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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

46th Year / 46e Année
Janvier
 
2022 January
N° 521
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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ANT'IN KİTAPLARINI DİJİTAL OKUYABİLİRSİNİZ




Ant, Türkiye'de sol mücadelenin yükseliş dönemini 
haber, belge, röportaj, yorumlar ve çizgilerle yansıtan bir dergiydi.
Derginin ilk pdf'leri uzun sürecden beri TUSTAV'da bulunuyor:

http://www.tustav.org/sureli-yayinlar-arsivi/ant-dergisi/

Ant dergilerinin tamamına kısa bir süre sonra dijital olarak 
Amsterdam'daki Uluslararası Sosyal Tarih Enstitüsü (IISG)’nin 
web sayfasından ulaşmak mümkün olacak.

*
Ant 1968-1971 tarihleri arasında sosyal mücadeleler ve bilimsel araştırmalar konusunda olduğu gibi 
sosyalist hareketimize damga vurmuş şahsiyetlerin yaşam ve mücadelelerini 
yansıtan kitaplar yayınlamış bulunuyordu.
Bir süreden beri bu kitapları ekranda okunabilecek şekilde dijitalize etmeye başladık.
Bugüne de paylaştığımız kitapların her birini altta linki bulunan sayfada
kapaklarını tıklayarak pdf’leri üzerinde okuyabilirsiniz. 

50 YIL ÖNCE YAYINLANMIŞ ANT KİTAPLARI



 Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Droits de l'Homme / Human Rights


Le délit "d'insulte au président" ne restera pas impuni, promet Erdogan
3,118 violations of rights in Turkey's 20 prisons in the last 3 months of 2021
TİHV: 833 rights advocates subjected to legal harassment in four months
Le mécène Kavala maintenu en détention malgré la menace de sanctions
Report by Aysel Tuğluk Solidarity Group: 'Let her live'
HRW: Turkey’s human rights record set back by decades
2,102 people express solidarity with Boğaziçi University constituents
At least 59 ill prisoners lost their lives in Turkey in a year

1,941 arrested, convicted children in Turkey with their rights, needs disregarded
Lawyers from around the world announce support for Progressive Lawyers
Police use tear gas, rubber bullets on protesting stallholders in İstanbul
Ministry of Interior investigates İstanbul Municipality

Pression sur les médias / Pressure on the Media

The state of press freedom in Turkey: 18 journalists sentenced to prison in 3 months
Arrest of Kabaş, targeting of Aksu reveal 'politics of chaos knows no limits’
International Press Institute calls for journalist Sedef Kabaş's immediate release
Turkey ranks first in violations of freedom of expression, show annual ECtHR statistics

Une journaliste en détention provisoire pour "insulte au président"
 
Roman Gibi now is available in English
"Turkey is a prison for journalists"
Un journaliste kurde condamné à la perpétuité
Top court urges Parliament to eliminate structural problems within a year
47 journalists sentenced to 133 years in prison in Turkey in 2021
Journalist Ferhat Çelik detained in İstanbul

Kurdish Question / Question kurde

Syrie: les Kurdes reprennent une prison six jours après un assaut sanglant de l'EI
Combats près de la prison attaquée par l'EI en Syrie
Plus de 70 morts en trois jours de combats entre les forces kurdes et l'EI
Afrin Occupation: 1500 martyrs, 72 jets, 58 days of resistance…
Citizens express support for HDP MP Gergerlioğlu
Syrie: une "menace" sans précédent contre les humanitaires à Al-Hol
Sancar: HDP in talks with left-wing groups for 'democratic alliance'
A Ankara, trois étudiants kurdes attaqués par un groupe ultra-nationaliste turc
Militantes kurdes assassinées à Paris: manifestations neuf ans après
Campagne de signature pour la libération immédiate d'Aysel Tugluk
28 opposition deputies, including HDP Co-Chair Buldan, face losing immunity
Le Kurdistan d'Irak pleure ses morts après le naufrage dans la Manche
Investigation against HDP for statement on Armenian Genocide

Minorités / Minorities

Hürmüz and Şimuni Diril Case: Still no indictment after two years
L'écrivain turco-arménien Sevan Nisanyan expulsé de Grèce a rejoint la France
Hrant Dink commemorated on 15th anniversary of his murder
Turquie-Arménie: premiers pourparlers de normalisation "constructifs"
Hrant Dink’s dreams in his own voice: 'Memory too low for words'

La Grèce va expulser l'écrivain turco-arménien Nisanyan
Armenian intellectual Sevan Nisanyan detained in Greece
L'Arménie annonce la levée de son embargo sur les produits turcs

Politique intérieure/Interior Politics

"Le Malaise Turc" à Thessaloniki - Ragıp Duran
Erdogan limoge des responsables et s'en prend aux médias
La Turquie veut modifier son nom pour ne plus être confondue avec «dinde» en anglais
Le plus grand allié d’Erdogan: L’opposition Kémaliste - Ragıp Duran
Campaign for LGBTI+s' political participation: ‘Turkey is ready for this'
Deux décès politico-tragiques en Turquie
Le Docteur Erdogan et l’Etat turc en état végétatif - Ragip Duran
Erdogan tente la carte jeune avant la présidentielle de 2023
La bougie du menteur - Ragip Duran
Erdoğan's AKP loses a lot of votes but the opposition gains a little

Forces armées/Armed Forces

Trois soldats turcs tués par une bombe à la frontière syrienne

Affaires religieuses / Religious Affairs
 
Erdogan en Arabie saoudite en février, première visite depuis le meurtre de Khashoggi
Turkey's top religious body issues fatwas against New Year's Eve
 
Socio-économique / Socio-economic

La Banque centrale maintient son taux directeur pour calmer l'inflation
La Turquie pourrait coopérer avec Israël sur un projet de gazoduc
Gold mine drilling in Aydın halted after villagers' resistance
Turkish metalworkers fight for a fair contract
L'effondrement de la livre turque au nom de "l'indépendance économique"

La crise financière vire au règlement de comptes politique

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

CEDH: la Turquie condamnée pour l'incarcération du journaliste Deniz Yücel
Sanctionnés pour avoir lu des poèmes en prison: la CEDH épingle la Turquie
CoE to bring infringement proceedings against Turkey: February 2 is critical
«La Turquie est à un tournant de son histoire»
Erdoğan: EU remains Turkey’s strategic priority
Doğan Özgüden’s article shared by Turkey Tribunal

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Poutine et Erdogan échangent sur les exigences russes à l'égard de l'Otan

Relations régionales / Regional Relations

Le président israélien en Turquie début février, annonce Erdogan
Erdogan évoque une "possible visite" à Moscou prochainement
Les Emirats veulent renforcer les échanges avec l'ancien rival turc
La Turquie appelle à éviter toute "provocation" avant les pourparlers USA-Russie

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Chypre-Nord: la droite nationaliste au pouvoir remporte les législatives

Immigration / Migration

Permis de séjour retiré pour l'imam de la plus grande mosquée de Belgique
Attack on refugees' shops in İstanbul's Esenyurt
Forte augmentation des demandes de protection
One out of every three ‘spies’ caught in Germany is from Turkey

Droits de l'Homme / Human Rights

Le délit "d'insulte au président" ne restera pas impuni, promet Erdogan

 Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis mercredi soir de "punir" la journaliste de télévision turque accusée de l'avoir insulté et placée depuis en détention provisoire.

"Ce délit ne restera pas impuni", a prévenu le chef de l'Etat lors d'un entretien à la chaine de télévision privée NTV.

 Pour M. Erdogan, la journaliste Sedef Kabas a agi "par provocation".

"C'est notre devoir de protéger le respect de ma fonction, de la présidence. Ca n'a rien à voir avec la liberté d'expression", a estimé M. Erdogan.

"La critique peut exister mais elle doit s'exercer dans un langage adapté", a-t-il poursuivi en dénonçant la suggestion du parti d'opposition CHP d'abolir le délit d'insulte au président.

"Vous ne pouvez vous offrir le luxe d'insulter le président" a-t-il martelé.

Sedef Kabas a été interpellée à son domicile d'Istanbul dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après son passage à l'antenne pour des propos considérés comme désobligeants envers le président, répétés ensuite sur son compte Twitter suivi par 900.000 abonnés.

Elle a été formellement arrêtée après sa présentation au tribunal et placée en détention provisoire à la prion de Bakirkoy à Istanbul.

Le délit d'"insulte au président" est passible d'un à quatre ans de prison en Turquie.

Pour le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), "l'arrestation de Sedef Kabas pour +insulte au président+ est une grave atteinte à la liberté d'expression".

Les ONG dénoncent régulièrement des violations de la liberté de la presse en Turquie, en particulier depuis la tentative de putsch en 2016, suivie par l'arrestation de dizaines de journalistes et la fermeture de plusieurs médias jugés hostiles.

La Turquie figure à la 153e place sur 180 du classement 2021 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). (AFP, 28 jan 2022)


3,118 violations of rights in Turkey's 20 prisons in the last 3 months of 2021

The Human Rights Association (İHD) İstanbul Branch Prison Commission has prepared a report regarding the violations of rights based on the complaints from 20 prisons, the ones in the Marmara Region as well as in other regions, in the last three months of 2021.

The violations documented by the İstanbul Branch of the İHD came from the following prisons in October-November-December 2021:
İmralı Type F High Security Prison, Silivri Prison Campus Prisons, Tekirdağ No. 1 and 2 Type F Closed Prison, Edirne Type F, Kandıra Type F, Bakırköy Women's Closed, Balıkesir Bandırma No 1 Type T, Maltepe No. 2 Type L, Gebze Type M, Şakran Women's Closed, Van Type F, Metris Type T, Bolu Type F, Kayseri Women's Closed, Adana Kürkçüler Type F, Kocaeli No. 1 Type T, Urfa No. 2 Type T, Aliağa Yeni Şakran No. 4 Type T, Ümraniye Type E and Konya Seydişehir Closed Prisons.

Violations of rights

Some of rights violations covered by the report are the violations of the right to be protected from torture and ill treatment, right to healthcare, right to communication, right to sufficient and healthy food, right to access to water, right to self-care and right to equality in execution.

Presented by lawyer Jiyan Tosun, Ümmühan Kaya and Davut Arslan on behalf of the İHD İstanbul Branch Prison Commission, the report has shown that the Silivri Prison Campus and Tekirdağ prisons were the ones from which the highest numbers of complaints came.

According to the report, the highest number of rights violations occurred in November 2021. While the report has documented 89 applications, 76 of them are from political prisoners. In the applications, more than one violation of rights were reported: In October, 32 applications were submitted about 1,100 violations of rights; in November, 33 applications were made about 1,268 violations of rights and in December 2021, 24 applications were submitted about 750 violations of rights.

All in all, a total of 2,540 violations of rights were reported to the İHD in this period, according to the last quarterly report of the İstanbul Branch Prison Commission. Taken together with the 578 violations of rights detected by the commission via the press, the total number of violations of rights in the related prisons hit 3,118, including eight violations of the right to life.

Torture, ill treatment, strip search

According to the report, the most frequently witnessed violations were torture, battery and ill treatment, which were followed by the imposition of a "terror" identity, reprimands and investigations for arbitrary reasons and forced transfers to other prisons. The report has shown that at least 85 people were transferred by force while 50 people were subjected to torture and 126 people were faced with a reprimand or investigation.

Among the physical assaults were threat, battery, strip search, raid, searches in cells, torture, ill treatment, racist and discriminatory attitudes, threats with death and police involvement in cell searches. The report has also documented the incidents where prisoners were forced to be counted on foot like in the military and violations of right to healthcare and treatment.

The İHD İstanbul Branch Prison Commission members have noted that the most frequently encountered rights violation was strip search in these three months. They have underlined that "during the strip searches, the officials wanted to look in prisoners' mouths; the ones who did not accept strip search were subjected to torture and stripped off by force; they were ordered to kneel down and when they did not accept it, they were subjected to torture going beyond a physical assault."

The report has said that the ones who resisted strip searches were faced with lawsuits for resisting a public official on duty while the complaints of prisoners were given decisions of "non-prosecution".

According to the report, with the outbreak of the pandemic, "destructive practices targeting the social existence of arretees and convicts" have been the case in all prisons with their contact and links with the outside world, including their families, are severely undermined.

Raising concerns about isolation, the report has also noted that even though the prerequisites for a supervised release and transfer to open and semi-open prisons are set, prisoners are commonly deprived of these acquired rights in the name of "good conduct" assessments. (BIA, 27 January 2022)

TİHV: 833 rights advocates subjected to legal harassment in four months

In the last four months of 2021, at least 1,220 rights advocates faced different types of obstacles because of their activities, according to an information note by the Human Rights Foundation of Turkey (TİHV/HRFT).

These obstacles were defined as judicial harassment, administrative harassment, threat and retaliation.

"Human rights defenders were put on trial and punished on baseless charges. They were dismissed from their jobs and activities upon administrative decisions. They were targeted, threatened and retaliated," said the foundation.

"The chilling effect of these measures of criminal law against human rights defenders completely suppresses the climate of advocacy and narrows the civic space," it noted.

Legal harassment

Among the 1,220 rights advocates, 833 faced legal harassment, according to the information note. Some 519 human rights defenders were prosecuted and 21 were sentenced to either prison or pay a judicial fine.

The most common charges against the rights advocates were:

o          Violating Law No. 2911 on Demonstrations and Gatherings

o          Resisting an official to prevent them from performing their duty

o          Inciting people into animosity and hatred

o          Praising a crime and a criminal

o          Provoking to commit a crime

o          Insulting the president

Various crimes defined in the Anti-Terror Law were also widely used against human rights defenders, which causes the legitimacy of activities of human rights advocacy to be undermined, said the TİHV.

State of Emergency Commissions

In the four-month period, 353 human rights advocates faced pressure through administrative inspections, investigations and sanctions, according to the report.

The State of Emergency Commission rejected the applications of the Academics for Peace demanding reinstatement even though the academics were acquitted in trials, the foundation noted.

Also, eight human rights defenders were dismissed from public duty.

Access to the website of a news agency that does human rights-based reporting was banned.

An association that was closed could not continue its activities because the administrative case regarding its closure did not end.

Threats

In four months, at least 34 human rights advocates were targeted, threatened or retaliated, according to the TİHV.

Eleven people were marked as a target by the administration because of the funds they receive from different organizations.

Forty-six peaceful gatherings and demonstrations could not be held because of bans issued by civil administrations or interventions by law enforcement forces.

"All the repression and obstructions defined above lead to the creation of a climate where hate, discrimination and animosity towards human rights advocates grow and the weakening of the legitimacy of human rights in the eyes of the public," the foundation said. ." (BIA, 20 January 2022)

Le mécène Kavala maintenu en détention malgré la menace de sanctions

La justice turque a maintenu lundi en détention le mécène et philanthrope Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans jugement, faisant fi de la mise en demeure adressée à Ankara par le Conseil de l'Europe qui exige sa libération.

Accusé d'avoir cherché à déstabiliser la Turquie, l'éditeur, qui risque la prison à vie, comparaîtra de nouveau le 21 février, a ordonné un tribunal d'Istanbul.

Figure majeure de la société civile, Osman Kavala, 64 ans, est notamment en ligne de mire pour avoir soutenu en 2013 les manifestations antigouvernementales ayant visé Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

L'éditeur, dont le cas est devenu l'un des symboles de l'érosion des droits humains en Turquie, ne s'est pas présenté lundi devant les juges, son avocat affirmant qu'il "n'a plus foi en la justice" turque.

M. Kavala est connu pour son soutien aux projets culturels portant notamment sur les droits des minorités, la question kurde et la réconciliation arméno-turque.

L'annonce de son maintien en détention - la troisième depuis début octobre - intervient alors que le Conseil de l'Europe a haussé le ton début décembre en engageant une procédure pouvant déboucher sur des sanctions envers la Turquie.

La Turquie refuse jusqu'ici d'élargir Osman Kavala malgré un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de 2019 exigeant sa "libération immédiate". Ankara a jusqu'à mercredi pour soumettre ses "observations" dans ce dossier au comité des ministres du Conseil de l'Europe, chargé de veiller à l'exécution des décisions de la CEDH.

Sans réponse de la Turquie à cette mise en demeure, le comité devrait décider, lors de sa réunion du 2 février 2022, de saisir la CEDH de ce dossier.

- Possibles sanctions -

C'est à elle qu'il reviendra ensuite de constater officiellement que la Turquie n'a pas libéré Osman Kavala et ne s'est donc pas conformée à son obligation de respecter les décisions de la Cour.

Dans ce cas, le Comité des ministres pourrait, lors d'une réunion ultérieure, décider de sanctions contre Ankara, membre du Conseil de l'Europe depuis 1950.

"Mettez fin à cette injustice et libérez notre client", avait exhorté lundi l'un des avocats du mécène turc, Koksal Bayraktar, après avoir lu devant la cour l'arrêt de la CEDH de 2019.

Des diplomates d'au moins neuf pays occidentaux et deux représentants de la délégation de l'Union européenne à Ankara se trouvaient dans la salle d'audience, a constaté une journaliste de l'AFP.

A l'automne, une dizaine d'ambassadeurs avaient réclamé sa libération, déclenchant une crise diplomatique. Le président Erdogan les avait en représailles menacés d'expulsion.

C'est seulement la deuxième fois que le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, adresse une mise en demeure à l'un des 47 Etats membres de l'organisation, après l'avoir employée une première fois contre l'Azerbaïdjan en 2017. (AFP, 17 jan 2022)

Report by Aysel Tuğluk Solidarity Group: 'Let her live'

The Aysel Tuğluk Solidarity Group has released a report documenting the legal and medical processes concerning former Vice Co-Chair of the Peoples' Democratic Party (HDP) and ill prisoner Aysel Tuğluk, who has been behind bars in Kandıra Prison since December 28, 2016.

Offering an overview of Tuğluk's profile as a politician, lawyer and rights activist, the events surrounding her mother Hatun Tuğluk's funeral when she was behind bars, the legal and medical processes with reference to the pertinent agreements and declarations and the current number and condition of ill prisoners in Turkey, the report concludes:

"Aysel Tuğluk is in prison due to a violation of the freedom of expression, which should be under constitutional guarantee.

"The report of the Kocaeli University Faculty of Medicine clearly states that Aysel Tuğluk cannot be treated under prison conditions and that the execution of her sentence must be postponed.

Tuğluk is not able to care for herself and provide for her daily needs. The release of Tuğluk in order to continue her treatment under conditions that safeguard her right to live and be medically cared for, is not only a necessary condition for the fulfilment of international agreements of which Turkey is party, but also a human necessity.

About Aysel Tuğluk

The report shares the following biography of Aysel Tuğluk as a Kurdish woman politician, lawyer, human rights activist, intellectual and feminist as well as the legal process:

"Aysel Tuğluk, born in 1965 in Elazığ, Turkey, graduate of the Istanbul University Law School, is a Kurdish woman politician. She has served for more than six years as a member of parliament, first as an independent within the Peace and Democracy block between 2007-2009 and then, in 2011-2015, as a member of the Peoples' Democratic Party (HDP) representing first Diyarbakır, and later Van.

"Aysel Tuğluk gained prominence as a lawyer and human rights activist, besides being an intellectual who involved herself deeply in issues of peace and politics. A feminist, she became an influential member of the Kurdish and women's movements. She was also founding co-president of the Democratic People's Party (DTP). Aysel Tuğluk was Vice President of the People's Democratic Party (HDP) when she was arrested in 28 August 2016, as part of an investigation launched by the Diyarbakır Prosecutor's Office.

The legal process

"On May 20, 2016, a Constitutional amendment was passed in the Grand National Assembly, which lifted the immunity of members of parliament. On November 4, 2016, the arrest of HDP co-presidents and a number of members of parliament followed. On December 26, 2016, Aysel Tuğluk, as HDP Vice President was put into custody and on December 28, 2016, charged with 'running a terrorist organization'.

"The indictment, 'being a member of an illegal organization,' was ostensibly built on her press conferences and television interviews. The statements she made during her co-presidency of the Democratic Peoples' Congress, appeared on the indictment as 'evidence for membership in a terrorist organization'.

"In 2017, Tuğluk was condemned to 10 years in prison for 'membership in a terrorist organization,' by the Ankara 17. Criminal Court. The verdict was upheld by the Court of Appeals as well as the Court of Cassation. In March 2020, an appeal was made to the Constitutional Court; a verdict is still being awaited."

About Aysel Tuğluk Solidarity Group

The Solidarity Group was founded in January 2022, in order to protect Aysel Tuğluk's rights to health and life, and consists of medical doctors, scientists, former ministers and members of parliament, human andwomen's rights activists, lawyers and writers. (BIA, 14 January 2022)

HRW: Turkey’s human rights record set back by decades

The Human Rights Watch (HRW) has released its "World Report 2022," covering the events that happened around the world in 2021.

In its chapter on Turkey, the HRW has commented that "the authoritarian and highly centralized presidential government of Recep Tayyip Erdoğan has set back Turkey's human rights record by decades, targeting perceived government critics and political opponents, profoundly undermining the independence of the judiciary, and hollowing out democratic institutions."

The HRW has also recalled that by a Presidential decision, "Turkey withdrew from the Council of Europe Convention on Preventing and Combating Violence against Women and Domestic Violence, known as the Istanbul Convention, a major reversal for women's rights."

Regarding the continued arrest of businessperson and rights defender Osman Kavala for over 4 years, the HRW report has said:

The four-year detention and ongoing trial of Osman Kavala, a leading figure in civil society, exemplified the enormous pressure on human rights groups and other nongovernmental groups critical of the government. Kavala is on trial on baseless charges in connection with the 2013 Gezi Park protests and the July 2016 failed coup. Turkey has flouted a European Court of Human Rights' judgment ordering his immediate release on grounds of insufficient evidence. The judgment found that Kavala's detention sought to silence him as a human rights defender.

Offering a general analysis of the situation of rights defenders, the report has noted: "Authorities continued to use terrorism and defamation charges to harass rights defenders, and to violate their right to assembly." (BIA, 13 January 2022)

2,102 people express solidarity with Boğaziçi University constituents

2,102 citizens have signed a joint statement on the occasion of the first anniversary of the protests for an "autonomous and democratic university" in the face of rector appointments of President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan.

"We stand with the constituents of Boğaziçi University," the citizens have said. Sharing a table of the damages inflicted on the university over the past year, the citizens have listed the following requests:

o          Dismiss the investigations against faculty members

o          Don't let the police in university

o          End trustee appointment and adopt election-based administration

o          Take the necessary action to ensure university autonomy

'We support the struggle'

2,102 people have signed the following statement:

"In an environment where there is an attempt to shape the higher education based on an utterly authoritarian mindset, where universities, except for some, are well below the level of modern science, thought and scientific production and where freedom of thought and expression, a must for the academic life, have been almost completely eliminated, Boğaziçi University, with its students, faculty members and alumni, has been resisting for a year.

"This struggle is for not only Boğaziçi University but for the entire higher education as well. It is to ensure that our young people, the hopes of the future, will flourish as free individuals.

"It is for democratic and free universities and science in the face of the mindset that tries to reduce academics to the level of household troops and students to passive onlookers of this destruction.

"In the name of protecting science, freedoms and the future of our country, we support this struggle waged by Boğaziçi University together with all its constituents and make a call to bolster support and solidarity."

What happened?

Prof. Melih Bulu was appointed as the rector of Boğaziçi University by a Presidential Decision published in the Official Gazette on January 2, 2021. The appointment of Bulu sparked harsh criticisms among both the students and academics of the university as well as in the academic community.

Appointed to Boğaziçi, one of the most prestigious universities in Turkey, from outside its community, Bulu was a candidate for nomination to run in the Parliamentary elections in 2015 for the ruling Justice and Development Party (AKP), which is chaired by President Recep Tayyip Erdoğan.

The students and several students' clubs of the university campaigned on social media under the hashtag #kayyımrektöristemiyoruz (We don't want a trustee-rector). The call of the students was also supported by the faculty members of the university, who released a joint statement on January 3.

"An academic outside Bogazici University community was appointed as a rector, which is a practice introduced for the first time after the 1980s military tutelage," read the statement of the faculty members.

Amid harsh criticisms of students and faculty members, Prof. Bulu shared a message on his Twitter account, welcoming his appointment to the position, saying, "We are all in the same boat."

The students protested the appointment of Bulu in front of the South Campus of the university in İstanbul on January 4. However, the police intervened into the protest with pepper gas and plastic bullets.

Next day, it was reported that there were detention warrants against 28 people for "violating the law on meetings and demonstrations" and "resisting the officer on duty." Later in the day, 22 of them were detained.

40 people in total were detained over the protests. All of the detained were released on January 7 and 8, 2021.

The protests of students and faculty members at the South Campus of Boğaziçi University have been going on since January 4.

Taken into custody over a picture of the Kaaba, a sacred site in Islam, with a Shahmaran figure and four LGBTI+ flags on its corners, two students were arrested and two were placed under house arrest over this picture displayed at an exhibition as part of the protests at the South Campus.

On February 1, police stormed the South Campus and intervened into the students' protests. Earlier in the day, the students gathered in front of the campus for the protest. Police hindered the protest while also preventing the students inside the South Campus from joining their friends outside.

With the 51 students taken into custody inside the campus in the evening, the number of detained increased to 159. In a statement released by the İstanbul Governor's Office in the early morning hours on February 2, it was announcedthat 98 students were released from detention.

On February 2, Boğaziçi University students gathered in Kadıköy Rıhtım for another protest, which was attacked by the police with plastic bullets and tear gas. 134 people were taken into custody by the police. Two of the protesters were arrested by the court afterwards.

On February 6, four more people were arrested and two others were placed under house arrest over their participation in Boğaziçi protests in Kadıköy.

On the same day, Erdoğan issued a Presidential decree to open two new faculties at the university. In response to this, the Boğaziçi Solidarity platform addressed an open letter to the "12th President of Turkey."

A day later, student Beyza Buldağ was taken into custody for allegedly administering the "Boğaziçi Solidarity" Twitter account and arrested for "provoking the public to hatred, enmity and hostility" and "provoking to commit crimes" over both the letter and other Twitter posts.

As of February 7, the Boğaziçi Solidarity platform announced that at least 560 students were detained, 25 were sentenced to house arrest and 10 were arrested. Students have been arrested on charges of "degrading or provoking the public to hatred and hostility" and "resisting to prevent fulfilment of duty" as per the Articles 216 and 265 of the Turkish Penal Code (TCK).

On February 10, one more student was arrested. With the release of Beyza Buldağ and Muhammed Önal on February 12, there remained nine students arrested over Boğaziçi University protests against the appointed rector.

On February 22, two more students were placed under house arrest on the grounds that they distributed the letter of an arrested student to citizens.

As the protests continued, President Erdoğan on July 15 sacked Melih Bulu. The Council of Higher Education (YÖK) appointed Vice-Rector Naci İnci as the acting rector one day later.

On August 20, 2021, President Erdoğan appointed İnci as the new rector. As of January 5, 2021, two students were arrested for protesting the appointment of Naci İnci. They were released on probation at their first hearing on January 7. (BIA, 13 January 2022)

At least 59 ill prisoners lost their lives in Turkey in a year

The Marmara Region Prison Monitoring Delegation, an umbrella platform of rights, law and health organizations, made a statement for press about the condition in Turkey's prisons today (January 12).

Consisting of representatives from the Human Rights Association (İHD), Progressive Lawyers Association (ÇHD), TUHAYDER, TAYAD and Solidarity with Prisoners Initiative, the delegation stated that they will keep on working until the violations of rights in prisons end.

At the press statement held in the İHD İstanbul Branch, it was noted that the grave violations of rights in prisons are gradually becoming systematic and the problem has come to a deadlock in several respects, from the violations of right to healthcare to the violations of right to communication, from torture and ill treatment to obstacles to accessing justice.

1,605 ill prisoners, 604 seriously

According to the statement, at least seven prisoners have lost their lives in different prisons in Turkey over the past month. The rights organizations raised concerns that "it is now seen as an ordinary incident in the country that the dead body of a person is taken out of a prison any time."

Referring to the Justice Ministry data, the delegation recalled that there are 297 thousand 726 prisoners, including 38 thousand 43 arrested people, in Turkey's prisons as of December 31, 2021.

Citing the İHD data, the statement also indicated that as of March 2021, there are at least 1,605 ill prisoners, 604 of whom are seriously ill.

"In 2021, at least 59 ill prisoners, seven of whom shortly after the execution of their prison sentences had been deferred, lost their lives," reiterated the Marmara Region Prison Monitoring Delegation.

Rights organizations underlined that the state is responsible for the health and lives of prisoners in prisons and obliged to ensure that they have access to their right to medical treatment and healthcare.

