Droits
de l'Homme / Human Rights
Près de 300 arrestations en cinq jours, comment Ankara poursuit
la répression des Kurdes
En Turquie, près de 300 personnes ont été arrêtées au cours des cinq
derniers jours dans une opération ciblant notamment le Parti des
travailleurs du Kurdistan PKK, a annoncé, mardi 18 février, le ministre
de l’Intérieur Ali Yerlikaya, arguant qu’il s’agissait de « membres
présumés d’organisations terroristes ». Soixante de ces arrestations
ont été ordonnées pour la seule matinée de mardi 18 février, visant
entre autres des membres du principal parti prokurde DEM.
Près de 300 personnes ont été arrêtées au cours des cinq derniers jours
dans une opération ciblant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)
à travers la Turquie, a annoncé mardi 18 février le ministre de
l’Intérieur Ali Yerlikaya. Ces arrestations, qui ont aussi ciblé trois
journalistes, ont été effectuées dans une cinquantaine de provinces du
pays dont celles d’Istanbul, Ankara et des régions à majorité kurde à
l’Est.
Plusieurs ont visé des responsables du parti prokurde DEM, troisième
force au Parlement, directement impliqué dans le dialogue initié avec
Abdullah Öcalan, fondateur et chef historique du PKK et emprisonné à
vie depuis 1999. « Lors des opérations qui se poursuivent depuis cinq
jours contre le PKK dans 51 provinces, 282 membres présumés
d’organisations terroristes ont été capturés », a déclaré le ministre
sur X alors même que se poursuivent les négociations entre le
gouvernement avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en vue
d’une trêve.
Soixante arrestations ordonnées en une matinée
« Il est clair que la possibilité d’une solution et d’une paix commence
à faire perdre le sommeil à certaines personnes », a réagi le DEM. «
Chaque jour des opérations sont menées contre ceux qui veulent une
solution et la paix », accuse-t-il. Soixante de ces opérations ont été
ordonnées pour la seule matinée de mardi 18 février, visant entre
autres des membres de ce parti. Et cinquante-deux arrestations ont bien
été menées, a précisé le procureur d’Istanbul dans un communiqué.
« D’un côté, (le président Recep Tayyip Erdogan) poursuit ces
négociations avec le PKK, sans avoir vraiment adhéré à cette idée. De
l’autre, il continue comme d’habitude avec les Kurdes, c’est-à-dire
qu’il les cible, les emprisonne, les désigne et s’en prend aux édiles
kurdes démocratiquement élus », résume, auprès de l’AFP, Gönul Tol, du
Middle East Institute à Washington.
Face à la répression, les mobilisations ne désarment pas pour autant.
20 000 Kurdes venus de toute l’Europe se sont rassemblés à Strasbourg,
samedi 15 février, pour réclamer une nouvelle fois la libération
d’Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans sur l’île prison d’Imrali en
Turquie.
Parmi les manifestants, Maya, 20 ans, habite en Allemagne pour ses
études, mais elle souhaite retourner dans le Rojava sitôt qu’elle aura
obtenu ses diplômes. « Actuellement, je ne vois qu’une seule chose qui
peut nous sauver, c’est un état indépendant qui protège nos enfants,
expliquait-elle à l’Humanité. Je rêve d’un Kurdistan indépendant. Nous
ne sommes pas des terroristes, nous voulons, comme tout le monde, la
liberté de vivre en paix ». (
humanite.fr, 18 février 2025)
İstanbul
mayor faces 7 years in prison, ban from politics
in terrorism-related case
İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu has been formally indicted over his
recent remarks on the province's chief public prosecutor.
The İstanbul 14th Heavy Penal court accepted the indictment today,
scheduling the first hearing for Apr 14. The mayor faces a prison
sentence from 2 years and 8 months to 7 years and 4 months and a ban
from politics for "insulting a public official due to their duty,"
"threat" and "marking a counterterrorism official as a targe for terro
groups."
The case stems from comments İmamoğlu made during a speech last month,
where he said, addressing Akın Gürlek, the chief prosecutor, that
"we'll erase the mentality that guides you from this country."
Gürlek, who previously acted as the deputy justice minister and the
presiding judge in several politically charged cases, has been strongly
criticized by the main opposition Republican People's Party (CHP) for
allegedly acting in line with the government's political agenda. CHP
politicians, including İmamoğlu, have also held Gürlek responsible for
a series of recent investigations targeting İstanbul district
municipalities run by the party.
The indictment, which cites Gürlek as the victim, İmamoğlu’s statements
were an attempt to "pressure the judiciary" and "influence court
decisions" by using his political status.
The prosecutors also argued that Gürlek was known to be a target for
"terrorist orgnizations" due to his previous duties, and İmamoğlu
marked him as a target for such groups in his speech, in addition to
threatening the chief prosecutor. İmamoğlu’s remarks "included elements
that could put Gürlek and his family at risk," according to the
indictment.
Legal challenges against CHP and İmamoğlu
İmamoğlu and other CHP local governors have faced several
investigations and cases in recent months, ranging from
terrorism-related offenses to alleged irregularities in public tenders.
Mayors of the Esenyurt and Beşiktaş districts were remanded in custody
in October and January, respectively, and replaced by
government-appointed trustees.
During raids targeting 9 İstanbul district municipalities yesterday,
several municipal councilors and two deputy district mayors were
detained as part of a "terrorism" investigation.
İmamoğlu himself faces another investigation for "attempting to
influence the judiciary" for his revelation that the same expert
witness was involved in multiple investigations targeting CHP-run
municipalities, including Beşiktaş and Esenyurt.
Since defeating the ruling Justice and Development Party (AKP) in
İstanbul’s 2019 municipal elections, ending the AKP and its
predecessors’ 25-year control of the city, İmamoğlu has emerged as a
prominent opposition figure and a potential rival to Erdoğan in future
presidential elections.
In Dec 2022, a court sentenced İmamoğlu to two years in prison and a
five-year political ban over allegedly insulting members of the Supreme
Election Council in a 2019 speech. The opposition claimed his remarks
were taken out of context. The verdict is currently under appeal.
(MedyaNews, 14 February 2025)
Un cadre du patronat visé par une enquête après des
critiques contre la
justice
Le parquet d'Istanbul a ouvert une enquête contre un cadre de la
principale organisation patronale turque, auteur de récentes critiques
contre la justice du pays, a rapporté vendredi l'agence officielle
Anadolu.
Selon Anadolu, le procureur d'Istanbul a ouvert une enquête pour
"tentative d'influencer" la justice et "diffusion publique de fausses
informations", à l'encontre d'Ömer Aras, président du Haut conseil
consultatif de l'organisation patronale Tüsiad.
M. Aras avait, dans un discours jeudi, critiqué la destitution ces
derniers mois d'une dizaine de maires d'opposition élus l'an passé,
ainsi que les arrestations récentes d'élus, de journalistes et
d'artistes turcs.
Il avait également dénoncé les poursuites visant le maire d'Istanbul
Ekrem Imamoglu, figure de l'opposition et potentiel candidat à la
présidence.
"Ces événements, qui se sont succédé dans un laps de temps très réduit,
ont créé de l'anxiété dans la société et ébranlé la confiance", a jugé
M. Aras, également président-directeur du conseil d'administration de
la branche turque de la banque qatarienne QNB.
En réponse à ces déclarations, le ministre turc de la Justice, Yilmaz
Tunç, avait dénoncé jeudi, sans toutefois nommer M. Aras, les
"tentatives d'ingérence dans l'ordre judiciaire", promettant la réponse
"la plus forte qui soit". (AFP, 14 fév 2025)
Ten arrested in
probe targeting CHP-DEM cooperation in İstanbul
An İstanbul court has ordered the arrest of 10 individuals detained in
an ongoing terrorism investigation targeting district municipalities
governed by the main opposition Republican People’s Party (CHP) in
İstanbul.
Following their detention on Feb 11, the suspects, comprising deputy
district mayors and municipal councilors, were referred to İstanbul
Courthouse, where a court ruled for their arrest.
The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office alleges that those
arrested were involved with the Peoples’ Democratic Congress (HDK), an
umbrella organization of leftist and pro-Kurdish groups. Prosecutors
claim that they participated in the "urban consensus" strategy—an
electoral cooperation between the CHP and the pro-Kurdish Peoples’
Equality and Democracy (DEM) Party in last year’s local elections—at
the direction of the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK).
A written statement from the prosecutor’s office describes the "urban
consensus" as "a structure beyond the DEM Party" and claims that the
HDK and the Democratic Regions Party (DBP) are "key organizations
managing grassroots mobilization" for the PKK.
The DEM Party introduced the "Urban Consensus" approach ahead of the
2024 local elections. Under the strategy, the DEM did not field
candidates in certain İstanbul districts, while some of its members
were elected as municipal councilors through CHP lists. In Esenyurt,
for example, CHP member Ahmet Özer ran under the "Urban Consensus" and
was elected mayor. However, he was arrested in October in a terrorism
investigation and removed from office.
Among those arrested yesterday are Üsküdar Municipal Council member
Bülent Kaygun, Fatih Municipal Council member Güzin Alparslan, Ataşehir
Deputy Mayor Livan Gür, Kartal Deputy Mayor Cemalettin Yüksel,
Sancaktepe Municipal Council member Elif Gül, Şişli Municipal Council
member Sinan Gökçe, Tuzla Municipal Council member Hasan Özdemir,
Beyoğlu Municipal Council member Turabi Şen, Adalar Municipal Council
member Nesimi Aday, and an individual identified as İ.P., who is
reportedly linked to Beyoğlu Municipality.
The Peoples’ Democratic Congress (HDK) was founded in 2011 as a
coalition of labor unions, leftist movements, minority groups, and
various rights-based organizations, including women’s and LGBTI+
groups. The HDK describes itself as a platform for democratic
opposition and social movements, advocating for broad-based grassroots
participation in politics.
The latest arrests come amid a broader crackdown on opposition-run
municipalities in İstanbul. In recent months, multiple CHP mayors and
officials have been detained, while investigations have been launched
into İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu on separate charges. (BIA, 14
February 2025)
Ten arrested in probe targeting CHP-DEM cooperation in
İstanbul
An İstanbul court has ordered the arrest of 10 individuals detained in
an ongoing terrorism investigation targeting district municipalities
governed by the main opposition Republican People’s Party (CHP) in
İstanbul.
Following their detention on Feb 11, the suspects, comprising deputy
district mayors and municipal councilors, were referred to İstanbul
Courthouse, where a court ruled for their arrest.
The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office alleges that those
arrested were involved with the Peoples’ Democratic Congress (HDK), an
umbrella organization of leftist and pro-Kurdish groups. Prosecutors
claim that they participated in the "urban consensus" strategy—an
electoral cooperation between the CHP and the pro-Kurdish Peoples’
Equality and Democracy (DEM) Party in last year’s local elections—at
the direction of the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK).
A written statement from the prosecutor’s office describes the "urban
consensus" as "a structure beyond the DEM Party" and claims that the
HDK and the Democratic Regions Party (DBP) are "key organizations
managing grassroots mobilization" for the PKK.
The DEM Party introduced the "Urban Consensus" approach ahead of the
2024 local elections. Under the strategy, the DEM did not field
candidates in certain İstanbul districts, while some of its members
were elected as municipal councilors through CHP lists. In Esenyurt,
for example, CHP member Ahmet Özer ran under the "Urban Consensus" and
was elected mayor. However, he was arrested in October in a terrorism
investigation and removed from office.
Among those arrested yesterday are Üsküdar Municipal Council member
Bülent Kaygun, Fatih Municipal Council member Güzin Alparslan, Ataşehir
Deputy Mayor Livan Gür, Kartal Deputy Mayor Cemalettin Yüksel,
Sancaktepe Municipal Council member Elif Gül, Şişli Municipal Council
member Sinan Gökçe, Tuzla Municipal Council member Hasan Özdemir,
Beyoğlu Municipal Council member Turabi Şen, Adalar Municipal Council
member Nesimi Aday, and an individual identified as İ.P., who is
reportedly linked to Beyoğlu Municipality.
The Peoples’ Democratic Congress (HDK) was founded in 2011 as a
coalition of labor unions, leftist movements, minority groups, and
various rights-based organizations, including women’s and LGBTI+
groups. The HDK describes itself as a platform for democratic
opposition and social movements, advocating for broad-based grassroots
participation in politics.
The latest arrests come amid a broader crackdown on opposition-run
municipalities in İstanbul. In recent months, multiple CHP mayors and
officials have been detained, while investigations have been launched
into İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu on separate charges. (BIA, 14
February 2025)
İstanbul mayor faces 7 years in prison, ban from politics in
terrorism-related case
İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu has been formally indicted over his
recent remarks on the province's chief public prosecutor.
The İstanbul 14th Heavy Penal court accepted the indictment today,
scheduling the first hearing for Apr 14. The mayor faces a prison
sentence from 2 years and 8 months to 7 years and 4 months and a ban
from politics for "insulting a public official due to their duty,"
"threat" and "marking a counterterrorism official as a targe for terro
groups."
The case stems from comments İmamoğlu made during a speech last month,
where he said, addressing Akın Gürlek, the chief prosecutor, that
"we'll erase the mentality that guides you from this country."
Gürlek, who previously acted as the deputy justice minister and the
presiding judge in several politically charged cases, has been strongly
criticized by the main opposition Republican People's Party (CHP) for
allegedly acting in line with the government's political agenda. CHP
politicians, including İmamoğlu, have also held Gürlek responsible for
a series of recent investigations targeting İstanbul district
municipalities run by the party.
The indictment, which cites Gürlek as the victim, İmamoğlu’s statements
were an attempt to "pressure the judiciary" and "influence court
decisions" by using his political status.
The prosecutors also argued that Gürlek was known to be a target for
"terrorist orgnizations" due to his previous duties, and İmamoğlu
marked him as a target for such groups in his speech, in addition to
threatening the chief prosecutor. İmamoğlu’s remarks "included elements
that could put Gürlek and his family at risk," according to the
indictment.
İmamoğlu and other CHP local governors have faced several
investigations and cases in recent months, ranging from
terrorism-related offenses to alleged irregularities in public tenders.
Mayors of the Esenyurt and Beşiktaş districts were remanded in custody
in October and January, respectively, and replaced by
government-appointed trustees.
During raids targeting 9 İstanbul district municipalities yesterday,
several municipal councilors and two deputy district mayors were
detained as part of a "terrorism" investigation.
İmamoğlu himself faces another investigation for "attempting to
influence the judiciary" for his revelation that the same expert
witness was involved in multiple investigations targeting CHP-run
municipalities, including Beşiktaş and Esenyurt.
Since defeating the ruling Justice and Development Party (AKP) in
İstanbul’s 2019 municipal elections, ending the AKP and its
predecessors’ 25-year control of the city, İmamoğlu has emerged as a
prominent opposition figure and a potential rival to Erdoğan in future
presidential elections.
In Dec 2022, a court sentenced İmamoğlu to two years in prison and a
five-year political ban over allegedly insulting members of the Supreme
Election Council in a 2019 speech. The opposition claimed his remarks
were taken out of context. The verdict is currently under appeal. (BIA,
12 February 2025)
Men killed 28 women in January
According to the news compiled by bianet from local and national
newspapers, news websites and agencies, men killed at least 28 women
and four children in January.
Additionally, 39 women and seven children died under suspicious
circumstances, making it unclear whether the killings were gender-based
or not.
Men perpetrated violence on at least 39 women, abused at least 13 boys
and girls, and sexually harassed at least 11 women. Men raped one woman
and coerced 61 women into sex work.
Men threatened to kill one woman in Edirne.
In Batman and Kocaeli, two women exercised their right to self defense,
killing their husbands who perpetrated violence against them.
Suspicious deaths by provinces
Adana (2), Adıyaman (1), Afyon (1), Aksaray (2), Ankara (1), Antalya
(1), Aydın (1), Balıkesir (1), Batman (2), Bolu (2), Burdur (1), Bursa
(3), (1), Çanakkale (1), Çorum (1), Erzurum (1), Eskişehir (1),
Karaman (1), Kayseri (1), Kocaeli (1), Kırklareli (1), Manisa (1),
Mardin (1), Mersin (1), Muğla (2), Sakarya (3), Sinop (1), Yalova (1),
Zonguldak (1), İstanbul (1), İzmir (1).
Femicide
Men killed at least 28 women in January. This number was the same in
the same month last year.
Men killed at least six women despite restraining orders.
Women killed by men in January
Aysun Y., Ayşe Ç., Burcu Seymen, Canfeda T., D.K., Derya Kozan, Emine
Gündüz, Fatma Elif Kutlu, Fatma K., Fatma T., Fatma İnce, Gamze Alır,
Gülizar A., Gülnaz A., Hale El şıh İ., Hatice G., Hazal A., Hüsnü T.,
Latife K., Melisa Ç., Meryem D., Nurgül K., Pınar Z., Semiha T., Sevgi
E., Shaxnoz L., Türkan F., Ummuhan K.
Provinces where men killed women
Adana (3), Afyon (4), Ankara (1), Antalya (1), Antep (2), Bursa (1),
Giresun (1), Kayseri (1), Kocaeli (1), Konya (1), Malatya (1), Mardin
(1), Mersin (1), Muğla (1), Tekirdağ (1), İstanbul (6), İzmir (1).
Men killed 16 women because they did not want to reconcile and/or
wanted to leave. Men’s pretexts for killing 12 women were not reported
in the press.
At least 15 women were killed by their husbands/boyfriends, eight women
by their stepfather/son/cousin, two women by their sons-in-law. One
woman was killed by her employer. The degree of acquaintance between
two women and the men who who killed them was not reported in the press.
Men killed seven women in places outside the home and 21 women at home.
Men killed 19 women with firearms and six women with sharp
objects.
Men killed four women by beating/strangling them. Men killed one woman
by beating and one woman by burning. How the men killed one woman was
not reported in the press.
Legal proceedings
There were at least 40 perpetrators who killed women. Only 21
perpetrators were arrested. Five perpetrators committed suicide. 12
perpetrators were detained. The legal process of two perpetrators was
reported in the press as fugitive/ wanted.
Child murder
Men killed at least four children in January. Last year, this number
was five in the same month.
One of the children had been forced to flee Syria.
Men killed three children with firearms and one child by crushing his
head with a stone.
One child was killed by his mother's boyfriend, one by his brother, one
by a mechanic who went to their house and one by his father.
Provinces where men killed children
Adana (1), İstanbul (2), Tekirdağ (1).
Names of the children killed by men
Şehrinin O., Dilan Y., Meryem S., Rafet D.
Legal proceedings
There were five perpetrators who killed the children. One perpetrator
committed suicide, four perpetrator was arrested. (BIA, 5 February 2025)
Prosecutors investigate media coverage of 2013
Gezi Park protests
The İstanbul Chief Public Prosecutor's Office has launched an
investigation into media coverage of the 2013 Gezi Park protests,
according to a report by Habertürk.
As part of the inquiry, the prosecutor's office sent a letter to the
Radio and Television Supreme Council (RTÜK), requesting records of
broadcasts that allegedly promoted the protests. The letter claims that
certain media outlets contributed to the spread of social unrest by
publicizing the demonstrations. RTÜK has been asked to identify and
submit broadcast recordings from the time.
However, RTÜK's archive does not go back that many years, according to
a council member from the main opposition Republican People's Party
(CHP).
"Only the records of cases that are reported or subject to judicial
review are kept," İlhan Taşcı said on social media, adding that RTÜK
only keeps records regularly for one year and then gradually deletes
the records.
"In addition, according to Article 25 of Law No. 6112, private media
service providers are obliged to keep records of each broadcast for one
year. Therefore, it is not legally possible to obtain such a wide range
of records from broadcasters," noted Taşcı.
Talent manager's arrest
The investigation into media coverage is linked to the ongoing case
against talent manager Ayşe Barım, who was arrested on Jan 27 on
charges of "attempting to overthrow the government." Barım was
initially being investigated for alleged monopolization of the
entertainment industry but was later tied to the Gezi Park protests.
One of the accusations against Barım involves her talent management
company, ID İletişim. Prosecutors allege that actors represented by her
company participated in the protests and posted about them using the
#OccupyGezi hashtag in 2013.
Actors Halit Ergenç and Rıza Kocaoğlu, who were summoned to testify in
the case, reportedly stated that they attended the protests "of their
own free will." Despite this, prosecutors initiated a new investigation
on Jan 27, claiming that their testimonies contained contradictions and
accusing them of false testimony.
The Gezi Park protests began in May 2013 as a reaction to then-Prime
Minister Recep Tayyip Erdoğan's plans to reconstruct the historic
Ottoman-era Taksim Artillery Barracks as part of a redevelopment
project in İstanbul’s iconic Taksim Square. The demonstrations
escalated into nationwide anti-government protests involving millions
of participants.
Philanthropist Osman Kavala was convicted in 2022 of organizing and
financing the protests. He was sentenced to life imprisonment for
"attempting to overthrow the government," a ruling that has faced
widespread criticism from human rights groups and international
observers. (BIA, 3 February 2025)
La justice sert à instiller la peur, selon les
opposants
Ayse Barim s'est toujours tenue à l'écart de la vie politique en
Turquie. Pourtant, lundi soir, cette agent de célèbres acteurs, réputée
dans le monde des séries télévisées turques, a été arrêtée pour
"tentative de renversement du gouvernement".
Ayse Barim a ainsi rejoint une longue liste de personnalités
poursuivies par les autorités, ce que dénonce l'opposition qui accuse
le gouvernement de se servir de la justice comme un moyen
d'intimidation.
Les accusations portées contre elle remontent à 2013 et aux grandes
manifestations antigouvernementales de Gezi, à Istanbul, auxquelles
elle aurait, selon le procureur, "poussé" ses acteurs à prendre part.
Ce qu'elle nie.
Des acteurs célèbres comme Halit Ergenc, le sultan Soliman dans la
série turque mondialement connue "Le Siècle Magnifique", sont également
mis en examen dans le cadre de la même enquête sur Gezi, presque douze
ans après.
Pour Mehmet Esen, acteur et ex-président du syndicat turc des
travailleurs du cinéma, il s'agit d'une main mise sur le monde
culturel, l'un des rares domaines que l'AKP, le parti du président turc
Recep Tayyip Erdogan, ne contrôle pas entièrement.
"Les artistes ont une grande influence en Turquie. En plus, ils sont en
majorité dissidents. Ils prennent position contre les injustices. Il
est clair que le gouvernement veut casser cela", estime-t-il.
- Zone de lutte de pouvoir -
Les discours prononcés lors des cérémonies dans les festivals de
cinéma, ou encore les scénarios des séries turques qui battent des
records d'audience, sont souvent critiques envers le gouvernement et
tranchés sur les questions brûlantes qui agitent la société turque,
comme les droits des femmes ou la polarisation entre laïcs et
islamo-conservateurs.
"Le domaine culturel est devenu une zone de lutte de pouvoir entre
l'opposition et le gouvernement", explique le sociologue Goksel Aymaz,
de l'Université de Marmara, à Istanbul.
Pour M. Aymaz, même si Ayse Barim n'est pas politiquement engagée, cela
n'empêche pas le gouvernement d'en faire "une force derrière Gezi".
"A partir du moment où elle est une éminente personnalité du secteur
des séries, peu importe qu'elle soit politisée ou non. L'objectif du
gouvernement est de redessiner ce secteur en imposant sa propre
influence, dans le but de perpétuer son pouvoir", assure-t-il.
- Le maire d'Istanbul visé -
Dans ce but, les autorités s'en prennent régulièrement aux
journalistes, aux avocats et aux élus, comme en témoignent de récentes
arrestations.
Une enquête a été ouverte mi-janvier pour "propagande terroriste"
contre le barreau d'Istanbul, dirigé par une équipe proche de
l'opposition, pour des liens supposés avec le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), mouvement armé qu'Ankara considère comme terroriste.
Motif: les avocats avaient réclamé une enquête sur la mort en Syrie,
fin décembre, de deux journalistes kurdes turcs dans une zone où
opèrent des factions proturques.
Depuis les élections municipales de mars 2024, dix maires de
l'opposition ont été arrêtés, destitués et remplacés par des
administrateurs désignés par le gouvernement.
Mardi soir, trois journalistes d'une chaine de télévision d'opposition,
Halk TV, ont été arrêtés pour avoir diffusé l'interview d'un expert
judiciaire dans une enquête visant le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Ce dernier, considéré comme le principal rival du président Erdogan,
est d'ailleurs convoqué vendredi devant le procureur alors qu'il est
déjà visé par de nombreux autres procédures judiciaires.
Selon des observateurs, l'enquête ciblant le secteur des séries télé
pourrait aussi viser M. Imamoglu, réélu haut la main à la tête de la
mégapole en mars dernier.
Le journal progouvernemantal Yeni Safak a déjà accusé Mme Barim d'avoir
usé de son influence pour le soutenir.
"Le pouvoir de la justice est utilisé de manière abusive pour instiller
la peur dans toutes les couches de la société. Nous n'avons pas peur et
nous ne resterons pas silencieux", a affirmé M. Imamoglu sur X.
Son parti le CHP, première force d'opposition parlementaire, dénonce
"un climat de peur".
"Le gouvernement tente de décourager la société civile en montrant
qu'il peut neutraliser les journalistes ou les politiciens en qui elle
a confiance", a estimé mardi soir le politologue Mesut Yegen, sur la
chaîne de télévision privée Ilke TV.
"Il tente ainsi de prévenir tout mouvement de rue qui pourrait
déboucher sur une demande d'élections anticipées". (AFP, 29 jan 2025)
Turkey arrests dozens of politicians, journalists, public
figures in broad crackdown
At least 45 people, including well-known public figures, have been
remanded in custody in Turkey since Jan 17 as part of separate criminal
investigations.
Politicians and local administrators from a wide range of the political
spectrum, as well as journalists and other public figures, are facing
various charges, primarily terrorism-related ones.
Additionally, at least nine journalists have been placed under
investigation over their reporting and social media posts.
Here is a summary of the events that took place in the past weeks:
On Jan 14, the İstanbul Bar Association’s leadership was accused of
"propagating a terrorist organization" and "publicly spreading
misleading information," with a request made for their removal from
office. The İstanbul Chief Public Prosecutor's Office also requested
permission to launch an investigation into the bar’s executive members.
Rıza Akpolat, mayor of İstanbul’s Beşiktaş district and a member of the
main opposition Republican People’s Party (CHP), remained in custody
for four days on charges of "membership in a criminal organization,"
"bid rigging," and "illicit enrichment" before being formally arrested
on Jan 17.
As part of an investigation centered in İstanbul, six journalists and
press workers from pro-Kurdish outlets—Necla Demir, Rahime Karvar,
Ahmet Güneş, Welat Ekin, Reyhan Hacıoğlu, and Vedat Örüç—were detained
in İstanbul, Mersin, and Van on Jan 17 and later arrested on Jan 20 for
"membership in a terrorist organization." Another journalist, Eylem
Babayiğit, who was also detained under the same investigation, was
arrested on Jan 24.
On Jan 21, an investigation was launched against journalists Seyhan
Avşar, Ahmet Doğan Akın, and Candan Yıldız over their social media
posts regarding the Nazım Daştan and Cihan Bilgin, Kurdish journalists
killed in Syria. They now face up to eight years in prison on charges
of "terrorist propaganda through press and media" and "publicly
spreading misleading information through press and media."
The anti-immigrant Victory (Zafer) Party Ümit Özdağ was detained on
charges of "insulting the president" and was arrested on Jan 21 after
facing an additional charge of “inciting hatred and enmity among the
public." This charge stemmed from Özdağ’s anti-refugee rhetoric.
Two journalists from left-wing outlets, Ali Ergin Demirhan from
Sendika.org and Mustafa Bildircin from BirGün, were summoned for
questioning on Jan 22 over their reporting.
Journalists Ali Ergin Demirhan and Mustafa Bildircin were summoned for
questioning on Jan 22 over their reporting.
During an operation targeting members of the Socialist Party of the
Oppressed (ESP), Socialist Women's Assemblies (SKM), and the Socialist
Youth Associations Federation (SGDF), Etkin News Agency (ETHA) reporter
Züleyha Müldür was detained and later arrested on Jan 25 for alleged
"membership in a terrorist organization." That same day, 34 people,
including ESP Co-Chair Hatice Deniz Aktaş and other party executives,
were also arrested.
İstanbul Bar Association board member and lawyer Fırat Epözdemir was
arrested on the same day on charges of "membership in a terrorist
organization."
Ayşe Barım, a talent manager representing artists and actors, was
arrested on Jan 27 as part of an investigation accusing her of being
one of the "organizers" of the 2013 Gezi Park protests. She was charged
with "attempting to overthrow the government or prevent it from
carrying out its duties."
İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu was summoned for questioning on Jan 27 as
part of two separate investigations. One of them is into allegations of
"threats" and "targeting individuals involved in counterterrorism
efforts" due to his accusations of political influence against İstanbul
Chief Public Prosecutor Akın Gürlek. The other investigation concerns
İmamoğlu's revelation of an expert witness involved in several
investigations into his CHP, with the mayor being accused of
"attempting to influence the judiciary."
Fırat Fıstık, a reporter for the pro-opposition Sözcü TV, was
“urgently” summoned for questioning by the İstanbul Chief Public
Prosecutor’s Office on Jan 27 over a news report he had published.
The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) launched an
investigation on Jan 28 into Halk TV's broadcast regarding an expert
witness whom Mayor İmamoğlu had referenced in a public statement.
Journalist Şirin Payzın announced on Jan 28 that an investigation had
been launched against her on charges of "terrorist propaganda."
Siirt Co-Mayor and former Jin News News Director Sofya Alağaş was
sentenced to six years and three months in prison on Jan 28 in the
seventh and final hearing of her trial, in which she was charged with
"membership in a terrorist organization." The court cited her
journalistic activities as the basis for the verdict.
Following their broadcast of a conversation with expert witness S.B.,
journalist Barış Pehlivan, Halk TV’s responsible news director Serhan
Asker, and program host Seda Selek were detained on the night of Jan
28. (BIA, 29 January 2025)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Trois
journalistes arrêtés puis relâchés après un
article sur le
procureur d'Istanbul
Trois journalistes d'un quotidien turc de gauche ont été arrêtés
plusieurs heures ce week-end en vertu de la législation antiterroriste
après un article sur le procureur d'Istanbul, nouvel épisode des
pressions croissantes contre la liberté de la presse en Turquie.
La principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple
(CHP), ainsi que l'ONG de défense des médias Reporters sans frontières
(RSF), ont vigoureusement dénoncé la mesure.
Les journalistes Ugur Koç et Berkant Gültekin, qui travaillent pour
l'édition en ligne de BirGün, et son directeur de la rédaction Yasar
Gökdemir, ont été arrêtés samedi soir à leurs domiciles pour avoir "nui
à des individus engagés dans la lutte antiterroriste", a écrit sur X le
rédacteur en chef, Ibrahim Varli.
