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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

46th Year / 46e Année
Juillet
 
2022 July
N° 527
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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LOUPS GRIS ET POLITIQUE BELGE
Doğan Özgüden

https://sigest.fr/2022/05/20/le-bruit-des-bottes/

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

L'Onu exhorte la Turquie à reconsidérer son retrait de la Convention d'Istanbul
Neuf civils tués dans des tirs d'artillerie, Bagdad accuse la Turquie
Droits des femmes: le Conseil d'Etat turc confirme le retrait d'une convention

Le Conseil de l'Europe somme Ankara de libérer l'opposant Kavala
Who is telling the truth: Erdogan or Sweden and Finland? - Baskın Oran
Men kill 32 women in June
CEDH: la Turquie condamnée pour l'application d'un texte discriminatoire de l'époque ottomane
ECtHR Grand Chamber to hear Kavala case on July 11

One year of Turkey's prisons: İHD report documents rights violations
Plus de 200 arrestations pendant la Marche des Fiertés à Istanbul
"My brother used to weigh 62 kilos, now in prison he weighs 44"

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Soldiers block Grup Yorum members' entry to Dersim after concert ban

Police detain journalists protesting arrest of Kurdish reporters
Les sites turcs de Deutsche Welle et VOA bloqués
RSF urges Turkey to end police violence against journalists
Zarakolu: Nothing will change, decisions are taken by courts here, not by government
"You cannot touch Pınar Selek's acquittal"

Kurdish Question / Question kurde

Break the silence on Turkey’s invasion of South Kurdistan
Syrie: quatre combattants kurdes tués par un drone turc
Iran: les agents arrêtés liés au Mossad, membres d'une organisation kurde
The world remains silent, Turkey continues to kill civilians in South Kurdistan

"On ne sait pas où aller": des Syriens craignent un assaut de la Turquie
La Turquie déterminée à poursuivre ses opérations contre les Kurdes

Les Kurdes exhortent la Russie et l'Iran à empêcher une attaque turque dans la Syrie
Radio Yerevan and Kurdish: the "unknown" language in Turkey
Des milliers de Kurdes protestent contre l’accord de l’OTAN à Stockholm

L’accord à l’OTAN vise soutenir Erdogan dans ses menaces contre YPG

Minorités / Minorities

Le principal cimetière juif d'Istanbul profané
Arménie et Turquie réaffirment vouloir "normaliser" leurs relations

Politique intérieure/Interior Politics

L’état actuel d'Erdogan: "Le p’tit a fait du caca…" - Ragip Duran
La disqualification du Sultan -  Ragip Duran
Il voulait faire taire les réseaux sociaux, mais… - Ragip Duran

Forces armées/Armed Forces

Après le sommet de Téhéran, quid de l'offensive turque?

Erdogan n’a pas le feu vert pour attaquer les Kurdes de Syrie
L’utilisation d’armes chimiques par la Turquie et le silence international
Biden insiste pour que les Etats-Unis vendent des F-16 à la Turquie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Allah aux commandes de l’économie turque! - Ragıp Duran

Le prince héritier saoudien reçu par Macron: la fiancée de Khashoggi "scandalisée"
La menace djihadiste se confirme en Afrique

En Turquie, l'appel à la prière, art lyrique et politique

La fête du sacrifice: Plus de 6.000 sacrificateurs blessés


Socio-économique / Socio-economic

Le litige pétrolier enflamme les relations entre le Kurdistan d'Irak et Bagdad
Pourparlers en Turquie pour libérer les céréales ukrainiennes
Turkey ranks 124th in gender equality
En Turquie, l'inflation menace de gâcher l'Aïd
L'inflation grimpe à 78,6% en juin

Turkey remains among 10 worst countries for working people

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Premier échange tendu à Istanbul entre ministres allemand et turc
Fenerbahce-Dynamo Kiev: l'ambassadeur d'Ukraine condamne les slogans pro-Poutine

Méditerranée orientale: la Turquie annonce une nouvelle mission d'exploration gazière
L'Italien Draghi évoque l'importance des droits de l'homme auprès d'Erdogan
La Suède entre soulagement et inquiétude après l'accord avec la Turquie sur l'Otan
La Turquie réclame son dû au lendemain de l'accord avec l'Otan


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Turkey says Sweden has not yet extradited the “terrorism” suspects despite NATO deal
Otan: la Turquie annonce une réunion de suivi en août avec la Suède et la Finlande
Biden a sur les mains "le sang" des victimes du régime saoudien
Otan: la Suède condamne l'action de députés posant avec le drapeau du PKK
L'Otan intègre la Suède et la Finlande à sa ligne de défense face à la Russie
Otan: la Suède refuse de démentir une "promesse" d'extraditions à la Turquie

Adhésion à l'Otan: Erdogan menace de nouveau la Suède et la Finlande
Ankara lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan

Relations régionales / Regional Relations

Céréales : le centre de coordination des exportations ukrainiennes ouvre à Istanbul
Irak: le secteur du consulat de Turquie visé par des tirs de roquettes à Mossoul
L'accord sur les céréales ukrainiennes signé à Istanbul
L'Irak demande à la Turquie de libérer plus d'eau en amont des fleuves
Le Kremlin annonce un sommet Poutine-Raïssi-Erdogan sur la Syrie à Téhéran

La  Turquie soupçonnée de faciliter le vol du blé ukrainien
Une offensive turque en Syrie "déstabiliserait la région", avertit l'Iran

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

La Turquie reprendra les explorations gazières en Méditerranée le 9 août

Dans l’attente de la nouvelle provocation d’Erdogan à Chypre
Irrédentisme cartographique : Nostalgie et consolation du vaincu et menace - Ragip Duran

Immigration / Migration

Illegal Turkish immigrants from Mexico to the US increase tenfold
Qui sont les "terroristes" réclamés par la Turquie à la Finlande et à la Suède ?
Meet the Writer: Orhan Pamuk
L’accord avec Erdogan fait grincer des dents à Stockholm
La Turquie réclame l'extradition de 33 personnes à la Finlande et à la Suède



Droits de l'Homme / Human Rights

L'Onu exhorte la Turquie à reconsidérer son retrait de la Convention d'Istanbul

La rapporteure spéciale de l'Onu sur la violence envers les femmes a exhorté mercredi à Ankara le gouvernement turc à reconsidérer sa décision de se retirer de la Convention d'Istanbul, un traité international qui protège les femmes.

"Je regrette profondément que la Turquie ait quitté la Convention d'Istanbul. (...) J'exhorte vraiment le gouvernement turc à reconsidérer cette décision", a affirmé Reem Alsalem en présentant ses conclusions préliminaires d'un rapport sur la situation des droits des femmes en Turquie.

La rapporteure de l'Onu a aussi tiré la sonnette d'alarme sur les risques de régression des droits des femmes en Turquie.

"La Turquie a fait des réformes importantes pour prévenir la violence, mais elles restent insuffisantes", a-t-elle déclaré.

Selon Mme Alsalem, les femmes turques constatent des reculs dans de nombreux domaines bien que ces droits existent sur le papier, comme l'accès devenu plus difficile à l'avortement et à la santé sexuelle.Des ONG féministes ont par exemple été poursuivies pour "activité immorale".

Selon la rapporteure, le retrait de la Convention d'Istanbul a affaibli l'application des lois existantes, encourageant les hommes violents et exposant les femmes à davantage de risques.

Le Conseil d'Etat turc a confirmé la semaine dernière le retrait de la Turquie de la convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes.

Des manifestations rassemblant des milliers de personnes avaient éclaté à l'annonce de l'abandon du traité en mars 2021, qui avait également valu au président turc Recep Tayyip Erdogan de vives critiques de l'Europe.

Le gouvernement turc avait justifié sa décision en l'accusant d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.

La rapporteure de l'Onu assistait à une réunion avec des ONG turques féministes lorsqu'elle a appris la décision du Conseil de l'Etat, le 19 juillet.

"J'ai été témoin de leur immense déception. J'ai été très déçue moi-même", a-t-elle souligné à l'AFP.

Selon la plateforme "We Will Stop Feminicide" (nous arrêterons le féminicide), 236 femmes ont été tuées depuis le début de cette année en Turquie, dont la majorité par des membres de leur famille.

Le décompte des victimes de féminicides l'an dernier s'est élevé à 423. (AFP, 27 juil 2022)


Irak : neuf civils tués dans des tirs d'artillerie, Bagdad accuse la Turquie

Neuf civils, dont des enfants, ont été tués et 23 blessés mercredi dans le nord de l'Irak par des tirs d'artillerie imputés à la Turquie, poussant Bagdad à rappeler son chargé d'affaires à Ankara et réclamer le retrait des forces turques de son territoire.

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a adopté un ton inhabituellement ferme vis-à-vis de son voisin turc, condamnant une "violation flagrante de sa souveraineté" par "les forces turques", accusées d'avoir effectué des frappes à l'artillerie sur des jardins récréatifs dans la région autonome du Kurdistan.

Les victimes des tirs étaient pour la plupart des "touristes arabes irakiens, venant en majorité du centre et du sud de l'Irak", a dit à l'AFP Mouchir Bachir, le chef du district de Zakho, frontalier de la Turquie.

Cette région montagneuse du Kurdistan est très populaire auprès des habitants du centre et du sud de l'Irak fuyant les températures caniculaires de l'été.

Une source au sein du ministère turc de la Défense a toutefois assuré à l'AFP ne disposer d'"aucune information faisant état ou confirmant des tirs d'artillerie dans cette zone".

De son côté, la diplomatie turque a estimé que "ces types d'attaques" étaient perpétrés par "des organisations terroristes", appelant l'Irak à ne pas "faire des déclarations sous l'influence de la propagande terroriste".

Ankara, qui dispose de dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien, a déclenché à la mi-avril une nouvelle opération militaire contre les insurgés kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé groupe "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Un porte-parole des autorités médicales de Zakho, Amir Ali, a indiqué à l'AFP que les tirs de mercredi avaient fait neuf morts et 23 blessés. Parmi les personnes décédées figurent aux moins trois femmes, deux enfants et trois hommes, avait-il auparavant indiqué.

- "Nos enfants sont morts" -

Devant un hôpital de Zakho, Hassan Tahsin Ali, le crâne bandé, raconte à l'AFP avoir miraculeusement survécu au déluge de feu qui s'est abattu sur le parc et ses étendues d'eau, où les visiteurs profitaient d'un moment de détente.

"Nous venons de la province de Babylone (centre)", raconte le jeune homme d'une voix atone. "Il y a eu des frappes à l'aveugle sur nous, il y avait des corps sur l'eau", ajoute-t-il. "Nos jeunes sont morts, nos enfants sont morts, à qui devons-nous nous adresser ? Nous n'avons que Dieu".

Le ministère des Affaires étrangères va "convoquer l'ambassadeur de Turquie en Irak", selon les décisions d'un Conseil ministériel de sécurité nationale présidé par le Premier ministre irakien.

Réuni mercredi soir, le Conseil exige le retrait des forces armées turques de l'ensemble du territoire irakien. Tout comme il réclame "le rappel du chargé d'affaires irakien à Ankara pour consultations, et l'arrêt des procédures d'envoi d'un nouvel ambassadeur en Turquie", selon un communiqué.

Les opérations militaires turques sur le sol irakien compliquent les relations entre le gouvernement central irakien et Ankara, l'un des premiers partenaires commerciaux de l'Irak.

Elles valent à l'ambassadeur turc en poste à Bagdad d'être régulièrement convoqué au ministère irakien des Affaires étrangères. Mais les remontrances irakiennes sont généralement sans lendemain.

En soirée, malgré un important dispositif policier, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant un centre de délivrance de visas turcs à Kerbala (centre), brûlant un drapeau turc, a constaté un photographe de l'AFP.

Dans la capitale Bagdad des manifestants se sont rassemblés aux abords d'un centre de délivrance de visas affilié à l'ambassade et l'un des participants s'est hissé sur le toit et a baissé le drapeau turc qui le surmontait, selon deux sources de sécurité, la police laissant faire pour éviter tout débordement.

- "Danger permanent" -

Erbil, capitale du Kurdistan d'Irak, entretient des relations compliquées avec le PKK car sa présence dans la région entrave ses relations commerciales vitales avec la Turquie voisine.

"Les affrontements entre les forces turques et le PKK dans les zones frontalières sont devenus une menace et un danger permanent pour la vie des citoyens", a dénoncé mercredi le gouvernement régional du Kurdistan dans un communiqué.

Le 17 juillet, un drone armé --turc selon les responsables locaux irakiens-- a visé une voiture à l'ouest de la ville de Mossoul (nord), chef-lieu de la province septentrionale de Ninive, frontalière du Kurdistan.

L'attaque a tué le chauffeur ainsi que ses quatre passagers identifiés par les services de sécurité du Kurdistan comme étant des combattants du PKK.

Un mois plus tôt déjà, quatre "combattants" du PKK avaient été tués au Kurdistan irakien dans une attaque menée par des "drones de l'armée turque", selon les autorités de cette région autonome. (AFP, 20 juil 2022)


Droits des femmes: le Conseil d'Etat turc confirme le retrait d'une convention

Le Conseil d'Etat turc a confirmé mardi le retrait de la Turquie de la convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes, selon un arrêt consulté par l'AFP.

De nombreux groupes, dont des partis politiques et des ONG de défense des droits, avaient saisi le Conseil d'Etat -- plus haute autorité administrative en Turquie --, demandant l'annulation de la décision de retrait de la convention d'Istanbul.

Celle-ci avait été prise par décret présidentiel le 20 mars 2021.

Le CHP, principal parti de l'opposition turque, a aussitôt annoncé son intention de faire appel de la décision du Conseil d'Etat.

"Quand nous serons au pouvoir (...), nous rétablirons la convention d'Istanbul dès la première semaine, voire les premières 24 heures", a déclaré le chef du parti, Kemal Kilicdaroglu, possible candidat à la prochaine élection présidentielle prévue pour juin 2023.

Des manifestations rassemblant des milliers de personnes avaient éclaté à l'annonce de l'abandon du traité en mars 2021, qui avait également valu au président turc Recep Tayyip Erdogan de vives critiques de l'Europe.

La plateforme "Stop aux féminicides" a appelé à de nouveaux rassemblements mardi soir dans plusieurs villes de Turquie, dont Istanbul et Izmir (ouest), pour protester contre une décision qu'elle qualifie d'"illégale".
 "Le Conseil d'Etat a estimé que [le président turc] a fait usage de son pouvoir discrétionnaire. C'est terrifiant du point de vue du droit", a réagi Ipek Bozkurt, avocate de la plateforme.

"Cette erreur aurait dû être arrêtée par la justice turque", a-t-elle déclaré à l'AFP.
 La convention d'Istanbul, signée par 36 pays, établit un cadre légal et institutionnel pour lutter contre les violences sexistes.
 Elle oblige les gouvernements à adopter une législation réprimant la violence domestique et les abus similaires, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine.

Le gouvernement turc avait justifié sa décision d'abandonner le traité -- qu'il avait signé en 2011 -- en l'accusant
d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.

Des défenseurs des droits des femmes estiment que le retrait de la Turquie de la convention d'Istanbul a rendu les femmes turques plus vulnérables face aux violences. (AFP, 19 juil 2022)


Le Conseil de l'Europe somme Ankara de libérer l'opposant Kavala

Les responsables du Conseil de l'Europe ont sommé lundi la Turquie de libérer immédiatement le mécène et opposant Osman Kavala, condamné en avril à la prison à vie, après un arrêt jugeant qu'Ankara avait violé la Convention européenne des droits de l'Homme.

"La Turquie a manqué de se conformer à ses obligations en vertu de la Convention européenne des droits de l'Homme. Nous nous félicitons de l'arrêt (de la CEDH) prononcé aujourd'hui qui apporte une réponse claire sur ce point. Nous renouvelons notre appel à la libération immédiate de M. Kavala", ont écrit dans un communiqué les trois principaux responsables du Conseil de l'Europe.

C'est seulement la deuxième fois de son histoire que la CEDH, bras judiciaire du Conseil de l'Europe, condamne par un arrêt de Grande chambre l'un de ses 46 États membres au terme d'une procédure pour manquement, communiquée lundi matin.

Saisie par Osman Kavala au cours de sa détention provisoire, la CEDH, qui siège à Strasbourg (est de la France), avait déjà exigé de la Turquie dans un arrêt rendu le 10 décembre 2019 "de mettre un terme à la détention du requérant et de faire procéder à sa libération immédiate (...) en l'absence d'éléments de preuve à charge suffisants".

La Cour avait alors estimé que l'arrestation de M. Kavala avait pour objectif de "le réduire au silence" et de "dissuader d'autres défenseurs des droits de l'Homme".

Ces dispositions avaient été largement ignorées par Ankara: les juridictions turques avaient ordonné en février 2020 une remise en liberté provisoire d'Osman Kavala, avant que l'homme d'affaires ne soit interpellé à nouveau quelques heures plus tard sur ordre du procureur pour "tentative de coup d'Etat", lors du putsch raté de juillet 2016.

- Force obligatoire des arrêts -

Constatant que M. Kavala était toujours en détention, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe, organe chargé de veiller à l'exécution des décisions de la Cour, avait décidé en février de saisir une nouvelle fois la juridiction strasbourgeoise, tel que prévu depuis 2010 par la Convention européenne des droits de l'Homme.

Lundi, à 16 voix contre une, la Grande chambre de la CEDH, sa formation suprême, a conclu à la violation de l'article 46 de la Convention européenne des droits de l'Homme par Ankara. Celui-ci prévoit la force obligatoire des arrêts de la Cour et leur exécution.

"La non-exécution d'une décision judiciaire définitive et obligatoire risquerait de créer des situations incompatibles avec le principe de la prééminence du droit que les États contractants se sont engagés à respecter en ratifiant la Convention", souligne la Cour dans un communiqué.

Figure de la société civile turque, Osman Kavala, 64 ans, a finalement été condamné le 25 avril à la prison à vie pour "tentative de renversement du gouvernement" via notamment le financement des manifestations antigouvernementales dites "mouvement de Gezi" en 2013, après avoir passé quatre ans et demi de détention sans jugement.

- "Sous surveillance" -

Devenu l'adversaire du pouvoir, il avait dénoncé un "assassinat judiciaire" contre sa personne et l'influence du président turc Recep Tayyip Erdogan sur son procès.

Le ministère turc des affaires étrangères a estimé que l'arrêt remettait "une fois de plus en question la crédibilité du système européen des droits de l'Homme".

L'Union européenne "exhorte la Turquie à donner suite aux recommandations du Conseil de l'Europe (...) et à mettre en oeuvre les arrêts (...) de la Cour européenne des droits de l'Homme, en particulier celui demandant la libération immédiate de M. Kavala", a réagi dans un communiqué un porte-parole de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

"Cette question restera sous la surveillance du Comité des ministres jusqu'à ce que l'arrêt soit pleinement exécuté", ont affirmé dans un communiqué commun Simon Coveney, ministre irlandais des Affaires étrangères et président en exercice du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, Tiny Kox, président de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, et Marija Pejcinovic Buric, secrétaire générale de l'organisation paneuropéenne.

Sollicité par l'AFP, un porte-parole du Conseil de l'Europe a indiqué qu'il n'y avait pour l'heure "pas eu de discussions sur de possibles sanctions de la Turquie". (AFP, 11 juil 2022)


Who is telling the truth: Erdogan or Sweden and Finland?



Baskın Oran, Artı Gerçek, July 8, 2022

In Europe, the government does not call anyone who opposes it a “terrorist.” Here they do. Just as they used to call them communists... unfortunately there is also a difference in the understanding of the concepts of judiciary/justice, which is huge.

I wouldn't know. Just as I can't answer the question of whether an elephant or a whale is larger because their basic essence is different from A to Z, except for the one thing they have in common, which is that they belong to the mammal family. I'll summarize what the parties say faithfully so that you can decide.

“There is no doubt that this memorandum is a diplomatic victory for Turkey and our nation after a difficult negotiation process. Full cooperation in the fight against the PKK and its extensions, solidarity in the fight against all forms and manifestations of terrorism, commitment not to provide support to the PYD, YPG and FETO. Sweden's promise is the extradition of 73 terrorists to Turkey.”

On his return, after the Friday prayers in Uskudar, he goes into detail:

“We put our conditions regarding terrorism and terrorists forward, and they were accepted. Europe has been dealing with this issue for years by including only the PKK, but we did not consent. We said they should include FETO, PYD and YPG in the agreement. They tried to evade, but we said that was our red line. If they don't accept it, we can't say yes to the agreement. So they accepted it. That's a very good expression of how we achieved it.”

“As a result of the negotiations we have conducted, the PKK/PYD/YPG, FETO, all these terrorist organizations are now included in the NATO texts. This is the first time this has happened. In other words, the PKK was available in the EU texts, but the YPG/PYD and FETO were not.”

“Sweden will send us 73 terrorists. At the moment they have sent 3-4. But this is not enough for us.”

Before we move on to what the Scandinavian countries have said, let's make some factual corrections to these words:

Before we move on to what the Scandinavian countries have said, let's make some factual corrections to these words:

2) The text signed is a memorandum of understanding between Finland and Sweden, which want to join NATO, and Turkey, which opposes their entry. It is not a NATO document. It is not signed by any NATO official. A NATO Secretary General was only the moderator. Besides, it is called “Trilateral Memorandum.”

2) The text signed is a memorandum of understanding between Finland and Sweden, which want to join NATO, and Turkey, which opposes their entry. It is not a NATO document. It is not signed by any NATO official. A NATO Secretary General was only the moderator. Besides, it is called “Trilateral Memorandum.”

3) It is interesting that the right hand of the Erdogan government is unaware of its left on such an ambitious issue. On the website of the Ministry of Justice, Minister Bekir Bozdag states the following: “Our president has won a great historic victory on behalf of the Turkish nation and the Republic of Turkey. The cases of six PKK members and six FETO members in Finland and 10 FETO members and 11 PKK members in Sweden are pending. After the agreement, we will rewrite and remind them about their extradition.”

Although there is no mention of any number in the text of the trilateral memorandum, I calculated their arithmetic sum to be 33. The origin of the figure of 73 is still unclear to this day. I would say that President Erdogan may have confused it with the inflation rate announced by the Turkish Statistical Institute (TUIK), but that rate is 78 percent, so perhaps the figure of seven was misleading.

4) It is also strange that Erdogan's administration is making remarks on such an ambitious issue without examining Swedish legislation (or ignoring it completely). For in Sweden, extradition can only be ordered by the judiciary and, as Article 8/3 of the trilateral memorandum states, “in accordance with the European Convention on Extradition.” Cengiz Candar, who has lived there for many years, wrote about the statement of Anders Eka, the President of the Supreme Court of Appeals, on this very issue, and Kısadalga reported it as “Error! Hyperlink reference not valid.” Let me explain:

The extradition of 19 people considered “terrorists” by Ankara has already been rejected by the Swedish courts. A. Eka explains: “We cannot sit and review cases that have already been concluded. Our job is to check if there are any obstacles. [Furthermore,] during my tenure at the Supreme Court, I have never seen the trial of an [extradition] request of a Swedish citizen.”

Since 2000, the Supreme Court has heard more than 30 cases in which Turkey has requested extradition from Sweden and concluded that there were no obstacles to extradition in only four cases (“They have already sent three or four,” Erdogan also said). One of these cases involved theft, two involved drug trafficking and the fourth involved incitement to theft and illegal deprivation of liberty.

In line with the 1957 European Convention on Extradition, the Swedish Extradition Act does not apply to military or political offenses. In addition, the same criminal charge must exist in both countries. And, did you know that we have also signed this Convention? Law No. 18.11.1959/7376, published in the Official Gazette of 26.11.1959.

As I understand it, the Swedish supreme judge is a little different from our supreme judges. He is not the kind of Supreme Court chief who goes and collect tea with the person in power, raises his hand and prays in his judicial robes next to the head of religious affairs at an official ceremony, and finally says, “If you don't criticize, justice will run like clockwork.” As for the Scandinavian authorities:

Swedish Foreign Minister Ann Linde, who found herself in a difficult situation in her country because of Erdogan's declaration of victory and, above all, the demand that jumped to 73, stated, “We have not given in to Erdogan. We will not accept any extradition unless there is evidence of terrorist activity. There is no reason for the Kurds to feel that their human or democratic rights are in jeopardy." Finnish President Niinisto echoed similar sentiments, “We did not call the YPG a terrorist organization in the text. Erdogan wanted the YPG to be in the text and we agreed to it. The YPG was included so that humanitarian aid can continue. Nothing has changed.”

It seems that the West has completely figured out President Erdogan. Either they “stand by” him for the time being because they expect him to leave in the elections, or, as Can Dundar says, they think it would be more troublesome to deal separately with the Coalition of Six (which can't get rid of its constipation). Those “Six” could have whined that “Turkey's legitimate demands have not been concretely guaranteed in the trilateral agreement” even though they know that Erdogan wants 73 people whom he labels "terrorists". (Doğan Ozguden, Info-Turk, 07/06/2022)

Moreover, Erdogan is slowly sinking economically and throwing some weight behind him makes it easier to influence the One Man, famous for his massive U-turns. Especially now that the two countries are de facto under the NATO umbrella, because Erdogan's Turkey has already participated in early June in a joint NATO exercise where they also participated.

I think the comparison goes beyond the difference between the elephant and the whale. In Europe, the government does not call anyone who opposes it a “terrorist.” Here they do. Just as they used to call them communists.

I would have said that the problem is there, but unfortunately there is also the difference in the understanding of the concepts of judiciary/justice, which is huge. There is no end to this, and there is much more to write about this topic, but we will continue in other articles.
 
Men kill 32 women in June
 
According to the news compiled by bianet from local and national newspapers, news websites and news agencies, men killed at least 32 women and seven children in June.

In June, the deaths of at least 14 women (in the provinces of (Antalya (2), İstanbul (4), Hatay (1), Bursa (1), Manisa (1), Kocaeli (1), Çorum (1), Denizli (1), Afyon (1), Antep (1)) were reported in the press as suspicious.

Men inflicted violence on at least 89 women, abused at least 41 girls and boys, harassed at least 27 women, and forced 24 women to do sex work.

In Kocaeli, men drove one woman to suicide. Men attempted to kill one woman in İstanbul.

In the first six months of 2022, men killed at least 163 women, harassed 72 women, abused 146 children, inflicted violence on 391 women, and raped 15 women. In the first five months of 2022, deaths of 105 women were reported in the press as "suspicious" while men killed at least 22 women in the first five months of the year.

In the first six months of 2021, men killed 150 women, harassed 57 women, abused 72 children, and raped 55 women. Men forced at least 373 women to do sex work, inflicted violence on and injured at least 414 women. While the deaths of at least 120 women were reported as "suspicious" in the press, men killed at least 11 women.

Men killed at least 32 women in June. This figure was 24 in the same month last year. Men also killed six men who were together with the women.

One of the men who killed the women was a police officer, and one was a petty officer. At least three women were killed despite protection orders. One of the killed women was a citizen of Kyrgyzstan. (BIA, 6 July 2022)


CEDH: la Turquie condamnée pour l'application d'un texte discriminatoire de l'époque ottomane

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour avoir fait appliquer un texte régissant une fondation datant de l'époque ottomane, au XVIe siècle, et qui établissait une discrimination fondée sur le sexe.

La fondation Örfioglu a été créée en 1536, à l'époque ottomane, à Diyarbakir. Dans le droit turc elle relève de la catégorie des fondations "mülhak", c'est à dire gérées par les descendants du fondateur.

"Ses revenus sont affectés à certaines oeuvres de charité et l'excédent de revenus est versé aux +descendants du fondateur+ par degré de parenté en ligne directe", note la CEDH, bras judiciaire du Conseil de l'Europe.

En 2015, le patrimoine de Örfioglu était estimé à environ 207 millions d'euros et ses revenus annuels étaient d'environ 3,7 millions d'euros.

Dans cette affaire les requérants se plaignent qu'une descendante en ligne directe du fondateur n'ait pas pu bénéficier de l'excédent de revenus lui revenant au motif qu'elle était une femme. L'acte constitutif de la fondation prévoyait en effet que seuls les descendants de sexe masculin pouvaient bénéficier de ces excédents de revenus.

"Cette pratique procède de conceptions sociales et morales et d'une vision archaïque du rôle de la femme qui n'ont plus cours dans la société turque et plus largement dans les sociétés européennes", souligne la CEDH.

Mais les tribunaux turcs "se sont contentés d'établir puis d'appliquer la volonté du fondateur, tel qu'exprimée dans l'acte constitutif, sans chercher à la confronter aux règles d'ordre public", regrette la cour basée à Strasbourg (France). "Elles ne semblent nullement s'être souciées de vérifier la conformité de la volonté du fondateur à la Convention, à la Constitution ou aux lois, alors même qu'elle soulevait manifestement une question au regard du principe de non-discrimination et du principe de l'égalité entre hommes et femmes".

La Turquie a ainsi violé l'article 14 de la Convention européenne des droits de l'homme (interdiction de la discrimination), combiné avec l'article 1 du Protocole N°1 (protection de la propriété).

En réparation, la CEDH estime que "le moyen le plus approprié pour redresser la violation constatée serait une réouverture de la procédure" en Turquie.

Au nom du principe de sécurité, juridique, elle dispense cependant l'Etat turc "de remettre en cause des actes ou situations juridiques antérieurs au présent arrêt". (AFP, 5 juil 2022)


ECtHR Grand Chamber to hear Kavala case on July 11
 
The European Court of Human Rights (ECtHR) Grand Chamber has announced that the case of Osman Kavala will be heard on July 11 at 11 a.m. in Strasbourg. The hearing will be open to the public.

The Grand Chamber will convene to determine whether Turkey abided by the ECtHR verdict on Kavala as per article 46/1 of the European Convention on Human Rights on "binding force and execution of judgments."

The case was taken to the chamber after the Council of Europe Committee of Ministers initiated infringement proceedings against Turkey due to its failure to abide by the decision for the release of Kavala on December 10, 2019.

Kavala, a businessperson and a rights defender, has been behind bars since October 2017.

