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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

44th Year / 44e Année
Juillet
 
2020 July
N° 503
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 897 78 71
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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DOGAN OZGUDEN ON AZIZ NESIN

REPORTAGE WITH DOGAN OZGUDEN AT ASSYRIAN MEDIA



Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Droits de l'Homme / Human Rights

HRW appelle la Turquie à enquêter sur des cas de torture

Erdoğan: MIT has been a game-changer in Libya
CEDH: la Turquie condamnée pour la dissolution expéditive d'une association
Police intervention against Suruç Massacre commemoration
Le parlement vote une loi controversée sur les avocats
Call on EU Ministers to ‘address rights concerns in Turkey’
Peines de prison pour deux ex-dirigeants d'Amnesty en Turquie
Sivas Massacre: Opposition demands opening of 'Museum of Shame'
Projet de loi controversé sur les associations d'avocats

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Une nouvelle loi pour contrôler les réseaux sociaux

Osman Kavala, le mécène devenu bête noire d'Erdogan
July 24 Press Day: 'Despotism has been continuing for 112 years'
New social media bill aimed at 'silencing dissenting voices'
High risk working conditions for journalists in Turkey
One word for Osman Kavala
Projet de loi pour contrôler les réseaux sociaux
Un journaliste germano-turc condamné pour "propagande terroriste"
2 actors face prison term for ‘insulting President’
Assassinat de Khashoggi: 20 Saoudiens jugés par contumace en Turquie
Turkish request for extradition of an exiled journalist
Erdogan veut contrôler les réseaux sociaux après des insultes contre sa famille
Assassinat de Khashoggi: un procès par contumace va s'ouvrir en Turquie
Tuna Altinel, enseignant de l’université de Lyon, empêché de quitter la Turquie
Vice President Oktay: We closed 119 media outlets by statutory decrees

Kurdish Question / Question kurde

54.2 percent of young Kurdish people do not trust any institutions in Turkey
Kurdish Workers attacked in Yozgat: ‘We narrowly escaped lynch’
HDP’s dismissed Batman Co-Mayor Demir detained
La nièce d'un haut responsable kurde de Syrie détenue en Turquie
KNK on Hagia Sophia: Erdogan’s Islam is an Islam of conquest
HDP Co-Chair Yüksekdağ is put on trial for the same act twice’
 Court rejects Selahattin Demirtaş's request for release
Le “Rossignol d’Amed” s’est éteint
La Turquie dénonce des rassemblements "pro-PKK" à Vienne

Minorités / Minorities

Turkish political parties condemn Armenia, HDP refuses to join them
Affrontements Azerbaïdjan-Arménie: la Turquie apporte son soutien à Bakou
Turkey's 'last Armenian village' displays heritage that survived genocide
Des « regrets » bien timorés, à l’image des « condoléances » d’Erdogan
Why 'autonomous agency' against Armenian Genocide recognition?


Politique intérieure/Interior Politics

Main opposition CHP reelects chair for seventh time
Erdogan ferme l'université d'un ex-allié devenu opposant

Forces armées/Armed Forces

Erdogan: La Turquie restera en Syrie "jusqu'à ce que le peuple soit libre"

Sept personnels de sécurité tués dans un accident d'avion
Le ministre turc de la Défense et son chef d'état-major à Tripoli
Un soldat turc tué lors d'affrontements en Irak


Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Criminal complaint against President of Religious Affairs

Erdogan plans to convert Europe to Radical Islam
La deuxième conquête d'Istanbul par l'Islamiste Erdogan
Mosquée Sainte-Sophie: «Le point d’aboutissement du nationalisme turc»
Le pape François "très affligé" par la conversion de Sainte-Sophie en mosquée
"Chagrin et consternation" du Conseil oecuménique des Eglises
L'ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul transformée en mosquée
Transformation en mosquée de Sainte-Sophie - L’Islam conquérant d'Erdogan
La Turquie défend le chef du Croissant-Rouge après un tweet jugé anti-LGBT

Socio-économique / Socio-economic

Foreign trade deficit increased by 73.2 percent in the first six months
Manifestations de femmes pour défendre la Convention d'Istanbul
3 morts dans l'explosion d'un camion transportant des feux d'artifice
Explosion dans une usine de feux d'artifice, quatre morts
Coronavirus : Volkswagen renonce à la construction d'une usine en Turquie
Voyages autorisés vers l'UE: la Turquie déçue d'être exclue

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Macron dénonce la violation des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie

L'Allemagne dénonce "les provocations" turques en Méditerranée orientale
EU condemns Turkey over Hagia Sophia decision
L'UE étudie des options pour sanctionner Ankara
Malgré un lourd contentieux, L'UE paralysée par le chantage d'Ankara
La France "déplore" la conversion de l'ex-basilique Saint-Sophie
Etalage de divergences lors de la visite d'un haut responsable de l'UE à Ankara
EU should not tolerate Turkey’s unacceptable actions against the law’
Ankara exige des excuses de Paris pour de "fausses" accusations
Marine Le Pen met en question "la présence" de la Turquie dans l'Otan

Libye: Macron condamne la "responsabilité historique et criminelle" de la Turquie


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

L'Otan malade de la Turquie
Washington déçu par la conversion de l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul
Washington approfondit sa coopération de défense avec Chypre
Washington exhorte la Turquie à ne pas convertir Sainte-Sophie en mosquée

Relations régionales / Regional Relations

Ankara prendra les "mesures nécessaires" pour soutenir le gouvernement de Tripoli
 Au moins 12 morts dans des combats opposant Arménie et Azerbaïdjan
Le parlement pro-Haftar d'accord pour une intervention de l'armée égyptienne
Une patrouille russo-turque visée par une explosion, trois soldats russes blessés
L'Eglise russe regrette que des "millions de Chrétiens" n'aient pas été entendus
La région d'Idleb, ultime grand bastion jihadiste et rebelle

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Hydrocarbures : Ankara suspend des recherches critiquées par Athènes
Des dizaines de Grecs "en deuil" protestent contre la reconversion de Sainte-Sophie
Explorations turques: la Marine grecque déploie des navires en mer Egée
Sainte-Sophie, nouveau motif de tension entre Grèce et Turquie

Immigration / Migration

Peine de prison pour dix communistes turcs en Allemagne
Les migrants en Turquie, victimes invisibles du coronavirus
Naufrage d’une embarcation de migrants: le bilan grimpe à 50 morts
L'islamisme d'Erdogan, une des menaces qui pèsent sur la Belgique


Droits de l'Homme / Human Rights

HRW appelle la Turquie à enquêter sur des cas de torture

Human Rights Watch (HRW) a appelé mercredi les autorités turques à enquêter sur des cas présumés de torture et mauvais traitements par les forces de l'ordre à Istanbul et dans le sud-est du pays.

"Il existe de preuves crédibles montrant que la police et des vigiles de quartiers turcs ont commis de sérieux abus contre au moins 14 personnes dans six incidents à Diyarbakir (sud-est) et à Istanbul dans les deux derniers mois", a affirmé Human Rights Watch dans un rapport.

Selon l'ONG, les cas reportés suivent "une trame inquiétante d'arrestation violente, de coups et d'autres types d'abus".

HRW appelle les autorités turques à mener une enquête à ce propos.

En juin, le Parlement turc avait adopté un projet de loi controversé qui renforce considérablement les pouvoirs de "vigiles de quartier".

Ces vigiles ("bekçi", en turc), qui patrouillent la nuit pour signaler les troubles à l'ordre public, disposent désormais presque des mêmes pouvoirs que les policiers, y compris le port et l'usage d'une arme à feu.

Dans deux des cas rapportés par HRW, les policiers auraient pénetré dans des habitations et incité leurs chiens à attaquer les victimes, qui se sont retrouvés avec des marques de morsures sur leurs corps.

Dans deux autres cas signalés par HRW, des détenus suspectés d'être impliqués dans une attaque meurtrière contre des policiers auraient été battus et subi des abus, selon des images partagées par des comptes privés sur les réseaux sociaux.

HRW affirme avoir examiné les documents légaux et médicaux relatifs aux cas rapportés et interviewé des témoins, les victimes, leurs avocats et leurs familles.

Dans quatre cas, les autorités ont simplement rejeté les allégations d'abus sans avoir mené d'enquête, affirme le HRW.

"Le réflexe de nier les abus de la police face aux rapports attestant le recours à la violence, à la torture et au mauvais traitement (...) nous est tristement familier, mais il est inadmissible", a déclaré Tom Porteous, vice directeur de programmes de HRW.
(AFP, 29 juillet 2020)

Erdoğan: MIT has been a game-changer in Libya

President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan spoke at the opening ceremony of a new service building of the National Intelligence Organization (MİT) in İstanbul yesterday (July 26).

"Turkish Intelligence Organization conducts works on areas of cryptology, cyber, satellite, and signal intelligence all around the world," he said and added, "It is not coincidence that MIT is one of the first institutions targeted during the historic struggle our country is exerting for a while."

Referring to the MİT's contribution to operations in Turkey and abroad, President Erdoğan also stated, "The number of countries that ask for our help to recover their kidnapped citizens continue to increase. That an Italian citizen was recently rescued from terrorists in Somalia once again showed our country's power and enhanced its prestige."

'Thanks to our accomplishments in intelligence...'

Within this context, Erdoğan commented on "Turkey's achievements" in conflict zones, especially in Syria and Libya: "Our achievements in conflict zones enable our country to have a more powerful place at the table in diplomacy and to more effectively defend our national interests.

"The MİT has duly fulfilled its tasks such as clearing the Syrian border of terrorists, establishing safe zones, ensuring the safety of people forced to migrate, supporting the military in operation areas.

"MIT's intelligence and operational support has been a game-changer in stopping the advance of putschist Khalifa Haftar, who adopted military ways instead of political solution, in Libya.

"Thanks to our widening area of influence in foreign intelligence, our country has begun to take its place on all platforms as a regional and global power.

"The National Intelligence Organization immediately intensifies its activities wherever Turkey's interests requires a position to be taken. Thanks to our accomplishments in intelligence diplomacy, we can conduct our other works in a more powerful and determined manner."

'It has been centuries since 1453, but...'

Erdoğan also made the following remarks about Hagia Sophia, which has been reopened as a mosque following Friday prayers on July 24:

"Every step we take here, every activity attracts the attention of the entire world. As a global point of transit and trade, İstanbul has always had a strategic importance. Today, the city maintains its appeal.

"Like every great civilization and state, our ancestors dreamed of conquering İstanbul and endeavored greatly to this end. The honor to realize our ancestors' dream was granted to Mehmed the Conqueror.

"We see that even though it has been centuries since the conquest, the fact that Istanbul belongs to the Turkish nation and Muslims still cannot be accepted. During the process of reopening Hagia Sophia Grand Mosque for worship, we once again witnessed that there are people who find it hard to digest İstanbul's identity as a Turkish territory since 1453.

"Our goal is to make İstanbul one of the top financial, commercial, medical, educational and cultural centers in the world.

"One aspect of this vision is to make Istanbul one of the safest cities in the world. In order to achieve that, great responsibilities fall on our security bodies as well as our intelligence organization."    (BIA, 27 July 2020)


CEDH: la Turquie condamnée pour la dissolution expéditive d'une association

Dissoudre une association est une mesure très sévère, réservée à des circonstances très sérieuses: la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) l'a rappelé à la Turquie en la condamnant mardi pour le dissolution d'une association soupçonnée de soutien au PKK.

"La Cour rappelle que la dissolution pure et simple d'une association constitue une mesure extrêmement sévère, entraînant des conséquences importantes pour ses membres, et qu'elle ne peut être tolérée que dans des circonstances très sérieuses", selon un communiqué diffusé par la CEDH.

Ses juges ont estimé qu'Ankara avait violé le droit à la liberté de réunion et d'association en prononçant la dissolution de l'association Adana Tayad, dont le but déclaré était l'aide aux familles de détenus et condamnés mais que les autorités accusaient de faire de la propagande pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La dissolution de l'association avait été prononcée en 2009 en raison d'activités "de propagande terroriste" de certains membres de son comité directeur, alors même que les jugements rendus dans ces procédures n'étaient pas encore définitifs.

La CEDH considère en outre que certains faits sur lesquels le tribunal s'est appuyé "ne peuvent constituer à eux seuls une incitation au terrorisme". Le seul pouvant représenter une forme de propagande tenait à la distribution d'un journal mais le tribunal n'a pas démontré que son contenu constituait une incitation au terrorisme, note la Cour.

Dans cette affaire, le gouvernement turc n'a pas non plus démontré que la dissolution de l'association constituait la seule option pour atteindre les buts poursuivis par les autorités.

"En ce qui concerne le dommage moral subi par l'intéressée, (la cour) estime que le constat d'une violation fournit en lui-même une satisfaction équitable suffisante", conclut la CEDH.
(AFP, 21 juillet 2020)

Police intervention against Suruç Massacre commemoration

Five years ago today (July 20), a suicide bomb attack claimed the lives of 33 people who came together in the district of Suruç in Turkey's southeastern province of Urfa to bring toys to children in Kobanê, Syria.

Just as their loved ones did on July 20, 2015 before they lost their lives following a statement for the press, the groups gathered in front of the Amara Cultural Center in Suruç as part of a commemoration ceremony organized by the Suruç Families' Initiative earlier today.

However, the police intervened against the group. Sharing a message and video on its Twitter account later in the day, the Initiative has announced that they could make their statement afterwards.

HDK: We commemorate them with longing

The Peoples' Democratic Congress (HDP) Justice Commission and Youth Assembly and the Human Rights Association (İHD) have released written statements in memory of the 33 deceased "travellers of hope".

"Demanding justice for Suruç means demanding the establishment of social peace," the HDK Justice Commission has said in its statement, noting that "the perpetrators of the massacre need to be put on trial and everyone who has shut their eyes to the massacre as well as those who did not take precautions have to be brought to justice."

In its statement, the HDK Youth Assembly has also said, "We promise that we will keep them alive in our struggle and growing hope for freedom."

İHD: We will not let them be forgotten

"It has been five years since the massacre occured," the İHD has reminded the public in its statement and briefly said the following:

"Yakup Şahin, the arrested defendant of the case, was not brought to hearings even for once and even though there is clear evidence that the murderers were supported from inside the state and they had links with the defendants of October 10 Ankara Massacre, no steps have been taken to reveal the truths and the real responsible parties in the case file.

"But each and every hearing was turned into torture for the complainants who came to harm in the explosion and lost their loved ones. They have been punished because they do not stop following up the murderers."

The İHD has also reminded the public that the next hearing of the Suruç Massacre case will be held on August 18.
(BIA, 20 July 2020)

Trois auteurs d'un attentat à Istanbul en 2016 condamnés à la pepétuité

Un tribunal turc a condamné lundi deux hommes et une femme à la prison à perpétuité pour un attentat commis en 2016 à Istanbul qui avait fait 12 morts, a rapporté l'agence de presse officielle Anadolu.

Six des victimes de cet attentat commis contre un véhicule de police dans le coeur d'Istanbul étaient des policiers, les six autres des civils.

Deux des acusés, Eyup Sever et Murat Bal, ont été reconnus coupables de "violation de la constitution" et de "meurtre avec préméditation" et condamnés à la prison à vie, peine à laquelle s'ajoutent 893 ans d'emprisonnement.

La troisième, Gulsah Bahadir, a été reconnue coupable de "meurtre avec préméditation". Elle a également été condamnée à la perpétuité, peine assortie de 893 ans d'emprisonnement.

Quatre autres suspects ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Les Faucons pour la liberté du Kurdistan (TAK), né d'une scission du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avait revendiqué l'attentat.
(AFP, 13 juillet 2020)

Le parlement vote une loi controversée sur les avocats

Le parlement turc a adopté dans la nuit de vendredi à samedi un projet de loi visant à réformer la structure des barreaux, décrié par les avocats comme une manoeuvre visant à réduire leur indépendance, a rapporté l'agence officielle Anadolu.

Le texte a été voté par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan et par son allié nationaliste MHP.

Il prévoit notamment la possibilité de créer plusieurs organisations d'avocats dans certaines provinces comme Istanbul et Ankara, au lieu d'un seul et unique barreau, et fixe à 2.000 le nombre minimal de membres requis pour constituer une de ces organisations.

L'AKP défend ce texte en affirmant qu'il développera la concurrence dans le secteur du droit et "démocratisera" les puissantes associations d'avocats.

Les opposants au président Erdogan et la plupart des avocats dénoncent pour leur part une tentative de diviser les barreaux, dont certains sont connus pour leurs critiques contre le pouvoir, dans le but de les affaiblir.

Le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d'opposition, a annoncé un recours devant la Cour constitutionnelle.

En juin, plusieurs milliers d'avocats en robe noire avaient manifesté devant le palais de justice de Caglayan, à Istanbul, pour protester contre le projet. Le Conseil des barreaux européens a exprimé sa "vive inquiétude".

"Les grands barreaux de Turquie jouent un rôle-clé pour défendre le droit à des procès justes et pour faire respecter les droits humains, à une époque où les violations flagrantes du droit sont devenues la norme en Turquie", a déclaré mercredi Hugh Williamson, directeur pour l'Europe et l'Asie centrale de l'ONG Human Rights Watch.
(AFP, 11 juillet 2020)

Call on EU Ministers to ‘address rights concerns in Turkey’

Amnesty International and Human Rights Watch (HRW) have expressed their concerns about "the sharp decline in respect for fundamental rights and freedoms in Turkey" in a joint letter.

Ahead of their Foreign Affairs Council discussion on European Union (EU)-Turkey relations scheduled for July 13, they have addressed a letter to High Representative of the EU for Foreign Affairs and Security Policy and Vice President of the European Commission Josep Borrell as well as the Minister of Foreign Affairs of EU member states.

The letter of the organizations has noted that the "Foreign Affairs Council will take place against the backdrop of a protracted clampdown on human rights in Turkey as well as the government's continued control of the judiciary and willingness to weaponize it against perceived critics."

Accordingly, the Human Rights Watch and Amnesty International have demanded that "the EU and its Member States address the sharp decline in respect for fundamental rights and freedoms in Turkey and urge the government to carry out genuine reforms."

"The grave deterioration of the human rights situation in Turkey since 2016 has shown no sign of respite," the letter has emphasized further and cited a series of examples of judicial proceedings against rights defenders, journalists, politicians and lawyers among many others:

'Executive control, political influence over judiciary'

"Most recently, on July 3, a court in İstanbul dealt another crushing blow to independent civil society when it issued convictions against four out of the eleven human rights defenders on trial in the emblematic Büyükada case.

"In another emblematic case, on February 19, 2020 the Istanbul chief prosecutor's office requested the re-detention of prominent civil society leader and human rights defender, Osman Kavala hours after he and eight other defendants were acquitted on trumped-up charges related to the mass "Gezi Park" protests that swept the country in 2013.

"These emblematic cases illustrate the extent of executive control and political influence over the judiciary in Turkey, leading courts to systematically accept bogus indictments and to detain and convict individuals and groups that the government regards as political opponents without compelling evidence of criminal activity. This has included journalists, academics, lawyers and human rights defenders.

The bill on 'multiple bar associations'

"Prosecutions and convictions of lawyers, including some focused on human rights, exemplify the abusive use of terrorism charges.

"A new legal amendment due to be voted on in Turkey's parliament in the coming days aims to diminish the power of the largest and leading bar associations in Turkey who carry out most of the human rights monitoring and public reporting.

"The amendments will allow multiple, competing bar associations to be established and dramatically reduce the number of delegates that represent the larger bars within the Union of Turkish Bar Associations.

Crackdown on journalism, allegations of torture...

"The COVID-19 crisis has added a new layer to the crackdown on media freedom in Turkey with journalists being targeted across the country under the guise of combating misinformation.

"A rise in allegations of torture or inhuman or degrading treatment in police custody and prison over the past four years has set back Turkey's earlier progress in this area. Prosecutors do not conduct meaningful investigations into such allegations and there is a pervasive culture of impunity for members of the security forces and public officials implicated.

Law on criminal enforcement, refugees...

"Many of Turkey's prisons are overcrowded, with tens of thousands of individuals on remand or convicted of terrorism-related charges.

"Although a law adopted in April 2020 allowed for the early and conditional release of up to 90,000 prisoners in the face of the COVID-19 pandemic, it excluded the thousands of inmates convicted on trump-up terrorism charges, including journalists, politicians, rights defenders and people held in pre-trial detention.

"Among them are people over the age of 60, including rights defender, Osman Kavala and novelist and former newspaper editor, Ahmet Altan. Politicians in prison include Selahattin Demirtaş, who is taking medication for a heart condition, and Gültan Kışanak.

"Finally, in light of ongoing discussions about the implementation of the 2016 EU-Turkey Statement, it is important to note that Turkey does not meet the EU's criteria for a safe third country to which an asylum seeker can be returned. This includes respect for the principle of non-refoulement."
(BIA, 9 July 2020)

Peines de prison pour deux ex-dirigeants d'Amnesty en Turquie

Deux ex-responsables d'Amnesty International en Turquie ont été condamnés vendredi à de la prison pour activités "terroristes", à l'issue d'un procès emblématique des pressions croissantes contre la société civile depuis un putsch manqué en 2016.

Taner Kiliç, ancien président d'Amnesty en Turquie, a été condamné à six ans et trois mois de prison pour "appartenance à un groupe terroriste", et Idil Eser, une ex-directrice, a été condamnée à deux ans et un mois pour "aide à une organisation terroriste".

Deux autres défenseurs des droits humains ont été condamnés à la même peine que Mme Eser, tandis que sept autres militants, dont un Allemand et un Suédois, ont été acquittés, selon Amnesty. Les personnes condamnées ne devraient pas être incarcérées en attendant l'épuisement des procédures d'appel.

Cette affaire, surnommée le "procès des 11 d'Istanbul" par Amnesty, est devenue l'un des symboles de la répression qui s'est abattue sur la société civile en Turquie après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan, suivie de purges.

Ce procès était suivi de près à l'étranger où plusieurs personnalités, comme l'artiste chinois Ai Weiwei et le leader du groupe de rock U2 Bono, avaient exprimé leur soutien aux défenseurs des droits humains.

"C'est scandaleux. Des accusations absurdes. Aucune preuve", a réagi sur Twitter Andrew Gardner, chercheur pour Amnesty International en Turquie. "Nous ne baisserons pas les bras tant qu'ils ne seront pas tous acquittés", a-t-il ajouté.

La plupart des défenseurs des droits humains jugés vendredi ont été arrêtés en 2017 après un atelier sur la sécurité numérique sur une île au large d'Istanbul, les autorités turques les accusant d'avoir organisé une "réunion secrète".

La présence d'un militant des droits humains allemand, Peter Steudtner, et d'un de ses collègues suédois, Ali Gharavi, avait renforcé les soupçons des autorités qui voyaient là la preuve d'un complot visant à nuire à la Turquie.

Après ces arrestations, les médias progouvernementaux avaient accusé pendant plusieurs semaines ces militants de chercher à "fomenter le chaos", "diviser le pays" et "provoquer des révoltes".

- "Réduire au silence" -

Amnesty a constamment rejeté des accusations "fantaisistes" et affirmé que ce procès visait à intimider les défenseurs des droits humains.

"Ces poursuites judiciaires visent à réduire au silence les accusés et à faire savoir à l'ensemble de la société que les personnes qui défendent les droits humains ou qui disent la vérité le font à leurs risques et périls", avait déclaré Mme Eser avant la dernière audience du procès.

M. Kiliç, qui est aujourd'hui président honoraire d'Amnesty en Turquie, est en outre accusé par les autorités turques d'appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué de l'été 2016.

La pièce principale du dossier d'accusation contre lui est l'utilisation par M. Kiliç de la messagerie ByLock, une application de communication cryptée utilisée par les partisans de Gülen, selon Ankara.

Un rapport de police a néanmoins révélé que M. Kiliç ne possédait pas cette application sur son téléphone.

Arrêté en 2017, il avait été relâché après 14 mois de détention provisoire.

Les condamnations prononcées vendredi interviennent dans un climat de plus en plus lourd pour la société civile en Turquie depuis le début d'une répression tous azimuts lancée après le putsch manqué en 2016.

Après la mise en échec du coup de force militaire, le gouvernement turc a lancé des purges massives qui ont conduit à l'incarcération de dizaines de milliers de personnes, dont des journalistes critiques et des acteurs de la société civile.

Outre le procès des 11 défenseurs des droits humains, les ONG et plusieurs pays sont particulièrement préoccupés par l'emprisonnement du philanthrope Osman Kavala, écroué depuis près de 1.000 jours.

Il est accusé d'avoir financé un vaste mouvement de contestation contre M. Erdogan en 2013.
(AFP, 3 juillet 2020)

Sivas Massacre: Opposition demands opening of 'Museum of Shame'

The main opposition Republican People's Party (CHP) and the Peoples' Democratic Party (HDP) have submitted a parliamentary motion for an inquiry into the Sivas Massacre and a law proposal regarding the incident.

Thirty-seven people, including 33 intellectuals and writers, were killed in a hotel fire started by a mob in the central Anatolian province of Sivas on July 2, 1993. They were in the province to attend the Alevis' Pir Sultan Abdal Festival.

Among the HDP reputies, Gaziantep MP Mahmut Toğrul submitted a parliamentary inquiry, requesting the perpetrators of the massacre to be identified.

He said that more than 15,000 people joined the attack, citing Sivas Security Directorate records dated on the day of the massacre. However, he added, legal action has not been taken against officials on duty at the time at the governor's office, security directorate and the gendarmerie command.

Everyone who is responsible for the massacre, from top to the bottom, including the president, the prime minister and ministers, should be revealed, he said.

Madımak Hotel

Muş MP Gülüstan Kılıç also requested an investigation of the massacre and the revelation of those who politically supported the massacre.

She said the trial of the massacre didn't meet the expectations of the people, especially the Alevis. The state should face this hate crime and apologize from the aggrieved people, she added.

Kocaeli MP Ömer Gergerlioğlu submitted a law proposal for the acts of lynch to be defined as a crime against humanity in the Turkish Penal Code and for the massacre's to be given an aggravated prison sentence of minimum 10 years.

Another inquiry request by HDP İstanbul MP Zeynel Özen has been rejected by the votes of deputies from the ruling Justice and Development Party (AKP), and its ally Nationalist Movement Party (MHP).

The HDP MPs also stated that the state should disclose secret documents regarding the incident and the "deep powers" behind it should be revealed.

Süleyman Bülbül, a CHP MP from Aydın and a member of the Parliamentary Committee of Justice, submitted a bill to turn the Madımak Hotel into the "Madımak Museum of Shame."

Criminal complaint by AKP youth head

Murat Toraman, the AKP youth organization's chair in Sivas, and a municipal council member of the city, filed a criminal complaint against those who use the "Sivas Massacre" expression.

He said in his petition of complaint that he wanted those associate the massacre with Sivas city to be sentenced.

Meanwhile, Hüseyin Karababa, who lost his sister Gülsün Karababa in the massacre, also filed a complaint against Governor of Sivas Salih Ayhan, who referred to the massacre as "the Sivas incidents." He asserted that Ayhan's expressions meant the denial of the massacre. (TP/VK)

Sivas Massacre and its trial

26 years ago on July 2, 37 people, including 33 artists and writers, 2 hotel workers and 2 attackers, lost their lives in the fire started at Madımak Hotel in Sivas. 33 intellectuals were in Sivas to attend the Pir Sultan Abdal festivities. 65 people, 14 of whom were police officers, got wounded in the fire.

124 people were arrested in relation with the fire. In the seven-year trial process, 33 people sentenced to death and 85 people were given prison sentences of 2 to 15 years. 37 defendants were acquitted. The death sentences of 33 people were converted to aggravated life sentences.

On March 13, 2012, the Ankara 11th Heavy Penal Court dropped the charges of the Sivas Massacre trial in line with the prosecutor's demand to apply the statute of limitations to the case.

As the 9th Penal Chamber of the Supreme Court of Appeals upheld the verdict on violation of statute of limitations, attorney Şenal Sarıhan took the case to the Constitutional Court in 2014. However, the court has not yet announced its judgement. In response, lawyer Sarıhan appealed to the Constitutional Court regarding the long judicial processes. (BIA, 2 July 2020)

Projet de loi controversé sur les associations d'avocats

Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté au Parlement mardi un projet de loi visant à réformer la structure des barreaux, les avocats dénonçant une manoeuvre visant à les mettre au pas.

Le texte a été envoyé à la présidence de l'Assemblée nationale, étape qui précède son introduction à l'hémicycle, a annoncé un haut responsable du Parti de la justice et du développement (AKP), Cahit Ozkan.

Ce projet de loi prévoit notamment la possibilité de créer plusieurs organisations d'avocats dans certaines provinces comme Istanbul et Ankara, au lieu d'un seul et unique barreau.

L'AKP soutient qu'une telle mesure est nécessaire pour "démocratiser" les puissantes organisations d'avocats et améliorer leur représentativité.

Mais les opposants du président Recep Tayyip Erdogan et la plupart des barreaux dénoncent une tentative de diviser les barreaux pour les affaiblir.

Mardi, quelques milliers d'avocats en robe se sont réunis devant le palais de justice de Caglayan, à Istanbul, pour protester contre le projet de loi. "La défense ne se taira pas !", ont-ils scandé.

"Nous sommes face à la menace très sérieuse de voir le droit dans notre pays être soumis (au gouvernement). Le pouvoir utilise sa capacité à légiférer comme une arme", a déclaré samedi le président du barreau d'Istanbul, Mehmet Durakoglu.

Lundi, le Conseil des barreaux européens a exprimé sa "vive inquiétude" et appelé Ankara à "s'abstenir de prendre toute mesure qui aurait pour effet d'entraver l'indépendance, l'intégrité et la liberté d'expression" des avocats.

Dans un contexte où la plupart des médias sont soumis au pouvoir et où plusieurs opposants et membres de la société civile ont été arrêtés depuis 2016, les barreaux sont l'un des derniers bastions des voix critiques en Turquie.

