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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey
Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

41th Year / 41e Année
Novembre
 
2025 November
N° 567
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Documentaire sur Özgüden et Tugsavul au festival ATTAC

    Le documentaire d'Esra Yıldız, « Apatride », retrace la vie et le combat des journalistes
Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul, contraints à l'exil de Turquie suite au coup d'État militaire du 12 mars 1971 et déchus de leur nationalité en 1982. Il sera projeté au centre Garcia Lorca dans le cadre du Festival du cinéma ATTAC, le dimanche 23 novembre 2025 à 14h00.
    Ce documentaire explore les cinquante années d'exil d'Özgüden et Tuğsavul à Bruxelles, leurs luttes, leur engagement social ainsi que les activités des Ateliers du Soleil, le centre multi-culturel d'éducation permanente et de créativité qu'ils ont fondé en 1974.
    Le documentaire a déjà été projeté à Ankara, Antalya, Berlin, Boston, Bruxelles, Cologne, Hambourg, İstanbul, İzmir et Paris.
    La projection sera suivie d’un débat en présence de Doğan Özgüden et Bahar Kimyongür, journalistes exilés en Belgique.


Droits de l'Homme / Human Rights

Le jour de la révolution, la torture et la résitance kurde - Doğan Özgüden
"Cette loi joue avec nos vies": nouvelle menace sur les LGBT+ en Turquie
Turkey’s prison population has increased sevenfold under AKP rule
Court orders arrest of İmamoğlu, journalist Yanardağ in espionage probe

Pression sur les médias / Pressure on the Media

RSF dénonce la "persécution judiciaire" d'un journaliste turc
Kurdish musician Hakan Akay taken into custody upon arrival in Turkey

Prise de contrôle d'une télévision d'opposition et arrestation de son rédacteur-en-chef

Kurdish Question / Question kurde

Kurdes tués à Paris fin 2022: un témoin présumé obtient finalement l'asile
Le chef kurde Öcalan veut agir avec "sérieux et responsabilité"

Trois Kurdes tués à Paris fin 2022: un témoin présumé conteste le refus de sa demande d'asile
PKK a achevé la première phase du processus de paix, estime le parti prokurde DEM
Le PKK affirme retirer ses forces de la Turquie vers le nord de l'Irak

Minorités / Minorities


Politique intérieure/Interior Politics

Plaintes du président turc contre l'opposition pour "outrage" et "préjudice moral"
L' espoir de libération pour l'opposant Demirtas après une décision européenne

Accusé d'espionnage, le maire d'Istanbul convoqué par la justice

Forces armées/Armed Forces

La livraison d'Eurofighter à la Turquie renforcera l'Otan, juge Merz

Affaires religieuses / Religious Affairs
 


Socio-économique / Socio-economic

Men killed 22 women in October in Turkey
Le Monde Du Football Aussi Pourri Que… - Ragip Duran
Prison à perpétuité en Turquie pour les responsables d'un incendie meurtrier
Quatre membres d'une famille tués dans l'effondrement d'un immeuble
Séisme de magnitude 6,1 dans l'ouest de la Turquie

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

La Turquie réaffirme son objectif de participer à un programme de défense de l'UE

Erdogan signe avec Starmer un méga-contrat pour 20 Eurofighters

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO



Relations régionales / Regional Relations

Reprise des vols de Turquie vers Souleimaniyeh, en Irak, après une interdiction liée au PKK
550.000 Syriens sont rentrés chez eux depuis la chute d'Assad


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Erdogan battu, son Quisling chypriote renversé - Ragip Duran


Immigration / Migration

Monténégro : rétablissement des visas pour les Turcs, après des incidents
Grèce: quatre morts dans un nouveau naufrage de migrants


Droits de l'Homme / Human Rights

Le jour de la révolution, la torture et la résitance kurde



Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 6 novembre 2025
  • Le « non » exprimé lors du référendum d’approbation de la présidence d’Evren et de sa constitution il y a 43 ans constitue un tournant historique dans la résistance des Kurdes pour la liberté.
Demain, 7 novembre… Jusqu’à il y a 43 ans, cette date nous rappelait toujours la Révolution d’Octobre 1917 en Russie… En réalité, bien que cette révolution fût connue sous le nom de Révolution d’Octobre conformément à sa date avant la réforme du calendrier, elle était célébrée le 7 novembre selon le nouveau calendrier en Union soviétique.

Alors que nous commencions à nous éveiller intellectuellement et à nous organiser dans les années 1950, nous écoutions le récit de la révolution de la bouche de nos chers amis communistes qui avaient connu la prison, et nous nous efforcions d’apprendre quelque chose à travers les émissions en langue turque diffusées ce jour-là par les radios de Moscou, de Sofia et de Budapest.

Dans les années 1960, grâce aux publications de gauche qui commençaient à paraître en librairie, parallèlement à la structuration du Parti ouvrier de Turquie, la Révolution russe du 7 novembre commença à trouver sa place dans le calendrier politique de la Turquie, entre la Fête de la République du 29 octobre et l’anniversaire de la mort d’Atatürk le 10 novembre.

Lorsque j’étais rédacteur en chef du quotidien Akşam, je prévoyais de consacrer une large place à la Révolution russe dans l’édition du 7 novembre 1966, une première en Turquie. J’avais également demandé à mes amis écrivains Fethi Naci et Hüseyin Baş de préparer chacun un papier sur ce sujet. Mais cela ne put se réaliser après notre éviction du journal sous la pression du gouvernement Demirel et des patrons.

Un an plus tard, avec İnci, nous prîmes notre revanche en fondant la revue Ant…

Le 45e numéro de la revue, daté du 7 novembre 1967, comprenait l’étude de Fethi Naci, intitulée « La Révolution d’Octobre a 50 ans » et illustrée des portraits des penseurs et dirigeants communistes, de Marx à Lénine, et un article de notre spécialiste de politique étrangère Hüseyin Baş, intitulé « Les dix jours qui ébranlèrent le monde », narrant l’histoire de la Révolution russe… Par ailleurs, nos pages sur l’art et la culture contenaient les articles de Sungu Çapan, « Le cinéma soviétique à son 50e anniversaire », et d’Ece Ayhan, « Cinquante ans de littérature en Union soviétique ». Le 46e numéro de Ant, paru une semaine plus tard, consacrait une large place à un article de notre grand peintre exilé depuis des années à Paris, Abidin Dino, sur « Les écrits de Lénine sur la Turquie ».

Cette année-là, de grandes célébrations furent organisées en Union soviétique pour le 50e anniversaire de la révolution. L’ambassade soviétique m’avait aussi invité, en ma qualité de dirigeant d'Ant, à ces célébrations, tout comme les dirigeants du Parti ouvrier de Turquie et du syndicat DİSK [Confédération des Syndicats ouvriers révolutionnaires]. Mais je ne pus m’y rendre, les préparatifs de l’hebdomadaire m’empêchant de quitter Istanbul plus d’un ou deux jours, et comme il n'y avait pas de télévision à l’époque, je ne pus suivre les célébrations que sur les ondes en langue turque de Radio Moscou.

Trois ans plus tard, dans l’édition de Ant du 21 avril 1970, nous consacrâmes à nouveau une large place à la Révolution russe à l’occasion du centenaire de la naissance de Lénine, et publiâmes également son livre « Les Mouvements de Libération nationale en Orient ».

Une grande réception fut donnée à ce moment-là au magnifique consulat de l’Union soviétique à Beyoğlu pour célébrer l’anniversaire de Lénine, et les responsables et écrivains de Ant y furent également conviés.

En raison des travaux prolongés à l’imprimerie, nous arrivâmes au consulat bien après le début de la réception, sans même avoir eu le temps de nous laver les mains, tâchées d’encre, ni de nous changer.

Des centaines de couronnes et de bouquets étaient amoncelés contre le mur en face de la porte d’entrée du salon. Mais au milieu de cette masse de fleurs se dressait une immense couronne entièrement composée de roses rouges. Intrigués, nous nous en approchâmes et restâmes pétrifiés en lisant l’inscription. Celui qui avait envoyé cette couronne rouge pour célébrer l’anniversaire du fondateur du premier État communiste du monde n’était autre que le capitaliste numéro un de Turquie, Vehbi Koç.

L’ambassadeur soviétique et son épouse, en retard, n’étaient pas encore entrés dans le salon principal pour accueillir leurs hôtes. Lorsque le chef du protocole nous présenta comme dirigeants de Ant, l’ambassadeur manifesta un intérêt particulier. Comme nous ne savions pas encore ce qu’était la « realpolitik », je demandai après quelques conversations polies, peut-être avec une pointe d’ironie : « C’est bien beau tout ça, mais que fait Vehbi Koç dans cette soirée, et surtout avec une telle couronne ? »

L’ambassadeur répondit en s’esclaffant : « Si Lénine n’avait pas existé, et si l’Union soviétique qu’il a fondée n’avait pas soutenu le nouvel État turc, Vehbi Koç aurait-il pu devenir le Vehbi Koç d’aujourd’hui ? »

***

Dans les pays européens où nous nous trouvions en exil, comme la Belgique, la France et l’Allemagne, les célébrations du 7 novembre, à l’instar de celles du 1er mai, comptaient parmi les plus importants événements des organisations de la classe ouvrière… Cela perdura jusqu’à la dislocation de l’Union soviétique.

En Belgique, le quotidien du Parti communiste, Le Drapeau Rouge, paraissait chaque 7 novembre rempli d’articles et  de communiqués commémorant la Révolution russe, que nous partagions aussi avec enthousiasme.

Cependant, le 7 novembre 1980, une nouvelle tragique en provenance de Turquie transforma pour nous ce jour de fête en un jour de deuil. Oui, ce jour-là, notre collègue İlhan Erdost, propriétaire des éditions Onur, perdit la vie après avoir été battu des heures durant, avec son frère aîné Muzaffer Erdost, dans la prison de Mamak de la junte militaire fasciste qui prit le pouvoir par un coup d’État militaire deux mois plus tôt.    