On April 25, he was sentenced to aggravated life imprisonment for "attempting to overthrow the government" and the seven other defendants were sentenced to 18 years in prison for aiding the attempt. (BIA, 4 July 2022)


One year of Turkey's prisons: İHD report documents rights violations

The Human Rights Association (İHD) Central Commission for Prisons released its "Monitoring Rights in Turkey's Prisons Report 2021."

Last year, the İHD Headquarters alone received applications from 901 prisoners through letters and their families or attorneys. This adds up to thousands of applications submitted to the association's 27 branches and eight representative offices.

Most of the applications were about the violations of the right to health and the prohibition of torture and degrading treatment and discrimination.

The 52-page report says the association received applications from prisons in almost every part of the country.

Releasing a map of the applications, the İHD said, "Even from this map alone, it is understood that rights violations in prisons are not limited to a certain region, but are spread all across Turkey."

Cold and uncomfortable wards

The report included a list of the cases of violations that prisoners were subjected to:

Overcrowded wards due to increase in the number of prisoners.

Delayed referrals of prisoners to the infirmary, long queues for referrals from the infirmary to tertiary health institutions or polyclinics.

The lack of health service capacity to handle intense demands for healthcare services.

Doctors are not always present in infirmaries.

Security officers do not remove handcuffs while prisoners are being examined, and doctors do not ask them to do so.

Pressures to search prisoners before being referred to health institutions and their referral to health institıtutions in one-cell shuttles, which especially affects asthma patients.

Delayed referrals to health institutions or not being referred at all.

Failure to release seriously ill prisoners despite being in the latest stages of their diseases.

Prisoners not really being treated but being given drugs with temporary effects.

The Forensic Medicine Institution (ATK) not giving decisions of release for ill prisoners due to political reasons.

Infussicient provisions.

Wards that are not heated and ventilated.

Problems in access to clean water. (BIA, 30 June 2022)


Plus de 200 arrestations pendant la Marche des Fiertés à Istanbul

La police turque a une nouvelle fois fondu dimanche sur la Marche des Fiertés LGBTQ+ à Istanbul, interdite par les autorités, interpellant sans ménagement plus de 200 personnes, militants et journalistes, dont un photographe de l'AFP.

Avant même le début du rassemblement, la police antiémeutes a effectué une descente musclée dans les cafés et les rues du quartier de Cihangir, autour de l'emblématique place Taksim, arrêtant les personnes qui s'y trouvaient, a constaté l'AFP.

Selon le comptage des organisateurs de la marche, quelque 200 personnes ont au total été appréhendées en plusieurs vagues.

Certaines, dont le photographe de l'AFP Bülent Kilic, ont été relâchées peu avant 23H00 (20H00 GMT), plus de six heures après leur interpellation. Mais la plupart des personnes interpellées étaient toujours aux mains de la police, selon les organisateurs de la marche et l'association de défense des droits LGBTQ+, Kaos LG.

Douze personnes ont été également arrêtées dans la ville d'Izmir (ouest), selon Kaos LG.

Comme chaque année désormais, la Marche des Fiertés avait été interdite par le gouverneur de la ville, mais des centaines de manifestants brandissant des drapeaux arc-en-ciel se sont rassemblés dans les rues adjacentes à la place Taksim, entièrement fermée au public.

- "L'avenir est queer" -

Scandant "L'avenir est queer !", "Vous ne serez jamais seuls !" ou "On est là, on est queer, on n'ira nulle part ailleurs !", les manifestants ont ensuite défilé pendant un peu plus d'une heure dans les rues pentues du quartier de Cihangir, soutenus par les riverains postés aux fenêtres.

"On essaie de nous interdire, de nous empêcher, de nous infliger des discriminations et même de nous tuer à chaque minute de notre existence" a confié à l'AFP Diren, 22 ans.

"Mais aujourd'hui, c'est l'occasion de défendre nos droits, de crier qu'on existe : jamais vous n'arriverez à arrêter les queers", ajoute Diren, usant du vocable qui désigne toute forme d'altersexualité et réfute la définition biologique du genre.

Selon plusieurs témoins, la police a tenté d'empêcher la presse de filmer les arrestations.

Bülent Kilic, photographe expérimenté et primé de l'AFP, habitué aux zones de conflit, avait déjà été arrêté l'an passé dans les mêmes circonstances.

Sur Twitter, l'organisation de défense de la presse Reporters sans Frontières (RSF) a regretté que les autorités turques semblent "avoir pris l'habitude d'arrêter le photojournaliste de l'AFP, Bülent Kilic".

"Malgré trois condamnations prononcées par la Cour constitutionnelle ces trois dernières années, les forces de l'ordre continuent les violences et les détentions arbitraires contre les journalistes. Malheureusement, l'administration a pris l'habitude de ne pas tenir compte des décisions de la Cour ni de la loi", a ajouté le représentant de RSF, Erol Onderoglu.

Depuis un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont progressivement interdit la Marche des Fiertés, avançant des raisons de sécurité.

Vendredi, la Commissaire européenne aux droits humains, Dunja Mijatović, avait appelé "les autorités d'Istanbul à lever l'interdiction en vigueur sur la Marche des Fiertés et à garantir la sécurité des manifestants pacifiques".

"Les droits humains des personnes LGBT en Turquie doivent être protégés", avait-elle ajouté, réclamant qu'il soit "mis fin à (leur) stigmatisation".

L'homosexualité, dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), n'est pas interdite mais reste largement soumise à l'opprobre sociale et à l'hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, et à celle du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.

Un ministre a traité par le passé les homosexuels de "détraqués".

En 2020, la plateforme Netflix avait été contrainte de renoncer à la production d'une série en Turquie parce qu'elle présentait un personnage gay et n'avait pas obtenu le feu vert des autorités.

La même année, la marque française d'équipements et de vêtements sportifs Decathlon avait fait l'objet d'appels au boycott en Turquie pour avoir véhiculé dans ses campagnes des messages de soutien aux communautés LGBTQ+.


"My brother used to weigh 62 kilos, now in prison he weighs 44"

Two prisoners, demanding a fair trial, are on hunger strike. Gökhan Yıldırım, in Tekirdağ F Type Prison, has been on a hunger strike for 182 days. Sibel Balaç, being held in Silivri Prison, has been on a hunger strike for 188 days.

They also demand the release of sick prisoners, the end of rights violations in prisons, and a change to the aggravated life imprisonment law.

Gökhan Yıldırım's elder brother, Erkan Yıldırım, told bianet that the 46.5-year prison sentence and 1,800 lira judicial fine were upheld by the Court of Cassation two weeks ago.

"This decision was a response to their resistance," said brother Erkan Yıldırım.

"He cannot even sit or lie down comfortably"

Erkan Yıldırım met with his brother on Wednesday (June 22) in prison. He said, "He weighed 62 kilos when he started the hunger strike, now he weighs 44 kilos. You can see his bones from the outside. There are cracks, redness, and bone pain in his hands and feet. He can't sit comfortably, can't sleep."

Yıldırım said that there is no problem regarding receiving vitamin B1 during the hunger strike.

Yıldırım previously marched to Ankara to make his brother's demands be heard. He also held a protest in front of the İstanbul Courthouse in Çağlayan.

No sentence reduction: "Negative personality"

Held in the Tekirdağ No. 1 Type F Prison in northwestern Turkey, 35-year-old Gökhan Yıldırım, as per a ruling dated 2018, has been sentenced to 46 years, 6 months in prison on charges of "being a member of an armed terrorist organization", "aggravated plunder", "deliberate injury", "violation of dwelling immunity", "property damage", "threat", "damage to public property", "forgery of official documents" and "purchasing unregistered weapons and bullets." He is also given an administrative fine of 1,800 lira.

Despite the decision to defer the pronouncement of the verdict in more than one case, no sentence reduction was given "due to his negative personality and past displayed by committing crimes again within the periods of supervision as well as his committal of more than one crime within the scope of the file, considering the deterrent effect of the penalty given."

Denied the accusations

Prisoner Yıldırım, who was a painter, stated the following at court:

"On September 13, 2016, I was stopped by the police in Esenyurt Cumhuriyet Square on my way to celebrate the holiday with my family. I was taken out of the vehicle and made to lie on the ground without being informed why. I was then put in an armored vehicle and taken to Esenyurt Kıraç Police Station, where I was kept for 2 hours. There I was constantly threatened and tortured during the 20 days I was detained. Starting on the 3rd day, I developed health problems..."

Yıldırım also said that he did not go on a hunger strike while he was in custody, contrary to what is written in the indictment. He could not eat for 20 days because he suffered from vomiting, dizziness, fainting, and stomach discomfort."

Yıldırım denied the accusations brought against him, saying that he is a part of a conspiracy against him. There is evidence pointing to the fact that he was elsewhere on the alleged days of the crime, and that the charges consisted entirely of statements taken under duress.

Gökhan Yıldırım also indicated that the things written about him in the indictment were the same for everyone else in a copy-paste manner, adding that as there was no evidence for the offenses charged against him in the indictment, the news stories that were cited from some websites and have nothing to do with him were added as findings.

Violations of right to a fair trial in Turkey

The Constitutional Court has recently shared the statistics about individual applications and review of norms for the period of 2012-2022.

When the distribution of the top court rulings by violations of rights and freedoms in this period is considered, it is seen that "the right to a fair trial" is on the top of the list with 20,318 rulings, which accounted for 70.8 percent of all rulings of rights violations.

It is followed by the "violation of the right to property" with 10.6 percent, the "violation of freedom of expression" with 8.8 percent, and the "violation of the right to privacy and family life" with 2.6 percent. (BIA, 24 Juin 2022)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Soldiers block Grup Yorum members' entry to Dersim after concert ban

A bus carrying the members of Grup Yorum music band was yesterday (July 21) stopped by soldiers at the entrance of Dersim, where they went to attend the 20th Munzur Culture and Nature Festival.

The soldiers did not allow three members of the band to enter the city and warned them that they would be taken into custody if they refused to leave.

Ali Rıza Bilir, a member of the Festival Organization, told bianet that they had been held for about one and a half hours, and the three band members had been surrounded.

The decision to ban the concerts of the Grup Yorum and İsyan Ateşi was politically motivated, Bilgin said, adding, "Grup Yorum has been taking part in our festivals for years. These bans are arbitrary. Grup Yorum is a political arts group and the art they make bothers the government. For this reason, the ban decision they gave is political. Grup yorum members will take part in our festival."

Known for their politically charged songs, the Grup Yorum has long been persecuted over the years, with many of its members prosecuted and incarcerated. Two of the band's mambers, Helin Bölek and İbrahim Gökçek, lost their lives after months of hunger strikes demanding a fair trial.

"We will give a concert in Dersim"

Grup Yorum member Dilan Poyaz said she wasn't allowed to enter her hometown, Dersim.

"They performed an ID check and stated that the entrance of me, and the members of our band, Fırat Kaya and Can Dursun, to the city was banned for seven days as per a decision by the governor's office.

"I told them that I was from Dersim and they could not prevent me from entering my hometown. Despite that, they told me that they would not allow my entrance.

"There are orders for us not to be allowed in the city, but there is no court decision whatsoever about us. Despite that, we are not allowed in the city. They say they will detain us but they can't do that as there is no prosecutor's order.

"The soldiers who stopped us are also aware of the unlawfulness of the decision and they want to make us leave by harassing us, but we won't. We will go to Dersim, we will give our concert. We don't accept his unlawfulness."

Governor's ban

In a statement on July 18, the Tunceli Governor's Office said Grup Yorum and İsyan Ateşi had been banned from taking part in the concert events to take place in Dersim.

Despite the ban, the office said, the bands and Dersim Mayor Mehmet Fatih Maçoğlu falsely said the concerts would take place.

"It is one of the main duties and responsibilities of our state that our citizens live in an environment of peace and security. In this framework, it is important to ensure the need for security, well-being and general health, which are among the elements of public order." (BIA, 22 July 2022)

Police detain journalists protesting arrest of Kurdish reporters
 
The police did not allow a gathering of journalists today (July 5) in Ankara, the capital, to read out a statement against the arrest of 16 Kurdish journalists in Diyarbakır.

Surrounding the protesting journalists, the police detained three of them — Deniz Nazlım, a reporter for the Mezopotamya Agency (MA) in Ankara, Sibel Yükler, and another journalist whose name could not be learned yet.

The journalists then went to the Ankara office of the Confederation of Revolutionary Trade Unions of Turkey (DİSK) as the police presence continued in Ulus Square, where the journalists initially gathered.

Sixteen Kurdish journalists on June 16 were arrested on "terrorist propaganda" charges. (BIA, 5 July 2022)


Les sites turcs de Deutsche Welle et VOA bloqués

Les sites en turc des médias publics allemand Deutsche Welle et américain Voice of America étaient bloqués vendredi en Turquie à la suite d'une décision de justice, ont-ils annoncé.

"L'accès aux sites de la Deutsche Welle et de Voice of America (VOA) a été bloqué par la Cour pénale d'Ankara au motif qu'ils n'avaient pas demandé de licence [de diffusion]", a indiqué le média allemand sur son site dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le site de Amerika'nin Sesi (nom turc de Voice of America) a également fait état de ce blocage.

Les deux sites étaient de fait inaccessibles depuis une adresse IP turque, a constaté l'AFP.

"DW intentera une action en justice", a annoncé dans un communiqué le directeur général de la Deutsche Welle, Peter Limbourg.

En vertu d'une loi de 2019, les deux médias, qui disposent de sites en langue turque, devaient effectuer une demande de licence de diffusion auprès de la RTUK, le Conseil supérieur de l'audiovisuel turc.

La Deutsche Welle et Voice of America avaient annoncé en février qu'ils refusaient de le faire.

"Après les médias locaux, qui sont déjà soumis à une réglementation stricte en Turquie, cette fois-ci ce sont les médias internationaux qui sont visés. Nous ne cèderons pas aux pressions", avait alors assuré M. Limbourg.

Des membres de la RTUK avaient alors saisi la justice turque pour restreindre l'accès aux sites internet de ces médias.

"L'interdiction d'accès aux services en ligne de la Deutsche Welle et de VOA est incompatible avec le pluralisme médiatique", a réagi sur Twitter vendredi Reporters sans frontières Turquie.

Les ONG de défense de la presse et de la liberté d'expression dénoncent régulièrement l'érosion de la liberté de la presse en Turquie, qui pointe à la 149e place sur 180 du classement 2022 de la liberté de la presse publié par RSF.

À moins d'un an de la prochaine élection présidentielle, prévue pour juin 2023, les autorités turques envisagent de pénaliser la "désinformation" par un projet de loi en cours d'examen au Parlement, susceptible d'envoyer des journalistes en prison.

La décision a toutefois été renvoyée à l'automne, le Parlement étant en vacances depuis vendredi jusqu'au 1er octobre. (AFP, 1 juillet 2022)


RSF urges Turkey to end police violence against journalists

The Reporters Without Borders (RSF) has denounced police violence against and detentions of journalists in Turkey.

The group called on the Ministry of Interior to end violence against journalists following demonstrations.

"Turkey's Interior Ministry to ensure that the police respect the work of journalists covering protests and stop arresting them and subjecting them to violence," it said, adding, "The Constitutional Court's decisions on journalists covering protests must be fully respected."

Önderoğlu: These bad practices must stop

"The interior ministry's recalcitrant attitude in defying the Constitutional Court's decisions is undermining the role of journalists," said Erol Önderoğlu, RSF's representative in Turkey. "It is unacceptable that media representatives are attacked or arbitrarily detained at every demonstration. These bad practices must stop."

The RSf statement mentioned the detention of AFP photojournalist Bülent Kılıç during the LGBTI+ Pride March on June 26, where more than 300 people were detained. "The police cuffed his hands behind his back and took him to national police headquarters in Istanbul, where he was released in the evening. He told RSF he has filed a complaint accusing the police of violence and illegal detention."

Kılıç was detained during last year's Pride March as well.

Reluctance of the courts

The RSF statement further mentioned the cases of journalists Gökhan Biçici, Erdal İmrek and Beyza Kural, a former bianet reporter:

"Three journalists have exposed the reluctance of Turkey's courts to prosecute police officers for violence against reporters but, thanks to their determination in taking their cases to the Constitutional Court, nine police officers are now in the dock.

"The trial of three of these police officers, who are attached to the Istanbul security department and who are accused in connection with Biçici's violent arrest nine years ago, is due to begin on 30 June before an Istanbul criminal court.

"Biçici was arrested while trying to cover major protests on 15 June 2013 in Istanbul's Gezi Park, where environmentalists were preventing a construction project from going ahead. Lower court decisions to dismiss his case against the police officers were overturned by the Constitutional Court on 8 June 2021, forcing the Istanbul prosecutor's office to charge them.

"The trial of three police officers accused of attacking and then detaining Imrek, a former reporter for the daily newspaper Evrensel (Universal), began on 24 June in Istanbul. In Istanbul on 31 May 2014, after separating Imrek from demonstrators and isolating him, the police officers kicked him several times and sprayed pepper spray in his face.

"A former Bianet website reporter, Kural has also had to wage a determined battle against institutional impunity to bring three police officers to trial. They are accused of brutally arresting her while she was trying to cover a student protest at Istanbul University on 6 November 2015 against the Council for Higher Education (YÖK), which runs Turkey's universities.

"'Nothing will ever be the same and you are going to learn that,' one of the police officers told her as she was being transported in a police bus, after being arrested and cuffed with her hands behind her back. Their trial will continue on 30 September.

"The lawyers representing Imrek and Kural are trying to get the charges against the police officers changed from 'violence causing minor injuries' and 'obstructing professional activities' to 'mistreatment and degrading treatment' and 'violating press freedom'." (BIA, 1 July 2022)


Zarakolu: Nothing will change, decisions are taken by courts here, not by government

After Sweden and Finland signed a memorandum with Turkey on their NATO accession bids on June 28, Turkey's Justice Minister Bekir Bozdağ said that Sweden and Finland should fulfill the requirements stemming from Turkey's previous applications and announced that Turkey would request the extradition of 12 people from Finland and 21 from Sweden.

Turkey had been opposing to both Scandinavian countries' NATO membership, especially that of Sweden, citing "concerns about terrorism".

As reported by the state-run Anadolu Agency (AA) on May 19, 2022, Turkey wants to have the following people extradited: Writer Mehmet Sıraç Bilgin, Aysel Alhan, Aziz Turan, writer and publisher Ragıp Zarakolu, Halef Tek, Harun Tokak, Bülent Keneş, Yılmaz Ayten and Levent Kenez.

Also cited in this news report in connection with the outlawed Kurdistan Workers Party (PKK) or the "FETÖ", which is held accountable for the coup attempt in Turkey in 2016, writer and publisher Ragıp Zarakolu has been living in Sweden since 2012. He has been facing years in prison in a series of trials in Turkey over his publishing and writing activities.

'The bargaining with NATO is an absurdity'

In the light of these recent developments, we have spoken to Ragıp Zarakolu, who thinks that the NATO bargaining, which Turkey says it has finalized its own way, "can be explained as an absurdity".

Protesting the recent developments, the 74-year-old writer and publisher Zarakolu says, "Drafting a list about the NATO membership of Sweden and Finland has reminded me of the slavery era of old times."

Ankara wants a 'ransom' from Stockholm

Explaining what he means by "slavery", Zarakolu says:

In those old times, prisoners of war were in the status of slaves and ransom was paid to save them. So, I perceive this as some kind of request for ransom. But above all else, this is an incident of harassment. Because even though they know that they will be unable to get any results from this, this is just for harassing the people who are in exile outside the country. And the reason why these people are abroad are the lawsuits filed against them in Turkey.

Zarakolu does not dismiss the fact that "the Republic of Turkey legally has the right to make an application based on the existing files," adding, "But, it also has the obligation to respect the laws of other countries."

Ragıp Zarakolu refers to the laws in Sweden in explaining why the legal and political status of himself and the other exiles in the country cannot be subjected to a "request for extradition" to Turkey:

"These files arrive in Sweden or in other states. They are evaluated. The files are evaluated not by the governments here, but by the courts based on the relevant legal rules. If it is a convincing file and equipped with evidence, the necessary is done from time to time.

"There were also instances when criminal offenders were extradited from Sweden to Turkey and this has never been an issue of debate."

'Turkey abuses the Interpol mechanism'

Ragıp Zarakolu says that Turkey "has been declaring dissidents as criminals for political purposes and applying to the Interpol's extradition mechanism to make a request for their extradition" to Turkey:

This mechanism also got into the picture for me a few years ago. A request was made via Interpol. This request was referred to the Supreme Court here; in the end, the Supreme Court in Sweden, which is in the capacity of the Constitutional Court here, examined the file and ruled that the file should be rejected 'on the grounds that the indicated offenses were about freedom of thought and the related acts did not fall within the scope of criminal acts according to the Swedish law'.

'They are not as authoritarian as Turkey wants'

Referring to the justice system in Turkey, Zarakolu notes that "not taking court rulings into account has unfortunately been a habit in Turkey."

Recalling the cases of jailed businessperson Osman Kavala and jailed politician Selahattin Demirtaş, Zarakolu says, "The government of Turkey wants other governments to do the same thing. Unfortunately - on the part of Erdoğan -, there are no such authoritarian regimes here. Court rulings are above all else. There is already nothing that the government can do about it. The request for extradition has been rejected."

'They also want to harass Sweden'

According to Zarakolu, who refers to "the bargaining almost in the form of demanding a ransom", the last attempt of Turkey to veto the NATO applications of Sweden and Finland "has actually been an incident of harassment directed at the government of Sweden as well."

He says, "Sweden has given the same answer again: 'We will examine the files and do the necessary according to our own law." Zarakolu thinks that this is nothing other than returning to square one.

To him, "even though the last answer of Sweden has been portrayed as a success, this is not a new answer, but the reiteration of the previous one."

Concluding his remarks, Ragıp Zarakolu also answers our question about the attitude of the leftist and democrat circles in Sweden to these recent developments. "There is criticism that they have remained passive in the face of Turkey's harassment," he answers. (BIA, 30 June 2022)


"You cannot touch Pınar Selek's acquittal"

The "We Are Still Witness" Platform has made a statement regarding the Court of Cassation General Assembly for Criminal Matters' overturning the ruling of acquittal given for feminist sociologist Pınar Selek in the trial over the Egyptian Bazaar explosion in 1998.

Emphasizing that Selek was acquitted four times for the same case, the statement has said that it is a conspiracy against her, which is still affecting her life:

"The conspiracy against our sociologist-writer friend Pınar Selek is on the agenda once again. Unfortunately, it is regarding the overturning of her acquittal in its 25th year."

"Four times acquitted"

The statement has said that the ruling was announced by the press before lawyers were informed or it was uploaded to the National Judiciary Informatics System (UYAP), briefly adding the following:

"In the face of this ruling, we would like to remind everyone that this ruling has no standing. Pınar was acquitted four times in the same case. After eight years, they have announced that they have overturned the decision, which can be seen as an operation against Pınar Selek.

"We will follow the case"

"We will follow this process until the end, as always, by fostering the solidarity for our friend and this struggle.

"You cannot touch Pınar Selek's acquittal. This acquittal is a guarantee for our dream of a life filled with justice, equality, and freedom. We lay claim to the acquittal and our Pınar with the entire dignity stemming from being a human."

What happened?

Having been tried and acquitted three times in the Egyptian Bazaar Explosion in 1998, Pınar Selek was sentenced to life on January 24, 2013.

Upon her appeal, Supreme Court 9th Penal Chamber overturned the verdict.

On October 3, 2014, the case opened again with the judge ordering the removal of the life sentence and arrest warrant for Selek.

On December 5, 2014, reiterating the former opinion again, the prosecutor demanded aggravated life sentence for Pınar Selek.

Pınar Selek was acquitted for the fourth time in the hearing held on December 19, 2014. The prosecutor appealed the decision on December 22, 2014. The file was sent to Supreme Court General Board.

Supreme Court Chief Prosecutor's Office demanded that the acquittal decision be reversed. The case, which was sent by penal chambers to each other due to assignment dispute, lastly came to Supreme Court 9th Penal Chamber. (BIA, 24 Juin 2022)


Kurdish Question / Question kurde

Break the silence on Turkey’s invasion of South Kurdistan

Approximately 250 people from human rights organizations and the Kurdish diaspora community held on July 27 a protest action gathering in front of the European Commission to draw politicians, decision-makers and the public’s attention to the ongoing aggression of the Turkish state in Kurdistan.

Turkey’s horrific war against the Kurds and Kurdistan continues uninterrupted. The silence and indifference of the international community to hold Turkey responsible for is crimes in Kurdistan is costing heavy losses every single day. The constant use of chemical weapons and poison gas by the Turkish army in the Kurdistan region of Iraq, which has appeared especially in local and regional media, is alarming.

The demands:

• The Iraqi government, the Kurdistan Regional Government (KRG) and the Kurdish Parliament in Erbil need to urgently take a stance against these attacks and file a complaint against the Turkish state at the United Nations (UN). The Turkish state and its collaborators need to be condemned and punished for their occupation attacks.

• We call on all member states of the UN and the EU as well in the USA to take a clear stance against the occupation of South Kurdistan and the renewed war started by the Turkish state. If this war is not stopped, it will only destabilize the whole region.

• We especially call on the international public, human rights organization, civil society organizations and the international media to raise their voice against this dirty war. Taking a stance against the Turkish government’s war of annihilation and genocide against the Kurdish people, the Freedom Guerillas and Kurdistan’s nature means standing up against fascism.

• We call on all governments and international organizations, including the UN, NATO, the EU, the Council of Europe and the Arab League, to take an urgent action against this violation of international law and to demand the Turkish army to withdraw its troops from South Kurdistan, and halt all arms exports to Turkey.

• We call on political parties, human rights organizations, organizations for peace, trade unionists and activists to oppose this Turkish aggression and occupation.

• We must break the silence on Turkey’s invasion of South Kurdistan and take action!

Kurdistan National Congress (KNK)
The Belgian Democratic Council of Kurdistan Communities (NAVBEL)
The Kurdish Institute Brussels

Syrie: quatre combattants kurdes tués par un drone turc

Quatre membres des forces kurdes syriennes dont trois femmes ont été tués jeudi dans une attaque de drone dans le nord de la Syrie, la deuxième frappe du genre en moins d'une semaine, ont affirmé un responsable kurde et une ONG syrienne.

Les forces kurdes contrôlent la majeure partie du nord de la Syrie, pays morcelé après la guerre déclenchée en 2011 et qui s'est complexifiée au fil des ans avec l'intervention de multiples groupes et puissances étrangères.

Les YPG (Unités de protection du peuple), la principale milice armée des forces kurdes, forment le noyau dur des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avaient été aux premières lignes de la lutte anti-jihadiste en Syrie avec le soutien américain.

Voisine de la Syrie, la Turquie, présente militairement dans des secteurs syriens, estime que les YPG sont le prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu'elle considère comme une "organisation terroriste".

Selon un communiqué de la police kurde (Assayech) qui a condamné les "agressions turques", "un drone turc a visé les forces" kurdes dans la localité d'Aïn Issa dans la province de Raqa, entraînant la "mort de quatre de ses membres".

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé "l'attaque d'un drone militaire turc" et la mort de quatre combattants.

Le 22 juillet, quatre combattantes des FDS, dont trois commandantes, ont péri dans une frappe de drone imputée à l'armée turque.

Selon l'OSDH et des responsables kurdes, la Turquie a multiplié ses attaques de drones contre des combattants kurdes dont des commandants depuis le sommet de Téhéran le 19 juillet entre l'Iran, la Russie et la Turquie. L'Iran et la Russie sont les alliés du régime syrien. La Turquie soutient des rebelles syriens.

Au sommet, Moscou, Téhéran et Ankara ont fait part de leur détermination à "poursuivre leur coopération pour éliminer les individus et groupes terroristes" dans le nord de la Syrie.

Sauf que des experts ont estimé qu'Ankara n'a pas obtenu le feu vert pour une opération militaire d'envergure contre les Kurdes dans le nord-est syrien.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace depuis mai de conduire une telle offensive pour établir une zone de sécurité de 30 km à sa frontière afin d'éloigner les combattants kurdes du PKK et leurs alliés.

A défaut d'une opération d'envergure, l'une des options de la Turquie est de lancer des frappes aériennes contre des cibles kurdes, a déclaré à l'AFP Nick Heras, chercheur au New Lines Institute. "Erdogan a le feu vert" pour ce genre d'attaques, a-t-il précisé. (AFP, 28 juil 2022)

Iran: les agents arrêtés liés au Mossad, membres d'une organisation kurde

Les agents arrêtés la semaine dernière en Iran et liés selon Téhéran au Mossad, les services de renseignements israéliens, étaient membres d'un groupe rebelle kurde ciblant des sites sensibles dans le pays, a affirmé mercredi le ministère iranien des Renseignements.

"Les membres du groupe opérationnel font partie du groupe mercenaire et terroriste Komalah", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Les personnes arrêtées, dont le nombre n'a pas été précisé, sont entrées dans le pays via le Kurdistan d'Irak, au nord de l'Iran, selon la même source.

Elles devaient "faire exploser un site industriel sensible de la Défense dans le pays", a ajouté le ministère sans plus de détails.

Samedi le ministère avait annoncé avoir arrêté "des membres d'une organisation terroriste qui travaillaient pour l'agence d'espionnage sioniste, le Mossad, et qui se trouvaient en Iran pour mener des opérations terroristes".

Komalah est un groupe marxiste qui milite pour l'autonomie des régions peuplées par les Kurdes dans le nord de l'Iran et classé illégal depuis la révolution islamique en 1979.

Des photos ont été publiées avec le communiqué du ministère iranien et montreraient le matériel confisqué aux suspects dont des armes dissimulées, de l'argent et des outils de communication.

Des affrontements ont déjà eu lieu entre Komalah et les forces de sécurité iraniennes dans le nord-ouest du pays qui abrite une importante population kurde.

En avril, les services de renseignements iraniens avaient indiqué avoir arrêté de nombreux membres du groupe Komalah dans le nord-ouest du pays qui voulaient "perturber l'ordre sécuritaire".

