Droits
de l'Homme / Human Rights
Des
dizaines d'étudiants arrêtés pendant une manifestation
La police turque a interpellé vendredi une quarantaine d'étudiants qui
manifestaient devant un tribunal à Istanbul pour exiger la libération
de camarades interpellés la veille, a constaté l'AFP.
"Nous ne nous taisons pas, nous n'avons pas peur et nous n'obéissons
pas !", ont scandé les manifestants pendant l'intervention des
policiers, qui ont utilisé leurs boucliers anti-émeutes pour disperser
la foule.
Les étudiants arrêtés ont été emmenés à bord de cars de la police, où
certains continuaient de lancer des slogans.
Au total, 42 étudiants ont été placés en garde à vue, a indiqué à l'AFP
l'un de leurs avocats.
Ces manifestants s'étaient rassemblés pour dénoncer l'arrestation la
veille de 24 étudiants de la prestigieuse Université Bogazici à
Istanbul, qui avaient brandi des drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel
pour exprimer leur soutien avec la communauté LGBT.
Des étudiants de Bogazici manifestent quotidiennement depuis le 1er
janvier contre la nomination par le président Recep Tayyip Erdogan d'un
recteur proche de son parti, Melih Bulu, y voyant le signe d'une perte
d'indépendance des universités.
Les autorités ont durement réprimé la contestation, arrêtant plusieurs
dizaines d'étudiants et réclamant des peines de prison ferme pour
plusieurs d'entre eux.
Cette répression s'est accompagnée d'une hausse du discours anti-LGBT,
après la découverte sur le campus d'une oeuvre d'art jugée insultante,
associant un lieu sacré de l'islam et des drapeaux LGBT.
Le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu a ainsi plusieurs fois
qualifié les LGBT de "dégénérés" et M. Erdogan a estimé qu'ils ne
partageaient pas les "valeurs" de la Turquie.
Ces propos, qui ont été condamnés par les Etats-Unis, ont renforcé
l'inquiétude des membres de la communauté LGBT en Turquie.
Si l'homosexualité n'y est pas illégale, contrairement à de nombreux
pays à majorité musulmane, les LGBT y sont fortement discriminés. (AFP, 26 mars 2021)
L'ONU
consternée par le retrait d'Istanbul d'un
traité
protégeant les femmes
L'annonce par la Turquie de son retrait d'un traité sur la lutte contre
les violences infligées aux femmes est consternante, estime la
Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, révélatrice de la
détérioration des droits humains dans le pays.
"La Haute-Commissaire a exprimé sa consternation face au retrait, qui
représente un recul significatif dans les efforts de la Turquie à faire
avancer les droits des femmes, en particulier parce que les inégalités
basées sur le genre et les violences faites aux femmes restent un grave
problème dans la société turque", souligne un communiqué des services
de Michelle Bachelet.
Ce retrait de la convention dite d'Istanbul, "un important traité
régional des droits humains sur le combat contre toutes formes de
violences faites aux femmes, traduit des inquiétudes plus larges sur la
situation des droits humains dans le pays, en particulier l'espace
civique qui se réduit et le manque de participation démocratique réelle
dans les prises de décision", ajoute le communiqué.
Le Haut-Commissariat note que la décision de se retirer de ce traité a
été prise sans débat parlementaire ou sans consultation plus large avec
les membres de la société civile, y compris les groupes de femmes et
les défenseurs des droits des femmes.
Cette décision "est d'autant plus choquante" selon l'organisation, que
la Turquie a été la première à ratifier le traité en mars 2012.
Le retrait, annoncé ce week-end, "lance un signal négatif au reste du
monde" au moment où la pandémie a fait grimper encore les violences
faites aux femmes.
Le Haut-Commissariat demande à la Turquie de revenir sur sa décision et
"de faire des efforts concrets" pour protéger les femmes turques.
Dans un communiqué séparé de nombreux experts indépendants de l'ONU ont
également fait part de "leurs profonds regrets" face à cette décision
de la Turquie.
Ce retrait "envoie le message que les violences faites aux femmes n'est
pas un sujet important, et risque d'encourager les auteurs de ces
violences et de fragiliser les mesures pour les combattre", a ainsi
souligné Dubravka Simonovic, Rapporteure spéciale de l'ONU sur les
violences faites aux femmes.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi dans ce pays pour
demander au président Recep Tayyip Erdogan de revenir sur le retrait.
Cette décision, prise alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter
depuis une décennie en Turquie, a suscité la colère des organisations
de défense des droits des femmes et des critiques de l'Union européenne.
Le traité d'Istanbul est le premier traité international à fixer des
normes juridiquement contraignantes dans une trentaine de pays pour
prévenir la violence sexiste. (AFP, 23 mars 2021)
La
Turquie quitte une convention
réprimant les violences contre les femmes
La Turquie s'est retirée du premier instrument contraignant au monde
pour prévenir et combattre la violence contre les femmes, selon un
décret présidentiel publié vendredi qui a aussitôt suscité les
critiques du principal parti d'opposition.
La Convention d'Istanbul de 2011 oblige les gouvernements à adopter une
législation réprimant la violence domestique et les abus similaires, y
compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine.
Les conservateurs ont affirmé que la charte nuit à l'unité familiale,
encourage le divorce et que ses références à l'égalité étaient
utilisées par la communauté LGBT pour être mieux acceptée dans la
société.
La Turquie avait débattu d'un éventuel retrait de cette Convention
après qu'un responsable du parti au pouvoir du président Recep Tayyip
Erdogan eut soulevé la question de l'abandon du traité l'année dernière.
Depuis lors, des femmes sont descendues dans les rues d'Istanbul et
d'autres villes, appelant le gouvernement à s'en tenir à la Convention.
Le principal parti d'opposition CHP a critiqué cette décision.
Gokce Gokcen, vice-présidente du CHP chargée des droits humains, a
tweeté que l'abandon de cette Convention signifiait "laisser les femmes
être tuées".
"Malgré vous et votre malfaisance, nous allons rester en vie et faire
ressusciter la Convention", a-t-elle écrit sur Twitter.
La Constitution et la réglementation intérieure de la Turquie seront la
"garantie des droits des femmes", a assuré Zehra Zumrut Selcuk,
ministre de la Famille, du Travail et des Services sociaux, selon
l'agence de presse officielle Anadolu.
"Nous allons poursuivre notre lutte contre la violence avec pour
principe zéro tolérance" pour la violence, a-t-elle ajouté.
La violence domestique et le féminicide restent un problème grave en
Turquie.
Un homme a été arrêté dimanche dans le nord du pays après la diffusion
d'une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle on le voit frapper
son ex-femme dans la rue. L'année dernière, 300 femmes ont été
assassinées selon le groupe de défense des droits We Will Stop Femicide.
La plateforme a appelé à un "combat collectif contre ceux qui ont
abandonné la Convention d'Istanbul" et à une manifestation de
protestation samedi à Kadikoy, dans la partie asiatique d'Istanbul,
dans un message sur Twitter.
"Renoncez à cette décision, mettez en oeuvre la Convention", a exhorté
dans un tweet la secrétaire générale de l'organisation Fidan Ataselim. (AFP, 20 mars 2021)
On
n'oublie jamais ce coup d'état sanglant en
Turquie
Le 12 mars est un des anniversaires noirs de la famille européenne, car
il y a 50 ans, en Turquie, membre du Conseil de l'Europe et l'OTAN
ainsi que membre associé de l'Union européenne, les généraux avaient
renversé le gouvernement et ouvert une période de répression sans
précédent.
En effet, depuis plus d'un siècle, le processus de démocratisation en
Turquie a été interrompu souvent par des pratiques répressives et des
coups d'état militaires: le coup d'état des Jeunes Turcs en 1908, le
génocide des Arméniens et des Assyriens en 1915, l'oppression du peuple
kurde et des forces de gauche suivie par la proclamation du régime
parti unique en 1925, le pogrom des minorités non-musulmanes en 1955,
le coup d'état de 1960…
Les 50 ans derniers ont été marqués de deux putschs sanglants des
généraux turcs en 1971 et 1980: arrestations massives, tortures,
pendaisons, violations des libertés d'expression, renforcement de
l'injustice sociale, négations des droits fondamentaux du peuple kurde
et des minorités arménienne, assyrienne, grecque, etc.
Durant les deux ans suivant le coup d'état du 12 mars 1971:
✓
Des milliers de personnes ont été jugées par les tribunaux militaires
de la loi martiale sous l'inculpation de délits pour la plupart
antérieurs à la proclamation de l'état d'exception.
✓ Plus de
10.000 personnes dont 3600 enseignants, 118 journalistes,
traducteurs, éditeurs, écrivains, artistes, 67 universitaires ont été
mis en garde-à-vue, arrêtés ou jugés et condamnés.
✓ 37
journaux ou périodiques ont été interdits ou suspendus.
✓ Plus de
200 titres de livres ont été saisis et plus d'un demi million
d'exemplaires détruits.
✓ 28
personnes ont été tuées dans la rue par les forces de l'ordre, dans des
circonstances douteuses.
✓ Les
inculpés, détenus souvent depuis plusieurs semaines, ont dénoncé
lors de leurs procès les tortures qu'ils ont subies au cours de
l'instruction. Ces accusations sont aujourd'hui confirmées par les
rapports de plusieurs organismes internationaux de juristes.
✓ Malgré
l'indignation de l'opinion mondiale, trois leaders de la
jeunesse progressiste ont été condamnés à mort et exécutés. D'autres
condamnations à mort sont prononcées et 151 requises par les procureurs
militaires.
✓ Trois
partis politiques ont été dissous. Les dirigeants du parti
socialiste TIP ont été condamnés à de lourdes peines de prison, allant
jusqu'à 15 ans.
✓ La
répression s'est durcie au sujet des minorités ethniques et les
opérations répressives contre les Kurdes généralisées non seulement
dans le Kurdistan mais aussi dans les grandes métropoles du pays.
✓ 111
personnes ont été condamnées à de lourdes peines de détention allant
jusqu'à 16 ans, sous l'inculpation de "séparatisme".
✓ Le droit
de grève et de syndicalisation a été limité par l'adoption
des amendements législatifs sous la pression des militaires.
✓ Toutes les
associations d'étudiants ont été dissoutes.
✓ Le
Syndicat des Enseignants de Turquie (TÖS), groupant plus de
100.000 enseignants a été dissout, ses dirigeants condamnés à des
peines de prison allant jusqu'à 8 ans, des milliers de ses membres ont
été poursuivis. Tous les syndicats des secteurs publics ont été dissous.
✓ Le coup du
12 mars 1971 marque également le déclenchement de
l'émigration politique vers les pays européens. Le premier exode massif
de Turquie vers les pays étrangers était sans aucun doute celui des
Arméniens et des Assyro-chaldéens suivant le génocide et la déportation
de 1915.
✓
L'émigration politique des opposants du régime et des gens
appartenant aux minorités ethniques et religieuses a repris après le
coup d'état de 1971 et s'est fort accélérée après le deuxième coup
d'état militaire du 12 septembre 1980.
C'est après
ces coup d'états que l'ingérence du régime d'Ankara dans la
vie politique des pays accueillant des immigrés turcs a été bien
structurée et un système de pression et d'intimidation a été instauré
afin d'étouffer toute voix s'élevant en dehors du contrôle du lobby
turc.
Actuellement, sous l'actuel pouvoir islamo-fasciste d'Erdogan, cette
ingérence et la pression sur les migrants ont acquis une dimension
menaçant la paix et la coexistence dans les pays européens.
62 people subjected to torture
in Turkey’s prisons in February
Republican People's Party (CHP) İstanbul MP and Parliamentary Human
Rights Investigation Commission Deputy Chair Sezgin Tanrıkulu has
shared the findings of his Report on Violations of Rights in February
2021.
Referring to bianet male violence monitoring report as well, the main
opposition MP has indicated that the right to life of 176 people was
violated in Turkey in a month. 434 people were subjected to torture and
ill treatment in February. Other findings from the report are as
follows:
Violations of right to life
Deaths in prison: 5
Femincides: 33
Occupational homicides: 138
Total: 176
Incidents of torture
Torture: 372
Torture and ill treatment in prisons: 62
Total: 434
Violations of freedom of expression
Number of convicted journalists, writers,
publishers: 7
Arrested journalists: 1
Detained journalists: 9
Investigated / prosecuted journalists: 12
(8 lawsuits, 4 investigations)
Attacks on journalists: 2
Orders of seizure, bans, access blocks: 196
(192 Internet, 3 RTÜK fines, 1 book taken off shelves)
Detained / arrested for expressing thoughts: 45
(42 detentions, 3 arrests)
Convicted for expressing thoughts: 8
(5 on social media)
Freedom of association
Arrested mayors, MPs and party executives: 12
Convicted mayors, MPs and party executives: 41
Municipalities / neighborhood-village heads replaced
by trustees: 2 (dismissals)
Raided political parties, associations, occupational
organizations: 4
Closure order: 1
Freedom of assembly and demonstrations
Interfered events, press statements: 24
Banned events, performances, theater plays: 17
Ban on events and demonstrations: 13 provinces (2
districts)
Detained / arrested during press statements, events,
demonstrations: 731
Convicted due to press statements, events,
demonstrations: 1
(BIA, 11 March 2021)
Berkin Elvan commemorated on the 7th anniversary of
his death
Shot to death with a tear gas canister during Gezi resistance in 2013,
Berkin Elvan has been commemorated by his family and loved ones at his
grave in Feriköy, İstanbul on the 7th anniversary of his death.
Berkin Elvan was wounded in his head by a tear gas canister fired by
police in Okmenydanı, İstanbul on June 16, 2013; treated for his wounds
at the Okmeydanı Training and Research Hospital for 269 days,
14-year-old Berkin Elvan lost his life on March 11, 2014.
'I say justice, justice...'
Today's commemoration ceremony was attended by several people,
including Peoples' Democratic Party (HDP) İstanbul MP Musa Piroğlu and
Republican People's Party (CHP) MP Ali Şeker.
Speaking at the commemoration ceremony, father Sami Elvan said that
they did not struggle only for Berkin Elvan. He briefly said, "We say,
'Let there be equality, justice and peace in this country.' The
instigators are moving on with their lives in the lap of luxury. They
declared a 14-year-old child a terrorist. Which book writes something
like that?"
"Nothing happens to those insulting our children on social media
everyday; when someone says something about them, they are detained.
"15 days ago, my daughter was taken into custody in the middle of the
street. What is it with the trouble that you make people suffer? Whom
did my daughter treat unfairly? Whose money did she steal? I am calling
out from here open-heartedly: We want justice."
As reported by Mezopotamya Agency (MA), mother Gülsüm Elvan said that
in no way were they treated with justice all through their 7-year
struggle for justice. "We are seeking nonexistent justice," she said.
Addressing President and ruling Justice and Development Party (AKP)
Chair Recep Tayyip Erdoğan, Gülsüm Elvan said:
"A 14-year-old child... If you have conscience, I leave you alone with
it. You have made me go through this pain for seven years. Today, you
are once again trying to attack us. Enough is enough.
"The damage that you have inflicted on this country is everywhere. Are
we supposed to forget about Roboskî, Ankara, Suruç and the
three-month-old baby in Sur? I assure you that all these incidents and
all these mothers will settle accounts with you. I will not stop until
I make you appear before the judge and stand trial. I say justice,
justice..."
Can Atalay, an attorney for the Elvan family, also said, "At one dawn,
a child was shot and killed in the middle of the street. The trial of
the murderers, except for one, has not even started. All types of
tricks are played to ensure that this one murderer will not get the
sentence he will be given." (BIA, 11 March 2021)
Men killed 6 thousand 732 women in Turkey in 18 years
Main opposition Republican People's Party (CHP) İstanbul MP Sezgin
Tanrıkulu has shared the findings of his report "March 8 International
Women's Day, Violation of Women's Rights in Turkey".
The report has shown that since the Justice and Development Party (AKP)
came to power in 2002, 6 thousand 732 women have been killed by
men. According to the report, 3 thousand children, including 800
babies
under the age of 3, are staying with 17 thousand women prisoners.
The report of the MP has underlined that the judiciary does not protect
women and normalizes male violence.
Tanrıkulu has also raised concerns about the insufficient number of
women's shelters where they will be protected from male violence.
"Half of our 83 million population consists of women. But the capacity
of shelters is only 3 thousand 482 in our country. Shelters do not have
1 vacancy even per 10 thousand women," Tanrıkulu has said.
Increase in income gap
Some highlights from the report are as follows:
* From 2013 to 2020, 965 women lost their lives in Turkey in
occupational homicides.
* Men's income is 31 percent higher than that of women in Turkey.
* Gender inequality in income is growing. The income inequality between
wage earning men and women is rising. While the income gap was 12
percent in 2006, it increased to 20.7 percent in 2019. The income of
self-employed men is 77.3 percent higher than self-employed women.
* In 39 countries, girls and boys do not get equal share from
inheritance. 30 percent of women worldwide say that they are subjected
to the physical and/or sexual violence of their partners.
* The top 5 countries with the highest gender equality are Iceland,
Norway, Finland, Switzerland and Nicaragua; the bottom five countries
are Yemen, Pakistan, Iraq, Syria and Chad.
* According to the World Economic Forum's (WEF) "2020 Gender Equality
Report", Turkey ranks 130th among 153 countries.
* As for the labor force participation rate around the world, it is 63
percent for women and 95 percent for men. There are women CEOs in 6.6
percent of Fortune 500 companies. 41 percent of women around the world
are getting maternity benefits. Women do (free) housework three times
more than men.
* The rate of women parliamentarians around the world was 24.9 percent
in 2020. 84 percent of single parents are women in the world.
Recommendations
The MP has also listed a series of recommendations in the context of
Turkey. Tanrıkulu has underlined that the Law no. 6284 in the
Protection of Women and Prevention of Violence Against Women and
İstanbul Convention must be effectively enforced. He has also stressed
that the concept of gender equality must be embraced and put into
practice.
Raising concerns about impunity for perpetrators of male violence as
well, the MP has emphasized that all public employees, ranging from
teachers and healthcare workers to police officers and
judges-prosecutors, must receive training on gender equality. (BIA, 9 March 2021)
Freedom House: Turkey's status 'not free'
for the fourth year in
a row
Freedom House, a US government-funded NGO, has released its Freedom in
the World 2020 report.
The report entitled "Democracy Under Siege" points out that global
freedom declined for the 15th consecutive year as the countries
experienced deterioration outnumbered those with improvements by the
largest margin recorded since 2006.
Freedoms declined in 73 countries that have about 75 percent of the
world's population, according to the report.
Among those countries was Turkey, which was categorized as a "not free"
country for the fourth consecutive year.
Turkey scored 32 out of 100 in the Freedom House index. Its score was
16 out of 40 in political rights and 16 out of 60 in civil liberties.
"While President Recep Tayyip Erdoğan continues to exert tremendous
power in Turkish politics, opposition victories in 2019 municipal
elections and the impact of the Covid-19 pandemic on the already shaky
economy have given the government new incentives to suppress dissent
and limit public discourse," says the report.
The report lists the key developments in Turkey in 2020 as follows:
* As the Covid-19 crisis threatened the economy and the government's
political standing during the year, authorities apparently sought to
manipulate official health statistics and launched criminal
investigations against medical professionals who released independent
information about the outbreak or criticized the official response.
Hundreds of ordinary people were also arrested for their social media
posts related to the coronavirus.
* Prosecutions and campaigns of harassment against opposition
politicians, prominent members of civil society, independent
journalists, and critics of Turkey's increasingly aggressive foreign
policy continued throughout the year.
In December, the European Court of Human Rights (ECtHR) called for the
immediate release of Selahattin Demirtaş, leader of the Peoples'
Democratic Party (HDP), who had been imprisoned since 2016 on
politically motivated charges; the court's ruling was ignored. New
arrests of HDP members and leaders were carried out during the year,
adding to the thousands who have been detained since 2015. The
government also continued to replace HDP municipal officials with
centrally appointed "trustees."
* Despite a 2019 ECtHR ruling that called for the release of
philanthropist Osman Kavala, he remained behind bars at year's end
facing trumped-up charges. Detained in 2017, he was acquitted in the
original case in February 2020, but a new indictment issued in October
accused Kavala and a US academic, without evidence, of involvement in
the 2016 coup attempt. (BIA, 4 March 2021)
‘We
were all there,’ say Boğaziçi University students
Since President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair
Recep Tayyip Erdoğan appointed Prof. Melih Bulu as a rector to Boğaziçi
University, both the students and faculty of the university have been
protesting this appointment for over two months now.
In today's protests (March 3), the students of Boğaziçi have expressed
their support for their friends who are now investigated for putting a
"Trustee's Office" sign on the Rector's Office at the South Campus.
In solidarity with their friends facing an investigation upon the
complaint of the university's security guards, the students have
prepared petitions urging Melih Bulu to launch an investigation against
themselves, too.
Addressed to the "Trustee's Office of Boğaziçi University", the
students' petitions briefly read as follows:
'None of the investigations is legitimate'
"We have heard that upon the order of the trustee, investigations are
launched against our friends using their right to protest during the
protests against trustee Melih Bulu. On February 2, 2021, our 51
friends were taken into custody with torture by the police who entered
the South Campus with the permission of truste Melih Bulu.
"As if our friends had not been unlawfully taken into custody and worn
out, our friends are now subjected to unlawful investigations because
they call the responsible parties to account for the detentions.
"In addition to this, upon the aspersions of the trustee-rector and
profiling of the Private Security Unit (ÖGB), investigations have been
launched against our several friends who bring food to the campus, do
broadcasts at the campus and use their right to protest.
"None of the investigations launched into the protests against the
trustee appointment is legitimate; protesting is not a crime.
"I declare that I was physically or mentally there and I do not accept
the investigations launched against our friends.
"I do not recognize the ones who use force in the face of our right to
express our rightful demands, stage a mass protest and call the
responsible parties to account; if an investigation is to be launched,
I demand that an investigation be launched against me as well."
Students to Bulu: Investigate us, too
Gathering in front of the Rector's Office at the South Campus in
İstanbul today, the students of Boğaziçi University also carried
banners that read, "We were all there." Addressing Melih Bulu, the
appointed rector of the university, the students also chanted the
slogans, "Wave, wave, wave for the camera; open, open, open an
investigation."
Sharing a video on Boğaziçi Solidarity platform's Twitter account,
students have said, "We stand with our 51 friends investigated by the
trustee's office. We say, 'We were all there' and submit a petition
together."
(BIA, 3 March 2021)
Constitutional Court
rejects arrested lawyer Aytaç Ünsal’s application
The Constitutional Court has rejected arrested lawyer Aytaç Ünsal's
request for deferring the execution of his prison sentence; the Court
has indicated that Ünsal has "access to his right to healthcare."
Aytaç Ünsal, who had been on a death fast for his right to a fair trial
for 215 days, accepted treatment. As his treatment was still ongoing,
the execution of his prison sentence in the Progressive Lawyers
Association (ÇHD) case was deferred. However, the Ministry of Interior
announced that Ünsal was caught with three migrants while trying to
flee abroad. Arrested shortly afterwards, Ünsal is now held in Edirne
Type F Prison.
As his requests for deferring the execution of his prison sentence were
rejected by the court, lawyer Ünsal applied to the Constitutional Court
with a precautionary request on February 4, 2021.
The ruling of the top court has been shared with the public by the
People's Law Bureau (HHB). The ruling of the Constitutional Court has
noted that Ünsal has access to his right to healthcare.
Releasing a statement about this ruling, the People's Law Bureau has
indicated that Aytaç Ünsal is not given his vitamin B in prison, the
tests and examinations as to the neural damage in his feet are not
properly conducted and he is held in solitary quarantine for 14 days
after coming back from the hospital due to the COVID-19 pandemic.
"Ünsal is not in a medical state to stay on his own," the Bureau has
said, demanding that the ruling of deferment of execution given by the
Court of Cassation in upholding the verdicts be enforced.
What happened?
On a death fast for her right to a fair trial, arrested lawyer Ebru
Timtik lost her life in the Dr. Sadi Konuk Training and Research
Hospital in İstanbul on the 238th day of her death fast on August 27,
2020.
On September 4, arrested lawyer Aytaç Ünsal, who had also been on a
death fast with the same demand, ended his death fast on the condition
of being treated by independent physicians after the Court of Cassation
released him on probation.
The 16th Penal Chamber of the Court of Cassation handed down its
judgement in the trial of Progressive Lawyers Association (ÇHD) and
upheld all prison sentences, except for the ones given to lawyers
Barkın Timtik, Selçuk Kozağaçlı and Ezgi Çakır.
The Chamber indicated that there was no ground to give a judgement
about lawyer Ebru Timtik as she had lost her life on a death fast. The
execution of lawyer Aytaç Ünsal's sentence will be deferred until his
treatment ends.
On December 10, 2020, the Ministry of Interior announced that lawyer
Aytaç Ünsal had been "caught with three migrant smugglers while trying
to flee abroad from Edirne," a northwestern province of Turkey
bordering Greece. Ünsal was detained by three others. He was arrested. (BIA, 25
February 2021)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Verdict du procès Hrant Dink: "une justice
partielle qui
laisse un goût amer"
Alors que la Cour d’assises d’Istanbul a condamné 27 membres des forces
de l’ordre et agents de l'État pour leur implication dans l’assassinat
du journaliste et intellectuel turco-arménien Hrant Dink, Reporters
sans frontières (RSF) estime que la justice n’a pas encore été
entièrement rendue et demande que toutes les personnes en lien avec ce
crime soient poursuivies.
La Cour d’assises d’Istanbul a condamné, ce vendredi 26 mars, 27 des 76
accusés de l’assassinat du directeur de l’hebdomadaire turco-arménien
Agos, Hrant Dink à des peines de prison allant de trois ans à la
perpétuité. Quatre accusés ont été condamnés à la prison à vie pour
“tentative de subversion". Huit autre personnes ont été condamnées à
une moyenne de sept ans de prison pour “appartenance au FETÖ’ ⦋ndlr-
organisation du nom du prédicateur Fethullah Gülen tenu pour
responsable du putsch avorté du 15 juillet 2016.⦎ Parmi les personnes
condamnées, figurent les anciens responsables de la section du
renseignement de la police nationale, Ramazan Akyürek, et de la section
du département du renseignement, Ali Fuat Yilmazer. Trente trois
personnes ont par ailleurs été acquittées pour "prescription des faits"
et 16 autres n’ont pas fait l’objet de jugement (13 dossiers ont été
dissociés de cette procédure, dans deux cas, les accusations ont
été levées et un accusé est décédé pendant l’instruction). Les avocats
de la famille Dink vont faire appel du verdict.
“Ce procès fleuve, et ces condamnations ne doivent pas donner
l’impression que justice a enfin été rendue, déclare le représentant de
RSF en Turquie, Erol Önderoglu, qui a pu observer l’audience qui s’est
déroulée devant la 14e chambre de la Cour d’assises d’Istanbul.
Certains des responsables de cet assassinat, notamment les
commanditaires, ne sont toujours pas poursuivis. Les chefs d’accusation
retenus laissent aussi penser que ce procès a été l’occasion d’une
vengeance politique contre d’anciens cadres Gülenistes qui partageaient
à l’époque l’appareil d’Etat. Cette justice partielle rendue au bout de
14 ans laisse un goût amer et ne doit surtout pas marquer la fin de la
recherche de la vérité."
Les accusés, membres des forces de l’ordre pour la plupart, mais aussi
des agents de l’Etat basés à Istanbul, Ankara et Trabzon, étaient
poursuivis depuis six ans pour avoir “manqué sciemment de prendre des
mesures de protection pour le journaliste”, pour “abus de fonction” ou
encore pour “appartenance à Fetö"., l’organisation du nom du
prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et tenu pour
responsable du putsch avorté du 15 juillet 2016.
Sur les 76 personnes accusées d’être impliquées de près ou de loin à
l’assassinat du journalistes,
sept étaient déjà en détention préventive. Le verdict rendu aujourd’hui
était le troisième. Les deux premiers procès avaient déjà jetés
derrière les barreaux sept personnes, y compris l'auteur du meurtre,
Ogün Samast (âgé de 17 ans au moment des faits), le planificateur et
des représentants des forces de l'ordre et agents de l'état.
L’enquête et le procès ont cependant exclu certains responsables liés à
l'état-major turc et à l’agence de renseignement turcs (MİT). Par
ailleurs, la Cour doit encore ultérieurement traiter les dossiers de 13
accusés absents ou introuvables, dont Fethullah Gülen, l’ancien
procureur antiterroriste Zekeriya Öz, réfugié en Allemagne, et les
journalistes Adem Yavuz Arslan et Ekrem Dumanlı.
En 2019, l’avocat de la famille Dink, Hakan Bakircioglu, a saisi la
Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) sur le cas de 26 personnes
considérées comme responsables des campagnes de haine et de lynchage
judiciaires contre le journaliste mais qui avaient été épargnés par la
justice turque. Il s’agit de la deuxième procédure engagée auprès de la
CEDH qui, en septembre 2010, avait déjà condamné la Turquie à verser
133 000 € pour avoir failli à protéger le journaliste et violé son
droit à la liberté d’expression.
La Turquie occupe le 154e rang sur 180 pays au Classement mondial de la
liberté de la presse établi par RSF. (RSF, 27 mars 2021)
Quatre
journalistes de Charlie Hebdo inculpés pour
"insulte" à Erdogan
Un procureur turc a réclamé vendredi jusqu'à quatre ans
d'emprisonnement contre quatre collaborateurs de l'hebdomadaire
satirique français Charlie Hebdo qu'il accuse d'avoir "insulté" le
président Recep Tayyip Erdogan dans une caricature publiée l'an dernier.
Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre
collaborateurs de Charlie Hebdo inculpés sont la caricaturiste Alice
Petit et trois responsables du célèbre hebdomadaire, Gérard Biard,
Julien Sérignac et Laurent Sourisseau, dit Riss.
La publication de cette caricature, en octobre, avait suscité la colère
de M. Erdogan dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre
Ankara et Paris.
On y voyait l'autoritaire président turc dessiné en slip, bière à la
main, soulevant la robe d'une femme voilée en s'écriant: "Ouuuh ! Le
prophète !".
Dans son acte d'accusation, qui doit encore formellement être accepté
par un tribunal pour que s'ouvre un procès, le procureur turc estime
que cette caricature "n'entre d'aucune manière dans le cadre de la
liberté d'expression ou de la presse", qualifiant le dessin de presse
de "vulgaire, obscène et déshonorant".
Après la parution de cette caricature, M. Erdogan avait dénoncé une
"attaque ignoble" commise par des "vauriens".
Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique
entre la Turquie et la France, M. Erdogan accusant notamment le
président français Emmanuel Macron d'"islamophobie" pour avoir défendu
le droit de caricaturer le prophète Mahomet.
L'annonce de l'inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient
par ailleurs quelques jours après que M. Macron a accusé la Turquie
d'"ingérence" et en pleine polémique en France sur le financement d'une
mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg (est).
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé vendredi les poursuites
contre les collaborateurs de Charlie Hebdo, accusant Ankara de vouloir
"élargir la censure au-delà de la Turquie".
Régulièrement épinglée par les ONG, la Turquie est classée à la 154e
position sur 180 dans l'index de la liberté de la presse publié par RSF.
Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias
d'opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays. (AFP, 26 mars 2021)
IPI to European Union: Prioritize press freedom in
Turkey
International
Press Institute (IPI) has addressed a letter to President
of the European Council Charles Michel and called on the Council to
prioritize press freedom in Turkey ahead of the European Union (EU)
leaders meeting where EU-Turkey relations are on the agenda.
"On behalf
of the International Press Institute (IPI), a global network
of editors, media executives and leading journalists for press freedom,
we are writing to you ahead of European Council meeting on March 25 and
26 where EU-Turkey relations are on the agenda as part of the
discussions on the Eastern Mediterranean," reads the open letter,
briefly adding:
'At least
67 journalists behind bars'
"IPI calls
on the European Council to insist on concrete and measurable
improvements in Turkey's domestic human rights record and specifically
an end to the targeting of independent media and restrictions of press
and media freedom as a prior condition to any improvement in diplomatic
relations.
"Currently,
there are at least 67 journalists in prison in Turkey, 53
of whom were convicted mostly on terrorism-related charges in
retaliation for their journalistic work. Defamation charges for
insulting public officials including President Erdoğan are also
commonly used to criminalize journalism.
"Since the
beginning of 2021 alone, IPI has recorded that Turkish
courts sentenced 14 journalists to a total of 45 years and 8 months.
Since the 2016 coup attempt journalists have been sentenced to a total
of 1430 years of prison. Furthermore, the independent press in Turkey
has been muzzled to such an extent that the space available for
critical, investigative journalism today is almost non-existent.
"We urge
the European Council to take the opportunity of this meeting
to send a strong message that press freedom and fundamental rights are
central to the EU's principles underlying its foreign policy and that
improved relations, economic or otherwise, can only be offered on the
basis of Turkey's respect for press and media freedom."
Letter also
shared with Borrell, von der Leyen
IPI has
shared the letter also with European Commission President
Ursula von der Leyen and Commission Vice-President and High
Representative Josep Borrell, who is expected to submit a report on
EU-Turkey relations ahead of the EU leaders' meeting.
According
to preview information gained by local news on the report,
his report is expected to describe the domestic situation in Turkey as
"deteriorating". But, the detailed scope remains unpublished. (BIA, 24 March 2021)
Twitter nomme un représentant en Turquie malgré les
craintes de censure
Le réseau social Twitter va nommer un représentant officiel en Turquie,
se soumettant à une loi controversée qui pourrait l'obliger à retirer
des contenus à la demande des autorités.
"Afin que Twitter reste accessible à tous ceux qui l'utilisent en
Turquie, nous avons décidé d'y établir une entité légale", a déclaré le
réseau social dans un communiqué publié vendredi soir.
Le gouvernement turc a indiqué avoir été notifié de cette décision, qui
intervient après plusieurs mois de bras de fer entre Ankara et les
géants des réseaux sociaux.
En janvier, la Turquie avait interdit Twitter de revenus publicitaires
pour le contraindre de nommer un représentant légal conformément à une
loi entrée en vigueur en octobre.
Aux termes de cette loi, les réseaux sociaux ayant un représentant en
Turquie peuvent être contraints de retirer des contenus à la demande
des autorités turques sous 48 heures. En cas de refus, diverses
sanctions sont prévues.
Les principaux réseaux sociaux avaient nommé ces derniers mois leur
représentant en Turquie, comme Facebook en janvier.
Le gouvernement turc soutient que cette loi, votée après que le
président Recep Tayyip Erdogan eut appelé à "mettre de l'ordre" dans
les réseaux sociaux, vise à lutter contre le cyberharcèlement.