Selon lui, il leur est reproché d'avoir relaté la rencontre entre un
journaliste du quotidien progouvernemental Sabah et le procureur
général d'Istanbul, Akin Gürlek, rencontre qui pourtant "avait déjà été
évoquée" par Sabah lui-même.
Les autorités "tentent d'intimider la presse et la société par des
enquêtes et des arrestations", a dénoncé M. Varli.
A l'issue de leurs auditions, les trois hommes ont été relâchés. Il
s'agit toutefois de "libération conditionnelle" pour M. Gökdemir et M.
Koç, qui devront se présenter au tribunal une fois par semaine, selon
BirGün. Ils ont aussi interdiction de quitter la Turquie.
Pendant qu'ils étaient entendus, une centaine de manifestants
rassemblés devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul ont brandi des
pancartes sur lesquelles était inscrit "BirGün ne se taira pas" ou "le
journalisme n'est pas un délit", a constaté l'AFP sur place.
Ces interpellations sont "inacceptables", a réagi sur X Erol Önderoglu
de RSF. "Cette mesure, motivée par un article critiquant
+l'impartialité du procureur+, est injustifiée", a-t-il ajouté.
Ces derniers mois, plusieurs enquêtes judiciaires ont déjà été ouvertes
à la suite d'articles ou de commentaires sur le procureur d'Istanbul.
Ont notamment été visés le maire de la ville Ekrem Imamoglu, figure de
l'opposition au président Recep Tayyip Erdogan, et le président du CHP,
Özgür Özel.
- "Honte sans précédent" -
Les trois nouvelles interpellations du week-end sont une "honte sans
précédent", a réagi ce dernier sur X. "Essayer de fabriquer un crime à
partir de cela est un signe de culpabilité", a-t-il estimé.
M. Özel avait lui-même été inculpé en novembre d'"insulte à un agent de
l'Etat" et d'avoir "nui à des individus engagés dans la lutte
antiterroriste", pour des propos sur M. Gurlek, qu'il avait qualifié de
"guillotine mobile", expression qu'il a réutilisée dimanche sur X.
Les autorités turques s'en prennent régulièrement à des journalistes,
des avocats ou des élus, avec un nombre de cas en hausse depuis
quelques semaines.
Trois journalistes de la chaîne d'opposition Halk TV ont ainsi été
arrêtés fin janvier. Deux d'entre eux bénéficient de la libération
conditionnelle, mais le rédacteur en chef Suat Toktas est toujours
derrière les barreaux.
L'actrice Melisa Sözen, qui a joué le rôle d'une combattante kurde dans
la série française "Le Bureau des Légendes", a elle été entendue cette
semaine par la police, soupçonnée de "propagande terroriste", selon
l'agence de presse DHA et Halk TV. Une enquête déclenchée par le
procureur d'Istanbul.
En 2024, RSF a placé la Turquie au 158e rang sur 180 pays pour la
liberté de la presse, soulignant que "le pluralisme des médias est plus
que jamais remis en cause. Tous les moyens sont bons pour affaiblir les
plus critiques".
Selon l'ONG turque de défense de la liberté d'expression MLSA, au moins
30 journalistes et collaborateurs de médias sont en prison en Turquie,
et quatre assignés à résidence.
En 2024, elle a suivi 281 procès relatifs à la liberté d'expression
impliquant 1.856 accusés, dont 366 journalistes. (AFP, 9 fév 2025)
Le procès de la
sociologue Pinar Selek renvoyé une fois de plus
Le procès à Istanbul de la sociologue et écrivaine turque réfugiée en
France Pinar Selek, accusée de "terrorisme" et poursuivie depuis 27 ans
en Turquie malgré quatre acquittements, a été une nouvelle fois renvoyé
vendredi, a constaté l'AFP.
La prochaine audience aura lieu le 25 avril.
C'est la quatrième fois en moins de deux ans que le Tribunal criminel
d'Istanbul se réunit, ouvre et ajourne l'audience presque
instantanément, arguant avoir demandé des "éléments supplémentaires" au
ministère de la Justice.
"Le but c'est de nous fatiguer, de fatiguer mes soutiens, de fatiguer
aussi la presse (...) C'est une guerre des nerfs et c'est difficile de
continuer", a réagi Pinar Selek lors d'une conférence de presse à Nice
(sud de la France), où elle réside et travaille.
"Je suis un peu énervée, mais on va y arriver", a-t-elle poursuivi en
citant le philosophe Gilles Deleuze: "Les pouvoirs ont besoin de corps
tristes pour gouverner".
En juin dernier elle avait évoqué "un procès kafkaïen. Je suis face à
l'irrationalité".
Le père de l'accusée, Alp Selek, qui est également l'un de ses avocats,
était de nouveau présent, avec des représentants consulaires français
et suisse, ainsi qu'une délégation d'élus et de défenseurs des droits,
français et européens.
Les trois précédentes audiences, en mars et septembre 2023 et le 28
juin 2024, avaient été également renvoyées.
La justice turque a déjà justifié ces reports par sa demande
d'extradition de Pinar Selek, exigeant d'entendre l'accusée in situ.
Mais l'universitaire craint d'être arrêtée dès son arrivée en Turquie.
Elle a proposé d'être entendue depuis un tribunal français, mais cette
offre a été rejetée.
Âgée de 53 ans, Pinar Selek avait été arrêtée en Turquie en 1998 pour
ses travaux sur la communauté kurde, avant d'être accusée d'être liée à
une explosion qui venait de faire sept morts au bazar aux épices
d'Istanbul.
Libérée fin 2000, elle est un temps restée à se battre en Turquie avant
que des menaces ayant suivi la publication d'un ouvrage ne la poussent
à l'exil.
En juin dernier, l'accusation a ajouté une nouvelle pièce au dossier en
accusant la chercheuse d'avoir participé à un événement organisé en
France par le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ce dont Mme Selek se défend, affirmant avoir animé une table-ronde
autour de femmes kurdes, organisée par son université.
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et
par l'Union européenne.
La Turquie attend une déclaration imminente du chef historique et
fondateur du PKK Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 26 ans, qui
appelerait le PKK à déposer les armes après quatre décennies de
guerilla contre les autorités d'Ankara.
Présente à l'audience, Melissa Camara, élue française au Parlement
européen, a dénoncé une "persécution incessante" et un "acharnement
injustifiable" contre l'universitaire.
Dans une tribune publiée fin janvier dans cinq grands quotidiens
européens, 500 universitaires d'une trentaine de pays ont réclamé
l'acquittement définitif de Mme Selek. (AFP, 7 fév 2025)
Militante kurde dans une série TV, une actrice
entendue pour "terrorisme"
Parce qu'elle avait incarné le rôle d'une combattante kurde dans une
célèbre série télévisée française sortie en 2017, une actrice turque a
été entendue par la police à Istanbul pour "propagande terroriste",
rapportent lundi les médias turcs.
Melisa Sözen a joué le rôle d'une combattante kurde dans "Le Bureau des
Légendes", série à succès qui racontait le quotidien d'une unité des
services de renseignements français (la DGSE), spécialisée dans la
formation et l'immersion de ses agents à l'étranger.
Selon l'agence DHA et la chaine de télévision Halk TV, proche de
l'opposition, l'actrice de 39 ans a été interpellée lundi alors qu'elle
rentrait de l'étranger, à la demande du procureur général d'Istanbul
qui a ouvert une enquête pour "propagande d'organisation terroriste".
Melisa Sözen a été entendue par la police et laissée libre, précise la
presse.
Dans une déclaration, elle a assuré avoir ignoré qu'elle portait pour
son rôle l'uniforme de combattants kurdes syriens des YPG, qu'Ankara
considère comme affiliés au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK),
mouvement armé classé comme terroriste et interdit en Turquie.
"Je jouais le rôle d'un agent double. La série n'a pas été diffusée en
Turquie. Je suis quelqu'un qui aime son pays et sa nation" s'est
défendue la jeune femme, citée par Halk TV.
Le quotidien d'opposition Hürriyet, qui a rapporté également l'épisode,
relève que Melisa Sözen a tourné dans plus d'une vingtaine de séries
célèbres en Turquie et au cinéma, notamment dans "Winter Sleep" du
réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, Palme d'Or à Cannes en 2014.
L'enquête ouverte contre l'actrice, plus de sept ans après les faits,
s'inscrit dans une série d'arrestations et de procès visant des
journalistes, des avocats, des personnalités politiques et du
monde
culturel et artistique. (AFP, 3 fév 2025)
La place inoubliable d’Artı
Gerçek dans la Résistance
Cette semaine, deux anniversaires importants dans ma carrière de
journaliste

Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 3 février 2025
J’écris ces lignes à l’occasion de l’anniversaire de deux des tournants
les plus importants de mes 73 ans de carrière de journaliste, dont 19
ans passés dans le pays où je suis né et j’ai grandi, et 54 ans en exil.
Jeudi soir dernier, à l’invitation de nos collègues qui ont porté avec
nous les Ateliers du Soleil à son niveau actuel et avec la
participation de nos amis assyriens, arméniens et kurdes avec lesquels
nous avons lutté ensemble contre les régimes oppressifs en Turquie,
nous avons fêté avec un banquet fraternel le 60e anniversaire de notre
mariage, à İnci et à moi, et du début de notre collaboration dans le
journalisme.
Enfant d’une famille pauvre de cheminot, j’ai commencé le journalisme
comme sténographe au journal Ege Güneşi (Le Soleil de l’Égée) à Izmir
le 9 septembre 1952, juste pour couvrir mes frais d’études supérieures.
Pendant dix ans, jusqu’en 1962, j’avais assumé des responsabilités au
Sabah Postası (Les Nouvelles du Matin), le seul quotidien d’opposition
au gouvernement du Parti démocrate (DP) à Izmir, et en même temps
correspondant en région égéenne pour le Milliyet (National) d’Istanbul
et l’Öncü (Avant-garde) d’Ankara…
Nous nous sommes rencontrés avec İnci à Izmir en 1962 alors que nous
étions deux jeunes journalistes d’opposition. Lorsque je suis arrivé à
Istanbul en 1963 en assumant des responsabilités à la fois au siège
central du Parti ouvrier de Turquie et au quotidien Gece Postası (Les
Nouvelles du Soir), İnci était la correspondante diplomatique des
journaux d’opposition Hür Vatan (Patrie libre) et Hareket (Action) à
Ankara… En 1964, nous avions tous les deux commencé à travailler au
journal Akşam (Le Soir).
De retour d’un voyage en Espagne pour suivre les entrevues d’une
délégation de Turquie, İnci avait apporté avec elle des traductions
qu’elle avait faites de poésies et de pièces de théâtre de Federico
Garcia Lorca. Alors que nous travaillions ensemble sur une version
turque de ces traductions, nous décidâmes de nous marier le plus tôt
possible et de rester unis ensemble plutôt que de continuer à vivre
comme deux amoureux se retrouvant de temps à autre.
À partir du 30 janvier 1965, nous avons poursuivi ensemble notre combat
pour faire du journal Akşam, le plus vieux quotidien de Turquie, la
voix quotidienne du mouvement de gauche en essor. Après que notre
équipe éditoriale de gauche fut évincée d’Akşam sous la pression des
milieux capitalistes et du gouvernement, nous continuâmes notre lutte
avec la revue et les éditions Ant (Le Serment) de 1967 à leur
interdiction lors du coup d’État militaire du 12 mars 1971.
Après le coup d’État de 1971, en dehors des bulletins d’information,
des livres et des brochures en différentes langues d’Info-Türk, qui
était notre propre initiative dans l’exil, j’ai essayé de contribuer
par mes écrits à de nombreux journaux, revues et agences de presse,
tant en Turquie qu’à l’étranger. En plus de réaliser les éditions de
différentes associations et syndicats s’adressant aux migrants de
Turquie, j’ai également exprimé mes opinions dans les revues Yürüyüş,
Yurt ve Dünya et Yazın et les journaux Özgür Bakış et Yeni Gündem
publiés en Turquie, et dans les journaux Tek Cephe, Demokrat Türkiye et
Barış/Aşıti publiés à l’étranger.
J’avais raconté dans le menu détail l’histoire de notre vie commune de
60 ans, avec ses peines et ses joies, d’abord à Akşam et Ant, puis à
travers nos luttes en exil dans mes mémoires en deux volumes intitulées
Journaliste « Apatride » parus en 2010 et 2011 (traduits en français en
2014) et le livre « Une rebelle dans l’encre d’exil. Le combat pluriel
d’İnci Tuğsavul » publié l’année passée.
Le cri qui s’élevait il y a 8 ans en exil : Artı Gerçek (La
Vérité en plus)
Cette semaine, juste après la célébration de notre 60e anniversaire,
vient le 8e anniversaire d’Artı Gerçek, qui occupe une place très
importante dans notre combat en exil…
C’est la période où le pouvoir de Tayyip en Turquie a lancé une
campagne d’oppression et de torture sans précédent afin de saboter le
processus de paix et d’établir une dictature présidentielle, lorsqu’il
a procédé à des arrestations massives afin d’anéantir le HDP, qui
constituait le troisième groupe à l’Assemblée et a détruit pierre après
pierre toutes les régions kurdes…
L’un des deux évènements importants de cette période à l’étranger fut
la création de l’organisation européenne du Congrès démocratique des
Peuples à Bruxelles, pour mener la lutte à l’étranger, et l’autre le
début de la publication d’Artı Gerçek.
Un mois après le début de l’édition numérique d’Artı Gerçek depuis la
ville de Cologne en Allemagne le 8 février 2017, la chaîne Artı TV, qui
constituait une avancée audiovisuelle majeure, était lancée le 18 mars
2017 avec une cérémonie réunissant tous nos amis à Cologne.
Cependant, à l’occasion de cet anniversaire, il est impossible de ne
pas se souvenir d’une perte qui nous attriste profondément İnci et moi.
Nous avions perdu l’année dernière notre cher ami Celal Başlangıç, le
fondateur d’Artı Gerçek.
Nos chemins s’étaient croisés avec Celal à Bruxelles alors qu’il était
l’une des cibles de la terreur lancée contre les médias et journalistes
d’opposition après le coup d’État factice du 15 juillet 2016, et qu’il
fut contraint de poursuivre son combat en exil, tout comme nous 45 ans
auparavant. À l’occasion de cette rencontre, Celal m’avait expliqué son
projet, qui n’avait pas encore pris le nom d’Artı Gerçek, et m’avait
proposé d’en faire partie comme écrivain.
L’équipe formée par Celal Başlangıç et nos autres amis journalistes en
exil a surmonté de grandes difficultés financières en réussissant à
lancer Artı Gerçek en 2017.
Dans son article publié dans le premier numéro, Celal Başlangıç disait
: « La relation de la Turquie à la vérité est chaque jour un peu plus
rompue par le gouvernement de l’AKP. Les médias qui expriment la vérité
sont fermés les uns après les autres. Ceux qui sont encore en mesure de
paraître sont corrigés à coups de sanctions financières et de peines de
prison pour être soumis. C’est face à ce tableau que nous avons visé
une publication sans censures et autocensures. Nous avons voulu, comme
personnes ayant fait des années durant du journalisme, apporter une
contribution, aussi petite soit-elle, pour ceux qui défendent la
démocratie, la paix et les libertés en Turquie. Bonne chance à nous
pour un média libre et une Turquie démocratique ».
Dans mon article paru dans le premier numéro et intitulé « Deux
événements promettants dans notre vie d’exil », je déclarais
:
« En ce nouvel an qui marque la 65e année de ma vie de journaliste et
la 46e de ma vie en exil, voici deux grands événements qui ravivent mon
espoir, en tant que journaliste et défenseur des droits de l’Homme, de
voir un jour s’effondrer le sultanat de l’oppression : l’assemblée
constituante de l’organisation européenne du Congrès démocratique des
Peuples (HDK-A), qui s’est tenue à Bruxelles le 4 février et à peine
quatre jours plus tard, le 8 février, le lancement du journal Artı
Gerçek…
« Le fait que des journalistes défenseurs de la démocratie et de la
liberté aient choisi ce moment précis où la lutte entre en
effervescence pour lancer en exil Artı Gerçek dans le but de déchirer
les ténèbres créées par un pouvoir fascisant – et ses lèche-bottes –
ayant pris en otage les médias turcs est une autre marque qui indique
que l’on se trouve à un tournant historique.
« Oui, pendant mes 46 ans d’exil, j’ai pris place, pour lutter contre
le régime d’Ankara et éclairer l’opinion mondiale, dans nombre de
bulletins d’informations, de revues, de journaux, de radios et de sites
Internet d’opposition.
« Tous ont une place honorable dans l’histoire des luttes mondiales.
Mais c’est la première fois dans l’histoire de nos médias qu’autant de
vrais journalistes se retrouvent en exil pour donner vie à un organe de
presse tel qu’Artı Gerçek…
Comme on peut le voir sur le document que je partage sur cette page, de
nombreux journalistes, chercheurs et écrivains ont dès le départ
contribué à Artı Gerçek avec beaucoup de dévouements.
Quand je regarde en arrière, Artı Gerçek occupe une place particulière
dans les huit dernières années de ma carrière de journaliste de 73
années, dont 54 passées en exil.
Mes articles dans Artı Gerçek sont les plus longs en périodicité de ma
lutte en exil… J’exprime mes opinions dans ses pages depuis huit ans
sans discontinuer, pas même une semaine… En incluant le dernier, le
total de mes écrits atteint les 416, le premier de mes Écrits d’Exil a
été publié en 2019, et le dernier paraîtra la semaine prochaine et
occupera la plus grande place dans le 8e volume.
Les Écrits d’Exil sont, avec mes mémoires en deux volumes intitulées
Journaliste « Apatride » publiés en 2010 et 2011, constituent un récit
sincère de mes 73 ans de carrière journalistique, dont la majorité
s’est déroulée en exil.
Les traductions françaises de mes articles d’Artı Gerçek jusqu’en mai
2022 ont également été publiées en deux volumes sous le nom d’Écrits
d’exil. Nous essayons de publier les traductions françaises de mes
articles de 2022 à aujourd’hui de manière successive dans deux nouveaux
volumes 3 et 4 jusqu’à la fin de cette année.
Je sais que mon âge avançant et mes problèmes de santé croissants ne me
permettront plus de maintenir le rythme d’écriture hebdomadaire que je
suivais sans discontinuer depuis huit ans.
Je crois que mes lecteurs l’admettront avec compréhension.
Je continuerai néanmoins à exprimer mes opinions, même par intervalles
plus irréguliers.
À l’occasion de son 8e anniversaire, je souhaite plein succès aux
dirigeants et aux travailleurs d’Artı Gerçek dans leur lutte
difficile.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Quatre journalistes
libérés, leur rédacteur en chef incarcéré
Le rédacteur en chef d'une chaîne de télévision turque proche de
l'opposition a été placé en détention provisoire jeudi, tandis que
quatre journalistes du même média ont été remis en liberté sous
contrôle judiciaire.
"Un juge a ordonné dans la nuit le placement en détention de (Suat)
Toktas", a annoncé la chaîne Halk TV.
La justice reproche à la chaîne d'information en continu d'avoir
diffusé l'enregistrement, à son insu, d'un entretien avec un expert
judiciaire désigné dans une enquête visant le maire d'opposition
d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Quatre journalistes de la chaîne, dont le reporter ayant réalisé
l'interview, Baris Pehlivan, ont été remis en liberté sous contrôle
judiciaire mercredi et jeudi.
Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, figure du Parti républicain du
peuple (CHP, social-démocrate), avait accusé la justice de désigner
systématiquement l'expert judiciaire interrogé par Halk TV dans les
enquêtes visant les municipalités dirigées par le CHP.
M. Imamoglu, considéré comme le principal rival du président Recep
Tayyip Erdogan, est visé par plusieurs enquêtes, dont l'une l'avait
empêché d'être candidat à la présidentielle de 2023.
Le maire d'Istanbul doit comparaître vendredi devant un procureur de la
ville dans le cadre de deux procédures judiciaires à son encontre.
(AFP, 30 jan 2025)
Trois
journalistes travaillant pour la télévision Halk TV ont été arrêtés
Trois journalistes travaillant pour la télévision de
l'opposition
turque Halk TV ont été arrêtés mardi soir à Istanbul dont sa
présentatrice, a annoncé la chaîne.
"La présentatrice de Halk TV, son directeur des programmes Serhan Asker
et Baris Pehlivan ont été arrêtés dans les locaux de la chaîne alors
qu'ils préparaient le programme du soir", a annoncé sur X le
propriétaire de Halk TV, Cafer Mahiroglu.
Halk TV (littéralement la télévision du peuple) est proche du principal
parti d'opposition parlementaire, le CHP (social-démocrate).
Selon le principal quotidien d'opposition, Cumhuriyet, ils sont accusés
d'avoir enregistré et diffusé "une conversation avec un expert" mis en
cause par le maire CHP d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, dans une enquête
visant un des élus de la mégapole.
Selon M. Imamoglu, les accusations se fondent sur "un rapport d'expert
inexistant".
"Nous avons tendu le micro à l'expert visé par le maire Imamoglu, tout
comme l'a fait (le quotidien) Yeni Safak connu pour sa proximité avec
le gouvernement" a lancé le reporter Baris Pehlivan avant son
arrestation.
"Mais nous, nous sommes emmenés en garde à vue" a-t-il ajouté en
rappelant avoir déjà effectué "cinq séjours en prison en 22 ans de
règne de l'AKP", le parti au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan.
Pour M. Imamoglu, "la loi est utilisée de manière abusive pour faire
peur à tous les pans de la société".
"L'injustice est devenue une pratique ordinaire du pouvoir (..) Le fait
de rendre compte de l'injustice et de l'illégalité est devenu un crime"
a-t-il écrit sur X.
Le président du CHP, Özgür Özel a jugé ces arrestations "inacceptables".
Le syndicat des journalistes TGS a dénoncé, dans un communiqué, "une
nouvelle page honteuse dans l'histoire de la presse" en Turquie,
estimant que ces arrestations sont "l'incarnation des pressions
exercées sur notre profession".
"Ce pays a déjà beaucoup enduré et a traversé des temps difficiles,
chaque fois il en est ressorti plus fort" a lancé sur X le propriétaire
de Halk TV, M. Mahiroglu, assurant "Cette fois encore il en ira de
même".
En 2024, l'organisation Reporters sans Frontières (RSF) a placé la
Turquie au 158e rang sur 180 de son classement sur la liberté de la
presse, soulignant que "le pluralisme des médias est plus que jamais
remis en cause. Tous les moyens sont bons pour affaiblir les plus
critiques". (AFP, 28 jan 2025)
Kurdish
Question / Question kurde
Pendant le dialogue avec les Kurdes, la répression
continue
Anne CHAON, AFP, 18 fév 2025
Le gouvernement turc accentue la pression sur les mouvements et
sympathisants prokurdes accusés de "terrorisme" en même temps que se
poursuit le dialogue, engagé à son initiative, avec le PKK en vue d'une
trêve.
Près de trois cents "membres présumés d'organisations terroristes" ont
été arrêtés au cours des cinq derniers jours a annoncé le ministre de
l'Intérieur Ali Yerlikaya, visant nommément le Parti des Travailleurs
du Kurdistan (PKK) dans son communiqué.
Ces arrestations, qui ont aussi ciblé trois journalistes, ont été
effectuées dans une cinquantaine de provinces du pays dont celles
d'Istanbul, Ankara et des régions à majorité kurde de l'Est du pays.
Plusieurs ont visé des responsables du parti prokurde DEM, troisième
force au Parlement, directement impliqué dans le dialogue initié avec
Abdullah Öcalan, fondateur et chef historique du PKK.
Détenu à l'isolement depuis 26 ans sur l'île prison d'Imrali, au large
d'Istanbul, "Apo" (oncle, en kurde), âgé de 75 ans, pourrait appeler le
PKK à déposer les armes après des décennies de guérilla, en échange de
concessions démocratiques du pouvoir à l'égard de la minorité kurde.
Une délégation du DEM a été autorisée à rencontrer M. Öcalan à deux
reprises. Elle se trouve depuis dimanche dans le nord de l'Irak, pour
une série d'entretiens avec les autorités de la région autonome du
Kurdistan dans le cadre de cette médiation.
- Sur les deux tableaux -
Mais le DEM est simultanément dans le viseur des autorités qui ont
destitué ces derniers mois neuf de ses maires élus dans des régions à
majorité kurde, remplacés par des administrateurs nommés par les
autorités.
"Il est clair que la possibilité d'une solution et d'une paix commence
à faire perdre le sommeil à certaines personnes", a estimé mardi le
parti sur X: "Chaque jour des opérations sont menées contre ceux qui
veulent une solution et la paix".
De son côté, le ministre de l'Intérieur s'est dit "déterminé à
éradiquer toutes les formes de terrorisme".
Pour Sinan Ülgen, chercheur associé à la Fondation Carnegie Europe, en
agissant ainsi, "l'objectif du gouvernement est d'avancer avec une
position avantageuse - la négociation - tout en envoyant le message
que, si ces négociations n'aboutissent pas, il est prêt à accentuer les
pressions sur le DEM".
D'autant, rappelle Gönul Tol, du Middle East Institute à Washington,
que le président Recep Tayyip Erdogan a laissé depuis le début son
allié nationaliste du MHP Devlet Bahceli en première ligne dans cette
initiative.
Pour elle le chef de l'Etat joue ainsi sur deux tableaux.
"D'un côté, il poursuit ces négociations avec le PKK, sans avoir
vraiment adhéré à cette idée. De l'autre, il continue comme d'habitude
avec les Kurdes, c'est-à-dire qu'il les cible, les emprisonne, les
désigne et s'en prend aux édiles kurdes démocratiquement élus",
explique-t-elle.
Après Erbil où elle a rencontré les autorités du Kurdistan autonome,
dont le leader historique kurde d'Irak Massoud Barzani, la délégation
du DEM poursuit mardi ses consultations.
Elle sera à Souleimaniyeh, deuxième grande ville du Kurdistan irakien,
pour y rencontrer Bafel Talabani, président de l'Union patriotique du
Kurdistan (UPK), l'autre formation historique des Kurdes en Irak.
La Turquie a déjà connu de précédents espoirs de paix. Mais la dernière
trêve, en 2015, avait volé en éclats pour déboucher sur une explosion
de violences, en particulier dans le sud-est du pays.
Selon une estimation communément admise, le conflit avec le PKK a causé
au moins 40.000 morts depuis 1984.
Une délégation du parti prokurde DEM reçue par le
leader kurde irakien Barzani
Une délégation du parti turc prokurde DEM a remis dimanche un message
du fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan emprisonné,
Abdullah Öcalan, au leader historique kurde d'Irak Massoud Barzani,
dans le cadre de sa médiation entre Ankara et le PKK.
Lors de cette rencontre à Erbil, capitale de la région autonome du
Kurdistan irakien, les délégués du DEM, troisième force au parlement
turc, ont "transmis un message d'Öcalan à Barzani", selon le bureau de
M. Barzani.
En retour, ce dernier a exhorté les parties "à concentrer leurs efforts
sur le processus de paix" en cours, "seul moyen de parvenir à une
solution" au conflit qui dure depuis quatre décennies.
La rencontre a duré "une heure trois quarts", a précisé un communiqué
distinct de la délégation du DEM, emmenée par les deux députés
impliqués dans la négociation ouverte depuis l'automne avec Abdullah
Öcalan à l'initiative des autorités turques.
Les élus Sirri Sureyya Onder et Pervin Buldan ont rendu visite à deux
reprises à M.Öcalan, 75 ans, fondateur et leader charismatique du PKK
emprisonné depuis 26 ans sur l'île d'Imrali au large d'Istanbul.
Lors de ces rencontres, M. Öcalan s'est dit "déterminé à apporter sa
contribution" à un processus de paix entre le PKK et le gouvernement
turc.
"Au cours de la réunion, la délégation d'Imrali a principalement fourni
des informations sur les discussions avec M. Öcalan et a reçu les
points de vue, suggestions et réflexions de Barzani concernant le
processus" a rapporté le DEM sans autre détail.
La délégation poursuivra ses entretiens lundi à Erbil avec Nechirvan
Barzani, président de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de
l'Irak.
Elle se rendra ensuite mardi à Souleimaniyeh, deuxième grande ville du
Kurdistan irakien, pour rencontrer Bafel Talabani, président de l'Union
patriotique du Kurdistan (UPK), l'autre formation historique des Kurdes
en Irak.
La Turquie est suspendue à un message de M. Öcalan qui appelerait le
PKK à déposer les armes après quatre décennies de guérilla armée qui
ont fait au moins 40.000 morts.
Les combattants du PKK, parti interdit en Turquie, classé comme
organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne, sont
principalement repliés dans le nord de l'Irak et le nord de la Syrie.
(AFP, 17 fév 2025)
Syrie. Les
Kurdes à l’épreuve des changements à Damas
Chris Den Hond, avec Chloé Troadec, orientxxi.info, 17 février
2025
Alors que les négociations indirectes se poursuivent entre Ankara et
Abdullah Öcalan, le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), la situation dans le Kurdistan syrien reste incertaine après le
renversement du régime de Bachar Al-Assad. Les Forces démocratiques
syriennes (FDS) sont engagées dans des tractations complexes sur
l’avenir du Rojava, tandis que la Turquie accentue ses ingérences.
Devant une scène décorée aux couleurs kurdes se presse une foule de
tous âges venue célébrer les dix ans de la libération de Kobané des
griffes de l’Organisation de l’État islamique (OEI) par les Unités de
protection du peuple (YPG) et Unités de protection des femmes (YPJ),
combattant·e·s kurdes, et par leurs alliés. Samira danse avec ses
copines. Elle est restée dans la ville pendant toute la durée de la
guerre.
On a veillé sur les blessés, lavé les morts, fait à manger et chanté
pour remonter le moral des troupes. Un combattant mourant m’avait dit :
« Lorsque Kobané sera libérée, tu viendras me le dire sur ma tombe. »
Lorsque la ville a été libérée de l’OEI, je suis allée sur sa tombe le
lui dire. Cette phrase me hante toujours.
L’atmosphère festive est assombrie par le spectre d’une nouvelle
attaque, de la Turquie cette fois-ci. Zeina Hanan, 50 ans, s’était
enfuie en 2018 d’Afrin — dans le nord-ouest de la Syrie — pour échapper
aux bombardements de l’aviation d’Ankara et aux exactions des milices
syriennes qui lui sont alliées. Elle a vécu sous une tente à Tal
Rifaat, à 40 km d’Alep, avec sa fille et son petit-fils avant d’être de
nouveau chassée par les mêmes milices après la chute du régime de
Bachar Al-Assad à la fin de l’année 2024. Elle s’insurge :
Maintenant la Turquie et ses mercenaires menacent Kobané. Mais nous ne
bougerons plus d’ici. Où voulez-vous qu’on aille ? Le nouveau
gouvernement à Damas, on ne l’aime pas, il n’a rien fait quand nous
avons été expulsées de chez nous.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des
Nations unies (OCHA), plus de 100 000 personnes, en grande majorité des
Kurdes, ont dû trouver refuge ces dernières semaines dans les
territoires de l’Administration autonome du nord et de l’est de la
Syrie (AANES).
