Droits
de l'Homme / Human Rights
Le 9 juin 2023, à
18h à Colongne...
Elections:
Interview de la RTBF avec le journaliste exilé
Dogan Özgüden
Françoise Berlaimont, RTBF, 25 mai 2023
Les Belgo-Turcs sont le cinquième groupe d’origine immigrée vivant en
Belgique, le troisième en Flandre. 85.000 d’entre eux ont voté au
premier tour de l’élection présidentielle turque, le 14 mai dernier.
72,31% ont choisi le président sortant Recep Tayyip Erdogan et
seulement 24,65% ont voté pour le candidat de l’opposition Kemal
Kiliçdaroglu. Les résultats sont similaires dans les pays voisins, aux
Pays-Bas, en Allemagne, en France et au Luxembourg.
Des immigrés d’origine différente
Les Turcs sont arrivés massivement en Belgique dans les années soixante
comme "travailleurs invités". C’était une population pauvre, originaire
d’Anatolie centrale et venue travailler dans le secteur de la
construction et, bien sûr, des mines. Après les coups d’État militaire
de 1971 et 1980, c’est un autre type d’immigration qui arrive : les
réfugiés politiques, les Kurdes, les Arméniens, les Assyriens, les
Araméens. Ils sont instruits, politisés, engagés.
Aujourd’hui, la diaspora turque majoritaire en Belgique est constituée
des descendants, enfants et petits enfants des Turcs arrivés dans les
années soixante. "Ce sont eux qui votent majoritairement pour Erdogan",
explique Dogan Özgüden, journaliste exilé en Belgique depuis 50 ans.
Les descendants des travailleurs pauvres ont gravi l’échelle sociale.
"Lavage de cerveau"
"Ils sont devenus des commerçants prospères, des hommes d’affaires, ils
exercent des professions libérales ou sont fonctionnaires. Quand ils
vont en Turquie, ils apprécient leur pouvoir d’achat élevé, d’autant
plus avec la crise économique profonde que traverse le pays".
Mais le plus important pour Dogan Özgüden, c’est "le lavage de cerveau"
exercé par l’AKP (Parti pour la Justice et le Développement) depuis 20
ans. Le parti du président contrôle fermement les représentations
turques basées à l’étranger, que ce soit les consulats, les
associations culturelles et bien sûr les mosquées.
Des représentants de l’AKP viennent régulièrement rencontrer les
Belgo-Turcs à travers tout ce réseau d’influence et exacerber les
sentiments nationaliste et religieux.
La fierté nationaliste et religieuse
L’identité musulmane est une identité importante pour les Belgo-Turcs,
vécue de manière fière et positive, à la fois religieusement et
politiquement. Le président Erdogan a su en jouer parfaitement en
autorisant le port du voile islamique dans les écoles et les
universités où il était interdit. Une décision vécue par beaucoup comme
un signe de liberté, dans un État où la laïcité a été longtemps l’un
des chevaux de bataille du pouvoir autoritaire.
Les électeurs d’Erdogan admirent le leader fort, défenseur du monde
musulman, et qui tient tête aux États-Unis, à la France dont il
n’hésite pas à insulter le président, et à Israël. Ils mettent en
exergue le développement des infrastructures de la Turquie mais
refusent de voir les emprisonnements de magistrats, d’avocats,
d’enseignants, d’écrivains, de journalistes, de défenseurs des droits
humains.
Une presse aux ordres
Ce conditionnement, cette "emprise" disent les opposants, est aussi
renforcé par la presse turque. "Avant Internet, les grands journaux
proposaient une édition européenne à destination de la diaspora.
Aujourd’hui, les grands titres de la presse quotidienne sont à la botte
du président Erdogan", raconte le journaliste dissident Dogan Özgüden.
Les 20 années d’exercice du pouvoir ont permis à l’AKP de renforcer son
emprise, au départ assez faible, sur les médias turcs : presse écrite,
radio et télévision. Le processus s’est appuyé tout à la fois sur la
création de nouveaux médias, favorables au parti au pouvoir, et sur la
prise de contrôle de grands groupes médiatiques. Les voix critiques ont
été emprisonnées, ont dû se taire, rentrer dans le rang ou s’exiler.
Une Europe du centre pro-Erdogan
Le vote au premier tour des 5 millions de Turcs européens est quasi
identique à la Belgique chez nos voisins directs. Les électeurs ont été
68,4% à voter Recep Tayyip Erdogan aux Pays-Bas, 65,4% en Allemagne,
64,2% en France et 59,2% au Luxembourg.
Par contre, son adversaire Kemal Kiliçdaroglu domine au Royaume-Uni, en
Suède, en Europe du sud et dans les Balkans.
Turkey's
prison population hits all-time high, reaching over 341,000
As the economic crisis intensified, theft has become the most common
crime. 24% of all convicts in Turkey were incarcerated for theft.
The prison population in Turkey has reached an all-time high, the
latest statistics released by the Ministry of Justice showed on Friday,
according to Turkey’s Birgun Newspaper.
At the end of 2022, with the intensification of the economic crisis,
the number of detainees and convicts reached a record-breaking high,
surpassing 341,000. Theft was the most common crime, and the number of
children in prisons rose to 1,373.
Although the number of inmates showed a downward trend in 2020,
influenced by the pandemic, it consistently increased every year from
2012 to 2022.
Convicts accounted for 87.6% of the total population in correctional
institutions, while detainees constituted 12.4%. It was reported that
95.9% of the population was male, and 4.1% was female. In Turkey, the
number of individuals per 100,000 people in correctional institutions
increased from 352 in 2021 to 400 in 2022. In 2022, 485 out of every
100,000 individuals aged 12 and above were locked in correctional
institutions.
24% of convicts were incarcerated for theft, 8% for invasion of
residential privacy, 7% for intentional assault, and 6.7% for drug
production and trafficking.
The number of convicts in the 12-17 age group at the time of entry into
correctional institutions was reported to be 1,373. (Gercek News, 24
May 2023)
Le 28 mai ne doit pas être une "élection du moindre mal"
Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 22 mai 2023
Comme j'ai pu
constater
que tous les gouvernements issus des urnes en Turquie depuis le coup
d'État du 12 mars 1971, y compris ceux de coalitions sous la présidence
d'Ecevit, au lieu de tenir leurs promesses, avaient tous poursuivi
l'oppression de classe et l'oppression nationale au même rythme, j'ai
observé avec prudence à la fois les promesses faites au cours de la
période précédant les élections du 14 mai et les résultats optimistes
des sondages d'opinion basés sur ces promesses.
Au cours de ces
élections
présidentielles, pas grand monde ne s'attendait à ce que Tayyip Erdoğan
dépasse son adversaire dès le premier tour et ne devienne favori pour
le second tour, alors que toute l'opposition soutient Kemal
Kılıçdaroğlu unie comme un seul homme.
À l'approche du
second
tour de scrutin, une campagne massive a été lancée pour empêcher Tayyip
Erdoğan de conserver ses pouvoirs présidentiels dictatoriaux pendant
cinq années supplémentaires, opprimant les citoyens de Turquie et
menaçant les populations des pays voisins : Votez le 28 mai et mettez
fin à ces ténèbres !
Bien que je n'aie pas
le
droit de vote, j'encourage de tout coeur les citoyens turcs à
l'étranger qui ont le droit de vote à se rendre aux urnes cette semaine
et à voter pour mettre fin au règne de Tayyip Erdoğan.
Cependant, même si
Erdoğan est évincé et que Kemal Kılıçdaroğlu accède à la présidence, la
composition du parlement turc, telle que révélée par le vote du 14 mai,
rend d'ores et déjà impossible la modification de la constitution et
des centaines de lois qui posent les fondements de la dictature.
Les chiffres sont
éloquents... Dans le Parlement de 600 membres, 404 sièges (67,33%)
seront occupés par des députés des partis d'extrême droite et de
droite, tandis que les deux partis de centre-gauche seront représentés
par 131 députés (21,83%) et les quatre partis de gauche par 65 députés
(10,84%).
Les députés issus des
partis de droite et d'extrême-droite :
AKP 263, MHP 50, İYİP
44, DEVA 14, GP 10, SP 10, YRP 5, HÜDA 4, DP 3, DSP 1.
Les députés issus des
partis de centre-gauche :
CHP 131, TDP 1.
Les députés issus des
partis de gauche :
YSP 58, TİP 4, EMEP
2, TÖP 1.
Le fait que cinq des
partis de droite aient participé à "l'Alliance de la Nation" avec le
CHP et que 4 d'entre eux aient participé aux élections en désignant des
candidats sur les listes du CHP est une situation conjoncturelle.
Il ne fait aucun
doute
que demain, lorsque les questions de classe, nationales et militaires
seront à l'ordre du jour au Parlement, ces partis, et même certains
députés au sein du CHP, agiront de concert avec les partis de la
majorité au pouvoir.
Au cours des deux
dernières législatures, nous n'avons pas oublié comment tous les
partis, à l'exception du HDP, ont soutenu et autorisé toutes les
opérations militaires en Irak, en Syrie et en Arménie avec
applaudissements au nom de l'"Assemblée Combattante".
Plus encore... Si
Kılıçdaroğlu était élu président, les chefs des cinq partis, qui tout
en étant membres de "l'Alliance de la Nation" siègeront à l'aile droite
du Parlement dans la nouvelle législature, deviendront automatiquement
"vice-présidents" conformément au protocole signé précédemment, et le
conseil des ministres sera composé sous leurs recommandations.
Kılıçdaroğlu et son
inquiétante ouverture à droite
Autre fait
inquiétant.
Kılıçdaroğlu, qui n'a pas remporté la victoire annoncée par les
sondages au premier tour, afin de gagner des voix à droite et de
combler l'écart au second tour, s'est d'une part mis à parler de
l'expulsion totale des réfugiés syriens et d'autre part déclaré "Je ne
me suis jamais assis et ne m'assiérai jamais à la table avec des
organisations terroristes", qualifiant de "terroristes" la résistance
nationale kurde, et a négocié avec le candidat d'extrême-droite Sinan
Oğan.
"Le coup de barre à
droite de Kemal Kilicdaroglu... Opposé à Erdogan au second tour de la
présidentielle, le candidat de gauche essaie de séduire l’électorat de
droite pour augmenter ses chances de victoire", écrit Hugo Romani
dans
le quotidien Le Point.
Nicolas Bourcier du
journal Le Monde écrit dans son article "Turquie : le dangereux virage
à droite de l’opposition", souligne que Kemal Kılıçdaroğlu adopte un
ton et des thèmes de campagne, inspirés par l’ultranationalisme.
Le Financial Times
titre : "Affaiblie, l'opposition turque joue la carte du nationalisme".
L'agence de presse
kurde
Rûdaw a également sévèrement critiqué Kılıçdaroğlu pour avoir utilisé
un discours purement nationaliste dans la campagne électorale, excluant
ainsi les Kurdes.
Oya Baydar, l'une des
initiatrices de la campagne "Votez le 28 mai, que ces ténèbres cessent
!", exprime ses inquiétudes dans son dernier article publié sur t24 :
"Je suis attristé par
un
Kılıçdaroğlu qui, tout en promettant le printemps, a soudainement
commencé à copier le registre outrancier de Bahçeli (MHP) et qui, pour
améliorer son score, se voit contraint de donner du crédit à Oğan et
Özdağ, qui ont été mis sur le terrain par l'aile nationaliste de l'État
profond afin d'augmenter les votes. Permettez-moi d'exprimer mes
sentiments sans les cacher : Alors que j'avais voté pour un
Kılıçdaroğlu qui parlait de réconciliation, qui ne considérait pas les
Kurdes comme des ennemis, qui déclarait son identité alévie avec
fierté, qui pouvait toucher le cœur des peuples opprimés avec sa
rhétorique accueillante et qui était capable de se changer lui-même,
cette fois-ci, je voterai avec un doute amer dans mon cœur. Mon lecteur
qui m'a critiqué après mon article sur ce sujet en disant "ayez des
réserves" avait raison. Les lignes rouges tracées depuis les
profondeurs de l'État sont inscrites dans le code génétique des "hommes
d'État", et à un moment donné, la cloche sonne".
Une réalité sur la
Turquie que Kılıçdaroğlu ne doit pas oublier
Il y a une réalité en
Turquie qui a également marqué la carrière politique de Kılıçdaroğlu et
qu'il ne devrait jamais oublier.
Lors des élections
locales de 2019, si le CHP a battu les candidats de l'AKP dans les
métropoles telles qu'Istanbul, Ankara et Izmir et remporté leurs
mairies, cela n'a été possible que grâce aux votes des électeurs kurdes
vivant dans ces villes.
Lors de ces dernières
élections, le parti de la Gauche Verte (YSP) n'a pas désigné de
président distinct, et a appelé tous ses partisans à voter pour
Kılıçdaroğlu. Si le leader du CHP a obtenu un score proche à celui
d'Erdoğan en tant que candidat à la présidence le 14 mai, c'est grâce
aux électeurs du YSP.
Faire des menaces
"xénophobes" contre les migrants syriens en Turquie, comme les partis
d'extrême droite en Europe, et revenir aux rugissements du type "Ne les
laissez pas m'appeler Kılıçdaroğlu si je ne rase pas Kandil"[1] coûtera
au CHP et au leader de l'Alliance de la Nation bien plus de voix qu'il
ne pourrait en gagner selon lui en flirtant avec les leaders
d'extrême-droite comme Oğan ou Özdağ.
La conséquence
inévitable
est qu'Erdogan, enivré par sa nouvelle victoire, fort du soutien de 404
députés d'extrême droite et de droite à la Grande Assemblée nationale
turque, condamnera la Turquie à cinq nouvelles années d'écrasement par
une dictature islamo-fasciste.
Les partis de gauche
qui
ont obtenu le droit d'être représentés au Parlement et ceux qui, au
sein du CHP, défendent véritablement la démocratie, la liberté et
l'égalité devraient sérieusement mettre en garde Kılıçdaroğlu contre la
dangereuse stratégie qu'il met en place, avant qu'il ne soit trop tard.
Les élections du 28
mai
ne devraient pas être l'occasion de choisir le moindre des deux maux,
mais de choisir celui qui s'engage véritablement en faveur de la
démocratisation du pays.
1) Monts Kandil :
un sanctuaire de la résistance armée kurde
2ème tour:
l’espoir et le défaitisme en compétition
Ragıp Duran, tvxs.gr, 21 mai 2023
A une semaine du second tour des élections présidentielles en Turquie,
Le Président Erdogan est relativement sûr de gagner alors que
l’opposition est bel et bien divisée.
L’ensemble des observateurs et spécialistes n’ont pas pu analyser comme
il faut plusieurs résultats:
- Comment le MHP, extrême-droite, allié d’Erdogan a pu obtenir plus de
10% des votes alors que les sondages prévoyaient au maximum 4 ou 5%.?
- Comment se fait que Sinan Ogan, candidat nationaliste, mais inconnu
des présidentielles, a partout et toujours obtenu 5% des votes?
- Est-il normal que la majorité des électeurs des départements
sinistrés du séisme du 6 février ont voté en général pour Erdogan et
les partis du pouvoir?
La majorité des composantes de l’opposition croit que le Président a pu
gagner les 49.5% grâce aux trucages. En effet, il y a eu au moins 4
différents type irrégularités lors du scrutin du 14 mai dernier:
* Les voix gagnées de l’opposition ont été inscrits sur les listes des
partis du pouvoir lors de l’enregistrement final dans le YSK (Haut
Conseil des Élections).
* Les activistes d’Erdogan ont voté plus d’une fois.
* Le YSK a inscrit au moins plus de deux millions d’électeurs fictifs.
* Les médias du pouvoir ont annoncé que le Président avait gagné une
victoire bien avant la fin du dépouillage.
Le front du pouvoir, bien qu’il a perdu au moins 3 points par rapport
aux dernières élections, est calme et attend une victoire inéluctable
pour dimanche prochain.
Du côté de l’opposition, les choses se compliquent de plus en plus:
- La majorité des opposants, encore pleine d’espoir, croit qu’Erdogan a
pu gagner grâce aux votes truqués et qu’au second tour Kilicdaroglu
gagnera. Ce qui n’est pas confirmé par les spécialistes. Ces derniers
estiment qu’il y a eu en effet beaucoup d’irrégularités, mais pas assez
pour changer les résultats.
- La minorité des opposants accuse la direction du CHP qui est
"incompétente et maladroite", qui n’a même pas pu contrôler le
dépouillage. De plus, cette minorité critique la stratégie de
Kilicdaroglu (44.8 pc.) qui a "fait l’alliance avec les petits partis
de droite" et a mené "une campagne douce, nationaliste et Etatiste".
- L’opposition qui a déjà perdu les élections législatives (49% pour le
pouvoir, 35% pour le bloc de l’opposition et 10% pour les kurdes et
gauches) attend alors, selon cette minorité "un miracle" pour gagner le
second tour. Ou bien "la mort subite d’Erdogan". Alors le défaitisme
règne dans les rangs de cette minorité. Elle croit que le taux de
participation ne sera pas aussi grand qu’au premier tour. (88.9% en
Turquie, 52.6% à l’étranger)
La majorité des observateurs en Turquie et à l’étranger prévoit
qu’Erdogan remportera facilement le scrutin du 28 mai. Par ailleurs, il
est sûr que l’ensemble de l’opposition sera en grande partie détruite
suite à la défaite.
La Turquie à droite toute avant le
second tour
Par Anne CHAON, AFP, 21 mai 2023
Les deux rivaux pour la présidence turque ont désormais sept jours pour
convaincre les électeurs qui leur ont fait défaut le 14 mai, avec un
avantage au président sortant après la percée des conservateurs.
Avec 49,52% des suffrages, Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, qu'on disait
fatigué et usé par vingt ans de pouvoir, part avec 2,5 millions de voix
d'avance sur le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, ancien
haut fonctionnaire et vieux routier de la politique.
Lui qui promet le "retour du printemps", la "démocratie apaisée" et le
retour à l'état de droit n'a pas séduit au-delà de 44,9% des électeurs
qui se sont déplacés, entamant le crédit de la vaste coalition qu'il
entend emmener au pouvoir, de la droite nationale à la gauche.
Après la forte mobilisation du 14 mai et un taux de participation de
89%, l'Eurasia Group consultancy, un des rares cabinets à avoir prédit
l'avance de M.Erdogan au premier tour, le donne gagnant au second.
"Beaucoup d'électeurs nationalistes désapprouvaient le choix de
Kiliçdaroglu pour représenter l'opposition et ne l'ont pas soutenu"
rappelle le politologue Berk Elsen, de l'université Sabanci d'Istanbul.
Entre les deux prétendants qui vont se disputer chèrement ses 2,79
millions de voix, un troisième homme, Sinan Ogan, ancré dans
l'extrême-droite nationaliste, veut avant-toute chose se débarrasser
des quelque cinq millions de réfugiés et immigrés installés dans le
pays.
Ogan, 54 ans, savoure et fera savoir qui il soutient "la semaine
prochaine", a-t-il prévenu. Il a été reçu vendredi pendant une heure
par M. Erdogan à Istanbul, mais hormis la photo de sa poignée de main
avec un "reis" crispé, rien n'a filtré.
Mais pour Berk Esen, il n'est même pas sûr qu'Erdogan ait même besoin
de lui. "Il est confiant", juge-t-il.
En revanche, Kiliçdaroglu, qui n'a pas encore vu Sinan Ogan,
s'entretenait simultanément avec le chef du parti nationaliste Zafer,
Ümit Özdag.
Incontournable pour l'opposition alors que la dynamique conservatrice
du premier tour se retrouve dans la configuration du nouveau Parlement
sorti des urnes dimanche dernier: 322 députés sur 600 appartiennent au
camp Erdogan (contre 213 à l'opposition) avec 268 élus pour son seul
parti islamo-conservateur AKP, qui reste de loin la première formation,
épaulé par le MHP nationaliste (50) et plusieurs petits partis
islamistes comme le Hüda-Par (Hezbollah kurde, quatre élus) et Yeniden
Refah (cinq).
- pas de meeting -
Alors que le combat s'annonce rude, Kiliçdaroglu a déserté les
estrades: pas un meeting depuis le premier tour, juste un bain de foule
vendredi au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, père fondateur de la
République turque et du parti CHP, qu'il préside depuis dix ans.
Mais ses paroles ont déjà devancé les actes avec une déclaration qui a
surpris jeudi par sa virulence, dans laquelle il a promis de "renvoyer
tous les réfugiés chez eux dès (son) arrivée au pouvoir".
M. Kiliçdaroglu avait déjà affirmé vouloir renvoyer les 3,7 millions de
Syriens chez eux "dans les deux ans", en cas de victoire.
Et alors qu'il avait reçu le soutien franc de la formation pro-kurde
HDP dont l'un des chefs, Selahattin Demirtas, est emprisonné depuis
2016, le candidat a également riposté aux accusations de "terrorisme"
formulées par le camp Erdogan contre ce parti.
"Je ne me suis jamais assis à une table avec des organisations
terroristes et je ne le ferai jamais", a soutenu le candidat.
"On donnait les Kurdes faiseurs de roi et c'est l'extrême-droite
nationaliste qui joue ce rôle", constatait cette semaine le chercheur
Yohanan Benhaïm de l'Institut français d'études anatoliennes, à
Istanbul.
Dans un entre-deux tours un peu mou, la cheffe du bon Parti (Iyi) Meral
Aksener, la Dame de fer de l'Alliance d'opposition a annoncé samedi son
intention de rencontrer "ceux qui ont voté pour Erdogan et ceux qui
sont encore indécis".
Pendant ce temps, M. Erdogan enchaîne les déplacements dans les zones
frappées par le séisme du 6 février (au moins 50.000 morts, trois
millions de déplacés) qui ont massivement voté pour lui.
Accueilli par des mers de drapeaux rouges, il promet, vidéo à l'appui,
une reconstruction "dans les six mois" et reprend avec constance les
mêmes accusations qui consistent à lier le camp adverse aux
"terroristes" et aux "LGTB".
13-year-old
faces trial for insulting Turkish President Erdogan
A 13-year-old middle school student on Thursday appeared before a
judge, accused of insulting the President Tayyip Erdogan, adding to
thousands of similar cases in recent years where individuals have faced
legal consequences for criticizing the Turkish president.
The trial of B.C.G. began in Istanbul Children's Court with an
indictment citing a complaint filed with the Presidency Communication
Center (CİMER) based on his remarks in a WhatsApp group as evidence,
Birgun newspaper reported on Friday.
A report was also requested from the Forensic Medicine Institute
regarding the child. The report stated that the child had sufficient
cognitive ability to perceive the legal meaning and consequences of
their actions and to direct their behavior.
The indictment alleged that the 13-year-old middle school student had
"attacked the honor, dignity, and respectability of the President." The
prosecutor requested punishment for the child on charges of insulting
the President.
During the hearing, the child stated, "I reacted when someone named
Erdogan in the WhatsApp group wrote messages containing insults towards
Ataturk. O reacted to these messages. I did not intend to insult the
President. I request my acquittal."
The court adjourned the trial and ordered a "social investigation
report" to be prepared for the child. The Istanbul Bar Association's
request to intervene in the case was denied.
1,075 CHILDREN WERE PROSECUTED IN 2022
The number of people facing legal proceedings for "insulting the
President" reached a record high last year. In 2022, a total of 16,753
individuals appeared before criminal courts on charges of insulting the
President.
In 2022, 1,075 children were prosecuted for the crimes of "insulting
the President," "disrespecting the symbols of state sovereignty,"
"insulting the Turkish nation," and "insulting the Republic of Turkey
and its institutions."
According to statistics from the Ministry of Justice, out of the
children facing charges, 53 were between the ages of 12 and 14, while
1,022 were between the ages of 15 and 17. (Gercek News, 19 May 2023)
Droits des femmes: feu vert à l'adhésion de l'UE à la
Convention d'Istanbul
Les eurodéputés ont approuvé mercredi l'adhésion de l'Union européenne
à la Convention d'Istanbul réprimant les violences contre les femmes,
exhortant les six Etats membres de l'UE qui n'ont pas ratifié ce traité
international à le faire sans délai.
"C'est un vote pour ces millions de femmes qui vivent dans la violence,
dans l'insécurité et la peur, et nous disons maintenant que l'Europe a
une tolérance zéro face à la violence à l'égard des femmes", a déclaré
l'eurodéputée suédoise Arba Kokalari (groupe PPE, droite),
corapporteure.
"Faites-le pour vos grands-mères, vos mères, vos filles, vos épouses",
avait exhorté l'autre corapporteur, le Polonais Lukasz Kohut
(Socialistes & démocrates), avant que les eurodéputés ne donnent
leur feu vert, à une très large majorité, aux deux textes soumis au
vote.
Cette ratification par l'UE, qui devra encore être formellement
endossée par les Etats membres en juin, est toutefois avant tout
symbolique en raison de sa portée limitée.
La Convention d'Istanbul, adoptée en 2011 et entrée en vigueur en 2014,
est un traité international du Conseil de l'Europe -- organisation
paneuropéenne regroupant 46 pays -- fixant des normes juridiquement
contraignantes pour prévenir et lutter contre les violences envers les
femmes.
Elle oblige notamment les gouvernements à adopter une législation
réprimant la violence à l'égard des femmes, le harcèlement sexuel, les
mutilations génitales féminines, le mariage forcé, et à prévoir des
refuges pour les victimes de violences.
L'Union européenne l'a signée en 2017 mais a tardé à la ratifier, en
raison d'une absence de consensus au sein de ses Etats membres.
Vingt-et-un pays de l'UE l'ont ratifiée mais parmi eux, la Pologne a
annoncé son intention de s'en retirer.
Six pays (Bulgarie, Tchéquie, Hongrie, Lettonie, Lituanie et
Slovaquie) ont refusé de la ratifier. Ces pays dénoncent entre autres
la mention du mot "genre" dans ce traité, et l'incitation à promouvoir
dans les programmes d'enseignement "les rôles non stéréotypés des
genres".
Des griefs relayés mardi par des eurodéputés d'extrême droite lors d'un
débat de plus de deux heures dans l'hémicycle strasbourgeois, marqué
par des échanges houleux qui ont conduit la présidente de la séance à
mettre en garde contre tout propos pouvant s'apparenter à des "discours
de haine".
- "Message fort" -
La Cour de justice de l'Union européenne a, dans un avis en octobre
2021, indiqué que l'UE pouvait ratifier la Convention d'Istanbul sans
avoir l'accord de tous les États membres. Ce qui a ouvert la voie au
processus d'adhésion, dont la présidence suédoise du Conseil de l'UE a
fait une priorité.
Cette adhésion de l'UE s'appliquera aux 27 pays du bloc mais seulement
pour les dispositions relatives à la coopération judiciaire en matière
pénale et à l'asile.
Les eurodéputés ont souligné que l'adhésion de l'UE à la Convention
d'Istanbul ne dispensait pas les six Etats membres ne l'ayant pas
ratifiée de le faire, les poussant à effectuer une telle démarche "sans
délai" afin que ce traité puisse "protéger les femmes dans toute
l'étendue du champ d'application prévu".
La commissaire européenne à l'Egalité, Helena Dalli, a salué sur
Twitter le vote de mercredi comme un "pas en avant historique, qui
envoie un message fort sur l'importance des droits des femmes dans
l'UE".
Une femme sur trois dans l'UE, soit quelque 62 millions de femmes, a
déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles et plus de la moitié
des femmes (55%) dans l'UE ont été victimes de harcèlement sexuel au
moins une fois depuis l'âge de 15 ans, selon des données de l'Agence
des droits fondamentaux de l'UE datant de 2014.
"Sept femmes meurent chaque jour sous les coups de leur conjoint ou
ex-conjoint. Ces données sont glaçantes (...) Nous serons intraitables
avec les six pays sur 27 qui agissent encore au mépris de nos droits",
avait déclaré mardi l'eurodéputée française Karima Delli (Verts).
Au total, la Convention d'Istanbul a été ratifiée par 37 pays, les
derniers en date étant l'Ukraine et le Royaume-Uni, en 2022.
La Turquie est le seul pays à en être sorti, en 2021. (AFP, 10 mai 2023)
Amende
injustifiée: Amnesty International fait
condamner Ankara par la CEDH
La Turquie a été condamnée mardi par la Cour européenne des droits de
l'Homme (CEDH) pour avoir infligé une amende au président de la section
locale de l'ONG Amnesty International au motif qu'il avait déclaré
"tardivement" des fonds perçus de l'étranger.
Les deux requérants, la section turque de l'ONG britannique et celui
qui était son président à l'époque des faits, Yakup Levent Korkut, se
sont vu allouer conjointement plus de 12.000 euros, notamment au titre
des dommages matériel et moral.
En janvier 2008, au terme d'une inspection ordonnée quelques mois plus
tôt, le préfet d'Istanbul infligea à M. Korkut une amende
administrative de plus de 5.000 euros : s'appuyant sur une loi entrée
en vigueur en 2004, il lui reprochait notamment d'avoir "à 16 reprises"
déclaré "tardivement (...) des fonds de source étrangère", indique la
Cour dans un communiqué.
Les années précédentes, la section turque d'Amnesty avait notamment
reçu des fonds émanant de son siège britannique, de sa branche
norvégienne ainsi que des virements émanant de particuliers, selon la
CEDH.
Devant les tribunaux turcs, M. Korkut présenta notamment, en vain, une
lettre de la préfecture d'Istanbul "expliquant que des fonds transférés
par le siège international d'une organisation vers (sa) section turque"
et "employés pour payer des frais courants n'étaient en principe pas
soumis à l'obligation de déclaration", rappelle encore la Cour.
Cette dernière a conclu à la violation par Ankara des articles 6 (droit
à un procès équitable/défaut de motivation) et 11 (liberté de réunion
et d'association) de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Les tribunaux turcs se sont en effet appuyés "exclusivement sur les
conclusions du rapport d'inspection établi par l'administration" et
"n'ont pas suffisamment motivé leurs décisions", pointe le bras
judiciaire du Conseil de l'Europe.
En outre, la loi ne prévoyait pas à l'époque de disposition "claire
réglementant la perception" par une section nationale d'une association
internationale de fonds provenant de son siège ou d'autres sections
nationales situées à l'étranger, ajoute la Cour. Celle-ci note que ce
"vide juridique" a toutefois été comblé en 2020.
Les requérants ne pouvaient donc à l'époque pas prévoir si ces
déclarations "seraient considérées comme tardives et sanctionnées par
une amende administrative", estime la CEDH. Selon elle, il est "clair"
que "le contrôle juridictionnel n'a pas fourni de garanties adéquates
et efficaces contre l'exercice arbitraire et discriminatoire du large
pouvoir discrétionnaire laissé à l'exécutif". (AFP, 9 mai 2023)
Elections
en Turquie: l'OSCE dénonce l'interdiction d'entrée
de deux députés
L'assemblée parlementaire de l'OSCE a dénoncé lundi le refus
d'accréditation par la Turquie de deux députés scandinaves qui devaient
venir observer l'élection présidentielle du 14 mai.
"Nous sommes déçus par cette mesure qui pourrait avoir un impact
négatif sur le travail de la mission d'observation internationale", a
déclaré dans un communiqué l'assemblée, qui envoie plus de cent élus en
plus des près de 400 représentants envoyés par l'instance elle-même.
La Turquie n'a pas à "influencer la composition de la mission" en se
basant sur "des déclarations faites" par des députés "dans le cadre de
leur mandat politique", a-t-elle ajouté.
Deux parlementaires, le Danois Soren Sondergaard (Alliance rouge-verte
socialiste) et le Suédois Kadir Kasirga (social-démocrate), n'ont pas
été autorisés par Ankara à faire le voyage.
M. Sondergaard a déclaré avoir été accusé de "promouvoir une
organisation terroriste".
Dans le passé, il avait rendu visite aux Forces démocratiques syriennes
(FDS), dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte contre le
groupe Etat islamique en Syrie, avec le soutien des Etats-Unis.
"Un pays ne peut pas choisir les parlementaires qui servent
d'observateurs", a-t-il estimé. "Cela jette une ombre sur les élections
turques, ils démontrent déjà qu'ils veulent les contrôler".
Les présidentielles s'annoncent particulièrement serrées. Le candidat
de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, représente le défi électoral le
plus difficile à relever pour le président Recep Tayyip Erdogan, depuis
son arrivée au pouvoir en 2002.
En 2018, Ankara avait déjà barré la route à deux parlementaires, un
Allemand et un Suédois.
L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), qui
compte 57 Etats membres, a été instauré en 1975, au coeur de la Guerre
froide, pour favoriser les relations Est-Ouest et observer le bon
déroulement des scrutins dans les pays membres. (AFP, 8 mai 2023)
Les femmes
sous Erdogan: un combat permanent
Depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan il y a vingt ans,
les femmes turques se sont mobilisées pour acquérir puis conserver
leurs droits.
Après une décennie de progrès, le pouvoir islamo-conservateur a
commencé à rogner ce qu'il avait accordé. En voici quelques exemples à
la veille des élections présidentielle et législatives du 14 mai.
- Violences faites aux femmes -
En 2012, la Turquie, dirigée depuis dix ans par le Parti de la justice
et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan, ratifie la
Convention d'Istanbul et adopte la loi dite "6284", qui visent toutes
deux à lutter contre les violences faites aux femmes.
"L'AKP se présentait à l'époque comme des conservateurs modérés. Mais
rien ne nous a été offert. Les femmes ont tout obtenu grâce à leur
lutte", souligne Fidan Ataselim, de la plateforme féministe "We Will
Stop Feminicide".
Berrin Sönmez, de la plateforme féministe Esik, cite parmi les
changements intervenus "la définition légale de la famille basée sur
l'égalité des époux et le partage des biens".
Mais ces avancées ont été menacées par le durcissement progressif du
pouvoir à partir de 2013. La Turquie s'est retirée de la Convention
d'Istanbul en 2021 en accusant le traité de mettre en danger "la
structure familiale".
"Nous observons que le nombre des féminicides a augmenté chaque année
sous le gouvernement de l'AKP", affirme Mme Ataselim: sa plateforme a
recensé 397 féminicides en 2022 en Turquie et près de 90 depuis le
début de l'année.
L'alliance nouée en mars 2023 entre l'AKP et deux partis islamistes
réclamant le retrait de la loi 6284, seul instrument légal toujours
actif de protection des femmes contre les violences, a accru les
inquiétudes.
"Le gouvernement tente de revenir sur les acquis des femmes un à un.
Nous luttions pour de nouveaux droits il y a vingt ans, mais nous
luttons aujourd'hui pour les conserver, y compris le droit des femmes
divorcées à recevoir une pension", s'inquiète Mme Sönmez.
- Port du voile-
A majorité musulmane, mais laïque par sa Constitution de 1923, la
Turquie prohibait le port du voile dans la fonction publique, les
écoles et les universités.
Mais ces restrictions ont été peu à peu levées par le gouvernement
Erdogan, y compris dans la police, permettant à des dizaines de
milliers de femmes d'accéder à l'éducation et à un emploi.
Le président turc se présente souvent comme le protecteur des musulmans
contre les "élites" laïques, laissant entendre que sans lui, certains
"acquis" seront menacés.
A la différence des années 1990, aucun mouvement politique ne propose
aujourd'hui l'interdiction du port du voile en Turquie. Même le
candidat d'opposition Kemal Kiliçdaroglu, président du CHP laïc, le
parti fondé par Mustafa Kemal, a proposé d'inscrire ce droit dans la
loi.
"Il y a eu une avancée considérable à ce sujet. Les femmes
pieuses et
les femmes séculaires travaillent désormais ensemble au sein des
organisations féministes", se félicite Berrin Sönmez.
- Santé reproductive -
L'avortement est "un crime contre l'humanité", a jugé autrefois M.
Erdogan, déclenchant des manifestations et des pétitions pour défendre
le droit des femmes à avorter.
Alors que le chef de l'Etat prône "au moins trois enfants par femme",
son gouvernement a "tenté d'interdire l'avortement, mais a dû faire
marche arrière face (...) à la sérieuse opposition de l'opinion
publique", explique Fidan Ataselim.
Même sans interdiction légale, l'accès à l'avortement a été rendu très
difficile car la majorité des hôpitaux publics refusent de le
pratiquer, affirme Gökçe Gökçen, vice-présidente du CHP.
Par ailleurs, la contraception reste chère - et de nombreux maris y
sont hostiles - ainsi que les produits d'hygiène intime, relève Beril
Hepgoncali du mouvement Mor Dayanisma.
- Discours sexiste -
Le président Erdogan et de hauts responsables de l'AKP tiennent
régulièrement des propos sexistes et discriminatoires, affirmant que
"l'égalité des hommes et des femmes est contraire à la nature", ou que
"les femmes ne devraient pas rire à haute voix en public".
"Le gouvernement tente d'intervenir de manière croissante dans tous les
domaines de la vie des femmes, de leur vêtements à leur modes de vie en
passant par leurs rires", dénonce Beril Hepgoncali.
"Notre droit d'exister en tant que citoyennes égales et individus
libres est constamment menacé", affirme Berrin Sonmez.
