Droits
de l'Homme / Human Rights
La CEDH condamne la détention en Turquie d'un juge onusien
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la
détention "illégale" d'un juge des Nations unies arrêté en Turquie lors
de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, la jugeant contraire au
principe de l'immunité diplomatique.
Le juge turc Aydin Sefa Akay, l'un des magistrats du Mécanisme pour les
tribunaux internationaux des Nations unies (MTPI), a été condamné en
2017 à sept ans et demi de prison pour appartenance à la mouvance du
prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi la tentative de
putsch contre le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan.
Il a été placé en détention après la confirmation de sa peine par la
Cour de cassation en 2021. "Il purge actuellement sa peine à la prison
de Rize", précise la CEDH dans son arrêt.
D'après la Cour européenne, "M. Akay avait droit à une immunité
diplomatique totale, y compris à l'inviolabilité de sa personne, et
aurait dû être à l'abri de toute forme d'arrestation ou de détention
pendant toute la durée de son mandat de juge des Nations unies".
Dès lors, "le placement en détention provisoire de M. Akay était
illégal", estiment les juges, qui demandent à Ankara de verser au
requérant 21.100 euros pour dommage moral et 7.000 euros pour frais et
dépens.
Après le putsch manqué du 15 juillet 2016, le gouvernement turc avait
lancé des purges d'une ampleur inédite, avec le limogeage ou la
suspension de plus de 140.000 personnes, dont plus de 4.000 juges,
procureurs et autre membres du ministère de la Justice.
Le juge Akay, qui nie farouchement les accusations, avait été condamné
en raison de la présence sur son téléphone de la messagerie cryptée
Bylock, utilisée selon les autorités par les putschistes.
La Turquie est l'un des 46 Etats signataires de la convention
européenne des droits de l'Homme, dont la CEDH est le garant. (AFP, 23
avr 2024)
Le rapport 2024 d'Amnesty International sur la Turquie
Des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des
responsables politiques de l’opposition, entre autres, ont fait l’objet
d’enquêtes ou ont été poursuivis et condamnés de manière infondée. Les
lois relatives à la lutte contre le terrorisme et à la désinformation
ont été utilisées pour restreindre la liberté d’expression.
La liberté de réunion pacifique a été illégalement soumise à des
restrictions. L’aide distribuée au lendemain des séismes de février n’a
pas permis de répondre de façon adéquate aux besoins des personnes en
situation de handicap et de respecter leurs droits. Les violences
faites aux femmes et aux filles demeuraient très répandues.
Les discours discriminatoires et stigmatisants à l’égard des personnes
LGBTI, des réfugié·e·s et des migrant·e·s se sont multipliés à
l’approche des élections présidentielle et législatives du mois de mai.
La Turquie restait le pays au monde qui accueillait le plus grand
nombre de personnes réfugiées, mais certaines d’entre elles risquaient
toujours d’être renvoyées illégalement dans leur pays.
Les victimes de violations des droits humains commises par des
représentant·e·s de l’État se heurtaient toujours à une culture de
l’impunité. Des allégations graves et dignes de foi ont fait état
d’actes de torture et d’autres mauvais traitements. Plusieurs millions
de personnes vivant dans la pauvreté ont bénéficié d’un programme
d’aide publique.
https://www.amnesty.org/fr/location/europe-and-central-asia/western-central-and-south-eastern-europe/turkiye/
ECtHR prioritizes new application from Osman
Kavala
The European Court of Human Rights (ECtHR) has prioritized the
examination of a second application by Osman Kavala, who has been
detained since October 18, 2017, marking 2,352 days in prison.
The application, submitted on January 18, 2024, was communicated to
Turkey by the ECtHR on March 21, 2024, with a request for Turkey to
present its defense by July 16, 2024
This second application addresses ongoing and new allegations of
violations despite the ECtHR's ruling on December 10, 2019, which found
a breach in Kavala's case. Kavala's lawyers have stated that the
Council of Europe's Committee of Ministers continues to oversee the
execution of the 2019 and 2022 decisions requiring Kavala's immediate
release. Turkey is obligated to comply with these legally binding
decisions.
The new application does not affect the Committee's monitoring process
or Turkey's ongoing legal obligations arising from the ECtHR's
decision. The lawyers noted. The application highlights continued and
new human rights violations since the 2019 infringement decision.
The complaints raised in the new application include:
- Kavala's detention since December 10, 2019, is wholly unlawful
(Article 5 of the European Convention on Human Rights, ECHR).
- Local courts have failed to promptly review the legality of Kavala's
detention (Article 5(4) of the ECHR).
- Kavala's right to a fair trial has been severely violated (Articles
6(1), 6(2), and 6(3)(d) of the ECHR).
- Kavala's conviction under Article 312 of the Turkish Penal Code
(attempting to overthrow the government) does not meet the
foreseeability requirement (Article 7 of the ECHR).
- Kavala's arrest, prosecution, and sentencing aim to silence and
punish him as a human rights defender, severely limiting his freedom of
expression and association (Articles 10 and 11 of the ECHR).
- Kavala has been detained, convicted, and sentenced to aggravated life
imprisonment for political purposes, to silence and punish him (Article
18 in conjunction with Articles 5, 6, 7, 10, and 11 of the ECHR).
- The excessively long, arbitrary, politically motivated, and unlawful
detention of an innocent person, and the lack of review for the life
sentence imposed, violate Article 3 of the ECHR. (BIA, 9 Sept 2024)
Loups
gris : les soldats d’Erdogan en Europe
Doğan Özgüden
Après la défaite du pouvoir islamo-fasciste aux
dernières élections il faut
mettre en évidence ses crimes aussi bien en Turquie
qu'envers les diasporas
La lourde défaite de Recep Tayyip Erdoğan et de son parti AKP lors des
élections municipales du 31 octobre 2024 m'a rendu extrêmement heureux
comme tous les citoyens de mon pays d'origine qui avaient soif de
liberté et de paix.
Dès maintenant, les forces d’opposition progressiste de la Turquie se
mobiliseront pour mettre en évidence tous les crimes commis par le
pouvoir islamo-fasciste de l’alliance AKP-MHP afin de le renverser
définitivement aux élections législatives et présidentielles
prochaines, probablement anticipées.
Il faut aussi mettre en évidence les crimes commis contre les opposants
du régime en exil ainsi qu'aux diasporas kurde, arménienne et
assyrienne dans les pays européens.
Le dernier exemple en date… Tout récemment, la Belgique est devenue à
nouveau la scène de la terreur des Loups Gris contre les exilés kurdes
et, malheureusement, les dirigeants de la Turquie et de la Belgique ont
ignoré les provocations et les attaques de ces soldats d’Erdogan en
Europe.
Dans cet article, j’essaie de mettre en évidence le terrorisme des
Loups Gris et de rappeler aux dirigeants belges leur responsabilité
pour combattre contre cette menace fomentée par le pouvoir AKP-MHP et
leurs alliés dans les pays européens.
Le 24 mars, un groupe d'islamo-fascistes à Heusden-Zolder, contrarié
par les drapeaux des véhicules des Kurdes revenant de la fête du Newroz
à Leuven, s’est rassemblé devant la maison d’une famille kurde du
Rojava. Il a crié des slogans racistes, a détruit les véhicules devant
la maison et a tenté de l’incendier, blessant plusieurs Kurdes, dont
l’un grièvement. Cette agression a été suivie par des affrontements
dans certaines villes et par des débordements lors de la manifestation
kurde devant le Parlement européen à Bruxelles.
Après ces événements, le Conseil démocratique des communautés kurdes de
Belgique (NAV-BEL) a fait la déclaration suivante:
"Pour réduire les tensions, nous avons organisé le lendemain une
manifestation politique et pacifique à Bruxelles pour transmettre notre
message pacifique à notre communauté. Depuis le jour de cette attaque
brutale, de nombreux incidents provocateurs se sont malheureusement
produits. En tant que Nav-Bel, nous n’approuvons pas du tout cela. En
tant qu'organisme communautaire, nous avons toujours appelé à agir dans
le cadre légal. Nous appelons notre communauté à agir uniquement dans
le cadre légal, humain et pacifique. Nous rejetons tout ce qui ne
relève pas de cela. Les lois belges doivent être respectées. Nous
rejetons les événements violents survenus ces derniers jours et
appelons au calme."
Alors que les responsables kurdes ont adopté une approche aussi
pacifique, les missions diplomatiques turques en Belgique, les
organisations et les médias au service de l'AKP et du MHP ont blâmé les
Kurdes et le président turc Erdoğan a appelé seulement un jeune Turc
blessé lors des incidents pour lui souhaiter "un prompt rétablissement”
et lors de son entretien il n'a pas manqué de susciter la provocation
contre les Kurdes: "Ces gens sont immoraux, méprisables, c'est de la
canaille... Nos autorités officielles et notre ambassade les suivent et
nous les poursuivions".
Ce qui est étonnant, c’est que le Premier ministre belge Alexander De
Croo lui-même, en disant “Le PKK est reconnu comme une organisation
terroriste en Europe… J’appelle à la cessation de toutes les
déclarations de soutien à cette organisation terroriste” dans une
déclaration sur les événements, a rejeté toute la responsabilité sur
les Kurdes tout en restant silencieux sur la responsabilité des Loups
gris au service de la dictature AKP-MHP.
Les tentatives de dissimuler les actes des Loups gris
M. De Croo (Open VLD) est sans aucun doute soucieux de gagner, lors des
élections législatives et communales qui se tiendront en Belgique cette
année, le soutien des électeurs turcs, dont 70 % ont voté pour Recep
Tayyip Erdoğan lors de l’élection présidentielle turque de l’année
dernière.
Un petit rappel lié aux dernières élections municipales en Turquie:
alors que le AKP et le MHP n’ont obtenu que 40,48 % des votes à
l’échelle nationale, ces deux partis ensemble ont obtenu 82,56 % des
votes à Emirdag, le district d'origine d’une partie importante des
électeurs turcs à Bruxelles.
Il n’y a aucun doute que cette attitude de De Croo est également
motivée par le souci de faire oublier à Ankara un comportement qui l’a
rendue furieuse il y a quelques semaines…
Oui, De Croo, qui souligne aujourd’hui que le PKK est une "organisation
terroriste", a provoqué un tollé au début du mois de Ramadan lorsque,
accompagné du ministre de la Justice Paul Van Tichgelt, il a assisté à
un dîner d’iftar à l’hôtel Hilton d’Anvers organisé par Fedactio, une
organisation proche du mouvement Gülen, qui a été déclaré “organisation
terroriste” par le gouvernement Erdogan, et y a prononcé un discours.
L’ambassadeur de Belgique en Turquie a été convoqué au ministère des
affaires étrangères à Ankara pour expliquer pourquoi M. De Croo avait
participé à un dîner organisé par Fedactio.
L’Union des communautés du Kurdistan (KCK) a publié une déclaration
exprimant sa réaction à ce comportement :
"L’approche des États européens est loin de révéler la vérité. C’est
également l’approche qu’ils ont adoptée lors de tous les massacres
kurdes précédents. Non seulement cette approche ne révèle pas la
vérité, mais elle fournit également le terrain pour le développement de
nouvelles attaques et de nouveaux massacres à chaque fois. Le
gouvernement AKP-MHP influence les gens sur les idées religieuses,
fascistes et racistes, les arme et les incite aux agressions dans toute
l’Europe. Cependant, alors que tout cela se fait ouvertement, rien
n’est fait contre eux. Nous demandons aux États européens, et en
particulier à l’État belge, de changer d’approche. Il faut savoir que
ces gangs fascistes, racistes et religieux ne ciblent pas seulement les
Kurdes, mais aussi les peuples d’Europe. Nous appelons également notre
peuple à ne pas en venir aux provocations et à ne pas recourir à
d’autres moyens et méthodes que les actions et activités démocratiques."
Il faut rappeler également que la déclaration de De Croo contre le PKK
n’est pas conforme aux jugements de la justice belge.
Le 8 mars 2019, la Cour d’appel belge a jugé que le PKK ne pouvait pas
être considéré comme une organisation terroriste et ne pouvait donc pas
être poursuivi, mais les avocats de l’État turc et le procureur ont
fait appel de cette décision devant la Cour de cassation le 20 mars
2019.
Alors que le processus judiciaire se déroulait avec des hauts et des
bas, SETA, qui a pour mission de dénoncer les opposants politiques du
gouvernement Tayyip en exil, est intervenu et a tenté d’influencer la
justice belge en diffamant toutes les organisations et personnalités de
la diaspora kurde de “terroristes” et toutes les organisations et
personnes solidaires, dont Info-Turk, de “soutiens au terrorisme” dans
le livre intitulé “La structuration du PKK en Europe” publié en juillet
2019.
Malgré tout, le 28 janvier 2020, la Cour suprême de Belgique,
réexaminant l’affaire, a confirmé la décision de la juridiction
inférieure, qui a jugé que la lutte pour la liberté du Kurdistan ne
pouvait être accusée de terrorisme, qu’il s’agissait d’une guerre, que
le PKK est en guerre et que sa lutte devait être traitée dans le cadre
du droit international de la guerre, et non de la loi antiterroriste.
Témoin attentif de ce processus, j’ai exprimé dans une interview
publiée dans Le Soir du 26 mars 2024 les injustices et les forfaits
commis à l’encontre de la nation kurde:
“Les célébrations du Newroz sont l’une des rares occasions pour le
peuple kurde, dont l’identité, les droits nationaux et la liberté
d’expression sont continuellement bafoués depuis la fondation de la
république, de faire entendre sa voix.
"Alors que ce peuple continue à être soumis à l’oppression même durant
les campagnes électorales, que ses maires élus sont démis de leur poste
et emprisonnés, que les députés et dirigeants du parti kurde restent
toujours incarcérés, que l’armée turque poursuit ses opérations
militaires non seulement dans les provinces kurdes en Turquie, mais
aussi en Irak et en Syrie, c’est le droit le plus légitime de ce peuple
d’élever sa voix, non seulement en Turquie mais aussi au sein de ses
diasporas à l’étranger.
"Les pays européens, le Conseil de l’Europe et l’Union européenne
restant silencieux face à l’oppression et la persécution de ce peuple,
les réactions des Kurdes de la diaspora, tout comme celles des
Arméniens et des Assyriens victimes de génocide, sont tout à fait
compréhensibles.
Il ne faut pas oublier que le pouvoir islamiste d’Erdogan, soutenu par
le parti des Loups Gris en Turquie, continue à se servir des
organisations et des médias racistes et islamistes à sa disposition
pour faire taire la résistance kurde, à l’étranger comme en
Turquie.
"Les événements récents en sont le prolongement.
"Dans le Limbourg, des Kurdes revenant des célébrations du Newroz ont
été attaqués et, le lendemain, ils ont exprimé leur colère devant le
Parlement européen.
"Dans un esprit de révolte contre les injustices et incompréhensions
envers leurs revendications, il arrive parfois que des débordements
non-désirables surviennent en réaction aux provocations et agressions
des milieux d’extrême-droite.
"Toutefois, je sais que les organisations représentatives de la
diaspora kurde font de leur mieux pour les éviter et pour les empêcher.
À mon avis, il faut développer un dialogue constructif avec les
dirigeants de ces organisations.”
Aperçu de l’histoire criminologique des Loups gris en Europe
A cette occasion, j’estime nécessaire de rappeler le passé sombre des
Loups Gris, qui sont aujourd’hui un partenaire du gouvernement
despotique en Turquie et qui sont tolérés dans des pays européens
malgré tous les crimes qu’ils ont commis et dont j’ai été témoin
pendant mon exil de plus de 50 ans.
Le MHP est une organisation qui a commencé le terrorisme armé dans les
années 1960 et a été responsable de nombreux massacres depuis lors:
Dimanche sanglant à Istanbul (1969), Ankara (1976), Kahramanmaraş
(1978), Çorum (1980) et Sivas (1993).
Dans la première moitié des années 70, en raison des dictatures
fascistes en Espagne, au Portugal et en Grèce ainsi qu’en Turquie, les
exilés politiques de gauche ont joué un rôle actif dans les
organisations de migrants en Belgique, et les syndicats auxquels
appartenaient les travailleurs migrants ne permettaient pas l’existence
d’organisations fascistes au sein de la masse des migrants.
Après 1975, lorsque le MHP a participé aux gouvernements du Front
nationaliste dirigés par Demirel et que Türkeş est devenu vice-premier
ministre, le MHP a commencé à s’organiser rapidement parmi les
travailleurs immigrés à l’étranger en provoquant des sentiments
nationalistes.
Nous avions annoncé ces développements en Belgique dans le bulletin
mensuel d’Info-Turk daté d’avril 1978 sous le titre “Les commandos
fascistes s’organisent en Belgique” :
Alors que les provocations sanglantes des commandos fascistes en
Turquie ont conduit à l’assassinat d’un procureur puis d’un militant du
TİP accrochant une affiche “Non à l’OTAN”, à la fusillade et à la
paralysie du professeur d’université Server Tanilli et à la provocation
des masses inconscientes pour créer une atmosphère de guerre civile,
les activités de l’organisation fasciste à l’étranger se sont étendues
à la Belgique après l’Allemagne et les Pays-Bas.
D’autant plus que les enseignants religieux et autres fonctionnaires
nommés en Belgique sous le gouvernement MC étaient généralement des
sympathisants du MSP ou des membres de l’AP, aucun travail
d’organisation des membres de la MHP n’a pu être constaté.
En 1978, les sympathisants du MHP en Belgique ont été réunis pour la
première fois dans un cinéma et ont été informés de la nécessité de
s’organiser. Immédiatement après, une association appelée Brussels
Turkish Culture Association Ülkü Ocağı a été créée à Bruxelles, Rue
Verte, n°30 à Schaerbeek.
La première annonce d’Ülkü Ocağı, publiée le 19 avril 1978 et adressée
aux travailleurs turcs de Belgique, commençait par ce message “Chers
travailleurs turcs musulmans” et disait ensuite “Comme vous le savez,
notre pays est confronté au danger du communisme” et appelait “Votre
devoir est de ne pas lire les journaux des communistes léninistes et
maoïstes de Bruxelles, de ne pas adopter leurs idées et de ne pas
converser avec eux si possible”.
Immédiatement après la distribution du tract, dont le titre comportait
un croissant et une étoile et un loup gris avec un croissant de part et
d’autre du croissant et de l’étoile, ils se sont rendus dans les cafés
turcs du quartier de Schaerbeek, où étaient concentrés les travailleurs
turcs, armés de fusils, de bâtons et de barres de fer, et ont commencé
à créer une atmosphère de terreur.
Le samedi 22 avril 1978, des membres d’un groupe de gauche qui
voulaient distribuer leur tract se sont affrontés verbalement, puis à
coups de bâtons, et l’un d’entre eux a été sévèrement battu au point
d’être hospitalisé.
Cette organisation, qui a vu le jour en 1978, s’est généralisée sous
l’égide de la Fédération turque après une courte période de pause après
le 12 septembre, et s’est transformée en une menace non seulement pour
les organisations et les personnes progressistes de Turquie, mais aussi
pour la structure politique et sociale pluraliste de la Belgique.
Lorsqu’un groupe de Kurdes participant à une marche pour la liberté en
provenance d’Allemagne est arrivé à Bruxelles le dernier jour de 1993,
des jeunes Turcs, incités par des membres du MHP, ont attaqué les
marcheurs kurdes, révélant ainsi l’ampleur dangereuse du nationalisme
extrême alimenté dans la société turque. Des centaines de jeunes ont
fait le signe de loup gris, ont crié “Saint-Josse est un quartier
turc”, “Il n’y a pas de place pour les Kurdes ici”, “A bas le PKK” et
ont attaqué des restaurants et des commerces kurdes.
Dans la nuit du 7 novembre 1998, alors qu’Abdullah Öcalan se trouvait
en Italie, des Loups gris portant des drapeaux à trois croissants à la
main, sur la poitrine et dans le dos ont attaqué l’Institut kurde de
Bruxelles dans le quartier de Saint-Josse, l’Association culturelle du
Kurdistan, membre de la Fédération des associations kurdes européennes,
et un lieu de travail assyrien. Ils ont mis le feu à deux locaux
associatifs sous les yeux de la police belge.
Ces attaques sauvages contre des quartiers et des lieux de travail
kurdes se sont poursuivies au cours des années suivantes. Le 17
novembre 2016, des dizaines de voitures décorées de drapeaux turcs et
scandant des slogans fascistes sont arrivées à Saint-Josse et ont à
nouveau attaqué l’Institut kurde de Bruxelles avec une bombe
incendiaire.
Le 2 février 2020, les dirigeants des foyers de loups gris d’Allemagne,
de France, des Pays-Bas, d’Autriche, de Suisse, du Royaume-Uni, de
Scandinavie et de Belgique se sont réunis au siège de la MHP à Ankara.
Le président de la MHP, Devlet Bahçeli, a prononcé un long discours
lors de la réunion et a déclaré : “En tant que représentants de la
grande nation turque en Europe occidentale, vous avez également
d’importantes responsabilités. Ne vous sentez pas seuls dans cette
tâche. Sachez que nous vous soutiendrons dans tous vos efforts. En même
temps, je crois sincèrement que vous ne donnerez pas l’occasion aux
ennemis de la nation turque et de l’État turc de s’exprimer”.
Il n’y a pas si longtemps, il y a deux ans, à Bruxelles, capitale de
l’Europe, le monument de la place Henri Michaux, où s’est tenue la
cérémonie de commémoration du génocide arménien de 1915, a été attaqué
par des loups gris. Les assaillants, qui ont peint en rouge les trois
croissants du drapeau du parti raciste fasciste MHP, ont également visé
Garo Paylan, le député arménien du HDP, en écrivant le juron “Fuck
Paylan”.
Les Loups gris sont les soldats non seulement de Bahçeli, le chef du
MHP, mais aussi de Recep Tayyip Erdoğan en Europe, comme le montre son
dernier message à la Belgique.
Il suffit que les dirigeants de la Belgique et d'autres pays européens
jettent un bref coup d'œil aux informations recueillies par leurs
propres services de renseignement sur ce que sont les Loups gris et qui
ils servent.
Si cela ne suffit pas, ils peuvent trouver suffisamment d'informations
sur le vrai visage des Loups gris dans l'article intitulé "Les soldats
d'Erdoğan en Europe" de notre collègue français Guillaume Perrier,
expert de la Turquie, publié par Le Point du 24 juin 2021, et dans le
dossier intitulé "Loups gris et politique belge", publié dans Suffrage
Universel sous la direction de Pierre Yves Lambert en Belgique.
(Traduit du turc par Varoujan Sirapian)
Belgium sentences Turkish ‘hit squad’ over
attempted assassination
Belgian authorities have sentenced in absentia a Turkish ‘hit squad’
which attempted a foiled assassination plot against two prominent
Kurdish political leaders on European soil.
The plot, which dates back to 2017, aimed to target Remzi Kartal and
Zubeyir Aydar, both residents of Belgium for decades as representatives
of the Kurdistan National Congress (KNK).
The court sentenced Zekeriya Çelikbilek, a former Turkish military
officer and French citizen; Yakup Koç, who was found with a Turkish
police ID. The convicted individuals, who fled the country before being
arrested, have been sentenced to five years in prison by the Brussels
Court of Appeal. According to Kartal and Aydar’s lawyer Jan Fermon,
it’s apparent that the plot was orchestrated on orders from the Turkish
government, an assertion borne out by details reported by Belgium’s De
Morgen newspaper.
According to intercepted communications, the plotters discussed
orchestrating the massacre and evading police detection. “You cause a
massacre and can free me from the hands of the police,” Akkulak was
quoted as saying. They sought to purchase GPS trackers and a motorcycle
from which the assassination would be conducted, before fleeing in a
van, and were detected surveying the KNK’s offices in Sint-Gillis,
Belgium. Recorded conversations show that Koç was operating as an
employee of the Turkish intelligence services, according to De Morgen,
while he was also a former security officer at the Turkish embassy in
Paris.
“The court considers a very strict punishment necessary to protect
society against the actions of both defendants, who were prepared to
pursue the civil parties to the country where asylum was obtained, with
the plan to kill them there,” the judgement runs. “The facts testify to
the defendants’ extremely dangerous attitude.”
The case underscores the volatility of the situation in Belgium,
following an attack on a Kurdish family returning from a Newroz or
Kurdish New Year celebration. This week saw an outbreak of violence, as
armed gangs of Turkish men terrorised Kurdish families and elderly
people in Leuven, Belgium. The ‘manhunt’, seeking out and beating
ethnic Kurds which left two in critical condition, was conducted by
so-called ‘Grey Wolves’, a group variously characterised as
neo-fascist, ultra-nationalist and Islamist and which has met with and
received vocal support from elected, Turkish politicians in Belgium.
The new revelations over the 2017 assassination attempt will create
further pressure on the Belgian authorities to assess the extent to
which Turkish paramilitary groups and clandestine cells can operate on
European soil.
Furthermore, evidence suggests potential links between the ‘hit squad’
and a broader network operating in France. The plotters are shown to
have been in close contact with representatives of the Turkish National
Security Council and a military mercenary group known as Sadat,
colloquially termed ‘the Turkish Wagner group’.
As such, the revelations in Belgium could reignite a long-standing
investigation into the assassination of three prominent female Kurdish
activists in Paris in 2013. Despite the death of the prime suspect in
that case, who also has links to the Grey Wolves, it’s hoped that
justice can still be served. Kurdish representatives have condemned
what they say is an eleven-year cover-up by the French justice and
security services and demanded transparency from the French authorities
over the triple murder, which evidence suggests was a contract killing
carried out by Turkish intelligence. In December 2022, just weeks
before the tenth anniversary of the 2013 assassinations, three more
Kurdish activists were killed in an armed attack on a Kurdish cultural
centre in Paris. (Medyanews, 3 April 2024)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Demo in Brussels condemns the raid on Medya Haber TV
and Stêrk TV
Belgian police raided the premises of the Sterk, Roj and Hevron public
companies in Denderleeuw, Belgium at around 1:30 am on 23 April. The
raid against Kurdish TV stations, carried out by the Belgian Federal
Police, occurred without prior notification to lawyers and company
officials. In the late hours of the night, when nobody was in the
building, police forcibly entered the offices, destroying broadcasting
tools and press materials, notably computers.
A demonstration was organised in Poel Art Square in front of the Palace
of Justice in Brussels against the Belgian police raid on Medya Haber
TV and Stêrk TV studios. Employees of Medya Haber and Stêrk TV,
non-governmental organisations, Belgian press, press unions, free press
workers, Kurdish politician Emin Pencwini, KCDK-E co-chair Engin Sever,
NAV-BEL members, KNK member Nilüfer Koç also participated in the
demonstration.
The doors and cameras broken by the police in the television building
were also brought to the demonstration. Banners reading "No freedom of
the press for Kurds?", "You cannot silence Kurds" and "Free press
cannot be silenced" in Flemish, English and French were displayed
during the protest, which started after a minute of silence.
"This operation was carried out to criminalise the Kurdish press and to
silence our voices. We do not accept this attack,” said NAV-BEL
co-chair.
Kezban Doğan on behalf of the TJK-E said: "I condemn the attack on the
free press. This is not the first attack on our televisions. They
wanted to silence us before, but they could not, and they will fail
again to silence us. Turkey is making occupation plans, and this attack
is not independent of these plans. As TJK-E, we say that despite all
the attacks, you will not be able to destroy us. The free press will
not be silenced."
Medya Haber TV employee Heval Arslan stated: "About 200 police carried
out the raid, the roads of the town where we are station were blocked,
and no one was allowed to approach. The police aggressively broke all
our doors and equipment. Even though we had the keys, they broke 98
cupboards and 41 doors. Our computers were confiscated. The screen in
our studio was broken. Free media is a great danger for Turkey! This
attack took place under pressure from Turkey and at the request of
France. We do not accept these attacks. There is freedom of press in
all countries, but there is no freedom for the Kurdish press. We will
continue to expose Erdoğan's crimes. We will continue to tell the truth
to the people."
Maxime Ramirez of the Belgian Socialist Party also condemned the
attacks.
Rishi Sing, a Belgian peace activist, also spoke, condemning the
targeting of Kurdish TV channels.
Stêrk TV employee Sebahattin Gültekin recalled the past massacres and
exiles against the free press and said: "However, we have experienced
the same attacks in the centre of Europe, in the cradle of democracy.
Today, Brussels has become the capital of attacks. European democracy
and justice have failed. Political and economic interests led to these
attacks. This is the capital of Europe, the European Parliament is here
and must stand against these attacks. We do not accept attacks against
the press. We will not give up, we will not cower. Everyone must
protect the free press and the right to receive news."
Maurice Kohn, a Belgian Peace Activist, gave the message that "Freedom
of the press is important for everyone."
Stêrk TV employee Hindirin Hewrami also reacted to the attacks.
The door broken by the police and the cameras brought for the protest
were left in front of the Palace of Justice. (ANF, 27 April 2024)
Sterk and Medya News TV workers: No power will be
able to silence us in this task
Belgian police raided the premises of the Sterk, Roj and Hevron public
companies in Denderleeuw, Belgium at around 1:30 am on 23 April. The
raid against Kurdish TV stations, carried out by the Belgian Federal
Police, occurred without prior notification to lawyers and company
officials. In the late hours of the night, when nobody was in the
building, police forcibly entered the offices, destroying broadcasting
tools and press materials, notably computers.
