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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

45th Year / 45e Année
Octobre
 
2019 October
N° 494
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 588 69 53
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Özgüden and Tugsavul on WikiLeaks' "Truth tellers" List


Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Prof. Ayşe Erzan Awarded Human Rights Prize
Amnesty dénonce les «crimes de guerre» commis lors de l'offensive turque
La Turquie condamnée pour les conditions de rétention d'une femme
Petition: The Turkish State must end war and destruction
186 interpellations pour "propagande" contre l'offensive en Syrie
Court of Appeals Upholds 159-Year Prison Term for Contemporary

A la frontière turque, la peur de critiquer l'offensive en Syrie
9 Bar Associations Make a Joint Call for Peace: Stop the War
Arrestation de cinq Allemands soupçonnés de liens avec le PKK

'Osman Kavala's Imprisonment is Turkey's Shame'
Police Attack ‘Democracy Watch’ in İstanbul, HDP MP Kemal Bülbül Hospitalized

‘Doors of Silivri Prison Wards Remain Locked at the Night of İstanbul Earthquake’


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Hürriyet Newspaper Fired Eight Journalists
AI: Drop Charges Against METU Students and Academic
La Turquie condamnée pour violation de la liberté d'expression

Visé par Erdogan, le magazine Le Point affirme qu'il "ne lâchera rien"
Press Cards of 3,804 Journalists Canceled in Five Years
Court Orders Release of Journalist Hüseyin Aykol
Journalist Emre Orman Arrested
Three-Month Agenda of the Media: Trials, Prisons and Threats

24 Social Media Users Arrested for 'Smearing Operation Peace Spring'
Virtual Patrol Teams 'Unlawfully' Investigate 30 Thousand People a Day
Des internautes arrêtés pour "propagande" contre l'offensive en Syrie
Le mécène Osman Kavala maintenu en détention provisoire

Rassemblement pour soutien à Julian Assange devant le palais de justice
Özgüden and Tugsavul on WikiLeaks' "Truth tellers" List
Une stèle commémorative pour Khashoggi devant le consulat saoudien à Istanbul

Affaire Khashoggi: procès opaque et répression persistante


Kurdish Question / Question kurde

Plus de 11.000 réfugiés kurdes de Syrie, l'Irak ouvre un 2e camp

Des ONG accusent Ankara d'avoir expulsé des Syriens vers leur pays en guerre
Un Kurde syrien tente de s'immoler par le feu à Genève
Asli Erdogan sur l'endoctrinement anti-kurde en Turquie
4 HDP Diyarbakır Co-Mayors Detained

REAGISSONS CONTRE LA NOUVELLE INVASION GENOCIDAIRE DE L’ETAT TURC
Co-Mayors of Hakkari, Nusaybin and Yüksekova Replaced with Trustees
Les Kurdes accusent Ankara d'utiliser des armes non conventionnelles
Enterrant leurs morts, les Kurdes de Syrie dénoncent la "trahison" de Washington

Les maires de quatre villes kurdes arrêtés pour "terrorisme"
Les Kurdes font appel au régime de Damas: leur rêve d'autonomie sacrifié ?

Syrian Kurdish Political Leader Killed near Qamishli
Dismissed Co-Mayor of Van Özgökçe Ertan Faces up to 30 Years in Prison

Le cri du peuple kurde agressé en Syrie par l'Armée turque et ses complices islamistes
Des Kurdes ? Quels Kurdes?

Libération d'un ancien député prokurde condamné pour propagande terroriste
Des Kurdes manifestent contre leur "exclusion" du Comité constitutionnel en Syrie

Demirtaş to be Given 'Award for Political Courage'


Minorités / Minorities

Parliamentary Inquiry into İstanbul Pogrom Rejected
Hrant Dink Foundation Conference on Kayseri Banned in İstanbul As Well
Le Comité des Arméniens de Belgique condamne l’invasion par l’armée turque

Kayseri Governorship Prevents Conference by Hrant Dink Foundation

Politique intérieure/Interior Politics

Comment la fragilisation du parti présidentiel rebat les cartes du jeu politique turc


Forces armées/Armed Forces

Erdogan menace de chasser les Kurdes de la frontière syrienne
Accord russo-turc sur un contrôle de la frontière syrienne et un retrait kurde
Erdogan: C'est exactement Hitler, parlant de la Pologne, dans les années 30

Erdogan menace d'«écraser les têtes» des combattants kurdes
Au moins 14 civils ont été tués  par des raids aériens turcs
Erdogan menace de reprendre l'offensive mardi si l'accord n'est pas respecté
Footage proves Turkish use of chemical weapons in northern Syria

Offensive turque en Syrie: l'impact humanitaire en chiffres

Les développements depuis le début de l'invasion turque
Bombardements turcs dans le nord de la Syrie, fuite de 100.000 personnes
La Turquie lance son offensive contre les forces kurdes en Syrie
L’offensive turque contre les forces kurdes en Syrie

Erdogan réitère sa menace d'intervention "sur terre et dans les airs"
Erdogan met en garde contre une opération imminente en Syrie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 
Hate Speech Banners in Konya on Parliamentary Agenda
Les supplétifs islamistes, fantassins de l'offensive turque en Syrie
Neuf civils "exécutés" samedi par les supplétifs islamistes
Quelles sont ces milices qui combattent  dans le sillage de l’armée turque ?
Offensive turque en Syrie : le risque d'une grande évasion de jihadistes


Socio-économique / Socio-economic

Un banquier turc condamné aux Etats-Unis nouveau patron de la
Bourse

NBA: le turc Enes Kanter dénonce l'offensive d'Erdogan en Syrie

Saluts militaires: cinq équipes de foot allemandes menacées de sanctions
Volkswagen suspend sa décision sur une nouvelle usine en Turquie

Euro-2020: L'UEFA va "examiner" le salut militaire des joueurs turcs
Début du procès d'un féminicide qui a choqué la Turquie

Ankara assimile un ouvrage sur les "filles rebelles" à de la pornographie
77 Percent Don’t Know What to do at the Moment of Earthquake


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Erdogan raille l'UE qui redoute un nouvel afflux de migrants

Le Parlement européen condamne l'intervention turque en Syrie

Des parlementaires de plusieurs pays condamnent l'"agression militaire" turque
Les dirigeants de l'UE appellent la Turquie à cesser son intervention militaire
Le Parlement européen appelle les 28 à sanctionner plus durement la Turquie
L'UE condamne Ankara, mais pas d'accord pour un embargo sur les armes
Georges Dallemagne: "La Turquie entend mener une guerre d’annexion"

Après l’Allemagne, la France suspend les exportations d’armes vers la Turquie
L'UE en colère contre l'offensive turque, mais a peu de moyens d'actions
Honte à Erdogan - Christophe Lamfalussy
Erdogan menace l'Europe d'un flux de migrants en réponse aux critiques

Paris dénonce l'envoi d'un navire de forage turc dans les eaux de Chypre
Le commissaire de l'UE appelle à juguler le flux de migrants de Turquie
Ankara dénonce une "attaque qui dépasse les bornes" de la part de Macron

Emmanuel Macron met en garde contre «les grandes peurs»

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Renforts militaires américains dans l'est pétrolier

Ankara exhorte Washington à s'abstenir de tout dialogue avec Mazloum Abdi
L'Otan tempête mais ne condamne pas Ankara
Trump lève les sanctions contre Ankara

Trump clame victoire mais Erdogan remporte la mise
"Ne faites pas l'idiot!": l'incroyable lettre de Trump à Erdogan
USA: la Chambre condamne largement la politique de Trump en Syrie

En Turquie, le chef de l'Otan exhorte Ankara à agir "avec retenue"
D'anciens militaires accusent Trump d'avoir "abandonné" les Kurdes
Les Kurdes "ne nous ont pas aidés en Normandie", dit Trump


Relations régionales / Regional Relations

Syrie et Turquie s'invectivent devant le Conseil de sécurité de l'ONU

La Ligue arabe condamne "l'agression" turque en Syrie
Moscou bloque à l'ONU un texte demandant l'arrêt de l'offensive turque
L'Iran appelle à "une cessation immédiate" de l'offensive turque

La Turquie abat un drone non identifié à la frontière syrienne
Dans le ciel libyen, bataille entre drones turcs et émiratis


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Critiqué par Erdogan, le dirigeant de Chypre-Nord se défend

Chypre acquiert quatre drones israéliens sur fond de tensions avec Ankara
Athènes veut une révision d'un pacte pour faciliter le renvoi de migrants
Chypre dénonce les nouvelles tentatives de forage d'Ankara


Immigration / Migration

Les services de renseignement belges après l'offensive turque en Syrie

L'Allemagne, l'autre poudrière entre Turcs et Kurdes
Pays-Bas: 23 personnes arrêtées lors de heurts entre Turcs et Kurdes

Plusieurs centaines de Kurdes réunis sur la place Saint-Lambert à Liège
Le Parlement flamand a été évacué suite à une alerte à la bombe
Attaque à Paris: le spectre de l’ennemi intérieur

La Grèce confrontée à sa plus grande vague migratoire depuis 2016


Droits de l'Homme / Human Rights

Prof. Ayşe Erzan Awarded Human Rights Prize

Prof. Ayşe Erzan has been awarded the 2020 Andrei Sakharov Prize, which is awarded every second year by the American Physical Society (APS). Erzan is a professor of physics who has retired from the Department of Physics Engineering of İstanbul Technical University (İTÜ).

The prize has been awarded to Erzan "for her lifelong commitment to human rights, especially for her steadfast defense of the rights of citizens to criticize those in power, even at great personal cost."

Speaking to Medyascope news website, Prof. Ayşe Erzan said, "I have been engaged in human rights, especially the oppression faced by scientists and intellectuals, for very long years now. I don't think it is a prize awarded to me. I think it is a prize awarded to the struggle of Academics for Peace. It is a prize awarded in memory of Andrei, but to the Academics for Peace."

Named after Andrei Sakharov, a Soviet nuclear physicist, dissident and human rights activist, the 2020 Andrei Sakharov Prize has also been awarded to Xiaoxing Xi from the Temple University.

The APS is a nonprofit membership organization working to advance and diffuse the knowledge of physics through its research journals, scientific meetings, and education, outreach, advocacy, and international activities. APS represents over 55,000 members, including physicists in academia, national laboratories, and industry in the US and throughout the world.
(BIA, 25 October 2019)

Amnesty dénonce les «crimes de guerre» commis lors de l'offensive turque

Les forces turques et leurs supplétifs syriens ont commis lors de leur offensive contre les forces kurdes dans le nord syrien des «crimes de guerre», dont des «exécutions sommaires» et des attaques meurtrières contre des civils, a dénoncé vendredi 18 octobre Amnesty International.

Ankara a lancé le 9 octobre une opération dans le nord syrien pour éloigner de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Jeudi soir la Turquie a accepté de suspendre cette offensive pendant cinq jours et d'y mettre fin si les forces kurdes se retirent d'un secteur frontalier durant ce délai. L'offensive a fait au moins 72 morts parmi les civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara assure avoir pris toutes les mesures nécessaires pour éviter les pertes civiles. Mais selon Amnesty international «les forces militaires turques et une coalition de groupes armés soutenue par la Turquie ont fait preuve d'un mépris honteux pour les vies civiles».

L'ONG de défense des droits humains évoque des «preuves accablantes de crimes de guerre». L'organisation se base sur les témoignages de 17 personnes -secouristes, travailleurs médicaux, déplacés, journalistes et humanitaires. «Les informations recueillies fournissent des preuves accablantes d'attaques sans discriminations contre des zones résidentielles», selon l'ONG. Amnesty rapporte le témoignage d'un secouriste du Croissant rouge kurde qui dit avoir retiré des corps des décombres après un raid turc le 12 octobre sur le village de Salhiyé près d'une école, où des déplacés avaient trouvé refuge. «Je ne pouvais pas dire si (les enfants tués étaient) des garçons ou des filles, parce que les corps étaient noirs comme du charbon», raconte le secouriste.

Amnesty revient sur l'exécution sommaire le 12 octobre d'une responsable politique kurde, Hevrin Khalaf, par des rebelles proturcs. «Elle a été traînée hors de sa voiture, battue et abattue par balle de sang froid par les combattants d'Ahrar al-Sharkiya.» Un rapport médical consulté par l'ONG montre que la politicienne avait de «multiples blessures par balles à la tête (...) des fractures aux jambes, au visage et au crâne». «Le jour même et dans le même secteur des combattants d'Ahrar al-Sharkiya ont capturé et tué au moins deux combattants kurdes», indique l'ONG, qui accuse ces rebelles d'avoir kidnappé deux civils travaillant pour une organisation médicale, toujours portés disparus. Les supplétifs syriens sont d'anciens rebelles qui combattaient autrefois le régime syrien. Ces factions sont désormais financées et entraînées par Ankara. Leur direction avait ordonné le 12 octobre à tous ses commandants de «superviser en permanence les combattants sur le front pour empêcher toute violation ou abus».
(AFP, 18 octobre 2019)


La Turquie condamnée pour les conditions de rétention d'une femme

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné jeudi la Turquie pour les conditions de rétention "néfastes" infligées à une femme russe et à ses jeunes enfants dans deux camps différents, dans l'attente de leur expulsion.

Dortoirs surpeuplés, absence d'exercice en plein air, exposition constante à la fumée de cigarette des autres détenus et absence de nourriture adaptée aux enfants: la CEDH a estimé que la Turquie n'avait pas réussi à réfuter les allégations de cette femme sur sa rétention et celles de ses enfants, selon un communiqué diffusé par la Cour.

Pour l'un des deux camps, ces allégations sont corroborées par les rapport du Comité européen pour la prévention de la torture, soulignent les juges.

Ils ont considéré que les conditions de détention dans les deux camps -Kumkapi et Gaziantep -, étaient "néfastes même pour des adultes" et constituaient un traitement inhumain ou dégradant, tel qu'interdit par le Convention européenne des droits de l'Homme.

Entrée en Turquie en 2014 avec ses trois enfants nés en 2008, 2012 et 2013, cette ressortissante russe avait été arrêtée alors qu'elle tentait de franchir illégalement la frontière avec la Syrie, selon les autorités turques.

La CEDH a également condamné la Turquie pour ne pas lui avoir offert de voies de recours effectives contre ces conditions de détention au camp de Kumkapi et ne pas avoir examiné efficacement la légalité de la détention des enfants.

La Cour a condamné la Turquie à verser 2.250 euros à la mère de famille et 20.000 euros à chacun de ses enfants pour le dommage moral subi.
(AFP, 17 octobre 2019)

Petition: The Turkish State must end war and destruction

Reactions against the Turkish military offensive seeking to invade North and East Syria continue to grow.
Peace advocates launched a petition calling for an immediate end to the expansionist occupation war of the Erdogan dictatorship against northern Syria.

The petition reads as follows:

“The war launched by the Turkish State on 9 October brings death and destruction to the peoples of northern and eastern Syria. Also, within the country, democratic rights and freedoms are completely liquidated and all kinds of demonstrations and ideas against war are recklessly attacked.

With this occupation war, dictator Erdoğan wants to destroy the democratic structure in northern and eastern Syria and the Kurdish people who have defeated ISIS and gained the appreciation of the whole world by giving great price.

This war revives ISIS and causes it to attack.

With this occupation war, the dictator Erdoğan wants to change the demographic structure of the region and to take it under his control by forcing the people of the region to migrate as in Afrin.

Occupation war means destruction, death, poverty and misery. It means destruction of nature and the destruction of people's living resources.

This war will lead to the deaths of thousands of children, women, the wounding of tens of thousands and the migration of hundreds of thousands.

As peace advocates against the war of occupation, for the people to live brotherly in peace and freedom we make the following demands:

- This expansionist occupation war of the Erdogan dictatorship must be stopped immediately.

- The North Syrian airspace should be closed against the Erdogan dictatorship which deepening the destruction with the bombings.

- Any military, economic and political support to the Turkish state must be cut down.”

Petitioners:

    Arzu Demir (Journalist)
    Ahmet Nesin (Journalist)
    Ali Rıza Kılınç (Journalist)
    Armağan Kargili (Journalist)
    Baki Selçuk (Trade unionist)
    Berivan Aslan (Academician)
    Berivan Aslan (MP Left party)
    Burhan Ekinci (Journalist)
    Çetin Güner (Peace Academics)
    Doğan Özgüden (Journalist)
    Duygu Yıldız (Journalist)
    Engin Sustam (Academician)
    Ercan Ayboga (Activist-Author)
    Dr. Fatma Karakas-Dogan (Associate Professor of Criminology)
    Fehim Işık (Journalist)
    Filiz Koçali (Journalist)
    Prof. Fred Turnheim (President- Austria Journalist Club)
    Gamze Kafar (Journalist)
    Gökcan Aydoğan (Political Cartoonist)
    Hayko Bağdat (Journalist)
    Hatip Dicle (Politician)
    H. Pınar Şenoğuz (Academician)
    İnci Tugsavul (Journalist)
    İsa Can Artar (Journalist)
    Koray Düzgören (Journalist)
    Latife Akyüz (Peace Academics)
    Meşale Tolu (Journalist)
    Mustafa Şenel (Academician)
    Necati Abay (Journalist)
    Nevra Akdemir (Academician)
    Steve Sweeney (Journalist- Morning Star)
    Tolga Tören (Academician)
    Ulla Jelpke (Federal Parliament Member- German Left Party)
    Yüksel Koç (KCDK-E Co-Chairman)
    Zehra Doğan (Journalist - Painter)
    Ziya Ulusoy (Journalist)
    (ANF, 16 Oct 2019)

186 interpellations pour "propagande" contre l'offensive en Syrie

Les autorités turques ont placé en garde à vue 186 personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" pour avoir critiqué l'offensive turque dans le nord de la Syrie, selon l'agence étatique Anadolu.

Sur ces 186 personnes interpellées depuis le lancement de l'offensive le 9 octobre, 24 ont été formellement placées en détention et 40 relâchées sous contrôle judiciaire, alors que les autres sont toujours en garde à vue, a précisé Anadolu.

L'offensive turque, visant les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord-est de la Syrie, est soutenue par l'ensemble de la classe politique, à l'exception du parti prokurde HDP.

Les deux co-présidents de ce parti, Sezai Temelli et Pervin Buldan font d'ailleurs l'objet d'une enquête pour avoir qualifié l'offensive d'"invasion".

Lors d'une précédente offensive contre les YPG l'an dernier, les autorités turques avaient arrêté plusieurs centaines de personnes accusées elles aussi d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.

Les ONG dénoncent régulièrement l'érosion de la liberté de la presse et de la liberté d'expression en Turquie sous le président Recep Tayyip Erdogan, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d'une répression tous azimuts.
(AFP, 16 octobre 2019)

Court of Appeals Upholds 159-Year Prison Term for Contemporary

İstanbul Regional Court of Justice 2nd Penal Chamber (court of appeals) has announced its decision in the case where lawyers from the Contemporary Lawyers' Association (ÇHD) were given a 159-year prison term in total.

All objections have been rejected on the merits.

This is the final judgment for six lawyers who were sentenced to less than five years in prison, therefore they will not be able to appeal the verdict.

Twelve lawyers who were sentenced to more than five years in prison can appeal the decision at the Court of Cassation.

Reason for the refusal: Court's opinion and assessment

The court of appeals, in its verdict dated October 8, explained the reason for refusing the objections as follows:

"According to defendants' statements of defense, the proceedings, the evidence collected and displayed at the court, the opinion and assessment of the court in accordance with the results of the investigation, the content of the case file, it has been understood that there is no procedural or meritorious unlawfulness in the court's decision, there is no deficiency in the evidence and proceedings that the actions are considered correct and in accordance with the type of crime that is stated in the law, the sentence is implemented in the legal context..."

The arrest of six lawyers to continue

The court ruled that the arrest of lawyers Barkın Timtik, Behiç Aşcı, Selçuk Kozağaçlı, Engin Gökoğlu, Aytaç Ünsal and Aycan Çiçek to continue as per Articles 100/3 and 104/3 of the Law of Criminal Procedure, considering "the amount of penalty, the period they spent under arrest and the nature of the offense they are charged with."

The lawyers were given prison terms between 3 years, 1 month, 15 days and 18 years and 9 months.

In the petition addressed to the İstanbul Regional Court of Justice, Kozağaçlı stated, "I object to the verdict. I know that there are numerous reasons as well as their justifications to reverse this so-called legal judgment. Since you do not allow me to take a look at the case file, I hope that you will find these reasons and their justifications for me, too."

Prison sentences given to lawyers

Ahmet Mandacı, Zehra Özdemir, Ayşegül Çağatay, Yağmur Ereren, Didem Baydar Ünsal, Yaprak Türkmen, some of the lawyers who were being tried without arrest, were sentenced to prison for "willingly and knowingly aiding a terrorist organization," upon the Articles 314-3 and 227-2 of the Turkish Penal Code.

The court reduced the sentences Mandacı and Özdemir by one-sixth because the two defendants were present at the hearings, sentencing them to 2 years, 13 months and 15 days in prison. The period when they were held arrested will be deducted from their prison terms. The court also lifted the lawyers' bans from traveling abroad.

Çağatay, Ereren, Ünsal and Türkmen were sentenced to prison for 3 years and 9 months. The court did not reduce their sentences.

The court also ruled that two fugitive defendants Oya Aslan and Günay Dağ's case shall be separated and stay open as their defenses have not been taken yet.

The following verdicts were given on the defendants:

    Özgür Yılmaz: 13 years and 6 months in prison and arrest warrant,
    Ebru Timtik: 13 years and 6 months in prison and arrest warrant,
    Behiç Aşçı: 12 years in prison and the continuation of his arrest,
    Şükriye Erden: 12 years in prison and arrest warrant,
    Selçuk Kozağaçlı: 10 years and 15 months in prison and the continuation of his arrest,
    Engin Gökoğlu: 10 years and 6 months in prison and the continuation of his arrest,
    Aytaç Ünsal: 10 years and 6 months in prison and the continuation of his arrest,
    Süleyman Gökten: 10 years and 6 months in prison and arrest warrant,
    Aycan Çiçek: 9 years in prison and the continuation of her arrest,
    Naciye Demir: 9 years in prison and arrest warrant,
    Ezgi Çakır: 8 months in prison. Because Çakır has a small child and her spouse is a fugitive defendant.
    (BIA, 16 October 2019,)


A la frontière turque, la peur de critiquer l'offensive en Syrie

En première ligne de l'offensive déclenchée par Ankara en Syrie cette semaine, des habitants des villes turques frontalières n'ont qu'un souhait : le retour au calme. Mais beaucoup, comme à Suruç, ont peur d'exprimer la moindre critique.

Cette ville, qui fait face à Kobané, sa "jumelle" syrienne, était plongée dans le deuil samedi, au lendemain de tirs d'obus à partir de la Syrie qui ont coûté la vie à trois de ses habitants.

Parmi eux, Halil Yagmur, un élu de quartier et père de 10 enfants. A ses funérailles, plusieurs dizaines de personnes sanglotent le visage entre les mains. "Papa !", s'exclame une femme quand le corps est enlevé.

Dans sa prière pour le défunt, l'imam s'efforce de rassurer et de réconforter : "Nous sommes unis, nous ne serons jamais divisés", exhorte-t-il.

Mais parmi les habitants assistant à la cérémonie, la tension est palpable, accentuée par la présence de militaires et de policiers en civil.

Yagmur a été tué vendredi avec deux autres personnes à Suruç par des projectiles tirés des zones contrôlées en Syrie par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

La Turquie effectue depuis mercredi une opération militaire contre ce groupe soutenu par les pays occidentaux mais qu'elle qualifie de "terroriste" pour ses liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

L'opération est bruyamment acclamée par des célébrités et la majorité des responsables politiques, ainsi que par une large partie de la population, épuisée par des décennies de guérilla kurde.

- "Encore des guerres !" -

Mais pour la plupart de ceux qui s'y opposent, le silence est de rigueur : le gouvernement réprime en effet sans merci ceux qui émettent des critiques.

Depuis mercredi, 121 personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" contre l'opération sur les réseaux sociaux ont été arrêtées en Turquie.

La situation est d'autant plus tendue dans les villes frontalières que certaines d'entre elles ont une forte population kurde.

"On a peur de critiquer l'opération", déclare à l'AFP un habitant de Suruç, demandant l'anonymat de peur de représailles.
 "Si vous étiez à notre place, vous auriez peur, vous aussi", dit-il, ajoutant dans un murmure qu'il aurait préféré qu'il n'y ait pas eu d'opération militaire.

Un autre habitant d'une cinquantaine d'années, qui demande lui aussi à ne pas être nommé, se dit "contre tout type d'opérations militaires".

Interrogé à ce sujet, son ami refuse de répondre.

"Nous voulons la paix", déclare Sarya Dogan, une femme présente aux funérailles samedi, épuisée par des années de violences, sur fond de reprise du conflit kurde en 2015.

"Des guerres, encore des guerres ! Nous sommes tous frères et soeurs !", ajoute-t-elle.

- "Maudit PKK" -

Pour ceux qui soutiennent l'offensive déclenchée par le président Recep Tayyip Erdogan, nul besoin de se cacher.

A chaque convoi qui traverse une ville en direction de la frontière, des foules poussent des cris de joie en agitant des drapeaux turcs.

"Que Dieu aide notre pays !", lance Selami Arslan, agriculteur de son état. "Nous ne voulons pas que d'autres musulmans meurent", dit-il pour expliquer son soutien à l'opération.

Depuis mercredi, les tirs de mortier des forces kurdes contre les villes frontalières turques comme Suruç, Nusaybin, Akçakale et Ceylanpinar ont fait 18 morts parmi les civils et échauffé les esprits.

"Les martyrs sont immortels, notre patrie est indivisible !", "Maudit soit le PKK !", a ainsi scandé la foule qui a assisté vendredi aux funérailles d'un bébé de neuf mois tué par un obus à Akçakale.

Si plusieurs centaines de familles ont quitté les villes frontalières depuis mercredi, beaucoup sont restés ou sont même venus de villes voisines pour afficher leur soutien ou observer les colonnes de fumée qui s'élèvent après les bombardements turcs.

"Nous sommes ici pour soutenir nos soldats, notre gouvernement et notre peuple", dit Bub Aslanli, un agriculteur de Ceylanpinar. "Nous prions pour eux".
(AFP, 12 octobre 2019)

9 Bar Associations Make a Joint Call for Peace: Stop the War

Bar associations of Diyarbakır, Van, Urfa, Mardin, Şırnak, Muş, Adıyaman, Bingöl and Dersim have released a joint statement about the cross-border military operation launched into northern Syria by the Turkish Armed Forces (TAF). Some highlights from the statement are as follows:

'War determines the weak side, not the right one'

"We invite all state authorities and opposition parties, especially Dear President, to peace and request that the war be stopped immediately. This political maneuver will do nothing but aggravate the current social, political, economic and psychological crises in Turkey.

"It is possible that Turkey can militarily win this war, which it started by taking the whole world on itself; but, it needs to be remembered that 'war does not determine who is right, but who is weak'.

"The loser of this war, which we believe that no side will win, will be all people of the Middle East, especially Turkish and Kurdish peoples. We invite all state authorities and opposition parties, especially Dear President, to peace and request that the war be stopped immediately".
(BIA, 11 October 2019)

Arrestation de cinq Allemands soupçonnés de liens avec le PKK

La police turque a arrêté cinq Allemands soupçonnés d'être des membres d'une organisation kurde interdite, a annoncé une agence pro-kurde, qui sans mentionner explicitement le nom de cette organisation, a fait vraisemblablement référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste par Ankara.

Les suspects ont été arrêtés cette semaine et emprisonnés à Ankara sous l'accusation de faire de la propagande et d'être des membres de cette organisation, a rapporté vendredi l'agence pro-kurde Mezopotamya.

Selon cette agence, ces arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une instruction menée par le parquet d'Ankara, mais ce dernier, contacté par l'AFP, n'a pas confirmé ces informations.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué être au courant de cette affaire, ajoutant que l'ambassade d'Allemagne à Ankara fournissait une assistance consulaire aux Allemands détenus.

Le ministère allemand de l'Intérieur a pour sa part nié que des informations ayant pu permettre l'arrestation des cinq Allemands aient été remises aux autorités turques lors de la visite effectuée cette semaine à Ankara par le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer.

"Ce que nous ne savons pas, c'est si un tel échange (d'informations) a eu lieu dans le cadre de la coopération de routine entre nos services de sécurité", a déclaré un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur.

En mars, le ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu avait averti que les étrangers venant en Turquie et soupçonnés de liens avec le PKK et d'autres organisations interdites seraient arrêtés.

"Nous avons à présent pris des mesures contre ceux qui participent aux rassemblements de l'organisation terroriste en Europe, en Allemagne et qui ensuite viennent à Antalya, Bodrum, ou Mugla pour un congé", avait-il dit. 
(AFP, 5 octobre 2019)

'Osman Kavala's Imprisonment is Turkey's Shame'

Sema Mortiz is a musician.

"Today is Can Osman Kavala's birthday... All the amazing music videos I've seen on Facebook will be shared for him today... We're twisted ... But our hope is full," she says.

Mortiz does what she says.

Today is the birthday of businessperson and rights defender Osman Kavala.

Accused of "attempting to overthrow the constitutional order and the government," he turns 62 in Silivri Prison. This is his second birthday in prison.

His friend and colleagues thought that Kavala would be released in the previous two hearings. However, it did not happen. Kavala was not released.

The next hearing is again in Silivri on October 8-9. Friends and colleagues of him, those who love him, and everyone who has relations to civil society, science, art, and justice wait for his release.

People who know Kavala a little can not understand the allegations against him. He is allegedly a criminal of "attempting to overthrow the constitutional order and the government". However, Kavala has fought for the construction of justice and equality throughout his life.

He supported young directors in documentaries and films produced at Anadolu Kültür.

He provided support for projects for Syrian refugees.

He supported the rights-focused project, "Everyone is different, everyone is equal".

He supported local journalists.

He pioneered the establishment of alternative media institutions.

He supported the social responsibility projects for young people who gave up hope for this country. He helped them realize their projects.

He brought the youth back into this country. He brought young directors to this country. He brought projects that show different languages can live together in this country.

He supported the languages and cultures of the Hemshins, Laz people and the Kurds. He encouraged different cultures to live in this country.

In summary, Osman Kavala did not live in this country like traditional capital owners. On the contrary, he chose to walk with producers, young people, society, and those who seek rights.

Today is the birthday of businessperson and rights defender Osman Kavala. Happy birthday Osman Kavala. It is a good thing that you existed and paved the way for civil society in this land.

As the author Gaye Boralıoğlu says:

"Today is Osman Kavala's birthday. He is 62 years old and has been in prison for two years. The reason for that is he is conscientious, kind and responsible. Kavala's imprisonment is Turkey's shame."
(BIA, 2 October 2019)

Police Attack ‘Democracy Watch’ in İstanbul, HDP MP Kemal Bülbül Hospitalized

Led by the Peoples' Democratic Party (HDP) in protest against the appointment of trustees to the Metropolitan Municipalities of Mardin, Diyaarbakır and Van, "Democracy Watch" in the district of Esenyurt in İstanbul has been intervened by the police.

Taking 10 people into custody at the City Square in Esenyurt yesterday (September 29), police officers also battered the MPs.

As reported by Mezopotamya Agency (MA), HDP MP Kemal Bülbül fainted in the ensuing commotion between the police officers and the ones attending the watch. Bülbül has been taken to the hospital.
Plastic bullets and gas

Yesterday's watch in İstanbul was attended by HDP İstanbul Co-Chair Cengiz Çiçek, HDP MPs Murat Çepni, Saruhan Oluç, Kemal Bülbül, Ömer Öcalan and Necdet İpekyüz as well as main opposition Republican People's Party (CHP) MP Ali Şeker and labor and professional organizations.

While the square was blockaded by warders and police officers during the watch, people were prevented from entering or leaving the square. Afterwards, the police attacked the group with plastic bullets and gas bombs.

While several people were wounded during the intervention, the group dispersed into side streets and held a march with ululations.

HDP: We will not stay silent

HDP İstanbul Provincial Organization has released a written statement about the police attack and stated the following:

"We want you to know that we will not stay silent to the usurpation of will imposed on our peoples by trustees. #Trustees, who are the product of a tyrannical and disregarding mentality will go.

"Our peoples, the major elements of this country, will continue adopting an attitude in favor of the law. No tyrannical method will throw us off our track. Our essentially democratic actions will continue."
(BIA, 30 September 2019)

‘Doors of Silivri Prison Wards Remain Locked at the Night of İstanbul Earthquake’

Main opposition Republican People's Party (CHP) Eskişehir MP Utku Çakırözer visited Silivri Prison, where the 5.7-magnitude İstanbul earthquake with the shores of Silivri district as its epicenter was felt strongly.

Paying a visit to the prison following the earthquake dated September 26, Çakırözer met imprisoned journalists, writers and civil society representatives and released a statement for the press after his visit.

Located in Silivri at the outskirts of İstanbul, Silivri Prison currently holds 22 thousand 700 convicted and arrested people, including former CHP MP and party assembly member Eren Erdem, businessperson Osman Kavala and journalist-writer Ahmet Altan. 490 personnel are also on duty at Silivri Prison.

'There is no emergency plan'

As indicated by Çakırözer, Eren Erdem said that neither the Ministry of Justice nor the prison administration has a scenario or an emergency plan for what needs to be done in the event of an earthquake.

Arrested businessperson Osman Kavala also told Utku Çakırözer that he felt the earthquake quite clearly.

Indicating that Ahmet Altan also felt the İstanbul earthquake quite strongly, Çakırözer said that Altan requested that the prison administration leave the doors of prison wards leading to yards open so that they could escape in case of an emergency at the night of earthquake.

"The prison administration answered Altan, 'That door opens only with the permission of the minister' and at the night when the whole İstanbul slept on the street out of fear, the doors of wards at Silivri Prison remained locked under the pretext of minister", Çakırözer indicated in his statement.

Second birthday in prison

Meeting with Utku Çakırözer, businessperson Osman Kavala said that he would turn 62 on October 2, it would be his second birthday in prison and the hearing of Gezi Park case would be held on October 8-9.

Çakırözer said, "He has heard about the message campaign launched for his birthday and he thanks his friends. When he appears before the judge for the third time, he will be arrested pending trial for 707 days".

"As for the verdict given for Ahmet Altan, it has been reversed by the Supreme Court of Appeals. Their trial with Nazlı Ilıcak and Mehmet Altan will start again on October 8", Çakırözer informed further.

Indicating that the appeal and Constitutional Court application of Eren Erdem were waiting to be examined for months, Çakırözer shared the following message of Erdem: "I am waiting for my immediate release with the same determination, ambition to struggle and sensitivity as well as with the awareness of my unjust and unlawful arrest".

'Judicial reform package on the agenda'

Emphasizing that the current draft of the reform package does not promise freedom or justice to intellectuals in prison, Çakırözer said,

"The Parliament is opening, judicial package is on the agenda. Intellectuals in prison are waiting for justice and freedom.

"We can expand the package while working on it at the Parliament and turn the package into a regulation based on rights and freedoms. We can eliminate the violation of rights in prison.

"Crime descriptions in Turkish Penal Code and Anti-Terror Law associated with heavy prison sentences can be amended; we can exempt the press and expression of critical opinions from these sentences".
(BIA, 30 September 2019)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Hürriyet Newspaper Fired Eight Journalists

The daily Hürriyet has fired several journalists, informing them about their dismissals by sending written notifications to their homes.

Eight journalists have lost their jobs according to initial information. The notifications were reportedly dated October 25 and sent upon an "operational decision by the Board of Executives."

The editor-in-chief of the newspaper, Vahap Munyar, and section chiefs were not aware of the dismissals, OdaTV reported, quoting sources from the Hürriyet.

Being founded in 1948, Hürriyet is one of the major newspapers in Turkey. Pro-government Demirören Group bought the parent company of Hürriyet, Doğan Media Group, in March 2018, at a time when it was the only large media group in Turkey that can still make critical broadcasting and publishing, though partially.

The shares of the Demirören Group, the largest media group in the country since the purchase of the Doğan Media, are entirely owned by the Demirören Family who has close ties with President Recep Tayyip Erdoğan, according to the Media Ownership Monitor by bianet and Reporters Without Borders (RSF). Demirören family is active in sectors such as media, energy, mining and construction. (BIA, 30 October 2019)

AI: Drop Charges Against METU Students and Academic

Releasing an "Urgent Action" on October 30, Amnesty International has launched a petition for 18 students and one academic put on trial for attending the Middle East Technical University (METU) Pride Parade.

In its petition addressed to the Ministry of Justice, the organization has said, "I call on you to ensure that charges are dropped against the 18 METU students and the academic for their alleged participation in the Pride Parade on May 10, 2019. No one should be prosecuted for exercising their right to freedom of expression and peaceful assembly."

With a lawsuit filed against them, 18 METU students and one academic will have their first hearing on November 12.

'Responsibility to maintain public order lies with state'

Amnesty International has shared the following information in its urgent call:

"Hypothetical risks cannot establish legitimate grounds for prohibiting a peaceful assembly. The principles of necessity and proportionality require consideration of all relevant circumstances, the impact on the legitimate concern protected and the possibility that the risk will concretize, and whether less restrictive means would suffice.

"The responsibility to maintain public order and to facilitate the enjoyment of the right to freedom of peaceful assembly lies with the state and its organs, including its law enforcement agencies.
'Right to peaceful assembly hindered'

"The 18 METU students and the academic have been charged under the Law on Meetings and Demonstrations (No. 2911). This law has frequently been used to hinder the exercise of the right to peaceful assembly in Turkey due to its restrictive nature and its arbitrary application.
'Decision to disperse is the last resort'

"States have a positive obligation to facilitate peaceful assemblies in law and in practice. As is the case in Turkish law, the exercise of the right to freedom of peaceful assembly is not subject to permission of government authorities; this right is also protected under international law and standards in conventions Turkey is a party to.

