Droits
de l'Homme / Human Rights
Un étudiant autrichien écroué
pour liens avec une organisation
"terroriste"
Un étudiant autrichien, Max Zirngast, arrêté la semaine dernière en
Turquie, a été écroué pour appartenance à une "organisation
terroriste", a indiqué vendredi à l'AFP son avocat.
Outre ses études, M. Zirngast contribue pour plusieurs médias en
Turquie et à l'étranger, notamment la revue d'extrême gauche de langue
allemande Re:volt. Reporters Sans Frontières (RSF) a ainsi dénoncé son
arrestation et appelé à sa libération.
Cet Autrichien de 29 ans, étudiant en master de Sciences politiques à
l'Université technique du Moyen-Orient (ÖDTÜ) d'Ankara, a été écroué
jeudi soir pour "appartenance à une organisation terroriste" d'extrême
gauche, explique à l'AFP son avocat, Tamer Dogan.
"Max n'a aucun lien avec une organisation terroriste", insiste-t-il.
Interrogé sur des ouvrages et des recherches à propos d'un leader
communiste turc trouvés en sa possession, M. Zirngast, qui vit en
Turquie depuis 3 ans et s'exprimait en turc, a affirmé être "un
chercheur", d'après le compte-rendu de l'audience que l'AFP a pu
consulter
"J'ai des livres d'idéologie de gauche, de droite et même des oeuvres
de littérature", s'est-il défendu.
Quant à ses articles portant sur la question kurde et le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK, classé "terroriste" en Turquie), il a
affirmé écrire sur le sujet de façon "objective".
"C'est un journaliste qui travaille dans le cadre de la loi", insiste
son avocat.
M. Zirngast est accusé d'appartenir à un groupuscule de gauche, mais
son avocat et lui assurent que l'organisation en question "n'existe
pas".
Lors de son arrestation le 11 septembre, RSF avait appelé à sa
libération "immédiate".
"Des divergences d'opinions politiques ne peuvent justifier des
arrestations ou des intimidations, ce qui se produit de plus en plus en
Turquie", estimait RSF-Autriche dans un communiqué.
La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG pour ses atteintes à
la liberté de la presse, surtout depuis la tentative de putsch de
juillet 2016.
Deux autres personnes jugées avec M. Zirngast, Hatice Göz, une
psychologue, et Mithatcan Turekten, un étudiant, tous deux Turcs, ont
également été écrouées jeudi soir, selon le compte-rendu d'audience. (AFP, 21 sept
2018)
ECtHR to Hear Case of Osman Kavala
in Accelerated Procedure
In response to the application submitted by the attorneys of rights
advocate and businessperson Osman Kavala on June 8, 2018, the European
Court of Human Rights (ECtHR) has decided to hear the case of Kavala in
an accelerated procedure.
Questions to Turkey
The ECtHR has directed a series of questions to Turkey for defence.
As reported by the Strasbourg correspondent of Deutsche Welle Kayhan
Karaca, the court has especially focused on the compatibility of the
provisional arrest of Kavala with the European Convention on Human
Rights and the legal precedents of the ECtHR.
Solid evidence has been requested
Questioning the legality of Kavala's arrest, the ECtHR has requested
detailed information as to the concept of "strong doubt about committal
of a crime based on solid evidence."
The court has also asked whether there was sufficient evidence in his
case file at the time when the verdict of arrest was given for Osman
Kavala.
"Reasonableness of period of detention"
Questioning the compatibility of Kavala's period of provisional arrest
with the condition of trial "in a reasonable period", the ECtHR has
also requested detailed information as to whether Kavala has the right
of objection to the legality of his arrest.
The court has also demand defence from the government of Turkey
regarding the allegations that the arrest of Kavala was "political."
What happened?
Anadolu Kültür Executive Board Chair, human rights advocate and
businessperson Osman Kavala was taken into custody in the evening hours
on October 18 at İstanbul Atatürk Airport upon his return from a
meeting of a project planned to be realized in cooperation with Goethe
Institute in Antep.
He was targeted by some pro-government newspapers following his
detention.
Speaking at the weekly group meeting of his party, President and
Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan referred
to Kavala as the "Soros of Turkey", mentioning his name and said:
"Some try to deflect the truth by means of praises attributed to him
such as 'He was a good citizen, a media member, an NGO representative'.
The identity of this figure called 'Soros of Turkey' has been
uncovered. That was his name that came up in Consulate General
[investigation]. All connections have surfaced. And there is the same
person behind the incidents in Taksim. You see those people again
behind funds transfer to certain places. Who are you trying to fool?"
His detention also sparked criticism on international level.
US thinker and professor in linguistics, Noam Chomsky, United States
Department of State Spokesperson Heather Nauert and European Parliament
Rapporteur for Turkey Kati Piri denounced Kavala's detention and
demanded that he be released immediately.
On October 31, a group of 35 academics, writers and researchers coming
together under the guidance of the European Network on Political Group
Analysis Jean-François Bayart, addressed an open letter to President
Erdoğan for Kavala's release.
About Osman Kavala
Kavala was born in Paris in 1957. He graduated from Department of
Economy at Manchester University.
He has been working as executive at Kavala Group since 1982.
He participated in the foundation of Turkey's one of the most prominent
publishing houses, İletişim Publications, with Murat Belge.
He served as member of administrative boards of business institutions
and NGOs such as Turkey-Poland Business Council, Turkey-Greece Business
Council, and Center for Democracy in Southeast Europe.
Kavala is a member of Turkish Economic and Social Studies Foundation
(TESEV) Administrative Board, Open Society Institute Consulting Board,
and supporter of Helsinki Citizens' Assembly, History Foundation and
Diyarbakır Culture House. (BIA, Sept 19, 2018)
Arrestations lors d'une manifestation de
soutien à des ouvriers
La police turque a interpellé samedi soir à Istanbul une vingtaine de
personnes qui manifestaient en soutien aux ouvriers du nouvel aéroport,
eux-mêmes été visés par des arrestations après avoir dénoncé leurs
conditions de travail.
Un photographe de l'AFP, Bülent Kiliç, a également été interpellé, puis
relâché deux heures plus tard.
Plusieurs dizaines de personnes ont tenté de se réunir samedi soir en
soutien à des ouvriers travaillant sur le chantier du troisième
aéroport d'Istanbul, censé ouvrir fin octobre.
Mais les forces de l'ordre sont immédiatement intervenues pour
disperser les manifestants, et en ont interpellé au moins une
vingtaine, a constaté une journaliste de l'AFP.
Cette manifestation avait été organisée en réaction à l'arrestation de
plusieurs centaines d'ouvriers dans la nuit de vendredi à samedi après
une manifestation de protestation contre leurs conditions de travail.
"500 ouvriers du troisième aéroport ont été arrêtés", avait tweeté dans
la matinée la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie
(Disk).
Ces arrestations faisaient suite à une manifestation des ouvriers
vendredi devant le chantier de l'aéroport, l'un des nombreux
gigantesques projets lancés sous la houlette du président Recep Tayyip
Erdogan.
Les manifestants déplorent des décès et des accidents sur le chantier
ainsi que de mauvaises conditions de vie dans leurs logements sur place.
Selon les témoignages recueillis par le quotidien d'opposition
Cumhuriyet, certains ouvriers se plaignent notamment de puces et de
punaises de lit.
L'entreprise chargée de l'exploitation de l'aéroport, IGA, a publié un
communiqué vendredi soir, affirmant que la direction avait rencontré
les ouvriers et promis que des mesures seraient prises "au plus vite"
pour régler les problèmes soulevés.
Interrogée samedi, une porte-parole s'est refusée à tout commentaire
sur les arrestations.
Le mot-dièse en soutien à ces travailleurs, "Nous ne sommes pas des
esclaves" (#köledegiliz), était parmi les plus partagés en Turquie
samedi.
Sur place, l'entrée de la zone de vie des ouvriers était étroitement
surveillée par des dizaines de policiers et de gendarmes et des
véhicules blindés étaient déployés à proximité, ont constaté des
journalistes de l'AFP.
Le chantier de cet aéroport, destiné à être le plus grand du monde
selon Ankara, mobilise 35.000 personnes, dont 3.000 ingénieurs et
membres du personnel administratif.
Au cours d'une visite organisée pour la presse en avril, le ministre
des Transports avait déclaré que 27 ouvriers avaient perdu la vie, dont
13 dans des accidents du travail.
Mais quelques ouvriers interrogés samedi par l'AFP ont affirmé, sous
couvert de l'anonymat, que ces chiffres étaient bien en-dessous de la
réalité et que les accidents étaient très fréquents sur le chantier.
Dans une première phase, cet aéroport aura une capacité de 90 millions
de passagers par an, pour atteindre 150 millions de passagers en 2023,
a affirmé le chef de l'Etat à l'occasion d'un premier atterrissage, en
juin. (AFP,
15 sept
2018)
Des centaines d'ouvriers du
nouvel aéroport d'Istanbul arrêtés
Des centaines d'ouvriers travaillant sur le chantier du troisième
aéroport d'Istanbul, censé ouvrir fin octobre, ont été arrêtés dans la
nuit de vendredi à samedi, après avoir manifesté contre leurs
conditions de travail, selon plusieurs syndicats.
"500 ouvriers du troisième aéroport ont été arrêtés", a tweeté la
Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie (Disk).
Des centaines d'ouvriers ont manifesté vendredi devant le
chantier de
l'aéroport, l'un des nombreux gigantesques projets lancés sous la
houlette du président Recep Tayyip Erdogan, avant d'être dispersés par
les forces de l'ordre, selon l'agence privée de presse DHA.
Les manifestants déplorent des décès et des accidents sur le chantier
ainsi que de mauvaises conditions de vie dans les logements qu'ils
occupent sur place.
Selon les témoignages recueillis par le quotidien d'opposition
Cumhuriyet, certains ouvriers se plaignent notamment de la présence de
puces et de punaises de lit.
L'entreprise chargée de l'exploitation de l'aéroport a publié un
communiqué vendredi soir, affirmant que la direction a rencontré les
ouvriers et promis que des mesures seraient prises "au plus vite" pour
régler les problèmes soulevés.
Interrogée samedi, une porte-parole s'est refusée à tout commentaire
sur les arrestations.
Le mot-dièse en soutien à ces travailleurs, "Nous ne sommes pas des
esclaves" (#köledegiliz), était parmi les plus partagés en Turquie
samedi.
Sur place, l'entrée de la zone de vie des ouvriers était étroitement
surveillée par des dizaines de policiers et de gendarmes et des
véhicules blindés étaient déployés à proximité, ont constaté des
journalistes de l'AFP.
Le chantier de cet aéroport, destiné à être le plus grand du monde
selon Ankara, mobilise 35.000 personnes, dont 3.000 ingénieurs et
membres du personnel administratif.
Au cours d'une visite organisée pour la presse en avril, le ministre
des Transports avait déclaré que 27 ouvriers avaient perdu la vie, dont
13 dans des accidents du travail.
Mais quelques ouvriers interrogés samedi par l'AFP ont affirmé, sous
couvert de l'anonymat, que ces chiffres étaient bien en-dessous de la
réalité et que les incidents étaient très fréquents sur le chantier.
Dans une première phase, cet aéroport aura une capacité de 90 millions
de passagers par an, pour atteindre 150 millions de passagers en 2023,
a affirmé le chef de l'Etat à l'occasion d'un premier atterrissage
effectué en juin. (AFP, 15 sept
2018)
Sept ans de prison pour un Britannique jugé pour liens
avec les milices kurdes
Un tribunal turc a condamné à sept ans et demi de prison un Britannique
arrêté en 2017 et accusé de liens avec une milice kurde considérée
comme "terroriste" par la Turquie, a rapporté l'agence de presse privée
DHA.
Joe Robinson a été condamné à sept ans et demi de prison pour
"appartenance à une organisation terroriste" par un tribunal d'Aydin,
dans l'ouest de la Turquie, a a précisé vendredi soir DHA.
Le Britannique y avait été arrêté en juillet 2017, alors qu'il y
passait des vacances. Il a ensuite été placé en détention provisoire
pour avoir publié des photos le montrant en tenue de camouflage avec
des combattants des YPG, les milices kurdes de Syrie, considérées comme
"terroristes" par Ankara, mais alliées de Washington dans la lutte
contre le groupe Etat islamique (EI).
Un tribunal l'avait ensuite placé en liberté sous contrôle judiciaire
en novembre lors d'une audience de son procès.
M. Robinson n'a pas assisté à son procès vendredi pour "des raisons de
santé", précisait DHA sans plus de détails. Il reste en liberté dans
l'attente de son jugement en appel.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré se tenir
"prêt à fournir une assistance consulaire" à son citoyen en Turquie.
La fiancée de M. Robinson, de nationalité bulgare, avait été arrêtée en
juillet en même temps que lui mais avait été aussitôt remise en liberté
sous contrôle judiciaire.
Egalement jugée vendredi, elle a été condamnée à un an, dix mois et
quinze jours d'emprisonnement pour "propagande terroriste", mais est
actuellement en Angleterre, selon DHA.
Selon la presse britannique, Joe Robinson est un ancien soldat qui
avait notamment servi en Afghanistan en 2012 et s'était rendu en Syrie
en 2015 pour travailler dans le service médical des YPG.
Il avait été arrêté à son retour en Grande-Bretagne pour des soupçons
de liens avec des groupes "terroristes" mais les poursuites avaient été
abandonnées. (AFP, 15 sept
2018)
‘Prison
Capacity Exceeded, 3 People Lie in 1 Bed’
Ömer Faruk Gergerlioğlu, the Kocaeli MP of the Peoples' Democratic
Party (HDP) and a member of the Grand National Assembly of Turkey
(TBMM) Human Rights Investigation Commission, has brought the rights
violations committed in Sivas Type E Closed Prison to parliamentary
agenda.
Gergerlioğlu has filed a petition to the Human Rights Investigation
Commission about the rights violations and submitted a parliamentary
inquiry to be responded by Minister of Justice Abdülhamit Gül.
"22 people stay in an 8-person ward"
In their letter to Gergerlioğlu, inmates held in Sivas Type E Closed
Prison have stated:
"In the women's ward no. B-9, 22 people stay in an 8-person ward, no
new wards are opened despite our requests. Three people share the same
bed or sleep on the floor.
"Water runs for only half an hour a day. We are deprived of running
water for the rest of the day.
"They cut the water in toilets and bathrooms as well. Since the water
is taken from a well, there are insects in it. They do not disinfect it
despite our complaints.
"The prison administration also subjects the inmates to psychological
pressure."
"Has the ministry launched an investigation?"
In his parliamentary inquiry addressed to Minister of Justice
Abdülhamit Gül, Gergerlioğlu has asked whether any investigations have
been launched into the complaints of the inmates held in Sivas Type E
Closed Prison.
Referring to the Article 3 of the European Convention on Human Rights
about torture and maltreatment, Gergerlioğlu has also asked what
measures have been taken by the ministry to prevent these offences and
how many investigations have been launched against prison personnel
over the last five years due to related allegations. (BIA, 11 September 2018)
Six personnes condamnées à vie pour un attentat à Ankara
Six personnes ont été condamnées à la prison à vie lundi pour un
attentat à la voiture piégée qui a fait 29 morts à Ankara en février
2016, revendiqué par un mouvement kurde armé, selon l'agence étatique
Anadolu.
Les six accusés ont été condamnés chacun à 29 peines de prison à vie
pour homicide volontaire de 29 personnes, et à une peine de perpétuité
supplémentaire pour avoir porté atteinte à l'intégrité territoriale et
l'unité de l'Etat, précise Anadolu.
Ils ont également été condamnés à 1.185 ans de prison chacun pour
transport d'explosifs et tentative d'assassinat de 75 personnes.
Parmi les 68 accusés jugés dans le cadre de ce procès, deux autres ont
écopé de neuf ans de prison pour "appartenance à une organisation
terroriste" et sept personnes à six ans de prison pour fraude.
Deux personnes ont été acquittées. Cinquante autres accusés doivent
être jugés séparément.
Vingt-neuf personnes avaient perdu la vie le 17 février 2016 dans cet
attentat à la voiture piégée qui visait un convoi militaire dans le
centre de la capitale turque.
L'attaque, perpétrée par un kamikaze, avait été revendiquée par les
Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), proche du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux.
La Turquie a été frappée en 2015 et 2016 par de nombreux attentats
sanglants, attribués ou revendiqués par le groupe Etat islamique (EI)
et les rebelles kurdes.
Le dernier attentat d'envergure en Turquie remonte à la nuit du Nouvel
An 2017. Un membre de l'EI avait alors attaqué une discothèque à
Istanbul avec un fusil d'assaut, faisant 39 morts.
Depuis, la Turquie reste sous haute sécurité, et les autorités mènent
régulièrement des vagues d'arrestation de membres présumés de l'EI et
du PKK.
(AFP, 10 sept
2018)
Un
Allemand d'origine turque
recherché par Ankara arrêté en Bulgarie
Un Allemand d'origine turque condamné par
contumace dans son pays d'origine pour appartenance au PKK a été arrêté
dimanche en Bulgarie, a indiqué mercredi le ministère de l'Intérieur à
Sofia, confirmant des informations de presse.
Mehmet Yavuz, 44 ans, a été interpellé à son arrivée à l'aéroport de
Varna (est) en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par la
Turquie, alors qu'il comptait passer des vacances sur la côte bulgare
avec sa femme.
Réfugié en Allemagne dont il a obtenu la nationalité, il a selon la
presse allemande été condamné en 1999 par contumace à 12 ans et demi de
prison pour appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
une organisation classée comme "terroriste" par Ankara et ses alliés.
Jointe par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, sa femme, Gülzen
Yavuz, a confirmé qu'il avait été politiquement actif dans les années
1990 en Turquie, tout en assurant qu'il n'avait jamais été lié à des
activités terroristes.
M. Yavuz a ces dernières années régulièrement voyagé tant au sein de
l'UE qu'en dehors avec son passeport allemand, sans jamais être
inquiété, a-t-elle souligné.
Le tribunal régional de Varna va "informer la partie qui le recherche
pour qu'elle fournisse des documents en vue d'une extradition", a
déclaré à l'AFP le porte-parole du tribunal Radoslav Lazarov. A l'issue
d'une audience mercredi devant ce tribunal, M. Yavuz a été assigné à
résidence dans l'attente de l'examen de la demande d'extradition. (AFP, 7 sept
2018)
A Istanbul, les mères de "disparus" refusent
d'abandonner
Par Fulya OZERKAN
Hanife Yildiz a vu son fils unique Murat
pour la dernière fois alors qu'il entrait dans un commissariat où il
était convoqué pour avoir tiré des coups de feu en l'air pendant une
altercation. C'était en 1995, il avait 19 ans.
La police lui a raconté que Murat s'était évadé pendant son transfert à
Istanbul. Mais Mme Yildiz n'en croit pas un mot.
Alors, pour réclamer la vérité, elle a rejoint les "Mères du
samedi", un groupe de femmes manifestant chaque semaine depuis plus de
vingt ans pour leurs proches disparus aux mains des autorités.
"Si une mère ne cherche pas son enfant, alors cela n'a aucun sens
d'être mère", dit-elle.
Chaque semaine depuis le 27 mai 1995, les "Mères du samedi", un groupe
de femmes aux cheveux aujourd'hui grisonnants, se rassemblaient devant
le lycée francophone Galatasaray, au coeur d'Istanbul, brandissant des
photos jaunies de leurs proches disparus.
Mais le mois dernier, le gouvernement a empêché la tenue de leur 700ème
manifestation pacifique. Les "Mères du samedi" et leurs soutiens ont
été dispersés par la force. Samedi, la police a une nouvelle fois
entravé la tenue du rassemblement.
Malgré l'interdiction de manifester qui les vise désormais, Mme Yildiz
veut continuer de se battre. "Nous n'abandonnerons notre combat que
lorsque les autorités nous montreront la pierre tombale de nos fils",
dit-elle à l'AFP.
Le mouvement des "Mères du samedi" s'est inspiré de celui des "Mères de
la Place de Mai" en Argentine, où des proches de victimes de
"disparitions forcées" pendant la dictature (1976-1983) manifestaient
chaque semaine pour demander des informations.
La Turquie a connu une période très troublée dans les décennies 1980 et
1990, les forces de sécurité affrontant la guérilla kurde du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Sud-Est, et des groupes
radicaux d'extrême gauche à travers le pays.
- "Deuil sans fin" -
Des ONG accusent les gouvernements de l'époque d'avoir commis de
nombreuses violations lors d'arrestations ou dans le traitement de
personnes détenues, avec un recours fréquent à la torture.
Aujourd'hui, les "Mères du samedi" craignent que l'actuel président
Recep Tayyip Erdogan ne soit pas pressé d'exhumer ce passé.
Le mois dernier, le ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu, a justifié
l'interdiction de ces rassemblements en arguant que le mouvement était,
selon lui, récupéré par le PKK.
"Qu'aurions-nous dû faire ? Fermer les yeux alors que les sentiments
maternels étaient exploités par des groupes terroristes ?", a-t-il
alors déclaré.
Le 25 août, la police a dispersé les "Mères du samedi" à l'aide de
canons à eau et de grenades lacrymogènes et des figures du mouvement,
comme Emine Ocak, 82 ans, ont été brièvement interpellées, suscitant
l'indignation.
"Il y a un deuil sans fin pour les personnes disparues pendant leur
détention. Il ne prendra fin que lorsque nous aurons une tombe" devant
laquelle se recueillir, confie la fille d'Emine Ocak, Maside.
"Nous ne pouvons pas surmonter le traumatisme", ajoute Maside, dont le
frère, Hasan, n'a pas été vu depuis le 21 mars 1995 après, selon sa
famille, avoir été interpellé.
- "Continuer à chercher" -
Le ministre de l'Intérieur soutient que Hasan Ocak était membre d'un
groupe d'extrême gauche et qu'il a été tué dans le cadre d'un règlement
de comptes au sein de l'organisation.
"Même si c'est un meurtre interne au groupe, comme le dit Soylu, nous
voulons que (...) les coupables soient punis", déclare Maside Ocak.
"J'ai vu des photos du corps torturé de Hasan dans un rapport
d'autopsie. Cette image ne m'a jamais quittée depuis", poursuit-elle.
"Tant que ce crime restera impuni, nous continuerons à chercher. Quand
nous nous rappelons nos proches, ce n'est pas un corps mutilé qui
devrait nous venir à l'esprit".
En 2011, alors qu'il était Premier ministre, M. Erdogan avait rencontré
un groupe de "Mères du samedi" qui réclamait la création d'une
commission d'enquête indépendante.