Sterk and Medya News TV workers made a press statement about the police
operation, saying the following:
“We condemn this unlawful and anti-democratic attack, which targeted
our Free Media institutions, representing the voice of the Kurdish
people. The timing of the raid, coinciding with Kurdish Journalism Day
and the 126th anniversary of the Kurdish media, is particularly
significant, marking a continuation of organized attacks against the
Kurdish press – particularly since the Turkish police raided the homes
of Kurdish journalists in Turkey at the same time.
This is not the first time our studios have been targeted; Belgian
police previously raided them in March 2010, seizing all our computers
and hard drives. The investigations and lawsuits were inconclusive and
our companies were not subjected to any sanctions, operating in
compliance with Belgian law, as evidenced by the lack of outcome from
prior raids on our offices.
We emphasize that this attack infringes upon the freedom of the Kurdish
media and the Kurdish people's right to information. Despite hundreds
of attempts by the Turkish state and its allies to suppress Kurdish
media, we remain steadfast in our commitment to journalistic integrity
and freedom of expression, and Turkey has been unable to achieve its
goal of silencing the Turkish media. Turkey has murdered dozens of our
colleagues over the years, but neither they nor any other actor can
stop us from reporting freely on the situation in Kurdistan and Turkey.
We have no doubt that this attack was the result of clandestine
relations with the Erdogan regime in Turkey. We therefore call upon the
Belgian government to clarify the nature of its relations and
negotiations with Turkey. We consider these raids, conducted without a
warrant, to be a violation of the law, and our lawyers will immediately
open proceedings against this unlawful incursion.
We would further like to extend an invitation to the Belgian media,
non-governmental organizations and political parties; we are doing
press activities here. Our work is public and transparent, and our
studio doors are open to everyone. Anyone, especially the police, can
come to our studios and offices at any time and follow our activities
here. There is nothing secret or hidden here.
At the same time, we, as employees of the Kurdish media, will continue
to be the voice of our people. No power will be able to silence us in
this task.
We will conclude with this simple message – “we are here.” We see
ourselves as responsible for informing the Kurdish people, and keeping
our language and culture alive. In the face of all kinds of oppression,
including deadly attacks against our colleagues, our pens will continue
to write and our cameras will continue to capture the truth.
Kurdistan journalists have reported on the Turkish state's massacres,
immolations, and summary executions, even at risk of their lives. It
was the sacrifices made by the free Kurdish press which revealed the
atrocities committed by ISIS to the world, as our colleagues lost their
lives in pursuit of truth on behalf of the world. The world knows this,
and we will accordingly continue to pursue truth, high ethical
standards, and report on what is really happening in Kurdistan and the
world.” (ANF, 23 April 2024)
Belgian police raid Kurdish TV stations, in tandem
with arrests in Turkey
Belgian police have launched overnight raids on two Kurdish TV
stations, Stêrk TV and Medya Haber, in tandem with the arrests of seven
Kurdish journalists in Turkey. The two TV stations, which broadcast on
news, politics and culture in Kurdistan in the Kurdish and Turkish
languages from Brussels, were raided at 1.30am in the early hours of 23
April, the day after Kurdish Journalism Day.
Kurdish media has long broadcast from Brussels, due to the repression
faced by Kurdish media in Turkey and other states with a
Kurdish-majority population, where the Kurdish language and expression
have long been criminalised. Denmark, the UK, France and Germany have
all previously banned and criminalised Kurdish TV, while the Belgian
police have also previously raided Kurdish TV stations based on their
territory.
The latest raids saw damage to TV equipment and journalists prevented
from accessing the station for several hours, but the police ultimately
withdrew after ransacking the building, without making any arrests. The
security guards were handcuffed, the doors of the operating and
broadcasting room were smashed, and the equipment inside was destroyed,
while computer cables were also severed as 200 police searched the
building for four hours, seizing computers.
Meanwhile, seven journalists, five of them female, were detained in
Turkey in overnight raids targeting Kurdish opposition media. Those
detained were named as Esra Solin Dal, Enes Sezgin, Saliha Aras, Yeşim
Alıcı, Beste Argat Balcı and Şirin Ermiş. Turkey was ranked the world’s
ninth largest jailer of journalists in 2023, according to the annual
report of the Committee to Protect Journalists (CPJ). During recent
pro-democratic protests in Van, Turkey, journalists were repeatedly
targeted with rubber bullets and water cannons and detained for
covering the civil uprising, alongside reports of violence in police
custody.
With 13 journalists currently in jail, Turkey shares ninth spot on the
CPJ list with Egypt. In 2019, the country was identified as having the
highest number of imprisoned female journalists. “Many journalists
released in 2023 remain under judicial supervision, meaning they must
report to the police and may be banned from travelling abroad, or are
free pending investigation or trial,” CPJ said, recalling that Hatice
Duman, who has spent the longest time behind bars of any female
journalist in the world, remained imprisoned serving a life sentence.
In these conditions, the Kurdish press has long sought a safe home in
Europe in order to continue reporting on news and events in Kurdistan,
but continues to face legal challenges and repression in EU states,
including at Turkey’s behest.
Notably, 22 April was Kurdish Journalism Day, marking the 126th
anniversary of the publication of the first Kurdish newspaper, itself
soon shut down following repression by the Ottoman authorities.
Repression of Kurdish journalism has continued ever since. From 1992 to
1994, a total of 76 journalists, staff and distributors of the Kurdish
newspaper Özgür Gündem were murdered in Turkey by the paramilitary
forces (JITEM) and Hezboullah forces. In 1994, three offices of the
newspapers Özgür Gündem and Özgür Ülke were bombed. (MediaNews,
23
April 2024)
Un
journaliste de la chaîne turque TRT
grièvement blessé à Gaza
Un journaliste travaillant pour la chaîne de télévision étatique turque
TRT a été grièvement blessé et un autre plus légèrement vendredi dans
la bande de Gaza, a annoncé la chaîne, affirmant que son équipe a été
la cible d'une frappe israélienne.
"Un véhicule d'une équipe de TRT Arabi (la chaîne en arabe de TRT,
NDLR) qui s'apprêtait à diffuser depuis le camp de Nuseirat (...) a été
visé par une frappe de l'armée israélienne. Sami Shahada, qui travaille
comme caméraman indépendant, a été grièvement blessé", a indiqué la
chaîne de télévision.
Le journaliste "a perdu un pied et est actuellement opéré", a détaillé
sur le réseau social X le directeur général de TRT, Zahid Sobaci,
condamnant "la brutalité israélienne".
Transféré à l'hôpital Al-Aqsa de Deir El Balah, dans le centre de la
bande de Gaza, Sami Shahada a dit à un correspondant de l'AFP avoir été
touché alors qu'il se trouvait "loin de la zone de danger", "entouré de
gens et de journalistes".
"Nous étions en train de filmer lorsqu'une frappe nous a visés, je ne
sais pas si c'était un missile ou un char d'assaut. J'ai vu que ma
jambe était amputée", a-t-il témoigné allongé sur le sol de l'hôpital,
sa jambe droite couverte d'un linge tâché de sang.
"Je portais un gilet de presse et un casque et il était clair, même
pour des aveugles, que j'étais journaliste", a-t-il ajouté.
Selon TRT, d'autres journalistes ont été blessés dans ce camp de
réfugiés du centre de la bande de Gaza.
Le porte-parole de la présidence turque Fahrettin Altun a accusé Israël
d'avoir "délibérément et volontairement commis ce massacre".
"Nous avons ici un Israël qui n'a pas de principes éthiques, qui ignore
le droit international", a-t-il dit à des journalistes à Ankara.
Depuis le début de la guerre à Gaza, le président turc Recep Tayyip
Erdogan est l'un des critiques les plus virulents d'Israël qu'il a
qualifié "d'Etat terroriste".
Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), une association
basée à New York, au moins 95 journalistes ont été tués depuis le début
de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, dont 90 sont des
Palestiniens. Au moins 16 autres ont été blessés.
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du mouvement
islamiste palestinien Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené
une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de
1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par
l'AFP à partir des données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza
dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère
comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union
européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent
33.634 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la
Santé du Hamas. (AFP, 12 avr 2024)
Turkish
journalists shot at, banned from observing vote
count in local elections
Turkish authorities must not disregard the news media’s legally
protected right to observe the election process and must investigate
the armed attack on a group of journalists in Diyarbakır, the Committee
to Protect Journalists said Tuesday.
On Sunday’s election day, the High Board of Elections (YSK) banned
reporters from observing the votes being counted at some locations.
This is a legal right for Turkish journalists, according to a report by
local media freedom advocacy group MLSA. The group cited Article 82 of
Turkey’s election law, which says, “…Members of the media are free to
obtain images and information around the ballot box for news purposes,
provided that they do not interfere with the ballot box procedures.”
That same day, an unknown number of journalists from the official
Anatolia Agency (AA), the pro-government Demirören News Agency, and
pro-government İhlas News Agency were shot at while trying to get away
from a location where they were covering an ongoing clash over an
election dispute in the southeastern province of Diyarbakır. The AA
reporters’ vehicle was hit by bullets, but nobody was injured.
“While it was a welcome change that elections in Turkey were held
without attacks on the media by the security forces, the ban on
reporters observing the vote count and the armed assault on journalists
in Diyarbakır demand further investigation,” said Özgür Öğret, CPJ’s
Turkey representative. “Turkish authorities must prosecute those
responsible for the Diyarbakır shooting and ensure that the legal
rights of the media, which benefit the whole society and democracy, are
always protected.”
Turkish President Recep Tayyip Erdoğan’s Justice and Development Party
(AKP) suffered a major electoral defeat during the local elections. The
party lost many municipalities and failed to retake major metropolises
from the opposition despite its victory in the presidential and
parliamentary elections of 2023.
During the second round of presidential elections on May 28, 2023, at
least two journalists were physically attacked, others were obstructed
from their work, and one was briefly detained by the police.
CPJ’s calls to the YSK and chief prosecutor’s office in Diyarbakır for
comment did not immediately receive a reply. (CPJ, April 2, 2024)
Report
documents over 200 cases of censorship against
artistic freedom in 2023
Last year, 209 instances of censorship against artistic freedom of
expression were documented in Turkey, as reported by the Speak Up
(Susma) Platform Against Censorship and Self-Censorship.
Of these cases, 51 were related to television broadcasts, with 42 cases
resulting in penalties imposed by the Radio and Television Supreme
Council (RTÜK). Additionally, various practices were observed,
including legal investigations and prosecutions against actors, scenes
being cut or blurred during broadcasts, and termination of actors'
contracts due to their social media posts.
The second most affected area was the music industry, accounting for
23.9% of censorship cases, followed by the internet with 11%.
In 2023, the most common censorship method was prohibition and
blocking, accounting for 41% (86 cases). The majority of prohibitions
were related to the music industry, followed by administrative
sanctions with 58 cases.
The Speak Up Platform stated, "Undoubtedly, it is not possible to say
that all censorship cases that occurred in Turkey during the year are
limited to this number. In this sense, it would not be wrong to say
that what is reflected in the report is just the tip of the iceberg.
Although we know that there are more censorship cases than reflected in
the report, the data we have is important in providing a general idea
of artistic freedom."
Disadvanteged groups were affected by censorship more, the platform
noted. "Until that time comes, the stakeholders in the field and the
data we collect indicate that the increasingly authoritarian government
continues to disproportionately affect marginalized groups in society.
Women, LGBTI+ individuals, Kurds, refugees, like every year, were among
the most severely affected by multiple human rights violations in 2023,
and artistic freedom is just one of them." (BIA, 26 March 2024)
Kurdish
Question / Question kurde
Condamnation des perquisitions ciblant la
communauté kurde en France et en Belgique
Le Conseil Démocratique Kurde en France condamne avec la plus grande
fermeté les perquisitions réalisées ce matin en France et en Belgique,
visant indistinctement entrepreneurs, militants et citoyens
franco-kurdes, ainsi que les médias kurdes. Ce matin, neuf personnes
ont été injustement placées en garde à vue en Île-de-France et dans les
Bouches-du-Rhône.
Parallèlement, à Denderleeuw en Belgique, une opération orchestrée à la
demande du Parquet antiterroriste français a mené à la saisie et à la
destruction de matériel essentiel, interrompant brutalement la
transmission en direct de trois chaînes de télévision kurdes.
Ces actions ne sont que le prolongement de l'offensive génocidaire
menée par la Turquie contre les populations kurdes, offensive tolérée
et même facilitée par des politiques étrangères, dont celle de la
France, qui préfère sacrifier les droits humains, la liberté et la
démocratie pour des intérêts à court terme.
En se pliant aux exigences d'un partenaire historiquement infructueux
et agressif, la France persiste dans une stratégie étrangère
dévastatrice, négligeant ainsi ses propres intérêts géopolitiques,
sécuritaires et politiques.
La diplomatie française, en traitant depuis des décennies les Kurdes
non pas comme des partenaires mais comme des monnaies d'échange pour
apaiser la Turquie, a montré son incapacité à défendre les valeurs
qu'elle prétend incarner.
Loin de combattre le terrorisme, ces récentes perquisitions, ainsi que
l’ensemble des mesures administratives visant les militants kurdes
servent un agenda politique sombre, piloté par des intérêts commerciaux
et diplomatiques douteux, et manifestent un déni flagrant de justice.
Nous appelons la France à mettre fin immédiatement à cette politique
cynique qui nuit gravement à sa stature internationale et à ses
principes fondateurs.
Nous demandons également la solidarité des organisations politiques,
associatives et syndicales pour soutenir la communauté kurde en ces
moments de répression injustifiée et pour œuvrer ensemble à la
restauration de la justice et du respect des droits humains.
Nous restons résolus à défendre la dignité et les droits de notre
communauté contre ces agissements injustes et nous engageons à lutter
pour la vérité et la justice. (info@cdkf.fr; 24 avril 2024)
Série d'arrestations dans la presse prokurde en
Turquie et en Belgique
Au moins neuf Turcs travaillant pour des médias prokurdes, dont huit
journalistes, ont été arrêtés mardi en Turquie et accusés d'"activités
terroristes", selon leurs employeurs et leurs avocats.
Ces personnes, quatre femmes et cinq hommes, ont été interpellées à
l'aube dans trois villes différentes, Istanbul, la capitale Ankara et
Sanliurfa (sud-est), selon l'association des avocats pour la liberté de
la presse, MLSA.
Les journalistes travaillent pour l'agence de presse Mezopotamia ou
pour le journal Yeni Yasam. La neuvième personne est un "employé de
presse".
Mezopotamia précise que son journaliste arrêté à Ankara l'a été au
cours d'"une opération de police à son domicile".
"L'unité juridique de MLSA a indiqué qu'il était interdit aux
journalistes de consulter un avocat", écrit l'ONG sur le réseau X, ce
qu'a confirmé à l'AFP une proche d'un des journalistes interpellés,
sous le couvert de l'anonymat.
Selon elle, la police s'est présentée au domicile de ce journaliste
avant l'aube.
Les familles des reporters concernés ont été prévenues de leur
arrestation "dans le cadre d'une enquête ouverte en 2022 pour activités
terroristes", a expliqué cette femme.
Ceux d'Istanbul étaient retenus mardi dans un poste de police, a-t-elle
affirmé.
L'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières
(RSF)
à Istanbul, jointe par l'AFP, a dit "suivre la situation de près".
Simultanément, les studios de télévision de Sterk TV et Medya News,
deux chaînes de télévision kurdes émettant à partir de la Belgique, ont
été perquisitionnés par la police belge, ont annoncé ces deux médias
dans un communiqué transmis à l'AFP.
Selon un communiqué du parquet belge diffusé mardi, ces perquisitions
ont été effectuées "dans la nuit", "à la demande de la justice
française" qui cherche à "établir d'éventuelles preuves de financement
du terrorisme".
Il n'était pas possible dans l'immédiat d'établir un lien entre les
arrestations de journalistes en Turquie et les perquisitions en
Belgique. (AFP, 23 avr 2024)
La répression contre les Kurdes s’intensifie, la
France désignée comme complice
La semaine de rassemblement des Kurdes devant le Conseil de l’Europe
avait lieu traditionnellement depuis des années sans poser aucun
problème, mais brusquement, la préfecture du Bas-Rhin l’a interdite
cette semaine à Strasbourg. Cette manifestation festive (les Kurdes
venus des pays européens y jouent de la musique, on y danse et on mange
de la cuisine kurde) était aussi organisée pour rappeler que les Kurdes
constituent un peuple, qu’ils ont une langue et une culture, et un
leader charismatique, Abdullah Ocalan, emprisonné en Turquie depuis
maintenant 25 ans et dont les Kurdes réclament la libération avec une
détermination fidèle et obstinée depuis un quart de siècle. Cette
année, ils devront se taire.
« En limitant arbitrairement la possibilité pour les Kurdes de faire
entendre leur voix pacifiquement, les arrêtés préfectoraux portent un
coup sévère à notre système démocratique », réagit le PCF du Bas-Rhin
qui voit dans cette nouvelle interdiction « la dérive liberticide du
pouvoir actuel qui multiplie les entraves à l’exercice des libertés
démocratiques, dans le droit fil des arrêtés d’interdiction de
manifester pour la Palestine ». Les arguments de la préfecture du
Bas-Rhin ne devaient pas être d’une solidité à toute épreuve puisque,
suite à un recours gracieux, une journée de rassemblement a tout de
même été autorisée lundi, mais interdite pour le restant de la semaine.
« C’est absolument scandaleux que des réunions pacifiques et
singulièrement lorsque c’est la communauté kurde qui se mobilise,
soient interdites. Là encore, on bafoue la liberté de réunion et de
manifestation qui est un droit fondamental inscrit dans la Convention
européenne des droits de l’homme », ajoute le député FI du Bas-Rhin
Emmanuel Fernandes, membre de la Gauche unitaire européenne à
l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui est lui aussi
intervenu pour demander à la préfecture de lever l’interdiction du
rassemblement kurde.
Un « harcèlement judiciaire et administratif des Kurdes en France »
Cette interdiction de manifester faite aux Kurdes intervient à quelques
jours seulement d’une véritable série noire d’expulsions vers la
Turquie de jeunes militants kurdes qui demandaient l’asile en France
après avoir fui leur pays où ils étaient menacés de prison et de
traitements dégradants, comme leurs défenseurs l’ont démontré.
« Il y a un véritable harcèlement judiciaire et administratif des
Kurdes en France. Le parquet antiterroriste se saisit d’affaires qui ne
relèvent pas du terrorisme, pour venir harceler des militants kurdes
dans des procédures humiliantes, alors que ces militants ont toujours
combattu le terrorisme. Je rappelle que ce sont les Kurdes qui ont
combattu Daech et qui les ont vaincus en Syrie », observe David Andic,
l’avocat de Serhat Gültekin, le militant kurde livré à la police
d’Erdogan vendredi dernier (12 avril 2024) à la suite d’une série de
procédures rocambolesques, alors qu’il est atteint d’une maladie
grave. Serhat Gültekin était légalement demandeur d’asile au moment de
son expulsion. « Nous avions prouvé la réalité des craintes qu’il avait
invoquées s’il était renvoyé en Turquie. Tout ce qu’il a dit était
vrai. Il était en attente d’être auditionné par la Cour nationale du
droit d’asile. Tout cela, nous l’avons démontré à la Cour
administrative qui en a fait fi, et qui élude totalement le risque
d’atteinte à l’article 3 de la Convention européenne des droits de
l’homme et des risques dégradants et inhumains auxquels est exposé
Serhat Gültekin, en ordonnant son expulsion », explique l’avocat au
Barreau de Paris.
« On viole le droit français, on fait un déni de droit en France, et on
viole également le droit international en faisant ce que l’on fait »,
ajoute David Andic. Comme ses avocats l’avaient annoncé, Serhat
Gültekin a été emprisonné à son arrivée en Turquie pour y purger une
peine de six ans et trois mois de prison. Deux autres jeunes militants
kurdes ont de la même manière été expédiés en Turquie à la suite de
procédures françaises qui n’ignoraient pas qu’ils étaient menacés dans
leur pays. Ces deux militants – Firaz Korkmaz et Mehmet Kopal – avaient
été arrêtés le 26 février dernier pour avoir déplié des banderoles
demandant la libération d’Abdullah Ocalan dans un hall d’entrée
secondaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, sans aucune violence ni
dégradation. Leur avocat, Alexandre André, avait lui aussi dénoncé les
conditions des expulsions par la France des deux jeunes militants :
Firaz Korkmaz n’ayant jamais reçu la notification de son obligation de
quitter le territoire français (OQTF), Mehmet Kopal ayant fait de son
côté un recours contre son obligation de quitter le territoire devant
la Cour d’appel de Versailles. Tous les deux ont été livrés à la
Turquie où ils ont été emprisonnés, le premier le 28 mars, le second le
9 avril. « Aujourd’hui, participer à une manifestation kurde, ça peut
vous incriminer, voilà le message que la France est en train d’envoyer
», déplore David Andic.
Silence du Conseil de l’Europe
Ces expulsions sont d’autant plus graves que la situation des
prisonniers politiques en Turquie ne s’est en rien améliorée, le plus
emblématique d’entre eux, Abdullah Ocalan, faisant office d’emblème en
matière de déni des droits humains. Un représentant de la famille
d’Ocalan et des avocats du leader kurde ont rencontré mercredi les
représentants du Comité anti-torture (CPT) qui est chargé en principe
par le Conseil de l’Europe de faire respecter les droits internationaux
des prisonniers politiques. « Les représentants du Comité anti-torture
ont avoué que la situation autocratique qui règne en Turquie avait
beaucoup changé en 10 ans, ce qui affecte l’action du Conseil de
l’Europe, mais aussi la situation politique en Turquie », témoigne le
député turc Omer Ocalan, le neveu d’Abdullah Ocalan, qui participait à
la rencontre.
La délégation du Conseil de l’Europe qui s’est rendue en 2022 sur l’île
prison d’Imrali où est détenu Abdullah Ocalan n’a toujours pas publié
son rapport, en vertu d’un règlement ubuesque qui exige que l’État
concerné par le rapport donne son autorisation pour qu’il soit publié,
ce que la Turquie refuse toujours de faire. « Le Conseil de l’Europe
est la seule institution qui a un rapport avec la prison d’Imrali.
Depuis des années, nous demandons qu’il remplisse sa mission de défense
des droits de l’homme et des droits des prisonniers, c’est la raison
pour laquelle le Conseil de l’Europe existe. Le Comité contre la
torture fait très attention à ne jamais sortir du domaine de la
diplomatie et de la bureaucratie. Mais pour nous, la situation actuelle
à la prison d’Imrali est au-delà de la diplomatie et de la démocratie
», explique Özgür Faik Erol, avocat d’Ocalan depuis 17 ans, qui déplore
que les institutions internationales comme le Conseil de l’Europe ne
soutiennent pas plus les avocats et les personnes qui défendent les
prisonniers politiques. « Ils sont au courant qu’ils ne remplissent pas
leur mission et clairement, ils ont une responsabilité en cela »,
ajoute-t-il.
Après un très bref entretien téléphonique avec un membre de sa famille
en avril 2021, Ocalan est depuis cette date dans un isolement total, et
il n’a pu rencontrer aucun de ses avocats depuis 2011. Ceux-ci ont
déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui
dépend du Conseil de l’Europe, mais n’ont pour l’instant obtenu aucune
réponse.
« La résolution de la question kurde sera une grande avancée pour
l’Europe et pour le monde entier, et Ocalan a un rôle central à jouer
pour la résolution de la question kurde et pour la paix », estime Faïk
Ozgur. Faisant allusion à la situation en Palestine et à Gaza, Omer
Ocalan ajoute : « Il y a au Moyen-Orient une richesse de cultures et de
croyances. Nous voulons la paix pour les Kurdes comme nous voulons la
paix entre Israël et les Palestiniens, et entre tous les pays du monde.
Selon notre paradigme, nous voulons que les peuples soient égaux et
vivent ensemble en paix. » (L'Humanité, 19 avril 2024)
Ankara court refuses to release 18 Kurdish
politicians, as Kobane trial drags on
The 82nd hearing of the Kobane trial was held on Wednesday 18 April in
Ankara. A total of 108 Kurdish politicians are on trial in the
high-profile case, for charges dating to 2014 related to social media
posts that allegedly fuelled mass uprisings in protest to Turkey’s
complicity in the ISIS siege of Kobane.
Unrest at the October 2014 demonstrations lead to violence and multiple
deaths. But the vast majority of the 48 people killed were pro-Kurdish
People’s Democratic Party (HDP) supporters. Despite this, the
prosecution has been used as an opportunity to repress the HDP. The
case has been criticised as a clear political attack, and part of the
efforts to shut down the party. The European Court of Human Rights has
ruled that the seven-year-long imprisonment of the HDP’s former
co-chairs, Figen Yüksekdağ and Selahattin Demirtaş, is illegal.
The verdict was expected, but it has been delayed. The court cited the
substantial evidence in the case and the need to finalise trial
transcripts as the reason for the postponement. Instead of a conclusion
to the trial, the 18 people still being held in prison were called in
for a ‘detainee review’.
Some commentators have conjectured whether the ruling Justice and
Development Party’s (AKP) losses in the municipal elections signify a
change of political atmosphere that could affect the trial. Others
pointed out that the delay was due to the Turkish state not wanting the
court’s verdict to coincide with President Recep Tayyip Erdoğan’s visit
to the US. If the defendants were to be found guilty and receive long
prison sentences it could spark fresh criticism of state repression in
Turkey.
Turkey is under increased scrutiny at the moment, after a US
Congressional hearing examined Erdoğan’s human rights record. The
hearing comes at an inconvenient time for the Turkish state, just
before the president’s state visit to Washington.
Only five of the defendants attended court on 17 April, many others
watched the proceedings through SEGBIS – the court’s electronic system.
People’s Equality and Democracy Party (DEM) Co-Chairs Tülay
Hatimoğulları and Tuncer Bakırhan, together with the defendants’
lawyers and members of the Law and Human Rights Commission made a
statement at Sincan Prison ahead of the hearing, calling for the
release of the prisoners. (medyanews, 18 April 2024)
Turkey’s leading pro-Kurdish party faces repeat closure
threat
Devlet Bahceli, Turkey’s ultranationalist ally to the ruling Justice
and Development Party (AKP), in a speech on Tuesday tore into the
country’s pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democratic Party (DEM
Party), demanding the party be shut down and calling for the revocation
of its MPs’ parliamentary status.
Meanwhile, DEM Party Co-Chair Tülay Hatimoğulları, in a parliamentary
address, said that peace in Turkey could only be restored with the
release of Kurdish leader Abdullah Ocalan and a democratic resolution
of the Kurdish issue.
She reiterated that the mission of the DEM Party was to be a democratic
voice to the people, in partnership with “all social entities in
Turkey, the Kurdish people’s movement, the Alevi movement, the women’s
movement, and the defenders of nature and human rights.”
Bahceli, leader of the Nationalist Movement Party (MHP) maintained
that, “Peace in Turkey remains elusive unless DEM is laid to rest by
legal means.” Proposals put forward by Bahceli included slashing
funding for the DEM party and its MPs’ salaries and removal of immunity
for DEM Party MPs.
Kurdish parties in Turkey have faced continual threats to democratic
engagement. A closure case was brought against the DEM Party
predecessor, the Peoples’ Democratic Party (HDP) in 2021, leading to
the party running under the Green Left list for general elections last
year. Subsequently, the HDP effectively rebranded itself as the DEM
Party. (medyanews, 17 April 2024)
« Le monde doit cesser d’ignorer le sort des Kurdes »
La Turquie semble la destination idéale pour partir en vacances (…),
mais pour ceux qui y vivent en minorité, notamment les Kurdes, la
réalité est malheureusement bien différente, écrit Tommy Sheppard dans
un article du quotidien écossais The National.
Sheppard attire l’attention sur les récentes élections municipales du
pays, où les Kurdes « espéraient obtenir de bons résultats, non
seulement dans les régions de l’Est où ils constituent la population
majoritaire, mais dans les grandes villes où ils représentent la
principale opposition à l’AKP, le parti au pouvoir du président Erdoğan
».
Il se concentre sur le cas très médiatisé d’Abdullah Zeydan, député
pro-kurde du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM)
élu à Van, dans l’est de la Turquie, qui a été radié du barreau
immédiatement après avoir obtenu 55 pour cent des voix. Le ministère
turc de la Justice a rapidement remplacé Zeydan par le candidat de
l’AKP, qui n’avait obtenu que 27 pour cent des voix.
Les médias internationaux ont rapidement commencé à rendre compte de
cette décision, couvrant les manifestations et les affrontements après
que les responsables électoraux ont annulé la victoire de Zeydan. « Il
est difficile d’imaginer qu’un gouvernement annule de cette manière de
manière aussi flagrante les résultats d’une élection », déclare
Sheppard.
Après deux jours de protestations, le Conseil électoral suprême (YSK)
de Turquie a annulé la décision du Conseil électoral provincial de Van,
réintégrant Zeydan du parti (DEM) au poste de maire de Van. Selon
Sheppard, « cette tentative la plus flagrante de renverser une élection
locale a été contrecarrée ».
