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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

51th Year / 51e Année
Avril
 
2025 April
N° 560
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Les partis de gauche sont-ils prêts pour une éventuelle "élection anticipée" en Turquie? - Doğan Özgüden
Un mois après, le vent de fronde souffle toujours
İmamoğlu investigation: 14 detainees transferred to other prisons

La justice libère 200 jeunes manifestants
Prosecutors seek up to three years in prison for 139 arrested during İmamoğlu protests
Nouvelles manifestations à Istanbul et Ankara
Nouvelles méthodes de lutte contre la dictature  - Ragip Duran

Les autorités haussent le ton face aux appels au boycott
L'opposition appelle à un mercredi sans achat en soutien aux étudiants détenus
Face à la reconnaissance faciale, de nombreux manifestants couvrent leur visage et leur tête

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Ouverture du procès des étudiants et journalistes arrêtés dans les manifestations
Trial of 5 journalists who covered Turkish protests set to open

Deux nouveaux journalistes turcs arrêtés, selon RSF
Journalists in Turkey arrested, beaten, deported amid government crackdown on opposition
Libération de 11 personnes arrêtées après des appels au boycott
Turkey’s state broadcaster fires actress, removes series over support for opposition's boycott
Le groupe britannique Muse renonce à se produire à Istanbul

Amende "substantielle" pour Meta après un refus de retirer des contenus
Premier message du journaliste suédois détenu en Turquie
Folk singer Volkan Konak dies on stage during Cyprus concert

Kurdish Question / Question kurde

Accord entre les Kurdes et Damas sur un barrage stratégique
Du nouveau sur le front kurde en Syrie

Des combattants kurdes quittent Alep dans le cadre d'un accord avec les autorités
MHP and DEM Party exchange Eid visits for the first time
PKK leader Öcalan meets family members on Eid
Syria’s Kurds reject legitimacy of new government


Minorités / Minorities

Urgent call to international institutions and the international community for Alawites
Le prix à Özgüden et Tugsavul par le Comité des Arméniens en Belgique

Politique intérieure/Interior Politics

L’arme de destruction massive de la génération Z : L’Humour - Ragip Duran
Sırrı Süreyya Önder undergoing a lengthy surgery due to a cardiac issue
Jusqu’où Erdogan peut aller? - Ragip Duran
Le principal parti de l'opposition veut des élections « au plus tard en novembre »
Erdogan poursuit le chef du principal parti d'opposition pour "insulte"

La cartographie politique du mouvement anti-Erdogan  - Ragip Duran

Forces armées/Armed Forces



Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Joyau d'Istanbul, Sainte-Sophie s'offre une restauration drastique


Socio-économique / Socio-economic

Raids "sans précédent" en Europe, 200 arrestations et saisie de stupéfiants
One in four children in Turkey engaged in labor, TurkStat reveals


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

The Council of Europe urges Turkey to implement ECtHR rulings
Le maire d'Istanbul fait citoyen d'honneur de la ville de Paris

Scandaleuse réunion de l’Union européenne
La Turquie juge "politiquement motivée" la décision d'une commissaire européenne
L'UE veut "soigneusement recalibrer" son engagement avec la Turquie


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Une université américaine demande la libération de l'étudiante turque

Relations régionales / Regional Relations

La Turquie veut renforcer son ancrage en Afrique

Pour Erdogan, Israël veut "dynamiter" la "révolution" en Syrie

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration

Plus de 175.000 Syriens réfugiés en Turquie sont rentrés chez eux depuis décembre

Nous avons perdu un éminent défenseur des droits humains -  Doğan Özgüden
Mort de 16 migrants dans deux naufrages distincts entre la Grèce et la Turquie




Droits de l'Homme / Human Rights

Les partis de gauche sont-ils prêts pour une éventuelle "élection anticipée" en Turquie?


Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 19 avril 2025)
 

Il y a tout juste 18 ans, durant le mois de janvier de 2007, nous étions dans la peine du meurtre odieux de notre cher ami Hrant Dink… À peine quelques mois plus tôt, nous nous étions rencontrés pour la première fois à Bruxelles, à l’occasion d’une réunion organisée par l’Union européenne sur la Turquie, durant laquelle, lui, un Arménien, et moi, un Turc, avions dénoncé les violations des droits humains commises par l’AKP, au pouvoir depuis cinq ans…
 
Après l'exécution de Hrant,  le 23 janvier 2007, nous avions organisé une grande manifestation devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles avec des organisations arméniennes, assyriennes et kurdes, avant de nous rassembler place Schuman, où se trouvent les institutions de l’Union européenne, pour crier notre détermination à lutter contre les pratiques génocidaires de l’État turc.
 
Je n’oublierai jamais un évènement qui déchira l’obscurité de ces jours… Ce magnifique film d’un réalisateur jusqu’alors inconnu, Sırrı Süreyya Önder : Beynelmilel [International]… Un chef-d’œuvre qui exprimait poétiquement l’humour, la critique et l’espoir…
 
Sırrı Süreyya Önder, que je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer personnellement, et dont les soucis de santé préoccupants a ébranlé tout le monde culturel et politique, a été très bien présenté par Ali Duran Topuz dans son article dans Artı Gerçek, intitulé : « Une minorité dans une minorité. C’est le socialiste révolutionnaire d’une province et d’une famille économiquement pauvre mais culturellement riche ».
 
Malheureusement, je n’ai jamais pu côtoyer Sırrı Süreyya Önder, mais avec son père Ziya Önder, nous avions pris part à la lutte socialiste dans différentes régions. Au début des années 60, alors que j’étais un des responsables du Parti ouvrier de Turquie à Izmir, puis à Istanbul, Ziya Önder était l’un des organisateurs du parti à Adıyaman et en fut le premier dirigeant provincial.
 
Ayant perdu son père alors qu’il était à peine âgé de huit ans, Sırrı Süreyya Önder s’est lancé dans la lutte politique alors qu’il était étudiant au lycée d’Adıyaman. Il fut arrêté pour avoir été parmi les manifestants contre le massacre de Maraş en 1978 et purgea sept années de prison après le coup d’État de 1980.
 
Après être devenu célèbre avec le film Beynelmilel, Önder a participé en tant que scénariste, réalisateur, consultant et acteur, à la production des films « O… Çocukları [Enfants de p… », « Emret Komutanım [À vos ordres mon commandant] », « Sis ve Gece [Brouillard et Nuit] », « Ada : Zombilerin Düğünü [Ile : le mariage des zombies] », « F Tipi Film [Film sur les prisons de type F], « Ejder Kapanı [Piège du dragon] », « Mar [Serpent] », « Düğün Dernek [Association de mariage] » et « Yeraltı [Sous-terrain] ». Après son entrée au Parlement lors des élections de 2011, il a toujours été à l’avant-garde des initiatives en faveur de la démocratie et de la paix en tant que député du Parti de la Paix et de la Démocratie (Barış ve Demokrasi Partisi – BDP), du Parti démocratique des Peuples (Halkların Demokratik Partisi – HDP), et plus récemment, du parti de l’Égalité et de la Démocratie des Peuples (DEM).
 
Nous savons que, pendant qu’Önder menait ces activités, il attachait une grande importance à la formation d’alliances démocratiques avec les autres partis de la gauche de l’échiquier politique et qu’il était toujours en dialogue et en échange de vues avec eux.
 
Comme tous ses amis, nous souhaitons que Sırrı Süreyya Önder, qui n’a encore que 63 ans, retrouve la santé au plus vite et reprenne sa place dans la lutte, qu’il mène depuis des années, pour la paix et la démocratie.
 
Alors que nous étions dans le chagrin des ennuis de santé d’Önder, une nouvelle est tombée dans les médias annonçant de nouveaux développements laissant songeur sur le front des partis de gauche qui constituent la force organisée de notre lutte pour la démocratie, la paix et la justice sociale.
 
Alors qu’il était attendu que de nouvelles alliances se forment entre les partis de gauche, dont le nombre approche déjà les 30, en tirant les leçons des échecs des dernières élections, un groupe s’est séparé du Parti ouvrier de Turquie pour fonder un nouveau parti sous le nom de Parti rouge (Kızıl Parti).
 
Comme l’on s’en souviendra peut-être, le TİP, le TKP, le TKH, le HKP et le Sol Parti, avec un pourcentage de vote total n’atteignant même pas les 2%, n’avaient pas pu égaler les 3% de suffrages obtenus à lui seul par le premier TİP dans les années 60.
 
Ce qui est encore plus douloureux, c’est qu’au lieu d’aller aux élections avec le Parti de la Gauche verte sous une liste commune baptisée « Alliance du Travail et de la Liberté », le TİP prit part à la dernière minute aux élections avec des listes séparées dans 49 provinces et 52 circonscriptions électorales, ainsi que dans tous les pays étrangers, en se basant sur le postulat de l’existence de différences entre les préférences des électeurs kurdes et celles des électeurs de gauche.
 
Alors que le HDP était le seul parti de gauche en lice aux élections de 2018 et avait remporté 11,70% des voix et 67 sièges, en 2023, le Parti de la Gauche verte n’avait pu obtenir que 8,82% et 61 sièges.
 
Lors de ces élections, le nombre de suffrages et le pourcentage de voix obtenus par les partis de gauche étaient les suivants :
 
Parti des Verts et de l’Avenir de la Gauche : 4 083 922 voix (8,82%)
Parti ouvrier de Turquie : 956 057 (1,76%)
Parti de Gauche : 77 992 (0,14%)
Parti communiste de Turquie : 63 809 (0,12%)
Parti de Libération du Peuple : 31 831 (0,06%)
Mouvement communiste de Turquie : 17 476 (0,03%)
 
Les électeurs de gauche qui avaient placé leurs espoirs dans l’Alliance du Travail et de la Liberté furent contraints de choisir entre le YSP et le TİP, tant au niveau national qu’à l’étranger, et cette division conduisit certains électeurs de gauche à voter pour le CHP.
 
Ce type de division eut par le passé d’autres conséquences négatives pour la gauche turque.
 
Le TİP, qui était entré au Parlement avec 15 députés lors des élections de 1965, perdit à la fois des voix lors des élections de 1969 en raison de dissensions internes, et son nombre de sièges de députés tomba à 2 en raison de l’abolition du scrutin proportionnel plurinominal. Il ne fait aucun doute que ce déclin résulta de l’exclusion des listes de candidats à la députation comme Sadun Aren et Behice Boran, qui avaient marqué le travail parlementaire de la précédente législature tant par leurs formations intellectuelles que par leurs talents oratoires, tandis que, pour ne prendre qu’un exemple, un grand propriétaire foncier fut placé en tête de liste à Adıyaman, la patrie de Sırrı Süreyya Önder, pour des calculs bassement électoraux.
 
Un autre exemple dramatique de la division des votes de gauche se produisit lors des élections sénatoriales du 14 octobre 1979, un an avant le coup d’État du 12 septembre 1980. Outre les candidats du Parti ouvrier de Turquie et du Parti ouvrier socialiste de Turquie, des candidats indépendants soutenus entre autres par le Parti communiste de Turquie et un autre groupe de gauche prirent également part aux élections à Istanbul. En raison de cette participation à quatre, les électeurs de gauche connurent une grande indécision. La candidate indépendante soutenue par le TKP, Beria Onger, reçut 20 215 suffrages, celle du TİP, Behice Boran, 12 969, et les deux autres moins de 5 000.
 
Et un autre exemple au centre gauche :

Lors des élections locales de 1994, il y avait trois partis de « centre-gauche » avec le SHP dirigé par Murat Karayalçın, le DSP dirigé par Bülent Ecevit et le CHP dirigé par Deniz Baykal. Lors des élections de la grande municipalité d’Istanbul, le candidat du SHP, Zülfü Livaneli, obtint 20,3 pourcents des voix, le candidat du DSP, Necdet Özkan, 12,38 %, et le candidat du CHP, Ertuğrul Günay, 1,4%, ce qui signifie qu’au total, les voix des trois partis de « centre-gauche » atteignirent 34,08 %. Cependant, en raison de la division des votes du « centre-gauche », le candidat du Parti du Bien-Être (Refah Partisi), Recep Tayyip Erdoğan, parvient à devenir maire de la grande municipalité d’Istanbul avec 25,19 % des suffrages. C’est ainsi que les clés pour la présidence du conseil des ministres et la présidence de la république durant les années 2000 lui furent présentées sur un plateau d’argent.
 
Plusieurs décennies plus tard, dans la Turquie d’aujourd’hui, voici les partis de gauche repris dans la liste officielle arrêtée en date du 3 janvier 2025 par le parquet général de la Cour d’appel de la République, suivant leur année de fondation :
 
1993
Türkiye Komünist Partisi (Parti communiste de Turquie)
Türkiye Sosyalist İşçi Partisi (Parti ouvrier socialiste de Turquie)
 
1994
Sol Parti (Parti de Gauche)
 
1996
Emek Partisi (Parti du Travail)
 
1997
Devrimci Sosyalist İşçi Partisi (Parti ouvrier socialiste révolutionnaire)
 
2004
Emekçi Hareket Partisi (Parti du mouvement des travailleurs)
 
2005
Halkın Kurtuluşu Partisi (Parti de Libération du Peuple)
 
2007
Devrimci İşçi Parti (Parti ouvrier révolutionnaire)
 
2008
Demokratik Bölgeler Partisi (Parti des régions démocratiques)
 
2010
Ezilenlerin Sosyalist Partisi (Parti socialiste des Opprimés)
 
2011
Özgürlük ve Sosyalizm Partisi (Parti de la Liberté et du Socialisme)
 
2012
DEM Halkların Eşitlik ve Demokrasi Partisi (Parti de l’Égalité et de la Démocratie des Peuples)
 
2013
Sosyalist Yeniden Kuruluş Partisi (Parti de la Refondation socialiste)
 
2014
Komünist Parti (Parti communiste)
 
2015
Birleşik Devrimci Parti (Parti révolutionnaire unitaire)
İşçi Demokrasisi Partisi (Parti de la Démocratie ouvrière)
Türkiye Komünist Hareketi (Mouvement communiste de Turquie)
 
2016
Sosyalist Emekçiler Partisi (Parti des Travailleurs socialistes)
 
2017
Türkiye İşçi Partisi (Parti ouvrier de Turquie)
 
2020
Barış ve Eşitlik Partisi (Parti de la Paix et de l’Égalité)
Toplumsal Özgürlük Partisi (Parti de la Liberté sociale)
 
2023
Sosyalist Cumhuriyet Partisi (Parti de la République socialiste)
Yeşil Sol Parti (Parti de la Gauche verte)
 
2024
Birleşik Komünist Parti (Parti communiste unifié)
Toplumcu Kurtuluş Partisi (Parti de Libération populaire)
 
2025
Kızıl Parti (Parti rouge)
 
En ces jours où l’on discute de plus en plus de la possibilité d’« élections anticipées », il est temps pour les partis de gauche, dont nous avons listé les emblèmes par ordre alphabétique dans le visuel de cet article, de faire une évaluation réaliste de la situation et de se préparer à la formation d’alliances fondées sur la démocratie, la paix, la justice sociale et la fraternité des peuples, susceptibles de renforcer la confiance des citoyens dans la Gauche lors des prochaines élections.

Un mois après, le vent de fronde souffle toujours

L'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu a débarrassé Recep Tayyip Erdogan de son plus coriace opposant. Mais un mois plus tard, le président turc peine à se défaire d'une contestation portée par la jeunesse.

Les grandes manifestations de la première semaine, quand des dizaines de milliers de personnes déferlaient chaque soir devant l'hôtel de ville d'Istanbul, et que des Turcs de tous âges descendaient dans les rues de dizaines de villes, sont révolues.

Les fêtes de la fin du ramadan ont ramené le calme, mais la contestation, inédite depuis le grand mouvement de Gezi parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013, a repris depuis dix jours dans des universités d'Istanbul et d'Ankara.

Ces derniers jours, la fronde s'est répandue à des dizaines de lycées du pays où une décision du gouvernement AKP (islamo-conservateur) d'y remplacer certains enseignants, interprétée comme une tentative de reprise en main de ces établissements par le pouvoir, a mis le feu aux poudres.

"Le malaise (de la jeunesse) était déjà latent, mais il s'est cristallisé en un rejet plus explicite de l'AKP depuis la mi-mars", explique à l'AFP Demet Lüküslü, professeure de sociologie à l'université stambouliote de Yeditepe, selon laquelle une partie des jeunes "rejette le conservatisme et l'islamisation de la société" et réclame davantage de "droits et de libertés".

- "Briser le silence" -

L'arrestation d'Ekrem Imamoglu, investi candidat du principal parti de l'opposition (CHP, social-démocrate) à la présidentielle de 2028 le jour-même de son incarcération pour "corruption", a été le déclencheur d'une colère plus large, dans un pays dirigé depuis 2002 par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan.

"C'est l'accumulation d'une colère, chez des millions de jeunes qui n'ont connu que l'AKP et qui ne sont pas pris en compte", confie Eda, 17 ans, en classe de terminale dans un lycée d'Istanbul où des blocages ont eu lieu cette semaine.

"Nous voulons briser le silence sur lequel le gouvernement a bâti son hégémonie", ajoute la lycéenne, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, rappelant que plusieurs dizaines des 300 jeunes placés en détention depuis le début du mouvement de contestation demeurent incarcérés.

Vendredi, le procès de 189 personnes accusées d'avoir participé à des rassemblements interdits, dont de nombreux étudiants, s'est ouvert à Istanbul. Leurs soutiens - camarades, professeurs, députés de l'opposition - s'étaient réunis devant le tribunal.
 "Nous n'avons pas peur", a martelé auprès de l'AFP Sümeyye Belentepe, une étudiante visée par un procès, qui aura lieu en septembre. "Désormais, nous sommes plus forts, plus unis" dans la lutte, souffle à ses côtés un autre élève, Ahmetcan Kaptan.

- Répercussions économiques -

L'arrestation du maire d'Istanbul, qualifiée de "coup d'Etat" par l'opposition, a aussi eu des répercussions économiques.

Outre les appels au boycott visant des entreprises proches du pouvoir, la Bourse d'Istanbul a reculé de presque 14% sur un mois, et la livre turque a perdu environ 4% face au dollar et presque 8% face à l'euro, atteignant un niveau historiquement bas malgré 50 milliards de dollars injectés par la banque centrale turque pour soutenir la devise.

Jeudi, la banque centrale a ainsi été contrainte de relever son taux directeur pour la première fois depuis mars 2024, de 42,5% à 46%.

Cette semaine, Devlet Bahçeli, le principal allié du président Erdogan, a exhorté la justice à juger le maire d'Istanbul dans les plus brefs délais, inquiet selon certains observateurs que l'agitation autour du sort de l'opposant N.1 ne perturbe les efforts entamés par le pouvoir turc pour parvenir au désarmement et à la dissolution du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le chef du CHP, Özgür Özel, a réclamé à nouveau des élections anticipées, et appelé à un grand rassemblement samedi à Yozgat (centre), chef-lieu d'une province rurale du centre du pays.

Début avril, des agriculteurs y avaient écopé d'amendes pour avoir protesté contre l'arrestation d'Ekrem Imamoglu, à bord de leurs tracteurs. (AFP, 19 avr 2025)

İmamoğlu investigation: 14 detainees transferred to other prisons

Fourteen individuals detained in connection with an ongoing investigation into the İstanbul Metropolitan Municipality were yesterday transferred to different prisons across Turkey.

The detainees, who were being held at Marmara Prison in Silivri, İstanbul, were relocated to several other prisons in the Marmara Region.

Justice Minister Yılmaz Tunç said the transfers were carried out to “ensure the integrity of the investigation process and maintain institutional security within the penal system,” without disclosing the names or the specific prisons involved.

İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu and nearly 100 others, mostly municipal officials, were detained last month in two separate investigations, one on corruption the other on terrorism charges.

İmamoğlu's Republican People's Party (CHP) claimed the transfers were intended to obstruct the detainees' right to defense and pressure them into cooperating with authorities. "Their aim is to drive our friends apart and then offer so-called cooperation," said CHP leader Özgür Özel.

Minister Tunç rejected this claim, saying, “This procedure was implemented in accordance with relevant regulations to ensure a fair and effective investigation."

Detainees moved to prisons in other provinces are often unable to appear in court in person, participating instead through video conferencing.

The transfers came after CHP deputy Umut Akdoğan described how İmamoğlu had been coordinating with his detained colleagues through written messages delivered by lawyers. “He gives notes to his lawyer saying, ‘Take this to Buğra Gökçe,’ or ‘Have Resul Emrah Şahan work on this.’ Reports are then prepared and returned to him the same way,” he told the pro-opposition Halk TV last week.

İmamoğlu denounces decision

Mayor İmamoğlu criticized the transfers in a statement on social media, framing them as part of a broader pattern of intimidation and legal pressure.

“The search for slanderers, coercion of false witnesses, secret witness fictions, people I know from my 23 years of business life being forcibly summoned to testify and intimidated, journalists being arrested, dawn raids, seizures, trustees," read the statement.

"What is this greed, this revenge, this lie, this enemy law? For God's sake, have they rotted the institutions that are the apple of the country's eye!

"Can a handful of people rot the fair judicial environment in this country to such an extent? I appeal to the judges, prosecutors and institutions of our judiciary that have almost swallowed their tongues. Enough is enough, for the sake of Allah, open your mouth and say a word. What is really happening to the nation and the state. Are you still not aware of this?” (BIA, 14 April 2025)

La justice libère 200 jeunes manifestants

La justice turque a ordonné vendredi la remise en liberté de 93 jeunes détenus pour avoir participé à des rassemblements en soutien au maire emprisonné d'Istanbul, portant à 200 le nombre des manifestants libérés cette semaine, a appris l'AFP.

Un tribunal d'Istanbul avait justifié la remise en liberté de 59 d'entre eux vendredi en tenant notamment compte du fait que certains prévenus "sont étudiants" et du "risque d'interruption de leurs études", selon une décision rendue publique par les avocats de plusieurs jeunes détenus.

Des médias turcs et des responsables du Parti républicain du peuple (CHP), principale force de l'opposition, ont annoncé que 34 jeunes manifestants supplémentaires devaient être libérés vendredi.

La justice turque avait déjà ordonné jeudi la libération de 107 jeunes, accusés eux aussi d'avoir participé à des rassemblements interdits après l'arrestation le 19 mars du populaire maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan.

Selon le CHP et plusieurs avocats, au moins 300 jeunes avaient été placés en détention provisoire après leur arrestation.

Gökçe Gökçen, vice-présidente du CHP, a par ailleurs affirmé vendredi qu'une "nouvelle enquête a été ouverte contre 49 jeunes pour insulte au président" Recep Tayyip Erdogan en raison d'un slogan scandé lors de manifestations.

Les autorités turques, confrontées à une fronde d'une ampleur inédite depuis 2013, avaient interdit temporairement toute manifestation à Istanbul, Ankara et Izmir, les trois principales villes du pays, après l'arrestation de M. Imamoglu.

Elles avaient annoncé le 27 mars avoir interpellé 1.879 personnes dans plusieurs villes du pays. Aucun autre chiffre n'a été communiqué depuis.

Les manifestations, qui avaient été interrompues par les fêtes de fin du ramadan et la fermeture des universités, ont repris cette semaine à Istanbul et Ankara, bien que moins suivies.

Le CHP a cependant appelé à des grands rassemblements chaque week-end dans différentes villes du pays. Le premier aura lieu dimanche à Samsun (nord), grand port de la mer Noire. (AFP, 11 avr 2025)

Prosecutors seek up to three years in prison for 139 arrested during İmamoğlu protests

The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office has filed an indictment against 139 individuals arrested following a protest outside the İstanbul city hall on Mar 23, the day İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu was formally arrested and suspended from office.

The individuals, mostly students, are charged with violating Law No 2911 on Meetings and Demonstrations, facing up to a three-year prison sentence.

The indictment cites a demonstration ban that had been in place in İstanbul when the rally was held, and police warnings to demonstrators to disperse in accordance with the ban, which were not complied with. Despite the ban, the main opposition Republican People's Party (CHP) held rallies outside the city hall for seven nights straight with thousands in attendance after the mayor was taken into custody on Mar 19. Protests also erupted in other cities despite similar bans.

The indictment claims that security forces used “proportional force” against the protesters, who allegedly resisted law enforcement, obstructed officers, and committed the offense of “insulting the president.”

Prosecutors are seeking prison sentences of up to three years for each of the 139 individuals. They also requested the application of Article 53/1 of the Turkish Penal Code, which includes penalties such as disqualification from public service and restrictions on political rights.

The indictment was submitted to and accepted by the 49th Criminal Court of First Instance in İstanbul.

Throughout the protests after the mayor's detention, more than 1,800 people were taken into custody and 301 of them were formally arrested.

'Banning protests is a crime'
Lawyer Tuba Torun, who represents some of the detained students, criticized the charges speaking to bianet. She pointed to the protest ban issued by the İstanbul Governor’s Office between Mar 19–23, arguing that the ban itself is unlawful:

“The indictment uses the protest ban as a legal basis for demanding punishment. But the Governor’s ban is itself a violation of the law. Article 34 of the Constitution guarantees the right to assemble and demonstrate peacefully without prior permission. This right is being violated. Those exercising this right are now in prison because of an unlawful decision by the Governor’s Office.”

Torun also detailed several rights violations during the detention and arrest process. She said students reported overcrowding during custody, with many held in cramped holding cells and forced to remain standing. “Many said they arrived at prison in an exhausted state,” she noted.

She added that conditions in detention facilities were inadequate. “At Metris temporary prison, some students couldn’t get enough food due to miscounting. There were also serious hygiene issues. Lice and bedbugs were reported, and some couldn’t even access soap,” Torun said. She added that these problems were only addressed after being raised by lawyers and members of parliament.

Additional issues were reported at Silivri Prison, where the Eid holiday disrupted access to basic needs via the prison canteen. “Those with health conditions or prescription medications couldn’t get their medicine because official medical reports were required. One student with a rib injury faced delays in receiving medical attention,” she said.

After public outcry, the Justice Minister issued a statement saying there were “no problems.” Torun said one of her clients reported being treated more carefully after the minister’s comments. “The problems now seem to have been resolved,” she said, “but the real issue is that the students are being unlawfully held in prison.” (BIA, 8 April 2025)


Nouvelles manifestations à Istanbul et Ankara

Plusieurs milliers d'étudiants ont manifesté mardi à Istanbul et à Ankara, ravivant le mouvement de contestation déclenché par l'arrestation le 19 mars du maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Les autorités, confrontées à une fronde d'une ampleur inédite depuis 2013, avaient vu les manifestations faiblir depuis dix jours à la faveur de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de Ramadan, et la fermeture des universités.

Sur la rive asiatique d'Istanbul, des milliers d'étudiants se sont réunis en fin de journée mardi, selon des images de médias turcs montrant un important déploiement policier.

A Ankara, des centaines d'étudiants de plusieurs universités ont également défilé mardi, selon la presse turque et des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP.

Quelque 300 étudiants sont actuellement détenus pour avoir participé à des rassemblements illégaux durant les deux premières semaines du mouvement, selon l'opposition turque.

Le 29 mars, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l'opposition, avait rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à Istanbul, après avoir réuni des dizaines de milliers de manifestants chaque soir devant l'hôtel de ville d'Istanbul durant la première semaine du mouvement.

Le parti, auquel appartient le maire d'Istanbul emprisonné, a multiplié depuis les appels au boycott de groupes et d'enseignes proches du pouvoir turc pour tenter de peser sur le gouvernement.

Le chef du CHP, Özgür Özel, souhaite désormais organiser des rassemblements dans des villes différentes du pays et appelle également à des rassemblements le mercredi soir à Istanbul. (AFP, 8 avr 2025)

Nouvelles méthodes de lutte contre la dictature

Ragip Duran, TVXS.GR, 7 avril 2025

L’arrestation le 19 mars du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du Président Erdogan pour les élections de 2028 a eu un effet boomerang contre le régime du Palais. Les grands meetings politiques avec la participation de millions de citoyens mécontents n’ont pas été bien accueillis par le pouvoir. ‘’Vous semez le désordre’’, ‘’Vous êtes tous des vauriens!’’, ‘’La loi vous punira!’’, ‘’La rue n’est pas l’endroit de l’expression démocratique’’ disent les porte-paroles d’Erdogan.

La principale formation de l’opposition, le CHP (Parti Républicain du Peuple, fondé par Atatürk) organise l’ensemble des actions pour affaiblir le pouvoir, désire l’organisation des élections anticipées. Ce parti a pris la décision d’organiser un grand meeting tous les samedis dans différentes villes d’Anatolie.

Par ailleurs, le président Ozgur Ozel du CHP a réussi à organiser un mouvement de boycott le 2 avril dernier contre les sociétés proche d’Erdogan. Plus de 70% des citoyens ont participé au boycott selon le CHP. Paradoxe actuel, la majorité des citoyens n’ont plus désormais assez d’argent pour faire des achats même les plus élémentaires.

Ce boycott a bien touché la cible : Erdogan lui-même et plusieurs autres représentants du pouvoir ont violemment critiqué ce mouvement de masse: ‘’Vous voulez détruire l’économie turque!’’, ‘’Vous désirez voir les petits et grands commerçants faire faillite!’’, ‘’Vous serez sanctionnés!’’ ont-ils rétroqué.

Les appels au boycott prononcés par Erdogan, quand il était dans l’opposition, c’est-à-dire avant 2002, circulent sur les réseaux sociaux.

Les procureurs du régime ont ouvert une information contre plus de 50 personnes qui, sur la Toile, appelait au boycott, y compris des actrices et acteurs des séries télévisées populaires.

Ce boycott d’une seule journée contre plus de 30 sociétés dont les noms ont été annoncés par le CHP peut être repris dans les jours à venir.

Plusieurs autres méthodes de lutte contre la dictature, des actions de désobéissance civile sont à l’ordre du jour de l’opposition. Par exemple la Grève Générale. Cette option n’est pas, selon la majorité de la classe politique, réaliste et faisable, car la classe ouvrière turque n’a pas une culture et tradition de grève et de plus une partie des travailleurs est sous le contrôle des syndicats pro-Erdogan.

Certains parlent d’un boycott des impôts, mais la grande partie des milieux d’affaires ont peur de s’opposer contre le régime. Car ce dernier peut très facilement nommer un administrateur à la place des PDG de ces sociétés et holdings.

Erdogan, qui voit la montée du mécontentement, essaie maintenant de diviser le front de l’opposition. Il continue à donner de l’espoir aux Kurdes au sujet de la soi-disant solution pacifique du problème kurde. Ces deux ailes de l’opposition, à savoir les Turcs de l’opposition et les Kurdes, n’arrivent toujours pas à réunir leurs forces et énergies contre le régime. L’anti-kurdisme d’une grande partie des Turcs et le nationalisme pro-Ocalan des Kurdes obligent ces deux forces à se tenir loin l’un de l’autre.

Enfin, le débat sur la vraie nature du régime d’Erdogan commence à être plus clair. Des idéologues, théoriciens de rue parlent ‘’d’une démocratie illibérale’’ ou bien d’une avancée ‘’vers une autocratie non-compétitive ’, c’est-à-dire de type Poutine. Plusieurs représentants de l’opposition admettent enfin qu’il s’agit d’une dictature pure et dure et que l’existence théorique de la probabilité de l’organisation des élections n’est pas du tout un acquis déterminant. ‘’ Il ne sert à rien aujourd’hui de parler de la loi, du droit, de la Constitution voire des élections. Car ces piliers de la démocratie n’existent plus en Turquie depuis longtemps. La démocratie turque n’est pas malade. Car les morts ne tombent jamais malades’’ estime le Prof. Cengiz Aktar, de l’Université d’Athènes.

Les autorités haussent le ton face aux appels au boycott

Onze personnes accusées d'avoir relayé des appels au boycott lancés par l'opposition turque après l'arrestation du maire d'Istanbul ont été interpellées en Turquie, où les autorités tentent par tous les moyens d'éteindre une contestation inédite depuis 2013.

Parmi ces onze personnes figure un acteur turc ayant incarné le sultan Mehmet le Conquérant dans un docufiction diffusé sur Netflix, a annoncé jeudi un syndicat d'acteurs dont des cadres se rendaient en milieu de journée vers le palais de justice d'Istanbul où les prévenus devaient être déférés.

Cinq autres personnes sont toujours recherchées, elles aussi poursuivies, entre autres, pour "incitation à la haine", a rapporté l'agence officielle turque Anadolu qui n'a pas précisé les identités des mis en cause.

Le parquet général d'Istanbul avait annoncé mardi l'ouverture d'une enquête contre les personnes ayant lancé ou partagé des appels au boycott, qui ont gagné en force ces derniers jours alors que les manifestations se tarissaient dans les rues d'Istanbul et d'Ankara en raison de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition, avait appelé les Turcs à une journée sans achat mercredi, en soutien aux centaines d'étudiants placés en détention depuis le début, le 19 mars, de la contestation déclenchée par l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu. Principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, l'édile a été incarcéré depuis pour "corruption".

À Istanbul et Ankara, la capitale, des cafés, bars et restaurants avaient choisi de rester fermés mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le patron du CHP, Özgür Özel, appelle en outre depuis la semaine passée à boycotter des dizaines d'entreprises et de groupes turcs réputés proches du pouvoir.

 - "Irresponsables" -

 Mercredi, une actrice dans une série diffusée par la chaîne publique turque TRT avait déjà fait les frais d'un message relayant un appel au boycott.

La chaîne a annoncé le retrait de l'actrice, Aybüke Pusat, du casting de la série toujours en cours: les scènes déjà réalisées seront tournées de nouveau, sans elle.

En parallèle, le groupe britannique Muse a choisi d'ajourner un concert prévu en juin à Istanbul, en réponse à des appels au boycott visant l'organisateur de l'évènement accusé de soutenir le gouvernement face aux manifestants.

La semaine passée, le président Erdogan avait fustigé les "appels irresponsables au boycott" émanant de l'opposition et de groupes d'étudiants, affirmant qu'aucune entreprise turque ne serait "laissée à leur merci".

Les autorités, qui ont annoncé le 27 mars avoir arrêté en neuf jours près de 1.900 personnes, accusées d'avoir pris part à des manifestations illégales, ont bloqué plusieurs sites internet listant des entreprises à boycotter.

Mercredi, le ministre turc du Commerce Ömer Bolat s'est précipité, sous l'oeil des caméras, dans un supermarché d'Ankara pour y remplir un chariot de provisions, affirmant vouloir "donner une bonne leçon" aux boycotteurs.

Le président du Haut conseil turc de l'audiovisuel (RTÜK), Ebubekir Sahin, a mis en garde les médias soutenant les appels au boycott, avertissant que "les mesures nécessaires seront prises" à leur encontre.

Tentant néanmoins de minimiser l'ampleur du boycott de mercredi, le gouvernement a affirmé que le volume des achats avait doublé dans le pays entre mardi et mercredi. Sans préciser que mardi était un jour férié, pendant lequel de très nombreux Turcs regagnaient leur domicile au terme des fêtes de l'Aïd. (AFP, 3 avr 2025)

L'opposition appelle à un mercredi sans achat en soutien aux étudiants détenus

Le chef du principal parti de l'opposition turque a appelé mardi à une journée sans achat mercredi pour protester contre la détention d'étudiants ayant manifesté en soutien au maire emprisonné d'Istanbul.

"Stop à tous les achats! Supermarchés, courses en ligne, restaurants, carburant, cafés, factures, n'achetez rien", indique un visuel partagé sur X par Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).

"J'invite tout le monde à utiliser son pouvoir de consommateur en participant à ce boycott", écrit M. Özel, reprenant un appel lancé par des groupes d'étudiants.

Au total, 301 étudiants ont été placés en détention provisoire depuis le début du mouvement de contestation déclenché par l'arrestation le 19 mars du populaire maire CHP d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, selon M. Özel.

Dans la foulée de ce message, le parquet d'Istanbul a annoncé l'ouverture d'une enquête, pour "incitation à la haine" notamment, contre les personnes ayant lancé ou partagé des appels au boycott, a rapporté l'agence de presse officielle turque Anadolu.

Le patron du CHP avait déjà appelé depuis une semaine à boycotter des dizaines d'entreprises et de groupes turcs réputés proches du pouvoir pour tenter de faire pression sur celui-ci.

M. Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention provisoire quatre jours plus tard pour "corruption", une accusation qu'il rejette.

Son arrestation a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013.

Les autorités, qui avaient interdit temporairement les rassemblements à Istanbul, Ankara et Izmir, les trois principales villes du pays, avaient annoncé jeudi avoir arrêté à ce stade 1.879 personnes accusées d'avoir pris part à des manifestations illégales. (AFP, 1 avr 2025)

Face à la reconnaissance faciale, de nombreux manifestants couvrent leur visage et leur tête

Les autorités turques ont fait appel à tous les moyens technologiques disponibles pour endiguer la contestation qui secoue le pays, des restrictions d'accès au web à la reconnaissance faciale pour identifier les manifestants, contraints de s'adapter.

Près de 2000 personnes ont été arrêtées en Turquie depuis le 19 mars lors de manifestations, interdites par les autorités, pour dénoncer l'arrestation du maire d'Istanbul pour "corruption".

Outre celles interpellés durant des rassemblements, de nombreuses autres ont été cueillies à leur domicile, identifiées d'après les photos prises par la police au cours des manifestations.

Plus d'une dizaine de journalistes couvrant la contestation, dont le photographe de l'AFP Yasin Akgul, relâché jeudi, ont été accusés de participer à une manifestation interdite après avoir été identifiés par ces techniques.

Pour Orhan Sener, chercheur spécialisé dans les technologies numériques, l'arrivée de ces outils constitue un changement majeur par rapport à 2013, quand le mouvement de Gezi, parti de la protection d'un parc d'Istanbul, s'était transformé en une large contestation contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"La capacité des forces de l'ordre en termes de technologies de l'information a considérablement augmenté depuis. Pendant le mouvement Gezi, les opposants dominaient les réseaux sociaux et la police n'arrivait pas à les identifier", raconte le chercheur.

"Or aujourd'hui, lorsque vous participez à une manifestation en Turquie, votre visage est reconnu par une caméra et un système recoupe cette information avec votre profil sur les réseaux sociaux", ajoute-t-il.

Visages masqués

Face à ce risque, de nombreux manifestants couvrent leur visage et leur tête à l'aide de masques, d'écharpes et de bonnets.

A Istanbul, la police a exigé à plusieurs reprises qu'ils se démasquent pour filmer leurs visages et les laisser passer, suscitant l'anxiété et la détresse des plus jeunes, a constaté l'AFP.

"Chaque méthode de pression génère son antidote. Nous verrons bientôt davantage de vêtements, de lunettes ou de maquillage utilisés pour neutraliser les technologies de reconnaissance faciale", estime Arif Kosar, spécialiste de l'impact social des nouvelles technologies.

"Mais je ne pense pas que la reconnaissance faciale soit aujourd'hui le principal facteur de pression. Le recours à la désinformation pour ternir les manifestations, les neutraliser et diviser joue un rôle plus important", estime le chercheur.

Le président Erdogan a accusé à plusieurs reprises les manifestants de semer "la terreur dans les rues", de "vandalisme", d'avoir attaqué une mosquée et saccagé une tombe, ce que les opposants démentent.

