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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

50th Year / 50e Année
Novembre
 
2024 November
N° 555
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Apatride - Projection du documentaire et débat à Berlin

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Turkey’s main opposition party seeks intelligence cooperation to prevent 'terrorist' infiltration
Turquie: L’appel pour la « paix » des intellectuels vivant dans la diaspora
Symposium sur « la guerre, la migration et le racisme » à Cologne
Two million children in Turkey in ‘absolute poverty’
Vague d'arrestations après la destitution de maires

Le tour de passe-passe diplomatique face à la révolte populaire !
Turkey's Peace Foundation publishes report for Kurdish solution
L'opposition se mobilise après le remplacement d'un élu accusé de "terrorisme"
Istanbul district mayor from main opposition CHP detained in ‘terror’ investigation


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Court of Cassation upholds Kurdish journalist Beritan Canözer’s prison sentence
Content creator Gökhan Özbek detained

Sur la projection du documentaire Apatride à Berlin - Recep Maraşlı
Un festival de cinéma annulé par ses organisateurs après l'interdiction du film "Queer"
Journalists among dozens detained during protests over removal of Kurdish mayors
Le projet de loi sur l'espionnage "menace les défenseurs des droits et les journalistes", selon HRW

Apatride - Projection du documentaire et débat à Berlin
Journalists stand trial over documentary on methamphetamine crisis in Turkey
Le mécène Kavala, en prison depuis sept ans, espère "respirer la liberté"

Kurdish Question / Question kurde

New six-month lawyer visit ban on PKK leader Öcalan
Two opposition mayors sentenced to prison on ‘terror’ charges in Dersim
Des milliers de Kurdes réclament à Cologne la libération d'Öcalan

DEM Party calls for action against attempts to destroy the Kurdish language
Kurdish activist Kadri Saka sentenced to two years imprisonment in Germany
Cultures across continents discuss Abdullah Öcalan’s thoughts

PEN-International dénonce la criminalisation de la langue kurde par la Turquie
DEM co-leader faces investigation over critical remarks on municipal takeovers
Destitution de trois maires prokurdes accusés de "terrorisme"

Un chanteur kurde placé en détention à Istanbul
Erdogan confirme la main tendue aux "frères" kurdes
Le chef des forces kurdes de Syrie dément tout lien avec un attentat en Turquie

Minorités / Minorities

Pour une paix véritable et la démocratie dans le Caucase…- Doğan Özgüden

Politique intérieure/Interior Politics

Kémalistes, à la récherche du leader défunt - Ragip Duran
Ankara et les Kurdes: chaos et delirium sur le terrain - Ragip Duran
Le principal parti d’opposition accusé de « terrorisme »
Turquie: Dynamisme plein de sang et de chienlit -  Ragip Duran

Forces armées/Armed Forces

Le Président Erdogan contre les jeunes lieutenants - Ragip Duran

Report: Turkey’s quest for hegemony over drone diplomacy
La Croatie va acheter 6 drones Bayraktar TB2 turcs pour 86 millions d'euros

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Islamisme à l’école, second cri d’alarme

Socio-économique / Socio-economic

Près de 500 mineurs occupent une mine contre un projet de privatisation
Men killed 4,179 women, injured 7,221 women in 15 years

Le scandale du "gang des nouveau-nés" en Turquie
A Istanbul, des bains historiques font rejaillir la tradition du hammam

Turkey ready to add 5 new letters to alphabet, Erdoğan says

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

International press reacts to ‘coup’ in Turkey’s Kurdish regions
Council of Europe condemns Turkey’s dismissal of Kurdish mayors


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Missiles ATACMS pour l'Ukraine: Erdogan craint une "escalade"
Washington avertit Ankara qu'aucun pays ne doit accueillir le Hamas

Le sale rôle des États-Unis dans l’arrestation d’Öcalan… - Doğan Özgüden
Erdoğan congratulates Trump on re-election

Relations régionales / Regional Relations

Mandats d'arrêt contre Netanyahu: Ankara salue une "étape extrêmement importante"
Ankara condamne une attaque contre un cargo turc en mer Rouge par les rebelles houthis

La Turquie, nouvelle puissance régionale en Afrique
En Asie centrale, Erdogan plaide pour le renforcement et l'unité du "monde turcique"
La Turquie continue de pousser ses pions en Afrique

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Athènes et Ankara s'engagent à poursuivre leur rapprochement


Immigration / Migration

L'exil infernal de Maysoon, militante kurde accusée en Italie de trafic de clandestins


Droits de l'Homme / Human Rights

Turkey’s main opposition party seeks intelligence cooperation to prevent 'terrorist' infiltration

Özgür Özel, leader of the main opposition Republican People’s Party (CHP), has clarified his Nov 20 remarks following his meeting with National Intelligence Organization (MİT) chief İbrahim Kalın about the party’s request for assistance from the intelligence agency.

Özel told the pro-opposition Halk TV yesterday that his remarks about “receiving support from MİT” were misunderstood, emphasizing that the CHP had sought assistance specifically to safeguard its overseas offices from infiltration by terrorist groups.

“We are receiving a significant number of applications to our overseas offices, and we have sought help from MİT on this matter,” he said, adding that their intention was to prevent possible infiltration attempts from “terrorist organizations,” especially the Gülenists, an Islamic group widely believed to have orchestrated the 2016 coup attempt, which has since transformed into a diaspora community after being purged from Turkey.

Özel pointed to risks in regions such as the US, where the party plans to expand representation across several states, and Germany, where he identified a potential threat from groups affiliated with the Kurdistan Workers’ Party (PKK) militant group.

“Statements made by such individuals abroad could eventually reflect poorly on the party. This poses a significant danger,” he said.

Özel also clarified that the cooperation request only applies to international operations and does not involve MİT in domestic party affairs. “Within Turkey, CHP membership requires approval at the district and provincial levels, so there’s no issue. It’s entirely different abroad. For example, in the U.S., someone might apply to establish a new CHP branch in a state. That’s where we seek MİT’s help to vet the situation.”

Özel initially announced their cooperation with MİT during a broadcast on TV100 yesterday, saying that the CHP had provided MİT with a 15-question list concerning affiliations with PKK, FETÖ, and ISIS. This statement fueled broader discussions about the relationship between opposition parties and state institutions. (BIA, 22 November 2024)

Le principal parti d’opposition, le CHP, dispose d’une opportunité et d’un terrain importants à l’aube du deuxième siècle de la république. Il est essentiel que le CHP s’implique/soit impliqué dans le processus politique, et prenne et assume la responsabilité d’une solution pérenne. Nous espérons également tous que les partis politiques, qu’ils disposent ou non d’un groupe parlementaire, se rassemblent autour de la possibilité d’une paix.
Turquie: L’appel pour la « paix » des intellectuels vivant dans la diaspora


Gaste Avrupa, 20 novembre 2024

Des académiques, journalistes, écrivains, personnalités politiques, artistes, juristes, syndicalistes et représentants de la société civile vivant dans la diaspora, dont la plupart ont récemment émigré ou ont été forcés de quitter le pays, ont publié un appel intitulé « Nous voulons espérer et élargir les possibilités de paix ! »

Le texte de l’appel, initié par le Forum européen de la Paix et de la Liberté (EFFP), a été rédigé avec la contribution collective de 273 défenseurs de la paix et de la liberté des quatre coins du monde, dont le président honoraire du HDP, Ertuğrul Kürkçü, ainsi que de nombreux anciens députés du HDP, l’un des dirigeants des précédents processus de négociation Hatip Dicle, le professeur Neşe Özgen des académiques pour la paix, le journaliste prominent Doğan Özgüden, le réalisateur Ertuğrul Mavioğlu, l’artiste de scène Hayko Bağdat, le musicien Ferhat Tunç et Latife Fegan.

La déclaration commune, qui vise à contribuer à la réalisation d’une appropriation sociétale d’une possibilité de paix, appelle toutes les composantes en faveur de l’égalité et de la liberté à prendre leur responsabilité et à y œuvrer ensemble.

L’appel intitulé « Nous voulons espérer et élargir les possibilités de paix » et la liste de ses signataires se composent comme suit :

Nous voulons espérer et élargir les possibilités de paix !

Dans la question kurde, qui a coûté d’innombrables vies et destructions rien qu’au cours des quarante dernières années, une poignée de main politique du 1er octobre 2024 et ses développements ultérieures nous ont tous amené à nous poser la question « est-ce le début d’un nouveau processus de résolution ? »

Alors que nous cherchions une réponse à cette question, certains développements tendent à montrer qu’il n’existe encore pour le moment aucune volonté de résolution et de négociation. Des événements se déroulent qui amènent à dire « le processus est mort-né » et accroissent les tensions et la polarisation dans la société. Les sanctions disciplinaires et l’isolement continu qui font suite à la visite familiale autorisée à İmralı, les curateurs nommés d’abord dans la municipalité d’Esenyurt, puis celles de Mardin, Batman et Halfeti, les accusations de « traitre-terroriste » qui reprennent et les discours belliqueux brisent encore davantage les espoirs déjà faibles de paix dans la société.

Malgré tout cela, les développements ont été l’occasion de relancer à nouveau le débat dans l’opinion publique d’une solution pacifique de la question kurde. Quelles que soient les intentions des acteurs du processus, un espace discursif, quoique restreint, en faveur d’une politique délibérative et apaisée, s’est ouvert depuis le 1er octobre. Nous trouvons cela important et précieux. Nous voulons que cet espace soit la base d’une négociation démocratique du problème kurde et, à terme, d’une paix durable. C’est pourquoi nous voulons élargir cet espace discursif en faisant la promesse et l’espoir de la paix.

La violence intense qui se poursuit depuis 2015 a amplifié le problème de confiance, tant entre les belligérants qu’au sein de la société. Afin de résoudre ce problème, un changement urgent du langage politique et médiatique s’impose avant tout. Le langage employé doit être constructif et rassurant afin de contribuer à un climat de paix, et le langage excluant, offensant, militariste et machiste doit être abandonné.

Pour une solution pérenne à la question kurde, toutes les parties au problème doivent s’impliquer dans la paix sans discrimination, et devenir acteur du processus. Une méthode non-inclusive remettrait en question la sincérité et l’intention d’une solution, et nuirait par ailleurs aux espoirs de paix au sein de la société. Nous croyons que le gouvernement et les institutions étatiques doivent aborder la question kurde centenaire, non avec des calculs politiques conjoncturels, mais avec la volonté de construire ensemble une république démocratique.

La situation ne nous donne guère de raison d’être optimiste, mais nous voulons garder espoir et accroître les possibilités de paix. Nous savons, grâce à nos expériences précédentes, qu’il serait une grave erreur de s’engager dans ce processus, qui affectera l’avenir de la société tout entière, en attendant d’entendre ce qui sortira de la bouche des politiciens ou des partis.

Le moment est venu, non pas de regarder ou d’attendre et voir, mais de magnifier la promesse de paix. Forts de cette conviction, nous appelons toutes les composantes sociales et politiques partisans de la démocratie, de la justice, de la liberté et de la paix, de prendre leurs responsabilités et de travailler ensemble pour s’approprier, élargir et populariser les possibilités de paix.
  
  1. A. Mahir Ofcan- Initiative Alternative pour la région de la Mer Noire
  2. Abdullah Demirbaş- ancien maire
  3. Abdurrahman Gülbeyaz- Prof. Dr, Académique
  4. Abidin Çetin- Journaliste
  5. Adil Yiğit- Journaliste
  6. Adnan Çelik- Dr., Académique
  7. Ahmed Pelda- Écrivain, chercheur
  8. Ahmet Aktaş- Écrivain, personnalité politique
  9. Ahmet Ataş- Dr., Académique
  10. Ahmet Cavuldak- Dr., Académique
  11. Ahmet İnan- Doç. Dr.,  Théologien
  12. Ahmet İnsel- Prof. Dr., Académique
  13. Ahmet Kahraman- Écrivain, journaliste
  14. Ahmet Nesin- Journaliste, écrivain
  15. Akın Olgun- Journaliste, écrivain
  16. Ali Atalan- Personnalité politique
  17. Alin Ozinian- Analyste politique
  18. Alize Arıcan- Dr., Académique
  19. Aris Nalcı- Journaliste
  20. Asli Zengin- Dr., Académique
  21. Aslı Bali- Prof. Dr., Académique
  22. Aslı Erdoğan- Écrivain
  23. Aslı Telli- Doç. Dr., Académique
  24. Atilla Keskin- Écrivain, personnalité politique
  25. Ayca Çubukçu- Doç. Dr., Académique
  26. Ayhan Işık- Dr., Académique
  27. Ayşe Acar Başaran- personnalité politique
  28. Ayşe Bingöl Demir- Juriste
  29. Ayşe Yıldırım- Journaliste
  30. Aziz Tunç- Écrivain
  31. Azize Aslan- Dr., Académique
  32. Baki Selçuk- Porte-parole de la Plateforme de la Voix des Prisonniers (TSP)
  33. Barış Boyraz- Journaliste
  34. Barış Sulu- Défenseur des Droits humains
  35. Bedia Özgökçe Ertan- Personnalité politique
  36. Bengi Akbulut- Dr., Académique
  37. Berfu Serçe- Chercheur indépendant – Activiste
  38. Berivan Aslan- Parlementaire (Die Grüne, Autriche), Juriste
  39. Berivan Kutlay Sarıkaya- Dr., Académique
  40. Beser Şahîn- Artiste
  41. Bülent Tekin- Écrivain
  42. Burcu Buğu- Dr., Académique
  43. Cafer Tar- Journaliste
  44. Çağrı Yoltar- Dr., Académique
  45. Can Dündar- Journaliste, Écrivain, Documentariste
  46. Celil Kaya- Académique
  47. Cem Koç – Chercheur
  48. Cengiz Aktar- Journaliste, Écrivain
  49. Cengiz Güneş- Dr., Académique
  50. Cengizhan Kaptan- Dr., Philosophe
  51. Çetin Gürer- Dr., Académique
  52. Cihan Erdal- Académique
  53. Cihan Tuğa- Prof. Dr., Académique
  54. Cumalı Yağmur- Journaliste
  55. Cüneyt Caniş- Juriste
  56. Dağhan Irak- Dr., Académique
  57. Davut Balıkçı‐ Ancien secrétaire général de BES.
  58. Demir Çelik- Personnalité politique, Fédération démocratique alévite
  59. Demir Sönmez- Journaliste, Écrivain
  60. Deniz Duruiz- Dr., Académique
  61. Deniz Yonucu- Dr., Académique
  62. Dewreş Ferho- Président de l’Institut kurde de Bruxelles
  63. Dîlber Hêma- Poète
  64. Diyar Dêrsim- Artiste
  65. Doğan Özgüden- Journaliste, Écrivain
  66. Duygu Balkan- Personnalité politique
  67. Dünya Doğan- Juriste
  68. Elif Akgül Ateş- Syndicaliste
  69. Elif Babül- Doç. Dr., Académique
  70. Elif Genç- Dr., Académique
  71. Elif İrem Az- Dr., Académique, Poète
  72. Elif Kaya- Chercheuse, Jinéologue
  73. Engin Erkiner- Écrivain
  74. Engin Sever- Personnalité politique
  75. Engin Sustam- Doç. Dr., Université Paris 8
  76. Enver Enli- Écrivain, Photographe
  77. Enver Toksoy- Écrivain, Défenseur des Droits humains
  78. Eray Çaylı- Prof. Dr. Académicien
  79. Ercan Jan Aktaş- Écrivain, Mouvement des Objecteurs de Conscience
  80. Eren Can- Psychanalyste
  81. Eren Özel- Dr., Académique
  82. Ergün Özgür- Dr., Académique
  83. Erkan Demirtas- Politologue, Philosophe, Journaliste
  84. Ertuğrul Kürkçü- Personnalité politique
  85. Ertuğrul Mavioğlu- Journaliste, Écrivain, Documentariste
  86. Evren Savcı- Dr., Académique
  87. Faruk Eskioğlu- Journaliste, Écrivain
  88. Fatih Yıldız- Personnalité politique
  89. Fatma Edemen- Programmatrice de film, Chercheuse
  90. Fatoş Göksungur- Personnalité politique
  91. Faysal Sarıyıldız- Personnalité politique
  92. Fazıl Ahmet Tamer- Avocat
  93. Fehim Işık- Journaliste
  94. Feleknas Uca- Personnalité politique yézidie
  95. Ferda Nur Demirci- Académique
  96. Ferhat Encü- Personnalité politique
  97. Ferhat Tunç- Artiste
  98. Filiz Kalaycı- Juriste
  99. Filiz Koçali- Journaliste, Personnalité politique
  100. Fırat Bozcalı- Dr.- Académique
  101. Fırat Bulut- Journaliste
  102. Gernas Koçer- Poète
  103. Gökbörü Sarp Tanyıldız- Dr., Académique
  104. Gülay Kılıçaslan- Dr. Académique
  105. Gülgün Koçyiğit- Professeure d’éducation physique, diététicienne
  106. Gülistan İçer‐ Ancienne co-présidente de la section SES d’Ağrı.
  107. Günay Aslan- Journaliste, Écrivaine
  108. Hacı Çevik- Dr. Académique
  109. Hafız Ahmet Turhallı- Théologue, Écrivain
  110. Hakan Altun- Dr. Académique
  111. Halit Yaşar Demirbağ- Journaliste
  112. Hamit Bozarslan- Prof. Dr., Académique 
  113. Hasan Boz- Journaliste
  114. Hasan Ozan- Chercheur écrivain
  115. Hasip Kaplan- Personnalité politique
  116. Hatip Dicle- Personnalité politique
  117. Haydar Darıcı- Dr., Académique
  118. Hayko Bağdat- Écrivain, Metteur en scène, Artiste de scène
  119. Hazal Halavut- Académique
  120. Hazel Başköy- Académique
  121. Hilal Nesin- Artiste, Écrivaine
  122. Hişyar Özsoy Dr. Académique, Personnalité politique
  123. Hozan Cömert- Artiste
  124. Hozan Kawa- Artiste
  125. Hozan Şemdîn- Artiste
  126. Hüsamettin Zenderlioğlu- Personnalité politique
  127. Hüseyin Bildik- Chef et leader spirituel alévi
  128. Hüseyin Kaplan- Artiste, musicien
  129. Hüseyin Kartal- Philologue
  130. Hüseyin Şenol- Journaliste, Écrivain
  131. Hüseyin Aşan- Personnalité politique
  132. Hüseyin Üngür- Académique, Coprésident de CSUA
  133. İbrahim Ay- Union des Assyriens en Europe 
  134. İbrahim Seydo Aydoğan- Doç. Dr, Académique
  135. Ilgın Erdem- Dr., Académique
  136. İlhan Döğüş- Dr., Académique
  137. İlyas Emir- Enseignant, Médias
  138. İnci Tuğsavul-Özgüden- Journaliste
  139. İrfan Babaoglu- Écrivain
  140. İsmail Metin Ayçiçek- Enseignant, Écrivain
  141. İsmail Sahin- Membre de l’Assemblée des Exilés en Europe
  142.  Jan Yasin Sunca- Dr., Académique
  143. Janroj Yılmaz Keles- Prof. Dr., Académique
  144. Kadir Amaç- Écrivain
  145. Kamran Simo Hedil- Président de l’Institut kurde de Suède, Écrivain
  146. Kazım Gündoğan- Chercheur, Écrivain
  147. Kemal Bilget- Personnalité politique, Écrivain
  148. Kenan Engin- Prof. Dr., Académique
  149. Kenan Güngör-  Sociologue, Chercheur
  150. Kurdo Baski- Journaliste, Écrivain
  151. Lami Özgen- Enseignant, Ancien coprésident du KESK
  152. Latife Akyüz- Dr. Académique
  153. Latife Fegan- Activiste féministe, Écrivaine
  154. Leman Stehn- Artiste, Enseignante, Activiste des droits humains
  155. Leyla İmret- Ancienne maire de Cizre
  156. Leyla Uyar- Personnalité politique, Co-porte-parole de SYKP 
  157. Lezgin Botan- Personnalité politique
  158. M. Ali Çankaya- Président honorifique de l’AAFD
  159. Mahir Şahin, leader spirituel alévi
  160. Mahir Sayın- Personnalité politique
  161. Mahmut Canbay-Réalisateur de théâtre
  162. Mahmut Şakar- Juriste
  163. Mazhar Zümrüt- Lêkolîner- Nivîskar
  164. Medeni Ferho- Écrivain, Journaliste
  165. Mehmet Ali Alabora- Acteur, Réalisateur 
  166. Mehmet Cengiz- Représentant du Yeşil Sol Parti Avrupa
  167. Mehmet Gergin- Personnalité politique
  168. Mehmet Rauf Kesici- Dr., Académique
  169. Mehmet Taş- Enseignant à la retraite
  170. Meltem Oktay- Journaliste
  171. Memo Şahin- Journaliste, Écrivain
  172. Meral Şimşek- Écrivaine, Poète
  173. Metin Demirer- Ancien président de la section du SES d’Hakkari
  174. Mikail Aslan- Artiste
  175. Mirhem Yiğit- Écrivain, Chercheur
  176. Muhlis Bakay- Écrivain
  177. Murat Çakır- Écrivain, Fondation RSL 
  178. Murat Sinan Eryat- Académique
  179. Musa Farisoğulları- Personnalité politique
  180. Mustafa Erdem Sakınç- Dr., Académique 
  181. Mustafa Kemal Topal- Dr., Académique
  182. Mustafa Şener- Dr., Académique
  183. Mustafa Yaşacan- Académique
  184. Nabi Kımran- Écrivain
  185. Nagehan Tokdoğan- Dr., Académique
  186. Nazan Üstündağ- Dr., Académique
  187. Necip Mansız- Historien, Écrivain
  188. Necmettin Türk- Académique
  189. Nedim Türfent-  Journaliste
  190. Neşe Özgen- Prof. Dr., Académique
  191.  Nevin Kamilağaoğlu- Personnalité politique alévite 
  192. Nevra Akdemir- Dr., Académique
  193. Nezahat Gündoğan - Réalisateur de documentaires
  194. Nihat Keni- Syndicaliste, Psychologue
  195. Nuran İmir- Personnalité politique
  196. Nuri Akman- Journaliste
  197.  Nursel Aydoğan- Personnalité politique
  198.  Ömer Özcan- Dr., Académique
  199. Onur Günay- Dr., Académique
  200. Orhan Çelik- Écrivain
  201. Orhan Dilber-Écrivain
  202. Orkide İzci- Dr., Académique
  203. Osman Baydemir- Personnalité politique
  204. Osman Ergün- Écrivain, Kurdologiste
  205. Osman Okkan- Réalisateur de documentaires, Journaliste, Défenseur des droits humains
  206. Özgür Sevgi Göral- Dr., Académique
  207.  Özlem Has- Dr., Académique
  208. Pero Dündar- Personnalité politique
  209. Rachel Hebun Özdemir- Journaliste - Défenseur du droit à vivre
  210. Ragıp Duran- Journaliste
  211. Ramazan Tunç- Dr., Académique
  212. Rana Gürbüz- Dr. Académique
  213. Recep Maraşlı- Écrivain, Editeur
  214. Rengin Ergül- Juriste
  215. Rıza Algül- Écrivain
  216. Rıza Yağmur- Pir, Dirigeant alévi 
  217. Saadet Becerikli- Personnalité politique
  218. Sadrettin Kaya-Syndicaliste
  219. Saime Zengin- Écrivain
  220. Salih Can Açıksöz- Doç. Dr., Académique
  221.  Sardar Saadi- Dr., Académique
  222. Sayat Tekir- Représentant de Nor Zartonk en Hollande
  223. Seçil Dağtaş- Doç. Dr., Académique
  224. Seçkin Sertdemir- Dr., Académique
  225. Sedat Ulugana- Dr., Académique
  226. Şehbal Şenyurt Arınlı-Écrivain
  227. Selim Eskiizmirliler- Doç. Dr. Académique
  228. Selim Ferat-Écrivain, Journaliste
  229. Selim Sadak- Personnalité politique
  230. Selîm Temo- Nivîskar, Académique
  231. Selma Irmak-Personnalité politique
  232. Ṣemsettin Koç‐ Dr., Ancien président de la Chambre des médecins à Diyarbakir
  233. Serdar Değirmencioğlu- Dr. Académique
  234. Şerife Ceren Uysal- Juriste
  235. Serpil Kemalbay- Personnalité politique
  236. Sevinç Ayçiçek- Educatrice
  237. Seyithan Aytekin- Chercheur
  238. Sibel Yiğitalp- Personnalité politique
  239.  Sinan Alptekin- Ingénieur;  Co-président de l’Institut kurde en Allemagne
  240. Sofia Pektaş- Défenseur  de LGBTIQA+ 
  241. Songül Morsümbül Tarhan- Membre du Comité central de KESK 
  242. Suat Bozkuş- Personnalité politique, Journaliste
  243. Süheyla Kaplan- Journaliste
  244. Süleyman Demirtaş- ingénieur, Homme d’affaires
  245. Süleyman Özkan- Initiative des familles de Suruç
  246. Tamer Çilingir- Personnalité politique de Pontos
  247. Tarık Aslan‐ Écrivain, Syndicaliste
  248. Toros Korkmaz- Dr. Académique
  249. Tuğba Hezer Öztürk- Personnalité politique
  250. Tuna Altınel- Dr. Académique
  251. Tuncay Yılmaz- Personnalité politique
  252. Turgay Çelik- Membre de l’Assemblée des Exilés en Europe
  253. Turgut Öker- Président honoraire de l’AABK 
  254. Uğur Kutay- Académique, Cinéaste
  255. Ülkü Güney- Dr., Académique
  256. Veysi Sarısözen- Journaliste
  257. Xayri Çewlik- Journaliste
  258. Yannis Vasilis Yaylalı- Activiste de Pontus
  259. Yaqob Tilermenî- Écrivain
  260. Yaşatak Aslan- Personnalité politique, Écrivain
  261. Yener Sözen- Juriste
  262. Yiğit Aksakoğlu- Défenseur des droits humains
  263. Yılmaz Dalkılıç- Personnalité politique
  264. Yücel Özdemir- Journaliste, Écrivain
  265. Yüksel Koç- Personnalité politique
  266. Yurdusev Özsökmenler- Personnalité politique
  267. Yusuf Demir- Personnalité politique
  268. Yusuf Karadas- Journaliste, Écrivain
  269. Yusuf Serhat Bucak- Juriste, Écrivain
  270. Zehra Doğan- Artiste
  271. Zeynep Korkman- Doç. Dr., Académique
  272. Ziya Ulusoy- Journaliste
  273.  Zübeyda Zümrüt- Personnalité politique

Symposium sur « la guerre, la migration et le racisme » à Cologne

Dans le cadre de la Semaine mondiale des droits humains, l'Assemblée européenne des exilés (ASM) et plusieurs associations organiseront une série d’événements conjoints à Cologne, en Allemagne.