En avril, le puissant barreau d'Ankara a suscité l'ire de M. Erdogan en accusant d'homophobie le chef de l'Autorité religieuse qui avait fait un lien entre "les maladies" et l'homosexualité. Le chef de l'Etat turc a accusé le barreau d'"attaquer l'Islam".

Si M. Erdogan soutient que les juges sont indépendants en Turquie, les ONG s'alarment régulièrement de l'affaiblissement du pouvoir judiciaire, notamment depuis une tentative de putsch en 2016, suivie de purges qui n'ont pas épargné les tribunaux.
(AFP, 30 juin 2020)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Une nouvelle loi pour contrôler les réseaux sociaux

La Turquie a adopté mercredi une loi qui renforce considérablement les pouvoirs des autorités sur les réseaux sociaux, une mesure dénoncée par les défenseurs de la liberté d'expression comme une porte ouverte à la censure.

Le Parlement a voté cette loi tôt mercredi, moins d'un mois après que le président Recep Tayyip Erdogan eut appelé à "mettre de l'ordre" dans les réseaux sociaux, l'un des derniers espaces à échapper à son contrôle.

Selon ce texte qui entrera en vigueur le 1er octobre, les réseaux sociaux avec plus d'un million de connexions uniques par jour, comme Twitter et Facebook, devront avoir un représentant en Turquie et obéir aux tribunaux demandant le retrait de certains contenus.

En cas de non-respect de ces obligations, une forte réduction de leur bande passante et des amendes sont prévues. Ces géants du numérique sont en outre appelés à stocker en Turquie les données de leurs utilisateurs se trouvant dans ce pays.

Cette loi a été adoptée en dépit de l'opposition de nombreux internautes qui s'étaient mobilisés en ligne ces dernières semaines en utilisant le mot-dièse "Touche pas à mon réseau social".

Selon le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), la formation de M. Erdogan, cette mesure vise à mettre fin aux insultes en ligne. Le texte avait été présenté après que la fille et le gendre du président ont essuyé des injures sur Twitter.

"Cette loi ne vise pas à fermer les réseaux sociaux ou amener des interdictions. C'est une mesure qui vise à protéger nos concitoyens", a ainsi affirmé mercredi un haut responsable de l'AKP, Mahir Unal.

- "Censurer les contenus" -

Mais ces déclarations ne suffisent pas à rassurer les défenseurs de la liberté d'expression pour qui ce texte vise à museler les réseaux sociaux, l'un des rares espaces où les voix critiques osent encore se faire entendre en Turquie.

La nouvelle mesure "va renforcer les capacités du gouvernement à censurer les contenus numériques et poursuivre les internautes", a déclaré dans un communiqué Andrew Gardner, chercheur sur la Turquie à l'ONG Amnesty International.

"C'est une violation claire du droit à la liberté d'expression en ligne", a-t-il ajouté, soulignant que de nombreux internautes turcs s'autocensurent déjà "par peur d'irriter les autorités".

Twitter et Facebook sont en effet déjà étroitement surveillés par le gouvernement et de nombreux procès pour "insulte au chef de l'Etat" ou "propagande terroriste" s'appuient uniquement sur un ou quelques tweets.

Selon le dernier "rapport sur la transparence" de Twitter, la Turquie figurait, au premier semestre 2019, en tête des pays demandant le retrait de contenus sur le réseau social, avec plus de 6.000 requêtes.

Pour Yaman Akdeniz, professeur de droit à l'Université Bilgi d'Istanbul et "cyberactiviste", le vote de cette loi s'explique notamment par "une hausse des critiques envers le gouvernement pendant la pandémie" de Covid-19.

"Alors que les organisations de presse écrite et audiovisuelle sont déjà sous le contrôle du gouvernement, les réseaux sociaux sont relativement libres", a-t-il indiqué à l'AFP.

- Accès à l'information -

Les ONG estiment qu'un contrôle accru des réseaux sociaux pourrait aussi limiter l'accès des Turcs à des informations indépendantes ou critiques, dans un paysage dominé par les médias pro-gouvernementaux.

De nombreux Turcs s'informent sur les réseaux sociaux en suivant par exemple les comptes Twitter de médias alternatifs ou de journalistes réputés indépendants, qui ont parfois plusieurs centaines de milliers d'abonnés.

"Pourrons-nous toujours nous informer librement sur les réseaux sociaux ? Est-ce que partager une opinion sur les réseaux sociaux va devenir problématique ?", s'inquiète Mustafa, un étudiant de 24 ans interrogé par l'AFP.

"Je voudrais que chacun puisse partager ce qu'il veut sur les réseaux sociaux. Pour moi, les réseaux sociaux, c'est la liberté", renchérit Kaan, un étudiant âgé de 20 ans.

Si la loi adoptée mercredi signale une volonté accrue de contrôle, le désamour entre M. Erdogan et les réseaux sociaux remonte en fait à plusieurs années.

En 2013, Twitter et Facebook avaient ainsi été massivement utilisés lors de grandes manifestations antigouvernementales connues sous le nom de "mouvement de Gezi".

Le principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), a indiqué mercredi qu'il allait réclamer l'annulation de la loi devant de la Cour constitutionnelle, une démarche qui a peu de chance d'aboutir.
(AFP, 29 juillet 2020)

Osman Kavala, le mécène devenu bête noire d'Erdogan

L'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala, une figure majeure de la société civile turque que le président Recep Tayyip Erdogan accuse de chercher à déstabiliser la Turquie, purge lundi son 1.000e jour derrière les barreaux sans même avoir été condamné.

Le mécène turc reste incarcéré à ce jour en dépit d'une demande de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de le libérer et d'un acquittement rendu par un tribunal turc en février pour l'accusation de "tentative de renversement du gouvernement".

Dans un communiqué publié lundi, M. Kavala a dénoncé la mise en place d'un système visant à "garder en prison les personnes que l'on estime nécessaire de punir, indépendamment des faits établis à propos de leurs activités".

Malgré "l'instrumentalisation de la justice dans les affaires politiquement motivées", M. Kavala a dit "ne pas perdre son espoir".

L'homme d'affaires était initialement poursuivi pour avoir soutenu des manifestations antigouvernementales en 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi, visant M. Erdogan, alors Premier ministre.
 Malgré son acquittement en février, il n'a pu quitter la prison, car il a immédiatement été placé en garde à vue dans le cadre d'une autre enquête liée à une tentative de coup d'Etat visant M. Erdogan en 2016.

"De nouvelles accusations inventées in extremis pour prolonger mon incarcération", a estimé M. Kavala lundi.

Ses soutiens ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux en utilisant le mot-dièse "Libérez Osman Kavala".

Son avocat, Ilkan Koyuncu, a assuré samedi qu'"aucune preuve" n'existait à l'appui des accusations visant son client.

M. Kavala était connu pour son soutien aux projets culturels en faveur du dialogue et de la paix, portant notamment sur les droits des minorités, la question kurde et la réconciliation arméno-turque.

- Sujets difficiles -

Né en 1957 à Paris, il a fait des études d'économie à l'Université de Manchester avant de prendre la tête de l'entreprise familiale à la mort de son père en 1982.

Mais il s'est progressivement consacré à l'édition, à l'art et à la culture.

Il lance en 1982 la maison d'édition Iletisim, aujourd'hui l'une des plus prestigieuses du pays, pour publier des livres et magazines consacrés à la démocratisation de la Turquie.

Permettre à la société turque de débattre les sujets difficiles, dont le génocide arménien, par le biais des projets culturels, sera une des missions d'Anadolu Kültür, fondation qu'il a créée en 2002.

Humble, mais têtu; courtois, mais direct; directif, mais jamais condescendant: tels sont les mots choisis par son entourage pour le décrire.

"Je ne sais pas combien de fois j'ai porté des chaises avec lui lors des préparatifs d'un vernissage", indique ainsi Asena Günal, directrice d'Anadolu Kültür.

Pour accueillir les expositions, Osman Kavala a transformé un ancien dépôt de tabac dont il avait hérité en centre culturel, aujourd'hui appelé Depo.

"Je ne l'ai jamais vu rejeter quiconque qui venait avec une idée intéressante, qu'il s'agisse d'un projet littéraire ou cinématographique", raconte Mme Günal.

- "Milliardaire rouge" -

Son incarcération a fait de lui un des symboles de la répression orchestrée contre la société civile en Turquie, en particulier depuis le putsch manqué de 2016 qui a été suivi de purges massives.

Pour son entourage, M. Kavala a travaillé pour une "Turquie meilleure", sans discrimination, à un moment où la société turque reste très polarisée sur des sujets brûlants comme la laïcité ou la question kurde.

"Je pense qu'Osman a toujours su apprécier la valeur des initiatives civiles pour le bien commun", affirme Emma Sinclair-Webb, de l'ONG Human Rights Watch. "Il est la dernière personne qui pourrait soutenir un coup d'Etat. C'est révoltant de le voir ciblé dans un jeu politique incompréhensible".

Le choix d'Osman Kavala de se consacrer aux sujets épineux au lieu de simplement mener une vie aisée a fait de lui un profil atypique nourrissant plusieurs théories de complot.

La presse turque pro-gouvernementale l'a surnommé "le milliardaire rouge", en le comparant au milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, bête noire de plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.

Reprenant ces propos, le président Erdogan l'a plusieurs fois attaqué en l'accusant d'être "le représentant en Turquie" de Soros et de "financer les terroristes".

M. Kavala "a toujours été extraordinairement réfléchi et juste", affirme Andrew Gardner, de l'ONG Amnesty International. "Entièrement à l'opposé de l'image absurde qu'on donne de lui".
(AFP, 27 juillet 2020)

July 24 Press Day: 'Despotism has been continuing for 112 years'

DİSK Basın-İş union, the Federation of Journalists of Turkey (TGF) and the Press Council have released statements on the occasion of the July 24 Day of Struggle for Press Freedom.

After Sultan Abdul Hamid II of the Ottoman Empire declared the 2nd Constitutional Monarchy, newspapers started to be published without any censorship for the first time on July 24, 1908. Since then, July 24 has been observed as the "Journalists and Press Day" in Turkey.

DİSK Basın-İş: Despotism continues

The union said in its statement that journalists have not been able to celebrate July 24 for decades.

"Dozens of journalists are held in prisons with various excuses. Hundreds are on trial. Lawsuits are filed over almost every news report that the government doesn't like. Thousands of journalists lost their jobs due to television channels, newspapers, news agencies, newspapers, and websites being shut down, especially during the state of emergency period. Most of these journalists are still unemployed.

"Access to the news over the internet is arbitrarily blocked. People are arrested and even remanded in custody because of their social media posts. As if this is not enough, the intentions of limiting social media and banning it completely are expressed by the authorities.

"In short, despotism continues. They are exerting pressure because they are afraid of the truth, news and journalists. Their fear is our hope."

TGF: Free press is the guarantee of democracy

The TGF emphasized that steps shouldn't be taken to limit journalists' basic rights and freedoms.

"At this point, the struggle for existence, especially faced by our local press, causes us to have anxiety about the future. The survival of the local press has become difficult due to developing technology and digital media.

"Supporting our local press and the continuation of the support, which is lifeline support for them, are of great importance.

"The free press, which respects social values and carries out its duties with a sense of responsibility and an impartial understanding, is the biggest guarantee of the protection of the democratic social order."

Press council: Censorship and bans will not work

The Press Council noted in its statement that Turkey is the country that has the most imprisoned journalists and ranks 154th out of 180 in the World Press Freedom Index.

"It should be known that; censorship and prohibitions brought to the press will not yield results. As Atatürk [Mustafa Kemal, the founder of the republic] said, 'The solution of the problems arising from the freedom of the press is again the freedom of the press'. It should not be forgotten that freedom of expression and the press is under the guarantee of our Constitution.

"Bans certainly open new channels, water flows to free channels. The Turkish press will not accept to fall behind the freedoms achieved 112 years ago with the struggle during the Ottoman period.

"As the Press Council, we reiterate that we are determined to continue the struggle for democracy to be established with all institutions and rules in Turkey, for the removal of all obstacles against freedom of expression and the press, and for not a single colleague to be imprisoned." (BIA, 24 July 2020)



New social media bill aimed at 'silencing dissenting voices'

A social media bill prepared by the ruling Justice and Development Party (AKP) and Nationalist Movement Party (MHP) deputies was submitted to the parliament yesterday (July 21). Negotiations on the bill will start at the parliament's Justice Committee tomorrow.

According to the bill, social media companies will be obliged to have an office in Turkey and their representatives will be held accountable in legal affairs.The bandwith of companies that refuse to open an office will be throttled up to 90 percent. Also, social media companies will be asked to store users' data in Turkey.

We have spoken about the bill with Prof. Yaman Akdeniz from the Freedom of Expression Association and Bilgi University lecturer Gökhan Ahi.
"Harsh and unmeasured"

Ahi said such a law was not necessary as there have already been court decisions about the violation of private life, personal rights and intellectual and industrial property rights.

"A few small changes would be enough to make the system function better, he said, calling the bill "harsh and unmeasured."

"The government has not been able to tolerate criticism about itself for a long time. With this law, it wants to reduce criticism on the internet and social media, as well as to quickly access the identity of users with an anonymous account. It is thought that the way to do this is [social media companies] having a representative in Turkey.

"The example of Germany is being talked about. The law that came into force in Germany in 2018 obligated internet platforms and social media companies to take action against hate speech, insult and terrorist propaganda. Illegal content has to be deleted within 24 hours and user complaints have to be examined within 48 hours.

"Although this regulation is not aimed at preventing freedom of expression, the way the law is implemented can create a lot of problems. Because everyone can otherize an idea that they don't adopt and take legal action against it. There is intense criticism that it hinders freedom of expression.
This is a regulation the implementation of which is problematic even in Germany.

"This [the proposal in Turkey], on the other hand, is not a law of censorship, quite the contrary, it is a law of self-censorship. Self-censorship is more dangerous than censorship. If this law is passed, [people] may hesitate to freely express themselves, feeling that their information will be acquired, which means silencing dissenting voices, reducing criticism to the government and creating paranoia in society. If traffic [of social media companies] is restricted people will have to pay for VPN infrastructures, and their personal data can be moved to insecure environments.

"It is theoretically and practically impossible"

"Social media companies are asked to have a Turkish representative in Turkey. If this is not done, first, their advertisement revenues will be cut off, then, access to social media content will be gradually restricted. Similar to the example in Germany, but notifications about violations of private life and personal rights will be asked to be answered within 48 hours.

"Otherwise, a fine will be imposed as well. Also, if social media companies don't remove the content produced by users, they will be held responsible for the legal damage that may occur, which is not possible in theory and practice."

"Turkey will not only restrict dissenting content but also impose fines on social media companies. So, it also wants to have a pecuniary advantage."

"It should be categorically rejected"

Prof. Akdeniz recalls that 408,000 websites and 130,000 URLs are banned in Turkey as of the end of 2019.

Also, the penal judgeships of peace, which are authorized to block access to websites, will also be able to ask for the removal of content, he notes.

"I think [the bill] should be categorically rejected. Because there is nothing positive in it. It should be rejected by all opposition parties, social media platforms, users and should be opposed to without looking at its content.

"For example, one of the articles that won't be talked about is the fifth article. It affects everyone unconditionally. Previously, the penal judgeships of peace could only give a ruling of an access block. Agencies or platforms wouldn't be notified of the verdicts but they will be notified now. Because the Union of Content Providers will ask you to remove the content.

"If the proposal passes into law, you will have to delete a news report when a court verdict comes. It's the same for Twitter, Facebook, YouTube.

"They talk about representatives of social media providers. If they don't come, they will throttle bandwidths. Throttling of bandwidth by 90 percent means not being able to post a tweet, share a picture. It means not being able to make a broadcast on YouTube.

"When they come, they will be a part of the judicial system in Turkey and will have to enforce verdicts.

"In short, this law proposal is a different aspect of censorship. We are going to a higher level. If it is enacted, a dark period is waiting for Turkey. They want to make [access] blocks much more effective.

"This is not a draft bill to be hastily passed in the parliament before the [Sacrifice] Feast."
(BIA, 22 July 2020)

High risk working conditions for journalists in Turkey

The 2020 Media Pluralism Monitor (MPM2020) confirms mounting harassment against journalists, media outlets face increasing economic uncertainty, as online media sphere fails to reinforce pluralism. The report points out a deteriorating situation regarding the standards and protection of the journalistic profession.

Croatia, the United Kingdom, Bulgaria, Hungary, Spain, Romania, Slovakia, Albania, Italy, Slovenia, Malta, Ireland and France score as being at medium risk and Turkey as high risk. The sub-indicator on journalists' working conditions scores an alarming high risk in 13 countries: Albania, Bulgaria, Croatia, Greece, Hungary, Italy, Lithuania, Portugal, Romania, Slovenia, Spain, Turkey and the United Kingdom.

The European University Institute (EUI) has released the new Media Pluralism Monitor (MPM2020). The MPM2020 has been updated for the Digital Age with the addition of many new indicators and variables related to the digital transformation of the news and the media.

The study confirms the trends observed in the media sector in the past years: journalists are more and more victims of harassment; the sustainability of the news industry is at risk across Europe, while the gatekeeping role of digital platforms is on the rise.

The MPM2020 is a scientific data-driven effort to document the risks to media pluralism in the European Union Member States (UK included) as well as in candidate countries, Turkey, and for the first time Albania, over the years 2018 and 2019, based on a set of 200 variables organised in 20 indicators. None of the countries analysed are free from risks to media pluralism.

Selection of key findings:

When it comes to the Basic Protection area (including the status of journalists in each country), the assessment shows a deteriorating situation in comparison with MPM2017 (in MPM2017, 6 countries scored at medium risk and Turkey at high). MPM2020 assesses at higher risk the indicator on Journalistic profession, standards and protection. 13 countries score as being medium risk: Croatia (66%), the United Kingdom (59%), Bulgaria (55%), Hungary (53%), Spain (44%), Romania (43%), Slovakia (43%), Albania (42%), Italy (42%), Slovenia (42%), Malta (40%),  Ireland (36%), and France (34%). Turkey (78%) scores as high risk for this indicator.

The sub-indicator on Working conditions scores, on average, an alarming medium risk. Within this indicator, only Belgium, Denmark, Germany and Sweden score as being at low risk, while 13 countries score a medium risk (Austria, Cyprus, the Czech Republic, Estonia, Finland, France, Ireland, Latvia, Luxembourg, Malta, the Netherlands, Poland and Slovakia) and 13 as being at a high risk (Albania, Bulgaria, Croatia, Greece, Hungary, Italy, Lithuania, Portugal, Romania, Slovenia, Spain, Turkey and the United Kingdom). Among the countries that score high risk, Albania, Croatia, Hungary, Romania and Turkey score the highest risk, mainly due to digital disruption and the reduced sustainability of media enterprises.


One word for Osman Kavala

An online campaign has been launched for arrested businessperson and rights defender Osman Kavala ahead of his 1,000th day behind bars. As part of the campaign, 1,000 words describing Kavala are compiled.

The campaign entitled "On the 1000th Day, 1 Word for Osman Kavala" (Osman Kavala için, 1000. Günde 1 Sözcük) has been prepared for July 27, which will mark the 1,000th day of Kavala's arrest. The campaign asks its contributors: "Which word would you use to describe Osman Kavala?"
'We protest his cruel, irrational detention'

The organizers of the campaign make the following call:

"July 27, 2020 marks the 1,000th day of Osman Kavala's imprisonment.

"We stand with Osman Kavala, whether we love and respect him as friends, or learned about his fate only later on. We protest his illegitimate, cruel and irrational detention on its 1,000th day, by calling on you to come up with one single word that describes him best.

"Which word would you use to describe Osman Kavala?

"Please write your answer below. We will publish the results, together with the most frequently used words, on his 1000th day after his arrest. If you want to remain anonymous, you do not need to add your name or email below. You can simply write the word itself.

"Deadline to contribute: July 23, 2020."

Businessperson Osman Kavala, who was on his way back from Antep, was taken into custody at İstanbul Atatürk Airport on October 18, 2017.

On November 1, 2017, it was announced that Kavala was arrested on charges of "attempting to change the Constitutional order and to overthrow the government." In the official document referring him to court with a request of arrest, it was alleged that he was the head and financier of Gezi.

The sixth and final hearing of the lawsuit filed into Gezi resistance was held at the İstanbul 30th Heavy Penal Court in Silivri on February 18, 2020.

Announcing its ruling after the statements of defendants and their attorneys, the court board has ruled that Osman Kavala, Mücella Yapıcı, Can Atalay, Tayfun Kahraman, Ali Hakan Altınay, Yiğit Aksakoğlu, Yiğit Ali Ekmekçi, Çiğdem Mater Utku and Mine Özerden shall be acquitted as "there was no concrete and material evidence as to the committal of the offenses charged." The court has also ruled that businessperson and rights defender Osman Kavala, the only arrested defendant of the case, shall be released.

Osman Kavala was the only arrested defendant in 16-defendant Gezi Trial, which started on June 24, 2019. Having been acquitted in this trial, Kavala was arrested again, this time on charge of "political or military espionage." Kavala is still held in Silivri Prison in İstanbul.
(BIA, 21 July 2020)

Projet de loi pour contrôler les réseaux sociaux

Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté mardi au Parlement un projet de loi visant à renforcer le contrôle des réseaux sociaux, un texte qui suscite des inquiétudes liées à la liberté d'expression.

Les principaux réseaux sociaux comme Twitter et Facebook devront avoir un représentant en Turquie, sous peine de voir leur bande passante fortement réduite, selon ce texte consulté par l'AFP.

Ces réseaux sociaux devront en outre obtempérer sous 24 heures aux injonctions de tribunaux turcs demandant le retrait de certains contenus. De fortes amendes sont prévues en cas de non-respect de ces requêtes.

Le projet de loi vise les réseaux sociaux avec plus d'un million de connexions uniques chaque jour. Ceux-ci devront en outre stocker les données de leurs utilisateurs turcs sur des serveurs situés en Turquie.

Ce texte vise à "mettre fin aux injures et aux insultes, ainsi qu'au harcèlement" en ligne, a affirmé mardi Ozlem Zengin, membre du Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan, lors d'une conférence de presse.

Début juillet, le président turc avait appelé à "mettre de l'ordre" dans les réseaux sociaux après que sa fille et son gendre ont été visés par des insultes sur Twitter.

Les déclarations de M. Erdogan avaient suscité l'inquiétude de nombreux internautes, exprimée sous le mot-dièse "Touche pas à mon réseau social".

M. Erdogan s'en prend régulièrement aux réseaux sociaux, l'un des rares espaces où les voix critiques osent encore se faire entendre en Turquie, la plupart du temps sous pseudonyme.

Twitter et Facebook sont étroitement surveillés par les autorités turques et de nombreux procès pour "insulte au chef de l'Etat" ou "propagande terroriste" s'appuient uniquement sur un ou quelques tweets.

Les ONG s'inquiètent de l'érosion de la liberté d'expression en Turquie et un contrôle accru des réseaux sociaux pourrait aussi limiter l'accès des Turcs à des informations indépendantes ou critiques, dans un paysage dominé par les médias pro-gouvernementaux.

Selon le dernier "rapport sur la transparence" de Twitter, la Turquie figurait, au premier semestre 2019, en tête des pays demandant le retrait de contenu sur le réseau social avec plus de 6.000 requêtes.
(AFP, 21 juillet 2020)

Un journaliste germano-turc condamné pour "propagande terroriste"

Un tribunal d'Istanbul a condamné jeudi par contumace un journaliste germano-turc à près de trois ans de prison pour "propagande terroriste", à l'issue d'un procès qui a suscité des tensions diplomatiques entre la Turquie et l'Allemagne.

Deniz Yücel, journaliste au quotidien allemand Die Welt, a été reconnu coupable de "propagande terroriste" pour le compte du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et condamné à deux ans, neuf mois et 22 jours de prison, selon la décision de justice consultée par l'AFP.

Deniz Yücel a en revanche été acquitté des chefs d'accusation d'"incitation à la haine" et de "propagande" pour le compte du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan.

Le tribunal a cependant décidé de porter plainte à son encontre pour "insulte au chef de l'Etat" et "dénigrement de l'Etat et des institutions", pour avoir notamment qualifié de "putschiste" M. Erdogan.

M. Yücel a dénoncé auprès de l'AFP une "sentence illégale" et indiqué qu'il allait faire appel.

Le journaliste âgé de 46 ans avait été incarcéré en Turquie pendant un an avant d'être libéré et de quitter le territoire turc pour l'Allemagne en février 2018.

Son arrestation avait soulevé une vague d'indignation et de mobilisation en Allemagne, et largement contribué à tendre les relations entre Berlin et Ankara.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a d'ailleurs estimé jeudi que la condamnation de M. Yücel "envoie un signal absolument mauvais" et "ne contribue pas non plus à renforcer la confiance dans l'application des principes de l'État de droit en Turquie".

Des organisations de défense des droits humains s'inquiètent régulièrement de l'érosion de la liberté de la presse en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d'une répression tous azimuts.

De nombreux journalistes travaillant pour la presse locale et internationale ont été interpellés et condamnés à des peines de prison.

La Turquie figure à la 154ème place au classement mondial de la liberté de presse de l'ONG Reporters sans frontières.
(AFP, 16 juillet 2020)

2 actors face prison term for ‘insulting President’

The İstanbul Anatolian Chief Public Prosecutor's Office has brought an indictment against actors Metin Akpınar and Müjdat Gezen, who were being investigated for "insulting the president" due to their remarks at "Halk Arenası" (People's Arena) program aired on pro-opposition Halk TV in 2018.
The indictment of the prosecutor's office has argued that the offense of "insulting the president" was committed by the actors, demanding that Gezen and Akpınar be sentenced to prison on the offense charged.

A lawsuit has now been filed against them and they face up to 4 years, 8 months in prison each on charge of "insulting the president publicly."
(BIA, 8 July 2020)

Assassinat de Khashoggi: 20 Saoudiens jugés par contumace en Turquie

Un tribunal d'Istanbul a commencé vendredi à juger par contumace 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, accusés par les autorités turques d'avoir tué et démembré l'éditorialiste Jamal Khashoggi en 2018.

Si les accusés risquent en théorie la prison à vie pour "homicide volontaire prémédité avec l'intention d'infliger des souffrances", la procédure est avant tout symbolique, car aucun d'entre eux ne se trouve en Turquie.

Parmi ces 20 personnes accusées, deux sont identifiées par les enquêteurs turcs comme les commanditaires: un ex-conseiller du prince héritier saoudien, Saoud al-Qahtani, et un ancien numéro deux du Renseignement, le général Ahmed al-Assiri.

Khashoggi, un collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul où il s'était rendu pour récupérer un document.

Khashoggi était âgé de 59 ans au moment de sa mort. Ses restes n'ont jamais été retrouvés.

Ce meurtre a plongé l'Arabie Saoudite dans l'une de ses pires crises diplomatiques et terni l'image du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre.

La fiancée turque de Khashoggi, Hatice Cengiz, la rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, ainsi que le représentant en Turquie de Reporters sans frontières (RSF), Erol Onderoglu, étaient présents à l'audience vendredi, selon un correspondant de l'AFP.

- "Message aux dictateurs" -

"Nous avons confiance dans la justice turque. Maintenant, le processus judiciaire est lancé. Nous allons poursuivre notre quête de justice, ici en Turquie et partout ailleurs, par tous les moyens possibles", a déclaré Mme Cengiz à la presse à l'issue de l'audience.

C'est Mme Cengiz qui avait donné l'alerte sur la disparition de son fiancé après l'avoir attendu pendant plusieurs heures à la sortie du consulat saoudien à Istanbul.

Les autorités turques ont mené une enquête d'envergure: ils ont visionné des heures d'images de vidéosurveillance, interrogé des dizaines de personnes et fouillé jusqu'au réseau d'égouts autour du consulat saoudien à Istanbul.

Après avoir nié l'assassinat, puis avancé plusieurs versions des faits, Ryad a affirmé qu'il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d'ordres de leurs dirigeants.

La justice saoudienne s'est elle-même saisie de l'affaire Khashoggi. A l'issue d'un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison pour l'assassinat, sur un total de 11 personnes inculpées.
 Aucune accusation n'a été retenue contre M. Qahtani et M. Assiri a été acquitté.

Ce verdict prononcé en décembre dernier a été critiqué par les organisations internationales de défense des droits humains.

La Turquie a qualifié de "scandaleux" le verdict, estimant que les vrais commanditaires avaient bénéficié d'une "immunité".

Sans aller jusqu'à accuser directement MBS, M. Erdogan a plusieurs fois appelé à "juger tous les coupables".

- "Simulacre de justice" -

Fin mai, le fils aîné de Khashoggi a annoncé que les enfants du journaliste assassiné "pardonnaient" aux meurtriers.

"La procédure en Arabie saoudite était tout sauf de la justice. C'était un simulacre de justice", a déclaré Mme Callamard, la rapporteure de l'ONU, à la presse.

Le procès à Istanbul adresse "un message fort aux dictateurs partout dans le monde leur disant qu'ils ne peuvent pas tuer un journaliste et s'en sortir en toute impunité", a-t-elle ajouté.

Elle a estimé que le prince héritier saoudien devrait lui aussi figurer dans l'acte d'accusation, soulignant qu'il avait "une responsabilité criminelle" dont le niveau reste à déterminer dans le déroulement de l'assassinat.

Lors de l'audience vendredi, les juges ont notamment entendu les témoignages de Mme Cengiz et d'un employé turc de la résidence du consul saoudien à Istanbul.

Selon Mme Callamard, cet employé a expliqué qu'il avait été appelé à la résidence le jour du meurtre pour allumer un grand four qui se trouve dans le jardin "où quatre ou cinq +invités+ étaient déjà présents". "Quand il y est retourné trois jours plus tard il a découvert que le marbre autour du four avait subi un blanchissage".