Loin de condamner les auteurs de cet odieux assassinat, les médias turcs ne daignèrent même pas rapporter qu’un intellectuel de renom avait été battu à mort dans une prison militaire… Seuls, quelques-uns se contentèrent, quatre jours plus tard, de publier le communiqué du commandement de la loi martiale d’Ankara daté du 11 novembre 1980, annonçant qu’ « İlhan Erdost, dirigeant des éditions de Gauche, est décédé d’une hémorragie cérébrale après avoir reçu un coup à la tête de la part d’un gardien ».

Pourtant, İlhan Erdost fut sauvagement battu à mort par les soldats d’Evren, tout comme les putschistes fascistes chiliens avaient assassiné sept ans plus tôt le célèbre chanteur folk Victor Jara dans un stade, en lui brisant les doigts avec lesquels il jouait de la guitare.

À cette époque, dans le journal Tek Cephe que nous publiions à Bruxelles en tant qu’organe de l’Union pour la Démocratie, nous dévoilâmes sous le titre « Comment İlhan Erdost a-t-il été assassiné ? » le système de torture, à l’origine de la mort tragique d’ İlhan Erdost, qui sévissait dans les prisons militaires de la junte depuis le 12 septembre, et en informâmes aussi l’opinion publique européenne.

Cet article, comme de nombreux autres documents de la résistance, furent traduits en français par notre ami écrivain Yiğit Bener, alors exilé politique à Bruxelles, qui vient de coécrire il y a quelque temps avec Selahattin Demirtaş, emprisonné à Silivri, un roman intitulé « Duo au purgatoire (Arafta Düet) ».

Nous avons également publié dans notre journal le texte intégral du document remis à Amnesty International relatif à cet assassinat par son frère aîné Muzaffer Erdost, arrêté et torturé en même temps que lui.

***
Deux ans s’étaient écoulés depuis cet assassinat, lorsque la Turquie allait connaître, le 7 novembre 1982, un autre évènement parmi les plus honteux de son histoire récente... Le référendum organisé par la junte militaire sous le couvert trompeur d’une “transition vers un régime civil” vit 91,3% des votants approuver par un vote “Oui” non seulement la nouvelle constitution militariste, mais aussi la prolongation pour sept ans du despotisme du chef de la junte, le général Kenan Evren, en qualité de “président civil” doté de pouvoirs extraordinaires.

Après deux années de dictature fasciste à l’ombre des potences, le fait que l’écrasante majorité vote en faveur de la constitution antidémocratique qui lui est imposée et du despote chargé de l’appliquer constitua un choc tant pour ceux qui, deux années durant, soutinrent les forces de résistance démocratique en Turquie, que pour l’opinion démocratique internationale.

J’écrivis ceci à propos des résultats du référendum pour le journal Demokrat Türkiye dirigé à Cologne par notre ami Dursun Akçam, alors en exil :

« Si le 7 novembre a symbolisé dans l’histoire mondiale l’ouverture de l’ère des révolutions socialistes avec la Révolution russe, il est également entré dans l’histoire de la Turquie comme le jour d’ouverture de l’ère du fascisme parlementaire ‘constitutionnalisé' par un référendum truqué. Dans les années à venir, la classe ouvrière de Turquie, les masses laborieuses et le peuple kurde se souviendront du 7 novembre en ces deux aspects, à la fois comme le jour où la voie de la libération sociale et politique s’est ouverte dans le monde entier et comme le jour où un voile d’obscurité s’est abattu sur les droits et libertés fondamentaux en Turquie ».

Cela était vrai pour la Turquie dans son ensemble, mais l’analyse des résultats du référendum province par province révélait une autre réalité éclairant également les luttes actuelles. En effet, contrairement à la capitulation de la Turquie dans son ensemble, les provinces kurdes de l’est votèrent dans des proportions significativement élevées et contre la constitution militariste et contre la présidence d’Evren.

Bingöl %23,5
Diyarbakır %19,7
Tunceli %17,4
Hakkari %17,2
Muş %14,9
Mardin %13,1
Bitlis  %12,7
Siirt %11,9
Van %8,9

Ces taux peuvent paraître faibles en comparaison des scores obtenus par les partis HEP, DEP, HADEP, DEHAP, DTP, BDP, HDP, DBP et DEM, ayant participé aux élections générales ou locales dans ces provinces depuis 1999. Cependant, il ne faut pas oublier que le référendum de 1982 se déroula à une époque où le terrorisme fasciste turco-islamiste régnait de manière brutale et où les prisonniers kurdes de la prison de Diyarbakir subissaient des persécutions et cruautés dignes des films d’horreur les plus horribles.

Evren, qui prit personnellement part à la campagne électorale pour faire approuver sa propre présidence lors du référendum, et s’adressait dans les quatre coins de la Turquie aux masses forcées d’y assister, tout comme le fait aujourd’hui Tayyip Erdoğan, ne cessait de proférer cette menace :

« Si nous ne voulons pas par retourner à la période d’avant le 12 septembre et revivre ces jours et ces années désastreuses, et peut-être même cette fois de manière plus terrible encore et sans le moindre espoir de salut, vous devez aller à l’isoloir voter blanc et accepter la Constitution ».

Même le journal Cumhuriyet dans son édition du 30 août 1982 reprenait en manchette ces mots d’Evren, accusant l’opposition « collaborant avec les puissances étrangères d’avoir lancé une campagne de ‘non' à la constitution », forçant ainsi les citoyens rétifs à aller voter « oui » en faveur de la constitution à adhérer à un complexe de culpabilité.

Un autre exemple de lavage de cerveau orchestré par Evren à cette époque apparaît en manchette du journal Tercüman du 5 novembre 1982 : « Si le 12 septembre n’avait pas eu lieu, Taksim serait une « place rouge » ! »

Outre ce climat de terreur, il est important de rappeler qu’à l’époque, il n’existait aucune organisation légale, comme l’actuel DEM, capable de canaliser les votes kurdes. De même que notre classe ouvrière expérimenta le processus de transition d’une « classe en soi » vers une « classe pour soi » avec les organisations du TİP et de la DİSK dans les années 1960, la nation kurde était en train dans le processus de sortie de la « nation en soi » pour devenir une « nation pour soi » avec la conscience et la clairvoyance ayant émergé à la suite de décennies d’oppression et de répression subies…  

C’est ainsi qu’ils purent dire “non”, même de façon limitée, à Evren et à sa constitution. De plus, malgré le fait que le CHP, qui n’avait jamais contesté les injonctions de l’armée après les coups d’État du 12 mars et du 12 septembre, avait une fois de plus abandonné les Kurdes en soutenant la constitution militariste et la présidence d’Evren lors de ce référendum...

C’est cette détermination, certes limitée, manifestée par les électeurs kurdes lors du référendum de 1982 qui forma les cadres d’avant-garde de la lutte active qui débuta en 1983, et se poursuit jusqu’à nos jours, et de la lutte légale initiée sur le plan législatif par le HEP, et qui a abouti de nos jours à ce que le DEM forme le troisième groupe parlementaire le plus important à l’Assemblée.

Malgré les arrestations et incarcérations de dirigeants politiques, députés et élus municipaux kurdes et la mise sous tutelle des municipalités remportées par des candidats kurdes, ils poursuivent leur juste combat avec une grande détermination.

La résistance nationale kurde, née des urnes du référendum du 7 novembre 1982, surmontera sans aucun doute toutes les difficultés, malgré l’oppression, la répression, les trahisons et les coups bas.

Car, comme l’a si justement proclamé Victor Jara, sauvagement assassiné par les fascistes chiliens en 1973, le peuple organisé ne sera jamais vaincu !

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

"Cette loi joue avec nos vies": nouvelle menace sur les LGBT+ en Turquie

"Si cette loi passe, elle menacera notre existence". Devant son miroir, Florence, qui s'apprête à entrer en scène dans un club d'Istanbul, redoute un nouveau coup porté à la communauté LGBT+ en Turquie.

Un projet d'amendement au code pénal, proposé par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara, permettrait de poursuivre les personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres pour comportements jugés "contraires au sexe biologique et à la morale générale" ainsi que leur "promotion".

En robe noire et perruque blonde, "Florence Konstantina Delight" - son nom de scène - a tracé une petite moustache bleue sur son maquillage blanc, recourbe ses longs cils avec soin, termine avec une pression de parfum dans le cou et entame sa longue soirée.

"Ce soir c'est Halloween, le jour le plus sûr de l'année pour les artistes drags" avec la floraison de déguisements, se réconforte l'artiste de 27 ans qui a demandé à être identifié par le pronom neutre "iel".

D'un bar à l'autre, sa nuit commence par une session comme DJ avant une performance en dragqueen.

"J'ai commencé à m'habiller en femme il y a huit ans pendant mes études. C'est une façon d'exprimer mes sentiments. Mais j'ai arrêté l'université, le campus était plein de policiers et je n'aime pas les uniformes", se souvient Florence en riant au milieu des robes et perruques qui envahissent sa chambre.

Aujourd'hui, les uniformes lui font encore plus peur: "Cette loi menace notre existence en tant que personne LGBT+. Ils jouent avec nos vies. Cela poussera certains au suicide".

 - "Idéologie déviante" -

 Le texte, qui devrait être soumis au parlement avant la fin de l'année, prévoit également de repousser de 18 à 25 ans l'âge minimum pour toute chirurgie de transition et restreint l'accès aux soins dans ce cadre.

La communauté LGBT+ est fréquemment dans le viseur du président Recep Tayyip Erdogan qui la rend responsable du déclin démographique du pays.

Pour lui, les comportements LGBT+ "importés de l'étranger" sont des

"perversions", une "idéologie déviante" et un "fléau" menaçant la famille et les valeurs turques.

Fin octobre, plusieurs associations ont tenté de mobiliser contre ce projet de loi qui "viole la dignité humaine" selon l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Mais les manifestations ont été interdites, notamment à Istanbul.

"Cette loi prévoit un à trois ans de prison pour des motifs vagues: vous pouvez être condamné pour votre apparence ou juste parce que vous êtes LGBT+", s'insurge Irem Gerkus, militante des droits humains,  lors d'une réunion dans les locaux de l'Association des droits de l'Homme pour dénoncer la loi.