Mais pour ses détracteurs, ce texte ouvre la porte à la censure, les
autorités turques faisant inlassablement la traque aux critiques sur
les réseaux sociaux, notamment depuis une tentative de coup d'Etat en
2016 suivie d'une répression.
Les réseaux sociaux sont étroitement surveillés par le gouvernement
turc et de nombreux procès pour "insulte au chef de l'Etat" ou
"propagande terroriste" ont été intentés sur la base de simples tweets.
En 2019, la Turquie a bloqué l'accès à 408.000 sites, 40.000 tweets,
10.000 vidéos YouTube et 6.200 partages sur Facebook, selon un rapport
de l'Association de la liberté d'expression. (AFP, 20 mars 2021)
Un
journaliste brièvement
détenu pour avoir relayé une caricature
Un chroniqueur du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet a été
brièvement détenu mercredi pour avoir partagé sur les réseaux sociaux
une caricature jugée insultante envers l'islam.
Enver Aysever a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête
pour "dénigrement de la religion d'une partie de la population", puis
remis en liberté quelques heures plus tard, a indiqué Cumhuriyet sur
son site.
Selon d'autres journaux, un procureur a rédigé un acte d'accusation
contre le chroniqueur dans lequel il réclame jusqu'à un an et demi
d'emprisonnement.
"Ils font cela pour détruire ma réputation", a réagi Aysever après sa
remise en liberté, selon des propos rapportés par Cumhuriyet.
Le 19 mars 2020, en pleine pandémie de coronavirus, Aysever avait
partagé sur Twitter une caricature montrant un homme en combinaison de
protection en train d'asperger le cerveau d'un religieux barbu avec du
désinfectant. "Le vrai problème, c'est cela", avait-il commenté.
La brève arrestation du chroniqueur a suscité une avalanche de
critiques sur les réseaux sociaux.
"Sous le gouvernement (du parti au pouvoir) AKP, l'humour est
interdit", a dénoncé sur Twitter une responsable du principal parti
d'opposition CHP (social-démocrate), Canan Kaftancioglu.
Cumhuriyet, plus ancien quotidien de Turquie et l'un des derniers
journaux critiques du pays, est dans le collimateur des autorités
depuis plusieurs années.
En 2018, 12 de ses anciens responsables et journalistes ont été
condamnés à des peines de prison pour avoir "aidé des groupes
terroristes", au terme d'un procès devenu emblématique des atteintes à
la liberté de la presse en Turquie.
Et en décembre dernier, un tribunal a condamné par contumace un ancien
rédacteur en chef de Cumhuriyet, Can Dündar, à 27 ans de prison pour
avoir publié un article faisant état d'une livraison d'armes par les
services secrets turcs à des groupes islamistes en Syrie.
Le président Recep Tayyip Erdogan est régulièrement accusé par ses
détracteurs de museler les journaux critiques, en particulier depuis
une tentative de putsch qui l'a visé en 2016.
La Turquie occupe la 154e place sur 180 au classement de Reporters sans
frontières (RSF).
(AFP,
17
mars 2021)
Journalist
Levent Gültekin attacked by a group
of two dozen people
Journalist Levent Gültekin has been attacked by a group of people in
front of Halk TV in Bakırköy, İstanbul.
The attack occurred while he was heading to the channel for a program
that he hosts together with his colleague Murat Sabuncu.
"I was attacked by a group of 25 bandits in front of the channel. I'm
okay right now, I'll tell you soon on the program," he wrote on Twitter.
Halk TV later released the footage of the attack.
"I received a lot of threats on social media. Not three or five
people... At the level of a party's vice-chair... Unbelievable... It's
a shame," he said during the program.
He didn't disclose the name of the political party he mentioned but
said it was a "partner" of the ruling Justice and Development Party
(AKP). The AKP is allied with the Nationalist Movement Party (MHP).
The MHP was also associated with attacks in January on two journalists
and a politician who criticized it.
"Vice-chairs of a party that is the partner of the ruling party
threaten [me] on social media. Let alone threats, they swear at [me].
They insult me," said Gültekin.
"I got off the taxi on the square. We came eye to eye with a young
person. I realized that they were following me. I got a little faster,
they got faster as well ... Then I went back and they also went back.
"I got a little faster ... About 50, 100 meters from the channel, 15 to
20 people attacked me at the same time from every corner of the street.
They started hitting me."
"I'm not angry at those who attacked me"
"Twenty-five people attacking one person is just banditry. If there is
an expression that suits them, I would define it as banditry.
"Journalists have no life safety. Politicians have no life safety. They
can't do this even if there are insults and swear. This is not a mafia
order ... The state exists to discipline such bandits but
unfortunately, the state is spectating.
"I said, 'I ask the MHP: If you are doing right, why is this country in
this situation? Who has put the country in this situation? Why are our
children killing one another? Who is responsible for this?' Right? I
said, 'We need to draw a lesson.'
"I'm not angry at those who attacked me. I never fight over
consequences. These kids are a consequence. The real problem is the
elementary school level politicians in older ages who think calling
everyone a traitor and excluding everyone is politics." (BIA, 8 March 2021)
Court bans the book, publishing house notified 4
years later
With a ruling handed down on November 29, 2017, the Mersin 3rd Penal
Judgeship of Peace has banned the book "Martyrs, Traitors and Patriots
- Kurdistan after the Gulf War" penned by Sheri Laizer.
The Avesta Publishing House, which published the book in Turkish, was
notified of the ban yesterday (March 2). The book will now be taken off
the shelves and seized in line with this ruling.
When the same book was published in 2007, an investigation was
launched; however, it ended in non-prosecution upon Avesta's objection.
On the other side, 15 books published by Avesta Publishing House have
been banned in Turkey in the last 3 years.
'Space technology on the one side, bans on the other'
Avesta Publishing has made a statement about the ban on its social
media account. The publishing house has said:
"Everyone can talk about the Kurds; Kurds themselves are prevented from
talking, writing and producing knowledge about themselves and faced
with legal sanctions. No ban, pressure or attempted prevention can turn
us away from our path. We will keep working with the same
determination."
The Publishers Cooperative of Turkey has also made a statement about
the issue. It has briefly said, "We do not accept this mentality that
is talking about developing space technology on the one side and still
banning books on the other. We are determinedly on the side of freedom
of thought and publication in the face of censorship and bans." (BIA, 3 March 2021)
‘Kavala
case is emblematic of the crisis facing the rule
of law in
Turkey’
Human
Rights Watch (HRW), International Commission of Jurists and
Turkey Human Rights Litigation Support Project have demanded the
release of businessperson and rights defender Osman Kavala, who has
been arrested in Silivri Prison in İstanbul for 1,217 days.
"The
Turkish government's failure to comply with a binding European
Court of Human Rights order to release the human rights defender Osman
Kavala should prompt the Council of Europe action against Turkey," the
organizations have said in a written joint statement.
The three
nongovernmental organizations presented the recommendation in
a submission to the Committee of Ministers, the Council of Europe's
intergovernmental body responsible for overseeing the implementation of
European Court of Human Rights (ECtHR) judgments.
The
Committee of Ministers of the Council of Europe is to review
Turkey's noncompliance with the Strasbourg court's judgment on Kavala's
case for the fourth time at its March 9-11, 2021 session. Kavala has
been held in pretrial detention since November 2017.
'This case
is part of a systemic practice'
"Turkey's
flagrant disregard for the European Court of Human Rights
order to release Osman Kavala should trigger the Council of Europe
Committee of Ministers to start infringement proceedings against
Turkey," said Aisling Reidy, senior legal adviser at Human Rights Watch.
"It is
crucial for the Committee of Ministers, at its March session, to
leave the Turkish government in no doubt that European Court of Human
Rights judgments are binding on Turkey and that persistent failure to
implement the ruling in Osman Kavala's case constitutes a serious
breach requiring exceptional measures," she added.
"The Kavala
case is emblematic of the crisis facing civil society and
the rule of law in Turkey,". said Helen Duffy of the Turkey Human
Rights Litigation Support Project, briefly adding the following:
"We
recognize that infringement proceedings are exceptional, but if
there is a case where they are justified, it is this one.
"Turning a
deaf ear to the Strasbourg court's clear order to release
and the Committee of Minister's repeated calls for compliance, Turkey's
government and courts have worked hand in glove to prolong and deepen
the crisis and the violation of Mr. Kavala's rights.
"Infringement
proceedings against Turkey provide the strongest legal
mechanism to signal the shame of not complying with European Court of
Human Rights' binding judgments."
"Separating
cases or merging them again will not correct the injustice
to which Turkey's courts and government have subjected Osman Kavala for
over three years," said Róisín Pillay, Europe and Central Asia director
of the International Commission of Jurists.
"This case
is part of a systemic practice in which the Turkish courts,
which are not independent, apply criminal law and procedures
arbitrarily against critics of the government. The action plan needs to
address these structural failings in the judicial system," she added.
What could
be the sanction?
According
to the joint statement of the organizations, the Committee of
Ministers may opt to take infringement proceedings against a Council of
Europe member state that refuses to implement European Court of Human
Rights judgments. It was used for the first time in 2017 when the
government of Azerbaijan continuously refused to secure the
unconditional release of a wrongfully jailed opposition politician,
Ilgar Mammadov.
Infringement
proceedings are provided for under Article 46/4 of the
European Convention on Human Rights (ECHR). Their commencement requires
the vote of two-thirds of the Committee of Ministers. Once the process
is triggered, the case is referred back to the European Court of Human
Rights for a further opinion on the legally binding obligation to
comply.
If the
Court confirms that Turkey has failed to implement the ruling,
the Committee of Ministers may then take additional measures, including
ultimately suspending Turkey's voting rights or membership of the
Council.
Kavala's
detention prolonged for 4 times
As
indicated by the NGOs, the Committee of Ministers of the Council of
Europe has already considered the status of Turkey's compliance with
the judgment on multiple occasions, issuing two decisions and, in
December 2020, an interim resolution that each strongly urged Turkey to
comply with the court's judgment by unconditionally releasing Kavala.
However,
since the December resolution, local courts in Turkey have
prolonged Osman Kavala's detention four more times. A court of appeal
has overturned his acquittal in the Gezi Park protests trial, and
Turkey's Constitutional Court has also flouted the European Court of
Human Rights judgment by finding no violation of Kavala's right to
liberty.
Next
hearing on May 21
NGOs said
in the submission that, "throughout the criminal proceedings
against him, judges and prosecutors involved have abused criminal
procedural rules to unlawfully extend Kavala's detention based on
allegations that he organized and financed the 2013 Istanbul Gezi Park
protests and that he was involved in the July 15, 2016 attempted
military coup."
"A key
aspect of this effort has been the practice of different courts
over the three years and four months of Kavala's detention successively
joining, separating, and rejoining case files against Kavala to justify
prolonging his incarceration," they added further.
At the most
recent local court hearing against Kavala, on February 5,
2021, the Istanbul 36th Assize Court ruled that the case against him
concerning the coup attempt should be joined with the Gezi Park
protests case, which is before the Istanbul 30th Assize Court. A
hearing of the newly joined cases will take place on May 21. (BIA, 1 March 2021)
Acquittement de deux comédiens jugés pour
avoir "insulté"
Erdogan
Un tribunal d'Istanbul a acquitté lundi
deux comédiens populaires qui étaient jugés pour avoir "insulté" le
président Recep Tayyip Erdogan, selon l'AFP, à l'issue d'un procès
illustrant les atteintes à la liberté d'expression en Turquie.
Müjdat Gezen, âgé de 77 ans, et Metin Akpinar, 79 ans, risquaient
jusqu'à quatre ans et huit mois de prison.
"Deux vétérans du monde de la comédie ont été acquittés, mais cela ne
veut pas dire que tout est rose en Turquie (...) Ce procès n'aurait
jamais dû avoir lieu. Hélas, les libertés ne sont pas pleinement
respectées en Turquie", a réagi l'un de leurs avocats, Celal Ulgen, à
l'issue de l'audience, selon une journaliste de l'AFP au tribunal.
Gezen et Akpinar, deux comédiens très populaires en Turquie, étaient
poursuivis pour des propos tenus en 2018 sur le plateau de la chaîne de
télévision d'opposition Halk TV.
"Recep Tayyip Erdogan, tu ne peux pas mettre en cause notre
patriotisme. Reste à ta place", avait lancé Gezen lors de l'émission.
Akpinar, de son côté, était allé encore plus loin en déclarant que "si
nous échouons à atteindre la démocratie, (...) le leader pourrait finir
pendu par les pieds ou empoisonné dans une cave, comme c'est arrivé
dans tous les fascismes".
Ces commentaires ont fortement déplu à M. Erdogan, qui a poursuivi les
deux comédiens en s'estimant injurié.
"Si un président lance des poursuites sur la base d'une expression
comme +reste à ta place+, qu'il utilise lui-même régulièrement, alors
cela veut dire qu'il n'y a pas de démocratie", a déclaré Gezen à l'AFP
après son acquittement.
"Si la police frappe à votre porte juste pour cela, cela veut dire
qu'il n'y a pas d'Etat de droit en Turquie", a-t-il ajouté.
Dans un entretien accordé la semaine dernière à l'AFP, le comédien
s'était inquiété de l'autocensure croissante des artistes en Turquie.
"Ce n'est pas au président de définir la conduite des artistes",
avait-il notamment déclaré, ajoutant qu'il avait "critiqué ou parodié
des politiciens en leur présence" pendant des décennies sans être
inquiété.
Plusieurs milliers de personnes ont été condamnées ou poursuivies ces
dernières années pour "insulte au chef de l'Etat".
Les associations de défense de la liberté d'expression reprochent à M.
Erdogan de se servir de cette accusation floue pour faire taire les
voix critiques, dans un contexte de dérive autoritaire notamment depuis
un putsch manqué contre le président turc en 2016.
En octobre 2016, un tribunal avait ainsi condamné à un an de prison
avec sursis un médecin pour avoir publié sur les réseaux sociaux un
montage photographique comparant M. Erdogan à Gollum, un personnage
fictif issu de l'univers fantastique du "Seigneur des Anneaux". (AFP, 1 mars 2021)
Un
célèbre comédien risque la
prison pour "insulte" à Erdogan
Après un demi-siècle de carrière, le célèbre comédien et écrivain turc
Müjdat Gezen pensait avoir tout connu: de nombreux prix, une nomination
comme ambassadeur de bonne volonté des Nations unies et même un court
séjour dans les geôles turques en 1980.
Mais à l'âge de 77 ans, sa vie risque de connaître encore un
rebondissement: jugé pour avoir "insulté" le président Recep Tayyip
Erdogan, il risque un nouvel emprisonnement. La décision du tribunal
est attendue lundi.
Connu pour son franc-parler et sa gaieté, malgré un mal de dos
chronique, cet homme de théâtre pourrait être la dernière victime de la
bataille lancée par le président turc contre ceux qu'il appelle avec
dérision les "soi-disant artistes".
"Mon nom a même été banni des mots croisés", plaisante Gezen lors d'un
entretien téléphonique avec l'AFP.
Le comédien s'est retrouvé devant un tribunal avec son confrère Metin
Akpinar, âgé de 79 ans, pour des propos tenus lors d'une émission
télévisée sur la chaîne d'opposition Halk TV.
"Recep Tayyip Erdogan, tu ne peux pas tester notre patriotisme. Reste à
ta place", a lancé Gezen lors de l'émission.
Akpinar, de son côté, est allé encore plus loin en déclarant que "si
nous échouons à atteindre la démocratie, (...) le leader pourrait finir
pendu par les pieds ou empoisonné dans une cave, comme c'est arrivé
dans tous les fascismes".
Ces commentaires ont fortement déplu à M. Erdogan, que les défenseurs
des droits humains accusent de dérive autoritaire, notamment depuis une
tentative de coup d'Etat le visant en 2016.
Un procureur a requis des peines allant jusqu'à quatre ans et huit mois
de prison contre les deux comédiens septuagénaires.
-"Payer le prix"-
Ces dernières années, plusieurs milliers de personnes aux profils très
variés, dont une ex-miss Turquie et des lycéens, ont été condamnés ou
poursuivis pour "insulte au chef de l'Etat".
M. Erdogan a plusieurs fois menacé ses détracteurs de leur faire "payer
le prix".
Le lendemain de l'émission sur Halk TV, des policiers se sont rendus
chez Gezen pour l'emmener dans le bureau du procureur.
Voir des policiers à sa porte a ravivé de mauvais souvenirs pour le
comédien qui a passé 20 jours en prison après le coup d'Etat militaire
de 1980 en Turquie.
Son livre sur Nazim Hikmet, poète communiste mort en exil à Moscou en
1963 et toujours vénéré comme un des plus grands noms de la poésie
turque, avait été banni après le putsch.
"On m'avait enchaîné pour m'emmener en prison avec une cinquantaine de
criminels, dont des assassins et des contrebandiers", se souvient Gezen.
En dépit de la procédure judiciaire en cours, le comédien continue
d'exprimer ses craintes quant à la direction prise par son pays sous M.
Erdogan.
"La Turquie a un nombre record de journalistes en prison. On n'avait
jamais vu cela pendant toute l'histoire de la Turquie. C'est
bouleversant", dit-il.
-"Terre en vue!"-
Auteur de plus 50 livres et fondateur d'un centre culturel à Istanbul,
Gezen affirme avoir "critiqué ou parodié des politiciens en leur
présence" pendant des décennies sans être inquiété.
Sa popularité et sa détermination lui ont valu d'être désigné comme
ambassadeur de bonne volonté de l'Unicef en 2007.
Mais il craint aujourd'hui la disparition de la longue tradition des
artistes critiques en Turquie.
Il regrette notamment de voir l'autocensure croissante chez les
artistes qui préfèrent rester "apolitiques".
"L'art s'inscrit par nature en opposition (...) Ce n'est pas au
président de définir la conduite des artistes", estime-t-il.
Mais lui aussi a dû s'adapter : ainsi, ses avocats relisent désormais
ses manuscrits avant leur publication, pour éviter de nouvelles
poursuites judiciaires.
Malgré ses mésaventures, M. Gezen reste optimiste pour l'avenir de la
Turquie.
Comparant son pays à un navire arrivant au terme d'une pénible
traversée, il est persuadé qu'"un jour, quelqu'un pourra s'écrier
+terre en vue!+" (AFP, 28 février 2021)
Freedom of artistic expression continuously curbed
in Turkey
Defending artistic freedom worldwide, Freemuse released its "State of
Artistic Freedom 2021" report yesterday (February 25).
Launched during the online session of the Re:Writing the Future
Festival in Berlin, the report has documented an analysis of 978 acts
of violations of artistic freedom in 89 countries and online spaces in
2020.
According to the report, 17 artists were killed, 82 were imprisoned and
133 were detained worldwide last year.
In 2020, 26 percent of all documented restrictions of artistic freedom
took place in Europe, followed by 22 percent in North and South
America, 19 percent in the Middle East and North Africa, 15 percent in
Asia and Pacific, 9 percent in Africa and 9 percent online.
74 percent of all documented imprisonments of artists concerned
criticising government policies and practices, with 44 percent of all
imprisonments happening in the Middle East and North Africa. Politics
was the main rationale of 71 percent of detentions of artists.
Commenting on the findings of the report, Srirak Plipat, the Executive
Director of Freemuse, has briefly said:
"It is unimaginable that the record high of prosecution and
imprisonment of artists will happen to be in the year when artists and
the culture sector have already suffered the loss of their livelihood.
"This year's report illustrates increasing misuses of blasphemy,
anti-terrorism legislation, and COVID-19 measures as pretexts, to
silence dissident voices of artists and artworks ."
'Government is still a major obstacle'
The Freemuse report has shown that of the 254 acts of violations that
happened in the world in 2020, 72 of them were in Turkey.
While 82 artists were known to be imprisoned in 20 countries in 2020,
seven of them were imprisoned in Turkey. Of the 107 prosecuted and 133
detained artists in the world last year, 17 were in Turkey.
Aiming to illustrate varying problems and obstacles artists face in
different parts of the world, Freemuse has also provided an analysis of
the state of artistic freedoms in 15 countries, namely Bangladesh,
Belarus, Brazil, China, Cuba, Egypt, India, Iran, Kenya, Kuwait,
Nigeria, Russia, Turkey, Uganda, and the United States of America (USA).
Accordingly, under its Turkey section, Freemuse has shared three main
findings about the state of artistic freedoms in Turkey:
"Government authorities continued to be a major obstacle for the
exercise of artistic freedoms in Turkey, being responsible for 90
percent of all cases of violations Freemuse documented in 2020.
"Kurdish artists and cultural centres were particularly vulnerable to
targeting by state authorities.
"A vague framework of anti-terror law and criminalised insults against
the president were behind more than half of the documented violations."
'Kurdish artists are particularly vulnerable'
Further in its section on Turkey, the report has said:
"Since the 2016 attempted coup, which led to arrests and imprisonment
of thousands of people, including long-standing human rights defenders
and critics of the government with no history of violence, freedom of
artistic expression has continuously been curbed in Turkey.
"Kurdish artists are particularly vulnerable. They face a variety of
obstacles to express themselves artistically for fear of prosecution
alongside economic hardships caused by limited opportunities to
perform. As a result, many have felt that they have no option but to
flee Turkey.
"The turmoil in regions where the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party
is in power (because of investigations on terrorismrelated charges
against local mayors and the government's appointment of trustee
mayors) has further had an unfavourable impact on the Kurdish artistic
scene.
"This is exacerbated by the shutting down of dozens of Kurdish cultural
centres over the past four years."
The section has then moved on to elaborate on these findings under two
subheadings: Kurdish Artists in Courts on Anti-Terrorist and Insult
Charges and Constant Pressure on Cultural Centers Deemed
Anti-Government. (BIA, 26 February 2021)
Kurdish
Question / Question kurde
HDP
closure case: First examination on March 31
The date of
the first examination to be held in the closure case filed
against the Peoples' Democratic Party (HDP) has been determined.
The
Constitutional Court will make the first examination on March
31. The court board will decide whether the indictment lodged by
Chief Public Prosecutor of the Court of Cassation Bekir Şahin is
accepted or not.
If the
indictment is accepted, it will be sent to the HDP for
preliminary defense. The party will be obligated to submit its
preliminary defense within the time period specified by the top court.
But the party can make an application to extend this period. The Court
will conclude this application.
After the
HDP presents its preliminary defense, Court of Cassation's
Chief Public Prosecutor Bekir Şahin will be asked his opinion as to the
accusations. This opinion will also be sent to the HDP. Then, at dates
to be specified by the Constitutional Court, prosecutor Bekir Şahin
will make a verbal statement and HDP officials will make a verbal
defense.
Following
this process, the rapporteur, who will collect information
and documents about the case, will prepare a report on the merits.
While this process is ongoing, the Chief Prosecutor's Office of the
Court of Cassation and HDP can submit additional evidence or defense.
After the
report is handed out to the Constitutional Court members,
Court President Zühtü Arslan will set a date for the meeting and, on
the specified day, the members will start examining the case as to the
merits.
Majority of
votes needed
A
two-thirds majority, or votes of the 10 of 15 Constitutional Court
members, are needed to close the party because of the reasons cited in
article 69 of the Constitution or impose other sanctions on the party
such as partially or completely depriving it of public aid.
The top
court ruling will be submitted to the Court of Cassation Chief
Public Prosecutor's Office, which filed the case, and to the related
political party, namely the HDP, and will be published in the Official
Gazette. Those who have been imposed a political ban will not be
able to be founders, members, executives or supervisors of any other
political party for five years.
Gergerlioğlu's
application to be examined
The
Constitutional Court will also examine the application of HDP's
Ömer Faruk Gergerlioğlu, who was stripped of his MP status on March 17,
on the same day. Gergerlioğlu has recently appealed to the top court
against his expulsion from the Parliament. This recent application will
be examined by the Constitutional Court on March 31. (BIA, 25 March 2021)
Dix personnes placées en garde à vue dans
les milieux kurdes en France
Dix personnes ont été placées en garde à vue mardi à la suite d'un coup
de filet dans les milieux kurdes sur demande d'un juge antiterroriste
enquêtant sur des soupçons d'association de malfaiteurs terroriste, a
appris l'AFP de source judiciaire.
Neuf hommes et une femme ont été interpellés et placés en garde à vue
sur commission rogatoire d'un juge d'instruction antiterroriste
parisien, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour
"association de malfaiteurs terroriste criminelle" et pour "financement
d'entreprise terroriste", a indiqué cette source à l'AFP.
Selon cette source, cette enquête, qui a également mené à des
perquisitions, porte sur des activités en lien avec le PKK, le Parti
des travailleurs du Kurdistan.
Cette organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des
décennies contre le pouvoir central turc, est classée comme une
organisation terroriste par la Turquie mais aussi par de nombreux pays
dont la France et les Etats-Unis.
Selon des médias francophones pro-Kurdes tels que rojinfo.com, "au
moins 6 maisons, une association et un magasin appartenant à des Kurdes
ont été perquisitionnés à Marseille ce (mardi) matin". Une autre
interpellation aurait eu lieu en région parisienne.
Le 21 février 2020, quatre personnes avaient été mises en examen
notamment pour financement du terrorisme dans le cadre d'une enquête
sur des collectes de fonds pour le Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK) dans le sud-ouest de la France.
Il n'était pas possible de savoir mardi s'il s'agissait de la même
enquête.
Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur
sa page Facebook la "méthode habituelle de l'intimidation macronienne"
et la "criminalisation des activités militantes de kurdes en France par
le Quai d'Orsay et le ministère de l'Intérieur bien alignée sur celle
du dictateur turc", le président Recep Tayyip Erdogan.
"Emmanuel Macron normalise ses relations avec Recep Tayyip Erdogan sur
le dos des Kurdes" a abondé le Parti communiste français dans un
communiqué, dénonçant une "scandaleuse vague d'interpellations".
Les deux dirigeants ont échangé début mars dans un entretien en
visioconférence pour la première fois depuis septembre.
Cet entretien est intervenu après des mois de vives tensions
entre Ankara et Paris, qui s'opposent sur plusieurs dossiers comme la
Libye, la Syrie et la Méditerranée orientale.
Mais maintenant qu'il cherche à réparer les relations entre la Turquie
et l'Union européenne sur fond notamment de problèmes économiques, M.
Erdogan a récemment multiplié les déclarations apaisantes. (AFP, 24 mars 2021)
Le
député déchu de son mandat saisit la Cour
constitutionnelle
Un député prokurde déchu de son mandat a annoncé avoir fait appel mardi
auprès de la Cour constitutionnelle contre cette décision qui pourrait
ouvrir la voie à son incarcération.
"J'ai été déchu de mon mandat et je risque la prison alors que je n'ai
commis aucun crime. (...) Mais il existe un dernier espoir. La Cour
constitutionnelle peut dire stop à cette farce", a déclaré le député,
Ömer Faruk Gergerlioglu, lors d'une conférence de presse devant le
siège de la Cour à Ankara.
Connu pour ses combats en faveur des droits humains, M. Gergerlioglu a
été déchu de son mandat mercredi par le Parlement après la confirmation
par la justice d'une condamnation à deux ans et demi de prison pour
"propagande terroriste".
Le député, dont la destitution a été condamnée par plusieurs ONG et
pays occidentaux, rejette ces accusations.
"Est-ce qu'on me fait subir ces supplices parce que j'ai critiqué les
violations des droits de l'homme?", s'est-il exclamé mardi.
Pour protester contre sa destitution, M. Gergerlioglu avait d'abord
refusé de quitter le Parlement, dormant et mangeant dans une salle du
bâtiment officiel.
Mais il a été interpellé dimanche par les forces de l'ordre avant
d'être relâché. Il risque cependant toujours la prison et a reçu lundi
une assignation pour se rendre aux autorités sous dizaine.
Plusieurs députés prokurdes ont été arrêtés au cours de cette "décennie
noire" marquée par l'intensification du conflit kurde dans le sud-est
de la Turquie et une répression intense des milieux prokurdes.
Le HDP, le troisième plus grand parti du pays, fait l'objet d'une
implacable répression depuis 2016 avec l'arrestation de plusieurs de
ses élus et de ses dirigeants, dont le charismatique Selahattin
Demirtas.
Le jour de la destitution de M. Gergerlioglu, les autorités turques ont
réclamé l'interdiction du HDP, l'accusant d'être étroitement lié au
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le plus haut tribunal turc doit se prononcer sur ce dossier dans les
prochaines semaines. (AFP, 23 mars 2021)
Ceux qui ont conspiré contre
Dreyfus conspirent aujourd’hui contre les
Kurdes
Conseil
Démocratique Kurde en France:
Une fois de
plus, des forces obscures au sein de
l’État français ont marchandé sur le dos des Kurdes de France, avec
leur précieux allié Erdogan, non moins obscure. Aujourd’hui, 23 mars,
une vague d’arrestations a visé le mouvement kurde dans l’hexagone.
Une association membre de notre réseau a été perquisitionnée à
Marseille et une dizaine de militants kurdes ont été placés en garde à
vue dans l’ensemble de la France.
Nous prenons bien note que ces arrestations interviennent à la suite de
l’entretien en visioconférence entre le président français Emmanuel
Macron et son homologue l’islamo-fasciste Erdogan, le 2 mars.
Il est encore moins anodin que cette vague de répression honteuse
commise au nom de la France intervienne le jour-même où va être
diffusée dans l’émission « C dans l’air », un entretien avec le chef
d’État français concernant ses relations avec Erdogan.
Nous retenons par ailleurs, avec attention, que cette politique de
criminalisation menée par le Quai d’Orsay et la DGSI survient dans un
moment où les Kurdes sont massivement réprimés par le régime
dictatorial d’Erdogan.
Tandis que la Turquie menace d’interdiction le Parti démocratique des
Peuples (HDP), limoge et enferme ses élus au motif qu’ils seraient «
membres ou dirigeants d’une organisation terroriste », la France fait
exactement de même sur son territoire avec les associations kurdes et
leurs militants, agissant comme le bras répressif d’Erdogan.
Retenant que cette politique anti-kurde du Quai d’Orsay ne contribue à
rien d’autre qu’au renforcement du djihadisme universel, nous le
mettons en garde pour cette double faute politique et morale.
Comme l’a déjà évoqué à plusieurs reprises le Président de la
République, un État profond existe bien en France et ces injustices et
machinations à l’encontre des Kurdes émanent entièrement de ce lobby.
Les arrestations, perquisitions, tentatives de criminalisation et
intimidations dont font l’objet les Kurdes en France aujourd’hui ne
sont pas moindres que le traitement infligé autrefois à Alfred Dreyfus.
Nous n’avons qu’un seul mot à vous dire : nous ne renoncerons pas à
notre combat légitime et l’histoire se souviendra de cette injustice
immonde comme elle se souvient de l’injustice de l’affaire Dreyfus.
C’est pourquoi, nous nous adressons encore une fois au chef de l’État
en l’appelant instamment à élaborer une politique kurde correcte,
d’autant plus dans une France où vivent 300 000 Kurdes.
Nous appelons par ailleurs les organisations de la société civile et
les partis politiques à réagir face à cette injustice dont font l’objet
les Kurdes en France. (TAMURT, 23 mars 2021)
Un Nouvel An kurde en forme de protestation
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées
dimanche à Diyarbakir, grande ville du sud-est de la Turquie, pour
fêter le Nouvel An kurde et dénoncer la répression contre un parti
d'opposition prokurde menacé de fermeture.
Pour célébrer le Nouvel An appelé Norouz, ou Newroz, en kurde, les
participants ont sauté par-dessus des feux de joie et dansé de façon
traditionnelle aux battements de tambours, selon des journalistes de
l'AFP.
Mais à ces festivités habituelles se sont ajoutées cette année des
protestations, quelques jours après la décision des autorités turques
de réclamer l'interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP),
principale formation politique prokurde du pays.
Quelques heures avant les célébrations, les autorités turques ont
brièvement arrêté, à Ankara, un haut responsable du HDP, Faruk
Gergerlioglu, qui avait été déchu de son mandat mercredi.
"Le HDP, c'est le peuple et le peuple est ici !", a scandé la foule de
Diyarbakir en agitant des fanions aux couleurs de ce parti.
Si le HDP est interdit, "un autre parti le remplacera. Cela ne changera
rien. Les Kurdes, ceux qui ont de l'honneur, soutiendront cette cause
jusqu'à la mort", a déclaré à l'AFP l'un des participants au
rassemblement, Yusuf Celik.
"Un parti veut faire interdire un autre parti pour rester au pouvoir.
Ce n'est ni moral, ni humain. Personne ne doit accepter cela", a abondé
un autre manifestant, Mürsel Bakir.
La répression contre le HDP était aussi au coeur des célébrations de
Norouz qui se sont déroulées samedi à Istanbul.
"Ces efforts visant à fermer (le HDP) sont la preuve que le
gouvernement est fini, sur le point de s'effondrer", a estimé lors de
ce rassemblement une co-présidente du parti, Pervin Buldan.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que le HDP, troisième
plus grand parti de Turquie, est la "vitrine politique" du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui livre une sanglante
guérilla contre Ankara et est qualifié de "terroriste" par plusieurs
pays.
Mais le HDP rejette ces accusations et affirme que le gouvernement
cherche à lui faire payer son opposition farouche et à l'évincer avant
les prochaines élections générales prévues en 2023. (AFP, 21 mars 2021)
Violents affrontements entre
forces turques et kurdes dans le nord de
Syrie
De violents affrontements ont lieu dimanche entre les Forces
démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, et les forces
turques épaulées par leurs supplétifs syriens près d'une localité
stratégique dans le nord de la Syrie.
Les forces turques et leurs alliés sont déployés dans le nord de la
province syrienne de Raqqa depuis une offensive lancée par Ankara
contre les milices kurdes en octobre 2019, qui lui avait permis de
contrôler une zone frontalière de 120 km de large.
Des affrontements sporadiques entre les deux camps ponctuent
depuis le fragile statu quo instauré.
Les derniers en date ont commencé vendredi, selon l'OSDH, après que les
forces turques et leurs alliés syriens ont tenté d'avancer vers les
villages d'Al-Mouallak et de Saida, au nord-ouest d'Ain Issa, sous
contrôle des FDS.
L'escalade militaire coïncide avec les célébrations de Norouz, le
nouvel an kurde qui, chaque 21 mars, marque l'arrivée du printemps.
Selon l'OSDH, les forces turques et pro-Ankara ont lancé leur attaque
alors que les FDS venaient d'achever une opération de déminage dans les
deux villages en vue d'un retour des civils.
"La région de Ain Issa (...) fait l'objet d'une rude campagne menée par
l'occupation turque et ses mercenaires", a déploré à l'AFP Kino
Gabriel, un porte-parole des FDS.
Les turcs et leurs alliés "lancent des tirs d'artillerie depuis la nuit
de samedi à dimanche sur des positions des FDS", a indiqué pour sa part
le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.