Plusieurs médias turcs avaient émis l'hypothèse que le corps de Khashoggi, démembré après le meurtre, a pu être brûlé dans ce four.

La prochaine audience du procès a été fixée au 24 novembre.
(AFP, 3 juillet 2020)

Turkish request for extradition of an exiled journalist

A Turkish court has requested on 9 March the extradition of a Turkish journalist who is living in exile in Sweden for allegedly insulting two officers of the court in 2018. The news of the request to extradite Levent Kenez from Sweden was reported by nordicmonitor.com on 28 June . International and European Federations of journalists (IFJ/EFJ) join their the Swedish Union of Journalists (SJ) in calling on Swedish authorities to deny the extradition request.

Levent Kenez is accused of defaming a prosecutor and a judge in an article published on the Turkish-language news website TR724 on 17 February 2018, following the court's decision to hand down aggravated life sentences to six journalists and media workers on trumped-up charges of attempting "to destroy the constitutional order." 

Kenez works as an editor for the Nordic Monitor, a website that provides news on security, diplomacy, intelligence and military matters with a special focus on religious, ideological and ethnic extremist movements in Turkey. He also works as a columnist at tr724.com, a Turkish news site based in Brussels. He is the former editor-in-chief of the Meydan daily, which was shut down by the government in 2016.

The journalist fled Turkey in 2016 to escape persecution. He has been living in Sweden with his family ever since and was granted a refugee status that will expire in November 2020. 

On 12 December 2019, the İstanbul Criminal Court filed an extradition request for Kenez . According to the Nordic Monitor, the documents for the extradition request were prepared on 9 March 2020 amid the coronavirus pandemic. Kenez recently found out about the extradition demand when he obtained a copy of the Turkish demand to Sweden.

Ulrika Hyllert, President of the Swedish Union of Journalists said: "It is not the first time Turkey has asked Sweden to extradite a journalist. Sweden must defend press freedom in these cases. If Sweden agreed to these kinds of demands, it would be a shame for Sweden and our tradition of defending freedom of expression."

IFJ General Secretary Anthony Bellanger said: "Turkey's tracking down dissidents all over Europe must cease immediately. By asking Sweden to extradite Leven Kenez, Turkey is again trying to silence critical voices abroad. We urge Sweden to ignore this extradition demand and provide Levent Kenez with all the necessary security so that he and his family can live safely in Sweden without fear of being persecuted by Turkish authorities. "
(IFJ, 2 July 2020)

Erdogan veut contrôler les réseaux sociaux après des insultes contre sa famille

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que les autorités allaient bientôt renforcer leur contrôle des réseaux sociaux après la publication d'insultes contre sa famille, des propos qui suscitent l'inquiétude des internautes.

"YouTube, Netflix, Twitter. Vous comprenez désormais pourquoi je m'oppose aux réseaux sociaux de ce genre ? C'est pour mettre fin à cette immoralité", a déclaré M. Erdogan lors d'une visioconférence depuis Ankara.

"Il est impératif de mettre de l'ordre dans ces canaux (...) C'est pour cette raison que nous allons soumettre cela au Parlement rapidement, car nous voulons que ces canaux soient fermés, contrôlés", a-t-il ajouté.

M. Erdogan a notamment évoqué une mesure obligeant les géants du Web à avoir une représentation légale en Turquie, ce qui les exposerait à des sanctions financières et les obligerait à obéir aux décisions des tribunaux turcs.

Ces déclarations interviennent au lendemain d'injures postées sur les réseaux sociaux à l'encontre d'une fille de M. Erdogan et de l'époux de celle-ci qui avait annoncé sur Twitter la naissance de leur quatrième enfant.

Onze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, a annoncé mercredi la police.

Les propos de M. Erdogan ont suscité l'inquiétude des internautes turcs. Le mot-dièse "Touche pas à mes réseaux sociaux" était l'un des plus utilisés sur Twitter mercredi après-midi.

Le chef de l'Etat turc s'en prend régulièrement aux réseaux sociaux, l'un des rares espaces où les voix critiques osent encore se faire entendre en Turquie, la plupart du temps de façon anonyme.

Lors d'une discussion en ligne retransmise sur YouTube avec des jeunes la semaine dernière, M. Erdogan a été confronté à une avalanche de commentaires de personnes indiquant qu'elles ne voteraient pas pour lui. La présidence a promptement fermé l'espace dédié aux commentaires.

Les réseaux sont étroitement surveillés par les autorités turques et de nombreux procès pour "insulte au chef de l'Etat" ou "propagande terroriste" s'appuient uniquement sur des tweets.

L'hostilité de M. Erdogan pour les réseaux sociaux remonte à plusieurs années : Twitter et Facebook avaient été largement utilisés pour organiser des rassemblements lors d'un vaste mouvement de contestation antigouvernemental en 2013.

Les ONG s'inquiètent régulièrement de l'érosion de la liberté d'expression en Turquie et un contrôle accru des réseaux sociaux pourrait aussi limiter l'accès des Turcs à des informations indépendantes ou critiques, dans un paysage dominé par les médias pro-gouvernementaux.
(AFP, 1 juillet 2020)

Assassinat de Khashoggi: un procès par contumace va s'ouvrir en Turquie

La justice turque ouvrira vendredi prochain le procès par contumace des 20 Saoudiens qu'elle accuse de l'assassinat en 2018 à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a annoncé mardi sa fiancée à l'AFP.

Le procès débutera devant le principal tribunal d'Istanbul vendredi à 10h00 heure locale (07h00 GMT), a déclaré à l'AFP Hatice Cengiz, la fiancée turque de Khashoggi. "Je serai également là", a-t-elle dit.

Jamal Khashoggi, 59 ans, détracteur du pouvoir de la famille royale saoudienne après en avoir été proche et collaborateur du Washington Post, a été assassiné puis découpé en morceaux le 2 octobre 2018 à l'intérieur du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul où il s'était rendu pour obtenir un document, selon la Turquie.

Les restes de la victime n'ont jamais été découverts.

Les procureurs turcs accusent l'ancien chef adjoint des services de renseignement, le général Ahmed al-Assiri, et l'ancien conseiller à la cour royale Saoud al-Qahtani d'avoir dirigé l'opération pour éliminer Khashoggi et d'avoir donné les ordres pour le faire à une équipe d'agents saoudiens.

Ces deux anciens responsables sont des proches du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui a été désigné comme le commanditaire du meurtre par des responsables turcs et américains.

La justice turque a en outre inculpé 18 autres suspects. Elle a émis des mandats d'arrêt visant tous les accusés, qui ne se trouvent pas en Turquie et sont passibles de la peine de mort.

Agnès Callamard, rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, devrait assister au procès.

L'ouverture du procès vendredi n'a pas été confirmée officiellement.

Les enfants de Jamal Khashoggi ont déclaré fin mai qu'ils pardonnaient aux assassins de leur père.

La fiancée de la victime a en revanche dit à l'époque que "personne n'a le droit de pardonner". Nous ne pardonnerons ni aux tueurs, ni à ceux qui ont ordonné le meurtre", a déclaré Hatice Cengiz.

Après avoir nié l'assassinat, puis avancé plusieurs versions des faits, Ryad a affirmé qu'il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d'ordres de leurs dirigeants.

La justice saoudienne s'est elle-même saisie de l'affaire Khashoggi. A l'issue d'un procès mené en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison pour l'assassinat, sur un total de 11 personnes inculpées.

Le verdict prononcé en décembre dernier a été critiqué par les organisations internationales de défense des droits humains.
(AFP, 30 juin 2020)

Tuna Altinel, enseignant de l’université de Lyon, empêché de quitter la Turquie

Bloqué en Turquie depuis le 12 avril 2019, jour où les autorités lui ont confisqué son passeport, l’universitaire Tuna Altinel, ressortissant turc et maître de conférences à l’université Claude-Bernard-Lyon-I, ne sait pas quand il pourra enfin rentrer en France. « Je ne suis pas sûr de pouvoir rejoindre mon université à la rentrée de septembre », explique le mathématicien, depuis Istanbul, où il attend que la justice turque se prononce sur son cas.

Accusé de « propagande en faveur d’une organisation terroriste », l’enseignant a été acquitté le 24 janvier par le tribunal de Balikesir, une ville située à 180 kilomètres d’Istanbul. Après publication de la décision des juges, le 21 février, ses avocats ont demandé que son passeport lui soit restitué, sans succès. Le procureur ayant fait appel de l’acquittement, la préfecture ne peut pas le lui restituer. La décision finale est désormais du ressort de la cour d’appel de Bursa (nord-ouest de la Turquie), qui, débordée à cause de la crise sanitaire, ne semble guère pressée de statuer.

« La lumière sur un crime d’Etat »

« Pourtant, mon dossier n’a rien de complexe, les charges contre moi ne sont vraiment pas sérieuses », estime l’universitaire. La justice turque lui reproche des faits qui se sont produits… en France. Pour avoir participé à la réunion d’une amicale kurde, légale, organisée le 21 février 2019 à la mairie de Villeurbanne (Rhône), le mathématicien se retrouve sous le coup de poursuites pénales en Turquie.

Au cours de cette réunion, l’enseignant avait servi d’interprète au récit d’un intervenant, Faysal Sariyildiz, un député en exil du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde, troisième formation au Parlement turc), qui avait raconté le calvaire vécu à l’hiver 2015-2016 par la ville de Cizre, dans le sud-est de la Turquie, majoritairement peuplée de Kurdes.
(Le Monde, 29 juin 2020)

Vice President Oktay: We closed 119 media outlets by statutory decrees

Vice President Fuat Oktay has answered the Parliamentary question of Peoples' Democratic Party (HDP) Van MP Muazzez Orhan six months later.

On the occasion of January 10 Working Journalists Day in Turkey, HDP MP Ersoy asked the Vice President "how many newspapers, magazines, television and radio channels and news agencies were closed by statutory decrees" following the failed coup attempt on July 15, 2016.

In his response to this question, Vice President Oktay has said, "53 newspapers, 20 magazines, 24 radio channels and six news agencies were closed by statutory decrees over their belonging or adherence to the structures, entities or groups or terrorist organizations detected to threaten national security after the heinous coup attempt on July 15."

Commenting on the response of Oktay, Muazzez Orhan has noted that while the law stipulates that Parliamentary questions shall be validly answered on time, her question was responded six months later.

"The pressures exerted have been briefly announced in numbers, as it was something good," Ersoy has said and added, "This indicates the approach of the government to press freedom quite clearly."
(BIA, 29 June 2020)

Kurdish Question / Question kurde

54.2 percent of young Kurdish people do not trust any institutions in Turkey

Diyarbakır-based Socio-Political Field Research Center conducted a survey with young people about their political preferences.

As part of this study, 580 young people (aged 15-34) from Turkey's Kurdish-majority Diyarbakır, Mardin, Van, Şırnak, Hakkari and Batman provinces participated in survey on July 6-16.

The Center has recently announced the findings of this study, which offers an insight into how young people in southeast Turkey define themselves politically and how they approach Turkey's problems.

According to the survey results, 54.2 percent of young Kurdish people do not trust any institutions or organizations in Turkey. The majority of them agree that Kurdish question is the major problem of Turkey.

Yüksel Genç, the Coordinator of the Center, has commented on the survey results for bianet. Noting that there are political transformations unfolding among the Kurdish youth, he has briefly said:
'They don't trust, but not without hope'

"The study sends very important messages. Over 50 percent of young Kurdish people do not trust any institutions or organizations.

"In the 1990s, there was no trust for state institutions, but there was still trust for existing structures and non-governmental organizations. We have seen a breaking point, a retreat now.

"Kurdish youth do not trust, but they are not without hope. They do not consider problems to be impossible to solve. They are making suggestions about how to solve them. Despite high rates of unemployment and poverty, Kurdish question is still seen as the most important problem.

"When the solutions offered to solve this problem are considered, local governments and a system of federation come to the forefront. The region where we conducted the research is the political provinces of Turkey, the answers are very important for that reason.

'A significant number of them want to leave Turkey'

"Moreover, young Kurdish people are going through a political transformation. There is especially a tendency towards ecologist, feminist, socialist and anarchist thoughts among the new generation.

"They are leaning to rights-based political thoughts and a significant number of them say that they can move to another country.

"The rate of those who say this is the highest among the youngest group. They want it because they want to live in a livable country. They feel that their living space has shrunk.

"Another important detail from the study is this: 39 percent of the participants say that they can change the party that they vote for.

"It means that the parties except for the Peoples' Democratic Party (HDP) can use this niche. However, this needs to be kept in mind: They do not say 'No matter what', they say 'If it fits my worldview."

Some highlights from the study are as follows: 67 percent say 'I would move to another country'

The participants of the survey are first asked, 'If you had the means, would you move to another country?" While 67.5 percent answer this question in the affirmative, 32.5 percent say that they would not.

Of the ones who say 'Yes,' 31.2 percent want to move to another country for "better living conditions," 12.30 percent due to "lack of living conditions in Turkey," 11.70 percent due to "economic hardships," 9.60 percent for "employment opportunities" and 7.70 percent due to "pressures."

While 63 percent of women participants want to leave Turkey for good, this rate is 70.5 percent among men. 92.7 percent of the ones aged 15-19 also say that they would like to move to another country.

94 base their political attitudes on their worldviews

When the participants are asked whether they closely follow the political developments, 65.4 percent say "frequently." While 85 percent say that they follow these developments "on Internet platforms/social media," 11 percent say "Television" and 4 percent say "printed press."

Participants are also asked "how they define their possibility of changing the political party that they vote for in the next elections." 59 percent answer that "they would not change the party very easily." 27.percent say that "they would vote for a party that suits their worldviews."

Only 1.3 percent answer that "they will not change the party that they vote for under any circumstances."

"When developing a political attitude, what factors affect you most," the participants are also asked, to which 94.2 percent answer, "The values I believe in/my worldview." While 3.8 percent say they base their views on their "Family," only 0.6 percent say "political parties."

'How do you define your political worldview?'

Within this context, when they are asked about the political worldviews of their families, the participants answer as follows:

34.6 percent "patriotic", 22.5 percent "democrat", 10.4 percent "conservative", 10.4 percent "religious", 9.4 percent "socialist", 6.7 percent "with no political worldviews", 2.9 percent "liberal", 1.7 percent "nationalist", 0.8 percent "feminist" and 0.6 percent "ecologist."

When their own political worldviews are asked, they anwer:

30.8 percent "patriotic", 24 percent "democrat", 22.7 percent "socialist", 4.6 percent "religious", 4 percent "conservative", 3.8 percent "feminist", 3.1 percent "nationalist", 2.9 percent "with no political worldviews", 1.9 percent "ecologist", 1.7 percent "liberal" and 0.6 percent "anarchist."
24 percent say 'no party can solve problems'

When the participants are asked about the current political situation of the country, 88.3 percent define it as "bad" and 11.6 percent as "good."

"What do you think is the biggest problem of Turkey," they are also asked, to which they give the following six most frequent answers:

45.6 percent "Kurdish question", 17.3 percent "economy/unemployment", 14.2 percent "lack of democracy", 5.6 percent "the current state of the legal system", 5 percent "Presidential System" and 4.6 percent "government."

They also offer the following solutions to these problems: 17.7 percent of participants say "through democratic approaches," 15.2 percent "with dialogue and negotiation", 12.3 "with a change of government", 9.8 percent "with a new policy of economy", 7.7 percent "Kurds' acquirement of status" and 1 percent say "they cannot be solved."

While 56 percent of the participants say that those problems can be solved by the HDP, 24.2 percent indicate that "no political parties can solve them." 8.5 percent answer in favor of the ruling AKP.

The participants are also asked "Which institution or organization in Turkey is the most trustworthy." While 54.2 percent answer "None", 13.1 percent say "HDP," 5.2 percent say "the Human Rights Association (İHD)," 4.8 percent say "Health Ministry" and 3.1 percent say "the Turkish Armed Forces (TAF)."
Expectations, concerns...

When they are asked about their biggest expectations from the future, 23.8 percent of the young answer that it is "leading a just, free and humane life." 15.8 percent say they "do not have any expectations," 12.9 percent say "peace, fraternity and quiet", 12.3 percent say "living in a democratic country" and 6 percent say "they want to be appointed or to have a job or profession."

Their biggest concerns about the future are as follows:

12.9 percent "a further increase in unemployment", 9.8 percent "a further deterioration of the economy", 9.8 percent "war, global war policies", 9.2 percent "the current government remaining in power" and 8.5 percent "an escalation of conflicts and war/civil war."

While 18.5 percent of the participants say that they would solve the Kurdish problems if they were decision makers, only 7.7 percent say that they support the Presidential System.

When they are asked about "the best system for Turkey," 36.3 percent say "empowered local governments", 22.5 percent say "federative governments", 14.4 percent say "Parliamentary System", 10.2 percent say "empowered Parliamentary System" and 7.5 percent say "Presidential System."
(BIA, 23 July 2020)

Kurdish Workers attacked in Yozgat: ‘We narrowly escaped lynch’

Attacked by a group of people in Çekerek in Turkey's central Anatolian province of Yozgat on July 18, Kurdish workers have returned to their hometown Derik in Turkey's southeastern province of Mardin.

After 13 Kurdish families were attacked by villagers organized by village heads trying to charge them a "head tax" for staying in tents on a public estate, the Sub-Governor's Office requested them to leave Yozgat, where they came to work in a forest, as "it could not ensure their safety of life."

The workers who have returned to Derik, Mardin have spoken to Ahmet Kanbal from the Mezopotamya Agency (MA). "We narrowly escaped being lynched," they have said and added, "We had to leave our labor and elbow grease there and come back to our hometown."

'We are mistreated and deprived of our jobs'

İrfan Çağur, a forest worker in Çekerek, has noted that even though they set up their tents on a public land, the heads of neighboring villages wanted them to pay a so-called "head tax," which is not stipulated in the law. According to Çağur, the attacks started after they they refused to pay.

'Our loss is around 300 thousand lira'

"We wanted the gendarmerie to disperse the crowd, but they somehow did not do it," Çağur has noted and added:

"There was definitely something that the state could have done. But it did not. We, 13 families, have become victims. Our loss is around 300 thousand lira. If that incident had happened in the East, it would have been different. They acted like taking their side. If it had been in Derik, they would have dispersed with pepper gas and pressurized water. But they did not do it.

"Their goal was to force us out of there anyway. One feels left out. We would want to work in Mardin, but we went there as there were no job opportunities here. But we went through such things there."

'We narrowly escaped being lynched'

Mehmet Can Durgut is another attacked worker. He has noted that the attack was organized and added, "We do not know why we were attacked: Because they wanted to have our jobs or because we were Kurdish?"

Underlining that they did not do anything illegal and they were there within the knowledge of the authorities, Durgut has said:

"The village heads provoked 42 villages and made them attack us. We narrowly escaped being lynched. We had to leave our labor and elbow grease there and get back to our hometown."

Stating that it was not safe for them to stay in Çekerek, Durgut has reminded that they were made to left the district in company of gendarmerie:

"The security forces there told us that 42 villages were up in arms and they were going to attack us. When we asked them what they could do about it, we were told, 'We cannot ensure your security. You take your precautions.' The sub-governor, gendarmerie commander, mayor and AKP district chair came after that and said, 'You have to leave.' And we left before it got dark."

'You are attacked because you are from Mardin'

According to Durgut, after a gendarmerie officer asked them where they were from and they answered that they were from Mardin, the officer said,

'It is understood why they attack you. Your being from Mardin is enough. They will not let you work because of that.'

Concluding his remarks, Durgut has said:

"We cannot understand with what mentality or mindset 42 villages were up in arms against us. We are laborers.

"Just as they come here in harvest season and reap the wheat with their combine harvester, I have the right to work there as well. This should come as no surprise. What we tell you know is a summary of what we went through there. It was like Texas out there because of those people. What was done there was an atrocity. The fear felt be children, our worries... It is beyond description." (BIA, 23 July 2020)



HDP’s dismissed Batman Co-Mayor Demir detained

As reported by the state-run Anadolu Agency (AA), Demir was taken into custody while he was leaving the HDP Batman Office yesterday (July 21).

Facing charges as part of an investigation that was launched by the Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office on October 9, 2018, Demir has been reportedly taken to the Security Directorate.

Mehmet Demir was previously detained and released with Batman Co-Mayor Songül Korkmaz, Batman Vice Co-Mayors Şehriban Aydın and Salih Çetinkaya, Batman Municipal Council Co-Spokespersons Şükran Çelebi and Recep Yargı, Silvan Co-Mayor Naşide Toprak, Ergani Co-Mayor Ahmet Kaya, Eğil Co-Mayor Mustafa Akkul and Yenişehir Co-Mayor Belgin Diken.

On the same day when they were taken into custody, the Ministry of Interior removed them from office, appointing trustees to the Municipalities of Batman, Ergani, Eğil, Lice, Silvan, Güroymak, Halfeli and Gökçebağ.

Later in 2020, Mehmet Demir was also detained with 41 others as part of an operation against the Democratic Society Congress (DTK) on June 26, 2020. He was released afterwards.
(BIA, 22 July 2020)

La nièce d'un haut responsable kurde de Syrie détenue en Turquie

La nièce d'un influent homme politique kurde de Syrie, lui-même recherché par Ankara, est détenue par la Turquie, a annoncé dimanche sa famille dont le récit contredit des informations de l'agence étatique turque Anadolu.

Dalia Mahmoud Muslim est la nièce de Saleh Muslim, étroitement lié à l'administration semi-autonome kurde syrienne.

Il avait été interpellé à Prague en février 2018 et avait été libéré quelques jours plus tard, malgré une demande d'extradition d'Ankara.

Il fait l'objet depuis 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts). Il a nié toute implication.

Le père de la jeune femme a expliqué sur Facebook que sa fille préparait son retour en Syrie après s'être rendue il y a six mois au Kurdistan irakien voisin pour des soins médicaux.

"Mais nous avons été surpris (d'apprendre) qu'elle avait été livrée aux autorités turques et à leurs services de renseignements", a ajouté Mahmoud Muslim, affirmant que toute déclaration attribuée à sa fille serait "fausse" et obtenue "sous la pression".

Il a fait porter aux autorités du Kurdistan irakien "la responsabilité de son enlèvement ou de sa remise aux renseignements turcs".

L'agence de presse étatique turque Anadolu, citant des sources sécuritaires, affirmait samedi que Dalia Mahmoud Muslim, 21 ans, s'était "rendue" le 15 juillet "aux forces de sécurité turques" dans une province du sud de la Turquie.

Les Kurdes ont établi dans le nord-est syrien une administration semi-autonome sur de vastes territoires à la frontière avec la Turquie.

Cette autonomie de facto est mal vue par Ankara, qui qualifie milices et factions kurdes de groupes "terroristes" et les considère comme une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Selon son père, Dalia Muslim faisait partie des Unités de protection de la femme (YPJ), versant féminin de la principale milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG).

Saleh Muslim, son oncle, a longtemps été coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), bras politique des YPG.
(AFP, 19 juillet 2020)

KNK on Hagia Sophia: Erdogan’s Islam is an Islam of conquest

The Executive Council of the Kurdistan National Congress-KNK reminded that Hagia Sophia, Turkish Ayasofya, Latin Sancta Sophia, also called Church of the Holy Wisdom or Church of the Divine Wisdom, cathedral built at Constantinople (now Istanbul, Turkey) in the 6th century CE (532–537) under the direction of the Byzantine emperor Justinian I."

By general consensus, it is the most important Byzantine structure and one of the world’s great monuments. After the city was captured by the Ottomans, in 1453, Constantinople became Istanbul and Hagia Sofia a mosque, Ayasofya. In 1935, under Mustafa Kemal Atatürk, it was turned into a museum.

But earlier this week a Turkish court annulled the site’s museum status, saying its use as anything other than a mosque was “not possible legally.”

The statement added: "While, Pope Francis confined himself to a few words on the issue: “My thoughts go to Istanbul. I think of Santa Sophia and I am very pained.” President Recep Tayyip Erdogan said the first Muslim prayers would be held in Hagia Sophia on July 24.

Hagia Sophia is hardly the first historic religious site to fall afoul of Erdogan’s discriminative actions. Since 2015, 800 buildings in the ancient district of Sur in the heart of the Kurdish city of Diyarbakir were razed. The damage became irreversible when the rubble was bulldozed and dumped in the nearby Tigris River."

The KNK reminded that "the flooding of the Hasankeyf is another example of Turkey’s barbaric actions against Kurdish populated areas. Hasankeyf was an ancient town and district located along the Tigris River in the Batman Province in southeastern Turkey. In 1981, Turkey declared it a natural conservation area. Despite local and international objections, the city and its archaeological sites have been flooded due to the completion of the Ilısu Dam. On 19 February 2020, the water level reached up to 479.30m elevation and rising. When water level rises above 483m Hasankeyf would be completely under water."

Indeed, by 1 April, water levels reached up to the elevation of 498.2m. Almost all of old city is under the water. The scheme will mean the flooding of 199 settlements in the region, thousands of human-made caves and hundreds of historical and religious sites. Also, close to 80,000 people have been displaced. Hasankeyf has been part of many different cultures in its long history, including ancient Mesopotamia, Byzantium and Arab empires, in fact some historical experts claim that the settlement predates all these civilisations.

The KNK added: "The list of monuments removed or destroyed are long and includes a mural to a dead Kurdish politician, stone reliefs depicting scenes from the historic Kurdish Marwanid kingdom, and plaques bearing the names of Kurdish children who were shot by security forces during the conflict.

Further, when a statue celebrating the 17th-century Kurdish writer Ahmedi Khani was destroyed in the city of Dogubeyazıt the state administrator claimed the destruction took place during road maintenance works, which in reality it is far from the truth. It is in fact a strategically plan to wipe the history of Kurds in the region. The destruction and annihilation of historic sites is evidence of Erogan’s extremist Islamic ideology, which in 1997 earned him a ten-month prison sentence for incitement to hate. Since coming to power, Erdogan has attempted to smoother his religious electorate. Erdogan is attempting to honour the decision of Ottoman Sultan Mehmet II who prayed in the Hagia Sophia at the take of Constantinople in 1453.
Erdogan’s Islam is an Islam of conquest. In Turkey, he aims to create a religious state and in neighbouring countries he sends his army to conquest."

Therefore, according to the KNK, "Erdogan, changing Hagia Sophia’s status appears to be a move to appeal to his base and assert his political brand — a strident nationalism inflected by his religiosity that anchors itself in a decades-old ideological struggle with more secular Turks. As a museum, the Hagia Sophia symbolized the idea of there being common artistic and cultural values that transcended religion to unite humanity. While, its conversion into a mosque is an all too appropriate symbol for the rise of right-wing nationalism and religious chauvinism around the world today. The stones, pillars and mosaics of Hagia Sophia embody the complexity of Turkish and European history, of the Christian and Islamic traditions. Its very existence is a rebuke to Erdogan’s attempt to cleanse history of that complexity, and to conjure a singular, mythical past." (ANF, 16 Jul 2020)


HDP Co-Chair Yüksekdağ is put on trial for the same act twice’

The attorneys of Peoples' Democratic Party's (HDP) arrested former Co-Chair Figen Yüksekdağ and HDP Diyarbakır MP Semra Güzel held a statement for the press at the HDP Central Office in Ankara today (July 13).

The reporters have been reminded that the hearing of the lawsuit where Yüksekdağ is arrested pending trial will be held in Ankara tomorrow.

Taking the floor first, attorney Sezin Uçar has noted that "governments - most of the time - restore the politics through the law," and briefly said:

"The trial of all HDP's elected politicians, especially Yüksekdağ, actually targets political freedoms. Our client is also put on trial due to her political activities. She is faced with unprecedented practices in Turkey."

'Speeches cited as criminal evidence'

Speaking after Uçar, attorney Ezgi Güngördü has indicated that in the lawsuit where Yüksekdağ is still arrested pending trial, the speeches that she made as part of HDP's political activities as its co-chair, her speeches at the opening ceremonies of district/provincial party offices and her interviews to the press are cited as criminal evidence:

"In other words, the offenses that are charged against our client consist of nothing but the speeches that she made in the events and organizations that she attended as a Member of the Parliament."

Güngördü has also reminded the reporters that they, as attorneys, have requested the release of Figen Yüksekdağ for several times before, especially by referring to the ECtHR verdicts on Selahattin Demirtaş and Osman Kavala, as well as other national and international reports that refer to HDP MPs' arrest as violations of freedom of expression. However, all these requests have been rejected, Güngördü has added further.

'One cannot be tried for the same act twice'

In this context, she has also referred to the "Non bis in idem" principle, which stipulates that a person shall not be put on trial for the same act twice.

"Our client is the only politician who is put on trial for the same act twice and, moreover, against whom two rulings of arrest were given over the same act," Güngördü has protested and shared the following details:

"An application was made to the Constitutional Court after two objections were rejected. An opinion was expressed by the Ministry of Justice about the file in 2020. In its opinion, the Ministry said that the investigation file was about the October 6-7-8 October incidents [Kobanê protests in 2014], adding that as the grounds based on which charges were brought are different, the measure of arrest was found legitimate and proportional."

Accordingly, the attorney has underlined that Yüksekdağ is arrested pending trial over the same acts for which she has been already arrested.

Indicating that the application to the European Court of Human Rights (ECtHR) for Yüksekdağ has not yet been concluded by the supreme court, the attorney has noted that the ECtHR verdict on Demirtaş is binding for all imprisoned HDP MPs, including Figen Yüksekdağ.

'She is in good health and good spirits'

Concluding her remarks, Ezgi Güngördü has also shared information about prison conditions, especially amid COVID-19 pandemic:

"On this occasion, we would also like to mention the conditions of Kandıra Prison, where our client has been arrested since November 2016.

"As part of pandemic measures, family and attorney visits are held as non-contact visits. As per a decision taken in September 2019, books and periodicals can be sent only on birthdays and special days such as feasts.

