Turkey’s
prison population has increased sevenfold
under AKP rule
The number of prisoners in Turkey's prisons has reached 420,904,
according to Oct 2025 prison statistics released by the Civil Society
in the Penal System Association (CİSST). This marks a sevenfold
increase from the 59,429 recorded in 2002, the year the ruling Justice
and Development Party (AKP) came to power.
CİSST data shows that the total capacity of Turkey’s 402 prisons is
304,964, meaning the prison population now stands at 138% of capacity.
Of all prisoners, 120,013 are held in open prisons, while 300,891 are
in closed facilities.
Among all incarcerated individuals, 357,646 are convicted and 63,258
are in pretrial detention. Also, 200 identify as LGBTI+, 14,276 are
foreign nationals, and 1,453 are serving aggravated life sentences.
There are 269 prisoners with disabilities, including 42 who are
visually impaired, 28 with hearing impairments, and 162 with orthopedic
conditions.
The data also reveals that 6,543 prisoners are over the age of 65. As
of 2025, 77,014 prisoners were continuing their education, and 58,500
were engaged in insured vocational activities. Among the total
population are 4,561 minors aged 12 to 18, including 187 girls.
Additionally, 434 children aged 0–3 and 388 aged 4–6 are living in
prison with their incarcerated mothers, of whom there are 19,290.
CİSST’s report highlights a particularly sharp rise in the number of
pretrial detainees. The overall inmate population rose by 0.4% from the
previous month and by 4.4% over the past six months. The report
attributes this trend in part to the increasing use of pretrial
detention as a punitive tool.
'Prison population linked to government policies'
Hürrem Sönmez, secretary general of the İstanbul Bar Association and
coordinator at the Center for Research and Monitoring of Fair Trial
Violations, said the figures are closely linked to government policies.
“There is a direct connection between prison overcrowding and the
state’s penal policies,” Sönmez told bianet. “Criticizing the
government should fall under freedom of expression, but these
statements are increasingly criminalized, and people are prosecuted and
detained as a result. This has a direct impact on prison capacity.”
She added that administrative oversight boards often block releases,
even for prisoners who meet the conditions for supervised release,
which she said also contibutes to overcrowding.
Sönmez emphasized that the transformation of pretrial detention from a
protective legal measure into a punitive one is a central factor behind
the rising prison population.
“Courts are supposed to interpret the law in favor of individual
freedoms, but instead they often rule for detention. In our legal
system, detention is supposed to be the exception, while release
pending trial is the rule. But in recent years, this principle has been
reversed in Turkey,” she said.
'Overcrowding leads to more violations'
Overcrowding leads to human rights violations within prisons, Sönmez
warned. “Prisons holding far more inmates than they’re designed for
results in increased rights violations. We witness violations stemming
from staff shortages or mismanagement. For example, visiting hours may
be limited or lawyer visitation rooms may be inadequate due to physical
constraints.”
Arguing that the right to a fair trial is being systematically
undermined, Sönmez said, “The solution lies in ending arbitrary
pretrial detention, properly applying the penal enforcement laws, and
putting a stop to sentence extensions. Detention must stop being used
as a punishment and be restored to its original function as a legal
safeguard.”
“A detained or convicted individual is entrusted to the state with both
their physical and mental health. Therefore, it is essential to ensure
the protections enshrined in domestic and international law to prevent
human rights violations," she concluded.
According to Article 100 of Turkey’s Code of Criminal Procedure, a
person can only be detained if there is strong suspicion supported by
concrete evidence that they committed a crime. Even when such suspicion
exists, a separate legal justification for detention must also be
established. (BIA, 22 Oct 2025)
Le Quisling du duo Tayyip-Devlet est renversé !

Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 20 octobre 2025
Toutes les
forces en faveur de la paix doivent ouvertement s’opposer aux délires
fascistes et expansionnistes de Bahçeli concernant Chypre.
Chypre et la Turquie,
mais
aussi toutes les forces pacifistes et démocratiques du monde entier, à
commencer par les membres de l’Union européenne, ont poussé un soupir
de soulagement après les résultats de l’élection présidentielle qui
s’est tenue dimanche dernier en République turque de Chypre du Nord.
Tufan Erhürman, défenseur d’une solution permettant aux deux peuples de
Chypre de cohabiter pacifiquement et démocratiquement, a battu le valet
d’Ankara, Ersin Tatar, avec une écrasante majorité des voix et est
devenu président. Cependant, l’opinion publique a été tout de suite
ébranlée par les divagations de Devlet Bahçeli, le partenaire de la «
Turquie sans terreur », rejetant le résultat des élections et réclamant
l’intégration immédiate de la RTCN à la Turquie.
En réalité, le choix anticolonialiste et pacifiste exprimé ce dimanche
par le peuple de la RTCN était attendu depuis exactement cinq ans. Mais
l’ouverture de dernière minute de Maraş/Varosha à la colonisation,
malgré les protestations de nombreux pays à commencer par Chypre et la
Grèce, les pots-de-vin versés dans les derniers jours aux électeurs
indécis et les pressions et menaces exercées contre l’opposition,
avaient permis à Ersin Tatar, la marionnette d’Erdoğan, d’accéder à la
présidence.
Pourtant, les sondages d’opinion penchaient en faveur d’un triomphe de
Mustafa Akıncı, le soixante-huitard, en qui tous les démocrates avaient
placé leurs espoirs.
Après son accession à la présidence en 2015, Akıncı, qui n’avait jamais
cédé ni à la dictature de Tayyip ni à la présence militaire turque sur
l’île, s’était également opposé, l’année dernière, à l’incursion
de
l’armée turque au Rojava en déclarant suivant une position de principe
des plus éminentes : « Ce qui s’est produit en 1974, même si nous le
nommons une Opération de Paix, était une guerre, et c’est le sang qui
coula. Même si nous l’appelons aujourd’hui une Source de Paix, ce qui
coule n’est pas de l’eau, mais du sang. Par conséquent, mon plus grand
souhait est qu’on revient au plus vite au dialogue et à la diplomatie
».
De quoi je me mêle ? Toute la classe politique, Tayyip en tête, de ses
partisans aux souverainistes, et les médias accusèrent Akıncı
d’ingratitude et de trahison.
À la racine de la sortie courageuse d’Akıncı se trouvait son
appartenance à la génération des Deniz et des Mahir qui menèrent le
soulèvement des années 68. En effet, Akıncı, né à Limassol en 1947,
étudiant en architecture à l’Université technique du Moyen-Orient à
Ankara, avait, comme tous les jeunes Chypriotes étudiant à l’époque en
Turquie, rejoint les rangs de la lutte anti-impérialiste et de gauche
en pleine ascension.
Je fus un témoin direct de la détermination avec laquelle de jeunes
Chypriotes du même âge qu’Akıncı prirent part à la résistance de 68,
luttèrent contre la dictature Denktaş imposée à leur pays et se
montrèrent solidaires de la lutte commune contre l’impérialisme, non
seulement des peuples de Turquie et de Chypre, mais aussi de tous les
peuples du Moyen-Orient.
Des documents témoignant des assassinats cruels commis par les gangs
terroristes dirigés par Denktaş contre des révolutionnaires turcs sur
l’île, tels que le syndicaliste Derviş Ali Kavazoğlu et les deux
courageux journalistes Ahmet Mustafa Gürkan et Ayhan Mustafa Hikmet,
nous furent transmis par des étudiants révolutionnaires chypriotes, que
nous publiâmes sur deux pages pleines dans la revue Ant le 9 septembre
1969.
Suite à cette publication, le duo Küçük-Denktaş fit interdire
l’introduction de la revue Ant sur l’île de Chypre.
Après l’éviction du soixante-huitard Mustafa Akıncı, Ersin Tatar,
installé dans le fauteuil de la présidence de la RTCN, se montra
d’emblée comme l’homme-lige de la dictature des Erdoğan-Bahçeli en
Turquie. Cinq ans durant, il exploita au maximum toutes les ressources
du pays ainsi que les aides de la Turquie pour soumettre Chypre du Nord
à une colonisation totale. En échange, il fut récompensé par une
reproduction du palais de Tayyip à Ankara qu’il utilisa comme « Palais
présidentiel » à Lefkoşa/Nicosie.
La raison en est claire… Chypre du Nord était l’un des objectifs
proches de la grande conquête islamique d’Erdoğan, se voyant comme le
leader des mondes islamique et turcophone, soutenu ouvertement ou à
contrecœur par tous les partis hormis le DEM.
Tout comme l’armée américaine a établi, au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, des bases et installations dans presque tous les pays
du monde dans le but de « lutter contre le communisme », l’armée
turque, sous le haut commandement de Recep Tayyip Erdoğan, a installé
des bases et installations dans 15 pays répartis sur trois continents à
travers le monde – Afghanistan, Albanie, Azerbaïdjan,
Bosnie-Herzégovine, Irak, Qatar, Kosovo, Chypre du Nord, Libye, Liban,
Mali, République centrafricaine, Syrie, Somalie et Soudan – pour
lancer, si nécessaire, des opérations militaires « contre les ennemis
des Turcs et de l’Islam ».
Après la Syrie, l’Irak et la Libye, l’armée turque et les mercenaires
terroristes islamistes emmenés dans ses bagages ont été déployés aux
côtés de l’armée azerbaïdjanaise pour attaquer le Haut-Karabagh, et
même le territoire de l’Arménie.
Les opérations extérieures de l’armée turque ne se limitaient
d’ailleurs pas aux opérations terrestres et aériennes…
Les médias à la botte du pouvoir l’écrivaient ouvertement : « Les
descendants de Barberousse dominent les mers… Les navires de guerre qui
protègent les droits de la Turquie en Méditerranée orientale, une
région qui attire l’attention des multinationales pour ses ressources
en hydrocarbures, mènent avec succès des opérations internationales
dans une zone maritime s’étendant de l’Océan Arctique à l’Océan Indien.
Les forces navales turques, qui naviguent simultanément avec 103
navires de guerre et toute leur puissance de feu sur une zone maritime
de 462 000 kilomètres, font pâlir le monde de jalousie». (Milliyet, 24
mars 2019)
Pour que la conquête turco-islamique d’Erdoğan atteigne ses objectifs,
la puissance militaire à elle seule ne suffit pas, les pays convoités
doivent également avoir des dirigeants fantoches, qui se conformeront
strictement aux directives d’Ankara.
En Azerbaïdjan, pays limitrophe de la Turquie, un tel individu est au
pouvoir depuis 22 ans… Sous la couverture du slogan « Une Nation, Deux
États », Ilham Aliev fait office de bourreau de Tayyip dans le Caucase…
À Chypre du Nord, voisin de la Turquie sur la côte opposée, après les
cinq années de présidence honorable et de caractère de Mustafa Akıncı,
fut de nouveau installé à la présidence un individu prêt à exécuter à
la lettre les ordres de Tayyip : Ersin Tatar.
Comme je l’avais écrit à l’époque… Aliev et Tatar, l’un dans l’est de
la Turquie, l’autre dans le sud, étaient les Quisling d’Erdoğan…
Mais qu’est-ce un Quisling ?
Dans la littérature politique internationale, ce terme désigne ceux
qui, au pouvoir, collaborent avec ceux qui occupent leur pays,
autrement dit un « traître »…
Ceux qui, comme moi, ont vécu la Seconde Guerre mondiale, se
souviennent bien de ce qu’était Quisling ? À l’époque, la Norvège, en
Europe du Nord, était l’un des pays occupés par l’armée nazie d’Hitler.
Alors que le roi Haakon VII et tous les dirigeants du pays résistaient
à l’invasion allemande qui débuta le 9 avril 1940, Vidkun Quisling,
président du Parti fasciste norvégien, tenta d’abord de s’emparer du
pouvoir par un coup d’État. Mais ne parvenant pas à obtenir le soutien
du peuple et des dirigeants du pays, il servit clandestinement les
occupants pendant deux ans, avant de finalement conclure un accord avec
Hitler, en s’emparant officiellement du poste de Premier ministre le
1er février 1942, en instaurant dans le pays un régime fasciste et en
envoyant les Juifs dans les camps de concentration.
Lorsque la Norvège fut libérée de l’occupation nazie par les forces
alliées, Quisling fut arrêté le 9 mai 1945 pour haute trahison. Il fut
jugé pour crimes contre l’humanité et exécuté le 24 octobre 1945.
Après son exécution, le nom de Quisling devint l’une des épithètes
utilisés pour décrire ceux qui collaborent avec les occupants.
Notre génération a connu d’innombrables Quisling qui, après la fin de
la Seconde Guerre mondiale et la transition vers la prétendue «
démocratie » multipartite, ont cédé le territoire de la Turquie à
l’impérialisme américain, et emprisonné, torturé et exécuté des
combattants pour la paix, la démocratie et la justice sociale qui
s’opposaient aux diktats idéologiques, politiques, économiques et
militaires de cet impérialisme… Les responsables des gouvernements du
CHP, du DP et de l’AP, les généraux putschistes, puis ceux qui
arrivèrent au pouvoir avec la constitution des putschistes…
Qu’en est-il des pères de la Synthèse turco-islamique, qui firent
attaquer les locaux du Parti ouvrier de Turquie qui s’opposait à
l’impérialisme américain, orchestrèrent l’attaque du Dimanche Sanglant
contre les travailleurs et les jeunes manifestant contre la 6e Flotte
américaine, et firent massacrer la jeunesse révolutionnaire
anti-impérialiste dans des embuscades ?
De plus, lorsque des Quisling historiques sont arrivés seuls au pouvoir
en Turquie, ils ont, d’une part, continué à écraser brutalement la
gauche et la nation kurde, tout en faisant tout ce qui était en leur
pouvoir, d’autre part, pour créer de nouveaux Quisling dans d’autres
pays afin de les servir dans leur conquête turco-islamique.
Cependant, le peuple de Chypre du Nord a renversé l’un de ces Quisling
lors de l’élection présidentielle de dimanche. Malgré les réactions
fascistes et expansionnistes de Devlet Bahçeli, le leader du MHP,
tenant de la « Turquie sans terreur », une période sombre a pris fin à
Chypre du Nord.
Dans cette nouvelle ère d’espoir, toutes les forces de Turquie en
faveur de la démocratie et de la paix doivent soutenir le président
Tufan Erhürman, et nos partis d’opposition qui, depuis un an,
entretiennent des relations étroites avec Bahçeli, le tenant de la «
Turquie sans terreur », et attendent de lui une solution, doivent
ouvertement s’opposer à ses délires fascistes et expansionnistes
concernant Chypre.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Un opposant iranien tué à Istanbul
Un militant iranien critique du régime de Téhéran est mort à Istanbul
après avoir été grièvement blessé par balle mardi soir, ont rapporté
des médias et des associations de défense des droits humains.
Selon les agences de presse privées turques DHA et IHA, Masoud Nazari a
été pris pour cible au moment où il s'apprêtait à rentrer chez lui,
dans l'arrondissement d'Arnavutköy.
Il est mort dans la nuit dans un hôpital d'Istanbul des suites de
ses blessures.
Ce Kurde iranien originaire de Javanroud, dans la province iranienne de
Kermanshah (ouest), était une figure bien connue des milieux religieux
sunnites kurdes, selon le groupe de défense des droits humains Haalvsh,
basé hors d'Iran.
Haalvsh, qui le décrit comme un fervent critique de la théocratie
chiite iranienne, précise que l'homme a fui l'Iran pour la Turquie il y
a dix ans.
Un membre de la famille de l'opposant, dont l'identité n'a pas été
révélée, a affirmé à Haalvsh que celui-ci avait fait l'objet de menaces
des services de sécurité iraniens.
"L'assassinat de Masoud Nazari est un nouvel exemple des attaques
ciblées de la République islamique contre les militants politiques et
religieux à l'étranger", a affirmé l'organisation norvégienne de
défense des droits humains Hengaw, spécialisée sur les zones kurdes
d'Iran.
Selon la presse turque, l'auteur des tirs sur ce militant iranien n'a
pas encore été appréhendé. (AFP, 15 oct 2025)
Proposed judicial package introduces criminal
penalties targeting LGBTI+ community
The draft of the 11th Judicial Package, expected to be submitted to
parliament soon, includes discriminatory provisions that directly
target LGBTI+s.
If enacted, the draft would introduce prison sentences ranging from one
to three years for those who "promote or encourage" what are described
as “obscene acts.”
The relevant article reads, “Anyone who engages in or publicly
encourages, praises, or promotes behavior that contradicts innate
biological sex and public morality shall be punished with imprisonment
from one to three years.”
The draft would also place same-sex marriage ceremonies and related
rituals under threat of criminal prosecution.
Digital platforms would not be exempt from these regulations. According
to the draft, content featuring LGBTI+ characters or telling their
stories could be penalized or removed from broadcast by the Radio and
Television Supreme Council (RTÜK).
One of the most critical measures in the draft is the proposal to raise
the minimum age for gender reassignment surgeries from 18 to 25, along
with stricter requirements for medical reports. Additionally, doctors
performing what is deemed an “unlawful” procedure would face prison
time and heavy fines.
The draft regulations closely mirror an earlier anti-LGBTI+ legislative
proposal obtained by KaosGL earlier this year. The most notable
difference is the increase in the minimum age for gender reassignment
from 21 to 25.
While the draft’s rationale emphasizes the protection of the family
institution, public morality, and youth, lawyer Umut Rojda Yıldırım has
warned that the package poses serious threats to equality, freedom of
expression, and the right to health. (BIA, 13 oct 2025)
À propos
de la troisième sortie européenne du CHP
à Bruxelles…

Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 13 octobre 2025
Les
discours et les évènements survenus lors du meeting organisé hier à
Bruxelles par Özgür Özel sont également riches d’enseignements pour la
démocratisation de la Turquie.
Nous avons assisté à une
nouvelle phase dans les efforts de la Turquie pour rejoindre l’Union
européenne, anciennement appelée Communauté économique européenne, qui
a débuté il y a tout juste 66 ans, avec un rassemblement organisé hier
par le CHP dans la capitale de l’UE, Bruxelles.
Özgür Özel, dirigeant du parti dont l’arrivée au pouvoir d’ici 2028 au
plus tard semble inéluctable, à moins que le régime islamofasciste
actuel ne fasse obstacle de manière permanente aux prochaines élections
parlementaires ou qu’un coup d’État militaire du genre de 1971 ou de
1980 survienne, a, dans son discours en marge de ce rassemblement,
ouvertement promis, non seulement aux ressortissants de Turquie venus
l’écouter, mais aussi devant les représentants de l’Union européenne :
« Aujourd’hui, l’Internationale socialiste possède les déclarations de
87 partis de 79 pays déclarant soutenir l’objectif du Parti républicain
du Peuple d’une adhésion à l’Union européenne. Nos chers partis frères
et des organisations très respectées, dont les représentants
s’expriment ici, ne promettent que fraternité et solidarité pour
ouvrier la voie au Parti républicain du Peuple si celui-ci parvient à
faire avancer la Turquie sur la voie de la démocratie. Au contraire de
ceux qui tentent de faire de la Turquie un pays isolé, suscitant
l’hostilité du monde entier et que personne ne voudrait, et qui tentent
de recueillir des voix sur cette haine, nous ferons de la Turquie une
partie intégrante du monde moderne et de l’Europe moderne, et un membre
à part entière de l’Union européenne où les interdits sont interdits et
les frontières abolies ».
En écoutant ce discours passionné d’Özel, ma mémoire m’a transporté, il
y a exactement 71 ans en arrière. Lors d’une conférence tenue à Paris
le 23 octobre 1954 fut fondée l’Union de l’Europe occidentale, prémisse
de l’Union européenne actuelle, avec la participation de la France, de
l’Angleterre, de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, de l’Italie
et de l’Allemagne fédérale.
Alors que l’Allemagne, principale responsable de la Seconde Guerre
mondiale, était intégrée à cette union, le fait que la Turquie, alors
membre du Conseil de l’Europe depuis 1950 et de l’OTAN depuis 1952,
n’ait même pas été mentionnée dans cette organisation fut reçue avec
surprise au sein de l’opinion publique…
Pourtant, ce n’était guère surprenant… Effectivement, la Turquie fut
admise au sein du Conseil de l’Europe le 13 avril 1950, car elle était
passée d’un régime de parti unique ayant duré des années à un régime
multipartite. Les élections générales du 14 mai 1950 devaient marquer
une étape importante de ce processus de démocratisation.
C’est exactement ce qui arriva, mais la première chose que fit le Parti
démocrate, adoptant une attitude de soumission totale à l’impérialisme
américain, fut d’envoyer une brigade de 4500 hommes en Corée pour
combattre sous le commandement des généraux américains, tout en lançant
une « rafle anticommuniste » de masse.
De plus, le 17 octobre 1954, une semaine seulement avant la création de
l’Union de l’Europe occidentale lors de la Conférence de Paris, un
tribunal militaire condamna 118 membres du Parti communiste de Turquie
à des peines allant jusqu’à dix ans de prison et à des peines d’exil
allant jusqu’à 3 ans.
Le CHP, qui avait soumis les communistes à toutes sortes d’oppressions
et de cruautés tout au long de son pouvoir, demeura en tant que
principal parti d’opposition un fervent soutien de toutes les mesures
anticommunistes et pro-OTAN.
Bien que la première demande d’adhésion de la Turquie à l’ancienne
Communauté économique européenne ait été faite par le Premier ministre
Adnan Menderes en 1959, à une époque où le terrorisme d’État allait
crescendo, la signature d’un accord d’association ne fut possible que
le 12 septembre 1963, après l’adoption de la nouvelle constitution en
1961. Cependant, en raison des coups d’État fascistes successifs de
1971 et 1980, et de la terreur d’État qui fut poursuivie par la suite
sous des gouvernements civils, les négociations d’adhésion à part
entière n’ont jamais pu être lancées.
Tout comme Özgür Özel aujourd’hui, lorsque le CHP forma en 1978 un
gouvernement avec la participation de députés sans partis, le Premier
ministre Bülent Ecevit se rendit à Bruxelles pour une série
d’entretiens à la fois avec les dirigeants de l’OTAN et du Marché
commun, et lors d’un rassemblement qu’il fit organiser le 27 mai 1978,
s’adressa aux travailleurs de Turquie de cette ville pour qu’ils «
aident financièrement » l'économie de la Turquie à sortir de la crise.
Les détails des entretiens d’Ecevit avec les dirigeants de l’OTAN et de
la CEE à l’époque, ainsi que sa demande d’aide aux travailleurs de
Turquie présents au meeting, sont repris dans les bulletins en langue
turque, française et anglaise d’Info-Türk de mai 1978.
(https://www.info-turk.be/19.pdf)
Mais le coup d’État militaire fasciste du 12 septembre 1980 allait non
seulement porter un coup aux relations de la Turquie avec les
institutions européennes, mais aussi priver de leur citoyenneté des
figures de l’opposition établis à l’étranger et placer les
organisations de travailleurs migrants sous le contrôle des consulats
et de la Fondation Diyanet.
Sous le régime de parti unique de l’ANAP consécutif au coup d’État de
1980, le Premier ministre Turgut Özal est venu à Bruxelles avec une
importante délégation pour relancer les négociations d’adhésion à la
CEE. Après avoir participé à une série d’entretiens avec le soutien du
Premier ministre grec Papandreou, il s’était vanté lors d’une
conférence de presse au Centre de la presse internationale le 4 mars
1988 que l’État turc avait pu obtenir le droit à une adhésion à l’UE
après avoir mis fin à ses pratiques antidémocratiques.
Seulement, faute de progrès significatifs en matière de droits humains,
les rapports entre Bruxelles et Ankara se bornèrent à des allées et
venues protocolaires infructueuses. La candidature de la Turquie ne fut
acceptée qu’au Sommet d’Helsinki tenu les 10 et 11 décembre 1999, à une
époque où Ecevit était redevenu Premier ministre, et le Document de
partenariat pour l’adhésion fut approuvé par le Conseil de l’Union
européenne le 8 mars 2001.
Les dirigeants de l’AKP qui, alors qu’ils étaient dans l’opposition,
avaient qualifié l’Union européenne de « piège sioniste », changèrent
de discours après leur arrivée au pouvoir lors des élections de 2002,
et réussirent à arracher lors du Sommet de Bruxelles du 17 décembre
2004, une décision stipulant que « la Turquie remplit suffisamment les
critères politiques » et à entamer les négociations d’adhésion le 3
octobre 2005.
Toutefois, après qu’Erdoğan ait abandonné les pourparlers de paix avec
la résistance nationale kurde et utilisé le coup d’État bidon de 2016
comme prétexte pour déclencher une terreur d’État sans précédent,
l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est une fois encore
entrée dans une impasse.
Pour que la Turquie puisse devenir un partenaire respecté non seulement
au sein de l’Union européenne, mais aussi auprès du Conseil de l’Europe
et des Nations Unies, il n’y a aucune alternative qu’un renversement de
la dictature AKP-MHP dans les plus brefs délais.
La démonstration de cette volonté par le leader du CHP Özgür Özel lors
du rassemblement de Bruxelles est pour son parti d’une importance
capitale.
Mais pour une pleine démocratisation de la Turquie et l’intégration de
la Turquie à la Communauté européenne, tout comme au sein du Conseil de
l’Europe, comme un État en tous points respectueux des droits humains
et de l’égalité des peuples, , le devoir du CHP, le candidat le plus
fort pour un futur gouvernement, est d’assurer la transition vers une
période où le parti DEM et les autres partis de gauche pourront avoir
voix au chapitre et pouvoir décisionnel, aussi bien au Parlement que
dans les collectivités locales et toutes les institutions de l’État.