Ogulcan Yediveren, jeune directeur de l'ONG SPOD, qui propose un accompagnement psycho-médical aux personnes LGBT+, y voit surtout une tentative de "restreindre leur présence dans l'espace public".

"Le ministère de la Famille affiche des objectifs visant directement les LGBT+ et bénéficie d'un budget renforcé... Ce n'est plus seulement la haine dans le discours des politiciens, mais une véritable politique d'État", dénonce-t-il.

 - Bars et clubs fermés -

 L'homosexualité n'est pas interdite en Turquie, elle a été dépénalisée en 1858, sous l'Empire ottoman. Mais elle reste soumise à l'opprobre sociale et depuis l'arrivée au pouvoir du parti AKP en 2002, les discours anti-LGBT sont allés crescendo.

Depuis 2015, la marche des fiertés est régulièrement interdite et réprimée.

"Une telle loi ne touche pas seulement à la communauté LGBT+. Ses limites s'élargissent progressivement. Que signifient le sexe biologique ou la morale publique? ", reprend Ogulcan Yediveren.

A Istanbul même, pourtant libérale, les lieux de rencontres pour les communautés LGBT+ se réduisent. Plusieurs bars et boîtes de nuit ont fermé ces derniers mois après des descentes de police en pleine nuit.

Sous les néons orange et verts d'un club LGBT+ réputé de la mégapole, une centaine de danseurs se déhanchent sur les mix de Florence, en turc et en anglais.

"Autrefois, je montais sur scène chaque semaine. Je ne le fais plus parce que l'endroit où je travaillais a été fermé", regrette l'artiste.

Entre deux boîtes de nuit, Florence se hâte dans les ruelles du quartier de Taksim, fuyant les regards, sous l'escorte de deux amis par sécurité, vers son prochain spectacle en perruque et robe lamée.

Peut-être un des derniers pour Florence qui songe à quitter la Turquie.

"J'y ai pensé plusieurs fois mais j'ai toujours changé d'avis. Cette fois je veux partir pour de bon. Je me sens de plus en plus seul. Beaucoup de mes amis sont déjà partis". (AFP, 6 nov 2025)

Turkey’s prison population has increased sevenfold under AKP rule

The number of prisoners in Turkey's prisons has reached 420,904, according to Oct 2025 prison statistics released by the Civil Society in the Penal System Association (CİSST). This marks a sevenfold increase from the 59,429 recorded in 2002, the year the ruling Justice and Development Party (AKP) came to power.

CİSST data shows that the total capacity of Turkey’s 402 prisons is 304,964, meaning the prison population now stands at 138% of capacity. Of all prisoners, 120,013 are held in open prisons, while 300,891 are in closed facilities.

Among all incarcerated individuals, 357,646 are convicted and 63,258 are in pretrial detention. Also, 200 identify as LGBTI+, 14,276 are foreign nationals, and 1,453 are serving aggravated life sentences.

There are 269 prisoners with disabilities, including 42 who are visually impaired, 28 with hearing impairments, and 162 with orthopedic conditions.

The data also reveals that 6,543 prisoners are over the age of 65. As of 2025, 77,014 prisoners were continuing their education, and 58,500 were engaged in insured vocational activities. Among the total population are 4,561 minors aged 12 to 18, including 187 girls. Additionally, 434 children aged 0–3 and 388 aged 4–6 are living in prison with their incarcerated mothers, of whom there are 19,290.

CİSST’s report highlights a particularly sharp rise in the number of pretrial detainees. The overall inmate population rose by 0.4% from the previous month and by 4.4% over the past six months. The report attributes this trend in part to the increasing use of pretrial detention as a punitive tool.

Court orders arrest of İmamoğlu, journalist Yanardağ in espionage probe

An İstanbul court has ordered the arrest of İstanbul's suspended mayor, Ekrem İmamoğlu, journalist Merdan Yanardağ, and İmamoğlu’s campaign manager Necati Özkan as part of an ongoing espionage investigation led by the İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office. Yanardağ was initially detained on Oct 24. Shortly afterward, a government-appointed trustee took over Tele1 TV, a pro-opposition outlet where he served as editor-in-chief. İmamoğlu and Özkan had already been in pretrial detention since March, implicated in a large-scale corruption investigation targeting the opposition-led İstanbul Metropolitan Municipality.

Yesterday, İmamoğlu was brought on Oct 26 from Marmara Prison, located in Silivri district on the outskirts of İstanbul, to the İstanbul Courthouse in Çağlayan under tight security. Supporters gathered outside the courthouse but were not allowed to approach.

A message from İmamoğlu was relayed to them, stating, “Despite the ban, our fellow İstanbul residents gathered in Çağlayan. I thank them all.”

Rally outside courthouse

After nearly six hours of testimony, prosecutors referred all three suspects to court with a request for their arrest. The court gave a decision in line with the request early today.

While the testimonies were underway, Özgür Özel, leader of the main opposition Republican People’s Party (CHP), held a large rally outside the Çağlayan Courthouse.

He accused the government of continuing what he described as a “coup” against the CHP that began with İmamoğlu’s suspension in March.

“They called him a thief, it didn’t work. They said corruption, it didn’t work. They accused him of supporting terrorism, that didn’t work either. Now they’re calling him a spy. Shame on them,” he said.

Accusations denied

The investigation was launched after written correspondence emerged between Hüseyin Gün, a cybersecurity consultant, in custody ince July on espionage charges, and Özkan, during İmamoğlu’s 2019 mayoral campaign. The messages reportedly include Gün offering data-driven strategic suggestions for İmamoğlu’s campaign and intelligence on groups working for the opposing side.

Authorities claim that Gün unlawfully obtained personal information and private communications about citizens during these activities. He admitted to the conversations in his statement.

Based on Gün’s alleged contacts with former intelligence operatives from countries such as the UK and Israel, prosecutors argue that accessing citizens' personal data to possibly hand over it to foreign countries constitutes an act of espionage. All three suspects are now accused of involvement in this activity.

Özkan, however, has denied authorship of the messages and said he does not use the encrypted messaging app "Wickr" mentioned in the investigation. He also denied acquaintance with Gün and claimed the issue would be clarified once his phone is examined.

Yanardağ was also arrested on charges of espionage and establishing a criminal organization for profit due to his communication with Gün during the 2019 election period. The messages show Gün offering advice and suggestions to Yanardağ on how to approach broadcasting during the campaign.

Denying the espionage charges, Yanardağ said, “My entire life has been spent fighting against imperialism.”

İmamoğlu also denied the allegations, stating that he was not aware of the communication between the three other suspects.

Widely seen as President Recep Tayyip Erdoğan’s most formidable political rival, İmamoğlu was first detained in March while preparing to be declared the presidential candidate of the CHP. He subsequently suspended from his mayoral post and has remained in pretrial detention over the past seven months. More than 100 others, mostly municipal employees and businesspeople, have also been arrested in connection with the same probe.

The corruption investigations have since expanded beyond İstanbul to other cities and districts, including major cities like Adana and Antalya.

The opposition party views the operations as an act of political retribution after it dealt Erdoğan’s ruling Justice and Development Party (AKP) its biggest electoral setback in two decades during the 2024 local elections. The government maintains that the judiciary is acting based on concrete findings and witness testimonies. (BIA, 27 oct 2025)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

RSF dénonce la "persécution judiciaire" d'un journaliste turc

L'organisation Reporters sans Frontière réclame la libération immédiate du journaliste turc Merdan Yanardag, rédacteur en chef d'une chaine de télévision d'opposition, "poursuivi pour la quatrième fois en cinq ans".

Dans un communiqué publié mercredi, RSF dénonce une "persécution judiciaire" à son encontre destinée, selon l'organisation, à "faire taire" ce journaliste chevronné et qui menace également la survie de sa chaine, Tele1, visée par de fortes amendes.

Merdan Yanardag, 66 ans, a été arrêté pour la troisième fois le 24 octobre pour "espionnage", dans le cadre d'une enquête contre le maire d'Istanbul et figure de l'opposition Ekrem Imamoglu, détenu depuis le 19 mars accusé de "corruption", ainsi que son directeur des campagnes municipales de 2019 et 2024.

Le journaliste est détenu depuis dix jours dans la grande prison de Silivri, à Istanbul, qui abrite de nombreux opposants au gouvernement dont M. Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan pour la présidence.

Simultanément, les autorités ont pris le contrôle de sa chaîne Tele1, entraînant la démission de dizaines de ses employés.

"L'accumulation des poursuites contre Merdan Yanardag pour des charges absurdes et visant clairement sa couverture journalistique indépendante, les sanctions et mesures prises contre sa chaîne (...) révèlent l'ampleur du harcèlement judiciaire de la part des autorités pour tenter de le faire taire", dénonce Erol Onderoglu, représentant de RSF en Turquie.

"Les autorités judiciaires doivent mettre un terme définitif à cette persécution judiciaire et libérer Merdan Yanardag", insiste-t-il.

D'autant, relève Erol Onderoglu, que la Cour constitutionnelle vient d'accorder 166.500 livres turques (environ 3.400 euros) de dommages-intérêts à M.Yanardag, pour "détention injustifiée" du 27 juin au 4 octobre 2023.

Le journaliste a notamment été accusé de "dénigrement de l'Etat" et "insulte au président", "charge récurrente pour museler les médias" souligne RSF.

Le cas de M. Yanardag n'est pas isolé, insiste l'organisation de défense de la presse : depuis le début de l'année, vingt journalistes ont été incarcérés en Turquie en raison de leur travail, dont trois sont toujours détenus et trois autres ont été assignés à résidence.

Quatre journalistes, dont le photographe de l'AFP Yasin Akgül, arrêtés et détenus alors qu'ils couvraient les manifestations de l'opposition en mars, doivent de nouveau comparaitre le 27 novembre.

La Turquie est 159e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2025 établi par RSF. (AFP, 5 nov 2025)

Kurdish musician Hakan Akay taken into custody upon arrival in Turkey

Kurdish musician Hakan Akay was detained yesterday at İstanbul Airport upon returning to Turkey from abroad on allegations of “terrorist propaganda." He was released today.