Hanife Yildiz était présente à cette réunion et elle conserve
aujourd'hui la même soif de vérité, en dépit de l'interdiction de
manifester.
"Nous ne permettrons pas que les corps de nos proches (...) se
retournent dans leurs tombes", dit-elle. "Nous continuerons de courir
après nos enfants disparus". (AFP, 4 sept
2018)
"Les mères du samedi" empêchées de manifester à Istanbul
Les autorités turques ont empêché "les mères du samedi", qui
manifestent depuis 1995 à la mémoire de proches disparus dans les
années 1980 et 1990, de défiler dans le centre d'Istanbul, a constaté
un photographe de l'AFP.
La semaine dernière, la police était intervenue pour la première fois
depuis plusieurs années pour disperser et interdire leur manifestation
hebdomadaire, arguant que l'évènement était "exploité" par des "groupes
terroristes".
La police d'Istanbul a érigé ce samedi des barricades à proximité de la
place Galatasaray et sur l'avenue de l'Istiklal pour empêcher le
rassemblement, selon ce photographe.
Quelque trois cents personnes étaient présentes, parmi lesquelles des
responsables du Parti républicain du peuple (CHP), la principale
formation de l'opposition et des députés du Parti démocratique des
peuples (HDP, pro-kurde).
Une déclaration a été communiquée à la presse pour dénoncer
l'"arbitraire" des autorités.
Les autorités d'Istanbul ont justifié l'interdiction du rassemblement
par le fait que des appels à y participer avaient été lancés par le
biais de réseaux sociaux liés au Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara, mais aussi par
l'Union européenne et les Etats-Unis.
Depuis le 27 mai 1995, les "mères du samedi" se rassemblent chaque
semaine dans le centre d'Istanbul en souvenir de proches disparus, à
une époque troublée de la Turquie.
Les disparitions en Turquie ont eu lieu au plus fort de l'insurrection
du PKK, qui a débuté en 1984 dans le sud-est du pays où vivent une
majorité de Kurdes.
Selon les sympathisants des "mères du samedi", l'Etat turc n'a jamais
enquêté de façon suffisante pour établir la vérité sur ceux qui ont
disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
(AFP, 1 sept
2018)
Déclaration des avocats d'Ayten Öztürk, enlevée
par la police
Ayten Öztürk, militante turque disparue pendant six mois, a été
localisée cette nuit. Ses avocats l'ont rencontré aujourd'hui. Point
sur la situation.
Les avocats du Bureau du Halkın Hukuk Bürosu (Bureau de droit pour le
peuple - HHB) ont rencontré aujourd'hui Ayten Öztürk qui est détenue
par la section politique de la police à Ankara en Turquie après une
disparition de six mois. Voici les informations qu'ils ont diffusé sur
twitter.
Ayten Öztürk a été arrêtée le 8 mars à l'aéroport de Beyrouth au Liban
pour être extradée vers la Turquie le 13 mars. À partir de cette date
et jusqu'au 28 août, elle a été détenue dans un endroit inconnu par la
contre-guérilla, brigade spéciale des services secrets turcs. Durant
toute cette période, et afin d'obtenir des informations, elle a été
torturée. Outre des violences sexuelles, les sévices corporels ont été
nombreux avec usage notamment des techniques de suspension, de
l'électricité ou de l'eau glacée. Afin de l'abattre psychologiquement,
il a été également été utilisée la torture psychologique. Il lui a
entre autre été dit, et toujours dans l'objectif de la faire
collaborer, que personne ne s'inquiétait de sa disparition, ni n'était
là pour la défendre. Malgré ces méthodes barbares, Ayten Öztürk s'est
tue. Elle a perdu 22 kilos, se trouve dans un état physique déplorable
mais elle a gardé le silence.
Le 28 août, après une heure trente de trajet, elle a été abandonnée
dans un endroit désert où la police d'Ankara l'a récupéré.
Pour le moment, elle ne fait pas encore l'objet d'un chef d'inculpation
officiel et les avocats du HHB diffuseront de façon régulière des
informations sur sa situation et son état de santé. (Dogan Presse
Agence, August 30, 2018)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Près de 4 ans de prison pour les
dirigeants d'une chaine de télévision
Un tribunal d'Istanbul a condamné mercredi à 3 ans et 9 mois de prison
les dirigeants d'une chaîne de télévision fermée après le coup d'Etat
manqué de juillet 2016, pour "propagande terroriste", selon Reporters
Sans Frontières (RSF).
Les copropriétaires de la chaîne Hayatin Sesi, Mustafa Kara et Ismail
Gökhan Bayram, ainsi que son rédacteur en chef, Gökhan Cetin, ont été
condamnés à 3 ans et 9 mois d'emprisonnement, a déclaré à l'AFP Erol
Önderoglu, représentant en Turquie de RSF.
Ils sont accusés d'avoir diffusé de la "propagande terroriste" en
faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du groupe Etat
islamique (EI).
Hayatin Sesi, une chaîne de gauche qui avait vivement critiqué le
président Recep Tayyip Erdogan et couvert de près les manifestations de
l'été 2013 contre son régime, a été fermée par décret-loi à la suite du
coup d'Etat manqué de 2016.
Les trois hommes restent libres dans l'attente de leur jugement en
appel, précise M. Önderoglu, qui évoque une "peine très grave" et
"disproportionnée".
Les ONG de défense de la liberté de la presse dénoncent régulièrement
l'érosion de cette liberté en Turquie, en particulier depuis la
tentative de putsch de 2016 qui a été suivie de l'arrestation de
journalistes et de la fermeture de médias.
La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au classement de la
liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières. (AFP, 19 sept
2018)
Le
journal Cumhuriyet ébranlé par une guerre
interne
Au
siège
de la rédaction de Cumhuriyet, à Istanbul, des reporters pianotent sur
les claviers, des photographes sirotent du thé en riant et, sur un mur,
la une d'un vieux numéro proclame: "Vous n'arriverez pas à nous
abattre".
Mais derrière l'apparente normalité, ce journal férocement critique du
président Recep Tayyip Erdogan, qui a bravé maints procès et menaces,
vient de vivre une violente bataille interne qui laisse la rédaction
exsangue.
En quelques jours, une trentaine de journalistes ont quitté le
quotidien quasi centenaire, suscitant des inquiétudes pour l'avenir de
ce bastion de la liberté de la presse, malmenée en Turquie.
Parmi les démissionnaires figurent de grands noms de la presse turque,
comme le chroniqueur Kadri Gürsel, le caricaturiste Musa Kart ou encore
la journaliste Cigdem Toker.
Cette hémorragie survient après le renouvellement du conseil
d'administration de la fondation propriétaire du journal, le 7
septembre, au terme d'années de lutte impitoyable entre deux clans.
L'équipe libérale, pro-européenne et prokurde qui tenait la barre
depuis 2013 a été balayée par une frange plus nationaliste et
intransigeante sur l'héritage laïque du fondateur de la République
Mustafa Kemal Atatürk.
"Maintenant, ils sont en train de refaçonner le journal à leur image",
déclare à l'AFP Aydin Engin, 77 ans. Lui a quitté "sans regret" le
journal il y a 10 jours, après plus de 15 ans de service.
- À couteaux tirés -
Pour Ahmet Insel, un intellectuel respecté qui écrivait une chronique
dans Cumhuriyet depuis 2015, le changement de direction signe l'"échec
de la tentative de créer un journal ouvert, pas sectaire".
Ainsi se referme une parenthèse libérale de cinq ans pendant laquelle
Cumhuriyet aura frappé les esprits, mais aussi connu de graves ennuis.
Sous la houlette de Can Dündar, rédacteur en chef de 2015 à 2016, le
quotidien multiplie les scoops. Il révèle par exemple la livraison
d'armes par les services secrets turcs à des groupes armés en Syrie,
s'attirant les foudres de M. Erdogan.
À l'automne 2016, le couperet tombe: près de 20 cadres et
collaborateurs du journal sont arrêtés. En avril dernier, 14 d'entre
eux ont été condamnés pour "activités terroristes" lors d'un procès
controversé.
Habitée et soudée, la rédaction tient bon. "Cumhuriyet ne se vendait
pas beaucoup, mais il avait un impact national et international
important", souligne Ahmet Insel.
Mais si certains voient dans ces années un "âge d'or", en interne, les
gardiens de l'orthodoxie kémaliste s'inquiétaient de l'évolution
éditoriale.
"Ils ont introduit dans Cumhuriyet des éditorialistes qui n'avaient
rien à voir avec les idées républicaines et laïques", tempête Mine
Kirikkanat, membre du nouveau conseil éditorial.
Elle accuse l'ancienne équipe dirigeante d'avoir fait du "prosélytisme
kurde, du prosélytisme libéral" pour attirer plus d'aides de l'Union
européenne.
Signe de la profondeur du différend qui oppose les deux camps: lors du
procès contre les collaborateurs de Cumhuriyet accusés de "terrorisme",
le procureur a fait témoigner d'anciens collègues mécontents, dont
celui qui a été élu président de la fondation le 7 septembre.
- "Perte incalculable" -
Aujourd'hui, l'équipe évincée dénonce une "révolution de palais"
appuyée par une justice contrôlée par le gouvernement de M. Erdogan.
Les élections de la fondation Cumhuriyet du 7 septembre ont eu lieu
après que la Cour de cassation eut appuyé un recours demandant
l'invalidation du scrutin de 2013 ayant avait porté les libéraux à la
tête du journal.
Mais la nouvelle direction nie en bloc toute collusion avec le
gouvernement en vue de s'emparer du journal.
Ces allégations sont "dégoûtantes", s'insurge Sükran Soner, membre du
nouveau conseil d'administration de Cumhuriyet, où elle a fait ses
débuts en 1966. "Nous allons continuer de faire du journalisme sans
concession", assure-t-elle à l'AFP.
La guerre entre les deux camps est loin d'être terminée. La nouvelle
direction accuse la précédente d'avoir siphonné la caisse avec de
lucratives ruptures de contrat avant de s'en aller, ce que les
intéressés démentent vigoureusement.
Une chose est sûre: le départ des plumes de Cumhuriyet est "une perte
incalculable pour le journalisme turc" au moment où la plupart des
médias sont contrôlés par des proches de M. Erdogan, se désole Erol
Onderoglu, de Reporters sans frontières.
"Erdogan doit être très satisfait de ce qu'il se passe à Cumhuriyet",
grommelle Aydin Engin. "Cumhuriyet était une épine dans son flanc.
Cette épine s'est ramollie". (AFP, Gokan GUNES, 19 sept
2018)
Social Media Investigation Against 261 People in One
Week
The Ministry of Interior released a statement about the operations that
have been conducted over the last week today (September 17).
According to the statement released on the official website of the
Ministry, 376 social media accounts have been investigated and legal
action has been taken against 261 social media users between September
10 and 17.
Following charges have been pressed against the social media users:
"Propagandizing for a terrorist organization, promoting these
organizations, declaring affiliation with terrorist organizations,
inciting people to enmity and hatred, insulting state officials,
attempting against state's indivisible integrity, committing hate
speech..."
Social media investigations
General Directorate of Security announced on August 12, 2018 that an
investigation was launched into 346 social media accounts which shared
posts about the exchange rate of the US Dollar.
Ankara and İstanbul Chief Public Prosecutor's Offices launched
investigation into "news items, printer and visual publication, social
media accounts that serve in economic attacks" on the same day.
CLICK - Ministry of Interior: 845 People Detained Due to 'Olive Branch'
The Ministry announced on February 26 that 845 people who criticized
the Afrin operation on social media and participated in critical
activities had been taken into custody. (BIA, Sept 17, 2018)
Can Dündar: "Erdogan est empoisonné
par son propre pouvoir"
Les Occidentaux ont "abandonné la Turquie" qui n'est plus qu'une "vaste
prison", un pays où la délation des opposants est "récompensée" par le
gouvernement, déclare dans un entretien à l'AFP le célèbre journaliste
turc Can Dündar.
Devenu le principal symbole de la lutte pour la liberté de la presse
sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, Can Dündar vit depuis deux
ans un "exil difficile" en Allemagne, loin de sa famille", du "Bosphore
et de la mer apaisante".
Ancien rédacteur en chef du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet qui
a multiplié les enquêtes embarrassantes pour le pouvoir, Dündar est
considéré comme un "traître" par Ankara pour avoir révélé en 2015 que
les services secrets turcs avaient fourni des armes à des jihadistes en
Syrie. Erdogan, selon lui, "a toujours soutenu les islamistes".
Avec amertume, il déclare que "la Turquie est la pire prison au monde
pour les journalistes, 155 sont emprisonnés, les autres sont dans des
prisons invisibles car tout ce qu'ils peuvent écrire peut se retourner
comme une arme contre eux. Il n'y a plus de place pour des médias
libres en Turquie".
La Turquie occupe la 157ème place sur 180 pays du classement mondial de
la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en
2018.
- "Simple tweet" -
Un "simple tweet" peut "conduire" à la prison car la "délation
extrêmement forte est récompensée par la police". "C'est une sombre
comédie" et "l'autocensure s'est installée jusque dans les foyers".
Ankara nie toute atteinte à la liberté de la presse, affirmant que les
seuls journalistes arrêtés sont liés à des "organisations terroristes",
expression désignant le PKK ou les réseaux proches du prédicateur
Fethullah Gülen.
Selon Dündar, qui a rencontré mardi le président français Emmanuel
Macron avec une délégation de RSF, les "Occidentaux ferment les yeux
sur la Turquie". "Ils acceptent le chantage d'Erdogan qui menace de
leur envoyer 3 millions de réfugiés syriens".
"Les Occidentaux, selon lui, devraient être de notre côté car une
Turquie démocratique est nécessaire (...) mais ils sont en train de la
pousser dans les bras de Téhéran et de Moscou". "Les Européens
sacrifient leurs valeurs, c'est une grosse déception car nous défendons
la liberté de la presse et la laïcité".
Inculpé avec le chef du bureau de son journal à Ankara pour "révélation
de secrets d'Etat", Dündar a été emprisonné en 2015, puis relâché par
le plus haut tribunal turc, suscitant la colère d'Erdogan.
M. Dündar, 57 ans, a été condamné en première instance à plus de cinq
ans de prison. Peu avant l'annonce du verdict, il avait essuyé des
coups de feu devant le tribunal, ne devant son salut qu'à
l'intervention de son épouse Dilek qui a maîtrisé le tireur.
"Ma femme n'a pas pu quitter la Turquie, ils ont saisi son passeport à
l'aéroport". "Erdogan, dit-il, tente de me stopper dans mes activités
en utilisant ma femme, ce sont des méthodes mafieuses".
Aujourd'hui, il ne peut parler à son épouse "qu'à travers Skype".
"En prison, c'était à travers une vitre".
- Erdogan "doit être jugé" -
Selon lui, Erdogan doit "être jugé pour corruption, violations des
droits de l'homme et des lois internationales".
Erdogan "est empoisonné par son propre pouvoir (...) quand il s'est
débarrassé de l'armée lors de son ascension au pouvoir, il est devenu
l'armée".
Dündar dit qu'il ne trouvera vraiment "la paix que quand la démocratie
sera rétablie en Turquie".
Le journaliste ajoute "avoir eu plus peur en Turquie qu'en Allemagne,
ayant "déjà été confronté à un tueur". "Je n'ai pas peur mais si cela
s'est produit une fois, cela peut se reproduire une seconde fois, être
emprisonné, ou être tué".
- Douloureux exil allemand -
Vivant sous protection à Berlin où est installée une importante
communauté turque, il collabore avec le journal allemand Die Zeit,
tentant "de combiner journalisme" et défense des "droits de l'homme".
La Turquie "ce n'était pas le paradis avant Erdogan, mais il y avait
une grande opportunité pour les enfants là-bas d'apprendre la
démocratie. Elle aurait pu devenir un exemple dans le monde musulman"
au lieu de commencer à ressembler "au Qatar".
"Ma femme, ma famille, mes amis et ma bibliothèque me manquent". "Cela
fait deux ans maintenant, c'est une expérience amère, c'est mieux que
d'être en prison mais même si c'est différent, je ressens les mêmes
menaces".
Les "conditions étaient même meilleures en prison, je pouvais voir ma
famille, mes collègues... cela accompagnait mes journées".
Pour adoucir sa nostalgie, il organise des soirées Skype avec sa femme
et son fils pour regarder avec eux les mêmes séries depuis trois villes
différentes. (AFP, 13 sept
2018)
RSF dénonce l'arrestation d'un journaliste autrichien
en Turquie
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'arrestation
mardi à Ankara d'un jeune journaliste autrichien, accusé selon sa
rédaction de "terrorisme", et a exigé sa libération "immédiate".
Collaborateur de la revue d'extrême gauche de langue allemande Re:volt
magazine, Max Zirngast a été arrêté mardi à l'aube dans la capitale
turque, selon cette publication, après avoir notamment publié des
articles sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation
classée comme "terroriste" par Ankara.
"Des divergences d'opinions politiques ne peuvent justifier des
arrestations ou des intimidations, ce qui se produit de plus en plus en
Turquie", estime RSF-Autriche dans un communiqué, demandant la remise
en liberté du jeune homme.
Le ministère des Affaires étrangères à Vienne a confirmé l'arrestation
d'un ressortissant autrichien, sans cependant vouloir livrer davantage
de détails.
La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG pour ses atteintes à
la liberté de la presse, qui ont redoublé après la tentative de putsch
de juillet 2016. Ce pays occupe la 157e place sur 180 au classement de
Reporters sans frontières (RSF). (AFP, 11 sept
2018)
Vague de
démissions à Cumhuriyet après un changement de direction
Le quotidien turc d'opposition Cumhuriyet, critique féroce du président
Recep Tayyip Erdogan fragilisé par les ennuis judiciaires, est secoué
depuis plusieurs jours par des démissions en cascade après le
changement soudain de sa direction.
Le séisme s'est produit vendredi avec l'élection d'un nouveau conseil
d'administration à la tête de la fondation propriétaire de Cumhuriyet,
lequel a dans la foulée remplacé le rédacteur en chef respecté du
journal, Murat Sabuncu.
En réaction, une vingtaine de piliers du journal, comme les
chroniqueurs Ahmet Insel, Aydin Engin et Asli Aydintasbas, ou encore le
caricaturiste Musa Kart ont démissionné pendant le week-end. Trois
collaborateurs de Cumhuriyet ont encore quitté le journal lundi.
Le correspondant à Ankara du journal, Erdem Gül, co-auteur en 2015,
avec le rédacteur en chef de l'époque Can Dündar, d'un scoop explosif
sur la livraison d'armes par Ankara à des combattants islamistes en
Syrie, a indiqué avoir été limogé par fax dimanche.
Fondé en 1924, Cumhuriyet ("République", en turc) traverse l'une des
périodes les plus difficiles de sa longue histoire.
En avril, 14 collaborateurs du journal, dont son patron Akin Atalay et
le rédacteur en chef M. Sabuncu, ont été condamnés pour avoir "aidé des
organisations terroristes" à l'issue d'un procès vivement critiqué par
les défenseurs de la liberté de la presse.
Plusieurs journalistes du quotidien, qui ont fait appel du jugement,
ont passé plus d'un an en détention préventive avant d'être libérés.
C'est le cas de M. Sabuncu qui a passé 25 mois au poste de rédacteur en
chef, dont 17 en prison.
"L'heure de m'en aller est venue. L'histoire en dira la raison. Que
personne n'attende de moi que je dise du mal de Cumhuriyet", écrit M.
Sabuncu dans son dernier éditorial qui a été rapidement retiré du site
du journal.
L'élection de la nouvelle direction vendredi, emmenée par Alev Coskun,
est intervenue à l'issue d'une longue bataille en interne.
Les observateurs décrivent M. Coskun comme un tenant de la frange
nationaliste du kémalisme. Il était un opposant acharné de la
précédente direction incarnée notamment par Akin Atalay et avait été
convoqué comme témoin par l'accusation lors du procès Cumhuriyet.
La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG pour ses atteintes à
la liberté de la presse. Ce pays occupe la 157e place sur 180 au
classement de Reporters sans frontières (RSF). (AFP, 10 sept
2018)
Austrian Government: Release
Detained Journalist Immediately
Austrian Government Spokesperson Peter Launsky-Tieffenthal has issued a
statement about Max Zirngast, who was detained by anti-terror teams
yesterday (September 11).
We urge Turkey to explain reasons for the detention or release the
journalist immediately”, the spokesperson said and added:
“Austria sides with freedom of press and expression. We are providing
support to our detained citizen via Austrian Embassy”.
Working for Germany-based left-wing Re:volt magazine in Austria,
Zirngast was taken into custody yesterday.
“He works for freedom and democracy”
Reporters Without Borders (RSF) has also called for release of Zirngast
and stressed that Turkey is ranked 157th among 180 countries as of 2018
in World Press Freedom Index.
RSF Austria Branch has stated, “Different political views cannot be
justification of detention and raid. We see that such crackdowns are on
rise in Turkey”.
“We condemn this arrest in the strongest terms of course and call for
his immediate release,” Re:volt said by email to Reuters.
He had written on “Siege of Kobane”
According to a report by Fırat News Agency, Zirngast is among the
authors of the book titled “Siege of Kobane” published in Germany in
2015. (BIA,
12 September 2018)
No Release for Journalists Şahin, Gayıp from ETHA
First trial of four people including Etkin News Agency (ETHA) editor
Semiha Şahin and correspondent Pınar Gayıp has been held in İstanbul
23rd Heavy Penal Court in Çağlayan.
The journalists demanded their acquittal. The prosecutor claimed that
missing elements of the file weren’t completed and demanded
continuation of all defendants’ arrest.
The court ruled for continuation of arrest of all four defendants. The
next hearing is on December 5, 2018.
Gayıp and Şahin were detained from their homes at around 2 a.m. on
April 13. On April 19, Şahin and Gayıp were arrested by the
prosecutor’s office they were referred to along with SGDF member Ferhat
Pehlivan and Gülsen İmre, who was detained in Gazi Neighborhood.
Şahin is charged with “being a member of an illegal organization and
propagandizing for it”; Gayıp with “being a member of an illegal
organization”; Pehlivan and İmre with “propagandizing for an illegal
organization”.
According to bia Media Monitoring Report April-May-June 2018 report, of
127 imprisoned journalists, 33 are defendants; 40 are suspects; 30 are
inmates and 24 are convicted. (BIA, 10 September 2018)
“Propagande terroriste”: une
arme de choix pour étouffer le débat en Turquie
En Turquie, la rentrée marque aussi la reprise des procès de
journalistes. Une cinquantaine d’entre eux sont poursuivis pour
“propagande terroriste”. Une accusation fourre-tout utilisée pour faire
taire les critiques et étouffer le débat, notamment sur la question
kurde.
