui s’en est suivie n’ont fait qu’accélérer le durcissement.

Un retour en arrière confirmé par la décision de la Turquie de se retirer de la Convention d'Istanbul, ce traité international qui engage les signataires à prendre des mesures contre les violences faites aux femmes, sous prétexte qu'il met "en danger la structure familiale".

Membre de la Coalition des femmes pour l'égalité, Berrin Sönmez fustige ce choix, qui génère un sentiment d'impunité chez les agresseurs masculins.

Alors que la Convention demandait une véritable enquête à chaque décès suspect, les commissariats se font rapidement plus réticents à recevoir les plaignantes, qui peuvent aussi peiner à avoir accès aux tribunaux, dénonce-t-elle alors, soulignant aussi l'augmentation du nombre de ces décès, dont les dossiers sont classés sans enquête complémentaire.

"Le gouvernement tente de revenir sur les acquis des femmes un à un. Nous luttions pour de nouveaux droits il y a vingt ans, mais nous luttons aujourd'hui pour les conserver, y compris le droit des femmes divorcées à recevoir une pension", s'inquiète-t-elle...  Notre droit d'exister en tant que citoyennes égales et individus libres est constamment menacé".

En juin 2025, Berrin Sonmez regrette qu'Erdogan pointe la responsabilité des femmes et des "pervers" LGBT+, sa cible récurrente, jugés seuls coupables du déclin de la population, sans prendre en compte ses erreurs politiques, dit-elle. "Les gens hésitent à faire des enfants dans un environnement chaotique et incertain, sans politique sociale, où le soutien à l'enfance est inexistant et l'éducation est un des secteurs les plus onéreux".

Sur le chapitre du voile, la pression exercée sur les femmes dans les administrations, mais aussi dans le secteur privé, n’a cessé de se renforcer.

Des salariées ont rapporté à Berrin Sönmez qu’elles avaient été licenciées parce qu’elles ne portaient pas le voile. "Une directrice adjointe d’une société publique a expliqué qu’un de ses collègues lui avait fait comprendre qu’elle resterait adjointe parce qu’elle n’était pas couverte."

À 64 ans, Berrin Sönmez a pris cet été une autre décision, un acte de "résistance personnel" face aux dérives du régime, en dévoilant sa chevelure blanche avec ces mots : "Je jette mon voile aux pieds du gouvernement et des instances religieuses".

Son geste fait suite à un sermon prononcé le 1er août lors de la prière du vendredi, diffusée dans les 90 000 mosquées affiliées au Diyanet, l’organisme chargé d’encadrer le culte en Turquie. Le Dinayet est surtout considéré comme le bras armé du pouvoir islamo-conservateur, déterminé à façonner une "génération religieuse".

Ce prêche, consacré à la "pudeur" et la "décence", clame que les femmes doivent être couvertes des pieds à la tête, qu'elles ne peuvent pas porter de vêtements qui soulignent la silhouette au risque de violer des commandements de Dieu et de se rendre complice de "décadence de la morale et des bonnes mœurs".

Dans un texte publié sur Medyascope, Berrin Sönmez se dit consternée par ce discours: "... la décence et les bonnes manières ne sont pas limitées aux vêtements ni au corps des femmes. L’interprétation du Diyanet est phallocentrée, patriarcale et dogmatique."

"Se présenter en public ou dans des lieux officiels dans des vêtements inappropriés constitue une provocation", ajoute le prêche. Ces mots renvoient Berrin Sönmez à la discrimination qu'elle a elle-même subie dans les années 1980 et 1990 dans l'espace public.

Pour elle, la ligne rouge est franchie. "En l’enlevant, je leur dis de ne pas aller plus loin: une femme de 64 ans, aux cheveux blancs, a jeté son foulard, réfléchissez-y, comprenez la signification de tout cela et revenez en arrière".

Les critiques et insultes ont fusé, mais à la fin du texte publié sur Medyascope, Berrin Sönmez assure n’attendre ni respect ni approbation: "Je fais simplement mes adieux à mon voile parce que je ne veux pas manquer le moment opportun pour réagir. Une personne seule n’a peut-être pas d’importance, mais en tant qu’individu, ma position est claire. Je rejette la voie empruntée par le Diyanet et le pouvoir, la voie de l’oppression. Si vous êtes des oppresseurs, je ne suis pas des vôtres."

Entre-temps, le Diyanet continue sa campagne pour la "pudeur" et la "décence", condamant le comportement des hommes et des femmes qui se "baignent dans la même mer" et "se retrouvent sur les mêmes plages"...  (TVMonde, 3 oct 2025)

Socio-économique / Socio-economic

Invisible in data, embedded in workforce: Refugee child workers in Turkey


In his latest book, "the Invisible Members of the Class: Refugee Child Workers" (Sınıfın Görünmeyenleri: Mülteci Çocuk İşçiler), writer Özgür Hüseyin Akış examines the detrimental impact of war, poverty, and forced migration on child labor through a class-based perspective. He highlights that the growing presence of refugee child laborers in Turkey is a direct outcome of deepening labor inequalities.

Based on years of field research, the book explores child labor in industrial zones, plastic recycling facilities, and agricultural areas in cities like İstanbul, Ankara, and Antep. These children are not only workers but also refugees, the poor, and the most vulnerable members of a class pushed to the margins of society, Akış argues.

He emphasizes the need to first address the root causes of refugee child labor, pointing to the mass displacement that followed the war in Syria. Official statistics indicate that 1.5 million Syrian children currently reside in Turkey.

'We must first understand forced migration

“We must first understand forced migration and what causes it,” Akış says.

“The National Education Ministry says half of the 1.5 million Syrian children are enrolled in school. What about the other half? The data doesn’t include refugee children working in the streets, doing seasonal labor, or engaged in informal jobs. These are the invisible members of the working class.

“Take the Önder neighborhood in Ankara’s Altındağ district. It’s near Siteler, one of the largest furniture manufacturing zones. Every morning, you see waves of 13- and 14-year-old children walking from the neighborhood to work. When you speak to them, you realize they’ve normalized their situation and feel they have no choice.

"Many have lost their parents to war or other causes. The responsibility of supporting the household falls on the children. They’re part of the production process, yet they don’t exist in the official numbers.”

Having interviewed many children from Iraq, Afghanistan, and Syria, Akış recounts one particular case: “Two Iraqi boys, aged 13 and 14, sell tissues and water on the street. Their father died in the war, and their mother is bedridden. The 13-year-old can only go to school when his older brother takes over the stand.

"These two children are responsible for the family’s survival. This is why, rather than focusing solely on numbers, we need to examine the causes and consequences of forced migration.”

‘A system thriving on bodies of dead children’

Akış also critiques neoliberal policies and their role in increasing child labor. "Economic crises bring deep poverty, a process in which a parent cannot support their family by working, and is dependent on the few coins their child can earn," he explains. "This process affects millions. Why are children chosen? Because they are cheap, because they are uninsured, because they are unregulated.