"The letters and faxes sent from prison are arbitrarily censored and even the tiniest incident can be a subject for disciplinary punishment. Figen Yüksekdağ is in good health, she is in good spirits, as she always is."
(BIA, 13 July 2020)

Court rejects Selahattin Demirtaş's request for release

The request of release for Peoples' Democratic Party (HDP) former Co-Chair Selahattin Demirtaş in the wake of a Constitutional Court verdict of "right violation" has been rejected by the local court.

Evaluating the request for release submitted by Demirtaş's attorneys, the Ankara 2nd Penal Court of Peace has rejected the request on the ground that "there has been no change in evidence since Demirtaş was arrested."

As reported by Mezopotamya Agency (MA), in rejecting the request, the local court has noted that the offenses and acts which were the matters in dispute in the trial heard by the Ankara 19th Heavy Penal Court and for which the Constitutional Court gave a ruling of right violation and the offenses and acts which are the matters in dispute in the investigation conducted by the Ankara Chief Public Prosecutor's Office are different from each other.

Referring to the offenses charged as part of the investigation conducted by the Ankara Chief Public Prosecutor's Office, the court has briefly stated the following in rejecting the request for release of Demirtaş:

"Considering that the suspect had these offenses committed upon the so-called instructions of the PKK [Kurdistan Workers Party] Armed Terrorist Organization, that he had them committed knowingly and willingly, that the suspect had been in agreement in terms of their opinions and acts from the beginning and considering that the investigation file has made determinations and there are strong signs and evidence in that regard..."

Agreeing with the prosecutor's office in its opinion as to the accusations in favor of Demirtaş's continued arrest, the court has ruled that his request for release shall be rejected given the nature of the offense charged, the scope of the investigation, the content of the Article 100 of the Code of Criminal Procedure (CMK) and the fact that there has been no change in the evidence in favor of the suspect since the date when he was arrested.

His attorneys will reportedly appeal against this rejection. (BIA, 7 July 2020)

Le “Rossignol d’Amed” s’est éteint

Seyidxanê Boyaxcî, surnommé le “Rossignol d’Amed”, est décédé ce dimanche matin à l’âge de 87 ans, dans son appartement d’Amed (Diyrabakir). Le Dengbêj kurde a succombé à une paralysie causée par une infection qui s’était propagée dans tout le corps. Il devrait être inhumé au cimetière de Yeniköy, dans le district de Bağlar.

Seyidxanê Boyaxcî (Seyitxan, le cireur), dont le nom civil était Seydo Şimşek, est né en 1933 dans le village de Lexerî, dans le district d’Ergani. Sa mère étant décédé alors qu’il n’avait que deux ans, et son père deux ans plus tard, il a été élevé par un oncle. Il a passé son enfance comme berger au lieu d’aller à l’école. À l’âge de 15 ans, il a déménagé dans le centre-ville d’Amed et commencé à gagner sa vie en tant que cireur de chaussures dans le quartier antique de Sur. Parallèlement à cette activité qu’il a pratiquée pendant 25 ans, il a travaillé pendant un temps pour le service de nettoyage de la ville.

Seyidxanê Boyaxcî est mort sans descendance. Ses sept enfants sont décédés peu de temps après leur naissance suite à différentes maladies. Dans une interview, il confie : “D’autres auraient été brisés par cette souffrance. J’ai eu la chance de trouver du réconfort dans mes chansons. Parce que la culture Dengbêj n’est rien d’autre qu’un grand amour.”

Pendant de nombreuses années, il a été une figure incontournable de la maison des Dengbêj, à Sur, chantant chaque jour la joie et la souffrance des Kurdes et transmettant, à travers ses chants, l’histoire kurde aux jeunes générations. Le centre culturel a été évacué par les autorités turques en 2016, lorsque les co-maires de la métropole d’Amed ont été destitués et remplacés par un administrateur d’Etat. Le bâtiment avait précédemment été endommagé lors du siège de la ville par l’armée turque. Il a rouvert ses portes en 2017.
(ROJINFO, 5 juillet 2020)

La Turquie dénonce des rassemblements "pro-PKK" à Vienne

La Turquie a convoqué lundi l'ambassadeur autrichien à Ankara pour protester contre ce qu'elle a qualifié de rassemblements "pro-PKK" à Vienne, qui a de son côté démenti que les manifestants aient été "des supporteurs de groupes terroristes".

"Les rassemblements qui ont été organisés par l'organisation terroriste PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ces derniers jours à Vienne trahissent l'absence de sérieux dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il a affirmé que l'ambassadeur d'Autriche à Ankara avait été convoqué au ministère pour qu'Ankara lui fasse part de sa "préoccupation de ce que des groupes pro-PKK aient été autorisés à organiser des rassemblements et ce pendant quatre jours consécutifs", a ajoute le ministère.

Le PKK, qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, est qualifié de groupe "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le ministère turc a en outre accusé dans son communiqué les forces de l'ordre autrichiennes d'être intervenues "sévèrement" contre des jeunes d'origine turque et d'avoir "endommagé" des commerces turcs.

A Vienne, le ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg a démenti les accusations d'Ankara selon lesquelles les manifestants en question étaient "des supporteurs de groupes terroristes".

"Le droit de rassemblement et d'expression est un principe fondamental en Autriche", a ajouté M. Schallenberg dans un communiqué diffusé par son ministère après qu'il y a reçu l'ambassadeur de Turquie dans la capitale autrichienne Ozan Ceyhun.

Selon la presse autrichienne, la police est intervenue la semaine dernière pour empêcher des affrontement entre des manifestants pro-Kurdes et des nationalistes turcs dans un quartier de Vienne à forte concentration de population d'origine turque.

Au cours de sa rencontre avec l'ambassadeur turc, le chef de la diplomatie autrichienne a exhorté Ankara à "aider à une désescalade de la situation au lieu de jeter de l'huile sur le feu", selon le communiqué du ministère.
(AFP, 29 juin 2020)

Minorités / Minorities

Turkish political parties condemn Armenia, HDP refuses to join them


The ruling Justice and Development Party (AKP), the main opposition Republican People’s Party (CHP), the far-right Nationalist Movement Party (MHP) and the opposition right-wing Good Party have released a joint statement condemning the Republic of Armenia following skirmishes between troops on the Armenia-Azerbaijan border that resulted in the deaths of at least 11 Azerbaijani soldiers.

“We fiercely condemn the attack carried out by Armenia’s armed forces against the Tovuz region of Azerbaijan. Armenia is on the wrong path. These attacks constitute a new example of Armenia’s hostile stance, which, for years, has occupied the Azerbaijani territory of Upper Karabakh as well as its surrounding regions. The [attacks] are the greatest obstacle to permanent peace and stability in the South Caucasus, ” the joint statement read.

The pro-Kurdish People’s Democratic Party (HDP) declined to sign the join statement, saying that peace and diplomacy must remain the primary methods in solving conflicts.

“In order to ensure peace and end the wars and conflicts that have been ongoing in the Caucasus since the end of the Cold War, all neighboring countries including Turkey should promote dialogue and negotiation,” the HDP said.

Turkey closed its borders with Armenia after the latter fought against Azerbaijan to seize the enclave of Nagorno-Karabakh in 1991 following the collapse of the Soviet Union. Since then, deadly clashes at the border between the two sides have occurred repeatedly. (Duvar, July 17 2020)

Affrontements Azerbaïdjan-Arménie: la Turquie apporte son soutien à Bakou

Le chef de la diplomatie turque a affirmé lundi que son pays apporterait "tout son soutien" à l'Azerbaïdjan pour protéger son intégrité territoriale, après des affrontements frontaliers avec l'Arménie.

"Nous apporterons tout notre soutien pour protéger l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan", a déclaré le ministre, Mevlut Cavusoglu, à la chaîne publique TRT.

"Ce que l'Arménie a fait est inacceptable. L'Azerbaïdjan n'est pas seul", a-t-il ajouté.

L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont mutuellement accusés dimanche d'avoir déclenché une attaque militaire à leur frontière, des affrontements qui ont fait selon Bakou deux morts et cinq blessés au sein des forces azerbaïdjanaises.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont en conflit depuis près de 30 ans pour le contrôle de la région séparatiste du Nagorny-Karabakh. Cependant, les affrontements de dimanche entre ces deux pays du Caucase ont eu lieu loin de cette région disputée.

Ils sont survenus après des déclarations mardi du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, qui avait menacé de se retirer de négociations avec Erevan et de recourir aux armes.

Une guerre ouverte entre les deux pays pourrait gagner tout le Caucase et impliquer la Russie alliée militaire de l'Arménie et la Turquie soutien de Bakou, en compétition pour exercer leur influence géopolitique dans cette région stratégique.
(AFP, 13 juillet 2020)

Turkey's 'last Armenian village' displays heritage that survived genocide

Vakifli, a village in Hatay, the small wedge of Turkey sandwiched between the Mediterranean and the border with Syria, has the melancholy honour of being known as the country’s “last Armenian village”.

These days, it is home to just 100 people, but Vakifli’s orange groves and traditional stone houses are rich with history. Every summer, thousands of visitors in search of a connection to their Armenian past descend on the tiny village to visit its church, buy locally made jams and soap, and listen to the West Armenian dialect.

Lora Baytar, a journalist and art historian, decided a long time ago she wanted to create a dedicated exhibition space to celebrate the local Armenian culture. After five years of work, Vakifliköy Museum – the first such undertaking in Turkey – has just opened its doors.

“Visitors to Vakifli just come for the day, they take a picture of the church, and they leave again,” she said. “I wanted to give people the opportunity to really understand and preserve our heritage.”

Turkey’s reckoning with the past is long overdue: the government still refuses to recognise the events of 1915, in which up to 1.5 million Armenians were killed, as a genocide.

Vakifli’s community is descended from Armenians who successfully resisted the Ottoman army’s attacks. The area’s 4,200 residents retreated to the nearby Mount Musa, holding out for 53 days before being rescued and evacuated by allied warships to Port Said in Egypt. When the first world war ended, they returned home.

Baytar and her husband, Cem Çapar, are part of Vakifli’s church foundation, which maintains the village buildings, but the couple realised they’d need outside help and a much bigger budget for the museum.

A first application for funding in 2015, made with the help of the Hrant Dink Foundation, didn’t lead anywhere, but a second attempt in 2018, with support from the nearby Hatay Archaeology Museum and the Armenian Patriarchate in Istanbul, successfully won a government grant.

Vakifli’s residents then recorded oral history interviews and donated objects including clothes, traditional lacework, jewellery and photographs to create what Baytar calls a “story-driven” experience for visitors to the space in the existing cultural centre.

Sections focus on religious traditions, cultural celebrations such as harisa, the summer grape festival, the impact of migration on the Armenian community and unique local architectural and agricultural practices.

Baytar is particularly fond of a donation box from the now-destroyed Armenian church in Mersin, and a wedding dress and songbook from the 1920s owned by local figures.

The Covid-19 crisis has delayed the official opening until the end of the year, or possibly next summer, but Baytar and Çapar are keen to welcome visitors before that.

“Vakifliköy Museum shows the visitor how villagers speak, our beliefs, how we celebrate holidays, what we eat, how we succeed in agriculture and architecture, marriage traditions, music, photos, human and migration stories,” Baytar said.

“When people come now they won’t just leave with one photograph. Their memories will be filled the same way ours are.”
(The Guardian, Bethan McKernan , 11 Jul 2020)

Des « regrets » bien timorés, à l’image des « condoléances » d’Erdogan

A l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du #Congo, le roi Philippe de #Belgique aurait présenté – selon de nombreux observateurs - ses excuses à l’ancienne colonie belge. Non seulement le mot « excuses » n’est jamais mentionné dans la lettre que le monarque adresse au Président de la République démocratique du Congo, mais le contenu de la missive – qui insiste sur la « longue histoire commune » des deux pays - semble bien timoré.

Tout au plus le souverain belge indique-t-il que « A l’époque de l'État indépendant du Congo [sur lequel son arrière-arrière-grand-père, le roi Léopold II exerça une souveraineté à titre personnel de 1885 à 1908], des actes de violence et de cruauté ont été commis ».

Voilà la cause de ses « profonds regrets » qui sont exprimés en des termes bien cadrés.

La lettre reste d’ailleurs évasive : qui sont les coupables, combien de victimes, de quel type étaient les « épisodes douloureux » mentionnés ? Mystère. Dès 1919, les faits étaient pourtant bien documentés : une commission officielle du gouvernement belge avait estimé que la population du territoire du Congo avait été réduite de moitié. Si les estimations des pertes varient très fortement selon les sources, la réalité historique du drame vécu par la population sur l'ensemble du territoire de l'État indépendant du Congo, reste certaine comme le notait l'historien belge AJ. Wauters en 1911.

En tant que descendants des rescapés du #génocidearménien perpétré en #Turquie en 1915, nous percevons une similitude frappante entre la phraséologie floue de cette lettre du souverain belge et celle des lettres de « condoléances » qu’#Erdogan adresse régulièrement depuis 2014 « aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915 ».

Notre ami #OsmanKavala, homme d'affaires et mécène turc (emprisonné sans raison depuis 973 jours) notait en 2014 que, dans le discours de M. Erdogan, « les Arméniens ont perdu la vie, mais on ne sait pas comment ils l'ont perdue et qui la leur a prise ». Tout est dit.
(Collectif VAN, 30 juin 2020)

Why 'autonomous agency' against Armenian Genocide recognition?

According to a report by daily Hürriyet, President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan ordered the set-up of an "autonomous and civilian" agency to develop strategies against the recognition of Armenian Genocide.

The idea was proposed to Erdoğan at a meeting of the Presidency' High Advisory Council, the newspaper reported on June 23.

We have spoken about the issue with Garo Paylan, an Armenian MP from the Peoples' Democratic Party (HDP), and Prof. Taner Akçam, a historian and sociologist.

Akçam noted that Turkey's theses of denial does not have any validity in either the academic or the political world. MP Paylan said it was former Justice Minister Cemil Çiçek who came up with the idea, recalling that he had said, "We are stabbed in the back," after a conference on the genocide at Bilgi University in 2006, which was also attended by Hrant Dink, a journalist who was later assassinated.

Paylan: Çiçek had said, "They stabbed us in the back"

When we asked Paylan whether he had information on the accuracy of Hürriyet's report, he said it was not denied.

"There is information that Cemil Çiçek made a presentation at the High Advisory Council meeting and the President gave an order after this presentation.

"Actually, I also expected this to be denied but we can assume that it's true since there is no denial.

"And there is the name of Cemil Çiçek. As you might remember, then Justice Minister Çemil Çiçek used an expression like, 'They are stabbing us in the back,' about the Armenian conference that was held at Bilgi University and was also attended by Hrant Dink and he targeted this conference.

"That was actually a significant statement that paved the way for Hrant Dink's murder.

"And apparently there is an idea that came from Cemil Çiçek again and the President supported it."
"No surprises"

The idea of denial has "continuity in the state," Paylan said: "There is no idea that surprises us. After all, there is a 105-year-long policy of denial. Another institution to demonstrate that the 105-year-long policy of denial continues and is embraced will be established."

In response to our question as to whether he has information about who will join the "autonomous agency," the lawmaker said, "There won't be any surprises either. Whichever historians have worked on covering up this issue or distorting it, they will be there."

"There will be lawyers who are experienced in denial, and diplomats... You know, there are also diplomats experienced in this. They have been stating on TVs for years that Armenians were not subjected to genocide.

"But the world does not take all these historians, diplomats seriously. Because there is an obvious truth.

"The truth is that one of every five people on this land was an Armenian 105 years ago. Armenians had thousands of churches, cultural assets. These are not there today. There is no confrontation with justice regarding this absence. There is only denial."
"Why did you wish condolences?"

Also recalling a 2014 statement by Erdoğan, where he said, "We wish the Armenians who lost their lives in the conditions of the early 20th century to rest in peace, and we extend our condolences to their grandchildren."

"Why did you wish condolence? Why did you define what happened as inhuman? And why do you deny the absence of the Armenian people today? Why do you need an institution to deny this?

"However, Armenians all over the world are waiting for justice. The Erdoğan who wished condolence to the Armenian people has turned into an Erdoğan who supports Cemil Çiçek's policies of denial."
Prof. Akçam: A new Armenian opening?

Prof. Taner Akçam, a historian and sociologist who has been working at Clark University's department of history for 12 years, said that "As far as I understand, the government is preparing for 2023 and the elections by developing a comprehensive program for all the republic's basic problems within the framework of its own understanding."

"I wouldn't be wrong if I said that 'There is an Armenian opening in question'," he added.

"We don't have much information about the content and scope of this opening yet. But I think that this opening should be thought about together with the repair of the historical Silk Road bridge in Ani, Kars.

"In the report of Hürriyet newspaper, some factors about why such an opening is necessary are already underlined. Among them, the decisions of the American Senate and Congress come first.

"These decisions are binding in terms of US domestic law and this situation can potentially put serious obstacles in front of Turkey."

Akçam also noted that a similar committee affiliated with the National Security Council (MGK) has become void after Turkey switched to a presidential system and a new organization is needed to replace that.
Being psychologically trapped

"I would like to add a few more elements to these two factors:

"I think the most important one is the matter of 'being psychologically trapped'.

"The denialist theses of Turkish governments don't have much validity anymore in either the academic or the political world.

"No one buys and takes seriously the memorized theses of denial, which can be summed up as, 'Nothing happened, even if somthing happened, the Armenians were at fault anyway'."

Another indicator of the state of "being psychologically trapped" is that the Islamic countries' recent moves to recognize the genocide, according to Akçam.

However, he said, the government's steps wouldn't yield any results without a "change of mentality."

"If the money that has been spilled for decades for the denial of genocide had been saved somewhere, very serious steps could have been taken towards the solution of the issue."
(BIA, 29 June 2020)

Politique intérieure/Interior Politics

Main opposition CHP reelects chair for seventh time

Turkey's main opposition Republican People's Party (CHP) reelected Kemal Kılıçdaroğlu as the chairperson on Saturday.

Kılıçdaroğlu garnered 1,251 votes out of 1,318 during the 37th regular congress of the party. He assumed the post for the seventh term.

During his speech at the congress, Kılıçdaroğlu listes Turkey's five biggest problems as democracy, economy, political independence and foreign policy, education and social peace. Their first target is to write new constitution and they will swith from the presidential system to an "empowered parliamentary system" when they come to power, he said.

The two-day congress was held on the weekend at Bilkent University's Odeon exhibition center in the capital Ankara.

On the first day of the congress, the delegates elected the party chairperson. They voted to elect 60 members of the party's assembly on Sunday.

During the congress, Özlem Çerçioğlu, the mayor of the metropolitan municipality in the western Aydin province, was elected the council chairperson of the party.

Kılıçdaroğlu has been serving as the chairperson of CHP since 2010. He took the office at the 33rd regular congress, held after the resignation of Deniz Baykal, a former chairperson.   (BIA, 27 July 2020)


Erdogan ferme l'université d'un ex-allié devenu opposant

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fermé mardi par décret une université cofondée par l'un de ses ex-Premiers ministres par la suite devenu opposant, Ahmet Davutoglu, qui a dénoncé une "vengeance politique".

"Il a été décidé de retirer les autorisations d'exercer à l'Université Sehir", stipule ce décret signé par M. Erdogan et publié dans la nuit de lundi à mardi.

Fondée en 2008, l'Université Sehir était devenue un établissement prisé de la nouvelle élite conservatrice.

MM. Erdogan et Davutoglu l'avaient formellement inaugurée ensemble en 2010, lorsque le premier était chef du gouvernement et le second ministre des Affaires étrangères.

M. Davutoglu est ensuite devenu Premier ministre en 2014, lorsque M. Erdogan a été élu président. En 2016, il a été brutalement écarté sur fond de bras de fer avec le chef de l'Etat.

De plus en plus critique, M. Davutoglu a lancé l'an dernier sa propre formation politique, le Parti de l'avenir, dans l'espoir de concurrencer M. Erdogan.

C'est dans ce contexte que l'Université Sehir s'est retrouvée au coeur de la lutte entre les deux anciens alliés.

En décembre, les activités de l'Université Sehir ont été temporairement suspendues et transférées à un autre établissement, officiellement en raison de ses difficultés financières.

En janvier, la fondation dirigeant l'université, dont M. Davutoglu était membre, a été saisie par l'Etat et confiée à des administrateurs nommés par le gouvernement.

Réagissant à la fermeture de l'établissement, M. Davutoglu a dénoncé une "vengeance politique" de M. Erdogan qui aura des conséquences pour des milliers d'étudiants.

"C'est un coup porté à l'une des meilleures universités de Turquie, ou plus précisément à l'avenir de la Turquie, aux rêves des jeunes et au système éducatif dans son ensemble", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
(AFP, 30 juin 2020)

Forces armées/Armed Forces

Erdogan: La Turquie restera en Syrie "jusqu'à ce que le peuple soit libre"

La Turquie maintiendra une présence militaire dans le nord de la Syrie "jusqu'à ce que le peuple soit libre", a déclaré mardi le président Recep Tayyip Erdogan, critiquant les "soi-disant" élections qui s'y sont récemment déroulées.

"Nous continuerons de rester dans ce pays jusqu'à ce que le peuple syrien, notre voisin et frère, retrouve la liberté, la paix et la sécurité", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

La Turquie a mené depuis 2016 trois incursions militaires dans le nord de la Syrie pour combattre le groupe Etat islamique (EI) et la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Dans le nord de ce pays déchiré depuis 2011 par une guerre civile, Ankara appuie militairement des groupes rebelles opposés au président syrien Bachar al-Assad.

Ces zones sont soumises à l'influence d'Ankara en raison de sa présence militaire, mais aussi et surtout à cause de leur dépendance économique envers la Turquie.

Les autorités de la province d'Idleb, ultime grand bastion jihadiste et rebelle, ont ainsi commencé le mois dernier à remplacer la livre syrienne, en chute libre, par la monnaie turque dans les transactions courantes.

Dans son discours mardi, M. Erdogan a aussi vivement décrié les "soi-disant" élections législatives organisées dimanche en Syrie, un scrutin qualifié lundi de "truqué" par Washington.

"C'est quoi, ces élections ? Où sont les pays qui se disent démocratiquement avancés ? A l'ONU, personne ne dit: +Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?+ Les gens votent les mains liées", a lancé le président turc.

M. Erdogan a aussi affirmé que la Turquie "suivait de près" la situation en Libye, où Ankara soutient le gouvernement de Tripoli face aux forces du maréchal Khalifa Haftar, appuyées notamment par l'Egypte, la Russie et les Emirats arabes unis.

Signe des fortes tensions, le Parlement égyptien a approuvé lundi une possible intervention armée en Libye si les forces du gouvernement de Tripoli, appuyées par Ankara, continuent leur avancée vers l'est du pays.

"Que personne ne prenne ses désirs pour des réalités, nous ne le permettrons pas", a déclaré M. Erdogan, sans toutefois mentionner explicitement l'Egypte.
(AFP, 21 juillet 2020)

Sept personnels de sécurité tués dans un accident d'avion

Sept membres des services de sécurité turcs sont morts dans un accident d'avion dans l'Est de la Turquie, a rapporté jeudi l'agence de presse officielle Anadolu.

L'"avion de reconnaissance" a chuté dans la province de Van, a indiqué Anadolu, citant le ministre de l'Intérieur.

Le gouverneur de la province a rendu hommage sur Twitter aux sept "héros" et adressé ses condoléances à leurs familles. Une enquête du gouvernement est en cours, a-t-il ajouté.

Deux pilotes turcs étaient morts en 2018 lorsqu'un avion militaire s'était écrasé lors d'un exercice dans la province d'Izmir (ouest).

La province montagneuse et isolée de Van, à la frontière avec l'Iran, a été frappée en février par deux avalanches qui avaient fait 41 morts.
(AFP, 16 juillet 2020)

Le ministre turc de la Défense et son chef d'état-major à Tripoli

Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar et le chef d'état-major turc Yasar Guler se sont rendus vendredi à Tripoli pour évoquer la coopération militaire avec le Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, dont Ankara est le principal allié, selon le GNA.

"Les pourparlers qui se sont déroulés en présence des délégations militaires de haut niveau des deux pays, ont porté sur (...) les volets de la coopération militaire et sécuritaire", a indiqué un communiqué du GNA.

Cette coopération s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du mémorandum d'accord militaire et de sécurité, signé en novembre 2019 par Tripoli et Ankara, a précisé le communiqué.

"L'appui turc au gouvernement légitime en Libye (le GNA, NDLR) se poursuit dans les domaines de coopération militaire et sécuritaire", a affirmé le vice-ministre libyen de la Défense du GNA, Salah al-Namrouch, cité dans ce communiqué.

Les discussions ont aussi porté sur la "coordination" entre les ministères de la Défense des deux pays et "de l'ouverture de centres de formation pour construire une armée de professionnels", d'après la même source.

La visite des deux hauts responsables turcs fait suite à celle, le 17 juin, du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, venu accompagné du ministre des Finances Berat Albayrak et du chef des Services de renseignement Hakan Fidan, pour rencontrer Fayez al-Sarraj, chef du GNA.

Reconnu par l'ONU et siégeant à Tripoli, le GNA a l'appui de la Turquie contre les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, qui a lancé en avril 2019 une offensive pour prendre le contrôle de la capitale.

Grâce à l'accord conclu avec Ankara, les forces du GNA ont vu leurs capacités militaires renforcées. Avec ce soutien militaire turc accru, le GNA a mis en échec ces dernières semaines l'offensive du maréchal Haftar et a chassé ses partisans de tout le nord-ouest de la Libye.
(AFP, 3 juillet 2020)

Un soldat turc tué lors d'affrontements en Irak

Un soldat turc est mort dimanche dans le nord de l'Irak lors d'affrontements avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), a indiqué le ministère turc de la Défense dans un communiqué.

Le soldat "est tombé en martyr lors d'accrochages avec des terroristes dans le cadre de l'opération +Griffes du tigre+", selon le communiqué, qui ne précise pas où les affrontements se sont déroulés.

Le 17 juin, après de premiers raids aériens, la Turquie, voisine de l'Irak, a lancé l'opération "Griffes du tigre" contre les combattants du PKK, qui dispose de bases et camps d'entraînement dans le nord kurde et montagneux de l'Irak.

En dépit des protestations des autorités irakiennes, la Turquie continue à lutter contre un groupe qu'elle considère comme "terroriste", comme les Etats-Unis et l'Union européenne.

Au moins cinq civils ont déjà péri dans ces opérations au Kurdistan d'Irak, tandis qu'Ankara avait déjà annoncé la mort de deux de ses soldats et le PKK d'un de ses combattants.

Le PKK livre une guérilla séparatiste sur le sol turc depuis 1984. Le conflit entre l'Etat turc et les combattants kurdes a fait plus de 40.000 morts, dont de nombreux civils, depuis son déclenchement.
(AFP, 29 juin 2020)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Criminal complaint against President of Religious Affairs

İYİ Party İzmir MP and Chair of National Security Policies Aytun Çıray has filed a criminal complaint against President of Religious Affairs Ali Erbaş over the remarks that he uttered in his Friday sermony at the first Friday prayer held at Hagia Sophia in İstanbul on July 24.

In his sermon, Ali Erbaş said, "Sultan Mehmed II devoted this magnificent sanctuary on the condition that it remain remain a mosque till the doomsday, entrusting it to the believers. In our faith, the property of a foundation is untouchable. It burns who touches it. The condition of the one who devoted is unalienable; who tramples upon it is damned."

As Mustafa Kemal Atatürk, the founder and the first President of the Republic of Turkey, is the person who had his signature under the Council of Ministers decree that converted Hagia Sophia from a mosque into a museum in 1934, it is argued that the above remarks of Erbaş targeted Atatürk.

As the 10th Chamber of the Council of State annulled the decree converting Hagia Sophia into a museum, it has been opened to worship as a mosque.

In his petition to the prosecutor's office, İYİ Party's Aytun Çıtay has indicated that President of Religious Affairs Erbaş violated the Constitution as well as the Article 5816 of the Law on Crimes Committed against Atatürk.

Hagia Sophia was used as a church for 916 years. In 1453, it was converted into a mosque by Ottoman Sultan Mehmed II when the empire took over İstanbul. Under the Republic of Turkey, it became a museum.    (BIA, 27 July 2020)

Erdogan plans to convert Europe to Radical Islam

Europe is historically a group of Christian nations, now banded together as an economic unit known as the European Union (EU). Turkey is a Muslim nation, on the edge of Europe, with a long stated goal of entering the EU, but consistently denied on the basis of religion.

Turkey’s President Erdogan decided to benefit by the crisis in Syria, by using migrants flooding into Europe as a method to change the demographics to Turkey’s favor.

Turkey has been sending boat loads of asylum seekers and economic migrants from Syria, and other Muslim countries, such as Iraq and Afghanistan.  Promises of benefits are inferred, but not stated by the Europeans.

Turkey did not empty their Syrian refugee camps, as they profit by the donations and international pledges for the upkeep of the refugees.  Systematically, the money which comes pouring in for the refugees is only partially spent on the refugees.  The Turkish authorities from the highest office holder, to the lowest guard on duty at the camps, are benefiting financially from the refugees.   They encouraged  persons, inside Syria and elsewhere, to go on the boats to Greece.  

The migrants did not travel free of charge.  Each person taking a boat ride paid between one to three thousand Euros to make the short crossing in inflatable rafts.  Many of the migrants came from safe and peaceful areas, such as the Syrian coast, which had never had battles, or airstrikes.   Those persons did not leave death and destruction behind them, but sold homes, cars and furniture to pay for their new life in Germany, at the expense of the German taxpaying citizen.  The people in the camps, who could have benefited the most out of a new European life and welfare benefits, could not sail away, because they had no money to pay for the voyage.

Migrants followed migrants, like sheep running over a cliff, encouraged by jealousy, envy and greed.  They wondered why they should stay in Syria when their neighbors were getting free benefits in Germany.  Certainly, there were refugees who had suffered greatly in Syria and elsewhere and did, and still do, deserve help in starting a new life, in a safe place.

