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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

42nd Year / 42e Année
Octobre
 
2016 October
N° 458
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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76e anniversaire d'Inci Tugsavul
5 octobre 2016



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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Droits de l'Homme / Human Rights

Erdogan affirme le rétablissement de la peine capitale

Des détenus torturés en Turquie, selon Human Rights Watch
Plus de 35.000 arrestations depuis la tentative de coup d'Etat
CCBE: Déclaration sur l’éventuel rétablissement de la peine de mort en Turquie
Rassemblements interdits à Ankara en raison d'un risque d'attentats
Mandats d'arrêt contre 189 juges et procureurs
Mandats d'arrêt contre 125 policiers de la préfecture de police d'Istanbul
Répression policière lors d'un hommage aux victimes de l'attentat d'Ankara
18 morts dans l'explosion d'une voiture piégée dans le sud-est

Plus de 70.000 dossiers déposés pour contester limogeages et mises à pied
Explosion près d'un poste de police à Istanbul, au moins dix blessés
12.000 policiers mis à pied dans l'enquête sur le putsch avorté
Le gouvernement prolonge de trois mois l'état d'urgence, en dépit des critiques
Arrestation du frère de Fethullah Gülen accusé d'avoir fomenté le putsch

Premières purges dans le milieu pénitentiaire après le putsch

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Le Parlement européen appelle la Turquie à libérer les journalistes
La Turquie devient la plus grande prison pour les Journalistes - Ahmet Gulabi DERE

Le journaliste Can Dündar appelle l'Europe à défendre ses collègues emprisonnés
107 Journalists in Prison, 2,500 Others Left Unemployed Due To Closures
Le gouvernement français doit agir pour défendre la liberté de la presse

Press freedom is essential for democracy, set journalism free in Turkey!
For Journalists in Turkey: Day of Action Today #FreeThemAll
The death of critical journalism in Turkey

L'audience pour Med Nûçe à Paris le 26 octobre
Nedim Gürsel: «Le désir d’Europe n’est plus ce qu’il était en Turquie» 
90 journalists in Turkish jails - Have your say!
Journalist Can Dündar’s wife not in favor his return to Turkey
IFJ-EFJ press briefing calls for lifting the ban news channels in Turkey
Erdogan veut un procès contre l'auteur allemand d'un pamphlet le visant
Manifestation de solidarité avec Med Nuçe devant le siège d’Eutelsat
RSF s’alarme de la disparition programmée du pluralisme en Turquie
La chaîne pro-kurde IMC TV réduite au silence en direct
Manifestation à Istanbul après la fermeture de la chaîne de télévision IMC TV
2,500 Journalists Become Unemployed As Of July 15
Lawsuit Filed Against Editors-in-Chief on Watch Mater, Eryılmaz

Eutelsat suspend la diffusion de Med Nuçe: une honte pour l’Europe
Arrestation de fonctionnaires de l'une des plus anciennes universités
Turkey closes at least 20 TV, radio stations
La chaîne kurde Med Nuçe dénonce la décision « illégale» d’Eutelsat
EFJ's Reaction against pressure to remove Kurdish Med Nuçe TV
Scandale de "mails piratés", le patron d'un grand groupe de médias démissionne

Kurdish Question / Question kurde

La coprésidente du parti prokurde interdite de quitter le territoire

Le leader du HDP prokurde Demirtas visé par une enquête

Heurts après l'arrestation des co-maires de Diyarbakir
Les deux maires kurdes de Diyarbakir, Kisanak et Anli, en garde à vue
La Turquie frappe à nouveau des cibles kurdes syriennes
L'armée turque lance l'extermination des Kurdes cette fois-ci en Syrie
CNK: Halte à l'invasion du nord de la Syrie par la Turquie!

Ankara condamné par la CEDH pour la mort d'un manifestant pro-kurde
49 arrestations dans le sud-est pour "propagande terroriste"
L'interdiction de la chaîne Med Nûçe devant le tribunal

Minorités / Minorities

Fierté des femmes yézidies: Nadia, Lamia et Feleknas
Aznavour reçoit une étoile d'honneur de la communauté arménienne à Hollywood

Aghet: Le concert d'un orchestre allemand à Istanbul annulé
Appeal to the citizens of Turkey for Sevan Nişanyan behind bars
Est-ce que la Turquie voit sa minorité arménienne comme une menace?

Mesures restrictives concernant les communautés protestantes
Génocide arménien: feu vert au Sénat à la pénalisation du négationnisme
Agression contre les joueurs de foot araméens
Un match de foot: "Sales Arméniens, on va tous vous tuer!"

Politique intérieure/Interior Politics

Un influent député d'opposition blessé par balle

Le nationalisme turc et l'invention de l'histoire - Partie 2 - Etienne Copeaux
Erdogan met le cap sur la présidentialisation du régime
Turkish Nationalism and the Invention of History - Etienne Copeaux
Le Parlement entérine la reconduction de trois mois de l'état d'urgence
Kılıçdaroğlu: "We are living in a semi-open prison"
Le leader du CHP contre la reconduction de l'état d'urgence

Forces armées/Armed Forces

73 pilotes visés par un mandat d'arrêt dans l'enquête sur le
putsch manqué
L'offensive sur Raqa s'annonce encore plus complexe qu'en Irak
La Turquie pourrait lancer une opération terrestre en Irak
Près d'une centaine de civils tués dans l'intervention turque en Syrie

Des avions turcs dans le dispositif aérien
Erdogan: "hors de question" pour la Turquie de rester à l'écart de l'opération
Ankara prédit maintenant une guerre mondiale!
La Russie "peut envisager" la livraison de système de défense antiaérienne à la Turquie

500 nouveaux militaires suspendus en Turquie
Les troupes turques resteront en Irak en dépit des protestations de Bagdad

Six députés allemands sur la base militaire d'Incirlik mercredi
Le Parlement prolonge d'un an le mandat des militaires turcs en Irak et Syrie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Erdogan met en garde les milices chiites en Irak

Les proches des victimes de Mavi Marmara veulent se battre contre Israël

HDP: «La Turquie est organiquement liée à Daesh»
La police abat un kamikaze présumé de l'EI à Ankara
Deux kamikazes EI se font exploser à Gaziantep, trois policiers tués
Un attaché parlementaire turc arrache une caricature de Mahomet au CE
22 morts dans un attentat suicide visant un mariage dans le nord-est
21 rebelles soutenus par la Turquie tués par des mines de l'EI

Socio-économique / Socio-economic

L'agresseur d'une femme en short libéré pendant son procès
Ankara et Moscou scellent leur réconciliation avec un projet majeur de gazoduc

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Ayrault souligne en Turquie l'attachement de la France "aux libertés fondamentales"
Yildirim: La Turquie a d'autres choix possibles que l'UE
Nouveau revers judiciaire pour le président Erdogan en Allemagne
CE: La Turquie doit mettre fin à l'état d'urgence "dès que possible"
La justice allemande renonce à poursuivre un humoriste anti-Erdogan
Erdogan reproche à l'UE de tarder à verser l'aide destinée aux réfugiés
Erdogan enjoint l'UE de se prononcer sur l'adhésion

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO


Ankara réclame de nouveau à Washington l'extradition de Gülen

Pentagon: La Turquie devrait avoir un rôle dans la bataille de Mossoul
Washington et Riyad veulent acheminer les terroristes de Daech
Erdogan juge "inepte" l'idée d'Hillary Clinton d'armer les milices kurdes

Washington tente de désamorcer les tensions Turquie-Irak
Erdogan critique le vote anti-saoudien au Congrès américain

Relations régionales / Regional Relations


L'Irak dément que les Turcs participent à la bataille de Mossoul

Mossoul: Abadi reste opposé à une participation turque
Nobody Accepts Turkey’s Ottomanism Discourse
En haussant le ton contre l'Irak, Erdogan menace de recourir à un "plan B"
Un navire de guerre russe se dirige vers les côtes syriennes
Opération à Mossoul: tensions entre la Turquie et l'Irak
Israël a versé 20 M USD en indemnités à la Turquie

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Négociations interchypriotes en novembre en Suisse

Recours des militaires turcs contre le rejet de leurs demandes d'asile
Les demandeurs d'asile se disent victimes "des politiques bilatérales"
La Grèce renvoie 55 migrants en Turquie
Erdogan sème le trouble en critiquant le rattachement d'îles à la Grèce
Le chef de la diplomatie chypriote turque doute d'une réunification en 2016

Immigration / Migration

Franco-Kurde arrêtée en Turquie: lancement d'un comité de soutien

Le futur marié musulman refuse de serrer la main de l’échevine
Des diplomates turcs ont demandé l'asile en Allemagne
Plainte des conseillers de l'opposition contre Emir Kir



Droits de l'Homme / Human Rights

Erdogan affirme le rétablissement de la peine capitale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que le rétablissement de la peine de mort, évoqué depuis la tentative de coup d'Etat en juillet, serait soumis au Parlement, malgré les avertissements de l'Europe.

"Bientôt, bientôt, ne vous en faites pas. C'est pour bientôt, si Dieu le veut", a déclaré M. Erdogan samedi lors d'un discours à Ankara, en réponse à la foule qui scandait "nous voulons la peine de mort" pour les auteurs du coup d'Etat manqué.

"Notre gouvernement soumettra cela au Parlement. Et je suis convaincu que le Parlement l'approuvera et, quand cela arrivera devant moi, je le ratifierai", a poursuivi le chef de l'Etat turc, sans avancer de calendrier.

Dès le surlendemain du putsch avorté du 15 juillet, le président Erdogan avait évoqué un possible rétablissement de la peine capitale afin d'éliminer "le virus" factieux au sein de l'Etat, provoquant l'indignation de l'Union européenne (UE).

"Aucun pays ne peut adhérer à l'UE s'il introduit la peine de mort", avait prévenu la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

"L'Occident dit ceci, l'Occident dit cela. Excusez-moi, mais ce qui compte, ce n'est pas ce que dit l'Occident, c'est ce que dit mon peuple", a rétorqué M. Erdogan samedi.

La peine de mort a été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'UE, et son rétablissement sonnerait le glas des négociations sur cette adhésion.

- 'Nous les pourchasserons' -

Un éventuel débat parlementaire sur la peine de mort s'annonce tumultueux, à un moment où le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) espère rallier des élus de l'opposition pour réformer la Constitution afin d'instaurer un régime présidentiel.

"L'AKP n'a pas les moyens de parvenir seul (à rétablir la peine capitale), cela n'est possible que s'il y a une entente avec les autres partis", a prudemment souligné samedi le Premier ministre turc, Binali Yildirim, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Depuis le coup d'Etat manqué, plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie, selon les chiffres du gouvernement.

Vendredi, plus de 450 membres des forces de sécurité ont été mis à pied, a indiqué Anadolu.

Ces vastes purges suscitent l'inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie, d'opposants au gouvernement et d'organisations de défense des droits de l'Homme qui redoutent que l'état d'urgence en vigueur ne serve de prétexte pour réprimer toute voix dissidente.

La semaine dernière, l'ONG Human Rights Watch a affirmé que des suspects arrêtés avaient été torturés, ce que les autorités turques réfutent catégoriquement.

Ankara accuse un prédicateur exilé en Pennsylvanie (nord-est des Etats-Unis), Fethullah Gülen, d'avoir ourdi le putsch et réclame son extradition à Washington.

Fethullah Gülen, 75 ans, qui dirige un mouvement appelé "Hizmet" ("service", en turc), qui compte un réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises, nie toute implication dans le coup de force.

"Que fais-tu en Pennsylvanie? Allez, viens! Pourquoi ne rentres-tu pas?", a lancé samedi M. Erdogan à son endroit.

En cas de non-extradition de M. Gülen, "rien ne sera plus comme avant" dans les relations américano-turques, a prévenu samedi le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, cité par Anadolu.

Le même jour, les Etats-Unis ont ordonné l'évacuation des familles de leur personnel consulaire à Istanbul, mettant en garde contre des "groupe extrémistes" visant les citoyens américains.

Cet avertissement, le second lancé par le département d'Etat en une semaine, atteste de la préoccupation des Etats-Unis face aux "menaces grandissantes des groupes terroristes".

Dimanche, plusieurs manifestation prokurdes doivent se dérouler à travers le pays. La veille, un tribunal turc a interdit toute sortie du territoire à la coprésidente du principal parti prokurde HDP, Figen Yüksekdag, accusée d'"appartenance à une organisation terroriste", selon l'Anadolu.
(AFP, 30 octobre 2016)

Des détenus torturés en Turquie, selon Human Rights Watch

Des personnes arrêtées après le putsch manqué en juillet en Turquie ont été "torturées ou maltraitées", a affirmé mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW), estimant que l'état d'urgence en vigueur donnait "carte blanche" aux policiers pour commettre des abus.

Les décrets adoptés dans le cadre de l'état d'urgence ont eu un "impact négatif sur les conditions de garde à vue dans les locaux de la police et sur les droits des détenus", s'alarme HRW dans un rapport de 47 pages.

Privation de sommeil, passages à tabac et menaces de viol figurent parmi les mauvais traitements documentés par HRW, qui affirme avoir mené des entretiens avec plus de 40 personnes, dont des avocats, des spécialistes de la médecine légale et d'anciens détenus.

Un homme, Eyüp Birinci, a affirmé au procureur de la République d'Antalya (sud) que des policiers l'avaient "frappé sur la plante des pieds, sur le ventre" et menacé de le "castrer", selon HRW qui reproduit son témoignage.

Aucun commentaire officiel n'a pu être obtenu dans l'immédiat, mais, avant la publication du rapport, le ministre de la Justice Bekir Bozdag avait nié sur Twitter tout "mauvais traitement ou torture" dans les prisons turques.

"Ceux qui affirment le contraire sont des calomniateurs s'ils ne prouvent pas leurs allégations", avait-il ajouté, "la Turquie n'accepte aucune allégation infondée".

HRW fait état dans son rapport d'un "climat généralisé de peur" depuis la tentative de coup d'Etat militaire qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet.

Déclaré pour trois mois après le putsch manqué, l'état d'urgence a été prolongé de 90 jours supplémentaires le 19 octobre dernier. L'état d'urgence permet notamment d'allonger la durée légale de la garde à vue à 30 jours.

Pour Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à HRW, "en supprimant les garanties contre la torture, le gouvernement turc a en fait donné carte blanche aux organismes chargés de l'application des lois pour torturer et maltraiter des détenus de manière discrétionnaire".

L'ONG Amnesty International avait affirmé en juillet avoir réuni des "preuves crédibles" attestant de tortures, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup d'Etat.

Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur la tentative de putsch, a indiqué samedi le ministre de la Justice Bekir Bozdag.
(AFP, 25 octobre 2016)

Plus de 35.000 arrestations depuis la tentative de coup d'Etat

Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie, et un total de 82.000 ont fait l'objet d'une enquête, depuis la tentative de coup d'Etat le 15 juillet, a annoncé le ministre de la Justice.

Parmi les personnes qui ont fait l'objet d'enquête, 26.000 ont été libérées "sous contrôle judiciaire", a encore précisé le ministre, Bekir Bozdag, dans un discours samedi soir à Afyonkarahisar, rapporté dimanche matin par les médias turcs.

Ankara accuse l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, et ses partisans d'avoir fomenté la tentative de putsch de la mi-juillet, qui a fait plus de 270 morts et des milliers de blessés. Celui-ci a nié toute implication.

Les autorités turques ont lancé une vague de purges pour chasser tous les sympathisants présumés de M. Gülen. Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation... Tous les secteurs sont concernés par ces purges d'une ampleur inédite, critiquées par l'Occident.
(AFP, 23 octobre 2016)

CCBE: Déclaration sur l’éventuel rétablissement de la peine de mort en Turquie

Le Conseil des Barreaux européens (CCBE) vient de diffuser le communiqué suivant au nom de tous les barreaux européens:

Le droit à la vie est garanti par tous les traités internationaux et régionaux importants sur les droits de
l’homme. La Cour européenne des droits de l’homme a interprété le droit à la vie comme un « attribut
inaliénable de la personne humaine » et « la valeur suprême dans l’échelle des droits de l’homme sur le
plan international ».

Les organisations signataires sont convaincues que l’abolition de la peine de mort contribue au
renforcement et à la protection de la dignité humaine et au développement progressif d’une culture
mondiale des droits de l’homme.

Elles condamnent dès lors, de la manière la plus ferme, toute tentative de rétablir la peine de mort en
Turquie.

Les organisations signataires insistent fortement sur le fait que la Turquie est membre du Conseil de
l’Europe et signataire de la Convention européenne des droits de l’homme. Par conséquent, la Turquie est
tenue de respecter les Protocoles 6 et 13 de la Convention qui abolissent la peine de mort. La dernière
exécution ayant eu lieu en Turquie remonte à 1984. La peine de mort a été abolie pour les crimes de droit
commun en 2002, avant d’être finalement abandonnée le 7 mai 2004. Par ailleurs, la Turquie est devenue
en 2006, le 57e État à ratifier le deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif
aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort.

Elles appellent le gouvernement turc à respecter ses engagements internationaux et rappelle que la
Turquie a soutenu le récent Congrès mondial contre la peine de mort qui s’est tenu à Oslo du 21 au 23 juin
2016.

Michel BENICHOU
Président
Conseil des Barreaux européens (CCBE)

Rassemblements interdits à Ankara en raison d'un risque d'attentats

Le gouvernorat d'Ankara, ville visée cette année par plusieurs attaques meurtrières, a annoncé lundi l'interdiction de tous types de rassemblements publics dans la capitale turque en raison d'un risque d'"attentats".

Dans un communiqué publié sur son site, le gouvernorat d'Ankara annonce l'interdiction de "tous types de rassemblements et de manifestations dans les lieux publics comme les routes, les places, les rues et les parcs (...) jusqu'au 30 novembre 2016".

Evoquant des "renseignements" faisant état de "préparatifs par des organisations terroristes illégales en vue de commettre des attentats", le gouvernorat indique dans son communiqué que cette interdiction a été prise dans le cadre de l'état d'urgence instauré en juillet après une tentative de putsch.

La Turquie, notamment Ankara et Istanbul, a été frappée au cours des 12 derniers mois par plusieurs attentats, liés à la reprise du conflit kurde ou attribués au groupe Etat islamique (EI), qui ont fait des dizaines de morts.

Le 10 octobre 2015, 103 personnes ont été tuées lors d'un attentat à la bombe devant la gare d'Ankara, l'attaque la plus meurtrière dans l'histoire moderne de la Turquie.

Lors d'une cérémonie en hommage aux victimes le 10 octobre, un an après l'attaque, des échauffourées avaient éclaté entre des manifestants et les forces de l'ordre.

L'état d'urgence, instauré le 20 juillet pour trois mois après une tentative de coup d'Etat, sera automatiquement prolongé de 90 jours supplémentaires le 19 octobre.
(AFP, 17 octobre 2016)

Mandats d'arrêt contre 189 juges et procureurs

Un tribunal turc a émis des mandats d'arrêt contre 189 juges et procureurs, dans l'enquête sur le putsch avorté du 15 juillet, a rapporté vendredi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les 189 magistrats sont accusés d'avoir fait usage de la messagerie cryptée Bylock, qui était, selon les autorités turques, l'outil de communication des putschistes.

Certains de ces magistrats exerçaient au ministère de la Justice, à la Cour de cassation ou encore au Conseil d'Etat. Trente d'entre eux officiaient dans les tribunaux d'Istanbul, les autres un peu partout en Turquie, a détaillé l'agence de presse Anadolu.

"Les opérations sont en cours" pour procéder à l'arrestation des 30 magistrats stambouliotes, a ajouté Anadolu, sans préciser si les autres juges et procureurs concernés par les mandats d'arrêt avaient déjà été arrêtés.

Ankara accuse le prédicateur Fethullah Gülen exilé aux Etats-Unis d'avoir fomenté la tentative de putsch de la mi-juillet, qui a fait plus de 270 morts et des milliers de blessés.

Les autorités turques ont lancé une vague de purges après la tentative de coup d'Etat pour chasser tous les sympathisants présumés de M. Gülen. Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation... Tous les secteurs sont concernés par ces purges d'une ampleur inédite, dans lesquelles 32.000 personnes ont été arrêtées, selon un bilan annoncé fin septembre.
(AFP, 14 octobre 2016)

Mandats d'arrêt contre 125 policiers de la préfecture de police d'Istanbul

Un tribunal d'Istanbul a émis des mandats d'arrêt contre 125 policiers de la préfecture de police d'Istanbul, dans l'enquête sur le putsch avorté du 15 juillet, a rapporté mardi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les 125 policiers, dont 30 commissaires, sont accusés d'avoir fait usage de la messagerie cryptée Bylock, qui était, selon les autorités turques, l'outil de communication des putschistes.

Ankara accuse le prédicateur Fethullah Gülen exilé aux Etats-Unis d'avoir fomenté la tentative de putsch de la mi-juillet, qui a fait plus de 270 morts et des milliers de blessés.

Les autorités turques ont lancé une vague de purges après la tentative de coup d'Etat pour chasser tous les sympathisants présumés de M. Gülen. Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation... Tous les secteurs sont concernés par ces purges d'une ampleur inédite, dans lesquelles 32.000 personnes ont été arrêtées, selon un bilan annoncé fin septembre.

Pas moins de 12.000 policiers ont été mis à pied dans le cadre de ces purges, avait annoncé la police le 4 octobre.
(AFP, 11 octobre 2016)

Répression policière lors d'un hommage aux victimes de l'attentat d'Ankara

La police turque a dispersé à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc lundi des manifestants pro-kurdes venus rendre hommage aux 103 morts de l'attentat de la gare d'Ankara survenu il y un an, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Le 10 octobre 2015, alors qu'une manifestation de sympathisants de la cause kurde allait se mettre en branle pour demander l'arrêt de la guerre dans le sud-est de la Turquie, deux kamikazes avaient actionné leurs charges explosives tuant 103 personnes et en blessant 500 autres.

Cet attentat, le pire qu'a connu la Turquie dans son histoire moderne, a été attribué par les autorités au groupe Etat islamique (EI).

Lundi matin, environ 150 manifestants se sont rassemblés aux abords de la gare d'Ankara, encerclée par les forces de l'ordre équipées de camions munis de canons à eau, a constaté l'AFP.

Les manifestants, tenus à distance de la place, criaient "Etat assassin" tout en jetant des projectiles en direction des forces de l'ordre, qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogène et balles en caoutchouc.

Des centaines de personnes agitant des drapeaux ont également été empêchées par la police antiémeutes de participer au rassemblement, auquel ont pris part les deux codirigeants du Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, et des membres du Parti social-démocrate (CHP, opposition).

Au moins 60 personnes ont été arrêtées au cours de ce rassemblement, où étaient déployés 1.700 policiers anti-émeute, a indiqué l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Sur place, le gouverneur d'Ankara Erkan Topaca a précisé qu'"en raison des risques de sécurité" seul un "bref hommage" pouvait être rendu, selon des propos rapportés par l'agence Anadolu. Trois jours plus tôt, la police turque avait interdit tout rassemblement ou manifestation aux abords de la gare.

Selon certains manifestants, des proches de victimes avaient été autorisés plus tôt dans la matinée à rendre hommage aux défunts sur les lieux de l'attaque.

A 10H04 (07H04 GMT), heure précise à laquelle était survenu l'attentat, la foule s'est mise à applaudir dans un ultime hommage.

"Nous avons perdu nos amis et je suis en colère", a déclaré auprès de l'AFP un manifestant, Haldun Aciksozlu, dont l'un de ses amis est mort dans l'attentat.

Depuis la tentative de coup d'Etat survenue le 15 juillet, "des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées" pour des liens présumés avec l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch avorté, mais "aucune arrestation n'a jamais eu lieu" après l'attentat d'Ankara, a regretté Haldun Aciksozlu.

L'an passé, les policiers "ne sont pas intervenus pour arrêter ce massacre" et aujourd'hui c'est "sur nous qu'ils tirent des gaz lacrymogènes", a renchéri Oncur, une femme venue d'Istanbul et qui souhaite taire son nom de famille. "Il n'y a aucune justice", a-t-elle ajouté.

Les juges d'Ankara avaient indiqué en juin que 36 jihadistes soupçonnés d'être liés à cet attentat avaient été arrêtés et que 10 d'entre eux avaient été placés en détention provisoire. Mais aucun procès ne s'est encore tenu à ce jour.

La Turquie est secouée depuis l'été 2015 par une série d'attentats meurtriers attribués au groupe Etat islamique (EI) ou au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes) ou ses émanations.

Dimanche, 18 personnes - 10 militaires et 8 civils - ont été tuées dans une attaque attribuée au PKK survenue à proximité d'un commissariat à Semdinli dans la province de Hakkari (sud-est), non loin des frontières avec l'Irak et l'Iran.
(AFP, 10 octobre 2016)

18 morts dans l'explosion d'une voiture piégée dans le sud-est

L'explosion d'une voiture piégée dans le sud-est de la Turquie a tué dimanche 18 personnes, dix militaires et huit civils, devant un poste de police, une nouvelle attaque attribuée à la rébellion kurde.

Au moins 27 personnes ont également été blessées dans cette attaque matinale au point de contrôle qui se trouvait à proximité d'un commissariat à Semdinli dans la province de Hakkari, non loin des frontières avec l'Irak et l'Iran, a précisé dans un communiqué le président turc Recep Tyayip Erdogan.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, au moins seize des blessés sont des civils.

Le nombre de civils atteints s'explique par le fait que "l'explosion a eu lieu non loin d'un endroit où plusieurs personnes attendaient un minibus", a précisé Anadolu.

"L'attaque a été commise par un kamikaze qui a fait exploser une camionnette au moyen de 5 tonnes d'explosifs", avait affirmé à la mi-journée le Premier ministre Binali Yildirim.

"Des soldats ont ouvert le feu sur un véhicule qui refusait de s'arrêter au point de contrôle", avait raconté dimanche soir le gouverneur d'Hakkari. C'est alors que "des membres de l'organisation séparatiste terroriste (expression usuelle pour désigner le PKK, ndlr) ont tiré sur les militaires" avant que le "véhicule explose".

La déflagration a été telle qu'un cratère de 10 à 15 mètres de large, et de six à sept mètres de profondeur, s'est formé, selon l'agence Anadolu.

De nombreux débris jonchaient le sol sur les lieux de l'explosion, un blindé et des carcasses de voitures, dont une camionnette éventrée, se trouvaient au milieu d'une route en terre, au beau milieu d'un paysage quasi-désertique dans une vallée montagneuse.

Compte tenu de la violence des images, le Conseil supérieur de l'audiovisuel turc (RTÜK) a interdit aux médias leur diffusion.
(AFP, 9 octobre 2016)

Plus de 70.000 dossiers déposés pour contester limogeages et mises à pied

En Turquie, plus de 70.000 dossiers ont été déposés pour contester les mesures de limogeage ou de mises à pied prises dans la foulée du putsch avorté du 15 juillet, a annoncé vendredi le Premier ministre turc Binali Yildirim.

A la suite de cette tentative de coup d'Etat, la Turquie avait lancé une vague de purges sans précédent, pour chasser de l'administration tout sympathisant présumé de la confrérie de Fethullah Gülen, accusé d'être responsable du putsch avorté.

Après que certaines personnes limogées, mises à pied, arrêtées ou mises en liberté, se soient senties injustement mises en cause, les autorités ont décidé de créer des commissions auprès desquelles les accusés peuvent désormais se tourner pour contester les décisions dont elles ont fait l'objet.

Dans ce cadre, le Premier ministre Binali Yildirim a indiqué dans un premier bilan qu'"il y a eu plus de 70.000 appels", sans autre précision.

Les requêtes vont être minutieusement analysées, a-t-il assuré, précisant que la procédure allait "prendre du temps".

Tous les secteurs de la société sont concernés par cette purge inédite: police, armée, éducation, services de renseignement, ministères, magistrature, médias et sport.

Les autorités turques attribuent la responsabilité du putsch avorté à l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, qui depuis les Etats-Unis - où il vit en exil depuis 1999 - réfute toute implication.

Au total, 32.000 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de ces purges, selon un bilan provisoire annoncé la semaine dernière par le gouvernement. L'ampleur des purges a été telle que le gouvernement avait décidé de libérer cet été 38.000 prisonniers pour faire de la place aux nouveaux détenus.

Selon des informations de presse, les autorités prévoient en outre de construire 174 nouvelles prisons lors des cinq prochaines années pour augmenter de 100.000 places la capacité d'accueil des institutions carcérales du pays.
(AFP, 7 octobre 2016)

Explosion près d'un poste de police à Istanbul, au moins dix blessés

Au moins dix personnes ont été blessées jeudi dans l'explosion d'un motocycle piégé près d'un poste de police à Istanbul, selon une source officielle.

L'explosion a eu lieu dans le quartier de Yenibosna dans la partie européenne d'Istanbul, non loin de l'aéroport international Atatürk.

Le gouverneur d'Istanbul Vasip Sahin s'est rendu sur le site où il a affirmé à la presse que l'attaque avait fait dix blessés et qu'elle avait été perpétrée au moyen d'une bombe dissimulée dans un motocycle.

"Nous travaillons pour savoir si une quelconque organisation en est à l'origine" de cette explosion, a-t-il dit. "Les enregistrements des caméras de surveillance sont en train d'être minutieusement examinés", a-t-il ajouté.

Selon les médias, la police a lancé des recherches pour retrouver "un suspect portant un manteau noir" qui a fui les lieux juste après l'explosion.

Des images diffusées par les télévisions turques ont montré des voitures endommagées et des débris de verre jonchant le sol. Les vitres du commissariat ont été soufflées.

Des ambulances ont été dépêchées sur le site et le secteur a été bouclé par la police.

Des témoins cités par les télévisions turques ont affirmé avoir entendu une violente déflagration suivie par des tirs. "C'était traumatisant. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce qui s'est passé. Il y a de la poussière partout", a déclaré un témoin, Metin Alevn, à CNN-Turk.

Le même commissariat avait été visé en 2012 par un attentat attribué à un groupe d'extrême gauche.

La Turquie a été frappée par une série d'attentats ces derniers mois tantôt attribués aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), tantôt revendiqués par la rébellion kurde.

En juin 47 personnes, dont de nombreux étrangers, ont été tuées dans un triple attentat suicide à l'aéroport Atatürk d'Istanbul, attribué par les autorités à l'EI.

En août, un attentat suicide non revendiqué a fait 57 morts lors
d'un mariage kurde à Gaziantep (sud-est), près de la frontière turco-syrienne.

L'attentat de jeudi est le premier du genre à Istanbul depuis le coup d'Etat avorté de la mi-juillet contre le président Recep Tayyip Erdogan. 
(AFP, 6 octobre 2016)

12.000 policiers mis à pied dans l'enquête sur le putsch avorté

Plus de 12.000 policiers ont été mis à pied en Turquie dans le cadre de purges visant les partisans présumés de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch avorté de la mi-juillet, a annoncé mardi la police.

Au même moment, les autorités turques ont réduit au silence l'une des principales chaînes de télévision pro-kurdes lors d'une descente policière à son siège à Istanbul.

La police a précisé que la sanction concernait 12.801 policiers "dont 2.523 gradés". Ils sont tous accusés d'avoir des liens avec la confrérie güleniste, qui représente une "menace pour la sécurité nationale", a-t-elle écrit dans un communiqué.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, 116 policiers étaient affectés à Kayseri (centre du pays), 203 à Konya (Anatolie centrale) et 1.350 policiers à Ankara.
 Le ministère de l'Intérieur, qui chapeaute la police, a lui aussi été visé par cette opération et 37 de ses fonctionnaires ont été relevés, a rapporté le site internet de la chaîne de télévision turque CNN-Türk.

Les coupables seront punis, "peu importe qui ils sont", a réagi le Premier ministre Binali Yildirim au Parlement.

Relevé de ses fonctions dans le cadre de cette procédure, un policier âgé de 26 ans s'est suicidé à l'aide d'une arme à feu dans la ville de Mersin (sud de la Turquie), a rapporté l'agence Dogan.

"La suspension n'est qu'une mesure de précaution pour empêcher des suspects d'interférer dans l'enquête en détruisant des preuves", a précisé un responsable turc sous couvert de l'anonymat, ajoutant que les fonctionnaires relevés "continuent d'être payés à hauteur de deux tiers de leur salaire le temps que l'enquête soit bouclée".

Depuis le putsch avorté, imputé à M. Gülen, en exil volontaire aux Etats-Unis depuis 1999, les autorités turques tentent de chasser ses partisans présumés de tous les secteurs: armée, magistrature, administration, éducation, sport, milieux économiques ou médias.

Même les services de renseignement turc (MIT) ont été ciblés dans cette vaste opération avec le limogeage de 87 de leurs membres.

Selon un dernier bilan annoncé la semaine dernière, 32.000 personnes au total ont été arrêtées, et 70.000 font l'objet d'enquêtes. Outre la police, plusieurs secteurs ont également été visés par les purges, dont la magistrature, l'éducation, l'armée et les médias.

- Une purge entamée en 2013 -

C'est la première fois que la police, qui s'appuie sur quelque 270.000 hommes et femmes en Turquie, annonce un chiffre pour les mises à pied dans ses rangs depuis le début des purges.

Les autorités avaient déjà lancé une purge dans la police, après un scandale politico-financier impliquant l'entourage du président turc Recep Tayyip Erdogan (décembre 2013), pour en chasser les sympathisants de M. Gülen, considérés comme omniprésents dans la police.

Selon des informations de l'agence Anadolu publiées en juillet, quelque 750 officiers de police ont ainsi été emprisonnés ces deux dernières années, accusés d'appartenance à la confrérie.

Outre les partisans présumés de Gülen, les mesures prises après le putsch avorté ont également visé les milieux soupçonnés de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés Occidentaux.

Ainsi, la police turque a fait irruption mardi à Istanbul au siège de la chaîne IMCTV, une des principales chaînes de télévision pro-kurdes, et fait cesser sa diffusion, selon des images retransmises en direct par la chaîne.

Munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire "on ne fera jamais taire la presse libre", plusieurs centaines de manifestants, dont des journalistes d'IMCTV, s'étaient rassemblés mardi soir dans le calme non loin de l'emblématique place Taksim à Istanbul pour dénoncer cette décision.

L'annonce de la mise à pied des policiers et la fermeture de la chaîne pro-kurde survient au lendemain de la décision du gouvernement de prolonger de 90 jours l'état d'urgence en vigueur depuis la tentative de coup d'Etat.

La reconduction de l'état d'urgence doit être entérinée lors d'un vote au Parlement, mais il s'agit d'une formalité puisque l'AKP, le parti islamo-conservateur de M. Erdogan y détient une confortable majorité.

Cette reconduction a été critiquée par l'opposition qui accuse le pouvoir de mettre à profit cette mesure d'exception pour faire taire ses détracteurs.
(AFP, 4 octobre 2016)

Le gouvernement prolonge de trois mois l'état d'urgence, en dépit des critiques

Le gouvernement turc a décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence instauré depuis le putsch avorté du 15 juillet, accédant à une demande du président Recep Tayyip Erdogan, en dépit des mises en garde de l'opposition qui accuse le pouvoir d'en profiter pour faire taire ses détracteurs.

"Nous avons décidé de reconduire l'état d'urgence pour 90 jours à partir du 19 octobre à 01H00 du matin (heures locales)", a déclaré le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus à l'issue du Conseil des ministres.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour chasser les organisations terroristes".

"Cette reconduction montre que nous sommes en train de prendre les mesures nécessaires pour relever les défis auxquels notre démocratie est confrontée", a pour sa part expliqué un responsable turc parlant sous couvert de l'anonymat pour justifier le maintien de cette mesure d'exception.

La reconduction de l'état d'urgence doit être entérinée lors d'un vote au Parlement, mais il s'agit d'une formalité puisque l'AKP, le parti islamo-conservateur de M. Erdogan, y détient une confortable majorité.

L'état d'urgence avait été imposé le 20 juillet pour une durée initiale de trois mois, qui expire le 19 octobre.

Depuis le putsch avorté, dont la responsabilité est attribuée à l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société: éducation, université, magistrature, police, armée, sport, milieu pénitentiaire, journalistes...

Selon un dernier bilan annoncé la semaine dernière, 32.000 personnes ont été arrêtées, et 70.000 font l'objet d'enquêtes.

Une opération d'une telle ampleur que les autorités ont libéré cet été 38.000 prisonniers condamnés pour faire de la place aux nouveaux détenus. Les autorités prévoient en outre de construire 174 nouvelles prisons lors des cinq prochaines années pour augmenter de 100.000 places la capacité d'incarcération du pays, ont rapporté plusieurs journaux turcs.

Par sa décision, le gouvernement a ainsi répondu favorablement à une demande pressante du président Erdogan, qui dès la semaine dernière avait plaidé en faveur d'une reconduction de l'état d'urgence.

Le chef d'Etat turc avait même jugé que la période de trois mois "n'était pas suffisante" et qu'il était dans l'intérêt du pays de la prolonger, envisageant même son maintien jusqu'à 12 mois.

- 'Mon peuple comprendra' -

Alors que de nouvelles voix en Europe s'élèvent pour dénoncer un recul de l'Etat de droit, M. Erdogan s'est défendu en évoquant le cas de la France, où l'état d'urgence est en vigueur depuis les attentats de Paris en novembre 2015.