His lawyers said Akay was detained around 7.30 pm based on an outstanding arrest warrant issued as part of the investigation, according to Mezopotamya Agency (MA).

He was taken to the airport police station, where authorities initiated proceedings against him on allegations of “terrorist propaganda."

The musician is expected to testify today before the prosecutor via videoconference according to the lawyers.

The lawyers added that they were unable to access the case file and therefore could not determine the specific acts attributed to their client.

The lawyers noted that the investigation contradicts the government's discourse in the face of the ongoing Kurdish peace process.  (BIA, 3 nov 2025)

Prise de contrôle d'une télévision d'opposition et arrestation de son rédacteur-en-chef

Les autorités turques ont pris le contrôle de la chaîne de télévision d'opposition Telel et ont arrêté son rédacteur-en-chef Merdan Yanardag, a annoncé samedi celui-ci sur le compte X de ses avocats.

L'arrestation du journaliste et la prise de contrôle par une holding gouvernementale se sont produites vendredi, le jour même de l'ouverture d'une enquête pour espionnage contre le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, incarcéré depuis mars pour des accusations de corruption, qu'il rejette.

Le rédacteur-en-chef a annoncé samedi la prolongation pour 24 heures de sa garde à vue. "C'est un signe que le pays se dirige vers un régime totalitaire. C'est une grave atteinte à la liberté de la presse", a écrit M. Yanardag.

"C'est du harcèlement. On élimine la presse et la liberté d'expression. C'est de l'intolérance contre un média indépendant et les opinions d'opposition", a-t-il encore dénoncé.

La prise de contrôle de Tele1 vendredi soir a été immédiatement suivie par la diffusion de documentaires au lieu des informations, ont constaté des journalistes de l'AFP.

De la même manière, nombre de reportages de Telel ont été retirés des publications sur sa chaîne YouTube avant que ce seul message n'apparaisse : "cette chaîne n'est pas disponible".

M. Ozgur Ozel, le dirigeant du parti du maire d'Istanbul, le CHP (social-démocrate, principale force d'opposition), a qualifié sur X de "tout à fait absurdes" les accusations d'espionnage lancées contre M. Imamoglu.

Pour le chef du CHP, Telel a été visée parce qu'elle a "rapporté les faits", et il a dénoncé une "tentative de semer la peur" dans la classe politique, la société civile, les milieux d'affaires, ainsi que dans les médias et les milieux artistiques. (AFP, 25 oct 2025)

Kurdish Question / Question kurde

Kurdes tués à Paris fin 2022: un témoin présumé obtient finalement l'asile

Un ressortissant turc, témoin présumé lors de l'assassinat en 2022 de trois Kurdes à Paris, a obtenu en appel le statut de réfugié que lui avait contesté l'Ofpra, ce qui avait conduit à demander son expulsion de France, selon une décision consultée par l'AFP .

"Face à la décision indigne et éminemment politique du directeur général de l'Ofpra, la CNDA (Cour nationale du droit d'asile) a, elle, fait du droit", a réagi jeudi auprès de l'AFP Me David Andic, avocat de Ercan Ekin.

Au printemps 2025, l'Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) avait refusé la demande d'asile de M. Ekin, en France depuis quatre ans et demi, estimant "peu crédibles ses assertions" quant à sa présence rue d'Enghien le jour des meurtres.

M. Ekin avait par la suite reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

"L'instruction, notamment les déclarations particulièrement précises, personnalisées et étayées de M. Ekin lors de l'audience, corroborées par les pièces versées à l'appui de sa demande de réexamen, permet de regarder comme établie sa présence lors de l'attaque", écrit la CNDA dans sa décision consultée jeudi par l'AFP.

William Malet, cheminot à la retraite de 72 ans, a reconnu avoir ouvert le feu devant un centre culturel du Conseil démocratique kurde (CDK-F), le 23 décembre 2022 à Paris. L'été dernier, il a été renvoyé aux assises pour avoir tué trois personnes, dont la combattante du PKK Emine Kara, et avoir fait trois blessés.

Partie civile dans l'information judiciaire, Ercan Ekin, bénévole au CDK-F, a raconté au juge d'instruction en décembre 2024 qu'il faisait la vaisselle derrière le comptoir le jour des faits quand il a entendu des coups de feu, selon des documents consultés par l'AFP. Il dit avoir vu le tireur monter les marches du centre et les trois victimes mortellement blessées.

Il affirme avoir connu ensuite "un état de stress post-traumatique de forte intensité" et "un épisode dépressif", d'après un rapport d'examen psychiatrique daté de mars 2025.

A la suite de la tuerie, interrogé par la presse kurde, M. Ekin avait émis l'hypothèse d'une complicité du gouvernement turc, l'exposant à "la prison et des traitements inhumains et dégradants" s'il retournait en Turquie, d'après son avocat.

"Il résulte (...) que M. Ekin craint avec raison (...) d'être persécuté en cas de retour dans son pays en raison de ses opinions politiques. Dès lors, il est fondé à se prévaloir de la qualité de réfugié", juge la CNDA. (AFP, 6 nov 2025)

Le chef kurde Öcalan veut agir avec "sérieux et responsabilité"

Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au coeur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit. (AFP, 4 nov 2025)

Trois Kurdes tués à Paris fin 2022: un témoin présumé conteste le refus de sa demande d'asile

Un ressortissant turc, témoin présumé lors de l'assassinat en 2022 de trois Kurdes à Paris, a contesté jeudi devant une juridiction spécialisée le rejet de sa demande d'asile, qui l'a placé sous le coup d'une mesure d'expulsion du territoire français.

Ercan Ekin, lui-même kurde, dit avoir assisté à la tuerie de la rue d'Enghien, une déclaration "corroborée par la balistique et par absolument tous les éléments de l'enquête", a indiqué à l'AFP son avocat David Andic.

William Malet, cheminot à la retraite de 72 ans, a reconnu avoir ouvert le feu devant un centre culturel du Conseil démocratique kurde (CDK-F), le 23 décembre 2022. L'été dernier, il a été renvoyé aux assises pour avoir tué trois personnes, dont la combattante du PKK Emine Kara, et avoir fait trois blessés.

Partie civile dans l'information judiciaire, Ercan Ekin, bénévole au CDK-F, a raconté au juge d'instruction en décembre 2024 qu'il faisait la vaisselle derrière le comptoir le jour des faits quand il a entendu des coups de feu, selon des documents consultés par l'AFP. Il dit avoir vu le tireur monter les marches du centre et les trois victimes mortellement blessées.

Il était resté caché 20 à 25 minutes, selon son récit, et avait développé par la suite "un état de stress post-traumatique de forte intensité" et "un épisode dépressif", d'après un rapport d'examen psychiatrique daté de mars 2025.

L'Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a, au printemps 2025, refusé la demande d'asile de M. Ekin en jugeant "peu crédibles ses assertions" quant à sa présence rue d'Enghien le jour du drame, d'après la décision consultée par l'AFP.

M. Ekin a par la suite reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

En France depuis quatre ans et demi, M. Ekin a fait appel de la décision de l'Ofpra jeudi devant la Cour nationale du droit d'asile, lors d'une audience à huis clos.

Le CNDA communiquera son délibéré le 6 novembre, a indiqué Me Andic.

A la suite de la fusillade, interrogé par la presse kurde, M. Ekin avait émis l'hypothèse d'une complicité du gouvernement turc dans la tuerie, l'exposant à "la prison et des traitements inhumains et dégradants" s'il retournait en Turquie, d'après l'avocat.

M. Malet a été renvoyé aux assises pour assassinats et tentatives d'assassinats en raison de la race, mais les juges d'instruction ont écarté la qualification terroriste, au grand dam des parties civiles. (AFP, 30 oct 2025)

PKK a achevé la première phase du processus de paix, estime le parti prokurde DEM

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a annoncé dimanche le retrait de ses derniers combattants présents en Turquie vers le nord de l'Irak, a achevé la première phrase du processus de paix avec Ankara, a jugé lundi un dirigeant du principal parti prokurde turc.

"La première phase du processus est terminée", a affirmé Tuncer Bakirhan, vice-président du parti DEM, lors d'une déclaration à la presse à Ankara. "Il est temps de passer à la deuxième phase (...), à travers des étapes juridiques et politiques", a-t-il ajouté.

"C'est une étape qui ouvre la voie à une solution et à la paix", a affirmé M. Bakirhan, estimant que "nous sommes à un moment charnière de l'histoire turque".

Selon lui, le Parlement turc doit désormais "faciliter et développer ce processus", initié il y a un an par Ankara pour mettre fin à quatre décennies de guérilla.

"Des dispositions juridiques doivent être prises (...). Il ne doit pas s'agir uniquement de dispositions techniques, mais aussi d'éléments constitutifs de la paix", a-t-il souligné, exhortant les députés turcs à "agir avec responsabilité".

À la suite de discussions indirectes entamées en octobre 2024, le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, a annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel en ce sens d'Abdullah Öcalan, son chef historique, emprisonné depuis 1999.

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, le conflit entre le PKK et les forces de sécurité turques a fait depuis 1984 quelque 50.000 morts dont 2.000 soldats et causé des milliards de dollars de pertes à l'économie turque. (AFP, 27 oct 2025)

Le PKK affirme retirer ses forces de la Turquie vers le nord de l'Irak


Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé dimanche qu'il retirait toutes ses forces de Turquie vers le nord de l'Irak, pressant aussi Ankara de prendre "sans délai" des mesures juridiques pour sauver le processus de paix entamé il y a un an.

La Turquie a salué cette annonce, y voyant des "résultats concrets" des efforts visant à mettre fin à un conflit de quatre décennies.

"Nous mettons en oeuvre le retrait de toutes nos forces à l'intérieur de la Turquie", a déclaré le PKK dans une déclaration lue lors d'une cérémonie dans le nord de l'Irak, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Le mouvement kurde a simultanément diffusé une photo montrant selon lui 25 combattants, dont huit femmes, se trouvant désormais dans le nord de l'Irak après avoir quitté la Turquie. Il n'y avait pas de confirmation dimanche du nombre de combattants impliqués dans ce retrait, mais des observateurs l'estiment à 200 ou 300.