Un point important qui a retenu notre attention lors du meeting
bruxellois du CHP de dimanche fut la montée sur scène à la fin du
rassemblement, à l’invitation d’Özel, de tous les orateurs et invités
belges et étrangers présents pour saluer ensemble le peuple.
Dans son discours, Özel exprima aussi ainsi ses remerciements : « Nous
n’avons pas seulement des amis de Turquie parmi nous aujourd’hui. De
nombreux représentants de nos partis frères européens sont présents.
D’éminents représentants de l’Internationale socialiste, du Parti
socialiste européen, des Verts et du Parlement européen sont présents.
Nous remercions chaleureusement tous les députés et le maire de
Bruxelles, les honorables maires de Rome, d’Amsterdam, de Barcelone et
de Budapest qui ont transmis leurs messages, notre frère le maire de
Thessalonique, ainsi que les maires de Timişoara, de Cologne, de
Francfort et d’Utrecht pour le soutien qu’ils ont accordé à cette place
et l’hospitalité qu’ils nous ont offerte. Heureux soient-ils. Nous
sommes ravis qu’ils soient parmi nous ».
Rappelons-le… Tout comme le Parti républicain du Peuple qui a organisé
ce meeting, le Parti socialiste (PS) de la partie francophone de la
Belgique et VOORUIT, le parti socialiste de la partie néerlandophone du
pays, sont également membres de l’Internationale socialiste…
Cependant, bien que le rassemblement ait eu lieu en plein milieu de
Bruxelles, aucun des élus turcs des assemblées municipales, régionales
et fédérale de Belgique, en ce compris ceux qui sont membres de partis
socialistes, n’ont pris la peine d’assister et de montrer leur
solidarité à cette manifestation de solidarité internationaliste à
quelques centaines de mètres de chez eux.
Il n’y a pas si longtemps, tout juste une semaine d’ici, le bourgmestre
socialiste de Bruxelles Philippe Close s’était rendu à Istanbul pour un
évènement du Club de Galatasaray, accompagné de quatre députés turcs du
Parlement régional bruxellois.
Participant à de telles manifestations, cette délégation n’a même pas
pris la peine de témoigner sa solidarité à Ekrem İmamoğlu, maire de la
plus grande métropole d’Europe, en lui rendant visite dans la prison de
Silivri, près d’Istanbul, où il croupit, victime des persécutions de
Tayyip.
Alors que le Parti républicain du Peuple s’apprête à gouverner la
Turquie et à prendre les commandes de ses relations internationales, il
devrait également envisager sérieusement la représentation des citoyens
turcs à l’étranger au sein des gouvernements des pays et régions où ils
résident. Ses partis « frères » au sein de l’Internationale socialiste
devraient se montrer plus vigilants dans la sélection des candidats
turcs et s’efforcer d’empêcher qu’ils ne deviennent les serviteurs du
gouvernement turc actuel.
C’est aussi le devoir du parti DEM qui, tout comme le CHP, est membre
de l’Internationale socialiste.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
S’agit-il seulement du DEM, et que dire de
ce qu’a fait le CHP ?

Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 5 octobre 2025)
Alors que
l’attitude des
députés du DEM lors de l’ouverture de la Grande Assemblée nationale de
Turquie est critiquée, les contributions du CHP à la formation du
régime de Tayyip depuis les 31 dernières années ne doivent pas être
oubliées non plus
J’avais prévu d’écrire
pour cette fois un billet différent pour Artı Gerçek, pour lequel
j’écris sans interruption depuis huit ans. Le 5 octobre marque en effet
le 85e anniversaire d’İnci Tuğsavul, ma compagne et ma plus proche
camarade de lutte. Une vie jalonnée de 31 années passées sur la terre
où elle a vu le jour et a grandi, et de 54 années en exil, continuant à
lutter, envers et contre tous, pour ses convictions…
Alors que nous approchons tous deux les 90 ans avec plus de 60 ans de
vie commune, nous sommes conscients que les feuilles du calendrier
tombent de plus en plus vite et que le nombre de nos proches, amis et
camarades de lutte encore en vie diminue diablement.
Comme à chaque anniversaire, nous vivons toujours en ce jour
l’indignation d’avoir été contraints de demeurer physiquement éloignés
de notre beau pays, où nous avons, des années durant, lutté pour nos
convictions, connu les douleurs et les joies, les défaites et les
espoirs, et d’avoir été régulièrement la cible d’insultes, d’attaques
et de menaces tant par les dirigeants de ce pays que par leurs
représentants à l’étranger.
Dans ces moments chargés d’émotion, notre attention se tourne bien
évidemment vers les initiatives de paix et de démocratisation, tant en
Turquie que dans nos diasporas.
Depuis deux jours, les médias de Turquie s’emballent en interprétations
divergentes de deux évènements inhabituels survenus lors de la
cérémonie d’ouverture de la Grande Assemblée nationale de Turquie.
Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du Peuple),
qui avait assisté au complet à la même cérémonie l’année dernière et
accueilli le président en se levant, a refusé, avec le TİP (Parti
ouvrier de Turquie) et l’EMEP (Parti du Travail), d’assister à la
cérémonie de cette année, où Erdoğan devait prendre la parole, pour
protester contre les arrestations et les destitutions de leurs propres
maires et responsables de parti au cours de l’année écoulée.
Bien que tardive, cette réaction était justifiée.
En revanche, les députés du parti DEM (Parti pour l’Égalité des Peuples
et la Démocratie), qui a toujours défendu l’initiative pour la paix et
la liberté, ont non seulement refusé de participer à cette
manifestation de protestation commune, mais aussi, contrairement à
l’année dernière, se sont levés à l’unisson pour saluer Erdoğan à son
entrée dans l’hémicycle. Plus tard, ils ont également été photographiés
lors de la réception dans le Salon de Marbre aux côtés d’Erdoğan, avec
certains gestes interprétés comme de la sympathie et de l’admiration.
À l’heure où non seulement la résistance nationale kurde, mais aussi
les dirigeants et militants d’autres organisations d’opposition,
victimes du terrorisme d’État, continuent d’être embastillés, cette
proximité et ce respect témoignés à Erdoğan, le principal responsable
de cette oppression, ont suscité un esclandre dans tous les milieux
d’opposition, en ce compris par certains des propres membres et
sympathisants du parti DEM.
Cependant, les contempteurs de cette dernière attitude du parti DEM,
offrant un « remontant » à Erdoğan que les sondages montrent en chute
constante dans les intentions de vote, ne doivent pas négliger les
opportunités offertes et les soutiens accordés à Erdoğan par les
dirigeants du CHP, ni même leurs postures de soumission et de
collaboration, au cours des 31 dernières années où celui-ci a gravi les
marches du pouvoir et consolidé son régime despotique.
Ne l’oublions pas, s’il y a aujourd’hui une dictature Erdoğan à la tête
de la Turquie, ses fondations n’ont pas été uniquement posées grâce à
la coopération et au soutien de partis et de politiciens islamistes et
fascistes.
Souvenons-nous :
Lors des élections municipales de 1994, il y avait trois partis de «
centre-gauche », tous issus du CHP : le SHP (Parti social-démocrate du
Peuple) dirigé par Murat Karayalçın, le DSP (Parti de la Gauche
démocratique) dirigé par Bülent Ecevit, et le CHP dirigé par Deniz
Baykal. Mais faute de pouvoir présenter un candidat commun à la mairie
d’Istanbul en raison de désaccords entre eux, la gestion de la plus
grande métropole de Turquie fut offerte sur un plateau en or à Recep
Tayyip Erdoğan, connu comme le caïd politique du mouvement islamiste.
À Istanbul, le candidat du SHP, Zülfü Livaneli, obtint 20,3% des
suffrages, le candidat du DSP, Necdet Özkan, 12,38%, et le candidat du
CHP, Ertuğrul Günay, 1,4%, soit un total de 34,08% des voix pour les
trois partis de « centre-gauche ». Mais en raison de la division du
vote de « centre-gauche », Recep Tayyip Erdoğan devint maire de la
grande municipalité d’Istanbul en se détachant avec 25,19% des voix.
De plus, c’est Deniz Baykal, le leader du CHP, qui a permis à Recep
Tayyip Erdoğan, empêché d’entrer au Parlement et de devenir Premier
ministre en raison d’une condamnation alors que l’AKP était arrivé seul
au pouvoir après les élections générales de 2002, le droit d’être élu
député lors d’une élection partielle factice, pour accéder à la tête du
gouvernement, puis de l’État.
N'est-ce pas Kemal Kılıçdaroğlu, le leader du CHP qui a soutenu
Erdoğan, utilisant la fausse tentative de coup d’État de 2016 comme
prétexte pour instaurer un régime dictatorial, dans son opération de
l’Esprit de Yenikapı, puis la levée de l’immunité parlement des élus du
HDP, dont Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ ?
Par la suite, on n’oublie pas qu’Özgür Özel, qui a pris la présidence
du CHP l’année dernière, avait déclaré bravache : « Nous allons
reconquérir Taksim », avant de se retirer sans résistance devant
l’Aqueduc de Valens le matin du 1er Mai. Le lendemain, il rendit visite
à Recep Tayyip Erdoğan au siège de l’AKP, où après une rencontre avec
des visages tout souriants, il inaugura une ère de « détente » dans la
vie politique turque.
Tandis que je pensais à tout cela, un article de mon vieil ami, Enis
Coşkun, secrétaire général de l’Association pour la Paix de Turquie
dissoute après le coup d’État de 1980, publié dans le journal du Parti
communiste français L’Humanité, est apparu sur mon écran.
S’opposant à la nomination du tyran américain Trump au prix Nobel de la
Paix, Enis tire une leçon cruciale de l’histoire mondiale :
« Le 29 septembre 1938, le Premier ministre britannique Chamberlain, le
Premier ministre français Daladier, le ministre italien des Affaires
étrangères Galeazzo Ciano et Hitler signaient les accords de Munich qui
entérinèrent l’occupation par l’Allemagne de la région des Sudètes, au
sud de la Tchécoslovaquie. Moins d’un an après ces accords, le 1er
septembre 1939, Hitler attaquait la Pologne, déclenchant la guerre la
plus sanglante de l’Histoire.
« Les signataires prétendirent avoir sauvegardé la paix au mépris des
nombreuses critiques et mises en garde sur l’expansionnisme hitlérien.
« Douze parlementaires suédois proposèrent alors la candidature de
Chamberlain au prix Nobel de la paix au nom de ce « succès ».
« […] en 1939, le Prix Nobel de la Paix n’a pas été décerné. La rancune
d’Hitler ne se fit pas attendre longtemps : le 9 avril 1940, il
envahissait la Norvège. »
Oui, 86 ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, qui a plongé
le monde entier dans la catastrophe, éviter les faiblesses de
Chamberlain dans ses relations avec le duo Erdoğan-Bahçeli, symbole de
la dictature et de l’hostilité à la paix, non seulement en Turquie,
mais aussi dans tout le Moyen-Orient et l’Egée, devrait être le devoir
primordial de toute personne et organisation tenant pour la démocratie,
la liberté et la fraternité des peuples.
Si aucune mesure concrète n’a encore été prise au cours du processus
qui dure depuis un an et que le gouvernement a baptisé « Turquie sans
terreur », si on veut que les dirigeants politiques et les militants de
la lutte pour la paix et la liberté ciblés par le duo Erdoğan-Bahçeli
continuent à croupir en prison, la Grande Assemblée nationale de
Turquie où tout peut se décider est là…
Le premier devoir ne devrait pas être de perdre du temps et de tromper
le monde avec des réunions de commission bidon ou des rencontres en
Salon de Marbre, mais d’assurer par un véritable travail parlementaire
l’abrogation rapide de toutes les lois antidémocratiques et
l’organisation d’élections anticipées qui remplaceront un « système
présidentiel » corrompu par un véritable parlement représentant la
volonté populaire.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
"Rejoins l'AKP ou tu seras jeté en
prison": l'opposition turque en étau
Sous la pression des autorités turques, de plus en plus de maires et
élus d'opposition rallient le parti au pouvoir AKP du président Recep
Tayyip Erdogan.
Depuis les élections locales de mars 2024 largement remportées par le
CHP, premier parti d'opposition, une soixantaine de mairies tenues par
différentes formations d'opposition sont passées aux mains de l'AKP
(islamo-conservateur), dont sept au cours des deux derniers mois.
Dans la majorité des cas, les municipalités ont changé d'affiliation en
suivant leur maire, démissionnaire pour rejoindre le parti au pouvoir,
à l'image de la maire d'Aydin (ouest), Özlem Cercioglu, dont le
ralliement à l'AKP a été annoncé lors d'une cérémonie par le président
turc en personne.
Pour le CHP social-démocrate, ces ralliements illustrent la pression
qui s'est abattue sur le parti dont de nombreux élus ont été arrêtés
pour "terrorisme" ou "corruption", ce qu'ils nient, tel le populaire
maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan,
emprisonné depuis mars.
"Rejoins l'AKP ou tu seras jeté en prison. Voilà ce qu'ils disent!" a
dénoncé en août le président du CHP Özgür Özel.
"La seule raison pour laquelle j'ai été arrêté et suspendu de mes
fonctions est mon refus de céder aux pressions pour rejoindre l'AKP", a
de son côté accusé le maire CHP de Bayrampasa - un des 39 districts
d'Istanbul -, Hasan Mutlu, détenu depuis mi-septembre pour "corruption".
- "Forcés à démissionner" -
"Les maires le constatent, il n'est pas nécessaire de commettre une
infraction pour être emprisonné en Turquie. On force les gens à
témoigner contre eux", assure à l'AFP le vice-président du CHP Murat
Bakan. "Certains maires, aux convictions plus solides et plus
combatifs, résistent. Mais d'autres, par peur, préfèrent changer de
parti plutôt que de se retrouver en prison".
"La principale motivation de l'AKP est de conserver son pouvoir et de
nous priver des opportunités de gouvernance locale qui, selon eux, nous
apportent le soutien des électeurs. Ils veulent accaparer autant de
mairies que possible", estime aujourd'hui M. Bakan.
Cette tendance existait déjà après les élections municipales de 2019,
quand les maires de dizaines de municipalités remportées par le parti
pro-kurde DEM, dans le sud-est du pays, ont été invalidés et remplacés
par des administrateurs issus de l'AKP.
Le CHP dénonce aussi des pressions sur les élus pour changer la
composition des conseils municipaux.
Sitki Keskin, conseiller du district de Cukurova à Adana (sud), dont le
maire CHP Zeydan Karalar est emprisonné depuis juillet, affirme à l'AFP
que les tensions apparaissent quand l'opposition et l'AKP se retrouvent
face à face au sein d'un conseil municipal.
"Dans certaines localités dont les maires ont été arrêtés et destitués,
des conseillers ont été forcés à démissionner afin de céder la majorité
des sièges à l'AKP qui pèsera ainsi sur la désignation d'un maire
adjoint", affirme-t-il.
"L'objectif est de neutraliser l'opposition", explique à l'AFP la
politologue Sinem Adar, du Centre d'études appliquées sur la Turquie,
basé à Berlin.
"Avec ces ralliements, l'AKP tente également d'insinuer l'idée que le
parti est toujours populaire puisque ces maires délaissent le CHP pour
le rejoindre. Or la popularité de l'AKP est en baisse constante depuis
2015", ajoute-t-elle.
"Nos frères et soeurs qui ont rejoint nos rangs (...) jugent que l'AKP
est le parti idéal pour servir la nation. Cela nous réjouit. Je suis
convaincu que de nouveaux ralliements surviendront", s'est félicité
mi-septembre le président turc.
"Mais cette stratégie ne marche pas, au contraire. Notre résistance
consolide l'ensemble de l'opposition", affirme Murat Bakan.
Parallèlement aux pressions judiciaires qui visent à évincer le
président du CHP par une procédure toujours en cours, la "guerre sur
plusieurs fronts" que le pouvoir mène contre l'opposition devrait se
poursuivre, estime Sinem Adar.
"L'AKP est arrivé au bout de sa capacité à se réformer, d'où le recours
à la répression", poursuit-elle.
"Si des élections libres avaient lieu, les chances de l'AKP seraient
très minces. Nous sommes pris dans un tourbillon. Tant que le CHP
continue de résister, cet antagonisme se complique encore davantage",
avance l'analyste. (AFP, 2 oct 2025)
Quelle
est la position de l’opposition sur le
réarmement?

Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 25 septembre 2025)
Le CHP,
tout comme le parti
DEM et les autres partis de gauche, doit au plus vite s’opposer, par
principe, à la folie du réarmement imposé par l’OTAN au gouvernement
AKP-MHP.
L’échec de la tentative
par le gouvernement AKP-MHP de paralyser le CHP en mobilisant toute la
mécanique judiciaire, neutralisée grâce à l’organisation d’un nouveau
congrès extraordinaire, a constitué une victoire majeure pour notre
front démocratique… Cependant, malgré cette défaite, on peut s’attendre
à ce qu’Erdoğan et ses collaborateurs continuent de fomenter de
nouveaux complots… Il n’est guère surprenant que le despotisme qui a
conduit à l’incarcération du maire élu d’Istanbul, İmamoğlu, après ceux
des municipalités à majorité kurde, ait immédiatement après ce congrès
ciblé la municipalité d’Ankara…
Il n’y a aucun doute que le CHP, annoncé comme devançant de loin l’AKP
dans les derniers sondages d’opinion, devrait s’imposer, devrait
s’imposer comme le principal parti lors des prochaines élections,
qu’elles soient anticipées ou tenues à temps, et la principale force du
futur gouvernement de coalition.
Ce que l’on attend d’Özgür Özel, qui a prouvé son leadership non
seulement en organisant avec succès des rassemblements de résistance de
masse, mais aussi en se faisant élire à l’unanimité lors du dernier
congrès extraordinaire de son parti, c’est, plutôt que de flirter avec
les partis de droite comme son prédécesseur Kılıçdaroğlu, de former une
coalition avec le parti DEM, qui a la confiance du peuple kurde, et les
partis de gauche, et d’inaugurer une véritable ère « de démocratie et
de paix » en Turquie.
Nous avions connu une situation similaire à celle d’aujourd’hui, il y a
exactement un demi-siècle, lors des premières élections générales
consécutives au coup d’État militaire du 12 mars 1971. Alors que l’AP
sous la direction de Demirel n’avait recueilli que 29,82 pourcents des
suffrages, le CHP était arrivé en tête avec 33,30 pourcents, en captant
toutes les voix de gauche du fait de l’interdiction du Parti ouvrier de
Turquie et de l’absence de tout autre parti pour remplacer ce dernier.
Sous le nouveau gouvernement formé par Bülent Ecevit, qui dirigeait
alors le CHP, en coalition avec le MSP islamiste, il était attendu que
la première priorité soit la libération immédiate de tous les
prisonniers politiques incarcérés. Cependant, tandis que tous les
islamistes condamnés ou emprisonnés en vertu de l’article 163 du Code
pénal turc furent libérés après le premier vote à l’Assemblée,
l’amnistie de nos camarades socialistes et kurdes condamnés ou
emprisonnés en vertu des articles 141 et 142 fut bloquée par les
députés du MSP, et leur libération ne fut possible que grâce à
l’intervention de la Cour constitutionnelle.
De plus, l’intervention de l’armée turque menée contre le coup d’État
grec d’extrême droite à Chypre à cette époque, allait bientôt se
transformer en une opération d’invasion, et pour la première fois
depuis la fondation de la république, la Turquie allait établir une
zone d’occupation en dehors de ses frontières.
L’hystérie militariste générée par l’Opération de Chypre a non
seulement favorisé l’accélération du réarmement en Turquie, mais aussi
préparé le terrain pour le coup d’État militaire fasciste, encore plus
sanglant, qui allait être mené six ans plus tard, le 12 septembre 1980.
La raison pour laquelle je rappelle ceci vient d’une série de
déclarations favorables à de futurs « projets de défense » que le CHP,
futur candidat au pouvoir, a tenu, tout en menant par ailleurs une
lutte justifiée contre la dictature de Tayyip.
Alors que tous les pays du monde, des USA à la Russie, de l’Union
européenne à la Chine, se livrent à une course effrénée aux armements,
le vice-président du CHP, Yankı Bağcıoğlu, responsable des politiques
de défense nationale, a expliqué lors d’une déclaration faite le 6
décembre 2024 :
« Il y a une course aux armements qui s’intensifie rapidement dans le
monde et dans notre voisinage. Les mesures prises par la Turquie dans
ce contexte sont-elles suffisantes ? Nous devons nous poser cette
question et chercher des réponses réalistes. L’examen du rapport annuel
sur les dépenses de défense de l’UE, récemment publié par l’Agence
européenne de défense, nous permet de constater clairement la gravité
de la situation dans notre région.
« Par exemple, la Grèce est l’un des pays de l’UE qui consacre le plus
de ressources à sa défense. Avec des dépenses de défense atteignant les
2,8 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2023, la Grèce se classe
au 4e rang des pays de l’UE. Plus frappant encore, les trois premiers
pays du classement sont la Pologne, la Lituanie et l’Estonie, qui
partagent des frontières avec la Russie. L’allocation d’un budget aussi
important à sa défense par la Grèce, alors qu’elle est entourée de pays
membres de l’OTAN, montre clairement que sa perception générale de la
menace diffère de celle de l’OTAN et du système international.
« Ce tableau devrait aussi servir d’enseignement important pour la
Turquie. Nous devons non seulement analyser les dépenses de défense de
nos voisins, mais aussi évaluer avec réalisme les performances de
l’industrie turque de défense. Ce secteur, qui s’était fixé un objectif
d’exportation de 6 milliards de dollars pour 2023, a clôturé l’année en
deçà de son objectif, avec 5,54 milliards de dollars. Aucun objectif
clair n’a été annoncé depuis longtemps pour 2024. Selon le programme
annuel présidentiel pour 2025 publié fin octobre, les exportations pour
2024 étaient estimées à 6,6 milliards de dollars. Cependant, en
novembre, le total des exportations n’a pu atteindre que 5,761
milliards de dollars. Ces chiffres montrent que pour atteindre
l’objectif de 6,6 milliards de dollars, il faudra en décembre dépasser
le record du mois d’octobre (820 millions de dollars). L’industrie
turque de la défense a le potentiel pour atteindre des volumes
d’exportation bien plus importants. Mais cela nécessite une vision plus
forte, un leadership plus déterminé et un soutien accru à notre
industrie de défense. »
Le même vice-président, dans une dernière déclaration faite le 2
septembre 2025, met en exergue le fait que l’industrie turque de
défense est devenue un acteur mondial grâce à des décennies de travail
et de détermination, en expliquant :
« Nos drones/UCAV développés par Baykar et TAI sont devenus une marque
mondiale et ont représenté une part importante de nos exportations dans
le secteur de la défense, totalisant 7,1 milliards de dollars en 2024.
Le KAAN, développé sous la direction de TAI, a effectué son premier vol
en 2024, plaçant la Turquie parmi les rares pays capables de produire
des avions de combat de cinquième génération. Le Projet MILGEM, initié
par la vision des regrettés amiraux Vural Bayazıt et Özden Örnek, a
renforcé nos forces navales avec l’intégration de corvettes et de
frégates nationales à notre arsenal. Le Projet Dôme d’Acier va
renforcer notre défense aérienne, mais compte tenu des initiatives
prises par les pays de la région en ce sens, il s’agit d’une initiative
cruciale bien tardive. Bien que retardés, le char ALTAY, les obus
FIRTINA et les systèmes de guerre électronique KORAL amélioreront
l’efficacité de nos forces terrestres au sol.
« Posséder ou soutenir l’industrie nationale de défense ne doit pas
être réduit au soutien à un parti politique, cette question doit être
abordée dans une perspective supra-politique. Assurer la préparation
des forces armées turques à la guerre pour contrer toutes les menaces
est un devoir assigné au pouvoir exécutif en vertu de l’article 117 de
la Constitution. S’acquitter de ce devoir n’est pas une faveur, mais
une obligation constitutionnelle ».
De plus, le président du CHP Özgür Özel, lors d’une visite au TAI le 25
octobre 2024, a déclaré : « C’est ici une institution précieuse de la
Turquie. J’ai été l’un des premiers responsables politiques à partager
le premier vol du Kaan et à exprimer notre fierté pour cette
entreprise. Tous les membres du Parti républicain du Peuple soutiennent
le TAI et ses filiales, et tous ses projets en cours. Nous les suivons
avec la plus grande attention. C’est l’une des institutions qui mérite
le plus de soutien. Il est non seulement stratégique pour l’industrie
de la défense, mais il exporte également. L’année dernière, il a généré
près d’un milliard de dollars de revenus pour la Turquie grâce à ses
exportations de haute technologie ».
Il y a deux mois, le ministre belge de la Défense Theo Francken avait
participé avec une importante délégation militaire au Salon
international de l’industrie de la défense (IDEF) à Istanbul, en ne
tarissant pas d’éloges sur le renforcement de l’industrie turque de
guerre, avant de se rendre à Ankara pour s’agenouiller devant le
mausolée d’Atatürk à Anıt Kabir.
De tels éloges de Francken, qui est l’un des dirigeants du parti
nationaliste flamand N-VA, en qualité de ministre de la Défense, à la
Turquie qu’il avait vivement critiqué il y a six ans alors qu’il était
député, avait pour calcul d’encourager l’augmentation des dépenses en
armement des États membres de l’OTAN.