"Est-ce que quiconque demande à la France pourquoi elle a imposé l'état d'urgence pour un an? La Turquie a connu une tentative de coup d'Etat qui ne saurait être comparée aux attaques terroristes en France et je crois que mon peuple comprendra et soutiendra la décision de le prolonger", avait-il clamé.

A l'intérieur, cette décision de prolonger l'Etat d'urgence fait fi des critiques de l'opposition émises la semaine dernière.

"Lorsque la demande d'extension sera présentée au Parlement, nous nous y opposerons", avait prévenu vendredi Kemal Kilicdaroglu, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).

Le chef de l'opposition turque avait estimé que les propos de M. Erdogan "renforcent la perception que nous sommes en train d'assister à un contre-coup" avec un président qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs.

Il avait en outre critiqué l'ampleur des purges lancées par les autorités à la suite du coup d'Etat avorté, accusant le pouvoir de mettre à profit l'état d'urgence "pour faire taire ses opposants".

Cette opposition de principe restera toutefois vaine dans la mesure où, avec 133 sièges sur 550 au Parlement, le CHP n'a aucune chance de tenir tête à l'AKP.
(AFP, 3 octobre 2016)

Arrestation du frère de Fethullah Gülen accusé d'avoir fomenté le putsch

La police turque a arrêté le frère de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen accusé d'avoir fomenté le 15 juillet la tentative de coup d'Etat, a annoncé dimanche l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Kutbettin Gülen, le premier de la fratrie de l'ex-prédicateur à être détenu, a été interpellé chez un de ses proches à Izmir (ouest), dans le district de Gaziemir, selon la même source.

Accusé d'être "membre d'une organisation armée terroriste", il a été placé en garde à vue et était interrogé à la mi-journée par la police antiterroriste.

Des livres appartenant à Fethullah Gülen ont été retrouvés au cours du raid et saisis, a ajouté l'agence Anadolu.

Les autorités turques accusent l'ex-prédicateur Fethullah Gülen d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat de la mi-juillet, qui a tué plus de 270 personnes et blessé des milliers d'autres.

Ancien allié devenu l'ennemi numéro un du président turc Recep Tayyip Erdogan, l'intéressé, qui vit en exil aux Etats-Unis depuis 1999, réfute ces allégations et clame diriger une organisation de paix appelée "Hizmet" ("Service").
 Ces dernières semaines, à de multiples reprises, Ankara a demandé son extradition en Turquie.

Selon d'anciennes publications des médias turcs, Fethullah Gülen a cinq frères: Seyfullah et Hasbi - tous deux décédés - , Mesih, Salih et Kutbettin. Il a également deux soeurs: Nurhayat et Fazilet.

La police avait arrêté en juillet un de ses neveux, Muhammet Sait Gülen, à Erzurum, dans l'est du pays, puis un autre, Ahmet Ramiz Gülen, en août à Gaziantep dans le sud-est.

Au total, 32.000 personnes ont été arrêtées en Turquie dans le cadre des vastes purges visant des partisans présumés de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, lancées au lendemain du putsch avorté.

Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation, université... Tous les secteurs sont concernés par ces purges d'une ampleur inédite.

Alors que des rumeurs évoquent l'hypothèse d'une seconde tentative de coup d'Etat, le Premier ministre Binali Yildirim s'est voulu menaçant: "Si vous essayez, vous nous trouverez". "Nous n'avons pas oublié et n'oublierons jamais le 15 juillet", a ajouté le chef du gouvernement en marge d'un rassemblement à Ankara des jeunes de l'AKP (parti de la Justice et du développement, au pouvoir).

Un peu plus tard, le président turc s'est moqué des putschistes et des sympathisants présumés de la confrérie güleniste: "Nous avons mis le doigt dans leur repaire. Ils sont en train de fuir, ils cherchent un trou d'où s'enfuir". "Quel que soit l'endroit où ils fuiront (...) nous les poursuivrons", a-t-il prévenu à Ankara, devant une foule en liesse.

Dans l'attente de l'organisation des premiers procès, à une date indéterminée, le gouvernement turc a décidé de libérer cet été 38.000 prisonniers condamnés pour faire de la place à de nouveaux détenus.
(AFP, 3 octobre 2016)

Premières purges dans le milieu pénitentiaire après le putsch

Le milieu pénitentiaire turc a été visé pour la première fois vendredi par la justice qui a émis un mandat d'arrêt contre 75 personnels de prison d'Istanbul dans l'enquête sur le putsch avorté de la mi-juillet, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Le nombre de personnes effectivement arrêtées parmi les 75 surveillants et autres personnels de prison visés par les mandats d'arrêt n'était pas précisé à la mi-journée.

Dans une autre procédure, "87 personnels" travaillant dans trois tribunaux d'Istanbul sont eux aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt, accusés d'être "membres d'une organisation terroriste" liée aux gülenistes, a ajouté l'agence Anadolu. Ils devront également répondre des chefs d'accusation de "financement d'une entreprise terroriste".

Plusieurs autres tribunaux de divers villes turques font également l'objet d'enquête, a ajouté de son côté le quotidien Hürriyet, sans apporter plus de précision.

Ankara accuse l'ex-prédicateur Fethullah Gülen d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat survenue le 15 juillet. Des accusations que l'intéressé, exilé depuis 1999 aux Etats-Unis et dont Ankara demande l'extradition, réfute.

A la suite du putsch avorté, la Turquie a lancé une purge inédite dans plusieurs secteurs (magistrature, éducation, police, armée, médias ou sport) pour se défaire de l'influence des gülenistes mais aussi des sympathisants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme une "organisation terroriste" par Ankara).

Depuis le putsch raté, plus de 30.000 personnes ont été arrêtées et quelque 70.000 font l'objet d'une enquête, a indiqué mercredi le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag dans un dernier bilan. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que l'état d'urgence, instauré pour trois mois après le putsch avorté, allait être prolongé.
(AFP, 30 Septembre 2016)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Le Parlement européen appelle la Turquie à libérer les journalistes

Le Parlement européen a exhorté jeudi la Turquie à libérer tous les journalistes détenus sans preuve, soulignant que la tentative de coup d'Etat ne pouvait servir de "prétexte" pour bâillonner la presse et l'opposition.

Dans une résolution adoptée en session plénière à Strasbourg, le Parlement européen "demande aux autorités turques de libérer les journalistes et professionnels des médias qui sont détenus sans preuve irréfutable d'activité criminelle".

Les eurodéputés estiment que la tentative de coup d'État manquée à la mi-juillet "ne saurait servir de prétexte au gouvernement turc pour continuer de bâillonner l'opposition légitime et pacifique, ni priver, par des actes et des mesures disproportionnés et illicites, les journalistes et les médias de l'exercice pacifique de leur liberté d'expression".

Observant que les pressions exercées sur les journalistes étaient déjà "considérables" avant le putsch manqué, ils relèvent que depuis le 15 juillet, la police turque a fermé les bureaux de plus de 100 médias et arrêté au moins 99 journalistes et écrivains.

"Ce qui porte le nombre de professionnels des médias détenus pour des faits qui seraient liés à l'exercice de leur droit à la liberté d'expression à 130 au moins", selon les députés.

Le Parlement européen appelle les autorités turques à "réduire la portée des mesures d'urgence, de sorte qu'elles ne puissent plus être utilisées pour porter atteinte à la liberté d'expression", alors que l'état d'urgence a été prolongé de trois mois début octobre.

Depuis la mi-juillet, le pouvoir turc a lancé de vastes purges à l'encontre de personnes soupçonnées de liens avec l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté la tentative de putsch. L'opposition reproche au président Recep Tayyip Erdogan de mettre à profit la situation pour faire taire ses détracteurs.

Le ministre turc de la Justice a précisé la semaine dernière que plus de 35.000 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur le putsch avorté.

Présent mercredi au Parlement européen, le journaliste turc Can Dündar, devenu l'un des porte-parole de la lutte pour la liberté d'expression sous le président Erdogan, avait dénoncé une Turquie devenue "la plus grande prison de journalistes" au monde.

Le journaliste figurait parmi les finalistes du prix Sakharov du Parlement européen, qui a décerné jeudi à deux femmes yézidies d'Irak rescapées du groupe Etat islamique (EI).

L'association Reporters sans frontière (RSF) classe aujourd'hui la Turquie au 151e rang sur 180 de son classement sur la liberté de la presse.
(AFP, 27 octobre 2016)

La Turquie devient la plus grande prison pour les Journalistes

Ahmet Gulabi DERE*

Après le 15 Juillet 2016 la Turquie devient, petit à petit, une vraie prison pour les journalistes. Selon mes informations actuellement il y a plus d’une centaine de journalistes emprisonnés dans ce pays.

L'association Reporters Sans Frontière (RSF) classe aujourd'hui la Turquie au 151e rang sur 180 de son classement sur la liberté de la presse.

Si dans un pays il n’y a pas de liberté de la presse on ne peut pas prétendre l’existence de la démocratie. Les autorités turques peuvent faire de bonnes déclarations en disant que dans leur pays le système est tout à fait démocratique. Mais la réalité n’est pas comme ils disent.

Malgré cette réalité de la situation, malheureusement, il n’y a aucune puissance qui se montre volontaire pour empêcher les autorités turques à exercer cette pratique, que je considère contre la démocratie, contre la liberté de la presse et ainsi contre les droits fondamentaux de l’homme.

Comme on le sait bien, la Turquie est membre du Conseil de l’Europe, dont le siège est en France, à Strasbourg. Donc il faut que l’Europe ne laisse pas l'oppression prévaloir et détruire les médias libres d'un pays membre de cette institution qui a créé la Cours Européenne des Droits de l’Homme. La lutte pour empêcher l’oppression contre les journalistes en Turquie n'est pas seulement importante pour l’avenir du média en Turquie, mais aussi pour l'avenir de toute l'Europe.

La Turquie est aujourd'hui la plus grande prison de journalistes au monde, actuellement plus de 130 journalistes emprisonnés et 2.500 qui se retrouvent sans emploi après la fermeture de leur média.

En Turquie, la pression sur les médias était déjà importante avant le 15 Juillet 2016, mais elle est devenue insupportable à l’heure actuelle. Il est très difficile d’exercer leur métiers pour les journalistes qui sont attachés à leur liberté du métier.

Après le 15 Juillet 2016, sous couvert d’état d’urgence, décrété juste après le 15 Juillet, le gouvernement d’AKP a également ordonné la fermeture définitive de plus de 100 médias. Cette situation réduise gravement le pluralisme déjà très compromis. L’état d’urgence donne à l’Etat le pouvoir de prononcer des sanctions administratives arbitraires dans le but de discréditer et d’empêcher des centaines de journalistes de travailler librement.

Ainsi, l’état d’urgence permet de court-circuiter la justice, pourtant moins indépendante que jamais, et de réduire les droits de la défense. De nombreux journalistes ont été arrêtés et inculpés sans motif sérieux et sans preuve de leur implication dans la tentative de coup d’Etat du 15 Juillet 2016.

*Rédacteur en chef de la revue mensuel Avantaj Post

Le journaliste Can Dündar appelle l'Europe à défendre ses collègues emprisonnés

L'ex-rédacteur en chef d'un journal d'opposition turc Can Dündar, bête noire du président Erdogan, a appelé mercredi à Strasbourg les Européens à se mobiliser pour la libération des journalistes emprisonnés dans son pays, devenu selon lui "la plus grande prison de journalistes" au monde.

"Ne laissez pas l'oppression prévaloir et détruire les médias libres d'un pays membre du Conseil de l'Europe", a lancé M. Dündar lors d'une conférence de presse au Parlement européen.

"Cette lutte n'est pas seulement importante pour notre avenir mais aussi pour l'avenir de l'Europe", a-t-il estimé.

La visite du journaliste, qui vit aujourd'hui en exil en Allemagne, intervient à la veille de l'annonce du lauréat du Prix Sakharov pour les droits de l'Homme du Parlement européen, dont M. Dündar est cette année l'un des finalistes.

"La Turquie est aujourd'hui la plus grande prison de journalistes" au monde, a dénoncé Can Dündar, faisant état de 130 journalistes emprisonnés et 2.500 qui se retrouvent sans emploi après la fermeture de leur média.

"La pression sur les médias était déjà importante avant le coup d'Etat, mais elle est devenue insupportable", a-t-il souligné, en référence à la vaste purge dans les médias du pays qui a suivi la tentative de coup d'Etat intervenue mi-juillet.

M. Dündar a été accusé d'avoir divulgué des "secrets d'Etat" en Turquie pour avoir publié un article expliquant que le gouvernement avait livré des armes à des rebelles islamistes en Syrie.

Dans cette affaire, il a été condamné en mai à cinq ans et dix mois d'emprisonnement.

Il est également sous la menace d'une autre condamnation pour des liens présumés avec l'organisation de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé par le autorités turques d'être le cerveau de la tentative de coup d'Etat.

Victime d'une tentative d'assassinat, il a quitté la Turquie pour l'Allemagne, expliquant qu'il ne pouvait pas faire confiance au pouvoir judiciaire de son pays.

L'association Reporters sans frontière (RSF) classe aujourd'hui la Turquie au 151e rang sur 180 de son classement sur la liberté de la presse.
(AFP, 26 octobre 2016)

107 Journalists in Prison, 2,500 Others Left Unemployed Due To Closures

After a break of two years, Turkey once again has become “world’s biggest journalist-prison” and ranked low in press freedom and transparency on international indices. 

The State of Emergency (OHAL) declared following the coup attempt on July 15, and the Statutory Decrees (KHK) issued within the State of Emergency have brought various unlawful and excessive practices like closures, detentions and arrests among members of the Gülen Community and the Kurdish Media.

The Government has often been criticized for “becoming distant from its goals of democracy” and “using the State of Emergency to speed up its ideological transformation process within the state-structure” at national and international levels.

BİA Media Monitoring Report 2016 July-August-September points out to the diversity and vastness of administrative and judicial interventions on the media in the third quarter of the year; 226 journalists face the risk of a life imprisonment and 2,235 years and 4 months in prison.

The report also demonstrates that 107 journalists and 10 distributors have entered October 2016 in prison, 78 journalists in custody and that 775 press cards and 49 passports have been revoked in the State of Emergency.

In these three months, action has been taken against 22 journalists for “defaming the President” or “defaming Recep Tayyip Erdoğan”. In accordance with Article 229 of the Turkish Penal Code (Defaming the President), two of these have been sentenced to a punitive fine of 3,130 euro each.

The report also demonstrates that in comparison to the last quarter,  the number of the arrested journalists has risen from 24 to 106 the detentions from 49 to 78 and the unemployed from 45 to 2,500.
(BIA, 24 October 2016;  See: Highlights from the Media Monitoring Report)

Le gouvernement français doit agir pour défendre la liberté de la presse

Les syndicats français de journalistes (SNJ/SNJ-CGT/CFDT-Journalistes), membres de la FIJ/FEJ, condamnent la scandaleuse décision du groupe français Eutelsat de suspendre la diffusion de plusieurs chaînes kurdes d’opposition -comme Med Nûçe et Newroz TV- à la demande de RTUK (Conseil supérieur de l'Audiovisuel turc).

En Turquie, RTUK a fait fermer 23 chaînes de télévision et stations de radio kurdes, dont Zarok TV, une chaîne diffusant exclusivement des programmes pour enfants.
Eutelsat a donc clairement agi sur ordre direct du pouvoir turc se faisant ainsi le relais en Europe du régime de l’AKP, qui, depuis le coup d’état avorté du 15 juillet et de l’introduction de l’état d’urgence n’a eu de cesse de fouler aux pieds la liberté d’expression.

A ce jour, plus de 131 médias en Turquie ont été rayés de la carte par ordre du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, et de son gouvernement.
Cette chasse aux sorcières, ces attaques contre la liberté de la presse ont conduit une centaine de journalistes turcs et kurdes à être embastillés, faisant de ce pays la plus grande prison au monde de journalistes.

Trois mille confrères ont perdu leur emploi, des centaines d’autres ont dû quitter la Turquie pour éviter la répression et les purges massives.
Les syndicats français appellent instamment la direction d'Eutelsat à ne pas se faire les complices d’une politique répressive d’Ankara contre le pluralisme et contre la liberté d’informer.

Ils s'adressent solennellement au gouvernement français pour qu'il pèse de tout son poids afin que la diffusion des chaînes incriminées soit rétablie au plus vite. Car il en va d’une atteinte gravissime à l’un des fondements-clés des libertés en Europe : celle du droit d’informer tel que défini par le Conseil de l’Europe dont est membre la Turquie.
Ils appuient l’action de la chaîne de télévision kurde d’assigner le groupe français en référé devant le tribunal de commerce mercredi 26 octobre, à 11h30, au Tribunal de commerce de Paris (1 quai de la Corse 75004 Paris).

Dans le même temps, les trois syndicats français appellent la profession à soutenir la campagne de la FIJ et de sa branche européenne FEJ en solidarité avec les journalistes en Turquie aux côtés du Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), de l’Association des journalistes de Turquie (TGC), et de l’Association des journalistes progressifs (PJA).

- En participant à la journée de solidarité du 21 octobre au cours de laquelle les journalistes libres peuvent parrainer des journalistes emprisonnés en Turquie via les réseaux sociaux #FreeThemAll">#FreeThemAll.
- En signant la pétition en ligne demandant au gouvernement turc de relâcher immédiatement les journalistes emprisonnés et de rouvrir les stations de télévision et de radio. (L'Humanité, 21 octobre 2016)


Press freedom is essential for democracy, set journalism free in Turkey!

Hundreds of journalists have been arrested, sacked and harassed following Turkey's attempted coup - set them free. Turkey experienced a bloody coup attempt on July 15 killing more than 250 people and targeting basic democratic institutions like the Grand National Assembly of Turkey (TBMM).

The International and European Federations of Journalists (IFJ-EFJ) unreservedly condemn the coup and the use of force against citizens, journalists and media companies. The failed coup was followed by a state of emergency and excessive and indiscriminate measures to purge all individuals believed to be connected to the attempt.

The Turkish authorities are now jailing journalists, shutting down radio and TV channels and censoring the internet in an attempt to silence criticism. 90 journalists are in jail and more than 130 media have been banned since mid-July.

2500 journalists have lost their jobs and arrest warrants have been issued for dozens of media workers. Some families of journalists, who are in hiding or have fled, have been arrested to force them to surrender.

Media workers, journalists and press freedom campaigners all over the world have joined protests calling for the release of all jailed journalists in Turkey.

Press freedom is essential for democracy. We demand Turkey sets the journalists free. Journalism is not a crime - Gazetecilik su degildir !

https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=3207


For Journalists in Turkey: Day of Action Today #FreeThemAll


Today, on Friday 21, world journalists will sponsor journalists in jail in Turkey in a show of solidarity. Take action!

How?

Pick the name of a journalist jailed in Turkey from the list below, add the name of the journalist on an A4 paper, take a picture of yourself holding the sign and post it on social media #FreeThemAll
Sign the petition. It will automatically send an email to President Erdogan via his spokesperson
 

This work can be done anytime throughout the day. Below is an indicative list of journalists you may support. Our aim is to get the 90 journalists freed. #FreeThemAll

Aysenur Parildak
Aytekin Gezici
Muhammed Dogru
Murat Aksoy
Nazli Ilicak
Nedim Türfent
Şahin Alpay
Zana Kaya
Ziya Ataman
Inan Kızılkaya
Zehra Doğan
Erol Zavar
Aslı Erdoğan
Necmiye Alpay
Hakan Aksel
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The death of critical journalism in Turkey

A prominent Turkish journalist who migrated to Europe a few months ago and is convinced she can no longer practice her profession in Turkey has noticed something intriguing in her son, a primary schooler. “He keeps drawing prisons,” the journalist told Al-Monitor. “I was worried about his future in Turkey, but it turns out he, too, was secretly worried about me.”

The journalist, who requested anonymity, shared the drawings with Al-Monitor on condition they not be published. In all of them, big prisons reminiscent of a panopticon are depicted in striking detail, including tiny cells with bars, “control points” and other compounds marked as armories, offices and visitor’s rooms.

In the 2016 World Press Freedom Index by Reporters Without Borders, Turkey ranks 151st out of 180 countries. As of Oct. 12, 92 journalists were behind bars, according a widely referenced tally by Necati Abay, an activist who closely follows and documents the imprisonment cases.

Press freedom in Turkey is usually assessed on the basis of the number of journalists in jail. Yet this fails to fully reflect the gravity of the situation if one omits the huge number of journalists who have lost their jobs and are facing an uncertain future and struggling to survive.

According to the Turkish Journalists’ Syndicate, the number of jobless journalists has climbed to about 10,000 with the massive purges in the media that followed the July 15 coup attempt. Syndicate chairman Gokhan Durmus told Al-Monitor that some 7,000 journalists were out of work in 2015, according to the Turkish Statistical Institute. “This figure has grown dramatically this year. The number of working journalists has now fallen from 40,000 to 30,000,” he said.

The government has left no room for critical journalism, Durmus said, stressing that alternative media platforms, which used to offer employment opportunities for the jobless, have been largely suppressed as well. Most recently, the government last month ordered the closure of 12 television channels and 11 radio stations, adding hundreds to the army of the jobless. Durmus noted that only about 4,500 of the 30,000 journalists who remain employed were unionized.

Ahmet Sik, the winner of UNESCO’s 2014 press freedom prize but still a jobless man at home, said a small number of his jobless colleagues managed to move to the public relations sector or the internet media, while some borrowed money to start up cafes or taverns. The vast majority, however, had to move back to their parents’ homes, unable to support independent households, he told Al-Monitor. “No journalist the government dislikes can find a job at present. The three surviving [critical] newspapers — Evrensel, BirGun and Cumhuriyet — are grappling with financial problems, meaning they cannot recruit new journalists,” he said. “For those who lose jobs, the prospect of working somewhere else is totally nonexistent, as almost all critical media outlets have been closed. [The government is] seeking to discipline journalists by starving them.”

Erol Onderoglu, the Turkish representative of Reporters Without Borders, says economic links between the government and media bosses have been critical in the process. Wary to protect their interests in other business sectors, media bosses toed the line and reshaped their staffs accordingly, Onderoglu told Al-Monitor. In the process, he said, prominent TV journalists and household names such as Aysenur Arslan, Banu Guven and Mirgun Cabas disappeared from the screens of major channels, and then tried to soldier on in smaller media outlets.

Their plight, however, did not end there. Guven, for instance, has found herself jobless again. IMC TV, where she was an anchorwoman, fell victim to the latest clampdown, along with 11 other TV stations, with the government using extraordinary powers under a state of emergency declared after the attempted coup.

Guven was a hugely popular personality on the leading NTV news channel when she was fired in 2011 due to what she sees as her former employer’s business interests with the government. Before joining IMC TV in 2014, she went on reporting on her personal website, but this proved economically unsustainable. Guven told Al-Monitor how the government’s drive to redesign the media escalated over the years. “At one point while still at NTV, we began to receive lists of people who could or could not appear on our programs. And when the bosses submitted fully to the government, they began firing journalists like me,” she said. “But even then, I still believed we had space to maneuver, I had hope. Today, we’ve come to a point where any independent initiative is blocked. Any broadcast outside the government’s criteria has become impossible, and no journalist can make a living outside those criteria.”

Faruk Balikci, who used to report for IMC TV from Diyarbakir in the mainly Kurdish southeast, is not that pessimistic. This gloomy period, he believes, will one day come to an end and critical journalism will return. Like Guven, Balikci had joined IMC TV after being fired from one of Turkey’s biggest media outlets, the Hurriyet newspaper, last year.

Balikci went through the lengthy states of emergency in the southeast in the 1990s, when the Kurdish conflict peaked and the state used heavy-handed measures to suppress dissent. Asked to compare those days and the current emergency rule, Balikci said, “In the 1990s, many colleagues of mine were killed. Halit Gungen, Hafiz Akdemir and Huseyin Deniz are only a few examples. Yet the pressure on journalists was never as arbitrary and unlawful as it is today. Never were so many newspapers and TV channels closed, never were so many journalists arrested. True, there were arbitrary obstructions, but we went on doing journalism, one way or another. Today, it’s totally blocked. But this period will pass because it’s not something sustainable.”

A serious setback for the jobless journalists is the lack of a platform to unite and discuss joint action, a result of the very low unionization level in Turkey’s media sector. Durmus lamented that this stood in the way of professional solidarity as well. “In 2014, for instance, 300 people were fired from a TV station, but we managed to contact only 50 of them,” he said, adding that many TV stations transferred staff to subcontractor companies to prevent unionization and evade compliance with related laws.

Onderoglu added that Turkish journalists have long had a tendency for individualist careerism, placing little importance on organized and collective action. “When journalists fail to develop internal professional dialogue in normal times, it’s beyond imagination that they can do so in times of emergency rule when pressure becomes the trend,” he said.

Onderoglu spent 10 days behind bars in June for participating in a solidarity campaign for a banned pro-Kurdish daily. These days, he is penning his quarterly “Media Monitoring Report” for the Independent Communication Network, an activist news site. “I’ve been doing this for 16 years,” he said, “but for the first time I’m preparing a report describing how an independent media domain has been eradicated.”

As for the journalist who moved to Europe, she has yet to be jailed or prosecuted. Yet her son keeps drawing prisons. She says she is surprised, but the drawings perhaps indicate that even primary schoolers can now easily portray the state of press freedom in Turkey.

Read more: http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/10/turkey-death-of-critical-journalism.html#ixzz4NtPf4BwB

L'audience pour Med Nûçe à Paris le 26 octobre

Le 3 octobre 2016, la diffusion des programmes de la chaîne d'information kurde Med Nûçe dont le siège se trouve en Italie était suspendue par le groupe français Eutelsat à la demande de RTUK, Conseil supérieur de l'Audiovisuel turc. Une semaine plus tard, c'était une autre chaîne kurde, Newroz TV, qui faisait les frais de cette collaboration honteuse avec la censure et la répression des médias kurdes et d'opposition en Turquie.

Dans le même temps, RTUK faisait fermer 23 chaînes de télévision et stations de radio kurdes et d'opposition se trouvant en Turquie. Parmi elles, figurent notamment Zarok TV, une chaîne diffusant exclusivement des programmes en kurde pour les enfants, TV10 qui s'adresse essentiellement aux membres de la confession minoritaire alévie, Jiyan TV dont le but est de préserver et promouvoir le Kirmanckî, un dialecte kurde en voie de disparition, et IMC TV, une chaîne d'information très regardée par les milieux kurdes et démocrates.

Ces décisions ont été condamnées par plusieurs ONG, dont Human Rights Watch (HRW) et Reporters sans Frontières (RSF) comme étant de graves violations des libertés de la presse, d'information et d'expression, dans un contexte de répression généralisée à l'encontre des médias kurdes et d'opposition en Turquie.

En suspendant la diffusion de Med Nûçe et de Newroz TV, Eutelsat relaye cette répression en Europe. Pour cette raison, les dirigeants de la chaîne de télévision kurde ont assigné le groupe français en référé devant le tribunal de commerce.

Le référé sera examiné mercredi 26 octobre, à 11h30,

au Tribunal de commerce de Paris (1 quai de la Corse 75004 Paris).

Nous vous invitons à assister nombreuses et nombreux à cette audience, pour soutenir Med Nûçe et ses travailleurs face à ces atteintes scandaleuses à la liberté d'expression et au droit à l'information.

Conseil Démocratique Kurde en France

Nedim Gürsel: «Le désir d’Europe n’est plus ce qu’il était en Turquie» 

(Le Soir, MATHIEU COLINET, 20 octobre 2016)

Les Journées de Bruxelles se sont ouvertes mercredi à Bozar devant un public venu en masse. « L’Europe face aux menaces », « Comment donner un avenir à l’Europe ? », : cette première journée du rendez-vous a été ponctuée de débats denses auxquels ont participé des personnalités comme l’ancien ministre français Emmanuel Macron, les commissaires européens Margrethe Vestager et Frans Timmermans. Avec, en sus, une rencontre avec l’écrivain algérien Kamel Daoud. Ce jeudi, d’autres personnalités sont attendues. Et parmi celles-ci, l’écrivain et chercheur turc Nedim Gürsel* au parcours fait d’allers-retours entre son pays natal et la France, nation qui l’a accueilli après le coup d’Etat militaire de 1980. L’Europe, il la voit au travers du prisme de la Turquie actuelle « pays où la liberté d’expression s’est restreinte, qui met ses écrivains en prison ». Nedim Gürsel rêvait autrefois d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Cela aurait été, selon lui, une garantie de démocratie pour la première et un enrichissement pour la seconde. L’évolution des deux espaces sur la dernière décennie a plombé ses espoirs.

ENTRETIEN

Vous êtes ce jeudi à Bruxelles pour débattre de l’Europe, de sa philosophie, de ses valeurs et de ses illusions. Quelles sont selon vous les valeurs européennes ?

L’Union européenne est fondée avant tout sur des valeurs démocratiques, comme la liberté d’expression, les droits de l’homme, la laïcité, valeur importante dans le contexte actuel, mais aussi le marché. Je constate malheureusement que mon pays, la Turquie s’éloigne de jour en jour de ces valeurs. L’autoritarisme qui y sévit actuellement n’est pas compatible avec ces valeurs.

Les illusions européennes maintenant. Quelles seraient-elles ? Peut-être des valeurs que l’Europe se targue de défendre sans que l’on puisse considérer qu’elles l’animent tout le temps… À l’occasion de ce que l’on a appelé la crise des migrants, l’Europe n’a-t-elle pas été mise en face de certaines de ses contradictions ?

L’Europe n’a sans doute pas fait ce qu’elle aurait dû faire à ce moment-là en ce qui concerne l’accueil des immigrés. Sur ce plan, je pense que la Turquie a tout de même un certain mérite puisqu’elle a accueilli près de 3 millions de réfugiés. Le président Erdogan a compris qu’il avait une carte politique à jouer. Il l’a fait sur le dos de ces réfugiés. Ce qui n’est évidemment pas si louable que cela. L’Europe est confrontée à une montée des populismes. Pour autant, cette dernière ne dépasse pas le cadre du jeu démocratique. Le fait qu’il n’y ait plus de conflit sur le continent est la grande réussite de l’Europe. Regardez ce qui se passe au Moyen-Orient… À l’origine, l’Europe était un projet de paix. Sur ce plan, mis à part la guerre en Bosnie, c’est une réussite. Autre réussite : le fait que l’État de droit est respecté dans les 28 pays membres de l’Union européenne même si on peut placer çà et là quelques nuances. C’est d’autant plus remarquable pour moi qu’en Turquie, il n’y a actuellement plus d’État de droit. Quand je regarde tout cela, je me dis que l’Europe est nécessaire même si elle doit encore faire beaucoup d’efforts pour atteindre tous ces objectifs.

Est-on parfois trop critique quand on juge l’Europe ?

Oui, c’est mon avis. Certes, il y a des choses à critiquer mais je reste un fervent partisan de l’adhésion de mon pays à l’Union européenne. L’Europe a des mérites. Et je ne suis pas le seul en Turquie à le penser tout de même.

Vous êtes effectivement un grand défenseur de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Vous vous êtes fréquemment exprimé sur le sujet. Rappelez-nous les avantages que vous liez à cette adhésion. Pour l’Europe et pour la Turquie ?

Cela aurait été une bonne chose pour les deux parties. Sans la perspective européenne, la Turquie ne peut pas progresser. Ce serait une garantie de la démocratie. Aujourd’hui, la Turquie est confrontée à une dérive autoritaire sans précédent dans son histoire. Pour l’Europe, un pays musulman respectant les valeurs européennes, cela l’aurait enrichie, cela aurait fait en sorte que personne ne puisse plus dire que l’Europe est un club judéo-chrétien. L’enrichissement aurait donc été mutuel. À la condition évidemment que la Turquie respecte les critères dits de Copenhague pour adhérer à l’Union. Malheureusement, cette perspective est dépassée. L’Europe est confrontée aujourd’hui au Brexit. Un grand pays comme le Royaume-Uni est occupé à la quitter. Et parmi les causes qui expliquent ce phénomène, il y a sans doute l’élargissement vers l’Est qui s’est fait trop rapidement.

Est-ce qu’en Turquie, il subsiste un grand « désir d’Europe » ? Dans le soutien dont bénéfice le président Erdogan ne peut-on pas voir aussi un affaiblissement de celui-ci ?

Le désir d’Europe n’est plus ce qu’il était. C’est un fait. Le discours de rejet de certains dirigeants européens, notamment celui de l’ex-président français Nicolas Sarkozy, y est pour quelque chose. Ce rejet a été ressenti comme une vraie gifle qui a suscité la fierté nationale. Et aujourd’hui, notamment au sein de la jeunesse, ce désir d’Europe a considérablement diminué. Mais ce n’est pas une bonne chose à mon sens car la Turquie est aujourd’hui à la recherche d’autres alliances. Notamment la Russie et l’Iran qui ne sont pas, à ce que je sache, des modèles de démocratie.

Les portraits que l’on fait de la Turquie insistent sur la « bipolarité » du pays, entre des habitants qui rêvent de modernité, d’autres qui restent accrochés à la tradition. Est-ce que la Turquie est aussi ambiguë dans sa relation avec l’Europe ?

Tout à fait, la Turquie, c’est tout cela à la fois. Depuis l’arrivée du parti de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir, la société turque devient de plus en plus conservatrice. Les valeurs laïques sont remises en cause. Et comme Erdogan a une base électorale importante, les gens attachés à la laïcité sont minoritaires même s’ils continuent d’exister. Le pouvoir actuel ne tient pas compte d’eux par rapport au mode de vie, par rapport aux libertés individuelles et par rapport à la laïcité. C’est inquiétant.

* Nedim Gürsel est né en 1951 à Gaziantep. Adolescent, il quitte sa ville natale pour rejoindre Istanbul et le Lycée français. Ce sera ensuite Paris et la Sorbonne. Depuis ses débuts d’écrivain, il a publié de nombreux ouvrages. En 2009, il a notamment sorti « La Turquie, une idée neuve en Europe ». Son dernier livre (un roman) « Le fils du capitaine » traite du coup d’Etat militaire de 1960.

90 journalists in Turkish jails - Have your say!

The International Federation of Journalists (IFJ) will launch a global solidarity action on 21 October in support of journalists in Turkey and its affiliates the Journalists’ union of Turkey (TGS), the Progressive Journalists’ Association (PJA) and the Association of journalists of Turkey (TGC).

The action is part of the IFJ and the European Federation of Journalists (EFJ) Opens external link in new windowcampaign Set journalism free in Turkey that both federations have been running together since 2010. It consists of a Opens external link in new windowone-day show of solidarity action where free journalists can sponsor jailed journalists in Turkey on social media. The action includes an Opens external link in new windowonline petition calling on the Turkish government to immediately release jailed journalists and re-establish the signal of all broadcasters.

Turkey experienced a bloody coup attempt on July 15 killing more than 250 people and targeting basic democratic institutions. IFJ and EFJ unreservedly Opens external link in new windowcondemn the coup and the use of force against citizens, journalists and media companies.

The failed coup has been followed by a state of emergency and excessive and indiscriminate measures to purge all individuals believed to be connected to the attempt. The Turkish authorities are now jailing journalists, shutting down radio and TV channels and censoring the internet in an attempt to silence criticism. Opens external link in new window90 journalists are in jail and more than 130 media have been banned since mid-July. 2,500 journalists have lost their jobs and arrest warrants have been issued for dozens of media workers. Some families of journalists, who are in hiding or have fled, have been arrested to force them to surrender.

IFJ General Secretary Anthony Bellanger said: "The action we launched today is about solidarity amongst journalists worldwide. Journalists in Turkey must be able to tell the truth and work freely. The global journalism community is outraged at the way press freedom has been tarnished in the country. We want to send a clear message to our colleagues jailed in Turkey that we stand by their side. President Erdogan must take all the necessary steps to allow journalists to report without threat, harassment or fear of being sent to jail”. (IFJ, October 18, 2016)

Journalist Can Dündar’s wife not in favor his return to Turkey

The wife of prominent Turkish journalist Can Dündar has said she is not in favor of her husband’s return to Turkey, citing legal uncertainties surrounding his lengthy prosecution and security concerns that peaked after he was shot at outside an Istanbul court on his trial day.  

“Can doesn’t only have a judiciary problem in Turkey. He also has a problem of his security of life. I’m not in favor of him returning to Turkey,” Dilek Dündar told Deutsche Welle on Oct. 12.

“You know that an assassination attempt took place,” she added.

Former daily Cumhuriyet editor-in-chief Can Dündar has been shortlisted for the European Parliament’s prestigious Sakharov Prize for Freedom of Thought in 2016.

Crimean Tatar leader Mustafa Dzemilev, Yazidi survivors and public advocates Nadia Murad Basee and Lamiya Aji Bashar, and Uyghur scholar Ilham Tohti were also among this year’s nominees for the prize.

Dündar and Cumhuriyet Ankara Bureau Chief Erdem Gül faced trial for “leaking state secrets” due to stories they published about Turkish intelligence trucks allegedly bound for Syria with hidden weapons in early 2014.

They were arrested on Nov. 26, 2015 and released on Feb. 26 following a Constitutional Court decision.