Téhéran a déjà annoncé à plusieurs reprises l'arrestation d'agents travaillant pour les services de renseignements de pays étrangers, notamment son ennemi juré Israël.

La République islamique avait affirmé en juillet avoir arrêté des "agents" membres d'un "réseau" travaillant pour Israël et saisi une cache d'armes destinées à être utilisées pour des "émeutes".

Elle a déjà accusé l'Etat hébreu d'avoir saboté certains de ses sites nucléaires et d'avoir assassiné plusieurs scientifiques iraniens. (AFP, 27 juil 2022)

The world remains silent, Turkey continues to kill civilians in South Kurdistan

The Turkish army, which started the invasion attack on South Kurdistan on 25 May 1983, has made similar attempts many times in the last 39 years. Although these invasion operations were aimed at destroying the Kurdistan Freedom Guerrilla's base areas, South Kurdistan civilians were also targeted, bombed, murdered, even taken prisoner and shot in the attacks by the Turkish army.

The Turkish army expanded the scope of invasion attacks against this part of Kurdistan in the late 1980s and early 1990s, when the guerrilla movement spread to the whole of Kurdistan. In the second half of the 1990s, the civilian population in the region paid the price for these attacks, in which tens of thousands of Turkish soldiers were used.

Zakho district of Dihok, located near the Northern Kurdistan border, where 9 civilians were killed on 20 July 2022, was the most exposed to the attacks and massacres of the Turkish state. Zakho, which has been the target of the Turkish state since the mid-1990s due to its strategic location, experienced a great massacre in 1995.

While the "Bloody Monday" in Zakho has acquired an unforgettable place in the history of South Kurdistan and the Behdinan region, the Turkish state has started bombing villages and civilian settlements since the late 1990s and early 2000s. Here is the list of the war crimes committed by Turkey against civilians in South Kurdistan:

27 FEBRUARY 1995 ZAKHO MASSACRE: The Turkish army hit Zakho during the "Steel Operation" in 1995, which was the most comprehensive invasion operation up to that time. On 27 February 1995, JITEM members, the counter unit of the Turkish state, carried out a bomb attack in the center of Zakho in order to create chaos and prepare the environment for the invasion attack, whose button would be pressed on 21 March 1995.

As a result of the explosion of a bomb placed in a taxi near a crowded market in the city center of Zakho, 76 civilians lost their lives and more than 100 were injured.

9 SHEPHERDS MASSACRE: On Newroz 1995, the Turkish army, with its 35 thousand soldiers, launched the invasion attack, which it named the "Steel Operation", by occupying the lands of South Kurdistan from four sides. They met  strong resistance from the Kurdistan guerrillas. The invading army, which could not get the desired result against the ARGK guerrillas, turned to civilians.

During this invasion attack, 11 villages on the border line were bombed by the invading army, and many civilian vehicles were targeted. In the first days of April, the Turkish army carried out one of the most brutal massacres. On 2 April 1995, Turkish soldiers shot 9 shepherds in the area between the villages of Bawerkê and Bênata, within the provincial borders of Dihok. The names of the 7 shepherds who were killed for allegedly helping the guerrillas were as follows: Abdülkadir İzzetxan, Ismail Hasan Şerif, Özgür Ebdulkadir, Ebdillah Kerim Huseyin, Abdurrahman Muhammed, Şerif Guli Zikri and Ehmed Fettah.

15 AUGUST 2000, KENDAKOL: In 2000, the Turkish army committed another massacre on the territory of South Kurdistan. On 15 August 2000, warplanes hit about 100 coach tents set up on the Kendakolê plain between Xinêre and Lolan, overlooking the Qaşmukê and Avxwar valleys. In this attack, 30 people, including young children and old people, were killed and dozens were injured.

21 AUGUST 2011, KORTEK: After Kendakolê, the Turkish state again carried out an attack targeting civilians in South Kurdistan on 21 August. Turkish state warplanes targeted the vehicle in motion near the village of Bolê on the Kortek-Ranya road in the Kandil region. The 7 civilians, including 4 children, who were in the vehicle were killed: Hüseyin Mustafa, Mêr Mam Kak, 34-year-old Rêzan Hüseyin, 11-year-old Zana Hüseyin, 10-year-old Oskar Hüseyin, 4-year-old Sonya Şemal and 7-month-old baby Solin.

1 AUGUST 2015, ZERGELÊ: The Turkish state, which restarted the concept of war against Kurdistan with a comprehensive air attack against Medya Defense Areas on the night of 24 July 2015, did not hesitate to hit civilian settlements in this wave of attacks. In the early hours of the morning on 1 August 2015, the village of Zergelê was bombed by Turkish warplanes. 8 civilians were killed and 10 people were injured.

23 JANUARY 2019, DÊRALOK: Since 2017, the Turkish army has started targeting more civilians in South Kurdistan. Between 2017 and 2018 alone, at least 30 civilians were killed in total on different dates and places. The airstrike on Amediyê and the town of Dêralok on 23 January 2019, killed 4 civilians, and constituted a turning point in the history of resistance in South Kurdistan.

The people of Dêralok, who gathered after this massacre, started to organize protests against the Turkish state. After the demonstrations that lasted for a several days, the people of the region entered the military base of the Turkish army in Sheladize and set the military vehicles on fire. Turkish soldiers killed 2 more civilians, including a child.

27 MAY 2019, KORTEK: Like other invasion attacks, the invasion attack launched on 27 May 2019 too targeted civilians. One of the two brothers in a vehicle hit on 25 June in the Goşîn region of Hewler's Soran, lost his life and the other was seriously injured.

27 JUNE 2019: Two vehicles were bombed by warplanes, this time in the area of Kortek in the Ranya district of Sulaymaniyah. Those in the targeted vehicles were returning to their homes after vineyard and garden work. In this attack, Abdullah Ali Mîne and his children Kurdistan Abdula and Heryad Abdula were killed.

MASSACRES IN 2020 AND 2021: Christian Peacemaker Teams (CPT), one of the non-governmental organizations in South Kurdistan, published a detailed report on the Turkish state massacres of civilians in the region last May. Noting that 109 civilians from South Kurdistan were killed in the attacks of the Turkish state between 2015 and 2021, the CPT reported the following civilian massacres in 2020 and 2021:

18 JUNE 2020: Ebas Mexdît was killed in an airstrike on Turkey's Sidekan region.

19 JUNE 2020: Turkish warplanes bombed the residential areas in the Sheladize town rural area of Duhok's Amediyê district. 5 civilians lost their lives.

24 JUNE 2020: 2 civilians lost their lives in the bombardment of the picnic area in the Sarbajêr district of the city of Sulaymaniyah.

27 JULY 2020: Dilovan Şahîn, Omer Keşanî and Ebdullah Ehmed lost their lives in the bombardment of the Amediyê countryside.

25 MAY 2021: 20-year-old Bawer Ahmed was injured while watering his field in the village of Deşişe as a result of artillery fire by the invading Turkish state. Other farmers in the area were also injured by shrapnel fragments.

26 MAY 2021: 16-year-old Ali Muhsin and 20-year-old Hasan Muhsin brothers were injured when the Turkish state bombed the village of Bihêrê while they were grazing their animals.

1 JUNE 2021: 70-year-old Ramazan Ali was injured by artillery fire by the soldiers of the invading Turkish state while watering his fields in Hiror.

8 JULY 2021: A civilian was injured in the village of Hiror as a result of the invading Turkish state's fire on agricultural lands from the base areas.

13 AUGUST 2021: Ibrahem Hassan Mohamad (51) was shot by the invading Turkish state soldiers while irrigating his fields in the village of Deşîşê in Kanîmasî. Villagers had to leave their houses due to attacks by the Turkish army. Mohamad had briefly returned to the village with 12 others to irrigate the fields to support their families.

20 AUGUST 2021: Ahmed Şakir (40) and Yousif Amir (26) were killed by Turkish soldiers' artillery fire in the Batufa district of Zakho. The families of Şakir and Amir, who came to the region as tourists from Mosul, learned that their relatives lost their lives when the bodies were found 2 days after the incident.  (ANF, 23 Jul 2022)


"On ne sait pas où aller": des Syriens craignent un assaut de la Turquie

Ghazwan al-Atman pensait enfin être en paix à Manbij où il a refait sa vie avec ses enfants, mais il craint aujourd'hui que sa famille ne soit à nouveau déplacée de cette ville du nord de la Syrie sur laquelle plane la menace d'une offensive turque.

"Nous sommes épuisés. On vivait en sécurité et maintenant on ne sait pas où aller", s'inquiète Ghazwan dans son magasin de chaussures vide, dans le centre de Manbij, à seulement 30 kilomètres de la frontière syrienne avec la Turquie.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive militaire contre les militants kurdes dans le nord de la Syrie, afin de créer une "zone de sécurité", à la suite d'une opération menée en 2019.

La Turquie a déjà déclenché des offensives en Syrie, la plus récente étant le lancement d'un vaste assaut aérien et terrestre contre les milices kurdes en 2019, après que l'ancien président américain, Donald Trump, a retiré les troupes américaines de la région.

Ces dernières semaines, Manbij a été progressivement désertée et ses boutiques qui d'ordinaire grouillent de monde sont presque vides. Pour trouver du monde désormais, il faut se rendre devant les échoppes de produits alimentaires où de nombreux habitants font leurs provisions.

"Les gens achètent du riz, du sucre et du lait", explique Hussein Hamdouch, qui tient une échoppe.

Il y a quatre ans, Ghazwan a été déplacé du gouvernorat d'Idleb, dans le nord-ouest, pour échapper aux combats acharnés entre les forces du régime syrien et les factions, avant de refaire sa vie à Manbij.

"J'ai quitté ma maison quatre ou cinq fois. Je vais devoir déménager à nouveau car j'ai peur pour mes enfants", dit l'homme de 43 ans.

"La guerre m'a détruit... Tout ce que nous voulons, c'est la stabilité dans notre pays", ajoute-t-il.

- "Autant mourir à la maison" -

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois opérations militaires en Syrie pour chasser de ses frontières les Unités de protection du peuple kurde, l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis, qu'elle considère comme "terroriste".

Toute opération turque dans une zone densément peuplée entraînera des déplacements massifs, mettent en garde des analystes.

Selon la presse turque, Ankara ne devrait pas lancer d'offensive avant fin août ou début septembre, même si la Russie et l'Iran n'ont pas donné leur feu vert lors d'un sommet qui a réuni les présidents turc, russe et iranien cette semaine à Téhéran.

Hussein refuse de rejoindre ceux qui ont fui vers Raqa: "le déplacement, c'est la misère", soupire-t-il: "Où irions-nous? Autant mourir à la maison".

Ce n'est pas la première fois qu'Ankara menace de lancer une opération militaire à Manbij, ville à majorité arabe et dont les combattants kurdes ont expulsé le groupe État islamique (EI) en 2016.

Si Ankara a confirmé ses intentions, des analystes estiment que la Turquie se contentera d'une attaque limitée ou même de frappes aériennes contre les combattants kurdes, faute d'avoir obtenu un "feu vert" de Téhéran et de Moscou pour une attaque de grande envergure.

"Les menaces turques ne sont pas nouvelles pour nous à Manbij, mais le niveau de ces menaces a fortement augmenté ces derniers temps", estime Cherfan Darwich, porte-parole du Conseil militaire de Manbij, affilié aux FDS.

- "Nouvelles tactiques" -

Les FDS aussi prennent des mesures préventives, notamment en creusant des tranchées aux abords de la ville, selon un correspondant de l'AFP.

"Nous avons formé nos troupes et nos défenses(...) sur la base de notre précédente guerre contre l'EI", explique M. Darwich.

Se préparant à une attaque, les FDS ont demandé à Damas de les aider à repousser un éventuel assaut turc, comme elles l'ont fait lors des campagnes précédentes.

Selon M. Darwich, les forces du régime ont apporté "des armes lourdes et de haute qualité".

Dans les zones frontalières, des combattants du Conseil militaire de Manbij ont été déployés sur les lignes arrières parmi les oliviers, par crainte d'éventuelles frappes aériennes. Des drapeaux syriens flottent sur la ligne de front.

Les soldats syriens ont afflué ces deux derniers jours, installant leur camp dans les villages voisins.

Hussein, lui, espère que ce déploiement de l'armée syrienne réussira à "empêcher une guerre". Mais Ali Abou Hassan, 50 ans, n'est pas optimiste: "J'aimerais que nous puissions avoir la paix, mais cette (guerre) est un jeu international, et nous sommes les victimes". (AFP, 22 juil 2022)

La Turquie déterminée à poursuivre ses opérations contre les Kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affiché mardi sa détermination à poursuivre "prochainement" ses opérations militaires contre les Kurdes en Syrie, lors d'un sommet tripartite à Téhéran avec ses homologues russe et iranien.

"Il doit être clair pour tous qu'il n'y a pas de place dans la région pour les mouvements terroristes séparatistes et leurs affidés. Nous poursuivrons prochainement notre lutte contre les organisations terroristes", a prévenu le chef de l'Etat turc, qui considère les combattants kurdes comme "terroristes".

L'Iran, la Turquie et la Russie ont dans leur communiqué conjoint soutenu implicitement Ankara dans sa lutte contre les Kurdes, indiquant "rejeter toutes les initiatives d'auto-détermination illégitimes". Ils ont "affiché leur volonté de s'opposer à des ambitions séparatistes qui pourraient saper la souveraineté et l'intégrité de la Syrie" et menacer la sécurité des pays voisins avec "des attaques transfrontalières et des infiltrations".

Dès l'ouverture du sommet le président turc qui menace d'intervenir dans le nord de la Syrie depuis plusieurs mois, avait donné le ton appelant la Russie et l'Iran à le soutenir dans son combat contre le "terrorisme" en Syrie.

Il avait dénoncé les milices kurdes qui posent un grave problème autant à l'Iran qu'à la Turquie. "Le terrorisme (des organisations kurdes) constitue une menace pour nous tous", or "leur retrait à 30 km de nos frontières ne s'est toujours pas produit", a-t-il déploré.

Peu de temps auparavant, le guide suprème iranien l'ayatollah Ali Khamenei avait souligné l'opposition de son pays à une éventuelle opération militaire turque en Syrie, la jugeant "préjudiciable" pour la région.

Le sommet a été aussi l'occasion pour l'Iran et la Russie, tous deux sous le coup de sanctions occidentales, d'afficher le renforcement de leur coopération sur le long terme dans le secteur du gaz et du pétrole.

"La coopération à long terme entre l'Iran et la Russie est très profitable aux deux pays (...). Il y a des accords et des contrats entre les deux pays y compris dans les secteurs du pétrole et du gaz qui doivent être poursuivis et mis en oeuvre totalement", rapporte un communiqué de l'ayatollah Ali Khamenei.

- Coopération -

Le président russe Vladimir Poutine, qui se déplace pour la deuxième fois hors de son pays depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février, est arrivé mardi à Téhéran pour des discussions avec ses homologues iranien et turc sur cette guerre mais aussi sur le conflit en Syrie.

M. Poutine a jugé mardi "utiles" les pourparlers trilatéraux à Téhéran avec ses homologues.

"La rencontre a été utile et très instructive (...) nous avons discuté des points-clés de notre coordination concernant la Syrie", a-t-il déclaré à l'issue des discussions, lors d'un discours diffusé à la télévision russe, en invitant ses deux homologues à se rendre en Russie pour une nouvelle rencontre sur ce sujet "avant la fin de l'année".

Ce sommet intervient quelques jours après la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient.

- Céréales -

Le sommet est l'occasion pour M. Erdogan de se réunir avec M. Poutine pour la première fois depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par Moscou. La Turquie, membre de l'Otan, a essayé de maintenir le contact avec les deux pays, proposant sa médiation à plusieurs reprises.

Sur la question de l'exportation des céréales d'Ukraine via la mer Noire, le président russe a évoqué des avancées et a remercié M. Erdogan.

"J'aimerais vous remercier pour vos efforts de médiation, pour avoir proposé la Turquie comme terrain de négociations concernant les problèmes de production alimentaire, les problèmes d'exportation des céréales via la mer Noire", a indiqué Vladimir Poutine selon des propos retranscrits dans un communiqué du Kremlin.

L'autre sujet sensible de ce sommet est celui du nucléaire iranien.
La Russie participe aux pourparlers entamés il y a plus d'un an entre l'Iran et les grandes puissances pour relancer l'accord international de 2015 sur le programme nucléaire iranien, permettant la levée des sanctions contre Téhéran en échange des restrictions sur ses activités nucléaires. Ces discussions sont au point mort depuis mars.

Jeudi, lors de son déplacement en Israël, Joe Biden a signé avec le Premier ministre israélien Yaïr Lapid un pacte de sécurité engageant les Etats-Unis à ne jamais permettre à l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire. (AFP, 19 juil 2022)

Les Kurdes exhortent la Russie et l'Iran à empêcher une attaque turque dans la Syrie

Le leader des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et soutenues par Washington, a exhorté vendredi Moscou et Téhéran à empêcher Ankara de lancer une nouvelle attaque dans le nord de la Syrie, quelques jours avant un sommet turco-russo-iranien sur ce pays en guerre.

L'armée turque est déployée depuis 2016 dans le nord de la Syrie, autour d'Afrine et dans la région d'Idleb, une des dernières poches échappant au contrôle du régime de Bachar el-Assad.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé, avec l'aide de supplétifs syriens, trois opérations d'envergure dans ces régions limitrophes de sa frontière dans le but d'en chasser les combattants kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".

Et depuis fin mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé à plusieurs reprises de mener une nouvelle opération militaire au nord de la Syrie visant les Kurdes.

"Nous espérons que (ces attaques) ne se reproduiront plus et que les Kurdes (...) ne seront pas laissés pour compte lors des négociations entre les grandes puissances", a déclaré le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, lors d'une conférence de presse à Hassaké, une zone dans le nord-est de la Syrie aux mains des Kurdes.

"Après de récentes discussions avec la Russie dans le but de protéger ces régions, nous avons accepté de laisser entrer un plus grand nombre de soldats syriens à Kobani et Manbij (villes à majorité kurde dans le nord, ndlr) en plus des troupes déjà présentes à la frontière", a ajouté M. Abdi sans plus de détails.

"Nous sommes convaincus que la Russie et l'Iran n'accepteront pas les demandes de la Turquie" lors du sommet prévu mardi à Téhéran, a-t-il encore dit.

Ce sommet doit réunir le président russe, Vladimir Poutine, avec ses homologues iranien, Ebrahim Raïssi, et turc Recep Tayyip Erdogan. Les trois dirigeants aborderont le dossier syrien et comprendra des pourparlers bilatéraux russo-turcs.

La Russie, la Turquie et l'Iran sont trois acteurs majeurs dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Ils ont lancé en 2017 le processus dit d'Astana, qui visait officiellement à ramener la paix dans ce pays. (AFP, 15 juil 2022)

Radio Yerevan and Kurdish: the "unknown" language in Turkey

Alin Ozinian, GercekNews, 14 July 2022

Erdal and I made our acquaintance in September 2008. I remember it very well: it was a few days after I had arrived on a regular Armavia flight from Istanbul to Yerevan in the middle of the night for the 2010 World Cup qualifying match between Armenia and Turkey. Yerevan was teeming with Turks in the days before and after the match. These were the days of "football diplomacy" that began with Turkish President Abdullah Gul's acceptance of Armenian President Serzh Sargsyan's invitation. Along with Gul, many journalists, NGO workers, academics and businessmen we were familiar with from the Turkish press were in the city. We were all eager to see where this rapprochement between Turkey and Armenia would lead. That was our agenda in those days.

I don't remember another occasion when I heard so much exchange in Turkish in Yerevan. On one of those days, after an exciting and crowded discussion at the terrace café of the Marriotte Hotel on Republic Square, I was on my way to another meeting at Yerevan State University when I overheard Erdal speaking on a corner of Sayat Nova Boulevard. "Radio Eriwan ur da?" he was intoning to the Armenian cab driver. Since "ur da" means "where" in Armenian for no one else but Erdal, the cabbie did not understand and kept repeating the Russian word for sorry "извините- izvinite." Erdal's few words in Armenian, which only he understood, and the cab driver's Russian, which he assumed was a lingua franca, did not allow them to understand each other. I decided to step in this noncommunication.

In Turkish, I asked him if he was from Turkey. He replied, for an unknown reason, in English, "Do you speak Turkish?"

"Yes," I said, "where do you want to go?" Radio Eriwan, Erdal replied. "Come along," I said, "I'm going that way." It was only a ten-minute walk. Erdal had come to Yerevan from the border province of Kars, which lies in the plains north of Mount Ararat, to see "beyond the mountain" and visit this city he had heard so much about for years. We could only chat a little; we exchanged names, discussed the soccer match, exchanged our wishes for the opening of the border between the two countries, and maybe one or two other things. I told him we were there and left him in front of the radio building. He gave me his thanks and we parted.

I was already running late, so I hurried to join my academic advisor, but I noticed that something was strange. It was two o'clock, as we had agreed, but it was very quiet in the area. When I got to the door of the building and saw that it was closed, I realized that it was Sunday, not Monday. The schedule was packed, the days were chaotic and I was a day early for my appointment. Angry at myself, I was retracing my steps more calmly from the same street when I saw Erdal still standing on the street corner where I had left him, looking at the radio building. We greeted each other again. "The radio is closed," he said. Yes, I replied, it's Sunday, everyplace is closed...

We took a seat in one of the cafes nestled among the trees accross from the university and overlooking the back of the chess house, where we could see the statue of Yeghishe Tsarents, a poet, writer and one of the most important figures of 20th century Armenian literature, and a fellow poet from Kars. Under the gaze of his countryman, Erdal spoke, and I listened. For me, that day was the day that I was to discover "Radio Eriwan." The reason for all the coincidences, for his noncommunication and my forgetfulness, was that we met Erdal and he was to tell me what the Armenian broadcasts of Radio Yerevan meant for the Kurds...

Erdal recounted how Kurds in Turkey had been closely following Kurdish-language broadcasts since they began in 1955, and the impact these broadcasts had on Kurds. I listened to the stories of the revival of a language that was ignored, banned, and sought to be obliterated, with a radio broadcast from across the border, and the joy and hope it brought, even if it was just twice a day.

He told me how, when the announcement "Eriwan xeberdıde, guhdarén eziz, naha bıbizın deng u behsén teze" (Radio Eriwan presents the news, dear listeners, now you are going to listen to the news) was heard on the radio, young or old everyone became ears.

While Erdal was telling me about the access of Kurds in Turkey to Kurdish music, culture and literature, and how he had listened to the programs featuring dengbêjs as a child and how impressed he was, I found out and understood exactly what these broadcasts, about which I knew very little, actually signified. Afterwards, I made it my mission to read everything I could find on the subject. Casimê Celîl, the founder and director of the broadcasting in Kurdish, and the Kurdish intellectuals who contributed to broadcasts in Kurdish made a significant contribution to recording Kurdish songs, tunes and folkloric works, preserving them and bringing them into the present. They acted to ensure that the tradition of the dengbêj was not lost. At a time when it was forbidden to speak Kurdish in Turkey, I'm not sure if I would have fully realized how amazing and empowering it would have been to listen to news, music, plays, stories and poetry in one's family language on a radio broadcasting from Armenia, had I not met Erdal.

The on-screen designation by TV host Didem Arslan Yilmaz of Kurdish, which is recorded as an "unknown language" in the minutes of Turkey's Grand National Assembly, as "the language of the East" has once again brought to the public attention that the Kurdish language is being denied the recognition it is entitled to in Turkey. The exclusion of the Kurdish language everywhere, from the public sphere to the education system, is really just a manifestation of ignorance towards Kurdish people. Just as for years people were called "Easterners" and not Kurds, this time the Kurdish language is being sought to be reduced into this single word. Unfortunately, much of society has internalized this sense of oppression, and an attitude that denies the status quo by declaring, "I am not an 'Easterner', I am a Kurd," continues to be accused of identity politics. Recently, with the demand for mother-tongue education for the Kurds resurgent, I thought of Erdal. I reminisced of a little boy listening to his "forbidden" mother tongue on the radio, in a near but distant land; his memories of how a single radio was worth the price of two to three cows, how there were only one, maybe two radios in a village, and how neighbors got together to listen to Kurdish news and songs...

The very first day one arrives in Yerevan, looking for the radio building to commemorate one's elders and to reminisce one's memories, looking at it from afar like a monument is something to reflect on. In his study "The Development of Kurdish in the USSR," published by Yerevan State University, Kurdish scholar A. Drboyan, while seeking an answer to the question why the Kurdish language and culture were strengthened in Armenia and not in Azerbaijan or Turkmenistan, despite the fact that Kurds were more numerous in the USSR, notes that the first Kurdish radio broadcasts in Armenia began in 1928 but ceased in 1937 due to financial difficulties. As Drboyan relates, after the "Summit of Caucasian Kurds" held in Leninakan, Armenia, in 1925, the newspaper "Ryu Taza / New Road," founded in 1930, the Kurdish Writers' Union, established within the Armenian Writers' Union in 1932, and the Kurdish Pedagogical Faculty in Yerevan, founded in 1931, were among the important steps taken for the Kurdish language in Soviet Armenia. It is reported that by 1939 there were two Kurdish-language radio stations in Iraq and Iran, Radio Baghdad and Radio Urmia, respectively, but they were not very popular among Kurds because their broadcasts were influenced by Persian and Arabic. The reason why Radio Yerevan in Soviet Armenia broadcasts in the dialect of Igdir, Kars, Ardahan and Agri was undoubtedly because Casimê Celîl, who was in charge of the Kurdish broadcasts, was an orphan boy who fled the village of Kizilkule in the Digor district of Kars in 1918.

There are many more accounts and information about the Kurdish radio broadcasting. For those interested, I recommend the book by researcher and writer Zeri Inanc titled "Kurdish Voice at Radio Yerevan" published by the Ismail Besikci Foundation Publications. In the book, published bilingually in Turkish and Kurdish, Inanc recounts the adventure of Kurdish broadcasting, which began in 1955 at Radio Armenia, and its impact on the Kurds. On a final note, it is essential to mention in this context that almost 900 Kurdish-language broadcasts of Radio Yerevan have been archived digitally and made available to listeners, thanks to a project initiated last year by the Kurdish-German Cultural Institute (Deutsch-Kurdisches Kulturinstitut).


Des milliers de Kurdes protestent contre l’accord de l’OTAN à Stockholm

Des milliers de kurdes ont défilé ce samedi dans les rues de la capitale suédoise afin de protester contre le mémorandum conclu entre la Turquie, la Suède et la Finlande dans le cadre du sommet de l’OTAN à Madrid.

« Non à la politique de chantage d’Erdogan », pouvait-on lire sur une grande banderole déployée par les manifestants à l’avant du cortège.

Des manifestants « très en colère, mais une manifestation très encadrée », a pu constater un correspondant de l’agence de presse Firat News (ANF) qui couvrait l’action organisée par le Centre démocratique kurde de Suède.

Beaucoup de personnalités politiques kurdes et suédoises, comme le coprésident du Congrès National du Kurdistan (KNK) Ahmet Karamus, et les députés suédois Aminah Kakabaveh et Daniel Riazat ont participé à la marche.

« Les Kurdes ont fait preuve d’une résistance unique contre l’Etat islamique. Ils ont résisté pour le monde entier. Mais ces négociations entre la Suède et la Turquie sont une grande honte (…) Les Kurdes ne vous demandent pas de ne pas adhérer à l’OTAN, ils vous demandent de ne pas nous utiliser dans vos propres négociations. La Suède fait le contraire de ce qu’elle a promis aux Kurdes », a déclaré la parlementaire indépendante suédoise d’origine kurde Aminah Kakabaveh.

« La Première ministre Magdelena Anderson et la ministre des Affaires étrangères Ann Linde parlent de démocratie et de droits de l’homme dans chacun de leur discours, mais au final, elles se permettent de passer un accord au détriment des Kurdes avec la Turquie qui se nourrit du sang des Kurdes et qui n’a absolument rien à voir avec les droits humains. On ne peut qualifier les Kurdes de terroristes parce que la Turquie le veut », a déclaré à son tour le coprésident du KNK, M. Ahmet Karamus.

Le parlementaire du Parti de gauche, Daniel Riazat, a déclaré, quant a lui, que le maintien du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) sur la liste des organisations terroristes était illégal. « En tant qu’internationaliste, je suis du côté du peuple kurde en lutte », a-t-il poursuivi. Et d’ajouter: « Les négociations du gouvernement avec la Turquie sont mortelles pour les Kurdes. L’embargo sur les armes à destination de la Turquie n’aurait jamais dû être levé. »

Le slogan « Erdogan assassin » a souvent été scandé lors de la manifestation. En marge de l’action, des signatures ont été récoltées pour que le PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes de l’UE. (ROJINFO, 10 juillet 2022)

L’accord à l’OTAN vise soutenir Erdogan dans ses menaces contre YPG

Sur base de l'info donnée par Le Soir du 29 juin 2022:

Les pays de l’Otan avaient déjà classé le PKK au rang des organisations terroristes, comme la Suède et la Norvège. Mais la Turquie reproche à ses alliés de ne pas avoir déclaré toutes les factions kurdes comme terroristes. Ankara vise particulièrement le YPG, qu’elle qualifie de branche syrienne du PKK. Or ce YPG a largement appuyé au sol les opérations des Etats-Unis et de la coalition internationale contre… Daesh.

La Suède a dans le passé invité à un niveau officiel le chef du YPG. Et le PKK entretient des contacts à Stockholm. De plus, après l’intervention unilatérale de la Turquie dans le nord de la Syrie, la Suède et la Finlande ont décrété un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie.

« Pour le “Sultan”, il n’y a pas seulement la question du PKK, du YPG, mais aussi de Gülen », reprend un diplomate à l’Otan, du nom de la confrérie du prédicateur Fethullah Gülen, réfugié de longue date aux Etats-Unis mais accusé par Ankara d’avoir ourdi la tentative de coup d’Etat de l’été 2016. Ankara réclame ainsi à tour de bras l’extradition de Gülenistes, y compris par la Suède et la Finlande.