"Any decision to disperse an assembly should be taken only as a last resort and carefully in line with the principles of necessity and proportionality."
What happened?

On November 18, 2017, Ankara Governorship indefinitely banned all public LGBTI+ events in Ankara by making use of extraordinary powers afforded to it under the state of emergency in place at the time in Turkey. The governorship based its decision on grounds including the risk that such events may incite "hostility," or "draw a negative reaction from certain parts of the society due to certain social sensitivities."

Following the end of the State of Emergency rule in July 2018, a new decision for a similar ban was taken by the Ankara Governorship on October 3, 2018. Ankara based LGBTI+ organizations Kaos GL Association and Pink Life separately filed a legal challenge on the grounds that the indefinite blanket ban taken under the State of Emergency rule violates the freedom of expression and freedom of assembly and association.

The ban was finally lifted by a regional administrative court decision on 19 April 2019 that found the ban to be unconstitutional even under State of Emergency law. However, METU administration relied on the second ban decision by Ankara Governorate dated 3 October 2018, leading to the police intervention at the METU pride parade on May 10, 2019.

A lawsuit has been filed against 18 students and one academic on the ground that they attended the METU Pride Parade in 2019.
(BIA, 30 October 2019)

La Turquie condamnée pour violation de la liberté d'expression

La Turquie a violé la liberté d'expression d'une responsable du parti pro-kurde modéré DTP en la condamnant pour un discours évoquant le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), sans vérifier son contenu exact, a estimé mardi la Cour européenne des droits de l'Homme.

Les juges de la CEDH avaient été saisis par cette membre du conseil d'administration du Parti pour une société démocratique (DTP), Hatice Çoban, qui avait été condamnée à une peine de prison pour propagande en faveur d'une organisation terroriste à la suite d'un discours prononcé en 2007 au cours d'une manifestation.

Mme Çoban avait souligné que les policiers qui surveillaient la manifestation avaient déformé ses propos et signalé la divergence entre le contenu de son discours publié dans les journaux et celui retracé dans leur procès-verbal.

Elle assurait que son discours portait sur "la nécessité de la résolution du problème kurde par des moyens démocratiques et pacifiques", relate la CEDH dans un communiqué.

Les juges de la CEDH ont estimé que la justice turque n'avaient pas examiné sérieusement le contenu du discours, principal élément de preuve dans cette affaire, et avaient donc violé la liberté d'expression de Mme Çoban.

Organisation classée "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, le PKK mène une sanglante guérilla contre Ankara depuis 1984.

En janvier 2016, la CEDH avait déjà condamné la Turquie pour la dissolution fin 2009 du parti DTP, principale formation politique pro-kurde, qu'elle jugeait trop proche du PKK.

Cette dissolution, ordonnnée par la Cour constitutionnelle turque, avait enfreint le droit d'association garanti par la Convention européenne des droits de l'Homme, avait estimé à l'unanimité la CEDH.

Quelques mois avant sa dissolution, en mars 2009, le DTP avait remporté 5,70% des voix aux élections locales, devenant la 4e force politique du pays, et la première dans le Sud-Est du pays.
(AFP, 29 octobre 2019)

Visé par Erdogan, le magazine Le Point affirme qu'il "ne lâchera rien"

Visé par le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'hebdomadaire français Le Point a assuré vendredi par la voix de son directeur qu'il "ne lâcherait rien".

La une du Point publié cette semaine qualifie le président turc d'"éradicateur" et demande: "va-t-on le laisser massacrer les Kurdes (et menacer l'Europe)?".

Suite à cette une, l'avocat de M. Erdogan, Hüseyin Aydin, a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général d'Ankara pour "insulte au chef de l'État". Cette plainte vise le directeur du magazine Etienne Gernelle ainsi que le rédacteur en chef de la rubrique "International", Romain Gubert.

Dans un édito publié sur le site du magazine, M. Gernelle juge que le président turc poursuit Le Point "pour crime de lèse-majesté". "Recep Tayyip Erdogan a décidément un problème avec la liberté", écrit le directeur du magazine.

"Nous ne retirons pas un mot de ce que nous avons écrit", insiste M. Gernelle. L'enquête du Point évoque "le nettoyage ethnique" à l'encontre des Kurdes de Syrie et affirme que le pouvoir turc a "pactisé avec d'anciens de Daech et d'Al-Qaïda qui se chargent pour lui des sales besognes".

M. Gernelle rappelle que dans un précédent numéro (en mai 2018), le magazine avait qualifié M. Erdogan de "dictateur". A l'époque des affiches du Point avec cette une avaient été arrachées et des kiosquiers menacés. "Notre journal avait reçu des menaces de mort directes", rappelle-t-il encore.

"Erdogan a fait emprisonner de nombreux journalistes en Turquie et pense peut-être que ses pulsions de censure peuvent s'exercer aussi dans des pays où la presse est libre", poursuit le journaliste.

"L'hubris du maître d'Ankara connaît visiblement peu de limites. Il sera déçu: nous ne lâcherons rien", conclut-il.

Le Syndicat français des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a annoncé qu'il "se tenait indéfectiblement aux côtés du Point et de toute sa rédaction" et dénoncé un "acte qui, au mieux relève d'une procédure bâillon, au pire d'un véritable acte d'intimidation en vue de tarir tout discours critique sur le régime du président Erdogan".

La Turquie vit "un contexte où des centaines de journalistes turcs sont menacés ou privés de liberté sans autre forme de procès", alors que "la libre communication des opinions constitue une valeur fondatrice" de la République française, relève le SEPM.
(AFP, 25 octobre 2019)

Press Cards of 3,804 Journalists Canceled in Five Years

Vice President Fuat Oktay has responded to a parliamentary question by main opposition Republican People's Party (CHP) MP Fethi Gürer.

He said that press cards of 3,804 journalists have been canceled upon Article 29 of the Regulation on Press Cards. 863 cards were canceled in 2015, 927 in 2016, 590 in 2017, 709 in 2018 and 715 in the first nine months of 2019, according to Oktay's statement.

12,735 journalists have a press card as of October 3, Oktay informed. This number was 15,485 in November 2018, Oktay announced at the time.

Presidency Directorate of Communication was authorized to issue press cards in July 2018, after the Prime Ministry Directorate General of Press and Information was shut down as part of the transition to the presidential system.

Some reasons for the cancellations are leaving the job, changing job titles, cards being worn out or lost, Oktay said.

MP Gürer also asked if the Directorate of Communication has an "embargo list" for press cards, citing reports, in the parliamentary question submitted on August 28. In response, Oktay said that the directorate has no such list.

Speaking to reporters after Oktay's response, Gürer said the press "should be independent and free in a democracy," recalling that the press card regulation has been changed for 14 times since 1947.
(BIA, 25 October 2019)

Court Orders Release of Journalist Hüseyin Aykol

Journalist Hüseyin Aykol has been oredered to be released upon an application by his attorney.

The former co-editor-in-chief of the daily Özgür Gündem, which was shut down upon a statutory decree, was arrested after being sentenced to 3 years and 9 months in prison on July 12.

After the judicial reform package came into effect yesterday (October 24), Özcan Kılıç, an attorney of Aykol, applied for his release. He requested the suspension of the execution of the sentence in an application to İstanbul 13th Heavy Penal Court. The court ordered the journalist to be released as the judicial reform opened the way for his retrial.

Kılıç told bianet than he was informed of the order verbally but the written order has not reached them yet. He added that Aykol might be released at night.

What happened?

Hüseyin Aykol, the Co-Editor-in-Chief of the Özgür Gündem newspaper, which was closed as per the Statutory Decree no. 675 in October 2016 during the State of Emergency, was arrested on July 11, 2019. Taken into custody at his house in Ankara earlier in the day, Aykol was previously sentenced to 3 years and 9 months in prison.

In his final hearing at the İstanbul 13th Heavy Penal Court on November 29, 2018, Aykol was sentenced to 3 years and 9 months in prison on charge of "propagandizing for a terrorist organization" for having participated in the Editors-in-Chief-on-Watch campaign together with Ayşe Düzkan, Mehmet Ali Çelebi, Hüseyin Bektaş and Ragıp Duran. His file was previously combined with the others as he also participated in the campaign. With his prison sentence upheld by the court of appeal, Aykol was sent to the Sincan Type F No 2 Prison in Ankara. There are currently 63 lawsuits filed against Hüseyin Aykol and some of these lawsuits are still continuing at the court of appeal.

About Hüseyin Aykol

Born in 1952, Hüseyin Aykol studied at the Medical School of Ankara University for three years and at the Faculty of Political Science of the same university for four years. Before the military coup on September 12, 1980, he worked as a translator and editor for the Ser Publishing and became a member to the Writers Union of Turkey (TYS). Published in around 40 countries, Socialism: Theory and Practice journal's Turkey edition was published by Hüseyin Aykol. Serving almost 10 years in prison in the post-coup period, he returned to journalism and publishing. In the last 20 years, he has worked for a series of newspapers, including Özgür Ülke, Özgür Gündem, Özgürlükçü Demokrasi and Yeni Yaşam.
(BIA, 25 October 2019)

Journalist Emre Orman Arrested

Detained in early morning hours yesterday (October 23), Net News Agency reporter Emre Orman has been arrested.

After he was taken into custody in Ataşehir, İstanbul, Orman was first referred to İstanbul Security Directorate on Vatan Avenue, then to the İstanbul Anatolian Courthouse in Kartal.

Standing before the judge today, Orman has been arrested on charge of "propagandizing for a terrorist organization."

It was previously reported that journalist Emre Orman was taken into custody due to her social media messages between 2017 and 2018.

He was reporting on Saturday Mothers/People

Emre Orman was regularly following the protests of Saturday Mothers/People in Beyoğlu, İstanbul. Speaking to bianet, Orman previously stated the following about the mothers and their protests:

"Just think about it: You listen the sorrows of mothers every week, you learn their stories. It is impossible not to be affected as a human. Their sorrow has become our sorrow. When they are subjected to violence, we also get hurt. We do not see ourselves different from them.

"We are wherever the mothers are. They have been putting up barriers between us for weeks. In the middle of all those shields, we are trying to find a way to make their voices heard, to reach the mothers. We will not give up making the voices of mothers heard."
(BIA, 24 October 2019)

Three-Month Agenda of the Media: Trials, Prisons and Threats

As President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan and his government have undermined Turkey's accession process to the European Union (EU) with authoritarian moves and, thereby, have got weaker, they have remembered "judicial reform". Opposition parties, rights defenders, journalism and freedom of expression organizations and independent legists, namely everyone, think that so long as judicial independence is not achieved on the level of Council of Judges and Prosecutors (HSK), it will be nothing, but a cosmetic change hiding the harsh reality about arbitrary arrests and trials.

BİA Media Monitoring Report for July-August-September 2019 has shown that in this three-month period, journalists faced prison sentences or were sentenced to prison on a series of charges such as "targeting Constitutional order", "membership of / propagandizing for a terrorist organization", "insulting the President" and "defaming state institutions" as per the Turkish Penal Code (TCK), Anti-Terror Law (TMK), Law on Capital Market, Law on Banking and Law on Protecting Atatürk.

This report has also indicated that at least 13 media workers were detained in protests against appointment of trustees to Peoples' Democratic Party (HDP) municipalities, three journalists were attacked and wounded (two in an armed attack, one with police violence) and access to at least 577 online news articles was blocked by orders of Penal Courts of Peace.

You can find the following chapters in the BİA Media Monitoring Report: "killed journalists", "imprisoned journalists", "assaults, threats", "impunity", "investigations and court cases", "criminal cases and lawsuits for damages on insult-related charges", "bans, closures, seizures", "reporting", Constitutional Court", "ECtHR", "Radio and Television Supreme Council (RTÜK)", and "journalists left unemployed".
(BIA, 24 October 2019)

24 Social Media Users Arrested for 'Smearing Operation Peace Spring'

Cybersecurity units arrested 186 people over the last week for "smearing" Turkey's ongoing "Operation Peace Spring" in northern Syria.

Twenty-four of the detained people have been arrested for "spreading online disinformation," the state-run Anadolu Agency reported, quoting security sources.

Thirty-eight suspects were released and 40 were released on probation.

Turkey launched the operation on October 9 to remove the Syrian Democratic Forces (SDF) from the border areas.

The investigation by security sources alleged that almost 840 people had "criminal posts" on social media, with 62 of the accounts were run in Germany, England and France.

Under the coordination of the Interior Ministry, security forces oversee online accounts round the clock, the AA said. (BIA, 16 October 2019)

Virtual Patrol Teams 'Unlawfully' Investigate 30 Thousand People a Day

The İstanbul Bar Association Center for Human Rights and the Turkish Criminal Law Association have held a symposium in İstanbul titled, "Actual Problems Regarding Freedom of Expression Within the Scope of Criminal Law."

Prof. Dr. Yaman Akdeniz, lawyer Özgür Urfa and Aras Tünay, a research associate at İstanbul Bilgi University gave a presentation on "social media and freedom of expression," the Mezopotamya Agency reported.

Akdeniz said that Turkey has not published statistics regarding access blocks since 2009 and the government has not responded to parliamentary questions on the matter.

'Even the Jockey Club can have websites blocked'

"We identify [the addresses] and share with the public. As of today, about 300 thousand websites and domain names are blocked," he informed.

Akdeniz said that many state institutions, including ministries and the Directorate of Religious Affairs, can have a web address blocked. "Even the Jockey Club of Turkey has the right to have access [to a web address] blocked."

"Dicle News Agency was blocked more than 40 times. Likewise, Sputnik was blocked many times. Wikipedia is still closed in Turkey," Akdeniz said, adding that he does not believe the judicial reform package will solve the problems regarding freedom of expression in Turkey.

Investigations over posts on Syria operation

Lawyer Urfa talked about investigations against social media users over their posts on Turkey's military operation in Syria: "Investigations were opened against 278 anti-war tweets. Journalists' homes were raided. They were detained."

"The judicial reform package will not solve the problem of freedom of expression," he remarked, saying that there are two articles on freedom of expression in the package.

The first article states that posts that are within the limits of a news report will not be considered an offense, he said. According to the second article, people will be able to appeal decisions regarding the offense of "insulting the president" at the Court of Cassation.

Urfa added that lawsuits against social media users are filed either upon notices by citizens or as a result of police examinations.

"First of all, law enforcement officers do not have the authority to examine people's social media posts. These are baseless and unlawful methods of obtaining evidence.

"Virtual patrol teams, with a program developed for them, examine all posts of people who may potentially commit an offense. They examine 30 thousand people's accounts every day."
(BIA, 11 October 2019)

Des internautes arrêtés pour "propagande" contre l'offensive en Syrie

Les autorités turques ont arrêté jeudi plus de 20 personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" contre une offensive d'Ankara contre une milice kurde en Syrie, et ouvert une enquête contre des opposants qui critiquent cette offensive.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, 21 personnes soupçonnées d'avoir fait de "la propagande terroriste" et "incité à la haine" sur les réseaux sociaux ont été arrêtées à Mardin (sud-est).

En outre, le responsable du site Internet du journal d'opposition Birgün, Hakan Demir, a été interpellé dans la nuit en lien avec un article relayé la veille par le compte Twitter du quotidien qui faisait mention de civils touchés par des frappes turques.

M. Demir a été remis en liberté dans l'après-midi, mais les autorités ont confisqué son passeport.

Le bureau du procureur général d'Ankara a par ailleurs indiqué qu'une information judiciaire avait été ouverte contre les dirigeants du parti prokurde de Turquie (HDP), Sezai Temelli et Pervin Buldan, ainsi que d'autres membres de cette formation politique.

Ils sont eux aussi soupçonnés d'avoir fait de la "propagande terroriste" en dénigrant l'opération militaire que la Turquie a lancée mercredi dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Le HDP est le seul parti politique de premier plan à Ankara à s'être opposé à l'incursion turque en Syrie, plusieurs de ses responsables la qualifiant d'"invasion".

Lors d'un discours jeudi, M. Temelli a maintenu ses propos, appelant le gouvernement à "stopper immédiatement cette opération militaire unilatérale" qu'il a qualifiée d'"agression" et de "tentative d'occupation".

Ces critiques détonnent, dans un pays où responsables politiques et célébrités s'empressent de partager des messages à la gloire de l'armée lors de chaque opération militaire.

Les combattants kurdes des YPG ont été soutenus par les Occidentaux contre le groupe Etat islamique (EI), mais Ankara considère ce groupe comme une "organisation terroriste" qui menace sa sécurité.

Lors d'une précédente offensive contre les YPG l'an dernier, les autorités turques avaient arrêté plusieurs centaines de personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.

Quelques heures à peine après le lancement de la nouvelle opération mercredi, la police turque avait annoncé avoir ouvert des enquêtes contre 78 internautes soupçonnés d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.

Les ONG dénoncent régulièrement l'érosion de la liberté de la presse et de la liberté d'expression en Turquie sous Recep Tayyip Erdogan, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d'une répression tous azimuts.
(AFP, 10 octobre 2019)

Le mécène Osman Kavala maintenu en détention provisoire

L'homme d'affaires et philanthrope turc Osman Kavala, incarcéré depuis presque deux ans, a été maintenu mardi en détention provisoire dans le cadre de son procès pour "tentative de renversement du gouvernement" en ayant apporté son soutien à des manifestations.

A l'issue de cette troisième audience qui s'est tenue à Silivri, à la lisière d'Istanbul, le tribunal a décidé que M. Kavala resterait derrière les barreaux et renvoyé le procès au 24 décembre, a indiqué sur Twitter le groupe de soutien "Nous défendons Gezi".

M. Kavala, une figure connue des cercles intellectuels en Europe, est accusé avec 15 autres personnes de "tentative de renversement du gouvernement" pour avoir soutenu un mouvement de contestation antigouvernementale en 2013 connu sous le nom de "mouvement de Gezi".

Les 16 accusés risquent la prison à vie dans cette affaire qui suscite l'inquiétude des défenseurs des droits humains. Ceux-ci dénoncent une "chasse aux sorcières" et assurent qu'il n'existe "pas l'ombre d'une preuve" pour appuyer l'accusation.

L'incarcération de M. Kavala depuis plus de 700 jours a fait de lui le symbole de la répression orchestrée contre la société civile en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 suivie de purges massives.

Le philanthrope est accusé d'avoir financé les gigantesques manifestations de 2013 contre l'actuel président, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

A l'ouverture de son procès en juin, M. Kavala avait qualifié les accusations pesant sur lui d'"allégations irrationnelles dénuées de preuves".

Le mouvement de Gezi a commencé avec un sit-in de militants écologistes pour défendre le parc du même nom, l'un des rares espaces verts au coeur d'Istanbul. Après une brutale répression, il s'est transformé en mouvement plus global contre M. Erdogan.

Mais dans son acte d'accusation de 657 pages, le procureur présente le mouvement de Gezi comme une opération pilotée de l'étranger ayant visé à "mettre la Turquie à genoux".
(AFP, 8 octobre 2019)

Rassemblement pour soutien au fondateur de WikiLeaks devant le palais de justice



Le Comité Free.Assange.Belgium a organisé le 11 octobre une chaîne humaine en soutien à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, devant le palais de justice de Bruxelles.

Lors du rassemblement, Pierre-Arnaud Perrouty, Directeur de la Ligue des Droits Humains, Christophe Marchand, avocat d'Assange en Belgique, Séverine de Laveleye, députée fédérale des verts et Marc Botenga, député européen (PTB) ont critiqué l'état d'arrestation de Julian Assange.


Özgüden and Tugsavul on WikiLeaks' "Truth tellers" List



Une stèle commémorative pour Khashoggi devant le consulat saoudien

Une cérémonie marquant le 1er anniversaire de l'assassinat de Jamal Khashoggi a été organisée mercredi à Istanbul en présence de Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post auquel collaborait le journaliste saoudien, assassiné au consulat de son propre pays.

Une stèle commémorative à la mémoire de Khashoggi a été inaugurée lors de cette cérémonie qui s'est tenue devant le consulat saoudien, où le journaliste a été tué puis démembré par un commando saoudien le 2 octobre 2018. Son corps n'a jamais été retrouvé.

La CIA et une experte de l'ONU ont mis en cause le prince héritier saoudien et homme fort du pays Mohammed ben Salmane, qui dément avoir ordonné l'assassinat de ce journaliste critique même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant du royaume.

Jeff Bezos, qui est aussi le fondateur d'Amazon et l'homme le plus riche du monde, a participé à la cérémonie aux côtés du PDG du Washington Post Fred Ryan, de la fiancée turque du journaliste tué, Hatice Cengiz, et de la rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard.

Des amis de Jamal Khashoggi ainsi que des représentants de plusieurs ONG étaient également présents au rassemblement qui a commencé par une minute de silence à la mémoire du journaliste.

La pierre commémorative portant les dates de naissance et de décès du journaliste a été inaugurée dans un petit parc en face du consulat saoudien.

"Nous sommes ici pour être à vos côtés, vous n'êtes pas seule", a déclaré M. Bezos à l'adresse de Hatice Cengiz, lors d'une brève allocution.

"Nous n'oublierons jamais Jamal Khashoggi, jamais", a déclaré M. Ryan, le PDG du Washington Post.

Mme Cengiz a pour sa part confié que l'année écoulée était "la pire de sa vie", après avoir perdu "mon fiancé mais aussi mon meilleur ami".

"Je me tiens devant vous brisée, mais fière", a-t-elle ajouté.

- "Simulacre de procès" -

Cherchant à soigner son image et celle du prince héritier ben Salmane, fortement ternies par cette affaire, le royaume saoudien a traduit en justice 11 suspects accusés d'implication dans le meurtre.

"C'est un simulacre de procès, dénué d'équité et d'indépendance. C'est une moquerie de justice", a affirmé lors de la cérémonie le représentant d'Amnesty International en Turquie, Andrew Gardner.

Human Rights Watch (HRW) a pour sa part estimé dans un communiqué qu'il ne suffisait pas d'assumer la responsabilité du meurtre.

"S'il est sérieux, le prince héritier et son gouvernement doivent faire preuve de transparence (...) et révéler tout ce qu'ils savent sur la planification, l'exécution et les suites du meurtre de Khashoggi", a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient.

Dans une lettre au roi Salmane, l'International Press Institute, basé à Vienne, a exigé un procès "transparent avec une contribution, un soutien et un contrôle internationaux".

En octobre 2018, des investisseurs internationaux ont boycotté, en signe de protestation après l'assassinat de Jamal Khashoggi, un important forum économique organisé par Ryad.

Mais le Washington Post a rapporté que l'édition de cette année, prévue fin octobre, va attirer de nombreuses grandes firmes comme Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Citigroup et BlackRock.

Plus de 150 décideurs de premier plan ont confirmé leur présence, selon une liste des participants consultée par le journal américain.

L'ONG Reporters sans frontières a organisé mardi une action devant le consulat d'Arabie saoudite en France pour exiger toute la lumière sur l'assassinat de Khashoggi et l'arrêt des exactions contre la presse et les journalistes dans le Royaume, a constaté l'AFP.

Une vingtaine de militants de RSF ont entassé des mannequins en plastique démembrés, portant des brassards et dossards "presse", devant la porte du consulat, situé à Neuilly-sur-Seine, près de Paris.

Une manière de rappeler les circonstances particulièrement barbares dans lesquelles le journaliste a été tué puis démembré a souligné Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
(AFP, 2 octobre 2019)

Affaire Khashoggi: procès opaque et répression persistante

L'indignation générale soulevée par le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi s'est dissipée un an après les faits, mais la justice n'a pas encore été rendue et la répression continue en Arabie saoudite.

Cherchant à soigner son image fortement ternie par cette affaire, le royaume saoudien a traduit en justice 11 suspects dans l'assassinat le 2 octobre 2018 du journaliste, qui était proche du pouvoir avant d'en devenir critique.

Mais le meurtre commis au consulat saoudien d'Istanbul aurait impliqué 15 agents saoudiens, et la CIA et une experte de l'ONU ont mis en cause le prince héritier saoudien et homme fort du pays Mohammed ben Salmane, qui dément.

L'un des suspects, Saoud al-Qahtani, conseiller royal et confident du prince héritier, qui a été limogé et sanctionné par Washington, est absent du procès qui a débuté en janvier 2019 et qui se déroule à huis clos.

A la dernière audience fin juillet, l'un des proches de Jamal Khashoggi a contesté l'absence de ce suspect et demandé qu'il soit convoqué pour témoigner, ont indiqué à l'AFP des responsables occidentaux. On ignore la réponse donnée par le tribunal à cette requête.

Saoud al-Qahtani avait longtemps suscité la crainte en Arabie saoudite, ayant dirigé une campagne médiatique sur les réseaux sociaux pour défendre l'image du prince héritier et intimider ses critiques.

Le mois dernier, Twitter a supprimé son compte ainsi que plusieurs autres comptes pour "leurs efforts coordonnés visant à amplifier des messages avantageux pour le gouvernement saoudien".

Saoud al-Qahtani n'est pas apparu publiquement depuis l'assassinat, ce qui suscite des spéculations sur son sort.

- "Bouc émissaire" -

"Le retrait et le profil bas de Saoud al-Qahtani peuvent être considérés (...) comme une tentative de faire d'un haut responsable un bouc émissaire pour donner l'impression que l'Arabie saoudite change", a déclaré à l'AFP Marc Owen Jones, chercheur à l'Université britannique d'Exeter.

"Les prisonniers politiques sont toujours en prison, le différend avec l'Iran (rival de l'Arabie saoudite) et la guerre au Yémen ne vont pas créer un environnement permettant au gouvernement de tolérer les dissidences", a-t-il ajouté.

On ne sait toujours pas quand le procès s'achèvera et le ministère chargé des médias n'a pas répondu aux demandes d'éclaircissements de l'AFP.

Les diplomates des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et de la Turquie sont autorisés à assister en tant qu'observateurs au procès.

Ils n'ont cependant pas le droit d'avoir des interprètes alors que les délibérations se déroulent en arabe et ils sont généralement convoqués à bref délai, selon des sources occidentales.

La famille de Jamal Khashoggi, autorisée à assister au procès, a rejeté les informations faisant état d'un règlement financier avec le gouvernement saoudien.

L'un des fils du journaliste assassiné, Salah Khashoggi, a affirmé mardi sur Twitter sa "confiance" dans la justice saoudienne et critiqué ceux qui cherchent à instrumentaliser l'affaire pour nuire, selon lui, à l'Arabie saoudite et à ses dirigeants.

- "Pas de place à la critique" -

Lors de l'émission "60 minutes" de la chaîne américaine CBS diffusée dimanche, le prince Mohammed a nié avoir ordonné l'assassinat du journaliste mais a dit en assumer "la responsabilité en tant que dirigeant de l'Arabie saoudite". l

La rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires, Agnes Callamard, a critiqué lundi le prince héritier pour avoir tenté de se "distancer" du meurtre.

"Il n'assume aucune responsabilité personnelle pour le crime, il crée une distance énorme entre lui-même et le crime lui-même, il crée des couches et des couches d'acteurs afin de se distancier de l'exécution, de son ordre et de son organisation", a déploré Mme Callamard qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU.

Entretemps de nombreux critiques du prince héritier sont toujours emprisonnés.

Les autorités ont récemment proposé de libérer une militante, Loujain al-Hathloul, en échange d'un témoignage vidéo niant qu'elle avait été torturée et harcelée sexuellement en prison, selon sa famille.

Loujain al-Hathloul fait partie d'une douzaine de militantes arrêtées il y a environ un an notamment pour contacts avec des médias étrangers, des diplomates et des organisations de défense des droits humains. Elle et d'autres militantes affirment avoir été torturées et harcelées sexuellement pendant leur détention. Les autorités ont démenti ces accusations.

"Il y a eu des arrestations d'autres intellectuels et militants et il n'y a certainement pas de place pour les critiques contre les dirigeants", a déclaré à l'AFP Kristin Diwan, de l'Arab Gulf States Institute à Washington.

"L'orientation générale de la politique saoudienne reste inchangée".
(AFP, 1 octobre 2019)


Kurdish Question / Question kurde

Plus de 11.000 réfugiés kurdes de Syrie, l'Irak ouvre un 2e camp

L'ONU a ouvert samedi un deuxième camp au Kurdistan irakien pour accueillir les réfugiés kurdes fuyant le nord-est syrien, alors que le premier est arrivé à saturation avec 11.000 réfugiés, a indiqué un responsable à l'AFP.

"Environ 11.000 réfugiés ont été installés dans le camp de Bardarach, atteignant sa capacité maximale d'accueil, nous avons donc conduit 310 réfugiés arrivés de Syrie aujourd'hui au camp de Gawilan", a indiqué Rachid Hussein Rachid, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Kurdistan irakien.

Le camp de réfugiés de Gawilan accueille déjà 1.850 familles syriennes arrivées depuis le début, en 2011, de la guerre en Syrie, mais une nouvelle section y a été ajoutée pour accueillir les nouveaux arrivants, a-t-il précisé.

Depuis qu'Ankara et ses supplétifs syriens ont lancé, le 9 octobre, une opération contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord-est de la Syrie, le nombre de réfugiés n'a cessé d'enfler au Kurdistan irakien frontalier.

Durant plusieurs jours, plus d'un millier de réfugiés sont arrivés chaque jour au Kurdistan irakien.
 Samedi, ils étaient nettement moins nombreux, note M. Rachid, car les forces du régime de Bachar al-Assad qui se sont déployées dans le nord-est de la Syrie en vertu d'un accord avec les Kurdes, empêchent le passage des réfugiés vers l'Irak.
(AFP, 26 octobre 2019)

Des ONG accusent Ankara d'avoir expulsé des Syriens vers leur pays en guerre

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé vendredi Ankara d'avoir renvoyé par la force des Syriens dans leur pays en guerre pendant les mois qui ont précédé le déclenchement de l'offensive turque dans le nord-est de la Syrie.

Dans des rapports diffusés séparément, les deux ONG accusent la Turquie d'avoir contraint, "par la tromperie ou la force", des Syriens à signer un document attestant de leur souhait de rentrer "volontairement" en Syrie.

Selon Amnesty, des policiers ont piégé des Syriens en leur affirmant qu'en signant ce document, rédigé en turc et qu'ils ne pouvaient donc lire, ils exprimaient leur volonté de rester en Turquie ou confirmaient qu'on leur avait bien fourni une couverture.

Pour Anna Shea, une chercheuse d'Amnesty citée dans le rapport, "les retours ont été tout sauf sûrs et volontaires". "Désormais, ce sont des millions de réfugiés syriens qui sont en danger", ajoute-t-elle, appelant à "mettre un terme aux retours forcés".

Amnesty dit avoir recensé "20 cas confirmés" d'expulsions forcées, mais estime que leur nombre est "vraisemblablement de plusieurs centaines".

Human Rights Watch souligne pour sa part avoir recueilli les témoignages de 14 Syriens affirmant avoir été expulsés entre janvier et septembre à Idleb, une province du nord-ouest de la Syrie visée par des bombardements du régime de Damas et de son allié russe ces derniers mois.

Le 9 octobre, la Turquie a déclenché une offensive dans le nord-est de la Syrie visant une milice kurde qu'elle qualifie de "terroriste". Cette opération militaire est la troisième effectuée par Ankara au sud de sa frontière depuis 2016.

Selon la Turquie, l'objectif premier de ces incursions est d'établir une "zone de sécurité", qui doit à terme accueillir une partie des quelque 3,6 millions de réfugiés syriens que ce pays abrite depuis le début du conflit, en 2011.

La Turquie souhaite que deux millions d'entre s'installent dans la "zone de sécurité" qu'elle veut mettre en place le long de sa frontière.

A plusieurs reprises, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est voulu rassurant sur le caractère "volontaire" des retours en Syrie.

Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy a rejeté les accusations des ONG.

"Les affirmations sur les retours forcés, les menaces et les mauvais traitements (...) sont complètement inventées", a-t-il déclaré dans un communiqué.

La Turquie veut que les réfugiés retournent en Syrie d'une manière sûre et digne et croit que ce processus devrait être réalisé en conformité aux lois internationales", a-t-il ajouté.

M. Aksoy a assuré que la Turquie adhérait "scrupuleusement" au principe de "non-refoulement", et qu'elle n'avait pas changé d'approche.

Interrogée par l'AFP, une source diplomatique turque avait auparavant affirmé : "personne n'a été forcé de signer quelque document que ce soit, c'est hors de question".
(AFP, 25 octobre 2019)

Un Kurde syrien tente de s'immoler par le feu à Genève

Un Kurde syrien a tenté de s'immoler par le feu mercredi matin devant le siège du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à Genève et a été transporté par hélicoptère vers un hôpital de Lausanne, a indiqué la police.

L'homme, âgé de 31 ans et domicilié en Allemagne, n'a pas laissé de pancarte ou de lettre pour expliquer son geste, a déclaré à l'AFP Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police genevoise.

"On imagine ses raisons, mais nous n'avons pas d'élément concret. Il avait beaucoup de peine à s'exprimer quand les secours sont arrivés", a-t-il ajouté.

Les faits se sont déroulés vers 07h40 (05h40 GMT) en présence de nombreux passants dans ce quartier des Nations où se trouve également le siège européen des Nations Unies.

Les pompiers, rapidement arrivés sur les lieux, ont immédiatement pris en charge le blessé et l'ont transporté par hélicoptère vers le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne.

Les Kurdes de Suisse ont manifesté à plusieurs reprises ces dernières semaines pour protester contre l'offensive militaire turque menée dans le nord-est de la Syrie, forçant des milliers de Kurdes syriens à se réfugier en Irak.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mardi soir la fin de son opération "Source de paix" contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara.

La Russie et la Turquie sont par ailleurs convenues de contrôler en commun la majeure partie de cette zone frontalière.
(AFP, 23 octobre 2019)

Asli Erdogan sur l'endoctrinement anti-kurde en Turquie

MARCO ANSALDO, La Repubblica, - Le Soir,  23 octobre 2019

La romancière de 52 ans a passé quatre mois en prison pour avoir critiqué Erdogan : « Mon pays vit dans un nationalisme extrême. C’est pourquoi même les sportifs, les intellectuels et les citoyens ordinaires soutiennent le gouvernement. »

Pour des raisons de santé, Asli Erdogan, en liaison téléphonique depuis sa maison de Francfort où elle est en exil, a la voix un peu faible, mais elle n’en est pas moins déterminée à nous parler. La romancière qui, en août dernier, a ajouté à son palmarès le prix Václav-Havel de l’« écrivain courageux en danger » souhaite expliquer pourquoi tout un pays, héritier d’un Empire et avec une histoire si importante derrière lui, a toujours été si résolument opposé aux Kurdes en tant qu’entité, considérant leurs organismes comme des terroristes. Selon elle, ce sont l’ensemble des forces politiques du Parlement (à l’exception du parti pro-kurde, bien évidemment), gauche républicaine comprise, qui sont des terroristes.

Pourquoi ceux qui critiquent l’invasion en Syrie font-ils l’objet d’une enquête, d’un procès et d’une arrestation ?

Vous voyez, les Européens ne suivent malheureusement pas la presse turque. Mais s’ils pouvaient le faire, ils comprendraient comment fonctionne l’endoctrinement qui se produit.

Endoctrinement ?

Naturellement, dès l’entrée à l’école, à travers les livres. La République de Turquie est imprégnée d’une idéologie, le kémalisme, qui pouvait fonctionner à l’époque de Mustafa Kemal, Atatürk. Mais depuis, elle a glissé vers le nationalisme extrême. La Turquie se sent constamment menacée. Un aspect aujourd’hui associé à la religion, et les Turcs morts au combat deviennent des « martyrs ». On dit à ceux qui meurent « qu’ils meurent pour le pays ». Non, ce qu’il faudrait leur dire, c’est : « Tu ne meurs pas pour ton pays, mais pour un gouvernement. »

Cela vaut également pour les footballeurs de l’équipe nationale qui saluent militairement les entreprises de guerre du pays ?

Si ce n’était que dans le football. J’ai également vu des champions de catch et des athlètes féminines le faire. La tendance est à se prendre en photo avec le drapeau turc. C’est l’hystérie. Et c’est un signe important à étudier : que veulent-ils prouver ?

Cela s’est également produit par le passé ?

Il suffit de penser au génocide des Arméniens. La récente attaque n’est que la dernière manifestation sanglante d’un fascisme stupide.

Mais Erdogan dit le faire pour combattre le terrorisme.

Il doit se justifier. Cependant, quand l’Etat Islamique était en Syrie, personne ne disait qu’il y avait du terrorisme là-bas : les frontières étaient ouvertes et les djihadistes partaient de là. C’étaient eux, les vrais terroristes. Aujourd’hui, il n’y a pas eu d’attaque contre la Turquie. Personne n’a menacé le pays.

L’objectif dissimulé d’Erdogan n’est-il pas de conquérir une partie de la Syrie ?

Pas seulement. Bien sûr, il a également le fantasme de reprendre les positions qui ont appartenu à l’Empire. Son raisonnement est le suivant : ce territoire est le nôtre, les Kurdes n’ont aucun droit. Ce sont par définition des terroristes. Des assassins, des voleurs, ils constituent une menace. Même la gauche turque le pense.

Comment ça, la gauche turque ?

Oui, le parti républicain, d’inspiration sociale-démocrate, fondé par Atatürk. Ce sont avant tout des nationalistes. Ou mieux, des chauvins. Et ils soutiennent la guerre faite aux combattants kurdes, considérés comme des terroristes.

Mais Erdogan ne veut-il pas renvoyer les réfugiés syriens chez eux ?