Dans son article, le journaliste évoque les allégations largement
répandues de fraude sur les inscriptions électorales, mais souligne
qu’elles constituent « en grande partie la fin en douceur d’une
campagne de répression politique contre la représentation kurde qui
dure depuis des décennies ».
La raison pour laquelle le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a
été répertorié comme organisation terroriste par une grande partie du
monde occidental était « de garder la Turquie comme alliée de l’OTAN »,
affirme Sheppard. Cependant, « les tribunaux internationaux ont statué
que cela ne respectait pas les normes internationales de procédure
régulière ».
Pesant tout ce que les Kurdes ont enduré, Sheppard conclut en disant
qu’il est temps pour le gouvernement écossais et d’autres de se joindre
aux appels à la libération d’Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du
PKK, et de « cesser de fermer les yeux sur la série d’humains ».
violations des droits humains dans la Turquie d’Erdoğan ».
(infolibertaire, 15 avril 2024)
Vandalism at the grave of Kurdish lawyer Medet
Serhat
Unidentified individuals have vandalized the grave of Medet Serhat, a
distinguished Kurdish lawyer known for his advocacy of Kurdish people’s
rights.
The attack, which occurred at the Zincirlikuyu Cemetery in İstanbul,
resulted in the destruction of the gravestone and surrounding marble
slabs.
Medet Serhat, who was assassinated in 1994, was known for his defense
of Kurdish politicians during the Democracy Party (DEP) Trial. His son,
Rumet Serhat, said the grave was intact during their last visit and the
attack must have happened within the past few days.
Human rights advocate and lawyer Eren Keskin shared images of the
damaged grave on social media, denouncing the attackers as racists who
lack respect for the deceased. The Association of Lawyers for Freedom
(ÖHD) İstanbul Branch also issued a statement condemning the racist
attack and calling for the immediate apprehension and prosecution of
those responsible.
Medet Serhat (1931-1994) was a lawyer known for his advocacy for
Kurdish identity and rights, which led to multiple imprisonments. He
was one of the founding members of the Kurdish People and Freedom
Foundation.
Serhat was assassinated on November 12, 1994, outside his home in
Erenköy, İstanbul. His driver was also killed in the attack, and his
wife survived with disabilities. The exact individuals or groups
responsible for his assassination have not been publicly identified.
(BIA, 11 Sept 2024)
Critical European Parliament conf to address
isolation of Öcalan, Turkish prisons
A major European Parliament conference titled ‘Political Prisoners:
Isolation, ill-treatment and torture’ will be held on 11 April, 14.00 –
17.00 CET, in Brussels. Several international lawyers’ organisations
have announced the critical conference which is set to address the
detention conditions of political prisoners in Turkey and Europe, in
particular the isolation of Kurdistan Workers’ Party (PKK) leader
Abdullah Öcalan.
A key panel will focus on conditions in Turkey’s Imrali island prison,
where Öcalan is held incommunicado. An international delegation of
lawyers in opposition to isolation practices are scheduled to present
their findings of a January visit to Turkey. In 2022 the Council of
Europe’s anti-torture committee visited Imrali island but the Turkish
authorities have since barred publication of their report which details
an inspection of conditions in the prison, adding to the urgency of the
conference.
The event is organised by the Association for Democracy and
International Law (MAF-DAD), in collaboration with the European
Association of Lawyers for Democracy and Human Rights (ELDH) and
European Democratic Lawyers (ADH). Around 100 international legal
professionals are due to attend, including from Catalonia, Basque
Country, Hungary, Germany and Turkey.
One of the speakers will be the lawyer Mazlum Dinç from Asrın Law
Office, the firm which represents Öcalan in Turkey. They have been
obstructed from visiting or contacting their client, who has been
imprisoned since 1999, for 36 months. Three other prisoners are
detained in Imrali prison – they are also in total isolation. The
‘right to hope’ concept in international human rights law will be
discussed with regards to prisoners with life sentences and the
possibility for review.
While an element of the conference’s aim is to strike at the isolation
policies used against Öcalan and other prisoners the scope of the
issues is wider: there are many political prisoners across Turkey and
Europe whose rights are severely violated, leading to deteriorating and
untreated health issues. One of the prisoners whose situation will be
highlighted is Ilaria Salis, a teacher and an anti-fascist from Italy
who is wrongfully jailed in Hungary, with fears for her safety.
Political prisoners from Catalonia and Basque Country will also be
discussed.
The conference fits within a larger campaign to break the isolation of
Abdullah Öcalan. The campaign against isolation is emblematic of the
long-running struggle to solve the Kurdish issue in Turkey via
democratic means. Conference organiser, lawyer Mahmut Şakar, told Medya
News: “This is not our first conference on the issue. We also organised
an international signature campaign, and we are awaiting the results of
the legal delegation that visited Turkey earlier this year. We have
hope that this will be fruitful.” (MedyaNews, 10 April 2024)
Criminalisation des Kurdes en Suède: Des
avocats dénoncent une dérive dangereuse
La répression de l’activisme politique kurde à la demande de la Turquie
“n’a pas sa place dans un système juridique moderne ou un pays
démocratique”, affirment vingt-cinq avocats suédois dans une lettre
ouverte.
La persécution politique des Kurdes en Suède constitue une dangereuse
dérive, avertissent vingt-cinq avocats du pays nordique. Les membres de
la communauté kurde de Suède sont confrontés à une “persécution
politique… depuis que les relations internationales avec la Turquie
sont devenues une préoccupation de politique étrangère plus
importante”, accusent les avocats dans une lettre ouverte publiée sur
le site d’information ETC.
Les avocats soulignent l’hypocrisie d’une situation dans laquelle “la
position et les activités politiques des Kurdes, pour lesquelles ces
mêmes Kurdes ont initialement obtenu une protection dans leur nouveau
pays d’origine, sont classées comme “terroristes” par le service de
sécurité depuis quelques années… la persécution politique des Kurdes et
des institutions kurdes doit cesser”, ajoutent-ils.
La lettre vise à dénoncer l’influence croissante de la Turquie sur la
politique de sécurité d’un pays autrefois connu pour sa relative
tolérance et son soutien aux politiciens, journalistes et activistes
kurdes en exil.
Pendant dix-huit mois, la Turquie a opposé son véto à l’adhésion de la
Suède à l’OTAN. Durant cette période, Ankara a exercé un chantage pour
obtenir des concessions, exigeant notamment de la Suède l’extradition
des militants kurdes réfugiés dans le pays, en échange de la levée de
son véto.
“La Turquie est un pays qui a été condamné à plusieurs reprises par la
Cour européenne des droits de l’homme pour des violations de la
Convention”, notent les avocats. “C’est aussi un pays qui emprisonne
des milliers d’avocats, de journalistes et de politiciens pour des
motifs arbitraires.
La Turquie avait notamment suggéré qu’un membre du Parlement suédois,
Amineh Kakabaveh, Kurde d’origine iranienne, soit expulsé vers la
Turquie bien qu’elle n’ait aucun lien juridique avec le pays. Après
l’adhésion de la Suède à l’OTAN, les Kurdes ont été confrontés à une
criminalisation accrue, à travers une nouvelle loi restrictive sur le
terrorisme, conçue pour répondre aux intérêts turcs en ciblant la
communauté kurde du pays.
“Les développements que nous avons observés en Suède ces dernières
années sont répréhensibles et nous font réfléchir à l’avenir vers
lequel la Suède se dirige”, écrivent les avocats, avertissant que les
politiques utilisées pour cibler les Kurdes mettront plus tard en péril
la société civile et l’opposition démocratique dans l’ensemble de la
Turquie.
Les auteurs de la lettre établissent une comparaison avec l’érosion de
l’État de droit en Turque : “La situation est similaire au système
juridique turc où chaque Kurde qui veut revendiquer son identité est
considéré comme un terroriste et un sympathisant du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK)… Les organisations kurdes voient leurs
comptes bancaires bloqués, les jeunes demandeurs d’emploi kurdes
n’obtiennent pas de permis de travail après avoir obtenu une
autorisation de sécurité, et les avocats commencent à être surveillés.”
Ces mesures répressives, qui semblent constituer l’extension sur le sol
européen de politiques turques largement condamnées, sont “kafkaïennes”
et “n’ont pas leur place dans un système juridique moderne ou dans un
pays démocratique”, affirment les avocats. À l’inverse, ils attirent
l’attention sur une affaire judiciaire récente en Belgique, dans
laquelle la Cour de cassation de ce pays a confirmé un arrêt rejetant
la qualification terroriste du PKK considéré comme une partie légitime
à un conflit armé non international.
“Il y a seulement quelques années, les Kurdes étaient
internationalement acclamés comme étant l’un des acteurs les plus
importants contre l’avancée de l’État islamique”, souligne la lettre.
Et de conclure: “Au lieu de suspecter et de criminaliser les Kurdes, la
Suède devrait soutenir un nouveau processus de paix entre les Kurdes et
la Turquie.” (ROJINFO, 10 avril 2024)
La France fustigée pour l’expulsion de militants kurdes
vers la Turquie
Dans un communiqué cinglant, le CDK-F a fermement condamné l’expulsion,
le 9 avril, de Mehmet Kopal, militant kurde sous obligation de quitter
le territoire français (OQTF). Cette expulsion qui survient moins de
deux semaines après celle d’un autre militant kurde, Firaz Korkmaz,
résulte d’une collaboration entre les autorités françaises et turques,
estime le CDK-F, qui dénonce un comportement inacceptable et contraire
aux valeurs humaines fondamentales.
Suite à l’expulsion vers la Turquie du militant kurde Mehmet Kopal
hier, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) s’est dit
consterné par l’exécution de cette OQTF qui survient moins de deux
semaines après l’expulsion d’un autre militant kurde, Firaz Korkmaz.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’organisation faîtière des
associations kurdes de France accuse les autorités françaises d’avoir
sciemment organisé cette expulsion, en pleine connaissance des
conséquences inhumaines et des longues années d’emprisonnement qui
attendent Mehmet Kopal en Turquie. À cet égard, le CDK-F a exprimé sa
profonde inquiétude au vu des images circulant sur les médias turcs,
montrant le jeune kurde menotté à côté d’un drapeau turc.
Se disant particulièrement alarmé par les informations concernant une
possible expulsion imminente de Serhat Gultekin, un autre militant
kurde sous OQTF, le CDK-F dénonce les efforts des milieux anti-kurdes
au sein de l’appareil étatique français, “qui utilisent la nouvelle loi
sur l’immigration pour servir leurs intérêts obscurs avec la Turquie,
au détriment des Kurdes”. Et de fustiger des pratiques telles que le
retrait de statuts, le gel des avoirs et les nombreuses expulsions, qui
constituent un acharnement déplorable et laissent une tache indélébile
dans l’histoire de la France.
Face à ces injustices, la principale organisation représentative des
Kurdes de France affirme qu’elle ne restera pas silencieuse, exigeant
des autorités françaises qu’elles mettent immédiatement fin à ces
pratiques contraires aux droits humains et aux principes de la
République. (ROJINFO, 10 avril 2024)
Le pouvoir
de Bagdad resserre l'étau sur le Kurdistan
autonome d'Irak
"Vengeance politique" ou reprise en main? En Irak, le pouvoir fédéral
de Bagdad profite de la stabilité relative du pays pour revoir ses
rapports et son contrôle sur le Kurdistan autonome, experts et
responsables politiques actant un tour de vis.
Le bras de fer se joue aussi devant les tribunaux, avec plusieurs
verdicts promulgués à Bagdad et décriés par Erbil, capitale d'un
Kurdistan autonome depuis 1991 dans le nord de l'Irak, et
traditionnellement soutenu par les Occidentaux.
Contrôle du pétrole, versement des salaires des fonctionnaires,
intervention dans les législatives régionales: depuis des décennies,
les mêmes dossiers peu ou prou enveniment les relations entre le
pouvoir fédéral et le Kurdistan.
Cette fois-ci, Bagdad a la main haute. Les pressions visent directement
le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), aux manettes à Erbil, engagé
dans une lutte intestine avec l'autre formation historique des Kurdes,
l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).
"Je dois vous avertir des complots visant à démanteler par diverses
tactiques le Kurdistan", accusait fin mars le Premier ministre de la
région, Masrour Barzani, du PDK.
Depuis deux décennies, alors que Bagdad se dépêtrait avec des conflits
à répétition, le Kurdistan se présentait comme une oasis de stabilité
économiquement prospère.
Mais dans un pays aux immenses richesses pétrolières, à Bagdad ou à
Erbil, les observateurs dénoncent corruption endémique, politiques
publiques défaillantes et crises à répétition, au sein d'élites
politiques quasi-inchangées depuis 20 ans.
- "Erreurs" au Kurdistan -
A son arrivée, l'actuel Premier ministre irakien Mohamed Chia
al-Soudani, soutenu par des partis pro-Iran, avait rétabli des rapports
apaisés avec les politiciens kurdes. Mais Bagdad et Erbil ont toujours
entretenu des relations en dents de scie.
"Les gouvernements successifs (à Bagdad) ont longtemps été accaparés
par des crises et des contextes difficiles", indique à l'AFP un
influent responsable politique, en allusion aux années de guerre, de
lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et de
manifestations antipouvoir.
"Cela fait qu'ils ne se sont jamais penchés sur les erreurs commises
par le Kurdistan", justifie-t-il sous anonymat.
"Que ce soit pour les accords pétroliers, les exportations de pétrole,
le système financier de la région, de nombreuses décisions illégales
ont été prises. Il est temps d'y remédier", estime-t-il.
Fin février, la Cour suprême fédérale, plus haute instance judiciaire,
sommait Bagdad de verser directement leurs salaires aux fonctionnaires
du Kurdistan, sans passer par les autorités locales.
De même, la justice irakienne a supprimé 11 sièges réservés aux
minorités au sein du Parlement régional. Selon des observateurs, ces
postes permettaient au PDK de sécuriser sa majorité parlementaire face
à ses adversaires.
Deux affaires initiées par... des avocats de Souleimaniyeh, ville kurde
bastion de l'UPK.
Rejetant ces verdicts, le PDK a annoncé son boycott des législatives
locales prévues au Kurdistan en juin, faisant craindre un nouveau
report du scrutin.
Enfin, depuis un arbitrage international remporté par Bagdad il y a un
an, les exportations pétrolières autrefois menées unilatéralement par
Erbil --sans l'assentiment de Bagdad-- ont été stoppées.
Erbil avait fini par accepter de livrer son pétrole à Bagdad contre un
pourcentage du budget fédéral. Mais des litiges continuent d'entraver
la reprise des exportations.
Samedi, le président du Kurdistan, Nechirvan Barzani, était reçu à
Bagdad par le Premier ministre Soudani. Les deux hommes ont discuté "de
leur vision commune sur les dossiers et affaires nationales", indique
sobrement un communiqué de M. Soudani.
- Autoritarisme? -
"Il y a chez certains acteurs politiques chiites une volonté de
saper
constitutionnellement le Kurdistan", estime le politologue Ihsan
al-Chammari, précisant que la multiplication des plaintes "affaiblit le
poids politique de la région et du PDK".
Si autrefois "de nombreuses affaires étaient passées sous silence en
contrepartie d'ententes" négociées entre partis pour "former un
gouvernement" par exemple, désormais ces dossiers "interviennent dans
le cadre d'une vengeance politique", ajoute-t-il.
Malgré le "caractère politique" des décisions judiciaires, l'analyste
estime qu'elles sont "constitutionnelles".
Sabah Sobhi, parlementaire du PDK, accuse certaines forces politiques
de vouloir transformer "le fédéralisme et la décentralisation
administrative" d'Irak en un système "centralisé et autoritaire".
Il fustige aussi les "désaccords au sein de la maison kurde" --en
allusion à l'UPK.
En mars, Bafel Talabani, président de l'UPK, dénonçait "les attaques
diffamatoires contre la Cour suprême fédérale et les accusations visant
ce tribunal indépendant et professionnel".(AFP, 6 avr 2024)
L'élection
contestée du maire kurde Abdullah Zeydan finalement validée
Un élu du principal parti prokurde de Turquie dont l'élection dimanche
à la tête d'une grande ville de l'Est de la Turquie avait été invalidée
au profit d'un candidat du pouvoir a finalement été déclaré vainqueur
du scrutin, a annoncé son parti.
"Grâce à la résistance du peuple kurde, de nos amis et des démocrates,
il a été décidé de remettre le mandat de maire de la mairie
métropolitaine de Van à Abdullah Zeydan", s'est félicité le parti
prokurde DEM (ex-HDP) dans un message sur le réseau social X.
Troisième force politique au parlement turc, le parti avait saisi
mercredi le Haut conseil électoral turc pour contester l'invalidation
de l'élection de M. Zeydan à Van, grande ville à majorité kurde située
à proximité de la frontière iranienne.
La décision du Haut conseil électoral, annoncée mardi, avait créé de
vives tensions dans la ville et des manifestations et mouvements de
colère jusqu'à Istanbul.
"La volonté des habitants de Van a pris corps", s'est réjoui mercredi
soir le co-président du parti, Tuncer Bakirhan, dans un message sur le
réseau social X.
M. Bakirhan avait dénoncé plus tôt un "putsch".
Abdullah Zeydan a été élu dimanche avec 55,48% des voix, contre 27,15%
à son principal rival du parti AKP au pouvoir (Parti de la justice et
du développement), balayé dans de très nombreuses villes du pays.
Selon le parti DEM, la commission électorale locale avait contesté les
droits politiques de M. Zeydan vendredi, à moins de 48 heures du
scrutin.
Élu député en 2015, Abdullah Zeydan avait été arrêté l'année suivante,
accusé notamment d'avoir assisté aux funérailles de membres du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé considéré comme
terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le gouvernement turc accuse le parti DEM de liens avec le PKK, ce que
le parti réfute.
Emprisonné, M. Zeydan avait été libéré début 2022.
- "ubuesque" -
Face aux tensions à Van, la préfecture avait interdit mercredi
toute
manifestation, ainsi que l'entrée pendant 15 jours de "groupes ou
individus susceptibles de participer à des rassemblements illégaux"
dans la province.
Près de 90 personnes ont été interpellées à Van et dans six autres
villes pour avoir protesté contre la décision du Haut conseil
électoral, a annoncé mercredi matin le ministre de l'Intérieur Ali
Yerlikaya.
Dix avocats ont également été interpellés mercredi lors d'un
rassemblement devant le palais de justice de Van, selon l'association
d'avocats MLSA.
Une cinquantaine de maires du parti prokurde élus en 2019 avaient été
remplacés par des administrateurs nommés par l'Etat.
"Ce qui est arrivé à Van est totalement ubuesque", a réagi mercredi
après-midi le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, réélu dimanche sous les
couleurs du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate),
principal parti d'opposition sorti grand vainqueur des élections
municipales de dimanche. (AFP, 3 avr 2024)
En Belgique, la chasse aux
Kurdes
Par Guillaume Perrier, Le Point, 1 avril 2024
Les clients se pressent à la sortie de la boulangerie Istanbul. Une
fournée de pains du ramadan vient de sortir. L'heure de la rupture du
jeûne approche, le boulanger distribue ses derniers « pide »
et ferme boutique. La rue se vide. Ne restent plus que les
patrouilles de police qui remontent la rue principale. Depuis une
semaine, leur présence a ramené un peu de calme à Heusden-Zolder.
Le 24 mars dans la soirée, Heusden-Zolder s'est transformée en
champ de bataille entre Turcs et Kurdes. Les incidents ont commencé
lorsqu'un convoi de huit ou dix voitures qui rentrait de Louvain, où se
tenaient les cérémonies du Newroz, a été attaqué. À l'intérieur des
véhicules se trouvaient les membres d'une famille kurde, tous réfugiés
de Syrie. Des échanges d'invectives puis des coups s'ensuivent. Depuis,
deux récits s'opposent. Les nationalistes turcs, soutenus par Ankara,
dénoncent une provocation de « terroristes du PKK »
(Parti des travailleurs du Kurdistan). Les Kurdes, minoritaires dans la
région, y voient plutôt une brutale « attaque raciste » de
l'extrême droite turque, les « Loups gris », et une
« tentative de lynchage ».
Pendant plusieurs heures, plusieurs centaines de Turcs chauffés à blanc
ont fait le siège de la maison où la famille kurde s'était
réfugiée, et ils ont menacé d'y mettre le feu aux cris de
« Allahou akbar ». « Tout cela était très organisé,
j'aimerais que le gouvernement belge soit lucide face à cette
menace », dénonce Tahir Orak, le coresponsable du Conseil des
communautés kurdes de Belgique (Nav Bel), qui vit depuis 20 ans
dans la région.
Memo (les noms ont été modifiés pour respecter l'anonymat des témoins),
un Kurde de 30 ans, et sa sœur Dila sont encore sous le choc.
Nous les rencontrons à Bruxelles, où ils ont été mis à l'abri depuis
l'incident. « Nous sommes originaires d'Afrine en Syrie, nous
vivions une vie normale, avec notre culture. Jusqu'à ce qu'en 2018, la
Turquie attaque et occupe la région. Nous avons été forcés de fuir
notre maison », souffle le jeune homme. Les milices islamistes
pro-turques font la loi dans le nord de la Syrie. Toute la famille –
une vingtaine de personnes – s'exile en Europe. « Nous croyions
qu'ici nous serions dans un pays libre où nous pourrions vivre notre
culture et nos traditions de Newroz. C'est ce qu'on nous avait dit au
cours d'intégration à notre arrivée. Mais je ne savais pas qu'ici
aussi, c'était la Turquie ! » proteste-t-il.
Une petite Turquie nationaliste au Limbourg
Heusden-Zolder est effectivement un petit coin de Turquie dans la
campagne du Limbourg, ancienne région industrielle à la frontière
belgo-néerlandaise. Le long de la Koolmijnlaan, « l'avenue de la
mine de charbon » qui traverse l'ancien bassin houiller, les
commerces évoquent plus le Bosphore et l'Anatolie que la Flandre :
pâtisserie « Baklavaland », restaurant de poisson
« Marmara », étal de boulettes de viande au boulgour,
boutiques d'accessoires de mariage, bijouterie turque… Dans les cafés,
on diffuse les matchs de football et les informations du pays
d'Erdogan. Les soirs de fête, on s'invite au restaurant de grillades,
pâle copie de celui de Salt Bae, le cuisinier turc star des réseaux
sociaux, prisé des footballeurs et des voyous. Au bord de l'avenue de
la mine de charbon, on peut ainsi déguster des steaks en or
de 24 carats comme à Dubai… Halal et sans alcool. Les
immigrés de Turquie ont apporté leur mode de vie, leurs associations
religieuses et politiques. Ils ont aussi importé et amplifié les
tensions qui traversent la Turquie et le Kurdistan.
« Après le petit déjeuner, nous nous sommes habillés de nos
costumes traditionnels kurdes, nous avons décoré les voitures et sommes
partis tous ensemble pour la cérémonie. Certains habitants sur la route
nous jetaient des fruits ou nous faisaient le signe des Loups gris,
comme les gangs criminels en Syrie… Nous n'y avons pas trop prêté
attention. Après quelques heures passées à Louvain, la pluie s'est mise
à tomber, nous avons décidé de rentrer. C'est à la sortie de
l'autoroute que les choses se sont envenimées », raconte Memo.
Selon le jeune homme, un guet-apens les attendait. Deux voitures les
ont suivis puis bloqués. « L'un des protagonistes a arraché le
drapeau d'Öcalan sur une voiture et nous a menacés : “Ici, c'est
la Turquie. Que venez-vous faire ici ?” Nous étions avec les
enfants, nous avons été obligés de nous défendre. » Une bagarre
éclate. « Nous sommes allés nous réfugier dans la maison de mon
père, il y avait beaucoup d'enfants », poursuit Memo. Mais dehors
ils sont arrivés nombreux, armés de couteaux et de bâtons.
« Pendant trois heures, ils nous ont assiégés, ont jeté des
pierres, en criant “on va vous brûler, Dieu est grand !” Nous
avons fui la Syrie à cause de la Turquie et de cette idéologie. Et
maintenant, elle nous poursuit jusqu'en Belgique. Et c'est nous qui
sommes accusés d'être des terroristes ! » lâche-t-il.
Trois des quatre mosquées d'Heusden-Zolder sont sous le contrôle de la
Turquie, celle de Selimiye, affiliée au Diyanet, l'administration
turque du culte, est la plus fréquentée. Dans une petite rue adjacente,
le « centre culturel et éducatif turc » est au cœur de la
mobilisation. Chaque soir depuis le 24 mars, des dizaines de
militants nationalistes turcs s'y regroupent. Pour les autorités
belges, le centre est une respectable association culturelle
communautaire. En réalité, c'est le foyer local des Loups gris. Dans la
salle de réception, on retrouve tous les symboles de cette extrême
droite identitaire turque : les trois croissants de lune, le loup
gris, le blason impérial du sultan ottoman Abdulhamit… Le portrait
d'Alparslan Türkes, ancien colonel de l'armée turque et fondateur des
Loups gris, côtoie celui du président Recep Tayyip Erdogan.
Ce que n'avaient pas bien réalisé les réfugiés d'Afrine, c'est que le
Limbourg belge est un fief des nationalistes turcs. La région compte
environ un tiers des 450 000 Turcs de Belgique. Lors de la
dernière élection présidentielle, Erdogan, qui s'est allié aux Loups
gris depuis 2015, y a obtenu plus de 72 % des voix. « C'est
un réflexe grégaire enragé, à la vue de certains symboles kurdes,
estime Bahar Kimyongür, traducteur et opposant turc en exil. Alors
qu'en même temps, il y a une banalisation de la symbolique fasciste
dans les quartiers turcs. Les drapeaux turcs sont de sortie au moindre
mariage ou match de football. L'extrême droite flamande pourrait aussi
se sentir provoquée. Tant qu'on n'aura pas isolé le MHP (Parti d'action
nationaliste, allié d'Erdogan) et le mouvement « idéaliste »
(les Loups gris), on aura ce type d'incident », poursuit-il.
Les tensions se sont rapidement propagées et ont fait craindre une
extension aux pays voisins. Les organisations kurdes ont battu le
rappel et des militants sont arrivés en renfort de France et
d'Allemagne. Idem du côté des Loups gris. « Nous pouvons venir à
une centaine de Lyon », précise un message, publié sur une boucle
WhatsApp.
À Heusden-Zolter, à la nuit tombée, des escouades de jeunes militants,
entièrement vêtus de noir et armés, installent des barrages filtrants
et contrôlent les passagers des véhicules. Les Loups gris font la loi.
À Gand, un groupe s'est baptisé GÖH ou « Forces spéciales de
Gand » en turc, reprenant ainsi les codes des unités d'élite de la
police antiterroriste turque déployée dans les régions du Kurdistan. Un
militant kurde, au moins, a brièvement été pris en otage par des jeunes
armés qui l'ont menacé d'exécution avant de le relâcher. La photo de
cet homme mis à genoux, des armes braquées sur la tête, a fait le tour
de la Toile.
Toute la semaine, les esprits se sont échauffés sur les réseaux sociaux
et parfois dans les rues d'Anvers, Liège et Bruxelles. À Cheratte, un
café tenu par les Loups gris, le mouvement néofasciste et suprémaciste
qui quadrille étroitement la diaspora à travers toute l'Europe
occidentale, a été attaqué par une cinquantaine d'hommes. Le lendemain,
une boulangerie kurde a été vandalisée. La police a arrêté une
vingtaine de personnes, mais cherche surtout à faire redescendre les
tensions.
Les autorités turques, elles, ont immédiatement accusé « les
terroristes du PKK » de provoquer les citoyens turcs. Hakan Fidan,
le ministre des Affaires étrangères, s'est entretenu avec son homologue
belge le soir même. Et le président Erdogan a personnellement apporté
son soutien à ces derniers. Dans un appel téléphonique à l'un des
jeunes Turcs blessé dans les bagarres, il a assuré suivre étroitement
le dossier avec son ambassade. « Ces gens sont immoraux,
méprisables et crapuleux », a-t-il déclaré à propos des militants
kurdes, selon l'agence Anatolie. À la télévision, un conseiller
municipal de Heusden-Zolder, Yasin Gül, a contribué à propager la thèse
d'une provocation de la part des Kurdes. Cet élu, ancien membre des
Verts, passé chez les chrétiens-démocrates flamands, a été exclu de son
parti lorsque ses liens avec les Loups gris ont été rendus publics.
Ces accusations provoquent chez Memo un profond soupir. « Nous
sommes des gens sans histoire, venus ici pour travailler, et depuis
cinq ans, nous n'avions jamais eu de problèmes, se défend Memo.
Pour moi, c'était organisé, nous avons été suivis et des dizaines de
personnes sont arrivées en cinq minutes pour nous
encercler. » Les responsables des organisations kurdes de
Belgique ont eux aussi le sentiment d'une provocation destinée à
renforcer la pression de la Turquie sur les réseaux pro-kurdes de
Belgique, déjà ciblé ces dernières années par des tentatives
d'assassinats, en lien avec les services secrets turcs.
Commentaire de Doğan Özgüden
dans Le Soir sur les récents événements en Belgique
Les agressions commises par des racistes turcs dans le Limbourg contre
des Kurdes revenant des célébrations du Newroz à Louvain dimanche, le
rassemblement de protestation organisé par des organisations kurdes
devant le Parlement européen à Bruxelles lundi et les tensions entre
les deux communautés à deux endroits de Liège ont été largement
couverts par les médias belges.