"lls préconisent des politiques mettant en avant la famille au lieu des
femmes", ajoute Fidan Ataselim. (AFP, 7 mai 2023)
Washington Post: Turkey's upcoming elections a
critical test for democracy
An editorial by the Washington Post highlighted Turkish President
Tayyip Erdogan's repression of dissent, disregard for human rights and
democratic norms, and said May 14 elections will be a critical test of
Turkey's democratic capacity
Turkish President Tayyip Erdogan came to power 20 years ago as a
reformer and a moderate leader, but his popularity has since been
marred by human rights abuses, repression of dissenting views, and a
deteriorating economy, prominent US newspaper Washington Post said,
adding that the upcoming presidential and parliamentary elections on
May 14 are a critical test of the country's democratic capacity to
reject President Erdogan's increasingly authoritarian rule.
In an an editorial titled "The Shadow of Increasing Despotism Falls on
Elections in Turkey," Washington Post highlighted President Erdogan's
increasing unpopularity, citing his repression of dissenting views,
suppression of independent institutions that were once autonomous, and
disregard for human rights and democratic norms.
The Washington Post also pointed out that the erosion of living
standards, the devaluation of the Turkish lira, and rising inflation
are due to President Erdogan's mismanagement of the Turkish economy.
“Mr. Erdogan’s colossal mismanagement of Turkey’s economy, one of the
world’s 20 biggest, has eroded living standards, decimated the Turkish
lira’s value and sent inflation soaring. Little wonder so many Turks
are angry; his opponent, a colorless former bureaucrat, leads in the
polls,” Washington Post said.
The Washington Post also examined the policies of the Erdogan
government and the possible implications of the May 14 elections for
foreign policy.
“His realpolitik double game, playing one side against the other in
pursuit of elevating his stature as a geopolitical go-to man, is more
than mischief-making. Mr. Erdogan has embraced positions that have
subverted Western strategy and given Mr. Putin vastly more room to
maneuver. In return, Russia has showered Turkey with billions of
dollars’ worth of help, including a cash gusher from oligarchs seeking
to evade sanctions. Mr. Erdogan has also benefited from financial
backing from other authoritarian states, including China and Saudi
Arabia,” the newspaper said.
The editorial accused Turkish courts of becoming instruments of revenge
for President Erdogan and of routinely using fabricated accusations to
silence the opposition. The article also states that independent media
organizations have been largely silenced and many Turks are afraid to
express their opinions. The recently introduced "crime of spreading
misleading information," which is ambiguously defined, is a new tool of
Erdogan's increasing tyranny, according to the editorial. (GerçekNews,
5 May 2023)
Les LGBTQ+, épouvantail du camp Erdogan avant les
élections
Pas un meeting ou presque sans une attaque verbale: à dix jours des
élections présidentielle et législatives turques, les communautés
LGBTQ+ sont plus que jamais la cible du camp Erdogan, déterminé à
livrer une "guerre culturelle".
"Aucun LGBT ne peut être le produit de cette nation !", a fulminé
samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un meeting à Izmir
(ouest).
La veille, son très droitier ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu,
s'était élevé contre la "religion" LGBTQ+ importée selon lui "de
l'Amérique et de l'Europe".
"Si vous laissez partir (Recep) Tayyip Erdogan, qui viendra à sa place
? Quand ils parlent des LGBTQ+, ça inclut le mariage des animaux et des
humains", a-t-il lancé en guise d'avertissement aux électeurs tentés de
voter pour l'alliance de l'opposition.
M. Erdogan, qui taxe régulièrement les LGBTQ+ de "pervers" et de
"déviants" depuis son arrivée au pouvoir en 2003, les a de nouveau
visés mercredi, dans la province conservatrice de Rize (nord-est) d'où
sa famille est originaire, qualifiant ses principaux opposants de
"pro-LGBT" afin de les discréditer.
"Nous sommes contre les LGBT ! Pour nous la famille est sacrée !",
a-t-il martelé jeudi devant une foule de partisans réunis à Giresun,
autre grande ville du nord-est.
- "Respecter l'identité de chacun" -
Pour les observateurs, le chef de l'Etat, champion de la majorité
conservatrice, cherche à galvaniser sa base dans la dernière ligne
droite avant le double scrutin du 14 mai. D'autant que les sondages
donnent l'opposition en bonne posture, profitant des difficultés
économiques du pays.
"(Erdogan) tente d'unifier les masses derrière lui en attisant les
perpétuelles guerres culturelles. Il fait campagne dans les mosquées,
prétend à tort que l'opposition fermera la Direction des affaires
religieuses (Diyanet) et ostracise la communauté LGBTQ en la décrivant
comme polluée par des +virus+ et des +pervers+", souligne Gönül Tol,
directrice du programme Turquie au Middle East Institute (MEI), à
Washington.
Pour elle, le président turc risque toutefois d'échouer à diviser
l'alliance de l'opposition, malgré la présence en son sein de plusieurs
formations issues de la mouvance islamo-conservatrice.
A l'opposé du président sortant et de son parti de la Justice et du
développement (AKP, islamo-conservateur), le candidat de l'alliance de
l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, s'est engagé à "respecter les
croyances, modes de vie et identités de chacun".
Si l'homosexualité n'est pas pénalement réprimée en Turquie -
contrairement à une grande partie des pays à majorité musulmane -,
l'homophobie y reste très largement répandue.
"Je servirai 85 millions de personnes sans distinction. Chacun
respectera l'identité de chacun. L'identité de chacun est son honneur
et sa dignité", a promis à nouveau mardi M. Kiliçdaroglu, chef du Parti
républicain du peuple (CHP, social-démocrate).
- "Stratégie électorale" -
Les associations de défense des droits LGBTQ+, à l'avant-front cette
dernière décennie de la contestation du pouvoir islamo-conservateur du
président Erdogan, notamment lors des grandes manifestations de 2013
dites de Gezi, s'inquiètent des charges répétées du chef de l'Etat.
"L'Alliance populaire (dominée par l'AKP, NDLR) a transformé le rejet
des LGBTI+ en stratégie électorale", normalisant un discours qui
"alimente la haine envers les LGBTI+", souligne l'association Kaos GL.
Pour elle, "la rhétorique anti-LGBTI+ permet également de camoufler les
violations des droits des LGBTI+".
L'an dernier, près de 400 personnes ont ainsi été arrêtées à Istanbul
au cours de la Marche des fiertés LGBTQ+.
La manifestation, jadis l'une des rares à être organisées chaque année
dans un pays à majorité musulmane, est interdite depuis 2015 par le
gouverneur de la ville.
Cette même année, déjà en période électorale, le président Erdogan
avait exploité la rhétorique anti-LGBTQ+.
"Nous ne sommes pas ceux qui nomment des homosexuels", avait-il lancé,
en visant alors un candidat à la députation d'un des partis de
l'opposition. (AFP, 4 mai 2023)
HRW accuses Turkey of shooting at refugees on Syria
border
Human Rights Watch has accused Turkey's border guards of
indiscriminately shooting at Syrian civilians on the border with Syria,
as well as torturing and using excessive force against asylum seekers
and migrants.
Since the beginning of 2023, 11 deaths and 20 injuries have been
recorded along the border caused by Turkey's border guards.
"Turkish gendarmes and armed forces in charge of border control
routinely abuse and indiscriminately shoot at Syrians along the
Syrian-Turkish border, with hundreds of deaths and injuries recorded in
recent years," said Hugh Williamson, Europe and Central Asia director
at Human Rights Watch.
"Arbitrary killings of Syrians are particularly egregious and part of a
pattern of brutality by Turkish border guards that the government has
failed to curb or investigate effectively."
Turkey has taken in about 3.5 million Syrians, hosting more refugees
than any other country, but Human Rights Watch says that this does not
absolve it of its obligations to respect the rights of others seeking
protection at its borders. The authorities in Turkey have been asked to
urgently conduct a full review of their border security policy.
"Since the beginning of 2023, the Syrian Observatory for Human Rights
has recorded 11 deaths and 20 injuries along the Syrian/Turkish border
caused by Turkish border guards. Human Rights Watch independently
documented and verified two such incidents.
"In early March 2023, Human Rights Watch obtained nonexhaustive data
from an organization monitoring hostilities in Syria, that documented
277 individual incidents between October 2015 and April 2023. The
monitors recorded at least 234 deaths and 231 injuries, the vast
majority of which occurred while victims attempted to cross the border.
"Twenty-six incidents involved children, with at least 20 killed and 15
injured. Significantly, at least 6 people who were not attempting to
cross the border were shot dead and another 6 were injured. The
organization requested not to be named out of concern that its
humanitarian work could be negatively impacted by Turkish authorities."
(BIA, 24 April 2023)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Cannes: Merve Dizdar, première Turque
prix d'interprétation féminine
A 36 ans, Merve Dizdar est la première actrice turque à décrocher le
prix d'interprétation féminine à Cannes pour son rôle de Nuray dans
"Les herbes sèches" de Nuri Bilge Ceylan.
Palme d'or sur la Croisette en 2014, le réalisateur turc lui a confié
le rôle d'une militante blessée dans un attentat et portant une
prothèse, qui tente de se reconstruire.
Deniz Celiloglu y incarne Samet, un enseignant venu de la ville,
oscillant entre désespoir et misanthropie et plongé dans cette région
rurale d'Anatolie, minée par le renoncement.
À travers l'histoire de Samet, qui pense en être à la fin de son
service obligatoire dans cette région et qui espère depuis longtemps
une mutation prochaine à Istanbul, l'auteur aborde les répercussions
psychologiques de l'éloignement ressenti, le sentiment d'isolement,
d'aliénation et d'exclusion.
Le film dépeint également le difficile combat quotidien que doivent
mener les habitants de cette région, ainsi que les dynamiques de la
trame géographique, ethnique ou sociale qui les entoure.
Merve Dizdar, qui a suivi des études d'art dramatique et débuté au
théâtre, a tourné dans son premier film, "Bir Ses Böler Geceyi" ("A
Noise in the Night"), en 2011 avant de poursuivre dans des séries
télévisées.
En 2020, elle est très remarquée dans la comédie "War of the Eltis",
l'un des plus gros succès en salles en Turquie.
Avant elle, deux acteurs turcs avaient reçu en 2003 le prix
d'interprétation masculine, Muzaffer Özdemir et Mehmet Emin Toprak,
pour leur rôle dans "Uzak" du même Nuri Bilge Ceylan.
Le personnage qu'elle joue dans "Les herbes sèches" "mène un combat
pour son existence et a surmonté beaucoup de difficultés", a réagi
Merve Dizdar après l'annonce de son prix.
Tourner avec Ceylan, "pour moi, c'était une sublime expérience. Mon
personnage n'était pas très détaillé dans le scénario, il fallait
l'interpréter", avait-elle expliqué devant la presse après la
projection du film lors de la compétition.
Travailler avec Nuri Bilge Ceylan "est quelque chose de très
valorisant", avait ajouté l'actrice, qui n'a découvert le long-métrage
terminé que la veille de sa présentation.
"On était comme dans un laboratoire au début du tournage, sur les
sentiments, les personnages. Ce réalisateur est exceptionnel. Tourner,
c'était comme une danse où les sentiments se mélangent". (AFP, 27 mai
2023)
Musicians detained on 'terror' charges for
participating in Green Left Party events
Twelve musicians who participated in the opening events for the Green
Left Party's election contact offices in İzmir, western Turkey, have
been detained.
According to the news reported by Mezopotamya Agency (MA), the police
conducted raids on several homes in the morning.
During the raids, 12 musicians, including Sertan Özdemir, Şakir Yiğit
Özdemir, Cemal Emen, Rıdvan Kaya, Fatime Tandoğan, Eyüp Azrak, Gökhan
Gönlüaçık, and Kadir Yasin Temur, were detained.
The musicians, who were detained on charges of "terrorist propaganda,"
were taken to the İzmir Provincial Police Department. (BIA, 24 May 2023)
Arrest order issued in Turkey for German-Turkish
journalist Yucel
A Turkish court issued on Thursday an arrest warrant for German-Turkish
journalist Deniz Yucel, who has been facing a lawsuit since 2021 over
allegations of publicly insulting the president and state authorities.
The Istanbul court said that Yucel did not respond to calls for having
his defense statement delivered in court.
Yucel was arrested in Turkey in February 2017 on "terror" charges, over
his news reports and interviews published by Die Welt. Turkish
president Recep Tayyip Erdogan accused him a few weeks later of being
"a German agent and a representative of the PKK [the Kurdistan Workers'
Party]."
After being kept in custody for a year, Yucel was released and
subsequently left Turkey to return to Germany in February 2018.
In July 2020 an Istanbul court sentenced him to a prison term of two
years, nine months and 22 days for "disseminating propaganda for the
PKK."
In January 2022, the European Court of Human Rights (ECHR) ruled that
Turkey violated Yucel's rights to liberty and security, to compensation
for unlawful detention and to freedom expression
In June 2021, a new lawsuit was launched against Yucel over insulting
the president and authorities. (Gercek News, 18 May 2023)
Perquisitions chez des journalistes turcs en
Allemagne
La Turquie a
annoncé
mercredi avoir convoqué l'ambassadeur d'Allemagne à la suite de
perquisitions menées chez deux journalistes turcs à Francfort.
"L'interpellation non justifiée de deux représentants du bureau de
Francfort du journal Sabah est un acte visant à intimider et à harceler
la presse turque", a réagi le ministère turc des Affaires étrangères
dans un communiqué.
Les journalistes du quotidien pro-gouvernemental turc Sabah ne sont pas
en état d'arrestation, a démenti auprès de l'AFP le porte-parole du
procureur de Darmstadt, en Allemagne.
"Dans le cadre d'une enquête du parquet de Darmstadt pour suspicion de
diffusion dangereuse de données personnelles, les forces de l'ordre ont
perquisitionné mercredi les domiciles privés de deux journalistes de 46
et 51 ans à Mörfelden-Walldorf", en banlieue de Francfort, a affirmé le
bureau du procureur dans un communiqué.
"Les enquêteurs ont saisi des supports de stockage électroniques et
d'autres éléments de preuve" et les deux hommes ont ensuite été
relâchés, a-t-il ajouté.
Le journal Sabah confirme que les deux journalistes ont été relâchés
"quelques heures" après les perquisitions.
Le quotidien affirme qu'ils ont été arrêtés à la suite d'une
plainte
déposée contre eux par des partisans du prédicateur Fethullah Gülen,
installé aux Etats-Unis de longue date et qu'Ankara accuse d'avoir
fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016.
"L'interpellation des journalistes turcs à cause de leurs articles sur
l'organisation terroriste Feto (l'acronyme utilisé par Ankara pour
désigner le mouvement Gülen, NDLR) est une violation claire de la
liberté de la presse", avait réagi sur Twitter en début d'après-midi le
directeur de communication de la présidence turque Fahrettin Altun.
Cet incident survient trois jours après les élections législatives et
le premier tour de l'élection présidentielle en Turquie. (AFP, 18 mai
2023)
Two journalists given prison sentence over
reports on prosecutor
Two journalists have been given a prison sentence for reporting on a
prosecutor who ran an investigation into a 2021 incident where two
citizens were thrown out of a helicopter in Van and a 2020
investigation against Kurdish journalists on "terror" charges.
The Van 2nd Heavy Penal Court found Ferhat Çelik and İdris Yayla guilty
of "marking people who participated in the fight against terrorism as a
target," MLSA reported.
Çelik did not attend the hearing while Yayla was present in the court
room. In his statement, Yayla argues that "the duty of the press is not
only to communicate and report the news, but also to transfer events
related to human rights and public issues to the public sphere. The
restrictions on freedom of expression must be applied narrowly when it
comes to press freedom, as the impact of such transmissions on public
discussion and the protection of rights and freedoms makes it a legal
necessity."
Yayla also made it clear that he would not accept the deferral of the
judgment if he was found guilty. The court handed down a sentence of 1
year and 3 months in prison to both Çelik and Yayla.
The charges against the journalists was based on the news article
titled "The same prosecutor gave detention orders for journalists"
published on October 8, 2020, in the Mezopotamya Agency.
The news article in question addressed the torture of Osman Şiban and
Servet Turgut, who were detained by soldiers in Çatak district of Van
on September 11, 2020, and thrown from a helicopter.
The journalists Adnan Bilen, Cemil Uğur, Şehriban Abi, Nazan Sala, and
former newspaper distributors Şükran Erdem, Mikail Tunçdemir, and Fehim
Çetiner, who raised this issue in their reporting, were detained on
October 6, 2020, by the prosecutor who was investigating the law
enforcement officials responsible for the torture of Turgut and Şiban,
identified as I.K. in the press.
In the indictment, the prosecutor claimed that the news article by MA
was shared by "media organizations affiliated with the terror
organization." The prosecutor also demanded that the journalists be
punished.
In addition to the news outlets mentioned in the indictment, including
Evrensel, ArtıGerçek, and the website of People's Democratic Party
(HDP) Kocaeli MP Ömer Faruk Gergerlioğlu, the indictment also claimed
that the news article in question was published on October 8, 2020, but
included October 9, 2020, as the "date of the crime". (BIA, 5 May 2023)
Journalism fighting for survival before the elections
The BIA Media Monitoring Report, published on the occasion of May 3
World Press Freedom Day shows that the government retaining control
over 80 percent of the national media, is now concentrating on a
mission to silence the critical newspapers and televisions which have
increasing popularity in recent years.
Many reports such as those criticizing the use of the Directorate of
Religious Affairs and religion for their own interests, cases of
neglect and irregularities before the earthquakes, claims that some
people who are in power have links to criminal circles, statements that
people who depended on breathing apparatus died in the earthquake
region, or the announcement of the book "Dad" written by the imprisoned
HDP leader Selahattin Demirtaş were put forward for heavily punishing
critical televisions.
The Report reflects criticism by many that the judiciary is being used
as an instrument for political purposes in Turkey where nearly 200
journalists stood trial in three months, an access ban was imposed on
187 online reports and journalism contents, and which returned to the
category of "countries where most journalists are arrested," again
after the attempted coup.
Eight of 195 suspects were acquitted, and two local journalists were
convicted
The BIA Media Monitoring Report shows that at least 195 journalists or
media representatives have stood trial in January, February, and March
in the scope of the Turkish Criminal Code and Anti-Terror Law or Law
No. 2911 on meetings and demonstrations. Nine journalists and five
media institutions were standing trial with a claim for compensation in
the same period. Again, the indictment prepared in June 2022 for 20
Kurdish media employees, 16 of whom have been arrested, with the
accusation of "PKK membership" was still being examined by the
Diyarbakır Heavy Penal Court as of April 1.
Within this period, the Court of Appeal upheld the prison sentences
given to Müyesser Yıldız, İsmail Dükel, and Abdurrahman Gök, while the
following journalists were acquitted: İsmail Saymaz, Fırat Fıstık, and
Ozan Buz in the cases where they stood trial for 'disseminating
personal data', Alican Uludağ and Nazlan Ertan in the cases where they
stood trial for 'causing those who have a duty in fighting terrorism to
become a target; and Mustafa Sönmez, Ender İmrek, and Engin Korkmaz in
the cases where they stood trial for "insulting the President.'
Journalists Merdan Yanardağ, Sedef Kabaş, Barış Pehlivan, and Ozan
Alper Yurtoğlu were included in the report due to new cases opened
against them for 'insulting the President.'
In this period when the hearings in the trials related to the files of
many journalists were postponed to later dates, and there were fewer
verdicts of conviction, journalist Gençağa Karafazlı was given a
two-year imprisonment for "violation of the right to privacy" which was
postponed. Journalist Sinan Aygül was sentenced to 10 months of
imprisonment for 'disinformation' for his post about the sexual
harassment of a child, although he had later corrected the part stating
that public employees were involved.
Widespread online censorship before the elections
Arbitrary access bans were imposed on the publications and posts of
journalists who bring issues up on the agenda, and discuss issues such
as the irregularities and corruption cases in the aftermath of the
earthquakes before the May 14 elections, for instance, those of İsmail
Saymaz, Barış Terkoğlu, Sefa Uyar, Bahadır Özgür, Saygı Öztürk and
Murat Ağırel.
This year Criminal Courts of Peace or the Service Providers Union
brought access bans to at least 187 online reports and journalism
content bringing up or criticizing corruption, bribery, or favoritism
cases until April 1.
The bandwidth throttling implemented on the internet service after the
earthquake caused both journalists and earthquake victims to suffer.
The issues that the reports to which access bans were imposed included
battering of children in Q'uran courses, cooperation of the government
with the Free Cause Party (Hüda-Par), claimed links of some authorities
or public employees to criminal organizations, that the contracts for
the construction projects in five provinces affected by the earthquake
were awarded to companies close to the government, that the "surplus"
clothing sent for relief purposes after the earthquakes had been sold
to a foreign company, and allegations of corruption, unjust practices,
favoritism and criticism of the government.
Access to an ANKA News Agency report, three weeks after the
earthquakes, informing that the construction projects planned in five
provinces were awarded to companies supporting the government was
banned nine days after it was published. The Ministry of Industry and
Technology has not extended the license of the Deutsche Welle (DW)
Turkish office, the broadcast of which was imposed an access ban in
July 2022 at the request of the Radio and Television Supreme Council
(RTÜK).
Access to the website of the Freedom of Expression Association (İFÖD)
publishing the announcements about the reports and the websites to
which access bans are imposed in the scope of the EngelliWeb project
was banned with the decision of the Rize Criminal Court of Peace. The
Twitter account of the Kurdish weekly newspaper Xwebûn was reopened
following the objection made. The website of Rudaw which imposed an
access ban for "protecting the national security and public order," was
again made accessible after the objection was made. (BIA, 3 May 2023)
Media crackdown continues ahead of May 14 elections
As the parliamentary and presidential elections of May 14 draw near,
persecution of news outlets and journalists, specifically those with
Kurdish links, continues.
Sedat Yılmaz, writer and editor for Mesopotamian Agency (MA) and Bia
Children's book, as well as his spouse Selma Yılmaz, were taken into
custody on April 29 in the southeastern city of Diyarbakır.
Additionally, Dicle Müftüoğlu, MA Editor and Co-Chair of the Dicle
Fırat Journalists Association (DFG) was also detained.
Mesopotamian Agency covers news and events relating to the Kurdish
population and other minorities in Turkey. The agency's journalists are
frequently subjected to arrests and detentions. The Dicle Fırat
Journalists Association (DFG) defends press freedom and the rights of
journalists, particularly those who work in Turkey's southeastern
regions.
Physical violence
Yılmaz and Müftüoğlu have been apprehended as part of an investigation
launched by the Ankara Chief Public Prosecutor's Office, with warrants
issued against 49 individuals across 15 provinces on April 29. After
their detainment, the journalists were transferred to Turkey's capital
by bus.
According to the MA Agency, Yılmaz and Müftüoğlu were handcuffed
throughout the 15-hour drive and were not provided with any food for 24
hours. Reportedly, Yılmaz was subject to physical violence during the
journey, including being kicked in the head, causing him to experience
hearing loss and severe pain in his ear.
'No interference can obscure the truth'
In handwritten notes given to their lawyers on April 30, Yılmaz and
Müftüoğlu emphasize the necessity for solidarity.
"I am perfectly fine, cheerful, and strong. Submitting and bending our
pen to drug lords and the mafia is not an option for us. What I expect
from you is to strengthen our solidarity. I also saw my friend Dicle
Müftüoğlu, and she sends you her regards. Currently, my wife, my
sister, and I are incarcerated. We had to leave our 13-year-old
daughter with our acquaintances in Diyarbakır. Greetings and best
regards," Yılmaz writes.
"We are once again facing an attempt to silence us, continuing a
tradition that has lasted for over 30 years. Five journalists were
arrested in an operation in Diyarbakır, just two days ago. Despite
those who persistently are trying to criminalize us with similar
operations for years, our search for truth continues. No interference
can obscure the truth. We call on my colleagues to defend journalism
against all these blackout operations, " Müftüoğlu penned down.
Just a few days before the crackdown led by the Ankara Chief Public
Prosecutor's Office, arrest warrants on charges related to terrorism
were issued against 286 individuals by the Diyarbakır Chief Public
Prosecutor's Office. At least 128 individuals, including journalists,
politicians, and lawyers, were apprehended across 21 provinces. A
majority of the detentions occurred during the early morning on April
25.
In addition, n Kadıköy, İstanbul, six journalists were detained while
making a statement supporting their incarcerated colleagues. They were
later released that same evening.
'All signs point to May 14'
Cuma Daş, the Secretary General of DFG, emphasized in an interview with
bianet on April 29 that the recent crackdowns and intimidation
targeting journalists should be viewed in the context of the upcoming
elections and asks for solidarity.
"When we look at the operations carried out today (April 29) and on
April 25, all signs point to May 14. ... It is not sufficient to look
at the detention and imprisonment of journalists only from a numerical
perspective. Even if one journalist is detained without a reaction, the
number increases to five the next day and ten the day after. It seems
that they are expanding their scope. It is time to speak up, and the
greatest antidote to these attacks is solidarity, which should be
strengthened. Otherwise, this silence paves the way for further
repression.'' (BIA, 1 May 2023)
Concerns over freedom of expression and judicial
independence noted in report
The situation concerning a large number of earthquake survivors who did
not register in new locations has also been noted with concern in the
interim report of OSCE's election observation mission.
The election observation mission of the Organization for Security and
Co-operation in Europe (OSCE) underlined in an interim report concerns
over restrictions on freedom of expression, the independence of the
judiciary and the high number of displaced voters who did not register
to vote in their new locations in Turkey.
The report by the Election Observation Mission (EOM) of OSCE Office for
Democratic Institutions and Human Rights (ODIHR) said:
"Many ODIHR EOM interlocutors noted the frequent blocking of websites,
requests for content removal, and the use of legal restrictions on
freedom of expression. Defamation remains a criminal offence, despite a
previous ODIHR recommendation, and is regularly applied against
critical journalists, largely in conjunction with terrorism-related
charges."
Noting that international actors and ODIHR EOM interlocutors continue
to raise concerns over the independence of the judiciary, the report
said:
"Further concerns were raised about what some ODIHR EOM interlocutors
perceive as systematic targeting of opposition parties and their
supporters, mainly those of the People’s Democratic Party (HDP).
Dissolution proceedings against the HDP, initiated in March 2021, are
ongoing. Since 2018, on the basis of anti-terrorism and public security
measures in relation to military operations combating international
terrorism, governors in the eastern and south-eastern provinces have
temporarily limited fundamental rights and freedoms, regularly. These
bans have been periodically and consecutively introduced, including in
the election period, for durations ranging from 5 to 15 days."
As for the situation surrounding earthquake survivors who left their
home towns after the disaster but did not register in new addresses, it
noted:
"Many ODIHR EOM interlocutors shared concerns that a potentially high
number of displaced voters did not register to vote in their new
locations, with some suggesting that a more extended registration
period would have enabled more displaced voters to update their
addresses."
It added: "Moreover, concerns were also raised about the 30 March
decision by the Council of Higher Education, announcing the resumption
of in-person education in higher education facilities throughout the
country leaving only three days for affected students to register to
vote at their study location."
Drawing attention to gender inequality in parliamentary nomination and
representation, the report said:
"Women candidates have not been prominently featured in most rallies
monitored by ODIHR EOM observers, except for those of YSP [The Green
left that HDP candidates will be running under] and TIP [Workers' Party
of Turkey]."
It further noted: "Some ruling party and senior government officials
have made references to the opposition alliance, connecting it with the
LGBTI community, using discriminatory language." (gercek news, 28 April
2023)
Kurdish
Question / Question kurde
Le HDP
pro-kurde confirme son soutien à Kiliçdaroglu
Le parti de gauche prokurde HDP a confirmé jeudi son soutien au rival
du président Erdogan, l'opposant Kemal
Kiliçdaroglu, avant le second tour de la présidentielle en Turquie
dimanche.
Recep Tayyip Erdogan, arrivé en tête le 14 mai, ne cesse d'attaquer son
rival en le traitant de "terroriste" en raison de l'appui du HDP
pro-Kurde, contraignant Kiliçdaroglu à une contre-attaque à droite
toute.
"Nous ne renonçons pas à la transformation vers la démocratie, la
justice, le bien-être et la liberté", a indiqué Mithat Sancar, l'un des
co-présidents du HDP devant la presse.
"Erdogan n'a jamais été une option pour nous", a ajouté une autre,
Pervin Buldan qui a appelé les partisans du HDP à se rendre aux urnes
pour mettre fin au "régime d'un seul homme".
Le gouvernement s'applique à lier le HDP au Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses
alliés occidentaux.
Recep Tayyip Erdogan, qui a recueilli 49,52% des voix au premier tour
le 14 mai contre 44,9% pour son rival Kemal Kiliçdaroglu, dénonce à
longueur de meetings et d'interventions cette collusion supposée entre
les deux mouvements afin de discréditer M. Kiliçdaroglu.
Le HDP avait apporté son soutien à M. Kiliçdaroglu au premier tour et
renoncé à présenté un candidat propre à la présidentielle, malgré la
présence du Bon Parti,
nationaliste, parmi les six partis de la coalition de l'opposition.
Kemal Kiliçdaroglu a également annoncé mercredi un accord avec un micro
parti xénophobe et anti-kurde en vue du second tour, critiqué le HDP.
Sous le coup d'une menace d'interdiction, le parti pro-kurde avait
présenté le 14 mai des candidats aux élections législatives sous la
bannière du Parti de la gauche verte qui a remporté 61 sièges, soit la
troisième force politique du pays. (AFP, 25 mai 2023)
Fan ban on popular Kurdish team lifted
seven years later
A fan ban on Turkey's most popular Kurdish football team Amedspor was
lifted seven years after it was imposed, Amidahaber reported on
Thursday.
The ban was lifted as Amedspor qualified for the playoffs in Turkey's
second league.
The club recently announced that there will be no fan ban at the match
to be played against Menemen F.C. on 20 May in the Aegean town of
Menemen in Izmir province.
The chair of Mezopotamya Football Fans Association Ramazan Tugay said:
"Amedspor faced insults and racist attacks in every match played at the
opponent's ground (...) The lifting of the ban in Izmir is pleasing."
Amedspor is the football club of Kurdish-majority Diyarbakir, a
province of 1.8 million with a metropolitan area of over 1.1 million.
Amedspor team was recently subjected to attacks and racist insults
before an during a match on 5 March in the western city of Bursa.
While the leader of far right Nationalist Movement Party (MHP)
congratulated Bursa fans "for their national stance" after the
incidents, all suspects were quickly released after a brief detention.
Ultranationalist Victory Party leader Umit Ozdag sparked controversy
and faced backlash from supporters and directors of Amedspor after he
pledged on 8 May that he will prevent the football team from
participating in Turkey's leagues.
"Amed" is the Kurdish name for Diyarbakir. (gercek news, 20 May 2023)
HDP co-chair: "We'll show them the best of democracy on 14
May"
"You will realize the consequences of denying Kurds their mother
tongue, of disregarding their political will," Pervin Buldan has
addressed President Erdogan.
The co-chair of the pro-Kurdish Democratic Party (HDP) vowed at an
election campaign rally on Thursday to end the "lawless rule" of the
Justice and Development Party (AKP) and its far right ally Nationalist
Movement Party (MHP) at the elections on 14 May.
Speaking to thousands of supporters in Turkey's southern city of Adana,
HDP co-chair Pervin Buldan expressed her reaction to President Recep
Tayyip Erdogan's recent message to Kurdish people.
Buldan addressed Erdogan saying:
"You are the one who have insulted Kurdish people more than anyone
else. Kurds will send you to space on 14 May. You will then realize the
consequences of denying Kurds their mother tongue, of disregarding the
political will of the Kurdish people."
Noting that Interior Minister Suleyman Soylu recently admitted that
Kurdish mayors were removed from their posts and replaced with
appointed state officials "on Erdogan's orders," she said:
"This is a confession in admission of a civil coup. They staged a coup
against the will of Kurdish people. They actually confessed to it. They
are experts at staging coups (...) We'll show them the best of
democracy on 14 May."
Ercument Akdeniz, the chair of HDP ally Labor Party (EMEP), also made
an address at the rally. He asked the crowd:
"Are we going to send away those who call Kurds, workers, socialists
terrorists?"
He continued:
"Eleven provinces were struck by the earthquake. We extend our
condolences, but we won't just let the [government's] crimes at the
disaster be forgotten. Those who were in charge of humanitarian aid
sold blood donations, they sold tents, didn't they? We'll call them to
account on 14 May."
HDP had received 13.5% of the vote and won two seats at the previous
parliamentary elections in the province of Adana that has a large
Kurdish population.
The party will compete under the emblem of sister Green Left Party on
14 May, to avoid the consequences of a possible ban by the
Constitutional Court. (GercekNews, 11 May 2023)
Dégradation
du centre kurde parisien Ahmet Kaya: le suspect
irresponsable pénalement
L'expertise psychiatrique d'un homme soupçonné d'avoir dégradé en mars
le centre culturel kurde Ahmet Kaya à Paris, où trois personnes avaient
été tuées en décembre dernier, a conclu à son irresponsabilité pénale,
a indiqué vendredi à l'AFP le parquet de Paris.
Cet homme de nationalité turque et d'une trentaine d'années avait déjà
été placé en garde à vue en mars, avant d'être interné en hôpital
psychiatrique.
"Il a fait l'objet d'une reprise de garde à vue mercredi dernier après
sa sortie de l'hôpital psychiatrique", a expliqué le ministère public,
confirmant une information du journal Le Point.
L'expertise psychiatrique alors réalisée a conclu à son
irresponsabilité pénale. Sa garde à vue a été levée.
Les faits ont eu lieu le 3 mars. Le Turc est accusé d'avoir "dégradé du
mobilier en le jetant au sol", d'après une source policière.
D'après une source proche du dossier, il avait aussi renversé des
portraits des victimes de la tuerie en décembre.
Devant les enquêteurs, il a expliqué avoir commis les dégradations lors
d'une crise liée à ses troubles d'ordre psychiatriques, a précisé le
parquet.
Le 23 décembre, deux hommes et une femme ont été tués par balles et
trois autres personnes ont été blessées près du Conseil démocratique
kurde en France (CDK-F), abrité dans le centre culturel kurde Ahmet
Kaya.
William Malet, conducteur de TGV à la retraite de 70 ans, a été mis en
examen pour assassinats et tentatives d'assassinats à caractère
raciste, expliquant son geste par sa "haine pathologique" des étrangers
et par un désir de vengeance et de célébrité posthume. (AFP, 13 mai
2023)
En Turquie,
les Kurdes tournent le dos à Erdogan
Par Fulya OZERKAN, AFP, 12 mai 2023
Épuisé par la répression menée dans la région à majorité kurde de
Turquie, Ali votera dimanche pour le principal opposant au président
Recep Tayyip Erdogan.
"Il est temps de changer", déclare à l'AFP cet habitant de Diyarbakir
(sud-est), la "capitale" officieuse des Kurdes de Turquie.
"Pour quiconque regarde la télévision, les Kurdes sont des
terroristes", déplore le quinquagénaire, qui refuse de décliner son nom
complet par crainte de représailles.
Sans le nommer, Ali explique qu'il votera pour Kemal Kiliçdaroglu, le
chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), à la tête
d'une coalition de six partis.
"Mais je mentirais si je disais que je (lui) fais entièrement
confiance", confie-t-il.
Les Kurdes - environ un cinquième des 85 millions d'habitants - ont été
persécutés dans la Turquie post-ottomane créée par Mustafa Kemal
Atatürk, le fondateur du CHP.
La république moderne a nié l'existence même de la communauté, privant
les Kurdes de leurs droits à la culture et à leur langue.
Lors de son arrivée au pouvoir en 2002, le parti AKP
(islamo-conservateur) du président Erdogan a été populaire parmi les
Kurdes, en recherchant un accord pour mettre fin à la lutte sanglante
des Kurdes pour leur autonomie.
Mais l'échec de ces pourparlers en 2015 a conduit à la reprise du
conflit armé opposant l'État turc au PKK, le Parti des travailleurs du
Kurdistan, groupe armé qualifié de terroriste par Ankara et ses alliés
occidentaux.
- "Prison à ciel ouvert"-
Le principal parti prokurde de Turquie, le HDP, a aussi fait les frais
de ce regain de tensions, accusé d'être lié au PKK.
Selahattin Demirtas, sa figure de proue, est emprisonné depuis fin 2016
pour "propagande terroriste", et le parti est menacé de fermeture.
Après de longues tractations, le HDP a appelé fin avril à voter pour
Kemal Kiliçdaroglu, un soutien qui pourrait s'avérer décisif pour
l'opposition.
Mehmet Emin Yilmaz, keffieh traditionnel sur la tête, suivra la
consigne du parti, troisième force politique du pays: "Je suis kurde.
Le HDP défend mes droits. Si la police me détient injustement, le HDP
prendra soin de moi", fait valoir le sexagénaire.
Malgré l'approche des élections présidentielle et législatives, les
rues de Diyarbakir semblent insensibles à la fièvre électorale.
"Les gens sont sous pression, il y a des caméras partout. Si plus de
deux personnes se trouvent ensemble, un policier en civil surgit
immédiatement", affirme Erdem Unal, responsable local du CHP.
"Diyarbakir est devenue une prison à ciel ouvert".
- "Piro" -
L'alliance nouée récemment entre Erdogan et le Hüda-Par, formation
d'extrême droite, a également rouvert des plaies.
Le Hüda-Par est lié au mouvement kurde Hezbollah - distinct du groupe
chiite libanais du même nom -, composé d'islamistes sunnites et
impliqué dans les meurtres de militants kurdes et féministes dans les
années 1990.
Certains analystes ont vu dans le Hezbollah kurde un outil des
autorités pour combattre l'insurrection du PKK.