Dans une conjoncture où les violations des droits augmentent dans le monde, en Europe et en Turquie, où les migrations augmentent dans un contexte de guerre qui s'aggrave et où le racisme est en hausse, la semaine d'événements débutera par un symposium le 7 décembre 2024 à 15 heures, suivi par des projections de films et un concert du Collectif Medzbazar le 15 décembre 2024.

LE PROGRAMME DU SYMPOSIUM:

Prof Şebnem Korur Fincancı de la Fondation des droits humains de Turquie (TIHV) :  Violations des droits humains dans le monde et en Turquie

Journaliste Doğan Özgüden :  La vie en exil et les politiques répressives de l'État

Ecrivain Murat Çakır :  Les causes des guerres d'occupation impérialistes et leurs effets sur la migration

Hüseyin Mat, président de la Fédération des associations alévites en Europe (AABF) :  Politiques discriminatoires et racisme à l'encontre des Alévis

Le discours d'ouverture et de bienvenue au nom des organisateurs de l'événement sera prononcé par Enver Toksoy.

Le symposium sera animé par Belkıs Önal Pişmişler.

Hektor Haarkötter, représentant de l'Union des journalistes DJU, participera également à l'événement.

Meral Coşkun et Dilvan Roni contribueront à l'événement par leurs présentations musicales.
Plus d'informations :

Assemblée des exilés européens (ASM)
00-49-162 4011000

Two million children in Turkey in ‘absolute poverty’

Two studies conducted by the Economic Policy Research Foundation of Turkey (TEPAV) have shed light on the deepening crisis of child poverty in the country. Accordingly, 7.03 million children aged 0-17 in Turkey are living in poverty, with 2 million of them facing “absolute poverty.”

According to official data from the Turkish Statistical Institute (TurkStat), children under 18 account for 22.2 million of Turkey’s 85-million population, highlighting the significant scale of the issue.

The studies pointed to a sharp increase in poverty among infants (0-2 years) and children (3-14 years). In 2017, 36.8% of infants were classified as poor, but by 2022, this figure had risen to 41.4%. Similarly, the poverty rate for children grew from 40.8% in 2017 to 43.8% in 2022.

Using income per capita to measure poverty levels, the research showed that younger age groups are disproportionately affected compared to the overall population. The poverty rate in 2022 was 41.4% for infants aged 0-2, 43.8% for children aged 3-14, 29.9% for youth aged 15-24, and 18.2% for adults aged 25 and older.

These figures reveal that infants and young children in Turkey are far more likely to live in poverty than adults, underscoring a deep inequality in resource distribution.

Another TEPAV study, led by researcher Hakan Yılmaz and based on the EUROSTAT methodology, calculated Turkey’s overall child poverty rate at 34.4% in 2023. While this rate hovered between 33% and 34% until 2020, it surpassed 34% in 2021, signaling a troubling upward trend.

The study identified 2 million children living in “absolute  poverty,” a condition where even basic needs such as food, clothing, and shelter cannot be met. Researchers emphasized that such extreme deprivation has a profound impact on children’s physical and psychological development, raising long-term concerns about the future of these vulnerable populations. (BIA, 15 novembre 2024)


Vague d'arrestations après la destitution de maires

Plus de trente personnes ont été inculpées et écrouées cette semaine en Turquie pour avoir protesté contre la destitution de trois maires prokurdes du sud-est du pays accusés de "terrorisme", a annoncé dimanche le ministère turc de l'Intérieur.

Un journaliste du site d'information 10Haber a également été placé en détention provisoire samedi soir pour une série de publications sur la destitution la semaine dernière d'un maire d'arrondissement d'Istanbul, lui aussi accusé par les autorités de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a indiqué son avocat.

Plus de 250 personnes ont été interpellées au total depuis lundi pour avoir participé à des manifestations illégales et avoir pris pour cible des membres des forces de sécurité. 33 d'entre elles ont été inculpées et écrouées, 37 placées sous contrôle judiciaire et trois autres assignées à résidence, a détaillé le ministère de l'Intérieur.

Le remplacement lundi par des administrateurs nommés par l'Etat de trois maires prokurdes, dont ceux des grandes villes de Mardin et de Batman, a suscité la colère d'habitants et des condamnations du Conseil de l'Europe et d'organisations de défense des droits humains.
Les trois élus déchus sont membres du DEM, principal parti prokurde et troisième force au parlement turc.

Les autorités avaient aussitôt interdit tout rassemblement dans plusieurs provinces du sud-est à majorité kurde du pays pour tenter d'étouffer la fronde.

Des images tournées en milieu de semaine à Batman ont toutefois montré des policiers visés par des tirs de mortier d'artifice disperser des manifestants à l'aide de blindés surmontés de canons à eau.

Le PKK, groupe qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, un conflit qui a fait plus de 40.000 morts. (AFP, 10 nov 2024)

Le tour de passe-passe diplomatique face à la révolte populaire !
 

(Illustration inspirée d'une caricature de Vadot, parue dans le Vif du 3 novembre 2023)
 
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 4 novembre 2024)
Face à la résistance poursuivie depuis des années par les municipalités kurdes, et aujourd’hui lancée à Esenyurt, l’arme la plus puissante d’Erdoğan réside dans les manœuvres internationales
Dans mon article de la semaine dernière, intitulé « Deux États – Une Nation », j’avais illustré la manière dont les régimes despotiques de Turquie et d’Azerbaïdjan, bafouant les droits humains et les libertés à l’intérieur et menaçant constamment leurs pays voisins à l’extérieur, ont été condamnés par le Parlement européen, l’organe législatif de l’Union européenne.
 
Trois jours plus tard, le 30 octobre, la Commission européenne, l’organe exécutif de l’Union européenne, a également déclaré que la Turquie, candidate à l’adhésion, continue de violer les droits humains et les libertés, et qu’il est dès lors impossible de relancer les pourparlers d’adhésion déjà suspendus de longue date.
 
Dans le rapport de 95 pages de la Commission européenne, il est souligné que les organes législatifs et judiciaires ont perdu leurs fonctions en raison du système de gouvernement présidentiel mis en œuvre depuis 2018, qu’environ 8000 cadres et membres du HDP – DEM sont détenus et que les violations des droits humains, à commencer par le refus de libérer Can Atalay et Osman Kavala, malgré les arrêts respectifs de la Cour constitutionnelle et de la Cour européenne des droits de l’homme, vont croissant. Cependant, dès le lendemain, le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé avec une parfaite effronterie qu’il rejetait entièrement les déclarations relatives aux violations des droits humains contenues dans le rapport de la Commission européenne.
 
La coalition islamo-fasciste ne s’en est pas contentée, et en abandonnant complètement les initiatives de dialogue et de réconciliation qu’elle avait récemment avancées à l’égard du peuple kurde, a commencé à Esenyurt, la plus grande municipalité d’Istanbul, la procédure, jusqu’alors circonscrite depuis des années aux seuls départements kurdes, consistant à emprisonner les maires et à nommer à leur place un administrateur aux ordres.

Et pas plus tard que ce matin, le ministère de l'Intérieur a également annoncé la destitution des maires des grandes villes de Mardin et de Batman, ainsi que celui de la localité de Halfeti, toutes trois situées dans le sud-est à majorité kurde du pays, remplacés par des administrateurs nommés par l’État.
 
À l’annonce de l’incarcération sur des allégations de « collusion avec des terroristes » du Professeur Dr. Ahmet Özer, le candidat CHP aux élections locales du 31 mars élu avec 49,04% des suffrages grâce au « consensus urbain » conclu avec le parti DEM, et à la nomination d’un administrateur, le rapporteur sur la Turquie du Parlement européen, Nacho Sanchez Amor a immédiatement réagi en demandant que des sanctions soient imposées à l’encontre de cet admunistrateur.

Mais quelles que soient les réactions de l’Union européenne, l’expérience a prouvé que, tout comme les arrêts contraignants de la Cour européenne des droits de l’homme, elles ne dissuaderont jamais les despotes d’Ankara de faire ce que bon leur semble…
 
À la suite des précédentes élections municipales, dès 2020, les maires HDP élus dans trois grandes métropoles, deux municipalités de province, 29 municipalités de district et trois communes des provinces kurdes furent démis de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs, le maire de la grande municipalité étant toujours à l’heure actuelle détenu en même temps que le leader du HDP, Selahattin Demirtaş.
 
Contre l’opposition, l’arme des relations internationales…
 
De plus, bien que Tayyip Erdoğan soit le principal responsable des violations des droits humaines commises en Turquie depuis 22 ans, il continue d’être honoré dans les institutions et rencontres internationales.
 
Ce n’est pas facile, la République de Turquie est l’un des plus anciens membres des Nations Unies, du Conseil de l’Europe et de l’OTAN, et le patron de l’Organisation des États turciques, formée par les États où l’on parle le turc, et incluant même la Hongrie qui assure en ce moment la présidence tournante de l’Union européenne… Par ailleurs, Tayyip Erdoğan est aussi un familier des sommets des BRICS, formés par les États asiatiques, africains et latino-américains pour faire contrepoids aux institutions occidentales…
 
Alors que les manifestations de masse contre l’oppression d’Esenyurt se poursuivent, à commencer par Istanbul, mais aussi dans les villes kurdes, Erdoğan va participer au 11e sommet du Conseil des chefs d’État de l’Organisation des États turcs, qui débute aujourd’hui et pour trois jours au Kirghizistan… Durant ce sommet, Erdoğan devrait s’entretenir en tête-à-tête avec les dirigeants de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Kirghizistan et de l’Ouzbékistan.
 
Immédiatement après ce sommet, Erdoğan se rendra à Budapest les 6 et 7 novembre pour assister aux cérémonies célébrant le 100e anniversaire du Traité d’amitié turco-hongrois, et y aura des entretiens en tête-à -ête avec le Premier ministre Orban, qui assure actuellement la présidence de l’Union européenne.
 
En outre, Erdoğan participera à la 29e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, qui se tiendra les 11 et 12 novembre, et s’entretiendra sur des projets communs avec le dictateur de l’Azerbaïdjan, son partenaire des « Deux États – Une Nation ». Au cours de cette conférence, il fera également une apparition dans certains évènements réalisés dans le cadre du « Projet Zéro Déchet » mené sous le parrainage d’Emine Erdoğan…
 
Les attentes d’Erdoğan sur le G20 et les BRICS…
 
Sans nul doute, la réunion la plus importante à laquelle Erdoğan va participer ce mois-ci est le sommet du G20 qui se tiendra à Rio les 18-19 novembre… Parmi les questions qui seront discutées au G20, regroupant les 19 pays aux économies les plus développées du monde et l’Union européenne, sont à l’ordre du jour de nouveaux accords commerciaux et l’extinction de l’incendie qui s’élève au Moyen-Orient.
 
L’attente du gouvernement de ce sommet, où les grandes puissances de l’Ouest et de l’Est vont se jauger, voire devenir le théâtre de durs affrontements, est d’une part de renforcer davantage les relations avec les BRICS, formés par les pays asiatiques, africains et latino-américains, aux réunions desquels Erdoğan ne participe jusqu’ici qu’en qualité d’artiste invité, et d’autre part, pour soutenir le combat de l’Union africaine, composée des pays africains avec lesquels il a établi depuis des années des relations économiques et militaires, dans leur revendication d’être représentés au G20 et au Conseil de sécurité des Nations unies…
 
Ce week-end, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, qui présidait à Djibouti, petit pays de la Corne de l’Afrique, la troisième conférence ministérielle d’examen du partenariat Turquie-Afrique, avec la participation de 14 pays africains, a déclaré que la Turquie, dont le commerce avec le continent a atteint l’an passé les 35 milliards de dollars et les investissements directs 7 milliards de dollars, est également devenue le quatrième fournisseur d’armes de l’Afrique subsaharienne et un grand contributeur à la formation des forces armées dans de nombreux pays.
 
Ce n’est guère surprenant… Comme s’il ne suffisait pas que des unités militaires turques aient été déployées sous le règne de Tayyip en Afghanistan, en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, au Qatar, au Kosovo, au nord de Chypre, au Liban, au Mali, en République Centrafricaine, en Somalie et au Soudan, les médias pro-gouvernementaux se gargarisent aussi de la formation de commando donnée aux soldats de 57 pays à Isparta.
 
Suivant les informations de ces mêmes médias, « les petits-enfants de Barbaros sont à l’étroit dans leurs eaux… Les navires de guerre qui protègent les droits de la Turquie en Méditerranée orientale mènent avec succès des opérations internationales dans la zone maritime s’étendant de l’Océan arctique à l’Océan indien. »
 
Le gouvernement Erdoğan, qui a traîné les forces armées turques dans une guerre d’invasion en Syrie, en Irak et en Libye, en leur adjoignant des terroristes islamistes convertis, a non seulement soutenu l’Azerbaïdjan dans sa politique d’expulsion de la population arménienne du Haut-Karabakh dans le Caucase, mais menace également tous les pays du bassin méditerranéen, à commencer par la Grèce, en y déployant ses navires de guerre.
 
Et tout cela est rendu possible par les manœuvres diplomatiques que la dictature Erdoğan mène comme « membre principal » du Conseil d’Europe, de l’OTAN et du G20, « membre fondateur » de l’Organisation des États turciques, « futur membre » des BRICS et « candidat de longue date » à l’Union européenne », malgré toutes ses violations des droits humains et ses attaques contre les pays voisins.
 
Surtout, pourquoi devrions-nous être surpris alors que non seulement les partis de droit du Parlement conquérant, mais aussi le principal parti d’opposition, le CHP, et ses alliés, ont soutenu tous les mandats d’agression en les applaudissant ?
 
S’agit-il seulement de la terreur des forces de l’ordre et des procureurs et juges, dépourvus de tout sens de la justice, contre la résistance populaire dans les provinces kurdes et les municipalités de « consensus urbain » d’Istanbul ?
 
Il y aussi les tours de passe-passe diplomatiques tout aussi dangereuses d’Erdoğan !
 
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

Turkey's Peace Foundation publishes report for Kurdish solution

The Peace Foundation in Turkey on Nov. 7 published the report “A Holistic Peace Method for the Kurdish Issue,” authored by Professor Ayşe Betül Çelik of Istanbul’s Sabancı University.

The report includes examples from around the world and lists recommendations for ending conflict processes.

Peace Foundation President Hakan Tahmaz highlighted regional developments in the Middle East in addition to the events unfolding in Turkey in the report’s introduction.

"With Israel relying on the U.S. to carry out genocide in Gaza and conduct attacks and assassinations against various countries in the region, those who seek peace and work on conflict resolution are searching for answers to questions like, 'What is happening?' and 'What should be done?'," he wrote. "They are working with cautious optimism to foster hope for peace in society and open new pathways."

Tahmaz further described the report as "a work that can serve as a roadmap for those who desire peace, fight for peace, and work on conflict resolution."

In her report, Professor Çelik explained that the Kurdish issue, a pressing matter for Turkey, includes various problems that must be addressed on multiple levels.

"The 40 years of conflict have created multiple dimensions—socio-economic, political, security, and relational," she said. "Additionally, these issues have caused breakdowns in relationships between the state and Kurdish citizens, between the state and armed groups, between armed groups and Kurdish citizens, and among villagers, village guards, and different societal segments. Numerous peaceful mechanisms need to be activated to positively change these relationships."

Çelik noted that, over time, prolonged conflicts lead to polarized perspectives on peace. "Today, the desire for peace may differ between Turks and Kurds," she said. "The Kurdish issue may drop in prominence on the national agenda from time to time, but it lies at the heart of many other problems, such as democratization, rule of law, and foreign policy, or impacts them.”

The report also emphasized the importance of negotiation in peace processes and explained negotiation stages, adding that negotiation is just one of several peace-building methods. "Dialogue among leaders alone is not enough to achieve and maintain peace," it stated.

"The Kurdish issue encompasses many problems that affect actors on multiple levels. Dialogue among leaders is necessary to create negative peace—meaning the cessation of violence. However, addressing other issues requires designing additional peacebuilding interventions that align with and complement leader dialogues.”

Çelik noted that a process to recognize Kurds' constitutional rights could involve the parliament as the decision-maker or a national dialogue model could facilitate these discussions.

Additionally, a holistic peace model can be formed by advancing multiple methods simultaneously on different levels. Legislative arrangements in parliament, inclusive processes, leader-level negotiations, and social integration efforts can serve as pillars of a comprehensive approach. “Coordinating and managing various mechanisms at both the leader and societal levels in alignment produces a healthier process and a more lasting peace," Çelik added.

The report’s conclusion emphasized that while peace was a goal, it was also the “journey” taken toward that goal wherein downturns and pauses were natural.

For leaders, bringing peace often means maintaining engagement even through pauses and downturns and reassessing changing balances. For peace activists, peace represents the fruit of years of struggle.

She continued, “If Turkey one day achieves peace, it will not be just because leaders desire it, but also due to the dedication of countless peace activists who have worked tirelessly for it.”

“Peace that seems to 'arrive suddenly' was, in fact, fostered by continuous efforts during quieter times, when the public was often unaware of the work underway.”

The report also emphasized the importance of keeping the faith alive and maintaining the peace struggle across various levels. Doing so would prevent the collapse of the process each time a political party leaves the negotiation table. “But if societies claim ownership of the peace process and pressure leaders, returning to the table will always be possible," the report concluded.

Turkey’s governing coalition member Nationalist Movement Party (MHP) leader Devlet Bahçeli on Oct. 1 initiated an unofficial warming up of relations with the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party when he shook hands with co-chair Tuncer Bakırhan and other lawmakers at Parliament.

This moment has led to further discussions, including calls related to the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK)’s imprisoned leader Abdullah Öcalan. Bahçeli has said that Öcalan was welcome to speak at Parliament if he “left terrorism behind,” implying that the party would be open to his release after 25 years under custody. (Duvar, 8 nov 2024)

L'opposition se mobilise après le remplacement d'un élu accusé de "terrorisme"

L'opposition turque s'est mobilisée jeudi pour dénoncer l'arrestation et le remplacement d'un élu d'arrondissement d'Istanbul accusé de terrorisme, reprochant aux autorités de "chercher la bagarre" malgré une main tendue au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Les deux principaux partis de l'opposition parlementaire, le CHP (centre gauche) et le DEM (ex-HDP, prokurde) avaient donné rendez-vous à leurs partisans afin de dénoncer "l'arrestation sans fondement", la veille, du maire CHP Ahmet Özler.

"Ils veulent le chaos et la bagarre. Nous ne nous rendrons pas... C'est aussi clair que ça!" a lancé le maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu devant plusieurs centaines de personnes brandissant des drapeaux turcs et des pancartes clamant "Ahmet Özer tu n'es pas seul!".

D'importantes forces de police avaient été déployées dès l'aube tout autour de la municipalité d'Esenyurt pour empêcher le rassemblement, amenant les organisateurs à le déplacer sur l'une des places du quartier, le plus peuplé d'Istanbul avec près d'un million d'habitants.

Le DEM a également appelé à manifester à travers tout le pays contre "la confiscation de la volonté du peuple".

Élu le 31 mars, Ahmet Özer, universitaire reconnu et proche d'Ekrem Imamoglu, est accusé d'être "membre de l'organisation terroriste armée PKK", selon le ministère de l'Intérieur qui a confirmé la "destitution temporaire" de l'édile.

Les autorités l'ont suspendu de ses fonctions et désigné un fonctionnaire, adjoint du gouverneur d'Istanbul, comme maire de substitution, ou "kayyum" en turc.

"Ils organisent un sale jeu contre Esenyurt. Mais tout ce qu'ils veulent c'est protéger leur pouvoir entaché de corruption et sans foi ni loi", a accusé M. Imamoglu devant la foule chantant "le kayyum partira, nous resterons".

Le PKK, considéré comme mouvement terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, a lancé la lutte armée conte le gouvernement turc depuis le milieu des années 80, faisant des milliers de morts de part et d'autres.

- Raid matinal -

Selon la chaine de télévision privée NTV, M. Özer a formellement nié ces accusations devant la justice : "Je n'ai aucune relation avec quelque organisation que ce soit, je démens absolument".

Le président du CHP, Ozgur Özel, a dénoncé mercredi soir des "allégations abstraites sur la foi d'un livre écrit (par l'élu) il y a des années" a promis de "réagir de la manière la plus ferme".

Pour le maire d'Ankara et figure du CHP, Mansour Yavas, "la décision et les circonstances de l'arrestation de M.Özer soulèvent de graves inquiétudes", a-t-il estimé, rappelant que le maire a été arrêté lors d'un "raid de la police à son domicile à 5H30" mercredi: "Était-ce bien nécessaire?" interroge-t-il.

Le professeur Ahmet Özer est un universitaire reconnu, élu lors des municipales du 31 mars marquées par une large victoire de l'opposition dans de nombreuses grandes villes, dont Istanbul.

Au printemps, la suspension d'un maire du DEM dans la grande ville de Van, dans l'Est, avait déclenché une vague de manifestations violentes et obligé finalement à réinstaller l'élu dans ses fonctions.

La pratique de la nomination du "kayyum" ou maire de substitution a particulièrement ciblé jusqu'à présent les élus HDP/DEM dans le quart sud-est du pays, à majorité kurde, où des milliers de responsables du parti ont été arrêtés dont son ex-co-président, Selahattin Demirtas, condamné en mai à 42 ans de prison pour "terrorisme".

L'arrestation d'Ahmet Özer intervient alors que le président Recep Tayyip Erdogan a confirmé, mercredi, sa volonté de "tendre la main aux frères kurdes", laissant entrevoir la possibilité d'une libération anticipée du chef historique du PKK.

Abdullah Öcalan, condamné à vie, est détenu à l'isolement sur une île au large d'Istanbul depuis 1999. Il a pu recevoir la semaine dernière la rare visite d'un neveu.

Le PKK a revendiqué l'attentat qui a fait cinq morts et 22 blessés le 23 octobre contre le siège des industries de défense à Ankara. (AFP, 31 oct 2024)

Istanbul district mayor from main opposition CHP detained in ‘terror’ investigation

The mayor of İstanbul's Esenyurt district, Ahmet Özer, a member of the main opposition Republican People’s Party (CHP), was detained today in a raid on his home.

During the raid early in the morning, the police searched the mayor’s home while a simultaneous search was carried out in the municipality building.

The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office, in a statement issued after Özer’s detention, outlined its allegations. Accordingly, Özer is suspected of maintaining ties with the Kurdistan Workers' Party (PKK) and its umbrella organization, the Kurdistan Communities Union (KCK).

Authorities claimed to have obtained evidence through wiretaps, surveillance, and financial records linking Özer to the organization’s leadership in northern Iraq and to known PKK figures. They accused him of “establishing a sustained and intensive connection” with the PKK/KCK, leading to the charge of "membership in a terrorist organization."

CHP condemns the raid
CHP İstanbul Chair Özgür Çelik condemned the operation, describing it as “judicial interference in politics” in a statement to NTV. Çelik stated that he, along with other CHP officials, would visit the police station to show solidarity with Özer.

İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu, also a member of the CHP, voiced his support for Özer on social media "Our Esenyurt Mayor, Prof. Dr. Ahmet Özer, was detained this morning. We are closely following the situation," he wrote. “Mr. Özer is a distinguished scientist and local administrator who has worked in the state and held senior positions at universities, from dean to vice-rector. Turkey must stop being a country where morning house raids are carried out against politicians and scientists.”

While it is common practice for pro-Kurdish local administrators to be detained and prosecuted on “terror” charges, this marks the first time a CHP member has faced such allegations. The pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party had supported Özer’s 2024 election bid by not nominating a candidate in Esenyurt.
(BIA, 30 oct 2024)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Court of Cassation upholds Kurdish journalist Beritan Canözer’s prison sentence

The Court of Cassation has upheld Kurdish journalist Beritan Canözer’s sentence for "terrorist propaganda." Canözer will now face incarceration following this final ruling.

The case against Canözer dates back to her social media activity between 2013 and 2016, during which she shared news articles and posts that were later deemed criminal. In 2019, the Diyarbakır 11th Heavy Penal Court sentenced her to one year, 10 months, and 15 days in prison for “making propaganda for a terrorist organization through press and publication.”

Her lawyer, Resul Temur, appealed the decision to the Diyarbakır Regional Court of Justice, which rejected the appeal in 2021. The case was then taken to the Court of Cassation, Turkey’s top appeals court, which found no legal irregularities in the lower court’s ruling.