Seven deaths in a month

The delegation shared the following information about the ones who have lost their lives in Turkey's prisons over the past month:

o          November 12, 2021 - Held in the İskenderun Type T Prison, 33-year-old Bangin Muhammed lost his life on the grounds that he had not been treated despite being severely ill.

o          December 9, 2021 - Held in the Kocaeli No. 1 Type F High Security Closed Prison, Garibe Gezer was found dead in the padded cell where she had been isolated. The administration stated that she had committed suicide. Conducting an investigation, the prosecutor's office first imposed a confidentiality order on the file.

o          December 15, 2021 - Held in the İzmir Aliağa Şakran Type T Prison, 65-year-old Abdülrezzak Şuyur lost his life in his cell because he had not been released despite his advanced cancer.

o          December 15, 2021 - In the severely ill prisoners' list of the İHD, Halil Günel lost his life in his cell in the Diyarbakır No. 2 Prison.

o          December 17, 2021 - Sentenced to aggravated life imprisonment over a judicial case and held in the Bolu Type T Closed Prison, 32-year-old İlyas Demir lost his life in the cell where he was staying alone.

o          December 18, 2021 - Held in the Antalya Type Closed Prison due to a judicial case, Mustafa Gaffar was found hanged with a bad sheet by the personnel who came to his ward.

o          December 19, 2021 - Arrested in the Tekirdağ No. 2 Type F High Security Closed Prison, Vedat Erkmen suspiciously died in his cell; the administration informed his family that he had committed suicide. (BIA, 12 January 2022)

1,941 arrested, convicted children in Turkey with their rights, needs disregarded

The Ankara Medical Chamber (ATO) Human Rights Commission held a press conference to raise concerns about the situation of child arrestees and convicts in Turkey's prisons yesterday (January 6).

The conference was attended by ATO Executive Board Chair Dr. Ali Karakoç, Executive Board member Dr. Ayşe Uğurlu, Human Rights Commission members Dr. Korel Yalman and Dr. Nihat Bulut and Human Rights Association (İHD) Executive Board member Nuray Çevirmen.

'Ill prisoners must be prioritized'

Taking the floor before the statement was read out, ATO Executive Board Chair Dr. Ali Karakoç said that the ruling Justice and Development Party (AKP) and Nationalist Movement Party (MHP) are planning to amend the law on criminal execution due to the novel coronavirus (COVID-19) pandemic. Dr. Karakoç noted that if such an amendment is to be introduced, ill arrestees and convicts in risk groups must be prioritized.

Emphasizing that the reports issued by committees of independent physicians to defer the execution of ill prisoners' sentences are not accepted by courts, he recalled that seriously ill prisoners are held in prisons for this reason. "I would like to insistently stress that seven prisoners have lost their lives over the past month and there are over 600 severely ill people in prisons," said Dr. Karakoç and left the floor to ATO's Ayşe Uğurlu.

'Rights and needs of children not observed'

Reading out the press statement, ATO Executive Board member Dr. Ayşe Uğurlu said that prisons do not suit the nature of being a child or child development. According to the information shared by Dr. Uğurlu, as of December 31, 2021, there are 1,941 arrested or convicted children in Turkey while the prison sentences of 566 convicted children are being executed outside prisons due to the COVID-19 outbreak.

Uğurlu noted that there are several arrangements that are made without observing the rights and needs of children in the criminal execution system, adding that children are arrested without carrying out sufficient risk and need analysis or taking effective measures.

'Pandemic measures lead to isolation'

Dr. Ayşe Uğurlu also raised concerns that the activities to be held in shared spaces in prisons have been cancelled, referrals and transfers to hospitals or other prisons have been halted except for emergencies and the socio-cultural activities organized by civil society organizations and student's clubs have been suspended due to the COVID-19 pandemic.

Uğurlu stressed that this state of closure has led to the emergence of isolation conditions in prisons. Underlining that the conditions that push children to crime must be improved first, she said that "imprisonment must not be a practice to turn to when children are concerned."

Social isolation and disciplinary punishments

Further in the statement, Dr. Ayşe Uğurlu noted that children are subjected to a secondary punishment as a result of poor physical conditions, social isolation and disciplinary punishments in prison.

Uğurlu raised concerns about a series of factors in prisons such involuntary transfers, lack of psychologists, lack of interpreters for foreign nationals, absence of a separate funding for children's needs, disciplinary punishments, strip search, workers' wards in need of inquiries and peer violence as well as the violence and sexual abuse against child prisoners by wardens.

Concluding the statement, Uğurlu also listed a series of steps to be taken in the short-term, namely the improvement of prison conditions and the steps that will reduce the effect of isolation and to protect children's physical and mental health in a holistic manner.
"Children cannot be in prisons," she said, reiterating that the conditions pushing children to crime must be improved. (BIA, 7 January 2022)

Lawyers from around the world announce support for Progressive Lawyers

Several lawyers' groups from around the world, including France's National Bar Council and bar associations of Berlin, Amsterdam, Brussels and Bologna have announced support for the Progressive Lawyers Association, whose members have been on trial for seven years.

"We wholeheartedly and without reservation support you in your request for acquittal and immediate release," the groups said in the letter.

The ÇHD İstanbul Chair read out a letter sent by the organizations at today's (January 5) hearing of the ÇHD case.

The hearing of 22 lawyers from the ÇHD and the People's Law Bureau (HHB) will take place at the Silivri Prison Complex Courtroom between today and January 7.

Two of the defendants, ÇHD Chair Selçuk Kozağaçlı and lawyer Barkın Timtik, have been remanded in custody for five years.

The prosecutor who was on September 15 appointed to the case that has been continuing for seven years and submitted their opinion as to the accusations on November 17, demanding the punishment of Kozağaçlı for "managing an illegal organization" and the other defendants for "being a member of an illegal organization."

Full text of the letter by the lawyers' groups:

With this letter, we would like to support you in the hearings of January 5, 6 and 7, 2021, which will take place before the 18th Chamber of the High Criminal Court of Istanbul.

We have observed the hearings of this trial between 2013 and 2021 and have conducted fact-finding missions on several occasions. It is clear from our observations and investigations that the trial against you is essentially political, has not met the guarantees of a fair trial, and has directly undermined the independence of lawyers.

Indeed, among other things, we have noted the following.

First, in violation of the right to be judged by an independent and impartial tribunal, in accordance with article 6 of the European Convention on Human Rights, and the United Nations Basic Principles on the Independence of the Judiciary, the composition of the bench changed several times during the nine years of proceedings, without the trials being resumed ab initio.

Second, it is clear from the material facts of which you have been accused that it is because of the exercise of your profession that you are the subject of criminal proceedings. However, in accordance with articles 16, 18 and 23 of the United Nations Basic Principles on the Role of Lawyers, lawyers may not be hindered, intimidated, harassed or interfered with in the exercise of their profession; they must enjoy their freedom of expression and association, in particular by taking part in any public discussion relating to justice and human rights; and they may in no case be aligned with their clients the causes of their clients. Under no circumstances can the fact that you have represented and ensured the respect of the fundamental rights of persons accused of terrorism be the basis for your accusations.

Third, with regard to the equality of arms and the time and facilities necessary to organize your defense, under article 6 of the European Convention on Human Rights, we are gravely concerned by the successive refusals to accede to your requests for additional discovery of facts, although some of them were finally granted to you during the last hearing on November 17, 2021. We support your requests for additional time to prepare your defense, following the completion of the investigative process. We would be compelled to find further violations of due process, if these were again denied you.

Fourth, we can only note the violation of the ne bis in idem principle and of the right to be judged within a reasonable time, in defiance of article 6 of the European Convention on Human Rights. Indeed, your proceedings were initiated in 2013, about nine years ago, while in 2019, several of you were tried for the same facts, with the same evidence, by the 37th Criminal Chamber of the Istanbul High Court.

Under these circumstances, we wholeheartedly and without reservation support you in your request for acquittal and immediate release, which are the only remedies capable of redressing the violations of fair trial and the independence of lawyers.

Finally, we would like to express to you that the quality of your work in the defense of human rights is an honor to our profession. In this regard, we assure you of the international recognition of your commitment and the repression you suffer as a result, notably through the Lawyers for Lawyers Award received by Selçuk Kozagacli in 2019, through the Ludovic Trarieux Prize received by Barkin and Ebru Timtik in 2020, and through the inauguration of the International Fair Trial Day and the Ebru Timtik Award, on June 14, 2021, by almost a hundred bar associations and legal organizations calling for the respect of fair trial and Rule of Law in Turkey. (BIA,  5 January 2022)

Police use tear gas, rubber bullets on protesting stallholders in İstanbul

Police used tear gas and bullets on stallholders in a bazaar in Gaziosmanpaşa, İstanbul, after they refused to move to a new place upon a decision by the district municipality.

The bazaar has been there for 30 years and locals in Hürriyet Neighborhood have been collecting signatures for weeks to cancel the move, journalist Hayri Tunç said on Twitter.

Riot police and Gaziosmanpaşa Municipal Police took measures in the morning at the old place of the bazaar that is set up every Tuesday, according to reports.
When stallholders wanted to open stalls there, police intervened, using tear gas and rubber bullets.

The new place allocated for the bazaar was too far from its usual place, hence locals and stallholders don't want it, Tunç said.

"A grocery store known for being close to the government has three stores near the current place of the bazaar," he wrote. (BIA, 4 January 2022)

Ministry of Interior investigates İstanbul Municipality

The Ministry of Interior has announced that it opened a special investigation into the İstanbul Metropolitan Municipality (IMM) after "notifications and findings that some of the IMM personnel are in connection or coherent with terror organizations."

İstanbul Mayor İmamoğlu, a member of the main opposition Republican People's Party (CHP), dismissed the claims. "I stand with my 86,000 colleagues who serve İstanbul," he wrote on Twitter.

CHP Chair Kemal Kılıçdaroğlu targeted President Recep Tayyip Erdoğan over the investigation, questioning whether he was "doing the groundwork for something in İstanbul."

Releasing a written statement, the IMM said the ministry cast suspicion on 86,000 municipal employees.

If people with "terror ties" can find jobs in public institutions, not the IMM but the Ministry of Interior is responsible for it, it said.

Minister of Interior Süleyman Soylu first claimed in mid-December that the municipality had hundreds of employees with "terror ties."

The outlawed organizations subject to investigation include the Kurdistan Workers' Party (PKK) (455 employees), Revolutionary People's Liberation Party - Front (DHKP-C) (80 employees), Marxist Leninist Communist Party (MLKP) (20 employees) and Marxist Communist Party (MKP) (2 employees), as well as the "Fetullahist Terrorist Organization" (FETÖ), according to the ministry. (BIA, 27 December 2021)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

The state of press freedom in Turkey: 18 journalists sentenced to prison in 3 months

Working for press freedom under the roof of P24 Platform for Independent Journalism, Expression Interrupted has published its last quarterly Freedom of Expression and the Press Agenda report.

The Freedom of Expression and the Press Agenda report, based on data obtained from trial and media monitoring work carried out by Expression Interrupted, covers October-November-December 2021.

The report has shown that despite the rulings of the Council of State and Constitutional Court that could be deemed "positive developments" regarding press freedom in the reporting period, the pressure on the press continued unabated due to ongoing trials, political and administrative pressures and penalties imposed on media outlets by the Radio and Television Supreme Council (RTÜK) and Press Advertisement Institution (BİK).

Two judgments by the Council of State that stopped the executions of the Press Card Regulation, which made it harder for journalists to obtain press cards under a set of amendments introduced last year; and the 27 April 2021 circular by the General Directorate of Security, which prohibited audiovisual recording during public demonstrations; as well as a "pilot judgment" by the Constitutional Court, which could set a precedent concerning access blocking decisions, are recognized in the report as achievements against the judicial pressure on press freedom.

The report has also noted the European Court of Human Rights (ECtHR) judgment which held that Article 299 of the Turkish Penal Code (TCK), which criminalizes "insulting the President," violated freedom of expression.

However, the report has stressed that it is unclear to what extent these judgments will help redress oppressive practices.

18 journalists given 24.5 years in prison

According to the report, the number of journalists in prison continued to decline in the last quarter of 2021, albeit at a slower pace. According to Expression Interrupted data, in this three-month period, one journalist was released upon completing their sentence.

By the end of the year, there were 58 journalists in prison.

Trials against journalists continued unabated. In the last quarter of 2021, journalists stood trial in 98 court cases.

A total of 203 journalists, seven of whom were from foreign countries, were put on trial in these cases. This means that on average, around 70 journalists were tried in more than 30 cases each month.

Eighteen journalists were handed down a combined prison term of 24 years, 5 months and 9 days and a judicial fine of 22,660 Turkish Lira (TRY) while 36 journalists were acquitted in the cases that were concluded during the reporting period. In the same period, 10 new cases were filed against 17 journalists while new investigations were launched against 16 journalists.

Thirteen journalists were taken into custody either during news coverage or within the scope of investigations against them. (BIA, 27 January 2022)


Arrest of Kabaş, targeting of Aksu reveal 'politics of chaos knows no limits’

The Human Rights Association (İHD) İstanbul Branch has released a written statement and expressed support for musician Sezen Aksu, who was targeted by President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan, and journalist Sedef Kabaş, who has been arrested for "insulting the President" over her words on a TV program.

The Association has requested an end to the remarks and attitudes turning Sezen Aksu into a target and to the imprisonment of Sedef Kabaş.
Calling on "everyone who are against this course of events to fulfill their duties", the İHD İstanbul Branch has said:
It is up to us to prevent the chaos imposed on us. The lynching campaign against Sezen Aksu over the lyrics of her song 'It is a wonderful thing to live' and the arrest of journalist Sedef Kabaş for insulting the President over a proverb that she uttered in her program and could be described as heavy criticism at most have once again revealed that this issue has now gone beyond the debate on freedom of expression and the legality of arrest, the politics of chaos that the government engages in with the support of oppression and unlawfulness and could lead to grave consequences knows no limits and we do not have much time left to say stop to this dangerous course of events.

Further in its statement, the İstanbul Branch of the İHD has referred to the remarks of Erdoğan, who said, "No one can defame his holiness, Adam. It is our duty, when the time comes, to rip out the tongues of those who defame him. No one can defame her holiness Eve."

The İHD has underlined that the debate on Sezen Aksu's song from five years ago became a topic in the Friday sermons read out at mosques with the involvement of the Presidency of Religious Affairs and that Erdoğan uttered the related threats against Aksu at a mosque by addressing the congregation there and defining it as a "duty". According to the İHD, this points to the fact that "the congregation was instigated to carry out an attack and Sezen Aksu was turned into an open target."

Raising concerns about the "increasing political murders and executions in times of chaos that are created", the İHD İstanbul Branch has "warned the state authorities and the government about this dangerous course of events" and called out to everyone who says that they are against this course of events, urging them to fulfill their duties considering that "this attitude of the government, which invites state of emergency practices, hate attacks and political executions, can only be prevented with an urgent and powerful resistance of democratic forces of society."

What happened?

Singer Sezen Aksu was targeted by pro-government people over her song "Şahane Bir Şey Yaşamak" (Living is a wonderful thing) from the year 2017 for saying, "Say hello to the ignorant Adam and Eve..."

Applying to the Ankara Chief Public Prosecutor's Office, a lawyer named Mikail Yılmaz and a group of people accompanying him filed a criminal complaint against Sezen Aksu on charge of "insulting religious values and provocation or degrading." A group of pro-government people also gathered in front of Aksu's house and staged a protest. Nationalist Movement Party (MHP) Chair Devlet Bahçeli also targeted Sezen Aksu in his weekly Parliamentary group meeting.

In a speech during the Friday prayers at İstanbul's Grand Çamlıca Mosque, President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan also targeted Aksu, saying, "No one can defame his holiness, Adam. It is our duty, when the time comes, to rip out the tongues of those who defame him. No one can defame her holiness Eve."

Having remained silent until then, Aksu made a statement on Facebook on January 22. She thanked those who announced support for her and said, "As you know, the matter is not me, the matter is the country."

Aksu also shared the lyrics of a new song, which she said she wrote the day before. "You can't crush my tongue," she says in the song, apparently in response to Erdoğan's threats. In a short time, people on social media translated the lyrics into more than 30 languages. (BIA, 22 January 2022)

International Press Institute calls for journalist Sedef Kabaş's immediate release

The International Press Institute (IPI) global network and the IPI's Turkey National Committee have called for the immediate release of journalist Sedef Kabaş, who has been arrested over the weekend for "insulting the President". The IPI has stressed that with Kabaş's arrest, the number of journalists in prison in Turkey rose to 38, according to the IPI figures.

Commenting on Kabaş's arrest, IPI Turkey National Committee Chair Emre Kızılkaya has underlined that there can be no democracy when the press is silenced and briefly stated the following:

Harmless news or undisturbing comments can be made in any country in the world. But in developed democracies, freedom of the press and expression includes the right to receive shocking and disturbing news and comments as well, as has been repeatedly recognized by the European Court of Human Rights. In such democracies, it is expected that public officials must demonstrate a higher tolerance for criticism.

"In its 72 years of operation, IPI has recorded countless press freedom violations in Turkey where politicians tried to silence journalists.
"But journalists have not stayed silent, nor have they given up. All those politicians who endangered democracy for their own sake and position left, but the passion for journalism among new generations has remained infinite. The important thing is solidarity among journalists and readers' appreciation of quality journalism without falling into the trap of cheap politics."

'Abolish the law on insulting the President'

IPI Deputy Director Scott Griffen has also condemned the arrest of Kabaş. "Journalists, and indeed all citizens, have the right to criticize their elected officials, even if that criticism is shocking or disturbing to some. That is how democracies work", he has said, briefly adding:

"As a signatory to the European Convention on Human Rights, Turkey is bound to respect these long-established principles.

"We call for the immediate release of Sedef Kabaş and the dropping of all charges against her, and we urge Turkey to abolish its law on insulting the president in line with international human rights standards.

We are also disturbed by RTÜK's decision to punish TELE1, which continues the council's pattern of disproportionately targeting independent television broadcasters in Turkey. RTÜK, too, must respect the fundamental right of freedom of expression, and we call on RTÜK to rescind both the fine and the broadcast ban against TELE1. (BIA, 25 January 2022)

Turkey ranks first in violations of freedom of expression, show annual ECtHR statistics

The European Court of Human Rights (ECtHR) released its "Annual Report 2021" yesterday (January 25). According to the statistics, after Russia, Turkey faced the highest number of applications last year.

The statistics have shown that 44,250 applications were submitted to the ECtHR in 2021. When compared with 2020, it accounted for a 6-percent increase (the number of applications was 41,700 in 2020).

In sharing the annual statistics with the international community, ECtHR President Robert Spano said, "At the end of 2020 there were 62,000 pending applications. At the end of 2021, this figure had increased by 13 percent to 70,150 applications. 70 percent of the pending cases still concerned four countries: the Russian Federation, Turkey, Ukraine and Romania."

While the ECtHR found 32,961 applications inadmissible or struck them out, it gave a judgment in 3,131 cases. However, considering the merged applications, the court issued 1,901 judgments in a year.

According to the annual report, the number of priority cases pending before the ECtHR is 24 thousand. As the reason for this, the high court has referred to the applications concerning prison conditions in Ukraine and Romania as well as the unlawful detentions in Turkey.

While 24.2 percent (17 thousand) of the applications pending before the ECtHR are against Russia, 21.7 percent (15,250) of them are against Turkey, 16.2 percent (11,350 applications) are against Ukraine and 8.1 percent (5,700) of them are against Romania. These countries are followed by Italy with its total number of pending applications standing at 3,646.

In 2021, 232 judgments were against Russia, 197 were against Ukraine, 95 were against Romania and 78 ECtHR judgments were against Turkey. On the top of the list of the countries which violated the European Convention on Human Rights (ECHR) the most in 2021 stands Russia with 219 judgments with at least one article of the Convention violated.

While Russia is followed by Ukraine with 194 judgments, it is followed by Romania and Turkey with 76 judgments.

What about Turkey?

As of the end of 2021, there were 15,251 applications against Turkey pending before the ECtHR. A significant part of these applications were about the complaints concerning the violations of rights following the State of Emergency declared after the coup attempt. The number of applications from Turkey, with the State of Emergency, is around 11 thousand. A significant number of these applications are about detentions without reasonable evidence, long periods of arrest and right to a fair trial.

As it was also the case in previous years, Turkey ranks first in terms of the number of convictions of freedom of expression violations in 2021, when the ECtHR convicted Turkey for violating the freedom of expression of its citizens in 31 cases in total. In other words, in 2017, 2018, 2019, 2020 and 2021, Turkey was the country which violated freedom of expression the most among the countries of the Council of Europe (CoE).

Last year, the ECtHR handed down 78 rulings on Turkey and at least one violation of rights was the case in 76 of these rulings.

Also, with 3,820 rulings pronounced from 1959 to 2021, Turkey is also on the top of the list of countries in terms of the number of rulings. With 3,358 rulings of rights violations, it is also the country that violated the ECHR the most. With 418 violations of freedom of expression and 111 violations of the freedom to assembly and association, Turkey also ranks first in that regard.

Une journaliste connue de la télévision turque, Sedef Kabas, a été placée en détention provisoire samedi pour des commentaires sur le président Recep Tayyip Erdogan.

The number of Turkey's violations of freedom of expression is followed by the violations of right to liberty and security (29 violations), the right to a fair trial (22 violations), the right to respect for privacy and family life (10 violations) and the right to property (10 violations). (BIA, 26 January 2022)

Une journaliste en détention provisoire pour "insulte au président"

La police a interpellé Sedef Kabas à son domicile d'Istanbul à 02h00 locales (23h00 GMT) dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après son passage à l'antenne suivi de la répétition du même commentaire sur son compte Twitter suivi par 900.000 abonnés.

Elle a été formellement arrêtée après sa présentation au tribunal. Le délit d'"insulte au président" est passible d'un à quatre ans de prison en Turquie.

"Une soi-disant journaliste a carrément insulté notre président sur une chaîne de télévision qui n'a pas d'autre objectif que de répandre la haine", a déploré un porte-parole du chef de l'Etat, Fahrettin Altun sur Twitter.

"Je condamne cette arrogance, cette absence de morale dans les termes les plus fermes. Ce n'est pas seulement immoral mais aussi irresponsable", a-t-il ajouté.

"L'arrestation de Sedef Kabas pour +insulte au président+ est une grave atteinte à la liberté d'expression", a cependant commenté le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS).

Les ONG dénoncent régulièrement des violations de la liberté de la presse en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie par l'arrestation de dizaines de journalistes et la fermeture de plusieurs médias jugés hostiles.

La Turquie figure à la 153e place sur 180 du classement 2021 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). (AFP, 22 jan 2022)


Roman Gibi now is available in English



It was published in 2019 with the new title
The Struggle for Modern Turkey: Justice, Activism and a Revolutionary Female Journalist by I.B.Tauris/Bloomsbury Edited by Tia O'Brien and Nur Deris, granddaughter and grandniece of Sabiha Sertel, translated by David Selim Sayers and Evrim Emir-Sayers. It includes background material that puts the book in historical context. https://www.struggleformodernturkey.com/

"Turkey is a prison for journalists"

According to the annual report of the Reporters Without Borders (RSF), 488 journalists were behind bars due to their journalistic works across the world in 2021. The situation in Turkey was not any better: Ranked 153rd in the RSF World Press Freedom Index, Turkey still keeps several journalists in prisons and puts the ones outside on trial over their news.

Besides, journalists working in the Kurdish-majority southeastern and eastern provinces face more hardships compared to the entir

Speaking to bianet on the occasion of January 10 Working Journalists Day in Turkey, Tigris Euphrates Journalists (DFG) Association Co-Chair Serdar Altan says that the year 2021 was a tough year for the journalists working in the region. Journalists Abdurrahman Gök and Derya Ren also talk about the hardships and violations of rights they face in the region.

Gok faces 20 years in prison

Abdurrahman Gök is an editor for the Mezopotamya Agency (MA). He filmed the moment when Kemal Kurkut was shot to death by police during the 2017 Newroz celebrations in Turkey's Kurdish-majority southeastern province of Diyarbakır. He is still on trial.

Gök has been a journalist for 17 years. He is facing 20 years in prison on charges of "being the member of a terrorist organization" and "propagandizing for a terrorrist organization" over the pictures he took, the information he passed, the news he wrote and the posts he shared.

Gök notes that the pressure on journalists in the region did not change in 2021, saying, "Nearly 20 court cases have been filed against me so far. The pressure on journalists has never subsided since the Republic of Turkey was founded [in 1923] but during the Justice and Development Party (AKP) rule and especially after 2015, it has been aggravated even more with media outlets closed and newspapers and TVs silenced."

As an example for the violations of rights faced by journalists in the region, Gök specifically refers to the four journalists who were arrested for six months for reporting on the two people who were thrown from a helicopter after being detained by soldiers in Van's Çatak.

Mentioning MA reporters Adnan Bilen and Cemil Uğur, Jinnews reporter Şehriban Abi and journalist Nazan Sala, Gök says:

Our friends were put on trial and punished because they shared the truth with the public. But they have been acquitted in the trial where they were facing charges. Because there is no truth to the lawsuits filed and trials held. The aim is to punish journalists.

Abdurrahman Gök notes that the pressure of the government deprives not only journalists of their rights but also the public of their right to receive information. He underlines that since they do not want people to know the truth, journalists are prevented from doing their jobs.

Women journalists regarded as a threat

Raising concerns about the hardships and violations of rights faced by women journalists, especially in the Kurdish-majority regions of Turkey, JinNews reporter Derya Ren says that the number of women journalists has been gradually decreasing in the region and Diyarbakır:

Like previous years, 2021 was a year when the pressure on women increased and did not stop, but women did not bow down and raised their voices. Women journalists working in the region have - of course - always got their share from this pressure. But they do not stay silent. Both the system and security forces consider journalists and us women journalists in particular to be threats and prevent us from doing our jobs. All women journalists working in the field feel it.

Talking about the hardships they face as women journalists in the field, Ren says, "While we were covering news in Diyarbakır on March 8 Women's Day along with male journalists, we were subjected to identity check by security forces for minutes. While our male friends were let in, they prevented us from doing our jobs by making us wait for minutes."

Ren notes that women journalists are "always subjected to this discrimination while working in the field": "This is quite frequent in the region."

Report: 62 journalists still arrested

Tigris Euphrates Journalists (DFG) Association Co-Chair Serdar Altan says that 2021 was a "dark year" for journalists and shares the following information: In 2021, investigations were launched against 54 journalists, 47 journalists were sentenced to 133 years in prison in total and two journalists were killed while 62 journalists are still arrested.

Altan also raises concerns that his colleagues are subjected to ill treatment by security forces while following up news in the region.

"Turkey is in the position of a prison for journalists," says Altan, concluding his remarks briefly as follows:

"This is also the case for the journalists who are not in prison. Because the journalists outside cannot find the opportunity to practice their profession in a free environment. As they do not work for pro-government media outlets, journalists are portrayed as bogeys, so to say. Therefore, there was no shortage of investigations, court cases and penalties against journalists." .(BIA, 14 January 2022)

Un journaliste kurde condamné à la perpétuité

Le journaliste kurde Rojhat Doğru a été condamné jeudi à l’emprisonnement à perpétuité par un tribunal de Diyarbakir pour séparatisme et tentative de meurtre. En toile de fond, ses reportages sur les manifestations en soutien à Kobanê ainsi que sur la guérilla kurde à Qandil.

Le journaliste Rojhat Doğru a été condamné à la prison à vie à Diyarbakir, jeudi. Selon les juges turcs, il aurait « violé l’intégrité et l’indivisibilité de l’État ». En outre, le journaliste kurde a été condamné à dix ans de prison pour « tentative d’homicide » et à plus d’un an pour propagande en faveur d’une organisation terroriste.

Rojhat Doğru n’a pas assisté à l’audience où il était représenté par son avocat Resul Temur. Le tribunal a émis un mandat d’arrêt à son encontre. À l’issue du procès, l’avocat a déclaré qu’il ferait appel du verdict.

Les faits reprochés au journaliste sont relatifs à ses reportages sur des manifestations qui ont eu lieu du 6 au 8 octobre 2014, en soutien à la ville de Kobanê alors attaquée par l’État islamique. En 2015, Doğru avait été désigné comme le journaliste le plus performant de l’année par l’Association des journalistes du Sud-Est (GGC) pour ses reportages vidéo. L’ancien caméraman de Gali Kurdistan TV était également jugé pour ses posts sur les médias sociaux, ainsi que pour un transfert d’argent à un détenu. Une autre accusation concernait un reportage que Doğru avait réalisé en 2014 pour la chaîne de télévision Gali Kurdistan, à Qandil, où se trouve la base du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), dans une période où il y avait des négociations entre le mouvement kurde et l’État turc pour une solution politique à la question kurde.

