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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

46th Year / 46e Année
Septembre
 
2022 September
N° 529
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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9 SEPTEMBRE 1952 : DÉBUT DE MES 70 ANS DE JOURNALISME
Aujourd'hui, nous sommes le 9 septembre… Je suis journaliste depuis 70 ans. Comme les revenus de mon père cheminot étaient insuffisants pour assumer les frais de mes études supérieures, je fus obligé de travailler. Il y a juste 70 ans, le 9 septembre 1952, j'ai commencé à travailler en tant que sténographe au Ege Güneşi, premier journal de presse offset de Turquie.
De 1953 à 1961, j'ai occupé tous les postes possibles, de sténographe à reporter, en passant par chroniqueur et éditeur responsable au journal Sabah Postası, premier quotidien d'opposition au pouvoir répressif du Parti démocrate. Je fus également représentant des journaux Milliyet et Öncü pour la région de la Mer Égée.
Pour défendre les droits des travailleurs de la presse et la liberté de presse, j'ai fait partie des directions du Syndicat des journalistes d’Izmir, de la Fédération des syndicats de journalistes de Turquie, de l’Association des journalistes d'Izmir et du Conseil de déontologie journalistique. Sur le plan politique, j’étais parmi les premiers militants du Parti ouvrier de Turquie à Izmir.
Parti à Istanbul sur demande de son président Mehmet Ali Aybar, j'ai assumé à partir de 1963 des responsabilités au Centre de recherche scientifique et à la direction centrale du Parti ouvrier de Turquie. Sur le plan professionnel, j’ai été rédacteur en chef des deux quotidiens les plus anciens de Turquie, Gece Postası et Aksam.
Notre union dans la vie et dans la lutte avec İnci Tuğsavul commença au journal Akşam. En 1967, nous fondâmes, avec Yaşar Kemal et Fethi Naci, l’hebdomadaire socialiste Ant et l’animâmes sans relâche grâce à la contribution des leaders de la jeunesse progressiste jusqu'au coup d’État du 12 mars 1971.
Parce que notre revue Ant fut interdite par la loi martiale et en raison des procès ouverts à notre encontre avec la demande de plusieurs centaines d'années de prison, İnci et moi-même fûmes obligés de fuir illégalement la Turquie.
Durant cette période de plus de 50 années d'exil, nous avons fait partie des fondateurs du Mouvement de Résistance démocratique, de l'Union pour la Démocratie, Ateliers du Soleil et de la Fondation Info-Türk.
Depuis 1974, nous dirigeons l'agence İnfo-Türk qui informe l'opinion publique internationale par ses bulletins et ses livres publiés en diverses langues sur les problèmes en Turquie et en exil et sur les exigences démocratiques qui s'y rapportent.
https://www.info-turk.be/homepage.htm
Actuellement, nous sommes contraints de passer la majeure partie de notre temps à archiver l'ensemble des publications périodiques et livres que nous avons réalisés en un demi-siècle d'exil.
Malgré ceci et divers problèmes de santé que notre âge entraîne, nous restons fidèles à notre promesse à nos lecteurs, nos camarades et notre peuple : poursuivre la lutte sans cesse.
Pour de nombreuses années, tous ensemble...

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

Manifestations de soutien en Turquie aux femmes d'Iran
Le procès du maire d'Istanbul pour "insulte" reporté au 11
Les exilés ont le droit à la parole aux prochaines élections en Turquie
Des centaines de personnes manifestent contre les LGBT
Turquie, Russie, Royaume-Uni et les autres... la CEDH à l'épreuve du clash
On a hunger strike for nine months, prisoner Sibel Balaç hospitalized
CEDH: la Turquie condamnée pour la détention de juges qui avaient libéré des opposants

Documents de Belgique à la “justice” d’Erdoğan - Doğan Özgüden
At least 50 ill prisoners died in Türkiye in 2022'
Des nouvelles de la prison d’Elazığ

Assassination of Prof. Hablemitoğlu detained in Bulgaria
La police turque abat un jeune homme à Mardin
Peace Day marked across Türkiye: Police detain dozens

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Kurdish journalist Kadri Esen given prison sentence for 'terror propaganda'
Journalist Hatice Şahin sentenced to 6 years, 3 months in prison
Communications Directorate revokes veteran journalist Tuğrul Eryılmaz's press card
Turkish authorities arrest journalist Sinan Aygül for refusing to pay fine
La chanteuse assignée à résidence pour une plaisanterie désormais libre

Turkey bans former HDP co-chair Yuksekdag’s poetry book
Singer Gülşen to appear before judge on October 21
Journalists Sadiye Eser, Sadık Topaloğlu sentenced to six years in prison
Union of bars seeks annulment of amendment to Press Ethical Principles
Report: Rights of 11 journalists violated in August
Judge who ordered arrest of Osman Kavala gets promoted

L’armée turque cible des correspondants d’ANHA
Une chanteuse assignée à résidence après avoir moqué les écoles d'imams


Kurdish Question / Question kurde

Demirtas had his hair shaved to support Iranian women

Trois morts dans des frappes turques dans le nord de la Syrie
Syrie: sept combattants tués dans des attaques de l'EI

Kurdish politician Aysel Tuğluk hospitalized
Deux combattants kurdes tués dans des affrontements avec des jihadistes

Arrestation de la députée kurde Semra Guzel
Demirtas releases message on cruel treatment of Kurdish father
Doctors examined 80-year-old Kurdish prisoner 'with body language'

Minorités / Minorities

Town center in Yazidi homeland hit by suspected Turkish drone

 98% of Armenian heritage sites in Nakhchivan destroyed by Azerbaijan

La Turquie aurait déployé une armée à la frontière avec l’Arménie
2022 Hrant Dink Award granted to Human Rights Foundation of Turkey
Près de 50 soldats arméniens tués dans des affrontements avec l'Azerbaïdjan

Lawmaker embarked on expeditions to save a crumbling heritage
How is the public 'provoked into hatred and hostility' in Türkiye?

Politique intérieure/Interior Politics

Quand la livre turque perd de valeur la police devient plus violente! - Ragip Duran

Erdogan targets joining Shanghai Cooperation Organisation, media reports say
Un conseiller d'Erdogan démissionne après des accusations de corruption

Forces armées/Armed Forces

Four soldiers killed in 'Operation Claw-Lock'
La Turquie pourrait solliciter la Russie si Washington lui refuse ses chasseurs F-16
Un premier navire de guerre turc en Israël depuis plus d'une décennie

Turkish artillery targets Manbij, Tel Tamr in Northern Syria

Affaires religieuses / Religious Affairs
 
Erdogan: La Turquie capture un "cadre supérieur" de l'EI

Socio-économique / Socio-economic

La livre au plus bas après une nouvelle baisse des taux

La Turquie paiera "un quart" du gaz russe en roubles, annonce Poutine
L'inflation passe la barre des 80% en août
Coups de feu contre le siège de la Fédération turque de football
Impressive GDP growth in Turkey, dramatic shrinking in labor's share
Türk-İş: Starvation, poverty lines increase in August


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

CoE Committee of Ministers call once again for the release of Kavala and Demirtas
Communauté politique européenne: l'UE invite la Turquie

La Turquie sera-t-elle dans la Communauté politique européenne?
"L'Europe récolte ce qu'elle a semé", dit Erdogan
Paris "préoccupé" par les tensions gréco-turques

Arrestation en Albanie du fondateur de la plateforme Thodex

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Entre Kiev et Moscou, Erdogan l'équilibriste
Sweden taking Turkey 'seriously' on Nato demands
Erdogan: "Les pays occidentaux coupables de provocation envers la Russie"

Relations régionales / Regional Relations

Tensions dans le Caucase et en Asie centrale, l'influence russe en déclin
Les dirigeants israélien et turc se rencontrent sur fond d'apaisement
Le crépuscule du Tigre en raison aussi des barrages construits en Turquie
Erdogan appelle à mettre fin à la guerre en Ukraine "au plus vite"
Xi Jinping appelle Erdogan à "consolider la confiance politique"

Poutine veut reparler de l'accord sur les céréales avec Erdogan

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

100 ans après, la "Catastrophe de Smyrne" continue de hanter la Grèce
La Grèce rejette des menaces "non provoquées" de la Turquie
L'UE "préoccupée" par les remarques "hostiles" d'Erdogan contre la Grèce
Erdogan: "Le Grèce paiera le prix si elle viole encore l'espace aérien turc"


Immigration / Migration

Bulgarie: 38 migrants secourus en mer Noire

Mort en mer de six migrants: Athènes rejette les accusations d'Ankara
Des réfugiés syriens tentent de former une "caravane" pour gagner l'UE

La Finlande refuse de réexaminer six demandes turques d'extradition
La Grèce a bloqué l'entrée de plus de 150.000 migrants cette année
Iran et Turquie renvoient de force et tirent sur des Afghans


Droits de l'Homme / Human Rights

Manifestations de soutien en Turquie aux femmes d'Iran

Une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi à Istanbul - où les manifestations sont généralement réprimées - pour exprimer colère et soutien aux femmes d'Iran après la mort à Téhéran de Mahsa Amini aux mains de la police des moeurs.

Selon un photographe de l'AFP présent, Turcs et Iraniens se sont retrouvés devant le consulat iranien, brandissant des portraits de la jeune femme de 22 ans décédée la semaine dernière après son interpellation pour une tenue jugée "inappropriée".

"Pour Mahsa Amini, en Iran, en Turquie et partout nous protestons pour notre liberté", disait l'appel au rassemblement, repris sur les pancartes et les banderoles.

Une jeune femme brune a coupé ses longs cheveux devant les caméras, comme l'ont fait plusieurs militantes féministes turques, en direct sur Twitter, affirmant que "les femmes qui résistent en Iran ne seront jamais seules".

Un important dispositif policier avait été déployé mais n'est pas intervenu.

Mardi soir, un rassemblement similaire de quelques dizaines de personnes sur la grande artère commerçante Istiqlal, au coeur d'Istanbul, avait été dispersé dans le calme par les forces de l'ordre.

Mahsa Amini, originaire de la région iranienne du Kurdistan (nord-ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter l'obligation de se couvrir les cheveux et le corps jusqu'aux genoux.

Elle est décédée trois jours plus tard après être tombée dans le coma.

Depuis, les manifestations qui se succèdent à travers l'Iran ont fait au moins cinq morts. (AFP, 21 sept 2022)

Le procès du maire d'Istanbul pour "insulte" reporté au 11

Le procès du maire d'Istanbul et figure de l'opposition turque Ekrem Imamoglu, susceptible de compromettre son avenir politique, a été reporté mercredi au 11 novembre, a annoncé à l'AFP le bureau de l'élu.

A 52 ans, M. Imamoglu, qui a ravi en 2019 la mégapole au parti au pouvoir AKP (islamo-conservateur), est potentiellement l'un des meilleurs candidats de l'opposition pour tenter de succéder en juin prochain au président Recep Tayyip Erdogan.

L'élu, qui devait comparaître mercredi pour "insulte" devant un tribunal sur la rive asiatique de la mégapole, court le risque d'être mis hors jeu par la justice à neuf mois de l'élection présidentielle.

"Ce procès ne devrait pas avoir lieu", a commenté mercredi M. Imamoglu, confirmant que "l'audience a été repoussée en novembre avec l'audition des témoins".

Preuve de la nervosité du pouvoir, la police avait été déployée dans un large périmètre autour du tribunal et les rues barrées par des barrières anti-émeutes afin de prévenir toute manifestation.
 La presse avait également été interdite d'accès à la salle d'audience.

En mars 2019, l'élection de justesse de M. Imamoglu à la mairie d'Istanbul avait été annulée par un pouvoir mauvais joueur, contraint de s'incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l'électorat en sa faveur qui lui avait offert une large avance.

L'AKP - et surtout son président - avait bel et bien perdu la capitale économique et principale ville de Turquie, sur laquelle M. Erdogan, ancien maire d'Istanbul (1994-1998), avait lui-même bâti son ascension vers le sommet.

Quelques mois plus tard, Ekrem Imamoglu avait estimé que ceux qui avaient annulé son élection étaient des "idiots" - reprenant un terme utilisé quelques heures plus tôt à son encontre par le ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu.

- "Une affaire politique" -

C'est ce qualificatif qui a déclenché les poursuites contre le maire d'Istanbul pour "insulte" aux membres du Haut conseil électoral turc.

L'édile risque en théorie jusqu'à quatre ans de prison. Son avocat, Kemal Polat, a dénoncé une "affaire politique": toute condamnation à plus d'un an de prison - "même un an et un jour" - l'écarterait automatiquement de la vie politique pour quatre ans, a-t-il expliqué à l'AFP.

En avril, un procureur avait requis 15 mois de détention contre M. Imamoglu, qui a mené une carrière prospère dans le bâtiment avant de s'engager en politique.

"Du point de vue de la loi, je ne m'attends pas à une peine de prison. Mais si tel était le cas nous continuerions à faire valoir nos droits", assurait Kemal Polat à la veille de l'audience.

Reste que le pire est possible, redoute Sinan Ülgen, directeur du think tank Edam, basé à Istanbul: "Ekrem Imamoglu est l'un des deux principaux candidats potentiels de l'opposition" à la présidence, "et il est toujours populaire, malgré quelques faux pas" - dont sa gestion critiquée d'une tempête de neige qui avait paralysé une partie de la mégapole en janvier dernier.

"Le pouvoir pourrait être tenté de le mettre hors jeu. C'est un vrai risque, non souhaitable bien sûr, qui constituerait une ingérence artificielle dans le jeu démocratique", insiste M. Ülgen. "L'opposition se retrouverait alors les mains liées: elle ne pourrait prendre le risque d'appeler à la contestation, par crainte de se voir reprocher la légitimation de la répression qui s'ensuivrait".

Depuis le coup d'Etat raté de juillet 2016, le régime a procédé à plus de 300.000 arrestations, notamment dans les rangs de la police, de la justice et de l'armée et parmi les intellectuels.

De nombreuses personnalités - journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains - ont pris la route de l'exil pour y échapper. Et les effets dissuasifs de cette vague de répression se font toujours sentir dans le pays. (AFP, 21 sept 2022)


Les exilés ont le droit à la parole aux prochaines élections en Turquie


 
L'Assemblée Européenne des Exilés (ASM), qui défend depuis dix ans les droits et la lutte pour la liberté des exilés politiques, a organisé un symposium sur "La Turquie du 12 septembre à nos jours" à Cologne le samedi 17 septembre, à l'occasion du 42ème anniversaire du coup d'État du 12 septembre 1980.
 
À l'ouverture de la réunion, le musicien Mehmet Akbaş a interprété des ballades folkloriques turques, kurmanji et zazaki, suivies d'une présentation visuelle du Musée de la Honte en Turquie, reflétant les pratiques inhumaines du coup d'État du 12 septembre 1980 dans les cachots et les centres de torture.
 
Après le discours d'ouverture de Mahmut Özkan, co-porte-parole de l’ASM, le journaliste exilé Doğan Özgüden fait une présentation sur l'oppression des exilés et les luttes contre celle-ci depuis le 12 mars 1971, après les deux coups d'État et jusqu'à ce jour sous le gouvernement AKP-MHP.
 
La députée allemande des Verts Berivan Aymaz, la journaliste Banu Güven, la militante des Mères du samedi Aysel Ocak et le co-porte-parole de l’ASM, l'écrivain Metin Ayçiçek, ont expliqué les pratiques ataviques en matière de droits de l'homme qui suivirent le coup d'État du 12 septembre et des pouvoirs suivants en donnant des exemples tirés de leurs propres terrains de lutte.
 
Avrupa Demokrat, l'un des plus importants journaux de la lutte antifasciste à l'étranger, a non seulement couvert en direct les discours prononcés lors du symposium, mais a également rendu l'enregistrement audiovisuel du symposium accessible en continu via le lien ci-dessous.
 
https://www.facebook.com/Avrupademokrat/videos/1133982770856666
 
L'intervention de Doğan Özgüden lors du symposium de l’Assemblée Européenne des Exilés:
 
Chers Amis,
 
Alors qu'İnci et moi, nous rendions à Cologne aujourd'hui, nous avons tous deux été touchés en nous rappelant une surprise désagréable que nous avions vécue dans cette ville au cours de la première année de notre exil, il y a 51 ans.
 
C’était l’été 1971... Après avoir difficilement transporté et remis au compartiment à bagages de la gare les deux valises pleines de tracts et d'affiches en plusieurs langues que nous avions préparés avec l'aide de nos amis de Stockholm, nous avons frappé à la porte de l'Association des Travailleurs, afin d'établir un premier contact avec la seule organisation de gauche turque à Cologne à l'époque… Bien entendu, l'association était fermée à l'occasion des vacances estivales et nos amis lecteurs de la revue Ant étaient en vacances... Pour cette raison, nous avons passé une nuit dans la salle d'attente de la gare de Cologne, mais le lendemain, tout en retrouvant un ami qui revenait de vacances, on a lancé la première campagne de la Résistance démocratique en Allemagne de l'Ouest...
 
Notre deuxième passage à Cologne a eu lieu en 1972... Nous avions rencontré Heinrich Böll et lui avions présenté les documents sur la torture et les appels à la résistance en plusieurs langues que nous avions préparés à Paris. Il avait alors contacté Günther Grass et Hans Magnus Enzensberger afin de former un comité de solidarité en Allemagne, comme ceux existant dans d'autres pays européens.
 
Alors que nous n'avons pas eu d'ennuis pendant nos travaux réalisés à Cologne et à Berlin avec un faux passeport, quelque chose d'incroyable s'est produit lorsque nous sommes venus de Bruxelles à Cologne fin 1977, après avoir obtenu le statut de réfugié politique et avoir été légalisés...
 
Le ministre allemand de l'Intérieur, Werner Malhofer, a interdit l'entrée sur le territoire allemand aux membres de 206 organisations et 287 publications étrangères sous prétexte qu'ils étaient des "extrémistes de gauche" et a transmis leurs noms à tous les postes de contrôle aux frontières. Je figurais également parmi ces personnes, en tant que directeur d’İnfo-Türk. Comme mon nom figurait sur cette liste, j'ai été arrêté par les policiers allemands qui contrôlaient mon passeport dans le train et j’ai été extradé vers la Belgique au milieu de la nuit.
 
Cependant, l'interdiction fut toutefois levée après que le ministre ait été contraint de démissionner à la suite des protestations des organisations démocratiques allemandes. J'ai pu ainsi me rendre fréquemment en Allemagne après le coup d'État fasciste du 12 septembre 1980, et participer à de nombreuses manifestations antifascistes, tant au nom d'Info-Türk qu'au nom du Comité européen de l’Union pour la Démocratie que nous avions créé contre le régime de la junte.
 
Le quotidien Demokrat Türkiye, qui a commencé à être publié à Cologne en 1982 à l'initiative de notre cher ami Dursun Akçam (un des leaders du syndicat des enseignants de Turquie à l'époque), et dont j'étais un des chroniqueurs, est devenu l'une des armes les plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme étatique à l'étranger après le coup d'État du 12 septembre.
 
Suite au coup d'État militaire du 12 septembre 1980, l'une des pratiques répressives de la junte fasciste à l'étranger fut de retirer la citoyenneté turque à ceux qui s'opposaient au régime.
 
Au cours des sept années qui suivirent le coup d'État, 26 000 personnes ont été appelées à "rentrer au pays" et 14 000 ont été déchues de leur citoyenneté. Le nombre de personnes dont la demande de passeport fut rejetée dépassait 388 000.
 
201 opposants au régime à l'étranger ont été quant à eux privés de leur citoyenneté sous prétexte qu'ils "agissaient contre la sécurité intérieure et extérieure de la République de Turquie."
 
Behice Boran, Gültekin Gazioğlu, Yılmaz Güney, Şanar Yurdatapan, Melike Demirağ, Ali Baran, Mehmet Emin Bozarslan, Nihat Behram, Mahmut Baksı, Şah Turna, Fuat Saka, Demir Özlü, Yücel Top et des centaines d'autres dissidents qui étaient qualifiés de dépourvus du sang turc par le chef de la junte militaire, Kenan Evren, ont été rendus apatrides. Et en 1982, İnci et moi-même avons reçu notre lot à l'occasion de cette opération “d'exclusion de nationalité.”
 
C'est ce Kenan Evren qui posa les bases de la dictature islamo-fasciste actuelle en jetant des centaines de milliers de citoyens en prison et en les torturant, qui monta à la tribune en lisant des versets du Coran, rendit les cours de religion obligatoires dans les écoles, accéléra l'ouverture d'écoles Imam-hatip et la construction de mosquées, employa des avions militaires pour diffuser des tracts appelant au djihad au nom de la dernière armée de l'Islam dans les villages kurdes d'Anatolie orientale.
 
La junte du 12 septembre, outre la pratique de la privation de la citoyenneté afin d'écraser l'opposition à l'étranger, a pris le contrôle des mosquées et des associations d'immigrés par le biais de la Fondation religieuse turque (Diyanet), qui a été créée sous la direction de l'ambassade turque à Bruxelles.
 
Je veux rappeler ici quelque chose d’important... Bien que la privation de citoyenneté ait été mise en œuvre de manière intensive après le coup d'État du 12 septembre, la première initiative fut réalisée bien avant le coup d’état, par le gouvernement dirigé par Bülent Ecevit. Hilmi İşgüzar, ministre de la Sécurité Sociale, avait déclaré dans un communiqué en avril 1979 que les mesures nécessaires seraient prises contre "ceux qui opèrent à l'étranger et dont le sang et l'esprit ne sont pas dignes d'appartenir à notre nation", suivi par Hasan Fehmi Güneş, ministre de l'Intérieur, qui a affirmé que les pays européens soutenaient les terroristes originaires de Turquie et a demandé que des mesures immédiates soient prises contre eux.
 
Par la suite, la proposition du député CHP de Kastamonu, Sabri Tığlı, visant au "retrait de la citoyenneté à ceux qui étaient impliqués dans des activités contre la sécurité de l'État" a été acceptée par la commission des affaires étrangères du TBMM, mais en raison du coup d'État de 1980, il n'a pas été possible d'adopter la proposition en session plénière du Parlement. La junte de Kenan Evren a utilisé cet héritage...
 
Je voudrais souligner encore une fois... La procédure d'exclusion de nationalité fait partie de la nature de tous les pouvoirs qui se sont succédé en Turquie.
 
Notre grand poète Nazım Hikmet a été privé de sa citoyenneté turque par le gouvernement du Parti démocrate en 1951, et dix ans plus tard, notre éminent scientifique, le professeur Fahrettin Petek, a été privé de sa citoyenneté par la décision du Comité d'Union Nationale en 1961.
 
En outre, l'apatridie de millions d'Arméniens, d'Assyriens et de Grecs victimes de génocide et de déportations entre 1915 et 1923, l'apatridie des Juifs après le pogrom de Thrace en 1934, l'apatridie de nombreux citoyens grecs et arméniens après le pogrom des 6 et 7 septembre 1955, et l'apatridie de 12 000 citoyens grecs contraints de quitter la Turquie avec leur seule valise et 22 dollars en 1964, toujours lorsque le CHP était au pouvoir, comptent parmi les pages les plus honteuses de l'histoire récente.
 
Dans les années 80, en tant qu'exilés politiques privés de leur citoyenneté par la junte militaire de Kenan Evren, nous avons organisé de nombreux événements dans différentes villes d'Allemagne, notamment à Cologne. Je voudrais en rappeler deux des plus importants.
 
Après la transition vers un système dit parlementaire, le Premier ministre Turgut Özal a lancé une tournée diplomatique dans les pays européens pour propager l'idée que "la Turquie était revenue à la démocratie et devait être admise dans la Communauté économique européenne." En réponse, nous avons publié à Bruxelles, au nom d'Info-Türk, un LIVRE NOIR en anglais de 406 pages sur la "démocratie" militariste en Turquie, documentant tous les crimes du 12 septembre et la manière dont ces mêmes crimes avaient été poursuivis sous le gouvernement Özal.
 
Ensuite, en tant qu’opposants ayant été privés de leur citoyenneté pour des raisons politiques, nous avons tenu une conférence de presse au Sénat de Berlin le 23 septembre 1987 pour exposer les mensonges de Turgut Özal et présenter dans une déclaration détaillée ce qu'il fallait faire pour une véritable démocratisation. Parmi les signataires de cette déclaration figuraient des dirigeants d'organisations de gauche de différentes tendances, dont Behice Boran, la leader du Parti ouvrier de Turquie (TİP), qui fut la première à être déchue de sa citoyenneté après le coup d'État du 12 septembre, ainsi que des dirigeants de syndicats progressistes affiliés à la Confédération des syndicats progressistes de Turquie (DİSK).
 
Deux semaines après cette conférence de presse, le 10 octobre 1987, Behice Boran, dont les problèmes de santé s'étaient aggravés en l'exil, décéda. Quatre ans plus tôt, en 1983, nous avions enterré Yılmaz Güney, lui aussi déchu de sa nationalité, au cimetière du Père Lachaise à Paris, où étaient enterrés les communards.
 