Background

Canözer, who began her journalism career in 2014, has faced significant legal harassment since then. In 2016, she was detained while covering a protest in Diyarbakır under the pretext of being a "reasonable suspect" and spent three months in prison.

Her reporting, social media posts, and attendance at protests and press events have led to six separate police raids on her residence. Canözer has been detained five times, remanded in custody twice, summoned for questioning seven times, and faced eight lawsuits.

The journalist has faced charges of "membership in a terrorist organization," "making propaganda for a terrorist organization," and "insulting a public official." Out of the eight cases against her, three resulted in acquittals, including charges of terrorist membership, one case was dismissed due to being “duplicate,” and  four cases, all for "terror propaganda," led to convictions totaling seven years and six months in prison. Two of those sentences, amounting to two years and six months, were suspended. However, sentences of one year, 10 months, and 15 days, as well as three years, one month, and 15 days, were not deferred. (BIA, 22 November 2024)

Content creator Gökhan Özbek detained

Gökhan Özbek, the owner of the social media platform accounts 23 Derece and Record Haber on X, has been taken into custody. The reasons for his detention remain unclear.

The news was first shared by pollster Kemal Özkiraz on social media, who questioned the approach of the police. “Police came to Gökhan Özbek’s home to detain him. Since he wasn’t there, they called him and asked him to come. If he complies when called, why the house raid? Wouldn’t he have come if they had simply called him in the first place?” Özkiraz said. The police also searched Özbek’s residence.

This is not the first time Özbek has faced such actions. On Aug 28, he was detained following a similar police raid at his home.

Born in Niğde in 1983, Özbek is a journalist and social media figure known for his detailed Twitter threads and YouTube broadcasts. He previously wrote columns for Anadolu Haber Gazetesi and Milliyet. Özbek currently owns and operates the media channels 23 Derece and Record Haber. (BIA, 21 November 2024)

Sur la projection du documentaire Apatride à Berlin



Recep Maraşlı, Ecrivain et éditeur, 11 novembre 2024

Hier soir, après la projection du documentaire « Apatride » à l’Union d’action activiste contre le racisme, le nationalisme et la discrimination (AKEBİ) à Berlin, une rencontre a été organisée en présence de la réalisatrice du documentaire et en visioconférence avec notre frère Doğan et notre sœur İnci.

Pour Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul, Berlin constituait en fait une période très importante de leur vie. Parce que lorsqu’ils durent partir pour l’étranger après le coup d'état du 12 mars 1971, leur première étape fut Berlin, alors divisée par un mur entre l’est et l’ouest. C’est ici qu’ils lancèrent leurs premiers efforts d’organisation et de publications contestataires à l’étranger contre la junte. Ils déménagèrent à Bruxelles car Berlin, une ville au centre des tensions à l’époque, rendait difficiles les conditions de transport, de communication et de déplacement.

Nous aurions aimé les revoir à Berlin à cette occasion, mais leurs conditions de santé ne l’ont pas permis. Il était très précieux de jeter un bref regard sur l’histoire biographique des figures symboliques de 70 ans de lutte pour la liberté, la démocratie, le socialisme et les droits humains en Turquie et dans la diaspora, et de discuter avec eux, même par vidéo.

Cette attitude cohérente et la ligne exemplaire de vie et de lutte de notre frère Doğan Özgüden et de notre sœur İnci Tuğsavul m’ont toujours inspiré. Ces vies nous montrent que le système de valeurs que nous avons/devrions avoir est une philosophie d’existence dépassant l’espace et le temps, il porte une dynamique d’embellissement et de transformation de chaque lieu arpenté et de chaque moment vécu.

Outre la lutte inlassable contre l’immense réseau de désinformation et de propagande d’un régime fasciste-colonialiste comme la République turque et ses alliés, et l’énorme référentiel de données intellectuelles, culturelles, littéraires et factuelles qui en résulte, les touches de vie apportées à la vie des migrants avec les « Ateliers du Soleil » en sont quelques-uns des résultats concrets…

Je remercie Esra Yıldız qui a réalisé le documentaire pour cette sensibilité, ses efforts et sa minutie. Les paroles de l’hymne des Ateliers du Soleil à la fin du documentaire étaient très significatives et émouvantes, et semblaient résumer le travail accompli.

« J’avais perdu mon sourire, mais je l’ai retrouvé ici », dit un immigré algérien qui travaille aux Ateliers du Soleil, après avoir été torturé et perdu sa famille et ses proches durant la guerre civile.

Sœur İnci, qui a également décrit ses efforts dans son livre « Faire de l’apatridie une patrie (traduit en français sous le titre : Une rebelle dans l’encre d’exil) », a donné un autre exemple : une immigrante rescapée du génocide au Rwanda avait expliqué ce que les Ateliers du Soleil signifiaient pour elle en ces termes : « C’est ici que j’ai oublié pour la première fois ma couleur ! »

Merci et portez-vous bien !

Un festival de cinéma annulé par ses organisateurs après l'interdiction du film "Queer"

Les organisateurs d'un festival de cinéma à Istanbul ont annoncé son annulation jeudi en signe de protestation, après l'interdiction par les autorités locales de la projection du film "Queer", avec l'ancien "James Bond" Daniel Craig.

"Quelques heures avant l'ouverture, les autorités du district de Kadikoy nous ont informés que la projection de "Queer", prévu pour la séance d'ouverture, était interdite au motif qu'il contenait un contenu provocateur, susceptible de troubler l'ordre public", a expliqué la plateforme de streaming de films d'art et d'essai MUBI, organisatrice du festival.

MUBI a annoncé l'annulation de ce festival de quatre jours quelques heures seulement avant son ouverture à Kadikoy, quartier de la rive asiatique d'Istanbul.

Les autorités ont précisé que l'interdiction avait été "décidée pour des raisons de sécurité", selon MUBI.

"Les festivals sont des espaces de respiration qui célèbrent l'art et la diversité culturelle, et rassemblent les gens. Cette interdiction affecte non seulement un film mais aussi le sens et le but du festival tout entier", ont déclaré les organisateurs.

Cette interdiction est "une entrave à la création et à la liberté d'expression", a dénoncé MUBI.

Dans le film, réalisé par l'Italien Luca Guadagnino et présenté en avant-première au Festival de Venise le mois dernier, Daniel Craig abandonne son personnage de 007 pour la solitude et l'angoisse d'un homosexuel toxicomane.

Le film, inspiré d'un roman de William S. Burroughs, retrace les méandres d'une relation amoureuse entre deux hommes et contient des scènes de sexe explicites.

En 2020 déjà, le géant Netflix avait annulé la production d'une série en Turquie, dont l'un des principaux personnages était gay, après avoir échoué à obtenir l'autorisation de tournage.

L'homosexualité a été décriminalisée en Turquie en 1858 mais demeure un sujet tabou pour de larges pans de la société.
 Le président Recep Tayyip Erdogan tient régulièrement des discours alimentant la haine envers les personnes LGBT+ et les accuse de constituer une menace pour les valeurs familiales traditionnelles.

La marche des fiertés d'Istanbul est interdite chaque année pour des raisons de sécurité depuis 2015 et les personnes LGBT+ affirment être régulièrement victimes de harcèlement et d'agressions.

MUBI, dont le siège est à Londres, est un diffuseur, producteur et distributeur mondial de films d'art et d'essai, créé en 2007 par un entrepreneur turc, Efe Cakarel.

Il propose des services de streaming dans plus de 195 pays, selon son site Internet. (AFP, 7 nov 2024)

Journalists among dozens detained during protests over removal of Kurdish mayors

On the second day of protests that erupted over the removal of three Kurdish mayors from their posts in Turkey’s predominantly Kurdish southeast, dozens of people, including two journalists, were forcibly detained by the police.

The interior ministry announcement of the removal of three mayors, representing the cities of Mardin and Batman as well as Halfeti, a district in Şanlıurfa province, and their replacement with government officials continued to spark demonstrations in eastern Turkey on Tuesday.

All three mayors are members of the Peoples’ Equality and Democracy Party (DEM Party), the main pro-Kurdish party, and were elected in the March local election, when opposition candidates won in numerous towns and cities, including İstanbul.

Local media reported on Tuesday that a large group of people, including politicians from the main opposition Republican People’s Party (CHP), the pro-Kurdish Democratic Regions Party (DBP), the Labor Party (EMEP) and the DEM Party, in addition to journalists, gathered in front of the Batman municipality building to protest the removal of democratically elected mayors on the second day of demonstrations.

CHP MP Sezgin Tanrıkulu described the trustee appointments as “a blow to the will of the people” in a speech during the protest, while DEM Party co-vice chair Mehmet Rüştü Tiryaki stated that opposing the trustee appointments means standing up for Turkey’s democracy.

Sixty-seven people, including two journalists, were detained, according to a statement from the Batman Governor’s Office. The detentions were carried out amid a harsh police response to the protests during which the police used tear gas and armored water cannon vehicles (TOMA).

A video released by the Expression Interrupted platform showed JinNews reporter Pelşin Çetinkaya being dragged along the ground by police, despite being identified as a journalist. Veysi Akören, a staff member of the Yeni Yaşam newspaper, was also detained during the protests in Batman.

Seven more demonstrators were detained in Van on the second day of the protests on Tuesday, according to a report by the Artı Gerçek news website. They were reportedly released after police questioning.

The Mardin Governor’s Office also released a statement on Tuesday, saying that nine people were detained for allegedly attacking police with stones during Monday’s protests near the office of the Mardin municipality.

The DEM Party had previously denounced the mayors’ replacement as “a major attack on the Kurdish people’s right to vote and be elected.”

“The government has adopted the habit of snatching what it couldn’t win through elections using the judiciary, the police and the trustee system,” the party said in a statement on X.

The ministry’s move follows the removal of a district mayor, Ahmet Özer, of the CHP, in İstanbul last week.

All four mayors have been removed from office for convictions and charges on terrorism-related offenses, from membership in an armed group to disseminating propaganda for the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK).

Since 1984, the PKK has waged a decades-long insurgency against the Turkish state that has killed thousands and is formally recognized as a terrorist group by Turkey and its Western allies.

Dozens of pro-Kurdish mayors from predecessor parties have been removed from their posts on similar charges in the past; however, President Recep Tayyip Erdoğan recently expressed full support for efforts to reach out to Turkey’s Kurdish population, describing it as a “window of opportunity.” (Turkish Minute, 5 Nov 2024)

Le projet de loi sur l'espionnage "menace les défenseurs des droits et les journalistes", selon HRW

Le projet de loi sur l'espionnage menace le travail des défenseurs des droits et des journalistes en Turquie, a prévenu samedi l'ONG Human Rights Watchs dans un communiqué.

"Le Parlement turc devrait rejeter le projet d'amendement législatif qui cherche à élargir la définition de l'espionnage de manière si vague qu'il pourrait criminaliser le travail légitime des défenseurs des droits humains, des journalistes et d'autres acteurs de la société civile", a affirmé l'organisation.

L'amendement, approuvé au sein d'une commission parlementaire et qui devrait prochainement être discuté au parlement, pourrait donner au gouvernement le pouvoir de considérer "les acteurs de la société civile comme des espions ou des ennemis de l'État", a estimé Hugh Williamson, de HRW.

Il prévoit des peines de prison pour les personnes accusées d'oeuvrer au profit d'intérêts étrangers.

Le texte, qui modifie les articles sur l'espionnage du code pénal, prévoit trois à sept ans de prison pour "toute personne qui commet des crimes contre la sécurité de l'État ou contre ses intérêts politiques, intérieurs et à l'étranger, conformément aux intérêts stratégiques ou aux instructions d'un État ou d'une organisation étrangère".

Une version précédente de ce texte, surnommé par les médias turcs "la législation sur les agents d'influence", avait été abandonnée en juin dernier, mais il est redevenu d'actualité en octobre.

De nombreux syndicats de journalistes turcs et autres organisations de défense de la liberté de la presse ont appelé au retrait du texte. (AFP, 2 nov 2024)

Apatride - Projection du documentaire et débat à Berlin



Esra Yıldız, 2021, Turquie, 66 minutes.
Participants : Esra Yıldız, Doğan Özgüden, İnci Tuğsavul
Modérateur : Asuman Kırlangıç
Date : 9 novembre 2024, samedi, 18 h 00
Adresse : AKEBİ e.V., Böckhstraße 24, 10967 Berlin

Apatride raconte l'histoire des journalistes d'opposition Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul*, qui ont dû quitter la Turquie après le coup d'État militaire du 12 mars 1971 et ont été privés de la citoyenneté turque en 1982.

Dans le documentaire, on voit comment les deux journalistes exilés poursuivent la conception d'un monde sans discrimination au sein du centre éducatif multiculturel Atelier du Soleil qu'ils ont fondé à Bruxelles il y a 50 ans, en 1974.

Nous projetterons le documentaire sur la lutte de deux journalistes qui ont su surmonter les difficultés sans compromettre leurs convictions avec la participation de la réalisatrice du film, Esra Yıldız.

Esra Yıldız est titulaire d'une licence des départements d'ingénierie environnementale et de sociologie de l'Université technique d'Istanbul, ainsi que d'une maîtrise et d'un doctorat du département d'histoire de l'art de l'Université technique d'Istanbul. Elle a poursuivi ses études postdoctorales à l'Université Humboldt de Berlin et à l'EHESS (Paris). Elle est actuellement professeur à l'Université Bilgi d'Istanbul.

Le premier documentaire d'Esra Yıldız, A Shadow Between the Pages: Sahaf Vahan (2010), a été projeté dans des festivals nationaux et internationaux.

Apatride, dont la première a eu lieu au 58e Festival de l'Orange d'Or d'Antalya, a reçu une mention spéciale au 17e Festival du court-métrage et du documentaire turc de Boston (2022). Il a été projété également à Ankara, Izmir, Istanbul, Paris, Cologne, Hambourg et Bruxelles.

Après la projection du documentaire, Il y aura un débat avec la réalisatrice Esra Yıldız qui participera en direct, Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul en ligne.

*https://www.info-turk.be/ozguden-tugsavul-F.htm

info@akebi.de
https://akebi.de/.../vatansiz-belgesel-gosterimi-ve-soylesi/

Journalists stand trial over documentary on methamphetamine crisis in Turkey

The trial of journalists Tunca Öğreten and Murat Baykara over a documentary they produced about the methamphetamine crisis in Turkey began today at İstanbul’s Bakırköy 13th Penal Court of First Instance, the Media and Law Studies Association (MLSA) reported.

The journalists are facing charges of “encouraging drug use” and “not reporting a crime,” which carry up to 10 years and one year in prison, respectively.

The documentary titled Met Çıkmazı (The Meth Deadlock) was released on Jan 12, 2023 on the “Voys” YouTube channel and is still accessible. Despite starting with a warning that it is inappropriate for minors, the video is not age-restricted on YouTube.

The documentary includes interviews with former and current addicts, as well as scenes of meetings with methamphetamine dealers found on Telegram, with journalists acting as buyers. It mentioned that searching “Metin Amca” (Uncle Meth), an alias for methamphetamine in Turkey, on Telegram leads to channels involved in drug dealing. Such scenes and information constituted the basis for the criminal case.

However, the journalists denied the accusations, arguing that the film aims to raise awareness, particularly among families, about the severe impact of meth addiction on youth.

Baykara explained that their intention was to address this “growing social threat,” especially for children and young adults, and added that any methamphetamine visuals in the documentary were censored. “By showing the struggles of those addicted, we fulfilled a social responsibility,” he asserted.

Öğreten added that the documentary presents the lives of people trapped in addiction, detailing the pain it inflicts on families.

“The title Met Çıkmazı already conveys a negative connotation,” he said, adding that the documentary emphasizes how drug involvement can devastate lives.

He further noted that viewer feedback underlines the film’s clear anti-drug message, rather than any promotion of drug use.

'We're reporting a crime through this film'
The documentary’s investigative work resulted in two awards, one of which was international, Öğreten said, adding, “In fact, we’re reporting a crime through this film.”

The journalists’ lawyer, Tuba Torun, demanded their acquittal, asserting that the documentary serves to discourage drug use.

“My clients created a film that warns the public and calls on state agencies, families, and educators to confront this issue,” she said, adding that journalists have a duty to inform society.

After hearing the defenses, the court decided to summon the individual who had filed the complaint against the documentary through Turkey’s Presidential Communication Center (CİMER). The next hearing is scheduled for Mar 25, 2025, at 11.40 am local time.

Representatives from Reporters Without Borders (RSF) Turkey and the Committee to Protect Journalists (CPJ) also attended the hearing. (BIA, 1 nov 2024)

Le mécène Kavala, en prison depuis sept ans, espère "respirer la liberté"

Condamné à perpétuité, le mécène Osman Kavala, bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan, espère voir un jour "l'Etat de droit" en Turquie et "respirer la liberté", a-t-il affirmé dans une lettre rendue publique vendredi à l'occasion du septième anniversaire de son incarcération.

"Ma septième année en prison est achevée. Durant cette période, j'ai vécu un procès au cours duquel la présomption d'innocence a été violée et des allégations sans fondement et de fausses déclarations ont été utilisées", a-t-il écrit.

"Ce qui me consolera vraiment, ce sera de voir l'évolution vers l'Etat de droit dans mon pays. Je crois que cela arrivera et que je pourrai vraiment respirer la liberté", a-t-il ajouté.

"La détention illégale continue (...) d'Osman Kavala en Turquie est le résultat du fonctionnement effectif des procureurs et des tribunaux sous le contrôle politique du gouvernement", ont déclaré trois organisations de défense des droits humains Human Rights Litigation Support Project, Human Rights Watch et International Commission of Jurists dans une intervention tierce effectuée vendredi auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) concernant Osman Kavala.

Elles ont demandé la libération immédiate de M. Kavala et l'annulation de sa condamnation, conformément aux arrêts de la CEDH.

En prison depuis sept ans, l'homme d'affaires né à Paris, âgé de 66 ans, figure de la société civile, mécène des arts et de la culture, est accusé d'avoir cherché à renverser le gouvernement turc en finançant des manifestations hostiles au pouvoir en 2013.

Sa condamnation à la "réclusion à perpétuité aggravée", pour son rôle présumé dans les manifestations de Gezi en 2013 à Istanbul, a été confirmée en 2023 par la justice turque.

Ce qui signifie qu'il ne peut y avoir de libération anticipée et que le détenu restera à l'isolement.
 Osman Kavala a toujours nié les charges pesant contre lui.
 Il avait dénoncé un "assassinat judiciaire" contre lui et l'influence du chef de l'Etat sur son procès.

Les responsables du Conseil de l'Europe ont sommé à plusieurs reprises la Turquie de libérer immédiatement le mécène turc, après un arrêt jugeant qu'Ankara avait violé la Convention européenne des droits de l'Homme. (AFP, 1 nov 2024)

Kurdish Question / Question kurde

New six-month lawyer visit ban on PKK leader Öcalan

The authorities have imposed a six-month ban on lawyer visits for Abdullah Öcalan, the imprisoned leader of the Kurdistan Workers’ Party (PKK), and three other inmates at the İmralı island prison.

The Asrın Law Office, which represents the prisoners, filed a petition with the Bursa 2nd Court of Enforcement on Nov 6, seeking the rationale for the ban. However, the lawyers reported that no information was provided to them.

This latest restriction comes just weeks after Öcalan met with his nephew, Ömer Öcalan, a lawmaker for the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party, during a family visit on Oct 23—the first such meeting in 43 months. During the meeting, Öcalan reportedly highlighted his continued isolation, stating, “If the conditions are created, I have the theoretical and practical capacity to move this process from a framework of conflict and violence to one of legal and political resolution.”

The visit followed remarks by Devlet Bahçeli, leader of the Nationalist Movement Party (MHP) and an ally of President Recep Tayyip Erdoğan, who suggested called for Öcalan addressing parliament to announce the PKK’s dissolution, which could lead to a potential release under a “right to hope” framework. Bahçeli’s move has initiated a public debate about a renewed peace process regarding the Kurdish issue.

Öcalan’s isolation

According to Mezopotamya Agency, Öcalan’s legal team now plans to appeal the decision to the Constitutional Court.   This marks the 14th lawyer visit ban imposed on Öcalan in the last eight years.

Since the declaration of a state of emergency in July 2016, restrictions on Öcalan’s legal access have become more frequent. While the initial bans were lifted in February 2018, they were soon reinstated on a rolling six-month basis. The most recent ban was issued by the Bursa Execution Court on May 3, 2024.

Lawyers have also faced numerous hurdles in securing meetings with the inmates. Authorities have often cited “disciplinary sanctions” as justification for the bans, which continue to be renewed periodically. (BIA, 21 November 2024)

Two opposition mayors sentenced to prison on ‘terror’ charges in Dersim


A court has sentenced two opposition mayors to six years and three months in prison on charges of “membership in a terrorist organization” in the predominantly Kurdish-populated southeastern city of Dersim.

The mayors, Cevdet Konak, co-mayor of Dersim and a member of the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party, and Mustafa Sarıgül, mayor of Ovacık district and a member of the main opposition Republican People’s Party (CHP), were convicted by the Tunceli Heavy Penal Court.

The ruling may prompt the government to appoint trustees to replace the mayors. Under Turkish law, the Interior Ministry has the authority to suspend mayors facing criminal charges, including those related to terrorism, even if their legal processes are ongoing.

Recently, four mayors from the CHP and the DEM have been removed from office. While trustee appointments have primarily affected pro-Kurdish parties since 2016 it is new for CHP mayors to be removed from office on “terrorism” allegations. (BIA, 20 November 2024)

Des milliers de Kurdes réclament à Cologne la libération d'Öcalan

Des milliers de manifestants ont défilé samedi à Cologne, à l'ouest de l'Allemagne, pour réclamer la libération du chef kurde du PKK, Abdullah Öcalan, arrêté il y a 25 ans et emprisonné en Turquie, dans le contexte de signes d'apaisement entre le gouvernement turque et le PKK.

Ils ont défilé l'après-midi dans le centre-ville de Cologne, portant des pancartes au slogan "Liberté pour Abdullah Öcalan", et à l'effigie du fondateur et chef historique du PKK, condamné à vie et détenu sur une île au large d'Istanbul depuis 1999.

Cette manifestation fait écho aux déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan fin octobre, qui a affirmé "tendre la main aux frères kurdes".

Le président du parti nationaliste turque MHP, principal allié de M. Erdogan, a invité Abdullah Öcalan à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution du PKK, laissant entrevoir la possibilité de sa libération.

Au cours de la manifestation, la police de Cologne, qui a compté des "milliers de manifestants", n'a rapporté aucun débordements.

Elle a arrêté le cortège à deux reprises pour relever des "symboles qui pourraient avoir un lien avec le PKK, ce qui est interdit", a expliqué un porte-parole de la police municipale à l'AFP. Les symboles seront analysés dans les prochains jours.

L'organisation PKK est classée terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux et il est interdit de montrer en public ses symboles en Allemagne.

Malgré l'enfermement et le silence, celui que ses fidèles appellent "Apo" ou "Serok" ("oncle" et "chef", en kurde) continue d'incarner la rébellion kurde en Turquie, où le conflit entre le PKK et l'Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Son aura perdure également en Europe, où des réfugiés kurdes brandissent à longueur d'années des drapeaux et pancartes frappés de son visage rond à l'épaisse moustache noire - bien que les dernières images du leader kurde, vieilles d'une décennie, montrent un homme à la moustache et aux cheveux blanchis par l'âge.

La Turquie est cette année le troisième pays d'origine des demandeurs d'asile en Allemagne, après la Syrie et l'Afghanistan, selon le ministère de l'Intérieur. La plupart des demandeurs déclarent appartenir à la minorité kurde, d'après le quotidien allemand FAZ. (AFP, 16 nov 2024)

DEM Party calls for action against attempts to destroy the Kurdish language

The Peoples' Equality and Democracy Party (DEM Party) Language, Culture and Art Commission made a statement at the party's Amed (Diyarbakır) Provincial Organisation building against the oppression and attacks against the Kurdish language. Co-spokespersons of the commission, Heval Dilbahar and Cemile Turhallı Balsak, read the text in Kurmanji and Kirmanckî dialects of Kurdish.

The statement emphasised that attacks on the Kurdish language have been ongoing since the foundation of the republic: “In the last century, authoritarian rulers have turned this country into a graveyard of cultures and languages and massacred all languages in this country. The biggest attack was directed against the Kurdish language. Due to the attacks and oppression, the Kurdish people buried thousands of Kurdish newspapers and books underground. Many Kurds were killed, beaten and arrested for speaking Kurdish. Prisoners were tortured in jails on the grounds that they were Kurdish. For a century, the Kurdish people were subjected to severe oppression. In the 21st century, the Kurdish language is still banned, unknown and non-existent in Turkey. The understanding of ignoring, rejecting, suppressing and trying to destroy has been maintained, increased and deepened in all authorities in Turkey. The monist mentality, which continues to be hostile to Kurds, is now trying to eliminate the Kurdish language through different ways and methods.

The repressions systematised 100 years ago have caused great damage to language and culture. From the beginning of the 21st century to the present day, these language policies are carried out by governments, inspectors general, emergency management authorities. These policies were intended to result in secret reports, fines, bans and repressions, white genocide and white supremacy, and specialised political engineering. These policies, systematised 100 years ago, are being carried out today by those ruling the AKP-MHP government. They have adapted the policy to today's conditions with the help of governors and want to achieve results through the governorship system. For this reason, they appointed trustees to our Mardin, Batman and Halfeti municipalities again and usurped the will of the people. First of all, they abused the multilingual service by appointing trustees. Kurdish services were removed from the websites of the municipalities, Kurdish concerts were cancelled in many places and attacks against the Kurdish language increased.