"Les régimes autoritaires savent à présent utiliser Internet à leur profit. Ils ont trouvé le moyen de le censurer. Mais surtout, ils s'en servent pour leur propagande", explique Orhan Sener.
"Etat de surveillance"

Après l'arrestation du maire d'Istanbul, les autorités turques ont d'abord réduit la bande passante pour les internautes de la ville, rendant pendant 42 heures les réseaux sociaux inaccessibles dans la mégapole.

Elles ont aussi demandé au réseau social X la fermeture de plus de 700 comptes d'opposants, a annoncé la plateforme.

"Il n'y a aucune décision de justice pour la réduction de la bande passante ou le blocage des comptes X. Ces mesures sont mises en place de façon arbitraire", dénonce Yaman Akdeniz, juriste et président de l'Association de la liberté d'expression.

Il évoque une réglementation en cours de préparation qui imposerait aux messageries comme Whatsapp, Signal et Telegram d'ouvrir un bureau en Turquie et de communiquer l'identité de leurs utilisateurs aux autorités.

"Nous nous dirigeons vers un Etat de surveillance", déplore-t-il.

Les données sur les activités en ligne et l'identité des internautes sont communiquées par les fournisseurs d'accès à l'Autorité turque des technologies de l'information et de communication (BTK) depuis 2020, avait révélé en 2022 le site d'information Medyascope.

"Selon la loi, la BTK ne peut conserver les données collectées que pendant deux ans. Or nous avons vu que celles vieilles de dix ans ont été fournies aux procureurs lors de l'enquête sur le maire d'Istanbul", affirme M. Akdeniz.

"Cette conservation malgré la loi, dont on ne connaît pas la finalité, ouvre la voie aux pratiques arbitraires", poursuit-il.

"L'activisme dans le monde réel et en ligne étaient deux mondes différents autrefois. Ils sont aujourd'hui entrelacés", rappelle Orhan Sener.

Avec la reconnaissance faciale, "le gouvernement tente de décourager les manifestants de participer aux rassemblements tout en entravant leur mobilisation via les réseaux sociaux", résume-t-il. (AFP, 30 mars 2025)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Ouverture du procès des étudiants et journalistes arrêtés dans les manifestations

La justice turque a ouvert vendredi le procès de près de 200 personnes, dont de nombreux étudiants et huit journalistes, accusées d'avoir participé aux manifestations interdites qui ont suivi l'arrestation mi-mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Le parvis du tribunal d'Istanbul, où se déroulaient les audiences, était rempli vendredi de personnes venues manifester leur soutien - parents inquiets, professeurs d'université, camarades de promotion ou encore députés du principal parti d'opposition. Le tout sous l'oeil attentif d'un fort dispositif policier.

"Nous voulons la justice pour nos enfants ! Nos enfants doivent être sur les bancs des universités, pas en prison !", s'est indigné auprès de l'AFP Avni Gundogdu, cofondateur d'un réseau de solidarité entre parents.

A l'intérieur, deux cours examinaient le cas de 189 accusés, inculpés principalement pour avoir participé à des manifestations non autorisées survenues après l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan.

Les autorités turques, confrontées à une fronde d'une ampleur inédite depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim en 2013, avaient interdit temporairement toute manifestation à Istanbul, Ankara et Izmir, les trois principales villes du pays, après l'arrestation du maire d'opposition (CHP, social-démocrate).

- "Détentions arbitraires" -

Parmi les accusés se trouvent de nombreux étudiants et huit reporters, dont le photojournaliste de l'AFP Yasin Akgul. Initialement, ils étaient jugés au même titre que les 182 autres accusés, le parquet estimant incertain qu'ils se trouvaient aux manifestations en tant que journalistes.

"Les journalistes couvrent les manifestations, ils sont payés pour ça, ils étaient bien là en qualité de journalistes !", a plaidé leur avocat, Veysel Ok, obtenant finalement le renvoi de leur cas dans une audience séparée à une date ultérieure.

Le tribunal n'a en revanche pas accédé à sa demande d'abandonner les charges.

"Ces poursuites sont aussi arbitraires que leur détention et leur arrestation (...) La réponse aurait dû être l'acquittement immédiat", a réagi auprès de l'AFP Erol Onderoglu, de Reporters Sans Frontières (RSF).

Des dizaines d'autres personnes comparaissaient lors de la même audience. Certains sont aussi poursuivis pour port d'arme, dissimulation de leur visage ou encore incitation à commettre un délit, via des messages postés sur les réseaux sociaux encourageant à aller manifester.

"Nous n'avons pas peur", assène Sumeyye Belentepe, une étudiante venue afficher son soutien devant le tribunal. Elle aussi est visée par un procès, qui aura lieu en septembre. Mais elle garde "espoir" pour ses camarades: "Je ne pense pas que l'issue du procès aujourd'hui sera mauvaise".

Ils encourent des peines allant de six mois à cinq ans de prison, selon l'ONG Human Rights Watch.

- 819 personnes poursuivies -

Après l'arrestation de M. Imamoglu, des milliers de Turcs de tous les âges étaient descendus chaque soir dans les rues de dizaines de villes, pendant la première semaine de contestation.

La police a été prompte à répliquer, réprimant les manifestants à coups de gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et canons à eau pour les disperser.

Près de 1.900 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes du pays, dont beaucoup chez eux à l'aube, avaient annoncé le 27 mars les autorités turques. Elles n'ont pas fourni depuis de nouveau bilan.

Au total, 819 personnes sont poursuivies dans le cadre de ces manifestations, a indiqué début avril le parquet d'Istanbul.

"Les restrictions imposées par la Turquie au droit de réunion sont arbitraires et incompatibles avec une société démocratique", s'indigne dans un communiqué l'ONG Human Rights Watch, dénonçant "l'absence flagrante de preuves" dans la plupart des cas examinés vendredi.

"L'objectif de ces procès précipités est d'envoyer un avertissement contre la liberté d'expression et l'exercice du droit à manifester pacifiquement", estime Hugh Williamson, en charge de l'Europe et l'Asie centrale au sein de l'ONG.

Les prochaines audiences se tiendront le 3 octobre, a indiqué le tribunal, qui n'a en revanche pas précié quand serait examiné le cas des journalistes arrêtés.

Les grandes manifestations des premières semaines ont connu un coup de frein avec les fêtes de fin du ramadan.

La contestation a repris depuis une semaine et demi, mais elle concerne désormais surtout les étudiants des universités d'Istanbul et d'Ankara et, depuis quelques jours, les lycéens de dizaines d'établissements à travers le pays. (AFP, 18 avr 2025)

Trial of 5 journalists who covered Turkish protests set to open

The Committee to Protect Journalists calls on Turkey to drop charges against five photojournalists, whose trial begins on Friday, for allegedly taking part in protests in Istanbul last month.

The journalists could be jailed for up to three years for violating the law on gatherings and demonstrations. In the indictment, reviewed by CPJ, prosecutors argue that the journalists were participating in an illegal meeting as protesters. Photographs in which their press credentials and cameras were not visible were submitted as evidence to support this charge.

“This trial has been invented as a scare tactic to intimidate and deter all journalists in Turkey from reporting from the field. Experienced journalists should not be forced to explain in court why they were photographing Turkey’s biggest protests in a decade, in its biggest city,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Authorities should drop the charges against the five photojournalists who already suffer enough in trying to capture images of historic events while repeatedly being beaten, tear gassed and shot with rubber bullets.”

On March 24, Istanbul police raided the homes of Agence France-Presse’s Yasin Akgül, local NOW Haber TV channel’s Ali Onur Tosun, and freelancers Bülent Kılıç, Zeynep Kuray, and Hayri Tunç, as well as two photographers employed by local municipalities, Kuruluş Arı and Gökhan Kam.

All seven were arrested and then released on March 27, pending their April 18 trial.

Unrest broke out on March 19 following the detention of Istanbul Mayor Ekrem İmamoğlu, who is seen as a potential challenger to President Recep Tayyip Erdoğan.

CPJ’s email to Istanbul’s chief prosecutor requesting comment did not receive a response. (CPJ, 17 April 2025)


Deux nouveaux journalistes turcs arrêtés, selon RSF

Deux journalistes d'investigation turcs ont été arrêtés jeudi et leurs maisons perquisitionnées, venant ainsi grossir les rangs des reporters emprisonnés en lien avec la contestation suivant l'arrestation du maire d'Istanbul, a annoncé la branche turque de Reporters sans frontières (RSF),.

"Les journalistes d'investigation Timur Soykan et Murat Agirel, qui présentent des programmes sur YouTube après avoir quitté Halk TV, ont été arrêtés", a indiqué sur Bluesky le compte officiel de la branche turque de RSF, déplorant une "nouvelle journée noire pour la liberté d'informer".

"Selon le journal Birgün, des équipes de police fouillent les domiciles des deux journalistes" critiques du pouvoir, précise RSF.

Timur Soykan, un des journalistes d'investigation les plus connus du pays, et Murat Agirel avaient récemment révélé dans une émission sur YouTube ce qui constituaient selon eux des irrégularités dans les enquêtes visant le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu et six autres maires du CHP (parti d'opposition, social-démocrate), indique RSF.

Ekrem Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention provisoire quatre jours plus tard pour "corruption", une accusation qu'il rejette. Son arrestation a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013.

Selon le syndicat turc des journalistes (TGS), les deux journalistes "ont été placés en garde à vue lors d'une opération à l'aube, alors qu'ils avaient annoncé se rendre au bureau du procureur pour témoigner" sur les enquêtes en cours.

Dans un message posté sur X, Cafer Mahiroglu, le PDG de Halk TV où les deux journalistes travaillaient jusqu'en mars dernier, a jugé "inacceptable" cette arrestation "lors d'une descente à domicile, le jour où ils devaient témoigner".

"La famille Halk TV les soutient tous les deux", a-t-il ajouté.

Au total, au moins 13 journalistes turcs ont été arrêtés depuis le début de la contestation. Sept d'entre eux ont été mis en examen, dont un photographe de l'AFP, sorti de détention. Ils comparaitront vendredi 18 avril devant la Cour criminelle de première instance d'Istanbul.

Un journaliste suédois a aussi placé en détention à Istanbul, accusé de "terrorisme" et "d'insulte au président" Recep Tayyip Erdogan. (AFP, 10 avr 2025)

Journalists in Turkey arrested, beaten, deported amid government crackdown on opposition

In the weeks since the March 19 detention of Istanbul Mayor Ekrem İmamoğlu, a potential challenger to Turkish President Recep Tayyip Erdoğan in the next presidential race, along with other members of the opposition Republican People’s Party (CHP), civil unrest has erupted in western Turkey.

The government, controlled by Erdoğan’s Justice and Development Party (AKP), launched a crackdown against CHP-controlled Istanbul municipalities, including two district municipality mayors and dozens of other politicians and municipality personnel, citing accusations of corruption. But authorities have since arrested thousands of protesters and have moved aggressively to tamp down media coverage of the demonstrations.

Authorities have raided the homes of at least nine journalists, detaining them along with at least four other journalists arrested while covering the protests, while hurting numerous others. Media regulators have also imposed suspensions and fines on pro-opposition broadcasters and threatened to cancel the licenses of TV channels covering the protests.

While many of the journalists arrested in the initial sweep have been released, press freedom advocates are concerned that authorities are deliberately targeting them to suppress coverage, as the government has done during times of civil unrest or protests in recent decades.

Since March 19, CPJ has documented the following press freedom violations:

Detentions

On March 19, police detained freelance reporter and TV commentator İsmail Saymaz at his house in Istanbul. Saymaz, who has worked for pro-opposition outlets such as Halk TV and Sözcü, was put under house arrest pending investigation on March 21 for “assisting an attempt to overthrow the government” based on his interviews from years ago.

On March 23, police detained Zişan Gür, a reporter for the leftist news website Sendika, from the field in Istanbul. He was released on March 27.

On March 24, police detained five photojournalists who had covered the protests during raids on their homes in Istanbul: Yasin Akgül of Agence France-Presse (AFP), Ali Onur Tosun of NOW Haber, as well as freelancers Bülent Kılıç, Zeynep Kuray, and Hayri Tunç. An Istanbul court arrested the five for “violating the law on gatherings and demonstrations” on March 25, but they were released the following day. Prosecutors had argued that they were actually protesters, citing select police camera shots of them as evidence.

On March 24, police detained freelance photojournalist Murat Kocabaş at his house in in the western city of Izmir. He was released on March 27.

On March 25, police detained freelancer Yağız Barut as he was covering the protests in Izmir. He was released on March 27.

On March 27, authorities arrested Kaj Joakim Medin, a Swedish reporter for newspaper Dagens ETC who was traveling to Istanbul to follow the protests, upon his arrival at the Istanbul airport. He was accused of insulting Erdoğan and of being a member of a terrorist organization, in relation to a 2023 investigation.

On March 28, police detained Nisa Sude Demirel, a reporter with the leftist daily Evrensel, and Elif Bayburt, a reporter with leftist outlet ETHA, at their houses for covering the Istanbul protests. They were both released the following day.

Turkey has a history of imprisoning journalists, having been ranked among the top 10 worst jailers of journalists from 2012 to 2023, and the recent drop in number of journalists behind bars may be misleading as an indicator on its own.

Deportation

On March 27, Istanbul police detained BBC correspondent Mark Lowen and deported him on a flight to London for covering the protests.
Injuries

From March 21 to 23, at least 14 journalists were injured after being beaten or shot with rubber bullets by Istanbul police, while one reporter was assaulted by the protesters, according to the local media freedom group MLSA. Police also damaged journalists’ equipment.

Censorship

Ebubekir Şahin, the government-appointed chair of the media regulator RTÜK, has threatened to revoke the broadcast licenses of Turkish TV channels covering the protests and opposition rallies.

On March 27, RTÜK imposed heavy penalties on multiple pro-opposition TV channels, though the sanctions didn’t immediately go into effect since they can be challenged in court. Sözcü TV would have to stop broadcasting for 10 days if its appeal is rejected.

CPJ emailed RTÜK and the Turkey’s Interior Ministry, which oversees the police, for comment but didn’t immediately receive any replies. (CPJ, April 2, 2025)

Libération de 11 personnes arrêtées après des appels au boycott

Onze personnes interpellées pour avoir relayé des appels au boycott lancés par l'opposition turque après l'arrestation du maire d'Istanbul ont été relâchés sous contrôle judiciaire jeudi soir en Turquie, où les autorités tentent par tous les moyens d'éteindre une contestation inédite depuis 2013.

Parmi les onze personnes arrêtées figurait l'acteur Cem Yigit Uzumoglu ayant incarné Mehmed le Conquérant dans un docufiction diffusé sur Netflix, a annoncé jeudi le Syndicat turc des acteurs dont des cadres se sont dirigés en milieu de journée vers le palais de justice d'Istanbul où les prévenus ont été déférés.

"Nous sommes libres de protester, d'exprimer nos opinions et nous continuerons à l'être. Et s'il y a un obstacle à cela, nous continuerons à nous battre", a affirmé M. Uzumoglu après sa libération aux journalistes.

Les personnes arrêtées étaient poursuivies pour "incitation à la haine", a rapporté jeudi matin l'agence officielle turque Anadolu.

Le parquet général d'Istanbul a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête contre les personnes ayant lancé ou partagé des appels au boycott, qui ont gagné en force ces derniers jours, au moment où les manifestations se tarissaient dans les rues d'Istanbul et d'Ankara en raison de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition, a appelé les Turcs à une journée sans achat mercredi en soutien aux centaines d'étudiants placés en détention depuis le début de la contestation, déclenchée par l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan.

À Istanbul et Ankara, la capitale, des cafés, bars et restaurants ont choisi de rester fermés mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le patron du CHP, Özgür Özel, appelle en outre depuis la semaine passée à boycotter des dizaines d'entreprises et de groupes turcs réputés proches du pouvoir.

 - "Irresponsables" -

 Mercredi, une actrice d'une série diffusée par la chaîne publique turque TRT avait déjà fait les frais d'une publication relayant un appel au boycott.

La chaîne avait dans un communiqué annoncé retirer l'actrice du casting de la série, toujours en cours.

En parallèle, le groupe de rock britannique Muse annonçait repousser un concert prévu en juin à Istanbul, en réponse à des appels au boycott visant l'organisateur de l'événement, accusé de soutenir le gouvernement face aux manifestants.

La semaine passée, le président Erdogan avait fustigé les "appels irresponsables au boycott" émanant de l'opposition et de groupes d'étudiants, affirmant qu'aucune entreprise turque ne serait "laissée à leur merci".

Les autorités, qui ont annoncé jeudi dernier avoir arrêté depuis le 19 mars près de 1.900 personnes accusées d'avoir pris part à des manifestations illégales, ont bloqué plusieurs sites internet listant les entreprises à boycotter.

Mercredi, le ministre turc du Commerce s'est rendu dans un supermarché d'Ankara pour y remplir un chariot de provisions, voulant "donner une bonne leçon" aux boycotteurs.

Le gouvernement a affirmé que le volume des achats avait doublé entre mardi et mercredi, sans préciser que mardi était un jour férié dans le pays, où des millions de personnes regagnaient leur domicile au terme des fêtes de l'Aïd.

L'arrestation d'Ekrem Imamoglu, destitué et placé en détention provisoire le 23 mars pour "corruption", une accusation qu'il rejette, a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013. (AFP, 3 avr 2025)

Turkey’s state broadcaster fires actress, removes series over support for opposition's boycott

Turkey’s state broadcaster TRT has dismissed actress Aybüke Pusat and pulled a completed series from its streaming platform after she publicly supported a nationwide boycott campaign led by the opposition.

Pusat, one of the lead actors in Teşkilat (The Shadow Team), a spy-action series centered on Turkey’s intelligence agency, shared a post yesterday backing the one-day "no shopping" boycott organized by the main opposition Republican People’s Party (CHP). The boycott followed protests sparked by the detention of İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu.

After sharing the post, Pusat was targeted by pro-government social media accounts, which called for her dismissal from the TRT series. The next day, TRT confirmed her removal in a written statement.

"It is never acceptable for people involved in the projects of TRT, which represents our nation, to be a part of a political campaign, which is clearly initiated by a political party, targets the economy of our country, aims to design politics and society, and polarizes the nation," the broadcaster said.

TRT also stated that “being used as a tool in a boycott campaign driven by the political goals of a certain group clearly violates TRT’s principles, public broadcasting values, and professional ethics.”

“It is not acceptable for someone to act in TRT productions while also supporting a boycott that targets TRT itself with baseless accusations,” the statement continued.

The CHP’s boycott has included state media and pro-government outlets, accusing them of ignoring the massive protests over İmamoğlu’s detention in their coverage.

TRT further stated that although episodes featuring Pusat had already been filmed, it would revise the storyline to remove her scenes.

The decision drew criticism from screenwriter Ali Aydın, who worked on the 2023 TRT series Rumi, which was streamed on TRT’s platform Tabii and portrayed the life of the 13th-century Islamic scholar and poet Mevlana Jalaluddin Rumi. In a social media post, Aydın said, “If you fire an actor from Teşkilat for exercising their democratic right under the threat of hired trolls, you may also have to remove one of Tabii’s most-watched series from your library. Just a reminder.”

TRT General Director Zahid Sobacı responded on social media, saying, “This person has no institutional ties to TRT and worked on a project completed years ago.”

He added, “But TRT will not and has never tolerated the toxic rhetoric of those who try to pressure others through threats while aiding boycott calls that target our country’s economy.”

