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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

42nd Year / 42e Année
Juillet
 
2016 July
N° 455
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Un "climat de terreur" pèse sur la justice en Turquie selon un expert
Intensification des purges en Turquie : ce que l'on sait
Appel d'Amnesty International à signer contre l'Etat d'urgence en Turquie
Amnesty International évoque des "preuves crédibles" de détenus torturés

Des gardes à vue de 30 jours, un millier d'écoles fermées
Erdogan instaure l'état d'urgence et intensifie la purge
La peine de mort en Turquie: le risque d'un retour en arrière

Question vitale: Quelle sorte du pacifisme est ceci?
Putsch manqué en Turquie: les chiffres fous de la purge de Erdogan
Epuration dans l'enseignement et l'audiovisuel en Turquie après le putsch avorté
Le contrecoup du putsch en Turquie: ce que l'on sait
Répression post-coup d'état: La machine judiciaire est lancée

Tentative de putsch meurtrière en Turquie: Erdogan reprend la main
Sept morts dans deux attaques attribuées aux combattants kurdes
Trois morts dans un attentat dans le Sud-Est
Call for Support to the Academics under Judicial Harassment
13 suspects inculpés et écroués pour l'attentat d'Istanbul
Le bilan de l'attentat d'Istanbul s'alourdit à 45 morts avec le décès d'un enfant

Nouveau bilan de 43 morts, dont 19 étrangers
La Turquie pourrait payer cher ses rapports ambigüs avec l'EI

Arrestations de 13 suspects après l'attentat d'Istanbul, le scénario se précise

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Des journalistes emprisonnés en Turquie, Erdogan critique les Occidentaux
Après le putsch raté, les universités en pleine tourmente
La fermeture de 45 journaux et de 16 chaînes de télévision
EFJ: EU must hold Turkish President accountable for press freedom violations
RSF dénonce les rafles de journalistes en Turquie

Reactions Against Detentions by Human Rights Organizations
Universities: 1,617 Suspensions, 284 Detentions, 8 Arrests
IFJ-EFJ: press freedom in the grip of major crackdown in Turkey
Journaliste Nazli Ilicak placée en garde à vue
Le Cirque du Soleil annule quarante spectacles en Turquie
RSF: Après la tentative de coup d’Etat, la purge des médias s’intensifie
Le CSA français déplore les purges dans les médias
Les autorités turques bloquent l'accès au site WikiLeaks
La Turquie retire leur licence aux radios et télévisions jugées proches de Gülen
Joint statement: Charges against five Turkish journalists must be dropped
CPJ testifies on Turkey's press freedom record before House Foreign Affairs Committee

New Initiative: Journalism is Not a Crime!
Can Dündar: Turkey is “the biggest prison for journalists in the world”

Esra Mungan, Can Dündar Run For Sakharov Prize
Le représentant de RSF en Turquie "confiant" avant son procès
Le représentant de RSF en Turquie et un autre militant remis en liberté conditionelle

Kurdish Question / Question kurde

Rassemblement de prokurdes contre le putsch et l'état d'urgence

KNK: Turkey’s Failed Coup and Erdogan’s Anti-Kurdish Agenda
L'armée bombarde le PKK en Irak pour la 1ère fois depuis le putsch avorté
Curfew Declared in 16 Villages of Silvan
HRW: State Blocks Probes of Southeast Killings
Peace in Kurdistan: Oppose the EU refugee deal with Turkey

 Europa Nostra's Letter to UNESCO Meetings on the destruction in Kurdistan

Minorités / Minorities

Nouvelles tensions germano-turques après le vote sur le génocide arménien

Ancient City of Ani to be Discussed  at UNESCO Meeting in Istanbul
La France la pénalisation de la contestation du génocide arménien

Politique intérieure/Interior Politics

Après le putsch raté, Erdogan veut encore renforcer son pouvoir
CHP Leader's meeting: a submission to Tayyip Erdogan
Le gouvernement va élaborer une nouvelle Constitution avec l'opposition

Le maître espion d'Erdogan dans la tourmente après le putsch
Erdogan provoque une polémique avec son idée de naturaliser des réfugiés syriens
Erdogan inaugure un pont, l'une de ses oeuvres pharaoniques

Forces armées/Armed Forces


Remaniement d'ampleur de l'armée attendu en Turquie

149 généraux et amiraux limogés après le putsch raté
Humiliée et affaiblie, l'armée turque reste confrontée à l'EI et au PKK
La Turquie poursuit ses putschistes à l'étranger, deux généraux arrêtés

L'épuration se poursuit dans les services de sécurité
La garde présidentielle turque va être dissoute

Legal shield for Turkish soldiers in repressive operations becomes law
Arrest of admirals, majors in Turkish military espionage case
Un hélicoptère militaire s'écrase, 7 morts, 8 blessés

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Pas d'obsèques religieuses pour les putschistes tués
Les Turcs de Belgique et l'Islam selon CRISP
Le parti ISLAM veut créer des sections dans les 19 communes bruxelloises

Les ressortissants des pays turcophones dans les rangs jihadistes
Prières inaugurales à la mosquée géante d'Erdogan

Socio-économique / Socio-economic

La purge s'étend aux milieux économiques

Le tourisme en Turquie a chuté de 40% en juin

 Purges en Turquie: Turkish Airlines licencie 211 employés
Après le putsch, les nuages s'amoncellent sur l'économie turque
SP abaisse la note de la Turquie à BB après la tentative de coup d'Etat
Le FMI appelle à "préserver" les institutions démocratiques en Turquie
Les tilleuls de Bruxelles, Sofia et Besiktas - Dogan Özgüden
Les premiers touristes russes de retour en Turquie
Turquie, un des pays à éviter pour les vacances
Istanbul désertée par les visiteurs, le secteur touristique désespère


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

L'UE : dites à Erdoğan que ça suffit !

"La Turquie ne s'est pas européanisée, c'est l'Europe qui est devenue plus turque"

 Allemagne: Les purges "dépassent toute mesure"
ONU-OSCE: la purge des médias, "grave coup" au débat public

Adhésion à l'UE: Bruxelles lance une mise en garde à Ankara
Juncker ferme la porte à l'adhésion de la Turquie à l'UE
L'UE récuse les allégations d'Erdogan concernant ses engagements financiers

Ankara fait fi des critiques européennes et poursuit la riposte
L'UE suit "de très près et avec inquiétude" l'application de l'état d'urgence

Erdogan dit au chef de la diplomatie française de "se mêler de ses affaires"
Le CCBE est extrêmement préoccupé par l'arrestation des milliers de juges

Les Européens mettent en garde la Turquie contre le retour de la peine de mort
Erdoğan to Merkel: Turkey frustrated by ‘Armenian genocide’ bill
Européens et Turcs se rapprochent sans taire leurs griefs mutuels

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Le président turc dit aux Occidentaux de se "mêler de leurs affaires"

Erdogan accuse un général américain de "prendre le parti des putschistes"
Fethullah Gülen demande aux Etats-Unis de ne pas l'extrader
Un binational turco-canadien arrêté en Turquie, innocent selon sa famille
Les Etats-Unis autorisent le "départ volontaire" des familles en Turquie

Les Etats-Unis soutiennent l'action de la Turquie contre le "coup" d'Etat avorté
ONU: Respecter les droits fondamentaux est crucial pour protéger la démocratie
Le putsch avorté en Turquie envenime la crise Washington-Ankara

NATO's AWACS surveillance jets to fly over Turkey

Relations régionales / Regional Relations

Après le Kirghizistan, la Turquie alerte le Kazakhstan sur ses écoles pro-Gülen

 L'État islamique revendique l'attentat de Qamichli
Rencontre Poutine-Erdogan le 9 août à Saint-Pétersbourg
Assad accuse Erdogan de se servir du coup d'Etat avorté
Yildirim: Pas de solution en Syrie tant qu'Assad reste au pouvoir
Assad affirme que Moscou n'a jamais évoqué avec lui son départ
Somalie: le chef des shebab dénonce la Turquie, "envahisseur économique"

Erdogan exclut une réconciliation avec le régime égyptien
Arrivée d'une aide turque pour Gaza après l'accord de normalisation
Première rencontre entre chefs de la diplomatie russe et turque

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les 8 militaires obtiennent un délai dans l'examen de leur demande d'asile

Huit militaires turcs condamnés dans une Grèce en "vigilance accrue"
Opération aérienne contre deux bateaux tentant de gagner les eaux grecques
Un millier de Turcs traversent "la ligne verte" pour célébrer l'Aïd

Immigration / Migration

La N-VA met en cause la double nationalité belgo-turque
Inquiétudes en Allemagne avant une manifestation pro-Erdogan à Cologne
La Turquie veut que Berlin extrade des partisans du prédicateur Gülen

Les Turcs de Belgique divisés après le coup d’Etat raté
Des listes de "gulénistes" circulent aussi en Belgique
Geert Bourgeois a accepté les excuses de l’ambassadeur de Turquie

Didier Reynders soutient-il une organisation terroriste?
La Belgique convoque l'ambassadeur de Turquie
La Turquie ouvre des lignes de dénonciation et demande à la Flandre
STIB et la police belge sont-elles au service du dictateur islamiste turc?

La Turquie pourrait accorder la nationalité à 300.000 Syriens
Naturalisation des réfugiés syriens, le calcul politique d'Erdogan

Droits de l'Homme / Human Rights

Un "climat de terreur" pèse sur la justice en Turquie selon un expert

Un "climat de terreur" pèse sur la justice en Turquie empêchant la tenue de procès équitables après le putsch raté, a affirmé à l'AFP le juge français Marcel Lemonde chargé dans le passé d'aider à moderniser le système judiciaire turc.

Magistrat international durant quatre ans (2006-2010) au Tribunal chargé de juger les crimes des Khmers rouges au Cambodge, M. Lemonde a participé entre 2012 et 2014 à une mission du Conseil de l'Europe pour réformer la justice turque. Avant de démissionner pour ne pas cautionner des décisions du pouvoir "contraires à l'intérêt de la société et de la démocratie".

Q: Plus de 2.700 juges ont été limogés depuis le coup d'Etat raté, selon des ONG. Quelles conséquences auront ces purges sur la justice turque?

R: La justice est considérée comme dangereuse parce qu'elle est là par définition pour montrer les dérives. Les chiffres paraissent énormes mais il faut les rapporter à l'ensemble de l'effectif de la magistrature. L'appareil judiciaire quantitativement est encore en mesure de fonctionner mais il le fera encore plus mal qu'avant.

Il faut remonter en arrière à l'arrivée au pouvoir de l'AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan. Pendant les dix premières années, de 2002 à 2012, il y a eu des réformes qui allaient dans le bon sens et qui ont amélioré considérablement la situation: la ratification du Pacte des Nations unies pour les droits civils et politiques, l'abolition de la peine de mort, l'adoption d'un nouveau code de procédure pénale.

Puis, en 2013, il y a eu cette enquête sur la corruption d'un certain nombre de proches d'Erdogan qui a déclenché un cataclysme. A partir de ce moment-là, tout ce qui avait été fait antérieurement a commencé à être systématiquement démoli. Il y a eu un certain nombre de lois scélérates et la situation n'a fait qu'empirer. De décembre 2013 jusqu'à aujourd'hui, après la tentative de coup d'Etat, on assiste à une régression sans précédent de l'Etat de droit. L'impact des mesures qui sont prises actuellement n'est que la caricature de ce qui a précédé.

Q: Dans ce contexte, peut-on s'attendre à des procès équitables pour les milliers de personnes arrêtées?

R: Il est hors de question de parler de procès équitables en ce moment. L'indépendance de la justice qui est la première condition pour son fonctionnement normal n'est absolument pas garantie, au contraire, elle est systématiquement battue en brèche. L'exercice des droits de la défense est devenu en soi suspect, pour ne pas dire criminel.

Il y a eu ces dernières années des avocats mis en prison, certains pendant leur garde à vue se voyaient reprocher d'avoir conseillé à leurs clients de garder le silence. Tout individu émettant la moindre critique sur le processus de purge en cours ou se montrant réservé sur les méthodes employées est accusé de terrorisme. Donc c'est absolument inconcevable de parler de procès équitables dans ces conditions.

Q: Le pouvoir évoque le rétablissement de la peine de mort. Est-ce ce qui vous inquiète le plus aujourd'hui pour la justice?

R: Ce serait le point culminant de la dégradation en cours. Dans l'esprit de ceux qui en parlent, il est évidemment question de rétablir la peine de mort rétroactivement pour l'appliquer à ceux qui ont commis la tentative de putsch, ce qui serait une violation des droits fondamentaux.

Ce qui me préoccupe le plus, c'est la terreur qui se répand dans tout le monde judiciaire, chez les magistrats, les avocats, les policiers. Il y a une emprise maintenant qui est telle que les gens ont peur et n'osent plus se manifester de quelque façon que ce soit. L'ensemble des institutions sont sous la coupe du gouvernement: de l'Académie de justice (le centre de formation des juges) au Haut Conseil des juges et des procureurs (équivalent du Conseil supérieur de la magistrature). Il n'y a aucune protection des juges, selon la décision qu'ils rendent, ils peuvent se retrouver en prison ou au contraire être promus dans les premiers cercles du pouvoir, c'est le contraire d'une justice démocratique.
(AFP, 30 juillet 2016)

Intensification des purges en Turquie : ce que l'on sait

Près de 16.000 personnes en garde à vue, environ 50.000 limogées: après le putsch raté du 15 juillet, le pouvoir islamo-conservateur du président turc Recep Tayyip Erdogan n'en finit pas de purger de larges secteurs de la société, armée et médias en tête.

Ankara a intensifié ces derniers jours "le grand ménage" destiné à mettre hors jeu les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, que le pouvoir accuse d'avoir fomenté le coup d'Etat, ce que réfute fermement l'ex-imam.

- Morts dans le coup d'Etat -

Selon les autorités, la tentative de coup d'Etat s'est soldée par la mort de 179 civils, 62 policiers et cinq soldats, soit un total de 246 personnes.

Toujours selon la même source, 24
putschistes ont en outre été tués, ce qui porte le nombre total à 270 morts.

- Près de 16.000 gardes à vue -

A ce jour, 15.846 personnes ont été placées en garde à vue, selon un bilan publié mercredi par le ministre de l'Intérieur Efkan Ala.

Ce chiffre comprend 10.012 soldats, 2.901 policiers et 2.167 juges et procureurs.

Selon le ministre de l'Intérieur, 8.113 des personnes en garde à vue ont été placées en détention préventive en attendant leur procès.

Ce chiffre comprend 5.266 soldats, 1.019 policiers ainsi que 1.684 juges et procureurs.

La garde à vue a été prolongée de 4 à 30 jours maximum sous l'état d'urgence.

- Plus de 50.000 personnes limogées -

 Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, 51.322 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions, la plupart - 42.767 - dans le secteur de l'éducation, personnels enseignant et administratif confondus.

Des centaines de personnes ont également été limogées dans les principaux ministères.

Le gouvernement a en outre exigé la démission de presque 1.600 doyens d'universités publiques ou privées.

Quelque 21.000 personnes travaillant dans le secteur éducatif privé devraient voir leurs licences révoquées.

- Dans l'armée -

 Cent quarante-neuf généraux et amiraux ont été exclus de l'armée pour leur "complicité dans la tentative de coup d'Etat", selon un décret officiel.

Parmi eux, 87 hauts gradés de l'armée de terre, 30 de l'armée de l'air et 32 de la marine. En outre 1.099 officiers ont été exclus pour cause d'indignité.

Au moins 178 généraux ont été placés en garde à vue --soit environ la moitié des 358 généraux que compte la Turquie-- et 151 sont d'ores en détention préventive.

Selon les médias d'Etat, l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Ozturk, ainsi que l'ancien commandant de la Seconde armée, le général Adem Huduti, figurent parmi les principaux haut-gradés détenus.

- Dans les médias -

Les autorités ont ordonné la fermeture de trois agences de presse, 16 stations de télévision, 23 stations de radio, 45 journaux, 15 magazines et 29 maisons d'édition, en vertu de l'état d'urgence.

Parmi ces interdictions figurent plusieurs titres nationaux, notamment l'agence de presse Cihan et le quotidien d'opposition Taraf.

Le régime islamo-conservateur a en outre lancé en début de semaine des mandats d'arrêt contre 42 journalistes et mercredi contre 47 membres de l'ancienne équipe du journal Zaman, pro-Gülen jusqu'à sa remise au pas en mars.
(AFP, 28 juillet 2016)

Amnesty International évoque des "preuves crédibles" de détenus torturés

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a affirmé dimanche avoir réuni des "preuves crédibles" de cas de tortures de détenus dans des centres de détention en Turquie après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet.

"Amnesty International dispose d'informations crédibles selon lesquelles la police turque à Ankara et Istanbul maintient des détenus dans des positions douloureuses pendant des périodes pouvant aller jusqu'à 48 heures", affirme l'ONG dans un communiqué évoquant également privations de nourriture, d'eau et de médicaments, injures, menaces et, "dans les cas les plus graves", coups, torture et viols.

"Les informations faisant état de coups et viols en détention sont extrêmement alarmantes, en particulier au regard du nombre de détentions" constatées depuis la tentative de putsch, déclare le directeur Europe d'Amnesty, John Dalhuisen, cité dans le communiqué.

"Il est absolument impératif que les autorités turques cessent ces pratiques abjectes", ajoute-t-il.

Selon Amnesty, certains détenus n'ont pas non plus accès à un avocat ou à leurs familles, et ne sont pas suffisamment informés des accusations pesant contre eux.

Deux avocats d'Ankara ont également rapporté à Amnesty le récit de détenus affirmant que des officiers de l'armée avaient été "violés avec une matraque" par la police.

Amnesty International exhorte en conséquence le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) à se rendre "d'urgence" en Turquie pour "surveiller les conditions de détention".

Les affirmations avancées par Amnesty ont été vigoureusement démenties par un haut responsable turc. "L'idée selon laquelle la Turquie, pays qui cherche à adhérer à l'Union européenne, ne respecterait pas la loi est absurde", a-t-il dit.

"Nous nions catégoriquement ces allégations et encourageons les groupes de défense (des droits de l'homme) à fournir des comptes rendus impartiaux", a ajouté le responsable.

Selon le Premier ministre Binali Yildirim, plus de 13.000 gardes à vue ont été prononcées depuis les événements de la nuit du 15 au 16 juillet et plus de 5.800 personnes placées en détention, dont 3.718 soldats et 123 généraux.
(AFP, 25 juillet 2016)

Appel d'Amnesty International à signer contre l'Etat d'urgence en Turquie

Suite aux mesures répressives exceptionnelles prises après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, le respect des droits et libertés en Turquie risque fort d’être mis à mal.

En cette période de grande terreur et d’incertitude, le gouvernement ne peut en aucun cas bafouer les droits de la population sous prétexte de rendre justice.

DES ENQUÊTES, OUI...

Les exactions commises durant la tentative de coup d’État doivent faire l’objet d’enquêtes et les responsables doivent être traduits en justice, mais ce faisant les droits humains doivent être respectés – et non ignorés.

… MAIS EN RESPECTANT LES DROITS HUMAINS

L’état d’urgence ne peut l’emporter sur les obligations qu’a la Turquie en vertu du droit international et ne doit pas ignorer les droits et libertés si durement acquis.
Personne n’est en sécurité lorsque les droits humains ne sont pas respectés.

Appelez au Président Erdoğan que les droits durement acquis ne peuvent être retirés, même pendant l’état d’urgence.

(Lien pour la signature en ligne)


Des gardes à vue de 30 jours, un millier d'écoles fermées

La riposte d'Ankara se poursuivait samedi une semaine après l'échec du putsch en Turquie, où la garde à vue a été portée à 30 jours et un millier d'écoles ont été fermées dans le cadre de l'état d'urgence.

Premières déclinaisons concrètes de cette instauration de l'état d'urgence inédite depuis quinze ans, une série de mesures ont été publiées au journal officiel: extension de quatre à 30 jours de la durée de la garde à vue; exclusion à vie de la fonction publique des fonctionnaires liés au prédicateur en exil Fethullah Gülen, accusé d'être à l'origine du putsch.

Un millier d'organisations privées qui lui seraient liées ont été dissoutes, dont 1.043 établissements d'enseignement, 15 universités, 1.229 associations et fondations, 19 syndicats...

La justice a toutefois annoncé la libération de 1.200 militaires, tous non gradés. C'est le premier élargissement aussi important depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, après laquelle 7.400 soldats avaient été placés en garde à vue. Militaires, policiers, magistrats, "civils" selon l'agence Anadolu: un total de 4.500 personnes ont été placées en détention.

La Turquie "met en prison (son) avenir", a dénoncé le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, autant préoccupé par la répression que par "les chars dans les rues d'Istanbul", une énième critique d'un responsable européen depuis le début des purges.

Des réserves qui laissent froid le président Recep Tayyip Erdogan: "Ce qu'ils disent ne m'intéresse pas et je ne les écoute pas", a-t-il dit dans une interview à la chaîne française France 24. L'Union européenne, qui depuis 53 ans "fait attendre à la porte" la Turquie, est guidée par ses "préjugés", a-t-il dénoncé.

- Le 'traître de Pennsylvanie' -

Le président turc peut se targuer du soutien appuyé de ses supporteurs, une semaine après l'échec d'un putsch qui a coûté la vie à 270 personnes dont 24 mutins, et blessé plus de 2.000 personnes.

Avant une manifestation anti-putsch qui s'annonce massive dimanche place Taksim à Istanbul, ils sont encore descendus dans les rues vendredi pour crier leur haine des fidèles de Fethullah Gülen.

"On ramènera aussi ce traître (...) de Pennsylvanie", a dit à la presse le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu qui, drapeau en main, participait vendredi soir à un de ces rassemblements dans la ville côtière d'Antalya (sud).

Ankara réclame la remise du prédicateur, exilé aux Etats-Unis. Dans un contexte de tensions entre Ankara et Washington, le président Barack Obama a prévenu que cette question serait traitée conformément à la loi américaine.

Par le passé, les Etats-Unis "nous ont fait plusieurs demandes d'extradition, (...) nous ne leur avons jamais demandé aucun document", a relevé Recep Tayyip Erdogan qui a répété que de nouveaux éléments seraient envoyés d'ici "une dizaine de jours".

Le président a affirmé que le chef d'Etat major de l'armée Hulusi Akar, resté loyal et pris en otage par les putschistes, s'était vu proposer par ses ravisseurs de s'entretenir au téléphone avec Fethullah Gülen. Mais ce dernier nie toute implication.

La répression de ceux qui sont identifiés comme ses fidèles se poursuit, malgré la libération des 1.200 soldats.

Vendredi, près de 300 militaires de la garde présidentielle, soit 10% de ce régiment, ont été mis aux arrêts. Des milliers de passeports de services, délivrés notamment à d'anciens députés, certains fonctionnaires ou des maires, ont été annulés.

Les purges n'épargnent aucun secteur. Selon l'agence Dogan, une trentaine de personnes liées au compte twitter @fuatavni, considéré proche des réseaux gulenistes, ont été arrêtées.

 Si les autorités sont déterminés à poursuivre le grand ménage dans les services de sécurité, Hakan Fidan, le patron des puissants services de renseignement, le MIT, pris en défaut par le putsch, a pour le moment sauvé sa tête.

"Il y a eu une faiblesse en matière de renseignement", a reconnu le président Erdogan, qui avait échappé de justesse à un commando dans le complexe hôtelier de Marmaris (sud-ouest) où il passait ses vacances en famille.
(AFP, 23 juillet 2016)

Erdogan instaure l'état d'urgence et intensifie la purge

Le président Recep Tayyip Erdogan a instauré l'état d'urgence pour trois mois en Turquie et intensifié la purge massive lancée après l'échec du coup d'Etat militaire du 15 juillet.

Arrestations, suspensions, limogeages... Le coup de balai touche 55.000 personnes, notamment dans l'enseignement, la police, la justice, l'armée et les médias.

Cette vigoureuse riposte suscite l'inquiétude à l'étranger sans que cela n'ébranle la détermination du chef de l'Etat turc.

S'il s'est engagé à ne faire "aucun compromis" sur la démocratie, M. Erdogan a annoncé dans une allocution dans la soirée "l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de trois mois".

L'état d'urgence permet notamment de décréter le couvre-feu, de restreindre le droit de manifester ou la liberté de circulation dans certains secteurs identifiés.

Cette décision a été annoncée à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité nationale et d'un conseil des ministres à Ankara où le président est retourné mardi soir pour la première fois depuis le putsch avorté.

- 'D'autres pays' impliqués ?

Une mesure "nécessaire pour éradiquer rapidement tous les éléments de l'organisation terroriste impliquée dans la tentative de coup d'Etat", a ajouté M. Erdogan dans une allusion au prédicateur vivant en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen dont il réclame l'extradition. M. Gülen a formellement démenti toute implication dans la tentative de putsch.

Sans les citer, le président turc s'est dit convaincu que "d'autres pays pourraient être impliqués" dans ce putsch qui "n'est peut-être pas fini".

Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, a déploré que "presque quotidiennement, de nouvelles mesures (soient) prises qui sont contraires à un mode d'action respectant l'Etat de droit".

Cette mise en garde fait écho à celle formulée dès dimanche par le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, à qui le président turc a demandé mercredi de "se mêler de ses affaires".

M. Erdogan a toutefois reçu le soutien du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a refusé de "commenter" les purges opérées par Ankara.

La tentative de prise du pouvoir par des militaires, dans la nuit de vendredi à samedi, a fait plus de 300 morts et semé le chaos, notamment à Ankara, où le parlement et le siège de la police ont été bombardés par les mutins.

M. Erdogan, qui se trouvait au moment du putsch dans la station balnéaire de Marmaris, sur la mer Egée, a déclaré qu'il y avait eu "des failles dans le domaine du renseignement", indiquant qu'il avait été informé de la tentative de coup d'Etat par son beau-frère.

Depuis, environ 55.000 personnes ont été suspendues de leurs fonctions ou limogées, selon le comptage de l'AFP effectué à partir des chiffres officiels et des médias turcs.

Plus de 9.000 suspects ont été placés en garde à vue ou arrêtés, sans que l'on sache s'ils sont comptabilisés parmi les quelque 55.000 personnes touchées par les purges.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, 99 généraux et amiraux ont été placés en détention provisoire en attente de leur procès. L'aide de camp de M. Erdogan, Ali Yacizi, est lui aussi détenu.

Un nouveau bilan officiel des événements sanglants du putsch fait état de 312 morts, dont 145 civils, 60 policiers et trois soldats. 104 rebelles ont été tués.

L'état d'urgence n'est pas la seule mesure décidée mercredi. Le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a ainsi interdit, jusqu'à nouvel ordre, toutes les missions à l'étranger des universitaires, a rapporté Anadolu.

- Les partisans d'Erdogan dans la rue -

Mercredi, l'armée de l'air a de nouveau frappé des positions en Irak des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), signifiant à qui pouvait en douter que M. Erdogan avait repris le contrôle absolu de l'armée de l'air.
 Si l'identité des responsables du putsch reste floue, l'armée de l'air est soupçonnée d'avoir joué un rôle central. Son ex-chef, le général Akin Oztürk, se trouve derrière les barreaux.

Ces événements ont apparemment galvanisé M. Erdogan, omniprésent auprès des foules, qui sont de nouveau descendues dans les rues mercredi, pour la cinquième soirée consécutive. Il a appelé ses sympathisants à rester mobilisés dans les grandes villes comme son fief politique d'Istanbul, Ankara et Izmir (ouest).

Illustration de l'inquiétude à l'étranger, l'agence de notation SP Global Ratings a annoncé mercredi avoir abaissé d'un cran la note souveraine (BB au lieu de BB+) de la Turquie.
(AFP, 21 juillet 2016)

La peine de mort en Turquie: le risque d'un retour en arrière

Un possible rétablissement de la peine de mort en Turquie, évoqué par le président Recep Tayyip Erdogan pour punir les auteurs de la tentative de coup d'Etat de vendredi, soulève l'inquiétude des responsables européens.

Le pays avait aboli la peine de mort en 2004, dans le cadre des négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Le militant d'extrême gauche Hidir Aslan est le dernier condamné à avoir été exécuté le 25 octobre 1984, quatre ans après un coup d'Etat militaire.

- Large recours après 1960 -

Entre la fondation de la République turque en 1923 et jusqu'en 1984, plus de 400 condamnés à mort ont été exécutés par pendaison. L'application de la peine capitale a pris un relief particulier après le coup d'Etat militaire de 1960.

A cette époque, la junte avait condamné à mort plusieurs membres du pouvoir renversé. Le chef du gouvernement, Adnan Menderes et deux de ses ministres avaient été exécutés en septembre 1961 sur l'île d'Imrali (nord-ouest).

M. Erdogan a souvent qualifié d'"injustice" la condamnation à la peine capitale d'Adnan Menderes, l'un de ses modèles politiques.

Plusieurs militants de gauche, Deniz Gezmis, Yusuf Aslan et Huseyin Inan, exécutés en 1972, restent eux aussi des héros aux yeux du mouvement socialiste turc.

Une nouvelle vague d'exécutions a suivi le coup d'Etat de 1980.

Levon Ekmekjian, un Libano-arménien, a été exécuté en 1983 à Ankara, après avoir été reconnu coupable d'une attaque meurtrière contre l'aéroport de la capitale turque au nom d'une organisation arménienne.

- Demande populaire -

En 2002, le parlement turc avait voté l'abolition de la peine de mort en temps de paix, avec une entrée en vigueur en 2004. Un moratoire était toutefois déjà observé depuis plusieurs années.

Cette adoption avait ainsi permis de commuer la condamnation à mort, en 1999, du leader kurde Abdullah Öcalan, en une peine de prison à vie. Ce dernier, qui avait fait appel auprès de la Cour Européenne des droits de l'Homme, purge sa peine sur l'île d'Imrali.

M. Erdogan a souligné que toute décision de rétablissement de la peine de mort devrait passer le parlement.

Des milliers de partisans d'Erdogan ayant protesté contre les putschistes ces derniers jours dans les rues du pays ont plaidé pour un retour de la peine capitale.

Ce n'est pas la première fois qu'une partie de la société civile le réclame. En 2015, le meurtre d'une étudiante par trois individus, avait remis le débat sur la place publique.

- Obstacle à l'entrée dans l'UE -

L'Allemagne et l'UE ont prévenu que le rétablissement de la peine de mort saborderait le processus d'adhésion du pays au sein de l'Union.

"Que ce soit clair, personne ne devient un membre de l'UE en réintroduisant la peine de mort", a insisté la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Le Conseil de l'Europe a ajouté que cette sentence était incompatible avec la présence de la Turquie, qui a rejoint cette organisation en 1949.
(AFP, 20 juillet 2016)

Question vitale: Quelle sorte du pacifisme est ceci?



Tous ceux qui, depuis quelques années, affirment après chaque acte de terreur islamiste qu’«ils ne sont pas vrais musulmans, l'islam est une religion pacifique!» ... Quel genre de terreur est cette dernière qui a été déclenchée, en Turquie et dans les pays européens, par un pouvoir islamiste contre les membres ou sympathisants d'une autre confrérie islamiste en mobilisant toutes les mosquées, les imams, les associations et médias islamistes, même en utilisant des missions diplomatiques? La terreur islamiste lancée en Turquie dans les années 60 avec le "Dimanche sanglant", pour défendre les intérêts des Etats-Unis et les dictatures islamistes à son service, contre les citoyens anti-impérialistes et progressistes est maintenant transformée en une querelle sanglante entre les islamistes eux-mêmes... Quelle sorte du pacifisme est ceci ? Et le «leader» autoproclamé du monde islamiste, ce ridicule nouvel Ottoman, est-il vraiment un pacifiste? - Dogan Özgüden

A VITAL QUESTION: WHAT KIND OF PEACE-LOVING IS THAT?


Those who, for few years, claim after each Islamist terror act that “they are not real Muslims, Islam is a peace-loving religion!”… What kind of terror is the recent vengeance campaign launched by an Islamist power in Turkey and even in European against members or sympathizers of another Islamist brotherhood by mobilizing all mosques, imams, Islamist associations and media, even by using diplomatic missions? The islamist terror launched in 60s with Bloody Sunday massacres against anti-imperialist and progressive people for defending the interests of the USA and the Islamist dictatorships at its service has now turned into a bloody feud between Islamists themselves… What kind of peace-loving is that? And the auto-proclaimed “leader” of the Islamist world, this ridiculous new-ottoman, is really a peace-lover?
- Dogan Özgüden

YAŞAMSAL BİR SORU: BU NE MENEM BİR BARIŞÇILIKTIR?

Son yıllarda her islamcı terör olayının ardından "Bunlar müslüman değil, İslam barış dinidir!" diye kıyameti koparanlar... İslamci iktidarın Türkiye'de ve hattâ Türk göçmenlerin bulunduğu Avrupa ülkelerinde bir başka Islamcı grubun üyelerini ve sempatizanlarını yoketmek için tüm camileri, imamları, Islamcı dernekleri ve medyayı, hattâ diplomatik misyonları seferber ederek yürüttügü terör neyin terörüdür? Ta 60'lı yıllarda sırf ABD'nin ve onun hizmetindeki Islam diktatörlüklerinin çıkarlarını savunmak üzere anti-emperyalist ilericilere karşı Kanlı Pazar'larla başlatılan islam terörü bugün ïslamcıların kendi içinde kanlı bir hesaplaşmaya dönüştüyse bu ne menem bir müslümanlıktır, ne menem bir barışçılıktır? İslam dünyasının Osmanlı artığı nevzuhur "lider"i ne denli barışçıdır?
- Dogan Özgüden

Putsch manqué en Turquie: les chiffres fous de la purge de Erdogan

Au moins 45.000 personnes ont été licenciées ou suspendues de leur fonction par le gouvernement turc depuis la tentative de coup d’Etat qui a surpris la république vendredi.

La purge des éléments perçus comme moins loyaux au Président Recep Tayip Erdogan (AKP) s’est étendue aux enseignants, aux doyens d’université et aux médias. Le gouvernement turc estime qu’ils sont sous la coupe du prédicateur Fethullah Gülen, basé aux USA et accusé d’être derrière le putsch.

Les médias turcs ont annoncé que 15.200 enseignants avaient été licenciés et 1.577 doyens d’université poussés à démissionner. En outre, 8.777 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur ont été remerciés de même que 1.500 au ministère des Finances, et 257 autres au sein des cabinets attachés au Premier ministre. Enfin, les licences octroyées à 24 chaînes de radio et de télévision ont été retirées.

Ces annonces sont venues s’ajouter à l’arrestation de plus de 6.000 militaires et le licenciement de 9.000 policiers, et à la suspension de 3.000 juges ordonnée dès le lendemain du putsch.

Cette mise à l’écart de milliers de fonctionnaires a été décriée par les observateurs internationaux. Respecter les droits fondamentaux comme la liberté d’expression et la tenue de procès en bonne et due forme est crucial pour préserver la démocratie en Turquie, a prévenu l’ONU lundi.

Les événements de la nuit de vendredi ont fait 232 morts et 1.541 blessés. (Le Soir-Belga, 20 juillet 2016)


Epuration dans l'enseignement et l'audiovisuel après le putsch avorté

Le régime Erdogan a étendu mardi à l'enseignement et l'audiovisuel ses purges dans les milieux proches du prédicateur Fethullah Gülen accusés d'être derrière le putsch avorté en Turquie, qui ont désormais tout d'une véritable épuration.

Le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a demandé la démission des 1.577 doyens d'universités publiques et rattachées à des fondations privées après l'échec du coup de force contre le président Recep Tayyip Erdogan, a rapporté l'agence de presse Anadolu.

Parallèlement, le Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) a retiré mardi leur licence aux chaînes de télévision et de radio proches de M. Gülen, prédicateur exilé aux Etats-Unis.

L'autorité audiovisuelle a annoncé avoir annulé "tous les droits de diffusion et licences délivrés à toutes les organisations (radios et télévisions) liées, en relation et soutenant le FETÖ/PDY", des acronymes désignant le mouvement de M. Gülen.

Selon Anadolu, cette décision concerne au total 24 chaînes de télévision et radios et 34 journalistes considérés comme étant proches de ce religieux se sont vu en outre retirer leur carte de presse.

"C'est une purge généralisée, une épuration dans tous les domaines", a estimé Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble (France).

Pour le politologue et universitaire Ahmet Insel, "les universités ne sont pas un nid güléniste", mais l'appel à la démission des doyens "vise à faire le tri" pour pouvoir "éliminer les éléments" appartenant à cette mouvance.

"C'est à la fois une réaction de bête blessée car le pouvoir a encore peur d'une réplique du coup d'Etat", dit-il, et le signe que "le pouvoir se préparait à de telles purges et a saisi l'occasion".


- 'Aucune différence avec l'EI' -

Selon un comptage de l'AFP, au moins 25.000 fonctionnaires, dont plusieurs milliers de policiers et de gendarmes et des enseignants, ont été suspendus ou démis dans cette chasse nationale aux gülenistes. Les fonctionnaires mis à pied se sont vu interdire de quitter le territoire.

Par ailleurs, 9.322 militaires, magistrats et policiers font l'objet d'une procédure judiciaire, a déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus.

"Nous allons les déraciner d'une manière telle que (...) plus aucun traître, plus aucune organisation terroriste clandestine, plus aucun groupe terroriste séparatiste n'aura l'audace de trahir la Turquie", a déclaré le Premier ministre Binali Yildirim, évoquant les partisans de Fethullah Gülen.

Il s'est toutefois défendu de "tout esprit de vengeance" qui serait "absolument inacceptable dans l'Etat de droit", alors que la communauté internationale s'inquiète d'un déchaînement répressif en Turquie.

Le FMI a appelé à "préserver" les institutions démocratiques, "piliers" des progrès économiques de ce pays, après le putsch manqué qui a provoqué une "certaine volatilité" financière.

La livre turque a ainsi décroché mardi pour se rapprocher de son plus bas niveau de vendredi soir (0,2972 dollar).

L'armée n'a pas été épargnée par les purges : au moins 118 généraux et amiraux ont été placés en garde à vue, selon Anadolu.

Vingt-six généraux et amiraux, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztürk, sont désormais en détention préventive après avoir été inculpés, notamment, de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" et de "tentative d'assassinat" du président Erdogan, qui a affirmé que sa vie avait été menacée par les putschistes.

Mais "l'écrasante majorité des Forces armées turques qui aime sa patrie, sa nation et son drapeau n'a absolument rien à voir" avec la tentative de coup d'Etat, a assuré l'état-major dans un communiqué.

- "Terroriste en chef" -

"Nous avons envoyé quatre dossiers aux Etats-Unis pour (demander) l'extradition du terroriste en chef", a déclaré M. Yildirim au Parlement. La demande officielle d'extradition de M. Gülen doit être prochainement envoyée.

"Nous souhaiterions voir une coopération de la part des Etats-Unis sur cette question", a déclaré Ibrahim Kalin, porte-parole de M. Erdogan.

Le prédicateur a réfuté dans un entretien lundi avec l'AFP toute responsabilité. "J'ai toujours été contre l'intervention des militaires dans la politique intérieure", a-t-il assuré.

Il a laissé entendre que le gouvernement aurait pu mettre en scène cette tentative de putsch.

"C'est comme si on affirmait que le 11-Septembre (2001) a été orchestré par les Etats-Unis ou les attentats de Paris (en janvier et novembre 2015) et de Nice (le 14 juillet) par le gouvernement français", a riposté Ibrahim Kalin, le porte-parole du président turc.

Le président américain a pour sa part répété mardi que son pays était prêt à fournir son aide dans l'enquête sur le putsch. Dans une conversation téléphonique avec M. Erdogan, Barack Obama a toutefois insisté sur la nécessité de procéder à ces investigations en suivant des méthodes qui "renforcent la confiance du peuple dans les institutions démocratiques et l'Etat de droit".
(AFP, 19 juillet 2016)

Le contrecoup du putsch en Turquie: ce que l'on sait

Sous l'oeil inquiet de ses partenaires internationaux, le pouvoir turc intensifiait une purge généralisée de l'Etat et de la société, quatre jours après le putsch manqué contre le régime du président Recep Tayyip Erdogan.

- Les cibles des purges -

Selon le vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus, 9.322 militaires, magistrats et policiers faisaient mardi l'objet d'une "procédure judiciaire". Parmi eux, au moins 118 généraux et amiraux ont été placés en garde à vue.

Vingt-six généraux et amiraux, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztuk, sont en détention préventive, inculpés notamment d'avoir tenté de renverser l'ordre constitutionnel et de tentative d'assassinat du président Erdogan. Le général Oztürk a nié toute implication.

Après le limogeage de 9.000 policiers et gendarmes, les purges ont gagné mardi l'enseignement et les médias.

Le Haut-conseil turc de la radio et de la télévision a retiré leur licence aux télévisions et radios proches du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être derrière la tentative de putsch.

L'autorité de supervision des universités a réclamé la démission de 1.577 doyens, incluant tous les dirigeants des facultés d'Etat, tandis que 15.200 fonctionnaires du ministère de l'Education ont été suspendus.

Plus de 200 employés des services du Premier ministre ont aussi été mis à pied, ainsi que près de 500 de l'agence des affaires religieuses. Les fonctionnaires démis ont été interdits de sortie du territoire.

- Le Who's who des conjurés -

Selon le pouvoir, l'instigateur du putsch est Fethullah Gülen, ennemi juré de M. Erdogan depuis 2013 après avoir été son plus proche allié. A la tête d'un réseau actif dans une centaine de pays, cet influent prédicateur, installé aux Etats-Unis depuis 1999, a démenti toute implication.

Ankara a dit préparer une demande officielle d'extradition et avoir envoyé des "dossiers" pour soutenir cette requête, alors que Washington avait réclamé des "preuves" sur l'implication de M. Gülen dans le coup de force.
 Au niveau opérationnel, la tentative de renversement du régime a été selon l'état-major le fait d'une minorité de militaires.

L'"écrasante majorité" de l'armée turque n'a "rien à voir" avec cette affaire, a assuré l'état-major, qui, pour la première fois dans la riche histoire des coups d'Etat militaires en Turquie, n'a pas été aux commandes de la tentative de putsch, son chef ayant même été pris en otage par les rebelles à Ankara.

- Quid de l'Etat de droit ? -

Les grandes capitales ont soutenu, quoique sans précipitation, la nuit du putsch le gouvernement turc démocratiquement élu, mais l'ampleur et la rapidité des purges ont vite provoqué leur inquiétude. Elles ont mis en garde M. Erdogan contre toute tentation d'exploiter ces événements pour en finir avec une démocratie et des libertés qu'il est déjà accusé d'avoir beaucoup malmenées.

"Nous appelons le gouvernement de Turquie à respecter les institutions démocratiques de la nation et l'Etat de droit", a martelé le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à l'issue lundi d'une réunion à Bruxelles avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE.

"Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien" de la Turquie, a déclaré de son côté la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini

"L'ordre constitutionnel doit être totalement préservé en vertu des principes de démocratie et des droits fondamentaux, y compris le respect total de la liberté d'expression et de réunion et de procès en bonne et due forme", selon l'ONU.

M. Erdogan s'est aussi attiré une ferme mise en garde de l'UE pour avoir évoqué un rétablissement de la peine de mort, abolie en 2004. Mme Mogherini, lui a signifié que cela mettrait fin aux négociations d'adhésion de son pays, ouvertes en 2005.

Le FMI a aussi appelé à "préserver" les institutions démocratiques, "piliers" des progrès économiques de la Turquie.

Face à cette volée d'avertissements, le Premier ministre turc Binali Yildirim a rejeté mardi tout "esprit de vengeance", qui est "inacceptable dans l'Etat de droit".
(AFP, 19 juillet 2016)

Répression post-coup d'état: La machine judiciaire est lancée

Quatre jours après le putsch raté en Turquie, la machine judiciaire était lancée, avec la mise sous écrou de 26 généraux, dont l'ex-chef de l'armée de l'air, dans le cadre d'une vaste opération de reprise en main par le régime Erdogan.

Visiblement à l'attention de la communauté internationale qui s'inquiète d'un déchaînement répressif en Turquie, le Premier ministre Binali Yildirim a rejeté mardi "tout esprit de vengeance" car "une telle chose est absolument inacceptable dans l'Etat de droit".

Les images de brutalités commises contre des soldats putschistes qui se rendaient ont créé la polémique, notamment sur les réseaux sociaux. "Cette nation tire sa force du peuple, pas des chars", a lancé le Premier ministre au Parlement.

"Le niveau de vigilance et de surveillance va être important dans les jours qui viennent", avait prévenu lundi le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Les partisans du président turc Recep Tayyip Erdogan ont encore répondu à son appel en masse lundi soir, et jusque tard dans la nuit, se réunissant par dizaines de milliers dans les villes d'Istanbul, d'Ankara et d'Izmir (ouest).

- La vie d'Erdogan menacée -

Le numéro un turc a expliqué que sa vie avait été menacée par les putschistes, alors que les conditions de son exfiltration de la station balnéaire de Marmaris (ouest) où il se trouvait au déclenchement du coup d'état restaient floues.

"Si j'étais resté 10, 15 minutes de plus à l'hôtel, ils m'auraient tué, kidnappé, ou emmené", a-t-il déclaré dans une interview diffusée tard lundi par la chaîne américaine CNN.

Le président a ajouté qu'il accepterait la réintroduction de la peine de mort si le Parlement turc le décidait. Il a annoncé qu'"une décision importante devait être prise" lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale mercredi à Ankara.