Erdogan s’est montré franc à l’égard de l’Europe : si vous me critiquez, je vous enverrai les réfugiés. Une discussion immorale. La vraie question est la suivante : pourquoi l’Europe a-t-elle autorisé cela ? Erdogan perdait du pouvoir, l’économie est en crise, et les dernières élections sont un désastre. Il avait besoin d’une guerre. Maintenant, ils sont tous avec lui, il en sortira vainqueur.

4 HDP Diyarbakır Co-Mayors Detained

Appointed a trustee in his place, dismissed Metropolitan Co-Mayor of Diyarbakır Adnan Selçuk Mızraklı and Peoples' Democratic Party's (HDP) Kayapınar District Co-Mayor Kezban Yılmaz, Bismil Co-Mayor Orhan Ayaz and Kocaköy Co-Mayor Rojda Nazlier were taken into custody in a raid conducted to their houses in early morning hours today (October 21).

As reported by the state-run Anadolu Agency (AA), Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office issued a warrant against Mızraklı, Yılmaz, Ayaz and Nazlier as part of an investigation launched against them on charges of "propagandizing for a terrorist organization" and "being members of a terrorist organization".
Lawyer: He is detained due to an 'investigation'

Lawyer Mehmet Emin Aktar has announced the detention on Twitter: "Diyarbakır Metropolitan Mayor A. Selçuk Mızraklı has been detained from his house at 6 in the morning. As the reason for the search and detention is only written 'an investigation being conducted'."
What happened?

The Ministry of Interior announced that they dismissed Metropolitan Mayor of Diyarbakır Selçuk Mızraklı, Metropolitan Mayor of Mardin Ahmet Türk and Metropolitan Mayor of Van Bedia Özgökçe Ertan on August 19.

Diyarbakır Governor Hasan Basri Güzeloğlu, Mardin Governor Mustafa Yaman and Van Governor Mehmet Emin Bilmez have been appointed as Acting Metropolitan Mayors, or rather, as trustees.

As reported by Anadolu Agency, the mayors have been removed from office on the ground that there are 9 ongoing investigations against Diyarbakır Metropolitan Mayor Selçuk Mızraklı, 6 ongoing investigations against Mardin Metropolitan Mayor Ahmet Türk, 7 ongoing investigations against Van Metropolitan Mayor Bedia Özgükçe Ertan at heavy penal courts.
(BIA, 21 October 2019)


REAGISSONS CONTRE LA NOUVELLE INVASION
GENOCIDAIRE DE L’ETAT TURC


Communiqué de six organisations:

Après des gesticulations, voici l’agression du Nord de la Syrie (région habitée par les Kurdes, Arabes, Assyro-syriaques, Arméniens...) par l’Etat turc avec la bénédiction des Etats Unis et de la Russie, et avec en première ligne des assassins de groupes islamistes recyclés.

La première phase étant l’occupation d’Afrin (transformée il y a un an en ville turque avec un préfet désigné) avec le feu vert de Poutine. Le peu de résistance des forces kurdes et la bienveillance des forces internationales, donnent à la Turquie la possibilité de réaliser ses rêves, d’en terminer coûte que coûte avec toute possibilité de statut pour les Kurdes en Turquie et en dehors de ses frontières.

La trahison honteuse des Etats Unis envers leur allié, les Kurdes, ces Kurdes qui ont lutté contre l’Etat islamique, ces Kurdes qui ont perdu des milliers de vies dans ce combat, donne à la Turquie cette possibilité.

La lutte contre l’EI reste le combat de l’ensemble du monde démocratique. Les combattants de l’EI, actuellement en prison, peuvent représenter un nouveau danger pour l’ensemble de l’humanité.

L’impunité permet à l’Etat turc de rajouter un autre crime à sa longue liste de crimes d’Etat.

Profitant de la Première Guerre mondiale l’Etat turc a anéanti les Arméniens et les Assyriens par un génocide, les États occidentaux ont laissé faire et n’ont pas poursuivi les coupables après la guerre, donnant un sauf-conduit aux génocidaires qui ont créé le nouvel Etat turc. Profitant de cette impunité, ils ont continué leur sale besogne en continuant le travail génocidaire en détruisant les Grecs du Pont en  éliminant la majorité des chrétiens d’Anatolie. Depuis, de nombreux massacres se sont succédés en toute impunité, sans oublier l’invasion du nord de Chypre en 1974. À un tel point que, tout ce qui est avancée kurde est insupportable pour l’Etat turc et à son dirigeant Erdogan.

Les Kurdes du Nord de Syrie ne représentent pas et n’ont pas représenté de menaces quelconques pour la Turquie. Mais cela n’a aucune importance, Erdogan veut en finir  et dans cette aventure, il s’est vu rejoindre par l’ensemble des partis politiques turcs, comme à l’accoutumée ils sont solidaires quand il s’agit de la question arménienne ou kurde. 

Actuellement, personne n’est dupe pour croire que l’Etat turc est en position « d’autodéfense » et lutte contre le terrorisme avec cette agression. Mais il poursuit des buts d’occupation pour détruire les forces d’autodéfense kurde et les peuples chrétiens, assyriens et arméniens qui continuent à survivre dans ces contrées. Son objectif est également de réaliser une ingénierie sociale en repeuplant ces territoires de djihadistes qui lui sont inféodés, et ce afin de changer la réalité démographique.

L’appel de nombreuses organisations et y compris des Nations Unies à « éviter le pire » n’est nullement suffisant pour faire face à cette catastrophe humanitaire qui s’annonce. L’Etat turc est coutumier des condamnations, des gesticulations sans conséquence à son égard et continuera avec détermination à réaliser ses projets. Nous attirons depuis des dizaines d’années l’attention sur le caractère génocidaire de l’Etat turc et malheureusement encore une fois nous sommes devant un risque de génocide de la part de cet Etat.

Les peuples du Nord de Syrie, qui ont pu créer un modèle d’existence autonome qui leur est propre ont le droit de poursuivre leur expérience singulière et le monde démocratique doit continuer à les soutenir. Ils sont dans l'obligation de se défendre farouchement contre cette agression génocidaire malgré l’inégalité des forces en présence et les conditions du terrain défavorables.

Nous appelons encore une fois l’opinion publique démocratique pour faire pression sur leurs États respectifs et éviter un drame humain, voir un génocide qui s’annonce dans le nord de la Syrie.

Bruxelles, le 14 octobre 2019

Association des Arméniens Démocrates de Belgique
Ateliers du Soleil
Info-Türk
Institut Assyrien de Belgique
Institut Kurde de Bruxelles
Maison du peuple

Communication:
rafi.3@hotmail.com
0478-240 222


Co-Mayors of Hakkari, Nusaybin and Yüksekova Replaced with Trustees

Co-mayors of Hakkari city, Yüksekova district in Hakkari and Nusaybin district in Mardin have been replaced with trustees.

Hakkari Governor İdris Akbıyık, Nusaybin District Governor Mehmet Balıkçılar and Yüksekova District Governor Osman Doğramacı have been appointed as deputy-mayors.

Numerous co-mayors from the Peoples' Democratic Party (HDP) in Kurdish-majority cities were detained in police raids on Tuesday (October 15). Hakkari Mayor Cihan Karaman, Nusaybin co-mayors Semire Nergiz and Ferhat Kut and Yüksekova co-mayors Remziye Yaşar and İrfan Sarı were among the detained.

Appointments of the trustees came after the arrest of Karaman, Nergiz and Yaşar in a "terror investigation."

Three metropolitan mayors from the HDP were replaced with trustees on August 19.
(BIA, 18 Oct 2019)

Les Kurdes accusent Ankara d'utiliser des armes non conventionnelles

Les autorités kurdes en Syrie ont accusé jeudi la Turquie d'utiliser des armes non conventionnelles comme le napalm dans le nord de la Syrie, Ankara niant toutefois le recours à "des armes chimiques" dans son offensive contre une milice kurde.

Les accusations visant les forces d'Ankara ou les supplétifs syriens n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP. Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a nié le recours à des "armes chimiques".

Depuis le lancement le 9 octobre de leur offensive contre une milice kurde syrienne, les troupes turques et leurs supplétifs syriens ont conquis une bande frontalière de 120 kilomètres dans le nord syrien, et les combats se concentrent désormais dans la ville de Ras al-Aïn.

"En violation flagrante du droit et des traités internationaux, l'agression turque contre (Ras al-Aïn) est menée avec tout type d'armes", a fustigé jeudi dans un communiqué l'administration semi-autonome kurde.

"Face à l'échec évident de son plan, (le président turc Recep Tayyip) Erdogan a recours aux armes interdites internationalement, comme le phosphore ou le napalm", souligne le communiqué.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, ne pouvait pas confirmer l'usage de ces armes.

Mais l'ONG "a recensé des blessés souffrant de brûlures qui sont arrivés à l'hôpital de Tal Tamr ces deux derniers jours", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, évoquant une localité proche de Ras al-Aïn.

"Tout le monde sait qu'il n'y a pas d'armes chimiques dans l'arsenal des forces armées turques", a réagi à Ankara le ministre de la Défense turc Hulusi Akar devant des journalistes.

Il a accusé les forces kurdes "d'utiliser elles-mêmes" les armes chimiques dans le but d'accuser Ankara.

L'armée turque et les supplétifs syriens ont avancé jeudi dans Ras al-Aïn, qu'ils contrôlent désormais à moitié, a rapporté l'Observatoire.

Tout au long du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, le terme napalm a été utilisé pour décrire les bombes incendiaires fabriquées à base de substances similaires au napalm.

Le phosphore blanc peut être utilisé notamment pour créer un écran de fumée, mais il peut aussi servir à la fabrication d'armes incendiaires meurtrières, une utilisation interdite par le droit international.

Des responsables kurdes ont posté sur les réseaux sociaux une vidéo montrant des enfants souffrant de brûlures qui, selon un médecin de la province de Hassaké, peuvent corroborer l'usage de telles armes.

"Nous appelons les organisations internationales à envoyer leurs équipes pour examiner les blessures", a indiqué Moustafa Bali, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), principale coalition dominée par les forces kurdes.

"Les installations médicales dans le nord-est syrien ne disposent plus d'experts après le retrait des ONG causé par l'invasion turque", a-t-il dit.

L'offensive turque a fait depuis le 9 octobre au moins 72 morts parmi les civils en Syrie et 203 parmi les combattants FDS, selon un dernier bilan de l'OSDH.
(AFP, 17 octobre 2019)

Enterrant leurs morts, les Kurdes de Syrie dénoncent la "trahison" de Washington

Le fils de Jawaher est mort en Syrie dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Aux funérailles de combattants tués au cours de l'offensive de la Turquie, pleine d'amertume mais résignée, elle rappelle que les Kurdes ont toujours été trahis.

"On appelle ça la déception", lâche en kurde la quinquagénaire au visage ridé, assise devant la pierre tombale en marbre de son fils, Hozane, tué en 2014 dans les combats contre les jihadistes.

"Par le passé, on a déjà été victimes de trahison. L'injustice existe dans toute l'histoire du Kurdistan", ajoute-t-elle d'une voix calme.

Après avoir été les enfants chéris des Occidentaux, et surtout de Washington, durant les longues années de lutte contre l'EI, les forces kurdes se retrouvent seules sur le champ de bataille pour affronter une offensive de la Turquie dans le nord syrien.

Pour les Kurdes, l'opération d'Ankara n'aurait pas été possible sans un retrait des troupes américaines de certains secteurs frontaliers --un feu vert donné à la Turquie.

En près d'une semaine, au moins 154 combattants des forces kurdes ont été tués dans les affrontements avec les troupes turques et leurs supplétifs syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans un cimetière de Qamichli, dans le nord-est syrien, ils sont des centaines à s'être déplacés lundi pour les funérailles de cinq hommes tombés au combat.

"L'éternité pour les Martyrs", scande la foule. Les portraits des victimes sont collés sur les cercueils, transportés à bout de bras, décorés de fleurs et de rubans colorés.
"Trahison aux Etats-Unis"

Des hauts-parleurs crachent des chants lancinants qui vantent la résistance des Kurdes. Tandis que certaines femmes pleurent et essuient leurs larmes, d'autres lancent des youyous en signe de défiance ou font le signe du V de la victoire.

Durant la cérémonie, une combattante en uniforme militaire, foulard fleuri sur la tête, enlace un des cercueils, pour un dernier adieu.

Une autre femme, les cheveux hâtivement noués et le visage fatigué, passe la main sur un cercueil en murmurant, les yeux fermés.

Après le retrait américain de la frontière, les autorités kurdes ont dénoncé "un coup de couteau dans le dos". Washington est ensuite allé encore plus loin en confirmant le départ de ses militaires du nord syrien (environ un millier).

"Le comportement des Etats-Unis, c'est une trahison pour nos combattants", lâche Farida Bakr, la cinquantaine.

"Ils mangeaient et ils buvaient ensemble pour lutter contre le terrorisme. C'est une énorme déception", ajoute-t-elle.

C'est avec l'appui d'une coalition internationale emmenée par Washington que les forces kurdes ont mené toutes les grandes batailles contre l'EI, avant de proclamer en mars la fin du "califat" jihadiste en Syrie.

Mais lâchées par l'allié américain, impuissantes face à l'aviation d'Ankara, les forces kurdes n'ont pas pu résister longtemps à l'avancée des troupes turques.
"Pas d'amis"

L'offensive a permis aux forces turques et leurs supplétifs syriens de conquérir une bande frontalière longue de près de 120 kilomètres, allant de la ville de Tal Abyad jusqu'à l'ouest de Ras al-Aïn.

"Le sang des martyrs n'a pas coulé en vain", espère toutefois Jawaher, qui a encore deux fils engagés au sein de la principale milice kurde, les Unités de protection du peuple (YPG).

"Tous les acquis que nous avons pu obtenir ne partiront pas en fumée", martèle-t-elle.

A la faveur du conflit qui ravage la Syrie, les Kurdes ont instauré une autonomie de facto sur les régions sous leur contrôle dans le nord et le nord-est du pays. Ces secteurs représentent près d'un tiers du territoire syrien.

Cette émancipation déplait au voisin turc, qui craint qu'un noyau d'Etat kurde à ses portes ne galvanise les revendications indépendantistes des Kurdes sur son sol.

Se défendant d'avoir abandonné la minorité, les Etats-Unis ont imposé des sanctions ciblées à des ministres turcs, dans l'espoir de convaincre Ankara de "mettre fin immédiatement à son offensive".

"On ne fait pas confiance aux Etats-Unis", lâche toutefois Souad Hussein. "Ils étaient présents uniquement pour leurs intérêts", fustige-t-elle.

A 67 ans, elle a deux fils qui luttent avec les YPG. "On a encore espoir dans nos forces", dit-elle. "Les Kurdes n'ont pas d'amis."
(AFP, 15 octobre 2019)


Les maires de quatre villes kurdes arrêtés pour "terrorisme"

Les maires pro-Kurdes de quatre villes du sud-est de la Turquie ont été arrêtés mardi dans le cadre d'enquêtes "antiterroristes", a indiqué un responsable de leur parti.

Les "co-maires" de quatre villes du sud-est --majoritairement kurde-- de la Turquie, Hakkari, Yüksekova, Ercis et Nusaybin, ont été interpellés à l'aube, a indiqué un responsable du Parti démocratique des peuples (HDP).

Les villes contrôlées par le HDP sont dirigées par des "co-maires", un homme et une femme, dans une volonté d'instaurer une stricte parité.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, ils ont été arrêtés dans le cadre de plusieurs enquêtes pour appartenance ou liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara.

Ces arrestations interviennent alors que la Turquie mène une offensive en Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe soutenu par les pays occidentaux mais qualifié de "terroriste" par Ankara pour ses liens avec le PKK.

Cette opération militaire s'accompagne d'une répression à l'intérieur de la Turquie contre ses détracteurs, notamment sur les réseaux sociaux, accusés de faire de la "propagande terroriste".

Depuis le lancement de l'offensive mercredi, plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées, selon les médias.

Les co-présidents du HDP, Sezai Temelli et Pervin Buldan, font également l'objet d'une enquête pour "propagande terroriste" après avoir dénigré l'opération contre les YPG.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse régulièrement le HDP d'être une "vitrine politique" du PKK.

Le HDP, dont plusieurs responsables ont été arrêtés depuis trois ans, rejette ces accusations et se dit victime de répression en raison de sa farouche opposition au président turc.
(AFP, 15 octobre 2019)

Les Kurdes font appel au régime de Damas: leur rêve d'autonomie sacrifié ?

Après des années de dur labeur pour établir une autonomie de facto dans le nord et le nord-est du pays, les Kurdes de Syrie ont été abandonnés par leur allié américain et contraints de faire appel au régime pour repousser une offensive turque.

Tandis que les forces du président Bachar al-Assad se déploient le long de la frontière turque, dans le nord du pays, une question s'impose : la minorité kurde devra-t-elle abandonner son rêve d'autonomie?
-
Une fragilisation de l'autonomie ? -

Depuis le début en 2011 du conflit qui déchire la Syrie, les Kurdes ont adopté une position "neutre" envers le pouvoir et la rébellion, se focalisant sur l'établissement de leur autonomie.

Après des décennies de marginalisation par Damas, ils disposent aujourd'hui de leurs propres institutions, de leurs forces de sécurité et d'écoles sur un territoire qui représente près du tiers du territoire syrien et où sont situés les principaux champs de blé et d'hydrocarbures.

La Turquie voit d'un mauvais oeil l'émancipation politique et territoriale de cette minorité, craignant qu'un noyau d'Etat kurde à ses portes ne galvanise les revendications indépendantistes des Kurdes sur son sol.

Ankara qualifie de "terroriste" la principale milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG).

Mais cet allié stratégique des Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) --dont le dernier bastion en Syrie a été repris en mars par des forces kurdes et arabes soutenues par une coalition internationale-- était jusqu'ici sous l'aile de Washington.

Jusqu'à début octobre, la présence des troupes américaines dans les territoires contrôlés par les YPG servaient de rempart contre les menaces récurrentes d'une offensive turque.

Mais l'annonce le 7 octobre par le président Donald Trump d'un retrait militaire américain de secteurs frontaliers en Syrie a sonné le glas d'une longue période de protection des Kurdes : les troupes turques et leurs alliés ont lancé deux jours plus tard une offensive d'envergure contre les YPG.

Face au revirement américain, consacré par l'annonce dimanche du retrait de près de 1.000 soldats américains, les Kurdes ont annoncé avoir conclu un accord avec Damas prévoyant le déploiement de l'armée syrienne dans leurs régions.

- Pourquoi faire appel au régime ? -

En six jours de bombardements et de combats acharnés au sol, les forces kurdes ont perdu une bande de 120 kilomètres le long de la frontière turque.

Quelques 130 combattants des forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG, et environ 70 civils ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dimanche, les autorités kurdes ont annoncé la fuite d'environ 800 femmes et enfants liés à des combattants étrangers de l'EI, après des frappes turques ayant visé les environs d'un camp où ils étaient retenus.

Ankara a accusé ses adversaires d'avoir laissé les jihadistes partir.

Les FDS avaient maintes fois averti qu'elles ne pourraient continuer de contrôler les camps et centres de détention où sont retenus des milliers de jihadistes présumés, dont des étrangers, leurs failles et des civils, en cas d'offensive turque, ce qui catalyserait une résurgence de l'EI.

En dépit de sa défaite territoriale, l'EI a régulièrement mené des attentats dans les zones contrôlées par les FDS avant le début de l'offensive turque.

- La fin de l'autonomie ?

Les autorités kurdes se veulent rassurantes sur l'accord conclu avec Damas.
 Lundi, elles ont déclaré que leurs institutions continueront de fonctionner, qualifiant le marché d'"accord militaire". Un haut responsable kurde, Aldar Khalil, l'a décrit comme une "mesure d'urgence".

Mais les calculs pourraient être différents pour Damas qui a maintes fois rappelé son intention d'asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire, y compris par la force.

Les négociations entamées l'an dernier avec les Kurdes au sujet d'une potentielle autonomie politique avaient tourné court.

Soutenu par la Russie depuis 2015, le régime a enchaîné les victoires militaires face aux groupes rebelles et jihadistes et contrôle aujourd'hui environ 60% du pays.

Dimanche, le chef des FDS, Mazloum Abdi, a reconnu que le soutien de Damas impliquerait des concessions.

"Nous devrons faire des compromis douloureux" mais "entre les compromis et le génocide de notre peuple, nous choisirons la vie", a-t-il affirmé.

"Les Kurdes sont aujourd'hui le dos au mur (...) et le régime de Damas en profite au maximum", juge Karim Bitar, expert en relations internationales.

Damas "est en position de force et ne va certainement pas faire de concessions" en leur faveur, assure-t-il.
(AFP, 14 octobre 2019)

Syrian Kurdish Political Leader Killed near Qamishli

The leader of Syrian Future Party, Hevrin Khalaf, was killed on Saturday near Qamishli, Syrian Kurdistan, amid the growing violence in the region.

Initial reports claimed that Khalaf was killed in a Turkish airstrike. However, media outlets affiliated with Kurdistan Workers’ Party (PKK) said she was killed in an attack by the Islamic State (IS) while traveling between Qamishli and Raqqa.

Khalaf released a statement a day earlier to denounce the Turkish military incursion into Syrian Kurdistan, calling it a conspiracy that aims at dividing the Syrians.

The killing comes amid the Turkish massive offensive against the Syrian Kurds, which has raised concerns about the return of the Islamic State (IS) in the area.

Local reports previously said IS sleeper cells have increased their efforts to hit the local forces after jihadist prisoners attempted to break out of the al-Hol camp, where over 73,000 IS militants and their families are being held. (basnews.com, Oct 12, 2019)

Dismissed Co-Mayor of Van Özgökçe Ertan Faces up to 30 Years in Prison

Van Chief Public Prosecutor's Office has drafted a bill of indictment against Bedia Özgökçe Ertan, the former Metropolitan Co-Mayor of Van dismissed by the Ministry of Interior on August 19. The indictment foresees a prison sentence of up to 30 years for Özgökçe Ertan.

The Prosecutor's Office has issued the indictment based on the statements that she made and the leaflets that she distributed when she was the Van MP of Peoples' Democratic Party (HDP).

The indictment has charged her with "openly inciting the public to enmity and hatred", "propagandizing for a terrorist organization", "praising the crime and the criminal" and "being a member of an armed terrorist organization".

As the court has accepted the indictment prepared by the Prosecutor's Office, Özgökçe Ertan will have her first hearing on December 25.
Appointment of trustees to 3 HDP municipalities

The Ministry of Interior announced that they dismissed Metropolitan Mayor of Diyarbakır Selçuk Mızraklı, Metropolitan Mayor of Mardin Ahmet Türk and Metropolitan Mayor of Van Bedia Özgökçe Ertan on August 19.

Diyarbakır Governor Hasan Basri Güzeloğlu, Mardin Governor Mustafa Yaman and Van Governor Mehmet Emin Bilmez have been appointed as Acting Metropolitan Mayors, or rather, as trustees.

As reported by Anadolu Agency, the mayors have been removed from office on the ground that there are 9 ongoing investigations against Diyarbakır Metropolitan Mayor Selçuk Mızraklı, 6 ongoing investigations against Mardin Metropolitan Mayor Ahmet Türk, 7 ongoing investigations against Van Metropolitan Mayor Bedia Özgükçe Ertan at heavy penal courts.
(BIA, 11 October 2019)


Le cri du peuple kurde agressé par l'Armée turque et ses complices islamistes



La responsable kurde Ilham Ahmed a tenu une conférence de presse au Parlement européen et appelé les pays de l'UE à «geler leurs relations diplomatiques avec la Turquie en rappelant leurs ambassadeurs immédiatement» à la suite de l'offensive d'Ankara dans le nord-est syrien.

«Nous voulons une intervention urgente sur cette crise, ces attaques devraient être stoppées vite», a-t-elle déclaré à la presse, exhortant le Conseil de sécurité de l'ONU à décider d'une «zone d'exclusion aérienne». «Le retrait américain nous a mis en danger», a dénoncé la responsable, qui a alerté sur le risque de fuite de djihadistes détenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition arabo-kurde et fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). «L'une des prisons dans laquelle se trouvent des membres du groupe Etat islamique et qui est sous le contrôle des FDS a été bombardée par des avions de chasse turcs hier, et il est probable que des membres de l'EI qui étaient prisonniers se soient échappés», a-t-elle déclaré.

Cette responsable du Conseil démocratique syrien (CDS), bras politique des FDS, qui a rencontré Emmanuel Macron à Paris mardi, a noté qu'il y avait «de grosses réactions de la part de l'Union européenne». «Mais nous ne serons satisfaits que lorsque ces réactions se traduiront par des actions», a-t-elle affirmé, évoquant aussi la possibilité de «sanctions économiques» à l'égard de la Turquie.

Ilham Ahmed s'est aussi tournée vers le président américain. «Nous demandons à (Donald) Trump de jouer un rôle afin de trouver une solution politique et d'engager un dialogue, au lieu de nous abandonner et de laisser la voie libre à la Turquie pour nous attaquer». «Les États-Unis devraient tenir compte du fait que nous avons payé un lourd tribut», a-t-elle dit, citant le chiffre de 11.000 morts et exhortant Washington à «rester à nos côtés pour maintenir la paix et la stabilité dans l'intérêt de tous». (Belga, 10 octobre 2019)

Des Kurdes ? Quels Kurdes?


C’est encore une de ces déclarations de Donald Trump dont la lecture, de bon matin, force à se frotter les yeux avec insistance pour se convaincre qu’on a bien vu. Pressé par les journalistes de justifier un retrait de Syrie qui revient à trahir ses alliés kurdes, le Président a tenu à remettre les choses en perspective : “Les Kurdes, a-t-il souligné, ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ne nous ont pas aidés en Normandie.”

On mesure la chance d’avoir à la Maison-Blanche quelqu’un qui peut ainsi porter à l’attention des ignorants des réalités historiques capitales. Il importe, dans la même veine, de rappeler que le marquis de La Fayette n’était pas kurde – pas plus que Christophe Colomb. Que les Kurdes n’ont pris aucune part aux croisades (ni à la chute du mur de Berlin). Et que César ne les cite même pas au nombre des peuples les plus braves de la Gaule.

Ces Kurdes, il faut dire, “ne se battent que pour leur terre”, a ajouté Donald Trump, avec une pointe de mépris. La remarque est étonnante de la part d’un homme qui s’est fait élire sur le slogan “America First” et qui, pas plus tard que le 24 septembre, devant l’Assemblée générale de l’Onu, exhortait encore les dirigeants de la planète à privilégier, comme lui, leurs intérêts nationaux.

Le reproche ne manque pas d’air par ailleurs. Car, si on n’a pas vu les Kurdes sur les plages de Normandie (ou sur celles d’Iwo Jima), c’est qu’ils avaient déjà fort à faire pour tenter d’exister. Le traité de Sèvres, en 1920, leur avait donné l’espoir d’une autonomie, voire d’une indépendance – qu’Atatürk s’employa bien vite à réduire à néant, avec l’approbation de l’Occident.

En abandonnant à son tour les Kurdes à leur triste sort, Donald Trump s’est flatté de vouloir mettre fin à “des guerres qui n’ont pas de sens”, à des engagements militaires qui ont énormément coûté à l’Amérique en hommes et en dollars. On ne songerait pas à le nier – pas plus qu’on ne voudrait contester le fait que, si les États-Unis sont piégés au Moyen- Orient, c’est parce que George W. Bush y a créé le chaos.

Ses propos, Donald Trump les a tenus mercredi, à la Maison-Blanche, dans le salon Roosevelt. On n’imaginerait pas plus cruelle ironie. On ne sait pas trop ce que FDR pensait des Kurdes, mais on veut croire qu’il se faisait une plus haute idée des alliances et du sens de l’Histoire. (Philippe Paquet, La Libre Belgique, 11 octobre 2019)

L’offensive turque contre les forces kurdes en Syrie

Mercredi, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, ont été bombardées par l’aviation et l’artillerie turques. Le ministère turc de la Défense a annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l’opération.

À Ras al-Aïn, peu après le lancement de l’opération turque, une forte explosion a été suivie d'une épaisse colonne de fumée juste à la frontière.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), ont affirmé de leur côté mercredi soir avoir « repoussé » l’offensive turque, dont l’objectif est d’éloigner de la frontière les YPG.

L’assaut turc a d’ores et déjà fait 15 morts dont 8 civils, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ajoutant que des « milliers de déplacés » fuient les zones bombardées.

Le président américain Donald Trump a estimé que l’opération d’Ankara était « une mauvaise idée », tout en espérant que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan agisse de manière « rationnelle » et aussi « humaine » que possible. En début de semaine, c’est pourtant le retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie et les déclarations contradictoires de la Maison-Blanche qui ont ouvert la voie à l’offensive.

Deux sénateurs démocrate et républicain ont dévoilé mercredi une proposition visant à sanctionner très sévèrement la Turquie si elle ne retire pas son armée. Ce projet imposerait au gouvernement de Donald Trump de geler les biens aux États-Unis des plus hauts dirigeants turcs, imposerait des sanctions à toute entité étrangère qui vendrait des armes à Ankara, et viserait aussi le secteur énergétique turc.

Poids lourd des républicains et proche de M. Trump, le sénateur Lindsey Graham l’a accusé d’avoir « honteusement abandonné les Kurdes » et s’est dit favorable à ce qu’« Erdogan paie très cher ».

L’offensive turque, qui a provoqué un tollé international, sera au centre d’une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU jeudi. 

À Ras al-Aïn, un correspondant de l’AFP a entendu une forte explosion et vu s’élever de la fumée tout près de la frontière, ajoutant que des avions survolaient le secteur.

Des tirs d’artillerie visent en continu la ville, provoquant la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs, a-t-il constaté.

Équipes de lance-roquettes, des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, se sont déployés dans la ville, selon le correspondant de l’AFP. (AFP, 9 octobre 2019)


Libération d'un ancien député prokurde condamné pour propagande terroriste

Un ancien député prokurde, Sirri Süreyya Önder, condamné à 3 ans et demi de prison pour propagande terroriste, a été remis en liberté vendredi sur décision de la Cour constitutionnelle jugeant que sa condamnation était une atteinte à sa liberté d'expression.

Condamné en septembre 2018 pour des propos tenus lors des célébrations du Nouvel An kurde en mars 2013 et écroué deux mois plus tard, M. Önder a été libéré dans l'après-midi et a pu retrouver sa fille, selon des photos partagées sur les réseaux sociaux.

La Cour constitutionnelle a ordonné jeudi sa remise en liberté et un nouveau procès dans cette affaire, jugeant que cette condamnation était une violation de sa liberté d'expression.

Cet ancien député du Parti démocratique des peuples (HDP) était alors jugé au côté du leader kurde Selahattin Demirtas, emprisonné depuis novembre 2016.

Le président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Le parti affirme en revanche être pris pour cible en raison de son opposition farouche au gouvernement.
(AFP, 4 octobre 2019)

Des Kurdes manifestent contre leur "exclusion" du Comité constitutionnel en Syrie

Des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi à Qamichli, ville dominée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie en guerre, pour dénoncer une "exclusion" de cette minorité du comité constitutionnel récemment créé par les Nations unies.

Ce comité, annoncé le 23 septembre par l'ONU, doit amender la constitution syrienne, approuvée en 2012, ou en rédiger une nouvelle. Il comprend 150 membres: 50 nommés par le gouvernement de Damas, 50 par l'opposition et 50 membres issus de la société civile et choisis par les Nations unies.

Des personnalités kurdes sont présentes sur les listes de l'opposition et de la société civile. Mais l'administration semi-autonome kurde, qui contrôle près de 30% du pays, avec des territoires dans le nord et le nord-est, a qualifié "d'injuste" son "exclusion" en tant qu'entité politique.

A Qamichli, les manifestants se sont rassemblés devant des bureaux de l'ONU, selon un correspondant de l'AFP.

"C'est notre droit de participer à l'élaboration de la Constitution", pouvait-on lire sur une pancarte. "L'administration autonome est indissociable du peuple syrien", était-il écrit sur une autre.

Présent parmi les manifestants, Talaat Younes, un haut responsable au sein des autorités kurdes, a dénoncé auprès de l'AFP une "exclusion des représentants de l'administration autonome du comité constitutionnel", et souligné la nécessité "d'une participation de toutes les composantes de la société syrienne".

Autour de lui, hommes et femmes brandissaient des portraits des "martyrs" des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance de combattants kurdes et arabes qui a joué un rôle majeur dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

"Nous avons une force militaire qui a remporté des succès importants, nous devons avoir des représentants au sein du comité", a dit un des manifestants, Hachem Chawich.

Après avoir souffert de discriminations des décennies durant, les Kurdes de Syrie ont créé une zone semi-autonome à la suite du conflit déclenché en 2011.

La minorité ethnique tient à tout prix à préserver cette semi-autonomie, dénoncée par le pouvoir central de Bachar al-Assad.

Les Kurdes n'ont participé ni aux négociations pour la paix sous l'égide de l'ONU, ni aux pourparlers d'Astana, lancés en janvier 2017 par Moscou, Téhéran et Ankara, notamment en raison du refus de la Turquie, qui entretient de profondes rivalités avec la minorité.

Déclenchée avec la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts. Le régime de M. Assad a reconquis environ 60% du territoire avec l'appui militaire de Moscou, de l'Iran et du Hezbollah libanais.
(AFP, 2 octobre 2019)

Demirtaş to be Given 'Award for Political Courage'

The Progressive Alliance, a Germany-based political entity that includes more than 130 parties and organizations, will give the "2019 Award for Special Political Courage" to Selahattin Demirtaş, the former co-chair of the Peoples' Democratic Party (HDP), who has been behind bars since November 2016.

HDP Foreign Relations Officer Hişyar Özsoy told bianet that the award will be presented in an event in Stockholm on November 15.

Özsoy also spoke about the hearing of Demirtaş at the ECtHR Grand Chamber on September 18, "The Council of Europe Commissioner for Human Rights involved in the hearing as the third party and pleaded a strong defense for Demirtaş. There is big support from different places. But the AKP-MHP alliance closed itself for all criticism from outside and for practices that need to be done. And this hurts not only the image of the government but also the image of Turkey abroad."
What is the Progressive Alliance?

The Progressive Alliance was found on May 22, 2013, in Leipzig, Germany. It has over 130 members around the world. The main opposition Republican People's Party (CHP) and the HDP are members of the alliance from Turkey.

According to its website, the Progressive Alliance aims to ensure gender equality counter increased inequality in societies, fight for LGBTIQ rights and against intolerance and racism, restrain rampant unruly financial markets with clear regulations and fight tax fraud, curb climate change with the urgency required and promote sustainable economic, social and ecological development, secure peace and human rights as global public goods, advocate disarmament and stop the proliferation of weapons of mass destruction, and eradicate hunger and poverty once and for all.
Demirtaş arrested twice because of the same lawsuit

Demirtaş was expected to be released after the 26th Heavy Penal Court ruled for "deduction" but Ankara Chief Public Prosecutor's Office requested the arrest of Demirtaş and Figen Yüksekdağ, the HDP's former co-chair with Demirtaş. Ankara 1st Penal Court of Peace ruled for the arrest of the two politicians.
(BIA, 1 October 2019)

Minorités / Minorities

Parliamentary Inquiry into İstanbul Pogrom Rejected

The parliamentary inquiry into İstanbul Pogrom submitted by Peoples' Democratic Party (HDP) Diyarbakır MP Garo Paylan has been rejected on the ground of "not being in accordance with the Internal Regulations of the Grand National Assembly of Turkey (TBMM)."

Paylan submitted the inquiry on September 5, requesting the identification of public officials and civil perpetrators who planned and organized the pogrom against Greeks, Armenians and Jews in İstanbul on September 6-7, 1955.

The official letter of rejection, signed by TBMM Speaker Mustafa Şentop, said that the motion for an inquiry was against Article 67 of TBMM Internal Regulations.

TBMM Internal Regulations Article 67

If there are rude and hurtful words in the letters and motions sent to the Speaker's Office, the Speaker returns the letter or motion to its owner.

The official letter sent to Paylan saids, "It is seen that you were notified by the Speaker's Office letter that the motion previously submitted by yourself could be put into process if it is edited in accordance with the provisions of the Internal Regulations; however, the motion is repeated without the issues that constitute the subject matter of the Speaker's Office letter being brought in compliance with the provisions of the Internal Regulations.

The letter also specified which sentences and paragraphs must be edited said that the motion could be processed if the changes are made.

Paylan: The door do confront the past is closed

Speaking to bianet about the rejection of the motion, Paylan made the following remarks:

"While we could discuss the Armenian Genocide, the pogrom of September 6-7, many massacres, crimes against humanity until recently, we are not wanted to talk about these today. They reject definitions that were normalized until recently.

"In this regard, censorship is in place at the parliament. The Speaker's Office wants to decide which words we will use. What will say other than the Pogrom of September 6-7? Let us explore, see what was experienced, and then give it a name as the parliament. As long as we don't speak, these crimes repeat and will continue to repeat.

"My motions have been rejected for three years"

"Since I have become a member of parliament, I submit motions every year on September 6-7. Apart from my first year as a member of the parliament, 2015, all my motions were returned. For three years, my motions have been returned on the ground that I must edit my statements.

"Similarly, my motions that include the expression 'the Armenian Genocide' are returned."
"Suffering of some social groups is ignored"

"They define our words in the motion as 'rude and hurtful remarks'. I don't say these rude and hurtful words to the Speaker, I don't say these to MPs. I tell what I experienced, a calamity that I experienced. I tell great calamities and want these to be spoken about.

"In fact, the Speaker is the one who says rude and hurtful words. Because certain groups in society experienced great trauma and pain. When you ignore this, you ignore that group, being involved in rude and hurtful words and actions."

Paylan's petition for inquiry

* "The pogrom of September 6-7, 1955, is one of the gravest events in the history of the Republic of Turkey that has not yet been confronted. According to official data, only 73 churches in İstanbul, 8 ayazmas, 2 monasteries, 5,538 houses 3,584 of which belonged to Greeks, and businesses were burned down and looted.