Ces démonstrations de Francken ont profondément ému le leader du CHP
Özgür Özel, qui lui a adressé ce message : « Au nom des millions de
citoyens attachés aux valeurs fondatrices de notre République, je vous
remercie une fois encore, et souhaite dès que possible vous rencontrer
personnellement et échanger avec vous ».
Heureusement, la députée d’Erzurum du parti DEM Meral Danış Beştaş,
alors que le budget 2025 du ministère de la Défense nationale était
discuté à la GANT le 13 décembre 2024, a formulé les critiques
justifiées suivantes à l’égard de l’armement de l’État turc :
« Un budget record a été alloué au secteur de la défense et de la
sécurité en Turquie pour 2025. 913 milliards de livres de dépenses ont
été alloués à la défense et 694 milliards à la sécurité intérieure. En
incluant le Fonds de soutien à l’industrie de défense, on parle d’un
budget de 1608 milliards de livres turques. La Turquie figure parmi les
pays les plus dépensiers de l’OTAN. Le budget de la défense nationale a
augmenté de 41 pour cent. Il s’agit d’un budget qui surpasse ceux de la
santé et de l’éducation. Ce budget, alloué au conflit et à la violence,
est en réalité un budget pris à la population. Le budget alloué aux
institutions de défense et de sécurité en 2025 équivaut au total des
salaires annuels de près de 7 millions de travailleurs soumis au
salaire minimum. Une augmentation de salaire de 50 pour cent aurait pu
être accordée à 500 000 enseignants. Ce budget de la défense aurait pu
initier une révolution de bien-être pour les autres segments de la
société.
« La géographie change, les cartes se redessinent, mais vous continuez
à bombarder le Rojava. Il n’y a pas d’autres discours que de qualifier
le peuple habitant là-bas de terroriste/ Chaque bombe que vous larguez
là-bas nous touche profondément, ils sont nos frères. Au lieu de cette
politique d’hostilité, nous proposons une politique de solidarité. Vous
dites : « Ce n’est pas nous, c’est l’ANS qui fait cela ». Demandez à
qui veut l’entendre, il sait exactement ce qu’est l’ANS. Il y a une ANS
qui s’approvisionne de tout en Turquie, de ses armes à ses chaussures
en passant par ses sous-vêtements, nommons-le. La plus longue frontière
de la Turquie est celle qu’il partage avec la Syrie, et cette frontière
entourée de barbelés et de mines, offre-t-elle un climat de paix ? Nous
parlons de la possibilité que la porte s’entrouvrant à la paix soit
ensoleillée. Une solution sans armes est possible. Nous luttons depuis
des années pour la justice et nous sommes prêts à consacrer tous nos
moyens pour la paix. Regardons les réalités en face et laissons les
gens des deux côtés étouffer le grondement des canons par des cris de
joie. »
Neuf mois se sont écoulés. Tandis que les palabres se poursuivent au
sein de la commission créée à la GANT dans le cadre du processus
baptisé « Turquie sans terrorisme » par le pouvoir et « Société
pacifique et démocratique » par la résistance kurde, le président de
l’État turc Erdoğan parti pour New York pour s’adresser aux Nations
Unies et obtenir le soutien du président américain Trump, continue de
soutenir l’ANS et de menacer le Rojava, en s’entendant comme larrons en
foire avec le chef islamiste syrien Ahmed al-Charaa.
Oui, le CHP, le parti numériquement le plus puissant de Turquie, doit
tout de suite abandonner son soutien au réarmement et, aux côtés du
DEM, représentant politique de la résistance kurde, et des autres
partis de gauche, assumer la responsabilité de jeter les bases de la
paix et de la démocratie dans ce pays.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
New judicial package would criminalize LGBTI+
journalism, press freedom groups warn
Seventeen press and freedom of expression organizations, including the
Media and Law Studies Association (MLSA), the Turkish Journalists’
Union (TGS), and the DİSK Press Workers (Basın-İş) union, have called
for the removal of anti-LGBTI+ provisions from the draft of Turkey’s
11th Judicial Reform Package.
The package, expected to be submitted to parliament soon, introduces
prison sentences ranging from one to three years for those who "promote
or encourage" what are described as “indecent acts.”
The relevant article reads, “Anyone who engages in or publicly
encourages, praises, or promotes behavior that contradicts innate
biological sex and public morality shall be punished with imprisonment
from one to three years.”
Also according to the draft, content featuring LGBTI+ characters or
telling their stories could be penalized or removed from broadcast by
the Radio and Television Supreme Council (RTÜK).
In a joint statement, the organizations argued that the proposed
measures would effectively criminalize reporting on LGBTI+ issues.
“If enacted, this legislation would eliminate the right of LGBTI+s to
receive and share news,” the statement read. “It would turn coverage of
rights violations against LGBTI+ people, trans murders, publications on
sexual health, Pride Marches, and other LGBTI+-related stories into
criminal offenses under the guise of ‘promotion.’”
The draft includes a provision titled “indecent acts,” which proposes
up to three years in prison for praising, encouraging, or promoting any
behavior deemed contrary to “biological gender” or “public morality.”
The statement emphasized that the language of the bill is even vaguer
and more punitive than Russia’s 2013 “gay propaganda law.”
Increasing pressure on LGBTI+ journalism
The statement also noted that censorship and pressure against LGBTI+
communities and media intensified following the government’s
declaration of 2025 as the “Year of the Family.”
It cited the February arrest of Yıldız Tar, editor-in-chief of Kaos GL,
a news portal focusing on LGBTI+ rights, and the June ban on access to
Kaos GL’s website and social media accounts for allegedly “openly
inciting crime.”
“The proposed provision reportedly included in the 11th Judicial
Package will escalate rights violations and turn reporting on LGBTI+
issues, which is already difficult, into a punishable offense. Vague
terms like ‘contrary to biological gender’ or ‘against public morality’
will open the door to arbitrary interventions against the press and
civil society," said the statement.
“This proposal does not only target LGBTI+ individuals. It also places
journalists who report on LGBTI+ rights violations under threat of
prosecution and seeks to criminalize their work. For these reasons, we,
the undersigned press and expression freedom organizations, demand the
immediate removal of this provision from the proposed legislation.”
Signatories:
Media and Law Studies Association (MLSA), Dicle Fırat Journalists’
Association, European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF), P24
Platform for Independent Journalism, Progressive Journalists
Association (ÇGD), International Press Institute (IPI), European
Federation of Journalists (EFJ), International Federation of
Journalists (IFJ), Journalists Union of Turkey (TGS), Observatory of
the Balkans, Caucasus and Trans-Europe (OBCT), Committee to Protect
Journalists (CPJ), Foreign Media Association, PEN International, PEN
Norway, Media and Migration Association (MGD), Balkan Investigative
Reporting Network (BIRN), DİSK Basın-İş. (BIA, 24 Oct 2025)
Le procès des journalistes, dont celui de l'AFP, renvoyé
Le procès de quatre journalistes turcs, dont le photographe de l'AFP
Yasin Akgül, arrêtés pendant la vague de manifestations de l'opposition
en mars, a été renvoyé vendredi au 27 novembre par le tribunal pénal
d'Istanbul, a constaté l'AFP.
Les reporters interpellés couvraient tous la vague de contestation
déclenchée par l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem
Imamoglu, toujours détenu. Ils avaient été libérés de prison après
plusieurs jours de détention.
Outre le journaliste de l'Agence France-Presse, le photographe
indépendant Bulent Kiliç, le reporter de la chaîne Now Haber Ali Onur
Tosun, ainsi que la journaliste indépendante Zeynep Kuray étaient
appelés à comparaitre.
"Je suis journaliste depuis quinze ans, mais jamais je n'ai été arrêté
chez moi, à l'aube, sous les yeux de mes enfants", a déclaré Yasin
Akgül à la barre. "Je marchais devant les manifestants, à côté des
policiers, pour avoir de meilleures photos", a-t-il insisté.
"Mon client est journaliste... son contrat a été joint au dossier.
Alors qu'il couvrait une manifestation publique, il est accusé d'y
avoir participé...", a déploré son avocat, Me Kemal Kumkumoglu.
"Ces journalistes ont fait leur travail, il n'y aucune infraction",
a-t-il lancé à la cour, réclamant la relaxe.
Des milliers de manifestants et plus d'une dizaine de journalistes,
ainsi que des avocats, avaient été arrêtés lors de cette vague de
contestation en soutien à M. Imamoglu, figure de l'opposition et
principal rival du président Recep Tayyip Erdogan.
Ils ont été accusés d'avoir violé la loi sur les manifestations et
rassemblements publics. Ils risquent en théorie jusqu'à trois ans de
prison.
Yasin Akgül est le seul d'entre eux travaillant pour un média
international.
"Nous suivons de très près les poursuites judiciaires injustement
lancées contre Yasin Akgül. Le dossier d'accusation contre notre
photographe, qui ne faisait que son travail en couvrant des événements
d'intérêt public, est vide", a indiqué Phil Chetwynd, directeur de
l'Information de l'AFP.
"L'AFP attend sa relaxe complète et réaffirme son attachement
indéfectible à la liberté de la presse et à la protection des
journalistes, partout dans le monde", a-t-il insisté.
L'organisation Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé un "complot
pour masquer la brutalité policière" exercée lors des manifestations.
Pour Erol Önderoglu, le représentant de RSF en Turquie, "les poursuites
pour complot contre les journalistes, accusés d'être des +activistes+,
auraient dû cesser aujourd'hui et des relaxes prononcées immédiatement".
Face à la mobilisation de mars, sans précédent depuis les grandes
manifestations antigouvernementales de Gezi en 2013, le président
Erdogan avait juré de ne pas céder à la "terreur de la rue".
(AFP, 24
oct 2025)
Sixième renvoi du procès de la sociologue
franco-turque Pinar Selek
Le procès fleuve par contumace de Pinar Selek, sociologue franco-turque
accusée de "terrorisme", a été renvoyé mardi pour la sixième fois par
un tribunal d'Istanbul, ont annoncé ses proches à l'AFP.
La prochaine audience aura lieu le 2 avril 2026, ont indiqué ses
avocats à son comité de soutien et à l'intéressée, réfugiée en France,
qui a pris la parole depuis Marseille (sud).
La justice turque poursuit la chercheuse, spécialiste des mouvements
féministes kurdes, depuis 27 ans et a déjà prononcé quatre
acquittements.
"Le procès est reporté au 2 avril à 9H45 (6H45 GMT)", a confirmé Pinar
Selek mardi devant son comité de soutien par visioconférence, précisant
que "la demande d'emprisonnement à vie et le mandat d'arrêt
international" qui la visent sont maintenus.
"Ils pensent me fatiguer mais ils n'arriveront pas à éteindre les
lucioles. Le pouvoir (turc) est en train de perdre", a-t-elle ajouté,
annonçant qu'elle espérait suivre la prochaine audience depuis les
locaux de la Ligue des droits de l'homme à Paris.
Comme la dernière fois, le 25 avril, l'audience a été refermée à peine
ouverte et Pinar Selek a confié craindre la lassitude des médias après
de si nombreux acquittements et renvois d'audiences.
Le tribunal avait alors affirmé attendre une réponse d'Interpol,
l'organisation internationale de police criminelle, à sa demande
d'extradition.
Or, selon l'avocat de Mme Selek, Me Akin Atalay, "Interpol a bien
refusé le mandat d'arrêt mais la cour ne l'a pas pris en compte".
Pinar Selek a été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la
communauté kurde, puis accusée d'être liée à une explosion qui avait
fait sept morts au bazar aux épices d'Istanbul.
Libérée fin 2000, elle est d'abord restée à se battre en Turquie avant
d'être poussée à l'exil en avril 2009. Elle se dit convaincue d'être
arrêtée dès son arrivée si elle rentre en Turquie.
En juin 2024, l'accusation a ajouté une nouvelle pièce au dossier en
accusant la chercheuse d'avoir participé à un événement organisé en
France par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le PKK, considéré comme un mouvement terroriste par Ankara et ses
alliés occidentaux, est interdit en Turquie, mais s'est engagé depuis
près d'un an dans un processus de désarmement et de paix avec les
autorités turques. (AFP, 21 oct 2025)
Une
journaliste kurde condamnée à près de 3,5 ans
de prison
La journaliste kurde Öznur Değer a été condamnée à près de trois ans et
demi de prison par un tribunal turc pour « propagande terroriste »
après avoir rapporté le meurtre de deux collègues par un drone turc au
Rojava.
Un tribunal turc a condamné la journaliste kurde Öznur Değer à trois
ans et quatre mois et demi de prison pour « propagande terroriste ». Le
verdict a été rendu mardi par la deuxième Cour pénale de Mardin. Öznur
Değer est la rédactrice en chef de l’agence de presse féminine kurde
Jin News.
Le verdict a été rendu en l’absence de l’accusée et de ses avocats. Le
procès a été ouvert à la suite d’une perquisition en février dernier,
au cours de laquelle Değer a été arrêtée au domicile familial dans le
district de Kızıltepe par l’Unité spéciale antiterroriste turque (PÖH),
qui a usé de la force pour l’appréhender. Elle a été maintenue en
détention provisoire pendant environ trois mois avant d’être libérée
sous caution en mai.
Les accusations reposaient sur l’article 7/2 controversé de la loi
antiterroriste turque, qui criminalise la « propagande » en lien avec
une organisation classée comme « terroriste » – en l’occurrence,
prétendument reprise en faveur du PKK. Les accusations portaient sur
les reportages et publications de Değer sur les réseaux sociaux
concernant une frappe de drone meurtrière menée par l’armée turque dans
le nord et l’est de la Syrie fin 2024, au cours de laquelle les
journalistes Nazim Daştan et Cihan Bilgin ont été tués.
L’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), basée à Amed
(Diyarbakır), a vivement critiqué le verdict : « Nous n’acceptons pas
ce verdict contre notre collègue. Nous le réaffirmons : le journalisme
n’est pas un crime et ne doit pas être criminalisé. »
Depuis des années, l’Association des droits de l’homme (IHD) dénonce
l’abus de la justice turque par la loi antiterroriste et
l’interprétation extrêmement large de ce que constitue le « terrorisme
» afin de réprimer les opinions dissidentes. Dans le cas des Kurdes et
des militants de gauche, notamment, les accusations infondées de
terrorisme sont systématiquement instrumentalisées pour sanctionner des
actions impopulaires. Même les discours politiques, les écrits
critiques et la participation à des manifestations sont souvent
qualifiés de « terrorisme ». (AFP, 21 oct 2025)
Journalist Asuman Aranca sentenced to prison over report on
high-profile murder case
An İstanbul court has sentenced journalist Asuman Aranca to 10 months
in prison for publishing details from an expert report related to the
2021 assassination of Sinan Ateş, former leader of the Turkish
nationalist Grey Wolves (Ülkü Ocakları) group.
The sentence was deferred by the court, meaning it will not be enforced
unless Aranca commits another offense within a specified period.
The İstanbul 2nd Penal Court of First Instance ruled that Aranca, a
reporter for independent news outlet T24, violated the confidentiality
of the investigation with her article titled, “T24 obtains expert
report in Sinan Ateş murder file: Grey Wolves chair allegedly requested
Ateş's address.”
Originally sentenced to one year in prison, the court reduced the
sentence to 10 months due to good conduct and ruled to defer the
announcement of the verdict.
The Journalists Association of Turkey criticized the court's decision,
describing it as "yet another example of attempts to criminalize
journalism."
It also noted that Aranca's article had been awarded the association's
2024 Investigative Journalism Award.
“We will keep saying 'journalism is not a crime' and stand against all
forms of pressure targeting journalists who report in the public
interest," said the statement.
During the hearing, held via video conference from Ankara, both Aranca
and her lawyer, Mustafa Gökhan Tekşen, denied the charges. Prosecutors
argued that the publication of details from the expert report exceeded
the boundaries of press freedom and did not serve the public interest.
Aranca rejected this claim, stating, “The report in question is 900
pages long. The part concerning the individual is 400 pages. It is not
possible to publish the entire document.”
She also emphasized the continued political and public relevance of the
case, adding, “One of the suspects was recently killed in broad
daylight. This case has been part of public discourse, even
fictionalized in TV series like 'Behzat Ç.' How can there be no public
interest?”
She further argued that the report had already been shared with parties
involved in the investigation, meaning it was no longer confidential.
All individuals named in the report had already been convicted, so the
presumption of innocence had not been breached, she added.
Her lawyer said, “Neither the prosecution nor any other authority has
the power to dictate how journalism should be conducted,” he said,
adding that the indictment itself acknowledged the newsworthiness of
the report.
Tekşen highlighted that the article had received journalism awards from
the Progressive Journalists Association, the Journalists Association of
Turkey, and the Ankara Journalists Association. He also stated that no
parties named in the article had filed a complaint.
Following the defense, the court announced its decision to convict
Aranca but deferred the sentence, effectively suspending it unless
further legal infractions occur. (BIA, 22 Oct 2025)
Punitive travel restrictions hinder journalists in
Turkey, union warns
The Journalists Union of Turkey (TGS) has raised concerns over the
increasing use of judicial control measures against reporters, stating
that such restrictions are hindering press freedom and interfering with
professional journalism.
At a press conference held yesterday at the TGS office in Şişli,
İstanbul, union officials said that at least 67 journalists were
subjected to judicial control orders between Sep 2024 and Sep 2025.
These measures, which typically include international travel bans and
mandatory check-ins at police stations, are imposed during
investigations and prosecutions.
“We often talk about pressure on the press in terms of trials and
detentions. But the number of judicial control orders against
journalists is rapidly increasing and making it impossible for them to
do their jobs," said TGS Secretary-General Banu Tuna.
“A reporter does not work from behind a desk. A journalist who cannot
travel is no longer able to do their job. When someone is prevented
from leaving their home, city, or country, the message is clear: ‘You
can no longer practice journalism',” she added.
The report did not cover journalists placed under judicial control
prior to Sep 2024, meaning the actual number could be higher.
“Determining the exact number of journalists currently under judicial
control and the duration of these measures is nearly impossible due to
the widespread and arbitrary nature of the practice,” Tuna said.
109 journalists detained in a year
The data presented by the union showed that 109 journalists were
detained over the past year. Of these, 36 were formally arrested, and
four were placed under house arrest. Among those arrested, 32 were
later released, while the house arrest orders for all four were lifted.
As of today, four journalists detained in the past year remain in
detention.
Of the 32 journalists released after arrest, 21 were freed under
judicial control measures, three were acquitted, two were released
after the announcement of their verdicts was deferred, and six were
released with no conditions following an appeal.
Of the 109 journalists who had to testify to either the police or
prosecutors, only 27 were released without any judicial restrictions.
The remaining 82 were either arrested or placed under judicial control.
Judicial control measures for the 46 non-detained journalists included
travel bans and mandatory check-ins, in some cases multiple times per
week.
“Judicial control has become a form of press control,” said Tuna. “We
did not see these kinds of numbers in our reports from two years ago or
the one before that. There has been a sharp increase in 2024–2025. It’s
a new method—or rather, a renewed use of an old method.”
As an example, Tuna cited investigative journalist Timur Soykan, who is
currently required to check in at a police station three times a week
due to ongoing investigations. This represents a serious limitation on
his ability to travel, she said.
News anchor Özlem Gürses was also mentioned as a case. Gürses was
placed under house arrest for 52 days earlier this year over charges
she was eventually acquitted of. During that period, her employer Sözcü
TV set up a temporary studio in her home so she could continue
presenting her morning program remotely.
Another case involved Evrensel reporter Nisa Sude Demirel, who was
detained from her home during a dawn raid. Despite providing her signed
articles and press credentials to authorities, she was placed under a
travel ban and required to check in at a police station twice a week.
While the signature obligation was lifted after four months, the travel
ban remains in effect. (BIA, 15 oct 2025)
Un
journaliste est décédé après avoir été agressé
Un journaliste turc est décédé lundi soir après avoir été agressé par
deux personnes à Istanbul, ont rapporté les médias turcs, suscitant la
réaction de l'opposition et des associations de journalistes en Turquie
qui dénoncent "une mort suspecte".
Hakan Tosun, 50 ans, a été retrouvé inconscient après avoir été agressé
samedi par deux personnes alors qu'il marchait dans la rue, selon les
images de vidéo surveillance diffusées par les médias turcs.
Ses agresseurs ont été arrêtés dimanche, a annoncé la police d'Istanbul.
Hakan Tosun était connu pour ses reportages et documentaires sur des
luttes pour la protection de l'environnement et la gentrification des
quartiers.
"Cette attaque inacceptable et ignoble n'a pas seulement visé un
journaliste, mais aussi la vérité, la liberté de la presse et le droit
à l'information", a dénoncé Burhanettin Bulut, vice-président du CHP,
principal parti de l'opposition.
"Hakan Tosun était un journaliste en quête de vérité et défenseur de la
nature et de la vie. Élucider tous les aspects de cette mort suspecte
est une exigence de la liberté de la presse et du respect du droit à la
vie", a de son côté réagi sur X le parti prokurde DEM.
L'association des journalistes progressistes a dénoncé "les attaques
contre les journalistes devenues monnaie courante" en Turquie et a
appelé à "faire la lumière sur ces attaques". (AFP, 14 oct 2025)
‘Our Media’
conference: Freedom of expression in times
of crisis
Freedom of expression, the future of journalism in the Western Balkans
and Turkey, ethical dilemmas surrounding the use of social media for
civil society purposes, and the improvement of cooperation between
journalists, activists, and citizens were among the topics discussed at
the international conference “Our Media,” held at the Faculty of
Political Sciences in Sarajevo.
The two-day conference brought together more than 70 media
professionals and representatives of civil society organizations
dedicated to media freedom. The event was organized by the South East
European Network for Professionalization of Media (SEENPM) and
Mediacentar Sarajevo.
The conference is a continuation of a regional project of the same
name, launched in 2023, which includes research on the future of media
and journalism trends, as well as discussions on other important issues
such as the sustainability of independent media, pressures on freedom
of expression, and local media activism by citizens in the Western
Balkans and Turkey.
The world in 2023, when the partner organizations launched the project
“Our Media,” was a different place than it is today, said Maida
Muminović, Executive Director of the Mediacentar Sarajevo Foundation.
Civil society organizations working to protect freedom of expression,
as well as independent media, are going through a period of increasing
pressure and uncertainty.
“At the conference, we decided to focus on global issues that affect
our region, as well as pressing matters in the Western Balkans, and on
global developments that raise concerns about the future of human
rights around the world,” said Muminović.
During the conference, the results of a regional study on the future of
media and the impact of professional journalism on the democratization
of society were also presented. The findings showed that journalists in
the region continue to face pressure and threats, receive low salaries,
and that women working in the media rarely reach leadership positions.
Interest among young people in studying communication is steadily
declining, while on the other hand, the number of media outlets
continues to grow year by year.
“Media trends are almost the same across the region and generally point
to the strong pressure faced by media outlets, especially independent
and smaller local ones. We are facing an uncertain future, which makes
it even more important for civil society organizations to connect. That
is why we are pleased that we managed to make this event regional and,
to some extent, international,” said Tihomir Loza, Director of SEENPM,
a network of 18 media organizations from Southeast Europe.
In addition to the social and economic challenges journalists are
currently facing, not only in the region but around the world, such as
censorship and biased reporting on Gaza, the shutdown of media outlets,
and the reduction of funds for independent media, the conference also
addressed the impact of new technologies.
Long-time SEENPM collaborator and media expert from Belgrade, Snježana
Milivojević, in her presentation, addressed the issue of technology,
describing it as the greatest challenge for the media, journalism, and
the public interest within the information ecosystem.
“I like to say that, as critical theorists always remind us, technology
does not change the world when it first appears, but when everyone
starts using it. We have grown accustomed to it, and it has become part
of our everyday lives,” said Milivojević.
The project “Our Media” is funded by the European Union, with
additional support for the conference provided by the Open Society
Foundations Western Balkans. By the end of the project, research on the
future of media will continue, and the existing online learning
platform on media literacy will be expanded. In addition, young leaders
and media activists from the region will take part in study visits
across Europe to further develop their skills and apply them within
their local communities. (BIA, 6 octobre 2025)
Prison sentences sought for music group Manifest
over “obscene acts”
Members of the music group Manifest are facing charges of “obscene
acts” and “indecent exposure” over dance performances during their
concert in Istanbul on September 6. Launched ex officio, the
investigation concluded.
The prosecutor’s office demanded that the group members be sentenced to
between six months and one year in prison for “committing obscene acts
by means of exposure.”
Investigation launched ex officio
The Istanbul Chief Public Prosecutor’s Office announced that it had
launched an ex officio investigation into the Manifest group due to
dance moves and stage performances deemed “obscene” during their
concert at KüçükÇiftlik Park on September 6.
During the investigation, the group members gave statements and were
released under judicial control measures, including a travel ban and a
signature obligation.
Manifest: “We didn’t intend to offend anyone”
Following the investigation, Manifest issued a statement on social
media, standing by their stage performance but emphasizing that they
had no intention to offend anyone:
“While we take full responsibility for our performance on stage, we
would like it to be known that our intention was never to disturb
anyone or disregard sensitivities.”
Access ban and new indictment
While the investigation was ongoing, the Ankara 6th Criminal Judgeship
of Peace imposed an access ban on the concert footage on the grounds of
“protecting national security and public order.”