Pour Eyüp Burç, fondateur de la chaîne de télévision prokurde IMC,
désormais fermée, le soutien d'Erdogan au Hüda-Par trahit sa crainte de
perdre des voix y compris chez les Kurdes les plus conservateurs.
"Les sondages montrent environ 15% de soutien à Erdogan à Diyarbakir et
ça continue de fondre", relève-t-il.
Le CHP dirigé par Kemal Kiliçdaroglu est presque invisible à
Diyarbakir, mais le candidat de 74 ans s'attire des sympathies en
raison de sa foi alévie - et de son identité kurde, même discrète.
La plupart des Kurdes le surnomment "Piro", qui vient de "pir", mot
kurde qui signifie grand-père et décrit également un chef religieux
alévi.
- "poubelle de l'histoire"-
Les Kurdes conservent toutefois des réserves à l'égard de Kemal
Kiliçdaroglu, qui a soutenu les incursions menées en Syrie depuis 2016
par l'armée turque contre des groupes armés kurdes.
Gülistan Atasoy Tekdemir, coprésidente du HDP à Diyarbakir, attend du
"courage" de la part du candidat de l'opposition, prévenant que le
soutien de son parti ne lui est pas acquis.
Abbas Sahin, dont le Parti de la gauche verte représentera les
candidats du HDP aux élections législatives pour parer à sa possible
interdiction, forme cependant le voeu que le double scrutin du 14 mai
permette de jeter Erdogan "dans la poubelle de l'histoire". (AFP,
12
mai 2023)
Demirtas
to Erdogan: "We haven't forgotten..."
Demirtas has responded to President Erdogan who recently said in a
message to Kurdish people that his administrations "have all along
spent serious efforts to stop deaths."
Imprisoned Kurdish politician Selahattin Demirtas responded to Turkish
president Recep Tayyip Erdogan who recently said in a message
addressing Kurdish people that his administrations "have all along
spent serious efforts to stop deaths and to end the mourning of
mothers."
Three days to the elections, Erdogan said in a written message:
"My dear Kurdish brothers and sisters, we've been engaged in a great
struggle to provide you with the rights you justly deserve. All along,
we've spent serious efforts to stop deaths and to end the mourning of
mothers. You are the closest witnesses of our sincere efforts."
Demirtas replied on Thursday with a message that was read out in a
video by his wife Basak Demirtas.
He said:
"Hey, Recep Tayip Erdogan, we haven't forgotten how you ended the
solution process and resorted to imposing isolation. We haven't
forgotten thousands of victims we committed to graves. We've forgotten
neither the plundering trustees you appointed to our municipalities,
nor what you did to the Bosporus [University]. We haven'!t forgotten
how you burned Sur to the ground, and the screams of our people you
burned alive in the basements of Cizre."
He continued:
"We haven't forgotten how you had human bones buried in the pavement,
bones handed over to fathers in sacks, how you had our cemeteries
bulldozed. We haven't forgotten how a gun was placed at the side of
Ugur Korkmaz after he was killed along with his father, or how people
were prevented for days from taking Mother Taybet's dead body after she
was killed, how Ali Ismail Korkmaz was beaten to death, how the dead
body of Cemile Cakirga had to be kept in a deep freezer, how Abdullah
Comert was killed by a gas canister shot by the police, how the dead
body of Haci Lokman Birlik was dragged on the street, how Ethem
Sarisuluk was shot dead at the center of Ankara, how Ceylan Onkol's
body was blasted to pieces, how Berkin Elvan slowly perished, how Kemal
Kurkut was shot in his back at a Newroz, how Deniz Poyraz was brutally
murdered at our Izmir offices... We haven't forgotten. We haven't
forgotten how you had Saturday Mothers beaten up and dragged on the
street. We haven't forgotten Emine Senyasar's resistance for justice."
He added:
"We haven't forgotten how you had HDP's treasury funds seized, the
closure case against HDP, the spurious lawsuits against our
politicians, how you repeatedly called us in public terrorist and
murderer. We haven't forgotten how women are killed everyday, how you
scrapped with a single signature the Istanbul Convention. We haven't
forgotten how you turned a blind eye to child abuse at religious cults'
student houses."
Demirtas, former co-chair of the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party
(HDP), has been incarcerated since November 2016 over spurious charges
and is denied release despite a ruling by the European Court of Human
Rights. (GercekNews, 11 May 2023)
Au
Kurdistan d'Irak aussi, on scrute la
présidentielle en Turquie
Au Kurdistan d'Irak aussi, la présidentielle en Turquie est scrutée de
près. Si la région autonome, victime collatérale du conflit opposant
l'armée turque aux combattants kurdes du PKK, espère une détente, elle
veut préserver un partenariat stratégique construit avec Recep Tayyip
Erdogan.
Officiellement, les responsables du Kurdistan autonome, dans le nord de
l'Irak, ne se prononcent pas sur la joute du 14 mai entre le président
Erdogan et son rival Kemal Kiliçdaroglu, porté par une alliance de six
partis.
Mais "les médias, le champ politique, tout le monde est hautement
préoccupé par ces élections turques", affirme le politologue kurde Adel
Bakawan, rappelant le rôle géopolitique "fondamental" d'Ankara.
Sur un plan sécuritaire d'abord, puisque le conflit entre l'armée
turque et les combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan
(PKK) a depuis longtemps débordé dans le nord de l'Irak.
Avec des dizaines de positions militaires au Kurdistan autonome, les
forces turques mènent frappes aériennes et opérations terrestres contre
le PKK, classé organisation "terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux.
"Le résultat de l'élection impactera directement les orientations de
cette guerre", ajoute M. Bakawan, directeur du Centre Français de
Recherche sur l'Irak.
En cas de victoire de l'opposition, il n'exclut pas la voie de
"l'apaisement", M. Kiliçdaroglu ayant multiplié les mains tendues vers
la communauté kurde.
- Saut dans l'inconnu? -
Le politologue Botan Tahseen estime que même si M. Ergodan l'emportait,
il faut "une initiative pour normaliser les rapports de la Turquie avec
ses voisins, en particulier le Kurdistan".
Evoquant une soif "de stabilité politique, sécuritaire et économique"
au Moyen-Orient, lui aussi considère que l'opposition turque "mise sur
la détente, et veut inaugurer une nouvelle page".
En deux décennies, le président Erdogan a fait de son pays une
puissance régionale incontournable, négociant avec Moscou sur la guerre
en Syrie, ou capable de défier Washington et les Européens.
Se contentant de communiqués condamnant les bombardements turcs comme
une violation de la souveraineté irakienne et leurs répercussions pour
les civils, le gouvernement régional d'Erbil n'a jamais véritablement
durci le ton contre son voisin.
Car Ankara reste un partenaire économique stratégique.
Des années durant, le Kurdistan d'Irak dépendait de la Turquie pour
exporter tout son pétrole - quelque 450.000 barils par jour - sans
l'aval du pouvoir fédéral irakien.
Cette coopération, interrompue en raison d'un litige juridique entre
Ankara et Bagdad, devrait in fine reprendre, une fois réglées des
questions techniques et financières.
"Celui qui gouverne à Ankara aura des influences bien évidemment sur
cette question", indique M. Bakawan.
Le scrutin constitue d'autant plus un tournant que les dirigeants à
Erbil ont construit une relation très personnelle avec M. Erdogan,
avertit le chercheur.
"Une fois que change le président, c'est la totalité des relations
entre Erbil et Ankara qui change", souligne-t-il."Il faut reconfigurer,
tisser à nouveau un lien avec une personne qu'on ne connaît pas."
Or "le monde diplomatique déteste l'inconnu."
- "Dialogue" -
Illustrant cette proximité entre Erbil et Ankara, un député du Parti
démocratique des peuples (HDP), une formation turque prokurde, a été
refoulé dimanche à son arrivée à l'aéroport d'Erbil, selon des médias
locaux.
L'homme était visé par une "interdiction de voyager" de Bagdad,
selon un communiqué officiel.
Fin avril, le HDP avait appelé en Turquie à voter pour M. Kiliçdaroglu.
Troisième force politique et deuxième groupe d'opposition au Parlement,
il est considéré comme le faiseur de rois du scrutin présidentiel.
Si sa coalition n'a fait aucune proposition concrète pour résoudre la
question kurde, M. Kiliçdaroglu a accusé son rival de "stigmatiser" la
communauté. Il a affirmé qu'il ferait libérer Selahattin Demirtas, chef
de file du HDP, emprisonné depuis 2016 pour "propagande terroriste".
Mus par un sentiment de solidarité ethnique, les Kurdes d'Irak rêvent
de voir s'arrêter les arrestations et les discriminations en Turquie.
Mais si M. Kiliçdaroglu jouit d'un réel appui chez les Kurdes, la
prudence reste de mise.
"Nous espérons que le prochain gouvernement turc va s'asseoir à la
table du dialogue avec les Kurdes", confie Nizar Soltan, employé d'une
université à Erbil.
"Des dizaines de fois (les hommes politiques turcs) ont dupé les Kurdes
et les ont utilisés pour arriver à leurs fins", regrette le sexagénaire
attablé dans un café, qui juge que la communauté finit invariablement
par être "marginalisée".
"Cette fois-ci, espérons qu'ils tiendront leurs promesses, et que les
régions kurdes retrouveront sécurité et stabilité." (AFP, 11 mai 2023)
Over 1,100 addresses raided in a year in
Turkey's Kurdish-majority parts
At least 2,143 people, including 110, children were detained in 2022 in
Kurdish-majority provinces, according to the annual report of Human
Rights Association.
Turkey's Human Rights Association (IHD) said in its annual report on
rights violations that the the government's militaristic policies in
response to the Kurdish question led to further political instability
in 2022 at home and in international relations, and had negative
impacts on daily life particularly in Kurdish-majority provinces.
IHD officials released the report on Friday at a press conference in
the southeastern city of Diyarbakir.
Noting that violations of rights to freedom of association and freedom
of expression have been manifested in the increase in arbitrary and
wrongful arrests, IHD co-chair Rehsan Bataray Saman said:
"Many people have been deprived of their economic and social rights
because of their political opposition to the government. In particular,
Kurdish political activists have been subjected to heavy accusations of
being 'member of an illegal group,' 'aiding' and 'making propaganda'
for such groups. The police, on official or unofficial orders by
governors, forcibly prevented political parties and NGOs numerous times
from holding meetings and marches, or from making public statements."
Referring to the closure case against the pro-Kurdish Peoples'
Democratic Party (HDP) in the Constitutional Court, Saman said:
"The judicial authorities, whose impartiality and independence is
questioned, contribute to the deadlock in the Kurdish question by
resorting to banning of a political party, as the judiciary is
politicized by the regime."
She added that the elections on 14 May may bring about new
opportunities for the resolution of the Kurdish question through
democratic and peaceful means.
According to the report, some of the rights violations committed in
2022 in Kurdish-majority provinces are:
- At least 2,143 people, including 110 children, were detained, and
arrest orders were issued for at least 194. At least 1,109 residences
and offices were stormed by the police in raids.
- 127 political dissidents, several journalists among them, were
sentenced to prison terms or fined by courts.
- Six civilians were fatally shot by the police, and 14 were injured.
- At least 88 civilians died under suspicious circumstances, including
16 children and 51 women.
- At least 440 places in 10 provinces were declared security areas, and
curfew was declared several times in 14 villages. 35 families in a
village were forcibly displaced by army units.
- Graveyards at cemeteries in five towns were desecrated by state
forces. The remains of three Kurdish fighters killed in clashes were
not handed over to families.
- At least 193 people were subjected to torture and ill treatment, 15
of them in police custody. At least 42 prisoners were subjected to
torture and ill treatment. (GerçekNews, 5 May 2023)
Victims of Dersim Massacre commemorated
Organizers have called for an official apology, for all archives to be
opened to the public, and for an inquiry to be launched for the
identification of the victims and location of their remains.
The victims of Dersim Massacre were commemorated on Thursday in
Turkey's Kurdish-majority province of Dersim (officially Tunceli), on
the occasion of the anniversary of the launching of the military
operation on 4 May 1937, +Gercek's Remzi Budancir reported.
The commemoration, organized by Dersim Labor and Democracy Platform,
was attended by the representatives of various Alevi organizations,
officials of the parties under the left bloc of Labor and Freedom
Alliance, and the parliamentary candidate for the Green Left Ayten
Kordu.
A statement was read out in the commemoration by Ergin Tekin,
spokesperson for Dersim Labor and Democracy Platform, after a crowd of
people marched to the stream of Cir, around which a part of the
slaughter was committed 86 years ago. Memorial red carnations were left
on the banks of the stream.
Noting that in 2011 Recep Tayyip Erdogan, prime minister at the time,
voiced something close to an apology, Tekin stressed that this was only
a personal remark and that the state never officially apologized for
the massacre.
Calling for an official apology, he voiced their demands for all
archives to be opened to the public and for the facts about the
military operation to be disclosed, for an inquiry to be launched for
the identification of the victims and location of their remains, for
the location of the graveyards of Seyid Riza, the political and
religious leader of Dersim at the time, and his companions, who were
executed following a mock trial.
Dersim Massacre
The military campaign in Dersim left over the course of a year 13,000
to 30,000 dead according to official figures, and up to 70,000
according to other estimates.
While mainstream media in Turkey and some sources including Wikipedia
have claimed that the campaign was launched against a "Alevi-Kurdish
rebellion" led by Seyid Riza, the people killed were civilians, most of
them women and children.
On 23 November 2011, Erdogan apologized "on behalf of the state" over
the slaughter of over 13,000 innocent people during the military
campaign.
The leadership of the Republican People's Party (CHP), whose government
in the 1930s had given the orders for the military campaign and for the
massacre, is yet to offer an official apology. (GerçekNews, 4 May 2023)
Rixes entre pro et anti-Erdogan autour d'un bureau de
vote en France, à Marseille
Plusieurs rixes ont éclaté lundi après-midi en France à Marseille entre
partisans et opposants au président turc Recep Tayyip Erdogan, autour
d'un bureau de vote ouvert aux ressortissants turcs pour les élections
présidentielle et législatives, faisant au moins quatre blessés, a-t-on
appris de source policière.
Les forces de l'ordre ont dû intervenir à deux reprises pour séparer
ces électeurs turcs appelés à se rendre aux urnes deux semaines avant
l'ouverture de ces deux scrutins fixés au 14 mai en Turquie, a précisé
la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, confirmant une
information initiale de France 3 Provence-Alpes-Cote-d'Azur.
Une première rixe s'était déclarée vers 14h30 autour de ce bureau de
vote situé dans les quartiers sud de Marseille, proche du parc Chanot
(8e arrondissement), lors de laquelle quatre personnes ont été
blessées, avant d'être transportées à l'hôpital de la Timone.
Les policiers avaient dû faire usage de gaz lacrymogène pour séparer
les deux groupes.
D'autres affrontements ont ensuite eu lieu en fin de journée, malgré la
présence des forces de l'ordre, et deux personnes ont été interpellées,
a précisé la préfecture de police à l'AFP.
A 69 ans, M. Erdogan est candidat à sa propre réélection lors du
scrutin présidentiel du 14 mai, mais il devra affronter pour la
première fois une opposition unie après 20 ans de pouvoir.
Face à lui, trois prétendants, dont son principal adversaire, Kemal
Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat d'une alliance de six partis
d'opposition allant de la droite nationaliste à la gauche démocrate,
dominée par le CHP (social-démocrate) fondé par le père de la Turquie
moderne, Mustafa Kemal Atatürk.
Les sondages prédisent une présidentielle serrée, que les deux camps
affirment pouvoir remporter au premier tour. Un éventuel deuxième tour
serait organisé le 28 mai. (AFP, 1 mai 2023)
The number
of arrested in Diyarbakir rises to 39
The number of individuals detained in the Diyarbakir operation has
risen to 143. 11 more people who were referred to the court in the
morning have been arrested, bringing the number of arrested to 39 and
the number of released to 44.
The number of people detained by police as a result of the
investigation launched by the Diyarbakir Chief Public Prosecutor's
Office based on the statements of witness Umit Akbiyik has risen to 143.
Following the detention of 25 people with arrest warrants on April 25,
15 more were detained in the ongoing operation, bringing the total
number of detainees to 143.
A 24-hour lawyer restriction was imposed on the newly detained, and
those detained on April 25 were brought to court today. While 12 people
were released under judicial control measures, 10 were arrested,
bringing the number of arrests to 39, and the number of releases to 44.
This morning, lawyers Resul Temur, Mehmet Oner, Pirozhan Karali, Zozan
Acar, Ozlem Gunduz, Mahir Yildiz, Gulten Avesta Ucar, Hilal Ada, Rusen
Dogan, Nasir Yilmaz, Mehmet Yalcin, Mehmet Andok, Alattin Zugurli,
Suzan Aksu, Hebat Mimkara, Halil Delen, Fikri Ay, Nurettin Bakan,
Mustafa Cukur, Esref Yasa, Engin Karakoc, Mehmet Singar, Osman Celik,
Ahmet Alnak, Hivda Gonenc, Hatip Guney, Agit Kaysi, Faris Turk, Evin
Doster, Halise Aksoy, Hamza Sumeli, Mustafa Pektas, journalists Ahmet
Kanban and Osman Akin, and actor Cinar Dogan were brought to court.
Halise Aksoy, Fikri Ay, Hilal Ada, Mehmet Yalcin, Mehmet Andok Bayram,
Agit Kaysi, Alattin Zugurli, Faris Turk, Evin Doster, and Nurettin
Bakan were arrested on charges of "membership in a terrorist
organization."
13 PEOPLE WERE RELEASED
Nasir Yilmaz, Hatip Guney, Mehmet Emin Singar, Osman Celik, Suzan Aksu,
Hebat Mimkara, Halil Delen, Mustafa Cukur, Engin Karakoc, Esref Yasa,
Hivda Gonenc, Ahmet Alnak, and Mustafa Pektas, who were sent to the
Criminal Court of Peace on charges of "being a member of a terrorist
organization" and previously subjected to judicial control measures,
were released on judicial control measures.
LEGAL PROCEDURES FOR JOURNALISTS AND LAWYERS ARE ONGOING
The procedures of lawyers Resul Temur, Zozan Acar, Pirozhan Karali, and
Mehmet Oner, as well as journalists Ahmet Kanban, Osman Akin, and actor
Cinar Dogan, and others who were taken to the courthouse, are still
ongoing. (gerceknews, 28 April 2023)
Minorités
/ Minorities
3 nouvelles
victimes yazidies d'une frappe imputée à la
Turquie
Trois combattants d'un mouvement yazidi affilié au PKK turc dans le
nord de l'Irak ont été tués et trois autres blessés mardi par une
frappe de drone menée par l'armée turque, ont indiqué les services
antiterroristes du Kurdistan irakien autonome.
Mardi à 05H00 (02H00 GMT) "un drone de l'armée turque a pris pour cible
un quartier général des combattants des +Unités de résistance du
Sinjar+", ont indiqué les services antiterroristes dans un communiqué,
en référence à ce mouvement yazidi implanté dans la région du Sinjar et
allié aux combattants kurdes turcs du Parti des Travailleurs du
Kurdistan (PKK).
"Trois combattants ont été tués", ajoute le communiqué. Un bombardement
similaire survenu il y a une semaine jour pour jour avait également
coûté la vie à trois combattants.
L'armée turque ne commente que rarement ses frappes en Irak mais elle
mène régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes
contre le PKK et ses positions dans le nord de l'Irak, au Kurdistan
autonome ou dans la région montagneuse du Sinjar.
Fin février, puis début mars, des bombardements imputés à la Turquie
ont également provoqué la mort de combattants des Unités de résistance
du Sinjar, un mouvement qui avait pris les armes contre les jihadistes
du groupe Etat islamique (EI) au moment de leur montée en puissance en
2014.
Illustrant la complexité des luttes impliquant une multitude d'acteurs
dans le nord de l'Irak, le mouvement est aussi affilié aux
ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, coalition pro-Iran désormais
intégrée aux forces régulières irakiennes.
Ankara a installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases militaires
au Kurdistan irakien pour lutter contre le PKK.
De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien, sont
accusées de détourner le regard pour préserver l'alliance stratégique
les unissant à la Turquie, partenaire commercial incontournable. Même
si à chaque flambée de violence, des communiqués viennent condamner du
bout des lèvres une violation de la souveraineté irakienne et les
répercussions pour les civils.
Samedi, des tensions ont éclaté autour du camp de Makhmour abritant des
réfugiés Kurdes de Turquie dans le nord de l'Irak. L'armée irakienne
veut y renforcer la sécurité en construisant une clôture pour contrôler
les entrées et sorties du camp, considéré par Ankara comme un vivier du
PKK. (AFP, 23 mai 2023)
Trois combattants yazidis tués par une frappe de
drone turque
Trois combattants yazidis affiliés au PKK turc dans le nord de l'Irak
ont été tués et un quatrième blessé mardi par une frappe de drone menée
par l'armée turque, ont indiqué les services antiterroristes du
Kurdistan irakien autonome.
"Un drone turc a pris pour cible mardi après-midi" une position des
"Unités de résistance du Sinjar" dans la localité de Khanasor, ont
indiqué les services antiterroristes dans un communiqué, en référence à
ce mouvement yazidi allié aux combattants kurdes turcs du Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK). "Le bombardement a tué trois
combattants de ces unités et fait un blessé", ajoute le communiqué.
L'armée turque ne commente que rarement ses frappes en Irak mais elle
mène régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes
contre le PKK et ses positions dans le nord irakien, au Kurdistan
autonome ou dans la région montagneuse du Sinjar. Le bombardement de
mardi est le premier officiellement rapporté en Irak depuis le premier
tour d'une élection présidentielle décisive qui s'est tenue dimanche en
Turquie voisine. Un second tour le 28 mai doit désormais opposer le
président Recep Tayyip Erdogan à son rival Kemal Kiliçdaroglu.
En cas de victoire de l'opposition, des experts interrogés par l'AFP
n'excluaient pas une possible "détente" dans le conflit avec le PKK,
mouvement classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Ankara a installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases militaires
au Kurdistan irakien. De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du
Kurdistan irakien, sont accusées de détourner le regard pour préserver
l'alliance stratégique les unissant à la Turquie, partenaire commercial
incontournable. Même si à chaque flambée de violence, des communiqués
viennent condamner du bout des lèvres une violation de la souveraineté
irakienne et les répercussions pour les civils.
Accusant le PKK d'y avoir ses entrées, la Turquie avait ainsi interdit
en avril les vols en provenance et à destination de l'aéroport de
Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome. Quelques jours
plus tard, Ankara était pointée du doigt pour un bombardement près de
cet aéroport, au moment où s'y trouvaient des soldats américains et
surtout le chef d'une importante coalition syrienne de combattants
kurdes et arabes, les Forces démocratiques syriennes (FDS). Fin
février, puis début mars, des bombardements imputés à la Turquie au
Sinjar ont également tué des combattants des Unités de résistance du
Sinjar. (AFP, 16 mai 2023)
The crisis over Armenia’s Nemesis Monument and a
post-election Turkey
Aris Nalci, GercekNews, 12 May 2023
In a Turkey where perpetrators of the Armenian Genocide are praised,
and their names are given to streets with the approval of every ruling
and opposition party, any debate over the Nemesis Monument is futile.
All eyes are on May 14th. Greece, our neighboring country waiting with
bated breath, is also closely watching the elections in Turkey, just
like the European Union. This is also the reason for the lack of
high-level visits to Erdogan from EU countries recently.
In the previous elections, you may recall that Merkel's visit was
portrayed in the media as a gift from the EU to Erdogan. This time,
however, there is no "gift" evident yet.
Nektaria Stamouli from Politico wrote about how Greece, which will hold
its general elections on May 21st, is following the elections in Turkey.
Stamouli points out that the relationship between the two countries has
"somewhat" softened after the earthquake, bringing a temporary relief
to the longstanding tension. Greece hopes that if Kemal Kilicdaroglu,
who is currently leading in the polls, wins the elections, a slightly
warmer relationship can be established. However, it is certain that
this will not happen immediately or entirely.
Greek Prime Minister Mitsotakis stated in an interview with Open TV,
"Let's not fall for an illusion. Turkey's foreign policy will not
change overnight."
Constantinos Filis, the Director of the International Relations Center
at the American College of Greece, states that the "blue homeland"
project is actually supported by the CHP (Republican People's Party)
and argues that the proposed theses are expansionist policies. Filis
believes that after the election, there could be a "superficially
moderate" relationship with the new President, but there will be no
change in the substance of the matter.
You can read their detailed analysis here.
THE AKP IS THE ONE BOTH OPENING AND CLOSING THE BORDERS
On May 14th, when Turkey is at the ballot box, Armenian Prime Minister
Nikol Pashinyan and Azerbaijani President Ilham Aliyev will come
together under the hosting of the President of the European Council,
Charles Michel. No significant progress is expected in this meeting,
which might be a preliminary gathering for the upcoming meeting between
Macron and German Chancellor Olaf Scholz in June as part of the
European Political Community project.
Pashinyan and his cabinet have spent the past few weeks expressing
themselves regarding the Nemesis Monument, which had led Turkey to
close its airspace. Both Pashinyan and Speaker of the Parliament Alen
Simonyan state that the establishment Nemesis Monument in Yerevan,
which commemorates Armenians who executed perpetrators of the Armenian
Genocide, was a decision made by a local municipality.
RIGHT OR WRONG
They are trying to emphasize the power balance in Armenia and explain
that local governments can act contrary to the central government. That
is, not everyone takes orders from the Palace, as is the case in Turkey.
A debate also exists of whether the opening of the "Nemesis Monument"
is right or wrong. The legality or troubling nature of the monument,
which was erected in honor of those who executed the genocide
perpetrators whom Turkey’s courts wanted to try after the World War,
can also be argued.
Talat Pasha was to be tried in this court, but he escaped.
I believe this debate is pointless in a Turkey where perpetrators of
the Armenian Genocide are praised and their names are given to streets
and statues with the approval of every ruling and opposition party
(excluding the Labor and Freedom Alliance). For the past 20 years, we
have observed with despair that there is no mindset that will change or
a consciousness with the power to affect change.
The members of the Nation Alliance are in agreement on this issue.
Therefore, it is unnecessary to discuss the Nemesis Monument.
However, it is worth noting that it was the AKP that both initiated the
normalization process between Turkey and Armenia and put an end to it.
I expressed my cautious approach to the process on Arti Gercek and Arti
TV, both when the AKP conducted football diplomacy during Abdullah
Gul's time, and now when they have reinstated the normalization process
prior to the elections.
I said, "Turkey will find an excuse to leave the table" during this
process.
I was proved right.
While discussing the opening of the land border to third-country
nationals before the elections, suddenly they presented a 'test,' as
described by the Presidential Spokesperson Ibrahim Kalin.
In their statements, Presidential Spokesperson Ibrahim Kalin and
Foreign Minister Cavusoglu said, "It would be out of the question for
us to ignore the 'Nemesis Monument' opened in Yerevan. In this regard,
this was actually a test for Armenia."
NOT MUCH WILL CHANGE
Why is a test presented now, when there was none on April 24 for the
genocide commemoration?
They are clearly trying to leave the table as they make their way out
of power. Hopefully, they will not have enough time bureaucratically,
and will have to hand over the matter to the new President.
What will happen after May 14th remains to see.
However, Kilicdaroglu’s remarks about the 'Aegean islands,' the
celebrations of the Turkish people's path, and moves like Shusha
'gaining independence,' can be taken to mean that not much will
actually change in foreign policy.
Besides, the new President and his team, who already have plenty of
domestic matters to deal with, may not prefer such 'radical' changes in
foreign policy while dealing with issues at home.
But let's ask this question at the very least: What will happen after
the elections to Serdar Kilic, who currently serves as Turkey’s Special
Representative in the Turkey-Armenia normalization process, but who is
directly affiliated with the President to whom he refers to “reis”
(“leader”), in the manner of Erdogan loyalists?
Will he change when the president changes?
As Mitsotakis said: Let's not fall for an illusion.
PS: Dear readers, this is the final article before the elections,
please go to the ballot box for our future. Be on the side of change...
Representation of “disadvantaged” groups
only symbolic in Turkey’s parliament
The finalization of lists for parliamentary candidates drew attention
as the representation of minorities and groups described as
"disadvantaged" was severely limited. The social groups in question
were only afforded a symbolic spot in the lists.
OGULCAN OZGENC- Political parties submitted their candidate lists to
the Supreme Election Council in recent days. After the finalization of
the candidates, the issue of representation of various groups on the
lists has been on the public agenda. The proportion of minorities and
groups described as "disadvantaged" in the candidate lists is quite low.
“DISABLED CANDIDATES ARE MISSING FROM OPPOSITION LISTS”
Disabled individuals are one of the groups with limited representation
on the candidate lists for parliament seats after their finalization.
In the 27th term of Parliament, three disabled MPs from the AKP, and
one each from the CHP and the HDP respectively, were elected. Husret
Dinc from Hakkari, Serkan Bayram from Istanbul, and Haci Ahmet Ozdemir
from Konya were elected as MPs from the AKP. Musa Piroglu, who was a
candidate in Istanbul’s 1st Region 2nd place from the HDP, and Turan
Hancerli from Istanbul’s 3rd Region from the CHP also took positions as
MPs.
While the AKP has five disabled MP candidates in their lists for the
28th term, the absence of disabled candidates in the opposition
parties' lists is noteworthy. Many disabled candidates who applied for
candidacy could not find a place on the finalized lists. Some of these
names who had been candidate nominees are as follows: Nisa Saribacak,
for the Izmir 1st Region from the CHP, Turhan Icli, for the Ankara 1st
Region from the CHP, Ibrahim Cavus, for Bursa from the Good Party, and
Ilknur Peder, for Izmir from the DEVA Party. Musa Piroglu, who was an
Istanbul MP from the HDP in the 27th term, is also not a candidate for
MP this term.
“DISABILITY IS NOT A NON-PARTISAN ISSUE"
Adem Kuyumcu, President of the Obstacle-Free Life Solidarity
Association, drew attention to the population directly affected by
disabilities, stating, "The government has been saying for years that
12.29% of the population is disabled. Every disabled person has a
family. Looking at it from here, at least thirty million people are
directly affected by disability, and unfortunately, there will be no
disabled MPs in the Parliament this year. The field of disability has
become an area for politicians to use to make themselves look good to
the rest of society. Every month, the Ministry of Family announces
[boasting] that they have given some amount of money as disability
allowance. A state does not make an announcement when it fulfills its
duty as required by the constitution and the law." According to
Kuyumcu, another reason for the limited number of disabled candidate
MPs is that previously elected disabled people have not effectively
responded to existing problems.
Kuyumcu emphasized that the problems experienced by people with
disabilities are increasing, and regarding the consequences of the
absence of disabled MPs in the Parliament, he said: "The absence of
disabled MPs in Parliament will disrupt the implementation of existing
written standards [for disabled individuals]. [Their absence] will mean
that this lack of implementation will not be able to be questioned, and
there will be no fight on behalf of disabled people to access their
rights. Unfortunately, the parties made a mistake. People who wanted to
be candidates should have been supported. In addition, those who wanted
to be candidates should have been in communication with the community."
Kuyumcu stated that rights once acquired are now being lost and said,
"Disability is not above politics. On the contrary, it is at the heart
of politics. Laws are made for the equal participation of people with
disabilities. Politics make these laws. Bureaucracy and local
administrations are necessary for the implementation of such existing
laws. This is also done through politics. Those who create the problems
are politicians, and those who need to solve them are also politicians.
There are a few candidate MPs, but they are not likely to be elected,
mathematically speaking."
“ROMANI PEOPLE HAVE BEEN ABANDONED”
The Romani people are one of the minority groups that have only a
symbolic representation on the lists. Ozcan Purcu, who has been a CHP
Izmir MP for three terms, made the following statement about the
absence of Romani candidates in the lists before the candidate lists
were finalized: "I served as a deputy for three terms, I was not
nominated, but there were ten Roma candidates other than me. None of
them were nominated either. Unfortunately, there is a serious reaction
from the Romani people on this issue." Purcu also said about the AKP's
Romani candidate Cemal Bekle's nomination, "He will not be able to be
elected either. He is also not in a position to be elected. The voice
of Roma people will not be in parliament." While the AKP has four
Romani parliamentary candidates in the finalized lists, Elmas Arus, who
is a Roma and placed 16th on the CHP 2nd region candidate list, is the
only Roma candidate in the main opposition party’s (CHP) list.
Sitem Kara, the President of the Izmir Esittir (“Izmir Equality
Association”), evaluated the representation of Romani people in the
parliamentary candidate lists for Arti Gercek. Noting that parties have
put aside their Romani policies, Kara said, "There is one CHP candidate
and four AKP candidates, but they are not in electable districts. AKP
candidate Cemal Bekle also seems unlikely to be elected. Similarly,
Elmas Arus, who was nominated by the CHP is also not in a place he can
strategically win despite having a strong base. When we look at the
CHP, we can say that there was a right that had been won, and that
right has now been taken away. Of course, this situation has drawn a
reaction."
Kara explained the importance of Romani representation in parliament as
follows: "Having Romani deputies in parliament is very useful for
[their] problems to be conveyed at the highest level. There are
multiple Romani communities in eastern Turkey, including the Dom and
Abdal. This corresponds to a population of over 7 million. There should
be more than one deputy to represent this population. Currently, all
political parties have abandoned Romani people."
CIRCASSIANS, YAZIDIS, ARMENIANS, ASSYRIANS, GREEKS, AND LGBTI+
INDIVIDUALS...
The representation of Circassians, Yazidis, Armenians, Assyrians,
Greeks (Rum), and LGBTI+ individuals in the finalized candidate lists
was also limited. The only Circassian candidate was Metin Kilic,
nominated by the Green Left Party from the 2nd district of Bursa in the
2nd position. Azad Baris was nominated by the Green Left Party from
Diyarbakir in the 10th position. Despite running as a candidate for the
AKP in the 3rd district of Istanbul, Ferman Yaramis, who is Assyrian,
did not make it to the finalized lists. The only Assyrian candidate in
the lists was George Aslan, nominated by the Green Left Party from the
4th position in Mardin.
As for Armenian and Greek representation in the lists, Garo Paylan was
unable to appear on the Green Left Party's list of candidate deputies
due to the two-term limit. Sevan Sivacioglu, an Istanbul Armenian and a
member of the AKP’s Central Decision and Executive Council (MKYK), and
Masis Kurkcugil, a member of the TIP, were nominated as deputy
candidates. The only Greek candidate in the lists was Foti Benlisoy, a
writer and publisher who is also a member of the TIP.
When looking at the candidate lists, it is worth noting that LGBTI+
individuals were only nominated by the TIP. Trans woman activist and
actress Esmeray Ozadikti was nominated from the 3rd position in the 2nd
district of Istanbul, while trans woman activist Niler Albayrak was
nominated from the 11th position in the 3rd district, and Talya Aydin
was nominated from the 18th position in the 2nd district. (GerçekNews,
22 April 2023)
Human
Rights Association makes call to end genocide
denial
An event to commemorate the Armenians who lost their lives in the
genocide was set to take place in Sultanahmet. Upon being banned by the
governorship, it was instead held at the Human Rights Association’s
Istanbul Branch.
Ezgi YILDIZ - The commemorative event that has been held every year on
April 24th since 2010 to remember those who were killed in the genocide
that started with the exile of Armenian intellectuals on April 24,
1915, was once again not allowed by the Istanbul Governorship. The
Human Rights Association’s (IHD) Commission Against Racism and
Discrimination held a press briefing in response to the ban. Eren
Keskin, the Co-Chair of the IHD Istanbul Branch, read the following
statement:
"RECOGNIZE, APOLOGIZE, REPARATE"
"In the process that started in 1915, other Christian communities in
Anatolia, such as Assyrians and Greeks, were also subjected to
genocide. Denial means to blame the victims of genocide, to perpetuate
it, and to position their children and grandchildren as enemies. Denial
of genocide means to perpetuate the crime against humanity. The worst
part, with regard to human rights, is to create a society that remains
silent about all this and to seek its support. The demands, wishes, and
desires of the Armenians who were forcibly displaced from their
homeland and scattered all around the world as a result of the
genocide, and the losses they have suffered, which cannot be accounted
for or quantified, should be addressed. Denial is an obstacle to the
process of achieving such compensation and justice. Therefore, we have
been making a call for years: Recognize the genocide, apologize for it,
and provide reparations!"
During the event, Yildiz Oner from the Stop Racism Platform read a part
of the press statement that had been banned, and continued with the
following words:
"Due to the pandemic, our commemoration has been held online for two
years. We do not find it acceptable that this year's event has been
banned by the governorship with the justification of 'not being deemed
appropriate to be organized.’ We will continue our commemoration of the
Armenian Genocide on April 24th in the coming years persistently.
Genocide is a matter that these lands must confront. We cannot prevent
new genocides without acknowledging the past genocides as genocide."