In the last quarter of the 20th century, the Kurdish people began the struggle to protect and develop their national values by demanding freedom of culture, language and identity. With this struggle, the Kurdish language developed and spread day by day. Today, millions of Kurds struggle and resist for the protection, development and freedom of the Kurdish language. We did not come to this stage easily, we paid a high price. No one should think that we will give up our language and leave it in the dark. The forces that are trying to seize and eliminate the will of the Kurdish people should know that we will continue our struggle for the Kurdish language with the same zeal and fervour as we have fought for the Kurdish language until today.

As the DEM Party, we will increase and expand our struggle for the Kurdish language and all Kurdish values based on multilingual and multicultural policies in the most concrete, sustainable, permanent and effective way at all times and places. With this we say once again that the Kurdish language must be given official status and become a language of education. We therefore call on all Kurds, parties, institutions, liberal and democratic platforms, and all humanitarian circles to stand against all forms of abuse, neglect and attempts to destroy the Kurdish language wherever Kurds live.” 
(ANF, 13 November 2024)

Kurdish activist Kadri Saka sentenced to two years imprisonment in Germany

Kadri Saka was sentenced to two years in prison by the Higher Regional Court in Hamburg for membership of the Kurdistan Workers' Party (PKK) in accordance with §129b of the German Criminal Code (StGB). The court found it proven that the Kurdish activist had ‘promoted the PKK/KCK from within’ in Bremen from December 2018 until his arrest in January 2024.

Kadri Saka is alleged to have worked as a ‘money collector’ and to have been an important link between the PKK's ‘area manager’ and the Kurdish population in Bremen. ‘You have diligently and extensively done the actual work,’ said the presiding judge in the verdict.

The judge argued that in Kadri Saka’s apartment in Bremen, a picture of Abdullah Öcalan hangs between photos of family members, and his work as a mediator in conflicts in the Kurdish community in Bremen is also aimed at ‘enforcing the PKK's claim to power’ and strengthening the PKK.

In the grounds for the judgment, it was pointed out that Kadri Saka has been in pre-trial detention ‘under aggravated conditions’ for ten months. A decision is yet to be made on whether to change the detention statute. The courtroom was full of spectators, and at the end of the proceedings, those present showed their solidarity with Kadri Saka by applauding. (ANF, 15 novembre 2024)

Cultures across continents discuss Abdullah Öcalan’s thoughts

On Sunday 10 November, a cultural event entitled ‘Meeting of the peoples and internationalist struggles’, organised by the Dialogue with Öcalan initiative took place in Brussels, Belgium.

At the beginning of the event, the Academy of Democratic Modernity held a workshop on the “democratic nation”, a political concept proposed by the imprisoned leader of the Kurdistan Workers’ Party (PKK), Abdullah Öcalan. The workshop discussed the need for the peaceful coexistence of different people and their cultures, especially in times of rising fascism.

Following the workshop, a variety of musical artists from places such as Chile, Kurdistan and Senegal gave cultural performances, inviting the audience to experience and participate in their traditional songs and dances, as well as telling stories of socialist struggles in their respective countries.

In a cultural performance by the Khidmatoul lamp fall group from Senegal, traditional dances and songs were presented.

The Trino Colectivo from Chile performed a ‘folclore’, called ‘Cueca‘, and spoke about the importance of music within the Chilean society.

A Chilean activist spoke to Medya News about his reasons for joining the event: “I got to know the Kurdish struggle for the first time in Chile, when Chilean comrades visited Kurdistan or internationalist comrades gave presentations about the Kurdish struggle. Here [in Brussels], I had the possibility to get to know the “Dialogues with Öcalan” campaign, start to participate and to come to the event with them. There’s the need to struggle for the freedom of Abdullah Öcalan and to put light on the massacre against the Kurdish people.” (MedyaNews, 15 novembre 2024)

PEN-International dénonce la criminalisation de la langue kurde par la Turquie

Ces derniers mois, le régime turc a intensifié les rafles et arrestations ciblant les associations de langue kurde et des maisons d’éditions kurdes à travers le pays, y compris au Kurdistan du Nord sous colonisation turque. PEN International se dit inquiet des attaques ciblant la langue kurde et exhorte le régime turc à « respecter le droit du peuple kurde d’utiliser et de promouvoir sa propre langue et sa propre culture ».

Voici le communiqué complet de PEN-International

« Türkiye : raids contre qui veut défendre la langue kurde

« Le peuple kurde a le droit d’utiliser sa propre langue en public et dans l’enseignement, et de recevoir des informations dans sa langue maternelle. Nos richesses linguistiques doivent être célébrées, et non détruites » a déclaré Burhan Sonmez, président de PEN International.

PEN International exprime ses vives inquiétudes à la suite des descentes de police menées contre deux associations kurdes et une librairie à Diyarbakır, dans le sud-est de la Turquie, qui ont conduit à l’arrestation de plusieurs personnes et à la saisie de centaines de livres pour des motifs prétendument liés au terrorisme. PEN International demande instamment aux autorités turques de respecter le droit du peuple kurde d’utiliser et de promouvoir sa propre langue et sa propre culture.

Le 24 septembre 2024, la police de Diyarbakır, dans le sud-est de la Turquie, a effectué le matin même des raids à l’Association de recherche sur la langue et la culture mésopotamiennes (MED-DER), à la Coopérative d’enseignement des langues et des arts d’Anka et à la librairie Payîz Pîrtuk. Selon les médias, des dizaines de personnes ont été arrêtées, 409 livres et 144 magazines ont été saisis, apparemment pour des raisons de propagande terroriste. L’enquête a été suspendue. » (infolibertaire.net, 8 nov 2024)

DEM co-leader faces investigation over critical remarks on municipal takeovers

The Interior Ministry has announced an investigation into Tuncer Bakırhan, co-leader of the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party, following his recent statements opposing the recent government takeover of three municipalities governed by his party.

According to the ministry's statement, Mehmet Mihdi Tunç, DEM’s provincial co-chair in Mardin, is also under investigation, though the statement did not specify which remarks by the two politicians prompted legal action.

In his Nov 4 speech in Mardin during a rally organized in protest of the takeovers, Bakırhan referenced Kurdish insurgencies in the early years of the republic, and to the beginning of the insurgency led by the Kurdistan Workers’ Party (PKK) militant group, saying, “They should know very well that the Kurdish people will do what Seyit Rıza did, what Sheikh Sait did, what Mazlum, Deniz, Sakine did.”

The Interior Ministry on Nov 4 suspended the mayors of the cities of Mardin and Batman, and the Halfeti district of Urfa, citing ongoing “terrorism-related” cases against them. It appointed city and district governors as trustees to take their place, a practice that has been widely implemented in the country’s Kurdish-populated regions over the past eight years. The decision has drawn strong reactions from the DEM Party, whose supporters have been carrying out protests since then.

Response to the investigation

Following news of the investigation, Bakırhan issued a written statement, accusing the Interior Ministry of distorting his words and overstepping its authority. “This development shows that no lessons have been learned from past mistakes,” Bakırhan said, adding, “I highlighted the unlawfulness of the trustee appointments and emphasized that people will not bow to such attacks.”

The statement further read, “I called attention to the harm of these violent policies by referencing important historical figures. Unfortunately, my words have been twisted to serve as grounds for this investigation.

“Referring to a historical memory of struggle, I reminded the important figures who were massacred in the past and emphasized that these policies of violence do not bring a solution.”

He also called for immediate steps towards peace and democratic governance, saying, “This lawlessness must be reversed, the trustee practices must end and the will of the people must be respected. Steps towards peace in the Kurdish issue must be taken as soon as possible and the policies of war and violence must be ended. The dialog and negotiation process must be restarted and a conflict-free and democratic Turkey must be built.” (BIA, 8 Nov 2024)

Destitution de trois maires prokurdes accusés de "terrorisme"

Trois maires issus du principal parti prokurde de Turquie ont été démis de leurs fonctions lundi, accusés de "terrorisme", au moment où le pouvoir turc assure tendre la main aux "frères kurdes".

Les maires des grandes villes de Mardin et de Batman, et celui de la localité de Halfeti, toutes trois situées dans le sud-est à majorité kurde du pays, ont été remplacés par des administrateurs, ou "kayyums", nommés par l'Etat, a annoncé le ministère turc de l'Intérieur.

Les trois maires déchus sont membres du Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie (DEM, ex-HDP), troisième force politique au Parlement, que le pouvoir accuse de liens avec les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ce que le DEM dément.

Des rassemblements, certains émaillés de violences, ont eu lieu lundi dans les trois villes concernées, ainsi qu'à Diyarbakir, capitale informelle des Kurdes de Turquie, où quelque 2.000 personnes ont défilé sous étroite surveillance policière, selon un correspondant de l'AFP.

"Kayyums, dehors!", ont scandé des manifestants à Diyarbakir.

Pour tenter d'étouffer la fronde, les gouvernorats de Mardin, Batman et Sanliurfa ont interdit tout rassemblement pendant dix jours. Les manifestations ont également été proscrites pendant 72 heures à Diyarbakir jusqu'à mercredi soir.

"Nous devons nous faire entendre face à ces agissements illégaux, ce fonctionnement anti-démocratique qui défie la volonté du peuple", a lancé le maire de Mardin, Ahmet Türk, 82 ans, figure populaire du mouvement kurde, qui avait appelé ses partisans à se réunir devant la municipalité.

Poursuivi pour "appartenance à une organisation terroriste armée", M. Türk avait déjà été démis de ses fonctions et emprisonné à plusieurs reprises lors de précédents mandats, accusé de liens avec le PKK, groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, qui mène une guérilla contre l'Etat turc depuis 1984.

Le parti DEM a qualifié ces destitutions de "coup d'Etat", dénonçant "une attaque majeure contre le droit du peuple kurde à voter et à être élu".

- "Frères kurdes" -

"Le gouvernement perd le contrôle", a également fustigé sur X le puissant maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation de l'opposition.

"Le droit d'élire n'appartient qu'aux électeurs et n'est pas transférable", a souligné l'élu, probable candidat à la prochaine présidentielle et lui-même dans le viseur du pouvoir.
 Le chef du CHP, Özgür Özel, s'est rendu lundi à Mardin pour y soutenir le maire déchu.

Des dizaines de maires élus dans le sud-est à majorité kurde de Turquie avaient été démis de leur fonction et remplacés des administrateurs désignés par le gouvernement à partir de 2016. Ces destitutions étaient toutefois devenues plus rares ces dernières années.

Le maire DEM d'Hakkari, ville de l'extrême sud-est de la Turquie, a cependant été démis de ses fonctions en juin avant d'être condamné à 19 ans et demi de prison pour "terrorisme".

L'ancien coprésident du HDP (devenu DEM), Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016, avait été condamné trois semaines plus tôt à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l'unité de l'Etat.

Les trois maires DEM déchus lundi ont été élus lors des élections locales de mars qui se sont soldées par une large victoire de l'opposition au détriment du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan.

Ces destitutions interviennent quelques jours après l'arrestation pour des liens présumés avec le PKK d'un maire d'arrondissement d'Istanbul, issu du parti d'opposition CHP et alors que le président Erdogan a affirmé vouloir "tendre la main aux frères kurdes".

Le chef de l'Etat et son principal allié, Devlet Bahçeli, laissent entrevoir depuis deux semaines la possibilité d'une libération anticipée du chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, détenu depuis 1999, une tentative d'apaiser le "front intérieur" dans un contexte régional menaçant.

Le PKK a revendiqué entretemps l'attentat perpétré le 23 octobre près d'Ankara, qui a fait cinq morts et 22 blessés, précisant cependant qu'il s'agissait d'une "action planifiée de longue date" et non liée aux récentes déclarations du président turc et de son allié d'extrême droite. (AFP, 4 nov 2024)

Un chanteur kurde placé en détention à Istanbul

Le chanteur kurde Gencay Morkoç a été incarcéré à Istanbul, accusé d’être membre d’une organisation terroriste.

Le chanteur kurde Gencay Morkoç avait été arrêté le 25 octobre avec des dizaines d’autres personnes lors de descentes de police à Istanbul. Il a été placé en détention lundi, avec 19 autres personnes, pour “appartenance à une organisation terroriste”. L’inculpation de Morkoç est motivée par sa participation à un pique-nique organisé par le DEM (Parti de la démocratie et de l’égalité des Peuples) à Istanbul. Le tribunal a considéré que ce pique-nique constituait une “activité pour une organisation terroriste”, sous-entendu la Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Gencay Morkoç est le soliste de Koma Hevra, un groupe de musique kurde qui est dans le collimateur des autorités turques. Fin septembre, trois membres du groupe, dont Morkoç, avaient été arrêtés après un concert donné à Diyarbakir (Amed).

Au lendemain de l’arrestation de son chanteur, Koma Hevra a dénoncé une décision politique sans fondement juridique. “Le système tyrannique devrait savoir que ces pratiques oppressives et antidémocratiques ne nous décourageront jamais. Au contraire, elles nous incitent à poursuivre notre lutte avec encore plus de détermination. Nous avons fait la promesse de résister jusqu’à ce que le fascisme soit renversé et que ce pays devienne un jardin de démocratie.” 
(Rojinfo, 30 oct 2024)

Erdogan confirme la main tendue aux "frères" kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé mercredi la main tendue par son allié MHP (nationaliste) aux "frères" kurdes, malgré le récent attentat revendiqué par le PKK à Ankara.

S'exprimant devant le groupe parlementaire de son parti, l'AKP (islamo-conservateur), le chef de l'État a évoqué une "fenêtre d'opportunité historique qui s'est ouverte devant nous".

La semaine dernière, Devlet Bahçeli, président du parti nationaliste MHP et principal allié de M. Erdogan, avait invité le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution du PKK et "qu'il met fin au terrorisme".

Fondateur et chef historique du PKK, Abdullah Öcalan a été condamné à vie et est détenu sur une île au large d'Istanbul depuis 1999.

Le PKK mène une insurrection contre la Turquie depuis des décennies et est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

M. Bahçeli a également déclaré que le leader du PKK devrait avoir le "droit d'espérer".
 Ses propos ont été interprétés par de nombreux observateurs comme ouvrant la voie à une éventuelle libération anticipée.

Le lendemain de cette déclaration, le PKK a revendiqué l'attentat du 23 octobre contre le siège des industries de défense à Ankara qui a fait cinq morts et 22 blessés.

"Chers frères kurdes, nous attendons que vous saisissiez sincèrement cette main tendue" par M. Bahçeli, a insisté M. Erdogan mercredi, apportant ainsi pour la première fois publiquement un soutien appuyé à l'initiative de son allié.

"Mais nous faisons clairement la différence avec les groupes terroristes (qui opèrent depuis) l'Irak et la Syrie", a prévenu M. Erdogan : "Cet appel ne concerne pas et ne peut concerner les barons de la terreur qui versent le sang depuis l'Irak et la Syrie", a-t-il insisté.

- "Construire la paix" -

Mardi, le président avait annoncé la poursuite des opérations militaires turques dans le nord de l'Irak et de la Syrie contre les positions du PKK, afin "d'éliminer la menace terroriste".

"Avec la permission de Dieu, s'il nous en donne le temps et l'occasion, nous espérons célébrer le quarantième anniversaire de ma carrière en politique en refermant le chapitre du terrorisme dans notre pays", a-t-il conclu.

"Mes chers frères kurdes, venez et construisons ensemble le siècle de la Turquie", a-t-il ajouté en référence aux 101 ans de la République turque.

Dans sa revendication vendredi, le PKK a pris soin de préciser que l'attentat avait été décidé "avant" l'appel du président du MHP.

Au lendemain de la main tendue de M. Bahçeli, Abdullah Öcalan a été autorisé à rendre visite à sa famille pour la première fois depuis mars 2020.

Après ces signes d'apaisement, le principal parti prokurde DEM a déclaré mercredi avoir eu des discussions avec le ministère turc de la Justice à propos de l'assouplissement des conditions de détention de M. Öcalan.

"Il y a eu une réunion avec le ministère de la Justice sur la levée de l'isolement", a déclaré le co-président du parti Tuncer Bakirhan aux journalistes à l'issue d'une réunion de groupe au Parlement.

"Lever son isolement nous bénéficierait à tous car les idées qu'il défend (...) nous permettront de construire la paix et la démocratie", a-t-il ajouté.
(AFP, 30 oct 2024)

Le chef des forces kurdes de Syrie dément tout lien avec un attentat en Turquie

Le chef des forces dirigées par les Kurdes en Syrie, Mazloum Abdi, a démenti tout lien avec un récent attentat près d'Ankara, comme l'affirme la Turquie qui a mené des raids ayant fait 17 morts dans les zones autonomes kurdes dans le nord-est syrien.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé vendredi que les deux auteurs d'un attentat contre le siège des Industries de défense de Turquie près d'Ankara "se sont infiltrés" depuis la Syrie.

Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, a revendiqué l'attaque, qui a fait cinq morts, outre les deux assaillants, et 22 blessés.

"La Turquie n'a aucune preuve soutenant ses allégations, et nous n'avons aucun lien avec l'attaque d'Ankara", a assuré à l'AFP, Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS).

"Nous avons ouvert une enquête, et je peux assurer qu'aucun des assaillants n'est entré en Turquie depuis le territoire syrien", a-t-il ajouté dans cet entretien réalisé tard samedi soir.

La Turquie a riposté à l'attentat en bombardant des "cibles du PKK" dans le nord de la Syrie et en Irak.

Selon Mazloum Abdi, les frappes sur le nord-est de la Syrie "ont fait 17 morts, dont deux militaires, le reste étant des civils".

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a affirmé qu'une centaine de frappes ont visé les territoires contrôlés par l'administration autonome kurde.

L'ONG a affirmé que des infrastructures civiles, dont des silos, des boulangeries, des centrales électriques et des installations pétrolières, outre des positions des forces kurdes, avaient été ciblées.

 - "Affaiblir l'administration kurde" -

 La Turquie considère les Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui dominent les FDS, comme une émanation du PKK, qu'elle qualifie de "groupe terroriste".

L'objectif de ces frappes "n'est pas simplement de riposter à ce qui s'est produit à Ankara (...) mais d'affaiblir l'administration autonome kurde, pour l'annihiler et poussant les habitants à partir", a assuré M. Abdi.

Selon le commandant des FDS, "l'Etat turc profite des événements en cours au Moyen-Orient, l'attention se concentrant sur Gaza, le Liban et l'attaque israélienne contre l'Iran", "pour poursuivre ses attaques" contre les zones kurdes de Syrie.

Il a assuré qu'il était ouvert au dialogue avec la Turquie pour désamorcer les tensions, mais il a exigé la fin des attaques d'Ankara qui, selon lui, pourraient s'élargir.

"Nous sommes prêts à résoudre les problèmes avec la Turquie par le dialogue, mais pas sous la pression d'attaques", a-t-il souligné.

Dans un pays morcelé par 12 ans de guerre, les FDS contrôlent une zone semi-autonome kurde où sont également déployées des forces américaines, plus gros contingent de la coalition internationale antijihadistes en Syrie.

 - "Expérience infructueuse" -

 Le responsable kurde a par ailleurs critiqué ses alliés américains pour avoir failli à protéger les forces kurdes, affirmant que la position de la coalition internationale antijihadiste était "faible".

Les forces kurdes jouissent de l'appui de Washington, également allié d'Ankara au sein de l'Otan.

"Leur réponse n'est pas au niveau requis pour arrêter les attaques, et des pressions doivent être exercées sur la Turquie", a-t-il ajouté, affirmant que les frappes sur la Syrie "ne nous concernent pas seulement, mais affectent également leurs forces".

Le commandant des FDS a par ailleurs exprimé son inquiétude face aux prochaines élections américaines de novembre, estimant qu'une élection de Donald Trump pourrait affaiblir le soutien de Washington aux FDS.

"En 2019, nous avons eu une expérience infructueuse avec l'administration du président américain Trump", a-t-il dit.

Ankara a lancé sa dernière offensive majeure en Syrie en octobre 2019, quand le président américain de l'époque, Donald Trump, avait affirmé que les soldats américains avaient accompli leur mission en Syrie et se retireraient.

"Mais nous sommes confiants que les Etats-Unis (...) prennent leurs décisions" sur la base de leurs "intérêts stratégiques" dans la région, a-t-il encore dit.
(AFP, 27 oct 2024)

Minorités / Minorities

Pour une paix véritable et la démocratie dans le Caucase…



Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 21 novembre 2024)
À la suite de mon article intitulé «Le partenariat criminel du Deux États – Une Nation », voici le texte de l’entretien que j’ai accordé à la chaine arménienne Alpha News
Après la parution, il y a quelque temps de mon article intitulé « Le partenariat criminel du « Deux États - Une Nation » », la chaine Alpha News d’Arménie avait sollicité une interview détaillée sur les relations entre la Turquie et l’Arménie. L’entretien réalisé par visioconférence en turc avec la journaliste Ani Avetyan fut diffusé le 12 novembre 2024 par Alpha News avec une traduction en arménien. Je partage dans l’article de ce jour la version en français de cet entretien.

Q – Monsieur Özgüden, tout d’abord merci beaucoup pour votre participation à ce programme… Dans un article récent, vous avez qualifié les relations entre l’Azerbaïdjan et la Turquie de « partenariat criminel de « Deux États – Une Nation ». En Arménie aussi, nous avons maintes fois entendu à la fois les expressions « Deux États – Une Nation » et « Une Nation – Une Armée ». Pourquoi ce partenariat criminel ?

R – Sur cette question, il faut remonter beaucoup plus loin dans le temps… Le « partenariat criminel » n’est ni un phénomène que j’ai évoqué à la dernière minute dans cet article, ni un fait documenté par la dernière décision du Parlement européen… Avant l’avènement au pouvoir de Tayyip Erdoğan, il faut remonter à la fondation de la république en Turquie, sinon bien avant. Par exemple, le génocide des Arméniens de 1915 dans les dernières années de l’Empire ottoman… Ce sont des pages sombres de l’histoire de la Turquie. J’étais particulièrement indigné lorsque j’ai rédigé cet article… Parce que le Parlement européen avait adopté une résolution condamnant la situation en Azerbaïdjan, mais malheureusement, cela n’était pas évoqué dans les médias turcs, ni même relayé dans les médias internationaux.

En effet, le Parlement européen faisait un constat très important en dénonçant la nature du régime en Azerbaïdjan, et sans s’arrêter là, en critiquant les opérations menées conjointement par les armées azerbaïdjanaises et turques dans le Caucase et l’attitude de la dictature en Azerbaïdjan envers l’Arménie… Je l’ai rendu public, et bien évidemment j’étais obligé de critiquer et de reprocher le silence des médias turcs à ce sujet.
 
En fait, le passé de la Turquie et de son allié azerbaïdjanais est plein de points noirs, tant en ce qui concerne le génocide des Arméniens qu’en ce qui concerne leurs rapports à l’Arménie… Si vous le permettez, je voudrais faire quelques déclarations à ce sujet.

Erdoğan a fait cette année un geste à l’occasion de la commémoration du génocide des Arméniens… Il a dit : « Aujourd’hui, je me souviens une fois de plus avec respect des citoyens arméniens de l’Empire ottoman qui ont perdu la vie dans les conditions défavorables provoquées par la Première Guerre mondiale, et j’adresse mes condoléances à leurs petits-enfants ». Mais il n’a ni reconnu le génocide, ni évoqué la responsabilité de l’administration ottomane… Au contraire, il a mis en avant les soldats ottomans qui ont perdu la vie durant cette période en les évoquant avant un grand respect…

Comme vous le savez, Erdoğan a connu d’importantes pertes de voix lors des dernières élections… Et en raison des critiques incessantes dont il fait l’objet dans ses relations internationales pour les violations des droits humains en Turquie, il fait une série de gestes acrobatiques et diplomatiques. Ainsi, dernièrement, il a rencontré le Premier ministre arménien lors du sommet de l’OTAN à New York en septembre, et a donné à voir des images très amicales. D’ailleurs, comme vous le savez, un sommet des BRICS+ a eu lieu la semaine dernière. Lors de ce sommet, nous avons été témoins des opérations tape-à-l’œil à la fois d’Erdoğan et du dictateur de l’Azerbaïdjan Aliyev. À tel point que la presse turque a publié les clichés amicaux du Premier ministre d’Arménie Pashinyan se tenant côte à côte avec le président de l’Azerbaïdjan Aliyev. Ceux-ci ont été présentés comme les succès d’un processus de paix imposé par la Turquie.

Je tiens à le souligner, ce n’est pas seulement sur la question arménienne que l’attitude du gouvernement actuel est sans scrupules et glissant, il l’est tout autant sur la question kurde… Comme vous le savez, Bahçeli, le partenaire raciste du gouvernement, puis Erdoğan ont récemment évoqué le commencement d’un nouveau processus de résolution.