In the newly prepared indictment, the group members are accused of
“committing obscene acts by means of exposure,” and the prosecutor is
seeking six months to one year in prison for each of them.
Growing scrutiny of artists
In recent weeks, similar investigations against artists have drawn
attention.
Roughly two weeks ago, singer Mabel Matiz also faced obscenity charges
and a prison demand of six months to three years over the lyrics of his
song Perperişan. (BIA, 7 octobre 2025)
Une célèbre
agente de stars libérée en attendant son
jugement
Un tribunal turc a ordonné mercredi la libération sous contrôle
judiciaire d'une célèbre agente d'acteurs de séries turques à succès,
arrêtée en janvier pour "tentative de renversement du gouvernement", a
rapporté l'agence DHA.
Ayse Barim avait été interpellée fin janvier à la demande du parquet
d'Istanbul dans le cadre de l'enquête sur les manifestations
antigouvernementales du parc de Gezi, en 2013, qui avaient ouvert une
vague de contestation sans précédent du gouvernement de Recep Tayyip
Erdogan, alors Premier ministre.
Le parquet avait accusé Mme Barim de "pousser" ses acteurs à prendre
part au manifestations, ce qu'elle a nié.
"J'ai perdu 30 kilos en prison et j'ai connu de sérieux problèmes de
santé", a-t-elle déclaré mercredi à la barre, selon l'agence de presse
privée turque DHA.
Le juge a ordonné sa libération sous contrôle judiciaire, dans
l'attente de la prochaine audience, programmée le 11 février, a
rapporté DHA.
Plusieurs acteurs ont assisté à l'audience de mercredi pour témoigner
de leur soutien à Ayse Barim, assurant qu'elle ne les avait pas
influencé dans leur décision de participer aux manifestations.
"Nous prenons nos propres décisions", a déclaré Halit Ergenc, l'un des
acteurs les plus célèbres en Turquie, qui a travaillé avec Mme Barim
pendant plus de vingt ans. (AFP, 1 oct 2025)
10
mois de prison pour avoir qualifié de « martyrs » 2 journalistes kurdes
tués
Un civil kurde a été condamné à 10 mois de prison pour avoir qualifié
de « martyrs » Nazim Daşdan et Cihan Bilgi, journalistes tués par un
drone turc au Rojava / Syrie du Nord et d’Est. Il est accusé d’avoir
fait de la « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Mithat Yılmaz, qui a assisté à la cérémonie de condoléances pour les
journalistes Nazim Daşdan et Cihan Bilgin, qui ont été directement
ciblés et tués par la Turquie avec un drone, et a scandé le slogan «
Şehid Namirin » (le slogan kurde signifiant « Les martyrs sont
immortels »), a été condamné à 10 mois de prison.
Mithat Yılmaz, qui a assisté à la cérémonie de condoléances pour les
journalistes Nazim Daşdan et Cihan Bilgin, assassinés par un drone de
la Turquie le 19 décembre 2024, alors qu’ils couvraient les événements
du barrage de Tişrin, dans le nord et l’est de la Syrie, et scandé le
slogan « Şehid Namirin », a été condamné à dix mois de prison. Un acte
d’accusation a été dressé contre Mithat Yılmaz, ancien responsable
provincial du Parti des régions démocratiques (DBP) à Mêrdîn, qui
figurait parmi les personnes présentes à la cérémonie de condoléances,
organisée dans le district de Mîdyad (Midyat) de Mêrdîn et visitée par
des milliers de personnes pendant trois jours, pour « propagande en
faveur d’une organisation terroriste ». L’acte d’accusation a utilisé
les termes « membre d’une organisation terroriste séparatiste » pour
les journalistes assassinés et « soi-disant condoléances » pour les
condoléances.
L’acte d’accusation, qui interprétait la possession de photographies de
journalistes comme étant des « membres de l’organisation
PKK/KCK-PYD/YPG », précisait que le slogan « Şehid Namirin » avait été
scandé contre Nazim Daştan et Cihan Bilgin, décrits comme « membres de
l’organisation », et que Yılmaz avait également scandé ce slogan.
L’acte d’accusation, qui estimait que Yılmaz avait « tenu des
déclarations qualifiant des membres de l’organisation de martyrs lors
d’une cérémonie de condoléances organisée en hommage aux membres de
l’organisation tués (…) », citait la décision de la Cour d’appel,
arguant que le slogan scandé « faisait l’éloge des membres de
l’organisation [terroriste] » et constituait de la « propagande en sa
faveur ».
L’audience finale dans l’affaire portée contre lui suite à l’acte
d’accusation retenu par la 3e Haute Cour pénale de Mardin s’est tenue
aujourd’hui. Yılmaz n’était pas présent, mais son avocat, Ferhat
İbrahimoğlu, était présent. Lors de l’audience, le parquet a réitéré sa
demande de sanction contre Yılmaz.
L’avocat de Yılmaz, Me İbrahimoğlu, a déclaré que Nazim Daşdan et Cihan
Bilgin étaient journalistes et avaient été tués dans l’exercice de
leurs fonctions. Rappelant qu’aucune décision de justice définitive
n’avait déclaré Nazim Daşdan et Cihan Bilgin de « membres d’une
organisation terroriste », Me İbrahimoğlu a affirmé que le slogan «
Şehîd namirin » ne constituait pas un élément constitutif du crime de «
propagande en faveur d’une organisation terroriste » et qu’il existait
des précédents en la matière, et a requis l’acquittement de son client.
Après la défense, le tribunal a condamné Yılmaz à dix mois de prison
pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Le
tribunal a reporté l’annonce du verdict. (Kurdistan Au Féminin, 30
septembre 2025)
Kurdish
Question / Question kurde
Conscientious objectors receive
prison sentences after repeated prosecutions
Conscientious objectors in Turkey continue to face cycles of
prosecution, sentencing, and re-prosecution for the same acts of
refusing compulsory military service. While earlier cases often
resulted in fines, courts have recently handed down prison sentences to
three objectors.
Among them is Kamil Murat Demir, who has faced over ten lawsuits for
refusing military service. Most of these cases ended in acquittals or
fines. However, in the most recent case brought by the Tunceli 1st
Penal Court of First Instance, Demir was sentenced to 21 months in
prison without a full trial.
Demir told bianet that the legal proceedings were repetitive and
unfounded. “I was born and raised in Dersim, a place heavily impacted
by conflict. I’ve witnessed the destruction caused by war, which is why
I decided at an early age not to serve in the military. I later
declared my conscientious objection."
New cases were filed against him before existing ones are resolved, he
said, adding, “Tunceli 1st Penal Court, has been issuing charges like a
copy-paste process under the same articles. Previously, fines were
imposed. Now, recent rulings have resulted in prison sentences just for
refusing military service."
Also pointing to contradictions in the government’s policies,
particularly in light of the ongoing peace discourse regarding the
Kurdish issue, he said, “On one hand, there are peace talks,
disarmament efforts, and an end to a 40-year struggle. Yet, the
government continues to force people into the military and into taking
up arms. This is a contradiction.
“While people are being urged to put down weapon, those who refuse to
bear arms are being forced into military service. This reveals the
government’s lack of seriousness about peace.
"Forcing people into militarization and glorifying the use of weapons
has societal consequences. We see how men trained in violence act at
home or on the streets. These are hate crimes fed by a militarized
culture.”
Call for legal reform
The İstanbul branch of the Human Rights Association (İHD) has also
criticized the prison sentences issued to Kamil Murat Demir, Çınar
Koçgiri Doğan, and İnan Mayıs Aru for exercising their right to
conscientious objection.
In a joint statement held at the İHD office in İstanbul, the İHD
Conscientious Objection Commission and the Conscientious Objection
Watch described the repeated trials and recent convictions as “judicial
harassment that has taken the form of torture.”
They accused the Turkish judiciary of systematically violating
international human rights obligations and the principle of ne bis in
idem — the right not to be tried twice for the same offense.
Reading out the joint statement, attorney Hülya Üçpınar said, “It has
been clearly emphasized that Articles 3, 6, and 9 of the European
Convention on Human Rights were violated."
“Conscientious objection is not a crime, it is a fundamental human
right,” Üçpınar stated, calling on the authorities to take immediate
steps.
“We urge the Republic of Turkey to comply with its international
obligations. All judicial harassment against Kamil Murat Demir, Çınar
Koçgiri Doğan, and İnan Mayıs Aru must end immediately. Ongoing cases
should be dropped, and previous convictions erased.
"All judicial authorities must respect ECtHR rulings and end unlawful
practices. All criminal and administrative sanctions against
conscientious objectors must be lifted. Legal terms such as ‘draft
evader’ or ‘deserter,’ which are used as tools of repression, should be
abolished. Turkey must recognize the right to conscientious objection
in domestic law, taking into account the demands of objectors.” (BIA,
21 Oct 2025)
Erdogan plaide pour l'intégration rapide des forces
kurdes syriennes
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que l'intégration
rapide des forces kurdes syriennes au sein du pouvoir central en Syrie
contribuerait à accélérer le développement et à promouvoir l'unité
nationale de ce pays, dans des propos diffusés mardi par son bureau.
Les Kurdes, une importante minorité ethnique qui contrôle de vastes
étendues du nord-est de la Syrie riches en pétrole et en blé, ont
conclu le 10 mars un accord en vue d'une fusion dans un délai d'un an
avec les institutions syriennes de leurs structures tant civiles que
militaires.
M. Erdogan, dont le gouvernement a noué des liens étroits avec les
nouveaux dirigeants en Syrie, souhaiterait que l'intégration des
troupes kurdes y ait lieu dès que possible.
"L'intégration rapide des Forces démocratiques syriennes (kurdes, ndlr)
en Syrie accélérera également les efforts de développement de ce pays",
a-t-il dit aux journalistes dans l'avion qui le ramenait du sommet sur
Gaza en Egypte.
"Nous félicitons le gouvernement syrien d'aller de l'avant en ayant une
vision qui englobe toutes les composantes ethniques et religieuses du
pays", a ajouté le chef de l'Etat turc.
"C'est dans l'intérêt à la fois de la Syrie et de la Turquie", a-t-il
conclu.
Entre 2016 et 2019, la Turquie a déclenché trois offensives dans le
nord de la Syrie contre les combattants kurdes syriens et contre les
militants du groupe Etat islamique (EI).
La semaine dernière, la Syrie a annoncé un cessez-le-feu global avec
les forces kurdes à l'issue de discussions entre le président Ahmad
al-Chareh et le dirigeant kurde Mazloum Abdi, à la suite
d'affrontements meurtriers à Alep, dans le nord.
Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la
lutte contre l'EI, vaincu en Syrie en 2019. (AFP, 14 oct 2025)
Erdogan exhorte les Kurdes à "achever leur
intégration" en Syrie
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté mercredi les Kurdes
de Syrie à "achever leur intégration", au lendemain de l'annonce d'un
cessez-le-feu entre les forces gouvernementales syriennes et des
combattants kurdes du nord du pays.
Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre
2024, des affrontements ont opposé les deux parties dans le nord et le
nord-est de la Syrie, faisant encore deux morts lundi à Alep, alors que
l'application d'un accord pour intégrer les forces kurdes à l'armée
syrienne piétine.
Mais Damas a annoncé mardi un cessez-le-feu "global" avec les Kurdes
après une rencontre entre le président intérimaire, Ahmad al-Chareh, et
le chef kurde Mazloum Abdi en présence d'émissaires américains.
"Les Forces démocratiques syriennes (bras armé des Kurdes syriens,
NDLR) doivent tenir leurs promesses. Elles doivent achever leur
intégration à la Syrie", a déclaré le président Erdogan à un groupe de
journalistes à bord de son avion, au retour d'un voyage à l'étranger,
selon des propos transmis mercredi par la présidence turque.
Le 10 mars, Damas et les Kurdes avaient signé un accord d'intégration
des institutions civiles et militaires de l'administration autonome
kurde dans les institutions nationales, mais d'importantes divergences
entre les deux parties ont retardé jusqu'ici sa mise en oeuvre.
Soutien du pouvoir à Damas, la Turquie partage une frontière de plus de
900 km avec son voisin syrien et maintient des troupes dans le nord de
son territoire depuis des années au nom de sa lutte contre des
combattants kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".
De 2016 à 2019, la Turquie a lancé trois offensives dans le nord de la
Syrie contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), l'épine
dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS,) et le groupe Etat
islamique (EI). (AFP, 8 octobre 2025)
Cessez-le-feu entre les autorités et les Kurdes
après des affrontements à Alep
Damas a annoncé mardi un cessez-le-feu "global" avec les Kurdes dans
l'ensemble de la Syrie, après une rencontre entre le président
intérimaire Ahmad al-Chareh et le chef kurde Mazloum Abdi, au lendemain
d'affrontements à Alep, dans le nord du pays, qui ont fait deux morts.
Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre
2024, des affrontements ont opposé les deux parties dans le nord et le
nord-est de la Syrie, tandis que l'application d'un accord pour
intégrer les forces kurdes à l'armée piétine.
L'annonce du cessez-le-feu est intervenue après une rencontre entre
Ahmad al-Chareh et Mazloum Abdi à Damas, la première depuis juillet, en
présence d'émissaires américains, a indiqué une source gouvernementale
à l'AFP.
Le ministre syrien de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, a annoncé s'être
réuni avec Mazloum Abdi et avoir convenu d'un "cessez-le-feu global sur
l'ensemble des axes et points de déploiement militaires dans le nord et
le nord-est de la Syrie".
Il a ajouté que la mise en oeuvre de l'accord commencerait
immédiatement.
Des affrontements avaient éclaté lundi soir à Alep entre deux quartiers
à majorité kurde et les zones tenues par les forces gouvernementales,
auxquels un cessez-le-feu local a mis fin à l'aube.
Au moins un membre des forces de la Sécurité intérieure et un civil ont
été tués dans des bombardements attribués par les médias d'Etat aux
forces kurdes présentes dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et
Achrafieh.
Ces deux quartiers sont contrôlés par des unités kurdes locales liées
aux FDS et à leurs forces de sécurité, les Assayich.
- Fuite de civils -
"Nous avons eu peur et nous avons décidé ce matin de quitter notre
maison à Cheikh Maqsoud", a affirmé à l'AFP Sinan Rajab Bacha, un
habitant de 67 ans joint au téléphone.
"Nous avons vu un grand nombre de familles fuir Cheikh Maqsoud et
Achrafieh", a-t-il ajouté, précisant que les entrées des deux quartiers
étaient bloquées et seule la sortie autorisée aux habitants.
Les FDS ont nié toute attaque contre les forces gouvernementales,
accusant au contraire des factions pro-Damas d'avoir imposé un siège
aux quartiers kurdes et tenté d'y avancer "avec des chars".
Elles ont affirmé que des habitants avaient pris les armes "aux côtés"
des forces kurdes pour se défendre.
Les FDS s'étaient retirées des deux quartiers en avril dernier dans le
cadre d'un accord de désengagement conclu avec le gouvernement.
Des combats sporadiques ont opposé les forces kurdes et des forces
gouvernementales ou des factions proturques qui leur sont affiliées
dans d'autres régions du nord de la Syrie au cours des derniers mois.
En mars, Damas et les Kurdes avaient signé un accord d'intégration des
institutions civiles et militaires de l'administration autonome kurde
dans les institutions nationales.
Mais d'importantes divergences entre les deux parties ont retardé
jusqu'ici la mise en oeuvre de cet accord.
Mardi, M. Abdi a évoqué à Damas avec le président intérimaire
"les
mécanismes d'intégration des FDS au sein de l'armée syrienne", selon
une source proche des participants.
Le Commandant militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom),
l'amiral Brad Cooper, et l'émissaire américain Tom Barrack, assistaient
à la réunion en tant que médiateurs, selon cette source.
Les puissantes FDS, qui contrôlent de vastes parties du nord-est
syrien, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat
islamique en Syrie et sont soutenues par les Etats-Unis qui encouragent
également le nouveau pouvoir islamiste à Damas.
Les Kurdes réclament notamment un système de gouvernance décentralisé,
ce que rejette le nouveau dirigeant islamiste, qui a renversé Bachar
al-Assad en décembre 2024.
Deux provinces du nord-est de la Syrie, sous contrôle des Kurdes,
avaient été exclues par le pouvoir central de la consultation qui s'est
tenue dimanche pour désigner un Parlement transitoire. (AFP, 7 octobre
2025)
Les
Kurdes au cœur des tensions en Syrie
Chris den Hond, orientxxi, 2 octobre 2025
Le 10 mars 2025, le président syrien Ahmed Al-Charaa et Mazloum Abdi,
dirigeant militaire des Forces démocratiques syriennes, avaient signé
un accord prévoyant des avancées concrètes sur le statut et la place
des Kurdes. Six mois plus tard, sa mise en œuvre se fait toujours
attendre. La Turquie et Israël tentent activement de bloquer ce
processus : Ankara pousse pour un État syrien centralisé, Tel-Aviv
préfère un morcellement du pays. Les États-Unis, eux, donnent
l’impression de changer de cap au gré des événements. Les Kurdes et
leurs alliés plaident pour une autonomie dans une Syrie unifiée, un
équilibre complexe.
Le 12 juillet 2025, Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie
et envoyé spécial pour la Syrie et le Liban, a reproché aux FDS leur
lenteur à s’intégrer à l’armée. Il a rappelé que la Syrie est « un seul
pays, une seule nation avec une seule armée ». Les dirigeants kurdes
ont immédiatement répondu : « Un retour à la situation antérieure à
2011 n’est pas négociable, c’est exclu. » Pas question d’un retour à la
centralisation d’avant-guerre. Les FDS acceptent de rejoindre l’armée,
mais comme force autonome en coordination avec Damas.
VOLTE-FACE ÉTATSUNIENNE
Changement de ton un mois plus tard : lors d’une réunion à Amman, le 12
août, Barrack plaide pour une Syrie décentralisée et affirme que les
Unités de protection du peuple (YPG) ne sont pas liées au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), mais alliés des États-Unis. Pour
Patrice Franceschi, auteur de Avec les Kurdes (Gallimard, 2020), la
raison est limpide : « Les États-Unis ne comprennent pas grand-chose de
la situation en Syrie, c’est comme en Afghanistan. Leur politique varie
comme une girouette. Le massacre des Druzes les a fait changer d’avis. »
« Quant à la Turquie, poursuit-il, elle veut liquider toute autonomie
kurde en Syrie et transformer la nouvelle Syrie en un État centralisé à
la turque. Si cela échoue, elle va reprendre son intervention
militaire, peut-être à travers l’Armée nationale syrienne qu’elle
équipe et entraîne. » Selon lui, les Kurdes le savent très bien et ils
se préparent. « Depuis la chute de Bachar Al-Assad, Ankara est à la
manœuvre. C’est le projet turc qui se met en place actuellement. Ahmed
Al-Charaa ne peut rien faire sans l’accord de la Turquie. Il a tout au
plus 20 000 combattants. »
Le journaliste Sylvain Mercadier renchérit :
"Les États-Unis ont changé de ton suite aux violences entre les Druzes
d’un côté et les forces tribales soutenues par des milices du
gouvernement de Damas de l’autre. Ces dernières sont responsables des
massacres à Soueïda. Cela a certainement influencé la politique
étatsunienne et démontre que Tom Barrack et Washington naviguent à vue
dans leurs efforts de sortie de crise. C’est l’amateurisme et le
court-termisme classique de la politique extérieure de Trump."
LES RETOMBÉES DU MASSACRE DES DRUZES
Un rapport d’Amnesty International Syrie1 confirme la responsabilité
des forces gouvernementales et de leurs alliés dans l’exécution de
dizaines de Druzes les 15 et 16 juillet 2025 :
"Le 15 juillet, les forces gouvernementales avaient annoncé être
entrées dans la ville de Soueïda. (…) L’escalade de la violence n’a
pris fin qu’avec le retrait des forces gouvernementales tard dans la
nuit du 16 juillet, laissant derrière elles plusieurs dizaines de corps
assassinés. Sur certaines vidéos authentifiées, on peut voir des hommes
armés en uniforme, sans insigne, circuler à bord de camions portant
clairement le logo du ministère de l’intérieur."
Les Druzes, communauté issue d’une branche du chiisme, sont en première
ligne depuis ces massacres. Leur chef spirituel syrien, Hikmat
Al-Hijri, a réclamé une séparation administrative d’avec Damas. Mais
Walid Joumblatt, leader du Parti socialiste progressiste et de la
communauté druze au Liban, nous a déclaré s’y opposer farouchement :
"Je suis contre la séparation des Druzes de l’État syrien, car cela
signifierait la dislocation du pays. Le projet initial israélien,
sioniste, c’est de disloquer toute la région, en partant de la Syrie.
(…) Les Druzes vivent ensemble avec les Bédouins dans la même région
depuis des siècles, on ne peut pas les séparer."
En mai 2025, Joumblatt s’était rendu à Damas pour dialoguer avec
Al-Charaa et des responsables druzes :
"Il faut œuvrer à une réconciliation entre les Druzes et le
gouvernement de Damas, ce qui a été le cas tout au long de l’histoire.
(…) Je ne suis pas pour tout centraliser à Damas, mais pour que les
habitants de Soueïda, Druzes et Bédouins, restent dans une Syrie
unifiée avec une nouvelle formule de gouvernement, non centralisé comme
avant, mais avec une gestion conjointe de la police, de l’armée et
aussi de l’économie."
QUELLE AUTONOMIE ?
La participation de milices pro-régime aux massacres des Alaouites en
janvier 2025 puis des Druzes en juillet 2025 a creusé la méfiance. Et
les propos récents d’Al-Charaa n’ont rien arrangé. Le 12 septembre
2025, il déclarait que « les FDS ne représentent pas tous les Kurdes,
que la région qu’elles contrôlent est à majorité arabe ». La réplique
d’Aldar Khalil, un dirigeant des FDS, lancée sur une place de Qamishili
le 17 septembre, a été cinglante :
"Qui représentes-tu ? Qui t’a amené à Damas ? La côte syrienne, le
nord-est de la Syrie et Soueïda ne t’acceptent pas, et les Alaouites,
les Druzes, les Yézidis, les Arméniens et les sunnites ne t’acceptent
pas non plus. Aucune élection n’a eu lieu, qui représentes-tu ?"
Al-Charaa ne semble prêt qu’à concéder une autonomie communautaire
limitée dans certaines zones kurdes comme Kobané ou Qamishli, assortie
de quelques postes symboliques. Les Kurdes, eux, rejettent une logique
ethnique ou confessionnelle à la libanaise et défendent une
décentralisation régionale inspirée de l’Espagne, de la Suisse ou de la
Belgique.
Shahrazad Al-Hussein Al-Jasem de Deir ez-Zor, membre de Zenobia, une
association de femmes arabes basée à Raqqa, explique qu’elle ne fait
pas partie des Arabes qui veulent se séparer des Kurdes.
Nous ne voulons pas le retour de Damas dans notre région, parce que le
gouvernement de Damas est un gouvernement d’une seule couleur, ce n’est
pas un gouvernement inclusif. Les gens de Deir ez-Zor soutiennent les
FDS. Nous voulons rester avec eux. Nous voulons une gouvernance
décentralisée.
Georgette Barsoum, représentante de l’Union des femmes syriaques,
confirme :
"Après la bataille contre l’Organisation de l’État islamique nous avons
créé nos propres organisations et nous avons obtenu des acquis, pas
seulement pour les femmes, mais au niveau du fonctionnement
démocratique de la société. Nous avons de fortes craintes que ce
gouvernement autoproclamé de Damas veuille casser nos acquis. Ils ne
veulent pas de notre projet d’autogouvernement."
Malgré tout, les discussions se poursuivent sur des sujets précis. À
Damas, Îlham Ahmed, la ministre des affaires étrangères de
l’Administration autonome dans le nord et l’est de la Syrie (AANES), a
rencontré le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani. Ils
ont abordé le contrôle des frontières, en envisageant une gestion
conjointe ainsi que la réouverture de l’aéroport de Qamishli. Les
diplômes des universités de Kobané, Qamishli et Raqqa sont aussi
désormais reconnus par Damas, et la langue kurde est de facto acceptée.
Le retour des déplacés reste en suspens : environ 350 000 personnes,
chassées lors des offensives turques à Afrin en 2018 puis à Tal Abyad
et Ras al-Aïn en 2019, survivent toujours dans des camps. L’accord du
10 mars 2025 prévoit leur retour, mais les milices pro-turques refusent
de quitter ces zones. « Le retour des déplacés d’Afrin est lié à un
accord global sur l’armée. La Turquie veut d’abord un désarmement des
FDS avant de donner l’ordre à ses proxys de quitter la zone (…) »,
explique Hozan Ahmed, secrétaire du bureau Rojava Europe. Le dossier
énergétique, lui, paraît plus simple : les Kurdes contrôlent les champs
pétroliers et gaziers du nord-est et de Deir ez-Zor, mais affirment que
ces ressources appartiennent à tous les Syriens.
Depuis sa prison, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, observe avec
impatience l’évolution sur le terrain. Le 27 février 2025, il avait
annoncé la dissolution du parti, hors Rojava, mais attend toujours un
geste d’Ankara. En septembre 2025, il a mis en garde :
Si on désarme les FDS maintenant, les Kurdes subiront le même sort que
les Druzes et les Alaouites. Si Damas ou Ankara exigent le désarmement
des FDS, on arrête tout le processus de paix en Turquie. (…) Ankara et
Damas ont intérêt à accepter l’offre de paix des Kurdes, car notre but
est le vivre ensemble, c’est la coexistence. Si cette offre échoue, ce
seront les États-Unis et Israël qui vont modeler la région. Et leur but
est la division entre les peuples.