"Les FDS ont jusqu'à présent réussi à empêcher toute avancée des
factions pro-Ankara", a-t-il ajouté, notant que les combattants kurdes
visaient à leur tour des positions des forces turques.
Les affrontements ont lieu dans une zone où sont déployées les
forces de Damas ainsi que des forces russes, présentes depuis l'entrée
en vigueur en octobre 2019 d'un cessez-le-feu négocié alors par Ankara
avec Moscou.
- Raid aérien -
En novembre dernier, 21 combattants pro-Ankara ont péri dans une
"embuscade" alors qu'ils tentaient d'infiltrer le village d'Al-Mouallak.
Signe d'une tension désormais croissante, l'aviation turque a mené
samedi soir une frappe aérienne dans le secteur, une première depuis
l'offensive d'Ankara il y a près d'un an et demi, après que les FDS ont
détruit un char turc, selon l'OSDH.
La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), partie
intégrante des FDS, est considérée par Ankara comme l'extension
syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé
comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Mais cette milice kurde a aussi été en première ligne dans la lutte
armée contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie, avec l'appui de la
coalition internationale anti-jihadistes, dont le "califat" a été rayé
de la carte il y a près de deux ans.
"Nos forces ont riposté après que des terroristes du PKK/YPG ont ouvert
le feu sur nos forces spéciales", a indiqué dimanche le ministère turc
de la Défense, les raids aériens ayant toutefois été démentis par des
sources sécuritaires turques.
Pour Kino Gabriel, "les FDS ont répondu aux violations et contrer les
tentatives d'infiltration".
Ankara a mené depuis 2016 trois offensives militaires dans le nord de
la Syrie qui lui ont permis de contrôler un territoire de plus de 2.000
km2, notamment la région d'Afrine, l'un des cantons de la région
"fédérale" kurde autoproclamée.
Par ailleurs, au moins cinq civils ont péri dimanche dans des frappes
du régime syrien ayant touché un hôpital de la ville d'Atareb, dans le
nord-ouest de la Syrie, malgré le cessez-le-feu en vigueur dans la
région, selon l'OSDH.
En mars 2020, une trêve précaire est entrée en vigueur dans la province
d'Idleb, dernier bastion jihadiste et rebelle hostile à Damas après une
offensive de trois mois ayant déplacé plus au nord près d'un million de
personnes, selon l'ONU. (AFP, 21 mars 2021)
Arrestation d'un député
prokurde déchu de son mandat
Les autorités turques ont arrêté dimanche un député prokurde
d'opposition qui refusait de quitter le Parlement depuis plusieurs
jours pour protester contre le retrait de son mandat après une
condamnation pour "terrorisme", a indiqué son parti.
Le député Faruk Gergerlioglu "a été emmené de force alors qu'il était
en pyjama et en pantoufles" par "près de 100 policiers", a déclaré le
Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) dans un communiqué.
Célèbre pour ses combats en faveurs des droits humains, M. Gergerlioglu
a été déchu de son mandat mercredi, après la confirmation par la
justice d'une condamnation à deux ans et demi de prison pour
"propagande terroriste".
Le député rejette ces accusations et sa destitution a été condamnée par
plusieurs ONG et pays occidentaux.
Pour protester contre sa destitution, M. Gergerlioglu refusait de
quitter le Parlement depuis mercredi, dormant et mangeant dans une
salle du bâtiment officiel.
Des images de son interpellation relayées par le HDP sur Twitter
montrent M. Gergerlioglu les traits tirés et en t-shirt noir.
"Nous pouvions voir ce genre de scènes dans les années 1990.
Malheureusement, rien n'a changé depuis", a déclaré le député lors de
son interpellation, selon des propos rapportés par son parti.
Plusieurs députés prokurdes ont en effet été arrêtés lors de cette
"décennie noire" marquée par la flambée du conflit kurde dans le
sud-est de la Turquie et une répression intense des milieux prokurdes.
Le HDP, troisième plus grand parti du pays, fait lui aussi l'objet
d'une implacable répression depuis 2016 avec l'arrestation de plusieurs
de ses élus et de ses dirigeants, dont le charismatique Selahattin
Demirtas.
Le jour de la destitution de M. Gergerlioglu, les autorités turques ont
réclamé l'interdiction du HDP, l'accusant d'être étroitement lié au
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de
"terroriste" pat Ankara et ses alliés occidentaux.
Le plus haut tribunal du pays doit se prononcer sur ce dossier dans les
prochaines semaines. (AFP, 21 mars 2021)
Arrestation de dizaines de cadres du HDP
La police turque a arrêté vendredi des dizaines de cadres du principal
parti prokurde, le HDP, qui se trouve sous la menace d'une interdiction
par la justice, ont indiqué la formation et les médias.
Mercredi, un procureur turc a réclamé à la Cour constitutionnelle
l'interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième
formation politique du pays que le président Recep Tayyip Erdogan
accuse de liens avec le "terrorisme".
Dix cadres du HDP ont été arrêtés vendredi à Ankara, 10 autres à
Istanbul, 15 à Adana (sud), 11 à Kocaeli et Eskisehir (nord-ouest),
selon les médias. Ils sont accusés de liens avec les rebelles kurdes.
Le parti a confirmé 36 arrestations dans l'immédiat.
Le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où
son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté. Il est toujours
incarcéré, en dépit des appels répétés de la Cour européenne des droits
de l'Homme à le libérer.
Dans son acte d'accusation réclamant l'interdiction du HDP, le
procureur reprend à son compte les arguments du président Erdogan en
affirmant que cette formation politique est liée "de façon organique"
au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de
"terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le procureur réclame par ailleurs une interdiction d'exercer des
fonctions politiques pendant cinq ans contre 687 membres du HDP, dont
M. Demirtas, ses dirigeants actuels et plusieurs poids lourds du parti.
La secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejcinovic Buric,
avait mis en garde jeudi contre une interdiction par la justice turque
du HDP, la jugeant "très problématique".
Mercredi, le Parlement turc a par ailleurs déchu de son mandat un
député de premier plan du HDP, Faruk Gergerlioglu, connu pour ses
féroces critiques des atteintes aux droits humains sous M. Erdogan.
Par ailleurs, la police a arrêté vendredi à Ankara le chef de
l'Association des droits Humains (IHD), Ozturk Turkdogan,
lors d'une perquisition à son domicile,
a indiqué l'ONG.
"Nos avocats essayent d'obtenir des informations à son sujet. Son
arrestation est une violation flagrante des droits humains. Il doit
être relâché immédiatement", a tweeté l'IHD. (AFP, 19 mars 2021)
Menacé d'interdiction, le parti prokurde dénonce un
"putsch politique"
Le principal parti prokurde de Turquie a dénoncé mercredi un "putsch
politique" après qu'un procureur eut réclamé son interdiction pour
activités "terroristes", accusant le président Recep Tayyip Erdogan de
chercher à le réduire au silence avant les prochaines élections.
Un procureur a envoyé mercredi un acte d'accusation à la Cour
constitutionnelle demandant l'ouverture d'un procès pour interdire le
Parti démocratique des peuples (HDP), la troisième formation politique
du pays qui fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016.
"Nous appelons toutes les forces démocratiques, toutes les forces
d'opposition sociales et politiques et notre peuple à lutter ensemble
contre ce putsch politique", ont réagi dans un communiqué les
co-présidents du HDP, Pervin Buldan et Mithat Sancar.
Les Etats-Unis ont prévenu qu'une telle dissolution "subvertirait de
manière indue la volonté des électeurs turcs, saperait encore davantage
la démocratie en Turquie, et priverait des millions de citoyens turcs
de leurs représentants élus".
La demande d'interdiction risque en effet de renforcer la préoccupation
des pays occidentaux au sujet de l'Etat de droit en Turquie, au moment
où Ankara affirme vouloir apaiser ses relations tendues avec Washington
et l'Europe.
Dans son acte d'accusation, le procureur estime que celui-ci le HDP
"agit comme une extension" du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), un groupe qui mène une sanglante guérilla en Turquie et est
qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
"Les membres du HDP s'efforcent, par leurs déclarations et leurs actes,
de détruire l'union indivisible entre l'Etat et la nation", affirme le
procureur, cité par l'agence de presse étatique Anadolu.
Il réclame par ailleurs une interdiction d'exercer des fonctions
politiques contre 600 membres du HDP, une mesure qui semble destinée à
les empêcher de former un nouveau parti.
La Cour constitutionnelle doit encore accepter cet acte d'accusation
pour que la date d'un procès soit fixée.
- "Nous résisterons" -
Cette annonce intervient après plusieurs semaines d'attaques verbales
croissantes contre le HDP de la part de M. Erdogan et de son partenaire
de coalition informelle, le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême
droite).
Le chef de l'Etat accuse régulièrement le HDP d'être la "vitrine
politique" du PKK.
Mais les critiques ont redoublé d'intensité après une intervention
militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux mains du PKK
en Irak et qui s'est soldée par la mort de tous les prisonniers
mi-février.
Le dirigeant du MHP, Devlet Bahçeli, a déclaré début mars que la
fermeture du HDP était devenue "urgente et nécessaire".
Le HDP, qui rejette fermement les accusations d'"activités
terroristes", se dit victime de persécution en raison de son opposition
à M. Erdogan.
Mercredi, il a accusé le président d'"utiliser la justice comme un
bâton pour refaçonner le paysage politique", à deux ans d'élections
législatives et présidentielle qui s'annoncent difficiles pour le
pouvoir sur fond de difficultés économiques.
"Leur agressivité est la preuve de leur peur panique", a poursuivi le
HDP. Mais "quoi qu'ils fassent, nous ne courberons jamais l'échine,
nous ne nous rendrons pas (...) Nous allons poursuivre notre résistance
démocratique avec détermination", a-t-il ajouté.
- Députés destitués -
Dans la foulée d'une tentative de putsch le visant en 2016, M. Erdogan
a lancé une répression tous azimuts qui a frappé le HDP de plein fouet.
Faisant fi des critiques occidentales, le pouvoir turc a multiplié les
arrestations et les destitutions d'élus du HDP, arrêtant par exemple en
2016 son chef de file Selahattin Demirtas, toujours écroué en dépit des
appels de la Cour européenne des droits de l'Homme à le libérer.
La demande de fermeture du HDP intervient par ailleurs quelques heures
après que le Parlement turc eut déchu de son mandat un député de cette
formation, Faruk Gergerlioglu, après la confirmation en dernière
instance d'une condamnation à deux ans et demi de prison pour
"propagande terroriste".
Dénonçant une "violation de la Constitution", M. Gergerlioglu a affirmé
qu'il ne quitterait pas l'hémicycle à moins d'y être contraint par la
force.
"C'est une attaque choquante contre les normes démocratiques et l'Etat
de droit ainsi qu'une violation de la Constitution turque et des
obligations découlant du droit international", a dénoncé sur Twitter la
représentante en Turquie de l'ONG Human Rights Watch (HRW), Emma
Sinclair-Webb.
En comptant M. Gergerlioglu, 14 députés du HDP ont été déchus de leur
mandat depuis 2016. (AFP,
18 mars 2021)
HDP Co-Chair
Buldan: Our votes increase from 6 to 12 million
After its
Kocaeli MP Ömer Faruk Gergerlioğlu was stripped of his MP status and a
closure case was filed against the party yesterday evening (March 17),
the Peoples' Democratic Party (HDP) Central Executive Board had an
extraordinary meeting today. HDP Co-Chairs Pervin Buldan and Mithat
Sancar addressed the public after the meeting.
Taking the
floor first, Pervin Buldan first referred to what the HDP has lived
through during its lifetime both on the central and local levels:
"The MPs of
our
party have been arrested, they are in prison. Our Co-Chairs have been
dismissed; trustees have been appointed in their place.
"But, every
time, we have overcome the obstacles of every stripe and our party has
managed to enter the Parliament powerfully. They have tried to take
revenge for this by arresting our MPs.
"There are
intellectuals, journalists, human rights defenders and people who want
peace and democracy in Turkey's prisons. The children and young
people of this country are in Turkey's prisons. Thousands of people are
in prison because of a tweet or attendance to a statement."
'No
difference
with putschists of July 15'
Speaking
about
the attempted dissolution of the party, Buldan specifically referred to
the ruling Justice and Development Party (AKP) and the Nationalist
Movement Party (MHP), the AKP's partner in the People's Alliance which
has long been calling for the closure of the HDP.
Reminding
the
public about the military coup attempt on July 15, 2016, Pervin Buldan
said, "There has remained no difference between the junior partner
[MHP] of the current government, of the AKP, and the ones who dropped
bombs on the roof of the Parliament on July 15. This is also called a
coup; this means seizing the people's will."
Regarding
Gergerlioğlu's expulsion from the Parliament, she said, "Yesterday, we
all saw that our MPs are tripped of their MP status with a single word
uttered by the AKP, upon an instruction it gave. Gergerlioğlu and our
other friends will keep on being the will and MPs of the people."
'Yet
another
manifestation of coup mindset'
"Yesterday,
another development was the decision to close our party. Yet another
law of the coup, yet another manifestation of a mindset of coup... HDP
has done what is necessary for the future of the peoples' of Turkey.
This country's need for social democracy is apparent," HDP Co-Chair
Buldan said, briefly adding the following about yesterday:
"Believe
me; as
of yesterday evening, the number of people voting for us was 6 million,
it has increased to 12 million since yesterday. Our vote rate was 12;
as of yesterday evening, it has risen to 20 percent."
Referring
to
the economic hardships, poverty and unemployment faced by the people,
Buldan noted that "HDP is the only party that deals with the real
agenda of Turkey's peoples and that of society."
In addition
to
the economic problems, she also touched upon the isolation of Kurdistan
Workers' Party (PKK) leader Abdullah Öcalan in İmralı Prison. Saying
that his isolation is also a pressing issue on the people's agenda, she
underlined that "isolation is a crime against humanity."
"Not
letting
Öcalan meet her family and attorneys will not contribute to the
problems of this country," Buldan noted.
'It will be
done to you tomorrow'
Pervin
Buldan
further stressed that "the issue of closing the HDP should not be an
issue only concerning the HDP."
"My call to
all
forces of democracy is the following: Whatever is done to us today will
be done to you tomorrow. Standing up against it together is a
responsibility of us all," HDP Co-Chair Buldan underlined.
"We will
teach
the AKP a lesson at the first ballot box brought before us. It is high
time that we acted together and gave the AKP such a picture."
"Our call
to
the party workers, provincial and district organizations is this: Don't
fall into despair. No one should fall into despair. As long as the HDP
is here, it will keep on being on the side of our peoples. Newroz is
approaching; we will celebrate the Newroz with enthusiasm and a good
mood at the weekend," said Buldan in concluding her statement.
Sancar: So
many
means to do democratic politics
Taking the
floor after HDP Co-Chair Pervin Buldan, HDP Co-Chair Mithat Sancar said
that "the starting point of political coups is to institutionalize
fascism and ensure that it is completely established."
"The
pressure
targeting the HDP is a confession of who is the biggest obstacle
standing in their way. HDP has shown that it is the biggest force
standing in the way of the government's progress," said Sancar.
Referring
to
the day when several HDP politicians, including former Co-Chairs
Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, were arrested, he said:
"Since the
coup
on November 4, 2016, our innumerable friends have been sent to
dungeons. They thought that the HDP would end, they thought that it
would melt away; but, the exact opposite happened.
"Because
the
HDP is neither about individual persons nor is it confined to a
building. HDP is a strong line of thought. HDP is the people.
"We have so
many means to do democratic politics. The support of our people is our
greatest wealth, it is our greatest source of morale and belief. We
will find ways to bring this belief to the furthest point possible. We
will share these ways with the public very soon."
Addressing
the
Chief Public Prosecutor's Office of the Court of Cassation, which filed
the closure case, Mithat Sancar said that "there is one thing that it
takes as a basis, which is the will of the Palace," referring to the
Presidential Complex of President and ruling Justice and Development
Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan in the capital Ankara.
"For this
reason, what is to be discussed here is not a matter of legality or
compliance with the law, it is the quality of the political operation.
"Our people
will claim their will at Newroz squares with enthusiasm; our
preparations have been completed. Every people will be at those squares
with their own folk songs and folk dances. Our walk towards this
imminent light together will continue," concluded Sancar. (BIA, 18 March 2021)
Closure case against HDP, request for political ban
on 687 people
Chief
Public
Prosecutor of the Court of Cassation has filed a closure case against
the Peoples' Democratic Party (HDP) by appealing to the Constitutional
Court. The indictment has been sent to the top court.
In his
written
statement about the issue, Chief Public Prosecutor of the Court of
Cassation Bekir Şahin has indicated that the Article 68/3 of the
Constitution of Turkey and the Article 90 of the Law on Political
Parties stipulate that the political parties shall carry out their
activities within the frame of the Constitutional and legal provisions.
Referring
to
the Article 14 of the Constitution, Şahin has said that "none of the
rights and freedoms embodied in the Constitution shall be exercised in
the form of activities aiming to violate the indivisible integrity of
the State with its territory and nation, and to endanger the existence
of the democratic and secular order of the Republic based on human
rights."
He has also
mentioned the Article 69/6 of the Constitution and the Article 103 of
the Law on Political Parties regarding the closure of a political party
over its actions in violation of the Article 68/4 of the Constitution.
Referring
to
the Article 11/1 of the European Convention on Human Rights (ECHR) as
well, he has noted that "everyone has the right to freedom of peaceful
assembly and freedom of association with others," adding that the
Article 11/2 stipulates that "no restrictions shall be placed on the
exercise of these rights other than such as are prescribed by law and
are necessary in a democratic society in the interests of national
security or public safety, for the prevention of disorder or crime, for
the protection of health or morals or for the protection of the rights
and freedoms of others."
Şahin has
further said, "As a matter of fact, the European Court of Human Rights
(ECtHR) has considered even the failure to condemn terrorism to be an
adquate reason for closing a political party."
The Chief
Public Prosecutor of the Court of Cassation has noted that "the
executives and members of political parties must carry out their
activities within the frame of democratic principles, must not be in
connection or cohesion with terrorist organizations and must not aim to
disturb or destroy the indivisible integrity of the state with its
country and nation."
Şahin has
said,
"Within this context, as it has been understood that the executives and
members of the HDP, with their statements and actions, act in a way
incompatible with democratic and universal legal principles, they act
together with the PKK terrorist organization and the organizations
affiliated with it and they aim to disturb or eliminate the indivisible
integrity of the state with its country and nation by engaging in
activities as its affiliate, it has been requested that the
Constitutional Court close the aforementioned party."
Request for
political ban on 687 people
In the
indictment prepared by Court of Cassation's Chief Public Prosecutor
Şahin, there is also a request for political ban on 687 HDP politicians.
In the
event
that the Constitutional Court concludes that the related people, with
their statements and actions, have caused the total closure of the
party, they shall not be the founder, member, executive or inspector of
another political party for five years starting from the day when the
top court's detailed ruling of party closure is published in the
Official Gazette.
Court began
the
inquiry 2 weeks ago
The Court
of
Cassation launched an inquiry against the Peoples' Democratic Party
(HDP) on March 2, 2021. The Political Parties Bureau of the Court
of Cassation's Chief Public Prosecutor's Office sent an official letter
to the Ankara Chief Public Prosecutor's Office and requested the Kobane
indictment filed against 108 defendants, including imprisoned former
HDP Co-Chairs Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ.
As part of
the
investigation into the Kobane protests from seven years ago, summaries
of proceedings have been issued against 9 HDP MPs, including HDP
Co-Chair Pervin Buldan. The prosecutor's office of the high court
requested these summaries as well, while the sources close to the
office said that "it was a routine procedure." (BIA, 17 March 2021)
Le
député Ömer
Faruk Gergerlioglu (HDP) déchu de
son mandat
Un député du principal parti prokurde de Turquie a été déchu de son
mandat mercredi, une mesure qui ouvre la voie à son emprisonnement et
marque un nouveau tournant dans la répression contre sa formation
d'opposition.
"Je vais résister à ce putsch contre le Parlement. La volonté du peuple
ne peut pas être piétinée", a réagi Ömer Faruk Gergerlioglu, du Parti démocratique
des peuples (HDP), qui s'est vu priver de son mandat après la lecture
officielle dans l'hémicycle d'une condamnation en justice.
"Nous ne nous soumettrons pas !", ont scandé plusieurs députés du HDP
au Parlement, brandissant des pancartes avec la photo de M.
Gergerlioglu.
En 2018, celui-ci a été condamné à deux ans et demi de prison pour
"propagande terroriste", après avoir partagé sur les réseaux sociaux un
article sur de possibles pourparlers entre Ankara et le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le PKK, qui est engagé dans une sanglante guérilla dans le sud-est de
la Turquie, est qualifié de "groupe terroriste" par Ankara et ses
alliés occidentaux.
La Cour de cassation a confirmé cette condamnation le mois dernier.
Défenseur de longue date des droits humains, M. Gergerlioglu est connu
pour avoir apporté son soutien à un large éventail de causes, en
particulier à la lutte contre les mauvais traitements, notamment les
tortures, infligés aux détenus.
Avant sa destitution, M. Gergerlioglu avait affirmé qu'il ne sortirait
pas de l'hémicycle sans y être contraint par la force. "Ils peuvent
venir m'arrêter, comme ils ont fait pour les députés kurdes en 1994",
avait-il lancé.
En 1994, trois élus avaient été expulsés manu militari du Parlement
pour avoir prêté leur serment en kurde.
Plusieurs députés du HDP refusaient mercredi après-midi de quitter
l'hémicycle en solidarité avec M. Gergerlioglu.
Troisième plus grande formation politique en Turquie, le HDP fait
l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son
charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné.
Le chef d'Etat turc accuse cette formation d'être la "vitrine
politique" du PKK.
Le HDP rejette cette accusation, se disant victime de mesures
répressives en raison de sa farouche opposition au président turc.
En comptant M. Gergerlioglu, 14 députés du HDP ont été déchus de leur
mandat depuis 2016.
(AFP,
17
mars 2021)
Plus
réprimé que jamais, le HDP risque l'interdiction
Le principal parti prokurde de Turquie, sous pression depuis plusieurs
années, joue désormais sa survie alors que se profile une procédure
judiciaire pouvant déboucher sur sa fermeture, au moment où le
président Recep Tayyip Erdogan cherche à se renforcer avant des
élections difficiles.
Troisième plus grande formation politique du pays, le Parti
démocratique des peuples (HDP) fait l'objet d'une répression implacable
depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin
Demirtas, a été emprisonné.
Faisant fi des critiques occidentales, le pouvoir turc a multiplié ces
dernières années les arrestations et les destitutions d'élus du HDP,
remplaçant par exemple la quasi-totalité des 65 maires prokurdes par
des administrateurs publics.
Mais c'est désormais l'avenir du parti qui semble menacé depuis
l'ouverture d'une enquête par le plus haut tribunal de Turquie la
semaine dernière, après que M. Erdogan eut multiplié les attaques
contre le HDP.
Cette enquête, menée par un procureur de la Cour de cassation, pourrait
déboucher sur un procès à l'issue duquel le HDP serait interdit s'il
est reconnu comme une organisation mêlée à des "activités terroristes".
Le chef d'Etat turc accuse cette formation d'être la "vitrine
politique" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe
classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le HDP rejette cette accusation, se disant victime de répression en
raison de sa farouche opposition au président turc.
- Erdogan "acculé" -
L'annonce d'une enquête contre le HDP est intervenue après des
appels
répétés à fermer ce parti lancés par le partenaire de coalition de M.
Erdogan, Devlet Bahçeli, chef du Parti d'action nationaliste (MHP,
extrême droite).
Après une intervention militaire avortée visant à secourir 13 otages
aux mains du PKK en Irak et qui s'est soldée par la mort de tous les
prisonniers mi-février, MM. Erdogan et Bahçeli ont multiplié les
attaques contre le HDP.
Outre l'ouverture de l'enquête, le Parlement turc a commencé en février
à examiner la levée de l'immunité de 20 députés prokurdes.
Si c'est M. Bahçeli qui est en première ligne pour réclamer la
fermeture du HDP, une telle mesure pourrait faire les affaires de M.
Erdogan, qui redoute de perdre le contrôle du Parlement aux prochaines
élections, selon des experts.
Les derniers sondages font état de l'érosion de la popularité de
l'alliance de M. Erdogan avec M. Bahceli, dans un contexte de
difficultés économiques aggravées par la pandémie de nouveau
coronavirus.
"Le gouvernement est acculé (...) et ne sait pas quoi faire pour
inverser cette tendance", estime Galip Dalay, un chercheur associé à la
Robert Bosch Academy de Berlin et au centre de réflexion Chatham House
à Londres.
"Si Erdogan pense qu'interdire le HDP servira au mieux sa quête de
formule gagnante, je ne pense pas qu'il aura du mal à le faire",
estime-t-il.
- "Plusieurs alternatives" -
Face aux nuages qui s'amoncellent, le HDP tente de faire bonne
figure,
mettant en avant la capacité du mouvement politique kurde à renaître de
ses cendres.
De nombreuses formations prokurdes ont en effet été fermées dans le
passé, comme le Parti de la démocratie du peuple (Hadep) en 2003,
accusé de liens avec le PKK.
"Arrêterons-nous de faire de la politique si on interdit notre parti ?
Bien sûr que non. Il y a plusieurs alternatives", a affirmé à l'AFP la
co-présidente du HDP Pervin Buldan.
"Dans le passé, nos partis ont été interdits et de nouveaux ont été
créés. Nous en sommes toujours sortis renforcés", a-t-elle ajouté.
Selon M. Dalay, le président turc est partagé entre deux options. "Il
hésite entre paralyser le HDP et l'interdire complètement", estime-t-il.
Le choix est difficile pour M. Erdogan, qui doit calculer l'impact
d'une telle démarche alors qu'il tente de "réparer les relations" avec
l'Occident et qu'il a promis de nombreuses réformes en matière des
droits humains, précise M. Dalay.
Mais il doit aussi composer avec son allié nationaliste, M. Bahçeli,
dont il a besoin pour conserver sa majorité au Parlement.
Comme un symbole de ce tiraillement, l'ouverture d'une enquête par la
Cour de cassation a été annoncée peu après que M. Erdogan eut présenté
en grande pompe un "plan d'action pour renforcer l'Etat de droit"
visant à apaiser l'Europe. (AFP, 10 mars 2021)
Euphrate, l'autre arme de la Turquie contre les
Kurdes en Syrie
L’administration kurde qui gère le nord-est de la Syrie accuse la
Turquie de couper l’eau de l’Euphrate pour l’affaiblir. Un moyen de
pression déjà utilisé par Ankara auparavant.
“Le gouvernement turc a baissé le niveau de l’Euphrate dans le but de
faire pression sur l’administration semi-autonome kurde dans le
nord-est de la Syrie”, a dénoncé le directeur des barrages de
l’Euphrate en Syrie, Ahmad Ossou, relayé par le site panarabe Raseef22.
Le mardi 2 mars, l’administration kurde a indiqué que, depuis la fin
janvier, la Turquie avait divisé par quatre les quantités d’eau
provenant de l’Euphrate. Ce rationnement a un effet sur
l’approvisionnement en eau et la production d’électricité.
Plus long fleuve de l’Ouest asiatique, l’Euphrate, qui naît en Turquie
et traverse la Syrie et l’Irak avant de se jeter dans le golfe
Persique, a toujours été un sujet de friction entre ces trois pays,
notamment en raison de la question kurde.
Idem pour l’autre grand fleuve de la zone, le Tigre.
La Turquie, qui a construit des barrages sur l’Euphrate et le Tigre,
contrôle ainsi le niveau de l’eau arrivant en Syrie et en Irak.”
En 2020, indique Raseef22, la Turquie avait déjà réduit le niveau de
l’Euphrate arrivant en Syrie, poussant l’administration semi-autonome
kurde à demander à l’Organisation des Nations unies de faire pression
sur Ankara.
Le site panarabe rappelle que la Turquie avait déjà utilisé la carte de
l’eau à la fin des années 1990 contre la Syrie, qui avait fini par
expulser de son territoire Abdullah Ocalan, le leader et fondateur du
PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan, mouvement armé kurde] qui
sera arrêté en 1999 et emprisonné en Turquie.
Mais en 1987, la Syrie et la Turquie ont signé un protocole courant sur
cinq ans qui prévoit qu’Ankara fournisse 500 m3 d’eau par seconde à
Damas, indique Raseef22. “Cet accord temporaire sert encore aujourd’hui
de base de discussion entre les deux pays”, explique le site. Ces
dernières années, la Syrie a demandé à plusieurs reprises à la Turquie
d’augmenter sa part à 700 m3/s, mais en vain.
En 1989, la Syrie a signé un autre accord bilatéral, mais avec l’Irak,
prévoyant que 52 % des eaux de l’Euphrate reviennent à Bagdad.
Dans ce contexte, Raseef22 note que le ministère irakien des Ressources
hydrauliques a déclaré, le lundi 1er mars, que le président turc Recep
Tayyip Erdogan souhaitait une solution pérenne sur le dossier de l’eau
entre l’Irak et la Turquie. (courrierinternational.com,
5 mars 2021)
Rights
groups urge CoE Council of Ministers to ensure
Demirtaş's release
Five rights groups have called on the Council of Europe Committee of
Ministers to direct Turkey to release Selahattin Demirtaş, the former
co-chair of the Peoples' Democratic Party (HDP) in compliance with a
European Court of Human Rights (ECtHR) judgment in December.
ARTICLE 19, Human Rights Watch, the International Commission of
Jurists, the International Federation for Human Rights, and the Turkey
Human Rights Litigation Support Project (TLSP) made a detailed joint
submission to the committee, which oversees enforcement of the ECtHR.
They asked it to issue the decision at its meeting on March 9 and 11,
2021. The groups said that Turkey continues to violate Demirtaş's
rights by flouting a landmark judgment.
"President Erdoğan and senior Turkish officials have responded to the
European Court's judgment ordering Demirtaş's release with false
arguments that it does not apply to his current detention and that the
court's rulings are not binding on Turkey," said Aisling Reidy, senior
legal adviser at Human Rights Watch.
"The Committee of Ministers should call on Turkey to release Demirtaş
immediately and leave no doubt that disregarding or attempting to
bypass judgments of the Strasbourg court is unacceptable," she added.
"An attempt to circumvent compliance with the ECtHR judgment"
About a new indictment brought after the European court judgment, Helen
Duffy of the TLSP said, "Charging such a prominent political figure
with 30 serious 'new' offences based on political speeches mostly 6
years ago, which the Court already found to be protected, is pure
repackaging – a thinly veiled attempt to circumvent compliance with the
Court's judgment requiring immediate release."
"The Grand Chamber already rejected earlier 'reclassification'
attempts, and it is time for a robust response by the Committee of
Ministers to break the cycle of evasion," she added.
The groups urged the Committee of Ministers to call on Turkey's
government to:
Immediately release Demirtaş as required by the
ECtHR judgment, and make clear that the judgment applies to his ongoing
detention and to any future charges or detentions in which the factual
or legal basis is substantially similar to that which the ECtHR has
already addressed in its judgment.
Halt all criminal proceedings initiated against
Demirtaş following the constitutional amendment lifting his immunity,
which was deemed unlawful by the ECtHR's Grand Chamber.
End the abuse of judicial proceedings to harass
Demirtaş, stifle pluralism, and limit freedom of political debate,
emphasizing that this cessation is essential to the restoration of
Demirtaş's rights.
End interference in Demirtaş's cases, especially by
attempting to pressure or unduly influence judicial authorities.
Publicly correct false claims promoted by senior
Turkish government officials that the Grand Chamber judgment in the
Demirtaş case and European Court judgments more generally, are not
binding.
(BIA, 5 March 2021)
Court
of Cassation launches inquiry into HDP
The Political Parties Office of the Court of Cassation Chief Public
Prosecutor's Office yesterday (March 2) launched an inquiry into the
Peoples' Democratic Party (HDP) in relation to a recent indictment
against party members.
Sending a letter to the Ankara Chief Public Prosecutor's Office, it
requested a copy of the indictment and the summaries of proceedings
seeking lift of immunity for nine HDP lawmakers, including the party's
co-chair Pervin Buldan.
The indictment concerns the 2014 Kobanê protests, which left more than
40 dead in Kurdish-majority provinces in the country's east and
southeast.
Some 108 people, mostly HDP members, are facing multiple aggravated
life sentences for having allegedly orchestrated the protests. They are
charged with 25 offenses, including "attempted overthrow" and "managing
a terrorist organization."
If the Court of Cassation Chief Public Prosecutor's Office concludes
that the HDP has become a "focal point of terrorist acts," a case may
be filed for the party's closure.
The prosecutors' move came hours after Nationalist Movement Party (MHP)
Chair Devlet Bahçeli, an ally of the government, called on the
country's high courts to take action to close down the HDP.
"We expect the Court of Cassation Chief Public Prosecutor's Office to
open an investigation into the HDP," he told his party's parliamentary
group.
"If the Constitutional Court determines, with evidence and documents,
that the HDP is the focus of terrorist acts, which is the only option,
it won't be possible to talk about a party called HDP and about its
members and executives that caused the closure." (BIA, 3 March 2021)
Demirtaş: We have no other choice than peace and
living together
Behind bars
in Edirne Prison in northwestern Turkey since November
2016, former Co-Chair of the Peoples' Democratic Party (HDP) Selahattin
Demirtaş has written an article for Medyascope news website.
In his
article, Selahattin Demirtaş has also referred to the recent
debates on closing the HDP, especially by the AKP-ally Nationalist
Movement Party (MHP), and the summaries of proceedings awaiting to be
debated and voted by the Parliament, which might lead several HDP MPs
to be stripped of their MP duty and legislative immunity.
Addressing
the social opposition and opposition parties, Demirtaş has
made a call to "take responsibility for peace."
Referring
to the killing of 13 people in Gare two weeks ago, Demirtaş
has said, "The tragedy that unfolded in Gare in the last weeks has
painfully reminded all of us about how important and vital peace is."
Demirtaş
has briefly written the following:
'We cannot
abandon democratic politics'
"The
government's political style has long overstepped the boundaries
of irrationality. There is, unfortunately, no mad thing that they did
not or will not do out of concerns for votes and seats.
"However,
the political institution must not fully give in to this
abdication of reason. Amid all this destruction, there is a need for a
sincere and strong will that will keep the hopes for peace alive.
"The
mothers' and father' sons and daughters do not grow on trees. We,
Turks and Kurds, are still losing our lives and loved ones, we are
grieved.
"Rather
than seeing guns and violence as a solution method, we must
take democratic politics as our basis. One cannot abandon democratic
politics. Politicians with a sense of responsibility must lay the
groundwork for an exact and lasting solution without losing time.
'Time to be
more courageous'
"The main
opposition party and all opposition parties have made several
statements to the point so far. However, no concrete steps have been
unfortunately taken in parallel to these statements.