Jusqu'à présent au moins 118 généraux et amiraux dans tout le pays ont été placés en garde à vue, suspectés d'implication dans le coup d'état manqué, rapporte l'agence Anadolu, dans ce qui s'apparente à une purge importante au sein de l'armée.

Vingt-six généraux et amiraux, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztuk, ont été placés en détention préventive après avoir été inculpés, notamment, de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel", de "tentative d'assassinat" du président Erdogan et de "constitution d'une organisation armée".

- 'Dossiers' sur Gülen pour Washington -

Au total, selon Binali Yildirim, 6.038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers ont été placés en garde à vue.

Des demandes de placement en garde à vue ont aussi été émises contre 2.854 juges et procureurs, immédiatement après le putsch manqué par un groupe de militaires.

Par ailleurs, 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions.

Le général Oztuk, qui est apparu hagard et un pansement sur l'oreille au tribunal, a nié toute implication: "Je ne fais pas partie de ceux qui ont planifié et mené le coup d'état militaire. J'ignore qui l'a planifié et dirigé".

"En me basant sur mon expérience, je pense que c'est la structure parallèle (le réseau du prédicateur Fetulhah Gülen, NDLR) qui a mis en oeuvre cette tentative de coup d'Etat militaire", a-t-il toutefois ajouté, cité par Anadolu.

Ankara a envoyé des "dossiers" à Washington sur une implication de Gülen dans le putsch, a annoncé mardi M. Yildirim.

Mais le prédicateur a réfuté dans une interview lundi à l'AFP aux Etats-Unis toute responsablité. "J'ai toujours été contre l'intervention des militaires en politique intérieure", a-t-il assuré. "Dans un paysage comme celui-là, il n'est plus possible de parler de démocratie, de Constitution, d'une forme de gouvernement républicain", a accusé l'opposant exilé.

Il a laissé entendre que le gouvernement aurait pu jouer un rôle dans cette tentative de putsch à propos de laquelle des internautes disaient: "Ce n'est pas un coup (d'Etat), mais une mise en scène".

"Vous avez des informations de presse indiquant que des membres du parti au pouvoir étaient au courant de la tentative huit, dix voire 14 heures à l'avance", relève-t-il.

A Bruxelles lundi, le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn, chargé du dossier de la candidature turque à l'UE, avait également suggéré que le gouvernement turc avait préparé, avant la tentative de coup d'Etat, une liste de personnes à arrêter.

"Je pense que le fait que les listes soient déjà disponibles juste après l'événement montre qu'elles ont été préparées pour être utilisées à un certain moment", a-t-il observé.
(AFP, 19 juillet 2016)

Tentative de putsch meurtrière en Turquie: Erdogan reprend la main



Des putschistes de l'armée ont tenté de prendre le pouvoir en Turquie avec des avions de chasse et des chars, entraînant samedi une violente riposte d'Ankara et le retour précipité de vacances du président Recep Tayyip Erdogan, qui semble avoir repris la main.

Les affrontements, qui ont donné lieu à des scènes de violences inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies, ont fait au moins 60 morts, dont de nombreux civils, a annoncé un responsable turc. 754 militaires ont été arrêtés, selon l'agence progouvernementale Anadolu.

Après que son Premier ministre Binali Yildirim a assuré que tout était "largement sous contrôle", le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi avant l'aube qu'il "y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple" et que "si Dieu le veut, nous allons surmonter cette épreuve".

Accueilli à l'aéroport d'Istanbul en provenance de Marmaris (ouest) par une foule compacte de sympathisants, M. Erdogan a adopté une attitude de défi, prédisant l'échec de la rébellion et assurant qu'il continuerait à assumer ses fonctions "jusqu'à la fin".

"Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés car ces chars ne leur appartiennent pas", a ajouté le président, fort du soutien de ses partisans qui ont massivement répondu à son appel à descendre dans les rues d'Ankara, Istanbul et Izmir pour contrer le putsch.

Il a félicité les Turcs pour être descendus "par millions" dans les rues, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire de manifestants conspuant les putschistes.

La situation dans ce grand pays de 80 millions d'habitants, membre-clé de l'Otan, était toutefois loin d'être réglée vers 07H00 (04H00 GMT), huit heures environ après l'annonce de la tentative de coup d'Etat.

Le président américain Barack Obama a appelé à soutenir le gouvernement turc "démocratiquement élu", "faire preuve de retenue et éviter violence ou bain de sang".

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a également exhorté à la "retenue" et au "respect des institutions démocratiques". Son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays vient de se réconcilier avec la Turquie, a demandé d'éviter "tout affrontement meurtrier".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé "crucial de réinstaurer le pouvoir civil et l'ordre constitutionnel rapidement et pacifiquement".

En Iran voisin de la Turquie, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a exprimé sa "grande inquiétude".


- Une 'trahison' -

Un avion a largué tôt samedi une bombe près du palais présidentiel à Ankara, et des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles aux abords du palais présidentiel, a indiqué la présidence.

Peu après, une soixantaine de soldats rebelles qui avaient investi dans la nuit l'un des ponts suspendus enjambant le Bosphore se sont rendus, en direct à la télévision, aux forces de sécurité à Istanbul.

Des coups de feu sporadiques étaient toujours audibles au petit matin dans plusieurs quartiers d'Ankara et d'Istanbul, après une nuit de violences marquée par des explosions causées, selon les médias, par des bombardements aériens.

Le Premier ministre Yildirim a ordonné samedi à l'armée d'abattre les avions et les hélicoptères se trouvant aux mains des militaires putschistes, selon un responsable turc. Il a a annoncé avoir nommé un nouveau chef de l'armée par intérim.

A son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, M. Erdogan a dénoncé "une trahison" des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré Fethullah Gülen, un imam exilé depuis des années aux Etats-Unis.

"Je réfute catégoriquement ces accusations", a rétorqué ce dernier dans un communiqué, depuis les Etats-Unis où il réside. "J'ai souffert de plusieurs coups d'Etat militaires au cours des 50 dernières années et trouve donc particulièrement insultant d'être accusé d'avoir un quelconque lien avec cette tentative".

Quant au chef d'état-major de l'armée, qui selon les médias serait prisonnier des putschistes à Ankara à son quartier général, "j'ignore pour l'instant" son sort, a indiqué M. Erdogan.

Le chef de l'Etat a affirmé que l'hôtel où il se trouvait en vacances à Marmaris, station balnéaire du sud-ouest de la Turquie, avait été bombardé après son départ.

- 'Retour à la normale'? -

Le Premier ministre Yildirim a évoqué une tentative de coup d'Etat "idiote" et "vouée à l'échec".

Le Parlement, autour duquel des chars ont été déployés, a été bombardé dans la capitale Ankara, où au moins 17 policiers ont été tués, a annoncé l'agence Anadolu.

A Istanbul, des soldats ont ouvert le feu sur la foule, faisant des dizaines de blessés, a constaté un photographe de l'AFP. Des F-16 ont également abattu un hélicoptère des putschistes, selon la télévision turque.

Deux heures environ après l'annonce du coup d'Etat, le président Erdogan avait prédit son échec, la voix blanche à la télévision et s'exprimant depuis un endroit non précisé, avec un portable via FaceTime.

La chaîne publique turque de télévision avait diffusé peu avant minuit (21H00 GMT) un communiqué des "forces armées turques", faisant état de la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays.

Les putschistes ont justifié leur "prise de pouvoir totale dans le pays" par la nécessité "d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'Homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir".

Le Premier ministre a averti ceux impliqués dans cette action "illégale" qu'ils payeraient "le prix le plus élevé".
 Les ponts enjambant le Bosphore entre l'Asie et l'Europe à Istanbul ont été fermés dans les deux sens.

A Istanbul, des grandes artères menant notamment à la place Taksim, dans le centre de la première métropole de Turquie, étaient bloquées par les forces de l'ordre et la présence policière était massive.

De nombreux habitants semblaient saisis d'inquiétude, voire de panique, et se sont précipités dans les magasins pour acheter bonbonnes d'eau et nourriture et aux distributeurs d'argent pour retirer des liquidités.
(AFP, 16 juillet 2016)

Sept morts dans deux attaques attribuées aux combattants kurdes

Six soldats turcs et un garde de village ont été tués dimanche et une quinzaine de personnes blessées dans deux attaques attribuées aux combattants kurdes et menées à quelques heures d'intervalle dans le sud-est de la Turquie, a rapporté l'armée.

Quatre soldats ont été tués sur le coup par l'explosion d'un engin au passage de leur véhicule sur une route de la province de Hakkari, entre Beyyurdu et Aktutun, a annoncé l'armée. Un cinquième soldat est décédé à l'hôpital des suites de ses blessures, a-t-elle ajouté ensuite, imputant l'attaque aux séparatistes kurdes.

Les forces de sécurité turques mènent des opérations d'ampleur dans cette province frontalière du nord de l'Irak pour éliminer les combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK.

Un peu plus tôt, un soldat turc et un membre des gardes de village ont été tués dans un attentat à la voiture piégée dans la province de Van, a annoncé l'armée, montrant du doigt les combattants kurdes.

L'attentat devant un poste militaire a fait au moins 15 blessés, dix soldats et cinq gardes de village, dont l'un grièvement, a précisé l'armée, qui a attribué l'attaque aux séparatistes du PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara.
 Les gardes de village sont des supplétifs locaux des forces de sécurité turques dans la lutte contre les combattants kurdes de l'est et du sud-est du pays à population majoritairement kurde.

Samedi, trois personnes -- deux soldats turcs et un civil -- avaient été tuées dans un attentat à la voiture piégée dans la ville de Mardin, près de la frontière syrienne, dans le sud-est de la Turquie, une attaque également attribuée à la guérilla kurde.
(AFP, 10 juillet 2016)

Trois morts dans un attentat dans le Sud-Est

Trois personnes -- deux soldats turcs et un civil -- ont été tuées samedi dans un attentat à la voiture piégée dans le sud-est de la Turquie, ont annoncé les forces de sécurité, en imputant la responsabilité à la guérilla kurde.

Dix personnes ont été blessées dans cette attaque contre un poste de gendarmerie près de la ville de Mardin perpétrée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon les même sources.

Le PKK mène des attaques quasi quotidiennes dans le sud-est anatolien à majorité kurde depuis la fin, en juillet 2015, du cessez-le-feu observé pendant deux ans et demi.

Les forces de sécurité turques mènent en représailles des bombardements intensifs dans les zones urbaines du Sud-Est qui font beaucoup de victimes et de dégâts.

L'armée a indiqué samedi avoir éliminé la veille 17 militants du PKK à Semdinli, dans la province de Hakkari et deux combattants à Baskale, dans celle de Van.
(AFP, 9 juillet 2016)

Call for Support to the Academics under Judicial Harassment

Turkish scholars have been subject to heavy pressures and constraints since the declaration of the petition “We’ll not be a party to this crime” launched by the Academics for Peace initiative in mid-January. In Mersin, a middle-sized city on the Mediterranean Coast, this climate of pressure has been experienced in an accentuated manner as the twenty-one petitioners of the city’s University have since then faced very serious threats and sanctions.

In contradiction to all traditional practices and even to legislations, the university administration has cancelled the contracts of three assistant professors, two lecturers and one research assistant (6 academics in total) since last January.

And now, a group of these scholars in Mersin are threatened by serious juridical accusations that were launched obviously in relation with the petition. These lawsuits that may end up with prison sentences are as follows:
1- The first case was launched against assistant professors Hakan Mertcan, Mustafa Şener and Selim Çakmaklı for the charge of “insult of the president” due to their Facebook messages.
2- Again due to their social media messages, they are sued for “propaganda of terrorist organisation” as well as “provocation of the people for hatred and hostility”. The hearing of this second case in which research assistant Esin Gülsen is also accused will be held on the July 12th, 2016 in Mersin.
3- In addition to these two cases, the public prosecution office of Mersin carries out an investigation against Mertcan, Gülsen and Çakmaklı for “insult of institutions and organs of the Turkish state” through Facebook messages. These academicians thus risk a third lawsuit.
4- Apart from Facebook messages, two of the petitioners, Mustafa Şener and Atilla Güney are sued for violation of the law on meetings and demonstrations due to a public statement that they participated. The hearing of this case will take place on the July 13th, 2016.
5- Last but not the least, Prof. Atilla Güney is sued for ungrounded charges related to his presidency of a charity organisation supported by the Municipality of Akdeniz governed by the pro-Kurdish HDP.
In short, this group of petitioners in Mersin are threatened by prison sentences up to 14,5 years for just using their elementary rights of freedom of opinion and expression. If they are also sued for “insult of institutions and organs of the Turkish state”, this prison risk may amount up to 21,5 years.
The gravity and the urgency of the situation in Mersin is obvious.

Therefore, we urge for the support and the concern of the democratic international community to the scholars at both professional and juridical risks in Mersin. For this purpose, we invite all those who can, to attend to the hearings on July 12th and 13th in Mersin.

For those who won’t manage to be physically with us on these days, we ask them to send us short videos of support recorded by their phones, tablets or webcams (max. ten seconds during which we hear your name, title, institution and words of support to our colleagues) to mersin.bak@gmail.com.

13 suspects inculpés et écroués pour l'attentat d'Istanbul

Treize suspects, dont dix Turcs, ont été inculpés et écroués dimanche soir à Istanbul pour "appartenance à une organisation terroriste", en lien avec le triple attentat-suicide qui a fait 45 morts mardi à l'aéroport de la mégapole turque, a rapporté l'agence de presse Dogan.

Les suspects sont aussi accusés d'"atteinte à l'unité de l'Etat et du peuple" et "homicide volontaire", a indiqué l'agence, sans préciser la nationalité des étrangers.

Dans le cadre de l'enquête, la police a arrêté 29 personnes "dont des étrangers", a déclaré dimanche le Premier ministre turc, Binali Yildirim, aux journalistes. "Tout sera dévoilé avec le temps, nous menons une vaste enquête sur cette affaire", a-t-il ajouté.

Le gouvernorat d'Istanbul a de son côté indiqué dimanche dans un communiqué que 49 personnes étaient toujours soignées, dont 17 en soins intensifs. Les autorités turques avaient évoqué jeudi un bilan de 19 étrangers parmi les tués, sans donner de décompte précis.

L'attaque, la quatrième et la plus meurtrière en Turquie depuis le début de l'année, n'a toujours pas été revendiquée mais les responsables turcs ont pointé du doigt le groupe Etat islamique (EI).

Les autorités ont affirmé que les kamikazes étaient un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz tandis que l'agence Anadolu, elle, a avancé les noms de Rakim Bulgarov et Vadim Osmanov, sans préciser leur nationalité. Les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale font partie des plus importants fournisseurs de jihadistes en Syrie et en Irak.

Des médias turcs ont identifié un Tchétchène du nom d'Akhmed Tchataïev comme le cerveau de l'attentat de l'aéroport. Il serait le chef de l'EI à Istanbul, selon le quotidien Hürriyet.

Par ailleurs, une équipe composée de 80 membres des forces spéciales de la police a commencé à partir de dimanche à patrouiller l'aéroport visé, l'un des plus fréquentés d'Europe, et ses terminaux, selon les médias.
(AFP, 3 juillet 2016)

Le bilan de l'attentat d'Istanbul s'alourdit à 45 morts avec le décès d'un enfant

Le bilan du triple attentat-suicide qui a frappé mardi l'aéroport d'Istanbul s'est alourdi samedi à 45 morts, un enfant jordanien de quatre ans ayant succombé à ses blessures à l'hôpital, a rapporté l'agence de presse Dogan.

L'enfant, Rayyan Mohammad, de nationalité jordanienne et dont le sexe n'a pas été précisé, a succombé à ses blessures dans une clinique de la ville, a précisé l'agence.

Le gouvernorat d'Istanbul a de son côté indiqué dans un communiqué que 52 personnes étaient toujours soignées, dont 20 en soins intensifs. Les autorités turques avaient évoqué jeudi un bilan de 19 étrangers parmi les tués.

L'attaque, la quatrième et la plus meurtrière en Turquie depuis le début de l'année, n'a toujours pas été revendiquée mais les responsables turcs ont pointé du doigt le groupe Etat islamique (EI).

"Il est apparemment clair que c'est l'affaire de Daech (acronyme arabe de l'EI)", a déclaré vendredi soir le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Leur place est en enfer", a-t-il dit.

Dans le cadre de l'enquête, la police a arrêté 24 personnes à Istanbul, dont 15 étrangers, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les autorités ont affirmé que les kamikazes étaient un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz tandis que l'agence Anadolu, elle, a avancé les noms de Rakim Bulgarov et Vadim Osmanov, sans préciser leur nationalité. Les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale font partie des plus importants fournisseurs de jihadistes en Syrie et en Irak.

Des médias turcs ont identifié un Tchétchène du nom d'Akhmed Tchataïev comme le cerveau de l'attentat de l'aéroport. Il serait le chef de l'EI à Istanbul, selon le quotidien Hürriyet.

Par ailleurs, un homme qui a crié "kamikaze" samedi sur un marché bondé d'Umraniye, quartier populaire de la rive asiatique d'Istanbul, a provoqué un mouvement de panique dans lequel une femme a été légèrement blessée, ont rapporté les médias.
(AFP, 2 juillet 2016)

Nouveau bilan de 43 morts, dont 19 étrangers

Le bilan du triple attentat-suicide qui a frappé mardi l'aéroport Atatürk d'Istanbul s'est alourdi jeudi à 43 morts, dont 19 sont de nationalité étrangère, a annoncé le ministre turc de l'Intérieur Efkan Ala.

"Sur les 43 personnes qui ont perdu la vie dans cette attaque, 19 sont des ressortissants étrangers", a dit le ministre lors d'un discours au Parlement, ajoutant que 13 personnes, dont quatre étrangers avaient été placées en détention dans le cadre de l'enquête sur l'attentat.

"Ce décompte ne comprend pas les kamikazes dont on connait l'indentité et la nationalité de l'un d'eux", a souligné le ministre.

Auparavant, un responsable turc a indiqué que les trois kamikazes qui se sont fait exploser à l'aéroport international étaient russe, ouzbek et kirghiz.

La Turquie pourrait payer cher ses rapports ambigüs avec l'EI


Longtemps accusé pour sa proximité suspecte avec le groupe de l'Etat islamique (EI), le président turc Recep Tayyip Erdogan risque de payer cher sa nouvelle stratégie musclée contre le mouvement jihadiste qu'Ankara accuse du carnage à l'aéroport d'Istanbul ayant fait 42 morts.

Et les experts prédisent d'autres attentats sur le sol turc sunnite, terreau fertile pour ce groupe extrémiste qui n'a aucun mal à recruter de nouveaux adeptes. L'opposition de son côté accuse le président islamo-conservateur Erdogan d'avoir largement favorisé l'extrémisme meurtrier dont la Turquie est victime aujourd'hui.

"La Turquie combat actuellement avec férocité l'EI mais ses erreurs du passé ont laissé des séquelles", estime Sinan Ülgen, président du Center for Economics and Foreign Policy (EDAM) à Istanbul.

Pour cet ancien diplomate, la Turquie est très exposée aux attaques de par sa position géostratégique aux portes de la Syrie et de l'Irak où le mouvement jihadiste contrôle des zones entières. "La Turquie est un terrain facile pour les opérations de l'EI, bien plus facile que l'Europe", a-t-il estimé.

A ses débuts, la Turquie a été bienveillante envers les jihadistes avec qui elle partageait un objectif commun en Syrie: le départ de Bachar al-Assad, bête noire du président Erdogan. Et qu'elle considérait également comme un instrument contre les ambitions autonomistes des Kurdes syriens, hantise de la Turquie alors qu'elle combat ses propres rebelles.

La presse turque foisonnait alors d'enquêtes sur des centres de recrutement dans les villes turques dont Istanbul ou de jihadistes soignés dans les hôpitaux publics du sud-est anatolien, frontalier de la Syrie.

Mais tout a changé après un double attentat kamikaze attribué à une cellule turque de l'EI qui a tué 103 personnes en octobre dans le centre d'Ankara, là où toutes les institutions sont réunies et le plus grave de l'Histoire du pays. Une véritable sonnette d'alarme pour le régime islamo-conservateur turc, choqué et montré du doigt pour sa mansuétude envers le groupe extrémiste.

La Turquie a alors rejoint activement la coalition internationale menée par les Etats-Unis pour combattre l'EI.

Les autorités turques annoncent régulièrement avoir démantelé des cellules "terroristes" et avoir procédé à des arrestations. A la frontière avec la Syrie, des membres présumés de l'EI sont régulièrement abattus, dont certains en possession de ceintures d'explosifs.

- Le jihadisme favorisé -

Selon le ministère de l'Intérieur, il y a eu près de 4.000 arrestations en lien avec l'EI et des activités djihadistes. Mais cela ne semble pas tarir le jihadisme dans le pays musulman à cheval entre l'Asie et l'Europe où les laïcs ne cessent de dénoncer une islamisation croissante favorisée par le régime au pouvoir depuis 2002.

"La capacité de l'EI et des groupes militants sunnites similaires en Turquie est susceptible de continuer à se développer aussi longtemps que le pays autorise l'islamisme politique à l'intérieur de croître sans contrôle", estime Ege Seckin, analyste à l'IHS Country Risk.

Et de prévenir que "la nature semi-autonome et non-hiérarchique des cellules de l'EI en Turquie rend la prévention de leurs attaques par les forces de sécurité difficiles".

D'autres attentats sont à prévoir, s'accordent à penser les spécialistes, notamment de "cellules dormantes" révélées par les services de renseignement turcs qui évoquant un chiffre de quelque 3.000 recrues turques.

Un enrôlement particulièrement efficace qui serait même effectué au nez et à la barbe des autorités dans les universités d'Ankara et Istanbul parmi une jeunesse vulnérable et défavorisée détestant les valeurs occidentales, a récemment révélé le journal d'opposition Cumhuriyet.

Le constat est dangereux car d'autres attentats sont à prévoir, présage Deniz Zeyrek, chef de bureau au journal à gros tirage Hürriyet. "C'est clair que nous devons être prêts contre de nouvelles attaques", a-t-il dit.

Une situation à laquelle la Turquie ne s'est pas préparée et a même favorisé, a dénoncé pour sa part l'opposition parlementaire turque.

"Ceux qui se montrent tolérants envers le terrorisme et sont même complices ne peuvent le combattre", a ainsi martelé la porte-parole du principal parti d'opposition pro-laïc au lendemain de l'attaque d'Istanbul.

"Les cadres de l'AKP avaient refusé de classer l'EI comme une organisation terroriste, ils sont responsable de ce massacre", a lancé Selin Sayek Böke du parti républicain du peuple (CHP) dont les appels à une démission du gouvernement sont restés sans réponse.
(AFP, 30 juin 2016)

Arrestations de 13 suspects après l'attentat d'Istanbul, le scénario se précise

La police turque a arrêté 13 suspects, dont trois étrangers, au surlendemain des attentats suicide à l'aéroport d'Istanbul qui ont fait 44 morts et dont le déroulement apparaissait jeudi plus clair.

Le bilan a augmenté avec le décès de l'un des plus de 260 blessés après le carnage provoqué mardi soir à l'aéroport Atatürk par trois kamikazes, très probablement liés selon Ankara au groupe Etat islamique (EI), qui ont arrosé l'aérogare de balles avant de se faire sauter l'un après l'autre.

Un haut responsable a indiqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, que les kamikazes venaient "de Russie, d'Ouzbékistan et du Kirghizstan".

Sur les 44 personnes qui ont perdu la vie dans cette attaque, "19 sont des ressortissants étrangers", a dit le ministre de l'Intérieur Efkan Ala lors d'un discours au Parlement.

Il a ajouté que 13 personnes, dont quatre étrangers, avaient été placées en détention dans le cadre de l'enquête. La police turque a procédé jeudi à ces arrestations après des raids simultanés à 16 adresses d'Istanbul, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Le déroulement de l'attaque macabre dans le terminal des vols internationaux d'Atatürk, le troisième aéroport d'Europe, commence à se clarifier.

Le Premier ministre Binali Yildirim a expliqué que "les terroristes, après avoir d'abord voulu passer les (premiers) contrôles de sécurité" juste à l'entrée de l'aérogare, se sont ravisés et "sont revenus avec des fusils-mitrailleurs qu'ils ont sortis de leurs valises avant de passer les contrôles en tirant sans discrimination".

"L'un d'entre eux s'est fait exploser à l'extérieur" et "les deux autres ont profité de la panique, sont entrés dans l'aéroport et se sont fait exploser", a-t-il dit.

Un haut responsable turc proche de la présidence ayant requis l'anonymat a livré un récit différent à l'AFP. Il a expliqué qu'une première explosion avait eu lieu lorsque l'un des kamikazes était entré dans le hall des arrivées et s'est fait sauter juste avant les détecteurs à rayons X.

Profitant de la panique provoquée par la déflagration parmi les passagers et le personnel de l'aérogare, un deuxième kamikaze est entré dans le hall des arrivées, est monté à celui des départs, et s'est fait sauter lui aussi.

Enfin, le troisième kamikaze a attendu à l'extérieur de l'aéroport et s'est fait exploser en dernier.

- Tour Eiffel aux couleurs turques -

Le quotidien turc Hürriyet a rapporté que l'un d'eux était un combattant tchétchène nommé Osman Vadinov, qui serait venu en Turquie depuis Raqa, fief de l'EI en Syrie.

Le triple attentat suicide n'avait toujours pas été revendiqué jeudi. L'EI n'a jusqu'ici jamais revendiqué les attaques qu'Ankara lui a attribuées sur le sol turc.

Binali Yildirim avait estimé que "les indices point(ai)ent vers Daech", acronyme arabe de l'EI, face à laquelle la Turquie, initialement accusée de mansuétude, a dû adopter une approche plus musclée.

Ce nouvel attentat à Istanbul, le 4e et le plus meurtrier en un an dans la première ville du pays, a choqué la Turquie et a été condamné par de nombreuses capitales. A Paris, la Tour Eiffel devait être éclairée jeudi soir aux couleurs de la Turquie.

Quatre personnes d'une même famille - trois femmes et une fillette de neuf ans - ont été tuées dans l'attaque. Les funérailles des membres de la famille Amiri, de nationalité turque mais résidant en Arabie saoudite, ont eu lieu jeudi à Istanbul.

- 'Quelqu'un va-t-il démissionner ?'-

Le Premier ministre a affirmé que la "présence de personnel entraîné" serait "accrue" dans les aéroports du pays.

Le journal d'opposition Cumhuriyet prenait à parti jeudi le gouvernement en demandant "Quelqu'un va-t-il démissionner ?" et en rappelant qu'après les attentats à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles en mars des ministres avaient présenté leur démission.

Mehmet Yilmaz, éditorialiste du quotidien Hurriyet, demandait : "S'il n'y a pas eu de défaillance de sécurité (comme l'a affirmé le Premier ministre), pourquoi y a-t-il eu des morts ?"

Le mode opératoire de l'attentat d'Atatürk rappelle les récents attentats jihadistes ayant ensanglanté Paris (130 morts) et Bruxelles (32 morts).

Des photos et vidéos choc diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une énorme boule de feu à l'entrée du terminal des vols internationaux et des passagers gisant dans le hall.

Sur l'une de ces vidéos, l'un des kamikazes apparaît au sol, blessé par un tir de policier, se tordant avant de déclencher sa ceinture d'explosifs.
(AFP, 30 juin 2016)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Des journalistes emprisonnés en Turquie, Erdogan critique les Occidentaux

La Turquie a emprisonné 17 journalistes qu'elle accuse de liens avec "une organisation terroriste", mais le président Recep Tayyip Erdogan a rejeté les critiques des Occidentaux sur les vastes purges après le putsch raté.

Dans un geste destiné à "renforcer l'unité nationale" deux semaines après la tentative de coup d'Etat militaire du 15 juillet, le chef de l'Etat a annoncé renoncer aux plaintes déposées contre ceux accusés de l'avoir "insulté". Près de 2.000 personnes seraient concernées.

Le grand "coup de balai" lancé après le putsch avorté a toutefois continué, en dépit de mises en garde des Européens sur l'impact négatif qu'il pourrait avoir sur la candidature turque à l'Union européenne (UE).

Le pouvoir islamo-conservateur du président Erdogan accuse le prédicateur en exil aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, et les partisans de son mouvement en Turquie, d'avoir organisé le coup d'Etat manqué.

Un responsable turc a assuré sous couvert d'anonymat que les services de renseignement avaient intercepté il y a plus d'un an des messages cryptés qui ont permis d'identifier 40.000 partisans du prédicateur dont 600 militaires de haut rang. "Un grand nombre sont impliqués dans la tentative de coup", a-t-il affirmé.

Plus de 18.000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment ou à un autre au cours des deux dernières semaines. Environ 10.000 d'entre elles font maintenant l'objet de poursuites et ont été placées en détention préventive.

Dix-sept journalistes sur les 21 qui ont comparu devant un tribunal d'Istanbul se sont ainsi réveillés en prison samedi, inculpés pour leurs liens présumés avec "une organisation terroriste", selon l'agence de presse officielle Anadolu.

Parmi eux figurent Nazli Ilicak, une journaliste réputée, ancienne députée du parti AKP de M. Erdogan, et d'anciens membres de la rédaction du quotidien Zaman, pro-Gülen jusqu'à sa reprise en main par le pouvoir en mars.

- 'Ne pas répéter l'erreur' -

"Ces détentions sont inacceptables", a estimé le journaliste turc Mustafa Akyol dans le quotidien Hurriyet tout en soutenant l'action du gouvernement contre les putschistes.

"Ces gens n'ont fait qu'exercer leur profession ou partager leurs idées dans un journal détenu par la communauté Gülen, ce qui ne veut pas dire qu'ils fassent partie de cette communauté" ou soient impliqués dans le putsch, a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas normal d'arrêter des journalistes, ce pays ne devrait pas répéter ce genre d'erreurs", a dit le commentateur Bulent Mumay, un des quatre remis en liberté, cité par l'agence de presse privée Dogan.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a estimé nécessaire de faire le tri entre les putschistes et ceux "qui font du vrai journalisme".

Alors que plus de 2.700 juges ont été suspendus, il est "inconcevable" d'envisager des procès équitables pour les milliers de suspects, a déclaré à l'AFP le juge français Marcel Lemonde, expert pour un programme du Conseil de l'Europe pour la modernisation de la justice turque entre 2012 et 2014.

Il a dénoncé "une indépendance de la justice systématiquement battue en brèche" par le pouvoir et "un climat de terreur" qui se répand dans le système judiciaire turc depuis 2013, après une période (2002-2012) où d'importants progrès avaient été enregistrés.

Un total de 758 militaires ont par ailleurs été libérés vendredi soir dont 62 étudiants de l'Académie d'Istanbul dont certains âgés de moins de 20 ans.

Alors que des responsables européens ont critiqué l'ampleur des purges, le président Erdogan a conseillé aux Occidentaux de "se mêler de leurs affaires", dans un discours prononcé depuis son palais présidentiel vendredi soir.

"Ces pays dont les leaders ne sont pas inquiets pour la démocratie turque, ni pour la vie de nos citoyens (...) alors qu'ils sont tellement préoccupés par le sort des putschistes, ne peuvent pas être nos amis", a-t-il lancé.

Signe de la tension avec l'UE, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a estimé que l'accord UE/Turquie pour freiner l'afflux de réfugiés en Europe occidentale risquait de capoter.

Un général américain de haut rang s'était également inquiété d'un éventuel impact des purges dans l'armée sur la coopération avec la Turquie dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Près de la moitié (149) des généraux de l'armée turque ont été limogés après le putsch raté.

Le président Erdogan a accusé ce général de "prendre le parti des putschistes", des accusations démenties par le chef militaire américain.
(AFP, 30 juillet 2016)

Après le putsch raté, les universités en pleine tourmente

Doyens poussés à la démission, enseignants derrière les barreaux, licenciés ou empêchés de quitter le pays, les universités en Turquie ont pris de plein fouet la purge gigantesque lancée après le coup d'Etat avorté.

Quelques jours après la tentative de renversement du président Recep Tayyip Erdogan, 15 universités privées ont été fermées et 1.577 doyens du public et du privé poussés à démissionner. Un séisme.

A l'Université Galatasaray d'Istanbul, dès l'échec du putsch, le personnel administratif est passé parmi les enseignants pour qu'ils dénoncent leurs collègues gulénistes, donnant le signal de la chasse aux sorcières.

Cette semaine, "les profs ont été convoqués pour écrire une lettre assurant qu'ils n'avaient rien à voir avec (Fethullah) Gülen", explique une enseignante à propos du prédicateur exilé accusé d'être derrière le coup d'Etat raté, et qui préfère garder l'anonymat.

Le recteur, à l'origine de cette mesure, a apparemment voulu protéger son personnel contre un retour de bâton. Cette prestigieuse université publique, plutôt kémaliste, a été l'une des plus "purgées". Tous ses doyens ont démissionné.

L'AKP, le parti islamo-conservateur d'Erdogan, a beaucoup investi dans l'enseignement supérieur depuis 2003, dans un pays où, depuis Atatürk, l'élite a toujours été bien formée.

"L'effort a été considérable", indique une spécialiste de l'enseignement supérieur en Turquie, des universités ont été ouvertes "du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest", dont certaines accueillent jusqu'à 70.000 étudiants.

Le pays comptait cette année 207 universités -- 123 publiques et 84 privées. Et les 40 meilleures universités turques étaient tournées vers l'international: cursus en anglais, riches programmes d'échanges.

Jusqu'au putsch raté, qui a jeté les universités dans la tourmente.

- Fantasme ou réalité -

Le président Erdogan s'est lancé dans une guerre sans merci contre son ennemi intime Gülen et son noyautage présumé du monde universitaire.

Avec les "dershane", ces écoles de bachotage avant le lycée ou l'université, les gulenistes ont formé des millions d'étudiants, sélectionnant les meilleurs, s'attirant leur loyauté et gagnant des fortunes.

Pendant dix ans, "Erdogan a mis des gulenistes partout dans les facs, plutôt que des AKP qui n'étaient pas éduqués", dit l'enseignante de Galatasaray. Mais des milliers de "dershane" ont été fermées en 2014 quand Gülen est devenu la bête noire d'Erdogan.

Fantasme ou réalité? Le poids des gulénistes dans les universités turques reste difficile à évaluer.

"Ce n'est pas un fantasme, mais disons que les gulenistes vivaient plus ou moins cachés", dit la spécialiste du monde universitaire, même si l'Université Fatih à Istanbul, par exemple, est un établissement privé notoirement guléniste.

A l'Université publique du Bosphore d'Istanbul, la plus prestigieuse de Turquie, vivier de libre-penseurs plutôt kémalistes, "personne ne m'a jamais dit +je suis un guleniste+ mais tous détestent Erdogan", explique une enseignante qui préfère elle aussi garder l'anonymat.

"Les gens sont tristes, dégoûtés" par la purge, dit-elle. "Beaucoup ont perdu leur travail. Le pays repart en arrière".

Les universités turques ont déjà traversé des purges. "Mais celle-ci est lancée de manière officielle" relève la spécialiste du monde universitaire. "C'est très grave ce qui se passe".

Ibrahim Kabaoglu, professeur de droit, abonde. "On a passé plus de 30 ans sous l'Etat de siège, avec des licenciements de professeurs", mais "sous le régime constitutionnel, une telle pratique, c'est la première fois".

- 'Climat de peur'-

"Les gens préfèrent ne pas parler, ils ont très peur", dit la spécialiste de l'enseignement supérieur. Les chercheurs invités à l'étranger "ont dû revenir" pour des enquêtes sur eux.

"Ca a créé un climat de peur, de tension, très mauvais pour la liberté intellectuelle, de pensée, de recherche", dit-elle.

Cette purge radicale touche de plein fouet les échanges universitaires avec l'étranger: programmes Erasmus avec l'Europe ou nombreuses bourses avec l'Amérique du Nord notamment.

En France, la Conférence des présidents d'universités a dénoncé "l'entreprise de destruction" des universités turques et a indiqué que "pour des raisons de sécurité, un certain nombre d'établissements envisagent de ne pas envoyer leurs étudiants en Turquie". En Belgique, plusieurs universités n'enverront pas leurs étudiants en septembre.

Au Canada, les Universités McGill, l'Université de Toronto et l'Université du Québec à Montréal (UQAM) ont indiqué à l'AFP avoir suspendu les départs d'étudiants en Turquie à la rentrée prochaine.

Une rentrée qui s'annonce très mal.

"Sur quels critères seront recrutés les nouveaux enseignants?", demande Ibrahim Kabaoglu. "Sur leurs connaissances, leur spécialité, leur capacités? Ou bien sur leur appartenance?"

Le gouvernement n'a pas répondu aux questions de l'AFP.
 L'enseignante de Galatasaray s'inquiète, elle, pour ses milliers de confrères des universités privées ayant fermé.

Ils "se demandent ce qu'ils vont faire. On ne les voit pas être réembauchés dans des facs publiques", dit-elle.
(AFP, 29 juillet 2016)

La fermeture de 45 journaux et de 16 chaînes de télévision

La Turquie a ordonné la fermeture de dizaines de journaux, magazines, télévisions et stations de radio, a annoncé mercredi soir le Journal officiel. Un nouveau signe de l'intensification de la purge lancée dans tout le pays après le putsch raté du 15 juillet. Trois agences de presse, 45 journaux et 16 chaînes de télévision sont concernés par cette mesure. En outre, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d'édition ont été fermés, a indiqué le Journal officiel.

Aucune liste des médias concernés n'a été fournie, mais, selon la chaîne de télévision privée CNN-Türk, il s'agit essentiellement de médias de province, mais aussi de certains médias à diffusion ou audience nationale. L'agence de presse Cihan fait partie de ceux-ci, aux côtés de la télévision pro-kurde IMC TV et du quotidien d'opposition Taraf.

Le quotidien Zaman et sa version anglaise Today's Zaman – qui faisaient partie, comme Cihan, d'une holding liée au prédicateur Fethullah Gülen jusqu'à leur remise au pas en mars dernier – ont également été abruptement fermés. Ankara a accusé l'ex-imam exilé aux États-Unis d'avoir ourdi le complot qui a fait vaciller le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, ce qu'il a démenti.
(AFP, 27 juillet 2016)

EFJ: EU must hold Turkish President accountable for press freedom violations

As arrests of journalists and media closure continue, the European and the International Federation of Journalists (EFJ/IFJ) call on the European Union to take additional steps to hold Turkish president Erdogan accountable for press freedom breaches. 

Since the coup aimed at toppling President Erdogan failed on 16 July, the EFJ and IFJ have been alerting on the number of arrests of journalists and media closure for being allegedly  associated with the pro-Gülen movement accused of being behind the failed coup. 

The situation came to a point where local media’s fear to be arrested is leading to an increasing muzzlement of the press, thus infringing fundamental human rights such as freedom of expression and the public’s right to know.

According to EFJ/IFJ latest information:

On 27 July, arrest warrants were issued against 47 former staff of the Zaman newspaper, an official said. Zaman daily columnist, Şahin Alpay, has been detained after police raided his house in the early morning hours. Lale Sariibrahimoglu, who used to work for Zaman and Today’s Zaman and currently reporting for IHS Jane’s Defence Weekly, was taken by police from her home. Columnist Nuriye Akman (former Zaman Daily) is also in custody.

On 27 July, the IFJ and EFJ listed 21 journalists detained, namely Yakup Sağlam, İbrahim Balta, Seyit Kılıç, Bayram Kaya, Cihan Acar, Nazlı Ilıcak, Hanım Büşra Erdal, Bülent Mumay (Birgün daily) ,Zeynel Abidin Bulut(Pro-Kurdish daily Azadiya Welat), Zehra Dogan (JINHA), Sahin Alpay (former Zaman), Nuriye Akman (former Zaman), Lale Sariibrahimoglu (former Zaman), Zafer Özsoy, Ahmet Metin Sekizkardeş (Cihan Medya Deputy Chair), Cuma Kaya, Murat Avcıoğlu, Osman Nuri Arslan, Şeref Yılmaz (Irmak TV), Hüseyin Turan, Faruk Akkan (Cihan Editor-in-chief).

According to Bianet, Dicle News Agency (DİHA) and Özgür Gündem websites were also blocked on 27 July by the Telecommunications Communication Presidency (TİB) due to “administrative injunction”. Such a blocking is not the first of its kind since DiHA has been blocked 43 time this year and Özgür Gündem twice. Last week, 20 independent online news portals, including Haberdar, Meydan and Medyascope, had already been shutdown following a decision of the TİB.

IFJ president Philippe Leruth said: “ The European union must take a stand and hold President Erdogan accountable for breaching Human rights convention and muzzling the press. Global journalists are highly concerned by the escalation of attacks against the press in a country that calls itself a democracy. This situation must end immediately.”

EFJ president Mogens Blicher Bjerregard and EFJ general secretary Ricardo Gutiérrez called on the European Union and the Council of Europe to act. “We can’t remain silent while journalists are being arrested by dozens right here in front of us. President Juncker and High Representative Mogherini must do everything in their power to end this worrying situation,” said Mogens Blicher Bjerregard.

The federations reported all these cases to the Council of Europe Platform for the promotion of journalism and the protection of journalists.

La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF).



RSF dénonce les rafles de journalistes en Turquie

Dix jours après le coup d’Etat avorté, la purge contre les médias turcs prend des proportions toujours plus alarmantes. Depuis le 25 juillet 2016, ce sont 89 journalistes qui ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt, dont une vingtaine sont déjà en garde à vue. RSF condamne une “chasse aux sorcières”.

A l’aube de ce 27 juillet, la police antiterroriste a lancé des recherches contre 47 anciens collaborateurs du quotidien Zaman (liste complète ici), sur la base de mandats d’arrêt émis par un procureur d’Istanbul. Ces noms s’ajoutent à ceux de 42 journalistes déjà recherchés dans le cadre de l’enquête sur la confrérie Gülen, présentée par les autorités comme responsable de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet. Parmi la vingtaine de journalistes déjà placés en garde à vue figurent le chroniqueur Şahin Alpay, l’ancienne éditorialiste de Zaman Nuriye Akman, la célèbre présentatrice Nazlı Ilıcak et l’ancien collaborateur de Hürriyet, Bülent Mumay.

“Il est difficile de croire que ces rafles toujours plus larges ne servent que l’objectif légitime de démasquer les putschistes et leurs complices, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale. Il est triste d’avoir à le répéter : critiquer le gouvernement ou travailler pour des médias favorables à la confrérie Gülen ne sont en aucun cas des preuves d’une implication dans le coup d’Etat raté. Si les autorités ne peuvent apporter d’éléments plus crédibles, elles ne font que poursuivre des délits d’opinion, ce qui est intolérable.”

Favorable à la confrérie Gülen et très critique des autorités depuis quelques années, le quotidien Zaman avait été placé sous tutelle judiciaire en mars 2016. La police avait pris d’assaut les locaux du journal, dont la rédaction avait aussitôt été congédiée. La ligne éditoriale du titre avait changé à 180 degrés, si bien qu’il avait perdu la majeure partie de son lectorat et avait fini par être liquidé.

De nombreux précédents montrent que la justice turque procède souvent par association, accusant des journalistes d’appartenir à des organisations armées du fait d’accointances idéologiques supposées. En décembre 2011, 36 professionnels des médias ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur l’Union des communautés du Kurdistan (KCK, interdit). Entre 2008 et 2013, de nombreux autres journalistes ont été placés en détention, soupçonnés d’appartenir au réseau ultranationaliste présumé “Ergenekon”. Dans un cas comme dans l’autre, les enquêtes n’ont pas été concluantes et les journalistes ont fini par être relâchés après de longues périodes de détention provisoire, jusqu’à plus de quatre ans.

La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF).


Reactions Against Detentions by Human Rights Organizations

Freedom of expression and human rights organizations, Committee of Protecting Journalist (CPJ), Reporters Without Borders (RSF), and the Amnesty statements have reacted against the detention warrant issued on 42 journalists within frame of the probe launched into Gülen Community.

CPJ: It mustn’t be journalists to pay the price for the coup

CPJ Europe and Central Asia Program Coordinator, Nina Ognianova remarking "Journalists should not pay the price for military officers' unlawful attempt to overthrow the government”, has said “We call on Turkish authorities to stop imprisoning journalists for their views”.

RSF: Democracy cannot be protected by trampling on freedoms

“No one disputes the Turkish government’s legitimate right to defend constitutional order after this abortive coup but democracy, for which hundreds of civilians gave their lives, cannot be protected by trampling on fundamental freedoms,” said Johann Bihr, the head of RSF’s Eastern Europe and Central Asia desk.

“The wholesale and arbitrary nature of the attacks on the Turkish media in the past week seems to reflect a desire to exact revenge and bring them into line. It is time the authorities put a stop to this.”

Amnesty: Distinction between criminal acts and legitimate criticism cannot be drawn

“This is the latest alarming development in what is increasingly becoming a brazen purge based on political affiliation,” said Gauri van Gulik, Amnesty International’s Deputy Director for Europe.

“By rounding up journalists the government is failing to make a distinction between criminal acts and legitimate criticism. Rather than stifling press freedom and intimidating journalists into silence it is vital that Turkish authorities allow the media to do their work and end this draconian clampdown on freedom of expression.”

What had happened?