* Also according to official records, 60 women were raped and many were killed. Following the impunity of the pogrom, tens of thousands of Greek, Armenian, Jewish and Syriac citizens were forced to leave the country against oppression and the threat of life security.

* The perpetrators of this pogrom did not receive punishment like many negative events in the history of the Republic, on the contrary, the people involved or caused the events were promoted.

* For example, Sabri Yirmibeşoğlu, who was in charge of the Mobilization Audit Committee during the Pogrom, said, "September 6-7 is a Special Warfare Task. It was a magnificent organization and it achieved its purpose," though he has risen gradually in the bureaucracy over the years, reaching as far as the General Secretariat of the National Security Council between 1988-1990. In fact, Oktay Engin, the perpetrator of the bomb that ignited the wick of the pogrom and dropped on Atatürk's home in Thessaloniki, continued his career in 1992-1993 as the governor of Nevşehir.

* It is useful to look at the above-mentioned words of Sabri Yirmibeşoğlu in order to understand why the pogrom, like other crimes in the history of Turkey, remains a crime that has not been confronted and its perpetrators punished. In this context, it can be seen how the state is involved in certain crimes and how it surrounds the perpetrators with an armor of impunity.

* Although 64 years have passed since this great crime in our country, the parliament has not taken any steps to uncover the perpetrators of the pogrom.

* The discovery of the perpetrators of the pogrom, the determination of the losses of life and property, the compensation of the financial and moral losses of the victims and institutions, and the finding of justice, albeit late, will be an important step that the Parliament will take in the name of confronting the past. Therefore, we demand that a parliamentary inquiry be opened.
(BIA, 29 October 2019)

Hrant Dink Foundation Conference on Kayseri Banned in İstanbul As Well

The conference on "Social, Cultural and Economic History of Kayseri and the Region" to take place at the Hrant Dink Foundation's hall in Şişli, İstanbul on October 18-19 has been banned by the Şişli District Governorship.

The conference was initially planned to take place in Kayseri; however, it was banned by the Kayseri Governorship. In response to this ban, the Board of Directors of the Foundation decided to hold the conference in İstanbul.

'All preparations were made"

Releasing a statement about the issue, on its website, Hrant Dink Foundation has stated the following:

"The conference on 'Social, Cultural and Economic History of Kayseri and the Region', to take place at the Hrant Dink Foundation's Havak Hall on October 18-19, has been banned!

"As has been closely followed by the public, the conference had been initially planned to take place in Kayseri, yet was banned due to the interference of the Kayseri Governorship. Upon this development, the Board of the Directors of our Foundation decided to hold the conference in Istanbul.

"At a time when all the preparations have been made, all speakers from Turkey and all around the world have already arrived in Istanbul for the conference to take place tomorrow; today on October 17th, Thursday at 17:08, an official notice of ban was given by the Sisli District Governorship to the Foundation, which does not mention any justification for the ban decision.

"We regret to announce that the conference on 'Social, Cultural and Economic History of Kayseri and the Region', which was supposed to take place in light of the valuable scientific contributions by numerous scholars from Turkey and abroad, has been banned."

About the conference

The conference on Kayseri was planned to be held as part of an international conference series contributing to a detailed understanding of the changing social, economic, politic and cultural structure of various cities of Turkey during the 19th and 20th century. In the past years, the conference series were organized on Adana, Diyarbakır, Mardin, Van and Izmir.

The aim of this year's conference was to highlight the multicultural and rich history of Kayseri and to share research and publication on the cultural heritage of Kayseri prepared in 2016.

The international scientific committee of the conference has selected the papers of 27 scientists from various cities of Turkey as well as from America, France, Greece and Armenia and invited them to Kayseri to present their research. Moreover, a cultural heritage tour of Kayseri was planned to take place after the conference for the conference participants to witness the history of Kayseri first hand.
(BIA, 18 Oct 2019)

Le Comité des Arméniens de Belgique condamne l’invasion par l’armée turque

Bruxelles, le 17 Octobre 2019 - La Belgique, comme l’Union européenne, ont condamné l'intervention militaire entamée cette semaine par l'armée turque, intervention qui, selon l'UE, « nuit à la stabilité de la région entière, exacerbe les souffrances de la population civile et provoque des déplacements de population supplémentaires ».

L’intervention de la Turquie en Syrie est motivée principalement par son hostilité à la formation d’une autonomie kurde au nord du pays; son intention affichée est d’installer dans cette région habitée par les Kurdes un grand nombre de réfugiés syriens sunnites originaires d'autres régions de Syrie afin de changer l’équilibre démographique.

En cela, la Turquie s’inscrit dans une tradition de « politiques de populations » qui constitue une pratique historique de l’Etat turc et de son prédécesseur, l’Empire ottoman. Ces politiques visent à modifier, par la violence, l’équilibre des populations pour mieux asseoir le pouvoir en place. Le génocide des Arméniens et d’autres populations chrétiennes de l’Empire ottoman, suivi par l’expulsion des grecs, en constituent l’un des principaux modèles.

C’est précisément en opposition à ces politiques, mises en œuvre en Europe par l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne, que l’Union européenne s’est constituée. La pratique des «politiques de populations» aux portes de l’Europe n’est pas seulement une désastreuse violation des droit de l’homme : c’est aussi un défi lancé à l’Union européenne et une menace à son intention.

Au-delà des déclarations du moment, nous invitons nos compatriotes à veiller à ce que la Belgique avec l’Union européenne, résistent à l’action de la Turquie en Syrie, dénoncent les violations qu’elle y commet déjà, et la sanctionnent pour les actions qu’elle aura commises. Il en ira de la crédibilité et de l’avenir de l’Europe.

Rappelons que la Turquie, toujours candidate à l’adhésion à l’UE, a d'ores et déjà accès au marché intérieur de l’UE et bénéficie d’une soutien financier substantiel de sa part. La Turquie est également membre de l’OTAN, et bénéficie en tant que telle de la protection militaire des autres Etats de cette alliance ainsi que de l’accès à leurs technologies militaires.
Comité des Arméniens de Belgique

Contacts
Chirinian Harout
Responsable Presse du Comité des Arméniens de Belgique
Tel : 0475 52 52 18

Kayseri Governorship Prevents Conference by Hrant Dink Foundation

Hrant Dink Foundation has announced that it will hold a conference entitled, "Kayseri and its Periphery: Conference of Social, Cultural and Economic History" in İstanbul after the Governorship of Kayseri did not permit the event.

The foundation said in a written statement that the Governorship said them it disapproves the conference after not responding to a request for a "face to face meeting" for weeks.

"Unfortunately, our later requests for a reason and reevaluation remained unanswered," the statement said.

It informed that the conference will be held on October 18-19 at Hrant Dink Foundation Anarad Hığutyun Building Havak Hall in İstanbul.

Officials at the Governorship of Kayseri made a one-sentence statement for bianet, saying that the ban on conference is "related to the Kayseri Security Directorate."

The conference will be about social, economic, cultural, urban and architectural changes in Kayseri and its periphery between 1850 and 1950.

Twenty-seven scholars from the US, France, Greece, Armenia and Turkey have been invited to the conference.
(BIA, 3 October 2019)

Politique intérieure/Interior Politics

Comment la fragilisation du parti présidentiel rebat les cartes du jeu politique turc

La Libre Belgique, Pierre-Magnani Céline,1 octobre 2019

Deux lieutenants d’Erdogan ont quitté l’AKP pour créer leur parti. La formation du président est en difficulté et enregistre une fuite importante de ses membres. Les derniers sondages font craindre le retour de l’instabilité politique.

La perte d’Istanbul au profit de l’opposition lors des municipales du 23 juin dernier pourrait bien être le chant du cygne pour le parti de Recep Tayyip Erdogan, contesté pour ses pratiques autoritaires dans son propre camp. Les défections se sont multipliées ces derniers mois et le Parti de la justice et du développement (AKP) se résume désormais aux proches du président.

L’ancien ministre de l’Économie, Ali Babacan, avait claqué la porte au mois de juillet, exprimant son désaccord avec les orientations prises par sa famille politique. "Ces dernières années ont témoigné d’un écart profond entre les pratiques et les principes, les valeurs et les idées auxquelles je crois. D’un point de vue émotionnel et intellectuel, je me suis éloigné du parti", avait-il alors déclaré. Quant à Ahmet Davutoglu, qui a occupé le poste de Premier ministre et de ministre des Affaires étrangères, il a démissionné le 13 septembre après avoir été renvoyé devant la commission disciplinaire du parti pour avoir critiqué un peu trop fort la gouvernance de l’hyper-président dans un manifeste publié en avril dernier.

800 000 adhérents perdus

Depuis des mois, les rumeurs sur la création de nouveaux partis conservateurs vont bon train mais les candidats potentiels se font encore discrets. Inquiété par la fragilisation de sa formation politique, Recep Tayyip Erdogan avait condamné les velléités d’indépendance et accusé ses anciens compagnons de route de trahison en "divisant la communauté". Or, d’après les chiffres publiés par le journal en ligne T24, l’AKP a perdu près de 800 000 adhérents (sur dix millions) en un an, confirmant l’érosion du parti affaibli par 17 années d’exercice du pouvoir et qui peine à renouveler son projet politique.

Ali Babacan a finalement brisé le silence le vendredi 13 septembre dans un entretien accordé au journal Karar. Si les interrogations demeurent quant à l’identité du nouveau parti et au programme qu’il compte proposer, il a insisté sur l’importance du respect des principes démocratiques, l’indépendance de la justice et la primauté de l’État de droit. Il a exclu la création d’un parti avec Ahmet Davutoglu, mais la possibilité de faire des coalitions permettrait de former un bloc conservateur concurrent de l’AKP. Ni l’un ni l’autre n’a encore révélé la composition de son équipe et les tractations en interne se poursuivent dans la plus grande discrétion. L’enjeu est de taille puisque les nouveaux partis pourraient siphonner les sièges de l’actuelle coalition gouvernementale entre l’AKP et les ultranationalistes, et la priver ainsi de sa majorité à la chambre.

L’évocation d’un tel scénario ravive les craintes d’une instabilité politique qui rendrait le pays ingouvernable, comme ce fut le cas à la fin des années 1990. Ce spectre a rapidement été exploité par Kemal Kiliçdaroglu, leader du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d’opposition, qui a même évoqué des élections anticipées. Le porte-parole de l’AKP, Ömer Çelik, a balayé cette option d’un revers de main mais les équilibres politiques s’en trouveraient trop bouleversés pour que le président Erdogan puisse garder le contrôle de la politique du pays.

Le manque de visibilité à court terme pousse l’ensemble de la classe politique à se préparer à toutes les éventualités. Les instituts de sondage ont pris les devants et publié des enquêtes d’opinion sur la répartition des votes en cas d’élections législatives : soutenu par l’ancien et respecté président Abdullah Gül, le parti d’Ali Babacan serait crédité de 10 % des intentions de vote contre 7.3 % pour Ahmet Davutoglu d’après les résultats obtenus par l’institut ADA.

Remaniement gouvernemental en vue ?

Alors que les mauvais résultats économiques continuent de miner le portefeuille des Turcs et d’attiser la grogne, un remaniement ministériel permettrait de redonner un élan provisoire à la politique gouvernementale. Mais le président Erdogan, plutôt en retrait ces dernières semaines, apparaît en manque d’inspiration sur la stratégie à adopter pour enrayer la chute de son parti.


Forces armées/Armed Forces

Erdogan menace de chasser les Kurdes de la frontière syrienne

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi de "chasser les terroristes" de la frontière syro-turque si les milices kurdes syriennes ne se retiraient pas de cette zone dans les délais prévus par l'accord conclu entre Ankara et Moscou.

"Si les terroristes ne se retirent pas au terme des 150 heures (délai courant à partir du 23 octobre à 09H00 GMT selon les termes de l'accord, ndlr), nous prendrons le contrôle et nous les chasserons nous-mêmes", a-t-il déclaré dans un discours télévisé à Istanbul, en référence aux combattants kurdes des YPG (Unités de protection du peuple).

En vertu de l'accord conclu mardi dernier entre le président russe Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan à Sotchi (Russie), Moscou doit "faciliter le retrait" des forces kurdes et leur armement d'une bande de 30 km de profondeur le long de la frontière, dans le nord-est de la Syrie, frontalier de la Turquie.

Les Russes et les Turcs ont prévu de débuter des patrouilles communes dans cette zone après le délai de 150 heures prévu par l'accord, qui expire mardi à 18H00 locales (15H00 GMT).

Conformément au mémorandum russo-turc, la Turquie garde cependant la haute main sur une autre région du nord-est où son armée est déjà présente, longue de 120 km, et dont elle a pris le contrôle au cours de son offensive déclenchée le 9 octobre contre les YPG.

Malgré la menace qu'il brandit, M. Erdogan a souligné que la Turquie avait "dans une large mesure" atteint son objectif d'établir une "zone de sécurité" pour se protéger d'attaques de la part des jihadistes du groupe Etat islamique et des combattants kurdes des YPG, qu'Ankara considère comme des "terroristes".

Plus tôt ce mois-ci, Ankara et Washington avaient conclu un accord sur le retrait des YPG dans cette zone de 120 km entre les villes syriennes de Tal Abyad et Ras al-Aïn. Mais M. Erdogan a affirmé samedi que les Etats-Unis n'avaient pas été en mesure de "nettoyer la zone".

"Ils nous ont envoyé un déclaration écrite disant qu'ils avaient nettoyé la zone au bout de 120 heures, mais malheureusement ils n'ont pas pu nettoyer la zone", a-t-il affirmé. Plus tôt dans la journée, le ministère turc de la Défense avait fait état d'"attaques au mortier et de tirs de sniper" par les YPG dans la zone de 120 km.

M. Erdogan a aussi exhorté la communauté internationale à soutenir la Turquie dans ses efforts pour établir une "zone de sécurité" pour y installer certains de 3,6 millions de réfugiés syriens qu'Ankara a accueillis.

Il a une nouvelle fois averti que "s'il n'y a pas de soutien pour les projets que nous développons afin de permettre le retour d'un à deux millions (de ces réfugiés) dans une première étape, nous n'aurons pas d'autre solution que d'ouvrir nos portes et de les laisser aller en Europe".

Le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a par ailleurs estimé samedi qu'une proposition allemande de déployer une force internationale -- incluant des soldats européens -- pour établir une "zone de sécurité" dans le nord-est de la Syrie n'était pas "réaliste".

Cette idée avait été avancée par la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer.

"A ce stade, nous ne la trouvons pas vraiment réaliste", a déclaré M. Cavusoglu, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Heiko Maas.

Ce dernier a lui-même balayé d'un revers de main cette proposition, qui divise profondément le gouvernement allemand. M. Maas a affirmé n'avoir "pas de temps à perdre avec des questions théoriques car la population syrienne n'a que faire des débats théoriques".

"Tout le monde nous dit que ce n'est pas une proposition réaliste", a-t-il tranché.
(AFP, 26 octobre 2019)

Accord russo-turc sur un contrôle de la frontière syrienne et un retrait kurde

Les présidents russe et turc se sont accordés mardi sur un retrait des forces kurdes du nord-est de la Syrie, prenant le contrôle en commun de la majeure partie de cette zone en proie à un conflit croissant entre Ankara et combattants kurdes.

Après six heures de négociations à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont décidé dans un premier temps de déployer des patrouilles militaires russes et syriennes dans les secteurs de la bande frontalière bordant la zone où l'armée turque a déclenché début octobre une opération militaire.

Ces patrouilles auront pour objectif de "faciliter" le retrait des forces kurdes YPG et leur désarmement dans une zone "profonde de 30 km" le long de la frontière syro-turque. Puis, "150 heures" plus tard, des patrouilles communes, cette fois russo-turques, évolueront dans la zone.

La Turquie gardera néanmoins la haute main sur la zone située entre la ville de Tal Abyad, qu'elle a prise au début de l'offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les derniers combattants kurdes se sont retirés dimanche. Soit une zone de sécurité d'une longueur de 120 kilomètres sous son contrôle direct, sur les 440 qu'elle réclamait à l'origine.

Redur Khalil, l'un des commandants des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les combattants kurdes) a pour sa part assuré que le retrait de "tous nos combattants et forces sécuritaires de la zone d'opérations militaires allant de Ras al-Aïn à Tal Abyad" avait été achevé.

De facto, la Turquie et la Russie contrôleront ainsi la majeure partie de la frontière turco-syrienne.

"Avec M. Poutine, nous avons conclu un accord historique", a insisté le président turc.
 
"Ces décisions sont selon moi très importantes, voire décisives, et vont permettre de régler une situation très tendue", a pour sa part dit son homologue russe.

Dans un appel téléphonique passé à Vladimir Poutine, le président syrien Bachar Al-Assad a pour sa part estimé que "ceux qui ont des desseins séparatistes étaient responsables des évènements qui se sont produits", faisant allusion aux Kurdes, a annoncé mardi l'agence de presse officielle syrienne SANA.

Il a en outre rappelé "son total refus de toute invasion de terres syriennes sous aucun nom ou sous aucun prétexte".

Bachar Al-Assad a répété à maintes reprises qu'il rétablirait au final le contrôle de son gouvernement sur l'ensemble du territoire de la Syrie.

Alors qu'une trêve fragile en vigueur depuis jeudi, négociée entre Ankara et Washington, a expiré mardi à 19H00 GMT, les présidents russe et turc, des acteurs centraux du conflit syrien, sont parvenus à ce compromis pour éviter la reprise de l'offensive militaire turque.

Depuis le 9 octobre, cette opération a provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils dans le nord de la Syrie.

L'opération turque "s'achève, et tout va dépendre maintenant de la mise en oeuvre des accords, notamment sur le retrait des forces (...) des unités kurdes", a relevé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Dans le mémorandum signé mardi à Sotchi, MM. Poutine et Erdogan se sont par ailleurs entendus pour faciliter le retour "volontaire" en Syrie de réfugiés, la Turquie disant vouloir que deux millions d'entre eux retournent en Syrie dans la zone de sécurité qu'elle est en passe de mettre en place.

Le chef de l'Etat russe a quant à lui insisté sur la lutte contre le "terrorisme", citant le groupe Etat islamique, les pays occidentaux et la Russie craignant qu'une opération militaire turque n'aboutisse à la libération des milliers de jihadistes détenus par les Kurdes.

L'offensive turque a commencé à la suite de l'annonce du retrait militaire des Etats-Unis du Nord-Est syrien, abandonnant leur allié kurde dans la lutte contre l'EI. La Turquie, qualifie pour sa part de "terroristes" ces Unités de protection du peuple (YPG).

- La Russie freine la Turquie -

Le président russe a répété mardi comprendre les intérêts de sécurité nationale" de la Turquie, tout en insistant sur l'intégrité territoriale de la Syrie.

Si ces négociations entre MM. Erdogan et Poutine ont eu lieu, c'est aussi parce que Moscou a de facto freiné l'avancée turque, en encourageant depuis le 9 octobre un dialogue entre le régime de Damas et les Kurdes.

Appelées à la rescousse par les Kurdes, les forces syriennes, accompagnées de patrouilles militaires russes, avaient repris certaines zones sous contrôle kurde, contrecarrant ainsi les plans d'Ankara de constituer une "zone de sécurité" de 444 km le long de sa frontière avec la Syrie.

L'offensive turque a été rendue possible par le retrait militaire des Etats-Unis du nord et de l'est de la Syrie, une décision surprise et décriée du président américain, accusé d'abandonner ses alliés.

Donald Trump a annoncé qu'il ne restait désormais qu'un "petit" nombre de soldats américains en territoire syrien, mais loin de la zone où l'armée turque est déployée.

Sur un autre théâtre du conflit syrien, à quelques heures de la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine, Bachar al-Assad a effectué une visite inédite près de la ligne de front à Idleb, une province contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans le nord-ouest que le régime entend bien reprendre.
(AFP, 23 octobre 2019)

Erdogan: C'est exactement Hitler, parlant de la Pologne, dans les années 30

Invité de la matinale de franceinfo du jeudi 10 octobre, Patrick Franceschi, militant de la cause kurde dénonce "un nettoyage ethnique" après l'attaque turque dans le nord de la Syrie.

L’offensive turque dans le nord de la Syrie est "une trahison", "une faute morale et une faute politique", a dénoncé sur franceinfo le militant engagé auprès des kurdes de Syrie, Patrice Franceschi. Cette opération a déjà fait au moins 15 morts dont huit civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Le risque, c’est de voir "le terrorisme revenir chez nous" avec "Daech ou des jihadistes qui seront recyclés avec d'autres noms", a affirmé l’écrivain qui qualifie cette opération militaire de "tragédie". Cette "attaque caractérisée" de la Turquie est "une attaque unilatérale" et "en violation complète de toutes les lois internationales". La Turquie explique de son côté qu’il s’agit de protéger son territoire, mais "c'est exactement Hitler, parlant de la Pologne dans les années 30" a poursuivi le militant de la cause kurde.

C’est du nettoyage ethnique et de la recomposition ethnique de la régionPatrice Franceschià franceinfo

Le président turc Erdogan se met "dans une position de victime", mais "si le Conseil de sécurité est saisi en urgence par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, c'est justement parce que nous savons pertinemment que tout cela est faux". "Il faut vraiment que la levée de boucliers internationale soit puissante et prolongée", espère Patrice Franceschi, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence à New York ce jeudi.

Erdogan menace d'«écraser les têtes» des combattants kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi d'«écraser les têtes» des combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie s'ils ne s'en retirent pas dans le délai expirant mardi.
À lire aussi : «Ne faites pas l'idiot!»: l'incroyable lettre de Trump à Erdogan

«Dès que le délai de 120 heures expire, nous reprendrons là où nous nous étions arrêtés et continuerons à écraser les têtes des terroristes», a déclaré Erdogan dans un discours, se référant au délai de cinq jours prévu dans un accord turco-américain conclu jeudi.

Cet accord arraché jeudi par le vice-président américain Mike Pence lors d'une visite à Ankara prévoit la suspension pour 120 heures de l'offensive turque lancée le 9 octobre, et de mettre fin à cette offensive si les forces kurdes des YPG, considérées comme «terroristes» par Ankara, se retirent pendant cette période des zones frontalières de la Turquie dans le nord-est de la Syrie.
La reprise d'une offensive imminente

Outre les retrait des YPG, l'accord prévoit la mise en place d'une «zone de sécurité» de 32 km de largeur en territoire syrien, même si la longueur de cette bande, que le président turc veut à terme étendre sur près de 450 km, reste à définir. «La Turquie n'a pas dévié d'un iota des conditions qu'elle avait posées dès le début. Nous avons obtenu un important succès diplomatique», a ajouté Erdogan au sujet de l'accord conclu avec Mike Pence.

Il a en outre affirmé avoir informé son homologue américain Donald Trump de son intention de reprendre l'offensive faute d'un retrait des forces kurdes dans le délai imparti, lors d'un entretien téléphonique vendredi.

L'offensive militaire turque avait été lancée après que Trump avait paru y donner son feu vert, avant de faire marche arrière devant le tollé suscité dans le monde en raison du rôle crucial des YPG dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI).
(AFP, 19 octobre 2019)

Au moins 14 civils ont été tués  par des raids aériens turcs

Washington espère que Turcs et Kurdes "prendront au sérieux leurs engagements" pour faire cesser le conflit dans le nord de la Syrie, a déclaré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à quatre jours de l'expiration de la trêve négociée à Ankara mais qui semble avoir volé en éclat.

Au moins 14 civils ont été tués vendredi dans le nord de la Syrie par des raids aériens turcs et des bombardements à l'artillerie des rebelles proturcs, qui poursuivent une offensive contre des forces kurdes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Interrogé à Bruxelles par des journalistes sur l'accord de cessez-le-feu arraché jeudi au président turc Recep Tayyip Erdogan, M. Pompeo a reconnu qu'il n'avait pas été "instantanément" mis en oeuvre par les belligérants. Il a pointé du doigt des problèmes de "coordination" pour assurer "un retrait sécurisé des combattants des YPG (Kurdes des Unités de protection du peuple, ndlr) de la zone contrôlée par les Turcs couverte par l'accord".

Le chef de la diplomatie américaine a rappelé vendredi soir que ces forces kurdes, qualifiées de "terroristes" par Ankara, disposaient encore de "96 heures", soit quatre jours, jusqu'à mardi soir, pour se retirer des zones frontalières de la Turquie, dans le nord-est de la Syrie.

A l'expiration de ce délai, si le retrait n'est pas effectif, l'offensive déclenchée le 9 octobre pourrait reprendre, avait lui-même averti le président Erdogan plus tôt dans la journée.

En dépit de la situation sur le terrain, le président américain Donald Trump s'est montré optimiste, assurant qu'il y avait "de la bonne volonté" des deux côtés et que les Kurdes étaient "très heureux" de la façon dont les chose se passaient.

"Je viens de parler au président Erdogan (...) Il veut vraiment que le cessez-le-feu, ou la trêve, fonctionne", a-t-il tweeté.

"Demande de capitulation"

L'opération lancée par la Turquie avec des supplétifs syriens a ouvert un nouveau front dans la Syrie en guerre depuis 2011, où les forces kurdes, partenaires des Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), ont accusé Washington de les avoir abandonnées.

Jeudi soir, après une intervention diplomatique des Etats-Unis, la Turquie a dit accepter de suspendre pendant cinq jours son offensive, réclamant un retrait des forces kurdes de sa frontière pour y mettre un terme définitif.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi une "initiative commune" avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson pour rencontrer "prochainement" M. Erdogan.

De son côté, le président du Conseil européen Donald Tusk a dénoncé l'accord turco-américain, le considérant plutôt comme "une demande de capitulation pour les Kurdes".

Mazloum Abdi, le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les combattants kurdes, avait annoncé jeudi soir que ses forces étaient prêtes à "respecter le cessez-le-feu".
"Crimes de guerre"

Des combats sporadiques se poursuivent dans la ville frontalière de Ras al-Aïn. Une correspondante de l'AFP, présente du côté turc de la frontière, a entendu en matinée des explosions et frappes d'artillerie, et aperçu des volutes de fumée blanche côté syrien.

L'offensive d'Ankara a permis aux forces turques et à leurs supplétifs syriens de conquérir une bande frontalière de près de 120 km, allant de la ville de Tal Abyad à Ras al-Aïn.

L'ONG Amnesty International a accusé l'armée turque et les rebelles proturcs de "mépris honteux pour les vies civiles", évoquant des "preuves accablantes de crimes de guerre".

Les autorités kurdes ont déjà accusé Ankara d'utiliser des armes non conventionnelles, comme le napalm, ce que la Turquie a démenti.

Vendredi, les autorités kurdes ont tenté de dépêcher des secours à Ras al-Aïn pour évacuer les blessés, a indiqué à l'AFP Hassan Amin, un responsable de l'hôpital de Tal Tamr, plus au sud.

"La situation des blessés est critique et leur nombre élevé", a-t-il dit, assurant que "l'équipe médicale n'a pas été autorisée à entrer" dans la ville, refus que l'OSDH a attribué aux rebelles proturcs.

Dans cet hôpital, des blessés ont afflué à la suite d'affrontements près de Ras al-Aïn, hurlant de douleur sur des brancards de fortune ou portés à même le corps, selon un correspondant de l'AFP.

L'opération turque a tué 86 civils, et 239 combattants des FDS, selon le dernier bilan de l'OSDH, qui indique également que 187 combattants proturcs ont péri. Environ 300.000 personnes ont été déplacées par les combats, selon l'OSDH.

La Turquie a fait état de la mort de six soldats turcs en Syrie et de 20 civils tués dans les villes frontalières par des tirs des combattants kurdes syriens.
"Deux gamins"

Donald Trump s'est félicité jeudi de la trêve annoncée avant d'expliquer qu'il avait sciemment décidé de laisser les Turcs et les Kurdes se lancer dans cette bataille féroce, "comme deux gamins" qu'il faut "laisser se bagarrer un peu" avant de "les séparer".

Le 6 octobre, M. Trump avait ordonné le retrait des forces américaines dans le nord syrien.

L'accord turco-américain prévoit la mise en place d'une "zone de sécurité" de 32 km de largeur en territoire syrien, dont doivent se retirer les forces kurdes.

L'objectif est d'éloigner de la frontière la milice kurde des YPG, mais aussi d'y installer une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie.

M. Erdogan a répété vendredi que cette zone devrait "s'étendre en longueur sur 444 km" et pas seulement dans les zones dont les forces turques ont pris le contrôle.

Aucun soldat américain n'aidera à faire respecter la "zone de sécurité" entre les Kurdes et la Turquie, a prévenu vendredi le ministre américain de la Défense Mark Esper.

Selon un haut responsable du Pentagone, les Etats-Unis maintiendront néanmoins une surveillance aérienne de la zone, pour s'assurer notamment de la sécurité des prisons où sont détenus les combattants de l'EI.
(AFP, 19 octobre 2019)

Erdogan menace de reprendre l'offensive mardi si l'accord n'est pas respecté

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti vendredi que l'offensive dans le nord-est de la Syrie reprendrait dès mardi soir si les forces kurdes ne se retirent pas de ce secteur comme prévu dans l'accord de trêve.

"Si les promesses sont respectées d'ici mardi soir, la question de la zone de sécurité aura été résolue. Faute de quoi, l'opération Source de Paix reprendra dès que le délai de 120 heures expirera", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse.

Aux termes d'un accord arraché jeudi par le vice-président américain Mike Pence lors d'une visite à Ankara, la Turquie a accepté de suspendre pour cinq jours son offensive lancée le 9 octobre, et d'y mettre fin si les forces kurdes des YPG, considérées comme "terroristes" par Ankara, se retirent pendant cette période des zones frontalières de la Turquie dans le nord-est de la Syrie.

"Nous avons fixé une limite: 120 heures à l'expiration desquelles cette région doit être nettoyée des groupes terroristes", a ajouté M. Erdogan.

L'accord prévoit aussi la mise en place d'une "zone de sécurité" de 32 km de largeur en territoire syrien.

M. Erdogan a répété vendredi que cette zone devrait "s'étendre en longueur sur 444 km" et pas seulement dans les zones dont les forces turques ont déjà pris le contrôle en territoire syrien, à savoir 120 km entre les localités de Tal Abyad et Ras al-Aïn. La Turquie prévoit d'y établir "douze postes d'observation", a-t-il ajouté.

Il a aussi affirmé qu'une partie des quelque 3,6 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie seraient installés dans cette "zone de sécurité".

Afin d'héberger ces réfugiés "nous prévoyons d'y construire 140 villages avec 5.000 habitants pour chaque village et 10 districts avec une population de 30.000 pour chaque district", a-t-il affirmé

Il a en outre assuré que la Turquie n'avait pas l'intention de rester indéfiniment dans le nord de la Syrie. "Nous n'avons pas l'intention d'y rester, c'est hors de question", a-t-il dit.

Le président américain Donald Trump avait paru donner son feu vert à l'offensive turque avant, face au tollé dans les pays occidentaux et au sein de son camp, d'exhorter Ankara à y mettre fin et d'autoriser des sanctions contre la Turquie.

Une lettre de M. Trump à M. Erdogan, dans laquelle il tente de le dissuader de lancer l'offensive et qui a fuité mercredi, a suscité la stupeur à Washington en raison de son ton et du langage employé.

M. Erdogan a estimé que le langage utilisé dans cette lettre se départait "de la courtoisie politique et diplomatique" tout en espérant que l'accord turco-américain marquerait "un nouveau début" dans les relations avec Washington.

M. Erdogan a aussi condamné les abus que certains supplétifs syriens d'Ankara sont accusés d'avoir commis lors de l'offensive.

"Quiconque commet de tels actes n'est pas différent de Daech", a-t-il dit. "Nous ne pouvons pas accepter de tels comportements", a-t-il ajouté, affirmant que l'armée turque avait lancé une enquête pour déterminer les coupables.

Il a enfin rejeté les accusations des autorités kurdes syriennes d'un recours par Ankara à des armes non conventionnelles pendant l'offensive, les qualifiant de "calomnies".

Les YPG sont soutenues par les Occidentaux en raison de leur rôle crucial dans la lutte contre les groupe Etat islamique (EI), mais M. Erdogan les a accusées lors de sa conférence de presse d'avoir "libéré 750" jihadistes parmi ceux qu'elles détiennent, "dont 150 de nationalité turque".

"195 de ces jihadistes ont été capturés", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
(AFP, 18 octobre 2019)

Footage proves Turkish use of chemical weapons in northern Syria

The Turkish state is reported to have used prohibited weapons in its incursion to invade northern Syria.

The Turkish invasion army and allied mercenaries have been confronted by an epic resistance in the Serekaniye city during the 9 days of Turkey’s military offensive seeking to invade North and East Syria.

Unable to break through the resistance, the occupation forces have carried out violent attacks that mainly targeted the civilian population. The authorities in the region denounced use of prohibited weapons by the Turkish army in its indiscriminate attacks.

The Rojava based Hawar News Agency (ANHA) has published footage from the Weteni Hospital in Heseke city where civilians wounded by the attacks in Serekaniye are treated.

The footage shows civilians with injuries apparently caused by white phosphorus, providing proof of the use of unconventional weapons by the Turkish army.

In the meantime, UN chemical weapons inspectors have announced they are gathering information following accusations that burning white phosphorus was used by Turkish forces against civilians in the region.

The Organisation for the Prohibition of Chemical Weapons (OPCW) said on Friday morning that “it was aware of the situation and is collecting information with regard to possible use of chemical weapons”.

The Kurdish Red Crescent said in a statement that six patients were in hospital in Heseke with burns from “unknown weapons” and it was working to evaluate what had been used.

Hamish de Bretton-Gordon, a former commander of the UK’s chemical, biological, radiological and nuclear regiment, said: “The most likely culprit is white phosphorus. It is a horrific weapon, and has been used repeatedly during the Syrian civil war; unfortunately its use has become increasingly normalised.”
(ANF, 18 Oct 2019)

Offensive turque en Syrie: l'impact humanitaire en chiffres

L'offensive turque en Syrie lancée il y a une semaine a provoqué un nouveau drame humanitaire dans un pays ravagé par la guerre depuis 2011, avec des dizaines de civils tués et des centaines de milliers d'autres poussés à la fuite pour échapper aux combats.

Voici les principaux chiffres illustrant la crise.

- TROIS MILLIONS: la population du nord-est syrien qui vit principalement sous le contrôle de l'administration semi-autonome des Kurdes.

- NEUF: le nombre de jours depuis le lancement de l'offensive de la Turquie dans le nord-est syrien contre la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG). Partenaires de Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), les autorités kurdes ont accusé les Etats-Unis de les avoir lâchés avec le retrait des troupes américaines.

- SOIXANTE-DOUZE: les civils tués en Syrie depuis le début de l'offensive, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Côté turc, 20 civils ont été tués selon Ankara.

- TROIS CENTS MILLE: en date de ce jeudi, le nombre de civils déplacés en raison de l'offensive, selon l'OSDH, soit une des vagues les plus importantes depuis le début du conflit en 2011.

- QUATRE-VINGT TROIS MILLE: les personnes déplacées qui ont reçu des aides alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM). L'ONU a aussi annoncé avoir fourni des couvertures pour 52.000 personnes.

- QUARANTE: les écoles transformées en abri d'urgence pour les déplacés (OSDH) dans la province de Hassaké (nord-est).

- QUATRE CENTS MILLE: le nombre d'habitants dans la ville de Hassaké et ses environs confrontés à un risque critique de manque d'eau (ONU).

- SOIXANTE-HUIT MILLE: il s'agit du nombre de déplacés dans le camp d'Al-Hol selon l'ONU, ce qui englobe des milliers de femmes et d'enfants étrangers de jihadistes de l'EI. Le sort de ces familles suscite des inquiétudes dans la communauté internationale.

- TRENTE-DEUX: le nombre d'ONG internationales qui ont quitté les zones sous contrôle kurde ces derniers jours, selon Abdel Kader Mouwahad, directeur du bureau des affaires humanitaires des autorités kurdes.

- QUATRE-VINGT-DIX: le pourcentage des céréales produites dans le nord-est syrien pour tout le pays, alors que la saison hivernale de plantation est menacée par l'offensive (ONU).

- MILLE: les civils syriens passés ces derniers jours en Irak pour trouver refuge au Kurdistan irakien (ONU).

- UN MILLION HUIT CENTS MILLE: les civils du nord-est de la Syrie qui avaient besoin des aides humanitaires avant même l'offensive turque, toujours selon l'ONU.

- TROIS MILLIONS SIX CENTS MILLE: le nombre de réfugiés syriens installés en Turquie. Ankara souhaite rapatrier une partie de ces réfugiés vers une "zone de sécurité" qu'elle souhaite créer dans le nord syrien à sa frontière à la faveur de son offensive.
(AFP, 17 octobre 2019)

Les développements depuis le début de l'invasion turque

Voici un film des principaux développements depuis le début mercredi de l'opération militaire lancée par la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.

Cette offensive, baptisée "Source de paix", est la troisième que mène Ankara dans ce pays depuis 2016.

- Erdogan lance l'opération -

Le 9 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce le début d'une nouvelle opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), soutenue par les pays occidentaux.

Selon lui, l'offensive vise "les terroristes" des YPG et du groupe jihadiste Etat islamique (EI), et a pour objectif de mettre en place une "zone de sécurité" pour "permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays".

Des régions frontalières, notamment les localités de Tal Abyad et Ras al-Aïn, sont bombardées par l'aviation et l'artillerie turques.

Dans la soirée, Ankara annonce que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l'opération.

- Tollé international -

Le président américain Donald Trump estime que l'opération est "une mauvaise idée", tout en espérant que son homologue turc agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible.