"I am not saying this system cannot solve the problem; it does not want to solve it. This system thrives on the deaths of children in workplace murders. Refugee child workers are those who cannot even make it to the forefront of this structure.

Akış stresses that rather than preparing children for a professional future, the current system exploits them. He advocates for a planned, economic model to combat poverty.

One key solution, he says, lies in “proper integration and creating a system where refugee children are not part of the labor force.”

"Refugee child workers are employed without even knowing the concept of insurance, below the minimum wage, and under worse conditions than local child workers. Essentially, child labor should be banned regardless of whether the workers are local or foreign.

"If a demand arises that 'children should not be employed in heavy work or dangerous work,' a loophole is created where oversight is impossible and a zone of legitimacy develops. In this sense, a comprehensive struggle must be organized to prevent the employment of children in any sector."

‘Lack of data is the policy’

Akış also criticizes the state’s failure to regularly publish data on child labor. He claims the absence of data reflects an intentional policy.

"If we don't have accurate data on a problem, then there is no effort to solve it. The lack of data itself is state policy; those who do not disclose data are hiding themselves. The most visible aspect of capitalism, however, is the reality of child labor.

"Child workers are not only exploited, but their rights as children are also taken away. They always say that children are our future, but a government that cannot save children today cannot save them tomorrow. Let's save children today first." (BIA, 25 Oct 2025)

Turkey ranks first in Europe for income inequality

According to the “Income Inequality and Poverty Report in Turkey” prepared by the the Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey and General Services Workers’ Union (DİSK/Genel-İş) Research Department (EMAR), Turkey ranks as the country with the highest income inequality among European countries.

The report examines topics such as inflation, poverty, income inequality, and indebtedness using statistical data. According to the study, two out of every 10 people in Turkey are poor, while six out of every 10 are in debt.

Based on the Turkish Statistical Institute’s (TÜİK) Income and Living Conditions Survey cited in the report, at least 17,821,000 citizens in Turkey are so poor that they cannot even meet their most basic needs.

The poverty rate has risen to 21.2%, meaning two out of every 10 citizens are now poor. The poverty threshold has increased twelvefold since 2014. In 2014, the poverty line was 6,665 Turkish lira; by 2024, it had risen to 81,742 Turkish lira.

This increase accelerated particularly after 2022, due to high inflation. The poverty line was 21,296 Turkish lira in 2022, 38,531 Turkish lira in 2023, and 81,742 Turkish lira in 2024.

Poverty among workers

The share of employed individuals who are still poor is 11%. Millions of citizens in Turkey are considered poor despite working because their wages and living conditions are insufficient to support themselves and their families.

Low minimum wages, heavy taxes, and unfair income distribution continue to increase working poverty. In 2024, the poverty rate among workers was 10.7%.

By August 2025, the hunger threshold was set at 26,149 Turkish lira, and the poverty line at 90,450 Turkish lira, while the minimum wage remained at 22,104 Turkish lira. In the same period, the lowest civil servant salary was 50,503 Turkish lira, and the lowest retired civil servant pension was 22,671 Turkish lira.

Indebtedness

Due to expenses excluding housing, 60.9% of the non-institutional population were in debt in 2024—meaning six out of 10 people were indebted. According to TÜİK statistics cited in the report, only 39.1% of the population is debt-free. Of the population, 12.5% have difficulty paying off their debts, 43.3% find debt somewhat burdensome, and 5.2% report no burden at all.

Child poverty and social exclusion

In 2024, 38.9% of children under 18 were at risk of poverty or social exclusion. For comparison, the rate was 26.3% for ages 18 to 64 and 23.3% for those over 65. The total proportion of the population at risk of poverty and social exclusion was measured at 29.3%.

The General Services Workers’ Union (Genel-İş) commented:

“When children are deprived of basic rights such as health, nutrition, and education at the stages of life when they need them most, their physical and mental development is negatively affected. High child poverty indicates that not only today but also the future faces a severe cycle of poverty. Children growing up in poverty are forced to enter the workforce at an early age, and child labor is rapidly increasing.”

Europe’s highest Gini coefficient

The report also includes Eurostat data. While the average Gini coefficient in EU countries is 0.344, Turkey’s Gini coefficient stands at 0.461.

Additionally, the report notes that the richest 20% of the population in Turkey earn approximately 9 times the income of the poorest 20%.

The General Services Workers’ Union (Genel-İş) commented:

“The severe socioeconomic crisis in Turkey has further widened income inequality, making it the country with the highest income inequality in Europe. This situation prevents the national income from reaching broad segments of society, widens the gap between the rich and poor, and gradually erodes the middle class. No other European country experiences such a disparity. The record-high Gini coefficient not only reflects economic difficulties but also deepens social and political crises.”

The Gini coefficient is a statistical measure intended to represent income or wealth inequality within a nation or social group. The greater the inequality in income distribution in a country, the higher the Gini coefficient. Conversely, the closer this coefficient is to zero, the lower the level of inequality in income distribution. (BIA, 8 octobre 2025)

17 blessés dans un séisme de magnitude 5,0 dans le nord-ouest du pays

Au moins 17 personnes ont été blessées dans un séisme de magnitude 5,0 qui a secoué la mer de Marmara dans le nord-ouest de la Turquie jeudi, selon les autorités locales.

Selon l'autorité turque de gestion des catastrophes, la secousse est survenue à 14h55 heure locale (11h55 GMT), avec un épicentre situé au large de la côte de Marmaraereglisi dans la province de Tekirdag.

Le tremblement de terre a été ressenti jusque dans les provinces d'Istanbul, de Bursa et de Canakkale, poussant les habitants à sortir précipitamment dans les rues.

Le cabinet du gouverneur d'Istanbul a indiqué dans un communiqué que 17 personnes avaitent été blessées dans la vague de panique qui a parcouru la ville tandis que les habitants évacuaient les bâtiments, et que "12 citoyens ont contacté les services d'urgence pour signaler des crises de panique, et d'autres encore ont signalé des entorses consécutives à la panique".

Le cabinet a également reçu des signalements de dommages sur quatre bâtiments. Il a précisé que des équipes avaient été dépêchées sur les sites concernés, et appelé les habitants à éviter les sites possiblement endommagés et à respecter les annonces officielles.

Le cabinet du gouverneur de Tekirdag a indiqué que des équipes de réaction avaient immédiatement entamé des inspections de terrain, et que le centre d'appel d'urgence n'avait reçu aucun signalement de sinistre.

La magnitude de la secousse a été mesurée à 5,2, puis révisée ultérieurement à 5,0 par le Centre allemand de recherches en sciences de la Terre (GFZ), tandis que l'Observatoire Kandilli de Turquie et l'Institut de recherche sur les séismes ont mesuré une magnitude de 5,3. (Xinhua, 2 octobre 2025)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

La Turquie condamnée par la CEDH pour la détention d'une responsable kurde

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour la détention à partir de fin 2016 d'Aysel Tugluk, une responsable politique kurde.