Erdogan threatens Syrian Kurds if 'integration' with
Damascus fails
President Recep Tayyip Erdogan stated on 1 October that Turkiye will
not allow Syria's fragmentation if a deal to integrate the Kurdish-led
Syrian Democratic Forces (SDF) into the Syrian military led by
self-appointed President Ahmad al-Sharaa collapses.
“We have engaged all channels of diplomacy, both to preserve Syria's
territorial integrity and prevent a terrorist structure from forming
across our borders. We continue to use these channels with patience,
sincerity, and common sense,” Erdogan explained while giving a speech
to mark the Turkish parliament's re-opening.
“If diplomatic initiatives are left unanswered, Turkiye's policy and
position are clear. Turkiye will not allow a deja vu to take place in
Syria,” he added.
The US-backed SDF controls large swathes of oil-rich territory in north
and east Syria, which it administers under the name of the Autonomous
Administration of North and East Syria (AANES).
The US-backed SDF was established under US guidance in 2015. It is an
offshoot of the Kurdistan Workers Party (PKK), which Ankara considers a
terrorist organization.
Erdogan has threatened to take military action against the SDF if it
does not integrate its forces into the Syrian state, based on an
agreement reached with President Sharaa, the former Al-Qaeda leader, on
10 March.
Turkiye occupies large areas of land in northern Syria and has deployed
forces against the SDF in the past. Erdogan claims Ankara needs a
“buffer zone” to protect against PKK attacks.
Earlier this week, Syria's government asked factions within the
military to prepare for operations against the SDF, the Syrian
Observatory for Human Rights (SOHR) reported.
According to SOHR, Turkish-aligned factions in the Syrian army were
asked to “prepare for operations” against the SDF in Deir Hafer and the
Tishreen Dam area.
SOHR added that officials in Damascus have requested that a campaign
against the SDF not take more than a week.
If launched, the operation would aim to pressure the Kurdish–dominated
group into accepting the agreement signed with Damascus in the wake of
the Syrian government's large-scale massacre of Alawite civilians on
the country's coast.
The SDF leadership is worried the Kurds could be subjected to similar
massacres if they give up their weapons and allow their fighters to
integrate into the Syrian military as individuals rather than as units
under Kurdish command.
Recent days have seen a significant buildup of both Syrian army forces
and SDF troops on the front lines in eastern Aleppo.
On Monday, SOHR reported escalating clashes, as more than 10 artillery
shells struck areas around the Tishreen Dam following exchanges between
the SDF and Turkish-backed Syrian factions.
Earlier in the day, SOHR sources confirmed that orders were issued to
Syrian government forces to deploy “show-of-force” units with heavy
vehicles, tanks, and artillery to the Deir Hafer frontline in
anticipation of possible SDF operations.
There are also reports that the SDF has stationed kamikaze drones,
rocket launchers, and long-range artillery near the local sugar factory.
The Turkish army, which has operated against the SDF in the past, may
be gearing up for a new campaign, Sharaa said earlier this month.
Turkiye "may act militarily if full integration is not achieved by
December," Sharaa warned.
In late May, Erdogan warned the SDF to “quit stalling” and integrate
with the Syrian army.
Turkiye is currently training Syria's new extremist-dominated military.
The National reported on 17 August that Damascus is assembling a force
of 50,000 to capture Deir Ezzor and Raqqa from the SDF. (The Cradle, 1
octobre 2025)
Amedspor fined over Kurdish-language chest sponsor
tagline
Amedspor, a football club based in the predominantly Kurdish city of
Diyarbakır, has been fined by the Turkish Football Federation (TFF) for
displaying a Kurdish-language message on its team jersey despite prior
approval from the federation.
The club, which plays in Turkey’s second-tier 1. Lig, featured the logo
of the Tezgel Kom company on its jersey, with the Kurdish tagline “Koma
me bona we” (“Our group is for you”) displayed beneath it. The team
wore this jersey in a Sep 14 match against Pendikspor, two days after
the federation granted written approval.
However, following the team’s next match against Sakaryaspor on Sep 21,
the federation's Professional Football Disciplinary Board (PFDK)
imposed a fine of 110,000 (~2,640 US dollars) liras, citing a violation
of equipment regulations.
Amedspor criticized the decision as discriminatory, announcing plans to
challenge it in court. The decision "violated the principal of
legality, which is fundamental to disciplinary law," the club said in a
statement, noting that the federation had previously approved the
jersey advertisement.
Despite the fine, the team wore the same jersey its latest match
against Sakaryaspor yesterday. Amedspor shared the shirt on social
media with a message featuring their sponsor's slogan: "'Our team is
for you.' We are not just a club, we are millions of people."
The decision drew condemnation from the pro-Kurdish Peoples' Equality
and Democracy (DEM) Party, whose members criticized the federation and
brought the issue into the parliamentary agenda.
Tuncer Bakırhan, co-chair of the party, said, “Such a policy of
intolerance feeds a social climate where people face racist attacks for
speaking Kurdish in public."
"This institutional mindset causes the most harm to efforts for peace,"
he said, referring to the ongoing initiative to resolve the Kurdish
question, where DEM Party is considered an important actor.
Bakırhan called for the decision to be reversed and for a formal
apology, adding, “This level of disrespect toward the native language
of millions violates democratic principles and social peace.”
Tülay Hatimoğulları, the other co-leader, described the fine as “an
attack not just on Amedspor, but on the native language of millions of
Kurds.”
Meral Danış Beştaş, a DEM deputy, noted that the slogan is legally
trademarked and registered with the Trade Ministry. "Is writing or
shouting a slogan in Kurdish a crime? No, it’s the native language of
20 million people in this country," she wrote on social media. “TFF’s
role is not to ban the use of native languages, but to strengthen the
unifying spirit of sports. Language is identity, not a crime.”
DEM deputy Serhat Eren submitted a written inquiry today to Youth and
Sports Minister Osman Aşkın Bak, demanding answers to 12 questions
about the issue. These include the legal basis for penalizing a
previously approved slogan, whether similar penalties have been imposed
on other clubs, and whether the ministry plans to address concerns
about discrimination based on language.
Eren pointed to the contradiction between the federation’s written
approval and the subsequent penalty, asking whether the slogan’s
trademark registration was disregarded. His inquiry also referenced a
joint statement by 16 bar associations, which condemned the decision as
targeting the native language of millions and called for safeguards
against discriminatory practices. (BIA, 30 sept 2025)
La réalisatrice franco-kurde Kudret
Günes condamnée au silence en Turquie
La lecture du jugement a traîné en longueur, une bonne vingtaine de
minutes, une éternité d’angoisse, un gouffre sans fond dans lequel
Kudret Günes s’est perdue au point qu’il lui faudra du temps, beaucoup
de temps, pour retrouver les mots et l’envie de les prononcer.
Artiste franco-turque d’origine kurde, âgée de 69 ans, cette
documentariste à la voix grave et douce, installée depuis quarante ans
en France, est sortie du tribunal d’Ankara, ce mardi 8 juillet, comme
percutée par un jugement auquel elle ne s’attendait pas.
Vingt mois de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme »,
assortis d’une mise en garde de la cour contre toute parole
intempestive. Comprendre, selon son avocate, « cinq ans de silence ».
Une peine qui porte directement atteinte à sa liberté d’expression et
illustre, à sa manière, le contexte de plus en plus répressif du
pouvoir turc à l’égard des voix discordantes. (Le Monde, 27 septembre
2025)
Contention
entre Erdogan et
Ocalan ou bien la turquisation du problème kurde?
Ragip Duran, TVXS.GR, 29 septembre 2025
Alors que le problème kurde reste encore, depuis 1925, le sujet
politique le plus important de l’Etat et de la société en Turquie,
alors que la Commission Parlementaire poursuit ses interminables
réunions pour écouter les différents acteurs du conflit, alors que
l’ensemble de la population en particulier les Kurdes désirent se
renseigner sur les négociations secrètes entre Abdullah Ocalan et les
représentants de l’Etat turc, un livre récemment publié par deux
universitaires kurdes d’Iran (Rojhelat) propose une perspective
critique sur les politiques du leader kurde Ocalan: “Le Paradoxe Kurde
de l’Apatridie (Statelessness en anglais)- Les Stratégies
d’Ocalan sur
le Confédéralisme et la Turquisation” (Faire partie de la Turquie,
s’adapter à la Turquie) (Palgrave Macmillan, Suisse, 2025, version
originale en anglais/ Traduction en turc publié chez DOZ, Istanbul,
2025).
Kamal Soleimani et Behrooz Shojai analysent les livres, les
déclarations et les interviews d’Ocalan publiés avant et après son
incarceration(1999). Les deux universitaires se concentrent
essentiellement sur quatre sujets: L’Etat-Nation, Le Pacte National
Turc (Misak-i Milli), la langue kurde en tant qu’acteur socio-politique
et la fraternité kurdo-turque.
Il y a, selon les deux universitaires, un grand changement dans les
politiques et les analyses d’Ocalan depuis son emprisonnement en 1999.
Les auteurs, comparent les écrits et les déclarations du Président du
PKK et croient qu’Ocalan se rapproche de plus en plus des thèses
officielles de l’Etat turc. Ocalan n’est plus pour l’autodétermination
ou la création d’un Etat indépendant kurde, mais il propose “une
intégration démocratique de la population kurde au sein de l’Etat
turc”.
Le Président du PKK, “reconnaît désormais la légalité et la légitimité
de l’Etat turc et ne s’oppose plus contre la nature unitaire de la
République Turque”, constatent Soleimani et Shojai. Ocalan, selon les
deux auteurs ne défend plus “la langue maternelle kurde et sa
reconnaissance officielle par Ankara” mais demande simplement
“l’apprentissage du kurde, une langue locale, dans des établissements
privés”.
Il peut y avoir au moins cinq probabilités, selon les auteurs du livre,
qui peuvent expliquer ce changement politique de cap.
1- Le public d’Ocalan a changé, c’est-à-dire auparavant, il s’adressait
aux Kurdes alors que désormais, il parle aux officiels turcs qui se
rendent fréquemment à la prison de l’île d’Imrali (Marmara).
2- Il attendait un très bon verdict pour sa requête devant la Cour
Européenne de Droits de l’Homme (CEDH- Strasbourg) alors qu’il est deçu.
3- Ocalan, à la suite des pourparlers à Imrali avec essentiellement les
responsables des services de renseignement a adopté les prises de
position des officiels turcs.
4- Ou bien tous ces écrits, toutes ces déclarations ne sont pas
produits par Ocalan, mais par quelqu’un d’autre.
5- Il se peut que la santé mentale et sprituelle d’Ocalan n’est pas
très en forme.
Ce livre risque de provoquer un grand débat en particulier dans le
monde kurde en Turquie.
Par ailleurs, bien que rédigé avant la dernière initiative du Président
Bahceli (extrême-droite, allié d’Erdogan) ce livre avait en général
prévu le cours des relations entre Ocalan et Ankara. Les médias turcs
observent qu’il y a un très bon rapport entre Ocalan et Bahceli.
Le régime au nom de la “Turquie Sans Terrorisme” et Ocalan, au nom de
la “Paix et Démocratie Sociale”, poursuivent un processus pas très
transparent dont personne ne sait ni le cours ni les résultats attendus.
Minorités
/ Minorities
Le récit extra-ordinaire d’une famille dönme de
Salonique: Retourner
Ragip Duran, TVXS.GR, 12 octobre 2025
F. Nihan Hassan, nom de plume d’une universitaire, a publié récemment
un livre (Dönmek-Retourner/Salonique-Istanbul-Salonique, chez Mundi,
Istanbul, 237 p.) dans lequel elle raconte les mésaventures centenaires
(1912-2022) de ses ancêtres de Salonique. Il s’agit de trois
générations d’une famille ‘’Dönme’’, communauté juive sépharade qui a
suivi le kabbaliste Sabbataï Tsevi après sa conversion forcée à l'islam
en 1666.
Le récit dévoile la vie tumultueuse des parents, des grands-parents,
des oncles et des tantes, en tout 10 personnes, tout au long du 20e
siècle. Donc un roman de famille, rédigé par la petite-fille qui a été
choquée quand seulement à 40 ans, elle a appris ses origines familiales
: ‘’Nous sommes des Juifs dönme de Salonique’’.
Cette communauté bannie voire condamnée et par les musulmans et par les
Juifs avait beaucoup souffert quand ses membres ont dû quitter
Salonique en 1912 et en 1924. De plus, elle n’était pas bien accueillie
par l’Etat et la société turque.
Mme Hassan, a fait beaucoup de recherches dans les archives publiques
grecques et turques, a revu les documents et lettres de sa famille et
beaucoup de livres sur Salonique et sa communauté dönme. Elle a passé
des jours entiers dans le cimetière dönme d’Istanbul, à Bulbulderesi
pour décrypter les inscriptions (en ancien turc) sur les pierres
tombales pour rédiger ce récit. Elle était accompagnée pendant plus de
4 ans de recherche et de rédaction des spécialistes d’histoire de
Salonique et des dönme.
L’autrice a un style et un langage simple, fluide et saisissant. De
plus, ses lignes, ses phrases sont très visuelles. Elle insiste sur les
détails quand il s’agit de dresser des portraits de ses ancêtres, mais
également quand elle parle des repas et des habits.
Des dix héros du récit, six sont des femmes. C’est pourquoi d’ailleurs,
on peut facilement qualifier ce texte de ‘’roman de femmes’’.
Les membres de la grande famille avaient vécu à Salonique, à Bagdad et
à Istanbul. Ces trois villes sont également bien décrites dans le récit.
Mme Hassan a su très bien fiancer les faits individuels avec les
événements sociaux voire politiques. Ces grands-parents et ses parents
ont été victimes de l’échange forcé de populations gréco-turques
(1923-24) et de l’Impôt sur la Fortune (1942) qui avait visé en
particulier les non-musulmans de la population turque.
Le récit est très moderne, très actuel, car il parle de l’immigration,
de l’état d’âme des minorités, de la préservation des croyances
religieuses et aussi des rapports des citoyens avec leurs propres
origines.
La répression directe ou indirecte contre les personnes et les
communautés non reconnues par l’Etat, mais également par une grande
partie de la société voit le jour dans ce récit.
Enfin, Mme Hassan, avec ce livre, rend hommage à sa famille, nous
informe sur un passé méconnu par la majorité des lecteurs turcs, mais
encourage également autres auteurs et autrices à révéler les histoires
problématiques des grands-parents sujets de l’Empire Ottoman et plus
tard citoyens de la République de Turquie.
Léon
XIV se rendra en Turquie puis au Liban fin novembre pour son premier
voyage
Le pape Léon XIV se rendra en Turquie puis au Liban du 27 novembre au 2
décembre pour son premier voyage à l'étranger depuis son élection en
mai, a annoncé mardi le Vatican.
Il est attendu du 27 au 30 novembre à Iznik (nord-ouest de la Turquie)
à l'occasion d'un évènement religieux, puis au Liban du 30 novembre au
2 décembre, a déclaré dans un communiqué le directeur du service de
presse du Vatican.
Le programme détaillé de ce déplacement de six jours sera annoncé "en
temps voulu", a précisé Matteo Bruni.
En septembre, des sources vaticanes avaient dit à l'AFP que ce voyage
en deux étapes était en préparation, après l'invitation des autorités
officielles tuques et libanaises.
En juillet, le pape avait lui-même confirmé son intention de se rendre
en Turquie pour participer au 1.700e anniversaire du Concile de Nicée,
un évènement majeur dans l'histoire de la chrétienté.
Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape
François, mort le 21 avril à 88 ans.
Nicée, actuellement la ville d'Iznik, située à une centaine de
kilomètres au sud-est d'Istanbul, a accueilli en 325 le premier concile
oecuménique de l'histoire du christianisme, convoqué par l'empereur
Constantin Ier.
Cette assemblée d'environ 300 évêques de l'Empire romain a établi des
bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions
chrétiennes.
- "Un moment historique" -
Très attendue au Liban, la visite de Léon XIV, aujourd'hui âgé de 70
ans, devrait être centrée sur la paix dans ce pays multiconfessionnel
qui s'est engagé à désarmer les groupes non étatiques et notamment le
mouvement chiite pro-iranien Hezbollah.
En août, le patriarche maronite Bechara Raï avait annoncé que le pape
américain se rendrait au Liban "d'ici à décembre", sans donner plus de
précisions.
Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, Israël
maintient des troupes dans des positions frontalières jugées
stratégiques dans le sud du Liban et procède régulièrement à des
frappes, affirmant viser des combattants du Hezbollah et les
infrastructures de ce mouvement.
Léon XIV devient ainsi le troisième pape à visiter le Liban après
Jean-Paul II (1997) et Benoît XVI (2012).
Il devrait visiter le monastère de Mar Charbel (Saint Charbel) au nord
de Beyrouth, a dit une source proche des organisateurs à l'AFP mardi.
Le président libanais Joseph Aoun a pour sa part salué la visite, "un
moment historique qui réaffirme la place et le rôle de notre pays au
coeur de l'Église et dans la conscience du monde, en tant qu'espace de
liberté, terre de coexistence et message d'humanité".
"La visite papale est un appel à la paix, à l'enracinement de la
présence chrétienne en Orient et à la préservation du modèle libanais,
dont le monde et la région ont besoin", a ajouté M. Aoun, selon un
communiqué de la présidence libanaise.
Le dernier voyage d'un pape en Turquie remonte à 2014 avec le
déplacement de François à Ankara et Istanbul, où il avait rencontré le
président Recep Tayyip Erdogan, une visite déjà centrée sur le dialogue
oecuménique et la question migratoire.
Avant le pape argentin, la Turquie avait déjà accueilli les visites de
Benoît XVI (2006), Jean-Paul II (1979) et Paul VI (1967). (AFP, 7
octobre 2025)
Politique
intérieure/Interior Politics
La justice offre un répit à l'opposition
Soulagement pour l'opposition turque: un tribunal d'Ankara a abandonné
vendredi des poursuites visant la direction du Parti républicain du
peuple (CHP, social-démocrate), qui croule depuis un an sous les
enquêtes et les arrestations.
Les juges ont déclaré non recevable une plainte sur des allégations
d'achats de voix lors d'un congrès en 2023 du principal parti de
l'opposition turque.
Les poursuites menaçaient d'invalider l'élection de l'actuelle
direction du CHP, sorti largement victorieux d'élections locales l'an
passé, et de déboucher sur la nomination à la tête du parti d'un
administrateur désigné par l'Etat.
Le tribunal a notamment estimé qu'un des plaignants, un ancien élu du
CHP qui avait déjà été exclu du parti lors du dépôt de la plainte,
n'avait "pas la capacité d'intenter une action en justice".
La décision a été accueillie par des applaudissements dans la salle
d'audience, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Ceux qui soutiennent l'autocratie et les autocrates ont perdu, et ceux
qui soutiennent la démocratie ont gagné", a jugé vendredi le patron du
CHP, Özgür Özel, promettant que "la démocratie l'emportera(it) face à
l'autocratie aux prochaines élections".
L'avocat du CHP, Caglar Caglayan, s'est lui félicité d'une décision
"résultant de l'État de droit". "Puisse-t-elle être bénéfique pour
tous", a-t-il déclaré à la presse à l'issue de l'audience, tandis que
la défense du plaignant annonçait sa volonté de faire appel.
Les marchés, sensibles aux soubresauts politiques en Turquie, ont aussi
réagi favorablement: le BIST100, indice vedette de la Bourse
d'Istanbul, progressait fortement (+4%) peu avant 14H30 (11H30 GMT).
"Le gouvernement nomme des administrateurs au lieu de s'occuper des
problèmes de la population. Mais ses ambitions ont été contrecarrées
aujourd'hui", s'est réjouie auprès de l'AFP Ummu Gulsun Seyfi,
retraitée de 75 ans et membre du CHP depuis 1977, présente dans la
salle d'audience vendredi matin.
- Offensive judiciaire -
Le CHP nie depuis le départ ces allégations d'achats de voix, et
accuse le gouvernement d'utiliser le pouvoir judiciaire pour mener à
bien un "coup d'État politique".
Pour tenter de consolider sa direction, le CHP avait organisé un
congrès extraordinaire le 21 septembre, au cours duquel son patron
Özgür Özel avait été réélu.
Le CHP, fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal
Atatürk, est la cible depuis un an d'une vaste offensive judiciaire.
Sa figure la plus populaire, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, est
incarcéré depuis mars pour corruption, une accusation qu'il rejette.
Vendredi, une nouvelle enquête, cette fois pour espionnage, a été
ouverte contre lui.
L'arrestation de M. Imamoglu, vu comme le plus sérieux rival du
président Recep Tayyip Erdogan, avait provoqué de nombreuses réactions
internationales et suscité une contestation inédite en Turquie depuis
2013.
Accusé de dérive autoritaire, M. Erdogan, Premier ministre entre 2003
et 2014, et président depuis lors, avait juré lors de cette
mobilisation de ne pas céder à la "terreur de la rue".
Plus d'une dizaine d'autres maires CHP d'arrondissements d'Istanbul et
de villes turques ont également été arrêtés et incarcérés depuis un an,
la plupart pour corruption ou terrorisme. (AFP, 25 oct 2025)
Le maire emprisonné d'Istanbul visé par une nouvelle
enquête
Une enquête pour espionnage a été ouverte contre le maire d'opposition
d'Istanbul Ekrem Imamoglu, incarcéré depuis mars pour des accusations
de corruption qu'il rejette, a rapporté vendredi l'agence de presse
étatique Anadolu.
Son directeur de campagne lors des élections municipales de 2019 et
2024, Necati Özkan, et le rédacteur en chef de la chaîne d'opposition
Tele1, Merdan Yanardag, sont également visés par l'enquête du parquet
général d'Istanbul.
Cette nouvelle enquête visant Ekrem Imamoglu, considéré comme le plus
sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, intervient alors qu'un
tribunal d'Istanbul l'a relaxé vendredi dans une affaire portant sur
des accusations de trucage d'un appel d'offres réalisé lorsqu'il était
maire de Beylikdüzü, un district d'Istanbul, en 2015.
Cette relaxe n'éclaircit pas pour autant son horizon judiciaire.
M. Imamoglu fait l'objet de nombreuses poursuites qui l'empêchent en
l'état de pouvoir candidater à la prochaine élection présidentielle,
prévue en 2028, pour laquelle son parti, le CHP (social-démocrate),
principale force d'opposition, l'a investi.
L'enquête pour espionnage le visant fait suite à l'arrestation début
juillet d'un homme d'affaires turc accusé d'avoir joué un rôle dans son
élection en 2019 à la mairie d'Istanbul.
Selon le bureau du procureur d'Istanbul, cet homme d'affaires et le
directeur de campagne de M. Imamoglu auraient notamment partagé des
données électorales confidentielles avec des services de renseignement
étrangers.
Les partisans du CHP, sorti large vainqueur d'élections locales l'an
passé aux dépens de la coalition au pouvoir, accusent le gouvernement
de chercher à affaiblir l'opposition avec l'aide de la justice. (AFP,
24 oct 2025)
Lourdes peines requises contre des maires
d'opposition
Le parquet d'Istanbul a requis lundi de lourdes peines d'emprisonnement
contre sept maires d'opposition turcs soupçonnés d'appartenance à une
organisation criminelle, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.
Les sept élus, arrêtés entre janvier et juillet, sont tous membres du
Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), la principale
force de l'opposition turque, visée depuis un an par une série
d'enquêtes et d'arrestations.
Un total de 415 années de prison est requis contre Riza Akpolat, le
maire de l'arrondissement stambouliote de Besiktas, accusé notamment
d'"appartenance à une organisation criminelle", de "trucage d'appels
d'offres" et d'"enrichissement illicite", selon l'acte d'accusation
cité par Anadolu.
Les six autres maires, poursuivis pour "trucages d'appels d'offres" et
"acceptation de pots-de-vin", encourent jusqu'à 18 ans de prison.
Plus de 700 ans de prison sont en outre requis contre Aziz Ihsan Aktas,
l'homme d'affaires accusé d'avoir dirigé cette présumée organisation
criminelle.
La date de l'ouverture de leur procès n'a pas encore été rendue
publique.
En mars, le populaire maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu avait lui
aussi été arrêté et incarcéré pour "corruption", une accusation qu'il
rejette. L'arrestation de M. Imamoglu, considéré comme le plus sérieux
rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait déclenché un mouvement
de contestation inédit depuis 2013 en Turquie.
Les partisans du CHP, sorti large vainqueur d'élections locales l'an
passé aux dépens de la coalition au pouvoir, accusent le pouvoir turc
de tenter d'affaiblir l'opposition avec l'aide de la justice. (AFP, 20
oct 2025)
La dynastie Erdogan a la recherche du prince héritier
Ragip Duran, TVXS.GR, 13 octobre 2025
Le visage du Président Erdogan qu’on voit souvent sur les écrans, sa
voix, sa façon de parler de plus sa marche inquiète pas seulement les
médecins, mais également l’ensemble des citoyens. Âgé de 71 ans le
Président a désormais un regard lunatique. Il a apparemment des
problèmes de compréhension même quand il s’agit des questions déjà
préparées des journalistes du Palais.
Il avait déjà en 2017 parlé lui-même de “la fatigue du métal” pour
expliquer les faiblesses de son parti.