Detention warrant has been issued on 42 journalists within scope of the probe launched into Fethullah Gülen Community following the July 15 coup attempt.

Yakup Sağlam, İbrahim Balta, Seyit Kılıç, Bayram Kaya, Cihan Acar, Nazlı Ilıcak and Hanım Büşra Erdal have been taken into custody.

Other figures who face detention warrant are as follows:

Abdullah Abdulkadiroğlu, Abdullah Kılıç, Ahmet Dönmez, Ali Akkuş, Arda Akın, Bilal Şahin, Bülent Ceyhan, Bülent Mumay, Bünyamin Köseli, Azmi Cemal Kalyoncu, Cevheri Güven, Cuma Ulus, Emre Soncan, Ercan Gün, Erkan Akkuş, Ertuğrul Erbaş, Fatih Akalan, Fatih Yağmur, Habip Güler, Haşim Söylemez, Hüseyin Aydın, Kamil Maman, Kerim Gün, Levent Kenez, Mahmut Hazar, Mehmet Gündem, Metin Yıkar,Muhammed Fatih Uğur, Mustafa Erkan Acar, Mürsel Genç, Selahattin Sevi, Turan Görüryılmaz, Ufuk Şanlı, Ufuk Emin Köroğlu and Yakup Çetin. (BIA, July 26, 2016)

Universities: 1,617 Suspensions, 284 Detentions, 8 Arrests

After the July 15 coup attempt, alongside suspensions, detentions and arrests are happening as well.

By July 26, 1,294 academics including four rectors, 323 administrative staff have been suspended at at least 41 universities. 234 staff have been taken into custody, eight have been arrested at 14 universities. 15 universities have been shut down.

15 universities have been shut down by statutory decree regarding the measures taken within the scope of State of Emergency.

On July 20, Council of Higher Education (YÖK) announced that "legal action to be taken against academic and administrative staff in parallel state formation.”
(BIA, July 26, 2016)

(List of victims in universities)

IFJ-EFJ: press freedom in the grip of major crackdown in Turkey

An ongoing crackdown on the media in Turkey has led to the arrests of more journalists and raids on their homes. The European and the International Federation of journalists (EFJ/IFJ) today denounced the deterioration of democratic rule, of which press freedom is one of the pillars.

On 22 July, Zehra Dogan, painter and editor at women’s news agency JINHA, was arrested by police in Mardin, south-east of Turkey. She was taken to the Nusaybin police office the following day. During the interrogation, she was accused of “being a member of the terrorist organisation PKK.”

The anti-terror prosecutor Irfan Fidan has also today issued arrest warrants for 42 journalists.

According to Anatolian News Agency, the journalists targeted are: Abdullah Abdulkadiroğlu, Abdullah Kılıç, Ahmet Dönmez, Ali Akkuş, Arda Akın, Nazlı Ilıcak, Bayram Kaya, Bilal Şahin, Bülent Ceyhan, Bülent Mumay, Bünyamin Köseli, Cemal Azmi Kalyoncu, Cevheri Güven, Cihan Acar, Cuma Ulus, Emre Soncan, Ercan Gün, Erkan Akkuş, Ertuğrul Erbaş, Fatih Akalan, Fatih Yağmur, Habip Güler, Hanım Büşra Erdal, Haşim Söylemez, Hüseyin Aydın, İbrahim Balta, Kamil Maman, Kerim Gün, Levent Kenez, Mahmut Hazar, Mehmet Gündem, Metin Yıkar, Muhammed Fatih Uğur, Mustafa Erkan Acar, Mürsel Genç, Selahattin Sevi, Seyid Kılıç, Turan Görüryılmaz, Ufuk Şanlı, Ufuk Emin Köroğlu, Yakup Sağlam and Yakup Çetin.

On his twitter account Bülent Mumay tweeted: “The only organisation that I’m a member of is [the] Turkish Journalists Association [TGC]. My only profession is journalism”.

Among those targeted by the warrants was prominent journalist and former parliamentarian Nazli Ilicak who was fired from the pro-government Sabah daily in 2013 for criticising ministers caught up in a corruption scandal, NTV and CNN-Turk reported.

IFJ President Philippe Leruth said: “Since the failed coup we have had to react even more against the media crackdown in Turkey. The new arrest warrants revealed today are aimed, one more time, to target journalists who are doing their jobs, criminalizing the journalistic work. The Turkish people that went on the streets on 23 July were showing their attachment to democratic values through their attachment to authorities elected by votes. Press freedom is an essential component of democracy. And clearly, it is even more at stake today.”

EFJ President Mogens Blicher Bjerregaard said: “We call again on the NGOs and the international community to put pressure on the Turkish government to reinstate a rule of law. More and more journalists are facing intimidations, arrests or imprisonments and this purge must stop immediatly. We stand in solidarity with our Turkish colleagues.”

In a sign of unrelenting targeting of media, the Turkish authorities have banned publication of the special edition of the satirical magazine LeMan after a court issued order on 20 July stopping the printing and distribution of the issue. The following day, 300 staff at the Turkish Radio and Television Corporation were suspended from their jobs as part of the investigation into the Fetullah organisation (FETO) – named as a terrorist organisation by the government- reports said. In the meanwhile, 60 reporters, including editors, reporters and technical staff were fired from the Cihan news agency by the Court-appointed trustees.

Turkey has declared a three-month state of emergency and detained more than 13,000 people in the military, judiciary and other institutions following the failed coup aimed at toppling President Recep Tayyip Erdogan on 16 July. Under the state of emergency, Turkish authorities can hold suspects in detention without charge for up to 30 days before they are taken to a judge to decide whether to remain in jail. (IFJ-EFJ, July 25, 2016)

Journaliste Nazli Ilicak placée en garde à vue

Une célèbre journaliste turque a été placée mardi en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur le coup d'Etat manqué du 15 juillet, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Nazli Ilicak, figure de premier plan du monde des médias en Turquie, fait partie des 42 journalistes contre lesquels la justice a émis des mandats d'arrêt lundi, une décision qualifiée d'atteinte à la liberté d'expression par des ONG de défense des droits de l'Homme.

Lundi, la police ne l'avait pas trouvée à son domicile d'Istanbul ni dans la station balnéaire de Bodrum (sud) où elle passait ses vacances.

Elle a toutefois été arrêtée mardi lors d'un contrôle routier dans la région de Bodrum, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Mme Ilicak va être transférée à Istanbul où elle comparaîtra devant un tribunal qui devra décider de la poursuite ou non de sa garde à vue.

L'arrestation de cette journaliste intervient dans le cadre de l'enquête lancée par la justice turque contre les partisans de Fethullah Gülen, prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé par Ankara d'avoir ourdi le putsch manqué.

Nazli Ilicak avait été licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption. A l'époque, le gouvernement avait accusé Gülen d'avoir orchestré ce scandale de corruption touchant des ministres de Recep Tayyip Erdogan.

Née en 1944, Mme Ilicak a également été députée au Parlement turc entre 1999 et 2001 pour le Parti de la Vertu, interdit en 2001 et précurseur de l'AKP (islamo-conservateur) du président Erdogan.

Six journalistes sur les 42 visés par des mandats d'arrêt ont été placés en garde à vue à ce jour et 11 auraient quitté le pays, selon l'agence de presse privée Dogan.

D'autres figures des médias sont visées par ces mandats dont le commentateur Bulent Mumay et le le rédacteur en chef de Fox TV en Turquie, Ercan Gun.

Amnesty International a dénoncé des "purges basées sur l'appartenance politique" et estimé que les derniers placements en garde à vue représentaient "une restriction draconienne de la liberté d'expression".

Le régime du président Erdogan avait déjà été critiqué dans le passé pour avoir réduit la liberté d'expression, des accusations qu'il rejette vigoureusement.
(AFP, 26 juillet 2016)

Le Cirque du Soleil annule quarante spectacles en Turquie

Le Cirque du Soleil, géant canadien du divertissement, a annulé 40 spectacles prévus en Turquie cet été en raison de la crise politique dans le pays depuis la tentative de coup d'État, rapporte mardi la presse locale.

"On n'était pas en mesure d'assurer la sécurité de nos employés", a expliqué à la télévision publique Radio-Canada la porte-parole du Cirque du Soleil, Marie-Hélène Lagacé.

Le spectacle Blüm était programmé du 16 août au 17 septembre dans le cadre du festival "Expo Horticole 2016" de la ville d'Antalya, dans le sud-ouest de la Turquie. Plus de 70 employés du Cirque étaient mobilisés.

Depuis le coup d'État avorté du 15 juillet dernier, la situation en Turquie suscite l'inquiétude à l'étranger et dans le pays. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé une véritable chasse aux sorcières contre le "virus" de la rébellion qu'il a imputée au prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen.

Plus de 13.000 Turcs ont placés en garde à vue après le putsch manqué qui a pris le régime par surprise et fait 270 morts. Plus de 9.000 personnes sont en détention préventive et l'état d'urgence a été instauré le 21 juillet.
(AFP, 26 juillet 2016)

RSF: Après la tentative de coup d’Etat, la purge des médias s’intensifie

Une semaine après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’intensification du harcèlement des médias critiques en Turquie.

Interpellations de journalistes, saisie de tirages complets, adoption de l’état d’urgence… Alors que la répression du coup d’Etat avorté du 15 juillet prend des airs des chasse aux sorcières, le climat est de plus en plus lourd pour les médias turcs.

“Personne ne conteste la légitimité des autorités turques à préserver l'ordre constitutionnel après cette tentative de coup d'Etat, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Mais la démocratie, à laquelle des centaines de civils ont donné leur vie, ne peut être protégée en piétinant les libertés fondamentales. Le caractère massif et arbitraire des attaques que subissent les médias turcs depuis une semaine évoque plutôt une volonté de revanche et de mise au pas. Il est temps que les autorités y mettent un terme.”

Journalistes arrêtés, tirages saisis

Le 21 juillet, le journaliste et défenseur des droits de l’homme Orhan Kemal Cengiz a été arrêté à l’aéroport Atatürk d’Istanbul. Le chroniqueur d’Özgür Düşünce a été placé en détention, tandis que son épouse Sibel Hürtaş, également journaliste, était libérée après quelques heures.

Deux journalistes du quotidien conservateur Meydan, arrêtés le 20 juillet au cours d’un raid policier à leur rédaction d’Istanbul, ont été remis en liberté le lendemain. Le directeur de la rédaction, Levent Kenez, et sa rédactrice en chef, Gülizar Baki, sont accusés de poursuivre une ligne éditoriale “semblable à celle d’un organe de presse” de l’organisation FETÖ”. Cet acronyme officiel désigne comme “terroriste” le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, ancien allié du président Erdogan devenu sa bête noire et présenté comme le responsable du coup d’Etat raté. La police a saisi tout le tirage du 20 juillet 2016, arguant du “bon déroulement de l’enquête” et de “la possibilité de susciter la colère dans la société”. Meydan a depuis lors mis un terme à ses activités, tout comme d’autres titres réputés favorables à la confrérie Gülen, tels que le magazine Nokta ou la chaîne Can Erzincan.

Le tirage de l’hebdomadaire Leman a également été saisi par la police d’Istanbul, le 20 juillet, avant de pouvoir être distribué. La couverture de ce numéro représentait Fethullah Gülen en uniforme de commandant et plaidait pour l’établissement d’une commission d’enquête internationale afin d’établir l’identité des responsables du coup d’Etat avorté.

Purge et appels à la purge

Même les médias publics n’échappent pas à la purge. Osman Köse, président de Habersen, syndicat défendant les professionnels du secteur, a informé RSF qu’au moins six de ses membres avaient été mis à pied, à titre conservatoire, dans le cadre de l’enquête ouverte pour démasquer les membres et amis supposés de la confrérie Gülen. Au total, plus de 300 employés des médias publics seraient concernés, notamment au sein de la chaîne nationale TRT et de l’Agence Anatolie.

La chasse s’accentue aussi sur les réseaux sociaux, où le moindre propos critique tend à être interprété comme un soutien ouvert au coup d’Etat avorté. Le 18 juillet, le directeur de la rédaction du quotidien pro-gouvernemental Güneş, Turgay Güler, a ainsi pris à partie le site d'information T24 sur Twitter : “Le site de la terreur T24 continue de mener son coup d’Etat. Mais comment cela est-il possible!!” puis “Pourquoi T24, qui sert de base au coup d’Etat, est-il toujours ouvert?” De nombreux journalistes, turcs comme étrangers, sont visés par des messages d’intimidation allant jusqu’aux menaces de mort.

Un état d’urgence lourd de menaces

Conformément à la proposition du Conseil national de sécurité, le gouvernement de Binali Yıldırım a décrété l’état d’urgence (OHAL) pour une durée de trois mois, le 20 juillet. Cet état d’urgence se fonde sur la loi n°2935 de 1983, dont l’article 11(e) prévoit que “l'impression et la distribution de certains journaux, revues, brochures, livres, tracts et autres peut être interdite. Leur introduction dans la région soumise à l’état d’urgence peut être interdite et s’ils proviennent de l’extérieur, leur importation peut être soumise à l’autorisation des autorités. En cas d’interdiction, ces publications peuvent faire l'objet de saisie.”

La possibilité pour un particulier de saisir la Cour constitutionnelle en cas de violation de ses droits est suspendue, de même que la possibilité de contester une mesure administrative. Entre sa première introduction, en 1983, et sa levée complète, en 2002, l’état d’urgence avait permis aux autorités de saisir ou d’interdire la distribution de plus d’une vingtaine de périodiques dans les régions du sud-est à majorité kurde. De nombreux journalistes avaient été arrêtés en toute impunité et des journalistes étrangers avaient été expulsés du pays.

La Turquie occupe la 151e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par RSF.

Le CSA français déplore les purges dans les médias

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), le régulateur français de l'audiovisuel, a déploré mercredi la décision de son homologue turc de retirer leur licence à de nombreuses radios et télévisions après le coup d'Etat raté contre le président Recep Tayyip Erdogan.

"Le Conseil supérieur de l'audiovisuel exprime sa vive inquiétude à la suite de la décision du Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTÜK), le régulateur des médias en Turquie, de retirer leurs droits d'émission à de nombreuses radios et télévisions", écrit-il dans un bref communiqué.

Le Conseil appelle "son partenaire de longue date au sein de la Plateforme européenne des instances de régulation (EPRA) et du Réseau des institutions de régulation méditerranéennes (RIRM) à ne pas mettre en cause la liberté de communication et le pluralisme des médias, garanties fondamentales d'une société démocratique".

Les purges opérées par le pouvoir turc depuis la tentative de coup d'Etat vendredi ont touché de larges secteurs de la société, de l'armée aux médias en passant par les universités.

Mardi, le RTÜK a retiré leur licence aux chaînes de télévision et de radio liées, en relation et soutenant le "FETÖ/PDY" (acronymes désignant le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999, accusé d'être l'instigateur du putsch, ndlr).

Selon Anadolu, l'agence des affaires religieuses (agence de presse progouvernementale), cette décision concerne 24 chaînes de télévision et radios et 34 journalistes, considérés comme proches de ce religieux, ont été privés de leur carte de presse.

De son côté, le principal syndicat de magistrats français, l'Union syndicale des magistrats (USM), avait dénoncé lundi la mise à l'écart de près de 3.000 juges et de procureurs par l'exécutif turc, évoquant "une purge aussi injustifiée qu'injustifiable".
(AFP, 20 juillet 2016)

Les autorités turques bloquent l'accès au site WikiLeaks

Les autorités turques ont bloqué mercredi l'accès au site WikiLeaks, après la publication de près de 300.000 emails de responsables du parti au pouvoir en Turquie, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).

Wikileaks a précisé que ces courriers électroniques provenaient du site internet du parti, akparti.org.tr, et tournaient principalement autour d'affaires internationales et non "des questions les plus sensibles de politique intérieure".

L'organisation, spécialisée dans la publication d'informations de lanceurs d'alerte, a ajouté que ces emails avaient été échangés entre 2010 et le 6 juillet de cette année, et avaient donc été obtenus avant la tentative de coup d'Etat du 15 juillet.

"WikiLeaks a avancé son calendrier de publication en réponse aux purges opérées par le gouvernement" depuis, a-t-elle précisé.

La source de ces emails "n'a aucun lien avec les éléments derrière la tentative de coup d'Etat, ou un parti politique rival ou un Etat", a-t-elle encore affirmé.

Un responsable turc a confirmé que le site internet de WikiLeaks avait été bloqué en raison "de violation de la vie privée et de la publication d'informations obtenues illégalement".
(AFP, 20 juillet 2016)

La Turquie retire leur licence aux radios et télévisions jugées proches de Gülen

Le Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) a annoncé mardi avoir retiré leur licence aux chaînes de télévision et de radio proches du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être derrière la tentative de putsch.

Dans un communiqué publié sur son site internet, le Haut-conseil indique avoir annulé "tous les droits de diffusion et licences délivrés par le RTÜK à toutes les organisations (radios et télévisions) (...) liées, en relation et soutenant le FETÖ/PDY", des acronymes désignant le mouvement de M. Gülen, en exil aux Etats-Unis.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, cette décision concerne au total 24 chaînes.

Anadolu a également rapporté que 34 journalistes considérés proches de M. Gülen s'étaient vu retirer leur carte de presse.

Les médias proches de ce prédicateur ont déjà été la cible des autorités. Le quotidien Zaman et l'agence de presse Cihan ont été saisis en mars et leur direction confiée à des administrateurs de l'Etat.

Les autorités turques ont déclenché une purge de grande ampleur dans la foulée d'une tentative de coup d'Etat dans la nuit de vendredi et samedi, faisant arrêter des milliers de personnes.

Au moins 25.000 fonctionnaires ont par ailleurs été suspendus ou limogés, selon un comptage de l'AFP.
(AFP, 19 juillet 2016)

Joint statement: Charges against five Turkish journalists must be dropped

Charges of acquiring and divulging state secrets, membership of, and administration of a terrorist organisation brought against five journalists, including four former members of Taraf newspaper’s editorial and investigative staff, must be dropped and one of the accused, Mehmet Baransu, must be released immediately and unconditionally, PEN International, English PEN, German PEN, Swedish PEN, PEN America, ARTICLE 19, the Committee to Protect Journalists, the European Federation of Journalists, the Ethical Journalism Network, IFEX, Index on Censorship, the International Federation of Journalists, Global Editors Network and Reporters Without Borders (RSF) said in a joint statement today.

"These charges are a clear infringement of the right to free expression and a free press in Turkey and must be dropped, and Baransu released. It’s yet another example of abuses by the Turkish authorities of the problematic Anti-Terror law to silence investigative journalists. The law must be reformed without delay," said Carles Torner, Executive Director of PEN International.

The charges concern Taraf editor, Ahmet Altan; deputy editor, Yasemin Çongar; Taraf journalists Mehmet Baransu, Yıldıray Oğur and, a fifth journalist, Tuncay Opçin. All five journalists are facing charges of acquiring and divulging documents concerning the security of the state and its political interests punishable by up to 50 years in prison. Mehmet Baransu and Tuncay Opçin are facing additional charges of ‘membership and administration of a terrorist organization’ and face a possible 75-year prison term.

The charges are detailed in a 276 page indictment, which was accepted on 20 June 2016 by the Istanbul High Criminal Court, 16 months after the initiation of the investigation. Baransu has been held in pre-trial detention since his arrest on 2 March 2015. The journalists’ next hearing is due to be held on 2 September 2016.

The indictments and the materials presented by the prosecutor in relation to the case are open to very serious doubts, suggesting that the charges are politically motivated.

While large parts of the indictment against the journalists focuses on a series of controversial news reports, titled the ‘Balyoz (Sledgehammer) Coup Plan’[1], published in Taraf between 20-29 January 2010, about an alleged military coup to overthrow the Justice and Development Party (AK Party) government, the charges do not, in fact, relate to this story. Indeed, the indictment does not suggest Taraf’s decision to publish the Balyoz papers was criminal and Balyoz does not figure in the specific charges presented at all.

Instead, the indictment brings charges of acquiring and divulging state secrets against the five journalists concerning the ‘Egemen Operation’ plan – an out of date military war plan to respond to a Greek invasion. However Taraf did not publish state secrets regarding this operation, as a prior judgment of the Turkish Constitutional Court affirms.

"Beyond the simple problem of a lack of evidence, there are serious concerns regarding the indictment which suggest it has been written to obfuscate facts and to implicate the journalists in involvement in the Balyoz case, an already controversial story, to limit public support for their situation," said Erol Önderoğlu from Reporters Without Borders (RSF).

Additionally, 46 pages of the indictment prepared against the former Taraf journalists have been copied directly from the indictment against Cumhuriyet journalists, Can Dündar and Erdem Gül, who exposed illegal arms transfers by the Turkish Intelligence Service (MIT) into Syria and were sentenced to prison for five years for this crime. The degree of direct reproduction is evident from the fact that one paragraph of the indictment even starts with the words “The Defendant Can Dündar.”

"The fact that large parts of the indictment have been copied from another high profile case targeting journalists raises significant concerns about the motivation and professionalism of the Prosecutor: not only does this call into question the extent to which the facts and evidence of the case have been properly examined, it reinforces concerns that the charges may be politically motivated," said Katie Morris, Head of the Europe and Central Asia Programme at Article 19.

PEN International, English PEN, German PEN, Swedish PEN, PEN America, ARTICLE 19, the Committee to Protect Journalists, the European Federation of Journalists, the Ethical Journalism Network, IFEX, Index on Censorship, the International Federation of Journalists, Global Editors Network and Reporters Without Borders call on the Turkish authorities to immediately and unconditionally release Baransu and to drop all charges that the five journalists face as a result of their work in public interest. Such legal actions against journalists, result in a pervasive "chilling-effect" among the rest of the media in the country, which is compounded where fundamental fair trial safeguards are not upheld.
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[1] These reports were based on a series of classified documents and CDs acquired from an anonymous source. They led to widespread discussion in the country, which prompted Turkish prosecutors to initiate a controversial trial against the alleged coup-plotters named in the documents. The army officers implicated in the alleged coup plot revealed by Taraf have repeatedly claimed that the evidence against them was fabricated. In 2014, Turkey’s highest court ruled that the authorities had violated the officers’ right to a fair trial, leading to fresh hearings and mass releases from prison; including releases for several officers that had previously received sentences of up to 20 years in prison.

CPJ testifies on Turkey's press freedom record at US House

CPJ Europe and Central Asia Program Coordinator Nina Ognianova today provided written testimony at a hearing titled "Turkey's Democratic Decline," given before the Europe, Eurasia, and Emerging Threats Subcommittee of the U.S. House Foreign Affairs Committee.

Ognianova's testimony focused on Turkey's crackdown on press freedom and the key methods Turkish authorities employ to censor the opposition and independent press. She also provided examples of how these methods have been put into practice.

Turkey has intensified its repressive actions against the media in recent months, Ognianova said. In an attempt to stifle criticism, authorities have used broadly worded anti-terror laws; brought charges against journalists under an archaic law that carries jail terms for insulting the president; replaced the editorial management of opposition media outlets and fired their staff; routinely imposed bans on the reporting of sensitive stories; and has prosecuted and imprisoned journalists on anti-state charges in retaliation for their work.

"Despite Turkey's seeming defiance to international criticism of its human rights and press freedom record, the government does take notice of U.S. leaders' public statements and actions of support, and is in turn moved to act on them," Ognianova said in the testimony.


New Initiative: Journalism is Not a Crime!

A group of journalists who have came together against the ever-increasing pressure on the press in Turkey has started a new initiative named “I’am a Journalist”.

The initiative established to protect freedom of press and become the voice of journalists who have been arrested, threatened, silenced for being a journalist, writing thruths and playing a part in the professional solidarity, and to protect the peoples’ right to information has started its first activity, as a banner campaign published in newspapers and web sites.

For five days, the banner prepared with the slogans “Did you know? Journalism is not a crime” in Turkish language and “Hûn Vê Dizanin? Rojnamegerî Ne Sûc e” in Kurdish language will be published in the newspapers, tv channels and web sites, which, despite all the difficulties, have  continued journalism activities.. Among the first supporters alongside bianet, there are newspapers like Cumhuriyet daily, Evrensel daily, Agos weekly, Azadiya Welat daily, BirGün daily, Halkın Nabzı, Özgür Gündem daily, Yurt and the websites T24, P24, Haberdar, Diken, Sendika Org, Jiyan, ABC, Journo, Dağ Medya, Solfasol, İlke Haber and İMC.

Pointing out that the pressure targetting media and journalists has even influenced foreign journalists and that journalism was being tried to become a crime, the initiative has underlined that solidarity needs to be grow stronger in such situations.

The statement made by the initiative says “Its imposibble to talk about democracy in a community whose right to information has been restricted. We will pull out all the stops to be voice of the people who have been smeared, silenced and locked in the jail for performing their jobs or supporting freedom of press. We are journalists and we shout out: Journalism is not a crime!”
(BIA, July 8, 2016)

Can Dündar: Turkey is “the biggest prison for journalists in the world”

Turkish journalist, author and filmmaker Can Dündar spoke at the House of Commons last week about the state of politics and media freedom in Turkey. The event was hosted by the Centre for Turkey Studies and chaired by Scottish Liberal Democrat peer Lord Jeremy Purvis of Tweed.

“I’ve come from the biggest prison for journalists in the world,” Dündar told the audience. “There are close to 40 journalists imprisoned in Turkey — we are competing with China.”

Dündar, the editor-in-chief of Cumhuriyet, was sentenced to five years and 10 months in prison on 6 May 2016, just hours after a failed attempt on his life by a gunman. Along with Cumhuriyet journalist Erdem Gül, he was convicted of “leaking secret state information” for the paper’s reports claiming that Turkey was sending weapons to Islamists in Syria.

The pair were arrested and detained in November 2015, just days before a meeting of the EU heads of state with Turkey, the first meeting of its kind in almost six decades. “Turkey was not on the agenda because it was a democratic country, but because of the need for Turkey regarding the migrant issue,” Dündar explained.

Although he has been out of prison since February 2016, when he returns to Turkey — which he defiantly said he will — he risks serving his sentence.

Watching from his TV in solitary confinement during his stint in prison, Dündar learned of the deal that Turkey would keep asylum seekers from crossing into Europe, and in return the country would receive €3bn and visa exemptions.

Asylum seekers were “held hostage” by Turkey, Dündar said. “I was waiting until the end of the conference hoping there would be some mention of the free press, but there was nothing.”

He has been a journalist for 35 years, working in television and in print. “Throughout all these years working in the media, it has never been a paradise, but I don’t think it’s ever been quite as hellish as it is at the moment,” Dündar added. “We face oppression and censorship.”

The EU was due to release a report on Turkey’s lack of press freedom just weeks before the summit and in time for the Turkish general election. Dündar told the audience that following a meeting between Turkish President Recep Tayyip Erdoğan and EU officials, the report was delayed until after the general election.

Erdoğan’s Justice and Development Party achieved electoral victory and a week later, the report was published. “The human rights record of Turkey was condemned in strong terms,” Dündar said.

“For those of us who grew up in Turkey, in view of the Western, democratic ideals, this was very disappointing,” Dündar told the audience. “Europe is a great ideal, something to aim for.”

Dündar has lived through three military coups in Turkey. “Back then there was serious censorship,” he said. “But Erdoğan has succeeded in doing something the military couldn’t: he has instructed the media moguls close to him to buy up newspapers and TV stations, establishing a coup of friendly media.”

Dündar explains that these Erdoğan-friendly groups — mainly rich civil engineering companies receiving favours from the president — control 60% of the media, while opposition media make up only about 5-10% of the market.

Critics of Erdogan face further financial difficulty in the form of harsh fines for “insulting” Erdogan — of which there have been over 3,000 cases. “The president takes any criticism as an insult,” Dündar explained, joking: “He is the most insulted president in the world.”

Critical media outlets also find it difficult to generate revenue through advertising because “any company advertising with us will also face sanction”. The media faces further pressures in the form of “severe tax bills” and the intimidation of journalists to “toe the line”.

When journalists like Dündar aren’t visiting colleagues in prison and attending court cases in support of friends, they are preparing for their own hearings. And while they often win international awards for their work, “we can’t eat those so we have to create resources”.

Although the situation in Turkey looks unpromising, Dündar told the audience to remember that “there is another Turkey that believes in democracy and secularism”. There exists a “great existential struggle” and the aim for those like him “is to overcome this fear, but we have to be brave and we have to unite”.

In this struggle, Dündar asked the people of Europe for “support and solidarity” before Turkey “becomes a fascist regime”. He called on the Western media to do more to draw attention to the crimes of Erdoğan. (www.indexoncensorship.org)

Esra Mungan, Can Dündar Run For Sakharov Prize

Cumhuriyet daily’s Editor in Chief Can Dündar and academic Assist. Prof. Dr. Esra Munfgan who had also signed the peace declaration of the academics; “We will not be a party to this crime”, have been nominated from Turkey as candidates for this year’s Sakharov Prize for Freedom of Thought run by the European Parliament.

Dündar on his Twitter account has posted that he had been nominated a as a candidate together with Esra Mungan.

Also Rebecca Harms, the president of The Greens–European Free Alliance group in the European parliament has announced Dündar’s and Mungan’s nomination on her Twitter account.

Sven Giegold, European Parliament Spokesperson from the Greens Party has posted on Twitter that they have nominated Can Dündar and Esra Mungan who were their allies in Turkey for the Sakharov Prize. (EA/DG)

Sakhorov Prize

The Sakharov Prize, officially known as the Sakharov Prize for Freedom of Thought and named after Russian scientist and dissident Andrei Sakharov, was established in December 1988 by the European Parliament as a means to honour individuals and groups of people who have dedicated their lives to the defense of human rights and freedom of thought.

The first prize was awarded jointly to South African Nelson Mandela and Russian Anatoly Marchenko.
(BIA, July 8, 2016)

Le représentant de RSF en Turquie "confiant" avant son procès

Le représentant de Reporters Sans Frontières (RSF) en Turquie Erol Önderoglu s'est dit "confiant" sur l'issue de son procès pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, au lendemain de sa remise en liberté conditionnelle avec une autre militante.

Ahmet Nesin, un écrivain-journaliste inculpé et incarcéré avec eux, a quant à lui été libéré vendredi.

MM. Önderoglu et Nesin, ainsi que Sebnem Korur Fincanci, présidente de la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV), encourent jusqu'à 14 ans et demi de prison pour avoir participé à une campagne de solidarité avec un quotidien pro-kurde.

"Je suis confiant par rapport à ma situation", a affirmé vendredi à l'AFP M. Önderoglu, disant se sentir soutenu par la société civile turque et la communauté internationale.
 Son arrestation, le 20 juin, avait entraîné une avalanche de protestations en Turquie et à l'étranger. La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.

La justice devra se rendre à l'évidence (...) je n'ai rien à voir avec une quelconque propagande terroriste", a-t-il dit. "En 20 ans j'ai signé des milliers d'articles, j'ai toujours soutenu la liberté des médias et des journalistes, de tous bords politiques".

"Le travail des militants de la liberté d'expression est risqué dans la Turquie actuelle mais ce n'est pas à eux ni à la société civile de renoncer à leur combat", a-t-il martelé.

Le régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est accusé de museler la presse indépendante en Turquie et d'avoir ces derniers mois multiplié les coups de butoir contre les médias.
 Le procès de M. Önderoglu doit se tenir le 11 novembre devant la 13e Chambre de la Cour d'assises d'Istanbul, a-t-il rapporté.

Le représentant de RSF a évoqué de "bonne conditions carcérales", une semaine dans la prison stambouliote de Metris et trois jours dans celle de Silivri, à la périphérie de la mégalopole. "Nous étions dans des cellules isolées mais avions accès de 8H00 à 20H00 à une cour d'aération", a-t-il dit.

"Je ne m'attendais pas à être libéré si vite", a-t-il toutefois indiqué.

M. Nesin, libéré vendredi, a quant à lui remercié sur son compte Twitter "tous ceux qui soutiennent l'amour de la paix et de la démocratie".
(AFP, 1 juillet 2016)

Le représentant de RSF en Turquie et un autre militant remis en liberté conditionelle

Le représentant de Reporters Sans Frontières (RSF) en Turquie, Erol önderoglu, et un autre militant, écroués il y a dix jours pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, ont été remis jeudi en liberté conditionnelle, a annoncé RSF à l'AFP.

La seconde personne libérée de prison est Sebnem Korur Fincanci, la présidente de la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV), ont indiqué les médias locaux.

Un troisième militant, Ahmet Nesin, un écrivain-journaliste, inculpé et incarcéré avec eux pourrait éventuellement lui aussi retrouver prochainement la liberté en fonction d'une décision des juges, a-t-on souligné de mêmes sources.

Les poursuites judiciaires à leur encontre ne seront cependant pas abandonnées. Un procureur d'Istanbul a réclamé jusqu'à 14 ans et demi de réclusion criminelle pour les trois personnes pour avoir participé à une campagne de solidarité avec un quotidien pro-kurde.

Le secrétaire général de RSF Christophe Deloire s'est réjoui de la libération des deux militants, dont son correspondant en Turquie depuis 1996. "On n'était pas d'un optimisme débridé même si le dossier est totalement vide", a déclaré M. Deloire joint par l'AFP à Munich. "Il y a déjà eu un refus de mise en liberté (la semaine dernière, ndlr) et vraisemblablement la pression internationale a beaucoup joué," a-t-il dit.

M. Deloire s'est demandé "si la concomitance de la libération (du correspondant de RSF) avec la reprise des négociations d'admission de la Turquie avec l'Union européenne" à Bruxelles "n'est qu'une coïncidence, ou s'il y a un lien".

M. Önderoglu avait été récemment transféré de la prison stambouliote de Metris à celle de Silivri, dans la banlieue d'Istanbul.

Les trois militants avaient pris en mai symboliquement à tour de rôle la direction éditoriale du journal Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques qui l'ont obligé plusieurs fois à fermer.

Ces arrestations ont entraîné une avalanche de protestations en Turquie et à l'étranger. La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.

Le régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est accusé de museler la presse indépendante en Turquie et d'avoir ces derniers mois multiplié les coups de butoir contre les médias.

L'Union européenne notamment s'est alarmée des restrictions de la liberté de la presse en Turquie avec son cortège de poursuites contre des journalistes et de prises de contrôle de journaux et de télévisions.
(AFP, 30 juin 2016)

Kurdish Question / Question kurde

Rassemblement de prokurdes contre le putsch et l'état d'urgence

Quelques milliers de militants prokurdes se sont rassemblés samedi à Istanbul, pour dire leur opposition aux putschistes mais aussi à l'état d'urgence décrété par le président Recep Tayyip Erdogan, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Rassemblés à l'appel du principal parti prokurde (HDP) dans un quartier du nord d'Istanbul, les protestataires ont scandé "Non au putsch!", tandis que les orateurs se relayaient sur une estrade marquée du slogan: "Non au coup, la démocratie tout de suite !"

"Nous ne voulons pas de coup d'Etat militaire", a déclaré à l'AFP Latifa, 30 ans et sympathisante du parti démocratique des peuples (HDP). Mais, a-t-elle ajouté, "la politique d'Erdogan n'est pas en faveur de la démocratie. Nous voulons la démocratie, mais pas sa démocratie".

Après le coup d'Etat avorté qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet, le gouvernement turc a lancé une vaste purge notamment dans l'armée, la justice et l'enseignement afin d'en expurger les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'être l'instigateur du putsch.

Quelques jours après l'instauration de l'état d'urgence, qui renforce notamment les pouvoirs des services de sécurité, le gouvernement a annoncé samedi une série de mesures comme la fermeture d'un millier d'écoles privées et l'extension de quatre à 30 jours de la durée maximale de garde à vue.

"La garde à vue de 30 jours, cela revient à une torture en soi", a dénoncé lors du rassemblement à Istanbul Selahattin Demirtas, chef de file du HDP et avocat de formation.

"Lutter contre le putsch est juste, légitime, justifié. Mais les mesures que vous avez prises vont ouvrir la voie à plus d'injustices", a-t-il ajouté.

M. Demirtas, régulièrement ciblé par M. Erdogan, a appelé à mettre "de côté la colère, la haine et la polarisation. La société attend de nous la paix."
(AFP, 23 juillet 2016)
KNK: Turkey’s Failed Coup and Erdogan’s Anti-Kurdish Agenda

On 15thJuly 2016 an unsuccessful attempt at a coup happened in Turkey. Even at this early stage, the post-coup process obviously will have important consequences. It is important to understand that this process was started on the 7th June 2015, when Erdogan lost the elections and conducted an anti-democratic intervention into the results. It is important to make a comprehensive analysis of the coup in order to understand the potential outcomes.
 
Before everything, it is important to specify that this coup was not undertaken by Gulenists. Due to the conflict between the AKP and the Gulenists, sympathisers of Gulen may have taken part in the coup attempt. But by saying “the Gulenists attempted the coup” they are trying to make a platform in which they can suppress Gulen’s supporters even more.  By labelling the coup as Gulenist, they are hoping to rally support in order to take revenge on the coup plotters. In other words, they are trying to kill two birds with one stone.
 
It is evident that this attempt was backed by a large part of the army.  If they had planned and executed it more professionally, it may have had a chance to succeed. In this regard, it cannot be said that it was undertaken by Gulenists or a minority; there isn’t enough of a Gulenist presence in the army to pull off a coup.
 
Maybe many of the coup plotters who are waging the war against the Kurds in Kurdistan were not practically involved, but it has been understood that many of the Generals in the region supported the coup. They were careful because their participation would have hampered their war effort against the Kurds. However, many of the Generals in the war against the Kurds have been detained as supporters of the coup.
 
An insistence on war strengthened the hands of the coup-plotters
 
When the AKP couldn’t solve the Kurdish question, it veered towards a war of destruction against the Kurdish Freedom Movement in the past year. Especially towards the end of 2014 and the 7th June 2015 election, the coup mechanism was in place and resulted in the attempt at a fascist coalition. When Erdogan veered off towards war, the army became the main player. Tayyip Erdogan and the AKP were dependent on the army in their war against the Kurdish Freedom Movement.
 
When Erdogan decided to intensify the war and sent the army to destroy Kurdish towns, the coup mechanism was set in place. During the war, the army strengthened its own hand against Erdogan. This is because the army can only become a central player in Turkish politics while it is in a war against the Kurdish Freedom Movement. So after a period in which the army had lost its centrality in Turkish politics, through Erdogan’s notion that “we won the war in the cities, we destroyed the PKK”, the army once again gained the confidence to attempt a coup. This coup wanted to redesign Turkish politics. The statement by the coup-plotters clearly points towards this.
 
“We fought the war, we should do the politics”
 
The coup-plotters are a new nationalist wing, separate from the Ergenekonists [traditional nationalist statists]. This new trend has been shaped by an opposition to the policies of the AKP. We might even say that the changes made in the AKP’s foreign policy (renewing relations with Israel and Russia, and a change of policy towards Egypt, Iraq and Syria) may have stimulated this new formation. This coup-plotters, who can also be called ‘neo-nationalists’, have closely witnessed the cooperative relationship between the AKP and ISIS. Due to the fact that they are on the frontlines where this relationship is being implemented, they have learnt how the relationship between the AKP and ISIS is handled. If the coup had been successful, they would have prosecuted the AKP for supporting ISIS with backing from the West.
 
It seems as though the coup-plotters’ approach was: “Turkey’s main political problem is the Kurdish question, and we are the ones on the front line, so we should shape the politics of Turkey.” When civilian governments do not have any policies in solving the Kurdish question, the coup mechanism is always functioning. The fact that they named themselves “The Council of Peace in the Country” is a reflection of their thinking that “we will conduct the politics when it comes to the Kurdish question”. In short, their approach was “whoever is fighting the PKK should dominate politics and own Turkey”.
 
After the coup attempt: Sectarian nationalism will create a Turkish ISIS

After the coup was defeated, the AKP and its allies declared themselves as the “will of the people” and “democratic forces”.  The AKP now hopes to strengthen its grasp on power and their anti-Kurdish, anti-democratic system. In this regard the representation of the AKP, its supporters and its allies as the defenders of democracy is a dangerous development; the AKP can more easily implement its anti-Kurdish, anti-democratic policies.
 
Given that the AKP’s allies are the Nationalist Movement Party (MHP) and chauvinist nationalists, a rise in anti-Kurdish sentiment and anti-democratic approaches can be expected. These forces have become even more tightknit after the coup attempt; this will lead to a deepening of genocidal policies against the Kurds. Just as this coup attempt has emboldened the AKP, its allies and the nationalists, it has also radicalised the sectarian nationalist circles close to the AKP.  This will lead to a new breed of Turkish ISIS-like formations, such as Osmanli Ocaklari, a paramilitary group organised by Erdogan himself. They are already organising in European countries; links between them and ISIS are already being discussed. These sectarian nationalist trends will further radicalise and become repressive forces against any opposition to the AKP. Many of the people who took to the streets during this period were from these organisations. It can be expected that these groups will step up their attacks against the Kurdish people. The freedom forces of the Kurdish people and the democratic forces of the country should prepare themselves against these attacks.
 
What the AKP will do -- and the responsibilities of democratic forces
 
There are statements that say “this coup attempt should be turned into an opportunity and platform for democratization”. These calls are made with good intentions but need to be followed up. All attempts at a coup can be blocked by democratisation. However, the anti-coup rhetoric of some is not grounded in a democratic mentality; rather it is more to do with the ongoing power struggle. These people aren’t democrats or anti-coup! These people had already taken power through a coup against democracy. For this reason, democratisation cannot be expected of these people in order to hinder possible coup attempts. These people will use this coup attempt in order cover their real faces and intentions. They have already started doing this.
 
In this regard, to expect that the AKP will take steps to democratise the country in response to this coup attempt is nothing but self-deception. One needs to take a closer look at Erdogan and the alliances of his Gladio. Nothing other than anti-Kurdish sentiment and anti-democratic development can be expected from this coalition. And when the AKP eventually discards these allied groups, the sectarian nationalist groups will radicalise and become Turkey’s version of ISIS. Under the ideological and political umbrella of the AKP, a more radical version of the Muslim Brotherhood will be formed in the region. Tayyip Erdogan will see this coup attempt as an opportunity to make preparations and take steps towards this end. There already are sectarian nationalist factions within the police force. Erdogan saw the actions of these groups during this coup attempt. Turkey will become a police state. The police will become an alternative armed force to the army.
 
The forces of democracy must reanalyse the situation after this coup attempt. The fascism of the AKP will seek to suppress all democratic forces. They will try to get all factions of society to obey its rule. Any opposition will be labelled as ‘coup-supporters’ and will be brutally suppressed. If the forces of democracy do not act to change this situation, Erdogan will force everyone into submission. In this regard, the forces of democracy must understand the reality of the AKP and its allies and must form a new front for resistance.
(KNK, 20 July 2016)

L'armée bombarde le PKK en Irak pour la 1ère fois depuis le putsch avorté

L'armée turque a bombardé des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak pour la première fois depuis le putch avorté contre le président Recep Tayyip Erdogan, tuant 20 militants, a annoncé mercredi l'agence Anadolu.

Des F-16 de l'armée ont frappé tard mardi des positions du PKK kurde dans la région de Hakurk, faisant 20 morts parmi les combattants kurdes, a annoncé l'agence progouvernementale, citant des sources sécuritaires. Le nord de l'Irak abrite les hauts commandants de la guérilla kurde.

Ces raids sont annoncés cinq jours après la tentative de putsch lancée par un groupe de militaires rebelles, dont certains de l'armée de l'air, qui a déclenché une vaste purge au sein de l'armée, mais aussi de l'enseignement et de l'audiovisuel en Turquie.

L'ex-chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztürk, a été arrêté et mis sous écrou, mais a nié toute responsabilité dans la tentative de coup d'Etat, imputée par Ankara aux réseaux du prédicateur exilé Fetullah Gülen.

Ces raids interviennent aussi à la date anniversaire de la reprise des combats, après plus de deux ans de cessez-le-feu, entre Ankara et les kurdes, dans une guerre qui a fait 40.000 morts en 32 ans dans le Sud-Est majoritairement kurde et s'intrique totalement dans la problématique syrienne.
(AFP, 20 juillet 2016)

Curfew Declared in 16 Villages of Silvan

According to statement made by Diyarbakır Governorship, an operation has been launched on July 12 at 04.00 a.m. with the purpose of locating the shelters, households, storage areas and seizing the supplies used by organisation members in the area between Kelovan Tepe - Hizin Tepe - Medevir Tepe - Çatak Neighbourhood - Çatakköprü District and Cevzala Tepe.

In accordance with the article 11/C in Law of Provincial Administration no. 5442 entrances and exits to the villages of Silvan; Ormandışı, Babakaya, Çatak, Kayadere, Gürpınar, Arıköy, Taşpınar, Çiğdemli, Demirkuyu, Kazandağı, Bahçe, Eskiocak, Çatakköprü have been banned as of July 12, 2016, 04.00 a.m.

In addition to the above mentioned villages, the entrances and exit to Düzalan, Adak and Üçkardeş villages of Silvan also have been banned and curfew has been declared as of  07.30 a.m. until further notice.
(BIA, July 14, 2016)

HRW: State Blocks Probes of Southeast Killings

(Istanbul) – The Turkish government is blocking access for independent investigations into alleged mass abuses against civilians across southeast Turkey, Human Rights Watch said today. The alleged abuses include unlawful killings of civilians, mass forced civilian displacement, and widespread unlawful destruction of private property. The government should promptly grant the United Nations Office of the High Commissioner for Human Rights permission to enter the area and investigate according to its standards.