"WE HAVE ALWAYS BEEN IGNORED IN THE LANGUAGE OF THE STATE"
Arti Gercek writer Murad Mihci, who spoke at the event, concluded with
the following words: "Those who are fighting for a day when the truth
will be revealed will play a crucial role. You see that some of us are
able to say a few words, but the real matter is those who are buried
under the ground and cannot speak up, that's why we may be considered
the fortunate Armenians [in comparison]. In 1915, we were one-fifth of
[the population in this] geography, and today it is said that our
numbers are around 40,000, which I don't believe either. We have always
been ignored and attempted to be eradicated in the language of the
state. We have become a society that even fears the process of
commemoration." (gerceknews, 28 April 2023)
Politique
intérieure/Interior Politics
Après la défaite, les partis d'opposistion
devraient faire de sérieuses autocritiques
Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 29 mai 2023
Comme tous les exilés
politiques, les résultats des sondages d'opinion réalisés pour les
élections anticipées nous ont donné l'espoir de retrouver le pays où
nous sommes nés, où nous avons grandi et où nous nous sommes battus
pour nos idées pendant des décennies.
Le fait que les
partis de droite, y compris les plus extrémistes, aient remporté les
deux tiers des sièges de la Grande Assemblée nationale turque au
premier tour a donné le premier signe que cet espoir ne pourrait pas se
réaliser. Il est devenu évident que même si Erdoğan était battu au
second tour de l'élection présidentielle et que Kılıçdaroğlu devenait
président, il ne lui serait pas possible de faire passer toutes les
promesses qu'il avait énumérées dans sa campagne de propagande
symbolique avant le premier tour à travers un Parlement dominé par la
droite.
En outre... Si
Kılıçdaroğlu avait été élu président, les présidents des cinq partis,
qui sont membres de l'Alliance de la Nation mais siégeant à l'aile
droite du Parlement dans la nouvelle législature, deviendraient
automatiquement "vice-présidents" selon le protocole signé
précédemment, et le conseil des ministres aurait été composé de
personnes qu'ils auraient recommandées.
Néanmoins, il y avait
l'espoir que, s'il était élu au second tour, Kılıçdaroğlu serait en
mesure de réaliser au moins certaines de ces promesses en utilisant les
pouvoirs accordés au président par la constitution dictatoriale
actuelle dans les domaines législatif, exécutif et judiciaire.
Cependant, les
dernières lueurs d'espoir ont été détruites par la décision de
Kılıçdaroğlu d'abandonner la plupart des promesses de sa campagne avant
le second tour et de négocier ouvertement avec des politiciens
d'extrême droite et racistes tels que Sinan Oğan et Ümit Özdağ, et
surtout par sa signature sans hésitation de protocoles promettant
d'intensifier la terreur d'État contre la résistance nationale kurde et
d'expulser les réfugiés politiques dans un délai d'un an.
A tel point que
lorsque Ümit Özdağ, un extrémiste de droite, s'est annoncé comme le
futur ministre de l'intérieur avec beaucoup d'impudence, avant même que
les négociations avec Kılıçdaroğlu ne soient finalisées, cela a
provoqué un grand choc parmi les électeurs de l'opposition qui avaient
beaucoup souffert des ministres de l'intérieur d'extrême droite comme
Süleyman Soylu pendant des années.
Comme l'écrit Ragıp
Duran, l'un de mes collègues en exil, dans un article que nous avons
publié dans Info-Turk, "le bloc d'opposition a mené une campagne pour
montrer qu'il est plus étatiste, plus nationaliste, plus religieux et
plus hostile aux Kurdes que le régime d'Erdoğan. Le mimétisme politique
de l'opposition a échoué, car les électeurs ont tendance à préférer
l'original à la copie".
Outre les groupes de
263 députés de l'AKP, 50 députés du MHP et 44 députés de l'İYİP, les 14
députés de DEVA, 10 députés du GP, 10 députés du SP et 3 députés du DP,
qui ont été élus sur la liste du CHP grâce à la faveur de Kılıçdaroğlu,
se sont déjà réunis pour négocier la formation d'un nouveau groupe de
droite.
Les 5 députés du YRP
et les 4 députés du parti HÜDA rejoindront probablement l'un de ces
groupes de droite dans un avenir proche, ce qui renforcera encore le
front de droite au parlement.
Il ne fait aucun
doute que demain, lorsque les questions de sociales, nationales et
militaires seront à l'ordre du jour du Parlement, ces partis et même
certains députés du CHP agiront de concert avec les partis partenaires
au pouvoir.
Au cours des deux
dernières législatures, on n'a pas oublié comment tous les partis, à
l'exception du HDP, ont soutenu les opérations militaires en Irak,
Syrie et Arménie avec des applaudissements au nom de l'"Assemblée
Combattante".
Après la défaite lors
de deux tours consécutifs, les partis formant les alliances de
l'opposition devraient entrer dans un processus d'autocritique et au
moins préparer sérieusement les élections locales qui se tiendront
l'année prochaine.
Le premier grand
bouleversement aura probablement lieu dans les rangs du CHP, le poids
lourd de l'Alliance nationale. Kılıçdaroğlu, qui depuis cinq ans
s'acoquine avec Akşener, élevée par le MHP, au lieu d'établir un
dialogue avec le HDP, troisième parti de la Grande Assemblée nationale
de Turquie, n'a pas hésité à désigner l'extrémiste de droite Ekmeleddin
İhsanoğlu au nom du CHP pour la présidentielle lors des élections du 10
août 2014, il y a exactement neuf ans, en joignant ses forces avec le
leader du MHP, Devlet Bahçeli.
Moins d'un an après
ce choix scandaleux, le même İhsanoğlu a révélé sa véritable identité
en se faisant élire député sur la liste du MHP lors des élections
législatives du 23 juin 2015, et s'est rangé derrière Devlet Bahçeli à
la Grande Assemblée nationale turque.
Muharrem İnce,
candidat de Kılıçdaroğlu à la présidentielle de 2018, n'a pas hésité à
déclarer le 6 mai de la même année : "Je n'ai aucune animosité envers
le MHP et les "idéalistes". Au contraire, nous avons gagné les
deuxièmes élections de Yalova grâce à leurs contributions. En d'autres
termes, si le MHP et les nationalistes de Yalova ne nous avaient pas
soutenus lors des secondes élections à Yalova, nous n'aurions pas
remporté ces élections."
Son utilisation du
signe du loup gris, symbole de racisme et de bellicosité, pour obtenir
le soutien de l'extrême droite chaque fois que l'occasion se
présentait, à commencer par la "Marche pour la Justice" en 2017,
n'était pas un comportement tolérable pour le chef d'un parti qui se
décrit comme étant "de centre-gauche".
Kemal Kılıçdaroğlu,
qui a perdu les présidentielles avec une grande marge de voix malgré la
mobilisation et le combat plein d'abnégation de toutes les forces
d'opposition, y compris le HDP et les partis de gauche, ne sera plus
présent au Parlement comme député et devra rendre des comptes aux
organes compétents du CHP, parti qu'il dirige depuis dix ans, voire
convoquer un congrès du parti et en quitter la direction dans les plus
brefs délais.
Le même sort
dramatique attend Ali Babacan, leader du DEVA, Ahmet Davutoğlu, leader
du GP, Temel Karamollaoğlu, leader du SP, et Gültekin Uysal, leader du
DP, qui ne furent pas candidats aux élections législatives parce qu'ils
s'apprêtaient à jouer le rôle de vice-président sous Kılıçdaroğlu, et
ne pourront donc pas diriger les députés de leur parti au Parlement.
Une autre leçon
importante à tirer des résultats des élections, comme je le souligne
dans tous mes articles depuis des mois, est que les partis de gauche,
qui avaient gagné le droit de participer aux élections, ne se sont pas
présentés devant les électeurs avec un programme et une liste communs
sur la base de la démocratisation, de la paix, de la justice sociale et
de l'égalité des peuples, répétant ainsi les graves erreurs commises au
cours des dernières années.
Les résultats des
élections législatives montrent clairement que le 3e TİP, le TKP, le
TKH, le HKP et le Parti de gauche, qui ont participé aux élections avec
des listes séparées, n'ont même pas pu atteindre les 3 % des voix que
le 1er TİP (Parti des Travailleurs de Turquie) avait atteint à lui seul
dans les années 1960.
Ce qui est encore
plus tragique, c'est que bien que le 3e TİP ait participé à l'Alliance
du Travail et de la Liberté avec le HDP, qui s'est battu vaillamment et
sans compromis seul au parlement pendant des années, au lieu d'aller
aux élections dans tout le pays et dans la diaspora avec une liste
commune au nom de cette alliance, il a participé au vote avec des
listes séparées dans 49 provinces et 52 circonscriptions électorales au
dernier moment, ainsi que dans l'entierté des pays de la diaspora, et a
fondé cela sur l'affirmation qu'il y avait des différences entre les
préférences des électeurs kurdes et des électeurs de gauche.
Lors des élections de
2018, le HDP avait participé en tant qu'unique parti de gauche et avait
obtenu 11,70 % des voix et 67 sièges parlementaires, tandis que le 14
mai, le YSP a obtenu 8,82 % des voix et 61 sièges parlementaires.
Étant donné que les
électeurs de gauche qui avaient placé leurs espoirs dans l'Alliance du
Travail et de la Liberté ont été contraints de choisir entre le YSP et
le 3e TİP, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, lors des
élections du 14 mai, cette scission a sans aucun doute conduit une
partie des électeurs de gauche à voter pour le CHP.
Oui, malgré le flirt
de Kılıçdaroğlu avec l'extrême droite pour augmenter ses voix et la
signature de protocoles promettant de renforcer la terreur d'État
contre la résistance nationale kurde et d'expulser des millions de
réfugiés, le second tour des élections présidentielles, tout comme les
élections législatives, s'est soldé par une défaite de l'Alliance de la
Nation.
Comme nous l'avons
mentionné plus haut, les résultats des élections législatives
constituent un échec pour les partis politiques de gauche formant
l'Alliance du Travail et de la Liberté et l'Alliance de l'Unité
Socialiste.
A un an des élections
municipales de 2024, tous les partis d'opposition devraient, sans
perdre de temps, convoquer leurs instances compétentes, voire des
congrès si nécessaire, faire une sérieuse autocritique, renouveler
leurs cadres si nécessaire, et adopter comme principe que les alliances
qu'ils établiront dans toutes les élections qui se tiendront à partir
de maintenant devront se présenter devant les électeurs avec une liste
unique.
Quant à nous, exilés
politiques, même si au cours de ces élections nous n'avons pas pu
retrouver le pays où nous sommes nés, où nous avons grandi et où nous
nous sommes battus pour nos idées pendant des décennies, nous nous
devons de soutenir la lutte de la gauche en Turquie avec tous les
moyens dont nous disposons.
Avec nos
organisations démocratiques d'immigrés dans tous les pays, avec les
syndicats dont nous sommes membres, avec nos médias indépendants...
Alors reprenons
depuis le début, mais d'abord avec une sérieuse autocritique...
Erdogan, maître de la Turquie pour cinq
ans de plus
L'indéboulonnable Recep Tayyip Erdogan, confirmé dimanche pour cinq
années supplémentaires à la tête de la Turquie, a appelé son pays à "la
solidarité et l'unité" face aux défis qui l'attendent.
Juché sur un bus devant son domicile d'Istanbul, sur la rive asiatique
du Bosphore, le président de 69 ans, dont 20 pouvoir, avait revendiqué
la victoire en début de soirée devant une mer de drapeaux rouges
brandis par une foule enthousiaste.
"Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour
les cinq prochaines années", a-t-il lancé au terme d'une élection qui
l'a contraint pour la première fois à un second tour.
De retour à Ankara au coeur de la nuit, fêté en rock star par une foule
de dizaines de milliers de partisans qui l'attendait depuis des heures
devant le palais présidentiel, le chef de l'Etat n'a pas manqué de
faire huer son adversaire malheureux, Kemal Kiliçdaroglu.
Avant d'estimer qu'il "est temps de mettre de côté les disputes de la
campagne électorale et de parvenir à l'unité et à la solidarité autour
des rêves de notre nation".
"La Turquie a gagné!", a-t-il lancé entre deux portraits géants
projetés sur la façade monumentale: le sien et celui de son plus
illustre prédécesseur, Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la
République qui célèbre cette année ses cent ans.
Selon les résultats portant sur plus de 99,85% des bulletins, le chef
de l'Etat a obtenu 52,16% des suffrages contre 47,84% au candidat
social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de
la "démocratie apaisée" qu'il promettait.
- Rassemblements spontanés -
La commission électorale turque (YSK) a confirmé dans la soirée la
victoire du chef de l'Etat et publiera les résultats définitifs en
début de semaine.
Dans la soirée, des rassemblements spontanés se sont formés autour du
siège de son parti AKP à Istanbul, dont les rues résonnent de coups de
klaxons et une foule considérable s'est massée devant le palais
présidentiel à Ankara pour l'attendre.
Des scènes de liesse ont eu lieu à travers le pays ainsi que dans
plusieurs grandes villes européennes, dont Berlin, où vit une
importante communauté turque.
"On est heureux, Dieu a exaucé nos voeux. Recep Tayyip Erdogan est un
très grand leader, un leader très puissant. Et il a beaucoup fait
progresser la Turquie", s'est félicité dimanche soir à Istanbul Soner
Ceylan, 52 ans.
Le président russe Vladimir Poutine, qui n'avait pas caché son soutien
au président, a rapidement salué un "résultat logique" de même que le
président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a dit espérer "renforcer
ses liens avec Ankara".
Premier des dirigeants occidentaux, le président français Emmanuel
Macron a également "félicité" M. Erdogan, suivi par le chancelier
allemand Olaf Scholz et les responsables de l'Union européenne Ursula
Von der Leyen et Charles Michel, notamment.
Le rival malheureux du président Erdogan a pris la parole depuis le
siège de son parti, le CHP fondé par Mustafa Kemal, pour exprimer sa
"réelle tristesse face aux difficultés qui attendent le pays".
Ni le désir de changement d'une partie de l'électorat, ni l'inflation
sévère qui mine la Turquie, ni les restrictions aux libertés et
l'hyperprésidentialisation d'un pouvoir qui a envoyé des dizaines de
milliers d'opposants derrière les barreaux ou en exil n'ont pesé face
au désir de sécurité et de stabilité.
Pas même les conséquences du terrible du séisme de février (au moins
50.000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du
pays, qui ont largement reconduit le chef de l'Etat.
- habileté -
"Erdogan a joué la carte du nationalisme avec beaucoup d'habileté,
l'opposition n'a pas su proposer une alternative susceptible" de
convaincre malgré la mauvaise situation économique du pays, a estimé
Galip Dalay, chercheur associé Middle East Council on Global Affairs.
Le parti du président Erdogan, l'AKP islamo-conservateur, sur lequel il
a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au
Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés.
Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus après avoir
promis le "retour du printemps".
Considéré par beaucoup, y compris au sein de son alliance d'opposition,
comme terne et sans charisme, M. Kiliçadaroglu n'a pas su profiter de
la crise économique pour rafler la victoire.
Visage fatigué, se déplaçant avec lenteur, Recep Tayyip Erdogan, avait
voté à la mi-journée dans son quartier d'Usküdar à Istanbul: une foule
enjouée l'y attendait, à laquelle les gardes du corps ont distribué des
jouets tandis qu'il glissait quelques billets de banque à des enfants.
Presque simultanément, tout sourire malgré les pronostics défavorables,
Kemal Kiliçdaroglu déposait son bulletin à Ankara en incitant ses
concitoyens à voter "pour se débarrasser d'un gouvernement autoritaire".
Le camp Erdogan n'a eu de cesse de qualifier l'opposition emmenée par
Kiliçdaroglu de "terroriste" en raison du soutien que lui ont apporté
les responsables du parti pro-kurde HDP.
Les personnes interrogées par l'AFP dans les files d'attente des
bureaux de vote ont témoigné de la polarisation du pays après ces
semaines de campagne.
- campagne difficile -
Kemal Kiliçdaroglu a été largement privé d'accès aux grands médias et
surtout aux chaînes de télévision officielles, qui ont réservé soixante
fois plus de temps d'antenne à son rival, selon l'organisation
Reporters sans frontières.
Face à son rival discret d'obédience alévie, une branche de l'islam
jugée hérétique par les sunnites rigoristes, Recep Tayyip Erdogan a
multiplié les meetings, s'appuyant sur les transformations qu'il a su
apporter au pays depuis son accession au pouvoir comme Premier ministre
en 2003.
Sa réélection intervient dix ans jour pour jour après le début des
grandes manifestations de "Gezi" qui s'étaient répandues dans tout le
pays et avaient été sévèrement réprimées. (AFP, 28 mai 2023)
5 points pour mieux comprendre les élections
turques
Ragip Duran, tvxs.gr, 28 mai 2023
En Turquie, il y a au moins 5 points dans l’agenda de l’opinion
publique à la veille du second tour des élections présidentielles:
1) L’importance vitale des élections
2) La montée au niveau global de l’autoritarisme populaire néo-libéral
3) L’Étatisme, le nationalisme, les réflexes religieux et l’animosité
contre les Kurdes provoque le mimétisme politique
4) Grandes différences entre le monde réel et le monde virtuel
5) Fraudes électorales
Les élections ont une importance vitale en Turquie, car quand l’Etat de
Droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance du judiciaire, la
liberté d’expression et plusieurs autres dimensions de la démocratie
sont absentes, les électeurs ne peuvent compter que sur un probable
changement de gouvernement par la voie des élections. Les citoyens ont
ainsi, une fois tous les 5 ans, la possibilité de faire entendre leurs
voix, leurs revendications. La répression du régime de l’Homme Unique,
la faiblesse de l’opposition et la carence des ONG puissantes rendent
les élections encore plus importantes.
La Turquie, pays traditionnellement conservateur, suit simplement la
tendance globale de la montée de l’extrême-droite internationale. En
Italie, en Suède, en France récemment et en Pologne et Hongrie depuis
un certain temps, l’extrême-droite gagne des points au sein des
populations respectives de ces pays, pourtant historiquement et
théoriquement démocratiques.
Le pouvoir turc, accompagné par l’opposition, a essentiellement deux
moyens de propagande: Le nationalisme et la provocation des sentiments
religieux. Ces deux thèmes se concrétisent dans le discours politique
par une animosité contre les kurdes- entre un quart et un cinquième de
la population- accusés tous de terrorisme. Par ailleurs les plus de 3
millions de refugiés syriens sont également dans le viseur des
nationalistes.
Le bloc de l’opposition a mené une campagne pour démontrer qu’il est
plus Étatiste, plus nationaliste, plus religieux et plus grand ennemi
des Kurdes que le régime d’Erdogan. Le mimétisme politique de
l’opposition n’a pas jusqu’à maintenant réussi, car les électeurs ont
tendance à choisir l’original plutôt que la copie.
Un autre défaut de l’opposition fut de ne pas pouvoir faire la
distinction entre le monde réel et le monde virtuel, c’est-à-dire entre
la réalité politico-sociologique et les médias sociaux. La déception a
été très grande à la fin du premier tour, car les attentes et les
expectations avaient été exagérées.
Enfin, Erdogan, qui contrôle l’ensemble des mécanismes de l’Etat, a pu
gagner le premier tour grâce aux multiples fraudes électorales. Les
spécialistes précisent quand même que le taux des votes truqués ne
dépassaient pas les 3 pc alors que la différence entre les deux
candidats était de plus de 4 pc selon les résultats du premier tour.
Erdogan ou bien Kilicdaroglu, le vainqueur du second tour, sera en tout
cas un Président d’un pays divisé, en pleine crise économique,
politique et morale, isolé du monde. La victoire de Kilicdaroglu, un
miracle selon la majorité des observateurs, peut bien entendu ouvrir la
voie à une nouvelle Turquie qui peut reconstruire une démocratie avec
toujours beaucoup de difficultés. Si Erdogan gagne encore, les forces
politiques seront alors encore obligées de se concentrer sur les
prochaines élections locales qui auront lieu dans 9 mois.
Les nationalistes au centre du jeu en Turquie
Pour son centenaire qu'elle fêtera en octobre, la République turque a
vu fleurir le vote nationaliste, qui porte l'opposition au président
sortant Erdogan à surenchérir sur sa droite.
Face à la grave crise économique et dans un contexte régional incertain
(Syrie, Irak, guerre en Ukraine), "le nationalisme est consolateur, on
s'y sent bien", résume l'historien français Etienne Copeaux,
spécialiste du nationalisme turc, qui évoque un "consensus
obligatoire", un "catéchisme" consubstantiel à la nation forgée par
Mustafa Kemal Atatürk.
Avec 49,5% des voix au premier tour, contre 44,9% pour son adversaire
Kemal Kiliçdaroglu, Recep Tayyip Erdogan part en pole position pour le
dénouement dimanche de l'élection présidentielle.
Il a également reçu le soutien du troisième homme du premier tour,
l'ultranationaliste Sinan Ogan, fort de ses 5,2% de suffrages.
Pour les observateurs, qui pariaient sur un désir de renouveau dans le
pays, soumis à l'érosion continue des droits et des libertés, "la peur
du changement et le besoin de sécurité et de stabilité l'ont emporté",
estime le journaliste Can Dündar, joint dans son exil berlinois.
"Plus que la paix et la liberté, ils ont choisi la sécurité".
Cette tendance - qui n'est pas propre à la Turquie remarque aussi Can
Dündar - se retrouve déjà au Parlement: le 14 mai, les formations
nationalistes, dont le MHP allié au président Erdogan et le Bon Parti
membre de la coalition d'opposition, ont raflé près du quart des voix.
"Le nationalisme c'est comme de l'air pulsé en permanence sur la
Turquie", affirme M. Copeaux qui balaie toute contradiction avec
l'islamisme politique prôné par M. Erdogan dans son ascension vers le
pouvoir, depuis le milieu des années 1990 et la conquête de la mairie
d'Istanbul.
- "Dépôt de migrants" -
"La Turquie prétendument laïque est un mythe", estime-t-il en citant
une antienne du MHP selon laquelle "on n'est pas Turc si on n'est pas
musulman".
L'historien remarque aussi que, même s'il a semblé égratigner le dogme
de la laïcité, établi par Mustafa Kemal à la fondation de la
République, en autorisant les femmes à porter le foulard dans la
fonction publique, ou en convertissant en mosquées d'anciennes églises
- dont l'ex-basilique Saint-Sophie à Istanbul - le chef de l'Etat "n'a
jamais rejeté complètement la statue du Commandeur".
Menderes Çinar, professeur de sciences politiques à l'université
Baskent d'Ankara, souligne la "percée régulière du nationalisme en
parallèle à l'islamisme depuis les années 1990", accompagnée d'une
érosion tout aussi constante des partis du centre.
Face à cette vague, Kemal Kiliçdaroglu, qui préside le CHP
social-démocrate fondé par Mustafa Kemal, est contraint à un virage
musclé sur sa droite pour résister.
Depuis le 14 mai, il n'a de cesse de muscler son discours. Le
poing
qui martèle l'emporte sur les coeurs avec les doigts qui ponctuaient
ses discours.
En témoigne ses sorties véhémentes sur les 3,4 millions de réfugiés
syriens, qu'il promet de renvoyer "dans les deux ans". "Nous ne
transformerons pas la Turquie en un dépôt de migrants", a-t-il martelé
cette semaine à Antakya (sud), frontalière de la Syrie et dévastée par
le séisme du 6 février.
Kiliçdaroglu a même reçu l'onction du xénophobe Ümit Özdag qui affirme
qu'en cas de victoire il deviendra son ministre de l'Intérieur,
déclenchant le malaise parmi les électeurs kurdes.
Traité de "terroriste" par le camp Erdogan et accusé de collusion avec
le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en raison du soutien de la
principale formation pro-kurde, le HDP, Kiliçdaroglu se retrouve acculé.
Mais si sa contre-attaque "est logique, elle risque de lui faire perdre
toute crédibilité", relève M. Çinar.
Le HDP a quand même décidé jeudi de lui réaffirmer son soutien, par
volonté d'en finir avec "le pouvoir d'un seul homme". (AFP, 25 mai 2023)
Rival candidates meet with
ultra-nationalist bloc figures, ask for support
The rival presidential candidates in Turkey met on Friday with the
representatives of an ultra-nationalist alliance that have not yet
announced if it will provide support for one of the runners at the
runoff on 28 May.
Kemal Kilicdaroglu, the opposition's candidate and leader of the main
opposition Republican People's Party (CHP), met with Umit Ozdag, the
chair of Victory Party, which is part of the Ata (Ancestral) Alliance
that endorsed Sinan Ogan at the first round.
Ogan received 5.2% of the vote on 14 May.
Kilicdaroglu told a joint press conference after the meeting:
“We had a very good and productive meeting with Ozdag. We discussed the
problems of Turkey and the problems of the world, and exchanged
assessments. I also told Mr. Ozdag about the views of the leaders of
parties in the Nation Alliance, our efforts and objectives, and our
thoughts on a constitutional amendment."
He added:
"Turkey needs democracy, it needs solidarity. We must overcome existing
problems."
Ozdağ and Ogan have recently demanded that Kilicdaroglu end any
dialogue with the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP), which
they claim is a legal front for the Kurdistan Workers' Party (PKK).
Ozdag was recently recorded on video as he told a woman supporter of
HDP in public that "he is surprised that she does not look like a
murderer."
He told the press conference that they will announce their decision
after consultation.
Shortly after the meeting between Kilicdaroglu and Ozdag, President
Recep Tayyip Erdogan invited Ogan to the offices of the Presidency in
Istanbul and the two had a meeting. No announcement was subsequently
made by any side. (gerceknews, 20 May 2023)
L'opposant Kiliçdaroglu hausse le ton
sur les réfugiés
Kemal Kiliçdaroglu, qui défiera Recep Tayyip Erdogan le 28 mai lors du
second tour de l'élection présidentielle turque, a durci le ton jeudi
sur les questions des réfugiés et du terrorisme dans un appel du pied à
l'électorat nationaliste.
"Je ne me suis jamais assis à une table avec des organisations
terroristes et je ne le ferai jamais (...) Je renverrai tous les
réfugiés chez eux dès mon arrivée au pouvoir", a lancé le candidat de
l'alliance de l'opposition à Ankara pour sa première prise de parole en
public depuis le premier tour du 14 mai. Il avait évoqué ces derniers
mois un rapatriement "dans les deux ans" en cas de victoire.
Ces deux promesses aujourd'hui formulées d'un ton inhabituellement
ferme, sonnent comme un message envoyé aux 2,8 millions d'électeurs
(5,2% des votants) ayant soutenu au premier tour le troisième homme du
scrutin, l'ultranationaliste Sinan Ogan.
Selon la presse turque, M. Ogan a rencontré mercredi l'un des six
dirigeants de l'alliance de l'opposition, et pourrait s'entretenir
vendredi avec M. Kiliçdaroglu, qui a recueilli dimanche 44,9% des
suffrages, contre 49,5% pour le président Erdogan, soit une différence
de plus de 2,5 millions de voix.
Sinan Ogan pourrait appeler en fin de semaine ses soutiens à voter pour
un des deux finalistes de l'élection, sans qu'il ne soit certain que
ses consignes de vote seront suivies massivement.
Le candidat ultranationaliste avait en partie axé sa campagne sur
l'expulsion des 4 millions de réfugiés vivant sur le sol turc, syriens
pour environ 90%.
Kemal Kiliçdaroglu, qui promet de longue date de renvoyer les réfugiés
syriens, a accusé jeudi le chef de l'Etat d'avoir "fait venir de son
plein gré 10 millions de réfugiés".
"S'ils restent au pouvoir, il y aura 10 millions de réfugiés de plus
(...) Il y aura des pillages. Les villes seront tenues par la mafia et
les trafiquants de drogue. Les féminicides augmenteront", a-t-il asséné.
Sur la question du terrorisme, il a accusé le président Erdogan d'avoir
mené des "négociations secrètes" avec le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), groupe qualifié de terroriste par Ankara et ses alliés
occidentaux.
Il a aussi reproché au chef de l'Etat d'avoir "nourri et fait grossir"
le mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen, ex-allié
d'Erdogan, accusé par ce dernier d'avoir fomenté la tentative de coup
de juillet 2016.
"Je n'ai jamais été aux côtés de ceux qui ont comploté contre nos
soldats et je ne le serai jamais", a-t-il affirmé en visant le
président Erdogan, qui accuse M. Kiliçdaroglu de "répondre aux ordres"
du PKK depuis qu'il a obtenu le soutien le parti prokurde HDP.
Le candidat de l'opposition a par ailleurs dénoncé les "irrégularités"
qui ont selon lui entaché le premier tour du scrutin.
"Nous avons besoin non plus de un ou deux mais de cinq observateurs
dans chacun des bureaux de vote", a-t-il déclaré. (AFP, 18 mai 2023)
Opposition
parties filing objections against alleged vote
counting irregularities
Opposition parties in Turkey have raised allegations of vote tampering
and irregularities in the parliamentary and presidential elections on
May 14.
The Green Left Party (Yeşiller ve Sol Gelecek Partisi) and the
Republican People's Party (CHP) have expressed their concerns and
provided detailed accounts of the discrepancies observed during the
vote counting process.
The Green Left issued a statement using the hashtag
#YeşilSolPartininOylarıNerede (Where are the Green Left votes?),
initiated by their supporters on social media. They claimed that their
votes had been wrongly attributed to other parties, primarily the
Nationalist Movement Party (MHP), whose voting rate in the country's
predominantly Kurdish-populated regions were significantly higher than
expected.
The party stated, "In hundreds of ballot boxes, our votes were assigned
to other parties by the Supreme Electoral Council. Our colleagues have
raised objections to all the irregularities we identified. The YSK,
which boasts about the integrity of the elections, must rectify this
fraud immediately!"
Alleged discrepancies in thousands of ballot boxes
Muharrem Erkek, the deputy chairperson of the CHP, shed light on the
functioning of their internal system and the discrepancies identified.
Explaining the functioning of their internal system, Erkek emphasized
the meticulous verification process undertaken by the party to ensure
the accuracy of the results.
He revealed that out of a total of 201,807 ballot boxes nationwide,
discrepancies were detected in 2,269 ballot boxes related to the
presidential election and 4,825 ballot boxes related to parliamentary
elections, primarily affecting the CHP and its ally Good (İYİ) Party.
Erkek said, "If there is any discrepancy between our protocol and the
YSK's system regarding the same ballot box, our system raises a red
flag. This is visible at the central, provincial, and district levels.
We have a robust infrastructure and system in place because the voter's
will is above everything else for us. We track every single vote."
Regarding the alleged discrepancies, Erkek stated, "We detected
variations in 2,269 ballot box protocols for the presidential election
and 4,825 protocols for the parliamentary election, which could favor
or go against any of the four candidates. We also identify
discrepancies specifically against our candidate. All objections were
submitted by Monday, 5:00 PM, as per the deadline."
Objections
The Green Left Party, in Aydın, filed a complaint with the Provincial
Election Board, objecting to the invalidation of 16,060 presidential
votes and 20,253 parliamentary votes. They demanded a recount of valid
and invalid votes in certain districts such as Koçarlı, İncirliova, and
Köşk, where they had significant support.
İrfan Değirmenci, the İzmir parliamentary candidate for the Workers'
Party of Turkey (TİP), announced on social media, "We have filed
objections in 500 ballot boxes in Izmir, directly challenging the
results. We await a response, and we will keep you informed."
The allegations of vote tampering and irregularities raised by the
opposition parties have generated significant attention and concern. As
the election authorities review these claims, the upcoming days leading
to the decisive runoff on May 28 will be crucial in determining the
integrity and transparency of Turkey's electoral process. (BIA, 17 May
2023)
L'opposition
tente de remobiliser avant le second tour
L'opposition turque est repartie en campagne mardi après les résultats
décevants de son candidat à la présidentielle, Kemal Kiliçdaroglu, qui
tente de rallier le vote des jeunes contre le président sortant Recep
Tayyip Erdogan, arrivé en tête du premier tour.
"Nous avons douze jours, nous devons sortir du tunnel (et de)
l'obscurité", a écrit Kemal Kiliçdaroglu à l'intention de ces jeunes
"qui ne peuvent même pas se permettre un café" dans une Turquie minée
par l'inflation et où les 18-34 ans représentent le tiers environ des
personnes en âge de voter.
"Vous n'avez qu'une jeunesse", a lancé le candidat social-démocrate
laïque de 74 ans, à la tête d'une coalition hétéroclite mêlant
conservateurs, nationalistes et libéraux de centre-droit et de gauche.
L'opposition a misé sur la lassitude supposée des Turcs après vingt ans
de pouvoir de M. Erdogan, en particulier celle des plus de 5 millions
de jeunes qui devaient voter pour la première fois.
Ils ont aussi capitalisé sur le contexte économique et la chute de la
livre turque, qui a fait grimper l'inflation jusqu'à 85 % à l'automne.
Mais démentant la plupart des sondages, le chef de l'Etat
islamo-conservateur a recueilli dimanche 49,5 % des suffrages contre
44,89 % à M. Kiliçdaroglu.
Plus de 5 % des suffrages sont allés au troisième homme, l'ancien
député ultranationaliste Sinan Ogan, âgé 55 ans.
Risques de démobilisation
Dans les faits, la campagne a implicitement débuté avant même
l'officialisation des résultats du premier tour qui a mobilisé près de
89 % de l'électorat.
Dans la nuit de dimanche à lundi, alors que le dépouillement était en
cours, le président Erdogan est apparu triomphant, bras levés, tendus
vers une foule enthousiaste au balcon de son parti AKP à Ankara.
Par contraste, les abords du siège du CHP (Parti républicain du peuple)
sont restés déserts.
Kemal Kiliçdaroglu a prévenu mardi que son parti devrait "lutter
beaucoup plus dur pour se débarrasser d'un pouvoir aussi brutal", dont
son camp dénonce la volonté de faire taire toute voix contraire et les
restrictions imposées à la presse.
Car malgré le soutien apporté par la majorité des électeurs kurdes,
l'opposition n'est pas parvenue à inquiéter Recep Tayyip Erdogan.
"Kemal Kiliçdaroglu n'est pas non plus un nouveau nom pour les jeunes,
il a 74 ans, il est (à la tête du CHP, ndlr) depuis 2010 et il n'a pas
vraiment réussi à dynamiser les jeunes électeurs", constate Berk Esen,
chercheur en sciences politiques à l'université Sabanci d'Istanbul.
"L'opposition est complètement démobilisée; il leur sera difficile de
se regrouper à nouveau pour gagner" le 28 mai, estime-t-il, prédisant
un "taux de participation inférieur" à celui de dimanche.
Les Turcs de l'étranger seront appelés à voter dès samedi.
La capacité de remobilisation des électeurs de l'opposition est l'une
des inconnues du second tour, notamment dans les zones du sud du pays
sinistrées par le séisme du 6 février qui a fait plus de 50.000 morts.
En particulier dans la province de Hatay, la plus dévastée et la seule
parmi les régions fortement impactées à ne pas avoir massivement
reconduit le président, qui a multiplié les promesses de reconstruire
650.000 logements détruits.
Une autre question concerne le report des voix accordées à Sinan Ogan.
L'ancien député ultranationaliste n'a pas encore annoncé s'il
soutiendrait l'un ou l'autre candidat mais il s'est dit hostile à toute
concession sur la question kurde.
Recep Tayyip Erdogan n'aura toutefois pas nécessairement besoin de ces
voix: la victoire au premier tour lui a échappé de moins d'un
demi-point, soit un demi-million de voix environ, sur 64 millions
d'électeurs.
"Le second tour sera plus facile pour nous. Il y a une différence de
cinq points (entre les deux candidats, ndlr), près de 2 millions et
demi de voix. Il semble qu'ils n'ont aucune possibilité de combler cet
écart", a commenté mardi Ibrahim Kalin, porte-parole et proche
conseiller de M. Erdogan.
Le président sortant a d'ores et déjà sécurisé sa majorité au parlement
dimanche avec les élus de son parti AKP et ses alliés nationalistes du
MHP. (AFP, 16 mai 2023)
Erdogan prie à Sainte-Sophie avant le scrutin décisif
A la veille d'un scrutin décisif pour la Turquie et son avenir, le
président sortant Recep Tayyip Erdogan, menacé comme jamais, mobilise
samedi ses partisans toute la journée à travers Istanbul, avec un final
en prière à Sainte-Sophie, la basilique qu'il a transformée en mosquée.
C'est dans cette basilique byzantine rose du IVe siècle, qu'il a
convertie en mosquée en 2020, que le chef de l'Etat clôturera une
campagne menée tambour battant, à coups d'invectives et de menaces à
peine voilées, formulées par lui-même et son entourage, à l'encontre de
son opposant social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu.
"Tout l'Occident est devenu fou ! Mais je l'ai fait !", s'est-il vanté
samedi devant ses partisans à propos de la conversion de Sainte-Sophie.
Le "Reis", 69 ans, régulièrement reconduit par les urnes depuis 2003, a
promis vendredi de respecter le résultat des élections présidentielle
et législatives auxquelles sont appelés 64 millions d'électeurs, non
sans juger la question sur ce point "complètement idiote".
"Nous sommes arrivés au pouvoir par la voie démocratique, avec le
soutien de notre peuple: si notre nation prend une décision différente,
nous ferons ce que la démocratie exige. Il n'y a rien d'autre à faire",
a-t-il assuré, visiblement en colère, lors d'une interview télévisée,
diffusée en soirée simultanément sur la plupart des chaines du pays.
Néanmoins, la crainte de dérapages violents demeure dans les grandes
villes après une série d'incidents survenus dans la dernière ligne
droite d'une campagne ultra-polarisée, obligeant son adversaire à
porter un gilet pare-balles sous son costume lors de ses derniers
meetings de campagne.