"Will
sorrows and deaths continue or will everyone take the bull by the
horns for peace by taking concrete steps? In my opinion, it is high
time to be more courageous for our peace. There must be no more delay
in developing concrete policies in that regard.
"All
circles in favor of peace must come together without delay,
develop a political solution project with common sense and announce it
to the public.
"All
democracy forces, primarily the HDP, must take more initiative for
the domestic peace of the country and put forward a course of action
that will take society out of this chaos and hopelessness.
"The HDP
has been making serious efforts about this issue; however, its
execution, way of doing politics and language must be arranged in
accordance with these aims. The debates on closing the HDP and
lifting the legislative immunities in such an environment will
apparently make no contribution to peace. I hope that this mistake will
not be made again for the sake of cheap political calculations.
'Raising
the hopes for peace'
"In order
to prevent any speculations, I would like to clearly indicate
that I am not talking about a new resolution process for the time
being. I would like to draw attention to the necessity to develop a new
understanding and language of solution in politics and to make these
concrete. Believe me, if we can do this together, the rest is not that
hard!
"On this
occasion, I call on all people in favor of peace to take an
active stance. We all have responsibility in carrying the issue beyond
the vicious debate of 'condemnation and distancing oneself' and taking
a strong initiative to end violence and guns for good.
"As I have
indicated in the introduction to my article, we must take
democratic politics as our basis, rather than regarding guns and
violence as a solution method. It means distancing oneself from
violence according to universal democratic standards.
"I know
that it is not easy even to talk about peace amid aggravating
poverty, health problems restricting our lives due to the pandemic and
deepening polarization. But without talking about our burning issues
too, we cannot find lasting solutions to any of our problems.
"For this
reason, it is now time to raise the hopes for peace despite
everything. We, the ones who want peace, are ready for this." (BIA, 1 March 2021)
Les
Kurdes, principal obstacle devant le régime
d’Ankara
Ragip Duran, chroniqueturquie, 28 février 2021
Le
parti politique
des kurdes et des gauches est sous une répression féroce du pouvoir et
d’une partie importante de la société turque. Erdogan croit qu’il peut
se renforcer s’il neutralise le HDP.
La Grande Assemblée Nationale de Turquie, étudiera probablement à
partir de lundi le 1er mars la levée de l’immunité parlementaire de 28
députés du HDP (Le Parti Démocratique des Peuples, Kurdes et Gauches,
56 sièges sur 585 ).
Ces parlementaires sont accusés ‘’de faire de la propagande
séparatiste-terroriste’’ ou bien ‘’d’aider ou d’appartenir à une
organisation terroriste’’. Faut-il preciser qu’en Turquie, toute
critique, toute opposition pacifique contre le pouvoir et la defense
des droits des kurdes sont conçues comme terrorisme.
Troisième formation du Parlement, le HDP est depuis sa création (2012)
sous la répression du gouvernement mais aussi d’une partie importante
de la société turque. Les partis politiques de l’opposition traitent
également le HDP comme ‘’la branche politique du PKK’’ (Parti des
Travailleurs du Kurdistan, en lutte armée contre le gouvernement depuis
1984, pour les droits des kurdes)
Le vice-président de İYİ Parti (Le Bon Parti, 37 sièges, issu du MHP,
extrême-droite) a déjà declaré que son parti votera pour la levée de
l’immunité parlementaire des 28 députés du HDP.
Le porte-parole du CHP (Parti Républicain du Peuple, opposition
Kémaliste, 136 sièges) a précisé qu’ils étudieront séparément chaque
cas ‘’de relation avec le terrorisme’’, avant signe d’un vote en
conformité avec le pouvoir. Le CHP avait déjà dans le passé voté pour
la levée de l’immunité parlementaire des députés kurdes.
Le député de Mersin (Méditerranée) du CHP, M.Ali Mahir Basarir a estimé
qu’il s’agit d’une opération du gouvernement pour changer l’ordre du
jour. ‘’Aujourd’hui en Turquie la misère, la pauvreté et la carence de
justice sont les problèmes les plus vifs de l’actualité. Pour empêcher
un débat populaire sur ces sujets, le pouvoir désire discuter sur
l’immunité parlementaire des députés de l’opposition’’a-t-il déclaré.
Les partenaires de l’AKP ( Parti de Justice et de Développement
du
Président Erdogan, nationaliste-islamiste, 289 sièges) le MHP (Parti
d’Action Nationaliste, extrême-droite, 48 sièges) et le VP (Parti de la
Patrie, groupuscule dirigé par Dogu Perincek, représentant les cliques
de l’Etat Profond, anciens militaires et autres responsables de
l’Ancien Régime, sans siège de député) désiraient depuis longtemps
l’interdiction pure et simple du HDP. Mais le pouvoir, voulait
affaiblir voire neutraliser le HDP d’une autre façon. Car le HDP est le
8ème parti politique des Kurdes et des Gauches crée depuis 1990.
L’ensemble des 7 partis ont été interdits par les tribunaux turcs. Mais
tous les nouveau partis succesifs ont augmenté le nombre d’électeurs .
HDP a recuelli plus de 6 millions de votes (sur environ 50 millions )
lors des dernières élections législatives du juin 2018.
Le Palais de M.Erdogan ‘’au lieu d’interdire le HDP préfère donc
interdire les députés du HDP’’ analyse Can Dundar, chroniqueur d’Arti
TV. Quand l’immunité parlementaire de ces 28 députés du HDP seront
levée les élus risquent d’être condamnés par les tribunaux.
Le HDP est le parti clef pour une victoire probable de l’opposition
contre Erdogan. Car le front de la Nation, formé des partis de
l’opposition officielle a absolument besoin des 10 à 13pc. de vote du
HDP. Ce dernier ne fait pas parti de cette coalition mais il avait
soutenu les candidats du CHP lors des dernières élections locales en
mars et juin 2019 où le parti gouvernemental a perdu plus de 10
municipalités, y compris celles d’Istanbul, d’Ankara et d’Adana.
Par ailleurs le HDP est le seul parti de l’opposition authentique selon
la majorité des observateurs indépendants turcs, kurdes et étrangers,
car le HDP s’oppose tous azimut contre l’ensemble des politiques
d’Erdogan, alors que les 4 autres partis de l’opposition officielle,
représentés au Parlement (CHP, İYİ, DEVA et Gelecek) soutiennent
à
fond les politiques agressives d’Ankara sur la scène internationale.
Plusieurs commentateurs estiment qu’Erdogan se prépare aux élections
anticipées, donc un scrutin sans HDP. Plus de 4500 membres du HDP sont
depuis au moins 4 ans en prison y compris les deux anciens
co-présidents, plusieurs anciens et nouveaux députés , des responsables
nationaux et locaux.
Erdogan croit donc qu’une fois ‘’débarrassé’’ du HDP, il peut
facilement manipuler l’opposition officielle et gagner encore les
élections. Il omet quand même la créativité, la conscience et
l’intelligence politique des 6 millions d’électeurs du HDP.
Faut-il rappeler que le scénario des élections anticipées n’est pas
approuvé par l’ensemble des observateurs. ‘’Un dictateur n’organsiera
pas des élections dont il n’est pas sûr de remporter’’ précise le Dr.
Cengiz Aktar, qui vient de publier ‘’Le Malaise Turc’’. En effet, la
date régulière des élections présidentielles et législatives est 2023,
mais Erdogan sait très bien que dans deux ans lui même et son parti ne
seront pas plus fort qu’aujourd’hui. Tout au contraire… (FIN/RD)
Minorités
/ Minorities
Prison à vie pour les meurtriers d'un journaliste
d'origine arménienne
Un tribunal d'Istanbul a condamné vendredi quatre personnes, dont deux
anciens chefs de la police, à la prison à vie pour l'assassinat du
célèbre journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink, un verdict
qui a déçu la famille de la victime.
Hrant Dink a été tué par balles en 2007 à Istanbul devant les locaux
d'Agos, l'hebdomadaire bilingue turc-arménien qu'il dirigeait. Signe du
choc qu'a suscité le meurtre de ce journaliste de 52 ans oeuvrant à la
réconciliation entre Turcs et Arméniens, plus de 100.000 personnes ont
défilé le jour de ses obsèques.
L'auteur des coups de feu, Ogün Samast, mineur au moment des faits, a
été condamné en juillet 2011 à 23 ans de prison. Mais la famille de
Dink appelait depuis plusieurs années à retrouver les commanditaires,
ne croyant pas à la thèse d'un acte solitaire.
Après plusieurs années de procédures tortueuses, un tribunal d'Istanbul
a condamné vendredi les ex-chefs de la police Ali Fuat Yilmazer et
Ramazan Akyürek, ainsi que deux ex-responsables de la gendarmerie,
Yavuz Karakaya et Muharrem Demirkale, à la prison à vie.
Selon les médias, 24 autres prévenus ont été condamnés à diverses
peines de prison à l'issue de la 131ème audience de ce procès dans
lequel 77 personnes étaient mises en accusation.
Mais de nombreux responsables des forces de sécurité, dont d'anciens
chefs de la police d'Istanbul et de Trabzon (nord-est), accusés par la
famille de la victime d'être impliqués, ont été acquittés pour
"prescription des faits".
- "Pas convaincant" -
Les avocats de la famille avaient pourtant soumis à la cour des
éléments indiquant que ces chefs de la police avaient été informés du
projet d'assassinat de M. Dink, mais n'avaient pris aucune mesure pour
l'empêcher.
L'avocat de la famille de Dink, Hakan Bakircioglu, a annoncé qu'il
ferait appel du verdict qu'il estime avoir abouti à "l'acquittement
erroné de plusieurs personnes dont la responsabilité dans l'assassinat
a été révélée avec des preuves".
Pour la famille de Dink, le verdict n'est pas "convaincant" et ne prend
pas en compte "les mécanismes" qui ont mené à l'assassinat.
"L'assassinat s'est produit au bout de trois ans de menaces et de
ciblage avec l'implication de l'état-major, de politiciens, de la
justice, de médias (...) Un procès qui ne prend pas en considération
tout ce mécanisme ne peut nous convaincre ni nous, ni l'opinion
publique", a réagi la famille dans un communiqué.
Elle a aussi reproché à la Cour d'ignorer le rôle du racisme dans le
crime. "Peut-on dire que son identité arménienne n'a joué aucun rôle
dans son assassinat ?", a-t-elle demandé.
-"Goût amer"-
Pour des défenseurs des droits humains, le procès, en dépit de sa
longueur, n'a pas permis d'élucider entièrement ce crime.
"Certains responsables ne sont toujours pas poursuivis. Cette justice
partielle rendue au bout de 14 ans laisse un goût amer", a réagi le
représentant de l'ONG Reporters sans frontières en Turquie, Erol
Önderoglu.
"Nous ne savons toujours pas exactement par quels mécanismes le crime a
été décidé et commis", a dénoncé Bulent Aydin, du groupe "Les Amis de
Hrant Dink".
Les autorités turques affirment que ce meurtre a été piloté par le
mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep
Tayyip Erdogan après avoir longtemps été son allié, une version qui
laisse de nombreux observateurs sceptiques.
Lors de la commémoration de l'assassinat en janvier dernier, la veuve
du journaliste avait dénoncé une tentative d'occulter la responsabilité
de l'Etat dans le crime.
"Dire +je ne l'ai pas commis, mais c'est (l'organisation de Gülen) qui
l'a fait+, c'est comme dire +ce n'est pas moi, mais ma main le
coupable+", avait déclaré Rakel Dink. (AFP, 26 mars 2021)
CCAF: Non au Milli Gorus, oui aux Kurdes progressistes
Le CCAF
dénonce avec la plus grande fermeté la subvention accordée à
l’association Milli Gorus dans le but de construire la Mosquée de
Strasbourg destinée à devenir la « plus grande d’Europe ».
Le
CCAF s’indigne que la mairie de Strasbourg encourage les projets d’une
organisation qui non seulement a refusé de signer la « charte de
la République », mais qui, bien au-delà de son prosélytisme
religieux, constitue l’un des vecteurs essentiels de
l’ultranationalisme turc sur le territoire, et l’un des principaux
viviers des Loups gris, organisation dissoute en novembre dernier.
Il
encourage les autorités françaises à la plus grande fermeté dans ce
dossier, tout en s’inquiétant par ailleurs de leur initiative hostile
du 23 mars contre les représentants d’une organisation kurde de
France qui, tout en luttant contre le régime Erdogan, défend les
valeurs de la laïcité et de la République.
Il invite
le ministère de
l’Intérieur à faire preuve de cohérence en assortissant son
positionnement contre le séparatisme islamiste d’un soutien politique,
et non d’une hostilité, envers les représentants des peuples de Turquie
qui combattent pour la démocratie et contre le djihadisme.
Bureau
national du CCAF, Paris le 24 mars
Shops
are being built on Armenian and Catholic cemetery
in Ankara
Construction of shops in an area in the historical district of Ulus in
Ankara, the capital, is continuing despite the findings of human bones,
the Chamber of Architects Ankara Branch said in a written statement
today (March 10).
There had been an Armenian and Catholic cemetery in the area where the
bones were found, the chamber said, citing "scientific sources."
The bones had been taken by the Museum of Anatolian Civilizations for
examination, it said.
Moreover, the area was allocated for the reconstruction of the
Provincial Bank, which was previously demolished, and because of that,
the construction of shops is illegal, the chamber noted.
Tezcan Karakuş-Candan, the head of the chamber's Ankara branch, said,
"The area is seen as an Armenian and Catholic Cemetery in scientific
sources. Historical buildings, including a church and a bath, are seen
in the title deed inquiries of the related parcel of land.
"The continuation of the construction in spite of this is a great
disrespect to the multiculturalism in the Anatolian lands. It's a human
rights violation and barbarism.
"Regardless of their religion and race, pouring concrete and building
shops on the graves of the people who lived in the Anatolian region is
inhumane. It's unacceptable to destroy history for 46 shops that will
be built in that area."
The chamber made written applications regarding the ongoing excavation
and construction works to the Ankara Metropolitan Municipality, the
Ministry of Culture, the General Directorate of Museums and the Housing
Development Agency. (BIA, 10 March 2021)
Libération prochaine du meurtrier du consul de
Turquie à Los Angeles
Un Arménien condamné en Californie pour le meurtre du consul de Turquie
à Los Angeles en 1982 devrait bientôt sortir de prison à la faveur
d'une mesure de remise en liberté conditionnelle, a-t-on appris
vendredi auprès des autorités.
Hampig Sassounian, aujourd'hui âgé de 58 ans, avait été condamné en
1984 pour avoir ouvert le feu sur le diplomate, Kemal Arikan, alors
qu'il était arrêté à un feu au volant de sa voiture, le 28 janvier 1982.
M. Sassounian, immigré arménien vivant dans la banlieue de Los Angeles,
avait initialement été condamné à la prison à vie, sans possibilité de
libération conditionnelle, mais une cour d'appel fédérale avait
invalidé le jugement.
En 2002, il avait signé une déclaration dans laquelle il affirmait
renoncer au terrorisme et s'était vu infliger une condamnation à
perpétuité avec une peine minimum de 25 ans.
Il avait à plusieurs reprises demandé une libération conditionnelle,
sans succès jusqu'à présent.
Un juge d'un tribunal de Los Angeles la lui a accordée récemment et le
gouverneur de Californie, qui s'était pourtant précédemment opposé à
cette mesure, a fait savoir vendredi qu'il avait décidé de ne pas faire
appel.
Dans un communiqué, le ministère américain des Affaires étrangères a
exprimé "sa profonde déception" concernant cette prochaine remise en
liberté de M. Sassounian.
"Attaquer un diplomate n'est pas seulement un crime grave contre un
individu en particulier, c'est aussi une attaque contre la diplomatie
elle-même", écrit le département d'Etat, qui rappelle que les
Etats-Unis préconisent l'application de la "peine maximale" prévue par
la loi en cas d'assassinat d'un diplomate, "sans libération
conditionnelle ou anticipée". (AFP, 12 mars 2021)
Hrant Dink murder case: Final hearing adjourned
The trial of public officials over the assassination of Agos
Newspaper's Editor-in-Chief Hrant Dink has been adjourned until March
26. The court board was expected to hand down its ruling today (March
5).
At the previous hearing of the case heard by the İstanbul 14th Heavy
Penal Court on February 10, Presiding Judge Akın Gürlek said that the
ruling would be pronounced at the next hearing scheduled for today.
However, at today's hearing, Gürlek said that the ruling would be
announced later as one of the judges from the court board was on leave
due to health problems.
Referring to the previous hearing where it was announced that "the last
words of the defendants would be asked and the ruling would be given at
the next hearing," the court has indicated that "as Judge Ferhat Şahin,
one of the judges from the court board, had a surgical operation and
had a medical report," the trial has been adjourned until March 26 at
10 a.m.
The court has also ruled that "all parties in the courtroom shall be
informed that the last words of defendants will be asked and the
judgement will be pronounced at the hearing" on March 26, 2021.
'A new phase in struggle for justice'
Before the hearing began at the İstanbul Courthouse in Çağlayan today,
Hrant's Friends held a press statement in front of the courthouse.
Addressing the reporters, Bülent Aydın, one of Hrant's Friends,
summarized the 14-year struggle for justice for Hrant Dink since 2007.
Saying that the first trial ended in a scandalous ruling, Aydın
indicated that the ruling was overturned after a struggle for justice
for 10 years and the trial began again in 2016. Aydın briefly said:
"The case that ends today is this case. Turkey has never witnessed a
political murder case where so many public officials are on trial. At
the end of a phase where all aspects as to the Hrant Dink murder are
brought to light and all parties are involved in the murder are really
put on trial, if you ask us, 'How close have we got to justice', we
have not got justice."
Aydın underlined that Dink murder was committed after a preparation
phase for years. He noted that Dink was killed after a "preparation
phase" where he was "pointed as a target, convicted in groundless
cases, threatened and almost thrown to the hitmen after an organized
process."
Indicating that "all details as to this preparation phase were known
beforehand," Aydın briefly stated the following:
"There are unfortunately massive deficiencies as to the process before
the murder. No defendant has been put on trial over this phase. Again,
despite insistent legal efforts of Hrant Dink family's attorneys, no
lawsuits have been filed against several public officials. The case of
violation was heard at the Constitutional Court and it was rejected
with such a controversial ruling as 'First the court phase must be
finalized.' In the upcoming phases, we will be once again faced with
the different periods of this case."
Aydın underlined that their struggle for justice would not end with
this case. "On the contrary, the struggle for justice will enter a new
phase with this trial." Concluding his remarks, Aydın said:
"For this reason, we reiterate what we said when the first case where
the hitmen were put on trial: 'This trial will not end until we say so.'
"The struggle for justice will continue from now on as well. We will
keep on saying, 'For Hrant, for justice.'
"Just as we said behind Hrant Dink with hundreds of thousand of people
right after this murder, we will keep saying 'We are all Hrant, we are
all Armenians' until this dark shade over this murder is lifted, the
real partners of this murder are really tried and given the punishment
they deserve." (BIA, 5 March 2021)
Politique
intérieure/Interior Politics
You
owe so much to the Kurdish guerilla fighters
Doğan Özgüden
“Remember,
if there is any honour left in parliament, you owe it to the courageous
resistance of HDP. You also owe human dignity to the guerrilla fighters
who saved humanity from ISIS terrorists in Syria.” writes journalist
Doğan Özgüden, who has been in exile in Belgium for more than 50 years,
in Artı Gerçek.
https://artigercek.com/yazarlar/doganozguden/unutmayin-kurt-gerillasina-borclusunuz
The big story
in Belgium this week was the increase in the death toll
due to the coronavirus which concerns everybody in the country with
health measures taken regarding the pandemic being strengthened.
The second big news event in Belgium this week was the commemoration
held regarding the massacre of 32 people with 340 injured after the
attack on the Zaventem airport and Maelbeek metro station 22 March 2016.
The Belgian Prime Minister, Alexander De Croo emphasized that all
Belgian security forces are on high alert against any similar attack.
He stated these words during a ceremony attended by all state
officials, including King Philippe and Queen Mathilde. De Croo tried to
reassure the citizens of the country.
However, neither in the speeches made at the official commemorations
nor in the Belgian media, did one single person mention the forces who
actually defeated the Islamic terrorist organization ISIS in Syria.
Yes, exactly two years ago, on 23 March 2019, Baghouz, the last piece
of land sieged by ISIS in Syria was liberated by the Syrian Democratic
Forces (SDF), which includes Kurdish, Arab, Assyrian, and Armenian
resistance units. The Kurdish People’s Protection Units (YPG) were the
leading force in the SDF.
The Democratic Union Party (PYD) was instrumental in establishing the
democratic Autonomous Administration of North East Syria (AANES)
throughout the regions that they liberated from the Islamic state
terrorists. Not only the peoples of Syria, but the peoples around the
world, and especially in Europe, which has suffered from the terrible
massacres in Paris and Brussels owe a massive “thank you” to the PYD.
The reward for this great service should have been recognition, a thank
you, even a ceremony.
However, no one did that.
Those countries continue their close relations with Turkey and Turkey
describes all three organizations as “terrorists”. Turkey is now trying
to shut down the Peoples’ Democratic Party (HDP) since the party
supported the Kurds in Syria.
It has been understood that the EU summit meeting on 25-26 March would
not end up with a decision of proper sanctions against Turkey, even
after the Istanbul Convention, the treaty which protects women against
violence, had been withdrawn with a single signature of Erdoğan …
It was obvious from the words of Josep Borrell when he said, “Turkey is
an important neighboring country and we want to establish good
relations with Turkey. We will continue to closely monitor Turkey’s
attitude.”
This meant that there would not be any sanctions against Turkey…
Even the President of France, Emmanuel Macron, who has had the most
tense relations with Turkey in the EU, took a step back after making a
series of criticisms in his speech on France 5 Television at Tuesday
evening.
The message was,“We will continue with Tayyip.”
“Turkey is an important ally on the immigration issue. If Turkey opens
its border, the EU may suddenly face a 3 million refugee problem,”
Macron said.
Moreover, while Macron was talking on television, other news was shared
on social media. At least 9 people were detained in the early hours of
the morning in the city of Marseille, with simultaneous raids on their
homes and on the Democratic Kurdish Community Centre.
The police broke the doors of the centre, they even used police dogs
during the four-hour search at the centre.
In a written statement on these operations, the French Communist Party
rightfully asked,“Is Macron normalizing his relations with Erdoğan by
sacrificing the Kurds?”
I was not surprised when I read the news … It was 26 years ago, I
remember when Socialist Mitterrand was the president of France. I was
invited from Brussels to Paris to speak on a TV broadcast on Turkey.
I said then, “Nazim Hikmet in Moscow, Yilmaz Guney in Paris, both died
away from their countries due to the oppressive politics of Turkey. It
is a shame for Turkey. Turkey oppresses Kurds, Armenians,
Assyrian-Chaldeans, and left-wing people.” I also called on Europe to
raise its voice against these repressive policies in the program.
Immediately after the program was broadcast, the Turkish media started
attacking me. The next day, Hurriyet newspaper headlines were saying
that I was “an enemy of Turkey and they accused me of saying “very bad
things about Turkey on French television.”
These were not surprising … The French government imposed sanctions on
me four years after that.
In 1989, a meeting by the European Parliament was organized in
Strasbourg. I was going to watch it as a journalist and also I was
going to share some new information regarding human rights violations.
However, I could not enter France. I was banned.
Two weeks before the meeting, I applied to the French Consulate General
in Brussels and requested a visa. Since I hold an official press card
of Belgium and am also a journalist accredited by the European
Parliament and the European Commission it was very natural for me to
watch a European Parliament meeting in Strasbourg.
Although I waited for days and telephoned the authorities numerous
times, and even went to the Consulate in person, my visa request was
not given a response. One day before the start of the meeting in
Strasburg, my application was rejected. I would not be given a visa
from now on, since I was a threat to France.
My friends in France found out from research they conducted, that
France had put me on a black-list due to the pressure of the Turkish
State. The speech I had made on French television was shown as the
grounds for that.
All these occured under the socialist president Mitterrand …
Moreover, the president’s wife, Danielle Mitterrand was one of the key
figures fighting against the oppression that Kurdish people face in
Turkey.
The Freedom Foundation of France, headed by Madame Mitterand, organized
a conference with a title, “Kurds: National identity and human rights”
in the halls of the French Ministry of Foreign Affairs on 14-15 October
1989, together with the Kurdish Institute in Paris.
I received an invitation letter personally from Madame Mitterrand, the
head of the foundation, to attend the conference and speak. However, I
could not attend this meeting due to the visa ban again.
It was only six years later, after I was granted Belgian citizenship on
3 April, 1995, that I could re-enter France.
As always Belgian politics regarding Ankara was based on surrender. Our
attempts to obtain a residence and work permit to establish the
Info-Turk agency in Brussels had not been accepted for four years due
to the pressures of the Turkish state.
Years later, when we applied for Belgian citizenship to gain freedom to
travel , we had to fight for years again. This also happened due to the
interventions of the Turkish State.
It took years for us to be granted Belgium citizenship.
In one of its reports to the prosecutor’s office, the Belgian State
Security Unit (DGB) claimed that we were a “threat” for Belgium since
we have attended press conferences and “well-known terrorist
activities” of the PKK (Kurdistan Workers’ Party).
However, this problem was solved as a result of the determined struggle
of the progressive and democratic deputies. At the session of the
Belgian Federal Assembly on 3 April 1995, our request was urgently put
on the agenda and we have been accepted as Belgian citizens.
As a journalist who has experienced all this, it is not surprising that
European leaders make up a thousand excuses to continue their relations
with Recep Tayyip Erdoğan, despite all the human rights violations he
has committed, despite the fact that he disregards the decisions of the
European Court of Human Rights, and withdraws from the Istanbul
Convention.
Nine political parties stand by the HDP against the attempts to ban the
HDP: United Revolutionary Party, Democratic Regions Party, the Labour
Party, Laborer Movement Party, the Socialist Party of the Oppressed,
Socialist Refoundation Party, Social Freedom Party and Turkey Workers
Party Green Left Party. They issued a joint statement in support of the
HDP, which gives hope.
What about the CHP (Republican People’s Party), the İYİP (Good Party),
the SP (Felicity Party), the DEVA (Democracy and Progress Party), and
the GP (Young Party)?
These are the opposition parties in Turkey that support the attacks of
Tayyip’s army and its affiliated mercenaries against the Kurdish people
in Syria and Armenians in the Caucasians.
When will you shake off your embarrassing laziness?
Remember, if there is any honour left in parliament, you owe it to the
courageous resistance of HDP.
You also owe human dignity to the guerrilla fighters who saved humanity
from ISIS terrorists in Syria.
(https://medyanews.net/you-owe-so-much-to-the-kurdish-guerilla-fighters/)
AKP’s
new central decision, executive board: 52 men,
23 women
The 7th
Ordinary Congress of the ruling Justice and Development Party
(AKP) was held in the capital city of Ankara yesterday (March 24).
Both the
members of its Central Executive Board (MYK) and Central
Decision and Executive Board (MKYK) were determined at the congress.
As reported
by the state-run Anadolu Agency (AA), Numan Kurtulmuş and
Binali Yıldırım, a former Prime Minister who was also the AKP's mayor
candidate in İstanbul, have become Vice AKP Chairs while Ömer Çelik has
been re-elected the party's spokesperson.
Fatih Şahin
will now serve in the AKP Central Executive Board as the
secretary-general and Hayati Yazıcı has become the director for the
party's political and legal affairs. While Naci Bostancı will continue
to serve as the parliamentary group chair, Mahir Ünal and Mustafa
Elitaş have become the parliamentary group deputy chairs. Bülent Turan,
Emin Akbaşoğlu and Cahit Özkan are other parliamentary group deputy
chairs of the AKP.
President
and AKP Chair Recep Tayyip Erdoğan has also been re-elected
as the Chair of the party for the 7th term. Out of 1,431 ballots,
President Erdoğan got 1,428 valid votes, and there were three spoiled
ballots, according to Ali Ihsan Yavuz, the party's deputy chair.
Speaking
after the vote, AKP Chair Erdoğan thanked his fellow party
members "for deeming him worthy of the post."
Statement
on 'cabinet reshuffle'
AKP
Spokesperson Ömer Çelik also answered a question about a possible
cabinet reshuffle. Çelik stated that it was an issue "at the
discretion" of Erdoğan, adding that "it is out of the question for him
to say whether there is something like that or not or it will happen on
this or that date."
"But as you
all know, all of you have been working in Ankara for a long
time now... In such cases, all guesses fall through; it is completely
at the discretion of our President to decide when and how it will be
done," said AKP's Ömer Çelik, addressing the reporters in Ankara. (BIA, 25 March 2021)
Depuis
18 ans Erdogan n'a jamais quitté le pouvoir en
Turquie
Le Soir, Anne Andlauer, 8 mars 2021
Il y a 18 ans, quand Recep Tayyip Erdogan accédait au pouvoir, Ugur
ouvrait les yeux dans un hôpital d’Istanbul. Ses parents, des gens
pieux et conservateurs venus des rives de la mer Noire, fêtèrent les
deux événements avec un mélange similaire de joie et de fierté.
Dans la famille d’Ugur, on vote pour le « reïs » et son Parti de la
justice et du développement (AKP) d’une élection à l’autre et d’une
génération à l’autre. « Tant qu’il sera au pouvoir, je ne m’inquiète
pas pour mon pays », assure le lycéen quasiment diplômé. « Sans lui, la
Turquie ne se serait jamais autant développée. Avant, les routes
étaient usées, les poubelles s’amoncelaient… Erdogan a tout changé. Je
ne vois pas qui pourrait faire mieux. »
Ugur incarne mot pour mot la jeunesse dont rêve Tayyip Erdogan. Il
critique une « ancienne Turquie » dans laquelle il n’a pas vécu, il se
montre reconnaissant pour des progrès dont il n’a pas fait
l’expérience, il ne parle pas de droits de l’homme et des autres sujets
qui fâchent. Si tous les jeunes pensaient comme lui, l’actuel président
n’aurait aucun souci à se faire pour les prochaines élections,
programmées en 2023.
Clips publicitaires et musique rap
Mais tout le monde ne pense pas comme lui. Les enquêtes d’opinion
décrivent une jeunesse rétive à voter AKP. Selon l’institut Gezici, à
la dernière présidentielle de juin 2018, les trois quarts des
primo-votants n’ont pas donné leur voix à Recep Tayyip Erdogan. « C’est
d’autant plus inquiétant pour lui qu’en 2023, 12 % des électeurs seront
des jeunes nés au tournant des années 2000 », commente Murat Gezici,
directeur de l’institut.
Bien conscients du problème, l’AKP et son chef multiplient les
campagnes sur les réseaux sociaux à coups de clips publicitaires et de
musique rap. « Ce ne sont que des mots », soupire Iraz, une étudiante.
« Le pouvoir pense qu’il touche les jeunes en nous parlant de nouvelles
technologies, en diffusant des vidéos… Mais il se trompe complètement.
Notre principal problème, ce n’est pas la vitesse de notre connexion
internet ! »
« Je rêve de pouvoir rêver »
La précarité économique et les restrictions à la liberté d’expression :
tels sont les deux sujets dont les jeunes Turcs se plaignent le plus.
Le chômage frappe un quart des moins de 25 ans et certaines critiques,
notamment celles que le président juge insultantes à son égard, peuvent
mener en prison. « Dans la rue, quand je discute avec des amis, je ne
peux pas m’empêcher de regarder derrière moi pour vérifier que personne
n’écoute », raconte l’étudiante, joignant le geste à la parole. « Tout
ce que je demande, c’est de pouvoir m’exprimer et étudier librement, et
de ne pas avoir peur pour l’avenir. En fait, je rêve de pouvoir rêver. »
Si une partie de la jeunesse se détourne d’un président qui la gouverne
depuis le berceau, cette génération d’électeurs n’est pas pour autant
acquise à l’opposition. Elle peine à se reconnaître dans l’offre
politique actuelle. « Dans mon cercle d’amis, on est tous d’accord pour
dire pour qui il ne faut pas voter, mais on débat énormément de savoir
pour qui il faut voter », résume Kaan, un grand garçon aux lunettes
fines.
Même les opposants qui ont conquis la mairie d’Istanbul (Ekrem
Imamoglu) et celle d’Ankara (Mansur Yavas) ne trouvent pas grâce à ses
yeux. « Ils font de belles promesses, puis vous vous rendez compte
qu’eux aussi, par exemple, demandent aux bars de rester fermés pendant
le ramadan, » observe le jeune homme. « Depuis une trentaine d’années,
notre pays est sous l’emprise de la droite conservatrice, avec toutes
ses valeurs religieuses et culturelles. Beaucoup de jeunes sont
contraints de choisir le moins mauvais des candidats. Cela nous fait
perdre beaucoup de temps. »
Envie de départ
Quand ces jeunes tentent d’imaginer une Turquie sans Erdogan, le
résultat est à la fois plein d’espoir et plein d’inquiétudes.« C’est
très difficile d’envisager des scénarios alternatifs », constate Iraz.
« La question n’est pas tant de savoir à quoi ressemblerait la Turquie
sans lui, que de prévoir la réaction de ses partisans. Son départ
changerait beaucoup de choses dans la vie de beaucoup de gens et la
période de transition m’inquiète beaucoup. La polarisation en Turquie
est telle qu’il est impossible de savoir comment réagiraient les
soutiens de l’AKP et tous ceux qui dépendent de lui. »
Face à tant d’incertitudes, les jeunes sont de plus en plus nombreux à
penser au départ. Selon un sondage de l’association Habitat publié en
janvier, un tiers des Turcs de 18 à 30 ans envisagent d’émigrer dans un
autre pays.
Erdogan
dévoile un plan pour soutenir les commerces
et combattre l'inflation
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi une exemption
d'impôts pour près d'un million de petits commerces et des mesures pour
combattre l'inflation, dans un contexte de difficultés économiques qui
préoccupent les électeurs.
Parmi les mesures principales annoncées par le chef de l'Etat lors d'un
discours d'une heure à Istanbul, figure une exemption d'impôt sur le
revenu pour 850.000 coiffeurs, plombiers et autres petits commerçants
et artisans.
M. Erdogan a aussi érigé la lutte contre l'inflation comme l'"un des
principaux objectifs" de son gouvernement, avec pour but de "la faire
retomber à un chiffre".
La hausse des prix, qui est devenue l'une des principales
préoccupations des Turcs, s'élevait en février à 15,61% en rythme
annuel, selon les chiffres officiels.
Pour tenter de la juguler, M. Erdogan a notamment annoncé la création
d'un "comité de stabilité des prix" et affirmé que pour les biens et
services dépendant des pouvoirs publics, la hausse des prix serait
fixée non pas sur l'inflation réelle, mais sur l'inflation anticipée,
qui est moins élevée.