L'institution basée à Strasbourg condamne la Turquie à verser 16.000 euros de dommages et intérêts à Mme Tugluk, pour violation de son droit à la liberté et de sa liberté d'expression notamment.

Aysel Tugluk, née en 1965, est une ancienne membre de la direction du parti pro-kurde HDP.

Elle avait été arrêtée en décembre 2016 pour appartenance à une organisation terroriste, la justice turque pointant ses activités au sein du DTK, une structure que les autorités turques considèrent comme liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Placée en détention provisoire, elle avait été condamnée en 2018 à une peine de 10 ans de prison, puis libérée en octobre 2022 pour raisons de santé, pour cause de démence.

La cour basée à Strasbourg a considéré que son placement en détention provisoire était injustifié et constituait une violation de son droit à la liberté.

"Aucune des décisions à propos du placement et du maintien en détention provisoire de la requérante ne contient de preuve qui pourrait indiquer un lien clair entre ses actes et les faits pour lesquels elle a été arrêtée", relèvent les juges.

Elle condamne également la Turquie pour violation de sa liberté d'expression, notant que "le placement et le maintien en détention provisoire de la requérante sur la base de ses déclarations revient à une entrave à l'exercice de sa liberté d'expression".  (AFP, 14 oct 2025)

Turkey submits its objection to the ECHR ruling on Kurdish politician Selahattin Demirtaş

Turkey has requested that the ruling on former HDP Co-Chair Selahattin Demirtaş be reconsidered by the European Court of Human Rights Grand Chamber.

The deadline to apply regarding the ruling on Demirtaş was October 8.

HDP Co-Chairs Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, along with other politicians, have been imprisoned for nine years in connection with the October 6–8 Kobani protests. Since November 4, 2016, the ECHR has issued three separate violation rulings concerning Demirtaş and has called for his release.

Rulings:

ECHR Chamber – November 20, 2018
ECHR Grand Chamber – December 22, 2020
ECHR Grand Chamber – July 8, 2025

Turkey has not complied with any of these three rulings. Most recently, at the Council of Europe Committee of Ministers meeting, the December 22, 2020, ECHR Grand Chamber ruling was brought to the agenda, and a call was made for Demirtaş’s release.

Legal proceedings

Selahattin Demirtaş was arrested on November 4, 2016, by the Diyarbakır 2nd Criminal Court of Peace at the request of the Diyarbakır Chief Public Prosecutor’s Office, on charges of membership in an armed terrorist organization and publicly inciting the public to commit crimes.

In subsequent cases tried in various provinces, Demirtaş was sentenced to 4 years and 8 months in prison by the Istanbul 26th High Criminal Court for the crime of making propaganda for a terrorist organization, and this ruling was finalized.

Demirtaş, who was also among the defendants in the case known as the Kobani trial concerning the October 6–8, 2014, protests involving 108 defendants, was sentenced to 42 years in prison by the 22nd High Criminal Court on May 16, 2024.

In this case, the court issued its detailed reasoning on June 25, 2025.

How will the process proceed?

Demirtaş’s lawyer, Mahsuni Karaman, explained the process in a social media statement several days ago. According to him, the finalization of the ruling has been paused due to Turkey’s appeal. Turkey’s appeal will be reviewed by a panel of five judges, and if the request to refer it to the Grand Chamber for appeal is accepted, the case will be reconsidered by the ECHR Grand Chamber, which consists of 17 members. During this process, the ruling will not become final.

However, if Turkey’s request to refer the case to the Grand Chamber is rejected, the ruling will be finalized. Appeals to the Grand Chamber are typically accepted only on important points concerning the interpretation of the Convention. Since a previous violation ruling has already been finalized regarding Demirtaş, it is possible that the appeal may be rejected.

Reaction from DEM Party Co-Chairs to Turkey’s “Demirtaş” appeal

DEM Party Co-Chairs Hatimoğulları and Bakırhan criticized Turkey’s appeal, saying, “Appealing the ECHR ruling is a persistence in unlawfulness and harms social peace and justice.”

Co-Chairs of the Peoples’ Equality and Democracy Party (DEM Party), Tülay Hatimoğulları and Tuncer Bakırhan, reacted to the Ministry of Justice sending a delegation to Europe to appeal the European Court of Human Rights (ECHR) ruling that found a “violation of rights” regarding the detention of former HDP Co-Chair Selahattin Demirtaş.

Speaking via his social media account, Bakırhan said:

“The ECHR says he must be released immediately, yet the Ministry of Justice insists on maintaining unlawfulness. The ruling is very clear: our dear Selahattin Demirtaş must be released. Persisting in refusing to recognize international law decisions carries no meaning other than admitting illegality. As a party, our long-standing struggle for justice continues today just as it has in the past; we will not let go of this unjust and unlawful situation. This country needs all of us to breathe together, to uphold peace, justice, and conscience. We will fight to the end for the freedom of Figen Yüksekdağ, Selahattin Demirtaş, and all our friends tried in the Kobani conspiracy case, and together we will march toward peace.”

“Insisting on unlawfulness and harming social peace”

Tülay Hatimoğulları also said:

“Appealing the ECHR ruling is an insistence on unlawfulness and harms social peace and justice. For nine years, Selahattin Demirtaş, Figen Yüksekdağ, and dozens of our comrades have been held hostage through a fabricated case. Neither we nor the millions whose hearts beat for peace will accept insisting on injustice by keeping those who should contribute to peace behind iron bars. Our struggle for peace, law, and democracy will continue against these anti-democratic steps. The only way to strengthen faith in brotherhood is the freedom of our comrades!” (BIA, 8 octobre 2025)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Erdogan remercie Trump et se dit "très satisfait" du cessez-le-feu à Gaza

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a remercié jeudi le président américain Donald Trump et s'est dit "très satisfait" de l'accord sur un cessez-le-feu à Gaza.

"Je suis très satisfait que les négociations entre le Hamas et Israël, tenues à Charm el-Cheikh et auxquelles la Turquie a également contribué, aient abouti à un cessez-le-feu à Gaza. Je tiens à exprimer ma gratitude, en particulier au président américain Trump, qui a fait preuve de la volonté politique nécessaire pour encourager le gouvernement israélien à accepter un cessez-le-feu, ainsi qu'à nos pays frères, le Qatar et l'Égypte", a affirmé le chef de l'Etat turc sur X.

"En tant que Turquie, nous suivrons de près la mise en oeuvre de l'accord et continuerons à contribuer au processus", a-t-il ajouté.