Q – Erdoğan a dit : « Il n’y a pas de problème kurde, ce pays appartient à la fois aux Turcs et aux Kurdes »…

R – Ils parlent même d’établir un dialogue avec Abdullah Öcalan à Imrali. Seulement, il y a un dirigeant kurde qui, actuellement, a mené une politique active en Turquie : Selahattin Demirtaş… Lui et des centaines de politiciens, de leaders d’opinion, de maires et de militants kurdes sont en prison…

Ne l’oublions pas, un défenseur des droits humains de renommée internationale comme Osman Kavala, et avec lui, les résistants de Gezi qui ont mené voici une décennie plus tôt une lutte pour une réelle application des droits humains et de la démocratie en Turquie croupissent encore dans les geôles. Il n’y a aucune avancée pour qu’ils puissent recouvrir la liberté. Les pressions sur les mairies kurdes se poursuivent comme avant… En plus, il y a en Turquie une Radio Ouverte (Açık Radyo) qui diffuse des émissions de grande qualité… Vos collègues avaient aussi par le passé réalisé un entretien avec moi… Açık Radyo a été fermée par le Conseil Suprême de l’Audiovisuel pour avoir utilisé dans une de ses émissions le 16 octobre dernier l’expression « Génocide arménien »… C’est un véritable scandale…
 
Q – Pourquoi a-t-elle été interdite parce qu’elle employait le terme de génocide arménien ? Y a-t-il une crainte ?

R – Dans le cadre des manœuvres diplomatiques d’Erdoğan, pour amuser la galerie, des choses peuvent être réalisées à destination de l’Arménie ou des relations avec le peuple arménien… Mais dès que les organisations démocratiques entrent dans le vif du sujet, qu’elles refusent de se contenter de mettre de la pommade sur une plaie, mais plutôt de la raviver pour dénoncer le crime commis contre la nation arménienne, l’un des plus anciens résidents et peuples des territoires de la Turquie actuelle, l’intolérance commence. C’est de cela qu’Açık Radyo a été la victime.

Vous le savez, tout en parlant d’amitié avec les Kurdes et en les appelants à « venir se rencontrer… La patrie est à nous tous », le maire d’Esenyurt, la plus grande municipalité d’Istanbul, élu avec les voix des Kurdes et des Turcs de la localité, a été démis de ses fonctions, et même arrêté, sur base d’accusations fabriquées de toutes pièces… Depuis une décennie, tous les maires kurdes de la région du Kurdistan ont été démis de leurs fonctions et ont vu des curateurs nommés à leur place. Ce procédé montre également que, malgré toutes les esbroufes opérationnelles de Bahçeli et d’Erdoğan, la brutalité continue.

Bien entendu, cette question ne se limite pas à la Turquie… Ce qui est important à nos yeux, c’est de voir non seulement ce qui se passe en Turquie, mais à l’extérieur de la Turquie… Nous nous battons depuis des années sur cette question en Belgique. Je voudrais dire ceci à propos de la lutte menée à l’étranger. L’un des points importants de la dernière résolution du Parlement européen sur l’Azerbaïdjan était le suivant : il était recommandé aux dirigeants de l’Union européenne d’empêcher les diplomates azerbaïdjanais de pratiquer la « diplomatie du caviar » auprès des institutions européennes et de leur en interdire l’accès. Mais il y a à peine deux jours, une grande réunion sur l’Azerbaïdjan a été organisée à Bruxelles, dans la capitale de l’Union européenne, avec la participation de multiples lobbyistes, et l’évènement a été présenté dans les médias turcs comme « une grande victoire diplomatique ».

L’attitude des dirigeants de la Turquie, mais aussi de ses médias, à propos de la reconnaissance du génocide des Arméniens et des relations avec l’Arménie et les diasporas arméniennes à travers le monde, a toujours été honteuse. Et j’en suis témoin. Le mouvement de gauche, au sein duquel je milite depuis des décennies en Turquie et dans l’exil, et je dis cela comme une forme d’autocritique, est également responsable devant l’histoire d’être resté silencieux face à ce déni honteux, et de ne pas avoir réclamé de comptes à l’État et aux médias négationnistes, jusqu’à l’assassinat de Hrant Dink en 2007.

Je donne un exemple de mon propre vécu. En tant que fils de cheminot, j’ai été personnellement témoin de la cruauté infligée par la gendarmerie aux pauvres paysans des villages de la steppe anatolienne sous prétexte de la guerre… L’un de ces villages était celui de Muncusun, dans la province de Kayseri. Historiquement, ce village arménien, Muncusun s’est vu vidé de sa population arménienne lors des pratiques génocidaires de la période ottomane, avant qu’y soient installés à leur place des immigrants turcs. Il y avait encore un sympathique arménien du nom de Karabet qui était par hasard resté dans le village, mais il n’était jamais fait mention du fait que le village était en fait un village arménien. Et je n’ai pas découvert l’histoire arménienne du village, non pas en Turquie où j’ai vécu pendant des années, mais seulement en exil.

Lorsque j’étais un jeune journaliste, en 1962, je rejoignis les rangs du Parti ouvrier de Turquie nouvellement organisé, et je fus même élu au conseil exécutif central… Plus important encore, dans les années 60 à Istanbul, je devins rédacteur en chef d’Akşam, le plus ancien journal de Turquie, dont je fis l’organe quotidien de la gauche, avant de faire paraître plus tard l’hebdomadaire socialiste Ant. Mais le génocide des Arméniens ne fut jamais à l’ordre du jour, ni au sein du Parti ouvrier de Turquie, ni dans les médias de gauche dans lesquels j’ai travaillé, et rien ne fut jamais écrit à ce sujet… Parce qu’aucune information ne nous était parvenue des précédentes générations de gauche…

À cette époque, il existait dans les pays socialistes des organes de presse en langue turque comme Notre Radio ou encore la revue Temps nouveaux. Alors que des personnalités arméniennes figuraient dans la direction du Parti communiste de Turquie illégal qui publiait cette presse, aucune déclaration ou annonce concernant le génocide des Arméniens n’est venue de leur part.

Un tournant très important pour moi… Après le coup d’État de 1971, nous nous sommes exilés pour organiser la Résistance démocratique en Europe contre la junte. Lors de mon arrivée en Belgique, nous informions les intellectuels et les journalistes de ce pays sur ce qui se passait en Turquie… Un soir, j’expliquais à un journaliste belge les pressions que nous subissions en Turquie lorsqu’il me demanda tout à coup : « Bien, mais que pensez-vous au sujet du génocide des Arméniens ? » Pouvez-vous imaginer, moi qui étais à l’époque l’un des responsables d’un mouvement de résistance, je n’ai rien su répondre à cette question… Après avoir hésité quelques secondes, j’ai dit « Écoutez mon ami, c’est l’un des sujets tabous en Turquie… Mais l’une des premières choses que je ferai en exil sera d’approfondir cette question, d’apprendre et de lutter pour que cela soit entendu »… Et depuis lors, je suis entré dans ce combat.
 
L’une des évolutions les plus importantes de notre présence en Belgique… C’était le 90e anniversaire du génocide de 1915. En tant qu’Info-Türk, nous avons organisé une série d’événements pour commémorer le génocide des Arméniens en collaboration avec la Fédération euro-arménienne, l’Association des Arméniens démocrates de Belgique, l’Institut kurde de Bruxelles et l’Institut assyrien de Bruxelles. Deux ans plus tard, nous avons pris part aux manifestations de protestation à la suite de l’assassinat de notre cher Hrant Dink. Depuis, notre lutte commune pour la reconnaissance du génocide de 1915 se poursuit.

Bien évidemment, c’est pour cela que nous subissons constamment des attaques. Lorsque je prends la parole lors de réunions de commémoration du génocide des Arméniens, on imprime ma photo et on me cible avec la mention « Voilà le traître à la patrie qui parle ». Dernièrement, lorsque les troupes turques et azerbaïdjanaises ont lancé leur opération contre le Haut-Karabagh dans le Caucase, nous, démocrate en Turquie et en Europe, avons publié une déclaration. Dès que la déclaration fut publiée, nous fûmes pris pour cible dans les médias de langue azérie avec la publication de nos photos.

Malgré tout cela, la lutte continue… La reconnaissance du génocide des Arméniens a été acquise grâce à ces luttes, tant au Parlement européen que dans les parlements et institutions belges. Nous verrons quel sera le prochain combat. Quels que soient les gestes faux de Tayyip Erdoğan, si la Turquie veut véritablement avancer dans la voie d’une démocratisation, elle devra satisfaire les revendications démocratiques des peuples kurde, arménien, assyrien et grec. N’oublions pas que la population totale de ces peuples, qui constituaient une grande part de la population durant l’Empire ottoman, est tombée en dessous des 100 000 unités dans une Turquie qui compte de nos jours 70 millions d’habitants.

Q – On parle d’un processus de normalisation des relations Arménie-Turquie. Quels pourraient être les projets de la Turquie et de l’Azerbaïdjan concernant l’Arménie et les Arméniens compte tenu de ce qui a été fait aux Arméniens du Karabakh ?

R – Permettez-moi juste de dire ceci en résumé… Les évènements du Caucase sont pour moi un véritable crève-cœur… Sous le slogan « Deux États – Une Nation », l’Azerbaïdjan est devenu une cinquième colonne de la Turquie et a été placée sous son contrôle total. N’oublions pas que, dans la même région, la Géorgie était bien plus tôt passée sous le contrôle du capital turc. Aujourd’hui, des voix s’élèvent en Turquie pour que « l’Arménie soit reconnue », des pourparlers sont en cours… Jusqu’où cela peut mener, je ne le sais pas. Bien sûr, cela dépend en grande partie de l’attitude que prendront la vie politique et les institutions en Arménie… L’attitude que prendra la diaspora arménienne dans le monde sera aussi très importante, parce que la diaspora constitue l’un des facteurs importants du sort de l’Arménie… Compte tenu de tout cela, ma prédiction est la suivante : l’État turc vise, à travers un accord avec l’actuelle administration en Arménie, au moins à ouvrir la frontière et à revitaliser les relations économiques et commerciales.

Q – Est-il possible d’ouvrir la frontière ?

R – Sous certaines conditions… Si le capital turc pense pouvoir y dominer, comme en Géorgie… Bien entendu, l’ouverture de la frontière ne dépend pas uniquement de la volonté de la partie turque… Quelle décision prendra l’Arménie ?

Q – Le gouvernement arménien souhaite l’ouverture de la frontière…

R – C’est ce que j’observe… Le gouvernement Pashinyan déploie un effort constant sur cette question… Le problème est le suivant… Après une telle ouverture, l’Arménie deviendra-t-elle un espace géographique dépendant de la Turquie, ou entretiendra-t-elle des relations d’égal à égal avec des droits égaux respectant sa propre histoire et sa propre existence nationale ? Bien évidemment, cet objectif dépend aussi des intellectuels et des forces politiques démocratiques et progressistes des deux pays…

Q – Erdoğan veut l’ouverture du corridor du Zanguezour pour normaliser les relations entre les deux pays ? Est-ce une menace ?

R – L’ouverture de ce corridor constitue un facteur important pour l’expansion de la Turquie vers l’Asie centrale et la Chine… Ils font tout pour sécuriser cette porte d’accès. N’oublions pas que la Turquie a créé, depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdoğan, une structure baptisée Conseil des États turciques, qu’il existe un tel conseil à l’instar des BRICS+… Le Premier ministre de Hongrie, qui assure actuellement la présidence de l’Union européenne, est également membre du Conseil des États turciques… En inventant une histoire selon laquelle les Hongrois seraient aussi d’origine turque, la Hongrie a également été inclue en son sein. Aujourd’hui, ils utilisent tous les moyens possibles pour garantir l’ouverture de ce corridor.

Q – Est-il possible qu’Erdoğan dise un jour « Nous sommes entrés en Arménie pour ouvrir ce corridor » ?

R – Cela dépendra avant tout des relations internationales… Cependant, la Turquie est toujours en processus de candidature d’adhésion à l’Union européenne et est également membre de l’OTAN… Elle doit prendre une décision en tenant compte de tous les facteurs en considération… Actuellement, je ne pense pas que la Turquie puisse de fait y faire main basse par une opération militaire, mais c’est aussi possible… Savez-vous quelque chose à ce sujet ? Y a-t-il une telle inquiétude ?

Q – Peut-être. Le gouvernement Pashinyan en Arménie croit à un tel rapprochement. Mais les gens comme moi comprennent que la normalisation ne sera pas facile… Même si la Turquie n’entre pas en Arménie, l’Azerbaïdjan le peut.

R – Ce danger est permanent… Le régime en Azerbaïdjan est un régime fascisant et envahisseur… Mais il a encore une autre chose qu’il ne faut pas oublier… Depuis l’arrivée d’Erdoğan au pouvoir, la Turquie est devenue un État envahisseur… Ils bombardent le nord de la Syrie et de l’Irak. Tout récemment, ils ont bombardé le Rojava… Maintenant, ils tentent d’unir leurs forces avec l’administration kurde en Irak et d’y écraser ensemble la résistance kurde… Et ce n’est pas tout. Je remonterai encore plus loin. Même avant Erdoğan, du temps d’Ecevit, qui fut un temps un démocrate légendaire et qui était à l’époque à la tête de la Turquie en qualité de Premier ministre, la moitié de Chypre fut occupée, et le nord de Chypre est en ce moment dans la situation d’une colonie occupée… C’est une réalité… Cette vérité ne se limite pas au seul Erdoğan… Permettez-moi aussi de dire ceci : le Parti républicain du Peuple est actuellement le principal parti d’opposition en Turquie… D’accord, nous le respectons, ils ont remporté un grand succès aux élections, peut-être deviendront-ils majoritaires aux prochaines élections, et peut-être obtiendront-il la présidence…

Mais l’une des premières choses qu’Özgür Özel, le président de ce parti, a fait après avoir été élu à sa présidence, fut de se rendre à Strasbourg et de défendre le régime dictatorial azerbaïdjanais devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Il y a quelque temps, les parlementaires azéris avaient été exclus de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en raison des violations des droits humains en Azerbaïdjan. Lors de cette visite, il a martelé : « Nous ne l’acceptons pas, ils doivent être réintégrés ».

Alors que l’occupation du Haut-Karabagh se poursuit, tous les partis représentés à la Grande Assemblée nationale de Turquie ont exprimé leur soutien à cette opération, et des prières ont été dites à l’Assemblée conquérante pour célébrer l’invasion victorieuse. Parmi ceux qui ont apporté leurs suffrages à cela, on trouve aussi le principal parti d’opposition, le Parti républicain du Peuple… Cela, va-t-il changer, nous le verrons au cours du processus.

Q – Pour finir, le ministre arménien des Affaires étrangères a déclaré que la question du génocide des Arméniens ne constituait pas l’une des questions les plus importantes pour l’Arménie dans ce nouveau processus. Cependant, l’un des problèmes majeurs pour l’Arménie est bien le génocide des Arméniens. Un siècle après le génocide des Arméniens, des Arméniens ont été à nouveau tués dans le Haut-Karabagh. Erdoğan soutient toujours l’Azerbaïdjan.

R – L’État turc veut réellement établir une hégémonie régionale avec les États turcophones du monde. Ceux qui conduisent cette hégémonie voient l’Arménie comme un obstacle. Peut-être que l’Iran est le seul dans cette région à se montrer plus douce et amicale envers l’Arménie, mais l’État turc est en mesure de complètement téléguider tous les autres… À cet égard, de mauvaises surprises peuvent survenir à tout moment. Le monde traverse en ce moment une grande crise… Ce qui se passe en Palestine, les attaques contre l’Iran… Lorsque je regarde d’ici par la fenêtre, par temps sans brouillard, je peux voir au loin les toits du quartier général de l’OTAN… Une guerre nucléaire peut s’enclencher, tout peut arriver… Dans ce processus, l’Arménie pourrait être confrontée à des réalités très douloureuses… La Turquie aussi peut y être confrontée, le peuple turc également… À cet égard, il est de notre devoir d’unir nos forces et d’œuvrer pour la solidarité de tous ces peuples dans un environnement pacifique et démocratique… 

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN


Politique intérieure/Interior Politics

Kémalistes, à la récherche du leader défunt

Ragip Duran, TVXS.GR, 17 novembre 2024

- Moustapha Kemal Atatürk est notre âme indestructible et immortel!

- Atatürk est le plus grand homme d’état sur la terre qui a fondé la République de Turquie éternelle, il est en même temps le plus grand militaire et le plus grand activiste de la paix.

- Atatürk est notre Allah!

Ces lignes, ces phrases désormais classiques étaient prononcées le 10 novembre dernier, pendant les cérémonies officielles à travers tout le pays pour commémorer le 86e anniversaire de la disparition d’Atatürk.

Le culte de la personnalité et l’amour fou presque religieux d’une grande partie de la population turque se développe de jour en jour depuis l’avènement au pouvoir du Président Erdogan en 2002.

Des milliers de fans étaient venus de Turquie pour être présent ce même jour devant la maison de naissance de M. Kemal à Thessaloniki.

Faut-il également ajouter que ce sont essentiellement les grands holdings financiers, industriels et commerciaux qui produisent et diffusent des spots publicitaires nostalgiques et sentimentaux Kémalistes sur les médias traditionnels et électroniques.

A 09 h 05, l’heure officielle de la mort de ce héros national, la production, l’éducation, la circulation, la vie toute entière s’arrêtent, les gens devenus soldats de plomb, s’immobilisent pendant quelques minutes en hommage à leur père fondateur. On n'entend que les sirènes des militaires et policiers.

Il y a bien entendu des exceptions qui ne font pas partie de la cohorte: presque l’ensemble des Kurdes friand de leur identité nationale, une grande partie des islamistes et tout naturellement les Arméniens, les Grecs et autres anciens sujet non-turcs et non-musulmans de l’Empire Ottoman. Ces derniers étaient victimes du Génocide, ils étaient expulsés de leurs terres natales et les nouveaux maîtres avaient mis main sur leurs propriétés à l’époque Kémaliste.  

De même, les puissances européennes n’accordaient pas beaucoup de crédit à Atatürk, que les spécialistes français nomment “le dictateur éclairé”.

Atatürk reste un tabou pour l’Etat, la nation, l’académie et les médias turcs. Il y a même une loi spéciale, no. 5816, décretée en 1951, pour punir “les crimes commis contre Atatürk”.

Aujourd’hui quand on critique Atatürk, on devient tout de suite “agent de l’impérialisme occidental” ou bien “valet des islamistes”.

Le Prof. Daron Acemoglou, économiste arménien né à Istanbul, enseignant à MIT (Boston- USA), Prix Nobel d’économie 2024 a eu le courage d’analyser différemment le fait Kémaliste ce même jour du 10 novembre lors d’une interview sur YouTube suivi par plus d’un million de citoyens: “Il avait la chance, mais il l’a raté. Il était obligé dans certains domaines d’agir comme ça. Mais par ailleurs, il a réalisé de très bonnes réformes, par exemple au sujet des droits des femmes. Bien qu’il avait l’option d’élargir le système politique, il a fait exactement le contraire. Il a centralisé tout le pouvoir en lui-même. Est-ce qu’il y avait une possibilité de créer un système plus démocratique? Peut-être oui. Parce que depuis l’époque ottomane et je dirai même pendant la guerre d’indépendance (1919-1923), surtout juste avant qu’Atatürk s’approprie la totalité du pouvoir, les Parlements étaient beaucoup plus pluralistes. Ce qui est également important, c’est l’origine politique d’Atatürk. D’où il vient? Il vient du Comité d’Union et de Progrès (CUP). Ce dernier est une institution, est une pensée pas très proche de la démocratie. CUP agit plutôt du haut vers le bas. Est-ce qu’il y avait une probabilité d’inclure dans le système les milieux un peu plus conservateurs? En dernière analyse, quand vous imposez quelque chose au peuple, il y a l’effet de boomerang. Le peuple refuse. Quant aux réformes, moi, je crois qu’il pouvait agir d’une façon plus pluraliste au lieu d’une politique répressive.”   

Acemoglou n’a même pas parlé des actions et des propos de M. Kemal Atatürk visant en générale les non-musulmans et en particulier les Arméniens. 

Ses propos ont été violemment critiqués voire condamnés sur les réseaux sociaux par la grande majorité de citoyens, de politicologues et d’économistes encore et toujours très fidèles à Atatürk sans une goutte de doute et d’interrogation. “Pour recevoir le Prix Nobel, il faut insulter Atatürk” croit un “professeur” Kémaliste.

Presque l’ensemble des citoyens qui s’opposent contre le régime d’Erdogan prennent Atatürk comme le chef actuel de l’opposition politique. La carence d’un parti et d’une politique authentiquement d’opposition et vraiment démocratique dirigé aujourd’hui les mécontents d’Erdogan vers le fondateur de la République, mort en 1938.

Ankara et les Kurdes: chaos et delirium sur le terrain

Ragip Duran, TVXS.GR, 11 novembre 2024
La scène politique en Turquie ressemble beaucoup à un court de tennis quand même un peu exceptionnel voire très bizarre. Car il y a au moins 4 filets donc 4 terrains superposés aléatoires où jouent au moins 8 joueurs avec plus de 16 balles! De plus, il n’y a pas de règles! Chaque joueur peut faire ce qu’il veut, il peut même parfois tirer sur un de ses adversaires à l’aide d’un kalachnikov! Il y a également de en temps, les spectateurs qui descendent sur le terrain, jettent de nouvelles balles, des pierres et voire des cocktails Molotov.

L’absence du Droit, la carence d’un mécanisme d’Etat, la volonté du Président tout-puissant arbitraire et autoritaire ont crée cette atmosphère d’enfer. 5 dates à retenir:

- Le 1er octobre dernier, le chef du parti d’extrême-droite M. Devlet Bahceli, Président du MHP (Parti de l’Action Nationaliste, 50 sièges sur 593 au Parlement, allié d’Erdogan) est allé chez les députés de DEM (Parti de l’Egalité et de la Démocratie des Peuples, 57 sièges, kurdes et gauches) leur serrer la main. Grande, très grande surprise! Est-ce que le pouvoir commence à se réconcilier avec les Kurdes, traditionnellement accusés de ‘’séparatisme’’, de ‘’terrorisme’’ et de ’’traîtrise à la nation’’?

- Le procureur de la prison de l’île d’İmrali (Marmara) a annoncé le 16 octobre qu’Ocalan a reçu une nouvelle peine de discipline, donc il ne peut pas recevoir de visiteur pendant 3 mois.

- Le 22 octobre, M. Bahceli va encore plus loin: Il invite le Président du PKK Abdullah Ocalan, en prison depuis 1999 à venir faire un discours au Parlement turc pour annoncer la fin de la lutte armée et la dissolution de son organisation. Choc politique dans l’ensemble du pays. Le Président Erdogan, soutient timidement cette initiative. Les Kémalistes sont fous de rage et les Kurdes espèrent avec un peu de précaution l’ouverture d’un nouveau processus de paix.

- Le 31 octobre, le ministère de l'Intérieur nomme un administrateur à la place du maire élu d’Esenyurt (Istanbul), le plus peuplé district du pays, avec environ un million de résident. Le maire, le Prof. Ahmet Ozer, accusé ‘’d’aider les terroristes’’, a été emprisonné le 30 octobre. Cet universitaire kurde avait gagné les élections grâce à une coalition des sociaux-démocrates et des Kurdes.

- Enfin, le 4 novembre, le ministère de l'Intérieur nomme 3 administrateurs à la place de 3 maires kurdes élus à Mardin, Batman et Halfeti (Sud-est). Le district d’Urfa, Halfeti est le lieu de naissance d’Ocalan. Désormais, personne ne parle plus de paix.

‘’L’initiative de Bahceli n’était qu’un piège’’ affirme un député de DEM. Les Kémalistes sont contents. Erdogan ne parle plus.

Alors que s’est-il passé entre le 1er octobre et le 4 novembre?

En l’absence de transparence, les spécialistes et chroniqueurs ne peuvent avancer que des scénarios.

- Le régime s’affaiblit et a besoin de nouveaux alliés. Les Kurdes qui sont contre les Kémalistes peuvent peut-être soutenir Erdogan qui désire faire une nouvelle Constitution pour redevenir Président en mai 2028.

- La Guerre au Moyen-Orient risque d’influencer de plus en plus la Turquie. Alors cette dernière doit renforcer son unité nationale.    

Mais on ne sait pas encore pourquoi l’initiative de Bahceli a été mise hors circuit. Deux réponses:

- Devant la grande opposition massive d’une très grande partie de l’opinion publique turque, l’invitation adressée à Ocalan est annulée.

- L’initiative de Bahceli était une proposition d’une fraction de l’Etat. L’autre fraction l’a cassé.

Les joueurs des courts de tennis continuent à jouer, les spectateurs les suivent sans savoir ce qui se passe. Les journalistes, les spécialistes, les commentateurs se contentent de décrire les scènes successives. L’écran électronique qui montre les points ne change pas du tout: Zéro partout!

Le principal parti d’opposition accusé de « terrorisme »

L’arrestation d’un maire issu du principal parti d’opposition fait craindre que le pouvoir turc tente d’emprisonner ses principaux opposants.

Mercredi 30 octobre au petit matin, la police antiterroriste turque faisait irruption au domicile d’Ahmet Özer, maire d’opposition d’Esenyurt, le quartier le plus peuplé d’Istanbul. Accusé de liens avec le « terrorisme », l’ancien universitaire d’origine kurde a été placé en détention le jour même.

Au cours des années précédentes, de telles arrestations de maires se sont multipliées dans l’est du pays, dans les régions kurdes, visant des élus du parti pro-kurde accusés de soutien ou de propagande d’une « organisation terroriste » [la guérilla kurde du PKK]. Mais pour la première fois, c’est un élu du principal parti d’opposition, le CHP, fondé par Mustafa Kemal « Attatürk », le fondateur de la République de Turquie, qui est visé. Un coup de tonnerre pour l’opposition, qui a réuni plusieurs milliers de ses sympathisants sur la grande place du quartier, jeudi 31 octobre.