Shortly after, the Rumi series was removed from the Tabii platform. (BIA, April 2, 2025)

Le groupe britannique Muse renonce à se produire à Istanbul

Le groupe britannique Muse a annoncé mercredi l'annulation de son concert prévu le 11 juin à Istanbul "à l'appel de (ses) fans" qui accusaient l'organisateur de soutenir le pouvoir turc, vivement critiqué pour l'incarcération du populaire maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.

"Après mûre réflexion, après avoir entendu les appels de nos fans et afin de respecter pleinement leurs préoccupations, notre show à Istanbul est désormais reporté à 2026 afin de garantir que DBL Entertainment ne sera pas impliqué", écrit le groupe dans un message posté sur X, salué plus de 70.000 fois en moins d'une heure.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux fans du groupe de rock appelaient ces derniers jours à boycotter le concert en soutien aux manifestants qui ont dénoncé depuis le 19 mars l'arrestation du maire d'Istanbul.

Cette mobilisation avait poussé l'organiseur, DBL Entertainement, à se retirer de l'événement.

"Merci pour votre soutien continu, cela compte beaucoup pour nous. Rendez-vous en 2026 !", ajoute Muse qui suscite les commentaires enthousiastes de ses abonnés.

"Merci les gars! A bientôt dans un Istanbul libre, quand Imamoglu aura été libéré", s'exclame @BaBaZuLa. "Quand ce jour viendra, nous serons tous là, dans un Istanbul libre. Ce sera un souvenir inoubliable pour nous tous (...). Merci beaucoup pour votre précieux soutien", ajoute une jeune femme, @fulyemik.

Après la mobilisation dans les rues, l'opposition a appelé à boycotter des dizaines d'enseignes dont les leaders sont jugés proches du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan.

Près de 2.000 personnes, dont plusieurs centaines d'étudiants et de jeunes, ont été arrêtées depuis le début de la contestation dans le pays le 19 mars.

Le responsable de la société organisatrice du concert, Abdülkadir Özkan, évoquant des déclarations "sorties de leur contexte", avait annoncé mardi "se retirer de tous les projets" musicaux dans lesquels elle est impliquée afin de ne pas nuire aux artistes venant se produire en Turquie.

M. Özkan avait condamné samedi des jets de projectiles sur une franchise d'une chaîne de cafés visée par ces appels au boycott, en marge d'une manifestation monstre - dans le calme - de plusieurs centaines de milliers de personnes.

"L'organisateur de ce concert soutient le fascisme. Contre la jeunesse. Réfléchissez-y à deux fois", avait écrit en réaction sur X l'actrice turque Berna Laçin, sous une publication du groupe Muse annonçant l'ouverture imminente des ventes pour son concert.

"Si vous avez un peu de dignité (...) annulez cet événement", exhortait un autre internaute dans un message aimé plusieurs milliers de fois.

M. Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, devait être le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), première force d'opposition, à l'élection présidentielle de 2028.

Son arrestation pour "corruption" puis son incarcération, le 23 mars, a déclenché une vague de contestation sans précédent en une décennie.

Après les manifestations, le CHP a tenté de maintenir la contestation en appelant mercredi cafés, commerces et restaurants à garder le rideau fermé. Un boycott diversement suivi à Istanbul et Ankara, a constaté l'AFP. (AFP, 2 avr 2025)

Amende "substantielle" pour Meta après un refus de retirer des contenus

Les autorités turques ont infligé à Meta une amende "substantielle" pour son refus de retirer de ses réseaux sociaux certains contenus, a indiqué mardi l'entreprise à l'AFP, sur fond de mouvement de protestation en Turquie.

"Nous nous sommes opposés aux demandes du gouvernement de restreindre l'accès à des contenus qui sont clairement dans l'intérêt public", a expliqué un porte-parole du groupe californien, "et nous avons été sanctionnés financièrement en conséquence."

Meta contrôle les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Threads.

L'interpellation, le 19 mars, du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure du parti d'opposition CHP et principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a déclenché une vague de contestation qui a notamment vu plusieurs centaines de milliers de personnes se rassembler dans la première ville du pays samedi.

Des centaines de personnes ont été arrêtées après cette manifestation monstre.

"Nous voyons la liberté d'expression comme un droit fondamental, et nos plateformes devraient être un lieu où les utilisateurs du monde entier peuvent l'exercer", a fait valoir le porte-parole.

Parallèlement, selon Yusuf Can, du centre de réflexion Wilson Center, basé à Washington, X a suspendu plusieurs comptes de personnalités de l'opposition turque, sur requête des autorités.

Sollicité par l'AFP, X n'a pas donné suite dans l'immédiat.  (AFP, 1 avr 2025)

Premier message du journaliste suédois détenu en Turquie

Le journaliste suédois Joakim Medin, placé en détention en Turquie notamment pour "terrorisme", a donné mardi de premières nouvelles depuis sa cellule via son avocat et publiées par son employeur, le quotidien Dagens ETC.

"L'avocat a enfin pu rencontrer aujourd'hui Joakim Medin dans la prison de Silivri. Il était de bonne humeur. Il est bien nourri, il peut faire de l'exercice, il y a un jardin. Il est à l'isolement, mais il peut encore parler à d'autres prisonniers entre les barreaux. Il lui manque encore un livre à lire, mais il l'obtiendra", a précisé Andreas Gustavsson, rédacteur en chef du journal, cité dans l'article.

Le journaliste a été arrêté jeudi à Istanbul où il venait couvrir la vague de manifestations qui secoue la Turquie depuis l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu. Il a été incarcéré vendredi, accusé de "terrorisme" et "d'insulte au président" Recep Tayyip Erdogan.

Ces charges sont "absurdes", a affirmé Dagens ETC.

"Il n'y a pas grand-chose à dire sur la procédure elle-même à ce stade. Je crois savoir qu'elle s'est achevée en quelques minutes lorsqu'il a été déféré devant le procureur. Il y a encore beaucoup de choses à régler. Mais il a une équipe juridique qui travaille pour lui. Et je pars du principe que d'autres efforts sont déployés côté suédois", a ajouté le rédacteur en chef.

Selon l'association turque de défense des droits humains MLSA, dont un avocat a pu s'entretenir avec le Suédois, celui-ci a été privé d'avocat et d'interprète lors de son interrogatoire.

"La police a utilisé Google Traduction pour traduire", écrit MLSA, qui affirme qu'un policier a signé à sa place un document qu'il ne comprenait pas et refusait de parapher.

Lors de son interrogatoire, le journaliste a nié sa participation à une manifestation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm en janvier 2023 lors de laquelle une effigie de Recep Tayyip Erdogan avait été pendue par les pieds, selon MLSA.

Egalement interrogé sur une photographie le montrant avec un drapeau des Unités de protection du peuple kurde (YPG), que les autorités turques considèrent comme une extension en Syrie du PKK, le Suédois a affirmé que le cliché avait été pris après qu'une personne lui a tendu la bannière.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a dit suivre l'affaire de près.

"Je n'ai pas eu de contact avec le président turc à ce sujet, du moins pas encore. Pour l'instant, la question est traitée par le ministère des Affaires étrangères", a-t-il affirmé mardi.

Sur un bout de papier daté du 1er avril, dont une photo a été envoyée par son avocat à Dagens ETC, Joakim Medin écrit, à la main, "le journalisme n'est pas un crime, dans aucun pays".

La ministre suédoise des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard a annoncé dimanche qu'elle discuterait de l'affaire avec son homologue turc cette semaine lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan. (AFP, 1 avr 2025)


Folk singer Volkan Konak dies on stage during Cyprus concert

Volkan Konak, a prominent folk singer, died after suffering a heart attack on stage during a concert in İskele, Northern Cyprus late yesterday. He was 58.

Konak collapsed while performing and received emergency medical intervention at the scene before being transported to a hospital. Despite efforts to revive him, he was pronounced dead shortly after midnight.

According to a statement from Gazimağusa State Hospital, emergency services were alerted around 23.23, and a medical team was dispatched to the concert venue. “Initial medical intervention was carried out by doctors present at the scene, followed by the 112 emergency team,” the hospital said.

Konak was intubated and transported to the hospital, where he was admitted as "ex duhul," a clinical term indicating arrival in a non-responsive state. He was immediately moved to the CPR unit.

“A team consisting of an anesthesiologist, emergency physicians, and internal medicine and cardiology specialists provided advanced life support for 25 minutes,” the hospital stated.

“Despite all efforts, there was no response, and taking into account the clinical process, CPR was terminated at 00.42 and the artist was declared deceased.”

His body was transferred from Famagusta State Hospital’s morgue to the Forensic Medicine Unit at Dr. Burhan Nalbantoğlu State Hospital in Lefkoşa for an autopsy.

Following the autopsy, Konak’s remains are expected to be transported to Turkey by plane.

About Volkan Konak

Volkan Konak was a musician known for his fusion of traditional Turkish folk music with modern elements.

Born in the Yeşilyurt village of Maçka, Trabzon Province, Konak completed his primary and secondary education locally. In 1983, he enrolled at Istanbul Technical University's Turkish Music State Conservatory, graduating in 1988. He then pursued a master's degree in social sciences, focusing on folk music, at the same institution.

Konak's musical journey began in 1987 with his debut album, "Suların Horon Yeri," featuring compilations of regional folk songs. He gained widespread acclaim with subsequent albums, including "Efulim" (1993), "Gelir misin Benimle?" (1994), and "Volkanik Parçalar" (1996). In 1998, he established his own production company, Kuzey Müzik Prodüksiyon, releasing the album "Pedaliza."

His 2006 album "Mora" achieved significant success, earning a gold certification from MÜ-YAP, the Turkish Phonographic Industry Society.  Konak was affectionately known as "Kuzeyin Oğlu" (Son of the North), a testament to his deep connection to the Black Sea region.

On the night of Mar 30, 2025, while performing in İskele, Northern Cyprus, Konak collapsed on stage due to a heart attack. Despite immediate medical attention, he was pronounced dead shortly after midnight on Mar 31 at the age of 58. (BIA, 31 March 2025)

Kurdish Question / Question kurde

Accord entre les Kurdes et Damas sur un barrage stratégique

L'administration autonome kurde et les autorités de Damas sont convenues jeudi de la formation d'une administration conjointe pour gérer un barrage stratégique dans le nord de la Syrie, a indiqué une source kurde.

Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un accord bilatéral conclu mi-mars, visant à intégrer les institutions de l'administration autonome dans l'État syrien.

"Un accord a été conclu entre l'administration autonome et le gouvernement syrien pour la gestion du barrage de Techrine", a déclaré une source kurde à l'AFP.

Selon cette source, "les forces militaires (kurdes) se retireront complètement de la zone du barrage, qui sera placée sous le contrôle sécuritaire de la sécurité générale" relevant de la nouvelle autorité.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), bras armé de l'administration autonome, contrôlent le barrage stratégique de Techrine, situé près de Manbij, dans la province d'Alep.

Quelques jours après l'arrivée au pouvoir des islamistes à Damas le 8 décembre, le barrage a été la cible de frappes de drones turcs qui ont causé la mort de dizaines de civils, selon les Kurdes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Le barrage revêt une importance stratégique, car il fournit de l'électricité à de vastes régions de Syrie. Il constitue également une porte d'entrée vers la région de l'est de l'Euphrate, sous contrôle de l'administration kurde.

Selon la source kurde, cet accord intervient "en application de l'accord signé entre le commandant des FDS, Mazloum Abdi, et le président syrien Ahmad al-Chareh", le 11 mars.

Cet accord a été suivi, ce mois-ci, par le retrait des forces kurdes de deux quartiers majoritairement kurdes de la ville d'Alep, ainsi que par la réduction de la présence militaire des factions pro-Ankara dans la région majoritairement kurde d'Afrine.

Damas n'a pas émis de déclaration sur l'accord concernant le barrage de Techrine.

Selon l'OSDH, l'accord prévoit que l'administration autonome supervise "les travaux de restauration et de réparation du barrage".

Il a ajouté que des membres des forces de sécurité intérieure kurdes participeront aux équipes chargées de la protection de l'installation, aux côtés d'agents de sécurité de la nouvelle autorité.

L'administration autonome kurde contrôle de vastes territoires dans le nord et l'est de la Syrie.

Son bras armé, soutenu par Washington, a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l'organisation État islamique, qu'il a défait territorialement en 2019.

Malgré l'accord avec M. Chareh, l'administration autonome a vivement critiqué le gouvernement qu'il a formé fin mars, se disant non concernée par l'application ou l'exécution des décisions qui émane de celui-ci, car il ne "refléte pas la diversité" de la Syrie. (AFP, 10 avr 2025)

Du nouveau sur le front kurde en Syrie

Le journaliste Chris den Hond, qui se dit optimiste pour l’avenir du Rojava et pour les Kurdes en Syrie, nous donne quatre « bonnes nouvelles » concernant les Kurdes syriens.

Nous les partageons avec vous ci-dessous.

1. Il y a un cessez-le-feu entre la Turquie et les Forces démocratiques syriennes [FDS] autour de Kobané. Ce qui permet la réparation du barrage de Tishrin, depuis la chute d’Assad, bombardé tous les jours par de drones et F-16 turcs.

2. Les forces kurdes YPG-YPJ se sont retirées de deux quartiers d’Alep à majorité kurde (Cheikh Maksoud et Ashrafiye). La sécurité des habitants sera assurée par les Asayijs, une police kurde, qui va se coordonner avec Damas. Ce qui implique une de facto reconnaissance par Damas de la police kurde dans ces quartiers d’Alep. Tout ça pour permettre un échange de prisonniers.

3. Des milices syriennes pro-turcs équipées et payées par la Turquie, qui ont une réputation de voleurs, violeurs et pilleurs sont en train de se retirer de la province d’Afrin et bientôt aussi de la bande entre Tal Abyad et Serekeniye. Des milliers de déplacés internes sont en train de rentrer dans la province d’Afrin, d’où ils étaient chassés en 2018 par l’armée turque et leurs proxis dans un vrai nettoyage ethnique. Des commandants FDS nous avaient déjà dit en 2019 que, si on impose un no fly zone à la Turquie, les Forces démocratiques syriennes (FDS), chasseraient ces milices en trois semaines. Les FDS sont une alliance entre Kurdes, Arabes et Syriaques, qui ont obtenu une autonomie politique et militaire dans le nord et l’est de la Syrie. Aujourd’hui c’est mieux : la Turquie et ses milices de « bandits » comme on les appelle là-bas vont devoir quitter ces zones pendant que les habitants originaux vont revenir. La sécurité d’Afrin et après de la zone Tal Abyad-Serekeniye sera de nouveau assurée par les Asajish, une police kurde, en coordination avec Damas. Ce n’est pas encore clair quelle force va sécuriser Tal Abyad-Serekeniye, mais cette force devrait se coordonner avec l’administration autonome du nord et l’est de la Syrie.

4. Le ministre de l’éducation nationale est un Kurde. Il ne représente pas les Kurdes, mais il était vice-recteur de l’université de Damas sous le régime Assad. Il vient de décider (c’est pas encore 100% officiel) que les diplômes, obtenus par les élèves dans les universités du Nord et l’Est de la Syrie (Qamishli, Raqqa, Kobanê, jusqu’ici reconnus par personne) seront reconnus par les autorités de Damas.

La raison de ces avancées? Ahmad Al Chara est sorti très affaibli des massacres des Allaouites et a besoin d’une Syrie pacifiée. Il ne veut pas non plus être le simple exécuteur des ordres d’Ankara, même si la Turquie garde une influence (trop) importante dans la mise en place de la nouvelle Syrie. Les Druzes et les alaouites regardent avec beaucoup d’intérêt ces évolutions, puisqu’ils ont envie de conclure le même type d’accords pour arriver vraiment à une Syrie « inclusive ».

Voilà. Bientôt d’autres bonnes nouvelles, Inch’Allah… (Kurdistan Au Féminin, 1er avril 2025)

Des combattants kurdes quittent Alep dans le cadre d'un accord avec les autorités

Des combattants kurdes se sont retirés vendredi de deux quartiers de la ville d'Alep en Syrie, selon un responsable local et un média d'Etat, dans le cadre des efforts en cours pour intégrer les institutions dirigées par les Kurdes dans le nouvel Etat syrien.

"Plus de 500 combattants" ont quitté la ville du nord de la Syrie, a affirmé à l'AFP Nouri Sheikho, haut responsable du conseil local dans les quartiers à majorité kurde d'Achrafiya et de Sheikh Maksoud d'Alep.

Ces forces, a-t-il indiqué, se dirigent vers des secteurs du nord-est de la Syrie sous contrôle de l'administration autonome kurde, qui contrôle de larges zones dans la région.

Cette structure a conclu mi-mars un accord pour intégrer ses institutions dans l'Etat avec le nouveau pouvoir syrien, qui cherche à unifier le pays, morcelé par plus de 13 ans de guerre civile, après le renversement le 8 décembre de Bachar al-Assad.

Un accord conclu début avril entre le conseil d'Achrafiya et Sheikh Maksoud et des représentants des nouvelles autorités prévoyait le retrait des combattants kurdes.

L'agence de presse officielle Sana a indiqué qu'un convoi de combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, avait "quitté les quartiers de Sheikh Maksoud et d'Achrafiya (...) sous supervision du ministère de la Défense".

Elle a publié une vidéo montrant des véhicules chargés de combattants en tenue militaire.

Les combattants kurdes ont contrôlé les deux quartiers d'Alep pendant des années, et avaient étendu leur présence alentour, avant d'être repoussés fin 2024 par des forces proturques.

Ces combats ont coïncidé avec l'offensive éclair d'une coalition rebelle emmenée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a pris Damas le 8 décembre.

Jeudi, dans le cadre du même accord concernant Achrafiya et Sheikh Maksoud, les autorités kurdes et nationales ont procédé à un échange de prisonniers.

Selon M. Sheikho, "146 civils et soldats ont été libérés par le gouvernement", en échange de "97 personnes" détenues par les Kurdes.

L'administration autonome a contesté dimanche la légitimité du nouveau gouvernement syrien annoncé par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, affirmant n'être pas liée "par l'application ou l'exécution des décisions émanant de ce gouvernement".

Dominé par les alliés de M. Chareh, le cabinet de 23 membres  comprend un seul membre kurde, qui n'est pas originaire du territoire sous le contrôle de l'administration autonome.
(AFP, 3 avr 2025)

MHP and DEM Party exchange Eid visits for the first time

The Nationalist Movement Party (MHP) and the pro-Kurdish Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party exchanged Eid al-Fitr greetings for the first time on the second day of the holiday.

The visit marked a rare moment of direct engagement between the two parties, which have long been on opposing ends of Turkey's political spectrum. Both delegations held mutual visits at each other's headquarters in Ankara.

MHP Secretary-General İsmet Büyükataman led the MHP delegation, accompanied by party executives They were received by DEM Party Deputy Co-Chairs Öztürk Türkdoğan and Yüksel Mutlu, and Bitlis MP Hüseyin Olan.

During the visit, officials from both parties also acknowledged their differing views on the massive protests that followed the Mar 19 arrest of the İstanbul mayor, expressing their positions in a measured and conciliatory tone.

Speaking during the visit, Büyükataman said, “As the MHP, following the discretion of our chairman, we are exchanging greetings with all political parties except the CHP. These are days when friendships are rekindled and brotherhood is reaffirmed.”

Türkdoğan responded by calling for the release of imprisoned politicians, students, and activists, referring to recent detentions during protests against operations targeting the İstanbul Metropolitan Municipality. “We hope this will be the last time we experience such a somber holiday. We wish to build a new Turkey in honorable peace, one where the people’s will is respected,” he said.

Commenting on protests, Büyükataman said, “Everyone living in this country should be able to express their reactions through democratic means, but this must be within the bounds of law and the constitution.”

Mutlu also emphasized DEM’s longstanding opposition to the appointment of government trustees in place of elected mayors, adding, “We believe no one should be imprisoned for their thoughts, beliefs, or democratic rights.”