An Istanbul court later sentenced Dündar and Gül to five years in prison for “leaking state secrets” on May 6.

Earlier on the same day, Dündar escaped unharmed from an armed attack directed at him in front of the Istanbul Çağlayan Courthouse.

Dündar is believed to be in Germany after he was freed earlier this year pending an appeal following his trial. He previously said he is not considering heading back to Turkey before the state of emergency is lifted.
(hurriyetdailynews.com, Oct 12, 2016)

IFJ-EFJ press briefing calls for lifting the ban news channels in Turkey

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The International and European Federation of Journalists (IFJ and EFJ) today organised a press briefing at the Brussels’ Europe Press Club to protest the on-going clampdown on media in Turkey and to urge the government to lift the ban on news channels.
 
The Turkish government recently shut down about 20 TV and radio channels, including the Kurdish Channel Med-Nuçe based in Belgium that was removed on 3 October by Eutelsat SA, a French satellite provider, on Turkey’s request.
 
In Turkey, 90 journalists are in jail, more than 2,500 journalists lost their jobs and arrest warrants have been issued against hundreds of media workers since the coup attempt on 15  July.
 
Speakers invited to the IFJ/EFJ briefing included Füsun Erdogan, freelance journalist for TV and radio channels Bianet, Özgür Radyo and Med Nûce; Baki Gül, journalist at Kurdish Channel Med Nûce and Bayram Balci, journalist at Ozgür Gündem. They shared their personal stories and called on the international community to take action against the discriminatory measures that Turkish authorities are using to silence criticism.
 
“I’ve spent 8 years in prison under false accusations and without trial,” said Füsun Erdogan. “Our responsibility as journalists is to inform the public and to report what is going on in Turkey.” Füsun Erdogan said he was falsely accused of being a membership of a terrorist organisation in 2006. After spending 8 years in jail, she went into exiled in the Netherlands.
 
Baki Gül denounced the arbitrary way in shutting down his channel which broadcasted from Belgium. The workers of Med Nûce TV have called on European institutions to put pressure on Turkey to respect fundamental rights and have questioned the legitimacy of the suspension by the Higher Council of Audio-visual in Turkey (RTÜK) of the channel that broadcasts from Europe.
 
Ozgür Gündem journalist Bayram Balci recounted how he was arrested and called on the European journalists to stand in solidarity with their Turkish counterparts.
 
IFJ General Secretary Anthony Bellanger announced that IFJ will launch a Opens external link in new windowsolidarity campaign for Turkish colleagues, who are fighting to maintain their rights. “Turkey was the biggest prison for journalists in Europe before 15 July. Today, Turkey is, with China and Iran, one of the biggest in the world! We are not defending only free press or freedom of expression, we are defending human rights and citizen’s right to be informed,” said Anthony Bellanger, who also has called for global solidarity with Turkish journalists.
 
EFJ Project Officer Mehmet Koksal said that “The IFJ and EFJ have reported all the cases that took place in Turkey to the Council of Europe Platform for the promotion of journalism and the safety of journalits, and is keeping updated a Opens external link in new windowlist of jailed journalists in Turkey. It is a way of knowing how many days they have been in jail, so that we don't forget them".  (IFJ, Oct 14, 2016)

Erdogan veut un procès contre l'auteur allemand d'un pamphlet le visant

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a contesté l'arrêt des poursuites visant l'humoriste allemand auteur d'une satire le visant, dernier épisode d'une affaire ayant provoqué au printemps une crise diplomatique germano-turque, a annoncé lundi le parquet de Mayence (ouest).

L'appel a été déposé dimanche par "l'avocat représentant le président turc" auprès du parquet de Mayence et du parquet général de Coblence (ouest), juridictions compétentes pour cette affaire, a indiqué dans un communiqué Andrea Keller, qui dirige le parquet de Mayence.

Selon Mme Keller, le parquet général de Coblence va désormais décider de la suite à donner à l'affaire, notamment d'ouvrir ou pas la voie à un procès opposant Jan Böhmermann, un humoriste allemand officiant sur la chaîne publique ZDF, et le dirigeant islamo-conservateur.

Le parquet de Mayence avait indiqué mardi qu'il renonçait aux poursuites pénales contre Jan Böhmermann, estimant que "les résultats de l'enquête (montraient) qu'aucun acte criminel (n'avait) pu être prouvé".

M. Erdogan reprochait à l'humoriste d'avoir signé le 31 mars un texte, lu à la télévision, dans lequel il le qualifiait de pédophile et de zoophile.

Le "poème" avait suscité l'ire du président turc et pris une tournure très politique, la chancelière Angela Merkel ayant, en vertu d'un texte de loi datant du 19e siècle, permis au Parquet d'engager une procédure pour "insulte à un représentant d'un État étranger", délit passible de trois ans de prison et qualifié par certains de "crime anachronique de lèse-majesté".

Mais pour le parquet de Mayence, "l'accumulation de descriptions totalement exagérées" montre qu'il s'agissait bien d'une satire et non "d'attaques sérieuses" contre le président turc.

Dans un autre volet du dossier, la justice allemande doit se pencher début novembre au civil sur un recours de M. Erdogan qui veut faire interdire toute rediffusion de ce poème.

Cette affaire était venue empoisonner les relations germano-turques à l'heure où Ankara s'était imposé comme le partenaire crucial des Européens pour réduire l'afflux des migrants en Europe. Mme Merkel avait été la principale instigatrice d'un accord controversé entre l'UE et Ankara pour renvoyer des demandeurs d'asile vers la Turquie.
(AFP, 10 octobre 2016)

Manifestation de solidarité avec Med Nuçe devant le siège d’Eutelsat

Jeudi 6 octobre, une manifestation a été organisée par les travailleurs de Med Nuçe devant l’opérateur de satellite Eutelsat, situé au 70 rue Balard à Paris, avec le soutien de plusieurs partis politiques français comme PCF, NPA, PG et EELV, ainsi que le soutien des syndicats des journalistes comme FIJ, FEJ et SNJ-CGT.

Éric Coquerel, coordinateur politique et porte-parole du Parti de gauche, Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste et Patrick Kamenka, du Comité national du SNJ-CGT et représentant de FIJ y étaient présent.

Éric Coquerel a rappelé que le patron du groupe Eutelsat a été nommé par le président François Hollande. Il a appelé l’Eutelsat à respecter la liberté de la presse et a dénoncé silence du gouvernement français.

Patrick Kamenka, quant à lui, a appelé l’Union européenne et la France à mettre fin à la complicité avec le régime turc. « Il faut mettre un terme à ces graves atteintes à la liberté d’expression », a souligné le représentant de la FIJ/FEJ. Deux journalistes de Med Nuçe avaient également été reçus le 5 octobre par la fédération internationale des journalistes.

Dans un communiqué, lu devant le siège d’Eutelsat, les travailleurs du Med Nuçe on lancé un message clair à tous ceux qui veulent réduire au silence les medias kurdes et indépendants : « Nous envoyons un message clair à tous ceux qui veulent réduire au silence les médias kurdes et indépendants : Vous ne parviendrez jamais à nous faire taire, nous continuerons à vous déranger en dénonçant les injustices, en défendant les libertés d’expression et de la presse et en soutenant avec une détermination sans faille la pluralité dans la démocratie. » (Texte complet)

RSF s’alarme de la disparition programmée du pluralisme en Turquie

Reporters sans frontières (RSF) dénonce vigoureusement la fermeture manu militari de médias d’opposition de référence, le 4 octobre 2016. L’organisation s’inquiète de la disparition programmée du pluralisme en Turquie.

Les programmes de plusieurs médias d’opposition dont les chaînes IMC TV, Hayatin Sesi et la station Özgür Radyo, ont été interrompus en direct, le 4 octobre, par des policiers venus mettre sous scellés leurs locaux d’Istanbul. Ces opérations font suite à la décision du Haut conseil de l’audiovisuel (RTÜK), le 30 septembre, d’annuler les licences d’au moins douze chaînes de télévision et onze radios. La liquidation de ces médias, soupçonnés de “complicité avec des organisations terroristes” et de constituer un “danger pour la sécurité nationale”, a été ordonnée sur le fondement du décret n°668, instaurant l’état d’urgence après l’échec du coup d’Etat du 15 juillet. Elle intervient au lendemain d’une réunion du Conseil national de sécurité, regroupant le gouvernement et les forces de sécurité.

L’ensemble de ces médias, de gauche ou s’adressant aux communautés kurde ou alévie, ont d’ores et déjà été fermés ou placés sous scellés par la police. Ils ont été exclus du satellite national Türksat et leurs sites internet bloqués. Ces titres s’ajoutent à la longue liste des médias liquidés par décret depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, le 20 juillet.

“La liquidation de médias entiers, de façon massive et sans procès équitable, est injustifiable dans un Etat de droit. Elle signe la fin du pluralisme dans le paysage audiovisuel turc, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Il est glaçant de constater que la prise d’assaut de rédactions par la police est devenue une scène habituelle en Turquie. S’il n’est pas amendé sans délai, l’état d’urgence va finir par écraser la liberté de la presse aussi sûrement que l’aurait fait un coup d’Etat militaire réussi.”

L’intervention au siège de la radio stambouliote Özgür Radyo a été particulièrement violente: les policiers ont brisé la porte et sept collaborateurs de la station ont été interpellés, de même que d’autres journalistes présents pour observer les événements. Ils ont été remis en liberté le lendemain. IMC TV avait déjà été exclue du satellite Türksat le 20 février dernier dans le cadre d’une enquête judiciaire pour “propagande d’une organisation terroriste”. Au prix d’une perte d’audience significative, cette chaîne critique créée en 2011 avait continué d’émettre depuis le satellite Hotbird et sur Internet.

Les associations et syndicats de journalistes se sont massivement mobilisés contre la fermeture des médias, observant les opérations policières, tenant des conférences de presse et manifestant à Istanbul comme à Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde. Les messages de soutien aux médias fermés ont afflué sur les réseaux sociaux, autour de slogans tels que #HalkınHaberAlmaHakkınaDokunma (Ne touchez pas à mon droit à l’information), #SesimiKesme (Ne coupe pas ma voix) ou encore #HayatinSesiSusturulamaz (Hayatin Sesi ne peut être bâilonnée).

RSF a documenté les violations massives de la liberté de la presse perpétrées dans le cadre de l’état d’urgence dans un rapport publié le 19 septembre. La Turquie occupe la 151e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par l’organisation. (RSF, 5 octobre 2016)

La chaîne pro-kurde IMC TV réduite au silence en direct

Lorsque la police turque envahit les studios de la chaîne pro-kurde IMCTV à Istanbul, les journalistes se tiennent prêts à livrer leur dernier combat pour défendre, dans une tentative désespérée, la liberté de la presse.

Mardi matin, dans la salle de rédaction, sur le plateau ou en régie, les dizaines de journalistes crient: "On ne fera jamais taire la presse libre". Les images, retransmises en direct par la chaîne, sont peu banales: des techniciens missionnés par les autorités débranchent les câbles.

Quelques minutes plus tard, IMCTV, qui défend pèle-mêle les droits de la minorité kurde, le féminisme et l'écologie, cesse d'émettre. L'écran est noir.

La mobilisation s'est poursuivie dans la soirée près de la place Taksim à Istanbul, où plusieurs centaines de manifestants sont venus crier "on ne peut fermer IMCTV" ou "tous ensemble contre le fascisme", a constaté un photographe de l'AFP.

Fondée en 2011, IMCTV, qui diffusait en langue turque, s'était vu notifier la semaine dernière une décision de justice annonçant sa fermeture, décidée dans le cadre de l'état d'urgence instauré après le putsch manqué.

La décision de justice concerne 12 chaînes de télévision soupçonnées d'être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé "terroriste" par Ankara) et accusées d'avoir soutenu la tentative de putsch.

La direction de la chaîne IMCTV rejette en bloc les accusations et dénonce "une atteinte majeure à la liberté de la presse" qui n'a "pas sa place dans une démocratie".

A l'arrivée des forces de l'ordre, son directeur général Eyup Burç
les tance: "Pourquoi vous cachez-vous le visage ?". "Nous sommes contre tous les coups d'Etat et nous sommes contre ceux qui organisent leur propre coup d'Etat en se servant d'une tentative passée", ajoute-t-il.

A la suite de la décision de justice, la chaîne a été supprimée du paquet satellitaire turc mais continuait à diffuser en ligne et sur le satellite européen Hotbird.

- 'Une scène familière'

IMCTV est considérée comme l'une des chaînes kurdes les plus importantes en Turquie même si la chaîne de télévision publique TRT a lancé son canal kurde, TRT Kurdi.

Depuis la semaine dernière, les journalistes et personnels d'IMCTV s'attendaient à voir déferler la police à tout moment.

Pour la journaliste et présentatrice Banu Guven, IMCTV "ne menace la sécurité de personne. Bien au contraire, c'est une chaîne qui défend le droit d'informer les citoyens".

"S'il y a une seule erreur, c'est bien celle d'ordonner la fermeture de notre chaîne", a renchéri Dilek Gül, déplorant que "la fermeture de médias soit devenue une scène familière en Turquie".

Ce raid policier arrive alors que plusieurs associations se sont émues à maintes reprises d'une détérioration de la situation de la presse dans un pays qui figurait déjà à la 151e place sur 180 dans le classement annuel sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).

- 'Un contre-coup d'Etat' -

"C'est extrêmement grave pour la liberté d'expression et pour la liberté des médias en Turquie", s'est ému Erol Önderoglu, représentant de RSF en Turquie.

Il a lui-même été emprisonné une dizaine de jours en juin pour "propagande d'une organisation terroriste", celle du PKK, après avoir assuré le rôle de chef d'édition du journal kurde Özgür Gündem.

Sur le volet politique, la fermeture d'IMCTV prive le parti prokurde HDP (Parti démocratique des Peuples), de l'un de ses principaux canaux de communication.

Devant son groupe parlementaire, le leader du HDP Selahattin Demirtas a ironisé mardi sur le fait qu'"il n'y a plus aucune chaîne pour retransmettre ce discours", selon des propos rapportés par le parti sur son compte Twitter.

"Ils pensent que si le peuple n'est pas informé de la vérité, il va devenir proAKP", a-t-il lancé.

Au total, plus de 100 journalistes ont été arrêtés et plus de 100 médias jugés critiques à l'égard du pouvoir ont été fermés.

Pour le directeur du syndicat des journalistes, Ugur Güç, le gouvernement prétexte de la tentative de coup d'Etat pour "faire taire toute l'opposition". Pour lui, "le coup d'Etat a échoué mais un contre-coup d'Etat est en marche".
(AFP, 5 octobre 2016)

Manifestation à Istanbul après la fermeture de la chaîne de télévision IMC TV

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblées mardi soir près de la place Taksim à Istanbul pour dénoncer la fermeture d'une des principales chaînes d'information pro-kurde plus tôt dans la journée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Encadrés par des policiers en nombre, les manifestants - essentiellement des journalistes venus de médias qui ont fermé sur décision de justice ces dernières semaines - ont crié
"on ne peut fermer IMCTV" ou "tous ensemble contre le fascisme".

Munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire "on ne fera jamais taire la presse libre", ils ont dénoncé la fermeture de la chaîne IMCTV, qui défend pèle-mêle les causes kurde, féministe et écologiste.

En début de soirée, les manifestants commençaient à quitter les lieux du rassemblement dans le calme, selon un photographe de l'AFP présent sur place.

Mardi midi, alors que plusieurs dizaines de journalistes de la chaîne IMCTV étaient rassemblés en salle de rédaction, en régie et sur le plateau, la police turque est intervenue pour interrompre en plein direct la diffusion en vertu d'une décision de justice.

La chaîne IMCTV, fondée en 2011, s'était vu notifier la semaine dernière sa fermeture, décidée dans le cadre de l'état d'urgence qui a été prolongé lundi de trois mois à partir du 19 octobre.

Au total, 12 chaînes de télévision, dont IMCTV, soupçonnées d'être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de soutenir le "terrorisme" ont été interdites.

Après la tentative de putsch, Ankara a lancé des purges visant à la fois les partisans de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir fomenté le putsch avorté, mais aussi les sympathisants de la rébellion kurde.

Lors de ces purges, plus de 100 journalistes ont été arrêtés et plus de 100 médias jugés critiques à l'égard du pouvoir ont été fermés.

En septembre, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé dans un rapport "les attaques frontales du gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan contre les médias indépendants" et "la liberté d'informer", appelant Ankara à "renouer avec les principes démocratiques".
(AFP, 4 octobre 2016)

2,500 Journalists Become Unemployed As Of July 15

Representatives of shut down media organs, which have been shut down by Statutory Decree within the scope of the State of Emergency, and press trade associations organized a press meeting at the Journalists’ Union of Turkey (TGS) yesterday (October 3).

In the meeting, government was called on to stop its decision of shutting down media organs. As many as 7,000 journalists were unemployed and this figure exceeded 10,000 with the closed media organs as of July 15. It was emphasized that the press workers have become victimized during the process.

There was no woman among the representatives of media outlets and media organizations.
(BIA, October 4, 2016)

Lawsuit Filed Against Editors-in-Chief on Watch Mater, Eryılmaz

Participating in the “Editor-in-Chief on Watch” campaign launched by Özgür Gündem daily, journalists Nadire Mater have been indicted.

bianet Project Consultant Mater and Eryılmaz are being charged with “Publishing or distributing publications of a terror organization” and “propagandizing for a terror organization”.

The indictment prepared by prosecutor Murat İnam accuses Mater and Eryılmaz of “publishing articles that promote and legitimize violent acts of the terror organization called PKK/KCK and its sub-organizations”.

First hearing of Tuğrul Eryılmaz’s trial is on November 22 whereas the date of Mater’s first hearing is on November 7..

What had happened?

Since the recommencement of armed conflicts on in July 24 2015, which coincided with the interruption of the resolution process, Özgür Gündem has faced countless investigations, charges and instances of censorships. Against the oppressive measures, the campaign “Editorship- in- Chief on Watch” campaign was launched on May 3 in solidarity with the newspaper. The “Editorship-in-Chief on Watch” campaign was launched on May 3 against the oppressive measures and in solidarity with the newspaper.

TİHV President Fincancı, RSF Turkey Representative and bianet rapporteur Önderoğlu and journalist author Nesin were arrested on the charge of "terror propaganda" for joining Özgür Gündem's Editor-in-Chief on Watch campaign. They were and later released pending trial.

İstanbul 8th Criminal Court of Peace shut down Özgür Gündem newspaper on August 16. The verdict decision said that the newspaper would be “temporarily shut down” but did not mention how long it would remain closed.

Following the court’s decision, police raided the newspaper’s headquarters. 22 people were taken into custody.

Police have also raided the apartment of Filiz Koçali and Eren Keskin, as well as Sinan Zarakolu, who was registered at the same address. Sinan Zarakolu is the son of publisher, columnist and journalist Ragıp Zarakolu, who was registered at the same address.

On August 19, Özgür Gündem Publishing Consultant Board member Aslı Erdoğan was arrested.

On August 22, Özgür Gündem’s Editor-in-Chief Zana Kaya and Chief Editor İnan Kızılkaya were arrested on the charge of “being a member of an [illegal] organization.

On August 31, Necmiye Alpay, Özgür Gündem’s Publishing Consultant Board member, linguist and writer, was also arrested on the charges of “being a member of an armed terrorist organization” and “subverting the unity and integrity of the state”.

On September 1, nine people from the watch group were asked by the Chief Public Prosecutor's Office to appear before the Press Bar within 15 days.

The nine were journalist and bianet Project Advisor Nadire Mater, journalists Tuğrul Eryılmaz, Hasan Cemal, Hasan Hüseyin Tahmaz and Dicle Anter, Özgür Radio’s General Coordinator Derya Okatan, Executive Editor of the closed haberdar.com website, writer Murat Uyurkulak, and HDP Central Executive Committee member Çilem Küçükkeleş. News reports published on about the watch campaign were provided as justification for the investigations against them.
(BIA, October 4, 2016)

Eutelsat suspend la diffusion de Med Nuçe: une honte pour l’Europe

Le groupe français Eutelsat a décidé d’arrêter la diffusion de la chaine de télévision kurde sans aucune raison légitime ou convaincante.

Eutelsat a renouvelé, le dimanche 2 octobre, sa demande de suspendre la diffusion de Med Nuçe auprès des distributeurs. La diffusion est suspendue le lundi 3 octobre à 10h00, soit trois jours après la première menace.

Le groupe français motive sa décision avec l'accusation selon laquelle Med Nuçe TV « violerait l'ordre public », mais donne pas plus de précision. Aucune enquête, ni procès n’étaient engagés contre cette chaine pour provoquer l’arrêt de la diffusion.

Selon la chaîne Med Nuçe, des intérêts économiques et politiques avec la Turquie sont à l’origine de la « décision illégale » prise par Eutelsat.

La suspension de Med Nuçe intervient après que plus de vingt chaînes de télévisions et stations de radios aient été suspendues par les autorités turques, le 29 septembre 2016.

Parmi ces chaines figuraient notamment Zarok TV, une chaîne pour enfants ; TV 10 , qui s'adresse notamment à la communauté Alévie; Jyan TV, qui encourage le « kirmancki », dialecte kurde  en danger ; et Hayat TV , qui se focalise sur les conditions de travail et la lutte des ouvriers.

COLLABORATION AVEC DES REGIMES REPRESSIFS

Pour la chaine Med Nuçe, le groupe français s’est plié sans aucun doute à une décision politique sous la pression de la Turquie. « Avec cette décision, Eutelsat s’est mis en position de complice avec la répression menée contre la presse en Turquie », dénonce la chaine kurde.

Ce n’est pas la première fois que le groupe Eutelsat prend une si honteuse position, et cela fait de lui un collaborateur des régimes répressifs et dictatoriaux. Les décisions du groupe français impliquent également l’Etat français, car le bras financier de l’Etat, la Caisse des Dépôts, est actionnaire d’Eutelsat.

UNE HONTE POUR L’EUROPE ET UN SIGNAL DANGEREUX

La suspension de la diffusion de Med Nuçe intervient au moment où la répression contre les médias et toute forme d’opposition en Turquie atteint un niveau sans précédent. Med Nuçe était pratiquement la seule chaine de télévision hors du contrôle du régime AKP.

Les médias kurdes continueront de déranger les régimes autoritaires et dénoncer les injustices, mais, seulement, réduire au silence un média kurde sur le sol européen est une honte pour l’Europe. C’est un signal clair et très dangereux en faveur de la poursuite de la répression menée par le régime AKP.

La Turquie est entrée dans une période où l’état d’urgence est instauré, les journaux kurdes sont interdits, les journalistes sont emprisonnés, les mairies kurdes sont confisquées, les villes kurdes sont détruites et les députés kurdes sont menacés d’être arrêtés.

Selon la plateforme de soutien aux journalistes emprisonnés, au moins 93 journalistes sont actuellement dans les prisons turques, ce qui fait incontestablement de la Turquie la plus grande prison pour journalistes au monde.

En février 2012, Eutelsat avait décidé de suspendre la présence de Roj TV sur ses satellites, cédant à la pression de la Turquie. Dès sa création en 2004, Roj TV était sous une énorme pression internationale.

En 2004, la France avait interdit les émissions du Medya TV, qui avaient vu le jour juste après la fermeture du Med TV (créé en 1994, première télévision kurde) en 1999, provoquée par les autorités anglaises. (Actukurd, 3 oct 2016)


Arrestation de fonctionnaires de l'une des plus anciennes universités

Quinze fonctionnaires de la prestigieuse et historique université d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie, ont été arrêtés, dans le cadre de l'enquête sur la tentative de putsch du 15 juillet, a rapporté samedi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Au total, 23 personnes travaillant à l'université d'Ege - la quatrième plus grande université turque basée à Izmir - étaient sous le coup d'un mandat d'arrêt, 15 ont été arrêtées et huit autres étaient encore recherchées samedi matin, a précisé l'agence de presse.

Certaines des personnes arrêtées sont des professeurs d'université, a précisé l'agence de presse Dogan.

La justice leur reproche d'avoir des liens avec l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé par les autorités turques d'avoir fomenté le putsch avorté du 15 juillet au cours duquel plus de 270 personnes ont été tuées et des milliers d'autres blessées.

Fethullah Gülen, ennemi numéro un du président turc Recep Tayyip Erdogan, installé depuis 1999 aux Etats-Unis et dont Ankara réclame avec insistance l'extradition, dément toute implication dans la tentative de renversement du pouvoir.

Certains de ces 23 fonctionnaires sont également accusés d'avoir utilisé la messagerie cryptée Bylock, qui était, selon les autorités turques, l'outil de communication des putschistes.

Au lendemain de la tentative de coup d'Etat, la Turquie a lancé une vaste purge pour éliminer l'influence des membres de la confrérie de Gülen. Tous les secteurs, dont l'armée, l'enseignement, la police, la justice, le monde des affaires ou le sport ont été touchés.

Depuis le 15 juillet, environ 32.000 personnes ont été arrêtées, et quelque 70.000 autres visées par des enquêtes, selon un dernier bilan annoncé mercredi par le gouvernement.

L'ampleur des purges est telle que les autorités turques ont décidé de libérer cet été 38.000 prisonniers condamnés pour faire de la place aux nouveaux détenus.

Le président Erdogan a par ailleurs appelé de ses voeux une reconduction de l'état d'urgence, instauré le 20 juillet pour trois mois, laissant entendre qu'il pourrait être prolongé pour une période allant jusqu'à 12 mois.
(AFP, 1 octobre 2016)

Turkey closes at least 20 TV, radio stations

New York, September 29, 2016--Turkish authorities should immediately reverse an order to close at least 20 television and radio stations and allow them to continue broadcasting without interference, the Committee to Protect Journalists said today. The government used emergency powers to order the stations closed last night, and police raided and sealed the offices of at least two of the broadcasters today, according to press reports.

Reports differed on the number of stations affected, and at the time of publication, neither the Turkish broadcast regulator, RTÜK, nor TÜRKSAT, the government-controlled satellite operator, had issued any statement on the order. The opposition newspaper Cumhuriyet reported 23 stations were closed; the pro-Kurdish Dicle News Agency (DİHA) reported 20 stations were shuttered, but neither news outlet published a full list. As with previous government closures of broadcasters since the July 15 failed military coup, the government relied on Cabinet Decree 668, which gives the government the authority to close any media outlet and confiscate its assets on broadly defined "national security" grounds, according to press reports.

The broadcasters included pro-Kurdish and leftist radio stations, alongside a Kurdish-language channel for children and a channel that played Kurdish folk music. Also among the closed broadcasters is TV 10, which catered to an audience from Turkey's Alevi sect of Islam, the country's largest religious minority. The channel described the action as intended to "silence the Alevis' voice," according to reports.

"After silencing much of the critical press, Turkey is now targeting a wide swath of cultural and political expression by shuttering minority broadcasters," CPJ Deputy Executive Director Robert Mahoney said. "When the government sees even children's programming as a threat to national security, it is clearly abusing its emergency powers."

TÜRKSAT stopped carrying the signals last night following an order from the regulator RTÜK, according to press reports.

IMC TV, Hayatın Sesi, Azadi TV, Jiyan TV, Van TV, Denge TV, and Zarok TV were no longer on the air in Istanbul today. Yön Radio, from Istanbul, SES Radio, from the southern Turkish city of Mersin, and Radio Dünya, from the southern Turkish city of Adana, were also closed, press reports said.

Responding to press reports that the Kurdish-language broadcaster IMC TV was among the outlets ordered closed, General Secretary for the Journalists Union of Turkey (TGS, by its Turkish acronym) Mustafa Kuleli told CPJ, "All the voices that oppose the leading administration are being silenced somehow, and both journalists and the people are being intimidated. Media organs that provide a platform for the only remaining forces of opposition -- the socialists, Alevis, and Kurds -- are being shut down to drown the public opinion under a single point of view."

Eyüp Burç, IMC TV's general coordinator, said on the channel's live broadcast, which wassubsequently reported on the news website T24: "We are facing a new fascist state."

Police raided and sealed the offices of Adana's Radio Dünya, DİHA reported today. Police also raided and sealed the offices of Mersin's Radio SES, the leftist newspaper Evrensel reported today. Both stations are continuing to stream programming online.

Zarok TV's general broadcast coordinator, Dilek Demiral, told DİHA that the channel's signal was cut at around 8 p.m. last night, Turkish time. She said the station called the RTÜK to find out what was happening, and that the head of the agency told her that the station's broadcast was cut under the authority of Decree 668. Zarok TV is a Kurdish-language children's channel.

Feleknas Uca, a member of parliament from the pro-Kurdish People's Democratic Party (HDP), raised the matter in parliament today, asking Prime Minister Binali Yıldırım how many media organs were shut down and why, the news website Bianet reported. Bianet said that Govend TV, which played Kurdish folk music, was also shut down.

Last night's order followed the RTÜK's shuttering of two local radio stations and a TV channel last week, Cumhuriyet reported. The regulator on September 21 ordered the closure of ART TV, ART Radio, and Uşak Radio Klas, which served Turkey's western Uşak Province, also under the authority of Decree 668, the newspaper reported.


La chaîne kurde Med Nuçe dénonce la décision « illégale» d’Eutelsat

La chaîne de télévision kurde Med Nuçe dénoncé la décision « illégale » du groupe Eutelsat de suspendre la diffusion par satellite. 

Dans un communiqué, la chaîne kurde appelle l’Eutelsat à revenir sur sa décision « qui va à l’encontre de la liberté de la presse et de l’expression. »

« La répression contre les médias monte encore d’un cran dans la Turquie, dirigée par Recep Tayyip Erdogan. Après l’arrestation des centaines de journalistes, correspondants et propriétaires de médias,  douze chaînes de télévisions et onze stations de radios ont été interdites le 29 septembre 2016.

Parmi elles figurent notamment Zarok TV, destinée aux enfants, TV 10 pour la communauté Alevi, Jiyan TV qui encourage le dialecte kurde en danger « kirmancki » et Hayat TV qui se focalise sur les conditions de travail et la lutte des ouvriers.

Ces medias kurdes et opposants qui diffusent conformément à la loi turque ont fait l’objet de fermeture dans le cadre d’un processus extra-juridique, avec des décrets sans aucun débats au parlement.

Une tentative similaire a eu lieu sur le sol européen. Le groupe Eutelsat a lancé la procédure de suspension de la chaîne de télévision Med Nuçe, avec des moyens illégitimes et illégaux.

Eutelsat a envoyé un e-mail à Hotbird, principal réseau de satellites de télédiffusion et radiodiffusion européen, géré par la société Eutelsat, en demandant de suspendre immédiatement la diffusion de Med Nuçe sur ses satellites.

Avec cette décision, Eutelsat s’est mis en position de complice avec la répression menée contre la presse en Turquie.

Notre société appelle Eutelsat à revenir sur sa décision qui va à l’encontre de la liberté de la presse et de l’expression.

Le conseil d'administration de Med Nuce. » (actukurde, 30 sept 2016)


EFJ's Reaction against pressure to remove Kurdish Med Nuçe TV

The European Federation of Journalists (EFJ) has learn today (30/09/2016) that Eutelsat SA, the French satellite provider hosting over 6000 televisions channels, is planning “to remove immediately”  Med Nuçe TV, a Kurdish language television broadcasting from Belgium, from its transponder because “the content is not in line with public order directives of the term’s between us as well as with the laws which regulate TV distribution in Europe and surrounding countries”.

According to EFJ sources, Eutelsat SA has received pressure from RTÜK (Turkish Radio Television Supreme Council) to remove the signal of Med Nuçe TV considered as pro-PKK television by Turkish authorities. The request follows the illegal banning by Türksat, on government’s request, of around 20 opposition channels and radio stations under the state of emergency situation.

“We are sending this message to Rodophe Belmer, Eutelsat CEO, to maintain the signal of this Kurdish Med Nuçe TV in order to protect media pluralism and respect Kurdish people’s right to access information. We don’t have to agree with the political content of the channel but they have the right to express their view in a democratic society. The content of this channel is fully respecting public order directives and Eutelsat should not help Turkish authorities in their media violations”, said EFJ in a statement.


Scandale de "mails piratés", le patron d'un grand groupe de médias démissionne

Le directeur général d'un des médias privés les plus importants de Turquie a démissionné vendredi, après le scandale du piratage supposé de sa boîte mail dévoilant une correspondance dans laquelle il autorisait le gouvernement à lui dicter la ligne éditoriale.

Mehmet Ali Yalcindag, qui avait un an plus tôt les rênes du groupe Dogan Media, regroupant entre autres le quotidien Hürriyet, les chaînes d'information CNN-Türk et généraliste Kanal-D, réfute être l'auteur de ces courriels.

Le directeur général a précisé qu'il quittait ses fonctions "dans le but de ne pas porter atteinte à la réputation du groupe Dogan".

Les prises de position de M. Yalcindag ont été scrutées à la loupe après que des mails qu'il aurait prétendument écrits ont été publiés sur des réseaux sociaux par un groupe de pirates appelé Redhack.

Dans les courriels dont la paternité lui est prêtée, il promet au ministre de l'Energie Berat Albayrak - qui est également le gendre du président turc Recep Tayyip Erdogan - de conserver une ligne favorable au gouvernement.

Même s'ils n'adoptent pas ouvertement une ligne totalement opposée au gouvernement, le journal Hürriyet et les chaînes de télévision du groupe Dogan sont considérés comme des médias indépendants du pouvoir.

C'est d'ailleurs sur la chaîne CNN-Türk que le président s'est exprimé le soir de la tentative de putsch en appelant directement via Facetime la journaliste à l'écran.

Dans un communiqué publié vendredi sur le site du journal Hürriyet, M. Yalcindag a nié l'authenticité de ces mails et s'est dit victime d'"une horrible fraude".

"Un technicien a analysé mon ordinateur personnel et révélé que je n'avais pas écrit ces mails et que ceux-ci n'avaient pas été envoyés depuis mon ordinateur", s'est-il défendu.
 Mehmet Ali Yalcindag a promis qu'il allait "utiliser tous les moyens légaux à sa disposition" pour se défendre, et précisé que des recherches allaient être menées pour expliquer ce qui s'est passé.

Le Président directeur général du groupe, Aydin Dogan a déclaré qu'il respectait la décision de M. Yalcindag, qui en privé est son gendre, et dénoncé une "manipulation".

Le piratage des données informatiques est "illégal", a rappelé le PDG parlant d'une "attaque délibérée contre la famille Dogan".

Ce scandale a éclaté lorsque plusieurs journalistes ont été arrêtés dans l'enquête après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, posant la question de la liberté de la presse.
(AFP, 30 Septembre 2016)

Kurdish Question / Question kurde

La coprésidente du parti prokurde interdite de quitter le territoire

Un tribunal turc a interdit toute sortie du territoire à la coprésidente du principal parti prokurde HDP, Figen Yüksekdag, accusée d'"appartenance à une organisation terroriste", a rapporté samedi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Accusée de "propagande terroriste et appartenance à une organisation terroriste armée", Mme Yüksekdag n'est plus autorisée à quitter la Turquie "en raison d'activités qui font craindre une fuite" à l'étranger, selon Anadolu.

Le HDP (Parti démocratique des peuples) a dénoncé dans un communiqué une "décision totalement arbitraire" et annoncé son intention de faire appel.

Cette décision risque d'aggraver les tensions, à la veille de plusieurs manifestations prokurdes prévues dimanche à travers le pays, notamment à Istanbul et Diyarbakir, épicentre du sud-est à majorité kurde de la Turquie.

Le HDP est accusé par le président turc Recep Tayyip Erdogan d'être lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara, Washington et l'Union européenne qui mène depuis 1984 une rébellion sanglante en Turquie.

Quelques heures après l'annonce de l'interdiction de sortie du territoire visant Mme Yüksekdag, les autorités turques ont ordonné la fermeture de plusieurs médias prokurdes, dont l'agence de presse Dicle Haber Ajansi et le quotidien Ozgür Gündem, selon un décret paru samedi soir au Journal officiel.

Ces décisions interviennent dans un contexte déjà tendu depuis le placement en garde à vue, mardi, des deux maires de Diyarbakir dans le cadre d'une enquête liée à des "activités terroristes".

Cette mesure avait provoqué des manifestations brutalement réprimées par la police et avait été suivie par plusieurs attaques du PKK contre des cibles militaires.

Samedi, trois soldats ont encore été tués dans une attaque du PKK dans la province de Hakkari (sud-est) et deux policiers ont été blessés par un tir de roquette à Diyarbakir, selon Anadolu, qui cite des responsables des forces de sécurité.

En réaction à la mort des trois soldats à Hakkari, l'armée turque a annoncé dans un communiqué avoir mené des frappes aériennes dans le nord de l'Irak, où se trouvent des bases du PKK, tuant 10 "terroristes".
(AFP, 29 octobre 2016)

Le leader du HDP prokurde Demirtas visé par une enquête

Une enquête a été ouverte contre le chef du principal parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, après qu'il eut appelé à la mobilisation contre l'arrestation des deux maires de Diyarbakir dans un discours dans cette ville du sud-est turc, a annoncé le parquet.