Un dirigeant du mouvement kurde, Devrim Palu, a affirmé à l'AFP que la libération du chef historique emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, était une condition "cruciale" pour le succès du processus de paix. Il a ajouté qu'avec ce retrait, le PKK cherchait à préserver la paix en empêchant des "provocations".

A la suite de discussions indirectes entamées en octobre 2024, le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, a annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel en ce sens d'Abdullah Öcalan.

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, ces violences ont fait 50.000 morts, dont 2.000 soldats et causé des milliards de dollars de pertes à l'économie turque.

 - Voie démocratique -

 Le PKK dit désormais vouloir défendre les droits de la minorité kurde en Turquie par la voie démocratique comme l'a demandé M. Öcalan, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, lors de son "appel à la paix" en février.

Lors d'une cérémonie en juillet dans le nord de l'Irak, au coeur de la région autonome du Kurdistan, une trentaine de combattants en treillis, avaient brûlé leurs fusils pour marquer une première phase de désarmement.

Dans la foulée, en août, une commission parlementaire turque chargée de préparer un cadre légal au processus de paix a démarré ses travaux qui devront entre autres décider par exemple du sort d'Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali au large d'Istanbul, et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

 - Plus qu'une amnistie? -

 Lors de sa cérémonie dimanche, le PKK a ainsi appelé la Turquie à prendre les mesures juridiques nécessaires à la poursuite du processus de paix et à permettre l'intégration de ses militants dans la vie politique.

"Les mesures juridiques et politiques voulues par le processus" et les lois "nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être mises en place sans délai", a souligné le PKK dans sa déclaration.

"Nous voulons des lois spécifiques à ce processus (de paix), pas simplement une amnistie" pour les membres du PKK, a déclaré sur place à des journalistes Sabri Ok, un cadre du mouvement, en soulignant l'importance que ces mesures garantissent la "liberté".

M. Öcalan, dont la libération est au coeur des demandes du PKK dans ce processus avec Ankara, a été autorisé en septembre, pour la première fois depuis six ans, à rencontrer ses avocats.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla et la population kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population de ce pays de 86 millions d'habitants, épuisée par un long conflit, ce qui a favorisé ces pourparlers indirects de paix.

Le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, a joué un rôle clé pour ce processus, en servant notamment d'intermédiaire entre Ankara et le PKK. Selon des médias turcs, une délégation du DEM doit à nouveau rencontrer le président Erdogan dans les prochains jours avant de se rendre sur l'île-prison d'Imrali pour s'entretenir avec M. Öcalan.

Pour Sabri Ok, la commission parlementaire turque doit "se rendre immédiatement" à Imrali pour "écouter" le chef historique du PKK. "C'est la clé", a-t-il dit dimanche à des journalistes. (AFP, 25 oct 2025)


Minorités / Minorities


Politique intérieure/Interior Politics

Plaintes du président turc contre l'opposition pour "outrage" et "préjudice moral"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déposé deux plaintes contre le chef du premier parti d'opposition pour "outrage" et "préjudice moral", a annoncé jeudi l'avocat du chef de l'Etat.

Ces deux plaintes, devant le tribunal d'Ankara, s'accompagnent d'une demande d'indemnités de 500.000 livres turques, soit près de 10.300 euros, précise sur X le défenseur, Hüseyin Aydin.

L'avocat accuse le président du CHP (social-démocrate), dans un discours prononcé la veille, d'avoir tenu des "déclarations inappropriées et des accusations sans fondement visant notre président".

S'adressant aux partisans du CHP dans un district excentré d'Istanbul mercredi soir, le responsable du principal parti d'opposition, Özgür Özel, avait accusé les autorités d'empêcher l'affichage de posters du maire d'Istanbul emprisonné, Ekrem Imamoglu.

"Ils ont peur de son image. On ne devient pas un héros en s'en prenant à son image ou à sa famille" avait-il lancé à propos de l'édile, arrêté le 19 mars et détenu depuis pour "corruption" - ce qu'il nie.

"Retiens désormais ceux qui sont à tes ordres et tes chiens qui nous importunent", avait-il martelé en s'adressant au président turc.

M. Imamoglu est le principal rival de M. Erdogan pour la prochaine élection présidentielle.

Selon l'avocat du chef de l'Etat, "une plainte pour préjudice moral d'un montant de 500.000 TL a été déposée devant le tribunal civil de première instance d'Ankara" et "une plainte pénale pour outrage au président a également été déposée auprès du parquet d'Ankara".

M. Erdogan avait déposé une plainte similaire l'an dernier, le 1er novembre 2025, à l'encontre du maire d'Istanbul pour insulte et diffamation lors d'un rassemblement.

M. Imamoglu se voyait alors reproché d'avoir porté des "accusations infondées, notamment des diffamations, qui ont violé les droits d'Erdogan", et d'avoir "agi dans le but d'humilier le président devant le public".

Le maire de la mégapole croule sous les procédures et les plaintes: outre celles pour corruption, diffamation et insulte au président, il a été récemment accusé d'espionnage. (AFP, 6 nov 2025)

L' espoir de libération pour l'opposant Demirtas après une décision européenne

Après tant d'espoirs déçus, ses partisans se reprennent à espérer mardi la libération de l'opposant kurde Selahattin Demirtas, détenu depuis 2016, suite à la décision définitive de la Cour européenne des droits de l'homme en sa faveur.

Ses avocats et l'opposition parlementaire turque ont aussitôt réclamé mardi la remise en liberté de cette figure toujours charismatique et populaire, arrêté il y a exactement neuf ans le 4 novembre 2016 et condamné en mai 2019 à 42 ans de prison.

Ce rebondissement intervient parallèlement aux progrès du processus de paix initié depuis un an par Ankara avec la guérilla kurde du PKK: le Parti des Travailleurs du Kurdistan a annoncé sa dissolution en mai, à l'appel de son chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999.

Selahattin Demirtas, 52 ans, a été accusé, entre autres, de propagande terroriste en faveur du PKK (interdit), d'insulte au président et d'avoir appelé à manifester en soutien aux combattants kurdes qui affrontaient les djihadistes à Kobane, en Syrie.

Au terme d'un long processus initié en 2019 et de multiples appels, la CEDH a rejeté lundi soir l'ultime demande du ministère turc de la Justice et rendu un arrêt définitif confirmant la violation de ses droits et ordonnant sa libération.

Le parti DEM (ex-HDP) de M. Demirtas, troisième force au parlement, a aussitôt réclamé sa "libération immédiate".

"Au regard des nombreuses décisions de la CEDH et de sa décision FINALE (...) nos amis devraient être libérés sans délai", écrit le DEM dans un communiqué, réclamant également la libération de son ancienne coprésidente, Figen Yüksekdag et d'autres responsables.

Le CHP (social démocrate), premier parti d'opposition, a fait de même: "La décision est devenue définitive et doit être mise en oeuvre immédiatement", a plaidé sur X le député du CHP à Diyarbakir (sud-est, principale ville à majorité kurde) Sezgin Tanrikulu.

"Selahattin Demirtas aurait dû être libéré depuis longtemps et pouvoir reprendre sa place dans la sphère politique", a aussi estimé le président du petit parti islamiste Saadet, Mahmut Arikan.

Et l'Association des Droits humains a "exigé la libération de M. Demirtas et de tous les prisonniers politiques détenus illégalement".

Le signal le plus encourageant vient du parti nationaliste MHP, allié du président Recep Tayyip Erdogan dont le leader, Devlet Bahceli, a estimé que "la libération (de Selahattin Demirtas) sera de bon augure pour la Turquie".

 - "Sans délai" -

 Les avocats de l'opposant ont déposé sans tarder une demande de remise en liberté auprès du tribunal d'Ankara.

"La chambre d'appel peut faire deux choses : libérer immédiatement M. Demirtas et les autres personnalités politiques sur la base de l'arrêt définitif de la CEDH, ou examiner l'affaire au fond", a expliqué en direct sur la chaîne privée turque Ilke TV l'un de ses défenseurs, Mahsuni Karaman, rappelant que celle-ci est déjà en appel de longue date.

Le président du barreau turc, Erinç Sagkan, a prié sur X la justice d'agir "sans délai", "plutôt que de recourir à des manoeuvres dilatoires et à des évaluations accessoires qui aggravent la violation des droits de Selahattin Demirtas".

Les proches de Demirtas et ses défenseurs n'ont cessé de dénoncer une "décision politique". D'autant qu'il est détenu à Edirne (nord-ouest), obligeant son épouse et ses deux filles à parcourir 1.200 km pour le visiter, depuis son fief de Diyarbakir.

Tous, alors que le gouvernement turc est engagé dans un processus de paix avec la PKK, après quatre décennies de guerilla meurtrière, espéraient ces derniers mois un geste en faveur de "Selo", comme l'appellent ses amis.

"Pour le bien de ce processus, ces procès de complot doivent cesser. Si la paix doit prévaloir, ce complot doit prendre fin", a insisté mardi le co-président du parti DEM, Tuncer Bakirhan. (AFP, 4 nov 2025)

Accusé d'espionnage, le maire d'Istanbul convoqué par la justice

Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, emprisonné depuis mars, a été convoqué dimanche devant un juge dans le cadre d'une nouvelle enquête lancée contre lui, cette fois pour espionnage, tandis qu'un millier de personnes manifestaient devant le palais de justice pour lui apporter leur soutien, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette nouvelle enquête visant Ekrem Imamoglu, considéré comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, intervient alors qu'un tribunal d'Istanbul l'a relaxé vendredi dans une affaire portant sur des accusations de trucage d'un appel d'offres réalisé lorsqu'il était maire de Beylikdüzü, un district d'Istanbul, en 2015.

M. Imamoglu fait l'objet de nombreuses autres poursuites qui l'empêchent en l'état de pouvoir candidater à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2028, pour laquelle il a été investi par son parti, le CHP (social-démocrate), principale force d'opposition.

Le maire d'Istanbul a été amené en fin de matinée au palais de justice de Caglayan mais n'avait pas encore été entendu cinq heures plus tard, selon des informations de la presse locale.