"Avec l'instauration du cessez-le-feu, l'aide humanitaire doit être acheminée à Gaza, région en proie à une catastrophe humanitaire, et les efforts de reconstruction doivent être engagés de toute urgence. La Turquie continuera de fournir une aide humanitaire intensive à Gaza", a de son côté réagi le ministère turc des Affaires étrangères.

M. Erdogan avait affirmé mercredi avoir été sollicité "expressément" par Donald Trump pour convaincre le Hamas de négocier la paix avec Israël.

Une délégation turque, emmenée par le chef des services de renseignement (MIT) Ibrahim Kalin, s'est rendue en Egypte, à Charm-el-Cheikh, pour participer aux négociations.

M. Kalin avait déjà participé aux discussions à Doha la semaine dernière et a mené une série d'entretiens avec des responsables américains, égyptiens, qataris et du Hamas, selon des sources sécuritaires citées par l'agence étatique Anadolu. (AFP, 9 octobre 2025)

Le prix Nobel de la paix pour Trump?

Enis Coskun, ancien Secrétaire général et fondateur du Mouvement de la Paix de Turquie

On parle de l’attribution du prix Nobel de la paix au président américain Trump. Est-ce possible ? Après tout, il a tant œuvré pour la paix ! Rappelons-nous. N’a-t-il pas manifesté sa volonté de rattacher le Canada aux États-Unis en tant que nouvel État fédéré ? N’a-t-il pas revendiqué le Groenland au Danemark ? N’a-t-il pas déclaré que le canal de Panama devrait être restitué aux USA ?

N’est-il pas, au prétexte de la sécurité d’Israël, au nom de son appui inconditionnel et de son principal pourvoyeur d’armes, complice du génocide commis à Gaza ? N’a-t-il pas tenu des propos ahurissants sur la transformation de l’enclave en complexe touristique et dans ce dessein n’apporte-t-il pas son soutien à l’expulsion des Palestiniens de Gaza ?

Lors du sommet de l’OTAN de La Haye en juin 2025, n’a-t-il pas imposé aux États membres de l’Union européenne – même s’il n’a pas réussi à faire plier l’Espagne- l’augmentation de leurs dépenses de défense à hauteur de 5 % de leur PIB, contre 2 % par exemple pour la France à l’heure actuelle ?

A-t-il vraiment invité les Présidents d’Azerbaïdjan et d’Arménie à la Maison-Blanche pour parachever l’accord de paix entre les parties ou bien pour ouvrir la voie à une domination politique, militaire et commerciale dans la région, et profiter des richesses de son sous-sol, notamment du pétrole ? N’a-t-il pas ainsi obtenu des droits exclusifs sur le développement du corridor de Zanguezour qui relie l’Azerbaïdjan aux Républiques d’Asie centrale, renforçant ainsi la position des États-Unis face à l’Iran, la Russie et la Chine ?

Sa rencontre avec Poutine en Alaska en vue de négocier un hypothétique échange de territoires et un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie n’avait-elle pas pour véritable objectif, au mépris des intérêts mêmes de l’Ukraine, de tenter de battre en brèche les relations croissantes entre la Russie et la Chine concrétisées par le développement de l’Organisation de coopération de Shangaï, et de lui permettre de concentrer son action stratégique sur la Chine, principal rival économique et politique des États-Unis ?

N’a-t-il pas déclenché une guerre économique contre le monde entier, en particulier la Chine et les pays de l’Union européenne en augmentant les droits de douane à des niveaux exorbitants ?

Sous prétexte de lutte contre les narcotrafiquants, n’a-t-il pas envoyé une armada de guerre dans les eaux territoriales vénézuéliennes pour déstabiliser le gouvernement en place ? N’a-t-il pas au même moment rebaptisé le Département américain de la Défense en « Département de la Guerre », affichant ainsi au monde entier son amour de la paix ?

Non content de mobiliser l’armée à la frontière mexicaine pour stopper les migrants, n’a-t-il pas continué à ériger de hauts murs le long de la frontière ?

En pleine crise économique n’a-t-il pas déployé l’armée dans les rues de Washington pour mener la guerre contre ses propres concitoyens pauvres et sans abri ?

N’a-t-il pas envoyé des unités militaires dans les États américains gouvernés par l’opposition démocrate, sous prétexte d’y combattre la criminalité ?

Que pourrait faire de plus ce « faiseur de paix » pour prouver qu’il mérite ce prix ? On pourrait poursuivre l’énumération au risque de susciter la lassitude du lecteur. En vérité Trump poursuit avec détermination une politique de « faucon à l’intérieur, busard à l’extérieur ». Mais l’oiseau symbole de la paix n’est ni un busard ni un faucon, c’est la colombe rendue célèbre par Picasso. Or, Trump veut chasser cette colombe. Parmi les rabatteurs figurent certains chefs d’État qui appellent de leurs vœux l’attribution du Nobel de la paix à Trump. À la suite d’Israël, le Pakistan, le Cambodge, le Gabon, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont rejoint la « caravane ».

On ne peut évoquer les velléités de Trump et de ses soutiens pour l’obtention du Nobel de la paix sans se souvenir d’un précédent historique. Le 29 septembre 1938, le Premier ministre britannique Chamberlain, le Premier ministre français Daladier, le ministre italien des Affaires étrangères Galeazzo Ciano et Hitler signaient les accords de Munich qui entérinèrent l’occupation par l’Allemagne de la région des Sudètes, au sud de la Tchécoslovaquie. Les signataires prétendirent avoir sauvegardé la paix au mépris des nombreuses critiques et mises en garde sur l’expansionnisme hitlérien. Moins d’un an après ces accords, le 1er septembre 1939, Hitler attaquait la Pologne, déclenchant la guerre la plus sanglante de l’Histoire.

Douze parlementaires suédois proposèrent alors la candidature de Chamberlain au prix Nobel de la paix au nom de ce « succès ». En revanche, l’un des membres antifascistes du parlement suédois, le député Erik Brandt, adressait le 27 janvier 1939 une lettre au Comité Nobel de la Paix par laquelle il proposait, par pure dérision, la candidature de Hitler. Dans sa lettre, Brandt écrivit : « Avant tout, après la Bible qui est peut-être la plus grande et la plus répandue œuvre littéraire du monde, c’est grâce à son amour pour la paix et à ses succès décrits dans son célèbre livre Mein Kampf… qu’il mériterait vraiment le Prix de la Paix. »

Les sarcasmes de Brandt eurent un large écho dans le monde entier. Bien entendu les nazis accueillirent avec joie cette proposition, car pour eux Hitler était « digne » du Prix Nobel de la Paix. A contrario, certains milieux, n’ayant pas saisi le caractère satirique de la lettre, l’avaient vivement rejetée. Brandt, par une lettre envoyée au Comité norvégien du Prix Nobel de la Paix la veille de l’annonce officielle des candidats, le 1er février 1939, informa qu’il retirait sa proposition. Il semble que le Comité ait compris le message : en 1939 le Prix Nobel de la Paix n’a pas été décerné. La rancune d’Hitler ne se fit pas attendre longtemps : le 9 avril 1940 il envahissait la Norvège.