Lire aussi. En Turquie, le pouvoir prêt à discuter avec Abdullah Öcalan, le chef emprisonné de la guérilla kurde

Des accusations de « terrorisme » jugées fantaisistes

Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, réélu avec une large avance lors des dernières élections de mars y a fustigé la « dérive dictatoriale » d’un pouvoir qui, selon lui, instrumentalise la justice et qui considère que « ceux qui ne votent pas pour lui sont des terroristes ». L’édile de la plus grande ville de Turquie et principal opposant est d’autant plus concerné qu’il pourrait être le prochain sur la liste. Il a en effet été condamné en 2022 à plus de deux ans de prison et à une interdiction de la vie politique pour avoir qualifié « d’idiot » le ministre de l’Intérieur de l’époque. Un jugement encore en appel et dont la décision de juges est attendue prochainement.

Les « preuves » retenues contre le maire d’Esenyurt consistent en des contacts téléphoniques avec des personnalités kurdes de la diaspora ou encore l’organisation de concerts, avec l’accord de la préfecture. Des accusations jugées fantaisistes par l’opposition, qui promet que la mobilisation pour demander sa libération va perdurer. (ouest-france, 1 nov 2024)


Turquie: Dynamisme plein de sang et de chienlit
 
Ragip Duran, TVXS.GR, 28 octobre 2024
 
On dit toujours que la Turquie est un pays très dynamique. Alors que la vérité est que le pays est très instable. L’agenda des dirigeants, des médias et de l’opinion publique change si vite que les citoyens ont du mal à suivre de près et surtout à comprendre en détail ce qui se passe. Le poète anarchiste Ece Ayhan (1931-2002)  décrivait cette situation par la phrase “Oui il y a beaucoup de changement, mais pas de progrès”. Les manchettes à la une des quotidiens, des bulletins d’information, des stations de radio, des sites online d’information et celles des journaux télévisés changent au moins trois fois par jour. Un malheur cache un autre mais un bonheur n’est pas suivi d’un second.
 
Déjà depuis la fondation de la république kémaliste en 1923, les régimes successifs n’ont pas pu bâtir et faire fonctionner des institutions démocratiques qui défendent les intérêts des citoyens, ceux de la société voire ceux de la nation. Le Président Erdogan, depuis 2002, est arrivé à détruire presque complètement l’ensemble des institutions de l’Etat pour installer un mécanisme dirigé uniquement par lui-même, dont l’objectif est de sauvegarder à vie son fauteuil, et cela, à l’aide des décisions et des prises de position arbitraires.
 
Cinq événements ont marqué la troisième semaine d’octobre :
 
* La Bande des Nouveaux Nés, une organisation mafiatique soutenue par les propriétaires des hôpitaux privés, des médecins et des anciens ministre de la Santé, enlevait des bébés des couveuses pour ensuite les tuer et vendre leur sang et autre organe.
 
* L’interdiction par la Haute Autorité des Radios et Télévisions (RTUK) des émissions d’Acik Radyo (La Radio Ouverte), sans aucune décision du judiciaire. Cette station organisée sous une coopérative des auditeurs, intellectuels libéraux et de gauche, avait parlé de “ce qu’on appelle le Génocide Arménien”, motif de l’interdiction. La réaction fut assez populaire et Acik Radyo, “Radio ouverte à toutes les voix, toutes les couleurs et toutes les vibrations de l’univers” selon son slogan fondateur,  désire désormais poursuivre  ses émissions sur You Tube.
 
* La mort aux Etats Unis de Fetullah Gulen (83), chef d’un secte, ancien allié et nouvel ennemi d’Erdogan a fait couler beaucoup d’encre. Erdogan lui même et l’ensemble de ces amis étaient des sympathisants voire des fanatiques de “Fetullah Hodja” (Islamiste modéré pro-américain qui dirigeait un empire mondial commercial de plusieurs milliards de dollars US, actif dans l’enseignement et les médias) mais il est devenu, à la suite de l’opération de 17-25 décembre 2013, “chef d’une bande terroriste”. A l’époque les partisans de Gulen, policiers, procureurs et juges engagés par Erdogan, voulaient déchiffrer les actes de corruption et de pot-de-vin des proches d’Erdogan.  Gulen est également accusé d’être l’architecte de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016. Plusieurs milliers de membres du secte ont été emprisonnés à la suite des interrogations et des procès. Plusieurs milliers des activistes de Gulen ont dû fuir le pays. Mais  “la tête politique” de ce soi-disant coup d’Etat n’a jamais été révélé. Aujourd’hui les anciens sympathisants de Gulen déversent des insultes à leur ancien dignitaire religieux.
 
* La classe politique d’Ankara et de tout le pays ont reçu un choc monumental quand ils ont entendu le discours du Président Devlet Bahceli (Chef du MHP, extrême-droite, hyper-nationaliste, allié d’Erdogan, 50 sièges sur 593): “Ocalan  doit venir faire un discours au Parlement pour déclarer la dissolution du PKK et rendre les armes”.
 
C’était comme si le chancelier Adolf Hitler invite le dirigeant communiste Clara Zetkin à prendre la parole au Reichstag en janvier 1933!
 
Abdullah Ocalan, leader du Parti des Travailleurs du Kurdistan (Le PKK crée en 1978, mène une lutte armée contre le gouvernement central depuis 1984 pour les droits des Kurdes, selon ses propres propos.) est en prison depuis 1999 et en isolation complète depuis plus de trois ans sur l’île d’İmrali, Marmara.
 
L’ensemble des courants Kémalistes, la droite conservatrice et les milieux anti-kurdes s’opposent violemment contre cette proposition.
 
Les Kurdes, très méfiants vis à vis du régime, victime du premier processus de paix (2010-2015), demandent des garanties constitutionnelles, une institutionnalisation et une négociation transparente au Parlement.
 
Le débat continue.
 
* Une descente armée à Ankara le 23 octobre par deux assaillants contre le siège social de TUSAS (L’Industrie Aérospatiale de Turquie, un établissement à caractère public qui produit des avions militaires et civils) a causé la mort de 5 personnes. 14 autres personnes ont été blessées et les deux assaillants ont été tués. Le préfet d’Ankara a tout de suite déclaré qu’il s’agit d’un attentat terroriste perpétré par le PKK. Il a également interdit la publication et la diffusion de toute information concernant cet attentat.
 
Le DEM (le Parti de l’Égalité et de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, troisième parti de l'Assemblée nationale avec 57 sièges) tout en condamnant l’attaque précise que le “timing de l’attentat était significatif”, alors que l’opinion publique discutait sur l’éventualité d’un nouveau processus de paix entre Ankara et le PKK.
 
“Ainsi va la vie”, disait le grand journaliste de télévision américain Walter Cronkite (1916-2009) à la fin de ses bulletins d’information. Mais de nos jours en Turquie, ce n’est pas la vie, mais le désordre qui s’avance.

Forces armées/Armed Forces

Le Président Erdogan contre les jeunes lieutenants

Ragip Duran, TVXS.GR, 23 novembre 2024

Le 30 août dernier (Fête de la Victoire, à la suite de la bataille finale en 1922) lors de la cérémonie de remise des diplômes dans la cour de l’Ecole Militaire de l’Armée de Terre, la majorité des étudiants promue lieutenant, avait organisé une célébration alternative à la fin de la cérémonie officielle. Dirigés par Mme Ebru Eroglu, la première femme devenue première de sa promotion, ces jeunes militaires avaient collectivement lu un serment militaire sur la défense de la patrie et la fidélité envers M. Kemal Atatürk. Ils avaient tiré leurs épées en l’air et avaient scandaient “Nous sommes les soldats de Moustapha Kemal !”.

Grand choc dans les milieux du pouvoir, les porte-parole d’Erdogan ont violemment critiqué ces nouveaux lieutenants :

- Contre qui vous tirez vos épées?

- C’est un pas vers un coup d’état militaire!

- C’est une révolte organisée contre l’ordre établi!

Erdogan a estimé qu’il s’agissait d’une manifestation contre lui-même et il était fou de colère:

- Il s’agit d’une poignée d’impertinents… Nous ferons tout afin qu’ils reçoivent les peines qu’ils méritent. 

Ce fut ce même Erdogan le même jour qui avait délivré de ses mains le diplôme de Mme Eroglu.

Des trolls du pouvoir avec des pseudonymes insultent sur la Toile ces lieutenants et en particulier Mme Eroglu d’une façon très dégoutante. Les requêtes de cette dernière ont été refusées par le Parquet “en raison de la carence du nom de la requérante dans les messages”.  

L’opposition Kémaliste a essayé de défendre les lieutenants et croit que le slogan “Nous sommes les soldats de Moustapha Kemal! “ n’est en aucun cas un crime.

Le 18 novembre, le ministère de la Défense Nationale a décidé de saisir le Conseil de Discipline, car “ces soldats ont désobéi à l’ordre et ont ainsi violé les règles militaires” selon le communiqué écrit.

Le Ministère précise par ailleurs que ni le serment lu ni le slogan lancé sont les sujets de l’investigation. Alors que le Président de la principale formation de l’opposition, le Chef du CHP (Parti Républicain du Peuple, Kémaliste, 128 sièges au Parlement sur 593)  M.Ozgur Ozel a déclaré: “Est-ce que le Conseil de Discipline sera encore saisi si ces jeunes soldats lancent le slogan ‘Nous sommes les soldats d’Erdogan!’ ou bien  ‘Nous sommes les soldats d’Allah!’?”

Il y aurait selon les cercles proches du Ministère “moins de 10 soldats qui seront devant le Conseil de Discipline”. Ils risquent d’être renvoyés de l’armée. Les avocats de la défense refusent les accusations et les thèses du Ministère. Le Conseil n’a pas encore publié sa décision finale.

L’ensemble des leaders des partis de l’opposition, à l’exception de DEM (Parti de l’Egalité et de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, troisième parti du Parlement avec 57 sièges) défendent les lieutenants et condamnent le pouvoir.

Des manifestations de masse pour soutenir les lieutenants sont organisées surtout dans les villes où le CHP est bien implanté.

“La direction de l’armée a été ’purifiée’ des Kémalistes à la suite de la tentative du Coup d’Etat du 15 juillet 2016. Plusieurs dizaines d’officiers hauts gradés ont été emprisonnés ou limogés. Mais les jeunes militaires comme ces nouveaux lieutenants sont encore animés d'esprit kémaliste. Ceci dérange Erdogan” analyse un professeur de droit public en exil en Allemagne.

“La direction de l’armée a été ’purifiée’ des Kémalistes à la suite de la tentative du Coup d’Etat du 15 juillet 2016. Plusieurs dizaines d’officiers haut gradés ont été emprisonnés ou limogés. Mais les jeunes militaires comme ces nouveaux lieutenants sont encore animés d‘esprit kémaliste. Ceci dérange Erdogan” analyse un professeur de droit public en exil en Allemagne.

Report: Turkey’s quest for hegemony over drone diplomacy

The report “Turkish Drone Industry“, published by the Drone Observatory, examines the development of the Turkish drone industry and the expansion of the Turkish drone market in the Middle East and surrounding regions. Turkey’s leadership in the drone market is in line with Turkey’s ambitions for regional hegemony, but poses risks to regional political stability as drones enable new types of conflict.

The report comes at a time when Turkey has increased its drone production by more than tenfold over the past decade, making it the world’s leading seller of this type of weapon. However, efforts to develop and produce drones are not separate from Turkey’s political strategy of becoming a dominant power in the Middle East region and expanding its own sphere of influence outside the region. Using a combination of diplomatic, commercial and political means, Turkey has been able to sell its own drones to states and militaries in Eastern Europe, the Middle East and dozens of African states. Since 2020, Turkey has dominated the drone market.

Meanwhile, on the African continent, dozens of conflicts between states and local militias have used drones. These facts reflect the reality that Turkey’s drone diplomacy could have a negative impact on political stability, questioning Turkey’s commitment to lasting peace and calling for its enthusiasm for the drone industry to be interpreted in the light of its hegemonic ambitions.

In the section on ‘Turkey’s strategic context’, the report signals that after 2016, Turkey has taken “an openly more aggressive stance in its immediate environment, as well as towards its international partners”. Turkey has intervened “in the Middle East (against the Syrian Kurds), in North Africa and on energy issues in the Eastern Mediterranean (in opposition to Marshal Haftar in Libya) or in the Caucasus (through its support for Azerbaijan against Armenia)”. As the report explains, Turkey’s stance is in line with its ambition to become a hegemonic power in the region. In this context, Turkey’s military expenditure has increased over the past decade.

The authors make it clear that the Turkish state has helped the drone industry to penetrate the market of foreign states by “using [Turkey’s] soft power as much as hard power, to enabling delegations of Turkish entrepreneurs, both civil and defence, to exploit this external leverage to conquer new market shares.” In particular, the report highlights that Turkey has “signed military cooperation agreements with 30 African states since 2017”.

Turkey’s drone industry is led by two major companies, the privately owned Baykar and the state-owned TAI (Turkish Aerospace Industry). “The influence exerted by each of the companies on the Presidency is crucial,” the report says, despite the companies being in high competition since the 2000s. At the same time, the report notes, “Turkey’s defence budget increased by 150% in 2024 to reach $40.5 billion”, a clear sign of the Turkish state’s involvement in the defence industry. The authors also note the “family relationship between Baykar’s CEO, Selçuk Bayraktar, and the family of President Recep Tayyip Erdoğan (son-in-law)”.

The report lists Baykar’s TB2 and TAI’s Anka-S as the most exported drones. The cumulative total of exported Turkish drones exceeds 400, with exports reaching Africa, the Middle East and Asia, as well as Eastern Europe. Turkey also exported dozens of drones to Ukraine in 2022. “It was decided to build a Baykar production facility on Ukrainian soil, with the idea of getting the produced drones to the front line as soon as possible,” according to an agreement signed in February 2022. It is worth noting that “the majority have been shot down or neutralised electromagnetically”, the report says. Finally, the author estimates Turkey’s drone production at a maximum of 240 units per year, highlighting the 40-fold increase in production capacity between 2014 and 2022.

Other observatories, like Drone Wars, have noted that Turkey has begun exporting drones to dozens of countries around the world, many of them on the African continent. The proliferation of armed drones is reportedly causing many civilian deaths in African states, where conflicts are developing and taking new forms following the availability of drones. Drones have also reportedly been used in Turkey’s neighbour Iraq to carry out attacks against Kurdish civilians. “The increasing proliferation and use of armed drones is largely overlooked,” notes Drone Wars, “As always, it is civilians who pay the price.” (MedyaNews 15 novembre 2024)

La Croatie va acheter 6 drones Bayraktar TB2 turcs pour 86 millions d'euros

La Croatie va acheter six drones tactiques Bayraktar TB2, fabriqués par la Turquie, a annoncé jeudi le gouvernement, quelques jours après l'accord donné par un comité parlementaire pour l'acquisition de huit systèmes de lance-roquettes américain Himars.

Les six drones, dotés de système électro-optique de surveillance et de "complet initial" de munitions, ainsi que la formation de pilotes, seront payés 86 millions d'euros, a précisé le gouvernement dans un communiqué.

Ces drones de combat permettront à la Croatie, pays membre de l'Otan, de "répondre avec succès aux menaces contemporaines", a-t-il précisé.

Mardi, le comité de défense du Parlement croate avait donné son aval à l'achat de huit systèmes Himars, un lance-roquettes multiples de fabrication américaine, pour près de 290 millions de dollars (274 millions d'euros).

Cet achat marquera "une nouvelle époque pour les unités d'artillerie" croates, a affirmé le chef d'état-major des armées Tihomir Kundid.

Le gouvernement a en outre lancé jeudi les "préparations" pour l'achat de "jusqu'à 50 chars" allemands Leopard 2A8, une acquisition qui prévoit aussi l'envoi par la Croatie de ses anciens chars et de véhicules blindés de combats de l'époque yougoslave à l'Ukraine.

La Croatie - également membre de l'Union européenne - s'est fait livrer en avril par la France six des douze avions de combats Rafale commandés en 2021. (AFP, 14 nov 2024)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Islamisme à l’école, second cri d’alarme

Par Dorian de Meeûs, La Libre Belgique, 17 novembre 2024
Le procès de l’attentat contre Samuel Paty se tient actuellement à Paris. Cet enseignant d’histoire-géo a été poignardé et décapité en sortant de son collège le 16 octobre 2020. La cour d’assises spéciale va juger sept hommes et une femme et tenter de décortiquer l’engrenage infernal qui a poussé un islamiste à éliminer ce professeur qui avait montré deux caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. De la colère d’un parent d’élève à l’assassinat, il n’y avait qu’un pas, une étincelle.

En Belgique, les journalistes Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt ont courageusement recueilli des témoignages d’enseignants, parfois de culture musulmane, qui confient leur solitude et leur peur face à la montée de l’idéologie islamiste dans leurs classes. Leur livre Allah n’a rien à faire dans ma classe, dont La Libre a récemment fait un dossier, est un cri d’alarme qu’il faut entendre. Pourtant, ce samedi, la rencontre avec des lecteurs prévue à la Fnac de la Woluwe a été annulée... à la suite de menaces de "jeunes" qui invoquaient l’interdiction de citer le nom d’Allah, exigeaient l’annulation de la conférence et même la censure du livre. L’obscurantisme l’a emporté. Fermer les yeux face à ce fondamentalisme religieux serait dramatiquement dangereux.

Les intimidations et menaces à l’encontre du personnel de la Fnac représentent un deuxième cri d’alarme. Il ne peut être minimisé, ni par les citoyens, ni par les politiques, tous partis confondus. L’intolérance des islamistes ne se limite pas à la liberté d’expression. Il suffit de se souvenir que Bruxelles n’a pas été capable d’accueillir la rencontre footballistique entre les Diables et l’équipe d’Israël. Ce cruel manquement de l’État à assurer l’ordre, à baliser un vivre-ensemble bienveillant et à défendre des libertés fondamentales est à la fois consternant et inquiétant. Face au prosélytisme religieux, remplaçons la naïveté et la lâcheté par des actes concrets, de la prévention jusqu’aux condamnations.

L’annulation de cette rencontre à la Fnac démontre à quel point les témoignages de ces enseignants s’avèrent essentiels. Le déni n’est pas une option. Il y va de la protection de l’égalité des sexes, des libertés de conscience et d’expression, de l’acceptation de l’homosexualité ou encore de l’apprentissage de l’esprit critique. Il faut entendre et outiller ces enseignants, car les élèves d’aujourd’hui seront les adultes de demain.

Socio-économique / Socio-economic

Près de 500 mineurs occupent une mine contre un projet de privatisation

Près de 500 mineurs occupent depuis mercredi une mine de charbon de la province d'Ankara, en Turquie, pour protester contre un projet de privatisation, a affirmé vendredi un responsable syndical à l'AFP.

Un vidéaste de l'AFP a vu vendredi matin un petit groupe de mineurs casqués assis autour d'un feu à l'extérieur de la mine de Çayirhan (centre), dont l'accès était bloqué.

"Les mineurs sont inquiets pour leur avenir, la sécurité de leur emploi et leurs conditions de travail", a déclaré à l'AFP Talih Kocabiyik, un responsable local du syndicat de mineurs Maden-Is.

Les mineurs, reclus à quelque 300 mètres de profondeur, menacent d'entamer une grève de la faim si le projet de privatisation de la mine et de la centrale thermique de Çayirhan n'est pas abandonné.

Selon M. Kocabiyik, les grévistes s'inquiètent d'une course à la production, au prix de négligences en matière de santé et de sécurité.

"Nous tentons de défendre notre pain. Nous irons jusqu'au bout", a assuré à l'AFP un des mineurs, Osman Kazan.

La Turquie, encore très dépendante de son charbon, reste profondément marquée par la catastrophe de la mine de Soma, dans l'ouest du pays, où 301 mineurs ont péri en 2014 après une explosion et un incendie qui avaient provoqué l'effondrement d'un puits. Le site avait été privatisé en 2005.
 Plusieurs accidents mortels ont eu lieu depuis dans des mines du pays.

Le chef du principal parti de l'opposition turque (CHP, social-démocrate), Özgür Özel, et le maire CHP d'Ankara, Mansur Yavas, sont venus soutenir jeudi les mineurs de Çayirhan.

"Après les privatisations, il y a des licenciements, une pression sur la production et des inquiétudes en matière de sécurité au travail (...) C'est pourquoi nous nous opposons à cette privatisation", a déclaré M. Özel lors de sa visite. (AFP, 22 nov 2024)

Men killed 4,179 women, injured 7,221 women in 15 years

According to reports compiled by bianet from local and national newspapers, news websites, and agencies, men in Turkey killed at least 344 women in the 322 days between January 1, 2024, and November 18, 2024.

During the same period, the deaths of at least 263 women were "suspicious," which could not be clearly determined to be femicides or not.

From January 1, 2010, to November 18, 2024, men killed 4,179 women and injured 7,221 others.

Between January 1 and November 18, men committed the following crimes, according to incidents reported in the press, Men killed 344 women, harassed 110 women, abused 201 children, subjected 558 women to violence, raped 13 women, forced at least 544 women into prostitution. The deaths of 263 women were "suspicious" while men killed at least 40 children. (BIA, 21 November 2024)

Le scandale du "gang des nouveau-nés" en Turquie

Inhumain, monstrueux, sordide… les mots manquent pour qualifier l'horreur qui a saisi les Turcs à la découverte des détails de l'affaire du "gang des nouveau-nés", révélée mi-octobre. Depuis le 17 octobre, la population découvre avec stupeur l'existence d'un réseau criminel actif dans une vingtaine d'hôpitaux publics et privés dans les villes d'Istanbul (16 millions d'habitants) et de Tekirdag (1 million d'habitants), en Thrace à l'ouest du pays.

Une quarantaine de soignants – médecins, infirmiers et brancardiers – sont accusés d'avoir organisé un trafic de nourrissons afin d'extorquer un maximum d'argent au système de sécurité social (SGK) et aux familles. Au moins dix nourrissons auraient trouvé la mort lors de ces trafics, mais la médiatisation de l'affaire fait remonter de nouveaux cas, et le bilan pourrait s'alourdir.

De faux diagnostics présentés aux parents

"Que s'est-il exactement passé pendant ces jours en soins intensifs ? Pourquoi la commission disciplinaire a-t-elle finalement classé le dossier ? Est-ce que le fait qu'un ministre soit impliqué a contribué à brouiller les responsabilités ? " ne cesse de se demander Sibel Kösal, 41 ans, qui a perdu un enfant en 2017 dans l'un des hôpitaux impliqués dans ce réseau. Depuis la médiatisation de l'affaire, cette maman a perdu le sommeil, les interrogations autour des circonstances de la mort de sa petite fille sont devenues une obsession.

Il y a sept ans, cette femme au foyer a été transférée à l'hôpital privé d'Avcilar (arrondissement de la rive européenne d'Istanbul, NdlR) pour un accouchement par césarienne qui s'annonçait sans complications. "J'avais été très prudente pendant la grossesse, tous les suivis avaient été faits, le bébé était en pleine forme", se souvient-elle.

Les heures qui ont suivi vont se transformer en cauchemar. Alors qu'elle attend son nouveau-né, une petite fille baptisée Zeynep, l'équipe médicale l'informe que l'enfant a été transférée en unité de soins intensifs. Les mots des soignants se veulent rassurants, mais les heures d'attente vont vite devenir insupportables. "On a fini par recevoir un coup de téléphone de la direction. Mon mari a été convoqué et quand il est revenu, il m'a annoncé que notre petite fille était décédée suite à une infection pulmonaire", relate Sibel, d'une voix fébrile.

Avec la complicité des standardistes du service d'urgence 112, les médecins présentaient de faux diagnostics aux familles en détresse pour justifier le transfert des nouveau-nés vers des unités néonatales d'hôpitaux privés qu'ils louaient. Le maintien des enfants en soins intensifs rapportait à cette filière criminelle 8 000 livres turques par jour (soit environ 216 euros), rapporte la chaîne d'information CNN Türk. Les témoignages mettent en lumière des pratiques uniquement orientées par l'appât du gain, sans la moindre considération pour le serment d'Hippocrate.

D'autres réseaux similaires ?

L'existence de ce réseau a été dénoncée aux autorités dans un message détaillé posté sur l'interface gouvernementale CIMER (un site gouvernemental sur lequel les citoyens peuvent poser directement des questions ou dénoncer des faits répréhensibles), le 27 mars 2023, justifiant le déclenchement d'une enquête. Le rapport de l'Inspection du Ministère de la Santé a depuis lors fait état de quarante-sept accusés, dont vingt-deux ont été arrêtés. Dans le chef d'accusation de 1400 pages daté du 17 octobre 2024, les protagonistes de l'affaire – les médecins Fırat Sari et İlker Gönen – sont accusés d'"homicide volontaire par négligence", "délit d'initié", "création d'une organisation criminelle" et de "falsification de documents officiels". Ils encourent jusqu'à 177 ans et 6 mois à 582 ans et 9 mois d'emprisonnement.

L'affaire du "gang des nouveau-nés" à peine révélée, d'autres dossiers refont surface. Sur la chaîne d'information du quotidien Sözcü, le journaliste Fatih Ergin a ainsi affirmé qu'un réseau similaire systématisait – sans motif médical – les transferts vers des unités de dialyse chez des patients âgés.

Les organisations professionnelles de la santé pointent du doigt la privatisation à outrance du secteur de la santé ces dernières années. "Pour nous, ces crimes ne relèvent pas uniquement de l'administratif et du droit", a écrit la chambre des médecins d'Istanbul dans un communiqué publié mi-octobre. "C'est la conséquence de la transformation des établissements de santé en société commerciale, des patients en clients, et de la vision de la santé comme une marchandise." La première audience du procès se tiendra le 18 novembre. (La Libre Belgique, 13 novembre 2024)

A Istanbul, des bains historiques font rejaillir la tradition du hammam

La tradition des hammams dans l'Empire ottoman continue de faire rêver et encourage certains bains historiques d'Istanbul à conduire de coûteuses et luxueuses rénovations.