Son directeur de campagne lors des élections municipales de 2019 et 2024, Necati Özkan, et le rédacteur en chef de la chaîne d'opposition Tele1, Merdan Yanardag, également visés par l'enquête pour espionnage lancée par le parquet général d'Istanbul étaient également cités à comparaître.

M. Yanardag a été arrêté vendredi et les autorités turques ont pris le contrôle de sa chaîne de télévision le même jour.

Le dirigeant du CHP Ozgul Ozel s'est adressé aux manifestants massés devant le palais de justice, qui scandaient des slogans et agitaient des drapeaux sous l'oeil de policiers anti-émeute.

"Ils l'ont qualifié de voleur, ça n'a pas marché. Ils l'ont accusé de corruption, ça n'a pas marché. Ils l'ont accusé de soutenir le terrorisme, ça n'a pas marché", a-t-il martelé en parlant de M. Imamoglu.

"Maintenant, comme dernier recours, ils ont essayé de dire qu'il était un espion. Honte à eux!" a tonné le dirigeant du CHP devant la foule.

"Honte à ceux qui empêchent de diffuser normalement une télévision (...) Nous n'abandonnerons pas Merdan Yanardag et le personnel de Tele1. Ils ne peuvent pas réduire au silence la presse libre", a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas juste une enquête ordinaire. Ils ont ouvert cette enquête pour espionnage comme prétexte car ils ne pouvaient trouver rien d'autre", s'indignait dans la foule Ali Sacli, un partisan du CHP âgé de 50 ans. "Ils font cela pour nous intimider et nous avoir à l'usure", a-t-il dénoncé. (AFP, 26 oct 2025)

Forces armées/Armed Forces

La livraison d'Eurofighter à la Turquie renforcera l'Otan, juge Merz

La livraison de vingt avions de combat européens Eurofighter à la Turquie renforcera l'Otan, a jugé jeudi à Ankara le chancelier allemand Friedrich Merz, après l'accord signé lundi entre la Turquie et le Royaume-Uni.

"Nous sommes tous d'accord pour dire que ces avions serviront la sécurité collective de l'Alliance", a déclaré M. Merz au cours d'une conférence de presse avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'Allemagne, qui avait mis son veto à cette vente en raison du soutien de la Turquie au Hamas, l'avait levé en juillet.

M. Merz a également dit vouloir "ouvrir la voie" à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne mais a souligné que ce pays ne répondait "pas encore aux normes de l'État de droit et de la démocratie telles que nous les concevons d'un point de vue européen".

Interrogé par les journalistes sur le sort du maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, emprisonné depuis mars pour des accusations de corruption qu'il rejette, le chancelier a dit avoir "exprimé [sa] préoccupation (...) en ce qui concerne l'indépendance du pouvoir judiciaire" en Turquie.

Les deux dirigeants ont publiquement exprimé leur désaccord sur le conflit entre Israël et le Hamas, M. Merz affirmant que "la guerre aurait pris fin immédiatement" si ce groupe palestinien avait déposé les armes et libéré les otages emmenés dans la bande de Gaza.

Le chef du gouvernement allemand a toutefois salué le rôle joué par Ankara dans le cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Le Hamas ne possède pas de bombes. Le Hamas ne possède pas d'armes nucléaires. En revanche, Israël possède toutes ces armes et les a utilisées notamment la nuit dernière, en frappant Gaza", a répliqué le président turc.

"L'Allemagne ne le voit-elle pas ? L'Allemagne ne suit-elle pas cela ?", s'est interrogé M. Erdogan. (AFP, 30 oct 2025)

Affaires religieuses / Religious Affairs


Socio-économique / Socio-economic

Men killed 22 women in October in Turkey

According to data compiled by bianet from local and national newspapers, news websites, and agencies, men killed at least 22 women and three children in October.

Men subjected at least 79 women to violence in October, abused at least 14 girls and boys, and harassed 14 women. Men forced 150 women into sex work.

At least 35 women and 2 children died in October in suspicious cases where it could not be clearly determined that the deaths were caused by male violence.

Provinces of suspisious deaths of women

Adıyaman (1), Aksaray (1), Antep (1), Antalya (1), Aydın (3), Balıkesir (1), Bartın (1), Bursa (2), Çankırı (1), Denizli (2), Edirne (1), Hakkari (1), Isparta (1), İstanbul (1), Kayseri (1), Konya (1), Malatya (3), Maraş (1), Muğla (1), Nevşehir (2), Ordu (2), Sakarya (1), Samsun (1), Siirt (1), Tekirdağ (1), Uşak (1), Van (1).

Provinces of suspicious deaths of children

İzmir (1), Mardin (1). (BIA, 4 nov 2025)

Le Monde Du Football Aussi Pourri Que…

Ragip Duran, TVXS.GR, 2 novembre 2025

Quand Ibrahim  Haciosmanoglu (59), Président de la Fédération Turque de Football (TFF) a annoncé le 27 octobre dernier que “Sur les 571 arbitres des ligues professionnelles 371 ont des comptes sur les sites de jeux et de pari. Et 152 parmi eux sont des joueurs permanents”, le sujet est devenu le problème le plus débattu sur les médias et dans l’opinion publique.

Du Président Erdogan aux ministre de la Justice et celui des Sports, des Présidents des clubs de foot aux spécialistes, chroniqueurs et commentateur même l’homme de la rue ne parle que de ce scandale depuis mardi dernier.

Le Parquet d’Istanbul a fait savoir qu’il a ouvert une enquête suite aux déclarations de Haciosmanoglu.

Mehmet Demirkol, spécialiste du foot, estime “qu’il faut tout de suite mettre fin au championnat”. Les autres chroniqueurs demandent “qu’il faille revoir les titres de champion de ces 5 dernières années”. Rasim Ozan Kutahyali Youtubber très proche d’Erdogan, prétend que “des centaines d’arbitres seront inculpés”.

Le Président de la TFF, homme d’affaires proche d’Erdogan, ancien Président de Trabzonspor a également déclaré “qu’ils vont tous ensemble lutter jusqu’au bout” et que “les arbitres mises en cause seront expédiés à la PFDK (La Commission de Discipline du Football Professionnel).

Le sport le plus populaire, le plus médiatique en Turquie, il y a déjà plusieurs critiques de fond contre la gestion du monde de foot. La chaîne Qatarie Bein qui diffuse en exclusivité les matchs de la Super Ligue, “Les barons des jeux, des sites de pari”, le Palais Présidentiel, certains arbitres enfin une certaine “Structure” qui désigne les forces des ténèbres (!) sont accusés d’intervenir et d’influencer les résultats des matchs. Le fait que Galatasaray a gagné le championnat les trois dernières années de suite renforce également les théories de complot.

Les déclarations du Président de la TTF ne sont pas une grande surprise pour les connaisseurs. Car plusieurs journalistes et Présidents de clubs se plaignaient depuis au moins 5 ans “des manœuvres illégaux et illégitimes dans le monde du foot”.

Il serait très difficile, selon les spécialistes d’approfondir l’enquête et de dénoncer l’ensemble des personnes et des organisations qui sont responsables. Car il s’agit des milliards de livres turques qui sont en jeu et il y a beaucoup de complicité entre les différents acteurs du secteur.

M.Haciosmanoglu qui parle aujourd’hui d’enquêter et de sanctionner les arbitres abonnés des sites de pari, avait le 28 octobre 2015 enfermé à clef les arbitres dans les vestiaires à la suite du match entre Trabzonspor et Gaziantepspor (2-2). A l’époque, il était Président de Trabzonspor. Ceux qui s’opposent contre le Président actuel de la TFF, rappellent que M. Haciosmanoglu se comporte en général “comme un parrain de mafia” et qu’il possède seulement un diplôme d’école primaire.

La TFF a informé les instances responsables de l’UEFA et de la FİFA. Ces deux organisations peuvent à la rigueur imposer des sanctions contre les arbitres dont certains ont été choisis pour des matchs de l’UEFA et ceux de la FİFA. La TFF ou bien certains clubs peuvent être également pénalisés par ces organisations internationales selon le cours et les résultats de l’enquête de la TFF et celle du Parquet d’Istanbul.

“Rien d’anormale” estime Asena Ozkan, chef du service sport de Power FM, “En Turquie à cause du régime actuel presque tout est déjà pourri, rien ne fonctionne plus. Alors pourquoi donc le monde du football serait à l’abri de cette dégénérescence ?” conclut-il.

Prison à perpétuité en Turquie pour les responsables d'un incendie meurtrier

Onze personnes ont été condamnées à des peines de prison à perpétuité pour l'incendie d'un hôtel de montagne en Turquie, dans lequel avait péri en janvier 78 personnes dont une trentaine d'enfants, a annoncé vendredi le tribunal de Bolu (nord).

Parmi les condamnés figurent le propriétaire, le directeur et des membres du conseil d'administration de l'établissement, dont l'enquête a fait apparaître les très nombreux manquements aux normes de sécurité, selon les médias turcs présents au procès.

Un adjoint au maire de Bolu et le chef des pompiers de la ville ont également écopé d'une peine de prison à perpétuité. Le tribunal doit détailler les peines.

Trente-deux personnes, dont 20 en détention provisoire, ont comparu au total au cours du procès, où des proches des victimes avaient affiché les visages des leurs à l'extérieur d'un gymnase réquisitionné pour accueillir les débats.

L'enquête avait révélé que l'alarme incendie du Grand Kartal, hôtel haut de gamme de la station de ski de Kartalkaya, n'avait pas fonctionné la nuit du drame, et que certaines de ses installations de gaz n'étaient pas aux normes.

"Nous avions des inspections régulières", s'est défendu lors du procès Halit Ergül, le propriétaire du Grand Kartal, condamné à vie, qui a rejeté la faute sur le fournisseur de gaz.

"Je n'autorisais même pas les feux d'artifice devant l'hôtel lors des mariages pour empêcher que les oiseaux ne meurent", a-t-il lancé face aux juges, selon l'agence de presse privée DHA.

Les rescapés et proches des victimes ont défilé à la barre, souvent en larmes, livrant chacun leur récit de l'incendie parti d'un restaurant de l'hôtel peu avant 03H30 dans la nuit du 21 janvier.