“Propagande d’une organisation terroriste” : cela fait plus de 25 ans
que la justice turque brandit cette accusation mal définie pour réduire
au silence les critiques. Une tendance exacerbée ces dernières années
par la dérive autocratique du président Erdoğan et son durcissement sur
la question kurde. Au 1er juillet, 57 journalistes et collaborateurs
des médias étaient poursuivis pour “propagande d’une organisation
terroriste” ou “reprise de ses communiqués”.
"Question kurde : la liberté de l'information fait partie de la
solution" (2015)
Parmi eux, Sibel Hürtaş et Hayri Demir, dont le procès s’est ouvert ce
6 septembre à Ankara en présence du représentant de RSF en Turquie,
Erol Önderoğlu. La correspondante de la chaîne en exil Artı TV et le
reporter de l’agence pro-kurde Mezopotamya risquent jusqu’à 18 ans de
prison pour “propagande du Parti des Travailleurs du Kurdistan” (PKK,
en lutte armée avec Ankara) et “incitation à la haine”. Des accusations
qui se fondent sur leur couverture de l’opération militaire turque dans
la région syrienne d’Afrine et leurs posts à ce sujet sur les réseaux
sociaux. Des extraits d’interviews d’hommes politiques au micro de
Sibel Hürtaş sont cités comme éléments à charge.
Critiquer l’intervention turque à Afrine ? “Propagande terroriste”.
Les deux journalistes, qui comparaissent avec dix autres personnes,
avaient été placés en garde à vue pendant trois jours en janvier, peu
après le début de l’intervention à Afrine. Les opérations militaires se
sont accompagnées de centaines de mandats d’arrêt contre des
internautes suspectés de “propagande terroriste”. Des tweets critiquant
l’intervention ont valu deux jours de garde à vue à l’éditorialiste du
site d’information T24, Nurcan Baysal.
Arrêté fin janvier, İshak Karakaş, rédacteur en chef du journal Halkın
Nabzı et éditorialiste du site d’information en exil Artı Gerçek, n’a
été libéré que début mai, à l’ouverture de son procès pour “propagande
du PKK”. RSF assistait à l’audience, au cours de laquelle le
journaliste a rejeté les accusations et déclaré être au service de la
paix : “les contenus que j’ai partagés sur Internet sont des articles
et commentaires qui ne représentent aucun parti politique et ne
relèvent pas de la propagande terroriste”, a-t-il déclaré. Son procès
reprend le 18 septembre. İshak Karakaş risque toujours la prison s’il
est jugé coupable.
“La justice se trompe d’ennemi en persécutant le journalisme
indépendant, déclare Erol Önderoğlu. Une réforme en profondeur de la
loi antiterroriste et le retour à l’Etat de droit aideraient bien mieux
à lutter contre les véritables menaces auxquelles est confronté le
pays. Nous demandons l’abandon des poursuites contre tous les
journalistes et blogueurs mis en cause pour n’avoir fait que leur
travail.”
Une chaîne accusée de défendre “Daesh et le PKK”
Dans un pays où les autorités se montrent intolérantes à toute idée
déviant de la ligne officielle, les accusations de “propagande
terroriste” ont tôt fait d’atteindre des sommets d’absurdité. Le procès
de trois anciens dirigeants de la chaîne de gauche Hayatın Sesi TV, qui
reprend le 19 septembre, en offre un nouvel exemple. Le rédacteur en
chef de la chaîne fermée manu militari en octobre 2016, Gökhan Çetin,
et ses deux propriétaires, Mustafa Kara et İsmail Gökhan Bayram, sont
accusés d’avoir “fait la propagande continuelle de trois organisations
terroristes” pourtant difficilement compatibles : le PKK, le
groupuscule radical kurde TAK et le groupe Etat islamique.
Chacun des trois accusés risque 13 ans de prison. L’accusation se fonde
sur cinq émissions diffusées en 2015 et 2016, couvrant trois attentats
commis en Turquie, des opérations militaires dans le sud-est anatolien,
et l’enlèvement d’expatriés turcs en Irak. La défense souligne que “les
propriétaires de la chaîne ne sauraient être tenus responsables du
contenu éditorial” et conteste leur présence sur le banc des accusés.
La loi antiterroriste, un redoutable arsenal répressif
La loi antiterroriste (TMK) a été adoptée en avril 1991, dans une
Turquie en guerre contre le PKK et partiellement sous état d’urgence.
Son article 7.2, qui introduit la notion de “propagande terroriste”,
est resté une arme de choix dans l’arsenal répressif de tous les
gouvernements successifs, contribuant à verrouiller le débat sur la
question kurde. Malgré quelques réformes, comme l’introduction d’une
référence à la violence en 2013, la notion de “propagande terroriste”
est restée un cadre fourre-tout permettant à une justice politisée de
punir des délits d’opinion.
Après une relative accalmie, le nombre de procès a de nouveau explosé
avec la fin du processus de paix entre Ankara et le PKK, en 2015, et le
retour à la criminalisation de la classe politique kurde. Le
représentant de RSF en Turquie, Erol Önderoğlu, est lui-même accusé de
“propagande terroriste” avec 40 autres personnalités pour avoir pris
part à une campagne de solidarité avec le journal Özgür Gündem.
La Turquie est classée 157e sur 180 pays au Classement mondial de la
liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante, la
situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence
proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près
de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le
pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels
emprisonnés. (RSF, 7 sept 2018)
Interpol traque pour Ankara les intellectuels
turcs réfugiés en Europe
Le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] - qui
avait oeuvré sans relâche en 2011/2012 en faveur de la libération de
l'éditeur et défenseur des droits humains turc Ragip Zarakolu - relaye
ici un appel urgent émanant de cet intellectuel réfugié en Suède, pays
où il a obtenu l'asile politique.
En effet, la Turquie poursuit le harcèlement à l'encontre de Ragip
Zarakolu et a lancé un mandat d'arrêt Interpol, une notice rouge en vue
de son arrestation, afin de le faire comparaître de force devant la 3e
Cour criminelle d'Istanbul le 28 septembre 2018.
L'Europe et la France dite des droits de l'homme ne peuvent continuer à
être complices de la "dictaturque" : l'instrumentalisation d'Interpol
par l'État répressif turc est indécente. Tout comme l'est la docilité
d'Interpol à l'égard d'Erdogan. Ce mécanisme policier ne peut pas, ne
doit pas servir à la traque des intellectuels turcs réfugiés en Europe.
Agissez maintenant ! Le #CollectifVAN a traduit ci-dessous l'appel
poignant de Ragip Zarakolu. (Collectif VAN, 5 sept
2018)
Appel de Ragip Zarakolu à faire cesser le harcèlement
Le harcèlement continue. Six ans plus tard, rien n'a changé et je suis
dans la même situation. J'avais été arrêté injustement et illégalement
en octobre 2011. En avril 2012, j'avais été relâché suite à une
mobilisation nationale et internationale, et exclu des audiences.
Suite à une prétendue réforme juridique, la 14e Cour criminelle
spéciale a été dissoute.
Les juges et les procureurs du tribunal ont été arrêtés en 2016 pour
avoir soutenu le coup d'Etat. Dans un tel contexte, mon procès aurait
dû être abandonné, mais ils ont envoyé tous les dossiers me concernant
à la 3e Cour criminelle pour que la procédure se poursuive.
Six ans plus tard donc, la 3e Cour criminelle d'Istanbul a adressé au
ministère de la Justice un mandat d'arrêt pour Interpol, une notice
rouge en vue de mon arrestation, afin de me faire comparaître de force
devant le tribunal. Et ceci constitue seulement de l'irrespect et du
harcèlement.
Je vous suis reconnaissant pour votre solidarité durant la période de
mon arrestation et de ma détention en 2011-2012.
Je dois malheureusement vous informer que nous sommes revenus au point
de départ. C'est même pire aujourd'hui, nous sommes passés d'une
arrestation illégale au harcèlement international.
On dirait que mes efforts continus en faveur des droits humains, des
droits des minorités, de la liberté d'expression, de la paix,
l'expression de mes pensées et mes écrits les dérangent toujours.
Quoi qu'il en coûte, quel que soit le temps que cela prendra, je
continuerai.
La date de ma prochaine convocation devant le tribunal est le 28
septembre 2018. Une campagne pour obtenir l'annulation de cette
décision avant l'audience est indispensable.
Merci d'avance pour votre sensibilité à ma cause.
Le 1er septembre 2018
Ragip Zarakolu
Journaliste/auteur, éditeur, défenseur des droits de l'homme, lauréat
du prix de L'Association Internationale des Spécialistes des Génocides
(IAGS 2007 Sarajevo), etc.
(Traduction en français: Le Collectif VAN)
"Rien n'a changé en Turquie", selon une journaliste
allemande libérée
de prison
La journaliste et traductrice allemande Mesale Tolu, qui est poursuivie
en Turquie pour activités "terroristes", est revenue dimanche en
Allemagne en avertissant que "rien n'avait changé" à propos des droits
de l'Homme en Turquie, même si elle a été autorisée à quitter ce pays.
Mme Tolu, d'origine turque et âgée de 34 ans, avait l'interdiction de
quitter la Turquie depuis sa mise en liberté provisoire en décembre à
l'issue de huit mois en détention préventive depuis avril 2017. Son
fils âgé aujourd'hui de trois ans est resté avec elle en prison pendant
la plus grande partie de sa détention.
L'incarcération de la journaliste, accusée de propagande et
d'appartenance au Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), une
formation interdite en Turquie car considérée comme "terroriste", avait
créé des tensions entre Ankara et Berlin.
Mme Tolu, qui travaillait avant son arrestation pour une petite agence
de presse turque de gauche, Etkin Haber Ajansi (ETHA), risque jusqu'à
15 ans de prison lors de son procès, qui est maintenu. La prochaine
audience doit se tenir le 16 octobre.
L'accusation contre Mme Tolu repose principalement sur sa présence à
des manifestations et des funérailles de militants du MLKP. Les
soutiens de la journaliste, qui rejette toutes les accusations,
dénoncent un procès politique.
"Je ne peux pas vraiment être heureuse d'être capable de quitter (le
pays), parce que je sais que rien n'a changé dans le pays depuis que
j'ai été enfermée," a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse
après son arrivéee à Stuttgart.
"Je ne pense pas que quelque chose ait changé dans le pays dans le sens
de la démocratisation".
Des dizaines de milliers "de collègues, de personnalités de
l'opposition, de juristes et d'étudiants" sont toujours emprisonnés,
a-t-elle poursuivi, à propos des arrestations de masse effectuées après
une entative avortée de coup d'Etat en 2016 contre le president Recep
Tayyip Erdogan.
Mmme Tolu se déclare innocente. Son mari, Suat Corlu, est poursuivi
pour des raisons similaires, mais ne peut quitter la Turquie.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, s'était
déclaré le 20 août "soulagé" par la "bonne nouvelle" de la libération
de Mme Tolu : "Il s'agit (...) d'un pas vers l'amélioration de nos
relations avec la Turquie".
Il a cependant ajouté qu'Ankara devait poursuivre ces efforts et que
l'Allemagne allait continuer à "adopter une attitude critique à l'égard
de nombreux aspects de l'État de droit en Turquie".
Avant l'affaire Tolu, l'incarcération d'un autre journaliste, le
Germano-Turc Deniz Yücel, avait aussi créé des tensions avec
l'Allemagne. M. Yücel a été remis en liberté provisoire en février
après plus d'un an d'incarcération.
La décision en faveur de Mme Tolu est intervenue avant la visite d'Etat
prévue les 28 et 29 septembre du président turc Recep Tayyip Erdogan à
Berlin, alors que la Turquie et l'Allemagne s'efforcent depuis
plusieurs mois d'améliorer leurs relations.
Par ailleurs, la Turquie a multiplié ces derniers jours les signes
d'apaisement en direction de l'Europe, sur fond de graves tensions
entre Ankara et Washington. (AFP, 28 août
2018)
Police assault
reporters in Istanbul
Turkish police violently attacked several reporters trying to cover a
weekly silent protest, known as the Saturday Mothers, in Istanbul's
Galatasaray Square on August 25, the New York Times reported. The
reporters, alongside activists participating in the protest, were
attacked by the police during the 700th vigil for those who were
forcibly disappeared by the state, after being informed by the police
that the gathering was banned.
Özgür Deniz Kaya, a reporter for the pro-government Demirören News
Agency (DHA), was hit by gas pellets fired from a police gun, online
newspaper Diken reported on August 25. Kaya told Diken that he was
interviewing a parliamentary deputy when he heard several shots, and
two gas pellets hit him in the leg. DHA General Director Salih Zeki
Sarıdanişmet told Diken: "We are curious of the motivation behind the
police aiming at our reporter friend [and] firing shot after shot when
he was doing his job for the public, asking a parliamentary deputy
questions with a microphone with DHA logo on it in hand."
The police also roughed up other reporters, according to citizen
journalism network Dokuz8 Haber. Reporter Canan Coşkun from the
opposition daily Cumhuriyet, independent journalist Elif Akgül, and
Dokuz8 editor Eda Narin were manhandled and prevented from doing their
jobs.
Turkish Interior Minister Süleyman Soylu claimed that the activists
were being "exploited by terrorist organizations," English-language
Turkish daily Hürriyet Daily News reported on August 27. The minister
did not address the matter of reporters being manhandled and shot at.
(CPJ, August 28, 2018)
Investigation into 146
Social Media Users in 1 Week
The Ministry of Interior has announced that 281 social media accounts
have been examined and investigation has been launched into 146 people
who were determined to use these accounts between August 20-27, 2018.
According to a statement issued by the ministry on its official website
today (August 27), social media accounts were examined for the
following offenses: “Propagandizing for a terrorist organization,
promoting these organizations, inciting people to enmity and hatred,
insulting state officials, attempting against state’s indivisible
integrity and people’s life safety, hate speech”.
Social media operations
Security General Directorate announced on August 12 that investigation
was launched into 346 social media accounts that posted about exchange
rate of dollar.
Ankara and İstanbul Chief Public Prosecutor’s Offices launched
investigation into “news items, printer and visual publication, social
media accounts that serve in economic attacks” on the same day.
The Ministry announced on February 26 that 845 people who criticized
the Afrin operation on social media and participated in critical
activities had been taken into custody. (BIA, August 27, 2018)
Kurdish
Question / Question kurde
Condamnation du leader kurde Demirtas à 4 ans
de prison
Le leader prokurde Selahattin Demirtas,
détenu depuis novembre 2016 et candidat malheureux à la présidentielle
du 24 juin, a été condamné vendredi à 4 ans et 8 mois de prison pour
"propagande terroriste", a annoncé son parti.
"Parce qu'ils ont défendu la paix, Demirtas a été condamné à 4 ans et 8
mois, et Önder à 3 ans et 6 mois", a annoncé sur Twitter le Parti
démocratique des peuples (HDP), dénonçant la "politique guerrière" du
gouvernement.
Sirri Süreyya Önder est un ancien député du HDP, jugé avec M. Demirtas
dans le procès qui se déroule à Silivri près d'Istanbul. Ils sont
poursuivis pour des propos tenus lors des célébrations du Nouvel An
kurde en mars 2013.
M. Demirtas, écroué depuis novembre 2016 pour des accusations
d'activités "terroristes", est poursuivi dans de nombreux dossiers et
risque jusqu'à 142 ans de prison dans le cadre de son principal procès.
Le président Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois accusé le HDP d'être
la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un
groupe classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le HDP, troisième force au parlement, a ainsi été fortement touché par
les purges menées après le putsch manqué de juillet 2016. De nombreux
responsables du parti sont incarcérés ou font l'objet de poursuites
judiciaires.
Le HDP dénonce des procès "politiques" visant à réduire au silence un
parti farouchement opposé à M. Erdogan.
"Nous ne reculerons pas, nous continuerons à défendre la paix", a
déclaré M. Demirtas, qui s'exprimait par vidéoconférence depuis la
prison d'Edirne (nord-ouest) où il est détenu, selon des propos
rapportés par le HDP.
M. Demirtas s'est présenté face à M. Erdogan lors de la présidentielle
du 24 juin, et a obtenu 8,4% des voix. (AFP, 7 sept
2018)
The Time Has Come! Free
Abdullah Öcalan
The Time Has Come! – Freedom for Öcalan World Campaign – held a press
conference in Brussels today at the Press Club Brussels Europe.
For more than seven years now Abdullah Öcalan has had no contact to a
lawyer.
Among the participants was Eleonora de Majo, Naples city councillor for
the list DemA.
De Majo delivered her speech at the press conference also on behalf of
the city mayor, Luigi De Magistris.
De Majo underlined the importance of the conference and reminded
journalists that Naples City Council had conferred the honorary
citizenship to Kurdish People’s Leader Abdullah Öcalan, giving the key
of the city to his niece, Dilek.
De Majo added that “Naples council never fail to express the violations
of human rights both in Bakur and Rojava and unanimously passed many
motions denouncing these violations”.
Concrete actions, De Majo said “which are not solely the belief of
Naples but of many other Italian councils (like Palermo, Reggio Emilia)
and they are proof of how important is the experiment of the Democratic
Confederalism and in general the feminist, ecologist, democratic
doctrine of President Öcalan for contemporary Europe, because they
represent a civil model of civil co-existence between people of
different religions and cultures. Even more importantly - De Majo added
- in a worrying moment where there is an ever-growing neofascist groups
and xenophobic parties”.
Thus, De Majo added: “as an administration close to the Kurdish people,
we are extremely worried about the inhumane detention of President
Abdullah Öcalan. Moreover we are certain that only with his immediate
release there can be a significant step towards an effective and
long-lasting peace process in the Middle East which has for so long
been torn apart by decades of war, genocide and terrible human rights
violations”.
De Majo then pointed out that “it is in our interest to work until we
realise the road map, outlined by Öcalan and supported by the Kurdish
people at the negation tables which were unilaterally interrupted by
Turkey in 2015”.
Recalling that Öcalan has been in detention for almost 20 years, the
Naples councillor said: “We ask that the international community
mobilises until President Öcalan is able to receive visits, above all
else to have him checked by a physicians and to be able to meet with
his lawyers and relatives”.
Also, said De Majo, “as friends of the Kurdish people and mainly as
strong defenders of the extraordinary experiment of municipality
government which is being practised in Rojava, in spite of the
pressures of the Syrian war and the Turkish repression, we invite the
international community to open its eyes in respect to the peace
process which is now opening in Syria, a process in which Syrians and
Kurds must be involved”.
De Majo also recalled that “Turkey is a privileged interlocutor of the
European Union on the theme migration, as there are 3 million Syrian
refugees within their borders, who otherwise would have gone to Europe”.
If Europe wants to regain credibility, said De Majo ending her speech,
“they must demonstrate true independence and break the connections with
Erdogan which are the indirect reason for the perpetuation of the
violence in the Turkish-Syrian scene.
From our part - said De Majo - we must be the first to work concretely
to build a network of territories which represent point of reference
for democracy and civilisation and which demonstrate the existence of a
confederate of municipalities able to break the silence of national
states and Europe on the Kurdish question”. (ANF, Sept 5, 2018)
18 morts dans des affrontements entre Kurdes et forces
du régime en Syrie
Au moins dix-huit membres des
forces du régime syrien et de la police kurde ont péri samedi dans des
affrontements entre les deux camps dans la ville de Qamichli
(nord-est), selon une ONG et les forces kurdes.
L'échange de tirs a fait onze morts et deux blessés parmi les forces du
régime de Bachar al-Assad, et sept morts parmi les policiers kurdes,
ont assuré la police kurde (Assayech) ainsi que l'Observatoire syrien
des droits de l'Homme (OSDH).
Dans un communiqué, la police des Assayech a indiqué que ses
membres ont tiré sur une patrouille militaire du régime. La police
kurde a affirmé avoir agi en représailles "à une attaque des
combattants de la patrouille (du régime) à l'aide d'armes légères et
moyennes".
L'incident a fait "onze morts parmi les combattants du régime et deux
blessés", tandis que "sept de nos camarades sont tombés en martyrs", a
ajouté la police kurde.
De son côté, le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane a indiqué à
l'AFP qu'"un véhicule militaire appartenant aux forces du régime syrien
a été arrêté à un barrage tenu par les Assayech". Ces derniers ont
alors demandé aux combattants du régime, qui ont refusé, de "descendre"
de leur véhicule.
Les Assayech "ont, par conséquent, tiré en direction du véhicule,
provoquant des affrontements intenses entre les deux camps, après
l'envoi de renforts", a ajouté M. Abdel Rahmane.
Au moins trois véhicules vides et mitraillés appartenant au
régime se trouvaient à l'endroit de l'incident, a constaté un
correspondant de l'AFP.
Les derniers affrontements entre les Kurdes et forces du régime
remontent à avril 2016, lors d'un incident à un barrage militaire dans
la ville. Ils avaient fait des dizaines de morts et de blessés, dont
plusieurs civils.
Les Kurdes contrôlent la majorité de la ville de Qamichli, tandis que
les forces du régime dominent l'aéroport et la plupart des quartiers
arabes.
Tout au long du conflit qui déchire la Syrie depuis 2011, les
Kurdes ont adopté une position "neutre" envers le pouvoir et la
rébellion.
A la mi-2012, les forces gouvernementales ont toutefois quitté de
nombreuses positions dans le nord et l'est du pays, récupérées par les
milices kurdes qui y ont instauré une autonomie de facto. La zone
contrôlée par les Kurdes s'étend sur près de 30% du territoire syrien,
selon l'OSDH. (AFP, 8 sept
2018)
L'Iran exécute trois activistes kurdes
L'Iran a exécuté samedi trois qctivistes
kurdes présumés, d'après les médias locaux, malgré les critiques de
l'ONU sur les tortures subies en prison par au moins l'un d'entre eux.
Ramin Hossein Panahi, Zaniar et Loghman Moradi ont tous les trois
été exécutés samedi d'après l'agence de presse iranienne Fars, proche
des conservateurs.
Selon Fars, M. Panahi avait projeté de faire exploser une bombe lors
d'un rassemblement dans la province kurde d'Iran en juin dernier.
Zaniar et Loghman Moradi étaient accusés d'appartenir à un
"groupe terroriste séparatiste" qui n'a pas été identifié, et d'avoir
tué quatre personnes, dont le fils de l'imam de la prière du vendredi
dans la ville kurde de Mariwan.