La santé physique et morale d’Erdogan ne sont pas les seuls
désavantages du Président. Il continue à perdre des points dans les
sondages d’opinion, l’économie turque va de pire en pire, la diplomatie
turque se promène encore dans les impasses et il y a désormais même des
anciens députés et responsables du Parti au pouvoir qui sont arrêtés,
accusés “d’insulte au Président” pour de simples messages critiques
envers le régime sur les médias sociaux.
Il faut donc trouver le remplaçant ou bien le successeur d’Erdogan. Il
y a selon les médias trois candidats:
- M. Bilal Erdogan, fils du Président
- M. Selcuk Bayraktar, le gendre du Président
- M. Hakan Fidan, actuel ministre des affaires étrangères
Bilal Erdogan est le candidat le plus faible parmi les trois
prétendants. Né en 1981, bachelier du Lycée Coranique (Imam Hatip), a
obtenu sa licence à l’Université de Bloomington (Indiana, Etats-Unis) a
un master de l’Université Harvard. Malgré ce CV académique, Bilal est
connu comme un “type pas du tout intelligent”. Il y a même une
expression idiomatique en turc populaire qui dit “Explique moi ceci
comme si tu parles à Bilal” pour dire les choses de la façon le plus
simple possible. Homme d’affaires très actif dans les secteurs de
transport maritime et de l’industrie alimentaire, il est un des
dirigeants d’une grande fondation islamique, TUGVA, la Fondation de la
Jeunesse de Turquie, exonérée d’impôt grâce à un décret du Président,
le père de Bilal. Le fils était en 2017 à Bologne en Italie, en tant
que doctorant, mais sa carrière universitaire a été interrompue, car le
Parquet de la ville a ouvert une investigation contre le jeune Erdogan
accusé de “blanchiment d’argent”.
Le second candidat, le gendre M. Selcuk Bayraktar, né en 1979, marié en
2016 avec une des filles du Président est d’origine de la Mer Noire. Il
a fait des études à Robert College et à l’Université Technique
d’Istanbul et a obtenu son master de l’UPenn (États-Unis) pour devenir
ingénieur. Père de deux enfants Bayraktar est le PDG de la grande
compagnie Baykar qui produit les drones et autres armes. Il n’est pas
considéré par l’opinion publique turque comme un politicien ou homme
d’Etat.
Enfin le troisième candidat, M. Hakan Fidan, ancien chef des services
de renseignement (MIT) actuel ministre des affaires étrangères est né
en 1968 d’un père kurde et d’une mère turque. Toujours très proche du
Président Erdogan, il a, en très peu de temps monté rapidement les
escaliers de la bureaucratie. Sous-officier de formation, il a fait des
études universitaires aux États -Unis et en Allemagne puis à Ankara.
Spécialiste de la communication et des renseignements, il a un large
réseau politico-professionnel en Turquie et dans le monde occidental.
Très discret pendant longtemps, il est considéré par plusieurs médias
du monde occidental comme le no 2 du régime et le successeur naturel du
Président Erdogan. Sa position oblige nationaliste et Étatiste Fidan
dirige la diplomatie turque comme s’il était toujours à la tête des
services de renseignement. Ses partisans le présentent sur la Toile
comme un héros accompagné de la musique de fond d’une série télévisée
sur la Maffia.
Les chroniqueurs et observateurs turcs et étrangers parlent d’une
“lutte acharnée entre les trois candidats”. De son côté, le Monarque,
comme son nom l’indique, n’aime pas du tout les potentiels numéros deux.
“Le risque, c’est que quand le bateau coule, l’ensemble des voyageurs,
la totalité des membres de l’équipage y compris le nouveau capitaine
coulent aussi” conclut un professeur de Sciences Politiques en exil en
Allemagne.
Les désarrois du Président Erdogan : Trump, Kurdes,
Syrie, les Mécontents…
Ragip Duran, TVXS.GR, 5 octobre 2025
Humilié devant les caméras dans le Bureau Ovale par Donald Trump, le
Président Erdogan a été très bien accueilli le lendemain par les
députés kurdes de la Grande Assemblée Nationale de Turquie à Ankara.
“Il n’y a personne qui connaît mieux que lui (Erdogan) les fraudes
électorales” avait lancé le Président Trump. Son homologue turc, ne
parle aucune langue étrangère, mais bien qu’assisté d’un interprète, il
a gardé le silence et n’a pas pu répondre. Trump a également
diplomatiquement critiqué le Président turc: “ J’avais demandé la
libération du Pasteur Brunson il l’avait tout de suite libéré”. Il
s’agit du religieux américain, arrêté en Turquie, accusé de “terrorisme
et d’espionnage” en 2016 lors du Coup d’Etat raté de l’Imam Fetullah
Gulen.
L’opposition turque a violemment protesté: “Ce n’est pas Erdogan, mais
c’est la nation et l’honneur de la Turquie, qui ont été attaquées”
estime-t-elle.
Le 1er octobre dernier, lors de la séance inaugurale du Parlement turc,
Erdogan est allé jusqu’aux rangs des députés du DEM (Parti de l’Egalité
et de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, troisième parti du
Parlement, 56 sièges sur 592) et s’est entretenu à bâtons rompus avec
les dirigeants et députés kurdes. Ces derniers, visages souriants, ont
royalement accueillis Erdogan.
DEM, qui garde encore l’espoir sur le projet de la “Turquie Sans
Terrorisme” ou bien de la “Turquie de Paix et de la Démocratie Sociale”
croit que le problème essentiel est la libération d’Abdullah Ocalan,
“Grand Leader du peuple kurde” et “Négociateur en chef”, bien qu’en
prison depuis 1999.
Les médias d’opposition critiquent sévèrement “la défaite à Washington
du monarque”. “Il a promis à Trump d’acheter plus de 200 avions
commerciaux Boeing, du gaz naturel américain et de supprimer les
barrières douanières qui visent les produits importés des Etats Unis”.
En contre partie? “Nous leur accorderons une légitimité” a répondu Tom
Barrack, ambassadeur à Ankara des Etats Unis et envoyé spécial de Trump
en Syrie.
Les relations entre la Turquie, les Etats-Unis, la Syrie et les Kurdes
sont devenus encore plus compliquées quand Devlet Bahceli, Président du
MHP (Extrême-droite, allié d’Erdogan, 47 sièges) a déclaré, juste avant
le départ d’Erdogan à New York pour participer à l’Assemblée Générale
de L’ONU, qu’Ankara “peut faire alliance avec la Russie et la Chine”.
Il croit que “cette alliance n’affaiblira pas les relations d’Ankara
avec l'Union européenne et l’OTAN”.
Ankara d’Erdogan et Damas d’Ahmed Al-Charaa désirent voir les Kurdes de
Syrie, qui contrôlent environ 1/3 du territoire du pays et possèdent
une armée de 100 milles soldats, intégrés complètement dans le système
de l’Etat central de Syrie. Alors que les Kurdes du pays, soutenus par
Washington, Paris, Londres et Tel-Aviv veulent une autonomie voire une
structure fédérale.
Erdogan, entrain toujours perdre des points dans les sondages
d’opinion, incapable de gérer les crises économiques, sociales et
morales est en même temps incompétent d’inventer et d’appliquer une
bonne politique étrangère. Mais il est toujours maître dans le domaine
d’arrêter les opposants, de nommer des administrateurs au lieu des
maires élus et de présenter les défaites comme des victoires.
“Pas facile d’être l’Homme Unique du pays. Mais il est encore plus
difficile d’être le citoyen simple du pays, car pauvre, en chômage et
sans espoir” croit un journaliste chevronné en exilé à Bruxelles.
Forces
armées/Armed Forces
Syrie, Irak, Liban: la Turquie prolonge sa présence
militaire
Le parlement turc a reconduit mardi la participation de l'armée turque
pour deux ans à la Force de l'Onu au Liban et son déploiement chez ses
voisins d'Irak et de Syrie pour trois ans, ont rapporté les médias
turcs.
La Grande assemblée était saisie d'une motion signée par Recep Tayyip
Erdogan, dans laquelle le chef de l'Etat souhaitait reconduire la
présence turque au sein de la Force intérimaire des Nations unies dans
le sud du Liban (Finul), à laquelle elle participe depuis 2006.
"Compte tenu de nos relations bilatérales avec le Liban et des
conditions de sécurité dans la région", des éléments de l'armée turque,
dont le nombre sera déterminé par le président, "participeront à la
Finul pour deux années supplémentaires à compter du 31 octobre 2025",
indique ce texte.
Le parlement a également approuvé la motion du chef de l'Etat portant
sur l'extension pour trois ans du déploiement des forces turques dans
le nord de l'Irak, ainsi qu'en Syrie, principalement pour contrer les
mouvements kurdes.
Selon la chaine de télévision privée NTV et le site T24, cette
proposition a été rejetée par les deux principaux partis d'opposition,
le CHP social-démocrate et le parti pro-kurde DEM.
L'armée turque mène depuis 2015 des opérations de protection de sa
frontière avec la Syrie et maintient une présence militaire visible
dans le nord-est du pays pour parer la menace des groupes armées kurdes.
Selon le porte-parole du parti AKP au pouvoir, elle dispose de 16.000 à
18.000 soldats sur place.
Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024 et l'avènement d'un
gouvernement de transition, qu'elle soutient, Ankara appuie le
processus d'intégration des forces kurdes à l'armée syrienne et a
laissé entendre qu'elle pourra, si ce processus aboutit, reconsidérer
sa présence militaire.
C'est également pour contrer les combattants du Parti des Travailleurs
du Kurdistan (PKK) que la Turquie maintient depuis 25 ans des dizaines
de bases dans le Kurdistan autonome d'Irak, d'où elle lance des
opérations terrestres et aériennes contre les guérilleros du PKK
installés dans les montagnes du nord de l'Irak.
Le PKK est cependant engagé depuis près d'un an dans un processus de
désarmement et de paix avec les autorités turques, à l'initiative de
celles-ci.
En dépit de l'annonce de la dissolution du parti en mai 2025, les
forces turques ont été accusées de poursuivre leurs opérations chez
leurs voisins.
Au Liban, l'armée turque comptait 97 personnels au sein de la Finul,
selon le dernier décompte disponible, sur des effectifs internationaux
de 13.000 personnes, dont 9.800 soldats issus principalement
d'Indonésie, d'Italie et d'Inde, les trois principaux pays
contributeurs.
Cette force internationale a été régulièrement prise sous les feux
croisés d'Israël et du Hezbollah libanais, depuis que ce mouvement
pro-iranien a ouvert un front contre Israël en octobre 2023. (AFP, 21
oct 2025)
La Turquie prolonge de deux ans sa participation à la Finul
Le Parlement turc a prolongé mardi de deux ans la participation de
l'armée turque à la Force intérimaire des Nations unies dans le sud du
Liban (Finul), ont annoncé en direct les médias turcs.
Des Turcs font partie de cette force depuis 2006.
Le Parlement était saisi d'une motion signée par Recep Tayyip Erdogan,
dans laquelle le chef de l'Etat souhaitait prolonger la présence
militaire turque dans ce cadre au Liban.
"Compte tenu de nos relations bilatérales avec le Liban et des
conditions de sécurité dans la région", des éléments de l'armée turque,
dont le nombre sera déterminé par le président, "participeront à la
Finul pour deux années supplémentaires à compter du 31 octobre 2025",
peut-on lire dans la motion.
L'autorisation avait été reconduite l'an dernier pour un an, avec le
déploiement de 97 membres des forces turques.
D'après le site internet des Nations unies, la Finul comptait, en
juillet 2025, des effectifs internationaux de 13.000 personnes, dont
9.800 soldats issus principalement d'Indonésie, d'Italie et d'Inde, les
trois principaux pays contributeurs.
Cette force internationale a été régulièrement prise sous les feux
croisés d'Israël et du Hezbollah libanais, depuis que ce mouvement
pro-iranien a ouvert un front contre Israël en octobre 2023.
Gazap, l'énorme bombe
thermobarique dont la puissance défie l'arme nucléaire
C’est un grand coup que vient de frapper la Turquie lors du 17e Salon
international de l'industrie de la défense (IDEF, International Defence
Industry Fair) 2025 à Istanbul. Le pays de Recep Tayyip Erdogan, qui
s'est déjà illustré ces dernières années grâce à ses drones, a en effet
révélé la plus grosse bombe non nucléaire du monde. Avec ses 970 kilos
et sa technologie novatrice, cette arme appelée Gazap — colère en turc
— rivalise presque avec ses équivalentes atomiques.
Incendie intense et fusion de l'acier
Conçue par le centre de recherche et développement du ministère turc de
la Défense nationale, elle a d'ores et déjà passé toutes les phases de
test et de certification. Selon le site Interesting Engineering, qui
relaie les médias turcs, elle pourrait donc d'ores et déjà être
déployée et utilisée sur un théâtre d'opération. Et donc
potentiellement vendue à un État ou à un autre dans ce but.
Ce qui rend cette arme si puissante tient d’abord au fait qu’elle
appartient à la catégorie des armes thermobariques, aussi appelées
armes à explosion carburant-air. Ces dernières embarquent généralement
une réserve de carburant qui une fois libéré dans l'air par un premier
dispositif forme un nuage hautement explosif dont la détonation est
provoquée par un second dispositif. Et les conséquences sont
ravageuses. Gazap peut en effet provoquer une chaleur extrême de près
de 3000°C capable de faire fondre l’acier et de détruire le béton.
Quant aux humains, cela peut les brûler jusqu'aux os.
Une arme à fragmentation dévastatrice
Autre spécificité destructrice, la bombe Gazap est une arme à
fragmentation capable de libérer 10 000 éclats sur une zone d'un
kilomètre de rayon. En moyenne 10,6 fragments touchent chaque mètre
carré, soit plus de trois plus que les 3 éclats par mètre carré des
bombes à fragmentation traditionnelle. La version actuelle de cette
munition peut être larguée depuis des chasseurs F-16 ou F-4 Phantom
mais les autorités turques prévoient une version compatible avec des
drones.
Une bombe peut en cacher une autre
À l'occasion de ce salon, la Turquie a également présenté une autre
bombe, moins tape-à-l’œil mais aussi importante pour les conflits
futurs. Nommée Hayalet, fantôme en turc, ou NEB-2, elle pèse elle aussi
autour de 970 kilos. Mais elle a une autre spécialité : détruire les
bunkers les plus profonds ou les bâtiments les plus renforcés. Et
d'après Istanbul, elle est la plus efficace du monde pour cette mission.
"Normalement, dans les centrales nucléaires, les missiles américains
pénètrent 2,4 mètres (7,8 pieds) de béton C35 (béton standard). NEB-2
pénètre 7 mètres de béton C50, trois fois plus résistant que celui
utilisé dans les centrales nucléaires", a expliqué un responsable turc
à nos confrères locaux. Or, quand on sait que Vladimir Poutine pourrait
avoir une stratégie pour s’en prendre aux centrales nucléaires de
l’OTAN, il y a de quoi s'inquiéter franchement. (GEO France, 15 octobre
2025)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Zuhal Demir demande à Maxime Prévot
d’enquêter sur l’arrivée de certains imams turcs
La ministre flamande de l’Emploi, Zuhal Demir (N-VA), accuse la Turquie
de profiter du système des passeports verts pour envoyer en Belgique
des imams favorables au régime du président Recep Tayyip Erdogan et
ainsi influencer les troisième et quatrième générations de Flamands
d’origine turque. L’élue N-VA a demandé au ministre des Affaires
étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés), de mener une enquête à ce
sujet, a-t-elle indiqué dimanche dans un communiqué.
Ce passeport vert exempte les citoyens turcs de la nécessité d’obtenir
un visa, normalement obligatoire pour entrer en Europe, et leur permet
de résider sur le sol belge jusqu’à 90 jours. Il permet également de ne
pas devoir solliciter un permis de travail en Flandre, pourtant requis
depuis 2019 pour les représentants des communautés religieuses
reconnues.
“Ces règles ont encore été durcies depuis lors, afin d’éviter que des
puissances étrangères n’influencent les communautés locales”, a
souligné Mme Demir. “En 2024, 18 demandes de permis de travail ont été
introduites, dont 17 ont été rejetées pour ces raisons.”
Des imams en mission
Cependant, selon la ministre, la Turquie contourne les règles et envoie
des imams missionnés par la Diyanet, l’administration turque
responsable de la gestion du culte islamique, “qui dépend directement
des compétences du président Erdogan”.
La Diyanet compte plus de 60 mosquées en Belgique, dont 43 en Flandre.
Le système des passeports verts pose également question chez nos
voisins allemands, français et néerlandais, a poursuivi la ministre
flamande. “En Allemagne, 19 imams ont fait l’objet d’une enquête pour
espionnage, ce qui a créé des tensions diplomatiques entre Berlin et
Ankara. La France a entamé des réformes sous la présidence d’Emmanuel
Macron afin de limiter l’influence des imams de la Diyanet”, a-t-elle
avancé.
Autant de signaux qui doivent mener à l’ouverture d’une enquête, a
estimé Zuhal Demir, appelant le ministre des Affaires étrangères à
prendre des mesures. (Belga, 19 octobre 2025)
Pourquoi la féministe
musulmane Berrin Sönmez tombe le voile
Berrin Sönmez a passé une grande partie de sa vie à défendre les droits
et les libertés des femmes, dont celle de ne pas porter le foulard
islamique dans ce pays laïc qu'est la Turquie depuis 1923. Mais aussi
celle de le porter.
Aujourd'hui retraitée, l'historienne et journaliste a commencé sa
carrière comme enseignante chercheuse dans le secteur public. Musulmane
pratiquante, elle s'est vu interdire le port du foulard islamique au
travail dans les années 1980/90. La discrimination du gouvernement de
l'époque à l'égard de l'islam la poussera même à quitter le service
public.
Petite fille, élevée dans une famille pratiquante, elle voit bien que
les femmes ne sont pas traitées comme les hommes. Éprise de justice,
elle s'empare de la cause féministe pour lutter contre ces inégalités
qui la heurtent tant.
Le port du foulard est une décision dont elle n'a jamais beaucoup
parlé, car "c'est une question très personnelle", dit celle qui se dit
fière d'avoir réussi à concilier les piliers de son identité "islamique
et féministe".
En 2002, pour la première fois dans l'histoire de la Turquie moderne,
un parti à orientation religieuse remporte suffisamment de voix pour
former un gouvernement. C'est le Parti de la justice et du
développement, l'AKP, toujours au pouvoir aujourd'hui.
À l'époque, Berrin Sönmez vote pour Recep Tayip Erdogan: "Au départ,
lui et son parti incarnaient un espoir pour les droits. Ils ont joué le
jeu de la démocratie, ils sont allés à Bruxelles, ils ont fait passer
des lois contre les violences faites aux femmes, ils ont accepté de
signer la convention d’Istanbul…" déclare-t-elle au correspondant du
journal Le Monde.
En 2021, l'AKP lève l’interdiction du voile à l'université, puis au
collège, dans la fonction publique, au Parlement et même dans la
police.
Des mesures reçues en Turquie comme une libération des droits des
femmes et sur lesquelles elles ne veulent pas revenir, explique alors
Berrin Sönmez. "Ceux qui considèrent le foulard comme un symbole
religieux contraire au principe de laïcité devraient comprendre qu'il
s'agit d'une discrimination: interdit ou obligatoire, le foulard est
une même violation des droits des femmes si la règle est imposée par
l'Etat", estime-t-elle.
L'année suivante, le président Erdogan propose même d'inscrire le port
du voile dans la Constitution, en vain.
À la différence des années 1990, aucun mouvement politique ne propose
aujourd'hui l'interdiction du port du voile en Turquie. Le candidat
d'opposition Kemal Kiliçdaroglu lui-même, président du CHP laïc, le
parti fondé par Mustafa Kemal, propose d'inscrire ce droit dans la loi.
"Il y a eu une avancée considérable à ce sujet. Les femmes religieuses
et les femmes laïques travaillent désormais ensemble au sein des
organisations féministes", se félicite Berrin Sönmez.
Au fil des années, Berrin Sönmez constate que le gouvernement de l'AKP
ne souffre pas la critique, que les droits et libertés se restreignent,
à commencer par ceux des femmes. La tentative de coup d'État raté de
2015 et la répression qui s’en est suivie n’ont fait qu’accélérer le
durcissement.
Un retour en arrière confirmé par la décision de la Turquie de se
retirer de la Convention d'Istanbul, ce traité international qui engage
les signataires à prendre des mesures contre les violences faites aux
femmes, sous prétexte qu'il met "en danger la structure familiale".
Membre de la Coalition des femmes pour l'égalité, Berrin Sönmez fustige
ce choix, qui génère un sentiment d'impunité chez les agresseurs
masculins.
Alors que la Convention demandait une véritable enquête à chaque décès
suspect, les commissariats se font rapidement plus réticents à recevoir
les plaignantes, qui peuvent aussi peiner à avoir accès aux tribunaux,
dénonce-t-elle alors, soulignant aussi l'augmentation du nombre de ces
décès, dont les dossiers sont classés sans enquête complémentaire.
"Le gouvernement tente de revenir sur les acquis des femmes un à un.
Nous luttions pour de nouveaux droits il y a vingt ans, mais nous
luttons aujourd'hui pour les conserver, y compris le droit des femmes
divorcées à recevoir une pension", s'inquiète-t-elle... Notre
droit
d'exister en tant que citoyennes égales et individus libres est
constamment menacé".
En juin 2025, Berrin Sonmez regrette qu'Erdogan pointe la
responsabilité des femmes et des "pervers" LGBT+, sa cible récurrente,
jugés seuls coupables du déclin de la population, sans prendre en
compte ses erreurs politiques, dit-elle. "Les gens hésitent à faire des
enfants dans un environnement chaotique et incertain, sans politique
sociale, où le soutien à l'enfance est inexistant et l'éducation est un
des secteurs les plus onéreux".
Sur le chapitre du voile, la pression exercée sur les femmes dans les
administrations, mais aussi dans le secteur privé, n’a cessé de se
renforcer.
Des salariées ont rapporté à Berrin Sönmez qu’elles avaient été
licenciées parce qu’elles ne portaient pas le voile. "Une directrice
adjointe d’une société publique a expliqué qu’un de ses collègues lui
avait fait comprendre qu’elle resterait adjointe parce qu’elle n’était
pas couverte."
À 64 ans, Berrin Sönmez a pris cet été une autre décision, un acte de
"résistance personnel" face aux dérives du régime, en dévoilant sa
chevelure blanche avec ces mots : "Je jette mon voile aux pieds du
gouvernement et des instances religieuses".
Son geste fait suite à un sermon prononcé le 1er août lors de la prière
du vendredi, diffusée dans les 90 000 mosquées affiliées au Diyanet,
l’organisme chargé d’encadrer le culte en Turquie. Le Dinayet est
surtout considéré comme le bras armé du pouvoir islamo-conservateur,
déterminé à façonner une "génération religieuse".
Ce prêche, consacré à la "pudeur" et la "décence", clame que les femmes
doivent être couvertes des pieds à la tête, qu'elles ne peuvent pas
porter de vêtements qui soulignent la silhouette au risque de violer
des commandements de Dieu et de se rendre complice de "décadence de la
morale et des bonnes mœurs".
Dans un texte publié sur Medyascope, Berrin Sönmez se dit consternée
par ce discours: "... la décence et les bonnes manières ne sont pas
limitées aux vêtements ni au corps des femmes. L’interprétation du
Diyanet est phallocentrée, patriarcale et dogmatique."
"Se présenter en public ou dans des lieux officiels dans des vêtements
inappropriés constitue une provocation", ajoute le prêche. Ces mots
renvoient Berrin Sönmez à la discrimination qu'elle a elle-même subie
dans les années 1980 et 1990 dans l'espace public.
Pour elle, la ligne rouge est franchie. "En l’enlevant, je leur dis de
ne pas aller plus loin: une femme de 64 ans, aux cheveux blancs, a jeté
son foulard, réfléchissez-y, comprenez la signification de tout cela et
revenez en arrière".
Les critiques et insultes ont fusé, mais à la fin du texte publié sur
Medyascope, Berrin Sönmez assure n’attendre ni respect ni approbation:
"Je fais simplement mes adieux à mon voile parce que je ne veux pas
manquer le moment opportun pour réagir. Une personne seule n’a
peut-être pas d’importance, mais en tant qu’individu, ma position est
claire. Je rejette la voie empruntée par le Diyanet et le pouvoir, la
voie de l’oppression. Si vous êtes des oppresseurs, je ne suis pas des
vôtres."
Entre-temps, le Diyanet continue sa campagne pour la "pudeur" et la
"décence", condamant le comportement des hommes et des femmes qui se
"baignent dans la même mer" et "se retrouvent sur les mêmes
plages"...
(TVMonde, 3 oct 2025)
Socio-économique
/ Socio-economic
Invisible in data, embedded in workforce:
Refugee child workers in Turkey
In his latest book, "the Invisible Members of the Class: Refugee Child
Workers" (Sınıfın Görünmeyenleri: Mülteci Çocuk İşçiler), writer Özgür
Hüseyin Akış examines the detrimental impact of war, poverty, and
forced migration on child labor through a class-based perspective. He
highlights that the growing presence of refugee child laborers in
Turkey is a direct outcome of deepening labor inequalities.
Based on years of field research, the book explores child labor in
industrial zones, plastic recycling facilities, and agricultural areas
in cities like İstanbul, Ankara, and Antep. These children are not only
workers but also refugees, the poor, and the most vulnerable members of
a class pushed to the margins of society, Akış argues.