Rojhat Doğru avait été arrêté et détenu pendant trois mois en 2019. À l’époque, il était accusé d’agression armée lors des manifestations pour Kobanê. Cependant, une expertise basée sur des enregistrements a révélé qu’il ne portait pas d’arme au moment des faits. En mai 2020, il a de nouveau été arrêté pour avoir envoyé de l’argent à un ancien codétenu et a passé deux mois en détention. Les deux procédures ont ensuite été jointes. (RojInfo,7 janvier 2022)

Top court urges Parliament to eliminate structural problems within a year

The Constitutional Court, in a statement on October 27, 2021, announced that it handed down a pilot ruling regarding access blocks. The top court pronounced its detailed pilot ruling today (January 7).

The Court examined the similar applications of news websites and online editions of newspapers such as BirGün, Artı Gerçek, SoL, Diken and TarımdanHaber as well as columnist Çiğdem Toker and concluded that the access blocks on 129 news stories in total violated rights.

The top court has concluded that freedom of expression and press and right to an effective remedy as per Articles 26, 28 and 40 of the Constitution have been violated by the related access blocks.

Noting that the rights violations are caused by a structural problem, the Constitutional Court has concluded that the 'pilot ruling method' shall be implemented and 'the Grand National Assembly of Turkey shall be notified of the arbitrariness in order to eliminate the structural problem.'

The top court has also ruled that some applicants shall be paid 8,100 Turkish Lira (TRY) in non-pecuniary damages each and the court expenses, along with the official accrued interest, shall be paid back to them.

As per this pilot ruling, if the Parliament fails to introduce a new legal regulation within a year, the Constitutional Court will hand down rulings of rights violation for all similar other applications on access blocks.

The highlights from the ruling are as follows: The scope of the access block procedure shall be legally and sufficiently clear; an obligation of immediate social need shall be introduced for access blocks; the limits of interference of public institutions shall be set; assurances that will not lead to arbitrary practices shall be determined; access blocks shall be open to appeals; criminal judgeships of peace shall impose access blocks as a last resort.

Access blocks in Turkey

According to the figures shared by the Freedom of Expression Association (İFÖD), in the last 14 years, access blocks have been imposed on 467,011 websites by 408,808 different decisions given by 764 different institutions (courts and administrative institutions) in Turkey. Only in 2020, 58,809 websites were blocked to access in the country.

The same report shows that in 2020, as per 819 different decisions given by 236 different criminal judgeships of peace, access blocks were imposed on 5,645 news URLs. Since February 2014, 22 thousand 554 news URLs have been blocked to access. As of the end of 2020, the number of access blocks imposed as per the Law no 5651 and other laws were as follows:

    467,011 websites
    150,000 URL addresses
    7,500 Twitter accounts
    50,000 tweets
    12,000 YouTube videos
    8,000 Facebook posts
    6,800 Instagram posts

What is a pilot ruling?

In the event that the Constitutional Court concludes that an individual application stems from a structural problem and foresees that the related problem can be solved by other means, it gives a pilot ruling.

The top court specifies one or more files and gives a single ruling about similar applications. In this ruling, principles as to how this structural problem can be resolved are put forward. The administrative authorities are asked to resolve the problem within the framework of these principles. If the problem is not resolved within the specified period of time, the Constitutional Court examines all files and gives a ruling of rights violation. (BIA, 7 January 2022)

47 journalists sentenced to 133 years in prison in Turkey in 2021

The Tigris-Euphrates Journalists Association (DFG) has released its annual report on violations of rights against journalists in Turkey in 2021.

The findings of the report were shared with the public at a press conference at the DFG office in Turkey's Kurdish-majority southeastern province of Diyarbakır yesterday (January 4).

Some of the main findings of the report for 2021 were summarized as follows:

o    55 journalists were attacked.
o    Two journalists were killed.
o    The houses of nine journalists were raided.
o    61 journalists were detained.
o    6 journalists were arrested.
o    23 journalists were subjected to torture and ill treatment.
o    11 journalists were threatened and forced to be agents.
o    102 journalists were prevented from news follow-up.
o    Investigations were launched against 54 journalists.
o    Court cases were filed against 51 journalists.
o    Journalists were sentenced to 133 years, 8 months, 21 days in prison in total.
o    Journalists were fined 72,206 Turkish Lira.
o    336 journalists had their hearings as part of ongoing trials.
o    62 journalists were arrested as of January 4, 2022.
o    75 journalists were dismissed.
o    One journalist's press card was cancelled.
o    The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) imposed 59 fines, 12 of which were broadcast fines.
o    The Press Advertisement Institution (BİK) fined four newspapers by cutting their public ads for 115 days in total.
o    112 access blocks were imposed.
o    64 websites were closed.
o    Access to 1,460 news reports was blocked.

Sharing the findings of the report with the public, DFG Co-Chair Dicle Müftüoğlu said that yesterday (January 4) also marked the second anniversary of the association. Emphasizing the importance of democracy, freedom of thought and expression as prerequisites for a freer and livable world, she noted that the basic necessity for this is press freedom.

Referring to the political, social and economic crises as well as the shadow of the novel coronavirus (COVID-19) pandemic all across the world, Müftüoğlu underlined that the pressure of the government on people increased more than ever before in Turkey in this period.

Recalling that the oppressed peoples, especially Kurds, entered 2021 with hopes of freedom and raised the struggle, they were placed under greater pressure and faced attempts of inactivation as a whole.

"The regime of oppression has been aggravated even further in Turkey," she said, reminding the public that dozens of journalists had to enter yet another new year in prisons and behind four walls.

'Journalists outside not free either'

Further in her speech, Dicle Müftüoğlu raised concerns that Turkey "has long been faced with an undeclared State of Emergency regime in the field of the press," noting that "this fascistic approach is still in place today and journalists are viewed almost as dangerous beings."

"The dosage of pressure has increased to such an extent that it has become almost impossible for journalists to work in the field," she said, adding, "The government's attitude, pressure and what has been happening in terms of press freedom show us that Turkey is in the position of a prison for journalists. This is also the case for the journalists who are not in prison. Because journalists outside cannot find the opportunity to practice their profession in a free environment, either." (BIA, 5 January 2022)

Journalist Ferhat Çelik detained in İstanbul

Mezopotamya Agency (MA) Managing Editor Ferhat Çelik was taken into custody last night (January 5).

Police came to the house of Çelik in İstanbul's Şişli, telling him that the Gaziantep Chief Public Prosecutor's Office launched an investigation against him over a news report shared on the MA's YouTube page. Saying that he had to give his statement about the issue, the police detained the journalist.

After he underwent a medical check at the Okmeydanı Training and Research Hospital, Çelik was taken to the Feriköy Police Station.

The police station informed that there was a one-day detention warrant against Çelik for "propagandizing for a terrorist organization".

Held in Feriköy Police Station, Ferhat Çelik is expected to give his statement at the prosecutor's office today.

Ferhat Çelik is one of the journalists frequently facing police and judicial harassment in Turkey. Over the news about the intelligence officer laid to rest in Manisa following his death in Libya, Çelik was put on trial along with journalists Aydın Keser, Barış Pehlivan, Barış Terkoğlu, Eren Ekinci, Hülya Kılınç and Murat Ağırel. He was sentenced to 4 years, 8 months, 7 days in prison for violating the Law on National Intelligence Organization (MİT).

Over a news report titled "Bugs put in prisoners' food in Bayburt", which was published by the MA on October 4, 2018, Managing Editor Ferhat Çelik was also put on trial in 2021 upon the criminal complaint of the Bayburt Type M Closed Prison. He was acquitted at his first hearing.

Frequently detained, Çelik was taken into custody last year while he was on his way to visit journalist Sadık Topaloğlu in prison. He was released after giving his statement; however, police officers came to his house in the evening and detained him again, saying that "he should depose." (BIA, 5 January 2022)

Kurdish Question / Question kurde

Syrie: les Kurdes reprennent une prison six jours après un assaut sanglant de l'EI

Les forces kurdes soutenues par des soldats américains en Syrie ont repris mercredi le contrôle d'une grande prison attaquée par le groupe Etat islamique (EI), mettant fin au plus important assaut jihadiste dans le pays en trois ans.

Les combats qui ont suivi l'assaut lancé le 20 janvier pour libérer des jihadistes de la prison de Ghwayran à Hassaké (nord-est) contrôlée par les forces kurdes, ont fait 181 morts -124 jihadistes, 50 combattants kurdes et sept civils-, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ils ont également poussé à la fuite par un temps glacial environ 45.000 personnes qui vivaient dans les secteurs proches de la prison, d'après l'ONU.

Certains déplacés ont trouvé refuge dans une mosquée de Hassaké. "On est en sécurité ici, mais il n'y a ni pain, ni eau, ni sucre", lance Maya, 38 ans, mère de neuf enfants, en tentant de calmer son nourrisson qui tremble de froid.

"Toute la prison est sous notre contrôle et les détenus sont transférés vers un lieu sûr", a indiqué Nowruz Ahmed, une responsable des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, pays en guerre depuis 2011.

Elle a ajouté lors d'une conférence de presse que 9.000 combattants kurdes avaient pris part à l'opération et  continuaient de ratisser la zone.

Des prisonniers, qui se sont mutinés et servis dans une armurerie, ont participé aux combats aux côtés d'assaillants qui ont réussi à s'infiltrer dans la prison.

Avec des camions piégés et des armes lourdes, plus d'une centaine de jihadistes ont participé à l'assaut, la plus importante attaque menée par l'EI depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux forces kurdes.

- "Problème international" -

Les FDS ont été aidées par des soldats américains de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington pour reprendre la prison. Les quartiers autour ont été sécurisés, selon les forces kurdes.

Un porte-parole des FDS, Farhad Shami, a fait état de la reddition des jihadistes retranchés dans la prison avant sa reprise.

Les FDS avaient coupé la nourriture et l'eau de la prison pendant deux jours pour forcer les jihadistes à se rendre, a indiqué l'OSDH.

Plus de 1.000 jihadistes, des prisonniers ou des infiltrés, se sont rendus aux forces kurdes depuis le 20 janvier, avaient auparavant indiqué les FDS et l'OSDH. Et un nombre indéterminé de jihadistes sont parvenus à s'échapper depuis l'assaut, a dit l'ONG ce que les FDS ont démenti.

La prison abritait au moins 3.500 jihadistes de différentes nationalités, selon l'ONG.

L'ONU et des organisations de défense des droits humains ont fait également état de centaines de mineurs enfermés dans cette ancienne école reconvertie en centre de détention. On ignorait dans l'immédiat le sort de ces mineurs.

Mercredi, l'administration autonome kurde qui contrôle de vastes régions du nord et nord-est syrien a de nouveau appelé la communauté internationale à l'aide, craignant que l'EI ne se renforce.

"C'est un problème international que nous ne pouvons régler seuls", a dit à l'AFP Abdel Karim Omar, responsable kurde.

La plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier l'ensemble de leurs citoyens détenus dans les prisons et camps sous contrôle des Kurdes, se contentant de rapatriements au compte-gouttes.

- "On meurt de froid" -

Des experts voient dans l'assaut jihadiste une étape vers la résurgence de l'EI, qui s'est replié dans le désert syrien après sa défaite en Syrie et en 2017 en Irak, pays voisin.

"Il s'agit d'un problème mondial qui nécessite une réunion de nombreux pays pour trouver une solution durable à long terme", a déclaré la coalition internationale dans un communiqué. "Les prisons de fortune dans toute la Syrie sont un terreau fertile" pour l'EI.

Et comme toujours les civils payent le prix des violences dans un pays où la guerre complexe aux multiples protagonistes a fait environ 500.000 morts depuis 2011.

Face aux combats et craignant l'infiltration de jihadistes dans leurs quartiers proches de la prison, les habitants ont fui pour se réfugier chez des proches, dans une mosquée ou dans des tentes alors que les températures avoisinent zéro degré Celsius la nuit.

"On meurt de froid ici. Ce qu'on veut, c'est être en sécurité et rentrer chez nous", confie les larmes aux yeux Nabila, une mère de sept enfants. (AFP, 26 jan 2022)

Combats près de la prison attaquée par l'EI en Syrie

Des affrontements ont eu lieu samedi entre les forces kurdes et des membres du groupe Etat islamique (EI) près d'une prison du nord-est de la Syrie, attaquée par les jihadistes et où certains sont toujours retranchés, selon une ONG syrienne.

Des dizaines de combattants de l'EI ont lancé un assaut le 20 janvier contre la prison de Ghwayran à Hassaké, une zone aux mains des Kurdes, pour libérer leurs frères d'armes.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte contre l'EI en Syrie, avaient déclaré mercredi avoir repris le contrôle de la prison, à l'issue de six jours d'intenses combats.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a fait état samedi d'"affrontements aux abords de la prison entre les FDS et les Forces de sécurité intérieure (FSI) kurdes d'un côté et des membres de l'EI de l'autre" qui s'étaient cachés dans les quartiers adjacents à la prison.

Selon l'ONG, quatre civils, dont un responsable local, ont été pris en otages par des combattants de l'EI dans un immeuble du quartier de Ghwayran, avant que les forces kurdes ne les libèrent et tuent trois jihadistes.

Selon cette même source, des tirs intermittents ont été entendus dans ce secteur.

Si les forces kurdes ont repris le contrôle de la prison et de très nombreux jihadistes se sont rendus ou ont été arrêtés, elles affirment qu'entre 60 et 90 membres de l'EI se terrent encore dans des sous-sols ou au rez-de-chaussée de la prison.

Selon l'OSDH, des dizaines sont retranchés dans la partie nord de la prison, "difficile à viser par les airs ou à accéder par voie terrestre".

Vingt jihadistes se sont rendus samedi, a indiqué en soirée l'ONG, faisant état par ailleurs de la mort de cinq autres dans des combats dans la prison.

 Les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde en Syrie, ont diffusé des images présentées comme la reddition de plusieurs jihadistes.

Un vidéaste de l'AFP a vu de son côté des cadavres, probablement de membres de l'EI tués dans les combats, entassés dans un camion, puis un bulldozer y déverser d'autres corps.

Le porte-parole des FDS Farhad Shami a indiqué que les corps seraient enterrés dans des secteurs "isolés" contrôlés par les forces kurdes.

Il a en outre ajouté que les forces kurdes envisageaient une solution "militaire" pour les jihadistes qui ne se rendent pas.

 Depuis le 20 janvier, les forces kurdes empêchent les journalistes d'entrer dans le quartier de Ghwayran ou de s'approcher de la prison.

L'assaut de l'EI, considéré comme le plus important depuis sa défaite il y a trois ans, a fait au moins 270 morts depuis le 20 janvier dont: 189 jihadistes, 74 combattants et membres de la police kurdes et sept civils, selon l'OSDH. (AFP, 29 jan 2022)

Plus de 70 morts en trois jours de combats entre les forces kurdes et l'EI

Les combats se poursuivent samedi pour le troisième jour consécutif entre le groupe Etat islamique (EI) et les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie, à la suite d'une attaque jihadiste d'ampleur qui a fait plus de 70 morts.

"Au moins 28 membres des forces de sécurité kurdes, cinq civils et 45 combattants de l'EI ont été tués" depuis le début de l'attaque contre la prison de Ghwayran, l'une des plus grandes abritant des jihadistes en Syrie, a indiqué Rami Abdel Rahman, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'EI a lancé un assaut dans la nuit de jeudi à vendredi contre cette prison, située dans la ville de Hassaké, qui abrite quelques 3.500 membres présumés de l'EI parmi lesquels des dirigeants du groupe, a encore affirmé l'OSDH. Selon l'ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, les jihadistes "s'étaient emparés d'armes qu'ils avaient trouvés" dans l'armurerie du centre de détention. L'OSDH a également affirmé que la prison était encerclée par les forces kurdes avec le soutien de la coalition internationale et que des centaines de prisonniers de l'EI avaient été arrêtés.

Des dizaines de détenus ont réussi à s'enfuir à la suite de cette attaque, la plus importante depuis la défaite de l'EI en 2019 en Syrie, toujours selon l'ONG. "Les combats se déroulent du côté nord de la prison", a affirmé samedi Farhad Shami, le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes, évoquant une "situation exceptionnelle à l'intérieur et autour" de l'établissement pénitentiaire.

Vendredi, dans un communiqué diffusé par "son agence de presse" Amaq, le groupe jihadiste a revendiqué l'attaque contre la prison indiquant que l'objectif de cette opération était "de libérer les prisonniers".

"Bonne cible"

"L'EI veut aller au-delà de son statut de réseau terroriste et criminel et pour ce faire, il a besoin de plus de combattants", a déclaré à l'AFP Nicholas Heras du Newlines Institute à Washington. "Les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force dans les armes, et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée", a-t-il ajouté.

De nombreuses prisons dans les zones syriennes contrôlées par les Kurdes, où une grande partie de l'ancienne "armée" de l'EI est détenue, étaient à l'origine des écoles et donc mal adaptées pour garder des détenus pour de longues périodes.

Selon les autorités kurdes, qui contrôlent de vastes zones du nord de la Syrie, quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités sont détenus dans les prisons sous leur contrôle. En première ligne dans le combat contre l'EI, les FDS, soutenues par la coalition internationale, ont vaincu en 2019 le groupe jihadiste en Syrie en le chassant de son dernier fief de Baghouz dans la province de Deir ez-Zor (est). Malgré sa défaite, l'EI mène des attaques meurtrières, notamment dans le vaste désert syrien, qui s'étend de la province centrale de Homs jusqu'à celle de Deir ez-Zor, à la frontière avec l'Irak.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes. Le conflit a fait environ 500.000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes depuis son déclenchement. (AFP, 22 jan 2022)

Afrin Occupation: 1500 martyrs, 72 jets, 58 days of resistance…

The Turkish state's Afrin Occupation Operation, which was carried out with the approval of the United States and Russia, was one of the most violent strikes in history. Despite Erdogan's claim that "we will enter in a week and disperse them," the Turkish army and its SNA gang collaborators were defeated in the first week. The YPG, YPJ, Asayish (Public Security), Revolutionary Forces, Erka xwêparastin, Self-Defense Forces (HPC), internationalist fighters, and the people fought together, shoulder to shoulder.

The Russian double game

The groundwork for the invasion attack was laid during the SDF's campaigns against Turkish state gangs and ISIS-occupied areas in Shehba, and against ISIS in Manbij. During the Manbij and Shehba campaigns, the Turkish state backed its proxies and targeted SDF forces in both areas as well as Afrin.

While the Turkish state was attempting to obstruct these steps, it pursued both a threat and a relationship policy with the United States and Russia. On August 24, 2016, with the approval of the United States, an agreement with Russia was reached, and the Shehba Occupation Operation, which was launched from Jarablus, started. While ISIS withdrew from the fight with Turkey in several places, Turkey confronted the SDF, which was running a campaign against ISIS in al-Bab. On October 20, 2017, the Turkish state carried out an air strike on the SDF forces carrying out operations against ISIS in al-Bab. This attack claimed the lives of 22 SDF fighters. Russia, which had previously supplied air support to the SDF in the Shehba operation, forged the al-Bab deal with Turkey against Aleppo, allowing Turkey to enter Syrian territory in 2016.

While the SDF was conducting operations against ISIS alongside Coalition forces in the east of the Euphrates, YPG reached an agreement with Russia to counter Turkish threats in Afrin. On the basis of this agreement, the Russians established themselves in the Kefercanê village in Shera, Afrin in March 2017 as a guarantor against Turkey's threats. With the announcement that Russians would be deployed to Afrin, Turkey intensified its attacks on Afrin and Shehba. As a guarantor, the Russian military settled in Shehba in August 2017. While the Russians reached an agreement with the SDF on one hand, they pursued various bargains with Turkey based on the Astana Agreement on the other.

Invasion attacks in collaboration with Russia and the USA

The Afrin Occupation Operation, like the Shehba Occupation Operation, was carried out after Turkey negotiated and received consent from the United States and Russia. Tayyip Erdogan revealed this truth as he stated, "If we agree with Russia, we will enter Afrin, and if we agree with the United States, we will enter Manbij."

The remarks of the time’s US Secretary of State Rex Tillerson, "We will train a border guard force of 30,000 personnel in Northern and Eastern Syria," became the first flare for the invasion. "We will continue to engage with allies and partners like Turkey in the fight against terrorism, in addressing the terrorist danger in Idlib and Turkey's concerns about PKK members elsewhere," Tillerson said of Turkey's reaction to the US statement. The message from the US official was, "The way is paved." 

Russia, on one hand, bargained with Turkey over Ghouta and Afrin, while it on the other hand pledged to maintain its guarantorship in Afrin. Starting from the beginning of January 2018, the Turkish state's artillery attacks on Afrin intensified. Erdogan gave the news of the Afrin Occupation Operation in his speech at the AKP's Elazig Provincial Congress on January 13, 2017. “You will see how we will turn there upside down in less than a week,” Erdogan said.

Even after Erdogan's announcement, Russian officials told the YPG that their troops would continue to function as a guarantor. On January 19, 2018, while the Turkish press was creating headlines such as "Russian military retreated from Afrin" as a confession of the agreement, Russia denied this withdrawal.

72 jets for 3850 Square Meters

Following Erdogan's remarks, Afrin was subjected to artillery fire for days. Despite all of its assurances to the Afrin people, Russia withdrew its forces from Kefercanê on January 20, 2018, signalling the start of the Turkish invasion operation.

"Russia withdrew on the day the jets struck," reported journalist Egid Roj, who followed the developments in Afrin before the invasion and the Turkish state's Occupation Operation on the ground, and added “They had not provided any information to the YPG prior to their withdrawal. Russia kept its agreement with Turkey hidden until the day of the attack, when they abruptly withdrew, they paved the way for the invasion operation."

At 16:10 on January 20, 2018, 72 Turkish jets attacked Afrin, a small area of 3850 square meters in total. Turkish jets attacked around 180 civilian and military buildings in Afrin center, Jindires, Rajo, Shera, Sherawa, and Mabeta districts and villages in their first attack. In addition to the aerial bombardment of Afrin, the Turkish state and its mercenaries used artillery to attack Shehba. At 17:00, the Turkish state announced the launch of the "Campaign Olive Branch," an invasion and genocide operation on Afrin, which is famous for its olives. (ANF , 20 Jan 2022)

Citizens express support for HDP MP Gergerlioğlu

31 citizens, including journalists, writers and artists, have expressed their support for Peoples' Democratic Party (HDP) Kocaeli MP Dr. Ömer Faruk Gergerlioğlu in the face of an investigation due to his social media messages about Kurdish politician and ill prisoner Aysel Tuğluk.

Rights defenders have referred to Gergerlioğlu's speech in front of the Kandıra Prison, where Tuğluk is currently held, and the messages that he posted on his social media account afterwards:

"In today's environment where the aggrieved and oppressor are blurred, we, the undersigned, completely agree with this post of Dr. Gergerlioğlu and put our signatures under what he said and wrote."

The undersigned

Abdullah Demirbaş, Ahmet Aykaç, Aydın Engin, Ayşegül Devecioğlu,Baskın Oran, Bülent Atamer, Can Dündar, Celal Yıldırım, Doğan Özgüden, Erdoğan Aydın, Ergun Babahan, Eser Karakaş, Esra Koç, Eşber Yağmurdereli, Fikret Başkaya, Gençay Gürsoy, Gürhan Ertür, Hacer Ansal,İnci Tuğsavul, Mebuse Tekay, Mehmet Rasgelenler, Mustafa Paçal, Nazar Büyüm, Nesrin Nas, Nesteren Davutoğlu, Orhan Alkaya, Osman Okkan, Oya Baydar, Sait Çetinoğlu, Şanar Yurdatapan, Viki Çiprut.

What happened?

The Justice Ministry rejected the request of HDP Kocaeli MP Ömer Faruk Gergerlioğlu, also a medical doctor himself, for visiting former HDP Vice Co-Chair Aysel Tuğluk, who has been diagnosed with dementia and is still arrested despite her illness.

In response to this, Gergerlioğlu went in front of the Kandıra Prison in Kocaeli, where Tuğluk is arrested, and made a statement there:

In his speech in front of the prison, he briefly said, "Aysel Tuğluk is suffering from great violations of rights. According to medical reports, Aysel Tuğluk must be taken out of the prison as soon as possible. We may face a more severe consequence if this is not done."

He also wrote on social media, "Let the atrocity end and justice be served. Aysel Tuğluk in Kandıra Prison must be out."

Following this statement, an investigation has been launched against him on charges of "degrading the State and bodies of the Republic of Turkey", "attempting to influence experts" and "praising the crime and the criminal" as per the Turkish Penal Code (TCK). (BIA, 19 January 2022)

Syrie: une "menace" sans précédent contre les humanitaires à Al-Hol

Les dangers pesant contre les humanitaires qui opèrent dans le camp d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, constituent une "menace" sans précédent, a averti dimanche un responsable kurde, quelques jours après le meurtre d'un secouriste par des membres du groupe Etat islamique (EI).

"La situation sécuritaire au camp est volatile et des cellules de l'EI sont toujours présentes" à Al-Hol, a indiqué à l'AFP Chaykhamous Ahmed, un responsable de l'administration semi-autonome kurde qui contrôle le camp.

Mercredi, le Croissant-Rouge kurde avait annoncé la mort d'un de ses membres d'une blessure par balle "alors qu'il accomplissait son devoir humanitaire" au siège de l'organisation à Al-Hol.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le secouriste a été tué par deux membres de l'EI, qui ont pu entrer dans le centre médical sous de fausses identités.

"La menace contre les organisations humanitaires et médicales constitue un précédent dangereux," a souligné Chaykhamous Ahmed, ajoutant que ces organisations allaient poursuivre leur travail, "mais pas de la manière requise".

Dans un communiqué conjoint diffusé mercredi, deux hauts responsables de l'ONU ont averti que les aides humanitaires dans le camp ne pourraient être délivrées efficacement que lorsque "des mesures seront prises pour résoudre les problèmes de sécurité persistants".

Pour sa part, Médecins sans frontières (MSF), l'une des organisations les plus importantes travaillant à Al-Hol, a souligné vendredi la nécessité de trouver des solutions à long terme pour "garantir la sécurité des résidents et des travailleurs humanitaires".

 Le camp d'Al-Hol, qui accueille des proches de combattants jihadistes, abrite près de 56.000 déplacés, dont la moitié sont âgés de moins de 18 ans, selon les derniers chiffres des Nations unies.

Depuis début 2021, l'OSDH a recensé le meurtre de 91 personnes à Al-Hol, pour la plupart des réfugiés irakiens, aux mains de l'EI. Parmi les morts figurent deux travailleurs humanitaires.

Malgré les exhortations répétées des Kurdes, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens qui se trouvent dans le camp, se contentant de rapatriements au compte-goutte par crainte d'éventuels actes terroristes sur leur sol.

Les pays dont les combattants et prisonniers de l'EI sont ressortissants n'ont pas non plus répondu aux demandes des autorités kurdes de mettre en place un tribunal international pour les juger. (AFP, 16 jan 2022)

Sancar: HDP in talks with left-wing groups for 'democratic alliance'

While the HDP is not considering joining the opposition alliance for the next parliamentary election, it is in talks with left-wing parties and groups for a "democratic alliance," the party's co-chair Mithat Sancar has said.

Joining the Nation's Alliance of the main opposition Republican People's Party (CHP) and the İYİ (Good) Party would be "neither necessary nor useful," Sancar told Diken news portal in an interview.

The opposition should find out how to work together until the elections rather than reducing the issue to who the presidential candidate will be, Sancar said.

The HDP is after forming a broad "democratic alliance" that includes several parties and political groups, he noted.

"We define our target of the democratic alliance to cover a broad range of segments. This alliance will not be limited to a certain circle. Of course, we want to walk together with the left and socialist powers," he said.

"It would be right to build this alliance on two legs. The pillar of this alliance must be the partnership of struggle," he added. "We are of the opinion that a discussion confined to election alliances cannot produce solutions for today's severe problems."

They intend to unite "all the oppressed," said Sancar.

The HDP has assigned a special delegation to conduct talks with left-wing groups, including the Labor Party (EMEP), the Workers' Party of Turkey (TİP), the Left (SOL) Party, the Communist Party of Turkey (TKP), the Social Freedom Party (TÖP), Halkevleri and the Federation of Socialist Assemblies, he noted. (BIA, 13 January 2022)

A Ankara, trois étudiants kurdes attaqués par un groupe ultra-nationaliste turc

Devant la faculté de droit de l'université d'Ankara, un groupe d'ultra-nationalistes turcs armés de machettes et de couteaux s'en prend à des étudiant kurdes

Dimanche soir, un groupe d’une trentaine d’ultra-nationalistes turcs a attaqué trois étudiants kurdes avec des machettes et des couteaux devant la faculté de droit de l’université d’Ankara.

Un des étudiants agressés a été gravement blessé à la jambe, tandis que deux autres ont été légèrement blessés.