Dans l'édition d’aujourd’hui, La Libre Belgique a rapporté les
événements en titrant "L'agenda politique d'Ankara divise les Turcs et
les Kurdes en Belgique", tandis que Le Soir, dans un article de
Baudouin Loos analysant les événements, a donné également le point de
vue de Dogan Özgüden, rédacteur en chef d'Info-Türk:
« Les droits nationaux bafoués »
De son côté, le journaliste vétéran Dogan Özgüden, exilé en Belgique
depuis plus de cinquante ans, regrette les violences et tient à mettre
le contexte en évidence:
Les célébrations du Newroz sont l’une des rares occasions pour le
peuple kurde, dont l’identité, les droits nationaux et la liberté
d’expression sont continuellement bafoués depuis la fondation de la
république, de faire entendre sa voix.
Alors que ce peuple continue à être soumis à l’oppression même durant
les campagnes électorales, que ces maires élus sont démis de leur poste
et emprisonnés, que les députés et dirigeants du parti kurde restent
toujours incarcérés, que l’armée turque poursuit ses opérations
militaires non seulement dans les provinces kurdes en Turquie, mais
aussi en Irak et en Syrie, c’est le droit le plus légitime de ce peuple
d’élever sa voix, non seulement en Turquie mais aussi au sein de ses
diasporas à l’étranger.
Les pays européens, le Conseil de l’Europe et l’Union européenne
restant silencieux face à l’oppression et la persécution de ce peuple,
les réactions des Kurdes de la diaspora, tout comme celles des
Arméniens et des Assyriens victimes de génocide, sont tout à fait
compréhensibles.
Il ne faut pas oublier que le pouvoir islamiste d’Erdogan, soutenu par
le parti des Loups Gris en Turquie, continue à se servir des
organisations et des médias racistes et islamistes à sa disposition
pour faire taire la résistance kurde, à l’étranger comme en
Turquie.
Les événements récents en sont le prolongement.
Dans le Limbourg, des Kurdes revenant des célébrations du Newroz ont
été attaqués et, le lendemain, ils ont exprimé leur colère devant le
Parlement européen.
Dans un esprit de révolte contre les injustices et incompréhensions
envers leurs revendications, il arrive parfois que des débordements
non-désirables surviennent en réaction aux provocations et agressions
des milieux d’extrême-droite.
Toutefois, je sais que les organisations représentatives de la diaspora
kurde font de leur mieux pour les éviter et les empêcher. À mon avis,
il faut développer un dialogue constructif avec les dirigeants de ces
organisations.
Déclaration de l'organisation kurde NAV-BEL
"Une famille kurde rentrant chez elle après une célébration pacifique
de Newroz a été victime d'une attaque brutale. Ces Kurdes syriens,
venus de la ville occupée d’Afrin et réfugiés ici, ont été encerclés et
attaqués. Cette famille et ses voisins ont appelé la police. Cette
famille, complètement terrorisée, a également appelé ses amis à l'aide.
Les Kurdes arrivés pour demander de l'aide ont été confrontés aux
groupes de Loups Gris. Les Loups Gris ont attaqué les Kurdes dans les
rues pendant des heures. Résultat : plusieurs Kurdes se sont retrouvés
à l’hôpital.
"Chez NavBel, nous avons immédiatement pris l'initiative d'éviter de
nouvelles provocations et d'apaiser les tensions. Nous avons pris soin
des blessés et de leurs familles. Et depuis notre initiative, nous
sommes en contact constant avec les autorités municipales et les
services de police.
"Pour réduire les tensions, nous avons organisé le lendemain une
manifestation politique et pacifique à Bruxelles pour transmettre notre
message pacifique à notre communauté. Depuis le jour de cette attaque
brutale, de nombreux incidents provocateurs se sont malheureusement
produits. En tant que NavBel, nous n’approuvons pas du tout cela. En
tant qu'organisme communautaire, nous avons toujours appelé à agir dans
le cadre légal. Nous appelons notre communauté à agir uniquement dans
le cadre légal, humain et pacifique. Nous rejetons tout ce qui ne
relève pas de cela. Les lois belges doivent être respectées. Nous
rejetons les événements violents survenus ces derniers jours et
appelons au calme."
Minorités
/ Minorities
La commémoration du génocide des Arméniens à
Bruxelles
La cérémonie de commémoration du Génocide des Arméniens en Belgique a
eu lieu le mercredi 24 avril à Bruxelles avec la participation des
personnalités politiques et diplomatiques. Doğan Özgüden et Ani
Toraman, représentants de la Fondation Info-Türk et des Ateliers du
Soleil, étaient présents à la cérémonie et ont déposé des gerbes de
fleurs devant le mémorial au nom des membres et adhérents de deux
associations.
Statement by Turkish journalist and publisher Doğan Özgüden on
the occasion of the commemoration of the Armenian Genocide:
"Chers amis,
"A l'approche de l'anniversaire du génocide des Arméniens, je tiens à
exprimer ma grande déception à la suite de la victoire du parti
principal d'opposition, aux élections locales en Turquie.
"Si le Parti républicain du peuple a battu, à ces élections, l'alliance
islamo-fasciste d'Erdogan, notamment dans les grandes métropoles, c'est
aussi grâce au soutien des citoyens arméniens, assyriens, grecs et
kurdes qui attendent la reconnaissance de toutes les injustices dont
ils ont été victimes.
"Hélas... Il y a une semaine, le premier discours du leader de ce parti
à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a démontré qu'ils ne
s’opposent pas aux opérations interminables contre les Kurdes en Syrie
et en Irak, ni contre la complicité criminelle d'Erdogan avec Aliyev
contre les Arméniens du Haut Karabagh.
"Aucun mot sur ces sujets brûlants, mais il a insisté pour que le
Conseil de l'Europe fasse marche arrière quant à l'exclusion des
députés azéris de l'Assemblée parlementaire.
"Pas étonnant... Comme tous les partis de droite ou d'extrême droite,
son parti, lui aussi, avait soutenu et applaudi, à l'Assemblée
nationale, toutes les opérations militaires turco-azéris.
"Vers le cent dixième anniversaire du génocide des Arméniens, les
forces
démocratiques de Turquie et les diasporas issues de ce pays, ont
toujours comme tâche prioritaire, de faire connaître dans le monde les
réalités tragiques de ce pays, membre du Conseil de l'Europe et de
l'OTAN, ainsi que candidat à l'Union européenne.
"Je sais... Une tâche ardue, mais indispensable pour la dignité
humaine..."
https://www.facebook.com/European.Armenian.Federation/videos/1099669701313621
İstanbul governor bans Armenian Genocide remembrance event
The Human Rights Association will hold an event titled "Recognize,
Apologize, Compensate" in its office.
İstanbul governor bans Armenian Genocide remembrance event
The İstanbul Governor's Office has announced a ban on a public
remembrance event for the victims of the 1915 Armenian Genocide. The
event, organized by the April 24 Commemoration Platform, was scheduled
to take place in Kadıköy district on April 24, considered the beginning
of the genocide.
This decision marks the continuation of a policy from previous years,
where similar applications by the platform were denied. The ban has
been criticized by various human rights organizations, including the
Human Rights Association (İHD), which has been vocal in its efforts to
commemorate the genocide annually.
Despite the prohibition, the İHD's Committee Against Racism and
Discrimination plans to hold a press briefing titled "Recognize,
Apologize, Compensate" at their headquarters in Taksim on the same day.
Additionally, a forum discussing the necessity of confronting genocide,
titled "Genocide: Why is confrontation a necessity?" will be organized
by the 'Stop Racism and Nationalism' Platform at Nostalji Cafe in Şişli
on the evening of April 23. (BIA, 24 April 2024)
Depuis 109 ans, Ankara refuse de reconnaître le génocide
arménien parce que…
Ragip Duran, TVXS.GR, 27 avril 2024
* Alors
que la majorité des parlements et des gouvernements
démocratiques ont déjà reconnu le génocide de 1915, les régimes turcs
continuent à interdire les commémorations et désirent préserver le
tabou arménien.
Le 23 avril est officiellement la Fête de la Souveraineté Nationale et
des Enfants en Turquie, car ce même jour en 1920 l'Assemblée nationale
de Moustapha Kemal a été inaugurée à Ankara.
Mais le 24 avril 1915 est le début du génocide arménien, quand 270
intellectuels, artistes, politiciens arméniens d’Istanbul ont été
arrêtés sur ordre de Talat Pacha, ministre de l'Intérieur. Ils ont été
déportés vers le désert syrien et la majorité avait trouvé la mort.
Plusieurs centaines de milliers d’Arméniens des quatre coins d’Anatolie
avaient subi le même destin.
‘’1915 est une blessure qui ne se guérit pas’’ croient les Arméniens.
Cette année, encore le régime turc a interdit les cérémonies de
commémoration en l’honneur des ‘’1.5 millions d’Arméniens’’ de l’Empire
Ottoman.
Le président de la République M. Erdogan a envoyé la semaine passée un
message de condoléances au Patriarche arménien sans faire aucune
référence au génocide, dans lequel il y parle ‘’des événements
malheureux’’ et ‘’de la fraternité turco-arménienne’’.
Le génocide de 1915 a été pendant très longtemps un tabou bien implanté
pas seulement dans l’Etat turc, mais également au sein de la société
turque.
Le 19 janvier 2007 Hrant Dink, le journaliste arménien d’Istanbul a été
assassiné devant son journal, Agos. Ses funérailles, furent une des
plus grandes marches de protestation de la ville: plus de 200 milles
personnes étaient dans la rue portant des banderoles ‘’Nous sommes tous
arméniens’’, ‘’Nous sommes tous Hrant!’’.
Un peu plus tard, le 14 décembre 2008 une poignée d’intellectuel turc
avaient lancé une campagne intitulée ‘’Je demande pardon’’ . Le texte
ne comportait pas le mot génocide. Environ 20 milles citoyens avaient
signé cette pétition. Les nationalistes avaient lynché les initiateurs
et les signataires de cette campagne. Un tribunal avait ouvert une
information contre les auteurs et les signataires de la pétition.
Le gouvernement d’Erdogan de l’époque avait fait quelque pas timides
en-avant pour améliorer les relations entre Ankara et Erevan. Le
Président Abdullah Gul s’était rendu à Erevan à l’occasion d’un match
de foot en 2008. Le Président arménien s’était également rendu en
Turquie pour le match retour. Mais sans suite…
Depuis, les spécialistes et historiens, turcs, kurdes, arméniens et
étrangers ont produit plusieurs travaux sur le génocide.
Le Prof. Taner Akcam, fut le porte-étendard des études sur le génocide
arménien, depuis son doctorat à l’Université de Hannover en 1995. Il
enseigne depuis 2008 à l’Université de Clark aux Etats-Unis.
‘’Talat Pacha’’ de Hans-Lukas Kieser, professeur suisse, spécialiste de
la Turquie contemporaine, croit et démontre que le génocide de 1915
‘’est un élément fondateur de la République Kemaliste’’. C’est pourquoi
il qualifie Talat Pacha de ‘’Père Fondateur de la Turquie Moderne et
Architecte du Génocide’’. Le Comité de l’Union et de Progrès qui avait
gouverné l’Empire de 1908 jusqu’à 1918 était le mouvement et
l’idéologie proto-kémaliste, qui croyait que l’Empire s’effondrait à
cause de ses sujets non-turcs et non-musulmans, donc les Arméniens, les
Roums et les autres groupes chrétiens. Ces derniers étaient considérés
comme ‘’les agents locaux des puissances européennes’’.
L’idée et la pratique de la création d’un Etat-Nation obligeaient,
selon Kieser, l’anéantissement de l’ensemble des citoyens non-musulmans
et non-turcs de l’Empire. De plus, il fallait mettre main aux
propriétés de ces groupes.
Dans la terminologie officielle, l’Etat-Nation se définit en 4 mots:
Une seule Nation, Une seule Langue, Un seul Drapeau et Un seul Etat.
Depuis 2002, Erdogan a ajouté 2 nouveaux éléments à cette définition :
Une seule Religion et un seul Président !
Le système de L’Etat-Nation, emprunté au Jacobinisme français, n’était
sûrement pas le modèle idéal pour l’Empire Ottoman qui était formé d’au
moins 20 nationalités et de groupes ethniques de croyances différentes.
Les interdictions et le tabou sur le 1915 commencent à se diluer depuis
maintenant environ 15 ans. Par exemple, DEM (Le Parti de l’Égalité et
de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, 57 députés sur 594) et
TİP (Parti Ouvrier de Turquie, gauche, 3 députés) ont été critiqués
cette année, car ils n’avaient pas osé se servir du mot ‘’génocide’’
dans leurs déclarations officielles.
La reconnaissance officielle de 1915 risque de troubler voire de ruiner
tout le passé et les fondements même de la République turque. Le déni
de la Raison d’Etat peut détruire l’Etat lui-même. La carte de la
propriété de l’Anatolie devrait être redessinée. En effet, Ankara a
peur d’une revendication arménienne de dommages et d’intérêts. De plus,
les régimes anciens et nouveaux estiment que les Arméniens désirent
obtenir une région de la Turquie.
La Turquie, officielle continue à résister contre les vérités
historiques. ‘’Mais jusqu’où ?’’ se demandent les experts à l’étranger.
Que va dire
le principal parti d'opposition à l’occasion de la commémoration de
1915 ?
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 22 avril 2024)
Le nouveau leader du CHP Özgür Özel est-il rentré
en compétition avec Tayyip Erdoğan dans le soutien au dictateur azéri
Aliyev ?
Mercredi prochain marquera le 109e anniversaire du génocide arménien de
1915, l’une des pages les plus sombres de l’histoire de notre pays.
J’espère que le principal parti d’opposition, le CHP qui, dans le
sillage du coup porté à la dictature islamo-fasciste de l’AKP-MHP, a
remporté la majorité des suffrages dans les urnes lors des élections
locales du 31 mars, participera également aux commémorations de ce
sombre anniversaire et en entamant un travail sérieux au niveau
parlementaire pour que l’État turc reconnaisse également le génocide
arménien, officiellement reconnu par 31 États sur quatre continents…
Et ce n’est pas tout… Il faudra que le groupe parlementaire du CHP qui,
jusqu’à l’année dernière, lors des débats tenus à la Grande Assemblée
nationale de Turquie, avait soutenu la guerre menée par les forces
armées turques dans le nord de l’Irak et de la Syrie avec les armes les
plus destructrices, va avec sa nouvelle direction adopter une position
claire et nette contre cette politique agressive. De plus, il faudra
qu’il abandonne son soutien à l’occupation du Nagorno-Karabakh/Artsakh
dans le Caucase par l’Azerbaïdjan sous la dictature Aliyev et à la mise
en œuvre d’un deuxième génocide contre la nation arménienne…
Mais après avoir vu le discours prononcé la semaine dernière par le
nouveau dirigeant du parti Özgür Özel à l’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe, je suis malheureusement extrêmement pessimiste en
la matière…
Petit rétroacte… Trois jours après l’élection d’Özel à la présidence du
CHP, le journaliste Yavuz Donat suggérait dans le quotidien Sabah que,
sous l’ère Kılıçdaroğlu, le CHP n’avait pas apporté un soutien
suffisant à l’administration Aliyev et écrivait : « L’Azerbaïdjan…
Offensé… Brisé… Triste… En colère… À l’attention d'Özgür Özel… Il doit
absolument réviser la politique azerbaïdjanaise de son parti ».
Et Özgür Özel, à peine intronisé à la présidence, de réagir en suivant
les conseils de Yavuz Donat… Je lis dans le journal Sabah du 13
novembre 2023 :
« Il faisait nuit… Il était presque minuit… Mon téléphone sonne… Au
bout du fil, le président du CHP, Özgür Özel. "J’ai lu vos articles ",
me dit-il. Il parlait de ce que nous avions écrit sur l’Azerbaïdjan.
"Nous avons offensé notre ami et frère l’Azerbaïdjan… Nous avons mal
agi… Tout est de notre faute".
« Il affirmait qu’il allait réparer et reconquérir le cœur du cher
Azerbaïdjan. Le nouveau président travaillera avec de nouveaux noms. Il
nous a mentionné quelques-uns. Le programme d’Özgür Özel selon ses
propres mots : "Ma première visite sera à Chypre… Ensuite, je me
rendrai en Azerbaïdjan… Nous avons commencé les préparatifs" ».
L’exclusion des députés azéris du Conseil de l’Europe
À cette époque, je n’avais pas prêté grande attention à l’article de
Donat. Cependant, le discours d’Özel à Strasbourg, la semaine dernière,
montre que même si son leader a changé et qu’il a dû en grande partie
sa victoire électorale aux citoyens kurdes, il n’y aura pas un
changement sérieux dans la politique nationaliste et étatiste classique
du CHP.
J’en ai été témoin pour la première fois au début des années 1970,
durant notre lutte contre le régime de la junte du 12 mars, lorsque
Bülent Ecevit avait mobilisé les députés du CHP à l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe pour empêcher toute sanction
contre la Turquie.
Alors que la Grande Assemblée nationale de Turquie avait été fermée à
la suite du coup d’État du 12 septembre 1980, le CHP avait envoyé deux
de ses députés, Turan Güneş et Muammer Aksoy, à Strasbourg pour
empêcher l’exclusion de la Turquie du Conseil de l’Europe. Toutefois,
malgré tous leurs efforts, l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe avait elle-même mis fin à cette comédie de légitimation de
représentants d’un parlement dissous par la junte avec sa décision du
14 mai 1981.
J’en viens à aujourd’hui… Malgré tous les efforts de dissuasion des
représentants de l’État turc, la ratification des pouvoirs des députés
élus lors des dernières élections antidémocratiques en Azerbaïdjan a
été rejetée lors de la séance de l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe du 24 janvier 2024.
Le député Frank Schwabe, de la délégation allemande, avait justifié les
raisons du rejet de la ratification des pouvoirs de la délégation
azerbaïdjanaise :
1. La présence de prisonniers politiques en Azerbaïdjan
2. L’expulsion violente des résidents arméniens du Karabakh
3. Le report à trois reprises en 2023 de la visite des rapporteurs de
l’APCE en Azerbaïdjan
4. La non-invitation de la délégation de l’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe comme observateur pour les élections
présidentielles prévues le 7 février.
La décision de rejet, adoptée par l’Assemblée parlementaire par 76 voix
contre 10, était stipulée comme suit :
« L’Assemblée déplore que, plus de vingt ans après son adhésion au
Conseil de l’Europe, l’Azerbaïdjan n’ait pas rempli les engagements
majeurs en découlant. De très sérieuses inquiétudes subsistent quant à
l’indépendance de la justice et au respect des droits humains. En
outre, l’Assemblée est également préoccupée par la recrudescence des
violations de la liberté d’expression comme rapportée dans les cas de
"prisonniers politiques" ou l’arrestation récente des journalistes
indépendants du groupe médiatique Abzas ».
La décision mentionnait également une préoccupation quant à la
non-application des décisions relatives à la situation humanitaire au
Haut-Karabakh et aux opérations militaires qui y sont menées, et
attirait l’attention sur le processus qui a abouti au départ de plus de
cent mille Arméniens de la région en septembre de l’année dernière.
Défense de l’Azerbaïdjan par le leader du CHP au Conseil de
l’Europe
Lors de la séance au cours de laquelle les députés azerbaïdjanais
furent exclus, tandis que le député du parti DEM Berdan Öztürk avait
voté « Oui » et les neuf députés de l’AKP « non », aucun député du CHP
n’avait pris part au vote.
Probablement en lien à la promesse qu’il avait faite à Yavuz Donat
après son accession à la présidence, la première chose que fit le
président du CHP, Özgür Özel, à son arrivée à Strasbourg, fut d’agir,
tant dans ses entrevues privées qu’à la tribune parlementaire, à
garantir la réintégration des députés azéris à l’Assemblée
parlementaire.
Dans son discours devant l’Assemblée parlementaire, Özel, tout en ne
mentionnant pas une seule fois les opérations meurtrières menées par
l’État turc dans le nord de l’Irak et le nord de la Syrie, ni
l’opération conjointe d’invasion et de massacre menée par les forces
armées de l’Azerbaïdjan et de la Turquie dans le Caucase, déclarait au
sujet des représentants du régime Aliyev au Conseil de l’Europe :
« Je pense que les événements qui sont survenus au cours de la période
passée entre l’Azerbaïdjan et nous, et que nous regrettons quant à ses
conséquences même si nous n’avons pas été partis prenants à son vote,
doivent être rapidement réparés. Nous défendons pleinement les valeurs
communes du Conseil. Cependant, les rapports établis avec l’Azerbaïdjan
jusqu’à ce jour sont aussi instructifs pour les deux parties quant à
leurs résultats. Je voudrais également exprimer notre entière
disponibilité pour assumer toute forme de responsabilité dans les
relations entre le Conseil et l’Azerbaïdjan, qui est un pays très
important pour nous, afin d’apporter toute la contribution possible au
rétablissement des relations ».
Oui, après que le nouveau leader du CHP ait accédé à la présidence, il
a commencé à tenir la promesse de « reconquérir le cœur du cher
Azerbaïdjan » qu’il avait faite au journaliste de Sabah, Yavuz Donat en
lui déclarant : « Nous avons offensé notre ami et frère l’Azerbaïdjan…
Nous avons mal agi… Tout est de notre faute… ».
Dans deux jours, c’est le 109e anniversaire du génocide arménien de
1915…
Nous attendons… Que dira-t-il au sujet de ce génocide et de l’actuel
massacre et expulsion des Arméniens du Haut-Karabagh par l’opération
commune des forces armées azéries et turques ?
L’Arménie accuse Bakou de parachever son
«nettoyage ethnique» dans le Haut-Karabakh
Les deux pays voisins exposent cette semaine et la semaine prochaine
devant la Cour internationale de Justice qui siège à La Haye leur
différend de longue date portant sur la «purification ethnique», alors
même que les tensions militaires s’intensifient entre eux à la suite du
conflit de l’année dernière dans cette zone montagneuse contestée.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont mené deux guerres, au début des années
1990 et en 2020, avant que les forces azerbaïdjanaises ne reprennent en
septembre dernier le contrôle total du Haut-Karabakh lors d’une
offensive éclair qui a mis fin à trois décennies de régime séparatiste
arménien sur l’enclave.
Les tensions sont restées vives depuis l’opération azerbaïdjanaise qui
a conduit sur le chemin de l’exode vers l’Arménie la majeure partie de
la population arménienne de l’enclave, soit plus de 100 000 personnes.
«Après avoir menacé de le faire pendant des années, l’Azerbaïdjan a
achevé le nettoyage ethnique de la région», a déclaré aux juges
Yeghishe Kirakosyan, représentant le gouvernement arménien. Bakou «le
consolide désormais en effaçant systématiquement toutes les traces de
la présence des Arméniens de souche, y compris le patrimoine culturel
et religieux arménien», a-t-il déclaré.
Près de 200 Arméniens sont toujours portés disparus, a ajouté Yeghishe
Kirakosyan, à la suite de l’exode qui a provoqué le chaos le long de la
route d’accès au couloir de Lachin reliant l’Arménie à la région
séparatiste. Bakou a vigoureusement nié les allégations de «nettoyage
ethnique», affirmant que les Arméniens étaient libres de rentrer tant
qu’ils acceptaient de vivre sous la domination azerbaïdjanaise.
«Dès le début, l’Arménie avait pour objectif d’entamer cette procédure
devant la Cour et d’utiliser le fait de cette procédure pour mener une
campagne médiatique publique contre l’Azerbaïdjan», avait déclaré lundi
devant les magistrats Elnur Mammadov, le représentant de Bakou.
La bataille juridique devant la CIJ date de septembre 2021, lorsque
chaque partie a intenté l’une contre l’autre des actions en justice.
Elles s’accusent mutuellement de «nettoyage ethnique» et de violation
de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination raciale (CERD).
«L’Arménie n’a aucune revendication sur le territoire azerbaïdjanais»
Lundi, l’Azerbaïdjan a exhorté le tribunal à rejeter le cas de
l’Arménie, arguant que le tribunal n’était pas compétent. La CIJ, qui
statue sur les différends entre États, a émis des ordonnances d’urgence
en décembre 2021, appelant les deux parties à prévenir l’incitation et
la promotion de la haine raciale.
Mais même si les ordonnances de la CIJ sont contraignantes, elle ne
dispose d’aucun mécanisme d’application et les tensions se sont
accrues, culminant avec l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan en
septembre dernier. Yeghishe Kirakosyan a également déclaré aux juges
que Bakou «qualifie de plus en plus les revendications de l’Arménie en
matière de droits de l’homme… comme un défi à la souveraineté ou à
l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan».
«L’Azerbaïdjan se trompe profondément. L’Arménie n’a aucune
revendication sur le territoire azerbaïdjanais et est également
déterminée à établir les conditions d’une paix véritable et durable»,
a-t-il déclaré. Le conflit a également distendu les liens entre la
Russie et l’Arménie, Erevan estimant que Moscou n’a pas fait assez
d’efforts pour l’aider lorsqu’elle était attaquée. (Le Temps, 16 avril
2024)
DEM Party’s
Syriac candidate wins Idil mayoral election
after decades abroad
Türkan Kayır, returning to her homeland after 37 years abroad, has been
elected mayor of Idil (Hezex), Şırnak (Şirnex), alongside co-candidate
lawyer Doğan Adıbelli, under the banner of the pro-Kurdish Peoples’
Equality and Democracy (DEM) Party in the local elections held on
Sunday.
Idil stands out as one of the DEM Party’s most resounding victories,
with Türkan Kayır securing 71.27% of the votes, highlighting the
district’s strong support for change and minority representation.
This triumph serves as both a personal achievement and a landmark for
the representation of minorities in Turkey, signifying Kayır’s position
as the first Syriac mayor in the region in over three decades.
The significance of Kayır and Adıbelli’s victory is further deepened by
the harrowing history of enforced disappearances and unsolved murders
within the Syriac community since the 1990s. The backdrop of
decades-long grievances, including the unresolved fate of individuals
like Hurmüz Diril and former Idil Mayor Şükrü Tutuş, casts this
electoral win in a profound light, symbolising a potential turning
point towards addressing long-standing injustices faced by the Syriac
people.
The mayoral election of Kayır, a Syriac who had to leave Idil at the
age of 12 and settled in Switzerland, alongside Adıbelli, the first
lawyer to hold this position in the district, is a testament to the
pro-Kurdish DEM Party’s commitment to diversity and representation
across Turkey’s communities, building on its history of electing
representatives from various religious and national minorities.
(Medyanews, 1 April 2024)
HDP
Members sentenced for condemning
Armenian Genocide
Twelve former members of Turkey’s pro-Kurdish Peoples’ Democratic Party
(HDP) were each sentenced to five months in prison on Thursday for
condemning the Armenian Genocide, sparking debates on free speech.
The charge was “publicly degrading the Turkish Republic” following
their statement on the Armenian Genocide made on 24 April 2021. The
statement, which called for a confrontation with the “shame of the
Armenian Genocide”, led to a legal battle highlighting issues of
freedom of expression and historical acknowledgment in Turkey.
During the final hearing, lawyers for the accused argued that the case
was an unjustified infringement on freedom of expression, lacking legal
grounds and failing to meet the criteria of a legitimate aim and
necessity in a democratic society. They emphasised the absence of
specific intent to commit the crime in the accused’s statement. One of
the lawyers, Senem Doğanoğlu, noted that Alp Altınörs, one of the
accused, was in prison at the time of the statement for a different
case, challenging the coherence of the accusations.
Lawyer Ali Cangı further argued the case’s lack of substance by
pointing out that the events of 1915 predate the establishment of the
Turkish Republic, making the condemnation of actions by the Committee
of Union and Progress (İttihat ve Terakki Cemiyeti) and its Special
Organisation (Teşkilatı Mahsusa) irrelevant to defaming the modern
Turkish state. This argument underscored the anachronistic application
of law and the absence of a legal basis for attributing blame to the
Ottoman Empire’s actions to the Republic of Turkey.
The court’s decision to sentence the former HDP members, taking into
consideration the manner of the crime, the significance of the subject
and the supposed severity of the damage caused, was reduced from six to
five months after applying a sentence reduction, which was then
suspended. (MedyaNews, 29 March 2024)
Politique
intérieure/Interior Politics
Erdogan
insiste malgré le homard, les scandales et
dettes de ses municipalités perdantes
Ragip Duran, TVXS.GR, 21 avril 2024
*Le
ministère turc du commerce a interdit l’exportation de 54 types de
produit vers Israël. Tel-Aviv réagit violemment.
La poursuite des exportations turques vers Israël même après le 7
octobre fut selon la majorité des observateurs une des raisons de la
défaite électorale du 31 mars subie par le régime actuel. Plusieurs
centaines de milliers d’électeurs qui votaient depuis au moins 2002
pour le parti au pouvoir ont cette fois préféré Le Parti de la Nouvelle
Prospérité (YRP, Islamiste, 6.15 % des votes avec environ 3 millions
d’électeurs), dirigé par le fils de l’ex-Premier ministre M. Necmettin
Erbakan.
Les sociétés turques en particulier celles proche du Président qui
vendaient toujours des marchandises à l’Etat d’Israël, prétendaient que
la destination finale de ces marchandises "était la Palestine’".