Simultaneously, a DEM Party delegation visited MHP headquarters. The delegation, led by spokesperson Ayşegül Doğan, included Hakkari MP Onur Düşünmez and party official Zeyno Bayramoğlu. They were welcomed by MHP Deputy Chair Zuhal Topçu and other senior party figures.

Doğan highlighted the significance of cross-party dialogue in a politically polarized environment. “Different political parties establishing contact for the future of the country and the construction of a democratic society is valuable,” she said.

Referencing the Feb 27 statement from imprisoned PKK leader Abdullah Öcalan calling on the militant group to dissolve itself after four decades of armed insurgency, Doğan added, “Turkey is facing a historic opportunity, and we must do everything within our power to seize it.”

She stressed the need for political will to sustain the peace initiative, saying, “The words have been spoken. They cannot be postponed. These promises must be fulfilled without delay.”

In response, Topçu acknowledged the importance of the moment. “We have entered an important process. Hopefully, this will continue. What matters most is Turkey’s future,” she said, adding that MHP leader Devlet Bahçeli had taken the first step and that “very positive developments” could follow.

The exchange of visits took place amid growing public attention on the renewed discussions over a potential resolution to the Kurdish issue. (BIA, 31 March 2025)

PKK leader Öcalan meets family members on Eid

Abdullah Öcalan, the jailed leader of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK), met with family members on the occasion of Eid al-Fitr, marking a rare visit permitted at İmralı Island Prison. Three other prisoners held at the facility, Ömer Hayri Konar, Hamili Yıldırım, and Veysi Aktaş, were also allowed family visits.

The visits took place as part of the holiday visitation rights granted by prison authorities, Mezopotamya Agency (MA) reported. Öcalan met with his nephew, Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party MP Ömer Öcalan.

Family visits to Öcalan have long been restricted. Since 2014, he has been allowed to meet with relatives only seven times. The previous visit took place on Oct 23, following a 44-month period of total incommunicado detention. That visit, which involved Ömer Öcalan, came amid a broader political initiative launched by the ruling bloc in October to address the Kurdish issue.

The other inmates have also faced severe limitations. Konar and Aktaş, both transferred to İmralı in March 2015, have each had only four family visits to date, including this one. Yıldırım has had just three.

Lawyer access has similarly been restricted. Öcalan has had only five meetings with his legal team over the past 14 years, the last of which took place on Aug 7, 2019. Konar, Yıldırım, and Aktaş have not had any lawyer visits since being moved to İmralı.

On Mar 28, the Asrın Law Office, which represents Öcalan and the other prisoners, stated that 52 requests for family and lawyer visits had gone unanswered and called on the Committee for the Prevention of Torture (CPT) to urgently visit the prison.

As part of ongoing political engagement, a DEM Party delegation visited İmralı three times, on Dec 28, Jan 22, and Feb 27, within the framework of efforts to find a democratic and peaceful resolution to the Kurdish issue. After the third meeting, Öcalan issued a call for the PKK to lay down its arms after four decades of armed insurgency. (BIA, 31 March 2025)

Syria’s Kurds reject legitimacy of new government

The Kurdish-led administration in northwestern Syria on Sunday rejected the legitimacy of the new national government formed by the coalition that toppled longtime autocrat Bashar al-Assad in December.

“Any government that does not reflect the country’s diversity and plurality cannot ensure proper governance of Syria,” it said in a statement a day after the announcement of the government’s formation.

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“As a result, we do not consider ourselves bound by the implementation or enforcement of decisions made by this government,” the statement added.

President Ahmed al-Sharaa on Saturday announced a transitional government replacing the caretaker authorities in place since al-Assad’s ouster.

Its 23 members only includes one Kurdish member who is not from the territory under the control of the Kurdish administration.

Last month, the Kurdish administration struck a deal to integrate into state institutions, with the new leadership seeking to unify the country after more than 13 years of civil war.
A coalition led by al-Sharaa’s group “Hayat Tahrir al-Sham” (HTS) seized power in Syria on December 8 after a lightning offensive ended the al-Assad family’s five decades of iron-fisted rule.

Al-Sharaa was named interim president in January. (ANF, 30 March 2025)


Minorités / Minorities

Urgent call to international institutions and the international community for Alawites

With the overthrow of the Damascus administration on December 8, 2024, jihadist forces have seized power under the umbrella of Hay’at Tahrir al-Sham’s leadership (HTS). This organisation lacks international legitimacy and we are witnessing a wave of violence characterised by attacks, massacres, executions, displacement, looting attempts, and disappearances that violate human rights and dignity. These acts are particularly directed against Christians, Druze, Armenians, and especially Alawites, who are part of Syria’s ancient communities. Salafi-jihadist organisations operating under HTS, led by Abu Muhammad al-Golani—a former member of both al-Qaeda and ISIS—have made their presence known in the last three months, particularly through targeted massacres against the Alawite community. In recent days, news, images from the region, and reports from international institutions, particularly the UN, have clearly demonstrated that the Golani administration is pursuing a policy of genocide against the Alawites.

Specifically, the massacres began on March 4, 2025, when jihadist groups affiliated with HTS and armed militants directed by HTS attacked civilians in Datur (Datour), a poor Alawite neighbourhood in Latakia. This violence spread to the countryside of Jabla on March 5 and culminated in a blatant genocide against the Alawites on March 6, 7, and 8. History clearly demonstrates that an armed, majoritarian, supremacist, and fervently religious group, like HTS, offers nothing but bloodshed and death to humanity. Furthermore, as scientists, academics, and artists, we firmly assert that no act of genocide can be justified by associating a targeted community with any specific leader or movement. This perspective only serves to legitimise further atrocities.

We, the undersigned, stand against the genocide of the Syrian Alawite population that has occurred under the gaze of the world. This is our urgent call for the following demands to be actioned:

We urge the international community and relevant institutions to demonstrate the necessary sensitivity to this crisis and to activate all appropriate mechanisms.

First and foremost, Turkey, which has supported the HTS regime from the outset and has a significant Alawite population within its borders, must withdraw its support for the HTS regime.

We call for the establishment of a humanitarian aid corridor from Turkey’s Hatay province to Latakia in Syria, allowing for the delivery of essential humanitarian aid by Turkey and international organisations to meet the basic needs of the Alawite population, particularly those who have sought refuge in the mountains with Russian bases to escape the genocide perpetrated by HTS, thus protecting them from hunger and disease.We demand the immediate deployment of international observers to the areas where genocide has occurred. We also call for swift local, regional, and international measures to prevent the looting of both the material and spiritual presence of the Alevi community in the region.

No steps should be taken to legitimise the HTS regime within the international system unless the right to an equal life for all ethnic and religious groups, especially the Alawites, is guaranteed. 25 Mart 2025.

List of the undersigned academics, scientists, artists and intellectuals:

https://ehlendergisi.com/index.php/2025/03/25/urgent-call-to-international-institutions-and-the-international-community/

Le prix à Özgüden et Tugsavul par le Comité des Arméniens en Belgique



Le 12 mars 2025, s'est tenu le traditionnel gala du Comité des Arméniens de Belgique au sein du prestigieux Cercle Royal Gaulois, en plein cœur de Bruxelles.

Animée de main de maître par Liana Davtyan et Yannick Kalantarian, la soirée a commencé avec les discours de Robert Unusyan, Président du Comité des Arméniens de Belgique, Tigran Balayan, Ambassadeur de la République d'Arménie en Belgique, et Monsieur Bernard Quintin, Ministre de la sécurité et de l'intérieur. Le Comité tient tout  particulièrement à remercier Monsieur le Ministre Quintin  pour sa présence et sa prise de parole.

Parmi les invités de marque étaient également présents la Ministre fédéral Eléonore Simonet, l'Ambassadeur de Belgique en Arménie Eric De Muynck, les députés fédéraux Michel De Maega et Darya Safai, le député bruxellois David Weytsman, La co-présidente d'Ecolo Marie Lecocq, Georges Dallemagne, André Du Bus, Gauthier Calomne, Nathalie Gilson, le professeur Bernard Coulie, et bien d'autres.

Ce gala a été l'occasion pour le Comité d'honorer à nouveau des personnalités de premier plan et de saluer publiquement leur œuvre au service de la communauté arménienne et du peuple arménien. Il s'agissait cette année d'une part de Dogan Özgüden et de son épouse Inci Tugsavul, tous deux journalistes et amis fidèles des Arméniens qui ont consacré leur vie en exil au service de la justice et de la vérité, notamment par leur combat pour la reconnaissance du Génocide de 1915, et d'autre par du Baron Pierre Gurdjian pour sa participation à des projets à impact significatifs en Arménie tels que le Téléphérique de Tatev ou encore l'Ecole Internationale de Dilijan. Au travers de ce dernier, ce fut également l'occasion de rendre hommage à Rouben Vardanyan, actuellement détenu à Bakou, et avec lequel Pierre Gurdjian a longtemps collaboré.

Lors de la cérémonie Özgüden a remercié le Comité des Arméniens en Belgique pour son geste par l'intervention suivante:

"Nous vous remercions de nous décerner ce soir un prix en tant qu'amis de longue date de la communauté arménienne... Il est vrai, notre amitié a commencé dans les années septante quand la deuxième grande vague de l'arrivée des Arméniens exilés a débuté en raison de l'aggravation de la répression de l'Etat et les agressions paramilitaires racistes en Turquie.

"Je n'oublierai jamais notre amitié et coopération avec les personnalités arméniennes de ce pays comme le président du Comité des Arméniens de Belgique, Maître Michel Mahmourian et le président de la Fédération euro-arménienne Kaspar Karampetian.

"Ce 12 mars, date à laquelle vous nous avez honorés, est malheureusement un jour sombre dans notre vie de presque 90 ans...

"Il y a 54 ans, le coup d'état militaire du 12 mars 1971 nous avait condamnés à un exil sans fin. Neuf ans plus tard, en 1980, un autre coup d'état nous a rendu apatrides.

"Dans la vie d'exil, la lutte que nous avions déjà menée contre un régime fascisant en Turquie a gagné une nouvelle dimension : découvrir la réalité du génocide de 1915…

Cette réalité était un tabou en Turquie, même pour les partis politiques et les médias les plus progressistes.

"Nous sommes fiers de faire partie, depuis un demi-siècle, de la lutte pour la reconnaissance des génocides, en coopération étroite avec nos amis arméniens, assyriens, grecs et kurdes en exil.

“A cette soirée qui m'a rendu heureux, je veux exprimer ma profonde gratitude au Comité des Arméniens de Belgique, qui a toujours été solidaire avec nous lorsque nous étions exposés aux menaces de l’État turc.

"Non seulement en nos noms, mais également au nom d’Info-Türk et des Ateliers du Soleil, nous vous souhaitons un grand succès dans votre lutte.

"Oui... Une lutte légitime qui est aussi la nôtre…"


Politique intérieure/Interior Politics

L’arme de destruction massive de la génération Z : L’Humour

Ragip Duran, TVXS.GR, 20 avril 2025
Les membres en Turquie de la génération Z, dite également Zoomers, nés entre 1997 et 2012 sont actuellement les porte-drapeaux du mouvement de protestation contre Erdogan. Étudiants d’université, travailleurs sans expérience ou toujours en chômage ces jeunes n’ont connu depuis leur naissance que le régime d’Erdogan. Ils maîtrisent très bien les réseaux sociaux, mais ils sont en même temps les victimes du système d’éducation en faillite. Même s’ils ont un master voire un doctorat, ce qui est très rare, ils n’ont pas beaucoup de chance de trouver un boulot pour bien gagner leur vie. Alors ils deviennent des intermittents permanents, garçon dans les cafés ou restaurants, moto-courriers, apprentis dans divers secteurs…etc… Comme ils n’ont pas un avenir radieux, certains, dont les parents sont riches préfèrent, partir travailler et vivre à l’étranger. Ceux qui n’ont pas les moyens partent quand même d’une façon illégale pour joindre l’oncle qui vit en Allemagne ou en France. Depuis au moins 5 ans, plus de 80 % des bacheliers de bons lycées, comme Galatasaray, Lycée Allemand, Lycée Autrichien, Robert Collège et autres, quittent le pays pour leurs études universitaires en Europe. La majorité de ces jeunes déclarent ne pas vouloir rentrer en Turquie à la fin de leurs études.

Les chroniqueurs démodés critiquent les Zoomers et croient qu’ils sont apolitiques, car ces jeunes ne militent plus dans les rangs des partis ou organisations politiques de l’ordre établi. Mais ils ont leur propre conception de la politique si bien exprimée sur la Toile.

Par exemple, ils ont récemment produit un spot publicitaire de 55 secondes intitulé ‘’Campus de Vacances Silivri Pour Ceux Qui Déclarent Librement Leurs İdées’’.

Silivri (Ancien Selybria, sur la Côte de Marmara à 60 km. d’Istanbul était un district peuplé majoritairement de Roums avant 1923) est depuis 2008 synonyme de la peine de prison.

Le Campus, autrement dit Établissement Pénitentiaire, est la plus grande prison de l’Europe. Construit sur une superficie de plus de 1 km2. peut recevoir 11 milles détenus.

Le spot publicitaire, réalisé par des professionnels, précise que ‘’L’Etat offre des vacances à durée illimitée pour ceux qui déclarent librement leurs opinions’’. Il suffit d’envoyer un message de 5 mots sur la Toile et les policiers viennent vous prendre au petit matin, vous emmener à un hôpital pour un check-up gratuit. Après, on vous placera dans une chambre avec douche, vue sur mer. Vous allez y rencontrer des personnalités populaires (Référence au maire Imamoglu, à l’homme d’affaires Osman Kavala, au député Can Atalay… etc ...). Vous pouvez discuter avec ces gens. Les repas sont très bons et gratuits. 

La créativité humoristique est sans limite chez les Zoomers. Quelques exemples récents :

- Une jeune fille sourit au caméra, elle porte un t-shirt sur lequel est écrit : ‘’Va te faire foutre Edison !’’ (Logo du parti d’Erdogan est une ampoule électrique).

- Un internaute anonyme observe : ‘’Auparavant, dans l’absence de la Toile, seul l’entourage proche d’une personne savait qu’elle était bête’’.

- Pikachu, créature de fiction, héros virtuel des jeux vidéos est présent sur le terrain de la lutte. Symbole de vitesse et de résistance, il est un bon représentant de la Génération Z.

- Les femmes et féministes de la Génération Z ont violemment protesté contre la banderole portée lors de la cérémonie du match du 13 avril dernier de l’équipe de football de Sivas (Anatolie Centrale) qui disait ‘’L’accouchement naturel est l’accouchement normal’’. Ils n’avaient pas osé écrire ‘’vaginal’’ et ‘’césarie".

Des dizaines d’images manufacturés représentants des sportives qui ont des banderoles lors de la cérémonie crient leur opposition :

* ‘’Ne vous mêlez pas des affaires des femmes. Si vous voulez, vous pouvez accoucher normalement’’.

* ‘’L’homme naturel est celui qui ne fait pas de circoncision’’.

* ‘’L’Homme naturel fait la circoncision avec une hache naturelle’’

* ‘’Les hommes de plus de 40 ans n’ont pas besoin de test PSA (Cancer de prostate). Laissez vous à votre état naturel’’.

Le ministre turc de la Santé M. Memisoglu a soutenu le slogan de Sivasspor. ‘’Normal’’ a-t-il affirmé.

Le joueur albanais de l’équipe de Sivas, Rey Manaj, né en 1997, a déclaré:  ‘’Je ne savais pas ce qui était écrit sur la banderole. Je m’excuse auprès de toutes les femmes. C’est votre corps, c’est votre décision’’

Les régimes turcs, conservateurs et plus ou moins machiste par principe, traitent les femmes comme des machines à produire des enfants ont toujours promus plus d’enfants. Le Président Erdogan, qui a 4 enfants, croient et répète que ‘’les familles doivent avoir au moins 3 enfants’’.

‘’Veux-tu avoir une fille comme moi ?’’ avait retroqué une jeune activiste lors des protestations de Gezi en mai 2013.

Sırrı Süreyya Önder undergoing a lengthy surgery due to a cardiac issue

After undergoing a lengthy surgery due to a cardiac issue, Önder, Turkey's deputy parliament speaker, remains in intensive care. Who is Sırrı Süreyya Önder, the pro-Kurdish politician shaped by activism, labor and cinema?

In 1978, Önder was imprisoned at the age of 16 for protesting the Maraş Massacre, and his life is a powerful testimony to Turkey's recent history.

On Dec 17, 2010, in the documentary Memleket İsterim - Aydınların Gözüyle Türkiye (I Want a Homeland - Turkey Through the Eyes of Intellectuals), broadcast on TRT, he describes socialism as “We used to have a half-joking definition of socialism. We used to say 'Socialism is eating figs at fig time', but 'Everyone eating figs at fig time'. I used to care a lot about this fig, I didn't understand the meaning of its timing. Now the world has taught us the value of eating something on time, and the necessity of everyone eating it.”

Early life

He was born on Jul 7, 1962 in Adıyaman to a Turkmen family.

His father, Ziya Önder, was one of the founders and a provincial chair of the Workers' Party of Turkey (TİP) in Adıyaman in the 1960s. After losing his father at a young age, Önder moved with his family to live with his grandfather. He supported his family by working in various jobs such as apprenticing as a photographer.

After graduating from Adıyaman High School, he entered Ankara University Faculty of Political Sciences; however, he interrupted his education during the 1980 coup. He was then arrested and sentenced to 12 years in prison.

During his youth, he spent seven years in Ankara's Mamak, Ulucanlar and Haymana prisons. Önder was tortured in prison and participated in hunger strikes.

After his release in 1987, he continued to work in various jobs. He worked as a seasonal agricultural worker, tire repairman, construction worker and long-distance truck driver among other odd jobs.

Filmmaker

In 2003, after watching Yılmaz Güney's film Duvar (The Wall), he attended Barış Pirhasan's script workshop and started his career in cinema.

As a filmmaker, he attracted widespread attention, especially with his 2006 film Beynelmilel (The International). Winner of the 2007 Adana International Golden Boll Film Festival's Best Film Award, the film depicts the coup period in a satirical way and also contains references to Önder's own youth.

The film also stars Önder's brother, who works in a barber shop to support him and his family financially while Önder is in prison.

Trailer of Beynelmilel:

Önder has also worked as screenwriter, director or actor in productions such as O... Çocukları (2008), F Tipi Film (2012) and İtirazım Var (2014). He acted in films such as Sis ve Gece and Yeraltı.

Until 2011, he wrote memorable columns in Radikal newspaper, emphasizing the importance of social memory and solidarity. After becoming an MP, he continued to write columns for a while, but not regularly.

Politician

Involved in politics from a young age, he entered national politics in 2011 when he was elected as an İstanbul MP following an invitation from the Labor, Democracy and Freedom Bloc, led by the pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP). Since then, he has become a prominent figure in the pro-Kurdish political movement and has earned respect across the political landscape for his wit and distinctive style.

After 2013, as an MP for the Peoples' Democratic Party (HDP), the successor of the BDP.

During the 2013 Gezi Park protests, footage of him stepping in front of a construction machine to protect the park and its trees from being uprooted resonated across Turkey. He was injured by police during in the park.

In the same year, he took part in the İmralı Delegation during the resolution process to the Kurdish question and held talks with PKK leader Abdullah Öcalan. During the Newroz celebrations that year, he read out Öcalan's message to a crowd of millions in the Kurdish city of Diyarbakır.

A few years later, afer the peace process failed, Önder stood trial on charges of “terrorist organization propaganda” for reading out the message and was eventually sentenced to 3 years and 6 months in prison. He was released in 2019 after the Constitutional Court ruled that his freedom of expression had been violated.