M.U., l’un des étudiants attaqués, a déclaré qu’ils avaient d’abord été abordés par deux étudiants du nom de Isa Kök et Fatih Temel, connus au sein de l’université pour être des partisans de l’extrême droite, et qu’ils avaient ensuite été attaqués par un groupe plus large. Alors que les étudiants essayaient de s’enfuir, l’un deux a été poignardé par Isa Kök à la cuisse gauche, a indiqué M.U.

« Une foule de 20-25 personnes est arrivée, raconte M.U. Ils nous ont attaqués. Nous avons stoppé un véhicule de police. K.Y [l’étudiant blessé] a été transporté à l’hôpital. D.U et moi sommes montés dans le véhicule de police. Au moment où nous entrions au commissariat, une autre foule nous a attaqués. »

L’identité kurde des étudiants était connue

L’avocat des étudiants a déclaré qu’il s’agissait d’une attaque unilatérale à caractère raciste: « Il est évident que l’attaque a eu lieu en raison de leur identité. »

Placés en garde à vue suite à l’incident, les principaux agresseurs, Isa Kök et Fatih Temel, ont cependant été libérés après quelques heures, a-t-on appris ce matin. On ignore s’il y a d’autres personnes arrêtées.

Qui est Isa Kök ?

Isa Kök, ultra-nationaliste notoire, avait déjà attaqué deux étudiants avec une machette sur le campus de la faculté de droit de l’université d’Ankara. Cependant, le parquet d’Ankara avait alors qualifié l’incident de « simple bagarre » alors que les parties civiles avaient porté plainte pour « tentative de meurtre » et « établissement d’une organisation visant à commettre des crimes ». Ainsi, Kök n’a été condamnée qu’à une peine d’un peu plus d’un an d’emprisonnement assortie de sursis. . (Roj Info, 10 janvier 2022)

Militantes kurdes assassinées à Paris: manifestations neuf ans après

Deux mille manifestants ont défilé samedi dans les rues de Paris pour rendre hommage à trois militantes kurdes assassinées en 2013 dans la capitale française et réclamer justice dans cette affaire jamais jugée, selon les bilans convergents de la préfecture de police et des organisateurs.

"Neuf ans après, c'est une tache dans l'Histoire de la France. Ce n'est pas normal. Il faut que justice soit rendue", a dit à l'AFP Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et un des organisateurs de la manifestation.

Dans le calme et sous la pluie, le cortège est parti de la Gare du Nord pour rejoindre la place de la République, derrière une grande banderole à l'effigie des trois femmes, portant l'inscription "sans justice, la France restera coupable!", a constaté l'AFP.

Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été tuées le 9 janvier 2013 de plusieurs balles dans la tête.

Les manifestants, accompagnés par plusieurs associations, élus et partis de gauche, ont porté drapeaux et chasubles violets, sur lesquels figurent les visages des trois militantes, avec l'inscription "vérité et justice".

Ils accusent les services secrets turcs du MIT et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat. "Nous voulons la justice", "assassin Erdogan", a lancé la foule.

Dans un communiqué, les organisateurs de la manifestation demandent que le secret défense, invoqué par les autorités françaises, soit levé concernant les informations détenues par les services de renseignement, et que les familles des victimes soient reçues par le président Emmanuel Macron.

D'autres manifestations étaient prévues en France, notamment à Marseille, Toulouse, Strasbourg et Bordeaux.

L'enquête en France a relevé "l'implication" de membres des services secrets turcs dans le triple assassinat, sans désigner de commanditaires.

Des médias turcs ont notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, l'homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.

Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans les assassinats. Une information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014. (AFP, 8 jan 2022)

Campagne de signature pour la libération immédiate d'Aysel Tugluk

Appel au l’EU, le Conseil Européen et nouveau gouvernement fédéral allemand:

Aysel Tuğluk, avocate des droits humains et ancienne députée du Parti démocratique des peuples (HDP), est en détention en Turquie depuis maintenant cinq ans.

Le député Pervin Buldan a annoncé que Tuğluk est gravement malade et qu’elle n’a pratiquement pas parlé depuis l’agression d’une foule nationaliste dont elle fut victime, agression d’une foule nationaliste qui s’est déroulée lors des funérailles de sa mère. La Faculté de médecine légale médico-légale de l’Université de Kocaeli a déclaré qu’Aysel Tuğluk n’est plus apte à être emprisonnée en raison de la démence chronique et progressive d’Alzheimer et qu’elle devrait être libérée de la prison immédiatement. Cela a été rejeté par l’Institut de médecine légale d’Istanbul, affilié au ministère de la Justice.

Le Forum culturel Turco-Allemand appelle les autorités turques à mettre fin à la répression systématique des figures de l’opposition et à la libération immédiate d’Aysel Tuğluk et d’autres prisonnier.e.s malades, ainsi que de tous les prisonnier.e.s politiques en Turquie, comme Selahattin Demirtaş, Osman Kavala, Gültan Kışanak et des milliers d’autres, qui sont en prison uniquement en raison de leurs activités politiques et sociales.

Dans le même temps, nous demandons au le Conseil Européen, l’UE, et nouveau gouvernement fédéral allemand d’indiquer clairement l’orientation humanitaire de sa politique turque, en cette occasion spéciale, et de mettre fin à la politique d’apaisement du précédent gouvernement, mené par les coalitions précédentes, envers le Président Erdoğan:

“Envoyez un signal clair que votre gouvernement défendra les droits humains et la démocratie également en Turquie ! Exigez la libération immédiate d’Aysel Tuğluk et d’autres prisonnier.e.s malades, ainsi que des milliers de prisonniers politiques comme Selahattin Demirtaş, Osman Kavala et Gültan Kışanak!”

Par l'intermédiaire du Conseil Européen, dont la France vient de prendre la présidence, l'UE doit également mettre ces questions à l'ordre du jour, et ne pas tergiverser avec les autorités turques sur les droits humains. Aucun accord, économique ou sur les migrations, ne pourrait le justifier.

Le Conseil de l’Europe, quant à lui, a déjà de nombreuses fois délibéré au sujet de la Turquie. Les décisions de la Cour Européenne de Droits de l’Homme (CEDH) sont pourtant pas appliquées par les autorités turques. Il en va de la crédibilité du Conseil de les faire appliquer. Défendre tous les cas des personnes citées serait un premier pas indispensable.

Décembre 2021, Janvier 2022

Premiers signataires:

Erk Acarer, Ahmet Akgün, Lale Akgün, Rezan Aksoy, Kemal Aktaş, Ali Atalan, İmran Ayata, Nursel Aydoğan, Berivan Aymaz, Hayko Bağdat, Celal Başlangıç, Oya Baydar, Osman Baydemir, Saadet Becerikli, Lezgin Botan, Anke Brunn, Gerhard Brunn, Hasan Cemal, Cengiz Çandar, Safter Çınar, Abdullah Demirbaş, Renan Demirkan, Zehra Doğan, Can Dündar, Dilek Dündar, Ragıp Duran, Aydın Engin, Aslı Erdoğan, Bernhard von Grünberg, Ülkü Gürkan-Schneider, Gencay Gürsoy, Baskın Oran, Naz Öke, Doğan Özgüden, Tuba Hezer Öztürk, Leyla İmret, Selma İrmak, Hasip Kaplan, Yılmaz Karahasan, Atilla Keskin, Besime Konca, Kader Konuk, Klaus Kost, Ertuğrul Kürkçü, Nafiz Özbek, Bedia Özgökçe, Ziya Pir, Anton Rütten, Faysal Sarıyıldız, Herbert Schmalstieg, Nora Şeni, İnci Tuğsavul, Ferhat Tunç, Günter Wallraff, Gülçin Wilhelm, Kemal Yalçın, Sibel Yiğitalp, Ahmet Yıldırım, Ayşe Yıldırım, Ragıp Zarakolu, Mazhar Zümrüt.

FR: http://www.change.org/liberte_pour_AyselTugluk

28 opposition deputies, including HDP Co-Chair Buldan, face losing immunity

The Office of the Parliamentary Speaker has published 40 summaries of proceedings seeking to lift the legislative immunity of 28 opposition deputies, including 24 from the Peoples' Democratic Party (HDP).

The files were handed over to a Joint Committee formed by members of the Parliamentary Committee for Constitution and Justice.

HDP Co-Chair Pervin Buldan is among the HDP deputies who face losing legislative immunity.

Main opposition Republican People's Party (CHP) deputy Sezgin Tanrıkulu is also among the 28 deputies.

There is also one deputy from each of the Workers' Party of Turkey (TİP) and the Democratic Regions Party, as well as two independent deputies.

The list of the MPs:

o    HDP Co-Chair Pervin Buldan (2)
o    CHP İstanbul MP Mustafa Sezgin Tanrıkulu (1)
o    TİP Hatay MP Barış Atay Mengüllüoğlu (1)
o    DBP Diyarbakır MP Salihe Aydeniz (2)
o    Independent Muş MP Mensur Işık (1)
o    HDP Iğdır MP Habip Eksik (1)
o    HDP İstanbul MP Hakkı Saruhan Oluç (1)
o    HDP İstanbul MP Dilşat Canbaz Kaya (1)
o    HDP İstanbul MP Oya Ersoy (1)
o    HDP İstanbul MP Hüda Kaya (1)
o    HDP Siirt MP Meral Danış Beştaş (2)
o    HDP Van MP Murat Sarısaç (3)
o    HDP Van MP Tayip Temel (3)
o    HDP Van MP Muazzez Orhan Işık (1)
o    HDP Van MP Sezai Temelli (2)
o    HDP Ağrı MP Berdan Öztürk (2)
o    HDP Diyarbakır MP İmam Taşçıer (1)
o    HDP Diyarbakır MP Semra Güzel (1)
o    HDP Diyarbakır MP Garo Paylan (1)
o    HDP Şırnak MP Nuran İmir (2)
o    HDP Şırnak MP Hüseyin Kaçmaz (2)
o    HDP Muş MP Şevin Coşkun (1)
o    HDP Şanlıurfa MP Ayşe Sürücü (2)
o    HDP İzmir MP Murat Çepni (1)
o    HDP Ağrı MP Abdullah Koç (1)
o    HDP Ağrı MP Dirayet Dilan Taşdemir (1)
o    HDP Batman MP Necdet İpekyüz (1)
o    HDP Adana MP Tülay Hatımoğulları Oruç (1)

The process of lifting legislative immunity

Prosecutors send summaries of proceedings against legislators who face charges to the Ministry of Justice.

The ministry sends the filings to the Presidency and it refers them to the parliament's Joint Committee of Constitution and Justice.

If the committee decides to put the summaries on its agenda, a preparatory committee will be set up for each file.

The joint committee has one month to discuss decisions of preparatory committees.

If the committee votes for the lift of immunities, the summaries of proceedings will be sent to the parliament's general assembly.

Lawmakers whose immunities are sought to be lifted will testify before the parliament.

A simple majority of votes is required for the lift of the immunity of an MP.

The ruling Justice and Development Party (AKP) and its ally Nationalist Movement Party (MHP) have a majority in both the committee and the general assembly. (BIA, 4 January 2022)

Le Kurdistan d'Irak pleure ses morts après le naufrage dans la Manche

"Si je n'appelle pas, c'est que je serai en Angleterre", avait prévenu Chakar Ali dans son dernier appel avec sa famille. Son cercueil a atterri dimanche au Kurdistan d'Irak, avec 15 autres victimes de l'effroyable naufrage survenu fin novembre dans la Manche.

Sous la lumière blafarde d'un terminal à l'aéroport d'Erbil, des dizaines d'hommes, des femmes toutes de noir vêtues et des enfants ont attendu des heures pour récupérer la dépouille d'un proche.

Les corps sont finalement arrivés avant l'aube dans la capitale de la région autonome du nord de l'Irak, plus d'un mois après le naufrage. Le 24 novembre, au moins 27 personnes ont péri dans la Manche, sillonnée quotidiennement par des migrants tentant de rallier les côtes anglaises à bord de fragiles embarcations.

Parmi la foule à Erbil, certains se prennent dans les bras. Des femmes se lamentent et laissent libre cours à leurs pleurs. Une autre est venue avec des photos de famille qu'elle exhibe.

Assis, serrant sa cane contre sa poitrine, un vieil homme à la barbe blanche montre sur son portable une photo de son fils Afrasia, 24 ans seulement.

Les simples cercueils en bois ont été placés dans des ambulances qui transportent les dépouilles vers leur ville d'origine: Darbandikhan, Ranya, mais aussi Soran ou Qadrawa.

Le front posé contre une vitre, une femme sanglote. Assis dans un des véhicules, deux adolescents sont tout aussi émus. L'un d'eux a le visage posé contre le bois du cercueil pour un dernier adieu.

- "Il a échoué" -

A une centaine de kilomètres de là, dans une mosquée du centre de Ranya, plusieurs centaines de personnes saluent la mémoire des trois victimes du drame recensées dans la ville.

Les corps sont lavés selon la tradition musulmane. L'affluence est telle qu'on ouvre la grande salle de prière. Dans l'épais silence, les fidèles murmurent leur prière funéraire.

Parmi les victimes, Chakar Ali, 30 ans, parti de la maison depuis deux mois. La Turquie, la Grèce, puis l'Italie. Son périple méditerranéen prend fin en France.

"Il a tenté à sept reprises avec des amis la traversée vers la Grande-Bretagne", confie le frère aîné Chamal, qui lâche des réponses laconiques. "A chaque fois il a échoué."

Depuis trois ans, Chakar, diplômé en géologie pétrolière, cherchait un travail. "Il était au chômage jusqu'à son départ", poursuit le grand frère instituteur.

Il fustige le manque d'emplois et les politiques des autorités du Kurdistan. "A cause de ça, des centaines de familles ont perdu un enfant."

Au cimetière de Ranya, les hommes de la famille transportent sur leurs épaules les corps enveloppés dans un linceul. La foule compacte s'agglutine autour de la fosse où la dépouille est descendue.

Le cadet, Ramyar, se souvient de la dernière conversation avec son frère.

"Ils nous a dit +on a commencé la traversée. Si on vous appelle c'est que les gardes côtes nous ont arrêtés+", raconte le jeune homme de 20 ans.

"Si je n'appelle pas, c'est que je serai arrivé en Angleterre", poursuit-il.

- "Mariée de la mer" -

Prévu initialement vendredi, le rapatriement des 16 victimes irakiennes a été reporté à deux reprises.

Sur les corps retrouvés après le naufrage, 26 ont été identifiés en France: 17 hommes et sept femmes âgés de 19 à 46 ans, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans.

Parmi les victimes: un Kurde d'Iran, trois Ethiopiens, une Somalienne, quatre Afghans, un Egyptien, 16 Irakiens. Deux rescapés: un Kurde irakien et un Soudanais.

Des questions se posent sur les appels qu'auraient passés les migrants aux autorités françaises et anglaises quand leur embarcation de fortune a commencé à couler, selon le témoignage d'un rescapé.

La préfecture maritime de la Manche avait exclu que l'appel des migrants en difficulté n'ait pas été traité.

A l'aéroport d'Erbil, la famille de la jeune Baran a accroché à l'arrière de l'ambulance qui la ramène à Soran une bannière avec le portrait souriant de la jeune femme, accompagné des mots "La mariée de la mer".

Agée d'une vingtaine d'années, Maryam Nuri, "Baran" pour les intimes, a été la première victime du Kurdistan a être identifiée.

Elle voulait rejoindre son fiancé au Royaume-Uni pour "une vie meilleure", avait raconté son père à l'AFP après le drame.

Rien que cette semaine, trois naufrages ont eu lieu aux larges des îles grecques, faisant au moins 30 morts. Parmi les rescapés, des Syriens et des Egyptiens, mais aussi des Irakiens. (AFP, 30 déc 2021)


Investigation against HDP for statement on Armenian Genocide

The Ankara Chief Public Prosecutor's Office has prepared a summary of proceedings to investigate the members of the Peoples' Democratic Party (HDP) Central Executive Committee over their remarks on the Armenian Genocide.

The prosecutors request permission from the Ministry of Justice to investigate the politicians for "insulting the Turkish nation and the state" as per article 301 of the Turkish Penal Code.

Investigations under article 301 are subject to the justice minister's permission.
The HDP had released a statement on April 24 Armenian Genocide Remembrance Day.

The statement "put the Turkish nation and the State of the Republic of Turkey under suspicion before history," according to the summary of proceedings.

Citing a 1948 UN convention, the prosecutors said the word "genocide" cannot be used to describe "tragic events before this date" and the genocide claims are false.

Nine of the 10 pages of the summary of proceedings lists the European Court of Human Rights (ECtHR) statements about freedom of expression, according to a report by the T24 news portal.

The ECtHR had previously ruled that it was freedom of expression to say that the events in 1915 were not a genocide, noted the prosecutors.

No political party in the parliament can do "action against the nation," they argued. (BIA, 27 December 2021)


Minorités / Minorities

Hürmüz and Şimuni Diril Case: Still no indictment after two years

The Chaldean couple went missing in Turkey's southeast two years ago. Şimuni Diril's body was found, but Hürmüz Diril is still missing. HDP deputy Danış-Beştaş has submitted a motion regarding the issue.

Meral Danış-Beştaş, the parliamentary group chair of the Peoples' Democratic Party (HDP), has submitted a parliamentary question to Minister of Justice Abdullah Gül about a Chaldean couple who went missing two years ago in Şırnak.

"The fate of the case of Hürmüz Diril, who has been missing for exactly two years, and Şimuni Diril, who lost his life, has unfortunately entered a dangerous phase," Danış-Beştaş said in her motion.

"The fact that an indictment has not been written for two years, that Hürmüz Diril has not yet been found, that Apro Diril, one of the defendants in the case, is constantly arrested and released, and that the indictment was rejected after the deadline revives familiar concerns."

The Diril couple was thought to be kidnapped on January 11, 2020. Şimuni Diril's (65) deceased body was found on March 20, 2020, about 800 meters away from their home in a village in the Syriac village of Mehre (Kovankaya) in Beytüşşebap, Şırnak. Hürmüz Diril (71) is still missing.

Suspicions

"As all the public knows, there has been no effective search operation in the two years since the incident, and there is a possibility that the investigation into the incident will be closed without a conclusion.

"Again, although the forensic report includes information that Şimuni Diril's death occurred as a result of beating, the family has made statements to the press that there was a bullet mark in her back, but this was not included in the forensic medicine report."

On the date when the Şırnak 1st Heavy Penal Court rejected the indictment, the presiding judge of the court visited the governor of Şırnak, Danış-Beştaş also pointed out.

"The fact that the attorneys were informed about the rejection of the indictment and that the indictment was rejected after the deadline and subsequent to its submission on January 4, 2022, raises suspicions regarding the fate of the case," she noted.

She further stated that Apro Diril, a suspect, was arrested on June 23, 2021, released on September 10, 2021, was arrested again on October 2 and was released again on November 1. (BIA, 24 January 2022)

L'écrivain turco-arménien Sevan Nisanyan expulsé de Grèce a rejoint la France

L'écrivain et linguiste turco-arménien Sevan Nisanyan, arrêté fin décembre sur l'île grecque de Samos et invité depuis à quitter la Grèce, a annoncé dimanche sur sa page Facebook avoir rejoint Paris avant de poursuivre vers l'Arménie.

"Les Deux Magots à côté", a-t-il posté dimanche en référence au célèbre café parisien, après avoir déjà publié une photo de lui samedi à l'Opéra de Paris.

"J'ai quitté la Grèce, un autre Etat policier dément (...) Serai à Paris brièvement, ensuite en Arménie un certain temps", avait-il tweeté jeudi.

Recherché par la Turquie après s'être évadé de prison, Sevan Nisanyan, 66 ans, avait rejoint l'île de Samos en 2017 où il vivait avec un permis de séjour temporaire.

Il avait été condamné et emprisonné en Turquie en 2014 après avoir été accusé dans une affaire de construction illégale qu'il estime être une punition pour ses opinions politiques.

En 2012, il avait déjà été condamné en Turquie pour blasphème sur un blog défendant un film anti-islam qui ridiculisait le prophète Mahomet et avait déclenché des protestations de colère à travers le monde.

Sevan Nisanyan avait été arrêté le 30 décembre à Samos après que les autorités grecques eurent refusé de renouveler son titre de séjour, selon son épouse grecque Ira Tzourou, qui redoutait que son mari ne soit expulsé en Turquie.

Le 7 janvier, la justice grecque a finalement décidé de relâcher l'écrivain à condition qu'il quitte le pays dans les deux semaines.

"Comme Sevan Nisanyan est citoyen arménien, il peut partir en Arménie s'il le souhaite", avait alors précisé l'ambassade d'Arménie à Athènes.

La justice grecque refuse souvent d'extrader vers la Turquie les personnes qui déclarent y être persécutées pour leurs opinions. (AFP, 23 jan 2022)

Hrant Dink commemorated on 15th anniversary of his murder

Hundreds of people have gathered in Şişli, İstanbul to commemorate Hrant Dink on the 15th anniversary of his killing.

As every year, people gathered on the spot where Dink was shot, in front of the Sebat Apartments, the building formerly housed the Agos newspaper's office on Halaskargazi Street.

A big portrait of Dink with the inscription "15 incomplete years" was hung on the building.

People lit candles and laid carnations on the spot where Dink was shot. Songs in Turkish and Armenian were played.

Speaking at the balcony of the building, Bülent Aydın, one of the Friends of Hrant, said, "This case won't be over until the real murderers of Hrant receive the punishment they deserve."

"We have friends who can't be together with us today," he said, referring to Bircan Yorulmaz and Osman Kavala, who are in prison.

"We know that Kavala is following us. He is together with us with his heart from Silivri, where he is unjustly held.

"Bircan is one of our friends who has been addressing you from this balcony for 15 years. For the first time in 15 years, she is not together with us."

Emel Kurma read out a letter that Bircan Yorulmaz sent from the prison.

"Today, justice, truth and conscience are mentioned with his name. In the 15 years without Hrant, democracy, peace, freedom, human rights, law, justice and freedom of the press have declined more than ever before in our country," says the letter.

"Prisons are filled with intellectuals, writers, journalists, human rights defenders and elected politicians who struggle for these ideals. Those who try to wage this struggle outside are in constant danger of being deprived of their freedom.

"But we, as the Friends of Hrant, will continue to fight for democracy, peace and freedom from where he left off, wherever we are

Speaking after the letter was read out, Aydın mentioned Selahattin Demirtaş, a prominent Kurdish politician who has been in prison for more than five years.

"Once again, we greet our friends, deputies, mayors, writers and journalists, who have been deprived of their freedom and arrested for political reasons, from this place. Greetings to Selahattin Demirtaş, one of the people of this place."

After Aydın, Nazım Özgün, a university student who was five years old when Dink was killed, took the floor.

"When I was diagnosed with autism, [Dink] told my mother, 'Never give up on this child. His material is different, his soul is different. I wish uncle Hrant could have seen me enrolled at Hacettepe [University].

"Some stones have tongues. They speak to those who know how to hear them, like uncle Hrant's stone. For me, the stone in front of Agos is much more than the stone uncle Hrant fell on after he was shot. I'm here for the 15th time in 15 years. I promised: I won't forget, I won't give up."

Rakel Dink, the spouse of Hrant Dink, burst into tears after speaking.

"It's been 15 years since the treacherous bullets fired from the back took you away from us. Your voice is still in our ears. They had accused you of back-stabbing whenever you talked about what had been done to your people," said the late journalist's spouse, Rakel Dink.

"O God, you say, 'Love your enemies, do good to those who hate you, pray for those who insult.' I'm praying. Forgive them, they don't know what they are doing." ." (BIA, 19 January 2022)

Turquie-Arménie: premiers pourparlers de normalisation "constructifs"

La Turquie et l'Arménie ont salué vendredi des discussions "positives" et "constructives", après une première rencontre à Moscou entre leurs envoyés spéciaux pour normaliser des relations historiquement tendues.

Les émissaires, le Turc Serdar Kiliç et l'Arménien Rouben Roubinian, "ont échangé leurs vues préliminaires au sujet du processus de normalisation (...) dans une atmosphère positive et constructive", ont indiqué les ministères des Affaires étrangères à Ankara et Erevan, dans des communiqués identiques au mot près.

"Les deux parties sont convenues de poursuivre les négociations sans précondition en vue d'une normalisation" de leurs relations, ont ajouté les ministères, indiquant que la date et le lieu de la prochaine rencontre seraient choisis ultérieurement.

Aucune mesure concrète n'a cependant été annoncée à l'issue de ces premières discussions, qui ont duré une heure et demie et s'inscrivent dans un contexte de dégel entre Ankara et Erevan.

Les relations entre ces deux pays, dont la frontière commune est fermée depuis 1993, sont minées par plusieurs différends, notamment sur les massacres des Arméniens sous l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale.

De nombreux historiens qualifient ces tueries de génocide, reconnu en tant que tel par les gouvernements ou les parlements de nombreux pays. Le nombre des Arméniens ayant trouvé la mort est évalué à 600.000 à 1,5 million.

Mais la Turquie, issue du démantèlement de l'Empire ottoman, récuse ce terme et évoque une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont péri.

Les rapports entre Ankara et Erevan ont également pâti de la guerre qui a opposé en 2020 l'Azerbaïdjan à l'Arménie pour le contrôle de la région séparatiste de Nagorny-Karabakh, un conflit pendant lequel la Turquie a soutenu l'Azerbaïdjan.

Mais après des années de tensions, Ankara et Erevan ont multiplié les gestes d'apaisement ces dernières semaines.

L'Arménie a ainsi annoncé le mois dernier la fin de son embargo sur les produits turcs. En outre, des vols charters entre Erevan et Istanbul débuteront le 2 février.

En 2009, la Turquie et l'Arménie avaient déjà signé un accord visant à normaliser leurs rapports. Censé aboutir à l'ouverture de leur frontière commune, le document n'a jamais été ratifié par Erevan, qui a abandonné la procédure en 2018. (AFP, 14 janvier 2022)

Hrant Dink’s dreams in his own voice: 'Memory too low for words'

Agos Newspaper Editor-in-Chief Hrant Dink will be commemorated with the film 'System Memory Too Low For Words' ahead of the 15th anniversary of his assassination on January 19, 2007 in İstanbul.

Devised and produced by documentary filmmaker and writer Ümit Kıvanç, the film may be watched on "https://hrantdink.org/en/", the website of Hrant Dink Foundation, at 8 pm local time in Turkey on January 13.

The Hrant Dink Foundation has announced the premiere of the film in a statement on its website in the following words:

"You can watch the film on January 13 at 20.00 (GMT+3) to witness on the 15th year of his assassination Hrant Dink's passion which made him a target, and to hear from his own voice his dreams for Turkey and the world in these tumultuous days.

"The film 'System Memory Too Low For Words' devised and produced by Ümit Kıvanç, which transforms Hrant Dink's words to color, shape and sound, lays before us the 'errors' in the 'system' which did not allow space for Hrant Dink and his words."

NOTE: On Wednesday, January 19 at 15:00 (GMT+3), Hrant Dink will be commemorated in front of the Sebat Building which used to house the Agos newspaper, where he was assassinated 15 years ago.

From the nursery school to Agos, a life-long struggle

Born in Malatya province in September 1954, Agos Editor-in-Chief Hrant Dink was killed in an armed attack on the Şişli Halaskargazi Street, where the newspaper was located, at 3 pm on January 19, 2007.

Founded in the year of his passing, the Hrant Dink Foundation shares the following biography of the late journalist in brief:

Hrant Dink was born in Malatya on September 15, 1954. He moved to Istanbul with his family when he was five years old. After his mother and father were separated, Hrant Dink and his two brothers went to live at the Gedikpasa Armenian Protestant Church Nursery School.

The three brothers all attended Incirdibi Primary school, which was run by the same church, in winter time and lived at the Tuzla Armenian Children's Camp of the school during their summers. Hrant Dink graduated from Bezciyan junior high school and studied at the Surp Hac Tibrevank boarding school before he completed his high school education at Sisli High.

He married Rakel Yagbasan, originally from the Armenian Varto tribe from Silopi in the Southeast of Turkey. They had three children. Dink studied zoology and philosophy at Istanbul University's Faculty of Science. He abandoned his dreams of a biological philosophy department at the university at the expense of his active engagement in the developing politics of the left. He was worried that his political engagement could be linked to his Armenian identity and harm the Armenian community living in Turkey, so he changed his name to the Turkish name Firat through the court verdict.

Within this period Hrant Dink and his wife Rakel took over the administration of the Tuzla Children's Camp, where they themselves once grew up and began looking after countless Armenian children. The camp underwent difficult times under the accusation of breeding Armenian militants there and was finally confiscated by the State in 1983. Following the closure of the camp, Dink was taken into custody and arrested three times due to his political views.