La Turquie va en outre s'efforcer de réduire la part des emprunts
libellés en devises étrangères qui plombent de nombreuses entreprises
dont la dette s'alourdit mécaniquement à mesure que la livre turque
perd de sa valeur face au dollar ou à l'euro, a-t-il ajouté.
Après avoir connu une décennie de forte croissance, la Turquie est
confrontée depuis 2016 à d'importantes difficultés économiques,
notamment l'inflation et l'érosion de la livre turque.
Ces problèmes ont coûté à M. Erdogan les municipalités d'Istanbul et
Ankara lors d'élections locales en 2019 et inquiètent le président
turc, à deux ans d'un double scrutin législatif et présidentiel crucial.
Nombre d'économistes mettent ces difficultés sur le compte d'une
mauvaise gouvernance économique, basée sur une croissance à tout prix
alimentée par une consommation à crédit qui a lourdement endetté les
ménages.
Face aux problèmes croissants, M. Erdogan avait remplacé en novembre le
ministre des Finances et le chef de la Banque centrale, une mesure
saluée par les économistes, et promis des "remèdes amers" pour
redresser la barre.
Signe toutefois de la déception des marchés qui attendaient vendredi
plus d'annonces concrètes pour régler les problèmes structurels de
l'économie, la livre turque perdait plus de 1,5% en valeur face au
billet vert à 14H00 GMT. (AFP, 12 mars 2021)
Erdogan
présente un plan peu convaincant pour les
droits
humains
Le Soir, Anne Andlauer, 2 mars 2021
En matière de droits de l’homme en Turquie, les attentes sont à la fois
immenses – tant les violations sont devenues fréquentes, tout
particulièrement ces cinq dernières années – et minimes, tant les
opposants et la plupart des ONG semblent avoir perdu espoir dans la
capacité du président Erdogan, au pouvoir depuis 18 ans, à renoncer aux
tendances autoritaires et liberticides qui caractérisent son régime. Le
« plan d’action pour les droits de l’homme » dévoilé mardi était donc
attendu avec un mélange de prudence et de scepticisme voire, chez
certains, avec un désintérêt affiché.
Le chef d’État a donné raison aux pronostics pessimistes. Pendant plus
d’une heure, Recep Tayyip Erdogan a détaillé des dizaines de mesures
parfois très vagues ou, au contraire, très techniques, sans rien
annoncer de notable dans les domaines où il se savait attendu au
tournant. « Personne ne peut être privé de liberté pour avoir exprimé
une critique ou une opinion », a-t-il par exemple assuré, avant
d’ajouter aussitôt que ce principe était valable « dans la mesure où
[les critiques] respectent les droits personnels. »
Une telle précision annonce la poursuite, entre autres, des procès pour
« insulte au chef de l’Etat ». Entre l’élection de Tayyip Erdogan à la
présidence en août 2014 et fin 2019, selon les derniers chiffres
officiels, au moins 27.700 personnes ont été jugées et 2.700 condamnées
à une peine de prison sur la base de cette seule accusation.
Affirmant vouloir « renforcer le droit à une justice équitable », le
dirigeant a certes fixé comme objectif la limitation des mesures de
détention préventive. Mais il n’a annoncé aucune initiative pour
rétablir l’indépendance des tribunaux, pour garantir l’application des
décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ou encore
pour restreindre la définition légale du crime de « terrorisme » –
autant de points jugés prioritaires par les ONG et l’Union européenne.
« Digne d’un journal satirique »
Ces derniers mois, la Turquie a notamment ignoré plusieurs verdicts de
la CEDH l’appelant à libérer l’homme d’affaires et philanthrope Osman
Kavala, détenu depuis plus de trois ans sans avoir été condamné, ou
l’ancien dirigeant du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde)
Selahattin Demirtas. Signe que le pouvoir n’envisage aucune avancée
dans ces dossiers sensibles : au moment où Recep Tayyip Erdogan
prononçait son discours, un député influent de son parti, Cahit Özkan,
signalait l’intention des autorités de faire interdire le HDP.
« Annoncer un plan d’action pour les droits de l’homme dans un pays où
tous ceux qui ne pensent pas comme vous sont désignés comme traîtres à
la patrie ou terroristes, c’est digne de la couverture d’un journal
satirique », a réagi Mustafa Yeneroglu, ancien député du parti au
pouvoir passé à l’opposition. « Quand vous avez perdu toute
crédibilité, vos promesses n’ont plus aucune valeur », a renchéri Namik
Tan, ancien ambassadeur de Turquie à Washington.
Ce problème de crédibilité vaut notamment vis-à-vis de l’UE, que Tayyip
Erdogan a mentionnée à deux reprises et avec laquelle il affirme
vouloir « ouvrir une nouvelle page ». Les annonces de mardi
interviennent avant un sommet à Bruxelles le 25 mars lors duquel les
dirigeants européens doivent examiner une « feuille de route » sur
l’avenir des relations avec Ankara.
Les mesures promises permettront « d’accélérer le dialogue sur la
libéralisation des visas », a estimé le président. Rien n’est moins
sûr, pourtant : avant d’exempter les citoyens turcs de visas Schengen,
l’UE réclame une révision profonde des lois antiterroristes.
Forces
armées/Armed Forces
Les drones
armés turcs se vendent aux armées étrangères
Que ce soit
en
Syrie, en Libye ou plus récemment en Azerbaïdjan, les drones armés
turcs ont enchaîné ces derniers mois les succès militaires
retentissants, une exposition dont Ankara entend tirer profit pour
prendre son envol comme exportateur majeur de ces appareils.
Outre la
dimension purement militaire, ces drones offrent à la Turquie un levier
de pression dans sa quête d'élargir ses zones d'influence à la faveur
de la politique étrangère de plus en plus affirmée du président Recep
Tayyip Erdogan.
En Syrie,
c'était pour venger la mort de dizaines de ses soldats et stopper la
progression des forces du régime dans la province rebelle d'Idleb
(nord-ouest) que la Turquie avait eu un recours massif aux drones de
combat.
En Libye,
les
aéronefs turcs télépilotés ont volé au secours du gouvernement de
Tripoli, allié d'Ankara, mettant en déroute les forces du général
dissident Khalifa Haftar qui étaient arrivées aux portes de la capitale.
Et à
l'automne
dernier, les drones turcs ont permis à l'armée azerbaïdjanaise
d'infliger une cuisante défaite aux forces arméniennes dans le conflit
au Nagorny Karabakh.
Très
médiatisés, ces conflits ont servi de publicité en mondovision aux
prouesses des drones turcs au moment où la Turquie s'efforce de
promouvoir à l'export ses équipements militaires, avec les drones comme
clou de l'offre.
"En termes
de
rapport qualité-prix, nous sommes les meilleurs. Il y a différents
drones dans le monde, mais si on compare leurs prix et caractéristiques
avec les nôtres, la différence est énorme", affirme à l'AFP Serdar
Demir, directeur du marketing et de la communication à Turkish
Aerospace.
"Si un
système
de drones avec les mêmes caractéristiques que les nôtres est fabriqué
par un autre pays, son prix sera le double", assure-t-il, rencontré
dans son bureau à Ankara.
Les
Industries
Turques de la Défense -SSB, rattachées à la présidence turque,
chapeautent les compagnies étatiques du secteur de la défense, dont
Turkish Aerospace, fabriquant du drone Anka.
"Nous avons
voulu nous lancer dans un domaine dans lequel nous pouvions être
leaders ou à la pointe des nouvelles technologies, et les drones sont
parfaits pour cela", explique Serdar Demir.
Les
premiers
drones armés fabriqués en Turquie ont été utilisés par l'armée dès 2016
contre les rebelles kurdes du PKK dans le sud-est du pays.
Si Turkish
Aerospace a conclu en décembre avec la Tunisie son premier accord
d'exportation pour son drone Anka, d'une valeur estimée à 80 millions
de dollars, la compagnie privée Baykar, dirigée par un gendre du
président Erdogan, a déjà exporté ces dernières années son modèle
vedette, le Bayraktar TB2, en Ukraine, au Qatar et en Azerbaïdjan.
"Notre
industrie de la défense donne naturellement la priorité à nos propres
besoins, mais sa viabilité passe par l'exportation", souligne Serdar
Demir.
"De
nombreux
pays d'Asie de l'Est et du Sud, du Moyen-Orient et d'Afrique du nord,
et même d'Europe, sont intéressés par nos systèmes et drones. Leurs
représentants sont venus en Turquie et certains d'entre eux sont en
train d'examiner nos offres", ajoute-t-il.
Les
Etats-Unis
ont interdit en décembre l'attribution de tout nouveau permis
d'exportation d'armes au SSB et imposé des sanctions contre Serdar
Demir en représailles à l'acquisition par la Turquie de missiles S-400
russes.
Mais Serdar
Demir minimise l'impact de ces sanctions et assure que la Turquie sera
en mesure de produire localement les composants et équipements qu'elle
ne pourrait plus obtenir des Etats-Unis.
"Cela
pourrait prendre un peu de temps et être coûteux, mais à la fin, on le
fera", dit-il.
Dans
un marché
de la défense très concurrentiel, Serdar Demir affirme que certains
pays parmi "les exportateurs traditionnels" voient d'un mauvais oeil la
montée en puissance de la Turquie.
"A chaque
fois
que vous voulez entrer dans un marché, ils font tout pour vous en
empêcher", affirme-t-il. "La seule façon de surmonter cette difficulté
est de faire parler la qualité de votre produit en termes de prix et de
performance".
Le
drone Anka,
long de 8,6 mètres et avec une envergure des ailes de 17,6 mètres, est
fabriqué dans les immenses installations ultrasécurisées de Turkish
Aerospace à Ankara qui s'étendent sur 400 hectares, parsemés de
hangars. L'entreprise emploie environ 10.000 personnes, dont 3.000
ingénieurs.
"Ce qui
rend
Anka spécial est le fait que la plupart de ses composants, les pièces
importantes, sont conçus et fabriqués en Turquie", vante Serdar Demir,
vice-président de Turkish Aerospace en charge du marketing et des
communications. "C'est le produit le plus local, on ne dépend pas
d'autres pays".
Il énumère
une
kyrielle d'attributs du véhicule aérien qui ont séduit le premier
acheteur à l'international avec le contrat conclu avec la Tunisie,
notamment "une autonomie de 25 heures dans les airs, une charge utile
de 250 kilos" et, argument crucial pour le pays nord-africain, le fait
qu'il soit "adapté au climat chaud".
Selon Emre
Caliskan, analyste au cabinet IHS Markit, l'une des raisons qui ont
poussé la Turquie à mettre les bouchées doubles dans le développement
de drones réside dans les purges qui ont suivi le putsch manqué contre
le président Erdogan en 2016 et qui ont particulièrement touché l'armée
de l'air.
"La Turquie
s'est retrouvée avec moins de pilotes de F-16 que de chasseurs F-16.
Former de nouveaux pilotes de F-16 prend jusqu'à quatre ans, alors
qu'il ne faut que neuf mois pour ceux de drones", explique-t-il.
"La Turquie
a essayé de compenser le déficit de capacités de l'armée de l'air avec
la technologie de drones", ajoute-t-il.
Selon lui,
cet
essor a permis à la Turquie "même en tant que puissance moyenne, de
défier les intérêts de pays de premier rang militairement".
"Les succès
des
drones turcs contre des systèmes de défense russes ont changé la donne
en faveur de la Turquie en inversant le rapport de forces en Syrie, en
Libye et au Nagorny Karabakh", souligne-t-il.
"Avoir des
capacités de combat en drones est une source cruciale de puissance
militaire. Et cette puissance militaire est un atout au service de la
politique étrangère", résume Can Kasapoglu, analyste de questions de
défense au centre de réflexion Edam à Istanbul.
Et aussi un
vecteur de rapprochement? Le président Erdogan a en effet affirmé mardi
dernier, 16 mars 2021, que l'Arabie saoudite, en difficulté dans sa
guerre au Yémen, avait fait une demande auprès d'Ankara pour lui
acheter des drones de combat, en dépit de relations très tendues entre
les deux géants du monde musulman.(AFP, 19 mars 2021)
L'Arabie
saoudite
s'intéresse aux drones turcs, selon Erdogan
L'Arabie saoudite a formulé une demande auprès de la Turquie pour
acquérir des drones armés fabriqués par ce pays, a déclaré mardi le
président turc Recep Tayyip Erdogan.
"L'Arabie saoudite a fait une demande à la Turquie pour des drones
armés", a dit M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara.
Le chef d'Etat turc a néanmoins déploré la tenue prochaine de
manoeuvres aériennes gréco-saoudiennes en Méditerranée orientale
qu'Ankara voit d'un mauvais oeil. "Qui veut quoi, ce n'est pas clair",
a-t-il dit.
Ces déclarations interviennent au moment où la Turquie multiplie les
gestes d'ouverture à destination de l'Arabie saoudite et de ses alliés,
après des années de vives tensions.
"Il n'y a pas de raison pour que nos relations avec l'Arabie saoudite
ne s'améliorent pas", a ainsi déclaré la semaine dernière le chef de la
diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.
Quelques jours plus tôt, le ministère turc des Affaires étrangères
avait exprimé sa "préoccupation" après des attaques contre des
installations pétrolières en Arabie saoudite, attribuées aux rebelles
yéménites houthis.
Les relations entre Ankara et Ryad, deux puissances rivales dans le
monde musulman, se sont considérablement dégradées depuis 2017 en
raison notamment du soutien de la Turquie au Qatar dans le contentieux
l'opposant au royaume saoudien.
Les tensions se sont renforcées après l'assassinat en 2018 du
journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à
Istanbul. Plusieurs responsables ont accusé le prince héritier d'Arabie
d'avoir autorisé ce meurtre.
En parallèle, Ankara cherche aussi à améliorer ses relations avec
l'Egypte, alliée à l'Arabie saoudite. "Je ne pense pas que le peuple
égyptien puisse nous être opposé", a déclaré M. Erdogan mardi.
Les drones turcs suscitent l'intérêt croissant de certains pays et des
experts militaires, après avoir démontré leur efficacité dans plusieurs
conflits récents, comme en Libye, en Syrie ou au Nagorny Karabakh.
En Libye notamment, les drones déployés par la Turquie ont permis de
stopper l'an dernier une offensive de l'homme fort de l'Est du pays, le
maréchal Khalifa Haftar, dont les forces écrasaient auparavant celles
du gouvernement de Tripoli, appuyé par Ankara. (AFP, 16 mars 2021)
Un
hélicoptère militaire s'écrase, onze
morts dont un
général
Onze militaires turcs, dont un officier
de haut rang, sont morts jeudi quand l'hélicoptère qui les transportait
s'est écrasé dans le sud-est de la Turquie, a annoncé le ministère de
la Défense, évoquant un "accident".
"Neuf soldats héroïques sont tombés en martyrs et quatre ont été
blessés dans cet accident", a déclaré le ministère dans un communiqué,
précisant que celui-ci s'était produit dans la région de Bitlis.
Le ministère de la Défense a ensuite indiqué que deux autres militaires
avaient succombé à leurs blessures.
Selon un député du parti au pouvoir AKP, Tolga Agar, le général Osman
Erbas, qui commande la huitième armée, figure parmi les morts.
Selon le ministère de la Défense, l'appareil, un Cougar fabriqué par
Airbus, a décollé de la ville de Bingöl pour se rendre à Tatvan peu
avant 11H00 GMT, puis a disparu des radars une demi-heure plus tard.
Les autorités sont parvenues à localiser le lieu du drame après avoir
déployé des drones, un avion de reconnaissance et un autre hélicoptère.
Les raisons de l'accident n'ont pas été précisées dans l'immédiat, mais
d'après des images diffusées par les chaînes de télévision turques, la
région où celui-ci s'est produit était baignée dans un épais brouillard.
"Notre douleur est grande", a réagi Ibrahim Kalin, le porte-parole du
président Recep Tayyip Erdogan.
L'ambassade des Etats-Unis à Ankara a fait part sur Twitter de ses
"sincères condoléances". "Nos pensées vont aux familles des victimes.
Nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés", a-t-elle ajouté.
"Nous partageons la profonde tristesse de la Turquie", a déclaré
l'ambassadeur de l'Union européenne en Turquie Nikolaus Meyer-Landrut
dans un communiqué.
Selon une source diplomatique turque, le secrétaire général de l'Otan
Jens Stoltenberg a présenté ses condoléances au ministre turc des
Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, et l'a assuré de "la solidarité"
de l'Alliance avec la Turquie.
Les ministres turcs de la Défense et de l'Intérieur devaient se rendre
sur les lieux de l'accident dans la soirée, selon les médias turcs.
En 2017, un hélicoptère militaire, également de type Cougar, s'était
écrasé dans la province de Sirnak, frontalière de la Syrie et de
l'Irak, faisant 13 morts. (AFP, 4 mars 2021)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Réactions contre le soutien des Ecolos à une
mosquée de Milli Görüs à Strasbourg
Le président Emmanuel Macron a soutenu jeudi son ministre de
l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a accusé la mairie de Strasbourg de
"financer une ingérence étrangère en France", déplorant des
"collectivités peut-être un peu trop complaisantes".
"Il y a l'existence de groupes constitués, l'existence de groupes
politiques sur le continent européen, qui sont eux, aujourd'hui,
activés par des organes de propagande officielle", a affirmé le
président en réponse à une question sur des "ingérences" de la Turquie
lors d'une prise de parole depuis l'Elysée.
"Parfois ils se mêlent de nos élections, d'autres fois ils se mêlent de
financement d'associations. Nous l'avons encore vu ces derniers jours
avec les alertes légitimes faites par le ministre de l'Intérieur à
l'égard de quelques collectivités territoriales, peut-être un peu trop
complaisantes", a-t-il déclaré à l'issue d'un Conseil européen.
Le président faisait allusion au financement par la municipalité de
Strasbourg du chantier d'une mosquée soutenue par une association
pro-turque appelée Confédération islamique Millî Görüs ("Vision
nationale", en turc), qui a donné lieu à un bras de fer entre le
ministre de l'Intérieur et la maire EELV, Jeanne Barseghian.
M. Darmanin, qui souligne "l'islam politique" de Millî Görüs, a dit
avoir averti en janvier "élus locaux" et "services de la préfecture de
tentatives d'ingérences extrêmement fortes" en France, "notamment de la
part de la Turquie".
Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron et rendu public mercredi, la
maire de Strasbourg a réfuté toute "mise en garde".
Pour leur part, les présidents LR de la Région Grand Est et de la
Collectivité européenne d'Alsace (CEA) ont déclaré ne pas être
favorables au financement par leur collectivité du chantier de la
mosquée.
"Aujourd'hui, je n'ai aucun dossier, aucune demande" de la part de la
Confédération islamique Millî Görüs , mais "nous ne soutiendrons en
tout cas pas la construction de ce bâtiment cultuel", a déclaré à des
journalistes le président du Conseil régional du Grand Est, Jean
Rottner, à Mulhouse.
Millî Görüs "revendique" de ne pas avoir signé la charte des principes
pour l'islam de France, (qui affirme la "compatibilité" de la foi
musulmane avec la République), et "ça me dérange", a poursuivi M.
Rottner.
"J'ai eu des alertes de la part de Gérald Darmanin (...) le 15 janvier
lors de sa venue en Alsace", a indiqué de son côté Frédéric Bierry,
président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), qui fusionne
depuis le 1er janvier les conseils départementaux du Bas-Rhin et du
Haut-Rhin.
Sans entrer "précisément dans le détail", le ministre avait souligné
que l'association porteuse du projet "n'était pas respectueuse des
principes de la République", a ajouté M. Bierry.
"Je ne serai pas favorable personnellement au financement de ce projet
si nous étions sollicités" : "les Finances publiques légitimeraient"
alors "une mouvance à la droite d'Erdogan qui aujourd'hui méprise la
démocratie et méprise la France", a déclaré M. Bierry.
La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a aussi indiqué mercredi
avoir alerté Jeanne Barseghian sur ce projet.
Le président de la Confédération islamique Millî Görüs France, Fatih
Sarikir, a estimé que M. Darmanin tenait "des propos ambigus et
inexacts en nous accusant de faire de +l'islam politique+ et d'être des
+pro turc+".
Il a rappelé les "réticences" de plusieurs conseils régionaux du culte
musulman (CRCM) et de "centaines" de mosquées face à la Charte "dans
son état actuel", ratifiée "seulement" par cinq des neuf fédérations du
Conseil français du culte musulman (CFCM).
Le conseil municipal de Strasbourg a voté lundi le "principe d'une
subvention" de 2,5 millions d'euros destinée au chantier de la mosquée
Eyyub Sultan.
Un versement qui doit faire l'objet d'un second vote et reste
conditionné à la présentation par Millî Görüs d'un plan de financement
transparent. (AFP, 25 mars 2021)
Milli Görüs: l'association du mentor d'Erdogan au
coeur d'une polémique
en France
Implantée dans plusieurs pays européens, Milli Görüs (Vision nationale,
en turc), au coeur d'une polémique sur le financement de la
construction d'une mosquée en France, est une association incarnant un
courant islamo-conservateur fondé par le mentor du président turc Recep
Tayyip Erdogan.
Le ministre français de l'Intérieur a accusé mercredi la ville de
Strasbourg (est) de "financer une ingérence étrangère sur le sol"
français avec l'adoption d'une subvention à la construction d'une
mosquée soutenue par Milli Görüs.
Ce courant a été crée dans les années 1960 par Necmettin Erbakan,
premier chef islamiste d'un gouvernement en Turquie, poussé à la
démission par les militaires en 1997.
Vétéran de la politique, défendant une Turquie dirigée selon les
principes de l'Islam, où les taux d'intérêts seraient interdits, et
tenant des propos antisémites et opposée à l'adhésion de son pays à
l'Union européenne, Erbakan a joué un rôle déterminant au sein de
partis liés au mouvement Milli Görüs jusqu'à son éclatement et la
création en 2001 de l'AKP (Parti de la justice et du développement) du
président Erdogan.
"J'ai enlevé ma chemise de Milli Görüs. Oubliez le passé, nous sommes
un nouveau parti", avait alors déclaré M. Erdogan, qui avait appris les
ficelles de la politique au sein de la mouvance d'Erbakan, mort en 2011.
Mais couper le cordon n'a pas été si simple ni pour le chef de l'Etat
turc ni pour les électeurs qui s'identifient avec Milli Görüs, à la
fois en Turquie et en France.
A partir de 2002, avec l'arrivée de l'AKP au pouvoir en Turquie,
l'électorat de M. Erbakan a en majorité tourné le dos à son leader de
longue date, pour favoriser une relation avec M. Erdogan au pouvoir.
Aujourd'hui, le parti de la Félicité (Saadet en turc) qui se réclame
comme l'héritier de Milli Görüs en Turquie, se positionne cependant
dans l'opposition face au gouvernement d'Erdogan, malgré leurs nombreux
points communs idéologiques.
Le mouvement a suivi un parcours similaire en Europe où il s'est
implanté à partir de 1995. Avec un siège à Cologne en Allemagne, Milli
Görüs revendique aujourd'hui une présence dans 12 pays européens, ainsi
qu'en Australie et au Canada, et une communauté de 350.000 membres.
"En France, malgré quelques particularités, la vision du monde de Milli
Görüs a été en parallèle avec la ligne du mouvement en Turquie.
Lorsqu'en Turquie il soutenait l'AKP, Milli Görüs France faisait de
même. Mais quand ce soutien a pris fin, on a observé la même attitude
en France", explique Samim Akgonul, directeur du Département d'Études
turques à l'Université de Strasbourg et auteur de "La Turquie
'nouvelle' et les Franco-Turcs : une interdépendance complexe".
Milli Görüs France n'a pas soutenu M. Erdogan lors des dernières
élections présidentielles en Turquie. Mais pour M. Akgonul, les bases
des deux formations politiques s'entrecoupent, même s'il n'existe aucun
lien organique entre elles.
"Milli Görüs France est proche du pouvoir en Turquie en ce qui concerne
une attitude islamique orthodoxe et un discours nationaliste",
affirme-t-il.
En Allemagne, où se trouve son siège, Milli Görüs se présente comme la
deuxième communauté islamique la plus importante et gère plus de 300
mosquées dans tout le pays.
L'organisation est cependant dans le collimateur du renseignement
intérieur allemand pour des "tendances islamistes".
Ses anciens dirigeants ont été condamnés en 2019 à des peines de
prison avec sursis pour fraude fiscale portant sur près de 2 millions
d'euros. (AFP,
24 mars 2021)
Syrie:
deux ans après sa défaite, l'EI toujours
dangereux
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) représente toujours un grand
danger, ont mis en garde mardi dans l'est de la Syrie les Forces
démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes, qui marquent le
deuxième anniversaire de la chute du "califat".
Fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, les FDS, soutenues par une
coalition internationale dirigée par Washington, avaient annoncé le 23
mars 2019 avoir pris Baghouz, ultime bastion des jihadistes en Syrie au
terme d'une bataille longue, meurtrière et dévastatrice.
La mise en déroute de l'EI dans ce petit village aux confins orientaux
de la Syrie en guerre, tout près de la frontière avec l'Irak,
signifiait la fin du "califat", autoproclamé en 2014 sur un vaste
territoire à cheval sur les deux pays.
"La chute du dernier carré de territoire de l'EI (...) ne signifie pas
la défaite totale", a lancé mardi un porte-parole des FDS, en marge
d'une parade militaire au champ pétrolier d'Al-Omar, au nord de Baghouz.
"Nous sommes au stade le plus difficile de notre lutte contre le
terrorisme", a-t-il souligné.
Car deux ans après, le groupe jihadiste lance encore des attaques
meurtrières dans le vaste désert syrien, visant les forces kurdes comme
l'armée du régime de Bachar al-Assad.
L'organisation ultra-radicale mobilise toujours quelque 10.000
combattants en Irak et en Syrie, selon un récent rapport onusien.
Et c'est sans compter les 11.0000 jihadistes détenus dans les prisons
kurdes, selon l'ONU, ou leurs femmes et enfants retenus dans des camps,
que certains considèrent comme de véritables bombes à retardement.
- "Attentats terroristes" -
Mardi, des combattants des FDS en treillis ont défilé sous le regard de
hauts responsables kurdes, chefs des tribus locales et représentants de
la coalition internationale anti-EI.
Sur un mur, les drapeaux des FDS et des milices kurdes encadraient une
série de photos des hommes et des femmes tombés au combat dans la lutte
contre les jihadistes.
Pendant plusieurs années, l'organisation ultra violente, qui a su
attirer des milliers d'étrangers, a fait régner la terreur, enchaînant
les attentats spectaculaires au Moyen-Orient et dans des capitales
européennes, comme Paris ou Bruxelles.
Sur les territoires qu'il contrôlait, le groupe avait instauré une
véritable administration, frappant sa propre monnaie et prélevant des
impôts, établissant une police des moeurs.
En octobre 2019, le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi a été tué dans
une opération américaine dans le nord-ouest de la Syrie.
Avec son successeur, qui se fait appeler Abou Ibrahim al-Hachimi
al-Qourachi, l'organisation poursuit son insurrection, revendiquant des
attentats en Afrique de l'Ouest mais aussi en Afghanistan ou encore en
Syrie et en Irak.
En février dernier, 26 combattants pro-régime ont péri dans une
embuscade dans la province syrienne de Deir Ezzor (est).
Le chef du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie,
évoquait en février le "projet" de l'EI de "maintenir son insurrection
en Irak et Syrie ainsi qu'une présence cyber planétaire, tout en
conservant une structure cellulaire qui lui permet de commettre des
attentats terroristes".
- "Autre Guantanamo" -
Quelque 43.000 étrangers sont toujours retenus par les Kurdes dans le
nord-est de la Syrie, des hommes dans les prisons, des femmes et des
enfants dans les camps, selon Human Rights Watch (HRW).
Parmi eux se trouvent environ 27.500 mineurs étrangers, dont au moins
300 dans des prisons, précise l'ONG.
Ces étrangers "entament une troisième année de détention illégale dans
des conditions qui mettent leur vie en danger, tandis que leurs
gouvernements détournent le regard", a fustigé l'experte de HRW Letta
Tayler dans un communiqué.
L'organisation va jusqu'à dénoncer "la création d'un autre Guantanamo".
Si les Kurdes n'ont de cesse d'appeler les pays concernés à rapatrier
femmes et enfants, la plupart des Etats, Occidentaux en tête, sont
frileux.
Certains, dont la France, ont permis le retour d'enfants, souvent
orphelins, ou d'un nombre très limité de femmes.
La majorité des familles étrangères affiliées à l'EI se trouvent dans
le camp surpeuplé d'Al-Hol (nord-est), où vivent près de 62.000
personnes, dont 93% de femmes et d'enfants.
"Le danger de l'EI ça reste les milliers de détenus et les milliers de
familles dans les camps d'Al-Hol et de Roj, qui gardent l'idéologie
extrémiste", ont averti mardi les FDS, pointant du doigt "le manque
d'action sur la scène internationale pour résoudre ce dossier". (AFP, 23 mars 2021)
Des
médias égyptiens d'opposition
en Turquie priés de "baisser le ton"
Des médias égyptiens d'opposition basés à Istanbul ont été priés par
les autorités turques de "baisser le ton" à l'égard du pouvoir
égyptien, au moment où Ankara tente d'apaiser ses relations avec le
Caire après des années de crise.
Istanbul est devenue ces dernières années "la capitale" de médias
arabes critiques de leurs gouvernements, notamment ceux des pays ayant
connu les révoltes du Printemps arabe comme l'Egypte, la Syrie, le
Yémen ou encore la Libye.
La métropole turque abrite notamment les bureaux de trois télévisions
égyptiennes: El-Sharq, une chaîne libérale propriété de l'opposant
Ayman Nour, Watan, l'organe des Frères musulmans, et Mekameleen, une
chaîne indépendante proche de la mouvance islamiste.
M. Nour a indiqué à l'AFP avoir eu jeudi un entretien avec des
représentants de l'Etat turc lors duquel ces derniers lui ont fait part
"du souhait de la Turquie de voir ces médias baisser de ton" à l'égard
du pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi.
"L'entretien a porté sur le discours de ces médias dans le contexte des
dernières déclarations échangées entre la Turquie et l'Egypte", a-t-il
ajouté.
"J'ai pour ma part proposé que ces médias s'engagent à respecter les
chartes d'éthique journalistique", a poursuivi M. Nour.
Il a en outre démenti des informations de presse selon lesquelles les
autorités turques auraient menacé de fermer des médias d'opposition
égyptiens ou d'expulser des opposants.
- "Options ouvertes" -
"La possibilité de fermer des chaînes ou d'expulser des journalistes ou
des opposants n'a jamais été soulevée", a-t-il dit. "L'entretien a eu
lieu sur un ton civilisé et sans diktats".
Selon des sources au sein de l'opposition égyptienne basée à Istanbul,
les représentants turcs ont évoqué aussi auprès de certains médias "la
suppression de certains programmes et l'exclusion de certains
présentateurs".
"Cette suggestion a été rejetée", a affirmé l'une des sources à l'AFP,
parlant sous couvert d'anonymat. "Toutes les options sont ouvertes, y
compris quitter Istanbul et s'installer dans un autre pays si on nous
impose des règles qu'on ne peut accepter".
Ankara mène depuis plusieurs semaines une offensive de charme pour
réparer ses relations avec Le Caire, qui se sont fortement dégradées
après la destitution en 2013 du premier président démocratiquement élu
en Egypte, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la
Turquie.
Les deux puissances régionales se sont en outre opposées ces dernières
années sur de nombreux dossiers, en particulier sur la Libye où elles
ont soutenu chacune un camp opposé.
Le 12 mars, la Turquie avait annoncé avoir établi ses premiers
"contacts diplomatiques" avec Le Caire depuis 2013, pour mettre fin à
près d'une décennie de crise.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a reconnu
dimanche ces contacts diplomatiques, tout en affirmant que les mots
d'apaisement d'Ankara "ne suffisent pas" pour rétablir entièrement les
liens entre les deux pays, appelant Ankara à joindre les actes à la
parole.
Dans des déclarations qu'il a partagées vendredi sur les réseaux
sociaux, un conseiller de M. Erdogan, Yasin Aktay, a lui aussi démenti
qu'Ankara envisageait d'expulser ou de livrer au Caire des journalistes
ou des opposants égyptiens.
"La Turquie n'arrêtera personne et ne livrera personne", a-t-il dit. (AFP, 19 mars 2021)
Un
tribunal turc refuse de verser le rapport
américain au dossier Khashoggi
Un tribunal turc a refusé jeudi de verser
au dossier un rapport américain accusant le prince héritier d'Arabie
saoudite d'avoir validé l'assassinat de l'opposant Jamal Khashoggi,
lors du procès de cette affaire qui a lieu à Istanbul.
Jamal Khashoggi, un ancien proche du pouvoir saoudien dont il était
devenu un féroce détracteur, a été assassiné en 2018 au consulat de son
pays à Istanbul, un meurtre qui a suscité une onde de choc planétaire.
La semaine dernière, Washington a rendu public un rapport des services
de renseignement américains accusant le puissant prince héritier
saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS", d'avoir "validé" le
meurtre de Khashoggi.
Lors de la troisième audience d'un procès par contumace qui a lieu à
Istanbul, la fiancée turque de Khashoggi, Hatice Cengiz, a réclamé le
versement de ce rapport au dossier, selon un journaliste de l'AFP.
Mais le président de la cour a rejeté cette requête au motif que le
rapport n'"apporterait rien", tout en affirmant que Mme Cengiz pouvait
renouveler sa demande auprès du procureur en charge de l'accusation.
Le rapport américain "attribue une responsabilité directe au prince
héritier. Par conséquent, nous voulons que cela soit pris en compte par
le tribunal", a déclaré Mme Cengiz après l'audience.
Verser le rapport américain au dossier "aurait pu fournir de nouveaux
moyens dans la quête de justice, mais on peut dire qu'aujourd'hui le
tribunal a adopté une position un peu passive", a regretté le
représentant en Turquie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), Erol
Onderoglu, présent à l'audience.
- "Anormal" -
Au total, 26 Saoudiens, dont deux proches de MBS, sont jugés par
contumace à Istanbul pour le meurtre de Khashoggi.
Lors de l'audience jeudi, le tribunal a auditionné deux témoins, un
chauffeur et un agent de sécurité turcs travaillant au consulat
saoudien.
Le chauffeur, Edip Yilmaz, a affirmé que le jour du meurtre, le
responsable de la sécurité du consulat l'avait enfermé à clé dans une
salle avec des collègues, avec interdiction de sortir jusqu'à nouvel
ordre.
"Cela m'a donné l'impression que quelque chose d'anormal se
passait", a-t-il déclaré.