Au cours du XXe siècle plusieurs présidents et hommes politiques américains ont obtenu le prix Nobel de la Paix. Deux d’entre eux retiennent une attention particulière : le premier est Wilson. Il est l’auteur des principes qui ont permis aux États-Unis de développer leur suprématie sur la scène internationale et de forger les ressorts de la « Pax americana ». Ils ont servi de base intellectuelle au Traité de Sèvres de 1918 qui permit le partage du territoire de la Turquie entre les pays occidentaux. Le second est le général Marshall, l’un des bâtisseurs du « rideau de fer » de la guerre froide et d’un Plan d’aide économique prétendument désintéressé aux pays européens à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Si, à première vue, la proposition d’attribuer le Nobel de la paix à Trump pouvait s’apparenter à une plaisanterie, à y regarder de plus près elle apparaît répugnante et effrayante. Cette sidérante proposition est lourde de significations sur les menaces qui pèsent sur la paix dans le monde. Elle exprime le visage barbare et tyrannique de l’impérialisme, de la montée de l’extrême droite et de l’impuissance du droit international.

L’attribution du prix à Trump romprait avec l’esprit même du Prix Nobel de la Paix.

Le Comité Nobel ne doit pas céder aux sirènes de l’impérialisme. Il doit choisir parmi les personnalités qui ont véritablement lutté pour la paix et consacré leur vie à cette cause. (L'Humanité, 3 oct 2025)

Relations régionales / Regional Relations

La Turquie nomme un ambassadeur à Damas

La Turquie a nommé vendredi un ambassadeur en Syrie dont elle appuie les nouvelles autorités parvenues au pouvoir en décembre 2024, a rapporté l'agence étatique Anadolu.

Le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan a désigné son vice-ministre, Nuh Yilmaz, pour représenter son pays à Damas, indique l'agence citant des sources diplomatiques.

La Turquie était restée jusqu'à présent représentée chez son voisin par un simple chargé d'affaires.

Cette nomination d'un proche du ministre est interprétée comme un signal diplomatique important.

Ankara et Damas avaient rompu leurs relations diplomatiques sous la présidence de Bachar el-Assad dont la Turquie a appuyé le renversement, après plus d'une décennie de guerre meurtrière.

Depuis décembre, les deux pays resserrent leurs liens et leur coopération, économique et militaire.

M. Fidan avaient été l'un des premiers responsables étrangers à féliciter le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh.

Mais Ankara reste préoccupée par la présence des Forces démocratiques syriennes (SDF) et des militants kurdes à sa frontière.

Originaire d'Istanbul, né en 1974, M. Yilmaz est un diplomate chevronné, numéro deux du ministère depuis mai 2024, selon le ministère.

Il a été auparavant conseiller principal du ministre puis directeur du Centre de recherche stratégique (SAM) du ministère des Affaires étrangères d'août 2023 à mai 2024.

Comme M. Fidan, il vient de l'agence nationale du Renseignement, maitrise l'anglais pour avoir assuré plusieurs fonctions à Washington et avoir enseigné aux Etats-Unis.

Les deux pays partagent plus de 900 km de frontière et la Turquie a accueilli jusqu'à 5 millions de réfugiés sur son sol. (AFP, 24 oct 2025)

Gaza: Turquie et Qatar unis en soutien à la trêve

La Turquie et le Qatar intensifient leurs efforts pour consolider le fragile cessez-le-feu à Gaza, multipliant les contacts diplomatiques et entre leurs services de renseignement, soulignent responsables et analystes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite dans le Golfe, a été reçu mercredi par l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, au lendemain d'une rencontre à Doha entre des responsables du Hamas, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan et le patron du renseignement turc Ibrahim Kalin.

Ces entretiens se sont déroulés à huis clos, les deux parties redoublant de prudence alors que des affrontements dimanche ont menacé de faire voler en éclats la trêve en vigueur depuis le 10 octobre.

Interrogé par l'AFP pour savoir si les discussions avaient porté sur l'avenir du Hamas ou sur le projet de groupe de travail pour Gaza, un responsable turc a répondu que "ces questions dépendent de la manière dont Israël et les Etats-Unis se positionneront".

"Les efforts de la Turquie et du Qatar seront essentiels pour pérenniser le cessez-le-feu et façonner l'avenir de Gaza", indique à l'AFP l'analyste palestinien Ahmad al-Heela, relevant les liens étroits des deux pays avec les États-Unis et le Hamas.

"Cependant, le Qatar et la Turquie devront parvenir à convaincre l'administration américaine que les Palestiniens doivent avoir leur mot à dire sur l'avenir de Gaza et d'aller vers une solution à deux États", ajoute-t-il.

 - Atténuer le "biais pro-Israël" -

 Au cours de leur entretien, le président Erdogan a souligné auprès de l'émir du Qatar que le cessez-le-feu à Gaza "a soulagé les Palestiniens", mais rappelé que la solution à deux États est la seule réponse à la question israélo-palestinienne, selon la présidence turque.

Le rôle actif joué par la Turquie -- aux côtés de l'Egypte et du Qatar -- dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu durable à Gaza, ainsi que le ferme soutien d'Ankara au plan de paix du président américain Donald Trump, pourraient permettre d'infléchir "le biais américain en faveur d'Israël", estime l'analyste Hossam Shaker.

Ankara s'est en outre dit prêt à participer à une force de sécurité internationale à Gaza.

Selon une source diplomatique turque, cette "force d'intervention, ou force de stabilité, devrait comporter une composante militaire". Mais les négociations se poursuivent pour décider quels pays y participeront et à quel niveau, a précise cette source à l'AFP.

La Turquie a par ailleurs dépêché une équipe de 81 secouristes, chargés notamment de rechercher des corps -- dont ceux d'otages israéliens -- dans les ruines de Gaza. Mais "ils attendent toujours à la frontière égyptienne" le feu vert d'Israël pour entrer dans le territoire palestinien, selon un responsable turc.

 - "Déconflictualisation" -

 "La présence turque sur le terrain sera importante pour la mise en place d'une force de sécurité multinationale à Gaza", a expliqué à l'AFP Andreas Krieg, du King's College à Londres, précisant que la Turquie et le Qatar joueront un rôle clé dans les efforts de "déconflictualisation".

Outre les négociations sur Gaza, les dirigeants turc et qatari ont signé plusieurs accords, notamment dans le domaine de la coopération industrielle de défense.

Avant la visite, une source sécuritaire turque avait indiqué à l'AFP qu'Ankara cherchait à acquérir des Eurofighters d'occasion au Qatar.