Le mémorandum trilatéral signé à Madrid est censé régler tous ces problèmes. Il confirme la levée de l’embargo sur les armes. Le trio établira un « mécanisme de coopération » anti-terroriste. Les demandes d’extradition seront examinées « en profondeur ». La Suède renforce sa législation anti-terroriste. Financement, recrutement et soutien au PKK et autres seront prohibés. Et leurs canaux de communication seront bannis… La Turquie, de son côté, promet de soutenir Helsinki et Stockholm contre « toute menace » sur leur sécurité.

Minorités / Minorities

Le principal cimetière juif d'Istanbul profané

Des dizaines de tombes ont été profanées de nuit dans le plus grand cimetière juif d'Istanbul, en partie abandonné, et cinq adolescents interpellés, ont annoncé vendredi les autorités.

Selon le gouverneur d'Istanbul "81 pierres tombales ont été détruites".

Dans un communiqué, le bureau du gouverneur précise que "cinq adolescents âgés de 11 à 13 ans ont été interpellés pour ces actes de vandalisme".

"Les suspects ont été appréhendés et l'enquête se poursuit. Nous présentons nos meilleurs voeux aux citoyens juifs", ajoute-t-il.

Les responsables de la communauté avaient initialement annoncé que 36 tombes avaient été visitées "vers minuit".

"Notre cimetière d'Hasköy sur la Corne d'Or a été visité à minuit et 36 de nos pierres tombales ont été détruites" indiquaient-ils sur le compte Twitter de la communauté, en présentant plusieurs clichés des destructions.

"L'affaire été transmise aux autorités compétentes avec toutes les photos et enregistrements vidéo et nous attendons que les auteurs de ce vandalisme soient arrétés au plus vite", ajoutaient-ils.

Le ministre de l'Intérieur Soüleyman Soylu avait aussitôt "condamné l'agression odieuse du cimetière d'HasKöy" via Twitter.

"Deux des auteurs ont été arrêtés par la police et l'enquête se poursuit", précisait-il en prévenant que "ceux qui tentent de perturber notre unité et solidarité par de telles provocations n'auront jamais droit de cité".

Le cimetière juif d'Hasköy, le plus grand de Turquie et d'Istanbul, accueille la grande majorité des quelque 15.000 Juifs turcs, contre 200.000 au début du 20e siècle.

Des tensions récurrentes entre Ankara et Tel Aviv, accompagnées d'une montée de l'antisémitisme, ainsi que les attentats meurtriers contre les synagogues d'Istanbul - le dernier, en 2003, avait fait 30 morts - ont contribué à renforcer ce repli.

Mais récemment les relations diplomatiques se sont nettement réchauffées entre les deux capitales. (AFP, 15 juil 2022)

Arménie et Turquie réaffirment vouloir "normaliser" leurs relations

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ont échangé lundi par téléphone, une conversation rare pendant laquelle ils ont appelé, selon Ankara et Erevan, à apaiser les relations entre leurs pays longtemps ennemis jurés.

Selon des communiqués identiques, les autorités turques et arméniennes ont indiqué que MM. Erdogan et Pachinian avaient convenu de "l'importance d'un processus bilatéral pour normaliser les relations entre leurs pays".

Cet entretien intervient alors qu'Ankara et Erevan ont réussi le 1er juillet une percée diplomatique: ils se sont entendus pour autoriser le transport direct de marchandises par voie aérienne entre leurs pays et pour ouvrir le passage de leurs frontières terrestres communes aux citoyens de pays tiers.

"Les dirigeants ont exprimé l'espoir que les accords du 1er juillet seront appliqués dans le futur le plus proche", selon le communiqué.

Les deux pays n'ont jamais établi officiellement de liens diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990, obligeant les camions à transiter par la Géorgie ou l'Iran.

Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de façon systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman.

La Turquie, issue du démantèlement de l'empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts.

En décembre dernier, les deux pays avaient nommé des envoyés spéciaux afin de normaliser leurs relations, un an après la défaite de l'Arménie face à l'Azerbaïdjan, allié de la Turquie, dans la guerre menée pour le contrôle du Nagorny Karabakh.

L'Azerbaïdjan a utilisé lors de cette guerre de six semaines des drones de combat turcs pour reprendre la majeure partie du territoire contesté, qui était sous contrôle arménien depuis les années 1990.

Le 14 janvier, ces envoyés spéciaux, Serdar Kiliç côté turc, et Ruben Rubinyan pour l'Arménie, se sont rencontrés à Moscou. Le mois suivant, les vols commerciaux ont repris entre les deux pays, une première en deux ans.

L'amélioration des relations est vivement souhaitée par l'Arménie, en proie à des difficultés économiques, et encouragée par son allié russe. (AFP, 11 juil 2022)

Politique intérieure/Interior Politics

L’état actuel d'Erdogan: "Le p’tit a fait du caca…"

Ragip Duran, Chronique Turquie, 23 juillet 2022

La toute récente opération militaire d’Ankara sur le sol irakien a démontré l’inefficacité de la violence et de plus a provoqué un effet de boomerang.

Au moins 9 civils dont 2 enfants ont été tués et 23 ont été blessés mercredi près d’un ruisseau, site de pique-nique à Zaxo ville kurde sur la frontière irako-turque. Il s’agit, selon les responsables de Bagdad et les témoins sur place, d’un tir de canon en provenance de la Turquie. Des obus trouvés sur place faisant foi. Le Premier ministre Irakien El-Kazimi a accusé directement Ankara, alors que le ministre turc des affaires étrangères a déclaré "que l’armée turque n’attaque jamais les civils". La Turquie qui estime qu’il s’agit d’une attaque des terroristes (PKK, selon le discours officiel) a proposé de réaliser une investigation conjointe avec les autorités irakiennes. Proposition qui n’a pas été prise en considération à Bagdad. Par ailleurs, les spécialistes rappellent que le PKK ne possède pas d’artillerie lourde sur le sol turc.
 
Les Irakiens ont organisé des manifestations de protestation de masse devant les bâtiments de l’ambassade et des consulats de Turquie à travers tout le pays. Des drapeaux turcs ont été brûlés lors de ces manifestations dont les participants scandaient des mots d’ordre comme ‘’Turquie terroriste’’.
 
Plusieurs responsables irakiens demandent le départ des troupes turques, l’embargo contre les produits turcs, rompre les relations diplomatiques avec Ankara. Bagdad a pris d’ailleurs la décision de déposer une plainte contre Ankara au Conseil de Sécurité de l’ONU. L’Irak a déclaré jeudi le deuil national.
 
Le petit village de Parah est un site touristique avec des cascades sur le ruisseau Habur du Tigre. La majorité des tués sont des touristes arabes en provenance du sud de l’Irak.
 
Le PKK, de son côté, a refusé l’accusation d’Ankara et a estimé qu’il s’agit d’une "attaque terroriste de l’Etat turc pour faire fuir la population locale". Le PKK n’est pas présent dans cette région précisent les responsables locaux. Le PKK a également accusé les responsables locaux donc les Barzanis et le gouvernement de Bagdad "qui coopèrent avec l’armée turque et qui ne se sont opposés jusqu'à maintenant contre les opérations militaires d’Ankara sur le sol kurde et irakien".
 
Quant au porte-parole de l’Administration Autonome du Kurdistan d’Irak (AAKI), il s’est contenté de protester contre l’attaque sans nommer l’auteur.
 
Les médias du gouvernement turcs n’ont pas publié l’information sur l’attaque pendant 24 heures. Ils ont quand même dû publier jeudi la déclaration du ministre des affaires étrangères turc reniant la responsabilité d’Ankara.
 
Un ex responsable de la principale formation de l’opposition (Kémaliste), ancien ambassadeur de Turquie à Bagdad a seulement publié un message de ‘’bon rétablissement’’ au ministre turc. Aucun officiel d’Ankara n’a exprimé ses condoléances pour les victimes.
 
Seul le HDP (Parti Démocratiques des Peuples, Kurdes et gauches, 55 sièges sur 581 au Parlement) a protesté contre l’attaque : "’Il s’agit d’un  second Roboski" dit-il. L’aviation turque avait le 28 décembre 2011 bombardé un groupe dans la région frontalière turco-irakienne de Roboski et avait tué 34 personnes dont 17 enfants.
 
Les forces armées turques ont réalisé depuis 1984, selon un décompte officiel, 18 grandes opérations militaires sur le sol de l’Irak du Nord. Plusieurs dizaines de civils ont été tués lors de ces opérations. L’armée turque qui a plus de 20 points d’observation militaire sur le sol irakien poursuivait depuis avril 2022 l’opération baptisée Griffe-Verrou.
 
Ankara désire lutter contre "le terrorisme séparatiste" sur son propre sol, mais également sur le sol de ses voisins du sud, donc la Syrie, l’Irak et l’Iran. Le PKK revendique de son côté la reconnaissance par Ankara des droits des kurdes et déclare désirer vivre dans une République de Turquie Démocratique.
 
Cette dernière attaque peut empêcher l’armée turque, selon le journaliste Murat Yetkin, de poursuivre ses opérations sur le sol irakien mais peut également retarder l’opération militaire contre les kurdes de la Syrie du Nord, tant voulue par le Président Erdogan. Ce dernier n’a pas pu obtenir l’aval de Moscou, de Washington et d’Iran qui ont d’ailleurs condamné l’attaque récente de Zaxo avec Londres, Paris, Berlin et Bruxelles.

Un dicton populaire turc dit, "Le p’tit a fait du caca, apportez moi des couches!" pour décrire l’état actuel du Président turc.

La disqualification du Sultan
 

Ragip Duran, Chronique Turquie, 2 juillet 2022
 
Il croyait qu’il pouvait se servir de son droit de veto au sein de l’Alliance Atlantique pour imposer ses vœux irréalistes et irrationnels. A la fin du sommet, il a dû admettre que l’OTAN n’était pas dupe.
 
Le dernier sommet de l’OTAN tenu à Madrid la semaine passée fut encore un champ de conflit entre Ankara d’Erdogan et le bloc occidental.


Le Président turc, déjà l’enfant malicieux de l’Alliance militaire, désirait indirectement servir Poutine de qui il avait acheté le système de défense aérienne S400, a beaucoup insisté au départ pour s’opposer contre la candidature de la Suède et de la Finlande au pacte. Il prétendait que Stockholm et Helsinki abritaient les terroristes kurdes. Alors qu’il s’agit simplement d’exilés politiques, universitaires, journalistes, intellectuels qui avaient fui le régime du Monarque. Ce dernier menaçait l’OTAN de bloquer l’accession des deux pays par son veto. Erdogan voulait imposer sa propre définition du terrorisme et d’extradition aux deux pays nordiques qui ont quand même une longue tradition d’accueil des opprimés. Le Président turc, qui se croit très malin voulait en même temps mettre fin à l’embargo de vente des armes à la Turquie de certains pays de l’Occident. Il désirait essentiellement acheter des F16 aux Américains. Pour éventuellement s’en servir contre la Syrie du Nord et voir la Grèce!


Nous ne savons pas encore en détail ce qui s’est passé derrière les portes fermées des salles de négociations bilatérales (Ankara/Washington) et trilatérales (Ankara, Stockholm/Helsinki) mais l’aigle turc est devenu au milieu du sommet un moineau soumis. Le mémorandum signé entre les trois pays prévoit la lutte contre le terrorisme, la levée de l’embargo sur les armes à vendre à la Turquie et l’extradition selon “les règles de l’Union Européenne” des criminels vers la Turquie.


La Présidence turque, la seule d’ailleurs, a lancé des cris de victoire. “Nous avons gagné’’, ‘“Erdogan a su imposer ses règles aux Européens’’ titraient les médias du Monarque. Mais la joie fut de courte durée. Car, d’abord l’opposition parlementaire turque et puis les porte-paroles des deux pays nordiques ont déclaré leurs positions:


· L’opposition turque, nationaliste et Étatiste par principe a critiqué Erdogan d’avoir cédé et de ne pas aller jusqu’au bout. Cette opposition formée des Kémalistes, des vestiges de l’extrême droite et de certains libéraux de droite est parfois plus nationaliste et Étatiste que le Palais.

· Les responsables de la Suède et de la Finlande ont diplomatiquement précise que leurs politiques sur la lutte anti-terroriste et leur position sur l’extradition des criminels n’ont pas changé.

· Enfin, l’administration américaine a fait savoir que la vente des avions de combat F16 dépendait du Congrès américain, autre formule diplomatique pour annoncer la poursuite de l’embargo.

Les kurdes de leurs côtés ne sont pas du tout contents. Car pour la première fois, le nom du YPG (Unités de Protection du Peuple), branche armée du PYD (Parti de l’Union Democratique) au pouvoir en Syrie du nord- est mentionné à côté des organisations terroristes. “Erdogan peut à tout moment, malgré l’opposition de Washington, de Moscou et de Bruxelles, organiser une attaque militaire contre les kurdes en Syrie du Nord’’ craignent-ils. 

Les deux capitales nordiques ont déclaré après la fin du sommet de l’OTAN qu’ils ne qualifiaient pas YPG de “terroriste’’ et qu’ils poursuivront à acheminer de l’aide humanitaire aux kurdes en Syrie.

Le chantage d’Erdogan n’a donc pas fonctionné. Grand perdant de tous les sondages d’opinion publique depuis au moins un an, Erdogan, de plus en plus affaibli à cause de la crise économico-financière espérait regagner des votes grâce à une operation en Syrie. L’opposition parlementaire est déjà prête à la soutenir et le nationalisme anti-kurde est encore un atout dans les mains du Président.

“Les Européens poursuivent leur politique d’apaisement vis à vis d’Erdogan, car ils savent eux aussi qu’Erdogan sera obligé de quitter le pouvoir à la suite des élections de juin 2023’’ analyse un professeur de Sciences Politiques d’Ankara.

"La politique et la diplomatie se font sur une approche rationnelle et réaliste" a –t-il poursuivi. “Mais le vrai problème, c’est qu’Erdogan n’est ni rationel ni réaliste’’ a-t-il conclut.


Il voulait faire taire les réseaux sociaux, mais…

Ragip Duran, Chronique Turquie, 25 juin 2022

La nation pour lui, c’est comme les enfants à tromper.

Il essaie et il continue s’il réussit. Sinon il fait un pas en arrière.

Un projet de loi qui a pour but de censurer les réseaux sociaux et d’emprisonner les internautes de l’opposition a été soumis au parlement turc, il y a environ un mois. Le texte a été débattu dans la commission des lois et a été approuvé par les votes du pouvoir qui détient encore la majorité. Les 333 députés d’Erdogan et de son allié de l’extrême droite sur un total de 581 membres peuvent toujours bloquer les initiatives de l’opposition et approuver les lois qui servent le pouvoir.

Le texte de cette loi rédigée d’une façon très vague et ouvert à tout commentaire proposait par exemple des peines de prison contre les internautes ‘’qui ont l’intention de nuire l’intégralité territoriale, l’unité de la nation et de l’Etat’’. Il s’agit donc d’évaluer ‘’l’intention’’ des citoyens qui désirent s’exprimer sur les réseaux sociaux. Comment? Et qui fera cette évaluation? Le texte reste muet sur ces deux questions.

L’opposition parlementaire a qualifié ce nouveau projet, de ‘’la loi de censure’’ au seuil du débat devant l’Assemblée Générale qui devra finalement légaliser le projet.

Le projet prévoyait un changement radical dans le statut professionnel des journalistes. Ces derniers dépendraient désormais de la Présidence de Communication de la Présidence de la République. ‘’Le régime a pour objectif de faire des journalistes indépendants des fonctionnaires du gouvernement’’ précise un député social-démocrate. Le porte-parole du HDP (Kurdes et gauches, 56 sièges au Parlement) a déclaré qu’avec cette nouvelle loi ‘’une nouvelle série de crime a été inventée et établie’’.

L’ensemble des juristes ont publié des articles démontrant les inconsistences et les contradictions de ce projet d’Erdogan. Ce projet est contre la Constitution en vigueur, contre la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme car il est contre le Droit tout court, selon ces spécialistes.

Ce qui est nouveau, c’est que même certains députés d’Erdogan et plusieurs chroniqueurs proche du gouvernement ont également exprimé publiquement leur réserve contre certains articles de cette loi.

Alors le vice-président du groupe parlementaire du parti au pouvoir a trouvé un moyen pour empêcher la divulgation et l’approfondissement des critiques. Il a tout simplement annoncé ‘’qu’il y a des projets de loi beaucoup plus importants et urgents à faire passer en ce moment, c’est pourquoi ce projet sur la presse sera débattu ultérieurement’’.

L’ensemble des organisations de la presse et plusieurs institutions spécialisées sur la liberté de presse avaient protesté contre ce projet. Ils avaient mis l’accent sur le fait que ce projet n’intéressait pas uniquement les médias, mais l’ensemble des citoyens. Ces derniers n’ont pas protesté publiquement.

Deux faits ont été mieux compris grâce à ce pas en arrière d’Erdogan:

- Le Président prépare des élections anticipées. Au moins, 95 % des médias traditionnels sont déjà sous son contrôle direct ou indirect. Malgré cette domination, les médias pro-gouvernementaux ont de moins en moins d’influence sur les citoyens qui souffrent d’immenses difficultés économiques et financières. Alors que l’économie turque, selon ces médias, est une des meilleures du monde! Les réseaux sociaux sont devenus ces derniers temps la principale plateforme de l’opposition et Erdogan n’y peut rien. Il avait déjà déclaré que les ‘’réseaux sociaux sont le mal du siècle’’.

- Le Palais commande au moins trois enquêtes d’opinion publique tous les jours. Erdogan désire être au courant de sa popularité qui est en chute libre, mais veut également savoir les choix du peuple. Les résultats de ces enquêtes ne sont pas publiés depuis au moins un an, car ils sont toujours négatifs pour le Président. La tactique classique du régime consiste à lancer des campagnes ou à proposer des projets de loi et attendre les réactions de la population. S’il y a approbation, il continue, sinon il les retire. Cette fois, l'événement nouveau, même des députés et des chroniqueurs du régime se sont opposés contre cette initiative de légaliser la censure. Donc, ce fut une défaite nette et claire!


Forces armées/Armed Forces

Après le sommet de Téhéran, quid de l'offensive turque?

La Turquie a renouvelé ses menaces d'une nouvelle offensive militaire contre les Kurdes de Syrie, mais que peut-elle faire après avoir échoué à obtenir le feu vert de la Russie et de l'Iran, à l'issue d'un sommet des trois pays cette semaine à Téhéran.

Erdogan a-t-il besoin d'un feu vert?

Moscou, Téhéran et Ankara ont fait part de leur détermination à "poursuivre leur coopération existante pour éliminer à terme les individus et les groupes terroristes" dans le nord de la Syrie.

Alors qu'Ankara considère les combattants kurdes comme "terroristes", l'Iran et la Russie ont concentré leur intervention en soutien au régime contre des groupes qu'ils jugent "terroristes", tels que les factions de l'opposition et les groupes jihadistes, comme l'Etat islamique (EI).

"Le sommet n'a pas donné de feu vert à Erdogan" pour poursuivre son offensive, a déclaré à l'AFP Darine Khalifa, chercheuse à l'International Crisis Group, tout en rappelant que la Turquie avait "lancé à plusieurs reprises des opérations militaires en Syrie sans feu vert", malgré l'objection de Moscou et Washington.

Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a affirmé jeudi que son pays ne demandait "jamais l'autorisation" à quiconque avant de lancer une opération militaire en Syrie.

"Nous pouvons échanger des idées, mais nous n'avons jamais demandé et nous ne demanderons jamais une autorisation pour nos opérations militaires contre le terrorisme", a-t-il martelé en prévenant que cela pouvait "arriver soudain, une nuit".

Selon la presse turque, l'opération ne devrait pas être lancée avant fin août ou début septembre.

L'analyste Mona Yacoubian a laissé entendre mardi dans un rapport de l'Institut américain pour la paix que M. Erdogan pouvait "s'appuyer sur un feu vert russe, aussi faible soit-il", d'autant qu'il estime qu'une opération militaire en Syrie serait bien accueillie par l'opinion turque.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois offensives à ses frontières contre les Unités de protection du peuple kurde, l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis.

Ankara considère ces unités comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur son sol depuis des décennies.

Tal Rifaat et Manbij font partie d'une "zone de sécurité" de 30 kilomètres de large que la Turquie veut établir le long de la frontière turco-syrienne.

Des centaines de milliers de civils résident à Tal Rifaat, ville à majorité arabe, mais avec une forte minorité kurde qui ont fui la région d'Afrin lors de l'offensive turque qui l'a ciblée en 2018.

Quelles options pour la Turquie?

Mme Yacoubian estime que M. Erdogan peut choisir "une incursion de portée et de durée très limitées" ou "des frappes de drones limitées", ce qu'Ankara fait de temps en temps en Syrie.

"Erdogan a le feu vert" pour lancer des frappes aériennes contre des cibles kurdes, comme en Irak, où la Turquie cible des bases du PKK dans des zones montagneuses, a déclaré à l'AFP Nick Heras, chercheur au New Lines Institute.
 Neuf civils parmi lesquels des enfants ont été tués et 23 blessés mercredi dans le nord de l'Irak par des tirs d'artillerie imputés à la Turquie.

La présence des forces américaines dans l'est et le nord-est de la Syrie est également un obstacle aux ambitions expansionnistes turques.

"Si les Etats-Unis restent en Syrie, la Turquie, l'Iran et la Russie ne peuvent pas faire grand-chose pour changer le fait que de vastes zones resteront sous le contrôle des FDS", a déclaré Nick Heras.

Le soutien de Washington aux combattants kurdes est considéré comme une garantie pour eux.

Quelles conséquences?

Pour Mme Khalifa, toute opération militaire dans une zone densément peuplée aura "de graves conséquences humanitaires".

A la suite d'un accord russo-kurde, l'armée syrienne intensifie le déploiement de ses soldats depuis quelques jours dans la zone que M. Erdogan menace d'attaquer.

"Les FDS n'ont d'autre choix que de parvenir à un accord avec l'Etat syrien", a dit à l'AFP le directeur du Centre d'études stratégiques de Damas, Bassam Abou Abdallah.

Jusqu'ici, les forces kurdes et le régime syrien ont eu du mal à trouver un compromis, car les Kurdes sont réticents à renoncer à leurs gains territoriaux, tandis que Damas rejette leur autonomie.

Et Mme Khalifa, elle, doute que les deux parties puissent s'entendre. (AFP, 21 juil 2022)

Erdogan n’a pas le feu vert pour attaquer les Kurdes de Syrie

Réunis à Téhéran mardi et mercredi, Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine et leur hôte Ebrahim Raisi ont fait part de leur détermination à "poursuivre leur coopération existante pour éliminer à terme les individus et les groupes terroristes" dans le nord de la Syrie. Mais les définitions diffèrent.

Moscou et Téhéran ont concentré leur intervention en soutien au régime de Bachar el-Assad contre des groupes tels que les factions de l’opposition et les groupes djihadistes, comme l’État islamique (EI).

Ankara, de son côté, considère de longue date les combattants kurdes comme "terroristes". Il est en cela relativement isolé sur la scène internationale, comme en témoignent les frictions avec la Suède et la Finlande dans le cadre de leur demande d'adhésion à l'Otan ou le fait que "le sommet (de Téhéran, NdlR) n'a pas donné de feu vert à Erdogan" pour lancer une offensive contre les Kurdes, constate Darine Khalifa, chercheuse à l'International Crisis Group.

Exigence sécuritaire

Dans la ligne de mire, le contrôle exercé par les Kurdes de Syrie sur un vaste triangle de territoire dans le nord-est du pays. Une sorte de proto-État kurde dans une Syrie ravagée par plus de dix ans de guerre civile, difficilement tolérable pour Erdogan.

Lui réclame a minima l’établissement d’une zone tampon de 30 kilomètres de large le long de sa frontière. Celle-ci s’interposerait entre les Kurdes de Syrie et de Turquie et empêcherait, entre autres, les trafics d’armes. Ankara n’a pas laissé planer de doute sur un éventuel recours à la force pour arriver à ses fins.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois offensives à ses frontières contre les Unités de protection du peuple kurde, l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis. Ankara considère ces unités comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur son sol depuis des décennies.

Reste que pour mener une opération de grande ampleur, la Turquie a besoin du soutien, ne serait-ce qu’implicite de la Russie et de l’Iran, deux puissances très influentes dans la région et garantes de la survie politique de Bachar el-Assad.

Face à leur refus d'avaliser l'attaque, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, s'est empressé de rappeler que "nous pouvons échanger des idées, mais nous n'avons jamais demandé et nous ne demanderons jamais une autorisation pour nos opérations militaires contre le terrorisme". Mais Erdogan est bel et bien gêné aux entournures.

Quelles options pour la Turquie ?

Analyste pour l'Institut pour la paix, Mona Yacoubian estime qu'Erdogan peut choisir "une incursion de portée et de durée très limitées" ou "des frappes de drones limitées", ce qu'Ankara fait de temps en temps en Syrie. De fait, Erdogan a déjà le feu vert de la Russie et de l'Iran concernant des frappes aériennes contre des cibles kurdes, comme en Irak, où la Turquie cible des bases du PKK dans des zones montagneuses. Neuf civils parmi lesquels des enfants ont été tués et 23 blessés mercredi dans le nord de l'Irak par des tirs d'artillerie imputés à la Turquie.

La présence des forces américaines dans l'est et le nord-est de la Syrie est également un obstacle aux ambitions expansionnistes turques. "Si les États-Unis restent en Syrie, la Turquie, l'Iran et la Russie ne peuvent pas faire grand-chose pour changer le fait que de vastes zones resteront sous le contrôle des FDS", assure Nick Heras, chercheur au New Lines Institute.

Pour Darine Khalifa, chercheuse à l'International Crisis Group, toute opération militaire dans une zone densément peuplée aura "de graves conséquences humanitaires". Cette considération importe peu à Moscou, qui vient d'apposer son veto à l'ouverture d'un couloir humanitaire alimentant la zone d'Idlib, dernière poche de résistance à Bachar el-Assad. C'est le renforcement de l'assise politique du dictateur syrien qui semble motiver Moscou. À la suite d'un récent accord russo-kurde, l'armée syrienne intensifie ainsi le déploiement de ses soldats depuis quelques jours dans la zone que M. Erdogan menace d'attaquer, comme une manière de dissuader ce dernier.

"Les FDS n'ont d'autre choix que de parvenir à un accord avec l'État syrien", explique le directeur du Centre d'études stratégiques de Damas, Bassam Abou Abdallah. Jusqu'ici, les forces kurdes et le régime syrien ont eu du mal à trouver un compromis, car les Kurdes sont réticents à renoncer à leurs gains territoriaux, tandis que Damas rejette leur autonomie. Mais la pression turque pourrait pousser les deux parties à s'entendre sous l'égide de Moscou. (La Libre Belgique, 18 juillet 2022)

L’utilisation d’armes chimiques par la Turquie et le silence international

La Turquie recourt à l’utilisation massive d’agents de guerre chimique interdits au Sud-Kurdistan. En jouant la carte du veto dans le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, Erdogan a une nouvelle fois acheté le silence international.

Depuis le 14 avril, on assiste à une opération turque de grande ampleur contre les zones tenues par la guérilla kurde au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Les régions de Zap, Metîna et Avashîn sont particulièrement visées. L’armée turque tente de s’implanter sur le terrain, mais elle se heurte à une résistance farouche de la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui lui inflige de lourdes pertes en combinant la guerre des tunnels et des unités très mobiles. L’armée turque ne peut manifestement pas poursuivre son invasion par des moyens conventionnels et recourt donc à l’utilisation d’armes chimiques. Les tunnels de guerre sont particulièrement visés par les attaques chimiques.

Les informations provenant de la région indiquent que les zones de Çiyareş, Şikefta Birîndara, Şehîd Şahîn, Werxelê et Kuro Jahro sont particulièrement touchées par l’utilisation d’armes chimiques. Ce ne sont pas seulement les guérilleros qui sont touchés; de vastes zones naturelles sont également contaminées à long terme.

Au cours de l’année passée, l’armée turque avait déjà recouru à l’utilisation massive d’armes chimiques. Cette année, l’utilisation de ces armes a été étendue. Selon les guérilléros qui ont été témoins des attaques, les gaz utilisés actuellement sentent le savon et le chlore.

Gaz jaunes et gaz inodores

Des images publiées le 25 juin par l’agence de presse Firat News (ANF) témoignent de l’utilisation d’armes chimiques dans les tunnels dits de « résistance ». Dans la séquence vidéo, un guérillero portant un masque à gaz explique que les gaz utilisés ont une odeur très forte. Il ajoute que ces gaz qui noircissent les parois du tunnel attaquent directement les voies respiratoires.

Ce même combattant explique que les résidus sont toujours actifs et peuvent continuer à tuer lorsqu’ils se mélangent à l’air. Cependant, précise-t-il, d’autres substances telles que le gaz poivré et un gaz jaune ont également été utilisées. Le gaz jaune en question pourrait être du gaz moutarde (rouille de soufre), ce que semble indiquer le résidu liquide jaune visible dans les images vidéo. Dans le cas d’une utilisation massive de gaz moutarde, la formation de résidus liquides est probable, car, à température ambiante, la substance toxique devient liquide et présente une forme huileuse jaunâtre. Le guérilléro fait par ailleurs état de l’utilisation de gaz toxiques totalement inodores.

779 cas d’utilisation d’armes chimiques en deux mois

Dans un bilan, le centre de presse des Forces de Défense du Peuple (HPG, branche armée du PKK) fait état de 779 cas d’utilisation d’armes chimiques associées à des explosifs entre le 14 avril et le 14 juin. Au moins 13 combattants des HPG et des YJA-Star (unités féminines de la guérilla) ont été tués par des armes chimiques au cours du premier mois de la guerre.

Des sources des HPG et des correspondants locaux d’ANF ont rapporté que l’armée turque n’avait cessé d’étendre la portée de l’opération d’invasion et d’accroitre utilisation d’armes chimiques interdites au cours des dernières semaines. Selon ces sources, l’armée turque aurait utilisé des armes chimiques interdites au moins 162 fois entre le 15 juin et le 5 juillet 2022. Rien qu’au cours de 20 derniers jours, le centre de presse des HPG a relevé pas moins de 150 cas d’utilisation d’armes chimiques.