The Turkish people smugglers, “Boat-Men”, have worked and profited freely.  The Turkish police, intelligence services, security forces, Coast Guard, and Military have all been trained, well paid,  and on duty in large numbers.  Yet, the “Boat-Men” have gone on operating without fear of obstruction.  The “Boat-Men” pay a large fee to the government authorities to turn a blind eye. 

The population of Europe had been dwindling, due to a low birth rate, unlike Muslim countries, because of the culture of large families.   Erdogan’s plan was to increase dramatically the Muslim population in Europe, and eventually Turkey would be the winner, by entering the EU, as the objection due to religion could no longer be used.   

The plan would depend on the new migrants eventually becoming citizens, and future generations might be government office holders and officials.  It is estimated that over two million Muslims have entered Europe in 2015.  This huge influx will have drastic consequences inside Europe and globally.   

The Saint Sophia Cathedral in Istanbul has been a tourist attraction for over half a century.  The Christian Cathedral was converted to a Mosque after the Islamic conquest of Constantinople, the capital of the Byzantine Empire, by the central Asian hordes which became the Ottoman Empire.  In 1934 the Turkish government designated Haji Sophia as a museum, which later became a UNESCO world heritage site.

Recently, President Erdogan officially re-converted the museum to a Mosque, and last Friday was the first Friday sermon and public prayer there.  The Mufti of Turkey held the sword of Sultan Mohammed al-Fatah, who was a brutal leader of the Ottoman era which lasted 400 years. This marked the first Islamic prayer done there in 86 years.

International condemnation or dismay was voiced at the decision, including the UN, the US, the Vatican, Egypt, Spain, Greece and the domestic Turkish opposition to the Erdogan administration.  

Political analysts have commented that this newest move is one more step in the Erdogan plan to re-establish a new Ottoman Empire, which is built upon Radical Islam as a core value, and the move away from modern Turkish secular values which were the foundation of the Attaturk ideology. Erdogan’s AKP party is based on the Muslim Brotherhood ideology, which is Radical Islam, and is not a religion, nor a sect.

In response to this edict by Erdogan, Syria announced plans to construct a new cathedral in the Christian village of Squelbia, in the Hama province, and it will be named Saint Sophia Cathedral, in honor of the shrine in Istanbul.  Syria was the birthplace of Christianity and continues to have large Christian communities throughout the country, though many have left due to persecution by the Radical Islamic terrorists who were supported by Turkey.
  (Mideast discourse, Steven Sahiounie, July 27, 2020)

La deuxième conquête d'Istanbul par l'Islamiste Erdogan



La cérémonie de conversion de la basilique Sainte-Sophie en mosquée aujourd’hui à Istanbul a démontré d’une façon indéniable l'avancement du pouvoir de Recep Tayip Erdogan vers l’établissement d’un régime islamo-fasciste en Turquie.

Plusieurs milliers de musulmans ont participé vendredi à la cérémonie lors de laquelle le président de la République "laïque" Recep Tayyip Erdogan, qui portait pour l'occasion une calotte islamique, a récité un passage du Coran.

Puis les quatre minarets de Sainte-Sophie ont émis l'appel à la prière signalant le début du rite.

Un autre événement alarmant de la journée était le show guerrier du chef de l'Autorité religieuse (Diyanet) Ali Erbas qui, pendant son prêche, tenait un cimeterre symbolisant la conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453.

Il s'agit de la première prière collective organisée depuis 86 ans à Sainte-Sophie, œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle qui a successivement été une basilique byzantine, une mosquée ottomane et un musée.

Malgré l'épidémie de nouveau coronavirus, des foules compactes se sont formées dans la matinée autour de Sainte-Sophie, plusieurs fidèles ont même passé la nuit sur place.

Le 10 juillet, Erdogan avait décidé de rendre l'édifice au culte musulman après une décision de justice révoquant son statut de musée obtenu en 1934.

Le sort des mosaïques byzantines qui se trouvent à l'intérieur de Sainte-Sophie préoccupe particulièrement les historiens.

L'Autorité des affaires religieuse (Diyanet) a affirmé qu'elles seraient dissimulées par des rideaux uniquement pendant les prières, l'islam interdisant les représentations figuratives, et resteraient visibles le reste du temps.

Pour nombre d'observateurs, la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée vise à galvaniser la base électorale conservatrice et nationaliste d'Erdogan, dans un contexte de difficultés économiques aggravées par la pandémie.

En prenant cette décision, le chef de l'Etat, souvent accusé de dérive islamiste, s'attaque aussi à l'héritage du fondateur de la République, Mustafa Kemal, qui avait transformé Sainte-Sophie en musée pour en faire l'emblème d'une Turquie laïque.

Comme un symbole, Erdogan a choisi pour la première prière le jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne et que le président, nostalgique de l'Empire ottoman, appelle souvent à réviser.

La conversion de Sainte-Sophie en mosquée a suscité la colère de plusieurs pays, notamment la Grèce qui suit de près le devenir du patrimoine byzantin en Turquie. Le pape François s'est aussi dit "très affligé" par cette reconversion.

La prière de vendredi intervient par ailleurs dans un contexte de fortes tensions entre Ankara et Athènes, liées notamment aux explorations turques d'hydrocarbures en Méditerranée orientale.

La Grèce a vivement dénoncé la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée, y voyant une "provocation envers le monde civilisé".

"Pour nous, Grecs orthodoxes, Sainte-Sophie est aujourd'hui plus que jamais dans nos esprits. Là-bas bat notre cœur", a déclaré vendredi devant la presse le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Les églises orthodoxes à travers la Grèce étaient "en deuil" vendredi au moment où des milliers de musulmans participaient à la première prière en l'ex-basilique Sainte-Sophie.

A travers toute la Grèce, les cloches des églises devaient sonner en début d'après-midi, leurs drapeaux en berne pour protester contre ce que l'archevêque Iéronymos, chef de l'Eglise de Grèce, a qualifié d'"acte impie souillant" l'ancienne basilique de l'empire byzantin.

Mosquée Sainte-Sophie: «Le point d’aboutissement du nationalisme turc»

Le Soir, Anne Andlauer, 23 juillet 2020

Le 29 mai 1453, jour de la prise de Constantinople, le sultan Mehmet II traverse la ville à cheval jusqu’à Sainte-Sophie, où il fait prononcer la prière musulmane. Cet acte fondateur convertit en mosquée la vieille basilique byzantine. A 21 ans, le « Conquérant » accomplit le rêve de sa dynastie. Il assoit son prestige et renforce son règne, qui durera encore 28 ans.

A quoi pense Recep Tayyip Erdogan, 567 ans plus tard, alors qu’il entre dans l’histoire de la République de Turquie comme le dirigeant qui a rendu Sainte-Sophie à l’islam ? Lui qui, après 18 ans de pouvoir, s’est réjoui d’avoir exaucé son « plus grand rêve de jeunesse » ?
Islamo-nationalisme

Les grincheux sont prévenus. Dénoncer cette décision – ils sont peu nombreux, en Turquie, à l’avoir fait ouvertement – c’est « avoir honte de la conquête d’Istanbul », un « sentiment qui ne devrait pas exister chez quiconque se dit turc et musulman », assénait-il le 14 juillet.

L’islamo-nationalisme, ou le national-islamisme : tel est, depuis quelques années, le cheval de bataille de Recep Tayyip Erdogan, dont on oublie souvent qu’il ne préside plus seul aux destinées de son pays. Pour faire voter ses lois, il dépend du soutien d’un parti d’extrême droite, le Parti d’action nationaliste (MHP). Les paroles de son chef, Devlet Bahçeli, donnent le ton de la politique intérieure et étrangère turque presque autant que celles du président.

Dans le discours officiel, Sainte-Sophie n’est donc pas seulement célébrée comme un édifice musulman, mais aussi comme un bien acquis, fondamentalement turc, marqueur de souveraineté. Sainte-Sophie sert à exalter cet islamo-nationalisme dont Tayyip Erdogan n’est pas, tant s’en faut, l’inventeur.

« Erdogan ne personnifie pas une rupture », insiste Etienne Copeaux, historien spécialiste de la Turquie. « Il est le produit d’une longue évolution qui a, dès le début, définit la nation turque comme musulmane. La transformation de Sainte-Sophie en mosquée est le point d’aboutissement du nationalisme turc. »
Nation et souveraineté

Certes, « jusqu’à Erdogan, les instances étatiques ne le formulaient pas ainsi », concède l’historien. « Je compare ça à une plante qui aurait grandi souterrainement pendant un siècle et arriverait au grand jour, sans complexe, avec Erdogan, en bénéficiant d’une longue durée puisque son pouvoir est celui qui a duré le plus longtemps dans l’histoire de la République. »

Autrement dit, vu de Turquie, le débat sur Sainte-Sophie s’articule moins autour des concepts d’islam et de laïcité qu’autour des notions de nation et de souveraineté. Ou plutôt, autour de l’instrumentalisation de ces notions par le pouvoir à des fins électorales.

« On pourrait penser qu’Erdogan a rouvert Sainte-Sophie aux prières parce qu’il a jugé qu’il était assez puissant sur la scène nationale et internationale pour le faire », commentait récemment le journaliste Rusen Çakir, l’un des meilleurs connaisseurs de l’islam politique turc. « En réalité, c’est l’inverse. Erdogan agit ainsi précisément parce qu’il est faible. »

Aux sondages qui attestent l’effritement de son électorat, notamment le rejet des jeunes et le désamour d’une partie de la classe moyenne conservatrice, sont venus s’ajouter des signaux d’alerte concrets : la perte des grandes villes, dont Istanbul et Ankara, aux municipales de 2019, la crise économique aggravée par l’épidémie et l’émergence, ces derniers mois, de deux partis nés d’une scission de sa formation, l’AKP.
Les priorités d’Erdogan

Consolider sa base, à défaut de séduire de nouveaux électeurs : c’est la priorité du chef de l’Etat d’ici aux prochaines élections, programmées pour l’instant en 2023. Tous les moyens sont bons pour étouffer l’opposition et exalter l’identité nationale que le pouvoir entend incarner.

En même temps qu’il resserre l’étau sur la société turque, Recep Tayyip Erdogan multiplie les passages en force sur la scène internationale. Achat d’un système de défense antiaérienne russe, interventions militaires en Syrie et en Libye, forages gaziers et pétroliers en Méditerranée orientale… Partout où il le peut, le dirigeant s’efforce d’imposer « l’intérêt national turc » à des Européens trop divisés pour réagir et aux Etats-Unis qui, pour l’heure, le ménagent.

Le contraste est frappant avec l’époque des premiers mandats de Recep Tayyip Erdogan, pendant lesquels la Turquie – en quête d’influence régionale – accordait la priorité aux initiatives diplomatiques. « Aujourd’hui, même si elle continue d’exploiter son soft power en prétendant à un rôle de leader du monde musulman sunnite, on voit clairement que la Turquie s’appuie de plus en plus sur la force militaire pour défendre ses intérêts », constate Soli Özel, professeur de relations internationales à l’université Kadir Has d’Istanbul.

Les chiffres le confirment. Le budget du ministère turc de la Défense a augmenté de 16 % cette année (un record après celui du ministère de la Santé), quand celui des Affaires étrangères baissait. Quant à l’autorité des Affaires religieuses, dont dépend désormais Sainte-Sophie, son budget a bondi de 335 % en dix ans.


Le pape François "très affligé" par la conversion de Sainte-Sophie en mosquée

Le pape François a joint sa voix dimanche au choeur des critiques de la conversion en mosquée de l'ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul, se disant "très affligé" par cette décision de la Turquie.

De Washington à Paris en passant par l'Unesco et surtout des pays orthodoxes comme la Russie et la Grèce, les critiques fusent contre la décision annoncée vendredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Ma pensée va à Istanbul, je pense à Sainte-Sophie. Je suis très affligé", a dit brièvement le pape argentin à l'issue de la prière de l'Angélus, sortant du discours prévu.

Les paroles du pape représentent la première prise de position officielle du Vatican et de l'Eglise catholique après la décision turque.

L'Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, avait raconté la veille de manière factuelle les événements, citant les principales réactions internationales sans commenter mais faisant la part belles aux critiques, dans un article intitulé: "Sainte-Sophie, de musée à mosquée".

OEuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l'Unesco et l'une des principales attractions touristiques d'Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de "l'offrir à l'humanité".

Vendredi, après la révocation par le Conseil d'Etat --plus haut tribunal administratif turc-- du statut de musée de l'ex-basilique, M. Erdogan, issu d'un parti islamo-conservateur, a annoncé qu'elle serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet. Il a rejeté en bloc le lendemain les condamnations internationales, arguant que cela relevait des "droits souverains" de son pays.

- Chef-d'oeuvre architectural -

La directrice de l'organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), Audrey Azoulay, a déploré cette décision "prise sans dialogue préalable" concernant "un chef d'oeuvre architectural et un témoignage unique de la rencontre de l'Europe et de l'Asie au cours des siècles".

Le gouvernement grec a condamné "avec la plus grande fermeté" la décision turque, la ministre de la Culture Lina Mendoni la qualifiant de "provocation envers le monde civilisé".

Outre "son impact dans les relations gréco-turques, ce choix "affecte les relations d'Ankara avec l'Union européenne, l'Unesco et la communauté mondiale", a fustigé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Du côté des chrétiens orthodoxes, le patriarche Bartholomée de Constantinople a averti le mois dernier que la transformation de Sainte-Sophie en mosquée pourrait "tourner des millions de chrétiens dans le monde contre l'islam".

"Nous constatons que l'inquiétude des millions de chrétiens n'a pas été entendue", a renchéri le porte-parole de l'Eglise orthodoxe russe Vladimir Legoïda.
 
Le patriarche russe Kirill avait dénoncé dès lundi dernier "toute tentative d'humilier ou de piétiner l'héritage spirituel millénaire de l'Eglise de Constantinople" dont la Russie se considère comme la principale héritière avec la Grèce. Le Kremlin avait pour sa part relevé que Sainte-Sophie avait "une valeur sacrée" pour les Russes, tout en jugeant que la question de la reconversion ou non du lieu relevait "des affaires intérieures de la Turquie".

Washington s'est dit "déçu" et Paris "déplore" la décision turque, tandis que le Conseil oecuménique des Eglises, qui réunit environ 350 églises chrétiennes, notamment protestantes et orthodoxes, a exprimé samedi son "chagrin et consternation".

Ces nombreuses critiques n'ont cependant pas fait bouger d'un millimètre le président turc.

"Ceux qui ne bronchent pas contre l'islamophobie dans leurs propres pays (...) attaquent la volonté de la Turquie d'user de ses droits souverains", a déclaré M. Erdogan samedi au cours d'une cérémonie en visio-conférence.

"Nous avons pris cette décision non pas par rapport à ce que les autres disent mais par rapport à nos droits, comme nous l'avons fait en Syrie, en Libye et ailleurs", a-t-il ajouté.
(AFP, 12 juillet 2020)

"Chagrin et consternation" du Conseil oecuménique des Eglises

Le Conseil oecuménique des Eglises, qui réunit environ 350 églises chrétiennes, notamment protestantes et orthodoxes, a exprimé samedi son "chagrin et consternation" après la décision des autorités turques de transformer l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul de musée en mosquée.

Le secrétaire général par intérim du Conseil, le professeur Ioan Sauca, a fait part de cette réaction dans une lettre au président turc Recep Tayyip Erdogan, publiée sur le site de l'organisation basée à Genève et qui rassemble environ 500 millions de croyants.

L'Eglise catholique n'en fait pas partie, mais collabore avec le Conseil sur certains dossiers.

Depuis 1934 - date de la transformation du temple en musée - Sainte-Sophie "a été un lieu d'ouverture, de rencontres et d'inspiration pour les gens de toutes les nations et toutes les religions", écrit M. Sauca, membre de l'Eglise orthodoxe roumaine, à M. Erdogan.

C'était là une belle preuve de "l'attachement de la Turquie à la laïcité" et de son "désir de laisser derrière elle les conflits du passé", poursuit-il.

 Il reproche à M. Erdogan d'avoir "inversé ce signe positif de l'ouverture de la Turquie pour en faire un signe d'exclusion et de division". En outre, cette décision risque d'encourager "les ambitions d'autres groupes, ailleurs, qui cherchent à modifier le statu quo et promouvoir le renouvellement de divisions entre les communautés religieuses", avertit-il.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi que l'ex-basilique byzantine de l'ancienne Constantinople serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet, tout en restant ouverte aux visiteurs.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de "l'offrir à l'humanité".

Cette décision du président Erdogan a provoqué condamnations et regrets en Grèce, France, Russie, Etats-Unis mais également à l'Unesco, qui avait classé Sainte-Sophie au patrimoine mondial.
(AFP, 12 juillet 2020)

L'ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul transformée en mosquée

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi la transformation de l'ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée, en dépit de mises en garde à l'étranger, après qu'un tribunal a révoqué le statut de musée de ce haut lieu du tourisme à Istanbul.

Le Conseil d'Etat, plus haut tribunal administratif de Turquie, a accédé à la requête de plusieurs associations en révoquant une décision gouvernementale datant de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée.

Peu après cette décision, M. Erdogan a annoncé que l'ex-Basilique byzantine de l'ancienne Constantinople, serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

"Comme toutes les autres mosquées, les portes de Sainte-Sophie resteraient ouvertes à tous, Turcs et étrangers, musulmans et non-musulmans", a-t-il ajouté dans un discours.

OEuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l'Unesco, et l'une des principales attractions touristiques d'Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de "l'offrir à l'humanité".

Le conseil d'Etat a annulé cette décision vendredi, expliquant dans ses attendus que selon les actes de propriété au nom de la Fondation Mehmet Fatih, du nom du sultan ottoman qui a conquis Constantinople, Sainte-Sophie était inscrite comme une mosquée et que cette qualification ne pouvait être modifiée.

- "Les chaînes ont été brisées" -

Plusieurs pays, notamment la Russie et la Grèce, qui suivent de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie, ainsi que les Etats-Unis et la France, ont notamment mis en garde Ankara contre la transformation de Sainte-Sophie en lieu de culte musulman, une mesure pour laquelle M. Erdogan, issu d'un parti islamo-conservateur, milite depuis des années.

Les réactions n'ont pas tardé: Athènes a condamné "avec la plus grande fermeté" la décision, Washington s'en est dit "déçu" et Paris la "déplore". La Grèce, par la voix de sa ministre de la Culture Lina Mendoni, a estimé qu'il s'agissait d'une "provocation envers le monde civilisé": "Le nationalisme dont fait preuve le président Erdogan ramène son pays six siècles en arrière".

M. Erdogan, un nostalgique de l'Empire ottoman qui cherche aujourd'hui à rallier l'électorat conservateur sur fond de crise économique due à la pandémie de nouveau coronavirus et un contexte régional difficile, s'est plusieurs fois dit favorable à une reconversion de Sainte-Sophie en mosquée.

L'an dernier, il avait qualifié sa transformation en musée de "très grosse erreur".

"Sainte-Sophie est probablement le symbole le plus visible du passé ottoman de la Turquie et Erdogan s'instrumentalise pour galvaniser sa base et toiser ses rivaux à la maison comme à l'étranger", décortique Anthony Skinner, du cabinet de consultants Verisk Maplecroft.

Depuis l'arrivée de M. Erdogan au pouvoir en 2003, les activités liées à l'islam se sont multipliées à l'intérieur de Sainte-Sophie, avec notamment des séances de lecture du Coran ou des prières collectives sur le parvis du monument.

"Je suis très ému. Le fait que Sainte-Sophie perde son statut de musée et redevienne une mosquée comble tous les musulmans", a déclaré à l'AFP Mucayit Celik, un Stambouliote rencontré devant le monument.

"C'est une décision que j'attends depuis des années. C'est une honte qu'elle ne soit pas intervenue auparavant, c'est pour cela que je suis très heureux", renchérit Umut Cagri, un autre habitant d'Istanbul.

Quelques centaines de personnes se sont rassemblés devant l'ex-basilique, où un dispositif policier renforcé a été déployé, agitant des drapeaux turcs et scandant "les chaînes ont été brisées" pour fêter la décision du Conseil d'Etat.

Masque sur le visage en raison du coronavirus, ils ont accompli la prière collective du soir.

Même si une reconversion de Sainte-Sophie en mosquée n'empêchera pas les touristes de toutes les croyances de s'y rendre --ils sont nombreux à visiter chaque jour la Mosquée bleue voisine--, modifier le statut d'un lieu aussi emblématique dans l'histoire du christianisme suscite des tensions.

L'Eglise orthodoxe russe a ainsi regretté que l'"inquiétude" de "millions de Chrétiens" n'ait pas été entendue par le tribunal turc.

La Grèce, par la voix de la ministre de la culture Lina Mendoni, a qualifié la décision du tribunal turc de "provocation envers le monde civilisé".

La directrice de l'Unesco Audrey Azoulay a indiqué dans un communiqué que l'organisation regrettait "vivement" la décision des autorités turques, "prise sans dialogue préalable".
(AFP, 11 juillet 2020)

Transformation en mosquée de Sainte-Sophie - L’Islam conquérant d'Erdogan


Par Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 11 juillet 2020

Il fut un temps où Istanbul, ce pont entre l’Europe et l’Asie, symbolisait la cohabitation des cultures et des civilisations. Ses vieux quartiers illustraient son histoire, témoignages des communautés grecque, juive et arménienne qui y vivaient, de façon significative, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, en entente avec une majorité musulmane dont la foi était une affaire personnelle.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, cet équilibre fragile a été pas à pas rompu. Flattant son électorat religieux, le leader turc a fait ériger des mosquées, telles des baïonnettes dans le ciel, jusque sur la place Taksim, haut lieu de la contestation laïque de son pouvoir. " ", avait déclaré M. Erdogan en 1997, ce qui lui avait valu une peine de dix mois de prison pour incitation à la haine. Les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes, les croyants nos soldats… L’heure de la revanche est arrivée.

Après avoir mis au pas l’armée, emprisonné des milliers d’intellectuels et de fonctionnaires accusés d’avoir adhéré au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, le président turc a annoncé, vendredi, la transformation en mosquée de l’ancienne basilique de Sainte-Sophie. Celle-ci restera ouverte aux touristes.

Mais il concrétise ainsi un vieux rêve de révoquer la décision, prise en 1934 par Atatürk, de faire de Sainte-Sophie un musée et, par là même, d’honorer la décision du sultan ottoman Mehmet II Fatih venu prier à Sainte-Sophie à la prise de Constantinople, en 1453.

L’islam d’Erdogan est un islam des conquêtes. Il agit comme un rouleau compresseur. Ses ambitions sont sans fin. En Turquie, il vise à créer un État religieux sur les cendres de l’héritage d’Atatürk.

Dans les pays voisins, il envoie son armée, en Irak, en Syrie, en Libye.

Et ce 15 juillet, date anniversaire du putsch manqué, il organise de grandes cérémonies, dont un son et lumière avec 200 drones sur le pont des Martyrs, et près de 750 événements à l’étranger. De quoi faire oublier aux Turcs les misères de la pandémie et de l’économie…

La Turquie défend le chef du Croissant-Rouge après un tweet jugé anti-LGBT

La Turquie a pris la défense du chef du Croissant-Rouge turc visé par des critiques après avoir posté le jour de la Gay Pride un tweet dans lequel il semblait assimiler les homosexuels aux pédophiles.

Dans ce tweet polémique, posté dimanche, Kerem Kinik a écrit: "nous combattrons quiconque chercherait à perturber la création saine et ceux qui présentent l'anormal comme normal (...) et ceux qui imposent leurs rêves pédophiles aux jeunes esprits sous couvert de modernité".

M. Kinik n'a pas mentionné explicitement les homosexuels et affirmé que ses propos visaient les pédophiles seulement, mais son tweet a suscité une vague de critiques, y compris de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge (IFRC) dont il est l'un des vice-présidents.

"Les vues exprimées par Kerem Kinik ne reflètent pas celles de l'IFRC. Ces mots sont à la fois faux et offensants pour nous tous", a écrit l'IFRC dans un tweet posté lundi.

Le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a pris la défense de M. Kinik, affirmant dans un communiqué publié tard lundi que "la propagande LGBT pose une grave menace à la liberté d'expression".

"L'IFRC est devenue complice des attaques visant Kerem Kinik, un docteur qui a consacré toute sa vie à la protection des enfants dans le monde. On ne nous fera pas taire", a-t-il ajouté.

En avril, le chef de l'Autorité des affaires religieuses en Turquie (Diyanet), Ali Erbas, avait créé la polémique en faisant dans un sermon un lien entre l'homosexualité et les maladies.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'avait alors vigoureusement défendu face aux critiques affirmant que "toute attaque contre lui est une attaque contre l'Etat".

La Turquie est l'un des rares pays musulmans où l'homosexualité n'est pas réprimée par la loi. En revanche, l'homophobie et la transphobie y sont répandues et les associations LGBT font régulièrement état d'agressions.

La marche des fiertés d'Istanbul, qui rassemblait autrefois plusieurs milliers de personnes, est en outre interdite depuis plusieurs années.
(AFP, 30 juin 2020)

Socio-économique / Socio-economic

Foreign trade deficit increased by 73.2 percent in the first six months

The Turkish Statistical Institute (TurkStat) released the "Foreign Trade Statistics" for June 2020 today (July 29).

According to the provisional data jointly produced by the TurkStat in cooperation with the Ministry of Trade, in June 2020, exports were 13 billion 462 million dollars with a 15.7 percent increase and imports were 16 billion 308 million dollars with a 8.3 percent increase compared with June 2019.

In January-June 2020 period, exports were 75 billion 21 million dollars with 15.1 percent decrease and imports were 98 billion 895 million dollars with 3.2 percent decrease compared with January-June 2019.
Foreign trade deficit dropped in June

In June 2020, Turkey's foreign trade deficit was 2 billion 846 million dollars with a 17.0 percent decrease compared with June 2019. Exports coverage imports was 82.6 percent while it was 77.2 percent in June 2019.
Foreign trade deficit increased in January-June 2020

According to the TurkStat, in January-June 2020 period, foreign trade deficit was 23 billion 874 million dollars with a 73.2 percent increase compared with January-June 2019. In the same period, exports coverage imports was 75.9 percent while it was 86.5 percent in January-June 2019.

In June 2020, according to economic activities, the ratios of manufacturing industries products, agriculture, forestry and fishing, mining and quarrying in total exports were 94.5 percent, 3.6 percent, 1.5 percent, respectively.

In January-June 2020, according to economic activities, the ratios of manufacturing industries products, agriculture, forestry and fishing, mining and quarrying in total exports were 94.2 percent, 3.6 percent, 1.7 percent.
The ratio of intermediate goods in total imports

In June, according to Broad Economic Categories (BEC) classification, ratios of intermediate goods, capital goods and consumption goods in total imports were 73.7 percent, 14.7 percent, 11.4 percent.

In January-June 2020 period, according to the BEC classification, the ratios of intermediate goods, capital goods and consumption goods in total imports were 75.7 percent, 13.7 percent, 10.3 percent, respectively.
The main partner for exports was Germany in June

In June 2020, the main partner country for exports was Germany with 1 billion 290 million dollars. It was followed by the United Kingdom (UK) with 1 billion 12 million dollars, the United States (US) with 790 million dollars, Iraq with 701 million dollars, and Italy with 628 million dollars. The ratio of the first five countries in total exports was 32.8 percent in June 2020.

In January-June 2020, the main partner country for exports was Germany with 7 billion 102 million dollars. It was followed by the US with 4 billion 619 million dollars, the UK with 4 billion 455 million dollars, Iraq with 4 billion 74 million dollars, Italy with 3 billion 602 million dollars. The ratio of the first five countries in total exports was 31.8 percent in January-June 2020.

The main partner for imports was China in June

In June 2020, the top country for Turkey's imports was China with 1 billion 935 million dollars. The country was followed by Germany with 1 billion 527 million dollars, Russia with 1 billion 183 million dollars, Iraq with 907 million dollars and the US with 779 million dollars. The ratio of first five countries in total imports was 38.8 percent in June 2020.

In January-June 2020, the top country for Turkey's imports was China with 10 billion 376 million dollars. It was followed by Germany with 9 billion 113 million dollars, Russia with 8 billion 731 million dollars, the US with 6 billion 61 million dollars and Italy with 3 billion 856 million dollars. The ratio of first five countries in total imports was 38.6 percent in January-June 2020.

Seasonally and calendar adjusted exports

In June 2020, seasonally and calendar adjusted exports and imports increased by 15.3 percent and 8.9 percent, respectively, compared with previous month. In June 2020, calendar adjusted exports and imports decreased by 6.4 percent and 9.3 percent compared with June 2019.

Exports of high-tech products in manufacturing

Foreign trade by technology intensity covers the manufacturing industries' products in classification of ISIC Rev.4.

According to the ISIC Rev.4, the ratio of manufacturing industries products in total exports was 94.5 percent in June 2020. The ratio of high-technology products in manufacturing industries exports was 3.2 percent.

In January-June 2020 period, the ratio of high-technology products in manufacturing industries exports was 3.5 percent.

The ratio of manufacturing industries' products in total imports was 84.8 percent. The ratio of high-technology products in manufacturing industries' imports was 12.0 percent in June.

The ratio of manufacturing industries' products in total imports was 80.0 percent in January-June 2020. The ratio of high-technology products in manufacturing industries' imports was 13.4 percent in January-June 2020.
(BIA, 29 July 2020)

Manifestations de femmes pour défendre la Convention d'Istanbul

Des femmes ont manifesté dimanche dans les villes turques pour exprimer leur attachement à la Convention d'Istanbul qui vise à mieux protéger les femmes de la violence, au moment où des responsables du parti au pouvoir ont suggéré que la Turquie pourrait se retirer de ce traité.