Selon M. Krieg, un accord sur la vente de douze avions de combat serait possible "très rapidement". Mais cette vente "n'aura lieu qu'une fois les nouveaux avions (commandés par le Qatar) arrivés, probablement d'ici la fin de l'année ou début 2026", estime-t-il.

"Les détails de l'accord de coopération industrielle de défense seront précisés dans les prochains jours", a indiqué de son côté le responsable turc interrogé par l'AFP. (AFP, 22 oct 2025)

La Turquie envoie des équipes pour rechercher des dépouilles d'otages

La Turquie a commencé à déployer des spécialistes jeudi pour aider à la recherche des corps ensevelis sous les décombres à Gaza, alors que Donald Trump a lancé un avertissement au Hamas après une série d'exécutions menées dans le territoire palestinien.

Le président américain Donald Trump, à l'origine du plan destiné à mettre fin à deux ans de guerre, a menacé jeudi "d'aller tuer" les membres du Hamas si ce dernier "n'arrêtait pas de tuer des gens" à Gaza.

Depuis l'arrêt des combats, le mouvement islamiste palestinien a étendu sa présence dans la bande de Gaza en ruines et revendiqué mardi dans une vidéo l'exécution d'hommes présentés comme des "collaborateurs" d'Israël.

Le Hamas a réaffirmé "son engagement" envers la "mise en oeuvre" de l'accord de cessez-le-feu à Gaza négocié avec Israël sous l'égide des États-Unis, et s'est à nouveau engagé à "remettre tous les corps restants" des otages.

Israël accuse le Hamas de violer l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre, qui prévoyait un retour de tous les otages, vivants et morts, avant lundi matin.

Dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, mais n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles sur les 28 qu'il retient.

Le Hamas soutient que ce sont les seuls corps auxquels il a pu accéder, disant avoir besoin d'un "équipement spécial" pour récupérer les autres dépouilles.

Jeudi, la Turquie a annoncé envoyer des spécialistes pour participer aux recherches des corps ensevelis, "y compris des otages". Quelque 80 de ces secouristes habitués des terrains difficiles, notamment des tremblements de terre, se trouvent déjà sur place, selon les autorités turques.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est à nouveau dit jeudi "déterminé" à ramener "tous les otages", lors de la commémoration officielle du deuxième anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts à Gaza.

Il est sous pression des familles des otages, qui l'ont appelé "à cesser immédiatement la mise en oeuvre de toute autre étape de l'accord" initié par le président américain Donald Trump tant que tous les corps ne sont pas rendus.

La veille, son ministre de la Défense Israël Katz a menacé de reprendre l'offensive, "en coordination avec les États-Unis", si "le Hamas refuse de respecter l'accord".

- "Ils creusent" -

Donald Trump avait semblé appeler à la patience mercredi : "C'est un processus macabre (...) mais ils creusent, ils creusent vraiment" et "trouvent beaucoup de corps", avait-il affirmé, interrogé par des journalistes sur le sujet.

En échange du retour des dépouilles d'otages, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les accès à Gaza - tous contrôlés par Israël - restent très restreints. Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en principe ouvrir à l'aide humanitaire le point de passage crucial de Rafah, entre l'Egypte et le territoire palestinien.

Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a annoncé jeudi qu'il ouvrirait "probablement dimanche".

Fin août, l'ONU, qui réclame l'ouverture immédiate de tous les points de passage, a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

De retour dans les ruines de Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

Le plan de Donald Trump, qui vise à mettre fin définitivement à la guerre dans la bande de Gaza, prévoit dans une première phase le cessez-le-feu, la libération des otages, un retrait israélien de plusieurs secteurs et l'acheminement de plus d'aide humanitaire dans le territoire dévasté.

Puis, dans une étape ultérieure, notamment le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.

L'attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas. (AFP, 16 oct 2025)

Thousands raise their voices in İstanbul, demanding 'full embargo' on Israel

As peace talks between Israel and Hamas begin in Egypt, protestors on Sunday decried two years of genocidal warfare in Gaza from Amsterdam to İstanbul. In Turkey, Palestinian voices led the march to criticize Israel, accusing Ankara of complicity in the ongoing war.

“As Palestinians, we call on human rights organizations, political parties, trade unions, and the House of Representatives to exert the necessary pressure on their governments to cut all commercial, diplomatic, academic, cultural, and sporting ties with the Zionist entity.

They must also take responsibility for isolating and punishing this criminal occupation, and ensure that its terrorist leaders are held accountable before the International Court of Justice and the International Criminal Court,” said a Palestinian woman, quoted on condition of anonymity due to security concerns. She made this statement in Dolmabahçe to mark the second anniversary of the Nakba.

Also marking the second year of Israel’s assault and genocide against Palestine, the Palestine Action Committee protested Israel with a march from Taksim’s Atatürk Cultural Center to Dolmabahçe.

“A thousand greetings to the women resisting in Palestine”

At the demonstration organized by the Palestine Action Committee, participants included the December Feminist Collective, university students, DEM Party İstanbul co-chairs Arife Çınar and Vedat Çınar Altan, DEM Party MP Özgül Saki, TİP Chair Erkan Baş, International Solidarity, People’s Houses (Halkevleri), FÖP, DSİP, FEK, EMEP, Kaldıraç, BDS, EMEP MP İskender Bayhan, trade union representatives, and many others.

Throughout the march, participants chanted slogans such as “Boycott Israel, Freedom for Palestine,” “Murderer U.S., Get Out of the Middle East,” “From the River to the Sea, Free Palestine,” “Shut Down the Ports, Cut the Trade,” and “A Thousand Greetings to the Women Resisting in Palestine.”

The demonstration also called on Turkey to sever all relations with Israel. (BIA, 6 octobre 2025)

Flottille pour Gaza: 36 Turcs devraient rentrer chez eux

La Turquie a annoncé que 36 de ses ressortissants devraient rentrer chez eux samedi après-midi à bord d'un vol spécial, après l'interception par les forces israéliennes de la flottille internationale d'aide pour Gaza.

"Nous nous attendons à ce que 36 de nos ressortissants, qui se trouvaient à bord des navires de la flottille Global Sumud interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales, rentrent dans notre pays cet après-midi à bord d'un vol spécial", a déclaré sur X le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Öncü Keçeli, ajoutant que le nombre définitif n'avait pas encore été finalisé.

Le porte-parole a ajouté que des ressortissants de pays tiers devraient également être à bord dudit vol.

Selon une source diplomatique turque, il s'agirait de citoyens des États-Unis, des Émirats arabes unis, d'Algérie, du Maroc, d'Italie, du Koweït, de Libye, de Malaisie, de Mauritanie, de Suisse, de Tunisie et de Jordanie.

Parmi eux, 26 Italiens seront à bord, a affirmé sur le réseau social X le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani.

"Un premier groupe de 26 citoyens italiens, qui se trouvait à bord de la flottille, est sur le point de quitter Israël à bord d'un vol charter", a-t-il écrit.