L’arrivée au pouvoir de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) et de son leader
Ahmed Al-Charaa ainsi que ses déclarations plaidant pour une Syrie
inclusive n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes. Le 29 janvier, son
investiture comme « président pour la phase de transition » s’est
déroulée devant une assemblée de militaires, tous des hommes. Parmi
eux, Abou Hatem Chakra, chef de la milice Ahrar Al-Charkiya, qui est
accusé, entre autres, du meurtre sauvage de la militante politique
kurde Hevrîn Khalaf en octobre 2019. À ses côtés, Abou Amsha, le
nouveau commandant de la région de Hama, leader de la redoutable
division Al-Hamza de l’Armée nationale syrienne (ANS) plusieurs fois
épinglée par les Nations unies pour de nombreux crimes, dont de
multiples violences sexuelles.
TROIS POINTS DE NÉGOCIATION AVEC LE NOUVEAU RÉGIME
Dans un lieu sécurisé, les traits tirés, Mazloum Abdi, le commandant
général des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance entre
forces kurdes, arabes et syriaques, nous accueille. Il commence par
détailler les causes des relations conflictuelles avec la Turquie puis
énumère les trois points de négociations avec le gouvernement de Damas
: l’intégration militaire des FDS, les institutions politiques et le
contrôle des ressources énergétiques. « Un processus politique va
s’enclencher. Des commissions vont être créées pour rédiger une
nouvelle Constitution. Nous devrons faire partie de ces commissions »,
explique-t-il.
Le nord et l’est de la Syrie bénéficient déjà d’une sorte de
constitution sous forme d’un contrat social qui garantit les droits des
communautés, ceux des femmes et le respect des différentes religions.
Ce texte est-il trop progressiste pour Damas ? Mazloum Abdi poursuit :
Notre contrat social est un document législatif très avancé. On
aimerait qu’il soit pris en considération dans la nouvelle
Constitution. Mais pour cela, il faut que la Turquie accepte un
cessez-le-feu et cesse son ingérence dans les affaires syriennes.
Or, le long de l’Euphrate, les bombes turques, lancées par des avions
de combat ou par des drones, font régulièrement des victimes. Mazloum
Abdi explique :
Il n’y a pas d’affrontements entre nous et le nouveau gouvernement de
Damas. Il y a seulement des combats autour de l’Euphrate entre Kobané
et Membij avec les milices pro-turques qui essaient de passer à l’est
du fleuve. Nous essayons d’obtenir un cessez-le-feu avec la Turquie.
Des intermédiaires, dont des membres de la coalition internationale
contre l’OEI, jouent les bons offices, mais Ankara n’en continue pas
moins à nous bombarder.
L'image montre un groupe de personnes rassemblées dans une rue
dévastée. Le sol est jonché de débris, et l'ambiance semble chaotique.
Au centre, un homme semble essayer de déplacer un grand objet,
probablement un débris ou un meuble, tandis que d'autres observateurs
se tiennent autour, certains se penchant pour examiner les alentours.
Les bâtiments au fond sont en mauvais état, ce qui suggère qu'ils ont
subi des dommages. L'éclairage est plutôt froid, ajoutant à
l'atmosphère de désolation.
Pour l’instant, le front est stabilisé. Les milices pro-turques, qui se
battent entre elles, ne parviennent plus à progresser. Et les
combattant·e·s des FDS sont de mieux en mieux entraîné·e·s, bien
équipé·e·s et de plus en plus expérimenté·e·s. Ils et elles utilisent
un vaste réseau de tunnels. Soutenu·e·s par la population, ils et elles
infligent de nombreuses pertes aux miliciens pro-turques.
L'image montre un homme et une femme dans un hôpital. L'homme semble
tenir une bouteille d'eau ou une solution saline, tandis que la femme,
habillée en vêtements médicaux, s'occupe d'un patient qui est allongé
sur un lit d'hôpital. Le patient a le torse découvert et reçoit des
soins. L'ambiance est sérieuse et témoigne d'une situation d'urgence ou
de soins médicaux. Le décor est simple, caractéristique d'un
environnement hospitalier.
DÉFENDRE LA PLACE DES FEMMES
Les FDS ont reçu le soutien symbolique de civils venus des villes du
nord et de l’est — Kobané, Raqqa, Saké ou Qamichli — qui sont
déterminés à former des « boucliers humains » visant à « protéger
l’infrastructure vitale qui procure eau et électricité à la région »,
comme nous le raconte Halime. Ce dernier est inquiet et attend le
retour de sa sœur qui a rejoint l’un des convois souvent visés par des
drones turcs. À l’hôpital de Kobané, nous voyons arriver l’un de ces
convois civils transportant son lot de morts et de blessés.
Ankara s’efforce de saboter les pourparlers entre le gouvernement de
Damas et les autorités politiques et militaires du nord et de l’est de
la Syrie. Néanmoins des propositions très concrètes pour une future
Syrie démocratisée et décentralisée ont été mises sur la table par les
FDS et l’Administration autonome (AANES). Les modalités d’intégration
des FDS dans une armée nationale représentent l’un des principaux
points d’achoppement. Le nouveau ministre syrien de la défense Mourhaf
Abou Qasra a avancé l’idée d’une force militaire unifiée sous un
commandement centralisé avec ralliement individuel des combattants des
FDS.
Dans un abri sécurisé, la commandante en chef des YPJ, Rohilat Afrin
exprime son opposition :
Nous voulons rejoindre l’armée syrienne, mais comme entité. Nous
voulons aussi préserver notre droit à nous défendre en tant que femmes.
[…] Les femmes combattantes kurdes étaient en première ligne dans la
lutte contre l’Organisation de l’État islamique (OEI). Elles ont obtenu
dans le Contrat social l’égalité avec les hommes, notamment des
coprésidences homme-femme dans toutes les assemblées. Elles ne veulent
pas être désarmées. Elles réclament la pérennité de leur statut dans la
Syrie de demain.
D’autre part, ajoute-t-elle, « comment se désarmer alors que nous
sommes menacés quotidiennement ? Ça serait suicidaire. ». Une position
partagée par d’autres forces en Syrie. Les Druzes du gouvernorat de
Soueïda ainsi que les forces armées regroupées dans la Chambre des
opérations du sud, deux autres groupes de rebelles anti-Assad,
s’opposent eux aussi à une Syrie centralisée et ont refusé de rendre
leurs armes. Ils réclament une autonomie au sein de la future armée.
LE MODÈLE PLURI-COMMUNAUTAIRE DE RAQQA
À Raqqa, Khoud Al-Issa, la porte-parole de Conseil des femmes Zenobia,
confirme : « Nous ne voulons pas céder sur ce que nous avons acquis
dans la révolution du Nord et de l’est de la Syrie ». Sylvain
Mercadier, journaliste français arabophone, nous rejoint à Raqqa. Il
nous confie :
Il y a du mécontentement chez certains Arabes, parce qu’ils sont
court-circuités dans les négociations entre les FDS et le gouvernement
transitoire. Ils sont très majoritaires à Raqqa et ont très largement
participé à la lutte contre l’OEI, subissant de lourdes pertes.
Depuis la chute du régime, des manifestations ont eu lieu dans
plusieurs villes arabes du nord et l’est de la Syrie afin de demander
leur rattachement au gouvernement central de Damas, alors que plusieurs
commandants des FDS de Deir ez-Zor, dans le sud-est à grande majorité
arabe, ont fait défection pour faire allégeance à Damas. Pourtant il
n’y a pas eu de confrontations ni de soulèvement généralisé contre
l’AANES. Mais dans les rues de Raqqa règne un climat d’incertitude.
Fares Alnazi et Laurens Al-Boursan, deux dignitaires arabes de Raqqa
nous donnent leur point de vue à propos d’une Syrie centralisée. Pour
le premier, membre du conseil de la tribu Al-Walda « l’Administration
autonome a sa légitimité dans le contexte de la guerre et de
l’instabilité, mais je considère qu’une fois la paix et le dialogue
national rétablis, le centralisme sera la solution. » Il reconnaît
toutefois que « l’AANES a fait du bon travail ces dix dernières années
». Fares Alnazi défend le même point de vue : « Un État fédéral mène à
la division, ça ne fait que créer des problèmes entre les régions et
les communautés ». Hamdan Al-Abed, membre de la tribu arabe des Dulaim
(Dlim) les contredit :
Notre région a été détruite successivement par le régime, l’Armée
syrienne libre, les milices chiites, Al-Nosra et l’OEI. Nous avons nos
martyrs enterrés à côté de ceux des membres des autres communautés —
Kurdes, syriaques ou autres. C’est le modèle pluri-communautaire actuel
qui représente le mieux tout le monde.
L’enseignant kurde Raman Yosif précise qu’ils veulent bâtir une
nouvelle Syrie décentralisée, non sur une base communautaire, mais sur
une base géographique :
Je suis kurde, j’adore le Kurdistan, mais, ici au Rojava, le mieux
c’est notre projet multi-communautaire, parce qu’il n’y a pas seulement
les Kurdes qui ont versé leur sang. Les Arabes et les chrétiens ont
aussi leurs martyrs. On ne se bat pas pour un Rojava qui serait un
petit État kurde indépendant, ça n’aurait pas de sens.
LA MENACE D’UN PROTECTORAT TURC
Le dialogue national s’annonce tendu alors qu’Ankara a déjà placé ses
pions dans le commandement militaire et les ministères à Damas,
encourageant ses hommes d’affaires à multiplier les contrats pour
participer à la reconstruction du pays. Mais les Kurdes et leurs alliés
ne perdent pas espoir. Îlham Ahmed, la ministre des Affaires étrangères
de l’AANES, revendique « une Syrie unifiée sur la base des frontières
d’aujourd’hui et la préservation des institutions politiques de
l’Administration autonome AANES dans la nouvelle Syrie. Nous voulons
être représentés dans son futur gouvernement. »
La coalition internationale a fait des déclarations allant dans le même
sens : la nouvelle Syrie doit inclure et respecter toutes les
communautés, Kurdes compris. A-t-elle un poids suffisant ? Par
téléphone, l’écrivain Patrice Franceschi nous confirme « que la France
est présente et aide militairement les Kurdes ». Les États-Unis
disposent toujours de bases en Syrie où sont cantonnés entre 900 et 2
000 soldats, mais leur maintien n’est pas garanti. Entre-temps, le
président turc Recep Tayyip Erdoğan a mis en place une coordination
régionale entre la Turquie, la Jordanie, l’Irak et la Syrie « pour
combattre l’OEI », une manœuvre pour convaincre le Pentagone de retirer
la protection qu’il octroie aux FDS dans leur lutte commune contre
l’OEI en pleine renaissance.
DANS L’ATTENTE D’ÖCALAN
Mais la question kurde se pose aussi en Turquie. L’État a autorisé à
deux reprises une délégation du parti de gauche pro-kurde Parti
démocratique des peuples (DEM), à rencontrer Abdullah Öcalan, le
dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), condamné à vie
et enfermé dans l’île-prison d’Imrali depuis 1999. Une déclaration
d’Öcalan est annoncée, mais la date n’a pas encore été fixée. L’État
turc exige un désarmement du PKK, une option écartée pour l’instant par
la direction de l’organisation en l’absence de garanties.
Salih Muslim, coprésident du Parti de l’union démocratique (PYD) en
Syrie, est également très sceptique :
La Turquie nous attaque et nous reproche qu’on soit proche du PKK et
qu’on applique les idées d’Öcalan. Si la Turquie prenait au sérieux ses
pourparlers avec lui, elle arrêterait préalablement de nous bombarder.
Erdoğan continue de destituer les uns après les autres les maires du
parti pro-kurde DEM démocratiquement élus, pendant que l’armée prépare
une énième offensive printanière contre la guérilla du PKK dans le nord
de l’Irak.
LE FACTEUR PÉTROLIER
Nous quittons le Rojava en direction de l’Irak, accompagné de deux
Kurdes germanophones. La route est encadrée par des derricks qui
pompent les plus importantes réserves de pétrole du pays. C’est dans le
nord-est de la Syrie et dans la région de Deir ez-zor que se trouvent
les ressources de pétrole et de gaz du pays. Reji travaille à Hambourg
comme livreur et il est venu passer ses vacances au Rojava. Il en
repart un peu inquiet : « Les gens souffrent. L’eau est polluée,
internet rarement disponible et le réseau de l’électricité toujours en
panne. » Depuis un an et demi, au moins à trois reprises, la grande
centrale électrique de Soueïda a été la cible de l’aviation turque. Le
réseau a été remplacé par des générateurs fonctionnant avec un pétrole
mal raffiné et dont les émanations de fumées noires étouffent les
villes.
Les énergies fossiles sont-elles un atout pour les Kurdes et leurs
alliés dans leurs négociations avec Damas ? Salih Muslim nous confie :
Quatre-vingt-dix pour cent des pompes ont été détruites. Contrairement
à ce que les gens pensent à Damas, nous ne tirons pas beaucoup de
profit de ses ressources. Mais nous l’avons affirmé depuis le début :
tout le peuple syrien doit avoir accès à ces ressources de gaz et de
pétrole. Leur répartition doit être discutée autour d’une table avec le
gouvernement pour qu’elle soit équitable.
Nous traversons la frontière syro-irakienne avec Cihan Ehmed, ses deux
petits-enfants et ses deux grandes valises. Elle est venue enterrer sa
mère à Hassaké. Elle craint pour l’avenir « Les gens ont peur du
nouveau gouvernement, comme ils avaient peur du régime d’Assad. »
Un nouveau
maire pro-kurde destitué pour "terrorisme"
Un neuvième maire du parti pro-kurde DEM, troisième force au parlement,
accusé de "tentative d'aide à une organisation terroriste", a été
suspendu et remplacé par un administrateur, a annoncé samedi le
ministère turc de l'Intérieur.
Cette destitution du maire de Van, grande ville à majorité kurde située
dans l'est de la Turquie, intervient alors qu'un processus de
négociation est en cours, à l'initiative du gouvernement, avec le chef
historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée
contre Ankara depuis 1984.
"Condamné à trois ans et neuf mois de prison pour aide à une
organisation terroriste, le maire de la municipalité de Van, Abdullah
Zeydan, a été suspendu de ses fonctions à titre temporaire", affirme le
ministère de l'Intérieur dans un communiqué, précisant que le
gouverneur de la métropole avait été désigné pour le remplacer.
"Le maire a refusé de signer la notification" lui annonçant sa
suspension et "dénoncé un coup d'état contre le peuple", rapporte le
site d'information d'opposition Bir Gün.
"Des voleurs sans vergogne ont usurpé la volonté du peuple", a dénoncé
M. Zeydan sur son compte X.
Depuis sa condamnation le 11 février, dont il a fait appel, le maire a
bénéficié du soutien de milliers de partisans, qui étaient rassemblés
devant le siège de la municipalité de Van et qui ont été délogés à
l'aube par la police.
Le parti DEM a dénoncé un "coup d'Etat contre notre municipalité de Van
(et) un coup porté à la volonté du peuple", rappelant que M. Zeydan
avait recueilli plus de 55% des suffrages en mars.
Onze maires, neuf du parti pro-kurde DEM et deux du principal parti
d'opposition CHP à Istanbul, ont été destitués depuis les élections
locales de mars 2024.
Depuis 2016, des dizaines de maires de localités kurdes ont été démis
de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs désignés par
les autorités.
Ce samedi marque le 26e anniversaire de l'arrestation du fondateur du
PKK Abdullah Öcalan, détenu sur une île au large d'Istanbul, dont un
message très attendu pourrait annoncer un appel à déposer les armes.
(AFP, 15 fév 2025)
Pour dénoncer le sort des prisonniers politiques les
Kurdes marchent
partout en France
franceinfo, 11 février 2025
La "longue marche" des Kurdes de France s’achèvera samedi 15 février
2025 à Strasbourg par un grand rassemblement qui doit réunir 20 000
personnes. Partie le 26 janvier, elle entend dénoncer les conditions de
détention des prisonniers politiques en Turquie, et notamment celles de
leur leader, Abdullah Ocalan, qui est emprisonné depuis 26 ans. Une
centaine de marcheurs ont manifesté dans les rues de Metz mardi 11
février.
Le leader kurde a été arrêté au Kenya le 15 février 1999. Chaque année
depuis, les Kurdes marchent en France, mais aussi au Luxembourg, en
Allemagne et en Suisse pour dénoncer l’arrestation et les conditions de
détention d’Abdullah Ocalan. Le fondateur du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), organisation considérée comme terroriste par la
Turquie, mais également par les États-Unis et l’Union européenne, est
incarcéré sur l’île d’İmralı dans des conditions d’isolement
quasi-total. Le conflit entre la guérilla marxiste kurde et l’État turc
aurait fait plus de 40 000 morts en quarante ans.
Pour dénoncer les conditions de détention d’Ocalan, mais aussi celles
de 20 000 prisonniers politiques kurdes de Turquie, le Conseil
démocratique kurde en France (CDKF), organisation qui regroupe
plusieurs dizaines d’associations dans l’hexagone, organise une longue
marche de 26 jours chaque année.
À chaque étape, elle entend rappeler ses combats, mais aussi donner des
éléments de contexte sur les luttes menées. "On ne veut pas être
assimilé, on veut vivre en Turquie avec notre langue et notre culture"
résume Taylan (prénom changé), membre lorrain du CDKF. Le porte-parole
de la marche précise qu’avant même d’aborder la question du Kurdistan,
il s’agit "de défendre nos droits, et de pouvoir vivre comme des êtres
humains en Turquie et ailleurs. Les Kurdes représentent une grande
diversité de croyances et de religions, et pas seulement monothéistes".
20 000 Kurdes attendus à Strasbourg samedi
Même si des pourparlers sont annoncés entre le président turc Recep
Tayip Erdogan et le PKK, la répression continue selon les militants
kurdes. Plusieurs cas de destitution de maires kurdes dans des villes
et villages où ils sont majoritaires ont été révélés par nos confrères
du Monde.
Le contexte de détente salué par les deux parties en Turquie se heurte
également aux attaques de l’armée turque et de ses alliés au Rojava,
province syrienne que les Kurdes contrôlent depuis 2011. "Au Rojava,
nous faisons la démonstration que non seulement nous pouvons vivre en
autonomie, mais aussi que nous pouvons vivre en bonne entente avec tout
le monde… Il y a aussi des Turkmènes, des Arabes qui vivent au Rojava,
en phase avec la révolution sociale que nous y menons. Nous sommes très
attachés à l’égalité homme femme, et nous la réalisons là-bas" explique
Taylan.
L’Alsace et la Moselle concentrent la plus grande partie des Kurdes de
France avec environ 20 000 personnes. Après la manifestation à Metz qui
a rassemblé une centaine de personnes entre la rue Serpenoise et la
mairie, les marcheurs repartiront mercredi 12 février pour Saint-Avold
dans l’est de la Moselle, avant de rallier Strasbourg samedi 15
février. Les organisateurs de la marche espèrent réunir plusieurs
dizaines de milliers de personnes dans la capitale alsacienne pour
rappeler à la communauté internationale la nécessité de protéger les
Kurdes partout où ils vivent.
History suggests that addressing Kurdish
demands is essential to
peace in the Middle East
SEFA SECEN & SERHUN AL, Time Magazine, February 7, 2025
With a population exceeding 30 million, the Kurds are the largest
ethnic group in the world without their own state. Instead, they are
spread across Iraq, Iran, Syria, and Turkey.
Kurds have been struggling for autonomy for more than a century, and
all four of these countries in one way or another have denied them
greater autonomy or full independence. Often times, the result was
violent conflict and repression. This history has a clear lesson:
without addressing the Kurds’ cultural, linguistic, and political
demands, achieving peace and stability in the Middle East is impossible.
After World War I, the British and French partitioned the Middle East
through the Sykes-Picot Agreement. The deal placed many
Kurdish-inhabited areas under French control, while the British were
slated to control the region east of Kirkuk. Additionally, the European
powers planned on turning the Kurdish-populated southeastern part of
what is now Turkey into a new Armenian state.
Yet, the British and French never got a chance to fully implement their
plan. Instead, Mustafa Kemal Atatürk, one of Turkey’s founding fathers,
reorganized the remnants of the Ottoman army, launched the Turkish War
of Independence, and reclaimed the territory that would become modern
Turkey.
Almost immediately, however, some Kurdish-inhabited areas balked at the
ethnic nationalism and aggressive secularism of the new Turkish
Republic. They demanded autonomy and the recognition of Kurdish
identity. The Turkish state refused, resulting in several Kurdish
rebellions during Turkey’s first two decades of existence. The most
significant was the Dersim uprising in 1937 and 1938, which the
Republic brutally suppressed.
Despite the ability of Atatürk’s government to put down the rebellion,
the Turkish state grew to fear Kurdish uprisings, leading to policies
that included the criminalization of identifying as Kurdish.
Read More: Why It’s Vital to Center Kurdish Voices in the ‘Woman, Life,
Freedom’ Movement
Turkey was not the only place where Kurds were experiencing repression
and seeking greater autonomy. Beginning in 1925, Iranian leader Reza
Shah, and later his son Mohammad Reza Shah, pushed to “modernize” their
country, which included reducing regional power and institutionalizing
Persian national hegemony. As part of this effort, Mohammad Reza Shah’s
government restricted Kurdish cultural expressions, such as the use of
the Kurdish language and traditional dress.
Kurds defied this effort, seeing it as an affront to their cultural
freedom. In 1946, they rebelled and formed the Kurdish Mahabad Republic
with Soviet backing. Yet, this republic collapsed quickly following the
withdrawal of Soviet support and the subsequent execution of Qazi
Mohammad, the head of the Republic, by the Shah’s security forces. The
move symbolized the country’s zero-tolerance approach to Kurdish
autonomy.
During the 1960s, Syria joined in the marginalization of Kurds. Similar
to Turkey and Iran, the Syrian government, controlled by the Ba’ath
Party, embraced nationalist policies, which imposed a singular Arab
identity and systematically excluded minorities. In 1962, a government
census stripped tens of thousands of Kurds of their Syrian citizenship,
rendering them stateless. Stateless Kurds—referred to as ajanib
(foreigners)—were denied basic rights such as property ownership,
education, and access to government jobs.
In the 1970s and 1980s, the Kurdish quest for greater autonomy in the
region intensified and resulted in armed conflicts in multiple
countries. In 1978, Turkish Kurds formed the Kurdistan Workers’ Party
(PKK), a Marxist-Leninist insurgency seeking an independent Kurdistan.
It waged an armed struggle against the Turkish government, which
resulted in tens of thousands of deaths, but no success in gaining
autonomy.
In the 1980s, Abdul Rahman Ghassemlou, who led the Kurdistan Democratic
Party of Iran (KDPI), also emerged as a major figure in the Kurdish
struggle for autonomy. Ghassemlou advocated for “democracy in Iran,
autonomy in Kurdistan.” His vision sought to integrate Kurdish demands
into a broader democratic framework, emphasizing peaceful negotiations
over violent confrontation. However, in 1989, Ghassemlou was
assassinated, allegedly by Iranian agents during a meeting intended to
discuss the Kurdish issue.
The assassination came on the heels of Iraq’s Saddam Hussein using
chemical weapons to brutally crush a Kurdish push for autonomy. The
ruthless brutality by Iraq and Iran displayed the lengths to which the
region’s governments were willing to go to silence the Kurds. It also
reflected the broader challenge stymieing the Kurds — they were
demanding autonomy from four states that fiercely guarded their
territorial integrity.
Yet, in 1991, Hussein’s loss in the Gulf War proved to be a turning
point, resulting in de facto Kurdish self-rule in northern Iraq. In
1992, the first free elections in Iraq’s history were held in the
Kurdish autonomous zone. Though the two dominant Kurdish parties, the
Kurdistan Democratic Party (KDP) and the Patriotic Union of Kurdistan
(PUK) soon fell into a civil war, an eventual peace deal reunified the
territories they control in northern Iraq.
The 1990s were also marked by more democratic representation for Kurds
in Turkey, with the formation of pro-Kurdish parties. As in Iraq,
however, this advance was something of a mixed bag as the Turkish
government kept outlawing these parties for alleged ties to the PKK,
which Turkey and its western allies had designated a terrorist
organization.
Yet, while progress has been slow and far from linear, the Kurdish
quest for autonomy has advanced significantly over the last two
decades. In 2005, the new Iraqi constitution granted the Kurdish
territory in Northern Iraq federal status, marking a historic moment in
Kurdish self-determination. Then the People’s Democratic Party (HDP)
emerged in the 2010s in Turkey as a powerful political force,
successfully integrating Kurdish demands into a broader platform of
democracy, pluralism, and minority rights.
Maybe most significantly, as civil war engulfed Syria, the Assad regime
withdrew its forces from Kurdish-majority areas in the north to focus
on the war’s primary battlefronts, which resulted in de facto autonomy.
In 2012, the Democratic Union Party (PYD)—an affiliate of the militant
PKK in Turkey—declared self-rule in northeast Syria. Its military wing
emerged as the dominant force in the region. The YPG’s secular and
egalitarian ethos, including its commitment to gender equality and
women’s participation in combat roles, garnered significant
international attention and sympathy. The YPG cemented this support
from the West in 2014 when it successfully repelled an ISIS assault.
This advancement, however, also triggered events that exposed why
Kurdish autonomy has been so hard to achieve: after historic peace
talks between the Turkish government and the PKK collapsed in 2015, it
hardened Turkey’s conviction that the YPG and PKK were a single
organization. Turkish officials feared that a unified Kurdish state on
their border could be a security risk. The result was Turkish security
forces undertaking offensives into northeastern Syria.
In 2017, another move toward Kurdish autonomy provoked a similar
backlash, this time in Iraq. Sensing an opportunity amid the weakening
of central authorities in Syria and Iraq and growing international
support for the Kurds in Northern Syria, the President of the Iraqi
Kurdish territory held a controversial independence referendum. Yet,
instead of achieving true independence, the referendum prompted a swift
military response from Baghdad and regional powers such as Iran and
Turkey, who vehemently opposed the creation of independent Kurdish
state.
The violent response encapsulated how for a century, Kurds in Iraq,
Turkey, Iran, and Syria had pushed for autonomy, only to see gains
often end in setbacks as regional governments perceived too much of a
threat to allow for Kurdish self-rule.
Nonetheless, in three of the four countries, Kurds have made
significant gains. Iraqi Kurds have achieved a measure of autonomy,
Syrian Kurds have established de facto self-rule, and Turkish Kurds
have gained substantial political representation. Only Iranian Kurds
face a political landscape dominated by authoritarianism with limited
avenues for negotiation or compromise.
The collapse of the Assad regime in Syria has created a new crossroads
for Kurdish autonomy. The Kurds now hold significant leverage,
controlling key territories and enjoying American support. It's
bolstered by a newfound push for Kurdish unity as evidenced by a recent
meeting between rival Kurdish groups. As it has for a century, however,
the Turkish government remains a major impediment to Kurdish ambitions.
It is a major backer of the post-Assad Syrian authority, with which the
YPG will need to negotiate to determine if Kurdish Northern Syria can
maintain its autonomy.
Overall, one thing remains clear: durable peace in the Middle East
requires addressing Kurdish demands, lest the pattern of uprising and
violent repression continue. The last century has exposed that no
amount of repression will stop the Kurds’ push for freedom and
autonomy. Simultaneously, however, this history suggests that given the
opposition from regional states and the fragmentation of Kurdish
leadership, a unified Kurdish state may be impossible. In fact, it
could actually exacerbate armed conflict between Kurdish militias and
the surrounding states. The best hope lies in pluralistic, multi-ethnic
political systems, where all major ethnic and religious groups—Turks,
Arabs, Persians, and Kurds—have equal access to constitutionally
guaranteed political and cultural rights and freedoms.
Sefa Secen is assistant professor of political science at
Nazareth
University in Rochester, N.Y. Serhun Al is associate professor of
political science at Izmir University of Economics in Turkey.
Trois combattants du PKK tués en Irak dans une frappe
imputée à la Turquie
Trois combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont un
commandant, ont été tués jeudi dans des frappes de drones de "l'armée
turque" dans le nord de l'Irak, ont rapporté les services
antiterroristes du Kurdistan autonome.
Groupe turc classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux,
le PKK dispose de bases arrières au Kurdistan autonome d'Irak. Ses
combattants sont régulièrement la cible de bombardements menés par la
Turquie voisine.
"Des drones de l'armée turque ont bombardé deux voitures et un abri
utilisés par des éléments du Parti des travailleurs du Kurdistan" dans
la province de Souleimaniyeh, deuxième grande ville de la région
autonome kurde, selon un communiqué officiel.
Les frappes ont tué "un commandant militaire et deux combattants",
tandis que le sort de deux autres membres du PKK est incertain, d'après
la même source.
Le Kurdistan autonome d'Irak accueille depuis 25 ans des dizaines de
bases de l'armée turque, qui lance régulièrement des opérations
terrestres et aériennes contre le PKK.
Bagdad a durci le ton ces derniers mois contre le mouvement. En mars
2024, à l'issue d'une visite en Irak de hauts responsables turcs,
Bagdad avait discrètement classé le PKK comme "organisation interdite".
A la mi-août, la Turquie et l'Irak ont signé un accord de coopération
militaire portant sur l'installation de centres de commandement et
d'entraînement communs dans le cadre de la lutte contre le PKK. (AFP, 6
fév 2025)
Italie: acquittement d'une Kurde accusée de trafic de
clandestins
Maysoon Majidi, une militante kurde qui fuyait la répression du régime
iranien depuis cinq ans, a été acquittée mercredi de l'accusation de
trafic de clandestins par le tribunal de Crotone, dans le sud de
l'Italie, ont rapporté des médias.
Au lendemain de son arrivée en Calabre, dans le sud de l'Italie, le 31
décembre 2023, à bord d'une embarcation de 77 passagers en provenance
de Turquie, Maysoon Majidi a été interpellée, soupçonnée d'avoir joué
un rôle de passeur sur la base de deux témoignages ensuite démentis.
Remise en liberté le 22 octobre 2024, la militante restait en attente
du jugement qui devait l'innocenter, grâce notamment à la déposition du
capitaine du bateau de fortune, qui l'a blanchie.
Née en 1996 dans la province iranienne du Kurdistan, Maysoon Majidi a
étudié le théâtre et la sociologie. Elle a dénoncé la misogynie
ambiante dans plusieurs articles écrits sous pseudonyme, puis réalisé
un court-métrage avec des kolbars, ces Kurdes qui risquent leur vie en
transportant des marchandises dans les montagnes séparant l'Iran de
l'Irak, à défaut d'autres perspectives économiques.
Amnesty International et plusieurs personnalités politiques ont soutenu
Maysoon Majidi, qui a reçu la citoyenneté d'honneur de la commune de
Riace en Calabre, la pointe de la botte italienne.