M. Panahi était accusé d'appartenir au groupe nationaliste kurde
Komala qui mène une insurrection de longue date dans le Kurdistan
iranien depuis des bases situées de l'autre côté de la frontière en
Irak.
Il avait été condamné à mort en avril.
Des experts de l'ONU sur les droits de l'Homme avaient appelé le
19 avril l'Iran à annuler cette peine de mort jugeant que l'exécution
de Ramin Hossein Panahi "serait inadmissible".
"Nous sommes profondément inquiets par les informations selon
lesquelles M. Panahi a été la victime de violations des droits humains
avant et pendant son procès, notamment l'isolement, la torture, les
mauvais traitements, l'impossibilité d'avoir accès à un avocat et à des
soins médicaux", avaient-ils souligné dans une déclaration conjointe.
Les experts avaient mis en avant des rapports selon lesquels M. Panahi,
qui aurait été arrêté en juin 2017, s'était vu refuser des soins
médicaux pour des blessures subies en détention. Il aurait notamment
été frappé avec des câbles.
Il aurait également commencé une grève de la faim au début de l'année,
selon ces experts, qui s'inquiétaient de son état de santé et
demandaient "expressément au gouvernement d'Iran d'annuler cette
sentence". (AFP, 8 sept
2018)
Curfew in
Diyarbakır’s Districts of Lice, Hani
A curfew has been declared by Diyarbakır Governorship in 18 hamlets and
villages in Lice and 19 in Hani due to an operation to be launched.
According to the governorship’s statement, the indefinite ban that
started at 6 p.m. yesterday (September 3) included the following
regions:
Hani: Hamlets of, Kaledibi, Akçayurt, Topçular, Y. Turalı, Kalaba,
Uzunlar, Serenköy köyleri ile Başaklı, Güzelce, Taşburun, Karapilyari,
Mezartarlası, Sıraevler, Horsel, Çay, Damlatepe, Uysal, A. Turalı,
Gürbulak.
Lice: Hamlets of Şenlik, Birlik, Abalı, Erginköy, Tuzlaköy, Çeper,
Daralan, Duruköy köyleri ile Elmadere, Ağılçık, Akçapınar, Ayaz, Şakan,
Boyluca, Dahlık, Alikahya, Hacımusabey, Kutlamış.
Curfew has been lifted in Lice and Hazro
The curfew declared in Diyarbakır’s six villages in districts of Lice
and Hazro has been lifted, Diyarbakır Governorship announced.
About Diyarbakır
According to the Turkish Statistical İnstitute, in 2014 Diyarbakır was
Turkey’s 12th most populated city, with a population of 1,635,048. The
population of the city center is 834,854.
Diyarbakır’s (Amed’s) city center has about 9000 years of recorded
history. The Diyarbakır Castle and Gardens was named a Global Heritage
site by UNESCO in 2015. Dicle University was opened in 1978.
Diyarbakır Governor: Hüseyin Aksoy
Municipality co-chairs: Gültan Kışanak, Furat Anlı (Democratic Regions
Party).
(The elected Municipality Co-Chairs of Diyarbakır were arrested and the
former District Governor of Etimesgut, Cumali Atilla, who has been
appointed as a trustee to the municipality, took office on November 2,
2016)
(BIA, Sept 4, 2018)
Minorités
/ Minorities
La condition d'Erdogan pour
rétablir les relations turco-arméniennes
Le règlement de la question du Nagorny-Karabakh est la condition "sine
qua non" pour rétablir les relations entre la Turquie et l'Arménie, a
déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan, en déplacement
en Azerbaïdjan.
"Bien sûr, nous souhaitons l'établissement et le maintien de bonnes
relations avec tous nos voisins, mais le règlement de la question du
(Nagorny-Karabakh) est la condition sine qua non pour rétablir nos
relations avec l'Arménie", a déclaré le chef de l'Etat turc, dans un
discours télévisé à Bakou.
"Dans cette affaire, c'est avant tout aux occupants de faire un pas",
a-t-il ajouté.
Le Nagorny-Karabakh est une enclave en majorité peuplée d'Arméniens,
rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par les autorités soviétiques, mais
qui a unilatéralement proclamé son indépendance en 1991, avec le
soutien de l'Arménie.
La Turquie a fermé en 1993 sa frontière avec l'Arménie par solidarité
avec l'Azerbaïdjan et par mesure de rétorsion au soutien apporté par
Erevan aux séparatistes arméniens.
La communauté internationale considère toujours cette région comme
faisant partie de l'Azerbaïdjan.
La guerre entre Azéris et Arméniens du Karabakh a éclaté en 1988. En
dépit d'un cessez-le-feu signé en 1994, les accrochages armés y restent
fréquents.
La Turquie s'est dite prête en mai à envisager "une nouvelle" page avec
l'Arménie à la suite de déclarations du nouveau Premier ministre
arménien Nikol Pachinian évoquant le possible établissement de
relations diplomatiques entre les deux pays.
Avant l'élection de M. Pachinian, Erevan avait désavoué début mars les
accords de normalisation avec la Turquie, accusant Ankara de ne pas
pouvoir "se débarrasser de ses stéréotypes". (AFP, 15 sept
2018)
Motion
Parliamentary Investigation into September 6/7 Pogrom
Garo Paylan, the Diyarbakır MP of the Peoples' Democratic Party (HDP),
has submitted a motion to the parliament, requesting that a
parliamentary investigation be opened into the pogrom of September 6/7
in its 63rd year.
In the motion that he has submitted, Paylan has stated,
"The Pogrom of September 6/7, 1955 is one of the gravest incidents that
took place in the Republic of Turkey and has still not been confronted.
"According to the official figures, in Istanbul only, 73 churches, 8
sacred springs, 2 monasteries, 5 thousand and 538 houses and shops, 3
thousand and 584 of which belonged to the Greeks from Turkey, were
destroyed, vandalized and plundered.
"The official records have also shown that 60 women were raped and
several people were killed during the incidents.
"It will be an important step for the Republic of Turkey to confront
its past by finding the perpetrators of the Pogrom on September 6/7,
1955, identifying the losses of life and property and compensating the
material and non-material losses of the victims and/or their families.
"For this reason, we demand that a parliamentary investigation be
opened."
In his statement to the press, HDP's Assyrian MP Tuma Çelik has also
requested that an investigation be launched into the pogrom.
September 6/7 Pogrom
The Istanbul pogrom, also known as the Istanbul riots or September
events were organized mob attacks directed primarily at Istanbul's
Greek minority on 6–7 September 1955. The riots were orchestrated by
the Tactical Mobilisation Group, the seat of Operation Gladio's Turkish
branch; the Counter-Guerrilla, and National Security Service, the
precursor of today's National Intelligence Organisation.
The events were triggered by the false news that the Turkish consulate
in Thessaloniki, in northern Greece—the house where Mustafa Kemal
Atatürk had been born in 1881—had been bombed the day before. A bomb
planted by a Turkish usher at the consulate, who was later arrested and
confessed, incited the events. The Turkish press, conveying the news in
Turkey, was silent about the arrest and instead insinuated that Greeks
had set off the bomb.
A Turkish mob, most of which had been trucked into the city in advance,
assaulted Istanbul's Greek community for nine hours. Although the mob
did not explicitly call for Greeks to be killed, over a dozen people
died during or after the attacks as a result of beatings and arson. The
police remained mostly ineffective, and the violence continued until
the government declared martial law in İstanbul and called in the army
to put down the riots.
The pogrom greatly accelerated emigration of ethnic Greeks from Turkey,
and the Istanbul region in particular. The Greek population of Turkey
declined from 119,822 persons in 1927, to about 7,000 in 1978. In
Istanbul alone, the Greek population decreased from 65,108 to 49,081
between 1955 and 1960.
The 2008 figures released by the Turkish Foreign Ministry placed the
number of Turkish citizens of Greek descent at 3,000–4,000;while
according to the Human Rights Watch (2006) their number was estimated
to be 2,500. (BIA, Sept 7, 2018)
Politique
intérieure/Interior Politics
Le Vif/L'Express: " Le régime
d'Ankara a besoin d'ennemis "
Mal en point depuis deux ans, les relations entre la Turquie et les
Etats-Unis, deux alliés au sein de l'Otan, sont au plus bas. Donald
Trump exige la libération du " formidable chrétien " Andrew Brunson, un
pasteur américain établi à Izmir et accusé de terrorisme depuis le coup
d'Etat manqué de 2016. Le président américain, qui a déjà relevé les
taxes sur l'acier et l'aluminium turcs, menace d'aggraver les sanctions
économiques contre Ankara, ce qui a précipité la chute de la livre
turque. Entretien avec Hamit Bozarslan, directeur d'études à l'Ecole
des hautes études en sciences sociales (Ehess), à Paris.
Andrew Brunson a-t-il été en relation avec Fethullah Gülen, accusé
d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat de 2016, et réfugié aux
Etats-Unis ?
Mais tout le monde a été en relation avec Gülen ! A commencer par
Erdogan lui-même. Le cas Brunson n'est jamais qu'un dossier, et les
Etats-Unis n'extraderont pas Gülen. Un autre dossier concerne la banque
publique Halkbank, accusée par Washington d'avoir contourné l'embargo
avec l'Iran et dont le représentant a été condamné aux Etats-Unis. La
Turquie souhaite que ce monsieur puisse retourner en Turquie et
qu'Halkbank échappe aux sanctions financières. Enfin, le dossier
kurdo-syrien : Ankara exige des Américains qu'ils retirent leur soutien
aux Kurdes.
Quel est le dossier prioritaire pour Ankara ?
Difficile à savoir. Au lieu de libérer discrètement le pasteur avant
que la crise n'éclate, et de négocier le reste, les dirigeants turcs
ont pensé tout obtenir en même temps. Selon la presse, la priorité
serait à présent que la banque ne soit pas condamnée. Une décision doit
tomber en octobre.
Le cas Brunson réveillerait-il une hostilité antichrétienne du côté
turc, ravivée par la pression exercée sur Trump par les chrétiens
évangéliques ?
Peut-être, mais le plus important est ceci : la politique étrangère de
la Turquie est basée sur la crise. C'est comme si le régime avait
constamment besoin d'ennemis. Après 2009, Israël est devenu pendant un
temps l'ennemi total. Ensuite, c'est devenu conflictuel avec la Russie.
Et puis, ce fut le tour de l'Iran, de l'Allemagne, des Pays-Bas...
Aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis. La lecture qu'Erdogan fait de
l'histoire de la Turquie, c'est celle de l'inimitié du monde entier à
son égard.
D'où cela vient-il ?
Rien ne le justifie. Cela prouve son manque total de connaissances
historiques. Pour lui, la Première Guerre mondiale a visé la
destruction de l'Empire ottoman, et cela se prolonge aujourd'hui avec
la volonté de l'Occident de détruire la Turquie. Ce thème est
omniprésent. Croit-il à ce qu'il dit ? En partie, oui. Pour lui, la
Turquie a le potentiel de devenir une puissance mondiale, mais cette
mission serait entravée par les ennemis de l'intérieur et ceux de
l'extérieur, et qui collaborent.
Le conflit avec les Etats-Unis pourrait-il rapprocher la Turquie de
l'Europe ?
Sans doute, oui. Mais le moment pragmatique en Turquie ne dure jamais
longtemps. Il peut y avoir un réajustement, et quelques mois plus tard
un nouveau conflit. Si la situation économique empirait encore, on
pourrait voir émerger une politique antieuropéenne. Le rapprochement
avec la Russie est soumis à la même règle.
Dans la Syrie voisine, quelle pourrait être la réaction de la Turquie
si le régime vide la poche rebelle d'Idlib, occupée par des islamistes
qu'elle a elle-même soutenus ?
La Turquie n'a plus aucune marge de manoeuvre en Syrie. Elle a fermé
les yeux sur les massacres commis par le régime à Alep et dans la
Ghouta, près de Damas. Si Idlib est attaquée, la présence turque dans
la région serait très fragilisée, car il y aura plusieurs millions de
déplacés. Et, surtout, 50 000 djihadistes. Où vont-ils aller ? C'est
pourquoi la Turquie supplie Moscou d'éviter toute opération militaire
contre Idlib. En échange, elle demande qu'on lui confie la pacification
de cette province. Peu probable que Bachar al-Assad ou Vladimir Poutine
acceptent.
La Turquie pourrait-elle tenter un rapprochement avec Bachar al-Assad ?
Même si elle le souhaitait, cela ne résoudrait pas le problème. Pour la
reconstruction, Damas a déjà fait savoir qu'elle était hors jeu.
Ensuite, Bachar et sa communauté alaouite ont besoin d'alliés, et ce ne
peut être que les Kurdes, qu'Ankara réprime. La Syrie va-t-elle
accepter que la Turquie lui arrache Idlib ? Difficile à concevoir, tant
l'amputation du sandjak d'Alexandrette en 1939 (NDLR : qui comprenait
Antioche) au profit de la Turquie reste encore présent dans le discours
officiel syrien. Je ne suis pas certain que Damas accepte de perdre une
deuxième province.
Si la situation économique continue d'empirer en Turquie, le pouvoir
turc risque-t-il de voir la population se soulever ?
Un soulèvement ? Je n'y crois pas du tout, car le discours nationaliste
est efficace. La moitié de l'électorat le soutient et le camp
conservateur représente jusqu'à 65 % de la population. En plus, il y a
le discours qui pointe l'ennemi " jaloux de notre troisième aéroport ",
" qui veut bloquer la construction du canal Istanbul " (NDLR : un
nouveau projet pharaonique d'Erdogan)... Cela dit, le marasme
économique dure depuis une dizaine d'années et la livre turque perd de
sa valeur depuis 2017. Affaire Brunson ou pas, tous les ingrédients
étaient présents pour la crise.
La Turquie n'était-elle pas présentée comme un modèle d'ouverture
économique, avec une croissance exemplaire ?
Oui, mais c'est une économie entièrement basée sur la rente et la
spéculation. L'économie turque a en effet connu une croissance
remarquable mais assez malsaine dans la mesure où elle dépendait des
prêts internationaux. Elle repose notamment sur des grands travaux
qu'il faut financer alors que la Turquie n'a pas de ressources. Le pays
est très endetté et doit débourser 250 milliards de dollars d'ici à
douze mois. Une grande partie de cette dette est privée. Le pays le
plus exposé serait l'Espagne, suivi par la France et l'Italie.
Ankara vient de lever l'état d'urgence consécutif au putsch. Une
lumière dans les ténèbres ?
C'est une fumisterie. Officiellement, il est levé mais les milliers de
journalistes et de professeurs sont toujours en prison ou poursuivis.
Des prérogatives de l'état d'urgence ont été transférées aux
gouverneurs. En fait, la Turquie est une antidémocratie, où la nation,
le leader et la mission historique se confondent et où il n'y a plus de
séparation des pouvoirs. La Russie aussi est une antidémocratie. La
différence, c'est que la Russie produit de la rationalité, alors qu'en
Turquie on assiste à la destruction de la rationalité. (Le Vif/L'Express, 30 août
2018)
Forces
armées/Armed Forces
Arrestation de 85 militaires
en lien avec le putsch manqué
La police turque a arrêté vendredi 85 soldats soupçonnés d'être liés
aux réseaux du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le
putsch manqué de juillet 2016, a indiqué l'agence étatique Anadolu.
Le parquet d'Ankara a émis des mandats d'arrêt pour 110 soldats
d'active de l'armée de l'Air, dont 3 colonels et 5 pilotes, dans le
cadre d'une enquête visant les structures gulénistes dans l'armée,
selon Anadolu.
Quatre-vingt-cinq d'entre eux avaient déjà été arrêtés en milieu de
matinée, et les recherches se poursuivaient pour les 25 autres.
Les autorités turques ont lancé de vastes purges dans l'ensemble des
institutions publiques à la suite du putsch manqué de juillet 2016,
imputé au prédicateur Fethullah Gülen, un ancien allié du président
Recep Tayyip Erdogan, devenu sa bête noire.
Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie
fermement toute implication.
Plus de 77.000 personnes ont été arrêtées et plus de 150.000 limogées
ou suspendues dans le cadre de ces purges, très critiquées à
l'étranger, mais nécessaires selon Ankara pour éliminer tout risque de
sédition.
(AFP,
21
sept
2018)
Syrie:
la Turquie envoie de nouveaux renforts militaires
à Idleb
La Turquie, qui tente de prévenir une offensive d'envergure du régime
syrien et de ses alliés à Idleb, a envoyé des renforts militaires vers
l'un de ses postes d'observation dans la province rebelle syrienne, a
rapporté la presse lundi.
Selon le quotidien Hürriyet, ces renforts, composés essentiellement de
chars et d'autres équipements militaires, sont les plus importants à
être acheminés vers Idleb depuis début septembre, au moment où les
présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan se
retrouvent lundi à Sotchi (sud-ouest de la Russie) pour tenter de
s'entendre sur le sort du bastion rebelle.
Les renforts ont été envoyés dimanche par un "convoi de cinquante
véhicules" vers le poste d'observation turc à Jisr al-Choughour, dans
le sud-ouest d'Idleb.
La Turquie dispose au total de douze postes d'observation dans la
province d'Idleb, l'une des "zones de désescalade" mises en place dans
le cadre du processus dit d'Astana parrainé par la Turquie, qui
soutient les rebelles, et la Russie et l'Iran, alliés du régime syrien.
Selon les médias, la Turquie a envoyé ces derniers jours plusieurs
convois de renforts militaires vers ces postes d'observation, tenus par
des centaines de militaires turcs.
Idleb est le dernier fief de l'opposition armée au président Bachar
al-Assad, mais elle est contrôlée à 60% par le groupe jihadiste Hayat
Tahrir al-Cham (HTS), composé notamment de l'ex-branche d'Al-Qaïda en
Syrie.
La Turquie s'oppose à une offensive d'envergure que le régime syrien et
ses alliés russe et iranien semblent déterminés à mener pour
reconquérir la province.
Les divergences entre les trois pays ont éclaté au grand jour lors d'un
sommet de leurs présidents à Téhéran le 7 septembre.
D'intenses tractations ont lieu depuis entre Turcs et Russes pour
tenter de parvenir à un compromis permettant en particulier de
neutraliser le HTS, également considéré comme un groupe "terroriste"
par Ankara, sans déclencher une vaste offensive.
La Turquie craint qu'une offensive de grande ampleur contre Idleb, une
région située à sa frontière dans laquelle vivent environ trois
millions de personnes, ne provoque un nouvel afflux de réfugiés sur son
territoire.
Elle s'inquiète aussi du sort de ses soldats déployés dans les douze
postes d'observation, mais aussi de celui de groupes de rebelles
syriens dits "modérés" qu'elle soutient et qui sont surtout présents
dans le sud de cette province. (AFP, 17 sept
2018)
La
Turquie "a besoin" des S-400
russes, insiste Erdogan
La Turquie "a besoin" des systèmes de défense anti-aériens russes S-400
et en prendra bientôt possession, a déclaré vendredi le président Recep
Tayyip Erdogan, sur fond de tensions avec Washington qui menace de
bloquer la livraison d'avions de combat à Ankara.
"La Turquie a besoin des S-400. L'accord à ce sujet est terminé et, si
Dieu le veut, nous les obtiendrons dans les plus brefs délais", a
déclaré M. Erdogan lors d'une cérémonie de remise des diplômes à des
élèves sous-officiers à Balikesir (ouest).
Ces déclarations surviennent alors que les relations entre la Turquie
et les Etats-Unis se sont fortement tendues ces dernières semaines et
que Washington a dit sa préoccupation de voir Ankara, membre de l'Otan,
s'équiper en armements russes.
La Turquie et la Russie affirment qu'un accord a déjà été conclu et
Ankara soutient que la livraison des S-400, un système antimissiles et
de défense antiaérienne concurrent des Patriot américains, pourrait
intervenir dès l'an prochain.
Pour les Etats-Unis, l'acquisition de S-400 par la Turquie poserait un
problème double : celui de la compatibilité avec les systèmes de l'Otan
et celui de la protection des secrets technologiques de l'avion de
combat américain F-35, qu'Ankara souhaite acheter et qui est censé
pouvoir échapper aux S-400.
La Turquie "a aussi besoin des F-35", a déclaré M. Erdogan vendredi.
Les Etats-Unis "les fourniront ou ne les fourniront pas. Je ne sais
pas. S'ils les fournissent, ils montreront qu'ils tiennent leurs
engagements", a poursuivi le président turc.
Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis se sont fortement
tendues ces dernières semaines en raison de l'incarcération puis du
placement en résidence surveillée à Izmir (ouest) d'un pasteur
américain accusé par Ankara d'"espionnage" et d'activités "terroristes".
Ces tensions ont notamment précipité l'effondrement de la livre turque
qui a perdu quelque 40% de sa valeur depuis le début de l'année.
"Les efforts visant à provoquer l'écroulement des secteurs économique
et militaire de la Turquie en raison d'un procès en cours à Izmir (...)
sont absolument inexplicables", a déclaré M. Erdogan devant les
sous-officiers fraîchement diplômés. (AFP, 31 août
2018)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
La justice rejette une demande de prières
musulmanes à Sainte-Sophie
Le plus haut tribunal de Turquie a rejeté jeudi la requête d'une
association demandant le droit d'organiser des prières musulmanes à
l'intérieur de la basilique Sainte-Sophie, l'un des plus imposants
monuments d'Istanbul qui a servi d'église et de mosquée au fil des
siècles.
La Cour constitutionnelle turque a rejeté la demande de l'association,
arguant qu'elle n'était pas compétente pour se prononcer sur ce sujet,
selon l'agence de presse étatique Anadolu.
Dans sa requête, l'association estimait que l'interdiction de prier à
Sainte-Sophie constituait une violation des libertés de conscience et
d'exercer sa religion.
OEuvre architecturale majeure construite au 6ème siècle à l'entrée du
détroit du Bosphore et de la Corne d'or, la basilique Sainte-Sophie
fait régulièrement l'objet de polémiques entre chrétiens et musulmans
qui se disputent son utilisation.
Cette église, où étaient couronnés les empereurs byzantins, a été
convertie en mosquée au 15ème siècle après la prise de Constantinople
par les Ottomans en 1453.
Sous le régime laïque de Mustafa Kemal Atatürk, elle a été désaffectée
et transformée en musée afin, dit la loi, de "l'offrir à l'humanité".
Sa majestueuse coupole perchée à 55 m de haut et ses quatre minarets
sont aujourd'hui classés au patrimoine mondial de l'Unesco et visités
par des millions de touristes chaque année.
Son statut continue toutefois d'irriter les musulmans de Turquie les
plus militants, spécialement depuis l'arrivée en 2002 aux commandes du
pays d'un gouvernement islamo-conservateur, souvent accusé de vouloir
"islamiser" la société turque.