En 1988, Turgut Özal, qui était à Bruxelles pour faire la propagande du régime, a interrompu une conférence de presse au centre international de presse et a quitté la salle parce que nous lui avions posé des questions sur les violations des droits de l'homme en Turquie. Le 26 mai 1988, sur ses instructions, le Consulat Général de Bruxelles nous a notifié, à İnci et à moi-même, pour la deuxième fois, par lettre recommandée, que nous avions été déchus de notre citoyenneté turque.
 
La même année, les 11 et 12 décembre 1988, un tribunal international a été convoqué à Cologne contre le régime du 12 septembre... Avec nos amis, aujourd’hui décédés, comme Dursun Akçam, Gültekin Gazioğlu, Enver Karagöz, Server Tanilli, Şerafettin Kaya, nous avons raconté les crimes de la junte devant ce tribunal. Le témoignage de notre cher ami Enver Karagöz, qui a été détenu alors qu'il travaillait comme enseignant à Artvin et torturé par simulation de noyade avec de l'eau bouillante dans la gorge, a particulièrement ébranlé les membres du jury et les spectateurs du procès.
 
Un autre rappel pour l'exemple... Le SHP sous la direction d'Erdal Inönü avait empêché les partis sociaux-démocrates européens d'envoyer des représentants au jury de ce tribunal international... De plus, trois députés du SHP avaient été invités à la soirée des droits de l'homme organisée à Cologne pendant le tribunal, mais Erdal Inönü convoqua ces députés à son bureau et leur interdit d'assister à cette soirée.
 
Le 18 décembre 2010, des années après la condamnation du régime du 12 septembre par ce tribunal, l’association des droits de l’homme TÜDAY a organisé une réunion à Cologne sur le thème "Nous demandons que les putschistes soient jugés". Des années se sont écoulées depuis cette réunion, durant laquelle j'ai pris la parole aux côtés de notre ami et estimé juriste récemment décédé Yücel Sayman, et les auteurs du coup d'État du 12 septembre n'ont toujours pas eu à rendre des comptes.
 
Le gouvernement AKP actuel n'est pas en reste par rapport à la junte qui utilisa toutes sortes de pressions et de menaces contre les dissidents à l'étranger.
 
Un exemple... Le 7 avril 2021, par une décision publiée au Journal officiel turc, les avoirs en Turquie de 377 personnes et institutions furent gelés. Le gouvernement AKP-MHP, qui clame son opposition aux juntes et aux coups d'État à chaque prise de parole, a une fois de plus clairement démontré avec cette décision que l'hostilité envers les exilés font partie intégrante de sa nature politique...
 
Par exemple, Remzi Kartal et Zübeyir Aydar, qui ont été députés kurdes à la Grande Assemblée nationale turque dans les années 90 et qui figurent actuellement parmi les dirigeants du Congrès National du Kurdistan (KNK) à Bruxelles, mais aussi Bahar Kimyongür, écrivain et journaliste qui a été récompensée par Info-Türk en 2008 pour ses recherches sur "Les effets des coups d'État militaires de 1971 et 1980 sur l'émigration de Turquie"...
 
Ragıp Zarakolu, mon ami d'un demi-siècle, qui est actuellement en exil en Suède, s'est vu confisquer non seulement ses biens en Turquie, mais également sa pension de retraite.
 
De plus, profitant de la crise en Ukraine, Recep Tayyip Erdoğan a franchi une nouvelle étape audacieuse dans sa politique de chantage en conditionnant l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN à l'extradition de dissidents de ces pays vers la Turquie. Notre ami Ragıp Zarakolu figure également sur la liste des personnes à extrader.
 
Que dire de la terreur de l'article 129b, que l'État allemand a mis en pratique contre les exilés de gauche et kurdes juste pour satisfaire le régime d'Ankara ?
 
Mahmut Özkan, co-porte-parole de l'Assemblée des Exilés d'Europe, l'a très bien expliqué dans le magazine Sürgün (Exil) :
 
"On compte des dizaines de révolutionnaires et d'exilés politiques en Allemagne jugés sur la base de la loi connue sous le nom d'article 129 b de la constitution, qui couvre les organisations étrangères. Le ciblage par l'Allemagne des organisations de gauche originaires de Turquie et du Kurdistan turc doit être compris dans l'histoire continue des intérêts stratégiques et de la coopération entre l'impérialisme allemand et l'État turc."
 
La privation de la citoyenneté et le fait d'être constamment sous pression et sous la menace même dans un pays étranger est le problème de plus de 3 millions d'immigrés originaires de Turquie qui se sont installés dans tous les pays du monde, et en particulier des exilés politiques qui ont été séparés de leur pays en raison du terrorisme d'État.
 
C’est également le problème des diasporas arménienne, assyrienne, kurde et grecque qui ont dû reconstruire un foyer dans divers pays du monde en raison des différents génocides et déportations qu’ils vécurent depuis l’époque ottomane.
 
C'est le problème de la nation kurde, de Bakur au nord, de Rojhilat à l'est, de Bashûr au sud et de Rojava à l'ouest, qui ont été contraints de vivre dans quatre pays différents à la fin de la Première Guerre mondiale.
 
C'est le problème de la nation arménienne, comme on l'a vu récemment avec l'occupation du Haut-Karabagh par les armées azerbaïdjanaise et turque, avec la participation de leurs soudards terroristes islamistes.
 
C'est le problème du peuple de Chypre du Nord, dont la volonté a été usurpée par mille ruses et oppressions lors des dernières élections et qui sera contraint de vivre sous l'occupation de l'armée turque pendant de nombreuses années encore.
 
Les élections en Turquie approchent… Un des importants devoirs incombant à l’ensemble des partis constituant l’opposition est de prendre pour interlocuteurs les organisations démocratiques d’immigrés, en premier lieu l’Assemblée des Exilés d’Europe, ainsi que les organismes représentant les diasporas assyriennes, arméniennes, yézidies, grecques et kurdes et refléter leur volonté dans les urnes.
 
Si l’on souhaite réellement la démocratisation de la Turquie, la volonté des exilés et des diasporas doit obligatoirement se refléter dans les urnes, l’exil doit rejoindre l’Histoire…


Des centaines de personnes manifestent contre les LGBT

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche à Istanbul contre les personnes LGBT, dont les rassemblements sont désormais interdits en Turquie, a constaté un photographe de l'AFP.

Rassemblés à l'appel de plus d'une centaine de groupes et d'associations conservateurs, pour la plupart proches du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, les manifestants ont réclamé l'interdiction des associations de défense des droits des homosexuels et des transgenres.

"Protégez votre famille et votre génération", "Nous n'allons pas laisser faire ceux qui font la guerre à la famille", "Dis Non au projet de société sans genre", ou encore "Papa + maman + bébé = famille", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par la foule, dont la majorité des femmes étaient voilées, dans le quartier conservateur de Fatih.

Un spot publicitaire soutenant la manifestation avait été classé comme "d'intérêt public" par le Conseil supérieur turc de l'audiovisuel, provoquant un tollé des groupes de défense des droits de l'homme.

De nombreux internautes turcs ont d'ailleurs partagé dimanche sur les réseaux sociaux le message "Non à la marche de la haine" en solidarité avec les LGBT ciblés par la manifestation.

L'homosexualité, dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), n'est pas interdite mais reste largement soumise à l'opprobre sociale et à l'hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, et à celle du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.

Un ministre a traité par le passé les homosexuels de "détraqués".

Le gouvernement turc a en outre abandonné l'année dernière un traité de défense des droits des femmes, la Convention d'Istanbul, lui reprochant d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.

Depuis un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont progressivement interdit la Marche des Fiertés, avançant des raisons de sécurité.

Depuis, des manifestants qui bravent l'interdiction sont sévèrement réprimés, donnant lieu à des descentes musclés et des arrestations.

En juin dernier, plus de 200 personnes ont été arrêtées et souvent malmenées. (AFP, 18 sept 2022)

Turquie, Russie, Royaume-Uni et les autres... la CEDH à l'épreuve du clash

Départ de Moscou, désobéissance d'Ankara, contournement par Londres, contestation à Varsovie: la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) traverse une série d'épreuves qui remettent en cause l'autorité du bras juridique du Conseil de l'Europe.

Signe que le sujet préoccupe jusqu'au sommet de l'institution, le président de la Cour, l'italo-islandais Robert Spano, a mis en garde en juin contre "une Europe où les expressions publiques persistantes d'hostilité ou le refus catégorique de se conformer aux décisions de justice sont monnaie courante", avec en creux le risque de voir "l'Etat de droit (...) disparaître".

Exclue du Conseil de l'Europe mi-mars, après le début de son invasion de l'Ukraine, la Russie cesse vendredi d'être une "Haute Partie contractante à la Convention européenne des droits de l'homme", texte fondateur né en 1950 que Moscou avait ratifié en 1998, un geste alors perçu comme un signe de démocratisation après la fin de l'URSS.

Sans elle, la CEDH, vigie des droits de l'homme sur le continent, perd sa principale pourvoyeuse de requêtes, les affaires impliquant des Russes représentant environ un quart des dossiers déposés devant les juges de Strasbourg.

Une sortie "au détriment de toutes les victimes de violation de la Convention en Russie qui n'auront plus de voies de droit pour se faire rendre justice", estime Yannick Lécuyer, maître de conférences en droit public rattaché à l'IREDIES Paris-1 Sorbonne.

- Pression diplomatique aléatoire -

En juin, les députés russes ont adopté une loi autorisant Moscou à ne plus appliquer les arrêts de la Cour, "un instrument de lutte politique" contre la Russie aux "mains d'hommes politiques occidentaux" selon le président de la Douma.

Réduite à 46 Etats, la CEDH doit aussi composer avec Ankara et sa persistance à ignorer ses injonctions pour la libération du mécène Osman Kavala, figure de la société civile, condamné par la justice turque à la perpétuité pour "tentative de renversement du gouvernement".

Osman Kavala, 64 ans, avait dénoncé devant les juridictions internes de son pays un "assassinat judiciaire" et l'influence du président turc sur son procès.

Sourde aux décisions de la CEDH enjoignant à libérer l'opposant, la Turquie a été condamnée en juillet par un arrêt de Grande chambre (formation suprême de la CEDH) au terme d'une procédure pour manquement, une méthode extrêmement rare utilisée seulement pour la deuxième fois en plus de soixante ans d'existence de la CEDH.

Les juges ont conclu à la violation de l'article 46 de la Convention qui prévoit la force obligatoire des arrêts de la Cour et leur exécution.

Face aux limites de l'autorité relative de la chose jugée de la CEDH, reste en dernier recours la pression diplomatique au sein du Comité des ministres du Conseil de l'Europe pour tenter de faire appliquer les décisions. Une solution aléatoire à l'heure où Ankara fait figure de médiateur incontournable dans le conflit Russie-Ukraine.

- "A la carte" -

Le Royaume-Uni cherche lui à contourner l'arsenal de la CEDH en réformant la législation sur les droits de l'homme à travers l'adoption d'un nouveau "Bill of Rights". "Un droit international à la carte (...), inquiétant sur le terrain de valeurs", selon M. Lécuyer.

Le projet, visant à éviter l'obligation de suivre la jurisprudence de Strasbourg, avait été évoqué en juin par le ministre de la Justice de Boris Johnson après le camouflet imposé par la Cour qui s'était opposée à l'expulsion controversée vers le Rwanda de migrants arrivés clandestinement au Royaume-Uni.

La décision avait cloué au sol un avion spécialement affrété à grands frais juste avant son décollage d'une base militaire britannique.

Durant sa campagne qui l'a menée au 10 Downing Street, Liz Truss a promis de renforcer le "Bill of Rights" afin de fournir "une base juridique solide" face aux questions d'immigration.

Critiquée pour sa réforme de l'institution judiciaire, Varsovie cherche elle aussi à reprendre la main. Le Tribunal constitutionnel polonais a de nouveau jugé en mars que la Convention était partiellement incompatible avec la Constitution du pays.

"L'ADN du système conventionnel, ce sont les valeurs libérales et démocratiques", analyse M. Lécuyer, selon qui la CEDH est confrontée à "une crise de légitimité", qui durera tant que progressera l'illibéralisme sur le continent. (AFP, Arnaud RICHARD, 15 sept 2022)


On a hunger strike for nine months, prisoner Sibel Balaç hospitalized

Having continued a "death fast" for nearly nine months, prisoner Sibel Balaç has been hospitalized.

Her lawyers had filed an application for the deferral of the execution of her sentence. Balaç was taken to the hospital for a report regarding the application to be prepared.

She is now kept at the prisoners' ward in the Yıldırım Bayezit hospital in Dışkapı, Ankara, where she was taken to for a report

The People's Law Bureau (HHB) said she has lost two kilos more since she was last taken to the hospital on September 6 and now weighs 39 kilos.

The ward she is now being kept in is not ventilated and hygienic, it said.

"Since she was taken to the hospital, a lot of tests have been carried out. Because of these tests, our client has become quite tired and her weight loss has accelerated. She has numbness in her feet and legs and lesions in her mouth.

The tests will be completed today (September 14).

It was clear that Balaç cannot stay in prison due to her condition, and she must be released immediately, said the bureau.

Sibel Balaç in the Silivri Prison and Gökhan Yıldırım in the Tekirdağ No. 1 Prison have been on a hunger strike since December 19 and December 25, respectively. They demand a "fair trial."

On August 15, İleri Kızılaltun joined the hunger strike.

Yıldırım ended his strike after the execution of his sentence was deferred. (BIA, 14 September 2022)

CEDH: la Turquie condamnée pour la détention de juges qui avaient libéré des opposants

La Turquie a été condamnée mardi par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour avoir emprisonné deux juges qui avaient libéré en 2015 des personnes suspectées d'appartenir à un groupe jugé terroriste par Ankara.

La juridiction européenne a conclu à la violation de l'article 5.1 (droit à la liberté et à la sûreté) et a condamné Ankara à verser à chacun des juges 5.000 euros au titre du préjudice moral, indique-t-elle dans un communiqué.

Les requérants, Mustafa Baser et Metin Özcelik, exerçaient au moment des faits dans des juridictions pénales à Istanbul.

En 2015, ils avaient participé à la décision de libérer le patron d'un groupe de presse, Hidayet Karaca, ainsi qu'une soixantaine de policiers arrêtés fin 2014 pour avoir, selon la justice, comploté contre le président turc.

Ils étaient tous suspectés d'appartenir à "l'Organisation terroriste Fethullahiste/Structure d'État parallèle", indique la CEDH.

Les deux juges furent à leur tour soupçonnés d'appartenir à cette mouvance du prédicateur Fethullah Gülen, installé au Etats-Unis et considéré par le président Recep Tayyip Erdogan comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

Autrefois allié précieux de M. Erdogan, Fethullah Gülen a par la suite été accusé par les autorités turques d'avoir répandu les soupçons de corruption qui ont visé le gouvernement en décembre 2013, quand M. Erdogan était encore Premier ministre.

Arrêtés en 2015, les deux juges furent condamnés en 2017 à 10 ans de prison pour "appartenance à une organisation terroriste" et "abus de pouvoir", rappelle la Cour dans son communiqué.

Dans sa décision, qui ne concerne que leur détention provisoire, la CEDH a notamment pointé "l'illégalité" de cette détention et "l'absence de raisons plausibles (...) de les soupçonner d'avoir commis une infraction". (AFP, 13 sept 2022)


Documents de Belgique à la “justice” d’Erdoğan !


 
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 5 septembre 2022)
Les dirigeants de l’Association des Juristes Contemporains (ÇHD), dont le procès se tiendra le 7 septembre dans l’établissement pénitentiaire fermé de Silivri, étaient venus défendre le droit et la justice en Belgique
Dans mon article de la semaine passée, j’évoquais Deniz Gezmiş et ses camarades, ainsi que trois ouvrages majeurs de l’année 1968.

1968 et les séquences des juntes fascistes du 12 mars 1971 et du 12 septembre 1980 qui lui succédèrent fut une période de résistance légendaire des révolutionnaires ainsi qu’une période où nos courageux avocats combattirent les injustices devant les tribunaux pénaux, les cours martiales et les “tribunaux de sûreté de l’État”, mettant ainsi en danger leur sécurité professionnelle et leurs propres libertés.
 
Je me souviens de notre cher juriste Halit Çelenk, l’avocat de Deniz Gezmiş, Yusuf Arslan et Hüseyin Inan. Suite au procès du THKO qui se conclut par la pendaison des trois jeunes, en 1974 il avait rassemblé dans un livre tous les documents liés au procès, et les Éditions Yöntem que dirigeait ma soeur Çiğdem Özgüden avaient alors publié ce document précieux.

C’est précisément à cette époque que Halit Çelenk fonda l’Association des Juristes Contemporains (ÇHD), aux côtés de ses collègues progressistes Niyazi Ağırnaslı, Nevzat Helvacı, Kemal Burkay, Erşen Şanal, Emin Değer, Gülçin Çaylıgil, Kemal Yücel et d’autres dizaines d’avocats ayant comme lui lutté valeureusement dans les tribunaux du 12 mars.
 
48 années se sont écoulées depuis, presque un demi-siècle.
 
En cette année 2022 où la Turquie continue le processus d’adhésion à l’UE et demeure membre à part entière du Conseil de l’Europe, les dirigeants de cette association de juristes, fondée par Çelenk, Ağırnaslı et leurs camarades, sont condamnés à de lourdes peines de prison dans le système de non-droit qu’a instauré Tayyip Erdoğan. En outre, son président Selçuk Kozağaçlı et ses collègues Oya Aslan et Barkın Timtik sont retenus en cellule depuis des années.

Le procès de l’Association des Juristes Contemporains a commencé le 19 août 2013 avec un réquisitoire de 624 pages et l’arrestation de 22 avocats.
 
L’avocate Ebru Timtik, une des accusés du procès, a perdu la vie dans la grève de la faim qu’elle avait entamé face à cette injustice.
 
Dans le message qu’il nous a envoyé en lien avec l’audience qui se tiendra le 7 septembre au sein de l’établissement pénitentiaire fermé de Silivri, l’avocat de la défense Oğuzhan Topalkara déclarait :

“Nous entrons dans la 9ème année d’un procès ayant commencé en janvier 2013 par des raids policiers sur l’Association des Juristes Contemporains et le Bureau Juridique du Peuple ainsi que les bureaux et les domiciles des avocats. Selçuk Kozağaçlı est sur le point de terminer sa 6ème année d’enfermement, Barkın Timtik sa 5ème année et Oya Aslan est quant à elle enfermée depuis 2 ans et 9 mois.

“Dans cette affaire tous les accusés sont des avocats. Leurs clients, les activités professionnelles et les visites en prison réalisées dans le cadre des procès qu’ils suivirent font l’objet d’accusation.

“En tant que preuve d’accusation, on présente des déclarations venant de repentis passés aux aveux et d’informateurs secrets, ainsi que le contenu d’une correspondance présentée en tant que ‘documents organisationnels’ qui aurait été saisie en Belgique et aux Pays-Bas entre 2004 et 2006 et ramenée en Turquie.
 
“2005 marque clairement la première année de cette enquête sur les documents. Pourtant malgré les 9 ans de procès, l’écoulement de 18 ans depuis le jour où ces documents ont été mis dans les mains du procureur et malgré les demandes répétées des avocats de la défense, il n’a toujours pas été déterminé si ces documents existent et s’ils peuvent être qualifiés de ‘preuve.’

“Le procureur qui prépara le premier acte d’accusation de ce procès est Adem Özcan, qui s’enfuit plus tard pour éviter une peine de prison à vie aggravée dans le cadre des purges du FETÖ.”

Oğuzhan Topalkara poursuit :

“Le bureau du procureur qui prépare actuellement l'avis final a tout simplement copié collé l'acte d'accusation préparé par le procureur en fuite, Adem Özcan… A tel point que l’avis final contient les mêmes fautes de ponctuation et d’orthographe. Toute demande des accusés et de la défense de produire au tribunal les preuves utilisées par le bureau du procureur se voit refuser sans aucune forme d’examen.”

Ces documents de Belgique présentés depuis des années comme “preuves” dans l’acte d’accusation mais dont le contenu n’a jamais été dévoilé seront-ils présentés lors de l’audience du 7 septembre ?

Je ne peux pas savoir le pourquoi du comment de ces documents de Belgique gardés secrets par le bureau du procureur, mais nous avons dans nos archives de tels documents sur l’Association des Juristes Contemporains qui, loin de juger Selçuk Kozağaçlı et ses amis, requièrent de les mettre à l’honneur car ils constituent la preuve de leurs très précieux efforts dans la lutte pour la démocratisation de la Turquie.

Nous sommes en relation permanente avec l’Association des Juristes Contemporains depuis 1974 et faisons connaître leur œuvre à l’opinion publique européenne dans différentes langues. Nous étions présents avec les représentants de cette association dans plusieurs évènements organisés dans la capitale de l’Europe dans les années 2000, lorsque l’AKP arriva au pouvoir.

Deux évènements en 2006 et 2007 importent au plus haut point.

A l’occasion d’une soirée nommée “6 heures pour les Libertés” organisée le 9 septembre 2006 par le Comité pour la liberté d’expression et d'association (CLEA) dans les locaux de l’ULB, un des intervenants, Taylan Tanay, aujourd’hui jugé dans le procès de l’Association des Juristes Contemporains, était alors porte-parole de cette dernière.

Lors de cette réunion, ces importantes personnalités du monde politique, académique, culturel et syndical avaient alors exprimé leur point de vue :

Benoît VAN DER MEERSCHEN (Président de la Ligue des droits de l’Homme),
Tomas ARMAS (délégué CGSP),
Laurent ARNAUTS (rédacteur en chef du Journal du Mardi),
Jean BRICMONT (professeur à l’UCL),
Céline DELFORGE (parlementaire),
Jean-Michel D’HOOP (artiste),
Josy DUBIÉ (parlementaire),
Paul-Emile DUPRET (secrétaire du groupe GUEN au Parlement européen),
Jan FERMON (Avocat),
François HOUTART (Président du Centre Tricontinental de Louvain-la-Neuve),
Silvio MARRA (ex-délégué FGTB des Forges de Clabecq),
Anne MORELLI (professeure à l’ULB),
Jean-Claude PAYE (membre du Comité T),
Nadine ROSA-ROSSO (membre de Pour une autre gauche),
Guy VAN SINOY (militant FGTB).

L’année suivante, en raison du lâche assassinat du regretté Hrant Dink à Istanbul, la sensibilité belge à la situation des droits humains en Turquie augmenta.

Participant à la “Soirée interculturelle pour la Liberté des Peuples d’Anatolie” organisée à Bruxelles par les organisations démocratiques des peuples originaires de Turquie, le président de l’Association des Juristes Contemporains Selçuk Kozağaçlı avait alors donné des informations sur les développements inquiétants ayant lieu en Turquie.

Cette soirée du 15 décembre 2007, les personnalités suivantes avaient alors participé en tant qu’intervenants:

Jan BEGHIN (Député bruxellois),
Christos DOULKERIDIS (Député bruxellois),
Sven GAT (Membre du parlement régional flamand),
Michel DE HERDE (Echevin à Schaerbeek),
Bernard DE MARCKEN (Echevin à Etterbeek),
Béatrice MEULEMANS (Echevine à Saint-Josse),
France BLANMAILLAND (Avocate),
Selma BENKHELIFA (Avocate),
Henri WAYNBLUM (Union des Juifs Progressistes)

Faire connaissance personnellement avec les deux représentants de l'Association des Juristes Contemporains Taylan Tanay et Selçuk Kozağaçlı lors de ces événements et être témoin personnellement de leur détermination à lutter pour la démocratisation de notre pays a été une source de bonheur et d'encouragement pour İnci et moi ainsi que pour nos amis assyriens, arméniens, kurdes et turcs avec lesquels nous luttons ensemble en exil.

Un document des Pays-Bas ? Ce n’est pas un document de culpabilité mais d’honneur...

Jugé par la “justice” de Tayyip Erdoğan, le président de l’Association des Juristes Contemporains Selçuk Kozağaçlı fut récompensé le 24 mai 2019 par l’organisation néerlandaise Lawyers For Lawyers pour ses combats pour le droit et la justice. Mais comme il croupissait en prison et ne pouvait être présent, le prix a été confié à Ceren Uysal, une des dirigeantes du ÇHD.

Quelle sorte de parodie de la justice se jouera lors de l'audience de mercredi, les documents dont on parle depuis des années mais dont le contenu est inconnu seront-ils révélés ? Nous verrons bien...

Mais pour nous, les seuls documents belgo-néerlandais d’importance sont ceux que j’ai tenté de porter à votre connaissance.
 
De plus, même sans ces documents, Selçuk Kozağaçlı et ses amis ont depuis longtemps pris leur place honorable dans la lutte pour le droit et la justice non seulement en Turquie mais aussi dans le monde.