Since the July 2015 breakdown of a peace process to end the decades-long conflict between the Turkish state and the armed Kurdistan Workers’ Party (PKK), violence and armed clashes in the southeast region have escalated. During security operations since August, the authorities have imposed blanket, round-the-clock curfews on 22 towns and city neighborhoods, prohibiting all movement without permission. The curfews also prevent non-governmental organizations, journalists, and lawyers from scrutinizing those operations or any resulting abuses by security forces or armed groups. Authorities have blocked rights groups – including Human Rights Watch, Amnesty International and Physicians for Human Rights – from trying to document abuses even after curfews and operations ended.

Security operations and armed clashes in Cizre from December 2015 to February 2016 damaged homes in the affected neighborhoods. The authorities began demolition immediately afterwards.

“The Turkish government’s effective blockade of areas of the southeast fuels concerns of a major cover-up,” said Emma Sinclair-Webb, senior Turkey researcher at Human Rights Watch. “The Turkish government should give the UN and nongovernmental groups immediate access to the area to document what’s going on there.”

Most of the deaths, destruction, and mass displacement occurred in nine towns, including Cizre. More than 355,000 people have been temporarily displaced within towns or  to other nearby towns and villages, or to other regions of Turkey. At least 338 civilians have been killed in places where security forces and the Civil Protection Units (YPS), the armed group linked to the PKK, have clashed.
(Full text: https://www.hrw.org/news/2016/07/11/turkey-state-blocks-probes-southeast-killings)

Peace in Kurdistan: Oppose the EU refugee deal with Turkey

No European Union deal with Turkey on refugees until the Turkish government demonstrates a willingness to end its war on the Kurdish people and begins negotiations with their representatives instead of imprisoning and killing them.

The flow of refugees out of Syria constitutes a humanitarian crisis and presents the European Union and its member states with a profound political challenge. Democratic values and respect for different peoples are threatened by totalitarian and racist tendencies that exploit anxieties exacerbated by the so-called “refugee crisis”. The European Union must confront the challenges both within its constituent countries and in its relations with other states, in particular with Turkey. Threats to democracy and peace have to be faced and overcome.

EU policy-makers have resorted to constructing a fortress capable of “weathering the storm,” and diverting refugees and other migrants. Civil liberties have been curbed and surveillance increased in a battle against terrorism. Such policies may be electorally-expedient, but they are short-sighted and ultimately counterproductive. The causes of chaos and destruction in the Middle East need to be addressed, and this includes in Turkey.

Recent developments in Turkey demonstrate that the conflict and chaos in the Middle East and the war in Syria has spilled over into the Kurdish region inside Turkey.
(Full text: https://peaceinkurdistancampaign.com/2016/07/11/oppose-the-eu-refugee-deal-with-turkey/)

Europa Nostra's Letter to UNESCO Meetings on the destruction in Kurdistan

The Hague, 8 July 2016

Mrs Irina Bokova
Director General
UNESCO

Dear Madam Director General,

Europa Nostra, the European Federation of Cultural Heritage Organisations which maintains close and fruitful relations with the European Union and UNESCO, is deeply concerned about the armed conflicts in the South East of Turkey, which, in the past months, have not only cost the lives of hundreds of civilians in more than ten historical towns, but is also causing the destruction of cultural, social and economic urban life, as well as a large number of registered cultural heritage sites. Since the destruction of this multi-cultural historical heritage in Northern Mesopotamia with roots going back to millennia means, at the same time, the destruction of the heritage of humanity, we felt it incumbent upon us to bring this cultural and human tragedy to the attention of all concerned, at the moment when the World Heritage Committee is about to start its 40th annual session in Istanbul.

The most recent reports of the Venice Commission (European Commission for Democracy through Law), the Council of Europe Commissioner for Human Rights, the UN High Commissioner for Human Rights, Human Rights Watch, International Crisis Group, FIDH (Federation Internationale des Droits de l’Homme), beyond the daily newspaper reports and those from local human rights groups, increase our serious concern regarding the situation in the region from day to day. Since September 2015, 60 different curfews were issued by local governors, some lasting for months without a break, with highly doubtful international or national legal justification. Armed clashes have caused irreparable damage to hundreds of historical mosques, churches and other, civilian architectural sites, as well as to thousands of dwellings, with hundreds of thousands of people made homeless.

As an important instance, in the walled city of Sur, the historical centre of Diyarbakir, declared a Historical Conservation Site since 2012 and buffer zone to the fortifications, a World Heritage Site by UNESCO since 2015, the great majority (more than 80%) of the buildings are to be expropriated according to a law passed at the end of Mach 2016. According to relying reports, large swathes have been bulldozed and turned into empty fields and barren boulevards in neighbourhoods boasting of hundreds of cultural heritage sites. More than twenty five thousand people have been forced to find refuge outside the city. Tens of cultural historical landmarks have been damaged or destroyed, including the St. Giragos Church, whose exemplary restoration received in 2015 a European Heritage Award given jointly by the European Union and Europa Nostra.

We share the views expressed by the above-mentioned organisations that such measures are in violation of the international guidelines regarding the proportionality and effective control of the employed force or the protection of the lives and rights of the inhabitants in crisis situations, and therefore totally unacceptable. Entry into large parts of Sur are still prohibited, and the government has declared that totally new neighbourhoods are to be constructed, with no consultation either with the Diyarbakir Metropolitan Municipality, the Site Management Directorate, or the more than 300 civil society organisations making up the Sur Conservation Platform.

In the light of the above alarming situation, EUROPA NOSTRA calls upon

the competent authorities in Turkey to respect the human rights of the inhabitants, abide by the norms of rebuilding / recovery under conflict conditions, and to adopt a participatory approach, in close cooperation with the municipalities and Site Management Directory, professional organisations and the local inhabitants; and also

the World Heritage Committee of UNESCO which will hold its ordinary meeting in Istanbul in the coming days, to put this very drastic situation with all of its different aspects on its agenda, and to offer specialised international professional assistance to this recovery process which should be conducted with effective local participation, respecting the preferences of the local inhabitants and strictly abiding by the professional standards and internationally recognized good practices of cultural heritage site management in conflict zones.

We kindly ask you to transmit this appeal to all members of the World Heritage Committee, including the host country of this year’s annual meeting of this Committee.

Giving your very strong personal commitment to the safeguard of cultural heritage in times of conflict, we remain confident that Europa Nostra and the civil society organisations active in the field of heritage from all over Europe, including Turkey, can count on your personal attention to such serious destructions of invaluable cultural heritage, some of which concerns the World Heritage Site of Diyarbakir. We keep the hope that with the help of international organisations (both governmental and non-governmental), the Turkish authorities will put an end to the on-going deplorable practice of destructions of invaluable heritage in the South-East of Turkey.

Europa Nostra stays at the disposal of UNESCO to provide any further advice or assistance on this matter.

Wishing every success to the forthcoming annual session of the World Heritage Committee in Istanbul,

Yours sincerely,
Denis de Kergorlay
Executive President of Europa Nostra
Copy:
H.E. Ambassador Huseyin Avni Botsali, Permanent Representative of Turkey to UNESCO


Minorités / Minorities

Nouvelles tensions germano-turques après le vote sur le génocide arménien

Le gouvernement d'Angela Merkel a insisté lundi pour qu'Ankara lève son opposition à une visite de députés allemands sur une base turque où stationne la Bundeswehr, nouvelle pomme de discorde dans les relations déjà tendues entre les deux pays.

"Il est nécessaire que nos députés puissent se rendre auprès de la Bundeswehr sur la base d'Incirlik" dans le sud de la Turquie, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l'organisation Etat islamique, a déclaré à la presse le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert.

La Turquie a récemment empêché la visite d'une délégation de parlementaires allemands sur place, après le vote le 2 juin par les députés allemands d'une résolution reconnaissant le génocide arménien de 1915 sous l'empire ottoman. Une initiative qui a ulcéré Ankara.

- 'armée parlementaire' -

Le porte-parole a rappelé que les missions de la Bundeswehr étaient strictement encadrées par les députés allemands, qui ont donc un devoir de contrôle, et même employé à ce sujet l'expression d'"armée parlementaire".

La chancelière est elle-même montée au créneau au cours du week-end, tentant d'obtenir le feu vert de la Turquie lors d'une rencontre en marge du sommet de l'Otan à Varsovie avec le président Recep Tayyip Erdogan. Elle a reçu une fin de non recevoir.

"Les dissensions ne disparaissent pas après seulement un tel entretien", a-t-elle déclaré à l'issue.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus a justifié lundi le blocage par le fait que des parlementaires n'avaient rien à faire sur un site de l'armée.

"Pour nous il s'agit d'une affaire militaire", a-t-il dit, alors que "du côté allemand la question d'Incirlik ou de l'envoi de soldats allemands est sous l'autorité du parlement allemand (...) la visite n'est pas encore certaine, les discussions continuent".

Mais il ne fait guère de doute qu'il s'agit surtout d'une mesure de rétorsion après le vote du Bundestag sur le génocide arménien.

Selon le quotidien Hurriyet de lundi, le président Erdogan a signifié à Angela Merkel lors de leur entretien du week-end son malaise au sujet de la résolution et lui a dit qu'il attendait que le gouvernement allemand prenne ses distances publiquement avec le texte.

- menace de retrait -

Face au blocage turc, le ton commence à monter en Allemagne, dont les relations avec la Turquie ont déjà été envenimées récemment par une satire télévisée du président Erdogan diffusée sur une chaîne publique allemande. Le chef de l'Etat a porté plainte contre l'auteur du pamphlet, Jan Böhmermann.

Les attaques et menaces personnelles dont ont été victimes les députés allemands d'origine turque de la part de médias ou responsables en Turquie ont suscité aussi un vif émoi à Berlin et conduit le président du Bundestag à protester publiquement.

Plusieurs députés ont appelé au retrait des soldats allemands de la base d'Incirlik si Ankara ne devait pas céder.

Cette base aérienne est utilisée par l'Otan dans le cadre de la lutte contre l'EI. Des chasseurs turcs, américains, britanniques mais aussi allemands y sont déployés. Les Tornados allemands sont chargés de mission de surveillance et l'Allemagne contribue aussi au ravitaillement des appareils en vol dans la zone.

Le président Erdogan "risque un retrait de la Bundeswehr par son attitude", a jugé Andreas Scheuer, le secrétaire général de la CSU, la branche bavaroise du parti conservateur d'Angela Merkel.

"Il faut que ce soit clair, un refus durable de la part de la Turquie peut amener la fin de la participation allemande à la mission de l'Otan" sur place, lui a fait écho Niels Annen, du parti social-démocrate.

Angela Merkel préfère pour le moment la voie du dialogue car elle a besoin de la Turquie notamment dans le cadre de l'accord passé avec l'UE pour contenir le flux de réfugiés venant de Syrie vers l'Europe.
(AFP, 11 juillet 2016)

Ancient City of Ani to be Discussed at UNESCO Meeting in Istanbul

THE UNESCO World Heritage Committee will convene in Istanbul from the 10th to the 26th of July, to discuss the addition of 29 sites to its World Heritage List including the ancient capital city of Ani in the eastern district of Kars, Turkey.

A short drive away from the eastern city of Kars to the Turkish/Armenia border sits the ruins of medieval Ani that was the ancient capital city of the Bagratid Armenian kingdom. Open as a tourist attraction, the numbers of visitors are relatively small. This may be because tourism in that area of Turkey generally consists of independent travellers or visitors wishing to get off the beaten track.

Regardless, representing an insight into Armenian heritage, frustration arose in the past because of a lack of research funding forcing concern about the existing structures that were in danger of collapsing. Acceptance to the UNESCO World Heritage site list may result in funding to support further archeological digs that will preserve and uncover as much of the ancient city as possible.

Also called the city of 1001 churches, although Ani covers a considerable distance, only a few historical landmarks have been uncovered. These include the church of the holy redeemer dating from the 11th century, the church of Saint Gregory of Tigra Hornets from 1215, the church of the Holy Apostle and it's marvellously intact city walls.

Another main reason to further archeological digs at Ani is that some artefacts found during digging projects of the 19th and 20th centuries showed a connection with Persia, China, Europe, and the Byzantine Empire. All these contribute towards Ani’s status as a major route of the ancient Silk trading road that stretched from Asia to Europe.

Restoration work at the old city of Ani has already received funding and assistance from the World Monument Fund, a non-profit organization dedicated to saving the world most treasured places. They had initially placed Ani on their endangered list due to years of neglect, earthquakes, vandalism, and restoration work completed by novices and those without necessary qualifications or knowledge. Without a doubt, their assistance has significantly helped to preserve the existing structures of Ani, but an addition to the UNESCO World Heritage list will further ensure the preservation of this ancient medieval Armenian city for many generations to come.

https://www.turkeyhomes.com/

La France la pénalisation de la contestation du génocide arménien

Les députés ont voté à l'unanimité vendredi un amendement gouvernemental au projet de loi "Égalité et citoyenneté", qui permettra de pénaliser la contestation ou la banalisation de l'ensemble des crimes contre l'humanité, dont l'esclavage et le génocide arménien.

Cet amendement, voté en première lecture, pénalise cette négation d'un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. C'était une promesse de François Hollande, lors de sa campagne électorale, après la censure en février 2012 d'une précédente loi pénalisant la contestation du génocide arménien qui avait déclenché la fureur d'Ankara.

Les crimes concernés sont ceux de "génocide", les "autres crimes contre l'humanité", "les crimes de réduction en esclavage ou d'exploitation d'une personne réduite en esclavage" et "les crimes de guerre", selon l'amendement voté.

"Alors que seule la négation de la Shoah est aujourd'hui réprimée, ce texte permettra de sanctionner la contestation ou la banalisation de l'ensemble des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre, de manière non limitative, dès lors qu'ils auront été reconnus par une juridiction", a expliqué la secrétaire d'État à l'Égalité réelle Ericka Bereigts.

"Il permettra, au-delà et de manière plus générale, de prendre en compte des crimes historiquement reconnus, même si leur ancienneté exclut de fait toute possibilité pour la justice de se prononcer, lorsque leur contestation ou leur banalisation sera commise dans des conditions incitant à la haine ou à la violence", a-t-elle ajouté.

Ce texte "vaudra pour le génocide arménien", a assuré Mme Bereigts aux députés.

Au nom de la liberté d'expression, le Conseil constitutionnel avait censuré une loi votée en 2011 qui pénalisait un génocide "reconnu par la loi française" (comme le génocide des Arméniens). Cette fois-ci, le texte ne parle plus de génocide reconnu par la loi mais par une juridiction.

"C'est un moment historique", se sont félicités plusieurs députés de droite et de gauche.
(AFP, 1 juillet 2016)

Politique intérieure/Interior Politics

Après le putsch raté, Erdogan veut encore renforcer son pouvoir


Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi vouloir contrôler directement les services de renseignement et les chefs d'état-major de l'armée, renforçant encore son pouvoir deux semaines après un putsch raté.

"Nous allons introduire une petite réforme constitutionnelle (au Parlement) qui, si elle est approuvée, fera passer le service national de renseignement (MIT) et les chefs d'état-major (de l'armée) sous le contrôle de la présidence", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision A-Haber.

Pour être adoptée, cette réforme devra recueillir une majorité des deux-tiers au Parlement. Le gouvernement islamo-conservateur de l'AKP aura donc besoin du soutien de certains partis d'opposition.

Deux de ces derniers ont rencontré M. Erdogan il y a quelques jours et s'étaient dit prêts, selon le Premier ministre Binali Yildirim, à travailler sur un changement de la Constitution.

- Ecoles militaires fermées -

Le président turc a par ailleurs annoncé samedi son intention de fermer toutes les écoles militaires et de les remplacer par une université nationale chargée de former les forces armées.

Ces déclarations interviennent alors qu'Ankara a procédé cette semaine à un important remaniement de l'armée, dont près de la moitié des généraux (149) ont été limogés après la tentative de putsch de la nuit du 15 au 16 juillet.

Une petite partie des militaires, dont de hauts gradés, s'étaient emparés de chars, avions de chasse et hélicoptères pour renverser le pouvoir, semant la panique dans les rue des grandes villes. Environ 270 personnes avaient trouvé la mort.

Instauré peu après l'état d'urgence pourrait être prolongé, comme l'a fait la France après les attentats jihadistes, a déclaré M. Erdogan.

Depuis le 15 juillet, 18.699 personnes ont été placées en garde à vue et 10.137 d'entre elles ont été inculpées et placées en détention préventive, selon M. Erdogan.

Dix-sept journalistes sur les 21 qui ont comparu devant un tribunal d'Istanbul se sont ainsi réveillés en prison samedi, inculpés pour leurs liens présumés avec "une organisation terroriste", selon l'agence de presse officielle Anadolu.

Ankara accuse le prédicateur en exil aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, et les partisans de son mouvement, qualifiés de "terroristes", d'avoir organisé le coup d'Etat manqué.

Parmi les journalistes enfermés derrière les barreaux figurent Nazli Ilicak, une figure des médias et ancienne députée du parti AKP de M. Erdogan, ainsi que d'anciens membres de la rédaction du quotidien Zaman, pro-Gülen jusqu'à sa reprise en main par le pouvoir en mars.

- 'Ne pas répéter l'erreur' -

"Ces détentions sont inacceptables", a estimé l'éditorialiste turc Mustafa Akyol dans le quotidien Hurriyet.

"Ce n'est pas normal d'arrêter des journalistes, ce pays ne devrait pas répéter ce genre d'erreurs", a dit le commentateur Bulent Mumay, un des quatre remis en liberté, cité par l'agence de presse privée Dogan.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a estimé nécessaire de faire le tri entre les putschistes et ceux "qui font du vrai journalisme".

Alors que plus de 2.700 juges ont été suspendus, il est "inconcevable" d'envisager des procès équitables pour les milliers de suspects, a déclaré à l'AFP le juge français Marcel Lemonde, expert pour un programme du Conseil de l'Europe pour la modernisation de la justice turque entre 2012 et 2014.

Il a dénoncé "une indépendance de la justice systématiquement battue en brèche" par le pouvoir et "un climat de terreur" qui se répand dans le système judiciaire turc depuis 2013, après une période (2002-2012) où d'importants progrès avaient été enregistrés.

Un total de 758 militaires ont par ailleurs été libérés vendredi soir dont 62 étudiants de l'Académie d'Istanbul dont certains âgés de moins de 20 ans.

Alors que des responsables européens ont critiqué l'ampleur des purges, le président Erdogan a conseillé aux Occidentaux de "se mêler de leurs affaires", dans un discours prononcé depuis son palais présidentiel vendredi soir.

"Ces pays dont les leaders ne sont pas inquiets pour la démocratie turque, ni pour la vie de nos citoyens (...) alors qu'ils sont tellement préoccupés par le sort des putschistes, ne peuvent pas être nos amis", a-t-il lancé.

Signe de la tension avec l'UE, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a estimé que l'accord UE/Turquie pour freiner l'afflux de réfugiés en Europe occidentale risquait de capoter.
(AFP, 30 juillet 2016)

CHP Leader's meeting: a submission to Tayyip Erdogan

Hundreds of thousands of flag-waving Turks massed on Sunday for the first cross-party rally to condemn the coup attempt against President Recep Tayyip Erdogan.

The event was called by the Republican People's Party (CHP), many of whose members carried Turkish flags and photos of party's founder Mustafa Kemal Ataturk.

To signal patriotic unity and make the rally a cross-party event, it was joined by Erdogan's Islamic-conservative AKP, whose followers have rallied in support of the president every night since the failed putsch.

Despite the fact that Erdogan is the principal responsible of the current chaos in the country, Kiliçdaroglu avoided to raise any criticism against him and made a declaration condemning military coups and praising democracy in general.

He also read aloud a 10-point manifesto of democracy in which there is not any thing against the ongoing bloody repression in Kurdish provinces and the denial of the 1915 Genocide.

He did not make an proposal for the peaceful solution of Kurdish Question.

Kiliçdaroglu's 10-point manifesto:

1: The 15 July coup attempt was against our parliamentary democracy.
2: All political parties opposed the coup and presented a common front.
3: We are against all kinds of coups and moves against our parliamentary democracy.
4: The right of the people to resist is a legitimate means of protecting democracy.
5: Secular, social democratic society is cornerstone of our democracy.
6: Our division of powers between legislature, judiciary and executive is vital.
7: All previous cases like Ergenekon and Balyoz should be looked into.
8: The state structure needs to be cleared of nepotism and based on meritocracy.
9: Faith, identity and lifestyle people should be free in this country… This country deserves the best form of democracy.
10: The state cannot be run based on hate and vengeance. The rule of law needs to prevail. Torture, pressure in response to the coup attempt would put state and putschists on same page and shouldn’t be allowed.

Islamist dictator Erdogan seems so satisfied of CHP Leader's submission, he invited him to his presidential palace together with ultra-nationalist MHP's leader.

Kurdish HDP leader Selahattin Demirtas was not invited to the presidential palace. (Info-Türk, July 25, 2016)

Le gouvernement va élaborer une nouvelle Constitution avec l'opposition

Le gouvernement turc est prêt à travailler avec les principaux partis d'opposition pour élaborer une nouvelle Constitution, a déclaré lundi le Premier ministre Binali Yildirim, après des mois de blocage sur cette question.

"Tous les principaux partis sont prêts à commencer à travailler à une nouvelle Constitution", a déclaré M. Yildirim à la presse à Ankara, précisant que la question avait été réglée lors d'une réunion entre le président Recep Tayyip Erdogan et deux responsables de l'opposition plus tôt dans la journée, consacrée aux conséquences de la tentative de putsch militaire du 15 juillet.

Il y aura d'abord "un petit changement" constitutionnel. "Le travail est en cours à ce sujet", a-t-il dit.

Le travail commencera alors pour élaborer une toute nouvelle Constitution, a-t-il expliqué, un des sujets les plus controversés de la politique turque ces derniers mois.

La Constitution actuelle a été élaborée après le coup d'Etat de 1980, et le gouvernement appelle depuis longtemps à son changement.

Le parti AKP au pouvoir du président Erdogan voudrait introduire un régime présidentiel, mais le Premier ministre n'en a pas fait mention lundi soir.

Le président Erdogan, dont le parti AKP est majoritaire au parlement, avait rencontré dans la journée lundi les dirigeants de deux partis d'opposition, Kemal Kilicdaroglu pour le Parti républicain du peuple (CHP) et Devlet Bahceli pour Parti du mouvement nationaliste (MHP), dans le but d'harmoniser leurs positions après le coup.

Le leader du Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde) Selahattin Demirtas n'avait pas été invité mais M. Yildirim a dit que le HDP pourrait aussi prendre part aux discussions sur l Constitution.

Il a aussi confirmé que la gendarmerie, chargé de la sécurité intérieure, et les gardes-côtes seraient désormais placés sour l'autorité du ministère de l'Intérieur, au lieu de l'armée.

M. Yildirim a par ailleurs annoncé que le premier pont construit au-dessus du Bosphore à Istanbul allait être rebaptisé en hommage aux victimes de la tentative de putsch du 15 juillet.

Ce pont, ouvert en 1973 et connu simplement sous le nom de Pont du Bosphore, sera nommé Pont des Martyrs du 15 juillet, a précisé M. Yildirim à la presse après une réunion du conseil des ministres en soirée.

Le Premier ministre a expliqué ce choix par le fait que ce pont avait été "la première cible des comploteurs" le soir du 15 juillet, ce qui avait causé la mort de plusieurs civils.

Ce pont - endroit stratégique reliant l'Europe à l'Asie - avait été bloqué par des soldats rebelles dans la soirée du 15 juillet, un des premiers signes visibles pour la population d'Istanbul qu'un coup d'Etat était en cours. Cette tentative de putsch a dfait 270 morts.

Avec le soutien d'hélicoptères, ces troupes avaient tiré sur la foule de partisans du président Recep Tayyp Erdogan venus s'opposer à eux. Les rebelles s'étaient finalement rendus sur le pont après avoir été surpassés en nombre par les opposants au coup d'Etat.
(AFP, 26 juillet 2016)

Le maître espion d'Erdogan dans la tourmente après le putsch

Le patron des puissants services de renseignement turcs, Hakan Fidan, a été vivement critiqué par le président Recep Tayyip Erdogan après le coup d'Etat manqué la semaine dernière, mais il reste en selle. Pour l'instant.

"On ne change pas de cheval au milieu du gué", a déclaré M. Erdogan, interrogé sur un éventuel limogeage de son maître espion, lors d'un entretien à la chaîne France 24 diffusé samedi, sans écarter toutefois une future décision en ce sens.

"Si nous devons prendre de telles décisions, je vais évaluer ces éventuelles conséquences avec mon Premier ministre", a déclaré M. Erdogan.

L'avenir de M. Fidan, considéré comme l'un des hommes les plus puissants de Turquie, fait l'objet d'intenses spéculations depuis que le président et le Premier ministre turcs ont souligné que la tentative de coup d'Etat, dans la nuit du 15 au 16 juillet, avait mis au jour des failles du renseignement.

M. Erdogan a publiquement déploré avoir appris qu'un putsch se tramait par son "beau-frère" et Binali Yildirm a déclaré en avoir été informé, "15 minutes" après son déclenchement, par "nos gardes du corps et nos concitoyens, par nos compagnes et nos amis".

M. Erdogan a reçu vendredi soir pendant deux heures M. Fidan, nombre d'observateurs s'attendant à ce que le chef du MIT présente sa démission. Mais il n'en a "pas été question", assure M. Erdogan.

Selon le quotidien Hürriyet, toutefois, le président turc a vivement tancé M. Fidan, ce dernier répondant qu'il était "prêt à faire ce que vous me commandez de faire".

Elément troublant, plusieurs médias turc ont rapporté que le MIT avait eu vent qu'un coup d'Etat se préparait plusieurs heures avant son déclenchement, sans en informer le président.

- 'Cher Hakan, pourquoi... ?' -

Et, circonstance aggravante pour M. Fidan, M. Erdogan a indiqué qu'après avoir reçu notification du coup, il avait essayé de joindre le chef du renseignement, sans succès.

"Imaginez un peu: cette nouvelle surgit et le président est dans l'impossibilité de joindre le chef de la principale agence de renseignement", a déploré cette semaine le vice-Premier ministre Nurettin Canikli sur la chaîne d'information NTV. "Même si on observe la situation de la manière la plus optimiste, il y a eu une faiblesse dans le renseignement".

Né en 1968 à Ankara, ancien simple sous-officier, Hakan Fidan est depuis son arrivée à la tête du MIT en 2010 au coeur de tous les dossiers sensibles, notamment le conflit kurde et la guerre en Syrie, dont il rend directement compte au président.

Il est depuis longtemps considéré comme l'un des plus loyaux envers ler président Erdogan qui, en 2012, l'avait ainsi décrit: "Il est le gardien de mes secrets, le gardien des secrets de l'Etat".

Le putsch manqué signera-t-il sa disgrâce ? Plusieurs éléments troublants s'ajoutent aux failles apparentes: l'état-major turc a indiqué qu'il avait été informé par le MIT au sujet du putsch à 16H00 locales.

"Cher Hakan Fidan (...) pourquoi n'as-tu pas partagé l'information confidentielle au sujet du coup avec le moindre homme politique lorsque tu l'as reçue ?", interroge le chroniqueur Ahmet Hakan dans les colonnes de Hürriyet.

Selon la chaîne CNN-Türk, après l'alerte donnée par le MIT à l'état-major, M. Fidan a tenu une réunion avec des généraux de haut rang à 17H30 le 15 juillet.

Ils ont ensuite, selon la chaîne, pris des mesures qui ont forcé les putschistes à avancer de plusieurs heures leur plan d'action qui aurait dû débuter à 03H00 le 16 juillet avec la déclaration de la loi martiale trois heures plus tard.
 Au lieu de cela, ils ont lancé le coup dans la soirée du 15.
(AFP, 24 juillet 2016)

Erdogan provoque une polémique avec son idée de naturaliser des réfugiés syriens

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que le gouvernement travaillait sur un projet qui permettrait aux réfugiés syriens d'obtenir la nationalité turque, une démarche susceptible d'attiser les divisions internes en Turquie qui accueille 2,7 millions de Syriens.

Les déclarations de M. Erdogan ont suscité une polémique sur les réseaux sociaux et nombreux étaient ceux qui s'interrogeaient sur l'opportunité et la portée du projet.

"L'octroi de la nationalité ne devrait pas dépendre de la volonté d'une seule personne. Un référendum est indispensable !", a affirmé Mohammad Mohammad sur Twitter. D'autres internautes qui s'inquiétaient des problèmes d'intégration des Syriens y ont vu une "manoeuvre" de M. Erdogan pour enregistrer des centaines de milliers de nouveaux électeurs pour passer au régime présidentiel qu'il veut instaurer en Turquie.


"Je vais vous annoncer une bonne nouvelle. Nous allons aider nos amis syriens en leur offrant l'opportunité s'ils le désirent d'acquérir la nationalité turque", a dit l'homme fort de Turquie lors d'un discours prononcé samedi soir dans la province de Kilis (sud de la Turquie), à la frontière avec la Syrie, à l'occasion d'un dîner de rupture de jeûne du Ramadan, ont rapporté les médias.

Le ministère de l'Intérieur devrait rapidement annoncer la procédure à suivre pour la naturalisation, a-t-il dit. Il n'a pas précisé si tous les réfugiés enregistrés comme vivant en Turquie seraient en mesure de demander la citoyenneté, et n'a pas établi non plus les critères d'admissibilité ou précisé combien de temps le processus prendrait.

"Nous vous considérons comme nos frères et soeurs, vous n'êtes pas éloignés de votre patrie mais seulement de vos foyers et de vos terres car la Turquie est également votre patrie", a poursuivi M. Erdogan devant un groupe de réfugiés syriens.

La Turquie accueille sur son sol quelque 2,7 millions de réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile dans leur pays. La Turquie ne les considère pas juridiquement comme des réfugiés mais comme des "invités". 300.000 Irakiens qui ont fui l'avancée du groupe de l'Etat islamique (EI) en Irak, ont aussi été accueillis en Turquie.

Le gouvernement turc avait déjà accordé des permis de travail et de résidence à un groupe restreint de Syriens.

Le mot dièse #ülkemdeSuriyeliistemiyorum (#JeneveuxpasdeSyriensdansmonpays) est devenu une des tendances sur Twitter en Turquie, beaucoup dénonçant les projets du régime turc alors que d'autres déploraient une réaction exagérée, voire raciste.

"Cette réaction est tout simplement raciste, il faut avant tout une réflexion mesurée", estimait ainsi Omer Sloukas.

M. Erdogan, accusé d'autoritarisme par ses détracteurs, est aux rênes de la Turquie depuis 2002, d'abord comme Premier ministre puis premier président élu au suffrage universel en 2014. Il souhaite renforcer ses prérogatives par un changement de la Constitution, un projet qui suscite la farouche hostilité d'une partie de l'opinion publique et de toute l'opposition au Parlement.
(AFP, 3 juillet 2016)

Erdogan inaugure un pont, l'une de ses oeuvres pharaoniques

Le président islamo-conservateur turc a inauguré jeudi l'un de ses méga-projets, le pont autoroutier du golfe d'Izmit, dans le nord-ouest du pays, le plus gros chantier jamais lancé en Turquie, il y a trois ans.

Baptisé Osman Gazi, du nom du sultan Osman 1er qui a donné son nom à la dynastie ottomane au 14e siècle, ce pont sur la mer de Marmara, l'un des plus grands ponts suspendus au monde (3 km), constitue le tronçon principal du projet autoroutier Gebze-Orhangazi-Izmir, de 433 kilomètres de long.

"Il aurait dû être bâti il y a 50 ans mais nous l'avons (finalement) fait", a dit le président Recep Tayyip Erdogan à la cérémonie d'ouverture.

Cette autoroute doit raccourcir la durée de voyage entre plusieurs villes et districts de la région de l'ouest industrialisé de la Turquie.

Le montant total des investissements pour le projet est de 9 milliards de dollars et s'inscrit dans le cadre des ambitieux objectifs de l'homme fort de Turquie pour l'année 2023, centenaire de la fondation de la République turque.

L'an dernier, un ingénieur japonais qui travaillait sur le chantier s'était suicidé parce qu'il se sentait responsable de la rupture d'un câble, un fait divers qui avait défrayé la chronique en Turquie.

L'opposition et les défenseurs de l'environnement décrient les immenses projets de M. Erdogan qui ont transformé le visage de la Turquie, Istanbul en tête.

C'est le cas du troisième aéroport international, qui sort de terre au nord-ouest de la mégalopole, décimant des forêts, et sera capable d'accueillir 150 millions de passagers par an. Le projet devrait voir le jour en 2017.

Autre projet, autre polémique : le troisième pont sur le Bosphore, joignant les deux rives d'Istanbul, nommé d'après le sultan Selim 1er, exterminateur au XVIe siècle de quelque 40.000 Alévis, une minorité musulmane libérale.

D'autres projets devraient aussi se concrétiser, comme un canal entre la mer Noire et la mer de Marmara qui devrait désengorger l'intense trafic maritime sur le Bosphore. Quant à la gigantesque mosquée de Camlica, qui doit dominer tout Istanbul depuis sa rive asiatique, elle devrait être partiellement inaugurée vendredi soir avec de premières prières.
(AFP, 30 juin 2016)

Forces armées/Armed Forces

Remaniement d'ampleur de l'armée attendu en Turquie

Le Premier ministre turc Binali Yildirim a rencontré jeudi la haute hiérarchie militaire pour remanier une armée laminée par le limogeage de près de la moitié de ses généraux depuis le putsch raté, dans le cadre d'une purge qui frappe de manière tout aussi implacable les médias.

Rien n'a filtré de la rencontre qui a duré cinq heures entre M. Yildirim et ce qu'il reste de la hiérarchie militaire turque après la purge radicale de l'armée. La télévision s'est bornée à montrer des généraux aux visages graves.

Une annonce pourrait intervenir vendredi après cette réunion qui devait décider du remplacement d'une partie du haut commandement. Signe de la défiance du pouvoir, la rencontre ne s'est pas tenue comme d'habitude au quartier général de l'armée mais dans la résidence du Premier ministre à Ankara.

Le ministre de l'Intérieur Efkan Ala a annoncé à l'agence TGRT Haber/Ihlas que la police serait désormais équipée d'armes lourdes, une mesure visiblement destinée à contrebalancer le pouvoir de l'armée.

Le pouvoir islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan a intensifié ces derniers jours "le grand ménage" destiné à mettre hors jeu les partisans du prédicateur exilé Fethullah Gülen qu'il accuse d'avoir ourdi le coup d'Etat, ce que nie ce dernier.

La chancelière Angela Merkel a redit la préoccupation de l'Allemagne face à la riposte turque au putsch. "Mon inquiétude porte sur le fait que les actions sont très dures et que le principe de proportionnalité ne prévaut pas toujours", a-t-elle dit devant la presse.

Son ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a jugé que les purges menées "dépassaient toute mesure" et que face à elles, "on ne pouvait se taire", dans un entretien à un journal allemand.

Au total 149 généraux et amiraux ont été exclus de l'armée mercredi pour leur "complicité dans la tentative de coup d'Etat", selon un décret officiel.

Parmi eux, 87 hauts gradés de l'armée de terre, 30 de l'armée de l'air et 32 de la marine. En outre 1.099 officiers ont été exclus pour cause d'indignité.

Jeudi, juste avant la réunion du YAS, deux des plus importants généraux ont démissionné: le chef de l'armée de terre, le général Ihsan Uyar, et le chef des "entraînements et de la doctrine de commandement", le général Kamil Basoglu, a rapporté l'agence de presse privée Dogan.

Une fraction de l'armée - environ 1,5% selon des chiffres officiels - s'est soulevée contre le pouvoir dans la nuit du 15 au 16 juillet, s'emparant d'avions de chasse et d'hélicoptères et semant la panique dans les rues d'Ankara et d'Istanbul. Le putsch raté a fait 270 morts.

- Purge implacable des médias -

Outre l'armée, les médias sont en première ligne des purges avec l'annonce officielle mercredi de la fermeture de plus de 130 d'entre eux: 45 journaux, 16 chaînes de télévision, trois agences de presse, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d'édition.

Certains étaient déjà injoignables jeudi et avaient cessé de diffuser. L'ex-journaliste de Today's Zaman, Abdullah Bozkurt, qui a fondé une agence de presse après la reprise en main du quotidien par le pouvoir, a dénoncé sur son compte Twitter "la fermeture illégale" de son média.

Ces mesures viennent s'ajouter aux 89 mandats d'arrêts émis contre des journalistes entre lundi et mercredi. Le pouvoir les accuse d'être liés au réseau du prédicateur Gülen.

L'intensification de la purge dans les médias est un "grave coup porté au débat public", ont estimé les représentants pour la liberté de la presse de l'ONU et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), David Kaye et Dunja Mijatovic, dans un communiqué commun.

Le chef de la diplomatie Mevlut Cavusolgu a déclaré que l'Allemagne "devrait extrader" les juges et procureurs de "l'Etat parallèle" (les gulénistes) se trouvant sur son sol.

Amnesty International a dénoncé des mesures qui "accroissent l'atmosphère de peur" en Turquie et "laissent peu de doute sur le fait que les autorités ont l'intention de faire taire les critiques au mépris des lois internationales".

Sur sa page Facebook le photojournaliste Selahattin Sevi, visé par un de ces mandats d'arrêt, a réagi: "J'ai toujours été contre toute organisation ou pouvoir qui tenterait de renverser les gouvernements élus démocratiquement en Turquie et je maintiens cette position".

Actuellement à l'étranger pour la préparation d'un livre, il a rappelé être descendu dans la rue contre le coup.
(AFP, 28 juillet 2016)

149 généraux et amiraux limogés après le putsch raté

Cent quarante-neuf généraux et amiraux ont été limogés de l'armée turque pour leur implication dans le coup d'Etat raté du 15 juillet, a annoncé mercredi soir un responsable turc.

"Ils ont été limogés pour leur complicité dans la tentative de coup d'Etat", a déclaré ce responsable, précisant qu'il s'agissait de 87 hauts gradés de l'armée de terre, 30 de l'armée de l'air et 32 de la marine.

Ces limogeages en nombre sont intervenus à la veille d'un Conseil militaire suprême qui doit se tenir jeudi à Ankara en présence du Premier ministre turc Binali Yildirim et des plus hauts responsables de la hiérarchie militaire, afin de procéder à un ample remaniement de l'armée.

Depuis le coup d'Etat raté du 15 juillet, 178 généraux avaient été placés en garde à vue, soit la moitié des généraux et amiraux de l'armée, selon des chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur.

Si d'après des chiffres officiels, une petite partie de l'armée turque --la deuxième plus importante en nombre de soldats après celle des Etats-Unis-- a été impliquée dans le coup, le ministre de l'Energie et gendre du président Recep Tayyip Erdogan a précisé que les partisans de Fethullah Gülen, le prédicateur en exil qu'Ankara accuse d'avoir fomenté le coup, avaient infiltré la haute hiérarchie militaire.
(AFP, 27 juillet 2016)

Humiliée et affaiblie, l'armée turque reste confrontée à l'EI et au PKK

Le putsch raté du 15 juillet laisse l'armée turque humiliée et saignée à blanc au moment où elle est confrontée à la guérilla kurde et à la lutte contre l'organisation Etat islamique (EI).

Son avenir se dessinera en partie jeudi lors d'un conseil militaire suprême à Ankara.

L'armée se relèvera-t-elle?

Avec 750.000 hommes, majoritairement des conscrits, elle est la deuxième force de l'OTAN. Jusqu'en 2010, la Constitution en faisait "la gardienne de la république turque" et de sa laïcité. Un prestige révolu. Près d'un tiers de ses généraux (123) sont en détention, une purge sans précédent, même si le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan avait entamé le ménage dans cette institution héritière du kemalisme.

Pour Sinan Ülgen, président du Centre pour les études économiques et de politique étrangère d'Istanbul (Edam), "le coup d'Etat manqué aura des répercussions sur la capacité de la Turquie à contribuer à la sécurité régionale": "le moral et la cohésion" de l'armée "seront inévitablement affectés". Une "confiance affaiblie" entre eux rendra "particulièrement problématique la coopération entre l'armée, la police et le renseignement", a écrit Sinan Ülgen dans une analyse après le putsch.

Certes, "la capacité d'Erdogan à motiver les militaires va être faible" et l'épisode "va confirmer l'effacement de l'armée" du champ politique, selon François Heisbourg, de l'International Institute for Strategic Studies (IISS). Mais la purge va ouvrir "le champ à des promotions inespérées, ce qui est très motivant". Ces nouveaux cadres devront prendre leurs marques: "une question de mois plus que d'années", a dit le chercheur à l'AFP.

Quelles conséquences face à l'EI?

Les Américains ont dû recourir à leurs générateurs sur la base d'Incirlik d'où décollent depuis 2015 leurs bombardiers pour pilonner les jihadistes en Syrie: les Turcs avaient coupé l'électricité. Incirlik a été un coeur battant de l'insurrection. Son commandant, le général Bekir Ercan, a été arrêté.

Pour Stephen Biddle, du Council on Foreign Relations basé à Washington (CFR), Incirlik n'est toutefois "pas déterminante pour la campagne contre l'Etat islamique". Elle rend "les frappes moins chères et plus efficaces", mais d'autres bases pourraient faire l'affaire, ailleurs qu'en Turquie.

Plus préoccupante est la détermination de la Turquie à contrôler ses frontières. Celle-ci décidera de "la capacité de l'Etat islamique à se financer par l'exportation et la contrebande, et à recevoir des combattants étrangers", dit Stephen Biddle. Jusqu'à ce que la Turquie ne devienne une cible de l'EI, ce contrôle a laissé à désirer. Si la vigilance baissait, "cela aurait probablement plus de conséquences négatives que la perte de bases", prévient Stephen Biddle.

Un coup dur face au PKK?

Les hostilités ont repris il y a un an dans le Sud-Est contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), coûtant la vie à près de 500 membres des forces de sécurité. Il faudra remplacer le général Adem Huduti, commandant de la 2e armée chargée de cette guerre: il dort derrière les barreaux.

Mais "la plupart des combats étaient menés par la gendarmerie", relativise Bulent Aliriza du Center for Strategic & International Studies (CSIS). Les gendarmes vont passer de la tutelle de la Défense à celle de l'Intérieur. "Il est trop tôt pour dire" les conséquences de cette réorganisation, poursuit Bulent Aliriza. Et elles seront difficiles à déceler de l'extérieur, dans une institution très opaque.

La Turquie reste-t-elle un allié fiable?

La réponse d'Ankara au putsch a suscité "des interrogations sur la fiabilité de la Turquie comme allié", juge Marc Pierini, ex-ambassadeur de l'UE à Ankara et analyste de Carnegie Europe. De nombreux interlocuteurs habituels des Américains et des forces de l'OTAN sont aujourd'hui détenus.

Après cette nuit de chaos et dans un contexte acrimonieux avec Ankara, les responsables américains "ne peuvent pas ne pas se poser" la question des têtes nucléaires entreposées à Incirlik, selon François Heisbourg. Mais les déplacer déteriorerait encore la relation avec les Turcs.

Ces doutes envers un pays membre de l'OTAN depuis 1952 ne sont pas nouveaux. Mais ils se renforcent dans un contexte de tensions entre Occidentaux et Russie. Or, après des mois glaciaux, les relations entre Ankara et Moscou se réchauffent: Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer début août son homologue Vladimir Poutine en Russie.

Pour Bruno Tertrais de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), basée à Paris, une rupture avec l'OTAN "ne serait pas à l'avantage d'Ankara, mais Erdogan est capable de décisions peu rationnelles."
(AFP, 26 juillet 2016)

La Turquie poursuit ses putschistes à l'étranger, deux généraux arrêtés

Des hauts gradés turcs servant pour l'Otan en Afghanistan ont été arrêtés mardi à Dubaï, le "grand ménage" déclenché en Turquie dans les heures ayant suivi le coup d'Etat du 15 juillet s'étendant pour la première fois à l'étranger.

Les généraux devaient être transférés en Turquie pour être interrogés.

L'offensive contre les journalistes s'est également poursuivie avec le placement en garde à vue d'une figure de premier plan des médias, Nazli Ilicak, arrêtée en matinée lors d'un contrôle routier dans l'ouest du pays. Elle fait partie des 42 journalistes visés par des mandats d'arrêts délivrés lundi par les procureurs turcs.

La chasse aux sorcières lancée par le président turc Recep Tayyip Erdogan contre le "virus" de la rébellion qu'il a imputée au prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen provoque de vives inquiétudes à l'étranger et en Turquie.

Plus de 13.000 Turcs ont été mis en garde à vue après le putsch manqué qui a pris le régime totalement par surprise et fait 270 morts et plus de 9.000 sont en détention préventive.

Parmi eux, 143 généraux soupçonnés d'avoir été impliqués dans le putsch raté, selon de nouveaux chiffres donnés mardi par la presse progouvernementale turque.

Le général Mehmet Cahit Bakir, commandant des forces turques en Afghanistan -- quelque 500 hommes -- et le général de brigade Sener Topuc ont été arrêtés à l'aéroport de Dubaï, a annoncé un responsable à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

Ces arrestations sont le fruit d'une coopération entre les services de renseignement turcs et les Emirats arabes unis, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Ces deux généraux occupaient des postes élevés dans la mission "Soutien résolu" visant à entraîner et conseiller les forces de sécurité afghanes, selon le site de l'Otan.