Les médias du Palais avaient même trouvé un homme d’affaires
"palestinien" qui a confirmé la thèse officielle. Mais il s’est avéré
que ce commerçant vivait à Istanbul et avait reçu une médaille de
l’Etat d’Israël.
Metin Cihan, un journaliste indépendant vivant en exil, basé sur les
données de la toile, avait dévoilé en détail les auteurs, les volumes
et les contenus de ce commerce très fructueux.
Le ministre turc du commerce M.Omer Bolat, a estimé que ‘’Ce sont les
services de renseignement d’Israël qui produisent des désinformations
pour ternir l’image de la Turquie qui aide nos frères Palestiniens’’.
L’opposition et YPR ont, durant toute la campagne électorale, dénoncé
ce commerce malsain du pouvoir : "Des marchandises pour l’agresseur et
des prières pour les Palestiniens" disaient-ils.
Enfin, le ministère turc du commerce par un arrêté du 9 avril a
interdit l’exportation de 54 types de produit, dont l’acier, du
carburant, des câbles, de la peinture, des barres en fer, plusieurs
types de machine… Enfin quelques dizaines de sous-produits utilisés
dans l’industrie d’armement.
L’opposition turque croit que cette restriction n’est pas suffisante et
qu’il faut ‘’complètement et radicalement interdire toute exportation
vers Israël’’.
Le ministre des affaires d’Israël M. Yisrael Katz a réagi violemment :
"Nous prendrons des mesures parallèles pour nuire l’économie turque"
a-t-il déclaré. M. Katz accuse le Président Erdogan "de soutenir les
assassins de Hamas". Il affirme qu’il va "interdire toutes les
importations en provenance de la Turquie et qu’il mobilisera les Etats
Unis d’Amérique pour sanctionner Ankara".
Cette réaction de Tel-Aviv confirme le rôle important voire déterminant
des exportations turques vers Israël.
La Turquie est le premier pays, parmi les pays dont la majorité de la
population est musulmane, qui avait officiellement reconnu l’Etat
d’Israël dès 1949. Washington avait à l’époque beaucoup encouragé
Ankara pour la reconnaissance d’Israël. Les relations politiques entre
Ankara et Tel-Aviv furent en général instables. Erdogan, avait reçu en
2005 à New York, une médaille d’insigne de courage de la Ligue
Anti-Diffamation, une fondation juive. Formé dans un climat antisémite,
il critiquait dès sa jeunesse d’un ton très agressif le gouvernement
d’Israël et parfois l’ensemble des Juifs. Mais son régime a presque
quadruplé le volume du commerce entre les deux pays depuis au moins 10
ans.
"Encore un pas en arrière… L’Homme Unique qui était auparavant l’Homme
tout-puissant ne l’est plus!" estime un spécialiste des relations
internationales.
C'était un poisson d’avril, non?
(Ismail Doğan, 1er avril 2024)
Invincible auparavant, désormais en chute libre
Ragip Duran, TVXS.GR, 9 mars 2024
Le
Président turc a reçu le plus dur coup politique de sa carrière de
22 ans. L’ex Homme tout-puissant est maintenant minoritaire contre un
pays qui commence à s’opposer en masse.
Personne, y compris les
responsables de l’opposition, n’attendait
pas/n’avait pas prévu cette victoire électorale du 31 mars: CHP (Parti
Républicaine du Peuple, kémaliste, 125 sièges sur 600) est devenu, pour
la première fois depuis presque 50 ans, le premier parti du pays. Il a
gagné 1 million de votes de plus devant l’AKP (Parti de Justice et de
Développement, Erdogan, 268 sièges). Alors que le Président Erdogan
avait remporté 52.18 % des votes lors du dernier scrutin le 28 mai 2023
lors des présidentielles.
Le CHP, a pu garder la mairie des trois grandes villes (Istanbul,
Ankara, Izmir) et a gagné 35 mairies en tout alors qu’AKP dirigera
seulement 25 villes.
Plusieurs facteurs ont influencé ce grand changement politique : selon
les observateurs, les difficultés économiques furent déterminantes.
Secundo, l’AKP était devenu pour la majorité des citoyens ‘’le parti
des tricheurs, des menteurs et des nouveaux riches’’. Tertio, les
électeurs ‘’en avaient marre de 22 ans de pouvoir’’ et désiraient
essayer une alternative. Quatro, la question de la Palestine a
également joué un rôle important. Alors qu’Erdogan voulait paraître
comme ‘’Le Grand Frère Défenseur des Palestiniens’’ les médias
indépendants ont publié les documents officiels montrant que les
sociétés proches du Président poursuivent leur commerce très fructueux
avec l’Etat d’Israël même après le 7 octobre.
‘’Les gens fatigués d’espoir ont pu enfin trouver une occasion pour
fêter la victoire’’ estime-t-on chez les opposants. "Mais attention,
Erdogan est toujours au pouvoir et il ne le quittera pas facilement"
avertissent plusieurs commentateurs. Ces derniers croient que le
Président sera encore plus dur, plus autoritaire à court terme. On
parle déjà d’une nouvelle opération militaire contre les Kurdes en
Syrie et en Irak.
La victoire électorale du 31 mars est célébrée comme la victoire des
femmes. Car plusieurs dizaines de candidates sont élues maires dans les
villes ou districts qui étaient depuis très longtemps les forteresses
du Parti au pouvoir. Par exemple à Batman (Sud-est), où le Hezboullah
turc est bien implanté, une Kurde a gagné le scrutin avec plus de 55 %
des votes. De même à Uskudar (Scutari), district d’Istanbul,
traditionnellement religieux et conservateur, une autre jeune femme est
élue maire.
31 Mars est également vu comme la revanche des électeurs kurdes. DEM
(le Parti de l’Égalité et de Démocratie des Peuples, kurdes et gauches,
61 sièges) a remporté dans l’ensemble des villes et des districts
où
ses maires élus étaient remplacés par des administrateurs nommés par le
régime.
Erdogan a bien reconnu sa défaite, lors de son discours du 31 mars et
avait même déclare ‘’qu’ils ne s’opposeront pas contre la volonté des
électeurs’’. Mais le Conseil Local des Élections à Van (Est) avait au
départ refusé de reconnaître la victoire du candidat du DEM et avait
accordé le certificat officiel d’enregistrement de maire au candidat de
l’AKP qui avait recueilli la moitié des votes du Président élu. Deux
journées de protestation en masse en particulier à Van, mais aussi dans
les autres villes et districts kurdes ont pu changer la première
décision et le Haut Conseil national des Élections a annulé le verdict
de son Conseil Local.
A Istanbul , (plus de 11 millions d’électeurs) le Maire İmamoglu qui
avait déjà battu deux fois le candidat d’Erdogan en 2019 a remporté une
troisième victoire avec plus de 1 million de votes d’écart. Il est déjà
considéré comme le prochain candidat aux élections présidentielles en
2028. Mais il est également vu comme le président à l’ombre du
CHP.
Actuellement, chez les opposants ‘’Tout le monde est beau, tout le
monde est gentil’’ et ‘’On attend le futur qui brille’’.
Mais du côté du pouvoir, il n’y a encore aucune manifestation aucun
signe de détente. Plusieurs maires perdants d’AKP ont quitté leurs QG,
remportant les caisses et les documents encombrants sans organiser une
cérémonie de remise.
Erdogan, pour poursuivre son règne, rêvait de rédiger une nouvelle
Constitution dans laquelle il pouvait être encore Président. Selon ses
projets, il faut une Constitution non-laïque et sans la séparation des
pouvoirs, c’est-à-dire une sorte de Sultanat.
Ce projet est mis à l’écart dans la nuit du 31 mars.
Le revers d’Erdogan aux municipales peut-il vraiment
changer la donne ?
Par Michel Winock, challenges.fr, 5 avril 2024
Les élections municipales du 31 mars en Turquie ont provoqué la déroute
de l’AKP d’Erdogan, le chef tout-puissant qui avait été élu pour la
troisième fois à la tête de l’État l’année précédente. Toutes les
grandes villes, Istanbul, Ankara, Izmir… restent ou tombent aux mains
de l’opposition, derrière Ekrem Imamoglu, le maire réélu d’Istanbul et
chef de file du CHP (le Parti républicain du peuple). Cette défaite,
due avant tout sans doute à des causes économiques, peut aussi influer
sur la politique d’islamisation progressive du pays et aider à
débrouiller une politique extérieure faite de contorsions.
La Turquie moderne est la construction d’un homme, Mustafa Kemal,
fondateur d’une République laïque en 1923. Le mot français « laïcité »,
ignoré de nos pays voisins, a son correspondant en turc : laiklik.
Kemal devenu Atatürk avait supprimé le sultanat ottoman, aboli le
califat, ôté de la Constitution la mention selon laquelle « l’islam est
la religion de l’État », instauré l’égalité des femmes et des hommes en
matière d’héritage, interdit la polygamie, encouragé les Turques à
abandonner le voile, fermé les écoles religieuses, adopté une
législation occidentale, le calendrier grégorien, remplacé l’arabe par
l’alphabet latin, etc.
Retour en force de l’islam dans l’espace public
Toutes ces mesures radicales avaient été acceptées, bon gré mal gré,
par les populations, dans la mesure où le chef suprême s’affirmait en
nationaliste qui leur avait redonné une fierté et détenait un pouvoir
qui ne se discutait pas, appuyé sur une armée complètement acquise aux
principes du kémalisme, qu’elle devait défendre contre toutes les
oppositions. Or ce sont ces réformes fondatrices que, depuis vingt ans
qu’il est au pouvoir, Erdogan, sans les annuler frontalement, a sapées,
en imposant une ré-islamisation croissante du pays.
Tournant le dos à l’héritage kémaliste, il n’a cessé de favoriser le
retour en force de l’islam, en nommant des musulmans engagés dans tous
les postes d’autorité, en noyautant les instances militaires et
judiciaires, et, surtout, en transformant le système scolaire au profit
de l’enseignement religieux et des écoles imam hatip, ces espèces de
petits séminaires se développant à l’intérieur de l’organisation
générale de l’enseignement : de 450 en 2002, ces écoles religieuses
sont passées à 5 200 aujourd’hui. Selon ses propres paroles, Erdogan
entend « favoriser l’émergence d’une génération pieuse ». Le nombre des
mosquées s’élève, et, de manière symbolique, la basilique de
Sainte-Sophie, transformée en musée par Atatürk, est devenue une
mosquée en 2020.
Ce retour en force de l’islam dans l’espace public est exécuté sous la
main de fer d’un président qui n’a cessé de réprimer les opposants et
de s’attaquer à la liberté de la presse. Le coup d’État raté de 2016
lui a permis de renforcer encore sa toute-puissance. Le CHP, vainqueur
des municipales, resté fidèle au fondateur et à ses principes, pourrait
mettre un frein à cette islamisation, dont les conséquences ne sont pas
négligeables en politique extérieure.
La Turquie, une puissance stratégique qui joue sur tous les tableaux du
multilatéralisme
La Turquie est une puissance stratégique de premier plan. Ce pays de 85
millions d’habitants qui s’étend sur 784 000 km2, située à cheval sur
l’Asie Mineure et l’Europe, a des frontières communes avec la Syrie,
l’Iran, l’Irak, la Géorgie, l’Arménie, la Grèce, la Bulgarie ; elle
contrôle de surcroît les détroits du Bosphore et des Dardanelles, de
longue date convoités par les Russes désireux d’accéder librement de la
Mer Noire à la Méditerranée. C’est la menace soviétique qui a
précisément amené la Turquie à adhérer à l’Otan en 1952. Or les membres
de l’Otan peuvent se demander jusqu’où va aujourd’hui la fidélité
d’Ankara.
Depuis les débuts de l’invasion russe en Ukraine, Erdogan, qui a refusé
les sanctions décidées par le bloc occidental et le Japon, a, au
contraire, intensifié ses relations commerciales avec la Russie,
devenue le premier partenaire. Ce partenariat est choquant en pleine
guerre d’Ukraine, mais le nouveau sultan d’Ankara ne renonce pas à la
protection de l’Otan, l’histoire lui ayant appris à se méfier du grand
voisin du Nord. Toutefois, on l’a vu contester et retarder l’adhésion
de la Suède à l’alliance occidentale. La Turquie semble ainsi jouer,
sur tous les tableaux du multilatéralisme, le jeu d’un opportunisme qui
en fait un allié peu sûr pour les Occidentaux. C’est aussi cette
politique extérieure qui pourrait être modifiée par la défaite
électorale de l’AKP dans le sens d’une clarification. Au demeurant,
Erdogan tient le pouvoir au moins jusqu’en 2028, date de la prochaine
élection présidentielle, et sans aucune consultation électorale d’ici
là. L’avenir proche de la Turquie reste donc encore très aléatoire.
Imamoglu,
le maire d'Istanbul qui défie Erdogan
Champion de l'opposition turque, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu a
été réélu largement dimanche soir, une victoire qui le propulse dans la
course à la présidentielle de 2028.
L'édile, qui avait fait une entrée fracassante sur la scène politique
nationale il y a cinq ans en infligeant son pire revers électoral au
président turc Recep Tayyip Erdogan, a réitéré son exploit en
conservant la capitale économique de la Turquie, malgré les efforts
déployés par le chef de l'Etat qui en fut lui-même le maire dans les
années 1990.
Quasi inconnu jusqu'en 2019, l'élu du Parti républicain du peuple (CHP,
social-démocrate) avait mis fin cette année-là à vingt-cinq années de
domination de M. Erdogan et de son camp sur la plus grande ville du
pays.
"Vous avez ouvert la porte à un nouvel avenir aujourd'hui. À partir de
demain, la Turquie sera une autre Turquie!", a-t-il lancé dimanche
soir, en bras de chemise comme à son habitude, à l'adresse des
électeurs d'Istanbul et de Turquie, tandis qu'une foule de partisans
célébrait sa réélection devant la municipalité d'Istanbul.
- "Plaire à tous" -
Personnalité charismatique et médiatique, le quinquagénaire aux
fines
lunettes sans montures est dans le viseur du pouvoir qui l'a fait
condamner, fin 2022, à deux ans et sept mois de prison pour "insulte"
aux membres du Haut comité électoral turc.
L'élu a fait appel mais cette peine, qui continue de planer comme une
menace sur son avenir politique, l'avait écarté de la course à la
présidence l'an dernier.
Régulièrement classé parmi les personnalités politiques préférées des
Turcs, il n'a cessé de se poser en rival direct du président Erdogan,
qui a affirmé récemment que ces municipales étaient les "dernières
élections" organisées sous son autorité.
Pendant sa campagne, Ekrem Imamoglu a multiplié de sa voix rauque les
piques contre le chef de l'Etat, le ciblant davantage que son rival
défait du parti AKP au pouvoir, Murat Kurum.
Musulman pratiquant mais membre d'un parti laïque, cet ex-homme
d'affaires originaire de la mer Noire, qui a fait fortune dans le
bâtiment avant d'entrer en politique, séduit au-delà de son parti.
"Il peut plaire à tous les segments de l'électorat d'opposition, qu'il
s'agisse d'électeurs turcs, kurdes, sunnites, alévis, jeunes ou âgés",
estime Berk Esen, politiste à l'université Sabanci d'Istanbul. Il note
que le maire d'Istanbul "bénéficie d'un niveau de soutien assez élevé
dans les différentes régions du pays".
- "Fourmi atomique" -
Le maire ne fait toutefois pas l'unanimité dans son camp, parfois
accusé de se soucier davantage de son avenir politique que de ses
administrés.
Le parti prokurde DEM (ex-HDP), qui l'avait rallié en 2019, lui a
reproché son silence lorsque des dizaines de ses élus ont été démis de
leur fonction et emprisonnés.
Ses adversaires affirment qu'il investit davantage dans la
communication que dans la prévention du risque sismique, très élevé à
Istanbul, ce que les chiffres de la mairie démentent.
"C'est quelqu'un qui depuis cinq ans ne s'intéresse qu'à des questions
non liées à Istanbul", avait lancé pendant la campagne son principal
adversaire.
L'élu assure, lui, travailler "comme une fourmi atomique" --une
référence à un dessin animé populaire-- et se vante d'avoir largement
féminisé la municipalité.
Il refuse encore de se dire candidat à la fonction suprême: "Il reste
quatre ans jusqu'en 2028. Il serait malvenu de ma part de parler de
cela aujourd'hui", a-t-il éludé dans un récent entretien au média
d'opposition Medyascope. (AFP, 1 avr 2024)
Can Turkey’s main challenger İmamoğlu bring real change
for Kurds?
Matt Broomfield
As the dust settles on Turkey’s local elections, there’s a clear loser
– and also one emergent winner. The election results, which saw
incumbent President Recep Tayyip Erdoğan’s Justice and Development
(AKP) party shut out of crucial megacities Istanbul and Ankara for the
second time in a row, are widely being represented as a blow to the
foundations of his autocratic rule, and a message of dissent from
voters angry over fiscal mismanagement which has driven the country’s
economy into the ground.
We shouldn’t overstate the case. Despite an unexpectedly poor showing,
President Erdoğan’s 20-year grip on political life in Turkey remains
firm, and his equally unexpected triumph in last year’s general
election demonstrates he’s not to be written off as yesterday’s man.
Erdoğan has his own potential successors waiting in the wings, and even
assuming he steps aside at the completion of the current term rather
than indulging in constitutional chicanery to keep himself in power,
his control of the country’s media and judicial institutions means
he’ll be able to exert continued influence over the country’s course.
İmamoğlu’s star is on the rise – but can the opposition figure in
charge of Turkey’s largest city really offer an alternatives to Kurds,
women and the working class?
Nonetheless, it’s Ekrem İmamoğlu, the People’s Republican Party (CHP)
candidate returning for a second spell as mayor of Istanbul, who
grabbed global headlines following his bruising victory in the world’s
sixth-largest city. İmamoğlu swept to victory thanks in no small part
to votes from the city’s Kurdish population – commonly estimated at 3
to 4 million, or more than any city in Kurdistan itself. While the
pro-Kurdish, pro-minority rights DEM Party sought to offer a third way
in the city beyond the two competing flavours of nationalism which have
long dominated Turkish politics, many Kurds gave their support to the
only man with a chance of keeping the AKP out of office.
With his star on the rise, İmamoğlu has told the global press he plans
to offer a substantiative alternative to the incumbent President,
clearly with one eye on the 2028 Presidency. He’s been able to promote
a more mainstream financial approach in Turkey’s largest city as an
alternative to the course steered by Erdoğan, representing himself as
the city’s fiscal saviour – and blaming Ankara for any shortcomings.
And certainly, his social-democratic platform may well mark a turn away
from the increasingly authoritarian rule adopted by Erdoğan, which has
seen İmamoğlu himself battle criminal charges for ‘insulting’ a Turkish
court.
But Kurds and those concerned with a deeper rot in Turkish politics
will be aware that CHP touted a similar alternative at last year’s
general election, only for their candidate to rapidly pivot back into
attacks on the Kurds (and also Turkey’s large Arab refugee population)
in an attempt to scoop up cheap votes from the centre and right. It
didn’t work. Rather, CHP’s rightward lurch only underscored that the
party’s social-democratic veneer is only skin deep.
Turkey’s autocratic President is down but by no means out, and will be
plotting his next move ahead of 2028 elections
The CHP represents the Kemalist tradition dating back to the Turkish
Republic’s foundation, standing for a more or less authoritarian,
centrally-controlled Turkish nationalism on the basis of a unitary
national identity which is anathema to the Kurdish movement’s calls for
decentralisation and pluralism. Notably, the CHP has backed Erdoğan’s
deadly cross-border military operations against the democratic,
Kurdish-led polity in North and East Syria, which have killed hundreds
and displaced hundreds of thousands of civilians, while also demanding
the forcible repatriation of Syrian refugees – a move which would only
cement Turkey’s policy of ethnic cleansing and demographic change in
northern Syria.
Following the defeat, Erdoğan is plotting his next move, and we
shouldn’t be surprised if Turkey’s elder statesman does end up going
head-to-head with İmamoğlu in four years’ time. This election might
have been a defeat for Erdoğan – but that doesn’t necessarily mean it
was a victory for the Kurds. (Medyanews, 3 April 2024)
*Matt
Broomfield is a freelance journalist, poet and activist. He
writes for VICE, Medya News, the New Statesman and the New Arab; his
prose has been published by The Mays, Anti-Heroin Chic and Plenitude;
and his poetry by the National Poetry Society, the Independent, and
Bare Fiction. His work was displayed across London by Poetry on the
Underground, and he is a Foyle Young Poet of the Year.
La Turquie
d'Erdogan à un "tournant" au lendemain des
municipales
La Turquie, dominée depuis plus de deux décennies par le président
Recep Tayyip Erdogan et son parti, s'est réveillée lundi à un
"tournant" de l'aveu même du chef de l'Etat après une victoire
historique de l'opposition aux élections municipales.
Les résultats, quasi définitifs, donnent le Parti républicain du peuple
(CHP, social-démocrate), principale formation de l'opposition, large
vainqueur du scrutin jusque dans des provinces d'Anatolie tenues
jusqu'alors par le Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur) de M Erdogan.
Istanbul, Ankara, Izmir, Adana, Antalya... le CHP, qui avait été sonné
par la défaite de son candidat à la présidentielle de mai 2023, a fait
carton plein dans les plus grandes villes du pays dont Bursa, vue comme
un fief conservateur, ainsi que dans plusieurs autres provinces
d'Anatolie considérées comme acquises au pouvoir.
Pour les observateurs, il s'agit de la pire débâcle électorale du
président Erdogan depuis l'arrivée au pouvoir de son parti en 2002.
Dans la nuit de dimanche à lundi, tandis que le dépouillement des urnes
se poursuivait, le président a reconnu un "tournant", promettant de
"respecter la décision de la nation".
Les quotidiens très pro-gouvernementaux Hürriyet et Yeni Safah titrent
lundi sur le "message" que les Turcs, confrontés à une sévère crise
économique, ont voulu envoyer au gouvernement.
L'éditorialiste d'Hürriyet, Abdulkadir Selvi, réputé proche du pouvoir,
reconnaît qu'"un vent nouveau souffle" sur la Turquie "qui ne peut
s'expliquer que par l'économie".
M. Erdogan, réélu l'an dernier, fait face selon lui à "une nouvelle
équation politique".
- "Révolution dans les urnes" -
"Révolution dans les urnes", titre de son côté Sözcü, un
quotidien
nationaliste laïque hostile au chef de l'Etat, tandis que le grand
journal d'opposition Cumhuriyet salue, en lettres blanches et sur fond
rouge --les couleurs du du drapeau turc-- une "victoire historique".
Anticipée à Ankara et Istanbul, les capitales politique et économique
que le pouvoir avait perdues en 2019, la victoire de l'opposition a
pris de court les observateurs par son ampleur, considérée comme
inédite depuis 1977 et qui redessine la géographie électorale du pays.
Champion de l'opposition depuis sa victoire à Istanbul il y a cinq ans
au terme d'une âpre élection, le maire CHP de la mégapole turque Ekrem
Imamoglu, très populaire dans tout le pays, se retrouve propulsé dans
la course à la présidentielle de 2028.
Le maire CHP d'Ankara, Mansur Yavas, réélu avec 30 points d'avance sur
son rival de l'AKP après dépouillement de la quasi totalité des urnes,
sort lui aussi extrêmement renforcé de cette élection.
"Nous allons assister à une course entre Imamoglu et Yavas" dans
l'optique de la présidentielle de 2028, estime le chroniqueur
d'Hürriyet Abdulkadir Selvi.
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier
ministre puis, depuis 2014, en tant que président, a affirmé début mars
que ses élections municipales étaient "les dernières" organisées sous
son autorité, laissant entrevoir une possible retraite politique.
Dans la nuit de dimanche à lundi, devant des partisans abattus, le chef
de l'Etat, âgé de 70 ans, a appelé à "ne pas gaspiller" les quatre
années restantes d'ici-là. (AFP, 1 avr 2024)
Erdogan a concédé une victoire
historique de l'opposition
AFP, 1 avr. 2024 à 01h07
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a concédé
dimanche la victoire historique de l'opposition aux élections
municipales, qui constituent selon lui un "tournant" pour son camp, au
pouvoir depuis 2002.
Le dépouillement de près de 99% des urnes à
l'échelle nationale confirme que l'opposition turque a infligé au parti
AKP (islamo-conservateur) du chef de l'Etat sa pire débâcle électorale
en deux décennies.
Le principal parti de l'opposition, le CHP
(social-démocrate), a revendiqué sa victoire à Istanbul et Ankara, les
deux plus grandes villes de Turquie et raflé de nombreuses autres,
comme Bursa, grosse ville industrielle du nord-ouest acquise à l'AKP
depuis 2004.
La proclamation des résultats définitifs par la
Haute commission électorale (YSK) attendue dans la journée de lundi
confirmera ces résultats, déjà intégrés par les principaux intéressés,
dont le chef de l'Etat.
Depuis le siège de son parti à Ankara et devant
une
foule abattue, inhabituellement silencieuse, le président turc a promis
de "respecter la décision de la Nation".
Peu auparavant, le maire sortant d'Istanbul,
Ekrem
Imamoglu, quinquagénaire médiatique et fringant, avait annoncé sa
réélection à la tête de la plus grande ville de Turquie, qu'il a
conquise en 2019, sans même attendre la proclamation des résultats
officiels.
"Ce soir la démocratie va déferler (...) sur les
places, dans les rues, les universités, les cafés et les restaurants
d'Istanbul", a lancé l'édile face à des dizaines de milliers de ses
partisans, exultant, accourus devant le siège de la municipalité, sous
une déferlante de drapeaux rouges turcs et de fumigènes.
A Ankara, le maire CHP Mansur Yavas, largement
en
tête, avait lui aussi déjà revendiqué la victoire, affirmant devant une
foule en liesse que "ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message
clair à ceux qui dirigent ce pays".
Percée en Anatolie
"Les électeurs ont choisi de changer le visage
de la Turquie", a estimé le chef du CHP, Ozgur Ozel.
Outre Izmir (ouest), troisième ville du pays et
fief
du CHP, et Antalya (sud) où les partisans de l'opposition ont commencé
à célébrer la victoire dans les rues, la principale formation de
l'opposition a réalisé une percée spectaculaire en Anatolie.
Elle fait la course en tête dans des chefs-lieux
de
provinces longtemps tenus par l'AKP, selon des résultats quasi
définitifs qui ont pris de court les observateurs.
Le président Erdogan, âgé de 70 ans, dont 21 au
pouvoir, avait jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à
Istanbul, le "joyau" du pays, sa capitale économique et culturelle dont
il fut le maire dans les années 1990 et qui a basculé dans l'opposition
en 2019.
Mais l'engagement du chef de l'Etat, qui a
annoncé début mars que ces élections étaient "ses dernières", n'a pas
suffi.
"Il y a un besoin d'équilibre au moins au niveau
local contre le gouvernement", affirmait dimanche matin à l'AFP Serhan
Solak, 56 ans, un habitant d'Ankara venu voter pour Mansur Yavas, le
maire sortant du CHP.
Des partisans du parti pro-kurde DEM commencent
à
célébrer sa victoire aux élections municipales à Diyarbakir
(Turquie),le 31 mars 2024
Les candidats de l'AKP se sont toutefois
maintenus
en tête dans plusieurs grandes villes d'Anatolie (Konya, Kayseri,
Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du président
Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM s'assurait une confortable
avance dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont
Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.
Tout au long de la campagne, le président
Erdogan a
enchaîné les meetings quotidiens, bénéficiant d'un temps d'antenne
illimité sur les télévisions publiques, quand ses adversaires en
étaient presque privés.
La défaite de son Parti de la justice et du
développement, notamment à Istanbul, sera lourde de conséquences.
S'accrochant à la ville, le président avait
annulé
l'élection municipale de 2019, pour finalement voir M. Imamoglu
l'emporter de plus belle lors d'un second scrutin organisé trois mois
plus tard, subissant ainsi son pire revers électoral depuis son arrivée
au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre.
Le maire d'Istanbul, abonné au podium des
personnalités politiques préférées des Turcs, n'a eu de cesse depuis de
se poser en rival direct du chef de l'Etat, qui l'a pourtant dépeint en
"maire à temps partiel" dévoré par ses ambitions nationales.
Pour nombre d'observateurs, le maire d'Istanbul
disposera une fois élu d'un boulevard vers la présidentielle de 2028.
Le chef de l'Etat, résigné, a lui évoqué les
"quatre
années de travail (...) à ne pas gaspiller" d'ici-là, une manière
d'écarter l'éventualité d'une élection anticipée qui lui permettrait de
se représenter une nouvelle fois.
Cinq choses à savoir sur la débâcle
d'Erdogan et de son parti
AFP, 31 mars 2024 22:25
Les élections municipales ont infligé dimanche sa pire défaite au
président turc Recep Tayyip Erdogan et à son parti islamoconservateur,
l'AKP, au pouvoir depuis 22 ans.
Cinq choses à savoir sur ce scrutin qui a viré à la débâcle du camp
présidentiel:
En s'impliquant personnellement dans la campagne pour les élections
municipales au côté des candidats de son parti, en particulier à
Istanbul qu'il voulait à tout prix reconquérir, Recep Tayyip Erdogan a
donné à ce scrutin local une résonance nationale.
Plus que la débâcle du candidat AKP dans la mégapole, le peu
charismatique Murat Kurum, c'est celle du chef de l'État qui était
abondamment commentée dimanche.