Dans un message envoyé depuis la prison à l'occasion du 8ème anniversaire de la mort du président fondateur du ÇHD Halit Çelenk, Selçuk Kozağaçlı a déclaré :

“Je suis le dernier président du ÇHD (pour l'instant), je suis avocat et socialiste. Cette organisation est le foyer dynamique des avocats progressistes de ce pays, des sections juridiques du TKP TİP aux bureaux juridiques des syndicats révolutionnaires, des commissions d'avocats des mouvements politiques aux avocats de la lutte pour la liberté kurde, des bureaux juridiques politiques aux avocats des révolutionnaires et enfin aux avocats révolutionnaires. C'est ainsi qu'elle fut fondée, qu'elle a vécu et qu'elle restera aujourd'hui et à l'avenir. Elle est aussi le toit et la garantie de toutes les associations d'avocats qui ont émané d'elle.

“Elle fut fondée pour se battre contre le fascisme et s’est battue sans relâche.

“L’ennemi reste toujours le même, mais contrairement à ce que l’on pense souvent, il existe plusieurs nuances de noir. Le fascisme s'est transformé des années 70 aux années 2000, acquérant de nouvelles nuances plus sombres.

“Bien, mais qu'en est-il de ceux qui luttent ? Je me souviens qu'on m'a demandé lors d'une interview : ‘Vous comparez-vous à Halit Çelenk, Niyazi Ağırnaslı, Gülçin Çaylıgil ?’

“Vous serez peut-être frappés par les différences dans nos perspectives politiques, dans nos styles de lutte, dans nos lignes de vie. Permettez-moi d’affirmer que le premier président fondateur et le dernier (jusqu’à présent) président du ÇHD ne se ressemblent pas ; parce qu'ils sont "les mêmes".

“L'emprisonnement n'a jamais effrayé aucun président du ÇHD jusqu'à aujourd'hui, et il n'a toujours aucun pouvoir sur nous aujourd'hui. La "Liberté" est un être aimé à qui l'on reproche de rester si loin, d'être à ce point en retard. Nous ne sommes pas prisonniers de sa nostalgie ; aucune mélancolie de la nostalgie qui affaiblirait notre combat en prison, à l'extérieur, dans la rue, à l'école, au tribunal ne peut nous rendre prisonniers.

“Nous sommes dans le droit. Nous ne renoncerons jamais à la lutte. Parce qu’il n’existe pas d’autre issue ou moyen, nous serons vainqueurs!”
 
Je demande pour terminer :
 
Ô vous les procureurs et juges laquais de Tayyip Erdoğan...
 
Si ces deux valeureux juristes face à vous, venus en Belgique à une époque pour faire entendre la voix du combat pour la démocratie, le droit et la justice en Turquie, sont des terroristes, alors les importantes personnalités belges qui ont partagé la même tribune, qui soutiennent leurs combats et dont nous avons cité les noms plus haut sont-ils des complices du terrorisme ?

Et si leurs chemins les amenaient en Turquie, les arrêterez-vous pour terrorisme, les enfermerez-vous dans les cellules du pénitencier de Silivri ?

At least 50 ill prisoners died in Türkiye in 2022'

At least 50 ill prisoners lost their lives in the first eight months of the year, the Freedom for Lawyers Association (ÖHD) has announced.

Members of the association's Diyarbakır branch gathered in front of the city's courthouse today (September 9) to bring attention to prisoner deaths.

Reading out a statement there, Adile Selman, an executive member of the ÖHD Diyarbakır, said "many prisoners died suspiciously" over the past year.

"Prisons have become places of torture where human rights are violated and every kind of inhumane and degrading treatment is practices," said Selman.

"Prisoners face serious and grave violations, from violations of their right to life to torture, from access to health services to authoritarian practices," she added.

Last week, Emel Haceroğlu, who was kept in the Diyarbakır Women's Closed Prison, lost her life after being hospitalized in a delayed manner, noted the lawyer.

Also, Mehmet Emin Özkan and Kurdish politician Aysel Tuğluk, both with serious health problems, haven't been released despite countless applications, she said.

"We invite the Ministry of Justice, national and international law and human rights organizations to take action for an approach to the problems on the basis of fundamental rights and freedoms and to evaluate and solve the prisoners' demands accordingly." (BIA, 9 September 2022)


Des nouvelles de la prison d’Elazığ

Elle s’appelle Songül Erden Şahin et est co-présidente du HDP (Parti démocratique des peuples) pour la région du Dersim. Elle est détenue dans la prison d’Elâzığ en compagnie de Leyla Güven qui l’a informée de nos activités. Elle nous remercie de l’attention que nous portons à tous les militants et toutes les militantes kurdes injustement emprisonnées et condamnées à de longues peines. C’est grâce à ces actions que leur moral tient bon, écrit-elle : « vous faites écho de la lutte que nous menons, jour après jour, derrière les barreaux, et de cela nous vous en sommes très reconnaissantes ».

La prison a un impact nocif, destructeur

Je me présente : je m’appelle Songül, je suis originaire du Dersim, je suis kurde, alévie et féministe. Je suis professeure et en même temps, je suis mère de famille. J’ai fait la connaissance du parti HDP et me suis engagée activement au sein de ce parti pour soutenir la lutte. J’ai accepté le poste de co-présidente du HDP pour la région du Dersim.

Malheureusement, cette activité, dans un pays comme la Turquie, conduit directement en prison. Dans ce pays où je vis, si tu es féministe, kurde, alévie, opposante, et si tu tiens à tes origines, tu es sûr que le prix à payer est la prison. J’ajoute, – et je peux l’affirmer avec l’expérience vécue -que la prison a, sur toute personne, un impact nocif, destructeur, mais quand il s’agit d’une femme, cet impact est dévastateur. Il n’est peut-être pas trop difficile d’imaginer que peut ressentir une mère séparée de son enfant. Mais il faut vraiment vivre cette situation pour la comprendre et en mesurer toute la dimension. J’ai une fille de 3 ans maintenant. Elle s’appelle Rosa et ça fait presque un an que je suis séparé d’elle. J’avais comme objectif, comme but, de créer, un monde plus juste, un monde meilleur, et j’ai été punie. Ma fille est née en Géorgie. Enceinte, j’avais dû partir à l’étranger mais je ne voulais pas que ma fille grandisse à l’étranger. C’est pourquoi je suis revenue en Turquie et c’est à mon retour que j’ai été arrêtée et emprisonnée.

Les informations obtenues par ailleurs confirment que les cartes postales envoyées à la prison d’Elâzığ arrivent à leurs destinataires qui sont aussi informées de l’opération « stylos ». Par contre les stylos n’ont pu encore franchir les portes de la prison. Continuons à soutenir les détenues d’Elâzığ. (akb.bzh, André Métayer, 7 septembre 2022)


Assassination of Prof. Hablemitoğlu detained in Bulgaria

Retired colonel Mustafa Levent Göktaş, a suspect in the 2002 assassination of a professor, was detained yesterday (September 1) in Bulgaria's Svelingrad city.

Türkiye had an Interpol red notice against Göktaş.

Following his detention, the Ministry of Justice and the General Directorate of Security's Head of Interpol Department started proceedings for Göktaş's extradition, the state-run Anadolu Agency (AA) reported.

In late July, Göktaş had said on his social media account, "I'm going to explain everything with documents at 22.00 tonight. Starting from tomorrow, I'll begin shooting videos."

However, he did not make any further statement after Sedat Peker, who also has a warrant against him for "leading a criminal gang," responded to him on Twitter, claiming that Göktaş had offered money to him to kill a person.

Another suspect in the assassination, Volkan Bozkır, was brought to Türkiye in January.

The assassination

Prof. Necip Hablemitoğlu was shot dead in front of his home on December 18, 2002. At the time, he was working on a book about the Fetullah Gülen group's efforts to infiltrate state institutions. The book was released unfinished a year after his death.

No lawsuit has yet been filed concerning the assassination.

Hablemitoğlu was a historian and a lecturer at Ankara University.

Gökhan Bozkır, a suspect of Hablemitoğlu's murder, was brought to Türkiye from Ukraine in late January.

Statement from Saturday Mothers

After Levent Göktaş became a talking point, the Saturday Mothers/People, a group demanding clarification for what happened to their disappeared relatives during the conflict in the Kurdish regions since the 1990s, had released a statement, asking Göktaş to reveal what happened to two people who had disappeared.

Göktaş was allegedly involved in the disappearance of H.B. and M.B., who were the father and uncle of an MP with the ruling Justice and Development Party, according to revelations made by Yıldırım Beğler, a former officer, in an interview with Sabah newspaper in 2009.

The Saturday Mothers/People had called on the judicial authorities to reveal what happened to the two people.

"The families of H.B. and M.B. had met with the then Interior Minister Meral Akşener. Akşener had promised to them that the incident would be shed light on. But nothing was heard from the missing. We are calling out to Akşener: Explain why the incident wasn't/couldn't be shed light on." (BIA, 2 September 2022)


La police turque abat un jeune homme à Mardin

La police turque a abattu jeudi un jeune homme dans la province kurde de Mardin, prétextant qu’il n’aurait pas obéi à un ordre de s’arrêter.

Jeudi, Adem Kara, 21 ans, a été abattu par la police sur un marché aux bestiaux à Işıklar, dans la ville de Midyat, à Mardin. La police a ouvert le feu sur lui, justifiant son acte par un refus d’obtempérer à un ordre de s’arrêter. Grièvement blessé, Kara est décédé à l’hôpital de Mardin. Son corps devrait être remis à la famille après l’autopsie.

Selon ses proches, la victime ne faisait pas l’objet d’un mandat d’arrêt. Ils ajoutent que le jeune homme a probablement pris peur parce qu’il venait de sortir de prison. La famille a annoncé qu’elle allait porter plainte.

Il n’est pas rare que la police turque ouvre le feu sur des personne pour refus d’obtempérer à un un ordre, en particulier dans les provinces kurdes. (Rojinfo, 2 September 2022)


Peace Day marked across Türkiye: Police detain dozens


In İstanbul's Kadıköy, hundreds of people gathered in a demonstration held by the Labor, Peace and Democracy Forces, which consists of several socialist political parties, and other groups, including the Peace Mothers.

The police surrounded the area where the crowd gathered and blocked them from marching along the shoreline. When they insisted on doing so, police used pepper spray on the croawd and detained dozens of people, including members of the Peace Mothers.

The Freedom for Lawyers Association (ÖHD) tweeted that about 100 people were detained in an "arbitrary and illegal attack" by the police.

Police officer harassed bianet reporter

The police was led by Hanifi Zengin, the security branch director at the İstanbul Security Directorate, who is investigated by the General Directorate of Security after a complaint for harassment and ill-treatment of demonstrators and journalists.

bianet reporter Tuğçe Yılmaz, who was following the demonstration in Kadıköy, said she was harassed by a plainclothes police officer. "You squeezed my breast, you harassed me," she said, pointing to the officer. A police chief told her, "You can file a criminal complaint."

Yılmaz later tweeted, "I was both prevented from following the news just as my colleagues, and physically harassed by a police officer."

Sharing a video in another tweet, she wrote, "One of the police officers of those who call women and LGBTI+s 'pervert' and 'immoral' night and day did this." (BIA, 1 September 2022)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Kurdish journalist Kadri Esen given prison sentence for 'terror propaganda'

Kadri Esen, the grant holder of Xwebûn, a weekly Kurdish newspaper, has been sentenced to 1 year and 3 months in prison for "propagandizing for a terrorist organzation."

The lawsuit was filed because of a video he shared on social media in 2018. The video included a member of the Women's Protection Units (YPJ), a Kurdish armed group in Syria deemed as a "terrorist organization" by Türkiye.

Esen and his attorney Resul Temur were present at the Diyarbakır 10th Heavy Penal Court.

Making his defense in Kurdish, Esen said he has been working as a journalist for years, and shares news content on his social media accounts from time to time.

He said he does not share post for propaganda purposes, and doesn't remember the content of the video in question.

He said he would not accept the deferral of the verdict.

"A fake report"

Lawyer Temur said his client was detained after a report to the police during the 2022 Newroz celebrations, and it was a "fake report" made by the police.

There was no relation between Esen's detention and the criminal case against him, he added.

During his detention, Esen's social media accounts were reviewed and an investigation was opened into the said post, which was a "legally crippled" practice, the lawyer asserted.

He noted that the Constitutional Court had annulled the police's "virtual patrol" authority, therefore the investigation opened after the examination of the journalist's social media accounts was not in compliance with the top court ruling.

Also, he alleged, police violated Esen's privacy by examining his account without an investigation.

Handing down its judgment, the court sentenced Esen to 1 year and 6 months in prison for "propagandizing for a terrorist organization," and deferred the announcement of the verdict.

Esen will appeal the decision. (BIA, 21 Sept 2022)

Journalist Hatice Şahin sentenced to 6 years, 3 months in prison

Hatice Şahin, a reporter for the pro-Kurdish daily Yeni Yaşam, has been sentenced to 6 years and 3 months in prison for "being a member of a terrorist organization."

The journalist did not attend the hearing at the Diyarbakır 9th Heavy Penal Court while her lawyer, Resul Temur, was present in the courtroom, MLSA reported.

The court also ruled that the judicial control measures imposed upon Şahin should continue until the verdict becomes final. Temur said they will appeal the verdict.

The hearing

Şahin was facing up to 15 years in prison, with her activities within the Democratic Society Congress (DTK), her phone conversations with her colleagues, and statements about her by anonymous witnesses cited as evidence against her.

The prosecutor's office repeated its opinion as to the accusations, demanding a 15-year prison sentence for the journalist.

In his statement, Temur said they did not agree with the prosecutor's opinion. In order to make the statements of two anonymous witnesses nicknamed Ezel and Firar "relevant," Şahin was detained during an operation that was not related to her, he said.

His client was facing charges because of writings and notes seized during a police raid on her home, added the lawyer.

He further noted that Şahin was not a member, executive or employee of the DTK.

Handing down its judgment, the court sentenced the journalist to 6 years and 3 months in prison for being a member of an "armed terrorist organization."

What happened?

Hatice Şahin was among the 145 people who were detained on October 9, 2018, in an investigation related to the Democratic Society Congress (DTK). she was released with an international travel ban on October 19.

She was indicted for "being a member of an armed terrorist organization" on October 23, 2018. (BIA, 20 Sept 2022)


Communications Directorate revokes veteran journalist Tuğrul Eryılmaz's press card

The Presidency Communications Directorate has revoked the permanent press card of journalist Tuğrul Eryılmaz and asked him to return the card.

The directorate send a letter notifying Eryılmaz of the decision, he said in his column on the T24 news portal.

The reason for the revocation was his "actions that may harm national security," Eryılmaz wrote.

"With the registered letter with return receipt that the Communications Directorate sent this week, it was notified that my permanent press card, which I have been carrying for years, had been revoked.

"Because I'm a 70+ youngster, 'my actions that may harm national security' were punished by Fahrettin Altun [head of the directorate] and his team.

"This is really where words fail. For three years, they had neither given my new press card, nor canceled it. They have canceled it now. Because I have no money for a lawyer, the Turkish Journalists' Association is dealing with the issue."

Eryılmaz had the "permanent press card," which is issued to those who work as a journalist for 20 years without interruption.

He obtained a press card for the first time in 1975, when he started journalism at the public broadcaster TRT.

He is a board member of the IPS Communication Foundation, the parent organization of bianet.
"A decision by the commission"

The letter sent to Eryılmaz says the directorate's Press Card Commission revoked his press card at the meeting on August 10, as per paragraph 2 of article 25 of the Press Card Regulation.

"You must return your revoked press card to our REgional Directorate in order to avoid any future grievances as per article 30 of the Press Card Regulation," reads the letter.
What does the regulation say?

The article that was the basis fo the decision regarding Yılmaz is about the "revocation of permanent press cards."

Paragraph 2 of the article refers to sentences (c), (ç), (d), (e) and (f) of the paragraph 1 of article 6, and says, "If a violation of these sentences arise, the permanent press card is revoked by the Commission upon the proposal of the Presidency."

The sentences regulate "conditions sought for persons to be given a press card." They are mostly about crimes against the state.

About Tuğrul Eryılmaz

Journalist. Founding board member of the IPS Communication Foundation.

He worked as the editor-in-chief of the magazines Haftalık, Nokta, Yeni Gündem ve Sokak and Milliyet Sanat, and the weekly Radikal 2. He also worked for the Tempo magazine and Yeni Asır and Cumhuriyet newspapers.

He lectured at the journalism departments of Ankara, Bahçeşehir, Bilgi, İzmir Ekonomi and Kadir Has Universities.

He completed his undergraduate and graduate studies at Ankara University Faculty of Political Sciences.

He started journalism at the TRT News Center. He resigned after the 1980 military coup and moved to İstanbul. He took part in cinema programs on various TV channels. He worked as a consultant for various movies and TV series.

He writes a column for T24. he is a fan of the Rolling Stones and Marianne Faitfull. He is from İzmir. (BIA, 16 September 2022)


Turkish authorities arrest journalist Sinan Aygül for refusing to pay fine

Turkish authorities should immediately release journalist Sinan Aygül and allow him to work freely, the Committee to Protect Journalists said Tuesday.

Aygül, chief editor of the privately owned local news website Bitlis News and chair of the Bitlis Journalists Society, a local trade group, was arrested by police in the eastern city of Bitlis on Tuesday, September 13, on an arrest warrant issued for a fine of 1,500 Turkish liras (US$82) that the journalist had refused to pay, according to news reports and his lawyer Burhan Aksoy, who spoke to CPJ on the phone.

The fine was issued in 2015 as a result of Aygül being found guilty for “insulting” Vahit Kiler, a parliamentary deputy of the governing Justice and Development Party in Bitlis, according to those sources. Aygül was accused of insulting Kiler after calling him a “wolf politician” in a column that is no longer available online, those sources said. When used as an adjective, “kurt” (wolf) means “somebody who knows somewhere/something/their business well” or “someone smart; someone who cannot be cheated,” according to a Turkish language institution considered Turkey’s authority for its official language.

“Turkish authorities should immediately release journalist Sinan Aygül and stop interfering with his work by using judicial bureaucracy,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central Asia program coordinator, in New York. “Aygül, like many of his colleagues in Turkey, is repeatedly being harassed by the judicial system over his reporting. The authorities in Bitlis should allow him and all journalists to work freely.”

CPJ documented a separate case involving the journalist last year, when he was found guilty of “violating the secrecy of an investigation” for reporting about a sexual assault. This 2021 conviction violated the terms of his parole for not paying the fine in the insult case, Aygül told CPJ in a July 2021 phone interview. Aygül also told CPJ that he will not pay the fine on principle.

On June 1, 2021, Aygül went to prison as a formality for the 2021 conviction and was released on the same day under probation, according to news reports.

CPJ emailed the chief prosecutor’s office in Bitlis and Kiler for comment but did not immediately receive a reply. (BIA, 15 September 2022)

La chanteuse assignée à résidence pour une plaisanterie désormais libre

L'assignation à résidence de la pop star turque Gülsen, accusée d'"incitation à la haine" pour avoir moqué sur scène les écoles religieuses, a été levée lundi par un tribunal d'Istanbul, ont annoncé les médias turcs.

La chanteuse de 46 ans, de son vrai nom Gülsen Bayraktar Colakoglu, avait été assignée à résidence le 29 août dernier dans l'attente de son procès après avoir été incarcérée pendant quatre jours à la prison stambouliote de Bakirkoy.

Interdite de quitter le territoire avant de comparaître en justice le 21 octobre prochain, elle encourt plusieurs années de prison.

Son arrestation fin août avait provoqué de vives réactions en Turquie.

Lors d'un concert en avril, Gülsen avait déclaré que la "perversion" de l'un de ses musiciens était due à son éducation dans une école Imam Hatip, provoquant un salve de rires dans le public.

Ces établissements religieux du secondaire, dont le président turc Recep Tayyip Erdogan fut un élève, ont fleuri depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 de son parti islamo-conservateur AKP.

Un extrait de la scène était devenu viral sur les réseaux sociaux la semaine dernière, suscitant l'indignation de cadres du parti au pouvoir, à moins d'un an de la prochaine élection présidentielle.

"Ceux qui insultent les valeurs sacrées de notre nation ne pourront pas échapper à leur responsabilité", a déclaré lors d'un discours lundi soir le président Erdogan, en référence aux poursuites engagées contre la pop star, sans pourtant la mentionner.

"Pendant des années, ils ont essayé d'exclure mon peuple", a-t-il ajouté, dans une allusion aux décennies de règne des élites laïques occidentalisées sur la Turquie.

Célèbre pour ses tenues jugées audacieuses par une partie des Turcs et pour son soutien aux droits de la communauté LGBTQ+, Gülsen est une artiste connue en Turquie, pays presque exclusivement musulman mais constitutionnellement laïque.

D'autres artistes turcs se sont retrouvés ces derniers mois dans le viseur des conservateurs. Certains ont vu leurs concerts annulés en raison de comportements jugés "inappropriés" ou parce qu'ils chantent dans une langue régionale. (AFP, 13 sept 2022)

Turkey bans former HDP co-chair Yuksekdag’s poetry book

Turkey banned pro-Kurdish Peoples' Democratic Party’s (HDP) imprisoned former co-chair Figen Yuksekdag’s poetry book “Walls to demolish.”

A Turkish court on Thursday decided to impose a prohibition on printing, distribution and sale of the book throughout Turkey and to destroy the confiscated copies, on charges of "making propaganda for a terrorist organization,” Mezopotamya news agency reported.

Yuksekdag has been jailed since 2016 on several terrorism related charges, including, leading a terrorist organization. 

She was arrested in November 2016, along with her then fellow co-chair Selahattin Demirtas.

Ankara government blames HDP, Turkey’s second-largest opposition party of having links with the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK), a claim that the party denies. Turkish President Recep Tayyip Erdogan launched a crackdown on HDP after the peace talks with the PKK broke down in 2015. Last November, Erdogan called HDP the "puppet’’ of the PKK and vowed to “save” the country from it.

Yuksekdag’s book became the target of accusations over her “My cloudy head” titled poem.

The lines in the poem saying "Humanity is writhing on the edge of poverty, while the babies in the deserted houses were being set on fire by darkness, and being shot in the head," were seen as a reason for the charges, Mezopotamya said.

PKK is an armed group fighting an insurgency on Turkish soil for four decades and designated as a terrorist organization by the United States and the European Union. (gerceknews, 8 September 2022)

Singer Gülşen to appear before judge on October 21

The İstanbul 11th Penal Court of First Instance has accepted an indictment against the pop singer Gülşen, who has been put under house arrest because of a joke she made about religious schools.

Gülşen is charged with "provoking the people into hatred and hostility," for which she may receive a prison sentence of up to three years.

In the 48-page indictment prepared by the Press Crimes Investigation bureau of the İstanbul Chief Public Prosecutor's Office, there are 702 plaintiffs, including the Women and Democracy Foundation (KADEM).

"Statements provoking the public"

The indictment says the singer's words provoked "a part of the public against another that has different characteristics in terms of social class."

The prosecutor's office said it had also considered that the video showing Gülşen's remarks were shared on social media by many people with negative comments, and reports that many graduates of the religious schools had filed petitions of complaint against the singer. (BIA, 8 September 2022)


Journalists Sadiye Eser, Sadık Topaloğlu sentenced to six years in prison

Two former reporters for Mezopotamya Agency (MA), Sadiye Eser and Sadık Topaloğlu, have been each sentenced to 6 years and 3 months in prison for "being a member of an illegal organization."

The ninth hearing of the case was held today (September 8) at the İstanbul 22nd Heavy Penal Court.

The sentence given to the journalists was based on the statements of an anonymous witness who didn't attend any of the hearings.

The journalists did not attend today's hearing while their attorneys, Ayşe Acinikli and Özcan Kılıç, were present at the courtroom. Banu Tuna, the İstanbul branch chair of the Journalists Union of Turkey (TGS) also attended the hearing.

A Kurdish song as "evidence"

Lawyer Kılıç said the prosecution's allegation was based on Ögür Baran, a witness who had not attended any hearing. He cited Court of Cassation decisions that the allegations of a witness who was not heard face to face should not be taken into account.

He also noted that a Kurdish song on Eser's phone was cited as evidence in the case file.

The prosecutor's opinion was baseless and his client should be acquitted.

Lawyer Acinikli also said the statements of a witness who was not heard before the court cannot be taken as the basis of the judgment, according to the Law on Criminal Procedures.

She also noted that the witness in question had benefited from the effective remorse law, and making such statements was in their interest. Therefore, she said, their statements cannot be taken as the basis of the judgment also citing high court judgments.

She demanded her client's acquittal, saying that there was no concrete evidence in the case file. (BIA, 8 September 2022)


Union of bars seeks annulment of amendment to Press Ethical Principles

The Union of Turkish Bar Associations (TBB) has filed a case with the Council of State, the country's top administrative court, demanding the annulment of the "ethical principles" released by the Press Advertisement Institution (BİK).

"The Ethical Principles for the Press" came into force after it was published in the Official Gazette on July 6.

The principles lack legal basis, the TBB said in a written statement.

The BİK's decision "brings arrangements and restrictions that are vague, disproportionate, open to interpretation, and ambiguous," and violates the principle of clarity, according to the TTB.

"The arrangement in question, which results in the violation of freedom of expression and the press, also causes the restriction of the right to access the court for relevant outlets," it further said.

The principles

The Press Ethical Principles, which had remained unchanged since 1994, were amended in July.