Son maire, Domenico Lucano, également député européen, y a porté une
politique d'accueil des migrants, dont une communauté kurde. (AFP, 5
fév 2025)
Öcalan prépare un "appel historique", affirme un
responsable prokurde
Le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
Abdullah Öcalan, "lancera dans les prochains jours un appel historique"
pour une solution à la question kurde en Turquie, a affirmé mardi un
dirigeant du principal parti prokurde du pays.
"M. Öcalan se prépare à lancer dans les prochains jours un appel
historique pour une solution durable à la question kurde", a déclaré
Tuncer Bakirhan, coprésident du Parti de l'égalité des peuples et de la
démocratie (DEM, ex-HDP), troisième formation au Parlement.
Selon des observateurs, Abdullah Öcalan, surnommé "Apo" ("oncle", en
kurde), 75 ans, pourrait appeler à la fin de lutte armée le 15 février,
date anniversaire de sa capture en 1999 à Nairobi.
"Tout est désormais dans les mains d'Erdogan (...) C'est l'occasion
pour vous d'entrer dans l'histoire, M. Erdogan", a ajouté M. Bakirhan
devant les députés DEM au parlement.
Le président Recep Tayyip Erdogan et son principal allié nationaliste
ont tendu cet automne la main à M. Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur
une île au large d'Istanbul, laissant entrevoir sa libération s'il
appelle les combattants du PKK à déposer les armes.
M. Öcalan s'est dit fin décembre "déterminé" à poursuivre le dialogue
avec Ankara, évoquant une "responsabilité historique", selon des
députés DEM qui l'ont rencontré.
Le PKK, en lutte armée depuis 1984 contre Ankara, est classé comme
organisation "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.
(AFP, 4 fév 2025)
Syrie: 20 morts dans un attentat, les autorités promettent de
"punir" les auteurs
Les autorités syriennes ont promis de "punir" les auteurs d'un attentat
à la voiture piégée qui a fait vingt morts lundi dans le nord de la
Syrie, où des factions proturques affrontent des forces kurdes.
L'attaque est survenue à la veille du déplacement prévu du président
syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à Ankara pour sa deuxième visite
officielle à l'étranger après l'Arabie saoudite.
Le nouveau dirigeant a assuré lundi soir qu'il faudrait "entre quatre
et cinq ans" avant d'organiser des élections en Syrie, dévastée par la
guerre civile.
Plus tôt dans la journée, la présidence a indiqué dans un communiqué
qu'"un attentat terroriste odieux a visé des civils dans la ville de
Manbij, tuant 20 personnes".
"Ce crime ne passera pas sans que les responsables soient punis de la
manière la plus sévère qui soit", a-t-elle averti.
Des factions proturques avaient pris ces dernières semaines le contrôle
de la ville de Manbij aux forces dominées par les Kurdes, qui la
tenaient depuis de longues années.
Citant les secouristes des Casques blancs, l'agence officielle syrienne
Sana avait évoqué plus tôt "un massacre" sur une route à l'entrée de la
ville de Manbij après "l'explosion d'une voiture piégée près d'un
véhicule transportant des employés agricoles".
L'attentat, qui n'a pas encore été revendiqué, est le deuxième du genre
depuis samedi. Neuf personnes, dont un nombre indéterminé de
combattants proturcs, avaient alors été tuées dans l'explosion d'une
voiture piégée près d'une de leurs positions à Manbij, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Des combats opposent depuis fin novembre les Forces démocratiques
syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), soutenues par les Etats-Unis,
aux groupes syriens proturcs.
Ces factions proturques ont lancé une offensive contre les FDS au
moment où des groupes rebelles islamistes déclenchaient le 27 novembre
l'offensive qui allait renverser le président Bachar al-Assad une
dizaine de jours plus tard.
Mazloum Abdi, chef des FDS, a condamné sur X les attaques à Manbij
estimant que de tels "actes criminels" menacent l'union nationale et
que "leurs auteurs doivent rendre des comptes".
- "Divergences" -
La Turquie voisine accuse les FDS d'avoir des liens avec les
séparatistes armés kurdes sur son sol et menace de lancer une opération
militaire contre elles, après avoir mené des offensives similaires par
le passé.
Et Ankara a aussi à coeur d'obtenir l'appui des nouvelles autorités
syriennes face à ces forces kurdes du nord-est syrien.
Partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition
internationale antijihadistes, les FDS ont été le fer de lance de la
lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
A la faveur de la guerre civile en Syrie déclenchée en 2011, les FDS
ont profité d'un retrait des forces de Bachar al-Assad pour prendre le
contrôle de vastes pans du territoire dans le nord-est de la Syrie.
Mais le président syrien par intérim a annoncé sa volonté de dissoudre
tous les groupes armés, dont les puissantes FDS, en vue de les intégrer
dans les nouvelles forces armées du pays qui attendent encore d'être
reconstruites.
Dans un entretien à la télévision diffusé lundi soir, il a dit que le
nouveau pouvoir était "en négociation" avec les FDS pour parvenir à une
solution.
"Il y a des divergences sur certains détails", a-t-il dit, sans vouloir
élaborer, tout en assurant que "personne ne veut de sécession en Syrie".
M. Chareh, désigné mercredi président par intérim pour la période de
transition, a par ailleurs annoncé qu'il faudrait "entre quatre et cinq
ans" avant d'organiser des élections en Syrie, dévastée par la guerre
civile.
"Car il faudra une infrastructure" adéquate, a-t-il justifié. "Et cette
infrastructure doit être rétablie, et cela prendra du temps", dans un
pays où le conflit a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé ou
forcé à l'exil des millions de personnes.
Il a promis "une loi régissant les partis politiques", indiquant que la
Syrie serait "une république, avec un Parlement, et un gouvernement
exécutif".
Ancien combattant jihadiste à la tête d'un groupe islamiste radical
sunnite, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), toujours classé terroriste en
Occident, M. Chareh a dirigé la coalition de rebelles qui a renversé
Bachar al-Assad. (AFP, 3 fév 2025)
Un neveu d’un élu kurde assassiné
Hüseyin Reber Türk, un neveu de l’homme politique kurde Ahmet
Türk, a
été assassiné lors d’une attaque armée dans la province méridionale de
Mersin. Le jeune homme de 29 ans sera inhumé dans sa ville natale de
Mardin.
Hüseyin Reber Türk, 29 ans, neveu de l’homme politique kurde Ahmet
Türk, et une autre personnes ont été attaqués par des hommes armés dans
le quartier de Karaduvar, dans le district d’Akdeniz, à Mersin, le
mardi 28 janvier.
Hüseyin Reber Türk a perdu la vie dans l’attaque tandis que l’autre
personne a été blessée. Les funérailles de Hüseyin Reber Türk auront
lieu à Mardin.
Aucune information n’est disponible sur le ou les assassins du jeune
homme. (Kurdistan Au Féminin, 29 janvier 2025)
Siirt co-mayor sentenced to prison over past
journalism activities
Siirt co-mayor sentenced to prison over past journalism activities
Sofya Alağaş, co-mayor of Siirt and a member of the pro-Kurdish
Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party, has been sentenced to 6
years and 3 months in prison on charge of "membership in a terrorist
organization," Mezopotamya Agency (MA) reported.
Alağaş faced charges stemming from her time as a news manager at the
pro-Kurdish Jin News agency, where her work, including news reports
published by the outlet, was cited as evidence against her.
Her attorneys represented Alağaş during the hearing at the Diyarbakır
5th Heavy Penal Court. Representatives from the DEM Party, Siirt and
Diyarbakır Bar Associations, and journalist organizations, including
the Dicle Fırat Journalists Association (DFG) and the Mezopotamya Women
Journalists Association (MKG), also attended the session. The courtroom
was reported to have a heavy presence of plainclothes police.
'Political interference'
During the hearing, the prosecutor reiterated their argument for
Alağaş’s conviction. Defense attorney Resul Temur claimed that the case
was politically motivated, particularly after Alağaş was elected
co-mayor in the March 2024 local elections.
Temur argued that the court introduced a previously undisclosed secret
witness as evidence, which he said was not included in the indictment.
“Listening to a witness not mentioned in the indictment violates
Article 172 of the Criminal Procedure Code. The prosecutor rushed to
prepare their opinion, merely copying pages 11 and 12 of the
indictment. This shows how hastily this case has been handled."
He also criticized the charges related to Jin News publications,
stating that they violated press laws. “Out of 144,605 news reports,
only 104 were selectively taken to create a narrative of manipulation.
This clearly demonstrates a punitive approach.”
Press freedoms questioned
Veysel Ok, another defense attorney and co-director of the Media and
Law Studies Association (MLSA), argued that Jin News operated within
the framework of journalism and was subject to the Press Law, which
imposes a four-month statute of limitations for prosecuting articles.
The statute of limitations for all the articles in question has
expired, he said.
Ok criticized the court for failing to explain the alleged connection
between Alağaş’s journalism and the charges of "membership in a
terrorist organization." He also noted an inconsistency, pointing out
that while pro-government media outlets report on the PKK leader
Abdullah Öcalan without issue, similar coverage by Kurdish media is
treated as a criminal act.
As part of the defense, Ok also presented a prior court ruling from
Ankara that determined Jin News had no ties to any illegal organization.
After hearing the arguments, the court sentenced Alağaş in line with
the prosecutor's opinion and subsequently issued an arrest warrant
against her.
Following the verdict, lawyers issued a statemen for the press outside
the courthouse. Ok announced plans to appeal the decision and pursue
all legal avenues.
Reacting to the verdict, DEM Party Co-Chair Tülay Hatimoğulları
criticized the ruling during the party’s weekly group meeting. "This
decision is a blatant attack on the people’s will and local democracy.
We reject these assaults targeting our co-mayors and undermining
efforts for peace," she said.
Background
Alağaş was first detained in June 2022 along with 16 other journalists
on charges of "membership in a terrorist organization" due to her work
as Jin News’s news manager. She was released after a year in custody
under judicial control, with a ban on traveling abroad.
The case took a new turn after Alağaş was elected co-mayor of Siirt in
March 2024, receiving 49.64% of the vote along with her running mate
Mehmet Kaysi. Following her election, two additional investigations
were launched against her in Diyarbakır and Siirt on similar charges.
During the trial, the court initially decided to examine whether these
investigations were legally or factually connected to the Jin News
case. However, at the Jan 9 hearing, the court reversed its decision
and expedited the process, with the prosecutor quickly submitting a
final opinion recommending her conviction. (BIA, 28 January 2025)
Bombardements turcs sur le nord de la Syrie,
18 civils tués en deux jours
Dix-huit civils ont été tués en deux jours de bombardements turcs sur
des zones tenues par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le
nord et le nord-est de la Syrie, a affirmé mardi à l'AFP le
porte-parole de ces forces dominées par les Kurdes.
Des combats opposent depuis fin novembre les FDS, soutenues par les
Etats-Unis, à des groupes proturcs dans le nord de la Syrie, malgré des
tentatives américaines d'imposer une trêve.
Selon le porte-parole, Farhad Chami, "des drones turcs ont visé un
marché populaire dans la localité de Sarrine", dans la province d'Alep,
"faisant 12 morts" parmi les civils mardi. Il avait donné un bilan
initial de six morts.
Il a ajouté que des bombardements de l'artillerie turque sur deux
autres zones avaient fait trois morts mardi et trois autres lundi, des
civils également.
Les factions proturques avaient lancé une offensive contre les FDS au
moment où une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes
radicaux déclenchait le 27 novembre une offensive contre les forces du
président Bachar al-Assad, chassé du pouvoir onze jours plus tard.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué que les
combats entre groupes proturcs et FDS, ainsi que les bombardements
turcs, avaient fait 521 morts depuis décembre, dont 56 civils.
Selon cette ONG, basée au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau
de sources en Syrie, 388 membres des forces proturques et 77 membres
des FDS ont péri dans ces violences.
Les FDS, partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition
internationale antijihadistes, ont été le fer de lance de la lutte
contre le groupe Etat islamique (EI).
A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, elles ont profité d'un
retrait des forces de Bachar al-Assad pour prendre le contrôle de
vastes pans du territoire dans le nord-est de la Syrie.
La Turquie accuse les Unités de protection du peuple (YPG), principale
composante des FDS, d'avoir des liens avec les séparatistes armés
kurdes sur son sol et menace de lancer une opération militaire contre
elles. (AFP, 28 jan 2025)
Un avocat suspecté de liens avec le PKK incarcéré
Un avocat turc accusé d'entretenir des liens avec le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), inscrit sur la liste des groupes
terroristes par Ankara et ses alliés occidentaux, a été incarcéré, ont
rapporté dimanche des médias turcs.
Firat Epozdemir, membre du conseil d'administration du barreau
d'Istanbul, a été placé en détention provisoire samedi par un tribunal
d'Istanbul pour "appartenance à un groupe terroriste armé" et
"diffusion de propagande terroriste", a rapporté la chaîne privée NTV.
Il avait été arrêté jeudi à l'aéroport d'Istanbul dans le cadre d'une
enquête, les procureurs l'accusant d'avoir rejoint le groupe WhatsApp
du PKK en 2015, au plus fort des affrontements entre les militants
kurdes et les forces de sécurité turques dans le Sud-Est, à majorité
kurde.
Le PKK, classé organisation "terroriste" par la Turquie ainsi que par
les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni, mène contre
l'Etat turc une lutte armée qui a fait des dizaines de milliers de
morts depuis 1984.
Des voix reprochent cependant au gouvernement turc de réduire la
question kurde à une simple question de terrorisme, sans prendre en
compte les revendications des Kurdes, qui représenteraient, selon les
estimations, entre 15 et 20% des 85 millions de citoyens turcs. (AFP,
27 jan 2025)
Minorités
/ Minorities
Turkish court issues 9 life sentences
for journalist Hrant Dink’s murder
Turkish authorities must continue searching for those who masterminded
the 2007 murder of Armenian-Turkish journalist Hrant Dink, the
Committee to Protect Journalists said Friday, after a retrial in which
an Istanbul court issued nine defendants with life sentences.
Lawyers representing the Dink family said they would appeal the
February 7 verdict due to an “incomplete investigation and prosecution.”
Dink, founding editor of the bilingual Turkish-Armenian weekly Agos,
was shot in Istanbul in 2007 after receiving multiple death threats
regarding his work.
“After almost 20 years of trials and retrials of those who allegedly
murdered Hrant Dink, the latest verdict has once again failed to
satisfy the journalist’s family, who desperately need closure,” said
Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Turkish authorities must
stop ignoring the Dink family lawyers’ demands for a deeper
investigation if they are to achieve full justice for Dink and expose
those behind the conspiracy to murder him.”
The court handed down the following sentences:
Muharrem Demirkale, life for “premeditated murder”
Bekir Yokuş, life for “violating the constitution” and 10 years for
“assisting in a premeditated murder”
Yavuz Karakaya, 12 ½ years for “assisting in a premeditated murder”
Ali Öz, Gazi Günay, and Okan Şimşek, life for “violating the
constitution” and 25 years for “premeditated murder”
Mehmet Ayhan, Hasan Durmuşoğlu, and Onur Karakaya, life for “violating
the constitution” and 12 ½ years for “premeditated murder”
Osman Gülbel, life for “violating the constitution” and 16 years and
eight months for “premeditated murder”
Veysel Şahin, 15 years for “manslaughter due to neglect”
The court also acquitted three defendants — Volkan Şahin, Şükrü Yıldız,
and Mehmet Ali Özkılınç — in its retrial of 26 people who were found
guilty of criminal conspiracy in 2021.
The court ordered the arrests of Yokuş, Ayhan, and Onur Karakaya, who
were free pending trial.
On January 9, the same court reached a verdict in a parallel trial
regarding the murder conspiracy. In that trial, prosecutors had accused
defendants with alleged ties to a recently deceased preacher, whom the
Turkish government claims had run a terrorist organization, of playing
a role in Dink’s murder. Two defendants in that trial received life
sentences for “attempting to eliminate the constitutional order,” while
lesser charges against some of them were dropped.
CPJ’s email to the chief prosecutor’s office in Istanbul for comment
did not receive a reply. (CPJ, February 14, 2025)
Turkey’s
last Armenian village faces expropriation threat
Vakıflı, known as Turkey’s last remaining Armenian village, is facing
the threat of expropriation due to a public housing project.
Located in the Samandağ district of Hatay, the village is included in a
large-scale development plan by the Housing Development Administration
(TOKİ) as part of post-earthquake housing projects following the
devastating quakes in Feb 2023.
The project, which involves the construction of 1,353 housing units,
covers parts of Vakıflı, including residential areas, agricultural
land, and treasury-owned property.
On TOKİ’s website, the project is listed under the title: “Hatay
Province, Samandağ District, Hıdırbey and Vakıfköy Neighborhoods, Stage
6 and 7 Construction: 1,353 Housing Units, 14-Shop Commercial Center,
Infrastructure, and Landscaping Work.”
Residents of Vakıflı are alarmed by the prospect of expropriation,
fearing that the project will harm the village’s historical, cultural,
and social fabric. Many worry that Vakıflı could lose its unique status
as Turkey's last Armenian village.
Speaking to bianet by phone, a local resident said, "Today, the
headmen of Vakıfköy, Hıdırbey, and Mağaracık are meeting with the
governor. We, as the people of the village, oppose the expropriation
decision. We are a village that has existed for centuries.
"We fear not only for our cultural and historical heritage but also for
the demographic makeup of our community. Almost half of our village is
at risk of expropriation, and we are deeply concerned about losing our
identity as Turkey’s last Armenian village."
The village's mukhtar, Berç Kartun, also commented on the situation,
stating that the village's fate would become clearer after their
meeting with Hatay Governor Mustafa Masatlı. Kartun noted that the
villagers were anxious and upset about the potential impact of the
project.
Disputed properties
Following the forced displacement of most Armenians from the Musa Dagh
region in 1915, only a small number remained in Vakıflı and nearby
villages such as Hıdırbey, Yoğunoluk, and Kapısuyu. After the
annexation of the İskenderun Sanjak, the modern-day Hatay, by Turkey in
1939, the remaining Armenian population largely concentrated in Vakıflı.
According to Agos journalist İşhan Erdinç, the Vakıflı Armenian Church
Foundation initiated legal proceedings to reclaim 36 properties
identified as belonging to the Armenian community. These properties had
been transferred to the state treasury or private individuals over time.
Despite a 2022 ruling by Turkey’s Constitutional Court, which found a
violation of property rights, the disputed properties have not been
returned to the foundation. (BIA, 31 January 2025)
Politique
intérieure/Interior Politics
İstanbul
mayor İmamoğlu announces candidacy in CHP’s
presidential primary
İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu has officially entered his Republican
People’s Party (CHP) presidential primary, submitting his candidacy
through his lawyer at the party headquarters in the capital of Ankara.
Announcing his decision on social media, İmamoğlu said, "Today, I took
the first step toward a new beginning by officially applying to become
the presidential candidate of the Republican People’s Party, a party I
am honored to be a member of."
The CHP, Turkey’s main opposition party, has decided to select its
presidential candidate for the upcoming election through a primary vote
among party members.
In his announcement, İmamoğlu highlighted the importance of justice,
freedom, prosperity, and unity in the country, saying, "We are
embarking on a journey to make our state democratic and strong, our
people wealthy and peaceful, and our citizens equal and free."
He outlined key priorities, including restoring parliamentary
democracy, ensuring checks and balances, and promoting democratic
participation. İmamoğlu also vowed to separate state institutions,
media, science, arts, and sports from political partisanship.
"Justice will not serve those in power but will be the foundation of
the state," he said, asserting that his leadership would seek fair
political competition rather than viewing opponents as enemies. "We
will work hard, we will succeed, and we will share fairly. We will
never tire, and we will never give up," he declared.
Before his candidacy announcement, he held a meeting on Feb 9 with CHP
leader Özgür Özel and Ankara Mayor Mansur Yavaş, another widely
discussed potential candidate. Following the meeting, Yavaş announced
that he would not enter the primary.
İmamoğlu’s rise in Turkey's political scene
İmamoğlu, a contractor, served as the mayor of İstanbul's Beylikdüzü
district between 2014 and 2019. He first gained national prominence in
2019 when he won the İstanbul mayoral race, ending 25 years of rule by
the ruling Justice and Development Party (AKP) and its predecessors. As
he gained popularity, he was positioned as a key opposition figure
ahead of the 2023 presidential election. At the time, the CHP’s
then-coalition partner, the nationalist Good (İYİ) Party, supported
İmamoğlu’s potential candidacy. However, İmamoğlu never declared his
intentions to become a presidential candidate. CHP leader Kemal
Kılıçdaroğlu ultimately ran against President Recep Tayyip Erdoğan and
lost.
Following Erdoğan’s reelection in what was seen as his toughest race in
two decades, İmamoğlu spearheaded a "change" campaign within the CHP,
challenging Kılıçdaroğlu’s leadership. In Nov 2023, Özgür Özel, backed
by İmamoğlu, defeated Kılıçdaroğlu in the party congress, ending his
14-year tenure.
İmamoğlu further solidified his influence in the 2024 local elections,
winning reelection as İstanbul mayor by a significant margin against
the AKP’s candidate.
Legal challenges
Since taking office in 2019, İmamoğlu has faced multiple legal cases.
In 2022, he was sentenced to a political ban and prison time for
allegedly insulting members of the Supreme Election Council (YSK). That
case remains under appeal.
More recently, he has been the subject of new investigations, including
charges of attempting to influence the judiciary and allegedly
targeting counterterrorism officials. The former charge was pressed
after İmamoğlu's revelation last month that the same expert witness was
involved in multiple investigations targeting CHP-run municipalities in
İstanbul, including Beşiktaş and Esenyurt, the mayors of which have
been arrested and removed from office. The terrorism-related
investigation followed İmamoğlu's remarks targeting the chief public
prosecutor of İstanbul, Akın Gürlek, who has been widely criticized by
the CHP as being aligned with the government's agenda targeting its
opponents.
More recently, he has been the subject of new investigations, including
charges of attempting to influence the judiciary and allegedly
targeting counterterrorism officials. The first charge was filed after
İmamoğlu revealed last month that the same expert witness had been
involved in multiple investigations into CHP-run municipalities in
İstanbul, including Beşiktaş and Esenyurt, whose mayors have been
arrested and removed from office. The terrorism-related investigation
followed İmamoğlu's critical remarks about İstanbul Chief Public
Prosecutor Akın Gürlek, whom the CHP has widely criticized as being
aligned with the government's agenda against political opponents.
If convicted, he could face a lengthy prison sentence and another
political ban. (BIA, 21 February 2025)
La crise est toujours permanente des Ottomans jusqu’à
nos jours
Ragip Duran, TVXS.GR, 16 février 2025
La politique est bien le sport favori de la majorité des citoyens de
Turquie. Du plus jeune au plus vieux, la plupart des hommes, dans la
maison, sur le lieu de travail, dans les cafés discutent pendant des
heures sur le passé et le futur politique du pays. Faut-il préciser que
ces débats ressemblent beaucoup aux commérages du café de commerce.
- Pourquoi le Grand Empire Ottoman qui dominait à l’époque les trois
continents s’est ecroulé?
- Pourquoi la République n’a pas pu créer une nation stable, riche et
vraiment démocratique?
- Quel sera donc notre futur proche?
Le site français, spécialisé en économie “L’Economiste” a publié
récemment un dossier intitulé “Les 15 Pays au Bord de l’Effondrement”.
La Turquie est le 6e pays de la liste.
(https://www.youtube.com/watch?v=1fl7IPFrZGU).
Une autre publication beaucoup plus vieille, mais très à la mode ces
jours-ci, explique les raisons des crises structurelles et du
sous-développement. Il s’agit d’un livre publié en 1732 par Ibrahim
Muteferrika dans la toute première imprimerie de l’Empire. L’auteur
d’origine hongroise, était pris prisonnier lors du second siège de
Vienne (1692) par l’armée ottomane. Venu à Istanbul, devenu
obligatoirement musulman, il était au service du Palais, car il parlait
plusieurs langues. Il a publié en tout 17 livres entre 1729 et 1742. Le
Gutenberg Ottoman, en retard de 289 années par rapport à son collègue
allemand de Strasbourg, était un intellectuel de haut calibre. Il y a
presque 3 siècles, il avait déjà constaté les failles de l’Empire. Dans
son livre intitulé “Méthode de réflexion et l’ordre
mondial”.(https://www.tuba.gov.tr/.../TUBA-978-625-8352-13-9.pdf) , une
sorte de manuel de politique, il avait détecté les six principaux
défauts de l’Empire:
- Pots-de-vin
- Favoritisme dans la fonction publique
- İntolérance vis-à-vis des hommes de science
- Carence de discipline dans l’armée
- Gaspillage
- Ne pas être au courant de ce qui se passe à l’étranger
Imprimé seulement à 500 exemplaires à l’époque ce livre de 264 pages,
traduit en turc moderne, est de nouveau dans les rayons des libraires.
Les nouveaux lecteurs rédigent sur la Toile leur impression:
- Rien n’a changé depuis 300 ans!
- L’Histoire ne nous a rien appris!
- Est-ce que l’auteur connaissait Le Président Erdogan?
- N’est-il pas encore arrêté par la police politique?
- Il dit du mal de l’Empire et de nos Sultans prestigieux. C’est
normal, il n’est pas turc!
En effet un historien amateur, auto-didacte, qui se cache derrière un
pseudonyme ne se prive pas, toujours sur la Toile, de proposer une
réponse nationaliste à la question de savoir pourquoi l’Empire Ottoman
s’est écroulé. Ce troll publie la liste de l’ensemble des ministres,
des pachas, des ambassadeurs, des préfets et autres haut fonctionnaires
d’origine arménienne, grecque et juive de l’époque du Sultan Abdulhamid
(1876-1909). Les noms de plusieurs centaines de personnalités y
figurent. Et il conclut : “Avez vous donc compris pourquoi l’Empire
Ottoman s’est effondré? Avez vous compris contre qui Atatürk luttait ?”.
De son côté un journaliste de 80 ans en exil en Allemagne estime que
“La politique est encore le sport favori de la majorité des Turcs, mais
un sport assez mal pratiqué”.
En
Turquie, le président Erdogan cherche
à diviser l'opposition
En Turquie, les enquêtes et arrestations se multiplient ces dernières
semaines dans les rangs de l'opposition au président turc Erdogan.
Elles visent surtout le CHP, premier parti d'opposition. À Istanbul,
une dizaine d'élus et de responsables municipaux de ce parti ont été
placés en garde à vue, ce mardi 11 février au matin, pour des
accusations de liens avec le « terrorisme ».
Le Parti républicain du peuple (CHP) avait remporté en 2024 les mairies
de 26 des 39 arrondissements d’Istanbul. Ces derniers mois, deux de ses
maires ont été incarcérés.
Les arrestations de ce mardi 11 février concernent des adjoints au
maire et conseillers municipaux de sept autres arrondissements, tous
accusés de liens avec le terrorisme. En l’occurrence, avec le PKK,
Parti des travailleurs du Kurdistan.
Diviser l'opposition
Pourtant, dans le même temps, le pouvoir en Turquie mène des
négociations avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, qui
devrait bientôt appeler son organisation à renoncer aux armes. Le parti
pro-kurde légal, le DEM, est directement impliqué dans ces efforts de
paix.
Pour la politologue Seren Selvin Korkmaz, ce n'est pas un paradoxe : «
Le pouvoir, d'un côté, fait une ouverture vers les Kurdes. De l'autre,
il met sous pression les autres acteurs de l'opposition, en particulier
le CHP. Et parce qu'il le met sous pression, il l'empêche de soutenir
franchement les efforts de paix, ce qui peut avoir pour effet de créer
une cassure entre les acteurs du mouvement politique kurde et le reste
de l'opposition. Entre le DEM et le CHP. Le pouvoir essaie de casser
l'union de l'opposition. »
C'est cette union, plus ou moins tacite, des partis d'opposition et de
leurs électeurs qui avaient contraint Recep Tayyip Erdogan à affronter
pour la première fois un second tour à la présidentielle de 2023 et à
perdre les municipales de l'an dernier.
Le CHP est convaincu qu'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et rival du
chef de l'État, sera la cible ultime de ces arrestations. (rfi, 11
février 2025)
Jusqu'à sept ans de prison requis contre le maire d'opposition
d'Istanbul
Un procureur d'Istanbul a requis jusqu'à sept ans et quatre mois de
prison pour "insulte et menace contre un agent public" contre le maire
d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a rapporté mercredi l'agence
de presse étatique Anadolu.
La peine prononcée serait assortie d'une interdiction d'exercer une
fonction publique, a précisé Anadolu.
M. Imamoglu avait été mis en examen et appelé à témoigner vendredi pour
des propos critiques visant le procureur général d'Istanbul et un
expert judiciaire désigné dans plusieurs enquêtes contre des
municipalités dirigées par l'opposition.
"Le président Erdogan, qui suit ces procès de près (...) pense
apparemment qu'il restera au pouvoir grâce à ces petits jeux au lieu de
se présenter honorablement devant la nation lors des élections", a
réagi M. Imamoglu sur X.
Le maire d'Istanbul, figure du Parti républicain du peuple (CHP,
social-démocrate), principale formation de l'opposition turque, est
considéré comme le principal rival du président Recep Tayyip Erdogan
avec le maire CHP d'Ankara Mansur Yavas.
S'exprimant devant une foule de soutiens après son audition vendredi,
M. Imamoglu avait dénoncé un "harcèlement de la justice" à son égard.
(AFP, 5 fév 2025)
Erdogan continue à célébrer diplomatiquement la Journée
Mondiale des Solitudes
Ragip Duran, TVXS.GR, 3 février 2025
Le 23 janvier dernier, La Journée Mondiale des Solitudes, initiative
officielle lancée par la France en 2018, a été célébrée ou
commémorée
dans plusieurs pays. Il s’agissait essentiellement d’attirer
l’attention sur les méfaits de la solitude individuelle et sociale des
hommes et des femmes et de proposer des solutions pour lutter contre
les isolements relationnels.
La Turquie avait dès 2013 contribué sur le plan diplomatique à la
terminologie de ce domaine. M. İbrahim Kalin, aujourd’hui chef des
services de renseignement, à l’époque conseiller principal des affaires
étrangères du Premier Ministre M.R.T. Erdogan avait inventé
l’expression ‘’solitude précieuse’’ à la suite de la détérioration des
relations diplomatiques entre Ankara et Le Caire. Déjà au 19e siècle,
le terme d’’isolation magnifique’’ était utilisé pour décrire la
diplomatie britannique.
Erdogan essaie depuis au moins 20 ans de changer complètement le rôle,
la structure et les cadres de la diplomatie turque. Le système
présidentiel à la turque, dans lequel l’ensemble des pouvoirs et des
responsabilités est sous le contrôle direct d’une seule personne, le
Président participe tout seul aux entretiens bilatéraux avec ses
homologues sans la présence d’un diplomate voire d’un preneur de notes
du Ministère des Affaires Étrangères turc. Et c’est encore le Président
tout seul qui décide et exécute la politique étrangère du pays.