"Nous les avons placés sur un vol turc à destination d'Istanbul. Ils ont déjà été transférés à la base aérienne de Ramon et décolleront de l'aéroport d'Eilat (sud)", a-t-il ajouté.

L'interception de la flottille a suscité des réactions cinglantes de certains pays comme la Turquie, qui a accusé Israël de commettre "un acte de terrorisme" et déclaré jeudi avoir ouvert une enquête après l'arrestation par les forces israéliennes de citoyens turcs à bord de la flottille.

En juin et juillet, la marine israélienne avait déjà arraisonné deux voiliers se dirigeant vers Gaza, avec la militante suédoise Greta Thunberg et l'eurodéputé franco-palestinienne Rima Hassan à leur bord. Toutes deux avaient été débarquées en Israël puis expulsées. (AFP, 4 oct 2025)

Flottille pour Gaza : "Nous avons été traités comme des animaux" dénoncent les militants expulsés

Les militants propalestiniens arrivés à Istanbul après avoir été expulsés d'Israël à la suite de l'interception mercredi de leur flottille à destination de Gaza, ont déclaré samedi avoir été victimes de violences et "traités comme des animaux".

La flottille Global Sumud a été interceptée alors qu'elle s'approchait des côtes de la bande de Gaza, où Israël mène une offensive dévastatrice en représailles à une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Des centaines de militants à bord de ces bateaux ont été arrêtés par les forces israéliennes et attendaient d'être expulsés. Parmi eux, 137 militants de 13 pays se sont envolés samedi pour Istanbul, dont 36 ressortissants turcs.

"Nous avons été interceptés par un grand nombre de navires militaires", a raconté Paolo Romano, conseiller régional de Lombardie en Italie, à l'AFP à l'aéroport d'Istanbul.

"Tous les bateaux ont été pris d'assaut par des personnes lourdement armées et ramenés à terre", a déclaré le jeune homme de 29 ans.

"Ils nous ont mis à genoux, face contre terre. Et si nous bougions, ils nous frappaient. Ils se moquaient de nous, nous insultaient et nous frappaient", a encore ajouté Paolo Romano. "Ils ont utilisé à la fois la violence psychologique et physique".

Une fois en Israël, ils ont été emmenés dans une prison où ils ont été détenus sans pouvoir sortir et sans recevoir d'eau en bouteille, selon son témoignage.

- "La pire expérience" -

"Ils ouvraient la porte pendant la nuit et nous criaient dessus avec des armes pour nous faire peur", a-t-il ajouté. "Nous avons été traités comme des animaux".

Le journaliste italien Lorenzo D'Agostino, qui se trouvait aussi à bord de la flottille, a déclaré qu'ils "avaient été kidnappés dans les eaux internationales alors qu'ils se trouvaient à 55 miles (un peu plus de 100km, ndlr) de Gaza".

Parmi les personnes à bord de la flottille, qui comptait quelque 45 navires, se trouvaient également des politiciens et des militants, dont la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg.

"Nous avons passé deux jours infernaux en prison. Nous sommes maintenant libres grâce à la pression de l'opinion publique internationale qui soutient la Palestine", a-t-il déclaré, alors que des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Rome en soutien aux Palestiniens pour réclamer la fin de la guerre à Gaza.

"J'espère vraiment que cette situation prendra fin rapidement, car la manière dont nous avons été traités est barbare", a-t-il ajouté.

Iylia Balais, une militante malaisienne de 28 ans, a déclaré que l'interception des bateaux par Israël avait été "la pire expérience" qu'elle ait vécue.

"Nous avons été menottés (les mains dans le dos), nous ne pouvions pas marcher, certains d'entre nous ont été contraints de s'allonger face contre terre, puis on nous a refusé de l'eau et certains d'entre nous n'ont pas reçu de médicaments", a-t-elle déclaré.

- Examens médicaux et témoignages -

Les militants ont été transportés à Istanbul à bord d'un avion spécialement affrété par Turkish Airlines.

Les proches des militants turcs attendaient leur arrivée dans le salon VIP de l'aéroport d'Istanbul, brandissant des drapeaux turcs et palestiniens et scandant "Israël assassin".

Les militants turcs devaient subir des examens médicaux à leur arrivée et comparaître devant le tribunal dimanche pour témoigner, ont déclaré leurs avocats.

La Turquie a dénoncé l'interception de la flottille par Israël comme "un acte de terrorisme" et a annoncé jeudi qu'elle avait ouvert une enquête.

Dans un message publié sur X, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan a salué les militants comme "des personnes courageuses qui ont donné voix à la conscience de l'humanité" et a déclaré qu'Ankara veillerait à ce que tous ses ressortissants soient rapatriés, sans donner de chiffre global.

Le militant libyen Malik Qutait a déclaré qu'il n'avait pas peur et s'est engagé à continuer d'essayer d'atteindre Gaza.

"Je vais rassembler mon groupe, organiser l'approvisionnement en médicaments et en aide humanitaire, trouver un bateau, et je vais réessayer", a-t-il ajouté. (AFP, 4 oct 2025)


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Victoire écrasante de Tufan Erhürman face au protégé d'Ankara

Le président sortant, Ersin Tatar, avait suivi une ligne pro-Ankara depuis son élection en 2020. Fervent défenseur d'une solution à deux États et d'un ancrage très étroit avec la Turquie, il avait ardemment milité pour une reconnaissance plus large de la république de Chypre du Nord, dont l'existence n'est reconnue que par Ankara.

En plébiscitant son adversaire, les Chypriotes turcs ont fait le choix d'un changement de cap radical. Candidat de l'opposition sociale-démocrate âgé de 55 ans, Tufan Erhürman est diplômé en droit de l'université d'Ankara. Ancien Premier ministre et dirigeant du CTP, il est connu pour ses positions favorables à une solution fédérale dans l'île de Méditerranée orientale divisée entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs depuis 1974.

Un groupe d'officiers grecs avait alors tenté un putsch afin de rattacher l'île à la Grèce, justifiant l'intervention militaire de la Turquie, l'une des trois puissances garantes de l'équilibre constitutionnel de l'île de Chypre depuis l'indépendance en 1960. Ankara maintient, depuis cette date, une importante présence militaire évaluée actuellement entre 30 000 et 40 000 soldats, selon les sources. Les dernières négociations pour la réunification de l'île conduites en 2017 à Crans-Montana, en Suisse, sous l'égide de l'Onu, s'étaient soldées par un échec.

Fréquemment critiquée pour une attitude qualifiée de "colonialiste" par ses pourfendeurs, la Turquie reste un acteur incontournable du jeu politique de la partie nord turcophone de l'île. "J'exercerai mes responsabilités, notamment en matière de politique étrangère, en concertation avec la République de Turquie. Que personne ne s'inquiète", a d'ailleurs tenu à préciser le président fraîchement élu, jouant d'emblée la carte de l'apaisement.