Des dizaines de femmes se sont rassemblées dans un parc à Ankara sous la surveillance d'une forte présence policière.

"Si cette Convention nous est retirée, toutes les femmes seront seules", a déclaré à l'AFP Cansu Ertas de la Plateforme des Femmes d'Ankara, qui a organisé la manifestation.

A Istanbul, des manifestantes ont été empêchées d'entrer dans un parc et plusieurs dizaines d'entre elles ont décidé de marcher dans les rues du district de Besiktas, selon les médias locaux et une vidéo postée en ligne.

Des inquiétudes de plus en plus fortes se manifestent en Turquie concernant le nombre croissant de femmes tuées par des hommes. Un des derniers exemples en date est le meurtre en juillet de l'étudiante Pinar Gultekin.

Le vice-président du parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir Numan Kurtulmus a récemment estimé qu'Ankara devrait se retirer de la Convention, que la Turquie a ratifiée en 2012. Ce traité adopté en 2011 par le Conseil de l'Europe (qui rassemble 47 pays) est le premier outil supranational à fixer des normes juridiquement contraignantes en vue d'empêcher la violence de nature sexiste.

Pour les militants des droits des femmes, la loi n'est pas appliquée correctement en Turquie, laissant les femmes vulnérables face aux violences infligées par leurs époux, ex-conjoints ou proches.

Selon la plateforme "Nous mettrons fin aux féminicides", 146 femmes ont été tuées par des hommes au cours du premier semestre 2020 en Turquie.

En 2019, 474 femmes ont ainsi été tuées, et 440 en 2018, selon l'association.
(AFP, 26 juillet 2020)

3 morts dans l'explosion d'un camion transportant des feux d'artifice

Au moins trois personnes ont été tuées jeudi dans le nord-ouest de la Turquie dans l'explosion d'un camion transportant des feux d'artifice depuis une usine où une détonation similaire avait fait six morts vendredi, selon les autorités.

L'explosion du camion transportant les feux d'artifice dans la province de Sakarya a également fait six blessés, a indiqué le ministère de l'Intérieur, précisant que toutes les victimes étaient des personnels de la gendarmerie locale.

Le véhicule sinistré acheminait les produits pyrotechniques vers un site où ils devaient être détruits au moyen d'explosions contrôlées, selon les autorités.

Après la détonation, un impressionnant champignon de fumée blanche s'est élevé à plusieurs centaines de mètres dans le ciel selon les images diffusées par les chaînes de télévision turques.

Qualifiée d'"accident industriel", l'explosion de vendredi dans l'usine de Sakarya avait fait six morts et des dizaines de blessés. Les deux propriétaires de l'usine avaient été arrêtés après cette accident.

En 2009 et 2014, deux explosions s'étaient déjà produites dans la même usine, faisant deux morts et une quarantaine de blessés, selon les médias turcs.
(AFP, 9 juillet 2020)

Explosion dans une usine de feux d'artifice, quatre morts

Au moins quatre personnes ont été tuées et une centaine blessées vendredi par une puissante explosion survenue dans une usine de feux d'artifice en Turquie, ont annoncé les autorités.

L'explosion, qualifiée d'"accident industriel" par les secouristes, est survenue en fin de matinée à Hendek, dans la province de Sakarya, dans le nord-ouest de la Turquie.

"Pour l'instant, quatre de nos concitoyens sont morts (...) et 97 blessés ont été transportés à l'hôpital", a indiqué le ministre de la Santé Fahrettin Koca, lors d'une conférence de presse sur place.

Le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu a indiqué que trois employés de l'usine étaient encore portés disparus. L'incendie a par ailleurs été maîtrisé, a-t-il déclaré en début de soirée.

Après l'explosion, un impressionnant champignon de fumée blanche s'est élevé à plusieurs centaines de mètres dans le ciel au son du crépitement des feux d'artifice dans l'usine, selon les images diffusées par les chaînes de télévision turques.

D'après des témoins cités par les médias locaux, la détonation a été ressentie dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres, certains habitants ayant d'abord cru qu'il s'agissait d'un séisme.

L'intervention des secours a été compliquée par les explosions qui ont continué de se produire dans les heures qui ont suivi la déflagration initiale, selon les autorités.

Signe de la préoccupation des autorités, le président Recep Tayyip Erdogan a dépêché trois ministres sur place.

En 2009 et 2014, deux explosions s'étaient déjà produites dans la même usine, faisant deux morts et une quarantaine de blessés, selon les médias turcs.
(AFP, 3 juillet 2020)

Coronavirus : Volkswagen renonce à la construction d'une usine en Turquie

Le groupe automobile Volkswagen a annoncé mercredi qu'il renonçait à la construction prévue d'une usine en Turquie, en réaction à la crise du secteur automobile causée par la pandémie du nouveau coronavirus.

"La situation n'est pas la même qu'avant le coronavirus", a estimé un porte-parole du groupe, confirmant auprès de l'AFP des informations de presse parues plus tôt dans la matinée.

L'usine devait être installée dans la ville de Manisa, près d'Izmir, à l'ouest du pays, et comptait employer 4.000 personnes.

L'année dernière, le groupe avait déjà repoussé sa décision d'investissement, après que la Turquie eut effectué des opérations militaires controversées au nord de la Syrie.

Cet abandon définitif s'explique désormais par "les effets du coronavirus sur le marché automobile", indique le porte-parole de Volkswagen.

Comme l'ensemble du secteur automobile, le constructeur a été fortement plombé pendant la première partie de l'année par les effets de la pandémie, qui a fait drastiquement chuter ses ventes.

Profitant d'une reprise de la demande, le groupe a néanmoins décidé mardi de mettre fin au dispositif chômage partiel dans l'ensemble de ses usines allemandes à partir de mercredi.

La crise du secteur automobile, pilier de l'économie allemande, menace sur le long terme 100.000 emplois en Allemagne, selon Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur de l'université St Gallen.

Renault, en difficulté financière, prévoit de son côté la suppression d'environ 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, quatre sites de production étant affectés, dans le cadre d'un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans.
(AFP, 1 juillet 2020)

Voyages autorisés vers l'UE: la Turquie déçue d'être exclue

La Turquie a fait part mercredi de sa "déception" d'avoir été exclue de la liste des pays dont les voyageurs sont autorisés à se rendre dans l'Union européenne en pleine pandémie, appelant à "réparer cette erreur".

"Nous vivons la déception de ne pas faire partie de la liste", a déclaré le porte-parole de la diplomatie turque Hami Aksoy dans un communiqué. "Nous attendons que cette erreur soit réparée au plus vite", a-t-il ajouté.

Selon cette liste publiée mardi par l'UE et qui n'est pas contraignante pour les Etats membres, les voyageurs de 15 pays, dont la Chine sous condition, sont autorisés à se rendre dans l'espace Schengen.
 La Turquie et les Etats-Unis sont exclus de cette liste qui a vocation à être révisée toutes les deux semaines.

Cette décision est un coup dur pour l'image de la Turquie, qui s'efforce depuis plusieurs semaines de se présenter comme un pays sûr afin d'attirer les visiteurs et de sauver ce qui peut l'être de la saison touristique estivale.

Ankara affirme avoir combattu avec succès la pandémie de nouveau coronavirus, affichant un taux de mortalité relativement faible: selon le bilan officiel, la Turquie a enregistré quelque 5.100 décès pour près de 200.000 cas.

Mais le nombre quotidien de nouveaux cas est légèrement reparti à la hausse ces dernières semaines sous l'effet de l'assouplissement des mesures le mois dernier.
(AFP, 30 juin 2020)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Macron dénonce la violation des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie

Emmanuel Macron a dénoncé jeudi la violation des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie en Méditerranée orientale, sur fond de regain de tension entre Athènes et Ankara, en recevant à l'Elysée son homologue chypriote Nicos Anastasiades.

"Je veux une nouvelle fois redire la pleine solidarité de la France avec Chypre mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie. Il n'est pas acceptable que l'espace maritime d'un État membre de notre union soit violé ou menacé. Ceux qui y contribuent doivent être sanctionnés", a souligné le président français.

La marine grecque a été mise en état d'alerte mercredi après que la Turquie a dépêché des navires militaires à proximité de la plus orientale des îles grecques, Kastellorizo, pour accompagner un navire d'exploration gazière sous-marine. Athènes a appelé Ankara à "cesser immédiatement ses actions illégales" qui "violent sa souveraineté et menacent la paix et la sécurité de la région".

En Méditerranée orientale, les questions énergétiques et de sécurité "sont l'enjeu de luttes de puissance, en particulier de la Turquie et de la Russie, qui s'affirment de plus en plus et face auxquelles l'Union européenne pèse encore trop peu", a ajouté Emmanuel Macron.

"Il y a un vide de la part de l'Europe" en Méditerranée orientale, a estimé de son côté Nicos Anastasiades. Mais "les initiatives" du président Macron "sont une lueur d'espoir" qui "peuvent permettre que la Méditerranée ne soit pas sous le contrôle de la Turquie ou d'un autre pays".

Que ce soit la dégradation de la crise libyenne, où Turquie et Russie sont en position de force, les tensions en Méditerranée orientale, où plusieurs puissances comme la Turquie, Israël, l'Egypte ou la Grèce sont en concurrence pour des ressources énergétiques, les facteurs de tensions se multiplient sur cette mer depuis des années.

Concernant la Libye, "nous ne pouvons pas laisser là aussi les puissances étrangères, quelles qu'elles soient, violer l'embargo sur les armes", a ajouté M. Macron, rappelant la mise en oeuvre nécessaire de sanctions "pour obtenir un cessez-le-feu et enclencher une dynamique réelle vers une résolution politique du conflit libyen".

La France a dénoncé à plusieurs reprises des ingérences turques dans la crise libyenne, et les tensions entre les deux pays sont montées d'un cran, particulièrement après un incident maritime entre deux bâtiments de guerre.

"Plus largement, l'Europe doit entreprendre une réflexion approfondie sur les sujets de sécurité en Méditerranée", a insisté Emmanuel Macron qui accueillera, pour évoquer ces questions, un sommet des pays du sud de l'Union européenne, appelé Med 7 (France, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Malte et Chypre), "à la fin du mois d'août ou au début du mois de septembre."
(AFP, 23 juillet 2020)

L'Allemagne dénonce "les provocations" turques en Méditerranée orientale

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a estimé mardi à Athènes que les relations entre l'UE et la Turquie ne pourraient s'améliorer qu'à condition qu'"Ankara abandonne ses provocations en Méditerranée orientale".

Quelques heures après cette déclaration, la Grèce a indiqué avoir effectué une "démarche de protestation" auprès de la Turquie qui "a annoncé des explorations dans une partie du plateau continental grec", a indiqué un communiqué du ministère grec des Affaires étrangères.

Selon les autorités grecques, la Turquie a annoncé des explorations dans le sud-est de la mer Egée, ce qui constitue "une escalade de la tension dans la région".

"Nous appelons la Turquie à arrêter ses activités illégales qui violent nos droits souverains et sapent la paix et la sécurité dans la région", a indiqué un communiqué ministériel grec.

Le chef de la diplomatie allemande, dont le pays préside le Conseil de l'Union européenne (UE) pour une période de six mois, a insisté sur "l'importance de mener un dialogue" avec la Turquie, "un pays stratégiquement important au sein de l'Otan et sur la question migratoire".

"Concernant les forages de la Turquie en Méditerranée orientale, nous avons une position claire, le droit international doit être respecté", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse avec son homologue grec Nikos Dendias.
 Il a ajouté que Berlin attendait que "ces forages" d'exploration gazière réalisés par la Turquie au large de Chypre "s'arrêtent et qu'aucun autre ne soit entrepris".

Les tensions entre la Grèce et la Turquie notamment ont été à l'ordre du jour de rencontres mardi entre M. Maas, M. Dendias, la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Pays voisins tous deux membres de l'Otan, la Grèce et la Turquie ont historiquement des relations tendues, aggravées ces dernières années par la question migratoire.

Saluant un "jour historique" au lendemain de l'accord européen sur un plan de relance post-coronavirus dans lequel "la solidarité" a selon lui prévalu, le ministre allemand a fait le voeu d'une "réponse européenne commune" également sur la question migratoire, bien "conscient de la difficulté de la situation sur les îles grecques".

Sur la situation en Libye, également au menu des discussions, M. Maas s'est inquiété de la décision du parlement égyptien d'approuver une possible intervention armée et souligné le risque d'"escalade".

Athènes dénonce en outre l'accord turco-libyen controversé, signé l'année dernière, sur le partage des espaces maritimes entre Ankara et le gouvernement de Tripoli.

Athènes estime que cet accord vise à accroître l'influence de la Turquie en Méditerranée où ce pays a récemment effectué des forages exploratoires à proximité de Chypre, suscitant les protestations des pays voisins, Chypre, Grèce, Egypte.

L'UE a également dénoncé ces "forages illégaux" et menacé Ankara de sanctions.
(AFP, 21 juillet 2020)

EU condemns Turkey over Hagia Sophia decision

Following the Foreign Affairs Council meeting of the Ministers of Foreign Affairs of European Union (EU) member states in Brussels, Belgium yesterday (July 13), High Representative of the EU for Foreign Affairs and Security Policy and Vice President of the European Commission Josep Borrell Fontelles addressed the reporters.

"On Turkey we had a long and interesting debate," Borrell started his remarks about Turkey and briefly added the following:
'Turkey's unilateral actions must end'

"We reiterated that we see Turkey as an important country for the EU with whom we would wish to see our relations strengthened and developing. This should be done in respect of EU values, principles and interests.

"There was a consensus among Member States that the European Union - Turkey relations are currently under continuous strain. There are worrying developments, in particular in the Eastern Mediterranean and regarding Libya that affect directly our interests.

"Thus, several serious issues must be addressed by Turkey in order to change the current confrontational dynamic and create an environment of trust with Turkey, which everybody wishes.

"But, we stress also that Turkey's unilateral actions, in particular in the Eastern Mediterranean, which run counter to EU interests, to the sovereign rights of EU Member States and to international law, must come to an end.

Emphasis on arms embargo

"We also agreed to call on Turkey to contribute actively to a political solution in Libya and to respect the commitments it has taken in the framework of the Berlin process, including the United Nations arms embargo.

"We are doing our part - the European Member States are doing their part, in particular through Operation Irini, which provides a key contribution to ensure the respect of the arms embargo by all actors.

"We will consider ways to ensure the full effectiveness of the operation, with the aim of preventing escalation on the ground.

'Hagia Sophia decision will fuel mistrust'


"An important issue was about Hagia Sophia. The Council has condemned the Turkish decision to convert such an emblematic monument as Hagia Sophia back to a mosque. This decision will inevitably fuel mistrust, promote renewed divisions between religious communities and undermine our efforts at dialogue and cooperation. There was broad support to call on the Turkish authorities to urgently reconsider and reverse this decision.

"All in all, the final conclusion is that there was clearly a broad support for me to explore further paths that could contribute to lowering tensions and reach understandings on issues that are increasingly stressing the relations between Turkey and the European Union.

"Also, I will prepare options on further appropriate measures that could be taken in response to the challenges we are facing as a result of Turkish actions, including in the Eastern Mediterranean.

"In the meantime, work will also continue on additional listings within the existing sanctions framework as requested by Cyprus."

'Hagia Sophia decision is a blow'

As reported by Deutsche Welle Türkçe, Jean Asselborn, the Minister of Foreign Affairs of Luxembourg, briefly touched upon Turkey's decision to convert Hagia Sophia from a museum back into a mosque.

"When I see now what is happening with Hagia Sophia, that is a blow," he protested Turkey's decision about Hagia Sophia.

'We have strategic interests'

Earlier yesterday, Norbert Röttgen, the External Affairs Expert of Germany's Christian Democratic Union (CDU) spoke to ZDF TV channel.

"There is no sense in a further escalation with Turkey. The Europeans and Turkey are in a relation of mutual interest," he said, adding that "unfortunately, there is no bond between the two sides when it comes to the values of a democratic state and a rule of law."

Underlining that "Turks are economically and commercially dependent on the EU," Röttgen also reminded, "Turkey is of strategic importance for the EU in issues concerning Syria and Libya."
(BIA, 14 July 2020)

L'UE étudie des options pour sanctionner Ankara

L'UE a manifesté son mécontentement lundi face aux agissements de la Turquie et étudie des options pour contraindre Ankara à respecter ses obligations internationales.

Mais son action est limitée par la crainte d'une nouvelle crise des réfugiés, si la Turquie décide de leur ouvrir ses frontières vers l'Europe, fermées depuis l'accord de 2016.

Le chef de la diplomatie européenne a reconnu qu'il n'avait pas été possible de trouver une position commune face à Ankara au cours de la première réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne organisée à Bruxelles depuis quatre mois.

"Je présente mes propres conclusions", a précisé Josep Borrell au cours de sa conférence de presse.
 
"Nos relations avec la Turquie sont mises à mal avec les mesures unilatérales de la Turquie qui vont contre nos intérêts", a-t-il souligné. "Ces mesures doivent cesser", a-t-il averti.

M. Borrell s'est rendu à Ankara il y a une semaine et ses entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu ont été difficiles.

Plusieurs ministres ont dit leur préoccupation et leur inquiétude face aux décisions prises par le pouvoir turc.

Mais tous ont insisté sur l'importance du partenariat avec la Turquie, également membre de l'Otan.

Un lourd contentieux oppose néanmoins Ankara et ses partenaires de l'UE.

La Turquie soutient militairement le gouvernement d'union nationale en Libye et est accusée de violer l'embargo des Nations unies sur les livraisons d'armes à ce pays.

Ankara mène par ailleurs des forages dans la zone économique maritime de Chypre jugés illégaux et sanctionnés par l'UE.

La Turquie combat en Syrie les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre l'Etat islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l'UE.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est par ailleurs accusé de violer les droits de l'homme dans son pays et sa décision de transformer en mosquée l'ex-basilique Sainte-Sophie, un haut lieu de l'orthodoxie, est vécue comme une "provocation" en Grèce.

- Changer la dynamique -

Josep Borrell l'a invité à "reconsidérer et a annuler la décision" de convertir à nouveau Sainte Sophie en mosquée.

"Nous devons changer la dynamique de confrontation et créer un climat de confiance", a-t-il plaidé.

Josep Borrell a annoncé avoir reçu "un large soutien pour préparer des mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie". Il a indiqué étudier des options qui pourraient être soumises aux ministres lors de leur réunion informelle fin août en Allemagne.

"Il y a une grande unité de vues pour avoir des clarifications de la part d'Ankara, s'agissant du respect de la souveraineté des Etats européens, comme des engagements pris lors de la Conférence sur la Libye à Berlin, en particulier en ce qui concerne le respect de l'embargo sur les armes", a confirmé le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian dans un communiqué.

"Nous avons demandé au Haut Représentant, Josep Borrell, de nous faire rapidement des propositions sur les options et leviers possible", a-t-il précisé.

Des sanctions sont considérées pour les violations avérées de l'embargo de l'ONU en Libye, a-t-on précisé de source diplomatique.

La Turquie rejette ces accusations. Le chef de la diplomatie turque a mis en garde Josep Borrell lors de leur entretien. Il a reproché à l'UE de lier la question des migrants et les tensions en Méditerranée orientale et prévenu qu'en l'absence de progrès dans les discussions, "la Turquie continuera de ne pas retenir ceux qui veulent partir" en Europe.

L'annonce au début de l'année par la Turquie de l'ouverture de la frontière avec la Grèce a provoqué l'afflux de dizaines de milliers de migrants.

La menace est prise très au sérieux en Allemagne. La chancelière Angela Merkel ne veut pas d'une nouvelle crise des migrants pendant le semestre de sa présidence de l'UE, a confié à l'AFP un responsable européen. Un nouveau financement de 485 millions d'euros proposé par la Commission européenne vient d'être approuvé par le Parlement européen pour aider les quelque 4 millions de réfugiés syriens installés en Turquie.
(AFP, 13 juillet 2020)

Malgré un lourd contentieux, L'UE paralysée par le chantage d'Ankara


L'UE a manifesté sa préoccupation et son mécontentement lundi face aux agissements de la Turquie en Méditerranée orientale et aux violations des droits humains dans ce pays, mais le chantage aux réfugiés d'Ankara paralyse ses moyens d'action.

"Nos relations avec la Turquie ne sont pas particulièrement bonnes en ce moment et ce sera le point le plus important de l'ordre du jour aujourd'hui", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avant de présider une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, la première organisée à Bruxelles depuis quatre mois.

M. Borrell s'est rendu à Ankara il y a une semaine et ses entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu ont été difficiles.

"Ce qui se passe en Turquie est inquiétant", a estimé la ministre suédoise Ann Linde. "Nous constatons une série d'actions de la part de la Turquie qui méritent une discussion sur la manière dont nous allons les traiter", a ajouté son homologue espagnole Arancha Gonzalez Laya.

Mais tous les ministres ont souligné l'importance du partenariat avec la Turquie, également membre de l'Otan.

En froid avec Ankara, la France a demandé une discussion au sein de l'UE afin de permettre "une clarification" sur la position à adopter face à la Turquie.

Paris compte des soutiens. Le chef de la diplomatie du Luxembourg, Jean Asselborn, n'a pas caché sa déception. "J'avais de grands espoirs il y a 15 ou 16 ans que la Turquie puisse devenir un pays européen, un grand pays musulman, qui fait avancer la démocratie. Malheureusement nous devons admettre que cela va dans la mauvaise direction", a-t-il estimé à son arrivée à Bruxelles. Le Luxembourgeois a participé à la réunion de 2004 au cours de laquelle l'UE a accordé le statut de pays candidat à la Turquie.

- "Attaque contre la civilisation" -

Un lourd contentieux oppose Ankara et ses partenaires de l'UE.

La Turquie soutient militairement le gouvernement d'union nationale en Libye et est accusée de violer l'embargo des Nations unies sur les livraisons d'armes à ce pays.

Ankara mène des forages dans la zone économique maritime de Chypre jugés illégaux et sanctionnés par l'UE.

La Turquie combat en Syrie les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre l'Etat islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l'UE.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est par ailleurs accusé de violer les droits de l'homme dans son pays et sa décision de transformer en mosquée l'ex-basilique Sainte-Sophie, un haut lieu de l'orthodoxie, est vécue comme une "provocation" en Grèce.

"Cette décision est une attaque contre la civilisation", a déploré Jean Asselborn. "Je pense qu'avec ce geste, la Turquie a en quelque sorte effacé son rapprochement avec l'UE", a-t-il estimé.

La Turquie rejette ces accusations et dénonce le manque de parole de l'UE, incapable de tenir les engagements d'un accord conclu en 2016, qui prévoyait une exemption des visas européens pour les Turcs en échange d'un contrôle des flux migratoires par Ankara.

Le chef de la diplomatie turque a mis en garde Josep Borrell lors de leur entretien. Il a reproché à l'UE de lier la question des migrants et les tensions en Méditerranée orientale et prévenu qu'en l'absence de progrès dans les discussions, "la Turquie continuera de ne pas retenir ceux qui veulent partir" en Europe.

L'annonce au début de l'année par la Turquie de l'ouverture de la frontière avec la Grèce a provoqué l'afflux de dizaines de milliers de migrants.

La menace est prise très au sérieux en Allemagne. La chancelière Angela Merkel ne veut pas d'une nouvelle crise des migrants pendant le semestre de sa présidence de l'UE, a confié à l'AFP un responsable européen. Un nouveau financement de 485 millions d'euros proposé par la Commission européenne vient d'être approuvé par le Parlement européen pour aider les quelque 4 millions de réfugiés syriens installés en Turquie.
(AFP, 13 juillet 2020)

La France "déplore" la conversion de l'ex-basilique Saint-Sophie

Le gouvernement français "déplore" les décisions des autorités turques de transformer l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul de musée en mosquée, a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

"La France déplore la décision du Conseil d'Etat turc de modifier le statut de musée de Sainte-Sophie et le décret du Président Erdogan la plaçant sous l'autorité de la direction des affaires religieuses. Ces décisions remettent en cause l'un des actes les plus symboliques de la Turquie moderne et laïque", a déclaré le ministre, selon un communiqué.

"L'intégrité de ce joyau religieux, architectural et historique, symbole de la liberté de religion, de tolérance et de diversité, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, doit être préservé", a ajouté le ministre.

Cette déclaration vient s'ajouter aux diverses condamnations ou regrets exprimés dans le monde après la décision du président turc Recep Tayyip Erdogan, conforté par une décision de la justice administrative, de transformer en mosquée ce monument mondialement connu et inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

Basiliqe byzantine pendant près de neuf siècles, le monument avait été transformé en mosqué après l'invasion Ottomane de Constantinople en 1453, jusqu'à ce que le premier président de la République turque, l'emblématique Mustafa Kemal, le transforme en musée en 1934, soucieux de "l'offrir à l'humanité".
(AFP, 10 juillet 2020)

Etalage de divergences lors de la visite d'un haut responsable de l'UE à Ankara

La Turquie et l'Union européenne ont étalé leurs nombreuses divergences lundi lors d'une visite à Ankara du chef de la diplomatie du Bloc, notamment sur la question migratoire et la situation tendue en Méditerranée orientale.

S'ils ont insisté sur l'importance du "dialogue", Josep Borrell et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu ont surtout égrené la longue liste des sujets qui minent actuellement les relations entre l'UE et la Turquie, lors d'une conférence de presse à Ankara.

Outre la situation en Méditerranée orientale, en Libye et en Syrie, les deux responsables ont discuté "des relations entre la Turquie et l'UE, dont nous ne pouvons pas dire qu'elles traversent leur meilleure période", a reconnu M. Borrell.

"La situation est loin d'être idéale en ce moment", a-t-il ajouté, soulignant le besoin d'une "nouvelle approche qui prenne en compte tous les sujets que la Turquie veut mettre sur la table".

L'un des principaux sujets de frictions est la situation en Méditerranée orientale, une zone riche en hydrocarbures où la Turquie a multiplié ces derniers mois les forages exploratoires, au grand dam de Chypre et de la Grèce.

Le chef de la diplomatie turque n'a pas été en reste, accusant l'UE de ne pas avoir "tenu ses promesses" contenues dans un accord conclu en 2016 qui prévoyait une exemption des visas européens pour les Turcs en échange d'un contrôle des flux migratoires par Ankara.

Au début de l'année, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé l'ouverture de la frontière entre la Turquie et la Grèce, provoquant l'afflux de dizaines de milliers de migrants et réveillant les craintes de l'UE.

Reprochant à l'UE de lier la question des migrants et les tensions en Méditerranée orientale, M. Cavusoglu a prévenu qu'en l'absence de progrès dans les discussions, "la Turquie continuera de ne pas retenir ceux qui veulent partir" en Europe.

Et alors que les rapports entre Ankara et Paris sont tendus en raison de divergences sur la Libye, le ministre turc a critiqué la France qu'il a accusée de "prendre en otage" les relations UE-Turquie.

Si, lors d'une réunion prochaine de la Commission européenne, "l'UE prend de nouvelles décisions contre la Turquie, alors nous serons dans l'obligation de répliquer", a-t-il prévenu.
(AFP, 7 juillet 2020)

EU should not tolerate Turkey’s unacceptable actions against the law’

69 Members of the European Parliament (MEPs) from the Greens/EFA, S&D and GUE/NGL groups have addressed an open letter to Josep Borrell, the High Representative of the European Union (EU) for Foreign Affairs and Security Policy and Vice President of the European Commission.

The letter has referred to a series of issues, including Turkey's military operations in northern Iraq and Syria as well as the appointment of trustees to Peoples' Democratic Party (HDP) municipalities and dismissal of its MPs.

The letter of the MEPs briefly reads as follows:

'Democratic political opposition repressed'

"We are writing to draw your attention to the repression of democratic political opposition in Turkey, especially the detention of MPs and mayors from the HDP; the Turkish invasion bombardments in Northern Iraq and Northern Syria in particular the regions inhabited by Kurds.

"Over the last five years, President Erdoğan's ruling AKP has built an extremely authoritarian political system with the help of its ultranationalist allies and under conditions of emergency rule. In this process, over 90,000 people have been arrested with 'terrorism'-related charges, including party leaders, members of parliament, elected Kurdish mayors, thousands of other HDP party members, journalists, academics, lawyers, civil society representatives, human rights activists, and many more.

"The government has typically labelled anybody critical of its policies, particularly its Kurdish policy, as a terrorist or a traitor, and an enemy of the state. The 'Turkish-type presidential system' has totally undermined the principle of separation of powers and an independent judiciary.

'HDP's 46 of 65 municipalities seized'

"The Turkish Government's unlawful attacks are not simply directed against parliamentary democracy. They have also been unlawfully removing Peoples' Democratic Party (HDP) Co-mayors in Kurdish provinces, and replacing them with appointed 'governor-trustees.'

"Since the local elections on March 31, 2019, the government has unlawfully seized 46 HDP municipalities out of 65. The European Commission for Democracy through Law (Venice Commission) released its opinion no.979/2019 on June 18 and mentioned that it is incompatible with basic principles of democracy, the rule of law and foreseeability of the law.

'Continued airstrikes are concerning'

"We would also like to express our serious concerns about the continued shocking air strikes of the Turkish army in the regions of Sinjar and the UNHCR Makhmour Camp as well as other parts in South Kurdistan (Kurdistan Region of Iraq), which commenced on 14 June, and drone attack in Koban (Kurdish Region of Syria) on 23 of June 2020. In both attacks, many civilians lost their lives or seriously injured.

"This Turkish military action is destabilizing the region, exacerbating humanitarian suffering, and providing a fertile ground for the resurgence of terrorist groups, which will especially undermine progress made against ISIS.

"Furthermore, the continued air strikes could lead to the displacement of more people and force them to be asylum seekers in different parts of neighbouring countries or Europe.

'Take action against Erdoğan's regime'

"Turkey is a member of NATO, a member of the Council of Europe, and a candidate country in the process of accession to the EU.