Résultat: Ankara est presque complètement isolé sur la scène régionale
et internationale. De la politique ‘’De zéro problème avec les
voisins’’ annoncée en 2013 par le chef de la diplomatie de l’époque M.
Ahmet Davutoglu, la Turquie est tombée actuellement sous le coup de
‘’Zéro Allié’’ sur le plan régional et mondial.
Les médias d’Erdogan ont annoncé en première page ‘’La Grande Victoire
Turque en Syrie’’ depuis la chute du régime d’Al Essad. Ils prévoyaient
supprimer l’existence même des Kurdes qui contrôlent plus d’un tiers
des territoires de la Syrie.
Ankara était absente de l’ensemble des réunions diplomatiques sur la
Syrie organisées par les pays européens, car elle n’était pas invitée.
Les capitales occidentales étaient bien entendu au courant des
relations entre la Turquie et les diverses organisations islamistes
actives en Syrie, y compris le HTS, aujourd’hui nouveau maître de Damas.
Les diplomates d’Erdogan refusent d’accepter le succès et le poids en
Syrie des deux Etats, à savoir Israël et les Etats-Unis, deux pays avec
lesquels la Turquie n’a pas d’excellentes relations.
Le Prof. Metin Kazanci, de la Faculté des Sciences Politiques d’Ankara
critique le Ministre des Affaires M. Hakan Fidan qui a estimé que ‘’la
France est un pays sans puissance, elle suit les Etats-Unis. Elle ne
peut avoir aucun rôle en Syrie du Nord. Les déclarations françaises
sont nulles et non avenues’’.
Selon l’AFP, Paris n’a même pas répondu contre ces accusations.
Faut-il rappeler que la France a été nommée comme représentante des
puissances européennes pour la reconstruction du Liban et de la Syrie.
Paris, de plus est très actif dans les réunions diplomatiques sur le
futur de la Syrie.
Par ailleurs, le Président Devlet Bahceli, seul allié d’Erdogan au
Parlement a déclaré à l’improviste le 15 janvier dernier que ‘’la
Turquie ne peut pas faire sans les 12 îles’’ d’Égée et que ‘’les 12
îles non plus ne peuvent rien faire sans la Turquie’’. Tout le monde
sait que ces îles en question sont les 12 îles de Dodécanèse
appartenant à la Grèce depuis la Convention Turco-Italienne de Paris
signée en 1947.
‘’Quand le régime est presque complètement bloqué à l’intérieur du pays
à cause de la crise economico-financière et les troubles
socio-politiques, Erdogan renforce la répression contre l’ensemble des
opposants. Il est de plus en plus isolé sur la scène internationale,
alors il croit qu’il peut briser cette isolation par la force
militaire. Mais Washington et probablement les nouveaux maîtres de
Damas empêchent une opération militaire turque en Syrie du Nord’’
estime le Prof. Cengiz Aktar, politicologue en exil en Grèce.
* Caricature: Oli, humeurs.be
Le maire
d'opposition d'Istanbul dénonce le "harcèlement
judiciaire"
Le maire d'Istanbul et figure de l'opposition turque, Ekrem Imamoglu, a
dénoncé vendredi le "harcèlement" de la justice à son encontre, à sa
sortie d'un tribunal d'Istanbul où il comparaissait.
"Nous subissons à Istanbul un harcèlement judiciaire au plus haut
niveau, mais nous n'abandonnons et n'abandonnerons pas. Nous
continuerons à lutter contre l'injustice !", a lancé M.Imamoglu, juché
sur le toit d'un car devant plusieurs milliers de personnes venues le
soutenir.
Le maire d'Istanbul, figure du Parti républicain du peuple (CHP,
social-démocrate), principale formation de l'opposition turque, est
considéré comme le principal rival du président Recep Tayyip Erdogan
avec le maire CHP d'Ankara Mansur Yavas.
M. Yavas, venu vendredi à Istanbul, a affirmé que le pouvoir veut
"transformer la Turquie en prison à ciel ouvert".
M. Imamoglu, visé par plusieurs enquêtes, était appelé à témoigner
devant un procureur pour des critiques visant le procureur général
d'Istanbul et un expert désigné dans plusieurs enquêtes contre des
municipalités CHP.
Le maire d'Istanbul s'est défendu d'avoir menacé le procureur général
et l'expert judiciaire et d'avoir tenté d'influencer le cours de la
justice -- ce qui lui est reproché --, affirmant avoir simplement fait
usage de sa liberté d'expression, selon ses déclarations transmises à
l'AFP.
"Je ne céderai pas à ces menaces", a-t-il dit, dénonçant une justice
qui tente de "l'intimider" via "des enquêtes politiquement motivées".
S'exprimant devant la foule après son audition face au palais de
justice de Caglayan, sur la rive européenne d'Istanbul, M. Imamoglu a
fustigé une "conspiration" à son égard.
"Le parti au pouvoir cherche à se venger en éliminant Imamoglu de la
scène politique. Ils sont encore sous le choc d'avoir perdu à Istanbul
lors des deux dernières élections. Mais cela ne nous arrêtera pas", a
déclaré à l'AFP un partisan du maire d'Istanbul, Ferdi Demirtas, 48
ans, devant le même tribunal.
Onze élus, dont deux maires CHP de districts d'Istanbul et huit maires
du parti prokurde DEM, ont été destitués depuis les élections locales
de mars 2024 et une série d'arrestations a visé récemment des
journalistes et des artistes. (AFP, 31 jan 2025)
Forces
armées/Armed Forces
À Damas, la
très encombrante « Armée nationale syrienne »
Guillaume Perrier, Le Point, 29 Janvier 2025
Elle constitue désormais la seconde force armée de la « nouvelle Syrie
», après les anciens djihadistes de Hayat Tahrir el-Cham (HTC). La bien
mal nommée Armée nationale syrienne (ANS) rassemble des factions
islamistes entraînées et téléguidées par la Turquie depuis 2017. Mais
elle doit se fondre dans la nouvelle armée du pays, sous les ordres des
proches d'Ahmed al-Charaa, l'ancien émir d'Idlib devenu chef du
gouvernement provisoire. C'est en tout cas le vœu de Damas. Ce qu'a
confirmé Ibrahim Kalin, le chef des services de renseignements turcs
(MIT), fin janvier, au cours de sa seconde visite à Damas depuis la
chute du régime de Bachar el-Assad.
Avec la fin de la dictature baassiste, de nombreux combattants,
épuisés, voudraient déposer les armes et retourner à la vie civile. La
participation de l'ANS à la chute du dictateur syrien, en décembre, a
été marginale, mais ses légions restent déployées dans le nord-est du
pays face aux rebelles kurdes. De violents affrontements se poursuivent
ces dernières semaines dans la région de Manbij et autour du barrage de
Tichrine, au prix de la perte de dizaines d'hommes. Leur agenda reste
celui de la Turquie.
Formés et armés par Ankara par l'intermédiaire de la société militaire
privée Sadat, des dizaines de milliers de « chiens de guerre » se sont
engagés dans les opérations « Bouclier de l'Euphrate » en 2017, «
Rameau d'olivier » en 2018 et « Source de paix » en 2019, au cours
desquelles ils ont repoussé les Kurdes. Avec quelques dizaines de
dollars de solde mensuelle, ils multiplient les exactions, sèment la
terreur parmi les civils et se paient avec les pillages.
Un gang de pillards plus qu'une armée
Ces combattants syriens ont ensuite été envoyés par la Turquie sur des
terrains plus exotiques. En Libye, dès 2019, où les membres de la
division Al-Hamza ont été parachutés dans la bataille de Tripoli.
Plusieurs milliers d'hommes ont été entraînés dans cette opération,
attirés par des soldes généreuses et des promesses de primes aux
familles, qui n'ont jamais été payées. L'armée turque a encore utilisé
ces mercenaires syriens pour aider l'Azerbaïdjan, en 2020, dans la
guerre du Haut-Karabakh contre l'Arménie. Et en 2024 au Niger, après le
départ des troupes françaises.
L'ANS traîne une sinistre réputation que le nouveau pouvoir syrien, qui
tente de gagner en respectabilité, cherche à lisser. Ses dirigeants ont
été accusés d'assassinats, d'enlèvements, de torture, d'extorsion, de
viols et agressions sexuelles, de pillages et de vols de propriétés…
Des crimes de guerre commis notamment dans la région d'Afrine, capturée
en 2018. Dans cette zone occupée par la terreur, ils ont rançonné la
population, multiplié les enlèvements crapuleux et déraciné les
oliviers pour priver les populations civiles de leur principale source
de revenus. L'Armée nationale syrienne se montre plus proche d'un gang
de pillards que d'une armée.
En décembre, après la chute du régime, un conflit est même apparu à
Alep avec HTC pour des vols de générateurs… « HTC a arrêté plusieurs
combattants de l'ANS dans le quartier kurde de cheikh Massoud, au nord
d'Alep, et les a accusés de pillages et d'agressions contre des civils
», observe Broderick McDonald, chercheur associé au King's College de
l'université d'Oxford.
Accusations de crimes de guerre
Deux des chefs de cette coalition, Seyf Ebubekir Polat et Mohammed
Al-Jassim, sont à la fois incontournables et infréquentables. Ils sont
reçus par Ahmed al-Charaa dès la mi-décembre, à Damas, avec les mêmes
égards que ceux auxquels ils auront droit à Ankara quelques jours plus
tard. En Turquie, ils sont accueillis à la présidence par Recep Tayyip
Erdogan en personne. Ils posent fièrement avec le chef du parti
ultranationaliste MHP, Devlet Bahçeli, et rencontrent le parrain
mafieux Alaatin Cakici, roi de la pègre et figure nationaliste.
Les deux Syriens appartiennent à la minorité turkmène de Syrie et
possèdent la nationalité turque. Proches de Daech en 2014, ils ont
probablement officié pour les services de renseignements turcs (le MIT)
au sein de l'organisation djihadiste, avant de rejoindre la coalition
favorable à Ankara, selon le chercheur Nicholas Heras, directeur de la
stratégie et des programmes à l'institut New Lines.
« Ces photos prises avec des responsables turcs rappellent brutalement
l'incapacité de la Turquie à freiner les abus commis par les groupes
qu'elle soutient », souligne Hiba Zayadin, enquêtrice pour
l'organisation Human Rights Watch. « La célébration de ces hommes par
la Turquie contraste avec sa responsabilité en tant que puissance
occupante, ce qui démontre un mépris flagrant pour la responsabilité,
la justice et la stabilité de la région », poursuit la chercheuse.
Infréquentables, les deux hommes sont sous le coup d'accusations de
crimes de guerre et, depuis 2023, de sanctions du département du Trésor
américain pour leurs exactions et leurs trafics. Le premier, Seyf
Ebubekir Polat, commande la division Al-Hamza et est « impliqué dans
des actes d'enlèvements et de torture ». La division Al-Hamza gère
aussi des centres de détention dans lesquels elle enferme les victimes
de kidnappings, souvent victimes d'abus sexuels de la part des
combattants, précise le rapport de l'administration américaine.
Le second, Mohammed Al-Jassim, surnommé Abou Amsha, dirige la brigade
Suleyman Shah, du nom du grand-père du fondateur de l'Empire ottoman.
Formée de Turkmènes, cette faction s'aligne sur l'idéologie des
extrémistes Loups Gris. Lui aussi est soupçonné de viols, d'extorsion
et d'enlèvements contre rançon, de confiscation de terres et de
récoltes, une activité qui lui aurait rapporté des dizaines de millions
de dollars depuis 2018.
Une petite entreprise criminelle familiale
« Abou Amsha a saisi quasiment tous les champs d'oliviers cultivés par
des agriculteurs kurdes en 2018 et il a continué à leur imposer des
taxes sur chaque récolte suivante, d'environ 25 %. Il a aussi établi un
monopole sur les sources de Shaykh al-Hadid et forcé les agriculteurs à
payer des sommes supplémentaires pour l'irrigation », détaille un
rapport rendu en 2022 par l'organisation Syrians for Truth and Justice
(STJ, Syriens pour la vérité et la justice).
Selon ce rapport, qui s'appuie sur les témoignages de 26 personnes,
victimes et responsables militaires, le revenu annuel d'Abou Amsha et
de ses hommes de main avoisinerait les 30 millions de dollars. Pour
gérer sa petite entreprise criminelle, il s'appuie sur ses cinq frères,
responsables des investissements en Syrie, en Turquie, en Libye et
même, selon certaines sources, au Cameroun et au Mozambique…
Walid, alias Abou Siraj, fait office de chef opérationnel. C'est lui
qui a remplacé Abou Amsha à la tête de la brigade lorsque ce dernier
est parti, avec 300 hommes, pour combattre en Libye. Basil, qui se fait
surnommer Alemdar, du nom d'un agent secret turc aux méthodes
expéditives, héros d'une série télévisée, supervise les pillages. Quant
à Younis, il s'occupe de la contrebande vers la Turquie, trafiquant des
téléphones portables, de la drogue et des réfugiés… Le Trésor américain
a identifié une société de vente de voitures, Al-Safir Oto, comme moyen
pour les frères Jassim de blanchir leurs revenus criminels. La
compagnie, basée à Istanbul, possède plusieurs succursales dans le sud
de la Turquie.
Trafic d'armes vers la Libye
Même ses propres hommes ont été escroqués par Abou Amsha. La solde des
volontaires pour la Libye n'a jamais été entièrement versée. Le trafic
d'armes vers la Libye est une autre source importante de revenus pour
les gangsters de l'ANS, et ses revenus rejaillissent sur tous les
groupes armés. Karim, un commandant âgé de 40 ans, raconte comment, en
janvier 2020, il s'est retrouvé avec 150 hommes et 900 fusils d'assaut
kalachnikov dans des sacs en plastique, à l'aéroport d'Istanbul,
embarquant pour Misrata, en Libye. « C'était comme un omnibus, aussitôt
les sacs chargés dans les soutes de l'Airbus de la compagnie libyenne
Afriqiyah, nous avons demandé aux pilotes de décoller, comme s'il
s'agissait d'un vol privé. »
Aucun des combattants syriens ne possédait de passeport, la plupart
venaient en Turquie pour la première fois, et aucun contrôle de
sécurité ne leur a été imposé. Les premières livraisons d'armes tracées
en 2020 ont aussitôt alerté la communauté internationale. La Libye,
depuis une résolution des Nations unies votée en 2011, est soumise à un
embargo sur les équipements militaires. La Turquie a donc utilisé des
vols civils et ses mercenaires syriens pour essayer de contourner
l'interdiction et armer les factions favorables au gouvernement de
Tripoli.
Les quatre appareils de la compagnie Afriqiyah ont réalisé pas moins de
121 vols entre la Turquie et la Libye en 2020. Une autre compagnie
libyenne, Libyan Wings Airlines, en a effectué 77 au cours des 6
premiers mois de la même année. Cette compagnie créée en 2015
appartient à Abdelhakim Belhadj, un chef de guerre islamiste réfugié en
Turquie et proche du Qatar. Ancien moudjahid (combattant islamiste) en
Afghanistan engagé contre les troupes soviétiques, proche des
dirigeants d'Al-Qaïda, il dirigeait une faction radicale, le Groupe
islamique de combat (GIC), avant d'être capturé par la CIA et
emprisonné en Libye durant sept ans.
Kemal Eskintan, la courroie de transmission
Mansour, un autre mercenaire syrien affilié à la division Sultan
Mourad, qui nous répond à condition de conserver l'anonymat, est lui
aussi impliqué dans ce trafic d'armes à grande échelle entre la Turquie
et la Libye. « Des mitrailleuses PKC, des kalachnikovs, des
lance-grenades et des missiles antichars TOW étaient transportés dans
de grandes caisses en bois », nous montre-t-il sur des photos de ces
cargaisons. La plupart de ces stocks d'armes proviennent de livraisons
américaines aux groupes islamistes anti-Assad, via la Turquie…
Mansour aussi a participé à plusieurs convois organisés vers la Libye
en 2020. « Ces armes ont atteint en Libye le double du prix auquel on
les vend en Syrie. » Comme Karim, Mansour confirme que le MIT
supervisait étroitement le trafic, via le poste frontalier de Hawar
Kilis, utilisé par les forces turques pour soutenir l'ANS. Et qu'à la
tête de ce commerce se trouverait un officier des services secrets
turcs bien connu des rebelles syriens : Abou Mohammed Kamal Abou
Furqan, de son vrai nom Kemal Eskintan. Depuis plus de dix ans, il est
la discrète courroie de transmission entre Ankara, la société Sadat et
les groupes d'opposition islamistes et djihadistes syriens.
Homme clé des services turcs, arabophone et connecté aux mouvements
djihadistes, Eskintan est devenu en 2017 le numéro 2 du MIT, en charge
de la division des opérations spéciales. C'est également lui qui aurait
recruté Anas Khattab. Ce discret membre fondateur d'Al-Nosra, le
mouvement qui a précédé HTC, très proche d'Ahmed al-Charaa, avait été
désigné en 2012 comme terroriste par les États-Unis, pour ses liens
avec Al-Qaïda. Khattab a été nommé récemment à la tête des services de
renseignements syriens.
Des militaires renvoyés de l'armée pour un serment à
Atatürk
Cinq jeunes officiers turcs et trois de leurs supérieurs ont été
renvoyés vendredi de l'armée pour un serment d'allégeance au fondateur
de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, qui avait irrité le
président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le ministère turc de la
Défense.
"Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal", avaient lancé fin août les
cinq élèves-officiers, épées vers le ciel, lors de leur prestation de
serment à laquelle assistait le président Erdogan, en jurant de
défendre la "République laïque et démocratique" fondée en 1923 par
Atatürk.
Les images de la scène avaient déclenché une vive polémique en Turquie
où l'armée, longtemps considérée comme la gardienne des valeurs
kémalistes, a mené trois coups d'Etat réussis (1960, 1971 et 1980) et
poussé à la démission, en 1997, le Premier ministre islamiste et mentor
politique d'Erdogan, Necmettin Erbakan.
L'armée, perçue comme une menace par le gouvernement
islamo-conservateur à son arrivée au pouvoir depuis 2002, a été mise au
pas depuis, via de vastes purges qui ont culminé après le putsch raté
de juillet 2016.
Le président Erdogan, un musulman pieux accusé par ses opposants de
vouloir islamiser la société, avait affirmé début septembre, quelques
jours après la prestation de serment des élèves-officiers, qu'il
"veillerait à ce que tous ceux impliqués dans cette affaire reçoivent
la punition qu'ils méritent".
"Nous ne permettrons pas que notre armée serve à régler des comptes
politiques", avait lancé M. Erdogan. (AFP, 31 jan 2025)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
En Turquie,
Adidas à l'amende pour des chaussures en cuir
de porc
L'équipementier sportif allemand Adidas a écopé en Turquie d'une amende
de près de 15.000 euros pour ne pas avoir informé ses clients de la
présence de cuir de porc sur la pointe avant de l'une de ses chaussures
en vogue, a-t-on appris jeudi.
Dans une décision consultée par l'AFP, l'autorité turque de régulation
de la publicité reproche à la marque allemande d'avoir utilisé
l'expression "cuir véritable" dans la description sur son site internet
turc de cette partie extérieure du modèle de chaussures "Samba OG",
sans préciser qu'il s'agissait de cuir de porc.
Le régulateur souligne que l'utilisation d'un "composant contraire à la
sensibilité religieuse de la majorité de la société doit être
mentionnée clairement dans les publicités" pour ces sneakers, vues ces
dernières années aux pieds des mannequins Kendall Jenner et Bella Hadid.
L'équipementier a écopé en conséquence d'une amende de 550.059 livres
turques, soit 14.600 euros environ.
Contacté par l'AFP, Adidas a affirmé avoir "mis à jour en conséquence
la spécification des matériaux du produit".
Dans un avis publié en 2020, la Direction turque des Affaires
religieuses (Diyanet) affirmait qu'"il est admis par presque tous les
savants musulmans que la peau de porc ne peut être rendue pure par le
tannage ou des procédés similaires", et qu'il n'est dès lors "pas
permis de fabriquer des chaussures ou vêtements à partir de peau ou
poils de porc". (AFP, 13 fév 2025)
Socio-économique
/ Socio-economic
"Il voyait tout blanc": en Turquie, l'alcool frelaté
provoque une hécatombe
Taskin Erduan pensait avoir fait une bonne affaire en payant ses trois
litres de vodka l'équivalent de 15 euros. Mais deux verres ont suffi à
le tuer.
"Il est arrivé un peu en retard un samedi en disant qu'il ne voyait
plus", racontent à l'AFP Erol Isik et son associée Belgin, les
employeurs de ce coiffeur de 51 ans décédé fin janvier à Istanbul.
À peine arrivé, Taskin Erduan doit s'assoir, incapable de tenir une
paire de ciseaux: "Il nous a dit qu'il voyait tout blanc, alors j'ai
pris rendez-vous dans un hôpital privé où je l'ai conduit
immédiatement", explique la patronne.
L'ophtalmologiste comprend tout de suite qu'il s'agit d'une
intoxication à l'alcool frelaté, d'autant que les empoisonnements
mortels au méthanol ont explosé depuis janvier en Turquie: au moins 70
à Istanbul et 63 à Ankara, la capitale, selon la presse locale qui ne
cesse d'actualiser ses bilans.
À l'hôpital, Taskin Erduan explique avoir acheté sa vodka dans une
épicerie de quartier, cinq fois moins cher qu'en supermarché au motif
que l'alcool arrivait de Bulgarie.
Les médecins lui administrent de l'acide folique pour tenter d'atténuer
les effets toxiques du méthanol. "Il était encore parfaitement
conscient", se remémore sa patronne, les yeux rougis depuis l'étage de
son salon.
Le coiffeur est rapidement placé en soins intensifs et intubé.
"Le
quatrième jour, nous sommes allés le voir avec son fils. Il était tout
jaune", confie-t-elle. "Le soir même, nous avons reçu la nouvelle de
son décès".
- "trop tard" -
"Personne ne devrait mourir ainsi. L'alcool semblait parfaitement
légal, avec l'emballage et la marque, alors qu'en fait il sortait d'un
atelier clandestin", enrage Erol Isik.
"Taskin n'était pas quelqu'un qui buvait pour se saouler, ce n'était
pas un alcoolique", répète-t-il.
Dans son laboratoire, le Pr Ahmet Aydin, chef du département de
toxicologie de l'université stambouliote de Yeditepe, confirme qu'"un
verre de fausse vodka fabriquée à partir d'alcool méthylique peut être
mortel".
La différence entre l'éthanol, présent dans les spiritueux et le
méthanol, utilisé comme solvant dans les vernis et peintures, n'est
visible qu'en laboratoire, explique-t-il devant des tubes à essai
contenant les deux alcools. "Au goût, à la vue et à l'odeur, personne
ne peut les différencier".
"Le plus grand danger de l'empoisonnement au méthanol, c'est que vous
ne ressentez pas tout de suite les effets. Ils ne se manifestent qu'au
bout de six heures. Si la personne se rend immédiatement à l'hôpital,
elle a une chance de s'en sortir", poursuit-il. Sinon, il peut vite
"être trop tard".
"Les gens doivent vraiment faire attention", avertit-il, expliquant que
l'achat de méthanol est moins encadré que celui de l'éthanol.
"Mais qui boirait un alcool sans étiquette ?", interroge-t-il en
évoquant des hommes morts en janvier à Istanbul après avoir acheté des
petites bouteilles d'eau remplies d'alcool dans un restaurant turkmène.
- "prêts à tout pour l'argent" -
À l'instar du principal parti de l'opposition qui dénonce un "problème
de santé publique", Özgür Aybas, patron de l'association turque des
revendeurs d'alcool, rejette la faute sur le gouvernement
islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, un musulman
pieux opposé à la consommation d'alcool.
"Nulle part ailleurs dans le monde il n'existe une telle taxation sur
l'alcool", affirme M. Aybas, estimant qu'au vu des prix en magasins --
35 euros environ le litre de raki, l'alcool anisé traditionnel --, "les
gens sont contraints de s'orienter vers l'alcool de contrebande".
Devant l'épicerie stambouliote à l'enseigne bleue où Taskin Erduan
s'était approvisionné, désormais fermée par les autorités, un voisin
pointe lui aussi du doigt les taxes.
"L'alcool est trop cher en Turquie. Une bouteille d'un litre coûte 100
livres (2,60 euros) à fabriquer mais avec les taxes elle se paie 1.200
livres (32 euros)", soit douze heures de travail au salaire minimum,
fulmine l'homme qui ne souhaite donner que son prénom, Levent.
Le riverain, engoncé dans son imperméable, affirme connaître de longue
date le patron de l'épicerie, "un gars bien", et dit soupçonner un
employé d'avoir écoulé l'alcool frelaté. Avec la crise économique,
lâche-t-il, "je ne suis plus surpris de rien".
"Les gens sont prêts à tout pour l'argent. Ils n'ont plus
d'honneur". (AFP, 21 fév 2025)
Deux
responsables condamnés à 18 ans de prison pour
un effondrement mortel
Deux responsables impliqués dans la construction d'un important
complexe résidentiel turc, qui s'est effondré pendant le séisme de
2023, ont été condamnés à plus de 18 ans de prison, ont rapporté
mercredi les médias locaux.
L'affaire concerne un immeuble de huit étages du complexe résidentiel
Ebrar à Kahramanmaras, une ville du sud-est du pays, a précisé la
chaîne de télévision privée NTV.
Sur les 22 immeubles du complexe, presque tous se sont effondrés lors
du séisme de magnitude 7,8 survenu avant l'aube le 6 février 2023,
causant la mort de 1.400 personnes.
Le jugement de mercredi portait sur un édifice dans lequel 115
personnes ont péri, a indiqué NTV.
Le juge a condamné le donneur d'ordre Tevfik Tepebasi et Atilla
Oz,
président de la coopérative ayant construit l'immeuble, à 18 ans et
huit mois de prison chacun pour "homicide et blessures par négligence
consciente".
Quatre autres accusés étaient jugés dans cette affaire, dont trois ont
été acquittés par manque de preuves, tandis que le quatrième était jugé
par contumace, selon NTV.
M. Tepebasi - incarcéré peu après le séisme et poursuivi dans plusieurs
autres affaires liées au tremblement de terre - avait provoqué une
polémique lors d'une audience il y a un an en déclarant au tribunal
qu'il ne devrait pas être accusé car il ne connaissait "rien à la
construction".
Plusieurs familles de victimes, citées par NTV, ont affirmé être
mécontentes des peines prononcées et de l'acquittement de trois
prévenus, annonçant leur intention de faire appel.
Le séisme et ses multiples répliques ont ravagé une zone couvrant dix
provinces turques, tuant plus de 53.500 personnes en Turquie et 6.000
au moins en Syrie voisine. 107.000 personnes ont été blessées.
Selon les chiffres de l'agence turque de gestion des catastrophes
(Afad), 39.000 bâtiments ont été rasés et 200.000 autres gravement
endommagés. Près de deux millions de personnes se sont retrouvées sans
abri.
À ce jour, 189 personnes, reconnues pour beaucoup coupables de
"négligences" dans la construction des bâtiments, ont été condamnées à
des peines de prison. Et 1.342 procès impliquant 1.850 prévenus sont en
cours, selon le ministère turc de la Justice.
Le président Recep Tayyip Erdogan a pointé du doigt les entrepreneurs
négligents, les accusant de rogner sur les coûts en utilisant du béton
bon marché et en ignorant les normes de construction de base, avec plus
de 200 entrepreneurs et promoteurs arrêtés immédiatement après le
séisme.
Mais aucune enquête n'a abouti à ce jour concernant les fonctionnaires
ayant accordé les permis de construire et validé les inspections de
sécurité. (AFP, 20 fév 2025)
Séisme d’Antioche: douleur et colère
Ragip Duran, TVXS.GR, 9 février 2025
La deuxième année du grand séisme du 6 février a été commémorée à
Antioche, ville presque complètement détruite parmi les 10 autres
départements touchés.
50 milles personnes, selon les chiffres officiels, étaient morts et
plus de 300 milles bâtiments détruits. Les ONG locales estiment qu’il
faut multiplier ces chiffres au moins par deux pour savoir la vérité.
A 04 h 17 du matin un séisme de magnitude 7.7 a transformé les villes
et les villages de la région en un champ de bataille voire à Hiroshima.
Lors des cérémonies de commémoration, les survivants ont protesté
contre les responsables officiels. A Antioche, les gens se sont
rassemblés au centre-ville à 03 h. 00 avec des pancartes.
- Le séisme ne tue pas, c’est l’indifférence qui tue!
- Il y a encore des débris qui restent!
- Nos vies, notre ville et notre espoir ont été assassinés!
- Depuis deux ans, nous vivons encore sous des tentes!
- Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas!
- Démission!
Pas un seul préfet, pas un seul maire n’a pas démissionné. Il n’y a
pratiquement pas de responsable du désastre.
Les porte-paroles d’Erdogan ont eu l’audace de déclarer qu’il
s’agissait d’Allah et du destin divin donc ‘’un fait naturel auquel on
ne peut rien’’!
Seulement deux avenues et une place dans le centre-ville était décorées
et illuminées récemment pour préparer la visite du président de la
République Erdogan.
La police a arrêté trois citoyens qui voulaient entrer dans le cercle
de la cérémonie officielle.
- Ils ne respectent même pas notre deuil!
Les victimes en vie du séisme se sont plaintes devant les caméras des
médias indépendants:
- Depuis le 6 février, nous n’avons toujours pas reçu un soutien, une
aide de l’Etat. Il y a eu très peu de matériel qui a été envoyé
d’Ankara et tout ça est parti pour les gens du pouvoir.
- L’Etat avait promis de reconstruire 650 milles bâtiments alors
qu’aujourd’hui, il y en a seulement 200 milles et la majorité n’est pas
à Antioche.
- Les écoles sont fermées. Parmi les 56 Centre de Santé détruits seuls
3 ont été reconstruit.
- Nous vivons encore dans la boue et la poussière!
- Nous n’avons pas vu le Croissant Rouge venir ici, mais nous avons
appris qu’ils vendaient les tentes!
Une grande partie de la population d’Antioche a dû quitter leur ville
natale et s’installer chez leurs parents dans l’ouest du pays ou à
l’étranger.
Les citoyens d’Antioche sont surtout en colère à cause de la carence de
justice. Ils veulent que l’ensemble des promoteurs et des contrôleurs
officiels des bâtiments construits illégalement ou des bâtiments qui ne
respectaient pas les règles et normes anti-séisme soient jugés.
Le quotidien Cumhuriyet (Kémaliste) précise qu’il y a encore 1342
procès en cours avec 1850 accusés, mais seulement 93 personnes arrêtées.