The expression "Publications cannot praise the crime and the criminal and provoke the people into hatred and hostility" has been added to the text dated 1994.

The principle that "Publications cannot encourage terrorism" has been expanded to include "information and images about terrorist organizations, their member and incidents cannot be published in a way that legitimizes these organizations."

The principle that "Publications cannot be against morality" has been changed to "Publications cannot be against general morality." (BIA, 6 September 2022)


Report: Rights of 11 journalists violated in August

Eleven journalists were subjected to rights violations, including detention, obstruction, and threats, in August, according to the Tigris-Euphrates Journalists Association's (DFG) monthly report.

"We have left behind a month in which journalists are exposed to repression, obstruction, detentions, investigations and arrests just because of their professional activities," said the association.

Arrests, threats and ill-treatment

In the last month, five journalists were detained and two of them were eventually remanded in custody. Home of one journalist was raided, five journalists suffered ill-treatment, five reporters were obstructed while following events, and eight journalists were threatened, says the report.

The judicial authorities opened investigations against four journalists and filed lawsuits against also four journalists.

Currently, 20 journalists are on trial in Türkiye, according to the report.

With the addition of two arrests last month, the number of incarcerated journalists rose to 79. The DFG found 37 rights violations against journalists in prison in a month.

Penalties and censorship

The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) penalized three media outlets, banned 22 broadcasts, issued monetary penalties due to five broadcasts, and issued broadcast suspension penalties on three media outlets.

Also, courts blocked access to four news websites and 114 news articles in August.

Violations against field journalists

* The deputy police chief of İstanbul's Çekmeköy district threatened İsmail Arı, a reporter for daily BirGün, who was following locals' protests against a project to convert a recreational park to a car park. Also, a group of private security officers attempted to attack him.

* Police battered journalists who were trying to film the police response to young Peoples' Democratic Party (HDP) supporters, who began a march after the party's rally in the southeastern province of Diyarbakır.

* In Van, a police officer threatened journalists who followed the HDP's Peace Day rally in the eastern Van province, saying, "I shoot you and nobody can find your body." Also, photos showed a police officer pulling his gun during the incidents.

The DFG said threatening journalists was unacceptable and demanded judicial and administrative investigation against the officers who committed violence. (BIA, 6 September 2022)


Judge who ordered arrest of Osman Kavala gets promoted

The judge who ordered the arrest of businessperson Osman Kavala and journalist Sedef Kabaş has been appointed as the presiding judge of the Bitlis Heavy Penal Court.

Bilgehan Ertem's appointment was by a permanent authorization decree by the first Chamber of the Council of Judges and Prosecutors (HSK).

However, Ertem did not have the qualifications for his previous appointment, Cumhuriyet reported. Ertem was previously a lawyer and became a judge in 2018.

When he was appointed as a penal judge of peace, he had three years and 10 months of professional experience, whereas a judge needs to have at least four years of experience to be appointed as a penal judge of peace, the newspaper reported.

According to a HSK resolution on December 21, judges had to serve in the same region for four years to become a penal judge of peace.

Ertem was the judge of the case of journalist Sedef Kabaş, who was sentenced to 2 years and 4 months in prison in March for "insulting the president."

He had also ordered the arrest of businessperson and rights advocate Osman Kavala for "obtaining classified state information for political and military espionage purposes" in March 2020. (BIA, 6 September 2022)


L’armée turque cible des correspondants d’ANHA

L’armée turque a visé ce vendredi matin deux correspondants de l’agence de presse kurde Hawarnews (ANHA), alors qu’ils circulaient à bord d’un véhicule sur la route internationale M4, dans le nord de la Syrie. Juma Mihemed et Zana Seydî se rendaient à un forum à Raqqa depuis la ville d’Aïn Issa, lorsque l’armée turque a attaqué leur véhicule avec des canons DSchK. Heureusement, les journalistes s’en sont sortis indemnes. Selon eux, les tirs provenaient d’une base turque située près du village de Seyda, situé non loin d’Aïn Issa.

Les véhicules civils sont fréquemment pris pour cible sur la route M4 depuis des bases turques, avec des missiles et des roquettes. La vie des milliers d’usagers de la voie rapide est ainsi menacée en permanence. La Turquie tente de couper l’artère vitale stratégique entre les cantons du nord et du nord-est de la Syrie. (Rojinfo, 2 September 2022)

Une chanteuse assignée à résidence après avoir moqué les écoles d'imams

La pop star turque Gülsen, accusée d'"incitation à la haine" pour avoir moqué sur scène les écoles religieuses, a été assignée à résidence lundi après quatre jours de détention, a annoncé son avocat.

La chanteuse de 46 ans, de son vrai nom Gülsen Bayraktar Colakoglu, a été libérée lundi après-midi de la prison stambouliote de Bakirkoy.

Assignée à résidence par un tribunal d'Istanbul dans l'attente de son procès, elle encourt plusieurs années de prison.

"Nous nous réjouissons de sa libération. Bien que les propos qu'elle a tenus puissent déranger, il est évident qu'ils ne constituent pas un crime", a déclaré son avocat Emek Emre à la presse, jugeant son assignation à résidence contraire à la loi.

Son arrestation jeudi avait provoqué de vives réactions en Turquie.

Lors d'un concert en avril, Gülsen avait déclaré que la "perversion" de l'un de ses musiciens était due à son éducation dans une école Imam Hatip, provoquant un salve de rires dans le public.

Ces établissements religieux du secondaire, dont le président turc Recep Tayyip Erdogan fut un élève, ont fleuri depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 de son parti islamo-conservateur AKP.

Un extrait de la scène était devenu viral sur les réseaux sociaux la semaine dernière, suscitant l'indignation de cadres du parti au pouvoir, à moins d'un an de la prochaine élection présidentielle.

"Ceux qui insultent les valeurs sacrées de notre nation ne pourront pas échapper à leur responsabilité", a déclaré lors d'un discours lundi soir le président Erdogan, en référence aux poursuites engagées contre la pop star.

"Pendant des années, ils ont essayé d'exclure mon peuple", a-t-il ajouté, dans une allusion aux décennies de règne sans partage des élites laïques occidentalisées sur la Turquie.

Célèbre pour ses tenues jugées audacieuses par une partie des Turcs et pour son soutien aux droits de la communauté LGBTQ+, Gülsen est une artiste connue en Turquie, pays presque exclusivement musulman mais constitutionnellement laïque.

D'autres artistes turcs se sont retrouvés ces derniers mois dans le viseur des conservateurs. Certains ont vu leurs concerts annulés en raison de comportements jugés "inappropriés" ou parce qu'ils chantent dans une langue régionale. (AFP, 29 août 2022)


Kurdish Question / Question kurde

Demirtas had his hair shaved to support Iranian women

 
Jailed Kurdish leader Selahattin Demirtas shaved his hair on Friday in support of women in Iran who have been protesting over a week the killing of a young woman in detention because her hair was showing under her hijab.

Mahsa Amini a 22 year old Kurdish woman was taken into custody by the morality police hours before she died in a hospital last week.

While the Iranian officials alleged that she fell into a coma following her arrest because of a heart attack and brain seizure, her brother said that she was carried out of the police station shortly after screams were heard from inside.

Basak Demirtas, wife of the former Co-Chair of HDP (Peoples’ Democratic Party) wrote on Twitter that Demirtas and his ward mate Selcuk Mizrakli, former Diyarbakir had their hair shaved to join women demonstrators in Iran who cut their hair in public and burned their veils.

Demirtas posted a photo of a letter signed by his husband saying “We feel deep in our hearts the pain of Mahsa Amini, who was massacred because a strand of her hair showed.”

“Resisting oppression and persecution is not a responsibility that falls on only women. We shaved our heads to support the women's brave struggle for equality and authenticity,” the letter read.

Demirtas concluded his letter: “All oppressive and tyranny regimes will come down when people resist. Salute to those who resist.” (gerceknews.com, 23 Sept 2022)

Trois morts dans des frappes turques dans le nord de la Syrie

Des frappes aériennes turques dans le nord de la Syrie sur des positions tenues par les forces du régime et des forces kurdes ont fait trois morts dimanche, a indiqué une ONG syrienne.

Les frappes ont visé des positions de l'armée syrienne et des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis, non loin de la ville de Kobané, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les trois personnes tuées dans ces raids portaient des uniformes militaires, selon l'ONG basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie.

L'OSDH fait état de plusieurs blessés, dont certains graves, mais ne donne pas chiffres exacts.

Dans la matinée, des forces turques ont été visées par des tirs en provenance de Kobané, non loin de la frontière, a ajouté l'ONG.

En guerre depuis 2011, la Syrie est morcelée à cause de l'intervention de multiples groupes et puissances étrangères dans le conflit.

Entre 2016 et 2019, l'armée turque a lancé trois opérations d'envergure dans le nord de la Syrie visant les milices et organisations kurdes.

Les forces du régime se sont déployées dans des zones contrôlées par des combattants kurdes, dans le cadre d'accords destinés à endiguer une nouvelle opération turque.

Depuis juillet, les drones turcs frappent de plus en plus souvent les zones contrôlées par les forces kurdes syriennes d'un côté, qui contrôlent la majeure partie du nord-est du pays, selon l'OSDH et des responsables kurdes, mais il est rare que les opérations turques à la frontière entraînent la mort de soldats prorégime.

Mi-août, l'agence de presse officielle syrienne Sana avait confirmé la mort d'au moins trois soldats syriens dans des frappes turques près de la frontière.

La Turquie, dont les soldats sont présents dans des zones du nord de la Syrie, menace depuis mai de lancer une offensive d'envergure contre les FDS, qu'elle considère comme "terroristes".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé que son armée était "prête" à tout moment pour une nouvelle offensive.

Ankara dit vouloir créer une "zone de sécurité" de 30 kilomètres à sa frontière sud.

Après le déclenchement de la guerre en Syrie, qui a fait plus d'un demi-million de morts, la Turquie s'était farouchement opposée au régime de Bachar al-Assad, se posant en soutien indéfectible des groupes rebelles syriens. (AFP, 18 sept 2022)

Syrie: sept combattants tués dans des attaques de l'EI

Sept membres d'une force dominée par les combattants kurdes en Syrie ont été tués dimanche dans deux attaques menées par des cellules du groupe jihadiste Etat islamique (EI), a indiqué une ONG syrienne.

Les deux attaques se sont déroulées dans des zones sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avaient été aux premières lignes de la lutte contre l'EI en Syrie avec le soutien des Etats-Unis, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

A la suite du retrait de l'armée syrienne de leurs territoires dans le nord-est de la Syrie quelques années après le début de la guerre en 2011, les Kurdes y ont instauré une administration autonome se dotant d'une force militaire.

"Six combattants des FDS ont péri dans une attaque menée par des cellules de l'EI" sur la route reliant la province de Deir Ezzor (est) à celle de Hassaké (nord-est), a précisé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Un septième combattant a été tué par des tirs d'hommes armés liés à l'EI dans l'ouest de la province de Deir Ezzor, a-t-il ajouté.

Malgré la perte de ses fiefs en Syrie et en Irak voisin, l'EI continue de mener des attaques à travers des cellules dormantes.

La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500.000 morts depuis 2011. (AFP, 11 sept 2022)


Kurdish politician Aysel Tuğluk hospitalized

Imprisoned Kurdish politician Aysel Tuğluk has been hospitalized after her situation worsened.

She was taken to the emergency service early in the morning, Mezopotamya Agency (MA) reported.

Figen Yüksekdağ, a former co-chair of the Peoples' Democratic Party (HDP), said during the hearing of the Kobanî trial, "We sent her to the emergency service today. The negative situation created by the prison conditions are further worsening her situation."

Tuğluk was diagnosed with dementia in March 2021, but the authorities have refused to release her despite medical reports stating that she is not able to take care of herself.

She recently caught Covid-19 as well.

Aysel Tuğluk's imprisonment

Aysel Tuğluk was arrested on December 29, 2016, when she was the deputy chair of the Peoples' Democratic Party (HDP).

On March 16, 2018, the Ankara 17th Heavy Penal Court sentenced Tuğluk to 10 years in prison for "managing a criminal organization." The 16th Chamber of the Court of Cassation upheld the verdict.

A court ordered her arrest in the case concerning the 2014 Kobanî protests, where 108 HDP members are facing aggravated life sentences for having allegedly organized the deadly protests by orders of the Kurdistan Workers' Party (PKK).

On March 15, 2021, the Seka State Hospital in Kocaeli diagnosed Tuğluk with dementia.

At the hearing of the Kobanî trial on August 1, Tuğluk was forced to defend herself. "I don't know what happened and when it happened. I don't know what I'm on trial for."

At the hearing on August 5, the court ruled for her release, but her imprisonment continued because of her previous sentence.

The Constitutional Court on August 12 rejected an application for Tuğluk's release.

Aysel Tuğluk is still kept at the Kandıra Prison in Kocaeli.

About Aysel Tuğluk

Politician and lawyer.

She was the founding member and Co-Chair of the Democratic Society Party (DTP) and elected Diyarbakır MP in 2007-2009. She became the Van MP of the Peoples' Democratic Party (HDP) in 2011-2015. She served as the Vice Co-Chair of the HDP responsible for Law and Human Rights.

Aysel Tuğluk was also a member of the Society and Law Studies Foundation Executive Board, a member of the Human Rights Association (İHD) and the founder of the Patriotic Women's Association.

Born in Elazığ in 1965, she graduated from the Faculty of Law of İstanbul University and worked as a self-employed lawyer. (BIA, 9 September 2022)

Deux combattants kurdes tués dans des affrontements avec des jihadistes

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes ont annoncé jeudi la mort de deux de leurs combattants dans des affrontements avec des jihadistes dans un camp syrien où une opération est en cours.

"Deux de nos combattants ont succombé à leurs blessures à la suite d'affrontements", avec des combattants du groupe Etat islamique (EI) dans le camp d'Al-Hol pendant la nuit, ont indiqué les FDS.

Deux femmes mais aussi "cinq hommes se faisant passer pour des femmes" ont été impliqués dans l'attaque contre des combattants des FDS dans le camp, selon la même source.

Un jihadiste a été tué et six autres arrêtés lors de combats dans ce camp administré par les FDS situé à moins de 10 km de la frontière irakienne, selon la même source.

Le camp d'Al-Hol abrite, selon l'ONU, environ 56.000 personnes dont 10.000 étrangers, notamment des proches de jihadistes, des déplacés syriens et des réfugiés irakiens. Il s'agit du plus grand camp de déplacés ayant fui après que l'EI a été délogé de son dernier fief syrien.

L'administration kurde semi-autonome a lancé le mois dernier une opération sécuritaire pour débusquer les jihadistes cachés dans le camp suite à une recrudescence des attaques.

Des dizaines de membres de l'EI ont été arrêtés et les principaux réseaux de l'EI démantelés depuis le début des opérations, a déclaré dans un communiqué mercredi la coalition anti-EI dirigée par les Etats-Unis.

Le 5 septembre, "les FDS ont libéré quatre femmes du camp qui ont été retrouvées dans des tunnels, enchaînées et torturées par des partisans de l'Etat islamique", indique le communiqué de la coalition.

Après avoir occupé de 2014 à 2017 de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a enchaîné les revers.

Fin 2017, l'Irak a annoncé la "victoire" après avoir chassé l'EI de tous les bastions urbains. En mars 2019, l'EI a perdu tous ses fiefs en Syrie. (AFP, 8 sept 2022)

Arrestation de la députée kurde Semra Guzel

La police turque a arrêté vendredi un député pro-Kurdes après la publication de photographies le montrant avec des membres de la rébellion armée.

Le ministre de l'Intérieur Suleyman Solu a annoncé que le député Semra Guzel, du Parti démocratique du peuple (HDP), avait été interpellé alors qu'il voyageait "avec un faux passeport" dans le nord-ouest de la Turquie.

Le Parlement avait levé l'immunité du député après que des médias pro-gouvernement avaient publié des photographies le montrant avec des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et les Occidentaux.

Les défenseurs des droits de l'Homme accusent Ankara de violer les droits des Kurdes pacifiques dans sa lutte contre l'insurrection dans le sud-est du pays ainsi que dans le nord de la Syrie et de l'Irak.

Le pouvoir turc considère le Parti démocratique du peuple comme l'organe politique du PKK, et a lancé des procédures qui pourraient mener à l'interdiction du parti.

Le HDP nie avoir des liens avec le PKK, mais certains de ses membres sont en relation avec des rebelles recherchés ou refusent de condamner la guérilla.

De nombreux membres du HDP ont été arrêtés dans le cadre de la répression qui a suivi le coup d'Etat manqué de 2016. (AFP, 2 sept 2022)


Demirtas releases message on cruel treatment of Kurdish father

Selahattin Demirtas, the jailed former co-chair of the Peoples' Democratic Party (HDP), posted a message on Twitter Friday, protesting against the inhuman treatment of a Kurdish father by Turkish authorities who handed over the remains of his long-missing son in a plastic bag.

Ali Riza Arslan was handed the remains of his son Hakan Arslan, killed during clashes between Kurdish activists and Turkish state forces in Diyarbakir's Sur district and buried there seven years ago, in a sack following a DNA analysis.

While many people reacted to that kind of attitude through their messages of protest on the social media, a large group of people expressed support for it.

Demirtas said in his Tweet:

"If a polarization of the society is unavoidable, let the people who believe in democracy and human values be on one side, and fascists and robbers on the other side. One must choose between those who had Uncle Ali Riza go through that suffering and enjoyed his suffering, and the others who felt his suffering deep in their hearts." (gerceknews.com, 1 September 2022)

Doctors examined 80-year-old Kurdish prisoner 'with body language'
 
Doctors at the Forensic Medicine Institute (ATK) communicated with an 80-year-old Kurdish prisoner "with body language" as no interpreter was provided, according to her son and lawyer.

Makbule Özer, 80, wh0 has been in prison on "terrorism"-related charges since May, was sent to the ATK for treatment on August 29.

However, during the examination, she wasn't able to communicate with the doctors properly as she doesn't speak Turkish and a translator was not present, the Mezopotamya Agency (MA) reported on Friday (August 26).

The doctors told Özer, "We already have a report. You don't need to tell anything," Dilan Kunt, her lawyer, told the agency.

Rather, the doctors communicated with Özer with "body language," and did not listen to the patient's story, said the lawyer.

Her son, Medeni Özer, told the Medyascope news portal, "They could listen to the guardian with her, who speaks Kurdish, as an interpreter. We are cheering my mother up but her condition is getting worse and worse. We are worried about her life."

Makbule Özer was previously infected with Covid-19 and now has bone loss, Mahmut Karakaş, the co-chair of the Human Rights Association (İHD) in Van, told Rudaw.

The Ministry of Justice on Saturday released a statement in response to the reports, saying that the patient had not requested an interpreter.

"There was no communication problem between the physicians and the patient, she understood and correctly applied the movements requested from her during the examination, therefore, there was no need for an interpreter, and neither she nor her lawyer requested an interpreter," it said.

The ATK has personnel who can act as interpreters in several languages, including Kurdish, Laz language, English, German, French, Arabic, and Russian, the ministry added.

The ministry did not deny the lawyer's statement that the doctors had not listened to the patient's story.

Makbule Özer, and her spouse, Hadi Özer, 70, were remanded in custody for "aiding and abetting an illegal organization" on May 10.

They were sentenced to 2 years and 6 months in prison for this offense and sent to the Van High Security Prison.

The case was filed in July 2018 following a raid on their house, after which all family members were detained.

In an interview with bianet in June, lawyer Kunt said the ATK had issued a report that we could stay in prison despite being "55 percent disabled" and living in a wheelchair. (BIA, 29 August 2022)

Minorités / Minorities

Town center in Yazidi homeland hit by suspected Turkish drone
 
A building at the center of the town of Til Ezer in Sinjar (Shengal), Northern Iraq, was hit by a Turkish drone on Friday.

The town's mayor Khidir Khudeda told Rudaw that the attack targeted a post of the Sinjar Defense Units (YBS), and that the post was located in an area populated by civilians.

The press center of YBS later said in a statement that there were no casualties.

Images shared by Roj News showed damage inflicted on a building by the attack.

Earlier, a vehicle of YBS was targeted on 11 September near the town of Khana Sor in Sinjar by a Turkish drone strike, without casualties.

YBS, a Yazidi self defense force that emerged in 2007 to protect Yazidis in the wake of attacks by Sunni Islamist groups, took part in the resistance against the Islamic State (ISIS) when the latter attacked Sinjar in 2014. Turkish authorities claim that the YBS is affiliated with the Kurdistan Workers' Party (PKK), designated a "terrorist group" by Ankara. (gerceknews.com, 23 Sept 2022)

98% of Armenian heritage sites in Nakhchivan destroyed by Azerbaijan

 
A new report by the Caucasus Heritage Watch investigated the Armenian cultural heritage sites in Nakhchivan. According to the study, at least 108 Armenian monasteries, churches, and cemeteries were destroyed between 1997 and 2011.

“By 2011, all physical traces of Armenians in Nakhchivan were effectively gone, with rare exceptions appearing to have resulted from oversight rather than intent,” the report says.

Within the Armenian cultural heritage sites located by the CHW, 98% have been completely wiped out. The rest of the undestroyed sites were in such bad shape that the Azerbaijani authorities could not identify them as Armenian, the report’s authors said.

The report is the first time conclusive evidence of the systematic cultural erasure by Azerbaijan was presented.

Titled, “Silent Erasure: A Satellite Investigation of the Destruction of Armenian Cultural Heritage in Nakhchivan, Azerbaijan,” the authors of the report are Lori Khatchadourian, Adam T. Smith, Husik Ghulyan, and Ian Lindsay.

Khatchadourian said that the silent erasure took place many years ago, but the 2020 Nagorno-Karabakh War gives it a new urgency since after the war, hundreds of Armenian monasteries, churches, and cemeteries are now in Azerbaijani territories. She said that there are reasons to fear that what happened in Nakhchivan could happen again.

Between 1998 and 2005, more than 3,000 Armenian khachkars (cross-stones) were destroyed. Simon Maghakyan, a Denver-based analyst, activist, and lecturer in political science referred to the systematic destruction of the thousands of UNESCO-protected ancient stone carvings as “the greatest cultural genocide of the 21st century.”

In 2005, when Steven Sim, a Scottish specialist in Oriental Art History wanted to investigate the condition of the Armenian monuments, he was told that “there never were any Armenian churches anywhere in Nakhchivan” because “There were no Armenians ever living here, so how could there have been churches here?”

Adam T. Smith, a professor of Arts and Sciences at Cornell University said that “The destruction of Armenian heritage in Nakhchivan highlights a worrying new model of cultural erasure.” He added that this destruction is driven by an exclusionary political ideology. Heritage destruction becomes the policy of the state and the institutions of the government try to ensure that the “erasure is total, secret, and then denied.”

“Our report also demonstrates the fragility of state-sponsored historical revisionism.” Representatives of the government of Azerbaijan maintain that there were never Armenians in Nakhchivan, but “decades of satellite imagery, not to mention historical and ethnographic documentation, easily unravel the official fiction,” Smith said. (gerceknews.com, 23 Sept 2022)

La Turquie aurait déployé une armée à la frontière avec l’Arménie

Selon le site avia-pro la Turquie a déployé une armée de plusieurs milliers d’hommes à la frontière avec l’Arménie. Ce site d’information militaire pro-russe indique que la Turquie est prête à rejoindre le conflit avec l’Arménie en cas de reprise des hostilités.

Au cours des dernières 72 heures, l’armée turque a déployé des troupes de plus de 50 000 personnes dans les régions frontalières avec l’Arménie, dit le site. Cela dépasse largement l’ensemble de l’armée de la République d’Arménie, et dans le contexte de la déclaration d’Erdogan sur sa volonté de soutenir l’Azerbaïdjan, le risque d’un conflit armé direct avec l’Arménie est à un niveau très élevé. Ces chiffres indique qu’Ankara se prépare à des hostilités à grande échelle et qu’un si grand nombre de militaires peut être impliqué dans la prise de territoire.

Pour le moment, la situation à la frontière de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie s’est stabilisée, mais la tension reste extrêmement élevée, car toute provocation organisée peut se transformer en un conflit armé à grande échelle, les armées azerbaïdjanaise et turque étant bien mieux équipées que l’armée arménienne.

Dans le même temps, la Russie est prête à porter assistance à Erevan en cas d’attaque de la Turquie, et de surcroît, l’armée iranienne est actuellement en état d’alerte maximale, qui a déployé au moins une centaine d’équipements militaires à la frontière entre l’Arménie et Azerbaïdjan dit Avia-pro Подробнее на : https://avia-pro.fr/news/turciya-za-72-chasa-razvernula-na-granice-s-armeniey-armiyu-v-bolee-chem-50-tys (armenews.co , 18 septembre 2022)

2022 Hrant Dink Award granted to Human Rights Foundation of Turkey

This year's International Hrant Dink Award has been granted to the Human Rights Foundation of Turkey (TİHV/HRFT) and Shaharzad Akbar, a human rights advocate from Afghanistan.