"Le contingent turc continue sa mission", s'est borné à déclarer un porte-parole de l'Otan en Afghanistan en refusant de donner tout autre détail.

Un remaniement important de l'armée rendu nécessaire par l'ampleur des purges --plus de 3.000 militaires en détention-- est attendu jeudi lors d'un conseil militaire suprême à Ankara.
(AFP, 26 juillet 2016)

La garde présidentielle turque va être dissoute

Les autorités turques vont dissoudre la garde présidentielle après avoir arrêté presque 300 de ses membres à la suite du putsch avorté, a annoncé samedi le Premier ministre Binali Yildirim.

"Il n'y aura plus de garde présidentielle, elle n'a pas de raison d'être, on n'en a pas besoin", a déclaré M. Yildirim à la chaîne A Haber. Au moins 283 membres de la garde présidentielle - un régiment comptant 2.500 hommes - ont été arrêtés après le putsch manqué.

Des membres de cette unité faisaient partie d'un groupe qui a pénétré dans les bâtiments de la télévision publique TRT durant la tentative de coup d'Etat de la semaine dernière, a déclaré M. Yildirim. Ce groupe a forcé une présentatrice à lire une déclaration proclamant la loi martiale et l'instauration d'un couvre-feu.

Le Premier ministre a ajouté que 13.002 personnes avaient été placées garde à vue après le coup d'Etat manqué, parmi lesquelles 1.329 policiers, 8.831 militaires, 2.100 juges et procureurs, et 689 "civils".

Il a ajouté que 5.837 personnes avaient été placées en détention, notamment 3.718 soldats et 123 généraux.
(AFP, 23 juillet 2016)

L'épuration se poursuit dans les services de sécurité

Le pouvoir turc poursuit l'épuration dans ses forces de sécurité, une semaine après l'échec du coup d'Etat militaire dont le déclenchement a pris en défaut son service de renseignement.

A Washington, le président Barack Obama a réfuté "une quelconque implication des Etats-Unis" dans ce putsch qui a fait 265 morts dont 24 mutins.

Juste après le coup d'Etat, un ministre avait mis en cause les Etats-Unis. Le président Recep Tayyip Erdogan a lui-même dit cette semaine que "d'autres pays pourraient être impliqués" dans la tentative de le renverser, sans les nommer.

Sourd aux critiques occidentales persistantes, Ankara, qui a instauré l'état d'urgence, n'a pas observé de pause dans les purges massives: 283 militaires du régiment de la garde présidentielle ont été mis aux arrêts, ont annoncé les autorités vendredi. Et 10.856 passeports de service de personnes susceptibles de fuir ou déjà arrêtées, notamment des fonctionnaires, ont été annulés.

M. Erdogan s'est entretenu avec le patron du service de renseignement, le MIT, Hakan Fidan, tout-puissant il y a une semaine encore, mais qui apparaît désormais fragilisé. Rien n'a filtré de cet entretien.

Autre mesure forte, le passage sous tutelle du ministère de l'Intérieur de la gendarmerie, qui dépendait jusqu'à présent de la Défense. Cette décision est considérée comme un coup porté au prestige de l'armée.

"La gendarmerie dépendra entièrement et définitivement du ministère de l'Intérieur", a déclaré le ministre de l'Intérieur Efkan Ala.

Après six jours de soutien populaire massif dans les rues, le Premier ministre Binali Yildirim a appelé les partisans de M. Erdogan à se garder de tout esprit de "vengeance" à l'encontre des auteurs de la tentative de putsch.

Vendredi soir, le président a appelé, devant les députés, ses partisans à continuer à descendre dans les rues: "Chaque soir, le peuple est dehors. Jusqu'à nouvel ordre, ne laissez pas vides les places" des villes. Un rassemblement qui s'annonce massif est prévu dimanche place Taksim.

- Un jour des martyrs -

La municipalité d'Istanbul a décidé de rebaptiser l'artère devant la mairie "avenue des martyrs du 15-Juillet", date à laquelle il sera chaque année rendu hommage aux victimes du putsch.

S'il a de nouveau fustigé les mutins, ces "monstres", Binali Yildirim a également pointé le doigt vers les services de sécurité, notamment le MIT. Il a expliqué avoir appris qu'un putsch était en cours 15 minutes après son déclenchement, par "nos gardes du corps et nos concitoyens, par nos compagnes et nos amis".

M. Erdogan avait déjà expliqué avoir appris par son beau-frère la tentative de le renverser, n'échappant que de justesse à un commando venu l'arrêter ou le tuer dans la station balnéaire de Marmaris (ouest) où il était en vacances en famille.

Avant les mandats d'arrêt contre les soldats du régiment de la garde présidentielle, il avait annoncé que 10.410 militaires, juges, fonctionnaires avaient été placés en garde à vue, ainsi que la mise en détention de 4.060 personnes.

Sont notamment concernés plus de 100 généraux et amiraux, une partie importante de la hiérarchie d'une armée confrontée à la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est d'une part et à l'organisation Etat islamique (EI) de l'autre.

- L'inquiétude des prokurdes -

Il leur est reproché d'avoir fomenté ce putsch pour le compte du prédicateur exilé aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, dont l'extradition devrait être bientôt demandée officiellement par Ankara. Dans un contexte de tensions entre Washington et Ankara, M. Obama a prévenu que cette éventuelle remise serait traitée conformément à la loi américaine.

L'état d'urgence proclamé pour trois mois offre de nouvelles armes pour la riposte. Le gouvernement a exclu le couvre-feu. Mais un suspect devrait pouvoir rester en garde à vue jusqu'à "sept-huit jours", voire plus, a prévenu le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

Selon les médias turcs, des tribunaux spéciaux pourraient être créés pour juger les putschistes présumés dont les biens feront l'objet de saisies jusqu'à la fin de l'enquête.

Des licenciements sans indemnités menaceraient les fonctionnaires ayant un "lien direct avec FETÖ", acronyme utilisé par le pouvoir pour désigner l'organisation de M. Gülen, qui nie toute implication.

Dans un entretien avec l'AFP, le chef du principal parti prokurde, Selahattin Demirtas, a fait part de son inquiétude face à une possible utilisation "abusive" de l'état d'urgence.
(AFP, 23 juillet 2016)

Legal shield for Turkish soldiers in repressive operations becomes law

A proposal to provide legal protection to soldiers taking part in anti-terror operations and enable the participation of Turkish Armed Forces (TSK) in operations in urban areas was made into law after being published in the Official Gazette on July 14.

The law, which increases the authority of all soldiers participating in security operations against groups listed as terrorist organizations, also provides a legal shield to security officials by requiring permission to launch probes in case of wrongdoings.

According to the bill amending the TSK Personnel Law, which was approved by President Recep Tayyip Erdoğan later on July 13, trying commanders or the chief of general staff will require permission from the prime minister.

The permission mechanism will depend on the rank of the personnel, it said, adding the permission of the local district governor would suffice for probes into public personnel or on-duty soldiers.

As part of the bill, temporary village guards and voluntary guards will also be granted a legal shield.

The law also controversially enables the participation of the TSK in operations in central provinces, in cases where the capabilities of the police forces are deemed insufficient, upon a proposal from the Interior Ministry and an approving decision from the cabinet.

Soldiers will be permitted to enter residences in order to provide safety of life and property or apprehend certain people with the written order of a commander. The decision of a unit’s commander will be presented for a judge’s approval within 24 hours.

Apprehension, detention or arrest will not be able to be carried out for military personnel due to an accusation until permission for an investigation is granted. Alleged crimes committed during operations will be regarded as military offences and a civil trial will not take place.

A similar judicial shield was also previously granted to National Intelligence Organization (MİT) personnel, with the Prime Ministry granted authority to halt all investigations into MİT officials.

MİT chief Hakan Fidan was among the names from the MİT who was shielded from investigation by the Prime Ministry.

The draft version of the law was presented to the Turkish parliament on June 7 and met with full support from the Nationalist Movement Party (MHP), saying it “always stands by” security forces against terror.

“Most particularly, I would like everyone to rest assured and be at ease that we will do our best to strengthen the Turkish soldier’s hand in fighting terrorism and further enlarge the legal assurance that they need,” MHP chair Devlet Bahçeli said on June 8.

Parliamentary debates over the controversial bill were inflammatory, as scuffles broke out between lawmakers from the ruling Justice and Development Party (AKP) and the Peoples’ Democratic Party (HDP), which is focused on the Kurdish issue. The bill was approved by parliament late on June 23, despite fights between deputies.
(hurriyetdailynews.com, July 14, 2016)

Arrest of admirals, majors in Turkish military espionage case

Prosecutors in the Aegean province of İzmir have released an arrest warrant for two admirals and four navy majors for producing fake evidence and blackmailing in a now-closed military spying case.

One major was arrested July 9 as part of the operation in ten province across Turkey as other soldiers had health reports that postponed the process.

A court in İzmir had acquitted in February 357 suspects, including active duty soldiers, in the trial of a military espionage case where the defendants were accused of “keeping confidential military information and documents.”
The suspects in the recent operation are accused of blacklisting the suspects in the former case and leakage. The prosecutors claim the evidence in the former case was not provided by prostitutes but produced by other soldiers and police officials.

After the acquittal of the former suspects, an inspection was launched on a number of police officials, including former İzmir Police Chief Ail Bilkay, for organizing a plot against soldiers and having links to the U.S.-based Islamic scholar Fethullah Gülen, who is accused by the government and President Recep Tayyip Erdoğan of attempting to topple the government.
(hurriyetdailynews.com, July 9, 2016)

Un hélicoptère militaire s'écrase, 7 morts, 8 blessés

Un hélicoptère militaire turc avec à son bord 15 personnes s'est écrasé mardi en raison apparemment du brouillard dans la province de Giresun (nord-est de la Turquie), faisant sept morts et huit blessés, a annoncé l'armée.

"Sept de nos compagnons d'armes, leurs épouses et des enfants ont perdu la vie", précise un communiqué de l'état-major des armées.

Le précédent bilan avait été fourni par le Premier ministre turc Binali Yildirim. "Il y a des morts et des blessés (...) Cinq morts et peut-être plus", a-t-il dit peu après l'accident aux journalistes à Izmir (ouest).

Un général de brigade, responsable de la gendarmerie locale, et plusieurs officiers se trouvaient dans l'appareil qui s'est écrasé vers 14H30 GMT dans le district d'Alucra, une région montagneuse de cette province située sur la mer Noire où les conditions météorologiques étaient peu favorables au vol, avait indiqué la chaîne d'information CNN-Türk.

En outre des militaires, des civils et trois enfants, les familles de militaires, se trouvaient dans le Sikorsky S-70.
(AFP, 7 juillet 2016)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Pas d'obsèques religieuses pour les putschistes tués

Les putschistes tués durant la tentative de coup d'Etat en Turquie seront privés d'obsèques religieuses, a annoncé mardi l'Agence des Affaires religieuses (Diyanet), la plus haute autorité islamique turque.

"Le service religieux ne sera pas assuré" pour les personnes mortes dans les rangs des rebelles, a annoncé le Diyanet dans un communiqué.

"Ces personnes, par leurs actions, n'ont pas seulement piétiné les droits d'individus, mais de tout un peuple, et n'ont ainsi pas mérité les (...) prières", a-t-il ajouté.

L'armée a donné samedi un chiffre de 104 mutins tués lors de la tentative de coup d'état, qui n'a pas été réactualisé depuis.

Le gouvernement a lui par deux fois révisé à la hausse le bilan des civils et membres des forces de sécurité tués dans les rangs loyalistes, établi provisoirement à 204 personnes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait participé dimanche à plusieurs cérémonies mortuaires de ces victimes, officiellement qualifiées de "martyrs".
(AFP, 19 juillet 2016)

Les Turcs de Belgique et l'Islam selon CRISP

Extrait de
@nalyse du CRISP:

La Turquie est une mosaïque culturelle et ethnique hétérogène en raison de son histoire . Différentes communautés peuvent être identifiées : d’une part, ce que l’on appelle les Turcs ethniques et, d’autre part, des communautés qui se mélangent relativement peu à ces derniers : les Kurdes, qui ne sont d’ailleurs pas tous originaires du territoire turc, et des communautés qui ne sont pas de confession musulmane, tels les chrétiens arméniens ou assyriens. Ce que les spécialistes appellent les Turcs de Belgique n’inclut que les Turcs ethniques résidant en Belgique.

Cette communauté est particulière de par son modèle migratoire, appelé immigration en chaîne, et qui a débouché sur une très faible diversité régionale des Turcs de Belgique 12 . Ceux-ci ont, pour la plupart, des racines dans la ville turque d’Emirdag et ses environs. Cette communauté a maintenu des liens avec le pays d’origine, une tradition de mariage endogame y prévaut et le nationalisme turc y est répandu. Les liens avec la Turquie sont cultivés par une administration turque efficace. Ceux-ci sont parfois mobilisés par le pouvoir en place en Turquie, comme le fit le président Recep Tayyip Erdogan dans le cadre de sa campagne électorale de 2015 et 2016 en organisant des meetings en Belgique. Ces différents éléments contribuent au maintien d’une véritable communauté active et géographiquement identifiable.

Sur le plan religieux, cette communauté est principalement sunnite de rite hanafite. Elle compte également une minorité alévie, un groupe religieux chiite distinct du chiisme duodécimain iranien et que les autorités turques tentent de rallier au sunnisme. En Belgique, le culte sunnite turc se divise en plusieurs groupes d’influence.

D’une part, on trouve la Diyanet, entité constituant le principal organisateur de mosquées turques en Belgique, liée à l’islam officiel de Turquie. La Diyanet compte ainsi près de 70 mosquées en Belgique et permet à celles-ci d’avoir accès à des imams financés par l’État turc. Sous la présidence de R. T. Erdogan, ce réseau a été accusé d’avoir une position militante en faveur de l’AKP, parti de ce dernier.

D’autre part, on trouve différentes entités associatives. Parmi celles-ci, les plus importantes en Belgique sont Milli Görüs, la confrérie Suleymanci et le mouvement fethullaci. Milli Görüs, entité née en Turquie en opposition nationale-islamique à l’État turc laïque, s’est transformée en Europe en une entité politico-religieuse mettant l’accent sur une identité duale de musulmans belges mais d’origine turque. Son rôle politique a diminué avec les succès électoraux de l’AKP du président Erdogan. La confrérie Suleymanci prône une pratique islamique plus mystique et spirituelle d’inspiration soufie, mais aussi individuelle et apolitique.

Le mouvement  élitiste fethullaci, plus controversé au sein de la communauté turque de Belgique, est quant à lui lié à la personne de Fethullah Gülen, un leader qui a été considéré comme un allié puis comme un ennemi par le président turc Erdogan et son parti, l’AKP. Tous ces mouvements sont en concurrence au sein de cette communauté, mais ils ont en commun d’être fortement tournés vers la Turquie.


Outre ces différences religieuses, « la » communauté des Turcs de Belgique – dont on vient de voir la diversité – est également affectée par l’existence d’une tension interne due à la question kurde et à l’attitude de l’État turc à l’égard de celle-ci. La Belgique a ainsi été le théâtre de dissensions parfois très vives entre membres de groupes pro-kurdes et nationalistes turcs du mouvement des Loups gris. La question de l’autonomie éventuelle des Kurdes est actuellement ravivée par les affrontements au Moyen-Orient et dans l’est de la Turquie.    

(Photo: Ouverture par le bourgmestre de Saint-Josse Emir Kir de la première mosquée comprenant un minaret et appartenant à la confrérie Suleymanci. La mosquée a été dessinée par l’architecte belgo-turc Sefik Birkiye qui a également conçu le nouveau palais du président Recep Tayyip Erdogan)

Le parti ISLAM veut créer des sections dans les 19 communes bruxelloises

Le parti compte des sections à Bruxelles-Ville, Anderlecht, Molenbeek et Liège et s'apprête à créer une section à Jette avec l'aide d'un transfuge du PS, Brahim Datoussaid, en vue des élections communales de 2018.

ISLAM (acronyme d'Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité) entend également se professionnaliser, a confié son vice-président, Michel Dardenne. Il organisera en décembre un congrès national à Ostende.

ISLAM dit vouloir rassembler les Belges, représenter la diversité, favoriser l'acceptation de la femme "quel que soit son couvre-chef". Il milite en faveur de l'autorisation de l'abattage rituel.

En 2012, ISLAM avait décroché deux sièges de conseiller communal, l'un à Anderlecht et l'autre à Molenbeek. Il s'était également présenté aux régionales de 2014 à Bruxelles sans avoir d'élu. (LeVif, 15 juillet 2016)

Les ressortissants des pays turcophones dans les rangs jihadistes

Les autorités turques ont affirmé que les auteurs du triple attentat-suicide ayant fait 44 morts et plus de 260 blessés à l'aéroport d'Istanbul étaient un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz.

Des milliers de ressortissants de l'ex-URSS ont rejoint les groupes jihadistes en Irak et en Syrie, notamment au sein de l'organisation Etat islamique, leur fournissant parmi les plus importants contingents de combattants étrangers.

Près de 7.000 ressortissants des pays issus de l'éclatement de l'Union soviétique ont rejoint des groupes jihadistes en Syrie et en Irak, selon les services russes de sécurité. Parmi eux, environ 2.900 Russes, dans leur plus grande majorité originaires des instables républiques russes du Caucase telles que la Tchétchénie ou le Daguestan.

Avec le Caucase, qui fournit traditionnellement des bataillons de combattants islamistes depuis le début des années 90 (en Bosnie puis en Afghanistan et au Pakistan avant l'Irak et la Syrie), les pays pauvres d'Asie centrale fournissent l'un des plus importants contingents de jihadistes étrangers: entre 2.000 et 4.000 personnes originaires de la région auraient rejoint les rangs de l'organisation État islamique (EI), selon le cercle de réflexion International Crisis Group.

Selon les experts du Conseil russe des Affaires étrangères, les rangs des organisations jihadistes en Syrie et en Irak comptaient déjà dans leur rangs fin 2014 plus de 500 Ouzbeks, 360 Turkmènes, 250 Kazakhs, 190 Tadjiks et une centaine de Kirghiz.

- Qui sont-ils ? -

L'organisation Etat islamique et le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, comptent dans leur rangs, parfois à des positions importantes, de nombreux Tchétchènes.

Après la deuxième guerre de Tchétchénie au début des années 2000, la rébellion tchétchène s'était progressivement islamisée et a fait tâche d'huile dans tout le Caucase russe. Mais après avoir échoué à créer un émirat dans la région, de nombreux combattants ont commencé à partir en masse vers la Syrie à l'été 2012, tandis que les groupes restants prêtaient allégeance à l'EI.

Le plus connu d'entre eux est surnommé Omar al-Chichani, plusieurs fois donné pour mort par les Américains. Originaire des Gorges de Pankissi en Géorgie, il est considéré comme l'un des plus redoutables commandants de l'EI.

Des médias turcs ont identifié un Tchétchène du nom d'Akhmed Tchataïev comme le cerveau de l'attentat de l'aéroport turc. Il serait le chef de l'EI à Istanbul et aurait également organisé les attaques près de Taksim (en mars) et Sultanahmet (janvier).

Au Tadjikistan, la défection en mai 2015 d'un ancien chef des forces spéciales parti rejoindre l'EI en Syrie avait fait grand bruit après la diffusion d'une vidéo dans laquelle il menaçait les autorités et appelait ses compatriotes à prendre les armes.

Consciente de son attrait dans l'ex-espace soviétique, l'organisation jihadiste a lancé en mai 2015 une version russe de son magazine officiel, intitulé Istok ("La Source").

- Quelle menace ? -

Vladimir Poutine avait entre autres justifié son intervention fin septembre dans le conflit syrien par sa volonté de prendre de vitesse les jihadistes avant qu'ils ne reviennent en Russie commettre des attentats.

Après plus de cinq mois de bombardements, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s'était targué d'avoir éliminé près de 2.000 d'entre eux.

Le Conseil russe des Affaires étrangères estime néanmoins que le retour des combattants de l'EI dans leur patrie reste l'une des principales menaces pesant aujourd'hui sur la Russie.

Depuis la fin de l'année 2015, les services de sécurité russes ont d'ailleurs multiplié les arrestations de militants présumés de l'Etat islamique qui planifiaient des attentats. L'EI avait également revendiqué une fusillade meurtrière près d'un site touristique au Daguestan fin décembre.

Des combattants présentés par les autorités comme des jihadistes de l'EI ont également frappé au cours des derniers mois le Kirghizstan, le Kazakhstan ou encore le Tadjikistan, organisant des attaques ayant fait plusieurs dizaines de morts dans une région par ailleurs frontalière de l'Afghanistan, où l'Etat islamique concurrence les talibans.
(AFP, 1 juillet 2016)

Prières inaugurales à la mosquée géante d'Erdogan

Avec ses minarets qui s'élancent vers le ciel, dominant de sa masse Istanbul, la mosquée pharaonique de Çamlica devait recevoir vendredi ses premiers fidèles, aboutissement de l'un des grands travaux emblématiques des rêves grandioses du président turc Recep Tayyip Erdogan.

M. Erdogan a supervisé personnellement la construction très controversée de cette mosquée monumentale - la plus grande de Turquie - qui se dresse sur la colline verdoyante de Çamlica, sur la rive asiatique d'Istanbul, d'où elle doit être visible par tous ses habitants.

Les premiers fidèles étaient attendus pour les tarawih, prières du soir rituelles du ramadan, dans l'enceinte du lieu de culte musulman, et non dans la mosquée elle-même, dont les travaux ne sont pas achevés.

Actions en justice ou protestations d'architectes, d'urbanistes ou d'écologistes, rien n'a pu empêcher le complexe de Çamlica de sortir de terre en seulement trois ans.

D'une superficie de 15.000 m2, la mosquée s'intègre dans une enceinte capable d'accueillir jusqu'à 60.000 fidèles, avec une immense bibliothèque, des salles de conférence, un musée d'arts turcs islamiques et des ateliers d'art.

Si ses quatre minarets les plus hauts s'élancent à 107,1 mètres -- plus que ceux de la mosquée de Médine, deuxième ville la plus sainte de l'islam -- c'est dans une référence symbolique à la bataille de Manzikert, qui a vu l'armée d'un sultan seldjoukide mettre en déroute les Byzantins en 1071.

En faisant édifier Çamlica, la plus grande mosquée jamais construite depuis l'avènement de la République en Turquie, le "sultan" Erdogan, comme l'appellent ses détracteurs, a visiblement souhaité s'inscrire dans la lignée des grands bâtisseurs de l'empire ottoman.

L'édifice, avec ses six minarets, est l'un de ses mégaprojets, comme son palais présidentiel à Ankara de 1.150 pièces, le 3e aéroport d'Istanbul, le nouveau pont du Bosphore ou le Canal d'Istanbul.

Ces grands travaux concernent presque tous Istanbul, dont M. Erdogan a dirigé la municipalité pendant quatre ans, un véritable tremplin politique pour lui.

Avec ses "projets fous", comme il les nomme lui-même, M. Erdogan veut édifier une "nouvelle Turquie" en vue du centenaire de la République de la Turquie en 2023, dont il ambitionne d'être toujours le président.

La mosquée de Çamlica illustre aussi le rêve de ce fervent sunnite de se poser en grand dirigeant du monde musulman, à l'heure où beaucoup, en Turquie laïque, s'inquiètent de l'islamisation de la société par l'AKP, son parti islamo-conservateur.

- Architecture ostentatoire -

Ce sont deux femmes architectes, Bahar Mizrak et Hayriye Gül Totu, qui ont remporté le concours avec cette construction de style classique, critiqué pour son manque d'originalité.

"En termes architecturaux, ils n'y a rien d'innovant, c'est une pâle copie de la Mosquée bleue", déclare à l'AFP Tayfun Kahraman, urbaniste. Ce joyau d'Istanbul dû au grand architecte ottoman Mimar Sinan était jusqu'ici la seule mosquée à six minarets de la métropole.

Fallait-il une autre grande mosquée à Istanbul? Les opposants au projet ont fait valoir que la ville ne manquait pas de trésors architecturaux : Mosquée bleue, Sainte-Sophie, mosquée de Soliman le Magnifique. Et qu'elle a déjà 3.317 mosquées.

Ils ont également rappelé que la colline de Çamlica était l'une des dernières zones boisées de la métropole.

"C'est un site naturel protégé qui donne son identité au Bosphore depuis des milliers d'années", dit M. Kahraman, l'urbaniste, qui a "mal au coeur de voir qu'un édifice religieux est érigé sur ce que Dieu a fait de plus beau, la nature".

De grands parkings, des routes et des tunnels d'accès vont être construits, également contestés en justice par les opposants à la mosquée.

Mais la majestueuse colline de Çamlica offrait le cadre idéal aux yeux d'un président Erdogan, plus connu pour son goût de l'architecture ostentatoire que pour son souci de la préservation de l'environnement.

"Dans quelques années, ce lieu sera plus beau", assure à l'AFP Ergin Külünk, l'un des responsables du projet, à propos de la colline, "les anciennes constructions vont être rénovées, ce sera plus vert".

Si la demande d'annulation du projet a été rejetée en justice, d'autre actions sont toujours pendantes. Mais les travaux ont avancé plus vite que la justice et la construction de Çamlica a pris les allures d'un passage en force.
(AFP, 30 juin 2016)

Socio-économique / Socio-economic

Le tourisme en Turquie a chuté de 40% en juin

Les arrivées de touristes étrangers ont chuté de 40% en Turquie en juin par rapport au même mois de l'an dernier, à leur plus bas niveau cette année, en raison des attentats et de la brouille avec la Russie, a indiqué jeudi le ministère du Tourisme.

Mais l'impact de l'attentat à l'aéroport Atatürk d'Istanbul le 28 juin attribué au groupe jihadiste Etat islamique (EI) et le coup d'Etat raté du 15 juillet d'une faction de l'armée devraient se faire sentir sur les statistiques du mois de juillet.

Ce mois est traditionnellement un mois de haute saison touristique pour un secteur qui a engrangé 35 milliards de dollars (31,5 milliards d'euros) de revenus l'an dernier.

Quelque 2,43 millions d'étrangers ont visité en juin la Turquie, en baisse de 40,86% par rapport à juin 2015, a annoncé le ministère du Tourisme.

Les arrivées de touristes russes se sont effondrées de 93% en juin en raison de la brouille diplomatique entre les deux pays, qui viennent juste de se réconcilier.

L'attentat à Atatürk (47 morts) comme la tentative de putsch manqué en juillet (270 morts) avaient entraîné une fermeture temporaire de l'aéroport.

Depuis un an, la Turquie a été secouée par une série d'attentats meurtriers attribués soit à l'EI soit à la rébellion kurde.

L'industrie du tourisme fonde des espoirs dans la normalisation toute récente entre la Russie et la Turquie qui a commencé à ramener les touristes russes sur la côte égéenne, notamment dans la grande station balnéaire d'Antalaya.

"La récente normalisation avec la Russie pourrait alléger les souffrances du secteur dans une certaine mesure et entraîner des réservations de dernière minute pour la Turquie, mais les espoirs se portent plutôt sur l'an prochain", a déclaré Ozgur Altug, économiste en chef à BGC Partners.

Le premier vol amenant des groupes de touristes russes à Antalya a eu lieu le 9 juillet. Les deux pays s'étaient brouillés après la destruction en novembre 2015 par la chasse turque d'un avion russe, près de la frontière syrienne.
(AFP, 28 juillet 2016)

La purge s'étend aux milieux économiques

La purge de l'après-coup d'Etat en Turquie s'est étendue vendredi au monde des affaires, avec la mise en garde à vue de trois industriels de premier plan dans le cadre des enquêtes tentaculaires sur les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen.

Le remaniement radical de l'armée turque, après le limogeage de près de la moitié de ses généraux, a été complété par l'annonce de changements au sein du haut commandement, à l'issue d'une réunion du Conseil militaire suprême à Ankara.

Le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, a annoncé tard jeudi que le vice-chef d'état-major, le général Yasar Guler, allait prendre la tête de la gendarmerie et que le commandant la 1ère armée, le général Umit Dundar, assumerait les fonctions de chef d'état-major adjoint.

Le chef d'état-major, le général Hulusi Akar -- pris en otage par les mutins pendant la tentative de putsch du 15 juillet --
est confirmé à son poste, de même que les chefs des armées de terre, de l'air et de la marine, a ajouté M. Kalin.

Des officiers de rang inférieur ont reçu des promotions rapides pour combler le vide créé par la saignée dans la hiérarchie de l'armée turque, la deuxième la plus importante de l'Otan, qui a vu le limogeage de 149 généraux pour indignité.

Selon un communiqué cité vendredi par l'agence progouvernementale Anadolu, 99 colonels ont été promus au rang de général ou amiral et 47 généraux et amiraux immédiatement mis en retraite.

Le haut commandement militaire était reçu à la mi-journée vendredi par le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d'Ankara, selon les télévisions.

La purge des gulenistes présumés depuis le putsch raté a massivement touché l'armée, les médias, la justice et l'éducation. Le prédicateur septuagénaire Fethullah Gülen a démenti tout rôle dans le coup d'Etat avorté depuis son exil américain.

Sourde aux critiques internationales sur l'ampleur et la "brutalité" de sa riposte, la Turquie a poursuivi vendredi dans le monde de l'entreprise sa chasse aux gulénistes, supposés avoir noyauté tous les secteurs et institutions.

Mustafa Boydak, le président du conglomérat familial Boydak Holding company, a été arrêté par les forces de sécurité à Kayseri, dans le centre de la Turquie, en même temps que deux dirigeants de son groupe, a annoncé Anadolu.

Ces deux hommes -- Sukru Boydak et Halit Boydak -- ont été arrêtés à leur domicile. La police était à la recherche de l'ancien président du groupe, Haci Boydak, de même que de Ilyas et Bekir Boydak, pour lesquels des mandats d'arrêt ont également été délivrés.

- Médias en première ligne -

Le conglomérat Boydak Holding a des intérêts dans l'énergie, la finance, et les meubles où il détient les marques très connues d'Istikbal et Bellona.

Ces arrestations sont apparemment les premières dans les milieux économiques en Turquie.

Mustafa Boydak est également le président de la chambre de commerce de Kayseri, une ville au développement rapide faisant partie des "Tigres d'Anatolie", ces municipalités ayant prospéré depuis le début du règne de M. Erdogan en 2003.

L'économie en turque repose pour une bonne part sur de gros conglomérats familiaux qui possèdent les plus grandes marques du pays et ont largement contribué à la formidable ascension politique du président Erdogan.

Depuis le coup d'Etat, près de 16.000 personnes ont été placées en garde à vue, dont la durée peut être prolongée jusqu'à 30 jours en vertu de l'état d'urgence instauré après le putsch manqué.

Avec l'armée, le monde des médias a également été en première ligne de la reprise en main.

Vingt-et-un journalistes en garde à vue comparaissaient vendredi devant un tribunal d'Istanbul, a annoncé Anadolu. Des confrères ont annoncé sur Twitter être rassemblés devant le tribunal pour les soutenir.

Parmi eux figure Nazli Ilicak, ancienne députée, qui avait été licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption -- orchestré, selon Ankara, par Gülen.
(AFP, 29 juillet 2016)

Purges en Turquie: Turkish Airlines licencie 211 employés

La compagnie nationale turque Turkish Airlines a annoncé lundi le licenciement de 211 employés en raison de leurs liens allégués avec le prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être l'instigateur du coup d'Etat manqué du 15 juillet.

Turkish Airlines explique dans un communiqué avoir pris cette décision "dans le cadre des mesures nécessaires" contre le réseau de Fethullah Gülen, et contre "des attitudes et des comportements en contradiction avec l'intérêt de notre pays et de notre compagnie".

Fleuron de l'économie turque, la compagnie a dit sa détermination à "continuer de s'acquitter de sa responsabilité de contribuer à la démocratie".

Le transporteur, qui dessert 284 aéroports dans 113 pays, a réalisé des résultats record en 2015, exercice conclu par une hausse de 19% de son chiffre d'affaires, à 8,9 milliards d'euros, et un bénéfice net en progression de 65%. Mais en 2016, la compagnie souffre en raison d'une situation sécuritaire dégradée.

Devenu en 2015 le troisième aéroport européen, son "hub", l'aéroport Atatürk d'Istanbul, a été la cible d'un attentat attribué à l'organisation de l'Etat islamique qui, le 28 juin, a fait 41 morts.
(AFP, 25 juillet 2016)

Après le putsch, les nuages s'amoncellent sur l'économie turque

Une monnaie affaiblie, des investisseurs étrangers inquiets, un tourisme frappé de plein fouet: le putsch manqué du 15 juillet va laisser des traces sur l'économie turque, malgré les efforts du pouvoir pour en minimiser l'impact.

Depuis le 15 juillet se succèdent sur les télévisions les images de chars dans les rues, de chasseurs survolant Istanbul et Ankara, de bâtiments en ruines, de suspects menottés traînés par milliers devant les tribunaux, de foules vengeresses encouragées par des dirigeants martiaux.

Ces événements aussi brutaux qu'inattendus "vont très certainement dissuader l'investissement étranger", dit William Jackson, spécialiste des économies émergentes dans le centre de recherche londonien, Capital Economics. "Quant aux sociétés déjà présentes en Turquie, il semble improbable qu'elles accroissent leurs opérations."

"Les pertes immédiates en terme de baisse des visites touristiques et d'investissements différés, ralentiront probablement la croissance" en 2016 et 2017, prévient l'Institute of International finance (IFF), un lobby basé à Washington regroupant 500 établissements bancaires.

Si la situation s'aggravait, "les retombées pourraient devenir plus grave et menacer la stabilité financière", met en garde l'IFF.

La Turquie a connu une croissance de 4% en 2015, un taux que le Fonds monétaire international prévoyait peu ou prou pour cette année.

Le niveau de vie de la population est en croissance constante depuis le début des années 2000, période qui correspond à l'arrivée de Recep Tayyip Erdogan aux affaires. Sa dette publique pèse pour seulement un tiers de son Produit intérieur brut.

- Tourisme au tapis -

Mais la Turquie a aussi des faiblesses structurelles susceptibles d'être accrues par le putsch raté: une inflation annuelle à près de 7%, une épargne privée faible, une dépendance aux investissements étrangers, un secteur bancaire fragilisé par une économie fondée sur l'endettement.

Sans compter un tourisme touché de plein fouet par les attentats récents: avant le coup d'Etat, les experts estimaient que la situation politique et les risques terroristes pourraient coûter 8 milliards de dollars à ce secteur qui emploie 8% de la population active. En mai, le nombre de touristes visitant la Turquie avait chuté d'un tiers.

Les conséquences du putsch seront-elles compensées par le retour des Russes? Des sanctions avaient été imposées par Moscou à l'automne 2015 après qu'un de ses bombardiers avait été abattu par la chasse turque. Les Russes sont avec les Allemands et les Britanniques les premiers visiteurs du pays.

Mais le tourisme n'est pas le seul souci. "Si les capitaux fuient, la livre chutera et l'économie devra s'adapter en diminuant ses importations", prévient William Jackson.

Dans les jours qui ont suivi le putsch, la livre a perdu 6% par rapport au dollar. Depuis avril, la baisse est de 10%. Une baisse de la monnaie a des conséquences directes pour les entreprises, très endettées en devises étrangères.

"En Turquie, si la monnaie chute trop, c'est particulièrement douloureux (...) et cela peut conduire à un scénario de récession", dit Michael Harris, responsable du département de recherche dans la banque d'investissement Renaissance Capital, spécialisée dans les marchés émergents.

- 'Pour qui vous prenez-vous?' -

En janvier, la Coface, l'assureur français du commerce extérieur, relevait que "les réserves de change du pays pourraient s'avérer insuffisantes face à un retrait brutal de capitaux".

"Il y a donc un certain nombre de facteurs susceptibles de conduire à un retournement brutal de l'économie dans les prochaines années", "avec potentiellement une récession", met en garde William Jackson.

Le pouvoir s'emploie à rassurer. Pour le vice-Premier ministre chargé des Finances, Mehmet Simsek, "l'impact de la tentative de coup d'Etat sera sûrement de courte durée, les conséquences relativement insignifiantes".

La semaine dernière, les médias progouvernementaux ont ouvert leurs pages aux patrons exprimant leur gratitude envers le président Erdogan ou aux investisseurs expliquant vouloir maintenir, voire accroître, leurs apports de capitaux.

Et peu importerait la dégradation de BB+ à BB de la note de la dette par Standard and Poor's, une décision "complètement politique", selon le président Erdogan qui a pris à partie l'agence devant els députés: "En quoi cela vous regarde-t-il, qui êtes-vous, pour qui vous prenez-vous?".
(AFP, 24 juillet 2016)

SP abaisse la note de la Turquie à BB après la tentative de coup d'Etat

L'agence de notation SP Global Ratings a annoncé mercredi avoir abaissé d'un cran la note souveraine de la Turquie, s'inquiétant de l'affaiblissement des contrepouvoirs et de la période d'incertitude qui s'ouvre après la tentative avortée de coup d'Etat.

SP accorde désormais la note BB à la dette du pays, contre BB+ précédemment, et assortit cette note d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle envisage de l'abaisser à nouveau.

"Après la tentative de coup d'Etat dans la République de Turquie du 15 juillet, nous estimons que la polarisation du paysage politique turc a affaibli encore davantage ses contrepouvoirs institutionnels", explique l'agence de notation.

"De plus, nous nous attendons à une période d'incertitude accrue qui pourrait freiner les entrées de capitaux" dans le pays, ajoute-t-elle.

Peu après l'annonce de cette décision, la livre turque reculait à 0,29477 euro, alors qu'elle s'était redressée à 0,30104 euro en fin de matinée.
(AFP, 20 juillet 2016)

Le FMI appelle à "préserver" les institutions démocratiques en Turquie

Le FMI a appelé mardi à "préserver" les institutions démocratiques en Turquie, "piliers" des progrès économiques du pays, quelques jours après une tentative de coup d'Etat militaire qui provoque une "certaine volatilité" financière.

"Il est très important de préserver (les institutions démocratiques) en Turquie. Elles représentent un des piliers des progrès économiques que le pays a accomplis au cours des récentes années", a relevé le chef économiste du Fonds monétaire international, Maurice Obstfeld.

"Nous ne voudrions pas que (ces progrès) soient mis en péril", a-t-il ajouté, en présentant les nouvelles prévisions économiques mondiales du FMI.

La tentative de putsch militaire en Turquie a été déjouée par les autorités mais elle a fait trembler les marchés, inquiets de possibles répercussions sur l'économie de la région et sur l'acheminement du pétrole.

"Nous voyons une certaine volatilité sur les marchés financiers", a relevé M. Obstfeld, tout en assurant s'attendre à "un retour à la normale" grâce à la réaction des autorités financières turques.

En réponse au coup d'Etat manqué, la Banque centrale turque s'est engagée à prendre "toutes les mesures" nécessaires pour garantir la stabilité financière.

"Les autorités turques, particulièrement la banque centrale, sont intervenues de manière très efficace pour fournir des liquidités", a salué M. Obstfeld.

Lundi, la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, avait déjà assuré sur Bloomberg TV qu'une "perturbation massive" avait pu être évitée grâce à cette intervention.
(AFP, 19 juillet 2016)

Les tilleuls de Bruxelles, Sofia et Besiktas


Dogan Özgüden, Bruxelles, 14 juillet 2016

Cette année les si beaux tilleuls de Bruxelles ont tellement retardé à diffuser leur parfum enivrant… J’ai arpenté le dessous des tilleuls en forçant mes jambes devenues plus résistantes après une opération de la colonne vertébrale pour sentir profondément ce parfum vertigineux…

Ceci, je l’ai fait en me remémorant les poèmes que Nazim Hikmet a écrit à sa femme Münevver de Sofia, il y a 59 ans, en 1957, après avoir été déchu de la nationalité turque en 1951 quand il a été obligé de quitter son pays sous les menaces et après avoir purgé une peine de prison pendant de longues années :

Je suis entré dans Sofia, un jour de printemps, ma bien-aimée
Les tilleuls en fleurs parfument la ville où tu es née
Et tous m’ont, en signe de bienvenue, salué
La ville où tu es née est aujourd’hui pour moi la maison d’un frère
Mais jamais on n’oublie sa propre maison
Pas même dans la maison du frère
Amer métier que l’exil, bien amer

Rentré à la maison, après cet éblouissement, j’ai commencé à fouiller dans les informations de « ma propre maison », mon pays natal, une nouvelle me tombe comme une massue :

Le pouvoir islamiste, qui a déjà transformé Istanbul en une forêt de tours bétonnées et minarets-baïonnettes, vient de décider de transformer le Parc des tilleuls de Besiktas à Istanbul en un site de logements de mauvais goût. Quand les habitants de Besiktas ont tenté d’entrer dans la maison communale de Besiktas pour protester contre cette décision lors d’une réunion du conseil communal, ils ont été expulsés par les forces de police.

Dans l’impossibilité de contribuer physiquement à cette résistance dans un pays loin de quelques milliers de kilomètres, si ce n’est en en informant l’opinion publique mondiale, j’ai fermé mon ordinateur et me suis rendu au parc pour partager le chagrin des tilleuls de Besiktas avec leurs frères de Bruxelles.

Tout en pensant également aux tilleuls du boulevard de Lénine à Sofia dont j’en avais été imprégné il y a 30 ans par leur parfum, comme Nazim Hikmet…

Et tout en répétant sans cesse du bout de mes lèvres les versets de notre grand poète qu’on a enterré en exil :

Mais jamais on n’oublie sa propre maison
Pas même dans la maison du frère
Amer métier que l’exil, bien amer.
Les premiers touristes russes de retour en Turquie

Un avion transportant des touristes russes a atterri samedi à Antalya, grande station balnéaire du sud de la Turquie, effet concret de la récente normalisation entre Moscou et Ankara après huit mois de crise diplomatique, a-t-on appris de source aéroportuaire.

Un Boeing 737 de la compagnie Rossiya Airlines, en provenance de Moscou avec 189 passagers à son bord, s'est posé à l'aéroport international d'Antalya vers 07H30 GMT, dix jours après que le président russe Vladimir Poutine a ordonné la levée des sanctions contre la Turquie pour le secteur touristique, dans la foulée de la normalisation politique entre les deux pays.

Ces premiers touristes russes revenant en Turquie ont été accueillis avec une fanfare, puis un cocktail et des fleurs à l'aéroport. Leur retour est une excellente nouvelle pour le tourisme en Turquie sinistré par une succession d'attentats meurtriers depuis un an imputés au groupe Etat islamique ou aux combattants kurdes.

"Cette année, la saison a démarré de manière un peu compliquée mais le fait que la situation s'arrange nous rend vraiment heureux", a déclaré Osman Serdar, directeur de l'aéroport d'Antalya. "Aujourd'hui, nous accueillons notre premier convoi de touristes russes, désormais ça va aller en augmentant".

Avant la brouille russo-turque, les Russes constituaient le premier groupe de touristes étrangers en Turquie, mais leurs arrivées se sont effondrées de 98,5% en juin par rapport à juin 2015, selon des statistiques de l'aéroport d'Antalya, leur destination favorite.
 La station balnéaire de la Méditerranée, l'une des premières destinations touristiques de Turquie, s'est mise au goût russe, avec notamment une réplique de la cathédrale moscovite Saint-Basile dans un grand hôtel.

La brouille entre Moscou et Ankara, qui s'opposent sur le conflit en Syrie, avait été provoquée
par la destruction fin novembre d'un bombardier russe abattu par des F-16 turcs au-dessus de la frontière syrienne.

Moscou avait adopté des mesures de rétorsion contre Ankara, comprenant entre autres un embargo sur l'importation de fruits et légumes turcs et l'interdiction pour les employeurs russes d'embaucher des travailleurs turcs.

- 'Un vol semblable à un charter' -

La Russie avait également rétabli le 1er janvier les visas pour les Turcs, interdit les vols charter vers la Turquie et la vente de voyages vers ce pays par les tour-opérateurs russes, portant un coup dur au secteur du tourisme turc.

Mais le 30 juin, Vladimir Poutine a de nouveau autorisé officiellement la vente par les tour-opérateurs russes de voyages vers la Turquie, après avoir, selon Moscou, reçu un message d'excuses de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Ankara a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait que de "regrets", tout en tendant la main à Moscou pour sortir de son isolement croissant sur la scène internationale.

Le vice-gouverneur d'Antalya, Mehmet Yavuz, cité par les médias turcs, a précisé samedi que Moscou n'ayant pas encore formellement donné son accord à la reprise des vols charter, le vol de samedi devait être considéré comme "un vol semblable à un vol charter" bien qu'il ait été effectué "par une compagnie régulière".

La Russie et la Turquie sont également convenues de renforcer leur contacts militaires, y compris sur la Syrie, où Moscou soutient militairement le président Bachar al-Assad tandis que Ankara encourage activement sa chute en soutenant des groupes rebelles.
(AFP, 9 juillet 2016)

Turquie, un des pays à éviter pour les vacances

Turquie, Tunisie, Égypte : trois destinations habituellement très prisées des vacanciers belges. Mais les attentats qui ont frappé ces trois contrées ont complètement modifié la carte des lieux de villégiature des touristes belges. La Tunisie fait d’ailleurs toujours l’objet d’un avis de voyage négatif de la part du ministère des Affaires étrangères. S’y rendre est donc compliqué, d’autant que les tour-opérateurs n’ont bien entendu pas repris la destination dans leur catalogue estival.