During the 1990s, Hrant Dink ran a bookstore with his brothers in Istanbul. He also started writing for the Armenian daily newspaper, Marmara. He especially wrote reviews of books about Armenian history printed in Turkey under the pseudonym Cutak which means, violin in Armenian.

On April 5th 1996, Hrant Dink took part in the foundation of Agos - the first weekly newspaper to be published in Istanbul in both Turkish and Armenian. The word Agos was used in both languages meaning the place where the plough opens a hole in the soil to give the seed in as a source of fertility.

As the editor in chief of Agos, Hrant Dink attracted public attention with his rhetoric, which opened new frontiers of debate. He also wrote columns for YeniYüzyıl and BirGün daily newspapers.

In 2002 Hrant Dink was sued for a speech he made at a conference in Urfa about identity and citizenship. It was 2006 by the time he was finally acquitted. However, the real intense period of court cases he was subjected to began in February 6, 2004 when an article was published in Agos under his name claiming that Sabiha Gokcen, the step-daughter of Ataturk, the founder of the Turkish Republic, might be of Armenian origin and had relatives in Armenia. In the story, entitled Secret of Sabiha Hatun, Hripsime Sebilciyan, an Armenian from Gaziantep, the Southeast of Turkey, who later took Armenian citizenship, claimed that she was Gökçens niece and Sabiha Gökçen was an Armenian orphan adopted from an orphanage.

Despite the supportive report of court experts stating that the newspaper article bore no element of any crime at all, Hrant Dink was still convicted on charges of "publicly insulting and degrading Turkishness'' and sentenced to 6 months in jail by Sisli Criminal Court in Istanbul on October 7, 2005. The verdict was approved by the Ninth Penalty Council of the Supreme Court.

When Dink made a statement on the verdict, a new case was filed - this time on charges of attempting to influence the judiciary.

During the first hearing of the court case a group of people who demanded to be accepted as an intervening party in the case, protested against Hrant Dink, both outside the court house as well as in the corridors of the building. Hrant Dink had to walk to the courtroom through a line of police, accompanied by his lawyer. As he passed, people tried to attack him, insulted him and spat at him. A group of people who were allowed to enter the courtroom threw coins and pens as well as insulting and threatening the lawyers. After the hearing when Hrant Dink left the court house in a police vehicle, the police had to accompany his lawyers to another police bus which was brought right in front of the courthouse to save them from the fury of the angry crowd.

Finally, following another story in Agos entitled 1 vote against 301 published on July 21st, 2006 another court case was opened against Hrant Dink, his son and acting editor of Agos, Arat Dink, and one of the main editors Sarkis Seropyan. The story that was published in Agos and led to this prosecution, quoted a statement that Hrant Dink had previously made to Reuters news agency. Referring to 1915 he had said of course this is a genocide because the result reveals and names the act itself. You see that a nation that was living on this land for four thousand years vanished after what happened. This statement he made to Reuters was later published in many Turkish newspapers as well as Agos. But it was only the editors of Agos who were prosecuted under Article 301 for "insulting Turkishness."

This court process continued after Hrant Dink was shot in front of his Office in Agos on January 19, 2007. After the assasination, previous charges against him were dropped.

La Grèce va expulser l'écrivain turco-arménien Nisanyan

La justice grecque a décidé de relâcher l'écrivain et linguiste turco-arménien Sevan Nisanyan mais à condition qu'il quitte le pays dans les deux semaines à venir, a annoncé vendredi l'Ambassade arménienne à Athènes.

Recherché par la Turquie après s'être évadé de prison et arrivé à Samos en 2017, Sevan Nisanyan, 65 ans, vit depuis sur cette île grecque de la mer Egée, bénéficiant d'un permis de séjour temporaire.

L'écrivain avait été arrêté sur l'île de Samos le 30 décembre 2021 après que les autorités grecques eurent refusé de renouveler son titre de séjour, avait précisé sa femme grecque Ira Tzourou sur Facebook et Twitter.
 
L'ambassade d'Arménie en Grèce a posté vendredi dans un communiqué sur Facebook qu'un tribunal administratif avait "annoncé une décision selon laquelle Sevan Nisanyan va être libéré aujourd'hui".

"Selon cette décision, il est obligé de quitter volontairement la Grèce dans les 15 jours à venir. Comme Sevan Nisanyan est citoyen arménien, il peut partir en Arménie s'il le souhaite", a-t-elle ajouté.

Sur son compte personnel sur Facebook, Sevan Nisanyan a annoncé qu'il était libre.

"J'ai été libéré après huit jours de prison", a-t-il écrit.

La semaine dernière, la police grecque avait refusé de dire pourquoi son permis de séjour n'avait pas été renouvelé.

L'ambassade d'Arménie avait alors déclaré qu'elle "prenait toutes les mesures possibles pour résoudre l'affaire".

Sevan Nisanyan avait été condamné et emprisonné en Turquie en 2014 après avoir été accusé dans une affaire de construction illégale qu'il estime être une punition pour ses opinions politiques.

En 2012, il avait déjà été condamné en Turquie pour blasphème sur un blog défendant un film anti-islam qui ridiculisait le prophète Mahomet et avait déclenché des protestations de colère à travers le monde.

La justice grecque refuse habituellement d'extrader vers la Turquie les personnes qui déclarent y être persécutées pour leurs opinions. (AFP, 7 jan 2022)


Armenian intellectual Sevan Nisanyan detained in Greece

Assembly of Exiles in Europe, January 2, 2022

Mr Sevan Nisanyan a Turkish Intellectual of Armenian origin is detained in Greece on 30 December 2021. Nişanyan is a well know intellectual and a holder of the prestigious award called Ayşe Nur Zarakolu Liberty Award by Turkish Human Rights Association in 2004 for his contributions to greater freedom of speech.

He is wanted in Turkey after escaping from Foca Prison on 14 July 2017 where he was serving a prison sentence of 16 years 7 months after his committal in early 2014.

His prison sentence was related to some planning regulation breaches and the charges are considered to be trumped up ones due to his political identity as a dissident. He is widely known to be a critic of the state in Turkey and his works in linguistic sphere as well as the research he carried out about the names of places changed by the Turkish regime when it was formed at he turn of the last century renderes him to be a target of the state. His works and declarations carry the undertones of his opposition to Kemalism which the official state system involving forced assimilation of ethnic minorities into Turkishness.

He is married to a Greek Citizen namely Ira Tzourou and has been on residence permit up until 29 December 21 and this was unrenewed despite his entitlement to it.
He is long been requested to be extradited to Turkey via Interpol Red List and his extradition will most certainly result in an unfair trial if not carries the risk of mistreatment in custody in addition.

We as the Assembly of Exiles in Europe appeal to Greek authorities not to extradite Mr Nisanyan and grant him the resident status he deserves. He should be released and be allowed to live with his wife in Samos where he was prior to his detention on 30 December 21. We ask international community to stay vigilant about the Turkish State campaigns involving Interpol Red List to silence the critics her citizens abroad. The dissenting opinion is a natural right and needs to be protected.

L'Arménie annonce la levée de son embargo sur les produits turcs

L'Arménie a annoncé jeudi qu'elle lèverait à partir du 1er janvier son embargo sur les produits turcs en vigueur depuis un an, un nouveau geste en faveur de la normalisation de ses relations historiquement tendues avec Ankara.

Ces rapports sont crispés en raison de la non-reconnaissance par la Turquie du génocide des Arméniens sous l'Empire ottoman et, plus récemment, de son soutien à l'Azerbaïdjan pendant une guerre contre l'Arménie l'an dernier.

Mais après des années de tensions, les deux pays, dont la frontière commune est fermée depuis presque trois décennies, ont multiplié ces dernières semaines les gestes d'apaisement, le dernier en date étant l'annonce de la levée de l'embargo.

"Il a été décidé de ne pas prolonger l'embargo sur l'importation des produits turcs dans notre pays", une mesure qui arrive à expiration vendredi, a déclaré jeudi le ministère arménien de l'Économie dans un communiqué.

"Nous espérons (...) qu'en vertu du principe de réciprocité, des conditions favorables seront mises en place pour permettre l'exportation des produits arméniens" en Turquie, a-t-il ajouté.

Autres signes d'apaisement ayant précédé cette annonce, des compagnies aériennes turques et arméniennes avaient déposé des demandes d'autorisation pour des vols charters et, surtout, Ankara et Erevan avaient nommé, mi-décembre, des émissaires pour normaliser leurs relations.

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a déclaré jeudi que ces deux envoyés se rencontreraient vraisemblablement en janvier à Moscou, donc en terrain neutre, la Russie ayant de bons rapports avec à la fois la Turquie et l'Arménie.

"Cette première réunion sera importante", a souligné M. Cavusoglu dans une interview télévisée, estimant que les efforts de l'Arménie pour améliorer ses rapports avec son pays étaient la preuve de ses "bonnes intentions".

Il a toutefois relativisé l'importance de la fin de l'embargo arménien, estimant que celui-ci n'était "de toute façon pas appliqué".

- "Atmosphère propice" -

Pour Hakob Badalyan, un politologue arménien, cette annonce d'Erevan est surtout un geste symbolique de bonne volonté avant la première réunion des deux émissaires et le début des négociations.

"L'Arménie veut créer une atmosphère propice au dialogue", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'embargo d'Erevan sur les produits turcs a été mis en place le 1er janvier 2021 pour punir Ankara de son soutien à l'Azerbaïdjan dans la guerre qui l'a opposé à l'Arménie au Nagorny-Karabakh, à l'automne 2020.

Ce conflit, qui a fait plus de 6.500 morts, s'est soldé par une lourde défaite de l'Arménie, contrainte de céder à Bakou plusieurs régions formant un glacis autour du Nagorny-Karabakh, un territoire en majorité peuplé d'Arméniens et ayant fait sécession de l'Azerbaïdjan à la chute de l'URSS, il y a trente ans.

Au cours de la guerre de l'an dernier, la Turquie a notamment fourni des drones armés à l'Azerbaïdjan.

Des observateurs s'interrogent toutefois sur les chances d'une normalisation à court terme des relations entre la Turquie et l'Arménie, des voisins aux contentieux anciens et qui n'ont jamais établi officiellement de relations diplomatiques.

Ces deux pays avaient déjà signé, en 2009, un accord visant à normaliser leurs rapports. Censé aboutir à l'ouverture de leur frontière commune, le document n'a jamais été ratifié par Erevan qui a abandonné la procédure en 2018.

Le principal obstacle qui se dresse entre eux reste le refus d'Ankara de reconnaître comme étant un génocide les massacres d'Arméniens par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale.

De nombreux historiens qualifient ces tueries de génocide, reconnu en tant que tel par les gouvernements ou les parlements de nombreux pays, dont les États-Unis, la France et l'Allemagne. Le nombre des Arméniens ayant alors trouvé la mort est évalué à entre 600.000 et 1,5 million.

Mais la Turquie, issue du démantèlement de l'Empire ottoman en 1920, récuse ce terme et évoque une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont péri. (AFP, 30 déc 2021)


Politique intérieure/Interior Politics


"Le Malaise Turc" à Thessaloniki

Ragıp Duran, Chronique Turquie, 30 janvier 2022·

Jeudi dans la soirée, au Centre Culturel Eneken à Thessaloniki, il y a eu la réunion de présentation du livre du Dr.Cengiz Aktar: Le Malaise Turc. Publié deja en quatre langues (Grec, Anglais, Français, Allemand)  ce petit livre, explique les racines et les raisons des impasses du régime actuel d’Ankara.

Des étudiants, des universitaires, des grecs d’origine de l’Asie Mineur, des citoyens qui désirent s’informer sur la Turquie étaient dans la salle pour d’abord écouter les trois interventions et puis débattre sur les thèses proposées par l’auteur.

Yiorgos Giannopoulos, responsable du Centre Culturel et éditeur de la revue Eneken, maître de cérémonie, a presenté le cadre général et a parlé du ‘’Malaise Grec’’, pour attirer l’attention sur les méfaits du nationalisme et carence de la démocratie et des libertés pas seulement en Turquie mais sur la terre toute entière.

Une responsable de la maison d’edition Papazissis, organisatrice de la réunion, a remercié le public et a brièvement parlé de la politique d’édition de sa maison.
Le Prof. Tsitselikis Konstantinos, doyen du Départment des Etudes Balkaniques, Slaves et Orientales  de l’Université de Macédoine, fin connaisseur de la Turquie moderne,  qui avait déjà accuelli le Dr.Aktar la veille dans une classe de son département, a exposé les differents stades de l’ascencion politique de Président Erdogan.
 
Enfin le Dr. Aktar dans sa présentation a insisté sur trois points:

·      Le régime actuel en Turquie est un totalitarisme avec ses propres spécifités. Erdogan est encore soutenu par au moins un tiers des électeurs. Le monde occidental et l’opposition turque estiment qu’Erdogan partira à la suite des premières élections et que tout ira bien en Turquie. Ceci n’est pas du tout vrai.
·      Erdogan a détruit presque l’ensemble des institutions. Du judiciaire à la santé, de l’université à l’environnement l’ensemble des institutions primordiales de l’Etat ne fonctionnent plus. C’est pourquoi il faut des dizaines d’années pour reconstruire un Etat et une société qui marche comme il faut en Turquie.
·       Le régime actuel et ses principaux acteurs ont commis tant de crimes qu’ils ne quitteront jamais le pouvoir même s’ils perdent les élections.
Lors du débat les auditeurs ont posé des questions et ont proposé des analyses sur la nature et le future proche du régime d’Ankara.

*

Le Dr. Aktar, avait  fait des études d’économie à Paris après son baccalaureat du fameux lycée franco-turc d’Istanbul. Il a redigé à l’Universite de Sorbonne sa thèse de doctorat intitulée ‘’L’Occidentalisation de la Turquie" en 1982. Il a été fonctionnaire international de l’ONU, plus précisement du Haut Commissariat pour le Refugiés pendant plus de 20 ans sur trois continents. De retour en Turquie, spécialiste de l’élargissement de l’UE, il a été un des initiateurs de la campagne "Je demande pardon aux Arméniens" en 2008. Dr.Aktar, fait partie du cercle des intellectuels indépendants de la gauche libérale qui au départ avait soutenu les réformes d’Erdogan mais s’oppose depuis à peu près 2011 contre l’Homme Unique du pouvoir. Il vit à Athènes et à Leros depuis 5 ans et enseigne à l’Université d’Athènes.

Erdogan limoge des responsables et s'en prend aux médias

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis samedi en garde les médias contre la diffusion de nouvelles "contraires aux valeurs et à la morale du pays", après avoir limogé le ministre de la Justice et le responsable des statistiques de l'inflation à dix-huit mois de l'élection présidentielle.

 "Il est devenu nécessaire de prendre des mesures afin de protéger (les familles, les enfants et la jeunesse) contre les contenus nocifs des médias", affirme M. Erdogan dans un décret publié samedi, un geste immédiatement interprété comme une nouvelle tentative de faire taire les critiques.

M. Erdogan appelle les autorités à intenter "des actions en justice" pour lutter contre "les effets destructeurs" de certains contenus dans les médias, sans donner davantage de précisions.

- "Etat d'urgence contre les médias" - 

Le président Erdogan vient de déclarer "un état d'urgence contre les médias", outre les arrestations de journalistes, a écrit sur Twitter Faruk Bildirici, journaliste et ombudsman reconnu.

L'homme fort de la Turquie a également limogé le chef de l'Office national des statistiques, Sait Erdal Dincer, selon un décret paru samedi, après la publication des chiffres annuels d'une inflation record.

M. Dincer avait été critiqué après avoir publié début janvier des données qui placent le taux d'inflation annuel à 36,1%, son plus haut niveau en 19 ans, dû à la dégringolade de la livre turque.

"J'ai une responsabilité vis-à-vis de 84 millions de personnes", avait fait valoir Sait Erdal Dincer, expliquant au quotidien économique Dunya qu'il ne lui était pas possible de publier des chiffres de l'inflation différents de ceux constatés par ses services.

"Je suis aujourd'hui à la tête de ce service, demain cela pourrait être quelqu'un d'autre", avait-il dit dans cet entretien publié en janvier, comme s'il savait qu'il pouvait être rapidement limogé.

L'opposition a néanmoins déclaré que le chiffre officiel était sous-estimé, affirmant que l'augmentation réelle du coût de la vie était au moins deux fois plus élevée.

- "Manque de confiance" -

Le président Erdogan, qui a limogé trois gouverneurs de la Banque centrale depuis 2019, n'a pas expliqué sa décision de nommer Erhan Cetinkaya, ancien vice-président du régulateur bancaire turc, au poste de chef des statistiques de l'État, à la place de M. Dincer.

"Cette décision ne fera qu'accroître le manque de confiance dans les données officielles dans un contexte où la politique économique est déjà une source d'inquiétude", a estimé l'analyste Timothy Ash de Blue Bay Asset.

Mais le président Erdogan, en position inconfortable à dix-huit mois de l'élection présidentielle, continue de défendre ses choix.

La hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l'objectif initial du gouvernement, à 13,58% sur le seul mois de décembre, s'explique par la chute de près de 45% en un an de la livre turque face au dollar, malgré des mesures d'urgence annoncées par le chef de l'État mi-décembre.

Conscient des dommages causés à sa cote de confiance, M. Erdogan avait promis début janvier de "ramener l'inflation à un nombre à 1 chiffre le plus vite possible".

Car ces données sont l'objet d'une âpre bataille politique: l'opposition et une partie de la population accusent l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment la hausse des prix, alimentée par la politique économique du président qui a poussé la banque centrale turque à abaisser systématiquement ses taux d'intérêt ces derniers mois.

M. Erdogan a par ailleurs nommé comme nouveau ministre de la Justice l'ancien vice-Premier ministre Bekir Bozdag pour remplacer Abdulhamit Gul, une personnalité du parti au pouvoir à ce poste depuis 2017.

"Le ministre de la Justice est remplacé, le président du Tüik est limogé avant que les nouveaux chiffres de l'inflation ne soient publiés : on ignore pourquoi", a écrit sur Twitter l'ancien vice-Premier ministre Ali Babacan, qui a quitté le Parti de la justice et du développement (AKP) d'Erdogan pour fonder le Parti de la démocratie et du progrès (Deva).

Les données de l'inflation du mois de janvier doivent être publiées le 3 février. (AFP, 29 jan 2022)


La Turquie veut modifier son nom pour ne plus être confondue avec «dinde» en anglais

Des années que le président Erdogan y songe. C’est désormais acté: la Turquie a demandé à l’ONU de transformer son nom anglais. Dans une déclaration datée du début du mois de janvier, le pays a demandé qu’on ne l’appelle plus «Turkey», traduction anglaise de son nom, mais«Türkiye». Pourquoi une telle requête? Simplement pour cesser d’être confondu avec un volatile, car turkey en anglais signifie... «dinde». Une confusion qui ne satisfait pas le chef d’État, qui cherche à peser sur la scène internationale.

C’est l’une des raisons qui a poussé le pays à cette rectification d’homonyme: porter le même nom qu’un animal ne donnerait pas au pays une image suffisamment sérieuse. «Türkiye» représente «notre culture, notre peuple et nos valeurs», a déclaré Erdogan dans son communiqué. Ce nouveau nom apparaît déjà sur le site du ministère turc des Affaires étrangères, ainsi que sur sa version francophone, où il est écrit: «République de Türkiye» . «Le mot ‘Turkiye’ représente et exprime au mieux la culture, la civilisation et les valeurs de la nation turque», a développé le Président. Une campagne de publicité «Hello Türkiye» a été lancée à cet égard pour soutenir cette décision. «Made in Türkiye» devrait également remplacer le «made in Turkey», jusqu’alors utilisé.

Le président turc est en cours de négociations avec les Nations unies et les responsables de l’ONU pour que ce nom soit officiellement reconnu. Ce n’est pas la première fois qu’un pays modifie la traduction anglaise de son homonyme. En 1989, la Birmanie, pour en finir avec son passé colonial, avait modifié son nom anglais: «Burma» est devenu «Myanmar». (Agences, 22 janvier 2022)

Le plus grand allié d’Erdogan: L’opposition Kémaliste

Ragıp Duran, Chronique Turquie, 22 janvier 2022

Au pouvoir depuis 2002, le Président Erdogan a pu garder et voire renforcer sa position hégémonique grâce  aux politiques Kémalistes de l’opposition. Il n’y pas de conflit entre Erdogan et l’opposition concernant le problème kurde, la question arménienne, l’Islam, la politique étrangère, les LGBTI…etc.. Pourtant les sujets vitaux de la Turquie d’aujourd’hui.

*

Le front de l’opposition officiel en Turquie est formé essentiellement de  quatre partis politiques :   CHP (Parti Républicain du Peuple, fondé par Ataturk, donc Kémaliste, 135 sièges sur 582); IYI (Le Bon Parti, 36 sièges, dirigé par Mme Meral Aksener, issu du MHP-extrême droite, 48 sièges; Gelecek (Futur, crée par l’ancien Premier Ministre Davutoglu, issu du Parti au pouvoir, pas de siège); DEVA (Fondé par l’ancien ministre de l’économie d’Erdogan, Parti de la Démocratie et de l’Elan, 1 siège).

Le HDP (Parti Démocratique des Peuples, 56 sièges, kurdes et gauches) essaie de créer un troisième front avec les petits partis de gauche pour lutter et contre le pouvoir et l’opposition officielle.

Cette semaine, les observateurs politiques indépendants  n’ont pas été étonnés de  voir l’ensemble des partis de l’opposition de Sa Majesté déclarer qu’ils voteront avec le parti d’Erdogan pour mettre fin à l’immunité parlementaire de Mme Semra Güzel, députée de Diyarbakir du HDP depuis 2018. Médecin de formation, Mme Guzel (38) avant d’être élue parlementaire, s’était entretenue clandestinement en 2016 avec son fiancé dans une région rurale de l’est anatolien, Volkan Bora, guérrileros du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, en lutte armée contre le pouvoir central turc depuis 1984). Bora est mort en 2017 lors d’un accrochage avec l’armée turque. Les photos de la rencontre du couple ont été trouvées (Par hasard!) sur le téléphone portable d’un membre du PKK. Le parquet a tout de suite ouvert une information contre Mme Guzel. Elle est accusée d’être membre d’une organisation terroriste et d’aider une organisation terroriste. Le tribunal a envoyé le dossier de Mme Guzel au Parlement, qui votera prochainement la levée de son immunité parlementaire avant d’être jugé devant la Cour d’Assise. Mme Guzel précise qu’en effet  Volkan Bora était son fiancé et ne nie pas la rencontre. De son coté, le HDP a déclaré que la relation entre Guzel et Bora n’est pas de nature organisationelle mais qu’il s’agit d’un rapport d’amour. Le Parti dénonce la campagne de lynchage contre la deputée et le HDP.

L’ensemble des partis de l’opposition officielle representé au Parlement ont déclaré publiquement qu’il voteront pour la levée de l’immunité. Cette position n’est pas nouvelle, rapelle-t-on. Car, quand il s’agit du problème kurde, de la question arménienne, d’un sujet de politique étrangère (opérations militaires en Syrie, en Irak, au Caucase, en Libye ou en Méditérranée Orientale), l’opposition parlementaire, à l’exception du HDP, s’est toujours rangée du coté d’Erdogan. “Mission nationale” disent-ils. “L’Etat avant tout”, croient-t-ils.

Le discours semi islamique de l’ensemble des leaders de l’opposition officiel est un autre atout d’Erdogan. Il n’y donc pas une opposition profonde et déterminée contre le pouvoir sur les sujets concernant la laicité, l’islam politique voire l’islamisme. “Ils croient tous que la majorité de la population turque respecte les dogmes religieuses et au nom de ne pas perdre des voix ils ferment les yeux devant les attaques islamistes d’Erdogan. Or quand les gens ont des poches vides, ils savent qu’Allah ne les remplira pas!” estime un prof de Sciences  Politiques vivant en exil.  

Cette opposition a une autre faiblesse politique: Elle croit qu’Erdogan peut organiser des élections Présidentielles et générales en printemps 2023 et dans des conditions libres, justes et légitimes. Alors que pas mal d’observateurs et d’historiens rapellent qu’un dictateur ne quitte jamais le pouvoir d’une façon démocratique et n’organise pas des élections qu’il perdra.

Dans les coulisses d’Ankara, la blague suivante est très à la mode:

"Si un jour Erdogan annoncera qu’il n’y aura plus d’élection, la réaction de l’opposition officielle sera ‘Nous demanderons les comptes lors du premier scrutin!’".

Campaign for LGBTI+s' political participation: ‘Turkey is ready for this'

In the face most commonly used argument of "Turkey is not ready for this," the Social Policy, Gender Identity and Sexual Orientation Studies Association (SPoD) has launched a campaign for LGBTI+s' political representation and participation, saying, "Turkey is ready for this".

The SPoD has said, "It is high time to eliminate this perception. Because society is us. We are your colleagues in the workplace, your relatives in your family, your deskmate at school, a stranger on the street and a shopkeeper in the neighborhood. We are the people whom you have fun together with at night and see on TV. If we are ready, Turkey is ready!"

In their statement announcing the campaign, the Association has recalled that the most common argument brought against the LGBTI+ movement's political representation and participation processes in Turkey for over 30 years has been "Turkey is not ready for this."

"LGBTI+ citizens demands for equality have been disregarded by saying, 'Society is not ready for this," the SPoD has protested, underlining that "according to some people's allegations, Turkey has never become ready for LGBTI+s." It has said, "But we know that this is an artificial narrative fabricated to hide the fact that LGBTI+s are a part of the society."

Underlining that LGBTI+s do not accept the argument of 'Turkey is not ready for this'," the SPoD has announced that with its campaign titled 'Turkey is Ready for This', it will discuss the requests for a constitutional process incorporating LGBTI+s and work to strengthen the processes of LGBTI+s to participate in politics in the upcoming elections.

The Association will also "discuss LGBTI+' requests for equal citizenship on a peaceful, non-violent, inclusionary, intersectional political ground so that Turkey's politics will be freed from male-dominated, populaist, polarizing, anti-democratic narratives that are getting increasingly prevalent."

The SPoD has said, "We know that the society of Turkey is ready to discuss our demands, identities and existence and to take the necessary steps as much as we do. We will keep raising our voices for clean politics and an LGBTI+inclusive constitution with the power of peace and democracy in the face of those condemning us to precarity, poverty, violence, discrimination."

Concluding the statement, the Association has said, "We are stronger and more real than the political power holders' policies of criminalization against us and various political parties' and politicians' 'shy' or covert support. We, in all walks of life of Turkey's peoples, have been existing for decades and we still exist. Turkey is none other than ourselves. Turkey is ready for LGBTI+s. Turkey is ready for this" (BIA, 21 January 2022)

Deux décès politico-tragiques en Turquie

Ragıp Duran, Chronique Turquie, 15 janvier 2022

Les médias et l’opinion publique turcs ont débattu la semaine passée sur la mort d’un étudiant de 20 ans et d’une femme de 30 ans dans des conditions tragiques. Ces deux décès séparés ont des dimensions religieuses et politiques.

Dans le premier cas, il s’agit du suicide d’Enes Kara, étudiant en 2éme année de la Faculté de Médecine de Firat à Elazig (Anatolie de l’Est). Kara a laissé une lettre et un video pour expliquer les raisons de mettre fin à sa vie. A la demande de ses parents il hébergeait dans un foyer d’étudiant dirigé par un secte religieux, la Communauté Nour, islamiste radicale, fondée par Said Nursi (1878-1960). "Je me trouve dans un milieu où j’ai perdu toute joie de vivre" avait écrit Enes. Il se déclarait athée et se plaignait de la répression des dirigeants du foyer. "Je ne me sens pas libre ici. J’ai à peine 3 heures sur 24 pour moi tout seul. Ils nous obligent à faire des lectures de livres religieux. De plus ils ont mis main sur mon portable" a-t-il déclaré.

Le père d’Enes qui déclare fièrement que toute la famille "appartient à cette Communauté depuis 25 ans" a estimé que son fils "aurait du connaître les rituels du secte". A sa demande un tribunal a décidé l’interdiction de publication des informations et des commentaires sur la mort de son fils. "Notre vie privée est violée et plusieurs médias se servent de cet incident pour leurs propres buts idéologiques" a-t-il declaré.

Les sectes religieux, les écoles coraniques privées et toute autre organisation à base de religion ont été interdit par une loi promulgée en 1925. Mais depuis surtout l’avènement au pouvoir d’Erdogan, ces sectes et Communautés, politiquement, financièrement et directement soutenus par le gouvernement ont refait surface. Ils sont en particulier très actifs dans le domaine de l’éducation y compris l’enseignement primaire. Le Ministère Nationale de l’Education signe des protocoles avec ces sectes, qui ont le statut officiel de Fondation, afin que ces dernières interviennent dans les écoles et lycées.