"The Commission should not tolerate these unacceptable actions against all democratic norms of national and international law. We ask you to take action against Erdogan's autocratic regime.

"The EU faces also belligerent behaviour from Turkey in the Mediterranean Sea, going as far as the risk of confrontation with European ships belonging to the French Navy. We cannot remain passive in the face of so much aggressiveness, including towards the EU Itself.

"We would like to request that the Commission take immediate and concrete steps, as economic and targeted sanctions, to help end this unlawful repression and attacks, as well as attacks against international law." (BIA, 7 July 2020)


Ankara exige des excuses de Paris pour de "fausses" accusations

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a exigé jeudi des excuses de la France pour avoir, selon lui, diffusé de "fausses" informations sur un incident maritime entre les deux pays en Méditerranée.

"Nous attendons de la France qu'elle s'excuse, qu'elle s'excuse inconditionnellement", a fait valoir lors d'une conférence de presse le chef de la diplomatie turque en déplacement à Berlin.

"Il n'est pas acceptable que la France se prête à de fausses affirmations et agisse contre la Turquie", a-t-il ajouté après que Paris a accusé Ankara d'avoir visé une de ses frégates lors d'un contrôle de navires en Méditerranée.

"Nous devons être honnêtes: la France ne dit pas la vérité à l'Union européenne et à l'Otan", a-t-il poursuivi lors de cette conférence de presse avec son homologue allemand, Heiko Maas.

"Il n'est pas vrai que nos bateaux ont lancé un avertissement" à une frégate française, selon lui.

"Nous veillons scrupuleusement à ce que la vérité apparaisse au grand jour", a souligné M. Cavusoglu.

Paris accuse Ankara d'avoir visé une de ses frégates lors d'un contrôle de navires soupçonnés de violer l'embargo sur les armes à destination de la Libye.

Conséquence de cet incident: la France s'est retirée temporairement mercredi de l'opération de sécurité maritime de l'Otan en Méditerranée, espérant obtenir un soutien plus franc de l'alliance dans ses frictions avec Ankara qui se multiplient dangereusement.

Les relations entre Paris et Ankara sont en effet tendues, notamment sur le dossier de la crise libyenne.

La France accuse la Turquie de violer l'embargo sur les armes à destination de la Libye.

Le président français Emmanuel Macron a même jugé lundi que la Turquie avait une "responsabilité historique et criminelle" dans ce conflit, en tant que pays qui "prétend être membre de l'Otan".

A Berlin, Mevlüt Cavusoglu a accusé en retour la France d'envoyer des armes aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est de la Libye en lutte cotre le gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli qu'Ankara soutient.

A la demande de la France, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront le 13 juillet pour débattre de la Turquie.
(AFP, 2 juillet 2020)

Marine Le Pen met en question "la présence" de la Turquie dans l'Otan

Marine Le Pen a apporté jeudi son soutien à Emmanuel Macron dans le bras de fer en cours avec la Turquie et s'est interrogée sur la "présence" de ce pays dans l'Otan.

La France s'est retirée temporairement mercredi de l'opération de sécurité maritime de l'Otan en Méditerranée, espérant obtenir un soutien plus franc de l'alliance dans ses frictions avec la Turquie, qui se multiplient dangereusement depuis des mois.

"Je soutiens sur ce coup-là totalement Emmanuel Macron", a réagi la présidente du Rassemblement national au micro de Sud Radio.

"Il faut effectivement demander à nos alliés de nous soutenir et poser la question de la présence de la Turquie dans l'Alliance (atlantique)", a-t-elle estimé.
 Paris a pris l'Otan à témoin d'un récent incident naval franco-turc. Elle accuse la Turquie de violer l'embargo sur les armes à destination de la Libye et d'avoir visé une de ses frégates lors d'un contrôle de navires. Ce qu'Ankara dément.

"La Turquie a effectué un acte extrêmement hostile à l'égard d'une de nos frégates (...) et face à cela, nos alliés ont été pour le moins discrets dans leur soutien à l'égard de la France. Cet acte ne peut pas rester sans conséquences", a argumenté Mme Le Pen.

"Les Allemands sont extrêmement prudents dans leur défense de la France dans cette affaire" car "près de 42% des exportations d'armement allemandes vont vers la Turquie", a-t-elle accusé.

"Il faut arrêter maintenant d'envisager de faire entrer la Turquie dans l'Union européenne, c'est toujours pas clair au sein de l'Union européenne", a ajouté la présidente du RN.

La France dénonce l'intervention militaire turque en Libye au côté du gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli qui, grâce à cet appui, a fait reculer les hommes du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est du pays.

Le président français Emmanuel Macron a même jugé lundi que la Turquie avait une "responsabilité historique et criminelle" dans ce conflit, en tant que pays qui "prétend être membre de l'Otan".
(AFP, 2 juillet 2020)

Libye: Macron condamne la "responsabilité historique et criminelle" de la Turquie

Le président français Emmanuel Macron a accusé lundi à Meseberg (Allemagne) la Turquie d'avoir dans le conflit libyen une "responsabilité historique et criminelle" en tant que pays qui "prétend être membre de l'Otan".

"Nous sommes à un moment d'indispensable clarification de la politique turque en Libye, qui est pour nous inacceptable", a déclaré M. Macron lors d'une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel.

En Libye, théâtre d'une guerre civile depuis 2011, "le premier intervenant extérieur, c'est la Turquie", a fait valoir le président français.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan "ne respecte aucun de ses engagements de la conférence de Berlin (organisée en janvier), a accru sa présence militaire en Libye et elle a massivement réimporté des combattants jihadistes depuis la Syrie", a-t-il fustigé.

"C'est la responsabilité historique et criminelle de la Turquie, qui prétend être membre de l'Otan, en tout cas elle le revendique", a ajouté M. Macron.

Le président français avait déjà accusé Ankara le 22 juin de jouer un "jeu dangereux" en Libye, dans lequel il voyait une nouvelle démonstration de la "mort cérébrale" de l'Otan.

La Turquie est devenue le principal soutien international du gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, qui a repris début juin le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye en faisant reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays.

Le président français a également dit "vouloir tordre le coup à une fausse idée: la France ne soutient pas le maréchal Haftar" mais oeuvre plutôt à une solution de paix "durable".

M. Macron a aussi jugé que la Russie jouait sur "l'ambivalence" de la présence d'une milice privée russe, la milice Wagner, et non de soldats de l'armée russe.
(AFP, 29 juin 2020)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

L'Otan malade de la Turquie


L'activisme compulsif d'Ankara en Méditerranée orientale irrite ses partenaires de l'Alliance atlantique. Jusqu'à quand prévaudra l'impunité ?

Justifiant le vendredi 10 juillet la restitution de la basilique-musée de Saint-Sophie au culte islamique, Recep Tayyip Erdogan a expliqué que sa " résurrection " signifiait que " le peuple turc, les musulmans et toute l'humanité ont des choses à dire au monde ". Il n'y a pas qu'en matière de symbolique religieuse que l'ambition du président de la Turquie se déploie. La France et la Grèce, soit les deux pays, le second parce que terre orthodoxe, les plus critiques du changement de statut de l'édifice stambouliote, l'ont appris récemment à leurs dépens.

Deux opérations maritimes sont menées actuellement en Méditerranée orientale. Irini, sous l'égide de l'Union européenne, a pour mission de surveiller le respect de l'embargo sur les armes en Libye conformément aux résolutions des Nations unies. Sea Guardian, elle, est orchestrée par l'Otan, s'occupe de contre-terrorisme et assure les capacités de sûreté maritime dans la région. Le 7 juin, un cargo parti d'un port turc et battant pavillon tanzanien, le Cirkin, suspecté de transporter des armes, est repéré au large de l'île de Psara par la frégate grecque Spetsai, dépêchée dans le cadre de l'opération Irini. Deux frégates turques accompagnant le bâtiment civil s'interposent. Le 10 juin, le même Cirkin est la cible de la frégate française Courbet, oeuvrant pour l'opération Sea Guardian, cette fois-ci au large de la Libye. L'intervention dégénère. Aux injonctions du commandement français, ce sont des militaires à bord des frégates turques qui répliquent en " accrochant " le bâtiment opérant pour l'Otan. " En cas d'accrochage radar, vous ciblez le bâtiment que vous visez. C'est la dernière étape avant le tir de canon. Un incident peu fréquent et assez grave ", analyse Joseph Henrotin, chargé de recherche au Centre d'analyse et de prévision des risques internationaux, à Paris (Capri).

Activisme tous azimuts

Officiellement affrété avec la Tunisie pour destination finale, le Cirkin débarquera sa cargaison, du matériel militaire et des mercenaires syriens selon Paris, dans le port libyen de Misrata. La Turquie apporte depuis quelques mois un soutien d'ampleur au gouvernement de Tripoli engagé dans une guerre civile contre les troupes de son opposant, le général Haftar, qui occupent l'Est du pays. Le gouvernement d'Ankara viole donc l'embargo qu'en tant que membre de l'Otan, il est censé faire respecter...

L'incident provoque un malaise d'autant plus grand au sein de l'Alliance atlantique que la plainte de Paris contre la bravade des militaires turcs sera comme classée sans suite. La Turquie y a-t-elle un poids si important qu'elle bénéficie d'une forme d'impunité ? " Son importance stratégique n'est plus aussi grande que du temps de l'Union soviétique et de la guerre froide, note Joseph Henrotin. A l'époque, Italie, Grèce et Turquie étaient les puissances structurantes du flanc sud-est de l'Alliance. Mais elle conserve de gros volumes de forces et est une tête de pont stratégique de l'Otan vers le Moyen-Orient et le Caucase."

La question est hypersensible. D'autant que c'est toute la stratégie de la Turquie en Méditerranée qui pose question : son engagement dans le conflit libyen, mais aussi sa prétention à une zone économique exclusive pour l'exploitation du gaz et du pétrole qui empiéterait sur celle de Chypre, et son offensive contre les Kurdes en Syrie. " N'importe quel Etat membre qui développe sa propre ligne de conduite antagoniste de celle de l'Otan est une source de problème. Ce fut le cas avec la Hongrie de Viktor Orban, par les libertés qu'il a prises avec le respect des droits de l'homme et par les interactions croissantes qu'il a établies avec la Russie. L'Otan y a répondu par un silence poli, observe le spécialiste belge des questions de défense. Aucune alliance n'aime l'idée de se voir fragmentée. Mais de facto, les actions turques mènent à un début de fragmentation de l'Otan. Parce qu'elles interrogent les fondements de l'Alliance et parce que d'autres membres, comme la France et la Grèce, appellent légitimement au respect des règles. A force, le problème de la relation de la Turquie à l'Otan risque de se transformer en questionnement sur le rapport de la France et de la Grèce à l'Otan. "
La basilique-musée de Sainte-Sophie a été rendue au culte musulman. Le président Erdogan éreinte la laïcité turque., getty images

L'ambiguïté de la France

En novembre 2019, à la veille d'un sommet à Londres, le président Emmanuel Macron avait déjà rué dans les brancards, à la faveur d'une interview à l'hebdomadaire The Economist, en décrétant que l'Otan était en état de " mort cérébrale ". Il déplorait que l'Alliance atlantique ne débatte que de la question des contributions des membres à son budget sous les critiques ressassées de Donald Trump et ignore les réponses à apporter à la problématique russe et, déjà, aux libertés prises par la Turquie. Dans une tribune au quotidien Le Monde parue le 10 juillet, le chercheur à l'Institut français de géopolitique Jean-Sylvestre Mongrenier critique l'attitude de Paris et estime que " la diplomatie du coup d'éclat d'Emmanuel Macron et ses saillies contre l'Otan inquiètent plus encore que l'insolente politique turque en Méditerranée ". " L'Otan couvre aussi les approches maritimes de l'Europe, y compris "la plus grande Méditerranée" dont le Moyen-Orient participe. Dans cet ensemble spatial, le "partage du fardeau" que les Etats-Unis demandent ouvre des opportunités stratégiques, argumente l'expert français. Il ne tient qu'à la France d'y accroître son rôle et sa présence navale, ce qui découragera l'une ou l'autre puissance riveraine émergente voulant exploiter tout vide de pouvoir. Encore faudra-t-il s'en donner les moyens : à quand un deuxième porte-avions français capable d'assurer la "permanence à la mer" ? "

En définitive, l'Alliance atlantique semblerait bien tributaire du péché d'arrogance de plusieurs dirigeants de ses Etats membres, Erdogan, Trump, Macron... " Entre ceux qui ne respectent pas les engagements pris en matière budgétaire et ceux qui se mettent en porte-à-faux par rapport à sa stratégie, l'Alliance atlantique ajavascript:void(0) un peu du plomb dans l'aile. Elle connaît une forme de dérive des continents ", concède Joseph Henrotin, qui, au vu du passif d'Ankara, estime que, si ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, la question de la présence de la Turquie dans l'Otan finira par se poser un jour.
(Vif/L'Express, 16 juillet 2020)

Washington déçu par la conversion de l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul

Washington s'est dit "déçu" vendredi par la conversion en mosquée de l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, exhortant les autorités turques à garantir un accès égal à tous les visiteurs.

"Nous sommes déçus par la décision du gouvernement turc de changer le statut de Sainte-Sophie", a affirmé la porte-parole de la diplomatie américaine, Morgan Ortagus. "Nous prenons acte de l'engagement du gouvernement turc de garantir un accès à Sainte-Sophie à tous les visiteurs, et nous avons hâte de voir ses plans de gestion de Sainte-Sophie pour qu'elle reste accessible à tous sans entrave", a-t-elle ajouté.

Le Conseil d'Etat, plus haut tribunal administratif de Turquie, a accédé à la requête de plusieurs associations en révoquant une décision gouvernementale datant de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée.

Peu après cette décision, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que l'ex-Basilique byzantine de l'ancienne Constantinople, serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

Plusieurs pays, notamment la Russie et la Grèce, qui suivent de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie, ainsi que les Etats-Unis et la France, avaient notamment mis en garde Ankara contre la transformation de Sainte-Sophie en lieu de culte musulman, une mesure pour laquelle M. Erdogan, issu d'un parti islamo-conservateur, milite depuis des années.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo avait affirmé la semaine dernière que le statut de musée de Sainte-Sophie était "exemplaire" de l'engagement de la Turquie "à respecter les traditions religieuses et l'histoire diverse" du pays et qu'un changement risquait de "ternir l'héritage de ce monument remarquable".
(AFP, 10 juillet 2020)

Washington approfondit sa coopération de défense avec Chypre

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé mercredi un renforcement de la coopération de Défense avec Chypre, alors que les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, qui occupe le nord de cette île méditerranéenne, sont tendues.

"Pour la première fois, le département d'Etat prévoit d'accorder à ce pays des fonds pour le programme d'Education et formation militaire" du gouvernement américain, a déclaré M. Pompeo au cours d'une conférence de presse, en référence à un programme de coopération lié aux ventes d'armement aux alliés des Etats-Unis.

"Cela fait partie de nos efforts pour renforcer nos relations avec des partenaires régionaux clés afin de promouvoir la stabilité en Méditerranée orientale", a ajouté le secrétaire d'Etat américain.

M. Pompeo a souligné que cette décision, qui permettrait à des militaires chypriotes de se former aux Etats-Unis et à des militaires américains de former des Chypriotes à l'usage d'armements américains, devait être approuvée par le Congrès.

Les élus du Congrès ont levé en décembre un embargo sur la vente d'armement américain à Chypre vieux de plus de 30 ans.

Les Etats-Unis avaient imposé cet embargo en 1987 à l'ensemble de l'île, dans l'espoir d'encourager une réunification de l'île, dont le nord est occupé par la Turquie depuis son invasion en 1974.

Mais la mesure avait été jugée contre-productive car elle avait encouragé le gouvernement chypriote à s'allier à d'autres partenaires, tandis que la Turquie a continué d'occuper la partie nord de Chypre. Elle l'avait envahie en 1974 après un coup d'Etat fomenté par la junte des colonels alors au pouvoir en Grèce et visant à rattacher l'île à la Grèce.

Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie se sont fortement tendues depuis l'achat par Ankara de systèmes de défense russes S-400 malgré l'opposition de Washington qui les considère incompatibles avec l'armement de l'Otan.

La Turquie a immédiatement protesté contre le renforcement de la coopération américaine avec Chypre.

"Nous voulons rappeler à notre allié américain que réserver un traitement égal aux deux parties de l'île est un principe de l'ONU", a réagi le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué, alors que la partie nord de l'île n'est pas comprise dans le projet de coopération du département d'Etat américain.

"Ce genre de mesures ne contribue pas aux efforts pour trouver une solution au problème chypriote, il renforce plutôt l'attitude sans compromis de la partie chypriote-grecque", ajoute Ankara.

Ceci "n'aidera pas à rétablir une atmosphère de confiance sur l'île ni à restaurer la paix et la stabilité en Médterranée orientale", conclut le ministère turc.
(AFP, 8 juillet 2020)

Washington exhorte la Turquie à ne pas convertir Sainte-Sophie en mosquée

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a exhorté mercredi la Turquie à ne pas convertir l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul en mosquée, une éventualité souhaitée par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Nous exhortons les autorités turques à continuer de conserver Sainte-Sophie comme musée, en tant qu'illustration de leur engagement à respecter les traditions cultuelles et la riche histoire qui ont façonné la République turque, et à assurer qu'elle demeure ouverte à tous", a écrit M. Pompeo.

Ces déclarations interviennent alors que le Conseil d'Etat turc doit examiner jeudi la requête d'associations réclamant la reconversion en mosquée de Sainte-Sophie, actuellement un musée.

"Les Etats-Unis considèrent que tout changement de statut de Sainte-Sophie revient à restreindre l'héritage de cet édifice remarquable", a ajouté M. Pompeo.

La Turquie "accueille ces déclarations avec stupéfaction", a réagi mercredi le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy.

"Chacun est libre d'exprimer son opinion. En revanche, personne n'a le droit de s'exprimer au sujet de nos droits souverains sur le ton de la mise en garde", a-t-il ajouté.

OEuvre architecturale majeure construite au 6ème siècle par les Byzantins, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco et l'une des principales attractions touristiques d'Istanbul.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1935 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal.

En défendant la reconversion du monument en mosquée, M. Erdogan cherche à rallier sa base électorale conservatrice durement touchée par les difficultés économiques actuelles, estiment nombre d'analystes.

L'an dernier, il avait qualifié la transformation de Sainte-Sophie en musée de "très grosse erreur".
(AFP, 1 juillet 2020)

Relations régionales / Regional Relations

Ankara prendra les "mesures nécessaires" pour soutenir le gouvernement de Tripoli

La Turquie a prévenu mercredi qu'elle n'hésiterait pas à "prendre les mesures nécessaires" en Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli qui fait face à des forces dissidentes appuyées par d'autres pays, comme l'Egypte et les Emirats arabes unis.

"Notre pays continuera de se tenir aux côtés du peuple libyen contre toute forme de tyrannie et n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires", a déclaré le gouvernement dans un communiqué publié après un conseil national de sécurité présidé par le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan.

Lors de cette réunion, les dirigeants turcs ont aussi "évoqué les initiatives vouées à l'échec des tierces parties qui rêvent de profiter du chaos pour faire progresser leurs intérêts avec les putschistes", selon le communiqué.

La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et dont le siège est à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l'est et une partie du sud du pays.

Le premier est soutenu par la Turquie et le deuxième par l'Egypte voisine, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Russie.

Alors que le GNA se trouvait en mauvaise posture il y a quelques mois à peine, il a renversé la situation en multipliant les victoires militaires grâce à l'appui de la Turquie qui a déployé en Libye des drones et des militaires.

Les tensions se sont toutefois renforcées ces dernières semaines, l'Egypte menaçant d'intervenir militairement si le GNA avance vers la ville stratégique de Syrte, prochain objectif affiché des forces de Tripoli.

Le soutien militaire d'Ankara à Tripoli s'accompagne aussi d'une coopération dans le domaine de l'énergie en Méditerranée orientale, où la Turquie a mené ces derniers mois des forages exploratoires qui ont suscité la colère de pays riverains.

Lors du conseil national de sécurité mercredi, le gouvernement turc a "réaffirmé sa détermination absolue" à défendre ses "droits et intérêts" en Méditerranée orientale, selon le communiqué.
(AFP, 22 juillet 2020)

Au moins 12 morts dans des combats opposant Arménie et Azerbaïdjan

De nouveaux combats ont opposé mardi l'Arménie et l'Azerbaïdjan, provoquant la mort d'au moins 12 personnes, malgré les appels internationaux à la retenue, notamment de la Russie, la grande puissance régionale.

Ces affrontements, dans le district frontalier de Tovouz, mettent face-à-face deux ennemis de longue date et constituent les heurts les plus graves depuis plusieurs années.

L'Azerbaïdjan a annoncé mardi la mort de sept de ses militaires, parmi lesquels un général et un colonel, ainsi que d'un civil.

L'Arménie a fait état le même jour de ses premières pertes avec la mort de quatre membres de ses forces armées, sous des tirs ennemis.

Au total, 16 personnes ont été tuées des deux côtés de la frontière depuis dimanche.

L'Arménie a affirmé que l'Azerbaïdjan l'avait attaquée en "utilisant l'artillerie, des chars et des véhicules aériens sans pilote", tandis la diplomatie arménienne a prôné une "réponse proportionnée" à ces "agressions".

Ces combats ont conduit ces derniers jours Moscou, Washington et l'Union européenne à appeler à un cessez-le-feu.

Le Kremlin, l'un des médiateurs dans le conflit du Nagorny-Karabakh, s'est déclaré mardi "profondément préoccupé" et a exhorté l'Azerbaïdjan et l'Arménie à "la retenue".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a proposé une "médiation" russe pour tenter de mettre fin aux hostilités.

Pour sa part, la Turquie, un ennemi de longue date de l'Arménie, a apporté son soutien à l'Azerbaïdjan, un pays allié turcophone. "Nous condamnons fermement les attaques arméniennes", a déclaré mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan, assurant qu'il s'agit d'un acte "délibéré visant directement l'Azerbaïdjan".

Cette aggravation des tensions intervient peu après des propos du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, qui avait menacé de quitter les pourparlers de paix sur le Karabakh, jugeant que Bakou avait le droit de chercher "une solution militaire au conflit".
(AFP, 16 juillet 2020)

Le parlement pro-Haftar d'accord pour une intervention de l'armée égyptienne

Le parlement basé dans l'est de la Libye qui appuie le maréchal Khalifa Haftar a dit être d'accord avec une intervention militaire de l'Egypte contre la Turquie en Libye en cas de "menace".

La Libye est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l'Est et une partie du Sud.

Le premier est soutenu par la Turquie, qui a des militaires sur place, et le second par l'Egypte voisine, les Emirats arabes unis et la Russie.

"Aux forces armées égyptiennes d'intervenir pour protéger la sécurité nationale libyenne et égyptienne, si elles voient une menace imminente pour la sécurité de nos deux pays", a indiqué dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi le Parlement élu en 2014, qui compte essentiellement des pro-Haftar.

Le Parlement réagissait à un discours du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi le 20 juin, dans lequel il avait menacé d'intervenir en Libye, en réaction à une implication directe de la Turquie.

Les relations entre Le Caire et Ankara se sont dégradées après la destitution en 2013 en Egypte du président islamiste Mohamed Morsi, soutenu par la Turquie.

Avec l'appui d'Ankara, les forces loyales au GNA ont engrangé d'importantes victoires depuis début juin, reprenant le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye.

Les troupes du maréchal Haftar n'ont pour leur part cessé de reculer ces derniers mois, essuyant des revers qui ont signé l'échec de leur offensive sur Tripoli lancée en avril 2019.

"Nous appelons à des efforts concertés entre les deux pays frères, la Libye et l'Egypte, pour assurer la défaite de l'occupant envahisseur (la Turquie) et préserver notre sécurité nationale commune", a ajouté le parlement dans son communiqué.

"Les dangers posés par l'occupation turque représentent une menace directe pour notre pays et pour les pays voisins, surtout pour l'Egypte", a-t-on ajouté de même source.

Le parlement ne reconnaît pas la légitimité du chef du GNA Fayez al-Sarraj, et soutient un gouvernement rival basé lui aussi dans l'est et l'"Armée nationale libyenne" (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar.

Il est par ailleurs affaibli par des divisions. Une quarantaine de députés anti-Haftar sont notamment partis pour Tripoli où ils ont élu un autre président de l'assemblée.

Les Emirats arabes unis ont de leur côté mis en garde contre les menaces du GNA de prendre le contrôle de la ville de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli à l'ouest et Benghazi à l'est.

Ces "tambours de guerre (...) peuvent déboucher sur de graves conséquences politiques et humaines", a averti sur Twitter le ministre d'Etat aux Affaires étrangères Anwar Gargash.

Il a appelé à un "cessez-le-feu immédiat", en invitant les Libyens à choisir "le dialogue".
(AFP, 14 juillet 2020)

Une patrouille russo-turque visée par une explosion, trois soldats russes blessés

Des militaires d'une patrouille russo-turque ont été blessés mardi dans l'explosion d'une bombe au passage de leurs véhicules dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

L'engin a explosé à 08H50 (05H50 GMT) au passage du convoi sur l'autoroute M4, dans la sud d'une zone de désescalade située dans la province d'Idleb, dominée par les groupes rebelles et jihadistes.

Deux véhicules blindés, l'un russe, l'autre turc, ont été touchés. Trois Russes ont été "légèrement blessés", selon le ministère.

Il a également fait état de blessés parmi les forces turques, mais sans donner plus de précisions.

La Russie et la Turquie ont lancé des patrouilles communes en mars après un accord de cessez-le-feu destiné à mettre fin aux combats dans et autour d'Idleb, dernier bastion des forces anti-gouvernementales en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a de son côté indiqué que "plusieurs détonations" avaient été entendues "lors du passage de la patrouille dans un village au nord-est d'Ariha liées à l'explosion d'un engin" qui aurait "blessé au moins trois soldats russes".

L'explosion a eu lieu, selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahman, "malgré d'intenses opérations de ratissage menées par les forces turques 24 heures avant le lancement de la patrouille conjointe sur la route qui sépare les zones contrôlées par les factions" insurgées "de celles contrôlées par les forces gouvernementales, en application du cessez-le-feu".

Dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), la région d'Idleb abrite quelque trois millions de personnes.

Aucune patrouille conjointe n'a pu jusqu'ici sillonner de bout en bout l'itinéraire spécifié dans l'accord russo-turc, selon l'OSDH, qui va du village de Tronba dans l'est d'Idleb au village d'Ain Hour dans le nord de Lattaquié.

Les patrouilles précédentes avaient été interceptées par des groupes jihadistes ou provoqué des manifestations hostiles, sans qu'elles ne soient toutefois prises pour cible de la sorte, indique l'OSDH.

Selon l'observatoire, des avions russes ont, par ailleurs, effectué après l'explosion mardi plusieurs raids sur une zone montagneuse dans le nord de la province de Lattaquié, accompagnés de tirs de missiles par les forces du régime.

Damas avait mené entre décembre et mars derniers une offensive avec le soutien de l'aviation russe, qui avait tué près de 500 civils, selon l'OSDH, et provoqué le déplacement de près d'un million de déplacés, d'après l'ONU, dont 120.000 sont retournés à la faveur du cessez-le-feu.

La Russie soutient le président Bachar al-Assad, tandis que la Turquie appuie différents groupes rebelles. Moscou et Ankara ont néanmoins passé des accords pour réduire les hostilités.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts et déplacé des millions de personnes. Elle s'est complexifiée au fil des ans, avec l'intervention de plusieurs puissances étrangères.
(AFP, 13 juillet 2020)

L'Eglise russe regrette que des "millions de Chrétiens" n'aient pas été entendus

L'Eglise orthodoxe russe a regretté vendredi que l'"inquiétude" de "millions de Chrétiens" n'ait pas été entendue par la Turquie, qui a ouvert la voie à la transformation de l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul en mosquée.

"Nous constatons que l'inquiétude des millions de Chrétiens n'a pas été entendue", a déclaré le porte-parole de l'Eglise russe Vladimir Legoïda, cité par l'agence Interfax, réagissant à la décision du plus haut tribunal administratif en Turquie, avant sa confirmation par le président Recep Tayyip Erdogan.

"La paix et la concorde entre les religions sont des questions extrêmement fragiles et complexes et qui ne peuvent supporter des décisions irréfléchies et purement politiques", a ajouté le porte-parole de l'Eglise russe, cité par l'agence Ria Novosti.

Les autorités russes et le patriarcat de Moscou avaient déjà fait part lundi de leurs profondes inquiétudes quant aux intentions turques pour Sainte-Sophie.

Le patriarche russe Kirill avait ainsi dénoncé "toute tentative d'humilier ou de piétiner l'héritage spirituel millénaire de l'Église de Constantinople", dont Moscou se considère comme la principale héritière avec la Grèce.

"Une menace envers Sainte-Sophie est une menace pour l'ensemble de la civilisation chrétienne", avait-il ajouté en appelant Ankara à la "prudence".

Le Kremlin avait pour sa part relevé que Sainte-Sophie avait "une valeur sacrée" pour les Russes, tout en jugeant que la question de la reconversion ou non du lieu relevait "des affaires intérieures de la Turquie".

Le plus haut tribunal administratif en Turquie a ouvert vendredi la voie à la transformation de l'ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée, en révoquant son statut actuel de musée. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans la foulée l'ouverture de l'ex-basilique aux prières musulmanes.

OEuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l'Unesco et l'une des principales attractions touristiques d'Istanbul.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, Sainte-Sophie a été transformée en musée en 1935 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de "l'offrir à l'humanité".
(AFP, 10 juillet 2020)

La région d'Idleb, ultime grand bastion jihadiste et rebelle

La région d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a été soumise à une offensive meurtrière de la part des forces de Bachar al-Assad et de son allié russe contre des groupes jihadistes et rebelles fin 2019 et début 2020.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, contrôlent plus de la moitié de la province d'Idleb y compris son chef-lieu éponyme, ainsi que les territoires adjacents dans les provinces de Hama, Lattaquié et Alep.