"Une enquête pour +Incitation du peuple à désobéir aux lois, dénigrement public de l'Etat et des institutions judiciaires de la Turquie, insulte au président de la République et apologie du crime et de criminels+ a été ouverte contre le député du HDP Selahattin Demirtas en lien avec les discours prononcés aujourd'hui", a déclaré le parquet de Diyarbakir dans un communiqué.

Cette décision est survenue quelques heures après que M. Demirtas eut fait un discours pour réclamer la libération des deux maires de Diyarbakir, Gültan Kisanak et Firat Anli, placés en garde à vue mardi dans le cadre d'une enquête liée aux activités "terroristes" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Plusieurs municipalités du sud-est de la Turquie sont dirigées par deux maires, généralement une femme et un homme, dans un geste symbolique d'égalité.

"Le fait qu'ils n'aient pas encore ouvert d'enquête m'avait plongé dans une profonde anxiété, j'ai eu peur, pendant un moment, qu'il ne leur soit arrivé quelque chose", a ironisé sur Twitter M. Demirtas, coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP) et déjà visé par plusieurs procédures judiciaires.

Dans son discours à Diyarbakir, M. Demirtas a critiqué une justice "aux ordres du palais" et appelé à manifester pour soutenir les maires en garde à vue.

"Nous résisterons et nous lutterons jusqu'à ce que nos maires soient rétablis dans leurs fonctions", a-t-il lancé, "tous nos camarades qui le peuvent descendront dans les rues, dans les 81 provinces (que compte la Turquie). Nous ne reculerons pas".

Le parquet de Diyarbakir soupçonne Mme Kisanak et M. Anli d'avoir soutenu des appels à une plus grande autonomie kurde et d'avoir apporté un soutien logistique au PKK.

"Si vous en êtes capables, apportez la preuve qu'un seul centime de la mairie (de Diyarbakir) est allé (...) au PKK et nous démissionnerons", a mis au défi M. Demirtas.

Sans nommer le chef de l'Etat, M. Demirtas a également évoqué dans son discours un scandale de corruption ayant éclaboussé fin 2013 M. Erdogan et son entourage, et rappelé des accusations de livraisons d'armes par les services secrets turcs à des groupes islamistes en Syrie.

Le HDP est accusé par M. Erdogan d'être lié au PKK, une organisation considérée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

En mai, le Parlement turc a voté la levée de l'immunité des députés menacés de poursuites judiciaires, une mesure contestée visant notamment les élus du HDP.
(AFP, 27 octobre 2016)

Heurts après l'arrestation des co-maires de Diyarbakir

Des heurts ont éclaté mercredi à Diyarbakir au lendemain de l'arrestation des deux co-maires de cette grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, où les autorités ont lancé la chasse aux responsables locaux jugés proches de la rébellion kurde.

Des policiers déployés autour de la mairie de la ville ont dispersé à coups de matraque, de grenades lacrymogènes et en faisant usage de canons à eau des centaines de manifestants, dont certains jetaient des pierres, a constaté un journaliste de l'AFP.

Gültan Kisanak, une figure importante de la cause kurde et première femme élue à la tête de Diyarbakir, et son collègue, Firat Anli, ont été placés en garde à vue mardi soir dans le cadre d'une enquête sur de présumées "activités terroristes" liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a indiqué le parquet de la ville dans un communiqué.

Le parquet leur a interdit l'accès à un avocat pendant les cinq premiers jours de leur garde à vue, une mesure autorisée dans le cadre de l'état d'urgence instauré en Turquie après le putsch manqué en juillet dernier, a rapporté l'agence de presse Dogan.

L'Union européenne a fait savoir qu'elle suivait "les informations très inquiétantes sur l'arrestation des co-maires démocratiquement élus de Diyarbakir" dans un communiqué signé par sa chef de la diplomatie Federica Mogherini et le commissaire à l'Élargissement, Johannes Hahn.

Le Conseil de l'Europe, dont la Turquie fait partie, s'est dit "particulièrement préoccupé". "Nous allons demander aux autorités de notre Etat membre, la Turquie, de nous fournir les explications nécessaires", a-t-il ajouté dans un communiqué.

Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines, dans le sud-est du pays, les suspensions et arrestations de responsables locaux et fonctionnaires accusés de "propagande terroriste" ou de "soutien logistique" pour le compte du PKK qui mène une sanglante guérilla contre Ankara depuis 1984.

- Arrestations 'illégales et arbitraires' -

"Les pressions ne nous intimideront pas", ont lancé les manifestants à Diyarbakir, qui ont également scandé des slogans hostiles au gouvernement, selon le journaliste de l'AFP. Au moins 25 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, ont indiqué à l'AFP des responsables des forces de sécurité.

Le Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation prokurde du pays, a appelé mercredi la communauté internationale à "ne pas rester silencieuse" face à l'arrestation des deux co-maires qu'il juge "illégale et arbitraire" et motivée par un "esprit de vengeance" du gouvernement.

Selon le parquet de Diyarbakir, Mme Kisanak et M. Anli sont notamment soupçonnés d'avoir permis l'utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du PKK tués par les forces de sécurité, d'avoir "incité à la violence" ou encore d'avoir soutenu des appels en faveur d'une plus grande "autonomie".

Mme Kisanak a été arrêtée mardi soir à la descente de l'avion qui la ramenait d'Ankara.

Plusieurs municipalités du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, prokurde) du sud-est de la Turquie sont dirigées par des co-maires, généralement une femme et un homme, dans un geste symbolique d'égalité. C'est aussi le cas du HDP, co-présidé par Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag.

La connexion internet a été coupée mercredi matin à Diyarbakir, a constaté l'AFP, et n'avait toujours pas été rétablie en début de soirée.

Le mois dernier, 24 maires du sud-est du pays soupçonnés d'être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement, une mesure qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes de la région.

Un administrateur désigné par le gouvernement a été tué par balles le 16 octobre à Van, dans l'est de la Turquie, au cours d'une attaque qui n'a pas été revendiquée.
(AFP, 26 octobre 2016)

Les deux maires kurdes de Diyarbakir, Kisanak et Anli, en garde à vue

Les deux maires de Diyarbakir, plus grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête liée au "terrorisme", ont indiqué à l'AFP des responsables de sécurité mardi soir.

Plusieurs dizaines de policiers lourdement armés, des blindés légers des forces de sécurité et des camions équipés de canons à eau ont été déployés autour de la mairie où une perquisition était en cours, a constaté un journaliste de l'AFP.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, a été interpellée à la descente de l'avion qui la ramenait d'Ankara et son collègue Firat Anli a été arrêté à son domicile, ont indiqué les responsables à l'AFP.

Selon un communiqué de presse du parquet de Diyarbakir, Mme Kisanak et M. Anli sont notamment soupçonnés d'avoir apporté un soutien idéologique ou matériel au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par Ankara.

Mme Kisanak et M. Anli dirigent ensemble la municipalité de Diyarbakir, la "capitale" du sud-est de la Turquie, secouée par des combats meurtriers entre forces de sécurité et membres du PKK.

Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines, dans le sud-est de la Turquie, les arrestations de responsables locaux accusés de "propagande terroriste" ou de "soutien logistique" au PKK.

Dénonçant une "agression", le Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation prokurde du pays, a appelé sur son compte Twitter à manifester mercredi à 11h00 (08h00 GMT). "Nous condamnons le placement en garde à vue de Gültan Kisanak et Firat Anli. Nous demandons leur remise en liberté immédiate", a ajouté le HDP.

Quelque 200 personnes, dont des députés du HDP, étaient rassemblées à proximité de la mairie de Diyarbakir mardi soir, a constaté l'AFP.

Epicentre du sud-est de la Turquie, Diyarbakir a été durement touchée par la reprise du conflit kurde à l'été 2015. Dans le district historique de Sur, les affrontements ont fait plusieurs dizaines de tués et provoqué des dégâts considérables.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti à plusieurs reprises que les élus locaux qui apporteraient une aide logistique au PKK seraient poursuivis.

Le mois dernier, 24 maires soupçonnés d'être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs proches du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP).

Un administrateur désigné par le gouvernement a été tué par balles le 16 octobre à Van, dans l'est de la Turquie, au cours d'une attaque qui n'a pas été revendiquée.
(AFP, 25 octobre 2016)

La Turquie frappe à nouveau des cibles kurdes syriennes

La Turquie a frappé des milices kurdes syriennes dans le nord de la Syrie pour la deuxième fois depuis le milieu de la semaine, a annoncé samedi l'armée turque, citée par l'agence officielle de presse Anadolu.

Quelque 70 positions des Unités de protection du peuple kurde (YPG), branche armée du parti kurde syrien PYD, ont été visées vendredi, ont déclaré les militaires dans un communiqué, sans préciser s'il y avait eu des pertes parmi les combattants kurdes.

Deux rebelles syriens, soutenus par Ankara, ont été blessés dans des échanges de tirs avec des membres de l'YPG dans la ville syrienne de Jarabulus (nord), ont-ils ajouté.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'armée turque avait annoncé avoir procédé à une série de frappes contre ces milices kurdes dans la région d'Alep, la grande cité du nord de la Syrie, affirmant avoir tué jusqu'à 200 combattants.

De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme a fourni un bilan beaucoup moins élevé d'au moins 11 morts et 24 blessés au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde de 30.000 combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a à cet égard menacé de poursuivre les opérations contre l'YPG et le PYD, avertissant que si ces deux organisations "continuaient d'attaquer (l'opposition syrienne, ndlr) combattant Daech", le groupe Etat islamique, la Turquie ferait "le nécessaire".

Cité samedi par Anadolu, le ministre a de nouveau accusé l'YPG de chercher à créer son propre "canton" élargi plutôt que de se concentrer sur la lutte contre l'EI, en voulant pour preuve "les attaques contre l'opposition modérée".

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé samedi que les rebelles syriens soutenus par la Turquie allaient désormais avancer vers Al-Bab après avoir pris Jarabulus et Al-Rai à l'Etat islamique.

"Nous devons préparer une zone exempte de terroristes", a-t-il encore dit de Bursa, dans le nord-ouest de la Turquie, dans une allocution télévisée.

Les milices kurdes syriennes sont appuyées par Washington dans la lutte contre l'EI. Mais la Turquie, qui veut empêcher la constitution d'une région autonome kurde à sa frontière dans le nord de la Syrie, les considère comme des groupes terroristes.

Ankara a déclenché le mois dernier une opération terrestre dans le nord de la Syrie qui vise à soutenir les rebelles de l'opposition syrienne et à chasser l'Etat islamique de la frontière, mais également les combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui a pris les armes pour la première fois en 1984 contre les autorités turques, et des YPG.
(AFP, 22 octobre 2016)

L'armée turque lance l'extermination des Kurdes cette fois-ci en Syrie

L'armée turque a mené jeudi des bombardements meurtriers contre des milices kurdes syriennes qu'elle considère comme des "organisations terroristes", bien qu'elles soient appuyées par Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Citant un communiqué de l'armée, l'agence de presse progouvernementale Anadolu a affirmé qu'entre 160 et 200 membres des Unités de protection du peuple kurde (YPG), branche armée du parti kurde syrien PYD, avaient été tués dans 26 frappes menées dans la nuit de mercredi à jeudi dans la région d'Alep, mais ce bilan ne pouvait être confirmé de source indépendante.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a pour sa part fait état de 11 tués et 24 blessés dans ces frappes.

Elles ont visé, selon l'OSDH, des zones prises ces derniers jours à l'EI par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par Washington.

"Terroristes" pour Ankara, partenaires efficaces dans la lutte contre l'EI pour Washington : le dossier des milices kurdes de Syrie empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux piliers de la coalition antijihadiste et de l'Otan.

Ces frappes turques, les plus intenses depuis le début de l'intervention d'Ankara dans le nord de la Syrie en août, surviennent alors que des discussions sont en cours sur les modalités d'une éventuelle offensive contre la ville de Raqa, bastion syrien de l'EI.

La Turquie, qui veut empêcher la constitution d'une région autonome kurde dans le nord de la Syrie à sa frontière, est contre la participation des milices kurdes à une telle opération.

Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, est attendu en Turquie vendredi et doit notamment s'entretenir avec les dirigeants turcs des derniers développements en Syrie et en Irak, où une offensive d'envergure est en cours pour déloger l'EI de Mossoul, son bastion irakien.

- 'Agression flagrante' -

Le gouvernement turc considère le PYD et les YPG comme des organisations étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une rébellion sanglante sur le territoire turc depuis plus de 30 ans.

Plusieurs bâtiments, dépôts d'armes et véhicules utilisés par les YPG ont été détruits dans les frappes turques, selon Anadolu.

Selon l'agence, des obus tirés depuis la Syrie se sont écrasés dans des zones inhabitées en Turquie jeudi matin. L'artillerie turque a répliqué en bombardant des positions des YPG de l'autre côté de la frontière.

Dans un communiqué, l'administration semi-autonome kurde en Syrie a dénoncé une "agression flagrante" d'Ankara et demandé à la communauté internationale de "faire directement pression sur la Turquie pour qu'elle arrête ses attaques".

Le représentant à Paris de cette administration, Khaled Issa, a accusé Ankara de chercher, par le biais de ces frappes, à "empêcher ou perturber les préparatifs des FDS pour la libération de Raqa".

Ankara a lancé le mois dernier une opération terrestre sans précédent dans le nord de la Syrie, envoyant des chars et des militaires pour appuyer l'opposition syrienne qui a délogé l'EI de plusieurs positions.

Cette opération, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", vise à chasser l'EI de la frontière turco-syrienne, un objectif considéré comme rempli par Ankara, mais aussi à empêcher la jonction des "cantons" de Kobane et Afrine contrôlés par les milices kurdes dans le nord de la Syrie.

Avec les derniers bombardements, estime Michael Stephens, chercheur au Royal United Services Institute (RUSI) de Londres, la Turquie envoie aux milices kurdes le message suivant : "Vous ne réunirez pas ces deux cantons. Il y aura des conséquences".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu mercredi que la Turquie était prête à agir seule, même en dehors de ses frontières, pour éliminer la menace "terroriste".

La Turquie "n'attendra plus que les problèmes frappent à sa porte. (...) Désormais, nous irons à la rencontre des organisations terroristes, où qu'elles se trouvent", a déclaré le chef de l'Etat turc. "Plutôt que nous occuper des mouches, nous allons assécher le marais", a-t-il ajouté.
(AFP, 20 octobre 2016)

CNK: Halte à l'invasion du nord de la Syrie par la Turquie!

Voulant à tout prix entraver la résistance contre les groupes extrémistes et terroristes au Rojava, l'armée turque a commencé il y a quelques jours à bombarder les villages de Um Al Housh et Um Al Qura dans la zone d'Al Shahba, au nord d'Alep. Les bombardements sont survenus quelques heures après que ces villages aient été libérés de Daesh par les forces démocratiques syriennes composées majoritairement de combattants kurdes.

En plus d'Al Shahba, l'artillerie turque vise aujourd'hui des villages dans la zone d'Efrîn. Cette dernière offensive a jusqu'à présent causé la mort de quatre civils et grièvement blessé des dizaines d'autres. 10 combattants de la liberté ont par ailleurs été tués. Cette offensive meurtrière s'inscrit dans une campagne d'extermination menée par l'Etat turc contre les peuples de Syrie. Elle constitue un soutien direct aux mercenaires de Daesh sérieusement ébranlés par les forces révolutionnaires.

Ce faisant, le régime turc viole les conventions internationales qui le lient. La communauté internationale et les puissances engagées dans la lutte contre le terrorisme doivent agir pour empêcher l'intervention turque. Leur silence encourage cependant l'expansion de la Turquie dans la région de Jarablus et permet à son aviation de bombarder les zones environnantes.

Ces pratiques témoignent du despotisme et de la tyrannie de l'Etat turc, à l'égal du régime syrien. Elles sont la preuve que la Turquie, tout comme la Syrie, tente d'empêcher toute solution à la crise syrienne en permettant aux forces extrémistes de regrouper leurs forces partout où elles ont été antérieurement défaîtes.

Nous condamnons fortement l'intervention meurtrière de la Turquie dans les régions de Shehba et Efrin. Frustré de ne pouvoir intervenir à Mossoul et en Iraq, Erdogan se venge en violant le territoire syrien. Le but poursuivi par la Turquie est de réaliser l'expansion du territoire turc telle que voulue par le Misak-ı Milli (pacte national) en 1920. La Turquie ne vise pas seulement à envahir le nord de la Syrie, mais l'ensemble de son territoire. Il est du devoir de la communauté internationale d'agir immédiatement pour mettre fin à l'expansion de la Turquie au nord de la Syrie.

Nous appelons à manifester partout en Europe contre les offensives meurtrières de l'Etat turc et contre la violation de la souveraineté du Rojava et de la Syrie.

Congrès national du Kurdistan, 20 Octobre 2016

Ankara condamné par la CEDH pour la mort d'un manifestant pro-kurde

La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné Ankara mardi pour la mort d'un homme décédé après avoir été blessé par un tir de grenade lacrymogène attribué à la police turque dans le cadre d'une manifestation de soutien à la rébellion kurde PKK.

Les faits remontent au 30 mars 2006. Un homme d'une quarantaine d'années, avait été mortellement touché à la tête par un tir de grenade lacrymogène lors d'une manifestation illégale à Dyarbakir (sud-est) organisée en réaction à la mort de 14 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Onze personnes étaient mortes au cours de manifestations non autorisées à Dyarbakir entre le 28 et le 31 mars 2006. Le PKK est une organisation considérée comme "terroriste" par Ankara.

Les parents et les frère et soeur de la victime, Mahsum Mizrak, avaient saisi la Cour européenne en septembre 2012 en soutenant que les policiers avaient employé "une force excessive qui aurait été fatale au défunt".

Ankara soutenait pour sa part que le décès était "non intentionnel et accidentel", évoquant "un environnement chaotique".

Parallèlement à cette requête, le parquet de Diyabakir a ouvert une enquête afin d'identifier les responsables, et une action publique pour "homicide" a été engagée à l'encontre de trois policiers.

Selon les dernières informations fournies par les parties dans l'arrêt de la CEDH, l'affaire n'avait toujours pas été jugée en juin 2014.

La Cour européenne a jugé qu'Ankara a commis une "violation" de la Convention européenne des droits de l'Homme, et de son article 2 protégeant le droit à la vie, ainsi que du droit des requérants à bénéficier d'une enquête.

Dans son arrêt, la Cour ne juge "pas établi que la force meurtrière utilisée contre le proche des requérants était +absolument nécessaire+".

"Il semble, au vu des blessures occasionnées, qu'il s'agissait d'un tir direct et tendu" qui, provenant d'une grenade lacrymogène au moyen d'un lanceur "ne saurait être considéré comme une action policière adéquate", a estimé la Cour en rappelant les "blessures graves, voire mortelles" que peuvent occasionner ces tirs.

La CEDH a condamné Ankara à verser 48.000 euros conjointement aux parents de la victime et un total de 15.000 euros à ses frère et soeur, pour préjudice moral.

Cet arrêt n'est pas définitif. La Turquie et la famille de la victime ont trois mois pour demander un réexamen de cette affaire devant la Cour.
(AFP, 18 octobre 2016)

49 arrestations dans le sud-est pour "propagande terroriste"

Au moins 49 personnes, dont des responsables du principal parti pro-kurdes, ont été arrêtées dans l'est et le sud-est de la Turquie pour "propagande terroriste" liée à la rébellion kurde du PKK, ont annoncé mercredi des sources sécuritaires.

Les 49 personnes ont été arrêtées pour "propagande terroriste" et appartenance à un "groupe terroriste" au cours d'opérations menées contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) dans les régions d'Hakkari (sud-est) et Van (est), a précisé à l'AFP un responsable sous couvert de l'anonymat.

Parmi les personnes gardées à vue, se trouvent des responsables locaux du Parti démocratique du peuple (HDP), accusé par le gouvernement turc d'être liés au PKK.

Le PKK - une organisation considérée comme terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis - mène depuis 32 ans une insurrection contre l'Etat turc dans le sud-est du pays, qui a entraîné la mort de plus de 40.000 personnes. Après un fragile cessez-le-feu pendant deux ans, les violences ont repris l'an passé.

En début de semaine, deux sous-préfets de l'AKP, parti du président turc Recep Tayyip Erdogan, ont été tués dans les régions de Van et Diyarbakir (sud-est de la Turquie), dans des embuscades attribuées par les autorités à la rébellion du PKK.

On ignorait mercredi si les 49 arrestations étaient liées à ces deux assassinats.
(AFP, 12 octobre 2016)

L'interdiction de la chaîne Med Nûçe devant le tribunal

Le 3 octobre 2016, la diffusion des programmes de la chaîne d'information kurde Med Nûçe dont le siège se trouve en Italie a été suspendue par le groupe français Eutelsat à la demande de RTUK, Conseil supérieur de l'Audiovisuel turc.

Dans le même temps, RTUK faisait fermer 23 chaînes de télévision et stations de radio kurdes ou d'opposition se trouvant en Turquie. Parmi elles, figurent notamment Zarok TV, une chaîne diffusant exclusivement des programmes en kurde pour les enfants, TV10 qui s'adresse essentiellement aux membres de la confession minoritaire alévie, Jiyan TV dont le but est de préserver et promouvoir le Kirmanckî, un dialecte kurde en voie de disparition, et Hayat TV qui se concentre sur les conditions de travail et la lutte des travailleurs en Turquie.

Ces décisions ont été condamnées par plusieurs ONG dont Human Right Watch (HRW) et Reporters sans Frontières (RSF) comme étant de graves violations des libertés de presse, d'information et d'expression qui s'inscrivent dans une vague de répression à l'encontre des médias kurdes et d'opposition en Turquie.

Les raisons qui ont motivé l'interdiction de ces médias audiovisuels sont exactement les mêmes que celles qui ont fondé la décision d'Eutelsat à l'encontre de Med Nûçe. Pour cette raison, les dirigeants de la chaîne de télévision kurde ont assigné Eutelsat en référé devant le tribunal de commerce.

Le référé sera examiné mercredi 12 octobre, à 11h30,

par la Tribunal de commerce de Paris (1 quai de la Corse 75004 Paris).

Nous vous invitons à assister nombreuses et nombreux à cette audience, pour soutenir Med Nûçe et ses travailleurs.

Conseil Démocratique Kurde en France

16 rue d'Enghien
75 010 Paris
09.52.51.09.34
info@cdkf.fr
www.cdkf.fr


Minorités / Minorities



Nadia Murad, Lamia Haji Bachar et Feleknas Uca

Fin octobre 2016, nous avons salué le courage et la dignité de trois femmes yézidies, Nadia Murad, Lamia Haji Bachar et Feleknas Uca, qui mènent une lutte contre l'oppression des peuples en Irak et en Turquie.

Nadia Murad et Lamia Haji, rescapées du groupe Etat islamique (EI), ont reçu le jeudi 27 octobre 2016 le prix Sakharov "pour la liberté de l'esprit" décerné par le Parlement européen.

Le mercredi 26 octobre 2016, Feleknas Uca, députée (HDP) au parlement turc, a courageusement défié un policier lors d'une manifestation contre l'arrestation des deux co-maires de Diyarbakir, capitale du Kurdistan de Turquie.

Nadia Murad et Lamia Haji

Elles sont devenues des figures de la défense de la communauté yézidie, minorité kurdophone persécutée par les jihadistes, après avoir vécu un cauchemar comme de nombreuses jeunes filles enlevées et forcées à l'esclavage sexuel par l'EI.

"Elles ont une histoire douloureuse, tragique" mais "elles avaient le sentiment de devoir survivre pour porter témoignage", a souligné le président du Parlement européen, Martin Schulz, en séance plénière à Strasbourg.

"Le courage de ces deux femmes, la dignité qu'elles représentent dépassent toutes les descriptions", a affirmé M. Schulz, estimant que l'attribution du prix montrait que "leur combat n'a pas été vain" et exhortant les Européens à se "battre contre la stratégie génocidaire de l'EI".

Nadia Murad, 23 ans, nommée mi-septembre ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains, milite justement pour que les persécutions commises en 2014 contre les Yézidis soient considérées comme un génocide.

"Le monde libre condamne l'inhumanité criminelle du groupe EI et honore ses victimes", a réagi la jeune femme dans un communiqué. "Cette récompense est un message puissant (...) à notre peuple et aux plus de 6.700 femmes, filles et enfants devenus des victimes de l'esclavage et du trafic d'êtres humains de l'EI, disant que le génocide ne se répétera pas".

Lamia Haji Bachar, 18 ans seulement, s'est dite "très heureuse de ce prix parce que je l'ai remporté au nom des victimes yézidies", dans un message en kurde adressé à l'organisation humanitaire Air Bridge Iraq, qui s'occupe d'elle depuis son arrivée en Allemagne cette année, et qui a traduit son message.

Feleknas Uca, une députée d'origine yézidie

Elle est née en 1976 en Allemagne, à Celle, en Basse-Saxe, au sein d’une famille de religion yézidie. Après ses études, elle devient assistante médicale et se présente d'abord au Parlement allemand. En 1999, elle a été élue au Parlement européen sous la bannière de Die Linke. Elle y effectuera deux mandats. Pendant dix ans, elle travaille au sein de multiples commissions, notamment celle des finances.

Son retour en Turquie date des années 2000. Elle effectue de nombreux allers et retours, qui lui permettent de s’engager de plus en plus dans son pays d’origine. Elle s’installe définitivement au Kurdistan, à Diyarbakir, en juillet 2014.

Elle a découvert, depuis, la brutalité de la vie politique turque. Un déluge d’injures s’abat sur elle quand elle est élue pour la première fois au Parlement turc aux élections du 7 juin 2015 en tant que députée kurde. Elle reçoit aussi des menaces de mort. Les députés du parti majoritaire, le Parti de la justice et du développement (AKP), font courir le bruit qu’elle ne parle pas la langue nationale.

Réélue malgré cela aux élections anticipées  du 1er novembre 2015, Feleknas Uca, comme le jeune leader du HDP, Selahattin Demirtas, est emblématique d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui, en Turquie, ne se reconnaissent plus dans aucun des partis traditionnels.

Elle est toujours au premier rang des luttes contre le régime répressif du pouvoir islamo-fasciste et pour la reconnaissance des droits et libertés de tous les peuples de la région: arménien, assyriens, grec, kurde, turc et yézidi.

Aznavour reçoit une étoile d'honneur de la communauté arménienne à Hollywood

Le légendaire chanteur Charles Aznavour a reçu une étoile d'honneur à Hollywood jeudi, remise par la communauté arménienne de Los Angeles, déclarant au passage son amour aux Etats-Unis, à son public et à la langue de Molière.

Le "Frank Sinatra français" s'est dit très ému de recevoir cette étoile à l'image de celles qui pavent la "Promenade de la célébrité" (Walk of fame), même si celle-ci est purement honorifique, reconnaissant sa contribution à la culture arménienne, et ne sera pas posée sur Hollywood Boulevard.

"Je suis très honoré et très ému de recevoir cette étoile", a déclaré l'auteur de 1.200 chansons, lors d'une cérémonie au théâtre Pantages d'Hollywood, où il sera sur scène vendredi.

"Je viens à Hollywood depuis des années, j'ai beaucoup travaillé aux Etats-Unis car (...) le pays du +show-business+, c'est l'Amérique", a déclaré à l'AFP le musicien de 92 ans.

Né en France de parents arméniens, celui qui est devenu l'un des plus ardents porte-drapeaux de la diaspora arménienne a souligné que cette communauté, "c'est (ma) base".

"Ce qui m'amuse beaucoup, c'est que la Turquie a raté quelque chose, ils n'ont pas un seul grand chanteur, j'aurais été un chanteur turc et aujourd'hui je suis un chanteur français, ce qui prouve que les génocides ne servent à rien, il y a toujours des survivants".

Le génocide arménien, reconnu par plusieurs Parlements étrangers, a fait plus de 1,5 million de victimes, selon l'Arménie et de nombreux historiens. La Turquie récuse le terme de génocide mais reconnaît des massacres de grande ampleur commis en 1915 à la fin de l'empire ottoman.

Aznavour, qui continue à donner des concerts à travers la planète après 80 ans de carrière, dit éprouver encore beaucoup de plaisir à monter sur scène: "j'ai l'impression de rencontrer ma famille, qu'elle soit italienne ou espagnole ou autre, le public fait partie de ma famille, là où je suis le plus heureux, c'est sur une scène".

Celui que CNN avait qualifié de "chanteur de variété le plus important du 20e siècle" n'a pas non plus perdu l'inspiration: "j'ai toujours quarante chansons d'avance, j'écris tous les jours", assure-t-il.

Lors de la cérémonie jeudi, l'artiste aux 100 millions de disques vendus a dit avoir du mal à s'exprimer en anglais et que, "même si l'arménien est la langue de ma famille, ma vraie langue, c'est le français", "une langue fantastique pour écrire".
(AFP, 27 octobre 2016)

Aghet: Le concert d'un orchestre allemand à Istanbul annulé

Le ministère allemand des Affaires étrangères a annulé mardi un concert évoquant le génocide arménien dans son consulat d'Istanbul, suscitant des critiques sur d'éventuelles pressions de la part du gouvernement turc.

"Les locaux du consulat général à Istanbul ne sont pas disponibles le 13 novembre", date initialement prévue pour ce concert, a indiqué à l'AFP le ministère à Berlin.

Montée par le Dresdner Sinfoniker et baptisé "Aghet" - un terme utilisé en arménien pour parler des massacres des Arméniens en 1915 -, l'oeuvre est jouée par un orchestre associant des musiciens turcs et arméniens. Elle avait été montée en 2015, à l'occasion du centenaire du massacre, et se veut un projet de réconciliation. Sa première, en novembre 2015 à Berlin, n'avait suscité aucun remous.

L'orchestre de Dresde (est), qui s'était déjà plaint en avril de pressions de la part d'Ankara et de l'Union européenne pour que le terme de "génocide" ne soit pas utilisé, avait invité à la représentation du 13 novembre le président turc islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre, Binali Yildirim.

"Les invitations à la représentation ont été diffusées sans la participation du ministère", a indiqué le ministère allemand des Affaires étrangères, sans autre explication.

Selon le texte de l'invitation, l'oeuvre devait aborder "les blessures du passé turc et arménien" de même que la liberté artistique et d'opinion, selon l'agence de presse allemande DPA.

Sarcastique, la députée de gauche radicale Sarah Wangenknecht a pointé de possibles pressions émanant du gouvernement turc : "Merkel et Steinmeier de nouveau à plat ventre devant Erdogan! Gênant! La politique du gouvernement (allemand) est-elle décidée à Ankara?", s'est-elle interrogée sur Twitter.

La question du génocide arménien a empoisonné pendant plusieurs mois les relations germano-turques : le 2 juin, le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, avait ulcéré les autorités turques en adoptant une résolution qualifiant de génocide les massacres de 1,5 million d'Arméniens commis par l'Empire ottoman en 1915.

En représailles, la Turquie avait interdit aux parlementaires allemands l'accès à sa base d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l'organisation Etat islamique. Ankara avait fini par lever cette interdiction début septembre.
(AFP, 25 octobre 2016)

Appeal to the citizens of Turkey for Sevan Nişanyan behind bars

From International Committee of Freedom and Justice for Sevan Nişanyan:

Sevan Nişanyan is behind bars since 2 January 2014 following the several cases brought against him on the pretext of “crime against development plan law” after the case brought in alleged plot to “degrading the religious values”.

Sevan Nişanyan, an Armenian intellectual who is not reconciled with the country’s official dissertation was imprisoned actually for this reason for almost three years.

While the punishment on pianist and compositor Fazıl Say who had been tried with the same charge has been reversed by the Supreme Court of Appeals, Sevan Nişanyan is still being tried because of his Armenian identity. He was exposed to a legal lynch on the pretext of “the development plan law” which has been asserted perfunctorily.

If this is not the case, we appeal to the Ministry of Justice to take responsibility. We call the Ministry of Justice for his duty to secure the justice for Sevan Nişanyan who is the only prisoner for opposing “the development plan law” in Turkey.

As the International Committee of Freedom and Justice for Sevan Nişanyan, we emphasize once more that we consider his imprisonment unacceptable in the context of the freedom of thought and expression.

Our committee calls all citizens of Turkey to lay claim to one of their intellectual who fell a victim to the state’s punishment mechanism, defended and made efforts accordingly to popularize multiculturalism in Turkey and offered a valuable tradition to all citizens in his country.

We invite all individuals and institutional representatives who defend the human rights and the freedom of thought and expression to take part in the Sevan Nişanyan case to be heard at 11:45 on Tuesday, 25 October 2016 in Çağlayan İstanbul Courthouse. (25 octobre 2016)

Est-ce que la Turquie voit sa minorité arménienne comme une menace?

Les membres de la petite communauté arménienne en Turquie se sentent de plus en plus mal à l’aise. Leur méfiance est une excroissance des revendications récentes de hauts fonctionnaires à Ankara que les rebelles kurdes turcs collaborent avec les Arméniens, ainsi que la décision du gouvernement d’exproprier plusieurs églises arméniennes.

Les paroles et les actions sont au milieu d’intenses combats entre les forces de sécurité turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) rebelles dans les villes à travers le sud-est de la Turquie. Dans ces zones, les graffitis de jurons appelant ethniques Arméniens traîtres et les accusant de collaborer avec les rebelles est monnaie courante.

“Tout le monde a peur, il y a la peur partout,“ a déclaré un habitant d’origine arménienne de Diyarbakır, le principal centre de la population kurde de Turquie, une ville d’environ un million d’habitants. “Si les combats se détériore, le feu va nous brûler, aussi. ... Nous ne sommes pas la cible directe. Mais si ce feu grandit, il va certainement nous avaler, aussi. “

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan voit apparemment des liens au-delà du PKK.

Au cours de sa visite aux Etats-Unis plus tôt ce mois-ci, Erdoğan a affirmé que les manifestations à Washington, DC, en plus de la lutte de la Turquie contre le PKK font partie d’une conspiration nationale et internationale. Il a décrit les manifestants américains , qui se sont rassemblés devant le Brookings Institution, où il devait prendre la parole, comme des « représentants de l’organisation des terroristes du PKK, du YPG [kurdes syriens], de l’ASALA, et de l’état parallèle [une référence à un mouvement dirigé par l’imam exilé Fethullah Gülen], qui a fui la Turquie et vit actuellement aux États-Unis, qui sont debout côte à côte et vivent dans les poches de l’autre “. (Texte complet: http://www.armenews.com/article.php3?id_article=126145)

Mesures restrictives concernant les communautés protestantes

Les autorités turques ont décidé d’expulser du  pays le pasteur Andrew Craig Brunson, responsable de l’église  protestante de Smyrne (Izmir Diriliş Kilisesi, église de la  Résurrection), ainsi que son épouse, Lyn Norine. Les époux ont été  convoqués par le bureau de l’immigration qui leur a communiqués  l’obligation de quitter le pays, la justifiant par le fait que leurs  activités représenteraient une menace pour la sécurité nationale et au  travers de vagues références à des soupçons relatifs au fait qu’ils  auraient reçu des fonds de l’étranger pour financer des initiatives  missionnaires. Selon des sources locales consultées par l’Agence Fides,  le couple faisait partie d’une liste de personnes destinataires de la  même mesure.

 L’Union des églises protestantes de Turquie a annoncé que l’église Yaşam  Köprüsü, à Antakya, a été fermée la semaine dernière pour avoir  organisé illégalement des cours de langue et qu’au cours de ces  dernières semaines des demandes d’entrée et de prorogation de permis de  séjour présentées aux autorités compétentes par des protestants  étrangers ont été rejetées.

 Les mesures restrictives mises en œuvre vis-à-vis des protestants  doivent être replacées dans le contexte de la phase politique et sociale  que traverse la Turquie, où sont encore en cours les campagnes  d’épuration et les arrestations de masse visant les secteurs considérés  comme responsables du coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier, à  commencer par les affiliés au réseau du prédicateur Fethullah Gulen,  expatrié aux Etats-Unis depuis 1999. (GV)
(Agence Fides, 18 octobre 2016)

Génocide arménien: feu vert au Sénat à la pénalisation du négationnisme

Les sénateurs ont adopté vendredi un article pénalisant toute contestation des génocides reconnus par la France, même quand ils ne sont pas reconnus par leurs auteurs, comme le génocide arménien.

Le Sénat a adopté vendredi un article au projet de loi égalité et citoyenneté pénalisant toute contestation des génocides reconnus par la France, même quand ils ne sont pas reconnus par leurs auteurs, comme le génocide arménien.

Un vote serré. Les sénateurs ont adopté par 156 voix contre 146 cet amendement rétablissant un article adopté à l'Assemblée nationale qui sanctionne aussi l'apologie de l'esclavage, mais qui avait été supprimé par leur commission spéciale. Parmi ceux qui ont été favorables figurent 12 républicains, 104 PS, 17 UDI-UC, les 20 sénateurs Communistes, républicains et citoyens (CRC), 3 RDSE (à majorité PRG) et les 10 écologistes. 110 LR, 20 UDI-UC et 13 RDSE ont voté contre.

La rapporteure Françoise Gatel (UDI-UC) s'y est opposée en avançant des difficultés juridiques.