Ce fut encore ces sectes qui avaient revendiqué en mars 2021 l’annulation par Erdogan de la Convention d’Istanbul, convention du Conseil de l’Europe pour sauvegarder et renforcer les droits des femmes.

Selon les rapports du Directorat Général des Affaires du Culte, il existe une trentaine de secte en Turquie avec plus de 400 branches. Ces sectes sont considérés comme un grand potentiel d’électeur pour le parti d’Erdogan.

La mort d’Enes a suscité un grand tollé dans l’opinion publique. A l’exception d’Erdogan, de Devlet Bahceli, son allié d’extrême droite et de l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu, président du Parti du Futur, opposition mais encore et toujours islamiste. M.Ali Babacan, ancien ministre de l’Economie d’Erdogan, islamiste modéré aujourd’hui et en opposition, President du Parti DEVA (Democratie et Elan) encore plus ou moins islamiste, a déclaré qu’il ne faut pas condamner et accuser les sectes.

L’ensemble des partis de gauche, les libéraux, les démocrates, artistes et intellectuels ont fermement condamné les sectes et le pouvoir et ont demande un contrôle stricte voire l’interdiction des sectes.

Quant au second cas de décès, il s’agit de Mme Ozge Nur Tekin, une femme mariée de 30 ans avec un enfant, vivant à Ankara. Elle avait des troubles psychologiques, son époux et ses parents ont demandé les conseils d’un faux imam de Kayseri (Anatolie centrale), M.Erdal Kaya. Ce dernier a proposé au mari de donner cent coups de batons aux fesses de sa femme, sacrifier un mouton et prier pendant longtemps "pour faire sortir le djinn qui est dans le ventre de la femme"! Conseils éxécutés avec la collaboration des membres de la famille et Mme Tekin a succombé à ses blessures. La police a d’abord arrêté le faux imam, le mari et quelques membres de la famille mais le procureur les a liberés plus tard.

Les organisations des droits de l’homme et les groupes feministes ont condamné cette assassination, alors que le silence reign du coté du pouvoir. ‘’Au 21ème siécle on vit encore sous les ténèbres et l’ignorance du Moyen Age’’ a estimé le journaliste Ismail Saymaz.

"L’islam politique n’est pas simplement un système d’administration ou une idéologie néo-libérale colorée de religion, c’est une politique qui tue les jeunes et les femmes désarmés" constate un ancien député kurde en exil en Europe.

Le Docteur Erdogan et l’Etat turc en état végétatif
 
Ragip Duran, Chronique Turquie, 8 janvier 2022

Les déclarations publiques sur l’économie, les finances, la diplomatie ou la santé du Président Erdogan sont en complète contradiction avec les réalités quotidiennes du pays. Il est très facile de prouver cette affirmation : Les chiffres, les données fournis par des organisations indépendantes nationales et internationales ne sont pas du tout les mêmes et il y a une grande différence entre ces deux statistiques. Les autorités officielles, très rose d’un faux optimisme et très jaune de mensonge, citent des chiffres incroyables, extrêmement positifs, alors que les citoyens deviennent de plus en plus pauvres tous les jours. Les chiffres officiels sont démentis par de longues queues devant les boulangers et par des gens qui fouillent les poubelles pour trouver un petit morceau de pain. De plus, les patrons des PME voire les grands industriels ont déjà commencé à se plaindre de la mauvaise gestion des affaires publiques et de l’économie.

Un exemple concret : Le taux de l’inflation annuel en 2021, selon l’administration officielle des statistiques (TUIK) est de 36.08%. Premier en Europe, 8ème au monde ! Alors que le département spécialisé (ENAG) de l’Université de Yeditepe a publié son rapport sur l’inflation, dans lequel le taux annuel est de 82.81%. Une différence de 46.73 points !

Les chiffres expliquent beaucoup de choses : En particulier les inégalités sociales et économiques. Le salaire minimum mensuel est récemment devenu 4253 livres turques (LT, c'est à dire 272 Euros) pour les ouvriers, 4115 LT (263 Euros) pour les fonctionnaires et 3166 LT (203 Euros) pour les retraités. De l’autre coté le salaire d’un député est de 28.600 LT.(1833 Euros) Attention maintenant le salaire du Président Erdogan est devenu avec l’augmentation récente 100.750 LT.(6458 Euros) Il reçoit également un salaire de retraité de 40.300 LT.(2583 Euros). Donc en total 9.041 Euros. Alors que tous les frais et dépenses de ce dernier est financé par le Palais. Il reçoit le salaire de 34 fonctionnaires.

Le nouveau Ministre de la Trésorerie et des Finances M.Nureddin Nebati, qui n’a aucune connaissance ni formation en économie fait des déclarations surréalistes et incompréhensibles aux médias. A une question sur ses prévisions sur le futur des cours de change il avait dit : ‘’Regardez au fond de mes yeux’’. Plus récemment il a dit ‘’ Dans la gestion de l’économie et des finances désormais nous quittons les politiques orthodoxes et nous adopterons des politiques hétérodoxes’’ (en grec ancien dans le texte). L’homme de la rue ne pense qu’à remplir son filet dans le bazar et ne pige que dalle de ces politiques hétérodoxes ! Des dizaines de citoyens regrettent leurs anciens choix politiques dans les vox pop : "J’avais voté pour l’AKP. Que Dieu casse mes mains. Je ne voterai plus pour ces voleurs !".

En un mois tout est devenu au moins 50% plus cher en Turquie à cause des manœuvres bizarres d’Erdogan. Et tous les jours le gouvernement annonce de nouvelles augmentations : Gaz naturel, électricité, essence, pain, tabac, boissons alcoolisées…etc…Les porte-paroles du pouvoir ont essentiellement deux types d’explications pour calmer la population et cacher leur responsabilité et leur échec :
- Nous sommes assiégés par les forces étrangères ténèbres qui désirent empêcher le développement de notre chère patrie ! Les lobbies d’intérêt et de dollar nous attaquent!

- Le Bon Dieu teste notre patience et persévérance. Il faut alors attendre et obéir.
Par ailleurs, le nom de famille du Ministre de la Trésorerie, M.Nebati, signifie "Végétatif" en turc. Ozgen Acar, chroniqueur du quotidien Cumhuriyet (Opposition Kémaliste, 24 milles ex) estime que ‘’ce nom lui colle bien, car il exprime l’état végétatif de l’économie turque’’.

Enfin le Président Erdogan, ancien distributeur d’une marque de biscuit, se vante d’être un spécialiste de l’économie, autodidacte car ses opposants affirment qu’il n’a même pas une licence universitaire, se contente de ne pas prendre au sérieux les chiffres des bourses internationales, des banques globales et des institutions indépendantes. Ces derniers prévoient dans le futur à moyen terme la faillite complète de l’économie turque.


Erdogan tente la carte jeune avant la présidentielle de 2023

Yusuf Ziya Guler est l'un des près de sept millions de jeunes Turcs à n'avoir connu que Recep Tayyip Erdogan au pouvoir et qui voteront pour la première fois en 2023.

Comme la plupart de ses camarades, l'étudiant en médecine de 20 ans ne conserve que de vagues souvenirs de la première décennie de prospérité de l'ère Erdogan et gardera de la deuxième une nette impression de chaos.

"Je suis pessimiste pour l'avenir", confie-t-il à l'AFP, se disant également sceptique envers les autres partis.

"Nous sommes un pays imprévisible. Comment parier sur ce qui arrivera quand je serai diplômé, je ne sais même pas ce qui se passera dans cinq mois", lâche-t-il.

Pour les observateurs, la génération Z - bien que politiquement diverse - risque de compliquer la tâche du président Erdogan, qui souhaite en remportant la prochaine présidentielle entamer une troisième décennie au pouvoir.

A la différence des jeunes de 2002, quand l'ascension d'Erdogan marquait une rupture avec la corruption systémique et la stagnation économique, la jeunesse actuelle semble accuser le gouvernement de tous les maux: inflation galopante, monnaie en chute libre et une économie qui assigne plus de 40% de la main-d'oeuvre au salaire minimum.

"La situation économique désastreuse d'aujourd'hui ne fait que creuser le fossé entre ce que (l'AKP, le parti islamo-conservateur dirigé par M. Erdogan) peut offrir et ce que veut la jeunesse", estime Ayca Alemdaroglu, directrice associée du programme de l'Université de Stanford sur la Turquie.

- Tentative TikTok -

Recep Tayyip Erdogan, 67 ans, et son parti, l'AKP, semblent conscients de l'enjeu et essaient par tous les moyens de toucher les jeunes.

"La clé des prochaines élections c'est notre jeunesse, pas tel ou tel parti", a lancé le président à l'ouverture d'un festival pour la jeunesse à Ankara, la capitale, en novembre dernier.

"En suivant les discours du président et des responsables du parti (...), on mesure l'énorme intérêt qu'ils portent aux jeunes", remarque Mme Alemdaroglu.
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Depuis quelques mois, le parti tente des coups: en septembre, un mystérieux compte TikTok - XYZ Sosyal - a alimenté la rumeur, les médias d'opposition soupçonnant l'AKP de vouloir se rapprocher des jeunes électeurs avec des blagues et des vidéos favorables au gouvernement.

XYZ Sosyal a depuis disparu mais la branche Jeunesse de l'AKP dispose désormais d'un compte TikTok vérifié - à l'audience pour l'heure confidentielle.

Selon Mme Alemdaroglu, l'AKP a même préparé des notes expliquant "aux cadres du parti comment utiliser efficacement la technologie numérique et parler aux jeunes".

- "De grandes choses" -

Malgré des sondages donnant l'AKP historiquement bas, le parti continue de séduire de jeunes électeurs, comme l'a montré le festival de la jeunesse en novembre.

Abdulsamet Semiz, 28 ans, président de la section Jeunesse du parti pour le district de Carsamba (nord), balaie d'ailleurs l'idée d'un parti déconnecté des jeunes.

"L'AKP est (le parti) qui se soucie le plus des jeunes", assure-t-il.

Lors du festival de l'AKP, certains sont allés remercier le président Erdogan d'avoir abaissé l'âge minimum pour devenir député de 25 à 18 ans, une mesure qui a permis à un représentant de l'AKP de 22 ans de devenir le plus jeune élu au Parlement turc à l'issue des législatives de 2018.

"De grandes choses ont été faites", acquiesce Emrullah Aydin, étudiant rencontré par l'AFP lors du festival.

Pour autant, gagner la confiance des jeunes électeurs est une tâche difficile, et pas seulement pour l'AKP.

Selon une enquête menée en 2021 auprès de 3.000 jeunes dans les 81 provinces de Turquie par l'institut Turkiye Raporu, 58% d'entre eux disent ne pas vouloir rejoindre un mouvement ou un parti politique en vue d'améliorer la société dans laquelle ils vivent.

- Manque de confiance -

"Ils ne croient pas que la configuration actuelle puisse leur apporter quoi que ce soit", analyse le directeur de Turkiye Raporu, Can Selcuki. "Ils ont très peu confiance dans les partis, mais aussi dans les institutions."

Un autre sondeur, Murat Gezici, souligne que la génération née entre 1980 et 1999 compte de nombreux électeurs indécis - en particulier des femmes - ce qui pourrait rendre le vote des jeunes plus décisif encore.

"Ce groupe de 18,4 millions représente 32,6% de l'électorat", a-t-il relevé dans le quotidien Sozcu, soulignant que les intentions de vote pour l'AKP sont plus faibles dans cette tranche d'âge.

Les jeunes pourraient pousser l'avantage d'un parti en cas de scrutin serré, mais Can Selcuki note qu'ils ne constituent pas un bloc homogène. "La jeunesse est aussi partagée que la population turque." (AFP, 7 jan 2022)


La bougie du menteur

Ragip Duran, Chronique Turquie, 1er janvier 2022

L’économie turque s’approche de la faillite. Le dernier manœuvre financier du Président fut un bébé mort à la naissance. Erdogan est obligé maintenant de trouver un autre moulin à attaquer.

L’expression idiomatique turc prévoit que ‘’la bougie du menteur s’éteigne à minuit’’. En effet c’est ce qui s’est passé avec la dernière opération financière du Président Erdogan. Ce dernier avait inventé un nouveau compte d’épargne en livre turque (LT) convertible en dollar américain avec garantie de la Trésorerie (DÇM).  Ainsi les déposants recevraient des bonus au cas où la LT perdra de la valeur. Les chiffres officiels de la Banque Centrale démontrent que très peu de citoyens ont changé leurs dollars et ont ouvert un nouveau compte  DÇM. Car personne n’a plus confiance en LT ni d’ailleurs à Erdogan ou à la Trésorerie. Parce que les décrets-lois sur ce nouveau compte ne sont très clairs. On ne sait pas la couverture et la durée de la garantie, on ne sait pas non plus quelle agence exactement va payer les déposants. Ces derniers ont essentiellement une bonne raison de ne pas croire à Erdogan et à son nouveau compte.

La Banque Centrale (TCMB) aurait, selon les informations publiées dans la presse spécialisée, vendu juste avant le 24 décembre 2021 plus de 5 milliards de dollars américains pour freiner la perte de valeur de la LT, mais les réserves sont désormais au plus degré de toute l’histoire de la Turquie : Les réserves nettes de la TCMB ont continuées à dépérir lors de la semaine du 24 décembre. De 12.2 milliards de dollars à 8.6 milliards. Ainsi les réserves sans les SWAP (échange, une sorte spéciale de crédit fictif,  qui vise à changer des flux financiers entre deux parties ou deux Etats, sur une période temporelle donnée et définie à l’avance) sont devenues moins 55.7 milliards de dollars alors  que ce chiffre était moins 46.7 le 17 décembre.

De l’autre coté, malgré les ordres du Président les taux d’intérêts de crédits ne cessent d’augmenter. Ce chiffre atteint les 30 pour cent pour plusieurs banques privées.

Pire encore, le prix de plusieurs biens et produits avait toute suite augmenté avec la montée de la valeur du dollar qui s’est rapproché de 18 LT avant le24 décembre. Aujourd’hui ces prix sont encore les mêmes alors que le dollar américain coûtait vendredi dernier environ 13LT.

İl est sûr, précisent les spécialistes des finances, que plusieurs personnes proche du pouvoir ont gagné des millions de LT ou bien de dollar grâce à ces fluctuations quasi permanentes et grâce aussi bien sûr aux ‘’insider information/trading’’, car ils avaient illégalement reçu à l’avance des informations sur les opérations politico-financières du Président.
Erdogan,  qui est obligé de constater son échec financier désire changer l’agenda, a maintenant trouvé une autre cause de survie : Le maire de la Grande Métropole d’Istanbul, M. Ekrem Imamoglu. La mairie aurait, selon les déclarations du Ministre de l’Intérieur,  embauché des centaines de militants des organisations illégales. Affirmation complètement fausse dit M.Imamoglu, car c’est encore le Ministère de l’Intérieur qui autorise officiellement par un document toute embauche à l’ensemble des mairies et des établissements publics.

M.Imamoglu, enfant chéri de la Mer Noire (Pontos) et d’Istanbul, est de l’autre coté le candidat no 1 pour la prochaine élection Présidentielle qui devrait théoriquement se tenir au plus tard au printemps 2023, donc l’ennemi no 1 du Président Erdogan. Dans les sondages d’opinion publique chacun des deux candidats  MM.Ekrem Imamoglu  et Mansur Yavas, maire de la Grande Métropole d’Ankara dépassent largement M.Erdogan.

M.Imamoglu avait gagné les premières élections locales d’Istanbul le 31 mars 2019 avec environ 13 milles voie de différence. La Haute Autorité des Elections (YSK), sous les ordres d’Erdogan avait annulé ces résultats sans donner de raison acceptable par tous. Mais M.Imamoglu avait regagné les élections le 23 Juin 2019 avec cette fois 800 milles votes de différence.

Erdogan est en défense depuis longtemps  mais il ne cesse d’encaisser des buts. ‘’Erdogan n’a plus d’histoire à  raconter au peuple alors il invente des fables’’  estime Said Safa, un journaliste aujourd’hui en exil autrefois proche d’Erdogan.


Erdoğan's AKP loses a lot of votes but the opposition gains a little

While the voting rate of the ruling People's Alliance has dropped significantly, most of the voters they lost have become "undecided" voters rather than supporting the opposition, according to a new survey by the MetroPoll company.

Less than 24 percent of the respondents said they would vote for President Recep Tayyip Erdoğan's Justice and Development Party (AKP) if there were elections this coming Sunday. The voting rate of the AKP's allies, the Nationalist Movement Party (MHP), stood at 3.9 percent, according to the poll.

Even with the undecided, protesting and unresponsive voters distributed to the parties proportionally, the AKP and the MHP get 32.3 percent and 5.3 percent, respectively, well below their voting rates in the 2018 elections, where they got a total of 53.66 percent of the votes.

The ruling alliance dropping below the 50 percent mark is significant as 50 percent plus one vote is needed for the presidential election.

Winning back the voters

However, according to Özer Sencar, the founder of MetroPoll, the "undecided/unresponsive/protesting" voters may return to the AKP as they drifted away from the party for "economic reasons."

They had found that about 12 percent of the 26 percent of such voters were AKP supporters, he told Radio Sputnik.

"Half of the people who abandoned the ruling party still have an emotional bond to Erdoğan," said Sencar. "Forty-five percent of the AK Party voters who have become undecided say 'we would definitely vote for Erdoğan' if there were a presidential election this Sunday."

"They distanced themselves from the AK Party but because they didn't go elsewhere, chances are they will return to the AK Party are high and Erdoğan is currently trying to make this happen," he added.

Snap elections

The government's recent economic policies, including a sharp raise in the minimum wage, indicate that it is implementing an "election economy," according to Sencar.
"They should decide for an election at the point where the citizens are relatively relieved," he said.

President Erdoğan has firmly dimissed the opposition's call for early elections so far, insisting that the polls will take place in June 2023 as scheduled.

Opposition needs the HDP's support

While the popular support of the Nation's Alliance of the main opposition Republican People's Party (CHP) and the İYİ (Good) Party, a splinter movement of the MHP, surpassed that of the ruling alliance, it still can't secure 50 percent of the votes, shows the survey.

With the undecided voters distributed proportionally, the CHP and the İYİ Party get 27.4 percent and 14.2 percent of the votes, respectively, with their total voting rate 8.4 percent short of the presidential election threshold.

This means they would need the support of the Kurdish issue-focused Peoples' Democratic Party (HDP) to beat Erdoğan's alliance.

Aware of this situation, the HDP has been saying that it will be the key party for the next elections and demanding the opposition alliance to adopt a pro-solution approach to the Kurdish question. (BIA, 30 December 2021)


Forces armées/Armed Forces

Trois soldats turcs tués par une bombe à la frontière syrienne

Trois soldats turcs ont été tués dans le sud-est de la Turquie samedi lorsqu'une bombe a explosé à la frontière avec la Syrie, a annoncé le ministère turc de la Défense.

Selon le ministère, les trois militaires ont péri dans la ville d'Akcakale, dans la province de Sanliurfa, à cause de l'explosion d'une bombe artisalane "placée là par des terroristes", sans plus de détails.

De l'autre côté de la frontière se trouve la ville syrienne de Tal Abyad, contrôlée par les forces turques et leurs supplétifs syrien pro-turcs depuis octobre 2019, lorsqu'Ankara avait lancé une offensive contre une milice kurde.

Bien que le ministère n'ait pas cité de nom d'organisation, il est probable qu'il désignait des rebelles kurdes.

Ankara a déclenché de nombreuses opérations en Turquie, en Irak et en Syrie contre des rebelles kurdes membres ou liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le PKK, classé comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, mène une insurrection contre l'Etat turc depuis 1984.

Dans le nord de la Syrie, la Turquie a mené des offensives contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde, en 2016, 2018 et 2019.

Pour Ankara, l'YPG est une émanation "terroriste" du PKK, même si cette milice a joué un rôle-clé dans les opérations américaines contre le groupe jihadiste Etat islamique en Syrie. (AFP, 8 jan 2022)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Erdogan en Arabie saoudite en février, première visite depuis le meurtre de Khashoggi

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi qu'il se rendrait en Arabie saoudite en février, pour la première fois depuis l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, en 2018.

"Il m'attend en février. Il me l'a promis. J'effectuerai une visite en février en Arabie saoudite", a déclaré le chef de l'Etat turc à propos du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS, en réponse à une question sur les relations commerciales entre Ankara et Ryad.

Cette visite sera la première effectuée par le président turc depuis l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué dans le consulat saoudien à Istanbul par un groupe de plusieurs personnes venues de Ryad. Critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi, résident aux Etats-Unis, était chroniqueur pour le Washington Post.

M. Erdogan avait alors accusé le "gouvernement saoudien au plus
haut niveau" d'avoir commandité le meurtre, excluant le roi.

Les relations entre Ankara et Ryad s'étaient dégradées en 2017 lors du blocus du Qatar, un proche allié de la Turquie, décrété par l'Arabie Saoudite et suivi par les Emirats.

Multipliant depuis quelques mois des initiatives pour renouer des liens avec des puissances régionales, M. Erdogan a déclaré début décembre vouloir développer les relations d'Ankara avec les pays du Golfe, "sans distinction".

Il a ainsi accueilli à Ankara en novembre le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane dit MBZ, avant de se rendre début décembre pour une visite de deux jours à Doha, ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les rivaux régionaux d'hier. (AFP, 3 jan 2022)

Turkey's top religious body issues fatwas against New Year's Eve

As New Year’s Eve celebrations near, the Directorate of Religious Affairs, or Diyanet, issued a series of statements on a program broadcasted by its own television channel, Diyanet TV, the daily Cumhuriyet reported on Dec. 30.

The statements had to do with New Year's Eve cake, buying and selling of alcohol and taking part in the national lottery.

An individual speaking on the TV program said he had received orders to bake Christmas tree and Santa Claus-ornamented cakes for New Year’s Eve celebrations and asked whether he should cancel those orders.

Diyanet expert Fatih Mehmet Aydın responded saying Christmas cakes were “un-Islamic” and that “it was not permissible for a Muslim to sell or serve an un-Islamic product that is contrary to Islamic values.”

Aydın added that it was “absolutely forbidden to buy or sell alcoholic beverages.”

İdris Bozkurt, a member of the Directorate’s High Council of Religious Affairs also said that buying lottery tickets from the National Lottery qualified as “gambling” and was therefore not a “halal” way of earning money. In Dec. 2020, the Directorate of Religious Affairs had issued a ruling qualifying gambling as “haram.” (Duvar English, December 31, 2021)

Socio-économique / Socio-economic

La Banque centrale maintient son taux directeur pour calmer l'inflation

La Banque centrale de Turquie a maintenu inchangé jeudi son principal taux directeur à 14%, une décision destinée à calmer l'inflation et les marchés après quatre mois de baisse consécutive et une fin d'année 2021 cauchemardesque pour la monnaie nationale et les consommateurs.

Sous la pression du président Recep Tayyip Erdogan, la Banque centrale avait abaissé son taux directeur de 19% à 14% entre septembre et décembre, alors que l'inflation atteignait 36% sur un an le mois dernier, un record depuis près de vingt ans.

Le chef de l'Etat avait toutefois laissé deviner en début de semaine une pause dans l'abaissement des taux d'intérêt, affirmant à la presse qu'ils continueraient de baisser "progressivement".

A rebours des théories économiques classiques, M. Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation, mais sa politique monétaire et le manque d'indépendance de la Banque centrale - dont M. Erdogan a limogé trois gouverneurs depuis 2019 - ont fait dégringoler la livre turque. Celle-ci a perdu 44% de sa valeur face au dollar en 2021.

Dans ce contexte politiquement explosif, M. Erdogan avait annoncé fin décembre la création d'un mécanisme d'épargne permettant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livres au cours du dollar.

Cette mesure d'urgence, destinée à encourager les Turcs à placer ou convertir leur épargne en livres, avait été suivie d'un rebond soudain mais temporaire de la monnaie nationale.

Pour autant, les raisons de ce redressement et de la quasi-stabilité de la livre face au billet vert depuis début janvier sont à chercher ailleurs, pointent de nombreux économistes: les données publiées par la Banque centrale turque montrent que les réserves nettes de changes de la Turquie ont fondu de 21,2 milliards de dollars le 10 décembre à 7,9 milliards le 7 janvier, laissant deviner des interventions sur les marchés pour soutenir la monnaie.

Pour les ménages, l'effondrement de la livre s'est traduit ces derniers mois par des tickets de caisse et des factures sans cesse plus élevés, le pays étant très dépendant des importations.

Le nouveau ministre turc de l'Economie Nureddin Nebati a toutefois affirmé mi-janvier à l'agence Bloomberg que l'inflation atteindrait un pic en janvier avant de commencer à reculer, pour atteindre un taux à un chiffre en juin 2023, date de la prochaine élection présidentielle.

Les chiffres de l'inflation font l'objet d'une âpre bataille politique en Turquie, l'opposition et certains économistes accusant l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment et largement la hausse des prix. (AFP, 20 jan 2022)

La Turquie pourrait coopérer avec Israël sur un projet de gazoduc

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mardi que la Turquie était prête à coopérer avec Israël sur un projet de gazoduc en Méditerranée orientale, marquant ainsi la volonté d'Ankara de renouer les liens avec ce pays.

"Notre ministre de l'Energie de l'époque, Berat Albayrak, était en pourparlers avec Israël pour acheminer le gaz (de la Méditerranée) vers l'Europe via la Turquie. Nous pouvons réaliser ceci maintenant", a affirmé le chef de l'Etat turc, en référence à un nouveau projet qui devrait acheminer le gaz de la Méditerranée orientale vers l'Europe.

La Turquie s'était vivement opposée dans le passé à un projet similaire aujourd'hui au point mort auquel Israël et son rival historique la Grèce étaient associés.

Intitulé EastMed, ce projet avait été soutenu par l'ancien président américain Donald Trump.

Mais selon les médias israéliens et turcs, Washington aurait informé la Grèce la semaine dernière ne plus soutenir le projet à cause des tensions que celui-ci provoquait avec Ankara.

"Je pense que les Etats-Unis se sont retirés après avoir fait des analyses financières et constaté qu'il n'y avait aucun bénéfice à en tirer", a estimé le chef de l'Etat turc.

Après le retrait des Etats-Unis, un nouveau projet de pipeline, qui transiterait désormais par la Turquie, pourrait, selon M. Erdogan, voir le jour.

"Nous avons des pourparlers avec le président israélien (Isaac) Herzog. Il pourrait visiter la Turquie. Le Premier ministre (Naftali) Bennett a aussi une approche positive", a-t-il ajouté.

Ankara avait déjà annoncé en novembre dernier un rapprochement "progressif" avec Israël et d'autres pays de la région.

Les relations entre Ankara et Israël sont tendues depuis l'incident du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes ont lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d'acheminer de l'aide à Gaza.

Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.

Selon le président turc, la coopération entre les deux pays pourrait être basée sur le principe de "gagnant-gagnant".

 "En tant que politiciens, nous devrions pas être là pour se battre, mais pour la paix", a-t-il affirmé. (AFP, 18 jan 2022)

Gold mine drilling in Aydın halted after villagers' resistance

Other authorities have started to dismantle drilling machines and equipment near Dağyeni village in the Germencik district of Aydın, western Turkey, where villagers have been protesting a gold mine project for weeks.

A regional director of the Directorate General of Mineral Research and Exploration (MTA) gave the order for the dismantling of the equipment, the mukhtar of the village, İbrahim Korkmaz, told daily Evrensel.

"We'll keep a watch until the last part of the equipment will be removed," he said.

Muammer Salık, a villager, said the villagers refused to listen to the officials who came to the village from the capital city of Ankara yesterday (January 12) to convince them.

"We once again told the MTA director how committed we were. We said, 'We are giving you two days, either you will remove your drilling machines or we will do what is necessary'," said the villager. "This morning, the MTA director came and said that they would remove the drilling machines. He said, 'We are withdrawing, there should be no winner or loser in this business'."

"We will still be on the alert. They may come again after the elections," he added.

About the reports that a total of 18 wells will be drilled around four villages, Salık said, "We will unite as all villages and kick these companies out of Mount Kartal."

What happened?

In late December, the MTA started drilling for gold exploration with cyanide near Dağyeni, a village with a population of 1,200 people. One of the four drilling wells was located less than two kilometers from the village.

On January 9, locals gathered on the village square and marched towards the drilling area. They marched past the gendarmerie barricades and cut the tires of three tractors and earthmovers. The gendarmerie then surrounded two other earth movers.

The villages set up a tent and started to keep a watch on the road leading to the drilling area.

The Dağyeni village is near Mount Kartal, which is on the border of the provinces of İzmir and Aydın. The main economic activity in the village is fig and olive cultivation.