In 2023, he was elected as an İstanbul MP from the Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party and was appointed as Deputy Speaker of the Grand National Assembly of Turkey.

He took part in the second İmralı Delegation as part of the currently ongoing new peace initiative.

Önder underwent surgery in İstanbul on Apr 15 after a serious heart condition. His situation is closely monitored by DEM Party members and government officials.

He has a daughter named Ceren and a grandson named Ferhan Can. (BIA, 16 April 2025)

Jusqu’où Erdogan peut aller?

Ragip Duran, TVXS.GR, 12 avril 2025

Le malaise est permanent. L’économie en berne. L’instabilité politique est toujours à l’ordre du jour. La justice est complètement absente. La morale de la majorité des citoyens est au plus bas. Erdogan est en train de perdre des points dans l’ensemble des sondages d’opinion public.

Voilà la liste non-exhaustive des événements importants de la semaine passée:

- Ankara désirait voir l’Union Européenne se rapprocher de la Turquie depuis la crise d’Ukraine et les manoeuvres abracadabresques de Trump mais le porte-parole de la Commission, M. Markus Lammert a insisté pour la Turquie sur l’obligation de respecter la suprématie du droit.

- Plusieurs personnalités politiques (la Délégation du Parlement européen) et artistes étrangers (Muse GB, Ane Brun Norvège) ont annulé leurs visites en Turquie pour protester de l’arrestation du maire d’Istanbul.

- La rencontre diplomatique entre la Turquie et l’Italie avec la participation du Président Erdogan ainsi que le Forum Turquie-Italie Des Hommes d’Affaires prévus à Rome ont été reportés à une date non encore annoncée.

- L’aviation d’Israël a bombardé deux bases militaires en Syrie du Nord utilisées par l’armée turque.

- Le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan, membres de l’Organisation du Monde Turcophone, alliés théoriques d’Ankara ont décidé, lors de la Réunion au Sommet Union Européenne-Asie Centrale de reconnaître la République de Chypre, comme seul représentant officiel de l’île. Alors qu'Erdogan faisait la propagande de la République Turque de Chypre du Nord (RTCN), entité reconnue uniquement par le régime turc.

- La police a fait un raid à la maison estivale du père du maire d’Istanbul en prison. La maison était vide, mais les portes ont été cassées et plusieurs documents ont été pris.

- Au moins 4 artistes des séries télévisées qui avaient soutenu l’appel au boycott de consommation du CHP sont licenciés.

- Une dizaine de jeunes qui avaient participé aux meetings en solidarité avec Imamoglu sont toujours en garde à vue. Leurs avocats dénoncent les policiers qui frappent voire la torture les étudiants.

- Erdogan a reçu jeudi dernier ‘’La Délégation d’Imrali’’ composée de deux députés du Parti kurde DEM, qui agissait comme intermédiaire entre les autorités turques et le Président Ocalan du PKK en prison depuis 1999 sur l’île Imrali (Marmara). L’entretien a duré 1h25m. Erdogan a répété son souhait de voir ‘’La Turquie Libérée du Terrorisme’’ donc l’auto-dissolution du PKK et de son désarmement complet. Alors que les deux députés ont exprimé leurs inquiétudes sur la carence de progrès concernant le dialogue entre les deux parties. Mais ils ont déclaré quand même que ce fut un entretien très fructueux et plein d’espoir sans donner de détail.

Le Prof. Baskin Oran, grand spécialiste des relations internationales, chroniqueur du site d’Internet Arti Gercek (Verité Plus), après avoir cité l’ensemble de tout ce qui ne marche pas en Turquie de nos jours, titre son dernier article ‘’Je ne sais pas combien de temps encore, il (Erdogan) peut avancer’’.

Le principal parti de l'opposition veut des élections « au plus tard en novembre »

Özgür Özel, le président du CHP, salue ses partisans, le 6 avril 2025 à Ankara. AFP
Le chef du principal parti d'opposition en Turquie, à la tête duquel il a été reconduit dimanche lors d'un congrès exceptionnel, a appelé à la tenue d'élections anticipées « au plus tard en novembre », après dix jours de contestation dans le pays déclenchés par l'arrestation du maire d'Istanbul.

« En novembre au plus tard, tu viendras affronter notre candidat. (...) Nous t'invitons à en appeler une fois de plus à la volonté du peuple, car la plus grande motion de censure de l'histoire aboutira à ceci. Nous te défions. Nous voulons notre candidat à nos côtés et notre urne devant nous », a déclaré Özgür Özel, le président du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) en s'adressant au président turc Recep Tayyip Erdogan.

Seul candidat à la direction du parti, M. Özel a été reconduit avec 1.171 votes sur 1.276 exprimés. Le congrès exceptionnel est pour le CHP l'occasion d'une « démonstration de force », en réunissant des foules à Ankara, analyse Eren Aksoyoglu, expert en communication politique.

M. Özel avait invité cette semaine « tous les citoyens, qu'ils aient ou non voté pour le CHP », à se rassembler devant la salle du congrès dimanche. Par le biais des rassemblements et en confirmant son leader, le parti espère contrer de nouvelles pressions politiques et judiciaires, après la destitution et arrestation de sept maires de sa formation, dont le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 19 mars.

- Large victoire aux municipales -

Dénonçant un « coup d'Etat », le CHP a entraîné des dizaines de milliers de gens dans les rues d'Istanbul et de nombreuses autres villes du pays dans les jours qui ont suivi l'arrestation de M. Imamoglu, investi depuis, comme prévu, comme candidat du parti à la prochaine présidentielle.

Près de 1.900 personnes, dont des étudiants et des journalistes, ont été arrêtées depuis le début du mouvement. « Quand les gros radis seront sortis du sac, ils n'oseront même pas regarder leurs proches dans les yeux, et encore moins la nation », a lancé fin mars Recep Tayyip Erdogan, suggérant que de nouvelles enquêtes pourraient s'abattre sur le CHP.

Selon des médias turcs, les autorités cherchent à décapiter la direction du CHP, un an après la large victoire de l'opposition aux élections municipales.

« Ce congrès est une occasion d'afficher notre sa solidarité avec le maire d'Istanbul et les étudiants arrêtés », a affirmé à l'AFP Safi Karayalçin, délégué d'Istanbul du CHP.

« Le maire d'Istanbul est injustement en prison, tout comme les autres maires et les membres du conseil municipal arrêtés. Il n'y a plus de justice en Turquie », a dénoncé de son côté Mustafa Arslan, délégué de Diyarbakir (sud-est).

Le CHP est arrivé en tête des élections municipales en mars 2024 avec 37,8% des voies à travers le pays, remportant, en plus des métropoles comme Istanbul et Ankara qui lui étaient déjà acquises depuis 2019, des bastions de l'AKP, parti de M. Erdogan.

Opposition tenace

Conforté par sa réélection, Özgür Özel a annoncé la poursuite de la mobilisation. « Nous organiserons un rassemblement à Samsun dimanche prochain, et ensuite le 19 mai à Izmir (..) et un rassemblement nocturne tous les mercredis soir dans un quartier d'Istanbul », a-t-il annoncé.

Il a aussi affirmé que 7 millions de signatures ont été collectées jusqu'à présent dans la campagne du parti pour demander la libération du maire d'Istanbul. L'objectif est de collecter au moins autant de signatures que la moitié de 61,4 millions d'électeurs en Turquie, a précisé M. Özel.

« Depuis l'arrestation d'Imamoglu, Özgur Özel a donné une image du CHP qui écoute la rue et qui mène une opposition tenace. Cette approche a du succès au sein du CHP et des électeurs », estime Eren Aksoyoglu.

« Ce n'est peut-être pas un orateur très charismatique, mais il est articulé, précis et très critique du pouvoir. La base du parti le connait bien, c'est un bon organisateur », relève Berk Esen, professeur de Sciences politiques à l'université Sabanci d'Istanbul.

« M. Özel est à la tête du CHP mais n'a pas encore entièrement endossé le rôle du leader. En poursuivant une opposition tenace contre M. Erdogan, il pourrait renforcer son leadership », ajoute Eren Aksoyoglu. (AFP, 6 avr 2025)

Erdogan poursuit le chef du principal parti d'opposition pour "insulte"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a porté plainte pour "insulte" contre le chef du principal parti de l'opposition, qui a estimé que le chef de l'Etat turc était à la tête d'une "junte", a annoncé mardi son avocat.

"Une plainte pénale a été déposée auprès du parquet général d'Ankara pour insulte au président" contre Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a annoncé sur X l'avocat du chef de l'Etat, Hüseyin Aydin.

Lors du congrès exceptionnel du CHP, dimanche, M. Özel avait affirmé que "la Turquie est gouvernée par une junte qui a peur des élections, peur de ses adversaires et peur de la nation".

Recep Tayyip Erdogan est "le président d'une junte qui cible ceux qui ont le soutien du peuple et ceux qui pourraient devenir ses rivaux", avait ajouté M. Özel, en dénonçant l'arrestation et l'incarcération le mois dernier du maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du chef de l'Etat.

Le délit d'"insulte au président" est fréquemment utilisé en Turquie, parfois contre de simples internautes. (AFP, 8 avr 2025)

La cartographie politique du mouvement anti-Erdogan 

Ragip Duran, TVXS.GR, 30 mars 2025 

"Tu as cassé la génétique de notre pays
En 20 ans tu as volé toute ma jeunesse
Rends-le moi
Tu ne peux pas me le rendre ce que tu as confisqué
J’étais le cible du gaz lacrymogène comme à Gezi
Pourquoi donc la police est ici,
alors que les voleurs ne sont pas dans la rue
Les temps vont changer, les bons vont sourire
La peur s’enfuit là où l’espoir est présent
Celui qui est venu via les urnes, quittera via les urnes
Moi j’agitais le drapeau glorieux
Et tu me traites de terroriste, bah!
L’hymne national commence avec ‘'N’aie pas peur!’'
Ataturk avai tdit: Soyez prêt contre l’insouciance et la traîtrise
Quel ennemi donc a pu battre la jeunesse! "

Chante Don Arte, le surnom d’un chanteur de rap turc qui a déjà reçu en deux jours plus d’un million de visiteur sur la Toile, principal média qui relate les manifestations de protestation contre le régime depuis le 19 mars, date de l’arrestation du maire d’Istanbul M.Ekrem Imamoglu.

Faut-il préciser que les masses de manifestant ne sont pas organisées et dirigées par un seul centre politique. Des Kémalistes aux divers gauches, des libéraux aux musulmans anti-Erdogan, des activistes d’extrême-droite aux nationalistes purs et durs tous les mécontents, mais surtout la jeunesse estudiantine, sont dans la rue. Le Kémalisme est le culte de la majorité des manifestants.

Le CHP, principale formation de l’opposition essaie de récuperer ce mouvement et de le limiter uniquement pour le cas d’Imamoglu. ‘’On n’est pas venu ici à un meeting politique, on est venu pour l’action’’ rétroque les jeunes. ‘’D’accord pour Imamoglu, mais notre conflit est avec l’ordre établi’’ ajoutent-ils.

Les manifestants appellent le pouvoir à la démission et célébrent "Le Président de la République Imamoglu". Mais ils critiquent également la direction du CHP. Les jeunes crient: "La solution est dans la rue, pas dans les urnes". Et ils invitent le Président du CHP à leurs cotés: "Ozgur viens avec nous, tu goûteras du gaz lacrymogène".

Les slogans écrits à la hâte sur les banderoles sont plus riches que les analyses des observateurs petits malins.

* "La jeunesse c’est le changement".
* "Nous sommes des gens de Gezi, tu prendras la porte".
* "Nous voulons des procureurs étrangers", en référence à la demande des fans de football qui veulent des arbitres étrangers.

La terminologie du football très populaire en Turquie apparaît dans les slogans de rue:

* "Vous avez des TOMAs, nous avons Osimhen’’, TOMA est le Véhicule de la police Qui İntervient Contre les Actions Sociales, les blindés qui jettent de l’eau sous pression pour disperser les manifestants. Osimhen est le meilleur footballeur du championnat de Turquie.
* "Je vais lutter jusqu’au bout. Je n’ai rien à perdre. Je suis fan de Fenerbahce". Référence au club de foot Fenerbahce, grande équipe de la côte asiatique qui n’a pas pu remporter la coupe depuis 10 ans.
* "Aucun homme n’a pu m’arroser autant que le TOMA" lançait une jeune femme avec le symbole de l’anarchisme.

Il y a également des slogans et des banderoles, minoritaires, contre les kurdes.

La Haute Autorité des TV et Radios (RTUK) a interdit d’antenne les 5 chaînes de TV pendant 10 jours, alors qu’elles relataient simplement les protestations. La répression policière et les arrestations se poursuivent et vont de paire. Berkay Gezgin, 22 ans, le créateur du slogan "Tout sera très bien, très beau" de la campagne électoral d’Imamoglu de 2019 a été arreté. Il est accusé d’insulter le Président de la République et de résister contre la police. Un des avocats du maire, Mehmet Pehlivan et 3 autres avocats qui défendent les étudiants mis en garde à vue ont été également arretés vendredi tôt dans la matinée.

Quant au front du pouvoir, Erdogan durcit le ton et accuse les manifestants de ‘’vandalisme’’ et le CHP de de "gauchisme".

Dans un pays où la stabilité politique et économique est très fragile, la carence d’une culture et de tradition d’opposition rationelle contre le régime réduit les chances des manifestants. ‘’En Turquie personne ne peut prévoir le futur proche ni l’avenir à moyen terme d’ailleurs’’ estime un professeur d’économie en exil en Allemagne. "On ne sait pas pour le moment pendant combien de temps la base de l’iceberg peut résister contre les vagues chaudes des masses" conclut-il.

* Liens pour voir la vidéo de Don Arte
https://www.instagram.com/donarte.flp/reel/DHoXhjEoU-b/

Ou bien
https://x.com/barisinsesitv/status/1905207792358555739

Forces armées/Armed Forces


Affaires religieuses / Religious Affairs

Joyau d'Istanbul, Sainte-Sophie s'offre une restauration drastique

Son dôme imposant, sa pierre chatoyante, ses minarets délicats... et ses centaines d'échafaudages: l'ex-basilique Sainte-Sophie, reconvertie en mosquée en 2020, entame une rénovation globale pour mieux se protéger contre les futurs séismes attendus à Istanbul.

De loin, sa silhouette veille sur Istanbul comme depuis des siècles. Mais en s'approchant les visiteurs découvrent sa façade Est et un de ses minarets bardés d'échafaudages.

C'est sûr, cette armature "casse un peu l'atmosphère de l'extérieur" et "enlève une part d'esthétique au monument", regrette Abdullah Yilmaz, guide officiel. "Mais regardez là, les minarets, les contreforts... une rénovation s'impose !".

Sainte-Sophie, construite en 537, "connaît constamment des problèmes", c'est pourquoi elle est souvent rénovée de façon fragmentaire, explique à l'AFP Hasan Firat Diker, professeur en architecture.

Mais c'est la toute première fois que l'édifice classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco s'offre une "restauration globale", ajoute celui qui travaille sur le projet. Murs, minarets "et surtout le dôme": tout doit y passer.

Le but ? Réparer les parties abîmées, mais surtout "renforcer le bâtiment contre le prochain grand tremblement de terre" pour que la mosquée millénaire "traverse cet événement avec le moins de dégâts possible", explique Ahmet Güleç, membre du comité scientifique supervisant les travaux.

Les rives sud d'Istanbul sont en effet situées à une quinzaine de kilomètres de la très active faille sismique nord-anatolienne. Un séisme d'ampleur est attendu dans les prochaines années ou décennies dans la ville de 16 millions d'habitants, dont nombre d'immeubles ne répondent toujours pas aux normes antisismiques.

- Beauté "magique" -

La rénovation d'un premier minaret est en cours mais les travaux n'en sont qu'au stade préparatoire. Les échafaudages autour du dôme permettent d'en "analyser" les différentes couches, afin ensuite "d'identifier les méthodes d'intervention appropriées", décrit M. Diker.

Pour l'heure, l'intérieur est épargné. À terme cependant, quatre gigantesques piliers seront dressés au centre de la mosquée pour soutenir un plateau qui cachera la coupole centrale, mais permettra aux ouvriers de restaurer ses peintures et mosaïques.

Difficile d'imaginer cela sous le grand chandelier, où règne une certaine agitation après la prière de la mi-journée. Entre bruissements et rires, des croyants s'adonnent à la prière, le front sur le grand tapis vert émeraude. D'autres posent fièrement sur des selfies devant des détails de cet édifice sans pareil.

De grandes mosaïques dorées y côtoient des calligraphies arabes, et l'architecture byzantine y répond au savoir-faire ottoman. Le syncrétisme du lieu, qui a été successivement une basilique chrétienne, une mosquée ottomane et un musée, y crée une atmosphère unique.

Les échafaudages "ruinent un peu tout, mais une fois que vous êtes dedans... c'est parfait ! Le sentiment qui vous envahit est si fort", s'émerveille Ana Delgado, touriste mexicaine de 49 ans. "C'est magique, oui !", renchérit son amie Elias Erduran, venue de République dominicaine.

- "Décision radicale" -

Dès lors, la décision "très radicale" d'installer des piliers à l'intérieur, "longuement discutée en comité" selon Ahmet Güleç, risque d'avoir des conséquences sur la fréquentation de l'édifice. Même si "l'objectif est que les visites et les prières continuent", affirme-t-il.

Sainte-Sophie, monument le plus visité d'Istanbul, a accueilli 7,7 millions de visiteurs en 2024, dont 2,1 millions de touristes internationaux.

L'entrée, facturée 25 euros aux visiteurs étrangers, génère à l'année des dizaines de millions d'euros. Une baisse de fréquentation pourrait entraîner un important manque à gagner, d'autant que les travaux, qui dureront plusieurs années, seront coûteux, même si aucun chiffre n'a été communiqué.

Ils constituent cependant un mal nécessaire pour éviter que le dôme ne s'effondre lors d'un prochain séisme, comme ce fut le cas en 558, ou ne s'abîme gravement comme lors des suivants, explique l'historienne de l'art Asnu Bilban Yalçin.

Elle insiste sur le fait que la mosquée sera "rénovée à l'identique", avec "les mêmes matériaux et techniques". "Après la restauration, ce sera toujours la même Sainte-Sophie", assure-t-elle.

Et c'est bien ce qui compte, même pour les touristes passablement déçus. Car si "les photos ne rendent pas aussi bien qu'on voudrait", regrette Yana Galitskaia, une Russe de 35 ans, l'essentiel c'est "que mes enfants puissent eux aussi un jour admirer Sainte-Sophie". (AFP, 17 avr 2025)


Socio-économique / Socio-economic

One in four children in Turkey engaged in labor, TurkStat reveals

The Turkish Statistical Institute (TurkStat) has released its 2024 “Statistics on Children” report, highlighting key indicators about the conditions and wellbeing of children in the country.

According to the data, children make up 25.5% of Turkey’s population, and an increasing number are entering the workforce at a young age.

The labor force participation rate among children aged 15–17 rose to 24.9% in 2024, up from 22.1% the previous year, according to results from the 2024 Household Labor Force Survey. This means nearly one in four children in this age group is part of the labor market.

Decline in early childhood education

Based on data from the Education Ministry, the net enrollment rate for five-year-olds in preschool education declined from 85% in the 2022–23 academic year to 84.3% in 2023–24.

Infant mortality on the rise

The infant mortality rate increased from 9.3 per thousand live births in 2021 to 10 per thousand in 2024. Meanwhile, the under-five mortality rate jumped from 11.2 per thousand in 2022 to 14.5 per thousand in 2023, according to the Death and Cause of Death Statistics.

Access to basic needs

The data shows that 9.2% of children are unable to afford new clothes, while 11.7% do not own at least two pairs of suitable shoes.