The award ceremony was held yesterday evening (September 15) at the 23.5 Hrant Dink Site of Memory in İstanbul, and was broadcast online.

The HRFT received the award because of its "invaluable contribution to the building of a world free from torture and ill-treatment, and the protection of human dignity," the foundation said in a statement.

And Akbar was granted the award for his struggle against gender discrimination and efforts to mobilize the international community, it added.

The award named after the journalist assassinated in 2007 was granted for the first time in 2009.

"Keep the little flame alive"

Albie Sachs, a lawyer and human rights activist from South Africa, who was the keynote speaker of the ceremony, said, "These award ceremonies are not simply to single out individuals who have done something special and notable in respect of human rights, it is to keep alive that little flame that burns so brightly in the deepest darkness."

Speaking on behalf of the TİHV, Metin Bakkalcı said, "We are strengthening our work with the aim of creating an environment where torture and other gross/serious human rights violations, which is our special field of work, will come to an end.

"Our main goal is to realise the dream of a world without torture and to create an environment where there is no need for institutions like ours and thus to end our own existence."
Call for solidarity

In her acceptance speech, laureate Shaharzad Akbar said, "We are also calling on the global feminist movement and the human rights movement, to stand in solidarity with the Afghan people. To not normalize Taliban's misogyny... To amplify the voices and demands of the Afghan women on the ground for "bread, work, freedom" and the full range of their human rights..."

"Inspirations"

The "Inspirations," which salutes people and organizations in Türkiye and around the world who inspire humanity with their actions, who take risks and forge new paths, was screened at the ceremony.

This year's Inspirations include individuals and initiatives from Mexico to Afghanistan, from the US to Poland, from Russia to Brazil, who inspire people and humanity with their actions on numerous issues such as human rights, sexism, economic inequality, the climate crisis and war. (BIA, 16 September 2022)

Près de 50 soldats arméniens tués dans des affrontements avec l'Azerbaïdjan

Au moins 49 militaires arméniens ont été tués mardi dans des affrontements de grande ampleur, les plus meurtriers entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la guerre en 2020, a annoncé Erevan, dénonçant une "agression" de Bakou.

La Russie, qui revendique le rôle d'arbitre dans le Caucase, a annoncé avoir négocié un accord de cessez-le-feu en vigueur depuis 06H00 GMT, ce qui n'a été confirmé à ce stade ni par Bakou, ni par Erevan.

Cette éruption de violence intervient alors que Moscou, qui a déployé une force de maintien de la paix dans la région après la guerre de 2020, a les mains occupées avec sa difficile offensive militaire en Ukraine.

"A l'heure actuelle, nous avons 49 (militaires) tués (...) et ce n'est malheureusement pas le nombre définitif", a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pachinian lors d'un discours devant le Parlement à Erevan.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de la région du Nagorny Karabakh, la dernière ayant eu lieu en 2020.

Les nouveaux combats, qui ont éclaté dans la nuit, illustrent combien la situation reste explosive et menacent de faire dérailler un processus de paix sous médiation européenne. L'Azerbaïdjan a lui aussi reconnu des "pertes", sans donner de chiffre.

Dénonçant une "agression" de Bakou, M. Pachinian a appelé la communauté internationale à réagir, lors d'entretiens avec plusieurs dirigeants étrangers dont les présidents russe Vladimir Poutine et français Emmanuel Macron.

"Avec cette escalade, l'Azerbaïdjan est en train de saper le processus de paix" en cours entre Erevan et Bakou avec la médiation de l'Union européenne, a déclaré M. Pachinian devant le Parlement arménien.

Il a ajouté que l'intensité des combats, qui ont éclaté peu après minuit mardi (20H00 GMT lundi), avait "diminué" dans la matinée.

- Escalade -

Le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé en fin de matinée qu'un cessez-le-feu était entré en vigueur depuis 06H00 GMT, appelant les deux parties à le "respecter".

La Russie est "extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation", a-t-il ajouté, appelant à la "retenue".

Plus tôt, le ministère arménien de la Défense avait indiqué que des "batailles" avaient lieu en plusieurs points de la frontière, les troupes de Bakou essayant d'"avancer" en territoire arménien.

"Les forces azerbaïdjanaises continuent d'utiliser de l'artillerie, des mortiers, des drones et des fusils de gros calibre", avait-il ajouté, accusant Bakou de viser des "infrastructures militaires et civiles".

Si des heurts opposent régulièrement les deux pays le long de leur frontière commune depuis la fin de la guerre de 2020, les combats de mardi constituent une escalade.

Les deux pays se rejettent la responsabilité: l'Azerbaïdjan a ainsi accusé l'Arménie d'"actes subversifs à grande échelle", ajoutant que des tirs de mortier arméniens avaient causé des "pertes" dans ses rangs.

L'Arménie, de son côté, a accusé l'Azerbaïdjan d'avoir initié les hostilités par un "bombardement intensif" de ses positions en direction de plusieurs villes comme Goris et Sotk.

- Les Etats-Unis "inquiets" -

Dans la nuit, les Etats-Unis se sont dit "extrêmement inquiets", appelant à une cessation immédiate des combats entre Bakou et Erevan.

La Turquie, alliée de l'Azerbaïdjan, a de son côté appelé mardi l'Arménie à "cesser ses provocations et se concentrer sur les négociations de paix".

Historiquement compliquées, les relations entre Erevan et Bakou continuent d'être empoisonnées aujourd'hui par un différend au sujet du Nagorny Karabakh, une enclave majoritairement peuplée d'Arméniens ayant fait sécession de l'Azerbaïdjan avec le soutien de l'Arménie.

Après une première guerre qui a fait plus de 30.000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour le contrôle de cette région montagneuse.

Plus de 6.500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre, perdue par l'Arménie.

Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu alors négocié par Moscou, qui a déployé des soldats de maintien de la paix au Nagorny Karabakh, Erevan a cédé d'importants territoires à l'Azerbaïdjan.

Cette issue a été vécue comme une humiliation en Arménie où plusieurs partis d'opposition réclament depuis la démission de M. Pachinian qu'ils accusent d'avoir fait trop de concessions à Bakou. (AFP, 13 sept 2022)

Lawmaker embarked on expeditions to save a crumbling heritage

Garo Paylan, a member of the Armenian community in Turkey and Diyarbakir deputy for the Peoples' Democratic Pary (HDP), recently visited several churches and monasteries in Southeastern Turkey in the context of a survey to assess the situation surrounding abandoned non-Muslim places of worship.

Paylan already visited about 20 churches and monasteries in the Kurdish-majority provinces of Van, Mus and Bitlis, and now plans to visit further sites in Diyarbakir, Mardin, Ardahan and Artvin.

He explained the motives behind the survey to Duvar's Serkan Alan:

"Anatolia is a place where civilizations were born. It has its autochthonous peoples. Most of them were either forced out of these lands or wiped out within the last century. These peoples had their cultural properties. Now only a small minority is left of Armenians, Greeks, Assyrians and Jews, who constituted half of the population in Anatolia until a hundred years ago. But they have a very important cultural heritage. They had built thousands of churches, monasteries, schools, hospitals alongside residences of historical significance. This cultural heritage has essentially been destroyed in great extent."

"Now what is left is mostly remains, a cultural heritage that barely survives (...) These lands have not known a true peace for a hundred years. There are constant tensions with Greeks and Armenians. These tensions can be resolved through respect, by showing that Anatolia is the land of all these peoples. You can show this by making peace with the others, but what is even more important is showing respect to their cultural heritage, ensuring that this heritage continues to live. I have tried to demonstrate [by my visits] that these cultural properties are destroyed, and a few hundred out of thousands can still be saved. I have begun to visit sites with the objective of saving these edifices, and I will continue to visit similar sites."

Paylan went on to tell that he observed no security guards in any of the sites he visited, but that there were "valiant people" in some places who acted in protection.

"In Van's Monastery of Seven Churches, I met the village's imam. If the church there could partially survive, it could, thanks to uncle Mehmet (Coban). In an act of valiance, he's covered the roof of the church with canvas every year. He tries to protect the site against treasure hunters, but they continue to come back."

He added that in all the sites he visited, he saw that the ground beneath the foundations were carved out, the columns hollowed out.

"I believe that these things are done by some state administrators who want to see churches destroyed. Rumors are spread, saying that 'there is gold inside a column.' When that column is smashed, the whole church collapses. How can one imagine that there may be gold inside a column anyway? The church stands on that column. I believe that the objective here is the destruction of the church by deliberately spreading such rumors. The real treasure, on the other hand, are these monasteries and churches." (gerceknews, 8 September 2022)


How is the public 'provoked into hatred and hostility' in Türkiye?

The Turkish Penal Code (TCK) article entitled "Provoking the Public to Hatred, Hostility or Degrading" once again became a talking point after the arrest of the pop singer Gülşen.

What does this concept tell us? Can it be a reason for one's arrest? What are the conditions for being put on trial for this offense? Are there double standards in its implementation?

We talked about Çiğdem Akbulut, the chair of the Progressive Lawyers Association (ÇHD) İstanbul Branch.

About the arrests, which are the most striking consequences of this article, she said, "While arrests shouldn't be made according to the penal enforcement system because of the upper penalty limits, we mostly see arrests in practice. For sure, it is evident that this disproportionate measure is applied against the dissidents of the government in a way that violates this group's freedom of expressions and personal security."

Akbulut, who also made a legal evaluation of article 216, reminded the concept of "imminent and clear danger."
The action must be "intentional"

The "TCK 216" has been increasingly used as a reason for detentions and convictions recently. What conditions are actually (legally) required for a crime according to this article occur, and what actions constitute the elements of this crime?

The purpose of the all three types of crime defined in this article is to protect social peace." Arrangements intended to prevent a certain part of the people to another from harboring hatred, anger and hostility towards another and from taking action with these feelings...

When we look at the legal conditions, the statement subject of the allegation should be "intentional." In other words, in order to the element that we call "provocation" to exist, the statement must be made for the purpose of provoking a part of the people against another.

And the words spoken for this purpose must pose a clear, immediate and "real" danger against the people who are targeted. It is necessary to look at when the words were said, in what environment they were said, and to whom/to whom they were said. It has to be questioned whether it really caused an outrage.
"We will cut off their tongues"

Does the practice in Türkiye comply with these conditions? How do you evaluate the current practice and criticisms of double standards?

While arrests shouldn't be made for neither of the three types of crimes according to the penal enforcement system because of the upper penalty limits, we mostly see arrests in practice. For sure, it is evident that this disproportionate measure is applied against the dissidents of the government in a way that violates this group's freedom of expressions and personal security.

Last year, Boğaziçi students had been arrested pending trial for months for this crime because they put the photograph of Kaaba on the ground. However, July 15 Martyrs and Veterans Platform Chair Erol Bulut, who recently said, "We will cut off their tongues, fire bullets at their brains" about Sezen Aksu was prosecuted neither for TCK 216 nor any other offense and these words were deemed freedom of expression.

Almost every day, there is hate speech towards the LGBTI+ individuals in the country, and it's mostly state officials and clerics who say these words. But we have never seen investigating authorities taking action.

One of the most striking examples was the verdict of acquittal regarding Sedat Peker's words about the academics for peace that "We will make them bleed in streams." Moreover, we know that if this case was tried today, it would end in a different way. Also, it is an exact summary of the way the article's implementation.

We see that women, Kurds, Alevis, workers seeking their rights, students, and, lately, migrants are constantly targeted by the government and other fascist movements and their media, and as a consequence of these statements, we see lynchings and massacres, which go beyond the element "open and imminent threat."

While criminal investigations aren't initiated even in these situations, we find the TCK 216 as a stick against the opposition when the government's "values" are talked against.

TCK Article 216 - Provoking the Public to Hatred, Hostility or Degrading

(1) A person who publicly provokes hatred or hostility in one section of the public against another section which has a different characteristic based on social class, race, religion, sect or regional difference, which creates an explicit and imminent danger to public security shall be sentenced to a penalty of imprisonment for a term of one to three years.

(2) A person who publicly degrades a section of the public on grounds of social class, race, religion, sect, gender or regional differences shall be sentenced to a penalty of imprisonment for a term of six months to one year.

(3) A person who publicly degrades the religious values of a section of the public shall be sentenced to a penalty of imprisonment for a term of six months to one year, where the act is capable of disturbing public peace. (BIA, 1 September 2022)


Politique intérieure/Interior Politics

Quand la livre turque perd de valeur la police devient plus violente !

Ragip Duran, Chronique Turquie, 24 septembre 2022

Le régime de l’Homme Unique donne des signes de faillite : la valeur de la livre turque en chute libre, la peur créée par les manifestants iraniens et russes se répercute sur le Palais du Président et la police n’arrête pas de réprimer les opposants.












Presque l’ensemble des économistes ne parviennent toujours pas à comprendre la politique monétaire de la Banque Centrale turque. Cette dernière sous les ordres du Président Erdogan a réduit jeudi les taux d’intérêt au lendemain de l’augmentation des taux par la Réserve Fédérale des Etats Unis. Théoriquement islamiste, M. R.T.Erdogan s’oppose en principe au taux d’intérêt pour des raisons religieuses et croit que l’augmentation des taux d’intérêt provoque automatiquement l’augmentation du taux de l’inflation. Mais cette théorie est démentie en pratique depuis plus de deux ans : Alors que la Banque Centrale n’a pas du tout augmenté les taux d’intérêt, l’inflation bat des records : l’inflation annuelle calculée au mois de juin est de 78.62 pc selon l’Agence Officielle des statistiques (TUIK) mais elle est de 173.55 selon ENAG, Groupe d’Études sur l’Inflation, une unité civile formée d’universitaires et d’analystes financiers.

L’homme de la rue, surtout dans les Vox Pop diffusés sur les réseaux sociaux, traduit ces chiffres d’une façon trèssimple :‘’Moi tous les mardis, je vais au marché. J’ai calculé et j’ai vu qu’en une semaine avec 200 livres turques, j’ai pu acheter à peine la moitié de ce que j’avais acheté la semaine passée’’.

Le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter reste le principal problème de la majorité de la population.

Les manifestants en Russie contre Poutine et la guerre et en Iran, les femmes, contre la dictature de Téhéran sont absents des médias du gouvernement. Mais les citoyens de Turquie s’identifient facilement avec ces manifestants et font même une traduction locale et nationale. Car, ‘’L’Ukraine de Poutine, c’est le Kurdistan d’Erdogan’’ et ‘’les femmes d’Iran qui brûlent leurs turbans sont les femmes de la Turquie qui souffrent de la répression religieuse du pouvoir’’. 






Même Ankara a du protester contre le soi-disant referendum de Poutine et deux banques turques ont mis fin aux transactions et opérations réalisées selon le système russe MIR. Mais Erdogan croit encore et toujours qu’il peut poursuivre de bonnes relations simultanément et avec Moscou et avec Kiev. Ces deux capitales d’ailleurs ne sont pas contentes des politiques d’Ankara.






La police a été encore très active, cette semaine, à Istanbul et à Ankara. Lors du procès du Maire actuel d’Istanbul et celui des Mères de samedi (Parents des personnes disparues) les policiers pour arrêter plusieurs dizaines de manifestants, venus soutenir le maire et les Mères de samedi, ont agi très violemment envers les représentants des partis de gauche, des avocats et des journalistes. Il en fut de même à Ankara lors du procès des assassins de Musa Anter, journaliste, philosophe populaire kurde, tué le 20 septembre 1992 à Diyarbakir. La police et la justice turques n’ont pas pu pendant 30 ans trouver les responsables de ce meurtre et le tribunal a fermé le dossier pour cause de prescription. ‘’Ils ont tué une deuxième fois mon père’’ a dit son fils, Dicle Anter.






A 9 mois des élections présidentielles et générales, le Président Erdogan ne recueille qu’à peine 30 pc des intentions de vote alors qu’il faut au moins 51 pc pour être élu au premier tour. L’opposition n’a pas encore déclaré son candidat, mais M. Kemal Kilicdaroglu, Président de la principale formation de l’opposition (CHP, Kemalist, nationaliste et Etatiste, 134 sièges sur 600) sera probablement le candidat du Front de l’opposition, qui poursuit ses travaux sous le nom de ‘’La Table des 6’’, avec les chefs des 6 partis représentes au Parlement.






Erdogan désire et peut tout faire pour regagner les élections, mais les conditions à l’intérieur et à l’extérieur du pays ne sont pas du tout favorables au chef qui est au pouvoir depuis maintenant 20 ans. Reste à savoir la réponse de deux questions:






- Est-ce qu’il va organiser les élections?




Si oui, est ce que ce scrutin se déroulera conformément aux lois et aux règles, c’est-à-dire d’une façon juste et équitable?

Erdogan targets joining Shanghai Cooperation Organisation, media reports say

President Tayyip Erdogan said he was targeting membership of the Shanghai Cooperation Organisation (SCO) for NATO-member Turkey, broadcaster NTV and other media said on Saturday.

He was speaking to reporters after attending the SCO summit in Uzbekistan before heading to the United States.

"Our relations with these countries will be moved to a much different position with this step," Erdogan said.

"When asked if he meant membership of the SCO, he said, "Of course, that's the target".

Turkey is currently a dialogue partner of the SCO, whose members are China, Russia, India, Pakistan, Iran, Kyrgyzstan, Tajikistan, Kazakhstan and Uzbekistan.

Amid bilateral discussions at the summit, Erdogan had talks with Russian President Vladimir Putin and Erdogan said Turkey and Russia had reached a deal resolving a dispute over a nuclear power plant being built at Akkuyu in southern Turkey.

NTV reported Erdogan as saying that the Turkish contractor IC Ictas had been reinstated in the project, confirming comments by two sources to Reuters on Friday.

Last month, the Russian state nuclear energy company Rosatom, which is running the project, terminated its contract with IC Ictas over what it called "numerous violations".

"God willing we will be able to finish and inaugurate the first (Akkuyu) unit in 2023," Erdogan added. (Reuters, Sept 17, 2022)

Un conseiller d'Erdogan démissionne après des accusations de corruption

Un conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan a démissionné mardi de ses fonctions après avoir été la cible d'accusations de corruption de la part d'un chef mafieux.

"Ce lynchage, qui a atteint ma fille et mon épouse, est redevenu une menace pour ma santé. Pour ces raisons, je démissionne de mon poste", a annoncé sur Twitter Korkmaz Karaca, membre du Conseil économique de la présidence turque et cadre du parti de la Justice et du Développement (AKP) présidé par M. Erdogan.

M. Karaca avait été accusé le week-end dernier par le chef mafieux turc Sedat Peker, en fuite aux Emirats arabes unis, de figurer parmi un groupe de hauts responsables turcs ayant cherché à obtenir des pots-de-vin de la part de grandes entreprises turques, ce qu'il a démenti.

Sedat Peker distille depuis l'an dernier dans des vidéos publiées sur Twitter et YouTube des accusations contre de hauts responsables turcs, dont le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu, embarrassant le pouvoir à moins de dix mois des prochaines élections présidentielle et législatives.

Un autre conseiller du président Erdogan visé par les mêmes accusations avait démissionné de son poste dimanche.

Des partis de l'opposition turque ont demandé l'ouverture d'une enquête concernant ces allégations. (AFP, 31 août 2022)


Forces armées/Armed Forces

Four soldiers killed in 'Operation Claw-Lock'

Four soldiers were killed and two were wounded yesterday (September 11) in Türkiye's military operations in Iraq's Kurdistan region, to the Ministry of National Defense has announced.

The clash broke out between soldiers and the Kurdistan Workers' Party (PKK) members during a search and reconnaissance mission, said the ministry statement.

The wounded soldiers were immediately taken to the hospital, and operations are continuing, added the ministry.

The authorities have informed the families of the killed soldiers — Infantry Specialist Sergeants Harun Yıldırım, Savaş Borlu and Fatih Kalkan, and Infantry Senior Sergeant Soldier — according to the state-run Anadolu Agency.

Turkey in mid-April launched a new military offensive in the Kurdistan Regional Government (KRG) territory, dubbed as the "Operation Claw-Lock," targeting the PKK.

The latest in a series of cross-border military operations against the group since 2019, the offensive focuses on the mountainous regions of Metina, Zap and Avasin-Basyan. (BIA, 12 September 2022)

La Turquie pourrait solliciter la Russie si Washington lui refuse ses chasseurs F-16

La Turquie pourrait se tourner vers d'autres pays, dont la Russie, pour acquérir des avions de combat si les Etats-Unis ne lui fournissent pas de chasseurs F-16, a affirmé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"J'espère que les Etats-Unis ne nous pousseront pas vers d'autres voies. Je veux dire par là que les Etats-Unis ne sont pas les seuls dans le monde à vendre des avions de combat. L'Angleterre, la France, la Russie en vendent. Il est possible de s'en procurer partout", a lancé le chef de l'Etat turc.

"Il y en a déjà qui nous envoient des signaux", a-t-il ajouté en référence aux potentiels pays fournisseurs.

La Turquie, membre de l'Otan, souhaite acquérir aux Etats-Unis 40 avions de combat F-16, ainsi que les pièces détachées nécessaires à la maintenance et à la modernisation des F-16 qu'elle possède déjà.

Si les pourparlers entre les deux pays se poursuivent, Ankara a protesté contre les conditions posées par le congrès américain pour conclure la vente.

Les élus américains exigent qu'Ankara s'abstienne de toute menace à l'encontre de la Grèce, notamment de violer son espace aérien.

La Turquie a déjà versé 1,4 milliard de dollars pour une commande d'avions de combat furtifs américains F-35, jamais livrés.

L'ensemble du contrat avait été gelé par les Etats-Unis en 2019 après l'achat par Ankara du système anti-missile russe S-400, perçu comme une menace pour le F-35. Washington avait alors exclu la Turquie de ce programme militaire de pointe.

Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis se sont cependant améliorées depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février.

Le président américain Joe Biden a affirmé qu'il soutenait la livraison des F-16 à la Turquie, lors d'une rencontre en juin avec M. Erdogan en marge d'un sommet de l'Otan à Madrid.

Issu du Parti démocrate, Joe "Biden a une approche positive à propos des F-16, mais a sous-entendu que les républicains (l'autre grand parti américain, droite) sont contre", a rappelé M. Erdogan. "Mon ministre des Affaires étrangères a rencontré un représentant des républicains en Bulgarie (...) qui a affirmé qu'ils pourraient nous soutenir", a-t-il cependant ajouté.

Le président turc doit rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine en marge d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai les 15 et 16 septembre à Samarcande, en Ouzbékistan. (AFP, 9 sept 2022)


Un premier navire de guerre turc en Israël depuis plus d'une décennie

Un navire de guerre turc a accosté ce weekend en Israël pour la première fois depuis 2010, dans la foulée de la reprise des relations bilatérales entre les deux pays, ont indiqué dimanche des responsables et des témoins.

La frégate TCG Kemalreis était à quai dimanche dans le port de Haïfa, grande ville du nord du pays et siège de la marine israélienne, a constaté une équipe de l'AFP.

Un porte-parole de l'armée israélienne a indiqué que ce navire de guerre faisait une escale dans le cadre des "activités de l'Otan".

A Ankara, le ministère turc de la Défense a précisé que cette frégate devait rester dans le port de Haïfa jusqu'au 6 septembre.

Après des mois de réchauffement diplomatique, Israël et la Turquie ont annoncé le 17 août le rétablissement complet de leurs relations diplomatiques et le retour des ambassadeurs dans les deux pays.

Les relations entre les deux pays s'étaient tendues en 2010 après l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi Marmara, qui tentait d'acheminer de l'aide à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien et contrôlé par les islamistes du Hamas.

Depuis cette date, aucun navire de guerre turc n'avait accosté en Israël. (AFP, 4 sept 2022)


Turkish artillery targets Manbij, Tel Tamr in Northern Syria

Western countryside of Manbij was targeted once again by Turkish forces and the SNA (Syrian National Army) on Friday three days after the villages in the northeast of the city suffered a similar attack, North Press Agency said. 

Syrian Democratic Forces (SDF), a Kurdish-led armed group which controls the area, said the Turkish forces hit the village of Jablat al-Hamra in the west countryside of Manbij with mortar shells without giving information about casualties.

SDF said the shelling caused a state of fear and panic among the residents.

The city of Manbij, located on a strategic point between Aleppo and the Euphrates River is one of the most important industrial centers in northern Syria, sitting on a commercial road linking the SDF held areas with those of the Syrian government.

Meanwhile, Turkish artillery shelling in the vicinity of a power station caused a power outage in the town of Tel Tamr, north of Hasaka Governorate.

Turkey regularly targets Northern Syria in a bid to clear the region of Kurdish militants which it deems are affiliated with the PKK (Kurdistan Workers Party) constituting a threat alongside Turkey’s southern borders.

Ankara has carried out four operations in northern Syria since 2016, seizing hundreds of kilometers of land and pushing some 30 km deep into the country, mainly targeting the SDF. (gerceknews.com, 2 September 2022)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Erdogan: La Turquie capture un "cadre supérieur" de l'EI

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé jeudi que les forces turques avaient arrêté un "cadre supérieur" du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Le président turc a déclaré que ce chef islamiste était connu sous le pseudonyme d'Abou Zeyd. Son vrai nom est Bashar Khattab Ghazal al-Sumaidai, a-t-il précisé à des journalistes à bord de son vol de retour d'une tournée de trois pays des Balkans.