D'autres groupes jihadistes y sont aussi présents, de même que des factions rebelles.

Cette région abrite trois millions de personnes, dont la moitié a déjà été déplacée d'autres régions reconquises par le régime.

- Aux mains des islamistes -

La province d'Idleb a une importance stratégique, étant proche de la frontière avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles, mais aussi de la province côtière de Lattaquié, fief du clan du président Assad.

Avant la guerre déclenchée en 2011, la majorité de ses habitants travaillaient dans l'agriculture (coton et céréales), ou à Alep, à une soixantaine de kilomètres.

En mars 2015, l'Armée de la Conquête, coalition de groupes rebelles islamistes et jihadistes comme le Front al-Nosra (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, rebaptisé Fateh al-Cham), s'empare de la ville d'Idleb.

La province va être la cible répétée de raids meurtriers de l'aviation syrienne et de celle de son allié russe, engagé dans le conflit depuis septembre 2015.

- Jihadistes -

En janvier 2018, des affrontements opposent les jihadistes de HTS, dominés par Fateh al-Cham, aux combattants du Front national de libération (FNL), coalition rebelle regroupant des factions soutenues par Ankara.

HTS enchaîne les gains territoriaux, à coups d'offensives meurtrières et d'accords négociés, laissant en déroute le FNL. Il met en place une administration locale, baptisée "Gouvernement du salut".

En janvier 2019, HTS renforce son emprise sur Idleb, en imposant son contrôle administratif sur toute la province, ainsi que sur des territoires adjacents dans les provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.

- Idleb: "but" du régime -

La province d'Idleb est l'une des quatre zones de "désescalade" établies en 2017 pour faire baisser les violences, après des accords entre Moscou, Téhéran, alliés du régime, et Ankara.

Mais fin 2017, les prorégime, appuyés par l'aviation russe, lancent une opération à la périphérie de la province. Plusieurs semaines de combats meurtriers permettent au régime de prendre quelque 400 localités, ainsi que l'aéroport militaire d'Abou Douhour.

En juillet 2018, Bachar al-Assad déclare: "Idleb est désormais notre but". La province est bombardée pendant deux mois par les forces syriennes et russes.

- Offensives meurtrières -

En septembre 2018, Ankara et Moscou se mettent d'accord pour créer une "zone démilitarisée" à Idleb, qui doit servir de tampon entre territoires insurgés et ceux tenus par le régime tout autour.

Mais l'accord n'est que partiellement respecté, les jihadistes refusant de se retirer.

Entre fin avril et fin août 2019, l'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, mène une offensive d'envergure dans la région, tuant un millier de civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et déplaçant 400.000 personnes d'après l'ONU.

A partir de décembre, et malgré un cessez-le-feu annoncé fin août par Moscou, les forces du régime, soutenues par l'aviation russe, intensifient leurs bombardements, et de violents combats au sol les opposent aux jihadistes et rebelles.

Depuis décembre, plus de 948.000 personnes, dont plus d'un demi-million d'enfants, ont été déplacées selon l'ONU. Près de 500 civils ont été tués, d'après l'OSDH.

- Attaques chimiques -

Damas a été accusé maintes fois de recourir à des armes chimiques dans la province.

En 2016, une commission de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) conclut que des hélicoptères militaires syriens ont répandu du chlore sur au moins deux localités: Talmenes (2014) et Sarmine (2015). Elle accuse le régime d'une attaque, sans doute au chlore, à Qmenas, en 2015.

Le 4 avril 2017, un raid aérien fait plus de 80 morts dont plus de 30 enfants à Khan Cheikhoun, selon l'OSDH. Les experts de l'OIAC et de l'ONU ont affirmé que du gaz sarin avait été utilisé et que le régime, qui a démenti, en est responsable.

En avril 2020, l'OIAC a rendu un rapport officiel accusant l'armée syrienne d'attaques à l'arme chimique sur la localité de Latamné (nord) en 2017.
(AFP, 7 juillet 2020)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Hydrocarbures : Ankara suspend des recherches critiquées par Athènes

La Turquie a annoncé mardi qu'elle avait mis sur pause un projet d'exploration d'hydrocarbures dans une zone disputée de la Méditerranée orientale, un geste qui vise à apaiser les vives tensions avec Athènes.

La semaine dernière, Ankara avait annoncé que le navire de recherche sismique Oruç Reis devait se positionner à proximité de l'île grecque de Kastellorizo (Meis, en turc) située près des côtes turques.

"Notre président a déclaré que tant que les négociations sont en cours, nous allons attendre quelque temps afin d'adopter une attitude constructive", a déclaré mardi le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin.

"La Grèce est un pays voisin important pour nous (...). Nous sommes prêts à discuter avec la Grèce", a-t-il ajouté dans un entretien avec la chaîne d'information CNN-Türk.

Ces déclarations interviennent à un moment où la tension est montée d'un cran en Méditerranée orientale la semaine dernière, Athènes ayant même déployé des navires de guerre en mer Egée.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a "salué" la décision turque.

"C'est une avancée vers une désescalade (...). Soyons clairs, nos différends concernent la délimitation du plateau continental et des zones exclusives maritimes", a-t-il ajouté dans des déclarations à la presse à l'occasion d'une visite de son homologue espagnole Arancha Gonzalez Lay, qui s'était rendue la veille à Ankara.

"La Grèce est toujours prête au dialogue mais pas sous la menace", a-t-il assuré.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains, comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l'Egypte et Israël.

Les Turcs ont multiplié les forages exploratoires au large de Chypre, s'attirant les foudres de la plupart des pays de la région et de l'Union européenne qui dénoncent des activités "illégales".

Pour tenter d'appuyer ses revendications, Ankara a signé l'an dernier un accord maritime controversé avec le gouvernement de Tripoli qui élargit son territoire maritime en Méditerranée orientale.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a dénoncé la "violation" des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie en Méditerranée orientale, appelant à sanctionner Ankara.
(AFP, 28 juillet 2020)

Des dizaines de Grecs "en deuil" protestent contre la reconversion de Sainte-Sophie

Plusieurs dizaines de personnes "en deuil", brandissant des drapeaux grecs et des images de la vierge, se sont rassemblées vendredi soir à Athènes et Thessalonique pour prier et protester contre la reconversion en mosquée de l'ex-basilique Sainte-Sophie, "symbole de l'orthodoxie et de l'hellénisme", selon une banderole.

A travers toute la Grèce, les cloches des églises orthodoxes ont retenti en début d'après-midi, leurs drapeaux en berne, pour dénoncer ce que l'archevêque Iéronymos, chef de l'Eglise de Grèce, a qualifié d'"acte impie souillant" l'ancienne basilique de l'empire byzantin. Aujourd'hui "est un jour de deuil pour toute la chrétienté", a déclaré le patriarche, soulignant que "Sainte-Sophie est "un symbole de notre foi".

Des milliers de musulmans ont participé vendredi à Istanbul à la première prière en l'ex-basilique Sainte-Sophie, haut-lieu de l'orthodoxie reconverti en mosquée.

Le 10 juillet, le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé de rendre l'édifice au culte musulman après une décision de justice révoquant son statut de musée.

Plusieurs dizaines de personnes ont prié et chanté au son du bouzouki dans le centre d'Athènes, à l'appel d'organisations orthodoxes, a constaté une journaliste de l'AFP. "C'est la deuxième prise de Constantinople par les Turcs", scandait un mégaphone. "Non au nouvel ottomanisme", pouvait-on lire également sur une banderole.

"Ce n'est pas un jour de deuil, c'est un jour de réveil face à l'agressivité grandissante de la Turquie", a déclaré à l'AFP Constantinos Bogdanos, député du parti conservateur au pouvoir, Nouvelle-Démocratie.

Des dizaines de fidèles ont ensuite afflué vers la cathédrale d'Athènes, où Mgr Iéronymos disait une messe spéciale en début de soirée et chanté l'hymne acathiste en l'honneur de la vierge Marie.

Cet hymne acathiste fut chanté la première fois pour célébrer la protection que la vierge offrit à la ville de Constantinople, lors de son siège en 626. La bataille fut remportée par les forces grecques contre les armées musulmanes, pendant que le patriarche Serge implorait la protection de la vierge et que le peuple défilait en procession.

Selon la tradition grecque, la même messe a été dite à Sainte-Sophie, à la veille de la chute de l'empire byzantin aux Ottomans en 1453.

A Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, quelque 150 personnes ont également manifesté a constaté un photographe de l'AFP.

"Pour nous, Grecs orthodoxes, Sainte-Sophie est aujourd'hui plus que jamais dans nos esprits. Là-bas bat notre coeur", a déclaré vendredi devant la presse le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

"Ce qui se passe à Constantinople aujourd'hui n'est pas une manifestation de puissance mais au contraire le signe d'une faiblesse", a-t-il ajouté, accusant la Turquie d'"insulter le patrimoine du 21e siècle".

Après avoir reçu le patriarche d'Alexandrie Theodore II, le Premier ministre a appelé à "transformer notre tristesse en force, sang-froid et en unité. Parce que Sainte-Sophie existe justement pour nous unir tous, nous invitant à regarder plus haut".

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople, Sainte-Sophie a été transformée en musée en 1934 par le premier président de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, soucieux de "l'offrir à l'humanité".

La maison natale d'Atatürk à Thessalonique, la 2e ville de Grèce, a été fermée vendredi par le consulat turc, officiellement pour entretien jusqu'à lundi.

OEuvre architecturale majeure, construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est classée au patrimoine mondial par l'Unesco. Pour la Grèce, l'ex-basilique est identifiée à Constantinople, comme les Grecs.
(AFP, 26 juillet 2020)

Explorations turques: la Marine grecque déploie des navires en mer Egée

La Marine grecque a déployé des navires en mer Egée et a annoncé des "préparatifs renforcés" suite aux récentes activités turques d'exploration gazière en mer Egée, a indiqué mercredi une source de ce corps militaire.

"Des unités de la Marine ont été déployées depuis hier (mardi) dans le sud et le sud-est de la mer Egée", a déclaré cette source à l'AFP. Ces unités "sont prêtes à répondre à toute activité", a ajouté l'officier.

La Marine a également appelé les marins à ignorer une restriction de navigation maritime décrétée par la Turquie.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mistotakis a organisé des rencontres séparées avec les dirigeants de partis politiques grecs, jeudi et vendredi, "sur des sujets nationaux", selon son bureau de presse.

Dans le cadre de ses activités d'exploration d'hydrocarbures en cours, la Turquie a annoncé "publiquement" le déploiement de son vaisseau Oruç Reis en Méditerranée orientale à compter de mardi, selon un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères daté de mercredi.

Athènes a protesté officiellement contre ces mouvements proches de l'île grecque de Kastellorizo. "L'annonce des explorations turques dans une section du plateau continental grec (...) constitue une escalade de la tension dans notre région", a déclaré mardi le ministère grec des Affaires étrangères.

"Nous appelons la Turquie à cesser immédiatement ses activités illégales qui violent nos droits souverains et sapent la paix et la sécurité dans la région", a ajouté le ministère grec.

Ankara affirme que la zone maritime où les explorations seront conduites se trouve "entièrement sur le plateau continental turc tel que déclaré aux Nations unies", selon Hami Aksoy, porte-parole du ministre des Affaires étrangères.

Celui-ci conteste que la seule île grecque de Kastellorizo, "large de 10 km2, à 2 km seulement d'Anatolie (en Turquie) et à 580 km du continent grec, puisse générer un plateau continental de 40.000 km2", selon un communiqué.

A Bruxelles, Nabila Massrali, porte-parole de l'UE, a estimé que la Turquie envoyait là "un mauvais message" eu égard aux relations turco-européennes.

La Turquie, candidat pour entrer dans l'UE, "doit s'engager sans équivoque pour des relations de bon voisinage, (l'application) des accords internationaux et la résolution pacifique des disputes en accord avec la charte de l'ONU", a-t-elle déclaré aux journalistes.

L'UE, qui a déjà condamné ces "forages illégaux", "a souligné à plusieurs reprises que la délimitation des zones économiques exclusives et du plateau continental doit être établie par le dialogue et des négociations de bonne foi", a-t-elle ajouté.

Pays voisins tous deux membres de l'Otan, la Grèce et la Turquie ont historiquement des relations tendues.

Athènes dénonce un accord turco-libyen controversé, signé l'année dernière, sur le partage des espaces maritimes entre Ankara et le gouvernement de Tripoli.

Athènes estime que cet accord vise à accroître l'influence de la Turquie en Méditerranée, où Ankara a récemment effectué des forages exploratoires à proximité de Chypre, suscitant les protestations des pays voisins, Chypre, Grèce, Egypte.
(AFP, 22 juillet 2020)


Sainte-Sophie, nouveau motif de tension entre Grèce et Turquie

La décision de la Turquie de transformer en mosquée l'ex-basilique Sainte-Sophie, haut lieu de l'orthodoxie, est vécue comme une "provocation" en Grèce et risque de tendre davantage les relations entre Ankara et Athènes, soulignent les responsables grecs et les analystes.

"Cette nouvelle provocation de la Turquie, qui s'adresse non seulement à la Grèce mais aussi à l'Occident, alourdit encore plus le climat entre Athènes et Ankara", affirme à l'AFP Konstantinos Filis, directeur de l'Institut grec des relations internationales.

Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque, a révoqué vendredi une mesure de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée. Peu après, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que l'ex-basilique byzantine serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

Cette annonce a provoqué un tollé international de Washington à Paris, mais surtout dans les pays orthodoxes comme la Grèce et la Russie.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a condamné "avec la plus grande fermeté" la décision turque.

Outre "son impact dans les relations greco-turques", ce choix "affecte les relations d'Ankara avec l'Union Européenne (UE), l'Unesco, et la communauté mondiale", a-t-il fustigé.

Lina Mendoni, ministre grecque de la Culture, a qualifié la décision turque de "provocation envers le monde civilisé".

- "Double message" -

Pour Konstantinos Filis, cette décision "comprend "un double message": adressé à l'intérieur de la Turquie où le président fait face à une baisse de popularité, mais aussi à l'Occident.

Car la Turquie se veut maître de jeu dans la région de la Méditerranée et au Moyen-Orient.

Konstantinos Filis rappelle "l'agressivité de la Turquie depuis un an dans la région: ses tentatives d'exploiter les ressources énergétiques dans le sud-est de la Méditerranée, suivies de son invasion du nord de la Syrie et récemment en Irak, ou encore son interférence dans le conflit en Libye".

Pays voisins et tous deux membres de l'Otan, la Grèce et la Turquie maintiennent historiquement des relations tendues, aggravées ces dernières années par la question migratoire.

"Sans aucun doute, la décision sur Sainte-Sophie n'était pas une nécessité, Istanbul ne manque pas de mosquées (...)", souligne l'historienne Christina Koulouri.

- "Conflit" religieux -

"Cette décision a un symbolisme particulier et sert de moyen de pression sur l'Europe où le conflit entre christianisme et islam est un facteur important de l'identité européenne", explique cette professeure d'histoire contemporaine à l'Université de Pantion à Athènes.

La prise de la Constantinople par les Ottomans au XVe siècle constitue "une rupture dans l'histoire de l'Europe représentant le monde chrétien, une idée qui se reproduit dans l'inconscient collectif", ajoute-t-elle.

OEuvre architecturale majeure, construite au VIème siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est classée au patrimoine mondial par l'Unesco.

Pour la Grèce, Sainte-Sophie est identifiée à Constantinople, comme les Grecs continuent toujours d'appeler Istanbul.

"L'empire byzantin est un élément constituant de l'identité grecque, de l'histoire et de la religion du pays, un lien entre l'Antiquité grecque et la Grèce contemporaine", explique Christina Koulouri.

La transformation de Sainte-Sophie en mosquée a fait les gros titres des médias grecs ce week-end: le grand quotidien Kathimerini souligne "la dimension politique" de cette décision à l'intérieur de la Turquie "qui annule la sécularisation du pays" et prouve selon lui "la mégalomanie d'Erdogan".

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, Sainte-Sophie a été transformée en musée en 1934 par le premier président de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, soucieux de "l'offrir à l'humanité".

"Le président turc a choisi un moment où sa popularité est en berne pour prendre une décision, qui supprime l'héritage de Mustafa Kemal", relève de son côté le Journal des rédacteurs (gauche).

Lina Mendoni a souligné que "le nationalisme dont fait preuve le président (turc Recep Tayyip) Erdogan ramène son pays six siècles en arrière".
(AFP, 12 juillet 2020)

Immigration / Migration

Peine de prison pour dix communistes turcs en Allemagne

La justice allemande a condamné mardi à des peines de prison ferme dix membres du TKP/ML pour leur soutien à ce groupe considéré comme "terroriste" par Ankara, au terme d'un procès controversé.

La Cour d'appel allemande de Munich a condamné le principal suspect, Müslum Elma, à "six années et six mois de prison", et les neufs autres accusés, tous d'origine turque, à de peines "entre deux ans et neuf mois et cinq ans".

Ils sont reconnus coupables d'avoir recruté des membres, organisé des meetings et levé des fonds pour soutenir financièrement des actions attribuées au parti sur le territoire turc, y compris des attentats entre 2004 et 2015 ayant coûté la vie "à au moins six personnes" dans le pays.

Müslum Elma, 60 ans, a été "membre du comité central" de l'organisation, jusqu'à son arrestation en 2015. Ses co-accusés, arrêtés à la même date, ont été remis en liberté.

Ce procès de près de quatre ans a été controversé en Allemagne, les intéressés et leurs avocats accusant la justice de se baser seulement sur des enquêtes effectuées par la Turquie.

Un reproche de nouveau rejeté mardi par le juge Manfred Dauster. Ils n'ont certes jamais "participé à aucun attentat", mais savaient que le groupe allait commettre des actions violentes, a-t-il également affirmé.

Les neuf hommes et une femme se considèrent de leur côté comme des opposants politiques au régime du président turc Recep Tayyip Erdogan, alors que le parti TKP/ML est autorisé en Allemagne.

Depuis le début de la procédure, des manifestations en faveur des accusés ont régulièrement eu lieu devant le tribunal de Munich, les participants dénonçant un "procès spectacle" mené sous la pression de la Turquie.

Pour Stephan Kuhn, l'avocat de M. Elma, ce "procès politique" est plus que "problématique en ce qui concerne l'Etat de droit". Il s'est étonné que l'Allemagne ait tenu à l'organiser. "C'est la question en suspens que le verdict n'a pas résolue et qui explique que nous ne sommes pas satisfaits", a-t-il déclaré.
 (AFP, 28 juillet 2020)

Les migrants en Turquie, victimes invisibles du coronavirus

Le Soir, Anne Andlauer, 22 juillet 2020


C’est pas facile », « c’est un peu dur »… Amadou répète ces mots. Mais plus il avance dans le récit des cinq derniers mois, plus on se dit que le jeune homme atténue dans sa voix les épreuves qu’il a traversées.

Amadou a quitté Dakar, au Sénégal, il y a cinq ans. Il a d’abord vécu au Maroc avant d’atterrir à Istanbul, il y a neuf mois, avec un visa de court séjour. Il a 28 ans et rêve d’aller aux Pays-Bas. Mais l’étape la plus difficile de ce voyage est devant lui : entrer en Europe, illégalement, par la Grèce.

Le 28 février, lorsque les autorités turques annoncent sans crier gare que « les portes sont ouvertes », Amadou et des milliers d’autres se précipitent à la frontière terrestre. Ceux qui réussissent à passer sont arrêtés par la police grecque, qui les renvoie vers la Turquie – dont le chantage migratoire se décrédibilise au passage.

Pour Amadou, c’est la première désillusion. Deux fois, il passe. Deux fois, il est repoussé. Le constat est amer : au lieu d’ouvrir les portes, comme elle le prétendait, la Turquie a contribué à les verrouiller davantage.

Frappés et dépouillés

« Les Grecs veulent nous attraper à tout prix. J’étais presque arrivé à Thessalonique (à 400 kilomètres de la frontière, NDLR) quand ils m’ont pris la deuxième fois », raconte le jeune Sénégalais, confirmant des accusations de l’ONG Human Rights Watch. Cette dernière faisait état, le 16 juillet, d’expulsions collectives de migrants arrêtés très loin de la frontière. « Les policiers grecs nous ont frappés, dépouillés et enfermés pendant deux jours dans un taudis », poursuit Amadou. « Excusez-moi de le dire… mais on faisait tout là-dedans. »

Lorsqu’il revient à Istanbul, mi-mars, la Turquie dépiste son premier cas de nouveau coronavirus. Les mesures arrivent vite : confinement partiel, fermeture de la plupart des lieux publics et de nombreux lieux de travail. Amadou, employé illégalement dans une petite fabrique de sacs, se retrouve sans revenus. « Très vite, moi et mes colocataires n’avons plus eu d’argent pour payer le loyer », explique-t-il. « Mais le propriétaire ne voulait rien entendre. Il venait tout le temps réclamer. »

Amadou, qui n’a toujours pas repris le travail, se serait retrouvé à la rue s’il n’avait pas croisé la route du Groupe de solidarité de Tarlabasi. Cette structure informelle a aidé des centaines de migrants d’Istanbul à se loger, se nourrir, mais aussi à se procurer des masques et du gel hydroalcoolique, dans un pays où le Covid-19 a tué 4500 personnes pour 220.000 cas dépistés. « À cause du confinement et de l’arrêt des activités du secteur informel, la quasi-totalité des migrants se sont retrouvés sans travail. Sur un millier de personnes que j’ai rencontrées sur le terrain, une seule a continué à travailler », souligne Muhammed Siddik Yasar, l’un des fondateurs du groupe.

Quatre millions de réfugiés

Ce bénévole décrit des migrants « isolés » dans la mégapole, quand les institutions et les ONG qui leur venaient en aide ont ralenti ou cessé leurs activités au plus fort de l’épidémie. « C’est particulièrement vrai pour ceux qui n’ont pas de papiers, à la différence des Syriens », poursuit Muhammed. La Turquie abrite quatre millions de réfugiés et demandeurs d’asile (dont 3,6 millions de Syriens) et plusieurs centaines de milliers d’autres étrangers non enregistrés.

« L’épidémie a créé de nombreux traumatismes », observe Muhammed Siddik Yasar. « Ne plus pouvoir se déplacer, ne plus pouvoir travailler, être expulsé de son appartement parce qu’on n’a plus les moyens de payer le loyer ou parce qu’on vous soupçonne de porter le virus… Beaucoup de migrants ont connu la faim. »

Amadou le reconnaît : s’il n’avait pas dépensé son épargne dans ses deux tentatives pour franchir la frontière (environ 1000 euros, économisés en travaillant 78 heures par semaine pour 50 euros), les effets de l’épidémie auraient été moins durs pour lui. « Cette épidémie m’a mis à plat financièrement et moralement », soupire-t-il. « Mais dès que je peux, je repars. »

Muhammed Siddik Yasar, le bénévole, ne s’attend pas à une baisse des tentatives pour gagner l’Europe au cours des prochains mois. Au contraire, dit-il, « le chômage déjà élevé qui risque de s’aggraver en Turquie après l’épidémie, les difficultés croissantes pour se nourrir et se loger… Ce sont autant de facteurs qui motivent les départs et vont pousser de plus en plus de personnes à tenter de gagner l’Europe. » Et ce, alors même que le long voyage qui attend ceux qui entrent en Grèce sans se faire arrêter décuple les risques d’infection chez ces migrants déjà fragiles.

Naufrage d’une embarcation de migrants: le bilan grimpe à 50 morts

Le bilan du naufrage d’une embarcation de migrants sur un lac de l’est de la Turquie fin juin est passé à 50 morts samedi après la découverte de cinq nouveaux corps, ont rapporté des médias.

Les autorités turques ont repêché samedi les corps de trois adultes et de deux enfants dans le lac de Van, trois semaines après le naufrage, a indiqué l’agence de presse étatique Anadolu.

Il s’agit du naufrage de migrants le plus meurtrier recensé à ce jour dans cette étendue d’eau fermée.

Le 27 juin, une embarcation transportant des migrants originaires notamment du Pakistan, d’Afghanistan et d’Iran avait coulé dans le lac de Van, vraisemblablement en raison de mauvaises conditions météorologiques.

Entre 55 et 60 personnes se trouvaient à bord, selon les autorités qui ont déployé des drones, des hélicoptères et des équipes de plongeurs pour fouiller le lac.

L’épave du bateau a été localisée la semaine dernière à 107 mètres de profondeur.

La Turquie est l’un des principaux pays de transit des migrants qui cherchent à se rendre en Europe depuis l’Asie et le Proche-Orient.

Le lac de Van, qui est situé dans la province du même nom, se trouve sur la route de migrants cherchant à rejoindre l’Europe.

Bien qu’il ne soit frontalier d’aucun autre pays, de nombreux migrants le traversent afin d’éviter les routes de la région, très contrôlées par les gendarmes.

En décembre, une embarcation transportant plusieurs dizaines de migrants avait coulé dans le lac de Van. Au moins sept personnes avaient perdu la vie.
(AFP, 18 juillet 2020)


Près de 300 migrants voulant se rendre en Europe interceptés

Les gardes-côtes turcs ont intercepté un navire-citerne transportant près de 300 migrants qui voulaient gagner la Grèce, ont annoncé mardi les autorités, ajoutant que huit passeurs présumés avaient été arrêtés.

Lors de cette opération menée lundi soir dans la région d'Izmir (ouest), 276 migrants et huit hommes soupçonnés d'avoir organisé le voyage ont été interpellés, ont précisé les gardes-côtes dans un communiqué.

Les migrants, dont 59 enfants et 46 femmes, étaient notamment originaires d'Afghanistan, de Syrie, du Bangladesh et d'Iran, selon l'agence de presse étatique Anadolu.

Le navire à bord duquel ils avaient pris place a été intercepté juste avant de prendre le large.

Dans une vidéo publiée par Anadolu, on voit des dizaines de personnes entassées dans des citernes exiguës et mal aérées. Certains migrants arrêtés avaient du mal à respirer, selon Anadolu.

La Turquie, qui accueille près de quatre millions de réfugiés syriens sur son sol, est l'une des principales voies de passage empruntées par les migrants qui tentent de se rendre en Europe depuis le Proche-Orient, l'Asie, mais aussi l'Afrique.

Ankara et l'Union européenne ont conclu en 2016 un pacte migratoire controversé aux termes duquel les autorités turques se sont engagées à lutter contre les passages clandestins en échange, notamment, d'une aide financière.

Mais Ankara accuse l'UE de ne pas tenir tous ses engagements, et le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé en février l'ouverture de la frontière avec la Grèce, provoquant l'afflux de dizaines de milliers de candidats à l'exil.

Si cet afflux s'est rapidement tari en raison de la fermeture des frontières à cause de la pandémie de nouveau coronavirus, Athènes s'inquiète depuis plusieurs semaines de l'arrivée depuis la Turquie d'embarcations transportant des migrants.

Lors d'une visite lundi du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a une nouvelle fois appelé l'UE à "tenir ses promesses", menaçant sinon de "ne pas retenir ceux qui veulent partir" en Europe.

Il a notamment réclamé une exemption des visas pour les ressortissants turcs voulant se rendre en Europe et la modernisation d'un accord douanier.
(AFP, 7 juillet 2020)

L'islamisme d'Erdogan, une des menaces qui pèsent sur la Belgique

Dans son dernier rapport annuel, la Sûreté de l’État belge signale que "L’extrémisme religieux, notamment le madkhalisme, l’islamisme turc et les Frères musulmans" constitue la première menace qui pèse sur la Belgique. Les deux autres sont "L’extrême droite dure fréquente de plus en plus les clubs de tir" et "Quelques dizaines d’étudiants militaires chinois dans les universités belges”.*

Selon le rapport, la Sûreté de l’État s’inquiète particulièrement de "la forte croissance en Belgique du courant madkhaliste au sein du salafisme". Ce courant est apparu en Arabie Saoudite dans les années 1990 et s’inspire des écrits du religieux saoudien Rabi Al Madkhali, un professeur de l’université de Médine. Contenu en Arabie, où il a coexisté avec l’islam wahhabite, il s’est développé en Europe, notamment en Belgique et aux Pays-Bas. Le mari de Muriel Degauque, la première femme kamikaze européenne, était inspiré par le madkhalisme. Ce courant condamne les groupes terroristes comme Al-Qaïda et l’État islamique, mais ne rejette pas le djihad, qui est considéré comme valable s’il est décrété par une autorité politique.

La Sûreté le juge "totalitaire, raciste et antidémocratique" et comme "une menace sérieuse pour notre société inclusive ", car il tend à isoler l’individu et sa famille de la société belge. Ses adeptes portent généralement le qamis (vêtement long) et la barbe non taillée pour les hommes, le jilbab (voile long laissant apparaître le visage) voire le niqab (intégral) pour les femmes.

La Sûreté crosse aussi l’islamisme turc, incarné par le parti d’Erdogan. L’AKP est en faveur d’une islamisation de la société par des moyens politiques et donc proche idéologiquement des Frères musulmans. Elle constate "l’effacement de plus en plus marqué des frontières idéologiques entre l’État turc - représenté par la Diyanet (en Belgique) - et les confréries et mouvements religieux turcs tels que le Milli Görüs (Vision nationale)". Or auparavant, la Diyanet considérait Milli Görüs comme un groupe extrémiste. Ce dernier ne cesse de croître dans la communauté turque de Belgique à travers les projets scolaires de la Fédération islamique de Belgique (BIF).

Enfin, le service de renseignement garde à l’œil les Frères musulmans, non-violents, mais qui font discrètement de l’entrisme dans les partis politiques. Des candidats ou partis en faveur du port du voile ont été soutenus lors des dernières élections.

* (La Libre Belgique, Christophe Lamfalussy, 2 juillet 2020)


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