As for nutrition, 32.3% of children do not consume meat, chicken, or fish daily.

Additionally, 10% are unable to eat fresh fruit or vegetables at least once a day due to financial limitations.

The report also found that 22.2% of children are unable to go on a one-week holiday away from home.

Some 16.7% lack access to age-appropriate books, 21.5% do not have a suitable space at home for studying, and 24.5% have no toys to play with at home. (BIA, 18 April 2025)

Raids "sans précédent" en Europe, 200 arrestations et saisie de stupéfiants

Les forces de l'ordre ont effectué des raids "sans précédent" mardi en Europe contre quatre groupes criminels organisés, résultant en plus de 200 arrestations dans cinq pays, notamment en Turquie, un véritable "coup de massue" pour le trafic de drogue.

Parallèlement aux arrestations, les agents de l'opération "Bulut" ("Nuage", en turc) ont saisi plus de 21 tonnes de stupéfiants, dont 3,3 millions de comprimés de MDMA, a déclaré Europol, l'agence de police européenne qui a coordonné l'opération.

"Il s'agit de l'un des plus importants coups de filet contre des groupes criminels organisés de ces dernières années", a dit à l'AFP Andy Kraag, le directeur du Centre européen de lutte contre la grande criminalité organisée d'Europol.

Des images des raids montrent des policiers armés faisant irruption dans des propriétés, appréhendant des suspects et les immobilisant au sol avant de les menotter.

Les autorités ont également confisqué de la drogue, des véhicules et de l'argent liquide utilisés par les groupes.

"C'est un coup de massue car je pense qu'il n'y a jamais eu un tel précédent", a affirmé M. Kraag, selon lequel l'opération a envoyé "un message fort au crime organisé".

"Et le message, c'est que même si vous pensez être résilient, que vous êtes un acteur majeur, au bout du compte, vous serez démantelé", a-t-il averti.

Les autorités ont procédé à 234 arrestations, dont 225 en Turquie, a affirmé le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya plus tôt mardi.

Il a précisé que les groupes cherchaient à acheminer de la cocaïne vers la Turquie et l'Europe par voie maritime et terrestre depuis des pays d'Amérique du Sud, ainsi que de l'héroïne depuis l'Iran et l'Afghanistan, du cannabis via les Balkans et de l'ecstasy via l'Europe.

- "Du chef au petit criminel" -

Les quatre groupes démantelés étaient également impliqués dans le blanchiment d'argent, des crimes violents et d'autres activités criminelles douteuses.

Les arrestations ont eu lieu en Turquie, Belgique, Allemagne, Espagne et aux Pays-Bas.

Les autorités ont arrêté l'ensemble des membres du réseau de ces groupes, "du chef au petit criminel de rue", a déclaré M. Kraag.

L'opération a été rendue possible grâce à la lecture de messages issus du démantèlement, il y a quatre ans, des plateformes de communication cryptées Sky ECC et ANOM utilisées par les criminels.

La "mine d'or" que constituent les messages interceptés est "comme un cadeau qui ne cesse de donner", a confié M. Kraag auprès de l'AFP.

"Ils mènent constamment à des renseignements exploitables et à des opérations en cours", a-t-il poursuivi.

"Je n'exclus pas de nouvelles arrestations", a ajouté M. Kraag. (AFP, 15 avr 2025)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

The Council of Europe urges Turkey to implement ECtHR rulings

The Parliamentary Assembly of the Council of Europe (PACE) adopted a resolution on Wednesday urging Turkey to fulfill its obligations under the European Convention on Human Rights by implementing key judgments of the European Court of Human Rights (ECtHR).
Meeting in plenary session under urgent procedure, PACE adopted Resolution 2599, calling on Turkey to implement longstanding ECtHR rulings, with a specific demand for the immediate release of Osman Kavala.

Kavala, who has been imprisoned since November 2017 on charges related to 2013 anti-government protests, was sentenced to life in prison in 2022 for allegedly attempting to overthrow the government of then-prime minister and current President Recep Tayyip Erdoğan. His conviction, seen by some as politically motivated, was upheld by the Supreme Court of Appeals in September 2023.

Turkey has refused to release Kavala despite a 2019 European Court of Human Rights ruling that found his detention was in pursuance of an “ulterior motive,” that of silencing him as a human rights defender.

The non-implementation of the rulings prompted the Council of Europe’s (CoE) Committee of Ministers to launch an infringement procedure against Turkey in February 2022 that is still ongoing.

The resolution describes Turkey’s failure to implement the Kavala v. Turkey judgment, despite infringement proceedings under Article 46, as “absolutely unacceptable” and endorses the use of the “complementary joint procedure” foreseen in Resolution 2319 (2020) for serious violations by member states.

While the resolution does not name other cases, it follows a detailed report by Cypriot lawmaker Constantinos Efstathiou, who has served as rapporteur for three successive implementation reports.

In an interview with journalist Ensar Nur ahead of the vote, Efstathiou expressed regret that the overall compliance landscape in Europe remains largely unchanged. “States that do not comply continue to do so,” he said, “and it’s getting worse.”

The report debated before the vote explicitly refers to the ECtHR’s judgment in Demirtaş v. Turkey where the court found the detention of former pro-Kurdish Peoples’ Democratic Party (HDP) co-chair Selahattin Demirtaş to be politically motivated and in violation of multiple convention rights, including freedom of expression and protection against abuse of power under Article 18. It also points to the prosecution of İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu as part of an ongoing misuse of judicial processes to silence opposition figures in Turkey.

During the interview Efstathiou criticized what he called the CoE’s approach to Turkey, continuing diplomatic dialogue without results. He warned that this inaction risks a “domino effect,” with one rights violation leading to another.

Efstathiou lamented that there are no intermediary measures that would ensure compliance with the ECtHR rulings, pointing out that the CoE either expels a state for repeated violations, or does nothing other than urge compliance. He said he and his colleagues are working on procedures that fall short of the expulsion of a member state but do more than just words.

When asked about the absence of the Yalçınkaya v. Turkey ruling from the report — a landmark 2023 ECtHR Grand Chamber judgment challenging Turkey’s mass terrorism prosecutions — Efstathiou acknowledged its significance but noted it was considered too recent to be listed as a non-implemented case.

In September 2023, the ECtHR delivered a landmark judgment faulting Turkey over the conviction of former teacher Yüksel Yalçınkaya due to his alleged links to the faith-based Gülen movement, which was demonstrated through his labor union membership, banking transactions and use of the ByLock messaging application. The report noted that the court found there had been an arbitrary application of the law that violated the principle of legality. The judgment also found violations of fair trial and freedom of association rights and ruled that Turkey needed to implement general measures to address the violations.

Nonetheless, a Turkish court convicted him once again in September 2024 on the same charges.

President Recep Tayyip Erdoğan has targeted followers of the Gülen movement — inspired by the late cleric Fethullah Gülen, who died in exile in October — since corruption probes in 2013 implicated Erdoğan and his inner circle. After accusing the movement of orchestrating a 2016 coup attempt, which it denies, Erdoğan oversaw a sweeping purge of over 130,000 public employees, including thousands of judges, prosecutors and military personnel, through emergency decrees without judicial oversight.

Efstathiou added that the Committee of Ministers will review Yalçınkaya judgement’s implementation in June.

Turkey currently leads all CoE member states with 137 unresolved “leading cases,” many pending for over five years. The report faults Turkish authorities for focusing on procedural closures via compensation in repetitive cases without addressing root causes or undertaking structural reforms.

Resolution 2599 reflects broader concerns raised in the 2023 Reykjavik Declaration, in which CoE leaders committed to resisting democratic backsliding by prioritizing ECtHR implementation, especially in cases concerning freedom of expression, fair trials, judicial independence and Article 18 violations.

The resolution also calls for stronger national coordination mechanisms, parliamentary oversight and the creation of a Network of Parliamentarians to promote domestic implementation of ECtHR rulings. Efstathiou stressed that the system’s credibility depends on execution, saying, “The convention means nothing if the judgments are not implemented.” (Turkish Minute, April 10, 2025)

Le maire d'Istanbul fait citoyen d'honneur de la ville de Paris

Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté le 19 mars en Turquie, a été élevé au rang de citoyen d'honneur de la ville de Paris, "capitale des droits humains qui se tient à ses côtés", a annoncé l'édile de la capitale française, Anne Hidalgo.

"Ekrem Imamoglu est aujourd'hui injustement empêché de représenter son parti et de porter la voix de millions de Turcs. Privé de sa liberté et de ses droits fondamentaux, il doit pouvoir compter sur le soutien plein et entier de Paris", a déclaré la maire socialiste devant le Conseil de Paris qui a voté la citoyenneté d'honneur à l'unanimité.

Ce soutien unanime "donnera de la force pour résister à notre collègue et ami qui a les valeurs démocratiques chevillées au corps" et "permettra peut-être au pouvoir actuel turc d'entendre les voix de la raison démocratique", a ajouté Anne Hidalgo.

Le 19 mars, des maires de plusieurs capitales ou grandes villes européennes dont Paris, Rome, Amsterdam et Bruxelles avaient appelé à la libération d'Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, investi depuis comme candidat de son parti à la prochaine présidentielle. (AFP, 18 avr 2025)

Le principal parti de l'opposition veut des élections "au plus tard en novembre"

Le chef du principal parti d'opposition en Turquie, à la tête duquel il a été reconduit dimanche lors d'un congrès exceptionnel, a appelé à la tenue d'élections anticipées "au plus tard en novembre", après dix jours de contestation dans le pays déclenchés par l'arrestation du maire d'Istanbul.

"En novembre au plus tard, tu viendras affronter notre candidat. (...) Nous t'invitons à en appeler une fois de plus à la volonté du peuple, car la plus grande motion de censure de l'histoire aboutira à ceci. Nous te défions. Nous voulons notre candidat à nos côtés et notre urne devant nous", a déclaré Özgür Özel, le président du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) en s'adressant au président turc Recep Tayyip Erdogan.

Seul candidat à la direction du parti, M. Özel a été reconduit avec 1.171 votes sur 1.276 exprimés.

Le congrès exceptionnel est pour le CHP l'occasion d'une "démonstration de force", en réunissant des foules à Ankara, analyse Eren Aksoyoglu, expert en communication politique.

M. Özel avait invité cette semaine "tous les citoyens, qu'ils aient ou non voté pour le CHP", à se rassembler devant la salle du congrès dimanche.

Par le biais des rassemblements et en confirmant son leader, le parti espère contrer de nouvelles pressions politiques et judiciaires, après la destitution et arrestation de sept maires de sa formation, dont le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 19 mars.

 - Large victoire aux municipales -

 Dénonçant un "coup d'Etat", le CHP a entraîné des dizaines de milliers de gens dans les rues d'Istanbul et de nombreuses autres villes du pays dans les jours qui ont suivi l'arrestation de M. Imamoglu, investi depuis, comme prévu, comme candidat du parti à la prochaine présidentielle.

Près de 1.900 personnes, dont des étudiants et des journalistes, ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

"Quand les gros radis seront sortis du sac, ils n'oseront même pas regarder leurs proches dans les yeux, et encore moins la nation", a lancé fin mars Recep Tayyip Erdogan, suggérant que de nouvelles enquêtes pourraient s'abattre sur le CHP.

Selon des médias turcs, les autorités cherchent à décapiter la direction du CHP, un an après la large victoire de l'opposition aux élections municipales.

"Ce congrès est une occasion d'afficher notre sa solidarité avec le maire d'Istanbul et les étudiants arrêtés", a affirmé à l'AFP Safi Karayalçin, délégué d'Istanbul du CHP.

"Le maire d'Istanbul est injustement en prison, tout comme les autres maires et les membres du conseil municipal arrêtés. Il n'y a plus de justice en Turquie", a dénoncé de son côté Mustafa Arslan, délégué de Diyarbakir (sud-est).

Le CHP est arrivé en tête des élections municipales en mars 2024 avec 37,8% des voies à travers le pays, remportant, en plus des métropoles comme Istanbul et Ankara qui lui étaient déjà acquises depuis 2019, des bastions de l'AKP, parti de M. Erdogan.

- Opposition tenace -

 Conforté par sa réélection, Özgür Özel a annoncé la poursuite de la mobilisation.

"Nous organiserons un rassemblement à Samsun dimanche prochain, et ensuite le 19 mai à Izmir (..) et un rassemblement nocturne tous les mercredis soir dans un quartier d'Istanbul", a-t-il annoncé.

Il a aussi affirmé que 7 millions de signatures ont été collectées jusqu'à présent dans la campagne du parti pour demander la libération du maire d'Istanbul.

L'objectif est de collecter au moins autant de signatures que la moitié de 61,4 millions d'électeurs en Turquie, a précisé M. Özel.

"Depuis l'arrestation d'Imamoglu, Özgur Özel a donné une image du CHP qui écoute la rue et qui mène une opposition tenace. Cette approche a du succès au sein du CHP et des électeurs", estime Eren Aksoyoglu.

"Ce n'est peut-être pas un orateur très charismatique, mais il est articulé, précis et très critique du pouvoir. La base du parti le connait bien, c'est un bon organisateur", relève Berk Esen, professeur de Sciences politiques à l'université Sabanci d'Istanbul.

"M. Özel est à la tête du CHP mais n'a pas encore entièrement endossé le rôle du leader. En poursuivant une opposition tenace contre M. Erdogan, il pourrait renforcer son leadership", ajoute Eren Aksoyoglu. (AFP, 8 avr 2025)

Scandaleuse réunion de l’Union européenne


Doğan Özgüden
(İnfo-Türk, 5 avril 2025)

De nouveaux développements de nature ‘scandaleuse’ se sont produits cette semaine dans le flirt qui dure depuis 66 ans entre la Turquie et l’Union européenne… Comme j’ai été le témoin de nombreux épisodes tragi-comiques survenus dans les relations entre Ankara et Bruxelles tout au long de ma vie professionnelle et de combat social, cela ne m’a guère surpris…

La commissaire à l’élargissement de l’UE Marta Kos, qui a prononcé le discours d’ouverture de la séance du Parlement européen consacrée le 1er avril dernier à ‘La répression contre la démocratie en Turquie et l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu’, avait annoncé qu’elle avait annulé sa participation au Forum diplomatique prévu à Antalya du 11 au 13 avril prochain ainsi que sa rencontre avec Hakan Fidan, le ministre turc des Affaires étrangères.

Dans le communiqué commun publié avec la Vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Kaja Kallas à la suite de la mise en garde à vue d’İmamoğlu le 19 mars dernier, Marta Kos avait évoqué les acteurs politiques arrêtés depuis le début de l’année en Turquie, et souligné que ces arrestations « menaient à s’interroger sur l’attachement de la Turquie à sa tradition démocratique enracinée ».

Le rapporteur UE-Turquie Nacho Sanchez Amor avait indiqué qu’il était satisfait de la décision de Marta Kos de ne pas participer au Forum diplomatique d’Antalya, en précisant : « L’adhésion a un lien direct avec la démocratie. Sa situation géopolitique ne suffira pas à la Turquie pour ouvrir à la Turquie les portes de l’Union européenne ».

Ce n’était pas surprenant… Bien que la Turquie ait été désignée pays candidat à l’adhésion à l’UE en 1999, aucun progrès n’a pu être enregistré en raison de la régression de la démocratie et du respect des droits humains sous le diktat AKP-MHP, et les négociations d’adhésion ont même cessé de facto à partir de 2018.

Une semaine ne s’était pas encore écoulée que, alors que le maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul et ses amis étaient toujours en prison et que les arrestations, les tortures et les interdictions visant les médias battaient leur plein, une réunion s’est tenue à Bruxelles le 3 avril sur le Dialogue économique Turquie-UE au haut niveau sous la présidence de la commissaire à l’élargissement Marta Kos et du commissaire à l’économie Valdis Dombrovskis, avec la participation d’une délégation de la Turquie conduite par Mehmet Şimşek, ministre turc du Trésor et des Finances.

Cela malgré que Orhan Tura, président de l'Association des hommes d'affaires de Turquie (TÜSİAD) et Ömer Aras, président du Conseil de consultation de la TÜSİAD qui devaient représenter le monde des affaires de la Turquie, n’ont pu venir à Bruxelles pour cause d’interdiction de quitter le territoire…

L’aventure de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne a toujours été jalonnée de surprises et d’interruptions. Je n’ai donc pas été exagérément étonné.

Je me souviens d’il y a 71 ans : j’étais à la fois journaliste dans un quotidien d’opposition et étudiant à la Haute École d’Économie et de Commerce d’Izmir… Un jour, lors d’une pause, nous discutions des derniers développements en Turquie et à l’étranger au sein de notre groupe d’opposants…Une des actualités importantes du jour était la conférence de Paris du 23 octobre 1954 qui allait inclure l’Allemagne fédérale dans l’OTAN et lui permettre ainsi de s’armer, et allait fonder l’Union de l’Europe occidentale, précurseur de l’Union européenne, réunissant l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie.

Pour nous, les jeunes, il était étonnant que l’Allemagne, responsable principale de la Seconde Guerre mondiale, soit intégrée à cette union, alors même que la Turquie, membre du Conseil de l’Europe depuis 1950 et membre de l’OTAN depuis 1952, soit ignorée dans ce processus…

Nous étions d’ailleurs indisposés par la présence en Turquie de l’OTAN, à cause des privilèges dont bénéficiaient et de l’arrogance dont faisaient preuve les officiers et sous-officiers américains en poste au quartier général de l’OTAN situé à quelques centaines de mètres à peine de notre école sur le Kordon à Izmir, où flottaient les drapeaux des pays membres de l’Alliance.

J’avais posé la question le lendemain au professeur du cours d’Histoire des doctrines économiques. Il avait éludé la question en invoquant le fait que ce genre de question ne faisait pas partie du programme des cours. Rien d’étonnant en effet… David Ricardo et Adam Smith étaient longuement étudiés, alors que le nom de Karl Marx, par exemple, n’était pas prononcé, même à titre de critique.

Il faut dire qu’à cette époque ce genre de questions était tabou et dans le domaine politique et dans les médias turcs… Comment aurait-il pu en être autrement, alors que pour être intégrée à l’OTAN en 1952, la Turquie ne s’était pas contentée d’expédier une brigade de 4 500 hommes en Corée pour ‘combattre contre les communistes’, mais qu’elle avait lancé la fameuse opération d’arrestation des communistes dès 1951.

Une semaine exactement avant la Conférence de Paris qui allait consacrer la formation de l’Union de l’Europe occidentale à laquelle l’Allemagne allait être intégrée, le 17 octobre 1954, la cour martiale avait condamné 118 membres du Parti communiste de Turquie à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans et des peines d’exil allant jusqu’à 3 ans.

Le Parti républicain du peuple (CHP), qui avait appliqué toute espèce d’oppression et de persécution à l’encontre des communistes chaque fois qu’il était au pouvoir, avait, dans les périodes où il était dans l’opposition, soutenu à fond toutes les initiatives anticommunistes et pro-Alliance atlantique.

Le Premier ministre turc Adnan Menderes avait certes présenté la première demande d’adhésion de la Turquie à la Communauté économique européenne en 1959, à un moment où la terreur d’État allait s’intensifiant, mais la signature d’un accord de partenariat n’avait pu intervenir que le 12 septembre 1963.

Cependant, à la suite des coups d’État militaires de 1971 et 1980, de même que lors de la période de règne de l’ANAP en tant que parti unique puis sous les coalitions qui l’ont suivi, il n’avait pas été possible d’entamer les négociations d’adhésion en raison de la terreur d’État qui régnait dans le pays.