Le bus du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, star du parti CHP
(social-démocrate) dirigé par M. Kiliçdaroglu et puissant atout de sa
campagne, avait été caillassé dimanche à Erzurum en Anatolie orientale.
(AFP, 13 mai 2023)
Elections: Erdogan en
position de force pour un second tour inédit
Après dépouillement de plus de 99% des bulletins, M. Erdogan recueille
49,5% des voix, contre 45% pour son principal opposant
social-démocrate, une issue meilleure qu'espérée pour le chef de l'Etat
que les derniers sondages donnaient systématiquement à la traîne.
Annoncé comme usé et
perdant après vingt ans de pouvoir, le président turc Recep Tayyip
Erdogan, 69 ans, sort renforcé du scrutin-test de dimanche et part en
position de force pour le second tour de la présidentielle qui sera
organisé le 28 mai. Le dernier comptage qui accorde 49,5% des suffrages
au chef de l'Etat contre 45% à son rival social-démocrate Kemal
Kiliçdaroglu ne laisse plus de doute sur la tenue de ce nouveau
rendez-vous électoral, confirmé lundi après-midi par la commission
électorale.
Le "reis" Erdogan
conserve également sa majorité au Parlement. L'issue du second tour
s'annonce plus qu'incertaine pour l'opposition, malgré sa confiance
répétée dans sa victoire. Elle dépendra pour partie d'un troisième
homme, l'ultranationaliste Sinan Ogan, qui a recueilli 5,2% des voix au
premier tour, et n'a pas encore annoncé s'il soutiendrait l'un des deux
candidats. L'impact de la crise économique et du séisme dévastateur du
6 février, qui a fait au moins 50.000 morts, n'a pas eu les effets
envisagés par les analystes. La réponse du gouvernement, jugée tardive,
avait pourtant suscité la colère de nombreux rescapés.
Mais ce sentiment ne
s'est pas traduit dans les urnes, les provinces fortement impactées
ayant massivement reconduit leur confiance au président, qui a promis
de reconstruire au plus vite 650.000 logements dans les zones
affectées. "La Nation accorde sa confiance à Erdogan", titrait en une
lundi le quotidien progouvernemental Sabah, qualifiant l'arrivée en
tête du président sortant au premier tour de "formidable réussite".
"Respecter" le scrutin
Jusqu'à dimanche, le
camp de l'opposition, une vaste coalition emmenée par le CHP
(social-démocrate, laïque) - le parti de Mustafa Kemal Atatürk,
fondateur de la Turquie moderne - appelait à "en finir au premier
tour". Mais le vice-président du parti a reconnu à la mi-journée lundi
que les "quelque 300 urnes du vote de l'étranger non décomptées ne
changeront pas la donne". "Nous l'emporterons certainement au second
tour", a-t-il toutefois réaffirmé.
Malgré des tentatives
de contestation des résultats dimanche soir de la part de l'opposition,
les observateurs européens du Conseil de l'Europe et de l'OSCE ont jugé
que les élections avaient offert aux Turcs un vrai choix politique. Et
ce malgré un "avantage injustifié" accordé par les médias officiels au
président Erdogan. Les deux candidats se sont dits prêts à se retrouver
et se sont tous deux engagés à "respecter" le verdict des urnes.
Confronté pour la première fois à un ballotage, alors qu'il avait été
réélu en 2018 dès le premier tour de la présidentielle, le chef de
l'Etat a affiché sa confiance. "Je crois sincèrement que nous
continuerons à servir notre peuple ces cinq prochaines années", a-t-il
lancé dans la nuit à ses partisans exultants.
Pour Bayram Balci,
chercheur au CERI-Sciences Po à Paris et ancien directeur de l'Institut
français d'études anatoliennes à Istanbul, "les Turcs ont joué la
stabilité et la sécurité". "Ils ont refusé d'accorder leur confiance à
une coalition hétéroclite aux intérêts divergents, se demandant comment
ils parviendraient à gouverner ensemble". "Tayyip Erdogan va gagner.
C'est un vrai leader, les Turcs ont confiance en lui et il a une vision
pour la Turquie", a affirmé lundi à l'AFP Hamdi Kurumahmut, un habitant
d'Istanbul travaillant dans le tourisme.
Le principal indice
de la Bourse d'Istanbul, après un plongeon à l'ouverture de 6%, restait
en baisse de 3% à 15H30 (12H30 GMT). La livre turque a atteint pour sa
part un niveau historiquement bas, autour de 19,7 livres pour un
dollar. "L'issue des élections sera déterminante pour l'économie
turque", s'est inquiété l'analyste Bartosz Sawicki. "La Turquie
va-t-elle poursuivre sur sa lancée hétérodoxe, ses politiques
déséquilibrées ou bien reprendre la voie des réformes et du
redressement ?", s'est-il interrogé. (AFP, 15 mai 2023)
En Turquie,
les élections de la dernière chance
Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 13 mai 2023
Nombreux sont ceux qui vont retenir leur souffle, dimanche soir, à
l’annonce des premiers résultats des élections en Turquie. Car les
quelque 60 millions d’électeurs turcs sont confrontés à un vrai choix
de société : veulent-ils une société apaisée, tournée vers l’Europe, ou
donner un troisième mandat à l’autoritaire Recep Tayyip Erdogan qui
continue à leur fournir, dans ses harangues, l’ambition d’une Turquie
forte, indépendante et anti-occidentale ?
Qu’on ne se trompe pas : l’histoire de la Turquie moderne, rythmée par
des coups d’État, a rarement été tranquille. Le fondateur de la
République, Mustafa Kemal Atatürk, a imposé à ses concitoyens une
marche forcée vers l’occidentalisation. Alliant islam et nationalisme,
Erdogan a fait jeter en prison des dizaines de milliers de
fonctionnaires, militaires, journalistes, professeurs sous le prétexte
d’une tentative de coup d’État en 2016 ou de liens avec la guérilla
kurde, le PKK.
Les derniers jours de la campagne ont été particulièrement éclairants
sur la panique qui a gagné les rangs de la coalition gouvernementale à
la lumière des sondages : presque tous donnent une avance à la
présidentielle du candidat de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu. Erdogan
a multiplié les annonces de hausses de salaire et de gaz gratuit ; il a
reçu des bouées de sauvetage de la Russie et des monarchies du Golfe.
Tout cela a un prix.
Élu il y a plus de vingt ans, Erdogan a remis le pays en ordre, lancé
d’impressionnants travaux publics et régénéré l’industrie. Mais il a
oublié le principal - la démocratie - et laissé croître une société
polarisée, affaiblie par l’inflation, minée par la corruption, comme
l’ont démontré les immeubles construits à la va-vite qui se sont
effondrés comme des châteaux de cartes lors du double séisme de
février.
Enfin, Erdogan s’est lancé en solo dans des opérations militaires en
Syrie, en Irak, en Libye, au Haut-Karabakh, rompant avec la tradition
d’établir avec les pays voisins des partenariats économiques et le
principe d’Atatürk: "paix à la maison, paix dans le monde".
Tout cela pèsera dans le scrutin de dimanche, qui dépasse les
frontières de la Turquie. Ce n’est pas pour rien que l’opposition n’a
qu’un seul mot d’ordre en tête : l’apaisement.
Sous le règne d'Erdogan : gagnants et perdants en
Turquie
Le président Recep Tayyip Erdogan et son parti de la Justice et du
développement (AKP) dominent la vie politique turque depuis vingt ans.
Certains pans de la société en ont tiré bénéfice, d'autres y ont perdu.
Quelques exemples à la veille des élections présidentielle et
législatives du 14 mai.
- Les gagnants -
LES RELIGIEUX
La direction des affaires religieuses (Diyanet) est devenue une force
sociale puissante sous M. Erdogan, lui-même un pieux musulman dont le
parti islamo-conservateur a défié les fondements laïcs de la Turquie
post-ottomane. Le Diyanet dispose de sa chaîne de télévision, qui pèse
sur le débat politique, et bénéficie d'un budget comparable à celui
d'un ministère de taille moyenne. L'étendue de ses prérogatives en a
fait une cible des adversaires laïques du président qui dénoncent
l'augmentation du nombre des mosquées, des cours de Coran et de
l'influence des confréries religieuses. Un ancien chef du Diyanet s'est
ainsi retrouvé mêlé à un scandale sur son style de vie jugé somptueux.
LE SECTEUR IMMOBILIER ET LA CONSTRUCTION
Sous M. Erdogan, l'immobilier et les grands chantiers se sont
développés partout en Turquie, stimulant la croissance. Certains
groupes et entrepreneurs considérés comme proches du gouvernement se
sont vu octroyer des marchés publics juteux. Cette frénésie a remodelé
ce pays, offrant des logements neufs à des millions de personnes tout
en modifiant profondément la silhouette de villes comme Istanbul. Cette
frénésie de développement a accompagné l'appétit du chef de l'Etat pour
les "projets fous", de méga-investissements ambitieux de plusieurs
milliards de dollars - ponts, autoroutes, aéroports, etc. - dont le
Canal Istanbul, imaginé pour doubler le Bosphore mais toujours dans les
limbes.
LES FEMMES CONSERVATRICES
M. Erdogan a défendu les droits des musulmans conservateurs après des
décennies d'un régime résolument laïc. Les femmes pieuses ont ainsi été
progressivement autorisées à porter le foulard - jusqu'alors interdit
de fait - dans les universités, la fonction publique, la police et au
parlement. Le chef de l'Etat en a fait une affaire personnelle parce
que ses deux filles, couvertes comme leur mère, n'avaient "pas été
autorisées à porter le foulard" à l'université.
- Les perdants -
LES MEDIAS
Le paysage médiatique turc, autrefois cité en exemple pour son
pluralisme, s'est progressivement étriqué sous M. Erdogan. Les
observateurs estiment que 90% des médias turcs sont désormais sous le
contrôle du gouvernement ou de ses partisans. Le président a favorisé
l'acquisition de journaux et de chaînes de télévision par des hommes
d'affaires proches du pouvoir auxquels des prêts publics ont été
accordés. Parallèlement s'engageait la répression des voix critiques,
encore renforcée après le coup d'État manqué de 2016. Selon
l'association turque P24, soixante-quatre journalistes sont
actuellement emprisonnés.
LES MILITAIRES
L'armée turque, profondément laïque et coutumière des coups
d'État, a
progressivement perdu son influence sur la scène politique. Le
processus s'est accéléré après une tentative de coup d'État en 2016
imputée à un prédicateur musulman exilé aux États-Unis. Le président
Erdogan a répliqué par des purges qui ont envoyé des milliers de
soldats en prison - à vie pour des centaines d'entre eux. Les
militaires ayant les grades les plus élevés ont été décimés, altérant
les capacités de la principale force sur le flanc oriental de l'Otan.
L'armée de l'air, en particulier, a perdu nombre de ses pilotes et de
ses officiers.
- Bilans nuancés -
KURDES
Réprimés par les gouvernements laïcs comme la plupart des minorités en
Turquie, les Kurdes ont aidé M. Erdogan à se faire élire et l'ont
soutenu à ses débuts. Le chef de l'Etat a tenté de promouvoir leurs
droits culturels et linguistiques, ouvrant des négociations pour mettre
fin à la lutte armée d'une partie d'entre eux et leur octroyer une plus
large autonomie dans le sud-est. Mais après l'échec de ces pourparlers
et une flambée de violences en 2015-2016, la communauté kurde (15 à 20
millions de personnes) s'est retrouvée sous une pression croissante.
Des dizaines de dirigeants kurdes ont été emprisonnés ou démis de leurs
fonctions électives. Le principal parti prokurde, le HDP, dont le chef
de file est emprisonné, risque d'être interdit, accusé de "terrorisme".
LA CLASSE MOYENNE
La Turquie a connu un boom économique au cours de la première décennie
au pouvoir de M. Erdogan, faisant éclore une nouvelle classe moyenne.
Mais depuis 2013, l'économie passe d'une crise à une autre. Selon la
Banque mondiale, le produit intérieur brut actuel de la Turquie - qui
mesure la richesse d'un pays - est retombé au niveau des cinq premières
années de pouvoir de M. Erdogan. Avec une inflation officielle de plus
de 85% atteinte l'an dernier, les économies de millions de ménages sont
parties en fumée. Et de nombreuses familles peinent à finir le mois
désormais. (AFP, 12 mai 2023)
Un opposant à Erdogan jette l'éponge
à trois jours de la présidentielle
Muharrem Ince, un des quatre candidats à la présidentielle turque du 14
mai, a annoncé jeudi le retrait de sa candidature, une décision qui
renforce les chances de Kemal Kiliçdaroglu, principal opposant au
président Recep Tayyip Erdogan.
"Je retire ma candidature", a déclaré lors d'une conférence de presse
le chef du parti Memleket (Patrie), qui était crédité de 2 à 4% des
intentions de vote dans les dernières enquêtes d'opinion.
Plusieurs cadres de son parti avaient démissionné ces derniers jours,
s'inquiétant que la candidature de M. Ince empêche Kemal Kiliçdaroglu,
à la tête d'une alliance réunissant six partis de l'opposition, de
l'emporter face au président Erdogan, au pouvoir depuis 2003.
M. Ince a justifié sa décision en affirmant que l'alliance de
l'opposition "rejettera toute la faute" sur lui si elle perd.
"Je ne veux pas qu'ils aient d'excuses", a-t-il lancé.
Muharrem Ince, dont le portrait figurera dimanche sur les bulletins de
vote, avait été en 2018 le candidat malheureux à la présidentielle du
Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), battu dès le
premier tour par Recep Tayyip Erdogan.
Il avait lancé en mai 2021 sa propre formation nationaliste laïque.
- "Vieilles rancoeurs" -
Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP, est donné en bonne posture face au
président Erdogan, confronté pour la première fois en deux décennies à
une opposition unie.
La dernière enquête d'opinion rendue publique jeudi par le réputé
institut Konda créditait M. Kiliçdaroglu de 49,3% des intentions de
vote au premier tour, contre 43,7% pour M. Erdogan et 2,2% pour
Muharrem Ince.
Le troisième candidat toujours en lice, Sinan Ogan, était lui crédité
de 4,8% des voix.
Selon un sondage réalisé les 9 et 10 mai par l'institut Metropoll, près
de 50% des soutiens de Muharrem Ince reporteront leur vote sur M.
Kiliçdaroglu, contre moins du quart en faveur du président Erdogan.
"Mon appel tient toujours. Mettons de côté les vieilles rancoeurs", a
tweeté jeudi M. Kiliçdaroglu, appelant Muharrem Ince à rejoindre sa
coalition.
"Son retrait est incompréhensible. Honnêtement, je suis triste", a
réagi pour sa part M. Erdogan lors d'un meeting dans la province
d'Ankara.
"Continuons (...) Ce qui compte, c'est la décision de mon peuple", a
ajouté le chef de l'Etat, âgé de 69 ans, qui affrontera dimanche son
élection la plus incertaine depuis son avènement à la tête du pays.
- "Participation record" -
M. Erdogan, qui a vu sa popularité entamée par la crise économique qui
frappe la Turquie, a promis jeudi de doubler le salaire des
fonctionnaires, après avoir initialement promis mardi une hausse de 45%.
Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu, ancien haut fonctionnaire âgé de 74
ans, promet un retour au jeu démocratique et une lutte à bras-le-corps
contre l'inflation, qui dépasse toujours les 40% en Turquie.
Outre l'appui de sa coalition, le candidat a obtenu le soutien du Parti
démocratique des peuples (HDP), principal parti prokurde du pays et
troisième force politique du pays.
Dans la ville conservatrice de Sivas (centre), M. Kiliçdaroglu a promis
jeudi qu'il protégerait les droits de tous les Turcs.
Les 64,1 millions d'électeurs du pays renouvelleront simultanément
dimanche leur parlement, où le président Erdogan et ses alliés
jouissent d'une majorité.
Près de 1,7 million de Turcs ont déjà voté depuis l'étranger, selon les
chiffres du Haut comité électoral turc.
"Nous avons atteint une participation record à l'étranger par rapport
aux précédentes élections", s'est félicité le vice-ministre turc des
Affaires étrangères Yasin Ekrem Serim.
Il y a cinq ans, les Turcs de l'étranger, qui constituent 5% environ de
l'électorat, avaient voté à près de 60% pour Recep Tayyip Erdogan,
contre 52,6% pour l'ensemble des Turcs. (AFP, 11 mai 2023)
Le pouvoir ose déclarer: Erdogan ne quittera pas son
trone même s’il perd
Ragip Duran, TVXS.GR, 8 mai 2023
Plusieurs porte-paroles du Palais qui admettent déjà la défaite
menacent ouvertement "la démocratie". Erdogan lui-même a annoncé que
"sa nation ne cédera pas le pouvoir à celui qui sera élu Président,
avec le soutien des Kurdes".
Cette semaine, cinq déclarations des hauts placés du pouvoir ont fait
couler beaucoup d’encre et ont provoqué un grand débat dans l’opinion
publique turque.
1- "Le 14 mai 2023 (date du scrutin) est une initiative pour unifier
l’ensemble des préparations d’un coup d’Etat en vue de liquider la
Turquie" a dit M.Suleyman Soylu, Ministre de l’Intérieur.
2- "Le scrutin est une lutte d’indépendance contre les occupants" a
déclaré M. Binali Yildirim, ancien Premier Ministre et N°2 du parti
d’Erdogan.
3- "Un changement de pouvoir à la suite des élections de 2023 sera un
coup contre l’indépendance totale de la Turquie" a affirmé M. Mehmet
Ucum, chef conseiller juridique d’Erdogan.
4-"’La nuit du 14 mai certains la fêteront avec du champagne et autres
feront la prière" a prévu M. Bekir Bozdag, Ministre de la Justice.
5- "Il (le candidat de l’opposition, M. Kemal Kilicdaroglu) sera élu
Président de la République avec le soutien de Qandil (Le quartier
Général du PKK en Irak du nord). Mais ma nation ne cédera pas le
pouvoir à celui qui sera élu président avec le soutien de Qandil" a
lancé Le Président Erdogan.
Ces cinq déclarations ont trois points communs:
- Elles renient toute la démocratie selon laquelle un gouvernement qui
perd les élections doit quitter le pouvoir.
- Elles admettent toutes que le pouvoir actuel va perdre le scrutin du
14 mai.
- Enfin, elles accusent l’opposition de putschisme ou bien d’alliance
avec les terroristes, deux étiquettes traditionnelles du pouvoir
collées à l’ensemble des opposants.
Bien plus grave que le contenu de ces déclarations Erdogan a les moyens
de réaliser ses objectifs. Car il détient l’ensemble des appareils de
l’Etat (Exécutif, Judiciaire et Législatif) et de plus il peut diriger
deux differents types de forces armées:
- L’armée et la police d’un côté
- Les milices des organisations de l’Islam radical en Turquie et en
Syrie de l’autre.
La défaite signifie pour Erdogan la fin de tout. Il ne se contentera
pas de perdre le pouvoir politique et économique, mais il risque
également d’être jugé voire condamné. Il a commis d’énormes crimes
juridiques et politiques tout au long de ses 21 ans de pouvoir qu’il ne
peut absolument pas quitter le pouvoir. Sinon…
L’opposition de son côté, très sûre de gagner le scrutin, n’a pas
apparemment pris les mesures nécessaires pour empêcher les complots
d’Erdogan. Le bloc anti-Erdogan n’a pas les moyens concrets pour
déjouer un coup d’état ou bien une main mise permenante sur le pouvoir
et il croit toujours qu’Erdogan sera obligé de céder pacifiquement la
Présidence de la République.
Plusieurs scénarios post-élection dans le cas de la victoire de
l’opposition sont déjà dans l’agenda de l’opinion publique:
- Erdogan peut annuler les élections.
- Il peut déclarer l’Etat d’Urgence voire l’Etat de Guerre pour ne pas
quitter le pouvoir.
- Il peut partir à l’étranger (Comme le Shah d’Iran en 1979 ou autres
monarques vaincus).
- Il peut militairement donc violemment écraser l’opposition dans la
rue, qui sera le début d’une guerre civile.
Le paysage politico-social n’est donc pas très brillant en ce moment.
Les optimistes, conscients de la gravité des probabilités, estiment
néanmoins que si l’opposition remporte les élections avec au moins 5 ou
10 points d’écart, Erdogan sera immobilisé.
A une semaine du scrutin, le destin de la Turquie reste assez flou.
Mais la nuit du 14 mai sera absolument une nuit folle! Tout dépend de
la définition subjective du mot folle.
Le bus de campagne du maire d'Istanbul caillassé
Le bus de campagne du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, un champion de
l'opposition au président Recep Tayyip Erdogan depuis son élection en
2019, a été caillassé dans l'est de la Turquie, une place forte du
parti présidentiel AKP.
Des images diffusées par le bureau du maire de la capitale économique
montrent les fenêtres du bus brisées par des pierres, lors d'un arrêt
en pleine tournée électorale à Erzurum (est).
Ekrem Imamoglu faisait un discours du toit du bus lorsque les pierres
ont commencé à être lancées sur les vitres, le contraignant à se
réfugier à l'intérieur.
La police a eu recours à des canons à eaux pour disperser les
agresseurs, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Etoile montante de la scène politique turque, Ekrem Imamoglu a été
empêché de se présenter à la présidentielle par une condamnation
judiciaire dont il a fait appel.
L'alliance de l'opposition turque promet, en cas de victoire aux
élections présidentielle et législatives du 14 mai, de rompre avec deux
décennies d'héritage du président Erdogan.
Ce dernier affronte le 14 mai l'élection la plus incertaine depuis son
arrivée au pouvoir, confronté pour la première fois en vingt ans à une
opposition unie dans un pays en crise.
Face à lui, trois prétendants mais un seul véritable adversaire: Kemal
Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat d'une alliance de six partis
d'opposition qui va de la droite nationaliste à la gauche démocrate, et
qui est dominée par le CHP (social-démocrate) fondé par le père de la
Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.
M. Kiliçdaroglua indiqué qu'en cas de victoire M. Imamoglu serait un de
ses vice-présidents. (AFP, 7 mai 2023)
Avocats et citoyens unis pour "protéger
les votes"
Ils sont une centaine ce jour-là, tous avocats, déterminés à rendre les
élections turques du 14 mai les plus transparentes possible.
"Il n'y a pas d'autres moyens de protéger nos votes que de prendre soin
des urnes", résume l'avocate Ilke Yakupoglu.
Réunis dans une salle d'Ankara, les juristes suivent une formation
organisée par la plateforme d'avocats "Hukukçular buradayiz" ("Les
juristes sont là", en turc) afin de prévenir les fraudes le jour du
scrutin.
Sur leurs strapontins rouges, beaucoup s'inquiètent des propos tenus la
veille par le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, qui a
comparé les élections présidentielle et législatives à venir à "une
tentative de coup d'Etat politique" contre Recep Tayyip Erdogan, au
pouvoir depuis vingt ans.
"Le fait que le gouvernement soit pour la première fois si proche de
perdre nous fait tous redouter de possibles problèmes", explique Ilke
Yakupoglu.
"Ces élections sont critiques. Les déclarations du gouvernement
montrent qu'elles ne seront ni équitables ni justes", redoute aussi
Nuray Özdogan, responsable pour Ankara d'une association d'avocats et
membre du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche prokurde).
La semaine dernière, une centaine de personnes, dont 50 avocats
désignés pour surveiller le double scrutin du 14 mai par l'alliance
électorale dominée par le HDP, ont été arrêtées à Diyarbakir, la grande
ville à majorité kurde du sud-est, suscitant l'inquiétude dans les
rangs du parti.
- "Pas confiance" -
Le président du Haut comité électoral turc (YSK), Ahmet Yener, a
affirmé fin avril que la sécurité du vote serait garantie, y compris
dans les provinces affectées par le séisme du 6 février qui a fait plus
de 50.000 morts et anéanti des villes entières.
Mais le candidat de l'alliance de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu,
chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et
principal adversaire de M. Erdogan, dit "ne pas faire confiance" au YSK.
En 2019, le Haut comité a invalidé la victoire du candidat du CHP à la
mairie d'Istanbul après un recours de l'AKP, le parti au pouvoir.
Finalement, Ekrem Imamoglu a été réélu bien plus largement à la faveur
d'un nouveau scrutin.
Marquée par cet épisode, l'opposition a "doublé son nombre d'avocats
par rapport à [la présidentielle de] 2018" et dépêchera 300.000
scrutateurs, pour beaucoup bénévoles, dans les 50.000 bureaux de vote
du pays, affirme le vice-président du CHP chargé de la sécurité des
élections, Oguz Kaan Salici.
"Nous protégerons les 192.000 urnes", a-t-il assuré devant la presse
étrangère, dont l'AFP.
L'ONG Oy ve Ötesi, qui forme elle aussi des observateurs, vise "100.000
bénévoles sur le terrain" le 14 mai, contre 60.000 au maximum lors des
précédents scrutins, selon son président Ertim Orkun.
- "Cartes d'identité" -
Plusieurs organisations, dont Oy ve Ötesi, ont aussi créé un site
internet pour aider les déplacés du séisme à aller voter dans leur
provinces d'origine. Des partis de l'opposition, dont le CHP et le HDP
(gauche prokurde), affréteront des bus.
Les conditions du vote dans la dizaine de provinces affectées par le
tremblement de terre du 6 février inquiètent nombre d'observateurs.
"Nous ne savons pas vraiment ce qu'il est advenu des cartes d'identité
[des morts et des disparus]. C'est quelque chose que nous allons
regarder de très près", a affirmé fin avril à l'AFP le député allemand
Frank Schwabe, chef des observateurs du Conseil de l'Europe, qui
dépêchera une quarantaine de personnes.
Quelque 350 experts de l'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE) seront aussi mobilisés.
"Beaucoup de gens veulent aller voter dans leur ville d'origine pour
surveiller d'éventuelles irrégularités (...) Nous sommes inquiets que
d'autres puissent voter à la place de nos morts", confie Özgur Yusuf
Kavukçu, qui a dû quitter Antakya (sud) pour la capitale à la suite du
séisme.
"Il y a des gens dont on n'a pas retrouvé les corps, comme ceux qui
habitaient dans mon immeuble voisin", ajoute-t-il.
A une semaine du vote, les sondages continuent de prédire un scrutin
serré.
Oguz Kaan Salici croit que le résultat sera respecté: "Nous ne vivons
pas dans une république bananière", fulmine le vice-président du CHP.
"Le pouvoir changera de mains comme il a changé de mains en 2002 [quand
l'AKP est arrivé au pouvoir]. Personne n'empêchera cela". (AFP, 7 mai
2023)
Erdogan face au péril jeunes
Emre Ali Ferli a 18 ans et n'a connu que Recep Tayyip Erdogan au
pouvoir. Cet étudiant votera à la présidentielle du 14 mai en Turquie
pour le principal opposant au chef de l'Etat, Kemal Kiliçdaroglu.
"Je suis fatigué de me lever chaque jour en pensant à la politique.
Lorsque le président Erdogan ne sera plus là, les jeunes pourront se
concentrer sur leurs examens et s'exprimer librement", prophétise-t-il.
Comme Emre, 5,2 millions de primo-votants ayant grandi sous l'ère
Erdogan, soit 8% environ de l'électorat, sont appelés aux urnes mi-mai.
"C'est par vous que le printemps arrivera", a lancé Kemal Kiliçdaroglu,
le chef du CHP (social-démocrate) et candidat d'une alliance de six
partis d'opposition, à des jeunes réunis mi-avril à Ankara.
Selon un récent sondage, seuls 20% des 18-25 ans voteront pour le
président turc et son parti aux élections présidentielle et
législatives du 14 mai, considérées comme les plus périlleuses pour M.
Erdogan depuis son accession au pouvoir en 2003.
A l'approche du double scrutin, MM. Erdogan et Kiliçdaroglu, âgés
respectivement de 69 et 74 ans, rivalisent de promesses pour séduire la
génération Z (taxe supprimée sur l'achat des téléphones portables,
forfait internet gratuit, carte jeunes, etc.). D'autant qu'un troisième
homme, Muharrem Ince, cherche à se poser en candidat de la jeunesse.
"Le vote Erdogan est moindre chez les jeunes. Les primo-votants sont
plus modernes et moins religieux que l'électeur moyen et plus de la
moitié sont insatisfaits de la vie qu'ils mènent", résume Erman
Bakirci, chercheur à l'institut de sondages Konda.
- "Erdogan doit partir !" -
Dans le quartier populaire de Kasimpasa, à Istanbul, les jeunes
expriment volontiers leur ras-le-bol. C'est pourtant là que le chef de
l'Etat a grandi.
"Erdogan doit partir ! Tous mes voisins voteront pour lui mais pas moi
!", lâche Gökhan Çelik, 19 ans, en survêtement vert sous deux drapeaux
blancs suspendus frappés du visage du président turc.
Firat Yurdayigit, un employé de 21 ans dans le textile, reproche à M.
Erdogan d'avoir construit un troisième aéroport à Istanbul "plutôt que
de s'occuper des gens".
"Je vais voter Muharrem Ince. Mais peu importe qui est élu, ce sera
toujours mieux qu'Erdogan", prophétise-t-il.
Son ami Bilal Büyükler, 24 ans, glissera quant à lui un bulletin
Erdogan, tout en reconnaissant que le chef de l'Etat est "en partie
responsable" des 50% d'inflation et de l'effondrement de la livre
turque.
"Je ne trouve pas de travail à cause des réfugiés syriens et je ne peux
pas me marier, ça coûte trop cher. Mais je ne vois aucune alternative",
dit-il, une longue balafre sur la joue gauche.
"Je ne peux pas voter pour Kiliçdaroglu à cause de la religion. Il a
marché sur un tapis de prière avec ses chaussures !", explique le jeune
homme, citant une récente bévue du candidat, exploitée par le président
sortant et la presse progouvernementale.
- "Obstacle à mes rêves" -
Kemal Kiliçdaroglu a pourtant pris soin de gommer l'image très laïque
de son parti, longtemps un repoussoir pour les électeurs conservateurs.
Le candidat a même proposé une loi garantissant le port du foulard, une
manière de séduire les jeunes femmes conservatrices, historiquement
acquises à M. Erdogan, qui a permis aux étudiantes voilées d'aller à
l'université.
"Monsieur Kemal ne vous laissera jamais perdre vos acquis", a promis
fin mars M. Kiliçdaroglu dans un appel aux jeunes femmes conservatrices.
Son parti s'est aussi allié à trois formations de la mouvance
islamo-conservatrice, "un message de réconciliation à destination de
l'électorat religieux qui devrait avoir un effet" dans les urnes,
prédit Seda Demiralp, maître de conférences en sciences politiques à
l'université Isik d'Istanbul.
Sevgi, 20 ans, vit dans le quartier d'Eyüp, l'un des plus conservateurs
d'Istanbul. Elle votera le 14 mai mais ne veut pas "mélanger politique
et religion", surtout inquiète de l'état de l'économie.
"Erdogan est le principal obstacle à mes rêves", lâche la jeune femme,
longs cheveux noirs bouclés, contrainte de travailler pour financer de
futures études de stylisme.
Son petit ami l'interrompt, énumérant les succès à mettre au crédit
d'Erdogan.
Elle secoue la tête : "Même s'il était un bon président, il ne devrait
pas pouvoir gouverner aussi longtemps".. (AFP, Remi BANET, 30 avril
2023)
Ce qui peut
changer si l'opposition est élue
L'alliance de l'opposition turque promet, en cas de victoire aux
élections présidentielle et législatives en mai, de rompre avec deux
décennies d'héritage du président Recep Tayyip Erdogan.
Voici ce qu'elle veut changer.
- Retour au jeu démocratique -
"Notre République sera couronnée de démocratie": Kemal Kiliçdaroglu,
candidat de l'Alliance nationale à la présidentielle, veut en finir
avec "le régime d'un seul homme", une formule qu'il répète à l'envi
pour dénoncer l'extrême concentration des pouvoirs entre les mains du
président Erdogan.
Dans son programme de 240 pages, l'alliance, qui réunit six partis,
promet l'abandon du régime présidentiel introduit en 2018 et le retour
à une séparation stricte des pouvoirs, avec un "exécutif comptable" de
ses décisions.
L'opposition veut revenir à un système parlementaire dans lequel les
pouvoirs de l'exécutif seront confiés à un Premier ministre élu par le
Parlement. Le président sera élu pour mandat unique de sept ans.
"Changer de régime ne sera pas simple en raison du seuil parlementaire
très élevé des 3/5 nécessaire pour les révisions constitutionnelles",
estime toutefois Bertil Oder, professeure de droit constitutionnel à
l'université Koç d'Istanbul.
- Vent de libertés -
L'opposition promet une "justice indépendante et impartiale" et la
libération de nombreux prisonniers dont le mécène Osman Kavala,
condamné à la prison à vie.
M. Kiliçdaroglu affirme aussi qu'il fera libérer Selahattin Demirtas,
chef de file du parti prokurde HDP (Parti démocratique des Peuples) et
bête noire du président Erdogan, emprisonné depuis 2016 pour
"propagande terroriste".
L'Alliance nationale, qui compte en son sein le Bon Parti, influente
formation nationaliste, n'a toutefois fait aucune proposition concrète
pour résoudre la question kurde.
L'opposition veut raviver la liberté d'expression et celle de la
presse, très largement reprise en main. Son dirigeant souhaite abolir
le délit d'"insulte au président", qui a permis d'étouffer les voix
dissonantes, promettant aux Turcs qu'ils pourront le "critiquer très
facilement".
- Défendre "toutes les femmes" et identités -
Président du Parti républicain du peuple (CHP, laïque), Kemal
Kiliçdaroglu veut garantir le port du voile dans la loi, afin de
rassurer les électrices conservatrices qui redoutent que son parti,
historiquement hostile au foulard, ne revienne sur certains acquis
obtenus sous Erdogan.
"Nous défendrons les droits de toutes les femmes", a-t-il promis,
s'engageant également à "respecter les croyances, modes de vie et
identités de chacun", à l'opposé d'Erdogan qui taxe régulièrement les
LGBTQ+ de "pervers".
Kiliçdaroglu souhaite réintégrer la Turquie dans la Convention
d'Istanbul, qui impose de poursuivre les auteurs de violences contre
les femmes et qu'Ankara avait quittée en 2021.
- Economie: retour à l'orthodoxie -
L'opposition promet de rompre immédiatement avec la politique défendue
bec et ongles par Erdogan qui, à rebours des théories économiques
classiques, entend continuer de baisser les taux d'intérêt malgré une
inflation supérieure à 50%.
L'Alliance nationale assure qu'elle ramènera l'inflation "à un chiffre
d'ici deux ans" et "rendra sa crédibilité à la livre turque", qui a
perdu près de 80% de sa valeur en cinq ans face au dollar.
"Quel que soit le vainqueur des élections, il est peu probable que
l'économie turque se rétablisse rapidement", juge cependant Erdal
Yalçin, professeur d'économie internationale à l'université de
Constance (Allemagne).
- Diplomatie apaisée -
L'opposition vise "une pleine adhésion à l'Union européenne", affirme
Ahmet Ünal Çeviköz, conseiller spécial de Kemal Kiliçdaroglu. Mais
diplomates et observateurs n'escomptent pas d'avancée à court ou moyen
terme.
Consciente qu'Ankara a irrité ses alliés de l'Otan en nouant depuis
2016 une relation privilégiée avec Moscou, elle veut réaffirmer la
place de la Turquie au sein de l'Alliance tout en maintenant un
"dialogue équilibré" avec la Russie, convaincue de pouvoir aider à
mettre fin au conflit en Ukraine.
Mais la priorité, selon M. Çeviköz, sera de renouer avec la Syrie de
Bachar al-Assad: une réconciliation indispensable pour assurer le
retour, "sur une base volontaire" et en moins de deux ans, des 3,7
millions de réfugiés syriens vivant en Turquie, une promesse qui
inquiète les défenseurs des droits humains. (AFP, 30 avril 2023)
Sous le règne d'Erdogan : gagnants et perdants en
Turquie
Le président Recep Tayyip Erdogan et son parti de la Justice et du
développement (AKP) dominent la vie politique en Turquie depuis vingt
ans.
Certains pans de la société en ont tiré bénéfice, d'autres y ont perdu,
dans un pays polarisé. Quelques exemples à la veille des élections
présidentielle et législatives du 14 mai.
- Les gagnants -
LES RELIGIEUX
La direction des affaires religieuses, ou Diyanet, est devenue une
force sociale puissante sous M. Erdogan, lui-même un pieux musulman
dont le parti islamo-conservateur a défié les fondements laïcs de la
Turquie post-ottomane. Le Diyanet dispose de sa propre chaîne de
télévision, qui pèse sur le débat politique, et bénéficie d'un budget
comparable à celui d'un ministère de taille moyenne. L'étendue de ses
prérogatives en a fait une cible des adversaires laïques du président
qui se plaignent de l'augmentation du nombre des mosquées, des cours de
Coran et de l'influence des confréries religieuses. L'ancien chef du
Diyanet, Mehmet Görmez, s'est ainsi retrouvé mêlé à un scandale sur son
style de vie jugé somptueux.