Le récent attentat à l’aéroport d’Istanbul ne va pas redorer le blason d’un pays déjà maintes fois frappé par le terrorisme cette année. Le 12 janvier dernier, une attaque près de la Mosquée bleue avait déjà coûté la vie à 12 touristes allemands. Le 19 mars, c’est à Istanbul que quatre autres touristes ont trouvé la mort dans un attentat. Pour une destination qui se classe en sixième position des pays les plus visités, les répercussions sont évidemment énormes.

Au mois de mai, les arrivées de touristes affichaient un recul de 35 % ! Sur l’ensemble du premier semestre, la baisse se chiffre à 23 %. Avec les vacances d’été qui viennent de débuter et la menace toujours omniprésente en Turquie, le bilan risque d’être encore bien plus négatif dans les mois à venir. (La Dernère Heure, 8 juillet 2016)

Istanbul désertée par les visiteurs, le secteur touristique désespère

Près d'une semaine après l'attentat à l'aéroport d'Istanbul, les visiteurs étrangers semblent avoir déserté la première destination touristique de Turquie, inhabituellement calme en ce début d'été, au désespoir des professionnels du secteur.

La magie de la plus grande ville de Turquie séduit depuis des siècles les voyageurs, enchantés par ses imposants palaces et mosquées, et sa vue époustouflante sur le Bosphore ou la Corne d'or.
 Mais pour les professionnels du tourisme, les attentats suicide de mardi signent la mise à mort de l'industrie, déjà très affectée par la série d'attaques qu'a connue la Turquie depuis le début de l'année.

"C'est un désastre", se lamente Orhan Sonmez, offrant aux passants une visite guidée de Sainte-Sophie, monumental édifice autrefois église puis mosquée, et aujourd'hui musée.

"Toute ma vie j'ai travaillé comme guide touristique. La plupart d'entre nous en sont aujourd'hui à se demander s'ils pourront continuer (dans cette voie). C'est tragique".

Les tables des restaurants sont vides dans le quartier ultra-touristique de Sultanahmet et les hôtels cinq étoiles offrent des chambres à des prix cassés.

En des temps meilleurs, il fallait parfois rester dans une file d'attente plus d'une heure avant d'entrer à Sainte-Sophie. Aujourd'hui, il suffit d'acheter son billet et de se laisser envoûter par la splendeur du lieu, avec une poignée de touristes.

Par ailleurs, beaucoup de Stambouliotes ont quitté la ville à l'occasion de Bayram, un congé national de neuf jours qui a commencé samedi, contribuant à vider la métropole.

- 'Mauvais billet de loterie -

Dix-neuf étrangers font partie des 45 personnes tuées dans le triple attentat à l'aéroport Atatürk d'Istanbul attribué au groupe Etat islamique. Selon des experts, l'attaque a été délibérément conçue pour affaiblir la Turquie en sapant son industrie touristique.

L'organisation jihadiste est également accusée d'avoir perpétré un attentat-suicide en janvier à Sultanahmet (12 Allemands tués), et un autre en mars sur l'artère commerçante d'Istiklal (3 Israéliens et un Iranien tués). Un attentat à la voiture piégée revendiqué par les rebelles kurdes a par ailleurs fait en juin 11 morts, dont six policiers, à Beyazit, un quartier historique d'Istanbul.

Les Etats-Unis et l'Allemagne notamment ont mis en garde leurs ressortissants contre les menaces qui pèsent sur le pays mais les touristes fraîchement débarqués à Istanbul adoptent, eux, une approche plus fataliste, à un moment où la menace jihadiste est devenue mondiale.

Les attentats "peuvent survenir dans n'importe quelle ville. C'est comme tirer le mauvais billet de loterie", soutient Nessa Feehan, une touriste irlandaise en escale à Istanbul. "Les gens sont très chaleureux ici, je pense vraiment revenir pour passer plus de temps", dit-elle.

- 'Peur de travailler ici' -

En mai, la Turquie a affiché sa plus forte baisse d'arrivées en 22 ans, avec une chute de près de 35% du nombre de touristes étrangers, à 2,5 millions de visiteurs.

Cette dégringolade est en partie due à l'effondrement du nombre de touristes russes, conséquence d'une brouille diplomatique entre Ankara et Moscou qui a interdit la vente par les tour-opérateurs russes de voyages vers la Turquie.

Mais cette interdiction a été levée la semaine dernière, à la plus grande joie des professionnels du tourisme de la province côtière d'Antalya (sud), où les Russes viennent traditionnellement en masse profiter de la mer turquoise et des plages de sable fin.

Cette bonne nouvelle pour la Turquie bénéficiera toutefois peu à Istanbul, les Russes optant généralement pour des séjours "tout compris" au bord de la mer.

"Si ça continue, de nombreux magasins devront fermer", affirme Ismail Celebi, assis à l'intérieur de sa boutique de bijoux, un chapelet à la main.

Les hordes de touristes chinois qui continuent d'arriver sont le seul rayon d'espoir dans ce sombre horizon, soutient M. Celebi, indiquant qu'ils dépensent "un argent fou".

"Mais ce n'est pas assez", poursuit-il. "Nous avons besoin d'Américains et d'Européens".

Sa bijouterie se trouve à quelques mètres seulement du lieu de l'attentat qui a coûté la vie à une dizaine d'Allemands il y a six mois, et M. Celebi dit ne pas en vouloir aux touristes qui ont déserté les lieux.

"Même moi j'ai peur de travailler ici", confie-t-il.
(AFP, 4 juillet 2016)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

L'UE : dites à Erdoğan que ça suffit !

To Président et membres du Conseil de l'Europe, Haut représentant de l'union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité and Commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage

Pétition:

L’Union européenne devrait immédiatement suspendre toute négociation d’adhésion avec l’administration turque, tout en agissant résolument pour le maintien des droits humains et de la primauté du droit en Turquie, par exemple en continuant à renforcer la société civile et à engager un dialogue constructif, en commençant par la création d’une mission européenne chargée de suivre les évolutions des droits fondamentaux et de l’État de droit dans le pays.

Pourquoi c'est important :

Dans une réaction tout à fait disproportionnée à la tentative de coup d’État militaire, le président turc Recep Tayyip Erdoğan vient de lancer une attaque de grande ampleur contre la démocratie et l’État de droit. Avide d’un pouvoir absolu, il a fait arrêter ou limoger des dizaines de milliers d’enseignants, de juges et de doyens de facultés dans le pays.

Dans les journées de purge qui ont suivi la tentative avortée de coup d’État, des dizaines de milliers de fonctionnaires, de militaires, de professeurs et d’universitaires ont perdu leur emploi – et parfois la liberté – sans pouvoir faire appel. Des journalistes ont été détenus sans procès et l’État a censuré les médias.

Il semble désormais que la répression ne fasse que commencer. Tout en clamant que son but était la défense de la démocratie, Erdoğan a décrété mercredi 20 juillet l'état d'urgence, suivi par une suspension de la Convention Européenne des Droits de l'Homme. En faisant cela, il met fin à toutes prétentions de maintien des droits fondamentaux, des principes démocratiques et de l'état de Droit. Il est même allé jusqu'à proposer la réinstauration de la peine de mort, rapprochant un peu plus la Turquie d'un régime autoritaire.

La Turquie aspire depuis longtemps à devenir membe de l'UE, mais les négociations à ce sujets évoluent très lentement. Mais il n'y a pas de place au sein de la communauté européenne pour le régime d'Erdoğan -un régime violant nos valeurs fondamentales: primauté du droit, liberté d'expression, protection des minorités et le droit à un procès équitable. Alors que la Turquie entretient des liens important avec l'UE dans des domaines comme l'immigration ou la sécurité, cela ne doit pas aveugler nos représentants quant à la situation critique que subissent des citoyens turcs, ainsi que sur les abus de pouvoir de l'administration d'Erdoğan.

Nous devons exiger de l'Union européenne qu'elle suspende toutes négociations d'entrée du régime Turc dans l'union, ainsi que de conditionner tout futur dialogue avec son gouvernement au respect par ce dernier de l'Etat de droit, des droits de l'Homme et des principes démocratiques.
(Link to sign)

"La Turquie ne s'est pas européanisée, c'est l'Europe qui est devenue plus turque"

Marc Devos, levif.be, 29 juillet 2016

Lisez cet extrait: "La présence d'institutions stables garantissant la démocratie, l'état de droit, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection". Voilà le premier critère qu'un pays qui souhaite s'affilier à l'Union européenne doit officiellement respecter. En outre, les négociations avec un pays candidat potentiel "ne débutent que si le premier critère est respecté".

À présent, regardez la Turquie. Depuis fin 1999, la Turquie est reconnue comme un pays en route vers une adhésion à part entière à l'Union. Nous, les états membres de l'UE unis, nous estimons que la Turquie est notre égale en démocratie, état de droit, droits de l'homme et minorités. Nous avons abouti à cette conclusion éclairée deux ans à peine après le dernier putsch militaire réussi et avant que Recep Tayyip Erdogan n'arrive au pouvoir. De quoi réfléchir.

Il est clair depuis très longtemps que l'Europe a jeté son identité et ses valeurs en pâture dans un calcul géopolitique pour attacher un pays islamique stratégique à l'Europe. Les dirigeants politiques de la génération précédente - le rapprochement de la Turquie date du début des années 1960, en pleine Guerre froide, ont joué le tout pour le tout. Soit ils étaient d'avis que les valeurs européennes étaient sans importance, soit ils ont cru que la Turquie s'européaniserait sous l'influence européenne. La première pensée était une erreur, la seconde une illusion.

Entre-temps, on sait que l'enchevêtrement de la Turquie et de l'Europe est revenu comme un boomerang. Stratégiquement, l'Europe et l'OTAN ne peuvent se passer de la Turquie alors que le Moyen-Orient sombre dans la guerre civile. L'Europe a délégué la crise des réfugiés à la Turquie, en faisant fi des droits de l'homme. En Europe nous avons, dixit Erdogan, plus besoin de la Turquie que ce que la Turquie a besoin de l'Europe. La Turquie ne s'est pas européanisée, mais l'Europe est devenue plus turque.

Et puis il y a les valeurs. Si les attentats terroristes nous apprennent quelque chose, c'est bien qu'il existe dans notre société des valeurs partagées qui la distinguent à tel point que des fanatiques islamistes sont prêts à l'attaquer avec une barbarie arbitraire. Notre "liberté, égalité et fraternité" - pour utiliser ces termes symboliques - signifie pour eux "décadence, blasphème et perversion". Les jeunes qui sont nés et qui ont grandi dans les pays les plus libres, pacifiques et sociaux de la planète se transforment en terroristes théologiques, convaincus de la supériorité d'une vision du monde que nous trouvons totalement démente.

Il est terrifiant que le "théoterrorisme" prospère chez nous. On peut essayer de le rationaliser : ce sont des jeunes à problèmes, on leur lave le cerveau, ils sont coupés de la réalité, ils cherchent un sens à leur vie, etc. Les théoterroristes sont un fléau, mais c'est une petite minorité cinglée. C'est vrai, mais ils partagent une aversion ou une mise en cause des valeurs de base de notre société avec des groupes plus importants. Cet écart de valeurs s'observe même parmi ce qu'on peut appeler la première génération d'élite de migrants en Belgique.

Durant les jours agités qui ont suivi le coup d'État et la répression en Turquie, on a donné la parole à des "Turcs belges" diplômés de l'enseignement supérieur. Et qu'est-ce qu'on voit ? Plusieurs voix trouvent qu'il faut comprendre le régime d'Erdogan. On affirme qu'il faut une réaction solide après un putsch qui ne peut être réduit à une bagatelle. On explique qu'aujourd'hui un dirigeant fort prime sur la démocratie, une démocratie venue très progressivement en Europe aussi.

J'en tombe à la renverse. Je n'approuve pas la tentative de putsch militaire, mais il ne tombe pas du ciel. Il implique un schéma historique. Mustafa Kemal Atatürk a tenté obstinément de modeler la Turquie sur un modèle d'état occidental. Ensuite, une élite de Kémalistes a veillé à la séparation de l'Église et de l'État. Chaque fois que la bride a été relâchée, la Turquie s'est retrouvée dans le cercle vicieux des états islamiques : plus de démocratie entraîne plus de fondamentalisme, ce qui menace la démocratie. Au fil du temps, on y a interdit ou chassé du pouvoir, avec l'aide de l'armée, toute une série de partis islamiques. L'AKP d'Erdogan découle d'un parti islamique élu et puis interdit.

Il est indéniable qu'Erdogan, mais aussi l'AKP, a entraîné leur pays sur la pente de l'autocratie et de l'islamisme. Depuis des années, la liberté de presse, l'égalité homme femme, la possibilité de protestations pacifiques et le respect des minorités s'érodent en Turquie. La démocratie c'est davantage que remporter les élections, ce n'est pas la "dictature de la minorité". C'est précisément en temps de crise que le respect des valeurs démocratiques est important pour éviter un déraillement et préserver un avenir partagé. Sans surprise, Erdogan fait l'inverse : les masques tombent. Allo, l'Union européenne ?

Il est effarant que certaines personnes en Belgique éprouvent de la sympathie pour la répression turque. Mais ce n'est pas inattendu : cela illustre une aliénation des valeurs qui infiltre même l'intelligentsia. Nous avons du pain sur la planche pour inverser cette tendance. On peut commencer par balayer devant notre porte. Ne prenons pas la menace de terrorisme comme alibi pour instaurer des mesures draconiennes sur le sol européen.

La tentation d'un dirigeant fort qui se moque des équilibres et des libertés de la démocratie est grande. Mais les leçons de l'histoire, de l'Antiquité au vingtième siècle, sont là pour nous rappeler à quel point cette tentation est fatale. La force d'un état de droit démocratique, c'est sa résistance morale. Faisons preuve de résistance démocratique. Le théoterrorisme est idéologique : on ne peut le battre qu'en tenant à nos valeurs, pas en les relativisant.

ONU-OSCE: la purge des médias, "grave coup" au débat public

L'intensification de la purge dans les médias turcs est un "grave coup porté au débat public", ont estimé jeudi les deux représentants pour la liberté de la presse de l'ONU et l'OSCE qui demandent aux autorités turques de "revoir ces décisions".

"Les arrestations simultanées de journalistes indépendants et les fermetures d'organes de presse écrite et audiovisuelle portent un grave coup au débat public et au principe de responsabilité gouvernementale", ont mis en garde les deux experts dans un communiqué commun.

David Kaye, rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression et Dunja Mijatovic, représentante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la liberté de la presse "demandent instamment aux autorités turques de revoir ces décisions et de confirmer leurs obligations envers la liberté de la presse".

Les autorités turques ont ordonné mercredi soir la fermeture de trois agences de presse, 16 stations de télévision, 23 stations de radio, 45 journaux, 15 magazines et 29 maisons d'édition, en vertu de l'état d'urgence.

"Le caractère généralisé et brutal de ces mesures, auxquelles font défaut les éléments de base d'une procédure régulière, est choquant et sans précédent dans la période récente en Turquie", a dénoncé M. Kaye.
(AFP, 28 juillet 2016)

Allemagne: Les purges "dépassent toute mesure"

Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a dénoncé jeudi les purges menées par le gouvernement turc depuis le putsch raté, jugeant qu'elles "dépassaient toute mesure" et que face à elles, "on ne pouvait se taire", dans un entretien à un journal allemand.

"Le putsch a heureusement été déjoué. Maintenant, les réactions dépassent toute mesure", a dénoncé le ministre des Affaires étrangères allemand dans un entretien à
l'édition du journal régional Ruhr Nachrichten à paraître vendredi mais dont des extraits on été diffusés jeudi.

"Lorsque 10.000 fonctionnaires, enseignants et juges sont remerciés, des milliers d'écoles et d'institutions éducatives fermées et des dizaines de journalistes arrêtés, sans qu'aucun lien direct avec le putsch ne soit mis en évidence, on ne peut simplement pas se taire", a-t-il insisté.

"Il semble presque, alors que la Turquie a évité de chuter dans l'abîme, que le pays se dirige vers une crise intérieure grave", a ajouté M. Steinmeier, qui a également jugé que le retour de la peine de mort en Turquie, évoquée par le président Recep Tayyip Erdogan, constituerait "un grand pas en arrière".

Pour justifier les purges d'ampleur menées notamment dans l'armée, les médias et l'éducation, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan invoque les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen, qu'il accuse d'être responsable de cette tentative de coup d'Etat.

Le patron de l'Etat régional du Bade-Wurtemberg (sud-ouest), Winfried Kretschmann, a évoqué dans l'édition de vendredi de la Frankfurter Allgemeine Zeitung une lettre du consulat de Turquie lui demandant de "soumettre à un nouvel examen les associations, institutions, écoles qui sont, du point de vue du gouvernement turque, conduites par le mouvement de Gülen (...) et d'en faire une nouvelle évaluation".

"Cela m'a déconcerté au plus haut point! C'est quelque chose que précisément nous ne ferons pas", a-t-il ajouté. "Ici, personne ne doit être poursuivi sans raison ni discriminé", a-t-il encore insisté.
(AFP, 28 juillet 2016)

Adhésion à l'UE: Bruxelles lance une mise en garde à Ankara

Le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn, a implicitement mis en garde la Turquie contre un gel des négociations d'adhésion du pays à l'UE si les poursuites contre les putschistes ne se font pas dans le respect de l'Etat de droit.

"Même si je suis d'avis qu'après la tentative de putsch les mesures prises sont disproportionnées, j'ai besoin de (voir) comment ces gens sont traités", a déclaré M. Hahn au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

"Si le moindre doute demeure que (leur traitement) n'est pas correct, des conséquences seront inévitables", a-t-il mis en garde, allusion implicite au processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, lancé en 2005, et qui avance depuis à la vitesse de l'escargot.

Interrogé sur le fait de savoir si une poursuite des discussions sur une adhésion de la Turquie font encore sens aujourd'hui, le commissaire répond: "C'est une question légitime que je me pose très souvent, pour ne pas dire quotidiennement".

Depuis le coup d'Etat, près de 16.000 personnes ont été placées en garde à vue et des purges engagées dans l'armée, la justice, l'enseignement et les médias, une répression qui suscite de vives critiques en Europe et aux Etats-Unis.

M. Hahn a dans le même temps salué l'accord passé entre l'UE et la Turquie en mars, qui a "stoppé la vague de réfugiés" en route vers l'Europe de l'ouest. "Aujourd'hui, il s'agit d'aider la Turquie à supporter la charge financière que représentent les trois millions de réfugiés" présents sur son sol, a-t-il ajouté.

Le 23 juillet, le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, avait déclaré que le putsch manqué n'avait eu aucune conséquence sur ce pacte: "Nous avons continué à tranquillement mettre en oeuvre l'accord". "Cela montre à quel point la démocratie turque est solide", avait alors assuré le ministre.
(AFP, 29 juillet 2016)

Juncker ferme la porte à l'adhésion de la Turquie à l'UE

Union européenne. Le président de la Commission européenne a affirmé que la Turquie ne remplissait pas les critères pour adhérer à l'UE, alors que le pays est en état d'urgence à la suite du coup d'Etat manqué contre Recep Tayyip Erdogan. Ankara envisage notamment de rétablir la peine de mort.

Ni maintenant, ni dans un avenir lointain. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a affirmé sur France 2 qu'Ankara était très loin pour l'instant d'une adhésion à l'Union européenne : "Je crois que la Turquie, dans l'état où elle se trouve, n'est pas en situation de pouvoir adhérer sous peu ni d'ailleurs sur une plus longue période". Depuis le coup d'Etat manqué contre Recep Tayyip Erdogan, une purge a été lancée dans l'administration et l'armée, et quelque 60 000 militaires, policiers, magistrats, enseignants, ou fonctionnaires ont été arrêtés. Aujourd'hui, des mandats d'arrêt ont été lancés contre 42 journalistes.

"Pas sa place au sein de l'Union européenne"

Plus grave pour Juncker, le possible rétablissement de la peine de mort, envisagé par le chef du parti islamo-conservateur : "Si la Turquie demain matin devait réintroduire la peine de mort, nous arrêterions immédiatement les négociations parce qu'un pays qui dispose dans son arsenal législatif de la peine de mort n'a pas sa place au sein de l'Union européenne", a prévenu le Luxembourgeois.
(AFP, 25 juillet 2016)

L'UE récuse les allégations d'Erdogan concernant ses engagements financiers

L'UE tient ses engagements financiers en faveur des réfugiés syriens en Turquie, a affirmé mardi un porte-parole de la Commission européenne, en réponse aux accusations du président turc Recep Tayyip Erdogan qui affirme n'avoir reçu aucun soutien.

"L'Union européenne respecte ses engagements et toute suggestion du contraire n'est pas vraie", a répondu Margaritis Schinas, porte-parole en chef de l'exécutif européen, interrogé lors de son point de presse quotidien.

Le président turc a accusé lundi dans un entretien à la télévision allemande ARD les Européens de ne pas tenir leurs engagements en matière d'aide financière pour les réfugiés syriens.

Affirmant que les gouvernements européens "ne sont pas honnêtes", il a avancé que sur les trois milliards d'euros promis par l'UE, seuls "un à deux millions" ont été versés.

Selon les chiffres présentés mardi aux journalistes par Margaritis Schinas, environ 740 millions d'euros ont déjà été alloué dans le budget européen, et la Commission s'apprête à "adopter une mesure spéciale supplémentaire" pour allouer 1,4 milliard d'euros.

Sur ces 740 millions, 105 millions ont déjà été dépensés, a précisé une source à la Commission.

"Ce qui monte le total à 2,15 milliards avant la fin du mois" en direction des réfugiés et des communautés qui les accueillent, a résumé le porte-parole.

Les fonds de l'UE sont destinés aux réfugiés, "pas au gouvernement (turc)", a-t-il par ailleurs insisté.

L'UE, soucieuse de réduire le nombre de migrants entrant sur son sol, a conclu le 18 mars un accord controversé avec la Turquie qui prévoit une aide financière conséquente en échange notamment de la promesse qu'Ankara accueille sur son sol les réfugiés syriens.

Lors de son entretien, M. Erdogan a chiffré à 12 milliards de dollars les dépenses effectuées par la Turquie pour venir en aide aux réfugiés fuyant la guerre en Syrie.
(AFP, 26 juillet 2016)

Ankara fait fi des critiques européennes et poursuit la riposte

La Turquie a porté samedi à 30 jours la durée des gardes à vue, a dissous plus de 2.000 institutions, dont la garde présidentielle, et prévenu l'UE qu'elle ne faiblirait pas dans sa riposte aux partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusés d'être à l'origine du putsch manqué.

Ce que les responsables européens "disent ne m'intéresse pas et je ne les écoute pas", a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan dans une interview à la chaîne française France 24.

Enième critique venue de responsables de l'UE, peu après la diffusion de cet entretien samedi, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi reprochait à Ankara de "mettre en prison l'avenir" du pays, où l'état d'urgence a été instauré jeudi pour la première fois en quinze ans.

Ses premiers effets concrets ont été déclinés dans le Journal officiel: extension de quatre à 30 jours de la durée maximale de garde à vue; radiation à vie des fonctionnaires liés à Fethullah Gülen. Et samedi soir, un responsable a annoncé l'arrestation de Hails Hanci, qualifié de "bras droit" de M. Gülen.

Ont été fermés 1.043 établissements d'enseignement, 15 universités, 1.229 associations et fondations, 19 syndicats... Le président Erdogan a répété sa volonté d'éradiquer ce "virus", ce "cancer" qui se serait "métastasé" dans les institutions.

Certes, la justice a annoncé l'élargissement de 1.200 militaires du rang, une décision de libération inédite depuis le début des purges massives après l'échec du coup d'Etat qui s'est soldé par 270 morts, dont 24 mutins.

Mais dans la soirée de samedi, le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé à la télévision la dissolution de la garde présidentielle, car "elle n'a pas de raison d'être". Après le putsch manqué, 283 de ses 2.500 membres ont été arrêtés.

M. Yildirim a également indiqué que 13.002 gardes à vue avaient été prononcées depuis les événements de la nuit du 15 au 16 juillet et 5.837 personnes placées en détention, dont 3.718 soldats et 123 généraux.

- 'Plus sauvage que Daech' -

"Venez ici! Venez voir à quel point c'est grave!", a lancé le ministre des Affaires européennes Omer Celik à ceux qui penseraient "que c'est juste un jeu de Pokémon". M. Gülen, a-t-il ajouté, est "plus dangereux qu'Oussama Ben Laden" et son mouvement "plus sauvage que Daech", acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI).

Le responsable a toutefois assuré que l'accord du 20 mars entre Ankara et Bruxelles, qui a permis d'assécher le flux des migrants en route vers l'Union européenne (UE), avait continué à être appliqué "sans accroc" et appelé de ses voeux "un nouvel élan" dans les négociations d'adhésion avec l'UE.

Le président Erdogan s'est montré moins volontariste et a répété que si le peuple l'exigeait et si le Parlement le votait, il accepterait le rétablissement de la peine de mort, ce qui risque de torpiller le processus d'adhésion.

- Gülen au bout du fil ? -

Avant une manifestation qui s'annonce massive dimanche place Taksim à Istanbul, les partisans de M. Erdogan redescendaient dans les rues samedi soir, crier leur haine de Fethullah Gülen, dont un neveu a été interpellé, outre son proche collaborateur Hails Hanci.

"On ramènera aussi ce traître (...) de Pennsylvanie", a affirmé vendredi le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu lors d'un de ces rassemblements dans la ville côtière d'Antalya (sud).

Dans un contexte de tensions entre Ankara et Washington, le président Barack Obama a prévenu que la question d'une éventuelle remise du septuagénaire, exigée par les Turcs, serait traitée conformément à la loi américaine.

Par le passé, les Etats-Unis "nous ont fait plusieurs demandes d'extradition, (...) nous ne leur avons jamais demandé aucun document", a déclaré M. Erdogan, qui a assuré que des preuves seraient envoyées d'ici "une dizaine de jours".

Le président turc a affirmé que le chef d'état-major de l'armée Hulusi Akar, resté loyal et pris en otage par les putschistes, s'était vu proposer par ses ravisseurs de s'entretenir au téléphone avec Fethullah Gülen.

Si les autorités sont déterminées à poursuivre le grand ménage dans les services de sécurité, Hakan Fidan, le patron des puissants services de renseignement, le MIT, pris en défaut par le putsch, a pour le moment sauvé sa tête.

Le principal parti prokurde (HDP) a réuni quelques milliers de personnes à Istanbul, pour protester contre le putsch mais aussi contre l'état d'urgence.
(AFP, 23 juillet 2016)

L'UE suit "de très près et avec inquiétude" l'application de l'état d'urgence

L'Union européenne a déclaré suivre "de très près et avec inquiétude" l'application de l'état d'urgence décrété en Turquie à la suite du coup d'Etat manqué du 15 juillet, après lequel Ankara a lancé une gigantesque purge.

Alors que la Turquie venait de vivre sa sa première journée en état d'urgence depuis 15 ans, la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn, ont exprimé dans la soirée de jeudi la préoccupation de Bruxelles.

"Nous suivons les développements concernant l'état d'urgence que la Turquie a déclaré après la tentative de coup d'Etat, que l'UE a condamné, de très près et avec inquiétude", ont déclaré dans un communiqué commun les deux responsables européens.

L'entrée en vigueur de l'état d'urgence est survenue "dans la foulée des récentes décisions inacceptables concernant l'enseignement, la justice et les médias", ont-ils souligné.

L'UE appelle donc une nouvelle fois les autorités turques "à respecter en toutes circonstances l'état de droit, les droits de l'Homme et les libertés fondamentales, y compris le droit de chacun à un procès équitable".

L'appel de l'UE est intervenu alors que la vaste purge déclenchée par le président Recep Tayyip Erdogan après l'échec du coup d'Etat militaire contre lui continuait à plein régime, suscitant l'inquiétude dans plusieurs capitales occidentales. Berlin a encore appelé jeudi Ankara à respecter "la juste mesure des choses".

Près de 60.000 personnes, notamment des militaires, des juges ou des professeurs, ont été arrêtées, suspendues ou limogées, selon un comptage de l'AFP.

Jusqu'à présent, 10.410 personnes ont été placées en garde à vue et 4.060 ont été mises en détention, a indiqué M. Erdogan lors d'une brève allocution à Ankara dans les premières heures de vendredi.

L'état d'urgence n'a pas empêché les Turcs de descendre en masse dans la rue, à l'appel du président.

Munies de flambeaux et de drapeaux, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans la nuit de jeudi à vendredi sur le pont du Bosphore, qui relie les deux parties d'Istanbul, avec des pancartes proclamant "Nous veillons pour la patrie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"J'appelle le peuple héroïque qui a réussi à mettre en échec le coup d'Etat militaire à poursuivre la veille pour la démocratie sur les places publiques jusqu'à ce que notre pays soit définitivement sorti de cette période difficile", a lancé M. Erdogan dans son allocution télévisée.

"Notre gouvernement et nos forces de sécurité poursuivent les opérations avec détermination et succès", a-t-il assuré.

Selon un bilan révisé communiqué par le gouvernement turc, le putsch a fait 265 morts parmi lesquels 24 mutins dans la nuit dramatique du 15 au 16 juillet.

L'état d'urgence a été instauré pour trois mois et prévoit notamment des restrictions aux libertés de manifester ou de circuler.

- 'Traîtres terroristes' -

Sous l'état d'urgence, la Turquie va déroger à la Convention européenne des droits de l'homme, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Numan Kurtulmus.

Cet article reconnaît aux gouvernements, "dans des circonstances exceptionnelles", la faculté de déroger, "de manière temporaire, limitée et contrôlée", à certains droits et libertés garantis par la CEDH.

Cette dérogation prémunit donc la Turquie contre d'éventuelles condamnations de la CEDH alors que des purges sont en cours dans l'armée, la justice, la magistrature, les médias et l'enseignement.

Malgré les restrictions au droit de manifester prévues par l'état d'urgence, de nombreux Turcs ont reçu un texto de "R.T.Erdogan" les appelant à continuer de descendre dans la rue et à poursuivre "la résistance héroïque" contre les "traîtres terroristes".

Une expression faisant référence aux partisans du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, accusés d'avoir noyauté l'Etat et fomenté le putsch.

Un porte-parole du parti AKP au pouvoir, Yasin Aktay, a qualifié jeudi soir le puissant réseau d'écoles, entreprises et ONG du prédicateur septuagénaire de "structure clandestine et ésotérique (...) qui retourne les fils contre leur père".

Ankara demande à la justice américaine de lui remettre M. Gülen, affirmant avoir transmis à Washington des preuves de son implication, qui n'ont toujours pas été rendues publiques.

- Humiliés et brutalisés -

Lors de son allocution de vendredi, M. Erdogan a proclamé le 15 juillet "jour de commémoration des martyrs" tombés lors du putsch avorté.

"Les générations à venir n'oublieront jamais tous les civils, policiers et soldats héros de la résistance démocratique du 15 juillet", a-t-il déclaré.

Traitement diamétralement opposé pour les putschistes présumés: des figures emblématiques de l'armée arrêtées sont désormais présentées comme des traîtres, exhibées devant les médias d'Etat, humiliées et probablement brutalisées.

Mais Ankara assure toujours ignorer qui a été sur le terrain le grand organisateur du coup d'Etat. "On ne sait pas. Ce n'est pas clair", a dit M. Kurtulmus à des journalistes étrangers. "Il y a tant de noms dans les dossiers, tant de personnes de niveau moyen et élevé".
(AFP, 23 juillet 2016)

Erdogan dit au chef de la diplomatie française de "se mêler de ses affaires"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé mercredi au ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault de "se mêler de ses affaires" en réponse à ses critiques sur les purges en Turquie après le coup d'Etat raté.

Le chef de la diplomatie française avait réclamé dimanche le respect de l'Etat de droit en Turquie, refusant tout "chèque en blanc" au président Erdogan, qui a lancé une vaste purge au lendemain de la tentative de putsch.

"Il devrait se mêler de ses affaires", a déclaré M. Erdogan dans une interview à Al-Jazeera. "Est-ce qu'il a l'autorité pour faire ces déclarations à mon propos? Non, il ne l'a pas. S'il veut une leçon de démocratie, nous pouvons aisément lui donner", a-t-il poursuivi.

M. Ayrault avait estimé qu'il "fallait condamner le coup d'Etat en Turquie, c'est la moindre des choses". Mais "nous voulons que l'Etat de droit fonctionne pleinement, ce n'est pas un chèque en blanc pour M. Erdogan", avait-il ajouté.

"Il ne faut pas faire de purges. Ceux qui ont porté atteinte à la démocratie doivent pouvoir être poursuivis dans le cadre de l'Etat de droit", a répété M. Ayrault.

La vaste purge engagée en Turquie a suscité de nouvelles critiques mercredi du porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, selon qui "presque quotidiennement, de nouvelles mesures sont prises, qui sont contraires à un mode d'action respectant l'Etat de droit".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a toutefois apporté le soutien américain à M. Erdogan, refusant de "commenter" les purges opérées par Ankara.
(AFP, 20 juillet 2016)

Le CCBE est extrêmement préoccupé par l'arrestation des milliers de juges
 
Le Conseil des barreaux européens (CCBE) a suivi les événements alarmants qui ont eu lieu en Turquie au cours des derniers jours. Le CCBE est extrêmement préoccupé par les diverses évolutions, y compris des rapports selon lesquels des milliers de juges ont été arrêtés et révoqués. À cet égard, il a écrit au président Recep Tayyip Erdoğan et a contacté la Commission européenne et le SEAE.
 
Ces arrestations de masse ont des conséquences inquiétantes pour l'état de droit. Un pouvoir judiciaire indépendant est une composante essentielle au respect de l'état de droit dans une société libre, et l'application impartiale de l'état de droit exige l'indépendance judiciaire, à savoir l'indépendance vis-à-vis du gouvernement.
 
À cet égard, le CCBE souligne l'importance des Principes fondamentaux des Nations unies relatifs à l'indépendance de la magistrature, qui prévoient que l'indépendance de la magistrature est garantie par l'État et énoncée dans la Constitution ou la législation nationales. Les Principes fondamentaux prévoient que le devoir de toutes les institutions gouvernementales et autres est de respecter l'indépendance du pouvoir judiciaire.
 
Le CCBE souligne également le fait que les Principes fondamentaux des Nations Unies comportent la disposition suivante : « Un juge ne peut être suspendu ou destitué que s'il est inapte à poursuivre ses fonctions pour incapacité ou inconduite. »
 
À la lumière des événements récents, le président du CCBE, Michel Benichou, a déclaré : « nous sommes tous choqués par les évolutions récentes et leurs conséquences possibles. On ne saurait trop insister sur l'importance de la sauvegarde de l'état de droit. L'indépendance du pouvoir judiciaire est indispensable au fonctionnement de toute démocratie. Une société libre n'existe que si elle est régie par l'état de droit. »
 
Le CCBE continuera à suivre la situation en Turquie, à observer les évolutions et leurs conséquences possibles.
 
À propos du CCBE
 
Le Conseil des barreaux européens (CCBE) représente les barreaux de 32 pays membres et 13 pays associés et observateurs, soit plus d'un million d'avocats européens. Fondé en 1960, le CCBE est reconnu comme le porte-parole de la profession d'avocat en Europe par les institutions européennes. Il assure la liaison entre l'Union européenne et les barreaux nationaux. Le CCBE est en contact régulier avec les représentants de la Commission, les eurodéputés et leurs collaborateurs responsables des questions concernant la profession d'avocat. Le CCBE est établi en Belgique sous la forme d'une association internationale sans but lucratif.

Les Européens mettent en garde la Turquie contre le retour de la peine de mort

Les Etats-Unis, l'Union Européenne et l'Otan ont mis en garde lundi la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée et du rétablissement de la peine de mort, trois jours après le coup d'Etat avorté, exhortant Ankara à "respecter l'Etat de droit".

"Nous appelons le gouvernement de Turquie à respecter les institutions démocratiques de la nation et l'Etat de droit", a martelé le secrétaire d'État américain, John Kerry, à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE.

"Le niveau de vigilance et de surveillance va être important dans les jours qui viennent", a prévenu M. Kerry, lors d'une conférence de presse avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Trois jours après le putsch qui a fait au moins 308 morts, dont plus de 100 mutins, un total de 7.543 suspects étaient en garde à vue lundi, dont 6.038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers.

"Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien" de la Turquie, a affirmé de son côté Mme Mogherini.

La diplomate italienne, qui coordonne l'action extérieure de l'UE, a aussi averti la Turquie que sa candidature à l'UE pourrait être remise en cause après les déclarations du président Recep Tayyip Erdogan évoquant une possible réintroduction de la peine de mort.

"Aucun pays ne peut adhérer à l'UE s'il introduit la peine de mort", a dit Mme Mogherini.

La chancelière allemande Angela Merkel a téléphoné lundi au président turc pour lui passer ce message. Elle a souligné "très clairement" à M. Erdogan que la peine de mort ne serait "en aucun cas compatible avec une adhésion à l'UE", selon une porte-parole du gouvernement.

L'Allemagne est le pays européen qui compte la plus grande communauté turque hors de Turquie. Samedi, Mme Merkel, cheville ouvrière de l'accord UE-Turquie sur les réfugiés, avait déjà appelé M. Erdogan à traiter les putschistes en respectant "l'Etat de droit".

- Le 'courage' des Turcs -

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a affirmé que les Européens "feront tout pour que la peine de mort ne soit pas rétablie".

"La Turquie a pris des engagements, elle est signataire de la Convention européenne des droits de l'Homme, elle est membre du Conseil de l'Europe", a rappelé M. Ayrault à Bruxelles.

La peine de mort a été officiellement abolie en Turquie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'Union européenne.

"Aucun Etat membre" du Conseil de l'Europe "ne peut exercer la peine de mort", a souligné le secrétaire général de cette organisation, Thorbjørn Jagland.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a de son côté téléphoné au président turc, a indiqué l'Alliance atlantique, dont la Turquie est un membre stratégique.

"Il est essentiel pour la Turquie, comme pour tous les autres alliés, de respecter pleinement la démocratie et ses institutions, l'ordre constitutionnel, l'Etat de droit et les libertés fondamentales", a estimé M. Stoltenberg.

Mais le chef de l'Otan a aussi à nouveau "condamné" la tentative de coup d'Etat et apporté son "soutien total aux institutions démocratiques turques", estimant que "le peuple de Turquie a fait preuve d'un grand courage". 
(AFP, 18 juillet 2016)

Erdoğan to Merkel: Turkey frustrated by ‘Armenian genocide’ bill

Turkish President Recep Tayyip Erdoğan expressed his discomfort with a German parliament’s resolution on the mass killings of Armenians at the hands of the Ottomans a century ago when he met with German Chancellor Angela Merkel on the sidelines of the NATO summit in Warsaw on July 9.

“The Turkish president expressed Turkey’s frustration and discomfort with the resolution, while the German chancellor vowed to show the necessary sensitivity required for the move to not cast a shadow over bilateral relations,” Turkey’s state-run Anadolu Agency said.

A source close to the Turkish Presidency said Merkel stressed she would do her utmost to ensure this event would not harm German-Turkish relations, Reuters reported.

In a press conference after the meeting, Merkel said she had talked through German-Turkish differences in a constructive spirit with Erdoğan but the issues had not disappeared.

“We discussed all outstanding issues. The atmosphere was constructive... and very businesslike in an effort to solve the existing conflicts,” Merkel told reporters.

Asked whether they had been resolved, she said: “The differences don’t just disappear through such a discussion. But I believe it was important that we talked them through.”

The German parliament passed the resolution on June 2, causing outrage in Turkey, which denies the accusation. Relations between the two countries have been strained since then, with Ankara withdrawing its ambassador from Berlin.

In apparent retaliation, German parliamentarians were denied access to the İncirlik Air Base in southeastern Turkey, where some 250 German troops are participating in NATO operations against Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) militants in Iraq, prompting protests from the Berlin government.

The Turkish source said Merkel had raised the issue and asked Erdoğan to restore access to İncirlik for lawmakers, who approve all military spending and investment.

Erdoğan had replied that the air base was not a place for “public shows and marketing” but Turkey would consider the request in the light of German statements on relations, the source said, according to Reuters.

The source close to the Turkish Presidency said Merkel also expressed satisfaction with the way Turkey was keeping its word in preventing refugees and migrants crossing the Aegean Sea to Greece after more than 1 million flooded into Europe last year, most ending up in Germany.

The two leaders also discussed intelligence cooperation in the fight against foreign fighters recruited by ISIL in Syria, some of whom have returned to carry out attacks in Europe.

Meanwhile, Erdoğan conveyed his condolences to U.S. President Barack Obama over the tragic events unfolding in the U.S. recently during the course of the summit.       

Separately, the Turkish president told U.K Prime Minister David Cameron he respected the vote of the British people to exit from the European Union.

Erdoğan also met with the presidents of Ukraine, Finland, Bosnia and Herzegovina and Azerbaijan.
(hurriyetdailynews.com, July 9, 2016)

Européens et Turcs se rapprochent sans taire leurs griefs mutuels

Européens et Turcs ont fait jeudi à Bruxelles un pas de plus dans leur rapprochement, en ouvrant un nouveau chapitre des négociations d'adhésion d'Ankara à l'UE, sans taire leurs récriminations mutuelles sur la liberté de la presse ou la lutte contre la guérilla kurde.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders, qui a présidé à cette avancée, a rappelé qu'elle résulte de l'engagement pris par l'UE de "redynamiser le processus d'adhésion" de la Turquie, à la faveur d'un rapprochement sans précédent fin 2015 pour tenter d'endiguer la crise migratoire.

Mais, a-t-il immédiatement ajouté, "l'UE exhorte la Turquie à des réformes rapides, particulièrement dans les domaines de l'Etat de droit et les droits de l'Homme".

"Il est important que la Turquie s'attaque à plusieurs graves défaillances", a renchéri le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn, au moment où la guerre ouverte déclarée par le pouvoir islamo-conservateur turc à certains intellectuels et médias d'opposition ne montre aucun signe d'essoufflement.

L'ouverture avant fin juin d'un seizième chapitre de négociations, portant sur les questions budgétaires, était prévue dans un accord migratoire inédit et décrié, conclu en mars à Bruxelles. Depuis, le flot de migrants tentant de rallier l'Europe en traversant la mer Egée depuis les côtes turques a quasiment cessé.

Quelque 7.000 migrants gagnaient quotidiennement les îles grecques au plus haut de la crise, en octobre 2015. Grâce aux actions entreprises par la Turquie contre les passeurs, "il y en a maintenant cinquante, même moins, chaque jour", s'est félicité le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.

En échange, les Européens se sont engagés à accueillir des réfugiés syriens directement depuis la Turquie, ont promis de relancer les négociations d'adhésion au point mort depuis des années, et d'accélérer l'octroi aux ressortissants turcs de visas pour de courts séjours dans l'UE.

Mais la lune de miel n'a guère duré, le président turc Recep Tayyip Erdogan appréciant peu que les Européens campent sur certaines de leurs exigences avant de libéraliser le régime de visas, une perspective très attendue par l'opinion publique turque.

 - 'Deux poids, deux mesures' -

La question est très sensible, puisqu'elle touche un point de désaccord fondamental entre l'UE et Ankara: la lutte antiterroriste.

Pour Bruxelles, il est impossible d'aller de l'avant sur les visas tant que la législation antiterroriste turque permettra "d'emprisonner et de poursuivre" des journalistes et intellectuels simplement "pour avoir exprimé leur point de vue (...) d'une manière non violente".

A l'inverse, les ministres turcs présents jeudi ont de nouveau accusé les Européens de faire "deux poids deux mesures" en étant trop permissifs avec la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan.

"Il y a en Europe des personnes et partis politiques qui soutiennent le PKK parce que leur idéologie est proche de la leur", a dénoncé Mevlüt Cavusoglu, appelant l'UE à "cesser de faire une distinction" entre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et le PKK.

Plusieurs organisations proches du PKK, placé sur la liste d'organisations terroristes de l'UE, sont très actives en Europe, notamment en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en France.

"Dans les capitales européennes, les drapeaux et insignes de Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) ne sont pas autorisés", a argué le ministre turc aux Affaires européennes, Omer Celik. "De la même façon, le PKK, qui se manifeste par des drapeaux, collecte des fonds (...) ne devrait pas être permis!".

Face aux menaces du président Erdogan de dénoncer l'accord migratoire, les Européens semblent prêts à lâcher un peu de lest.

"L'intention (...) n'a jamais été de limiter les capacités de la Turquie à combattre efficacement le terrorisme, bien au contraire", a assuré jeudi le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, deux jours après le triple attentat-suicide qui a fait 43 morts à l'aéroport d'Istanbul.

Même si Bruxelles exclut tout élargissement de l'UE avant 2020, des préparatifs sont en cours pour ouvrir cinq autres chapitres dans les négociations d'adhésion d'Ankara, sur un total de 35.
(AFP, 30 juin 2016)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Le président turc dit aux Occidentaux de se "mêler de leurs affaires"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté vertement les critiques des Occidentaux inquiets des purges de masse en cours deux semaines après le putsch raté, leur conseillant de "se mêler de leurs affaires".

Le grand "coup de balai" en Turquie s'est étendu vendredi au monde des affaires, avec de premières gardes à vue de dirigeants d'entreprise, tandis que 17 journalistes dont des figures de premier plan ont été inculpés pour appartenance "à une organisation terroriste" et écroués.