C'est pourtant son annonce, trois jours auparavant, du retrait des forces américaines déployées dans le nord de la Syrie près de la frontière avec la Turquie qui a laissé le champ libre à l'intervention d'Ankara.

Celle-ci suscite un tollé international, plusieurs pays, notamment européens, s'inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux jihadistes détenus par les Kurdes et qui pourraient s'enfuir.

Le sénateur républicain américain Lindsey Graham, proche de M. Trump, l'accuse d'avoir "honteusement abandonné les Kurdes" et se dit favorable à ce qu'"Erdogan paie très cher".

- Jihadistes emprisonnés -

Le 10, la Turquie affirme que l'offensive a été "menée avec succès durant la nuit, dans les airs et au sol".

Les forces kurdes annoncent avoir repoussé un nouvel assaut terrestre de l'armée turque. Tirs d'artillerie sporadiques à Tal Abyad et Ras al-Aïn, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

M. Erdogan menace d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de réfugiés installés en Turquie, en réponse aux critiques européennes.

L'administration autonome kurde annonce que des bombardements turcs ont touché une prison abritant des combattants étrangers de l'EI.

Quelque 12.000 combattants de l'EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons des Kurdes, selon un responsable de cette administration.

M. Trump a chargé la diplomatie américaine de tenter d'arranger un cessez-le-feu, selon un responsable américain.

- Menace de sanctions -

Le 11, les forces turques intensifient leurs bombardements. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG, qui utilisent des tunnels et des tranchées pour se défendre, luttent pour freiner leur avancée, selon l'OSDH.

Les autorités kurdes affirment que cinq jihadistes de l'EI se sont évadés d'une prison près de Qamichli, après des raids turcs. Le groupe ultraradical revendique un attentat à la voiture piégée dans cette ville ayant fait six morts.

Le ministère américain des Finances affirme que Donald Trump va signer un décret permettant le déclenchement à tout moment de sanctions, visant à "dissuader la Turquie de toute extension de son offensive militaire".

Selon le Pentagone, des troupes américaines se sont retrouvées sous le feu de positions turques près de Kobané. Ankara nie les avoir visé.

- Combats à Ras al-Aïn -

Le 12, la Turquie affirme que ses forces ont capturé Ras al-Aïn. Mais les forces kurdes démentent et, selon l'OSDH et un correspondant de l'AFP, les forces turques et leurs alliés y sont entrés mais les combats se poursuivent.

Les FDS appellent Washington, accusé de les avoir "abandonnées", à "assumer ses responsabilités morales" et à "respecter ses promesses".

Selon l'OSDH, au moins neuf civils ont été "exécutés" par les supplétifs syriens qui participent à l'offensive d'Ankara.

Depuis son lancement, 81 combattants kurdes et 38 civils ont été tués selon l'OSDH, et 100.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes tirées par les forces kurdes sur des villes en Turquie.
(AFP, 12 octobre 2019)

Bombardements turcs dans le nord de la Syrie, fuite de 100.000 personnes

Les forces turques ont intensifié leurs bombardements meurtriers contre des cibles kurdes dans le nord de la Syrie, cherchant à s'emparer de secteurs frontaliers, au troisième jour d'une offensive ayant poussé 100.000 personnes à la fuite selon l'ONU.

Après avoir retiré la semaine dernière les soldats américains de secteurs en Syrie près de la frontière turque, laissant le champ libre à cette offensive, les Etats-Unis, qui ont ensuite dit chercher à arranger un cessez-le-feu, ont fait des déclarations contradictoires.

Vendredi, le chef du Pentagone Mark Esper a mis en garde la Turquie contre de "graves conséquences" si elle n'interrompait pas son assaut. Mais il a aussi dit que les Turcs ne montraient aucun signe en vue d'un arrêt de leur offensive alors que le chef d'état-major de l'armée américaine Mark Milley estimait de son côté que l'offensive turque était "relativement limitée".

Voisine de la Syrie en guerre, la Turquie a lancé mercredi son opération, impliquant des forces aériennes et terrestres, contre une milice kurde syrienne qu'elle considère comme "un groupe terroriste" et qu'elle dit vouloir éloigner de sa frontière.

L'offensive a suscité un tollé international, plusieurs pays s'inquiétant du sort des civils mais aussi des membres du groupe jihadiste Etat islamique (EI) détenus par les forces kurdes qui contrôlent de vastes régions du nord syrien, et qui pourraient s'enfuir.

Semblant confirmer ces craintes, les autorités kurdes ont affirmé que cinq jihadistes de l'EI s'étaient évadés d'une prison près de la ville à majorité kurde de Qamichli (nord-est) après des raids turcs.

En outre, une émeute a éclaté dans le camp d'Al-Hol contrôlé par les Kurdes et où vivent des milliers de familles de jihadistes présumés. Et l'EI a revendiqué un attentat à Qamichli qui a fait six morts.

Selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 41 combattants kurdes et 17 civils ont péri dans l'offensive kurde depuis mercredi. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 17 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières en Turquie.

Dans le nord syrien, les forces turques et leurs supplétifs syriens ont intensifié les bombardements, selon l'OSDH.

- Tunnels et tranchées -

"Il y a d'intenses combats (...) sur plusieurs fronts, principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn", villes frontalières, entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) -une coalition de combattants arabes et kurdes- et les troupes turques et leurs alliés locaux, selon l'OSDH.

Les FDS, qui utilisent des tunnels et des tranchées pour se défendre, luttent pour freiner l'avancée des forces turques, qui ont pris le contrôle jeudi de 11 villages, dont deux ont été depuis repris par les Kurdes, a poursuivi l'ONG syrienne.

Tal Abyad et Ras al-Aïn, presque entièrement désertées par leurs habitants, sont les plus touchées, selon un centre de presse affilié aux autorités kurdes locales.

Certaines tribus arabes ont rejoint les rangs des forces turques et mené des attaques à l'intérieur des lignes kurdes en activant des cellules dormantes, selon la même source.

Selon l'ONU, 100.000 personnes ont fui depuis le début de l'offensive.

"Que veut de nous Erdogan? (...) C'est juste parce que nous sommes kurdes?", demande une femme qui a trouvé refuge avec sa famille dans une école de la ville de Hassaké plus au sud.

Des ONG ont mis en garde contre un nouveau désastre humanitaire en Syrie où la guerre, qui s'est complexifiée avec l'intervention de multiples acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 370.000 morts depuis 2011 et poussé des millions de personnes à la fuite.

- Discussions à l'ONU -

D'après les médias turcs, Ankara souhaite prendre le contrôle de la bande entre Ras al-Aïn et Tal Abyad afin d'éloigner de la frontière la principale milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple (YPG), épine dorsale des FDS et principal acteur dans la défaite du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

La Turquie espère via cette offensive créer une "zone de sécurité" où pourront être installés une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol.

En réponse aux critiques européennes contre l'offensive, le président turc Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs menacé d'envoyer en Europe des millions de réfugiés syriens accueillis par son pays.

Le feu vert donné de facto par les Etats-Unis à l'opération turque a été perçu comme une trahison par les forces kurdes, jusqu'alors alliées de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington.

A New York, des discussions se poursuivent à l'ONU sur un texte américain visant à demander à la Turquie de revenir à la diplomatie plutôt que de poursuivre son offensive militaire, plusieurs diplomates soulignant que son adoption dépendait de la Russie.
(AFP, 11 octobre 2019)

La Turquie lance son offensive contre les forces kurdes en Syrie

Premières salves de bombardements et premières victimes: la Turquie a lancé mercredi, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, faisant fi des mises en garde internationales.

Mercredi, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, ont été bombardées par l'aviation et l'artillerie turques. Le ministère turc de la Défense a ensuite annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l'opération.

Le président américain Donald Trump a estimé que l'opération d'Ankara était "une mauvaise idée". En début de semaine, c'est pourtant le retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie et les déclarations contradictoires de la Maison blanche qui ont ouvert la voie à l'offensive.

Cette opération turque -- dont l'objectif est d'éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG)-- a fait 15 morts dont 8 civils, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ajoutant que des "milliers de déplacés" fuient les zones bombardées.

L'offensive a provoqué un tollé international. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence jeudi.

A Ras al-Aïn, un correspondant de l'AFP a entendu une forte explosion et vu s'élever de la fumée tout près de la frontière, ajoutant que des avions survolaient le secteur.

Des tirs d'artillerie visent en continu la ville, provoquant la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et dsacs, a-t-il constaté.

Equipés de lance-roquettes, des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, se sont déployés dans la ville, selon le correspondant de l'AFP.

- "Mobilisation générale" -

Les médias turcs ont rapporté que 8 projectiles tirés par les YPG étaient tombés sur les villes turques frontalières d'Akçakale et de Nusaybin, sans faire de victime.

L'offensive de la Turquie est la troisième en Syrie depuis 2016. Elle ouvre un nouveau front dans un conflit qui a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés depuis 2011.

"Les Forces armées turques et l'Armée nationale syrienne (ANS, une coalition financée et entraînée par la Turquie soutenus par Ankara, ndlr) ont débuté l'opération +Source de paix+ dans le nord de la Syrie", a annoncé M. Erdogan sur Twitter.

Au moins 18.000 combattants syriens supplétifs d'Ankara --faisant partie de factions regroupées au sein de l'ANS-- ont été mobilisés pour participer à l'offensive, a affirmé mercredi un de leurs porte-parole.

L'offensive doit permettre la création d'une "zone de sécurité" destinée à séparer la frontière turque des positions kurdes et accueillir des réfugiés, a dit M. Erdogan. Le ministère turc de la Défense a assuré que tout était fait pour éviter les pertes civiles.

Alliées aux Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), les YPG sont considérées par Ankara comme une organisation "terroriste", pour leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Les Etats-Unis ne soutiennent pas cette attaque et ont clairement indiqué à la Turquie que cette opération était une mauvaise idée", a souligné M. Trump dans un bref communiqué.

Il avait pourtant paru donner son feu vert à une telle opération, avant de nuancer ses propos et d'assurer que Washington n'avait "pas abandonné les Kurdes".

Quelques heures avant le début de l'offensive, les Kurdes de Syrie, confrontés aux atermoiements de leur allié américain, avaient décrété une "mobilisation générale", tout en appelant Moscou à intervenir pour faciliter un dialogue avec Damas.

- Tollé -

Le déclenchement de l'offensive a été fermement condamné par plusieurs pays qui craignent un chaos susceptible d'ouvrir la voie à un retour en force de l'EI, et qui fait planer l'incertitude sur le sort des jihadistes prisonniers des YPG.

Le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, a appelé les pays européens à "reprendre" leurs ressortissants ayant intégré l'EI et aujourd'hui détenus par les forces kurdes.

Paris a "très fermement" condamné l'incursion turque. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a exigé l'arrêt de l'offensive. L'Allemagne a estimé que l'opération risquait "de provoquer une résurgence" de l'EI et Londres a dit sa "sérieuse préoccupation".

Aux Etats-Unis, un poids lourd des Républicains et proche de M. Trump, Lindsey Graham, a accusé le président américain d'avoir "honteusement abandonné les Kurdes" et s'est dit favorable à ce qu'"Erdogan paie très cher".

Avant le déclenchement de l'offensive, le président russe Vladimir Poutine avait appelé M. Erdogan à "bien réfléchir".
 L'Egypte a pour sa part jugé cette "attaque inacceptable" et Ryad a condamné "l'agression" de la Turquie en Syrie.

Amnesty international a souligné qu'"à la fois les forces turques et kurdes" avaient, "dans le passé, mené des attaques aveugles en Syrie" ayant "fait de nombreuses victimes parmi les civils". L'ONG a exhorté à faire en sorte que "cela ne se reproduise pas".

Le pouvoir de Damas s'est engagé à "contrecarrer toute agression" de la Turquie, se disant prêt à "accueillir dans son giron" la minorité kurde.

Longtemps marginalisés et victimes des discriminations du pouvoir central, les Kurdes ont réussi à instaurer une autonomie de facto à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.
(AFP, 9 octobre 2019)

Erdogan réitère sa menace d'intervention "sur terre et dans les airs"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré samedi sa menace de lancer une opération "sur terre et dans les airs" en Syrie contre une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara, mais alliée de Washington.

"Nous avons effectué nos préparatifs, achevé nos plans d'opération, donné les instructions nécessaires", a déclaré le président turc dans un discours télévisé, ajoutant que l'offensive pouvait commencer "aussi tôt qu'aujourd'hui, demain".

"Nous conduirons cette (opération) sur terre et dans les airs", a-t-il ajouté, précisant qu'elle serait menée à l'est de l'Euphrate.

M. Ergodan avait affirmé mardi que la Turquie arrivait à bout de patience envers les Etats-Unis au sujet de la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie, prévue aux termes d'un accord conclu en août entre Washington et Ankara.

Il avait auparavant averti Washington que la Turquie lui donnait jusqu'à fin septembre pour des résultats concrets dans la mise en place de cette zone tampon où ont été effectuées des patrouilles communes américano-turques, faute de quoi elle déclencherait une opération contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Fer de lance des Forces démocratiques syriennes (FDS), cette milice a été un partenaire clé de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

M. Erdogan a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive transfrontalière et a récemment déploré que les progrès avec Washington sur cette zone n'avancent pas comme le souhaite Ankara.

Outre éloigner les YPG de sa frontière, M. Erdogan espère pouvoir utiliser cette "zone de sécurité" pour y renvoyer jusqu'à 2 millions de réfugiés syriens.

Le président turc accuse les pays occidentaux de refuser délibérément de partager le fardeau des réfugiés syriens, alors que la Turquie en accueille 3,6 millions.

M. Erdogan avait anoncé le 21 septembre que les préparatifs étaient terminés en vue d'une opération turque en Syrie.

Si elle a lieu, cette opération serait la troisième menée par la Turquie en Syrie depuis 2016. La première visait l'EI en 2016 et la deuxième les YPG en 2018.
(AFP, 5 octobre 2019)

Erdogan met en garde contre une opération imminente en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi que la Turquie arrive à bout de sa patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d'une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, indiquant l'imminence d'une opération.

"A ce stade, nous n'avons d'autre choix que de poursuivre sur notre propre voie", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'un discours télévisé.

"Nous avons tout essayé. Nous avons été extrêmement patients", a-t-il ajouté. "Nous ne pouvons plus perdre un instant".

Un accord a été conclu en août entre les Etats-Unis et la Turquie pour créer une zone tampon entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par la milice kurde, appuyée par Washington, des Unités de protection du peuple (YPG).

Ankara considère cette milice comme une organisation "terroriste".

M. Erdogan avait auparavant averti Washington que la Turquie lui donnait jusqu'à la fin septembre pour des résultats concrets dans la mise en place de cette zone tampon et que sinon elle déclencherait une opération contre la milice kurde.

Outre éloigner les YPG de sa frontière, M. Erdogan espère pouvoir utiliser la "zone de sécurité" pour y renvoyer jusqu'à 2 millions de réfugiés syriens.

Il a accusé les pays occidentaux de refuser délibérément de partager le fardeau des réfugiés syriens, alors que la Turquie en accueille 3,6 millions, les accusant d'agir ainsi pour "mettre la Turquie à genoux".

M. Erdogan a affirmé il y a une dizaine de jours que les préparatifs en vue d'une possible opération en Syrie étaient terminés.

Si elle a lieu, cette opération serait la troisième menée par la Turquie en Syrie depuis 2016.
(AFP, 1 octobre 2019)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Hate Speech Banners in Konya on Parliamentary Agenda

Peoples' Democratic Party (HDP) Diyarbakır MP Garo Paylan has submitted a Parliamentary question on banners spreading hate speech about Christians and Jews at the bus stops of Konya Metropolitan Municipality.

In the banners recently shared and denounced on social media, Surah Al-Maidah [5:51] is quoted from the Quran, which reads "O you who have believed, do not take the Jews and the Christians as allies. They are [in fact] allies of one another. And whoever is an ally to them among you - then indeed, he is [one] of them. Indeed, Allah guides not the wrongdoing people."

It has been reported that after the banners caused wide public outrage, especially on social media, they have been removed from bus stops.

Human Rights Association (İHD) İstanbul Branch has filed a criminal complaint against the banners later in the day.
'Have you launched an investigation?'

In response to these hate speech banners, HDP Diyarbakır MP Garo Paylan has addressed a Parliamentary question to Minister of Interior Süleyman Soylu. Paylan has asked a series of questions to Soylu:

    How do you explain that banners spreading racism and hate speech and inciting people to commit hate crimes at the bus stops of Konya Metropolitan Municipality?
    Were the banners in question examined by the Konya Metropolitan Municipality before being hung at bus stops?
    Has your Ministry launched an investigation against the municipality officials who gave permission to these banners?
    Has your Ministry launched an investigation against the Anatolian Youth Association and National Youth Foundation who used hate speech?
    What does your Ministry do to prevent hate speech in local administrations?
    Do you think that the frequent use of hate speech by the power holders, including you, contributes to the spread of hate speech?

What happened?

The Anatolian Youth Association and National Youth Foundation hang banners at the bus stops of Konya Metropolitan Municipality. The banners in question quoted the Surah Al-Maidah [5:51] from the Quran:

"O you who have believed, do not take the Jews and the Christians as allies. They are [in fact] allies of one another.

"And whoever is an ally to them among you - then indeed, he is [one] of them. Indeed, Allah guides not the wrongdoing people."

On the banners were also the Star, or Shield, of David in representation of the Jews and a cross in representation of Christians. There was blood both on the star and the cross in the banners.

The banners have been removed as they caused public outrage.
(BIA, 22 October 2019)

Les supplétifs islamistes, fantassins de l'offensive turque en Syrie

A la pointe de la lutte contre le régime au début de la révolte en Syrie avant de dépérir, rongée par les divisions et l'indiscipline, l'ancienne "Armée syrienne libre", reprise en main par la Turquie, lui sert d'infanterie dans son offensive contre les forces kurdes.

Les factions qui composaient cette coalition hétéroclite avaient commencé à perdre du terrain dès 2012 avec l'émergence de groupes jihadistes et faute de soutien, notamment financier.

Après avoir quasiment disparu du paysage pendant plusieurs années, l'Armée syrienne libre (ASL), dont certaines factions sont d'inspiration islamiste mais estampillées "modérées", refait parler d'elle en participant en août 2016, aux côtés de l'armée turque, à la première offensive d'Ankara dans le nord de la Syrie qui avait notamment permis d'expulser les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de Jarablous.

Elle a ensuite participé en janvier 2018 à une deuxième offensive turque dans le nord de la Syrie pour déloger la milice kurde des YPG de la poche d'Afrine.

Mais les scènes montrant des membres de l'ASL posant avec le corps mutilé d'une combattante kurde près d'Afrine ou se livrant à des pillages dans la ville après sa prise n'ont rien fait pour arranger son image de soldatesque indisciplinée.

C'est sous la bannière de l'Armée nationale syrienne (ANS), nouvelle structure qui a remplacé l'ASL et relevant officiellement du "gouvernement" en exil de l'opposition syrienne basée en Turquie, que les combattants syriens participent à l'offensive lancée mercredi pour déloger les YPG d'une vaste bande de territoires dans le nord-est de la Syrie.

Considérées comme "terroriste" par Ankara en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les YPG sont en revanche soutenues par les Occidentaux car elles leur ont servi de fer de lance dans la lutte contre l'EI.

"L'Armée nationale syrienne est la composante indigène de l'opération turque. C'est une importante force d'infanterie pour l'offensive", souligne Emre Kursat Kaya, expert au centre de réflexion Edam à Istanbul.

- "Rôle crucial" -

"Ce groupe est essentiellement composé de combattants arabes sunnites et de Turkmènes qui sont originaires de ces régions" dans le nord de la Syrie, ajoute-t-il. "Leur présence dans l'opération constitue une précieuse source de renseignement".

Début octobre, l'ANS a gonflé ses rangs pour disposer, au moins théoriquement, de quelque 80.000 hommes, en fusionnant avec le Front national de libération, une coalition de groupes armés actifs notamment dans la région d'Idleb.

Les membres de l'ANS sont équipés, entraînés et rémunérés par la Turquie.

"14.000 membres de l'ANS ont été mobilisés pour participer à l'opération. Ce chiffre peut évoluer à la hausse ou à la baisse en fonction du déroulement de la bataille", affirme à l'AFP le porte-parole de l'ANS, le major Youssef Hammoud.

Selon lui, "un grand nombre" de ces combattants est originaire de localités dans le nord-est de la Syrie d'où Ankara cherche à déloger les YPG, comme Tal Abyad et Ras-Aïn. "Ces soldats avaient été chassés de leurs villes et villages quand les YPG ont pris le contrôle de ces territoires".

Charles Lister, analyste au Middle East Institute, estime que la Turquie a déployé "environ 1.000 combattants" depuis le début de l'offensive, sur les axes de Tal Abyad et Ras al-Aïn.

"L'ANS semble pour le moment opérer sous l'étroit contrôle de l'armée turque et Ankara s'en sert comme une force de premier plan. Donc leur rôle semble crucial pour le moment", décrypte-t-il.

M. Kaya, l'analyste d'Edam, estime que les abus commis par des combattants syriens lors de l'opération d'Afrine ne devraient pas se reproduire lors de l'actuelle offensive.

"Il ne faut pas oublier que les commandos turcs sur le terrain vont superviser l'offensive et réagir à tout abus", souligne-t-il.

Dans un communiqué publié samedi, "l'état-major" de l'ANS a ordonné à tous ses commandants de "superviser en permanence les combattants sur le front pour empêcher toute violation ou abus".

Il a affirmé que les auteurs d'éventuels abus "s'exposeront aux sanctions les plus sévères et seront traduits devant la justice pour désobéissance militaire".
(AFP, 12 octobre 2019)

Neuf civils "exécutés" samedi par les supplétifs islamistes

Au moins neuf civils, dont une responsable d'un parti politique, ont été "exécutés" samedi en Syrie par les supplétifs syriens qui participent à l'offensive déclenchée par Ankara contre une milice kurde dans le nord-est de ce pays en guerre, a annoncé une ONG.

"Les neufs civils ont été exécutés à des moments différents, au sud de la ville frontalière de Tal Abyad", a expliqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Parmi les victimes figurent une responsable d'un parti politique et son chauffeur, selon un communiqué du Conseil démocratique syrien, le bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), la principale alliance de combattants kurdes et arabes dans le nord-est.

Hevrin Khalaf "a été sortie de sa voiture (...) et exécutée par les mercenaires soutenus par la Turquie, sur la route entre Qamichli et Minbej", est-il écrit dans le communiqué du Conseil démocratique syrien. Son chauffeur a subi le même sort, selon le texte.

Mme Khalaf, qui était membre de la direction du Conseil démocratique syrien et secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, avait 35 ans.

"C'est une grande perte. Elle avait un talent diplomatique, elle participait toujours aux rencontres avec les Américains, les Français, les délégations étrangères", a dit Mutlu Civiroglu, un spécialiste de la politique kurde.

Mercredi les forces turques et des supplétifs syriens ont lancé une offensive dans le nord-est de la Syrie pour éloigner de la frontière turque la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG).

Ces supplétifs syriens sont d'anciens rebelles qui combattaient autrefois le régime de Bachar al-Assad. Mais avec l'évolution du conflit et l'affaiblissement de la rébellion, ces factions sont désormais financées et entraînées par Ankara.

Sur les réseaux sociaux et parmi les militants kurdes, deux vidéos ont circulé. La première montre deux hommes habillés en civil accroupis au sol, tandis qu'un combattant à leurs côtés annonce qu'ils ont été capturés par les rebelles d'Ahrar al-Sharkiya.

Cette vidéo, dans laquelle il n'y a pas d'exécution, a été diffusée via le compte Twitter de la faction rebelle avec une photo montrant les deux captifs agenouillés.

Dans la deuxième vidéo, un combattant non identifié ouvre le feu sur une personne habillée en civil.

L'OSDH a confirmé l'authenticité de ces vidéos mais l'AFP n'a pas pu les vérifier de manière indépendante.

- "Empêcher tout abus" -

Ces morts portent à 38 le nombre des civils tués depuis le début de l'assaut mercredi, d'après l'OSDH. Par ailleurs 81 combattants kurdes ont été tués dans les affrontements, selon un dernier bilan de l'ONG.

Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques.

Le ministère turc de la Défense a assuré à plusieurs reprises que toutes les mesures étaient prises pour éviter les pertes civiles en marge de son offensive en Syrie.

La Turquie a déjà mené deux offensives dans le nord de ce pays, l'une en 2016 contre le groupe Etat islamique (EI) et les YPG et l'autre en 2018 contre cette dernière milice.

Les supplétifs syriens ont participé à celle de 2018 pour déloger les YPG de l'enclave d'Afrine. Les scènes montrant ces combattants posant avec le corps mutilé d'une combattante kurde près d'Afrine ou se livrant à des pillages dans cette ville après sa conquête avaient provoqué un tollé.

Dans un communiqué samedi, "l'état-major" de "l'Armée nationale syrienne", structure qui encadre les supplétifs syriens, avait ordonné à tous ses commandants de "superviser en permanence les combattants sur le front pour empêcher toute violation ou abus".

Selon le texte, les auteurs d'éventuels abus "s'exposeront aux sanctions les plus sévères et seront traduits devant la justice pour désobéissance militaire".
(AFP, 12 octobre 2019)

Quelles sont ces milices qui combattent  dans le sillage de l’armée turque ?

En annonçant mardi l’offensive en Syrie, le président Recep Tayyip Erdogan a précisé que l’"Armée nationale syrienne" combattait aux côtés des forces turques. De quoi s’agit-il ?

De milices syriennes recrutées, parfois créées, par Ankara pour occuper les territoires que l’armée turque a conquis en Syrie au cours de trois opérations successives : Bouclier de l’Euphrate (2016), Rameau d’Olivier (2018) et, aujourd’hui, Source de Paix (2019).

Cette "Armée nationale" est formée, structurée et payée par la Turquie. Contrairement à l’ancienne Armée syrienne Libre (ASL), son principal ennemi sont les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes. La Turquie s’appuie ainsi sur ces milices syriennes pour chasser la milice kurde, jugée trop liée au PKK, et in fine, créer une zone tampon de 32 km au moins de profondeur à l’intérieur de la Syrie.

La zone tampon est à moitié achevée, "une annexion"

À la suite de ses deux premières opérations, la Turquie a réussi à créer une partie de cette zone tampon qu’elle réclame depuis longtemps. Celle-ci s’étend désormais d’Afrine (où la population était majoritairement kurde et d’où les YPG ont été délogés en 2018) jusqu’à l’Euphrate.

"C’est pour moi une annexion qui ne dit pas son nom, une annexion de fait/, constate Thomas Pierret, expert sur la Syrie au CNRS. À Azaz, l’électricité vient désormais du réseau turc et il y a des bureaux de poste turcs."

À Afrine, où la population kurde était majoritaire, les milices ont commis des exactions contre la population. "Pour elles, c’est une population conquise. Il y a des vols, des pillages, des enlèvements d’enfants. Il n’y a pas de massacres mais des exactions", ajoute l’expert belge.

Mardi, sur Twitter, Erdogan a promis que la Turquie allait "préserver l’intégrité territoriale de la Syrie et libérer les communautés locales des terroristes". Mais les Kurdes ne croient pas un mot de ce discours, ni d’ailleurs une bonne partie des chrétiens de l’est de l’Euphrate. Dans un communiqué publié le 6 octobre, plusieurs associations syriaques pressentent qu’avec le retrait américain, leur terre "sera divisée entre les Turcs et les islamistes au nord, l’armée d’Assad et les Gardiens de la Révolution au sud". "Il n’y aura pas de paix dans cette région", concluent-elles.

Des groupes djihadistes ou ethniques

Certains groupes alliés à l’armée turque sont ostensiblement islamistes. C’est le cas d’Ahrar al-Sharqiya, venu de la région de Deir Ezzor. Certains de ses combattants viennent de la puissante faction armée d’Ahrar al-Islam. Fondé à Alep, le Front du Levant est aussi salafiste.

D’autres sont plus ethniques ou tribaux. C’est le cas notamment de la Division Sultan Murad composée de Turkmènes. Enfin, les renseignements turcs ont tenté de retourner plusieurs chefs de tribus arabes dans la région de Hassaké pour créer des dissidences et diviser l’alliance sacrée entre Arabes, Kurdes et chrétiens qui a défait Daech. (Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 11 octobre 2019)


Offensive turque en Syrie : le risque d'une grande évasion de jihadistes

Leur sort, qui risque d'être bouleversé par l'offensive turque en cours en Syrie, préoccupe le monde entier : les jihadistes étrangers prisonniers des forces kurdes pourraient profiter du chaos pour disparaître dans la nature.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), "ont prévenu que si la Turquie pénétrait en Syrie, elles devraient consacrer leurs forces à repousser l'attaque turque", explique à l'AFP Sam Heller, analyste à l'International crisis group (ICG).

"Elles détiennent des milliers de prisonniers du groupe État islamique (EI), souvent dans des prisons improvisées", ajoute-t-il. "Si des cadres de l'EI s'évadent à la faveur du chaos, ils seront en mesure de remonter des opérations dans la zone. Et s'ils fuient le champ de bataille syrien, ils pourraient renforcer des groupes radicaux islamistes dans le reste du monde".

L'administration semi-autonome kurde de Syrie a assuré jeudi que des bombardements turcs avaient touché "une partie de la prison de Jarkine à Qamichli (nord-est de la Syrie) où se trouvent un grand nombre de terroristes de l'EI, originaires de plus de soixante pays", sans préciser si cela avait permis des évasions.

En prévision de l'offensive turque, annoncée plusieurs jours à l'avance, l'armée américaine a transféré "en lieu sûr" au moins deux importants membres de l'EI, a révélé jeudi le président Donald Trump.

Selon le Center on National security de l'université new-yorkaise de Fordham, citant de hauts responsables américains, ce sont "plusieurs douzaines" de membres de l'EI détenus par les FDS qui ont été mis à l'abri préventivement par l'US Army, certainement en Irak.

Pour l'instant, les responsables kurdes de Syrie assurent qu'en dépit des circonstances ils n'ont pas l'intention d'ouvrir grandes les portes de leurs prisons.

"Sur les jihadistes (étrangers), notre coopération (avec la France) continue, dans des conditions difficiles. On maintient avec force et rigueur notre coopération", assure ainsi à l'AFP leur représentant en France, Khaled Issa.

"On va essayer de jongler sur plusieurs fronts avec les moyens dont on dispose", dit-il. "On est obligé de retirer une partie (de nos hommes), même sur la vallée de l'Euphrate où éventuellement le régime et ses alliés peuvent avancer. Cette opération (turque) aura un impact bien négatif sur notre combat contre les cellules dormantes de l'EI, qu'on faisait tous les jours".

- "Rentrer chez eux" -

Pour le président Trump, les choses sont simples et la cause entendue. Que va-t-il se passer ? "Et bien, ils vont s'échapper vers l'Europe", a-t-il lancé mercredi soir, répondant à la question d'un journaliste.

"C'est là qu'ils veulent aller. Ils veulent rentrer chez eux, mais ça fait des mois que l'Europe ne voulait pas les reprendre", a-t-il regretté. "On aurait pu les leur livrer, ils auraient pu être jugés, ils (les Européens) auraient pu faire ce qu'ils voulaient..."

Alain Rodier, ancien de la DGSE (services extérieurs français) et
directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), ne considère pas cette hypothèse comme la plus vraisemblable.

"Jusqu'à maintenant, il semble que les jihadistes, en particulier français et européens, ne reviennent pas vers l'Europe", dit-il à l'AFP. "Ils savent qu'ils sont pour la plupart identifiés, que les services ont leurs noms, photos et souvent leurs empreintes digitales, donc il y a un risque à la frontière de se faire intercepter. Si vous sortez d'un camp de prisonniers, ce n'est pas pour entrer en prison ailleurs".

"Il semble que certains aient choisi l'Extrême Orient, où ils sont inconnus, d'autres pourraient choisir le Sahel", ajoute-t-il.

L'hypothèse d'une fuite de certains islamistes radicaux vers les autres terres de jihad avait été évoquée fin septembre, donc avant la nouvelle offensive turque, par le coordinateur national du renseignement français, Pierre Bousquet de Florian.

Il avait précisé qu'une quarantaine de jihadistes français étaient notamment parvenus à quitter la province d'Idleb, en Syrie, pour rejoindre d'autres cellules d'EI en Asie du Sud-Est, en Afghanistan et au Sahel.
(AFP, 10 octobre 2019)

Socio-économique / Socio-economic

Un banquier turc condamné aux Etats-Unis nouveau patron de la Bourse

La Turquie a nommé à la tête de la Bourse d'Istanbul un ancien banquier condamné l'année dernière par la justice américaine pour le contournement des sanctions contre l'Iran, une décision qui s'apparente à un pied de nez aux Etats-Unis.

Mehmet Hakan Atilla "a été élu président directeur général et membre du conseil d'administration de la Bourse d'Istanbul", a indiqué cette dernière lundi soir dans un communiqué.

M. Atilla avait été condamné en janvier 2018 par les Etats-Unis à une peine de prison pour contournement des sanctions contre l'Iran, et libéré en juillet 2019. A son retour en Turquie, il avait été accueilli en grande pompe par le gouvernement.

Cette nomination intervient à un moment tendu dans les relations turco-américaines, depuis qu'Ankara a lancé une opération militaire contre une milice kurde en Syrie qu'elle qualifie de "terroriste", mais qui est soutenue par les pays occidentaux.

Le choix de M. Atilla pour diriger la Bourse illustre le soutien dont il jouit à Ankara, où le président Recep Tayyip Erdogan a toujours dénoncé sa condamnation par la justice américaine.

Sa nomination intervient moins d'une semaine après que les Etats-Unis ont annoncé des poursuites similaires contre la banque turque pour laquelle M. Atilla travaillait au moment de sa condamnation, Halkbank.

Halkbank est accusée de "l'une des plus graves violations du régime de sanctions que nous ayons vues", selon les termes du ministère américain de la Justice.

Avant que ne soit signé jeudi un accord entre Washington et Ankara en faveur d'une trêve dans le nord-est de la Syrie, le président Trump avait proféré des menaces de sanctions économiques à l'encontre de la Turquie.

Dans ce contexte, Halkbank a décrit son inculpation aux Etats-Unis comme une manoeuvre liée à l'offensive turque.

Sur Twitter, le ministre turc des Finances et gendre du président Erdogan, Berat Albayrak, a souhaité au nouveau directeur de la Bourse d'Istanbul une "heureuse prise de fonction" après ce qu'il a qualifié d'"injuste condamnation" aux Etats-Unis.
(AFP, 22 octobre 2019)

NBA: le turc Enes Kanter dénonce l'offensive d'Erdogan en Syrie

Le joueur turc de la NBA Enes Kanter a fermement condamné mardi l'opération du président Recep Tayyip Erdogan contre les Kurdes en Syrie, assurant que ce dernier n'avait "aucun respect pour les droits humains".

"C'est un homme très mauvais", a martelé le pivot des Boston Celtics lors d'une interview à la chaîne américaine CNN. "Ce n'est pas pour rien que je l'ai appelé le Hitler de notre siècle".

Il a appelé la Turquie à stopper son opération contre les Kurdes, que Ankara menace de reprendre après quelques jours de trêve. "C'est une tragédie humaine. Il y a beaucoup d'hommes, de femmes, d'enfants et de bébés innocents qui meurent", a-t-il déploré. "J'ai beaucoup d'amis kurdes et ce sont des gens formidables".

Partisan assumé du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme l'instigateur d'une tentative de coup d'Etat contre M. Erdogan en 2016, Enes Kanter est persona non grata dans son pays, pourtant grand amateur de basket. Il y est considéré comme un dangereux criminel, Ankara ayant même demandé qu'il fasse l'objet d'une notice rouge d'Interpol.

Assurant qu'il n'y avait "pas de démocratie, de liberté d'expression ou de religion en Turquie", M. Kanter a promis de continuer d'être "la voix de tous ceux qui n'en ont pas", malgré les risques de représailles à l'encontre de sa famille.

"C'est très triste, parce que c'est quand même mon pays. J'adore mon pays", a-t-il regretté.
(AFP, 22 octobre 2019)

Saluts militaires: cinq équipes de foot allemandes menacées de sanctions

Cinq équipes allemandes de football de niveau régional sont menacées de sanctions après que des joueurs ont effectué, comme les footballeurs internationaux turcs, des saluts militaires après un but, selon plusieurs fédérations régionales.

Trois équipes du district de Recklinghausen (Rhénanie du Nord-Westphalie), près de Gelsenkirchen, sont convoquées devant un comité de discipline après la diffusion sur les réseaux sociaux de photos montrant des joueurs effectuant ce salut après un but, rapporte l'agence SID, filiale de l'AFP.

"Dans un cas, c'était toute l'équipe, dans d'autres, c'était cinq ou six joueurs", a précisé à SID Hans-Otto Matthey, président de l'Association de Football et d'Athlétisme de Westphalie (FLVW).

M. Matthey n'a pas précisé le calendrier des audiences disciplinaires, mais espère que le fait de rendre les clubs responsables découragera d'autres équipes du Land, où la communauté turque est importante, de répéter ce geste lors des matches de ce week-end.

Les deux autres équipes concernées évoluent en Bavière et devraient elles aussi faire l'objet de sanctions.

Plusieurs fédérations régionales allemandes avaient déjà menacé de sanctions mardi les joueurs amateurs tentés d'imiter les internationaux turcs, qui ont effectué ce salut lors de leurs deux dernières rencontres, contre l'Albanie et la France.

Les joueurs turcs entendaient exprimer leur soutien à l'offensive menée dans le Nord-Est de la Syrie contre les Kurdes.

L'Allemagne compte environ 2,5 millions d'habitants d'origine ou de nationalité turque. Environ 1 million de personnes d'origine kurde vivent également dans le pays.