Son parti n'est pas parvenu à reprendre les grandes villes perdues il y
a cinq ans, dont Istanbul et la capitale Ankara, mais il a perdu en
plus des capitales provinciales dans la conservatrice Anatolie,
considérées comme acquises de longue date.
Berk Esen, politiste à l'université Sabanci à Istanbul, a évoqué «la
plus grande défaite électorale de la carrière d'Erdogan», notant à
l'inverse que le CHP, premier parti d'opposition, a enregistré «son
meilleur résultat depuis les élections de 1977».
Outre une possible lassitude de retourner aux urnes dix mois après les
élections présidentielles et législatives de mai 2023, les électeurs,
confrontés à une grave crise économique, ont sanctionné le
gouvernement: l'inflation de 67% sur un an et le dévissage de leur
monnaie rendent le quotidien de nombreux Turcs de la classe moyenne
insoutenable.
Cette désaffection s'est notamment traduite par une participation en
recul par rapport à 2019.
«Les changements les plus importants en Turquie interviennent quand les
gens ne peuvent plus assurer leur quotidien, quand ils n'arrivent plus
à manger», relève Ali Faik Demir, professeur à l'université Galatasaray
d'Istanbul.
«Qui remporte Istanbul remporte la Turquie», a coutume de dire le
président Erdogan. Byzance puis Constantinople, la mégapole
plurimillénaire de 16 millions d'habitants (près d'un cinquième de la
population turque) est à la fois le joyau du pays par son passé
prestigieux, sa capitale culturelle sise sur le Bosphore, mais elle en
est aussi le «trésor» au sens le plus strict du mot, représentant à
elle seule 30% PIB de la Turquie.
«Ce n'est pas facile de gérer Istanbul, une ville plus peuplée qu'une
vingtaine des pays de l'Union européenne... C'est une plaque tournante,
un centre commercial, financier et culturel. C'est un pays», commente
Aylin Unver Noi, professeure à l'université Haliç d'Istanbul, pour qui
«ceux qui parviennent à diriger cette ville et y font leurs preuves»
voient ensuite leur carrière décoller.
FIN DU CHEF DE L'ÉTAT?
M. Erdogan l'a éprouvé, lui qui en fut maire en 1994.
Au pouvoir depuis 2003 comme premier ministre, puis comme président
depuis 2014, réélu en 2018 et en 2023, le chef de l'État dont c'était
les cinquièmes élections municipales a bravé bien des tempêtes.
Il a survécu aux grandes manifestations de l'opposition à Istanbul en
2013, dites de Gezi, qui avaient essaimé dans 80 des 81 provinces du
pays. Puis à une tentative de coup d'État en juillet 2016, suivie de
vastes purges.
Aussi, la déconfiture de son parti signe-t-elle pour autant la fin du
chef de l'État ? Les analystes avaient déjà annoncé le crépuscule du
«reis» en 2019 après la perte d'Istanbul et d'Ankara aux municipales.
Pourtant, il est parvenu à se maintenir au pouvoir, réélu à la
présidence en mai 2023 avec 52% des voix.
Cette fois, il a laissé entendre que ces élections seraient ses
«dernières».
Bayram Balgi, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris, en est convaincu:
«il est capable de surprendre et décider de mettre un terme à sa
carrière. Une façon de sortir en beauté, tout en restant fidèle à sa
vision de l'Islam et à ses convictions religieuses selon lesquelles
rien n'est éternel sur cette terre».
Le maire d'Istanbul reconduit à la mairie fait plus que jamais figure
de «patron» de l'opposition: il en a la stature, la popularité, le sens
médiatique et surtout, l'appétit pour la conquête, jusqu'à la
présidence. Ce que ne manquent pas de lui reprocher ses adversaires au
sein même de son parti, qui lui reprochent de soigner davantage sa
carrière que les affaires de sa ville.
Surtout, Ekrem Imamloglu est dans le viseur du pouvoir qui l'a fait
condamner fin 2022 à deux ans et sept mois de prison pour «insulte» aux
membres du haut comité électoral turc.
L'édile a fait appel, mais cette peine continue de planer comme une
menace sur son avenir politique et l'avait écartée de la course à la
présidence en mai 2023.
Enfin, 2028 est encore loin.
Forces
armées/Armed Forces
Un mort dans une frappe en Irak imputée à la Turquie
Un homme a été tué dans une frappe de drone imputée à la Turquie dans
le nord de l'Irak, a indiqué vendredi un responsable local du Kurdistan
autonome, secteur des opérations turques contre les combattants kurdes
turcs du PKK.
L'armée turque confirme épisodiquement ses bombardements en territoire
irakien voisin, où elle mène régulièrement des opérations terrestres et
aériennes contre des positions du Parti des Travailleurs du Kurdistan
(PKK) au Kurdistan autonome d'Irak mais aussi dans la région
montagneuse du Sinjar, plus au sud.
En lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, le PKK est
classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
La frappe a eu lieu jeudi soir près d'un petit village mais la victime
a été retrouvée vendredi matin, a indiqué à l'AFP Ihsan Chalabi, maire
du district de Sidakan, zone montagneuse du Kurdistan irakien, près de
la jonction des frontières avec la Turquie et l'Iran.
Il a évoqué "une frappe de drone turc contre une voiture", précisant
que "le corps appartient à un habitant de la région qui fait partie des
Peshmergas", les forces de sécurité locales kurdes.
La Turquie a installé depuis 25 ans des bases militaires au Kurdistan
irakien pour lutter contre le PKK, qui dispose également de bases
arrières dans cette région.
Début avril, un "haut responsable militaire" issu du PKK a été tué par
un drone de l'armée turque ayant visé son véhicule dans la région du
Sinjar, selon les services antiterroristes du Kurdistan autonome.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est attendu lundi en Irak. La
dernière visite officielle de M. Erdogan en Irak remonte à mars 2011.
Alors Premier ministre, il avait exhorté les autorités irakiennes à
coopérer avec son pays dans la lutte contre le PKK.
En mars, le ministre de la Défense irakien Thabet al-Abassi a exclu
"des opérations militaires conjointes" contre le PKK mais souligné que
la Turquie et l'Irak "oeuvreront à l'installation d'un centre conjoint
de coordination des renseignements". (AFP, 19 avr 2024)
KNK raises alarm over planned Turkish military
offensive in Iraq’s Makhmour, Sinjar
The Kurdistan National Congress (KNK) has issued a press release
expressing grave concern over the possibility of a Turkish military
offensive in the Makhmour (Mexmûr) and Sinjar (Shengal) regions of
Iraq. The statement comes amidst rising tensions following Turkish
President Recep Tayyip Erdoğan’s recent electoral setback, with KNK
alleging that Erdoğan is considering military action as a retaliatory
measure against Kurdish-majority areas.
In the press release, KNK points to Erdoğan’s electoral defeat in
Kurdish regions of Turkey as a catalyst for potential aggression,
claiming that the Kurds’ refusal to submit to the president’s
authoritarian rule has fuelled his desire for revenge. The KNK also
accuses the Iraqi government of succumbing to Turkish pressure, citing
increased military activity in the Makhmour and Sinjar regions as
evidence of Baghdad’s compliance with Ankara’s demands.
Furthermore, KNK emphasises the strategic importance of Makhmour and
Sinjar in President Erdoğan’s expansionist agenda, suggesting that he
aims to secure control over these areas to facilitate the
implementation of ambitious trade routes, such as the ‘Turkey-Iraq
Development Project’. The statement warns against Turkish attempts to
occupy these regions, stressing the need to safeguard Kurdish autonomy
and prevent further destabilisation of Iraq.
In a call to action, KNK urges the Iraqi parliament and government to
resist Turkish demands and protect Iraqi sovereignty. Additionally, KNK
calls on the Kurdish and Yazidi communities of Makhmour and Sinjar to
unite against potential Turkish aggression and mobilise international
support to counter Ankara’s expansionist ambitions.
The press release concludes with a plea to international organisations,
including NATO, the UN, and the EU, to intervene and compel Erdoğan to
comply with international law, thereby averting the threat of conflict
and ensuring the safety and security of Kurdish populations in Iraq.
This comprehensive statement from KNK underscores the urgency of
addressing the escalating tensions in Makhmour and Sinjar and
emphasises the need for concerted international efforts to prevent
further aggression and protect the rights and autonomy of Kurdish
communities in the region. (MedyaNews, 8 April 2024)
Burkina: l'armée reçoit une douzaine de drones
turcs pour la lutte antijihadiste
L'armée du Burkina Faso a reçu lundi une douzaine de drones de combat
livrés par la Turquie afin de lutter contre les groupes jihadistes,
selon la présidence burkinabè.
Ces drones - des Bayraktar TB2 et Bayraktar Akinci -, ont été remis à
l'armée par le chef du régime militaire, le capitaine Ibrahim Traoré,
lors d'une cérémonie filmée et diffusée par la présidence.
"Tous les tests ont été concluants, c'est donc une fierté de confirmer
que ces appareils rejoignent la flotte de l'armée burkinabè", a assuré
le capitaine Traoré, en présence du ministre de la Défense, le général
Kassoum Coulibaly.
Le "TB2" a "fait ses preuves depuis le début de cette guerre", a estimé
M. Traoré, ajoutant qu'"Akinci" avait "surpassé les capacités
techniques prévues par le constructeur".
"L'agrandissement de la flotte permet donc d'intervenir en temps
opportun" et d'effectuer "une surveillance permanente", a-t-il expliqué.
"Nous avons une multitude d'engins de ce type actuellement dans le ciel
qui scrutent, qui recherchent pour retrouver et détruire tout ennemi
grâce aux contributions des populations", a de son côté indiqué le
général Coulibaly.
Le chef du régime militaire burkinabè a remercié le président turc
Recep Tayyip Erdogan pour ce partenariat "sain et sincère".
Après avoir tourné le dos à l'armée française l'année dernière, le
Burkina s'est rapproché de nouveaux partenaires, parmi lesquels la
Turquie et la Russie.
Le pays est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées
à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi qu'aux
représailles attribuées aux forces armées et leurs supplétifs, qui ont
fait quelque 20.000 morts et deux millions de déplacés. (AFP, 9 avr
2024)
Un responsable du PKK tué par un "drone turc" dans
le nord de l'Irak (officiel kurde)
Un "haut responsable militaire" issu des combattants kurdes turcs du
PKK a été tué mardi dans le nord de l'Irak par un drone de l'armée
turque ayant visé son véhicule dans la région du Sinjar, ont rapporté
les services antiterroristes du Kurdistan autonome.
L'armée turque confirme épisodiquement ses bombardements en territoire
irakien, où elle mène régulièrement des opérations militaires
terrestres et aériennes contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan
(PKK) et ses positions, au Kurdistan autonome d'Irak mais aussi dans la
région montagneuse du Sinjar.
"Un drone de l'armée turque a visé un véhicule de combattants du PKK au
mont Sinjar (...) tuant un haut responsable militaire du PKK et
blessant grièvement deux autres combattants", selon le communiqué
succinct des services antiterroristes du Kurdistan autonome, région du
nord de l'Irak, précisant que l'attaque a eu lieu peu avant midi.
La Turquie a installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases
militaires au Kurdistan irakien pour lutter contre le PKK, qui dispose
également de bases arrières dans cette région. Le mouvement est classé
groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
A la mi-mars, une délégation de hauts responsables turcs, comprenant le
ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, celui de la Défense Yasar
Guler, ainsi que le patron des services de renseignement Ibrahim Kalin,
étaient à Bagdad pour des discussions avec les dirigeants irakiens.
Interrogé sur la coopération avec la Turquie concernant le PKK, le
ministre de la Défense irakien, Thabet al-Abassi, excluait en mars "des
opérations militaires conjointes", même si selon lui la Turquie et
l'Irak "oeuvreront à l'installation d'un centre conjoint de
coordination des renseignements, au lieu et au moment voulus", selon un
entretien donné aux chaînes d'information saoudiennes Al-Arabiya et
Al-Hadath.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan devrait également effectuer
prochainement une visite en Irak, mais aucune date précise n'a été
officiellement communiquée. (AFP, 2 avr 2024)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Le Yeniden Refah, les islamistes qui dérangent Erdogan
Le parti islamiste turc Yeniden Refah a effectué dimanche à la faveur
des élections municipales une percée au détriment du parti au pouvoir,
l'AKP du président turc Recep Tayyip Erdogan.
La formation, considérée comme une des causes de la débâcle de l'AKP,
s'est imposée comme la troisième force de ses municipales, réunissant
6,2% des voix au niveau national.
De père et de fils
Créé en 2018, le Yeniden Refah revendique l'héritage de Necmettin
Erbakan, l'influent politicien et mentor du jeune Erdogan, qui a lancé
à la fin des années 1960 le mouvement islamiste Milli Gorus (Vision
nationale), inspirateur de nombreux partis et associations en Turquie
et au sein de la diaspora turque en France et en Allemagne.
Recep Tayyip Erdogan, alors âgé de 21 ans, a fait ses premiers pas en
politique au sein de ce parti et c'est avec l'aide de son mentor,
Necmettin Erbakan, qu'il remporte en 1994 la mairie d'Istanbul, sous
les couleurs du parti Refah.
Mais ses relations avec son père spirituel se détériorent lorsque M.
Erdogan et ses compagnons tentent de le détrôner, puis quand ils créent
l'AKP, Parti de la justice et du développement en 2002, le privant de
son influence d'antan.
Fatih Erbakan, l'un des fils du "hodja" ("professeur"), relance en 2018
le parti de son père, décédé en 2011, sous le nom de Yeniden Refah. En
contribuant au revers subi dimanche par le président Erdogan, le fils
Erbakan a vengé son père, jugent certains observateurs.
Un islamisme rigide
Le Yeniden Refah défend une vision islamo-conservatrice du monde plus
rigide que l'AKP, qui privilégie "la morale et les valeurs
spirituelles". "Nous fermerons les associations LGBT lorsque nous
serons au pouvoir. C'est une hérésie interdite dans toutes les
religions", a ainsi lancé son chef.
Le parti s'oppose aussi au féminisme et a défendu le retrait, en 2021,
de la Turquie de la Convention d'Istanbul, qui vise à lutter contre les
violences faites aux femmes. S'opposant aux taux d'intérêt qu'il voit
comme un taux d'usure contraire à l'islam, le parti s'est surtout fait
ces derniers mois en dénonçant le maintien des relations commerciales
entre la Turquie et Israël en dépit de la guerre à Gaza.
"Si le gouvernement met fin au commerce avec Israël, ferme la station
radar de Malatya (installée en 2012 par l'Otan dont la Turquie est
membre, ndlr) qui protège Israël et double les retraites à 20.000
livres turques (580 euros), nous sommes prêts à retirer notre
candidature à Istanbul", avait prévenu M. Erbakan à quelques jours du
scrutin.
Selon des analystes, le Yeniden Refah a remporté de nombreuses voix en
plaçant la guerre à Gaza et l'inflation - 67,1% sur un an - au centre
de sa campagne.
Ancien et futur allié ?
Le Yeniden Refah, qui avait soutenu le président Erdogan lors de
l'élection présidentielle de 2023, a remporté dimanche deux provinces,
Sanliurfa (sud-est) et Yozgat (centre), qui étaient dirigées par des
maires AKP. Avec 6,2% des voix au niveau national, il fait mieux que le
partenaire de coalition du président Erdogan, le MHP (Parti d'action
nationaliste), plafonné à 5%.
"Il ne faut pas faire confiance à ceux qui tentent de nous faire
perdre, même s'ils ont été à nos côtés pendant un temps", avait alerté
M. Erdogan. Compte tenu des résultats des municipales, le président
turc pourrait toutefois être tenté de renouer avec son ancien allié,
estiment des observateurs. (AFP, 1 avr 2024)
Socio-économique
/ Socio-economic
Turkey ranks fourth in global inflation
rates
As of March 2024, Turkey has emerged as the country with the
fourth-highest annual consumer inflation rate (TÜFE) in the world,
registering 68.5%. This rate surpasses the inflation rates of all
African nations, according to data from Trading Economics.
The data, mostly from March and February 2024, places Argentina at the
top of the global list with an annual inflation rate of 288% as of
March 2024. Following Argentina are Syria and Lebanon, with inflation
rates of 140% and 123%, respectively.
Turkey's inflation rate positions it just ahead of Venezuela, which has
an inflation rate of 67.8%, making these two countries two of the most
inflation-affected economies in the world.
This economic indicator is a critical measure of the cost of living and
economic stability, and Turkey's position highlights the challenges
faced by its citizens and policymakers in managing the economy's
purchasing power. (BIA, 22 April 2024)
Des
Turcs boycottent cafés et restaurants un
week-end
Un appel au boycott dénonçant "les prix exorbitants" des cafés et des
restaurants a mobilisé de nombreux Turcs ce week-end. Une première en
Turquie, prise depuis plusieurs années dans une spirale inflationniste.
"C'est un mouvement populaire. Le peuple en a marre et montre sa
réaction", affirme Iris Cibre, une experte en finance à l'origine de
cet appel au boycott lancé uniquement pour ce week-end et partagé des
centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux.
Des cafés et des restaurants ont vu leur fréquentation baisser dans
certains quartiers d'Istanbul et d'Ankara samedi et dimanche, tandis
que d'autres étaient remplis essentiellement de touristes, a constaté
l'AFP.
"Avec mes amis, on a décidé de se retrouver dans un parc et non dans un
café comme d'habitude", raconte Ceren, étudiante à Ankara et qui
soutient le boycott.
"On est de toute façon ruiné à chaque fois qu'on sort, ça nous fera du
bien", sourit-elle.
Pour Iris Cibre, la somme de 880 livres turques (25 euros) versée
mi-avril pour un plat et un café dans un bistrot de quartier qu'elle
fréquente souvent à Istanbul a été le déclic.
"Il y a dix mois, j'avais payé 345 livres (près de 10 euros) pour le
même plat et un café. Cela veut dire 155% de hausse en livres turques.
Même en dollars, la hausse est de 80%. Or nous n'avons pas vécu une
telle inflation", réagit-elle.
Elle décide alors de lancer sur X un appel à boycotter les cafés et les
restaurants en Turquie les 20 et 21 avril pour protester contre "les
prix exorbitants".
Son appel est partagé par des centaines de milliers de d'internautes
qui se plaignent "d'une soupe à 200 livres" (près de six euros) ou d'un
sandwich kébab à 300 livres (8,6 euros) et des commerçants
"opportunistes" qui "arnaquent" les consommateurs.
La hausse des prix dénoncée par Mme Cibre dépasse les chiffres
officiels de l'inflation, déjà élevés (68,5% en mars sur un an), mais
aussi ceux des économistes indépendants qui l'ont estimée en mars à
124,6% en Turquie.
Le salaire minimum net est de 17.000 livres turques (489 euros) en
Turquie.
Malgré les salaires bien moins élevés que dans la plupart des pays
européens, les prix de nombreux produits et services en Turquie ont
récemment avoisiné et parfois dépassé ceux pratiqués en Europe. (AFP,
21 avr 2024)
Fin de près
de 24 heures d'angoisse pour les passagers d'un
téléphérique
L'angoisse a pris fin samedi pour les derniers passagers d'un
téléphérique du sud de la Turquie, évacués après avoir passé
vingt-trois heures au-dessus du vide à la suite de la chute d'un
pylône, ont annoncé les secouristes.
L'accident, survenu peu avant 17H30 (14H30 GMT) vendredi sur les
hauteurs de la grande station balnéaire d'Antalya, a fait un mort et 10
blessés, selon le ministre turc de la Santé Fahrettin Koca.
Une des cabines du téléphérique de Sarisu-Tünektepe, heurtée par le
pylône, s'était brisée, entraînant la chute de ses passagers dans une
zone rocheuse.
174 autres passagers, parmi lesquels des enfants, ont été évacués "avec
succès" au terme d'une "opération très périlleuse", a annoncé samedi
Okay Memis, le patron de l'agence publique turque de gestion des
catastrophes (Afad).
M. Memis a précisé que "cet accident est survenu à la suite de la
rupture d'un mécanisme au sommet d'un pylône du téléphérique",
possiblement une vis.
Ayse Hatice Polat, une quinquagénaire restée prisonnière d'une cabine
pendant plus de vingt-et-une heures, a embrassé la terre à sa descente
d'hélicoptère, ont rapporté plusieurs médias locaux.
Dix hélicoptères et plus de 600 secouristes avaient été dépêchés sur
les lieux, selon les autorités.
Des ordres de détention ont été émis contre treize personnes, dont des
responsables de l'entreprise exploitant le téléphérique, dans le cadre
d'une enquête visant à déterminer les causes de l'accident, a annoncé
le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunç.
"L'incident s'est produit en raison de l'insuffisance et de la
corrosion des fixations aux points de connexion des pylônes porteuses
du téléphérique", a indiqué M. Tunç sur le réseau social X, faisant
état d'un rapport préliminaire qui pointe également le mauvais état des
systèmes de poulies. (AFP, 13 avr 2024)
L'inflation
continue d'assommer les
ménages
A peine l'effervescence des élections municipales retombée, l'inflation
qui a précipité la débâcle du camp présidentiel en Turquie revient dans
toutes les conversations.
Selon les chiffres officiels publiés mercredi, la hausse des prix à la
consommation a atteint 68,5% en mars sur un an, soit une augmentation
supplémentaire de 3,2% sur un mois.
Ce chiffre est contesté par un groupe d'économistes indépendants qui
calcule la hausse des prix à 124,6% sur douze mois.
Malgré un relèvement drastique des taux d'intérêt depuis juin, la
hausse des prix "ne s'arrête pas, elle continue", souligne l'économiste
Murat Sagman, fondateur de l'entreprise de conseil en stratégie Sagam.
Face au marché aux épices à Istanbul, Osman Karakoç, 64 ans, peine à
écouler ses épis de maïs grillés qu'il vend 30 livres (0,87 euro) aux
passants.
"Au marché, il y a un prix le matin et un autre le soir. Je ne peux pas
gagner ma vie si je vends moins cher", se défend-il. "C'est un produit
d'ici, mais les gens peuvent difficilement se l'acheter", déplore-t-il.
- talon d'Achille -
Au pouvoir depuis 2003, le président Recep Tayyip Erdogan a bâti
pendant vingt ans ses succès électoraux sur ses promesses de prospérité.
Mais l'économie est devenue son talon d'Achille et est avancée comme la
principale cause de la défaite de son parti AKP (islamo-conservateur)
aux élections municipales de dimanche dans les plus grandes villes du
pays.
L'inflation, supérieure à 35% en Turquie depuis la fin 2021, porte le
sceau de sa politique monétaire passée.
À rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat a
longtemps défendu des baisses des taux d'intérêt même lors des flambées
de l'inflation en invoquant à plusieurs reprises les préceptes de
l'islam, qui interdit l'usure.
Réélu en mai 2023, il a nommé en juin une équipe d'experts à la tête
des Finances publiques et laissé la banque centrale relever son
principal taux directeur à 50% en mars.
Mais la dévaluation de la livre turque, qui a perdu 40% de sa valeur
face au dollar en un an et les hausses répétées du salaire minimum
continuent d'alimenter la flambée des prix.
Pour Murat Sagman, couper dans les dépenses publiques est "le seul
moyen de ralentir l'inflation".
Le ministre turc de l'Economie Mehmet Simsek, qui en a fait la
suggestion, a réaffirmé mercredi que le gouvernement fera "tout le
nécessaire pour atteindre l'objectif de stabilité des prix".
Nicholas Farr, analyste chez Capital Economics, prédit un "nouveau
resserrement monétaire". "Un effort plus concerté pour resserrer la
politique fiscale sera également nécessaire", juge-t-il.
- "Ça suffit" -
Les chalands du marché aux épices d'Istanbul, venus acheter
olives,
fromages ou poissons, disent tous subir l'inflation de plein fouet.
Parmi eux, nombre de retraités qui perçoivent une pension mensuelle
inférieure à 300 euros.
"Je vote pour Erdogan depuis aussi longtemps que je me souvienne...
nous lui avons fait confiance et avons fermé les yeux sur tout, mais ça
suffit", lâche Leyla Duman, une femme au foyer portant le foulard, des
lunettes de soleil et un long manteau.
"Ils donnent 10.000 livres (290 euros) aux retraités: les gens
doivent-ils payer leur loyer ou leurs factures avec?", lance-t-elle.
Son mari Serif, 63 ans, employé de la voirie, dit ne pas prendre sa
retraite "par peur" car la pension de base "ne suffit pas". "Notre
argent fond jour après jour", insiste-t-il.
- "atterrissage en douceur" -
Le président Erdogan dispose de quatre années avant le prochain
scrutin, la présidentielle de 2028. Cette fenêtre de tir pourrait lui
donner le temps de prendre des mesures douloureuses.
"Nous avons du temps pour mettre en oeuvre toutes les réformes
structurelles (mais) nous allons assister à un ralentissement de
l'économie" du fait des taux d'intérêt élevés et d'un resserrement de
la dépense, prédit Murat Sagman.
Pour la banque centrale et le ministère de l'Economie, le défi sera
"d'aller vers un atterrissage en douceur", estime-t-il.
Ce qui implique de trancher entre lutter contre l'inflation sans
freiner complètement l'activité et des mesures plus drastiques, au
risque de déclencher une récession.
En attendant, Hasan Yildiz, un mineur de charbon à la retraite,
continue de voir les prix s'affoler.
"Le fromage que nous achetions 60 livres est passé à 250, 280, 300
livres", affirme-t-il. "Au lieu d'acheter un demi-kilo, nous en
achetons la moitié... cela devient très difficile". (AFP, 3 avr 2024)
29
morts dans un incendie à Istanbul suite à des travaux illégaux
Au moins 29 personnes ont trouvé la mort mardi dans un gigantesque
incendie qui s'est déclaré au sous-sol d'un immeuble résidentiel
d'Istanbul, où des ouvriers effectuaient des travaux de rénovation non
autorisés dans une discothèque.
Le sinistre s'est déclaré à la mi-journée, selon le gouverneur,
laissant des traces noires visibles sur les quatre premiers étages de
l'immeuble qui en compte seize, tous entièrement évacués.
Dans un communiqué publié dans la soirée, la mairie du quartier de
Besiktas, où s'est produit l'incendie, a fait savoir qu'elle n'avait
été saisie "d'aucune demande d'autorisation" de la part des
propriétaires de la discothèque ni de l'entrepreneur "concernant une
éventuelle rénovation des lieux".
"Aucun permis n'avait été délivré ni aucune information fournie",
insiste-t-elle en promettant "de suivre l'affaire et de tenir la
population informée".
Le gouverneur d'Istanbul, Davut Gül, avait annoncé que
l'incendie
avait éclaté pendant des travaux effectués dans le club situé au
sous-sol de l'immeuble.
Tous les ouvriers sont morts, avait-il ajouté. Sans préciser si toutes
les victimes étaient bien employées sur le chantier.
"J'ai perdu quatre amis", a confié à l'AFP Fikret Kaya, un
quadragénaire accouru avec les proches éplorés de victimes. Non loin,
une femme se tenait la tête dans les mains, le visage masqué par sa
casquette noire.
Une très forte odeur de brûlé continue de planer en soirée à l'entrée
du club et la police maintenait d'importants effectifs aux abords.
- "Fermé pendant le ramadan" -
"Le club était fermé pendant le ramadan" a rapporté à l'AFP un
riverain de 46 ans, Erkan Karakoç.
De très nombreux secours ont été mobilisés et en fin de journée, une
vingtaine d'ambulances et de camions de pompiers restaient stationnés
dans la rue, bloquée à la circulation et aux piétons, a constaté l'AFP.
A l'entrée de la rue, à distance du bâtiment à la façade noircie, trois
pompiers, le visage et les équipements souillés par la suie, étaient
assis, prostrés, tandis qu'un autre passait, le regard vide, son casque
à la main.
Ce n'est qu'en fin d'après-midi que le gouverneur Davut Gül a annoncé
que le feu avait été maîtrisé.
Selon un dernier bilan de ses services, outre les personnes décédées,
un blessé était toujours hospitalisé dans un état grave.
Selon le gouverneur, cinq puis "huit personnes ont été arrêtées",
notamment le patron et le gérant de la discothèque, ainsi que le patron
de l'entreprise de métallurgie responsable des travaux.
"Une enquête a été ouverte suite à l'incendie survenu à Gayrettepe,
dans le quartier de Besiktas, à Istanbul. Deux inspecteurs se sont
rendus sur place", a confirmé le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya
sur X (ex-Twitter), sans autre détail.
"Un incendie a éclaté dans une (discothèque) située dans les sous-sols
d'un immeuble résidentiel de 16 étages à Gayrettepe, dans le quartier
de Besiktas", avait annoncé le gouverneur, en précisant que le sinistre
s'était déclaré "à 12H47" (09H47 GMT).
Tout l'après-midi, les bilans n'ont cessé d'évoluer et la plupart des
douze blessés graves annoncés initialement sont peu à peu décédés
malgré leur transfert à l'hôpital.
Le "Club Masquerade", un établissement coté de Gayrettepe, dans le
quartier central de Besiktas, était doté de plusieurs scènes et
accueillait régulièrement des concerts. Il avait reçu sa licence en
1987, qui avait été renouvelée en 2018, a précisé M. Gül, ce que la
municipalité a confirmé dans son communiqué.