"La tâche des historiens". Mais pour le ministre de la Ville Patrick Kanner, "nous n'avons pas à qualifier les faits historiques, c'est la tâche des historiens, mais à dire que la négation d'un crime contre l'humanité est un délit qui incite à la haine et, à ce titre, menace notre paix sociale". "Rappeler l'absolue nécessité du respect de l'humanité, dans le contexte actuel où de nouveaux crimes sont commis sous nos yeux, notamment au Moyen-Orient, est un devoir et une fierté", a indiqué pour sa part le président du groupe PS Didier Guillaume.

L'examen du projet de loi égalité et citoyenneté, dernier texte d'envergure du quinquennat avec une série de mesures pour la jeunesse, la mixité sociale ou contre les discriminations, devait achever sa première lecture au Sénat s'achever vendredi, avant un vote solennel le 18 octobre. Il a déjà été adopté à l'Assemblée en première lecture. (europe1.fr, 14 oct 2016)

Agression contre les joueurs de foot araméens

Le match disputé par l’équipe U21 du FC Suryoyés Bruxellois, un club de football araméen, contre FC Jorez Anderlecht le vendredi 30 septembre 2016 aurait dû être un match entre des jeunes venus s’amuser et faire du sport dans la joie et la bonne humeur.

Malheureusement, Monsieur Yusuf Benhur Ergen, président du FC Suryoyés Bruxellois, nous a informé que certains joueurs de l’équipe adverse étaient venus, avec leurs supporters, jouer ce match avec l’intention de se battre…

Dès le début du match, la tension était palpable et les insultes venant de l’équipe adverse et de leurs supporters fusaient de tous les côtés si bien que le délégué du FC Suryoyés Bruxellois a demandé à plusieurs reprises à l’arbitre l’arrêt pur et simple du match, sans obtenir gain de cause.

A la fin du match, les joueurs du FC Suryoyés Bruxellois se sont dirigés vers les vestiaires suivis par des supporters et joueurs du FC Jorez Anderlecht qui avaient enlevé leurs maillots afin d’en découdre. C’est alors qu’une altercation entre un supporter du FC Jorez Anderlecht et un joueur de FC Suryoyés Bruxellois a dégénéré en une bagarre où des membres FC Suryoyés Bruxellois se sont vite retrouvés en infériorité numérique et ont subi une véritable agression de la part de l’autre équipe.

Nous dénonçons cette violence qui n’a pas sa place dans le sport mais nous condamnons surtout haut et fort les propos racistes et haineux (« BANDES DE SALES ARMENIENS, on va TOUS VOUS TUER comme en 1923 ... je suis turc ... ») tenus par l’entraineur de l’équipe adverse.

Ces propos faisaient bien évidemment référence au génocide de 1915 perpétré par l'Empire Ottoman qui a fait près de deux millions de victimes parmi les Araméens (Syriaques, Chaldéens et Assyriens), les Arméniens et les Grecs pontiques!

Il est inadmissible qu’en 2016, en plein cœur de Bruxelles, de tels propos puissent être proférés en toute impunité. Ces propos choquent, blessent profondément et constituent un appel à la haine basé sur la culture d’inimitié très présente dans les milieux d’extrême droite turque vis-à-vis des peuples Araméens, Arméniens et Grecs.

La société belge dans son ensemble ne peut donc accepter de tels propos qui mettent à mal le vivre ensemble de toutes les communautés présentes en Belgique. C’est pour cela que nous attendons des instances compétentes de prendre les mesures disciplinaires et judiciaires nécessaires vis-à-vis de l’équipe FC Jorez Anderlecht et de leur entraîneur.


Fédération des Araméens (Syriaques) de Belgique
Collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes
Comité des Arméniens de Belgique

Un match de foot: "Sales Arméniens, on va tous vous tuer!"

Une grosse bagarre s'est produite lors d'un match vendredi soir en 4ème provincial à Neder-Over-Heembeek (Ville de Bruxelles). Les joueurs du club de Neder "FC Suyoyés Bruxellois" affirment avoir été victimes d'insultes racistes et de coups de la part des supporters et joueurs du FC Jorez. Le président du club, Yusuf Benhur Ergen, également conseiller communal à la Ville de Bruxelles, déclare même avoir été blessé à la tête.

La tension du match était forte, raconte le président : sur le terrain, des coups ; et sur les bords, les insultes et intimidations d'une cinquantaine de supporters du club de Cureghem. Le match fini, la violence éclate. "On se dirigeait vers les vestiaires lorsque j’ai vu quelques joueurs d’Anderlecht, qui avaient retiré leur maillot, ont tenté de rattraper certains de mes joueurs. J’ai entendu un supporter d’Anderlecht dire : "Ils ont peur". Quelques mètres plus loin, cette même personne, je la vois occupée à taper un de mes joueurs qui s’entraînait à côté. Il n’a fallu que quelques secondes pour voir tous les autres qui étaient restés sur le terrain d’Anderlecht arriver et rentrer dedans sauvagement."

Ils se sont mis à quinze à me frapper. Cela venait de tous les côtés.

Les quelques membres du club de Neder encore sur le terrain sont alors assaillis, dit Yusuf Benhur Ergen. "Ils étaient vraiment déchaînés. Quand je me suis retrouvé par terre après avoir reçu un coup par derrière, ils se sont mis à quinze à me frapper. Cela venait de tous les côtés."

Ce président de club est arménien. Il dénonce des insultes racistes de l'entraineur turc du club anderlechtois. "Bande de sales Arméniens ! On va tous vous tuer !"

Le FC Jorez est un tout nouveau club, né cet été. Un groupe de jeunes de Cureghem encadré par deux associations a atteint le statut de club de 4ème provinciale. Mais deux matches sur quatre ont été accompagnés de violences.

Le 15 septembre, des joueurs du FC Saint-Michel ont été victimes d'insultes racistes, de coups pendant le match, et de menaces.

Plainte déposée à la fédération belge de football

L'échevin des sports à la ville de Bruxelles, le MR Alain Courtois, a porté plainte auprès de la fédération belge de football, contre le FC Jorez.

Le club du FC Jorez n'a pas encore souhaité réagir. Quant à l'association qui a aidé ces jeunes à fonder leur club, elle attend d'avoir entendu les joueurs mais précise qu'elle milite contre toute forme de violence et propos raciste.

La commune d'Anderlecht, pour sa part, affirme que le club n'aura plus accès aux infrastructures communales s'il est suspendu ou radié par la Fédération de football, donc plus d'accès au terrain "Fanky Vercauteren".

Le FC Jorez donne sa version de l'après-match

Les deux associations qui ont aidé les jeunes joueurs anderlechtois à fonder leur club de foot cet été ont rassemblé leurs témoignages. Selon eux, aucune insulte raciste n'a été proférée: leur entraineur nie avoir utilisé l'expression "sale arménien" rapportée par le président du club adverse.

Le président du club adverse, Yusuf Benhur Ergen, aurait le premier utilisé la violence physique et cassé le nez de l'entraineur turc d'Anderlecht. Selon les Anderlechtois, il aurait également fait monter l'énervement en empêchant à certains l'accès aux vestiaires après le match.

Le FC Jorez estime être victime de propagande à des fins politiques et espère que la fédération de football entendra sa version et n'optera pas pour une sanction lourde. (RTBF, 4 octobre 2016)


Politique intérieure/Interior Politics

Un influent député d'opposition blessé par balle

Un influent député d'opposition turc, Bülent Tezcan, a été blessé par balle au cours d'une agression à main armée samedi soir, a rapporté l'agence de presse Dogan, ajoutant que son pronostic vital n'était pas engagé.

M. Tezcan, député et vice-président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a été atteint d'une balle à la jambe, a indiqué Dogan, ajoutant que l'incident s'était produit dans un restaurant à Aydin (sud-ouest).

Le député a été transporté à l'hôpital et son pronostic vital n'est pas engagé, selon l'agence, qui rapporte que le ou les agresseurs ont réussi à prendre la fuite.

Le mobile de cette agression, qui survient dans un climat politique tendu, n'était pas connu dans l'immédiat.

En août, le convoi du chef du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, avait été pris pour cible par des assaillants non-identifiés qui ont fait usage d'armes automatiques.

Trois soldats avaient été blessés dans la fusillade qui s'était produite dans le nord-est de la Turquie.
(AFP, 29 octobre 2016)

Le nationalisme turc et l'invention de l'histoire - Partie 2
        
Etienne Copeaux, Docteur en géopolitique spécialiste de la Turquie

 
Ce texte intitulé « L'invention de l'histoire » a été conçu comme un résumé de ma thèse, publié en 1994, dont j'achevais la rédaction et que j'ai soutenue en décembre de la même année. C'est la première fois que j'essayais de transmettre le résultat de mes travaux à un public assez large, celui des éditions Autrement. Il n'y a eu aucun retour, aucune marque d'intérêt. La « thèse d'histoire » des nationalistes turcs était tellement extravagante qu'on a peut-être cru que j'exagérais. D'autres s'étonnaient que je puisse m'intéresser de près à un sujet d'aussi peu d'intérêt.  Il faut dire que, parmi les réformes opérées par Mustafa Kemal dans les années vingt et trente, celle-ci était souvent oubliée par les historiens.

Mais cette « invention de l'histoire » n'est pas un sujet annexe de l'histoire du kémalisme. À la suite du génocide des Arméniens, puis du « grand échange » de 1923 (en réalité une double expulsion de masse), la population de l'Anatolie, épuisée et ruinée par onze années de guerres et de violences, était littéralement déboussolée. On parle souvent de ce passage de l'Empire à la république en termes de pertes de territoires, mais il y a bien plus : pour chaque habitant de l'Anatolie ou presque, c'est la perte de la maison, des champs, du jardin, d'un environnement bien-aimé ; la perte d'un voisin, d'un ami, de l'artisan ou du commerçant du coin, l'Arménien, le Grec, désigné comme ennemi, éliminé ou expulsé. Et l'on s'aperçoit, trop tard, que cet Autre faisait partie de soi-même et que sa perte est une amputation. (Texte complet)

Erdogan met le cap sur la présidentialisation du régime

Trois mois après avoir survécu à un putsch, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'active pour faire adopter une réforme de la Constitution visant à élargir les pouvoirs de la fonction présidentielle qui était largement cérémoniale avant qu'il n'y accède en 2014.

Un référendum sur l'instauration d'un régime présidentiel sera convoqué "dans les plus brefs délais", a déclaré mardi le Premier ministre Binali Yildirim.

Une telle initiative pourrait provoquer des turbulences susceptibles de nuire à une économie turque déjà fragilisée par un contexte sécuritaire et politique instable, et exacerber les tensions dans la société turque, mettent en garde des experts.

Au contraire, rétorquent les dirigeants turcs, cette réforme garantirait la stabilité de l'exécutif, actuellement tiraillé entre un chef du gouvernement fort dans le droit et un président hégémonique dans les faits.

Depuis son élection à la tête de l'Etat en 2014, après 12 années comme Premier ministre, M. Erdogan semble en effet concentrer tous les pouvoir entre ses mains, instaurant de facto un système présidentiel alors que la Turquie est censée être sous un régime parlementaire.

Parmi les pistes de réformes régulièrement évoquées par la presse progouvernementale dans le cadre d'un amendement constitutionnel, figure notamment la possibilité pour le président d'être affilié à un parti -il est censé être au-dessus de toute formation politique aujourd'hui- ou encore le pouvoir de nommer directement les ministres, actuellement détenu par le Premier ministre.

"Venez, soumettons la question à la nation. Si la nation dit +oui+, alors avançons vers le système présidentiel", a exhorté M. Erdogan le week-end dernier.

Mais, pour organiser un référendum, le gouvernement a besoin de l'appui d'au moins trois cinquièmes des élus au Parlement (330 sur 550). Or, le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) ne détient "que" 317 sièges.

Cet obstacle pourrait toutefois être levé: le dirigeant du parti de la droite nationaliste MHP, Devlet Bahçeli, a indiqué mardi qu'il n'était pas opposé à un référendum sur la question. Sa formation compte 40 sièges à l'hémicycle, soit assez pour permettre à l'AKP de franchir le seuil des 330 voix parlementaires requises.

- 'Renforcer les divisions' -

"Nous allons soumettre dans les plus brefs délais à l'Assemblée (...) une proposition comprenant les modifications de la Constitution que nous jugeons nécessaires", a déclaré, peu après, le Premier ministre Yildirim.

Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, a affirmé la semaine dernière que le référendum pourrait se tenir dès le printemps 2017.

Et à en croire les dernières enquêtes d'opinion, l'AKP peut envisager cette perspective avec sérénité: selon un sondage publié mardi par le quotidien progouvernemental Sabah, 63% des électeurs soutiennent le projet de réforme constitutionnelle.

D'après les experts, ce soutien repose en grande partie sur la popularité personnelle du président Erdogan, laquelle s'est encore renforcée après le putsch manqué.

"En Turquie, les gens voient un lien étroit entre Erdogan et le système présidentiel", a déclaré à l'AFP Mehmet Ali Kulak, directeur de l'institut de sondage MAK qui a réalisé la dernière enquête pour Sabah. "Ils soutiennent plus Erdogan que le système présidentiel".

Cependant, plusieurs partis, notamment le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), restent fermement opposés à cette réforme. Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, a ainsi déclaré mardi que "participer à cette mascarade de scrutin (...) reviendrait à légitimer la dictature par la voie des urnes".

Un référendum, dans ce contexte politique tendu, pourrait jeter de l'huile sur le feu. Il existe un risque réel de "renforcer les divisions politiques, idéologiques et confessionnelles (...) qui tourmentent la politique et la société turques", a ainsi déclaré à l'AFP Fadi Hakura, spécialiste de la Turquie au centre de réflexion Chatham House basé à Londres.

Signe de l'inquiétude des marchés, qui redoutent l'instabilité, l'incertitude politique engendrée par le débat constitutionnel pèse sur la livre turque, qui a enregistré une chute de plus de 4% face au dollar depuis le début du mois.
(AFP, 19 octobre 2016)

Turkish Nationalism and the Invention of History – Part 1
        
Etienne Copeaux, Historian, PhD in geopolitics and expert on Turkey

This text entitled “The Invention of History” was originally written in 1994 to summarize my thesis, as I was completing it for  submission in December of that year. It was the first time that I was trying to present the result of my studies to a general public, namely the editors of the publisher Autrement. There was no feedback, not the slightest expression of interest. The “history thesis” of Turkish nationalists was so extravagant that perhaps it was thought that I was exaggerating. Other people showed surprise that I could be so involved in such an obscure topic. Indeed, of all the reforms made by Mustafa Kemal in the 1920s-30s, this one was often disregarded by historians.

However, this “invention of history” is not a subsidiary issue in the history of Kemalism. After the Genocide of Armenians, followed by  the 1923 population exchange between Greece and Turkey (in reality a double mass expulsion), the people of Anatolia were utterly distressed, exhausted and ruined by years of wars and violence. The move from Ottoman Empire to Turkish Republic is often commented on in terms of loss of territory, but there was more to it: for nearly every inhabitant of Anatolia, it meant the loss of the house, the field, the garden, of their beloved environment; and symmetrically for Muslim Turks, the loss of a neighbor, a friend, the local craftsman or shopkeeper, of the Armenian or the Greek, branded as the enemy, and either eliminated or expelled. Only too late came the realization that this Other was a part of oneself and his loss was like an amputation. (Full text)

Le Parlement entérine la reconduction de trois mois de l'état d'urgence

Le Parlement turc a entériné mardi soir la décision du gouvernement de prolonger de trois mois l'état d'urgence, instauré depuis le putsch avorté du 15 juillet.

L'état d'urgence est prolongé pour 90 jours à partir du 19 octobre à 01H00 du matin (heure locale), selon le vote parlementaire.

Ce vote est une formalité dans la mesure où l'AKP, le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, détient une confortable majorité au Parlement.

Fin septembre, M. Erdogan avait plaidé pour le prolongement de l'état d'urgence, estimant que la période initiale de trois mois "n'était pas suffisante". Il avait même envisagé son maintien jusqu'à 12 mois.

A la suite du putsch avorté, l'état d'urgence avait été imposé le 20 juillet pour une durée de trois mois, qui expire le 19 octobre.

Les autorités turques justifient par ailleurs la reconduction de cette mesure d'exception pour continuer les enquêtes liées à la tentative de coup d'Etat et dont la responsabilité est imputée au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis.

Les autorités turques ont déclenché des purges d'une ampleur inédite pour chasser les sympathisants présumés de M. Gülen dans tous les secteurs de la société: ministères, éducation, université, magistrature, police, armée, sport, milieu pénitentiaire, journalistes...

Selon un dernier bilan de source officielle fin septembre, 32.000 personnes ont été arrêtées et 70.000 font l'objet d'enquêtes.
(AFP, 11 octobre 2016)

Kılıçdaroğlu: "We are living in a semi-open prison"

Turkey is like a “semi-open prison,” main opposition Republican People’s Party (CHP) leader Kemal Kılıçdaroğlu has said in a speech on the rising number of jailed journalists and writers in the country.

“We have imprisoned writers, journalists and artists. We are actually living in a semi-open prison, but we’ll continue to resist,” Kılıçdaroğlu said on Oct. 2 in the ground-breaking ceremony of the new Zülfü Livaneli Art Center, which will be built by the Çankaya Municipality in the capital Ankara.

“We will know how to struggle. Artists, writers, cartoonists, journalists and lawyers should not worry; Turkey will continue on the path of contemporary civilization,” he added.

CHP Deputy Chair Tekin Bingöl, CHP Parliamentary Group Deputy Chair Engin Altay and Çankaya Mayor Alper Taşdelen participated in the ceremony, along with Kılıçdaroğlu and popular composer and singer Zülfü Livaneli.

The CHP head said “no dictatorship favors art or artists.”

“We need to show great respect to you [artists and writers]. It is every honorable citizen’s duty to glorify you. If we don’t, we would not be performing our duties for art and the artist ... The artist is the most powerful person in the world. They know their powers so they have always been against all dictatorships,” he added.

Meanwhile, at the same ceremony, Livaneli asked Kılıçdaroğlu to dedicate the construction of the art center to all imprisoned writers.

Elsewhere, CHP Deputy Parliamentary Group Chair Özgür Özel has said the three-month-long state of emergency, declared after the failed July 15 military coup attempt, is not necessary anymore as parliament has reopened.

“Parliament has reopened, so why do we need the state of emergency?” said Özel in a press briefing in parliament on Oct. 3, adding that it is “disrespectful” to parliament to extend the state of emergency.

“We are calling on the cabinet and the government: We are here. We are in parliament. There is no need for a state of emergency. To extend it would be disrespectful to parliament. Assuming the duties of parliament goes beyond the constitutional boundaries,” he said, criticizing the recent National Security Council (MGK) meeting for recommending an extension of the state of emergency.

Saying parliament “should heal its wounds quickly” after being damaged in attacks during the coup attempt, Özel stressed that it should be kept working for this.

“There are noise and repair efforts everywhere in the building. But it should heal its wounds quickly and be kept working. We need to keep parliament open,” he said.
(hurriyetdailynews.com, Oct 3, 2016)

Le leader du CHP contre la reconduction de l'état d'urgence

Le chef de l'opposition turque, Kemal Kilicdaroglu, s'est insurgé vendredi contre la reconduction prévue de l'état urgence instauré après le putsch avorté de juillet, accusant le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan de s'en servir pour réduire au silence toute voix discordante.

M. Erdogan avait défendu jeudi la reconduction attendue de l'état d'urgence qui doit expirer le 20 octobre, laissant entendre qu'il pourrait rester en place jusqu'à douze mois.

L'état d'urgence a donné les coudées franches aux autorités pour mener de vastes purges visant notamment les partisans présumés de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'être l'instigateur du putsch du 15 juillet.

Lors d'une conférence de presse à Istanbul, Kemal Kilicdaroglu, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a affirmé que les propos de M. Erdogan "renforcent la perception que nous sommes en train d'assister à un contre-coup".

"Lorsque la demande d'extension sera présentée au Parlement, nous nous y opposerons", a ajouté M. Kilicdaroglu, tout en reconnaissant que son parti, qui dispose de 133 députés sur un total de 550, n'avait aucune chance de tenir tête sur ce vote à la majorité de l'AKP, le parti de M. Erdogan. "Mais nous allons défendre la démocratie jusqu'à la fin".

Le chef de l'opposition a en outre critiqué l'ampleur des purges lancées par les autorités à la suite du coup d'Etat avorté, accusant le pouvoir de mettre à profit l'état d'urgence "pour faire taire ses opposants".

"Nous sommes contre l'arrestation de journalistes et d'artistes", a-t-il dit, affirmant que "plus de cent journalistes ont été arrêtés et des milliers d'universitaires et des professeurs limogés".

Pour M. Kilicdaroglu, le pouvoir se sert aussi des purges en cours pour régler ses comptes avec les réseaux gülénistes accusés d'être à l'origine d'un scandale de corruption impliquant M. Erdogan qui avait éclaté en décembre 2013.

"Leur but n'est pas seulement de lutter contre le coup, c'est aussi une vengeance pour les évènements de décembre 2013", a-t-il dit.

Le chef de l'opposition a en outre critiqué la concentration des pouvoir aux mains de M. Erdogan, estimant que le système est devenu "de facto" présidentiel alors que la Turquie est censée être gouvernée par un régime parlementaire. "Dès qu'il (Erdogan) dit quelque chose, tout le monde acquiesce et exécute", a-t-il regretté.
(AFP, 30 Septembre 2016)

Forces armées/Armed Forces

73 pilotes visés par un mandat d'arrêt dans l'enquête sur le
putsch manqué

Les autorités turques ont émis jeudi des mandats d'arrêt visant 73 pilotes de l'armée de l'air dans le cadre d'une enquête ouverte après le putsch manqué de juillet dernier, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Ces mandats ont été délivrés par le parquet de la ville de Konya (centre) dans le cadre d'une enquête qui s'étend sur 17 provinces, a indiqué Anadolu, selon qui 45 de ces pilotes ont déjà été interpellés et placés en garde à vue.

Depuis le putsch manqué du 15 juillet, les autorités turques ont multiplié les coups de filet contre les partisans présumés du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi le coup d'Etat, ce que l'intéressé dément catégoriquement.

Selon Anadolu, les 73 pilotes sont notamment soupçonnés de "violation de la Constitution", "rébellion armée contre la République turque" et d'être "membres de l'organisation terroriste armée FETO/PDY", un acronyme créé par les autorités pour désigner le réseau de M. Gülen.

Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie dans le cadre des enquêtes ouvertes après le putsch manqué, selon les chiffres du gouvernement. Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation : de nombreux secteurs sont concernés.

L'ampleur des purges a suscité l'inquiétude d'ONG et de pays occidentaux, qui redoutent que l'état d'urgence instauré après le coup d'Etat manqué ne serve de prétexte au gouvernement pour étouffer toute voix d'opposition.

Les autorités turques affirment pour leur part que ces mesures d'exception sont nécessaires pour éliminer la menace séditieuse et rappellent que 241 personnes ont été tuées pendant la tentative de putsch.

Ankara réclame à Washington l'extradition de M. Gülen, qui vit en Pennsylvanie depuis 1999. Le ministre de la Justice Bekir Bozdag s'est rendu aux Etats-Unis mardi où il a rencontré son homologue Loretta Lynch.
(AFP, 27 octobre 2016)

L'offensive sur Raqa s'annonce encore plus complexe qu'en Irak

Engagée dans la bataille de Mossoul en Irak, la coalition internationale antijihadiste veut aussi s'attaquer à la deuxième "capitale" de l'EI, Raqa, en Syrie. Mais l'opération s'annonce difficile, vu les interrogations sur les forces susceptibles de donner l'assaut et le nombre de protagonistes impliqués dans le chaos syrien.

L'offensive pour reprendre Raqa au groupe Etat islamique commencera "dans les prochaines semaines", ont assuré mercredi le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter et son homologue britannique Michael Fallon.

"C'est notre plan depuis longtemps, et nous sommes capables de soutenir" à la fois les offensives sur Mossoul et sur Raqa, a insisté M. Carter.

Jusqu'à présent, les responsables de la coalition internationale anti EI s'étaient gardés de donner des indications de calendrier pour le volet syrien des opérations contre les jihadistes. Mais, arguant du "progrès considérable" dans l'offensive en cours en Irak, les chefs militaires évoquent désormais "une concomittance" ou un "chevauchement" des opérations sur Mossoul et Raqa.

Pour autant, sous couvert de l'anonymat, les déclarations sont moins affirmatives et le flou reste entretenu.

"Il serait difficile pour la coalition aujourd'hui de synchroniser, organiser" les mouvements entre les deux batailles, et de répartir efficacement ses moyens aériens, reconnaît un haut responsable militaire américain.

"Clairement, tout n'est pas prêt pour prendre Raqa demain", juge une source française, admettant que dans la lutte contre les jihadistes de l'EI, "l'aspect syrien est beaucoup plus complexe".

- chaos syrien -

Comme le résumait récemment le quotidien libanais L'Orient le Jour, "comparé au chaos syrien, le casse-tête irakien ressemblerait presque à un jeu d'enfant".

L'offensive sur Mossoul, tombée en juin 2014 aux mains des jihadistes, a été discutée, préparée pendant plus d'un an, entre la coalition, Bagdad et les autorités du Kurdistan irakien. Elle est menée par les forces irakiennes et les peshmergas kurdes, appuyés par la coalition.

Cette opération, qui pour le moment se "déroule conformément" aux plans de la coalition, est déjà extrêmement complexe et porte en germe de potentielles complications: le rôle des milices chiites, extrêmement puissantes en Irak, et celui de la Turquie, qui réclame un droit de regard sur Mossoul, ville à majorité sunnite, posent déjà problème.

Comment et avec qui mener une offensive en Syrie, pays ravagé par une guerre civile qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011, morcelé par des myriades de groupes antagonistes soutenus directement ou indirectement par des puissances régionales et internationales ?

"Il y a une différence de nature entre l'Irak et la Syrie. Déjà, en Irak, nous intervenons à l'invitation des autorités de Bagdad", rappelle la source française. Les pays engagés dans la coalition internationale anti-EI sont par contre opposés au régime syrien de Bachar al-Assad et veulent éviter de mener des opérations qui pourraient lui être favorable.

Qui pour mener la bataille de Raqa ? Quelles forces disponibles ?
 "Comme pour Mossoul, le principe stratégique est que ce doit être des forces locales efficaces et motivées", a déjà précisé le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter.

"Il faut que ce soit une force arabe qui reprenne Raqa", précise le haut responsable militaire américain cité plus haut, toujours sous couvert de l'anonymat. Raqa, ville à majorité sunnite de 200.000 habitants, ne peut pas être reprise par des Kurdes, abondent plusieurs sources.

- Les facteurs turc et kurde -

"A ce stade, il n'y a que deux forces en Syrie qui combattent Daech, les Forces démocratiques syriennes (une coalition kurde/arabe, soutenue par les Etats-Unis) et les rebelles syriens de l'ASL (Armée syrienne libre, soutenue par la Turquie)", selon la source française. Les effectifs sont-ils suffisants ? Les militaires l'affirment, mais les estimations d'hommes disponibles vont de 10.000 à 30.000 hommes suivant les sources.

Surtout, l'antagonisme entre les milices kurdes et la Turquie, qui a lancé une opération terrestre dans le nord de la Syrie en août pour empêcher toute constitution d'un territoire autonome kurde, rend impossible toute collaboration entre ces deux forces.

Washington semblait mercredi donner la préférence à Ankara. "Nous travaillons de façon importante avec l'armée turque en Syrie. Cela a donné des résultats très significatifs avec la prise de Dabiq (en octobre)", a déclaré Ashton Carter à Bruxelles après une rencontre avec son homologue turc Ismet Yilmaz.

"Nous cherchons d'autres occasions de collaborer en Syrie, et d'y inclure Raqa", a-t-il dit.

Dernière question: quid de l'attitude de Moscou, belligérant en Syrie au côté du régime d'Assad ? "La Russie mène une autre guerre. Elle écrase l'opposition à Alep. Et Raqa n'est pas un sujet qui l'intéresse, manifestement", selon la source française.

"Avec l'attention portée sur Mossoul et Raqa, on risque d'oublier ce qui se passe au nord ouest, à Alep", écrasée sous les bombes russo-syriennes depuis un mois, déplore un diplomate français.
(AFP, 27 octobre 2016)

La Turquie pourrait lancer une opération terrestre en Irak

La Turquie pourrait lancer une opération terrestre dans le nord de l'Irak, où une offensive contre le groupe Etat Islamique est en cours, pour éliminer toute "menace" contre ses intérêts, a affirmé mardi le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.

"S'il y a une menace contre la Turquie, nous utiliserons tous nos moyens, y compris une opération terrestre (...) pour éliminer cette menace", a déclaré M. Cavusoglu, interrogé par la chaîne de télévision Kanal 24 sur l'éventualité d'une opération terrestre de la Turquie depuis sa base de Bachiqa, dans le nord de l'Irak.

"C'est notre droit le plus naturel", a-t-il ajouté.

La Turquie se dit menacée par la présence dans le nord de l'Irak de l'EI et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara.

Ankara demande avec insistance à être associé à l'offensive en cours contre la ville de Mossoul, fief de l'EI, ce que Bagdad ne voit pas d'un bon oeil.

La Turquie affirme que son artillerie à Bachiqa a bombardé des cibles de l'EI à la demande des peshmergas kurdes qui participent à l'opération de Mossoul, ce que dément le gouvernement irakien.

Des centaines de soldats turcs sont présents sur la base de Bachiqa, officiellement envoyés pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul. Les autorités irakiennes ont dénoncé une "force d'occupation".

La Turquie redoute également la consolidation des positions dans le nord de l'Irak, notamment dans la région de Sinjar, du PKK, qui mène une guérilla sanglante contre Ankara depuis plus de 30 ans.

L'aviation turque bombarde déjà régulièrement les positions du PKK dans les monts Kandil, base arrière du groupe rebelle en Irak, à la frontière avec la Turquie.

Rappelant que la Turquie avait lancé en août une opération terrestre contre l'EI dans le nord de la Syrie, le ministre a déclaré que son pays était prêt à faire de même en Irak: "Si, à Sinjar ou dans d'autres régions (irakiennes), la menace se renforce, alors nous utiliserons toute notre force" pour l'éliminer, a insisté M. Cavusoglu.

L'opération turque dans le nord de la Syrie vise à soutenir les rebelles de l'opposition syrienne et à chasser l'EI de sa frontière, mais aussi à empêcher la jonction des zones contrôlées par les milices kurdes YPG dans le nord de la Syrie.

Réclamant à nouveau le retrait des YPG de la ville de Minbej, dans le nord de la Syrie, M. Cavusoglu a menacé de "les en faire sortir par nos propres moyens".
(AFP, 25 octobre 2016)

Près d'une centaine de civils tués dans l'intervention turque en Syrie

Près d'une centaine de civils ont été tués en deux mois d'offensive de l'armée turque dans le nord de la Syrie, principalement dans les territoires contrôlés par le groupe Etat islamique (EI), a annoncé lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès des autorités turques au sujet de ce bilan fourni par l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre, mais Ankara a par le passé réfuté de telles accusations.

L'armée turque, alliée à des rebelles syriens, a lancé le 24 août une vaste offensive militaire baptisée "Bouclier de l'Euphrate" pour chasser de la frontière syro-turque les jihadistes de l'EI mais aussi les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple kurde (YPG).

"L'OSDH a pu documenter la mort de 96 civils, dont 22 enfants, entre le 24 août et le 24 octobre, dans des tirs d'artillerie de l'armée et des frappes de l'aviation turque", selon l'OSDH.

Les rebelles syriens impliqués dans l'offensive combattent au sol tandis que l'armée turque participe avec des frappes aériennes et des tirs d'artillerie, principalement depuis son territoire, selon l'OSDH.

Son directeur Rami Abdel Rahmane a précisé que "92 civils, en majorité des Kurdes", avaient été tués dans les régions contrôlées par l'EI et quatre dans les régions contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par Washington et dominée par les YPG.

Selon l'agence officielle turque Anadolu, les rebelles soutenus par la Turquie se sont emparés de plus de 1.000 km2 de territoire syrien depuis le début de l'offensive.

L'opération a notamment permis de reprendre à l'EI la très symbolique ville de Dabiq. L'objectif est maintenant d'avancer vers Al-Bab, localité tenue par les jihadistes à une trentaine de kilomètres au sud-est de Dabiq.

Considérés comme des "terroristes" par Ankara, les rebelles kurdes sont à la pointe de la lutte contre l'EI en Syrie.

Le gouvernement turc souhaite empêcher la constitution d'une région autonome kurde dans le nord de la Syrie, à sa frontière. Il considère également les YPG comme étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion sanglante sur le territoire turc depuis plus de 30 ans.

Depuis mars 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes.
(AFP, 24 octobre 2016)

Des avions turcs dans le dispositif aérien

L'aviation turque continuera à soutenir les combattants irakiens qui tentent de reprendre Mossoul au groupe Etat islamique en vertu d'un accord conclu au sein de la coalition internationale, a annoncé mardi Ankara.

"Nous nous sommes mis d'accord avec les forces de la coalition pour que nos forces aériennes prennent part à l'opération de Mossoul", a déclaré le ministre turc de la Défense Fikri Isik cité par l'agence de presse officielle Anadolu.

"Sans la Turquie, il est impossible de prendre des décisions sur l'avenir de Mossoul", a-t-il ajouté pendant une visite à Rome.

Ses commentaires s'apparentaient à une nouvelle mise au point après que le Premier ministre Binali Yildirim eut affirmé plus tôt dans la journée que des avions turcs avaient rejoint les forces aériennes qui appuient l'offensive de l'armée irakienne et des combattants kurdes sur Mossoul, fief de l'EI dans le nord de l'Irak.

"Nos forces aériennes ont participé aux opérations aériennes de la coalition à Mossoul", a dit le chef du gouvernement turc dans un discours télévisé, sans préciser l'envergure ni la nature de cette intervention.

Interrogé par des journalistes après son allocution, M. Yildirim, dont les propos ont été reproduits par Anadolu, avait toutefois semblé moins catégorique, assurant qu'il y avait "un accord de principe" sur la présence de la Turquie au sein de la coalition, tout en soulignant ne pas connaître les "détails des opérations" en cours à Mossoul.

Les préparatifs en vue de cette offensive, déclenchée lundi par Bagdad, ont été marqués par de vives tensions entre l'Irak et la Turquie, qui insiste pour y être associée, ce que le gouvernement irakien voit d'un mauvais oeil.

"Nous serons là. Nous serons sur le terrain et nous serons à la table" des discussions, a à cet égard asséné mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un discours télévisé.

La présence sur une base à Bachiqa, dans la région de Mossoul, de centaines de soldats turcs qui ont officiellement pour mission d'entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête du bastion irakien de l'EI, a cristallisé les tensions, Bagdad parlant de "force d'occupation".

La Turquie dit redouter des dissensions de nature confessionnelle entre sunnites et chiites et s'oppose à toute participation à l'offensive de Mossoul de milices chiites ou de groupes armés kurdes affiliés à l'ennemi juré d'Ankara, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Nous nous opposerons à tout projet de conflit confessionnel centré sur Mossoul", avait à ce sujet mis en garde lundi le président turc Erdogan dans un discours retransmis à la télévision à Ankara.

"Nous ne voulons pas laisser quiconque s'en prendre à nos frères arabes sunnites, ni à nos frères turkmènes", avait-il martelé.

Dans une apparente tentative d'apaisement, une délégation irakienne est attendue en Turquie cette semaine, a annoncé le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, cité par Anadolu. Lundi, une délégation turque s'était rendue à Bagdad.
(AFP, 18 octobre 2016)

Erdogan: "hors de question" pour la Turquie de rester à l'écart de l'opération

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu lundi qu'il était "hors de question" que la Turquie reste à l'écart de l'opération lancée par Bagdad pour reprendre Mossoul, fief du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak.

"Nous ferons partie de l'opération, nous serons à la table. Il est hors de question que nous restions à l'écart", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours télévisé à Istanbul, quelques heures après le lancement par Bagdad d'une offensive pour reprendre la deuxième ville d'Irak, contrôlée par l'EI depuis juin 2014.

Les préparatifs en vue de cette opération ont été marqués par de vives tensions entre Bagdad et Ankara, qui insiste pour être associé à l'offensive, ce que le gouvernement irakien voit d'un mauvais oeil.

"Que disent-ils ? Que la Turquie n'entre pas dans Mossoul. J'ai une frontière (commune avec l'Irak) de 350 km. Et je suis menacé à cette frontière", a rétorqué M. Erdogan lundi, ajoutant: "Nous avons des frères à Mossoul : des Arabes, des Turkmènes, des Kurdes, ce sont nos frères".

Vendredi, M. Erdogan avait menacé de recourir à un "plan B" si l'armée turque n'était pas associée à cette offensive, sans toutefois donner de précisions sur les mesures éventuellement envisagées.

Ankara est contre toute participation à cette opération de milices chiites ou de groupes armés kurdes affiliés à l'ennemi juré d'Ankara, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme "terroriste" par la Turquie).