Le meurtre de Khashoggi, dont les restes n'ont jamais été retrouvés, a
plongé Ryad dans l'une de ses pires crises diplomatiques et terni
l'image de MBS.
Ryad a affirmé qu'il a été tué lors d'une opération non autorisée. Cinq
personnes ont été condamnées à mort lors d'un procès opaque en Arabie
saoudite, mais leurs peines ont été commuées en 20 ans de prison.
Les relations entre Ankara et Ryad, deux rivaux régionaux, se sont
considérablement dégradées après le meurtre.
Mais la Turquie, qui cherche à apaiser ses relations avec l'Arabie
saoudite, s'est abstenue de commenter le rapport américain mettant en
cause MBS.
M. Onderoglu, de RSF, redoute que le tribunal turc adopte, dans
l'affaire Khashoggi, "une position plus passive en raison des relations
stratégiques ou de l'état des relations diplomatiques".
"Nous espérons que ce ne sera pas le cas", a-t-il ajouté.
La prochaine audience doit se tenir le 8 juillet.(AFP, 4 mars 2021)
Socio-économique
/ Socio-economic
Des centaines de manifestants contre l'abandon de la
Convention d'Istanbul
Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue en Turquie
samedi, pour le deuxième week-end consécutif, afin de protester contre
la décision du président Recep Tayyip Erdogan de se retirer du premier
traité contraignant au monde pour lutter contre les violences faites
aux femmes.
Samedi dernier déjà, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté
en Turquie pour demander au président de revenir sur sa décision. Dans
un décret publié dans la nuit de vendredi à samedi, M. Erdogan avait
annoncé le retrait de son pays de la Convention d'Istanbul, premier
traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes
dans une trentaine de pays pour prévenir la violence sexiste.
Cette décision, prise alors que les meurtres de femmes n'ont cessé
d'augmenter depuis une décennie en Turquie, a suscité la colère des
organisations de défense des droits des femmes et des critiques de
l'Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de
l'homme de l'ONU.
Justifiant la décision de se retirer, la présidence turque a affirmé la
semaine dernière que l'instrument avait été «détourné par un groupe de
personnes tentant de normaliser l'homosexualité», ce qui, selon elle,
était «incompatible» avec les «valeurs sociales et familiales» de la
Turquie.
Dans le quartier de Kadiköy à Istanbul, des centaines de femmes ont à
nouveau exhorté samedi le président turc à faire marche arrière, a
constaté un correspondant de l'AFP. À Ankara, un petit groupe de femmes
a manifesté dans le centre-ville, entouré par la police anti-émeute.
Dans la capitale turque comme à Istanbul, des chants de «nous n'avons
pas peur, nous ne resterons pas silencieux, nous n'obéirons pas» ont
été entendus.
L'annonce de la mort d'une jeune fille enceinte de 17 ans, poignardée
dans la province égéenne d'Izmir selon l'agence de presse officielle
Anadolu, suscitait samedi un grand émoi. Le suspect serait l'homme avec
lequel elle vivait. En 2020, 300 femmes ont été assassinées en Turquie
et il n'y a aucun signe de ralentissement de cette tendance, avec 87
femmes tuées jusqu'à présent cette année, selon le groupe de défense
des droits des femmes We Will Stop Femicide Platform. (AFP, 27 mars 2021)
La livre turque plonge de
17% après le limogeage du chef de la banque
centrale
La livre turque a plongé de plus de 17% face au dollar tôt lundi sur
les marchés des changes, inquiets du récent limogeage du chef de la
banque centrale Naci Agbal, un ancien ministre des Finances respecté,
par le président Recep Tayyip Erdogan.
La devise turque s'est échangée jusqu'à 8,47 livres pour un dollar
lundi en début de matinée en Asie, contre 7,22 livres pour un dollar en
fin de semaine dernière. Elle s'est reprise quelque peu par la suite,
remontant à 8,09 livres.
M. Agbal avait été limogé tard vendredi dans un décret présidentiel qui
n'avançait pas de motif officiel, mais intervenait deux jours après un
fort relèvement du principal taux directeur par la banque centrale, une
mesure de lutte contre l'inflation saluée par les marchés. Il n'était
en poste que depuis cinq mois.
Le président Erdogan, partisan d'une forte croissance alimentée par des
crédits bon marché, a toujours exprimé son opposition aux taux
d'intérêt élevés.
Il les qualifie ainsi régulièrement de "père et mère de tous les maux"
et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu'ils
favorisent l'inflation.
M. Agbal a été remplacé par Sahap Kavcioglu, un économiste et ancien
député du parti au pouvoir, une nomination qui inquiète les
investisseurs et jette le doute sur l'indépendance future de la banque
centrale.
Le nouveau gouverneur s'est engagé dès dimanche à prendre les mesures
nécessaires pour lutter contre l'inflation.
"La Banque centrale de Turquie va continuer d'utiliser tous ses
instruments de politique monétaire avec efficacité afin d'atteindre son
objectif: une baisse durable de l'inflation", a déclaré M. Kavcioglu
dans un communiqué.
La hausse de l'inflation en Turquie ces dernières années, couplée à
l'érosion de la livre turque, a entamé la popularité du président
Erdogan.
En février, l'inflation s'élevait à 15,6% en rythme annuel. (AFP, 22 mars 2021)
Le
gouverneur de la Banque
centrale limogé
Le gouverneur de la Banque centrale de Turquie Naci Agbal a été limogé
et remplacé par l'économiste et homme politique Sahap Kavcioglu, selon
un décret présidentiel paru tard vendredi, une décision qui pourrait
susciter l'inquiétude quant à l'indépendance de cette institution.
M. Agbal, ancien ministre des Finances, n'occupait ce poste que depuis
novembre. Il y avait été nommé par le président Recep Tayyip Erdogan à
l'occasion d'une refonte de son équipe économique.
Aucune raison officielle n'a été avancée mais ce changement de
direction intervient au lendemain d'une forte hausse du principal taux
directeur de l'institut, passé à 19%. La Banque centrale avait expliqué
vouloir contrer l'inflation qui a augmenté de 15,6% en rythme annuel en
février. Cette mesure avait été favorablement accueillie sur les
marchés de change.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est ouvertement hostile aux taux
d'intérêts élevés, estimant, à rebours des théories économiques
classiques, qu'ils aggravent l'inflation. Il les a un jour qualifiés de
"mère et père de tous les maux".
Il voudrait ramener le taux annuel d'inflation à moins de 10 d'ici à la
fin de l'année prochaine et à 5% d'ici à la prochaine élection, prévue
en 2023.
M. Kavcioglu, dont la nomination est tombée vendredi soir après la
fermeture des marchés financiers, deviendra le quatrième gouverneur de
la banque centrale nommé depuis juillet 2019.
Economiste et ancien député du parti au pouvoir, il avait signé en
février un billet d'opinion dans le quotidien pro-gouvernemental Yeni
Safak dans lequel il estimait que la banque centrale ne devrait pas
insister pour mettre en place une politique de taux d'intérêts élevés
car cela conduirait à plus d'inflation.
La livre turque avait regagné environ 15% de sa valeur face au dollar
depuis l'entrée en fonctions de M. Agbal en novembre et le changement
d'équipe économique, qui avait également vu la démission du gendre de
M. Erdogan, Berat Albayrak, du poste de ministre des Finances. (AFP, 20 mars 2021)
L'économie
turque en berne, le spectre de la pauvreté plane
Gulay Avsar vient régulièrement dans ce marché de la vieille ville
d'Ankara, réputé pour ses prix plus raisonnables qu'ailleurs. Mais même
ici, elle a de plus en plus de mal à remplir son panier, comme de
nombreux Turcs qui doivent désormais gérer la hausse parfois
quotidienne des prix.
"C'est la troisième fois que je viens pour acheter un peu de fromage et
je ressors les mains vides après avoir vu les prix. Tout est tellement
cher", se lamente cette retraitée de 65 ans.
Déjà fragile avant la pandémie, l'économie turque donne des signaux
d'alarme avec une inflation persistante et un fléchissement de la livre
turque.
Certains aliments, comme l'huile ou des produits laitiers, ont
récemment vu leur prix augmenter chaque semaine.
"L'huile d'olive vaut désormais de l'or. C'est ce qu'on offre à sa
bien-aimée pour l'impressionner", ironise Ahmet, venu aussi
s'approvisionner au marché.
Derrière le sarcasme se cache le drame de nombreux Turcs aux revenus
modestes qui sont brusquement passés sous le seuil de pauvreté et pour
qui trouver de quoi se nourrir sans se ruiner est devenu un combat
quotidien.
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en avril 2020, 13,9% de
la population de Turquie vit en dessous du seuil national de pauvreté
qui a été établi à 4,3 dollars (3,59 euros) par jour et par personne.
- Lait infantile sous clé -
"Je travaille depuis vingt ans dans des quartiers pauvres pour
aider
les gens dans la précarité. Jamais l'accès à la nourriture n'avait été
un problème comme aujourd'hui", indique Hacer Foggo, fondatrice de
l'ONG Réseau de pauvreté profonde.
Autrefois, "si vous n'aviez pas à manger, vous demandiez aux voisins.
Mais aujourd'hui, les voisins n'ont rien non plus", déplore-t-elle.
Dans ces quartiers habitent en majorité des ouvriers du bâtiment, des
ramasseurs de déchets à recycler et des femmes et enfants tentant de
gagner leur vie comme vendeurs ambulants.
"J'ai vu des mamans qui nourrissent leur bébé avec des soupes en sachet
parce qu'elles ne peuvent plus acheter du lait infantile. C'est
tellement cher que les supermarchés les mettent désormais sous clé,
comme si c'était un produit de luxe", raconte Mme Foggo.
Désormais, la pauvreté ne touche pas que ceux qui ont toujours été
précaires, mais aussi des milieux qui s'en croyaient protégés.
"Des gens qui se sont soudainement trouvés au chômage ou qui n'avaient
jamais demandé de l'aide alimentaire nous sollicitent", explique Mme
Foggo.
-"Le gouvernement s'en fiche"-
Mme Avsar, la retraitée, n'imaginait jamais un jour ne plus
pouvoir
payer ses factures de gaz. Les larmes aux yeux, elle dit ne plus avoir
de chauffage chez elle, malgré les températures qui descendent sous 0°C
la nuit à Ankara.
"Le gouvernement s'en fiche. Si vous leur demandez, tous ces soucis
n'existent pas", s'indigne-t-elle.
En octobre, la vidéo d'un commerçant déclarant au président Recep
Tayyip Erdogan qu'il n'arrivait "plus à rapporter de pain" chez lui
avait provoqué un tollé. "Cela me semble exagéré", lui avait répondu le
chef de l'Etat.
Alors que les difficultés économiques érodent sa popularité électorale,
M. Erdogan préfère dessiner dans ses discours une Turquie jalousée par
l'Occident et en passe de devenir "une des plus grandes économies du
monde".
Pour Erinc Yeldan, professeur d'économie à l'Université Kadir Has à
Istanbul, de mauvaises politiques monétaires qui ont favorisé une
croissance basée sur l'endettement et le manque de confiance des
marchés sont à l'origine de l'inflation galopante.
"L'inflation a été de 14,6% officiellement en 2020. Mais ce chiffre
n'est qu'une moyenne. Elle est beaucoup plus haute, aux alentours de
22%, pour les produits alimentaires qui composent l'essentiel des
dépenses des populations aux revenus modestes", explique-t-il.
Selon l'économiste, la hausse des prix cumulée depuis 2018 des produits
alimentaires a été de 55%.
-"Ennemis imaginaires"-
Face aux critiques, M. Erdogan a accusé les commerçants ou des
"lobbies" de vouloir faire des bénéfices injustes.
"On crée des ennemis imaginaires pour éviter que la grogne se
transforme en une réaction contre le gouvernement", estime M. Yeldan.
Le chef de l'Etat turc devrait annoncer vendredi des réformes pour
tenter de redresser l'économie.
Des subventions aux investisseurs, ainsi qu'une baisse des dépenses
publiques sont prévues, mais des experts restent sceptiques.
"La Turquie tente de trouver son chemin dans le brouillard car les
institutions ont été démolies. On ne fait que sauver les meubles",
affirme M. Yeldan.
"Il existe un réel problème de gouvernance". (AFP, 12 mars 2021)
Türk-İş:
Starvation line
increased by 2.5 percent from last month
The Confederation of Turkish Trade Unions (Türk-İş) has released the
February report of the "Starvation and Poverty Line Survey," which it
conducts every month to reveal the living conditions of employees and
the effects of price changes to families' budgets.
For a family of four living in Ankara, the capital, the "starvation
line," which is defined as the minimum food expenditure for a healthy,
sufficient and balanced diet, was 2,719 lira (365 USD) in February, the
report said.
It increased by 2.53 percent compared to the previous month.
The poverty line, which is the total amount of necessary expenditures
such as housing, transportation, education and health, was 8,568 lira
(1,197 USD).
The monthly "living cost" of a single working person was 3,297 lira
(445 USD).
While the increase in milk prices continued, prices of yogurt and
cheese did not change from last month.
Prices of fruits and vegetables in kilos increased from 6.62 lira to
7.25 lira on average due to winter conditions.
There was no significant change in the prices of products such as
bread, rice, flour, pasta, and bulgur.
Also, the prices of butter, margarine, olive oil and sunflower, tea,
linden, honey, molasses, jam, salt and tomato paste remained the same.
Prices of sugar increased. (BIA, 26
February 2021)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
UE-Turquie:
Un réchauffement possible sous haute
surveillance
Recep
Tayyip Erdogan peut continuer à saccager les derniers pans de
démocratie dans son pays, la « désescalade récente » avec l’UE, la
Grèce et Chypre, a conduit les Vingt-Sept à proposer à Ankara de
réchauffer les relations. L’UE a confirmé qu’elle veut offrir à la
Turquie la perspective d’une coopération apaisée « mutuellement
bénéfique » : il est dans « l’intérêt stratégique » des Européens de
rétablir un environnement « stable et sécurisé » avec ce turbulent
voisin. Un objectif partagé mercredi à Bruxelles avec le secrétaire
d’Etat US Antony Blinken.
La Turquie
était une nouvelle fois à l’agenda d’un sommet européen.
L’année 2020 a été marquée par de graves tensions en Méditerranée
orientale, où les prétentions gazières turques entrent en collision
avec celles des Grecs et des Chypriotes. Une zone où s’entremêlent les
intérêts d’Israël, de l’Egypte, mais aussi des Etats-Unis et de la
Russie…
Dans ce
contexte agité, l’UE cherche à « encourager les développements
positifs ». En présentant une palette de carottes et de bâtons. Le «
mix » reflète un compromis entre Etats membres, forgé sous la houlette
de Charles Michel, entre partisans d’une ligne dure (Nicosie, Athènes,
Paris) et ceux qui refusaient la musculation (Berlin).
Reste à
voir si les carottes européennes seront assez appétissantes
pour convaincre Erdogan de jouer la carte du rapprochement. Les
Européens n’en savent rien… qui jaugeront la réponse d’Ankara, à
nouveau, lors de leur sommet de juin. Echaudés par le chaud et froid
souvent soufflé par ce partenaire coriace, ils préviennent : l’offre de
coopération est « phasée, proportionnelle et réversible ». L’UE
offrirait une libéralisation de son union douanière avec la Turquie
(vieille revendication turque), des « dialogues de haut niveau »
(climat, santé…), davantage de contacts de « personne à personne ».
Mais rien sur deux autres revendications : la libéralisation des visas
et le dégel des négociations d’adhésion.
Pour
appuyer l’offre et inciter le régime à s’abstenir de « nouvelles
provocations », le sommet rappelle que « tous les instruments et
options à sa disposition » pourraient être activés. Lisez : jusqu’à des
sanctions économiques, pour « défendre les intérêts de l’UE, des Etats
membres et maintenir la stabilité régionale » (la Turquie, candidate à
l’UE, pilier de l’Otan, achète des systèmes d’armes à la Russie, viole
l’embargo de l’ONU sur les armes en Libye, s’attaque aux milices kurdes
syriennes lancées aux trousses de Daesh, etc.).
Le levier…
d’Erdogan
Quant au
levier dont dispose… Erdogan – rouvrir ses frontières aux 4
millions de réfugiés syriens sur son sol – l’UE promet le
renouvellement des financements pour épauler la Turquie dans l’accueil
de ces réfugiés. Pour autant qu’Ankara reprenne les déboutés de
l’asile, coincés sur les îles grecques.
Enfin, les
Vingt-Sept appellent la Turquie à « contribuer » à la
résolution des crises en Libye, Syrie, Karabakh. Et ils signalent une «
préoccupation majeure » : les assauts lancés par le régime d’Erdogan
contre « l’Etat de droit et les droits fondamentaux ». Pas plus tard,
d’ailleurs, qu’à… l’avant-veille du sommet, avec la perspective de voir
le grand parti d’opposition HDP déclaré hors-la-loi et le retrait de la
Convention d’Istanbul, qui soutient les droits des femmes. « Nous avons
vu des développements positifs de la part de la Turquie, mais la
situation reste fragile », résume le chef de la diplomatie de l’UE
Josep Borrell. (Le Soir, 26 mars 2021)
L'UE
prête à renouer avec Ankara mais pose des
conditions à Erdogan
L'Union européenne a demandé jeudi au président Recep Tayyip Erdogan
des gages pour relancer ses relations avec la Turquie et a placé Ankara
sous surveillance jusqu'au mois de juin pour marquer sa désapprobation
face à la détérioration des droits et des libertés.
Les dirigeants de l'UE réunis en sommet ont approuvé une démarche
"progressive, conditionnelle et réversible afin de renforcer la
coopération dans un certain nombre de domaines d'intérêt commun",
indique la déclaration approuvée par les dirigeants.
"Nous avons un cadre pour améliorer nos relations, mais il est
indispensable que la Turquie modère son comportement. Nous restons donc
prudents", a expliqué le président du Conseil européen Charles Michel à
l'issue du sommet.
L'UE est prête à engager la modernisation de l'Union douanière, à
reprendre le dialogue à haut niveau et à négocier des facilités de
visas pour les ressortissants turcs. Et une visite "en avril" est en
préparation avec Ankara, a annoncé Charles Michel.
"Mais si la Turquie mène à nouveau des actions unilatérales et se livre
à des provocations, nous suspendrions les mesures de coopération",
a-t-il averti.
La Turquie a critiqué dans la soirée les conclusions du sommet de l'UE,
tout en promettant de répondre par "des pas positifs" aux éventuels
gestes des Vingt-Sept.
"Même si la nécessité d'un agenda positif a été souligné, il a été
constaté que le rapport a été écrit d'un point de vue unilatéral et
sous l'influence des allégations étroites d'esprit de quelques pays
membres", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un
communiqué.
Les Européens souhaitent normaliser les relations avec la Turquie après
une année de tensions. Mais ils demandent au président turc Recep
Tayyip Erdogan des actes, notamment le règlement de ses contentieux
avec la Grèce et Chypre, le retrait de Libye et le respect des droits
fondamentaux dans son pays.
En raison d'une nouvelle vague de contaminations par le Covid-19, le
sommet s'est déroulé en visioconférence, une formule qui ne permet pas
les débats.
Les conclusions sur la Turquie préparées par Charles Michel ont été
approuvées avant l'intervention du président américain Joe Biden.
Invité à se joindre aux dirigeants européens, M. Biden s'est connecté à
20h45 (19h45 GMT) pour un échange sur la lutte contre la pandémie et la
reconstruction de la relation entre l'UE et les Etats-Unis, mise à mal
par Donald Trump.
L'administration américaine est également en froid avec Ankara. Mais
les Américains comme les Européens refusent de couper les ponts avec
Ankara.
La Turquie est d'une "importance stratégique" pour les Européens, a
insisté la chancelière allemande Angela Merkel.
Ankara a accepté de contrôler ses frontières avec l'UE pour empêcher
les passages illégaux de migrants et de réfugiés par son territoire et
accueille depuis 10 ans près de 4 millions de Syriens qui ont fui le
conflit dans leur pays.
L'UE prépare la poursuite des financements pour les Syriens en Turquie,
au Liban et en Jordanie.
- "Pas être naïfs" -
Mais les Européens ont été échaudés par le comportement jugé "agressif"
du président turc au cours de l'année 2020 et n'ont pas totalement
confiance en lui.
"Nous observons une absence de signaux négatifs depuis le début de
l'année, mais personne n'est naïf, car plusieurs facteurs expliquent ce
comportement: le changement de président aux Etats-Unis, la fragilité
de l'économie turque et les conséquences des possibles sanctions
européennes", a expliqué un diplomate européen à l'AFP.
La décision du président turc de quitter la convention d'Istanbul
contre les violences sexistes, au lendemain d'un entretien avec Charles
Michel et avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a
été vécue comme un camouflet.
Angela Merkel a déploré "un signal très, très regrettable".
"Les questions liées à l'état de droit sont dans l'ADN de l'UE et sont
parties de discussions avec la Turquie", a assuré Charles Michel.
Le président turc a été invité à éviter tout comportement hostile à
l'égard des Etats membres, alors que des échanges acrimonieux ont
repris mercredi entre Ankara et Paris après l'accusation lancée par le
président Emmanuel Macron de futures tentatives d'ingérence de la
Turquie dans la prochaine élection présidentielle en France.
"Une vigilance accrue va être observée pendant les prochains mois afin
de déterminer en juin si les conditions sont réunies pour renouer", a
expliqué le diplomate.
"Si un recul est constaté, l'UE saura défendre ses intérêts. Les
instruments sont prêts", a-t-il assuré. Le rapport préparé par le chef
de la diplomatie européenne Josep Borrell cite plusieurs options, dont
des sanctions pour le secteur du tourisme. (AFP, 25 mars 2021)
Urgent
appeal to Council of Europe against withdrawal
from İstanbul
Convention
Women's
Platform for Equality (EŞİK), an umbrella organization of over
340 women's and LGBTI+ organizations, has appealed to the Council of
Europe against Turkey's withdrawal from the İstanbul Convention.
"The
withdrawal of Turkey from İstanbul Convention by a decision of the
President contradicts the legal framework of the Republic of Turkey and
violates the Constitution," the urgent appeal has read, briefly adding:
'There is
no public support'
"As the
Decision of the President did not offer any basis for the
'withdrawal', originally the reasons of such a Decision were not known
to the public.
"The
justification was provided later, on 21st March, by the
Directorate of Communications of the Presidency of the Republic of
Turkey. The statement claimed that 'the Convention, originally intended
to promote women's rights, was hijacked by a group of people attempting
to normalize homosexuality – which is incompatible with Turkey's social
and family values.'
"This was
not surprising for the women's and LGBTI+ movements in
Turkey, as similar statements have continuously been made in the past
few years by some government representatives.
"In fact,
contrary to this claim, the decision to withdraw from the
Istanbul Convention lacks public support. According to the Metropoll
Strategic and Social Research Center's survey, 'Turkey's Pulse,'
conducted in July 2020, 64% of respondents disapprove of withdrawing
from the Istanbul Convention, 19% express no opinion, and only 17%
express clear support. A month later, the latter figure declined to 7%,
largely due to the awareness-raising campaigns led by the women's
movement.
'A crucial,
historical defining point'
"As pointed
out in EŞİK's statement, this act could pave the way for
Turkey's renunciation of other critical conventions, such as the
Lanzarote Convention, CEDAW, or even the European Convention on Human
Rights, and consequently the fundamental human rights protected by
these instruments.
"Indeed,
the same small but politically effective circles that have
been instrumental in this Decision to withdraw from the Istanbul
Convention, have also been advocating against the Lanzarote Convention
and CEDAW. Clearly, such action would not only be a devastating blow to
the rule of law, and the future of democracy in Turkey but it could
also have a serious negative impact, on member states' allegiance to
the foundational principles of the Council of Europe and the
international human rights regime.
"Withdrawals
from multilateral international conventions must follow
the national legal procedures and processes that were followed when
signing and ratifying those conventions. Thus, Turkey's action may be
without precedent: a state withdrawing unilaterally from an
international treaty that concerns fundamental human rights, in clear
violation of its own Constitution.
"Furthermore,
based on consultations with prominent international law
professors, the provisions foreseen in Part V of the Vienna Convention
on the Law of Treaties, which make it difficult for any state to
unilaterally renounce vital international human rights treaties such as
the Istanbul Convention, could be invoked.
"We are
disappointed to see that the Council of Europe accepted the
withdrawal notification of Turkey without investigating into the
legality of this Decision, which was done without the approval of the
Grand National Assembly of Turkey. We urge the Council of Europe, to
look into the process and to investigate the legality of this act, as
well as its implications regarding international law." (BIA, 25 March 2021)
Bruxelles invite Erdogan à
rétablir la confiance avec l'UE
Les dirigeants des institutions européennes ont appelé vendredi le
président turc Recep Tayyip Erdogan à créer les conditions d'une
relation apaisée avec l'Union européenne, lors d'un entretien en
visioconférence avant le sommet européen des 25 et 26 mars.
Le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la
Commission Ursula von der Leyen ont souligné "l'importance d'une
désescalade soutenue et d'un renforcement de la confiance pour
permettre un agenda UE-Turquie plus positif", indique un communiqué
publié après l'entretien.
Le président Erdogan a pour sa part insisté sur son attente de
"résultats concrets" lors du sommet européen et a demandé le lancement
d'un "dialogue de haut niveau", selon ses services.
Les Européens se disent prudents face au changement de comportement du
président turc après une année de fortes tensions et ils ne cachent pas
leurs préoccupations.
L'UE a ainsi dénoncé jeudi les violations des droits fondamentaux en
Turquie et mis en garde Ankara contre l'interdiction du Parti
démocratique des peuples (HDP, pro-Kurde), deuxième plus grand parti
d'opposition du pays.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell va remettre vendredi
aux Etats membres un rapport sur son évaluation de la situation en
Turquie, dans lequel il soumet des options d'actions positives et
négatives à mettre en oeuvre.
"Quelques améliorations ont été constatées depuis le début de l'année,
mais il faut voir si elles sont durables", a confié vendredi un
responsable européen. "Les développements intérieurs en Turquie
suscitent de fortes préoccupations".
Le rapport remis par Josep Borrel sera discuté lundi par les ministres
des Affaires étrangères de l'UE. Les problèmes posés par la Turquie
seront également abordés mardi lors de la réunion à l'Otan avec le
secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
"La Turquie est membre de l'Otan et c'est un élément très important.
Nous sommes en contacts avec les Etats-Unis", a insisté le responsable
européen.
M. Blinken doit rencontrer Mme von der Leyen et M. Borrel au cours de
son séjour à Bruxelles.
Les Etats-Unis ont également mis en garde jeudi le pouvoir en Turquie
contre une interdiction du HDP, qui "saperait" la démocratie.
"Nous avons noté un changement de comportement des dirigeants turcs
depuis trois mois, mais nous attendons des actes concrets sur le long
terme qui démontrent que la Turquie est un partenaire de bonne foi", a
commenté vendredi un diplomate européen.
L'évaluation du comportement turc prend en compte la situation des
droits humains, mais aussi les décisions prises par Ankara dans les
conflits régionaux, en Libye, en Syrie, en Irak, et au Nagorny Karabakh
où la Turquie s'est opposée à l'UE, a précisé le responsable européen.
"Toutes les options sont prévues pour encourager le développement de
bonnes relations, mais des mesures restrictives sont également
présentes si la situation venait à se détériorer", a-t-il expliqué.
Les dirigeants européens ont décidé en décembre 2020 l'adoption de
nouvelles sanctions, qui ont été préparées mais non appliquées dans
l'attente des résultats du sommet, a-t-on précisé de source
diplomatique.
Le président turc a montré une volonté d'apaisement fin 2020, après de
fortes tensions avec l'UE liées à plusieurs missions turques
d'exploration gazière dans des eaux grecques et chypriotes en
Méditerranée orientale.
En fonction des décisions des dirigeants européens, Mme von der Leyen
pourrait se rendre prochainement à Ankara. Le principe de cette visite
a été discuté lors de la visioconférence avec le président Erdogan,
mais aucune date n'a été arrêtée. (AFP, 19 mars 2021)
Berlin dénonce une "remise en cause de l'Etat de
droit" en Turquie
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a dénoncé
jeudi une "remise en cause de l'Etat de droit" en Turquie avec la
répression exercée par Ankara sur le parti prokurde HDP.
"Le retrait du mandat de député de Faruk Gergerlioglu et les poursuites
pénales engagées contre de nombreux autres députés et membres du HDP
s'inscrivent dans une évolution qui remet en cause l'État de droit en
Turquie", a fustigé le ministre qui a aussi fait part de sa "grande
préoccupation" face à la menace d'interdiction du principal parti
prokurde et troisième formation politique du pays.
Un procureur a réclamé l'interdiction, en raison d'activités
"terroristes", du Parti démocratique des peuples (HDP) qui fait l'objet
d'une répression implacable depuis 2016.
"L'interdiction d'un parti ne peut être que le tout dernier recours
dans une démocratie", a ajouté Heiko Maas dans un court communiqué. "Le
cas du HDP soulève des doutes considérables quant à la
proportionnalité" des moyens, a-t-il ajouté.
Cette demande d'interdiction du HDP intervient alors qu'Ankara affirme
vouloir apaiser ses relations tendues avec Washington et l'Europe.
Les Etats-Unis ont prévenu qu'une telle dissolution "subvertirait de
manière indue la volonté des électeurs turcs, saperait encore davantage
la démocratie en Turquie, et priverait des millions de citoyens turcs
de leurs représentants élus".
Les présidents des institutions européennes doivent s'entretenir
vendredi en visioconférence avec le président Recep Tayyip Erdogan.
Les relations entre l'Allemagne et la Turquie, liées notamment par une
importante diaspora turque, ont connu des phases délicates depuis le
coup d'Etat manqué contre M. Erdogan en juillet 2016. (AFP, 18 mars 2021)
L'UE met en garde la Turquie contre
une interdiction du parti prokurde
L'Union européenne a condamné jeudi le recul des droits fondamentaux en
Turquie et mis en garde Ankara contre une interdiction du principal
parti prokurde estimant qu'elle saperait la crédibilité de l'engagement
en faveur des réformes.
La fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), deuxième plus
grand parti d'opposition, "violerait les droits de millions d'électeurs
en Turquie", a affirmé le chef de la diplomatie européenne Josep
Borrell.
Le procureur de la Cour de cassation a engagé une action en justice
pour demander la fermeture du HDP. Cette initiative "ajoute aux
préoccupations de l'UE concernant le recul des droits fondamentaux en
Turquie et sape la crédibilité de l'engagement déclaré des autorités
turques en faveur des réformes", a averti M. Borrell.
Il s'est également dit préoccupé par la décision de priver "Faruk
Gergerlioglu, membre du Parti démocratique des peuples (HDP) de la
Grande Assemblée nationale turque, de son siège parlementaire et de son
immunité parlementaire et par son incarcération imminente".
Les présidents des institutions européennes Ursula von der Leyen et
Charles Michel doivent s'entretenir vendredi en visio-conférence avec
le président turc Recep Tayyip Erdogan.
La mise en garde européenne suit celle formulée par les Etats-Unis. La
Turquie est membre de l'Otan.
Josep Borrell a a été chargé de préparer un rapport sur l'état de la
relation entre l'UE et la Turquie qui sera soumis aux dirigeants de
l'UE lors de leur sommet les 25 et 26 mars. (AFP, 18 mars 2021)
EU:
Anniversary of Turkey deal offers warning
against further dangerous deals
Ahead of the five year anniversary of the EU-Turkey deal on migration
on 18 March, Amnesty International is calling on EU leaders to turn
away from the five years of failed policies which have resulted in tens
of thousands of people being forced to stay in inhumane conditions on
the Greek islands, and put refugees at risk by forcing them to stay in
Turkey. As EU Foreign Affairs and Home Affairs ministers prepare
to
debate on further expanding migration cooperation with countries
outside of Europe, Eve Geddie, Director of Amnesty International’s EU
office said:
“The EU-Turkey deal has been an abject failure. The EU and its member
states have failed to take responsibility for people seeking safety in
Europe. They have failed to respect the rights of refugees and migrants
and failed to provide alternative safe passage to Europe for people
seeking protection. Ministers must prioritize viable solutions that
would save lives. Shameful policies such as the EU-Turkey deal and the
EU’s reckless cooperation with Libya cannot be the blueprint for future
migration deals with other countries.”
“Five years after the deal was signed, 15 000 women, men and children
remain trapped in overcrowded camps on the Greek islands and tens of
thousands more have endured stays there. Many are forced to sleep in
tents, braving cold weather in conditions so unsafe that some people
have died as a result.”
“This deal has been corrosive for the EU’s human rights record and
exposed the EU’s willingness to enter into deals to limit migration,
based purely on political convenience with little regard for the
inevitable human cost.”
While the number of people arriving on the Greek islands has fallen,
those attempting the journey risk experiencing violence and dangerous
pushbacks to Turkey.
“Turkey is not safe for refugees and asylum-seekers. The country has
even returned people to Syria. EU leaders must step up solidarity
efforts, increase relocations to other member states, follow the
examples of solidarity by activists and welcoming communities across
Europe.”
Background
The EU-Turkey statement ('commonly referred to as the 'deal') was
signed on 18 March 2016. In it, the EU and Turkey reached an agreement
which aimed to return all people arriving irregularly to the Aegean
islands, including asylum-seekers, to Turkey.
As part of the agreement, Turkey committed to prevent people from
leaving its territory for Europe. In return, among other things, the EU
has given Turkey billions of euros, including hundreds of millions in
September 2020 to support refugees living in the country.
Following the deal, Greece introduced policies forcing people entering
through the islands to stay in camps there while they wait for a
decision on their asylum claims. Currently, the vast majority come from
traditional countries of origin of refugees (86% come from Afghanistan,
Syria, Somalia, DRC, and Palestine) while 1 out 4 people are children
(26%).
Turkey hosts 4 million refugees, including 3.6 million Syrian refugees
- more than any other country. (Amnesty International,
12 March 2021)
Belgian lawyer Jan Fermon: Europe is playing a
dangerous game with Turkey
Belgian lawyer Jan Fermon says that Turkish ex-intelligence officer
Ismail Hakkı Pekin's statement on the murder of three Kurdish
revolutionaries in Paris merely confirmed what was already known: the
Turkish state was behind the attack on January 9, 2013.
Ismail Hakkı Pekin, former head of the intelligence department of the
Turkish General Staff, had admitted in mid-February on the TV channel
CNN Türk that the murders of Sakine Cansız, Fidan Doğan and Leyla
Şaylemez in Paris in January 2013 were a state operation and advocated
further political assassinations of Kurdish leaders in Europe.