Le Prof Naci Gorur, grand spécialiste de sismologie, rappelle que ‘’La
Turquie est un pays de séisme’’ et il prévoit encore des séismes dans
les 30 ans à venir. Il répète les précautions à prendre, mais il croit
que les autorités négligent encore les préparations.
Faut-il rappeler que la ville d’Antioche, créée vers 300 av. J-C sur la
rive d’Oronte au nord-est de la Méditerranée, héberge la ‘’Grotte de
Saint-Pierre’’ considérée comme la première église de l’ère chrétienne.
Ville biblique et pluriethnique dès le départ, la majorité de ses
résidents était arabophone. Les alawites, les alévis, les Grecs, les
Arméniens, les Juifs, les Assyriens, les chaldéens, arabes et
turcomènes cohabitaient pacifiquement. Le régime Kémaliste d’Ankara,
champion de l’Etat-Nation (donc une seule nation, un seul drapeau, une
seule langue, une seule patrie, un seul Etat) profondément mécontent de
cette ville-kaléidoscope a su, suite à des manœuvres
diplomatico-militaires s’emparer d’Antioche en 1939. Ankara a même osé
changer le nom du département. Antioche (Antakya en turc) est alors
devenue Hatay, nom de code inventé par Atatürk en 1938 pour se référrer
soi-disant aux racines turco-anatoliennes et asiatiques des habitants
de cette ville.
Antioche n’a jamais été la ville favorite de l’ensemble des
gouvernements depuis 1939. Récemment, après le séisme de 2023, elle n’a
pas pu recevoir du soutien et de l’aide autant que les autres
départements détruits.
Ville frontière avec la Syrie, et revendiquée par la majorité des
Syriens, les problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels
d’Antioche n’ont pas pu être résolus par les régimes turcs.
En faillite, l'opérateur de Pizza Hut et KFC promet
de payer les
salaires
L'opérateur des restaurants KFC et Pizza Hut en Turquie a promis
mercredi
de verser leurs salaires aux sept mille employés de ses franchises,
après avoir annoncé son dépôt de bilan.
L'opérateur IS Gida a déposé son bilan la semaine dernière, son PDG
Ilkem Sahin reconnaissant qu'il avait une dette de 7,7 milliards de
livres turques (près de 210 millions d'euros).
L'annonce de la faillite qui risque d'entraîner la fermeture de 537
restaurants, employant 7.000 personnes, a provoqué des manifestations
dans plusieurs villes du pays dont Istanbul.
Elle intervient quatre semaines après que la société mère de KFC, "Yum!
Brands", a rompu ses contrats avec IS Gida en dénonçant son "incapacité
à respecter les normes".
Selon IS Gida, les salaires ont été versés jusqu'à la fin décembre mais
ceux de janvier seront payés d'ici "la fin février".
"Grâce aux versements réguliers des salaires jusqu'à présent nous
n'avons pas d'arriérés envers nos employés avant 2025", a fait savoir
l'entreprise dans un communiqué, cité par le site HaberTurk.
"Cependant, en raison des difficultés rencontrées après que "Yum!
Brands" a unilatéralement mis fin à notre contrat le 8 janvier (..) les
salaires de janvier n'ont pas pu être payés".
M. Sahin a par ailleurs indiqué à l'agence étatique Anadolu que
l'entreprise avait vu ses "actifs saisis par les banques et les
institutions publiques" et qu'il avait de son côté gagé toutes ses
économies en guise de ""garantie".
IS Gida dispose désormais d'un délai de trois mois pour redresser la
situation.
Ce délai doit permettre de "rétablir notre équilibre financier et
trouver les solutions juridiques appropriées pour toutes les parties",
a souligné la société en assurant que les salaires seront versés d'ici
la fin février.
"Nos employés recevront une compensation, une indemnité de préavis et
leurs congés dans le cadre de la procédure de licenciement", a-t-elle
précisé. (AFP, 12 fév 2025)
Turquie: l'alcool frelaté fait 33 morts à
Ankara
Trente-trois personnes sont mortes à Ankara et 20 autres sont
hospitalisées en soins intensifs après avoir bu de l'alcool frelaté
depuis le début de l'année, a affirmé vendredi à l'AFP le bureau du
gouverneur de la province.
L'alcool frelaté avec du méthanol, un alcool industriel différent de
l'éthanol utilisé dans les boissons alcoolisées, est soupçonné d'être
la cause des décès.
Treize personnes soupçonnées d'avoir vendu de l'alcool frelaté ont été
arrêtées, a précisé vendredi le gouverneur de la province, Vasip Sahin.
Plus de 100 tonnes d'alcool contrefait ont été saisies à Konya
(centre), Düzce (nord-ouest) et Ankara, a-t-il ajouté.
Au moins 38 personnes sont décédées en quatre jours à Istanbul en
janvier après avoir bu de l'alcool frelaté. Vingt-six autres ont été
placées en soins intensifs.
Le gouvernorat d'Istanbul a refusé vendredi d'indiquer à l'AFP si le
nombre de victimes avait augmenté depuis.
Des revendeurs d'alcool accusent le gouvernement d'être indirectement
responsable de cette vague de décès en raison des fortes taxes
appliquées sur les boissons alcoolisées, qui encouragent selon eux la
production clandestine.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, un musulman pieux accusé par
ses opposants de vouloir islamiser la société, a plusieurs fois pris
position contre la consommation d'alcool ou de tabac. (AFP, 7 fév 2025)
La Turquie commémore le "séisme du siècle" avec chagrin et
colère
La Turquie commémore jeudi le tremblement de terre du 6 février 2023
qui a englouti près de 60.000 vies et dévasté des villes entières dans
le sud-est du pays.
Dès 04H17 (01H17 GMT), l'heure exacte du séisme de magnitude 7,8
survenu il y a deux ans, des proches de victimes et des rescapés se
sont rassemblés dans plusieurs villes meurtries, dont Adiyaman et
Antakya, la vieille Antioche, pour se souvenir de ces terribles minutes
qui ont emporté leur vie.
Le séisme, ressenti jusqu'en Egypte, avait fait s'écrouler des milliers
d'immeubles, prenant au piège leurs habitants endormis.
"Deux ans ont passé mais c'est toujours la même émotion, nous la vivons
comme au premier jour", confie à l'AFP Emine Albayrak, 25 ans, qui
s'est jointe au rassemblement d'Antakya.
"Ça fait deux ans mais c'est comme si c'était hier. La vie continue,
mais comment?", lâche Hümeysa Bagriyanik, 18 ans. "Je me sens étrangère
dans ma propre ville, elle est rasée, je ne reconnais aucune des rues
que j'emprunte".
Des incidents ont éclaté dans Antakya, traditionnellement frondeuse,
quand une foule qui voulait avancer vers le centre-ville a été bloquée
par la police. Selon les médias locaux, trois personnes ont été
arrêtées.
"Vous nous envoyez du gaz, allez-vous aussi arroser nos morts?", a crié
la foule en colère.
Dans la matinée, une messe a été dite devant les ruines de l'église
orthodoxe d'Antakya, l'un des berceaux du christianisme.
- "En colère" -
Depuis Adiyaman, le président Recep Tayyip Erdogan, qui a
qualifié le
séisme de 2023 de "catastrophe du siècle", a salué les "mémoires
précieuses" des plus de 53.500 victimes du séisme en Turquie --
auxquelles s'ajoutent 6.000 morts côté syrien.
Alors que le gouvernement turc s'était retrouvé sous le feu des
critiques face à la lenteur des secours dans certaines régions et aux
images de survivants livrés à eux-mêmes, le chef de l'Etat a promis de
ne "laisser aucun citoyen sans maison" d'ici la fin de l'année.
Pour l'heure, 670.000 personnes vivent toujours dans des conteneurs,
attendant pour beaucoup d'être tirées au sort pour pouvoir emménager
dans des appartements construits par l'Etat.
Près de 201.500 nouveaux logements ont été livrés dans la vaste région
affectée par le séisme, et plus de 220.000 autres doivent l'être encore
cette année, a répété M. Erdogan.
Sema Genç, 34 ans, une rescapée de la province d'Hatay, fait partie des
relogés, mais "partout où je vais, le premier endroit que je regarde
est le plafond", confie-t-elle à l'AFP. "Je me demande s'il
s'effondrera et si je resterai coincée sous les décombres".
Unique survivante de sa famille, elle se dit toujours "en colère"
contre l'entreprise qui a construit son ancien immeuble, qui s'est
écroulé sur elle et ses proches.
À ce jour, 189 personnes, reconnues pour beaucoup coupables de
"négligences" dans la construction des bâtiments, ont été condamnées à
des peines de prison. Et 1.342 procès impliquant 1.850 prévenus sont en
cours, selon le ministère turc de la Justice.
- "Promesses non tenues" -
Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP),
principale
formation de l'opposition turque, avait dénoncé mercredi depuis
Adiyaman "les promesses non tenues" de M. Erdogan, qui s'était engagé
au printemps 2023, en pleine campagne présidentielle, à reconstruire
plus de 300.000 logements en un an.
M. Özel a aussi évoqué les séismes à répétition en mer Egée, près de
l'île grecque de Santorin, qui font redouter depuis plusieurs jours une
secousse d'ampleur qui pourrait affecter le sud-ouest de la Turquie.
Mardi, le ministre turc de l'Urbanisme, Murat Kurum, a lui mis en garde
contre les conséquences d'un "Big One" à Istanbul, la plus grande ville
du pays, dont les rives sud ne sont distantes que d'une quinzaine de
kilomètres de la faille nord-anatolienne.
En 1999, une rupture sur cette faille avait provoqué un séisme de
magnitude 7,4 qui avait tué 17.000 personnes, dont un millier à
Istanbul. Vingt-six ans plus tard, nombre d'immeubles de la mégapole ne
répondent toujours pas aux normes antisismiques.
"Istanbul n'aura pas la force de résister à un nouveau tremblement de
terre" d'ampleur, a prévenu mardi le ministre turc, estimant que "des
millions de nos frères et soeurs stambouliotes vivent dans 600.000
logements qui pourraient s'effondrer". (AFP, 6 fév 2025)
Women still struggle to access healthcare services
two years after earthquakes
Two years after the devastating earthquakes of Feb 6, 2023, in Malatya,
women living in container settlements continue to face significant
barriers to accessing healthcare. Cansu Kaplan, co-chair of the Malatya
Branch of the Health Workers' Union (SES), highlighted several ongoing
issues, including inadequate healthcare services, rising cases of
unplanned pregnancies, and a shortage of medical personnel.
Kaplan emphasized the heavy toll the post-earthquake conditions have
taken on women: "Women and children were the most affected by the
earthquake. Women who lost their homes and daily routines have had to
build new lives in tents and containers. This process has severely
impacted both their physical and mental health.
"Women living in container settlements have to take at least two
different modes of transportation to reach hospitals, making it
difficult for many to access healthcare services."
Increased infections
Kaplan pointed out that access to family planning services has become
nearly impossible, saying, "After the earthquake, women have struggled
to benefit from family health centers as they once did. Services such
as condoms and emergency contraceptive pills, which were previously
provided at family health centers, are no longer available.
"Combined with the ongoing economic crisis, this has led to an increase
in unplanned pregnancies. Additionally, poor hygiene conditions and
shared toilets have resulted in frequent urinary tract infections among
women."
Waiting for months for appointments
Another major problem women face is the prolonged process of obtaining
appointments and medical diagnoses. It has become increasingly
difficult to secure appointments, and diagnostic procedures, such as
tests and MRIs, requiring months of waiting, according to Kaplan.
"After finally securing an appointment, women have to wait several days
for their test results," she said. "For MRIs, appointments are given
three months out, and the results take just as long. Once they have the
results, they need to book another appointment to discuss them with a
doctor. This means a full diagnosis can take almost a year."
Reduced number of healthcare personnel
Kaplan also noted that many healthcare workers have been forced to
request transfers due to housing shortages following the earthquake,
exacerbating hospital overcrowding:
"At least 300 nurses have left Malatya since the earthquake. With a
reduced number of healthcare personnel, hospitals are overwhelmed.
Addressing this issue and improving healthcare services is an urgent
need."
While access to healthcare remains a serious challenge for women, both
healthcare professionals and authorities stress the importance of
implementing permanent solutions to improve conditions. (BIA, 6
February 2025)
"Pour connaître une nation voyez comment les gens y
meurent" (*)
Ragip Duran, TVXS.GR, 27 janvier 2025
La Turquie est encore sous le choc de l’incendie qui a tué au moins 79
personnes dans la nuit du 21 janvier dernier. Il s’agit de l’Hôtel
Grand Kartal, un centre de ski dans le district Kartalkaya montagneux
de Bolu, entre Istanbul et Ankara.
Une journée de deuil national a été décrétée, mais les touristes qui
résidaient dans les autres hôtels du coin ont continué le lendemain à
faire du ski!
La société turque déjà très polarisée politiquement (les pros Erdogan
et les opposants) a été encore une fois divisée en deux : ceux qui
accusent la municipalité et ceux qui attaquent le ministère du
tourisme.
Cet hôtel de 4 étoiles avait 163 chambres sur 12 étages et la nuitée
coûtait 810 euros. Il y avait au moins 238 clients la nuit de
l’incendie. L’hôtel était presque complet, car c’était la saison des
vacances d’hiver des écoliers et étudiants.
On ne sait toujours pas comment l’incendie a éclaté. On ne sait pas non
plus qui est responsable des mesures qui n’ont pas été prises. Pas
d’escalier de secours, pas d’extincteur, pas d’alarme conformes aux
règlements!
Un tribunal local a tout de suite pris la décision d’interdiction de
toute information sur l’incendie et de ne publier qu’exclusivement les
déclarations du ministère de l'Intérieur. Pendant cette période de
censure, les correspondants des chaînes de TV sur place n’ont pas pu
répondre aux questions des présentateurs des journaux télévisés : “Je
m’excuse, mais je ne peux pas répondre à votre question à cause de
l’interdiction’’ disaient-ils sur les écrans. Le nom de l’hôtel n’a pas
été prononcé ou publié pendant plus de 12 heures.
Les médias d’Erdogan n’accusent que le maire de Bolu (CHP, opposition
kémaliste) alors que l’ensemble des médias de l’opposition accusent le
Ministère. Car comme il s’agit d’un établissement touristique, c’est
bien le Ministère et non la mairie qui est responsable du contrôle des
mesures de sécurité.
M. Omer Faruk Gergerlioglu, député de DEM (parti de l’Égalité et de la
Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, 3e parti du Parlement) croit
que le ministère et la mairie sont co-responsables du désastre.
Les deux médias ont publié divers documents sur les mesures
obligatoires contre les incendies, certains probablement faux et
d’autres obsolètes.
Mais il est établi que l’hôtel a refusé le contrôle municipal des
mesures contre l’incendie. Par ailleurs, un journaliste a découvert que
l’hôtel ne payait pas d’impôt depuis 3 ans, car ils avaient reçu des
subventions du gouvernement.
5 ministres se sont dépêchés sur place pour faire des déclarations
classiques, mais ils ont tous refusé de répondre aux questions des
journalistes. Le ministre de la Culture et du Tourisme M. Mehmet Nuri
Ersoy, patron d’une grande agence de tourisme ETS qui fait le marketing
du Grand Kartal Hôtel a essayé de calmer les esprits. Apparemment pas
très réussi !
Les pompiers n’ont pas pu intervenir à temps à cause des mauvaises
conditions des routes dans cette région montagneuse et couverte de
neige et de glace.(L’hôtel se trouve à 2200 mètres d’altitude.) Ils ont
pu éteindre l’incendie en 11 heures.
Seulement 45 des victimes ont pu être identifiés et le nombre de morts
peut augmenter, disent les correspondants sur place.
Un internaute constate sur les réseaux sociaux : “Los Angeles, 27 morts
lors de l’incendie qui a ravagé toute la ville. Bolu, 79 morts dans un
seul hôtel!’’
“ En Turquie depuis un siècle, il y a eu des millions d’Arméniens
massacrés, des Roums assassinés, des milliers d’opposants tués, des
citoyens morts à cause des séismes, des milliers de mineurs morts
d’asphyxie, des milliers de victimes d’accidents de routes et de
train…Est ce que quelqu’un a demandé des comptes ? Est-ce qu’un
officiel a démissionné ? Est-ce que les tribunaux ont jugé les
responsables ? Est-ce que la société s’est révoltée? Malheureusement
non. Il en sera de même concernant l’incendie de Bolu’’ croit un
professeur d’histoire en exil en Grèce.
(*) Albert Camus
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Council of Europe condemns Turkey’s dismissal of
Van Mayor
Council of Europe’s Congress of Local and Regional Authorities has
condemned the Turkish government’s dismissal of Van (Wan) Mayor
Abdullah Zeydan and his replacement by a government-appointed trustee,
warning that the move undermines democratic principles.
“The recent dismissal of Abdullah Zeydan is a matter of grave concern.
It cannot be ignored. This newest move against him is the last link in
a chain of deliberate and calculated delegitimisation. Sadly, it is
also part of a wider and undemocratic pattern,” David Eray and Bryony
Rudkin, Rapporteurs of the Congress on local democracy in Turkey, said
in an official statement on Monday.
“The specific practice of replacing democratically elected opposition
party mayors with trustees is undermining the very nature of
democracy,” the rapporteurs stressed.
In 2016, Zeydan was imprisoned on charges widely considered politically
motivated and subjected to a ban on political engagement. His rights
were reinstated following his release in 2022, allowing him to
participate in the 2024 local elections. The Turkish Justice Ministry
challenged his candidacy, but the Supreme Election Council (YSK)
reinstated their decision. His recent dismissal as mayor has raised
further alarm among European observers.
Ten opposition mayors have been dismissed since Turkey’s 2024 local
elections, disregarding the will of four million voters, the
rapporteurs noted, with many others also facing judicial proceedings,
defamation lawsuits and long prison sentences.
These interventions have drawn significant international criticism,
including the European Parliament’s call for sanctions against Turkish
officials responsible for undermining local democracy.
EMBED: Since the March 2024 local elections, Turkish authorities have
deposed nine mayors over terrorism-related allegations, including seven
from the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy Party (DEM) and
two from the main opposition Republican People’s Party (CHP). Another
CHP mayor was arrested on charges of manipulating public tenders. All
10 mayors have been removed from their positions and replaced by
government-appointed trustees.
Opposition parties unite against government-appointed trustees
Protests erupt in Kurdish city Van following trustee appointment to
metropolitan municipality
The statement also referred to Recommendation 519 (2024), adopted at
the last session of the Congress, urging Turkish authorities to halt
the practice of replacing elected mayors with trustees. The Congress
reaffirmed that ineligibility should be determined before elections on
the basis of final criminal convictions and that, in the event of
dismissal, municipal councils should have the power to elect a
successor.
The Congress and the Venice Commission have previously warned that the
trustee policy, particularly affecting Kurdish-majority municipalities,
violates the European Charter of Local Self-Government, which Turkey is
legally bound to uphold.
The issue will be discussed at the Parliamentary Assembly’s Monitoring
Committee meeting on 25 February in Strasbourg, where Turkish
representatives are expected to respond to the concerns raised.
The rapporteurs reiterated their call on the Turkish authorities to
“stop this practice and resume political dialogue” in order to ensure
respect for democratic norms. (MedyaNews, 19 February 2025)
Un cri s’élève de Bruxelles pour le Rojava

Doğan Özgüden, 9 février 2025
L’État
turc qui marchande et
complote contre l’existence du peuple kurde avec le nouveau dictateur
syrien a été condamné dans la capitale de l’Europe pour les crimes
qu’il a commis en Syrie contre les Kurdes
Deux événements
importants
du point de vue de l’existence du peuple kurde en Syrie ont eu lieu la
semaine dernière. Le premier est la rencontre d’Ahmad al-Chareh,
président autoproclamé de la Syrie après la chute de Bachar al-Assad et
une fois totalement écartée l’Administration autonome du Nord et
de
l’Est de la Syrie (AANES) qui forme la colonne vertébrale de la
résistance kurde, avec l’appui de sa propre formation islamiste Hayat
Tahrir al-Sham (HTS) et ses semblables, avec le président de la
République de Turquie, Recep Tayyip Erdoğan.
L’autre est le jugement et la condamnation à la Vrije Universiteil
Brussel (VUB) les 5 et 6 février dernier par le Tribunal permanent des
peuples (TPP) où siègent comme juges et procureurs des juristes et
défenseurs des droits de l’homme de renommée internationale, de l’État
turc dirigé par Erdoğan, pour les crimes de guerre commis dans le nord
et l’est de la Syrie.
La session du tribunal populaire a été organisée par le Comité pour la
Justice et le Droit et le Département des relations extérieures de
l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie
(DAANES), un groupe d’avocats suivant les crimes commis par la Turquie,
le Centre de Recherche de Protection des Droits des Femmes et diverses
organisations de défense des droits de l’homme et soutenue par la Vrije
Universitei Brussel (VUB), l’Association pour la Démocratie et le Droit
International (MAF-DAD), l’Association Européenne des Juristes pour la
Démocratie et les Droits de l’Homme (EJDH), l’Association
Internationale des Juristes Démocrates (AIJD), le Congrès National du
Kurdistan (KNK) et l’Institut kurde de Bruxelles.
La session du TPP a abouti, après deux jours d’audiences, à la
condamnation de l’État turc pour crimes contre l”humanité. Le Tribunal
a lancé l’appel suivant particulièrement important pour l’avenir :
“Même si les preuves se sont focalisées sur la période 2018-2024, les
derniers développements rendent nécessaires de se concentrer sur le
présent et l’avenir. Il est vital pour l’avenir du peuple kurde que la
nouvelle administration syrienne reconnaisse l’AANES comme
administration autonome et respecte l’existence, la culture et
l’autonomie du peuple kurde.”
N’ayant pas pu suivre les audiences en raison de problèmes de santé,
j’ai suivi avec grande attention les débats en distanciel et me suis
efforcé d’en rendre compte au jour le jour dans les médias sociaux.
Fort malheureusement, cet événement important qui concerne non pas
seulement l’existence du peuple kurde en Syrie ainsi que celle des
autres peuples opprimés qui sont leurs alliés, mais toutes les forces
démocratiques qui recherchent un règlement pacifique à la question
kurde en Turquie, n’a reçu aucun écho conséquent dans la majeure partie
de notre presse d’opposition.
Le professeur Gerrit Loots de la VUB a ouvert la session. Dans son
discours, il a eu cette phrase : “Le Rojava est un lieu où la
démocratie et la liberté des femmes ont été construites, c’est pour
cela que nous protégerons le Rojava”. Au cours de la première audience,
l’avocat de l’accusation Ceren Uysal s’est exprimée en ces termes :
“L’État turc procède à une purification ethnique dans la région, il
s’agit d’un crime contre l’humanité. La Turquie transgresse les
conventions qu’elle a elle-même signées et continue à perpétrer les
actes définis comme ‘crimes’ dans les conventions qu’elle a signées.
Les civils sont massacrés et les infra et superstructures qui les
servent sont prises comme cibles. Ces constructions sont visées à
dessein et l’État turc commet des crimes de guerre”.
L’avocat belge Jan Fermon a indiqué que l’État turc a l’intention
d’accroître son influence dans la région en utilisant les identités
religieuses, qu’il avait même accordé son soutien à l’État islamique
dans ce but mais qu’en revanche un système démocratique et égalitaire
avait été fondé dans le Rojava, ajoutant : “L’État turc cible également
ce systême démocratique et égalitaire. Il a par ailleurs l’intention
d’exploiter les ressources économiques de la région et de contrôler les
voies d’alimentation en eau. En empêchant les habitants de la région
d’y vivre sainement, il veut qu’ils quittent leurs terres”.
Précisant que l’État turc veut devenir la seule force dans la région,
Fermon attire l’attention sur les politiques nationalistes et
assimilationnistes de celui-ci. Il indique, évoquant l’exploitation
économique, que les olives d’Afrin sont vendues sous une marque turque
et que les machines d’une usine textile ont été pillées et emportées en
Turquie, ce vol ayant été démontré et illustré par la BBC.
L’avocat Efstathios C. Efstathiou a présenté un rapport sur les crimes
commis par l’État turc à Afrin, dans lequel il explique que les Kurdes
sont expulsés de la ville, que des massacres sont commis contre les
civils, enfants et vieillards compris, que les noms des rues sont
indiqués en turc et en arabe. “Il s’agit d’un changement démographique.
La spécificité kurde d’Afrin veut être effacée”, a-t-il précisé.
Le défenseur des droits humains chypriote Öz Karahan a rappelé pour sa
part les événements des 6 et 7 septembre et l’occupation de Chypre, la
confiscation des biens des Chypriotes grecs et l’installation de Turcs
musulmans dans les biens spoliés, soulignant que ce qui s’était passé à
Chypre se produit actuellement à Afrin. Il illustre ce fait par une
donnée mathématique : avant l’occupation, 160.000 Kurdes vivaient à
Afrin, après l’occupation, 3.000.
L’avocate Rengin Ergül a montré des photos de soldats turcs arborant
des drapeaux turcs et des membres de gang arborant des drapeaux de
l’Armée syrienne libre (ASL), en précisant : “Un responsable de l’ASL
m’a dit que le seul État qui leur venait en aide était l’État turc. Le
lien de l’État turc avec ces bandes est évident. Human Rights Watch a
partagé un rapport sur les crimes commis par les bandes de l’ASL.
L’État turc et ses bandes affidées ont été dénoncées dans ce rapport.
Les personnes qui ont fui d’Afrin à Tel Rifaat ont été attaqués comme à
Afrin. Les massacres perpétrés alors ont fait l’objet de partages dans
les réseaux sociaux des institutions de l’État turc. Celui-ci a
l’intention d’étendre son occupation et le génocide à la région”.
DECISIONS VITALES DU TRIBUNAL DES PEUPLES
À l’issue de deux jours d’audiences durant lesquelles de nombreux
témoins et experts ont été entendus, le Tribunal permanent des peuples
a rendu public le verdict par lequel il condamne l’État turc :
Ceci est la déclaration préliminaire du collège de juges de la 54ème
session du Tribunal permanent des peuples, siégeant à Bruxelles les 5
et 6 février 2025 pour statuer sur la responsabilité de leurs
responsables turcs pour les crimes d’agression, les crimes de guerre et
les crimes contre l’humanité présumés au Rojava, dans le nord-est de la
Syrie, de 2018 à ce jour. Le Tribunal s’est réuni à la demande de neuf
organisations. Les défendeurs ont été informés, mais n’ont pas répondu
ni comparu.
Tout d’abord, nous tenons à saluer le courage du peuple du Rojava et en
particulier à exprimer notre gratitude à ceux qui ont partagé leurs
expériences avec nous. Nous remercions l’équipe de procureurs, de
témoins et d’organisations participantes pour la diligence et
l’engagement avec lesquels ils ont rassemblé et présenté une richesse
extraordinaire de preuves pour ce Tribunal.
1-Témoignages
Les témoignages que nous avons entendus manifestent la punition
répandue, systématique et continue d’un peuple. Son crime ? Être kurde,
avoir créé une société fondée sur les principes d’égalité de justice et
de solidarité. L’objectif de la punition est l’éradication de
l’identité, de la présence et de la culture kurdes.
Les habitants d’Afrin ont été forcés de quitter leurs maisons lorsque
la ville a été occupée par la Turquie en 2018. La population kurde est
passée de plus de 95% à 25% car leurs maisons ont été offertes aux
Arabes sunnites et aux Turkmènes (souvent eux-mêmes des PDI, déplacés
après les offensives du gouvernement syrien). Les propriétés ont été
systématiquement pillées, les devantures des magasins et les panneaux
de signalisation ont été remplacés par des noms turcs, la monnaie et
l’affranchissement sont devenus turcs, le turc a remplacé le kurde
comme langue d’enseignement. Les terres et les biens ont été saisis,
les usines démantelées, l’industrie oléicole confisquée et les olives
reconditionnées et vendues comme turques. Nous avons appris que de
nombreux déplacés d’Afrin ont subi de multiples déplacements; à
Al-Shahba, dans des camps de tentes surpeuplés sans accès aux soins de
santé ou aux produits de première nécessité, et à l’escalade de la
violence; à Al Tabqa, traversant des zones de conflit, après une
nouvelle vague d’opérations militaires. Nous avons entendu dire
qu’environ 120.000 personnes ont été expulsées de force, soit 40%
d’enfants, 40% de femmes et beaucoup d’autres personnes âgées
vulnérables. Le total actuel des personnes déplacées est estimé à
300.000.
Certains se sont rendus à Tel Rifaat où, en décembre 2019, ils ont été
bombardés dans une zone entièrement civile, où des enfants jouaient
dans une ruelle près d’une école. Sur les 10 personnes tuées par les
deux obus tirés par l’artillerie turque, 8 étaient des enfants ainsi
que 9 des blessés. Nous avons entendu le témoignage enregistré d’un
parent d’un fils de 5 ans qui a été tué et dont l’enfant de 7 ans a été
blessé. Il s’agit de l’une des nombreuses attaques aveugles menées
contre des civils à la suite de l’occupation d’Afrin.
Nous avons eu le témoignage de nombreuses arrestations, d’exécutions
sommaires de militants politiques et d’intervenants d’urgence, de
disparitions, de la façon dont les gens pouvaient dire l’heure par les
cris et les pleurs de ceux qui étaient torturés, car les tortures
commençaient à 9 heures du matin et se poursuivaient jusqu’à 17 heures.
Un survivant a déclaré : “Mon souvenir de la détention est une
souffrance que je ressentirai pour le reste de ma vie”. On nous a parlé
d’enlèvements, d’agressions sexuelles et de viols de femmes et de
jeunes filles, de prisons secrètes dans des écoles, des bâtiments
agricoles et des gares, et de l’incapacité des survivantes à s’exprimer
par peur de la détention et de la torture, de l’absence de recours
efficaces devant les tribunaux contrôlés par les milices.
2- Ce que les procédés révèlent
Les attaques opérées par la Turquie sur le territoire syrien, sans
autorisation du conseil de sécurité des Nations unies, constituent un
crime d’agression selon le droit international.
Les attaques, les bombardements, les tirs d’artillerie, les attaques de
drones et les atrocités commises contre les civils, les déplacements
forcés et l’ingénierie démographique par le remplacement des
populations, la destruction des sources d’énergie et les dommages
causés à l’approvionnement en eau, les dommages environnementaux, la
destruction du patrimoine culturel et des institutions éducatives, le
recours au viol, à la torture, à la détention secrète sont des actes
contraires au droit international, constituent des crimes contre
l’humainté et des crimes de guerre, et sont révélateurs de l’intention
de génocide.
3- La défense de la Turquie et ce que le Rojava représente
La Turquie affirme que les opérations qu’elle mène sont de la ‘légitime
défense’ contre les ‘terroristes et leurs partisans’ au Rojava. Cette
allégation est manifestement erronée.