L'UEFA a ouvert mardi une enquête disciplinaire visant la Turquie à la suite des saluts militaires effectués par les joueurs turcs et portant sur une éventuelle "provocation politique".
(AFP, 16 octobre 2019)

Volkswagen suspend sa décision sur une nouvelle usine en Turquie

Le groupe automobile Volkswagen a annoncé mardi avoir suspendu sa décision sur la construction d'une nouvelle usine en Turquie, se disant "préoccupé" après le début de l'offensive turque en Syrie.

"La décision sur la nouvelle usine a été repoussée par le directoire", a indiqué un porte-parole du constructeur. "Nous observons la situation de près et voyons l'évolution actuelle avec préoccupation."

La Turquie a lancé mercredi dernier une offensive dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les Occidentaux dans la lutte antijihadiste mais qu'Ankara accuse de terrorisme.

Le groupe automobile avait décidé "ses derniers mois" d'installer en Turquie son nouveau site de production d'Europe de l'Est, et non en Roumanie ou en Bulgarie, selon le quotidien Handelsblatt.

L'usine représente un investissement estimé entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros et devrait employer quelque 4.000 personnes.

Le choix du pays avait déjà suscité l'ire de plusieurs députés européens, qui ont accusé la Turquie d'avoir promis à Volkswagen de gros contrats publics et des subventions contraires à la législation européenne.

Les Etats membres de l'Union européenne ont condamné lundi l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie.

Berlin a également condamné cette offensive et annoncé samedi stopper ses livraisons d'armes à la Turquie.

Environ un million de kurdes vivent en Allemagne, souvent originaires du territoire turc, sur les 2,5 millions de personnes de nationalité ou d'origine turque que compte le pays.

Euro-2020: L'UEFA va "examiner" le salut militaire des joueurs turcs

Un responsable de l'UEFA a fait savoir que la confédération européenne de football allait "examiner" la célébration des joueurs de l'équipe de Turquie, qui ont fêté avec un salut militaire un but contre l'Albanie, alors que l'armée de leur pays a lancé une offensive contre des positions kurdes dans le nord de la Syrie.

"Personnellement, je n'ai pas vu ce geste, qui pourrait être assimilé à une provocation", a déclaré Philip Townsend, chef de presse de l'UEFA, interrogé par l'agence italienne Ansa.

"Est-ce que le règlement interdit les références à la politique et à la religion ? Oui, et je peux vous garantir que nous allons examiner cette situation. Laissez-moi vérifier", a-t-il ajouté.

Ce salut a été effectué après le but victorieux de Cenk Tosun vendredi contre l'Albanie en éliminatoires pour l'Euro-2020 (1-0).

Après le match, une photo a également été postée sur le compte Twitter officiel de l'équipe nationale. Les joueurs y font un salut militaire et le tweet indique que les joueurs "ont dédié leur victoire à nos valeureux soldats ainsi qu'à nos militaires et concitoyens tombés en martyrs".

En Turquie, il est courant que les célébrités, footballeurs compris, affichent leur soutien envers les forces de sécurité après des attentats ou pendant des opérations militaires.

En Italie, l'international turc de l'AS Rome Cengiz Under (blessé actuellement), a lui aussi fait polémique avec une photo le montrant faisant le même salut militaire, surmontée de trois drapeaux turcs.

L'initiative a été très critiquée sur les réseaux sociaux, notamment parce que le joueur porte sur la photo le maillot de la Roma et pas celui de sa sélection.

La Turquie a déclenché mercredi une offensive dans le nord de la Syrie contre une milice kurde, deux jours après que les Etats-Unis ont retiré des militaires déployés dans certains secteurs du nord syrien juste à la frontière avec la Turquie.
(AFP, 12 octobre 2019)

Début du procès d'un féminicide qui a choqué la Turquie

Le procès d'un homme accusé d'avoir tué son ex-femme sous les yeux de leur fille, un meurtre dont les images ont suscité une onde de choc dans le pays, s'est ouvert mercredi dans une ambiance tendue.

Emine Bulut, 38 ans, a été poignardée à mort en public dans un café à Kirikkale (centre) en août par Fedai Varan, 43 ans, dont elle avait divorcé quatre ans auparavant.

La vidéo des derniers instants de la victime, criant "Je ne veux pas mourir" en tenant son cou ensanglanté, est devenue virale et a ravivé le débat sur les violences contre les femmes en Turquie.

A l'ouverture du procès à Kirikkale dans une salle d'audience archicomble, M. Varan a choisi de garder le silence, selon une correspondante de l'AFP. Il risque une peine d'emprisonnement à vie pour "meurtre prémédité avec circonstances aggravantes".

Après avoir été arrêté, il avait tenté de justifier son geste en affirmant à la police que Bulut l'avait "insulté".

La fille de Bulut, âgée de 10 ans, a témoigné par vidéo au procès, indiquant qu'elle et sa mère s'étaient rendues dans un poste de police pour porter plainte contre M. Varan, avant d'être retrouvées par celui-ci.

Présente au moment du meurtre, la fillette apparaît elle aussi dans la vidéo devenue virale. On l'y voit supplier sa mère grièvement blessée de tenir bon, répétant "S'il te plaît, ne meurs pas".

- "Pas mon père" -

Lorsque le juge lui a demandé si elle avait tenté d'arrêter son père, elle a répondu avoir "jeté son sac, sa tablette" sur l'homme sans parvenir à le stopper.

L'enfant a ajouté : "Cet individu, cet homme n'est pas mon père" devant une salle où beaucoup ne sont pas parvenus à retenir leurs larmes.

En pleurs, la mère de Bulut, Fadime, a exigé que Varan écope de "la peine la plus lourde".

"Comment peut-il dire qu'il est père après avoir fait ça ?", a-t-elle ajouté avant de s'effondrer.

L'audience a pris un tour chaotique lorsque la cour a passé la vidéo du meurtre, des proches de Bulut se précipitant sur l'accusé. La police a dû stopper l'audience et évacuer la salle.

Dans la foulée, le procès a été ajourné au 21 octobre.

- "Provoqué" -

Les violences contre les femmes sont un mal endémique en Turquie. Dans une société où de nombreux hommes ne les considèrent pas comme leurs égales, une procédure de divorce ou une plainte peut amener le partenaire violent à attaquer, voire tuer sa compagne.

Des associations accusent la justice turque de prononcer des peines insuffisantes, dans certains cas, contre des accusés qui affirmaient avoir été "provoqués".

Un total de 354 femmes ont été tuées en Turquie au cours des neuf premiers mois de 2019, selon le groupe de défense des droits des femmes "Nous ferons cesser le féminicide". En 2018, ce chiffre s'est élevé à 440. En 2017, on en comptait 409, contre 121 en 2011.

La Turquie a ratifié la Convention d'Istanbul de 2011 du Conseil de l'Europe qui vise à faire diminuer les violences domestiques, et le pays s'est doté de lois contraignantes sur le sujet.

Mais les associations réclament plus de fermeté de la part du gouvernement dans sa lutte contre le problème, ainsi qu'une plus stricte application des lois.

Elles soulignent notamment le manque de refuges pour les femmes dans le besoin, ainsi que la nécessité de s'attaquer au problème plus large des inégalités entre les sexes dans la société turque.
(AFP, 9 octobre 2019)

Ankara assimile un ouvrage sur les "filles rebelles" à de la pornographie

L'auteure du livre pour enfants vendu à des millions d'exemplaires dans le monde "Histoires du soir pour filles rebelles" a déploré auprès de l'AFP vendredi une décision des autorités turques d'assimiler le contenu de cet ouvrage à de la pornographie et donc de réguler ses ventes.

L'ouvrage d'Elena Favilli et de Francesca Cavallo, sorti en 2016, raconte "100 destins de femmes extraordinaires" allant de la peintre mexicaine Frida Kahlo à la physicienne et chimiste Marie Curie ou encore à l'icône française de la mode Coco Chanel. Il a été traduit en 46 langues, dont le turc.

"Quand un gouvernement a peur d'un livre pour enfants qui promeut l'égalité, cela signifie que promouvoir ces idées dans la littérature jeunesse peut avoir et a un impact", a déclaré Mme Cavallo à l'AFP par messagerie téléphonique. "Cela me motive encore plus pour continuer à me battre tous les jours."

Dans une décision rendue publique la semaine dernière, le Conseil turc chargé de la protection des mineurs des publications obscènes a déclaré que "certains des passages du livre auraient une mauvaise influence sur les esprits des personnes de moins de 18 ans".

L'ouvrage ne peut donc désormais être vendu qu'aux personnes majeures et doit être dissimulé dans les magasins.

"Les filles méritent de grandir entourées par plus de modèles féminins. Elles méritent de grandir avec l'idée qu'elles peuvent être ce qu'elles veulent", a déploré Mme Cavallo.

Illustré de portraits colorés, son livre raconte à la façon d'un conte de fées la vie de 100 femmes connues (y compris la chanteuse Beyoncé et l'animatrice et productrice de télévision américaine Oprah Winfrey).

Les fonds ayant permis sa publication, qui a généré plusieurs suites, imitations et produits dérivés, ont été collectés grâce à l'une des campagnes de financement participatif les plus couronnées de succès.

La seule difficulté à laquelle les auteures avaient jusqu'alors été confrontées avait été une décision russe de censurer l'histoire d'une femme transgenre, selon Mme Cavallo.

L'association des maisons d'édition turques a diffusé un communiqué cette semaine qualifiant la décision du gouvernement de "danger du point de vue de la liberté d'expression et de publication et de menace pesant sur les principes d'une société démocratique".

Pour Murat Celikkan, de l'Association des droits de l'homme à Istanbul, "trouver dangereux que des femmes aient surmonté les obstacles d'un monde" dominé par les hommes "traduit l'état d'esprit des dirigeants en Turquie".

"Maintenant, je m'inquiète beaucoup plus de l'avenir de ma fille de cinq ans dans ce pays", poursuit-il.

L'éditeur turc de l'ouvrage, Hep Kitap, a dit à l'AFP attendre qu'une décision soit officiellement communiquée à ce sujet avant de faire des commentaires.
(AFP, 4 octobre 2019)

77 Percent Don’t Know What to do at the Moment of Earthquake

Areda Survey research company conducted an earthquake survey in İstanbul with the participation of 1,603 people.

The survey has shown that while 47 percent of the participants are thinking of changing their GSM operators after they failed to provide services during and after the 5.8-magnitude that hit İstanbul on September 26.

The survey has also demonstrated the 77 percent of the participants do not know what to do at the moment of an earthquake.

According to the survey, while the Disaster and Emergency Authority (AFAD) is the most trusted institution for the İstanbulites who participated in the survey, 50.3 percent state that they trust the earthquake experts expressing opinion on television and social media.

Some highlights from the survey results are as follows:

8 percent find the precautions adequate

While 8 percent of the participants think that the precautions taken in the city for an earthquake are adequate, 21.5 percent are of the opinion that the precautions that they have personally taken are sufficient.

The trust of people in the houses where they live has decreased in August. While 34.9 percent expressed complete trust and 42 percent partial trust for their houses, the former rate has fallen to 27.1 percent and the latter has increased to 49.7 percent in August.

CLICK - 464 Buildings Reported Damaged, One-Day Suspension at 14 Schools in İstanbul
62 percent did not check durability

While 43 percent indicate that they have not checked the durability of buildings for an earthquake, 26.8 percent answer this question with "Yes".

As for the rate of those who checked the durability of buildings while purchasing or renting a flat, 37.3 percent checked it, 62.7 percent did not.

CLICK - Number of Emergency Assembly Areas in İstanbul 'Reduced from 407 to 77'

77 percent don't know what to do

77.4 percent of the participants indicate that they do not know what to do in the moment of earthquake. While 49.4 percent know the emergency assembly areas in their vicinity, 50.6 percent say that they do not.
AFAD trusted the most

To the question "Who do you think will help you first in the event of a possible earthquake?", the highest rate of participants answer as the AFAD.

While 50.6 percent express trust for the AFAD, 19.7 percent express support for municipalities and 17 percent for non-governmental organizations.

47 percent think of changing GSM operators

As a reason for the communication gap ensuing the İstanbul earthquake, 88.5 percent refer to a lack of infrastructure of GSM operators. 47 percent indicate that they are thinking of changing their GSM operators.

While 50.3 percent say that they trust earthquake specialists expressing opinion on TV and social media, the most frequently used sources of news after the earthquake are TV with 39.4 percent, social media with 30 percent, online news with 26.4 percent and immediate circle with 4 percent.

To the question "Whom did you think about first after the earthquake?", 55.3 percent of the participants answer, "My children".
(BIA, 30 September 2019)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Erdogan raille l'UE qui redoute un nouvel afflux de migrants

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a raillé jeudi l'Union européenne, préoccupée à l'idée d'un nouvel afflux de migrants syriens depuis la Turquie, ajoutant qu'il "ouvrirait les portes quand l'heure sera venue".

"Lorsque je dis qu'on va ouvrir les portes (aux migrants), c'est le branle-bas de combat", s'est gaussé le président turc lors d'un discours à Ankara. "Ne vous en faites pas, quand l'heure sera venue, ces portes s'ouvriront", a-t-il lancé.

"Vous avez de l'argent, vous êtes forts. Mais quand 100 ou 200 personnes gagnent la Grèce par la mer, vous téléphonez tout de suite pour dire, +100 personnes sont arrivées sur les îles (grecques)+", a dit M. Erdogan.

Les pays de l'UE ont vivement critiqué l'offensive lancée le 9 octobre par Ankara dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), suscitant l'ire d'Ankara.

Il y a deux semaines, M. Erdogan avait déjà menacé d'"ouvrir les portes" pour permettre aux 3,6 millions de Syriens réfugiés en Turquie de rejoindre l'Europe, reprochant à l'UE de qualifier d'"invasion" l'opération lancée par la Turquie contre les YPG.

Avec l'appui des pays occidentaux, cette milice kurde a été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
 Mais la Turquie qualifie ce groupe de "terroriste" en raison de ses liens étroits avec le Parti des travailleurs (PKK), qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

Après des accords conclus avec Washington et Moscou, Ankara a interrompu son opération pour permettre aux YPG de se retirer de leurs positions frontalières de la Turquie.

M. Erdogan a indiqué que l'armée turque et ses supplétifs syriens étaient en train de "passer la zone au peigne fin". "Si des terroristes se présentent face à nous pendant ce processus, les écraser est notre droit le plus naturel", a-t-il prévenu.
(AFP, 24 octobre 2019)

Le Parlement européen condamne l'intervention turque en Syrie

Le Parlement européen a condamné jeudi l'intervention turque dans le Nord-Est de la Syrie et exhorté Ankara à retirer l'ensemble de ses forces armées.

Dans la résolution, votée à main levée, le Parlement estime que l'intervention militaire "représente une violation grave de la législation internationale, et qu'elle compromet la stabilité et la sécurité de la région dans son ensemble".

Les eurodéputés rejettent la création d'une "prétendue zone de sécurité" et expriment leur solidarité avec le peuple kurde. Ils émettent également des craintes sur une résurgence de Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique).

Ils demandent aux Etats membres de prendre "une série de sanctions ciblées et interdictions de visa" contre les hauts fonctionnaires turcs "responsables des atteintes aux droits de l'homme perpétrées dans le cadre de l'intervention militaire en cours" et ceux "responsables de la répression des droits fondamentaux en Turquie".

"Les députés trouvent inacceptable que le président turc Recep Tayyip Erdogan ait fait des réfugiés une arme et les ait utilisés pour faire du chantage à l'UE", résume le Parlement dans un communiqué. Ils souhaitent que les Etats membres envisagent "la suspension des préférences commerciales au titre de l'accord sur les produits agricoles et, en dernier recours, la suspension de l'union douanière" entre l'Union européenne et la Turquie.

"Nous rejetons en bloc l'approche adoptée aujourd'hui par le Parlement européen au sujet de l'Opération Source de Paix", a réagi dans un communiqué le ministère turc des Affaires étrangères.

"Aucune force ne pourra empêcher la Turquie de prendre les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité", assure le communiqué.

Lors d'un débat qui s'est tenu mercredi, de nombreux eurodéputés avaient pointé du doigt "l'impuissance" de l'UE.

"Jusqu'à présent, la réponse de l'UE n'a pas été assez forte", a estimé l'élu néerlandais Malik Azmani (Renew Europe) qui a appelé à "être prêts pour des actions plus fermes: sur les armes, en matière d'économie et de sanctions ciblées".

"Nous restons incapables de réagir", a lancé le Français François-Xavier Bellamy (PPE). Un "silence" dû selon lui à l'absence, d'"autonomie stratégique en matière de défense", au fait que l'UE "a construit un marché au lieu de partager des principes issus de notre civilisation commune" mais aussi au "chantage migratoire" opéré par M. Erdogan.

Le débat a donné lieu à un incident causé par un eurodéputé de la Ligue italienne (extrême droite, groupe ID), Angelo Ciocca. Pour dénoncer ce qu'il considère comme des pressions d'Ankara sur les eurodéputés, il a jeté au centre de l'hémicycle une boîte de chocolats, offerte par les "autorités turques" lors d'une précédente plénière "pour demander au Parlement européen de pousser à la reprise des négociations d'adhésion".

Ce "comportement turbulent", selon l'expression du président du Parlement David Sassoli, lui a valu la perte de ses indemnité journalières pendant 10 jours. Il peut faire appel de la décision.
(AFP, 24 octobre 2019)

Des parlementaires de plusieurs pays condamnent l'"agression militaire" turque

Les présidents des commissions des Affaires étrangères de plusieurs Parlements, dont l'Assemblée française ou la chambre des représentants américaine, ont condamné vendredi "avec la plus grande fermeté" ce qu'ils considèrent comme "une agression militaire turque dans le nord-est de la Syrie".

"Nous, présidents des commissions des Affaires étrangères des Parlements d'Allemagne, des États-Unis d'Amérique, de France, du Royaume-Uni et du Parlement européen, condamnons conjointement et avec la plus grande fermeté l'offensive militaire turque dans le nord-est de la Syrie", écrivent les signataires dans une déclaration conjointe.

Il s'agit de Marielle de Sarnez (MoDem) pour l'Assemblée en France, Eliot Engel pour la Chambre des représentants (États-Unis), David McAllister pour le Parlement européen, Norbert Röttgen pour le Bundestag (Allemagne) et Tom Tugendhat pour la Chambre des communes (Royaume-Uni), selon cette déclaration transmise à l'AFP par Mme Sarnez.

"Nous considérons que cette intrusion est une agression militaire et une violation du droit international. L'offensive turque est source de souffrance pour les populations locales, contraintes de fuir, et d'une plus grande instabilité en Syrie et dans la région voisine", disent-ils.

"Nous considérons que l'abandon des Kurdes de Syrie est une erreur. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), notre partenaire dans la coalition internationale, ont grandement contribué au succès de la lutte encore inachevée contre Daech en Syrie et ont ce faisant subi de lourdes pertes", poursuivent les parlementaires.

Ils regrettent "profondément la décision du président des États-Unis Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord-est syrien" et appellent "l'Union européenne et ses États membres à prendre leurs responsabilités et à participer à la résolution du conflit".
(AFP, 18 octobre 2019)

Les dirigeants de l'UE appellent la Turquie à cesser son intervention militaire

Les dirigeants de l'Union européenne ont pris note jeudi de la suspension de l'opération militaire lancée par la Turquie dans le nord-est de la Syrie et ont appelé Ankara à l'abandonner et à retirer ses troupes.

"Le Conseil européen prend note de l'annonce faite par les Etats-Unis et la Turquie d'une pause pour toutes les opérations militaires. Elle exhorte à nouveau la Turquie à mettre fin à son action militaire et à retirer ses forces", indique une déclaration adoptée par les dirigeants de l'UE au terme de la première journée d'un sommet à Bruxelles.

L'UE a renouvelé sa "condamnation de l'intervention militaire menée unilatéralement par la Turquie dans le nord-est de la Syrie, qui provoque des souffrances humaines inacceptables, compromet la lutte contre Daech (le groupe Etat islamique) et menace gravement la sécurité européenne", ajoute la déclaration.

Les dirigeants européens ont enfin rappelé leur décision de "mettre fin aux licences d'exportation d'armes vers la Turquie".

La Turquie a accepté jeudi de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie et d'y mettre fin définitivement si les forces kurdes s'en retirent sous cinq jours, aux termes d'un accord arraché à Ankara par le vice-président américain Mike Pence.

Les forces kurdes se sont déclarées prêtes, par la voix d'un de leurs commandants, à respecter "le cessez-le-feu" avec la Turquie.

Selon l'accord annoncé par M. Pence, les forces kurdes devront se retirer d'un secteur d'une profondeur de 32 km censé se transformer à terme en "zone de sécurité", en faveur de laquelle la Turquie milite depuis des mois.
(AFP, 18 octobre 2019)

Le Parlement européen appelle les 28 à sanctionner plus durement la Turquie

Devant les chefs d'état et de gouvernement réunis en Conseil européen ce jeudi (17 octobre) à Bruxelles, le président du Parlement européen David Sassoli a tenu des propos très durs. Il exige de renforcer les sanctions au plan militaire, économique et politique

Ce propos va beaucoup plus loin que ce que les États membres (à quelques exceptions près) sont disposés à faire. Le Parlement européen devrait augmenter la pression mercredi prochain (23 octobre), juste avant la réunion ministérielle de l'OTAN.

Une condamnation ferme de l'offensive

David Sassoli, dont c'était la première apparition devant les Chefs d'état et de gouvernement a « condamné fermement et sans réserve » l'offensive turque dans le nord-est de la Syrie. C'est « une violation grave du droit international » et « cela compromet la stabilité et la sécurité de la région dans son ensemble, cause la souffrance d’une population déjà touchée par la guerre et entrave l’accès à l’aide humanitaire. » « Cette action militaire doit être arrêtée immédiatement. » a-t-il ajouté.

Geler tous les contrats militaires en cours

Les premières mesures prises par les Européens — coordonner les mesures nationales d’embargo sur les ventes futures d’armes à la Turquie (lire : Les 28 tombent d’accord pour sanctionner la Turquie pour deux motifs. Le Royaume-Uni résiste) — ne sont « pas suffisantes », estime-t-il. Il faut « un embargo commun au niveau de l’Union non seulement pour les livraisons futures d’armes, mais également pour les commandes en cours » (1).

Mettre en place des sanctions économiques

Il faut aussi « mettre sur la table toute possibilité de sanctions économiques contre le gouvernement turc ; celles-ci ne doivent concerner que des personnes physiques et morales et non la société civile déjà éprouvée par la crise économique ».

Lancer le débat à l'OTAN et à l'ONU

Les Européens doivent « faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à cet acte de guerre et lancer une initiative qui fera l’objet d’un débat au sein de l’OTAN et qui sera portée devant le Conseil de sécurité des Nations Unies ».

Suspendre les négociations d'adhésions

Le Parlement européen, comme il l’a déjà fait par le passé, demande « de nouveau la suspension des négociations d’adhésion avec la Turquie ». Et de trouver « inacceptable [...] toute tentative des autorités turques de faire un lien entre l’action militaire dans le nord-est de la Syrie et le sort des réfugiés syriens sur le territoire turc ».
(AFP, 17 octobre 2019)

L'UE condamne Ankara, mais pas d'accord pour un embargo sur les armes

Les Etats membres de l'Union européenne ont condamné lundi l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie, mais ne sont pas parvenus à s'entendre pour imposer un embargo sur les ventes d'armes à la Turquie, un pays membre de l'Otan.

Ils se sont simplement engagés dans une déclaration commune à "adopter des positions nationales fermes concernant leur politique d'exportation d'armements vers la Turquie".

"Est-ce que cela sera suffisant ? Nous verrons", a commenté la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Luxembourg.

"Je ne pense pas qu'Erdogan va s'arrêter", a estimé le Luxembourgeois Jean Asselborn. "Cette intervention est soutenue en Turquie, même l'opposition la soutient, et (le président Recep Tayyip) Erdogan, n'attend pas après l'Europe pour se procurer des armes", a-t-il expliqué.

Le fait que la Turquie soit membre de l'Otan, comme la plupart des pays de l'UE, rendait impossible de facto de lui imposer un embargo, a expliqué un haut responsable européen. Et l'UE ne peut décider pour des compétences qui relèvent de la souveraineté des Etats, a-t-il ajouté.

La Turquie est un "important partenaire pour l'UE", a rappelé Federica Mogherini. "Et on ne peut pas passer sous silence le fait que la Turquie a pris en charge énormément de Syriens qui ont fui les combats dans leur pays", a souligné un haut responsable européen.

L'accord s'est fait sur une "stricte application" de la politique existante en matière d'exportations d'armements, dont une disposition impose de ne pas les approuver lorsqu'elles peuvent "contribuer à l'instabilité régionale".

- Les nouveaux contrats d'armement concernés -

Federica Mogherini a assuré que cette disposition aurait le "même effet" qu'un embargo sur les armes, mais serait plus rapide et plus facile à appliquer.

"L'engagement porte sur les nouveaux contrats d'armements", a expliqué le ministre espagnol Josep Borrell. "Chaque pays devra décider pour les contrats en cours", a souligné son homologue allemand Heiko Maas.

Le problème est que les ventes d'armes à la Turquie ne requérant pas d'autorisations, car ce pays est membre de l'Otan, cela va contraindre à rétablir des contrôles, a commenté Jean Asselborn.

L'adoption de ces mesures n'a pas été aisée. "On s'est battu sur le mot +condamne+ et sur l'engagement de ne plus livrer des armes", a raconté le ministre luxembourgeois.

"On débat beaucoup dans l'UE", a confirmé l'Espagnol Josep Borrell. "Mais au final on parvient à un accord. Le texte approuvé engage tous les pays, y compris le Royaume-Uni", a insisté le ministre qui va succéder dans les prochaines semaines à Federica Mogherini.

La France et l'Allemagne ont annoncé dès samedi qu'elles stoppaient les ventes d'armes "susceptibles d'être utilisées" par Ankara dans le cadre de son offensive.

Mais beaucoup de pays avaient besoin d'un cadre européen. L'Italie, l'un des principaux fournisseurs d'armes de la Turquie avec l'Espagne, la France et le Royaume-Uni, plaidait pour un "moratoire européen sur les ventes d'armes" à la Turquie.

L'Union européenne a également appelé à "une réunion ministérielle de la Coalition internationale contre Daech (le groupe jihadiste Etat islamique) afin d'examiner comment poursuivre ses efforts dans le contexte actuel".

La Turquie et les Etats-Unis sont membres de cette coalition, pour laquelle ont combattu les Kurdes visés par l'opération militaire déclenchée par Ankara.

Les Européens sont en revanche parvenus sans peine à s'entendre pour sanctionner les activités illégales de forage d'hydrocarbures menées par la Turquie dans les eaux chypriotes en Méditerranée orientale. Mais il leur a fallu dissocier les deux dossiers pour parvenir à adopter leur position, ont souligné plusieurs diplomates.

L'accord va permettre de sanctionner "les personnes physiques et morales responsables ou impliquées dans ces activités et de bloquer les ventes de matériels utilisés pour ces forages.

L'Union envoie "un message clair à la Turquie (à savoir) que ses actions sont condamnables et dans le même temps avertit tous ceux qui sont impliqués dans ces actions illégales que cela aura des conséquences", s'est félicité le chef de la diplomatie chypriote Nikos Christodoulides.
(AFP, 14 octobre 2019)

Georges Dallemagne: "La Turquie entend mener une guerre d’annexion"

En début de semaine, le président américain Donald Trump a décidé de retirer 1000 soldats américains qui se trouvaient dans la zone du nord de la Syrie. Mercredi, le président turc Recep Tayip Erdogan a annoncé le début de l’offensive contre les Kurdes qui résident dans cette zone désertée par les GI’s. Toutefois, les Kurdes soutiennent actuellement le camp occidental dans sa lutte contre l’Etat islamique. Alors pourquoi cette attaque ? Christophe Deborsu en parle avec ses invités sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche".

Pour l'ambassadeur de Turquie, Zeki Levent Gümrükçü cette opération n'est pas dirigée contre les Kurdes mais bien contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), qu’elle qualifie de "terroriste".

Ces explications ne conviennent pas à Georges Dallemagne, député fédéral du CDH. Pour lui, aucune attaque n'a été commise sur le sol turc. "J’entends l’ambassadeur de Turquie et je comprends qu’ils fassent son job de défendre le gouvernement d’Erdogan mais ce qu’il dit, est une contre-vérité absolue. A aucun moment, les YPG, donc les Kurdes de Syrie, n’ont attaqué le sol turc. Il n’y en a jamais eu des attaques".

"Ça fait partie de la propagande turque. Deuxième chose, même s’il y avait une menace, il existe toute une série de dispositifs et de mécanismes. La Turquie fait partie de l’OTAN, elle peut faire appel à nous et elle ne l’a jamais fait. Elle peut convoquer le Conseil de Sécurité mais elle ne l’a pas fait pas non plus. La Turquie est un faiseur de guerre et aujourd’hui, elle envahit un territoire. Ce ne sont pas seulement les Kurdes qui se battent contre l’armée turque, ce sont aussi les Arabes à travers une coalition qui s’appelle le Front Démocratique Syrien".

Alors pourquoi le font-ils ?

Pour Georges Dallemagne, cette offensive est une stratégie pour rester dans cette zone. "La Turquie entend mener une guerre d’annexion, comme elle l’a fait à Chypre. Elle va rester dans le nord de la Syrie comme elle est restée à Afrin depuis deux ans, qui est une enclave syrienne. (…) La Turquie veut s’étendre. C’est une guerre qui est destinée pour le régime d’Erdogan à sauver son régime car il est en difficulté sur le plan politique", dit-il avec fermeté.
(RTL info, 13 octobre 2019)

Après l’Allemagne, la France suspend les exportations d’armes vers la Turquie

La France a décidé de suspendre tout projet d’exportation vers la Turquie de matériels de guerre susceptibles d’être employés dans le cadre de l’offensive en Turquie », ont annoncé samedi les ministères français des Armées et des Affaires étrangères.

« Cette décision est d’effet immédiat », ont précisé les deux ministères dans un communiqué. « Le conseil des Affaires étrangères de l’UE qui se réunira le 14 octobre à Luxembourg sera l’occasion de coordonner une approche européenne en ce sens ».

« La France réitère sa ferme condamnation de l’offensive unilatérale engagée par la Turquie dans le Nord-Est de la Syrie », poursuit le texte. Elle « remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique, ndlr). Elle entraîne des conséquences humanitaires importantes. Elle porte donc atteinte à la sécurité des Européens ».

« La France demande la tenue rapide d’une réunion de la Coalition contre Daech pour évoquer la poursuite des efforts de la Coalition dans ce contexte », conclut le communiqué.

Une suspension analogue des ventes d’armes à Ankara a été annoncée vendredi et samedi par les gouvernements néerlandais puis allemand.
La Turquie ne flanche pas

En réaction à la décision de Berlin, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a assuré à la radio allemande Deutsche Welle que cette offensive dans le nord syrien était une « question vitale » et « une question de sécurité nationale, une question de survie ».

« Peu importe ce que tout le monde fait, qu’il s’agisse d’un embargo sur les armes ou d’autre chose, cela ne fait que nous renforcer », a-t-il ajouté.

« Même si nos alliés soutiennent l’organisation terroriste, même si nous sommes seuls, même si un embargo est imposé, quoi qu’ils fassent, notre lutte est dirigée contre l’organisation terroriste », la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), a-t-il martelé.

La Turquie a déclenché mercredi une offensive dans le nord de la Syrie contre une milice kurde, deux jours après que les Etats-Unis ont retiré des militaires américains déployés dans certains secteurs du nord syrien juste à la frontière avec la Turquie.
(AFP, 12 octobre 2019)

L'UE en colère contre l'offensive turque, mais a peu de moyens d'actions

L'offensive militaire turque contre les combattants kurdes en Syrie a suscité l'inquiétude et la colère au sein de l'Union européenne, mais aucun accord ne se dessine pour des sanctions, ont reconnu vendredi les représentants des Etats membres.

Ce sera le principal sujet des discussions des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg.

"Laissez-nous un peu de temps. Nous verrons si l'intervention militaire de la Turquie se poursuit et prend de l'ampleur", a confié un diplomates interrogé sur l'incapacité des européens à s'entendre pour sanctionner Ankara.

Les dirigeants de l'UE ont exhorté Ankara à mettre fin à son offensive dans le nord de la Syrie. Ils ont mis en garde contre des conséquences humanitaires désastreuses et une résurgence de l'Etat islamique.

La milice kurde des YPG, cible de l'offensive turque, a soutenu les Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique. La France a demandé une réunion de la coalition internationale contre l'EI dont font partie la Turquie et les Etats-Unis.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l'Otan, a répondu en menaçant de permettre à des millions de réfugiés syriens de gagner l'Europe si l'UE continue de critiquer une offensive considérée comme nécessaire pour la sécurité de la Turquie.

L'Union européenne peut difficilement aller au-delà des appels à la retenue et de la condamnation car elle manque d'options. Toute sanction doit être décidée à l'unanimité. Or, l'UE est divisée.

"C'est sur la table", a toutefois déclaré la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes Amélie de Montchalin.
 "Ce sera débattu au Conseil européen" organisé les 17 et 18 octobre à Bruxelles, a-t-elle assuré sur la radio France inter.

- L'UE rejette le "chantage" turc -

"La Turquie doit comprendre que notre principale préoccupation est que leurs actions puissent conduire à une autre catastrophe humanitaire, ce qui serait inacceptable", a averti le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, lors d'une visite à Chypre.

"Nous n'accepterons jamais que les réfugiés soient utilisés comme arme pour nous faire chanter. C'est pour cela que je considère les menaces d'hier du président Erdogan comme absolument hors de propos", a-t-il ajouté.

Les menaces du président turc ont suscité la colère à Bruxelles, compte tenu de l'aide que l'UE a apportée à la Turquie pour faire face à l'afflux de réfugiés.

Utiliser les réfugiés "comme levier est totalement inacceptable", a déclaré un haut fonctionnaire de l'UE. "Nous avons toujours reconnu le fardeau que porte la Turquie avec quatre millions de réfugiés, dont 3,6 millions de Syriens", a-t-il souligné.

Un accord a été conclu entre l'UE et la Turquie en 2016. Il prévoit une aide de 6 milliards d'euros pour les réfugiés syriens en Turquie. "Nous avons alloué 97 pour cent de ces fonds", a-t-il précisé.

L'UE a intensifié ses contacts avec la Turquie pour exprimer ses préoccupations, et réitéré sa décision de ne pas accorder un seul financement pour l'installation de réfugiés syriens dans la zone conquise par les forces turques.

L'UE a mis en garde Ankara contre toute intention d'envoyer des réfugiés non kurdes dans cette zone ce qui aurait pour effet de modifier la composition de la population locale.

"Nous avons été très clairs sur le fait que toute tentative de changement démographique est totalement inacceptable", a déclaré le responsable.
(AFP, 11 octobre 2019)

Honte à Erdogan

Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 10 octobre 2019)

L’armée turque, sous les ordres de son président Erdogan, a frappé mercredi les rares villes syriennes qui avaient jusqu’ici échappé à la guerre. Qamishli, Derrik… des villes où différentes communautés - kurde, syriaque, arabe, yézidie - vivaient dans une grande tolérance, où les habitants buvaient le thé le soir sans vivre dans la terreur d’un attentat, où les femmes se promenaient le soir avec ou sans le voile, où les églises côtoyaient les mosquées. Elle a aussi bombardé la ville frontalière de Tal Abyad où Daech jetait des homosexuels du haut d’immeubles avant que nos alliés kurdes ne la libèrent de l’emprise maléfique de ce groupe terroriste.

C’est cet héritage précieux que l’offensive turque balaie au son des canons et des frappes de F-16. Suprême cynisme : l’opération est dénommée "Source de Paix".

Effrayés, les habitants ont quitté précipitamment leurs maisons pour aller vers le sud. Il y a parmi eux des réfugiés d’ailleurs. Ils seraient des milliers à avoir pris la route.

Le président Trump porte une responsabilité historique pour avoir donné le feu vert à Erdogan. Mais c’est le président turc qui commande l’offensive. Prétextant la lutte contre le PKK, celle-ci n’a d’autre but que de chasser les Kurdes et de créer une zone frontalière où les très nombreux réfugiés syriens en Turquie, en majorité des Arabes sunnites, seront relocalisés. Les Arméniens, les Syriaques, les Yézidis et tant d’autres minorités ont fait l’expérience de ce genre de nettoyage ethnique qu’affectionnent les dictateurs.

Les Kurdes, ce peuple sans pays, méritent toute notre attention et notre assistance. Car ils se sont battus pour nous, perdant 11 000 hommes et femmes dans des combats terrestres, tandis que nos F-16 guerroyaient dans le ciel.

Affaiblir les Kurdes de Syrie, c’est ouvrir la voie à un État islamique en voie de réorganisation et à d’autres groupes supplétifs de l’armée turque. C’est permettre aux djihadistes détenus dans les camps kurdes de s’enfuir à la faveur du chaos. Si telle est la conséquence des décisions d’Erdogan, ce dernier doit être mis au ban des Nations.

Erdogan menace l'Europe d'un flux de migrants en réponse aux critiques

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé jeudi d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de réfugiés en réponse aux critiques européennes contre l'offensive turque en cours dans le nord-est de la Syrie.

"Ô Union européenne, reprenez-vous. Je le dis encore une fois, si vous essayez de présenter notre opération comme une invasion, nous ouvrirons les portes et vous enverrons 3,6 millions de migrants", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

La Turquie accueille 3.6 millions de réfugiés syriens sur son sol. Le flux de migrants depuis la Turquie vers l'Europe s'est considérablement tari à la faveur d'un accord conclu en 2016 entre Ankara et l'UE.