Depuis l'arrivée du président Recep Tayyip Erdogan au pouvoir, les
activités liées à l'islam se sont multipliées à l'intérieur de
Sainte-Sophie, avec notamment des séances de lecture de versets du
Coran ou des prières collectives sur le parvis du monument.
La Grèce voisine, qui surveille de près le devenir du patrimoine
byzantin en Turquie, a plusieurs fois exprimé sa préoccupation quant
aux initiatives visant à remettre en question le statut de
Sainte-Sophie. (AFP, 13 sept
2018)
L'Eglise
russe menace de rompre
avec Constantinople s'il reconnaît Kiev
L'Eglise orthodoxe russe a menacé samedi de
rompre ses liens avec le patriarche de Constantinople, Bartholomée, si
ce dernier reconnaît le patriarcat de Kiev et permet à l'Ukraine de
s'affranchir de la tutelle religieuse de son voisin.
Le patriarcat de Moscou et celui de Constantinople sont engagés dans
des négociations devant décider de l'avenir religieux des orthodoxes en
Ukraine, où il existe une Eglise rattachée à Moscou et une autre fidèle
au patriarcat de Kiev, autoproclamé après l'indépendance du pays en
1992 et qui n'est reconnu aujourd'hui par aucune Eglise orthodoxe dans
le monde.
C'est au patriarche Bartholomée de Constantinople, basé à Istanbul en
Turquie et "premier parmi ses égaux" par rapport aux autres patriarches
des Eglises orthodoxes, de statuer sur l'avenir religieux de l'Ukraine,
après une demande officielle du patriarcat de Kiev, soutenue par les
députés ukrainiens, d'être reconnu comme une Eglise à part entière dans
le monde orthodoxe.
Une reconnaissance du patriarcat de Kiev semble proche, symbolisée
notamment par l'envoi par Bartholomée de représentants en Ukraine sans
en avoir informé au préalable le patriarcat de Moscou, avec qui il
entretient des relations difficiles.
"Lorsque l'on s'ingère de manière éhontée et cynique dans les affaires
d'une Eglise orthodoxe locale, l'on récolte non seulement une situation
sans issue, mais l'on menace d'un schisme le monde orthodoxe global", a
dénoncé samedi le métropolite Illarion, chef de la diplomatie du
patriarcat de Moscou, cité par les agences russes.
Si le patriarcat de Kiev était reconnu, "il ne nous restera pas d'autre
choix que de rompre les relations avec Constantinople", a-t-il ajouté,
accusant le patriarche Bartholomée d'agir de manière "ignoble et
perfide".
La Russie et l'Ukraine sont à couteaux tirés depuis l'arrivée au
pouvoir à l'hiver 2014 de pro-occidentaux à Kiev, suivie par l'annexion
de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie et un conflit avec
des séparatistes prorusses dans l'est du pays, qui a fait plus de
10.000 morts.
Pour le patriarcat de Moscou, la perte de son influence en Ukraine
porterait un coup sérieux à son statut dans le monde orthodoxe.
(AFP, 8 sept
2018)
Tentative d'enlèvement en Mongolie : un Turc
demande l'aide de l'ONU
Un directeur d'école turc travaillant en Mongolie, qui a été victime le
mois dernier d'une tentative d'enlèvement dont la Turquie est
soupçonnée, puis qui s'est vu interdire sans explications de quitter le
territoire mongol, a demandé l'aide de l'ONU, a annoncé son avocat.
La Mongolie avait empêché fin juillet le décollage d'un avion soupçonné
d'appartenir à l'armée de l'air turque, après que des témoins eurent
dénoncé une tentative d'enlèvement de Veysel Akcay.
Ce directeur d'école de 50 ans est considéré comme lié au mouvement de
Fethullah Gülen, un prédicateur musulman turc vivant en exil aux
Etats-Unis et accusé par Ankara d'avoir fomenté le putsch manqué de
juillet 2016 contre l'actuel président turc Recep Tayyip Erdogan.
Dans un courrier rédigé par son avocat et consulté mardi par l'AFP,
Veysel Akcay sollicite l'aide du Haut commissariat des Nations unies
pour les réfugiés (HCR), afin de pouvoir quitter la Mongolie et ainsi
demander l'asile dans un autre pays.
"Les mesures encourageantes prises dans un premier temps par le
gouvernement mongol ont été suivies par des actions qui à l'évidence
exposent monsieur Akcay au risque imminent d'un transfert illégal en
Turquie", explique l'avocat.
Selon lui, le directeur d'école a été empêché deux fois en une semaine
de quitter la Mongolie.
Les autorités mongoles ont déclaré vendredi que Veysel Akcay n'était
effectivement pas autorisé à quitter le territoire. Elles n'ont
cependant donné aucune explication.
"Nous ne sommes pas en mesure de commenter cette affaire à l'heure
actuelle", a dit le bureau du procureur d'Oulan-Bator à l'origine de
l'interdiction de voyager.
L'école dirigée par M. Akcay est soupçonnée par la Turquie d'être liée
à Fethullah Gülen. Des enseignants de l'établissement, interrogés par
l'AFP, ont cependant nié toute connexion entre les deux hommes.
Cet incident rappelle la vaste traque engagée par Ankara à l'échelle du
globe.
Depuis le putsch avorté de 2016, les autorités turques recherchent sans
relâche ceux qu'elles soupçonnent d'être des partisans de Fethullah
Gülen, autrefois un allié de Recep Tayyip Erdogan et qui nie toute
implication dans le coup d'Etat.
Le mouvement dont M. Gülen a été l'initiateur avait obtenu une
influence significative en Turquie et à l'étranger, notamment via un
vaste réseau dans le secteur éducatif.
Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, plus de 1.600
personnes ont été condamnées à la prison à vie en lien avec le putsch.
Et quelque 77.000 suspects ont été incarcérés.
Ankara a nié le mois dernier toute tentative d'enlèvement de Veysel
Akcay.
(AFP, 28 août
2018)
Socio-économique
/ Socio-economic
24 ouvriers écroués après des
manifestations au nouvel aéroport
d'Istanbul
Un tribunal turc a ordonné le placement en détention provisoire de 24
ouvriers et militants syndicaux interpellés à la suite d'une
manifestation contre les conditions de travail sur le chantier du
nouvel aéroport d'Istanbul, ont rapporté les médias mercredi.
Plusieurs centaines d'ouvriers avaient été arrêtés samedi matin au
lendemain d'une manifestation sur le site du nouvel aéroport, l'un des
projets gigantesques lancés sous la houlette du président Recep Tayyip
Erdogan.
La majeure partie d'entre eux ont été libérés depuis, mais 43 ont été
présentés à un juge mardi soir. Parmi eux, 24 ont été écroués et 19
placés en liberté sous contrôle judiciaire, a rapporté mercredi
l'agence privée DHA.
Ils sont poursuivis pour résistance à la police, atteinte aux biens
publics et violation de la loi sur le rassemblement public, selon DHA.
De nombreux ouvriers logés sur place se plaignent de leurs conditions
de vie, mais aussi de travail, avec de nombreux incidents mortels sur
le chantier et des retards dans le paiement de leurs salaires.
L'Association turque des droits de l'homme (IHD) a recueilli des
témoignages anonymes selon lesquels les toilettes et douches utilisées
par les ouvriers sont "extrêmement sales",
car jamais nettoyées.
De même pour leurs lits et leurs draps. Les personnes interrogées par
l'IHD dénoncent une forte présence de punaises de lit et "divers
insectes", montrant les piqûres qui recouvrent leurs corps, selon le
rapport de l'IHD publié mercredi.
Par ailleurs, toujours selon ces témoignages, "la nourriture est de
piètre qualité, sale et inadaptée", ajoute le rapport.
Quelque 36.000 personnes sont mobilisées sur le chantier de
l'aéroport, qui doit ouvrir fin octobre.
En avril, le ministre des Transports avait déclaré que 27 ouvriers
avaient perdu la vie sur ce chantier, dont 13 dans des accidents du
travail. Mais de nombreux ouvriers et syndicats assurent que ces
chiffres sont bien en-deçà de la réalité. Le rapport de l'IHD évoque
"la rumeur" de 400 décès sur le chantier.
Le ministère des Transports a publié mardi un communiqué mettant en
cause des "groupes marginaux" et assurant que l'ouverture de l'aéroport
ne serait pas reportée pour autant.
Il affirme également que la société en charge de la construction et de
l'exploitation de l'aéroport s'est entretenue avec les ouvriers et que
des mesures ont été prises "sans perdre de temps".
Une quinzaine de personnes, dont des représentants du parti prokurde
HDP et des membres des familles des ouvriers incarcérés, se sont
rassemblées mercredi devant la prison où ils sont détenus.
Serpil Kemalbay, députée du HDP, a dénoncé "une forme d'intimidation"
des travailleurs "qui cherchent à faire valoir leurs droits, qui
dénoncent des conditions de travail illégales, ou qui exercent leur
droit à la grève, ce qui est pourtant inscrit dans le code du travail".
L'IHD dénonce également dans son rapport la "coopération" entre
l'employeur des ouvriers et les forces de l'ordre. L'association
affirme ainsi avoir vu des ouvriers menottés être emmenés au
commissariat à bord des véhicules de leur entreprise. (AFP, 19 sept
2018)
Erdogan défend le don d'un Boeing 747 à la Turquie par le
Qatar
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a défendu, face à des critiques
de l'opposition, le don par le Qatar à la Turquie d'un Jumbo Jet, dans
des propos reproduits lundi par la presse.
Les médias avaient rapporté durant le weekend que la présidence turque
s'était dotée d'un nouvel avion, un Boeing 747-8, offert par le Qatar,
un cadeau qui a suscité des critiques de l'opposition.
L'avion doit encore être peint avant d'être utilisé. La Maison Blanche
avait signé en février pour acquérir deux avions du même modèle pour
l'Air Force One.
"Le Qatar vendait cet avion (...) Nous nous y sommes intéressés. En
apprenant cela, l'émir nous l'a offert, en disant +Je ne peux prendre
de l'argent de la Turquie, je l'offre à la Turquie+", a déclaré M.
Erdogan, cité par le quotidien Hürriyet.
"Cet avion ne m'appartient pas, il appartient à l'Etat turc", a-t-il
insisté, parlant à des journalistes dans l'avion qui le ramenait
d'Azerbaïdjan samedi.
Le chef du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, s'est
insurgé lundi contre ce don qatari, estimant que "l'Etat de la
République de Turquie ne doit pas se réduire à accepter un avion offert
par un cheikh".
"Si c'est une propriété de l'Etat, que les citoyens montent à bord.
Est-ce qu'un citoyen peut monter à bord ? Non", a-t-il ajouté lors
d'une intervention télévisée, appelant M. Erdogan a rendre cet avion
"ultra-luxueux" dès "demain matin".
Ankara et Doha ont noué d'étroites relations ces dernières années et le
Qatar a notamment promis récemment à la Turquie un programme
d'investissements à hauteur de 15 milliards de dollars pour soutenir
son économie affaiblie.
La Turquie a apporté un soutien marqué au Qatar en 2017 quand ce petit
mais richissime émirat gazier a été soumis à un boycott de ses voisins
du Golfe emmenés par l'Arabie saoudite, qui lui reprochent ses liens
avec des groupes islamistes, dont la confrérie des Frères musulmans, et
de ne pas prendre suffisamment ses distances avec l'Iran. (AFP, 17 sept
2018)
La
banque centrale relève
fortement ses taux d'intérêt
La banque centrale de Turquie a fortement relevé jeudi son principal
taux d'intérêt pour endiguer la hausse rapide de l'inflation et stopper
la chute de la livre turque, en dépit de l'opposition affichée du
président Recep Tayyip Erdogan.
La banque centrale a annoncé dans un communiqué qu'elle relevait son
principal taux directeur de 625 points de base, le portant à 24% .
Cette mesure a été accueillie positivement par les marchés : la livre
turque a ainsi bondi de jusqu'à 5% face au dollar. A 14H30 GMT, elle
s'échangeait à environ 6,17 contre un billet vert.
L'économie turque a été secouée ces derniers mois par l'effondrement de
la monnaie nationale, sur fond de défiance des marchés à l'égard des
politiques économiques d'Ankara et de tensions diplomatiques avec
Washington.
La livre turque a perdu près de 40% de sa valeur face au dollar depuis
le début de l'année, l'inflation en rythme annuel frôlait en août les
18% et certains experts mettent d'ores et déjà en garde contre un
risque de récession.
Afin de remédier à la situation, de nombreux économistes appelaient
depuis des mois à une hausse significative des taux d'intérêt de la
banque centrale.
Mais celle-ci est sous forte pression du président Erdogan, qui prône
le maintien de taux d'intérêt bas pour soutenir la croissance à tout
prix.
"Mes réserves au sujet des taux d'intérêt demeurent, elles n'ont pas
changé. (Mais) la banque centrale est indépendante et prend ses propres
décisions", a-t-il encore déclaré jeudi matin à quelques heures de
l'annonce.
- "Distance" -
Pour Anthony Skinner, du cabinet de consultants en risques Verisk
Maplecroft, la décision sur les taux d'intérêt avait déjà été prise
lorsque le chef de l'Etat a fait ces déclarations: "le discours de M.
Erdogan ce matin visait à mettre de la distance entre lui et la
décision de la" banque centrale.
Face à la chute de la monnaie turque et dans un contexte de campagne
électorale pour la réélection de M. Erdogan, elle avait décidé des
hausses de ses taux en mai et juin, mais à des niveaux jugés
insuffisants par les marchés.
Son refus de réitérer cette mesure lors de la réunion de son comité de
politique monétaire en juillet avait été très mal perçu et renforcé les
inquiétudes quant à son indépendance.
Avec sa décision jeudi, "la banque centrale vise à envoyer un signal
clair d'indépendance et de crédibilité aux marchés financiers
internationaux", affirme Agathe Demarais, de l'Economist Intelligence
Unit.
Cela indique, selon elle, que "la normalisation des conditions de la
politique monétaire" prévaut sur les mesures visant à redresser la
croissance économique, qui a déjà ralenti en début d'année, tout en se
maintenant à 5,2% au deuxième trimestre.
- "Pas sortis du bois" -
Pour Gökçe Celik, économiste à la QNB Finansbank, cette décision
"indique que la banque centrale a été significativement inquiétée par
l'impact inflationniste de la forte dépréciation de la livre turque".
La hausse de 625 points de base suffira-t-elle toutefois à rassurer les
marchés?
Pas entièrement, estime Lukman Otunuga, analyste chez FXTM interrogé
par l'AFP. "Les investisseurs ont besoin de voir d'autres signes de
l'indépendance de la banque centrale" avec le temps, dit-il.
Pour "renverser la spirale négative dans laquelle se trouve
l'économie", la Turquie a besoin de "réformes structurelles", explique
à l'AFP Nora Neuteboom, d'ABN Amro.
"Cela ne se fait pas avec une hausse ponctuelle des taux d'intérêt,
mais avec une politique économique prudente", poursuit-elle.
Pour M. Skinner, cette décision n'empêchera pas "la crise économique
qui a déjà commencé".
"Mais les autorités turques peuvent atténuer la sévérité de la crise",
explique-t-il à l'AFP, notamment en autorisant la banque à relever les
taux lorsque cela est nécessaire et en réduisant les tensions avec
Washington.
"Pour le moment, les marchés ont repris un peu de confiance", ajoute M.
Skinner. "Mais nous ne sommes pas encore sortis du bois". (AFP, 13 sept
2018)
Interdiction des transactions immobilières en
devises étrangères
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a interdit jeudi les ventes et
locations de biens mobiliers et immobiliers en devises étrangères, une
mesure visant à soutenir la livre qui s'est écroulée cette année.
L'achat, la location et la vente de biens mobiliers et immobiliers
doivent dès jeudi se faire uniquement en livres turques, d'après un
décret présidentiel publié jeudi au Journal officiel.
Ces transactions ne peuvent pas non plus être indexées sur des devises
étrangères, précise le texte, qui évoque toutefois la possibilité
d'exceptions décidées par le ministère des Finances.
Les vendeurs et propriétaires ont 30 jours pour convertir les sommes
concernées en livres turques et régulariser leur situation.
Cette mesure vise à soutenir la livre turque qui a perdu plus de 40% de
sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, sur fond de crise
diplomatique avec les Etats-Unis et de défiance des marchés vis-à-vis
des politiques économiques de M. Erdogan.
Un dollar s'échangeait mercredi à 6,37 livres turques, après s'être
échangé jusqu'à 7 livres en août au coeur de la crise entre Ankara et
Washington, marquée par des sanctions réciproques.
Mais les marchés avaient les yeux rivés jeudi sur une décision de la
banque centrale qui doit décider d'une éventuelle hausse de ses taux
d'intérêt.
(AFP,
13 sept
2018)
Erdogan
à la tête du fonds souverain turc
Le président turc Recep Tayyip Erdogan dirigera le fonds souverain dont
son pays s'est doté en 2016 et qui gère des dizaines de milliards de
dollars, selon un décret présidentiel publié mercredi.
M. Erdogan a été désigné comme président de ce fonds et son gendre, le
ministre du Trésor et des Finances Berat Albayarak, a été nommé
vice-président, selon le décret publié dans le Journal officiel.
Ces nominations surviennent au moment où la Turquie traverse une grave
crise économique marquée par une forte inflation et la dégringolade de
la monnaie locale.
Les économistes s'interrogent sur la capacité de M. Erdogan à affronter
la crise actuelle, d'autant plus qu'il a nommé M. Albayrak en juillet
au poste clé des Finances en dépit de sa relative inexpérience.
M. Erdogan est en effet hostile à une hausse des taux d'intérêt
préconisée par les experts pour endiguer l'inflation, une position qui
semble réduire la marge de manoeuvre de la Banque centrale.
Le gouvernement turc avait décidé en février 2017 de placer des
dizaines de milliards de dollars d'avoirs publics dans ce fonds
souverain dans le cadre d'une vaste réorganisation visant à financer
d'ambitieux projets d'infrastructure.
Les avoirs transférés allaient de la banque publique Ziraat Bankasi aux
parts minoritaires de l'Etat dans le compagnie Turkish Airlines.
Les parts gouvernementales dans des compagnies privatisées telle que
Turkish Airlines, dont l'Etat détient 49,12%, et dans la banque
Halkbank, contrôlée par l'Etat à hauteur de 51,11% devraient aussi être
transférées à ce fonds. Il gérera aussi les 7% de parts détenues par
l'Etat dans la compagnie Türk Telekom.
Ce fonds, censé financer les grands projets d'infrastructures, avait
été créé en août 2016, mais les avoirs d'entreprises importantes n'ont
été transférés sous son autorité qu'en 2017. (AFP, 12 sept
2018)
L'inflation accélère en août à
17,9%, au plus haut depuis 2003
Le taux d'inflation en Turquie a atteint
près de 18% en août sur un an, un record depuis 2003, selon les
chiffres officiels publiés lundi au moment où l'économie turque est
fragilisée par l'effondrement de sa devise.
Les prix à la consommation ont augmenté de 2,3% en août par rapport à
juillet et de 17,9% en rythme annuel, d'après les données publiées par
l'Office national des statistiques (Tüik).
Les secteurs les plus affectés par la hausse des prix sur un an sont
les transports, avec +27,13%, l'alimentation (+19,75%) et le logement
(+16,30%).
La livre turque, déjà fortement affaiblie ces derniers mois, a réagi en
perdant près de 2% de sa valeur face au dollar lundi par rapport à
vendredi soir.
Un billet vert s'échangeait ainsi contre 6,60 livres turques lundi vers
07H30 GMT.
La devise turque a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de
l'année, une chute qui s'est accélérée en août sur fond de tensions
entre Ankara et Washington et l'annonce de sanctions réciproques.
La banque centrale de Turquie (CBRT) a immédiatement réagi en assurant
qu'elle prendrait "les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité
des prix".
"L'orientation monétaire sera ajustée lors de la réunion du
comité de politique monétaire de septembre", affirme la CBRT dans un
communiqué.
Les marchés appellent à une hausse des taux d'intérêt de la CBRT, dont
la prochaine annonce à ce sujet est prévue le 13 septembre, afin de
lutter contre l'inflation et une potentielle surchauffe de l'économie.
Mais le président Recep Tayyip Erdogan, partisan de la croissance
à tout prix, s'y oppose fermement. (AFP, 3 sept
2018)
Ankara
veut se passer du dollar dans ses échanges
commerciaux
La Turquie compte se passer du dollar pour ses échanges commerciaux
avec la Russie, a affirmé dimanche le président turc Recep Tayyip
Erdogan, qui a accusé les Etats-Unis de se comporter comme un "loup
sauvage".
"L'Amérique se comporte comme un loup sauvage. Ne la croyez pas", a
lancé M. Erdogan devant des hommes d'affaires à l'occasion d'un
déplacement au Kirghizstan.
Le président turc a indiqué qu'Ankara était en négociations avec la
Russie pour que les deux pays s'affranchissent du dollar dans leurs
échanges commerciaux, en réaction aux sanctions économiques imposées
par Washington.
"Utiliser le dollar ne fait que nous nuire. Nous n'abandonnerons pas,
nous serons victorieux", a-t-il déclaré, selon ses propos traduits en
kirghize.
Ankara envisage notamment d'acheter le système de défense anti-aérien
russe S400. Ce projet mené par un pays membre de l'Otan ulcère
Washington qui menace de bloquer en représailles la livraison des
avions de combat furtifs F-35 vendus à la Turquie.
Les relations américano-turques sont en pleine crise à la suite du
refus d'Ankara de libérer un pasteur américain assigné à résidence en
Turquie. Les deux pays se sont mutuellement imposé un gel des avoirs de
ministres et augmenté leurs tarifs douaniers sur certains produits.
Cette crise, qui inquiète les marchés, a entraîné une chute du cours de
la livre turque, qui a perdu 40% de sa valeur face au dollar depuis le
début de l'année.
Le rouble russe a de son côté atteint son plus bas niveau en deux ans
après l'imposition de nouvelles sanctions par Washington après
l'empoisonnement au Royaume-Uni de l'ex-agent russe Sergueï Skripal.
Moscou a formellement démenti toute implication dans cette affaire.
(AFP, 2 sept
2018)
La
livre turque dégringole après la démission d'un
vice-gouverneur
La livre turque poursuivait jeudi sa dégringolade, perdant près de 5%
de sa valeur face au dollar, au moment où la télévision d'Etat
rapportait la démission d'un vice-gouverneur de la banque centrale de
Turquie (CBRT).