L’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie
formée en 2014 est un modèle de démocratie directe, de justice, de
coexistence ethnique, d’égalité des sexes et de paix, fondé sur les
principes de paix et d’inclusion. La Turquie essaie d’anéantir cette
administration autonome. Il est indiqué que la majorité des groupes
armés soutenus par la Turquie sont affidés à l’État islamique (Daech).
4- La situation actuelle en Syrie
Même si les preuves se sont focalisées sur la période 2018-2024, les
derniers développements rendent nécessaires de se concentrer sur le
présent et l’avenir. Il est vital pour l’avenir du peuple kurde que la
nouvelle administration syrienne reconnaisse l’AANES comme
administration autonome et respecte l’existence, la culture et
l’autonomie du peuple kurde.
5- Les obligations de la communauté internationale
La communauté internationale est consciente des souffrances
persistantes du peuple kurde et des crimes commis par les accusés, mais
n’a pris aucune mesure concrète à cet égard. L’Administration autonome
démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie n’a pas été reconnue et il
n’existe pas de possibilité de réparation nationale ou internationale.
Il faut que cette Administration soit reconnue en tant
qu’administration démocratique et qu’il soit mis fin aux agressions
directes et indirectes de la Turquie, sans quoi il est évident que l’on
ne pourra empêcher la perpétration d’un génocide dans le plein sens du
terme au Rojava.
***
Ces décisions du Tribunal permanent des peuples doivent être prises en
compte et par toutes les forces qui ont initié un nouveau “processus de
paix” en Turquie, et par les organisations qui soutiennent ce processus
depuis l’étranger. Une des tâches essentielles à l’heure actuelle doit
être de défendre l’Administration autonome démocratique du Nord et de
l’Est de la Syrie, dont la nation kurde est la colonne vertébrale,
contre toutes sortes d’agressions et de complots venant à la fois de
l’État turc et du nouveau gouvernement dominé par Hayat Tahrir al-Sham
en Syrie.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Permanent People's
Tribunal: The Turkish state is committing war crimes and crimes against
humanity
The Permanent People's Tribunal on Rojava issued its preliminary
statement before the verdict and said that "the Turkish state is
committing war crimes and crimes against humanity".
The statement reads as follows:
"This is the preliminary statement of the panel of judges of the
Permanent Peoples' Tribunal, 54th session, sitting in Brussels on 5 and
6 February 2025 to decide on the responsibility of senior Turkish
officials for alleged crimes of aggression, war crimes, crimes against
humanity in Rojava, north-east Syria, from 2018 to date. The Tribunal
has been held at the request of nine organisations (see annexe for
list). The defendants were notified but failed to respond or appear.
First of all, we wish to pay tribute to the courage of the people of
Rojava, and to express our gratitude particularly to those who have
shared their experiences with us. We thank the team of prosecutors,
witnesses and participating organisations for the diligence and
commitment with which they have assembled and presented an
extraordinary wealth of evidence for this Tribunal.
1. Testimony
The testimony we have heard paints a consistent, compelling picture of
widespread, pervasive and systematic punishment of a people. Their
crimes? Being Kurdish, and creating a society built on principles of
equality, justice and solidarity. The aim of the punishment is the
eradication of the Kurdish identity, presence and culture.
The people of Afrin were forced from their homes when the city was
occupied by Turkey in 2018. The Kurdish population went from over 90%
to 25%, as their homes were seized and offered to Sunni Arabs and
Turkmen (often themselves IDPs, displaced after Syrian government
offensives). Properties were systematically looted, storefronts and
street signs replaced with Turkish names, the currency and postage
became Turkish, Turkish replaced Kurdish as a language of instruction.
Land and property were seized, factories dismantled, the olive industry
confiscated and olives repackaged and sold as Turkish. We heard that
many displaced from Afrin suffered multiple displacements: to
Al-Shahba, overcrowded tented camps with no access to healthcare or
basic necessities, and escalating violence; to Al Tabqa, travelling
through conflict zones, after another wave of military operations. We
heard that around 120,000 people were forced out-40% children, another
40% woman, and many of the others elderly vulnerable people. The
current total of displaced was put at 300,000.
Some went to Tel Rifaat, where in December 2019 they were subjected to
shelling in a wholly civilian area, where children were playing in an
alley near a school. Of the 10 people killed by the two shells fired by
Turkish artillery, 8 were children, as were 9 of those injured. We
heard recorded testimony of a parent of a 5-year-old son who was killed
and whose 7-year-old was wounded. This was one of many such
indiscriminate attacks on civilians in the aftermath of the occupation
of Afrin.
We heard of many arrests, summary killings of political activists and
emergency responders; disappearances; of how people could tell the time
by the screams and cries of those tortured, which began at 9am and went
on until 5pm. A survivor sald 'my memory of detention is pain that I
shall feel for the rest of my life. We were told of abductions, the
sexual assaults and rapes of women and girls, the secret prisons
converted from schools and agricultural buildings and train stations,
and theinability of survivors to speak out for fear of detention and
torture, the lack of effective remedies in the militia-controlled
courts.
We heard evidence of bombardments of other villages of NES in October
2019, leading to forced displacements of nearly 140,000 more people,
and saw evidence -photographic, medical and a lab analysis - of the use
of white phosphorus, whose use against civilians is prohibited, and the
same pattern of occupation, violence, human rights abuses, land and
property seizures and resettlement by other groups, to prevent the
return of those forced out. Some areas have seen more than 27 attacks
by the Turkish army or its proxies - not military areas, farmers'
fields, villages. The multiple displacements have scattered families,
with some family members dead, some whose fate is unknown.
We heard how vital civilian infrastructure has been destroyed, to make
life impossible. We saw photographic evidence of repeated bombing of
gas and electricity plants and oil installations, meaning no fuel for
warmth and cooking but also no water, as the largest water plant
couldn't operate, leaving a million people -in villages, in refugee
camps, in informal settlements, as well as hospitals and agriculture
without clean running water, leading to dysentery and cholera. The
nature of the bombing made it clear it was deliberate, not accidental.
We heard about attacks on medical facilities treating tens of thousands
of patients in Kobani and Qamlişo, which again through their targeting
and repetition are clearly deliberate; and about attacks on the
environment, through illegal logging of forest areas, sometimes for
illegal settlements.
The attacks on women - the 'political femicide' of women challenging
patriarchy and working for gender equality, the brutal rapes of Kurdish
women by Turkish intelligence in the secret prisons, were shown as a
direct attack on the Rojavan model, although strongly resisted by the
Rojavan women. Finally, we heard evidence of acts of cultural and
historical erasure, including the bombardment and desecration of
Afrin's archaeological and historical sites, including a 3,000-year-old
UNESCO world heritage site now repurposed as a military training
ground, the bombing of Shemoka, an experimental intercultural school
for displaced children, causing the deaths of a number of students; and
the bombing of Simav printing house in Qamişli, in which 7 people were
killed. Journalists recording Turkish attacks on civilian
infrastructure including hospitals were killed.
2. What the pattern tells us
Turkey's attacks on Syrian territory, without UNSC authorisation,
amount to an international crime of aggression. The pattern of attacks,
bombings, shellings, drone attacks and atrocities against civilians,
the forced displacements and demographic engineering through
replacement of populations, the destruction of power and damage to
water supplies, environmental damage, the destruction of cultural
heritage and educational institutions, the use of rape, torture, secret
detention - are all contrary to international law, constitute crimes
against humanity and war crimes, and are indicative of genocide. It is
not for us, as a Peoples' Tribunal, certainly not at this stage, to
adjudicate on legal nuances. We can, however, express our horror and
outrage at what we have heard. And we can add that the pattern tends to
confirm witnesses' testimony that the aim is to drive out the Kurdish
people and culture. The evidence drives us to the conclusion that all
the defendants are criminally responsible: President Recep Tayyip
Erdoğan; Hulusi Akar, minister of defence from 2018 to 2023; Hakan
Fidan, head of Turkish intelligence in the period and now foreign
minister; Yaşar Güler, chief of the general staff during the period and
now minister of defence; Ümit Dündar, general.
3. Turkey's justification and what Rojava represents
Turkey claims that its operations are 'self-defence' against
'terrorists and their supporters' in Rojava. But the claim is patently
unfounded. The Democratic Autonomous Administration of North and East
Syria (DAANES), formed in 2014 out of the chaos of the Syrian civil
war, is a model of direct democracy, justice, ethnic coexistence,
gender equality and peace, founded on principles of pluralism and
inclusivity. And it is a model of autonomous self-government, a model
the Turkish government is set on destroying. Women working for peace
are 'terrorists' deserving summary execution, according to this
narrative. While Turkish armed forces carries out many military
operations in Syria, the Turkish government also uses proxies -militias
that it has funded and provisioned with weapons, and the evidence
indicates that these militias are ISIS-aligned groups. Thus, the
evidence points, not to the Kurds of Rojava, whose fighters fought
ISIS/Daesh, but to the Turkish state and its senior ministers as those
directing terror against civilian populations.
4. The current situation in Syria
The focus of the evidence has mainly been on the period 2018, when
Afrin was occupied, to late 2024, but recent events have meant the
focus has shifted to the present and future, despite Turkey's
continuing aggression against Rojava. It is of vital importance to the
future of the Kurds that the new Syrian administration engages
positively with DAANES, acknowledging it as an autonomous
self-governing part of the territory of Syria which does not threaten
Syria's territorial integrity, and that it protects and respects
Kurdish life, culture and autonomy.
5. The obligations of the international community
The international community is aware of the continuing suffering of the
Kurdish people and the crimes of the defendants, but has taken no
meaningful action. There is no state recognition of DAANES and no
possibility of domestic or international redress. It is vital that the
experience of the Kurds of north-east Syria and the crimes against them
are properly acknowledged, that DAANES is internationally recognised as
an authentically representative and democratic self-governing
administration, and that the international community immediately
ensures the cessation of the attacks by Turkey, direct and indirect, on
the Kurdish people of Rojava, in order to avert a fully-fledged
genocide."(ANF 6 February 2025)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Zelensky réclame des pourparlers "équitables" qui
incluent la Turquie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mardi à des
pourparlers "équitables" sur la guerre en Ukraine, incluant l'UE, le
Royaume-Uni et la Turquie, après avoir dénoncé la rencontre
russo-américaine en Arabie Saoudite.
"L'Ukraine, l'Europe au sens large - cela inclut l'Union européenne, la
Turquie et le Royaume-Uni - devraient participer aux discussions et à
l'élaboration des garanties de sécurité nécessaires avec l'Amérique
concernant le sort de notre partie du monde", a déclaré M. Zelensky au
cours d'une visite en Turquie.
Il a critiqué la rencontre russo-américaine qui venait de s'achever à
Ryad, estimant qu'il s'agit de pourparlers sur l'invasion russe de
l'Ukraine "sans l'Ukraine" et annoncé reporter de plusieurs semaines
son voyage en Arabie Saoudite, prévu initialement pour mercredi.
"Des négociations sont en cours maintenant (...) entre des
représentants russes et américains. Encore une fois, sur l'Ukraine et
sans l'Ukraine", a lancé le président ukrainien.
Il a répété n'avoir pas été prévenu de ces pourparlers, ni invité à y
participer.
"Chaque pays a une voie bilatérale avec d'autres pays. Vous pouvez
discuter de tout. Mais vous ne pouvez pas prendre de décisions sans
l'Ukraine sur la manière de mettre fin à la guerre en Ukraine", a
martelé M. Zelensky au cours d'une conférence de presse avec le
président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara.
"Je n'irai pas en Arabie saoudite", a poursuivi le chef de l'Etat
ukrainien, assurant s'être mis d'accord avec les autorités de ce pays
pour reporter ce voyage au 10 mars.
La Turquie "sera un hôte idéal pour les probables négociations entre la
Russie, l'Ukraine et les Etats-Unis dans un avenir proche", a quant à
lui proposé M. Erdogan, jugeant que l'approche de Donald Trump
"coïncide" avec celle d'Ankara.
M. Zelensky a estimé que la transition vers une solution diplomatique
était opportune après trois ans du pire conflit armé en Europe depuis
la Deuxième guerre mondiale, tout en avertissant que Kiev ne
reconnaîtrait pas les territoires occupés par la Russie comme russes.
"Il me semble qu'aujourd'hui, il est clair qu'aucune partie ne gagnera
cette guerre avec des armes, sur le champ de bataille (...). Cela
signifie qu'il devrait y avoir une transition vers la diplomatie mais
elle devrait quand même conduire à une paix juste", a-t-il souligné.
Et d'ajouter : "peu importe" combien de dirigeants le veulent ou
l'acceptent, "l'Ukraine ne reconnaîtra pas légalement les territoires
occupés par la Russie : notre Est, notre Crimée".
Volodymyr Zelensky a par ailleurs souligné que le refus de Washington
et de plusieurs pays européens d'ouvrir la porte à l'adhésion de
l'Ukraine à l'Otan profitait à Moscou. "C'est un grand souhait de la
Russie", a-t-il dit. (AFP, 18 fév 2025)
L'administration
Trump annule l'inculpation du maire de New York
pro-Erdogan
Le ministère américain de la Justice a ordonné aux procureurs fédéraux
chargés de l'enquête visant le maire démocrate de New York, Eric Adams,
d'abandonner les poursuites pour corruption à son encontre, après son
rapprochement avec Donald Trump.
Si ces instructions, révélées lundi soir par plusieurs médias
américains, sont suivies par les procureurs, le maire pourrait être
débarrassé de cette vaste affaire de pots-de-vin qui rendait sa
réélection très compliquée à l'automne 2025.
Premier maire de New York inculpé dans l'exercice de son mandat, Eric
Adams, figure politique atypique issue de l'aile droite du Parti
démocrate, avait plaidé non coupable en septembre de corruption et
financement illégal de campagne dans une affaire impliquant la Turquie.
Il avait rejeté les appels à sa démission et avait suggéré, sans
preuves, que ses ennuis judiciaires étaient dus à ses désaccords sur
l'immigration avec le président démocrate de l'époque, Joe Biden.
Alors en campagne, Donald Trump, inculpé dans plusieurs affaires, avait
alimenté cette thèse, disant subir le même sort qu'Eric Adams.
"Vous avez pour instruction d'abandonner" les chefs d'accusation, a
écrit le N.2 du ministère, Emil Bove, aux procureurs de Manhattan,
selon le New York Times qui a cité des sources proches du dossier.
"Le ministère de la Justice a réexaminé ce dossier et conclu qu'il
devait être clos", a confirmé à l'AFP l'un des avocats d'Eric Adams,
Alex Spiro, estimant que désormais, M. Adams pouvait mettre l'affaire
"derrière lui".
Donald Trump avait déjà fait polémique, dès son investiture, en
graciant ou en commuant les peines de plus de 1.500 assaillants du
Capitole le 6 janvier 2021.
- Conciliant -
L'édile, ancien capitaine de police à New York, avait été élu en 2021
sur des promesses de justice sociale et de sécurité mais sa popularité
avait chuté et un éventuel procès, fixé pour l'instant en avril, lui
promettrait une primaire démocrate très difficile au printemps.
Depuis l'élection de Donald Trump, Eric Adams a eu un ton de plus en
plus conciliant à l'égard du président républicain, qu'il a rencontré
en janvier avant son investiture. Il avait déclaré à cette occasion
avoir eu "une conversation productive sur les besoins de New York",
ajoutant qu'ils "n'avaient pas discuté de (son) dossier judiciaire".
Certains à gauche l'ont soupçonné de vouloir obtenir une faveur
présidentielle en échange d'un rapprochement avec l'administration
républicaine, alors que New York a accueilli sous le mandat d'Eric
Adams près de 200.000 migrants, dont des dizaines de milliers sont
toujours hébergés dans des hôtels réquisitionnés par la ville et n'ont
pas de statut légal.
Au total, New York compte environ 500.000 clandestins, selon des
estimations.
"Les poursuites en cours ont indûment restreint la capacité du maire
Adams à consacrer toute son attention et ses ressources à la lutte
contre l'immigration illégale et la criminalité", estime M. Bové dans
sa note aux procureurs.
"Le maire Adams a adopté une stratégie consistant à trahir les
New-Yorkais marginalisés et les valeurs de notre ville pour éviter de
rendre des comptes personnellement et judiciairement. Eh bien, cela a
fonctionné", a critiqué l'un de ses opposants à gauche, Jumaane
Williams.
L'Union des libertés civiles de New York (NYCLU) voit dans
l'instruction "un autre exemple de la façon dont l'administration Trump
détourne le ministère de la Justice à ses propres fins".
- Pots-de-vin -
Emil Bove, ancien avocat de Donald Trump, a accusé dans sa note
l'ex-procureur fédéral de Manhattan d'avoir poursuivi Eric Adams pour
ses propres intérêts politiques et estimé que l'enquête risquait de
parasiter la primaire démocrate.
L'acte d'accusation contre Eric Adams mentionnait des faits de fraude
électronique, sollicitation illégale de contribution pour une campagne
électorale auprès d'une personne étrangère et l'acceptation de
pots-de-vin versés par un responsable turc.
En échange, Eric Adams aurait usé de son influence auprès des pompiers
de New York pour accélérer l'ouverture d'un gratte-ciel abritant la
mission de la Turquie auprès des Nations unies et son consulat général.
Selon le parquet fédéral, un système de fausses certifications lui
aurait aussi permis de lever 10 millions de dollars de fonds publics
pour ses campagnes. (AFP, 11 fév 2025
Relations
régionales / Regional Relations
Syria’s National Dialogue Committee
excludes Kurds, reinforcing political divisions
On 13 February 2025, the Syrian National Dialogue Preparatory
Committee—comprising five men and two women under the leadership of
Ahmed al-Sharaa (al-Julani), the former head of Hay’at Tahrir al-Sham
(HTS)—announced its formation, vowing to shape Syria’s political future
and draft a new constitution in the wake of Bashar al-Assad’s downfall.
In a statement published by SANA, the committee stressed its commitment
to representing all segments of Syrian society across the country’s
provinces, affirming its recognition of Syria’s socio-political
diversity.
However, Hassan al-Daghim, spokesperson for the Preparatory Committee
for National Dialogue, stated in a press conference in Damascus on 13
February that groups refusing to disarm and integrate into the Syrian
Ministry of Defense—referring to the Democratic Autonomous
Administration of North and East Syria (AANES) and the Syrian
Democratic Forces (SDF)—could have no role in shaping the country’s
political future.
“The principles of our revolution reject sectarian quotas. Diversity
must be upheld so that Syrians of all ethnic, religious, and regional
backgrounds see this conference as a true reflection of their society,”
al-Daghim declared.
In response to the exclude of Kurdish and other northeastern Syrian
representatives, Salih Muslim, a senior leader of the Democratic Union
Party (PYD), asserted that the preparatory committee merely reflected a
specific political agenda and had taken such a stance to gain the
approval of certain foreign states. He stressed that this committee
could not claim to represent the Syrian people as a whole.
In a separate statement, Salih Muslim reaffirmed that the Syrian
Democratic Forces, the Syrian Democratic Council, and other
institutions affiliated with the AANES were the legitimate
representatives of the region’s residents. He underscored that if the
preparatory committee failed to include northeastern Syria, its
decisions would not be binding on its people.
Farhad Shami, spokesperson for the Syrian Democratic Forces, echoed
this sentiment, stating:
“Any conference in Syria that excludes the Syrian Democratic Forces
cannot be considered national or inclusive. Instead, it will merely
reinforce the exclusionary and divisive policies of past governments,
leading to further fragmentation and destruction.”
Muslim’s remarks appeared to allude to Turkey’s longstanding ties with
Hay’at Tahrir al-Sham and its direct backing of Ahmed al-Sharaa. A
Western diplomat specialising in Syrian affairs noted that the
committee fell far short of inclusivity, pointing out that six of its
seven members were Sunni Muslims, most of whom had close links to
either al-Sharaa or HTS. (MedyaNews, 14 February 2025)
Le Turkménistan se met d'accord avec la Turquie
pour lui livrer son gaz
via l'Iran
Le Turkménistan et la Turquie ont annoncé mardi s'être mis d'accord
pour que le gaz turkmène soit livré à Ankara via l'Iran, à l'heure où
le Turkménistan, pays reclus d'Asie centrale, cherche à accéder à de
nouveaux marchés.
L'accord signé entre la compagnie publique turque BOTAS et Turkmengaz
"permettra au gaz turkmène d'arriver dans notre pays", s'est félicité
le ministre turc de l'Energie Alparslan Bayraktar sur X.
"Le flux de gaz devrait débuter le 1er mars 2025", a-t-il précisé.
Côté turkmène, le journal officiel Neutralny Turkmenistan a indiqué
qu'un accord pour faire transiter le gaz par l'Iran avait été annoncé
lors d'une conversation téléphonique entre Gourbangouly
Berdymoukhamedov, l'ancien dirigeant turkmène qui continue de facto de
gouverner avec son fils Serdar élu président en 2022, et le président
iranien Massoud Pezeshkian.
Gourbangouly Berdymoukhamedov a également indiqué, lors de cet
entretien, que le Turkménistan avait proposé de construire une ligne de
retransmission électrique entre la centrale électrique turkmène de
Mary, située à 359 km de la capitale Achkhabad, et Mashhad, grande
ville dans le nord-est de l'Iran.
Tous les documents relatifs à ce projet, qui doit être réalisé par des
sociétés iraniennes, ont déjà été signés, affirme Neutralny
Turkmenistan.
L'ambassadeur turc au Turkménistan, Ahmet Demirok, a affirmé à la
presse en septembre dernier que la Turquie "envisage de recevoir 300
milliards de mètres cubes de gaz en provenance du Turkménistan sur 20
ans", pour ses propres besoins comme pour des exportations vers le
marché européen.
Selon lui, la première étape prévoit une livraison de 2 milliards de
mètres cubes de gaz.
La Turquie, pays situé aux portes du Caucase et de l'Europe, s'est
positionnée en "hub" gazier.
Le Turkménistan dispose des quatrièmes réserves mondiales de gaz
naturel, mais reste dépendant des exportations vers la Chine et, dans
une moindre mesure, vers la Russie et l'Iran.
Jusqu'à présent, le gaz turkmène était essentiellement exporté via le
marché russe. Mais le pays a également intensifié ses livraisons à la
Chine et cherche des moyens d'accéder à d'autres marchés, via la
Turquie.
Cette ex-république soviétique affiche notamment sa volonté de livrer
du gaz via la mer Caspienne à l'Europe, qui cherche à réduire sa
dépendance au gaz russe, en plein conflit armé en Ukraine. (AFP, 12 fév
2025)
Syrie: les
Kurdes veulent évacuer les jihadistes des camps du
nord-est
L'administration autonome kurde syrienne a annoncé son intention
d'évacuer les Irakiens et les Syriens des camps sous son contrôle dans
le nord-est de la Syrie, où sont retenus notamment des proches de
jihadistes.
A la faveur de la guerre civile en Syrie, les Kurdes syriens ont
profité du retrait des forces de Bachar al-Assad de leurs zones dans le
nord-est du pays pour y imposer leur contrôle et installé une
administration autonome.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes),
partenaires des Etats-Unis qui dirigent une coalition internationale
antijihadistes, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe
Etat islamique (EI), défait en 2019.
Les forces kurdes supervisent de nombreux camps et centres de
détention, où plus de 56.000 personnes, de nationalité syrienne et
irakienne pour la plupart, y sont retenues. Des milliers d'entre elles
sont des combattants de l'EI ou des membres de famille de jihadistes
étrangers.
"L'administration autonome s'emploie à vider les camps" de Syriens et
d'Irakiens d'ici la fin 2025 "en coordination avec les Nations unies",
a déclaré lundi soir à l'AFP Sheikhmous Ahmed, un responsable kurde.
Al-Hol est le plus grand camp avec plus de 40.000 personnes originaires
de 47 pays. La plupart d'entre elles sont des femmes et des enfants qui
vivent dans des conditions désastreuses.
Une source de sécurité irakienne a indiqué à l'AFP que sur 29.000
Irakiens à Al-Hol, 12.000 avaient quitté le camp depuis 2021.
Les autorités kurdes ont déclaré que près de 600 Irakiens détenus à
Al-Hol étaient rentrés chez eux dimanche, tandis qu'environ 300 Syriens
déplacés devaient quitter le camp d'Al-Ariché mardi.
Le mois dernier, l'administration kurde a déclaré qu'elle faciliterait
le retour volontaire des personnes retenues à Al-Hol et les habitants
d'autres camps, vers leurs pays ou régions d'origine.
Selon Sheikhmous Ahmed, un nombre indéterminé de ressortissants
irakiens avaient déjà quitté Al-Hol, tandis que "pour les Syriens, la
décision est encore à l'examen".
Pour les autres nationalités, il s'agit, selon le responsable kurde,
d'une "question internationale".
Seulement quelques pays ont rapatrié leurs ressortissants d'Al-Hol,
a-t-il ajouté.
Le responsable kurde a nié que les récentes réductions de l'aide
américaine décidées par le président Donald Trump soient derrière la
décision de vider les camps.
Selon lui, des organisations locales et affiliées à l'ONU continuent de
fournir de l'aide.
Le gel d'une grosse partie de l'aide étrangère américaine pourrait
aggraver les conditions de vie "déjà critiques" dans les camps, avait
alerté vendredi l'ONG Human Rights Watch (HRW). (AFP, 11 fév 2025)
L'ambassade
d'Afghanistan en Turquie ferme ses portes
L'ambassade d'Afghanistan en Turquie, qui échappait au contrôle des
talibans depuis leur arrivée au pouvoir en 2021, a annoncé la fermeture
définitive de ses locaux à Ankara jeudi soir, précisant qu'elle se
conformait à la décision des autorités turques.
Dans un message en dari (la déclinaison afghane du persan) posté sur
son compte X, l'ambassade explique qu'il s'agit d'une "décision du pays
hôte en vertu des prérogatives que lui accorde la convention de
Vienne"."
L'ambassade et les services consulaires à Ankara et Istanbul avaient
continué de fonctionner avec l'ancienne équipe de la République
islamique, après l'arrivée des talibans au pouvoir à Kaboul le 15 août
2021.
"Après les événements du 15 août 2021, en raison des tentatives
infructueuses des talibans de prendre le contrôle de l'ambassade et des
pressions continues exercées sur les diplomates et les employés de
cette ambassade, ainsi que des pressions exercées sur le gouvernement
turc, le ministère (turc) des affaires étrangères a décidé de mettre
fin à la mission de l'ambassadeur de la République et des diplomates de
cette ambassade", précise le message sur X.
La représentation a cependant de continué de fonctionner et de recevoir
le public toute la journée de jeudi, a constaté l'AFP.
Contactés, le ministère turc des Affaires étrangères et les diplomates
afghans n'ont fait aucun commentaire.
Un garde turc de sécurité posté devant les locaux a bien évoqué la
fermeture de la représentation jeudi soir "parce qu'elle ne se conforme
pas au régime des talibans".
"Par conséquent, le 6 février de cette année, les diplomates de l'ère
républicaine de cette ambassade ont mis fin à leur mission et en raison
de l'absence d'un gouvernement légitime basé sur la volonté du peuple,
cette ambassade a été remise aujourd'hui au ministère des affaires
étrangères", indiquent les personnels qui "remercient la Turquie pour
son soutien des dernières années".
La Turquie a maintenu son ambassade à Kaboul et ses consulats à
Maazar-el-Charif (nord) et Herat (ouest) "et se tient au côté du peuple
afghan en ces difficiles circonstances", rappellent-ils.
"Avec l'espoir qu'un jour l'Afghanistan redevienne fier et indépendant
et que notre peuple, dans le pays et au-dehors, retrouve honneur et
respect", concluent-ils. (AFP, 6 fév 2025)
Damas et Ankara déterminés à lutter ensemble contre
les menaces terroristes en Syrie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué mardi la "volonté
affirmée" du nouveau pouvoir syrien de lutter contre le "terrorisme" à
la frontière sud de la Turquie, en recevant à Ankara le président
syrien par intérim, Ahmad al-Chareh.
"Nous sommes prêts à apporter à la Syrie tout le soutien nécessaire
dans sa lutte contre toutes les formes de terrorisme, qu'il s'agisse de
Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) ou du PKK", le Parti des
travailleurs du Kurdistan, a déclaré M. Erdogan devant la presse.
Citant leur "géographie commune", le chef de l'Etat turc a redit la
volonté turque de "préserver l'intégrité et l'unité territoriale" de la
Syrie, évoquant le nord-est du pays où les forces kurdes, appuyées par
Washington, ont installé une administration autonome à la faveur de
leur combat contre le groupe Etat islamique (EI).
Le président turc n'est pas revenu sur la proposition turque d'aider à
la formation de la nouvelle armée syrienne.
De son côté, le nouveau dirigeant syrien, venu avec son ministre des
Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, a évoqué avec M. Erdogan "les
menaces qui empêchent l'achèvement de l'unité territoriale dans le
nord-est de la Syrie", a-t-il dit, prônant une "stratégie commune" avec
Ankara "face aux menaces sécuritaires".
De violents combats opposent depuis novembre les forces kurdes,
ennemies d'Ankara, aux factions proturques dans le nord de la Syrie.
Un attentat à la voiture piégée, non revendiqué, a fait lundi au moins
vingt morts.
M. Chareh, qui effectuait son deuxième voyage officiel après l'Arabie
Saoudite, a invité le président turc à se rendre à Damas "à la première
occasion", souhaitant "renforcer et promouvoir le commerce et les
investissements" entre la Turquie et son pays.
M. Erdogan a affirmé être "prêt à fournir le soutien nécessaire à la
reconstruction des villes dévastées et des infrastructures critiques de
la Syrie", meurtrie par plus d'une décennie de guerre.
M. Erdogan a également abordé la question des quelque trois millions de
réfugiés syriens vivant sur le sol turc, affirmant que les retours vers
la Syrie "vont prendre de l'ampleur à mesure que la reprise économique
de la Syrie s'accélérera".
Il a plaidé à cet égard pour une levée totale des sanctions
internationales contre la Syrie, afin de faciliter la reconstruction du
pays.
Plus de 80.000 Syriens ont quitté la Turquie pour rentrer chez eux
depuis la chute de Bachar al-Assad, mais les retours pourraient
s'accélérer dans les prochains mois, selon l'agence de l'ONU pour les
réfugiés (HCR). (AFP, 4 fév 2025)
La Turquie
a accueilli 15 prisonniers palestiniens
libérés par Israël
La Turquie a accueilli sur son sol quinze prisonniers palestiniens
récemment libérés dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre
Israël et le Hamas, a annoncé mardi le chef de la diplomatie turque.
"Quinze Palestiniens sont arrivés en Turquie via Le Caire il y a
quelques jours, après avoir été libérés", a déclaré le ministre turc,
Hakan Fidan, lors d'une conférence de presse avec son homologue
égyptien Badr Abdelatty à Ankara.
La date précise - via Le Caire où la Turquie leur a délivré un visa -
de leur arrivée ni le lieu n'ont été précisés.