A ce jour, plus de 18.000 personnes ont été mises en garde à vue à un moment donné, dont près de 10.000 sont poursuivies et placées en détention préventive, a dit le ministre de l'Intérieur vendredi, et 3.500 ont été libérées.

Quelque 50.000 passeports ont été annulés, une "précaution contre le risque de fuite des terroristes", a précisé un responsable turc, alors que la Turquie s'est installée dans l'état d'urgence pour trois mois.

Accusé du putsch par le président Erdogan sans qu'aucune preuve publique n'ait été fournie, le prédicateur septuagénaire Fethullah Gülen a démenti tout rôle dans le coup d'Etat avorté, depuis son exil américain.

Mais ses sympathisants présumés sont les victimes d'une chasse aux sorcières radicale qui touche l'armée, les médias, la justice et l'éducation.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a dénoncé jeudi des purges qui "dépassent toute mesure" et l'Union européenne laissait entrevoir un gel des négociations d'adhésion d'Ankara en cas de violation de l'Etat de droit.

Mais M. Erdogan a fait fi de ces mises en garde.

"Certains nous donnent des conseils. Ils se disent inquiets. Mêlez-vous de vos affaires!", a lancé M. Erdogan depuis son palais présidentiel à Ankara.

"Ces pays dont les leaders ne sont pas inquiets pour la démocratie turque, ni pour la vie de nos citoyens et leur avenir alors qu'ils sont tellement préoccupés par le sort des putschistes, ne peuvent pas être nos amis", a-t-il ajouté.

Signe de la tension avec l'UE, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a estimé que l'accord entre l'Union et la Turquie pour freiner l'afflux de réfugiés en Europe occidentale risquait de capoter, dans un entretien au journal autrichien Kurier.

Le président turc a toutefois fait un geste de bonne volonté en affirmant abandonner les poursuites en justice lancées contre des personnes accusées de l'avoir insulté.

Un des leaders de l'opposition était notamment poursuivi ainsi que plus de 2.000 autres personnes, selon des chiffres officiels.

- Purges dans les affaires -

Vendredi, la purge s'est étendue aux secteurs des affaires. Mustafa Boydak, président du conglomérat familial Boydak Holding, a été arrêté à Kayseri (centre), en même temps que deux dirigeants de son groupe, Sukru Boydak et Halit Boydak, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Des mandats d'arrêt ont également été délivrés contre l'ex-président de ce groupe qui a des intérêts dans l'énergie, la finance et les meubles, ainsi que contre deux proches.

Vingt-et-un journalistes ont aussi comparu devant un tribunal, dont Nazli Ilicak, ancienne députée, licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption -- orchestré, selon Ankara, par Fethullah Gülen.
 Des confrères s'étaient rassemblés devant le tribunal pour les soutenir, a constaté une journaliste de l'AFP.

Sur les 21 journalistes, 17 dont Nazli Ilicak ont été placés en détention préventive et sont poursuivis pour appartenance à "un groupe terroriste", a rapporté l'agence Anadolu.

Les quatre autres ont été remis en liberté, dont Bulent Mumay, ancien éditeur du quotidien Hurriyet et figure connue du monde des médias.

Le Premier ministre Binali Yildirim a par ailleurs affirmé que l'armée était maintenant "nettoyée" de ses éléments pro-Gülen.

- Critiques 'ridicules' -

Le chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu a assuré que l'armée turque continuerait la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique et sortirait renforcée de son remaniement, en réponse aux critiques "ridicules" du général américain Joe Votel, chef des forces américaines au Moyen-Orient.

Le président Erdogan a accusé ce général de "prendre le parti des putschistes", des accusations démenties par le chef militaire américain.

"Toute information selon laquelle j'ai quoi que ce soit à voir avec la récente tentative de coup d'Etat en Turquie est complètement fausse", a déclaré le général Votel.

La veille, il avait dit "craindre l'impact" des purges dans l'armée turque sur les relations entre Washington et la hiérarchie militaire turque, selon des médias américains.

L'armée turque a subi un vaste remaniement après le limogeage de près de la moitié de ses généraux (149).

"Toutes les bases dont sont partis les hélicoptères et les chars seront fermées", a annoncé le Premier ministre, "nous éliminerons tous les risques de nouveau putsch", a-t-il tonné devant la presse.

Par ailleurs, après le Kirghizistan, Ankara a mis en garde le Kazakhstan concernant des écoles "turco-kazakhes" liées à Fethullah Gülen.
(AFP, 29 juillet 2016)

Erdogan accuse un général américain de "prendre le parti des putschistes"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi un général américain de "prendre le parti des putschistes" pour avoir dit craindre que les purges en cours en Turquie n'aient des conséquences sur les relations bilatérales avec les Etats-Unis.

"Vous prenez le parti des putschistes au lieu de défendre un pays qui a mis en échec la tentative de coup d'Etat", a déclaré M. Erdogan après une cérémonie dans un centre d'entraînement de l'armée bombardé par les putschistes dans la nuit du 15 au 16 juillet. Quarante-sept personnes y avaient été tuées, une des attaques les plus meurtrières commises par les mutins.

"Celui qui a ourdi le coup d'Etat est déjà dans votre pays et vous le nourrissez", a-t-il ajouté, évoquant le prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis dont Ankara demande l'extradition.

Le général américain Joseph Votel, commandant des opérations du Pentagone au Moyen-Orient, a déclaré jeudi soir, selon des médias américains, pendant un colloque organisé par le centre de réflexion Aspen, "craindre l'impact que pourraient avoir" les purges en cours dans l'armée turque sur les relations que Washington entretient avec des membres de la hiérarchie militaire turque.

Interrogé pour savoir si certains des interlocuteurs de Washington au sein de l'armée turque étaient détenus, il a répondu : "oui, je pense que certains sont en prison".

Le général a souligné que la Turquie était un partenaire très important de son pays dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), entre autres en termes de partage de renseignements.

Ce pays, qui a mis à disposition de la coalition internationale antijihadiste menée par Washington la base aérienne d'Incirlik pour procéder à ses frappes aériennes en Irak et en Syrie, "est plus qu'un endroit où nous entreposons nos équipements", avait ajouté le général américain.
(AFP, 29 juillet 2016)

Fethullah Gülen demande aux Etats-Unis de ne pas l'extrader

L'opposant turc Fethullah Gülen demande aux autorités américaines de "résister" à la "tentation de donner (au président turc) Erdogan tout ce qu'il veut", notamment en l'extradant vers son pays d'origine, dans un éditorial publié mardi sur le site du New York Times.

Exilé aux Etats-Unis depuis 1999, Fethullah Gülen est accusé par Recep Tayyip Erdogan d'avoir initié la tentative de coup d'Etat du 15 juillet en Turquie, qui a été mise en échec.

Dans l'éditorial, il réfute une nouvelle fois ces accusations, condamne le coup d'Etat manqué et rappelle qu'il a toujours été opposé à la violence.

Il s'inquiète aujourd'hui de la stratégie du président turc, qui "soumet les Etats-Unis à un chantage en menaçant de réduire son soutien à la coalition contre le groupe Etat islamique".

"Son objectif: obtenir mon extradition, malgré l'absence de preuve crédible et sans aucune perspective d'un procès équitable", écrit l'ancien imam, âgé de 75 ans.

"La tentation de donner à M. Erdogan tout ce qu'il veut est compréhensible", explique-t-il. "Mais les Etats-Unis doivent y résister."

Fethullah Gülen dénonce "l'évolution du gouvernement Erdogan vers une dictature" et s'inquiète de ses effets sur la société turque.

Pour préserver la paix et la démocratie au Moyen-Orient, "les Etats-Unis ne doivent pas céder à un autocrate qui est en train de profiter d'une tentative de putsch pour réaliser son propre coup d'Etat au ralenti", exhorte l'opposant turc.

La Turquie doit prochainement demander formellement à Washington l'extradition du prédicateur.

Dimanche, le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, a directement mis en cause les Etats-Unis dans ce dossier.

"L'Amérique sait que Fethullah Gülen est derrière ce coup", a-t-il déclaré.
(AFP, 26 juillet 2016)

Un binational turco-canadien arrêté en Turquie, innocent selon sa famille

Un membre de la famille d'un binational turco-canadien arrêté en Turquie a affirmé dimanche au Canada que celui-ci n'était pas un proche du prédicateur Fethullah Gülen et n'avait joué aucun rôle dans le coup d'État manqué du 15 juillet.

Interrogé par la chaîne publique canadienne CBC, Selman Durmus a déclaré être "très inquiet" pour son beau-frère présenté sous le nom de Davud Hanci accusé, a-t-il dit, "d'être le bras droit de Fethullah Gülen", le prédicateur considéré par Ankara comme l'instigateur du coup d'Etat manqué du 15 juillet en Turquie.

M. Hanci, qui vit à Calgary (ouest du Canada), travaille comme imam pour les services correctionnels canadiens, a précisé M. Durmus qui a expliqué être le frère de son épouse.

Les autorités turques avaient annoncé samedi l'arrestation d'un homme de nationalité canadienne, et l'avaient identifié comme Halis Hanci. Selon elles, c'est un proche collaborateur de Fethullah Gülen.

Selon l'agence de presse Anadolu, la personne en question s'appelle Davut Hanci (BIEN: Davut Hanci) et Halis Hanci est un "nom de code" de cette personne, Halis signifiant "pur". Cet homme avait pénétré en Turquie une semaine avant la pustch raté, selon Anadolu.

M. Durmus a expliqué que son beau-frère avait été arrêté devant son épouse qui l'a aussitôt appelé au Canada. Il a reconnu que celui-ci avait "du respect pour l'idéologie de M. Gülen", mais il a affirmé que M. Hanci "ne jouait aucun rôle au sein du mouvement".

Ce proche a aussi souligné que l'homme figurant en compagnie de M. Gülen sur une photo, qui circule actuellement dans les médias turcs, n'était pas son beau-frère.

M. Durmus a aussi assuré que M. Hanci n'avait "évidemment" joué aucun rôle dans le coup d'Etat, relevant en outre que celui-ci avait fait l'objet d'une enquête de sécurité dans le cadre de son travail pour les services pénitentiaires.

Selon lui, M. Hanci avait quitté Calgary le 7 juillet avec sa famille pour aller rendre visite à son père.

Interrogé au sujet de ce ressortissant turco-canadien, un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP avoir "connaissance d'un individu détenant la nationalité canadienne et turque qui est détenu en Turquie".

"Des responsables consulaires canadiens sont en contact avec les autorités locales et fournissent des services consulaires à cet individu", a ajouté le porte-parole en indiquant ne pas être en mesure de donner d'autres précisions.
(AFP, 25 juillet 2016)

Les Etats-Unis autorisent le "départ volontaire" des familles en Turquie

Le département d'Etat américain a autorisé le "départ volontaire" des familles de son personnel en Turquie après le coup d'Etat manqué du 15 juillet, une mesure prise généralement quand la situation sécuritaire se dégrade "de manière significative".

"Le département d'Etat a pris cette décision à la suite de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet et de la proclamation de l'état d'urgence pour 90 jours par le gouvernement turc", précise mardi l'ambassade des Etats-Unis en Turquie sur son site internet.

La procédure dite de "départ autorisé" est enclenchée "quand la situation sécuritaire dans un endroit donné s'est dégradée de manière significative", explique un document du département d'Etat.

Les familles qui partent dans le cadre de cette procédure voient entre autres leurs frais de voyage remboursés.

Les Etats-Unis mettent en garde leurs citoyens contre un possible renforcement des activités policières et militaires en Turquie, ainsi que sur de possibles restrictions à la liberté de circuler.

Washington "recommande aux citoyens américains de reconsidérer leurs plans de voyage vers la Turquie", a ajouté l'ambassade.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété jeudi dernier l'état d'urgence pour une durée de trois mois afin de poursuivre les auteurs du putsch avorté.

Ankara accuse le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen d'avoir ourdi le coup d'Etat et a procédé à des purges de masse dans l'armée, la justice, l'éducation et les médias.
(AFP, 26 juillet 2016)

Les Etats-Unis soutiennent l'action de la Turquie contre le "coup" d'Etat avorté

Les Etats-Unis condamnent la tentative de "coup" d'Etat en Turquie et appuient le régime du président Recep Tayyip Erdogan dans ses actions d'épuration qui s'illustrent par des purges massives, a indiqué mercredi le secrétaire d'Etat John Kerry.

"Nous soutenons l'élimination par le gouvernement du coup" d'Etat manqué de vendredi soir, a déclaré M. Kerry, interrogé sur les dizaines de milliers de personnes arrêtées, limogées ou suspendues en Turquie.

"Nous soutenons le gouvernement démocratique (...). Nous condamnons le coup" d'Etat, a insisté John Kerry devant la presse lors d'une conférence de donateurs pour l'Irak, refusant de "commenter" les purges opérées par Ankara et qui touchent de larges secteurs de la société, de l'armée aux médias en passant par les universités.

Le chef de la diplomatie américaine, qui avait insisté dimanche sur le respect de la "démocratie" et de "l'Etat de droit" en Turquie, a toutefois averti que "nous voulons être certains que la réponse au coup d'Etat respecte complètement la démocratie".

L'épuration menée par le régime Erdogan cible des proches présumés du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999, accusé d'être l'instigateur du putsch.

La Turquie réclame à Washington son extradition mais John Kerry a réaffirmé que son administration avait besoin de ""preuves" de l'éventuelle implication de cet opposant âgé de 75 ans. Il a expliqué que les Etats-Unis avaient "un dispositif d'exigences (juridiques) très strictes en matière d'extradition".

Ankara et Washington sont en principe "alliés" historiques au sein de l'Otan et "partenaires" et "amis" dans la lutte internationale contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Mais les deux pays traversent une zone de turbulences diplomatiques depuis des mois, notamment sur le conflit syrien et sur le dossier des droits de l'homme.

Le coup d'Etat manqué risque d'envenimer encore les relations déjà très tendues entre les deux gouvernements, selon des experts.
(AFP, 20 juillet 2016)

ONU: Respecter les droits fondamentaux est crucial pour protéger la démocratie

Respecter les droits fondamentaux comme la liberté d'expression et la tenue de procès en bonne et due forme est crucial pour préserver la démocratie en Turquie, a prévenu l'ONU lundi tandis que les autorités turques procèdent à des purges après le putsch manqué.

De son côté, l'ambassadeur de Turquie à l'ONU a réclamé le soutien de la communauté internationale, et pas des critiques.

"La Turquie espère, souhaite recevoir du soutien, pas des conseils ou des critiques", a indiqué Yasar Halit Cevik à des journalistes. "Nous aurions aimé que le Conseil de sécurité prenne position dans les meilleurs délais. C'est important".

Selon des diplomates, l'Egypte a bloqué samedi une déclaration du Conseil de sécurité qui avait été proposée par les Etats-Unis après consultation avec Ankara. Ce texte devait dénoncer la tentative de coup d'Etat.

En revanche, à l'instar de l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Otan ont averti Ankara qu'il était crucial de respecter l'Etat de droit, face aux représailles d'ampleur lancées par le pouvoir.

Plus de 7.500 personnes, y compris des hauts gradés de l'armée, ont été placées en détention, et près de 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires ont été limogés dans le sillage de la tentative de coup d'état dans la nuit de vendredi à samedi pour renverser le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"L'ordre constitutionnel doit être totalement préservé en vertu des principes de démocratie et des droits fondamentaux, y compris le respect total de la liberté d'expression et de réunion et de procès en bonne et due forme", a affirmé lundi Farhan Haq, porte-parole des Nations unies.

"Ces éléments sont cruciaux pour préserver la démocratie de la Turquie et sa future stabilité", a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé vendredi à un retour rapide et pacifique du pouvoir civil en Turquie.

"Les Nations unies continuent de rester fermement aux côtés de la Turquie et de sa démocratie pendant ce moment difficile", a poursuivi M. Haq.

L'ONU a réaffirmé son opposition à la peine de mort, soulignant que les pays l'ayant abolie ne devraient pas revenir en arrière.

Le chef de l'Etat islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a réitéré lundi sur la chaine américaine CNN qu'il n'écartait pas le rétablissement de la peine de mort après le coup d'Etat manqué à la veille du week-end.

"Mais évidemment, il faudra une décision parlementaire pour que cela prenne effet sous forme d'une mesure constitutionnelle", a-t-il ajouté, considérant que le coup de force mené par un groupe de militaires constituait un "délit évident de traitrise".

Ankara a aboli la peine de mort en 2004 dans le cadre de sa candidature à l'Union européenne.
(AFP, 18 juillet 2016)

Le putsch avorté en Turquie envenime la crise Washington-Ankara

Le putsch avorté en Turquie et la reprise en main par le président Recep Tayyip Erdogan enveniment une relation Washington-Ankara déjà empoisonnée par la guerre en Syrie et le dossier des droits de l'homme.

Alliés historiques au sein de l'Otan et officiellement côte à côte dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, les Etats-Unis et la Turquie subissent depuis des mois un sérieux coup de froid dans leur relation diplomatique. Tant sur leurs désaccords profonds à propos du combat international contre le jihadisme que sur la dérive jugée autoritaire du régime Erdogan.

Une mise en garde très claire est venue lundi du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a exhorté, au côté de homologue européenne Federica Mogherini à Bruxelles, "le gouvernement de Turquie à respecter les institutions démocratiques de la nation et l'Etat de droit".

C'est la énième fois que Washington tacle Ankara sur les libertés publiques.

Après des mois de répression contre des médias et opposants turcs, le président américain Barack Obama avait dénoncé en avril, en des termes très forts, "le chemin très inquiétant" emprunté par son homologue turc en matière de liberté de la presse.

Lundi, M. Kerry a aussi réagi aux de milliers d'arrestations de militaires et magistrats turcs, menaçant Ankara sur son avenir au sein de l'Alliance atlantique: être membre de "l'Otan comporte des exigences en matière de démocratie", a-t-il martelé.

- La Turquie hors de l'Otan -

Aux yeux de Matthew Bryza, expert du Dinu Patriciu Eurasia Center basé en Turquie et qui s'exprimait lors d'une conférence téléphonique de l'Atlantic Council à Washington, ces propos "ont été mal interprétés ici, peut-être injustement, comme un avertissement selon lequel les Etats-Unis pousseraient la Turquie à quitter l'Otan".

Le spécialiste pronostique ainsi un "voyage agité" pour la relation Etats-Unis/Turquie.

Son collègue Bayram Balci, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po, juge aussi "totalement irresponsable" cette déclaration de M. Kerry. "Si la Turquie sortait de l'Otan, par qui les Etats-Unis la remplaceraient-ils?", s'interroge-t-il auprès de l'AFP.

Pour des analystes, le noeud des tensions turco-américaines se fixe cette fois sur le sort du prédicateur musulman en exil aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir fomenté le putsch avorté. Ennemi juré du président Erdogan, M. Gülen pilote un puissant mouvement en Turquie qui compte des écoles, des ONG et des entreprises.

Alors qu'Ankara réclame à Washington l'extradition de cet opposant, John Kerry a rétorqué que non seulement la Turquie devait former cette requête par voie officielle et que, de surcroît, elle devait présenter "des preuves, pas des allégations" contre M. Gülen qui vit depuis plus de 15 ans dans le nord-est des Etats-Unis.

- 'Choisir la Turquie ou Gülen' -

"On voit de plus en plus de hauts responsables turcs dire que les Etats-Unis doivent choisir entre la Turquie et Gülen", résume Aaron Stein, du Rafik Hariri Center for the Middle East et qui s'exprimait devant l'Atlantic Council.
 L'expert prédit aussi une "crise dans la relation entre les Etats-Unis et la Turquie".

A court terme, la lutte contre le groupe EI risque aussi de se compliquer.

Allié jugé officieusement réticent, voire ambigu, Ankara a autorisé en juillet 2015 la coalition internationale à utiliser sa base aérienne d'Incirlik (sud), pour le lancement d'opérations aériennes contre les jihadistes en Syrie et en Irak. Les Etats-Unis, qui ont 1.500 militaires et civils sur la base, y ont déployé des drones et des avions d'attaque.

Or Ankara soupçonne qu'Incirlik a été utilisée pour le ravitaillement des avions de chasse des putschistes vendredi soir.

La priorité de la Turquie dans la région reste la lutte contre les Kurdes du PKK, tandis que les Kurdes en Syrie et en Irak sont soutenus par les Etats-Unis dans leur combat contre l'EI.

L'expert Aaron Stein estime qu'en conséquence "la manière dont la coalition conduit ses opérations sera affectée".

Certes, reconnaît l'ancien ambassadeur britannique en Turquie et aux Etats-Unis Peter Westmacott, "tout cela va être un peu plus compliqué pour un moment mais l'implication de la Turquie dans l'effort uni et international contre Daech, je l'espère, demeurera inchangé".
(AFP, 18 juillet 2016)

NATO's AWACS surveillance jets to fly over Turkey

NATO leaders agreed 9 July on a set of decisions to project stability beyond the Alliance’s borders, including starting a new training and capacity building effort in Iraq and the use of AWACS surveillance aircraft on the Turkish sky to support the strikes by the coalition against the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL).

“To the south we see failed and failing states. And millions left homeless and hopeless by terrorist groups like ISIL,” NATO Secretary General Stoltenberg told a news conference on day two of the NATO Summit.

“This instability has a direct impact on our societies. The scale of the challenge demands that we take action.”
(hurriyetdailynews.com, July 9, 2016)

Relations régionales / Regional Relations

Après le Kirghizistan, la Turquie alerte le Kazakhstan sur ses écoles pro-Gülen

La Turquie a mis en garde vendredi le Kazakhstan concernant des écoles "turco-kazakhes" liées au prédicateur Fethullah Gülen, qu'Ankara accuse d'avoir ourdi le coup d'Etat raté du 15 juillet contre le président Erdogan.

La veille, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu avait averti le Kirghizistan, pays voisin du Kazakhstan, du risque de coup d'Etat des sympathisants de l'ex-imam Gülen, expliquant qu'ils avaient "infiltré toutes les institutions" de l'ancienne république soviétique.

L'ambassadeur turc à Astana Nevzat Uyanik a mis en garde le Kazakhstan concernant des "écoles turco-kazakhes" qui seraient dirigées par des fondations liées à Gülen, et qui n'ont pas le soutien d'Ankara.

"Ces écoles n'ont pas le moindre lien avec les organes officiels turcs", a indiqué l'ambassadeur lors d'une conférence de presse à Astana, la capitale kazakhe.

Selon M. Uyanik, le coup d'Etat raté du 15 juillet est "un avertissement aux autres pays". "Nous sommes sûrs que les institutions concernées vont prendre les mesures nécessaires", a ajouté l'ambassadeur, semblant s'adresser aux autorités kazakhes.

La coopération "n'est pas seulement dans les intérêts de la Turquie, mais également dans ceux du Kazakhstan", a-t-il déclaré.

Ankara accuse le prédicateur Gülen de bâtir son influence à travers un vaste réseau d'enseignement privé, non seulement en Turquie mais aussi en Afrique et en Asie centrale.

L'agence turque progouvernementale Anadolu a affirmé qu'une fondation liée à Gülen gérait neuf écoles primaires et secondaires, deux écoles internationales et une université au Kirghizistan.

Le Kazakhstan et le Kirghizistan sont les deux seuls pays d'Asie centrale où les écoles liées à Gülen ont encore une présence significative.
(AFP, 29 juillet 2016)

L'État islamique revendique l'attentat de Qamichli

Une nouvelle attaque a frappé la Syrie. Le bilan est lourd. Au moins 44 personnes sont mortes et 140 ont été blessées dans un attentat ayant visé des bâtiments de la sécurité kurde mercredi 27 juillet dans la ville syrienne de Qamichli (Nord-Est), non loin de la frontière turque, selon un nouveau bilan des médias officiels.

Cet attentat a été revendiqué par le groupe État islamique. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le groupe extrémiste, qui a déjà visé cette ville par le passé, a dit que l'attaque avait été perpétrée par un kamikaze à bord d'un camion piégé en réponse aux raids aériens de la coalition antidjihadiste sur la ville de Minbej (nord), fief de l'EI assiégé depuis plusieurs semaines par les forces d'une alliance de combattants kurdes et arabes syriens

L'attaque s'est produite dans un quartier où sont installés de nombreux organismes – notamment de sécurité – de l'administration autonome que les Kurdes ont installée dans les territoires qu'ils contrôlent dans le Nord-Est syrien. La télévision nationale syrienne a parlé d'un « attentat terroriste » qui selon l'agence officielle Sana a fait « 44 morts et 140 blessés, dont plusieurs grièvement atteints ». Un bilan précédent de la télévision faisait état de 31 morts et 170 blessés, ajoutant que les opérations de sauvetage se poursuivaient. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait auparavant parlé d'au moins 14 morts et de plusieurs dizaines de blessés. Des images de l'attentat montrent un secteur dévasté, une chaussée recouverte de débris et plusieurs immeubles très endommagés.

Appel au don du sang

Selon un correspondant de l'AFP citant une source des forces de sécurité kurdes (Assayech), « il s'agit du plus gros attentat jamais perpétré dans la ville » de Qamichli. Il a fait état de dégâts très importants et de corps ensevelis sous les décombres. Selon la même source, l'attentat a été mené par un kamikaze qui s'est fait exploser à bord d'un gros camion près d'un point de contrôle proche des administrations de la « zone autonome » kurde dans la ville, dont l'organisme chargé des affaires de Défense. Elle a fait état d'hôpitaux débordés par le grand nombre de victimes. Selon la télévision nationale syrienne, le gouverneur de la province de Hassaké, où se trouve Qamichli, a lancé à la population un appel au don de sang « pour les victimes [...] dans les hôpitaux publics et privés ». Les premières informations avaient fait état d'un double attentat, mais selon des sources dans Qamichli et selon l'OSDH, l'explosion du camion a en fait provoqué une autre déflagration, causée par un réservoir de gaz.

La majorité de la province de Hassaké est contrôlée par les forces kurdes qui y ont établi une « administration autonome ». Les forces gouvernementales syriennes contrôlent l'aéroport et certains quartiers de Qamichli. Le reste de la province est aux mains des Unités de protection du peuple kurde (YPG, principale force militaire kurde), qui ont annoncé en mars la création d'une zone « autonome » dans le Nord-Est syrien. Les combattants kurdes sont à la pointe du combat contre le groupe extrémiste État islamique (EI) et ont remporté plusieurs victoires dans le nord et l'est de la Syrie, mais les djihadistes ont répliqué par une série d'attaques-suicides.
(AFP, 27 juillet 2016)

Rencontre Poutine-Erdogan le 9 août à Saint-Pétersbourg

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan comptent se rencontrer le 9 août à Saint-Pétersbourg pour la première fois en près d'un an de crise, a annoncé le Kremlin mardi, alors que Moscou et Ankara cherchent à normaliser leurs relations économiques.

La visite de M. Erdogan en Russie "aura lieu le 9 août. La rencontre se tiendra à Saint-Pétersbourg" (nord-ouest), a indiqué à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, confirmant ainsi les informations annoncées dans la matinée par des responsables turcs en visite à Moscou.

"Il s'agit de la première rencontre après l'incident survenu dans nos relations (...) et après que les deux dirigeants ont réussi à tourner la page", a-t-il souligné. "On peut dire avec assurance qu'ils ne manqueront pas de sujets de conversation", a-t-il poursuivi.

Le crash d'un bombardier russe abattu par l'aviation turque au-dessus de la frontière turco-syrienne a déclenché en novembre une grave crise dans les relations entre Moscou et Ankara. La Russie avait alors adopté des mesures de rétorsion économique contre la Turquie.

Après des mois d'invectives entre les deux dirigeants, les relations russo-turques se sont apaisées début juillet lorsque M. Erdogan a envoyé à Vladimir Poutine une lettre d'excuses.

Après une tentative de putsch militaire en Turquie, M. Poutine s'est entretenu au téléphone avec M. Erdogan en lui souhaitant un rapide retour à la stabilité et en lui demandant également d'assurer la sécurité des touristes russes.

Dans le cadre de ce réchauffement, une délégation ministérielle turque a tenu des rencontres mardi à Moscou pour tenter de relancer la coopération, la crise diplomatique ayant plombé le commerce agricole mais aussi remis en questions des projets importants comme le gazoduc TurkStream.

- 'Normaliser la situation' -

"Nous sommes là aujourd'hui pour normaliser la situation et nos relations le plus vite possible et à un rythme accéléré", a déclaré le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek, le plus haut responsable turc à se rendre à Moscou depuis le début de la crise, lors d'une rencontre avec son homologue russe Arkadi Dvorkovitch.

Si ces discussions n'ont abouti à aucune avancée concrète, le ministre turc de l'Economie Nihat Zeybekçi, cité par les agences russes, a assuré qu'Ankara souhaitait avancer sur deux projets majeurs : la centrale nucléaire d'Akkuyu et le gazoduc TurkStream.

Ce dernier visait pour Moscou à faire de la Turquie un important pays de transit pour le gaz russe destiné à l'Europe, à la place de l'Ukraine.

"TurkStream répond totalement aux intérêts de la Turquie et la réalisation de ce projet rendra les livraisons de gaz vers (la Turquie) plus fiables et plus intéressantes", a insisté le ministre russe de l'énergie, Alexandre Novak, dans un communiqué.

Le numéro deux du groupe russe Gazprom, Alexandre Medvedev, a fait état de "progrès" et indiqué que des délais de réalisation du projet seraient déterminés après la rencontre des présidents le 9 août.

Concernant l'embargo décrété par Moscou sur certains fruits et légumes turcs, le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a prévenu qu'une levée ne pourrait se faire que "par étapes" et était peu probable d'ici à l'entretien prévu à Saint-Pétersbourg.

Dès le début juillet, le rapprochement entre les deux pays avait permis le retour de touristes russes sur les plages d'Antalya, dans le sud de la Turquie, pour qui les Russes représentaient avant la crise le premier contingent de visiteurs.

Si la vente de voyages organisés vers la Turquie est de nouveau autorisée, Moscou n'a pas donné son feu vert aux vols charters et les séjours ne peuvent se faire que par des vols réguliers, limitant les flux.
(AFP, 26 juillet 2016)

Assad accuse Erdogan de se servir du coup d'Etat avorté

Le président syrien Bachar al-Assad a accusé son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, bête noire de Damas, de se servir du coup d'Etat avorté dans son pays comme prétexte pour mettre en oeuvre son "projet extrémiste".

Dans un entretien à l'agence de presse officielle cubaine Prensa Latina diffusé jeudi, M. Assad affirme que le président turc "utilise le coup d'Etat dans le but d'appliquer son propre projet extrémiste, celui (la confrérie) des Frères musulmans", que M. Erdogan affectionne.

"Cela est dangereux pour la Turquie et les pays voisins, y compris la Syrie", indique le président syrien engagé depuis cinq ans dans une lutte sans merci contre la rébellion appuyée par Ryad, Doha mais aussi Ankara.

M. Assad s'est abstenu de répondre à la question de savoir s'il aurait souhaité que le coup d'Etat réussisse.

Depuis le début du conflit en 2011, Damas accuse le gouvernement islamo-conservateur de fournir du soutien logistique aux rebelles qu'il accuse de "terrorisme". Ankara est régulièrement la cible de diatribes dans les médias officiels syriens, à l'instar de l'Arabie saoudite et de Qatar.

Au cours de la tentative de putsch vendredi soir, plusieurs sympathisants du régime d'Assad avaient tiré en l'air en signe de joie avant que le pouvoir turc n'annonce que le coup d'Etat a été avorté.

Damas et Ankara étaient des alliés avant le début de la guerre en Syrie qui a fait plus de 280.000 morts. La Turquie, abrite sur son sol quelque 2,7 réfugiés syriens et accueille le siège de l'opposition en exil.

Toutes les tentatives de cessez-le-feu ou de négociations sous l'égide de l'ONU ont jusqu'à présent échoué.

Dans cette interview, M. Assad soutient que tous les "médiateurs (de l'ONU) ne sont pas indépendants", en citant Kofi Annan, Lakhdar Brahimi et l'actuel émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. "Il n'y a pas de rôle des Nations unies dans le conflit en Syrie, il y a juste un dialogue russo-américain", précise-t-il.

Russes et Américains cherchent à s'entendre sur une issue au conflit mais celle-ci semble improbable avec la poursuite des combats sanglants sur le terrain entre régime, rebelles, jihadistes et forces kurdes.
(AFP, 21 juillet 2016)

Yildirim: Pas de solution en Syrie tant qu'Assad reste au pouvoir

Il ne peut y avoir de solution politique au conflit chez le voisin syrien et à la menace jihadiste émanant de cette crise tant que le président Bachar al-Assad restera au pouvoir, a prévenu le Premier ministre turc Binali Yildirim dans une interview diffusée mercredi soir.

"D'une part il y a Assad et de l'autre Daech (acronyme du groupe de l'Etat islamique, l'EI). Si vous nous demandez si l'on préfère Assad ou Daech, nous ne pouvons choisir ni l'un ni l'autre", a-t-il dit, interrogé par la BBC.

Le chef de l'exécutif turc qui a ces derniers jours semblé évoquer, avec des déclarations ambiguës, une volonté de renouer avec la Syrie, ex-allié régional de la Turquie, a été clair: "Ils doivent tous les deux partir".

"Imaginons que nous sommes débarrassés de Daech, le problème ne sera toujours pas résolu. Tant qu'Assad est là, le problème ne sera pas résolu. Une autre organisation terroriste émergerait", a estimé M. Yildirim.

Et d'accuser le régime de Damas d'avoir créé l'EI par sa politique consistant à tuer ses propres citoyens.

La Turquie avait de bonnes relations avec Damas avant le déclenchement de la guerre civile il y a cinq ans en Syrie. Le régime islamo-conservateur du président turc Recep Tayyip Erdogan est toutefois devenu l'un des plus farouches opposants du régime syrien, soutenant ouvertement les rebelles.

Mercredi, M. Yildirim avait affirmé devant les cadres de son parti à Ankara être certain que tôt ou tard la Turquie normaliserait ses liens avec son voisin syrien.

"Les choses doivent changer en Syrie mais d'abord Assad doit changer. Tant qu'Assad ne change pas, rien ne changera", avait ajouté M. Yildirim, sans cependant préciser ce qu'il entendait par ce changement.

Le conflit syrien a fait plus de 280.000 morts. La Turquie abrite sur son sol quelque 2,7 réfugiés syriens qui ont dû fuir les combats dans leurs pays.
(AFP, 14 juillet 2016)

Assad affirme que Moscou n'a jamais évoqué avec lui son départ

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que son allié russe n'avait "jamais" évoqué avec lui son départ, avant des entretiens jeudi à Moscou du secrétaire d'Etat américain John Kerry pour tenter de ressusciter le processus de paix en Syrie.

Depuis plusieurs mois, Russes et Américains multiplient les efforts pour relancer des pourparlers entre le régime de Damas et les groupes rebelles afin de trouver une issue -via un processus de "transition politique"- au conflit syrien.

Mais les progrès diplomatiques ont été si minces que ce processus de transition ne devrait pas pouvoir commencer début août, comme le prévoit pourtant une feuille de route diplomatique adoptée par l'ONU l'an dernier.

Le sort d'Assad reste la principale pierre d'achoppement dans les différents rounds tenus jusquà présent sous l'égide de l'ONU à Genève.

Interrogé par NBC News sur le fait de savoir si les responsables russes avaient évoqué avec lui un processus pouvant aboutir à son départ, le président syrien a été catégorique: "Seul le peuple syrien peut dire qui sera président (...). Ils (les Russes) n'ont jamais dit un mot là-dessus".

Ces déclarations de M. Assad interviennent avant l'arrivée de John Kerry à Moscou, où il doit s'entretenir notamment avec le président russe Vladimir Poutine.

En route pour Moscou, le secrétaire d'Etat américain n'a pas démenti une information du Washington Post selon lequel les Etats-Unis vont proposer à la Russie une coopération militaire en Syrie contre les groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Front Al-Nosra (branche locale d'Al-Qaïda).

Dans la capitale russe, le porte-parole du Kremlin n'a pas voulu commenté mais a souligné que M. Poutine "considérait que la lutte contre le terrorisme en Syrie et dans les Etats voisins ne pouvait être faite que de manière conjointe".
(AFP, 14 juillet 2016)

Somalie: le chef des shebab dénonce la Turquie, "envahisseur économique"

Le chef des islamistes radicaux somaliens shebab, Ahmed Diriye, a dénoncé mardi le "pillage" économique de la Somalie par la Turquie, dans son premier message audio depuis son accession à la tête du mouvement en septembre 2014.

Dans ce discours de 44 minutes diffusé sur des réseaux sociaux et la station des shebab Radio Andalus, Ahmed Diriye, également connu sous le nom d'Ahmed Umar Abu Ubaidah, s'en prend notamment à la Turquie.

Intitulé "La charia ou le martyre", ce message audio est le premier enregistrement du leader des shebab, affiliés à el-Qaëda, depuis qu'il a remplacé l'ancien chef suprême Ahmed Godane tué dans une attaque de drones américains en septembre 2014.

"Le gouvernement turc est l'ennemi de la nation. Aujourd'hui, l'économie de la Somalie est en ruine à cause de son intervention", a déclaré Ahmed Diriye.

La Turquie a considérablement accru sa présence en Somalie ces dernières années. Ankara joue un rôle très actif dans les domaines humanitaire et de la reconstruction. Des entreprises turques gèrent également le port et l'aéroport de la capitale.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan était en visite début juin à Mogadiscio, où il a conclu des accords sur des projets de développement et inauguré les nouveaux bâtiments de l'ambassade de son pays, "l'une des plus grandes ambassades turques dans le monde".

"La Turquie a envahi ce pays économiquement et ne soyez pas dupes du soi-disant développement mis en avant par les Turcs, gardez en tête que les Turcs pillent les ressources de la Somalie plus qu'ils ne l'aident", a poursuivi le chef des shebab.

Ahmed Diriye a par ailleurs une nouvelle fois dénoncé "l'occupation des envahisseurs croisés", en référence aux contingents burundais, ougandais et kényans de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Il a également appelé le peuple somalien au soulèvement.

L'Amisom est déployée depuis 2007 en Somalie, où ses 22.000 soldats soutiennent le fragile gouvernement somalien contre les shebab qui ont juré sa perte.

La puissance de feu supérieure de l'Amisom a permis de chasser les shebab de Mogadiscio en août 2011. Ceux-ci ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent leurs opérations de guérilla et des attentats suicide, souvent jusque dans la capitale. (AFP, 13 juillet 2016)

Erdogan exclut une réconciliation avec le régime égyptien

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a exclu pour l'heure tout rapprochement avec le régime égyptien qu'il a qualifié d'"oppresseur" après la réconciliation entreprise par Ankara avec Israël et la Russie.

"Le cadre (d'une normalisation) avec l'Egypte est différent des démarches engagées avec la Russie et Israël", a indiqué mardi l'homme fort de Turquie à des journalistes cité par l'agence de presse Dogan.

M. Erdogan a souligné que la Turquie n'avait pas de différend avec le peuple égyptien et affirmé que les problèmes provenaient du régime égyptien et une nouvelle fois dénoncé les peines de prison et de mort infligées aux Frères musulmans dans ce pays.

Le gouvernement de M. Erdogan, alors Premier ministre, était un proche soutien de l'islamiste Mohamed Morsi après son élection à la tête de l'Egypte en 2012, espérant qu'il aiderait à ranimer l'influence de la Turquie dans la région.

La Turquie s'est insurgée contre sa destitution par l'armée et M. Erdogan critique depuis régulièrement son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Les deux pays sont brouillés, Le Caire accusant la Turquie de soutenir les Frères musulmans en Egypte contre lesquels M. Sissi mène une dure répression. Les deux capitales ont rappelé leurs ambassadeurs.

"Nous rejetons les verdicts de la justice égyptienne (...) Les sentences prononcées contre Morsi et ses amis ont été prises sur la part d'inventions. Ces gens sont tous nos frères, nous ne pouvons accepter ces décisions d'un régime oppresseur", a dit le chef de l'Etat turc.

La Turquie a récemment fait de grands pas vers Israël et la Russie, d'anciens alliés majeurs avec lesquels elle était brouillée, afin de sortir de l'isolement sur la scène régionale.
(AFP, 5 juillet 2016)

Arrivée d'une aide turque pour Gaza après l'accord de normalisation

Un navire turc transportant de l'aide humanitaire à destination de la bande de Gaza est arrivé dans un port israélien dimanche, une semaine après la normalisation des relations entre Israël et la Turquie après six ans de brouille.

Le navire cargo Lady Leyla est arrivé dimanche après-midi au port d'Ashdod, à une trentaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza, après avoir quitté la Turquie vendredi, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sa cargaison est composée de 11.000 tonnes de denrées alimentaires de première nécessité et de jouets, selon l'agence nationale d'informations turque Anadolu.

Elle sera inspectée par les autorités israéliennes avant d'être envoyée dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas et durement touchée par trois guerres avec Israël depuis 2008 et par un blocus israélien.

La Turquie avait d'abord exigé une levée du blocus du territoire palestinien pour normaliser ses relations avec Israël, ce que l'Etat hébreu avait refusé. Les deux pays ont finalement trouvé un compromis autorisant la Turquie à envoyer de l'aide humanitaire via le port d'Ashdod.

Israël estime le blocus nécessaire pour empêcher le Hamas de recevoir des matériaux pouvant être utilisés à des fins militaires, notamment pour construire des tunnels permettant à des hommes armés de s'infiltrer en Israël.

Des responsables de l'ONU ont de leur côté appelé à une levée du blocus en raison de la détérioration des conditions de vie dans l'enclave palestinienne.

La Turquie, gouvernée par le parti islamo-conservateur AKP, est proche du Hamas et le président turc Recep Tayyip Erdogan est un défenseur de la cause palestinienne.

La Turquie et Israël, qui étaient traditionnellement alliés, se sont brouillés en 2010 lorsque des commandos israéliens ont lancé l'assaut sur un navire qui tentait de briser le blocus de Gaza, tuant dix activistes turcs à bord.

Selon les termes de l'accord, Israël versera 20 millions de dollars (18 millions d'euros) aux familles des militants tués.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en avant les bénéfices économiques de l'accord, notamment les discussions sur un projet de construction d'un pipeline vers la Turquie pour y acheminer du gaz.

Mais l'opinion et la classe politique israélienne ont accueilli cet accord de façon mitigée en raison, notamment, de l'absence de mention du sort de quatre Israéliens - deux soldats tenus pour morts et deux civils qui seraient aux mains du Hamas -
disparus dans la bande de Gaza.

Plusieurs sympathisants et membres des familles des soldats ont manifesté contre l'accord dimanche à l'extérieur du port d'Ashdod.
(AFP, 3 juillet 2016)

Première rencontre entre chefs de la diplomatie russe et turque

Les chefs de la diplomatie russe et turque, Sergueï Lavrov et Mevlut Cavusoglu, sont tombés d'accord vendredi à Sotchi pour renforcer leur contacts militaires, y compris sur la Syrie, lors d'une rencontre destinée à relancer leurs relations après des mois de grave crise diplomatique.

"Nous pouvons parler avec la Russie de toutes les questions, positives ou négatives, car le dialogue qui avait été rompu a repris et que nos relations reviennent à ce qu'elles étaient auparavant", a résumé M. Cavusoglu après la réunion.

"Nous espérons que cette rencontre va donner le ton juste pour la normalisation de nos relations", avait déclaré M. Lavrov au début de l'entretien entre les deux hommes, en marge de l'Assemblée générale de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN).

Le ministre russe des Affaires étrangères a en outre indiqué que les deux pays avaient décidé de relancer leur "groupe de travail sur la lutte antiterroriste", dont l'activité était "gelée" depuis novembre et que les "contacts militaires" seraient approfondis.

Moscou et Ankara s'opposent notamment sur la Syrie, la Russie soutenant militairement le président Bachar al-Assad tandis que la Turquie encourage de son côté activement sa chute en soutenant des groupes rebelles.

Les deux pays sont en mesure de discuter "même des questions les plus difficiles", y compris "la tâche consistant à ne pas permettre aux organisations terroristes en Syrie de se servir du territoire turc" comme base arrière, a assuré Sergueï Lavrov.

Lors de la brouille diplomatique, provoquée par la destruction fin novembre d'un bombardier russe abattu par des F-16 turcs au-dessus de la frontière syrienne, Vladimir Poutine avait publiquement accusé le président turc et sa famille de profiter de la contrebande de pétrole à laquelle se livrent les jihadistes de l'Etat islamique (EI).

- Possible rencontre en août -

Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan s'étaient parlé mercredi pour la première fois depuis le début de la crise diplomatique. Cet entretien téléphonique, au terme de mois de critiques et d'invectives violentes, est intervenu après que le dirigeant turc a envoyé une lettre d'excuses à Vladimir Poutine.

M. Cavusoglu a affirmé que M. Erdogan pourrait se rendre à Sotchi en août pour rencontrer M. Poutine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué dans le pire des cas une rencontre en marge du sommet du G20 début septembre en Chine.

Le chef de l'Etat russe a, dans un premier signe de détente, ordonné la levée des sanctions contre la Turquie dans le domaine touristique et la "normalisation" des relations commerciales avec Ankara.