"Je vais au cimetière tous les matins. Aucun psychologue ne peut apaiser une telle douleur", a confié mardi à la barre Hilmi Altin, qui a perdu son épouse et sa fille de neuf ans cette nuit-là, selon le récit de plusieurs médias.

Des familles entières avaient péri dans l'hôtel, dont la façade noircie avait fait la une de la presse mondiale. 137 personnes ont également été blessées.

Le très lourd bilan, et la présence d'une trentaine d'enfants parmi les 78 victimes, avait provoqué une vive émotion et une profonde colère, nourrie par les accusations de négligences. (AFP, 31 oct 2025)


Quatre membres d'une famille tués dans l'effondrement d'un immeuble

Quatre membres d'une même famille, les parents et deux enfants, ont trouvé la mort dans l'effondrement inopiné de leur immeuble dans le nord-ouest de la Turquie, a rapporté jeudi le ministère de l'Intérieur.

Seule la fille âgée de 18 ans a pu être extraite vivante des ruines de cet édifice de sept étages, à Gebze, en périphérie est d'Istanbul sur la rive nord de la mer de Marmara, qui s'est effondré mercredi matin aux alentours de 07H00 (04H00 GMT).

Pour la presse turque, qui précise que des travaux sur le métro étaient en cours dans le quartier, cet incident illustre une nouvelle fois les négligences des pouvoirs publics quant aux contrôles des bâtiments.

Les fouilles, qui se sont achevées jeudi à l'aube après la découverte des corps sans vie des parents, dix-neuf heures après l'accident, ont été retransmises en direct par les chaînes de télévision.

Les corps des deux enfants avaient été rapidement dégagés.

Douze bâtiments voisins ont été évacués par précaution.

"Au total, 913 personnes, dont 628 secouristes, ont travaillé sans relâche lors d'une course contre la montre", a déclaré jeudi matin le vice-ministre de l'Intérieur, Mehmet Aktas, annonçant la fin des recherches.

Les opérations de déblaiement se poursuivront après la fin de l'enquête menée par le parquet régional de Kocaeli, a-t-il ajouté, sans avancer d'explication à cet écroulement.

Pour le journal BirGün, proche de l'opposition, "ces événements mettent une fois de plus en lumière les lacunes en matière de sécurité et de contrôle des bâtiments".

Selon les médias turcs, des travaux étaient en cours dans le métro et les autorités avaient été averties, la veille, de fissures et de dégâts causés à l'immeuble et à une pharmacie située au rez-de-chaussée.

Le sujet est particulièrement sensible dans le pays, traversé par deux failles sismiques majeures.

Le dernier tremblement de terre d'ampleur, en février 2023, avait causé la mort d'au moins 53.500 personnes dans le sud-est, ensevelies dans les décombres de leurs habitations tombées parfois comme des châteaux de cartes. (AFP, 29 oct 2025)


Séisme de magnitude 6,1 dans l'ouest de la Turquie

Un séisme de magnitude 6,1 est survenu lundi dans la ville de Sindirgi, située dans la province de Balikesir (ouest de la Turquie), a annoncé l'Agence turque de gestion des catastrophes (AFAD).

Le séisme, enregistré à 22H48 (19H48 GMT) a été également ressenti dans de nombreuses villes de l'ouest du pays, dont Istanbul et Izmir, selon les autorités qui n'ont pas fait état de victimes.

"Trois bâtiments et un magasin évacués après le précédent séisme se sont effondrés. Il n'y a eu aucune victime", a précisé le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya sur la chaîne privée turque CNN Türk.

Une personne avait été tuée et vingt-neuf personnes avaient été blessées lors d'un séisme de la même magnitude survenu en août à Sindirgi.

"Notre gendarmerie a terminé la première phase de recherches. Aucune zone effondrée n'a été constatée dans les villages. Il n'y a eu aucun impact négatif sur la vie des habitants", a ajouté le ministre.

La Turquie est traversée par plusieurs failles qui ont causé de nombreux drames par le passé.

Le sud-est du pays a subi un violent tremblement de terre en février 2023 qui a fait au moins 53.000 morts et dévasté Antakya, l'ancienne Antioche. (AFP, 27 oct 2025)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

La Turquie réaffirme son objectif de participer à un programme de défense de l'UE

Le chef de la diplomatie turque, en déplacement à Helsinki, a réaffirmé mercredi la volonté de son pays de rejoindre un dispositif européen de financement de la défense, mettant en avant le rôle crucial joué par la Turquie pour la sécurité de l'UE.

Lors d'une rencontre avec son homologue finlandaise, Hakan Fidan a réitéré le souhait de la Turquie de participer au programme européen de fonds communs d'armement (SAFE), doté de 150 milliards d'euros et destiné à faciliter les achats en commun d'armements par les États membres de l'Union européenne.

"La Turquie est un membre de l'Otan qui apporte une contribution essentielle à la sécurité de l'Europe. Dans ce cadre, il est d'une grande importance que la Turquie soit incluse dans les initiatives de défense et de sécurité de l'Union européenne, y compris le mécanisme SAFE", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

L'inclusion de la Turquie dans ce dispositif nécessite l'approbation des 27 pays membres de l'UE - une démarche que la Grèce a menacée de bloquer si Ankara continuait à remettre en question sa souveraineté en mer Égée.

"La Finlande soutient la possibilité pour la Turquie de participer en tant que partenaire à part entière à la coopération dans le domaine de l'industrie de défense, dont nous avons grandement besoin en ce moment", a souligné la ministre finlandaise des affaires étrangères Elina Valtonen.

Ankara espère obtenir l'aide de l'Allemagne pour accéder à ce programme européen malgré l'opposition de la Grèce, selon une source au ministère turc de la défense. (AFP, 5 nov 2025)

Erdogan signe avec Starmer un méga-contrat pour 20 Eurofighters

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a signé lundi un contrat pour 20 avions de combat Eurofighter Typhoon en recevant à Ankara le Premier ministre britannique Keir Starmer.

Au côté de M. Starmer, le président Erdogan s'est félicité de cet accord, qui représente selon lui "un nouveau symbole" des relations stratégiques entre Ankara et Londres.

Le ministère britannique de la Défense a lui souligné qu'il s'agissait du "plus gros contrat d'avions de combat depuis une génération", précisant que "les premières livraisons devraient intervenir en 2030.

Le dirigeant britannique a justifié ce contrat, estimé par Londres à huit milliards de livres (9,2 milliards d'euros), en soulignant lors d'une cérémonie de signature que la Turquie défendait "le flanc sud-est de l'Otan". Cette commande garantira selon Londres 20.000 emplois au Royaume-Uni.

"Cet accord va bien au-delà de l'acquisition d'avions. Il constitue l'élément clé du partenariat industriel et de défense croissant entre nos deux nations", a de son côté souligné le ministre britannique de la Défense John Healey, qui s'est rendu à Ankara avec le Premier ministre pour finaliser l'accord.

"La Turquie est un allié important de l'OTAN et le gardien de la mer Noire. En l'équipant d'avions de combat Typhoon haut de gamme, cet accord renforcera la dissuasion de l'OTAN et contribuera à notre sécurité à tous", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat turc, désireux de moderniser la flotte aérienne de son pays, souhaite acquérir une quarantaine de ces appareils construits par un consortium de quatre pays européens (Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne).

Son ministre de la Défense, Yasar Güler, a indiqué que la Turquie souhaitait en acquérir 12 auprès du Qatar et autant auprès d'Oman.

Dans le cadre de la visite du Premier ministre britannique, trois avions Eurofighter de la Royal Air Force sont arrivés en Turquie, a affirmé le ministère turc de la Défense.

À leur entrée dans l'espace aérien turc, les avions ont été accueillis par des F-16 turcs et escortés jusqu'à Ankara, selon le ministère.

A part ces trois avions qui se trouvent temporairement à Ankara, deux autres Eurofighters sont aussi arrivés en Turquie selon une source sécuritaire turque interrogée par l'AFP et s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Les autorités turques n'ont pas immédiatement précisé si ces deux avions seront définitivement livrés à la Turquie ou si leur usage sera limité à la formation des pilotes turcs.

 - Eurofighters VS F-35 -

 Ankara, qui avait d'abord privilégié les F-35 américains, a orienté ces dernières années son intérêt vers les Eurofighters après avoir été exclu du programme américain pour avoir fait l'acquisition du système russe de défense antiaérienne S-400.

L'Allemagne, qui s'opposait initialement à la vente d'Eurofighters à la Turquie en raison du soutien inconditionnel d'Ankara au Hamas dans sa guerre face à Israël, a levé son veto en juillet.

Le chancelier allemand Friedrich Merz doit être reçu jeudi à Ankara par M. Erdogan.

La semaine dernière, le chef de l'Etat turc avait également discuté de l'acquisition d'Eurofighters d'occasion à Doha avec l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

Le dirigeant qatari doit lui aussi se rendre mardi à Ankara pour aborder ce sujet, a indiqué la source sécuritaire turque interrogée par l'AFP.

Le Qatar avait en 2017 commandé 24 Eurofighters, et les deux derniers appareils devaient être livrés à Doha d'ici la fin de l'année, selon des experts. (AFP, 27 oct 2025)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO


Relations régionales / Regional Relations

Reprise des vols de Turquie vers Souleimaniyeh, en Irak, après une interdiction liée au PKK

 Les vols entre la Turquie et la ville de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan irakien, ont repris lundi après deux ans et demi d'interdiction par Ankara qui dénonçait une recrudescence des activités du PKK dans la province, a indiqué un responsable aéroportuaire.

"A 1h50 (22h50 GMT), le premier vol Turkish Airlines en provenance de Turquie a atterri à l'aéroport de Souleimaniyeh avec 105 passagers à bord (...) avant de repartir pour Istanbul avec 123 passagers à son bord", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'aéroport, Dana Mohammed.

La Turquie avait annoncé en avril 2023 une interdiction des vols à destination et en provenance de l'aéroport international de Souleimaniyeh, au motif que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste par Ankara, aurait infiltré l'aéroport et intensifié ses activités dans la province autonome du Kurdistan irakien.