Jan Fermon, as a lawyer, has represented Kurdish politicians and media
figures in an intense legal battle that has lasted for years, and the
trial ended in January 2020 with the ruling of the Court of Cassation
in Brussels stating that the PKK should not be considered a terrorist
organization, but an armed party to the conflict in accordance with
international law. Speaking to ANF about the public confession of
Turkish ex-intelligence agent Pekin, the lawyer said, "In a way, this
is not unexpected. We know that Turkey acts abroad. It has been
involved in such actions many times in the past. Perhaps the only
novelty in this statement is that it is openly admitted."
Confirmation of already known facts
Fermon assessed the legal aspect of Pekin's confessions and threats,
stating that he does not expect any direct legal repercussions in
Europe: "In my opinion, legally, it will not have any direct
repercussions. However, precautions are needed because the statement is
clear. The message he wants to give to the world is obvious: murders
are being committed. At the same time, he is confessing to it. There
will be no direct legal consequences, but it is a confirmation of what
was already known. In other words, the Turkish authorities gave the
order to murder the three women. On the one hand, this creates a shock
effect, but on the other hand, it is not a new situation."
Europe must react and take action
Fermon stated that the new death threats are unacceptable and the
European authorities must react: "There is a clear threat and it is an
unacceptable statement. However, there are certain difficulties because
the matter is subject to Turkish law and it is difficult to catch this
person. And nothing will happen to him in Turkey. This person says what
is already known and makes an absolutely unacceptable, scandalous call.
The countries concerned, and Belgium in particular, must react and take
action immediately."
The lawyer referred to the continued silence of European governments on
the open threats from Turkey and the case of Ruhi Semen in Germany and
stressed that there must be "calls to Turkey", on this.
Ruhi Semen had ties to Paris-based contract killer Ömer Güney and
continues to live unmolested in Germany, where he works for DITIB, one
of the Turkish government's main institutions in Germany.
Criminal partnership
On the attitude of European countries, Fermon said, "It's a problem
that comes up often. European authorities provide generous support to
Turkey. They support Turkey's actions against the Kurdish people and
have allowed Turkey to invade Syria. They are also involved in legal
procedures against the Kurds. It is obvious that there is a very old
and strong bond between them, they are accomplices. This cooperation
also covered up a series of events. I think there is only one
explanation for this: they have common interests, and these interests
are above everything. This is, of course, unacceptable, but it is also
not a new situation. Most European countries have a very vague attitude
towards what is happening in Turkey. In the worst cases, there is even
complicity."
European countries are playing a dangerous game
The Turkish state is today applying an increasingly clear and
aggressive policy, Fermon said, pointing out that the "conflicts are
being exported to Europe."
"Turkey is adopting an increasingly clear and aggressive political
course today and for the future. The conflicts with the Kurds are being
exported to Europe. Pekin’s statement makes the situation even more
dangerous. It is clearly a dangerous development. For a long time, the
Kurds were criticized for bringing the conflict to Europe. In fact,
they never did, Turkey is exporting the conflict. The European
countries are playing a very dangerous game here. The consequences
could come back to Europe. All of this is not new, but it is
irresponsible. Europe has been behaving this way for a long time."
Investigations in Belgium
Jan Fermon did not comment on the investigation into assassination
plans against Kurdish leaders in Belgium. "There is currently an
ongoing investigation, but I cannot talk about it. It is an
investigation into threats against Kurdish leaders in Belgium. I cannot
talk about the content," the lawyer said, referring to a secrecy order
in the proceedings.
In June 2017, Belgian police stopped three suspects based on
information provided by Kurdish organizations. This incident
contributed significantly to the reopening of the investigation in
Paris. The three individuals in the stopped vehicle were planning to
assassinate the co-chair of KONGRA GEL, Remzi Kartal. One of the
suspects was a former Turkish soldier. Another presented a Turkish
police identification card. According to a source close to the
investigation, the two men had been in Paris since June 16 with four
other people of Turkish origin. One of them is believed to be a sniper.
Belgian police suspect that a senior Turkish diplomat in Paris is
coordinating these activities. (anfenglish.com, 11
Mars 2021)
La Turquie condamnée pour atteinte à la
liberté d’expression d’un magistrat
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mardi la
Turquie pour la sanction infligée à un magistrat qui s’exprimait en
tant que président d’une association professionnelle sur des sujets
judiciaires, estimant qu’il effectuait son « devoir ».
Membre du parquet général à la Cour de Cassation, Omer Eminagaoglu
avait fait l’objet en juin 2012 d’une sanction disciplinaire suite à
des déclarations et des critiques concernant notamment des dispositions
du code pénal et la politique judiciaire turque, expose la CEDH dans un
communiqué.
Le Conseil supérieur des juges et des procureurs avait considéré qu’il
avait, par ses déclarations, « porté atteinte à la dignité et à
l’honneur de la profession », et l’avait muté à 150 kilomètres d’Ankara.
Tout en reconnaissant le « devoir de réserve inhérent à (la) fonction
de magistrat », les juges de la CEDH ont estimé à l’unanimité que «
l’enquête disciplinaire et la sanction » infligée à M. Eminagaoglu ont
constitué une « ingérence dans le droit à la liberté d’expression de ce
dernier ».
Ils soulignent que le magistrat sanctionné était président d’une
association agissant pour la défense de « l’État de droit » et « des
intérêts des membres du corps judiciaire ».
A cet égard, la CEDH rappelle que « lorsqu’une ONG appelle l’attention
de l’opinion sur des sujets d’intérêt public, elle exerce un rôle de
chien de garde public semblable par son importance à celui de la presse
» et peut être qualifiée de « chien de garde social ».
Ainsi, M. Eminagaoglu « avait non seulement le droit mais encore le
devoir, en tant que président de cette association légale, de formuler
un avis sur les questions concernant le fonctionnement de la justice ».
Les juges de la CEDH estiment que les « implications politiques » des
sujets abordés n’étaient pas suffisantes pour « empêcher » un magistrat
de s’exprimer publiquement.
Au-delà des membres d’associations, « il appartient à chaque magistrat
de promouvoir et de préserver l’indépendance du pouvoir judiciaire »,
écrivent-ils, « et il convient d’impliquer les juges lors de
l’élaboration des dispositions législatives concernant leur statut et
le fonctionnement de la justice ».
Ils nuancent néanmoins leur position en précisant que les restrictions
posées aux déclarations sur des affaires judiciaires en cours sont «
pertinentes » et invitent les magistrats à « s’abstenir de faire des
déclarations politiques » sur des « grands problèmes de société », afin
de ne pas « porter atteinte à leur image d’impartialité ».
N’ayant pas formulé de demande, le juge turc n’a pas obtenu de dommages
et intérêts. (AFP,
9 mars 2021)
Turkey’s 'Ferhat Tunç' request rejected by Germany
again
Standing trial in Turkey on charges of "provoking the public to hatred
and hostility" and "insulting the President" over a social media
message, musician Ferhat Tunç's trial continued at the Büyükçekmece 4th
Penal Court of Peace in İstanbul today (March 3).
During the hearing where musician Tunç was represented by his attorney
Fırat Mehmedoğlu, the court board ruled that the execution of the
detention warrant previously issued against Ferhat Tunç should be
awaited and other deficiencies in the case file should be rectified.
The next hearing will be held on September 22, 2021.
Meanwhile, it was seen that the local court's request for taking the
statement of Ferhat Tunç by letters rogatory was rejected by Germany.
Sent to the local court hearing the case via Turkey's Consulate in
Frankfurt, the document has said that the request for taking Tunç's
statement in Germany was rejected by the Darmstadt Prosecutor's Office.
While the file has been returned to Turkey, the document sent from
Germany to the local court in Turkey has noted that "the right to
freedom of expression is an indispensable fundamental right according
to the Constitution of the Federal Republic of Germany."
Accordingly, it has been indicated that the request for "mutual
judicial assistance" was not fulfilled as per the Article 2b of the
European Convention on Mutual Assistance in Criminal Matters "on the
grounds that the request was against the Constitutional order of
Germany."
In his tweet put on trial in this lawsuit, musician Ferhat Tunç was
criticizing the referendum for the Presidential system in 2017.
Second rejection by Germany
Musician Ferhat Tunç is also on trial for "propagandizing for a
terrorist organization" with his eight tweets during the Turkish Armed
Forces' (TSK) Operation Olive Branch into Syria's Afrin. The court
hearing this case also requested that Tunç's testimony be taken in
Germany. This request was also rejected by the Darmstadt Prosecutor's
Office.
(BIA, 3 March 2021)
Erdogan
dit à Macron vouloir renforcer la coopération
contre le
"terrorisme"
La Turquie souhaite coopérer avec la
France contre le "terrorisme" et pour la stabilité au Proche-Orient, a
déclaré mardi le président Recep Tayyip Erdogan à son homologue
Emmanuel Macron, au moment où Ankara cherche à normaliser ses relations
avec Paris.
"Nous pouvons contribuer de manière significative à la stabilité et à
la paix de l'Europe au Caucase et du Proche-Orient à l'Afrique. Il
existe également des mesures que nous pouvons prendre ensemble (...)
contre les organisations terroristes", a déclaré M. Erdogan à M. Macron
au cours d'un entretien en visioconférence, selon un compte-rendu
diffusé par la présidence turque.
"La Turquie souhaite coopérer avec la France dans tous ces domaines",
a-t-il ajouté, estimant que la collaboration entre Ankara et Paris
avait un "grand potentiel".
Cet entretien, le premier entre les deux dirigeants depuis septembre,
intervient après des mois de vives tensions entre Ankara et Paris, qui
s'opposent sur plusieurs dossiers comme la Libye, la Syrie et la
Méditerranée orientale.
MM. Erdogan et Macron ont eu de vifs échanges ces derniers mois, le
président turc allant jusqu'à s'interroger sur la "santé mentale" de
son homologue français et jusqu'à appeler en octobre à boycotter les
produits français.
Mais maintenant qu'il cherche à réparer les relations entre la Turquie
et l'Union européenne sur fond notamment de problèmes économiques, M.
Erdogan a mis de l'eau dans son thé et multiplié les déclarations
apaisantes ces dernières semaines.
Dans son entretien avec M. Macron mardi, il a ainsi souligné que
l'"amitié" franco-turque avait "surmonté nombre d'obstacles" depuis ses
débuts au XVIe siècle sous les règnes du roi François 1er et du sultan
Soliman le Magnifique.
La présidence turque n'a toutefois pas mentionné dans son compte-rendu
la situation d'enseignants français de la prestigieuse Université
Galatasaray d'Istanbul récemment privés de leur permis de travail et
menacés d'expulsion à tout moment, un dossier qui préoccupe Paris. (AFP, 2 mars 2021)
The
Netherlands, Canada recognize ‘Uyghur
Genocide’, what about Turkey?
The Parliament of the Netherlands passed a non-binding motion on
February 25 saying that the treatment of the Uyghur Muslim minority in
China amounts to genocide, which marks a first in Europe.
As reported by CNN International, the motion has said, "A genocide on
the Uyghur minority is occurring in China," without directly saying
that the government of China is responsible for the related acts.
The motion has noted that actions by the government of China such as
"measures intended to prevent births" and "having punishment camps"
fell under UN Resolution 260, known as the genocide convention.
Prime Minister Mark Rutte's conservative People's Party for Freedom and
Democracy (VVD) voted against the resolution.
Canada passed a non-binding resolution labeling China's treatment of
the Uyghurs genocide earlier this week.
About the treatment of Uyghurs by China
Amnesty International summarizes the treatment of Uyghurs in China,
especially in the context of internment camps, as follows:
"It has been nearly three years since China launched an unprecedented
campaign of mass detention of Uyghurs, Kazakhs and other predominantly
Muslim ethnic groups in northwestern China's Xinjiang Uyghur Autonomous
Region (Xinjiang).
"During this time, details about the treatment of the estimated 1
million or more people who have been held in
'transformation-through-education' or 'vocational training' centres
have continued to trickle out. But the true scope and nature of what is
taking place in Xinjiang remains obscured.
"The Chinese government originally denied the existence of the
detention camps. Later, it began claiming that the facilities were
'vocational training' centres to help rid Uyghurs and others of their
'extremist' thoughts and provide them with job training – even highly
educated intellectuals, businesspeople and retirees.
"The Chinese government has steadfastly resisted calls to admit
independent monitors into the region, allowing only carefully
stage-managed tours for select journalists and diplomats. Meanwhile,
friends and relatives of people believed to be detained remain cut off
from information and unsure where their loved ones are." (BIA, 26
February 2021)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Washington met Ankara sous pression à l'Otan
Les Etats-Unis ont sommé mercredi la Turquie de renoncer au système de
défense antimissile acheté à la Russie et se sont dits préoccupés par
le retrait d'Ankara de la convention internationale sur la protection
des femmes, a annoncé un porte-parole américain.
Le secrétaire d'Etat Antony Blinken a formulé cette exigence et fait
part de ses préoccupations à son homologue turc Mevlüt Çavusoglu lors
d'un entretien durant la réunion de l'Otan à Bruxelles, a précisé son
porte-parole Ned Price.
"Le secrétaire d'Etat Blinken a exhorté la Turquie à ne pas conserver
le système de défense aérienne russe S-400, s'est dit préoccupé par le
retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul sur la prévention et
la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence
domestique et a souligné l'importance des institutions démocratiques et
du respect des droits de l'homme", a déclaré Ned Price après
l'entretien.
"Ce n'est un secret pour personne que nous avons des différends avec la
Turquie, notamment au sujet des S-400 (un système antimissile russe) et
de certaines actions entreprises, y compris en Méditerranée orientale.
Ce n'est pas non plus un secret que la Turquie est un allié de longue
date et apprécié, et un allié que nous avons, je crois, un grand
intérêt à garder ancré à l'Otan", avait déclaré Antony Blinken mardi au
cours d'une discussion avec le secrétaire général de l'Otan Jens
Stoltenberg.
Washington considère que les S-400 russes sont "incompatibles avec
l'équipement de l'Otan, ils menacent la sécurité de la technologie de
l'Otan et ils ne sont pas conformes aux engagements de la Turquie en
tant que membre de l'Otan".
Les Etats-Unis ont interdit en décembre l'attribution de tout permis
d'exportation d'armes au SSB, l'agence gouvernementale turque chargée
des achats d'équipements militaires, pour punir Ankara de l'acquisition
des S-400.
La Turquie a en outre été écartée du programme de fabrication de
l'avion de guerre américain dernier cri F-35, estimant que les S-400
pourraient en percer les secrets technologiques. En réponse, Ankara a
pris langue avec Moscou pour acheter des avions russes, a-t-on appris
de source diplomatique européenne.
M. Blinken rejoint les préoccupations exprimées par de nombreux alliés
membres de l'Union.
Les dirigeants de l'Union européenne doivent définir jeudi leur
position face à la Turquie lors d'un sommet.
Ils vont opter pour une démarche "progressive, conditionnelle et
réversible" et mettre Ankara sous surveillance jusqu'à leur prochain
sommet en juin, a annoncé le président du Conseil européen Charles
Michel dans sa lettre d'invitation pour le sommet. (AFP, 24 mars 2021)
Biden
se dit "profondément déçu" par l'abandon d'un traité
protégeant
les femmes
Le président des Etats-Unis Joe Biden s'est dit "profondément déçu"
dimanche du retrait annoncé par la Turquie d'une convention du Conseil
de l'Europe sur la protection des femmes.
"C'est un pas en arrière extrêmement décourageant pour le mouvement
international contre les violences faites aux femmes", a-t-il déploré
dans un communiqué.
Signée en 2011, la Convention d'Istanbul oblige les gouvernements à
adopter une législation réprimant la violence domestique et les abus
similaires, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale
féminine.
La Turquie s'est retirée vendredi de ce traité, provoquant samedi des
manifestations de plusieurs milliers de personnes dans le pays pour
demander au président Recep Tayyip Erdogan de revenir sur cette
décision.
Le retrait "soudain" et "injustifié" de cette convention est
"profondément décevant", a dénoncé Joe Biden.
"Les pays devraient s'atteler à renforcer et renouveler leurs
engagements à éradiquer les violences faites aux femmes, pas à rejeter
des traités internationaux destinés à protéger les femmes et exiger des
agresseurs qu'ils rendent des comptes", a-t-il regretté.
Etats-Unis et Turquie, tous les deux membres de l'Otan, ont des
relations extrêmement tendues depuis 2016 et le président Erdogan ne
s'est toujours pas entretenu avec Joe Biden depuis l'arrivée de ce
dernier à la Maison Blanche en janvier.
La semaine dernière, Washington avait déjà dénoncé les tentatives des
autorités turques de faire interdire le principal parti prokurde. (AFP, 21 mars 2021)
"Tueur":
Erdogan critique Biden, salue la "classe" de
Poutine
Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan a jugé vendredi "inacceptables"
les propos du président américain Joe Biden qualifiant de "tueur" le
chef d'Etat russe Vladimir Poutine, louant la réponse pleine de
"classe" de ce dernier.
"Les déclarations de M. Biden à l'endroit de M. Poutine ne siéent pas à
un chef d'Etat. Ce ne sont pas des déclarations qui sont acceptables",
a déclaré M. Erdogan à des journalistes à Istanbul.
En revanche, "M. Poutine a répondu avec beaucoup, beaucoup
d'intelligence et de classe", a salué le président turc, qui ne cache
pas son admiration pour son "ami" du Kremlin dont il s'est
considérablement rapproché depuis 2016.
Le président américain a mis le feu aux poudres mercredi en répondant
par l'affirmative à un journaliste lui demandant s'il pensait que M.
Poutine était un "tueur".
Le dirigeant russe lui a renvoyé l'amabilité jeudi en estimant que
"nous voyons toujours en l'autre nos propres caractéristiques". M.
Poutine a aussi souhaité "une bonne santé, sans ironie aucune", au
président Biden.
En dépit d'intérêts divergents sur de nombreux dossiers et des épisodes
de tensions, MM. Erdogan et Poutine ont renforcé leur coopération
depuis 2016, se rencontrant ou échangeant régulièrement.
Signe de ce rapprochement, Ankara a acheté des missiles russes S-400,
s'attirant les foudres de ses alliés de l'Otan.
En parallèle, le président turc a pris ses distances avec les pays
occidentaux, qui l'accusent de dérive autoritaire. M. Erdogan ne s'est
toujours pas entretenu avec M. Biden depuis l'arrivée de ce dernier à
la Maison Blanche en janvier. (AFP, 19 mars 2021)
Une
interdiction du parti prokurde
"saperait" la démocratie, prévient
Washington
Les Etats-Unis ont prévenu mercredi qu'une interdiction du principal
parti prokurde de Turquie "saperait" la démocratie déjà fragilisée du
pays.
Dans un communiqué, le département d'Etat américain a dit "surveiller
le lancement d'efforts pour dissoudre le Parti démocratique des peuples
(HDP), une décision qui subvertirait de manière indue la volonté des
électeurs turcs, saperait encore davantage la démocratie en Turquie, et
priverait des millions de citoyens turcs de leurs représentants élus".
"Nous appelons le gouvernement turc à respecter la liberté d'expression
conformément aux protections garanties par la Constitution turque et
aux engagements internationaux de la Turquie", a insisté le
porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Un procureur a envoyé mercredi un acte d'accusation à la Cour
constitutionnelle turque demandant l'ouverture d'un procès pour
interdire le HDP, la troisième formation politique du pays qui fait
l'objet d'une répression implacable depuis 2016. Le parti a dénoncé un
"putsch politique", accusant le président Recep Tayyip Erdogan de
chercher à le réduire au silence avant les prochaines élections.
La demande de fermeture du HDP intervient quelques heures après que le
Parlement turc eut déchu de son mandat un député de cette formation,
Faruk Gergerlioglu, après la confirmation en dernière instance d'une
condamnation à deux ans et demi de prison pour "propagande terroriste".
"Les Etats-Unis suivent de près les événements en Turquie, notamment
les mesures troublantes du 17 mars visant à priver le parlementaire
Omer Faruk Faruk Gergerlioglu de son siège", a encore dit Ned Price. (AFP, 18 mars 2021)
Le
patron de l'Otan se dit "préoccupé" par le
comportement de la Turquie
Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, a
reconnu lundi être "préoccupé" par le comportement de la Turquie et les
violations des droits démocratiques dans ce pays, une semaine avant une
réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance.
"J'ai de sérieuses préoccupations en ce qui concerne les divergences de
vues (entre alliés) en Méditerranée orientale, la décision de la
Turquie d'acheter le système de défense antimissiles russe S400 et les
violations des droits démocratiques en Turquie", a-t-il déclaré lors
d'une visio-conférence avec les membres de la sous-commission Sécurité
et Défense du Parlement européen.
"L'Otan compte 30 alliés différents, avec des géographies différentes,
des coalitions au pouvoir différentes", a-t-il observé. "L'Otan est une
plateforme de discussions et son rôle est de réduire les tensions. Mais
cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu à ne pas être préoccupé",
a-t-il insisté.
M. Stoltenberg avait jusqu'à présent minimisé les problèmes posés par
le comportement d'Ankara.
"La Turquie est un allié important qui joue un rôle essentiel dans la
lute contre Daesh (acronyme arabe du groupe Etat islamique), qui a subi
un nombre important d'attaques terroristes et qui accueille plusieurs
millions de réfugiés", avait-il ainsi déclaré lors de son compte-rendu
de la réunion des ministres de la Défense de l'Otan le 17 février.
L'attitude de la Turquie avait été fustigée par l'ancien secrétaire
d'Etat américain Mike Pompeo début décembre et la position de la
nouvelle administration du président Joe Biden est très attendue par
les alliés membres de l'Union européenne, appelés à se prononcer sur
leurs relations avec Ankara lors d'un sommet européen les 25 et 26 mars.
Pour sa dernière participation à une réunion avec ses homologues de
l'Otan, Mike Pompeo avait dénoncé "les manquements" de la Turquie aux
règles de l'Alliance et "la politique du fait accompli" adoptée par
Ankara dans plusieurs crises régionales.
Il avait également déploré la "prise en otages" par la Turquie des
plans de défense et des partenariats envisagés par l'Otan et accusé
Ankara "d'affaiblir la cohésion de l'Alliance".
Les ministres des Affaires étrangères des 30 pays de l'Otan vont se
réunir les 23 et 24 mars. Ce sera la première participation du nouveau
secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken, et selon plusieurs
sources, la réunion pourrait se tenir en présentiel, une première
depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020. (AFP, 15 mars 2021)
Pourparlers
de paix afghans
prévus à Istanbul en avril
La Turquie a prévu d'accueillir des pourparlers de paix afghans à
Istanbul le mois prochain, a indiqué vendredi son ministre des Affaires
étrangères, au moment où les Etats-Unis tentent de donner un coup de
fouet à ces discussions.
Cette réunion de représentants du gouvernement afghan et des talibans
"est prévue en avril", a déclaré Mevlüt Cavusoglu, cité par l'agence de
presse étatique Anadolu.
"Nous discutons de la date précise et du contenu" de ces pourparlers,
a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont récemment soumis une nouvelle proposition de paix
aux autorités de Kaboul et aux talibans, à l'approche de la date butoir
du 1er mai à laquelle Washington pourrait retirer ses militaires
d'Afghanistan.
Ce plan prévoit notamment la création d'un "nouveau gouvernement
inclusif", selon une lettre du chef de la diplomatie américaine Antony
Blinken révélée par des médias afghans.
Lundi, Washington a appelé à une "accélération" du processus de paix en
Afghanistan, en estimant que des progrès étaient "possibles".
Afin d'y parvenir, Washington avait proposé de relancer les pourparlers
de paix entre Kaboul et les insurgés "dans les prochaines semaines" en
Turquie, tout en instaurant pendant ce temps une période de "réduction
de la violence" de 90 jours pour éviter la traditionnelle offensive de
printemps des talibans.
Des négociations de paix interafghanes avaient également été lancées en
septembre à Doha, au Qatar.
Les pourparlers à Istanbul "ne seront pas une alternative au processus
qui a lieu au Qatar, mais viendront en appui", a souligné M. Cavusoglu,
qui était justement à Doha jeudi.
"Quel est notre but ? C'est de prolonger les discussions entre les
talibans et le gouvernement (afghan) en nous concentrant sur
l'obtention de résultats concrets", a-t-il ajouté.
Le ministre turc a également ajouté qu'Ankara nommerait un représentant
spécial pour l'Afghanistan afin de préparer cette réunion. (AFP, 12 mars 2021)
La
fiancée de Khashoggi appelle à "punir" le
prince héritier saoudien
La fiancée turque du journaliste saoudien
Jamal Khashoggi, assassiné au consulat de son pays à Istanbul, a appelé
lundi à "punir sans délai" le prince héritier saoudien Mohammed ben
Salmane, après la publication d'un rapport américain l'accusant d'avoir
validé son meurtre.
"Il est impératif que le prince héritier, qui a ordonné le meurtre
brutal d'une personne innocente, soit puni sans délai", a déclaré
Hatice Cengiz dans un communiqué. "Cela pourrait non seulement rendre
justice pour Jamal, mais aussi éviter que des actes semblables ne
soient commis à l'avenir", a-t-elle ajouté.
Vendredi, les Etats-Unis ont rendu public un rapport des services de
renseignement estimant que le prince héritier saoudien, surnommé "MBS",
avait "validé" une opération visant à "capturer ou tuer" Khashoggi.
Washington n'a toutefois pas annoncé de sanction contre le
puissant héritier du trône d'Arabie saoudite.
"Je salue la publication du rapport américain. La vérité, qui était
déjà connue, a été réaffirmée et est désormais définitive. Mais ce
n'est pas assez, car la vérité n'a de sens que si elle sert
l'accomplissement de la justice", a déclaré Mme Cengiz.
"Si le prince héritier n'est pas puni, cela enverra un signal pour
toujours que le principal coupable peut tuer en toute impunité",
a-t-elle estimé. "Les gouvernements du monde entier, à commencer par
l'administration Biden, doivent se demander s'ils sont prêts à serrer
la main d'une personne dont la culpabilité (...) a été attestée, sans
avoir été punie", a-t-elle poursuivi.
Critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal
Khashoggi, résident aux Etats-Unis et chroniqueur du quotidien
Washington Post, a été assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat de
son pays à Istanbul par un commando d'agents venus d'Arabie saoudite.
Son corps, démembré, n'a jamais été retrouvé.
Après avoir nié l'assassinat, Ryad a fini par dire qu'il avait été
commis par des agents saoudiens ayant agi seuls. A l'issue d'un procès
opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et
trois autres à des peines de prison. Les peines capitales ont depuis
été commuées.
Cette affaire a terni l'image du jeune prince héritier, véritable homme
fort du royaume rapidement désigné par des responsables turcs comme le
commanditaire du meurtre malgré les dénégations saoudiennes. (AFP, 1 mars 2021)
Relations
régionales / Regional Relations
A
Baghouz en Syrie, la vie reprend timidement
deux ans après la chute
de l'EI
Dalal Khaled passe ses journées à superviser la construction de sa
maison à Baghouz, espérant retourner rapidement dans son village aux
confins orientaux de la Syrie, où les forces kurdes avaient annoncé en
mars 2019 la chute du "califat" du groupe Etat islamique (EI).
Cette mère de sept enfants, dont l'aîné est âgé de treize ans, a perdu
son mari dans l'explosion d'une mine, quelques mois avant que ce hameau
situé à la frontière avec l'Irak soit repris aux jihadistes.
"J'aurais aimé que mon mari soit là (...) Nous aurions fini de
construire cette maison ensemble et redémarré notre vie" après une
décennie de guerre, regrette-t-elle, debout devant le chantier.
Réfugiée avec ses enfants dans une maison à moitié détruite dans le
village voisin de Soussa, la veuve de 40 ans est retournée il y a
plusieurs mois à Baghouz pour y trouver la maison familiale en ruine.
Elle a alors décidé de réaliser un vieux rêve de son mari: finir de
construire à Baghouz une autre maison, dont les fondations avaient été
posées avant sa mort.
Depuis, Mme Khaled fait chaque jour l'aller-retour entre les deux
villages pour superviser les travaux.
"Notre situation (financière) est mauvaise. Les gens ont collecté de
l'argent pour que je puisse bâtir la maison et y loger mes enfants
orphelins", confie la mère de famille, vêtue d'une abaya noire et
coiffée d'un voile.
Elle discute avec les ouvriers, vérifie l'avancement des travaux
et parcourt les ruelles étroites qui portent encore les traces des
combats.
"Quand je me promène dans cette rue, j'explose en larmes (...) Cette
guerre nous a fait tout perdre."
Nostalgique d'une époque révolue, Dalal affirme vouloir retourner coûte
que coûte dans le village, malgré l'absence de services de base et le
danger posé par les mines et les munitions abandonnées par les
jihadistes.
- Champs verdoyants -
Situé sur les rives de l'Euphrate, Baghouz avait attiré l'attention du
monde entier il y a deux ans.
Fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, les Forces démocratiques
syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et soutenues par les
Etats-Unis, y livraient alors leur ultime bataille contre les
jihadistes.
L'offensive meurtrière, qui avait duré plusieurs mois et déplacé des
milliers de personnes, y compris des jihadistes et leurs familles,
avait été couronnée le 23 mars 2019 par la défaite de l'EI, signifiant
la fin du "califat" autoproclamé en 2014 sur un vaste territoire à
cheval entre la Syrie et l'Irak.
Maisons détruites ou endommagées, grenadiers asséchés... L'ex-ultime
fief jihadiste n'était plus que ruines.
Deux ans plus tard, le village a repris quelques couleurs, avec des
champs verdoyants et des maisons reconstruites, même si plusieurs
bâtisses sont toujours vides et que des restes de tentes --où s'étaient
terrés les derniers irréductibles de l'EI-- et de voitures calcinées
jonchent toujours les rues.
- "Une seule boulangerie" -
Dans une ruelle ayant servi en 2019 de porte d'évacuation pour les
jihadistes et leurs familles, des enfants courent après la sortie de
l'école.
Des dizaines de magasins ont rouvert leurs portes, mais l'activité
reste timide.
"Il n'y a qu'une seule boulangerie (...) J'attends depuis l'aube pour
avoir du pain", déplore Abou Nawras, 50 ans, qui a réparé il y a dix
mois sa maison près de l'ancien camp jihadiste.
Bien que la situation sécuritaire "soit meilleure qu'avant", les
infrastructures de base manquent cruellement, selon lui.
"Regardez autour de vous (...) Il n'y a ni électricité ni eau potable
(...) La situation sanitaire est mauvaise et il n'y a pas assez de
médicaments et pas d'hôpital", regrette Abou Khaled, un travailleur
journalier de 40 ans.
À l'entrée du village, les combattants des FDS contrôlent les passants,
par crainte d'une infiltration de membres de l'EI. Car malgré la chute
du "califat", le groupe jihadiste lance encore des attaques
meurtrières, visant les forces kurdes et des habitants qui leur sont
affiliés.
Mardi, les FDS ont affirmé être désormais "au stade le plus difficile
de (leur) lutte contre le terrorisme".
L'EI mobilise toujours quelque 10.000 combattants en Irak et en Syrie,
selon un récent rapport onusien, sans compter les 11.0000 jihadistes
détenus dans les prisons kurdes ou leurs femmes et enfants retenus dans
des camps. (AFP,
25 mars 2021)
Manifestation d'Ouïghours contre la visite
d'un ministre chinois
Plusieurs centaines d'Ouïghours ont manifesté jeudi à Istanbul et à
Ankara contre la visite le même jour en Turquie du chef de la
diplomatie chinoise, a constaté l'AFP.
Près d'un millier de personnes ont pris part au rassemblement à
Istanbul, brandissant des drapeaux indépendantistes ouïghours et
scandant "Que la Chine arrête le génocide" ou "Chine fasciste, ferme
les camps!"
A Ankara, où le rassemblement devant l'ambassade de Chine a été
interdit par les autorités, des dizaines de manifestants ont protesté
non loin de l'enceinte diplomatique.
Originaires de la région du Xinjiang, dans le Nord-Ouest de la Chine,
les Ouïghours sont une minorité musulmane et turcophone.
Plusieurs ONG et pays accusent la Chine de persécuter les Ouïghours,
notamment dans des camps d'internement où les membres de cette minorité
sont soumis, selon les témoignages de rescapés, à divers sévices.
Pékin rejette ces accusations et présente ces structures comme des
"centres de formation professionnelle".
Selon les estimations, environ 50.000 Ouïghours fuyant les persécutions
ont trouvé refuge en Turquie, pays qui a longtemps été l'un des
principaux défenseurs de leur cause face à la Chine.
Mais alors qu'Ankara cherche à préserver ses relations économiques avec
Pékin et est dépendant d'un vaccin chinois contre le nouveau
coronavirus, le président Recep Tayyip Erdogan, qui avait dénoncé en
2009 un "génocide" contre les Ouïghours, a mis ses critiques en
sourdine.
C'est dans ce contexte que le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a
été reçu jeudi à Ankara par son homologue turc Mevlüt Cavusoglu et plus
tard par M. Erdogan.
Dans une déclaration sur Twitter, le ministre turc des Affaires
étrangères a mis en avant "le potentiel économique" des relations entre
les deux pays et "la coopération en matière de lutte contre la pandémie
et de vaccins".
La situation des Ouïghours a aussi été évoquée, a ajouté le ministre
turc, tout en prenant soin d'éviter les termes qui pourraient fâcher.
"Nous avons communiqué notre sensibilité et nos vues à propos des Turcs
ouïghours", a-t-il écrit.
"Je ne suis pas content. Pourquoi la Turquie reçoit-elle le ministre
chinois des Affaires étrangères?", a pesté l'un des manifestants à
Istanbul, Abdullatif Ragip, 62 ans.
Les Chinois "font beaucoup de mal au Turkestan oriental", le nom donné
au Xinjiang par les activistes ouïghours, a-t-il dit à l'AFP.
Les Ouïghours exilés en Turquie craignent notamment qu'Ankara ratifie
un traité d'extradition signé en 2017 avec Pékin, soupçonnant la Chine
de conditionner la livraison de vaccins à la Turquie à cette mesure.
La Turquie a plusieurs fois répété qu'elle ne renverrait pas les
Ouïghours en Chine, mais plusieurs réfugiés et associations accusent
les autorités turques d'avoir discrètement expulsé des membres de cette
minorité.
"Nous avons peur pour l'avenir. Que va-t-il arriver à nos enfants?",
s'est inquiétée une manifestante, Rahile Seker.
"Nous voulons que la Turquie demande au ministre chinois ce qu'il se
passe (dans les camps)", a ajouté un autre manifestant, Feyzullah
Kaymak. "Nous voulons que la Turquie donne de la voix". (AFP, 25 mars 2021)
Des
espions turcs capturent un responsable d'un
groupe armé kurde en
Syrie
Des agents des services de renseignement turcs ont arrêté et ramené en
Turquie un haut responsable de la milice kurde syrienne des Unités de
protection du peuple (YPG), soutenue par des pays occidentaux, ont
rapporté lundi des médias.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, Ibrahim Babat, présenté
comme un chef de brigade des YPG, a été arrêté par des agents du MIT
(renseignements turcs) alors qu'il était au volant de sa voiture dans
un lieu non précisé en Syrie.