He emphasizes the need to first address the root causes of refugee
child labor, pointing to the mass displacement that followed the war in
Syria. Official statistics indicate that 1.5 million Syrian children
currently reside in Turkey.
'We must first understand forced migration
“We must first understand forced migration and what causes it,” Akış
says.
“The National Education Ministry says half of the 1.5 million Syrian
children are enrolled in school. What about the other half? The data
doesn’t include refugee children working in the streets, doing seasonal
labor, or engaged in informal jobs. These are the invisible members of
the working class.
“Take the Önder neighborhood in Ankara’s Altındağ district. It’s near
Siteler, one of the largest furniture manufacturing zones. Every
morning, you see waves of 13- and 14-year-old children walking from the
neighborhood to work. When you speak to them, you realize they’ve
normalized their situation and feel they have no choice.
"Many have lost their parents to war or other causes. The
responsibility of supporting the household falls on the children.
They’re part of the production process, yet they don’t exist in the
official numbers.”
Having interviewed many children from Iraq, Afghanistan, and Syria,
Akış recounts one particular case: “Two Iraqi boys, aged 13 and 14,
sell tissues and water on the street. Their father died in the war, and
their mother is bedridden. The 13-year-old can only go to school when
his older brother takes over the stand.
"These two children are responsible for the family’s survival. This is
why, rather than focusing solely on numbers, we need to examine the
causes and consequences of forced migration.”
‘A system thriving on bodies of dead children’
Akış also critiques neoliberal policies and their role in increasing
child labor. "Economic crises bring deep poverty, a process in which a
parent cannot support their family by working, and is dependent on the
few coins their child can earn," he explains. "This process affects
millions. Why are children chosen? Because they are cheap, because they
are uninsured, because they are unregulated.
"I am not saying this system cannot solve the problem; it does not want
to solve it. This system thrives on the deaths of children in workplace
murders. Refugee child workers are those who cannot even make it to the
forefront of this structure.
Akış stresses that rather than preparing children for a professional
future, the current system exploits them. He advocates for a planned,
economic model to combat poverty.
One key solution, he says, lies in “proper integration and creating a
system where refugee children are not part of the labor force.”
"Refugee child workers are employed without even knowing the concept of
insurance, below the minimum wage, and under worse conditions than
local child workers. Essentially, child labor should be banned
regardless of whether the workers are local or foreign.
"If a demand arises that 'children should not be employed in heavy work
or dangerous work,' a loophole is created where oversight is impossible
and a zone of legitimacy develops. In this sense, a comprehensive
struggle must be organized to prevent the employment of children in any
sector."
‘Lack of data is the policy’
Akış also criticizes the state’s failure to regularly publish data on
child labor. He claims the absence of data reflects an intentional
policy.
"If we don't have accurate data on a problem, then there is no effort
to solve it. The lack of data itself is state policy; those who do not
disclose data are hiding themselves. The most visible aspect of
capitalism, however, is the reality of child labor.
"Child workers are not only exploited, but their rights as children are
also taken away. They always say that children are our future, but a
government that cannot save children today cannot save them tomorrow.
Let's save children today first." (BIA, 25 Oct 2025)
Turkey ranks first in Europe for income inequality
According to the “Income Inequality and Poverty Report in Turkey”
prepared by the the Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey
and General Services Workers’ Union (DİSK/Genel-İş) Research Department
(EMAR), Turkey ranks as the country with the highest income inequality
among European countries.
The report examines topics such as inflation, poverty, income
inequality, and indebtedness using statistical data. According to the
study, two out of every 10 people in Turkey are poor, while six out of
every 10 are in debt.
Based on the Turkish Statistical Institute’s (TÜİK) Income and Living
Conditions Survey cited in the report, at least 17,821,000 citizens in
Turkey are so poor that they cannot even meet their most basic needs.
The poverty rate has risen to 21.2%, meaning two out of every 10
citizens are now poor. The poverty threshold has increased twelvefold
since 2014. In 2014, the poverty line was 6,665 Turkish lira; by 2024,
it had risen to 81,742 Turkish lira.
This increase accelerated particularly after 2022, due to high
inflation. The poverty line was 21,296 Turkish lira in 2022, 38,531
Turkish lira in 2023, and 81,742 Turkish lira in 2024.
Poverty among workers
The share of employed individuals who are still poor is 11%. Millions
of citizens in Turkey are considered poor despite working because their
wages and living conditions are insufficient to support themselves and
their families.
Low minimum wages, heavy taxes, and unfair income distribution continue
to increase working poverty. In 2024, the poverty rate among workers
was 10.7%.
By August 2025, the hunger threshold was set at 26,149 Turkish lira,
and the poverty line at 90,450 Turkish lira, while the minimum wage
remained at 22,104 Turkish lira. In the same period, the lowest civil
servant salary was 50,503 Turkish lira, and the lowest retired civil
servant pension was 22,671 Turkish lira.
Indebtedness
Due to expenses excluding housing, 60.9% of the non-institutional
population were in debt in 2024—meaning six out of 10 people were
indebted. According to TÜİK statistics cited in the report, only 39.1%
of the population is debt-free. Of the population, 12.5% have
difficulty paying off their debts, 43.3% find debt somewhat burdensome,
and 5.2% report no burden at all.
Child poverty and social exclusion
In 2024, 38.9% of children under 18 were at risk of poverty or social
exclusion. For comparison, the rate was 26.3% for ages 18 to 64 and
23.3% for those over 65. The total proportion of the population at risk
of poverty and social exclusion was measured at 29.3%.
The General Services Workers’ Union (Genel-İş) commented:
“When children are deprived of basic rights such as health, nutrition,
and education at the stages of life when they need them most, their
physical and mental development is negatively affected. High child
poverty indicates that not only today but also the future faces a
severe cycle of poverty. Children growing up in poverty are forced to
enter the workforce at an early age, and child labor is rapidly
increasing.”
Europe’s highest Gini coefficient
The report also includes Eurostat data. While the average Gini
coefficient in EU countries is 0.344, Turkey’s Gini coefficient stands
at 0.461.
Additionally, the report notes that the richest 20% of the population
in Turkey earn approximately 9 times the income of the poorest 20%.
The General Services Workers’ Union (Genel-İş) commented:
“The severe socioeconomic crisis in Turkey has further widened income
inequality, making it the country with the highest income inequality in
Europe. This situation prevents the national income from reaching broad
segments of society, widens the gap between the rich and poor, and
gradually erodes the middle class. No other European country
experiences such a disparity. The record-high Gini coefficient not only
reflects economic difficulties but also deepens social and political
crises.”
The Gini coefficient is a statistical measure intended to represent
income or wealth inequality within a nation or social group. The
greater the inequality in income distribution in a country, the higher
the Gini coefficient. Conversely, the closer this coefficient is to
zero, the lower the level of inequality in income distribution. (BIA, 8
octobre 2025)
17 blessés dans un séisme de magnitude 5,0
dans le nord-ouest du pays
Au moins 17 personnes ont été blessées dans un séisme de magnitude 5,0
qui a secoué la mer de Marmara dans le nord-ouest de la Turquie jeudi,
selon les autorités locales.
Selon l'autorité turque de gestion des catastrophes, la secousse est
survenue à 14h55 heure locale (11h55 GMT), avec un épicentre situé au
large de la côte de Marmaraereglisi dans la province de Tekirdag.
Le tremblement de terre a été ressenti jusque dans les provinces
d'Istanbul, de Bursa et de Canakkale, poussant les habitants à sortir
précipitamment dans les rues.
Le cabinet du gouverneur d'Istanbul a indiqué dans un communiqué que 17
personnes avaitent été blessées dans la vague de panique qui a parcouru
la ville tandis que les habitants évacuaient les bâtiments, et que "12
citoyens ont contacté les services d'urgence pour signaler des crises
de panique, et d'autres encore ont signalé des entorses consécutives à
la panique".
Le cabinet a également reçu des signalements de dommages sur quatre
bâtiments. Il a précisé que des équipes avaient été dépêchées sur les
sites concernés, et appelé les habitants à éviter les sites
possiblement endommagés et à respecter les annonces officielles.
Le cabinet du gouverneur de Tekirdag a indiqué que des équipes de
réaction avaient immédiatement entamé des inspections de terrain, et
que le centre d'appel d'urgence n'avait reçu aucun signalement de
sinistre.
La magnitude de la secousse a été mesurée à 5,2, puis révisée
ultérieurement à 5,0 par le Centre allemand de recherches en sciences
de la Terre (GFZ), tandis que l'Observatoire Kandilli de Turquie et
l'Institut de recherche sur les séismes ont mesuré une magnitude de
5,3. (Xinhua, 2 octobre 2025)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
La Turquie condamnée par la CEDH
pour la détention d'une responsable kurde
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la
Turquie pour la détention à partir de fin 2016 d'Aysel Tugluk, une
responsable politique kurde.
L'institution basée à Strasbourg condamne la Turquie à verser 16.000
euros de dommages et intérêts à Mme Tugluk, pour violation de son droit
à la liberté et de sa liberté d'expression notamment.
Aysel Tugluk, née en 1965, est une ancienne membre de la direction du
parti pro-kurde HDP.
Elle avait été arrêtée en décembre 2016 pour appartenance à une
organisation terroriste, la justice turque pointant ses activités au
sein du DTK, une structure que les autorités turques considèrent comme
liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme
organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Placée en détention provisoire, elle avait été condamnée en 2018 à une
peine de 10 ans de prison, puis libérée en octobre 2022 pour raisons de
santé, pour cause de démence.
La cour basée à Strasbourg a considéré que son placement en détention
provisoire était injustifié et constituait une violation de son droit à
la liberté.
"Aucune des décisions à propos du placement et du maintien en détention
provisoire de la requérante ne contient de preuve qui pourrait indiquer
un lien clair entre ses actes et les faits pour lesquels elle a été
arrêtée", relèvent les juges.
Elle condamne également la Turquie pour violation de sa liberté
d'expression, notant que "le placement et le maintien en détention
provisoire de la requérante sur la base de ses déclarations revient à
une entrave à l'exercice de sa liberté d'expression". (AFP, 14
oct
2025)
Turkey
submits its objection to the ECHR ruling on Kurdish
politician Selahattin Demirtaş
Turkey has requested that the ruling on former HDP Co-Chair Selahattin
Demirtaş be reconsidered by the European Court of Human Rights Grand
Chamber.
The deadline to apply regarding the ruling on Demirtaş was October 8.
HDP Co-Chairs Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, along with other
politicians, have been imprisoned for nine years in connection with the
October 6–8 Kobani protests. Since November 4, 2016, the ECHR has
issued three separate violation rulings concerning Demirtaş and has
called for his release.
Rulings:
ECHR Chamber – November 20, 2018
ECHR Grand Chamber – December 22, 2020
ECHR Grand Chamber – July 8, 2025
Turkey has not complied with any of these three rulings. Most recently,
at the Council of Europe Committee of Ministers meeting, the December
22, 2020, ECHR Grand Chamber ruling was brought to the agenda, and a
call was made for Demirtaş’s release.
Legal proceedings
Selahattin Demirtaş was arrested on November 4, 2016, by the Diyarbakır
2nd Criminal Court of Peace at the request of the Diyarbakır Chief
Public Prosecutor’s Office, on charges of membership in an armed
terrorist organization and publicly inciting the public to commit
crimes.
In subsequent cases tried in various provinces, Demirtaş was sentenced
to 4 years and 8 months in prison by the Istanbul 26th High Criminal
Court for the crime of making propaganda for a terrorist organization,
and this ruling was finalized.
Demirtaş, who was also among the defendants in the case known as the
Kobani trial concerning the October 6–8, 2014, protests involving 108
defendants, was sentenced to 42 years in prison by the 22nd High
Criminal Court on May 16, 2024.
In this case, the court issued its detailed reasoning on June 25, 2025.
How will the process proceed?
Demirtaş’s lawyer, Mahsuni Karaman, explained the process in a social
media statement several days ago. According to him, the finalization of
the ruling has been paused due to Turkey’s appeal. Turkey’s appeal will
be reviewed by a panel of five judges, and if the request to refer it
to the Grand Chamber for appeal is accepted, the case will be
reconsidered by the ECHR Grand Chamber, which consists of 17 members.
During this process, the ruling will not become final.
However, if Turkey’s request to refer the case to the Grand Chamber is
rejected, the ruling will be finalized. Appeals to the Grand Chamber
are typically accepted only on important points concerning the
interpretation of the Convention. Since a previous violation ruling has
already been finalized regarding Demirtaş, it is possible that the
appeal may be rejected.
Reaction from DEM Party Co-Chairs to Turkey’s “Demirtaş” appeal
DEM Party Co-Chairs Hatimoğulları and Bakırhan criticized Turkey’s
appeal, saying, “Appealing the ECHR ruling is a persistence in
unlawfulness and harms social peace and justice.”
Co-Chairs of the Peoples’ Equality and Democracy Party (DEM Party),
Tülay Hatimoğulları and Tuncer Bakırhan, reacted to the Ministry of
Justice sending a delegation to Europe to appeal the European Court of
Human Rights (ECHR) ruling that found a “violation of rights” regarding
the detention of former HDP Co-Chair Selahattin Demirtaş.
Speaking via his social media account, Bakırhan said:
“The ECHR says he must be released immediately, yet the Ministry of
Justice insists on maintaining unlawfulness. The ruling is very clear:
our dear Selahattin Demirtaş must be released. Persisting in refusing
to recognize international law decisions carries no meaning other than
admitting illegality. As a party, our long-standing struggle for
justice continues today just as it has in the past; we will not let go
of this unjust and unlawful situation. This country needs all of us to
breathe together, to uphold peace, justice, and conscience. We will
fight to the end for the freedom of Figen Yüksekdağ, Selahattin
Demirtaş, and all our friends tried in the Kobani conspiracy case, and
together we will march toward peace.”
“Insisting on unlawfulness and harming social peace”
Tülay Hatimoğulları also said:
“Appealing the ECHR ruling is an insistence on unlawfulness and harms
social peace and justice. For nine years, Selahattin Demirtaş, Figen
Yüksekdağ, and dozens of our comrades have been held hostage through a
fabricated case. Neither we nor the millions whose hearts beat for
peace will accept insisting on injustice by keeping those who should
contribute to peace behind iron bars. Our struggle for peace, law, and
democracy will continue against these anti-democratic steps. The only
way to strengthen faith in brotherhood is the freedom of our comrades!”
(BIA, 8 octobre 2025)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Erdogan remercie Trump et se dit "très satisfait" du
cessez-le-feu à Gaza
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a remercié jeudi le président
américain Donald Trump et s'est dit "très satisfait" de l'accord sur un
cessez-le-feu à Gaza.
"Je suis très satisfait que les négociations entre le Hamas et Israël,
tenues à Charm el-Cheikh et auxquelles la Turquie a également
contribué, aient abouti à un cessez-le-feu à Gaza. Je tiens à exprimer
ma gratitude, en particulier au président américain Trump, qui a fait
preuve de la volonté politique nécessaire pour encourager le
gouvernement israélien à accepter un cessez-le-feu, ainsi qu'à nos pays
frères, le Qatar et l'Égypte", a affirmé le chef de l'Etat turc sur X.
"En tant que Turquie, nous suivrons de près la mise en oeuvre de
l'accord et continuerons à contribuer au processus", a-t-il ajouté.
"Avec l'instauration du cessez-le-feu, l'aide humanitaire doit être
acheminée à Gaza, région en proie à une catastrophe humanitaire, et les
efforts de reconstruction doivent être engagés de toute urgence. La
Turquie continuera de fournir une aide humanitaire intensive à Gaza", a
de son côté réagi le ministère turc des Affaires étrangères.
M. Erdogan avait affirmé mercredi avoir été sollicité "expressément"
par Donald Trump pour convaincre le Hamas de négocier la paix avec
Israël.
Une délégation turque, emmenée par le chef des services de
renseignement (MIT) Ibrahim Kalin, s'est rendue en Egypte, à
Charm-el-Cheikh, pour participer aux négociations.
M. Kalin avait déjà participé aux discussions à Doha la semaine
dernière et a mené une série d'entretiens avec des responsables
américains, égyptiens, qataris et du Hamas, selon des sources
sécuritaires citées par l'agence étatique Anadolu. (AFP, 9 octobre 2025)
Le prix Nobel de la paix pour Trump?
Enis Coskun, ancien Secrétaire général et fondateur du Mouvement
de la Paix de Turquie
On parle de l’attribution du prix Nobel de la paix au président
américain Trump. Est-ce possible ? Après tout, il a tant œuvré pour la
paix ! Rappelons-nous. N’a-t-il pas manifesté sa volonté de rattacher
le Canada aux États-Unis en tant que nouvel État fédéré ? N’a-t-il pas
revendiqué le Groenland au Danemark ? N’a-t-il pas déclaré que le canal
de Panama devrait être restitué aux USA ?
N’est-il pas, au prétexte de la sécurité d’Israël, au nom de son appui
inconditionnel et de son principal pourvoyeur d’armes, complice du
génocide commis à Gaza ? N’a-t-il pas tenu des propos ahurissants sur
la transformation de l’enclave en complexe touristique et dans ce
dessein n’apporte-t-il pas son soutien à l’expulsion des Palestiniens
de Gaza ?
Lors du sommet de l’OTAN de La Haye en juin 2025, n’a-t-il pas imposé
aux États membres de l’Union européenne – même s’il n’a pas réussi à
faire plier l’Espagne- l’augmentation de leurs dépenses de défense à
hauteur de 5 % de leur PIB, contre 2 % par exemple pour la France à
l’heure actuelle ?
A-t-il vraiment invité les Présidents d’Azerbaïdjan et d’Arménie à la
Maison-Blanche pour parachever l’accord de paix entre les parties ou
bien pour ouvrir la voie à une domination politique, militaire et
commerciale dans la région, et profiter des richesses de son sous-sol,
notamment du pétrole ? N’a-t-il pas ainsi obtenu des droits exclusifs
sur le développement du corridor de Zanguezour qui relie l’Azerbaïdjan
aux Républiques d’Asie centrale, renforçant ainsi la position des
États-Unis face à l’Iran, la Russie et la Chine ?
Sa rencontre avec Poutine en Alaska en vue de négocier un hypothétique
échange de territoires et un accord de paix entre l’Ukraine et la
Russie n’avait-elle pas pour véritable objectif, au mépris des intérêts
mêmes de l’Ukraine, de tenter de battre en brèche les relations
croissantes entre la Russie et la Chine concrétisées par le
développement de l’Organisation de coopération de Shangaï, et de lui
permettre de concentrer son action stratégique sur la Chine, principal
rival économique et politique des États-Unis ?
N’a-t-il pas déclenché une guerre économique contre le monde entier, en
particulier la Chine et les pays de l’Union européenne en augmentant
les droits de douane à des niveaux exorbitants ?
Sous prétexte de lutte contre les narcotrafiquants, n’a-t-il pas envoyé
une armada de guerre dans les eaux territoriales vénézuéliennes pour
déstabiliser le gouvernement en place ? N’a-t-il pas au même moment
rebaptisé le Département américain de la Défense en « Département de la
Guerre », affichant ainsi au monde entier son amour de la paix ?
Non content de mobiliser l’armée à la frontière mexicaine pour stopper
les migrants, n’a-t-il pas continué à ériger de hauts murs le long de
la frontière ?
En pleine crise économique n’a-t-il pas déployé l’armée dans les rues
de Washington pour mener la guerre contre ses propres concitoyens
pauvres et sans abri ?
N’a-t-il pas envoyé des unités militaires dans les États américains
gouvernés par l’opposition démocrate, sous prétexte d’y combattre la
criminalité ?
Que pourrait faire de plus ce « faiseur de paix » pour prouver qu’il
mérite ce prix ? On pourrait poursuivre l’énumération au risque de
susciter la lassitude du lecteur. En vérité Trump poursuit avec
détermination une politique de « faucon à l’intérieur, busard à
l’extérieur ». Mais l’oiseau symbole de la paix n’est ni un busard ni
un faucon, c’est la colombe rendue célèbre par Picasso. Or, Trump veut
chasser cette colombe. Parmi les rabatteurs figurent certains chefs
d’État qui appellent de leurs vœux l’attribution du Nobel de la paix à
Trump. À la suite d’Israël, le Pakistan, le Cambodge, le Gabon,
l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont rejoint la « caravane ».
On ne peut évoquer les velléités de Trump et de ses soutiens pour
l’obtention du Nobel de la paix sans se souvenir d’un précédent
historique. Le 29 septembre 1938, le Premier ministre britannique
Chamberlain, le Premier ministre français Daladier, le ministre italien
des Affaires étrangères Galeazzo Ciano et Hitler signaient les accords
de Munich qui entérinèrent l’occupation par l’Allemagne de la région
des Sudètes, au sud de la Tchécoslovaquie. Les signataires prétendirent
avoir sauvegardé la paix au mépris des nombreuses critiques et mises en
garde sur l’expansionnisme hitlérien. Moins d’un an après ces accords,
le 1er septembre 1939, Hitler attaquait la Pologne, déclenchant la
guerre la plus sanglante de l’Histoire.
Douze parlementaires suédois proposèrent alors la candidature de
Chamberlain au prix Nobel de la paix au nom de ce « succès ». En
revanche, l’un des membres antifascistes du parlement suédois, le
député Erik Brandt, adressait le 27 janvier 1939 une lettre au Comité
Nobel de la Paix par laquelle il proposait, par pure dérision, la
candidature de Hitler. Dans sa lettre, Brandt écrivit : « Avant tout,
après la Bible qui est peut-être la plus grande et la plus répandue
œuvre littéraire du monde, c’est grâce à son amour pour la paix et à
ses succès décrits dans son célèbre livre Mein Kampf… qu’il mériterait
vraiment le Prix de la Paix. »
Les sarcasmes de Brandt eurent un large écho dans le monde entier. Bien
entendu les nazis accueillirent avec joie cette proposition, car pour
eux Hitler était « digne » du Prix Nobel de la Paix. A contrario,
certains milieux, n’ayant pas saisi le caractère satirique de la
lettre, l’avaient vivement rejetée. Brandt, par une lettre envoyée au
Comité norvégien du Prix Nobel de la Paix la veille de l’annonce
officielle des candidats, le 1er février 1939, informa qu’il retirait
sa proposition. Il semble que le Comité ait compris le message : en
1939 le Prix Nobel de la Paix n’a pas été décerné. La rancune d’Hitler
ne se fit pas attendre longtemps : le 9 avril 1940 il envahissait la
Norvège.
Au cours du XXe siècle plusieurs présidents et hommes politiques
américains ont obtenu le prix Nobel de la Paix. Deux d’entre eux
retiennent une attention particulière : le premier est Wilson. Il est
l’auteur des principes qui ont permis aux États-Unis de développer leur
suprématie sur la scène internationale et de forger les ressorts de la
« Pax americana ». Ils ont servi de base intellectuelle au Traité de
Sèvres de 1918 qui permit le partage du territoire de la Turquie entre
les pays occidentaux. Le second est le général Marshall, l’un des
bâtisseurs du « rideau de fer » de la guerre froide et d’un Plan d’aide
économique prétendument désintéressé aux pays européens à l’issue de la
Seconde Guerre mondiale.
Si, à première vue, la proposition d’attribuer le Nobel de la paix à
Trump pouvait s’apparenter à une plaisanterie, à y regarder de plus
près elle apparaît répugnante et effrayante. Cette sidérante
proposition est lourde de significations sur les menaces qui pèsent sur
la paix dans le monde. Elle exprime le visage barbare et tyrannique de
l’impérialisme, de la montée de l’extrême droite et de l’impuissance du
droit international.
L’attribution du prix à Trump romprait avec l’esprit même du Prix Nobel
de la Paix.
Le Comité Nobel ne doit pas céder aux sirènes de l’impérialisme. Il
doit choisir parmi les personnalités qui ont véritablement lutté pour
la paix et consacré leur vie à cette cause. (L'Humanité, 3 oct 2025)
Relations
régionales / Regional Relations
La Turquie nomme un ambassadeur à
Damas
La Turquie a nommé vendredi un ambassadeur en Syrie dont elle appuie
les nouvelles autorités parvenues au pouvoir en décembre 2024, a
rapporté l'agence étatique Anadolu.
Le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan a désigné son
vice-ministre, Nuh Yilmaz, pour représenter son pays à Damas, indique
l'agence citant des sources diplomatiques.
La Turquie était restée jusqu'à présent représentée chez son voisin par
un simple chargé d'affaires.
Cette nomination d'un proche du ministre est interprétée comme un
signal diplomatique important.
Ankara et Damas avaient rompu leurs relations diplomatiques sous la
présidence de Bachar el-Assad dont la Turquie a appuyé le renversement,
après plus d'une décennie de guerre meurtrière.
Depuis décembre, les deux pays resserrent leurs liens et leur
coopération, économique et militaire.
M. Fidan avaient été l'un des premiers responsables étrangers à
féliciter le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh.
Mais Ankara reste préoccupée par la présence des Forces démocratiques
syriennes (SDF) et des militants kurdes à sa frontière.
Originaire d'Istanbul, né en 1974, M. Yilmaz est un diplomate
chevronné, numéro deux du ministère depuis mai 2024, selon le ministère.
Il a été auparavant conseiller principal du ministre puis directeur du
Centre de recherche stratégique (SAM) du ministère des Affaires
étrangères d'août 2023 à mai 2024.