Récemment, le hammam Zeyrek Çinili, bâti il y a cinq cents ans sous le règne de Soliman le Magnifique par Sinan, son architecte star, a rouvert ses portes et ses bassins après treize ans de travaux freinés par les découvertes archéologiques.

"La restauration s'est muée en chantier archéologique", donnant à comprendre quel était le plan originel du hammam, rapporte à l'AFP Beril Gür Tanyeli, directrice du musée installé dans les lieux pour retracer l'histoire et la tradition des bains sous les Ottomans.

"Avec la découverte de quelque 3.000 éclats de carreaux de faïence, on a enfin compris pourquoi il s'appelait le hammam Çinili", qui signifie en turc "couvert de faïences".

Les traditionnels carreaux bleus d'Iznik qui ornaient les bains ont été spécifiquement produits pour eux et sans équivalent dans les autres hammams, assure la responsable.

La plupart ont souffert dans les incendies et tremblements de terre qui ont ravagé les lieux, ou ont été vendus à des antiquaires européens au 19e siècle, mais certains sont toujours en place.

Les travaux ont également mis au jour plusieurs citernes byzantines sous le hammam.

"On pense que Sinan, l'architecte, avait choisi d'installer le hammam sur les citernes en s'en servant de fondation et, bien sûr, de source d'approvisionnement en eau", reprend Mme Tanyeli.

- Célébration -

Dans la Rome antique, la culture du bain était déjà très importante, "les commerçants avaient coutume de se laver avant de pénétrer en ville, utilisant les bains installés à l'entrée", explique l'archéologue Gürol Tali à l'AFP.

Mais c'est sous les Ottomans que la culture du bain connaît son âge d'or, le rituel symbolisant à la fois la propreté du corps et la pureté de l'âme.
Dans l'islam, le pèlerin doit se laver avant de prier en pratiquant les ablutions rituelles.

Mais les hammams étaient aussi utilisés pour célébrer les mariages et les naissances.
"Les bains servaient non seulement à se laver, mais aussi à socialiser, se détendre, se soigner et à célébrer certains événements spéciaux", avec des rituels pour les mariés, les soldats et les garçons récemment circoncis, poursuit-il.

Les foyers de l'époque n'ayant pas l'eau courante, les hammams furent un lieu essentiel du quotidien jusqu'au 19e siècle.

Selon un recensement en 1638, Istanbul, capitale politique de l'empire, comptait 14.536 bains publics et privés, indique le musée.

Et la tradition a survécu en dépit de l'arrivée des robinets à domicile.

"On vient ici pour se laver et on repart rayonnant", indique Zafer Akgül, venu au hammam avec son fils, comme il le fait souvent pour les fêtes religieuses ou un mariage, précise-t-il. "Nous ne voulons pas perdre cette tradition".

- Transmission -

C'est précisément là que les anciens hammams ont un rôle à jouer, estime l'archéologue: "La restauration des bains historiques d'Istanbul et leur usage régulier sont peut-être le moyen le plus efficace de transmettre cet héritage aux générations futures", estime-t-il.

Un autre bain de la même époque, le hammam Beyazit II, a fait également l'objet de plusieurs années de restauration avant de rouvrir ses portes en 2015 comme musée, sous la direction de l'université d'Istanbul.

Ce hammam était le plus important de son temps et certains historiens pensent que c'est entre ses murs qu'un célèbre préposé aux bains - ou "tellak" - appelé Halil a fomenté le renversement du sultan Ahmed III, en 1730.

Pour Manolya Gökgöz, qui gère la communication du hammam de Çemberlitas, adossé comme souvent à la mosquée éponyme et autre réalisation de Sinan, l'affaire est plus personnelle: sa grand-mère y travaillait comme "natir", une des aides préposées aux bains côté femmes.

"Quand j'avais 2 ou 3 ans, j'allais aux bains le matin et j'y jouais toute seule jusqu'au soir sans m'ennuyer", se souvient-elle.

La tradition se perpétue mais désormais surtout grâce aux touristes, regrette-t-elle. "Autrefois, nous allions au hammam avec nos mères et nos grands-mères. Aujourd'hui, 70% de nos clients sont des touristes étrangers".

Qui payent ce plaisir au prix fort, souvent au-dessus des 100 euros. Or, "le hammam n'est pas un luxe mais un besoin", insiste-t-elle. "Même avec l'eau au robinet, nous devons conserver cette tradition". (AFP, 14 nov 2024)

Turkey ready to add 5 new letters to alphabet, Erdoğan says

Speaking in Bishkek, the capital of Kyrgyzstan, President Recep Tayyip Erdoğan on Nov. 6 stated that Turkey has been ready to adopt the 34-letter "Common Turkish Alphabet" project.

According to the alphabet model approved at the Common Alphabet Commission organized by the Turkish Academy and the Turkish Language Association in Azeri capital Baku last September, five letters—Q, X, W, Ň, and Ä—were planned to be added to the existing 29 letters of Turkey's official alphabet.

Erdoğan emphasized that the 34-letter alphabet, adopted through common consensus, would “unify the Turkic world.”

He noted that all member countries of the Organization of Turkic States should undergo an alphabet transformation, stating, "Turkey, Azerbaijan, and the Turkish Republic of Northern Cyprus are ready for this. It would be appropriate for Kazakhstan, Kyrgyzstan, Uzbekistan, and Turkmenistan to initiate the transition to the new alphabet." (Duvar, 6 Nov 2024)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

International press reacts to ‘coup’ in Turkey’s Kurdish regions

Early on Monday, the Turkish Interior Ministry appointed trustees to the municipalities of Mardin (Mêrdîn), Batman (Êlih) and Halfeti (Xelfetî), removing elected mayors from the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party. The move has sparked strong criticism from the opposition, which accuses the government of undermining democratic processes in Kurdish-majority areas. International press have also covered the anti-democratic move, spotlighting perspectives from both the country’s mainstream and pro-Kurdish opposition.

Germany’s die Zeit quoted the DEM Party describing the removal of elected mayors as a ‘coup’, while also noting the government’s contention that the newspaper quoted deposed Kurdish politician Ahmet Türk, who said on X that he did not want to back down “in the fight for democracy, peace and freedom”. “We will not allow the will of the people to be abused,” he added.

Other coverage generally relied on news wires in Turkey. News agency reports carried by the global press also cited the DEM Party, who denounced the mayors’ removal as “a major attack on the Kurdish people’s right to vote and be elected”. “The government has adopted the habit of snatching what it couldn’t win through elections through using the judiciary, the police and the trustee system,” according to the statement released to press.

In their coverage, France’s Le Monde gave further background on the coup, which comes amid rapid political developments in Turkey. The ministry’s decision follows a pattern of similar trustee appointments in Kurdish-majority municipalities in recent years, a move widely condemned by the opposition. The practice of Turkey’s ruling Justice and Development Party (AKP) deposing elected Kurdish mayors has been ongoing for about a decade since the AKP suffered a loss of its majority in elections in 2015. Last week, Istanbul’s Esenyurt District Mayor Ahmet Özer was arrested and replaced with a government-appointed trustee.

Earlier this year Van (Wan) Co-Mayor Abdullah Zeydan was also temporarily deposed after a contentious ruling that had initially diverted the certificate to an opposition candidate, though widespread protests and appeals for justice led to his position being reinstated.

Despite these ongoing attacks on the democratic process in Turkey, as Le Monde notes, “President Erdogan… stated on Wednesday that he wanted to ‘reach out to the Kurdish brothers’,” following a period of resumed peace talks in which the ‘head of state and his main ally, Devlet Bahçeli, have been hinting for two weeks at the possibility of an early release of the historic leader of the PKK, Abdullah Öcalan’.

The situation in Turkey therefore remains tense, with the government imposing a ban on protests and demonstrations in an attempt to limit the reaction to the deposition of the elected mayors. With international press generally focused on the US elections and its potential implications for Israel’s US-backed wars in Gaza and Lebanon, there has not yet been a significant degree of international scrutiny on this latest twist in the complex political developments underway in Turkey. (MedyaNews, 7 Nov 2024)

Council of Europe condemns Turkey’s dismissal of Kurdish mayors

European authorities are increasingly reacting to the fiduciary policies of the ruling Justice and Development Party (AKP) and the Nationalist Movement Party (MHP), which continue to usurp the will of the people.

Marc Cools, President of the Council of Europe’s (CoE) Congress of Local and Regional Authorities, issued an official statement on the Turkish authorities’ recent decision to dismiss the elected mayors of four municipalities – Mardin (Merdîn), Batman (Elîh), Halfeti (Xelfetî) and Esenyurt – and replace them with trustees appointed by the Interior Ministry:

“I express my grave concern about the recent decisions of the Turkish authorities to dismiss the elected mayors of four municipalities (Mardin, Batman, Halfeti and Esenyurt), and to replace them with governors appointed by the Ministry of Interior.

Following the case of the mayor of Hakkari in June 2024, these dismissals constitute the most recent application of the long-standing practice of appointing trustees, considered by the Congress and the Venice Commission as undermining the very nature of local democracy. Indeed, these mayors were elected by Turkish voters during the local elections held on 31 March 2024, which were observed by the Congress.

Only last month, the Congress pointed out, in Recommendation 519(2024), the need to abolish this practice and called on the authorities to ensure that ineligibility of candidates is assessed prior to the elections and based on a final criminal conviction. In the event of a mayor’s dismissal, municipal councils should be able to choose a replacement mayor. The Congress looks forward to pursuing its political dialogue with the Turkish authorities to ensure the implementation of this recommendation.”

Cools’ response followed comments from Nacho Sanchez Amor, the European Parliament’s Rapporteur on Turkey, in a post on X, criticising Turkey’s latest removal of elected Kurdish mayors and urging a strong EU response. Amor later described the trustee policy as “a blatant violation of democracy”, in an exclusive Medya News interview. (MedyaNews, 5 Nov 2024)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Missiles ATACMS pour l'Ukraine: Erdogan craint une "escalade"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit mercredi redouter une "escalade" dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine après le feu vert donné par Washington à Kiev à l'utilisation de missiles américains en territoire russe, qu'il a qualifié de "grosse erreur".

"Cette décision de Biden entraînera non seulement une escalade du conflit, mais également une réaction plus forte de la part de la Russie", a déclaré M. Erdogan à des journalistes lors de son vol retour du G20 à Rio.

"Tout cela pourrait conduire la région et le monde au bord d'une nouvelle guerre d'ampleur", a-t-il ajouté, formant toutefois le voeu que Moscou et Kiev ne "cèdent aux provocations".

"Le moindre faux pas dans le sillage de cette grosse erreur (...) jetterait de l'huile sur le feu", a-t-il souligné.

La Russie a promis mardi une réponse "appropriée" à l'attaque sur son territoire menée par l'Ukraine avec des missiles américains ATACMS, estimant que le conflit basculait dans "une nouvelle phase" et annonçant que les possibilités de recours à l'arme nucléaire étaient ainsi élargies. (AFP, 20 nov 2024)

Washington avertit Ankara qu'aucun pays ne doit accueillir le Hamas

Les Etats-Unis estiment qu'aucun pays ne devrait accueillir des cadres du Hamas, a indiqué lundi le département d'Etat, après des informations de presse selon lesquelles une partie du leadership du mouvement islamiste palestinien avait quitté Doha pour la Turquie.

"Nous venons de prendre connaissance ces derniers jours de ces informations selon lesquelles ils ont déménagé en Turquie. Nous dirons clairement au gouvernement turc, comme nous l'avons fait pour tous les pays du monde, qu'il n'est plus possible de faire comme si de rien n'était avec le Hamas", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, en réponse à une question.

Le responsable américain n'a pas explicitement confirmé leur présence en Turquie, mais dit ne pas être en mesure de le "contester".

"Nous ne pensons pas que les dirigeants d'une organisation terroriste vicieuse devraient vivre confortablement où que ce soit", encore moins dans un pays membre de l'Otan, a-t-il encore dit, en appelant à ce qu'ils soient remis aux Etats-Unis.

"Rappelez-vous que le Hamas est une organisation terroriste brutale, qui a assassiné un certain nombre d'Américains et qui continue à détenir, à ce jour, sept citoyens américains en otage. Ainsi, dans la mesure où des membres du Hamas se trouvent en Turquie ou dans n'importe quel autre pays, un certain nombre de ces individus sont sous le coup d'une inculpation américaine. Ils le sont depuis un certain temps et nous pensons qu'ils devraient être remis aux Etats-Unis", a affirmé le porte-parole.

Le Qatar, un allié des Etats-Unis et jusqu'à récemment pays médiateur dans le conflit à Gaza, abrite le bureau politique du Hamas depuis plus de dix ans. C'est aussi au Qatar que résidait l'ex-chef du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh, tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.

Le Qatar a récemment suspendu sa médiation entre Israël et le Hamas en vue d'un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza associé à une libération d'otages.

Avec les Etats-Unis et l'Egypte, le Qatar avait participé pendant des mois à des efforts de médiation pour mettre fin à la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas palestinien contre Israël. En vain. (AFP, 18 nov 2024)


Le sale rôle des États-Unis dans l’arrestation d’Öcalan…



Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 11 novembre 2024
Pendant que les shows « d’ouverture » se succèdent en Turquie, l’ancien Premier ministre italien D’Alema a fait des déclarations importantes sur la sale opération d’il y a 25 ans.
La fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan sur l’île d’İmralı, empêché depuis des années d’entrer en contact même avec ses avocats et les membres de sa famille, en contravention aux lois et aux déclarations sur les droits humains dont la Turquie est signataire, est revenue dans l’actualité avec la déclaration surprise du partenaire ultranationaliste du gouvernement, Devlet Bahçeli.
 
Seulement, la nouvelle campagne de terreur lancée contre les maires élus avec le soutien du peuple kurde, en les sacrifiant au système des curateurs comme dans les périodes précédentes, et même en les emprisonnant, montre que le principal objectif de la proposition visant à « faire parler Öcalan à l’Assemblée » est de diviser la résistance nationale kurde. L’objectif est de faire adopter par l’Assemblée les amendements constitutionnels proposés par le gouvernement pour assurer la réélection de Recep Tayyip Erdoğan comme président lors des prochaines élections.
 
Nous l’écrivons depuis des années. Si l’on veut vraiment résoudre le problème kurde en Turquie, l’État doit accepter comme interlocuteurs autour de la même table de négociation toutes les forces politiques de la résistance nationale kurde, à savoir le DEM (parti de l’égalité des peuples et de la démocratie), troisième parti de la Grande Assemblée nationale de Turquie, l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) organisée dans tous les pays où il y a une présence kurde, et bien sûr, le dirigeant fondateur du PKK, Abdullah Öcalan. 
 
Pour que cela puisse se réaliser, Abdullah Öcalan, ainsi que Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ doivent recouvrir la liberté, et les représentants du KCK en exil doivent être autorisés à entrer en Turquie sans menace d’arrestation.
 
Mais il semble peu plausible que la composition actuelle du pouvoir en Turquie permette de lancer une telle initiative véritablement pacifique…
 
N’est-ce pas le président Erdoğan qui, il y a neuf ans, avait mis fin au processus de résolution, auquel le leader du PKK Öcalan avait de facto participé depuis sa prison d’İmralı, en renversant la table malgré l’accord qui avait été trouvé à Dolmabahçe ?
 
Et puis il y a ce qui s’est passé avant Erdoğan… Il y a exactement 26 ans, n’est-ce pas le président de l’époque, Süleyman Demirel, qui avait forcé la Syrie voisine à expulser le leader du PKK Öcalan, puis avait conspiré avec le soutien du président américain Clinton pour le faire arrêter au Kenya ?
 
J’ai participé à de nombreux programmes de Med TV, une chaîne de télévision diffusant en kurde et en turc, fondée en Belgique en 1995 pour faire entendre au monde la voix de la résistance nationale kurde, et à des débats avec la participation par téléphone d’Öcalan et des intellectuels et hommes politiques kurdes de Turquie. Nous avions eu des dialogues sous forme de questions et réponses avec Öcalan.

L’appel lancé il y a 26 ans par Öcalan pour une solution pacifique
 
Le 28 août 1998, je reçus un appel du directeur du programme de téléconférence, Günay Arslan, qui m’annonçait qu’Öcalan allait lancer un important appel à la paix dans le programme de cette journée, qu’ils avaient invité tous les médias à y participer, et que ma présence était souhaitée avec insistance.
 
Pour autant que je m’en souvienne, en dehors de moi, participaient au programme les représentants des médias kurdes, les correspondants de NTV, ATV, Milliyet et de l’agence de presse İhlas ainsi que de nombreux journalistes étrangers.
 
Dans son discours d’ouverture, Öcalan avait souligné que le conflit armé ne pourrait apporter une solution pérenne aux deux parties et annoncé qu’ils étaient prêts à négocier avec l’État turc toute forme de solution pacifique et à conclure un cessez-le-feu.
 
Cependant, à cette époque, les préparatifs des célébrations du 75e anniversaire de la République de Turquie s’étaient transformés en manifestations ultranationalistes, avec un déploiement hystérique de drapeaux, de chants et d’hymnes nationaux, dont l’hymne du dixième anniversaire, et de glorifications de l’Atatürkisme.
 
De plus, la Turquie était à ce moment entrée en pleine atmosphère électorale… Il ne faisait aucun doute que même les partis les plus forts en période de campagne électorale éviteraient une approche suggérant un début de dialogue politique avec le mouvement national kurde. Vu que la campagne électorale durerait au moins jusqu’en mai, et que cette tension perdurerait encore plus longtemps encore en raison des négociations de coalition après mai, était-il réaliste d’attendre une réponse positive des cercles politiques à un tel appel au cessez-le-feu ?
 
En rappelant cela, j’avais demandé à Öcalan : « Dans ce climat, peut-on s’attendre à ce que l’État turc aborde une solution politique avec le mouvement national kurde ?
 
En réponse, Öcalan avait déclaré que la république, qui célébrait son 75e anniversaire, devait trouver une solution au problème kurde pour sa propre survie, qu’il espérait recevoir une réponse positive aux appels à la paix et que si aucune solution n’était trouvée dans les dernières années du 20e siècle, des problèmes bien plus importants se poseraient au 21e siècle, en disant en substance :
 
« Sans aucun doute, les cercles bellicistes, et principalement les cercles chauvins, et les partis politiques les plus puissants vont être en compétition, c’est certain. Ils commettront même des provocations. Mais les réalités sont plus fortes que les provocations et les démagogues. Du reste, notre proposition d’une méthode plus cohérente n’est de notre part ni un aveu de faiblesse, ni une incapacité à poursuivre la guerre. Je parle aussi ici d’un problème de conscience et de moral. Lancer une telle initiative à l’occasion de la Journée mondiale de la paix n’est ni un signe de faiblesse ni de l’utopisme. C’est un message aux milieux conscients. Peut-être le comprendront-ils, ce serait bien. Et personne n’y perdrait. Et en vérité, les Turcs n’y perdraient rien. Le seul perdant serait ceux qui vivent de cette rente. Je pense qu’en dehors d’eux, tout le monde y gagnera. En cas de succès, nous en serons satisfaits. En cas d’échec, nous sommes en mesure d’exercer nos droits de légitime de défense et de combattre de manière plus ordonnée et plus efficace. Et comme je l’ai dit, nous sommes même en mesure désormais de mener les choses comme nous le souhaitons sur le plan militaire. »
 
En quittant le programme, j’étais particulièrement pensif. Pour soutenir l’initiative de paix d’Öcalan, le PKK avait aussi depuis longtemps ses actions armées. Mais la paix n’avait jamais fait partie du lexique de l’administration fasciste d’Ankara.
 
La réponse terroriste de l’État à l’appel d’Öcalan
 
Ainsi, alors que les propositions de paix d’Öcalan occupaient l’ordre du jour de la Turquie lors de la Journée mondiale de la Paix le 1er septembre, on apprenait que le Conseil de sécurité nationale avait décidé de faire pression sur la Syrie au sujet du PKK. Vinrent ensuite le discours menaçant du général Attila Ateş, commandant des forces terrestres le 15 septembre 1998 à la frontière syrienne, les menaces proférées par le président Demirel le 1er octobre dans son discours d’ouverture du parlement et le départ forcé d’Öcalan de la Syrie, d’où il organisait son organisation depuis des années, sous la pression du gouvernement el-Assad le 9 octobre…
 
Les près de quatre mois au cours desquels Öcalan se réfugia en Grèce, en Italie et en Russie, en étant expulsés de ces pays pour des prétextes futiles, jusqu’à son arrestation et son transfèrement en Turquie avec l’aide des services de renseignements américains le 14 février 1999 au Kenya, furent honteux pour les dirigeants de ces pays.
 
Je ne l’oublierai jamais… Un de mes amis journalistes grecs, réfugié en Belgique sous la junte des colonels et correspondant à Bruxelles de l’agence de presse d’Athènes après la transition vers la démocratie, m’appela en pleurant le soir de l’expulsion d’Öcalan de Grèce : « Doğan, ce qui s’est passé à Athènes aujourd’hui est tout simplement honteux… Je t’appelle pour m’excuser au nom de mon peuple ».
 
Pendant tous ces évènements se formait le gouvernement « Anasol-D », constitué des partis de la Mère-Patrie, du parti de la Gauche démocratique et du parti de la Turquie démocratique, avec aux côtés du Premier ministre Mesut Yılmaz, en qualité de vice-premier ministre, le conquérant de Chypre, Bülent Ecevit, en qui toute la gauche avait misé tous ses espoirs dans les années 70.
 
Mais dans les jours où Abdullah Öcalan, ballotté entre la Grèce et le Kenya, était arrêté par les services de renseignement turcs avec l’appui de la CIA, Bülent Ecevit, le leader du parti de la Gauche démocratique, occupait le fauteuil de premier ministre, et annonçait, exactement 25 ans après l’invasion du nord de Chypre, à l’opinion publique turque l’arrestation et le transfert en Turquie d’Öcalan comme une nouvelle « victoire nationale ».
 
En ces jours où le nom d’Öcalan commence à être utilisé par le gouvernement islamo-fasciste pour de sales calculs politiques, exactement 25 ans après son arrestation au Kenya et son incarcération à vie à İmralı, les déclarations faites par l’ancien Premier ministre italien Massimo D’Alema au journaliste Erem Kansoy concernant le rôle de la présidence américaine, soutien du gouvernement Demirel-Ecevit, dans cette arrestation, n’ont malheureusement pas été suffisamment médiatisées.
 
Lorsqu’Öcalan a été expulsé de Syrie le 9 octobre 1998, il s’est d’abord rendu en avion en Grèce, mais comma sa demande d’asile y fut rejetée avec ordre de quitter le pays dans les trois heures, il se rendit en jet privé à Moscou. Bien que la demande d’asile d’Öcalan en Russie fut approuvée par la Douma le 4 novembre, le gouvernement russe le força à quitter le pays, ce sur quoi un membre du Parti de la refondation communiste italien se rendit à Moscou pour emmener Öcalan à Rome le 12 novembre avec un faux passeport.
 
Pendant qu’Öcalan était en Italie, l’État turc organisa de violentes manifestations contre l’Italie, tant dans le pays que dans les pays européens, et appliqua un embargo sur les produits italiens en Turquie… Dans l’une des attaques commises en Europe, l’Institut kurde de Bruxelles, ainsi que les locaux d’une association kurde se trouvant dans la même rue, furent pris pour cible et incendiés par des assaillants portant des drapeaux aux trois croissants sous le regard de la police belge. Les assaillants se dirigèrent ensuite vers le local d’Info-Türk, situé dans une rue adjacente, mais furent éloignés après l’intervention des journalistes qui suivaient l’incident.
 
Le sale rôle des États-Unis dans l’arrestation d’Öcalan
 
D’après ce que raconte en détail D’Alema dans son interview, le gouvernement italien demanda à l’Allemagne d’accorder le statut de réfugié à Öcalan, pensant qu’il y serait plus en sécurité, mais cette demande fut rejetée en raison d’un procès pour « meurtre » intenté contre Öcalan à l’instigation de l’État turc devant un tribunal allemand.
 
Les États-Unis intervinrent sur ces entrefaites, et suivant D’Alema, le président Clinton lui téléphona et le pressa de « donner Öcalan à la Turquie ». 
 
Dans son interview, D’Alema explique : « Oui, le président me l’a dit et nous avons alors répondu ‘non’. Croyez-moi, il n’est pas facile d’être un allié des États-Unis et de leur dire ‘non’. Croyez-moi, ce n’est pas facile du tout. Dès que l’Amérique nous dit ‘Vous devez le faire’, les journaux, les leaders politiques et de nombreuses personnes en Italie se levèrent en disant ‘Oui nous devons répondre à la demande de l’Amérique’… Nous sommes l’Italie, mais nous sommes les alliés des États-Unis d’Amérique. Nous sommes une composante de l’OTAN avec la Turquie. Il n’était pas facile pour nous de résister aux pressions et de dire ‘non’ aux USA ».
 
Dans cette interview, D’Alema souligne que le maintien en détention et à l’isolement d’Öcalan est contraire aux droits humains et qu’une solution pacifique au problème kurde doit être trouvée dans les plus brefs délais.
 