Pas moyen d’oublier la visite rendue à Bruxelles par le Premier ministre Turgut Özal, accompagné d’une importante délégation, alors que l’ANAP était le seul parti au pouvoir après la période du coup d’État de 1980, en vue de lancer les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE : après avoir procédé à une série d’entretiens appuyés par le Premier ministre grec Andréas Papandréou, Özal avait, le 4 mars 1988, tenu une conférence de presse au Centre de Presse international et s’était vanté que l’État turc, ayant mis fin aux procédés antidémocratiques, avait obtenu le droit d’adhérer à l’UE.

Toutefois, les droits humains n’ayant guère progressé, une série de visites protocolaires improductives s’est produite entre Bruxelles et Ankara, la candidature de la Turquie a été reconnue lors du Sommet d’Helsinki les 10 et 11 décembre 1999, et le Partenariat d’Adhésion est ratifié par le Conseil de l’UE le 8 mars 2001.

Les dirigeants de l’AKP qui qualifiaient l’Union européenne de « piège du sionisme » quand ils étaient dans l’opposition, changèrent de discours dès leur accession au pouvoir en 2002 et réussirent à faire adopter au Sommet de Bruxelles du 17 décembre 2004, une décision indiquant que « la Turquie respectait les critères politiques de manière satisfaisante », et à lancer les négociations d’adhésion le 3 octobre 2005.

Quoi qu’il en soit, Erdoğan ayant renversé en 2015 la table des négociations de paix avec la résistance nationale kurde et entamé une terreur d’État inouïe en prétextant la parodie de coup d’État de 2016, l’adhésion de la Turquie à l’UE s’est de nouveau retrouvée dans l’impasse.

Pour que la Turquie soit un partenaire respectable non pas seulement de l’Union européenne, mais aussi de Conseil de l’Europe et des Nations Unies, il n’y a plus d’autre solution que de renverser le diktat AKP-MHP.

Et pour cela, il est du devoir commun de toutes les forces démocratiques de notre pays d’assurer qu’il entre dans une période où non seulement le CHP mais aussi le Parti DEM et les autres partis de gauche aient leur mot à dire et un pouvoir décisionnel à l’Assemblée nationale, dans les administrations locales et dans toutes les institutions de l’État.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN


La Turquie juge "politiquement motivée" la décision d'une commissaire européenne

La Turquie a jugé jeudi "politiquement motivée" la décision de la commissaire européenne à l'Elargissement, Marta Kos, d'annuler sa participation à un forum diplomatique en Turquie, en raison de la répression de la contestation déclenchée par l'arrestation du maire d'Istanbul.

"Nous considérons l'annonce de la commissaire européenne à l'élargissement, Marta Kos, (...) de ne pas se rendre dans notre pays, comme une mesure politiquement motivée, visant à satisfaire certains groupes au sein de l'UE", a affirmé jeudi sur X la délégation permanente de la Turquie auprès de l'Union européenne.

"Cette attitude de la commissaire Kos est incompatible avec la position de la Commission européenne qui devrait être impartiale", a ajouté la délégation.

La commissaire européenne à l'Elargissement, Marta Kos, a annoncé mardi qu'elle annulait sa participation à un forum diplomatique organisé la semaine prochaine à Antalya, dans le sud de la Turquie, en raison de la situation dans le pays.

L'interpellation, le 19 mars, suivie de l'incarcération du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure du parti d'opposition CHP et principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a déclenché une vague de contestation réprimée par le gouvernement.

Près de 1.900 personnes, dont des étudiants et des journalistes, ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

"Il est inacceptable que l'UE adopte une approche qui porterait atteinte à l'indépendance de la justice et à l'Etat de droit dans notre pays", a estimé la délégation turque.  (AFP, 3 avr 2025)

L'UE veut "soigneusement recalibrer" son engagement avec la Turquie

L'UE veut "soigneusement" réexaminer son engagement avec la Turquie après les "développements préoccupants" des dernières semaines, a déclaré mercredi un porte-parole de la Commission européenne, tout en soulignant que ce pays restait un partenaire clé.

L'interpellation, le 19 mars, suivie de l'incarcération du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure du parti d'opposition CHP et principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a déclenché une vague de contestation réprimée par le gouvernement.

Des centaines de personnes, dont des étudiants et des journalistes, ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

"À la lumière des récents développements préoccupants, nous devons soigneusement recalibrer notre engagement, tout en maintenant bien sûr des canaux ouverts pour discuter de sujets d'intérêt mutuel, car la Turquie est un partenaire stratégique pour nous", a déclaré mercredi un porte-parole de la Commission européenne, Markus Lammert.

"Nous continuerons à soulever des questions et des préoccupations liées à l'État de droit. Nous voulons que la Turquie reste ancrée dans les valeurs européennes", a-t-il affirmé.

Les Européens doivent trouver un équilibre délicat. D'un côté, ils cherchent à approfondir leur coopération en matière de défense avec Ankara. De l'autre, ils exhortent le pays à respecter les valeurs démocratiques dans le cadre du processus d'adhésion à l'UE.

La commissaire européenne à l'Elargissement, Marta Kos, a annoncé mardi qu'elle annulait sa participation à un forum diplomatique organisé la semaine prochaine à Antalya, dans le sud de la Turquie, en raison de la situation dans le pays.

Bruxelles accueillera cependant jeudi des discussions de haut niveau sur les relations économiques de l'UE avec la Turquie pour la première fois en six ans, ce que le porte-parole Markus Lammert a qualifié de "pas important dans notre réengagement".

Le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek, doit participer à cette réunion.

Les relations entre l'UE et la Turquie se sont détériorées avec la répression menée par Recep Tayyip Erdogan contre l'opposition à la suite du coup d'État manqué de 2016, ainsi qu'en raison des tensions avec la Grèce concernant l'exploration gazière en Méditerranée orientale.

Mais l'Europe a besoin de la Turquie pour favoriser un cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine et ne saurait se passer d'elle pour stabiliser la Syrie de l'après Bachar al-Assad. (AFP, 2 avr 2025)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Une université américaine demande la libération de l'étudiante turque

L'université américaine Tufts, près de Boston, a apporté mercredi publiquement son soutien à l'étudiante turque Rumeysa Ozturk, dont l'arrestation la semaine dernière par la police de l'immigration en a fait un cas emblématique de la répression de l'administration Trump contre les militants propalestiniens sur les campus.

Dans une longue lettre signée par son président, Sunil Kumar, et rendue publique, l'université privée demande que cette doctorante de 30 ans arrêtée la semaine dernière par des agents en civils, pour certains masqués, "soit libérée sans délai pour qu'elle puisse terminer ses études et obtenir son diplôme".

L'arrestation en pleine rue, dont la vidéo a été diffusée, a suscité l'émoi et son avocate l'a qualifiée d'"enlèvement", qui "devrait glacer le sang de tout le monde".

L'université Tufts prend position alors que l'administration de Donald Trump a menacé de couper massivement les aides fédérales à plusieurs établissements prestigieux, comme Harvard, près de Boston (9 milliards de dollars), ou Columbia, à New York (400 millions de dollars), les accusant de laisser prospérer l'antisémitisme sur les campus à travers les mouvements propalestiniens.

Dans sa déclaration, l'établissement assure ne disposer d'"aucun élément" sur l'éventuelle implication de Rumeysa Ozturk dans des incidents sur le campus. Elle est au contraire décrite comme une "étudiante travailleuse", et bénéficie d'une "vague de soutiens" de camarades et professeurs.

La jeune femme avait cosigné en mars 2024 un article dans son journal universitaire, le Tufts Daily, critiquant la façon dont son établissement gérait le mouvement de contestation contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.

L'étudiante est toujours détenue, mais elle conteste son expulsion devant un tribunal fédéral du Massachusetts (nord-est).

Face aux pressions de l'administration Trump, l'université Columbia a accepté d'engager des réformes drastiques sur sa gestion des mouvements de protestation étudiants, à formaliser une définition de l'antisémitisme et à nommer un responsable pour superviser les départements d'enseignement sur le Moyen-Orient, l'Asie du sud et l'Afrique.

L'un de ses étudiants, Mahmoud Khalil, l'un des leaders du mouvement propalestinien sur le campus, est lui aussi détenu par la police de l'immigration et conteste son expulsion devant les tribunaux. (AFP, 3 avr 2025)


Relations régionales / Regional Relations

La Turquie veut renforcer son ancrage en Afrique

La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans la sud de la Turquie, a réuni aux côtés du président syrien Ahmed al-Chareh et des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères de nombreux responsables africains, dont le chef de l'Etat somalien.

"Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une", a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant il y a quelques mois un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Pour M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont nombre d'anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, "dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques".

"Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats", a déclaré à l'AFP le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Léon Kacou Adom, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

"Tout cela nous intéresse (...) La Turquie nous fait des offres et nous les étudions", a-t-il ajouté.

- "Solutions aux problèmes africains" -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

"Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ?", estime M. Osaghae.

"Et le point positif, c'est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque", relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États du continent dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

"Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique puisse trouver ses propres solutions aux problèmes africains", affirme le diplomate turc Alp Ay, représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

- "L'Afrique a besoin de médiateurs" -

La tension s'était accrue l'an dernier dans la Corne de l'Afrique après la conclusion par l'Éthiopie d'un accord avec le Somaliland -- qui a déclaré unilatéralement son indépendance de la Somalie en 1991 -- pour obtenir un accès à la mer.

Mais l'Éthiopie et la Somalie ont rétabli leurs relations diplomatiques à la suite d'un accord conclu en décembre sous médiation turque.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué "un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème". "L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs", résume lui le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

La responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, mais la Turquie continuera de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec "espoir".

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'"accroître la coopération" entre les deux Etats, selon Ankara qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. (AFP, 14 avr 2025)

Pour Erdogan, Israël veut "dynamiter" la "révolution" en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi Israël de chercher à "dynamiter" la "révolution" en Syrie en attisant les divisions dans le pays après la chute de Bachar al-Assad.

Israël "tente de dynamiter la révolution du 8 décembre en attisant les différences ethniques et religieuses en Syrie et en incitant les minorités du pays à s'opposer au gouvernement", a déclaré le chef de l'État turc lors d'un forum diplomatique à Antalya, dans le sud de la Turquie.

"Nous ne permettrons pas que la Syrie soit entraînée dans un nouveau tourbillon d'instabilité", a ajouté M. Erdogan, affirmant que "le peuple syrien en a assez des souffrances, de l'oppression et de la guerre".

Globalement, le président turc a accusé Israël de "menacer directement la stabilité de la région (...) avec ses attaques contre le Liban et la Syrie".

La Turquie est un soutien de poids de la coalition menée par des islamistes à la tête de la Syrie, qui a renversé le président Bachar al-Assad en décembre après près de 14 années de guerre civile. Cette influence nouvelle d'Ankara en Syrie inquiète Israël.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, était lui aussi présent au forum diplomatique d'Antalya, où il a rencontré M. Erdogan en tête à tête.

Le président turc a notamment assuré à son homologue que la Turquie poursuivrait "ses efforts diplomatiques pour lever les sanctions internationales contre la Syrie" et insisté sur la "nécessité" de "revitaliser la coopération commerciale et économique" entre les deux pays, a indiqué sur X la direction de la communication de la présidence turque.

 - Discussions turco-israéliennes -

Ces déclarations virulentes de M. Erdogan interviennent deux jours après des discussions techniques en Azerbaïdjan entre la Turquie et Israël visant à prévenir un risque d'escalade en Syrie.

Mais les deux puissances peinent à s'entendre : la réunion de mercredi n'a débouché sur rien de concret et chacune a des intérêts dans la région.

  Selon une source syrienne proche du dossier à l'AFP, Ankara tente d'établir des "positions militaires" en Syrie, dont une "à l'intérieur de la base T4", une base aérienne militaire de la province de Homs visée la semaine dernière par des frappes israéliennes.

L'armée israélienne, quant à elle, cherche à tenir les troupes syriennes éloignées de sa frontière. Elle a intensifié la semaine dernière ses frappes meurtrières en Syrie et mené une incursion terrestre dans le sud du pays, visant notamment des bases et un aéroport militaires.

Les intérêts d'Israël et de la Turquie ne sont pourtant "pas nécessairement opposés" en Syrie, juge cependant Aron Lund, chercheur au sein du think thank Century International. Mais les deux pays ont "tellement d'autres désaccords, d'abord et avant tout sur la Palestine", que le chercheur estime un véritable accord très peu probable.

- "Barbarie" -

Vendredi encore, Recep Tayyip Erdogan a répété que la conduite d'Israël vis-à-vis de Gaza est celle d'un "État terroriste", dénonçant la "barbarie" dont fait preuve selon lui le gouvernement Benjamin Netanyahu depuis l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

"Ce matin même, dix personnes, dont sept enfants, d'une même famille, sont morts en martyrs à Khan Younès. Si ce n'est pas de la barbarie, qu'est-ce que c'est ?", a martelé le chef de l'État turc.

La Turquie a notamment suspendu ses relations commerciales avec Israël en réaction à la guerre dans la bande de Gaza.

"Espérons que les discussions" sur le dossier syrien permettront "au moins de trouver des moyens pour eux de coexister et de gérer leurs tensions d'une manière ou d'une autre, sans que cela ne dégénère en quelque chose de vraiment déstabilisant", commente Aron Lund, "parce que cela pourrait aussi arriver". (AFP, 11 avr 2025)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration


Plus de 175.000 Syriens réfugiés en Turquie sont rentrés chez eux depuis décembre

Plus de 175.000 Syriens réfugiés en Turquie sont rentrés dans leur pays depuis la chute début décembre du régime de Bachar al-Assad, a annoncé mercredi le ministre turc de l'Intérieur.

Près de 2,8 millions de Syriens demeurent réfugiés sur le sol turc, a précisé le ministre, Ali Yerlikaya, soulignant que les 175.512 retours comptabilisés entre le 9 décembre et le 13 avril étaient tous "volontaires".

Le gouvernement turc, soutien des nouvelles autorités à Damas, espère une accélération des retours des réfugiés syriens, dont la présence a suscité de fortes crispations en Turquie ces dernières années.

Au total, quelque 400.000 Syriens sont rentrés chez eux depuis des pays voisins depuis début décembre, a indiqué le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Sur la même période, plus d'un million de Syriens déplacés à l'intérieur de leur pays sont également rentrés chez eux, selon le HCR. (AFP, 16 avr 2025)

Nous avons perdu un éminent défenseur des droits humains
 
Doğan Özgüden, 1er avril 2025
 
Nous avons appris avec une grande tristesse le décès le 19 mars dernier de Jean-Pierre Dupont, éminent homme de combat, qui, dans les années 70 et 80 en Belgique, a défendu de manière militante les droits de tous les opprimés et de tous les immigrés, quelle que soit leur origine, leur langue et leur religion.

Jean-Pierre Dupont, né à Uccle le 4 décembre 1934, était un homme d’Église qui a toujours été solidaire non seulement des exilés chrétiens, mais aussi des immigrés kurdes, turcs, marocains et tunisiens.

Au début des années 70, la Belgique n’était pas du tout un pays ‘accueillant’ pour les immigrés et les exilés politiques… İnci et moi en avons fait les frais à de nombreuses occasions. Après avoir été reconnus réfugiés de l’ONU aux Pays-Bas, il nous a fallu des années avant de pouvoir obtenir à Bruxelles, capitale de l’Europe, où nous avions fondé İnfo-Türk en 1974, un permis de séjour et de travail, qui nous a été refusé des années durant. J’ai même été expulsé manu militari de Belgique sous la pression de l’État turc.

À la même époque, une terreur policière était dirigée dans les quartiers nord de Bruxelles contre les immigrés marocains et tunisiens; des descentes avaient lieu dans les cafés et les entreprises, la chasse aux ouvriers clandestins battait son plein. Ceux qui tentaient de protester, belges ou étrangers, étaient arrêtés par la force.

Après qu’un jeune marocain a été tué par la police à la Place Gaucheret, les Maghrébins organisèrent des manifestations de protestation avec le soutien des démocrates belges. Sept Marocains et deux Tunisiens entamèrent le 22 mars 1974 une grève de la faim dans l’église Saints-Jean-et-Nicolas dont Jean-Pierre Dupont était le curé.

C’était au moment où Roger Nols, politicien d’extrême-droite xénophobe était à la tête de la commune de Schaerbeek…

Début avril, une équipe de police que cet individu commandait personnellement a forcé les porte de l’église et traîné les grévistes hors du lieu de culte. Les grévistes ont été expulsé par deux vols charter vers Tanger et Casablanca, et Jean-Pierre Dupont arrêté comme plusieurs autres.

Par la suite, Jean-Pierre Dupont fit partie de ceux qui luttèrent vaillamment pour accueillir et assurer l’intégration à la société des Assyriens, Araméens, Syriaques, Chaldéens et Arméniens arrivant en Belgique à la suite des pressions nationalistes et religieuses en Turquie.

Le nom de Jean-Pierre Dupont qui a toujours été solidaire, même dans son grand âge et alors qu’il avait de sérieux problèmes de santé, des combats menés pour la liberté et les droits humains en Turquie et dans les diasporas, ne sera pas oublié dans l’Histoire des luttes sociales en Belgique.

Mort de 16 migrants dans deux naufrages distincts entre la Grèce et la Turquie

Au moins 16 migrants, dont trois mineurs, ont péri noyés jeudi dans deux naufrages distincts en mer Egée, entre la Grèce de la Turquie, l'un survenu au large des côtes occidentales turques et le second non loin de l'île grecque de Lesbos.

En Turquie, les garde-côtes ont été prévenus peu avant 06H30 (03H30 GMT) du naufrage d'un canot pneumatique dans lequel au moins neuf personnes ont perdu la vie dans les eaux baignant le district turc d'Ayvacik (nord-ouest), dont certaines plages sont distantes de moins de 10 km de Lesbos.

"Les corps sans vie de neuf migrants irréguliers ont été repêchés" tandis que 25 ont pu être secourus, ont annoncé les garde-côtes turcs, précisant que les recherches se poursuivaient dans la zone du drame jeudi après-midi.

Aucune autre information n'a été fournie jusqu'ici sur l'identité des rescapés.

Juste en face des côtes turques, au large de Lesbos, l'une des îles de la mer Egée, un naufrage similaire s'est produit également jeudi matin, faisant sept morts : trois mineurs, trois femmes et un homme.

Les 23 rescapés, des ressortissants afghans et syriens, ont été transférés dans le centre d'accueil de migrants de cette île.

  "Leur bateau a pris l'eau et a commencé à couler", a précisé à l'AFP une responsable du bureau de presse des garde-côtes grecs soulignant que les recherches continuaient jeudi en fin d'après-midi à la recherche d'éventuels survivants.

 - Traversée périlleuse vers l'Europe -

 Les naufrages sont fréquents pendant ces traversées périlleuses entre les côtes turques et les îles grecques voisines telles que Samos, Chios et Lesbos, des points d'entrée dans l'Union européenne des personnes fuyant guerres et pauvreté en Asie ou au Moyen-Orient.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 400 migrants ont disparu ou ont été retrouvés morts en Méditerranée depuis le début de l'année et 2.333 y ont disparu ou péri en 2024.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a fait savoir que près de 9.000 personnes étaient arrivées clandestinement en Grèce depuis le 1er janvier 2025, la plupart par la mer.

Le gouvernement conservateur grec, accusé par le passé de refoulement de migrants vers les eaux turques, ne cesse de durcir sa politique sur l'immigration.

"Si vous souhaitez entrer illégalement en Grèce et que vous n'avez pas droit à l'asile, nous ferons tout notre possible pour vous renvoyer d'où vous venez", a déclaré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis devant le Parlement mercredi.

"Les passeurs et les ONG qui coopèrent avec eux ne détermineront pas qui entre dans notre pays", a-t-il ajouté. (AFP, 3 avr 2025)



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