LE SECTEUR IMMOBILIER ET LA CONSTRUCTION
Sous M. Erdogan, l'immobilier et les grands chantiers se sont
développés partout en Turquie, stimulant la croissance. Certains
groupes et entrepreneurs considérés comme proches du gouvernement se
sont vu octroyer des marchés publics juteux. Cette frénésie a remodelé
ce pays, offrant des logements neufs à des millions de personnes tout
en modifiant profondément la silhouette de villes comme Istanbul,
soudain couvertes de gratte-ciel. Cette frénésie de développement a
accompagné l'appétit du chef de l'Etat pour les "projets fous", de
méga-investissements ambitieux de plusieurs milliards de dollars -
ponts, autoroutes, aéroports,etc. - dont le Canal Istanbul, imaginé
pour doubler le Bosphore mais toujours dans les limbes.
LES FEMMES CONSERVATRICES
M. Erdogan a défendu les droits des musulmans conservateurs après des
décennies d'un régime résolument laïc. Les femmes pieuses ont ainsi été
progressivement autorisées à porter le foulard - jusqu'alors interdit
de fait - dans les universités, la fonction publique, la police et au
parlement. Le chef de l'Etat en a fait une affaire personnelle parce
que ses deux filles, couvertes comme leur mère, n'avaient "pas été
autorisées à porter le foulard" à l'université.
- Les perdants -
LES MEDIAS
Le paysage médiatique turc, autrefois cité en exemple pour son
pluralisme, s'est progressivement étriqué sous M. Erdogan. Les
observateurs estiment que 90% des médias turcs sont désormais sous le
contrôle du gouvernement ou de ses partisans. Le président sortant a
favorisé l'acquisition de journaux et de chaînes de télévision par des
hommes d'affaires proches du pouvoir auxquels des prêts publics ont été
accordés. Parallèlement, s'engageait la répression des voix critiques,
en particulier de celles des médias kurdes, encore renforcée après le
coup d'État manqué de 2016. Selon l'association turque P24,
soixante-quatre journalistes sont actuellement emprisonnés.
LES MILITAIRES
L'armée turque, profondément laïque et coutumière des coups d'État, a
progressivement perdu son influence sur la scène politique. Le
processus s'est accéléré après qu'une faction a organisé une tentative
de coup d'État en 2016, imputée à un prédicateur musulman exilé aux
États-Unis. Le président Erdogan a répliqué par des purges qui ont
envoyé des milliers de soldats en prison - à vie pour des centaines
d'entre eux. Les militaires ayant les grades les plus élevés ont été
décimés, altérant les capacités de la principale force sur le flanc
oriental de l'Otan. L'armée de l'air, en particulier, a perdu nombre de
ses pilotes et de ses officiers.
- Bilans nuancés -
KURDES
Réprimés par les gouvernements laïcs comme la plupart des minorités en
Turquie, les Kurdes ont aidé M. Erdogan à se faire élire et l'ont
soutenu à ses débuts. Le chef de l'Etat a tenté de promouvoir leurs
droits culturels et linguistiques, ouvrant des négociations pour mettre
fin à la lutte armée d'une partie d'entre eux et leur octroyer une plus
large autonomie dans le sud-est. Mais après l'échec de ces pourparlers
et une flambée de violences en 2015-2016, la communauté kurde (15 à 20
millions de personnes) s'est retrouvée sous une pression croissante.
Des dizaines de dirigeants kurdes ont été emprisonnés ou démis de leurs
fonctions électives. Le principal parti prokurde, le HDP, dont le chef
de file est emprisonné, risque d'être interdit comme bien d'autres
avant lui, accusé de "terrorisme".
LA CLASSE MOYENNE
La Turquie a connu un boom économique au cours de la première décennie
au pouvoir de M. Erdogan, générant une nouvelle classe moyenne
florissante. Mais, depuis 2013, l'économie passe d'une crise à une
autre. Selon la Banque mondiale, le produit intérieur brut actuel de la
Turquie - qui mesure la richesse d'un pays - est retombé au niveau des
cinq premières années au cours desquelles M. Erdogan a été au pouvoir.
Avec une inflation officielle de plus de 85% atteinte l'an dernier, les
économies de millions de ménages sont parties en fumée. Et de
nombreuses familles peinent à finir le mois désormais. . (AFP, Fulya
OZERKAN, 30 avril 2023)
Un spectre hante Erdogan le malade: Les Kurdes
Ragıp Duran, TVXS.GR, 1er mai 2023
* Victime d’une crise épileptique le Président turc joue la carte kurde
à travers des arrestations massives pour diviser l’opposition, mais a
peu de chances…
Une voyante l’avait déjà prévue: “A 5 jours des élections un des
candidats aura ses cérémonies funéraires’’! Manque de transparence dans
la vie politique, mensonges du pouvoir, popularité de la croyance et de
la superstition chez les citoyens peu éduqués, l’attraction des médias
pour les théories de complot renforcent les rumeurs sur la santé de M.
Erdogan.
Ce fut au milieu d’une transmission en direct, le 25 avril dernier que
le Président a eu une crise épileptique et l’écran fut tout noir tout
d’un coup juste avant des spots publicitaires. On a entendu un bruit
bizarre et les exclamations des interviewers présents sur le plateau de
la télévision: “O Mon Dieu… Hélas, trois fois hélas!’’.
Le Président, visage pâle, visiblement fatigué voire brisé, réapparaît
pour 2 minutes afin de s’excuser: “Toute la journée, j’avais un
programme très chargé. Alors j’ai eu une grippe intestinale’’ a-t-il
dit. Affirmation validée le lendemain par le ministre de la Santé, mais
réfutée par plusieurs autres médecins. Ces derniers préfèrent
privilégier la thèse d’une crise épileptique. Des sites d’İnternet très
louches qui prétendent avoir des sources des services de renseignements
des Etats Unis et d’Israël ont même parlé d’une crise cardiaque.
En effet Erdogan qui au départ de la campagne électorale avait refusé
de tenir des meetings populaires était obligé d’en faire au moins trois
pendant la journée dans trois différents départements à la suite de la
publication des résultats des sondages d’opinion publique. Ces meetings
sont réalisés sous le nom de “Cérémonie d’İnauguration des
Établissements’’ publics ou privés (dont la plupart déjà inaugurés)
afin de les financer par le budget public.
En tout cas tout le monde en Turquie sait depuis longtemps que le
Président Erdogan, 69 ans, en poste depuis 21 ans souffre d’épilepsie.
Il a eu déjà au moins deux crises devant les caméras. Ce qui
normalement et juridiquement, l’empêche d’exercer les fonctions de
président de la République. De plus, il a été opéré en novembre 2011
d’un cancer de colonne. A l’époque, les officiels avaient annoncé qu’il
s’agissait d’une opération pour améliorer la digestion!
Les programmes prévus du Président sont annulés depuis mardi et il n’y
avait jusqu’à vendredi matin aucune information officielle sur les
détails de la crise ni sur la durée de convalescence.
Les mauvaises langues divulguent sur les réseaux sociaux des
informations et des thèses pleines d’imagination dépourvues de base et
de faits concrets.
- Il a compris qu’il va perdre les élections alors il partira à
l’étranger pour soi-disant un traitement et il ne reviendra plus.
- Dans le Palais à Ankara et dans sa résidence d’Istanbul, il y a un
hôpital spécialisé qui ne s’occupe que de lui. Alors ses médecins n’ont
pas en ce moment beaucoup d’espoir.
- Tout ce qui se passe n’est que du cinéma. Quand il a constaté qu’il
peut perdre les élections alors il joue la victime ainsi il croit que
les citoyens vont voter pour lui par pitié et par compassion!
Le Nouveau Malade de la Turquie du 21ème siècle n’a pas omis par
ailleurs de faire un élan politico-policier pour survivre : lors d’une
vaste opération exécutée dans 21 départements de l'Est anatolien à
majorité kurde, plus de 126 personnes ont été mis en garde à vue. Le
procureur et la police étaient si pressés qu’ils avaient oublié de
mentionner la raison de la garde à vue. Des journalistes, des avocats,
des universitaires, des syndicalistes, des activistes locaux, des
hommes et femmes de théâtre, tout proches de HDP (Parti Démocratique
des Peuples, kurdes et gauches) qui participe au scrutin sous la
bannière du Parti Vert Gauche (YSP) sont simplement accusés
d’appartenir au PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan en lutte armée
depuis 1984 contre le gouvernement central pour les droits des Kurdes).
La majorité des acteurs et actrices de théâtre ont été relâchés jeudi,
mais au moins 4 journalistes sont déjà arrêtés et écroués. Parmi eux,
il y en a plusieurs qui avaient publié des reportages et enquêtes
exclusifs sur les actes illégaux et illégitimes du pouvoir. Ces
journalistes ont été déjà arrêtés pour les mêmes motifs et relachés.
“Un coup contre la sécurité des urnes’’ s’exclame un dirigeant du HDP.
“Le pouvoir désire empêcher les cadres qui travaillent pour le bon
déroulement des élections’’ précise un autre. “Cette opération démontre
la peur d’Erdogan’’ constate enfin le troisième responsable local.
Par ailleurs l’ex-présidente locale à Istanbul du CHP, principale
formation de l’opposition, Mme Canan Kaftancioglu a devoilé que des
personnes proche de la branche jeunesse du parti d’Erdogan, ont imprimé
des brochures avec des logos du CHP, selon lesquelles M. Kilicdaroglu,
une fois élu, liberera Abdullah Ocalan, Président du PKK en prison
depuis fèvrier 1999.
Des élus du CHP ont également prétendu que le pouvoir a eu récemment
des contacts avec M. Ocalan afin de le convaincre pour que les kurdes
ne votent pas pour Kilicdaroglu. Le Palais a démenti cette information.
Mais la presse kurde precise que M. Ocalan a refusé cette proposition
et a demandé que “toute négociation soit faite sur des documents
écrits’’.
Erdogan vise ainsi décourager les Kurdes qui voteront pour M.
Kilicdaroglu, principal rival d’Erdogan. Le Président veut affaiblir
voire diviser l’opposition. Le chef de l’opposition est toujours devant
Erdogan au moins de 5 points dans l’ensemble des sondages d’opinion
publique. Le HDP avec 6 millions d’électeurs lors des dernières
élections générales (juin 2018) est le parti clef du scrutin du 14 mai.
Il ne fait pas officiellement partie du bloc d’opposition, mais a déjà
annoncé qu’ils voteront contre l’Homme Unique.
Le silence total des partis de l’opposition concernant l’arrestation en
masse des activistes kurdes pose quand même un problème chez les
kurdes. M. Kilicdaroglu a tout de suite fait deux déclarations: La
première pour un citoyen turc arrêté par la police à Jérusalem et la
seconde pour souhaiter meilleure santé au Président Erdogan. Ce dernier
désire viser l’opposition en particulier “ses relations avec le
terrorisme séparatiste’’, l’expression de l’idéologie officielle pour
désigner l’ensemble des Kurdes. Les droits des Kurdes est encore un
tabou dans la grande partie de l’opposition formée essentiellement des
Kémalistes, des nationalistes voire des libéraux anti-Erdogan.
“La santé physique et politique du Président Erdogan ne va pas très
bien’’ conclut un professeur de Sciences Politiques en exil en France.
Le HDP appelle à voter pour Kiliçdaroglu, opposant à
Erdogan
Le parti de gauche prokurde HDP et ses alliés ont appelé vendredi à
voter pour Kemal Kiliçdaroglu, principal opposant au président turc
Recep Tayyip Erdogan, lors de l'élection présidentielle du 14 mai.
"Pour cette élection historique, nous appelons (...) les peuples de
Turquie à voter pour Kemal Kiliçdaroglu", a indiqué dans un communiqué
l'alliance Travail et Liberté dominée par le Parti démocratique des
peuples (HDP), troisième force politique turque.
Le HDP avait déjà apporté un soutien tacite fin mars à M. Kiliçdaroglu,
en annonçant qu'il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle.
"Nos objectifs coïncident (...). C'est pourquoi nous avons décidé de
soutenir Kiliçdaroglu", a également affirmé le co-président du HDP,
Mithat Sancar, dans un entretien publié vendredi par le quotidien Sözcü.
L'objectif du HDP est de permettre à l'opposition de l'emporter dès le
premier tour, a déclaré M. Sancar.
"Pour sortir le pays de cette obscurité, il nous faut nous débarrasser
de ce régime dominé par un seul homme", a-t-il ajouté.
Kemal Kiliçdaroglu, à la tête d'une alliance réunissant six partis de
l'opposition, est donné en bonne posture face au président Erdogan par
la plupart des sondages.
Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé
troisième avec 8,4% des suffrages exprimés, est considéré comme le
faiseur de rois du scrutin présidentiel.
Le HDP est accusé par le gouvernement turc d'être lié au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux.
Selahattin Demirtas, sa figure de proue, est lui-même emprisonné depuis
fin 2016 pour "propagande terroriste".
Sous le coup d'une menace d'interdiction, le parti prokurde présentera
des candidats aux élections législatives - également organisées le 14
mai - sous la bannière du Parti de la gauche verte. (AFP, 28 avr 2023)
Forces
armées/Armed Forces
Civilian killed by suspected
Turkish drone strike in northern Syria
A civilian was killed by a Turkish drone strike on Thursday east of
Aleppo in northern Syria, Syrian Observatory for Human Rights (SOHR)
reported.
A vehicle allegedly carrying members of Kurdish-led Women's Protection
Units (YPJ) was targeted by the drone in the village of al-Kharoufia in
Manbij countryside.
The civilian, a passerby, sustained fatal injuries as a second strike
was conducted by the drone while he was trying to help the injured in
the vehicle, SOHR said, adding that two passengers in the vehicle were
injured by the airstrikes.
The press center of the Syrian Democratic Forces (SDF) confirmed the
incident as it said the Turkish drone targeted a civilian car.
"A Turkish UAV belonging to the Turkish occupation targeted a civilian
car in the al-Kharoufia village in the southern countryside of Manbij
city, causing severe injuries to the civilian Abdul Wahab Al-Muhammad
Al-Hajj Hamidi," it said, adding that the civilian died despite medical
intervention in the hospital.
Earlier in May, two SDF fighters were killed by a Turkish drone strike
in Hasakah Governorate.
According to a report by Rojava Information Center, a volunteer based
research group based in northeast Syria, 130 drone strikes were
conducted in 2022 in northern Syria, up from 89 in 2021, marking an
increase of 46%.
Turkish authorities claim that the SDF and YPJ have links to the
Kurdistan Workers' Party (PKK), designated a "terrorist group" by
Ankara. The SDF and its component YPJ are part of the US-led
international coalition that fight the Islamic State group (ISIS) in
Syria. (gerceknews, 19 May 2023)
En Irak,
le quotidien sous les tirs croisés de l'armée
turque et du PKK
"La plupart des habitants sont partis", se lamente dans son jardin le
septuagénaire Moustafa Ahmed, exhibant dans ses paumes des douilles
vides. Dans l'extrême nord de l'Irak, les civils vivent au quotidien
sous les tirs croisés de l'armée turque et des combattants du PKK.
Depuis des décennies, le conflit opposant Ankara au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) a débordé dans le nord de l'Irak. Sur
les hauteurs verdoyantes du Kurdistan irakien, l'armée turque a
installé des dizaines de positions tandis que les combattants du PKK,
des Kurdes turcs, y ont leurs bases arrières.
"Notre vie est devenue un enfer. On ne se sent plus en sécurité chez
nous", lâche Moustafa Ahmed, à l'ombre de l'amandier planté devant sa
maison au village bucolique de Hiror, près de la frontière avec la
Turquie.
Un jour, raconte-t-il, un obus est tombé près de chez lui.
Sur ses 12 enfants, dix ont quitté la région. Et "sur les 50 familles
du village, il n'en reste plus que 17", regrette le septuagénaire rasé
de près et au corps sec, cigarette aux lèvres. "Les autres ont
abandonné leurs maisons et leurs terrains, par peur des bombardements".
Ceux qui restent subissent au quotidien le survol des avions militaires
et le bourdonnement des drones des soldats turcs.
"Ils sont là-bas, sur ces hauteurs. Ils nous voient et savent ce que
nous faisons", lâche-t-il, pointant du doigt les montagnes boisées qui
enserrent son village. "Nous ne pouvons plus aller dans nos champs ou
faire paître nos bêtes".
- "Maisons endommagées" -
Qualifié de "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux, le
PKK livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. Mais dans
le nord de l'Irak aussi, l'armée turque mène régulièrement des
opérations terrestres et des raids aériens pour en finir avec
l'organisation.
Enième surenchère: accusant le PKK d'y avoir ses entrées, la Turquie a
interdit les vols en provenance et à destination de l'aéroport de
Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome. Quelques jours
plus tard, Ankara était pointée du doigt pour un bombardement près de
cet aéroport.
A Hiror, le sexagénaire Adib Moussa s'apprête à monter dans son pick-up
pour aller voir son bétail, qu'il a transporté vers un village épargné
par le conflit et laissé sous la garde d'une connaissance.
"C'est la troisième année qu'on vit ça. La Turquie est entrée
dans nos
régions et a encerclé notre village", fustige ce moustachu au visage
buriné.
"Il y a de nombreuses maisons endommagées à cause des tirs, des éclats
d'obus ou des bombardements", déplore le père de dix enfants.
D'ailleurs quand il accueille l'AFP, son voisin Mahvan Ahmed grimpe sur
son toit terrasse pour exhiber le garde corps en béton criblé d'impacts
de balles.
"On essaye de finir nos tâches de jour. Une fois la nuit tombée, on
entend les tirs et les explosions", explique M. Ahmed, 37 ans.
"On espère que le gouvernement va intervenir et résoudre ce problème,
pour que les Turcs partent et qu'on puisse reprendre une vie normale",
plaide ce père de deux enfants.
- "Partis à jamais" -
De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien, sont
accusées de détourner le regard pour préserver l'alliance stratégique
les unissant à Ankara, un des principaux partenaires commerciaux du
pays. Même si à chaque flambée de violence, des communiqués viennent
condamner du bout des lèvres une violation de la souveraineté irakienne
et les répercussions pour les civils.
A l'été 2022, des frappes d'artillerie imputées à Ankara contre une
aire de loisirs avaient tué neuf personnes, principalement des
vacanciers venus du sud de l'Irak. La Turquie avait nié toute
responsabilité et accusé le PKK.
Ramadan Abdallah, 70 ans, a été gravement blessé en juin 2021 quand une
charge explosive est tombée à trois mètres de lui dans son champ.
Touché au bas du dos et à la jambe, il a été opéré à trois reprises.
"Les médecins n'ont pas pu sortir certains éclats qui se sont logés
dans ma jambe, elle me fait encore mal quand il fait froid", explique
l'homme à la barbe rêche et la silhouette ronde.
Désormais, il se déplace avec une canne. Par souci de facilité alors
qu'il reçoit encore des soins, il s'est installé chez son fils à Zakho,
petite ville à neuf kilomètres de la frontière.
"Je rêve un jour de fermer les yeux et les rouvrir pour voir que tous
les soldats turcs sont partis à jamais", lâche-t-il. (AFP, 4 mai 2023)
La Roumanie se dote de drones turcs pour muscler sa
défense
La Roumanie, à l'avant-poste de l'Otan, s'est dotée de drones de combat
turcs, a annoncé mercredi l'ambassadeur turc à Bucarest, sur fond de
modernisation de son armée depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
"Ce pays ami, voisin de la mer Noire et allié de l'Otan, ajoute des
Bayraktar TB2 à son arsenal", s'est félicité le diplomate, Ozgur Kivanc
Altan, sur Twitter.
Un porte-parole du ministère roumain de la Défense a confirmé
l'information à l'AFP.
Le gouvernement, qui avait lancé la procédure en septembre 2022, a
signé un contrat d'acquisition portant sur 18 appareils pour un montant
de 321 millions de dollars (290 millions d'euros), selon les détails du
document accessible en ligne.
Le modèle de drone TB2 de l'entreprise privée Baykar - co-dirigée par
l'un des gendres du président Recep Tayyip Erdogan - a fait ses preuves
en Libye et en Azerbaïdjan puis en Ukraine, où les TB2 ont été utilisés
dès les premières heures de l'offensive russe l'an dernier.
Aujourd'hui, la Turquie exporte ses drones relativement bon marché vers
28 pays, en Afrique notamment, selon la direction de la compagnie.
Ces engins longs de 6,5 m pour le TB2 et deux fois moins lourds que le
concurrent américain, US Reaper, sont capables de voler jusqu'à 27
heures d'affilée à plus de 220 km/heure, d'après le site du
constructeur. Et peuvent embarquer "quatre munitions intelligentes à
guidage laser".
En Roumanie, membre de l'Otan depuis 2004, la guerre a eu un effet
accélérateur, entre intensification des missions de l'Alliance
atlantique - avec plusieurs milliers de soldats sur son sol - et
projets de modernisation de l'armée.
Le pays a ainsi augmenté son budget de défense à 2,5% du PIB en 2023,
contre 2% l'an dernier.
Le ministère de la Défense attend le feu vert du Parlement pour
passer
commande de 54 chars Abrams américains d'occasion, mais aussi de
sous-marins, de bâtiments de lutte anti-mines et de nouveaux
équipements pour les navires de guerre roumain.
Il convoite également la dernière génération de chasseurs américains
F-35, mais il faudra sans doute des années pour que ce projet onéreux
devienne réalité.
En attendant, des F-16 de seconde main achetés l'an dernier à la
Norvège doivent compléter sa flotte, alors que les MIG-21 datant de
l'époque soviétique qui constituent l'ossature de l'Armée de l'air
roumaine seront bientôt remisés au hangar. (AFP, 26 avr 2023)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Le chef de l'EI s'est fait exploser, affirme la presse
turque
Le chef du groupe jihadiste Etat islamique, tué samedi dans le
nord-ouest de la Syrie, a déclenché une ceinture d'explosifs lors de
l'opération des services secrets turcs, ont rapporté lundi les médias
officiels turcs.
Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé dimanche soir que "le chef
présumé de Daech, nom de code Abou Hussein al-Qourachi", avait été
"neutralisé" la veille en Syrie lors d'une opération des services de
renseignements turcs (MIT).
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, le chef du groupe jihadiste,
Abou Al-Hussein al-Husseini al-Qourachi, était reclus dans une maison
dotée d'un "bunker souterrain", à quelques kilomètres au nord de
Jaindaris, dans la province d'Afrine, voisine de la Turquie.
Des images diffusées par plusieurs médias turcs, dont la chaîne de
télévision officielle TRT, montrent une habitation de deux étages,
entourée de champs, aux murs partiellement soufflés.
Anadolu rapporte qu'un "appel à la reddition" a été lancé par les
forces d'intervention, resté sans réponse.
Des membres des services secrets turcs ont alors fait exploser les murs
latéraux et les portes situées à l'arrière de la maison afin d'y
pénétrer, poursuit l'agence.
Le chef du groupe jihadiste a ensuite déclenché une ceinture
d'explosifs, indique Anadolu.
L'EI avait annoncé le 30 novembre la mort de son précédent chef, Abou
Hassan al-Hachimi al-Qourachi, sans en préciser les circonstances.
Il avait été aussitôt remplacé par Abou Al-Hussein al-Husseini
al-Qourachi, selon l'EI.
En octobre 2019, Washington avait annoncé la mort du premier chef de
l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'une opération américaine en Syrie.
Son premier successeur, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, avait été
tué en février 2022, lui aussi en Syrie.
Malgré sa défaite territoriale, l'EI mène toujours des attaques dans le
pays.
Au moins 41 personnes, dont 24 civils, ont été tuées mi-avril en Syrie
dans deux attaques attribuées au groupe jihadiste contre des ramasseurs
de truffes des sables et des bergers. (AFP, 1 mai 2023)
Erdogan annonce que le "chef présumé" du groupe État
islamique a été "neutralisé" en Syrie
Dans une interview télévisée, dimanche, le président turc Recep Tayyip
Erdogan a rapporté que les services secrets turcs ont "neutralisé" le
chef présumé de Daesh, Abou al-Hussein al-Qourachi. L'EI avait annoncé
le 30 novembre la mort de son précédent chef, Abou al-Hassan
al-Qourachi.
Le "chef présumé" de l'organisation État islamique, du nom de code Abou
Hussein al-Qourachi, a été "neutralisé" samedi en Syrie lors d'une
opération conduite par les services de renseignement turcs (MIT), a
affirmé Recep Tayyip Erdogan lors d'une interview télévisée, dimanche
30 avril.
Le président turc a précisé que les services de renseignements
suivaient "depuis longtemps" la trace du dirigeant du groupe État
islamique, sans fournir davantage de détails sur les circonstances de
l'opération.
L'organisation jihadiste avait fait part le 30 novembre de la mort de
son précédent chef, Abou al-Hassan al-Qourachi. Celui-ci avait été tué,
mi-octobre, par des rebelles dans le sud de la Syrie, selon le
commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom). Il avait
été aussitôt remplacé par Abou Hussein al-Qourachi.
Malgré sa défaite territoriale, l'organisation État islamique mène
toujours des attaques en Syrie. Au moins 41 personnes, dont 24 civils,
ont été tuées le 16 avril dans le pays dans deux attaques attribuées au
groupe jihadiste contre des ramasseurs de truffes des sables et des
bergers.
Selon un correspondant de l'AFP dans le nord de la Syrie, les services
de renseignement turcs et la police militaire locale soutenue par la
Turquie avaient bouclé samedi une zone située près de la localité de
Jindires, dans la région d'Afrine (Nord-Ouest). Cette ville est
contrôlée par des groupes rebelles soutenus par Ankara.
D'après un habitant, les affrontements ont commencé près de Jindires
dans la nuit de samedi à dimanche et ont duré environ une heure avant
qu'une forte explosion retentisse. La zone a ensuite été encerclée par
les forces de sécurité pour empêcher quiconque de s'en approcher.
D'autres habitants interrogés par l'AFP avaient indiqué qu'une
opération avait visé une ferme abandonnée qui servait par le passé
d'école islamique.
La Turquie déploie des troupes dans le nord de la Syrie depuis 2020 et
contrôle des zones entières avec ses supplétifs syriens. (AFP, 1er mai
2023
Socio-économique
/ Socio-economic
Fenerbahce fans: "We don't want Hezbullah in
Parliament
During the season’s first derby match against Trabzonspor, Fenerbahce
stands in the Ulker stadium became a powerful stage for thousands of
passionate fans to express their vehement opposition to Huda-Par which
sent four deputies to parliament Parliament through AKP's party lists.
Amidst the exhilarating chants and songs, Fenerbahce supporters boldly
proclaimed, "We don't want Hizbullah in Parliament," echoing a growing
sentiment that has transcended the boundaries of sports and politics.
Fans also chanted "Turkey is secular and will remain secular" and "We
are Mustafa Kemal's soldiers," emphasizing their allegiance to the
principles of the founder of the Turkish Republic.
They also sang the Izmir March, a symbol for the secularism in Turkey.
On Thursday, Sakaryaspor fans also displayed their discontent towards
Huda-Par's leader, Zekeriya Yapicioglu, when they encountered him at a
rest stop in Bolu. The fans expressed their disapproval by chanting
slogans such as "Hizbullah members, you will leave."
Huda Par has its roots in the Kurdish Islamist Hezbollah group (not
related to the Lebanese Shia organization Hezbollah), who clashed - in
alliance with state forces - with the Kurdistan Workers' Party (PKK)
during the 1990s and who is held responsible for the deaths of over 500
people, including many Kurdish political activists, human rights
defenders and journalists.
Hezbollah ("Faction of God" in English) is also accused of
assassinating Diyarbakir's police chief Gaffar Okan on 24 January 2001.
(Gercek News, 19 May 2023)
La BERD abaisse sa prévision de croissance turque, relève
celle de la Russie
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)
estime que l'économie russe va se contracter moins que prévu cette
année mais que l'économie turque va pâtir plus qu'anticipé des séismes
de février.
Dans l'ensemble, les économies des pays dans lesquels est présente la
BERD devraient croître de 2,2%, anticipe l'institution, moins que les
2,3% projetés précédemment - selon une prévision de février actualisée
en utilisant les données les plus récentes.
La BERD note que si l'inflation a commencé à reculer après les envolées
des prix de l'énergie dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine,
en mars elle atteignait en moyenne encore 14,3% dans ses régions.
En Turquie, après une croissance de 5,6% en 2022, menée surtout par une
politique monétaire "non orthodoxe" de taux d'intérêt faibles malgré
une inflation qui a flambé à 85% sur un an en octobre avant de retomber
plus récemment à 50%, l'activité devrait croitre de 2,5% en 2023.
Cela représente une révision à la baisse de 0,5 point de pourcentage
comparé à la précédente prévision en février, à cause de l'impact des
tremblements de terre dévastateurs du même mois.
Les dégâts devraient "dépasser 100 milliards de dollars" et les efforts
de reconstruction post-séismes devraient soutenir en 2024 la
croissance, attendue à 3%, estime le rapport trimestriel.
"Ces dernières années, la Turquie a donné la priorité à la croissance
sur la stabilité macroéconomique. Il y a une limite à combien de temps
on peut (...) ignorer les lois élémentaires de l'économie", remarque
Beata Javorcik, cheffe économiste de la BERD.
A l'heure où la Turquie s'achemine vers un second tour pour son scrutin
présidentiel, "peu importe qui gagne, des choix difficiles attendent le
prochain gouvernement", a-t-elle ajouté.
En Ukraine, l'économie devrait croître de 1% cette année, après un
effondrement sans précédent du PIB de 29% en 2022 avec le début de
l'invasion russe.
"Les producteurs doivent faire face à de fréquentes pannes
d'électricités, des dégâts à leurs installations et infrastructures,
des difficultés de logistique, pénuries de travailleurs et des raids
aériens occasionnels", détaille le rapport. Mais la stabilité
macroéconomique a été maintenue par des financements de long terme et
un programme du FMI.
L'an prochain, la BERD pronostique une croissance de 3%, malgré de
fortes incertitudes sur l'évolution du conflit.
En Russie, l'économie s'est contractée de 2,1% l'an dernier, moins
qu'attendu, et devrait de nouveau se contracter de 1,5% cette année,
une révision à la hausse d'1,5 point comparé à février.
Le pays bénéficie de recettes pétrolières plus élevées qu'attendu grâce
notamment aux transactions réorientées vers d'autres pays pour
compenser la perte des achats d'Europe de l'est. Un retour à la
croissance est attendu à 1% l'an prochain. (AFP, 16 mai 2023)
At least 122 workers killed on the job in April
The Health and Safety Labor Watch (İSİG) released its April report of
work-related deaths.
Accordingly, at least 122 workers died in work-related incidents in
April. The number of workers who died in the first four months of 2023
was 585.
In January, 120 workers died while working, while in February, 213
workers and in March, 130 workers lost their lives. Almost 5 workers
have been killed on the job every day since the beginning of the year.
Forty-six of the deceased workers were women.
The İSİG found that only 30 out of the workers who died in the first 4
months of the year were unionized (5.12 percent).
The highest number of work-related deaths in the first four months of
2023 occurred in the construction-road sector (16 percent),
accommodation (13 percent), transportation (11 percent), and
agriculture-forestry (10 percent) industries.
This year, at least 92 people died in the construction industry, 76 of
whom were motorcycle couriers in the accommodation industry, at least
64 people in the transportation industry, and at least 59 people
working in agriculture and forestry industries, the majority of whom
(45) were farmers.
In addition, 149 workers lost their lives in the food, mining, textile,
wood, cement, metal, energy, and shipbuilding sectors.
Causes of deaths
The İSİG cited traffic-service accidents (22 percent), earthquakes (19
percent), crushing-collapse incidents (13 percent), falling from a
height (13 percent), and heart attacks (11 percent) as the main causes
of work-related accidents.
The report included 110 workers who died while working during
earthquakes or who were in the region for education, training, or
assignment purposes.
The council also noted that two people died from occupational diseases
in April. It announced that 40-year-old sandblasting worker Gökhan
Dinler died due to silicosis, while 51-year-old İbrahim Kadir
Karaoğlanoğlu died due to elephantiasis (lymphedema) he contracted from
a mosquito bite when he worked at a hotel in Antalya nine years ago.
According to the İSİG, 1 percent of the workers who died in
work-related accidents were children, 21 percent were young, and 25
percent were in the retirement age group or were retired but had to
work.
Also, at least 31 refugees lost their lives in work-related accidents
in the first four months of the year. 10 of the deceased were Syrian, 6
were Turkmens, 5 were Afghan, 2 were Bulgarian, 2 were Egyptian, 1 was
Filipino, 1 was Japanese, 1 was Iraqi, 1 was Colombian, 1 was Russian,
and 1 was Sudanese. (BIA, 8 May 2023)
Labor Day rallies in İstanbul lead to
detentions
Police barriers were erected early this morning, blocking all routes
leading to the Republic Monument and Taksim Square in central İstanbul,
as İstanbul governor's office refused to permit the celebration of
Labor Day on May 1 at the famous piazza.
The İstanbul governor's office granted permission for the May 1
gathering to occur at Taksim Square in 2010, after a 32-year ban.
However, the rallies were again prohibited in 2013, citing a
pedestrianization project as the reason for the ban.
Despite today's police blockades, various political parties, democratic
organizations, trade unions, and youth organizations attempt to hold
rallies and marches on the iconic square, resulting in numerous people
getting detained.
Members of the Struggle Union (Mücadele Birliği) were among those who
were detained early in the morning for marching towards Taksim with a
banner that read "We did not leave, we are here, long live May 1."
Similarly, members of trade unions DİSK/Enerji-Sen and İnşaat-İş,
including DİSK/Enerji-Sen Secretary General Emin Atsız and the founding
chairperson of the union Kamil Karta, were apprehended while walking
towards Taksim square with banners that read "Resistance and solidarity
make us live, long live May 1."
Police also detained members of various political parties such as the
Social Freedom Party (TÖP), People's Salvation Party (HKP), The
Revolution Party (DP), and Socialist Party of the Oppressed (ESP)
during their attempts to hold rallies. (BIA, 1 May 2023)
Séisme en Turquie: le bilan des victimes franchit
une barre symbolique
Le nombre de personnes officiellement décédées en raison des
tremblements de terre de février est passé à 50.782 en Turquie, dont
quelque 7.300 étrangers, a rapporté samedi le ministre de l'Intérieur
Süleyman Soylu à la chaîne de télévision CNN Türk. La barre symbolique
des 50.000 décès est donc franchie.
Le 6 février, deux violents tremblements de terre d'une magnitude de
7,7 et 7,6 ont secoué le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie.
Au total, plus de 57.000 personnes ont été tuées dans les deux pays.
Ce vendredi, pour le premier jour de l'Eid al-Fitr, qui marque la
rupture du jeûne du mois de ramadan, de nombreuses personnes se sont
rendues dans les cimitières. Elles ont rendu hommage aux milliers de
victimes des séismes. (AFP, 27 avr 2023)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
L'ambassadeur
turc à Berlin convoqué après des critiques contre
la justice allemande
L'ambassadeur turc à Berlin a été convoqué par le gouvernement après
des critiques visant la justice allemande provoquées par de récentes
perquisitions menées chez des journalistes turcs, a annoncé mardi le
ministère allemand des Affaires étrangères.
"L'ambassadeur turc, convoqué aujourd'hui, a été informé que le
gouvernement fédéral rejetait fermement les accusations du gouvernement
turc concernant la liberté d'expression et de la presse ainsi que la
justice en Allemagne", a annoncé sur Twitter le ministère allemand des
Affaires étrangères.
Cette convocation, qui est intervenue cinq jours avant le second tour
de l'élection présidentielle en Turquie, fait suite à une décision
similaire des autorités turques le 17 mai à l'égard de l'ambassadeur
allemand. Cette dernière avait été provoquée par des perquisitions
menées à Francfort chez deux journalistes d'un quotidien
pro-gouvernemental turc.
Le ministère turc des Affaires étrangères avait notamment dénoncé
"l'interpellation non justifiée de deux représentants du bureau de
Francfort du journal Sabah",
un "acte visant à intimider et à harceler la presse turque".
Le parquet de Darmstadt (Allemagne) avait en retour assuré qu'il n'y
avait pas eu d'interpellation mais confirmé les perquisitions chez les
deux journalistes, au cours desquelles avaient été saisis "des supports
de stockage électroniques et d'autres éléments de preuve".
Le quotidien affirme qu'ils ont été arrêtés à la suite d'une plainte
déposée contre eux par des partisans du prédicateur Fethullah Gülen,
installé aux Etats-Unis de longue date et qu'Ankara accuse d'avoir
fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016.
"L'interpellation des journalistes turcs à cause de leurs articles sur
l'organisation terroriste Feto (l'acronyme utilisé par Ankara pour
désigner le mouvement Gülen, NDLR) est une violation claire de la
liberté de la presse", avait réagi sur Twitter le directeur de
communication de la présidence turque Fahrettin Altun. (AFP, 23 mai
2023)
L'article
de Charlie Hebdo sur les
résultats des élections en Turquie
Le 14 mai s'est tenu en Turquie le premier tour des élections
présidentielles. Critiqué pour sa gestion du séisme survenu le 6
février, le président sortant Recep Tayyip Erdogan est finalement
arrivé en tête, avec 49,51% des suffrages, contre 44,88% pour son
concurrent de centre gauche Kemal Kiliçdaroglu. Les rivaux
s'affronteront donc lors d'un second tour le 28 mai.
Faut-il voir dans cette élection les premiers signes du vacillement de
Recep Tayyip Erdogan, qui règne sur le pays depuis 2003, d'abord comme
Premier ministre jusqu'en 2014 puis comme président de la République ?