Il a été ensuite emmené en Turquie où il a été interrogé, a indiqué
Anadolu, selon qui le prisonnier a fourni des informations sur des
projets d'attaques contre des postes militaires d'Ankara à la frontière
turco-syrienne.
D'après les médias turcs, le haut responsable arrêté est né à Qamichli,
dans le nord-est de la Syrie. Sa nationalité n'a pas été précisée par
les autorités turques.
Les YPG sont considérées par Ankara comme l'extension syrienne du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme
"terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Mais cette milice kurde a aussi été en première ligne dans la lutte
armée contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie, avec l'appui de la
coalition internationale anti-jihadistes.
Afin d'enrayer l'expansion territoriale des YPG dans le nord de la
Syrie, Ankara y a mené depuis 2016 trois offensives militaires visant à
la fois l'EI et les combattants kurdes.
Par le biais des rebelles syriens qu'elle appuie, la Turquie a ainsi
pris le contrôle d'un territoire de plus de 2.000 km2 dans le nord de
la Syrie, notamment la région d'Afrine, l'un des trois cantons de la
région "fédérale" kurde autoproclamée en 2016.
Les opérations militaires d'Ankara contre les YPG ont tendu les
rapports entre la Turquie et certains pays occidentaux, notamment les
Etats-Unis et la France. (AFP, 15 mars 2021)
La
Turquie riposte à une attaque dans des zones
sous son contrôle en
Syrie
La Turquie a riposté à des tirs de missiles ciblant des zones sous son
contrôle dans le nord de la Syrie et provenant d'un aéroport sous le
contrôle du régime syrien, a annoncé dimanche soir le ministère turc de
la Défense sur Twitter.
"Des missiles tirées depuis l'aéroport de Kuweires à Alep, sous le
contrôle du régime, ont visé des localités civiles, ainsi que des
parkings de tankers de fioul dans les districts de Jarablous et
d'Al-Bab en Syrie. Des civils ont été blessés", a affirmé le ministère.
Ankara a aussi déclaré avoir riposté à cette attaque en "tirant sur des
cibles désignées", sans donner plus de précisions.
Le ministère a partagé une courte vidéo montrant des tankers de fioul
en feu sur Twitter.
Les autorités turques ont contacté la Russie pour demander l'arrêt des
"tirs visant la région du Bouclier de l'Euphrate et des civils", a
ajouté le ministère.
La Turquie a lancé une opération baptisée "Bouclier de l'Euphrate" en
2016, prenant le contrôle d'un territoire de plus de 2.000 km2 dans le
nord de la Syrie.
Elle a visé le groupe Etat islamique et les Unités de protection du
peuple kurde (YPG), alliées de Washington dans la lutte antijihadiste
et qu'Ankara considère comme une extension syrienne du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla sur le sol turc.
L'opération a permis aux rebelles syriens appuyés par la Turquie de
contrôler plusieurs villes dont Jarablous et Al-Bab.
Début mars, des tirs de missiles sur des raffineries de pétrole près de
Jarablous avaient fait quatre morts et 24 blessés.
Les installations pétrolières dans les parties de la province d'Alep
contrôlées par la Turquie ont fait l'objet d'attaques répétées ces
derniers mois, bien que Moscou et le gouvernement syrien ne les aient
pas revendiqué.
(AFP,
14
mars 2021)
La
Turquie espère "renforcer" ses contacts
diplomatiques avec l'Egypte
La Turquie a multiplié vendredi les gestes d'ouverture en direction de
l'Egypte, appelant à "renforcer" les contacts pour mettre fin à près
d'une décennie de crise, au moment où Ankara cherche à rompre son
isolement régional.
Ankara mène depuis plusieurs semaines une offensive de charme pour
réparer ses relations avec Le Caire, qui se sont fortement dégradées
depuis la destitution en 2013 du premier président démocratiquement élu
d'Egypte, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la
Turquie.
Ces efforts s'inscrivent dans un contexte où Ankara cherche à sortir de
son isolement diplomatique en Méditerranée orientale, où la découverte
d'importants gisements de gaz naturel ces dernières années a donné lieu
à un partage entre les pays riverains dont la Turquie se sent exclue.
Cité par l'agence de presse étatique Anadolu, le chef de la diplomatie
turque Mevlüt Cavusoglu a affirmé vendredi que des "contacts au niveau
diplomatique ont débuté avec l'Egypte (...) sans précondition" de part
et d'autre.
Ces
contacts ont lieu "juste un cran au-dessous du plus haut niveau", a
indiqué plus tard le président Recep Tayyip Erdogan.
"Bien sûr, nous voudrions poursuivre ce processus en le renforçant. Une
fois que les contacts sécuritaires, diplomatiques et politiques auront
produit des résultats, nous pourrons porter cela à un niveau plus
élevé", a-t-il ajouté.
- "Petit à petit" -
Mais une réconciliation entre ces deux poids lourds du monde
musulman
ne semble pas évidente, tant les échanges ont été acrimonieux ces
dernières années.
M. Erdogan a plusieurs fois qualifié l'actuel dirigeant égyptien Abdel
Fattah al-Sissi de "putschiste", même s'il a mis ses critiques en
sourdine ces derniers mois.
De ce fait, la reprise des relations entre les deux pays se fait "petit
à petit" et suivant une "feuille de route", a indiqué vendredi M.
Cavusoglu.
"Lorsque les relations ont été interrompues pendant des années, ce
n'est pas facile d'agir comme si rien ne s'était passé", a-t-il
souligné.
La Turquie fait depuis plusieurs semaines les yeux doux à l'Egypte, qui
est jusqu'à présent restée impassible.
Un responsable égyptien cité par des médias de son pays a même nié
vendredi toute "reprise" du dialogue diplomatique, soulignant que des
contacts existaient déjà avec la présence de chargés d'affaires dans
les deux capitales.
"Porter les relations entre l'Egypte et la Turquie à un niveau plus
élevé exige de prendre en compte le cadre diplomatique et légal qui
détermine les relations entre les nations, sur la base du respect du
principe de souveraineté", a ajouté ce responsable, sous couvert
d'anonymat.
Dans le cadre de l'offensive de charme d'Ankara, le chef de la
diplomatie turque s'était dit début mars "prêt" à négocier un accord de
délimitation maritime avec l'Egypte en Méditerranée orientale, après
que le Caire eut conclu un tel accord avec Athènes, au grand dam
d'Ankara.
Chypre, la Grèce, l'Egypte, Israël, la Jordanie, l'Italie et les
Territoires palestiniens ont créé en 2019 le "Forum du gaz de la
Méditerranée orientale", sans inclure la Turquie.
Se sentant mis au ban, Ankara a multiplié les forages d'exploration
unilatéraux depuis l'an dernier, s'attirant les foudres des pays
riverains.
- Main tendue à Ryad -
Au-delà de l'Egypte, Ankara s'efforce d'apaiser ses relations
avec ses
autres voisins en Méditerranée orientale, comme la Grèce et Israël, et
avec les puissantes monarchies du Golfe, Arabie saoudite et Emirats
arabes unis en tête.
"Il n'y a pas de raison pour que nos relations avec l'Arabie saoudite
ne s'améliorent pas", a ainsi déclaré vendredi M. Cavusoglu. "S'ils
adoptent une attitude positive, nous le ferons aussi. La même chose est
valable pour les Emirats".
Les relations entre Ankara et ces deux pays ont été empoisonnées ces
dernières années par le soutien de la Turquie au Qatar, rival de
l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, et par l'assassinat de
l'éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à
Istanbul en 2018.
Des responsables turcs ont accusé le prince héritier saoudien Mohammed
ben Salmane, homme fort du royaume, d'avoir donné l'ordre de ce meurtre.
Ces rivalités s'expriment aussi dans le conflit en Libye, où la Turquie
soutient le gouvernement de Tripoli, tandis que l'Egypte, les Emirats
arabes unis et l'Arabie saoudite appuient un pouvoir dissident basé
dans l'est du pays. (AFP, 12 mars 2021)
Erdogan et Poutine
marquent l'avancement d'un projet de centrale russe
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir
Poutine ont célébré mercredi une étape importante dans la construction
d'une centrale nucléaire russe en Turquie, s'engageant à renforcer leur
coopération qui déplaît à Washington.
Lors d'une cérémonie en visioconférence, les deux dirigeants ont
officiellement lancé le chantier du troisième des quatre réacteurs de
la centrale d'Akkuyu, dans le sud de la Turquie.
Cette centrale, construite par le géant nucléaire russe Rosatom, doit
commencer à fonctionner en 2023, année du centenaire de la République
turque.
"Ce gigantesque projet est l'un des symboles de la coopération
russo-turque", a déclaré M. Erdogan. "Nous partageons avec M. Poutine
la même volonté d'approfondir cette coopération", a-t-il ajouté.
M. Poutine a dit vouloir que ce projet "contribue à promouvoir le
partenariat turco-russe sous toutes ses facettes et renforce l'amitié
ainsi que la compréhension mutuelle entre les peuples de nos pays".
Malgré des divergences sur les conflits en Libye et en Syrie, où ils
soutiennent des camps opposés, Moscou et Ankara se sont
considérablement rapprochés ces dernières années, au point d'irriter
les alliés occidentaux de la Turquie, membre de l'Otan.
Ainsi, l'achat par la Turquie de missiles russes, les S-400, a provoqué
une crise avec les Etats-Unis qui dure encore.
La construction de la centrale d'Akkuyu, dont le coût est évalué à
quelque 20 milliards de dollars, est devenue un des symboles du
réchauffement de ces relations.
Les deux présidents avaient d'ailleurs lancé sa construction en 2018
lors d'une cérémonie en grande pompe, tournant la page d'une grave
crise diplomatique entre Ankara et Moscou provoquée par la destruction
d'un avion russe par l'armée turque.
D'après M. Erdogan, cette centrale doit permettre à terme de répondre à
10% de la demande en électricité de la Turquie, un pays fortement
dépendant de l'importation d'hydrocarbures pour satisfaire un appétit
énergétique croissant.
Les deux pays sont également engagés dans le chantier du gazoduc
TurkStream qui permettra à la Russie de contourner l'Ukraine, via la
mer Noire et la Turquie, pour exporter son gaz vers l'Europe. (AFP, 10 mars 2021)
L'Albanie
choisit le constructeur d'un aéroport
controversé sur la côte
Le gouvernement albanais a accordé vendredi
à un consortium turco-suisse la construction d'un aéroport sur la côte
Adriatique, un projet estimé à plus de 100 millions d'euros dénoncé par
des ONG de défense de l'environnement.
Ce deuxième aéroport international, outre celui de Rinas, près de la
capitale Tirana, doit être construit près de la ville touristique de
Vlora (sud-ouest), sur la côte Adriatique, dans une zone protégée.
"Les aéroports créent des emplois et le développement", a déclaré le
Premier ministre albanais Edi Rama, en annonçant le choix du
constructeur, qui va aussi gérer l'aéroport pendant 35 ans.
Il s'agit du consortium Mabco Construction, formé par notamment Mabetex
company, une société suisse dirigée par l'homme d'affaires et politique
kosovar Behgjet Pacolli, et le groupe turc YDA.
Les autorités espèrent les retombées économiques du développement
touristique de la côte Adriatique, une région très appréciée des
visiteurs pour sa beauté.
L'aéroport pourra accueillir jusqu'à deux millions de passagers par an.
Mais il doit être construit dans la zone protégée de Vjosë-Nartë qui
s'étend sur plus de 19.000 hectares. Des ONG de défense de
l'environnement ont demandé au gouvernement de renoncer à construire à
cet emplacement.
Une trentaine d'organisations albanaises et internationales ont affirmé
dans une lettre ouverte diffusée début février que le projet
"endommagerait d'une manière irréversible un écosystème" abritant en
particulier des oiseaux "en danger critique d'extinction".
La lagune Nartë et ses étendues marécageuses d'eau salée représentent
un écosystème de zones humides parmi les plus importantes de la région
méditerranéenne, selon les experts.
Elle abrite plus de 200 espèces d'oiseaux, dont 33 figurant sur la
liste rouge des espèces de la flore et de la faune albanaises en danger.
Le tourisme représente environ 12% du produit national brut d'Albanie,
mais le secteur a été gravement touché en 2020 par l'épidémie du
coronavirus. (AFP, 5 mars 2021)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
"Pas
de terrain d'entente" avec la République de
Chypre
Il n'y a pas de "terrain d'entente" avec la République de Chypre, a
affirmé mercredi le "ministre" des Affaires étrangères de
l'autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN), Tahsin
Ertugruloglu, à un mois de discussions sous l'égide de l'ONU.
Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée
turque en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la
Grèce. La RTCN, reconnue uniquement par Ankara, est séparée par une
zone tampon du sud de l'île méditerranéenne, où la République de
Chypre, membre de l'Union européenne, exerce son autorité.
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a convoqué pour fin avril une
"rencontre informelle" à Genève "afin de déterminer s'il existe un
terrain d'entente pour que les parties négocient une solution durable",
en présence de la Turquie, de la Grèce et du Royaume-Uni, "garants" de
l'indépendance de l'île depuis 1960.
"Il n'y a pas de terrain d'entente et il n'y en aura pas tant que nous
serons traités de manière inégale (...). C'est à dire comme un Etat
d'un côté (la République de Chypre, NDLR) et une communauté (les
Chypriotes-turcs, NDLR) de l'autre", a rétorqué M. Ertugruloglu lors
d'un entretien avec l'AFP.
"Je ne vois aucune raison pour que les Chypriotes-grecs acceptent nos
demandes, c'est-à-dire la présence sur l'île de deux Etats séparés, de
deux peuples avec une souveraineté égale", a-t-il ajouté, assurant que
la partie chypriote-turque n'accepterait "pas moins que cela".
Menées sous l'égide de l'ONU, les dernières négociations officielles de
réunification ont échoué en 2017.
Selon le diplomate chypriote-turque, la solution sous la forme d'un
Etat fédéral, base des négociations "depuis 52 ans", doit être
abandonnée au profit de l'établissement de deux Etats, une stratégie
défendue par le nouveau "président" chypriote-turc, le nationaliste
Ersin Tatar, proche de la Turquie, dont la RTCN dépend en grande partie
économiquement.
En janvier, le président chypriote Nicos Anastasiades avait déclaré
lors d'un entretien avec le chef de la diplomatie européenne Josep
Borrell que l'UE devrait être présente à Genève.
L'UE n'a "pas sa place autour de la table" des discussions, a rétorqué
mercredi M. Ertugruloglu. (AFP, 24 mars 2021)
L'"agression" turque reste un problème, selon le
Premier ministre grec
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a déclaré mercredi que
l'"agression" turque restait un problème, à la veille d'un sommet
durant lequel les dirigeants de l'UE discuteront des relations avec
Ankara.
"L'agression turque contre la République de Chypre persiste, minant le
processus (d'intégration) européen d'Ankara et, sur le fond, la relance
des discussions sur le problème de Chypre", a estimé M. Mistotakis
après une rencontre avec le président chypriote Nicos Anastasiades à
Athènes.
Lors du sommet qui commencera jeudi, les dirigeants des 27 Etats
membres de l'UE doivent, entre autres sujets, discuter de leurs
relations avec Ankara.
L'Union a vu un signe encourageant dans la reprise des pourparlers par
la Turquie avec la Grèce au sujet de leur différend sur leurs
frontières maritimes, et dans le projet de reprendre les pourparlers de
paix sous l'égide de l'ONU concernant la division de Chypre.
Chypre est divisée en deux depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par
l'armée turque en réaction à un coup d'Etat qui visait à rattacher
l'île à la Grèce. Ce petit territoire, baptisé "République turque de
Chypre du Nord" (RTCN), est reconnu uniquement par Ankara, tandis que
la République de Chypre, au sud, fait partie de l'UE.
Mais les dirigeants de l'UE ont appelé la semaine dernière le président
turc Recep Tayyip Erdogan à maintenir une "désescalade prolongée" avec
la Grèce.
Deux rounds de pourparlers entre experts grecs et turcs ont eu lieu ces
dernières semaines, après un pic de tensions concernant la Méditerranée
orientale.
Faisant fi des mises en garde de l'Europe, la Turquie a organisé ces
derniers mois plusieurs missions d'exploration gazière en Méditerranée
orientale dans des eaux qu'Athènes estime relever de sa souveraineté,
provoquant une crise diplomatique entre les deux pays.
Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a été invité à
se rendre à Ankara le mois prochain.
Mais M. Dendias a prévenu la semaine dernière que sa visite se ferait
"dans des conditions convenables", exhortant la Turquie à "éviter les
déclarations qui n'aident pas à établir un climat de bonnes relations".
(AFP,
24
mars 2021)
La
Grèce fête le bicentenaire de son
Indépendance
Défilé en costumes traditionnels et vol de Rafale dans le ciel
d'Athènes, la Grèce fête jeudi le bicentenaire de son indépendance de
l'empire ottoman, acquise au terme d'un soulèvement populaire qui
débuta le 25 mars 1821, année-clé de l'Etat moderne, selon des experts.
Le gouvernement grec avait imaginé des célébrations plus festives, en
présence de nombreux dignitaires étrangers. Mais la pandémie de
coronavirus en a décidé autrement.
Certains des pays qui ont aidé la Grèce dans sa révolution de près
d'une décennie contre l'empire ottoman seront cependant représentés. La
présence du Premier ministre russe Mikhail Mishustin et du prince
britannique Charles, ainsi que de son épouse Camilla, a été confirmée.
Mais le président français Emmanuel Macron ne sera finalement pas de la
fête, en raison de la situation sanitaire en France.
C'est une flotte conjointe britannique, française et russe qui remporta
une victoire écrasante contre les Ottomans en 1827 lors de la bataille
de Navarin, tournant décisif de la guerre d'Indépendance.
A l'occasion du bicentenaire, Paris a prêté à Athènes une tapisserie du
XVIIIe siècle représentant "l'Ecole d'Athènes" de Raphaël, qui sera
exposée pour la première fois en Grèce, un hommage de la France au
"berceau de la démocratie", selon le service du Mobilier national, qui
gère l'opération.
Et des Rafale français voleront sur la capitale grecque avec des jets
américains F-16 le 25 mars, date traditionnellement associée au début
de la révolution grecque.
Sur la place de la Constitution, jeudi au pied du parlement grec, les
troupes en costumes traditionnels du conflit de 1821 défileront sous
les yeux de la présidente de la République hellénique Katerina
Sakellaropoulou et du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
A travers expositions et monuments, les autorités grecques ont voulu
rendre un hommage particulier aux Philhellènes, ces nombreux
combattants étrangers qui, avec les livres de Platon ou de Pausanias
sous le bras, se sont précipités en Grèce pour se battre.
- "Un devoir" pour l'Europe -
La guerre d'indépendance grecque "a touché une corde sensible en Europe
occidentale, non seulement en raison de l'invocation de la gloire (de
l'Antiquité grecque) mais aussi en raison du message universel de
liberté", a déclaré à l'AFP Konstantina Zanou, spécialiste de la
Méditerranée à la Columbia University.
"Aider les Grecs était perçu comme un +devoir+ de l'Europe, la seule
façon d'honorer la Grèce pour sa contribution à la naissance de la
civilisation occidentale", relève-t-elle.
L'intérêt pour la Grèce classique occupait au XIXe une "place centrale"
au sein de l'élite européenne, ajoute-t-elle.
"Nos lois, notre littérature, notre religion, nos arts ont leur racines
dans la Grèce," écrivait Bercy Byssus Shelley, dans sa tragédie
"Hellas" (1821).
Parmi les combattants étrangers, le poète britannique Lord Byron, icône
du romantisme européen, mort lors du siège en 1824 de Messologui, ville
symbole de la révolution.
"Les montagnes observent Marathon. Et Marathon domine les mers (...)
j'ai rêvé que la Grèce puisse encore être libre", écrivait Lord Byron
dans son chant Don Juan (1819).
Le message de l'"héroïsme" hellène prévalait aussi dans les articles
des journaux européens en dépit des atrocités grecques, et inspira les
oeuvres célèbres du Français Eugène Delacroix ou de l'Allemand Peter
Von Hess.
- "Nouvelles frontières de l'Europe" -
Après la bataille de Navarin, les Ottomans refusèrent temporairement de
se rendre, mais une nouvelle victoire russe en 1829 permit l'ouverture
de négociations, qui culminèrent avec le protocole de Londres qui signa
l'indépendance de la Grèce.
"En établissant un Etat chrétien (...) les grandes puissances ont
défini les Balkans comme les nouvelles frontières de l'Europe", a
expliqué à l'AFP Yanni Kotsonis, professeur d'histoire au Jordan Center
de l'Université de New York.
L'Etat grec souverain était "une innovation" après l'ordre laissé par
les guerres napoléoniennes en Europe, rappelle Ada Dialla, professeure
d'histoire européenne et russe à l'Ecole des Beaux Arts d'Athènes.
"Pour la première fois, les grandes puissances ont clairement lié, même
à contrecoeur, une population donnée à un Etat souverain", a-t-elle
précisé à l'AFP.
"En ce sens, la révolution grecque a servi à définir ou à redéfinir les
confins de l'Europe". (AFP, 20 mars 2021)
La
Grèce exhorte la Turquie à reprendre un millier
de migrants déboutés
du droit d'asile
Le ministre grec des Migrations appelle la Turquie à reprendre 1.450
migrants déboutés du droit d'asile, y voyant "une belle occasion" pour
Ankara de démontrer sa volonté de coopérer avec l'UE et de faire
respecter" l'accord controversé qu'elle a signé il y a cinq ans pour
réduire l'afflux de migrants vers l'Europe.
Dans un entretien mardi soir à l'AFP, Notis Mitarachi, le ministre en
charge des questions migratoires et de l'asile, a insisté sur
l'importance d'une "application convenable" de la déclaration conjointe
du 18 mars 2016, aux termes de laquelle "la Turquie a assumé certaines
responsabilités", de même que l'Union européenne (UE).
Cette déclaration, dont Ankara réclame la révision, prévoit le renvoi
des îles grecques vers la Turquie des migrants irréguliers. En échange,
l'UE s'est engagée à verser 6 milliards d'euros pour aider la Turquie
dans l'accueil des réfugiés, dont 4,1 milliards ont été versés, selon
la Commission européenne.
A la mi-janvier, Athènes avait demandé l'aide de la commission
européenne pour le "retour immédiat" de ces 1.450 migrants qui vivent
sur les îles de la mer Egée.
"Les deux parties doivent remplir leurs obligations", a exhorté M.
Mitarachi, "ce n'est pas un problème bilatéral, c'est un problème qui
engage la famille européenne tout entière et la Turquie".
"Il est clair que les Etats en première ligne portent le plus grand
poids de la crise migratoire européenne", a dénoncé le ministre du
gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis. Ces pays doivent à la
fois "protéger (leurs) frontières", "mener les procédures d'asile",
"procéder aux retours et intégrer ceux qui ont droit à la protection
internationale. Clairement, nous ne pouvons pas faire tout cela",
a-t-il dit, désemparé.
"Ni l'Italie, ni l'Espagne, ni Malte, ni Chypre, ni la Grèce" ne le
peuvent, a insisté M. Mitarachi, qui a invité des ministres de ces cinq
pays du pourtour méditerranéen à participer à une réunion ce week-end à
Athènes pour appeler "à la solidarité avec les pays en première ligne".
"Les relocalisations de ceux qui ne sont pas éligibles à la protection
internationale et les retours en toute sécurité de ceux qui n'ont pas
droit à l'asile doivent devenir une compétence européenne", a encore
plaidé le ministre, exhortant à "partager le fardeau".
"Nous ne pouvons pas avoir à nouveau un million d'arrivées en Europe
comme en 2015", s'est-il exclamé, jugeant "déterminant" de renforcer
"les relations avec les pays d'origine et les pays de transit".
- "Nous avons empêché des bateaux de rentrer" -
Interrogé sur les refoulements illégaux de migrants, dont la Grèce est
accusée, le ministre a réaffirmé qu'Athènes est resté "dans le cadre du
droit" international en "protégeant les frontières terrestres et
maritimes" grecques.
"Nous n'avons pas ramené de bateaux (en Turquie, ndlr), nous avons
empêché des bateaux de rentrer sur le territoire européen et grec. Mais
c'est quelque chose qui est autorisé par les régulations" européennes,
a déclaré M. Mitarachi.
"On peut attirer l'attention des garde-côtes turcs quand des bateaux
arrivent" à la frontière "pour s'assurer que les autorités turques, en
accord avec la déclaration conjointe de 2016, arrêtent et portent
secours à ces personnes à l'intérieur du territoire turc", a-t-il
souligné.
"C'est notre responsabilité souveraine de protéger l'intégrité des
frontières de l'UE". Nous le faisons dans le cadre du droit".
La Grèce et l'Agence de surveillance des frontières européennes,
Frontex, sont montrées du doigt depuis la publication en octobre 2020
d'une enquête de plusieurs médias les accusant d'être impliquées dans
des incidents de refoulement de bateaux de migrants à la frontière
entre la Grèce et la Turquie.
Selon le ministre grec, "ni les investigations grecques ni celles de
Frontex n'ont révélé une quelconque violation du droit international".
La Grèce, qui se félicite d'une "décongestion grandissante" de ses
camps de migrants, compte ouvrir en 2021 de nouvelles infrastructures
sur les cinq îles égéennes proches de la Turquie.
M. Mitarachi a assuré que les demandeurs d'asile "seraient vaccinés"
contre le coronavirus "au printemps et à l'été". La pandémie a fait
deux morts parmi les 58.000 migrants vivant dans les camps en Grèce,
selon le ministre.
(AFP,
17
mars 2021)
En
Grèce, un musée célébrant les héros étrangers
pour le bicentenaire
de l'indépendance
Un musée honorant des centaines d'anciens combattants étrangers qui ont
participé à la guerre d'indépendance de la Grèce ouvrira à Athènes dans
le cadre du 200e anniversaire de la révolution de 1821, célébré le 25
mars dans la capitale grecque.
Parmi ces héros, Lord Byron, le poète romantique anglais mort en 1824
en combattant pour la libération de la Grèce de l'Empire ottoman.
"Le mouvement philhellénique a séduit toutes les classes sociales,
c'était un mouvement vertical et horizontal sans précédent", déclare à
l'AFP Constantinos Velentzas, fondateur du musée et collectionneur
privé.
Dans le musée, il y aura un "tour virtuel en 3D" pour "s'adresser à un
large public qui n'est pas seulement basé en Grèce", ajoute cet
entrepreneur informatique basé au Luxembourg.
"Nous voulons que les gens comprennent comment c'était en Grèce pendant
cette période", explique-t-il.
Des centaines de peintures, lettres, livres, armes et pamphlets, datant
de la Révolution grecque, seront exposés au musée philhellénique
d'Athènes à partir d'avril mais peuvent être vus en ligne dès ce
mois-ci.
Parmi les articles rares exposés, une lettre du marquis de Lafayette,
héros français de la guerre d'indépendance américaine, des esquisses du
drapeau révolutionnaire grec ou encore le registre d'un navire de
guerre qui participa à la bataille-clé de Navarino.
M. Velentzas, qui a quitté la Grèce à l'âge de 15 ans, raconte qu'il
lui a fallu une décennie pour rassembler la collection, aidé d'une
"équipe qui suivait les enchères à travers l'Europe et les Etats-Unis".
"Ce n'est pas un hobby, c'est une mission", précise-t-il.
Personnage-clé du mouvement romantique, Lord Byron figurait parmi les
centaines d'Européens et d'Américains qui avaient rejoint le combat
pour l'indépendance grecque, inspirés par les idéaux grecs.
D'anciens rivaux des guerres napoléoniennes s'étaient retrouvés à se
battre côte à côte pour défendre la Grèce.
- Célébrations du bicentenaire
Parmi les Philhellènes célébrés dans le futur musée figurent aussi Karl
Rudolf Brommy, qui a ensuite participé à établir la première flotte
unifiée d'Allemagne, ou encore Frank Hastings, un officier de la marine
anglaise qui lança et dirigea le premier navire de guerre grec à vapeur
"Karteria".
Débutée en mars 1821, la Révolution grecque avait failli être perdue en
1824 à cause d'une invasion de l'Egypte, alors un Etat vassal du sultan
ottoman. Mais la guerre avait finalement été gagnée grâce à
l'intervention militaire de l'Angleterre, de la France et de la Russie,
qui avaient vaincu les Ottomans et les Egyptiens lors de la bataille
navale décisive de Navarino en 1827. La Grèce est devenue indépendante
de l'Empire ottoman en 1830.
La société à but non lucratif derrière le musée prévoit aussi un
monument portant les noms de 1.500 volontaires étrangers ayant combattu
pour la Grèce.
Parmi les personnalités invitées invités pour la parade du bicentenaire
de l'indépendance grecque, le 25 mars à Athènes, figurent le président
français Emmanuel Macron, le prince britannique Charles et le Premier
ministre russe Mikhail Mishustin.
Mais la visite de ces dirigeants ne sera possible que "si l'évolution
de la pandémie le permet", a déclaré la porte-parole du gouvernement
Aristotelia Peloni.
A l'occasion du bicentenaire, la Grèce frappera 1,5 million de pièces
de 2 euros commémoratives à l'effigie du drapeau grec. Elle a aussi
produit plus d'une dizaine de pièces en édition limitée, dont des
reproductions de la monnaie de 1828 et 1832.
Si nombre d'événements ont été annulés pour cause de pandémie, deux
grands musées athéniens marqueront l'événement. La Galerie nationale
rouvrira le 24 mars, après huit années de rénovation. Et le musée
Benaki a inauguré en ligne une exposition d'une durée de huit mois
comprenant plus de 1.200 objets et peintures sur l'histoire grecque de
1770 à 1870.
(AFP,
13
mars 2021)
Immigration
/ Migration
La
Turquie, refuge de moins en moins sûr pour les
Ouïghours
Après avoir croupi pendant 20 ans dans une prison chinoise, Abdullah
Abdulrahman a trouvé refuge en Turquie, longtemps un havre pour des
dizaines de milliers d'Ouïghours, une minorité musulmane persécutée en
Chine.
Mais alors qu'Ankara est dépendant des investissements de Pékin et du
vaccin chinois contre le nouveau coronavirus, ce réfugié âgé de 46 ans
redoute d'être renvoyé en Chine, pays accusé d'avoir interné plus d'un
million d'Ouïghours.
"Nous ne sommes plus en sécurité ici", regrette M. Abdulrahman, qui
participe depuis deux mois à des manifestations quotidiennes devant le
consulat chinois à Istanbul.
"Si la Turquie me renvoie (en Chine), les Chinois ne me laisseront pas
en vie", ajoute-t-il. "Nous avons peur d'être expulsés".
Ces craintes ont été renforcées depuis la ratification en décembre par
le Parlement chinois d'un accord d'extradition avec la Turquie datant
de 2017.
Les députés turcs ne se sont pas exprimés sur ce texte, mais les
Ouïghours vivant à Istanbul dénoncent un climat de plus en plus hostile
qui a poussé plusieurs milliers d'entre eux à plier bagage pour aller
en Occident.
- "Tous nos espoirs" -
Emprisonné en Chine dans les années 1990 pour avoir pris part à
des
manifestations contre le régime, M. Abdurrahman a rejoint la Turquie en
2014.
A Istanbul, il a trouvé paix et sécurité au sein de la diaspora
ouïghoure, qui partage avec la population turque des racines
culturelles et linguistiques.
Mais le répit a été de courte durée: depuis 2018, sa vie est de nouveau
plongée dans l'incertitude.
Arrêté par des policiers turcs le soupçonnant d'"activités
terroristes", ce dont l'accusent les autorités chinoises, il a été
enfermé pendant un an dans un centre de rétention pour migrants dans
l'ouest de la Turquie.
Malgré son acquittement par un tribunal turc, M. Abdurrahman s'est vu
refuser le renouvellement de son permis de résidence, indispensable
pour se faire soigner, utiliser les transports en commun ou ouvrir un
compte en banque.
"Beaucoup se retrouvent sans papiers comme moi, à cause des pressions
de la Chine", dit-il.
"Nous avons fui la Chine et placé nos espoirs dans la Turquie. Si la
Turquie nous expulse, personne ne nous protégera, sauf Allah",
ajoute-t-il.
- Vaccins contre influence -
Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a bien tenté de
rassurer les réfugiés en affirmant qu'une ratification du traité
d'extradition par Ankara ne signifierait pas "que la Turquie va
renvoyer les Ouïghours en Chine".
Mais Ankara est déjà accusé d'expulser des Ouïghours de façon
détournée, en les envoyant vers des pays tiers, comme le Tadjikistan,
d'où ils sont ensuite emmenés en Chine.
Le président Recep Tayyip Erdogan, qui était autrefois l'un des seuls
dirigeants à dénoncer le traitement des musulmans par Pékin, allant
jusqu'à l'accuser en 2009 de "génocide", est aujourd'hui muet sur cette
question.
Son silence contraste avec l'indignation publiquement exprimée par des
pays occidentaux, alors que la situation des Ouïghours est de plus en
plus documentée.
Après l'avoir initialement niée, la Chine a fini par admettre
l'existence des camps au Xinjiang, les présentant comme des "centres de
formation professionnelle".
Pour Seyit Tumturk, militant indépendantiste ouïghour, la Chine utilise
le levier des vaccins contre le coronavirus --le seul disponible en
Turquie à ce jour-- et l'érosion des relations entre Ankara et
l'Occident pour "élargir son influence".
- Exode -
Selon lui, quelque 3.000 Ouïghours ont quitté la Turquie depuis
2019, redoutant une dégradation de leur situation dans ce pays.
Obul Tevekkul, un agent immobilier dans le district stambouliote de
Sefakoy, où vivent de nombreux Ouïghours, a l'impression que sa
communauté est devenue un "instrument politique".
Il se dit "déçu par ces accords commerciaux et politiques (sur le
vaccin et l'extradition) avec la Chine".
Malgré tout, Semsinur Gafur, âgée de 48 ans, espère encore que M.
Erdogan endossera le rôle de défenseur des musulmans opprimés qu'il
affecte tant.
Les larmes aux yeux, elle évoque le coup d'éclat du président turc qui,
en 2009, avait accusé Israël de "tuer des enfants palestiniens" lors du
forum de Davos. "One minute!" ("une minute"), s'était exclamé M.
Erdogan alors que le modérateur voulait le couper.
Mme Gafur éclate en sanglots. "Tout ce que nous voulons, c'est que le
président turc dise +One minute!+ à la Chine." (AFP, 11 mars 2021)
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