Après le crash de l'avion russe abattu par la Turquie et la mort d'un des deux pilotes, Moscou avait en effet adopté des mesures de rétorsion contre Ankara, qui comprenaient entre autres un embargo sur l'importation de fruits et légumes turcs et l'interdiction pour les employeurs russes d'embaucher des travailleurs turcs.

La Russie avait également rétabli à partir du 1er janvier 2016 les visas pour les Turcs, interdit des vols charter vers la Turquie et la vente des voyages vers ce pays par les tour-opérateurs russes, portant un coup dur au secteur du tourisme turc.

M. Poutine a ainsi officiellement réautorisé jeudi la vente de voyages vers la Turquie par les tour-opérateurs russes, dont les pertes en raison de cette interdiction vers l'une des destinations privilégiées des touristes russes ont été estimées à des centaines de milliers d'euros par des experts.
(AFP, 1 juillet 2016)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les 8 militaires obtiennent un délai dans l'examen de leur demande d'asile

Les huit militaires turcs qui avaient fui en Grèce après le putsch manqué du 15 juillet, ont obtenu le report de leur entretien prévu mercredi au service d'asile grec, afin de "mieux se préparer", a annoncé à l'AFP leur avocat.

"Comte tenu de la situation très volatile en Turquie, les huit militaires souhaitent attendre et mieux se préparer (...) ils ont peur pour leur vie", a expliqué Me Vassilis Terzidis. Les huit hommes sont désormais convoqués pour le 19 août.

Une première décision sur leur demande d'asile était initialement attendue début août mais après ce report, cette décision "sera retardée", selon l'avocat.

Me Terzidis a invoqué "la condamnation récente par Amnesty International des tortures" et des violations des droits de l'Homme en Turquie, ainsi que le possible rétablissement de la peine de mort.

Car si la peine de la mort est finalement rétablie en Turquie, comme l'avait récemment évoqué le président turc Recep Tayyip Erdogan, "cela sera encore un argument en leur faveur pour la protection internationale qu'ils demandent", souligne Me Terzidis.

L'évocation d'un rétablissement de la peine de mort en Turquie et l'état d'urgence proclamé dans le pays ont soulevé l'inquiétude et de nombreuses critiques des responsables européens.

Les huit hommes - deux commandants, quatre capitaines et deux sergents - ont demandé l'asile en Grèce après l'atterrissage de leur hélicoptère à Alexandropolis, ville proche de la frontière greco-turque le 16 juillet au matin.

Ils avaient été autorisés à atterrir après l'envoi d'un signal de détresse aux autorités grecques. Les militaires turcs affirment qu'ils n'auront pas un procès équitable en Turquie.

La semaine dernière, le tribunal d'Alexandropolis les a condamnés à deux mois de prison avec sursis pour entrée illégale en Grèce et, depuis, ils sont en rétention dans le commissariat du village olympique construit pour les athlètes lors des jeux d'Athènes de 2004 et situé dans la banlieue ouest d'Athènes.

La Turquie, qui les soupçonne d'avoir participé au putsch raté, réclame leur renvoi. Mais cette demande provoque l'embarras en Grèce. Malgré l'amélioration de relations bilatérales ces dernières années, les deux pays voisins se disputent sur certains points de souveraineté en mer Egée, une question historique et à l'origine des tensions.
(AFP, 27 juillet 2016)

Huit militaires turcs condamnés dans une Grèce en "vigilance accrue"

Huit militaires turcs ayant fui en Grèce samedi après le putsch avorté en Turquie ont été condamnés jeudi par un tribunal grec à deux mois de prison avec sursis dans un contexte sensible sur le plan bilatéral.

Les officiers, dont cinq pilotes, resteront toutefois en rétention en raison de l'"absence de papiers d'identité" sur eux, et ce jusqu'à ce que leur demande d'asile en Grèce soit examinée, selon un de leurs avocats, Me Vassiliki-Ilia Marinaki.

Les huit militaires avaient été arrêtés et placés en détention provisoire après s'être illégalement rendus en hélicoptère à l'aéroport d'Alexandroupolis (nord-est de la Grèce, près de la frontière) samedi matin, quelques heures après le coup d'Etat manqué.

Ils ont été condamnés pour "entrée illégale", un délit puni de cinq ans de prison maximum, voire d'une peine administrative d'expulsion.
 La présidente du tribunal a pris en compte les circonstances atténuantes évoquées par le procureur, prévoyant une réduction de peine en cas de "menaces sérieuses pour la vie", a dit aux médias, Me Marinaki.

Au cours de leurs dépositions, les officiers ont nié avoir participé au putsch avorté et expliqué qu'ils avaient "eu peur car il y avait des arrestations massives de militaires" dans la nuit de vendredi à samedi.

"Nous avions pensé aller soit en Bulgarie, en Roumanie ou en Grèce, pays proches", finalement nous avons choisi la Grèce (...) où nous nous sentons plus en sécurité", a raconté l'un des prévenus.

- 'Pardon'-

Selon leurs témoignages, leur unité se trouvait à Istanbul et ils étaient tous en train de transférer en hélicoptère des blessés.

Mais au cours de "mon deuxième transfert, il y a eu des tirs sur l'hélicoptère", a raconté l'un des militaires, qui a alors décidé avec ses collègues d'emprunter un des appareils pour aller se poser "dans une région boisée près d'Istanbul".

"Pendant que nous regardions des images" montrant ce qui se passait dans les rues "sur nos téléphones portables, nous avons entendu des tirs (...) et nous avons décidé de fuir", a-t-il poursuivi.

A l'issue du procès, une des personnes ayant assuré leur défense a lu aux médias un communiqué commun des huit hommes dans lequel ils demandent "pardon pour l'agitation" qu'ils avaient provoquée en Grèce, ajoutant : "Nous n'avons pas eu d'autre choix (...) Nous croyons aux principes démocratiques et des droits de l'Homme, nous sommes des officiers de l'armée turque et nous en sommes fiers".

Des avocats d'une association turque de juristes ont de leur côté distribué un communiqué accusant ces officiers d'être membres de "l'organisation terroriste FETÖ/PDY", nom donné par les autorités turques au mouvement du prédicateur musulman Fethullah Gülen, accusé par la Turquie d'avoir fomenté le coup de force.

Selon cette association, les huit militaires ont participé à l'attaque contre l'hôtel à Marmaris, sur la côte méridionale turque, où séjournait le président Recep Tayyip Erdogan.

Ce procès a été suivi de très près par la Turquie qui réclame le renvoi des officiers pour qu'ils y soient jugés.

- Embarras -

L'affaire est embarrassante pour la Grèce et risque d'envenimer ses relations avec son voisin qui restent toujours sensibles malgré une claire amélioration ces dernières années en matière de coopération économique.

La Grèce a été l'un des premiers pays à exprimer "son soutien au gouvernement démocratiquement élu" de Turquie dans la nuit de vendredi à samedi, une réaction rapide saluée mardi par l'ambassadeur turc à Athènes Kevin Uras.

Dimanche matin, les forces aériennes turques sont allées récupérer l'hélicoptère Black Hawk utilisé par les militaires en fuite.

La marine de guerre grecque restait "en vigilance accrue", selon un responsable de l'armée, au large de l'île de Symi en mer Egée près de la Turquie, après des rumeurs de la presse turque selon lesquelles deux bateaux de Turcs en fuite avaient cherché mercredi à entrer en Grèce au large de cette île.
(AFP, 21 juillet 2016)

Opération aérienne contre deux bateaux tentant de gagner les eaux grecques

Des avions de l'armée turque ont décollé mercredi pour tenter d'arrêter deux bateaux des garde-côtes turcs qui tentaient de rejoindre les eaux territoriales grecques, a rapporté l'agence de presse Dogan, cinq jours après un putsch avorté.

Les avions "mènent une opération contre deux bateaux des garde-côtes turcs dont il a été déterminé qu'ils essaient de gagner les eaux territoriales grecques", selon Dogan. On ignorait dans l'immédiat qui se trouvait à bord.

Un responsables turc a indiqué à l'AFP qu'il ne pouvait pas confirmer l'information dans l'immédiat.

"Un bateau de la marine grecque a été envoyé près de l'île de Symi (mer Egée), mais rien ne permet de confirmer la venue de militaires turcs vers cette île", a indiqué une source gouvernementale grecque.

L'île grecque de Symi est proche de la station balnéaire turque de Marmaris, où se trouvait le président Recep Tayyip Erdogan vendredi soir au début de la tentative de putsch, échappant, selon lui, de peu à l'attaque d'une commando de putschistes.

Selon les médias turcs, les autorités recherchent activement des membres de ce commando qui seraient en fuite dans la région de Bodrum (sud-ouest).

Le gouvernement turc a lancé une vaste purge dans la foulée du coup d'Etat manqué, arrêtant des milliers de personnes.

Ankara a par ailleurs demandé à Athènes l'extradition de huit putschistes présumés qui s'étaient rendus en Grèce en hélicoptère dans la nuit de vendredi à samedi et ont été arrêtés par les autorités grecques.

Les prévenus, deux commandants, quatre capitaines et deux sergents, doivent comparaître jeudi devant le tribunal d'Alexandroupolis (nord-est), selon une source judiciaire.

Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a annoncé qu'Ankara demandait l'extradition des huit hommes, après la tentative de coup d'Etat qui a fait au moins 300 morts.
(AFP, 20 juillet 2016)

Un millier de Turcs traversent "la ligne verte" pour célébrer l'Aïd

Un millier de musulmans turcs ont traversé jeudi la ligne de démarcation séparant Chypre pour participer à un pèlerinage, un rare voyage rendu possible par le rapprochement entre les deux parties de l'île divisée.

Les pèlerins ont été acheminés par autocar sous escorte policière à la mosquée Hala Sultan Tekke, un sanctuaire révéré par les musulmans qui est situé dans la partie sud de l'île peuplée majoritairement de Chypriotes grecs orthodoxes.

Sous une chaleur torride, les fidèles y ont participé à la grande prière de midi - en arabe et en turc - à l'occasion des fêtes de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le mufti de Chypre, Talip Atalay, a conclu en 2014 un accord avec le chef de l'Eglise orthodoxe de Chypre Chrysostomos II, permettant aux pèlerins turcs, non autorisés à se rendre dans la partie sud, de venir prier trois fois par an sur ce lieu saint.

"Nous sommes sur un site très important pour les musulmans, car la tante du Prophète y est enterrée", a expliqué Abdel Raouf al-Hallaq, mufti de Nicosie.

Yunus, 21 ans, ne cachait pas sa joie. "Lorsque j'ai appris que je pouvais venir, j'étais vraiment heureux", a raconté cet étudiant originaire d'Adana, dans le sud de la Turquie. "Nous pouvons prier tous ensemble, c'est très important".

Chypre est divisée en deux depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par des troupes turques en réponse à un coup d'État nationaliste visant à rattacher l'île à la Grèce. Les dirigeants des deux parties ont relancé en 2015 les négociations de paix sous les auspices de l'ONU pour réunifier l'île méditerranéenne.

Des représentants des Eglises maronite, arménienne, orthodoxe et romaine catholique, qui ont exprimé leur soutien au processus de paix, ont également participé à la prière jeudi.
(AFP, 7 juillet 2016)

Immigration / Migration

La N-VA met en cause la double nationalité belgo-turque
 

La députée Zuhal Demir (N-VA) a remis en question la double nationalité belgo-turque. Selon elle, à partir de la deuxième génération, une personne dont les parents sont venus de Turquie ne peut plus porter cette double nationalité.

La députée nationaliste, originaire de la communauté kurde de Turquie, fait référence aux manifestations qui ont eu lieu dans le Limbourg à la suite du coup d’État en Turquie. A Beringen, plusieurs centaines de manifestants menaçaient un centre proche du mouvement de Fatullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine de la tentative de putsch.

«Qui voit-on dans la rue? Ce sont des gens de la deuxième ou de la troisième génération. Des gens qui sont nés ici. Ce sont des Belges ou des Turcs? Maintenant, ils ont encore la double nationalité mais c’est quelque chose que nous devons revoir. En Allemagne, cette double nationalité a été supprimée», a-t-elle expliqué dans «Het Belang van Limburg» avant d’appeler les politiques belges d’origine turque à faire un choix.

Dans la majorité, le CD&V juge logique le fait qu’une personne ne possède qu’une nationalité mais rappelle que la situation est plus compliquée qu’il n’y paraît car certains pays, dont la Turquie mais aussi le Maroc ou la Syrie, n’acceptent pas que l’on renonce à sa nationalité, celle-ci se transmettant par le père à ses enfants.

Les chrétiens-démocrates appellent aussi les nationalistes à se montrer conséquents. Il y a deux semaines, deux autres députés N-VA annonçaient qu’ils déposaient une proposition de loi visant à retirer la nationalité belge aux personnes condamnées pour terrorisme, à condition qu’ils aient une double nationalité. De la sorte, ils pourraient également être renvoyés vers l’autre pays. «Si l’on retire la double nationalité, ils sont Belges et on ne peut plus les renvoyer», a fait remarquer le président Wouter Beke. (Belga, 29 juillet 2016)

Inquiétudes en Allemagne avant une manifestation pro-Erdogan à Cologne

Des milliers de partisans du président Recep Tayyip Erdogan comptent manifester dimanche en Allemagne, au risque d'attiser les tensions au sein de l'importante communauté turque du pays autour des suites de la tentative de putsch.

La police locale, qui va déployer 2.300 agents, attend jusqu'à 30.000 manifestants à partir de 10h00 (08h00 GMT) à Cologne, la métropole rhénane, qui compte une importante minorité turque ou d'origine turque.

L'appel a été lancé par l'Union des démocrates européens-turcs (UETD), pro-Erdogan, pour venir soutenir le président islamo-conservateur.

Ce dernier a appelé vendredi les Occidentaux, très critiques face aux purges, à "se mêler de leurs affaires" et il a accusé l'Allemagne et l'Autriche de faire en sorte que les Turcs se voient "empêchés de se rassembler, de manifester" et de mettre le drapeau turc à leurs fenêtres.

"Voilà quels démocrates ils sont!", a raillé devant ses partisans le dirigeant turc, qui bénéficie en Allemagne d'un immense soutien auprès des 1,55 million de membres de la diaspora turque - 3 millions de personnes si l'on y ajoute les Allemands ayant une origine turque - soit la plus importante au monde.

La police de Cologne a menacé un temps d'interdire la manifestation si des représentants du gouvernement turc devaient y intervenir, ce qui ne sera finalement pas le cas.

Plusieurs contre-manifestations, dont une d'extrême droite, sont aussi prévues dans la ville dimanche, faisant craindre des débordements entre partisans et adversaires du Parti de la justice et du développement (AKP), la formation de Recep Tayyip Erdogan. De nombreux Kurdes et Alévis, opposés au régime Erdogan, résident en effet aussi dans le pays.

Samedi, une première contre-manifestation rassemblant 150 personnes a eu lieu sans incident dans le centre-ville, rapporte l'agence de presse allemande DPA.

Les tensions sont montées dans la communauté après le coup d'Etat raté du 15 juillet, mené par une fraction de l'armée, puis les purges tous azimuts conduites dans la foulée par Ankara.

Plusieurs responsables politiques allemands ont exhorté à ne pas exporter les conflits existant en Turquie.

- 'Tensions politiques' -

"Amener les tensions politiques internes de la Turquie chez nous (...) et intimider les gens qui ont d'autres convictions politiques, ça ne va pas", a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, au journal Süddeutsche Zeitung.

Sur sa page Facebook, le vice-chancelier Sigmar Gabriel a émis le "souhait" que "ceux qui pensent différemment puissent se rencontrer dans le respect. Même les divergences d'opinions fondamentales ne doivent pas nous conduire à nous diviser".

Cem Özdemir, patron des Verts et lui-même d'origine turque, a estimé dans un entretien à des journaux allemands que "les partisans d'Erdogan qui veulent intimider les autres doivent être punis avec toute la rigueur de la loi".

Le ministre de l'Intérieur de la région de Cologne, Ralf Jäger, a prévenu pour sa part qu'en cas d'"appels à la violence", "la police interviendra de manière rigoureuse", alors que les adversaires de M. Erdogan en Allemagne se plaignent de recevoir menaces et insultes.

Enfin, la chancelière Angela Merkel s'est inquiétée jeudi de l'impact des tensions en Turquie sur la diaspora et a appelé Ankara à faire "preuve de proportionnalité" dans sa réponse au coup d'Etat manqué.

Mais au même moment le gouvernement turc a jeté de l'huile sur le feu en demandant à l'Allemagne d'extrader les membres présents sur son territoire du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi la tentative de putsch.
(AFP, 31 juillet 2016)

La Turquie veut que Berlin extrade des partisans du prédicateur Gülen

Le ministre turc des Affaires étrangères a estimé jeudi que l'Allemagne devrait extrader vers la Turquie des membres du réseau du prédicateur Fethullah Gülen qu'Ankara accuse d'avoir ourdi le putsch manqué du 15 juillet.

"Les juges et les procureurs de cet Etat parallèle (terme donné par les autorités turques au réseau de sympathisants du prédicateur Gülen) qui vivent en Allemagne, l'Allemagne doit les extrader", a déclaré Mevlut Cavusoglu dans une interview diffusée par la chaîne privée CNN-Türk.

Quelque trois millions de Turcs ou de personnes d'origine turque vivent en Allemagne. Parmi eux se trouvent des sympathisants du président Recep Tayyip Erdogan, mais aussi du prédicateur Gülen.

Ankara réclame déjà aux Etats-Unis l'extradition du prédicateur, exilé dans ce pays depuis 1999 au moment où il était visé par une enquête en Turquie.

Le ministre a déclaré que les relations avec Washington "seraient affectées si les Etats-Unis n'extradent pas" le prédicateur.

Fethullah Gülen n'a jamais donné de nom officiel à son mouvement, qui se présente comme tenant d'un islam ouvert et tolérant.

Ses membres le désignent comme l'"Hizmet", "le service" au service du bien commun. Leur objectif affiché: transformer la société par l'éducation, l'action civique ou les médias. Les hommes d'affaires et industriels gulenistes avaient leur organisation, Tuskon.
(AFP, 28 juillet 2016)

Les Turcs de Belgique divisés après le coup d’Etat raté

Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, les tensions sont vives au sein de la communauté turque de Belgique entre les partisans du président Erdogan et ceux qu’ils suspectent d’être des sympathisants de Fethullah Gülen, la bête noire du régime turc, qui l’accuse d’avoir ourdi le putsch raté. Au point que Fedactio, une coupole qui fédère une bonne soixantaine d’associations belgo-turques (lire par ailleurs), a chargé l’avocat Walter Van Steenbrugge de déposer plainte contre X, à Gand, à la suite des menaces de mort et autres intimidations dont ceux qui passent pour des gülénistes font l’objet, tous ces jours-ci.

« Cela doit cesser » , a expliqué Me Van Steenbrugge dont la plainte, déposée ce jeudi, fait état de plus de 600 messages de haine collationnés par Fedactio en provenance, pour l’essentiel, du Limbourg, d’Anvers, de Gand et de Bruxelles.

Selon l’avocat, la situation s’aggrave et des mesures de sécurité doivent être prises : « Nous réclamons une enquête approfondie. »

Pour ne pas attiser les tensions, la plainte ne contient aucun nom mais décline, sur quinze pages, la longue litanie des intimidations en tous genres recensées en Flandre et à Bruxelles : jusqu’à des menaces de mort, des appels au viol, des menaces de bouter le feu aux bâtiments. Et des déprédations : tags – « Chiens » , « Partez ! », « Fetö » (du nom par lequel le régime turc désigne « les terroristes gülénistes ») –, vitres brisées, voitures endommagées et autres saccages… Notamment lors des rassemblements qui ont eu lieu après l’appel lancé par le président Erdogan invitant les Turcs à descendre dans la rue.

Des partisans d’Erdogan s’en sont ainsi pris à des bâtiments hébergeant des sociétés ou des associations réputées, à tort ou à raison, soutenir la cause de Fethullah Gülen. Ces déprédations se sont cantonnées à la Flandre et à Bruxelles.

Les menaces et les intimidations, elles, continuent de circuler de part et d’autre de la frontière linguistique, principalement via les forums sur internet et les réseaux sociaux sur lesquels circulent des listes de gülénistes présumés, des appels à la délation et au boycott d’entreprises décrites comme favorables à Fethullah Gülen.

Tourne ainsi sur les réseaux un numéro d’appel que les partisans d’Erdogan peuvent former pour dénoncer les « gülénistes » qu’ils connaissent.

Un flux haineux qui ne tarit pas et dont on redoute même qu’il redouble de vigueur avec le retour de ceux qui, à la faveur de ces vacances, auront séjourné en Turquie, d’où ils risquent d’importer des opinions plus radicales encore.

Il y a eu de nombreuses plaintes individuelles avant celle, collective, déposée ce jeudi par Fedactio dont les locaux, à Schaerbeek, ont eux-mêmes été la cible de casseurs dans les heures qui ont suivi la tentative de putsch.

Fedactio a pourtant publié sur son site un communiqué dans lequel elle condamne fermement « toute forme d’action anti-démocratique à l’encontre de tout gouvernement légitimement élu », tout en déplorant les déprédations commises à Gand, Anvers, Beringen et Maasmechelen sur plusieurs bâtiments des associations membres de Fedactio.

La coupole se défend de toute implication et de toute forme d’influence sur les événements survenus en Turquie. « Nous avons, au contraire, toujours fait en sorte de nous tenir à l’écart de l’actualité turque car nous sommes prioritairement soucieux d’œuvrer au mieux vivre ensemble » , explique la porte-parole francophone, Seval Kayman, tout en convenant qu’il y a, parmi les membres fondateurs de Fedactio, « des sympathisants de Gülen, qui est pour eux une source d’inspiration à titre personnel » .

Dans un souci d’apaisement, l’association s’est gardée, dit-elle, de mobiliser ses membres dès lors que la situation dégénérait. « Nous avons lancé un appel à la sérénité et conseillé à nos membres de ne pas céder aux provocations mais de déposer plainte, le cas échéant, auprès de la zone de police de leur domicile. Nous sommes inquiets face à ce déferlement de violence. Parce qu’elle risque de créer une polarisation dangereuse au sein de la population belge d’origine turque et de compromettre sa cohésion. » (Le Soir, STÉPHANE DETAILLE ET CATHERINE JOIE, 29 juillet 2016)

Des listes de "gulénistes" circulent aussi en Belgique

"La Belgique n'acceptera pas une exportation des tensions qui ont lieu en Turquie." Le gouvernement belge a mis en garde les autorités turques contre les débordements qui se multiplient chez nous depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet. Un climat délétère de menaces et de violences s'est installé dans la communauté turque de Belgique.

Des sympathisants du président Erdogan ont mené plusieurs actions de vandalisme contre des associations considérées comme proches du mouvement Gülen. A Schaerbeek, des pavés ont été jetés dans les vitrines d'un bâtiment de bureaux. A Gand, des tags d'insultes ont été badigeonnés sur les locaux d'un association. Et à Beringen, des manifestants pro-Erdogan ont attaqué et endommagé un bâtiment.

Mouvement de haine et appels à la délation

Ces incidents font écho au vaste mouvement de répression qui se poursuit en Turquie à l'encontre de tous ceux qui sont considérés comme sympathisants de l'imam Fettullah Gülen. Ce prédicateur, ancien allié de Recep Tayyip Erdogan, est accusé par Ankara d'avoir commandité le putsch manqué. Fetullah Gülen a démenti, mais de vastes purges se poursuivent inexorablement.

Au-delà des dégradations commises sur des bâtiments catalogués gulénistes, des menaces circulent dans la communauté belgo-turque. "Dans ce mouvement de haine, il y a des appels à la délation de toute personne, organisation ou entreprise, qui aurait un lien quelconque avec le mouvement Gülen", s'inquiète Hüseyin Çakmak, représentant de Fedactio, une fédération d'associations. "Certaines personnes publient des noms sur les réseaux sociaux. Ils désignent des gens, des organisations, des commerces à boycotter. Il y a des listes de commerces où ils demandent de ne plus rien acheter. Ceux qui continueraient à les fréquenter sont considérés comme traitres à la nation et assimilés aux putschistes. En tant que fédération, nous conseillons à nos membres victimes de ces menaces de porter plainte."

Une volonté d'importer le problème en Belgique

L'ambiance dans les quartiers à majorité turque est devenue très lourde. Chacun est sommé de se positionner, pour ou contre Erdogan. "Nous craignons que cette polarisation ne s'aggrave, prévient Hüseyin Çakmak. Il y a des discours de haine, des propos injurieux, notamment sur les réseaux sociaux. C'est un mouvement émotionnel des partisans du gouvernement turc dirigé contre le mouvement Gülen. Pour eux, c'est noir ou blanc. Vous êtes pour eux ou contre eux. Et si vous n'êtes pas pour Erdogan, vous êtes considéré comme un traître à la nation, qu'on ait un lien avec le mouvement Gülen ou pas. Ça crée un malaise général au sein de la communauté belgo-turque."

"Nous sommes très inquiets de la tournure des événements, poursuit Hüseyin Çakmak, parce qu'il y a une volonté et une organisation pour importer en Belgique ce problème politique. Des personnes subissent des menaces contre elles, leur famille, leur commerce, sous prétexte qu'ils auraient sponsorisé une activité. Pour nous, ce sont des faits graves."

"Nous constituons des cibles"

Pour le représentant de Fedactio, le déclenchement de ces incidents vient de Turquie: "Le président turc pointe du doigt un soi-disant 'État parallèle', ce qui, dans le contexte turc, fait référence au mouvement Gülen. Comme il se trouve dans nos associations, ou parmi leurs fondateurs, des gens qui sont sympathisants de ce mouvement, et que ceci est connu de la communauté belgo-turque, nous constituons aussi des cibles."

Fedactio est une coupole de 67 associations qui disent vouloir contribuer positivement à la société belge. Parmi elles, des associations culturelles, des écoles, des organisations de cohésion sociale, des entreprises…

L’ambiguïté sur les liens avec Gülen

Ce réseau constitue-t-il la colonne vertébrale de Hizmet (le service en turc, nom du mouvement Gülen) en Belgique? Hüseyin Çakmak ne répond ni par oui, ni par non. "Le mouvement Gülen, c'est un mouvement social d'inspiration religieuse. On n'en fait pas partie en signant un document ou en se conformant à des critères. Ce mouvement est formé par des gens qui partagent les idées inspirées par Fetullah Gülen. Des membres et des fondateurs de Fedactio et de ses associations se retrouvent dans cette inspiration. Mais Fedactio ne se revendique pas comme faisant partie du mouvement Gülen. Cela dit, la communauté turque de Belgique sait que bon nombre de gens actifs dans les associations de notre fédération sont inspirées par les idées de Gülen ou sont d'accord avec certaines de ses idées."

Cette ambiguïté sur les liens avec le prédicateur réfugié aux États-Unis nourrit certains fantasmes. Fedactio a beau condamner clairement la tentative de coup d’État en Turquie, Fetullah Gülen a beau démentir tout lien avec les putschistes, le soupçon demeure, nourrit par les accusations formulées à Ankara.

Par précaution, Fedactio a recommandé à ses membres les plus connus de renoncer à se rendre en Turquie cet été et jusqu'à nouvel ordre. Le risque de se retrouver derrière les barreaux est trop grand. (RTBF, 24 juillet 2016)

Geert Bourgeois a accepté les excuses de l’ambassadeur de Turquie

Le ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA) a accepté les excuses L'ambassadeur de Turquie en Belgique, Mehmet Hakan Olcay. L'ambassadeur lui avait présenté ses excuses après des propos controversés tenus par le porte-parole de l'ambassade sur les liens entre certaines organisations flamandes et le mouvement "terroriste" du prédicateur Fethullah Gülen.

L'ambassadeur de Turquie avait été convoqué mercredi après-midi aux Affaires étrangères à la suite de ces déclarations de l'un de ses collaborateurs, Veysel Filiz, dans la presse et sur Twitter.

Interrogé par le journal "Gazet van Antwerpen", le porte-parole de l'ambassade avait affirmé que des organisations flamandes soutenaient le mouvement du prédicateur Gülen, accusé par Ankara d'être à l'origine du coup d'Etat de vendredi dernier, et que le gouvernement flamand entretenait de bonnes relations avec ce mouvement.

L'ambassade de Turquie en Belgique a précisé que l'ambassadeur Hakan Olcay s'était entretenu d'abord avec Geert Bourgeois vers 15h00, pour ensuite se rendre au ministère des Affaires étrangères vers 16h30 jeudi.

Hakan Olcay a présenté ses excuses au ministre-president flamand au sujet du "malentendu" suscité par les "propos tenus à titre personnel et à sa propre initiative" par le porte-parole de l'ambassade dans les médias. Dans la soirée mercredi, on apprenait du porte-parole de Geert Bourgeois que le ministre-président flamand a accepté les excuses de l'ambassadeur.

Hakan Olcay a rencontré ensuite durant trois quarts d'heure le directeur général des affaires bilatérales du département pour s'expliquer sur ces propos et cette "immixtion" dans les affaires intérieures belges.

Hakan Olcay a également adressé un "rappel à l'ordre, verbal et écrit" à ses collaborateurs en leur demandant de s'abstenir de tels propos. (Belga, 23 juillet 2016)

Didier Reynders soutient-il une organisation terroriste?

Le porte-parole de l'ambassade turque en Belgique
Veysel Filiz accuse plusieurs dirigeants belges d'avoir soutenu les associations de Fethullah Gülen cataloguées comme "organisations terroristes" par le dictateur islamiste Erdogan.

Plusieurs dirigeants belges dont le ministre des affaires étrangères Didier Reynders assistaient comme invités d'honneur aux réunions ou festivités organisées par Fedactio, structure principale du mouvement Fethullah Gülen en Belgique.

Question: les rapports diplomatiques entre la Turquie et la Belgique, comment seront-ils assurés avec ces deux personnes ayant confiance entière du dictateur islamiste de Turquie?

Bourgeois choqué par des déclarations du porte-parole de l'ambassade de Turquie

Le ministre-président flamand, Geert Bourgeois, a qualifié mardi de "totalement inacceptables" des propos tenus par le porte-parole de l'ambassade de Turquie à Bruxelles, qui a affirmé que certaines organisations flamandes soutiennent le mouvement "terroriste" du prédicateur Fethullah Gülen et que le gouvernement flamand entretient de bonnes relations avec les organisations qui lui sont liées.

Le porte-parole de l'ambassade, Veysel Filiz, a affirmé au journal 'Gazet van Antwerpen' que le mouvement de M. Gülen, qui vit aux Etats-Unis, entretenait de bonnes relations avec des gouvernement européens. "Et certainement aussi avec le gouvernement flamand et le ministre-président Geert Bourgeois", a-t-il assuré.

M. Filiz a aussi conseillé aux autorités flamandes d'enquêter sur les flux financiers du mouvement Gülen et des organisations associées en Flandre. "Cela montrera qu'il s'agit de 'paravents', des écrans derrière lesquels l'organisation terroriste peut se cacher", a ajouté le porte-parole.

Tensions turques en Flandre

Ces déclarations ont provoqué l'irritation de M. Bourgeois (N-VA). Il a affirmé à l'agence Belga que les diplomates en poste en Belgique ne devaient pas s'immiscer dans les affaires intérieures. "Il est dès lors totalement inacceptable que le collaborateur d'une ambassade fasse la leçon au gouvernement flamand et à son ministre-président", a ajouté M. Bourgeois.

Il a aussi dénoncé le fond de ces propos, affirmant ne pas accepter des accusations de soutien à des organisations terroristes. "C'est trop ridicule", a-t-il dit. M. Bourgeois a ajouté qu'il prendrait contact avec l'ambassadeur de Turquie à Bruxelles pour faire part de son mécontentent face à de telles affirmations.

Le minister-president a réitéré son appel au calme "pour ne pas importer les tensions turques en Flandre". Les autorités turques accusent M. Gülen, un ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan devenu son pire ennemi, d'être l'instigateur de la tentative de coup d'Etat menée dans la nuit de vendredi à samedi. (Belga, 20 juillet 2016)

La Belgique convoque l'ambassadeur de Turquie

L'ambassadeur de Turquie en Belgique a été convoqué mercredi après-midi aux Affaires étrangères à la suite de déclarations tenues par le porte-parole de la représentation diplomatique turque, a annoncé le Premier ministre Charles Michel en réponse à des questions d'actualité à la Chambre.

Interrogé dans un journal flamand, le porte-parole de l'ambassade a affirmé que des organisations flamandes soutenaient le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être à l'orginie du coup d'Etat, et que le gouvernement flamand entretenait de bonnes relations avec ce mouvement.

Ces déclarations, après avoir été condamnées par le ministre-président flamand, Geert Bourgeois, ont été qualifiées d'inacceptables par le Premier ministre.

Des troubles ont également eu lieu à Beringen, dans le Limbourg, où se trouve une association liée au mouvement Gülen. La Belgique n'acceptera pas une exportation des tensions qui ont lieu en Turquie, a averti M. Michel.

Lundi, le conseil national de sécurité a d'ailleurs donné des consignes de "tolérance zéro" aux services de sécurité à l'égard de toute forme de menace ou d'intimidation.

Le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères ont dénoncé vendredi la tentative de coup d'Etat militaire contre les institutions turques. La Belgique se montre également sévère à l'égard de la répression qui sévit depuis lors. "Ce qui se passe aujourd'hui est un dérapage, une dérive totalement inacceptable que nous condamnons", a souligné M. Michel.

Aux yeux de plusieurs partis, les événements qui se produisent aujourd'hui coulent par le fond l'idée d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

"La Turquie tourne le dos au projet et aux valeurs européens"

"De plus en plus, la Turquie tourne le dos au projet et aux valeurs européens. L'adhésion de la Turquie n'est aujourd'hui rien d'autre qu'un mirage", a souligné le Premier ministre.

Tant le coup d'Etat que la purge orchestrée par le président Recep Tayyip Erdogan ont été condamnés par les groupes politiques de la Chambre. Une députée d'origine turque a pris la parole au cours du débat.

"Mon coeur saigne en tant que femme politique belge, en tant que Belge aux racines turques mais encore plus en tant que démocrate", a lancé la présidente de Groen, Meyrem Almaci. "La Turquie n'a pas besoin d'une dictature militaire, pas plus que d'une dictature présidentielle". (Belga, 20 juillet 2016)


La Turquie ouvre des lignes de dénonciation et demande à la Flandre

La tentative de coup d'Etat turc continue à se répercuter à l'étranger, avec des lignes de dénonciations aux Pays-Bas et un appel de l'ambassade turque à Bruxelles au gouvernement flamand de mener une enquête sur le mouvement Gülen.

Erdogan accuse Fethullah Gülen d'être derrière le putsch manqué du week-end dernier. Gülen le nie toutefois et a toujours condamné le coup d'Etat. Selon Zaman Vandaag Nederland, une publication liée au mouvement de Gülen, Fethullah Gülen a demandé à Erdogan d'établir une enquête internationale indépendante. Erdogan n'a pas réagi à cela.

Zaman a également annoncé que le consulat turc à Rotterdam a créé une ligne de dénonciation. Sur celle-ci, les insultes à l'adresse d'Erdogan pouvaient être dénoncées.

L'ambassade turque à Bruxelles juge que le gouvernement flamand doit faire une enquête sur les flux d'argent du mouvement Gülen et des organisations apparentées en Flandre. "Il ressortira alors qu'elles sont des paravents, des écrans derrière lesquels les organisations terroristes se cachent", selon le porte-parole Veysel Filiz dans la Gazet van Antwerpen. "C'est ce mouvement dirigé par Fethullah Gülen qui a fait la tentative de coup d'Etat vendredi dernier. Ce sont des terroristes, tout comme les membres de l'EI et le PKK", dit le porte-parole. "Toutes ces soi-disant associations socioculturelles, écoles et entreprises forment un réseau qui sert à rassembler de l'argent pour le mouvement. Ceux qui les soutiennent soutiennent directement le terrorisme."

Il est connu que les organisations Gülen ont de bons rapports avec les autorités européennes. "Et certainement aussi avec les autorités flamandes et le ministre-président Geert Bourgeois (N-VA)", dit Veysel Filiz. (LeVif.be, 20 juillet 2016)

STIB et la police belge sont-elles au service du dictateur islamiste turc?

Un conducteur de la STIB place un drapeau de la Turquie à l’avant d'un tram: certaines marques de soutien à Erdogan posent question.

Nombreux sont ceux qui soutiennent le président Erdogan, y compris chez nous. Des marques de soutien au régime turc apparaissent, mais elles posent parfois question. Reportage de Justine Sow et Denis Caudron.

Deux jours après la tentative avortée de coup d'Etat à Ankara et Istanbul, un conducteur de tram a placé un drapeau de la Turquie à l'avant d'un véhicule de la STIB. Une photo a été prise dimanche soir à Schaerbeek. Problème, cette initiative ne respecte pas la charte d'éthique et de déontologie de la société de transports en commun.

"On ne peut pas exprimer d’opinions politiques ou philosophiques dans le cadre de l’exécution du contrat de travail. Et donc, ici, il y a clairement une infraction par rapport au règlement de travail", déclare Françoise Ledune, porte-parole de la STIB, au micro de notre journaliste pour le RTLINFO 13H.

La STIB rappelle l'obligation de neutralité pour toute l'entreprise, y compris son personnel. Le conducteur a été identifié, il sera entendu par sa hiérarchie qui décidera d'une éventuelle sanction.

300 personnes s'étaient rassemblées devant l'ambassade de Turquie dans la nuit de vendredi à samedi

A la police de Bruxelles, c'est un autre type de soutien éventuel qui est examiné. Dans la nuit de vendredi à samedi, 300 personnes se rassemblent pour soutenir le président conservateur, devant l'ambassade turque.

Une manifestation pacifique avec une particularité: pour lancer leurs prières à la nation et leurs slogans politiques, les manifestants auraient utilisé le haut-parleur des policiers.

La police de Bruxelles refuse de commenter l'information tout comme le cabinet du bourgmestre de la Ville, Yvan Mayeur. Une enquête administrative est ouverte afin de déterminer avec exactitude le rôle de la police dans ces événements.
(RTL, 20 juillet 2016)

La Turquie pourrait accorder la nationalité à 300.000 Syriens

La Turquie pourrait accorder la citoyenneté à 300.000 réfugiés syriens fortunés et qualifiés afin de les garder sur son sol, a rapporté samedi un journal turc.

L'octroi de la nationalité turque se ferait progressivement, a indiqué le quotidien Haberturk. Il concernerait dans un premier temps entre 30.000 et 40.000 Syriens, sur les quelque 2,7 millions vivant en Turquie après avoir fui leur pays en guerre, puis jusqu'à 300.000 d'entre eux.

Le président Recep Tayyip Erdogan avait déclaré le 2 juillet étudier une naturalisation des réfugiés syriens, sans fournir de précisions.

Seuls 10% environ des Syriens en Turquie vivent dans des camps près de la frontière, les autres, toutes catégories sociales confondues, se battent pour s'intégrer à la société et au marché du travail. La Turquie ne les considère pas juridiquement comme des réfugiés mais comme des "invités".

Ankara espère que les Syriens aisés resteront dans le pays pour y investir et alimenter l'économie, "notamment les riches Syriens qui veulent aller en Europe", a indiqué le journal.

Les Syriens ayant un niveau d'études supérieures et des qualifications professionnelles -- comme des réfugiés d'autres pays également devraient être eux aussi prioritaires.

Des experts ont estimé que M. Erdogan souhaitait s'acquérir le soutien électoral de Syriens reconnaissants. Selon Haberturk, les nouveaux naturalisés ne devraient attendre qu'un an avant de pouvoir voter.

Les membres de leur famille pourraient également obtenir la nationalité turque, selon le quotidien.

Les réfugiés syriens seraient exemptés de l'obligation légale de cinq ans minimum de résidence en Turquie avant de se voir accorder la nationalité.

Mais ce projet suscitait des réactions de rejet sur les réseaux sociaux turcs:
samedi, les critiques étaient en tête des tendances sur Twitter avec le mot-clé "suriyelilerehayir ("Non aux Syriens").

En janvier, la Turquie avait annoncé qu'elle accorderait des permis de travail aux réfugiés syriens. Selon le ministère du Travail, 5.502 Syriens ont obtenu depuis un permis de travail.

Des défenseurs des droits de l'homme ont accusé la Turquie de fermer de facto ses frontières aux réfugiés syriens cette année, mais Ankara assure être toujours prête à accueillir les blessés et ceux qui fuient les combats.
(AFP, 9 juillet 2016)

Naturalisation des réfugiés syriens, le calcul politique d'Erdogan

La naturalisation des réfugiés syriens en Turquie évoquée par le président turc, si elle a ravi les premiers intéressés, répond surtout pour les analystes, à un calcul de la part de Recep Tayyip Erdogan qui en espère des avantages politiques et économiques.

Ils sont quelque 2,7 millions de Syriens à avoir trouvé refuge en Turquie depuis le début du conflit dans leur pays en 2011. Seuls 10% environ vivent dans des camps près de la frontière, les autres, toutes catégories sociales confondues, se battent pour s'intégrer à la société et au marché du travail.

La Turquie ne les considère pas juridiquement comme des réfugiés mais comme des "invités".

Pour Mohamed Nizar Bitar, un Syrien arrivé en Turquie il y a cinq ans, l'évocation d'une naturalisation "est une excellente nouvelle, car nous allons rester ici de toute façon".

Il est propriétaire de trois restaurants à Istanbul et emploie des dizaines de Syriens. "Cette mesure améliorerait considérablement les conditions de vie de mes compatriotes!", s'enthousiasme-t-il.

Jean Marcou, professeur à Sciences-Po Grenoble (France), estime lui aussi qu'il "est aujourd'hui fort probable qu'une majorité de réfugiés veuillent rester en Turquie où ils se sont installés, trouvé du travail et commencent à s'intégrer".

"La Turquie sait qu'elle n'a plus qu'à prendre acte d'une situation qui s'impose à elle", ajoute-t-il.

L'annonce dimanche du président turc intervient quelques jours après la réconciliation d'Ankara avec la Russie et est le fruit de la realpolitik d'Ankara.

"Dans le cadre de ce rapprochement, la Turquie est amenée à accepter qu'un règlement du conflit en Syrie ne passera qu'à travers le maintien du président Bachar al-Assad au pouvoir", indique à l'AFP Marc Pierini, analyste à la Fondation Carnegie Europe.

- 'Réservoir d'électeurs' -

Pour Aykan Erdemir, chercheur à la Fondation pour la défense des démocraties, "l'annonce du président Erdogan ne témoigne d'aucune sensibilité par rapport à la difficile situation" des réfugiés, mais "est largement perçue comme un nouveau stratagème au service de ses ambitions personnelles".

Toujours en quête de nouveaux soutiens pour assurer à son Parti de la justice et du développement (AKP) la majorité des deux tiers à la Chambre après avoir perdu le vote des Kurdes, le président Erdogan voit surtout en ces centaines de milliers de réfugiés "un réservoir d'électeurs", selon M. Pierini.

"Pour eux qui sont parfois arrivés avec uniquement un sac à dos, Erdogan est un père qui leur a rendu leur dignité, leur permettant de bénéficier d'une carte d'identité temporaire et de soins gratuits", dit-il.

Si le vote d'une majorité de Syriens naturalisés lui était acquis, "il pourrait lui permettre d'acquérir une écrasante majorité pour amender la Constitution et/ou remporter un référendum sur le système présidentiel" qu'il veut établir pour remplacer le régime parlementaire, juge M. Erdemir.

Plus largement, le président turc cherche à "redorer son blason" aux yeux de la communauté internationale "en consacrant la Turquie comme un pays d'émigration", à l'heure où l'Union européenne a tant de mal à faire face à la vague migratoire actuelle, selon M. Marcou.

"Naturaliser les réfugiés syriens pourrait par ailleurs permettre à Ankara d'entrer dans une phase de stabilisation, de trouver de nouveaux appuis et de se repositionner au Moyen-Orient", avec notamment la normalisation la semaine dernière de ses relations avec Israël, poursuit-t-il.

- Arme à double tranchant -

Au niveau national, la Turquie aurait également beaucoup à gagner si les réfugiés syriens étaient intégrés au marché du travail, estime M. Erdemir.

Mardi soir, le président turc a d'ailleurs expliqué : "il y en a parmi eux qui sont très qualifiés. Si on ne les accepte pas chez nous, ils partiront vers l'Europe, le Canada".

"Pendant longtemps le pays s'est vanté d'avoir d'une population jeune mais cette 'fenêtre démographique d'opportunités' touche à sa fin", dit M. Erdemir. "L'intégration des réfugiés syriens pourrait booster l'économie turque" en difficulté.

"Cela requiert la mise en place par Ankara d'un plan socio-économique", capable de leur assurer "des formations et programmes d'intégration", ajoute le chercheur, craignant toutefois qu'Erdogan "ne soit pas du tout conscient de la complexité de la tâche".

Mais selon M. Erdemir, "l'annonce choc de M. Erdogan a provoqué une importante réaction antiréfugiés et une rhétorique xénophobe".

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Turcs s'interrogeaient sur l'opportunité du projet, notamment sur Twitter, sous le mot-dièse éloquent #ülkemdeSuriyeliistemiyorum (#JeneveuxpasdeSyriensdansmonpays).

"Notre proposition les a fait pleurer à chaudes larmes", a répondu le président Erdogan à tous ceux qui critiquent son projet.
(AFP, 5 juillet 2016)

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