The villagers are concerned that mining would damage the agriculture and pollute drinking water in the area. (BIA, 13 January 2022)

Turkish metalworkers fight for a fair contract

142,000 metalworkers in more than 300 companies, sector-wide collective bargaining kicked off in October 2021 between trade unions and the Turkish Metal Employers’ Association MESS. Since mid-December, metalworkers have carried out actions, urging employers to accept their demands against the backdrop of Turkey’s economic crisis.

IndustriALL affiliates Türk Metal, Birleşik Metal-İş, Özçelik-İş provided a list of demands to the MESS which included wage increases and improvement of working conditions, due to workers’ significant loss of purchasing power in Turkey.

Consumer inflation has surged in Turkey. According to official figures announced by theTurkish Statistics Agency (TUIK), annual inflation in 2021 reached 36 per cent, and 13.6 per cent just in December. However, the Independent ENAGrup claims that yearly inflation exceeded 80 per cent.

Turkey’s economic crisis has led to fluctuations in currency and increasing prices, which has left workers in a difficult situation. Workers feel the price increases of food and other day-to-day products.

Türk Metal demanded 29,57 per cent increase on behalf of its 129,000 members while Birlesik Metal-Is put forward 30,89 per cent for more than 11,000 union members. The unions’ demands also include increases in benefits and improvement of working hours, healthcare, and paid overtime.

The Employers first offered 12 per cent for the first six-months, they later revised it to 17 per cent and lastly 21 per cent in the last session on January 5, 2022. Türk Metal and Birlesik Metal-Is have refused the latest offers from the MESS.

Both unions have begun mobilizing their members with warning industrial actions. Türk Metal and Birlesik Metal-Is have organized mass meetings in city centres where companies are located along with work stoppages on worksites. There is wide community support for the demands of metalworkers.

Unions reported that the global issue in the semi-conductor supply, putting many industries in difficulty, cannot be an excuse for employers to rest on worker’s pay rise.

After its Executive Committee on December 24, 2021, Türk Metal announced its decision to go on strike in all worksites where they have union presence, which should be put into place within 60 days. Birlesik Metal-Is announced strike action at four factories as of 14 January and at another 6 factories as of 18 January.

Türk Metal carried out a mass rally in the city of Kocaeli gathering around 100,000 people while Birlesik Metal-Is intensified its workplace level work stoppages and protests on several worksites.

IndustriALL Global Union Assistant General Secretary, Kemal Özkan said:

“We fully support the demands of our affiliates representing thousands of metalworkers. Workers’ expectation of wage increases is fully justified, particularly with the crushing inflation and the difficult economic situation in Turkey.”

“We will continue to mobilize our global union family in extending our solidarity to our Turkish sisters and brothers.”

“The struggle continues in Turkey everywhere else in the world.”

(industriall-union.org, January 6, 2022)

L'effondrement de la livre turque au nom de "l'indépendance économique"

L'année commence mal pour la Turquie avec une inflation à plus de 36% sur un an en décembre, un niveau record depuis 2002, conséquence de la politique menée par le président Recep Tayyip Erdogan au nom de "l'indépendance économique" de son pays.

Mais pour certains observateurs, la Turquie s'enfonce dans une spirale inflationniste alors que la livre turque a perdu près de 45% de sa valeur par rapport au dollar en un an.

Pourquoi cet effondrement ?

A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation. Il a même à plusieurs reprises avancé les préceptes de l'islam, qui interdit l'usure, pour justifier sa politique.

Conformément au souhait du chef de l'Etat, la banque centrale - officiellement indépendante - a abaissé son taux directeur, de cinq points en quatre mois, suscitant chaque fois un nouveau plongeon de la livre.

M. Erdogan a en parallèle limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la banque centrale et remplacé son ministre des Finances à trois reprises depuis juillet 2018 - dont le dernier le 2 décembre, en pleine débâcle.

Quelles conséquences ?

Des économistes turcs du Groupe de recherche sur l'inflation (ENAG) affirment que le taux réel d'inflation a atteint 82,8% sur un an, bien au-delà des chiffres officiels.

Pour la population, la hausse des prix de base - alimentation et énergie en particulier - devient difficilement soutenable. Le gaz et l'électricité ont ainsi augmenté de respectivement de 50 et 25% au 1er janvier. L'huile de tournesol de 86% et le pain de 54% sur un an.

A dix-huit mois de la prochaine échéance présidentielle, l'inflation officielle atteint désormais sept fois l'objectif fixé en début d'année par le gouvernement.

Et cette dégradation de l'économie risque de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.

Qu'espère le président Erdogan ?

Le président maintient le cap envers et contre tout: lundi, il s'est encore félicité de la bonne tenue de l'économie turque, avec un taux de croissance de 7,4% sur un an au troisième trimestre 2021 - essentiellement grâce aux exportations portées par des prix bas.

"Grâce aux réformes que nous avons réalisées, nous avons réussi à libérer l'économie turque de ses chaînes et la démocratie turque de la tutelle", a-t-il affirmé.

Le président Erdogan semble faire le pari de la croissance à tout prix et balaie les craintes d'une crise monétaire, misant sur l'investissement, la production et les exportations.

L'idée serait de faire la Turquie une grande puissance exportatrice grâce à ses prix bas, à la manière de la Chine, estime certains observateurs. Il a ainsi vanté lundi une augmentation de 32,9% des exportations sur un an en 2021, à 225,37 milliards de dollars.

Mais le mois dernier, la principale organisation patronale (Tüsiad), qui représente 85% des exportateurs, lui avait lancé une sévère mise en garde, l'appelant à corriger le tir. "Les choix politiques mis en oeuvre n'ont pas seulement créé de nouvelles difficultés pour le monde des affaires mais aussi pour nos concitoyens", estimait la Tüsiad, en demandant au chef de l'Etat de "revenir aux principes économiques établis dans le cadre d'une économie de marché".

Quelles sont les réponses du pouvoir?

Face au plongeon rapide de la monnaie, le chef de l'Etat a pris une série de mesures pour contrer la dégringolade de la monnaie et de sa popularité: il a engagé l'Etat à compenser toute dépréciation des dépôts bancaires en livres par rapport au billet vert, puisant ainsi dans les caisses publiques.

Le 30 décembre, les réserves nettes de l'Etat étaient passées de 12,2 milliards de dollars à 8,6 milliards en une semaine. Et plusieurs membres de l'opposition affirment que le pays va rapidement se trouver à cours d'argent.

Dans ce contexte économique fortement dégradé, le président Erdogan a relevé le salaire minimum au 1er janvier de 2.825,90 à 4.253,40 livres (environ 275 euros), une hausse de 50% en grande partie effacée par la conjoncture.

"Je crains que toutes les hausses de salaires n'aient fondu en deux mois", a réagi sur Twitter Gizem Öztok Altinsaç, économiste en chef de l'organisation patronale turque Tüsiad. (AFP, 3 jan 2022)

La crise financière vire au règlement de comptes politique

La crise de la livre turque prend une tournure politique avec un appel du ministre des Finances à déposer plainte contre les économistes et les journalistes qui ont commenté l'effondrement de la monnaie nationale.

Lors d'un entretien sur la chaîne privée CNN Türk mercredi soir, Nureddin Nebati, nommé début décembre à la tête du ministère des Finances, s'est directement adressé à "tous les citoyens qui ont perdu de l'argent" à cause des récentes fluctuations de la livre turque.

"Portez plainte contre tous ceux qui ont conseillé la prudence en disant que le (cours des) devises s'envolait. Ceux-là vous ont leurrés", a-t-il lancé.

Après un mois de pertes historiques - moins 45% par rapport au dollar depuis début novembre -, la livre turque s'est fortement redressée la semaine dernière à la suite des mesures d'urgence annoncées par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce redressement soudain a pris de court de nombreux Turcs qui avaient placé leur épargne en dollars ou en euros afin de préserver leur pouvoir d'achat.

L'appel du ministre des Finances intervient quelques jours après le dépôt de plainte par l'Agence turque de régulation bancaire contre plus d'une vingtaine d'experts, dont un ancien gouverneur de la banque centrale, coupables d'avoir commenté sur les réseaux sociaux le dévissage de la monnaie.

Durmus Yilmaz, économiste respecté, est désormais membre d'un parti de l'opposition.

Cette plainte vise aussi des économistes et des journalistes qui ont attribué le plongeon de la monnaie aux politiques du chef de l'Etat et suggéré qu'il se poursuivrait tant que M. Erdogan ne corrigerait pas le tir.

M. Erdogan prépare par ailleurs une nouvelle législation visant à renforcer davantage le contrôle du gouvernement sur les médias sociaux.

Le président turc a régulièrement invoqué ces dernières semaines les préceptes islamistes interdisant l'usure pour continuer de baisser les taux d'intérêts, convaincu - à rebours des théories économiques largement acceptées - que les taux d'intérêt élevés encouragent l'inflation au lieu de la contenir en ralentissant l'activité.

Il a ainsi poussé à quatre reprises en quatre mois la banque centrale à réduire son taux directeur malgré un taux d'inflation qui a atteint en novembre 21% sur un an, accentuant la dégringolade de la livre turque.

L'annonce du chef de l'Etat la semaine dernière permettant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livres au cours du dollar a offert une échappatoire et entrainé le redressement immédiat de la monnaie nationale.

Mais de nombreux observateurs pointent les risques de ce nouveau mécanisme et questionnent sa pérennité.

L'ancien gouverneur, M. Yilmaz a maintenu jeudi ses critiques en moquant les propos du ministre des Finances, qui a estimé que la Réserve fédérale des Etats-Unis appartenait "à cinq familles" et manquait de réelle indépendance.

"Je vous jure, nous en avons tellement marre", a-t-il tweeté. (AFP, 30 déc 2021)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

CEDH: la Turquie condamnée pour l'incarcération du journaliste Deniz Yücel

Une "ingérence" dans la liberté d'expression: la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour avoir détenu pendant un an le journaliste germano-turc Deniz Yücel, une affaire qui avait envenimé les relations entre Berlin et Ankara.

Cette décision "renforce la protection des journalistes", a salué la déléguée pour la culture et les médias du gouvernement allemand, Claudia Roth. "Aujourd'hui est un jour important pour la liberté de la presse en Europe", a-t-elle réagi dans un communiqué.

M. Yücel, 48 ans, "a été mis et maintenu en détention provisoire en l'absence de raisons plausibles de le soupçonner d'avoir commis une infraction pénale", a pointé la Cour.

Le journaliste, qui avait couvert pour le quotidien conservateur allemand Die Welt la répression généralisée après le coup d'État raté en Turquie en juillet 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, avait été interpellé en février 2017.

Soupçonné de "propagande en faveur d'une organisation terroriste et d'incitation à la haine et à l'hostilité", il avait été placé en détention provisoire de février 2017 à février 2018.

Son arrestation avait soulevé une vague d'indignation et de mobilisation en Allemagne, contribuant largement à tendre les relations entre Berlin et Ankara, très étroitement liés notamment par la présence de trois millions de Turcs en Allemagne.

- "Combat judiciaire" -

Sa remise en liberté et son retour en Allemagne avaient toutefois participé au dégel des relations entre les deux pays.

Sollicité par l'AFP, Deniz Yücel, a jugé "réjouissante" la condamnation d'Ankara, mais a regretté que la juridiction "n'ait pas jugé que la procédure (contre lui) était politiquement motivée".

Un point également soulevé par l'un de ses avocats, Veysel Ok, qui a indiqué sur Twitter son intention de saisir la Grande Chambre, l'instance d'appel de la CEDH : "Notre combat judiciaire n'est pas encore fini".

Dans son arrêt, la Cour basée à Strasbourg a estimé que "la privation de liberté" infligée à M. Yücel "s'analyse en une +ingérence+ dans l'exercice (...) de son droit à la liberté d'expression".

"La mise en détention provisoire des voix critiques crée des effets négatifs multiples, aussi bien pour la personne mise en détention que pour la société tout entière", a encore tancé la Cour. 

"Infliger (...) une privation de liberté (...) produit immanquablement un effet dissuasif sur la liberté d'expression en intimidant la société civile et en réduisant les voix divergentes au silence", a encore pointé le bras judiciaire du Conseil de l'Europe, qui a alloué 13.300 euros de dédommagements à M. Yücel.

Elle a conclu que les droits "à la liberté et à la sûreté", à "une réparation en cas de détention illégale" et à la "liberté d'expression", garantis par la Convention européenne des droits de l'homme, avaient été violés par Ankara.

Elle a en revanche estimé que les autorités turques n'avaient pas violé son droit d'accéder au dossier d'enquête.

En mai 2019, la Cour constitutionnelle turque avait jugé que Deniz Yücel avait déjà subi une violation de son droit à la liberté et à la sûreté ainsi que de son droit à la liberté d'expression et de la presse.

- "Propagande" -

Mais en juillet 2020, un tribunal d'Istanbul l'avait condamné par contumace à deux ans, neuf mois et 22 jours de prison pour "propagande terroriste" pour le compte du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié de groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

L'érosion de la liberté de la presse en Turquie, en particulier depuis le putsch manqué, suivi d'une répression tous azimuts, inquiète les organisations de défense des droits humains.

De nombreux journalistes de la presse locale et internationale ont été interpellés et condamnés à des peines de prison en Turquie, pays qui figure à la 153ème place au classement mondial de la liberté de la presse de l'ONG Reporters sans frontières.

Parmi eux, la journaliste et traductrice allemande Mesale Tolu avait passé en 2017 plusieurs mois en détention en Turquie, avant de pouvoir regagner elle aussi l'Allemagne en 2018. Accusée d'activités "terroristes", elle a été acquittée en janvier par un tribunal turc. (AFP, 25 jan 2022)


Sanctionnés pour avoir lu des poèmes en prison: la CEDH épingle la Turquie

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour avoir sanctionné des détenus qui avaient "chanté des hymnes et lu des poèmes" en hommage aux prisonniers morts dans une opération des forces de l'ordre dans des prisons turques en 2000.

Emprisonnés à Edirne, près de la frontière avec la Grèce, les deux requérants avaient lu en décembre 2016 avec 26 autres détenus des poèmes et chanté des hymnes "afin de commémorer les détenus ayant perdu leurs vies pendant l'opération +Retour à la vie+", menée dans les prisons turques fin 2000, rappelle la CEDH.

La gendarmerie turque avait donné l'assaut le 19 décembre 2000 à plusieurs prisons pour mettre un terme aux grèves de la faim menées par des détenus d'extrême-gauche qui protestaient contre la création d'établissements pénitentiaires, dont les cellules d'une capacité d'une à trois personnes devaient remplacer les dortoirs bondés en vigueur jusqu'alors.

Trente prisonniers avaient perdu la vie -certains s'étant immolés-, ainsi que deux gendarmes au cours de cette opération dont les images de l'assaut et des immolations avaient suscité une vive émotion en Turquie et dans l'opinion publique européenne.

En janvier 2017, l'administration pénitentiaire a décidé de sanctionner les deux requérants en les privant "pendant un mois" de moyens de communication, estimant que l'acte qu'ils avaient commis (...) constituait l'infraction disciplinaire de +chanter des hymnes ou de scander des slogans sans raison+", prévu par la loi turque", poursuit la Cour basée à Strasbourg.

Saisi par les deux requérants, le bras judiciaire du Conseil de l'Europe leur a donné raison mardi, concluant à la violation de leur droit à la liberté d'expression, garanti par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Si les juges paneuropéens relèvent "la nature modérée de la sanction infligée aux requérants", ils estiment en revanche que le gouvernement turc "n'a pas démontré que les motifs invoqués (...) pour justifier la mesure incriminée étaient pertinents et suffisants et que cette mesure était nécessaire dans une société démocratique". (AFP, 18 jan 2022)

CoE to bring infringement proceedings against Turkey: February 2 is critical

Businessperson and rights defender Osman Kavala, the only arrested defendant of the Gezi trial, has been been behind bars for 1,540 days as of today (January 18). At the hearing of the Gezi trial yesterday, he was not released by the İstanbul 13th High Criminal Court.

Eyes have now turned to the Council of Europe (CoE). Given that Kavala has not been released again despite the ruling of the European Court of Human Rights (ECtHR), the CoE is poised to bring infringement proceedings against Turkey. The critical day is February 2, 2022.

The Committee of Minister of the Council of Europe gave Turkey time until January 19, 2022 to make defense. The Committee of Ministers is awaiting Turkey to officially declare whether it has fulfilled its obligations arising from the European Convention on Human Rights or not.

The response of Turkey will be on the agenda of the Committee meeting on February 2. However, the critical point here is whether Osman Kavala will be released, rather surprisingly, by then.

Given that the next hearing of the Gezi trial will be held on February 21, a ruling to be given before this date may be considered surprising.

In the event that Osman Kavala is not released, the Committee of Ministers will apply to the ECtHR. If the ECtHR rules that the infringement proceedings shall be brought against Turkey, possible infringement proceedings against Turkey will start to be discussed.

All in all, Turkey may be faced with infringement proceedings ranging from the suspension of its right to vote or membership of the Council of Eurupe to the termination of its membership over its failure to implement the ECtHR ruling of rights violation and release for Osman Kavala.

Turkey may say 'it is a different case'

The time granted to Turkey to present its statement of defense to the Committee of Ministers expires tomorrow (January 19).

In its defense, Turkey may argue that the ECtHR gave a ruling of rights violation for Kavala in the related case and a ruling of release was handed down for him, but he is now arrested as part of another case.

Turkey made similar statements before. However, in its ruling of "immediate release", the ECtHR has concluded that Osman Kavala is arrested "with political motives". For this reason, the ECtHR ruling does not apply to a single case, but to Kavala's imprisonment as a whole.

Besides, this argument frequently put forward by Turkey is not found credible. It is commented that there is an attempt to circumvent the ECtHR ruling by putting Kavala on trial again on the same charges.

The only example: Azerbaijan

The Committee of Ministers of the Council of Europe initiated infringement proceedings only in one case, namely the case of Ilgar Mammadov, known for his dissenting articles, against Azerbaijan.

Mammadov was released on probation in August 2018 and the Supreme Court of Azerbaijan, in a ruling in March 2019, reduced the sentence of Mammadov and enabled him to be completely free.

Infringement proceedings have been suspended afterwards.

Only 2 countries voted in favor of Turkey

At the vote taken at the Council of Europe on December 2 regarding the initiation of infringement proceedings against Turkey, 35 of 47 countries voted in favor of bringing the proceedings against Turkey.

Only Azerbaijan and Hungary backed Turkey while Russia, Ukraine, Georgia, Serbia, Romania, Albania and Moldova abstained from voting. Poland and Bosnia Herzegovina did not participate in the vote. ." (BIA, 18 January 2022)

«La Turquie est à un tournant de son histoire»

Correspondante du Soir et de plusieurs autres médias francophones à Istanbul depuis dix ans, Anne Andlauer publie un livre sur la Turquie, un pays plus subtil qu’il n’y paraît et où le régime Erdogan joue son avenir dans quelques mois avec des élections déjà qualifiées d’« historiques ».

Votre livre parle beaucoup des Turcs mais peu d’Erdogan ?

Il est quand même très présent… Mais comme journaliste, c’est surtout la société turque qui m’intéresse. Ce qui m’importait, c’était de la faire parler dans ces points de vue divers et divergents sur l’évolution politique, économique, de politique étrangère, etc. Aussi sur des événements bien précis mais qui en disent long sur les changements des dernières années. Erdogan est partout mais sans y être tout le temps à travers les anecdotes et les récits des personnes que je rencontre.

Pourquoi maintenant ? Parce que cela fait dix ans que vous couvrez le pays ou parce qu’il y a bientôt des élections cruciales ?

Les deux. Cela me semblait le bon moment pour faire une sorte de bilan, pour regarder en arrière ce dont j’avais été témoin et pour relier tous ces événements de façon cohérente. Aussi pour voir comment la société turque a évolué ces dix dernières années. Et puis aussi, on sent que la Turquie est à un tournant. A la fin de l’année, cela fera vingt ans que l’AKP – le parti de la justice et du développement – est au pouvoir. Les élections approchent, elles auront lieu au plus tard en juin 2023. Toutes les élections sont importantes, mais celles-ci seront vraiment historiques. Elles coïncident d’ailleurs avec le centenaire de la République de Turquie.

Notre lecture médiatique est trop axée sur Erdogan ?

C’est vrai qu’il y a souvent ces lunettes déformantes où tout est analysé sous le prisme Erdogan pour comprendre ce qu’il se passe en Turquie. J’ai remarqué que mes sujets passaient mieux quand il y avait Erdogan dans le titre. Vivant dans le pays à temps plein, je me rends compte qu’il y a une différence de perception entre ce que ce dont je suis témoin, ce que les Turcs me racontent, et les questions qu’on me pose à l’étranger. C’est pour cette raison, par exemple, que j’ai consacré un chapitre à l’épisode de la retransformation de Sainte Sophie en mosquée. Parce que non seulement l’événement en lui-même paraissait raconter beaucoup de choses sur les évolutions du pouvoir turc, mais aussi parce que j’ai vraiment été frappée à l’époque par le décalage entre les débats que cela a suscité à l’étranger et finalement le peu de débat autour de l’événement en Turquie. En résumé : on n’en a pas beaucoup parlé avant et le lendemain on n’en parlait plus. C’est ce genre de moment qui me fait dire qu’il y a peut-être quelque chose à raconter de l’intérieur.

En octobre 2020, quand Erdogan est en pleines joutes verbales avec Macron au sujet de la Méditerranée orientale et d’un texte de loi que le président français veut faire passer sur le « séparatisme islamiste », il appelle ses concitoyens à boycotter les produits français… Je suis immédiatement assaillie d’appels de rédactions françaises me demandant des sujets sur les Turcs boycottant les produits français. Au fil de mon reportage, je me rends compte que c’est le cadet de leurs soucis. Cela montre aussi que la plupart des Turcs, y compris ceux qui votent AKP, n’obéissent pas au doigt et à l’œil.

C’est ce qu’on comprend en lisant votre livre, que contrairement à ce qu’on croit ici, Erdogan ne décide pas de tout…

L’élection municipale de 2019 à Istanbul, que son parti a perdue malgré tous les efforts du président pour rejouer le scrutin, en est la parfaite illustration. Le retrait de la Convention d’Istanbul sur la violence contre les femmes aussi. Tout cela crée le débat, y compris chez ses partisans. Même si une partie d’entre eux le suit aveuglément, d’autres remettent en cause ouvertement certains choix, et certains se détachent de son parti.

Le regard que nous avons sur la Turquie est sans doute faussé par le fait que beaucoup de Turcs de Belgique sont de fervents partisans de l’AKP et d’Erdogan…

Le président et son parti réalisent de très bons scores dans la communauté turque dans des pays comme l’Allemagne, la Belgique et la France. Après, ce serait intéressant de savoir s’il n’y a pas les mêmes débats au sein de ces communautés. Par exemple sur la situation économique actuelle… Ça ne se voit pas dans l’espace public ou face à des journalistes, mais au sein de certains foyers peut-être.

Il a raté un tournant ? Au début, c’était bien parti pourtant…

Il est au pouvoir depuis presque vingt ans et tout pouvoir s’essouffle, surtout que Recep Tayip Erdogan et l’AKP avaient bâti leur succès sur trois mécanismes qui semblent se gripper en même temps : le contrat social avec les électeurs (prospérité, croissance et hausse du niveau de vie mais ce n’est plus cas avec l’inflation), Erdogan lui-même et sa figure de chef (il perd beaucoup en popularité ces derniers mois et semble de plus en plus déconnecté des réalités de ses concitoyens), et la faiblesse de l’opposition, qui au contraire s’est organisée et forme désormais une alliance malgré les pièges qu’essaye de lui tendre le pouvoir. Il a face à lui maintenant des figures de l’opposition comme le maire d’Ankara, celui d’Istanbul et la dirigeante d’un parti ultranationaliste qui font mieux que lui dans les derniers sondages.

S’il n’est pas réélu, que retiendra-t-on de lui ?

Il a énormément terni son bilan ces dernières années avec des violations croissantes des droits de l’homme pointées du doigt par ses opposants et par ses partenaires américains et européens. Il aurait pu – s’il avait par exemple quitté le pouvoir en 2011 après deux mandats comme Premier ministre – laisser le souvenir d’un réformateur qui a beaucoup fait pour développer économiquement son pays, ses infrastructures, son système hospitalier… et libérer sa démocratie de la tutelle des militaires. Aujourd’hui, le bilan est nettement plus négatif avec une société turque beaucoup plus polarisée qu’avant. Le paradoxe, c’est qu’il semble plus puissant que jamais et contrôler d’une main de fer toutes les institutions, mais qu’il n’a jamais paru aussi faible politiquement. Plus il a le contrôle sur les institutions, les contre-pouvoirs, les médias… moins il semble l’avoir sur sa cote de popularité, sur l’économie et le quotidien des Turcs. Mais je ne le donnerais pas battu d’avance. C’est un homme politique hors pair et personne ne sait dans quel climat les Turcs iront voter la prochaine fois…  (Le Soir, 13 janvier 2022)

Erdoğan: EU remains Turkey’s strategic priority

President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan met with the European Union (EU) countries' ambassadors at the Çankaya Palace in Ankara yesterday (January 13).

Making a statement after the meeting, Erdoğan said, "Unfortunately, the EU has taken no noteworthy steps in the face of many deep-rooted problems, particularly establishing a joint migration policy, xenophobia and animosity towards Islam." Arguing that "Turkey as a negotiating candidate country has a problem-solving role in such fundamental issues," he stated:

"It has become more important, in this critical turning point, for Turkey and the EU to advance their relations in every area.

"And we, with this understanding, have sought to place our relations with the Union on a firmer foundation.

"I regret to say that we have not gotten the response we expect from the EU to all these steps that we have taken."

'But for Turkey's efforts...'

Noting that "it would be unrealistic to expect the migration pressure to reduce unless the current crises in Europe and Turkey's environ were resolved," Erdoğan said: "The migration crisis would have deepened, casualties would have further increased, terror would have escalated and instability would have expanded to a much broader geography were it not for our efforts."

Speaking further about the issue, Erdoğan briefly stated:

"The migration problem will increasingly continue in such a conjuncture, where the current crises are constantly followed by new ones.

"We, as Turkey, shape our policies in light of these realities, and make our predictions accordingly. On one hand, we increase our aid to the countries that are the sources of irregular migration, and deal with the essential dimensions of the problem, on the other.

"Turkey, with its presence there, has been contributing to the preservation of Syria's territorial integrity, while averting new migration waves.

'We expect fair sharing of burden, responsibility'

"Let me reiterate from here that all our expectation from the EU regarding the migration issue is the fair sharing of burden and responsibility.

"It is out of the question to talk about a profound cooperation in migration unless the migration management aspect of the March 18 Memorandum is updated. Also, it is a must during this period to put an end to pushbacks and practices against migrants, which violate international law.

"We particularly expect Europe to raise its voice in a more conscientious and bolder manner regarding the regrettable incidents in the Aegean, which have been reflected in the press.

'Blocking the process with political motives...'

"As is known, the March 18 Memorandum is also aimed at ensuring concrete progress in Turkey-EU relations as well as cooperation in the area of migration. In the days ahead, we need to make progress particularly about visa liberalization and the updating of the Customs Union.

"We are already taking steps to do our part as regards the remaining criteria under the Visa Liberalization Dialogue.

"Besides visa liberalization, tourism and trade, breaking the prejudices towards Türkiye's full membership will also be beneficial.

"And updating the Customs Union is in our mutual interest. Blocking the process with political motives causes harm to all sides.

'EU is our strategic priority'

"In the light of these experiences, let me sincerely note that Turkey, which is a part of the continent of Europe geographically, historically and socially, surely is committed to its goal of full EU membership.

"Despite all the injustices we were subjected to, the EU remains to be our strategic priority. Indeed, we continue to endeavor to this end." (BIA, 14 January 2022)

Doğan Özgüden's article shared by Turkey Tribunal


Doğan Özgüden  02/01/2022

After the 12 September Trial Court in Cologne 34 years ago, in 2021, the Turkey Tribunal in Geneva sentenced the Ankara regime to a heavy penalty

I write this article at the twilight of the morning, when, like all metropolises of the world, the European capital, Brussels, is in deep sleep after the New Year’s Eve celebration.

There is no New Year’s Eve celebration that has left a mark on my memory from the first decade of my life, when I turn almost 86… However, although Turkey did not actually participate, in the anxious environment of World War II, especially in the impoverished villages of the Anatolian steppe, where I attended primary school as the son of a railway worker, no one had the luxury of celebrating New Year’s Eve.