La Turquie viole le droit de la guerre en toute impunité

L’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC), dont l’Etat turc est membre depuis 1997, garde le silence, malgré les rapports des HPG est les appels des institutions et organisations kurdes. Contactée par ANF, l’organisation internationale a refusé de répondre à la question de savoir si elle envisageait d’enquêter sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie.

De nombreuses manifestations ont eu lieu devant le siège de l’OIAC au cours des mois de mai et juin. Cependant, les représentants de l’OIAC se sont abstenus de toute déclaration et refusé tout contact avec les manifestants.

Le commandant du Centre de Défense du Peuple (HSM : Structure faîtière des organisations militaires kurdes), Murat Karayılan, voit un lien entre l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN et le comportement de l’OIAC. Il affirme que la Turquie a acheté le silence de celle-ci en jouant la carte du veto. « L’État fasciste de Turquie utilise la carte de l’OTAN contre le peuple kurde. Il utilise son droit de veto à l’adhésion de la Suède et de la Finlande pour qu’aucune objection ne soit soulevée contre l’utilisation d’armes chimiques. C’est le premier objectif de l’action de la Turquie ; le deuxième objectif est la levée de l’embargo sur les armes. Il s’agit essentiellement d’obtenir la satisfaction de ces deux demandes. », a dit Murat Karayilan dans une déclaration à l’adresse des guérilléros le 20 juin 2022. (ROJINFO, 9 juillet 2022)

Biden insiste pour que les Etats-Unis vendent des F-16 à la Turquie

Le président américain Joe Biden a poussé jeudi pour la vente par les Etats-Unis de F-16 à la Turquie, alors que la question des avions de combat empoisonne depuis des années les relations entre Ankara et Washington.

"Nous devrions leur vendre des F-16" et "moderniser" les avions de ce type que la Turquie possède déjà, mais "j'ai besoin de l'accord du Congrès pour cela et je pense que je peux l'obtenir", a-t-il déclaré devant la presse à l'issue du sommet de l'Otan à Madrid.

Le président américain a tenu à préciser qu'il ne fallait pas lier le réchauffement entre les deux pays sur ce dossier délicat avec la levée mardi soir du veto turc à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Alliance atlantique.

Au départ, la Turquie devait acquérir les chasseurs dernier cri F-35 des Etats-Unis, et avait déjà partiellement payé pour cela.

Mais Washington a annulé ce contrat après que la Turquie a acquis un système de défense russe S-400, un partenariat qui selon les Américains est une menace pour leur avion de combat furtif à la pointe de la technologie.

En compensation de cet argent déjà versé, Ankara veut acheter des F-16, des avions d'une version plus ancienne, et moderniser ceux qu'elle possède déjà, soit plus de 200 exemplaires. Mais ce dossier est bloqué.

Mercredi, une haute responsable du Pentagone, Celeste Wallander, avait assuré que les Etats-Unis "soutenaient pleinement une modernisation par la Turquie de sa flotte de F-16" qui "contribue à la sécurité de l'Otan et donc à la sécurité des Etats-Unis".

"Ce projet est en cours. Ils doivent passer par nos procédures de contrat", avait-elle ajouté.

Avant de partir pour Madrid, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait souligné que le "sujet le plus important" entre Ankara et Washington était "celui des F-16".  (AFP, 30 juin 2022)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Allah aux commandes de l’économie turque!

Ragıp Duran, Chronique Turquie, 30 juillet 2022


La Présidence des Affaires du Culte du Président Erdogan a désigné le nouveau responsable de la crise économique : “C’est Allah qui règle les prix”!

Alors que la grande majorité de la population souffre de la crise économique, le gouvernement turc, incapable de freiner la perte de valeur de la livre turque, a trouvé quand même par la voix de son porte-parole religieux, le nouveau responsable de la catastrophe économico-financière.

Le plus haut organe exécutif de la Présidence des Affaires du Culte (Diyanet) a publié récemment une fatwa (avis juridique donné par un spécialiste ou une autorité de la loi islamique sur une question particulière) dans laquelle “Allah” est mentionné comme le seul responsable irréfutable de l’augmentation des prix.

Le Haut Conseil des Affaires Religieuses a émis son avis à la demande d’un citoyen qui voulait savoir s’il “existait dans le commerce une marge de bénéfice”. La fatwa en question a été publiée sur le site officiel du Diyanet le 20 juillet.

Selon cette fatwa “La religion islamique n’a pas imposé une marge de bénéfice concernant les contrats d’achat et de vente et qu’elle suit les conditions du marché”. La fatwa ajoute tout de suite qu”Il n’y pas de doute que c’est Allah qui décide les prix, qui assure l’abondance ou qui impose la pénurie”.

Publiée le 27 juillet dernier à la une en manchette du quotidien d’opposition kémaliste Cumhuriyet ( République, environ 45 milles ex.) cette fatwa a été critiquée même par les partisans du Président Erdogan.

Abdurrahman Dilipak, chroniqueur islamiste du quotidien d’extrême droite Yeni Akit (Nouveau Contrat, 55 milles ex.) a écrit : “D’accord, les Coups d’Etat, les terrorismes et les assassinats ainsi que les Mafias, les barons de stupéfiants, l’ensemble des actes du Diable sont tous de la volonté d’Allah. Mais ces gens interprètent ces affirmations en dehors du contexte et cela s’appelle diffamation contre Allah. Pitié, impolitesse voire péché !”

Des universitaires, des théologiens, des spécialistes et des journalistes de droite et de gauche se sont opposés contre cette fatwa :

- “ Ce n’est pas comme ça qu’il faut interpréter les hadiths” (Dans la religion islamique, recueil des actes et paroles de Mahomet et de ses compagnons, à propos de commentaires du Coran ou de règles de conduite) Prof. Sahin Filiz

- “L’ensemble des hadiths est sujet aux débats. Ce dernier est contraire au Coran. C’est un grand péché de responsabiliser Allah pour disculper les dirigeants, c'est-à-dire les vrais responsables “. Théologien Cemil Kilic

- “On ne peut pas résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec la mentalité de très anciennes applications. Sinon c’est le capitalisme que vous allez promouvoir” Prof. İbrahim Maras.

De centaines de citoyens ont également protesté sur les réseaux sociaux contre la fatwa :

- Est-ce que nous envoyons nos impôts à Allah ?

- Aveux sincères d’Erdogan : Je ne suis pas responsable de la crise économique !

- Si j’ai bien compris, Allah est donc le nouveau gouverneur de la Banque Centrale !

- C’est l’annonce de la mort des sciences économiques, des règles du marché et de la rationalité !

- Si c’est vrai, est ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi Allah nous punit ?

Par ailleurs, faut-il rappeler que le Directorat Général de Diyanet, fondé par Ataturk en 1924, remplaçait le Ministère Ottoman de Charia (Ordre İslamique) et des Fondations Religieuses. Diyanet, organe constitutionnel a pour “mission d’informer le public sur la religion et la morale islamique, d’organiser tout ce qui concerne la croyance et la pratique de l’Islam”. Atatürk, partisan d’une laïcité jacobine et radicale, désirait diriger et contrôler l’ensemble des activités religieuses. Le Président Erdogan a su lors de ses 20 ans de pouvoir, transformer le Diyanet, en une institution religieuse au service de son gouvernement. 130 milles fonctionnaires (Imams, Muezzins, enseignants, autres cadres religieux) travaillent pour le Diyanet qui a un budget annuel de 16.1 milliards de livres turques.(Environ 890 millions d’Euros). À titre de comparaison le Ministère d’Education Nationale qui a en tout 929 milles fonctionnaires a un budget annuel de 8.7 milliards de livres turques (Environ 483 millions d’Euros)

La Turquie est “une République Laïque” selon l’article 2 irrévocable de la Constitution, mais cet article a été maintes fois violé par les politiques d’Erdogan depuis 2002.

Récemment, dans un dessin animé, on a vu Erdogan chuchotant à l’oreille du Président de Diyanet “ Fais une annonce : Ceux qui demandent le diplôme d’université du Président sont des mécréants !”. Le Président turc et les autorités universitaires n’ont pas pu jusqu’aujourd’hui présenter au public l’original du diplôme d’université d’Erdogan alors que le président de la République doit avoir, selon la loi, un diplôme d’université certifiant au moins 4 ans d’études supérieures.

Un dicton populaire turc dit “Notre destin est dans les mains de Dieu/Allah” quand il s’agit des impasses, des situations presqu’impossibles.

Le prince héritier saoudien reçu par Macron: la fiancée de Khashoggi "scandalisée"

La fiancée de Jamal Khashoggi, le journaliste assassiné en 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, s'est dite "scandalisée" que le président français Emmanuel Macron reçoive jeudi à dîner le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

"Je suis scandalisée et outrée qu'Emmanuel Macron reçoive avec tous les honneurs le bourreau de mon fiancé", a affirmé jeudi Hatice Cengiz dans un message rédigé en français adressé à l'AFP.

"L'envolée des prix de l'énergie à cause la guerre en Ukraine ne peut justifier qu'au nom d'une prétendue realpolitik on absolve le responsable de la politique saoudienne envers les opposants politiques qui mène à leur mise à mort, comme ça été le cas pour Jamal", a-t-elle ajouté.

La visite du prince héritier saoudien à Paris est la première en Europe depuis l'assassinat du journaliste, et ce malgré la vive colère des défenseurs des droits de l'Homme qui fustigent une visite hautement inappropriée.

Cette rencontre signe un peu plus la "réhabilitation" du dirigeant de facto du royaume, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, qui a définitivement consacré le retour de "MBS" sur la scène internationale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l'énergie.

Chroniqueur du Washington Post, critique du pouvoir saoudien, Jamal Khashoggi avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.

Les services de renseignement américains avaient pointé la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans cet assassinat.

Le prince héritier dément avoir ordonné l'assassinat même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant.

"Toutes les enquêtes internationales menées jusqu'à aujourd'hui sont formelles à reconnaître la responsabilité de MBS dans l'assassinat", a affirmé Mme Cengiz. (AFP, 28 juil 2022)

La menace djihadiste se confirme en Afrique

Le 7 août 1998, trois ans avant les attentats contre les tours jumelles du World Trade Center de New York, Al-Qaïda signait son plus grand fait d’arme du XXe s. en perpétrant des attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. Au moins 213 personnes sont tuées et plus de 4 000 blessées à Nairobi. Onze passants vont perdre la vie et 85 seront blessés, à Dar-es Salam, en Tanzanie. Le terrorisme djihadiste vient de frapper l’Afrique subsaharienne.

Aujourd’hui, alors qu’Al-Qaïda et l’État islamique sont à la peine sur leurs terres du Moyen-Orient, leurs "franchises" africaines se développent sans trop de souci sur un terreau fertile fait de pauvreté, d’absence d’État et de corruption... entre autres. Ces mouvances s’appellent ADF en RDC, Boko Haram au Nigeria, chebab en Somalie, AQMI au Mali, Ansar al-Sounnah au Mozambique... Peu d’idéologie commune entre ces mouvements mais une vraie capacité de nuisance et un frein incommensurable au développement de ces régions. Sans réponse coordonnée au niveau international, ces bras armés d’un djihadisme essentiellement affairiste vont poursuivre leur développement. Les États africains, seuls, ne peuvent faire face à ces mouvements qui agissent le plus souvent comme des guérillas sans frontières, mobiles, modernes et bénéficient régulièrement du soutien de populations locales soit effrayées par leurs exactions soit frustrées par l’oubli dans lequel les ont abandonnées un pouvoir concentré sur son développement personnel ou sa seule survie. Des pouvoirs qui n’hésitent pas à faire appel à des mercenaires pour tenter en vain d’enrayer l’avancée de ces terroristes. Le djihadisme en Afrique menace tout un continent. L’Europe, son premier partenaire, ne l’ignore pas mais ne parvient pas à s’asseoir sereinement avec ses voisins pour évoquer un vrai plan de développement du continent qui s’éloignera du terrorisme en s’éloignant de la pauvreté. (Hubert Leclercq, La Libre Belgique, 27 juillet 2022)

En Turquie, l'appel à la prière, art lyrique et politique

Le candidat s'avance face au micro, costume noir et calotte blanche: "Allahou Akbar, Allahou Akbar", entonne-t-il d'une voix lente, mains sur les oreilles et coudes en équerre, sous la pierre ocre sculptée en nids d'abeilles.

En ce début d'été, cinq muezzins, religieux chargés d'appeler les musulmans à la prière cinq fois par jour, s'affrontent sous l'un des neuf dômes de la majestueuse Vieille mosquée d'Edirne, achevée en 1414, quand la ville du nord-ouest de la Turquie était capitale ottomane.

Assis face aux candidats, les jurés prennent des notes. Au centre, le mufti Alettin Bozkurt, autorité religieuse de la province, désignera une heure plus tard au micro le muezzin ayant récité le plus bel ezan (nom turc de l'appel à la prière, également appelé adhan).

"J'ai commencé à dix ans, pendant les cours d'été à la mosquée", confie à l'AFP le vainqueur, Abdullah Ömer Erdogan, 25 ans, qui dit fuir le froid, privilégier l'eau tiède et éviter certaines positions pendant son sommeil pour protéger ses cordes vocales.

S'il remporte la manche suivante fin juillet, le jeune muezzin, appareil dentaire et barbe impeccable, prendra part à la finale nationale prévue le 17 août, qui sacrera la plus belle voix parmi les centaines de muezzins qui se défient à travers le pays depuis début juin.

- "Pouvoir de l'ezan" -

En avril, deux muezzins turcs, dont l'un a un temps fait résonner sa voix sur la vieille ville d'Edirne, ont raflé les première et deuxième places d'un concours télévisé similaire organisé en Arabie saoudite, auquel s'étaient présentés des muezzins de 80 pays.

Dans une vidéo publiée le lendemain par le lauréat, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dévot musulman, lui adresse ses félicitations: "Qu'Allah soit avec vous", lance le chef de l'Etat.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, initialement comme Premier ministre, près de 15.000 nouvelles mosquées ont été construites à travers le pays, dont l'une sur l'emblématique place Taksim d'Istanbul, symbole d'une Turquie laïque, d'où son pouvoir avait été contesté en 2013 lors de manifestations antigouvernementales sans précédent.

Le président, qui a également fait bâtir la plus grande mosquée de Turquie sur la colline stambouliote de Camlica et a reconverti en 2020 l'ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée, a en parallèle donné à l'appel à la prière un caractère éminemment politique.

La nuit du 16 juillet 2016, en pleine tentative de coup d'Etat, les imams et muezzins des quelque 90.000 mosquées de Turquie avaient, via les haut-parleurs des minarets, exhorté les fidèles à faire barrage aux putschistes, en écho à une intervention peu avant à la télévision du chef de l'Etat via l'application FaceTime.

"Cette nuit-là, nous avons vu le pouvoir de l'ezan", se remémore le mufti d'Edirne. "Grâce à lui, nous avons appelé le peuple à sortir dans les rues et avons sauvé notre pays."

M. Erdogan, qui jouera sa réélection en juin 2023, accuse par ailleurs ses opposants de vouloir bâillonner les mosquées: "ils ne pourront pas faire taire l'ezan !", a-t-il lancé à plusieurs reprises, bien que cette proposition ne figure au programme d'aucun parti.

- "rejet croissant" -

Dans un pays presque exclusivement musulman mais constitutionnellement laïque, cette politisation de l'appel à prière a contribué à le rendre agaçant aux oreilles de certains.

"Il y a un sentiment répandu parmi les laïcs que le volume de l'ezan a augmenté depuis la tentative de coup d'État, dans le cadre des tentatives de l'actuel régime de transformer la sphère publique", estime Erol Koymen, post-doctorant en ethnomusicologie à l'université de Chicago.

"Cela a conduit à un rejet croissant de l'ezan (toujours parmi les laïcs)", affirme le chercheur, auteur de travaux sur le rôle de l'ezan dans la résistance au putsch manqué de 2016.

Depuis 2017, la très puissante Direction des affaires religieuses (Diyanet) demande toutefois aux mosquées de "veiller à ne pas dépasser les 80 décibels" lors des appels à la prière, une limite trop élevée ou mal respectée selon certains Turcs.

L'an dernier, quand le gouvernement saoudien a ordonné de limiter le volume des haut-parleurs des mosquées au tiers de leur capacité maximale, invoquant la santé des enfants et des personnes âgées, des réactions envieuses ont émergé en Turquie sur les réseaux sociaux.

Dans la Vieille mosquée d'Edirne, le mufti Alettin Bozkurt s'offusque que d'aucuns veuillent mettre les mosquées en sourdine: "L'ezan est un droit légal!", assène-t-il.

"Tout comme les chrétiens peuvent facilement entendre les cloches des églises, tous les musulmans doivent être en mesure d'entendre l'appel à la prière." (AFP, Remi BANET, 14 juil 2022)


La fête du sacrifice: Plus de 6.000 sacrificateurs blessés


 

Plus de 6.000 bouchers amateurs turcs ont fait un passage à l'hôpital mardi après s'être blessés en tentant d'égorger un animal à l'occasion de la fête musulmane du Sacrifice, ou Aïd-el-Adha, a rapporté le quotidien Hürriyet.

 

Les hôpitaux du pays ont dû soigner 6.251 sacrificateurs improvisés, la plupart pour des coupures aux mains ou aux jambes.

 

La fête du Sacrifice donne lieu chaque année en Turquie à des scènes "sanglantes", avec des images de sacrifices de moutons et de taureaux dans la boue, aux abords des grandes métropoles, ou de courses poursuites entre des bêtes terrifiées destinées à l'abattage et des bouchers improvisés.

 

Le même jour, le président de la République Recep Tayyip Erdogan a félicité la nation turque et le monde islamique à l'occasion de l'Aïd Al-Adha (aussi appelée Fête de Tabaski dans certaines régions d'Afrique). Il a souhaité que Dieu accepte l'accomplissement du Hajj (pélerinage à la Mecque) par les citoyens turcs et les sacrifices.

 

Voici le nombre des sacrificateurs blessés dans plusieurs provinces de Turquie:

 

Adana (67), Adıyaman (150), Afyonkarahisar (15), Ağrı (34), Aksaray (84), Amasya (40), Ankara (198), Antalya (43), Ardahan (30), Artvin (11), Aydın (41), Balıkesir (195), Bartın (35), Batman (8), Bayburt (13), Bilecik (27), Bingöl (2), Bitlis (7), Bolu (42), Burdur (28), Bursa (293), Çanakkale (43), Çankırı (21), Çorum (50), Denizli (132), Diyarbakır (27), Düzce (47), Edirne (41), Elazığ (32), Erzincan (50), Erzurum (160), Eskişehir (72), Gaziantep (147), Giresun (33), Gümüşhane (24), Hakkari (4), Hatay (27), Iğdır (42), Isparta (15), İstanbul (1149), İzmir (30), Kahramanmaraş (92), Karabük (29), Karaman (67), Kars (85), Kastamonu (28), Kayseri (102), Kırıkkale (60), Kırklareli (7), Kırşehir (19), Kilis (15), Kocaeli (271), Konya (253), Kütahya (50), Malatya (221), Manisa (65), Mardin (11), Mersin (53), Muğla (29), Muş (16), Nevşehir (24), Niğde (22), Ordu (52), Osmaniye (43), Rize (105), Sakarya (126), Samsun (68), Siirt (6), Sinop (13), Sivas (74), Şırnak (2), Tekirdağ (181), Tokat (134), Trabzon (80), Tunceli (0), Şanlıurfa (153), Uşak (32), Van (30), Yalova (30), Yozgat (64), Zonguldak (30).


Socio-économique / Socio-economic

Le litige pétrolier enflamme les relations entre le Kurdistan d'Irak et Bagdad

Le pétrole et les revenus qu'il génère sont de nouveau source de tensions entre le Kurdistan d'Irak et le gouvernement central de Bagdad, et ces différends risquent de refroidir l'ardeur des investisseurs étrangers, pourtant tant courtisés par l'Irak.

Depuis le début de l'année, les houleuses relations entre Erbil, capitale de la région septentrionale dotée d'une grande autonomie, et Bagdad se jouent devant les juges.

Erbil accuse Bagdad de vouloir faire main basse sur ses richesses pétrolières. Bagdad, de son côté, exige de prendre en main la gestion des hydrocarbures extraits du Kurdistan.

Deuxième pays de l'Opep, l'Irak exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour. Quant au Kurdistan, sa production quotidienne dépasse les 450.000 barils.

Mais impossible de comprendre ce bras de fer sans évoquer l'impasse politique qui paralyse l'Irak depuis les législatives d'octobre 2021.

Les barons de la politique irakienne -- tant à Bagdad qu'à Erbil -- sont incapables de s'accorder sur un nouveau Premier ministre et un président.

Pour Bilal Wahab, chercheur au Washington Institute, le pétrole est utilisé "comme la carotte ou le bâton". "Cela dépend de l'atmosphère politique du jour".

"Quand il y a accord politique, les tribunaux restent silencieux. Mais le contraire est aussi vrai lorsque surgit la discorde", souligne-t-il.

En février, un arrêt de la Cour suprême fédérale sommait le Kurdistan de livrer son pétrole au gouvernement central, donnant à Bagdad le droit de revoir ou d'annuler les contrats pétroliers.

Depuis, le gouvernement irakien bataille pour faire appliquer cet arrêt.

- "Réputation" -

Saisi par le ministère du Pétrole, un tribunal de Bagdad a invalidé début juillet quatre contrats conclus entre le Kurdistan et des entreprises canadienne, américaine, britannique et norvégienne.

Trois autres entreprises étrangères sont dans le viseur de cette même cour, qui doit se prononcer sur la validité de leurs contrats, avertit un haut responsable du secteur des hydrocarbures à Bagdad interrogé par l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

"Quand Bagdad cherche à chasser du Kurdistan d'Irak les compagnies internationales de pétrole, ça ne donne pas de l'Irak l'image d'un producteur majeur qui se veut accueillant envers les investissements étrangers", reconnaît Yesar Al-Maleki, analyste au Middle East Economic Survey (MEES).

Pour préserver l'autonomie de ses hydrocarbures, le Kurdistan dit vouloir négocier. Il a proposé aux autorités fédérales la création de deux entreprises chargées de l'exploration et de la commercialisation, et qui travailleront en partenariat avec Bagdad, selon un porte-parole du gouvernement régional à Erbil.

Mais il a lancé début juin deux actions en justice, dont une contre le ministre du Pétrole, Ihsan Ismaïl, qu'il accuse de chercher à "intimider" les entreprises étrangères opérant au Kurdistan, selon un communiqué.

Pour Bilal Wahab, les deux parties ne se rendent pas compte à quel point leur joute "porte atteinte à la réputation globale de l'industrie énergétique de l'Irak".
 "En venant en Irak, tout le monde s'attend à un risque sécuritaire. Mais en remettant en cause la sacralité des contrats (...) c'est un risque juridique qui s'ajoute", poursuit-il.

Petite victoire brandie par Bagdad: les géants Schlumberger, Baker Hughes et Halliburton se sont engagés à ne pas s'impliquer dans de nouveaux projets au Kurdistan. Ils disent oeuvrer à "liquider et clôturer" les appels d'offres et contrats en cours.

- "Compromis" -

Les relations entre Bagdad et le Kurdistan, autonome depuis 1991, sont en dents de scie.

En théorie, Erbil devait envoyer à Bagdad une partie de sa production pétrolière pour sa commercialisation. En contrepartie, le gouvernement fédéral devait payer les salaires des fonctionnaires kurdes et d'autres dépenses publiques d'Erbil.
 Mais Erbil n'a jamais envoyé son pétrole et se plaint de retards dans le versement des allocations.

Ces dernières semaines des tirs de roquettes non revendiqués ont visé des sites pétroliers et gaziers du Kurdistan. Encore un moyen de pression contre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), aux manettes à Erbil, selon les experts.

Car le litige pétrolier est étroitement lié à la crise politique.

Allié à l'influent leader chiite Moqtada Sadr, le PDK s'entête à réclamer la présidence de l'Irak qui revient traditionnellement à l'autre grand parti kurde, l'UPK.

"La chronologie montre que cette crise a débuté quand le PDK s'est rangé du côté du mouvement sadriste, s'opposant au Cadre de coordination soutenu par l'Iran", explique M. Maleki, en allusion à cette coalition de partis chiites.

Mais "l'Irak est un pays de compromis", tempère-t-il.

Pour soulager Erbil, la meilleure solution serait "un accord politique" garantissant l'adoption à Bagdad d'une loi "accommodante" régulant la gestion des hydrocarbures.

"En attendant, l'arrêt de la Cour suprême sera pour le Kurdistan comme une épée de Damoclès", dit-il. (AFP, 18 juil 2022)

Pourparlers en Turquie pour libérer les céréales ukrainiennes

Des délégations d'Ukraine, de Russie et de Turquie tentaient mercredi à Istanbul de lever les obstacles aux exportations par la mer Noire de céréales ukrainiennes, qui font cruellement défaut sur le marché mondial.

Quelque 20 millions de tonnes de céréales sont actuellement bloquées dans les ports de la région d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, en raison de l'invasion du pays par la Russie lancée le 24 février.

En Ukraine, des tirs au lance-roquettes multiple ont touché plusieurs sites dans la région de Mykolaïv, sur la mer Noire, qui ont fait au moins cinq morts selon un responsable ukrainien.

Kiev s'attend également à une nouvelle offensive russe dans la région de Donetsk, dans l'est du pays, où la ville de Bakhmout, proche du front, a de nouveau été bombardée mercredi matin.

"On ne s'habitue jamais à la guerre, c'est affreux et effrayant", confie Lioubov Mojaïeva, une agronome de 60 ans venue chercher un peu de nourriture dans l'ancien centre culturel de Bakhmout.

Le long du Bosphore, la plus grande discrétion entoure la tenue des discussions à huis-clos entre experts militaires en présence d'une délégation des Nations unies, que le ministère turc de la Défense a dit vouloir garder "confidentielles".

La rencontre a commencé peu après 11H15 GMT, dans un lieu tenu secret.

L'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales.

Il s'agit d'établir des couloirs sécurisés permettant leur transport, entravé par l'occupation russe des ports d'Ukraine et la présence de mines posées par Kiev pour protéger ses côtes.

C'est la première fois que des représentants de Moscou et Kiev se rencontrent de visu depuis le 29 mars, un mois après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, quand des délégations des deux parties s'étaient retrouvées sur le Bosphore, sans avancée.

Le temps presse: cette réunion intervient dans un contexte de hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, en particulier en Afrique. (AFP, 14 juil 2022)

Turkey ranks 124th in gender equality

Turkey ranked 124th in the World Economic Forum's Global Gender Gap Report, lagging behind many developing countries.

Turkey climbed 9 places in 2022, going up from 133rd place in last year’s report, but still lagged behind countries such as Bangladesh, Ethiopia, Indonesia, Ghana and Nigeria and just a step ahead of countries like Angola, Bhutan and Saudi Arabia.

The country with the highest gender inequality is Afghanistan, which ranked 146th.

Pakistan, Democratic Republic of Congo and Iran were the other countries at the bottom of the list.

“Gender parity is not recovering, it will take another 132 years to close the global gender gap. As crises are compounding, women's workforce outcomes are suffering and the risk of global gender parity backsliding further intensifies” the report read.

The country with the highest gender equality in the report was Iceland. It was followed by Finland, Norway, New Zealand, Sweden and Rwanda. (GercekNews, 14 July 2022)


En Turquie, l'inflation menace de gâcher l'Aïd

Gül Er achète chaque année un mouton à l'approche de l'Aïd al-Adha, la grande fête musulmane du sacrifice. Cette année, sur la foire aux bestiaux de Sultangazi, quartier conservateur d'Istanbul, les prix des bêtes l'inquiètent.

"C'est un devoir sacré mais les prix sont inabordables", confie la jeune femme.

Sa fillette à la main, elle marchande avec un éleveur sous une tente blanche, indifférente à la chaleur de midi et à l'odeur entêtante de fumier.

Cette année, la mère de famille ne pourra prétendre à mieux qu'à un mouton peu charnu.

Dans les autres allées de cette foire en plein air de 40.000 m³, où s'alignent des milliers de bêtes, les négociations sont intenses. Les acheteurs font tout, entre les bêlements et les meuglements, pour arracher un prix à la baisse afin de célébrer la fête qui commence samedi.

Pendant les quatre jours de l'Aïd al-Adha, moutons, chèvres et boeufs d'au moins un an sont sacrifiés au nom d'Allah. Selon la tradition, la viande est ensuite partagée entre les pauvres, les proches et soi-même.

Mais cette année, les prix ont doublé, parfois triplé, sous l'effet d'une inflation qui a atteint 78,6% sur douze mois selon les données officielles -- 175,5% d'après un groupe d'économistes turcs indépendants --, conséquence de la politique monétaire hétérodoxe du président Erdogan.

- "Clients mécontents" -

Semsi Bayraktar, président de l'Union des chambres d'agriculture de Turquie, dit s'attendre à un quart de ventes en moins cette année, et un récent sondage de l'institut Ipsos montre que 26% seulement des Turcs feront sacrifier une bête, 15 points de moins qu'en 2021.

"L'an dernier, je vendais un boeuf de 500 kilos pour 20.000 livres turques (1.188 dollars au cours actuel). Cette année, j'ai fixé mon prix à 45.000 livres (2.673 dollars)", explique Galip Toklu, éleveur originaire de la ville de Samsun (Nord), sur la mer Noire.

"Les clients sont mécontents", reconnaît-il, justifiant ce bond spectaculaire par la hausse de ses coûts.

"Le prix des aliments pour bétail a quadruplé, nous sommes en grande difficulté", glisse-t-il sous son chapeau bleu.

Le nombre de bêtes offertes, quoiqu'important, est d'ailleurs en baisse sur la foire: 160 tentes dressées cette année contre plus de 500 en 2018.