En revanche, les médias locaux ont rapidement mis en doute, comme
souvent en Turquie, la régularité des travaux entrepris, soulignant que
l'établissement qui pouvait accueillir entre 1.500 et 2.000 personnes
ne disposait d'aucune issue de secours bien que situé en sous-sol.
En outre, ses colonnes de soutènement avaient été sciées, ce qui le
rendait particulièrement vulnérable en cas de séisme, rapportaient-ils.
Le maire d'Istanbul réélu dimanche, Ekrem Imamoglu, qui s'est rendu sur
place, avait confirmé que "l'incendie a été maîtrisé" et avait présenté
ses "condoléances". (AFP, 2 avr 2024)
Des travaux de soudure à l'origine de
l'incendie meurtrier d'Istanbul
L'incendie qui a tué 29 personnes mardi lors de travaux illégaux dans
une discothèque d'Istanbul a été déclenché par une soudure, selon une
vidéo publiée mercredi par le ministre turc de l'Intérieur.
Sur les images de vidéosurveillance rendues publiques, un ouvrier muni
d'un chalumeau soude un objet en métal lorsque de hautes flammes se
forment de manière soudaine, aussitôt accompagnées d'une épaisse fumée.
"L'enquête (...) concernant l'incident se poursuit", a indiqué le
ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, dans un message publié avec la
vidéo sur le réseau social X.
La mairie de l'arrondissement de Besiktas, où s'est produit le
sinistre, a affirmé mardi qu'elle n'avait été saisie "d'aucune demande
d'autorisation" de la part des propriétaires de la discothèque ni de
l'entrepreneur "concernant une éventuelle rénovation des lieux".
Neuf personnes ont été arrêtées à la suite de l'incendie, dont le
patron et le gérant de la discothèque et le patron de l'entreprise de
métallurgie responsable des travaux, a annoncé le gouvernorat
d'Istanbul.
Le Masquerade Club, vaste discothèque, était situé au sous-sol d'un
immeuble d'habitation de 16 étages du quartier de Gayrettepe. Aucun des
résidents présents lors de l'incendie survenu à la mi-journée mardi ne
fait partie des personnes décédées, selon M. Yerlikaya. (AFP, 3 avr
2024)
Des joueurs de Fenerbahçe en conseil de discipline
après des violences
Trois joueurs du club de Fenerbahçe, dont l'international nigérian
Bright Osayi-Samuel, vont être convoqués en conseil de discipline par
la Fédération turque de football après des violences lors d'un match de
championnat, a annoncé lundi la Fédération.
Le 17 mars, une foule de supporters avait envahi la pelouse du stade de
Trabzonspor (nord-est) au coup de sifflet final d'une rencontre de
première division perdue par leur équipe, tandis que les joueurs de
Fenerbahçe, un des trois grands clubs d'Istanbul, célébraient leur
victoire.
Bright Osayi-Samuel avait asséné un puissant coup de poing à l'un de
ces supporters, entré sur le terrain le visage masqué.
Deux autres joueurs de Fenerbahçe, dont le défenseur néerlandais Jayden
Oosterwolde, auteur d'un coup de pied porté au même supporter, et deux
employés du club sont également convoqués pour des "bagarres", a
annoncé la Fédération turque dans un communiqué.
Un entraîneur adjoint de Trabzonspor passera également devant le
conseil de discipline.
L'échauffourée avait provoqué de vives réactions en Turquie, trois mois
après une violente agression d'un arbitre par un dirigeant de club à
l'issue d'une rencontre de Süper Lig.
Le patron de la Fifa, Gianni Infantino, a dénoncé des violences
"absolument inacceptables".
Treize supporters de Trabzonspor avaient été arrêtés dans la foulée,
dont cinq ont été placés en détention provisoire.
Le secrétaire général de Trabzonspor, Kemal Ertürk, a demandé la
semaine dernière que ces supporters "arrêtés injustement (...) soient
libérés le plus rapidement possible". (AFP, 1 avr 2024)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Germany’s Steinmeier faces ‘Gaza’ protests in
Turkey
German President Frank-Walter Steinmeier encountered protests on the
first two days of his visit to Turkey over Germany’s support for Israel
in the Gaza war. Yesterday in İstanbul and today in the southeastern
city of Antep, he faced demonstrations by Islamist groups.
Gathering under the banner of the Gaziantep Jerusalem Platform,
protesters assembled near an elementary school where Steinmeier was
scheduled to visit in the Şehitkamil district. They chanted slogans
like "Israel, the murderer; Germany, the collaborator” while displaying
banners in German and English.
Speaking on behalf of the group, Murat Şahin, the President of the İHH
Humanitarian Aid Association in Antep, stated that they aimed, on the
occasion of Turkey's April 23 Children's Day, to remind Steinmeier that
there are also children in Gaza.
Escorted by police security measures, Steinmeier's vehicle proceeded to
Gazikent Elementary School.
Steinmeier is visiting Turkey for a three-day trip marking the 100th
anniversary of the start of diplomatic relations between the two
countries. Having held his first meeting with recently re-elected Mayor
Ekrem İmamoğlu in İstanbul yesterday, Steinmeier is scheduled to meet
with President Erdoğan on the final day of his visit. (BIA, 23 April
2024)
La visite compliquée du président allemand en Turquie
Le chef de l'Etat allemand Frank-Walter Steinmeier est arrivé lundi à
Istanbul, première étape d'une visite de trois jours placée sous le
signe des liens étroits entre les deux peuples tandis que les contacts
avec son homologue Recep Tayyip Erdogan seront réduits au strict
minimum.
Les deux hommes, qui se connaissent depuis 20 ans, entretiennent une
relation tendue, comme l'illustre le fait que le social-démocrate ait
attendu sept ans après son entrée en fonction avant d'effectuer un
déplacement en Turquie et ne rencontrera son homologue que mercredi.
L'Allemagne critique régulièrement la politique jugée autoritaire mise
en place par le président turc depuis le putsch manqué de 2016.
Le soutien d'Ankara au Hamas dans la guerre avec Israël, comme
l'illustre encore sa rencontre samedi à Istanbul avec le chef du
mouvement islamiste Ismaïl Haniyeh, a encore creusé le fossé.
Lundi, l'homme fort de la Turquie était à Bagdad pour sa première
visite depuis plus d'une décennie.
Pendant ce temps là, M. Steinmeier s'est entretenu avec le maire
d'Istanbul Ekrem Imamoglu, le responsable le plus populaire de
l'opposition, perçu par certains comme un possible futur président.
Ce dernier a exprimé son grand regret que les relations de la Turquie
avec l'Allemagne et l'Union européenne soient actuellement si
mauvaises, indique-t-on dans l'entourage de M. Steinmeier qui a écouté
son interlocuteur "avec beaucoup d'intérêt".
- "Au coeur de notre société"
Officiellement, sa venue vise à célébrer le 100e anniversaire de
l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
A cette occasion, le président allemand a rendu hommage aux migrants de
Turquie qui ont "contribué à construire notre pays, l'ont rendu fort et
appartiennent au coeur de notre société", lors d'une visite à la gare
de Sirekci, d'où des centaines de milliers de Turcs sont partis dans
les années 1960 pour aller travailler en Allemagne de l'ouest.
A la gare, une cinquantaine de manifestants l'ont accusé de soutenir
"le génocide" à Gaza, avant d'être dispersés sans ménagement par la
police, a constaté un journaliste de l'AFP.
Parmi les immigrés figurait le grand-père d'Arif Keles, dont la famille
est propriétaire depuis trois générations d'un snack à kebab dans la
capitale allemande.
Fait inhabituel, M. Keles a été invité dans l'avion présidentiel et
doit servir son kebab lors de la réception officielle en soirée sur les
rives du Bosphore.
Cette spécialité de sandwich de pain pita farci de fines tranches de
viande, sauce blanche et salade a été introduite en Allemagne par des
immigrés turcs. "Le kebab est devenu depuis une sorte de plat national
allemand", a souligné un conseiller du président.
Avec un chiffre d'affaires annuel estimé à 7 milliards d'euros, le
secteur allemand du kebab symbolise un succès de l'intégration turque.
- "Marque d'estime"
"Je considère que c'est une grande marque d'estime que de pouvoir
faire partie du voyage", déclare le restaurateur.
Son grand-père a travaillé pendant des années dans une usine de fonte
avant d'ouvrir son snack en 1986, raconte-t-il, "et maintenant le
président m'emmène en tant que petit-fils dans la patrie de mes
ancêtres".
Mardi, le dirigeant allemand, dont les fonctions sont largement
protocolaires, rendra visite aux survivants du tremblement de terre à
Gaziantep, à la frontière syrienne, avant de s'entretenir mercredi à
Ankara avec M. Erdogan.
Leur dernier tête-à-tête remonte à novembre, lors d'une visite
controversée du président turc à Berlin.
Le chef de l'Etat allemand avait alors sèchement souligné "le droit à
l'existence d'Israël", après que M. Erdogan eut paru le remettre en
question dans le contexte de la guerre contre le Hamas à Gaza.
L'influence accrue de M. Erdogan au niveau géopolitique en fait
toutefois un interlocuteur incontournable.
D'autant plus qu'il est aussi très populaire auprès de la diaspora
turque en Allemagne, qui compte quelque 3 millions de personnes dont
1,2 million ont la nationalité turque. (AFP, 22 avr 2024)
The EU
indicates to continue Turkey’s European
course, but not at all costs
The European Council today (April 17) adopted the conclusions on the
procedures to pursue the process of Turkey’s rapprochement with the
Union. The summit of EU leaders passed the baton over to the Committee
of Permanent Representatives (Coreper) with the task of advancing “work
on the recommendations of the European Council, in line with previous
European Council conclusions and in a phased, proportionate, and
reversible manner,” according to the text published at the end of the
first day of the European Council.
The road to a possible future integration of Turkey continues,
following the work outlined by the strategic report on EU-Turkey
relations in November 2023. Charles Michel, president of the European
Council, stressed in a post on X (formerly Twitter) how “the EU has a
strategic interest in a stable and secure environment in the Eastern
Mediterranean and in the development of a cooperative and mutually
beneficial relationship with Turkey.”
The Cyprus issue — defined as of “particular importance” in the EU
summit conclusions – however, remains on the table, with the island
divided in two: on one side the Republic of Cyprus, a member of the EU
since 2004, and on the other North Cyprus, a de facto independent state
but recognized only by Ankara. It is precisely in this regard that,
according to Michel, it is important to reopen talks for a peaceful
settlement: “The EU is ready to play an active role in supporting the
UN-led process.” (eunews.it, 17 April 2024)
Dutch parliament links customs union talks with
Turkey to human rights rulings
The Dutch parliament has linked the modernisation of the customs union
with Turkey to human rights concerns, specifically calling for the
implementation of European Court of Human Rights (ECtHR) decisions
mandating the immediate release of Osman Kavala and Selahattin Demirtaş.
The resolution, adopted following a proposal by Kati Piri, former
EU-Turkey rapporteur, and Isa Kahraman, a member of the Dutch
Parliament representing the Nieuw Sociaal Contract (New Social
Contract) party, advocates for the release of the two detained figures
as a non-negotiable condition for further discussions on the customs
union at the EU level. “No modernisation of the customs union with
Turkey until the verdicts of the European Court of Human Rights are
implemented,” Kati Piri declared on social media platform X.
The customs union aims to provide unhindered access for goods between
the sides. It started in 1995, but so far has only concerned industrial
goods and processed agricultural products.
Kahraman, before the vote, emphasised “Human rights are the essence of
our civilisation”, urging the government to make these conditions a
fundamental aspect of discussions on the customs union with Turkey.
The recent hearing by the Tom Lantos Human Rights Commission in the US
Congress has highlighted the intensifying international scrutiny on
Turkey for its failure to adhere to international norms, which are
often overlooked in favour of trade and security relations.
In response to this parliamentary decision, Turkish Foreign Minister
Hakan Fidan will visit the Netherlands to participate in the upcoming
Wittenburg Conference. His agenda includes discussions on the customs
union, full EU membership for Turkey, visa liberalisation for Turkish
citizens and key regional issues involving Israel, Palestine, Ukraine
and Cyprus, as potential bargaining chips. (medyanews, 18 April 2024)
L'UE
accorde une aide de 270 millions d'euros à l'Arménie
L'Union européenne va accorder une aide de 270 millions d'euros à
l'Arménie, autrefois allié traditionnel de la Russie, avec qui
Européens et Américains veulent se rapprocher, a annoncé vendredi la
présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Nous mettons en oeuvre une promesse faite en octobre" avec ce "plan de
croissance" en faveur de l'Arménie d'un montant de 270 millions d'euros
sous forme de prêts sur quatre ans, a-t-elle précisé devant la presse,
en présence du Premier ministre arménien Nikol Pachinian, du secrétaire
d'Etat américain Antony Blinken et du chef de la diplomatie européenne
Josep Borrell.
Ce programme d'aide vient s'ajouter à un plan d'investissements
européen en faveur de ce pays du Caucase qui a déjà "mobilisé plus d'un
demi-milliard d'euros", a ajouté Mme von der Leyen.
Le programme de subventions financières sur quatre ans pour l'Arménie
montrait que l'UE était "aux côtés d'Erevan", a déclaré Ursula von der
Leyen. "L'Europe et l'Arménie partagent une longue histoire commune et
le moment est venu d'écrire un nouveau chapitre".
"Nous voulons que l'Arménie prenne sa place en tant que nation forte,
indépendante, en paix avec ses voisins et connectée au monde", a dit de
son côté M. Blinken.
"Les Etats-Unis et l'Union européenne souhaitent tous deux être
partenaires de cet effort", a-t-il souligné, ajoutant qu'une aide de 65
millions de dollars serait débloquée par Washington en faveur de
l'Arménie.
Cette rencontre à Bruxelles "signifie que les Arméniens accroissent
leur partenariat avec les Etats-Unis et l'UE", s'est félicité de son
côté M. Pachinian.
Avant les pourparlers à Bruxelles, M. Blinken et Mme von der Leyen
avaient appelé mercredi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev pour
tenter d'apaiser les tensions.
- "Partenariat croissant" -
M. Aliev a affirmé vendredi que le sommet de Bruxelles était
"dirigé
contre l'Azerbaïdjan" et allait à l'encontre de la coopération dans la
région.
"De hauts responsables américains et européens ont tenté de nous
convaincre que la réunion de Bruxelles n'est pas dirigée contre
l'Azerbaïdjan, mais elle crée une nouvelle source de tensions dans le
Caucase du Sud", a-t-il déclaré.
Les liens tissés de longue date par le pays du Caucase avec la Russie
se sont distendus depuis que l'Azerbaïdjan, son ennemi historique,
s'est emparé de l'enclave arménienne du Nagorny-Karabakh en septembre
dernier.
M. Pachinian a d'ailleurs appelé jeudi ses concitoyens à débattre de la
possibilité de rejoindre l'Union européenne.
Il a déclaré que la réunion de vendredi à Bruxelles était la preuve du
"partenariat croissant" de son pays avec l'UE et les États-Unis.
"Je crois que notre vision commune d'un avenir démocratique, pacifique
et prospère continuera à servir d'épine dorsale et de ligne directrice
de nos relations de confiance mutuelle", a-t-il déclaré.
M. Pachinian a déclaré lors de la réunion de Bruxelles qu'il restait
"attaché à la normalisation des relations avec l'Azerbaïdjan".
La Turquie, principal soutien de l'Azerbaïdjan, a averti que les
négociations de l'Arménie avec les États-Unis et l'UE "sapent
l'approche neutre qui devrait être la base de la solution des problèmes
complexes de la région".
"Cette initiative, qui exclut l'Azerbaïdjan, ouvrira la voie pour que
le Caucase du Sud devienne une zone de confrontation géopolitique,
plutôt que de servir la paix", a déclaré le ministère turc des Affaires
étrangères.
L'Arménie multiplie les pas vers l'Occident en accusant la Russie, son
alliée traditionnelle, de l'avoir abandonnée face à son puissant rival
azerbaïdjanais.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livrés deux guerres, dans les années
1990 et en 2020, pour le contrôle de la région du Nagorny-Karabakh.
Ces derniers mois, plusieurs cycles de négociations n'ont pas donné de
résultats. La situation reste instable et des incidents armés se
produisent toujours régulièrement. L'Arménie et l'Azerbaïdjan
s'accusent souvent mutuellement de tirs meurtriers à leur frontière.
(AFP, 6 avr 2024)
L’UE salue des élections municipales qui
"honorent" la Turquie
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a salué le "calme" et
le "professionnalisme" des élections municipales en Turquie marquées
par la victoire de l’opposition, estimant que leur bon déroulement
honorait le pays.
"La tenue des élections municipales dans le calme et avec
professionnalisme honore la Turquie et témoigne de l’engagement des
citoyens en faveur de la démocratie locale", a déclaré Josep Borrell,
dans un message sur le réseau social X. Les élections municipales
dimanche en Turquie ont consacré la victoire du parti laïque CHP à la
tête des principales villes du pays dont, Istanbul, face au parti du
président Recep Tayyip Erdogan.
"Les droits fondamentaux et la démocratie sont au cœur de nos relations
: nous nous réjouissons de travailler ensemble sur des réformes qui
rapprochent de l’UE", a-t-il ajouté. Les négociations entre l’Union
européenne et la Turquie, candidate à l’adhésion depuis 1999, sont
gelées depuis 2018. L’UE cherche désormais un dialogue à haut niveau
avec Ankara et à améliorer la coopération sur des sujets d’intérêt
commun comme les migrations, l’énergie ou le commerce. (AFP, 1 avr 2024)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
La rencontre entre Erdogan et Biden à la Maison
Blanche repoussée
La rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son
homologue américain Joe Biden à la Maison Blanche prévue pour le 9 mai
est repoussée, a annoncé vendredi un responsable turc à l'AFP.
"La visite prévue pour le 9 mai a été reportée en raison d'un
changement dans le programme de M. Erdogan", a déclaré ce responsable,
sous couvert d'anonymat.
"Une nouvelle date sera décidée" après un échange entre les deux
présidents, a-t-il ajouté.
Cette réunion, annoncée le 29 mars, aurait dû être la première à la
Maison Blanche entre ces deux dirigeants, à quelques mois de la fin du
mandat de M. Biden.
Le dernier tête-à-tête entre MM. Erdogan et Biden, dont les pays sont
alliés au sein de l'Otan, remonte à juillet 2023, en marge du sommet de
l'Alliance atlantique à Vilnius, la capitale de la Lituanie : le
président américain avait alors tenté de convaincre le chef de l'Etat
turc d'approuver l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, qu'il
bloquait depuis 2022 et qui s'est finalement concrétisée en mars
dernier.
Les relations entre Washington et Ankara se sont éclaircies dès lors
qu'Ankara a levé son veto à l'adhésion de ce royaume scandinave et
approuvé son intégration à l'Alliance après en avoir ouvert la porte à
la Finlande.
Dans la foulée, Joe Biden, en janvier, puis le Congrès américain, en
février, ont "approuvé" la vente de 40 avions de chasse américains F-16
à la Turquie, mettant un point final à des mois de tractations.
Les discussions initialement prévues pour le 9 mai devaient notamment
porter sur la situation en Ukraine et dans la bande de Gaza et sur la
lutte antiterroriste après l'attaque du groupe Etat islamique à Moscou.
Des dissensions subsistent entre les deux pays concernant le soutien du
gouvernement Biden à Israël. Le président turc a reçu le 20 avril à
Istanbul le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh.
M. Erdogan réfute le terme de "terroriste" appliqué par Israël et les
pays occidentaux au Hamas, disant le considérer comme un mouvement de
"libération". (AFP, 26 avr 2024)
Erdogan espère que le prochain chef de l'Otan sera le
complice de la Turquie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit espérer que le prochain
secrétaire général de l'Otan donnerait la priorité aux préoccupations
de la Turquie liées au terrorisme, au cours d'une réunion vendredi avec
Mark Rutte, le favori pour occuper ce poste.
M. Erdogan a déclaré que la lutte contre le terrorisme avait été l'un
des principaux thèmes abordés dans ses discussions avec le Premier
ministre néerlandais sortant, qui était à Istanbul pour rallier le
soutien de la Turquie à sa candidature.
"Nous lui avons dit que, conformément à l'esprit de l'Alliance
(atlantique), aucune organisation terroriste, en particulier le PKK et
ses affidés, ne devrait être tolérée", a poursuivi le chef de l'Etat
turc devant les journalistes, aux côtés de M. Rutte.
Le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), considéré comme un groupe
terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux, est à la tête
d'une insurrection depuis des décennies en vue d'obtenir une plus
grande autonomie de la minorité kurde dans le sud-est du territoire
turc.
M. Erdogan a en outre estimé qu'il était "impératif pour le nouveau
secrétaire général de déployer des efforts intenses en vue de supprimer
les sanctions, les restrictions et les obstacles dans le domaine de
l'industrie de défense entre les alliés".
Le président roumain Klaus Iohannis est également candidat au poste de
secrétaire général de l'Otan et le chef de l'Etat turc a déclaré lui
avoir fait part des demandes de la Turquie au cours d'une conversation
téléphonique la semaine dernière.
M. Erdogan n'a pas révélé le choix de la Turquie entre les deux hommes
mais a souligné que sa décision serait fondée sur la "raison", tout en
souhaitant en souriant à M. Rutte du succès dans son "nouveau voyage".
Le chef du gouvernement néerlandais sortant est pour l'instant le mieux
placé pour remplacer le Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de
l'Alliance atlantique après que les États-Unis, le Royaume-Uni et
l'Allemagne ont fait part de leur soutien à sa candidature.
La Hongrie a toutefois annoncé qu'elle n'appuierait pas M. Rutte, qui
avait déploré le recul du respect des principes démocratiques sous le
pouvoir du Premier ministre Viktor Orban. (AFP, 26 avr 2024)
US congressional hearing probes
Turkey’s human rights record
The Tom Lantos Human Rights Commission conducted a significant hearing
in Washington DC, scrutinising Turkey’s human rights record. The event
highlighted substantial abuses ahead of President Recep Tayyip
Erdoğan’s impending visit to the United States.
Witnesses at the hearing shed light on various human rights violations
under the current Turkish administration, with particular emphasis on
unlawful detentions and alleged torture.
Nadine Maenza, president of the IRF Secretariat and former chair of the
US Commission on International Religious Freedom, pointed out specific
areas of concern. “Turkey is on a watch list concerning violations of
religious freedom, with rising anti-semitism and the abuse of laws
under claims of insulting President Erdoğan,” she stated.
Further addressing the geopolitical implications, Maenza urged, “The US
must push Turkey to settle the Kurdish question and go back to
negotiations with the PKK [Kurdistan Workers’ Party], eliminating
Erdoğan’s excuse to continue to marginalise his own Kurdish population.”
The US State Department’s 2022 Country Reports on Human Rights
Practices provided a backdrop to the hearing, detailing egregious human
rights abuses ranging from the recruitment of child soldiers to attacks
on judicial independence. The hearing, accessible to Congress members,
staff, the public and media, was also live-streamed.
Chaired by Representatives James P. McGovern and Christopher H. Smith,
the bipartisan commission aims to foster a robust US response to
international human rights issues. The outcome of the hearing is poised
to influence the agenda for Erdoğan’s upcoming visit in terms of the
focus on Turkey’s human rights practices.
The now Co-Chair of Tom Lantos Human Rights Commission, Rep. Chris
Smith, led a resolution in 1996 advocating for peace talks between
Turkey and the PKK, including calls for mutual ceasefires and the
release of all political prisoners. (medyanews, 17 April 2024)
Hakan
Fidan asked NATO members to back Turkish
operations against Kurds
Turkey 's Foreign Minister Hakan Fidan has called for unconditional
support from NATO members in the country's battle against terrorism.
Speaking in Brussels after a NATO foreign ministers meeting, Fidan
highlighted the importance of solidarity within the alliance,
particularly criticizing some members' interactions with entities in
Syria linked to terrorism, which is contradictory to NATO's principles.
"We underlined that NATO member countries should fully and
unconditionally support Turkey in the fight against terrorism," Fidan
told reporters in Brussels.
Fidan's remarks came after a two-day NATO foreign ministers meeting in
Brussels, where he also held sideline talks with his counterparts.
Stressing that it was agreed upon the appointment of a
counter-terrorism coordinator at last year's Vilnius Summit, Fidan said
efforts are continuing for NATO to look at the fight against terrorism
"structurally."
The minister said he discussed with his counterparts the activities of
the terrorist organization PKK in Europe.
"What is sad for them (European countries) is that the terrorist
organization, which they have been silent about for years, is
terrorizing their own streets. It is not a surprise to us that they are
seeing these things now," he added.
Fidan said the countries should not only condemn the terror group's
acts of violence against the Turkish nationals living in Europe, but
also they should take "very serious" measures to combat it.
"I see authorities increasingly becoming more sensitive in Europe. This
is actually a pleasing issue. I see that tolerance towards PKK is
gradually decreasing. This is important," he added.
Turning to the 75th anniversary of NATO's founding, Fidan said Turkey
has been an important member of the alliance since 1952.
"It has been contributing to NATO for 72 years. Our armed forces
actively participate in NATO missions," he added.
Fidan announced that the informal NATO foreign minister meeting will be
held in Turkey next year.
About the race for being the next NATO chief, Fidan said he recently
met with Dutch Prime Minister Mark Rutte, who announced his bid to
become the next secretary-general.
"It is possible that he will visit Turkey soon. We are working on a
date," he said.
Stoltenberg's term is scheduled to end on Oct. 1 after ten years.
Recently, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan told Rutte in a phone
call that Ankara would back a candidate to be NATO's new chief based on
its expectations and needs.
Erdoğan emphasized the need for the new secretary-general to best serve
the security and interests of members in the fight against terrorism
and other challenges, bolster the unity of the alliance, prioritize
NATO's fundamental duty, and deliver convincing commitments to uphold
the alliance's core values and established practices, as well as
consider the sensitivities of non-EU allies.
Stressing that Turkey clearly expressed his expectation that the
process carried out with current chief Jens Stoltenberg will be put
forward by the new secretary-general, Fidan said: "I think our
president will also announce his decision (soon)."
About the restrictions on Turkey in the defense industry, Fidan said he
told his counterparts that they are not "compatible with the spirit of
the alliance and that the restrictions should be removed."
Regarding the ongoing Russia-Ukraine war, Fidan said Ukrainian
counterpart Dmytro Kuleba gave information about the war during the
meeting.
Turkey emphasized that it stands by Ukraine's security and sovereignty,
and underlined that alternative ways to peace and cease-fire should be
sought to stop the war, he added.
Fidan also said he discussed the situation in the Gaza Strip with his
counterparts on the sidelines of the NATO meeting and voiced concern
over the "unbearable" situation in the enclave.
"In particular, we have repeatedly raised the need for a cease-fire,
urgent humanitarian aid and a two-state solution perspective. Here's
the good thing. Now, all our counterparts almost agree with us.
"It is important for the international community to reach this
understanding during the process in terms of diplomatic gains, but more
needs to be done in terms of changing something on the ground. Our
determination on this issue continues," he added.
During his sideline meeting with US Secretary of State Anthony Blinken
in Brussels, Fidan said they also discussed the upcoming visit of
Erdoğan to the US upon the invitation of his counterpart Joe Biden.
Fidan said Erdoğan's agenda will include different issues, including
bilateral and regional relations, with Gaza coming first among these.
Erdoğan's perspective is to remove Turkish-American relations from
being "solely security-oriented" and to create a "more balanced and
broader" set of relations, he added. (Turkish media, 5 April 2024)
Relations
régionales / Regional Relations
Erdogan a discuté en Irak les mesures répressives contre la
résistance kurde
Le président turc Recep Tayyip Erdogan était reçu lundi en grande pompe
en Irak pour signer une vingtaine d'accords et accroître la coopération
économique, sa première visite en plus d'une décennie marquée par des
discussions épineuses sur la sécurité régionale et le partage des eaux.
Le dernier déplacement du président Erdogan en Irak remonte à 2011.
Alors Premier ministre, il exhortait Bagdad à coopérer dans la lutte
contre les combattants kurdes turcs du PKK, Parti des travailleurs du
Kurdistan, classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés
occidentaux.
Lundi, sur les sujets qui fâchent, M. Erdogan et le Premier ministre
irakien Mohamed Chia al-Soudani s'en sont tenus aux positions
traditionnelles de leur pays, tout en mettant en avant les opportunités
économiques à venir.
Outre la signature de 24 protocoles d'entente, M. Soudani s'est
félicité d'un "accord-cadre stratégique" visant à "construire une
coopération durable dans tous les domaines" via des commissions
permanentes "pour la sécurité, l'énergie et l'économie".
"Nous avons discuté des mesures communes qui peuvent être prises contre
le PKK et ses extensions, qui ciblent la Turquie depuis le territoire
irakien", a insisté M. Erdogan lors d'une allocution commune.
"A cette occasion, j'ai partagé avec mes homologues ma ferme conviction
que la présence du PKK sur le territoire irakien prendra fin le plus
rapidement, en étant officiellement déclaré comme organisation
terroriste", a-t-il plaidé.
La Turquie a installé depuis 25 ans des bases militaires au
Kurdistan
irakien pour lutter contre les bases arrière du PKK. Elle mène
régulièrement des opérations contre ces combattants en territoire
irakien.