Comme M. Fidan, il vient de l'agence nationale du Renseignement,
maitrise l'anglais pour avoir assuré plusieurs fonctions à Washington
et avoir enseigné aux Etats-Unis.
Les deux pays partagent plus de 900 km de frontière et la Turquie a
accueilli jusqu'à 5 millions de réfugiés sur son sol. (AFP, 24 oct 2025)
Gaza:
Turquie et Qatar unis en soutien à la trêve
La Turquie et le Qatar intensifient leurs efforts pour consolider le
fragile cessez-le-feu à Gaza, multipliant les contacts diplomatiques et
entre leurs services de renseignement, soulignent responsables et
analystes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite dans le Golfe, a été
reçu mercredi par l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, au
lendemain d'une rencontre à Doha entre des responsables du Hamas, le
chef de la diplomatie turque Hakan Fidan et le patron du renseignement
turc Ibrahim Kalin.
Ces entretiens se sont déroulés à huis clos, les deux parties
redoublant de prudence alors que des affrontements dimanche ont menacé
de faire voler en éclats la trêve en vigueur depuis le 10 octobre.
Interrogé par l'AFP pour savoir si les discussions avaient porté sur
l'avenir du Hamas ou sur le projet de groupe de travail pour Gaza, un
responsable turc a répondu que "ces questions dépendent de la manière
dont Israël et les Etats-Unis se positionneront".
"Les efforts de la Turquie et du Qatar seront essentiels pour
pérenniser le cessez-le-feu et façonner l'avenir de Gaza", indique à
l'AFP l'analyste palestinien Ahmad al-Heela, relevant les liens étroits
des deux pays avec les États-Unis et le Hamas.
"Cependant, le Qatar et la Turquie devront parvenir à convaincre
l'administration américaine que les Palestiniens doivent avoir leur mot
à dire sur l'avenir de Gaza et d'aller vers une solution à deux États",
ajoute-t-il.
- Atténuer le "biais pro-Israël" -
Au cours de leur entretien, le président Erdogan a souligné
auprès de
l'émir du Qatar que le cessez-le-feu à Gaza "a soulagé les
Palestiniens", mais rappelé que la solution à deux États est la seule
réponse à la question israélo-palestinienne, selon la présidence turque.
Le rôle actif joué par la Turquie -- aux côtés de l'Egypte et du Qatar
-- dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu durable à Gaza,
ainsi que le ferme soutien d'Ankara au plan de paix du président
américain Donald Trump, pourraient permettre d'infléchir "le biais
américain en faveur d'Israël", estime l'analyste Hossam Shaker.
Ankara s'est en outre dit prêt à participer à une force de sécurité
internationale à Gaza.
Selon une source diplomatique turque, cette "force d'intervention, ou
force de stabilité, devrait comporter une composante militaire". Mais
les négociations se poursuivent pour décider quels pays y participeront
et à quel niveau, a précise cette source à l'AFP.
La Turquie a par ailleurs dépêché une équipe de 81 secouristes, chargés
notamment de rechercher des corps -- dont ceux d'otages israéliens --
dans les ruines de Gaza. Mais "ils attendent toujours à la frontière
égyptienne" le feu vert d'Israël pour entrer dans le territoire
palestinien, selon un responsable turc.
- "Déconflictualisation" -
"La présence turque sur le terrain sera importante pour la mise
en
place d'une force de sécurité multinationale à Gaza", a expliqué à
l'AFP Andreas Krieg, du King's College à Londres, précisant que la
Turquie et le Qatar joueront un rôle clé dans les efforts de
"déconflictualisation".
Outre les négociations sur Gaza, les dirigeants turc et qatari ont
signé plusieurs accords, notamment dans le domaine de la coopération
industrielle de défense.
Avant la visite, une source sécuritaire turque avait indiqué à l'AFP
qu'Ankara cherchait à acquérir des Eurofighters d'occasion au Qatar.
Selon M. Krieg, un accord sur la vente de douze avions de combat serait
possible "très rapidement". Mais cette vente "n'aura lieu qu'une fois
les nouveaux avions (commandés par le Qatar) arrivés, probablement
d'ici la fin de l'année ou début 2026", estime-t-il.
"Les détails de l'accord de coopération industrielle de défense seront
précisés dans les prochains jours", a indiqué de son côté le
responsable turc interrogé par l'AFP. (AFP, 22 oct 2025)
La Turquie envoie des équipes pour rechercher des dépouilles
d'otages
La Turquie a commencé à déployer des spécialistes jeudi pour aider à la
recherche des corps ensevelis sous les décombres à Gaza, alors que
Donald Trump a lancé un avertissement au Hamas après une série
d'exécutions menées dans le territoire palestinien.
Le président américain Donald Trump, à l'origine du plan destiné à
mettre fin à deux ans de guerre, a menacé jeudi "d'aller tuer" les
membres du Hamas si ce dernier "n'arrêtait pas de tuer des gens" à Gaza.
Depuis l'arrêt des combats, le mouvement islamiste palestinien a étendu
sa présence dans la bande de Gaza en ruines et revendiqué mardi dans
une vidéo l'exécution d'hommes présentés comme des "collaborateurs"
d'Israël.
Le Hamas a réaffirmé "son engagement" envers la "mise en oeuvre" de
l'accord de cessez-le-feu à Gaza négocié avec Israël sous l'égide des
États-Unis, et s'est à nouveau engagé à "remettre tous les corps
restants" des otages.
Israël accuse le Hamas de violer l'accord de cessez-le-feu entré en
vigueur le 10 octobre, qui prévoyait un retour de tous les otages,
vivants et morts, avant lundi matin.
Dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré dans les
temps les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza,
mais n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles sur les 28 qu'il
retient.
Le Hamas soutient que ce sont les seuls corps auxquels il a pu accéder,
disant avoir besoin d'un "équipement spécial" pour récupérer les autres
dépouilles.
Jeudi, la Turquie a annoncé envoyer des spécialistes pour participer
aux recherches des corps ensevelis, "y compris des otages". Quelque 80
de ces secouristes habitués des terrains difficiles, notamment des
tremblements de terre, se trouvent déjà sur place, selon les autorités
turques.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est à nouveau dit
jeudi "déterminé" à ramener "tous les otages", lors de la commémoration
officielle du deuxième anniversaire de l'attaque sans précédent du
Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre
ayant fait des dizaines de milliers de morts à Gaza.
Il est sous pression des familles des otages, qui l'ont appelé "à
cesser immédiatement la mise en oeuvre de toute autre étape de
l'accord" initié par le président américain Donald Trump tant que tous
les corps ne sont pas rendus.
La veille, son ministre de la Défense Israël Katz a menacé de reprendre
l'offensive, "en coordination avec les États-Unis", si "le Hamas refuse
de respecter l'accord".
- "Ils creusent" -
Donald Trump avait semblé appeler à la patience mercredi : "C'est un
processus macabre (...) mais ils creusent, ils creusent vraiment" et
"trouvent beaucoup de corps", avait-il affirmé, interrogé par des
journalistes sur le sujet.
En échange du retour des dépouilles d'otages, Israël a remis au total
120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de
la Santé du Hamas.
Les accès à Gaza - tous contrôlés par Israël - restent très restreints.
Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en
principe ouvrir à l'aide humanitaire le point de passage crucial de
Rafah, entre l'Egypte et le territoire palestinien.
Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a annoncé jeudi qu'il
ouvrirait "probablement dimanche".
Fin août, l'ONU, qui réclame l'ouverture immédiate de tous les points
de passage, a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que
conteste Israël.
De retour dans les ruines de Gaza-ville, plusieurs habitants installent
des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des
images de l'AFP.
"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas
d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres",
déclare Mustafa Mahram.
Le plan de Donald Trump, qui vise à mettre fin définitivement à la
guerre dans la bande de Gaza, prévoit dans une première phase le
cessez-le-feu, la libération des otages, un retrait israélien de
plusieurs secteurs et l'acheminement de plus d'aide humanitaire dans le
territoire dévasté.
Puis, dans une étape ultérieure, notamment le désarmement du Hamas et
l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait
israélien, des points qui restent sujets à discussion.
L'attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221
personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à
partir de données officielles.
La campagne de représailles israélienne a fait 67.967 morts à Gaza, en
majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du
Hamas. (AFP, 16 oct 2025)
Thousands raise their voices in
İstanbul, demanding 'full embargo' on Israel
As peace talks between Israel and Hamas begin in Egypt, protestors on
Sunday decried two years of genocidal warfare in Gaza from Amsterdam to
İstanbul. In Turkey, Palestinian voices led the march to criticize
Israel, accusing Ankara of complicity in the ongoing war.
“As Palestinians, we call on human rights organizations, political
parties, trade unions, and the House of Representatives to exert the
necessary pressure on their governments to cut all commercial,
diplomatic, academic, cultural, and sporting ties with the Zionist
entity.
They must also take responsibility for isolating and punishing this
criminal occupation, and ensure that its terrorist leaders are held
accountable before the International Court of Justice and the
International Criminal Court,” said a Palestinian woman, quoted on
condition of anonymity due to security concerns. She made this
statement in Dolmabahçe to mark the second anniversary of the Nakba.
Also marking the second year of Israel’s assault and genocide against
Palestine, the Palestine Action Committee protested Israel with a march
from Taksim’s Atatürk Cultural Center to Dolmabahçe.
“A thousand greetings to the women resisting in Palestine”
At the demonstration organized by the Palestine Action Committee,
participants included the December Feminist Collective, university
students, DEM Party İstanbul co-chairs Arife Çınar and Vedat Çınar
Altan, DEM Party MP Özgül Saki, TİP Chair Erkan Baş, International
Solidarity, People’s Houses (Halkevleri), FÖP, DSİP, FEK, EMEP,
Kaldıraç, BDS, EMEP MP İskender Bayhan, trade union representatives,
and many others.
Throughout the march, participants chanted slogans such as “Boycott
Israel, Freedom for Palestine,” “Murderer U.S., Get Out of the Middle
East,” “From the River to the Sea, Free Palestine,” “Shut Down the
Ports, Cut the Trade,” and “A Thousand Greetings to the Women Resisting
in Palestine.”
The demonstration also called on Turkey to sever all relations with
Israel. (BIA, 6 octobre 2025)
Flottille
pour Gaza: 36 Turcs devraient rentrer chez eux
La Turquie a annoncé que 36 de ses ressortissants devraient rentrer
chez eux samedi après-midi à bord d'un vol spécial, après
l'interception par les forces israéliennes de la flottille
internationale d'aide pour Gaza.
"Nous nous attendons à ce que 36 de nos ressortissants, qui se
trouvaient à bord des navires de la flottille Global Sumud interceptés
par les forces israéliennes dans les eaux internationales, rentrent
dans notre pays cet après-midi à bord d'un vol spécial", a déclaré sur
X le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Öncü
Keçeli, ajoutant que le nombre définitif n'avait pas encore été
finalisé.
Le porte-parole a ajouté que des ressortissants de pays tiers devraient
également être à bord dudit vol.
Selon une source diplomatique turque, il s'agirait de citoyens des
États-Unis, des Émirats arabes unis, d'Algérie, du Maroc, d'Italie, du
Koweït, de Libye, de Malaisie, de Mauritanie, de Suisse, de Tunisie et
de Jordanie.
Parmi eux, 26 Italiens seront à bord, a affirmé sur le réseau social X
le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani.
"Un premier groupe de 26 citoyens italiens, qui se trouvait à bord de
la flottille, est sur le point de quitter Israël à bord d'un vol
charter", a-t-il écrit.
"Nous les avons placés sur un vol turc à destination d'Istanbul. Ils
ont déjà été transférés à la base aérienne de Ramon et décolleront de
l'aéroport d'Eilat (sud)", a-t-il ajouté.
L'interception de la flottille a suscité des réactions cinglantes de
certains pays comme la Turquie, qui a accusé Israël de commettre "un
acte de terrorisme" et déclaré jeudi avoir ouvert une enquête après
l'arrestation par les forces israéliennes de citoyens turcs à bord de
la flottille.
En juin et juillet, la marine israélienne avait déjà arraisonné deux
voiliers se dirigeant vers Gaza, avec la militante suédoise Greta
Thunberg et l'eurodéputé franco-palestinienne Rima Hassan à leur bord.
Toutes deux avaient été débarquées en Israël puis expulsées. (AFP, 4
oct 2025)
Flottille pour Gaza : "Nous avons été traités comme des
animaux" dénoncent les militants expulsés
Les militants propalestiniens arrivés à Istanbul après avoir été
expulsés d'Israël à la suite de l'interception mercredi de leur
flottille à destination de Gaza, ont déclaré samedi avoir été victimes
de violences et "traités comme des animaux".
La flottille Global Sumud a été interceptée alors qu'elle s'approchait
des côtes de la bande de Gaza, où Israël mène une offensive
dévastatrice en représailles à une attaque sans précédent du mouvement
islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Des centaines de militants à bord de ces bateaux ont été arrêtés par
les forces israéliennes et attendaient d'être expulsés. Parmi eux, 137
militants de 13 pays se sont envolés samedi pour Istanbul, dont 36
ressortissants turcs.
"Nous avons été interceptés par un grand nombre de navires militaires",
a raconté Paolo Romano, conseiller régional de Lombardie en Italie, à
l'AFP à l'aéroport d'Istanbul.
"Tous les bateaux ont été pris d'assaut par des personnes lourdement
armées et ramenés à terre", a déclaré le jeune homme de 29 ans.
"Ils nous ont mis à genoux, face contre terre. Et si nous bougions, ils
nous frappaient. Ils se moquaient de nous, nous insultaient et nous
frappaient", a encore ajouté Paolo Romano. "Ils ont utilisé à la fois
la violence psychologique et physique".
Une fois en Israël, ils ont été emmenés dans une prison où ils ont été
détenus sans pouvoir sortir et sans recevoir d'eau en bouteille, selon
son témoignage.
- "La pire expérience" -
"Ils ouvraient la porte pendant la nuit et nous criaient dessus avec
des armes pour nous faire peur", a-t-il ajouté. "Nous avons été traités
comme des animaux".
Le journaliste italien Lorenzo D'Agostino, qui se trouvait aussi à bord
de la flottille, a déclaré qu'ils "avaient été kidnappés dans les eaux
internationales alors qu'ils se trouvaient à 55 miles (un peu plus de
100km, ndlr) de Gaza".
Parmi les personnes à bord de la flottille, qui comptait quelque 45
navires, se trouvaient également des politiciens et des militants, dont
la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg.
"Nous avons passé deux jours infernaux en prison. Nous sommes
maintenant libres grâce à la pression de l'opinion publique
internationale qui soutient la Palestine", a-t-il déclaré, alors que
des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Rome en
soutien aux Palestiniens pour réclamer la fin de la guerre à Gaza.
"J'espère vraiment que cette situation prendra fin rapidement, car la
manière dont nous avons été traités est barbare", a-t-il ajouté.
Iylia Balais, une militante malaisienne de 28 ans, a déclaré que
l'interception des bateaux par Israël avait été "la pire expérience"
qu'elle ait vécue.
"Nous avons été menottés (les mains dans le dos), nous ne pouvions pas
marcher, certains d'entre nous ont été contraints de s'allonger face
contre terre, puis on nous a refusé de l'eau et certains d'entre nous
n'ont pas reçu de médicaments", a-t-elle déclaré.
- Examens médicaux et témoignages -
Les militants ont été transportés à Istanbul à bord d'un avion
spécialement affrété par Turkish Airlines.
Les proches des militants turcs attendaient leur arrivée dans le salon
VIP de l'aéroport d'Istanbul, brandissant des drapeaux turcs et
palestiniens et scandant "Israël assassin".
Les militants turcs devaient subir des examens médicaux à leur arrivée
et comparaître devant le tribunal dimanche pour témoigner, ont déclaré
leurs avocats.
La Turquie a dénoncé l'interception de la flottille par Israël comme
"un acte de terrorisme" et a annoncé jeudi qu'elle avait ouvert une
enquête.
Dans un message publié sur X, le ministre des Affaires étrangères Hakan
Fidan a salué les militants comme "des personnes courageuses qui ont
donné voix à la conscience de l'humanité" et a déclaré qu'Ankara
veillerait à ce que tous ses ressortissants soient rapatriés, sans
donner de chiffre global.
Le militant libyen Malik Qutait a déclaré qu'il n'avait pas peur et
s'est engagé à continuer d'essayer d'atteindre Gaza.
"Je vais rassembler mon groupe, organiser l'approvisionnement en
médicaments et en aide humanitaire, trouver un bateau, et je vais
réessayer", a-t-il ajouté. (AFP, 4 oct 2025)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Victoire écrasante de Tufan
Erhürman face au protégé d'Ankara
Le président sortant, Ersin Tatar, avait suivi une ligne pro-Ankara
depuis son élection en 2020. Fervent défenseur d'une solution à deux
États et d'un ancrage très étroit avec la Turquie, il avait ardemment
milité pour une reconnaissance plus large de la république de Chypre du
Nord, dont l'existence n'est reconnue que par Ankara.
En plébiscitant son adversaire, les Chypriotes turcs ont fait le choix
d'un changement de cap radical. Candidat de l'opposition
sociale-démocrate âgé de 55 ans, Tufan Erhürman est diplômé en droit de
l'université d'Ankara. Ancien Premier ministre et dirigeant du CTP, il
est connu pour ses positions favorables à une solution fédérale dans
l'île de Méditerranée orientale divisée entre Chypriotes grecs et
Chypriotes turcs depuis 1974.
Un groupe d'officiers grecs avait alors tenté un putsch afin de
rattacher l'île à la Grèce, justifiant l'intervention militaire de la
Turquie, l'une des trois puissances garantes de l'équilibre
constitutionnel de l'île de Chypre depuis l'indépendance en 1960.
Ankara maintient, depuis cette date, une importante présence militaire
évaluée actuellement entre 30 000 et 40 000 soldats, selon les sources.
Les dernières négociations pour la réunification de l'île conduites en
2017 à Crans-Montana, en Suisse, sous l'égide de l'Onu, s'étaient
soldées par un échec.
Fréquemment critiquée pour une attitude qualifiée de "colonialiste" par
ses pourfendeurs, la Turquie reste un acteur incontournable du jeu
politique de la partie nord turcophone de l'île. "J'exercerai mes
responsabilités, notamment en matière de politique étrangère, en
concertation avec la République de Turquie. Que personne ne
s'inquiète", a d'ailleurs tenu à préciser le président fraîchement élu,
jouant d'emblée la carte de l'apaisement.
Cette élection était suivie de près par Ankara qui voit l'île comme un
relais de son influence en Méditerranée orientale. Le président turc
Recep Tayyip Erdogan a salué "la maturité démocratique de la République
de Chypre du Nord" malgré la défaite de son candidat, rappelant
habilement au passage le rôle de la Turquie comme "mère patrie et
puissance garante" de la communauté turque de l'île.
À l'inverse, son petit allié ultranationaliste de la coalition
présidentielle, Devlet Bahçeli, a vivement réagi aux résultats. "Le
Parlement de la République de Chypre du Nord doit se réunir d'urgence,
déclarer les résultats du scrutin et le retour à la fédération
inacceptables et voter en faveur de l'adhésion à la République de
Turquie", a déclaré celui-ci, selon les propos rapportés sur X par le
vice-président de son parti, le MHP (Parti de l'Action nationaliste).
L'île de Chypre est fréquemment qualifiée de "deuxième patrie" (ou
littéralement "patrie enfant" – yavru vatan) par les cercles
nationalistes en Turquie.
Au-delà du sort du 1,3 million d'habitants de l'île, le résultat du
scrutin est susceptible d'influencer la politique d'Ankara en
Méditerranée orientale. La Turquie y défend des intérêts économiques et
stratégiques : l'accès aux ressources gazières offshore, la maîtrise
des routes énergétiques et la protection de ses zones d'influence
maritime face à la Grèce et à l'Union européenne. Non-signataire de la
Convention de Montego Bay (Convention des Nations unies sur les droits
de la mer signée en 1982), Ankara conteste les délimitations des zones
économiques exclusives et a multiplié les forages dans les eaux
chypriotes ces dernières années.
L'absence de solution à Chypre a fait partie des principaux blocages
dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
Enfin, la redéfinition de la stratégie européenne de défense, et les
initiatives allemandes et françaises pour l'inclusion de la Turquie
dans le dispositif inquiètent la Grèce et la partie grecque de Chypre
qui mènent une campagne active contre Ankara. (La Libre Belgique, 21
octobre 2025)
Immigration
/ Migration
17 morts
dans le naufrage d'un bateau de migrants
Dix-sept personnes ont péri noyées en mer Égée après le naufrage leur
embarcation au large de Bodrum, dans le sud-ouest de la Turquie, ont
annoncé vendredi les garde-côtes turcs.
"Les corps sans vie de 16 migrants irréguliers et celui d'un passeur
ont été repêchés", ont indiqué les garde-côtes dans un communiqué,
précisant que deux migrants ont été secourus vivants.
Les autorités locales avait précédemment fait état de 14 morts, sans
préciser leur nationalités.
Selon le gouvernorat de Mugla, un des passagers est parvenu à joindre
les secours peu après 01H00 (22H00 GMT) dans la nuit de jeudi à
vendredi.
Un des deux rescapés, de nationalité afghane, a indiqué avoir nagé six
heures avant d'atteindre la terre ferme.
Selon son récit, l'embarcation a coulé après avoir pris l'eau, une
dizaine de minutes après le départ du groupe de migrants.
La station balnéaire très courue de Bodrum est située à proximité de
plusieurs îles grecques, parmi lesquelles Kos, un des points d'entrée
dans l'Union européenne en mer Égée.
Moins de cinq kilomètres séparent Kos de la Turquie.
Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées périlleuses vers
les îles grecques.
Au total, près de 1.400 migrants ont disparu ou ont été repêchés morts
en Méditerranée en 2025, selon l'Organisation internationale pour les
migrations (OIM).
La Turquie, qui a signé en 2016 un accord avec Bruxelles pour tarir
l'immigration illégale vers l'Union européenne, abrite sur son sol plus
de 2,5 millions de réfugiés, en grande majorité syriens, selon les
autorités. (AFP, 24 oct 2025)
Quelque 100.000 manifestants dans les rues de Bruxelles
80.000, selon la police, 140.000 manifestants, selon le président du
syndicat socialiste Thierry Bodson, ont participé mardi à la
manifestation nationale dans la capitale.
Le cortège s’est ébranlé vers 10H45 depuis la gare du Nord et se
disloque dans le calme depuis 12H à la gare du Midi, où les
manifestants regagnent leur train ou un des bus affrétés stationnés sur
la petite ceinture.
Les trois syndicats et les organisations de la société civile (45 ont
officiellement participé à la manifestation) se félicitent du succès de
la mobilisation. “Il aura fallu plus de trois heures pour que les
derniers trains en provenance de toute la Belgique arrivent à la gare
du Nord d’où démarrait la manifestation”, note la FGTB. Les syndicats
se concerteront sous peu pour organiser la suite du mouvement, avec un
rendez-vous aux militants avant la fin de l’année, précise le syndicat
socialiste.
La manifestation nationale, toujours en cours vers 13H30, se déroule
majoritairement dans le calme. Des échauffourées ont cependant été
constatées en queue de cortège entre des personnes masquées et les
forces de l’ordre.
Des premières tensions
Selon notre journaliste sur place, les premières tensions ont éclaté
vers 12h20 entre le Boulevard Pacheco et Boulevard Botanique.
Des manifestants, vêtus de noir, ont utilisé des feux d’artifices. Les
policiers anti-émeutes sont directement intervenus, notamment avec
l’usage de gaz lacrymogène.
Une campagne à Bruxelles contre
l'abattage sans etourdissement
Cette semaine, GAIA (Groupe d'action dans l'intérêt des animaux) a
lancé une nouvelle campagne fort pour mettre fin à l'abattage sans
étourdissement en détournant le drapeau de Bruxelles. Dans le cœur
blanc de l’iris, on a placé un mouton avec une larme de sang.
Selon GAIA, chaque année encore, 30 000 animaux sont abattus sans
étourdissement à Bruxelles.
Avec plus de 1 500 drapeaux déployés dans la capitale, y compris sur
des bâtiments officiels, GAIA pointe du doigt les vrais responsables :
les parlementaires qui refusent d’agir, alors que la majorité des
Bruxellois, la science et la justice sont unanimes.
Selon GAIA, les faits sont sans appel :
- 76 % des Bruxellois soutiennent l’interdiction ou n’y sont pas
opposés.
- La Cour Constitutionnelle, la Cour de Justice de l’UE et la Cour
européenne des Droits de l’Homme ont validé les interdictions wallonne
et flamande et ont confirmé que l’interdiction ne viole pas la liberté
de culte et n’est pas discriminatoire.
- Les fédérations des vétérinaires belges et européens jugent
unanimement l’abattage sans étourdissement inacceptable.
- Des pays musulmans, comme l’Indonésie, l’Arabie Saoudite ou encore la
Jordanie acceptent depuis longtemps que la viande provienne d’animaux
qui ont été étourdis.
A l’exception du PS et du PTB, tous les partis francophones (MR, Les
Engagés, DéFi et Ecolo) ainsi que l’ensemble des partis flamands se
sont publiquement positionnés en faveur d’une interdiction. Les
députés restent pourtant silencieux. (GAIA, 27 sept 2025)
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