"Prendre le risque de modifier l'équilibre démographique et confessionnel de Mossoul" pourrait avoir de "graves conséquences", a ainsi mis en garde lundi le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement turc Numan Kurtulmus lors d'une conférence de presse à Ankara.

La Turquie s'est préparée à l'éventualité d'un afflux de réfugiés fuyant les combats, a par ailleurs indiqué M. Kurtulmus.

Selon lui, "3.000" combattants irakiens entraînés par la Turquie prennent part à l'opération.

Dans une apparente tentative de faire baisser la tension entre l'Irak et la Turquie, Ankara a dépêché lundi à Bagdad une délégation, menée par le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Umit Yalçin, pour discuter de l'offensive de Mossoul et de la présence de militaires turcs sur une base dans le nord du pays, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Des centaines de soldats turcs sont présents sur la base de Bachiqa, dans la région de Mossoul, officiellement envoyés pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête du bastion irakien de l'EI. Les autorités irakiennes ont dénoncé une "force d'occupation".

"Que personne n'attende de nous que nous partions de Bachiqa", a déclaré M. Erdogan lundi.
(AFP, 17 octobre 2016)

Ankara prédit maintenant une guerre mondiale!

La Turquie a déclaré mercredi craindre que la guerre en Syrie ne tourne à l'affrontement mondial, la tension montant entre la Russie et les Etats-Unis qui soutiennent des parties opposées.

"Si cette guerre par procuration se poursuit, laissez-moi être clair, l'Amérique et la Russie vont arriver à la guerre", a déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus à l'agence progouvernementale Anadolu.

M. Kurtulmus a estimé que le conflit syrien avait mis le monde "au bord d'une large guerre régionale ou mondiale".

La Turquie et ses alliés occidentaux réclament le départ du président syrien Bachar el-Assad alors que Moscou soutient politiquement et militairement le régime syrien, allié de l'Iran. Ankara fait partie de la coalition menée par les Etats-Unis, qui mène des attaques aériennes contre le groupe Etat islamique. La Turquie a lancé le 24 août une offensive militaire, le "Bouclier de l'Euphrate", pour chasser de sa frontière les jihadistes de l'EI et les rebelles kurdes.

Les relations entre Moscou et Washington se sont encore détériorées depuis l'échec de la trêve en Syrie qu'ils avaient initiée en septembre et qui n'a duré qu'une semaine. L'armée du président syrien, appuyée par les frappes de l'aviation russe, a depuis lancé une offensive d'envergure contre Alep et progresse rue après rue pour reprendre les quartiers est de la deuxième ville de Syrie, contrôlés par les rebelles depuis 2012. Cette offensive est condamnée par Washington et les Occidentaux mais Moscou a bloqué samedi à l'Onu un texte français demandant l'arrêt des bombardements.

M. Kurtulmus a par ailleurs défendu la présence des forces turques dans le nord de l'Irak, affirmant qu'elle était "légitime" et que ces troupes demeureraient dans le pays "aussi longtemps que nécessaire". Les tensions sont vives entre les deux pays depuis que Bagdad a dénoncé la semaine dernière les forces "d'occupation" turques.

Selon les médias turcs, quelque 2.000 soldats turcs sont déployés en Irak, dont 500 sur la base de Bachiqa dans le nord du pays où ils entraînent des volontaires irakiens sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul, fief de l'EI.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est violemment pris mardi au Premier ministre irakien Haidar al-Abadi, le sommant de "rester à sa place" après ses critiques contre la présence militaire turque en Irak.

Le porte-parole de M. Abadi a répliqué que M. Erdogan "jetait de l'huile sur le feu" avec de tels propos et donnait une "dimension personnelle" à une question de sécurité.

"Nous allons libérer notre territoire grâce à la détermination de nos hommes et non par des appels par vidéo", a en outre affirmé le Premier ministre irakien sur Twitter, dans une allusion aux appels de M. Erdogan demandant à la population turque de se mobiliser pour contrer la tentative de coup d'Etat en juillet dernier. (AFP, 12 octobre 2016)

La Russie "peut envisager" la livraison de système de défense antiaérienne à la Turquie

La Russie "peut envisager" la livraison de systèmes de défense antiaérienne à la Turquie, a déclaré le Kremlin vendredi, signe supplémentaire du rapprochement des deux pays après leur crise diplomatique de novembre 2015.

Vladimir Poutine s'est rendu lundi à Istanbul où il a rencontré son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, la première visite du président russe en Turquie depuis la mort d'un pilote russe dont le bombardier avait été abattu par l'aviation turque au dessus de la frontière syrienne.

"Différents systèmes de missiles sol-air ont été évoqués (pendant les discussions) et si la partie turque le veut, la Russie peut envisager la possibilité de les fournir à la Turquie", a déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par les agences russes.

La chaîne de télévision turque NTV avait annoncé mardi, au lendemain de ces discussions, que la Turquie était disposée à examiner une éventuelle offre de la Russie pour un système de défense antiaérienne.

La Turquie avait annulé il y a près d'un an un méga-contrat d'un montant de trois milliards d'euros, remporté en 2013 par la Chine à l'issue d'un appel d'offres, pour équiper son armée de missiles sol-air.

Lors de leur entretien lundi à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine avaient émis le voeu de renforcer leur coopération commerciale dans tous les secteurs, y compris la technologie militaire.

M. Poutine a indiqué que Moscou était prêt à coopérer avec Ankara dans l'industrie de la défense, espérant que "cela se traduira par des projets concrets". "Des propositions des deux côtés sont étudiées et je suis certain qu'elles ont toutes les raisons d'aboutir", a-t-il ajouté.
(AFP, 14 octobre 2016)

500 nouveaux militaires suspendus en Turquie

La Turquie a suspendu plus de 500 nouveaux militaires soupçonnés de liens avec le prédicateur Fethullah Gülen qui est accusé d'avoir orchestré le coup d'Etat avorté du 15 juillet, rapportent mercredi les médias.

Ces nouvelles suspensions ont été décidées dans le cadre de vastes purges menées par le pouvoir depuis la tentative de putsch pour débarrasser l'appareil sécuritaire et les administrations de toute influence de M. Gülen, qui vit depuis 1999 en exil aux Etats-Unis.

Parmi les militaires suspendus figurent 113 personnels de la marine et 427 de l'armée de l'air, a indiqué le ministre de la Défense Fikri Isik, cité par les médias. Il a précisé que 368 d'entre eux étaient des officiers.

Les autorités turques avaient déjà démis de leurs fonctions 3.699 personnels militaires, selon le ministre. La moitié des généraux que comptait le pays ont été soit suspendus soit arrêtés.

Mardi, les autorités ont annoncé que plus de 12.000 policiers avaient été mis à pied dans le cadre de purges visant les partisans présumés de M. Gülen.
(AFP, 5 octobre 2016)

Les troupes turques resteront en Irak en dépit des protestations de Bagdad

La Turquie a affirmé jeudi qu'elle maintiendrait ses troupes en Irak en dépit des protestations de Bagdad, au moment où la tension entre les deux pays monte à l'approche d'une offensive destinée à libérer Mossoul, le bastion irakien du groupe Etat islamique (EI).

"Peu importe ce que dit le gouvernement irakien, la présence turque sera maintenue pour combattre Daech (acronyme arabe de l'EI) et pour éviter une modification par la force de la composition démographique dans la région" de Mossoul, a déclaré le Premier ministre turc, Binali Yildirim.

Mossoul, la deuxième ville d'Irak, à majorité sunnite, est tombée aux mains de l'EI en juin 2014 et Bagdad ainsi que les pays de la coalition internationale anti-EI menée par les Etats-Unis préparent une offensive pour la libérer.

Mossoul, dont la population actuelle atteint près d'un million d'habitants selon l'ONU, était un territoire ottoman pendant quatre siècles avant d'être rattaché à l'Irak après la Première Guerre mondiale et la chute de l'empire ottoman.

Ankara estime avoir des droits historiques sur cette ville près de laquelle elle a installé une base à Bachiqa, au grand dam de Bagdad.

Selon les médias turcs, quelque 2.000 soldats turcs sont déployés en Irak, dont 500 à Bachiqa où ils entraînent des volontaires irakiens sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul.

Dans un communiqué, le ministère irakien des Affaires étrangères a annoncé
avoir "demandé la convocation d'une réunion urgente du Conseil de sécurité (de l'ONU) pour discuter de la violation des territoires irakiens par la Turquie et de (son) interférence dans les affaires irakiennes".

En début de semaine, les députés irakiens avaient appelé leur gouvernement à prendre des mesures de rétorsion contre Ankara après un vote du Parlement turc prolongeant le mandat qui autorise les troupes turques à intervenir en Irak et en Syrie, qualifiant de "force d'occupation" la présence militaire turque à Bachiqa.

L'Irak s'est aussi offusqué de déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a estimé que la libération de Mossoul devait être menée uniquement par ceux qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville, et non pas par les milices chiites ou rebelles kurdes du YPG, considérés par Ankara comme le prolongement du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Signe des tensions entre les deux voisins, Ankara a demandé des explications mardi à l'ambassadeur irakien et Bagdad a convoqué l'ambassadeur turc, selon des sources au sein des deux ministères des Affaires étrangères.

"Quand des troupes de 63 pays sont présentes on Irak, il n'est pas raisonnable (pour les autorités irakiennes) de se focaliser sur la présence turque", a ajouté M. Yildirim. Pour lui, l'attitude de Bagdad "ne traduit pas une bonne foi".

Lors d'une conférence de presse jeudi à Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a affirmé que son pays était présent en Irak pour y aider à l'établissement de la stabilité et de la sécurité.

"Nous ne voulons certainement pas entrer dans un cercle vicieux (verbal) avec l'Irak. S'il plaît à Dieu, le gouvernement irakien le comprendra bientôt", a-t-il dit.
(AFP, 6 octobre 2016)

Six députés allemands sur la base militaire d'Incirlik mercredi

Six députés allemands vont se rendre mercredi sur la base militaire d'Incirlik situé dans le sud de la Turquie, marquant une détente des relations entre les deux pays, a annoncé lundi un responsable turc sous couvert d'anonymat.

Des tensions sont apparues entre Berlin et Ankara après que le Parlement allemand a voté le 2 juin un texte qualifiant de "génocide" les "massacres" d'Arméniens commis en 1915 sous l'empire ottoman.

En représailles, la Turquie avait interdit aux parlementaires allemands l'accès à sa base d'Incirlik - ville de la province d'Adana - , où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l'organisation Etat islamique (EI).

Après plusieurs mois de tensions entre les deux pays, la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré que la résolution du Bundestag n'avait aucun caractère contraignant.

Satisfaites de cette précision, les autorités turques ont décidé début septembre de lever l'interdiction faite aux députés allemands de se rendre à Incirlik.

L'Allemagne a environ 240 hommes déployés sur la base, d'où ses avions décollent dans le cadre d'une mission de surveillance en Syrie - "Tornado" - ou pour assurer le ravitaillement des combattants aux prises avec les jihadistes de l'EI.
(AFP, 3 octobre 2016)

Le Parlement prolonge d'un an le mandat des militaires turcs en Irak et Syrie

Le Parlement turc a autorisé samedi, à une large majorité, les militaires turcs à mener pendant encore un an des missions en Irak et en Syrie.

En vertu de cette décision, les militaires turcs pourront agir en Irak et en Syrie jusque fin octobre 2017.

Après avoir longtemps été accusé de complaisance avec les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), Ankara a lancé le 24 août une offensive militaire jusqu'en Syrie, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", pour chasser l'EI mais aussi les milices kurdes de la frontière.

Le mandat des militaires avait été adopté une première fois en octobre 2014 avant d'être renouvelé une première fois jusqu'en septembre 2015, puis une seconde jusqu'au dimanche 2 octobre 2016.

La décision a été approuvée par les élus du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), les sociaux-démocrates du CHP et les nationalistes du MHP. Seul le parti prokurde du HDP (Parti démocratique du peuple) s'est opposé à cette prolongation, souhaitée par le gouvernement.

Compte tenu de la majorité dont dispose l'AKP au Parlement, l'issue du vote faisait peu de doute.

Dans un discours prononcé à l'occasion de la rentrée parlementaire, le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué samedi que l'offensive militaire avait initialement pour objectif de créer "une zone de sécurité sans organisations terroristes", d'environ 5.000 kilomètres.

Le dirigeant turc s'est également félicité de la réussite de l'offensive dans la localité syrienne de Jarablos, affirmant que de nombreux Syriens étaient revenus y vivre depuis qu'elle avait été reprise à l'EI et que la population était passée de 2.000 à 40.000.

Sur le front irakien, les militaires turcs sont présents dans la base de Bashiqa, dans la province de Ninive, pour entraîner des volontaires irakiens sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul, deuxième ville d'Irak tombée aux mains de l'EI en juin 2014.

Une offensive complexe annoncée depuis janvier 2015 mais est retardée compte tenu des dissensions, toujours perceptibles entre Washington et Bagdad, mais aussi de la crise politique qui perdure à Bagdad.

M. Erdogan a prévenu l'Irak et les alliés occidentaux que "la Turquie ne pouvait être exclue de la table des négociations" sur une telle offensive.

"Les autres pays n'ont pas une frontière comparable comme nous l'avons (avec l'Irak) et ils voudraient que nous restions des spectateurs", a-t-il dénoncé au Parlement.

L'offensive sur Mossoul pourrait affecter plus d'un million de personnes, a prévenu le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Des déplacés s'ajouteraient aux quelque 3,38 millions d'Irakiens qui ont déjà dû quitter leurs foyers depuis janvier 2014.
(AFP, 1 octobre 2016)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Erdogan met en garde les milices chiites en Irak

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde samedi les milices chiites qui affirment avoir lancé une offensive vers Tal Afar (nord-ouest de l'Irak) si elles s'en prenaient aux populations turkmènes de la zone.

"Si jamais les Hachd al-Chaabi sèment la terreur là-bas, alors notre réponse sera différente", a mis en garde M. Erdogan, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu, sans préciser les mesures qui seraient prises le cas échéant.

Des combattants des Unités de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), une coalition de milices chiites soutenues par l'Iran, ont annoncé samedi avoir lancé une offensive vers la ville de Tal Afar, contrôlée par le groupe Etat islamique (EI).

Cette localité, qui compte une forte population turkmène, se trouve sur un axe vital pour l'EI qui relie son bastion syrien de Raqa et celui, en Irak, de Mossoul, cible d'une vaste offensive lancée par le gouvernement irakien.

Le président Erdogan a assuré que les informations dont il disposait ne permettent pas de confirmer un mouvement des milices chiites vers Tal Afar, mais a affirmé que, "de toute façon, nous ne voyons pas une telle chose de manière favorable".

Depuis le début de l'offensive vers Mossoul, la Turquie affirme son opposition à toute participation aux opérations des milices chiites, affirmant qu'il existe un risque d'embrasement confessionnel.

Ces milices ont été dans le passé accusées d'avoir commis des exactions quand elles entraient dans des villes peuplées de sunnites. Elles ont toutefois affirmé qu'elles ne comptaient pas entrer dans Mossoul, majoritairement sunnite.

"L'avancée des Hachd al-Chaabi vers la ville de Tal Afar dans le nord de l'Irak constituerait une menace pour la Turquie et les populations turkmènes d'Irak, ce qui obligerait la Turquie à prendre les mesures adéquates", avait déclaré jeudi le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.

Des centaines de soldats turcs sont stationnés sur une base à Bachiqa, dans la province de Mossoul, officiellement envoyés pour entraîner des volontaires sunnites.
(AFP, 29 octobre 2016)

Les proches des victimes de Mavi Marmara veulent se battre contre Israël

Les familles de victimes turques d'un assaut israélien contre une flottille en route pour Gaza en 2010 sont décidées à continuer leur combat judiciaire contre l'Etat hébreu, malgré un accord diplomatique entre la Turquie et Israël prévoyant l'abandon des poursuites.

Neuf Turcs ont été tués lorsqu'un commando israélien a pris d'assaut le "Mavi Marmara", un navire faisant partie d'une flottille humanitaire, composée de six embarcations, qui tentait de briser le blocus de la bande de Gaza. Une dixième personne est morte à l'hôpital en 2014.

Cet incident a provoqué une grave crise diplomatique entre la Turquie et Israël qui a duré six ans, jusqu'à la conclusion d'un accord de normalisation en juin dernier après plusieurs mois de tractations secrètes.

Dans le cadre de cet accord, Israël a notamment versé fin septembre 20 millions de dollars (près de 18 millions d'euros) d'indemnités à la Turquie au profit des familles des victimes. En échange, les deux parties ont convenu qu'aucun individu israélien ni aucun représentant du gouvernement d'Israël ne pouvait être tenu responsable.

"Mon mari est mort dans mes bras", raconte à l'AFP Cigdem Topçuoglu, l'une des passagères du "Mavi Marmara", "nous n'allons certainement pas accepter la compensation" financière.

"Ils viennent et tuent votre mari à côté de vous, puis ils disent: +Tenez, prenez cet argent, taisez-vous et abandonnez les poursuites+. Vous accepteriez cela, vous ?", s'indigne Mme Topçuoglu.

Comme elle, les familles de victimes qui ont porté plainte contre quatre ex-responsables de l'armée israélienne, jugés par contumace depuis 2012, se disent déterminées à se battre jusqu'au bout, estimant que le pacte passé d'Etat à Etat ne les concerne pas.

Mais feront-elles le poids face à un accord aux enjeux diplomatiques qui les dépassent? Le président Recep Tayyip Erdogan, qui a longtemps défendu l'expédition humanitaire et qualifié de "martyrs" les victimes du "Mavi Marmara", semble avoir pris ses distances avec leur initiative, lancée alors qu'il dirigeait le gouvernement turc.

- 'Coûte que coûte' -

"Avant de livrer de l'aide humanitaire depuis la Turquie, avez-vous consulté le Premier ministre d'alors ?", a ainsi reproché M. Erdogan quelques jours après la signature de l'accord, à la stupéfaction de son auditoire, plus habitué à des prises de position enflammées en faveur de la cause palestinienne.

"Attristé" par ces propos, Ismail Songur, dont le père a été tué à bord du "Mavi Marmara" pendant l'assaut, estime que les poursuites judiciaires sont en train de devenir "victimes de la politique".

"Personne, au sein du gouvernement turc, ne nous a demandé notre avis avant de conclure cet accord", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le procès doit continuer "coûte que coûte", presse Rodney Dixon, un avocat spécialisé dans les droits de l'homme qui assiste les proches des victimes, estimant que le "soi-disant accord" entre Israël et la Turquie "est illégal du point de vue du droit international (...) et du droit turc".

"Même si les familles des victimes acceptent l'argent, cela n'aura aucun impact sur l'affaire", assure une avocate représentant les familles, Gülden Sönmez, qui était également présente à bord du "Marvi Marmara".

"C'est un procès pour crimes, pas pour des dommages et intérêts. Les 20 millions de dollars sont un paiement à titre gracieux (...) et ne sauraient être acceptés comme compensation", plaide-t-elle.

Des procureurs turcs réclament des peines de prison à vie contre l'ancien chef de l'état-major israélien, Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la marine et de l'aviation, Eliezer Marom et Avishai Levi, ainsi que l'ancien patron du renseignement militaire, Amos Yadlin, pour leur implication supposée dans l'assaut.

La première audience du procès après la conclusion de l'accord israélo-turc s'est déroulée le 19 octobre dans une ambiance tendue, sous les cris d'"Israël, assassin" lancés par la foule rassemblée devant le tribunal. Le procès a été a renvoyé au 2 décembre.

Bülent Yildirim, dirigeant de l'ONG islamique turque IHH qui a affrété le "Mavi Marmara", assure qu'il est prêt à aller jusqu'au bout. "Ceux qui pensent que l'affaire va être abandonnée vont être déçus", dit-il.
(AFP, 29 octobre 2016)

HDP: «La Turquie est organiquement liée à Daesh»

Alors que Recep Tayyip Erdogan veut supprimer le Parti démocratique des peuples du parlement turc, sa co-présidente, Figen Yuksekdag, a évoqué pour RT la récente répression des Kurdes par Ankara.

Le Parti démocratique des peuples (HDP) représente la principale opposition parlementaire et demande des comptes au gouvernement, explique-t-elle. Les membres de ce parti pro-kurde ont été victimes d’attaques et de meurtres, ajoute-t-elle. Qualifiés de terroristes par le Président, l’immunité parlementaire de ces députés a récemment été levée et ils font désormais l’objet d’une enquête.

La chancelière allemande Angela Merkel s’est rendue à Istanbul le 23 mai pour assister au sommet des Nations-unies sur les réfugiés. Elle y a exprimé l’inquiétude que génèrent le musellement de la presse en Turquie –qui passe par des poursuites judiciaires pour insultes au président jusqu’à l’emprisonnement– ainsi que la levée de l’immunité parlementaire de près d’un quart des députés turcs. Ces derniers sont en majorité des membres du Parti démocratique des peuples qui défend les Kurdes et d’autres minorités qui gênent le président. La chancelière a également rappelé à Ankara qu’elle devait remplir les 72 conditions de Bruxelles, y compris la réforme de sa loi antiterroriste, pour que les citoyens turcs puissent se rendre en Union européenne sans visa.

«Ils veulent nous expulser du parlement parce que nous sommes devenus la principale opposition en Turquie. C’est la seule raison de faire passer cette loi. Le gouvernement et Recep Tayyip Erdogan préfèrent bannir des partis démocratiques comme le Parti démocratique des peuples au lieu de discuter avec eux. Il voit en nous la légitimité démocratique et la résistance. Et il veut nous éloigner du parlement», explique Figen Yuksekdag.

Elle est catégorique : «Le Parti démocratique des peuples est le seul parti ciblé et qui fait l’objet d’une enquête pour s’être exprimé et engagé en politique. L’enquête porte uniquement sur nos discours, ce que nous avons dit au Parlement ou autre part, sur tout le travail que nous avons fait et notre approche en général. C’est pourquoi l’enquête a été ouverte.»

Mais, selon elle, le Parti démocratique des peuples ne quittera pas le parlement.

«S’ils ne nous jettent pas dehors, nous résisterons et continuerons d’être la voix du peuple», affirme-t-elle, avant d’ajouter : «Ankara peut tuer des civils kurdes et personne n’a le courage de condamner ces actes.»

«Ces trois dernières années, le palais a encouragé la militarisation. Des milliers de commissariats de police ont été construits dans les villes kurdes, dans les montagnes et partout où vous pouvez l’imaginer. Des prisons militaires ont été construites. Cela s’est produit en temps de paix. Pendant ces trois années, beaucoup de civils, de gens innocents, ont été tués. Beaucoup d’opérations ont été menées contre la population et contre toutes sortes de manifestations démocratiques de mécontentement populaire», raconte Figen Yuksekdag.

La chef du Parti démocratique des peuples qualifie ainsi les atrocités présumées qui ont eu lieu dans le village de Cizre dans le Sud de la Turquie de «crimes de guerre». Plus de 100 personnes auraient été brûlées vives à Cizre alors qu’elles se réfugiaient dans des caves pour se protéger des forces armées turques. RT avait lancé une pétition en mars pour demander aux Nations-unies de mener une enquête sur le massacre présumé des civils kurdes.

 «Ce qui s’est passé à Cizre est un crime de guerre. Des actes similaires ont eu lieu dans d’autres pays et la majorité ont été condamnés en tant que crimes de guerre. Mais en Turquie, le pouvoir peut facilement commettre de tels actes et personne n’a le courage de les condamner», explique-t-elle, ajoutant : «Le gouvernement turc est organiquement lié à l’Etat Islamique.»

D’après Figen Yuksekdag, son parti dénonce depuis des années le soutien du gouvernement turc à l’Etat islamique.

«Nous avons dit qu’ils étaient très proches. Nous le disons depuis des années, mais il n’y a toujours pas de mécanisme qui permette de porter un jugement juste, il n’y a pas de mécanisme cohérent pour faire pression sur le gouvernement. En général, c’est nous qui essayons de demander des comptes au gouvernement et en retour nous sommes attaqués, massacrés, on nous retire notre immunité parlementaire et on nous expulse du Parlement», raconte-t-elle à RT.

«Nous avons été isolés à cause de ce que nous avons dit. L’autre partie de l’opposition en Turquie est restée silencieuse ; les grandes puissances du monde sont aussi restées silencieuses. En restant silencieux, ils encouragent le gouvernement turc dans ses agissements. Ils ont des relations, une collaboration et des contrats différents avec la Turquie. Il faudrait leur demander d’arrêter de faire affaire avec Ankara car tout contrat conclu alors que de violents crimes sont perpétrés [en Turquie] est sale et tâché de sang», conclut Figen Yuksekdag. (francais.rt.com)

La police abat un kamikaze présumé de l'EI à Ankara

Un membre présumé de l'organisation Etat islamique (EI) soupçonné de préparer un attentat-suicide à Ankara a été tué au cours d'une fusillade avec des policiers, a rapporté mercredi l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu.

Le suspect, identifié comme Ahmet B., âgé de 24 ans, a ouvert le feu sur des policiers qui effectuaient dans la nuit une descente à son domicile, un appartement situé au neuvième étage d'un immeuble résidentiel, avant d'être abattu, a précisé Anadolu.

Plusieurs engins explosifs, des dispositifs de mise à feu et environ 400 fragments métalliques, utilisés dans de précédents attentats comme projectiles pour toucher un maximum de personnes, ont été retrouvés sur les lieux, selon le gouverneur d'Ankara Ercan Topaca, cité par l'agence.

"Les éléments récupérés montrent que cette personne préparait un attentat suicide", a déclaré M. Topaca, ajoutant que l'homme tué était soupçonné d'appartenir à l'EI.

Selon lui, le suspect abattu avait été pris en filature après que les policiers ont constaté qu'il s'était rendu "pour faire du repérage" à trois reprises au mausolée d'Atatürk et à proximité de l'ancien parlement, deux édifices emblématiques de la capitale turque et prisés des touristes.

Invoquant un "risque d'attentats", le gouvernorat d'Ankara avait annoncé lundi l'interdiction de tous types de rassemblements publics dans la capitale turque jusqu'au 30 novembre.

La Turquie a été secouée depuis plus d'un an par plusieurs attentats, liés à la reprise du conflit kurde ou attribués à l'EI, qui ont fait des dizaines de morts, notamment à Istanbul et Ankara.

Le 10 octobre 2015, 103 personnes ont été tuées lors d'un attentat à la bombe devant la gare d'Ankara, l'attaque la plus meurtrière dans l'histoire moderne du pays.

La Turquie, membre de la coalition internationale qui combat l'EI en Syrie et en Irak, a multiplié ces deniers mois les coups de filet à travers le pays.

Au moins 20 personnes soupçonnées d'être liées au groupe jihadiste ont été interpellées mercredi à Diyarbakir (sud-est), ont indiqué des sources de sécurité à l'AFP.
(AFP, 19 octobre 2016)

Deux kamikazes EI se font exploser à Gaziantep, trois policiers tués

Deux kamikazes soupçonnés d'appartenir au groupe Etat islamique (EI) se sont fait exploser dimanche à Gaziantep (sud-est de la Turquie) à quelques heures d'intervalle lors d'une opération antiterroriste, causant la mort de trois policiers et en blessant plusieurs autres, selon des sources officielles.

A Gaziantep, ville proche de la Syrie, le premier kamikaze a déclenché ses explosifs alors qu'il était sur le point d'être arrêté lors d'un raid des forces de sécurité turques, a affirmé le gouverneur de la province, Ali Yerlikaya, dans une déclaration à la télévision.

Au moins neuf personnes - cinq policiers et quatre Syriens - ont également été blessées, a ajouté le gouverneur.

Plus tôt dimanche, des médias turcs avaient évoqué la mort de plusieurs kamikazes lors de ce premier incident, mais le gouverneur et le bureau du procureur local ont affirmé que le corps d'un seul kamikaze avait été retrouvé sur les lieux.

Selon le gouverneur, les autorités ont mené ce raid après avoir appris qu'un "attentat-suicide" était en préparation à Gaziantep contre une association culturelle de la minorité alévie. Ces informations et ce raid ont ensuite permis la découverte de cette cellule dormante de jihadistes présumés, dans une maison située dans un secteur essentiellement habité par des étudiants.

L'agence de presse turque Dogan a publié une vidéo montrant plusieurs suspects, les mains liées derrière le dos, embarqués dans un véhicule de police. La police a également saisi des ordinateurs et des disques durs lors de ce raid.

Elle a alors lancé une opération de recherche de suspects ayant fui les lieux. Quelques heures plus tard, un second kamikaze s'est fait exploser - sans faire de victimes - pour ne pas être arrêté.

Le gouverneur Ali Yerlikaya a affirmé que ce kamikaze avait été identifié comme Mehmet Kadir Cabael, chef de la cellule "attaques à la bombe" du groupe Etat islamique dans la région de Gaziantep.

La police turque a arrêté dimanche 19 suspects pour des liens présumés avec l'EI, a également annoncé le gouverneur, qui a assuré que la Turquie "continuera son combat contre tous les groupes terroristes, dont Daech", (acronyme arabe de l'EI).

Les violences de dimanche dans cette ville frontalière interviennent alors que des rebelles soutenus par la Turquie viennent d'infliger une défaite à l'EI en s'emparant de Dabiq, ville du nord-ouest de la Syrie proche de la frontière turque.

Ankara a lancé le 24 août une offensive armée dans le nord de la Syrie, pour déloger les combattants de l'EI mais aussi les Kurdes, dont la Turquie redoute qu'ils n'arrivent à contrôler un long corridor près de sa frontière.

Les Etats-Unis avaient prévenu en septembre d'un risque d'attentat à Gaziantep contre des lieux fréquentés par des Occidentaux. La Turquie a reconnu que cette grande ville était un nid de jihadistes.
(AFP, 17 octobre 2016)

Un attaché parlementaire turc arrache une caricature de Mahomet au CE

Un attaché parlementaire turc du Conseil de l'Europe a vandalisé une oeuvre d'art sur la liberté d'expression exposée au siège de l'organisation européenne à Strasbourg, en arrachant avec son stylo une caricature du prophète Mahomet, a-t-on appris vendredi auprès d'une source proche du Conseil.

Cet assistant parlementaire, membre de la délégation turque et du parti AKP du président Recep Tayyip Erdogan, "se sentant offusqué" par la caricature publiée en 2005 par un journal danois - représentant Mahomet avec une bombe à la place du turban - "a enfoncé dans le dessin un stylo et arraché" cette partie de l'oeuvre d'art montrant le prophète de l'islam.

L'incident s'est produit mercredi vers 13 heures, dans les couloirs du Conseil de l'Europe, dans une partie appelée "lobby de l'hémicycle", en présence de plusieurs dizaines de personnes, agents de sécurité, parlementaires, ambassadeurs du Conseil de l'Europe.

Le dessin faisait partie d'un patchwork réalisé par l'artiste maltais Norbert Francis Attard, illustrant le thème de la liberté d'expression. L'oeuvre montre notamment des visages de la censure et de la liberté d'expression comme le dramaturge allemand Bertold Brecht, le cinéaste Charlie Chaplin dans son rôle célèbre du "Dictateur", avec un bandeau rouge rajouté sur lequel est écrit "censored" (censuré).

Au même moment était inaugurée plus loin, par le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, une exposition sur le Coup d'Etat du 15 juillet en Turquie.

A la suite de l'incident, le président de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le chrétien-démocrate espagnol Pedro Agramunt a eu un entretien avec le président de la délégation turque, a-t-on indiqué de même source.

"Le président de la délégation turque a présenté ses excuses" au nom de sa délégation et adressé un rappel à l'ordre à son assistant parlementaire, a-t-on ajouté.

Pour clôre l'incident, le Conseil de l'Europe a décidé d'inviter l'artiste maltais à Strasbourg.
(AFP, 14 octobre 2016)

22 morts dans un attentat suicide visant un mariage dans le nord-est

Un mariage dans le nord-est de la Syrie s'est transformé lundi soir en "noces de sang" avec 22 civils tués lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser durant la cérémonie, d'après une source médicale et une ONG.

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a revendiqué l'attaque, affirmant dans un communiqué tard en soirée qu'un de ses membres a tiré sur un "grand rassemblement" de combattants kurdes à la périphérie de la ville de Hassaké, avant de faire détonner sa veste explosive. Cette revendication, qui ne fait pas référence à un mariage, évoque un bilan de "plus de 40 morts".

Hassaké est contrôlée par les forces kurdes, bête noire de l'EI qui combat le groupe depuis deux ans et qui l'a chassé de plusieurs fiefs.

"Un kamikaze s'est fait exploser à l'intérieur d'une salle dans le village de Tall Tawil, au nord de Hassaké, où se déroulait le mariage d'un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), tuant au moins 22 civils", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Il faisait référence à la coalition arabo-kurde qui combat l'EI avec l'appui des Etats-Unis.

Une source hospitalière à Hassaké a affirmé à l'AFP qu'il y "avait plus de 20 morts et des dizaines de blessés", dont beaucoup se trouvaient encore dans un état grave.

L'OSDH et l'administration semi-autonome kurde ont rapporté que le marié figurait parmi les morts. Mais contacté par l'AFP, un de ses cousins a indiqué que "les mariés étaient sains et saufs".

Les médias n'ont pas été autorisés à filmer les lieux. Le correspondant de l'AFP a pu voir depuis l'entrée l'enseigne de la salle effondrée, des flaques de sang, et les hauts parleurs carbonisés ou détruits.

Dans l'un des hôpitaux d'Hassaké il a vu de nombreux blessés, la tête ensanglantée avec des pansements autour du visage.

"Au moment où les mariés s'échangeaient les alliances, j'ai vu un homme vêtu d'une épaisse veste noire passer à côté de moi", a raconté Ahmad, blessé à la tête

"J'ai trouvé son aspect bizarre et quelques secondes après il y a eu une énorme explosion", a-t-il raconté.

"Les gens sont tombés par terre, j'ai vu tout de suite des corps déchiquetés", a-t-il ajouté.

Un autre témoin, blessé à la jambe, a raconté qu'il se tenait debout au fond de la salle quand "une immense explosion a retenti". "J'ai entendu les gens hurler et j'ai vu des mares de sang", a-t-il poursuivi.

Hassaké, tenue quasiment entièrement par les forces kurdes, a été fréquemment prise pour cible par l'EI.

Les combattants kurdes sont à la pointe du combat contre l'EI et ont remporté plusieurs victoires dans le nord et l'est du pays mais les jihadistes ont répliqué par une série d'attaques suicide.

Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad s'est transformée en guerre dévastatrice dans laquelle sont maintenant impliqués un multitude d'acteurs locaux, régionaux et internationaux dont des groupes jihadistes redoutés comme l'EI.

En cinq ans, le conflit a fait plus de 300.000 morts et des millions de déplacés.
(AFP, 3 octobre 2016)

21 rebelles soutenus par la Turquie tués par des mines de l'EI

Au moins 21 rebelles syriens combattant avec les troupes turques contre le groupe Etat islamique (EI) ont été tués dimanche par l'explosion de mines posées par les jihadistes, a indiqué lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ces pertes sont les plus importantes subies par les troupes participant à l'opération lancée par la Turquie dans le nord de la Syrie depuis son déclenchement le 24 août, selon l'ONG.

Outre les 21 morts, plusieurs dizaines d'hommes ont été blessés, certains sérieusement, alors qu'ils tentaient de sécuriser le village de Turkman Barah, à proximité de la ville de Dabiq, l'un des fiefs de l'EI dans la province d'Alep.

Les jihadistes ont déserté le village dimanche après avoir disséminé de nombreuses mines antipersonnel, a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Après l'explosion de plusieurs d'entre elles, les rebelles se sont redéployés hors de Turkman Barah par sécurité.

L'éparpillement d'un grand nombre de mines et de bombes artisanales est une tactique de guérilla fréquemment utilisée par les jihadistes lorsqu'ils doivent se retirer d'une localité ou d'un territoire conquis en Syrie ou en Irak lors de leur vaste offensive en 2014.

Après avoir longtemps été accusé de complaisance avec les jihadistes, Ankara a lancé le 24 août une offensive militaire en Syrie, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", pour chasser l'EI mais aussi les milices kurdes de la frontière.

Son principal succès a été la reprise de la localité de Jarablos, dans le nord de la province d'Alep, et Ankara a récemment affirmé que de nombreux Syriens étaient revenus y vivre.

Au cours des derniers jours, les rebelles combattant avec les Turcs se sont approchés de Dabiq, une ville qui a davantage une importance symbolique que stratégique. Une prophétie de l'islam prédit en effet que la prise de Dabiq ouvrira la voie pour l'armée musulmane vers Constantinople, l'ancienne capitale de l'Empire chrétien d'Orient, aujourd'hui Istanbul. Dabiq a tellement d'importance pour l'EI qu'il en a fait le titre de son magazine en ligne en anglais.
(AFP, 3 octobre 2016)

Socio-économique / Socio-economic

L'agresseur d'une femme en short libéré pendant son procès

Un Turc jugé pour l'agression d'une jeune femme parce qu'elle portait un short dans un bus d'Istanbul a bénéficié mercredi d'une mesure de liberté provisoire à l'ouverture de son procès, une décision qui a suscité l'indignation d'associations féministes.

Le tribunal a décidé de remettre cet agent de sécurité de 35 ans, incarcéré depuis septembre, en liberté provisoire pendant la durée du procès.