Dans une autre allée, Sinan Ates se montre lui aussi pessimiste. L'éleveur aux 600 bêtes, arrivé il y a 48 heures, n'a toujours pas fait sa première vente.
 L'élevage est "terminé" en Turquie, lâche-t-il, déplorant la hausse des prix du carburant et des produits pour l'alimentation animale autant que le manque d'aide du gouvernement.

- "Ordre d'Allah" -

Salih Yeter, un habitué de la foire, avance l'oeil aiguisé entre les tentes pour dénicher la bête qui correspondra à son budget. Sept amis, qui contribueront à l'achat, l'accompagnent.

"Si on trouve une bête bon marché, on l'achètera. Sinon, on attendra encore", lance-t-il, jovial. Pour l'homme de 57 ans, l'Aïd al-Adha revêt cette année une importance particulière car beaucoup autour de lui ne peuvent plus s'offrir de viande.

"Grâce à moi et à d'autres musulmans, ils pourront en manger", se réjouit-il par avance.

Selon les données officielles, les prix de l'alimentation ont flambé de plus de 93% sur l'année écoulée. La viande est particulièrement touchée.

La fille de Gül Er est atteinte d'une maladie métabolique qui lui impose un régime carné. Pourtant, confie la mère: "je n'ai pas mangé un seul morceau de viande cette année. Je ne peux même pas respecter le régime alimentaire de ma fille".

Mais malgré la crise, peu veulent renoncer à leur "devoir sacré" de l'Aïd.

"Les prix ont doublé mais on doit faire avec: c'est l'ordre d'Allah", affirme Selahattin Kose, barbe et calotte blanches.

L'arrivée de ce hadji (qui a fait le pèlerinage à La Mecque) suscite l'effervescence: sous une tente, un éleveur veut lui baiser les pieds pour qu'il lui porte chance.

L'acheteur prévient cependant: "L'année dernière, j'avais acheté un boeuf, cette année je me contenterai d'un mouton".  (AFP, 8 juil 2022)

L'inflation grimpe à 78,6% en juin
 
L'inflation a atteint 78,6% sur un an en juin en Turquie, au plus haut depuis 1998, selon les chiffres officiels publiés lundi.

Cette très forte hausse des prix s'explique en grande partie par l'effondrement de la livre turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur en un an face au dollar.

L'inflation, qui avait atteint 73,5% en mai en rythme annuel, n'a jamais atteint de tels niveaux depuis l'arrivée au pouvoir du président Erdogan en 2003.

Le sujet est devenu brûlant en Turquie, à moins d'un an de l'élection présidentielle prévue pour juin 2023, l'opposition et nombre d'économistes accusant l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié la hausse des prix à la consommation.

Le Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), composé d'économistes turcs indépendants, a affirmé lundi matin que l'inflation atteignait en réalité 175,5% sur un an, plus de deux fois le taux officiel.

Malgré une inflation en constante accélération, et des craintes de nouvelles hausses de prix liées à la guerre en Ukraine, la Banque centrale turque refuse toujours de relever son taux directeur, stable à 14% depuis décembre.

À rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.

Cette inflation, plus élevée encore dans les grandes villes du pays, a contraint le gouvernement a annoncé vendredi une nouvelle hausse de 25% du salaire minimum - après celle de 50% mise en œuvre au 1er janvier - au risque d'accélérer encore la hausse des prix à la consommation dans les prochains mois. (AFP, 4 juil 2022)


Turkey remains among 10 worst countries for working people

According to the International Trade Union Confederation's (ITUC) ninth annual Global Rights Index, Turkey is among the 10 worst countries for workers as it was in the past years.

In the index covering 148 countries, Bangladesh, Belarus, Brazil, Colombia, Egypt, Eswatini, Guatemala, Myanmar and the Philippines are the other countries in the worst 10.

Turkey ranked among the worst countries because of the suppression of strikes, arrests of unionists and the systematic prevention of union activities.

The report says the following about the situation in the country:

"In 2022, workers' freedoms and rights continued to be relentlessly denied, including with police crackdowns on protests. Trade union leaders were arbitrarily arrested and their homes raided. On May Day 2021, 212 demonstrators were detained in Istanbul for attempting to hold a protest in defiance of the government's strict coronavirus lockdown rules.

Salcomp, which manufactures for Xiaomi, Farplas, which dismissed 150 workers and got them detained by inviting the police into the factory, and ASD Laminat, which fired 54 and 19 workers at different times, were the leading companies in violations of workers' rights.

Workers' rights are deteriorating

Stressing the increasing inflation rates and the economic situation around the world, ITUCwarned that workers' rights are declining.

Workers' rights improved in the last year in El Salvador, Niger and Saudi Arabia while deteriorating in Armenia, Afghanistan, Australia, Burkina Faso, Gine, Jamaica, Lesoto, the Netherlands, Tunisia and Uruguay.

Unionists were killed in 13 countries. Freedom of expression and assembly were violated in 41 percent of the countries. In 69 countries, workers were arbitrarily detained or arrested. Sixty-six percent of the countries prevented or restricted workers' access to justice. (BIA, 1 July 2022)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Premier échange tendu à Istanbul entre ministres allemand et turc

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a suscité un échange tendu vendredi à Istanbul avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, en appelant la Turquie à "respecter" les décisions du Conseil de l'Europe concernant les droits humains.

"La décision de la Cour européenne des droits de l'homme concernant Osman Kavala doit être appliquée" a-t-elle insisté à propos du philanthrope condamné à perpétuité pour des faits qu'il a toujours niés.

"Même si c'est difficile à entendre, ce doit être dit" a affirmé la cheffe de la diplomatie allemande, issue du Parti Vert, qui effectue sa première visite en Turquie et sera samedi à Ankara.

Les responsables du Conseil de l'Europe ont appelé à plusieurs reprises Ankara à la "libération immédiate" d'Osman Kavala, après un arrêt de la Cour européenne.

"Pourquoi l'Allemagne encourage-t-elle tous les pays à exclure la Turquie du Conseil de l'Europe", a répliqué M. Cavusoglu d'un ton vif avant d'énumérer les pays qui, selon lui, ne se plient pas aux décisions de l'instance européenne des droits humains: "Grèce, France, Norvège, Allemagne".

"Pourquoi ne le rappelez-vous pas à la Grèce mais seulement à la Turquie? Pourquoi mentionnez vous Kavala? Parce que vous vous êtes servis de lui", a-t-il continué, accusant de nouveau l'homme d'affaires et éditeur d'avoir "financé" les grandes manifestations anti-gouvernementales de 2013.

Après quatre ans de détention sans procès, Osman Kavala a été condamné en avril à la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine, accusé de "terrorisme" et de "complot" dans le coup d'Etat raté de 2016.

La cheffe de la diplomatie allemande a par ailleurs mis en garde contre une "attaque préventive" dans le nord de la Syrie.

"Un nouveau conflit ne ferait qu'infliger de nouvelles souffrances à la population et l'instabilité profiterait à Daech", a-t-elle insisté en utilisant l'acronyme arabe pour désigner le groupe Etat islamique.

"La Turquie a le droit de se défendre mais elle ne devrait s'en prendre qu'aux criminels", a-t-elle insisté tout en reconnaissant que "la Turquie fait face depuis des années aux attaques terroristes du PKK", le Parti des Travailleurs du Kurdistan.

Ankara menace depuis deux mois de conduire une opération militaire pour préserver sa frontière sud .

Mme Baerbock arrivait d'Athènes, d'où elle avait appelé la Turquie à respecter la souveraineté grecque sur les îles de la mer Égée, que "Personne n'a le droit de la remettre en question".

En réponse, M. Cavusoglu a estimé que "l'Allemagne devrait garder une position plus nuancée en mer Égée et en Méditerranée orientale et ne pas faire le jeu des provocations et de la propagande grecques et chypriotes". (AFP, 29 juil 2022)

Fenerbahce-Dynamo Kiev: l'ambassadeur d'Ukraine condamne les slogans pro-Poutine

L'ambassadeur d'Ukraine en Turquie, Vasyl Bodnar, a condamné jeudi les slogans chantés par les supporters turcs en faveur du chef de l'Etat russe Vladimir Poutine lors du match entre le Dynamo Kiev et Fenerbahçe mercredi soir à Istanbul.

"Le football est un jeu juste. Le Dynamo Kiev était plus fort hier soir. Il est très triste d'entendre de la part des supporters de Fenerbahçe des mots qui soutiennent l'assassin et l'agresseur qui bombarde notre pays", a réagi en turc Vasyl Bodnar sur Twitter.

"Je suis reconnaissant au peuple ami turc pour leur soutien à l'Ukraine et leurs commentaires sur les actions inappropriées des supporters", a-t-il ajouté.

Le Dynamo Kiev a battu Fenerbahce 2-1 lors du 2e tour des matches de qualification pour la Ligue des champions, progressant au tour suivant.
 Selon la presse turque, l'atmosphère s'est tendue après le premier but du match marqué par le joueur ukrainien Vitaliy Buyalski à la 57e minute.

"Buyalski a montré sa joie de manière provocante. Il a été hué et a reçu un carton jaune", a écrit le journal turc Sozcu, sans donner de détails sur l'attitude du joueur.

Les supporters de Fenerbahçe ont par la suite commencé à chanter le nom du chef de l'Etat russe, selon les vidéos partagés par les réseaux sociaux.

Selon les médias turcs, l'entraineur du Dynamo Kiev Mircea Lucescu a refusé de participer à la conférence de presse prévue après le match.

"Tout a fonctionné selon nos plans et nous avons gagné. Mais nous n'avions pas pris en compte les supporters. Je n'attendais pas à de tels slogans. Quel dommage", a-t-il réagi lors d'une interview télévisée.

Les slogans des supporters Fenerbahçe ont aussi provoqué un tollé sur les réseaux sociaux turcs où de nombreux internautes les ont qualifiés de "honteux".

"J'ai eu honte de ces supporters de Fenerbahçe. Honte à eux. Le Dynamo Kiev voulait cette victoire pour le dédier à leurs soldats qui protègent leur pays. Je les félicite", a écrit sur Twiter le journaliste Cengiz Candar. (AFP, 28 juil 2022)


Méditerranée orientale: la Turquie annonce une nouvelle mission d'exploration gazière

La Turquie a annoncé mercredi une nouvelle phase d'exploration gazière en août en Méditerranée orientale, qui risque de générer de nouvelles tensions avec la Grèce et Chypre.

"Le début des activités de notre nouveau navire de sondage en Méditerranée est envisagé le mois prochain", a déclaré le vice-président turc Fuat Oktay lors d'un discours dans l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN).

"Nous défendons avec détermination nos droits en Méditerranée orientale", a-t-il ajouté.

Athènes et Ankara avaient connu un été de fortes tensions en 2020 après le déploiement par la Turquie de bateaux sismiques, escortés par des navires de guerre, pour procéder à des explorations en Méditerranée orientale, une zone potentiellement riche en gaz naturel.

La Turquie conteste les frontières maritimes en Méditerranée avec la Grèce et Chypre, fixées après le démantèlement de l'Empire ottoman.

Apaisées temporairement après le lancement de pourparlers entre Ankara et Athènes en 2021, les tensions entre les deux pays ont refait surface récemment.

Les deux voisins s'accusent mutuellement de violation de leurs espaces aériens, et la Grèce tente de bloquer la vente par les Etats-Unis à la Turquie de nouveaux avions de combats.

Ankara s'oppose par ailleurs aux explorations de gaz par Chypre, estimant que le gouvernement chypriote n'a pas le droit de les mener sans l'accord des Chypriotes turcs.

L'armée turque a envahi en 1974 Chypre en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher l'île à la Grèce.

Elle occupe depuis le tiers nord de Chypre, autoproclamée en 1983 République turque de Chypre-Nord (RTCN), que seule reconnaît Ankara.

"Ceux qui ont des rêves impossibles en mer Egée et en Méditerranée doivent se rendre compte des réalités. Les ressources en hydrocarbures ne sont pas le jouet des Chypriotes grecs", a affirmé mercredi M. Oktay. (AFP, 20 juil 2022)


L'Italien Draghi évoque l'importance des droits de l'homme auprès d'Erdogan

Le Premier ministre italien Mario Draghi a déclaré mardi avoir évoqué l'importance des droits de l'homme au cours d'une rencontre à Ankara avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

M. Draghi a emmené une large délégation de son gouvernement dans la capitale turque, un an après avoir qualifié M. Erdogan de "dictateur" et s'être ensuite fait infliger une vive rebuffade par le chef de l'Etat turc.

Leur querelle a éclaté dans la continuité d'une discorde diplomatique sur la disposition des sièges au moment de la rencontre de M. Erdogan avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Depuis cet incident, les deux hommes ont eu de brefs entretiens en marge des sommets internationaux de Rome et de Bruxelles. Leur rencontre mardi à Ankara a néanmoins été la première à avoir eu un caractère officiel depuis leur dispute.

Le président turc a personnellement accueilli M. Draghi au cours d'une grande cérémonie au palais présidentiel, au cours de laquelle les deux hommes ont échangé de nombreux sourires, sans jamais évoquer directement leur querelle passée.

Ils ont annoncé la signature de neuf accords pour renforcer la coopération commerciale et militaire entre leurs pays.

"Au cours de notre conversation, nous avons aussi discuté de l'importance du respect des droits de l'homme", a déclaré Mario Draghi, qui a par ailleurs encouragé le "président Erdogan à rejoindre la Convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes (dont s'est retirée la Turquie l'an passé, après d'intenses pressions des membres les plus conservateurs de la coalition au pouvoir, ndlr)".

M. Erdogan n'a pas répondu aux commentaires de son interlocuteur mais a dit espérer que l'Italie ferait montre d'un soutien "plus fort" à la Turquie pour son adhésion à l'Union européenne.

L'inquiétude de la communauté internationale concernant les droits de l'homme en Turquie n'a eu de cesse de croître depuis la tentative avortée de coup d'Etat en 2016, qui a entraîné des purges radicales, avec des dizaines de milliers de personnes emprisonnées ou limogées.

Sur le volet ukrainien, les deux dirigeants ont réaffirmé leur soutien à un règlement diplomatique et à la reprise du transport des céréales à travers la mer Noire.

Le président turc a précisé qu'il espérait "intensifier les négociations" sur les céréales avec la Russie et l'Ukraine, dans les prochains jours. (AFP, 5 juil 2022)

La Suède entre soulagement et inquiétude après l'accord avec la Turquie sur l'Otan

Après l'accord surprise signé avec la Turquie à Madrid sur l'adhésion à l'Otan, la Suède est partagée entre le soulagement et l'inquiétude de partis de gauche et de la communauté kurde sur les concessions faites à Ankara.

"Nous ne nous sommes pas couchés devant (le président turc Recep Tayyip) Erdogan", a affirmé mercredi depuis Madrid la cheffe de la diplomatie suédoise Ann Linde.

"Nous ne procèderons pas à une extradition quand il n'y a pas de preuve d'activité terroriste. Il n'y a aucune raison pour les Kurdes de croire que leurs droits humains ou démocratiques soient menacés", a assuré la ministre des Affaires étrangères dans un entretien au journal Aftonbladet.

Le "mémorandum d'accord" visant à lever le veto turc a été signé avec la Turquie et la Finlande devant les caméras au sommet de l'Otan à Madrid, avec un soulagement visible côté nordique.

Face à une Russie désormais considérée comme une menace depuis son invasion de l'Ukraine, l'inquiétude était de voir le dossier traîner en longueur pendant des mois, repoussant d'autant le parapluie de défense otanien, réservés aux seuls membres de plein droit de l'Alliance atlantique.

Le texte se veut un compromis sur les trois principales exigences d'Ankara: levée des restrictions des exportations d'armes vers la Turquie, changement d'attitude vis-à-vis des groupes kurdes classés comme "terroristes" par Ankara, et extraditions de militants kurdes ou gulénistes résidant dans les deux pays.

Sur les exportations d'armes, de facto bloquées depuis l'invertion militaire turque en Syrie d'octobre 2019, "la Finlande et la Suède confirment qu'il n'y a pas d'embargo national" et Stockholm s'engage à assouplir sa doctrine d'export vis-à-vis des pays membres de l'Otan.

Sur les groupes kurdes, Stockholm et Helsinki confirment qu'ils classent le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) comme une organisation terroriste et s'engagent à "ne pas soutenir" ses alliés des YPG en Syrie.

Quant aux dossiers d'extradition, ils seront examinés "promptement et minutieusement" en "prenant en compte" les renseignements turcs.

- Inquiétudes -

La Suède a-t-elle trop cédé? Deux partis de gauche qui appuient le gouvernement social-démocrate au parlement, ainsi que de nombreux représentants de la communauté kurde - estimée à 100.000 personnes dans le pays scandinave - s'inquiètent.

"Maintenant nous devons jouer cartes sur table. Est-ce-que la Suède doit armer la Turquie dans sa guerre d'agression en Syrie? Est-ce-que des critiques du régime doivent être expulsés?", a affirmé la dirigeante du parti de gauche Nooshi Dadgostar sur Twitter, redoutant de voir son pays se mettre "entre les mains du despote Erdogan".

Les écologistes ont demandé à la ministre Linde de s'expliquer au plus vite devant la commission des Affaires étrangères, jugeant "très inquiétants" les compromis sur les armes et les extraditions.

"Je suis inquiet pour les Kurdes en Suède", a déclaré à l'AFP Kurdo Baksi, militant des droits humains et journaliste suédois d'origine kurde. "Les Kurdes qui ne sont pas encore citoyens suédois et qui ont fui la persécution de la Turquie en Suède vont s'inquiéter pour la suite", redoute-t-il.

Un autre point de préoccupation concerne un éventuel revirement turc. L'encre de l'accord à peine sèche, Ankara a immédiatement réclamé à Stockholm et Helsinki l'extradition de 33 personnes qu'elle soupçonne de "terrorisme".

"Je peux juste espérer que la Turquie ne va pas changer d'opinion en cours de route lors des négociations et de la ratification", a déclaré l'ancien Premier ministre suédois Carl Bildt sur Twitter, relevant "l'imprévisibilité" du comportement diplomatique d'Ankara.

Outre un feu vert lors d'une première phase d'adhésion, tous les 30 membres actuels de l'Otan, dont la Turquie, doivent ensuite ratifier l'entrée de la Suède et la Finlande.

Sauf nouveau blocage, l'automne est considéré comme un horizon réaliste pour une entrée des deux pays dans l'alliance. (AFP, 29 juin 2022)

La Turquie réclame son dû au lendemain de l'accord avec l'Otan

La Turquie a aussitôt réclamé son dû à la Suède et la Finlande en avançant mercredi une demande d'extradition de 33 personnes qu'elle considère comme terroristes, au lendemain de l'accord signé à Madrid avec l'Otan.

Les ministres turcs, suédois et finlandais des Affaires étrangères ont signé mardi soir un mémorandum d'accord ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Alliance atlantique.

Stockholm et Helsinki ont rompu avec des décennies de neutralité pour demander leur adhésion à l'Otan face à la menace russe.

Mais le processus avait été bloqué depuis la mi-mai par Ankara qui exigeait de leur part une "entière coopération" dans la lutte contre le terrorisme.

Ce à quoi les deux pays se sont formellement engagés mardi soir.

"Dans le cadre du nouvel accord, nous allons demander à la Finlande l'extradition de six membres du PKK et six membres de Fetö, et à la Suède d'extrader 10 membres de Fetö et 11 du PKK", a annoncé le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

"Nous allons les appeler à tenir leurs promesses" a-t-il ajouté, selon un communiqué transmis par ses services.

Les noms des 33 personnes réclamées n'ont pas été révélés. "Pas besoin de renvoyer un fichier", a estimé le ministre, laissant entendre que les deux capitales les connaissaient.

Mais le président finlandais, Sauli Niinistö, a rapidement douché les espérances en fin de journée devant la presse: "Toutes ces affaires ont été déjà résolues en Finlande" a-t-il affirmé.

"S'il s'agit d'une décision de justice, nous ne pouvons et nous n'allons rien faire" a-t-il prévenu en estimant que cet accord ne fait en réalité "pas vraiment de différence".

La Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est classé comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Fetö est l'acronyme du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, installé au Etats-Unis et considéré par le président Recep Tayyip Erdogan comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

- Remerciement de Biden -

Les deux mouvements ainsi que plusieurs organisations affiliées au PKK, comme les Unités de protection du peuple (YPG), opérant aux frontières de la Turquie dans le nord de l'Irak et de la Syrie, sont explicitement mentionnées dans le mémorandum.

M. Erdogan s'est réuni mardi soir plusieurs heures durant avec son homologue finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson pour parvenir à cet accord, avant l'ouverture du sommet de l'Otan à Madrid.

Au terme de ce sommet, qui s'est tenu également en présence du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le mémorandum a été présenté, ouvrant la voie à un futur accord formel d'élargissement de l'Alliance face aux menaces de la Russie.

"La confiance au sein de l'Otan ne peut être assurée qu'en garantissant la sécurité de ses membres" a poursuivi le ministre de la Justice, une figure du parti AKP au pouvoir, nommé en janvier dernier.

Le ministre s'est félicité tout particulièrement de voir le mouvement Fetö "reconnu parmi les organisations terroristes" et non seulement le PKK - classé comme tel par l'Union européenne et les Etats-Unis notamment.

"Mais pour nous, il n'est pas suffisant de l'écrire, nous superviserons également la mise en oeuvre de l'accord (...) article par article", a-t-il ajouté.

La Suède accueille une communauté d'environ 100.000 personnes d'origine kurde, pour une partie d'entre elles nées sur place.

La fédération kurde de Finlande avance pour sa part le chiffre de 16.000 Kurdes vivant dans le pays.

"La Turquie a obtenu ce qu'elle voulait", a triomphé mardi soir la présidence turque.

Mercredi soir, le chef de la Maison Blanche Joe Biden a "remercié" M. Erdogan pour son feu vert à l'élargissement de l'Otan lors d'un enretien de plus d'une heure à Madrid.

Mais l'adhésion de la Finlande et de la Suède est loin d'être finalisée. (AFP, 30 juin 2022)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Turkey says Sweden has not yet extradited the “terrorism” suspects despite NATO deal
 
Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu said Sweden has not yet extradited the suspects that Turkey has requested over terrorism charges, despite signing an agreement with Ankara to drop its veto against Stockholm’s NATO membership bid, Reuters reported on Wednesday.

Sweden alongside with Finland applied for joining NATO in May, after Russia’s invasion of Ukraine. Turkey, one of the 30 members of the alliance, raised its objections over the two Nordic countries’ bids, citing their alleged support for terrorism. At the end of June, Ankara lifted its veto following a trilateral memorandum signed with Swedish and Finnish governments, which Stockholm and Helsinki confirmed to address Turkey’s pending deportation or extradition requests of terror suspects. The two NATO candidates also lifted arms embargoes against Turkey that was imposed in 2018 after Ankara’s military operation in northern Syria.

Following the announcement of the deal, Sweden’s Foreign Minister Ann Linde told Swedish daily Aftonbladet that they will not agree to any extraditions unless there is proof of terrorist activity.

“We did not cave in to Turkish President Recep Tayyip Erdoğan,” she said.

However Ankara says that if Sweden and Finland fail to comply with the agreement signed in Madrid, Spain, on the sidelines of a NATO summit, it will not let them into the alliance.

"If these countries do not keep their word, we will take our steps accordingly,” Foreign Minister Cavusoglu told Turkish broadcaster NTV on July 4.

Sweden and Finland’s NATO accession protocols should be ratified by all 30 member countries’ parliaments.

Turkey is seeking the extradition of 73 people in Sweden, and many more in Finland. (GercekNews, 28 July 2022)

Otan: la Turquie annonce une réunion de suivi en août avec la Suède et la Finlande

Une réunion entre la Turquie, la Finlande et la Suède au sujet du processus d'adhésion à l'Otan des deux pays nordiques aura lieu en août, a annoncé jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

Selon le chef de la diplomatie turque, un "comité permanent" réunissant des représentants turcs, suédois et finlandais évaluera la mise en oeuvre ou non des promesses formulées dans un mémorandum signé par les trois pays, fin juin, lors du sommet de l'Otan à Madrid.

"Si ces pays ne mettent pas en oeuvre les points figurant dans le mémorandum (...), notre Parlement ne ratifiera pas le protocole d'adhésion", a prévenu M. Cavusoglu, réitérant une menace formulée lundi par le président Recep Tayyip Erdogan.

La signature de ce mémorandum avait permis de lever le veto d'Ankara à l'entrée des deux pays nordiques dans l'Alliance.

Le texte confirme que Stockholm et Helsinki considèrent le Parti des travailleurs kurdes (PKK) comme une organisation terroriste et que les deux capitales s'engagent à ne pas soutenir divers groupes honnis par Ankara, dont le mouvement armé kurde YPG en Syrie.

La Suède et la Finlande s'engagent également à étudier "promptement et minutieusement" des demandes d'extradition turques.

Lors du sommet de l'Otan à Madrid, M. Erdogan avait sommé les deux pays nordiques de "prendre leur part" dans la lutte contre le terrorisme, dont il accuse les organisations kurdes dans le nord de la Syrie, sous peine de revenir sur l'accord d'élargissement de l'Alliance atlantique. (AFP, 21 juil 2022)

Biden a sur les mains "le sang" des victimes du régime saoudien

Le président américain Joe Biden, qui a rencontré Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite, a "le sang" de la prochaine victime du prince héritier sur les mains, a tweeté vendredi la fiancée de Jamal Khashoggi, journaliste assassiné en 2018.

Imaginant ce que son compagnon aurait tweeté, Hatice Cengiz a écrit en s'adressant à M. Biden: "Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre? Le sang de la prochaine victime de MBS (surnom de Mohammed ben Salmane, NDLR) est sur vos mains".

Jamal Khashoggi, chroniqueur du Washington Post critique du pouvoir saoudien, avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage avec sa fiancée turque.

Après son assassinat, Joe Biden avait promis de réduire la monarchie du Golfe au rang de "paria" et déclassifié un rapport concluant que le prince héritier avait "validé" ce meurtre.

Le président est pourtant arrivé vendredi au palais royal de Jeddah, où il a salué Mohammed ben Salmane d'un "check" du poing, forme de salutations répandue depuis le Covid-19.

"Le premier +check+ entre le président Biden et Mohammed ben Salmane était pire qu'une poignée de mains - cela était honteux", a déclaré Fred Ryan, directeur de la publication du Washington Post.

Ce geste cordial "reflète un niveau d'intimité et d'aise qui offre à MBS la rédemption injustifiée qu'il cherchait", a-t-il ajouté dans un communiqué. (AFP, 15 juil 2022)


Otan: la Suède condamne l'action de députés posant avec le drapeau du PKK

La Première ministre suédoise a déploré mercredi l'action de députés d'un parti de gauche ayant posé avec le drapeau du PKK kurde, au moment où Stockholm s'efforce d'amadouer la Turquie pour entrer dans l'Otan.

"Le PKK est sur la liste des organisations terroristes, pas seulement en Suède mais ausis dans l'UE, et poser avec ce genre de drapeaux est extrêmement déplacé", a affirmé Magdalena Andersson dans une interview à l'agence TT.

La Suède et la Finlande ont signé un accord mardi dernier avec la Turquie qui a levé dans l'immédiat le veto d'Ankara à l'entrée des deux pays nordiques dans l'alliance.

Le texte confirme que Stockholm et Helsinki considèrent le PKK comme une organisation terroriste et que les deux capitales s'engagent à ne pas soutenir divers groupes honnis par Ankara, dont le mouvement armé kurde YPG en Syrie.

La Suède et la Finlande s'engagent également à étudier "promptement et minutieusement" des demandes d'extradition turques.

L'accord a suscité des inquiétudes dans l'importante communauté kurde de Suède et des critiques au sein de partis de gauche suédois, qui accusent le gouvernement d'avoir trop cédé au président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'action de plusieurs parlementaires du parti de gauche a eu lieu mardi lors d'une semaine d'universités d'été des partis politiques suédois sur l'île du Gotland, où on les voit poser avec des drapeaux du PKK, mais aussi des YPG et du mouvement armé de femmes kurdes YPJ.

La députée Lorena Delgado Varas, l'une de ceux qui a posé avec les drapeaux, a déploré l'hypocrisie de Stockholm vis-à-vis des groupes kurdes en Syrie qui ont combattu l'organisation jihadiste de l'Etat islamique.

"Maintenant ils font volte-face, pour se rapprocher du dictateur Erdogan. Tout ça pour joindre l'Otan", a-t-elle écrit sur Twitter.

Hostile à l'adhésion à l'Otan, le parti de Gauche (ex-communiste) est un appui parlementaire de Magdalena Andersson, sans faire partie du gouvernement.

Si la Turquie a donné son feu vert à la première phase de la candidature d'adhésion de la Suède et de la Finlande, le Parlement turc doit encore ratifier cette entrée.

Ankara a prévenu que cette ratification serait conditionnée au respect des engagements pris par Stockholm et Helsinki.

Le président Erdogan avait affirmé la semaine dernière que la Suède avait "promis" d'extrader 73 "terroristes" vivant sur son sol et voulus par Ankara, même si aucun engagement de cette sorte ne figure dans l'accord signé en marge du sommet de l'Otan à Madrid. (AFP, 6 juil 2022)


L'Otan intègre la Suède et la Finlande à sa ligne de défense face à la Russie

L'Otan a enclenché mardi le processus en vue d'intégrer la Suède et la Finlande à une ligne de défense allant de l'Arctique à la Méditerranée face à la Russie, mais la concrétisation de cet objectif dépend d'Ankara.

La signature des protocoles d'adhésion par les ambassadeurs des trente pays membres a ouvert mardi au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles le processus de ratification. "Je compte sur les alliés pour qu'il soit rapide", a lancé Jans Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance, optant néanmoins pour la prudence.

"La dernière fois (pour la Macédoine du Nord), cela a pris douze mois", a-t-il rappelé au cours d'une conférence de presse avec les ministres des Affaires étrangères de Suède et de Finlande, Ann Linde et Pekka Haavisto.

Le Canada a été le premier pays à ratifier dès mardi les deux protocoles d'adhésion. "Nous exhortons tous les pays membres de l'Otan a terminer rapidement leur processus de ratification afin de limiter les possibilités d'ingérence de la part d'adversaires", a plaidé le Premier ministre Justin Trudeau.