C'est difficile à croire, tant la Turquie d'aujourd'hui a été façonnée
à son image. Les mandats du « reiss » ont été marqués par le grand
retour du religieux dans la sphère politique, les restrictions de la
liberté de la presse et de la liberté d'expression et les opérations
militaires menées en Syrie. En 2016, la tentative de coup d'État
avortée lui donne l'occasion d'une grande purge parmi ses opposants,
ainsi que de personnaliser encore davantage son pouvoir en supprimant,
en 2017, la fonction de Premier ministre.
Nous aussi à Charlie, on a eu quelques démêlés avec Erdogan. En 2020,
la Une qui ouvre cette newsletter l'a mis très en colère : il avait
alors dénoncé « une attaque ignoble » commise par des « vauriens ». Un
procureur turc zêlé a même tenté de condamner certains des membres du
journal à des peines de prison. Alors, à l'heure où le président turc
affronte, pour la première fois, une contestation sérieuse, il nous a
paru légitime de revenir sur l'héritage qu'il laisse à la Turquie. Nous
lui devons bien cela.
* * *
Charlie Hebdo a republié également ses anciens articles et dessins sur
le pouvoir d'Erdogan:
✓ Diaspora turque : en France aussi, Erdogan terrorise l’opposition
✓ Le dur métier de dessinateur dans la Turquie d’Erdogan
✓ Turquie : le jour sans fin des « purgés » d’Erdogan
✓ Comment l’islamo-nationalisme d’Erdogan s’implante en France
✓ Séisme en Turquie : la corruption plus meurtrière que la nature
Dans sa couverture, le magazine a présenté Erdoğan, candidat à la
présidentielle, nu et électrocuté par une ampoule électrique.
Le texte de présentation de la couverture avec le dessin animé jaune
vif et rouge se lit comme suit : « Erdogan : comme Cloclo, seul le
destin nous débarrassera de lui ! »
Cloclo était le surnom du chanteur pop français Claude François, décédé
en 1978 après avoir été électrocuté en essayant de réparer une ampoule
de sa baignoire.
La députée Sandra Regol dénonce son refoulement
La députée écologiste Sandra Regol a dénoncé samedi le refus des
autorités turques de la laisser entrer en Turquie où elle se rendait à
l'occasion des élections.
Invitée en Turquie par le HDP, le parti de gauche prokurde, la députée
a assuré à l'AFP avoir été refoulée dès son arrivée à l'aéroport
d'Istanbul vendredi vers 18H00 par la police aux frontières turque.
"J'ai été notifiée d'une interdiction d'accès au territoire. Gardée la
nuit sur place, j'ai été renvoyée par le premier avion ce matin soit 14
heures plus tard", a-t-elle expliqué sur Twitter, en dénonçant "une
situation ubuesque".
La députée assure n'avoir eu "aucune information sur cette
interdiction, pas plus que les autorités françaises qui l'ont
découverte en même temps" et "ont cherché toute la soirée une solution
diplomatique".
Elle s'inquiète de cette interdiction d'accès "permanente" et qui lui a
été notifiée "à l'oral".
"Personne n'a été en mesure de me donner une explication",
ajoute-t-elle, assurant n'avoir "jamais été arrêtée, jamais été
accusée, jamais été poursuivie par les autorités turques".
Mme Regol s'était déjà rendue en Turquie pour les élections il y a cinq
ans et "il n'y avait pas eu de problème", assure-t-elle.
Lundi déjà, l'assemblée parlementaire de l'OSCE avait dénoncé le refus
d'accréditation par la Turquie de deux députés scandinaves qui devaient
venir observer l'élection présidentielle qui se tiendra dimanche.
Le scrutin s'annonce particulièrement serré. Le candidat de
l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, représente le défi électoral le plus
difficile à relever pour le président Recep Tayyip Erdogan, depuis son
arrivée au pouvoir en 2002.
En 2018, Ankara avait déjà barré la route à deux parlementaires, un
Allemand et un Suédois. (AFP, 18 mai 2023)
Migrants, UE, Otan: l'opposition turque promet un
renouveau diplomatique
Si elle arrive au pouvoir, l'opposition turque emmenée dimanche par
Kemal Kiliçdaroglu promet le retour à une diplomatie apaisée avec
l'Europe et ses alliés occidentaux et de renouer avec le voisin syrien.
Puissance régionale de 85 millions d'habitants, membre de l'Alliance
atlantique dont elle garde le flanc oriental, stratégiquement située
aux confins de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Asie, la Turquie s'est
progressivement détachée de ses ancrages à l'ouest sous la présidence
de Recep Tayyip Erdogan.
"La plupart de nos problèmes avec l'Union européenne découlent du
déficit de démocratie en Turquie", déclare à l'AFP Ahmet Ünal Çeviköz,
conseiller spécial du candidat de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu,
principal adversaire de M. Erdogan pour la présidentielle du 14 mai.
Le candidat a annoncé comme une priorité de son parti, le CHP
(social-démocrate, fondé par Mustafa Kemal Atatürk), et de la coalition
qui le soutient, la relance du processus d'adhésion de la Turquie à
l'UE.
Ce processus, gelé de facto depuis près de quinze ans en raison des
réticences de certains Etats européens dont la France, "soutiendra la
démocratisation de la Turquie", fait valoir M. Çeviköz.
De même, le responsable souhaite maintenir l'accord passé avec l'UE en
2016 par lequel la Turquie retient les migrants, Syriens
principalement, sur son sol, moyennant six milliards d'euros: mais il
faut "revitaliser et même réviser l'accord pour renforcer son
efficacité", juge M. Çeviköz.
- Retour des Syriens -
"Le problème concerne autant l'Europe que la Turquie, qui est un pays
de destination et de transit des migrants. Mais l'UE n'a pas de
politique migratoire", regrette-t-il.
"Le plus important est qu'elle élabore une politique migratoire;
qu'elle harmonise les stratégies nationales de ses Etats membres",
insiste-t-il.
La Turquie accueille quelque 5 millions de réfugiés dont au moins 3,7
millions de Syriens que le CHP promet de renvoyer dans les deux ans,
"sur une base volontaire et dans la dignité".
D'une manière générale, l'opposition compte tourner la page d'une
diplomatie transactionnelle, faite de promesses et de coups de mentons.
Elle entend ainsi jouer pleinement son rôle au sein de l'Otan à
laquelle la Turquie appartient "depuis 70 ans", rappelle le conseiller.
"La défense turque est grandement renforcée par son appartenance à
l'Otan (...) à laquelle nous attachons une grande importance, en
particulier après l'agression militaire de la Russie en Ukraine",
souligne M. Çeviköz, dénonçant au passage l'acquisition du système de
défense anti-missile russe S-400 comme "une erreur" de M. Erdogan.
"Elle nous a coûté cher en nous excluant du programme des (chasseurs
américains) F-35", que la Turquie espère réintégrer.
- "Partenaire véritable" -
S'agissant de l'entrée de la Suède dans l'Otan, barrée par le président
Erdogan depuis un an, M. Çeviköz reconnaît les "efforts" de Stockholm
pour répondre aux "inquiétudes" d'Ankara, qui accuse la Suède
d'héberger des "terroristes kurdes".
Le changement de constitution et la loi anti-terroriste qui arrive au
Parlement le 1er juin "vont faciliter son accès à l'Alliance".
Mais il plaide en même temps pour maintenir "un équilibre entre nos
alliés de l'Otan et notre important voisin, la Russie", riveraine de la
Turquie sur la mer Noire.
"Le temps de la paix viendra et il faudra se réengager de manière
pacifique et constructive avec la Russie pour l'avenir de la sécurité
en Europe", plaide-t-il, soulignant partager ainsi "l'opinion du
président (français Emmanuel) Macron".
Enfin, M. Çeviköz énonce l'autre priorité d'une nouvelle équipe:
renouer au plus vite le dialogue avec la Syrie.
Les liens sont coupés entre Ankara et Damas depuis le début de la
guerre en 2011 et, malgré les efforts récents de Moscou pour les
rapprocher, le président Bachar al-Assad, récemment réintégré au sein
de la Ligue arabe, a posé pour condition le retrait de l'armée turque
des positions qu'elle occupe dans le nord-est de la Syrie "afin de
protéger sa frontière".
"Nous voulons reprendre un dialogue sans condition", insiste M.Çeviköz,
dont le parti a toujours maintenu le contact avec l'administration
Assad.
Pour lui, le retour promis "à l'état de droit, à la séparation des
pouvoirs, changeront immédiatement la perception et l'image de la
Turquie, qui redeviendra un partenaire véritable". (AFP, 11 mai 2023)
Supreme Election Council unable to reach agreement
with German authorities
The Supreme Election Council (YSK) has canceled the decision to
establish ballot boxes in nine locations due to the lack of approval
from German authorities. However, the number of ballot boxes will be
increased in 19 locations.
The Supreme Election Council (YSK) has ruled to cancel the decision to
establish ballot boxes in nine locations in Germany for the
Presidential Election and 28th General Election to be held on May 14.
However, in 19 locations in Europe where participation is high, the
number of ballot boxes will be increased.
NOT APPROVED BY GERMAN AUTHORITIES
According to the decision of the YSK, the Ministry of Foreign Affairs
Foreign Election Coordination Center stated that the request to
establish ballot boxes in Bielefeld, Fulda, Limburg, Mannheim,
Saarbrucken, Dortmund, Siegen, Ulm, and Kiel was not approved by German
authorities due to the increase in the participation rates compared to
previous elections.
The YSK examined the request and ruled that it would not be possible to
establish ballot boxes in the aforementioned cities and canceled the
election procedures in those places. The YSK also requested an increase
in the number of ballot boxes in other locations where it was
previously decided to establish ballot boxes.
WHICH CONSULATES IN GERMANY WILL HAVE POLLING STATIONS?
According to the decision of the board, the request for increasing the
number of polling stations at the Consulates General in Dusseldorf,
Essen, Frankfurt, Hanover, Kassel, Karlsruhe, Munster, Nuremberg,
Stuttgart in Germany; Vienna in Austria; Paris, Bordeaux, Lyon, Nantes,
Strasbourg, Marseille in France; Deventer, Amsterdam in the
Netherlands; and Luxembourg Consulate General in Luxembourg was
accepted.
Accordingly, the number of polling stations at the Consulate General in
Dusseldorf will be increased from 15 to 19 on May 6-7-8-9, from 15 to
19 on May 6-7 at the Consulate General in Essen, and from 12 to 16 on
May 8-9, from 10 to 12 on May 8-9 at the Consulate General in
Frankfurt, from 6 to 12 on May 8-9 at the Consulate General in Hanover,
from 4 to 6 on May 8-9 at the Consulate General in Kassel, from 6 to 10
on May 8-9 at the Consulate General in Karlsruhe, from 8 to 10 on May
8-9 at the Consulate General in Münster, from 10 to 12 on May 6-7 and
from 6 to 8 on May 8-9 at the Consulate General in Nuremberg, and from
14 to 20 on May 8-9 at the Consulate General in Stuttgart.
WHICH COUNTRIES' POLLING STATIONS WILL HAVE AN INCREASED NUMBER OF
BALLOT BOXES?
For the Vienna Consulate General, the number of ballot boxes previously
set at 8 for May 6-7 will be increased to 9, and the number of boxes,
which was 5 for May 8-9, will be increased to 7.
For the Paris Consulate General, the number of ballot boxes, which was
10 on May 8, will be increased to 15, and the number of boxes, which
was 1 for the Bordeaux Consulate General on the same date, will be 2.
The number of ballot boxes for the Lyon Consulate General, which was 8
on May 6-7, will be increased to 11, and the number, which was 5 on May
8, will be increased to 8. For the Nantes Consulate General, the number
of boxes, which was 2 on May 8, will be increased to 3, and for the
Strasbourg Consulate General, the number of boxes, which was 5 on May
8-9, will be increased to 10. The number of boxes for the Marseille
Consulate General, which was 2 on May 8-9, will be increased to 4. For
the Deventer Consulate General, the number of boxes, which was 14 on
May 6-7, will be increased to 16, and for the Amsterdam Consulate
General, the number of boxes, which was 14 on May 6-7, will be
increased to 18.
For the Luxembourg Consulate General, the number of boxes, which was 4
on May 6-7, will be increased to 5, and for May 8-9, the number will be
increased from 3 to 5. (GerçekNews, 4 May 2023)
Un député danois qui devait observer les élections en Turquie
interdit d'entrée par Ankara
Un député danois qui devait être observateur de l'OSCE lors du prochain
scrutin présidentiel en Turquie a indiqué jeudi qu'Ankara s'était
opposé à sa venue parce qu'il avait dans le passé rendu visite aux
Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes.
Soren Sondergaard, de l'Alliance rouge-verte socialiste, a déclaré à la
télévision publique danoise TV2 qu'Ankara l'avait accusé de "promouvoir
une organisation terroriste".
"Il est tout à fait exact que j'ai rendu visite à ceux qui ont combattu
l'Etat islamique, les Forces démocratiques syriennes", a-t-il déclaré,
ajoutant qu'il en était "fier".
Les FDS, coalition de l'opposition syrienne dominée par les Kurdes, ont
été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en
Syrie, avec le soutien des Etats-Unis.
M. Sondergaard a déclaré que l'Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE) avait déposé une plainte officielle auprès
d'Ankara.
"Un pays ne peut pas choisir les parlementaires qui servent
d'observateurs", a-t-il estimé. "Cela jette une ombre sur les élections
turques, ils démontrent déjà qu'ils veulent les contrôler".
Les élections présidentielles du 14 mai s'annoncent particulièrement
serrées. Le candidat de l'opposition unies, Kemal Kilicdaroglu, 74 ans,
représente le défi électoral le plus difficile à relever pour le
président Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, depuis son arrivée au pouvoir
en 2002. (AFP, 4 mai 2023)
Conseil
de l'Europe: Séisme et démocratie :
élections "très difficiles" en Turquie
Les élections en Turquie vont se dérouler dans des conditions "très
difficiles" du fait de "l'état de la démocratie" dans le pays et des
conséquences du séisme du 6 février, estime le chef des observateurs du
Conseil de l'Europe.
Le président sortant Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans,
sollicite un nouveau mandat le 14 mai, lors de ce scrutin qui verront
les Turcs désigner aussi leurs députés.
Début mars, le chef de l'Etat a décidé de maintenir la double
consultation à la date du 14 mai en dépit du terrible séisme qui a
dévasté le 6 février des villes entières et fait plus de 50.000 morts
dans le sud-est du pays.
Le Conseil de l'Europe, vigie des droits humains sur le continent et
dont la Turquie est membre, enverra 42 députés de son Assemblée
parlementaire afin d'observer les opérations de vote, indique lors d'un
entretien à l'AFP le chef de la délégation, le député allemand (SPD)
Frank Schwabe.
"Les élections se déroulent dans un contexte très difficile à cause de
l'état de la démocratie. La situation des droits de l'homme, de l'Etat
de droit, n'est pas telle que nous la voulons" au Conseil de l'Europe,
un organe qui rassemble 46 Etats, estime-t-il.
Sa mission de parlementaires est revenue inquiète d'une première visite
en Turquie au début du mois, au cours de laquelle elle a rencontré les
différentes équipes de campagne, mais pas le président Erdogan.
M. Schwabe évoque notamment la liberté de la presse et "la possibilité
pour les partis politiques d'agir librement et de faire campagne d'une
façon équitable".
"Nous constatons que le président a de façon certaine un meilleur accès
aux médias publics", observe-t-il.
- Cartes d'identité perdues -
Le gouvernement a été critiqué pour la lenteur de l'aide apportée aux
victimes du séisme.
Les déplacés, dont beaucoup se sont réinstallés dans la capitale
Ankara, Istanbul ou Mersin sur la côte sud, avaient jusqu'au 2 avril
pour modifier leur adresse sur les listes électorales. Un délai jugé
bien trop court par l'opposition.
"Beaucoup de gens n'ont pas pu s'inscrire ailleurs sur les listes
électorales", remarque M. Schwabe. "Le jour du scrutin, on s'attend à
ce qu'il y ait un très grand mouvement en direction des régions d'où
ils viennent".
"Comment cela se passera, nous ne savons pas : utiliseront-ils des
moyens (de transport) mis en place par le gouvernement, peut-être pour
soutenir seulement certains partis, nous ne savons pas".
Autre souci : l'identification des électeurs.
"Beaucoup de gens sont morts. Nous ne savons pas vraiment ce qu'il est
advenu en fin de compte de leurs cartes d'identité. Beaucoup de
personnes sont portées disparues. On entend dire qu'on ne sait pas
vraiment combien de gens ont péri. C'est certainement un sujet de
préoccupation, c'est quelque chose que nous allons regarder de très
près", avertit le député allemand.
Le risque serait que certains aient récupéré des cartes d'identité pour
voter à la place des victimes.
"Cela pourrait arriver", reconnaît M. Schwabe. "Nous avons eu beaucoup
de réunions, particulièrement avec la Commission électorale, et on nous
a assuré que ce n'était pas possible", rapporte-t-il. "Nous examinerons
cela attentivement le jour du vote".
- Forte participation -
Outre la mission du Conseil de l'Europe, quelque 350 experts de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE)
observeront les élections turques.
Le taux de participation est habituellement élevé en Turquie et "le
pronostic des gens que nous avons rencontrés est que ce sera encore
plus élevé cette fois-ci, parce qu'il y a un sentiment que cette
élection compte beaucoup et qu'elle peut avoir une influence sur
l'évolution du pays pendant de nombreuses années", note M. Schwabe.
Malgré les obstacles au bon déroulement du scrutin "il y a une vraie
compétition dans cette élection et nous ne savons pas quel en sera le
résultat".
"Nous ferons en sorte que les suffrages qui seront exprimés soient
respectés dans le résultat de l'élection".(Patrick BAERT, AFP, 26 avr
2023)
Turquie-USA-OTAN /
Turkey-USA-NATO
Turkey
rejects US request to send S-400s to Ukraine, says FM
Foreign Minister Mevlüt Çavuşoğlu said yesterday that the US had
proposed Turkey to send the S-400 missile defense system it bought from
Russia to Ukraine, but Ankara rejected this offer.
"The US asked us to send the S-400s to Ukraine, and we said no," he
said, he said, explaining that these proposals were unacceptable as
they sought to infringe on Turkey's sovereignty.
The US had also suggested that Turkey give control of the system to the
US or another country to avoid being excluded from the F-35 fighter jet
program, which Turkey purchased before being removed. However, Turkey
refused these proposals as well, according to Çavuşoğlu.
The government insists that it bought the S-400s as a matter of
national security and that no other country has the right to interfere
with this decision.
The country is now developing its own national combat aircraft and
wants to improve ties with the US, including purchasing F-16 jets and
modernization kits, the FM further said. Turkey requested 40 F-16s and
modernization kits for 79 warplanes from the US in October 2021, but
the deal has not yet progressed as quickly as Ankara hoped.
The S-400 row between Turkey and the US
Turkey signed the S-400 agreement with Russia in April 2017 and
received the first batch of equipment in July 2019, after which the US
announced Turkey's suspension from the F-35 program.
The US announced in April 2019 that it had suspended the delivery of
equipment associated with the F-35 project to Turkey.
At the end of July 2019, Turkey's pilots trained for the F-25 program
returned to the country.
In late 2019, then US Secretary of Defense Mark Esper said Turkey must
choose between the F-35s and the S-400s.
As part of its 2020 defense budget, the US decided to buy the six
planes owned by Turkey.
The US found new supplies for the 1,005 different parts that were
produced by Turkey-based companies.
Turkey confirmed in October 2020 that it tested the S-400 systems but
hasn't activated them yet.
In December, the US announced sanctions on Turkey's arms purchasing
agency. (BIA , 8 May 2023)
Le Parlement suédois adopte une loi anti-terroriste
plus sévère
Le Parlement suédois a adopté mercredi une nouvelle loi interdisant les
activités liées à des groupes extrémistes, renforçant ainsi sa
législation sur le terrorisme, une exigence clef de la Turquie pour
approuver la candidature de Stockholm à l'OTAN.
La loi, qui criminalise la "participation à une organisation
terroriste", doit entrer en vigueur le 1er juin.
Lors de sa présentation, en février, le ministre de la Justice Gunnar
Strommer avait déclaré qu'il s'agissait d'un "élargissement
considérable du champ d'application par rapport à la législation
actuelle".
Un simple soutien logistique en faveur d'une organisation terroriste
pourra être considéré comme un crime en vertu de cette nouvelle loi, a
expliqué M. Strommer.
En novembre, la Suède a modifié sa constitution afin de permettre ce
changement législatif, car il était contraire aux lois suédoises sur la
liberté d'association.
La Suède a adopté depuis 2017 des lois antiterroristes plus strictes,
après qu'un demandeur d'asile ouzbek qui avait prêté allégeance au
groupe Etat islamique (EI) eut commis un attentat au camion bélier dans
une rue commerçante de Stockholm, tuant cinq personnes.
Une lutte plus radicale contre les groupes extrémistes est l'une des
principales exigences d'Ankara pour approuver la candidature du pays à
l'OTAN, qui nécessite l'unanimité de tous les membres de l'Organisation.
Mais alors que la Finlande a intégré l'OTAN en avril, la Turquie refuse
toujours de donner son feu vert à la Suède, accusant le pays d'être un
refuge pour les "terroristes", en particulier les membres du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les manifestations pro-kurdes en Suède, où les drapeaux du PKK sont
fréquents, sont régulièrement dénoncées par Ankara.
Toutefois, M. Strommer a assuré en février que "le fait de participer à
une manifestation ou à une réunion ne sera pas punissable en soi".
(AFP, 3 mai 2023)
Relations
régionales / Regional Relations
Bashar: "The biggest threat in
the region is the expansionist Ottoman mentality"
Syrian President Bashar al-Assad criticized Turkish President Tayyip
Erdogan's Syria policy at the Arab League summit, describing it as an
expansionist Ottoman mentality influenced by the Muslim Brotherhood,
despite ongoing efforts by Russia and Iran for the normalization of
neighboring countries after 11 years of rupture caused by the civil war.
Assad's remarks underscored the challenges and tensions in the region
as he called for Arab solidarity, non-interference in internal affairs,
and a focus on resolving underlying issues.
Bashar al-Assad, who attended the Arab League summit for the first time
in 12 years, strongly criticized President Recep Tayyip Erdogan's Syria
policy.
Speaking at the 32nd Arab League summit in Jeddah, Saudi Arabia, which
marked Syria's return to the international diplomatic arena after being
expelled from the Arab League due to the civil war that began in 2011,
Bashar al-Assad described the summit as a "historic opportunity" and
stated, "One of the greatest dangers in our region is the expansionist
Ottoman mentality."
Thanking Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman for his "significant
role and intense efforts to promote reconciliation in the region,"
Assad emphasized that Syria has always belonged to the Arab world and
underlined the need to refrain from interfering in Arab countries'
internal affairs.
With many Arab states hoping Assad will now take steps to distance
Syria from Shi'ite Iran, Assad said the country's "past, present, and
future is Arabism", but without mentioning Tehran - for decades a close
Syrian ally.
Oil powerhouse Saudi Arabia, once heavily influenced by the United
States, has taken the diplomatic lead in the Arab world in the past
year, re-establishing ties with Iran, welcoming Syria back to the fold,
and mediating in the Sudan conflict. (gerceknews, 20 May 2023)
L'accord
céréalier en mer Noire prolongé de deux
mois
L'accord sur l'exportation via la mer Noire des céréales ukrainiennes,
crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, a été prolongé
mercredi de deux mois.
"Il a été décidé de prolonger de deux mois supplémentaires l'accord
céréalier en mer Noire", a annoncé le président turc Recep Tayyip
Erdogan à propos de cet accord concernant l'Ukraine et la Russie,
conclu en juillet 2022 et qui arrivait à expiration jeudi soir.
"Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires, l'ONU et la
Turquie, pour leurs efforts pour renforcer la sécurité alimentaire
mondiale", a réagi dans la foulée sur Twitter le vice-Premier ministre
pour la Restauration de l'Ukraine, Oleksandre Koubrakov, qui suit le
dossier.
Le Kremlin a pour sa part confirmé la prolongation, mais dénonce une
mise en oeuvre "déséquilibrée".
Signé en juillet dernier à Istanbul entre les Nations unies, l'Ukraine,
la Russie et la Turquie, l'accord a permis d'exporter ces dix derniers
mois plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, permettant
de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre.
Il avait précédemment été renouvelé le 19 mars pour 60 jours.
En théorie, les reconductions sont censées être valables 120 jours,
mais la Russie avait alors insisté sur une prolongation de 60 jours,
réclamant le respect de l'autre volet de l'accord, qui concerne ses
propres exportations de produits agricoles, toujours entravées par les
sanctions imposées par les pays occidentaux après le déclenchement de
l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022.
La Russie avait listé cinq exigences pour prolonger l'accord, notamment
la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque
russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank et l'annulation des
entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers.
"Nos principales appréciations des accords (...) n'ont pas changé", a
réagi mercredi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova,
alors que Moscou affirme que les exportations d'engrais et de produits
alimentaires russes restent entravées. "Les déséquilibres dans leur
mise en oeuvre doivent être corrigés le plus rapidement possible",
a-t-elle ajouté.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué
devant la presse l'extension pour deux mois du corridor, "une bonne
nouvelle pour le monde", selon lui, tout en disant espérer à terme un
accord plus large et des réponses aux questions qui restent selon lui
"en suspens".
- Reflux des cours -
Même amputé d'un quart de ses terres cultivables, avec "une production
attendue en 2023 en repli de 50% par rapport à 2021", l'apport
ukrainien "reste vital", expliquait à l'AFP Sébastien Abis, chercheur
associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques
(Iris), avant l'annonce de mercredi.
Martin Griffiths, le chef des affaires humanitaires de l'ONU, s'était
inquiété lundi "d'une réduction significative des volumes
d'exportations sortant des ports ukrainiens", appelant les parties à
"la responsabilité", pour la prolongation d'un accord essentiel pour
les pays pauvres.
Depuis le 6 mai, aucun bateau entrant (à vide) dans le corridor n'avait
été inspecté, et les contrôles des navires sortant se font au
compte-goutte, selon les données du Centre de coordination conjointe
d'Istanbul, en charge des inspections à l'entrée du Bosphore.
L'inspection des navires transportant les céréales, réalisée par des
représentants des quatre parties signataires de l'accord, constituait
une exigence de Moscou qui voulait s'assurer qu'ils ne délivreraient
pas simultanément des armes à l'Ukraine.
Après avoir atteint un pic en mai 2022, avec un blé à près de 440 euros
la tonne sur le marché européen, les cours ont reflué, jusqu'à passer
sous leur niveau d'avant-guerre, autour de 235 euros récemment, à la
mi-mai.
L'annonce de la reconduction de l'accord, faite mercredi par Recep
Tayyip Erdogan, arrive à un moment opportun pour le président turc, qui
cherchera à être réélu le 28 mai pour un troisième mandat.
"Poutine offre à Erdogan une nouvelle victoire diplomatique avant le
second tour de l'élection présidentielle", a estimé sur Twitter Emre
Peker, du centre de réflexion Eurasia group. (AFP, 17 mai 2023)
Kremlin: Les relations entre Ankara et Moscou
s'"approfondiront" dans "tous les cas"
Le Kremlin a estimé lundi que les relations entre Moscou et Ankara
allaient continuer de s'"approfondir" quel que soit le vainqueur de
l'élection présidentielle turque, qui se dirige vers un second tour
inédit après un premier round disputé dimanche.
"Nous suivons les informations venant de Turquie avec une grande
attention et un grand intérêt. Nous respecterons le choix du peuple
turc. Mais, dans tous les cas, nous nous attendons à ce que notre
coopération continue, s'approfondisse et se développe", a déclaré le
porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
"Nous sommes unis à la Turquie par un très large éventail de (domaines
de) coopération mutuellement bénéfique, que ce soit dans les secteurs
de l'énergie, du tourisme, du commerce, de l'agriculture, du transport
aérien", a-t-il énuméré.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, a
échoué dimanche à se faire réélire dès le premier tour, selon les
résultats partiels. Si cette situation est confirmée, M. Erdogan, qui
devance nettement son principal opposant Kemal Kiliçdaroglu, devra
affronter un second tour inédit le 28 mai.
Historiquement compliquées, les relations entre la Turquie et la Russie
se sont renforcées ces dernières années, sous l'impulsion de M. Erdogan
et du dirigeant russe Vladimir Poutine.
La semaine dernière, M. Kiliçdaroglu avait accusé la Russie d'ingérence
dans la campagne électorale, l'accusant d'être derrière la publication
d'images truquées ayant poussé un autre candidat d'opposition à jeter
l'éponge juste avant le scrutin.
Moscou, qui est régulièrement accusé par les pays occidentaux de mener
des opérations d'influence électorale, a démenti toute ingérence en
Turquie. (AFP, 15 mai 2023)
Le
Kremlin rejette "fermement" les accusations
d'ingérence électorale en Turquie
Le Kremlin a "fermement" rejeté vendredi les accusations d'ingérence
électorale en Turquie, où le principal rival du président Recep Tayyip
Erdogan pour le scrutin présidentiel du 14 mai a accusé Moscou d'être
derrière des images truquées ayant agité la campagne.
"Nous rejetons fermement ces déclarations", a dit à la presse le
porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Nous le déclarons
officiellement: il ne peut s'agir d'aucune ingérence" russe en Turquie,
a-t-il renchéri.
M. Peskov a également salué la "position très responsable, souveraine
et bien réfléchie de la Turquie sur tout un ensemble de problèmes
régionaux et internationaux", une position qui "plaît bien" à Moscou,
selon lui.
"Nous avons dit à plusieurs reprises et nous insistons sur le fait que
la Russie ne s'ingère pas dans les affaires intérieures, ni dans les
processus électoraux des autres Etats", a assuré le porte-parole du
Kremlin.
La Russie est régulièrement accusée par les pays occidentaux
d'ingérence électorale, notamment au moyen de campagnes de
désinformation.
Principal rival du président Erdogan pour l'élection présidentielle
dimanche en Turquie, Kemal Kiliçdaroglu a accusé jeudi la Russie
d'avoir recours à des "deepfakes" dans le cadre de la campagne, après
qu'un autre candidat d'opposition a quitté la course.
"Chers amis russes, vous êtes à l'origine des montages, des
conspirations, des faux et des enregistrements qui ont été révélés hier
dans ce pays (...) Si vous voulez notre amitié après (l'élection), ne
touchez pas à l'Etat turc", a lancé jeudi M. Kiliçdaroglu.
Les "deepfakes", ou "hypertrucages", sont des images manipulées de
façon numérique qui sont très réalistes. Ces images présentent un défi
croissant en matière de lutte contre la désinformation à travers le
monde.
En Turquie, c'est un autre candidat de l'opposition, Muharrem Ince, qui
a jeté l'éponge jeudi en se disant victime d'une campagne de
dénigrement avec des images truquées le montrant en pleine liaison
extra-conjugale ou conduisant des voitures de luxe.
Arrivés au pouvoir au début des années 2000, Recep Tayyip Erdogan et le
président russe Vladimir Poutine ont renforcé leurs relations depuis
près d'une décennie, notamment sur fond de tensions entre leurs pays et
l'Occident.
Malgré des intérêts divergents, ils coopèrent sur plusieurs dossiers,
comme la Syrie. Le président turc est aussi l'un des rares dirigeants à
avoir de bonnes relations à la fois avec Moscou et Kiev malgré le
conflit en Ukraine. (AFP, 12 mai 2023)
Le rival d'Erdogan accuse la Russie de
deepfakes
Le principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan pour les
élections présidentielles du 14 mai a accusé jeudi la Russie d'avoir
recours à des deepfakes dans le cadre de la campagne.
Ces accusations de Kemal Kilicdaroglu interviennent quelques heures
après qu'un autre candidat a quitté la course, après avoir été la cible
d'une campagne de diffamation en ligne.
"Chers amis russes", a posté M. Kilicdaroglu sur Twitter, "vous êtes à
l'origine des montages, des conspirations, des faux et des
enregistrements qui ont été révélés hier dans ce pays".
"Si vous voulez notre amitié après le 15 mai, ne touchez pas à
l'Etat
turc. Nous sommes toujours en faveur de la coopération et de l'amitié",
a-t-il écrit.
Les sondages donnent au chef de l'opposition laïque une légère avance
sur M. Erdogan dans le scrutin présidentiel de dimanche. Si aucun
candidat ne recueille plus de 50% des voix, un second tour aura lieu le
28 mai.
Le candidat d'un tiers parti, Muharrem Ince, s'est retiré jeudi. Il a
annoncé sa décision après avoir été la cible d'une campagne de
dénigrement en ligne, qui comprenait notamment des images truquées de
lui avec des femmes ou au volant de voitures de luxe.
Les sondages indiquent que la majorité des électeurs de M. Ince
(crédité dans les sondages de 2 à 4%) devraient se reporter sur M.
Kilicdaroglu. (AFP, 11 mai 2023)
Russie:
vers une feuille de route pour normaliser les
relations turco-syriennes
Les chefs de la diplomatie turque et syrienne se sont mis d'accord
mercredi, lors d'une réunion à Moscou - la première depuis 2011 - pour
élaborer une feuille de route visant à normaliser les relations entre
Damas et Ankara.
Les ministres syrien Fayçal Mekdad, turc Mevlüt Cavusoglu, ainsi que
leurs homologues russe Sergueï Lavrov et iranien Hossein
Amir-Abdollahian, ont chargé leurs adjoints d'"élaborer une feuille de
route pour faire avancer les relations entre la Turquie et la Syrie en
coordination avec les ministères de la Défense et les services de
renseignement des quatre pays", a indiqué la diplomatie russe.
Cette décision a été prise lors d'une réunion à Moscou qui s'est
déroulée dans une "ambiance positive et constructive", a ajouté la même
source dans un communiqué.
Pour M. Lavrov, ce document doit permettre à Damas et Ankara de "fixer
clairement leurs positions sur les sujets prioritaires pour eux" pour
pouvoir "rétablir le contrôle du gouvernement syrien sur l'ensemble du
territoire du pays et assurer de manière solide la sécurité de la
frontière avec la Turquie de 900 km de long".
"Il est également important d'évoquer le rétablissement des liaisons
logistiques qui ont été rompues entre les deux pays voisins et la
reprise de la coopération économique sans obstacle", a déclaré M.
Lavrov au début de cette réunion.
"Nous avons tous intérêt à ce que les relations entre la Syrie et la
Turquie reprennent sur la base de l'égalité et du respect" mutuels,
a-t-il souligné.
"Nous sommes profondément convaincus que ces deux pays peuvent laisser
le passé derrière eux et regarder vers l'avenir, en réglant leurs
problèmes bilatéraux par le dialogue et une coopération renforcée", a
renchéri le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian.
Il s'agit de la première rencontre entre les chefs de la diplomatie
turque et syrienne depuis 2011. Ankara présente cette réunion entre
ministres des Affaires étrangères comme un préalable à un sommet entre
les dirigeants turc et syrien.
La Turquie s'était posée dès le début du conflit en soutien de
l'opposition et des rebelles désireux de renverser le président syrien
Bachar al-Assad.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan s'efforce désormais de
retisser des liens avec Damas, avec le but affiché de renvoyer une
partie des 3,7 millions de Syriens réfugiés sur le sol turc, une
question centrale dans les élections présidentielle et législatives qui
se tiendront dimanche en Turquie.
M. Assad, dont le pays sort progressivement de son isolement régional,
a toutefois conditionné toute rencontre avec M. Erdogan au retrait des
troupes turques déployées dans le Nord de la Syrie. (AFP, 10 mai 2023)
Avant des élections en Turquie, Poutine fait l'éloge
d'Erdogan
Le président russe Vladimir Poutine a apporté jeudi un soutien appuyé à
son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui fait face le mois prochain
à des élections présidentielle et législatives difficiles, saluant un
dirigeant aux "objectifs ambitieux".
M. Poutine s'exprimait lors d'une cérémonie organisée en
visioconférence à l'occasion de l'inauguration de la première centrale
nucléaire en Turquie, construite par la Russie, saluant un "projet
phare" des relations entre Moscou et Ankara.
Cette centrale "est un exemple convaincant de tout ce que vous,
monsieur le président Erdogan, faites pour votre pays, pour le
développement de son économie, pour tous les citoyens turcs", a déclaré
M. Poutine.
"Je veux le dire sans détour: vous savez comment fixer des objectifs
ambitieux et vous cherchez à les atteindre avec confiance", a ajouté M.
Poutine, des déclarations particulièrement chaleureuses qui témoignent
de l'étroite relation personnelle nouée par les deux dirigeants ces
dernières années.
"Cette cérémonie montre que le gouvernement turc et le président,
personnellement, accordent une grande attention au développement des
relations russo-turques dans tous les domaines", a poursuivi le maître
du Kremlin.
"Nous soutenons une telle attitude et sommes convaincus qu'une
coopération et un partenariat étroits entre la Russie et la Turquie
sont mutuellement bénéfiques", a-t-il insisté.
Cette marque claire de soutien intervient alors que M. Erdogan est en
pleine campagne pour des élections qui pourraient être les plus
difficiles depuis son arrivée au pouvoir en 2003, avec un double
scrutin présidentiel et législatif le 14 mai.
Arrivés au pouvoir au début des années 2000, MM. Erdogan et Poutine ont
renforcé leurs relations depuis près d'une décennie, notamment sur fond
de tensions entre leurs pays et l'Occident.