Erkan Kilimci, nommé vice-gouverneur de la CBRT en mai 2016, a
démissionné jeudi pour prendre un poste à la Banque du développement de
Turquie, selon la télévision d'Etat TRT.
Alors que des rumeurs sur sa démission circulaient dès le matin, la
devise turque perdait en fin de journée et par rapport à mercredi soir
environ 5% de sa valeur face au dollar, qui s'échangeait vers 16H00 GMT
à 6,74 livres.
La livre a ainsi perdu plus de 10% de sa valeur face au billet vert
depuis lundi, et environ 44% depuis le début de l'année.
La démission de M. Kilimci survient alors que la CBRT est sous
forte pression, d'une part des marchés pour hausser ses taux d'intérêt
afin de lutter contre une inflation galopante, et d'autre part du
gouvernement pour au contraire maintenir des taux bas et soutenir la
croissance.
Les économistes mettent en garde depuis des mois contre un risque de
surchauffe de l'économie turque, marquée par une croissance élevée, une
inflation à deux chiffres et un déficit croissant de ses comptes
courants.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan s'oppose fermement à toute
hausse des taux d'intérêt, les qualifiant même de "père et mère de tous
les maux".
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la CBRT, au
cours de laquelle une décision sera prise sur les taux d'intérêt, aura
lieu le 13 septembre.
"Avec (la démission de Kilimci) qui alimente les inquiétudes concernant
le système financier fragile de la Turquie, la livre pourrait étendre
ses pertes", estime Lukman Otunuga, analyste chez FXTM, répondant aux
questions de l'AFP.
"Les inquiétudes concernant la fragilité du système financier turc,
l'accélération de l'inflation et l'instabilité économique risquent de
dégrader l'appétit pour la livre", ajoute-t-il.
A cette défiance générale, s'est ajoutée ce mois-ci une crise
diplomatique avec les Etats-Unis et l'annonce de sanctions américaines
-auxquelles a immédiatement répliqué Ankara -, qui ont précipité
l'effondrement de la devise turque.
Mardi soir, l'agence de notation Moody's a abaissé la note de 18
banques et de deux institutions financières en Turquie, pointant des
fragilités dues à leur dépendance aux financements en devises
étrangères.
Une série d'indicateurs importants est attendue dans les prochaines
semaines : la Turquie publie lundi les chiffres de l'inflation pour
août, après qu'elle a frôlé les 16% en juillet. Et le 10 septembre,
seront publiés les résultats de la croissance au deuxième trimestre,
alors que les économistes mettent en garde contre un risque de
récession.
(AFP,
31 août
2018)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Erdogan en Allemagne: la
communauté kurde est interdite de
manifester
La communauté kurde d'Allemagne a dénoncé lundi une "interdiction" par
les autorités berlinoises d'une manifestation prévue Porte de
Brandebourg à Berlin contre la venue du président turc Recep Tayyip
Erdogan.
La police de la capitale a assuré de son côté qu'il ne s'agissait pas
d'une interdiction de manifester et ont renvoyé aux festivités qui
auront lieu au même endroit quelques plus jours plus tard, le 3
octobre, pour la fête nationale allemande.
"L'interdiction" de se rassembler le samedi 29 septembre devant la
porte de Brandebourg est "un signal préoccupant des autorités qui
restreignent le droit des démocrates au profit d'un despote", a affirmé
la Communauté kurde d'Allemagne dans un communiqué.
"Des parties de la ville seront verrouillées hermétiquement pour
recevoir un président turc qui n'est pas aimé (...) et lui dérouler le
tapis rouge en paix", a ajouté Ali Ertan Toprak, président de la
Communauté.
La police a rejeté cette version des faits, soulignant que "des
tribunes seront déjà en cours de construction" pour les festivités du 3
octobre, a assuré à l'AFP le porte-parole des policiers, Michael Gassen.
"Nous avons donc demandé à l'organisateur (de la manifestation) de
proposer un autre endroit mais il a annulé" le rassemblement, a-t-il
ajouté.
La Communauté kurde d'Allemagne prévoit désormais un défilé le vendredi
28 septembre, jour où le dirigeant turc se trouvera à Berlin, avec la
communauté alévie.
Quelque 10.000 personnes sont attendues à cette occasion, selon les
estimations fournies à la police par l'organisateur.
En Allemagne vit une importante communauté kurde qui compte quelque un
million de Kurdes pour beaucoup originaires de Turquie, selon la
Communauté, mais les autorités allemandes ont du mal à évaluer
précisément leur nombre en raison de la diversité des nationalités de
cette population.
Recep Tayyip Erdogan effectuera une visite en Allemagne du 27 au 29
septembre. Il doit notamment se rendre dans une mosquée de Cologne,
l'une des plus grandes d'Allemagne, pour s'adresser à l'importante
communauté turque vivant dans le pays. (AFP, 17 sept
2018)
Echange d'ambassadeurs entre la
Turquie et les Pays-Bas
La Turquie et les Pays-Bas ont annoncé
vendredi avoir procédé à un échange d'ambassadeurs, scellant de la
sorte le réchauffement de leurs relations après plus d'un an de
tensions diplomatiques.
"Les ambassadeurs respectifs de la Turquie et des Pays-Bas ont été
nommés (vendredi), conformément à l'accord visant à normaliser les
relations" bilatérales, a déclaré dans un communiqué le ministère turc
des Affaires étrangères.
La Turquie a nommé comme ambassadeur à La Haye Saban Diçli, membre
fondateur du Parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir.
Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a annoncé pour sa part
dans un communiqué la nomination à Ankara de Marjanne de Kwaasteniet,
auparavant représentante permanente pour l'OTAN à Bruxelles.
Les relations entre les deux pays s'étaient envenimées en mars 2017
lorsque La Haye avait interdit au ministre turc des
Affaires
étrangères, Mevlüt Cavusoglu, d'atterrir aux Pays-Bas pour participer à
un rassemblement à Rotterdam et expulsé du pays la ministre de la
Famille Fatma Betul Sayan Kaya.
Les ministres avaient prévu de participer à des meetings avec la
diaspora turque pour promouvoir le "oui" au référendum sur le
renforcement des pouvoirs présidentiels qui se tenait en Turquie le
mois suivant.
Ankara avait interdit pour sa part à l'ambassadeur néerlandais à
Ankara, alors en déplacement, de revenir en Turquie. Il avait ensuite
été officiellement retiré par La Haye en février.
"La visite prévue du ministre néerlandais des Affaires étrangères en
Turquie, la première semaine d'octobre, constituera la prochaine étape
de la normalisation des affaires", selon le communiqué turc.
"Nous saluons ces développements et espérons voir leur effet positif
sur nos relations avec les Pays-Bas (...) ainsi que sur notre processus
d'adhésion à l'Union européenne", poursuit le texte.
Ce processus est au point mort depuis plusieurs années. (AFP, 7 sept
2018)
Le
ministre allemand des Affaires étrangères à
Ankara
Le ministre allemand des Affaires
étrangères, Heiko Maas, a été reçu mercredi à Ankara par son homologue
turc Mevlüt Cavusoglu, au moment où les deux pays tentent d'améliorer
leurs relations, tendues depuis le putsch manqué de juillet 2016.
"Nos relations humaines avec la Turquie sont si profondes que nous
devons continuer à travailler étroitement pour les améliorer", a
déclaré M. Maas sur Twitter à son arrivée en Turquie.
Il a d'abord été reçu par son homologue et le chef du Parlement Binali
Yildirim et devait s'entretenir ensuite avec le président turc Recep
Tayyip Erdogan.
MM. Maas et Cavusoglu doivent s'exprimer lors d'une conférence de
presse prévue à 16H00 GMT.
Au menu de leurs discussions figurent les relations bilatérales, le
processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et des
questions internationales, selon le ministère turc des Affaires
étrangères.
La visite de M. Maas survient alors que la communauté internationale
s'inquiète d'une offensive qui paraît imminente du régime syrien et ses
alliés contre la province d'Idleb, dernier grand bastion rebelle de
Syrie, malgré les mises en garde de la Turquie, des Etats-Unis et de
l'Europe.
M. Maas a affirmé sur Twitter qu'il aborderait également lors de sa
visite la question des droits de l'homme en Turquie.
Les relations entre Ankara et Berlin se sont nettement détériorées
après la tentative de putsch de juillet 2016 et la détention en Turquie
de plusieurs citoyens allemands ou binationaux. Selon Berlin, sept
Allemands ou binationaux sont actuellement détenus en Turquie pour des
raisons "politiques".
Mais depuis le début de l'année, les deux alliés au sein de l'Otan
semblent vouloir normaliser leurs relations.
La Turquie traverse actuellement une grave crise diplomatique avec les
Etats-Unis, qui a eu un lourd impact sur son économie, et semble
vouloir resserrer ses liens avec ses alliés européens.
Ainsi, des tribunaux turcs ont libéré en août deux soldats grecs
et le président d'Amnesty International en Turquie, dont la détention
avait alimenté les tensions avec l'Europe. M. Erdogan doit se rendre à
Berlin fin septembre.
Une journaliste et traductrice allemande, Mesale Tolu, jugée en
Turquie pour activités "terroristes", a également été autorisée à
rentrer en Allemagne.
Jeudi, M. Maas doit se rendre à Istanbul pour assister à la cérémonie
d'ouverture d'un lycée allemand. (AFP, 5 sept
2018)
ECtHR
Convicts Turkey of Testimony Without Attorney
The European Court of Human Rights (ECtHR) has ruled that the right to
a fair trial of Ömer Güner, who made his testimony at the Security
Directorate without a lawyer being present, has been violated.
As per the court verdict, Güner shall be paid a court expense of 31
Euro.
He was charged with "aiding and abetting"
Ömer Güner, the manager of a hotel at the time, was arrested in July
2002 by the counter-terrorism police officers as part of an operation
against the Bolşevik Parti-Kuzey Kürdistan/Türkiye (Bolshevik
Party-North Kurdistan/Turkey).
The police seized various left-wing materials found in his room.
Speaking to the police without an attorney being present, Güner said
that he had let two men linked to the Bolshevik Party stay at the hotel
and use his car.
Güner was charged with aiding and abetting an illegal organization in
2002.
"I was convicted based on testimony made in the absence of an attorney"
Öner Güner was sentenced to 10 months in prison on the pressed charge.
In the wake of Güner's objection being rejected, he applied to the
ECtHR.
In his application, Güner stated that he had been denied legal
assistance in the preliminary investigation stage, that his statements
had been made under duress and that he had been convicted on the basis
of testimony made in the absence of an attorney.
In its verdict announced today (September 4), the ECtHR acknowledged
Güner to be right and sentenced Turkey to pay compensation. (BIA, Sept 4, 2018)
Allemagne: Une "statue" d'Erdogan démontée suite
à une polémique
La ville de Wiesbaden en Allemagne a fait retirer dans la nuit de mardi
à mercredi une statue dorée du chef de l'Etat turc installée en
centre-ville dans le cadre d'un festival artistique, en raison de la
polémique qu'elle suscitait.
"En accord avec la police, la municipalité a décidé de faire démonter
la statue car la sécurité autour ne pouvait plus être garantie", a
indiqué la mairie dans un message sur son compte twitter. Elle a été
déplacée par une grue.
Cette statue de quatre mètres de hauteur d'un président Recep Tayyip
Erdogan peint de couleur doré et levant le doigt d'un air décidé avait
été installée en début de semaine dans la ville par les organisateurs
d'un festival d'art, la Biennale de Wiesbaden.
Ce festival, qui avait obtenu l'autorisation des autorités locales,
s'est donné cette année comme mot d'ordre "bad news" (mauvaises
nouvelles) et entendait avec cette statue provoquer le public et
inciter à la discussion.
Leurs espoirs ont été atteints sans doute au-delà de leurs espérances:
les esprits se sont échauffés de plus en plus depuis lundi entre
partisans et adversaires de ce projet et d'Erdogan.
Peu après avoir été installée, divers commentaires insultants,
parmi lesquels "Hitler turc", ont été inscrits sur la statue. Le ton
est particulièrement monté mardi soir devant l'installation lorsque les
deux camps se sont fait face "dans une atmosphère un peu agressive",
selon un porte-parole de la police.
Un responsable local de la sécurité, Oliver Franz, a même fait état
auprès du quotidien Wiesbadener Kurier d'échauffourées entre les deux
parties. "Des couteaux ont été observés", a-t-il ajouté.
Cette situation a finalement poussé la mairie à ordonner le retrait de
la construction artistique.
Le directeur du théâtre de Wiesbaden à l'origine de l'action, Uwe Eric
Laufenberg, a lui défendu l'initiative au nom de la liberté
d'expression. "Nous avons monté la statue pour discuter d'Erdogan",
a-t-il dit, selon l'agence DPA. "Dans une démocratie il faut pouvoir
supporter toutes les opinions", a-t-il ajouté. (AFP, 28 août
2018)
Macron est "loin de comprendre" la Turquie, selon
Ankara
Ankara a accusé mardi Emmanuel Macron d'être "loin de comprendre" la
Turquie, après que le président français a reproché à son homologue
turc Recep Tayyip Erdogan un "projet panislamique" et appelé à renoncer
à une adhésion de ce pays à l'UE.
"Les déclarations de Macron à propos de notre pays (...) montrent une
nouvelle fois qu'il est loin de comprendre les réalités de la Turquie",
a déclaré dans un communiqué Hami Aksoy, le porte-parole du ministère
turc des Affaires étrangères.
"Dire que nous sommes +antieuropéens+ ne recouvre pas la réalité",
a-t-il poursuivi.
S'exprimant au cours de la conférence des ambassadeurs lundi à Paris,
M. Macron a appelé à "sortir de l'hypocrisie" à propos de l'adhésion de
la Turquie à l'Union européenne, proposant plutôt, comme il l'avait
déjà fait par le passé, un "partenariat stratégique".
"Le projet chaque jour réaffirmé du président turc (...) est un projet
panislamique régulièrement présenté comme antieuropéen, dont les
mesures régulières vont plutôt à l'encontre de nos principes", a-t-il
déclaré.
La candidature de la Turquie à l'UE, qui a donné lieu à l'ouverture de
négociations en 2005, est au point mort depuis plusieurs années.
Les relations entre l'UE et ce pays se sont notamment très fortement
tendues depuis la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et les
purges massives, très critiquées par les Européens, qui ont suivi.
Mais Ankara a répété à plusieurs reprise que l'adhésion à l'UE restait
un "objectif stratégique" de la Turquie.
"La Turquie est déterminée à avancer sur la voie d'une adhésion
complète", insistait à cet égard mardi M. Aksoy.
Ankara, dont les relations avec Washington traversent actuellement une
grave crise, a semblé ces dernières semaines faire des gestes en
direction de l'Europe. (AFP, 28 août
2018)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Le représentant américain pour la Syrie en visite
à Ankara
Le représentant spécial des Etats-Unis pour
la Syrie, James Jeffrey, effectuait mardi une visite à Ankara pour des
entretiens axés sur la Syrie, alors qu'une offensive sur l'enclave
rebelle d'Idleb semble imminente.
M. Jeffrey s'est notamment entretenu avec le ministre turc de la
Défense, Hulusi Akar, qui a évoqué sa "gêne" vis-à-vis de la présence
en Syrie de milices kurdes considérées comme "terroristes" par la
Turquie.
La Turquie considère en effet les Unités de protection du peuple (YPG)
comme une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), classé "terroriste" par Ankara, mais aussi Washington.
Or, les Etats-Unis coopèrent étroitement avec les YPG dans la
lutte contre le groupe Etat islamique (EI), ce qui provoque la fureur
d'Ankara.
M. Akar a souligné "la nécessité que l'organisation terroriste
séparatiste quitte entièrement la région", selon un communiqué du
ministère.
M. Jeffrey achevait mardi une tournée au Moyen-Orient, avec l'envoyé
spécial américain pour la Syrie Joel Rayburn, comptant notamment des
étapes en Israël et en Jordanie.
Au programme de ces visites figure entre autres le sort de la
province syrienne d'Idleb.
Dernière région syrienne échappant au contrôle des forces
gouvernementales, Idleb est dominée à 60% par Hayat Tahrir al-Cham
(HTS, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda) et compte également
une multitude de groupes rebelles.
Le Kremlin, fervent soutien de Damas, a annoncé mardi que l'armée
syrienne "s'apprête à régler" le problème du "terrorisme" dans cette
province frontalière de la Turquie.
Selon un communiqué publié par le département d'Etat vendredi, MM.
Jeffrey et Rayburn "réitèreront (en Turquie et en Jordanie) la position
américaine sur le fait qu'une offensive militaire à Idleb provoquerait
une escalade de la crise en Syrie et dans la région".
S'exprimant lundi, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt
Cavusoglu, a assuré que la Turquie aborderait, outre la question
d'Idleb et d'une solution politique au conflit syrien, "le soutien
américain au PKK/YPG et leurs armes".
La Turquie, soutien des rebelles syriens, s'oppose elle aussi à une
offensive contre Idleb, M. Cavusoglu évoquant même le risque d'une
"catastrophe".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et ses homologues russe,
Vladimir Poutine, et iranien, Hassan Rohani, dont le pays sont les
garants du processus d'Astana, doivent s'entretenir vendredi de la
situation en Syrie lors d'un sommet en Iran. (AFP, 4 sept
2018)
Relations
régionales / Regional Relations
Moscou et Ankara d'accord sur les
frontières de la "zone démilitarisée"
d'Idleb
La Russie et la Turquie se sont mis d'accord sur les frontières de la
"zone démilitarisée" que leurs président veulent mettre en place à
Idleb pour éviter un assaut sur le dernier bastion rebelle de Syrie, a
annoncé vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Réunis lundi à Sotchi (sud ouest de la Russie), Vladimir Poutine et
Recep Tayyip Erdogan ont surmonté leurs divisions concernant le sort de
cette région menacée d'une offensive du régime et annoncé la création
d'ici au 15 octobre d'une telle zone sous contrôle russo-turc.
"A peine hier, avant-hier, la Russie et la Turquie se sont mis d'accord
sur le tracé de la frontière de la zone démilitarisée", a déclaré M.
Lavrov lors d'une conférence de presse lors d'une visite à Sarajevo,
assurant que "le processus d'application des accords de Sotchi est dans
une phase très active".
Cette zone démilitarisée de 15 à 20 km de large, en forme de fer à
cheval, doit servir de zone-tampon entre les territoires insurgés
d'Idleb et les zones tenues par le régime tout autour. Toutes les armes
lourdes et les jihadistes doivent sortir de la zone.
La zone "vise avant tout à éradiquer la menace terroriste. C'est une
mesure intermédiaire (...) mais indispensable car la création d'une
telle zone permettra d'éviter que se poursuivent les tirs depuis la
zone de désescalade d'Idleb sur les positions des forces syriennes et
la base russe d'Hmeimim", a assuré Sergueï Lavrov.
Agences onusiennes et organisations humanitaires avaient mis en garde
en cas d'offensive du régime contre un "bain de sang" à Idleb, où était
redoutée la "pire catastrophe humanitaire" du XXIe siècle.
Quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont déjà des
déplacés d'autres régions de Syrie affectées par la guerre, vivent dans
la province d'Idleb et les poches insurgées des provinces voisines de
Hama, Alep ou Lattaquié, selon l'ONU. (AFP, 21 sept
2018)
Poutine et Erdogan évitent un assaut sur Idleb avec
une "zone
démilitarisée"
Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont
surmonté lundi leurs divisions et se sont mis d'accord pour éviter
l'assaut voulu par le régime syrien sur Idleb, en créant une "zone
démilitarisée" sous contrôle russo-turc dans le dernier bastion rebelle
de Syrie.
Depuis que le gouvernement syrien, soutenu par l'armée russe, a annoncé
son intention de reprendre cette zone située dans le nord-ouest de la
Syrie, la Turquie, soutien des rebelles, ne cesse de mettre en garde
contre une possible catastrophe humanitaire en cas d'assaut d'ampleur
similaire à ce qu'il s'est passé dans les autres régions du pays.
Dix jours après l'échec du sommet de Téhéran avec le président iranien
Hassan Rohani, où leurs divergences étaient apparues au grand jour, les
deux chefs d'Etat, dont les pays sont des acteurs-clefs du conflit
syrien, se sont entretenus pendant plus de quatre heures à huis clos
dans la station balnéaire de Sotchi, sur la mer Noire.
"Nous avons décidé de créer le long de la ligne de contact à partir du
15 octobre de cette année une zone démilitarisée de 15-20 kilomètres de
large", a déclaré le président russe après cette rencontre.
Cette zone sera contrôlée par les forces turques ainsi que par la
police militaire russe, a-t-il précisé.
L'accord prévoit "le retrait de tous les combattants radicaux" dont la
présence est dénoncée par Moscou comme justifiant un assaut, a-t-il
souligné, tandis que toutes les armes lourdes devront en avoir été
retirées d'ici au 10 octobre.
"Je suis convaincu qu'avec cet accord, nous avons évité qu'une grande
crise humanitaire ne se produise à Idleb", a pour sa part déclaré M.
Erdogan lors de la conférence de presse ayant suivi la rencontre entre
les deux chefs d'Etat.
"La Russie va prendre les mesures nécessaires pour s'assurer qu'aucune
attaque contre la zone de désescalade d'Idleb ne se produise", a-t-il
encore déclaré.
Appelé à clarifier cet accord, le ministre russe de la Défense Sergueï
Choïgou, à qui les agences russes demandaient s'il signifiait qu'il n'y
aurait pas d'offensive, a simplement répondu "Oui".
Il a précisé que les détails de l'accord seraient discutés avec Damas
"dans les prochaines heures".
Plus fidèle allié de Bachar al-Assad, la Russie semble pressée d'en
finir avec la rébellion syrienne et était le plus fervent avocat d'un
assaut d'ampleur sur Idleb lors du sommet de Téhéran.
Si la Turquie soutient pour sa part les rebelles syriens, la province
d'Idleb est contrôlée à 60% par le groupe jihadiste Hayat Tahrir
al-Cham (HTS), composé notamment de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie et
considéré comme un groupe "terroriste" par Ankara.
Depuis le sommet de Téhéran, d'intenses tractations ont donc eu lieu
entre Turcs et Russes pour tenter de parvenir à un compromis,
l'objectif principal pour Ankara étant de parvenir à neutraliser le HTS
tout en évitant le lancement d'une vaste offensive.
- Diminution des bombardements -
L'enjeu est double pour la Turquie: Ankara veut d'une part éviter un
nouvel afflux de réfugiés syriens provoqué par une offensive
d'envergure, alors que le pays a déjà accueilli plus de trois millions
de Syriens depuis le début du conflit.