L'Estonie doit suivre mercredi, a annoncé sa Première ministre Kaja Kallas. Les parlements du Danemark, de la Norvège et de l'Islande ont également donné leur accord à la ratification.

"Beaucoup d'alliés se sont préparés pour que la ratification soit la plus rapide possible, mais cela va prendre plusieurs mois", a estimé Jens Stoltenberg.

"L'estimation du gouvernement est que le processus de ratification peut prendre un an", a dit la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.

Tout va dépendre de la Turquie. Son président Recep Tayyip Erdogan a donné son accord au sommet de Madrid à la mise en oeuvre de la procédure, mais il a rappelé aux deux candidats les engagements pris.

"S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le protocole d'adhésion) au Parlement" turc en vue de son adoption, mais "s'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au Parlement...", a-t-il prévenu.

M. Erdogan a évoqué une "promesse faite par la Suède" concernant l'extradition de "73 terroristes". Ankara réclame depuis plusieurs années à Stockholm l'extradition de militants kurdes et de personnes proches du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, accusé par les autorités turques d'avoir fomenté la tentative de coup d'État de juillet 2016.

La ministre suédoise Ann Linde a démenti mardi toute promesse faite à la Turquie. "A Madrid, nous n'avons pas parlé de chiffres ni de liste de demandes d'extradition et nous n'avons pas reçu de liste de la Turquie", a-t-elle affirmé.

Mme Linde et son homologue finlandais ont par ailleurs tous deux insisté sur la volonté de leurs gouvernements de se conformer aux procédures judiciaires de leurs pays pour le traitement des demandes d'extradition.

Jens Stoltenberg a cherché à calmer le jeu devant les questions de plus en plus pressantes sur les engagements pris dans la capitale espagnole.

- "De l'Arctique au Sud" -

"La signature des protocoles d'adhésion est un jour historique pour la sécurité euro-atlantique, car l'invasion brutale de l'Ukraine par la Russie a remis en question la paix en Europe", a-t-il insisté. "Il est important que nous soyons solidaires en ces temps dangereux".

Les deux pays nordiques ont confirmé avoir renoncé à leur neutralité et décidé de rejoindre l'Otan à cause de la dégradation de la situation sécuritaire en Europe provoquée par la Russie.

"Notre sécurité collective exige une approche à 360 degrés, de l'Arctique au Sud", a plaidé le Finlandais Pekka Haavisto.

A Madrid, l'Otan a renforcé ses lignes de défense sur son flanc Est, des Pays baltes à la Bulgarie, ainsi que sa présence navale et aérienne en Méditerranée et dans la mer Noire.

Les adhésions de la Suède et de la Finlande vont apporter des "forces considérables" pour consolider ce dispositif dans la Baltique.

Le président russe "Vladimir Poutine a essayé de fermer la porte de l'Otan. Nous lui démontrons qu'elle reste ouverte avec les adhésions de la Suède et de la Finlande", a dit Jens Stoltenberg.

Trois autres pays partenaires ont souhaité rejoindre l'Alliance ces dernières années : la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie et l'Ukraine. En mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était toutefois déclaré prêt à renoncer à cette candidature.

La signature des protocoles d'adhésion accorde le statut de pays invité à la Suède et à la Finlande.
 Mais elles ne bénéficieront pas de la protection de l'article 5 de la Charte de l'Otan en cas d'attaque, tant que les 30 Etats membres n'auront pas ratifié leur adhésion.

Plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se sont engagés à les assister en cas d'agression pendant l'intermède. (AFP, 5 juil 2022)


Otan: la Suède refuse de démentir une "promesse" d'extraditions à la Turquie

La Suède a-t-elle "promis" l'extradition de 73 personnes à la Turquie pour entrer dans l'Otan? La Première ministre suédoise a refusé dimanche de démentir l'affirmation du président turc Erdogan, qui suscite l'embarras dans le pays nordique.

Malgré l'insistance des journalistes et l'inquiétude de réfugiés kurdes ou turcs en Suède, la cheffe du gouvernement Magdalena Andersson n'a pas voulu dire si un tel engagement avait été donné - ou non -
à Ankara pour lever le blocage turc à la candidature de la Suède et de la Finlande.

"J'ai été ministre depuis huit ans et je n'ai jamais parlé de ce qu'il s'est dit à la table des négociations", a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse. "Ce qui me met un peu dans une situation difficile en ce moment", a ajouté la dirigeante sociale-démocrate.

Dans un accord signé par Stockholm et Helsinki mardi lors du sommet de l'Otan à Madrid, les deux pays nordiques s'engagent notamment par écrit à examiner "promptement et minutieusement" les demandes d'extradition turques.

Aucune promesse de procéder effectivement à ces extraditions n'est donnée, et la Finlande et la Suède ont rappelé depuis que le processus dépendait d'autorité et de tribunaux indépendants.

Mais le président turc Erdogan a évoqué jeudi à la fin du sommet de l'Otan une "promesse faite par la Suède" concernant l'extradition de "73 terroristes", menaçant de rebloquer l'adhésion de Stockholm à l'Alliance atlantique si les engagements n'étaient pas tenus.

Pressée à plusieurs reprises dimanche de dire si une telle promesse avait été donnée, Mme Andersson s'est contentée de répéter la position de son pays: la Suède continuera à respecter le droit national et international, aucun ressortissant suédois ne sera extradé, la décision reviendra à des autorités et des tribunaux indépendants...

"Si vous n'êtes pas impliqué dans des activités terroristes, vous n'avez pas d'inquiétude à avoir", a-t-elle réaffirmé.

La dirigeante suédoise tenait sa première conférence de presse depuis son retour du sommet, lors d'une visite sur l'île du Gotland en mer Baltique.

Celle-ci abrite chaque début juillet une semaine politique rassemblant notammment les chefs de partis. Mais c'est aussi un des lieux que l'armée suédoise va encore renforcer militairement après l'invasion russe de l'Ukraine et la décision suédoise d'entrer dans l'Otan. (AFP, 3 juil 2022)


Adhésion à l'Otan: Erdogan menace de nouveau la Suède et la Finlande

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan, moins de quarante-huit heures après l'accord entre les trois pays.

S'adressant à la presse en clôture du sommet de l'Alliance atlantique, à Madrid, il a sommé les deux pays nordiques de "prendre leur part" dans la lutte contre le terrorisme sous peine d'enterrer le mémorandum signé mardi soir.

Depuis mi-mai, Ankara bloque le processus d'élargissement aux deux pays en les accusant de protéger des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), qu'il classe parmi les mouvements terroristes.

Mais mardi soir, les gouvernements turcs, suédois et finlandais ont signé un mémorandum d'accord ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Alliance atlantique.

Jeudi, le président turc s'est exprimé pour la première fois depuis cette signature surprise. Et il a posé ses conditions.

"S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le mémorandum) au parlement" en vue de son adoption. "S'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au parlement...", a-t-il prévenu.

M. Erdogan a évoqué une "promesse faite par la Suède" concernant l'extradition de "73 terroristes". "Ils les renverront, ils l'ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse", a-t-il ajouté sans plus de détail.

Le chef de l'Etat turc a également appelé la Finlande et la Suède à "compléter leurs lois" concernant la présence sur leur sol de membres du PKK et des YPG, qui opèrent aux frontières de la Turquie dans le nord de l'Irak et de la Syrie.

"Ce qui importe, c'est que les promesses données à la Turquie soient tenues", a-t-il insisté.

- "Chantage" -

Au centre de toutes les attentions à l'ouverture du sommet de Madrid, alors qu'il menaçait d'opposer son veto à l'adhésion des deux pays, le président turc y est ainsi revenu en clôture.

Dans les couloirs du sommet, une source diplomatique européenne n'a pas hésité à parler de "chantage" à propos du chef de l'Etat turc qui a, d'autorité jeudi, occupé la scène de la plus grande salle de presse du sommet, succédant au chef de la Maison Blanche, Joe Biden.

Selon le mémorandum signé mardi, la Turquie lève son veto à l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan en échange de leur coopération contre les membres des mouvements kurdes concernés.

Dès le lendemain, Ankara a réclamé son dû, exigeant de la Suède et de la Finlande l'extradition de 33 "terroristes".

Toutes sont membres du PKK, considéré comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ou du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, que M. Erdogan accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d'État de juillet 2016.

La demande avait été accueillie froidement à Helsinki et Stockholm.

"Toutes ces affaires ont été déjà résolues en Finlande", avait commenté le président finlandais, Sauli Niinistö.

- "Intenable" -

Le ministère finlandais de la Justice a de son côté précisé n'avoir "pas reçu de nouvelles demandes d'extraditions de la Turquie ces derniers jours".

La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a pour sa part promis mercredi "de coopérer plus étroitement avec la Turquie concernant les listes des (combattants) du PKK".

"Mais nous continuerons bien sûr de respecter la loi suédoise et le droit international", ajoutait-elle dans un message posté sur Instagram.

A l'annonce des 73 extraditions évoquées jeudi par M. Erdogan, la cheffe du parti de Gauche, une des formations qui appuient le gouvernement social-démocrate suédois au Parlement, a demandé des explications:

Mme "Andersson doit clarifier ce sur quoi le gouvernement s'est ou ne s'est pas mis d'accord avec Erdogan", a lancé Nooshi Dadgostar sur Twitter. "Cette situation est intenable." (AFP, 30 juin 2022)


Ankara lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan

Obstacle depuis la mi-mai à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fini par lever son veto mardi, évitant un revers à l'Alliance qui ouvre son sommet à Madrid.

"Je suis ravi d'annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan" et qui répond "aux inquiétudes de la Turquie sur les exportations d'armes et sur la lutte contre le terrorisme", a déclaré le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg devant la presse.

Les membres de l'Otan vont donc pouvoir "inviter" officiellement mercredi les deux pays nordiques à rejoindre l'Alliance, a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié par la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a "félicité la Turquie, la Finlande et la Suède" pour la signature de cet accord. L'intégration de la Finlande et de la Suède va "renforcer la sécurité collective de l'Otan et va bénéficier à l'ensemble de l'Alliance transatlantique", a écrit M. Biden. "Alors que nous commençons ce sommet historique à Madrid, notre Alliance est forte, plus unie et plus déterminée que jamais", a-t-il poursuivi.

L'entrée formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 Etats membres de l'Alliance, est un long processus qui prend des mois.

Après plusieurs salves de négociations ces dernières semaines, l'homme fort d'Ankara s'était réuni plusieurs heures dès son arrivée à Madrid avec son homologue finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.

Avant la signature formelle d'un accord dont M. Stoltenberg a ensuite rendu compte devant la presse.

 - Ankara a eu "ce qu'elle voulait" -

La Turquie bloquait l'adhésion de la Suède et de la Finlande car elle les accusait d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'elle considère comme "terroriste".

Elle dénonçait également la présence dans ces pays de partisans du prédicateur Fethullah Gülen, soupçonné d'avoir orchestré une tentative de coup d'État en Turquie en juillet 2016.

Et exigeait par ailleurs la levée des blocages d'exportations d'armes décidés à son encontre par Stockholm après l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie en octobre 2019.

Selon M. Stoltenberg, dans le cadre de cet accord, les deux pays nordiques se sont engagés à "renforcer leur coopération" en matière de lutte contre le terrorisme avec Ankara et à s'entendre sur des "extraditions" de membres d'organisations kurdes que la Turquie considère comme "terroristes".

"La Turquie a obtenu ce qu'elle voulait", c'est-à-dire la "pleine coopération" des pays nordiques contre le PKK et ses alliés, a déclaré la présidence turque dans son communiqué.

Dans un entretien avec l'AFP, Magdalena Andersson a salué une "étape très importante pour l'Otan" car les deux pays nordiques, qui ont décidé d'abandonner leur neutralité depuis l'invasion russe de l'Ukraine, "seront pourvoyeurs de sécurité au sein" de l'Alliance.

- "Pas de concessions" de Washington -

Ce feu vert d'Ankara à l'entrée des deux pays nordiques avait été immédiatement salué par un haut responsable de la Maison Blanche, selon lequel il donne un "élan puissant" à l'unité occidentale en cette période troublée par la guerre en Ukraine.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé pour sa part que l'adhésion des deux pays nordiques allait rendre l'Alliance "plus forte et plus sûre".

Washington a affirmé que la Turquie n'a pas fait "de demande particulière de concessions aux Américains" pour lever son opposition à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan.

M. Erdogan doit rencontrer mercredi Joe Biden en marge du sommet.

Avant de partir pour Madrid, le président turc avait souligné que le "sujet le plus important" entre Ankara et Washington était "celui des F-16", en référence aux avions de chasse commandés et partiellement payés par Ankara, mais dont Washington a suspendu le contrat de livraison après que la Turquie a acquis un système de défense russe S-400.

La dernière rencontre entre MM. Biden et Erdogan, après des mois de brouille entre Ankara et Washington, remonte au mois d'octobre dernier à Rome, en marge du G-20, le sommet des 20 pays les plus industrialisés. (AFP, 28 juin 2022)


Relations régionales / Regional Relations

Céréales : le centre de coordination des exportations ukrainiennes ouvre à Istanbul

Le Centre de coordination conjointe (CCC), chargé du contrôle des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, a été officiellement inauguré mercredi à Istanbul, conformément aux accords signés le 22 juillet.

Le centre, installé au sein d'une Académie militaire, sera dirigé par un nombre égal -cinq- de "représentants de la Russie, de l'Ukraine et de l'ONU, ainsi que de la Turquie, tant militaires que civils", soit une vingtaine au total, a précisé le ministre turc de la Défense Hulusi Akar au cours d'une brève cérémonie.

En vertu des accords signés pour quatre mois entre la Russie et l'Ukraine, via une médiation de la Turquie et sous l'égide de l'ONU, le CCC sera chargé des inspections de navires au départ et à l'arrivée à Istanbul afin de garantir qu'ils ne transportent rien d'autre que des céréales.

Quelque 25 millions de tonnes de céréales, en particulier de blé, restés bloqués dans les ports d'Ukraine par l'invasion russe depuis le 24 février, font cruellement défaut aux marchés mondiaux.

Selon M. Akar, les convois partiront des ports d'Odessa, de Tchernomorsk et de Yuzni. "La préparation et la planification des premiers départs se poursuivent", a-t-il assuré.

Ces trois ports ukrainiens ont d'ailleurs "repris le travail", a annoncé simultanément la marine ukrainienne.

Précisant qu'il n'y aurait "aucune présence militaire" autour de ces convois, M. Akar a énuméré les différentes tâches incombant au CCC.

Cet organisme doit immatriculer et suivre les navires marchands qui participeront aux convois, assurer leur suivi via internet et par satellite, faire inspecter les bateaux "par des équipes conjointes aux endroits appropriés" au moment du chargement dans les ports ukrainiens et à leur arrivée dans les ports turcs.

En cas de nécessité, le déminage sera décidé et organisé "par les parties". "Cependant", a ajouté le ministre, on n'en a "pas besoin à ce stade".

Pour l'ancien amiral américain Fred Kenney, qui représentera les Nations unies, "la première fonction" de ce nouveau dispositif est de "garantir aux cargos une navigation sûre. Tout sera fait en ce sens".

"L'accord couvre les céréales, les produits alimentaires et les engrais", a-t-il ajouté, sans pouvoir préciser s'il s'applique aussi aux denrées en provenance de Russie.

Ce pays a exigé de pouvoir exporter ses propres produits agricoles sans qu'ils soient soumis aux sanctions occidentales.

Un porte-parole adjoint du ministère russe des Affaires étrangères Ivan Netchaïev s'est montré rassurant mercredi : "Nous sommes fidèles aux obligations et comptons sur la mise en oeuvre effective des accords d'Istanbul".

Mais il a rappelé que "la question des exportations de blé ukrainien et celle de la normalisation des exportations russes" devaient être réglées "en lien l'une avec l'autre".

"Ceux qui travailleront ici savent que les yeux du monde entier sont rivés sur eux", a insisté le ministre turc, en espérant que le CCC "contribuera au mieux à répondre aux besoins humanitaires et à la paix collective".

Après une frappe russe sur Odessa samedi matin, au lendemain de la signature de l'accord sur les exportations, la Turquie s'était dite "inquiète".

"L'attaque d'Odessa a inquiété tout le monde", a répété mercredi matin le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

"Ce n'est pas le genre d'attaque à empêcher le port de fonctionner. Mais ça ne doit pas se répéter. Nous espérons que l'accord va pouvoir fonctionner sans problème", a-t-il souligné. (AFP, 27 juil 2022)

Irak: le secteur du consulat de Turquie visé par des tirs de roquettes à Mossoul

Des tirs de roquettes ont visé les abords du consulat de Turquie mercredi à Mossoul, ville du nord de l'Irak, ont indiqué à l'AFP une source sécuritaire et un député, faisant des dégâts matériels dans le secteur.

Ces tirs nocturnes sont survenus quelques jours après que l'Irak a accusé la Turquie d'avoir bombardé le 20 juillet une station touristique dans la région du Kurdistan irakien (nord), tuant 9 civils et en blessant 23 autres.

Après cette attaque, l'Irak a exigé que la Turquie retire ses forces de son territoire et rappelé son chargé d'affaires à Ankara, dénonçant une "violation flagrante" de sa souveraineté.

La Turquie a nié toute responsabilité dans l'attaque de la station touristique, accusant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc), qui mène une insurrection contre Ankara depuis 1984 et opère depuis des bases arrière dans le nord de l'Irak, où il est régulièrement pris pour cible par l'armée turque.

Selon une source sécuritaire, "quatre obus de mortier sont tombés dans la nuit de mardi à mercredi à proximité du consulat de Turquie à Mossoul dans la zone d'al-Hadba, sans pertes humaines mais seulement des dégâts matériels mineurs".

Ces tirs n'ont pas été revendiqués.

Le consulat de Turquie est situé dans un quartier résidentiel, où des dégâts sont apparus sur une voiture civile garée à une centaine de mètres du consulat, selon un vidéaste de l'AFP, alors que les vitres d'une des maisons étaient brisées.

- "Très grave" -

"Nous avons entendu un bombardement à minuit (...) quatre ou cinq roquettes sont tombées devant chez nous", raconte à l'AFP Zaid Jamal, un habitant de 25 ans: "On dit que les tirs visaient le consulat turc, mais en fait ce sont les résidents qui ont été bombardés (...) certaines familles ont dû quitter leurs foyers" après les tirs.

De son côté, le député de la province de Ninive dont Mossoul est le chef-lieu, Shirwan Dobardani, a confirmé que "quatre roquettes étaient tombées dans le secteur du consulat dans la zone des appartements Al-Hadba, au nord de Mossoul", faisant état de "dégâts matériels sur un nombre de voitures d'habitants."

Pour sa part, le ministère turc des Affaires étrangères a dénoncé "l'attaque ayant eu lieu contre le consulat général à Mossoul aux premières heures du 27 juillet", dans un communiqué publié mercredi, appelant "les autorités irakiennes à (...) protéger les missions diplomatiques et consulaires (...) et amener le plus tôt possible les auteurs de l'attaque devant la justice."

Ankara considère, selon ce communiqué, "très grave" que l'attaque ait eu lieu au moment où le "Conseil de sécurité de l'ONU tenait une réunion à la demande des autorités irakiennes alors que notre pays est accusé injustement."

Lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, Bagdad a de nouveau condamné mardi "la présence illégale des forces militaires turques sur le territoire irakienne", selon un communiqué du ministère irakien des Affaires étrangères..

L'Irak, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Fouad Hussein, a dénoncé "la décision du Parlement turc prise en octobre 2021 de prolonger la présence de ses forces en Irak pour une durée de deux ans". (AFP, 27 juil 2022)

L'accord sur les céréales ukrainiennes signé à Istanbul

L'Ukraine et la Russie ont fini vendredi par signer, avec la Turquie et l'Onu, l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes en mer Noire, lors d'une cérémonie inédite entre pays en guerre.

Kiev et Moscou ont paraphé deux textes identiques mais séparés, à la demande de l'Ukraine qui refusait de co-signer un document avec la Russie.

Les quatre délégations se sont retrouvées au palais de Dolmabahçe, sur les rives du Bosphore à Istanbul, en présence du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du président turc Recep Tayyip Erdogan, des ministres turc et russe de la Défense et du ministre ukrainien des Infrastructures.

La cérémonie, brève, s'est déroulée sous les drapeaux des protagonistes, ceux de la Russie et de l'Ukraine soigneusement séparés par les bannières bleue de l'Onu et rouge de la Turquie, qui s'offre en médiatrice depuis le début de l'invasion russe le 24 février.

Cet accord de deux pages, âprement négocié depuis avril sous l'impulsion de M. Guterres, va soulager les pays dépendants des marchés russe et ukrainien - 30% du commerce mondial du blé à eux deux.

Le patron de l'Onu a remercié la Russie et l'Ukraine d'avoir "surmonté leurs divergences pour faire place à une initiative au service de tous".

Maintenant, l'accord "doit être pleinement mis en oeuvre", a-t-il plaidé.

M. Erdogan a reconnu que cet accord n'avait "pas été facile" à obtenir, tout en affirmant que, près de cinq mois après le début du conflit, il "renfor[çait] l'espoir de mettre fin à cette guerre".

Dans la foulée, la Turquie s'est dite "prête" à aider au déminage en mer Noire pour faciliter la mise en oeuvre de l'accord.

Quelque 25 millions de tonnes de céréales sont entassées dans les silos ukrainiens, alors que 47 millions de personnes supplémentaires sont exposées à "une faim aiguë" depuis le début de la guerre, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

- "Sans précédent" -

A quelques heures de la cérémonie, l'Ukraine avait précisé qu'elle ne signerait "aucun document avec la Russie", mais uniquement avec la Turquie et l'ONU. Les ministres russe et ukrainien ont ainsi paraphé tour à tour un accord identique avec ces deux parties.

M. Guterres a toutefois relevé le caractère "sans précédent" de cet accord conclu entre deux belligérants.

Selon l'accord, publié en ligne par le chef adjoint du cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, un "couloir humanitaire maritime" permettra la circulation des cargos en mer Noire au départ et l'arrivée des ports ukrainiens d'Odessa, de Pivdenny et de Tchornomorsk.

"Les parties ne mèneront aucune attaque contre les navires marchands", indique le texte.

Les négociateurs ont renoncé à nettoyer la mer Noire des mines - principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes: "Déminer aurait pris trop de temps", a justifié un responsable des Nations unies ayant requis l'anonymat, qui a précisé que des "pilotes ukrainiens" ouvriraient la voie aux cargos dans les eaux territoriales.

L'accord, valable "120 jours", sera "renouvelé automatiquement", sauf opposition de l'une des parties.

Un centre de coordination conjoint (CCC) doit être établi dès ce week-end à Istanbul avec des représentants de toutes les parties "à l'entrée et à la sortie" du détroit du Bosphore sous le contrôle du CCC afin de répondre aux inquiétudes de Moscou, qui veut avoir la garantie que les cargos ne livreront pas d'armes à l'Ukraine.

- "Pas confiance en la Russie" -

Un premier cycle de négociations entre experts militaires des trois pays et de l'ONU avait eu lieu le 13 juillet à Istanbul, d'où avait percé un certain optimisme.

Puis l'incertitude l'avait emporté après des exigences formulées par Moscou à l'issue du sommet tripartite Iran-Russie-Turquie mardi à Téhéran.

La Russie a finalement obtenu la garantie que les sanctions occidentales ne s'appliqueront pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d'engrais.

En outre, a indiqué un diplomate à New York, les Etats-Unis ont offert des "garanties" afin que des bateaux de gros tonnage soient fournis à la Russie pour faciliter l'exportation de ses céréales et de ses engrais.

En raison des sanctions, les sociétés logistiques internationales possédant de tels bâtiments rechignent à travailler pour Moscou.

Les Etats-Unis avaient salué jeudi l'accord et prévenu qu'ils tenaient "la Russie pour responsable de (sa) mise en oeuvre".

Mais la méfiance reste de mise à Kiev: "Nous avons confiance en l'ONU" mais "pas [en] la Russie", a déclaré vendredi soir le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. (AFP, 22 juil 2022)

L'Irak demande à la Turquie de libérer plus d'eau en amont des fleuves

L'Irak a demandé samedi à la Turquie voisine de libérer en amont des quantités d'eau plus importantes dans le Tigre et l'Euphrate qui traversent ces deux pays confrontés à la sécheresse et souvent en désaccord sur la gestion des ressources hydriques.

Bagdad se plaint régulièrement des barrages construits en amont chez ses voisins et qui réduisent le débit des cours d'eau à leur arrivée en Irak. Les autorités présentent l'Irak comme un des cinq pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique et à la désertification.

Samedi, le ministre irakien des Ressources hydriques Mehdi al-Hamdani s'est entretenu par visioconférence avec le représentant spécial du président turc pour l'Irak, Veysel Eroglu.

Les deux responsables ont discuté "des quantités d'eau arrivant en Irak par les fleuves Tigre et Euphrate" qui prennent leurs sources en Turquie, selon un communiqué irakien. "Le ministre Hamdani a demandé à la partie turque de réexaminer les quantités d'eau libérées, de manière à permettre à l'Irak de surmonter la pénurie d'eau actuelle".

Cité par le communiqué irakien, le responsable turc s'est dit disposé à faire passer le message aux services hydriques à Ankara pour "augmenter les quantités d'eau libérées dans les jours à venir, en fonction des réserves disponibles" côté turc.

Les deux parties se sont entendues sur la visite prochaine d'une "délégation technique irakienne" qui serait autorisée à "évaluer sur site les réserves d'eau aux barrages turcs".

Ce dossier alimente les tensions entre Bagdad et Ankara. Mardi, l'ambassadeur de Turquie en Irak, Ali Riza Güney, a provoqué l'indignation avec ses déclarations accusant les Irakiens d'une mauvaise gestion de leurs ressources hydriques.

"L'eau est fortement gaspillée en Irak", a-t-il estimé sur Twitter, plaidant pour "des mesures immédiates pour réduire ce gaspillage" et évoquant notamment "la modernisation des systèmes d'irrigation".

Le ministre des Ressources hydriques irakien a rétorqué qu'Ankara s'arrogeait "le droit de réduire le quota d'eau de l'Irak".

Avec des précipitations en baisse, l'Irak a connu trois années de sécheresses successives. Les autorités ont réduit de moitié les zones agricoles cultivées dans le pays de 42 millions d'habitants.

"Les réserves en eau ont baissé de 60% par rapport à l'année dernière", assurait mercredi un responsable gouvernemental cité par l'agence de presse irakienne INA. Selon ses chiffres, le niveau des eaux arrivant du Tigre et de l'Euphrate était à 35% de la quantité moyenne arrivant dans le pays ces cent dernières années. (AFP, 16 juil 2022)


Le Kremlin annonce un sommet Poutine-Raïssi-Erdogan sur la Syrie à Téhéran

Les présidents de la Russie, de la Turquie et de l'Iran vont se réunir le 19 juillet à Téhéran pour un sommet sur la Syrie et des discussions bilatérales, a annoncé mardi le Kremlin.

Il s'agira du deuxième déplacement de Vladimir Poutine à l'étranger depuis le lancement de son offensive en Ukraine, fin février.

La visite du président Vladimir Poutine à Téhéran le 19 juillet "est en train d'être préparée", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

M. Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le dirigeant iranien Ebrahim Raïssi participeront à "une réunion des chefs d'Etat garants du processus de paix" en Syrie, a déclaré M. Peskov.

"En sus de cette réunion tripartite, il y aura également un entretien bilatéral avec Erdogan" le même jour, a poursuivi M. Peskov, sans donner de précision, alors que des pourparlers impliquant la Turquie sont en cours pour permettre aux céréales ukrainiennes d'être exportées par la mer Noire.

La Russie, la Turquie et l'Iran sont trois acteurs majeurs dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Ils ont lancé en 2017 le processus dit d'Astana, qui visait officiellement à ramener la paix dans ce pays.

L'annonce du sommet la semaine prochaine intervient au lendemain d'un accord à l'ONU portant sur l'extension pour six mois d'un mécanisme d'aide transfrontalière à la Syrie, dont Moscou avait initialement bloqué le renouvellement.

La réunion de Téhéran se tiendra aussi alors que M. Erdogan, qui bat le rappel de sa base électorale avant un scrutin présidentiel annoncé comme difficile l'an prochain, menace depuis des semaines de lancer une nouvelle opération militaire contre des combattants prokurdes dans le nord de la Syrie.

Outre la Syrie, la rencontre bilatérale entre MM. Poutine et Erdogan devrait être dominée par des discussions sur l'offensive russe en Ukraine.

La Turquie, qui s'efforce d'entretenir de bons rapports avec Kiev et Moscou et se pose en médiatrice, a plusieurs fois proposé son aide pour exporter, via des couloirs maritimes sûrs, les céréales ukrainiennes bloquées en raison du conflit.

Cette proposition n'a été soutenue que d'une manière limitée tant par la Russie que par l'Ukraine. (AFP, 12 juil 2022)


La  Turquie soupçonnée de faciliter le vol du blé ukrainien

Le Jibek Joly, battant pavillon russe, était immobilisé dans le port de Karasu, près d’Istanbul, depuis le 3 juillet. À son bord, 7 000 tonnes de céréales que l’Ukraine estime volées dans les territoires nouvellement occupés. Kiev avait demandé à Ankara d’arrêter le cargo. Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, il a repris sa route, transpondeur éteint. Et ce jeudi, il est rentré dans les eaux territoriales de la Fédération de Russie. Le sort de sa cargaison n’est pas connu.
 
Le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleh Nikolenko, a regretté sur Twitter que le bateau ait pu reprendre sa route "malgré les preuves […] présentées aux autorités turques".
 
Le cas du Jibek Joly a attiré une forte attention politique car le cargo a été le premier à accoster dans le port ukrainien de Berdiansk depuis le début de l'occupation. Pourtant, le vaisseau n'est que l'un d'une vingtaine de navires décelés depuis début mars qui transportent des céréales estimées volées. Des logiciels de suivi des navires tels que Marine Traffic ont recensé plusieurs va-et-vient à partir du port de Sébastopol.
 