Gülsüm Kav, qui dirige l'association "Stop aux
meurtres de femmes", a qualifié cette décision de "comédie, mais qui ne fait pas rire les femmes".

"Ce procès est un test pour les droits des femmes, la laïcité et le droit en Turquie", a-t-elle ajouté sur Twitter.

Abdullah Cakiroglu est accusé d'avoir assené un coup de pied au visage d'Aysegul Terzi, une infirmière de 23 ans, à bord d'un bus d'Istanbul parce qu'elle portait un short. L'agression s'était produite le 12 septembre.

L'accusé doit répondre des chefs d'accusation d'incitation à la haine, de blessures volontaires, insultes et atteinte aux libertés individuelles. Il encourt jusqu'à 9 ans de prison.

Dans la salle d'audience, la jeune femme a éclaté en sanglots en voyant l'accusé et crié "il va me tuer", rapporte l'agence de presse Dogan.

Depuis l'agression, elle se fait accompagner au travail par son père et la famille a demandé aux autorités de lui fournir une protection, a indiqué son avocate Bahar Unlüer Oztürk, citée par l'agence Anadolu.

M. Cakiroglu, qui reconnait les faits, a cherché à justifier son geste, un "réflexe involontaire", en affirmant que sa victime était assise dans le bus "d'une manière obscène".

La prochaine audience a été fixée au 21 décembre.

M. Cakiroglu, après son arrestation, avait été remis en liberté dans un premier temps avant qu'un tribunal ne décide de l'incarcérer jusqu'à l'ouverture du procès.

La décision initiale de le libérer, bien qu'il ait reconnu les faits, avait provoqué une vague d'indignation, surtout dans les milieux féministes du pays à majorité musulmane.
(AFP, 26 octobre 2016)

Ankara et Moscou scellent leur réconciliation avec un projet majeur de gazoduc

La Turquie et la Russie ont scellé lundi leur réconciliation, en dépit de désaccords sur la Syrie, avec la signature d'un projet majeur de gazoduc à l'occasion d'une visite du président Vladimir Poutine à Istanbul.

L'accord a été signé lors d'une cérémonie en présence de M. Poutine et de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce projet, baptisé TurkStream et d'un coût estimé à plus de dix milliards de dollars, permettra à la Russie d'acheminer du gaz vers la Turquie et l'Europe sous la Mer noire. Il avait initialement été dévoilé fin 2014 en même temps que l'abandon, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream par la mer Noire, bloqué par l'Union européenne.

L'accord signé lundi "prévoit la construction de deux lignes de gazoduc sous la Mer Noire", a indiqué à la presse le PDG de la compagnie russe Gazprom Alexei Miller. "La capacité de chacune de ces lignes est de 15,75 milliards de mètres cubes de gaz par an".

La première ligne alimentera les consommateurs turcs et la deuxième l'Europe. Leur construction devrait être achevée d'ici 2019, a-t-il précisé.

La signature de l'accord de réalisation par les ministres de l'Energie de chaque pays est survenue quelques heures après le début du 23e Congrès mondial de l'Energie organisé à Istanbul, à l'occasion duquel M. Poutine faisait sa première visite en Turquie depuis la réconciliation des deux pays après une grave crise diplomatique née de la destruction par l'aviation turque d'un bombardier russe survolant la frontière syro-turque en novembre 2015.

"Les études montrent que le tracé turc est le plus rentable et le plus économique pour transférer" le gaz, avait souligné plus tôt M. Erdogan.

Dans un signe d'apaisement des relations, M. Poutine a même assuré que la Russie réduirait les prix du gaz qu'elle vend actuellement à la Turquie. "J'ai pleinement confiance dans le fait que le processus de normalisation entre la Turquie et la Russie va continuer rapidement", s'est félicité M. Erdogan.

En représailles à la destruction de son bombardier, la Russie avait imposé une série de sanctions économiques contre la Turquie, dont l'interdiction de vols charters vers le pays. Cette mesure avait entraîné une chute de 83% du nombre des touristes russes en Turquie en un an.

Déterminées à tourner la page, les deux pays veulent désormais renforcer leurs échanges économiques pour les porter à 100 milliards de dollars par an.

- 'Processus de guérison' -

M. Poutine a annoncé l'ouverture du marché russe "pour tout un nombre de produits turcs" dont "des produits agricoles", levant ainsi une sanction prise au début de la crise.

Pour Andrew Neff, analyste chez IHS Energ, "le processus de guérison a commencé" entre les deux pays, "chacun laissant derrière lui le souvenir aigre des dix derniers mois écoulés".
Toutefois, les analystes restent sceptiques quant à la rentabilité de TurkStream et sa réalisation, la construction du gazoduc n'ayant toujours pas commencé.

La Turquie adresse aussi à l'Occident un message montrant qu'elle peut encore "suivre sa propre voie", a estimé M. Neff, alors que M. Erdogan a exprimé à de multiples reprises le sentiment qu'il avait été peu soutenu par ses partenaires européens et américains après le putsch avorté de la mi-juillet.

Les deux dirigeants se sont également engagés à accélérer le chantier de la première centrale nucléaire turque à Akkuyu (sud du pays), dont la construction a été confiée aux Russes.
 Cette centrale, au coût estimé de 18 milliards d'euros, est voulue par M. Erdogan, qui déplore que le "pays dépende des pays étrangers pour ses apports en énergie". Avec cette centrale, "l'objectif est que 10% de la production électricité provienne de" source nucléaire.

En dépit de leur rapprochement, Moscou et Ankara sont toujours fermement opposés sur le dossier syrien: le premier est un allié clef du régime du président Bachar al-Assad, alors que le second appuie la rébellion qui veut le chasser du pouvoir. "La Russie et la Turquie sont toutes deux en faveur d'une fin rapide de cette effusion de sang en Syrie", s'est contenté de noter M. Poutine.
(AFP, 10 octobre 2016)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Ayrault souligne en Turquie l'attachement de la France "aux libertés fondamentales"


Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a rappelé lundi l'attachement de la France aux "libertés fondamentales" lors d'une visite en Turquie, tout en reconnaissant le droit de ce pays à "se défendre" après le putsch avorté en juillet.

"Concernant l'état d'urgence, la Turquie a parfaitement le droit de se défendre et de se protéger", a déclaré M. Ayrault lors d'une conférence de presse conjointe à Ankara avec son homologue Mevlüt Cavusoglu.

"La seule chose que nous pouvons redire, c'est notre attachement à l'Etat de droit, notre attachement aux libertés fondamentales", a ajouté M. Ayrault, premier responsable français de haut rang à effectuer une visite en Turquie depuis le putsch avorté.

Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie depuis la tentative de coup d'Etat le 15 juillet, après lequel le gouvernement a instauré l'état d'urgence, prolongé de trois mois le 19 octobre.

Médias, magistrature, police, milieu pénitentiaire, armée, éducation... : tous les secteurs sont concernés par ces purges d'une ampleur inédite, critiquées par l'Occident.

Le chef de la diplomatie française avait réclamé, peu après le début des arrestations, le respect de l'Etat de droit en Turquie, refusant tout "chèque en blanc" au président Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier avait demandé à M. Ayrault de "se mêler de ses affaires".

Les nouvelles remarques du ministre français ont été accueillies avec un certain agacement par son homologue turc dimanche.

Affirmant qu'il existait une différence de nature juridique entre l'état d'urgence en Turquie et en France, M. Ayrault a déclaré : "En France, l'état d'urgence ne prévoit pas de transfert du pouvoir législatif au pouvoir exécutif, le Parlement conserve tous ses pouvoirs de législation et l'indépendance de la justice est totalement garantie".

Réponse immédiate de M. Cavusoglu : "Il n'y a pour nous aucune différence entre l'état d'urgence qu'il y a en Turquie et l'état d'urgence qu'il y a en France. Leur cadre et leur objectif sont les mêmes : cibler les organisations terroristes".

"Chacun sait bien que ce n'est pas la même chose", a insisté M. Ayrault lors d'un point presse à l'aéroport d'Ankara avant de s'envoler pour la Grèce. "Il y a des différences et je les ai simplement rappelées", a-t-il ajouté.

M. Ayrault, qui a rencontré lundi des représentants de la société civile et de l'opposition, a été reçu en fin de journée par le Premier ministre Binali Yildirim et le président Recep Tayyip Erdogan pour évoquer, notamment, la situation en Syrie et en Irak et la question des migrants.

Ces entretiens ont été l'occasion de "rappeler l'amitié de la France avec la Turquie, le partenariat stratégique avec cet important pays et en même temps de pointer les difficultés, les insuffisances et les désaccords", a déclaré M. Ayrault, évoquant des échanges "en toute franchise".
(AFP, 24 octobre 2016)

Yildirim: La Turquie a d'autres choix possibles que l'UE

Le Premier ministre turc Binali Yildirim a mis en garde samedi Bruxelles affirmant que son pays, las de toquer à la porter de l'Union européenne depuis un demi-siècle, pourrait trouver d'autres alliés.

"La Turquie a d'autres choix. L'Europe ne devrait pas l'oublier: faire trop de manières peut lasser le soupirant", a-t-il déclaré lors d'une réunion du Parti de la justice et du développement (AKP, le parti au pouvoir).

Il n'a pas précisé quelles pouvaient être les alternatives pour la Turquie mais le rapprochement récent d'Ankara avec Moscou a soulevé des inquiétudes en Europe.

La Turquie souhaite rejoindre l'Union européenne depuis les années 60 mais les négociations officielles ont démarré en 2005. Seuls 16 chapitres sur 35 ont été jusqu'ici abordés.

Déçue par le manque de soutien de l'Union après le coup d'Etat avorté du 15 juillet, la Turquie s'impatiente du fait que ses ressortissants ne sont toujours pas exemptés de visa dans l'espace Schengen comme le prévoit l'accord sur la crise migratoire signé en mars dernier avec Bruxelles.

L'UE qui a multiplié les mises en garde après la purge massive effectuée par le gouvernement Erdogan dans toutes les administrations du pays estime par ailleurs que la Turquie ne remplit pas tous les critères pour se voir exempter de visa.

Ankara refuse notamment d'assouplir sa législation antiterroriste. Sur les 18 derniers mois, de nombreuses villes turques ont été la cible d'attentats liés au groupe Etat islamique ou aux rebelles kurdes.

Le Premier ministre turc a fait part de son impatience samedi, rappelant que son pays travaillait depuis un demi-siècle à devenir membre de l'Union.

"Nous avons fait plus que nécessaire. La décision appartient maintenant à l'Union européenne", a-t-il déclaré.
(AFP, 22 octobre 2016)

Nouveau revers judiciaire pour le président Erdogan en Allemagne

La justice allemande a rejeté en appel vendredi un recours du président turc contre l'absence de poursuites à l'encontre d'un humoriste s'en étant pris à lui, une affaire qui avait à l'époque provoqué une crise diplomatique entre Berlin et Ankara.

Le parquet général de Coblence (bien Coblence) a jugé dans un communiqué "non fondé" le recours déposé par les avocats de Recep Tayyip Erdogan. Il a validé la décision prise par les services du procureur le 4 octobre de renoncer à des poursuites pour crime de lèse-majesté, au motif qu'un "agissement illégal" de la part de l'humoriste de télévision, Jan Böhmermann, "ne peut être établi avec suffisamment de certitude".

M. Erdogan a encore une ultime possibilité de recours devant le Tribunal de grande instance de la région. Il reprochait à l'humoriste officiant sur la chaîne publique ZDF d'avoir signé le 31 mars un texte, lu à la télévision lors d'une émission satirique, dans lequel il qualifiait le chef d'Etat turc de pédophile et de zoophile.

Jan Böhmermann a expliqué avoir à dessein choisi l'exagération et l'insulte dans ce sketch pour montrer ce qu'est vraiment la diffamation et souligner par l'absurde que les critiques politiques adressées par les détracteurs de M. Erdogan en Turquie notamment, qui leur valent parfois des poursuites, n'en sont pas.

Ce "poème" avait suscité l'ire du président turc, qui avait exigé des poursuites. La chancelière Angela Merkel avait, en vertu d'un article du code pénal datant du 19e siècle, autorisé le parquet à engager une enquête pour "insulte à un représentant d'un État étranger", délit passible de trois ans de prison.

Face au tollé suscité par l'ouverture de l'enquête parmi les défenseurs de la liberté d'expression en Allemagne, Mme Merkel a annoncé que cet article jugé anachronique serait supprimé.

En fin de compte, le parquet a renoncé à engager des poursuites, ce qui de l'avis de plusieurs médias allemands était très vraisemblablement le calcul de départ de la chancelière: donner un gage au président Erdogan via le feu vert à l'enquête, afin de ne pas envenimer les relations germano-turques déjà difficiles, tout en anticipant que la probabilité de poursuites était faible pour des raisons juridiques.

Dans un autre volet du dossier, la justice allemande doit encore se pencher début novembre au civil sur un recours de M. Erdogan qui veut faire interdire toute rediffusion de ce poème.
(AFP, 14 octobre 2016)

CE: La Turquie doit mettre fin à l'état d'urgence "dès que possible"

Ankara doit mettre fin "dès que possible" à l'état d'urgence instauré après le coup d'Etat avorté, exhorte vendredi le commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, alors que le gouvernement turc vient au contraire de le prolonger de trois mois.

Le commissaire Nils Muiznieks "insiste sur l'urgence (à) revenir aux procédures et garanties ordinaires, en mettant fin dès que possible à l'état d'urgence", dans un mémorandum rendu public vendredi.

M. Muiznieks "note avec regret" la décision du gouvernement de prolonger cette période de trois mois et dit espérer qu'elle "puisse être raccourcie".

Sans remettre en cause la décision d'Ankara de déclarer l'état d'urgence et de déroger à la Convention européenne des droits de l'Homme dans des circonstances exceptionnelles, il note que des décrets adoptés en Turquie depuis juillet ont conféré "des pouvoirs discrétionnaires presque illimités aux autorités administratives et à l'exécutif" et que ce type de pouvoirs engendre toujours "un certain degré d'arbitraire".

M. Muiznieks s'inquiète notamment de la possibilité de garder à vue une personne pendant 30 jours et juge "particulièrement urgent de mettre fin immédiatement à la fermeture sur la base d'une simple décision administrative de personnes morales comme des journaux, des chaînes de télévision, des associations ou des entreprises et au transfert de leurs biens vers le Trésor public".

Il dénonce également le caractère massif et non-individualisé des poursuites lancées contre des personnes soupçonnées d'être proches du mouvement de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, auquel les autorités turques attribuent la tentative de putsch.

Le mémorandum rappelle en outre que certains principes énoncés par la Convention européenne des droits de l'Homme ne peuvent faire l'objet d'aucune dérogation, quelles que soient les circonstances, comme le droit à la vie et l'interdiction de la torture.

Le 3 octobre, le gouvernement turc a décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence instauré depuis le coup d'Etat avorté du 15 juillet, en dépit des mises en garde de l'opposition qui accuse le pouvoir d'en profiter pour faire taire ses détracteurs.

Depuis le 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société, de l'éducation et la presse à l'armée et la magistrature.
(AFP, 7 octobre 2016)

La justice allemande renonce à poursuivre un humoriste anti-Erdogan

La justice allemande a annoncé mardi renoncer à poursuivre au pénal un humoriste, auteur d'une satire contre le président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait provoqué au printemps une crise diplomatique germano-turque.

Cette affaire avait pris une tournure très politique, la chancelière Angela Merkel ayant, en vertu d'un texte de loi très ancien, permis au parquet d'engager une procédure pour "insulte à un représentant d'un Etat étranger", délit passible de trois ans de prison et qualifié par certains de "crime anachronique de lèse-majesté".

Il était reproché à l'humoriste Jan Böhmermann d'avoir signé le 31 mars un texte, lu à la télévision, dans lequel il qualifiait le président turc de pédophile et de zoophile.

"Les résultats de l'enquête montrent qu'aucun acte criminel n'a pu être prouvé", a indiqué le parquet de Mayence (ouest de l'Allemagne) dans un communiqué.

Une caricature ou une satire n'est pas une insulte quand "l'exagération des faiblesses humaines" ne contient pas "de dénigrement grave de la personne", selon le Parquet.

Pour la justice, "l'accumulation de descriptions totalement exagérées" dans ce poème montre qu'il s'agissait bien d'une satire et non "d'attaques sérieuses" contre le président turc.

Lors de la diffusion de son poème, le comique avait expliqué à l'antenne savoir qu'il allait au-delà de ce que le droit allemand autorise, et qu'il entendait démontrer par l'absurde combien le pouvoir turc avait eu tort de s'attaquer à un autre texte, une chanson diffusée 15 jours plus tôt à la télévision allemande et critiquant la remise en cause des libertés publiques en Turquie.

Cette affaire était venue empoisonner les relations germano-turques à l'heure où Ankara s'était imposé comme le partenaire crucial des Européens pour réduire l'afflux des migrants en Europe. Angela Merkel avait été la principale instigatrice d'un accord controversé entre l'UE et Ankara pour renvoyer des demandeurs d'asile vers la Turquie.

La chancelière avait eu recours à un article du code pénal datant du 19e siècle, pour autoriser mi-avril, à la demande d'Ankara, le parquet à engager une procédure contre l'humoriste.

Certains médias avaient jugé que Mme Merkel cherchait à amadouer la Turquie malgré sa dérive autoritaire. Le satiriste avait lui reçu le soutien de nombreuses personnalités du monde des médias et de la culture.

Dans un autre volet de l'affaire, la justice allemande doit se pencher début novembre au civil sur un recours de M. Erdogan qui veut faire interdire toute rediffusion de ce poème.

Une série de disputes est venue empoisonner les relations entre l'Allemagne et la Turquie ces derniers mois. Ankara a notamment interdit pendant des mois les visites de responsables allemands sur une base militaire de la Bundeswehr pour dénoncer une résolution de la chambre basse du parlement reconnaissant le génocide des Arméniens par l'empire Ottoman.
(AFP, 4 octobre 2016)

Erdogan reproche à l'UE de tarder à verser l'aide destinée aux réfugiés

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé lundi l'Union européenne (UE) de tarder à verser les trois milliards d'euros d'aides promises dans le cadre d'un accord sur les migrants signé en mars.

"Jusqu'à présent, ils ont versé 179 millions d'euros, alors qu'ils avaient promis trois milliards d'euros", a affirmé à l'issue du conseil des ministres le président turc, rappelant au passage à ses partenaires qu'"on arrive à la fin de l'année".

"Ils font des promesses mais ils ne les tiennent pas", a-t-il ironisé.

Bruxelles et Ankara ont signé en mars un accord prévoyant une aide de trois milliards d'euros, en contrepartie la Turquie s'est engagée à maîtriser les flux migratoires vers l'Europe, où plus d'un million de réfugiés ont déferlé l'an passé.

De son côté, Bruxelles s'était engagé à examiner la levée de l'obligation de visas imposée aux Turcs pour voyager vers les pays membres de l'espace Schengen. Une mesure qui n'a pas encore été mise en oeuvre.

Selon le site officiel de l'UE, Bruxelles a donné son accord cette année à des financements de projets pour plus d'1,2 milliard d'euros, dont 467 millions ont déjà été transférés au profit des réfugiés en Turquie.

Dans le cadre d'un de ces projets, l'UE a lancé la semaine dernière pour près de 350 millions d'euros une aide aux réfugiés présents en Turquie, essentiellement syriens, dont les bénéficiaires se verront remettre des cartes bancaires prépayées.

La Turquie accueille quelque trois millions de réfugiés qui vivent dans de grandes villes où ils n'ont pas directement accès aux aides des organisations non-gouvernementales.

"Qu'ils versent (cette aide) ou qu'ils ne la versent pas, nous continuerons à assurer notre mission auprès de ces gens qui fuient les bombes", a assuré M. Erdogan.
(AFP, 3 octobre 2016)

Erdogan enjoint l'UE de se prononcer sur l'adhésion

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a enjoint samedi l'Union européenne de se prononcer clairement pour ou contre l'adhésion de la Turquie, assurant que c'était "la fin du jeu", lors d'un discours devant le Parlement à Ankara.

"On est arrivé à la fin du jeu", a lancé sèchement à l'adresse de l'UE le président turc à l'occasion de la rentrée parlementaire.

Selon lui, "il n'y a aucun obstacle pour que la Turquie devienne un pays membre si l'UE le souhaite, nous y sommes prêts". "C'est à eux de voir s'ils veulent continuer avec ou sans la Turquie", a-t-il dit.

"Le fait qu'ils nous laissent devant la porte depuis 53 ans témoigne de leurs intentions à notre égard", a-t-il estimé, invitant les pays membres à préciser leurs intentions.

Alors que le processus d'adhésion à l'UE a été initié au début des années 1960 et que des négociations ont été formellement entamées en 2005, "l'attitude de l'Europe est celle de quelqu'un qui ne veut pas honorer sa promesse faite à la Turquie", a dit le leader turc.

M. Erdogan a par ailleurs fustigé "les déclarations de l'Union, notamment celles sur notre lutte contre le terrorisme, qui est une question de survie pour la Turquie", déplorant que l'UE "essaye d'en faire un critère dans le processus d'adhésion".

"La Turquie a toujours tenu ses engagements à l'égard de l'Europe", a jugé M. Erdogan qui a par ailleurs rappelé que l'obligation de visa imposé aux citoyens turcs pour se rendre dans l'UE devait être levée en octobre, un "mois qui sera important" pour les relations du pays avec les Européens selon le leader turc.

Pour arrêter le flot de migrants venus principalement de Syrie et qui se déversait sur les côtes européennes, l'UE et la Turquie ont signé en mars un accord dont la levée de l'obligation des visas pour les Turcs voyageant en Europe était une contrepartie.

Mais les relations entre les deux parties se sont tendues après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet en Turquie, M. Erdogan ayant dénoncé ce qu'il a estimé être un manque de soutien de la part de ses homologues européens.
(AFP, 1 octobre 2016)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Ankara réclame de nouveau à Washington l'extradition de Gülen

Le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag a exhorté mardi les Etats-Unis à remettre à Ankara le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch manqué en juillet, qu'il a comparé au défunt chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

"La non-extradition de Gülen aurait un impact négatif sur les relations entre la Turquie et les Etats-Unis", a prévenu M. Bozdag mardi, peu avant de s'envoler pour les Etats-Unis, où il doit rencontrer son homologue Loretta Lynch, selon l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu.

"Nous ne voulons pas que les relations entre la Turquie et les Etats-Unis soient affectées à cause d'un terroriste", a ajouté M. Bozdag.

Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, deux piliers de l'Otan, ont été éprouvées par le coup d'Etat manqué et les vains appels d'Ankara à une extradition de M. Gülen. Les autorités américaines soulignent que la décision appartient à la justice.

Soulignant que 241 personnes avaient été tuées lors de la nuit du putsch manqué, M. Bozdag a déclaré que "tout ce que Ben Laden représente pour les Etats-Unis, Fethullah Gülen le représente pour l'Etat turc".

Oussama Ben Laden, tué par un commando américain en 2011 au Pakistan, était à la tête du réseau Al-Qaïda qui a commis les pires attaques sur le sol des Etats-Unis, qui ont fait près de 3.000 morts le 11 septembre 2001.

M. Gülen, qui nie toute implication dans le putsch manqué, est à la tête d'un mouvement appelé "Hizmet" ("service", en turc), qui compte un réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises. Le
gouvernement turc considère ce mouvement comme une "organisation terroriste".

En juillet, le ministre des Affaires européennes Omer Celik avait estimé que "Fethullah Gülen est un individu encore plus dangereux qu'Oussama Ben Laden" et son organisation "encore plus dangereuse et sauvage que Daech", l'acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI).
(AFP, 25 octobre 2016)

Pentagon: La Turquie devrait avoir un rôle dans la bataille de Mossoul

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter s'est dit confiant vendredi sur la possibilité d'intégrer la Turquie dans l'offensive pour reprendre la ville de Mossoul au groupe Etat islamique (EI) en Irak, malgré les dissensions entre Bagdad et Ankara.

"Je pense qu'il y a un accord sur le principe" de la part des parties et que "nous en sommes" à discuter "des détails pratiques" pour une participation turque, a expliqué Ashton Carter à l'issue d'une brève visite de quelques heures à Ankara, avant un déplacement aux Emirats arabes unis puis à Paris.

"L'Irak comprend que la Turquie, en tant que voisine de la région de Mossoul, a un intérêt dans ce qui sera le résultat" de la bataille pour reprendre le dernier grand bastion des jihadistes en Irak, a assuré le chef du Pentagone.

"Je suis convaincu que nous pouvons résoudre le problème, que la Turquie peut faire des choses productives" dans cette bataille "et que nous avons juste à définir les modalités pratiques" de cette participation, a-t-il encore déclaré.

"Nous sommes en train de discuter de ces modalités pratiques", a-t-il ajouté.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan ne veut pas que la Turquie reste à l'écart des opérations pour libérer Mossoul, deuxième ville d'Irak, et veut que l'armée turque y participe.

Mais Bagdad s'y oppose pour l'instant, réclamant notamment le départ de centaines de militaires turcs stationnés sur une base dans la ville de Bachiqa, près de Mossoul, où ils avaient été déployés pour entraîner des combattants sunnites irakiens.

Selon les experts, le président Erdogan se préoccupe du nouvel équilibre des forces qui sera instauré entre les différentes communautés après la libération de cette ville sunnite, redoutant une mainmise des Kurdes et des musulmans chiites.

Un haut responsable américain de la Défense a laissé entendre que la Turquie pourrait avoir une participation "non directement militaire".

"Il y a beaucoup de manières de contribuer" à une campagne comme celle de Mossoul, a dit ce responsable, en suggérant par exemple que la Turquie pourrait s'impliquer dans "le soutien médical", "l'assistance humanitaire", ou encore l'entraînement de forces irakiennes - comme c'était le cas sur la base de Bachiqa.

Les forces irakiennes et les combattants kurdes peshmergas, appuyés par la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis, ont lancé lundi la bataille pour reprendre Mossoul qui était tombée aux mains des jihadistes en 2014.

Le chef du Pentagone a estimé que la Turquie jouerait aussi un rôle dans l'offensive sur Raqa, le bastion de l'EI en Syrie qui est l'autre grand objectif de la coalition internationale antijihadistes.

"De la même manière, la Turquie aura un rôle dans la chute de Raqa", a assuré M. Carter. La Turquie a en effet "un intérêt à s'assurer que la (future) gouvernance de Raqa reflète bien la population" de la ville, a-t-il dit, en allusion aux équilibres à respecter entre les différentes communautés.

"Nous voulons chasser l'EI de Raqa. Nous voulons le faire dès que possible, et nous voulons que la victoire soit durable", a déclaré le chef du Pentagone.

"Nous avons parlé (avec la Turquie) de toute une série d'options" pour sa future participation dans une future bataille pour reprendre Raqa, "militaires et non militaires", a précisé de son côté le haut responsable de la Défense américain.
(AFP, 21 octobre 2016)

Washington et Riyad veulent acheminer les terroristes de Daech

Les services spéciaux américains et saoudiens sont convenus d'assurer pour les extrémistes de l'État islamique (EI, Daech) et pour leurs familles une sortie en toute sécurité de Mossoul (Irak) avant son assaut par les forces de la coalition internationale.

Le président américain Barack Obama a décidé de procéder à l'opération de libération de Mossoul en octobre. Au moment de l'assaut, l'aviation de la coalition ne frapperait que des bâtiments dans la ville, qui seraient vides, préalablement convenus avec les terroristes, a indiqué une source militaire et diplomatique russe.

Selon lui, le plan des États-Unis et de l'Arabie saoudite prévoit également que les rebelles se déplacent de Mossoul à la Syrie pour attaquer les villes contrôlées par les troupes gouvernementales.

« Plus de 9 000 militants de Daech seront déployés de Mossoul dans les régions orientales de la Syrie pour procéder à une offensive majeure qui impliquerait la prise de Deir ez-Zor et de Palmyre », a ajouté la source.

Les réussites russes en Syrie ont incité les États-Unis à acheminer les extrémistes de Mossoul vers la Syrie. «

L'autre but de cette opération sera, évidemment, de discréditer les réussites des forces aérospatiales russes et, bien sûr, c'est une tentative de saper les positions du président Bachar el-Assad. Washington a besoin de quelque chose à opposer aux résultats de la Russie en Syrie, pour tenter de minimiser leur importance », a affirmé la source.

Selon elle, le médiateur et le garant de l'accord avec les terroristes sur leur sortie en toute sécurité de Mossoul est représenté par la direction du service de renseignement d'Arabie saoudite. La source a également souligné qu'une opération similaire avait déjà eu lieu en juin dernier, lors de la libération de la ville irakienne de Falloujah. (sputniknews.com, 12 Oct 2016)

Erdogan juge "inepte" l'idée d'Hillary Clinton d'armer les milices kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé mercredi que la suggestion de la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton d'armer les milices kurdes syriennes était "regrettable" et "politiquement inepte".

Dimanche, au cours d'un débat retransmis à la télévision américaine entre la démocrate et le républicain Donal Trump, Hillary Clinton avait déclaré qu'elle considèrerait la possibilité de fournir des armes aux rebelles kurdes syriens, qui combattent les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

"Les Kurdes ont été nos meilleurs partenaires en Syrie, comme en Irak. Et j'ai conscience que certains groupes s'en inquiètent", avait-t-elle déclaré. Mais, dans la mesure où "les combattants kurdes et arabes sont sur le terrain notre principal moyen pour reprendre Raqa", bastion de l'EI en Syrie, "je pense qu'ils devraient avoir l'équipement nécessaire", a justifié Mme Clinton.

"C'est une déclaration extrêmement regrettable", a déploré le président turc dans un discours retransmis à la télévision, depuis le palais présidentiel à Ankara. "Honnêtement, je la considère comme politiquement inepte".

Le soutien américain aux milices kurdes en Syrie a tendu les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux alliés de l'Otan.

"Les Etats-Unis ne sont-ils pas notre allié de l'Alliance dans la région ?", s'était interrogé mardi le Premier ministre turc Binali Yildirim.

Pour la Turquie, le YPG (Unités de protection du peuple kurde), branche armée du parti kurde syrien PYD, est le prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par Ankara comme une "organisation terroriste".

Les Etats-Unis soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dirigée par le YPG.

Le PKK mène depuis 32 ans une insurrection contre l'Etat turc dans le sud-est du pays, qui a causé la mort de plus de 40.000 personnes.

La Turquie a lancé le 24 août une offensive militaire "Bouclier de l'Euphrate" pour chasser de sa frontière les jihadistes de l'EI et les rebelles kurdes.
(AFP, 12 octobre 2016)

Washington tente de désamorcer les tensions Turquie-Irak

Les Etats-Unis ont tenté mardi de désamorcer les fortes tensions entre la Turquie et l'Irak, notamment à la suite d'un violent échange verbal entre dirigeants des deux pays, avant une grande offensive sur la ville de Mossoul, fief irakien du groupe Etat islamique.

"Nous estimons que toutes les forces internationales en Irak doivent être sur place en accord et en coordination avec le gouvernement irakien, sous les auspices de la coalition" militaire internationale contre l'EI, a mis en garde le département d'Etat dans un communiqué.

La diplomatie américaine a jugé "impératif que toutes les parties se coordonnent étroitement dans les jours et semaines qui viennent pour garantir une unité des efforts afin de vaincre Daech", acronyme arabe du groupe jihadiste.

Les relations entre la Turquie et l'Irak connaissent une poussée de fièvre à l'approche d'une offensive des forces irakiennes, appuyées par la coalition pilotée par Washington pour chasser l'organisation EI de Mossoul.

Ankara semble tenue à l'écart des préparatifs pour cette offensive. Selon des médias turcs, quelque 2.000 soldats turcs sont déployés en Irak, dont 500 sur la base de Bachiqa dans le nord du pays où ils entraînent des volontaires irakiens sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul.

Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est violemment pris au Premier ministre irakien Haidar al-Abadi, après ses critiques contre la présence militaire turque en Irak.

"Qui est le Premier ministre irakien?", a lancé le chef de l'Etat turc avec ironie, sommant M. Abadi de "rester à (sa) place". A Bagdad, le porte-parole de M. Abadi a rétorqué que M. Erdogan "jetait de l'huile sur le feu".

Aux yeux du porte-parole du département d'Etat John Kirby, "les forces turques déployées en Irak ne font pas partie de la coalition internationale et ce qui se passe à Bachiqa doit être résolu par les gouvernements irakien et turc".
(AFP, 11 octobre 2016)

Erdogan critique le vote anti-saoudien au Congrès américain

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, allié de Riyad, a très vivement critiqué samedi la décision du Congrès américain qui a rejeté le veto de Barack Obama sur une loi autorisant les proches des victimes des attentats du 11-Septembre à poursuivre en justice l'Arabie saoudite.

"La décision du Congrès américain d'autoriser l'ouverture de poursuites contre l'Arabie saoudite concernant les attentats du 11-Septembre est malheureuse", a estimé M. Erdogan, dans un discours devant le Parlement à Ankara.

"Cela va à l'encontre du principe de la responsabilité individuelle en cas de crime. Nous espérons que cette fausse note sera revue et corrigée dès que possible", a-t-il ajouté.

Quinze ans après les attentats du 11-Septembre, dans lesquels près de 3.000 personnes sont mortes aux Etats-Unis, le Sénat et la Chambre des représentants ont autorisé familles et proches des victimes à poursuivre devant la justice américaine des pays étrangers comme l'Arabie saoudite.

Bien que 15 des 19 auteurs des attentats du 11-Septembre étaient des ressortissants saoudiens, la responsabilité de l'Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, n'a jamais été démontrée.

Opposé à cette loi, le président américain Barack Obama avait déclaré à plusieurs reprises que ce texte affaiblirait le principe d'immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risquerait par un effet boomerang d'exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde.

Les relations entre Ankara et Riyad, qui poursuivent les mêmes objectifs en Syrie, se sont considérablement resserrées au cours de ces derniers mois.

Le président Erdogan qui a reçu à Ankara vendredi le prince Mohammed Bin Nayef, héritier du trône d'Arabie saoudite, a estimé que les bonnes relations entre les deux pays favorisaient une "stabilité régionale et mondiale", selon l'agence de presse Anadolu.

Le président turc a par ailleurs remis au prince héritier la deuxième plus haute décoration turque décernée aux personnalités étrangères, l'Ordre de la République.
(AFP, 1 octobre 2016)

Relations régionales / Regional Relations

L'Irak dément que les Turcs participent à la bataille de Mossoul

L'Irak a affirmé lundi que la Turquie ne participait pas à l'offensive pour reprendre la ville de Mossoul au groupe Etat islamique (EI), alors qu'Ankara a annoncé avoir fourni un soutien militaire dans cette bataille.

"Le porte-parole du commandement conjoint (irakien) des opérations dément que la Turquie participe sous quelle forme que ce soit aux opérations pour la libération de Ninive", la province dont Mossoul est le chef-lieu, a précisé ce commandement dans un communiqué.

Dimanche, le Premier ministre turc Binali Yildirim avait déclaré que l'artillerie turque avait frappé des positions de l'EI dans le nord de l'Irak à Bachiqa, une ville située à environ 25 kilomètres de Mossoul. Il avait précisé que cette intervention s'était faite à la demande des combattants kurdes irakiens qui mènent bataille contre les jihadistes dans cette zone.

Ces derniers se sont plaints des derniers jours de l'insuffisance des frappes aériennes menées par la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis pour appuyer leur progression au sol.

Des journalistes de l'AFP sur la ligne de front près de Bachiqa ont vu à plusieurs reprises ces derniers jours des tirs d'artillerie visant des positions de l'EI en provenance de la base où sont stationnés quelque 700 soldats turcs.

Une éventuelle participation de la Turquie à l'offensive de Mossoul suscite des tensions entre Ankara et Bagdad, que le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter a tenté d'aplanir lors d'une visite à Ankara et à Bagdad ces derniers jours.

La Turquie dit redouter des dissensions de nature confessionnelle entre sunnites et chiites après la reprise de Mossoul, deuxième ville d'Irak située dans le nord, et s'oppose à toute participation à l'offensive de milices chiites ou de groupes armés kurdes affiliés à l'ennemi juré d'Ankara, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Ankara entretient toutefois de bonnes relations avec le gouvernement kurde irakien.
(AFP, 24 octobre 2016)

Mossoul: Abadi reste opposé à une participation turque

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi reste opposé à une participation turque à l'offensive pour reprendre Mossoul aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), a-t-il indiqué samedi après une rencontre avec le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter.

"La bataille pour Mossoul est une bataille irakienne et ceux qui la conduisent sont irakiens", a déclaré le Premier ministre au côté de M. Carter, selon des propos traduits par un officiel américain.

"Je sais que les Turcs veulent participer, nous leur disons merci, c'est quelque chose que les Irakiens vont gérer", a-t-il dit.

"Nous n'avons pas de problème" dans cette offensive, a-t-il également déclaré. Si un soutien est nécessaire, "nous le demanderons à la Turquie ou à un autre pays de la région", a-t-il indiqué.