Oui, Öcalan, qui ne pouvait plus rester en Italie, s’envola à nouveau pour la Grèce le 31 janvier 1999, et de là, accompagné d’un agent des services de renseignements grecs en coopération avec la CIA, fut emmené à Nairobi le 2 février 1999, et installé provisoirement à l’ambassade de Grèce au Kenya. Pendant son séjour, il demanda l’asile politique à la Grèce, mais ne reçut aucune réponse.
 
Le 15 février 1999, l’ambassadeur mentit à Öcalan en lui affirmant qu’il était libre de se rendre dans le pays de son choix et que les Pays-Bas étaient prêts à l’accepter. Il sera emmené de l’ambassade à l’aéroport de Nairobi avec un passeport de la République de Chypre délivré au nom de Lazaros Mavros sous la supervision des responsables kényans.
 
À son arrivé à l’aéroport, Öcalan sera arrêté par l’équipe des forces spéciales sous le commandement d’Engin Alan, venue de Turquie à bord de l’avion privé de l’homme d’affaires Cavit Çağlar, et emmené en Turquie. Ravitaillé à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, l’avion se rendra ensuite à la base militaire de Bandırma, et de là, il sera embarqué sur un navire d’assaut de la Marine au large de Bursa et incarcéré à la prison spéciale d’İmralı.
 
Öcalan croupit dans cette prison depuis 25 ans, le plus souvent dans un isolement humain.
 
Si l’État turc entend réellement apporter une solution au problème kurde et donner à la nation kurde le droit de vivre librement et avec des droits égaux dans sa patrie, il doit d’abord lever cet isolement, puis libérer Öcalan, ainsi que Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, et assurer l’entrée en Turquie, sans menace d’arrestation, des représentants du KCK en exil.
 
Tant que cela ne sera pas assuré, tous les discours « d’ouverture » n’iront pas plus loin que des manœuvres à la petite semaine indexées à la prolongation du mandat présidentiel.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

Erdoğan congratulates Trump on re-election

President Recep Tayyip Erdoğan congratulated former Donald Trump on his victory in the US presidential election, referring to him as a “friend” and praising his “great struggle” in winning the presidential race.

In a message he released on social media, he expressed optimism about future US-Turkey relations under Trump’s renewed leadership.

I would like to congratulate my friend Donald Trump, who won the presidential election in the United States of America after a great struggle and was re-elected as the President of the United States,” Erdoğan wrote. “In this new era, which will begin with the choice of the American people, I hope that Turkey-US relations will be strengthened, regional and global crises and wars, especially the Palestinian issue and the Russia-Ukraine war, will end, and I believe that more efforts will be made for a fairer world.”

During Trump’s previous term, the two leaders developed a unique relationship on which the bilateral relations relied on, enabling Erdoğan to maintain direct dialogue on critical issues with the US leader. Pro-government circles believe this helped Turkey secure certain concessions, including avoiding broader sanctions from the US.

One major issue during Trump’s administration was Turkey’s 2019 cross-border operation in Syria against US-backed Kurdish forces, which enabled Turkey to establish a 100-kilometer-long corridor after a one and a half-month offensive. But when Erdoğan sought to expand the operation, Trump sent a humiliating letter urging him not to be “a tough guy” or “a fool,” threatening severe economic repercussions if the offensive continued. Opposition voices in Turkey have resurfaced this letter in response to Erdoğan’s recent congratulatory message.

Another significant incident involved Pastor Andrew Brunson, whose 2018 detention in Turkey on charges of espionage prompted strong demands for his release from the Trump administration. When Ankara initially resisted, the Turkish lira experienced a sharp depreciation, falling from 5 to 7 lira against the dollar in days, sending economic shockwaves through the country.

However, Trump also shielded Turkey from harsher sanctions over its acquisition of the Russian S-400 missile defense system, which triggered US sanctions under the CAATSA framework. Although Congress pushed for stricter measures, Trump limited sanctions to specific Turkish entities, such as the Defense Industry Directorate. He attributed Turkey’s S-400 purchase to what he called failures by the Obama administration to meet Turkey’s air defense needs.

The case of Halkbank, a state-owned Turkish bank accused in the US of violating sanctions against Iran, also figured prominently in Trump and Erdoğan’s “personal diplomacy.” (BIA, 8 Nov 2024)

Relations régionales / Regional Relations

Mandats d'arrêt contre Netanyahu: Ankara salue une "étape extrêmement importante"

Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a qualifié jeudi d'"étape extrêmement importante" la délivrance par Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant.

"Cette décision est une étape extrêmement importante en vue de traduire en justice les responsables israéliens qui ont commis un génocide contre les Palestiniens", a écrit M. Fidan sur le réseau social X. (AFP, 21 nov 2024)

Ankara condamne une attaque contre un cargo turc en mer Rouge par les rebelles houthis

La Turquie a dénoncé mercredi une attaque au missile visant un cargo turc en mer Rouge lancée lundi par les rebelles houthis du Yémen.

"Nous condamnons les attaques au missile des Houthis contre le cargo sec Anadolu S, battant pavillon panaméen et appartenant à une société turque qui naviguait au large des côtes du Yémen", a déclaré le ministère des Affaires étrangères turc dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé si le navire avait subi des dommages et a seulement déclaré que "les initiatives nécessaires (étaient) prises pour empêcher qu'un incident similaire ne se reproduise".

Selon les Houthis, qui ont revendiqué l'attaque mardi, celle-ci a touché le navire de manière "précise et directe" et a été menée car ce dernier n'avait pas répondu "aux avertissements des forces navales".
 Le Centre conjoint d'information maritime (JMIC), dirigé par une coalition navale multinationale incluant les États-Unis et des pays européens et basé à Bahreïn, a indiqué avoir enquêté sur l'incident et avoir établi "un lien indirect (du cargo visé) avec Israël".

Depuis novembre, les Houthis mènent des attaques au large du Yémen contre des navires qu'ils estiment liés à Israël, disant agir en solidarité avec les Palestiniens dans le contexte de la guerre dans la bande de Gaza.
 Ces attaques ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les États-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni. (AFP, 20 nov 2024)

La Turquie, nouvelle puissance régionale en Afrique



Par Emile Bouvier,
lesclesdumoyenorient, 15 novembre 2024
Afin d’ouvrir la voie à ses ambitions économiques, la Turquie s’est d’abord employée à établir un cadre institutionnel de coopération par la création de forums économiques ou de chambres de commerce bilatéral (première sous-partie) ; bénéficiant de ce cadre, les entreprises turques sont entrées dans le marché africain ces dernières années, dans plusieurs secteurs, notamment celui du bâtiment (deuxième sous-partie). Forte de son statut diplomatique singulier auprès des pays africains, la Turquie a établi des accords, notamment en matière d’exploitation des ressources naturelles (troisième sous-partie).

A. Un cadre institutionnel fermement établi

Comme évoqué en première partie du présent article, la Turquie a encouragé et institutionnalisé sa coopération économique avec l’Afrique en établissant dans un premier temps des rencontres formelles sous son égide. Ainsi, en 2008, le premier sommet de coopération Turquie-Afrique est organisé à Istanbul ; une « Déclaration d’Istanbul sur le partenariat Turquie-Afrique : Coopération et solidarité pour un avenir commun » est alors adoptée à l’issue des échanges et établit un mécanisme de suivi des engagements pris durant ces derniers. Le deuxième sommet du partenariat Turquie-Afrique s’est quant à lui tenu sous le thème « Un nouveau modèle de partenariat pour le renforcement du développement durable et de l’intégration » en 2014 à Malabo, en Guinée équatoriale [1]. Il sera suivi, enfin, par un troisième sommet à Istanbul en 2021 intitulé « Partenariat renforcé pour développement et la prospérité communs » [2] ; plus de 100 ministres et 16 chefs d’État et de gouvernement africains ont participé à ce dernier sommet de trois jours [3] autour de panels tels que « Paix, sécurité et gouvernance », « Commerce, investissement et industrie »,

 « Éducation, sciences, technologies et innovation », « Développement des jeunes et des femmes », « Développement des infrastructures et agriculture » et « Promotion de systèmes de santé résilients » [4]. Le prochain sommet devrait se tenir en 2026 dans un pays africain inconnu pour le moment [5]. Loin d’être le lieu de simples déclarations communes, ce sommet est l’occasion d’annoncer de réels engagements ; en 2021 par exemple, le président turc avait profité de cet événement pour annoncer que la Turquie allait livrer 15 millions de doses de vaccins contre le covid-19 à destination des pays africains les plus touchés [6].

D’autres rencontres de moindre ampleur mais cependant significatives dans le développement des relations économiques turco-africaines sont par ailleurs régulièrement organisées : Forum économique et commercial Turquie-Afrique en 2021 à Istanbul [7], Forum agro-alimentaire Turquie-Afrique à Antalya [8] en 2017, Forum économique et commercial Turquie-CEDEAO [9] à Istanbul en 2018 [10], etc. Enfin, toujours en matière institutionnelle, la Turquie est un membre de la Banque africaine de développement depuis 2013, participant au fonds de développement du groupe et à diverses autres activités de celui-ci [11].

Par ailleurs, afin de favoriser l’implantation et les activités de ses entreprises, la Turquie gère, avec le Conseil turc des relations économiques extérieures (DEIK), des chambres commerciales dans 48 pays africains visant à promouvoir le commerce bilatéral et les investissements mutuels [12]. La plupart de ses chambres ont été ouvertes au cours de la décennie 2010 et permettent, notamment, de favoriser la signature d’accords commerciaux - Ankara en compte une cinquantaine sur le continent africain - allant jusqu’à des accords de libre-échange, comme ceux signés par la Turquie avec le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, Maurice et le Soudan [13], soit un nombre supérieur de pays que ceux du Moyen-Orient avec lesquels Ankara a signé pareils accords, pourtant dans son voisinage régional immédiat [14]. Des négociations sont par ailleurs en cours pour d’autres accords de libre-échange avec le Ghana, Djibouti, la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Tchad et la Libye [15].

B. Un investissement exponentiel des entreprises turques en Afrique

L’un des résultats de ces accords et autres rapprochements institutionnels est celui de l’accroissement des échanges commerciaux entre la Turquie et l’Afrique : depuis qu’Ankara a lancé sa politique d’initiative africaine en 1998, le volume total de ses échanges avec le continent a décuplé, passant de 4,09 milliards de dollars en 2000 à 45 milliards de dollars en 2022 [16]. Dans le même temps, les exportations de la Turquie vers l’Afrique sont passées de 2,1 milliards de dollars en 2003 à 21,2 milliards de dollars en 2022 [17], soit une augmentation de plus de 909% en moins de dix ans. Le type de produits turcs le plus exporté vers les pays africains est celui des substances et produits chimiques (engrais, combustibles minéraux, produits de distillation industrielle [18], etc.) ; avec 2,9 milliards de dollars d’exportations en 2021 suivis de 4 milliards de dollars en 2022, ce type d’exportation a cru de 37,6 % en une seule année. Les substances et produits chimiques sont suivis par l’acier, qui a généré plus de 3 milliards de dollars de revenus en 2023. Après l’acier, les céréales, les légumineuses et les oléagineux ont généré des revenus de 2,6 milliards de dollars [19]. Les investissements directs à l’étranger (IDE) de la Turquie sont, eux aussi, en hausse substantielle sur le continent africain ces dernières années : de 22 millions de dollars en 2001 [20], la valeur des IDE turcs en Afrique est passé à 10 milliards en 2021 [21] - soit une hausse de 45 354% en vingt ans -, illustrant l’investissement économique volontariste [22] de la Turquie auprès des pays africains.

https://www.lesclesdumoyenorient.com/La-Turquie-nouvelle-puissance-regionale-en-Afrique-2-3-Une-presence-economique.html

En Asie centrale, Erdogan plaide pour le renforcement et l'unité du "monde turcique"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a plaidé mercredi en Asie centrale pour le renforcement et l'unité du "monde turcique" lors d'un sommet de l'Organisation des Etats turciques (OET), outil d'influence d'Ankara pour concurrencer la Russie et la Chine dans la région.

"Nous allons amener beaucoup plus loin notre Organisation des Etats turciques, qui est devenue une plateforme exemplaire", a assuré M. Erdogan à Bichkek, la capitale kirghize où étaient réunis les dirigeants des huit pays membres et observateurs de cette organisation.

Outre la Turquie, l'OET comprend cinq anciennes républiques soviétiques (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan) ainsi que la Hongrie et la république turque de Chypre du Nord, seulement reconnue par Ankara.

Selon le président Erdogan, "la forte volonté de faire durer le monde turcique pour toujours est abondamment présente chez tous mes amis autour de cette table", où se trouvait notamment le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Ces dernières années, la Turquie a avancé ses pions dans les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale et du Caucase, profitant de l'affaiblissement de la Russie, ex-puissance tutélaire accaparée par sa guerre en Ukraine.

Ankara met en avant une proximité culturelle, notamment l'appartenance à une même famille linguistique, ou religieuse avec l'islam et a même récemment renommé dans les manuels scolaires l'Asie centrale en "Türkestan", soit le pays des Turcs.

M. Erdogan a également salué une décision récente de l'OET ayant validé un alphabet commun pour tous les pays turciques.

"Se mettre d'accord sur le projet d'alphabet turcique commun constitue une étape historique. Notre alphabet commun est le signe de notre destin commun, de notre avenir commun et de notre volonté d'avancer ensemble vers l'avenir", a déclaré le président Erdogan.

Un souhait qui semble illusoire à court terme, une partie des Etats membres de l'OET utilisant toujours l'alphabet cyrillique, héritage de l'ère soviétique.

L'organisation a également adopté un nouveau drapeau, "symbole de l'unité et de la prospérité turciques".

Sur X, le président turc a également souligné l'importance de développer le "Corridor du milieu via la mer Caspienne", route commerciale entre la Chine et l'Europe qui permet de contourner la Russie, mais manque de financements.

Malgré le renforcement de son influence, la Turquie reste un partenaire de second rang pour les Etats centrasiatiques, liés en premier lieu militairement, politiquement et économiquement à Moscou et plus récemment Pékin.

En marge du sommet mercredi, la diplomatie ouzbèke a ainsi regretté que "des progrès réels n'avaient pas été réalisés malgré le développement des liens commerciaux" entre pays membres de l'OET. (AFP, 6 nov 2024)

La Turquie continue de pousser ses pions en Afrique

La Turquie est devenue un "partenaire recherché" en Afrique grâce à son passé "non colonial" et à ses projets dans les domaines de l'énergie et de la défense, selon des sources diplomatiques turques, avant une réunion ministérielle à Djibouti.

Le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan participe les 2 et 3 novembre dans ce petit pays de la Corne de l'Afrique, tardivement émancipé en 1977 de la tutelle de la France - qui y conserve des forces militaires - à la réunion du Partenariat Turquie-Afrique, un organisme de coopération établi en 2008.
 "Le principal avantage de notre pays est son passé non colonial. Lorsque des dirigeants anti-impérialistes recherchent de nouveaux partenaires, ils pensent en priorité à notre pays", estime-t-on de source diplomatique à Ankara.

Avant la naissance de la République turque en 1923, l'Empire ottoman a pourtant régné sur de nombreux territoires africain, mais en a perdu le contrôle dès le 19e ou début du 20e siècle.

Un des signes de la montée en puissance d'Ankara sur le continent est sa médiation depuis juin entre l'Ethiopie et la Somalie, deux voisins limitrophes de Djibouti aux relations tendues, afin de garantir l'accès de l'Éthiopie aux eaux internationales via la Somalie, sans attenter à la souveraineté territoriale de celle-ci.

La Turquie est la mieux placée, compte tenu d'une "grande méfiance dans la région envers les grandes puissances ainsi qu'envers les pays du Golfe" juge-t-on à Ankara.

"Difficiles", ces pourparlers avancent "à leur rythme", assure-t-on de même source.

- Forte présence -

La "confiance" s'est adossée à la présence de la Turquie en Somalie depuis une vingtaine d'années, à travers des investissements en agriculture, la construction de l'aéroport de Mogadiscio, d'un centre d'entraînement militaire, d'un hôpital et d'écoles.

Récemment le navire turc Oruç Reis est arrivé à Mogadiscio pour une mission d'exploration de gaz naturel et de pétrole dans les eaux somaliennes, en vertu d'un accord entre les deux pays prévoyant des forages dans trois zones de 5.000 km2 chacune.

Des accords de coopération dans l'exploration de gaz et de pétrole, ainsi que tout récemment d'exploitation de mines, ont aussi été signés avec le Niger.

La compagnie nationale turque MTA possède trois mines d'or dans ce pays du Sahel, doté de mines d'or ou d'uranium. "Il existe également un potentiel dans le domaine du pétrole et du gaz naturel", relevait cet été le ministre turc de l'Energie Alparslan Bayraktar.

Ces mines sont directement protégées par l'armée nigérienne mais la Turquie est considérée comme un "partenaire de sécurité" par de nombreux pays de la région.

Au fil du temps, Ankara a signé des accords de coopération militaire avec plus de vingt-cinq pays africains, leur fournissant des armes de sa fabrication dont des drones, des hélicoptères, des avions d'entrainement et des blindés.

Sa position hostile aux sanctions imposées par les Occidentaux aux régimes militaires du Niger, du Burkina Faso et du Mali facilite aussi les relations d'Ankara avec ces pays.

- Coopération militaire -

La Turquie est ainsi devenue le quatrième plus grand fournisseur d'armes de l'Afrique subsaharienne, selon un rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publié en mars.

Ankara forme aussi les forces armées de nombreux pays africains, selon des sources diplomatiques turques qui ont refusé de préciser ceux qui en bénéficient.

"Nous contribuons ainsi à la lutte contre le terrorisme" font-elles valoir, en soulignant que ce combat "et le développement économique doivent être menés simultanément", en particulier au Sahel.

"L'Afrique de l'Ouest est une région dominée par des problèmes de sécurité" a remarqué jeudi le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, reçu par Recep Tayyip Erdogan à Ankara auquel il a "dit qu'il était nécessaire de renforcer la coopération dans le domaine de la défense" a ajouté M. Faye.

Au plan civil, les entreprises de construction turques, très présentes sur des projets d'infrastructure comme le développement des chemins de fer en Tanzanie (6,5 milliards de dollars), contribuent à assoir l'image de leur pays d'origine.

Le commerce entre la Turquie et les pays africains ont dépassé 40 milliards de dollars en 2022 et la compagnie Turkish Airlines dessert une cinquantaine de destinations sur le continent. (AFP, 1 nov 2024)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Athènes et Ankara s'engagent à poursuivre leur rapprochement

Le chef de la diplomatie grec George Gerapetritis et son homologue turc Hakan Fidan se sont engagés vendredi à poursuivre leur rapprochement et à "résoudre leurs différends" sur la base "du respect mutuel et du droit international".

"Je crois qu'on peut résoudre nos différends avec notre voisin, la Grèce, sur la base du respect réciproque et du droit international", a affirmé Hakan Fidan à l'issue d'un entretien à Athènes avec George Gerapetritis.

Il a souligné que "les relations entre les deux pays évoluent positivement" surtout dans les domaines du commerce, du tourisme et de la culture.

De son côté, le ministre grec s'est félicité "du dialogue régulier entre les deux pays" depuis l'année dernière, "un dialogue sincère et direct qui a évité toute escalade" dans les relations des deux pays voisins de Méditerranée orientale.

Rivaux historiques mais partenaires au sein de l'OTAN, la Grèce et la Turquie avaient inauguré l'année dernière une politique de rapprochement en vue de résoudre leurs problèmes surtout territoriaux.

En décembre dernier lors d'une visite de Recep Tayyip Erdogan à Athènes, le président turc et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avaient exprimé leur volonté de chercher des solutions aux différends des deux pays.

Athènes et Ankara avaient signé une déclaration commune de "bon voisinage" et plusieurs ministres des deux pays avaient signé seize accords bilatéraux visant surtout la coopération économique et commerciale.

"Je ne dis pas que via le dialogue, nous avons résolu d'une façon magique les problèmes entre les deux pays", a déclaré George Gerapetritis.

Mais "le contact régulier entre deux voisins doit exister dans cette région particulièrement difficile", a-t-il ajouté à propos de la Méditerranée orientale.

Le ministre grec a indiqué avoir discuté avec son homologue turc sur "les conditions pour le lancement d'une nécessaire discussion sur la délimitation du plateau continental" et "de la zone exclusive économique (ZEE) en mer Egée et en Méditerranée orientale".

"Il s'agit d'un rapprochement sincère concernant une question cruciale et difficile", a-t-il précisé.

"Nous nous efforçons de mieux nous comprendre sur des questions essentielles", a répondu Hakan Fidan soulignant que "dans ce contexte géographique difficile, la Turquie et la Grèce devraient être en mesure d'agir avec une confiance mutuelle".

La délimitation des zones autour des îles grecques proches des côtes occidentales turques sont parmi les problèmes territoriaux les plus épineux entre les deux voisins, en raison surtout des gisements énergétiques revendiqués par les deux pays dans cette zone. . (AFP, 8 nov 2024)


Immigration / Migration

L'exil infernal de Maysoon, militante kurde accusée en Italie de trafic de clandestins

Alors qu'elle fuit la répression du régime iranien depuis cinq ans, Maysoon Majidi, militante kurde de 28 ans, ne s'attendait pas à être incarcérée en Italie pour trafic de migrants au terme de son éprouvante traversée de la Méditerranée.

Au lendemain de son arrivée en Calabre, dans le sud de l'Italie, le 31 décembre 2023, à bord d'une embarcation de 77 passagers en provenance de Turquie, Maysoon Majidi a été interpellée, soupçonnée d'avoir joué un rôle de passeur sur la base de deux témoignages ensuite démentis.

"J'ai essayé de dire que je suis une réfugiée politique, que je n'ai rien fait de mal", explique Maysoon Majidi dans un entretien à l'AFP.

"Aucun d'entre nous ne souhaite quitter son pays et affronter tous ces dangers pour arriver jusqu'ici. J'ai dû quitter l'Iran non seulement pour rester en vie, mais aussi pour pouvoir continuer mon travail de militante", plaide en farsi la jeune femme dont les propos sont traduits.

Entretemps, elle aura passé près de dix mois en prison, avec la menace d'un procès pour "complicité d'aide à l'immigration irrégulière", chef passible de six à 16 ans de prison.

Remise en liberté le 22 octobre, la militante reste en attente du jugement prévu le 27 novembre qui devrait définitivement l'innocenter, grâce notamment à la déposition du capitaine du bateau de fortune, qui l'a blanchie.

Elle espère rapidement pouvoir rejoindre son frère en Allemagne.

Amnesty International et plusieurs personnalités politiques ont soutenu Maysoon Majidi, qui a reçu la citoyenneté d'honneur de la commune de Riace en Calabre, la pointe de la Botte italienne. Son maire, Domenico Lucano, également député européen, y a porté une politique d'accueil des migrants, dont une communauté kurde.

- Un long exil -

Née en 1996 dans la province iranienne du Kurdistan, Maysoon Majidi a étudié le théâtre et la sociologie. Elle a dénoncé la misogynie ambiante dans plusieurs articles écrits sous pseudonyme, puis réalisé un court-métrage avec des kolbars, ces Kurdes qui risquent leur vie en transportant des marchandises dans les montagnes séparant l'Iran de l'Irak, à défaut d'autres perspectives économiques.

L'ONG Hana, qui documente les atteintes aux droits humains dans sa région natale, a confirmé que Maysoon Majidi était l'une de ses membres actives.

"J'étais toujours sous observation même lorsque j'étudiais à l'université", raconte-t-elle. "En 2019, ils m'ont arrêtée puis relâchée, mais j'ai su qu'ils me suivaient et qu'ils m'avaient libérée pour avoir accès à mes contacts".

Commence alors l'exil, avec son frère. Réfugiée à Erbil, dans le Kurdistan autonome d'Irak, elle devient journaliste et participe à l'organisation de manifestations du mouvement "Femme, Vie, Liberté", après la mort de Mahsa Amini, étudiante kurde arrêtée par la police des moeurs iranienne en septembre 2022.

De nouvelles menaces la poussent à fuir en Turquie, d'où elle parvient à réunir l'argent nécessaire pour rejoindre l'Italie.

- 'Qu'est-ce que je fais ici?' -

Son incarcération la plonge dans l'incompréhension: elle observe plusieurs grèves de la faim, notamment pour demander un interprète.

Parisa Nazari, militante féministe iranienne installée en Italie, a soutenu Maysoon Majidi et se souvient de son état de détresse en prison: "Je pouvais sentir ses côtes en la prenant dans mes bras. Elle me demandait constamment: "Qu'est-ce que je fais ici?".

"Thirsty flight", le court-métrage de Maysoon Majidi, a été projeté fin octobre au centre culturel kurde de Rome en présence de militants du collectif "Free Maysoon Majidi", venus de Calabre pour raconter les mois de mobilisation jusqu'à sa remise en liberté.

Aux yeux des ONG et associations, la jeune militante est victime de la politique du gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni, qui s'est engagé depuis son arrivée au pouvoir en 2022 à endiguer l'arrivée sur le territoire de migrants franchissant la Méditerranée.

"Trop souvent, il y a une impression que ces personnes qui étaient à bord d'embarcations transportant des migrants sont arrêtées pour montrer que la lutte contre la soi-disant immigration clandestine fonctionne", a estimé Riccardo Noury, porte-parole d'Amnesty International Italia auprès de l'AFP.

Plusieurs procès similaires de personnes migrantes soupçonnées d'avoir joué un rôle de passeur sont toujours en cours en Italie, comme celui de Marjan Jamali, une Iranienne arrivée en Italie avec son fils fin 2023, fuyant "la violence de son compagnon et du régime iranien" selon Amnesty International. (AFP, 13 nov 2024)



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