Cette élection était suivie de près par Ankara qui voit l'île comme un relais de son influence en Méditerranée orientale. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué "la maturité démocratique de la République de Chypre du Nord" malgré la défaite de son candidat, rappelant habilement au passage le rôle de la Turquie comme "mère patrie et puissance garante" de la communauté turque de l'île.

À l'inverse, son petit allié ultranationaliste de la coalition présidentielle, Devlet Bahçeli, a vivement réagi aux résultats. "Le Parlement de la République de Chypre du Nord doit se réunir d'urgence, déclarer les résultats du scrutin et le retour à la fédération inacceptables et voter en faveur de l'adhésion à la République de Turquie", a déclaré celui-ci, selon les propos rapportés sur X par le vice-président de son parti, le MHP (Parti de l'Action nationaliste). L'île de Chypre est fréquemment qualifiée de "deuxième patrie" (ou littéralement "patrie enfant" – yavru vatan) par les cercles nationalistes en Turquie.

Au-delà du sort du 1,3 million d'habitants de l'île, le résultat du scrutin est susceptible d'influencer la politique d'Ankara en Méditerranée orientale. La Turquie y défend des intérêts économiques et stratégiques : l'accès aux ressources gazières offshore, la maîtrise des routes énergétiques et la protection de ses zones d'influence maritime face à la Grèce et à l'Union européenne. Non-signataire de la Convention de Montego Bay (Convention des Nations unies sur les droits de la mer signée en 1982), Ankara conteste les délimitations des zones économiques exclusives et a multiplié les forages dans les eaux chypriotes ces dernières années.

L'absence de solution à Chypre a fait partie des principaux blocages dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Enfin, la redéfinition de la stratégie européenne de défense, et les initiatives allemandes et françaises pour l'inclusion de la Turquie dans le dispositif inquiètent la Grèce et la partie grecque de Chypre qui mènent une campagne active contre Ankara. (La Libre Belgique, 21 octobre 2025)

Immigration / Migration

17 morts dans le naufrage d'un bateau de migrants

Dix-sept personnes ont péri noyées en mer Égée après le naufrage leur embarcation au large de Bodrum, dans le sud-ouest de la Turquie, ont annoncé vendredi les garde-côtes turcs.

"Les corps sans vie de 16 migrants irréguliers et celui d'un passeur ont été repêchés", ont indiqué les garde-côtes dans un communiqué, précisant que deux migrants ont été secourus vivants.

Les autorités locales avait précédemment fait état de 14 morts, sans préciser leur nationalités.

Selon le gouvernorat de Mugla, un des passagers est parvenu à joindre les secours peu après 01H00 (22H00 GMT) dans la nuit de jeudi à vendredi.

Un des deux rescapés, de nationalité afghane, a indiqué avoir nagé six heures avant d'atteindre la terre ferme.

Selon son récit, l'embarcation a coulé après avoir pris l'eau, une dizaine de minutes après le départ du groupe de migrants.

La station balnéaire très courue de Bodrum est située à proximité de plusieurs îles grecques, parmi lesquelles Kos, un des points d'entrée dans l'Union européenne en mer Égée.

Moins de cinq kilomètres séparent Kos de la Turquie.

Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées périlleuses vers les îles grecques.

Au total, près de 1.400 migrants ont disparu ou ont été repêchés morts en Méditerranée en 2025, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La Turquie, qui a signé en 2016 un accord avec Bruxelles pour tarir l'immigration illégale vers l'Union européenne, abrite sur son sol plus de 2,5 millions de réfugiés, en grande majorité syriens, selon les autorités. (AFP, 24 oct 2025)

Quelque 100.000 manifestants dans les rues de Bruxelles

80.000, selon la police, 140.000 manifestants, selon le président du syndicat socialiste Thierry Bodson, ont participé mardi à la manifestation nationale dans la capitale.

Le cortège s’est ébranlé vers 10H45 depuis la gare du Nord et se disloque dans le calme depuis 12H à la gare du Midi, où les manifestants regagnent leur train ou un des bus affrétés stationnés sur la petite ceinture.

Les trois syndicats et les organisations de la société civile (45 ont officiellement participé à la manifestation) se félicitent du succès de la mobilisation. “Il aura fallu plus de trois heures pour que les derniers trains en provenance de toute la Belgique arrivent à la gare du Nord d’où démarrait la manifestation”, note la FGTB. Les syndicats se concerteront sous peu pour organiser la suite du mouvement, avec un rendez-vous aux militants avant la fin de l’année, précise le syndicat socialiste.

La manifestation nationale, toujours en cours vers 13H30, se déroule majoritairement dans le calme. Des échauffourées ont cependant été constatées en queue de cortège entre des personnes masquées et les forces de l’ordre.

Des premières tensions

Selon notre journaliste sur place, les premières tensions ont éclaté vers 12h20 entre le Boulevard Pacheco et Boulevard Botanique.

Des manifestants, vêtus de noir, ont utilisé des feux d’artifices. Les policiers anti-émeutes sont directement intervenus, notamment avec l’usage de gaz lacrymogène.

Une campagne à Bruxelles contre l'abattage sans etourdissement

Cette semaine, GAIA (Groupe d'action dans l'intérêt des animaux) a lancé une nouvelle campagne fort pour mettre fin à l'abattage sans étourdissement en détournant le drapeau de Bruxelles. Dans le cœur blanc de l’iris, on a placé un mouton avec une larme de sang.
Selon GAIA, chaque année encore, 30 000 animaux sont abattus sans étourdissement à Bruxelles.

Avec plus de 1 500 drapeaux déployés dans la capitale, y compris sur des bâtiments officiels, GAIA pointe du doigt les vrais responsables : les parlementaires qui refusent d’agir, alors que la majorité des Bruxellois, la science et la justice sont unanimes.

Selon GAIA, les faits sont sans appel :

- 76 % des Bruxellois soutiennent l’interdiction ou n’y sont pas opposés.
- La Cour Constitutionnelle, la Cour de Justice de l’UE et la Cour européenne des Droits de l’Homme ont validé les interdictions wallonne et flamande et ont confirmé que l’interdiction ne viole pas la liberté de culte et n’est pas discriminatoire.
- Les fédérations des vétérinaires belges et européens jugent unanimement l’abattage sans étourdissement inacceptable.
- Des pays musulmans, comme l’Indonésie, l’Arabie Saoudite ou encore la Jordanie acceptent depuis longtemps que la viande provienne d’animaux qui ont été étourdis.

A l’exception du PS et du PTB, tous les partis francophones (MR, Les Engagés, DéFi et Ecolo) ainsi que l’ensemble des partis flamands se sont publiquement positionnés en faveur d’une interdiction.  Les députés restent pourtant silencieux. (GAIA, 27 sept 2025)




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