Malgré des intérêts divergents, ils coopèrent sur plusieurs dossiers,
comme la Syrie. Le président turc est aussi l'un des rares dirigeants à
avoir de bonnes relations à la fois avec Moscou et Kiev malgré le
conflit en Ukraine.
L'inauguration de la centrale d'Akkuyu est l'un des symboles de ce
partenariat, "l'un des projets mutuels les plus importants de
l'histoire des relations russo-turques", a vanté jeudi M. Poutine.
Rappelant que Moscou avait envoyé une aide humanitaire après le séisme
qui a fait plus de 50.000 morts en Turquie, M. Poutine a affirmé que la
Russie était "toujours prête à tendre une main amicale".
"Nous sommes conscients des tâches difficiles que le gouvernement et le
président turcs doivent résoudre en matière de reconstruction (...) et
nous sommes prêts à continuer à apporter l'aide et l'assistance
nécessaires à nos partenaires turcs", a déclaré le président russe.
(AFP, 27 avr 2023)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
A
Chypre-Nord, la présidentielle turque
suscite quelques espoirs pour l'île divisée
A Chypre-Nord, à une centaine de kilomètres de la Turquie où le second
tour de la présidentielle aura lieu dimanche, les citoyens de la
république autoproclamée sont aussi appelés aux urnes avec pour
certains l'espoir de sortir l'île divisée de l'impasse.
"Il n'y aura des changements que si Kemal Kiliçdaroglu gagne", déclare
à l'AFP Necmi Belge, un retraité de 70 ans chypriote turc ayant la
citoyenneté turque, qui vient de voter pour le rival du président
sortant, Recep Tayyip Erdogan.
Mais à quelques rues de là, Hassan Hamam, un restaurateur turc de 30
ans habitant à Chypre-Nord depuis 2010, se dit "satisfait d'Erdogan"
car "il est très fort" et "réalise toujours ses projets".
L'île de Chypre, qui a rejoint l'Union européenne (UE) en 2004, est
divisée depuis l'invasion par la Turquie en 1974 de sa partie nord, en
réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes grecs qui
souhaitaient rattacher le pays à la Grèce.
La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de
l'île, séparée par la Ligne verte, une zone démilitarisée contrôlée par
l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), où vivent les
Chypriotes turcs.
Au total, près de 144.000 électeurs -- composés de Turcs mais aussi de
Chypriotes turcs ayant la citoyenneté turque -- ont été appelés aux
urnes du 20 au 24 mai, soit quelques jours avant le second tour en
Turquie.
Au premier tour, l'opposant Kiliçdaroglu a obtenu 53,5% des voix,
contre 39,4% pour M. Erdogan. Ce dernier a réalisé à Chypre-Nord un
score bien en deçà de celui en Turquie où il est arrivé en tête avec
49,5% des voix contre 44,9% pour M. Kiliçdaroglu.
A Chypre-Nord, le résultat est "conforme à celui d'une grande ville
d'opposition en Turquie", indique à l'AFP une source diplomatique, y
voyant là un désaveu de la politique de M. Erdogan sur cette partie de
l'île reconnue uniquement par la Turquie.
Le président turc prône depuis peu la reconnaissance de l'existence sur
l'île de deux Etats: une ligne rouge pour les autorités chypriotes
grecques, mais aussi pour la communauté internationale qui espère la
création d'une fédération.
Car "la solution à deux Etats d'Erdogan (...) n'est pas réaliste",
"nous voulons plutôt une fédération fondée sur le respect mutuel",
fustige Nazif Bozatli, représentant à Chypre-Nord du parti CHP, le
parti de M. Kiliçdaroglu en Turquie, au milieu d'électeurs venus voter
dans un immense gymnase de la capitale Nicosie, côté nord.
- "Game over" -
Certains votent, mais sans grand espoir. "Game over", souffle ainsi un
avocat chypriote turc, dépité, en voyant les derniers sondages montrant
M. Erdogan en favori: "Il gagnera, peu importe les résultats ici à
Chypre (...) et c'est nous qui en paierons les conséquences."
M. Belge s'est lui aussi résigné. "Nous n'espérons pas que quoi que ce
soit change avec les élections en Turquie. Le changement à Chypre doit
avant tout venir des Chypriotes."
Mais pour que les pourparlers de paix reprennent, après leur échec à
Crans-Montana (Suisse) en 2017, il faut que le futur président turc
rétablisse de "bonnes relations" avec Bruxelles et accepte que le
"statu quo à Chypre n'est pas viable", observe Kemal Baykalli,
fondateur de l'ONG Unite Cyprus Now, qui milite pour la réunification
de l'île.
Un rapprochement avec Bruxelles sera plus facile si M. Kiliçdaroglu est
élu, affirme pour sa part Ioannis Ioannous, analyste chypriote grec à
Geopolitical Cyprus.
- Relation plus "respectueuse" -
Pour Yonca Özdemir, la petite république ne peut de toute façon pas
avancer seule: il lui faut Ankara à ses côtés.
"La RTCN est très liée à la Turquie", explique cette femme de 50
ans,
qui vit à Chypre depuis 16 ans et possède la nationalité turque et
chypriote turque. "Tout ce qui se passe là-bas a un impact immédiat sur
nous (...). Personne ne reconnaît la RTCN", soupire-t-elle, assurant
que la moitié des Chypriotes turcs souhaitent la réunification.
Kemal Baykalli espère lui que le vainqueur du scrutin dimanche en
Turquie saura mettre Chypre en haut de l'agenda politique. Et surtout,
se souvenir que la RTCN, bien qu'elle soit sous perfusion financière de
la Turquie, a son "propre gouvernement". (AFP, 25 mai 2023)
Le révisionnisme est dans "l'ADN" des partis
turcs, selon le Premier ministre grec
Le révisionnisme est "profondément" implanté dans "l'ADN de tous les
partis turcs", a déclaré mercredi le Premier ministre grec Kyriakos
Mitsotakis, alors qu'approchent les élections nationales du 21 mai.
S'exprimant pendant un débat télévisé de dirigeants politiques, M.
Mitsotakis a dit s'être retrouvé face à une Turquie "exceptionnellement
agressive" pendant ses quatre ans au pouvoir.
Le Premier ministre sortant a fustigé la stratégie turque de "patrie
bleue", consistant à revendiquer des ressources énergétiques en
Méditerranée orientale.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé avec insistance l'an
dernier la Grèce, alliée de la Turquie dans l'Otan, d'"occuper" des
îles en mer Egée dont le statut avait été établi dans des traités après
la Seconde Guerre mondiale, prévenant que l'armée turque pouvait "venir
pendant la nuit" et "faire ce qui est nécessaire".
En tête des sondages, M. Mitsotakis a affirmé mercredi qu'il tendrait
"une main amicale" à quiconque sera désigné comme dirigeant par les
élections présidentielles turques du 14 mai.
Mais il a dit ne pas se faire d'"illusions" sur la nécessité de
construire des alliances défensives fortes avec d'autres membres de
l'Otan, comme les Etats-Unis et la France. (AFP, 10 mai 2023)
Immigration
/ Migration
La Turquie construit un complexe résidentiel en Syrie pour
le retour des réfugiés
La Turquie a entamé la construction d'un nouveau complexe résidentiel
dans le nord de la Syrie, près de sa frontière, dans le but d'y
réinstaller des réfugiés syriens, selon des médias turcs.
Le ministre turc de l'Intérieur, Suleyman Soylu, a posé mercredi la
première pierre de ce complexe à Al-Ghandurah, dans la bande
frontalière contrôlée par Ankara, a constaté un correspondant de l'AFP.
"Les réfugiés syriens vivant en Turquie vont s'installer dans ces
maison (...) dans le cadre d'un retour digne, volontaire et sûr", a
déclaré le ministre, cité par l'agence de presse privée turque IHA.
"Nous allons construire 240.000 logements dans la région", a ajouté le
ministre, exprimant l'espoir que la construction soit achevée dans un
délai de trois ans.
Ces déclarations interviennent alors que la question d'un retour des
réfugiés syriens est au centre de la campagne présidentielle en
Turquie, où le deuxième tour se joue dimanche.
Au milieu d'un important déploiement de militaires et de blindés turcs,
le ministre a effectué une tournée sur le site du projet, construit sur
le lieu d'un ancien aérodrome, selon le correspondant de l'AFP.
Sur une pancarte était écrit en arabe et en turc "Projet de retour
volontaire sûr et digne", avec les emblèmes de l'Agence gouvernementale
turque de gestion des catastrophes et des situations d'urgence (Afad)
et du Fonds du Qatar pour le développement, qui participe au
financement du projet.
La Turquie abrite plus de trois millions de réfugiés syriens ayant fui
la guerre dans leur pays.
Le président Recep Tayyip Erdogan, sous la pression de l'électorat et
de l'opposition, promet de tout mettre en oeuvre pour faciliter leur
retour.
Le 8 mai, il avait annoncé que son pays avait l'intention de
construire, avec l'aide d'organisations humanitaires internationales,
200.000 logements sur 13 sites dans le nord de la Syrie pour permettre
le retour d'un million de réfugiés habitants en Turquie.
Alors que M. Erdogan évoque un "retour volontaire", son rival, le
candidat de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu, promet le rapatriement des
Syriens "dans les deux ans".
La Turquie a déjà renvoyé plus d'un demi-million de réfugiés en Syrie,
après y avoir construit des milliers de logements au cours des
dernières années.
Ankara s'était posé dès le début du conflit en Syrie en 2011 en soutien
de l'opposition et des rebelles désireux de renverser le président
syrien, Bachar al-Assad.
Mais le président turc s'efforce désormais de retisser des liens avec
son homologue syrien, qui conditionne toute rencontre avec M. Erdogan
au retrait des troupes turques déployées dans le nord de la Syrie.
(AFP, 25 mai 2023)
Refoulements de migrants: la Grèce assure
mener "une enquête"
Le Premier ministre grec sortant Kyriakos Mitsotakis a assuré mardi que
son gouvernement "menait une enquête" sur une vidéo publiée la semaine
dernière par le New York Times montrant des refoulements de migrants
sur l'île grecque de Lesbos, en mer Egée.
"J'ai pris en compte très sérieusement" cette affaire et "une enquête
est déjà menée par mon gouvernement", a indiqué Kyriakos Mitsotakis
lors d'une interview sur CNN.
La vidéo, tournée par un militant des droits humains en avril à Lesbos
et publiée vendredi par le NYT montre un groupe de migrants, dont un
bébé, conduit dans une camionnette blanche vers la pointe sud de l'île.
Embarqués à bord d'un petit bateau, ils sont transférés ensuite à bord
d'un bateau des garde-côtes grecs avant d'être abandonnés sur "un
radeau de sauvetage gonflable noir à la dérive", selon le NYT. Des
bateaux des garde-côtes turcs les ont ensuite secourus.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme et la commissaire
européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson ont déjà réclamé une
"enquête indépendante et efficace".
Les autorités grecques sont accusées régulièrement de pratiquer des
refoulements vers la Turquie de personnes en quête d'asile dans l'Union
européenne, une pratique condamnée par le droit international.
Le gouvernement grec a toujours rejeté ces accusations, malgré des
témoignages récurrents de migrants et les rapports d'ONG.
En vertu des règles européennes, le premier pays d'entrée d'un migrant
dans l'Union européenne est responsable de sa demande d'asile.
Kyriakos Mitsotakis a réitéré avoir mené depuis quatre ans une
politique migratoire "stricte mais juste" et s'est félicité d'"avoir
réduit de manière significative l'activité des trafiquants".
Il a qualifié la pratique des refoulements de "totalement inacceptable"
et accusé à nouveau la Turquie voisine et la police portuaire turque de
"pousser vers le territoire grec des gens désespérés à bord de bateaux
gonflables qui ne peuvent pas naviguer".
L'interview à CNN intervient deux jours après la victoire écrasante du
parti conservateur Nouvelle-Démocratie dirigé par M. Mitsotakis aux
élections législatives. (AFP, 23 mai 2023)
Pourquoi la diaspora turque européenne a voté en faveur
d’Erdogan

Camille Sellier, Le Journal du Dimanche, 18 mai 2023
Recep Tayyip Erdogan a créé la surprise. Lors du premier tour de
l’élection présidentielle, dimanche en Turquie, le président sortant a
obtenu environ 49 % des voix, contre 45 % pour son rival, donné favori,
Kemal Kılıçdaroğlu. Si les résultats ont déjoué les pronostics des
instituts de sondage, le vote Erdogan l’a lui aussi emporté dans les
principaux bastions de la diaspora turque européenne.
En Allemagne, 1,5 million de Turcs vivant dans le pays, ont voté dans
26 bureaux de vote différents répartis sur l’ensemble du territoire.
Parmi eux, beaucoup de descendants des travailleurs émigrés « invités »
à contribuer au miracle économique allemand des années 1960 et 1970.
Ils forment le plus gros contingent de cette diaspora, forte de 3,4
millions d’électeurs résidant dans 73 pays dans le monde.
Dans les urnes, environ 65,4 % de la diaspora turque en Allemagne a
voté pour Erdogan contre 32,61 % pour son opposant. Un vote en faveur
du président conservateur qui a interrogé la presse allemande au
lendemain du scrutin. « Pourquoi les personnes d’origine turque
renforcent-elles donc l’autocratie en Turquie, depuis un pays aussi
libre que l’Allemagne ? », se demandait ainsi le Spiegel, rapporte
Courrier International. « En Allemagne, il y a quelque chose de
paradoxal », relève Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble. «
La diaspora vote à droite pour les élections turcs, en revanche pour
les élections allemandes, elle vote plutôt à gauche, pour le Parti
social-démocrate (SPD), ce qui est plus contrasté en France », note le
chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes
d’Istanbul. Dans l’Hexagone, le président sortant a aussi été
plébiscité au premier tour par la diaspora qui compte plus de 397 000
électeurs turcs. Erdogan a ainsi récolté 64,24 % des suffrages, contre
34,15 % pour Kiliçdaroglu.
Dans le Spiegel, plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce vote
en faveur de l’autocrate islamo-conservateur, à la tête du pays depuis
vingt ans. Tout d’abord, le chef de l’État et son parti, l’AKP, « ont
beaucoup œuvré en faveur des Turcs de l’étranger », cite Courrier
International. « Et beaucoup d’entre eux fondent sur lui leur espoir
d’une amélioration de la sécurité, tant sur le plan social que sur
celui des violences, du moins pour les membres de leur famille vivant
encore en Turquie », poursuit l’hebdomadaire allemand.
Pour Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences-Po à Paris, il est
nécessaire de distinguer « plusieurs catégories de Turcs qui sont à
l’étranger ». « Ils ne sont pas tous du même milieu social et
professionnel, détaille l’ancien directeur de l’Institut français
d’études anatoliennes (IFEA). Ceux qui sont issus de la partie la plus
conservatrice, rurale, de l’arrière-pays de l’Anatolie ont tendance à
voter pour Erdogan. Ils se reconnaissent en lui car ils viennent de la
même région et du même milieu conservateur traditionnel ». Pour eux, le
président incarne « la vraie Turquie ». « Il est fidèle à l’identité du
pays : musulman, turc, sunnite et conservateur », ajoute Bayram Balci.
Une autre catégorie de migrants, originaire de Turquie, réside aussi en
France et en Allemagne : ceux partis après le coup d’État militaire de
1980. « Ils appartiennent à une autre couche sociale en Turquie. Ils
sont en Europe pour des raisons politiques plus que pour des raisons
économiques, poursuit le chercheur. Ils ne sont pas venus pour trouver
du travail, ils sont venus pour trouver une certaine liberté. Eux sont
beaucoup plus critiques envers le pouvoir tenu par Erdogan. Ils ont
tendance à voter contre lui, car ils ne se reconnaissent pas dans ses
valeurs ».
Le vote Erdogan dans les bastions de la diaspora turque s’explique
aussi par « un réflexe identitaire », estime Jean Marcou. « Il y a un
réflexe identitaire y compris dans des pays occidentaux où Erdogan est
souvent très critiqué. On défend celui qui apparaît comme le
porte-drapeau de ce qu’on est », analyse le professeur à Sciences Po
Grenoble.
Ils sont sensibles au discours d’Erdogan, qui cultive un discours
d’intérêt et de respect pour les Turcs de l’étranger
Autre facteur qui permet de comprendre le soutien envers le cofondateur
de l’AKP : le statut d’intégration des Turcs résidant en Europe dans
leur pays d’accueil. « Certains ont le sentiment qu’ils ne sont pas
pris en considération en France ou en Allemagne, qu’ils sont
ostracisés. De ce fait, ils sont sensibles au discours d’Erdogan, qui
cultive un discours d’intérêt et de respect pour les Turcs de
l’étranger. Ils ont ainsi un père protecteur qui s’intéresse à eux »,
résume Bayram Balci.
Cependant, la polarisation de la société turque est aussi visible au
sein des votes de la diaspora turque européenne. Kemal Kılıçdaroğlu est
ainsi en tête des résultats du premier tour des élections au
Royaume-Uni, en Europe du Sud et de l’Est, en Finlande, en Suède et
dans les Balkans. Le candidat social-démocrate, chef du parti CHP «
domine au Royaume-Uni car beaucoup de réfugiés kurdes sont présents »,
souligne Jean Marcou. Dans les pays scandinaves où le vote Kılıçdaroğlu
est majoritaire, « ce sont souvent des réfugiés politiques, et des
Kurdes qui votent contre Erdogan », complète Bayram Balci. Quant aux
Balkans, « des communautés de Turcs y sont installées depuis des
siècles, conclut Jean Marcou. Ils n’ont pas les mêmes votes que la
diaspora immigrée en France et en Allemagne ».
Kılıçdaroğlu vows to ‘send refugees home’ as he squares up to
Erdoğan
Turkish opposition leader Kemal Kılıçdaroğlu has vowed to force
millions of immigrants from the country as he adopts a new hard-hitting
campaign strategy ahead of the run-off election against President Recep
Tayyip Erdoğan.
Adopting Erdoğan’s tub-thumping style, the 74-year-old said he would
“send all refugees home” as soon as he came to power. “Erdoğan, you did
not protect the borders,” Kılıçdaroğlu said, speaking at his campaign
headquarters in Ankara on Thursday. “I will send all the refugees home,
full stop.”
Employing markedly darker rhetoric than he used ahead of the election’s
first round last Sunday, the opposition candidate sought to galvanise
anger among some voters over the 3mn Syrian refugees, as well as
immigrants from other parts of the region, who have taken refuge in
Turkey.
The switch in tactics came after Kılıçdaroğlu’s original campaign,
promising hope and reform in Turkey after two decades with Erdoğan at
the helm, failed to win the support that officials in the country’s
six-party opposition coalition had anticipated.
Analysts believe Erdoğan’s populist nationalism appealed to voters in
Turkey’s conservative Anatolian heartland. This helped an alliance
between the president’s Justice and Development party and the
ultranationalist Nationalist Movement party retain a majority of seats
in parliament after Sunday’s election.
Kılıçdaroğlu will face Erdoğan in the second round of the presidential
contest on May 28 on the back foot. Kılıçdaroğlu scored 44.9 per cent
of the vote last Sunday, according to provisional data from Turkey’s
top election body, nearly 5 percentage points behind Erdoğan. Sinan
Oğan, a third-party nationalist candidate, also performed better than
expected, scooping up about 5 per cent of the vote — setting up a
tussle between the two remaining candidates Kılıçdaroğlu and Erdoğan
for his votes.
“Our nation has given us a very effective message. Some of our citizens
did not go to the polls, some voted reactively, and some of them
reluctantly went to Erdoğan,” Kılıçdaroğlu said on Thursday. “We have
received your messages. We will make all our efforts in 10 days.”
He also sought to repel claims by Erdoğan that he and his “table of
six” coalition were aligned with the Kurdistan Workers’ party, or PKK,
which has sought autonomy in Turkey through violent attacks and is on
US and European terrorist lists.
“Here I declare openly and again, I have never sat down with terrorist
organisations, and I never will,” Kılıçdaroğlu said. “Aren’t you
Erdoğan, sitting at the table with terrorist organisations?” he asked,
pointing to the president’s former ties to the cleric Fethullah Gülen,
who the government now blames for orchestrating a failed 2016 coup
attempt from his compound in Pennsylvania.
Kılıçdaroğlu also warned that the Turkish lira would tumble to TL30
against the US dollar, from record lows slightly less than TL20, saying
that under a continuation of Erdoğan’s unconventional economic
policies, “looting will begin”. (Financial Times, May 17, 2023)
"Importante
bagarre" dans un bureau de vote à Amsterdam
Des dizaines de policiers sont intervenus dimanche soir pour mettre fin
à une "importante bagarre" dans un bureau de vote d'Amsterdam installé
pour les électeurs turco-néerlandais souhaitant voter d'une manière
anticipée avant la présidentielle très disputée du 14 mai en Turquie.
Les médias néerlandais ont diffusé lundi des images montrant de
nombreux policiers, dont certains en tenue anti-émeute ou accompagnés
de chiens, séparant les différentes parties.
La bagarre avait éclaté dimanche soir peu avant la fermeture du bureau
de vote du centre de conférence RAI après une altercation entre
représentants de partis adverses, selon la TV publique NOS.
Interrogée par l'AFP, la police a indiqué qu'une enquête avait été
ouverte, sans faire plus de commentaire dans l'immédiat.
Selon NOS, citant un responsable de manière anonyme, il s'agissait d'un
"incident important". Selon un témoin, "il y a eu des cris, de la
panique et du chaos". Le calme est revenu quelques heures plus tard.
Les parties en conflit n'ont pas été désignées par les autorités.
La communauté turco-néerlandaise des Pays-Bas s'élève à environ 400.000
personnes, en majorité des descendants de travailleurs ayant émigré en
Europe dans les années 1960/70.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, affronte le 14 mai
l'élection la plus incertaine depuis son arrivée au pouvoir, confronté
pour la première fois en vingt ans à une opposition unie dans un pays
en crise.
Face à lui, trois prétendants mais un seul véritable adversaire: Kemal
Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat d'une alliance de six partis
d'opposition qui va de la droite nationaliste à la gauche démocrate, et
qui est dominée par le CHP (social-démocrate) fondé par le père de la
Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk. (AFP, 8 mai 2023)
La justice valide la déchéance de nationalité
française d'une femme condamnée pour terrorisme
Le Conseil d'Etat a confirmé vendredi la déchéance de nationalité
française décidée par le gouvernement à l'égard d'une jeune
Franco-Turque définitivement condamnée en 2017 pour avoir projeté un
attentat en France.
Unzîle Nûr Sert, 25 ans, demandait à la plus haute juridiction
administrative de suspendre l'exécution du décret du 17 février 2023
portant déchéance de sa nationalité française, une sanction qu'elle
estimait "manifestement excessive et disproportionnée".
Née à Lyon, cette jeune Turque avait acquis la nationalité française en
2010.
Elle a été définitivement condamnée en novembre 2017 à cinq ans de
prison, dont six mois avec sursis, pour sa participation à un projet
d'attentat à Paris déjoué en mars 2016 visant une salle de concert, des
cafés et un centre commercial.
Unzîle Nûr Sert justifiait de ses efforts de réinsertion, avec
plusieurs périodes d'emploi depuis sa sortie de prison et la signature
d'un contrat à durée indéterminée (CDI) à compter du 1er février 2023.
Dans son ordonnance, consultée par l'AFP, le Conseil d'Etat a considéré
que sa déchéance de nationalité, qui a pour effet de la priver de ses
droits civils et politiques en France, n'était pas "disproportionnée"
au regard "de la nature et de la gravité des faits commis".
"Alors que notre cliente a exécuté sa peine s'agissant de faits
intervenus dans un contexte d'altération du discernement reconnu par un
psychiatre, qu'elle est désormais insérée professionnellement et
personnellement, cette décision de confirmation d'un véritable
bannissement la prive de tout droit à la réinsertion", ont réagi ses
avocats, Mes Vincent Brengarth et Xavier Nogueras.
Depuis 2019, une vingtaine de déchéances de nationalité ont été
prononcées pour terrorisme en France, selon des chiffres officiels.
En France, ne peuvent être déchus de leur nationalité que les
binationaux (pour ne pas rendre une personne apatride) mais pas ceux,
parmi eux, qui sont nés Français.
La déchéance de nationalité peut être décidée en cas d'atteinte aux
intérêts fondamentaux de la Nation ou en cas de condamnation pour crime
ou délit terroriste. Elle est prononcée par décret du Premier ministre.
(AFP, 5 mai 2023)
Sept
personnes d'ultragauche bientôt jugées pour avoir projeté des actions
violentes
Un "inspirateur" ayant combattu auprès des Kurdes et six autres
personnes, tous affiliés à l'ultragauche, seront bientôt jugés en
correctionnelle à Paris pour avoir projeté, en 2020, des actions
violentes contre des militaires et policiers français.
Dans une ordonnance du 17 janvier, des juges d'instruction ont renvoyé
devant le tribunal correctionnel six hommes et une femme, âgés d'une
trentaine d'années. Ils doivent prochainement comparaître pour
association de malfaiteurs terroriste, a indiqué mercredi le parquet
national antiterroriste (PNAT), joint par l'AFP.
Il leur est reproché leur participation à un groupe "destiné à
commettre des actions violentes en vue de déstabiliser les institutions
par l'intimidation ou la terreur", a détaillé le parquet, qui avait
requis un procès pour ces mêmes raisons.
Trois des prévenus seront également jugés pour "refus de remettre une
convention secrète de déchiffrement d'un moyen de cryptologie", a
précisé le ministère public.
Les éléments retenus par les juges d'instruction varie en fonction des
mis en cause: confection et essai d'explosifs, achat ou recherche
d'armes, entraînements sportifs et paramilitaires...
Aux yeux des
enquêteurs et de la justice, un prévenu se distingue:
Florian D., militant libertaire âgé de 39 ans, qui avait combattu
auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au Rojava
(nord-est de la Syrie) contre le groupe Etat islamique.
- "Motivateur" -
Surnommé "Libre Flot", il est considéré par une source proche du
dossier comme l'"inspirateur" et le "motivateur" des mis en cause.
Il lui est reproché d'avoir voulu former les six autres à la confection
d'explosifs et d'usage des armes, ainsi que de les avoir initiés à
l'usage de la navigation cryptée, en vue d'opérer dans "l'anonymat et
l'impunité", d'après une autre source proche du dossier.
Contactés par l'AFP, les avocats de Florian D. n'étaient pas
disponibles dans l'immédiat.
Interpellé le 8 décembre 2020, il avait été mis en examen puis placé en
détention provisoire, à l'isolement.
En février 2022, il avait entamé une grève de la faim pour contester
cet isolement. "Ce sont mes opinions politiques et ma participation aux
forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu'on essaie de
criminaliser", avait-il fustigé dans une lettre diffusée sur un site
dédié à son soutien.
"Je suis sans cesse présenté comme +leader charismatique+ alors même
que tout mode de fonctionnement non horizontal est contraire à mes
valeurs égalitaires", avait-il aussi fait valoir.
Transféré dans un hôpital pénitentiaire au bout d'un mois, il avait
ensuite été remis en liberté le 7 avril 2022 pour motif médical. Il est
depuis sous contrôle judiciaire, comme les six autres prévenus.
Ses avocats, Coline Bouillon, Théo Gauthier et Raphaël Kempf, ont
obtenu le 18 avril dernier que la justice administrative déclare
illégale ce long maintien à l'isolement, dans une décision rendue à
Versailles.
Parmi les six autres personnes bientôt jugées, certaines ont fait
connaissance sur des ZAD ("zones à défendre"), détaille une source
proche du dossier.
Plusieurs ont occupé le site de Sivens (Tarn) ou celui de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). D'autres sont aussi accusés
d'avoir participé à des troubles violents contre les forces de l'ordre,
en marge de manifestations, notamment au sein de la mouvance black
blocs.
Avant cette affaire, la dernière saisine connue de la justice
antiterroriste pour des faits liés à l'ultragauche remonte à l'affaire
de Tarnac en 2008, pour des soupçons de sabotage de lignes TGV. Mais
les qualifications terroristes, objet d'un âpre débat, avaient été
abandonnées par la justice avant le procès. (AFP, 4 mai 2023)
La police grecque arrête un groupe de
39 migrants à la frontière avec la Turquie
Un groupe de 39 migrants, dont quinze mineurs, qui tentaient de
pénétrer en Grèce depuis la Turquie en traversant un fleuve ont été
arrêtés, a indiqué mercredi soir la police grecque.
Le groupe comprenait treize hommes, onze femmes et quinze mineurs, a
précisé la police dans un communiqué, sans préciser leurs nationalités.
Les migrants avaient été emmenés en canot pneumatique par des passeurs
sur un îlot au milieu du fleuve, où ils avaient été abandonnés.
En 2020, la Grèce a érigé une barrière d'acier de plus de 37 kilomètres
dans cette zone reculée du nord-est du pays après que des dizaines de
milliers de migrants eurent tenté de la franchir, affrontant pendant
des jours les forces de sécurité grecques.
Le gouvernement conservateur s'est engagé à prolonger cette barrière de
35 kilomètres supplémentaires avant la fin de l'année.
Le ministère grec de l'Intérieur a assuré que quelque 265.000 migrants
avaient été empêchés d'entrer illégalement dans le pays l'année
dernière.
La Turquie et les groupes de défense des droits humains accusent les
forces de l'ordre grecques de régulièrement refouler les demandeurs
d'asile à la frontière, ce qu'Athènes nie malgré les nombreux
témoignages de victimes présumées. (AFP, 3 mai 2023)
Emir Kir et le
PS bruxellois à couteaux tirés à Saint-Josse
Ce samedi 18 janvier
2020, les mines sont défaites avenue de l’Astronomie. A côté de la
station de métro Madou, la maison communale de Saint-Josse accueille
les mandataires de la liste du bourgmestre Emir Kir. Les élus sont
secoués. « Tout le monde est traumatisé. Des gens pleurent », se
souvient un échevin socialiste. La veille, le député-bourgmestre s’est
fait exclure du PS. La commission de vigilance du parti a tranché :
Emir Kir a rompu le cordon sanitaire, quelques semaines plus tôt, en
recevant une délégation de maires turcs, dont deux élus MHP (extrême
droite). Un séisme au niveau local.
Très populaire dans
sa
commune, le Tennoodois dispose d’une majorité absolue au conseil
communal. Quant à la section locale, elle lui est entièrement acquise.
Le lundi qui suit, les militants socialistes confirment leur soutien à
l’équipe en place. Réalisé à bulletin secret, le vote est sans appel
(68 pour, un contre). Trois ans plus tard, le divorce s’opère dans la
douleur. Alors que le scrutin local de 2024 approche à grand pas,
militants et élus communaux sont sommés de choisir leur camp. Au sein
du collège, deux clans se font désormais face dans une ambiance
glaciale.
Jugez plutôt : au
début
du mois, Emir Kir a retiré à trois échevins leurs compétences. La
sanction a toutefois été émise sans respecter les procédures
nécessaires. Face au risque d’annulation par le Conseil d’Etat, le
maïeur est revenu sur la décision quelques jours plus tard. Du moins
temporairement. La semaine dernière, ce sont trois échevins proches de
lui qui ont annoncé, quant à eux, leur démission du PS. « On se
croirait dans Amour, Gloire et Beauté », lâche la cheffe de groupe
Ecolo au conseil communal, Elodie Cornez. « C’est comme un western »,
estime l’échevine Dorah Ilunga (indépendante), restée proche d’Emir Kir.
En janvier 2020,
l’exclusion d’Emir Kir constituait pourtant un choix fort du PS
bruxellois. Ce n’était pas la première fois que le Tennoodois se
trouvait au centre d’une polémique. A chaque fois, il s’en était sorti.
Locomotive électorale, l’homme avait attiré, en 2019, 18.000 voix sur
son nom à la Chambre. Mais entre-temps, Ahmed Laaouej a pris la
direction du PS bruxellois. Entre les deux hommes, les relations
s’avèrent exécrables. Un changement à 180 degrés par rapport à
l’ex-présidente, Laurette Onkelinx, qui a protégé plusieurs fois Emir
Kir quand il était dans la tourmente. Puis il y a le contexte. Au même
moment, au niveau national, le PS vient d’exclure l’échevin de Neupré
Benoît Hons pour des propos xénophobes. Et c’est à ce moment que la
commission de vigilance est saisie par un militant, Jérémie Tojerow,
pour non-respect du cordon sanitaire. La pression médiatique est
énorme. A l’intérieur du PS, certains sont excédés par Emir Kir. Ils
considèrent que le parti ne peut brader plus longtemps ses valeurs
contre des milliers de voix. Au final, la commission de vigilance rend
le verdict que l’on sait.
Celui-ci conduit à
déchirer la section locale du PS. Et à sa mise sous tutelle depuis
novembre dernier. Concrètement, les instances de décision de la section
n’ont plus voix au chapitre. Les réunions ordinaires se trouvent
suspendues. Un triumvirat extérieur à la commune a pris les commandes.
Celui-ci se compose du chef du groupe au Parlement bruxellois, Ridouane
Chahid, du président de la section boitsfortoise, Thomas Gillet, et
d’une membre de la section de Jette, Noémie Roger. En janvier, le trio
a invité les mandataires locaux à confirmer leur loyauté au PS. Il en
est ressorti que le groupe est coupé en deux. « Il y a au total quinze
conseillers communaux et quatre conseillers CPAS. La moitié a répondu
présent. Oui, il s’agit d’une clarification », lâche une source proche
du collège de tutelle. Trois des six échevins PS ont remis leur carte
de parti et soutiennent Emir Kir. Dorah Ilunga, qui en fait partie,
explique : « Je n’ai rien à reprocher à Monsieur Kir. Je suis membre du
PS depuis 1997 et c’est un déchirement. C’est très difficile du jour au
lendemain d’être traitée de traître ». Sur les réseaux sociaux,
l’échevin Mohammed Jabour accuse le PS bruxellois de tuer la section
locale. « Ces gens n’ont pas compris que c’est le parti qui fait d’eux
ce qu’ils sont et pas l’inverse », tranche un cadre socialiste.
Ce mercredi soir, le
bureau politique a d’ailleurs approuvé une prolongation de la mise sous
tutelle. A durée indéterminée. « Et avec l’obligation de faire un
rapport tous les trois mois », explique un cadre socialiste.
Dans ce contexte pour
le
moins perturbé, la commune restera-t-elle gouvernable d’ici le scrutin
local ? Dans l’opposition, Ecolo pose en tout cas la question. « Emir
Kir pourrait ne plus disposer de majorité au conseil communal »,
calcule le conseiller communal Ahmed Mouhssin. Au collège, tout
dépendra des choix de l’échevine Lydia Desloover (Vooruit). D’elle
dépend le quorum nécessaire pour prendre les décisions. Y compris… un
éventuel retrait des compétences. « L’échevine a toujours pris une
position neutre. Si le quorum dépend d’elle, elle ne le fera pas »,
indique Elke Roex, présidente de Vooruit Bruxelles. Le camp socialiste
assure vouloir temporiser : « Il faut travailler ensemble dans
l’intérêt de la population ». Travailler, le bourgmestre Emir Kir
assure ne faire que cela : « On a beaucoup travaillé. J’ai eu comme
seul leitmotiv de toujours travailler. Et de ne pas faire de la
politique politicienne en me demandant où je serai dans quatre ans. Et,
contrairement à d’autres, je n’ai jamais fait de déclarations qui
pouvaient porter atteinte à l’image de la commune ».
La saga est loin
d’avoir
livré son épilogue. Au-delà de la gouvernance de la commune d’ici
octobre 2024, l’avenir de la section socialiste et celui d’Emir Kir
restent actuellement des inconnues. Le PS et le maïeur tennoodois
présenteront chacun une liste au scrutin prochain. Sans parti, malgré
ses 18.000 voix, le député ne peut espérer être réélu à la Chambre. En
revanche, il possède des chances de conserver son mayorat. Au niveau
local, sa popularité s’avère immense, notamment au sein de la
communauté turque.
En 2018, son
score
personnel (3.903 voix) dépassait de loin celui de sa principale
opposante, Zoé Genot (Ecolo, 1.463 voix). Son possible challenger
socialiste en 2024, Boïketé Philippe, avait obtenu, quant à lui, 857
votes. Il figurait toutefois à la septième place. Du côté d’Ecolo, on
croit pouvoir mettre la main sur l’écharpe de bourgmestre. « C’est fort
probable. On est le groupe le mieux organisé et on représente 25 % en
termes de poids électoral. Les autres seront divisés », pointe Ahmed
Mouhssin.
Emir Kir croit en
tout
cas en ses chances. Et met en garde ses adversaires. « Finalement, à
Saint-Josse, je ne suis pas PS, je suis la Liste du bourgmestre. Ils
oublient que cette liste est conduite à Saint-Josse depuis 1994. Guy
Cudell a été élu avec elle, tout comme Jean Demannez (NDLR : ses
prédécesseurs) et moi. Ils pensent qu’il y a une liste PS, mais il n’y
en a jamais eu une. Le fait d’être une Liste du bourgmestre vous donne
une plus grande capacité de polarisation. Et au niveau local, le
bourgmestre occupe une place essentielle dans la vie des concitoyens ».
Les dix-sept prochains mois risquent d’être longs à Saint-Josse. (Le
Soir, 27 avril 2023)
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