Il a ajouté qu'un rapport de l'ONU publié en juillet identifiait al-Sumaidai comme "l'un des principaux dirigeants de l'organisation terroriste".

Les médias turcs ont indiqué que certains éléments indiquent que Sumaidai pourrait en fait être l'homme connu sous le nom d'Abou Hassan al-Hashimi al-Qurashi, un Irakien qui serait le nouveau calife autoproclamé, donc chef suprême, de l'EI.

"Les connexions de ce terroriste en Syrie et à Istanbul étaient suivies depuis longtemps, et les services de renseignement ont obtenu des informations selon lesquelles il entrerait illégalement en Turquie", a déclaré le président Erdogan.

"Il a été arrêté lors d'une opération du service de sécurité du MIT (services secrets turcs) et de la police d'Istanbul", a M. Erdogan, sans préciser la date de cette arrestation.

L'EI a été vaincu en Irak en 2017 et en Syrie deux ans plus tard, mais des cellules dormantes du groupe mènent toujours des attaques dans les deux pays. (AFP, 8 sept 2022)

Socio-économique / Socio-economic

La livre au plus bas après une nouvelle baisse des taux

La livre turque a atteint jeudi un plus bas historique, à plus de 18,40 livres pour un dollar, peu après l'annonce d'une nouvelle baisse des taux d'intérêt.

La Banque centrale turque a abaissé son principal taux directeur d'un point pour le deuxième mois consécutif, de 13% à 12%, justifiant une nouvelle fois sa décision par les "incertitudes sur la croissance mondiale et les risques géopolitiques".

En très léger recul par rapport à son record atteint dans la matinée, la monnaie turque s'échangeait peu avant midi GMT à plus de 18,38 livres pour un dollar.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix, avait appelé en juin à de nouvelles baisses des taux d'intérêt, alors stables depuis décembre.

A rebours des théories économiques classiques, M. Erdogan affirme que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.
 La Banque centrale turque est officiellement indépendante, mais elle a connu ces dernières années une valse de ses gouverneurs, limogés par décrets présidentiels.

Conséquence de sa politique monétaire très décriée, la livre turque - qui avait déjà perdu 44% de sa valeur en 2021 - a fondu de plus de 27% face au dollar depuis le 1er janvier.

Des interventions de la banque centrale pour racheter des livres turques sur le marché des changes, et l'annonce fin juin d'une mesure de soutien à la monnaie nationale n'ont eu que peu d'effets.

L'inflation a atteint 80,2% sur un an en août en Turquie, selon les chiffres officiels, au plus haut depuis 1998.

Mais l'opposition et des d'économistes indépendants accusent l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié son ampleur.

- "Je suis économiste" -

"La Banque centrale de Turquie a continué aujourd'hui de se plier aux souhaits du président Erdogan", a commenté Liam Peach, économiste spécialiste des marchés émergents pour Capital Economics, estimant qu'à ce rythme la livre turque s'échangera à 24 livres pour un dollar fin 2022.

"L'inflation n'est pas une menace économique insurmontable. Je suis économiste", a affirmé lundi le président turc - qui n'est pas économiste de formation - dans une interview à la chaîne de télévision américaine PBS.

Au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier ministre puis comme président, M. Erdogan espère être réélu lors de la prochaine élection présidentielle, prévue pour juin 2023. Mais des sondages le placent en position délicate.

"Actuellement, il y a des pays où des taux d'inflation de 8% ou 9% apparaissent comme une menace. Nous avons 80% mais nous sommes un pays qui a réalisé 250 milliards de dollars d'exportations [sur douze mois] et, dans mon pays, les rayons des supermarchés ne sont pas vides", a déclaré M. Erdogan.

Le chef de l'Etat, qui avait assuré fin avril que l'inflation commencerait à ralentir à partir de juin, a affirmé lundi que le "problème de l'inflation" serait "surmonté" après le Nouvel an. (AFP, 22 sept 2022)


La Turquie paiera "un quart" du gaz russe en roubles, annonce Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a confirmé vendredi à Samarcande la livraison "prochaine" de gaz naturel à la Turquie, qualifiée de "partenaire fiable" et annoncé qu'un "quart" de ces livraisons sera payé en roubles.

Cette précision, lors de sa rencontre bilatérale avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, confirme l'accord passé entre les deux dirigeants lors de leur précédente rencontre début août à Sotchi, dans le sud de la Russie.

"Notre accord devrait prendre effet prochainement permettant de livrer du gaz naturel à la Turquie dont 25% sera payable en roubles" a déclaré M. Poutine, lors d'un entretien bilatéral de plus d'une heure en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan.

La part de ces livraisons de gaz payées en monnaie russe n'avait pas été stipulée lors de leurs précédents échanges.

M. Poutine, dont le pays fait l'objet de sanctions occidentales depuis qu'il a envahi l'Ukraine le 24 février, a également annoncé avoir reçu "le signal" autorisant l'exportation des produits russes depuis les ports turcs.

"Nos entreprises ont reçu le signal qu'elles pourront exporter leurs produits depuis la Turquie", qu'il a qualifiée de "partenaire fiable", exprimant le souhait "d'augmenter de façon significative" les échanges commerciaux avec ele.

Ankara a été un acteur-clé dans la conclusion en juillet, sous l'égide des Nations unies, d'un accord avec Kiev et Moscou permettant l'exportation des céréales ukrainiennes via la Mer Noire et le Bosphore.

Mais depuis, Moscou s'est plaint que la part de l'accord signé parallèlement sur les exportations de produits agricoles russes était restée sans effet.

M. Erdogan est parvenu à maintenir depuis le début de la guerre des relations avec Kiev et Moscou, dont il a réuni à deux reprises les représentants.

Avant leur tête-à-tête, il avait appelé la Russie à mettre fin à la guerre en Ukraine "au plus vite".

"Nous oeuvrons pour mettre fin au conflit en Ukraine au plus vite par la voie diplomatique", avait-il lancé devant les participants au sommet, en présence notamment de M. Poutine.

Mais, tout en fournissant des drones de combat à Kiev, M. Erdogan a multiplié ces derniers mois les gestes conciliants envers Moscou, notamment en matière de commerce, alors que son pays est confronté à une grave crise économique et une inflation officielle de plus de 80%, à neuf mois de l'élection présidentielle turque. (AFP, 16 sept 2022)


L'inflation passe la barre des 80% en août

L'inflation a franchi la barre des 80% en août en Turquie, à 80,21% sur un an, contre 79,6% en juillet, un niveau record depuis 1998, selon les données officielles publiées lundi.

Cette très forte hausse des prix s'explique en grande partie par l'effondrement de la livre turque, qui a perdu près de 55% de sa valeur en un an face au dollar.

À rebours des théories économiques classiques, le président Recep Tayyip Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation. Mais sa politique monétaire hétérodoxe a entraîné une chute de la monnaie nationale, alimentant la hausse des prix.

La Banque centrale turque a ainsi une nouvelle fois surpris les marchés mi-août en abaissant son principal taux directeur de 14% à 13% en dépit de l'inflation galopante.

"Le plus gros problème auquel nous sommes confrontés actuellement est le coût de la vie", a reconnu mardi dernier le chef de l'État turc, qui refuse toutefois d'infléchir sa politique économique à neuf mois et demi de la prochaine élection présidentielle.

Malgré deux hausses du salaire minimum depuis le 1er janvier, l'envolée des prix devient difficilement soutenable pour une partie des Turcs.

L'opposition et nombre d'économistes accusent en outre l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié l'ampleur de l'inflation.

Le Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), composé d'économistes turcs indépendants, a ainsi affirmé lundi matin que l'inflation avait atteint 181,4% sur un an en août.

La Turquie connaît une inflation à deux chiffres presque sans discontinuer depuis début 2017, mais celle-ci n'avait jamais atteint de tels niveaux depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003. (AFP, 5 sept 2022)

Coups de feu contre le siège de la Fédération turque de football

Plusieurs tirs ont visé jeudi le siège de la Fédération turque de football (TFF), près d'Istanbul, en pleine réunion du conseil d'administration, sans faire de blessés, ont annoncé des médias et un responsable politique.

Deux suspects ont été arrêtés en état d'ébriété peu après les faits, a indiqué jeudi soir dans une déclaration à la presse le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu.

Onze coups de feu ont été tirés et cinq balles ont atteint le siège de la Fédération, a ajouté le ministre, qui a précisé que l'enquête se poursuivait.

Selon l'agence de presse privée DHA, les tirs ont visé le bureau du président de la Fédération ainsi qu'une salle de réunion située à l'étage inférieur.

D'après plusieurs médias, une réunion du conseil d'administration de la Fédération se tenait lorsque les tirs ont retenti.

"Nous nous sommes jetés à terre dès que nous avons entendu les coups de feu", a confié au quotidien Milliyet l'ancien international turc Hamit Altintop, l'un des dirigeants de la Fédération.

Le siège de la Fédération turque se trouve à Riva, au nord-est d'Istanbul, sur les bords de la mer Noire. (AFP, 2 sept 2022)


Impressive GDP growth in Turkey, dramatic shrinking in labor's share

While Turkey had an impressive 7.6% growth in the second quarter of 2022 compared to the same quarter of 2021, the share of labor in GDP has seen a dramatic decline in the last two years.

The labor's share that had been 36.8% in the second quarter of 2020, a period marked by the beginning of the COVID-19 pandemic, declined to 25.4% in 2022's second quarter, with a fall of 11.4 percentage points in two years.

The share of capital, on the other hand, rose from 42.9% to 54% in the same period of time.

While capital earning increased, in current prices, by 134.7% compared to Q2 of 2021, labor earnings increased by merely 66.4% as annual inflation soared, according to highly controversial official figures, to 79.6% in July. It is noteworthy that an independent research group, ENAG, put the annual inflation rate at 176% in July.

The quarter-on-quarter real GDP growth in Q2 of 2022 was measured 1.5% in OECD area, 2.0% in the European Union, and 1.6 in G7 countries. (gerceknews.com, 1 September 2022)


Türk-İş: Starvation, poverty lines increase in August

Starvation and poverty lines for a family of four slightly increased in August compared to the previous month, according to the monthly survey of the Confederation of Turkish Trade Unions (Türk-İş).

The starvation line, which is defined as the minimum food expenditure for a healthy, sufficient and balanced diet for a family of four living in the capital city of Ankara, rose to 6,890 lira (1 US dollar = 18.17 Turkish lira).

The starvation line increased by 0.73 percent in a month, 68.13 percent compared to the start of the year, and 119.11 percent in the last 12 years, according to Türk-İş.

The poverty line, which includes expenditures for clothing, housing, transportation, education, healthcare and other needs in addition to food expenditures, was 22,452 lira in August.

The "living cost" of a single working person was 8,999 lira.

according to the survey, prices of milk and yogurt increased whereas cheese decreased.

The price of beef rose by 6 percent, eggs rose by 7 percent in a month, whereas lamb decreased by 10 percent, fish decreased by 10 percent and chicken decreased by 5 percent.

Prices of chickpeas, dried beans and red lentils decreased, while green lentils increased.

This month, the prices of all grain products increased in Ankara. There was a 10 percent increase in the price of pasta compared to the previous month. Rice, bulgur, flour and semolina prices also increased, the price of bread remained the same. (BIA, 30 August 2022)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

CoE Committee of Ministers call once again for the release of Kavala and Demirtas
 
The Council of Europe’s (CoE) Committee of Ministers once again urged Turkish authorities to comply with the rulings of the European Court of Human Rights (ECHR) and release Selahattin Demirtas, the former co-chair of the Peoples' Democratic Party (HDP), and human rights defender Osman Kavala.

The Committee of Ministers published on Friday the case-by-case decisions taken during the Committee’s meeting from 20 to 22 September to supervise the implementation of ECHR decisions.

Demirtas case

In the case of Selahattin Demirtas, the Committee referred to the ECHR's findings that Demirtas's detention "pursued the ulterior purpose of stifling pluralism and limiting freedom of political debate," and noted that his individual application challenging his detention has been pending before the Constitutional Court since 7 November 2019.

Underlining the urgent need for Demirtas's complaint to be examined rapidly, the Committee "strongly urged the Turkish authorities, again, to assure the applicant’s immediate release, underlining that Mr. Demirtaş has now been held in pre-trial detention since 4 November 2016."

Kavala case

In the case of Osman Kavala, the Committee noted that the case was referred back to the ECHR after the Committee earlier reviewed Turkey's non-compliance with the Court's decision to release Kavala, and that upon the Court's recent decision on Turkey's violation of the European Convention on Human Rights (Article 46/1), the case was referred back to the Committee of Ministers for consideration of the measures to be taken.

The Chair of the Committee of Ministers was "encouraged to to discuss with the President of the Parliamentary Assembly of the CoE on further steps that could be taken by the Committee if Kavala remains in detention."

Background

Turkish President Recep Tayyip Erdogan said in early February:

"We will not recognize the courts of those who do not recognize ours. There are certain decisions issued by our courts, and we are not really concerned about what the ECHR or the Council of Europe have been saying. We expect our courts to be treated with respect. We will not respect those who do not treat our courts with respect."

The ECHR had ruled in December 2019 that the European Convention on Human Rights was violated in the Kavala case, and called for Kavala’s immediate release. The ECHR had concluded that Kavala’s arrest was based on political motives, without any reasonable evidence backing the charges.

The ECHR had ruled on 22 December 2020 that in detaining Demirtaş and then prolonging his detention for over four years, the Turkish government pursued an ulterior purpose of preventing him from carrying out his political activities, depriving voters of their elected representative, and "stifling pluralism and limiting freedom of political debate: the very core concept of a democratic society." The Court had ordered the immediate release of Demirtaş. (gerceknews.com, 23 Sept 2022)


Communauté politique européenne: l'UE invite la Turquie

La Turquie et le Royaume-Uni font partie des 44 pays invités à la première réunion de la Communauté politique européenne qui se tiendra le 6 octobre à Prague, a annoncé jeudi un responsable européen.

Ce projet de plateforme de dialogue politique et de coopération a été lancé par le président français Emmanuel Macron en mai.

La lettre d'invitation aux dirigeants des Vingt-Sept et de pays candidats à l'adhésion ou voisins du bloc a été envoyée de la part du président du Conseil européen Charles Michel et du Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de l'UE.

Outre les Etats membres de l'Union, sont conviés les dirigeants des six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie), du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Suisse, de l'Ukraine, de la Moldavie, de l'Islande, de la Géorgie, de la Turquie, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et du Liechtenstein. Outre Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sera également présente.

La première réunion a lieu au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement le 6 octobre à Prague à la veille d'un sommet des Vingt-Sept le 7 octobre.

La CPE vise à discuter de "questions d'intérêt commun" et à "renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen", selon la même source, précisant qu'elle avait vocation à se réunir au niveau des dirigeants "une à deux fois par an".

Elle doit consister en une session plénière, des tables rondes, des rencontres bilatérales et un dîner de clôture. L'UE assure que cette CPE n'est pas une solution alternative à l'élargissement du bloc.

La CPE est "le miroir positif de ce que font la Russie et la Chine de façon négative dans des pays qui sont dans le voisinage de l'UE", a commenté la ministre française chargée de l'Europe Laurence Boone le 6 septembre.

La question de l'invitation du président turc Recep Tayyip Erdogan -que de vifs différends frontaliers opposent à la Grèce et à Chypre- a suscité des débats entre Européens.

Côté Royaume-Uni, qui a quitté le bloc, reste à savoir quelle sera la réponse de la Première ministre Liz Truss. La dirigeante conservatrice a souvent adopté un ton virulent à l'égard de l'UE et a été l'architecte de la loi visant à passer outre l'accord post-Brexit sur l'Irlande du Nord, qui suscite des tensions avec Bruxelles. (AFP, 22 sept 2022)

La Turquie sera-t-elle dans la Communauté politique européenne?

La Turquie et le Royaume-Uni "devraient être invités" à la première réunion de la Communauté politique européenne, qui doit rassembler le 6 octobre à Prague les dirigeants des Vingt-Sept et ceux de pays candidats à l'adhésion ou voisins du bloc, a-t-on appris mercredi de sources européennes.

Outre les Etats membres de l'UE, les dirigeants des six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie), du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Suisse, de l'Ukraine, de la Moldavie, de l'Islande, de la Géorgie, de la Turquie, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et du Liechtenstein devraient "bientôt" recevoir une invitation, selon l'une de ces sources.

"Cette liste est définitive", a précisé un diplomate européen. Une autre source diplomatique disait plus prudemment que des "consultations se poursuivaient".

Ce projet de plateforme de dialogue politique et de coopération a été lancé par le président français Emmanuel Macron et endossé en juin au cours d'un sommet de l'UE. Le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé fin août son soutien à l'initiative.

La première réunion aura lieu au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement le 6 octobre en République tchèque, le pays qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, à la veille d'un sommet des Vingt-Sept.

Elle devrait permettre "une discussion politique sur les questions stratégiques d'intérêt commun pour le continent européen", "principalement la guerre de la Russie contre l'Ukraine, la crise de l'énergie et la situation économique", souligne-t-on de source européenne.

Elle doit consister en une session plénière, des tables rondes, des rencontres bilatérales et un dîner de clôture. Cette Communauté politique européenne ne constitue pas une solution alternative à l'élargissement de l'UE, insiste-t-on de même source.

Dans son discours aux ambassadeurs de France le 1er septembre, Emmanuel Macron avait expliqué que la Communauté politique européenne avait vocation à se réunir tous les six mois.

La question de la participation de la Turquie -que de vifs différends frontaliers opposent à la Grèce et à Chypre- "est posée par beaucoup d'autres membres, elle sera débattue, et la France n'a pas de veto à mettre", avait-il dit.

Pour le Royaume-Uni, qui a quitté l'UE, l'invitation au forum devrait être envoyée à la nouvelle Première ministre Liz Truss. (AFP, 8 sept 2022)

"L'Europe récolte ce qu'elle a semé", dit Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a imputé mardi la crise énergétique en Europe aux sanctions prises contre la Russie, reprenant à son compte un argument du Kremlin.

"L'Europe récolte ce qu'elle a semé. L'attitude de l'Europe envers M. Poutine et les sanctions l'ont conduit, qu'on le veuille ou non, à dire : +Si vous faites comme cela, je ferai ceci+", a affirmé le chef de l'État turc lors d'une conférence de presse à Ankara.

"Poutine utilise tous les moyens et les armes en sa possession, en premier lieu desquels le gaz naturel. Nous ne le souhaitons pas, mais je pense que l'Europe connaîtra de sérieux problèmes cet hiver", a-t-il ajouté, affirmant que la Turquie ne rencontrera pas, elle, "de tels problèmes".

Le Kremlin avait assuré lundi que l'arrêt des livraisons de gaz russe vers l'Allemagne via le gazoduc stratégique Nord Stream était de la seule faute des Occidentaux, leurs sanctions empêchant, selon Moscou, la maintenance des infrastructures gazières.

"Les problèmes de pompage (de gaz) sont apparus à cause des sanctions des États occidentaux. Il n'y a aucune autre raison à ces problèmes", a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L'Union européenne a décidé d'un embargo progressif sur ses importations de pétrole et de produits pétroliers russes. Elle a aussi mis fin à ses achats de charbon mais le gaz russe, dont elle est très dépendante, n'est pour l'instant pas concerné.

La Turquie entretient pour sa part de bonnes relations tant avec Moscou qu'avec Kiev. Si elle a fourni à Kiev des drones militaires, elle a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie après le déclenchement de son offensive en Ukraine.

M. Erdogan avait annoncé début août un accord sur un paiement partiel en roubles pour les livraisons du gaz russe à la Turquie.

Selon des analystes, l'accord devrait permettre à la Russie de continuer de livrer la Turquie à travers le gazoduc TurkStream traversant la Mer noire.

En 2021, la Russie a représenté environ un quart des importations de pétrole de la Turquie et 45% de ses achats de gaz naturel. (AFP, 6 sept 2022)


Paris "préoccupé" par les tensions gréco-turques

La France est "préoccupée" par les tensions persistantes entre la Grèce et la Turquie, rivaux historiques et alliés au sein de l'OTAN, a déclaré mardi sa ministre des Affaires étrangères lors d'une visite à Athènes.

"La région n'a pas besoin de tensions, elle a besoin d'apaisement", a déclaré Catherine Colonna à la presse après des entretiens avec son homologue grec Nikos Dendias.

Lors de sa visite à Ankara lundi, Mme Colonna a déclaré avoir exhorté son homologue turc Mevlut Cavusoglu à éviter "toute escalade, verbale ou autre".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé ce week-end Athènes d'"occuper" des îles de la mer Égée qui sont grecques mais sur lesquelles des soldats grecs ne peuvent être stationnés en vertu de traités signés après la Première Guerre mondiale.

Le dirigeant turc a lors d'un meeting samedi menacé la Grèce de payer un "prix élevé", estimant qu'elle violait l'espace aérien turc et "harcelait" les avions turcs en mer Égée.

"Votre occupation des îles (de la mer Egée proches de la Turquie, ndlr) ne nous lie en rien. Le moment venu, nous ferons le nécessaire. Nous pouvons fait tomber la nuit subitement", a-t-il lancé.

Mardi, M. Dendias a déclaré que les déclarations des responsables turcs étaient de plus en plus "scandaleuses et inacceptables" et a averti que l'armée grecque "était en mesure de défendre notre patrie".

Les deux voisins, membres de l'OTAN, se disputent depuis des années les frontières maritimes et les droits d'exploration pétrolière et gazière dans les parties contestées de la mer Egée et en Méditerranée orientale.

L'Union européenne a exprimé lundi sa "grave préoccupation" à propos des "remarques hostiles" du président Erdogan à l'encontre d'Athènes à propos des îles grecques proches de la Turquie. (AFP, 6 sept 2022)


Arrestation en Albanie du fondateur de la plateforme Thodex

"Je reviendrai dans quelques jours", avait-il promis avant de disparaître: le fondateur de la plateforme d'échange de cryptomonnaies Thodex, soupçonné d'avoir fui la Turquie l'an dernier avec les avoirs de ses clients, a été arrêté mardi en Albanie.

La dernière image de Faruk Fatih Özer montrait le jeune entrepreneur passant le contrôle des passeports à l'aéroport d'Istanbul le 20 avril 2021, pull noir et masque chirurgical baissé, en route vers une destination inconnue.

"Le ministre de l'Intérieur de la République d'Albanie a informé dans la matinée le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu que le fondateur de Thodex, le fugitif Faruk Fatih Özer, recherché avec une notice rouge [d'Interpol], a été arrêté dans le district de Vlora en Albanie", a indiqué le ministère turc de l'Intérieur.

"Son identité a été confirmée par les tests biométriques [...] Les procédures d'extradition vers la Turquie ont débuté", précise le ministère dans un communiqué.

La Turquie avait demandé le 23 avril 2021 le lancement d'un mandat d'arrêt international contre Faruk Fatih Özer, soupçonné d'avoir fui vers l'Albanie avec deux milliards de dollars d'actifs appartenant à près de 400.000 utilisateurs.

Selon la police albanaise, le ressortissant turc, âgé de 28 ans, a été arrêté mardi aux alentours de 06H30 GMT dans un hôtel d'Himara, petite ville du sud de l'Albanie située sur la côte ionienne.

Deux autres personnes soupçonnées de lui avoir porté assistance ont été interpellées et des ordinateurs et téléphones portables ainsi que des cartes bancaires ont été saisies, a ajouté la police albanaise dans un communiqué.

- "Je reviendrai" -

Dans un message publié sur le compte Twitter officiel de son entreprise le 22 avril 2021 - deux jours après avoir quitté la Turquie -, M. Özer dénonçait des "allégations sans fondement" à son égard.

Thodex avait suspendu la veille ses activités après avoir affiché un mystérieux message indiquant qu'elle avait besoin de cinq jours pour traiter un investissement extérieur non spécifié.

L'entrepreneur avait alors expliqué s'être rendu à l'étranger afin d'y rencontrer des investisseurs.

"Je reviendrai en Turquie dans quelques jours et coopérerai avec les autorités judiciaires afin que la vérité éclate", promettait-il alors, avant que sa trace ne soit perdue pendant près d'un an et demi.

Thodex avait mené une campagne publicitaire d'envergure pour attirer les investisseurs, promettant notamment d'offrir des voitures de luxe à certains d'entre eux.

La plateforme avait également fait des remises spectaculaires sur le dogecoin, une cryptomonnaie à l'origine parodique mais gonflée depuis par l'intérêt - entre autres - du multimilliardaire et patron de Tesla Elon Musk.

Soixante-deux personnes liées à l'entreprise avaient été arrêtées en avril 2021 dans huit villes turques, dont Istanbul.

Plusieurs pays, notamment les Etats-Unis, ont annoncé leur volonté de renforcer la régulation du marché des cryptomonnaies, jugeant que doivent s'y appliquer les même lois que sur les autres marchés financiers.