D'autre part, la Turquie s'inquiète du sort de centaines de soldats
turcs déployés dans douze postes d'observation établis à Idleb pour
veiller au respect de la "désescalade" mise en place par le processus
d'Astana, entamé en janvier 2017, ainsi que des groupes de rebelles
syriens "modérés" qu'elle soutient.
Dimanche, la Turquie a envoyé des renforts militaires, composés
essentiellement de chars et d'autres équipements militaires, vers l'un
de ses postes d'observation dans la province d'Idleb, selon le
quotidien Hürriyet.
Début septembre, le régime de Damas et l'aviation russe avaient
multiplié les bombardements sur Idleb pendant plusieurs jours, mais les
frappes ont diminué d'intensité la semaine dernière.
A Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires
étrangères, Bahram Ghassemi, a assuré que l'Iran était "déterminés à
résoudre la question d'Idleb de façon à ce que la population ne souffre
pas et qu'il n'y ait pas de victimes".
La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de
360.000 morts. L'intervention en septembre 2015 de l'armée russe aux
côtés du régime syrien a changé le cours de la guerre et permis au
régime de remporter d'importantes victoires militaires. (AFP, 17 sept
2018)
Constat de divergences entre Iran, Russie et
Turquie sur Idleb lors du sommet
Dernier grand bastion insurgé en Syrie, la
province d'Idleb --trois millions d'habitants et plusieurs dizaines de
milliers de combattants, jihadistes en majorité--, attend son sort au
lendemain de l'échec d'un sommet à Téhéran, faisant craindre une
nouvelle catastrophe humanitaire.
Iran, Russie et Turquie ont échoué vendredi à surmonter leurs
divergences, tout en convenant de continuer à "coopérer" en vue d'une
solution pour éviter les pertes civiles dans cette région du nord-ouest
de la Syrie, autour de laquelle le pouvoir de Bachar al-Assad amasse
des troupes en vue d'un assaut qui semble imminent.
Des frappes aériennes russes ont visé vendredi des positions de Hayat
Tahrir al-Cham, l'organisation jihadiste créée par l'ex-branche
syrienne d'Al-Qaïda qui domine Idleb, ou encore celle d'Ahrar al-Cham,
un puissant groupe rebelle islamiste, faisant cinq morts, a indiqué
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dès jeudi, des centaines de civils ont commencé à fuir la zone en
prévision d'un assaut des troupes gouvernementales.
Conquis en 2015 par les insurgés, Idleb est leur dernier grand bastion.
C'est là qu'ont été envoyés des dizaines de milliers de rebelles et de
civils évacués d'autres places fortes de l'opposition repris par les
forces loyalistes à travers le pays.
Les frappes russes ont eu lieu alors que se tenait à Téhéran le sommet
entre le président iranien Hassan Rohani et ses homologues russe
Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, et quelques heures avant
une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU convoquée par Washington
sur la situation à Idleb.
- Erdogan contre un "massacre" -
Un sommet marqué par une joute verbale entre les présidents turc Recep
Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine, le premier plaidant à cor et
à cri pour un accord de "cessez-le-feu" et mettant en garde contre un
"massacre" en cas d'assaut des troupes loyalistes, soutenues par
Téhéran et Moscou.
M. Poutine a rejeté la proposition arguant "qu'il n'y (avait) pas de
représentants des groupes armés autour de cette table" habilités à
négocier un cessez-le-feu.
Globalement, les trois pays ont semblé camper sur leurs positions,
Téhéran et Moscou insistant sur la nécessité de combattre "le
terrorisme", et le droit de Damas de récupérer l'intégralité de son
territoire, et la Turquie, qui soutient les rebelles et accueille des
réfugiés syriens en masse sur son territoire, mettant en garde contre
un "massacre" à venir.
"Combattre le terrorisme à Idleb est une partie inévitable de la
mission consistant à ramener la paix et la stabilité en Syrie, mais ce
combat ne doit pas faire souffrir les civils ou entraîner une politique
de la terre brûlée", a déclaré le président iranien Hassan Rohani en
accueillant ses hôtes.
"Le gouvernement syrien a le droit de prendre sous son contrôle la
totalité de son territoire national, et doit le faire", a fait valoir
M. Poutine.
- Poutine pour l'assaut -
Huit ONG internationales actives en Syrie ont appelé les "dirigeants
mondiaux" réunis à Téhéran et New York à "travailler ensemble pour
éviter" que survienne "la pire catastrophe humanitaire en sept ans de
guerre en Syrie", qui a déjà fait plus de 350.000 morts et des millions
de réfugiés.
Téhéran, Moscou, et Ankara pilotent le processus d'Astana, série de
discussions de paix lancée après l'intervention militaire russe de
2015, qui a totalement changé la donne dans cette guerre en remettant
en selle le président Bachar Al-Assad. Le processus d'Astana a éclipsé
les négociations de Genève dirigées par l'ONU.
Avant le sommet, certains médias avaient évoqué la possibilité d'un
accord entre les trois dirigeants sur Idleb. Mais le communiqué final
de la rencontre se borne à dire que les trois présidents "ont décidé de
régler" la question d'Idleb "dans l'esprit de coopération qui
caractérise le [processus] d'Astana".
- "Routes d'évacuation" -
"Nous avons discuté de mesures concrètes pour une stabilisation par
étapes dans la zone de désescalade d'Idleb, qui prévoient notamment la
possibilité pour ceux qui sont prêts au dialogue de passer un accord",
a néanmoins déclaré M. Poutine à l'issue du sommet en faisant référence
aux combattants insurgés qui seraient prêts à abandonner les armes.
Si MM. Erdogan et Rohani ont plaidé pour la nécessité de protéger les
civils, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a
plaidé pour des mesures concrètes vendredi devant le Conseil de
sécurité réuni à New York pour discuter d'Idleb.
"Il faut des routes d'évacuation dans toutes les directions, est, nord,
sud", a-t-il déclaré.
Déterminé à reprendre l'ensemble du territoire, le pouvoir de Damas a
massé des renforts aux abords de la province, frontalière de la Turquie
et dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), mais qui
accueille aussi d'importantes factions rebelles.
Près de la moitié des quelque trois millions d'habitants de la province
d'Idleb et des quelques poches insurgées des provinces voisines de
Hama, Alep ou Lattaquié sont des déplacés, selon l'ONU. (AFP, 8 sept
2018)
Ankara désigne Hayat Tahrir al-Cham comme un groupe
"terroriste"
La Turquie a officiellement désigné vendredi le groupe jihadiste Hayat
Tahrir al-Cham (HTS), qui contrôle en partie la province syrienne
d'Idleb, comme une organisation "terroriste", au moment où Damas semble
déterminé à lancer une offensive sur cette région du nord-ouest.
Selon un document publié au Journal officiel vendredi, le gouvernement
turc a ajouté HTS à sa liste des "autres appellations utilisées" par le
Front al-Nosra, ex-branche d'al-Qaïda en Syrie et organisation
elle-même classée comme "terroriste" par Ankara.
Le Front al-Nosra a changé de nom en 2016 pour devenir le Front Fatah
al-Cham, groupe qui a été dissous l'an dernier et dont les membres,
ainsi que ceux d'autres organisations, ont formé le Hayat Tahrir
al-Cham.
Cette organisation jihadiste contrôle aujourd'hui à 60% la province
d'Idleb, dernière région à échapper entièrement au contrôle des forces
gouvernementales, qui semblent désormais déterminées à y lancer une
offensive.
Depuis des semaines, le régime amasse des renforts aux abords d'Idleb,
région frontalière de la Turquie, avant une probable offensive qui
s'annonce comme l'ultime bataille d'envergure dans le conflit qui
déchire le pays depuis 2011.
D'intenses tractations sont actuellement en cours, notamment entre
Ankara, qui soutient certains des groupes rebelles présents à Idleb, et
Moscou, qui soutient le président syrien Bachar al-Assad.
Il n'était pas clair dans l'immédiat si la décision de la Turquie de
désigner le HTS comme un groupe terroriste était un signal de soutien à
une offensive même circonscrite sur Idleb.
Deux hauts responsables turcs contactés par l'AFP se sont refusés à
tout commentaire.
La Turquie a mis en garde contre la "catastrophe" que serait une
"solution militaire" à Idleb, mais serait prête, selon certains experts
à accepter une offensive limitée.
Le sort de la province d'Idleb a également suscité ces derniers jours
l'inquiétude des Occidentaux, qui ont mis en garde mardi contre les
"conséquences catastrophiques" d'une offensive militaire, à l'occasion
d'une réunion consacrée à la situation humanitaire en Syrie à l'ONU.
Entretemps, la Turquie a renforcé ses 12 postes d'observation dans la
province d'Idleb, alors que la Russie a consolidé sa présence militaire
au large de la Syrie, disposant désormais du plus gros contingent naval
depuis le début du conflit. (AFP, 31 août
2018)
Le chef de la diplomatie iranienne rencontre Erdogan à
Ankara
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a
rencontré mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan pour évoquer
notamment le sort de la Syrie et les Etats-Unis, lors d'un déplacement
surprise à Ankara, a rapporté la présidence turque.
M. Zarif et M. Erdogan se sont entretenus pendant une heure au siège de
la formation au pouvoir en Turquie, le Parti de la justice et du
développement (AKP) de M. Erdogan, sur fond de tensions en Syrie où le
régime, soutenu par Téhéran et Moscou, veut lancer une offensive sur
Idleb (nord-ouest), ultime grand bastion des rebelles appuyés par
Ankara.
Les "relations bilatérales ... (et) la Syrie" étaient à l'ordre du
jour, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt
Cavusoglu, également présent lors de l'entretien, cité par l'agence de
presse étatique Anadolu.
Les discussions ont été "fructueuses", a écrit sur Twitter M. Zarif.
La rencontre a notamment porté sur "les relations bilatérales et la
coopération régionale face au comportement malveillant des Etats-Unis",
a t-il précisé.
L'Iran a vivement soutenu la Turquie frappée ces dernières
semaines par des sanctions américaines ayant précipité l'effondrement
de la livre turque.
Le sort de la province d'Idleb a quant à lui suscité ces derniers jours
l'inquiétude des Occidentaux, qui ont mis en garde mardi contre les
"conséquences catastrophiques" d'une offensive militaire, à l'occasion
d'une réunion consacrée à la situation humanitaire en Syrie à l'ONU.
La Turquie a elle aussi tiré la sonnette d'alarme, M. Cavusoglu mettant
en garde la semaine dernière contre une "solution militaire" à Idleb
qui, selon lui, causerait "une catastrophe".
Ankara redoute notamment un afflux de réfugiés en cas d'offensive de
grande ampleur sur cette province dont la population a explosé ces
dernières années au fil des "évacuations" d'autres poches rebelles
reprises par les forces du président syrien Bachar al-Assad.
Le régime de Damas ambitionne de reconquérir cette région frontalière
de la Turquie et dominée à 60% par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de
membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda). Elle compte également une
multitude de groupes rebelles.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré mercredi
espérer que les pays occidentaux n'allaient pas "entraver l'opération
antiterroriste" à Idleb.
Cette région fait aussi partie des "zones de désescalade" mises en
place en Syrie à l'issue des négociations de paix d'Astana, parrainées
par la Russie, la Turquie et l'Iran, trois acteurs incontournables dans
ce dossier.
La Turquie, qui a déployé des troupes dans le nord de la Syrie, a
notamment érigé 12 "postes d'observation" dans la province d'Idleb dans
le cadre de ces "zones de désescalade". (AFP, 31 août
2018)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Chypre
dénonce l'arrestation de pêcheurs par la
Turquie
Le gouvernement chypriote a annoncé samedi avoir protesté auprès des
Nations unies après l'arrestation par les forces turques de l'équipage
d'un bateau de pêche battant pavillon chypriote en Méditerranée.
De nationalité égyptienne, les cinq membres de l'équipage naviguaient
au large de l'île, divisée depuis 1974 et dont la partie nord est
contrôlée par la République turque de Chypre du Nord (RTCN), uniquement
reconnue par Ankara.
Selon le propriétaire du bateau de pêche cité par l'agence Cyprus News
Agency (CNA), un navire militaire turc a arrêté les cinq hommes
vendredi soir avant de remorquer l'embarcation jusqu'à Kyrenia, une
ville située dans la partie de l'île contrôlée par la RTCN.
Les médias chypriotes-turcs affirment de leur côté que les pêcheurs ont
été arrêtés pour avoir violé l'espace maritime de la RTCN. Leur bateau
se trouvait à 14 km des côtes chypriotes-turques, selon les mêmes
sources.
Le gouvernement chypriote a porté cet incident à la connaissance des
Nations unies et l'a dénoncé "avec force", a déclaré son porte-parole
Prodromos Prodromou, selon la CNA.
La Force de maintien de la paix de l'ONU pour Chypre (UNFICYP) a dit
"être au courant de cet incident et en contact avec les autorités des
deux côtés pour aider à résoudre la situation", selon son porte-parole
Aleem Siddique.
La République de Chypre, membre de l'Union européenne, n'exerce son
autorité que sur les deux tiers sud du pays, le tiers nord de l'île
étant géré par la RTCN et occupé par l'armée turque.
Celle-ci a envahi en 1974 la partie nord de l'île en réaction à un coup
d'Etat qui visait à rattacher le pays à la Grèce et qui avait suscité
une vive inquiétude dans la minorité chypriote-turque.
Quelque 35.000 soldats turcs sont stationnés dans la partie nord et
leur présence est l'une des principales pierres d'achoppement dans les
négociations visant à réunifier l'île. Le dernier round de pourparlers
s'était soldé par un échec en juillet 2017. (AFP, 22 sept
2018)
La
Turquie va renforcer sa présence militaire à
Chypre-Nord
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son pays allait
renforcer sa présence militaire dans la partie nord de l'île divisée de
Chypre, selon des propos rapportés lundi par la presse.
"Nous n'allons pas réduire le nombre de nos soldats là-bas, mais, nous
allons, bien au contraire, l'augmenter", a déclaré M. Erdogan à des
journalistes à bord de l'avion le ramenant d'une visite en Azerbaïdjan.
Chypre, qui compte un million d'habitants, est divisée depuis que
l'armée turque a envahi en 1974 la partie nord de l'île en réaction à
un coup d'Etat qui visait à rattacher le pays à la Grèce et qui avait
suscité une vive inquiétude dans la minorité chypriote turque.
La République de Chypre, membre de l'Union européenne, n'exerce son
autorité que sur les deux tiers sud du pays, le tiers nord de l'île
étant géré par l'autoproclamée République de Chypre-nord (RTCN) et
occupé par l'armée turque.
Quelque 35.000 soldats turcs y sont stationnés et leur présence est
l'une des principales pierres d'achoppement dans les négociations
visant à réunifier l'île. Le dernier round de négociations en juillet
2017 s'était soldé par un échec.
M. Erdogan a en revanche affirmé que, contrairement à de récentes
informations de presse, son pays ne prévoyait pas d'établir une base
navale à Chypre-Nord.
"Nous n'avons pas besoin de construire une base là-bas", a-t-il dit en
soulignant que son pays se trouvait à "quelques minutes" des côtes
chypriotes-turques.
Il a affirmé que la présence d'une base turque à Chypre-Nord aurait
surtout "une dimension psychologique". "Si nous en ressentons le
besoin, nous le ferons", a-t-il ajouté.
Les tensions entre la Turquie d'un côté, Chypre et la Grèce de l'autre,
se sont focalisées ces derniers mois sur l'exploration gazière menée
dans les eaux chypriotes.
Ankara réclame la suspension de toute exploration tant qu'une solution
à la division de Chypre n'est pas trouvée.
En février, la marine turque avait empêché un navire affrété par la
compagnie italienne Eni de se rendre sur le bloc numéro 3 pour réaliser
des forages d'exploration. Le bateau avait dû quitter les eaux
chypriotes.
L'Union européenne avait condamné les "actions illégales" de la
Turquie au large de Chypre après le blocage du navire. (AFP, 17 sept
2018)
Des migrants syriens expulsés illégalement en
Turquie
Les autorités grecques ont illégalement
expulsé fin juillet vers la Turquie un groupe de réfugiés syriens après
avoir brûlé leurs chaussures, documents et autres effets personnels,
selon des témoignages recueillis par le quotidien grec Efimerida ton
Syntakton.
Au total, 14 réfugiés et migrants venus de Syrie, du Yemen et
d'Algérie, dont de jeunes enfants, ont été expulsés vers la Turquie le
28 juillet, a déclaré au journal Amir Mahmood, un Syrien de 24 ans.
Le groupe a été incercepté par la police grecque peu après avoir
franchi le fleuve Evros qui marque la frontière entre la Grèce et la
Turquie, selon ce témoignage publié samedi par le journal.
Les réfugiés et migrants ont été enfermés jusqu'à la tombée de la nuit
avec 22 autres personnes, puis ramenés vers le fleuve et remis à des
hommes armés en tenues militaires, selon Amir Mahmood.
Avant qu'ils ne soient expulsés vers la Turquie, on les a obligés à
enlever leurs chaussures, qui ont été empilées et brûlées. Auparavant,
la police avait confisqué leur argent et brûlé leurs vêtements de
rechange, leurs documents et autres effets personnels, a indiqué le
réfugié.
"J'ai marché pendant trois heures sans chaussures", a affirmé M.
Mahmood. Certaines personnes en compagnie desquelles il a été enfermé
ont déjà été expulsées six fois, perdant à chaque fois leurs affaires,
a-t-il ajouté.
Une source policière, interrogée, s'est refusée à tout commentaire.
"Nous ne commentons pas les articles de presse", a déclaré cette source.
Cette semaine, le gouvernement grec a indiqué que plus de 8.400
réfugiés et migrants avaient franchi la frontière entre la Grèce et la
Turquie au cours des six premiers mois de l'année 2018, contre 1.600
une année auparavant.
En outre, 14.500 personnes ont franchi la mer Egée au cours du premier
semestre, contre 9.500 durant le même période en 2017.
Au cours du premier semestre, Athènes a légalement remis à la Turquie
plus de 7.000 personnes, selon le gouvernement.
Le Conseil grec pour les réfugiés, l'une des principales ONG de défense
des droits de l'homme en Grèce, avait indiqué en février avoir eu
connaissance d'expulsions "systématiques" d'immigrants à la frontière
avec la Turquie.
Selon cette ONG, étaient expulsés sans discrimination des familles, des
femmes enceintes, des victimes de tortures et des enfants.
Le gouvernement grec a en janvier formellement démenti pratiquer des
expulsions. (AFP, 8 sept
2018)
La
chute de la livre turque fait chanceler
Chypre-Nord
"Tous mes frais ont augmenté de 50%",
soupire Mehmet. Touchée par la chute de la livre turque, Chypre-Nord se
débat face à une crise qui échappe totalement au contrôle de cette
entité autoproclamée dont la survie économique dépend d'Ankara.
La livre turque a perdu cette année près de la moitié de sa valeur face
au dollar, du fait des craintes des marchés envers l'économie turque et
de la crise diplomatique avec les Etats-Unis.
Entité uniquement reconnue par Ankara, la République turque de
Chypre-Nord (RTCN) et ses quelque 300.000 habitants font figure de
victime collatérale.
Sans le moindre contrôle sur les fluctuations de la monnaie ou sur les
taux d'intérêt, "il est extrêmement difficile pour une économie comme
la nôtre de faire face à cette soudaine dévaluation", déclare à l'AFP
le ministre de l'économie de la RTCN, Ozdil Nami.
Le tiers nord de l'île méditerranéenne est largement isolé depuis 1974,
année de son invasion par l'armée turque en réaction à un coup d'Etat
de Chypriotes-grecs voulant rattacher l'île à la Grèce, qui inquiétait
la minorité chypriote-turque.
La zone tampon ("ligne verte"), qui divise l'île et qui est surveillée
par l'ONU, n'a été ouverte à la circulation en certains points qu'à
partir de 2003. La République de Chypre, à majorité chypriote-grecque,
a fait son entrée dans l'Union européenne (UE) l'année suivante, avant
d'adopter l'euro en 2008.
- "Plus les moyens" -
Avec la plongée de la livre turque, les Chypriotes-grecs sont
aujourd'hui nombreux à franchir la zone-tampon pour faire le plein
d'essence, provoquant de longues files d'attente aux points de passage
de Nicosie, ultime capitale divisée au monde.
Cet afflux représente une maigre consolation pour Mehmet, propriétaire
d'un café dans le nord de la ville. "Tous mes coûts ont augmenté de
50%, tandis que mes économies ont perdu la moitié de leur valeur", se
plaint-il.
Les frais en livre turque de la scolarité de son fils en
Grande-Bretagne ont quasi doublé. "Je peux encore gérer, mais au fil du
temps, les gens n'auront plus les moyens", dit Mehmet, qui préfère
s'exprimer sous un nom d'emprunt.
Les autorités chypriotes-turques ont mis en place une série de mesures,
souligne le ministre Ozdil Nami.
Elles prévoient des mesures d'austérité compensées par d'importantes
subventions sur le pétrole et les cigarettes, des réductions
significatives sur les taxes à la consommation et à la propriété, ainsi
que des incitations pour les investisseurs étrangers dans l'immobilier.
Les membres du gouvernement de l'entité et les parlementaires ont
consenti à baisser de 20% leurs salaires, pour six mois, argue encore
M. Nami, tandis que les syndicats de la fonction publique ont accepté
une réduction de 15% du coût des heures supplémentaires.
Mais les prix continuent d'augmenter et les objets de valeur
comme les biens immobiliers, les voitures ou les produits électroniques
-tous vendus en devises étrangères- sont à présent inabordables pour la
majorité.
- "Impossible de lutter" -
"Il nous est impossible de lutter contre cette crise", déplore Erdal
Guryay, professeur d'économie à l'Université privée de Chypre-Nord et
ex-dirigeant de la Banque centrale de la RTCN.
"Nous ne possédons aucun instrument (de régulation de la crise, ndlr)
et nous n'avons personne vers qui nous tourner, puisque nous sommes un
Etat non reconnu". En conséquence, les effets de la crise sont même
"plus importants qu'en Turquie", juge-t-il.
Les seuls vols directs ont pour destination la Turquie. Les principaux
ports de la RTCN souffrent des mêmes restrictions.
Mehmet Benli, propriétaire d'une chaîne de supermarchés, affirme que
les budgets plus serrés des Chypriotes-turcs ont engendré une baisse de
30% de ses ventes.
Les nouvelles mesures du gouvernement "ne sont qu'un pansement sur une
plaie ouverte", dit-il.