The first New Year’s Eve I can remember was exactly 75 years ago… After finishing primary school in the summer of 1946, I was able to meet my railway worker family who were assigned to Ankara from an intermediate station in Anatolia, I was a first-year student of the middle school at Ataturk High School…

On July 21, 1946, after years of one-party dictatorship, multiparty general elections were held for the first time, and the newly formed left-wing parties and trade unions were immediately closed by martial law, so as the only opposition party, the Democratic Party entered parliament with 64 parliamentary seats despite many irregularities in the vote and pressure on the electorate.

Both in the neighborhood where we live and in our school, all the interviews focused on the post-election debates. At our house too until the midnight radio broadcast announcing the winning numbers in the national lottery, the first New Year’s Eve celebration on December 31, 1946 was marked by party controversy, even reaching hurtful levels at times.

These annual domestic New Year’s Eve celebrations have been a thing of the past for me since I started journalism in 1952… In the newspapers I worked in, I volunteered to print the January 1 issue on the last night of the year to allow my married colleagues to celebrate the New Year with their families. And when the midnight hit 12:00, we’d celebrate the New Year with a glass of wine with my crew and friends who work in the printing press.

After joining the Turkish Workers’ Party, which started organizing in 1962, new year’s eve celebrations would become more of an event for me and my friends to share our determination to fight by singing revolutionary anthems and reading poems.

With one exception, New Year’s Eve connecting 1964 to 1965… It was the days when I was trying to turn the Aksam newspaper into the daily newspaper of the leftwing. Inci, who worked as a reporter in the Ankara office of the newspaper, also came to Istanbul during the New Year holiday. That night, when we decided to unite our lives and carry out our fight together for life, I gave Inci Beethoven’s Kreutzer Sonata performed by “Red Violin” David Oistrakh as a gift, and she gave me Bach’s “Toccata and Fugues” performed by Albert Schweitzer…

In the following years, while we were managing Aksam , then Ant, together, we continued to spend New Year’s Eves singing revolutionary anthems and reading poems with our comrades until we were exiled from Turkey by the March 12 coup.

Our New Year’s Eves in exile have been painful for most of the time… I told that story in detail two years ago in my article titled “The Sad New Years of Exile…” published at Arti Gercek.

We had our first hopeful New Year’s Eve in exile 35 years ago, the night that connected 1987 to 1988. The main reason was that in the year that closed, as political exiles, we achieved an important union, regardless of opinion and organizational differences.

After the September 12 coup, 13,788 people were stripped of their Turkish citizenship, mainly those who showed resistence abroad. During the visit of Turgut Özal, who signed under all these denaturalization decisions as deputy prime minister and then prime minister, during his visit to Berlin, we held a joint press conference in the Berlin Senate on September 23, 1987, and explained to the world what needs to be done to truly democratize Turkey. TIP chairperson Behice Boran, TSIP chairperson Ahmet Kaçmaz, TÖS leader Gultekin Gazioglu and DISK‘s exiled leaders either personally participated in our statement or signed our statement.

Some of the exiled friends, who cared about Ozal’s repeated promises of “democratization” just to gain the support of European countries, had begun to return to Turkey, despite the continued repression, arrest and torture. The secretary general of the TKP and TIP also returned to the country together on 16 November 1987, but were immediately arrested.

In 1986, we were aware that we would not be able to return to the country any time soon, as we published a voluminous book called Black Book on the militarist "democracy" in Turkey.

Prime Minister Turgut Özal, who came to Belgium on March 4, 1988, to open the door to the European Unionwith the eye-rolling of “democratization”, proved for us that a return to Turkey would not be possible for us for a long time.

Turgut Özal, who was angered when we asked him questions about the continued human rights violations in Turkey at a press conference at the International Journalists Center in Brussels, instructed the Turkish Republic Consulate General in Brussels as soon as he returned to Turkey and delivered for the second time on May 26, 1988, exactly five years after our denaturalization, that we had been stripped of our Turkish citizenship.

In Turkey, arrests, convictions, tortures and military operations against the Kurdish nation were going on.

In this environment, the International Court against the Regime of September 12 was established in Cologne, Germany on 10-11  December 1988… The jury of internationally renowned lawyers, scientists, human rights defenders, politicians and trade unionists condemned the September 12 regime after listening for two days to witnesses who had been victimized in various forms.

In the hearings where Server Tanilli, Şerafettin Kaya, Gültekin Gazioglu, Nihat Behram, Omer Polat, Tarife Okkaya, Turgan Arinır, Yucel Top and Arife Kaynar and I were testifiying, the stories of our dear friend Enver Karagöz, who was detained while teaching in Artvin and tortured with boiling water poured down his throat, shocked the jurors and those who watched the trial.

After the court issued its conviction, it also appealed to international institutions:

– The policies, justice and law of September 12, which have collapsed on the people with all their weight, should be annulled.

– A general amnesty should be declared, all political prisoners should be released immediately, the death penalty should be abolished, torture, ill-treatment and inhumane living conditions in prisons should end.

– In Turkey, the rights of the peoples to determine their own destiny should be recognized and the practice of exile should definitely end. Government and government officials, police and military members responsible for torture and massacres should be tried and punished by the forces behind them.

– The right to free political and union organization and activity should be carried out practically.

– Turkey’s entry into the European Community should be postponed until human rights in Turkey are guaranteed in a proven manner.

– Military aid to Turkey and support to the regime should be stopped.

Detailed Information on the establishment of the International Court Against the September 12 Regime, the jurors, the witnesses he listened to and his decision is published in the journal Freedom World[6].

The decision of this international court pleased and gave us hope, like all exiles, so we celebrated New Year’s Eve from 1988 to 1989 with great enthusiasm with our friends in Brussels.

But 33 years later, the darkness of September 12 fascism now persists as the darkness of Islamist fascism, and new year’s eves in exile, as in our country, cannot still be celebrated with happiness and hope.

In this darkness, just as the 2021 date was getting closer, a document that reached me in the mail became one of the best New Year gifts I have received in recent years.

The 64-page document contains the “Motivated Opinion”[7] of the Turkey Tribunal[8], which met in Geneva in September, condemning the Ankara regime.

In addition to this important document, Prof. Em. Dr. Johan Vande Lanotte, a former Belgian minister and head of the Flemish Socialist Party, who initiated the Turkey Tribunal initiative, said in a special message that the hearings, in which many witnesses are heard, are watched daily by about 70,000 people from 85 countries on YouTube, and stresses that the Tribunal will continue to judge if  human rights violations continue in Turkey.

I am delighted with this message from Johan Vande Lanotte, but it also took me back 22 years.

In 2000, a book titled “The Insight of PKK Terrorism: Here They Are! “ was distributed to Turkish mosques, associations and grocery stores by the Turkish Religious Foundation (Türkiye Diyanet Vakfı), of which the Turkish ambassador is the honorary president.

A table in the book, written with a forged signature by one of Hurriyet’s correspondents in Brussels, shows that, along with all Kurdish associations in Belgium, the Kurdish Institute of Brussels, the Info-Turk, the Assyrian Cultural Association of The Assyrians and the Belgian Association of Democratic Armenians were also directly affiliated with the PKK Regional Secretariat.

In the section dedicated to Info-Turk, it was claimed that Doğan Özgüden participated in all anti-Turkish activities in Belgium, and after the 1994 Saint-Josse Events, he made clear his relationship with the PKK by publishing a joint statement with the Kurdish, Armenian and Assyrian associations.

It was also given in the book as proof of my relationship with the PKK as Abdullah Ocalan, who participated by phone in a television program that included me on Kurdish television Med TV,  when it was just starting broadcasting in Brussels, greeted me personally, recalling my struggles in pre-1971 Turkey.

The most ludicrous aspect of the book was the claim that all 22 Belgian political people of different political stripes served the PKK.

Prominent lawyer Georges-Henri Beauthier, president of the Belgian Human Rights Association, was also accused of supporting terrorists in Turkey for following the case of The Evrensel Newspaper reporter Goktepe’s murder along with many European observers.

Johan Vande Lanotte was Deputy Prime Minister and Budget Minister in the Belgian Federal Government in 2000, when he was the target of this attack.

Yes, it’s been 21 years…

Johan Vande Lanotte is one of the leaders of the international efforts of the fight against human rights violations in Turkey today, as he was then.

The Motivated Concluding Opinion of the Turkey Tribunal Vande Lanotte has sent me is on my desk as one of the most valuable memories of our struggle in exile…

In Turkey, the opposition of the masses to the Tayyip dictatorship is getting stronger by the day…

If opposition parties manage to unite on a democratic platform and do it this year, in 2023, which falls on the 100th anniversary of the Turkish Republic, if they can tear up this darkness and defeat the Islamist fascist dictatorship, if they can lay the first foundations of the democratic republic, it will be the greatest gift not only for us exiles, but also for Johan Vande Lanottes who support our struggle internationally…

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

La Turquie appelle à éviter toute "provocation" avant les pourparlers USA-Russie

La Turquie a appelé samedi à éviter toute "provocation" avant les pourparlers la semaine prochaine entre la Russie et les Etats-Unis pour apaiser les tensions découlant de la présence militaire russe à la frontière de l'Ukraine.

L'Otan, dont la Turquie est membre, juge qu'il existe un risque réel que la Russie envahisse l'Ukraine, après le positionnement de dizaines de milliers de militaires russes près de la frontière ukrainienne.

Des diplomates américains et russes de haut rang doivent se réunir lundi à Genève (Suisse), après que la Russie a présenté une série de demandes à Washington et à l'Otan. La Russie rencontrera ensuite mercredi des représentants des 30 pays membres de l'Otan - la première rencontre de ce type depuis juillet 2019.

"Nous avons l'espoir que les tensions entre l'Ukraine et la Russie, entre la Russie et l'Otan, seront résolues par des moyens pacifiques", a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar lors d'une conférence de presse à Ankara. "N'aggravons pas les tensions, évitons les provocations".

Le ministre s'en est aussi pris à ce qu'il a estimé être un embargo sur les armes, "secret ou assumé", envers la Turquie de la part de ses alliés de l'Otan, sans nommer de pays précis.

"L'affaiblissement des forces armées turques signifie un affaiblissement de l'Otan", a-t-il dit.

Le Canada a bloqué ses exportations d'armes vers la Turquie en avril 2021, après avoir découvert que sa technologie de drones vendue à Ankara avait été utilisée par l'Azerbaïdjan lors de sa guerre contre l'Arménie.

Et en 2020, les Etats-Unis avaient frappé de sanctions l'agence turque d'armement, après l'achat par Ankara d'un système de défense antiaérienne russe.

M. Akar a ajouté que son pays était prêt à aider les autorités du Kazakhstan, confrontées à des manifestations contre la hausse du prix de gaz qui ont dégénéré en émeutes dans toute l'ex-république soviétique.

La Turquie cherche à renforcer ses liens avec les pays turcophones d'Asie centrale comme le Kazakhstan depuis la fin de l'URSS en 1991.

"Le Kazakhstan est un de nos alliés importants. Il faut la paix et l'ordre dès que possible", selon le ministre.

Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a déjà demandé l'aide de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), alliance militaire entre ex-républiques soviétiques dirigée par la Russie, qui a envoyé plusieurs milliers de soldats au Kazakhstan. (AFP, 8 jan 2022)


Relations régionales / Regional Relations

Le président israélien en Turquie début février, annonce Erdogan

Le président israélien Isaac Herzog effectuera une visite officielle en Turquie "début février", a annoncé mercredi soir le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Cette visite pourrait ouvrir une nouvelle voie dans les relations entre la Turquie et Israël", a affirmé le chef de l'Etat lors d'un entretien à la télévision privée turque NTV, se disant "prêt à faire des pas vers Israël dans tous les domaines, y compris le gaz naturel".

Le rapprochement entre les deux pays s'est amorcé déjà depuis plusieurs semaines à travers des échanges téléphoniques notamment, entre M. Erdogan et les dirigeants israéliens.

La semaine dernière, le président turc s'était dit prêt à coopérer avec Israël sur un projet de gazoduc en Méditerranée orientale, marquant ainsi la volonté d'Ankara de renouer les liens avec Tel-Aviv.

Ce nouveau projet de gazoduc permettrait d'acheminer le gaz de la Méditerranée orientale vers l'Europe.

La Turquie s'était précédemment vivement opposée à un projet similaire dans lequel Israël et son rival historique, la Grèce, étaient associés.

Nommé EastMed, il avait été soutenu à l'époque par l'ancien président américain Donald Trump.

Mais selon les médias israéliens et turcs, Washington aurait prévenu Athènes qu'il ne soutenait plus ce projet à cause des tensions que celui-ci provoquait avec Ankara.

M. Erdogan avait alors évoqué des "pourparlers avec le président israélien Herzog" et laissé entendre qu'il "pourrait visiter la Turquie. Le Premier ministre (Naftali) Bennett a aussi une approche positive", avait-il assuré.

Les relations entre Ankara et Israël étaient tendues depuis l'incident du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes avaient lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d'acheminer de l'aide à Gaza.

Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza. (AFP, 26 jan 2022)

Erdogan évoque une "possible visite" à Moscou prochainement

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi qu'il pourrait se rendre à Moscou prochainement, après avoir annoncé cette semaine une visite en Ukraine début février pour tenter d'apaiser les tensions entre Kiev et Moscou.

"J'ai une visite de prévue en Ukraine. En attendant, il est possible que je m'entretienne avec M. Poutine par téléphone ou que j'effectue une visite à Moscou", a-t-il déclaré à la presse.

"Nous pouvons servir de médiateur pour que la paix prévale entre la Russie et l'Ukraine", a-t-il ajouté.

La Russie a toutefois rejeté de précédentes offres de médiation d'Ankara à cause des tensions suscitées par les ventes de drones turcs à l'Ukraine.

La Turquie a par ailleurs toujours refusé de reconnaître l'annexion par la Russie de la Crimée en 2014.

 Des dizaines de milliers de soldats russes sont déployés depuis des semaines à la frontière ukrainienne, laissant craindre une incursion militaire russe.

Le Kremlin nie tout bellicisme mais conditionne une désescalade à des traités garantissant le non-élargissement de l'Otan et une retraite de facto de l'Alliance d'Europe de l'Est. Inacceptable, disent les Occidentaux, qui menacent la Russie de sanctions destructrices en cas d'attaque contre l'Ukraine. (AFP, 21 jan 2022)

Les Emirats veulent renforcer les échanges avec l'ancien rival turc

Les Emirats arabes unis veulent renforcer les échanges commerciaux avec la Turquie, a déclaré le ministre du Commerce extérieur du riche pays du Golfe, les deux puissances ayant récemment réchauffé leurs relations après des années de froid diplomatique.

Abou Dhabi entretenait jusqu'à récemment une grande inimitié à l'encontre du pouvoir du président turc Recep Tayyip Erdogan, lui reprochant de soutenir l'islam politique et s'opposant sur différents dossiers au Moyen-Orient.

Les Emirats espèrent désormais doubler voire tripler le volume des échanges avec la Turquie, a déclaré jeudi le ministre d'Etat pour le Commerce extérieur, Thani al-Zeyoudi, dans un entretien avec l'agence de presse Bloomberg.

L'Etat du Golfe "parie sur la Turquie en tant que pays qui va nous ouvrir de nouveaux marchés grâce à sa logistique et à sa chaîne d'approvisionnement", a expliqué le responsable.

Selon le ministre, les Emirats espèrent bénéficier "des énormes investissements de la Turquie dans l'industrie, de ses travailleurs compétents et de son réseau logistique, en particulier avec l'Afrique".

En novembre, le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed, dirigeant de facto des Emirats, avait été accueilli avec les grands honneurs à Ankara par le président turc, ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les rivaux d'hier.

Mohammed ben Zayed avait annoncé le lancement d'un fonds de 10 milliards de dollars (près de 9 milliards d'euros) pour soutenir les investissements en Turquie.

Petit Etat aux grandes ambitions, les Emirats se sont lancés ces derniers mois dans des offensives diplomatiques régionales de séduction, alors que leur économie souffre des fluctuations des prix du pétrole et des conséquences de la pandémie de Covid-19.

Abou Dhabi a normalisé en 2020 ses relations avec Israël, de multiples accords commerciaux ayant été signés depuis. Les Emirats se sont également réconciliés l'année dernière avec le voisin qatari et tente d'apaiser les relations avec l'Iran.

L'annonce du ministre émirati intervient au moment où Ankara, qui cherche aussi à assainir ses relations dans la région, traverse une crise économique majeure, avec une inflation record due à la dégringolade de la livre turque. (AFP, 14 janvier 2022)

Poutine et Erdogan échangent sur les exigences russes à l'égard de l'Otan

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l'Otan, ont évoqué par téléphone dimanche les exigences présentées par Moscou à l'égard de l'Alliance atlantique autour de la crise ukrainienne.

La présidence turque a affirmé que les deux présidents avaient "discuté des mesures à prendre pour améliorer les relations" entre les deux pays.

Le Kremlin a indiqué que les deux dirigeants avaient "confirmé l'intention de renforcer le partenariat mutuellement bénéfique entre la Russie et la Turquie".

Mais Moscou a précisé que MM. Poutine et Erdogan avaient "aussi évoqué les questions internationales, y compris les propositions bien connues de mettre sur pied des accords formalisés légalement qui garantiraient la sécurité de la Fédération de Russie, tout comme la situation dans le Caucase et les questions du règlement des crises en Syrie et en Libye".

La Russie de Vladimir Poutine et la Turquie de M. Erdogan entretiennent des relations de partenariat en dépit d'intérêts divergents ou concurrents sur différents terrains comme la Syrie ou la Libye où ils sont des acteurs majeurs.

Les deux pays étaient aussi dans l'ombre d'un récent conflit armé dans le Caucase entre l'Azerbaïdjan turcophone et le Nagorny Karabakh soutenu par l'Arménie, pays qui abrite une base militaire russe.

La tension a aussi monté entre Moscou et Ankara autour de la crise ukrainienne récemment, M. Poutine reprochant à son homologue turc d'avoir fourni à l'armée ukrainienne des drones armés, utilisés contre les séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine.

En retour, alors que les Occidentaux s'inquiètent depuis des semaines d'une éventuelle intervention russe en Ukraine, accusant Moscou d'avoir amassé troupes et blindés près de la zone frontalière, Ankara a reproché la semaine dernière au Kremlin de présenter des exigences "unilatérales" à l'Otan.

Tout en niant le projet d'invasion de l'Ukraine, la Russie a dévoilé le 17 décembre des propositions de traités pour limiter l'influence américaine et de l'Otan dans son voisinage.

Les deux textes présentés prévoient d'interdire tout élargissement de cette alliance militaire - notamment à l'Ukraine - et tout établissement de bases militaires américaines dans les pays de l'ex-espace soviétique.

La question a fait l'objet de deux conversations téléphoniques en deux mois entre Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden, qui menace la Russie de mesures de rétorsion sévères en cas d'intervention militaire. Elle devrait aussi faire l'objet d'une réunion le 12 janvier du Conseil Otan-Russie, instance de consultation créée en 2002.

La Turquie, membre de l'alliance depuis 1952, s'est de son côté attiré ces dernières années les foudres de l'Otan pour avoir acheté un système de défense antiaérienne S-400 russe malgré son appartenance à l'Otan. (AFP, 2 jan 2022)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Chypre-Nord: la droite nationaliste au pouvoir remporte les législatives

Le parti de droite nationaliste UBP a remporté les élections législatives anticipées en République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, selon des résultats officiels provisoires communiqués lundi.

Après ouverture de l'ensemble des urnes, le Parti de l'unité nationale du président chypriote-turc Ersin Tatar obtient 39,54% des voix et renforce sa présence au parlement de RTCN en raflant 24 sièges sur 50.

Comme en 2018, l'UBP, parti pro-Ankara, devra toutefois former une coalition pour gouverner.

Le Parti turc républicain (CTP, gauche) arrive en seconde position avec 32,04% des suffrages et obtient 18 sièges, selon la Commission électorale suprême (YSK).

- "Réparer l'économie" -

"Nous allons d'abord réparer l'économie, ce sera notre première mission", a déclaré dimanche soir le secrétaire général de l'UBP et actuel Premier ministre de RTCN Faiz Sucuoglu, au terme d'une élection dominée par la crise économique qui frappe cette république autoproclamée sous perfusion turque.

"Les gens dépriment car le coût de la vie est trop élevé. J'espère que ceux qui seront élus oeuvreront efficacement au Parlement pour le bien du peuple", avait déclaré dimanche matin à l'AFP Dervis Dizliklioglu, retraité de 72 ans, l'un des quelque 204.000 électeurs qui étaient appelés aux urnes dans le tiers nord de l'île méditerranéenne divisée, occupé par Ankara.

 La chute de la livre turque, qui a vu sa valeur fondre de 44% face au dollar en 2021, s'est traduite en RTCN par une spectaculaire flambée des prix, l'inflation ayant dépassé 46% sur un an en décembre.

"La campagne électorale n'a pas suscité autant d'énergie et d'enthousiasme que lors des précédentes élections à Chypre-Nord, les citoyens étant surtout préoccupés par leur santé, leur sécurité et leurs conditions de vie", ont jugé les politistes Ahmet Sözen et Devrim Sahin dans une note publiée par le groupe de réflexion italien ISPI.

- "Rien ne changera" -

Lors de la présidentielle de 2020 en RTCN remportée de peu par le nationaliste Ersin Tatar, proche allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, face au sortant Mustafa Akinci, partisan d'une réunification de l'île sous la forme d'un Etat fédéral, M. Erdogan avait été accusé d'ingérence.

Pour ce scrutin, la Turquie n'aura "pas besoin de jouer un rôle actif pour changer le cours de cette élection", jugeaient les deux politistes avant le vote.

L'UBP, favorable à une solution à deux Etats, était en effet donné favori par plusieurs sondages, devant le CTP, favorable à un règlement avec les Chypriotes-grecs.

Le débat sur la résolution du conflit chypriote n'a pas émergé lors de la campagne, mais une partie des forces de gauche partisanes d'une solution fédérale avaient appelé à boycotter le scrutin, le parti de Chypre unifié (BKP) estimant notamment que "rien ne changera" tant que la communauté chypriote-turque ne sera pas "libérée du joug d'Ankara".

Depuis l'invasion du nord de Chypre par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher l'île méditerranéenne à la Grèce, la République de Chypre, membre de l'UE depuis 2004, est divisée en deux. Le gouvernement chypriote n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, habitée en majorité par des Chypriotes-grecs.

La partie nord, où vivent principalement des Chypriotes-turcs et colons turcs, a été autoproclamée République turque de Chypre-Nord en 1983, et ses autorités ne sont reconnues que par Ankara.

Les négociations sur un règlement du conflit sont au point mort depuis 2017. En avril 2021, une tentative de relance des pourparlers organisée par l'ONU, qui contrôle une zone tampon entre les deux parties de l'île, s'est soldée par un échec.

En 2004, un plan de l'ONU destiné à réunifier l'île avait été soumis à référendum. Approuvé à près de 65% par les Chypriotes-turcs, l'accord avait été rejeté à plus de 75% par les Chypriotes-grecs au Sud. (AFP, 24 jan 2022

Immigration / Migration

Permis de séjour retiré pour l'imam de la plus grande mosquée de Belgique

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V) a retiré le permis de séjour en octobre dernier de Mohamed Toujgani, imam principal de la mosquée Al Khalil à Molenbeek, la plus grande mosquée de notre pays. C’est ce qu’a indiqué la VRT ce jeudi.

Selon le secrétaire d’État, des éléments indiquent que l’imam marocain constitue une menace sérieuse pour la sécurité nationale. « Nous voulons envoyer un signal. Qui sème la haine, divise notre société et constitue une menace pour notre sécurité, n’est pas le bienvenu dans notre pays. Ni aujourd’hui, ni dans les années à venir », a-t-il déclaré.

Toujgani, qui n’a pas la nationalité belge, a reçu l’ordre de quitter le pays et doit se conformer à une interdiction d’entrée pour les dix prochaines années. Selon le cabinet du ministre, le délai d’appel a également expiré, mais l’avocat de Toujgani dit le contester. En effet, l’imam a une femme et des enfants en Belgique.

Le rôle de Mohamed Toujgani était contesté depuis un certain temps déjà. Malgré des décennies passées en Belgique, il ne parle ni le néerlandais ni le français. En outre, une vidéo dans laquelle il appelle à brûler des Juifs datant d’il y a 10 ans est ressortie en 2019. Bien qu’il ne soit pas connu du grand public, Toujgani est une figure très influente de la communauté islamique. (Le Soir, 13 janvier 2022)

Attack on refugees' shops in İstanbul's Esenyurt

The incident reportedly occurred after an argument between locals and a refugee from Palestine, who later took shelter in a shop in the shopping mall.

A mob of dozens of people then attacked the mall while chanting, "This is Turkey, not Syria."

Police intervened in the attack as two people were injured and windows of the shops were broken.

Seven people, including four children, were detained after the incident, according to a statement by the İstanbul Governor's Office.

Releasing a statement after the attack, the Human Rights Association (İHD) said impunity encourages such attacks.

"The prevailing opinion that those who were detained would be left with impunity also encourages the attackers and increases the tension and anxiety among the people exposed to attacks," said the association.

"We defend an equal and free life together, and denounce the attack and those who pave the way for it. We call on the state authorities, who are responsible for the safety of life and property of everyone in their country, to stop racism and hate attacks, which are crimes, to abandon policies of impunity, which encourages attacks, and to ensure effective reparation for the damage caused by the attacks." (BIA, 13 January 2022)

Forte augmentation des demandes de protection

Au total, 25.971 demandes de protection internationale ont été introduites en 2021 auprès de l’Office des étrangers, contre 16.910 en 2020.

Le nombre des demandes par les ressortissants de Turquie était 590 en novembre 2021.

Après examen de leur dossier, 10.093 personnes ont obtenu un statut de protection, ressort-il des chiffres communiqués lundi par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA)..

Après examen de leur dossier, 10.093 personnes ont obtenu un statut de protection. Le Commissariat général constate que le nombre de demandes reçues a été presque aussi élevé qu’en 2019, lorsque 27.742 demandeurs avaient été enregistrés. En 2021, la moyenne mensuelle a été de 2.164 demandes, contre 1.409 en 2020.

Les demandes d’asile émanent principalement des Afghans

Le pic des demandes a été atteint en septembre (3.326) en raison de l’opération d’évacuation Red Kite menée en Afghanistan.

Les Afghans représentent par ailleurs la première nationalité en termes de demandes introduites, avec 6.506 sollicitations. La Syrie arrive en deuxième position en 2021 avec 2.874 demandes, suivie de la Palestine (1.662), de l’Érythrée (1.558), et de la Somalie (1.116).

Près de 72,4 % des demandes ont été introduites par des hommes et 27,6 % par des femmes, note le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides.

“Pour certains pays comme l’Afghanistan, la proportion des demandeurs masculins est encore plus élevée (89,7 %). Pour d’autres pays, la proportion est plus équilibrée (Syrie 64,2 % ; Somalie 59,7 %)”, peut-on lire. . (Le Soir, 10 janvier 2022) 

One out of every three ‘spies’ caught in Germany is from Turkey

The number of investigations launched by the Federal Chief Public Prosecutor's Office in Germany into the activities of foreign intelligence agencies doubled in 2021 when compared to the previous year.

As reported by Deutsche Welle (DW) in reference to Die Welt newspaper, the government has answered a Parliamentary question of the Left Party (Die Linke) and noted that "there has especially been an increase in the number of espionage activities in the name of Turkey."

In 2020, the Chief Public Prosecutor's Office launched 14 investigations; in 2021, this number increased to 22.

Of these 36 investigations in total, 10 investigations, or one out of every three espionage cases investigated by Germany, were in connection with Turkey's National Intelligence Organization (MİT).

Die Linke MP Sevim Dağdelen, who submitted the Parliamentary question, has said that four of these investigations were launched in 2020 and six were launched in 2021. According to Dağdelen, two of the investigations dated 2021 ended in non-prosecution and no court cases have been filed so far. Dağdelen has accused the government of Germany of inaction.

"It is evident that, for geopolitical reasons, the federal government is apparently still not interested in dismantling the Erdoğan network in Germany," she has said on her social media account, calling on the newly founded Olaf Sholz government to exert more pressure on Turkey.

Especially since the failed coup attempt in Turkey on July 15, 2016, there has reportedly been a marked increase in the number of espionage activities in Germany allegedly stemming from Turkey.

Most recently, a 40-year-old man was detained in a luxury hotel in Düsseldorf for alleged espionage activities for Turkey. Bullets and a list of names were seized on the man and the prosecutor's office pointed to a suspicious flow of money in the bank account of the suspect.

It was also reported in the news that Dağdelen herself was targeted by the ultranationalist Grey Wolves (Idealist Hearts) with ties to Turkey's Nationalist Movement Party (MHP). During her election campaign in fall, she was warned by the security units in Germany about a possible attack on her. The security advised Dağdelen to cancel an event that she was planning to attend on September 23, 2021. (BIA, 5 January 2022)



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