De nombreux Turcs se sont tournés ces dernières années vers les cryptodevises pour tenter de protéger leur épargne face à la forte dévaluation de la livre turque et à une inflation qui frôle les 80% sur un an.

Conséquence de la politique monétaire hétérodoxe du président Recep Tayyip Erdogan, la monnaie turque a perdu près de 27% de sa valeur face au dollar depuis le 1er janvier, après avoir vu sa valeur fondre de 44% en 2021. (AFP, 30 août 2022)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Entre Kiev et Moscou, Erdogan l'équilibriste

"Nous ne sommes ni à l'Est, ni à l'Ouest": le président turc Recep Tayyip Erdogan se livre depuis le début du conflit en Ukraine à un délicat numéro d'équilibriste entre Kiev et Moscou, avec à son actif plusieurs succès diplomatiques majeurs.

L'Ukraine a ainsi annoncé jeudi l'échange avec la Russie de 215 militaires, un record, dont des chefs de la défense de l'aciérie Azovstal de Marioupol, symbole de la résistance à l'invasion russe.

Cinq commandants ukrainiens ont été transférés en Turquie, a précisé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L'importance de la Turquie dans la conclusion de cet accord demeure floue mais, signe du rôle-clé joué en coulisses par Ankara, le président turc avait été le premier à annoncer, dans une interview lundi à la chaîne de télévision américaine PBS, l'imminence de cet échange de prisonniers.

"Nos héros ont été libérés (...) Tout cela a été rendu possible grâce aux accords entre le président [Zelensky] et le président [Erdogan]", a aussitôt réagi jeudi l'ambassadeur d'Ukraine à Ankara, Vasyl Bodnar.
 Depuis le début de la guerre le 24 février, la Turquie avait déjà réussi à réunir à deux reprises sur son sol des représentants russes et ukrainiens.

En juillet, Ankara avait également été un acteur-clé dans la conclusion, sous l'égide de l'ONU, d'un accord avec Kiev et Moscou permettant l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire et le Bosphore.

Début septembre, Recep Tayyip Erdogan avait par ailleurs proposé à Moscou sa médiation pour aider à résoudre la crise autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia.

- "Neutralité pro-Ukraine" -

"La diplomatie turque a fait un sans faute depuis le début de la guerre en Ukraine: estimation de ses intérêts, balancement entre les belligérants, fermeté si nécessaire tout en tirant profit des circonstances", estimait fin août sur Twitter l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud.

Si Ankara fournit à Kiev des drones militaires, le gouvernement turc a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie.

Pays riverain de la mer Noire et membre de l'Otan, la Turquie a continué ces dernières semaines à faire oeuvre d'équilibrisme.

Le président Erdogan, qui a rencontré à trois reprises ces trois derniers mois son homologue russe Vladimir Poutine - mais s'entretient aussi régulièrement par téléphone avec Volodymyr Zelensky -, avait accusé début septembre les Occidentaux de se rendre coupables de "provocations" envers Moscou.

La veille, il avait imputé la crise énergétique en Europe aux sanctions contre la Russie, reprenant la ligne du Kremlin.

Mais la diplomatie turque a aussi condamné mercredi les référendums d'annexion "illégitimes" que la Russie prévoit d'organiser dans quatre régions sous son contrôle en Ukraine.

"La Turquie est une puissance régionale (...) dont la géographie l'expose autant qu'elle lui donne des moyens de pression sur les acteurs. Les deux belligérants ont besoin d'elle (Dardanelles) et donc la ménagent", souligne Gérard Araud, ex-représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York.

Les tentatives de médiation ne sont pas inédites pour la Turquie: dans les années 2000, Ankara avait déployé sa "diplomatie de paix" au Moyen-Orient, tentant notamment de parrainer des négociations entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne.

A partir de 2009, Ankara a également joué les médiateurs dans le dossier nucléaire iranien.

"Malgré son soutien militaire à l'Ukraine, le président Erdogan a des raisons politiques et économiques majeures de préserver de bonnes relations avec Moscou", analysait dans une note de recherche début septembre Soner Cagaptay, du Washington Institute for Near East Policy, qui qualifie la position d'Ankara de "neutralité pro-Ukraine".

Frappée par une inflation qui dépasse les 80% par an, la Turquie doit composer avec une monnaie qui a perdu plus de la moitié de sa valeur en un an.

Et, à neuf mois des élections présidentielle et législatives de juin 2023, le président turc a toutes les raisons de vouloir ménager Moscou, du fait de la forte dépendance de la Turquie aux pétrole et gaz russes.

D'ici là, le chef de l'Etat cherchera également à ne pas irriter ses alliés occidentaux. D'autant que Washington a mis en garde fin août les entreprises turques commerçant avec la Russie, évoquant de possibles mesures de rétorsions.

Dans son interview lundi à PBS, M. Erdogan a résumé sa position d'équilibriste: "Je le dis très clairement: nous faisons partie de ce monde, mais nous ne sommes ni à l'Est, à l'Ouest". (AFP, Remi BANET, 22 sept 2022)

Sweden taking Turkey 'seriously' on Nato demands

Andrew Rettman, euobserver.com, 16 Sept 2022

Sweden and Finland are counting on further talks with Turkey to unlock their Nato accession, as Western diplomats wonder what Ankara really wants.

"The Swedish government takes the implementation of the memorandum very seriously," the Swedish foreign ministry told EUobserver on Thursday (15 September), referring to a deal made in June with Turkey to go after alleged Kurdish terrorists in return for Nato entry.

"Further meetings in the trilateral format between Sweden, Finland, and Türkiye are foreseen," the Swedish ministry said, following the last such talks on 26 August.

Finland is also "working together with Türkiye to organise further meetings at expert level," its foreign ministry said.

They spoke after Turkish foreign minister Mevlüt Çavuşoglu warned one day earlier the Turkish parliament wouldn't ratify the Nordic Nato bids if they didn't play ball. "No concrete steps have been taken up to today," by Stockholm or Helsinki to satisfy Ankara, he declared.

Finland and Sweden are joining the Western alliance to protect themselves from Russia, in a tectonic shift in European security in reaction to the Ukraine war.

Some 24 out of 30 Nato members have already ratified the move in the fastest-paced accession process in its history, showing the overwhelming support for Nordic enlargement.

But Turkey first wants Sweden to extradite 73 Kurdish separatist suspects and for Finland to hand over 12 more.

It also wants them to tighten national terrorism laws and to sell Turkey high-end weapons systems, in demands which are being fulfilled.

Çavuşoglu's warning was prompted by the formation of a new right-wing government in Stockholm, including the far-right Sweden Democrats party, following elections last Sunday.

But the Sweden Democrats endorse Nato entry, and right-wing Swedish voters will likely be more comfortable with extraditing Kurdish exiles than supporters of the outgoing centre-left government would have been.

And despite Çavuşoglu's tough talk, few in the EU or Nato think Ankara expects to get everything it wants.

Turkey's demands on Finnish extraditions, for one, could easily melt away because they are largely symbolic. "There is no PKK in Finland," an EU diplomat said, referring to a leading Kurdish militant group.

Turkish president Recep Tayyip Erdoğan's "frustration" with Sweden giving safe harbour to so many Kurds was more "real", Jamie Shea, a former senior Nato official, told this website.

But given the high burden of proof from Turkey that Swedish courts will require to substantiate terrorism charges, "it is highly unlikely that all the individuals on Ankara's list will be handed over", Shea also said.

"Erdoğan knows that he cannot stop the [Nato enlargement] process indefinitely, whatever the rhetoric from Ankara, and so my sense is that he will declare victory after a few symbolic extraditions and lift his objections," Shea said.
Turkish elections

That still leaves the question of when Erdoğan might budge.

Finland and Sweden are not covered by Nato's mutual defence clause until the day they join, amid concern over the potential for a sudden flare-up in Russian aggression in the Baltic region.

But Erdoğan is preparing to fight elections in June next year amid an economic slump in Turkey, and his spin-doctors might want to drag out the Nato dispute as long as possible for campaign reasons, the EU diplomat said.

"It makes him [Erdoğan] look like an important player on the world stage," the diplomat noted.

"It also has a rallying-round-the-flag effect on Turkish nationalists and on those large portions of Turkish society where anti-Americanism is rife," he said.

"Erdoğan has other cards to play, such as creating a new migration or Mediterranean gas-drilling crisis with Greece," the diplomat added. "His people are obsessed with opinion polls, and they'll be frantically doing surveys to see how each of his moves plays out," the EU diplomat said.

Turkey sent thousands of Syrian refugees to the Greek border two years ago. It dispatched a ship in August to resume gas exploration in an area criss-crossed by rival territorial claims.

Meanwhile, the Finnish and Swedish bids are proceeding so swiftly because they already became de facto Nato members in military-technical terms during years of close cooperation.

There is very little left for Nato itself to do to wrap up the process following member states' ratifications, Shea, who now teaches war studies at the University of Exeter in the UK, said.

This includes tweaking its budget and legal documents.

"Nato commanders will need to revise their contingency plans for the defence of Europe to cover Swedish and Finnish territory, which includes islands in the Baltic Sea," Shea said.

"They will also be proposing Swedish and Finnish military contributions for the defence of other allies. But again, given the recent closeness of Sweden and Finland to Nato, they probably finalised these plans, at least informally, months or even years ago already," he said.

Erdogan: "Les pays occidentaux coupables de provocation envers la Russie"

Les pays occidentaux se rendent coupables de "provocation" envers la Russie, a déclaré mercredi à Belgrade le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Je peux dire très ouvertement que je ne trouve pas que l'attitude actuelle de l'Occident (...) soit la bonne. L'Occident mène une politique basée sur la provocation", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'une conférence de presse avec son homologue serbe Aleksandar Vucic, en réponse à une question sur la crise énergétique en Europe.

"Tant que vous essaierez de mener une telle guerre de provocation, vous ne pourrez pas obtenir les résultats escomptés", a-t-il ajouté.

"Nous, Turquie, avons toujours maintenu une politique d'équilibre entre la Russie et l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Si elle a fourni à Kiev des drones militaires, la Turquie a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie après le déclenchement de son offensive en Ukraine.

Le président avait déjà imputé mardi la crise énergétique en Europe aux sanctions prises contre la Russie, reprenant à son compte un argument du Kremlin.

"L'Europe récolte ce qu'elle a semé. L'attitude de l'Europe envers M. Poutine et les sanctions l'ont conduit, qu'on le veuille ou non, à dire : +Si vous faites comme cela, je ferai ceci+", avait-il affirmé depuis Ankara. (AFP, 7 sept 2022)


Relations régionales / Regional Relations

Tensions dans le Caucase et en Asie centrale, l'influence russe en déclin

Les tensions se sont multipliées ces derniers jours dans le Caucase et en Asie centrale, où la puissance tutélaire de Moscou apparaît affaiblie par les difficultés militaires qu'elle rencontre en Ukraine.

"Tout le pourtour de la Russie est en train de craquer, on sent bien qu'elle est en incapacité de contrôler ses marches", assène une source diplomatique européenne sous couvert d'anonymat.

"Le pouvoir russe s'affaiblit dans les régions frontalières", abonde Ben Dubow, chercheur associé au centre de réflexion américain CEPA.

Moscou joue gros dans ces terres qui bordent le sud de la Russie de part et d'autre de la Caspienne, entre la Chine à l'est et la Turquie à l'ouest, deux autres acteurs clé dans la zone.

Lors du récent sommet de l'Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) à Samarcande, en Ouzbékistan, le président russe Vladimir Poutine s'est retrouvé sous la pression de ses partenaires, notamment chinois et indien, qui ont fait part de leurs inquiétudes ou de leurs doutes sur la guerre en Ukraine.

Plusieurs pays d'Asie centrale ont du reste autorisé des manifestations de soutien à l'Ukraine.

Avant la guerre, dans ces régions, "l'idée était fortement ancrée que la Russie ne pouvait être défaite", relève Murat Aslan, chercheur au centre d'études turc Seta, basé à Ankara.

"Si la Russie perd, tout va changer (...) Nous devrions nous attendre à voir éclore plusieurs conflits de petite échelle", estime-t-il, prévoyant un déclin progressif de l'influence russe.

Au contraire, "si elle gagne militairement, elle aura un énorme levier psychologique pour montrer qu'elle est encore en mesure d'imposer ses vues", prévient-il.

- Frontières -

Deux conflits non réglés se sont réveillés ces dernières semaines dans les anciennes républiques soviétiques, celui entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et celui entre le Kirghizstan et le Tadjikistan, faisant des centaines de morts.

Dans cet espace post-soviétique, "ces frontières qui n'étaient pas censées être internationales, mais des séparations administratives s'inscrivant dans un seul ensemble, sont devenues des frontières internationales", souligne Isabella Damiani, géographe spécialiste de l'Asie centrale à l'université de Versailles (France).

Par exemple, "presque la moitié de la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizstan n'est pas encore tracée, c'est la base du problème", rappelle-t-elle.

Si la tension Tadjikistan-Kirghizstan "n'a pas forcément de lien avec la situation de la Russie en Ukraine", estime Michaël Levystone, spécialiste de la Russie et l'Asie centrale à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "il y a plus clairement un lien sur la situation entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie".

Ici, "on a une poche de conflit très sérieux", abonde la source diplomatique.

Quoi qu'il en soit, "il va falloir surveiller ce qu'il va se passer" en Arménie avec les manifestations remettant en cause l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), la structure sécuritaire régionale mise en place par Moscou, prévient M. Levystone.

En effet, certaines voix en Arménie, y compris chez les autorités, s'élèvent pour dénoncer l'inefficacité de cet outil de pouvoir russe, auquel participent aussi les pays d'Asie centrale, dont le Tadjikistan et le Kirghizstan.

A l'instar du traité de l'Otan, un article de l'OTSC prévoit qu'un Etat agressé puisse bénéficier du soutien des autres membres. Malgré ses appels à l'aide, l'Arménie n'en a pas bénéficié.

"La faible réponse de l'OTSC aux attaques de l'Azerbaïdjan alimente les protestations parmi les Arméniens qui veulent quitter la structure", souligne sur Twitter le chercheur moldave Denis Cenusa.

- Etats turciques -

La relative inertie de la Russie et de l'OTSC peuvent aussi laisser plus de place à l'influence de la Turquie, soutien de Bakou.

A l'instar de la Chine, qui pilote dans la région l'Organisation de la coopération de Shanghai et promeut ses "nouvelles routes de la soie", la Turquie, rival historique de Moscou au fil des siècles dans l'ensemble de ces régions, pousse ses pions.

Ankara "a créé un Conseil turcique, récemment renommé Organisation des États turciques (OET), qui s'est élargi progressivement jusqu'à intégrer tous les pays turcophones d'Asie centrale, en plus de l'Azerbaïdjan", relève M. Levystone.

"Dans la mesure où, depuis le début de la guerre en Ukraine, la Turquie conclut des partenariats militaires avec tous les pays centrasiatiques, y compris le Tadjikistan, non turcophone, la question peut réellement se poser de savoir si l'OET va se transformer en une alliance politico-militaire autour d'Ankara", s'interroge-t-il.

"Si la Russie échoue en Ukraine, cette organisation va être beaucoup plus active", anticipe M. Aslan. (AFP, 23 sept 2022)

Les dirigeants israélien et turc se rencontrent sur fond d'apaisement

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré mardi pour la première fois en plus d'une décennie un Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, ce dernier cherchant son soutien pour retrouver des ressortissants détenus par les islamistes du Hamas.

Les deux dirigeants se sont rencontrés en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, un mois après le rétablissement de relations diplomatiques entre les deux pays.

M. Lapid "a soulevé la question d'Israéliens disparus ou en captivité et l'importance de les ramener chez eux", a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Des militants du Hamas détiendraient deux ressortissants israéliens.

Le dirigeant israélien a également fait part de ses préoccupations concernant l'ennemi juré iranien et "remercié le président Erdogan pour sa coopération en matière de renseignement", selon la même source.

Après des mois de réchauffement diplomatique, Israël et la Turquie ont annoncé le 17 août le rétablissement complet de leurs relations bilatérales et le retour des ambassadeurs dans les deux pays.

Les relations entre les deux pays s'étaient tendues en 2010 après l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi Marmara, qui tentait d'acheminer de l'aide à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien et contrôlé par les islamistes du Hamas.

La dernière rencontre de M. Erdogan avec un Premier ministre israélien remontait à 2008.

Dans son discours à la tribune de l'ONU, le président turc a réitéré mardi son appel en faveur de la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem-est comme capitale.

Mais il a aussi exprimé le souhait de "continuer à développer nos relations avec Israël dans l'intérêt de l'avenir, de la paix et de la stabilité de non seulement la région mais aussi Israël, le peuple palestinien et le nôtre".

A moins d'un an de l'élection présidentielle prévue pour la mi-juin 2023, le président turc multiplie les initiatives pour normaliser les relations avec plusieurs puissances régionales - dont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis - en quête d'investissements. (AFP, 21 sept 2022)


Le crépuscule du Tigre en raison aussi des barrages construits en Turquie

Il a arrosé le jardin d'Eden, irrigué Sumer et abreuvé Babylone. Mais dans l'Irak d'aujourd'hui, le Tigre se meurt. Entre activité humaine et chamboulement climatique, l'agonie du fleuve menace d'emporter la vie qui s'y est implantée il y a des milliers d'années.

Dans ce pays de 42 millions d'habitants, aux sources de la civilisation et de l'agriculture, les désastres naturels ne se comptent plus.

Dès avril, les températures dépassent les 35 degrés C° et les tempêtes de sable s'enchaînent, recouvrant d'une pellicule orange humains, animaux et machines.

Vient l'été, la saison en enfer des Irakiens qui n'ont que leur peau pour transpirer quand la météo annonce 50 degrés et que l'électricité est coupée pour cause de délestage.

Sécheresses, chute des précipitations, températures en hausse et désertification galopante: l'Irak est devenu l'un des cinq pays au monde les plus exposés aux conséquences du changement climatique, disent les Nations unies.

Et le Tigre ? Il ne rugit plus. En raison du manque de pluie mais aussi des barrages construits en amont, en Turquie, où il prend sa source.

Un vidéaste de l'AFP a arpenté les rivages du fleuve, de la source au nord à la mer au sud, pour rendre compte du désastre qui contraint les habitants à changer leur mode de vie.

- Fichkhabour (nord) : Avec le barrage, "de jour en jour l'eau diminue" -

 Le périple irakien du Tigre commence dans les montagnes du Kurdistan au carrefour de l'Irak, de la Syrie et de la Turquie. Ici, on gagne sa vie en cultivant des patates et en élevant des moutons.

A Fichkhabour, "notre vie dépend du Tigre", explique Pibo Hassan Dolmassa, 41 ans, droit dans son sarouel poussiéreux. "Tout notre travail, notre agriculture, en dépend."

Mais "depuis deux ou trois ans", ça ne va plus. "De jour en jour, l'eau diminue", constate-t-il, alors que "avant, l'eau se déversait par torrents".

Les autorités irakiennes et les agriculteurs kurdes accusent la Turquie de retenir l'eau aux barrages construits en amont.

Les statistiques officielles le confirment: le niveau du Tigre, quand il arrive de Turquie, n'est cette année qu'à 35% de la quantité moyenne qui se déversait en Irak au cours des 100 dernières années.

Plus l'eau est retenue, plus son débit se réduit et moins elle se déverse en Irak, le long des 1.500 km que parcourt le Tigre avant de fusionner avec son jumeau, l'Euphrate, pour former le Chatt al-Arab et tomber dans le Golfe. (AFP, Aymen HENNA, 20 sept 2022)

Erdogan appelle à mettre fin à la guerre en Ukraine "au plus vite"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à Samarcande à mettre fin à la guerre en Ukraine "au plus vite", peu avant une rencontre bilatérale avec le président russe Vladimir Poutine.

"Nous oeuvrons pour mettre fin au conflit en Ukraine au plus vite par la voie diplomatique", a déclaré le chef de l'Etat turc devant le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai, en présence notamment de M. Poutine.

Selon le programme officiel, les deux dirigeants doivent se rencontrer à 11H30 GMT en marge du sommet.

Les présidents turc et russe s'étaient déjà retrouvés en face à face début août à Sotchi (Russie) sur la Mer noire.

M. Erdogan maintient depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine des relations avec Kiev et Moscou, dont il a réuni à deux reprises les représentants.

Mais, tout en fournissant des drones de combat à Kiev, il a multiplié ces derniers mois les gestes conciliants envers Moscou, notamment en matière de commerce.

En août, les deux dirigeants s'étaient accordés pour des livraisons de gaz russe à la Turquie payables en roubles. (AFP, 16 sept 2022)

Xi Jinping appelle Erdogan à "consolider la confiance politique"

Le président chinois Xi Jinping a rencontré vendredi son homologue turc Recep Tayyip Erdogan en marge d'un sommet régional en Ouzbékistan, appelant à "consolider la confiance politique mutuelle" Pékin-Ankara, selon la télévision chinoise CCTV.

L'entretien s'est déroulé en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui réunit plusieurs dirigeants étrangers dont le président russe Vladimir Poutine et se tient dans la ville de Samarcande.

"Les deux parties doivent consolider la confiance politique mutuelle, respecter sincèrement les intérêts fondamentaux de l'autre et consolider les fondements politiques des relations de coopération stratégique sino-turques", a indiqué Xi Jinping, cité par CCTV.

"Nous devons nous concentrer sur la coopération en matière de développement et tirer pleinement parti des rôles et des avantages des différents mécanismes de coopération entre nos deux pays."

Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois dans le passé signifié à Pékin son souci du bien-être des Ouïghours, une minorité chinoise musulmane et turcophone dont l'essentiel des membres habitent dans le Xinjiang (nord-ouest de la Chine).

Des organisations de défense des droits de l'Homme accusent les autorités chinoises d'opprimer cette population après une vague d'attentats sanglants qui a déclenché une ferme campagne menée au nom de l'antiterrorisme.

Le communiqué chinois ne fait aucune mention du Xinjiang ou des Ouïghours.

La Turquie n'est que "partenaire de dialogue" de l'OCS, qui réunit la Chine, la Russie, l'Inde, le Pakistan et quatre ex-républiques soviétiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan et le Tadjikistan).

Elle a été créée en 2001 en tant qu'outil de coopération politique, économique et sécuritaire concurrent des organisations occidentales.

La Turquie comme la Chine avaient été accusées fin août par le président français Emmanuel Macron d'avoir un "agenda d'influence, néo-colonial et impérialiste" en Afrique. Ankara avait dénoncé des commentaires "inacceptables" et "malvenus".

Xi Jinping a rencontré plusieurs dirigeants étrangers à Samarcande, dont Vladimir Poutine et le président iranien Ebrahim Raïssi.

Il s'agit du premier voyage à l'étranger pour le dirigeant chinois depuis janvier 2020 aux débuts de la pandémie de Covid-19. (AFP, 16 sept 2022)

Poutine veut reparler de l'accord sur les céréales avec Erdogan

Le président russe Vladimir Poutine prévoit de parler avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan d'un accord de plus en plus critiqué par Moscou permettant à l'Ukraine d'exporter ses céréales, a indiqué vendredi le Kremlin.

Rediscuter de l'accord d'Istanbul "est possible, nécessaire et une conversation entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan est déjà en train d'être préparée", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Cette discussion n'a que trop tardé", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'elle était prévue en marge d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai les 15 et 16 septembre à Samarcande, en Ouzbékistan.

Cet accord, conclu le 22 juillet à Istanbul, a permis de débloquer les exportations de blé et de maïs ukrainiens qui étaient jusque-là entravées par l'offensive militaire russe, suscitant la crainte d'une crise alimentaire.

Mais la Russie affirme que ses propres exportations de denrées alimentaires et d'engrais continuent de pâtir des sanctions occidentales visant Moscou pour son intervention militaire. Elle accuse en outre les pays européens d'accaparer la majorité des céréales exportées d'Ukraine.

"Nous estimons qu'il est juste d'augmenter l'approvisionnement des pays les plus pauvres" en céréales, a répété vendredi Vladimir Poutine.

Ces propos du président russe jettent un voile d'incertitude sur l'avenir de ce pacte conclu pour une durée reconductible de quatre mois.

Mercredi, le dirigeant russe avait affirmé que les exportations ukrainiennes allaient majoritairement vers l'Europe et non pas vers les pays pauvres. "Des mensonges", selon Kiev.

Surtout, Moscou accuse les Occidentaux de faire obstacle à ses propres exportations à cause des sanctions qui, même si elles ne visent pas directement les produits agricoles russes, perturbent les chaînes financières et logistiques.

"Il y a des problèmes techniques qui sont en cours de résolution, y compris avec l'intermédiaire de l'ONU", a souligné M. Poutine au début d'une réunion avec les membres du Conseil de sécurité russe, se disant prêt à exporter "50 millions de tonnes ou plus" de céréales russes d'ici la fin 2022, "car nous avons cette année une bonne récolte".

Le dirigeant russe a aussi jugé "discriminatoire" la décision prise par la Commission européenne mi-août d'interdire "aux marchés d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine" d'importer des engrais russes ou bélarusses.