L'économiste Erdal Guryay confirme l'afflux de Chypriotes-grecs, pour
profiter des biens subventionnés.
"J'ai plus de clients chypriotes-grecs que chypriotes-turcs! Certains
viennent pour la première fois" en RTCN, relève Mustafa Demdelen, qui
tient une station d'essence à Nicosie-Nord.
Le propriétaire de supermarchés, Mehmet Benli, assure que 80% de ses
profits les week-ends proviennent de son magasin le plus proche des
points de passage.
C'est un "aspect positif, note M. Guryay. Mais si la crise se poursuit,
les prix continueront d'augmenter et les Chypriotes-grecs cesseront de
venir." (AFP,
5 sept
2018)
Immigration
/ Migration
Nine bronze busts of political exiles from Turkey
On
September 30, in Amsterdam-Noord, after a symposium initiated by
TAAK, sculptor Suat Öğüt will drive his mobile work 'The First Turk
Immigrant or the Nameless Heroes of the Revolution', composed of bronze
busts of nine political exiles from Turkey, from its current position
at the IJriver bank farther north into the Molenwijk.
Arriving in
Molenwijk, Ögüt's work will be stationed in front this new
space, with the addition of a series of political banners.
This mobil
work is part of Framer Framed’s contribution to Public Art
Amsterdam 2018 from 21 June until 30 September.
The bronze
busts represent political exiles Nihat Akseymen, Erdal
Boyoğlu, Ahmet Demir, Celalettin Kesim, Şengül Köker, Doğan Özgüden,
Demir Özlü, Fahrettin Petek and Nubar Yalım.
Suat Ögüt
was born in Diyarbakir, Turkey in 1986, he lives and works in
Amsterdam. Ögüt is a graduate of the Fine Art Education Faculty of
Marmara University, Painting and Sculpture Department in 2007. Ögüt has
been a guest artist at HISK, Ghent, for the post-graduation program in
2012-2013. In 2013 he was one of the winners of the Akbank Contemporary
Artist Prize. Since 2014 Ögüt is a co-founder of Corridor Project Space
in Amsterdam.
He explains
his mobil work: "Those who had to leave Turkey because of
political reasons, silenced in their own country, acquire a voice in
this project. Mostly unheard of within the popular discussion
concerning The First Turk Immigrant, these Nameless heroes kept
struggling for their beliefs and, step by step, paved the path towards
change,"
Des
milliers de Syriens rentrent après l'accord
russo-turc
Des milliers de Syriens ayant fui les bombardements dans la province
d'Idleb et ses environs sont revenus dans leurs localités depuis
l'annonce lundi d'un accord russo-turc concernant l'ultime grand
bastion insurgé de Syrie, a indiqué mercredi une ONG.
Ces dernières semaines, le régime syrien avait massé des renforts aux
abords d'Idleb, région frontalière de la Turquie dans le nord-ouest,
tandis que ses tirs d'artillerie et des raids aériens de l'allié russe
ont tué des dizaines de civils, selon l'Observatoire syrien des droits
de l'Homme (OSDH).
Fuyant ces violences, concentrées dans le sud de la province ou le nord
de la région voisine de Hama, plus de 30.000 personnes avaient fui
leurs localités, selon l'ONU, se dirigeant plus au nord vers la
frontière turque.
Moscou et Ankara, allié des rebelles, ont dévoilé lundi soir la
création d'une "zone démilitarisée" à Idleb, éloignant ainsi la
perspective d'une offensive.
Depuis cette annonce, "près de 7.000 déplacés sont revenus dans leurs
localités et villages, en particulier le sud-est d'Idleb et le nord de
Hama", a indiqué mercredi le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Certaines de ces localités se trouvent dans la future zone
démilitarisée, qui doit servir de zone tampon entre les territoires
insurgés d'Idleb et les zones gouvernementales tout autour.
Les retours des déplacés ont débuté avant même l'annonce de lundi, à la
faveur d'un calme relatif qui régnait dans la province, mais le rythme
s'est accéléré après l'accord, a précisé M. Abdel Rahmane.
Mardi près de la frontière turque, des dizaines de déplacés installés
dans un camp ont célébré l'accord, brandissant des pancartes sur
lesquelles on pouvait lire "On va rentrer si Dieu le veut", "Merci à
nos frères les Turcs".
"On réclame des garanties pour le retour des déplacés, on ne veut pas
de violations ou des bombardements sur les civils", a confié Abou Adel,
originaire du sud de la province d'Idleb.
"On ne veut pas être déplacés une deuxième, troisième, quatrième fois,
on en a assez (...) d'être dans des tentes, on veut revenir dans nos
maisons et retrouver les écoles des enfants", se plaint Morhaf al-Jadou.
Quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont déjà des
déplacés d'autres régions de Syrie affectées par la guerre, vivent dans
la province d'Idleb et les poches insurgées des provinces voisines de
Hama, Alep ou Lattaquié, selon l'ONU.
Agences onusiennes et organisations humanitaires avaient mis en garde
en cas d'offensive du régime contre un "bain de sang" à Idleb, où était
redoutée la "pire catastrophe humanitaire" du XXIe siècle.
"Nous accueillons toute initiative qui pourrait alléger les souffrances
des civils", a indiqué mercredi à l'AFP le coordinateur humanitaire de
l'ONU en Syrie, Ali Zaatari, évoquant des contacts avec les parties
concernées par l'accord russo-turc pour obtenir plus "détails" à son
sujet.
"Ce qui est important c'est que nous continuons à atteindre les gens
qui ont besoin d'assistance humanitaire", a-t-il ajouté. (AFP, 19 sept
2018)
Ankara
facilite l'accession à la nationalité turque
pour les
investisseurs étrangers
La Turquie a significativement réduit le montant des investissements et
placements bancaires que les étrangers désireux d'obtenir la
nationalité turque doivent avoir dans le pays, selon un document publié
au Journal officiel mercredi.
Les étrangers peuvent désormais réclamer la nationalité turque s'ils
déposent au moins 500.000 dollars dans un compte courant turc, contre 3
millions précédemment, ou s'ils investissent plus de 500.000 dollars de
capital fixe, contre 2 millions actuellement.
Ils peuvent par ailleurs y prétendre en recrutant 50 employés en
Turquie, contre 100 jusqu'à présent, ou en acquérant des propriétés
immobilières valant plus de 250.000 dollars, plutôt qu'un million.
Le texte publié au Journal officiel précise que ces montants peuvent
être calculés en dollar, ou l'équivalent dans toute autre devise, y
compris la livre turque.
Les montants précédents avaient été fixés en janvier 2017, dans
l'espoir de freiner le ralentissement de l'économie en attirant des
investisseurs étrangers désireux d'obtenir la nationalité turque.
Or, la situation s'est nettement dégradée depuis, la livre turque a
perdu environ 40% de sa valeur face au dollar depuis le début de
l'année, et la croissance économique a déjà ralenti en début d'année,
tout en se maintenant à 5,2% au deuxième trimestre. (AFP, 19 sept
2018)
Un
Erdoganiste se retire de
la liste de Clerfayt
A
Schaerbeek,
le candidat turcophone Halis Kökten (35e) sur la Liste du bourgmestre
Bernard Clerfayt (DéFI), également partisan du président turc Erdogan,
a décidé de se retirer de la liste, trois jours après que l'échevin
turcophone Sait Köse ait décidé de faire un pas de côté suite à son
inculpation dans une affaire privée.
Pour
rappel,
Halis Kökten a un parcours pour le moins sinueux en politique. Il
démarré à Saint-Josse, en 2000, sur la liste FDF (ex-DéFi). Il déménage
ensuite à Schaerbeek et passe au cdH. Suite à des différends avec la
présidente Joëlle Milquet, il rejoint le PS et est à nouveau élu
conseiller communal lors des élections de 2012. Non repris sur la liste
de 2018, il est récupéré par Bernard Clerfayt et la Liste du
bourgmestre. Mais l'aventure n'aura duré que quelques mois.
Selon RTBF,
ce mercredi matin, une réunion entre le bourgmestre et le candidat
Kökten n'a pas permis de satisfaire l'intéressé.
Un
turcophone pour remplacer un turcophone!
Raison du
courroux? Avec le départ de Sait Köse, la troisième place sur la liste
devenait vacante. Revendiquée par plusieurs candidats dont Halis
Kökten, 35e, elle a finalement été attribuée à l'échevin Michel De
Herde (DéfI).
Incompréhensible
pour Halis Kökten! Lors d'une réunion de section lundi soir, celui-ci a
fait valoir ses 1700 voix de préférence lors des élections de 2012
contre 1200 pour Michel De Herde. Autre argument: seul un turcophone
peut remplacer un turcophone à la troisième place.
Mais les
membres de la section n'ont pas souhaité abonder en ce sens et ont
préféré faire passer Michel De Herde de la septième à la troisième
position. Halis Kökten a alors claqué la porte de la réunion et menacé
de quitter la liste.
"Oui, il y
avait un accord mais..."
Mercredi
matin,
la menace a été mise à exécution, après une réunion avec le mayeur.
"J'ai décidé de ne pas participer aux élections parce que j'estime
qu'au regard de mon implication, de mon parcours, de ma
représentativité au sein de la communauté turque de Schaerbeek, qui
représente 30% de l'électorat, il était normal que je revendique une
place plus haut sur la liste", réagit Halis Kökten auprès de la RTBF.
"Oui, il y avait un accord avec Bernard Clerfayt autour de ma 35e
place. Mais après le départ de Sait Köse, il devenait naturel que la
communauté turque soit mieux représentée sur la liste. Ce n'est pas le
cas et j'ai le sentiment qu'il y a une volonté, chez DéFi, de ne pas
mettre en valeur ses candidats de la communauté turque qui réalisent
d'importants scores électoraux."
Halis
Kökten
affirme également ne jamais avoir revendiqué d'échevinat en cas de
victoire de la Liste du Bourgmestre lors des élections communales.
Une perte
de deux sièges
Dans
l'entourage de Bernard Clerfayt, on précise qu'il n'y avait pas de
marge de négociations étant donné qu'un accord avait été conclu pour la
35e place d'Halis Kokten. La Liste du Bourgmestre estime par ailleurs
qu'elle ne perdra pas plus de deux sièges avec les départs conjugués de
Köse et Kökten.
Le co-président d’Ecolo accuse Emir Kir
Invité sur RTL-TVI, puis sur Bel RTL, le co-président d’Ecolo, Patrick
Dupriez, a accusé Emir Kir (PS) de faire pression sur les candidats, et
d’employer des méthodes pour le moins douteuses. « Ce qu’il se
passe
dans la commune de Saint-Joss est scandaleux », a-t-il déclaré. «
Il y
a des pressions sur les candidats, des candidats Ecolo convoqués chez
le bourgmestre pour les dissuader, on a téléphoné à leurs parents à
leur famille, on a dit à une candidate, qu’elle allait faire perdre son
emploi à son mari »
"Arrêtez de raconter des histoires": Emir Kir réagit, en direct sur Bel
RTL, aux accusations du coprésident d'EcoloRTL Vidéos - Les news en
vidéo
Dans le studio de Bel RTL, Patrick Dupriez a affirmé envisager la
plainte. « A un moment donné, il faut pouvoir porter plainte à
partir
des faits concrets, et nous l’envisageons sérieusement. » « Mais
avant
cela, la première chose qu’on envisage, c’est de demander au PS de
recadrer Emir Kir pour que ça cesse ».
Le bourgmestre PS de Saint-Joss Emir Kir a réagi en direct par
téléphone, sur Bel RTL. « Arrêtez de raconter des histoires (…)
arrêtez de vous poser en victime. Je l’invite à déposer plainte, parce
que la personne dont il est question (la candidate Ecolo NDLR), on
raconte que je l’ai interrogée pendant 4h30… Il faut arrêter ces
simagrées. Je l’ai rencontré en présence d’une personne tierce pendant
un peu plus d’une heure. Point. » a déclaré Emir Kir. (Le Soir, 9 sept
2018)
Inculpé, l'échevin de Schaerbeek
Sait Köse retire sa candidature
L'échevin schaerbeekois de la Petite enfance et des Sports Sait Köse a
annoncé dimanche matin le retrait de sa candidature sur la liste du
bourgmestre Bernard Clerfayt en vue du scrutin communal d'octobre
prochain.
Selon le quotidien La Capitale, M. Köse est inculpé, depuis mai
dernier, pour faux et usage de faux, non-aveux de faillite,
détournement d'actifs et non-collaboration avec curateur.
A Schaerbeek, on précise qu'il ne s'agit pas de faits liés à son mandat
politique. "Les faits reprochés sont des faits personnels", a confirmé
l'échevin, dans un bref communiqué, adressé dimanche matin à l'agence
Belga, quelques minutes avant le début du congrès de rentrée de DéFI.
"Afin de pouvoir assurer en toute liberté avec la quiétude
indispensable et la plus grande assurance ma défense, afin aussi de ne
pas mettre en difficulté la Liste du Bourgmestre pendant cette période
électorale ni le bourgmestre Bernard Clerfayt, j'ai décidé de me
retirer de la Liste du Bourgmestre", a affirmé l'échevin.
"La violation du secret de l'instruction et le timing de la diffusion
de l'information me font penser à beaucoup de choses et après
discussion avec mon avocat je ferais les démarches nécessaires mais je
pense qu'aujourd'hui, je dois faire ce geste car je compte bien prouver
mon innocence", a ajouté M. Köse. Celui-ci a également tenu à rappeler
que "toute personne est innocente s'il n'y a pas condamnation".
"Je fais ce geste uniquement pour que mes amis de la Liste du
Bourgmestre puissent mener une campagne sereine et continuer à
travailler pour améliorer Schaerbeek", a-t-il conclu. (BIA, 9 September 2018)
L’échevin
de Schaerbeek Sait Köse (DéFi)
inculpé
L’échevin schaerbeekois en charge de l’enfance, de la jeunesse et des
sports pourrait voir sa candidature aux futures élections communales
disparaitre. Sait Köse (DéFi) a été inculpé au terme d’une instruction
judiciaire ouverte à son encontre en novembre 2015, rapporte le
quotidien La Capitale.
Sait Köse avait déjà été épinglé en février 2017 pour 8000 euros de
jetons de présence perçus pour sa présidence de la piscine de la
commune. Mais depuis 2015, une instruction judiciaire avait été ouverte
à son encontre. Aujourd’hui, il est inculpé en mai pour quatre raisons
: faux et usage de faux, non-aveux de faillite, détournement d’actifs
et non collaboration avec curateur.
Ces événements ne l’ont pas dissuadé de se présenter aux élections
communales de 2018. Sur La Liste du Bourgmestre, mené par Bernard
Clerfayt (DéFi), il figure à la troisième place. Son président de parti
Olivier Maigain avait déjà annoncé à plusieurs reprises que les
mandataires politiques inculpés n’avaient pas leur place au sein du
mouvement. Le politicien a d’ailleurs demander son retrait de la Liste
du Bourmestre: ” Bernard Clerfayt doit prendre ses dispositions en
conséquence si (cette inculpation) est confirmée. Il est clair que chez
nous c’est exclu qu’on puisse rester dans nos rangs quand on a une
telle inculpation. Notre règle est stricte“.
En réaction à cette inculpation, le bourgmestre de Schaerbeek Bernard
Clerfayt a déclaré que cela relevait de l’ordre de sa vie privée.
Sait
Köse, toujours présumé innocent pour l’instant, est du même avis et “ne
trouve pas normal que cela sorte juste maintenant, à quelques mois des
élections alors que ça fait quand même des années que ça dure“, peut-on
lire dans La Capitale.
Emir Kir (PS) accusé de menacer des
candidats d’autres listes
Première polémique à Saint-Josse depuis le début de la campagne
électorale. Des candidats Ecolo-Groen, MR et DéFI auraient subi des
pressions du bourgmestre Emir Kir ou de membres de sa liste (PS) afin
qu’ils ne se présentent pas, écrit La Capitale.
Certains témoignages évoquent des pressions exercées par la liste du
bourgmestre et Emir Kir lui-même sur certains candidats, notamment
d’origine turque, souhaitant se présenter sur d’autres listes, écrit le
quotidien.
Zoé Genot (Ecolo-Groen) confirme. « Un de nos candidats a été convoqué
pendant quatre heures trente par Emir Kir. Et encore, c’était la
méthode douce », indique la tête de liste. Un candidat MR aurait
également été menacé, tout comme la tête de liste de DéFI.
Emir Kir n’a pas souhaité réagir, se contentant de déclarer que les
autres partis faisaient preuve de « bassesse ». (bx1.be, 4 sept 2018)
L'afflux d'Afghans, nouveau casse-tête pour la Turquie
Des centaines de réfugiés s'entassent sur
des tapis ou des cartons dans un parc d'Ankara. Ils ne viennent pas de
Syrie, mais d'Afghanistan, et leur afflux représente aujourd'hui un
casse-tête pour les autorités turques.
Plus de trois millions de Syriens et plusieurs centaines de milliers
d'Irakiens ont trouvé refuge en Turquie ces dernières années. Mais au
cours des derniers mois, le pays a connu une arrivée en masse
d'Afghans, à la recherche de l'asile ou d'une vie meilleure.
Certains fuient le conflit entre les talibans et le gouvernement
central à Kaboul.
Mais beaucoup viennent en réalité d'Iran, où vivent environ trois
millions d'Afghans dans des conditions rendues plus précaires par les
difficultés économiques de la République islamique.
Entre janvier et mi-août 2018, près de 62.000 migrants afghans sont
arrivés en Turquie, contre un peu plus de 45.000 sur l'ensemble de
2017, selon le ministère turc de l'Intérieur.
- "En danger" -
Incapables de s'enregistrer auprès des autorités fin août en raison
d'une semaine fériée à l'occasion l'occasion de la fête musulmane du
sacrifice, les Afghans ont été contraints de camper dans deux parcs
d'Ankara.
Dans la chaleur pesante, femmes, hommes et enfants y ont eu un accès
restreint à l'eau potable pendant plusieurs jours, s'abritant à l'aide
de cartons et de couvertures.
Mohammad Hussein, originaire de Kunduz (nord de l'Afghanistan), raconte
que ses six enfants, âgés de 2 à 15 ans, ont dormi dans le parc pendant
une semaine dans des conditions "inconfortables".
Quelque 1.500 personnes, principalement des Afghans, sont arrivées dans
ce parc ankariote, situé devant le siège de l'Association de solidarité
avec les demandeurs d'asile et les migrants (Asam).
L'Asam travaille avec l'ONU et la direction provinciale turque en
charge des migrations pour enregistrer les réfugiés.
M. Hussein, 35 ans, dit avoir dû fuir l'Afghanistan avec sa femme et
ses enfants parce qu'il aidait la mission de combat de l'Otan (Isaf) à
trouver les caches d'armes des talibans.
Mais il se considère "en danger" ici et souhaite se rendre ailleurs, au
Canada ou en Suisse, par exemple.
En 2017, les Afghans représentaient, selon le Haut-commissariat de
l'ONU aux réfugiés (HCR), la deuxième plus importante population
réfugiée au monde, avec 2,6 millions de personnes, contre 6,3 millions
de Syriens.
D'après le HCR, trois millions d'Afghans vivent en Iran, mais seulement
un tiers d'entre eux sont officiellement enregistrés comme réfugiés.
Or, l'économie iranienne a été fortement affectée par le rétablissement
de sanctions américaines contre Téhéran.
Levent Ulusoy, vice-coordinateur général pour l'Asam, explique que les
Afghans viennent d'Iran "pour trouver un travail ou fuir la guerre" qui
fait rage dans leur pays.
"Tellement de familles sont contraintes de partir", soupire-t-il.
Javad Saadatnejad a passé 34 ans en Iran avant d'arriver en Turquie le
mois dernier. "L'Iran n'a rien fait pour moi", dit-il.
Mais un "difficile processus" attend les Afghans qui souhaitent obtenir
un permis de travail en Turquie, et nombre d'entre eux se retrouvent
dans le secteur informel, indique Metin Corabatir, président du Centre
de recherches sur l'asile et la migration (Igam).
- "Aucun soutien" -
L'ampleur de l'afflux est devenue visible lorsque près de 30.000
Afghans sont arrivés en Turquie au cours des premiers mois de 2018.
Les autorités ont réagi en renvoyant des milliers de personnes en
Afghanistan, en coordination avec Kaboul.
Amnesty International affirmait en avril que 7.100 migrants avaient
ainsi été expulsés, mais ce chiffre est probablement bien plus élevé
aujourd'hui.
"Lorsqu'ils arrivent, le gouvernement place la majorité d'entre eux
dans des centres de départ, et de là, les renvoie en Afghanistan",
explique M. Corabatir.
Zakira Hekmat, qui a fondé l'Association d'aide et de solidarité avec
les réfugiés afghans (Afghan-Der) en 2014, explique que les expulsions
se poursuivent, y compris pour ceux qui vont à Ankara se faire
enregistrer.
Il n'y a "aucun soutien" pour les réfugiés Afghans, affirme Mme Hekmat,
ajoutant que de plus en plus de réfugiés dormaient dans des parcs.
Selon elle, l'attitude à l'égard des Afghans a changé en Turquie, avec
des "préjugés croissants" et de nombreux Turcs pensant que la guerre en
Afghanistan est terminée.
"Mais la guerre se poursuit de manière invisible", affirme-t-elle. (AFP, 5 sept
2018)
Saint-Josse: que la campagne est turque
A l'occasion de la fête du sacrifice, et à sept semaines du scrutin, le
maïeur belgo-turc est allé rendre une petite visite aux pensionnaires
du home du CPAS de sa commune en compagnie... de la consule de Turquie,
histoire de bien rappeler le lien avec la mère patrie.
Sur la liste du bourgmestre, on retrouve en 19e position un fan
d'Erdogan, à savoir Safa Akyol qui, en 2015, avait appelé à retirer les
monuments commémorant le "soi-disant génocide arménien". Ecolo-Groen
n'est pas en reste: sur la liste tirée par Zoé Genot, la 9e place est
occupée par Kenan Aydogan. Or celui-ci a été repéré sur une photo où il
fait le signe du parti nationaliste turc MHP (extrême-droite), connu
sous le nom de Loups gris.
"Je l'ai fait pour me moquer de mes amis pro-MHP", s'est-il justifié,
rejetant tout lien avec le mouvement. Dernier épisode de campagne: un
candidat d'origine turque, et gardien de la paix dans la commune,
aurait été sèchement recadré par Emir Kir. Motif : il se présente sous
la bannière du MR... (Le Vif/L'Express, 30 août
2018)
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