Au cours des six semaines de la première phase de l'accord de trêve
entre Israël et le Hamas, 33 otages israéliens au total, dont huit sont
morts, doivent être remis à Israël contre environ 1.900 prisonniers
palestiniens.
En contrepartie de la libération samedi par le Hamas de trois otages
israéliens capturés lors de l'attaque sanglante du 7 octobre 2023,
Israël a relâché 182 Palestiniens et un Egyptien, selon le Club des
prisonniers palestiniens: 150 avaient été transférés à bord de bus dans
la bande de Gaza et 25 en Cisjordanie occupée. (AFP, 4 fév 2025)
A new era in Syria and possible scenarios
Amed Dicle, MedyaNews, 31 January 2025
Syria is undergoing a major transformation. Hay’at Tahrir al-Sham’s
(HTS) leader Abu Mohammed al-Jolani has declared himself the interim
president. With this move, the existing constitutional and
institutional structure of Syria has been completely dissolved. The
Syrian army, parliament, and the 2012 Constitution have been annulled.
The Ba’ath Party and the National Progressive Front have also been
abolished.
Following this development, HTS and 18 affiliated armed groups
announced their self-dissolution. The Turkey-backed Syrian National
Army (SNA) and the Joint Forces have also aligned with this decision.
So, what process will these developments trigger in Syria? What are the
possible scenarios?
Military spokesman of HTS Hassan Abdel Ghani said on 29 January: “We
announce the appointment of Commander Ahmad al-Sharaa as head of state
during the transitional period. He will assume the duties of the
president of the Syrian Arab Republic and represent the country in
international forums.”
HTS’s takeover and international repercussions
HTS’s seizure of power has sent shockwaves across the international
community. Israel has declared that with the collapse of the Syrian
regime, the UN-monitored Golan Buffer Zone Agreement is now null and
void. This development has created significant uncertainty in terms of
border arrangements and regional security dynamics.
Meanwhile, Turkey is claiming that the 1999 Adana Agreement is still in
force, arguing that it retains the right to launch attacks across Syria
against anyone it labels as being “linked to the PKK”. However, how the
United Nations will interpret and respond to this claim remains a
crucial question. If the UN determines that the Syrian state still
exists, Turkey’s presence in Syria could be legitimised under
international law.
If the new administration declares institutional continuity with the
former Syrian state, it will be obliged to repay its trillion-dollar
debts to Russia and Iran. However, if it asserts “we are a new state,”
Turkey’s justification for conducting military operations under the
Adana Agreement will be rendered invalid.
The fate of the Syrian National Army and possible war scenarios
Although the Syrian National Army (SNA) has officially dissolved
itself, if it is de facto integrated into the new central army, two
scenarios may unfold:
1️. The new Syrian Army launches an attack on Tishreen Dam, continuing
the current offensives and triggering a full-scale war between the
Syrian Democratic Forces (SDF) and the new regime.
2️. Attacks on Tishreen cease, leaving Turkey isolated in its military
operations against Rojava.
If an agreement is reached between the Autonomous Administration of
North and East Syria (AANES) and the new Damascus administration, then
accordingly:
SDF brigades could assume security responsibilities in Kurdish-majority
areas such as Afrin and Serêkaniyê. Arab military units under the new
administration could be stationed in Deir ez-Zor and Raqqa.
Under this scenario, the autonomous structure in eastern Syria could be
constitutionally recognised. If a provincial system is introduced,
allowing governors to be elected by the people, the legal foundation
for self-rule would be strengthened. This scenario would likely not
involve the full integration of the SDF into the new regime, but rather
see the SDF continuing as a regional security force within Rojava.
Turkey’s strategy: Preventing a democratic Syria
Turkey continues its direct intervention in Syria’s internal affairs.
Ankara’s greatest fear is the Kurds. It perceives a democratic Syria as
a threat to its own security because such a model could grant the Kurds
political and administrative status. For this reason, Turkey actively
supports the establishment of an authoritarian and repressive regime in
Syria.
Le chef de la diplomatie turque appelle à une coopération
régionale contre le PKK
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a appelé à des
efforts régionaux combinés pour lutter contre les combattants kurdes
hors-la-loi en Irak et Syrie voisine, lors d'une visite à Bagdad
dimanche.
En lutte armée contre le gouvernement turc depuis les années 1980, le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), séparatiste et classé
"terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, dispose de bases
arrières dans le Kurdistan autonome, au nord de l'Irak, qui accueille
également des bases militaires turques.
Ankara accuse aussi les forces kurdes en Syrie d'en être un
prolongement.
"Je tiens à souligner ce fait avec force: le PKK cible la Turquie,
l'Irak et la Syrie", a déclaré M. Fidan lors d'une conférence de presse
avec son homologue irakien, Fouad Hussein.
"Nous devons combiner toutes nos ressources et détruire à la fois Daech
et le PKK", a-t-il ajouté, utilisant l'acronyme arabe du groupe
jihadiste Etat islamique (EI).
Sa visite intervient après que deux gardes-frontières irakiens ont été
tués vendredi près de la frontière turque dans des tirs que Bagdad a
imputés au PKK. Après l'attaque, Ankara a promis de travailler avec
l'Irak pour sécuriser leur frontière commune.
La Turquie lance régulièrement des frappes contre le PKK en Irak et les
combattants kurdes en Syrie.
Bagdad a récemment durci le ton à l'égard du PKK, qu'il a discrètement
inscrit sur la liste des "organisations interdites".
Mais Ankara demande au gouvernement irakien de faire plus et de
reconnaître le PKK "comme une organisation terroriste", a déclaré M.
Fidan.
En août, Bagdad et Ankara ont signé un accord de coopération militaire
visant à établir des centres de commandement et de formation conjoints
pour lutter contre le PKK.
Les deux ministres ont également discuté de la lutte contre l'EI à la
frontière irako-syrienne, et de la situation en Syrie après la chute en
décembre de Bachar al-Assad.
"Il existe des accords clairs entre (...) la Turquie et l'Irak sur la
manière de traiter" la situation dans ce pays, a affirmé M. Hussein,
ajoutant que Bagdad était en contact avec les nouvelles autorités
syriennes et "essayait de se coordonner sur de nombreuses questions".
La Turquie a mené des opérations terrestres successives dans le pays
voisin pour repousser loin de sa frontière les forces kurdes en Syrie,
alliées des Occidentaux contre l'EI. (AFP, 26 jan 2025)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Immigration
/ Migration
Surprises de
la « gauche » à Bruxelles !

Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 24 février 2025)
Ces derniers temps, de noirs nuages s’accumulent sur Bruxelles,
capitale à la fois de l’Union européenne et de l’OTAN... D’une part, le
président américain Trump agresse ces deux organisations
internationales en prétextant la crise ukrainienne et d’autre part le
fait qu’un gouvernement bruxellois n’aie pas encore pu être formé
depuis le mois de juin où les élections ont eu lieu, soit huit mois,
portent les habitants comme les dirigeants à de sombres pensées...
Ce n’est pas facile... Le retrait de l’aide militaire et financière à
l’OTAN de la part des USA, les nouvelles sanctions économiques
appliquées par ce pays, à commencer par l’augmentation des droits de
douane, et en plus l’ouverture d’un dialogue direct avec la Russie pour
le règlement de la crise ukrainienne en écartant totalement tous les
pays européens y compris la Belgique est un coup difficilement
acceptable pour les dirigeants à Bruxelles, comme c’en est le cas à
Berlin, Paris et Londres...
Une vraie panique sévit dans les bâtiments du quartier général de
l’OTAN sur le boulevard Léopold III qui mène à l’aéroport de Bruxelles
de même qu’à la Commission et au Conseil de l'Union européenne Place
Schuman.
La semaine dernière à Munich lors de la 61ème Conférence sur la
sécurité, le secrétaire général de l’OTAN, le néerlandais Mark Rutte a
souligné que les 2% du PIB consacrés par les pays membres à la défense
étaient insuffisants, vu les derniers développements, et qu’il fallait
donc augmenter ce chiffre.
La Belgique, qui accueille l’OTAN, n’a d’ailleurs jamais atteint ce
pourcentage. Avec 1,3% en 2024, elle se classait quatrième en partant
de la fin des 31 pays membres.
Une des missions du gouvernement fondé par le parti nationaliste
flamand N-VA avec les partis libéral et socio-chrétien est de porter le
budget de la défense à plus de 2% en réduisant le budget d’autres
ministères.
Mais le seul moyen de le faire a été d’appliquer une politique
d’austérité qui prévoit la réduction des dépenses dans le domaine
social.
En Belgique, la dette publique représente plus de 100% du PIB, et le
déficit du budget dépasse les 5%. Or, selon les règles de l’UE, la
dette publique d’un pays ne doit pas dépasser 60% du PIB, et le déficit
budgétaire ne pas excéder 3%.
Le nouveau gouvernement ayant annoncé que l’indexation automatique des
salaires allait être supprimée et que les pensions, le chômage,
l’assurance maladie et l’ensemble des dépenses sociales et culturelles
allaient être drastiquement réduites, un tollé général se produisit
dans l’ensemble du pays.
La première réaction a été l’organisation à Bruxelles, à l’appel des
syndicats, d’une manifestation nationale qui a rassemblé plus de cent
mille personnes le 13 février dernier. Des grèves massives s’organisent
depuis dans les services publics, les transports aériens, terrestres et
les chemins de fer et dans divers secteurs de production.
Ceux qui auront le plus à souffrir de cet état de choses sont
certainement les habitants de la capitale, Bruxelles. En effet, alors
qu’à la suite des élections législatives tenues en juin dernier en
Belgique, qui est un État fédéral, les gouvernements régionaux de
Flandre, de Wallonie et de la région germanophone ont été formés,
Bruxelles où les partis ayant remporté le plus de suffrages sont le
Parti libéral MR (25,93%) et le Parti socialiste (22,05%), ces partis
n’ont pas réussi, au moment où j’écris ces lignes, à former un
gouvernement ni ensemble ni avec les partis ayant récolté moins de voix.
La région bruxelloise, dans cette structure fédérale, possède un
parlement composé de 89 sièges, 72 pour les partis francophones et 17
pour les partis néerlandophones. Dans le gouvernement formé par ce
parlement doivent se trouver, aux côtés d’un Président, deux ministres
de chaque communauté linguistique.
Les négociations qui durent depuis des mois n’ont pas encore abouti
parce que le Parti socialiste refuse catégoriquement que l’un des deux
ministres néerlandophones soit N-VA et que le président de la Région
bruxelloise David Leisterh du MR qui a remporté le plus de voix lors du
dernier scrutin, a jeté l’éponge en demandant que la formation du
nouveau gouvernement bruxellois soit confiée au socialiste Ahmed
Laaouej.
La Région bruxelloise qui, à cause des erreurs commises par les
gouvernements dirigés par le Parti socialiste, compte déjà un déficit
de 1,3 milliards d’euros sur un budget total de 7,9 milliards d’euros,
est la moins bien placée parmi les quatre régions composant la Belgique.
MANQUES DE PRINCIPES INÉDITS DANS LE PROCESSUS DE CRISE
On assiste, dans le processus de crise, à des manques de principes et
des incohérences inédites du côté de l’aile gauche. Alors que le Parti
socialiste s’oppose bec et ongles à la participation de la N-VA
nationaliste flamande au gouvernement de Bruxelles, le VOORUIT, qui est
la version flamande du Parti socialiste et qui partage les mêmes locaux
du Boulevard de l’Empereur avec le PS, a un vice-premier et deux
ministres au sein du gouvernement de la Région flamande.
C’est à n’y rien comprendre...
La deuxième municipalité en importance à Bruxelles, qui est noyée dans
les problèmes, est Schaerbeek. Depuis les élections communales qui se
sont déroulées en octobre dernier, un conseil d'échevins n’a pas encore
pu être formé en raison de la querelle qui oppose le MR libéral et le
PS socialiste.
Lors de ces élections, le PS et la liste commune des Engagés et du MR
avaient remporté 10 sièges chacun. Ecolo-Groen 9, le Parti du Travail
de Belgique PTB 6, la liste du bourgmestre sortant Bernard Clerfayt 6,
la liste Fouad Ahidar 4 et 1030 Ensemble 2.
Hasan Koyuncu, tête de liste du Parti socialiste, qui a remporté le
plus grand nombre de voix de préférence avec le soutien des électeurs
turcs a déclaré qu’il allait endosser la charge de bourgmestre, mais
Georges-Louis Bouchez, président du MR, a imposé le candidat de son
parti ayant recueilli le plus grand nombre de voix comme bourgmestre de
Schaerbeek en rappelant l’attitude que Koyuncu avait eue au Parlement
bruxellois dont il faisait partie à l’époque. Comme Ahmed Laaouej
insiste pour que ce soit Koyuncu qui devienne bourgmestre, la commune
de Schaerbeek est encore privée de direction à l’heure actuelle.
Le Parti socialiste, écarté du pouvoir communal depuis l’année 2000 à
Schaerbeek, mène depuis des années une campagne systématique en vue de
s’attirer les suffrages des électeurs musulmans, en profitant de la
faiblesse du pouvoir DÉFI-Ecolo ces dernières années.
L’exemple le plus frappant de cette concession est son attitude
vis-à-vis de l’abattage sans étourdissement des animaux de boucherie...
Cette méthode avait été interdite à l’unanimité par les assemblées des
régions flamande et wallone. Lors du vote survenu le 17 juin 2022 au
parlement de la Région bruxelloise, sous la pression de la Fondation
religieuse Diyanet et du Conseil de coordination des institutions
islamiques en Belgique, la motion avait été rejetée par 42 voix contre,
38 voix pour et 8 abstentions.
L’aspect exemplaire de ce vote est que les partis de gauche et les
écologistes qui avaient voté en faveur de cette interdiction sans
exception dans les assemblées wallonne et flamande, ont fait un virage
à 180° à Bruxelles : 16 députés PS sur 19, les 11 députés PTB et 9 des
19 députés Verts ont voté contre l’interdiction.
En septembre 2022, le PS et Ecolo ont voté en faveur de la suppression
de l’article du règlement intérieur de l’administration communale de
Molenbeek interdisant le port de signes convictionnels aux employés
communaux, en l’occurrence interdisant aux femmes musulmanes de
travailler voilées.
Le Parti socialiste avait entamé 2024, où allaient se tenir et les
élections législatives et les élections communales, en accordant
davantage encore de concessions aux islamistes.
Le 13 janvier 2024, un imam pakistanais du nom de Muhammad Ansar Butt
invité nommément à une cérémonie de remise de prix organisée par Hasan
Koyuncu, vice-président PS du parlement bruxellois et l’association
Friends of Brussels au parlement lui-même, est monté à la tribune du
parlement et, après avoir reçu une médaille, a été autorisé à lire des
versets du Coran.
Sur ce, le député N-VA au Parlement fédéral Theo Francken a critiqué le
Parti socialiste en l’accusant de “se plier plus que jamais aux
désidératas des islamistes”. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez,
a commenté : “La gauche a fait du communautarisme une arme
électorale...”.
Darya Safai, réfugiée en Belgique après être sortie de prison pour
opposition au régime islamiste en Iran, et élue au Parlement fédéral
comme députée N-VA, a rappelé son incarcération à Téhéran et déclaré :
“Nous avons été éveillés chaque jour dans les prisons des ayatollahs
par des versets du genre de ceux qui ont été récités au Parlement
bruxellois. On nous demandait de prier de la même façon dans nos
cellules. Et pour servir de leçon aux autres, on pendait quelques
Iraniens. Vingt-quatre ans après avoir pu échapper à cette prison, je
suis choquée d’entendre la même chose en Belgique, au coeur de la
démocratie occidentale.”
APOLOGIE D’UN ÉCHEVIN “DE GAUCHE” AU TERRORISME ISLAMISTE
Une des attractions auxquelles recourt le Parti socialiste pour attirer
les votes des musulmans faisait la une des journaux et s’étalait sur
les écrans jeudi dernier...
Selon La Libre Belgique du 18 février 2025, l’échevin responsable des
sports et de la santé à Molenbeek où le PS est au pouvoir, Muhammed
Kalandar, annonçant le 8 février 2012 qu’un caricaturiste danois qui
avait dessiné une caricature de Mahomet trois ans avant l’attentat
contre Charlie Hebdo, avait été immolé vif par le feu, avait commenté :
“Que Dieu rende heureux ceux qui partagent la nouvelle”.
Le 18 décembre 2014, Kalandar avait publié un message en arabe
déclarant que les non royants iraient en enfer. À une question de
La Libre Belgique sur ce message, Kalandar avait répondu qu’il
s’agissait d’un verset du Coran et qu’il n’y avait aucune intention
politique derrière cette publication.
En mai 2020, toujours dans le cadre d’un message sur les réseaux
sociaux, le même Kalandar publiait sa photo en attirail religieux, avec
l’emblème des Hach al-Chaabi, l’aile chiite de l’État islamique, avec
un commentaire louangeux pour cette organisation.
Au mois de janvier, le groupe MR de la commune de Molenbeek s’était
adressé au Parquet de Bruxelles pour intenter une action à l’encontre
de Kalandar pour “négligence dans l’exercice de ses fonctions,
manquement à l’obligation de probité et de responsabilité publique,
atteinte à l’ordre public, incitation à la haine ou à la violence,
apologie du terrorisme et apologie de crimes de guerre”, mais avait
renoncé à cette action à la suite des excuses formulées par l’intéressé
au conseil communal.
Le MR a toutefois annoncé qu’il renonçait à cette attitude à la suite
des nouveaux développements et qu’il transmettrait au Parquet de
Bruxelles de nouveaux éléments circulant sur les réseaux sociaux,
réclamant que Kalandar se retire de ses fonctions.
Le Parti socialiste n’a que 11 sièges au conseil communal de Molenbeek.
Si Kalandar est exclu ou s’il démissionne, le PS pourrait tomber dans
l’opposition, et ce ne serait pas une surprise. Il ne fait aucun doute
que ce qui se passe à Molenbeek aura une influence sur la formation du
conseil communal de Schaerbeek qui n’est pas parvenu à se former après
tant de mois après les élections, de même que sur la désignation du
nouveau bourgmestre de cette commune.
Les désagréables surprises de la ‘gauche’ à Bruxelles auront beau
susciter l’inquiétude au sein des forces laïques et de gauche dans
cette ville, il est certain que les détenteurs du pouvoir à Ankara
ainsi que leurs représentants et sympathisants dans ce pays suivent
l’affaire en se frottant les mains...
Pour ceux-là, n’est-ce pas la garantie qu’ils continueront à remporter
70% des votes des citoyens de la Turquie en Belgique lors des élections
présidentielles et législatives en Turquie?
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Agression devant une association turque à Paris:
six militants d'ultradroite mis en examen
Six hommes, appartenant à la mouvance d'ultradroite, ont été inculpés
mercredi pour l'agression d'un homme à l'arme blanche devant les locaux
d'une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie
dimanche à Paris, a annoncé jeudi le parquet.
La victime, un homme né en 1994, avait été hospitalisée quelques heures.
Selon une source proche du dossier, le trentenaire appartient au
collectif Young Struggle, qui se présente comme une "organisation de
jeunes socialistes et internationalistes" et prône "la révolution" sur
ses réseaux sociaux. Il est aussi adhérent de l'organisation syndicale
CGT.
Les suspects - nés entre 2001 et 2007 d'après une deuxième source
proche du dossier - ont été inculpés pour participation à un groupement
en vue de commettre des violences ou des dégradations et pour violences
volontaires suivies d'une incapacité totale de travail inférieure à 8
jours aggravées, selon le parquet de Paris, sollicité par l'AFP.
Les circonstances aggravantes retenues sont la réunion, l'usage d'une
arme et la préméditation.
Le juge des libertés et de la détention a placé l'un d'eux en détention
provisoire, les cinq autres sous contrôle judiciaire.
Du sang a été retrouvé sur les vêtements du jeune écroué, qui a
reconnu sa participation, ont précisé à l'AFP deux autres sources
proches du dossier.
Le parquet avait demandé le placement en détention provisoire des six
suspects, évoquant "une rixe" lors de l'ouverture de l'information
judiciaire.
"Il faut faire attention à l'emballement médiatique et politique. En
réalité, ce sont des jeunes, sans casier judiciaire, qui agissent plus
dans une quête d'appartenance à un groupe que par convictions
politiques", a souligné Camille Lucotte, avocate du suspect placé en
détention provisoire.
"L'affrontement s'inscrit dans une rivalité entre ultradroite et
+antifa+ (antifasciste, ndlr). Mon client se rend à cette association
culturelle dans le but de provoquer, mais il ne projette pas les faits
de violence qui vont suivre", a-t-elle assuré.
L'agression a eu lieu dimanche vers 16h30 GMT dans le 10e
arrondissement de la capitale.
Selon la préfecture de police, "une vingtaine" de personnes "cagoulées
et munies de tessons de bouteille ont pénétré dans la cour d'un
immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs
immigrés de Turquie et ont agressé une personne avant de prendre la
fuite".
Les avocats de la victime, Laurent Pasquet-Marinacce et Youri
Krassoulia, ont souligné jeudi qu'ils se constitueraient partie civile
dès lundi. "Nous demanderons à ce que Paul D. soit entendu rapidement",
ont-ils ajouté.
Lundi soir, environ 700 personnes, selon la préfecture de police,
avaient participé devant la gare de l'Est à un rassemblement contre
l'extrême droite.
"Hier, des fascistes ont violemment attaqué à l'arme blanche une
projection de cinéma organisée par un collectif turc à Paris", avait
aussi posté la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur X. "Ne
l'oublions pas: le fascisme tue. Résistance", a-t-elle ajouté. (AFP, 20
fév 2025)
Six migrants meurent noyés en mer Égée
Six migrants ont péri noyés mercredi en mer Égée au large des côtes
occidentales de la Turquie après que leur canot pneumatique a commencé
à couler, ont annoncé les autorités.
Intervenus avant l'aube au sud de la grande ville d'Izmir, dans des
eaux séparant la Turquie de l'île grecque voisine de Samos, les
garde-côtes turcs ont pu secourir vingt-sept migrants, dont sept se
trouvaient à l'eau.
"Les corps sans vie de six migrants irréguliers ont été repêchés", a
indiqué sur X le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, annonçant
l'arrestation d'un passeur présumé.
Sept migrants ayant embarqué à bord d'un canot pneumatique avaient déjà
péri dans la même zone mi-janvier.
Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées périlleuses entre
les côtes turques et les îles grecques voisines telles que Samos et
Lesbos, points d'entrée dans l'Union européenne.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2.333
migrants ont disparu ou ont été repêchés morts en Méditerranée en 2024.
(AFP, 19 fév 2025)
En Turquie,
le secteur textile craint de perdre ses ouvriers
syriens
"Les Syriens ont beaucoup contribué au développement du secteur du
textile en Turquie. S'ils partent, on aura un sérieux problème de
main-d'oeuvre", estime Ali Gozcu, illustrant l'inquiétude de cette
industrie en Turquie.
Si la communauté syrienne célèbre depuis décembre le renversement de
Bachar al-Assad, les entreprises turques qui comptent sur ses bras,
comme M. Gozcu, directeur d'ALG Tekstil, une entreprise de Gaziantep
(sud-est), ont rapidement fait le calcul.
Situé à proximité de la frontière, à environ deux heures d'Alep,
Gaziantep accueille un demi-million de Syriens.
"Nous ne nous attendons pas à un départ immédiat, mais si ça se
produit, nous subirons une grave perte de main d'oeuvre", affirme-t-il
à l'AFP, précisant que 70% de ses ouvriers sont syriens.
M. Gozcu n'est pas le seul à être inquiet.
"Tous les travailleurs ici sont Syriens", confirme Yusuf Samil Kandil,
contrôleur qualité chez Beni Giy, dans le quartier Unal où les
entreprises de textile bordent les rues délabrées aux vitrines
poussiéreuses, dans lesquelles trônent portants et mannequins démodés.
"Si les Syriens partent, nos coûts de main d'oeuvre vont fortement
augmenter et nos coûts de production avec", affirme-t-il.
La Turquie est le sixième plus grand producteur de textile dans le
monde et son industrie est concentrée dans le sud-est du pays, qui
accueille la plupart des réfugiés syriens - 2,9 millions selon les
autorités.
Officiellement, près de 100.000 Syriens ont un permis de travail, mais
les experts estiment qu'environ un million d'entre eux travaillent,
principalement dans la construction, l'industrie manufacturière et le
textile.
Leur départ pourrait porter un sérieux coup à ce dernier secteur qui
bataille déjà contre l'inflation et la hausse des coûts: ça reviendrait
à "verser du sel sur une plaie ouverte", estime M. Kandil.
Fin janvier, le ministère turc de l'Intérieur décomptait plus de 81.000
retours en Syrie depuis le renversement de Bachar Al-Assad. Ceux-ci
devraient s'accélérer en juin, pour les fêtes de l'Aïd et après la fin
de l'école.
- "plus personne" -
Chez ALG, des dizaines de jeunes hommes et femmes assis, penchés sur
leurs machines à coudre, produisent des milliers de t-shirts sous le
nouveau drapeau syrien à trois étoiles accroché au mur.
"Si les Syriens partent, il n'y aura plus personne pour travailler: 80
à 90% des employés ici sont Syriens", explique Zekeriya Bozo, un
ouvrier de 55 ans qui souhaite rentrer en Syrie et "créer une
entreprise là-bas".
Mais les craintes de départ massif sont infondées, estiment les
experts, tant l'incertitude pèse sur la Syrie ravagée par treize ans de
guerre.
"Bien qu'ils soient très heureux qu'Assad soit parti, ce n'était qu'un
des obstacles à leur retour", explique le professeur Murat Erdogan dont
l'enquête annuelle, le "Baromètre des Syriens", souligne les
inquiétudes des réfugiés concernant la sécurité, le risque de conflits
et les infrastructures détruites dans leur pays.
La plupart des réfugiés syriens ont établi leur vie en Turquie, où plus
de 970.000 bébés sont nés ces douze dernières années. Malgré des
conditions de travail souvent difficiles, les Syriens savent que la
Turquie leur offre davantage que ce qu'ils peuvent trouver en Syrie,
affirme le chercheur.
"Les réfugiés syriens disent qu'ils travaillent très dur pour très peu
d'argent en Turquie. Mais chez eux, même s'ils trouvaient du travail,
ils ne gagneraient que 14 dollars par mois. En Turquie, les conditions
sont certes difficiles mais ils gagnent beaucoup plus", ajoute-t-il.
Selon lui, "20% maximum des Syriens en Turquie rentreront en Syrie et
cela prendra du temps".
- Délocaliser en Syrie? -
Ali Gozcu réfléchit déjà aux moyens de maintenir sa production si ses
employés syriens partent, dont près de la moitié viennent de la région
d'Alep de l'autre côté de la frontière.
"Nous sommes devenus très proches avec nos ouvriers syriens. S'ils ont
des problèmes pour revenir en Turquie, nous ouvrirons des ateliers en
Syrie pour eux", jure-t-il.
Malgré l'état du pays et le manque d'électricité notamment, Kemal
Kirisci, expert en migration à la Brookings Institution, à Washington,
voit le potentiel de liens commerciaux pour l'avenir.
"La Syrie est un pays très prometteur à long terme. Dans l'idéal, il
faut que les gens puissent circuler dans les deux sens. L'industrie et
l'économie turques seront gagnantes, tout comme la Syrie et son nouveau
régime", affirme-t-il en évoquant la perspective d'un "ShamGen".
A l'image de l'espace Schengen européen, il garantirait la
libre-circulation entre la Syrie, la Jordanie, le Liban et la Turquie.
Le projet, lancé en 2010, a été annulé à cause de la guerre en Syrie.
(AFP, 12 fév 2025)
Le
bourgmestre Emir Kir conserve sa majorité à
Saint-josse
Maël Duchemin, La Libre Belgique, 10 février 2025
Privés des résultats des élections communales d’octobre suite à des
constats d’irrégularités, les habitants de la plus petite commune de
Belgique ont dû rejouer le match et les résultats sont tombés : Emir
Kir obtient la majorité absolue en sièges avec 18 strapontins. Le PS
suit avec 1736 voix et 6 sièges. Puis viennent Ecolo (1292 voix, 4
sièges), Les Engagés (681 voix, 1 siège) et Team Fouad Ahidar (233
voix, 0 siège).
Pour rappel, après avoir constaté une proportion très import- ante de
procurations à Saint-Josse lors du suffrage d’octobre (6,3 % des votes
contre 1,4 % dans la commune voisine de
Schaerbeek par exemple) le PS, Ecolo et la team Fouad Ahidar avaient
porté un recours devant le collège juridictionnel. Ce dernier avait
alors comptabilisé 116 procurations irrégulières et 243 autres
"suspectes".
Sur base des résultats du 13 octobre, il manquait 54 voix à la liste
Team Fouad Ahidar pour obtenir un siège aux dépens de la Liste du
bourgmestre, 127 voix à la liste Ecolo-Groen et 247 à la liste PS. Les
irrégularités auraient donc pu peser sur la répartition des sièges d’où
la décision de retourner aux urnes.
L’annonce des résultats de ce dimanche met fin à ce long épis- ode
politique ponctué par une deuxième campagne élector- ale express
parfois peu reluisante, entre plaintes interposées pour agression,
candidat douteux exclu d’une liste, batailles sur les tenues
vestimentaires des candidats... Jusqu’à ce di- manche matin, la
campagne de l’image à tout prix battait son plein. Des dizaines de
cartes de visite de candidats étaient peu subtilement laissées sur des
rebords de fenêtre.
Exclu du PS en 2020 à la suite à sa rencontre avec deux maires MHP
(parti turc d’extrême droite) Emir Kir jouait gros en se retrouvant
pour la première fois en position d’indépendant. Le PS, pour sa part
concourait sans son leader historique dont le rôle de tête de liste a
été repris par l’échevin sortant Phil- ippe Boïketé. Depuis
l’exclusion, les deux camps de la major- ité sortante scindée entre les
loyaux au bourgmestre et ceux restés au PS, se renvoie coup pour coup.
Le bourgmestre sort-
ant, même en cas de majorité absolue, a déjà fait savoir qu’il pourrait
ouvrir sa majorité à d’autres listes, mais pas "aux traîtres"
(comprendre PS et Écolo). Il resterait donc la liste des Engagés, dont
la section locale est particulièrement divisée, notamment entre ceux
qui seraient prêts à partir avec Kir et les autres.
Le comportement de la Team Ahidar, coautrice avec le PS et Écolo du
recours qui a conduit à l’annulation des résultats d’octobre, mais
depuis brouillée avec les socialistes et les verts, était aussi à
observer. En effet, elle a pu participer à cette réélection grâce à la
signature du conseiller communal sortant, Luc Fremal, candidat... de la
Liste du bourgmestre. Un simple "acte de démocrate," explique ce
dernier, alors que la Liste Ahidar dément tout lien ou accord avec la
LB. Mais la Team Ahidar n’a pu obtenir un siège.
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