"La discrimination contre (ces pays) est inacceptable", a-t-il déclaré, chargeant le ministère russe des Affaires étrangères de "travailler" avec l'ONU pour y mettre fin.

Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Roudenko, a pour sa part prévenu que l'extension de l'accord d'Istanbul "dépendra de la façon" dont le pacte est appliqué.

"Malheureusement, sa mise en oeuvre ne se déroule pas exactement comme prévu", a-t-il déploré. (AFP, 9 sept 2022)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

100 ans après, la "Catastrophe de Smyrne" continue de hanter la Grèce

La Grèce commémore cette semaine le centenaire de ladite "Catastrophe de Smyrne" (Izmir en turc), le massacre et l'exode des centaines de milliers de Grecs en septembre 1922 chassés de la Turquie voisine, l'une de plus douloureuses pages de l'histoire contemporaine du pays.

"Il y a cent ans, notre corps national perdait une part précieuse de lui-même en Asie Mineure, une tragédie indicible", a indiqué Kyriakos Mitsotakis le week-end dernier pour les manifestations dédiées à cet évènement gravé dans la mémoire collective.

C'était après l'effondrement de l'Empire ottoman en 1918 et la fin de la première guerre mondiale que l'armée grecque tenta de reprendre les terres d'Asie mineure (côtes occidentales turques ndrl) perdues depuis plus de 500 ans et où habitait une importante minorité grecque parmi d'autres.

Mais en 1922, l'armée de Mustafa Kemal Atatürk inflige à la Grèce sa plus grande défaite et les populations grecques d'Anatolie en subissent les conséquences avec des exactions, des pillages, des viols dans les villages de la côte turque.

En revanche, en Turquie, l'offensive des forces kémalistes visant à expulser les soldats grecs, est fêtée comme une étape importante menant à la proclamation de la République de Turquie.

Du 13 au 17 septembre 1922, un incendie ravage la métropole cosmopolite de Smyrne, et se solde par l'expulsion des populations grecques de cette région, arrivées massivement en Grèce.

Le 14 septembre est décrété comme jour de mémoire nationale des Grecs disparus en Asie Mineure.

`Cette semaine, des expositions, conférences, spectacles ou concerts sont prévus pour "1922", une année charnière pour le pays.

- "La plaie reste ouverte" -

"Nous avons été bercés par les histoires de nos grands-parents d'Asie Mineure, les souvenirs de leur paradis perdu", raconte Roula Chatzigeorgiou dont la grand-mère a fui les massacres et la destruction seule avec huit enfants. Les hommes étaient souvent envoyés dans des camps de travail forcé en Turquie.

"Cent ans après, la plaie reste ouverte. La peine transmise par les générations précédentes est toujours vivace", estime cette responsable du musée sur l'hellénisme d'Asie Mineure à Nea Philadelphia, l'une des banlieues athéniennes où étaient alors installés des réfugiés grecs.

Parmi eux, de nombreux commerçants, qui emportèrent avec eux des idées progressistes, la musique orientale, leur savoir-faire, la cuisine anatolienne.

Lors du recensement de 1928, 1,22 million de réfugiés d'Asie Mineure ont été enregistrés, un cinquième de la population grecque de l'époque.

Éparpillés dans un premier temps dans des tentes dans les rues, devant un temple antique, des bâtiments publics d'Athènes, ils finissent par être relogés dans des maisonnettes modestes.

"Ma mère avait huit ans quand elle est arrivée en Grèce. Son père avait été tué au palier de sa maison à Vourla (Urla en turc), sa plus jeune soeur de six mois était morte durant le voyage", relate la voix nouée la septuagénaire Despina Mogogiannis.

"A Athènes, l'accueil qui leur était réservé était glacial. Nous avons été perçus comme des réfugiés, des +graines de Turcs+", poursuit-elle.

- "La Grèce n'est plus la même" -

Après l'incendie de Smyrne, le traité de Lausanne en 1923 a fixé les frontières entre la Grèce et la Turquie et décrété un échange de populations entre les Grecs d'Anatolie et les Turcs de Thrace (nord-est de la Grèce).

"Après 1922, la Grèce n'est plus la même", explique Giannis Glavinas, historien et curateur de l'exposition "Je me rappelle 1922" au musée Technopolis de la mairie d'Athènes, ancienne usine à gaz où de nombreux exilés travaillaient.

"Les conséquences sont politiques, économiques, sociologiques, démographiques", poursuit-il.

Athènes et Ankara conservent toujours des relations tendues. "Nous avons un mot pour la Grèce: n'oubliez pas Izmir", a lancé la semaine dernière le président turc Recep Tayyip Erdogan accusant Athènes de violer son espace aérien.

Pour Rena Zalma dont la famille est originaire d'Anatolie, "ses propos ne peuvent provoquer que de la tristesse et attisent la haine entre des peuples qui vivaient jadis ensemble".

"Les tensions sont alimentées par les dirigeants. Mais les peuples se comprennent et se respectent", ajoute cette septuagénaire qui a visité la terre de ses ancêtres.

Mais pour Despina Mogogiannis, poser un pied en Asie Mineure est impossible.

Rien que d'en parler, elle laisse couler une larme: "Cette histoire m'a perturbée toute ma vie, mes enfants aussi. Quatre générations ont porté le poids de cette tragédie, nous n'aurons jamais droit à un pardon". (AFP, 13 sept 2022)


La Grèce rejette des menaces "non provoquées" de la Turquie

La Grèce a informé mercredi l'UE, l'OTAN et l'ONU de ce qu'elle a qualifié de menaces "non provoquées" contre sa souveraineté par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Au cours du mois d'août et en fin de semaine dernière, M. Erdogan a prononcé plusieurs discours pour marquer le 100e anniversaire de la victoire de la Turquie après la guerre de trois ans (1919-1922) contre la Grèce qui avait parachevé la création de l'État turc post-ottoman.

Selon Athènes, le président turc a accusé la Grèce d'"occuper" les îles de la mer Égée, dont le statut a pourtant été réglé dans les traités d'après-guerre, et a averti que les forces armées turques pourraient "arriver du jour au lendemain" et "faire le nécessaire".

"Si vous allez trop loin, le prix à payer sera élevé", a insisté M. Erdogan, faisant référence à la chute d'Izmir en 1922, suivie de l'incendie de la ville et du massacre de la population locale grecque.

Les lettres adressées mercredi à l'ONU, l'UE et l'OTAN jugent ces déclarations d'Erdogan "ouvertement menaçantes" et "inacceptables".

Les autorités grecques soulignent que la Turquie possède une flotte importante et une armée stationnées sur ses rivages en face des îles en question, et qu'elle a envahi Chypre en 1974.

Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a déclaré mardi que les déclarations des responsables turcs étaient "de plus en plus scandaleuses et inacceptables" et a averti que l'armée grecque "était suffisante pour défendre notre patrie".

Erdogan a multiplié ses attaques verbales contre la Grèce ces derniers mois dans le contexte électoral du scrutin prévu en 2023.

Les deux voisins se disputent depuis des années les frontières maritimes et les droits d'exploration énergétique dans plusieurs secteurs de la mer Égée qui les sépare, et en Méditerranée orientale.

Athènes accuse également les forces aériennes turques de survoler les îles grecques. De son côté, la Turquie s'est dite irritée par les récents accords de défense grecs passés avec la France et les États-Unis. (AFP, 8 sept 2022)

L'UE "préoccupée" par les remarques "hostiles" d'Erdogan contre la Grèce

L'Union européenne a exprimé lundi sa "grave préoccupation" à propos des "remarques hostiles" du président turc Recep Tayyip Erdogan à l'encontre d'Athènes à propos des îles grecques proches de la Turquie.

Le dirigeant turc a lors d'un meeting samedi menacé la Grèce de payer un "prix élevé", estimant qu'elle violait l'espace aérien turc et "harcelait" les avions turcs en mer Égée.

"Votre occupation des îles (de la mer Egée proches de la Turquie, ndlr) ne nous lie en rien. Le moment venu, nous ferons le nécessaire. Nous pouvons arriver subitement la nuit", a-t-il lancé, reprenant une formule souvent utilisée lorsqu'il parlait de lancer une opération en Syrie.

"Ces remarques hostiles de la part du leadership politique turc contre la Grèce et le peuple grec (...) soulèvent de graves préoccupations", a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, en réponse à la question d'une journaliste lors du point de presse quotidien.

"Nous attendons de la Turquie qu'elle s'abstienne de toute escalade verbale et qu'elle s'engage à promouvoir des relations de bon voisinage", a-t-il ajouté.

"Dans les relations avec la Grèce, toute question en suspens devrait être abordée de manière pacifique, par un dialogue de bonne foi, dans le respect du droit international, et conformément au principe des relations de bon voisinage", a-t-il poursuivi.

"La Grèce est un Etat membre de l'Union européenne et la souveraineté et l'intégrité des Etats membres de l'Union européenne doivent être respectées", a-t-il ajouté.

Athènes accuse les avions turcs de survoler des îles grecques proches de la frontière turque, et la dispute entre les deux voisins ennemis se traduit par de fréquentes patrouilles.

La Turquie de son côté dénonce une présence de troupes sur ces îles contraire, selon elle, aux traités de paix signés après la Première et la Seconde guerres mondiales. (AFP, 5 sept 2022)

Erdogan: "Le Grèce paiera le prix si elle viole encore l'espace aérien turc"

La Grèce paiera un "prix élevé" si elle continue de violer l'espace aérien turc et de "harceler" les avions turcs en mer Égée, a prévenu samedi le président truc Recep Tayyip Erdogan.

Dimanche dernier, Ankara avait affirmé que des avions turcs en mission dans cette zone avaient été visés par le système de défense aérienne S-300 de la Grèce, et avait dénoncé une "action hostile".

"Hé, la Grèce, regardez l'Histoire. Si vous continuez, vous paierez un prix élevé", a déclaré le président turc lors d'un meeting dans la région de la Mer Noire.

"Nous avons un mot pour la Grèce : n'oubliez pas Izmir", se référant à la ville de la mer Egée que les Grecs appellent Smyrne.

L'occupation de Smyrne par la Grèce, à qui elle était attribuée par un traité de la fin de la Première guerre mondiale que la Turquie n'a jamais reconnu, avait pris fin lorsque les Turcs l'avaient reprise en 1922.

"Votre occupation des îles (de la mer Egée proches de la Turquie, ndlr) ne nous lie en rien. Le moment venu, nous ferons le nécessaire. Nous pouvons arriver subitement la nuit", a-t-il lancé, reprenant une formule souvent utilisée lorsqu'il parlait de lancer une opération en Syrie.

Athènes accuse les avions turcs de survoler des îles grecques proches de la frontière turque, et la dispute entre les deux voisins ennemis se traduit par de fréquentes patrouilles.

Ankara de son côté dénonce une présence de troupes sur ces îles contraire, selon la Turquie, aux traités de paix signés après la Première et la Seconde guerres mondiales.

En juin, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait déclaré que, si Athènes continuait d'envoyer des troupes sur ces îles, Ankara en contesterait la souveraineté grecque.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a coupé le dialogue avec la Grèce après avoir accusé le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis d'avoir mené une campagne contre des ventes d'armes américaines à la Turquie.

Washington a sanctionné Ankara pour avoir pris livraison d'un système de missiles de défense antiaérienne russe S-400 en 2019.

Cet achat avait amené les États-Unis à exclure la Turquie du programme des avions de combat américains F-35 dont Ankara était un important client.

Mais l'administration du président Joe Biden a fait savoir qu'elle pourrait accepter de tourner la page après cette querelle et des pourparlers ont eu lieu concernant l'achat d'avions F-16.

Les sources du ministère turc de la Défense ont affirmé que la Grèce avait également acheté le système russe de défense antiaérienne, accusant des pays occidentaux, sans les nommer, d'avoir une ligne politique ambivalente.

Athènes souhaite également acquérir du matériel militaire américain afin de renforcer ses forces aériennes et a formalisé en juin, une demande pour acquérir des F-35. (AFP, 4 sept 2022)


Immigration / Migration

Bulgarie: 38 migrants secourus en mer Noire

Trente-huit migrants qui tentaient de rejoindre la Roumanie ont été secourus jeudi en mer Noire par les garde-côtes bulgares, a annoncé le ministère de l'Intérieur, un incident rare qui intervient dans un contexte de pression migratoire.

C'est la première fois depuis 2014 que des migrants sont retrouvés dans les eaux territoriales bulgares, a déclaré à la presse Anton Mirkov, directeur de la police frontalière régionale.

Les personnes sauvées - 22 hommes, 8 femmes et 8 enfants, originaires de Syrie et d'Afghanistan - étaient parties de Turquie et ont été repérées alors qu'elles se trouvaient en difficulté, en pleine tempête.

"L'embarcation, d'une longueur de sept à huit mètres, se trouvait à court de carburant", a précisé le commissaire Mirkov.

De tels équipages naviguent en général à grande distance des côtes, a-t-il expliqué.

Les autorités bulgares font état d'une pression migratoire accrue au niveau de leur frontière avec la Turquie longue de 259 km.

Les contrôles ont été nettement renforcés depuis la mort de deux policiers le 25 août à Bourgas (est), percutés par un autocar transportant des migrants.

Quelque 300 militaires ont été envoyés pour renforcer une clôture en barbelés érigée entre 2014 et 2017. (AFP, 22 sept 2022)

Mort en mer de six migrants: Athènes rejette les accusations d'Ankara

La Grèce a rejeté mercredi les accusations de la Turquie voisine qui avait affirmé la veille que six migrants dont deux enfants s'étaient noyés en mer après avoir été refoulés par les autorités grecques.

"La Grèce nie toute implication dans l'incident mortel présumé", a tweeté mercredi après-midi le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi.

Les garde-côtes turques avaient indiqué mardi dans un communiqué avoir secouru mardi 73 autres personnes qui tentaient de gagner l'Europe, au large de la province de Mugla (sud-ouest).

Selon Ankara, les personnes refoulées se trouvaient à bord de quatre embarcations.

Leur nationalité n'a pas été mentionnée mais elles auraient embarqué depuis le port libanais de Tripoli samedi pour essayer de gagner l'Italie, selon des témoignages des migrants cités dans un communiqué des garde-côtes turcs.

Elles ont finalement appelé les autorités grecques à l'aide après s'être trouvées lundi en panne de carburant au large de l'île grecque de Rhodes, selon ce communiqué.

"On nous a appris qu'après avoir été pris à bord d'un bateau des garde-côtes grecs et dépouillés de leurs biens de valeur, (les migrants) ont été placés à bord de quatre embarcations et abandonnés à la dérive à proximité des eaux territoriales turques", a témoigné un garde-côte turc dans le communiqué.

"La Turquie doit fournir une protection aux réfugiés conformément au droit international et ne pas les pousser vers l'avant", a déclaré de son côté Notis Mitarachi.

Athènes et Ankara entretiennent des relations très tendues et s'accusent mutuellement de violer les droits des migrants.

La Grèce a reconnu dimanche avoir bloqué l'entrée de plus de 150.000 personnes sans papiers à ses frontières terrestres et maritimes depuis le début de l'année, dont 25.000 pour le seul mois d'août.

Elle est l'un des pays d'entrée dans l'Union européenne pour les migrants fuyant l'Afrique et le Moyen-Orient en quête d'une vie meilleure.

Des milliers passent ainsi par la Turquie puis traversent le fleuve frontalier Evros, ou tentent la périlleuse traversée de la mer Egée, pour gagner la Grèce.

Athènes a été critiqué à plusieurs reprises par des témoins et des ONG pour des refoulements illégaux présumés de migrants vers la Turquie, à terre et en mer, mais a toujours rejeté ces accusations. (AFP, 14 sept 2022)


Des réfugiés syriens tentent de former une "caravane" pour gagner l'UE

Un collectif de réfugiés syriens tente de former une "caravane" au départ de la Turquie afin de gagner l'Union européenne groupés, a appris samedi l'AFP.

Par l'intermédiaire d'une chaîne lancée il y a six jours sur la messagerie Telegram et suivie par près de 70.000 personnes, les organisateurs de cette "caravane de la lumière" essaient de convaincre certains des 3,7 millions de réfugiés syriens vivant officiellement en Turquie de se joindre au convoi.

Dans des messages en arabe consultés par l'AFP, les administrateurs de la chaîne appellent les candidats au départ à se munir de sacs de couchage, de tentes, de gilets de sauvetages, d'eau, de conserves et de kits de premiers secours.

Le convoi, précisent-ils, sera divisé en groupes de 50 personnes maximum, dirigés chacun par un superviseur.

"Nous annoncerons [le départ de la caravane] quand le moment sera venu de partir", a indiqué à l'AFP l'un des organisateurs, un ingénieur syrien de 46 ans réfugié en Turquie depuis neuf ans et qui souhaite rester anonyme.

Selon lui, une partie des organisateurs de la caravane vivent déjà dans l'Union européenne.

"Nous sommes en Turquie depuis 10 ans. Nous sommes protégés (...) Mais les pays occidentaux doivent partager le fardeau", indique l'un des messages postés par un des administrateurs de la chaîne Telegram.

De nombreux réfugiés syriens vivant en Turquie craignent d'être renvoyés en Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdogan disant préparer le retour d'un million d'entre eux sur la base du volontariat.

D'autant que la Turquie, qui s'est depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 posée en soutien indéfectible des groupes rebelles au régime du président syrien Bachar al-Assad, a infléchi ces dernières semaines sa position à l'égard de Damas.

En février et mars 2020, des dizaines de milliers de migrants avaient afflué le long de la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, après que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait menacé de laisser ouvertes les frontières avec l'Europe.

En 2015, près d'un million de personnes, principalement des réfugiés syriens, étaient arrivées dans l'UE au terme d'un périple les ayant conduites de Turquie vers les îles grecques proches. (AFP, 10 sept 2022)

La Finlande refuse de réexaminer six demandes turques d'extradition

La Finlande a annoncé jeudi avoir écarté la demande de la Turquie de réévaluer six demandes d'extradition, objet d'exigences d'Ankara pour la laisser entrer avec la Suède dans l'Otan.

Le ministère a confirmé à l'AFP avoir reçu au mois d'août des demandes turques pour revoir ces six cas précédemment rejetés, mais fait savoir que la décision rendue était "définitive".

"Les cas ont été réglés et la décision est définitive. Il n'est pas possible de faire appel d'une décision du ministère de la Justice prise sur la base de la loi d'extradition", a affirmé à l'AFP Sonja Varpasuo, une conseillère du ministère.

"La réouverture d'une décision définitive peut être envisageable si un rapport complètement nouveau peut avoir affecté la décision de manière substantielle", a-t-elle ajouté.

Aucun rapport de cette nature n'a été remis dans le cadre de la demande turque, selon Helsinki.

La Turquie est le seul Etat membre de l'Otan à avoir exprimé son opposition à l'adhésion des deux pays nordiques, les accusant d'être des havres pour des personnes liées au Parti des travailleurs kurdes (PKK), au groupe kurde en Syrie des YPG, ainsi que des personnes impliquées dans le coup d'Etat manqué en Turquie en 2016.

Les trois pays ont signé un mémorandum trilatéral lors du sommet de l'Otan en juin à Madrid dans lequel la Turquie donnait son accord préliminaire à l'entrée de Stockholm et d'Helsinki, en échange d'une coopération dans la lutte contre le terrorisme.

La Turquie avait dans la foulée affirmé avoir demandé l'extradition de 12 suspects de Finlande et 21 de Suède. Le président turc avait affirmé avoir reçu une "promesse" de Stockholm concernant l'extradition de "73 terroristes".

Comme pour tous les 30 membres actuels de l'Otan dont l'unanimité est nécessaire, le Parlement turc doit encore ratifier l'adhésion suédo-finlandaise.

Les trois pays se sont à nouveau rencontrés en août pour discuter des conditions d'Ankara et une nouvelle réunion est envisagée "à l'automne". (AFP, 8 sept 2022)


La Grèce a bloqué l'entrée de plus de 150.000 migrants cette année

La Grèce a bloqué l'entrée de plus de 150.000 migrants sans papiers à ses frontières terrestres et maritimes depuis le début de l'année, a déclaré dimanche le ministre grec des Migrations.

"L'entrée de 154.102 migrants en situation irrégulière a été évitée depuis le début de l'année. Environ 50.000 ont tenté d'entrer en Grèce rien qu'au mois d'août", a déclaré Notis Mitarachi au quotidien Eleftheros Typos.

Le contrôle des frontières est une des grandes priorités du gouvernement conservateur grec arrivé au pouvoir en 2019 et qui vise sa réélection l'année prochaine.

Le gouvernement a annoncé le mois dernier son intention d'étendre de 80 km supplémentaires un mur de 40 km le long de la frontière gréco-turque matérialisée par le fleuve Evros dans le cadre d'efforts visant à contrôler le flux de migrants.

Il va également installer des caméras thermiques et déployer 250 garde-frontières supplémentaires.

La Grèce est souvent le pays choisi par des personnes fuyant l'Afrique et le Moyen-Orient pour tenter d'accéder à une vie meilleure dans l'Union européenne.

Des milliers de personnes passent par la Turquie en traversant l'Evros ou en tentant la périlleuse traversée de la mer Egée.

La Grèce a été critiquée à plusieurs reprises pour des refoulements illégaux présumés de migrants vers la Turquie sur sa frontière terrestre et maritime, selon des témoignages de victimes publiés par des ONG, l'AFP et d'autres médias. Mais Athènes a toujours nié ces accusations.

M. Mitarachi a nié dimanche qu'Athènes était impliquée dans des refoulements illégaux de migrants, accusant la Turquie de les forcer à traverser la frontière.

Il avait accusé en août la Turquie d'avoir forcé un groupe de migrants à traverser la frontière pour passer sur le territoire grec en déclarant qu'Ankara n'avait pas secouru ce groupe alors qu'il se trouvait initialement sur le territoire turc.

Le groupe de migrants était bloqué sur un petit îlot au milieu de l'Evros.

Des groupes de défense des droits de l'Homme avaient alors déclaré qu'une enfant de cinq ans qui faisait partie de ce groupe était décédée après que le gouvernement grec avait nié pendant des jours que des migrants se trouvaient sur le territoire grec.

M. Mitarachi a exprimé des doutes sur cet incident.

Dimanche, il a insisté sur le fait que la famille en question avait déclaré avoir quatre enfants et qu'ils avaient tous été secourus par la police grecque.

"Pour le dire très simplement, la famille a amené quatre enfants et nous en avons sauvé quatre", a-t-il déclaré.

"De nombreuses incohérences ont été notées dans ce que (la famille) a dit au début, ce qu'elle a dit après, et dans ce qui a été prouvé jusqu'à présent", a ajouté le ministre. (AFP, 4 sept 2022)


Iran et Turquie renvoient de force et tirent sur des Afghans

Renvois forcés, tirs illégaux, détentions arbitraires: Amnesty International dénonce l'attitude de la Turquie et de l'Iran vis-à-vis des Afghans cherchant à fuir leur pays, dans un rapport publié mercredi.

"Les forces de sécurité de l'Iran et de la Turquie ont renvoyé illégalement de force à de nombreuses reprises des Afghans tentant de franchir les frontières de ces pays afin de se mettre en sécurité, notamment en ouvrant illégalement le feu sur des hommes, des femmes et des enfants", selon ce rapport.

L'enquête a été réalisée en mars en Afghanistan auprès de 74 personnes témoignant avoir été renvoyées de force, dont 48 affirmant avoir été la cible de tirs en tentant de franchir les frontières avec l'Iran ou la Turquie.

Selon l'ONG, les forces iraniennes "ont illégalement tué et blessé des dizaines" de personnes, notamment en ouvrant le feu sur des voitures surchargées. "Les garde-frontières turcs ont également utilisé de manière illégale des balles réelles", selon la chercheuse d'Amnesty Marie Forestier, citée dans le rapport.

L'organisation a rencontré les proches de six hommes et d'un adolescent de 16 ans tués par les forces iraniennes de sécurité alors qu'ils essayaient de franchir la frontière iranienne, entre avril 2021 et janvier 2022. En tout, l'organisation a recensé 11 homicides imputés aux forces iraniennes de sécurité.

Selon Amnesty International, ces dernières ont tiré sur des personnes qui étaient en train d'escalader les murs frontaliers, de se glisser sous des clôtures ou de s'éloigner de la frontière à pied ou en voiture, en direction du territoire iranien.

Nombre de ceux ayant réussi à franchir la frontière avec les deux pays ont subi des tortures et détentions arbitraires en Turquie ou en Iran, avant d'être renvoyés de force en Afghanistan, selon l'ONG.

"Nous demandons aux autorités turques et iraniennes de mettre immédiatement fin à l'ensemble des expulsions et renvois illégaux, et de garantir un passage sécurisé et l'accès à des procédures d'asile" aux Afghans en quête de protection, exhorte Amnesty.

L'ONG demande également à la communauté internationale de soutenir financièrement les pays accueillant des réfugiés afghans, dont l'Iran et la Turquie.

Des centaines de milliers d'Afghans ont fui le pays depuis la prise du pouvoir par les talibans en août 2021, rappelle Amnesty. (AFP, 30 août 2022)



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