La Turquie est le principal point de transit pour les vols à destination et en provenance de cette ville clé de la région autonome du Kurdistan irakien.

Les vols de lundi marquent "la fin de l'interdiction" sur l'aéroport, a déclaré M. Mohammed, ajoutant que "l'espace aérien turc a été rouvert à partir d'aujourd'hui" aux liaisons entre l'Europe et l'aéroport de Souleimaniyeh.

Turkish Airlines compte assurer quatre vols hebdomadaires vers la ville, tandis que la compagnie aérienne low-cost turque AJet commencerait à proposer des vols à partir de décembre, a-t-il précisé.

Quelques jours après l'annonce de l'interdiction par Ankara, l'Irak avait accusé la Turquie d'avoir mené des frappes près de l'aéroport lors d'une visite des forces américaines aux côtés de Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes.

La Turquie a affirmé à plusieurs reprises que les Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS, étaient liées au PKK.

Le PKK a officiellement renoncé à sa lutte armée contre la Turquie en mai dernier, mettant ainsi fin à quatre décennies de violence, et a commencé le mois dernier à retirer toutes ses forces du territoire turc vers le nord de l'Irak. (AFP, 3 nov 2025)


550.000 Syriens sont rentrés chez eux depuis la chute d'Assad

Un total de 550.000 Syriens réfugiés en Turquie sont rentrés dans leur pays depuis la chute en décembre 2024 du régime de Bachar al-Assad, a annoncé samedi le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.

Près de 2,4 millions de Syriens demeurent réfugiés en Turquie, où leur nombre dépassait les 3,5 millions au plus fort de la guerre en Syrie, selon les autorités turques.

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué vendredi qu'un total de 1,16 million de Syriens ont regagné leur pays depuis le 8 décembre 2024.

Plus de 1,9 million de déplacés internes ont également pu regagner leur ville d'origine, a ajouté le HCR.

Selon le HCR, plus de sept millions de Syriens restent déplacés à l'intérieur du pays, et 4,5 millions environ toujours réfugiés à l'étranger.

La guerre civile qui a éclaté après la répression par l'ex-président Bachar al-Assad d'un soulèvement populaire en 2011, a entraîné l'exode de millions de syriens.

Le conflit a pris fin en décembre 2024 avec la prise du pouvoir par une coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh. (AFP, 1 nov 2025)


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Erdogan battu, son Quisling chypriote renversé

Ragip Duran, TVXS.GR, 29 octobre 2025

M.Tufan Erhurman, Président du CTP (Parti Républicain Turc, social-démocrate) a été élu le 19 octobre dernier président de la République Turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara. Il a remporté 62.7% des votes contre le Président sortant M.Ersin Tatar, très proche d’Erdogan, resté à 35.8%.

Le nouveau Président, 55 ans, docteur en droit public de la Faculté de Droit d’Ankara, député depuis 2013 était le Premier ministre du RTCN entre 2018 et 2019. Il était également membre de la délégation qui poursuivait le dialogue avec les représentants de la République de Chypre, suspendu à cause essentiellement de l’attitude de la délégation Chypriote turque sous les stricts ordres d’Ankara. L’élection de M.Erhurman peut, selon les observateurs, encourager la reprise des pourparlers entre les responsables turcs de l’île et les dirigeants de la République de Chypre. 

Les résultats des élections sont analysés par les médias d’opposition chypriotes turcs et ceux de la Turquie comme ‘’une grande défaite’’ d’Erdogan. Car Ankara via son ambassade à Nicosie avait largement soutenu politiquement et financièrement la campagne électorale de M.Tatar, le candidat malheureux. Le Palais Présidentiel à Ankara a du obligatoirement féliciter le nouveau Président Erhurman, mais M.Devlet Bahceli, le principal allié d’Erdogan, fou de rage, a déclaré qu’il ne reconnaît pas les résultats des élections et voir qu’il faut annexer Chypre du nord dans les territoires de la Turquie : ‘’Après 81 (le code officiel du département turc) de Duzce, la RTCN doit être le 82e département de la République de Turquie. C’est désormais une question de vie ou de mort’’ a-t-il proclamé. Nouveau conflit entre Erdogan et Bahceli, après la carence d’entente sur la politique à mener concernant le problème kurde.

La RTCN créée à la suite de la conquête par l’armée turque en été 1974 est désormais ‘’une colonie turque, paradis des casinos illégaux, havre de paix pour les mafias du monde entier, centre de blanchiment d’argent’’ selon la députée Dogus Derya (CTP).

Il y a eu lors des deux années des assassinats inter-mafia en Chypre. L’économie, en grande partie soutenue par Ankara est en berne. Erdogan a fait construire un Palais Présidentiel luxueux pour M.Tatar, ce qui n’était pas très apprécié par les électeurs chypriotes. De plus, les républiques turcophones d’Asie Centrale ont récemment, avec l’encouragement de l'Union européenne, reconnue la République de Chypre comme seule représentante de l’île, comme d’ailleurs l’ensemble de la communauté internationale. Alors qu’Ankara désirait voir ces pays reconnaître diplomatiquement la RTCN. Ces facteurs ont provoqué la chute du régime pro-Erdogan dans la partie turque de Chypre.

La RTCN, ‘’bâtiment de guerre navale’’ turc en Méditerranée orientale avait également une importance stratégique pour Erdogan et les milieux nationalistes. La Turquie a déjà des bases militaires dans 15 pays (Afghanistan, Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Iraq, Katar, Kosovo, RTCN, Liban, Libye, Mali, République Centre Africaine, Syrie, Somalie et Soudan.) Ces bases militaires, symboles du ‘’Fütuhat’’ (Conquêtes militaires et territoriales en Islam) sont les éléments du grand projet d’expansion islamo-turc.

Dogan Özgüden, journaliste en exil, doyen de la presse turque estime que la chute de M.Tatar, ‘’Quisling’’ duu nom du collaborateur norvégien des Nazis) du régime turc, n’est pas un simple changement de Président dans la partie sous l’occupation turque en Chypre.



Immigration / Migration


Monténégro : rétablissement des visas pour les Turcs, après des incidents

Le Monténégro a provisoirement mis fin lundi au régime d'exemption de visa avec la Turquie à la suite de violents incidents dans la capitale Podgorica qui ont entraîné l'arrestation de dizaines de Turcs et d'Azerbaïdjanais.

La police a dit avoir arrêté un Turc et un Azerbaïdjanais en liaison avec un affrontement au cours duquel un homme a été poignardé samedi soir.

Plus de quarante ressortissants de Turquie et d'Azerbaïdjan ont été interpellés dans le cadre de l'enquête. Huit ont été expulsés et sept se sont vu infliger une amende.

Selon les médias, la police a également dû empêcher une vaste foule scandant des slogans antiturcs de s'approcher du bâtiment où les personnes interpellées étaient détenues dans la banlieue de Podgorica.

Deux véhicules et un local commercial appartenant à un Turc ont subi des dégâts au cours des violences, a affirmé le bureau du procureur.

Le parquet a en outre annoncé qu'il enquêtait sur des crimes présumés inspirés par la haine pour des considérations ethniques et racistes en lien avec les incidents.

A la suite des violences, le Premier ministre Milojko Spajic a annoncé que le Monténégro suspendrait son régime d'entrée sans visa avec la Turquie, en vigueur depuis 2008.

Cette mesure tiendra compte "des intérêts et du statut des quelque 14.000 ressortissants turcs actuellement au Monténégro".

Le président Jakov Milatovic a condamné les violences ainsi que les messages antiturcs et a appelé au calme.

"Il ne doit y avoir aucune place pour (...) la stigmatisation de tout un peuple", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

Selon des données officielles de février, le Monténégro reçoit chaque année 230.000 visiteurs russes, 320.000 Turcs et 15.000 personnes en provenance d'Azerbaïdjan. (AFP, 27 oct 2025)

Grèce: quatre morts dans un nouveau naufrage de migrants

Quatre migrants ont été retrouvés morts au large de l'île grecque de Lesbos lundi après le naufrage de leur embarcation, a-t-on appris auprès des garde-côtes, ce qui porte à dix le nombre de décès similaires dans cette zone de la mer Egée depuis octobre.

"Quatre hommes ont été repêchés sans vie au large de Lesbos tandis que sept ont été secourus par les patrouilleurs", a indiqué à l'AFP une responsable du bureau de presse des garde-côtes grecs.

Sur la côte proche du naufrage, les garde-côtes ont également retrouvé 24 autres naufragés, tous des hommes, qui avaient réussi à débarquer de l'embarcation, selon la même source.

Selon les premières informations, la majorité des rescapés sont des ressortissants du Soudan.

Des vents puissants de 60km/h soufflaient dans cette zone proche des côtes turques, selon la responsable.

"Les recherches des garde-côtes continuent dans la zone pour retrouver éventuellement d'autres personnes", a-t-elle ajouté, soulignant qu'il n'y avait pas pour l'instant d'information sur le nombre total de migrants à bord de l'embarcation naufragée.

Proche des côtes occidentales de la Turquie voisine, Lesbos constitue, comme d'autres îles grecques telles que Chios, Kos, Leros ou Samos, l'une des principales portes d'entrée des migrants en quête d'asile dans l'Union européenne.

Ces traversées périlleuses sont souvent fatales des deux côtés de la frontière maritime de la mer Egée qui sépare la Grèce et la Turquie dans l'est du bassin méditerranéen.

Le naufrage de lundi à Lesbos est le troisième dans les eaux grecques depuis le début du mois d'octobre: il y a dix jours, deux femmes avaient été retrouvées mortes sur une côte rocheuse de Chios où leur embarcation transportant 29 migrants au total s'était échouée.

Le 7 octobre, quatre migrants avaient été retrouvés morts au large de Lesbos.

Vendredi, 17 personnes avaient péri noyées après le naufrage de leur embarcation au large de Bodrum, ville dans le sud-ouest de la Turquie à 5 km de l'île grecque de Kos.

Au total, près de 1.400 migrants ont disparu ou sont morts en Méditerranée en 2025, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). (AFP, 27 oct 2025)




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