Le secrétaire américain à la Défense, qui était à Ankara vendredi, joue actuellement les médiateurs pour tenter de réconcilier les positions de ses deux alliés au sujet de la bataille pour reprendre la deuxième ville d'Irak.

Vendredi, il avait indiqué qu'il avait bon espoir que les deux pays finiraient par parvenir à un accord. Un haut responsable américain avait évoqué une participation "non militaire" de la Turquie.

M. Carter a atterri samedi à Bagdad pour une visite non annoncée afin de faire le point sur les opérations en cours autour de Mossoul (nord), dernier bastion de l'EI en Irak.

Il a également discuté avec ses interlocuteurs des efforts nécessaires pour que la deuxième ville d'Irak retourne à une vie normale après sa reconquête, ainsi que des conditions dans lesquelles elle sera gouvernée.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan ne veut pas que la Turquie reste à l'écart des opérations pour libérer Mossoul.

Selon les experts, le président Erdogan se préoccupe du nouvel équilibre des forces qui sera instauré entre les différentes communautés après la libération de cette ville sunnite, redoutant une mainmise des Kurdes et des musulmans chiites.
(AFP, 23 octobre 2016)

Nobody Accepts Turkey’s Ottomanism Discourse
Asst. Prof. Dr. Argun Başkan has commented on Turkey’s discourses of Misak-ı Milli and participating both in the operation and the negotiations for Mosul for Bianet, October 20, 2016
While claiming “We will both participate in the operation and negotiations” regarding the Mosul Operation against ISIS (Islamic State of Iraq and Syria) on one hand, President Recep Tayyip Erdoğan and the Justice and Development Party (AKP) bring forward the arguments of historical bonds and the neighbourliness between Turkey and Iraq on the other.

But, should Turkey participate in the operation and the negotiations at all? Are the reasons argued by Turkey true and valid? What is the intention behind the discourse of Misak-ı Milli* borders promoted regularly by the President?

We have asked the Ege University International Relations lecturer Asst. Prof. Dr. Argun Başkan the abovementioned questions.

Which attitude should Turkey adopt for the Mosul operation against ISIS?

First of all, what Turkey needs to do is to give priority to settle the matter of local armed conflicts by establishing an environment of reconciliation.

Second, if the refugee problem is on the carpet, Turkey should treat the issue within the scope of United Nations (UN) practices.

Only if there is an actual attack directly targeting Turkey, then Turkey could launch an operation as a response. 

Be it in Syria or in Irak, Turkey should launch no operations to change the regime.

The current borders should be preserved and protected; that way the attacks on Turkey should be prevented, the refugees be helped, diplomatic mediation be undertaken and an environment of reconciliation be established but that must be it and Turkey should stop there. 

Because otherwise discourses such as being a “great power” and “Ottoman Empire” is not being accepted by anyone in the Middle East. (Texte complet)


En haussant le ton contre l'Irak, Erdogan menace de recourir à un "plan B"

Le ton véhément de la Turquie envers l'Irak à l'approche de l'offensive pour chasser le groupe Etat islamique de Mossoul traduit la hantise d'Ankara de voir ses rivaux, notamment kurdes, prendre pied dans une région qu'elle considère comme son pré carré.

Après avoir envoyé depuis décembre 2015 des centaines de militaires sur une base à Bachiqa, dans la région de Mossoul, pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête du bastion irakien de l'EI, Ankara semble tenue à l'écart alors que les préparatifs pour une offensive battent leur plein.

Et quand l'Irak a rejeté début octobre la prolongation par le parlement turc du mandat de ces militaires, les assimilant à "une force d'occupation", les dirigeants turcs ont vu rouge.

Ainsi, le président Recept Tayyip Erdogan n'a pas hésité, sur un ton dédaigneux, à sommer le Premier ministre irakien Haidar Abadi de "rester à sa place".

Vendredi il a menacé de recourir à un "plan B", dont il n'a pas précisé la teneur, si l'armée turque n'est pas associée à l'offensive de Mossoul.

"Vous nous avez invités à Bachiqa, et maintenant vous nous dites de partir ? Désolé, mais mes compatriotes sont là : mes frères turkmènes, arabes, kurdes sont là. Et ils nous disent +venez+ et +aidez-nous+", a-t-il ajouté.

Le pouvoir irakien, dominé par les chiites, considère en outre comme une ingérence inacceptable les mises en garde turques contre une participation à l'offensive de milices chiites ou de groupes armés affiliés à l'ennemi juré d'Ankara, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

M. Erdogan, issu d'une mouvance sunnite conservatrice, estime que la libération de Mossoul, doit se faire uniquement par des forces qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville, une allusion au fait que la majorité de ses habitants, estimés à un million, est sunnite.

Par ailleurs, plus de 1,5 million de Turkmènes vivent dans le nord de l'Irak, qui fut un territoire de l'empire ottoman pendant quatre siècles.

- ' L'après-Mossoul ' -

Selon des analystes, ce n'est pas tant le déroulement de la bataille que le nouvel équilibre des forces qui en découlerait qui préoccupe M. Erdogan.

"Il est inquiet pour la future composition ethnique et confessionnelle de Mossoul et il veut s'assurer que les Kurdes et les chiites n'auront pas la haute main", estime Aykan Erdemir, de la Fondation pour la Défense de la démocratie basée à Washington.

"Ankara ne veut pas rester en dehors du jeu en Irak et Erdogan veut s'assurer qu'il aura son mot à dire sur les développements à venir à Mossoul et en Irak. Ayant entraîné les milices sunnites dans la province de Ninive, il craint de voir les milices chiites prendre le dessus", ajoute-t-il.

Pour Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche turc au Washington Institute, le discours musclé des dirigeants turcs montre qu'ils sont "en train de préparer l'après-Mossoul".

"Ankara réalise que l'Irak restera un Etat faible et veut avoir une zone d'influence dans le nord pour se protéger des risques que fait peser l'instabilité de ce pays" qui partage une frontière de quelque 350 km avec la Turquie, ajoute-t-il.

A cette fin "la Turquie veut avoir une présence militaire la plus profonde possible en Irak et Bachiqa lui donne une telle présence", explique-t-il.

Rappelant que le PKK est présent dans la région autonome kurde irakienne voisine de Mossoul, M. Cagaptay estime qu'Ankara cherche à tout prix à empêcher ce groupe rebelle "de prendre le contrôle de territoires" après l'éviction de l'EI.

Selon lui, Ankara craint par ailleurs de voir l'Iran renforcer son influence dans la région de Mossoul à travers une éventuelle participation des milices chiites irakiennes soutenus par Téhéran. "Erdogan sait qu'il ne pourra jamais se mettre d'accord avec l'Iran" sur le dossier irakien, affirme-t-il.

Washington, qui conduit la coalition internationale qui appuiera les forces irakiennes dans l'offensive de Mossoul, s'est gardé de prendre publiquement parti dans la querelle turco-irakienne.

Mais de récentes déclarations du département d'Etat et du Pentagone rappelant que tous les efforts militaires pour libérer Mossoul doivent se faire "en coordination et avec l'accord du gouvernement irakien", ont été interprétées à Ankara comme une prise de position en faveur de Bagdad.
(AFP, 14 octobre 2016)

Un navire de guerre russe se dirige vers les côtes syriennes

Une corvette lance-missile russe à traversé vendredi le Bosphore à Istanbul en direction de la Méditerranée pour appuyer les opérations militaires russes en Syrie sur fond de tensions avec les Etats-Unis, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La corvette "Mirage", de classe Nanuchka, avait appareillé de la base russe de Sébastopol en Crimée pour rejoindre le dispositif militaire russe au large de la Syrie où Moscou, allié clef du régime de Bachar Al-Assad dans la guerre civile qui ravage le pays.

Les corvettes lance-missiles de classe Nanuchka sont rapides et très bien armées pour leur tonnage. Leurs missions principales sont la protection des zones littorales, la lutte antinavire et l'escorte de navires.

Des militaires russes étaient visibles sur le navire chargé de lanceurs de missiles de croisière.

Le "Mirage" avait été utilisé par la Russie lors de son intervention en 2008 en Géorgie, à l'issue de laquelle Moscou avait reconnu l'indépendance de deux territoires séparatistes pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

La Russie avait annoncé mercredi avoir envoyé deux autres corvettes, "Serpoukhov" et "Zeleny Dol", dotés de missiles de croisière, ajoutant qu'il s'agissait d'une "rotation planifiée" des forces navales dans la région où la Russie dispose déjà d'une dizaine de navires.

Le seul porte-avions russe, l'Amiral Kouznetsov, est par ailleurs en route et devrait arriver courant octobre dans la zone.

Mardi, Moscou avait également annoncé le déploiement des systèmes de défense antiaérienne S-300 à Tartous, ville côtière du nord-ouest de la Syrie.

Dans le cadre de son opération militaire en Syrie, la marine russe a fait usage de lanceurs de missiles pour la première fois en octobre, puis en décembre.

Des dizaines de navires russes ont traversé le détroit du Bosphore depuis le début de l'intervention russe en Syrie il y a un an.
(AFP, 7 octobre 2016)

Opération à Mossoul: tensions entre la Turquie et l'Irak

Une joute diplomatique opposait mercredi la Turquie et l'Irak au sujet de l'offensive attendue pour libérer Mossoul, le bastion irakien du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

La Turquie a exprimé à plusieurs reprises ces derniers jours des réserves sur une éventuelle participation à cette offensive de milices chiites ou de groupes armés kurdes hostiles à Ankara.

Bagdad s'est pour sa part offusqué d'un vote du Parlement turc durant le week-end prolongeant le mandat qui autorise les troupes turques à intervenir en Irak et en Syrie.

Réagissant à ce vote, le Parlement irakien a appelé le gouvernement à prendre des mesures de rétorsion contre la Turquie, qualifiant de "force d'occupation" les troupes turques présentes dans la base de Bashiqa dans le nord de l'Irak pour entraîner des volontaires irakiens sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul.

Signe des tensions entre les deux pays voisins, Ankara a convié mardi l'ambassadeur irakien pour lui demander des explications et Bagdad a fait de même avec l'ambassadeur turc mercredi, selon des sources au sein des deux ministères des Affaires étrangères.

Après de longs mois de discussions, Bagdad a mis en place un plan, avec l'aide de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l'EI, pour lancer une offensive en vue de libérer Mossoul, deuxième plus grande ville d'Irak, aux mains des jihadistes depuis 2014.

"Où était le gouvernement irakien quand Daech (acronyme arabe pour l'EI) a capturé Mossoul?", s'est emporté mercredi le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, furieux contre l'emploi du terme "force d'occupation" par des députés irakiens pour désigner la présence turque dans le nord de l'Irak.

Ankara estime avoir des droits historiques sur Mossoul près de laquelle elle a installé la base à Bashiqa au grand dam de Bagdad.

L'ambassadeur turc à Bagdad a été convoqué en signe de protestation à la suite de propos tenus samedi par le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de la séance parlementaire au cours de laquelle le mandat autorisant les troupes turques à intervenir en Irak et en Syrie a été prolongé.

M. Erdogan avait estimé que la libération de Mossoul, ville à majorité sunnite, devait être menée uniquement par ceux qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville, et non pas par les milices chiites ou rebelles kurdes du YPG - considérés par Ankara comme le prolongement du Parti des Travailleurs du Kurdistan, PKK, classé "terroriste" par les Turcs.
(AFP, 4 octobre 2016)

Israël a versé 20 M USD en indemnités à la Turquie

Israël a versé 20 millions de dollars en indemnités à la Turquie aux termes d'un accord destiné à mettre fin à la brouille née de l'assaut israélien meurtrier en 2010 contre un navire humanitaire turc en route pour Gaza, a indiqué vendredi un responsable turc.

La somme a été versée sur le compte du ministère turc de la Justice, a indiqué un responsable du ministère turc des Affaires étrangères, sous couvert de l'anonymat.

La Turquie et Israël avaient signé un accord de réconciliation, prévoyant le versement de 20 millions de dollars (près de 18 millions d'euros) d'indemnités à la Turquie. En contrepartie, celle-ci abandonnait les poursuites contre les ex-chefs de l'armée israélienne pour leur implication dans l'assaut, qui avait coûté la vie à dix militants turcs.

Le gouvernement turc doit désormais verser l'argent aux familles des victimes de cet assaut.

Outre les excuses et un allégement du blocus israélien imposé à la bande de Gaza, la compensation financière était l'un des éléments clés réclamés par Ankara pour s'engager dans une normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël.

Israël et la Turquie, qui n'avaient pas totalement rompu leurs relations pendant la crise, ont par ailleurs convenu de renommer des ambassadeurs respectifs, après les avoir retirés.

Le responsable de la diplomatie a ainsi précisé qu'un ambassadeur turc serait "bientôt" nommé en Israël.

Alors que les dirigeants de nombreux pays se sont rendus vendredi à Jérusalem aux obsèques de l'ex-président Shimon Peres, Ankara s'est contentée d'y dépêcher le numéro deux de la diplomatie Feridun Sinirlioglu.
(AFP, 30 Septembre 2016)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Négociations interchypriotes en novembre en Suisse

Les dirigeants chypriotes grec et turc ont décidé de poursuivre leurs négociations en novembre en Suisse pour parvenir à un accord sur la réunification de l'île avant fin 2016, a annoncé mercredi à Genève un porte-parole de l'ONU.

Le dirigeant chypriote-turc Mustafa Akinci et le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades (chypriote-grec) se retrouveront du 7 au 11 novembre sur le Mont Pèlerin, près du lac Léman, en présence de l'émissaire de l'ONU pour Chypre, le diplomate norvégien Espen Barth Eide, a précisé le porte-parole dans un communiqué.

MM. Akinci et Anastasiades négocient depuis mai 2015 sous l'égide de l'ONU pour mettre un terme à la division de cette île de Méditerranée orientale qui dure depuis 40 ans.

"Les dirigeants ont exprimé l'espoir que leur rencontre en Suisse ouvrira la voie à la dernière phase des discussions", selon le communiqué.

Les négociations ont jusqu'ici permis de réaliser des progrès sur la gouvernance et le partage du pouvoir.

Mais des divergences persistent sur la question des arrangements territoriaux, des droits de propriété et de la sécurité. Selon le porte-parole de l'ONU, la rencontre en Suisse "se concentrera sur la question territoriale, ainsi que sur toutes les autres questions en suspens".

L'île de Chypre est divisée en deux depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher Chypre à la Grèce.

L'autorité de la République de Chypre, membre de l'Union européenne, ne s'exerce plus de facto que sur les deux-tiers sud de l'île, où vit la communauté chypriote grecque.

La communauté chypriote turque vit dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN, autoproclamée et reconnue seulement par Ankara).
(AFP, 26 octobre 2016)

Recours des militaires turcs contre le rejet de leurs demandes d'asile

Les militaires turcs ayant fui en Grèce après le coup d'Etat avorté en Turquie ont fait appel du rejet de leurs demandes d'asile, la Grèce restant dans l'attente d'éléments probants d'accusation de la part des autorités turques, ont indiqué mardi des sources judiciaires.

L'avocate du groupe, Me Stravroula Tomara, a indiqué à l'AFP avoir déposé des recours pour six des huit militaires : quatre dont la demande d'asile a été refusée en première instance, et deux dont l'examen de la procédure a été suspendu.

Par ailleurs, un autre recours déjà déposé pour un septième militaire, lui aussi débouté en première instance, est déjà audiencé au 2 novembre, tandis que le huitième militaire est toujours dans l'attente d'une décision en première instance, a-t-elle détaillé.

"Ce qui est absurde, c'est que les décisions du service d'asile renvoient à la demande d'extradition faite par la Turquie, alors que celle ci n'existe en fait pas légalement", a-t-elle commenté. Elle s'est indignée que dans l'attente, les huit militaires restent toujours détenus.

Le parquet grec responsable des extraditions a de fait renvoyé fin août aux autorités turques la demande d'extradition du groupe de militaires, jugeant qu'elle manquait d'éléments probants pour appuyer les charges les visant, notamment de tentative d'assassinat du président turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué une source judiciaire.

Faute jusque là de réponse turque à cette requête d'éléments supplémentaires, la justice grecque n'a toujours pas entamé l'examen de la demande d'extradition, a précisé cette source.

Après les premiers rejets des demandes d'asile, les huit militaires turcs s'étaient estimés mi-octobre victimes "des politiques bilatérales", alors que leur cas embarrasse fortement la Grèce, engagée dans une politique de coopération avec la Turquie pour tarir l'arrivée de réfugiés et migrants sur ses côtes.

Le groupe avait atterri en hélicoptère à Alexandroupolis, une ville grecque proche de la frontière gréco-turque, le 16 juillet, quelques heures après le putsch manqué. Niant y avoir participé, ils avaient aussitôt demandé l'asile en Grèce, soutenant craindre pour leur vie.

De nombreux militaires et fonctionnaires ont fui la Turquie dans divers pays européens après la tentative de coup d'Etat et la purge tous azimuts déclenchée dans son sillage par le régime turc.
(AFP, 25 octobre 2016)

Les demandeurs d'asile se disent victimes "des politiques bilatérales"

Les huit militaires turcs ayant fui en Grèce après le coup d'Etat avorté en Turquie en juillet ont indiqué mardi avoir été victimes "des politiques bilatérales" après que leur demande d'asile eut été rejetée par les autorités grecques.

"Le service d'asile a rejeté jusqu'ici la demande des sept militaires turcs en première instance, nous attendons la décision pour le huitième la semaine prochaine", a indiqué à l'AFP leur avocate Me Stravroula Tomara, soulignant qu'un recours en deuxième instance va suivre.

Selon un communiqué de presse diffusé via leur avocate, les militaires turcs ont estimé que la décision du service d'asile grec "n'avait pas été prise en vertu du droit international et européen, mais avait été dictée par des politiques bilatérales".

"Nous sommes venus en Grèce pour sauver notre vie, nous ne souhaitons pas devenir des instruments de la politique des Affaires étrangères ou des traités bilatéraux", précise ce communiqué.

Les huit militaires avaient atterri en hélicoptère à Alexandroupolis, une ville grecque proche de la frontière gréco-turque, le 16 juillet, quelques heures après le coup d'Etat manqué en Turquie.

Ils avaient aussitôt demandé l'asile en Grèce, soutenant qu'ils avaient peur pour leur vie, mais niant avoir participé au coup d'Etat.

"Nous ne sommes pas qualifiés de terroristes dans notre pays, mais nous sommes considérés comme terroristes par un service public grec qui nous prive d'une protection internationale", conclut le communiqué des militaires turcs.

Ankara a demandé à Athènes leur extradition, mais cette demande ne sera examinée par la justice grecque qu'après que leur demande d'asile aura été définitivement tranchée, ce qui va prendre du temps, selon une source judiciaire grecque.

Selon Me Tomara, les juges grecs ont demandé le 26 août plus de précisions juridiques sur la demande d'asile car "elle n'était pas juridiquement fondée".

La gestion de l'affaire des huit militaires turcs est considérée comme délicate pour Athènes en raison des relations historiquement difficiles entre les deux pays.

De nombreux militaires et fonctionnaires ont fui la Turquie après le coup d'Etat manqué, par peur d'être arrêtés après la purge lancée par le président Recep Tayyip Erdogan contre les soutiens présumés à l'ex-imam turc Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé d'avoir fomenté ce coup d'Etat.
(AFP, 11 octobre 2016)

La Grèce renvoie 55 migrants en Turquie

Les autorités grecques ont renvoyé mercredi de l'île de Lesbos à Dikili en Turquie un groupe de 55 demandeurs d'asile, en majorité des Pakistanais et des Algériens, dans le cadre de l'accord UE-Turquie, selon une source policière.

Parmi ce groupe, figurent les premiers 37 demandeurs d'asile déboutés en deuxième instance par les autorités du service grec d'asile, selon la même source.

Outre 20 Pakistanais, 20 Algériens, ce groupe comprend cinq ressortissants marocains, quatre Afghans, trois Bangladeshis, un SriLankais, un Iranien et un Palestinien.

Il s'agit du premier renvoi massif depuis le coup d'Etat manqué en Turquie le 15 juillet. La purge massive engagée ensuite par les autorités turques avait ensuite tendu les relations entre Ankara et Bruxelles.

Le 8 septembre, Athènes avait renvoyé en Turquie cinq premiers demandeurs d'asile déboutés en première instance.

Depuis la mise en vigueur de l'accord UE-Turquie le 20 mars et jusqu'en début septembre, la Grèce avait renvoyé en Turquie environ 500 migrants dont la plupart n'avait pas demandé l'asile en Grèce ou avaient retiré leurs demandes.

La plupart des arrivants après le 20 mars ont demandé l'asile en Grèce pour tenter de retarder ou empêcher leur renvoi. Athènes s'étant engagée à un examen individuel des demandeurs d'asile, les renvois massifs en avaient été en conséquence retardés.

"Si la procédure d'examen d'asile s'accélère", les renvois vont s'intensifier, a indiqué une source policière à l'AFP ayant requis l'anonymat.

L'accord UE-Turquie a fortement endigué le flux migratoire en Europe via la Turquie, la route migratoire s'étant désormais déplacée à nouveau entre la Libye, l'Egypte et l'Italie.

Critiqué par de nombreuses ONG dont Amnesty International, cet accord prévoit le renvoi en Turquie sous certaines conditions des migrants et réfugiés arrivés en Grèce après le 20 mars. Pour chaque Syrien renvoyé, un Syrien doit être relocalisé en Europe.

La Grèce n'a renvoyé jusqu'ici en Turquie aucun demandeur d'asile syrien.

Ankara a menacé de rompre son accord avec l'UE si le dossier d'exemption des visas pour les Turcs dans l'espace Schengen n'avance pas.
(AFP, 5 octobre 2016)

Erdogan sème le trouble en critiquant le rattachement d'îles à la Grèce

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a semé le trouble en mettant en question le rattachement d'îles égéennes à la Grèce aux termes du Traité de Lausanne de 1923 qui a donné naissance à la Turquie moderne sur les ruines de l'empire ottoman.

"A Lausanne, nous avons donné des îles proches au point que votre voix ici peut être entendue là-bas. Est-ce une victoire ?", s'était interrogé jeudi à Ankara le président devant des élus locaux. Ces îles égéennes "étaient les nôtres. Il y avait nos mosquées là-bas, nos sanctuaires", a-t-il ajouté.

Les sympathisants d'Erdogan et ses opposants ont diversement apprécié la mise en cause de l'accord qui reconnait le régime de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie.

Les premiers estimant que ses propos ne font que rappeler que la Turquie actuelle n'est qu'une partie du territoire, plus étendue, jadis aux mains de l'empire ottoman alors que les seconds dénoncent une dangereuse dérive vers le néo-ottomanisme. A son apogée, l'empire ottoman contrôlait une zone s'étendant des Balkans à l'Afrique.

Signé en 1923, le Traité de Lausanne est le dernier accord conclu avec un pays vaincu de la Première Guerre mondiale. Il définit les frontières actuelles du pays de la Méditerranée jusqu'à la Perse après le démembrement de l'empire ottoman.

Bien que plus favorable que le Traité de Sèvres (1919) qui aurait cantonné le territoire turc aux alentours d'Istanbul et d'une partie de l'Anatolie, le Traité de Lausanne scelle la perte de toutes les îles égéennes - exceptés Gokceada (Imroz) et Bozcaada (Tenedos) - au profit des Grecs.

"Mettre en cause le Traité de Lausanne... est dangereux à la fois pour les relations entre nos deux pays mais aussi plus largement pour la région", a réagi le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Interrogé sur la chaîne de télévision SKAI TV, le ministre grec des Affaires européennes, Nikos Xydakis, a jugé que "les déclarations sulfureuses d'Erdogan" étaient devenues une habitude.

Pour lui, cela peut s'expliquer par le fait que le dirigeant turc "fait face à une pression forte à l'intérieur", après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet par des mutins qui ont tenté de le renverser, et aux problèmes avec ses voisins syriens et irakiens.

- 'Trahir l'histoire' -

Dans les faits, les propos du président turc viennent à rebours de ceux qu'il avait tenus le 24 juillet pour célébrer le 93e anniversaire du Traité, louant alors un "document fondateur de la République", obtenu par "la victoire du peuple grâce à sa foi, son courage et son sacrifice".

En deux mois, le ton a changé, le président turc allant jusqu'à affirmer que "ceux qui se sont assis à la table (des négociations) n'ont pas conclu le meilleur des accords". Il vise ainsi Ismet Inönü, bras droit et successeur de Mustafa Kemal Atatürk à la présidence de la République turque, que les laïcs de Turquie encensent encore aujourd'hui.

"Aujourd'hui nous en pâtissons", s'est ému M. Erdogan.

Pour Aykan Erdemir, de la Fondation pour la Défense de la démocratie basée à Washington, la "volte-face" d'Erdogan est la marque d'un émiettement de l'unité nationale mise en avant après le putsch avorté du 15 juillet, en particulier avec le camp laïc.

"Maintenant que le président turc a rétabli un contrôle total à travers tout le pays, il se sent assez à l'aise pour reprendre sa rhétorique anti-républicaine et qui divise", explique-t-il à l'AFP.

Plus virulent, le dirigeant des sociaux-démocrates (CHP, formation politique fondée par Atatürk), Kemal Kilicdaroglu, estime que les propos de M. Erdogan trahissent l'Histoire. S'adressant au président turc, il lui a lancé: "N'oubliez pas que si vous êtes assis dans ce siège c'est grâce à Lausanne".

A l'opposé, Yusuf Kaplan, éditorialiste du journal progouvernemental Yeni Safak, juge que le Traité de Lausanne a signé "l'arrêt de mort" du pays.

Pour Hayri Inönü maire d'un quartier d'Istanbul et petit-fils d'Ismet Inönü, l'existence d'"une République turque" est la preuve même que le Traité de Lausanne fut un succès. "Le reste n'est que palabres".
(AFP, 3 octobre 2016)

Le chef de la diplomatie chypriote turque doute d'une réunification en 2016

Chypre sera-t-elle réunifiée avant la fin de l'année comme l'espèrent l'ONU et les deux dirigeants de l'île méditerranéenne divisée depuis 40 ans? Le propre chef de la diplomatie de la partie turque du pays n'y croit pas.

Tahsin Ertugruloglu était en tournée à Washington cette semaine et a dit à l'AFP tout le mal qu'il pense du "processus de négociation en cours (qui) est évidemment un échec".

"J'ai de sérieux doutes quant à la possibilité que ce processus produise un résultat acceptable" par les deux parties, a critiqué le ministre chypriote turc, exhortant la communauté internationale, pourtant optimiste sur un règlement, à changer de perspective sur ce conflit qui empoisonne cet Etat membre de l'Union européenne.

Dimanche encore, à la fin de l'Assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon avait rapporté que les deux dirigeants chypriotes avaient décidé "d'intensifier leurs négociations" pour sceller un accord de réunification avant fin 2016. M. Ban avait reçu ensemble à New York le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci et le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades (chypriote grec).

Et le toujours optimiste secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé jeudi, dans un communiqué de félicitations pour l'anniversaire de l'indépendance du pays, "croire réellement qu'une Chypre réunifiée est à portée de main".

Il avait fait la même déclaration en décembre lors d'une visite à Nicosie.

Le dirigeant chypriote turc Akinci est un social-démocrate qui conduit depuis mai 2015 les discussions avec le président chypriote grec Anastasiades, sous l'égide de l'ONU, et qui se bat depuis longtemps pour réunifier la partie turque au nord et la partie grecque au sud.

Mais le chef de la diplomatie Ertugruloglu appartient au gouvernement conservateur du Premier ministre chypriote turc Huseyin Ozgurgun et "nous ne voyons pas les choses de la même manière que notre président" Akinci.

"Cela veut-il dire qu'il essaie de garantir un objectif pour les Chypriotes Turcs que nous n'accepterions pas? Je ne dis pas ça non plus", répond prudemment M. Ertugruloglu, accusant toutefois son propre président d'"être dans son propre univers politique".

L'argument massue du ministre est que les Chypriotes Turcs et les Chypriotes Grecs ne seraient pas traités et reconnus sur un même pied d'égalité.

"Tant qu'ils (les Chypriotes Grecs) continueront de jouir d'une reconnaissance internationale, ils n'auront aucun intérêt à partager quoi que ce soit avec un peuple qu'ils ne considèrent pas comme leur égal", dénonce le politicien.

A ses yeux, le processus parrainé par l'ONU est voué à l'échec puisqu'il considère la partie chypriote grecque comme un Etat souverain européen et les Chypriotes Turcs comme une minorité sécessionniste.


M. Ertugruloglu voudrait donc que soit reconnue une "égalité souveraine" pour la communauté turque telle qu'elle existait dans une Constitution de 1960, qui interdisait toute discrimination et disposait que le vice-président devait être un Turc.

"La Turquie ne laissera jamais l'île de Chypre devenir une île grecque", met en garde le ministre, soulignant que son gouvernement a de bonnes relations avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
(AFP, 30 Septembre 2016)

Immigration / Migration


Franco-Kurde arrêtée en Turquie: lancement d'un comité de soutien

Un comité "Liberté pour Ebru Firat" a été lancé mercredi soir à Toulouse pour soutenir une Franco-Kurde de 25 ans, soupçonnée d'avoir voulu préparer un attentat en Turquie et arrêtée début septembre à Istanbul, a constaté une journaliste de l'AFP.

Environ 60 personnes se sont rassemblées en début de soirée dans une salle municipale du centre de la ville, pour le lancement officiel du comité, créée le 16 septembre.

"C'est une jeune Toulousaine d'origine kurde, et c'est une jeune femme qui est allé combattre contre Daech, c'est un symbole très fort", a estimé Jean-Christophe Sellin, conseiller régional du Parti de gauche et président du comité.

Après avoir combattu au Kurdistan syrien, Ebru Firat "voulait simplement s'installer dans sa vie" au moment où elle a été arrêtée, a estimé Me Agnès Casero, avocate saisie par la famille de la jeune femme à Toulouse. "C'est un papillon pris dans une toile d'araignée", a-t-elle ajouté.

Ebru Firat, 25 ans, est née à Moissac (Tarn-et-Garonne) et a grandi à Toulouse, selon son avocate. Elle a été arrêtée le 8 septembre à sa descente de l'avion à l'aéroport Atatürk, en provenance de Diyarbakir (ville du sud-est de la Turquie, à majorité kurde).

L'agence progouvernementale turque Anadolu avait à l'époque rapporté que la jeune femme était membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme étant une organisation "terroriste" par Ankara) et que la police avait reçu des informations disant qu'elle s'apprêtait à commettre un attentat suicide dans la capitale économique de la Turquie.

Le 28 septembre, la mairie de Toulouse, le département et la région ont adressé une lettre au ministère des Affaires étrangères, sollicitant notamment la mise à disposition d'un avocat en Turquie par le consulat général de France.

Mercredi soir, le poète Serge Pey a lu des poèmes en hommage à Ebru Firat. Selon M. Sellin, le cinéaste Robert Guédigian, le géopoliticien Gérard Chaliand, l'auteur Patrice Franceschi, les chanteurs Jean-Pierre Mader et Magyd Cherfi ont signé l'appel pour sa libération.
(AFP, 19 octobre 2016)

Le futur marié musulman refuse de serrer la main de l’échevine

Un musulman radical a refusé de serrer la main de l’échevine de l'Etat-civil de Gand Sofie Bracke (Open VLD) peu avant la cérémonie de mariage. L’échevine souligne, dans une carte blanche dans De Morgen, qu’il s’agit d’un incident isolé mais ajoute qu’il y a gros problème avec une minorité de la communauté musulmane.

L’incident a eu lieu vendredi matin dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Gand. L’échevine s’apprêtait à célébrer le mariage d’un couple de musulmans de nationalité belge. "Je suis entrée et (comme je le fais d’habitude) je voulais saluer le futur marié et la future mariée en leur serrant la main. L’homme a alors refusé de manière ostentatoire ma main tendue en marmonnant : "Je ne peux pas vous serrer la main". Devant mon étonnement il a ajouté : "Je ne serre pas la main aux femmes, seulement à mon épouse".

"J’étais perplexe, je me demandais comment réagir. Finalement j’ai surmonté mon indignation et ma colère et j’ai célébré le mariage en toute vitesse. J’ai remis le livret de mariage à la jeune mariée et je me suis adressée à son mari en déclarant que son attitude était inacceptable. J’ai déclaré fermement que dans notre pays les hommes et les femmes sont égaux et que son attitude non seulement est en contradiction avec cette égalité et qu’en plus elle n’est pas correcte. J’ai quitté la salle en colère" raconte-t-elle dans De Morgen.

"Vous aussi, vous devez en parler"

"Ce que je trouve très grave," ajoute Sofie Bracke dans De Standaard , "c’est que l’homme en question travaille ici à Gand où il est magasinier. Il a la nationalité belge et ses parents vivent ici également. C’est donc quelqu’un de la deuxième ou de la troisième génération qui s’est radicalisé".

"Il est remarquable," ajoute encore l’échevine, "que le père du marié n’était pas d’accord avec l’attitude de son fils et la lui a reprochée".

Sofie Bracke souligne que cet incident est une exception absolue. "Même si cela me touche beaucoup, cela démontre qu’il y a un problème avec un petit groupe dans la communauté musulmane. Que, pour certaines personnes qui ont des idées islamistes radicales, qui sont nées dans notre pays, vivent et travaillent ici, des principes de base de notre démocratie et de notre vie en société ne vont apparemment pas de soi."

"Cet incident me conforte dans la conviction que nous devons transmettre nos idées de liberté et les ancrer solidement. A cet effet, je voudrais lancer un appel chaleureux à l’ensemble de la communauté musulmane qui partage nos valeurs démocratiques et défend un islam modéré : vous aussi, vous devez en parler". (Belga, 19 octobre 2016)

Des diplomates turcs ont demandé l'asile en Allemagne

Au moins trois diplomates turcs ont demandé l'asile en Allemagne après le coup d'État avorté du 15 juillet, ont rapporté samedi le quotidien Süddeutsche Zeitung et les chaînes de télévision NDR et WDR.

Selon ces médias qui citent des sources gouvernementales, la Turquie a demandé le retrait des passeports diplomatiques de huit diplomates turcs en Allemagne, soupçonnés d'être des partisans du prédicateur Fethullah Gülen. Parmi eux, au moins trois, dont un attaché militaire, ont par la suite demandé l'asile.

Les autorités turques ont lancé une vaste purge dans l'armée et la fonction publique après le putsch raté qui a été, selon elles, dirigé par ce prédicateur musulman exilé aux États-Unis, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan.

L'Office fédéral allemand pour les réfugiés et la migration (BAMF) ne s'est pas encore prononcé sur ces demandes d'asile, précise la Süddeutsche Zeitung, qui y voit un nouveau test pour des relations germano-turques fragilisées ces derniers mois par plusieurs disputes.

Ankara a notamment interdit pendant des mois les visites de responsables allemands sur une base militaire de la Bundeswehr pour dénoncer une résolution de la chambre basse du parlement allemand reconnaissant le génocide des Arméniens par l'empire ottoman.
(AFP, 8 octobre 2016)

Plainte des conseillers de l'opposition contre Emir Kir

Depuis l’arrivée d’Emir Kir (PS) en tant que bourgmestre de Saint-Josse, les conseillers communaux de l’opposition se plaignent d’un certain nombre de manquements au règlement d’ordre intérieur du conseil communal. En mars dernier, l’élu de l’opposition Ahmed Mouhssin (Ecolo) a porté plainte auprès de la tutelle régionale, organe qui vient de lui donner raison sur la plupart des points.

Le conseiller pointait le fait que le collège ajoutait souvent des points à l’ordre du jour sans pour autant en justifier l’urgence. Pour la tutelle, cette pratique doit rester exceptionnelle et elle donne raison à l’élu de l’opposition. « Le conseil communal doit pouvoir exercer pleinement sa compétence, ce qui nécessite que les membres aient le temps d’étudier les dossiers », peut-on lire dans la réponse de la tutelle en date du 15 septembre.

La commune doit aussi proposer un règlement pour les commissions et mettre en ligne l’organigramme de l’administration. Elle dit que c’est en cours de rédaction, mais rien n’a encore été rendu public.

Ahmed Mouhssin se plaignait également du refus du bourgmestre concernant la possibilité de filmer le conseil communal. Cette fois, la tutelle régionale ne le suit pas, le bourgmestre ayant la possibilité de refuser s’il considère que cela gêne la bonne tenue des débats.
Par contre, la tutelle reconnaît qu’il n’est pas légal de refuser l’accessibilité des établissements et services communaux aux élus même si ces derniers doivent faire la demande auprès du collège et non du secrétaire communal comme pratiqué depuis des années. Et surtout, la Région demande à la commune de fournir les documents demandés par les conseillers. « Aucun acte, aucune pièce concernant l’administration, ne peut être soustrait à l’examen des membres du conseil », selon la nouvelle loi communale. Les élus doivent conserver un devoir de discrétion pour le respect de la vie privée.

« La tutelle me donne raison sur beaucoup de faits, précise Ahmed Mouhssin. Emir Kir doit respecter la législation. S’il ne le fait pas, je n’hésiterai pas à déposer plainte pour que la justice suive son cours. La démocratie doit être respectée. » (Le Soir, V.Lh. , 3 octobre 2016)



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