M. Soudani a lui sobrement évoqué une "coordination sécuritaire
bilatérale" qui répondra "aux besoins des deux parties, et permettra de
faire face aux défis posés par la présence d'éléments armés,
susceptibles de coopérer avec le terrorisme et de violer la sécurité
des deux pays".
En mars, le ministre de la Défense irakien Thabet al-Abassi excluait
"des opérations militaires conjointes" contre le PKK, tout en
soulignant que Bagdad et Ankara oeuvreraient "au lieu et au moment
voulus" à la mise en place "d'un centre conjoint de coordination des
renseignements".
Autre sujet de contentieux, le partage des eaux du Tigre et de
l'Euphrate. Les autorités irakiennes fustigent le voisin turc pour les
barrages construits en amont et qui ont réduit le débit des deux
fleuves mythiques arrivant en territoire irakien.
Lundi les deux pays ont passé un "accord-cadre sur la question de
l'eau" d'une durée de dix ans.
Objectif: des projets conjoints visant à "améliorer la gestion des
eaux" des deux fleuves, a assuré M. Soudani, qui espère ainsi une
"administration commune et équitable des ressources hydriques". (AFP, 22 avr 2024)
Erdogan
appelle les Palestiniens "à l'unité" après
sa rencontre avec Haniyeh
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi les Palestiniens
"à l'unité" après sa rencontre à Istanbul avec le chef du Hamas, Ismaïl
Haniyeh.
Les deux responsables se sont retrouvés plus de deux heures et demi
durant au palais de Dolmabahce, pour leur première rencontre officielle
depuis le début de la guerre à Gaza, en octobre dernier.
M. Haniyeh était accompagné notamment de Khaled Mechaal, l'un des
principaux dirigeants du Hamas et, côté turc, le ministre des Affaires
étrangères Hakan Fidan et le chef des services de renseignements (Mit)
Ibrahim Kalin ont assisté à l'entretien.
Selon les images diffusées par la présidence turque, M. Erdogan a
accueilli avec chaleur ses hôtes, qualifiés de "terroristes" par Israël
et les pays occidentaux.
Le chef de l'Etat turc a toujours réfuté ce terme et considère le Hamas
comme un mouvement de "libération".
"Il est vital que les Palestiniens agissent dans l'unité dans ce
processus; la réponse la plus forte à Israël et le chemin vers la
victoire passent par l'unité et l'intégrité", a-t-il déclaré selon un
communiqué de la présidence turque publié à l'issue de la réunion.
Après les tensions récentes entre Israël et l'Iran, M. Erdogan a
également souligné "l'importance d'agir de façon à conserver
l'attention sur Gaza".
La visite des responsables du Hamas à Istanbul intervient alors que le
Qatar, dont la médiation piétine, dit vouloir "réévaluer" son rôle
entre Israël et le Hamas.
Malgré ses liens étroits avec ce dernier, Ankara en a été écarté
jusqu'à présent.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a fustigé
cette rencontre: "Alliance des Frères musulmans : viols, meurtres (...)
Erdogan, honte à toi !" a-t-il lancé sur le réseau X, dans un message
en anglais et en turc. (AFP,
20 avr 2024)
Hommage aux victimes du génocide en 1994 en
présence de Florida Mukeshimana
La première semaine de commémorations du 30e anniversaire du génocide
perpétrés en 1994 s'est terminée le samedi 13 avril avec une
cérémonie
en hommage aux politiciens tués pendant les premières semaines des
massacres. Cette année, neuf noms sont ajoutés au mémorial de Rebero
qui leur est dédié.
Parmi les politiciens commémorés, deux préfets et trois bourgmestres,
qui ont notamment tenté d’empêcher le plus longtemps possible les
massacres dans leurs localités, mais aussi l’ancien ministre des
Affaires étrangères, Boniface Ngulinzira. Son épouse Florida
Mukeshimana*, formatrice principale aux Ateliers du Soleil à Bruxelles,
et ses enfants Cyrille Uwukuli, Olive Isabo, Marie-Yolanda Ujeneza
étaient présentes à cette cérémonie.
« Nous avons jugé que c’était important, d’ajouter ces actes héroïques
pour pouvoir montrer que quelques politiciens se sont détachés de
l’idéologie génocidaire, explique Jean-Damascène Bizimana, ministre de
l’Unité nationale et de l’engagement civique. Ces actes contribuent à
démontrer que le génocide visait à détruire systématiquement les
Tutsis, et pour encourager les Hutus à y participer, on tuait aussi des
cadres hutus qui s’opposaient à cette idéologie-là. »
Accompagnées de représentants politiques et du gouvernement, les
familles des neuf politiciens honorés ont déposé des gerbes de fleurs
sur les tombes du mémorial de Rebero. Parmi eux, Marie-Yolande Ujeneza
Ngulinzira, fille de Boniface Ngulinzira. « C’est une reconnaissance
officielle, qui est gravée dans le marbre. C’est très touchant, et ce
sera aussi un moyen de faire venir nos enfants, et de pouvoir leur dire
: ''Votre grand-père est inscrit ici pour ce qu’il a fait pour le
Rwanda, parce qu’il s’est battu pour l’unité du peuple rwandais.'' »
Boniface Ngulinzira, l’un des artisans des accords de paix d’Arusha et
d’un dialogue d’unité nationale, a été tué par des miliciens dès le 11
avril 1994, quelques jours après le début du génocide dans le quartier
de Kicukiro à Kigali. Trente ans après, cet hommage est important pour
sa famille :
« En 1994, il a été assassiné, on ne sait pas où est son corps. Donc
c’est une sépulture pour nous, en fait. Nous sommes très fiers de lui,
même si nous l’avons perdu, mais c’est aussi important de pouvoir
rassurer les survivants du génocide perpétré contre les Tutsis et de
dire, 30 ans après : nous sommes debouts, nous avons essayé de
survivre, et nous sommes plus forts. »
Neuf noms qui s’ajoutent aux 12 hommes et femmes politiques déjà
inscrits au mémorial de Rebero, aménagé depuis 2006 pour honorer les
politiciens tués pour leur engagement contre le génocide.
* https://www.info-turk.be/536.htm#Florida
Explosions en Iran: la Turquie met en garde
contre un "conflit permanent"
Turquie a mis en garde vendredi contre le risque d'un "conflit
permanent" après les explosions en Iran qu'elle a attribuées à des
représailles menées par Israël.
"Il devient de plus en plus évident que les tensions initialement
provoquées par l'attaque illégale d'Israël contre l'ambassade iranienne
à Damas risquent de se transformer en un conflit permanent", a dénoncé
le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Nous appelons toutes les parties à s'abstenir de toute mesure
susceptible de conduire à un conflit plus large", a-t-il ajouté.
Plusieurs explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de
l'Iran, que des responsables américains cités dans des médias aux
Etats-Unis ont attribuées à Israël en représailles aux tirs de drones
et de missiles sans précédent contre son territoire le weekend dernier.
L'agence de presse iranienne Tasnim a toutefois indiqué, en citant des
"sources bien informées", qu'il n'y avait "aucune information faisant
état d'une attaque de l'étranger".
Depuis le début de la guerre à Gaza, le président turc Recep Tayyip
Erdogan est l'un des critiques les plus virulents d'Israël qu'il a
qualifié "d'Etat terroriste".
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh est attendu samedi en Turquie où il
doit être reçu par M. Erdogan. (AFP, 19 avr 2024)
Après la défaite électorale, Erdogan ordonne des
restrictions aux exportations turques vers Israël
Ragip Duran, TVXS.GR, 13 avril 2024
La poursuite des exportations turques vers Israël même après le 7
octobre fut selon la majorité des observateurs une des raisons de la
défaite électorale du 31 mars subie par le régime actuel. Plusieurs
centaines de milliers d’électeurs qui votaient depuis au moins 2002
pour le parti au pouvoir ont cette fois préféré Le Parti de la Nouvelle
Prospérité (YRP, Islamiste, 6.15 % des votes avec environ 3 millions
d’électeurs), dirigé par le fils de l’ex-Premier ministre M. Necmettin
Erbakan.
Les sociétés turques en particulier celles proche du Président qui
vendaient toujours des marchandises à l’Etat d’Israël, prétendaient que
la destination finale de ces marchandises "était la Palestine’".
Les médias du Palais avaient même trouvé un homme d’affaires
"palestinien" qui a confirmé la thèse officielle. Mais il s’est avéré
que ce commerçant vivait à Istanbul et avait reçu une médaille de
l’Etat d’Israël.
Metin Cihan, un journaliste indépendant vivant en exil, basé sur les
données de la toile, avait dévoilé en détail les auteurs, les volumes
et les contenus de ce commerce très fructueux.
Le ministre turc du commerce M.Omer Bolat, a estimé que ‘’Ce sont les
services de renseignement d’Israël qui produisent des désinformations
pour ternir l’image de la Turquie qui aide nos frères Palestiniens’’.
L’opposition et YPR ont, durant toute la campagne électorale, dénoncé
ce commerce malsain du pouvoir : "Des marchandises pour l’agresseur et
des prières pour les Palestiniens" disaient-ils.
Enfin, le ministère turc du commerce par un arrêté du 9 avril a
interdit l’exportation de 54 types de produit, dont l’acier, du
carburant, des câbles, de la peinture, des barres en fer, plusieurs
types de machine… Enfin quelques dizaines de sous-produits utilisés
dans l’industrie d’armement.
L’opposition turque croit que cette restriction n’est pas suffisante et
qu’il faut ‘’complètement et radicalement interdire toute exportation
vers Israël’’.
Le ministre des affaires d’Israël M. Yisrael Katz a réagi violemment :
"Nous prendrons des mesures parallèles pour nuire l’économie turque"
a-t-il déclaré. M. Katz accuse le Président Erdogan "de soutenir les
assassins de Hamas". Il affirme qu’il va "interdire toutes les
importations en provenance de la Turquie et qu’il mobilisera les Etats
Unis d’Amérique pour sanctionner Ankara".
Cette réaction de Tel-Aviv confirme le rôle important voire déterminant
des exportations turques vers Israël.
La Turquie est le premier pays, parmi les pays dont la majorité de la
population est musulmane, qui avait officiellement reconnu l’Etat
d’Israël dès 1949. Washington avait à l’époque beaucoup encouragé
Ankara pour la reconnaissance d’Israël. Les relations politiques entre
Ankara et Tel-Aviv furent en général instables. Erdogan, avait reçu en
2005 à New York, une médaille d’insigne de courage de la Ligue
Anti-Diffamation, une fondation juive. Formé dans un climat antisémite,
il critiquait dès sa jeunesse d’un ton très agressif le gouvernement
d’Israël et parfois l’ensemble des Juifs. Mais son régime a presque
quadruplé le volume du commerce entre les deux pays depuis au moins 10
ans.
"Encore un pas en arrière… L’Homme Unique qui était auparavant l’Homme
tout-puissant ne l’est plus!" estime un spécialiste des relations
internationales.
Condoléances d'Erdogan au
chef du Hamas dont trois fils ont été tués à Gaza
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté mercredi ses
condoléances au chef du Hamas Ismail Haniyeh, dont trois fils ont été
tués dans la bande de Gaza lors d'une attaque revendiquée par les
Israéliens, a annoncé son bureau.
Au cours d'une conversation téléphonique, M. Erdogan a déclaré au
dirigeant de ce mouvement islamiste palestinien qu'Israël serait "tenu
pour responsable au regard de la loi des crimes contre l'humanité qu'il
a commis", selon un communiqué diffusé par la présidence turque sur les
réseaux sociaux.
Ismail Haniyeh, qui est basé au Qatar, a déclaré à la chaîne Al Jazeera
que trois de ses fils et certains de ses petits-enfants avaient péri
dans une frappe israélienne.
Il a assuré que ce raid meurtrier ne parviendrait pas à forcer la main
de son organisation dans les négociations en cours en vue d'une trêve
et de la libération des otages israéliens.
M. Erdogan, qui a noué des liens d'amitié avec M. Haniyeh, est l'un des
critiques les plus virulents d'Israël depuis le début de la guerre à
Gaza.
Il a qualifié Israël "d'état terroriste" et l'accusé d'organiser "un
génocide" à Gaza. Pour lui, les combattants du Hamas sont des
"libérateurs" ou des "moudjahidines" luttant pour leur terre. (AFP, 10
avr 2024)
Israël va répliquer à la "violation
unilatérale" des accords commerciaux par la Turquie
Israël a promis mardi des mesures de rétorsion à l'encontre de la
Turquie qui a annoncé restreindre ses exportations vers le pays en
réponse à la guerre à Gaza, en "violation des accords commerciaux"
bilatéraux.
"La Turquie viole unilatéralement les accords commerciaux avec Israël
et Israël prendra toutes les mesures nécessaires en réponse" à cette
décision, a prévenu le ministère des Affaires étrangères dans un
communiqué.
La Turquie a annoncé mardi restreindre ses exportations vers Israël de
54 produits, dont de nombreux matériaux de construction composés
d'acier, de fer ou d'aluminium, mais aussi du carburant d'aviation.
Cette annonce intervient après qu'Ankara a annoncé lundi qu'Israël
avait bloqué une demande turque de largage d'aide humanitaire sur Gaza.
Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a donné instruction à
ses services de dresser une liste de marchandises supplémentaires qu'il
cessera d'importer de Turquie, souligne le communiqué du ministère.
En outre Israël va mobiliser "des pays et des organisations pro-Israël
aux Etats-Unis" pour les convaincre de ne plus investir en Turquie et
d'importer des biens en provenance de ce pays.
Il va également demander à "ses amis" au Congrès américain d'étudier la
possibilité d'imposer des sanctions conformément aux lois américaines
contre le boycott, précise le communiqué du ministère.
Sur le réseau social X, Israël Katz a accusé le président turc Recep
Tayyip Erdogan de "sacrifier les intérêts économiques des Turcs au nom
de son soutien au Hamas".
La guerre entre Israël et le Hamas palestinien a mis fin à la
normalisation des relations turco-israéliennes en 2022 après des années
de tension.
M. Erdogan, l'une des voix les plus critiques de la guerre menée par
Israël dans la bande de Gaza, a qualifié à de nombreuses reprises
Israël "d'Etat terroriste". (AFP, 9 avr 2024)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Grèce: à
Lesbos, un cimetière pour les réfugiés noyés
en Egée restauré
Des dizaines de personnes ont assisté mercredi, des fleurs à la main, à
une cérémonie marquant la restauration d'un cimetière sur l'île grecque
de Lesbos, destiné aux réfugiés noyés en mer Egée en tentant de passer
en Europe.
Après deux ans de travaux, l'ONG locale Earth Medicine a achevé le
projet de réaménagement de ce cimetière baptisé "Mémorial of Humanity"
(monument de l'Humanité) et l'a remis mercredi à la municipalité de
Mytilène, chef-lieu de l'île, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Dans ce champ d'une superficie de 4.500 m2 hectares à Kato Tritos, à
15km de Mytilène, recouvert des herbes folles avant son débroussaillage
et son aménagement par l'ONG, ont été enterrés ces dernières années
près de 200 réfugiés, noyés pour la plupart dans des naufrages des
embarcations de fortune en traversant une zone d'une dizaine mille
nautiques entre Lesbos et les côtes occidentales turques.
"Ce cimetière est un lieu de mémoire des personnes péries en mer, sans
connotation religieuse. C'est pourquoi le projet a été appelé
+mémorial+", a déclaré Dimitris Patounis, membre fondateur de Earth
medicine, qui a financé ce projet supervisé par la municipalité de
Mytilène, avec l'aide d'autres ONG.
"Le droit à l'inhumation et à la commémoration des morts est sacré
depuis l'Antiquité et fait désormais l'objet d'une législation
européenne spécifique", a souligné un autre représentant de Earth
Medicine, Gerhard Trabert.
Situé dans le nord-est de la Grèce, Lesbos comme d'autres îles grecques
sont des portes d'entrée des demandeurs d'asile fuyant guerre et
pauvreté et venant surtout de l'Asie et du Moyen Orient à destination
de surtout de l'Europe occidentale.
Depuis le début de l'année 2024, plus de 11.300 arrivées ont été
enregistrées sur les îles grecques, selon le Haut-commissariat aux
réfugiés. (AFP, 17 avr 2024)
Immigration
/ Migration
En Turquie, 4 millions de réfugiés, 9 milliards d’euros d’aide
européenne et un bilan mitigé
Le Monde, 24 avril 2024
Au plus fort de la crise migratoire, en 2015, le président français
François Hollande avait dit « nous avons besoin de la Turquie, elle
accueille beaucoup de réfugiés ». Neuf ans plus tard, la situation n’a
pas changé, sinon que le nombre de migrants arrivés sur le territoire
de l’Union européenne a drastiquement baissé. L’accord négocié à
l’initiative de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel entre
Bruxelles et Ankara avait fixé une enveloppe de 6 milliards d’euros
pour l’aide aux réfugiés syriens se trouvant en Turquie, en échange
d’une promesse de ralentissement de la migration irrégulière et des «
réadmissions », autrement dit des renvois, volontaires si possible,
contraints si nécessaire.
L’accord, entré en vigueur le 20 mars 2016, a entraîné le versement de
deux tranches, auxquelles est venue s’ajouter en 2023 une allocation
supplémentaire de 3 milliards d’euros. Le signe évident de l’importance
prise par le thème de l’immigration dans les campagnes électorales à
travers l’UE, mais aussi une manière de souligner les défis de taille
auxquels doit faire face la Turquie.
Avec une population totale de quelque 87 millions de personnes, le pays
accueille, à ce jour, 4 millions de réfugiés enregistrés, dont plus de
3,2 millions d’origine syrienne et plus de 320 000 provenant
d’Afghanistan, d’Irak et d’Iran. Etant donné que moins de 5 % de ces
réfugiés vivent dans des camps, leur présence a eu et continue d’avoir
des répercussions considérables sur les communautés locales, en
particulier dans les provinces proches de la frontière syrienne et
autour des principaux centres urbains.
C’est dire si le rapport de la Cour des comptes européenne sur la
gestion de ces fonds était attendu. Un premier audit a eu lieu en 2018,
et rien depuis. Le document, rendu public mercredi 24 avril, dresse une
longue liste d’observations et de recommandations sur quatorze projets
de développement (sur quarante-sept) en fonction de leur importance et
de leurs champs d’action, allant du soutien socio-économique à la santé
et aux infrastructures. Il ressort de ce tableau un bilan mitigé.
Saint-Josse
: la conférence entre élus d’extrême-droite a bien eu lieu
BXL 1, 17 avril 2024
Depuis hier, mardi, des élus européens conservateurs et d’extrême
droite se sont rassemblés au Claridge lors d’une conférence. Le
bourgmestre Emir Kir* avait tenté d’interdire la réunion, mais le
Conseil d’État a finalement autorisé le maintien.
Ce matin, des élus européens conservateurs et d’extrême droite ont été
autorisés à se rassembler. La conférence s’est tenue au Claridge à
Saint-Josse. Et parmi les participants, on retrouvait, Le Premier
ministre hongrois Viktor Orban, ou encore le polémiste français Eric
Zemmour. Une rencontre qui a bien failli ne pas voir le jour. En effet,
Emir Kir, le bourgmestre de la commune, avait demandé son interdiction.
Une décision rejetée par le Conseil d’État.
Hier soir, le Premier ministre Alexander De Croo a durement critiqué la
décision du bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode Emir Kir d’interdire
une conférence d’élus d’extrême-droite.”Ce qui s’est passé au Claridge
aujourd’hui est inacceptable“, écrit, en anglais, le chef du
gouvernement fédéral sur son compte X (ex-Twitter). “L’autonomie
communale est une pierre angulaire de notre démocratie mais ne peut
jamais l’emporter sur la constitution belge qui garantit la liberté
d’expression et de réunion pacifique depuis 1830. Interdire les
réunions politiques est inconstitutionnel. Point final“, ajoute-t-il.
Dans la soirée, le cabinet du Premier ministre ajoutait que, selon M.
De Croo, il était “bizarre” que la conférence ait déjà commencé depuis
deux heures avant qu’une quelconque action ne soit entreprise. De plus,
il n’y a eu aucun problème de sécurité d’une ampleur suffisante pour
interrompre cette conférence. “Cela doit être une condition, sinon tout
opposant à un événement peut simplement le faire arrêter“, précise le
cabinet.
Le bourgmestre Emir Kir avait pris, mardi midi, un arrêté de police
avec effet immédiat afin d’annuler la conférence à laquelle ont été
conviés plusieurs nationalistes conservateurs européens dans une salle
de la commune, le Claridge. Afin d’éviter tout désordre public causé
par cette réunion polémique, des agents de police de la zone ont reçu
pour ordre de se rendre “immédiatement” sur les lieux pour faire
appliquer l’arrêté.
La réunion, qui avait déjà débuté depuis 08h00 du matin, a pu se
poursuivre, mais l’entrée de la salle a été fermée par la police, a
appris Belga.
* Emir Kir avait été expulsé du Parti socialiste le 13 janvier 2020 à
cause de son accueil aux élus d'extrême-droite turcs dans son cabinet à
Saint-Josse.
La
France couvre-t-elle les crimes des services
turcs ?
Par Guillaume Perrier et Laure Marchand, Le Point, 9 avril 2024
Zekeriya Çelikbilek. Son nom, en lettres capitales, est collé sur la
boîte aux lettres, à côté de dizaines d'autres résidents de toutes
origines de cette tour de dixhuit étages. L'homme qui répond à ce nom,
âgé de 55 ans et né en Turquie, habite toujours dans le quartier
Wilson, un secteur déshérité de la ville de Reims (Marne). Il ne se
cache pas et n'a rien changé à ses habitudes.
Il se rend régulièrement au PMU du coin, pour jouer aux courses. Il
habite en face de la « mosquée ottomane », que l'administration
religieuse de l'État turc, le Diyanet, est en train de construire dans
la capitale de la Champagne. Les voisins l'ont encore croisé ces
derniers jours. « La famille Çelikbilek, originaire de la mer Noire,
est bien connue à Reims, son frère travaille dans le bâtiment. On les
voit très souvent dans le quartier », témoigne un Reimois originaire de
Turquie, qui préfère rester anonyme.
Rien ne semble l'inquiéter. Çelikbilek – un patronyme qui signifie «
poignet d'acier » en turc – vient pourtant d'être condamné en appel par
la justice belge à cinq ans de prison pour sa participation à une
organisation criminelle en vue de commettre des assassinats à
Bruxelles. Ses liens avec l'État turc apparaissent et son intention de
passer à l'action en 2017 a été jugée « indéniable ».
Il faut dire que les indices laissés en route sont nombreux. Le 14 juin
2017, il est interpellé en compagnie de Yakup Koç et de Haci Akkulak,
deux autres ressortissants turcs, dans une voiture immatriculée en
France alors qu'il mène des opérations de surveillance dans le quartier
bruxellois de Saint-Gilles, à proximité du siège du KNK, le Congrès
national kurde.
Koç, alias « le colonel », est un ancien agent de sécurité au consulat
turc de Boulogne- Billancourt (Hauts-de-Seine). Il présente aux
policiers belges une carte de la police antiterroriste turque expirée.
Quant à Akkulak, on retrouve dans son téléphone des images de
l'intérieur du bâtiment attestant d'un repérage en règle. Plusieurs
scénarios semblent envisagés par le commando. Empoisonnement,
mitraillage à l'arme automatique…
S'enfuir après « le massacre »
L'examen des conversations passées entre Çelikbilek et Akkulak, qui
utilisaient des téléphones français, met en évidence l'inquiétude du
second lorsqu'il questionne le premier sur la manière dont il pourra
s'enfuir après avoir commis « le massacre ». Les enquêteurs établissent
avec certitude que Koç cherchait à acquérir un tracker GPS et un
mini-van dans lequel on pourrait ranger une moto, tandis que Çelikbilek
était, lui, à la recherche d'une moto deux places.
Un dispositif qui, selon les parties civiles, constitue un mode
opératoire caractéristique d'une équipe de tueurs professionnels. « Les
faits excluent tout doute sur l'intention des deux accusés », estime la
cour d'appel dans son jugement du 1 février, rendu public le 2 avril.
L'objectif des barbouzes turcs était bien de « liquider les personnes
concernées », selon un document judiciaire belge. Les faits attestent,
selon l'arrêt de la cour d'appel, d'une « attitude très dangereuse » de
la part des accusés.
Les cibles qui étaient visées à Bruxelles étaient deux figures bien
connues de la lutte des Kurdes, deux anciens députés en Turquie,
réfugiés politiques en Belgique depuis trente ans. Le premier, Remzi
Kartal, 76 ans, est le coprésident du Kongra-Gel, l'aile politique du
PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ; l'autre, Zübeyir Aydar,
dirige le KNK. Kartal avait déjà déposé une plainte en 2016 pour des
menaces de mort reçues par SMS, d'un numéro de téléphone enregistré en
Ukraine.
Kartal était dans le collimateur des commandos de tueurs turcs, en 2012
et en janvier 2013, lorsqu'est survenu l'assassinat de trois militantes
kurdes rue La Fayette par un tueur, Ömer Güney, étroitement lié aux
services secrets turcs. « Un hasard que Sakine (NDLR : Cansiz, tuée à
Paris en 2013) ait été supprimée et que tu aies pu t'échapper »,
menaçait l'un des messages reçus.
Ses entrées au palais présidentiel à Ankara
En 2014, un enregistrement de conversation téléphonique est mis en
ligne sur Internet. Il
reproduit un échange entre un dénommé Ömer – dont la voix, selon une
expertise de la
police scientifique française, correspond à celle d'Ömer Güney – et
deux de ses
supérieurs hiérarchiques. Ils passent en revue les opposants à éliminer.
« Ömer : Le n° 4, Remzi Kartal.
- Voix 1 : Remzi va venir ?
- Ömer : Remzi vient là-bas mais très rarement.
- Voix 1 : Quand Remzi viendra, il ne faudra pas le louper.
- Ömer : Oui. De toute façon, il vient dans un véhicule protégé, il en
sort, dès que j'ai
l'occasion… »
Selon l'avocat belge des parties civiles, Jan Fermon, Zekeriya
Çelikbilek, l'électricien franco-turc de Reims, pourrait aussi avoir
été impliqué dans cette affaire. Il se serait d'ailleurs « vanté auprès
de l'exécutant belge qu'il tentait de recruter du fait qu'il avait joué
un rôle dans le triple assassinat de janvier 2013 ». Ses liens avec
l'État turc « sont clairs comme de l'eau de roche », accuse Fermon.
Les images publiées sur les réseaux sociaux avaient déjà fait
apparaître ces liens, comme le relève la cour d'appel belge, avec
Ismaïl Hakki Musa, ancien ambassadeur de Turquie à Paris et ex-numéro
deux du MIT, l'organisation nationale turque du renseignement.
Çelikbilek avait ses entrées jusqu'au palais présidentiel, à Ankara. En
2018, en marge de la visite à Paris du président turc Recep Tayyip
Erdogan, il avait été réquisitionné pour faire visiter les
Champs-Élysées à Adnan Tanriverdi, conseiller militaire spécial et
fondateur de la société de mercenaires Sadat.
« Les politiques ne font rien »
Bien que condamné en Belgique il y a plus de deux mois, Çelikbilek n'a
pas été inquiété dans son refuge de Reims. Le parquet belge n'a pas
délivré de mandat d'arrêt, pas plus qu'il n'a requis son arrestation
immédiate, contrairement à ce qui se fait habituellement. « Y a-t-il eu
des pressions en ce sens de la part d'un pays très proche ? »
s'interroge l'avocat bruxellois.
Pour lui, « cette affaire est très curieuse » et « la clé se trouve en
France ». Antoine Comte, l'avocat français des parties civiles kurdes
dans l'affaire de 2013, estime, pour sa part, qu'un mandat d'arrêt doit
être exécuté sans délai. « Les juges, en France, en Belgique, en
Allemagne, en Autriche, ont fait un vrai travail sur le MIT en Europe
», mais « les politiques ne font rien », tempête-t-il.
Çelikbilek n'est pourtant pas un inconnu pour les services de police
français. L'homme a même été entendu à quatre ou cinq reprises ces
derniers mois. Placé une fois en garde à vue, il a été auditionné comme
témoin par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire
(Sdat) en décembre 2022, sur commission rogatoire du juge d'instruction
Régis Pierre, à qui a été confié le dossier du triple homicide de la
rue La Fayette, rouvert à la suite des révélations belges.
« Est-ce que vous savez ce que sont les Loups gris ? » lui demandent
les policiers de la Sdat. « C'est quoi ça ? » se moque-t-il. Sur sa
page Facebook, on le trouve pourtant arborant de belles moustaches en
forme de crocs de loup, à la mode des militants ultranationalistes
turcs.
Au cours de cet interrogatoire, l'électricien branché avec les services
turcs nie avoir été « impliqué dans l'assassinat de 2013 ». En
revanche, il reconnaît avoir collaboré avec des services, sans préciser
lesquels. Il admet avoir donné des renseignements sur la communauté
turque de France, en échange d'un titre de séjour. Au cours d'un
face-àface avec la Sdat, un autre protagoniste de ce réseau turc, un
colosse surnommé « Petit Oiseau », avait aussi indiqué que Çelikbilek
avait travaillé pour les services français.
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