À en croire les prises de vue satellite de Maxar Technologies, ces cargos sont chargés de céréales qui "ne peuvent provenir que des terres arables occupées", constate Taras Visotskiy, vice-ministre de l'Agriculture ukrainien. "La Crimée ne recevait pas d'eau avant que les militaires russes ne rouvrent le canal de distribution, le 24 février. Donc la mauvaise récolte criméenne ne peut suffire à remplir ces bateaux."Globalement, Kiev accuse la Russie d'avoir volé 600 000 tonnes de céréales.
 
Certains cargos partis de Crimée ravitaillent directement la Syrie où Vladimir Poutine soutient le régime meurtrier de Bachar al-Assad. Si ces livraisons soulèvent l’indignation, les arrivées de navires russes en Turquie suscitent, elles, des interrogations.
 
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait en effet affirmé qu'il n'autoriserait pas "du blé ukrainien volé à venir" dans son pays. De fait, la Turquie défend l'intégrité territoriale de l'Ukraine en lui livrant des drones de combat.
 
Ankara se positionne aussi comme médiateur dans un processus de paix encore hypothétique ou des négociations sur l'exportation du blé ukrainien pour prévenir une crise alimentaire mondiale. Le président Erdogan a d'ailleurs promis des résultats "prochainement" concernant la création d'un corridor d'exportation depuis les ports d'Odessa. Une position de facilitateur qui pourrait être remise en cause s'il s'avère que la Turquie importe elle-même des céréales volées. (La Libre Belgique, 8 juil 2022)


Une offensive turque en Syrie "déstabiliserait la région", avertit l'Iran

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a averti samedi que toute action militaire de la Turquie en Syrie déstabiliserait la région, à l'heure ou Ankara menace d'y lancer une offensive.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé à plusieurs reprises depuis fin mai de mener une nouvelle opération militaire contre deux localités du nord de la Syrie, visant des combattants kurdes qu'il qualifie de "terroristes".

Le gouvernement syrien est opposé à une telle offensive dans cette partie de la Syrie dont il a perdu le contrôle pendant la guerre déclenchée en 2011.

"Toute action militaire turque dans le nord de la Syrie serait un élément déstabilisateur dans la région", a déclaré Amir-Abdollahian lors d'une conférence de presse à Damas, dont les propos en persan ont été traduits simultanément en arabe.

Le ministre des Affaires étrangères iranien a été reçu à Damas par le président syrien Bachar al-Assad.

M. Assad, cité dans un communiqué, a jugé "nulles" les "allégations turques pour justifier son offensive en territoire syrien". Selon lui, elles "violent les dispositions de la Charte des Nations unies et les principes du droit international".

"Ce régime attaque le territoire syrien dès que l'armée syrienne progresse contre des organisations terroristes", ajoute le communiqué.

Dans la matinée, Amir-Abdollahian, cité par l'agence officielle Irna, a indiqué que son voyage en Syrie "avait notamment pour but d'établir la paix et la sécurité dans la région entre la Syrie et la Turquie".

Le chef de la diplomatie iranienne avait effectué lundi une visite à Ankara où il avait dit "comprendre" la nécessité d'une nouvelle opération militaire turque contre des combattants kurdes en Syrie.

Téhéran comme Ankara sont hostiles aux séparatistes kurdes qui mènent des opérations tant en Turquie qu'en Iran. Mais la République islamique est également un puissant allié du régime du Bachar al-Assad et défend l'intégrité de la Syrie, dont une partie est sous le contrôle des groupes armés kurdes.

Les deux localités contre lesquelles la Turquie veut lancer son opération, Tal Rifaat et Manbij, font partie d'une "zone de sécurité" de 30 km qu'Ankara souhaite mettre en place le long de la frontière turco-syrienne.

Les Etats-Unis ont multiplié les mises en garde contre une offensive turque qui risque à leurs yeux de déstabiliser la région et mettre en péril la lutte antijihadistes. (AFP, 2 juil 2022)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

La Turquie reprendra les explorations gazières en Méditerranée le 9 août

La Turquie reprendra ses explorations gazières controversées en Méditerranée orientale le 9 août, a annoncé mardi soir le ministère de l'Energie, au risque de nouvelles tensions avec la Grèce et Chypre.

"Le bateau turc de sondage Adbulhamid Han entamera une mission en Méditerranée le 9 août au départ du port de Mersin" (sud), a indiqué le ministère dans un communiqué.

La destination du bâtiment n'a pas été précisée mardi mais Ankara avait laissé entendre une reprise imminente de ses activités en Méditerranée orientale la semaine dernière, dans un discours du vice-président Fuat Oktay prononcé lors d'une visite dans l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN).

"Nous défendons avec détermination nos droits en Méditerranée orientale", avait-il prévenu.

Athènes et Ankara avaient connu un été de fortes tensions en 2020 après le déploiement par la Turquie de bateaux sismiques, escortés par des navires de guerre, pour procéder à des explorations en Méditerranée orientale, une zone potentiellement riche en gaz naturel.

La Turquie conteste les frontières maritimes en Méditerranée avec la Grèce et Chypre, fixées après le démantèlement de l'Empire ottoman.

Apaisées temporairement après le lancement de pourparlers entre Ankara et Athènes en 2021, les tensions entre les deux pays ont refait surface récemment chacun s'accusant, notamment, mutuellement de violer leur espace aérien.

La Grèce tente de bloquer la vente par les Etats-Unis à la Turquie de nouveaux avions de combats.

Ankara s'oppose par ailleurs aux explorations de gaz par Chypre, estimant que le gouvernement chypriote n'a pas le droit de les mener sans l'accord des Chypriotes turcs.

L'armée turque a envahi en 1974 Chypre en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher l'île à la Grèce.

Elle occupe depuis le tiers nord de Chypre, autoproclamée en 1983 République turque de Chypre-Nord (RTCN), que seule reconnaît Ankara. (AFP, 26 juil 2022)

Dans l’attente de la nouvelle provocation d’Erdogan à Chypre

Pour Athènes et Nicosie, le 20 juillet est la journée de tous les dangers. Celle où les deux capitales se demandent quelle sera la nouvelle provocation du président turc, comment l’anticiper et, le cas échéant, comment riposter.

En 1974, c’est ce jour que l’armée turque avait envahi le nord de Chypre en réponse à un coup d’État de nationalistes grecs et chypriotes visant à rattacher l’île à la Grèce. Depuis, Ankara a instrumentalisé la question, notamment dans le cadre de la radicalisation de la politique étrangère de Recep Tayyip Erdogan.

Conforter l’empreinte turque sur l’île

En 2020, il a ainsi profité de cette date "anniversaire" pour contester, bâtiments militaires à l'appui, la souveraineté grecque et chypriote dans la Zone d'exploitation maritime (AOZ) du sud-est de la mer Égée afin "de défendre les intérêts des Chypriotes turcs sur la question des hydrocarbures découverts dans la région". Jamais les trois pays n'avaient été aussi proches d'un affrontement armé.

Un an plus tard, le même Erdogan a annoncé la fin des pourparlers intercommunautaires en vue de réunifier l’île divisée depuis 1974 en un secteur chypriote turc au nord autoproclamé plus tard République turque du nord de Chypre (RTCN), et la République chypriote au Sud, la seule reconnue internationalement.

Dans la foulée, il s'était rendu en grande pompe dans la ville fantôme de Varosha, anciennement ville chypriote grecque, interdite à tous depuis 48 ans et sous contrôle de l'armée turque, pour clouter "la souveraineté"chypriote turque de cette ville symbole où vivaient 44 000 chypriotes grecs jusqu'en août 1974. L'Onu présente sur l'île depuis 1963 en a été dépossédée. Or jusqu'alors, Varosha faisait partie intégrante des négociations intercommunautaires menées sous l'égide… de l'Onu.

Cette année le président turc se rend à nouveau en RTCN, après un sommet à Téhéran mardi. Officiellement, il s’agit d’inaugurer le nouvel aéroport Ercan. La presse grecque évoque toutefois une ouverture de Varosha à l’installation de colons chypriotes turcs et d’entrepreneurs turcs et européens dans le but d’en faire le Las Vegas de la région. Certains vont jusqu’à redouter une annexion du nord de l’île à la Turquie dans le cadre de la politique expansionniste d’Erdogan.

Une crainte rejetée par les pragmatiques. Néanmoins, ni la bronca internationale, ni la condamnation de l’Onu n’ont empêché Erdogan d’aller de l’avant dans sa redéfinition agressive des équilibres géopolitiques dans la région. Cette annexion serait d’autant plus aisée que le nord de Chypre dépend administrativement de la "mère patrie" depuis presque deux ans déjà.

Pour une diplomate occidentale spécialiste de la Turquie, qui préfère garder l'anonymat, "une telle éventualité est peu probable, vu les répercussions internationales, mais peut-être s'en moque-t-il". Selon elle, le danger est qu'à l'ombre de la guerre en Ukraine ce coup de force ou tout autre coup de force "passe inaperçu" ou encore que l'Otan, dont la Grèce et la Turquie font partie, ferme les yeux. La Turquie est la plus grande force terrestre de l'Alliance atlantique dans la région. Ankara est aussi un médiateur crucial entre Kiev et Moscou, notamment sur la question de l'exportation du blé.

Chypre, Ukraine même combat ?

Pour Athènes, l’invasion russe en Ukraine a d’un côté ruiné tous ses efforts visant à isoler la Turquie sur la scène internationale au moment très opportun où le président français déclarait l’Otan en situation "de mort cérébrale". D’un autre côté, les Grecs y voient l’occasion d’établir un parallèle entre l’invasion de l’Ukraine et celle de Chypre, membre de l’Union européenne dont 33 % du territoire est toujours sous occupation de l’armée turque.

Pour augmenter leurs chances, Athènes et Nicosie n’ont pas hésité à adopter la politique des sanctions économiques contre la Russie. Pourtant la facture est lourde pour les deux capitales traditionnellement alliées de Moscou. Nicosie a retiré les passeports chypriotes, les fameux passeports "dorés" accordés à des investisseurs russes et à leurs familles. 18 000 Russes vivent sur son territoire. Par ailleurs les Russes représentent 20 % des revenus du tourisme, soit un demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires. Il n’empêche : le président chypriote Nicos Anastasiades n’a pas hésité à fermer ses ports aux navires russes.

La Grèce a pour sa part gelé l'octroi de tout nouveau passeport doré aux investisseurs russes de plus en plus présents dans le pays. Les touristes russes représentent aussi la majeure partie des visiteurs dans le nord du pays. "S'ils ne viennent pas cette année, après deux ans de quasi-fermeture pour cause de pandémie, souligne Maria Anastasopoulou qui tient une taverne au village de Iérisso, c'en est fini pour nous."

Pour Chypre, le but de ces sacrifices est de s’assurer de la solidarité européenne et de remettre la question de la division de l’île et sa nécessaire réunification sur le devant de la scène internationale. Pour Athènes, il s’agit de renforcer le rôle de la Grèce au sein de l’Alliance atlantique. La Grèce veut mettre en évidence la dangerosité de la Turquie pour la stabilité régionale, notamment après la publication de la carte de la "patrie bleue turque". La moitié de la mer Égée y passe sous le contrôle d’Ankara ainsi que les îles qui s’y trouvent, comme la Crète et le Dodécanèse, entre autres.

Pari réussi, à en croire les paroles du président du Conseil européen en visite officielle en Grèce. "Il est particulièrement important de soutenir pleinement la souveraineté nationale de la Grèce. Nous voudrions avoir les meilleures relations possible avec la Turquie, a souligné Charles Michel, mais cela dépend aussi de la Turquie et de son comportement. Et dans cette relation nous promouvrons toujours les droits de l'homme et l'état de droit." . (La Libre Belgique, 20 juillet 2022)

Irrédentisme cartographique : Nostalgie et consolation du vaincu et menace

Ragip Duran, Chronique Turquie, 16 juillet 2022


La carte de la mer Égée dominée par les Turcs a fait couler beaucoup d’encre. Le silence d’Erdogan ainsi que de l’opposition officielle explique beaucoup de choses

Quand le Président des Foyers de l’İdéal (Les Loups Gris) a offert lors d’une visite à l’occasion de la Fête de Sacrifice à M. Devlet Bahçeli, Président du MHP, la carte de l’Egée sous domination turque, une nouvelle crise a fait surface dans les relations entre Ankara et Athènes mais ce geste a également provoqué un débat dans l’opinion publique turque.

Les Foyers de l’İdéal sont conçus comme la branche de jeunesse du MHP (Parti d’Action Nationaliste, 47 sièges sur 581). Plusieurs membres de cette organisation ont été jugés et condamnés pour avoir assassiné des militants de gauche pendant la “Période d’Anarchie” entre 1975 et 1980. Certains d’entre eux sont devenus des députés du MHP qui siègent encore aujourd’hui au Parlement.

A moins d’un an des élections présidentielles, le MHP, l’allié d’extrême-droite du Président Erdogan est en pleine crise. Il y a eu déjà deux partis (IYI et Zafer) issus du MHP. Ce dernier poursuit sa chute de popularité dans les sondages d’opinion publique. Il recueillerai seulement 6.7 % des votes alors que le seuil électoral a été réduit à la demande du MHP de 10 % à 7 % le 31 mars 2022.

Autre chiffre pessimiste pour le pouvoir : La coalition de la République formée des partis d’Erdogan et de Bahçeli aura 36.7 % des voix alors que le bloc de l’opposition, la coalition de la Nation aura 43.3 % selon le dernier sondage publié le 17 juin dernier.

Les mauvaises langues rappellent que le prénom de M.Bahçeli, c'est-à-dire Devlet, signifie “Etat” en turc.

“Quand on est incapable a l’intérieure du pays de résoudre les problèmes économiques, diplomatiques, politiques, sanitaires, financiers…etc, le pouvoir cherche des objectifs à abattre à l’extérieur” observe le Prof. Cengiz Aktar, auteur du livre “Le Malaise Turc”. En effet, le régime du Palais d’Ankara croit avoir deux atouts dans ses mains : la Syrie et la Grèce. Ces deux objectifs peuvent cacher les difficultés voire les impasses et les défaites de la politique interne. Ainsi, la hausse des prix, la répression contre les opposants, les coups reçus sur la scène internationale ne seront plus à la une des médias, croit Erdogan.

La carte offerte à M.Bahçeli s’intitule “Notre Serment National Maritime”, référence au Serment National de 1923, qui avait établi les frontières de la nouvelle République.

Les médias turcs parlent également de la Carte de la “Patrie Bleue”, autre fantaisie, autre rêve irrédentiste (Doctrine politique qui vise à la récupération par un pays, de toutes les populations vivant dans des conditions analogues) promu par les militaires Kémalistes. Mais selon “La Patrie Bleue” presque la moitié de la Méditerranée orientale appartient à la Turquie.

“La conquête, l’occupation voire le pillage sont des motifs, des éléments qui existent dans l’histoire, l’ADN politique et l’imagination des dirigeants turcs depuis l’Asie Centrale, c'est-à-dire depuis au moins mille ans” croit le Prof. Taner Akcam, historien spécialiste du Génocide Arménien de 1915.

L’idéologie et la politique officielles du Comité d’Union et de Progrès, au pouvoir pendant la 1re guerre mondiale jusqu'à la chute de l’Empire Ottoman (1923) était le “Touran”, création d’un grand Etat turc comprenant l’ensemble des pays de l’Asie Centrale turcophones. Cette idée imaginaire est plus ou moins adoptée par la minorité de la population, celle qui a pu recevoir peu d’éducation, conservatrice voire raciste et islamiste qui vit dans les régions les plus sous-développées du pays.

“Nous étions les maîtres des trois continents. Nos Sultans régnaient de Vienne jusqu’au Yemen !” est une phrase classique que l’on peut entendre fréquemment dans les conversations du café de commerce.

M. Bahçeli avait d’ailleurs déjà, l’année dernière, offert une autre carte au Président Erdogan, intitulée “Le Monde Turc”

La Turquie a déjà annexé une partie de la Syrie du Nord-Ouest, en particulier la ville d’Afrine, avec le soutien direct et indirect de Moscou et de Washington en mars 2018 après 3 mois d’attaques militaires.

Les dirigeants actuels, soutenus par l’opposition officielle kémaliste et de droite, estiment que la Grèce n’a pas le droit d’armer ses îles de la Mer Egée et que ces îles font partie des eaux territoriales de la Turquie.

Par ailleurs, faut-il remarquer que la majorité de la population turque est contente, quand elle a les moyens, de passer ses vacances dans les îles grecques de l’Égée : “C’est à la fois moins cher et plus confortable par rapport aux sites touristiques de Turquie et la cuisine est nettement mieux que chez nous” disent-ils.

Le silence d’Erdogan et de l’opposition officielle au sujet de cette carte irrédentiste confirme la thèse selon laquelle “La Patrie Bleue” est un élément de l’idéologie officielle.

Les médias turcs, ont insisté sur les réactions grecques. Quelques titres exemplaires :

- La Carte de Bahçeli à la une de la presse grecque
- La Grèce sous le choc de la carte
- Les Grecs sont devenus fous !
- La réponse insolente de Mitsotakis

A lire les commentaires de la presse turque, on croirait que ce fut Athènes qui a provoqué l’incident.

"Panem et circenses" est la locution latine traduit en français par "du pain et des jeux". Elle a été écrite par le poète et écrivain Juvénal qui a vécu durant l'Empire romain. De nos jours, le pouvoir turc n’a plus de pain ni de jeux pour consoler le peuple en pleine crise économique. Mais il faut qu’il invente quand même de fausses promesses ou occupations :

- Nous avons trouvé du gaz naturel dans la Mer Noire
- Il y a beaucoup de réservoirs de pétrole au sud-est anatolien
- Nous irons à la lune
- Nous produirons notre voiture nationale

Syrie et Grèce font partie de ces enjeux.

“Une déclaration d’abord de guerre et puis de l’Etat de siège peuvent annuler ou bien retarder la tenue des élections” dit-on dans les coulisses d’Ankara.

“Facile de l’affirmer, mais très difficile de le réaliser” estiment la majorité des observateurs indépendants.


Immigration / Migration


Illegal Turkish immigrants from Mexico to the US increase tenfold

Illegal Turkish immigrants passing the Mexican border to seek asylum in the United States have risen to unprecedented numbers as a result of cooperation between transnational criminal organizations in Mexico and Turkey, according to a news story published in the Border Report website.

U.S. Customs and Border Protection data shows that up to 21.965 Turkish nationals requested asylum since October 2021. That number was 2.580 in the fiscal year 2020, VOA Turkish said.

Border Report said that the Turks typically pay the transnational criminal organizations USD 15.000 before flying to Mexico City, and then these organizations decide from which section of the border they will cross.

“These folks that are crossing here today, tonight, they don’t decide, ‘that’s a nice place to cross.’ Their guides, their smugglers say, ‘you’ll cross through here because I already paid the fees' to the cartels that control vast expanses of U.S.-Mexico border”, said Victor M. Manjarrez, Director of the Center for Law and Human Behavior at the University of Texas at El Paso.

Other than Turks, Venezuelans, Nicaraguans, Cubans and Brazilians represent some of the largest groups coming to the Southwest border from regions other than Mexico and Central America, federal officials said. (GercekNews, 28 July 2022)

Qui sont les "terroristes" réclamés par la Turquie à la Finlande et à la Suède ?
 
Alors que l’Otan a donné mardi le coup d’envoi des procédures d’adhésion pour la Suède et la Finlande, la Turquie menace de faire dérailler ce processus si les deux pays ne lui livrent pas plusieurs dizaines de terroristes présumés, réfugiés sur leur sol. Qui sont ces suspects réclamés à grands cris par Ankara ? Ces procédures peuvent-elles aboutir?

France 24 fait le point.

"Un jour historique pour la sécurité euro-atlantique." Mardi 5 juillet, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lancé le processus d'intégration de la Suède et de la Finlande. Rompant avec leur tradition de non-alignement, les deux pays souhaitent désormais rejoindre l’Alliance atlantique, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, qu’ils perçoivent comme une menace directe pour leur sécurité.

Si aucun des 30 pays membres ne s’est opposé à cette candidature, la Turquie a exigé des deux pays un engagement à soutenir son combat contre le terrorisme et notamment contre les militants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sous peine de bloquer le processus. Car la Suède et la Finlande, auxquelles le protocole d'adhésion accorde le statut de pays invité, ne seront pas intégrées au sein de l’Alliance avant la ratification des 30 États membres.

À la suite de la signature d’un accord entre les trois pays, le 28 juin, la Turquie a fait savoir qu’elle réclamait l’extradition de 12 suspects de Finlande et 21 de Suède. Pour sa part, le président Erdogan a affirmé que Stockholm a déjà promis de renvoyer "73 terroristes" en Turquie.

Pourtant, si l’accord stipule que les deux pays s’engagent à "traiter" les demandes d'expulsion ou d'extradition de la Turquie, aucune liste ni mention de ces "promesses" ne figure sur le document signé par Helsinki, Stockholm et Ankara.

Des militants dans le viseur de la Turquie

Fin juin, Hürriyet Daily News, le grand quotidien turc devenu un fidèle porte-voix du président, a publié une liste de "terroristes" turcs résidant en Suède et en Finlande dont Ankara demande l’extradition. Plusieurs d’entre eux sont présentés comme des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation politique armée kurde reconnue comme terroriste par de nombreux pays et en guerre depuis plusieurs décennies contre le pouvoir turc.

C’est le cas d’Aziz Turan, ancien membre actif du groupe devenu ensuite informateur pour le compte de l’État avant de fuir pour la Suède, qui lui a offert l’asile politique. Aujourd’hui âgé de 64 ans, il est accusé par la Turquie du meurtre d’un écrivain – ce qu’il dément.

Autre cible du gouvernement turc, l’activiste des droits humains et éditeur Ragıp Zarakolu. Ce dernier a été accusé de terrorisme en Turquie pour avoir participé à des conférences du Parti de la paix et de la démocratie (BDP), un parti politique prokurde. Brièvement arrêté à plusieurs reprises par la police turque, le militant vit exilé en Suède depuis 2013.

Outre les combattants et soutiens présumés du PKK, la liste comprend des personnalités désignées comme terroristes du fait de leur proximité avec le mouvement Gülen. Ancien allié du pouvoir, ce réseau d’associations, dirigé par l’imam turc basé aux États-Unis Fethullah Gülen, est tenu responsable par le président Recep Tayyip Erdogan de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016. Désigné depuis en Turquie par l’acronyme Fetö (pour "organisation terroriste Fethullahist"), ce mouvement n’est considéré comme une organisation terroriste ni par l’UE ni par les États-Unis.

Parmi ces suspects figurent plusieurs journalistes, comme Bülent Keneş, ancien rédacteur en chef du quotidien guléniste Zaman, qui fut l'un des journaux les plus influents du pays, ainsi que Levent Kenez, qui dirigeait la rédaction du journal anarchiste Meydan. Deux médias interdits en Turquie à la suite du putsch manqué.

Meet the Writer: Orhan Pamuk

Ce n'est pas tous les jours que nous avons le plaisir de recevoir un prix Nobel de littérature. Onze ans après sa dernière apparition à Bozar, nous accueillons à nouveau Orhan Pamuk, connu notamment pour ses romans Neige et Le musée de l’innocence. 



Le célèbre écrivain turc parlera avec la journaliste Catherine Vuylsteke des contradictions entre l'Orient et l'Occident et de son nouveau roman, Les nuits de la peste (paru chez GALLIMARD en mars 2022), à l'occasion de la sortie en librairie de la traduction en néerlandais de l'ouvrage.

Pamuk y décrit magistralement comment l'épidémie de peste survenue en 1901 sur l'île ottomane de Minger a perturbé la vie des insulaires, les musulmans et les chrétiens se reprochant mutuellement d’être à l’origine de la maladie.

Un rendez-vous exceptionnel à ne pas manquer, avec l'un des plus grands auteurs contemporains:

13 Sept.'22 - 19:30 - Salle Henry Le Bœuf
 

L’accord avec Erdogan fait grincer des dents à Stockholm

"La Suède n'extradera pas automatiquement des personnes vers la Turquie." La Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, l'a assuré à la télévision publique SVT, en réponse à Ankara qui réclamait l'extradition de "33 terroristes" de la Suède et de la Finlande en guise de service rendu pour son feu vert à leur entrée à l'Otan.

Les chefs de la diplomatie suédoise, finlandaise et turque ont signé le 28 juin, en marge du sommet de l'Alliance atlantique à Madrid, un accord levant le veto turc à l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan. Mais, au lendemain de cet accord, Ankara exigeait une contrepartie par la voix de son ministre de la Justice, Bekir Bozdag, annonçant son intention de "demander à la Finlande d'extrader six membres du PKK et autant du Fétö et, à la Suède, d'en faire de même pour six partisans du PKK et onze du Fétö". Ankara considère le Parti des travailleurs du Kurdistan comme une organisation terroriste, tout comme le Fétö, acronyme du mouvement du prédicateur Fethulla Gülen, soupçonné d'être l'instigateur de la tentative du coup d'État de juillet 2016.

Pour la Turquie, l'extradition des membres des deux organisations est mentionnée explicitement dans l'accord de Madrid. "S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le mémorandum) au Parlement" en vue de son adoption, a déclaré le président Erdogan jeudi soir. "S'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au Parlement…" Il a annoncé que la Suède avait "promis d'extrader 73 terroristes". Stockholm a réagi en rappelant que ses décisions en matière d'extradition étaient soumises à une justice "indépendante".

Pour Magdalena Andersson, qui est à "100 % derrière l'accord de Madrid", les Kurdes, nombreux dans le pays, "n'ont pas à avoir peur". "Je comprends que certaines personnes craignent que nous commencions à arrêter des gens pour les extrader. Mais il est important de souligner que nous respecterons toujours la loi suédoise et les conventions internationales dans toute décision, et que nous n'extraderons jamais des citoyens suédois."

De vives critiques

L'accord a suscité de vives critiques parmi les sociaux-démocrates au pouvoir et leurs alliés au Parlement, le parti de la Gauche et les Verts. "Nous nous inclinons devant un régime autoritaire", s'est insurgée la porte-parole des Verts, Märta Stenevi. "On a trop cédé à Erdogan", pour l'ancien ministre social-démocrate de l'Aide au développement Pierre Schori. Lui emboîtant le pas, Vildan Tanrikulu, ancien président de l'Union nationale kurde et membre du parti social-démocrate, regrette que "la Suède abandonne ses valeurs démocratiques". "Ce qu'Andersson a signé est inacceptable", estime-t-il, rejoint par Ridvan Altun, membre de l'organisation politique NCDK, l'une des plus grandes organisations kurdes de Suède. "Cet accord sème l'inquiétude parmi les Kurdes", a-t-il déclaré à la radio Eko, les disant "inquiets et déçus d'avoir été une fois de plus victimes de l'accord entre une dictature et une démocratie".

Le royaume scandinave abrite environ 100 000 personnes d'origine kurde, dont un certain nombre sont nés en Suède.

L'accord a suscité les réserves de certains experts en Suède et en Finlande. Selon Martin Scheinin, professeur finlandais de droit international et ancien rapporteur spécial de l'Onu sur les droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme, le document signé à Madrid "doit être pris au sérieux", le considérant comme "un traité d'État juridiquement contraignant". Il s'est dit "particulièrement critique", dans le quotidien suédois Dagens Nyheter, à l'égard du cinquième point de l'accord. "La Suède et la Finlande confirment qu'elles considèrent le PKK comme une organisation terroriste, comme avant", mais le fait que les deux pays "rejettent les objectifs de ces organisations terroristes est inquiétant", estime-t-il. L'objectif du PKK étant un Kurdistan indépendant, une telle formulation "peut également inclure des individus et des organisations qui veulent parvenir à ce but par des moyens démocratiques".

Ove Bring, professeur émérite de droit international de l'Université de Stockholm et du Collège suédois de la défense nationale, convient pour sa part que "l'accord peut être interprété de différentes manières". "C'est un document politique qui n'affectera pas la législation suédoise et je ne pense pas qu'il doit être considéré comme un accord juridiquement contraignant."

Accord contraignant ou non, "la Turquie a toujours le pouvoir d'empêcher l'adhésion de la Suède et de la Finlande", selon Inger Österdahl, professeur de droit international à l'Université d'Uppsala. En écho, la Première ministre "n'excluait pas de nouveaux problèmes avec la Turquie durant le processus d'adhésion" à l'Otan. (La Libre Belgique, 1 juillet 2022)


La Turquie réclame l'extradition de 33 personnes à la Finlande et à la Suède

La Turquie va réclamer à la Finlande et à la Suède l'extradition de 33 personnes appartenant aux mouvements PKK et Fetö qu'elle considère comme terroristes, a annoncé mercredi le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

Cette requête intervient au lendemain de la signature d'un mémorandum entre les trois pays ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Alliance atlantique.

"Dans le cadre du nouvel accord, nous allons demander à la Finlande l'extradition de six membres du PKK et six membres de Fetö; et à la Suède d'extrader dix membres de Fetö et onze du PKK", a déclaré le ministre dont les propos ont été rapportés par les médias locaux.

La Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est classé comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Fetö, est l'acronyme du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, installé au Etats-Unis et considéré par le président Recep Tayyip Erdogan comme l'instigateur de la tentative de coup d'état de juillet 2016.

M. Erdogan s'est réuni plusieurs heures durant mardi, avant l'ouverture du sommet de l'Otan à Madrid,
avec son homologue finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.

La Turquie bloquait l'adhésion de ces deux pays en les accusant d'abriter des militants des deux mouvements concernés.

Au terme de ce sommet, également en présence du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le mémorandum a été présenté ouvrant la voie à un futur accord formel d'élargissement de l'Alliance face aux menaces de la Russie.

"La Turquie a obtenu ce qu'elle voulait", c'est-à-dire la "pleine coopération" des pays nordiques dans la lutte contre le terrorisme, a triomphé la présidence turque dans un communiqué. (AFP, 29 juin 2022)


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