Les pays européens ont vivement critiqué l'opération lancée mercredi par la Turquie dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde, les YPG, considérée comme terroriste par Ankara mais soutenue par les Occidentaux car elle constitue le fer de lance de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

"Vous n'avez jamais été sincères. A présent ils disent qu'ils vont bloquer trois milliards d'euros (promis à la Turquie dans le cadre de l'accord migratoire). Avez-vous jamais respecté une promesse qui nous a été faite ? Non", a encore martelé M. Erdogan.

"Avec l'aide de Dieu, nous poursuivrons notre chemin, mais nous ouvrirons les portes" aux migrants, a-t-il ajouté.

En parallèle de ces propos au vitriol, le président turc s'est cependant efforcé de rassurer sur un autre point qui inquiète les Occidentaux, Européens en tête : le sort des membres étrangers de l'EI actuellement détenus par les forces kurdes.

- "Calamité" -

Mercredi, le porte-parole de M. Erdogan avait appelé les pays européens à "reprendre" leurs ressortissants, ce que ceux-ci sont peu enclins à faire.

Jeudi, M. Erdogan s'est montré plus rassurant : "Nous ferons ce qui est nécessaire avec les prisonniers de l'EI (...) Ceux qui doivent rester en prison, nous les y maintiendrons, et nous renverrons les autres dans leur pays d'origine, si ces derniers les acceptent", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, M. Erdogan s'est défendu de viser les Kurdes en général, affirmant que les YPG étaient l'unique cible de l'offensive.

"Ce que nous essayons de faire, c'est d'empêcher la création d'une entité terroriste à notre frontière méridionale", a insisté M. Erdogan.

"Très rapidement, de Minbej (localité syrienne à 30 km de la frontière turque) jusqu'à la frontière irakienne, nous allons dissiper les sombres nuages suspendus au-dessus du peuple syrien depuis huit ans", a-t-il ajouté.

Il a en outre affirmé que "109 terroristes", avaient été tués depuis le début de l'offensive mercredi, baptisée "Source de Paix", et que d'autres avaient été blessés ou s'étaient rendus.

M. Erdogan s'en est par ailleurs vivement pris à l'Arabie saoudite et à l'Egypte, principaux rivaux régionaux de la Turquie, pour avoir critiqué l'offensive en Syrie.

"Que l'Arabie saoudite se regarde d'abord dans une glace", a-t-il dit en rappelant que "des dizaines de milliers de personnes sont mortes au Yémen", en raison de l'offensive saoudienne en cours dans ce pays depuis 2015 contre les rebelles houthis.

En réponse aux critiques égyptiennes, il a estimé que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi "ne devrait pas dire un seul mot".

"Tu es le tueur de la démocratie dans ton pays, un vrai assassin".
(AFP, 10 octobre 2019)

Paris dénonce l'envoi d'un navire de forage turc dans les eaux de Chypre

La France a condamné samedi l'envoi d'un nouveau navire de forage turc dans les eaux territoriales de Chypre, un "geste inamical" susceptible de conduire à "une escalade des tensions" dans la région, a-t-elle mis en garde.

"L'arrivée d'un nouveau navire de forage turc dans la zone économique exclusive (ZEE) chypriote constitue une violation de la souveraineté la République de Chypre et du droit international", a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

"C'est un geste inamical, de nature à favoriser une escalade des tensions en Méditerranée orientale", a-t-il averti.

Selon Nicosie, la Turquie a envoyé le navire de forage Yavuz au bloc 7 de sa zone économique exclusive (ZEE) et plateau continental, or les licences d'exploitation de cette zone ont été attribuées aux géants énergétiques français et italien, Total et Eni.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a eu "l'occasion d'aborder cette situation avec son homologue chypriote" et "lui a fait part de la pleine et entière solidarité de la France", a poursuivi le porte-parole adjoint.

"Le Conseil affaires étrangères (de l'Union européenne, ndlr) du 14 octobre sera appelé à examiner ces développements et les conséquences à en tirer, dans le prolongement de ses conclusions du 15 juillet dernier", a-t-il également relevé.

La découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit de Chypre, qui rêve de devenir un acteur énergétique majeur.

Mais la Turquie, dont l'armée occupe le tiers nord de l'île, s'oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources qui excluraient cette partie de Chypre, où vivent les Chypriotes-turcs.

Ces derniers mois, Ankara a envoyé trois navires de forage au large de Chypre malgré des avertissements de Washington et de l'UE qui a adopté à la mi-juillet une série de mesures politiques et financières visant à sanctionner la poursuite de ces forages.
(AFP, 5 octobre 2019)

Le commissaire de l'UE appelle à juguler le flux de migrants de Turquie

Le commissaire européen aux Questions migratoires Dimitris Avramopoulos a souligné jeudi à Ankara "le besoin urgent" de mettre fin aux départs de Turquie de migrants illégaux, au moment où la Grèce est confrontée à sa plus grande vague migratoire depuis 2016.

"Les arrivées irrégulières en Grèce se sont accrues au cours des dernières semaines et des derniers mois", a déclaré M. Avramopoulos lors d'une conférence de presse aux côtés des ministres de l'Intérieur allemand Horst Seehofer et turc Süleyman Soylu.

"Il y a un besoin urgent de renforcer la prévention et la détection des départs irréguliers de Turquie", a-t-il ajouté.

En septembre, 10.258 migrants ont débarqué sur les îles grecques depuis les rives turques voisines, en majorité des familles afghanes et syriennes, selon le dernier décompte du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies

Ce chiffre représente le plus grand nombre d'arrivées en Grèce en un mois depuis l'accord conclu en 2016 entre la Turquie et l'Union pour faire baisser le nombre d'arrivées, selon le HCR.

Süleyman Soylu a appelé l'UE à partager le fardeau de l'afflux migratoire d'autant plus qu'Ankara redoute une nouvelle vague d'arrivées en provenance de la province syrienne d'Idlib, située près de la frontière.

La Turquie, qui abrite quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, a "rempli ses engagements" conformément à l'accord de 2016 avec l'UE, a ajouté le ministre. "Nous attendons de l'Europe qu'elle soit dans le même état d'esprit".

M. Avramopoulos a assuré qu'il appréciait les efforts déployés par Ankara, d'autant plus que "la pression migratoire sur la Turquie continue".

"Notre visite conjointe est une preuve de notre coopération avec la Turquie, ensemble, en tant que partenaires, dans la gestion des migrations", a-t-il assuré. M. Seehofer a lui aussi souligné que l'UE était prête à aider la Turquie.

MM. Avramopoulos et Seehofer doivent se rendre en Grèce vendredi.

En septembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé d'"ouvrir les portes" pour permettre aux réfugiés syriens de quitter la Turquie à destination de pays européens si le projet d'établir avec les Etats-Unis une zone de sécurité dans le nord de la Syrie où pourraient retourner les migrants échouait.

Le pacte entre Bruxelles et Ankara, entré en vigueur le 20 mars 2016, prévoit le renvoi en Turquie des migrants illégaux arrivant sur les îles grecques proches de la Turquie et des réfugiés syriens pour lesquels la Turquie est considérée comme "un pays sûr".
(AFP, 3 octobre 2019)

Ankara dénonce une "attaque qui dépasse les bornes" de la part de Macron

Ankara a dénoncé mardi "une attaque qui dépasse les bornes" de la part du président français Emmanuel Macron, qui a critiqué le "recul" de l'Etat de droit en Turquie et évoqué la façon dont elle utilisait les migrants pour "faire pression" sur l'UE.

"L'attaque de Macron contre la Turquie dépasse les bornes", a déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu à l'agence de presse officielle Anadolu.

Je le compare à un coq qui chante alors que ses pieds sont enfouis dans la boue", a-t-il ajouté.

M. Macron a déclaré mercredi devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg que, trente ans après la chute du Mur de Berlin, des droits fondamentaux étaient remis en cause dans certains pays.

Il a alors cité la Turquie, "où l'Etat de droit recule, où les procédures judiciaires ouvertes contre les défenseurs des droits de l'Homme, des journalistes, des universitaires doivent faire l'objet de toute notre vigilance".

M. Cavusoglu a également dénoncé les déclarations de M. Macron sur la question migratoire.

"Combien de réfugiés Macron a-t-il laissé entrer dans son pays?", a réagi le chef de la diplomatie turque, fustigeant également le président français pour son accueil à Paris de miliciens kurdes des "Forces démocratiques syriennes" (FDS), qualifiés de "terroristes" par Ankara.

La Turquie accueille plus de quatre millions de réfugiés, dont une grande majorité de Syriens, et le président Recep Tayyip Erdogan a menacé début septembre d'en laisser affluer une nouvelle vague vers l'UE s'il n'obtenait pas davantage d'aide internationale. Ankara souhaite la création en Syrie d'une "zone de sécurité" où ils pourraient retourner.

A Strasbourg, à une députée grecque qui faisait état d'une "nouvelle très grande crise" avec l'arrivée de 20.000 migrants durant les trois mois d'été, M. Macron a répondu être "pleinement conscient de ce que la Grèce vit aujourd'hui".

"Vous avez parfaitement raison de dire que ceci est un moyen de pression de la Turquie", lui a répondu le président français, ajoutant ne pas penser que "la bonne réponse soit de céder à la pression" et appelant à une coopération avec Ankara.

Mais, "en aucun cas, notre agenda en Syrie ne doit être dicté par cette pression turque", a-t-il déclaré.
(AFP, 1 octobre 2019)

Emmanuel Macron met en garde contre «les grandes peurs»

Dans un discours devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, le chef de l’État a dressé un tableau sombre de l’état du monde sur fond d’« affaiblissement sans précédent du système multilatéral ».

« Contestés, nos principes et nos valeurs le sont aussi à l’intérieur (de l’Europe) dans la grande accélération de l’Histoire que nous traversons. Ils sont percutés par la menace terroriste, les transformations numériques, climatiques et démographiques, la crise du capitalisme mondialisé, qui n’a pas su prendre en charge la question des inégalités. Tous ces phénomènes ont des logiques, des dynamiques, parfois profondément différentes, mais ils adviennent ensemble et marquent le retour des grandes peurs que nous voyons partout remonter. Et, avec elles, de l’irrationalisme, de la peur du déclassement, de la peur du monde, de la perte de confiance en ce que nous sommes », a-t-il déclaré.

Face à cela, « deux voies radicalement opposées s’affirment », selon lui. Celle du « repli sur soi » et du recours à l’État fort avec « une fascination croissante de nos populations pour les régimes autoritaires ». « Ce serait la une erreur historique, le risque de nous perdre », a-t-il mis en garde.

La seconde voie est celle de « l’illusion », soutenue par ceux qui « voudraient que le monde ne soit pas tel qu’il est ».

Emmanuel Macron a appelé à « ne céder à aucune de ces voies », mais à « rendre nos démocraties plus solides en retrouvant ce qui fait de nous des Européens ». C’est-à-dire « non dans l’affaiblissement mais dans la défense des droits » démocratiques.

Il a indiqué compter pour cela sur le Conseil de l’Europe, qui célèbre mardi son 70e anniversaire.

Créée en 1949 et basée à Strasbourg, cette organisation destinée à la défense de la démocratie et de l’État de droit rassemble 47 États membres, ceux de l’Union européenne mais aussi la Russie, l’Ukraine ou la Turquie.

Emmanuel Macron s’est déclaré préoccupé par la situation en Turquie, « où l’État de droit recule » et en Russie, « où la répression des manifestations de cet été suscitent de nombreuses et légitimes interrogations que la France partage ».

Le plein retour de la Russie au Conseil de l’Europe après cinq années de crise diplomatique n’est pas « un geste de complaisance » à l’encontre de Moscou, a-t-il par ailleurs souligné. « C’est une décision d’exigence » pour que la Russie « respecte pleinement ses obligations et s’acquitte de ses devoirs à l’égard du Conseil de l’Europe ».

Sanctionné en 2014 après l’annexion de la Crimée, Moscou menaçait de quitter le Conseil de l’Europe, ce qui aurait privé les Russes d’accès à la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

Sa réintégration dans l’Assemblée parlementaire fin juin, rendue possible par une modification des règles de l’organisation, a déclenché la colère de l’Ukraine, des Pays baltes et de la Pologne.

« Je ne mésestime pas du tout l’émotion, le caractère inacceptable et évidemment la réaction qui s’impose quand un État membre de ce conseil (…) envahit un autre État membre », mais « est-ce que cela (les sanctions, ndlr) a eu un impact sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? Force est de constater que non », a argumenté Emmanuel Macron.

Il a confirmé qu’une réunion des dirigeants russe, ukrainien, allemand et français, dit de « format Normandie », se tiendrait « dans les prochaines semaines » pour avancer vers la paix en Ukraine.
(AFP, 1 octobre 2019)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Renforts militaires américains dans l'est pétrolier

Washington a amorcé l'envoi de renforts dans l'est pétrolier syrien, a indiqué samedi à l'AFP un responsable du ministère de la Défense américain, alors qu'un convoi militaire arborant des drapeaux américains entrait en Syrie depuis l'Irak voisin.

Le responsable américain a indiqué que Washington avait commencé à renforcer ses positions dans la province de Deir Ezzor, où se trouvent les principaux champs pétroliers syriens, en coordination avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les combattants kurdes.

Il a affirmé sans plus de précisions que ce déploiement militaire visait à empêcher le groupe Etat islamique (EI) et d'autres acteurs d'accéder aux champs pétroliers dans cette région un temps contrôlée par les jihadistes.

Selon un correspondant de l'AFP sur place, un convoi d'environ 13 véhicules militaires américains est entrée en Syrie depuis l'Irak et se dirigeait samedi vers la province voisine de Hassaké (est).

Le convoi a passé les points de contrôle du régime syrien, traversant la ville à majorité kurde de Qamichli (nord-est), a ajouté le correspondant.

Quelque 200 soldats américains sont actuellement postés à Deir Ezzor.

Mais le président Donald Trump a ordonné le retrait des forces américaines de la frontière nord de la Syrie, ouvrant la voie à une offensive de la Turquie lancée le 9 octobre contre les forces kurdes dans la région.

La semaine dernière, M. Trump a déclaré qu'un "petit nombre" de soldats américains resteraient néanmoins en Syrie pour sécuriser les champs d'hydrocarbures.

La Russie a réagi samedi en accusant les Etats-Unis de "banditisme international".

"Ce que Washington fait actuellement - saisir et placer sous contrôle armé les champs de pétrole de l'est de la Syrie - relève tout simplement du banditisme international", a ainsi déclaré le ministère de la Défense à Moscou.
(AFP, 26 octobre 2019)

Ankara exhorte Washington à s'abstenir de tout dialogue avec Mazloum Abdi

La Turquie a exhorté vendredi les Etats-Unis à s'abstenir de tout dialogue avec le chef des forces kurdes en Syrie, le général Mazloum Abdi, estimant que cela reviendrait à "légitimer les terroristes".

Dans des déclarations à la presse, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a affirmé que le général Mazloum, commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes de la milice des YPG, faisait l'objet depuis plusieurs années d'une notice rouge d'Interpol.

"Il est inacceptable que nos alliés puissent s'entretenir avec un terroriste recherché par Interpol sur la base d'une notice rouge. Si vous commencez à légitimer des terroristes comme lui vous finirez par rencontrer Baghdadi aussi", a dit M. Cavusoglu, se référant au chef du groupe Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi.

"Nous avons dit tout cela aux Américains dans une note écrite. Nous leur avons clairement fait savoir qu'il (Mazloum) faisait l'objet d'une notice rouge et qu'il serait inacceptable qu'ils s'entretiennent avec un terroriste recherché", a-t-il ajouté.

Un groupe de sénateurs américains a exhorté cette semaine le département d'Etat à rapidement accorder un visa à Mazloum Abdi pour qu'il puisse se rendre aux Etats-Unis afin d'y discuter avec des responsables de la situation en Syrie à la lumière de la dernière offensive turque dans le nord-est du pays qui a mis les forces kurdes en déroute.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé jeudi Washington à livrer le général Mazloum à son pays.

Pendant les longues années de combat contre l'EI, les FDS ont bénéficié du soutien de Washington, depuis accusé de les avoir abandonnées et d'avoir permis l'offensive turque, déclenchée le 9 octobre.

Mazloum Abdi avait annoncé le 16 octobre le "gel" des opérations contre l'EI, qui s'est mué en organisation clandestine depuis sa défaite sur le terrain en mars.

Les combats ont cessé dans le nord-est de la Syrie mardi à la faveur d'accords séparés conclu par Ankara avec Washington et Moscou, aux termes desquels les forces kurdes doivent se retirer à au moins 30 km de la frontière turque.

Le président américain Donald Trump avait assuré mercredi que le général Mazloum l'avait remercié lors d'un entretien téléphonique et s'était montré "extrêmement reconnaissant" pour ses efforts destinés à mettre fin à l'offensive turque.
(AFP, 25 octobre 2019)

L'Otan tempête mais ne condamne pas Ankara

La première réunion de l'Otan depuis le déclenchement par la Turquie de son opération militaire contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie a donné lieu jeudi à "une discussion musclée", mais il n'est "pas question" pour l'Alliance de "perdre" un allié stratégique en l'humiliant avec une mise en accusation.

"Il y a des désaccords de fond. Ils sont connus et la discussion a été franche et ouverte", a diplomatiquement déclaré le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg dans son compte-rendu de la première journée de la réunion des ministres de l'Alliance.

Jens Stoltenberg a refusé de condamner l'intervention turque et il a avalisé "les légitimes préoccupations pour sa sécurité" avancées par la Turquie pour l'expliquer.

Il n'est "pas question de se disputer", a commenté un diplomate de haut rang. Et il n'est "pas question de sanctionner Ankara ni d'exclure la Turquie, il n'y a pas de procédure pour cela", a-t-il rappelé. "On ne veut pas perdre la Turquie, car c'est un allié stratégique", a-t-il encore dit.

Le chef du Pentagone Mark Esper a confirmé cette approche. "La Turquie va dans la mauvaise direction sur de nombreuses questions" et elle "nous a mis dans une situation terrible avec son opération injustifiée en Syrie", a-t-il déploré à son arrivée à Bruxelles.

Mais il a aussitôt plaidé la nécessité de "travailler avec la Turquie pour qu'elle redevienne un allié fort et fiable".

- Sortir la Turquie de l'orbite russe -

Les Etats-Unis s'inquiètent de voir un "bon allié tourner sur l'orbite de la Russie plutôt que sur l'orbite de l'Otan", a-t-il reconnu.

Ankara multiplie les gestes de défiance vis-à-vis de l'Alliance. La Turquie a ainsi décidé d'acheter à la Russie son système de défense antimissile S-400 malgré les protestations des alliés et le président Recep Tayyip Erdogan a conclu un accord avec le président russe Vladimir Poutine pour contrôler la partie du territoire de la Syrie reprise aux Kurdes à la frontière turque.

Cette attitude exaspère ses partenaires de l'Otan. Ankara s'efforce de désamorcer les tensions au cours des rencontres bilatérales pendant la réunion des ministres de la Défense.

Le ministre turc Hulusi Akar a manifestement désarmé son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer pendant leur entretien.

"Je me félicite que mon homologue turc nous ait assuré que le gouvernement turc n'a pas l'intention de mener un grand programme de réinstallation dans le nord-est de la Syrie et que l'opération militaire n'est pas un programme de nettoyage ethnique", a-t-elle déclaré à la presse.

Annegret Kramp-Karrenbauer a par ailleurs salué "l'ouverture de la Turquie à une participation de la communauté internationale" à la sécurisation de la région.

La ministre allemande a défendu son idée de créer, sous l'égide de l'ONU, une zone de protection internationale dans le nord de la Syrie. Mais l'accord entre les présidents Erdogan et Poutine menace son projet. "La situation a changé aujourd'hui sur le terrain", a souligné son homologue belge Didier Reynders. "Il va falloir en parler avec la Russie", a averti le représentant d'un pays européen.

"La priorité doit être la poursuite de la lutte contre les combattants de l'Etat islamique", a insisté Jens Stoltenberg.

"Tout le monde est d'accord", a-t-il assuré

La France souhaite toutefois des éclaircissements sur la position des Etats-Unis et réclame une réunion des ministres des pays de la coalition internationale contre Daech (l'Etat islamique) jeudi ou vendredi, en marge de la réunion de Bruxelles.

Pour Paris, l'intervention de la Turquie, un membre de cette coalition constituée par Washington, met en danger la lutte contre l'EI, car elle est dirigée contre les forces kurdes alliées de la coalition sur le terrain.

Il va falloir "recalibrer" la mission de la coalition, a déclaré Mark Esper.

"Notre engagement envers eux (les Kurdes) n'est pas d'établir un État autonome ou de les défendre contre la Turquie. C'est la dure réalité", a-t-il expliqué.

Le président Donald Trump a toutefois une nouvelle fois modifié la position américaine. Il a salué jeudi dans un tweet la contribution des forces kurdes à la reprise de champs pétrolifères aux mains des combattants de l'Etat islamique.
(AFP, 24 octobre 2019)

Trump lève les sanctions contre Ankara

Donald Trump a levé mercredi les sanctions imposées à Ankara pour son offensive militaire contre les Kurdes dans le nord de la Syrie, alors que les forces russes effectuaient leurs premières patrouilles dans la zone frontalière dont les Etats-Unis se sont retirés.

Le président américain a assuré qu'un "grand succès" avait été remporté en Syrie avec la création de cette "zone de sécurité" à la frontière avec la Turquie.

"J'ai demandé au secrétaire au Trésor de lever toutes les sanctions imposées le 14 octobre en réponse à l'offensive de la Turquie", a ajouté M. Trump depuis la Maison Blanche.

Washington avait gelé les avoirs de trois ministres turcs après l'offensive d'Ankara contre les combattants kurdes, longtemps alliés des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

M. Trump a ajouté qu'un "petit nombre de soldats" américains resteraient en Syrie, "dans les zones où il y a du pétrole".

Le président américain a également assuré que Mazloum Abdi, le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), chef des combattants kurdes, l'avait remercié et s'était montré "extrêmement reconnaissant".

C'est pourtant l'annonce par Donald Trump du retrait des troupes américaines du nord de la Syrie qui avait semblé donner un feu vert de facto à la Turquie pour lancer son offensive.

Le ministère russe de la Défense a également fait savoir que Mazloum Abdi avait "remercié la Fédération de Russie et le président Vladimir Poutine de protéger le peuple Kurde".

Ce communiqué de Moscou a précisé que la police militaire russe s'était déployée "sur un itinéraire assigné au nord de la Syrie".

Au cours de son appel avec Mazloum Abdi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a ajouté que Moscou était prêt à accroître le nombre de patrouilles pour assurer la sécurité des Kurdes.

- "Merci" à Poutine -

Dans la ville frontalière syrienne de Kobané, une localité de l'extrême nord tenue jusqu'à ces derniers jours par les forces kurdes, un correspondant de l'AFP a vu en début de soirée plusieurs véhicules blindés arborant des drapeaux russes.

Les troupes russes, déjà présentes en Syrie où elles appuient l'armée du président Bachar al-Assad, avaient franchi dans l'après-midi l'Euphrate, le grand fleuve qui traverse le nord du pays en guerre, en direction de la frontière qui s'étend sur plusieurs centaines de km.

Lors d'une rencontre mardi à Sotchi, en Russie, le président Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont conclu un "memorandum" visant au retrait total des forces kurdes de la zone et au contrôle commun d'une large partie de la frontière turco-syrienne.

Cet accord signe la défaite des FDS, dont la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, est l'épine dorsale.

Salué comme "historique" par M. Erdogan, l'accord sonne le glas des volontés d'autonomie des Kurdes, le cauchemar d'Ankara.

- Colère et désespoir -

Mercredi, des scènes de colère et de désespoir se déroulaient à Qamichli, une ville frontalière du nord-est de la Syrie, considérée comme la capitale de facto des Kurdes syriens et qui a été exclue par l'accord sur la "zone de sécurité".

La ville abrite plusieurs dizaines de milliers de civils, dont de nombreux déplacés, et la situation y est déjà très précaire.

Des centaines d'habitants ont manifesté en criant des slogans hostiles au pouvoir turc, ont constaté des journalistes de l'AFP. Une pancarte comparait l'Etat turc à l'EI.

"Les occupants turcs ont lancé un génocide contre notre peuple et veulent changer la démographie de la région", affirmait Salman Sheikhi, un manifestant de 50 ans.

La Turquie a affirmé vouloir renvoyer dans la "zone de sécurité" une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens qui se trouvent sur son sol.

James Jeffrey, émissaire américain pour la Syrie, a cependant nié tout potentiel "nettoyage ethnique" de la part d'Ankara.

Les Etats-Unis enquêtent sur des allégations des autorités kurdes qui accusent la Turquie d'avoir utilisé des armes non conventionnelles, dont le phosphore blanc, interdit par le droit international, a-t-il néanmoins noté.

Le diplomate américain a également estimé que plus de 100 prisonniers de l'EI se sont échappés en Syrie depuis l'offensive turque. "Nous ne savons pas où ils se trouvent", a-t-il ajouté.

M. Trump a indiqué pour sa part qu'"un petit nombre" seulement de jihadistes s'étaient échappés.
 Dans le même temps, les troupes du régime syrien se renforcent elles aussi dans la zone frontalière. Appelées à l'aide par les forces kurdes lâchées par les Américains, elles peuvent ainsi renforcer leur emprise sur les parties du territoire qui lui échappent encore.

Ankara a dit compter sur Moscou pour mettre en oeuvre l'accord de Sotchi, ajoutant n'avoir "pas totalement confiance" dans le régime de Damas. Le texte prévoit que Russes et Syriens oeuvreront ensemble "pour faciliter le départ" de tous les combattants des YPG et de leurs armes.
(AFP, 23 octobre 2019)


Trump clame victoire mais Erdogan remporte la mise

Accusé d'avoir laissé la Turquie attaquer les alliés kurdes des Etats-Unis en Syrie, Donald Trump a finalement obtenu jeudi un accord qui lui permet de calmer le jeu à court terme, mais qui est aussi dénoncé comme une capitulation face aux revendications turques.

Après onze jours de soubresauts, le vice-président américain Mike Pence a affirmé avoir arraché un "cessez-le-feu" au chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan après plus de quatre heures de tractations à Ankara. C'est qu'il était venu chercher, à la demande du président des Etats-Unis.

Les autorités turques ont toutefois contesté la qualification de "cessez-le-feu", qui ne figure pas dans la déclaration conjointe américano-turque.

"Pence et Erdogan ont conclu un accord qui permet aux deux parties de clamer victoire auprès de leurs électeurs respectifs", dit à l'AFP Nicholas Danforth, expert au German Marshall Fund of the United States.

De fait, Donald Trump a immédiatement salué un "grand jour pour la civilisation" et, plus modestement, pour les Etats-Unis, la Turquie et les Kurdes. "Nous avons obtenu tout ce dont nous aurions pu rêver", s'est-il enthousiasmé.

Signe qu'il est partiellement parvenu à ses fins, au moins sur la scène politique américaine, le sénateur Lindsey Graham, à la tête de la fronde dans son propre camp républicain, a applaudi de "réels progrès". Une déclaration qui semble éloigner le spectre des sanctions "infernales" que cet allié de la Maison Blanche voulait imposer à Ankara.

- Le projet turc "ratifié" -

Concrètement, la Turquie s'est engagée à suspendre pendant cinq jours son offensive lancée le 9 octobre dans le nord de la Syrie, pour permettre aux forces kurdes de se retirer d'une "zone de sécurité" d'une profondeur de 32 km le long de la frontière turque. L'opération prendra définitivement fin si ce retrait est bien réel à l'expiration du délai.

"Les Etats-Unis viennent de ratifier le projet de la Turquie visant à repousser sa frontière de 30 km à l'intérieur de la Syrie, sans être en mesure d'influencer de manière significative les événements sur le terrain", a résumé, cinglant, l'ex-émissaire américain pour la lutte antijihadiste Brett McGurk, qui a démissionné en décembre lorsque le président Trump avait amorcé le retrait militaire américain.

Cette "zone de sécurité" était une vieille revendication du président Erdogan, qui accuse de "terrorisme" les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et redoute de voir un embryon d'Etat kurde aux portes de la Turquie alimenter les aspirations séparatistes dans son pays.

Or, avant l'offensive du 9 octobre, Américains et Turcs avaient entamé l'instauration d'une telle zone tampon en menant des patrouilles conjointes. Selon l'accord américano-turc, les troupes d'Ankara seront maintenant en première ligne pour y faire régner l'ordre, les forces américaines ayant quitté les lieux.

Car entretemps, la donne a été totalement bouleversée.

Et pour nombre d'observateurs, c'est Donald Trump qui a permis ce séisme, en laissant le champ libre à Recep Tayyip Erdogan pour lancer son attaque. Un feu vert de facto qui s'est concrétisé par le retrait des troupes américaines des abords de la frontière puis, face à l'avancée turque, de tout le nord syrien.

- "Tête dans le sable" -

Washington doit maintenant convaincre les forces kurdes syriennes, "tenues à l'écart des négociations", de se retirer en "renonçant à leur territoire le long de la frontière turque", estime Nicholas Heras, du cercle de réflexion Center for a New American Security.

"Erdogan n'aurait pas pu demander davantage à Trump."

L'administration américaine martèle que ses sanctions contre la Turquie ont fait plier Ankara. Elle a promis de les abroger dès que le "cessez-le-feu" sera permanent.

Donald Trump peut aussi se targuer d'avoir tenu, bien que dans la précipitation, sa promesse de désengagement d'une des "guerres sans fin" qu'il ne cesse de dénoncer.

Mais aux yeux de plusieurs experts, l'accord de jeudi ne permet pas de revenir sur les coups portés par sa décision aux objectifs de la politique syrienne des Etats-Unis. A commencer par le risque de résurgence du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Pour Nicholas Heras, "les Américains se mettent la tête dans le sable s'ils pensent que les forces arabo-kurdes vont accepter" de continuer "la campagne anti-EI".

Aussi grave, selon Nicholas Danforth: Moscou, adversaire stratégique de Washington, reste plus que jamais maître du jeu syrien. "Le sort des Kurdes" tout comme "l'avenir de l'incursion militaire de la Turquie en Syrie dépendront de la Russie, qui a soutenu l'armée syrienne pour reprendre le contrôle des territoires abandonnés par les forces américaines", dit-il.

Ironie de l'Histoire, la trêve actée jeudi par les Turcs prendra fin mardi, au moment même où le président Erdogan rencontrera en Russie son homologue Vladimir Poutine.
(AFP, 17 octobre 2019)

"Ne faites pas l'idiot!": l'incroyable lettre de Trump à Erdogan

"Ne jouez pas au dur! Ne faites pas l'idiot!": ce langage fort peu diplomatique est celui employé dans une lettre adressée par le président américain Donald Trump à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

"Trouvons un bon accord", suggère M. Trump dans cette missive de quatre paragraphes dévoilée mercredi mais datée du 9 octobre, dont l'authenticité a été confirmée à l'AFP. Elle a donc été adressée au président turc le jour où il a lancé ses troupes à l'assaut des Kurdes dans le Nord de la Syrie.

"Vous ne souhaitez pas être responsable du massacre de milliers de personnes, et je ne veux pas être responsable de la destruction de l'économie turque --ce que je ferais (si nécessaire)", écrit le président américain.

"L'Histoire vous jugera d'un oeil favorable si vous agissez de façon juste et humaine. Elle vous considérera à jamais comme le diable si les choses se passent mal", met en garde M. Trump sans autre précision.

"Ne jouez pas au dur! Ne faites pas l'idiot!", conclut le locataire de la Maison Blanche. "Je vous téléphonerai plus tard".
(AFP, 16 octobre 2019)

USA: la Chambre condamne largement la politique de Trump en Syrie


La Chambre des représentants a adopté mercredi à une très vaste majorité une résolution non-contraignante condamnant la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie, signe du grand malaise que cette politique a provoqué jusque chez ses alliés républicains.

Présentée par des élus démocrates et républicains, cette résolution "s'oppose à la décision de mettre fin aux efforts des Etats-Unis pour empêcher les opérations militaires turques contre les forces kurdes syriennes dans le nord de la Syrie".

Elle a été adoptée par 354 voix contre 60, avec l'approbation de 129 républicains sur les 197 siégeant à la chambre basse.

Le texte appelle en outre le président turc Recep Tayyip Erdogan à "cesser immédiatement" ses opérations dans le nord de la Syrie et à "respecter les accords existants".

Il exhorte "les Etats-Unis à maintenir le soutien aux communautés kurdes syriennes à travers un soutien humanitaire", à "s'assurer que l'armée turque agisse avec retenue" et la "Maison Blanche à présenter un plan clair et précis pour vaincre durablement" le groupe Etat islamique (EI).

"Le président a déchaîné une escalade vers le chaos et l'insécurité en Syrie lorsqu'il a donné à la Turquie le feu vert pour attaquer nos partenaires kurdes", a affirmé la présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi.

Le large soutien républicain apporté à ce texte accentue la pression sur le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, pour qu'il organise à son tour un vote sur la résolution.

Le retrait du nord de la Syrie annoncé par Donald Trump "était une erreur. Et j'espère qu'il n'est pas trop tard pour arrêter cette agression", a déclaré M. McConnell sans toutefois annoncer de date pour un vote.
(AFP, 16 octobre 2019)

En Turquie, le chef de l'Otan exhorte Ankara à agir "avec retenue"

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, en visite en Turquie, a exhorté vendredi Ankara à agir "avec retenue" lors de l'offensive menée contre une milice kurde dans le nord-est de la Syrie.

"Bien que la Turquie ait des préoccupations sécuritaires légitimes, nous nous attendons à ce qu'elle agisse avec retenue", a déclaré M. Stoltenberg lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.

"Je lui ai fait part de mes sérieuses préoccupations au sujet de cette opération et sur les risques de davantage de déstabilisation dans la région", a-t-il ajouté.

M. Stoltenberg a aussi affirmé que les avancées obtenues dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) "ne doivent pas être mises en péril". "Les prisonniers de Daech (un acronyme de l'EI) ne doivent pas pouvoir s'évader", a-t-il ajouté.

La Turquie, membre important de l'Otan, mène depuis mercredi une offensive en Syrie contre la milice kurde des YPG, considéré comme "terroriste par Ankara mais alliée des Occidentaux dans la lutte contre Etat islamique (EI).

Réagissant aux critiques émanant de plusieurs pays européens, le chef de la diplomatie turque a appelé à faire preuve de "solidarité".

"Attendre de nos alliés qu'ils fassent preuve de solidarité est notre droit le plus naturel", a déclaré M. Cavusoglu. "Dire: +Nous comprenons les inquiétudes légitimes de la Turquie pour sa sécurité+, ce n'est pas suffisant", a-t-il ajouté.

Il a également reproché à ces pays de faire la distinction entre les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) et un autre groupe auquel cette milice kurde est liée, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qualifiée de "terroriste" par Ankara, Washington et l'Union européenne.

"C'est de l'hypocrisie, je le dis pour les pays qui soutiennent (les YPG)", a estimé M. Cavusoglu.

Lors de la conférence de presse, les deux responsables ont également été interrogés sur des informations parues dans la presse espagnole selon lesquelles Madrid envisage de retirer ses batteries de défense antiaérienne Patriot déployées en Turquie, pour protester contre l'offensive d'Ankara en Syrie.

"Nous attendons des alliés de l'Otan qu'ils soutiennent la Turquie", a déclaré M. Stoltenberg. "La Turquie est en première ligne (...) Nous sommes ici pour protéger la Turquie, mais aussi pour nous protéger nous-mêmes".

Le chef de la diplomatie turque a pour sa part estimé que "tous ces débats" justifiaient la décision d'Ankara d'acheter plusieurs batteries d'un système de défense concurrent produit par la Russie, les S-400, un choix critiqué par les pays occidentaux.

"Cela montre que la Turquie n'a d'autre choix que d'acheter ses propres systèmes de défense antiaérienne. Nous n'allons pas supplier nos alliés à chaque fois", a-t-il déclaré.
(AFP, 11 octobre 2019)

D'anciens militaires accusent Trump d'avoir "abandonné" les Kurdes

Donald Trump se retrouve sous le feu des critiques d'anciens combattants de l'armée américaine pour avoir "abandonné" les Kurdes, alliés des Américains, en retirant des troupes du nord de la Syrie, près de la frontière turque, ouvrant ainsi la voie à une offensive d'Ankara.

La Turquie a lancé mercredi son assaut annoncé de longue date, quelques heures seulement après l'annonce par Donald Trump que les "50 soldats" américains concernés avaient bien "quitté" la zone, laissant les Kurdes - considérés par Ankara comme une menace - exposés.

L'ancien chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel, a accusé le président américain d'abandonner des alliés qui, en formant la majorité des Forces démocratiques syriennes (FDS), ont été cruciaux contre le groupe Etat islamique (EI).

"Cette politique d'abandon menace de défaire cinq années de combat contre l'EI et va sérieusement atteindre la crédibilité et la fiabilité des Américains dans toutes les batailles futures dans lesquelles nous aurons besoin d'alliés forts", a écrit le général, qui a pris sa retraite cette année.

"Les FDS ont libéré des dizaines de milliers de kilomètres carrés et des millions de personnes des griffes de l'EI. Durant les combats, elles ont déploré 11.000 victimes", a-t-il rappelé dans le magazine The Atlantic.

En comparaison, note M. Votel, seuls six soldats et deux personnels civils américains ont été tués.

- Désastre -

Donald Trump a depuis longtemps déclaré vouloir mettre un terme à l'engagement des Etats-Unis en Syrie. Il a aussi défendu que son pays ne pouvait rien contre la haine que se vouent les Turcs et les Kurdes.

Il a assuré mercredi qu'il "aimait" les Kurdes mais, interrogé sur la possibilité d'une alliance avec eux, le président américain a argué que ces derniers n'avaient "pas aidé" les Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et le débarquement en Normandie.

M. Trump a également estimé que son pays avait dépensé "énormément d'argent" afin d'aider les Kurdes et leur fournir notamment des armes et des munitions.

Malgré les arguments du président, Mark Hertling, ancien commandant des forces terrestres américaines en Europe, a estimé que la décision de Donald Trump "présage(ait) un désastre à venir pour les Etats-Unis".

"Les Kurdes des FDS --nos anciens alliés de confiance dans la lutte contre l'EI-- sont attaqués par un allié de l'OTAN, la Turquie", a-t-il écrit sur Twitter. "Les répercussions pour les Etats-Unis et l'OTAN seront durables et au détriment de la sécurité de l'Europe et du monde."

Selon des responsables du Pentagone, les Kurdes étaient mieux entraînés que les soldats turcs ou irakiens, par exemple, pour mener des campagnes visant à reprendre d'importantes villes des mains de l'EI.

"Lorsque l'armée irakienne s'est effondrée, les Kurdes sont ceux qui ont pris de plein fouet l'attaque de l'EI contre notre civilisation, pas nous, pas les Turcs", a rappelé Ruben Galledo, élu démocrate et ancien combattant en Irak.

"Abandonner les Kurdes est un autre rappel frappant que +l'Amérique d'abord+ signifie +l'Amérique seule+", a-t-il tweeté.

"En dehors d'Israël, notre allié le plus fort et le plus important au Moyen-Orient ont été les Kurdes... et nous avons perdu cela", a-t-il déploré, soulignant que les Etats-Unis ne pourraient désormais plus présumer d'un certain niveau de confiance de la part de ses alliés.

- Intérêts américains -

Certains ont dressé un parallèle avec de précédentes guerres dans lesquelles les Américains ont finalement laissé un allié se débrouiller seul, dont les gouvernements du Laos et du Sud-Vietnam dans les années 1970.

La sénatrice républicaine Martha McSally, ancienne pilote de l'armée de l'Air déployée au Moyen-Orient six fois, a estimé que la décision de laisser à la Turquie le champ libre était simplement "mauvaise".

"Les FDS, nos alliés kurdes, ont été ceux qui ont payé un lourd prix", a-t-elle déclaré sur Fox Radio. "Ils sont ceux qui ont renversé le califat" de l'EI.

Malgré tout, certains membres de l'armée américaine soutiennent le président dans sa volonté de retirer les soldats de conflits interminables.

Selon Dan Caldwell, du lobby Concerned Veterans For America, Donald Trump ne souhaite que faire passer les intérêts de son pays en priorité.
 
 l'émergence de l'EI et à la guerre civile en Syrie", a-t-il déclaré à l'AFP.
(AFP, 10 octobre 2019)

Les Kurdes "ne nous ont pas aidés en Normandie", dit Trump

Donald Trump "aime" les Kurdes, mais il tient à apporter quelques précisions.

Interrogé mercredi sur la possibilité que les Américains construisent une alliance avec les Kurdes, contre qui la Turquie a lancé une offensive en Syrie, le président américain a répondu que ces derniers n'avaient "pas aidé" les Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et le débarquement en Normandie.

"Les Kurdes se battent pour leur terre, il faut que vous compreniez", a expliqué le président républicain depuis la Maison Blanche.

Affirmant s'appuyer sur un article "très puissant", vraisemblablement publié par le site internet conservateur Townhall, il a développé son argumentaire: "Ils ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne nous ont pas aidés en Normandie, par exemple".

"Nous avons dépensé énormément d'argent pour aider les Kurdes, que ce soit en munitions, en armes, ou en argent".

"Ceci étant dit, nous aimons les Kurdes", a-t-il conclu.

La Turquie a lancé mercredi, malgré plusieurs mises en garde internationales, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Cette offensive intervient après la décision de Donald Trump de retirer des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie.

Mercredi, le milliardaire républicain a dit espérer que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible en Syrie.

"S'il le fait de manière injuste, il paiera un énorme prix économique", a-t-il mis en garde. "J'anéantirai leur économie si cela arrive".
(AFP, 9 octobre 2019)

Relations régionales / Regional Relations

Syrie et Turquie s'invectivent devant le Conseil de sécurité de l'ONU

La Syrie et la Turquie ont échangé jeudi des propos acrimonieux lors de leur première confrontation devant le Conseil de sécurité de l'ONU, au sujet de l'offensive turque en territoire syrien lancée le 9 octobre et arrêtée cette semaine.

L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, a vivement dénoncé "l'agression" de la Turquie contre son pays, trouvant "étrange" l'utilisation par Ankara de l'article 51 de la Charte de l'ONU sur la légitime défense pour justifier son opération militaire.

Il a en outre réclamé "le plein respect de la souveraineté syrienne" et "le retrait de toutes les forces étrangères illégitimes" de Syrie.

"Je rejette et condamne fermement toute présentation erronée de notre opération de lutte contre le terrorisme comme un acte d'agression", a répliqué son homologue turc, Feridun Sinirlioglu.

Il s'agissait d'une "opération limitée de lutte contre le terrorisme" qui visait notamment à "garantir l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie". "Elle n'a visé que des terroristes et leurs repaires, leurs armes et leurs véhicules", a-t-il insisté.

La Turquie qualifie de "terroristes" les combattants kurdes longtemps alliés des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique et contre qui elle a mené une offensive qui s'est terminée cette semaine.

Alors que l'ONU réclame un accès humanitaire sans entraves dans le nord de la Syrie, le diplomate turc a assuré que la Turquie facilitait l'aide humanitaire transfrontalière.

Il a d'autre part estimé que la "seule solution durable" pour les jihadistes étrangers et leur famille détenus en Syrie était qu'ils soient rapatriés par leur pays d'origine. "Priver des gens de leur nationalité n'est pas le bon moyen pour lutter contre le terrorisme". "Cela revient simplement à se laver les mains du problème", a-t-il jugé.

Feridun Sinirlioglu s'est enfin voulu rassurant sur le retour en Syrie de réfugiés accueillis en Turquie. Il s'effectuera de manière "volontaire, sûre et dans la dignité", a-t-il promis.

Lors de la réunion publique du Conseil de sécurité, l'ambassadeur allemand Christoph Heusgen s'est attiré de vives critiques de la Russie et de la Chine après avoir rappelé que ces deux pays avaient mis en septembre leur veto à une demande de cessez-le-feu à Idleb (nord-ouest) pour des raisons humanitaires.
(AFP, 24 octobre 2019)

La Ligue arabe condamne "l'agression" turque en Syrie

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont condamné samedi "l'agression de la Turquie" sur le territoire syrien, appelant au retrait immédiat des troupes d'Ankara, qui mènent depuis quatre jours une offensive dans le nord syrien contre une milice kurde.

Les ministres ont publié leur communiqué après une réunion d'urgence de l'organisation au Caire à la suite d'une requête de l'Egypte, afin d'évoquer l'offensive turque dans le nord-est de la Syrie, où les Kurdes ont établi une zone autonome à la faveur du conflit qui se déroule dans le pays depuis 2011.

Au début de la réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a qualifié l'offensive turque "d'agression" et "d'invasion d'une terre arabe".

Dans leur communiqué, les chefs de la diplomatie des pays membres de la Ligue arabe ont demandé "la fin de l'agression et le retrait immédiat et sans conditions de la Turquie de tout le territoire syrien".

L'offensive turque constitue "une menace directe pour la sécurité nationale arabe", selon les ministres de la Ligue arabe, qui ont dit réfléchir à "des mesures urgentes pour faire face à l'agression turque".

Ces mesures comprendraient des actions diplomatiques et économiques ainsi qu'une "coopération militaire pour faire face à l'agression turque", selon leur texte.
 Ankara, qui rejette toute critique depuis le début de son offensive, a condamné ces déclarations.

"Je condamne fermement la Ligue arabe pour avoir qualifié à tort l'opération antiterroriste (...) dans le nord-est de la Syrie d'+invasion+", a déclaré Fahrettin Altun, un porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'offensive turque vise la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par Ankara.

Le ministère des Affaires étrangères turc a jugé "malencontreux" les propos de M. Aboul Gheit.

"En accusant notre pays, au lieu d'accuser une organisation terroriste qui attente à l'intégrité territoriale de la Syrie d'être une force d'occupation, le secrétaire général de la Ligue arabe se fait complice des crimes perpétrés par cette organisation et commet une trahison envers le monde arabe", a-t-il affirmé.

Les ministres des Affaires étrangères irakien et libanais ont eux appelé au retour de la Syrie au sein de l'organisation panarabe.

La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe en 2011 quelques mois après le début du conflit. La question de sa réintégration divise depuis plus d'un an les Etats membres de l'organisation. La Turquie ne fait pas partie de la Ligue arabe.
(AFP, 12 octobre 2019)

Moscou bloque à l'ONU un texte demandant l'arrêt de l'offensive turque

La Russie a bloqué vendredi à l'ONU un projet américain de déclaration du Conseil de sécurité demandant à la Turquie d'arrêter son offensive militaire dans le nord de la Syrie, a appris l'AFP de sources diplomatiques.

Moscou a interrompu une procédure d'adoption de ce texte qui devait intervenir à 19H30 GMT, a indiqué l'une de ces sources. La Chine a suivi la Russie en rompant aussi cette procédure, selon un diplomate requérant l'anonymat.

Le projet, qui dans sa version initiale demandait seulement à Ankara de revenir à la diplomatie plutôt qu'utiliser des moyens militaires, avait été durci après plusieurs observations d'Etats membres du Conseil de sécurité faites au cours des dernières 24 heures.

Le texte final soumis à une adoption, obtenu par l'AFP, demandait à la Turquie "d'arrêter son opération militaire et de faire plein usage des canaux diplomatiques pour résoudre ses préoccupations de sécurité". Il soulignait aussi la "profonde préoccupation (du Conseil de sécurité) face à l'opération militaire turque et à ses implications, notamment dans leurs dimensions humanitaire et sécuritaire".

Le projet de texte réclamait également que toutes les parties protègent les civils et permettent un accès humanitaire durable en Syrie. Il mettait en garde contre une reconstitution de l'organisation jihadiste Etat islamique et soulignait qu'un retour des réfugiés en Syrie (l'un des objectifs d'Ankara avec son offensive) ne pouvait se faire qu'en sécurité et sur une base volontaire.

Après une réunion jeudi qui s'était soldée par des divisions, les Etats-Unis avaient proposé à leurs partenaires du Conseil de sécurité un texte qui dans sa version initiale ne parlait que de "profonde préoccupation" et demandait à Ankara de privilégier les "canaux diplomatiques" plutôt que militaires.

La mission diplomatique russe à l'ONU avait ensuite demandé du temps pour pouvoir consulter Moscou, ce qu'avaient accepté les Etats-Unis jusqu'à vendredi matin. La Russie a alors une nouvelle fois demandé un peu plus de temps mais sans succès. Les Etats-Unis ont enclenché une procédure d'adoption de leur texte, durci au passage pour demander l'arrêt de l'offensive turque, selon des diplomates.
(AFP, 11 octobre 2019)

L'Iran appelle à "une cessation immédiate" de l'offensive turque

Téhéran a appelé jeudi à "une cessation immédiate" de l'offensive turque déclenchée la veille contre des forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.

La République islamique," tout en exprimant son inquiétude" sur les conséquences de cette opération sur le plan humanitaire "insiste [sur la nécessité] d'une cessation immédiate des attaques et d'un retrait des unités militaires turques déployées sur le territoire de la Syrie", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

L'Iran "comprend les préoccupations de la Turquie en matière de sécurité, mais, considère, ainsi qu'il l'a déjà souligné, que les mesures militaires ne sont pas la solution pour répondre à ces inquiétudes", ajoute le communiqué.

Téhéran avait dit lundi son "opposition" à toute "action militaire" turque en Syrie, jugeant que cela entraînerait immanquablement "des dégâts matériels et des pertes humaines à grande échelle" à l'heure où "la priorité doit être d'établir la stabilité et la sécurité" dans ce pays.

La Turquie a lancé mercredi, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, suscitant une volée de critiques internationales et des menaces de sanctions américaines.

Allié du gouvernement du président syrien Bachar al-Assad, l'Iran parraine avec Ankara (qui soutient des rebelles) et Moscou (autre soutien des autorités syriennes) le processus de négociations sur la Syrie dit d'Astana lancé en 2017.

Selon l'agence officielle iranienne Irna, le président du Parlement iranien Ali Larijani a annulé mercredi soir, "à la suite de l'opération militaire turque sur le territoire syrien", une visite à Ankara, où il devait se rendre "à l'invitation de son homologue turc".
(AFP, 10 octobre 2019)

La Turquie abat un drone non identifié à la frontière syrienne

L'aviation turque a abattu samedi un drone non identifié qui avait violé à six reprises son espace aérien à la frontière syrienne, a annoncé dimanche le ministère turc de la Défense.

"Un véhicule aérien sans pilote qui a violé notre espace aérien six fois (...) a été abattu par deux de nos (chasseurs) F-16 qui avaient décollé" de la base aérienne d'Incirlik, a écrit le ministère sur Twitter, en publiant des images de l'appareil abattu.

Le ministère a précisé que l'origine du drone restait inconnue et qu'il avait été détruit à 13H24 (10H24 GMT).

"L'épave du drone a été retrouvée sur la base de Cildiroba" par la gendarmerie turque, dans la province de Kilis, selon le ministère.

En 2015, l'aviation turque avait abattu un chasseur russe Soukhoï Su-24 sur la frontière syro-turque, créant une crise sans précédent entre Ankara et Moscou.

Le président russe Vladimir Poutine avait qualifié cette action de "coup de couteau dans le dos". Les deux pays ont fini par se réconcilier pour travailler ensemble sur le conflit syrien, dans lequel ils restent dans des camps opposés.

La Turquie soutient les rebelles cherchant à renverser le président syrien Bachar al-Assad, tandis que la Russie reste l'un des derniers alliés du régime de Damas.

L'armée turque a mené deux offensives dans le nord de la Syrie contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les milices kurdes en 2016 et 2018.

Les Etats-Unis et la Turquie, alliés au sein de l'Otan, sont parvenus à un accord le mois dernier sur la création d'une "zone de sécurité" entre la frontière turque et les régions à l'est de l'Euphrate contrôlées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Washington considère les YPG comme un proche allié dans son combat contre l'EI. Mais Ankara les voit comme un "groupe terroriste" lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur le territoire turc depuis 1984.

Le PKK est considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive militaire en Syrie contre les YPG si la "zone de sécurité" n'est pas mise en oeuvre d'ici la fin septembre.

Le conseil de sécurité nationale de Turquie, rassemblant des leaders politiques et militaires, doit se réunir lundi sous la direction de M. Erdogan, avec la Syrie comme sujet principal de débat.

M. Erdogan a déclaré que jusqu'à trois millions de réfugiés syriens pourraient être rapatriés dans cette "zone de sécurité" qu'il essaye de mettre en place dans le nord de la Syrie.

La Turquie accueille plus de 3,6 millions de réfugiés syriens - c'est le pays au monde qui en a le plus sur son sol - et la population leur devient de plus en plus hostile, après huit années d'une guerre dévastatrice en Syrie.

Les experts estiment que les plans visant à établir une zone de sécurité longue de 480 km et large de 30 km dans le nord de la Syrie sont irréalistes, en l'absence d'accord entre les Etats-Unis, la Turquie et les YPG.
(AFP, 29 septembre 2019)

Dans le ciel libyen, bataille entre drones turcs et émiratis

Si les combats se poursuivent au sol, au sud de Tripoli, une autre bataille fait rage depuis quelques mois dans le ciel libyen entre drones turcs et émiratis, sans pour autant changer l'équilibre des forces, selon des analystes.

Depuis le début le 4 avril de l'offensive de l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, sur la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU, les lignes de front ont peu bougé.

Face au statu quo, les camps rivaux se sont tournés vers des armes plus sophistiquées, dans l'espoir de prendre le dessus dans cette bataille qui a déjà fait plus de 1.000 morts et forcé 120.000 personnes à quitter leurs foyers, selon l'ONU.

La Libye est "probablement le plus grand théâtre de guerre de drones au monde", a déclaré cette semaine l'émissaire des Nations unies, Ghassan Salamé.

Cité par les services de presse de l'ONU, M. Salamé a relevé une "utilisation beaucoup plus intense des drones", à 600 reprises par un camp et 300 de l'autre, sans préciser de quels camps il s'agissait.

Les drones sont entrés en jeu en juin, malgré un embargo sur les armes imposé par l'ONU à la Libye depuis la révolte de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi.

"Compte tenu de l'utilisation intensive des moyens aériens lors du premier mois de l'offensive (...), la plupart des avions de combat des deux forces aériennes sont immobilisés" pour des besoins de "maintenance", affirme Arnaud Delalande, spécialiste des questions de défense.

"Engagement direct"

"Ne voulant pas rester sans puissance aérienne, Haftar et le GNA semblent s'être tournés en urgence vers un autre type d'engin: les drones", explique-t-il à l'AFP.

Selon des analystes et experts, le maréchal Haftar s'est procuré des drones Wing Loong de fabrication chinoise auprès de son principal allié, les Emirats arabes unis.

En face, le GNA s'est tourné vers Ankara, qui soutient de moins en moins discrètement ses forces, pour s'équiper de drones turcs de type Bayraktar.

Depuis, l'objectif de chaque camp a été de détruire les drones de l'adversaire et leurs centres de commandement.

Ainsi, les forces du maréchal Haftar ont mené à plusieurs reprises des raids aériens contre l'aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de la capitale libyenne mais actuellement fermé, affirmant à chaque fois viser des drones turcs ou le centre de commandement de ces appareils.

"Cette guerre aérienne est devenue un engagement direct entre les deux principaux sponsors de l'ANL (Armée nationale libyenne autoproclamée par le maréchal Haftar) et du GNA", respectivement Abou Dhabi et Ankara, indique M. Delalande.

Ahmad al-Hasnaoui, un général libyen à la retraite, estime que du côté du camp Haftar, les drones soutiennent les forces terrestres et jouent "un rôle important pour affaiblir les forces et les lignes de ravitaillement" des pro-GNA. Et vice-versa.

"Pas une fin en soi"

L'analyste libyen Jalal al-Fitouri souligne également le "rôle crucial" des drones dans la bataille de Tripoli, et note une "intensification" depuis fin juin des raids aériens contre les bases de décollage de drones des deux camps rivaux.

"Les Wing Loong des Emirats arabes unis traquent les pistes de décollage des Bayraktar afin de détruire le potentiel aérien du GNA, mais n'y parviennent pas", selon M. Delalande.

"Les Turcs ont diversifié leur mode d'action en utilisant des routes pour faire décoller leurs appareils et en éparpillant des antennes relais sur l'ensemble de la zone entre Tripoli, Misrata et al-Jufra (centre) pour augmenter le rayon d'action de leurs drones", ajoute l'expert.

Wing Loong ou Bayraktar ? Indépendamment de qui l'emportera, "les drones ne sont pas une fin en soi" si les forces terrestres ne progressent pas, relève M. Delalande.

Face au statu quo sur le terrain, l'ONU encourage les belligérants libyens à faire taire les armes et relancer un processus politique compromis depuis le déclenchement de l'offensive du maréchal Haftar.

Mais pour M. Delalande, ce dernier "pousse les Emirats arabes unis à s'engager encore davantage".

"Des frappes de Mirage (utilisés par les forces aériennes émiraties) ne sont pas à exclure dans les prochaines semaines", dit-il. En face, Ankara "ne cache plus son soutien à Tripoli, sans pour autant engager directement son potentiel aérien".

Début septembre, M. Salamé, avait lancé un nouvel appel à la communauté internationale pour mettre fin au conflit, craignant "une intensification des soutiens militaires" à l'une ou l'autre partie qui "plongerait l'ensemble de la région dans le chaos".
(AFP, 29 septembre 2019)


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Critiqué par Erdogan, le dirigeant de Chypre-Nord se défend

Le dirigeant de Chypre-Nord a rejeté lundi les violentes critiques adressées à son endroit, notamment par le président turc Recep Tayyip Erdogan, pour avoir émis des réserves sur l'opération d'Ankara contre une milice kurde en Syrie.

"Depuis quand défendre la paix est-il devenu un crime?", a lancé Mustafa Akinci dans un communiqué, rejetant des "critiques injustes et disproportionnées".

Président de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara, M. Akinci a été vertement critiqué par la Turquie après avoir émis une rare et surprenante critique contre l'opération turque en cours en Syrie.

"Même si on appelle (l'opération turque) +Source de Paix+, c'est du sang qui coule, et non de l'eau", a écrit M. Akinci sur sa page Facebook samedi, appelant au "dialogue et à la diplomatie".

Ces propos ont suscité l'ire du président turc. "Il a totalement dépassé les bornes", a tonné M. Erdogan dimanche, ajoutant qu'une "réponse appropriée" serait apportée "le moment venu".

Les déclarations de M. Akinci ont également suscité une levée de boucliers à Chypre-Nord, qui reste sous l'influence écrasante du "grand frère" turc. Plusieurs députés de l'opposition ont appelé lundi M. Akinci à démissionner.

Loin de se laisser décontenancer, ce dernier a indiqué qu'il retournait "à leurs auteurs les déclarations injustes et blessantes adressées à (son) endroit".

"Nos instances gouvernantes, à commencer par le président, sont déterminées par la libre volonté de notre peuple", a-t-il déclaré, dans une apparente réplique aux critiques venues d'Ankara.

Non reconnue par la communauté internationale, la RTCN est née de l'invasion de la partie nord de Chypre par la Turquie en 1974 en réponse à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.

La Turquie a lancé la semaine dernière une incursion dans le nord-est de la Syrie contre les YPG, un groupe soutenu par les pays occidentaux en raison de son rôle dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) mais qualifié de "terroriste" par Ankara.

Exprimant lundi son souhait de voir la Turquie "enfin débarrassée du terrorisme", M. Akinci a ajouté qu'il était néanmoins "temps que les guerres, qui durent depuis bientôt 10 ans en Syrie, prennent fin".
(AFP, 14 octobre 2019)

Chypre acquiert quatre drones israéliens sur fond de tensions avec Ankara

Nicosie a fait l'acquisition de quatre drones israéliens, selon le ministère chypriote de la Défense, sur fond de tensions en Méditerranée orientale avec la Turquie autour d'opérations de forage gazier.

D'après le site d'informations "Kathimerini Chypre", ces drones, commandés en décembre 2018 pour 12 millions d'euros, doivent permettre à Nicosie d'améliorer la surveillance de sa zone économique exclusive (ZEE), où des compagnies internationales mènent des explorations à la recherche d'hydrocarbures.

Ces drones, livrés à l'armée chypriote, les premiers du genre selon Kathimerini, font partie des plus performants de leur catégorie, d'après leur fabricant israélien Aeronautics Group.

Contacté lundi par l'AFP, un porte-parole de la société israélienne n'a pas souhaité confirmer cette livraison, arguant de la politique de confidentialité de l'entreprise vis-à-vis de ses clients.

La découverte ces dernières années de gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé les appétits, notamment de la République de Chypre, qui espère devenir un acteur énergétique majeur.

Mais la Turquie, dont l'armée occupe depuis 1974 le tiers nord de l'île, s'oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources qui excluraient cette partie de Chypre, où vivent les Chypriotes-turcs.

Vendredi, les autorités chypriotes ont dénoncé une "grave escalade des violations" de ses droits souverains par la Turquie.

Selon Nicosie, la Turquie a envoyé un nouveau navire de forage dans sa ZEE, et plus particulièrement un bloc dont les licences d'exploitation ont déjà été attribuées en septembre par la République de Chypre aux géants énergétiques français et italien, Total et Eni.

Ces derniers mois, Ankara a envoyé trois navires de forage au total au large de Chypre malgré des avertissements de Washington et de l'Union européenne, dont Nicosie est membre.

L'UE a adopté mi-juillet une série de mesures politiques et financières visant à sanctionner la poursuite de ces forages.
(AFP, 7 octobre 2019)

Athènes veut une révision d'un pacte pour faciliter le renvoi de migrants

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a demandé vendredi la révision d'un pacte controversé UE-Turquie afin qu'Athènes puisse accélérer le renvoi des déboutés du droit d'asile sur les côtes turques, ce qu'a semblé approuver le commissaire européen aux questions migratoires.

"La Grèce ne restera pas seule", a rassuré le commissaire européen Dimitris Avramopoulos, en visite vendredi soir à Athènes avec le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer.

L'UE prendra "une initiative politique afin que la déclaration UE-Turquie soit renforcée. La Turquie nous l'a assuré", a promis M. Avramopoulos au lendemain de son déplacement à Ankara.

Le pacte entre Bruxelles et Ankara, entré en vigueur le 20 mars 2016, prévoit le renvoi en Turquie des migrants illégaux arrivant sur les îles grecques proches de la Turquie et des réfugiés syriens pour lesquels la Turquie est considérée comme "un pays sûr".

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qui a affiché sa volonté de renvoyer en Turquie 10.000 personnes d'ici fin 2020, a réclamé vendredi devant le parlement la révision de cette déclaration.

En vertu de ce texte, Athènes est autorisé à renvoyer à Ankara tout migrant "en situation irrégulière qui part de la Turquie pour gagner les îles grecques", à condition, selon Ankara, qu'il soit encore sur les îles et n'ait pas été transféré sur le continent grec.

Or Athènes veut pouvoir renvoyer des migrants déjà présents sur le continent.

Le chef du gouvernement conservateur grec a appelé la Turquie à "assumer ses responsabilités" et à "contrôler le flux migratoire en mer Egée".

Kyriakos Mitsotakis a souligné qu'il ne fallait pas "que la Turquie donne l'impression qu'elle profite de la situation pour des raisons géopolitiques".

"Il est crucial que nous appliquions à la lettre" le pacte UE-Ankara, a déclaré son ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chrysohoidis. "Les retours (des migrants en Turquie) doivent être appliqués sans restriction de nationalités", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune à Athènes.

"Nous devons mettre en place une politique à long terme sur les migrations. Cela ne pourra pas être fait sans une politique européenne commune de l'asile", a souligné le commissaire Avramopoulos lors de la même conférence de presse.

La veille à Ankara, il avait parlé d'"un besoin urgent de renforcer la prévention et la détection des départs irréguliers de Turquie".

"Toutes les personnes qui atteignent nos frontières et qui demandent l'asile et le méritent doivent être réparties de manière plus logique", a renchéri le ministre allemand de l'Intérieur. "Si nous n'aidons pas la Grèce (et plus généralement) les pays frontaliers de l'UE, nous aurons une migration chaotique qui conduira à une impasse", a estimé M. Seehofer.

La Turquie accueille presque 3,6 millions de réfugiés, dont une grande majorité de Syriens, et le président Recep Tayyip Erdogan a menacé début septembre d'en laisser affluer une nouvelle vague vers l'UE s'il n'obtenait pas davantage d'aide internationale.

La pression sur la Grèce ne cesse de s'aggraver: pour la première fois depuis le pacte de 2016, le pays est redevenu cette année la principale porte d'entrée en Europe des migrants, avec plus de 10.000 arrivées sur les îles en septembre.

M. Mitsotakis a indiqué qu'un amendement "plus strict" et "plus juste" sur l'octroi de l'asile serait déposé au Parlement grec en octobre.

Car, selon lui, "le problème actuel est plutôt une question de migrations et moins une question de réfugiés".

En 2015, 75% des personnes arrivés en Grèce étaient des Syriens fuyant la guerre, alors qu'"actuellement seuls deux sur dix sont des Syriens, 50% sont surtout des Afghans, Pakistanais", a-t-il ajouté. 
(AFP, 4 octobre 2019)

Chypre dénonce les nouvelles tentatives de forage d'Ankara

La République de Chypre, membre de l'Union européenne, a accusé vendredi la Turquie de passer outre les appels de l'UE en envoyant un nouveau navire de forage dans les eaux territoriales de l'île, dénonçant "une grave escalade".

"Chypre condamne avec force la nouvelle tentative de la Turquie de mener des opérations de forage illégales dans le sud-ouest de l'île", a affirmé le gouvernement dans un communiqué.

"Les nouvelles opérations de forage, prévues cette fois-ci dans un bloc déjà attribué, constituent une nouvelle grave escalade des violations continues de la part de la Turquie des droits souverains de la République de Chypre", ajoute le texte.

Selon Nicosie, la Turquie a envoyé le navire de forage Yavuz au bloc 7 de sa zone économique exclusive (ZEE) et plateau continental, or les licences d'exploitation de cette zone ont été attribuées aux géants énergétiques français et italien, Total et Eni, en septembre dernier.

Selon le gouvernement chypriote, la zone où doit opérer le navire turc est clairement définie en vertu du droit international comme faisant partie des eaux territoriales de Chypre.

"Cette nouvelle provocation est un exemple qui montre comment la Turquie fait fi des appels répétés de l'UE et de la communauté internationale à cesser ses activités illégales", a affirmé le gouvernement.

Nicosie assure que "le comportement provocateur et agressif" de la Turquie ne le dissuadera pas de mener des explorations et d'exploiter le gaz.

La découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit de Chypre, qui rêve de devenir un acteur énergétique majeur.

Mais la Turquie, dont l'armée occupe le tiers nord de l'île, s'oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources qui excluraient cette partie de Chypre, où vivent les Chypriotes-turcs.

Ces derniers mois, Ankara a envoyé trois navires de forage au large de Chypre malgré des avertissements de Washington et l'UE, qui a adopté à la mi-juillet une série de mesures politiques et financières visant à sanctionner la poursuite de ces forages.

Chypre est divisée en deux depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat de Chypriotes-grecs souhaitant unifier l'île à la Grèce, ce qui inquiétait la minorité chypriote-turque.

Les discussions formelles sur une réunification de l'île divisée sont au point mort depuis 2017.
(AFP, 4 octobre 2019)

Immigration / Migration

Les services de renseignement belges après l'offensive turque en Syrie

La Turquie a annoncé mardi soir qu’elle ne reprendrait pas son offensive militaire contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie car ces dernières se sont retirées des zones frontalières La situation est pour l’instant stabilisée. Les djihadistes de nationalité belge et leurs familles qui se trouvaient dans la zone sont pour la plupart localisés dans des prisons ou dans des camps. C’est en tout cas ce qu’affirme le lieutenant-général Claude Van de Voorde, le chef du Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS).

Dans le nord de la Syrie, les forces en présence ne sont plus tout à fait les mêmes. Les militaires américains ont quitté la région et d’autres puissances se sont engouffrées. La Turquie, et surtout la Russie. Ces deux pays "dirigent un peu entre eux ce qui se passe sur le terrain", déclare le lieutenant-général. De là à dire que les Etats-Unis ont donné les clés de la région à la Russie ? "C’est peut-être un peu extrême. Mais quelque part, oui, l’initiative est plus près de la Russie que chez les Américains."

Maintenant que les Etats-Unis se sont retirés de la zone, qui renseigne les Belges sur la situation des djihadistes ? Claude Van de Voorde confirme : il n’y a pas de contacts ou d’échanges de renseignements avec la Russie, la Turquie ou même avec le régime syrien de Bachar al-Assad. Malgré tout, certains pays alliés sont toujours présents d’une manière ou d’une autre, et surtout de manière très discrète.

"Les échanges au niveau des renseignements se font avec nos alliés classiques, c’est-à-dire les Français, les Allemands, les Anglais et les Américains, précise le lieutenant-général. Les Américains se sont retirés, mais il faut voir qu’ils restent quand même un joueur encore dans la zone. Selon nos informations, ils se sont retirés de la zone du conflit, mais ils sont encore présents dans d’autres zones. Ils ne sont donc pas complètement absents non plus."
Quel réseau de renseignements dans la région ?

La Belgique essaye aussi d’activer ses réseaux locaux tissés lorsque nos forces spéciales étaient présentes juste à côté, en Irak. Jusqu’au printemps 2018, des forces spéciales belges et des membres du renseignement militaire ont travaillé pratiquement à cheval sur la frontière entre l’Irak et la Syrie,

"Les militaires étaient sur place et nous avions aussi un petit détachement en support d’eux. Ce sont eux qui ont donc établi un réseau sur place pour avoir des contacts et donc recueillir des informations. Ce réseau est encore utile aujourd’hui, et là aussi on échange nos informations avec des réseaux gérés par les pays partenaires", ajoute Claude Van de Voorde.

Car c’est comme ça que ça se passe dans le monde du renseignement : c’est du donnant donnant. Et si la Belgique compte beaucoup sur les autres en Syrie, elle est très utile pour ses partenaires dans d’autres régions du monde.

A l’avenir, il faudra que la Belgique s’adapte aux changements d’alliances. Tout peut aller très vite. En Syrie, il a fallu à peine quelques semaines pour que les États-Unis quittent l’allié kurde et pour que la Russie, soutien du régime syrien, s’allie avec la Turquie. Cette dernière est aussi en cheville avec une nébuleuse de milices syriennes de l’opposition.

Le lieutenant-général conclut :"Je crois que c’est un peu ça la crainte pour l’avenir, c’est qu’on va être confronté, à mon avis, de plus en plus à des coalitions ad hoc. Un jour c’est l’ami et l’autre jour ça devient l’ennemi. Le monde est devenu beaucoup plus volatil. On le dit toujours, avant c’était très simple. Selon nous, les mauvais c’était l’Est et les bons c’était nous. Tout ça a changé."
(RTBF, 24 octobre 2019)

L'Allemagne, l'autre poudrière entre Turcs et Kurdes

Mohamed Zidik, un kurde-syrien de 76 ans, continue d'aller chercher tous les jours à Berlin son pain et ses pâtisseries chez son voisin turc, mais il sait qu'il ne vaut mieux pas y parler politique.

Saccage de commerces, agression au couteau, insultes... Les esprits s'échauffent entre les deux communautés depuis peu et l'Allemagne, où vivent les plus grandes diasporas turque et kurde d'Europe, redoute une importation du conflit en cours dans le nord de la Syrie.

Samedi, environ 14.000 manifestants pro-Kurdes sont attendus dans l'après-midi à Cologne, dans le cadre d'une journée de mobilisation dans plusieurs villes européennes. La police dit redouter des violences.

"Je sais qu'avec ce président (turc Erdogan, ndlr), une phrase de trop et hop la prison !", affirme Mohamed Zidik, ingénieur à la retraite.

Il passe sa journée dans le centre culturel kurde de Neukölln, un quartier populaire de Berlin, où il regarde, sur la télévision kurde, l'avancée des troupes turques au nord de la Syrie. Le septuagénaire y a trois soeurs, dont il est sans nouvelles depuis une semaine.

Dans le petit local berlinois, une rangée de talkie-walkie est en train de charger. Ils seront utilisés ce samedi par le service d'ordre de la communauté kurde pour la journée de mobilisation.

- Salut du loup -

"Pour le moment, les manifestations, c'est tout ce qu'il nous reste", reconnaît, amer, Mohamad Khalil, étudiant kurde de 23 ans, arrivé à Berlin en 2015 via la dangereuse route des Balkans.

Lundi soir à Herne, dans l'ouest du pays, au passage d'un cortège de manifestants kurdes, des Turcs ont fait le "salut du loup", un geste de ralliement de l'extrême droite nationaliste turque, considéré comme l'ultime provocation par leurs opposants.

Une bagarre éclate. Cinq personnes sont légèrement blessées. Ce geste qui mime une tête de loup, est toléré en Allemagne mais banni en Autriche depuis 2018.

A Berlin, le même jour, c'est un jeune arborant une veste à l'effigie du drapeau turc qui a été agressé au couteau par une bande de 15 personnes.

La situation en Turquie, de la tentative de putsch anti-Erdogan aux offensives anti-kurdes, finit toujours par atteindre l'Allemagne, où vivent près de trois millions de Turcs ou Kurdes.

"Nous sommes assis sur un baril de poudre" en Allemagne, estime le politologue turc Burak Copur sur la chaîne ZDF.

"Les émotions ici ne peuvent être vues indépendamment de la situation en Turquie, qui se reflète en Allemagne", ajoute-t-il.

Une partie non négligeable des Turcs d'Allemagne assume sa sympathie envers le régime d'Ankara.

- 'Terroristes' -

"Nous envoyons la mort dans l'âme nos soldats pour libérer les enfants et les familles syriennes" de l'emprise des "terroristes du PKK", le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mène une sanglante guérilla contre la Turquie depuis plusieurs décennies, dit Melahart Yavas, employée dans une école de conduite berlinoise.

"Turcs et Kurdes nous vivons, travaillons et même parfois nous marions ensemble là-bas comme ici en Allemagne", tempère-t-elle toutefois, "mon collègue, là, eh bien il est Kurde et ça ne me fait rien, mais le PKK c'est autre chose".

Les tensions ont gagné les terrains de football. Cinq joueurs d'équipes régionales allemandes ont imité les internationaux turcs et effectué un salut militaire après avoir marqué un but. Un geste passible de sanctions.

Mais pour les Kurdes allemands, c'est en premier lieu le réseau de mosquées DITIB, financé par Ankara, qui attise la haine anti-kurde, en marge des prières.

La puissante association religieuse turque se défend toutefois auprès de l'AFP "d'avoir planifié d'aucune manière que ce soit" une campagne en ce sens.

Cezal Vedat, 43 ans, patron d'une agence de voyage pour la Turquie à Berlin, espère que le conflit dans le nord de la Syrie va vite être résolu.

"Moi, je ne rentre au pays qu'une fois par an, mes amis kurdes encore moins. On est bien ici, alors qu'ils s'assoient tous à une table, qu'ils trouvent une solution et qu'ils nous laissent vivre tranquilles ici en Allemagne", dit-il.
(AFP, 19 octobre 2019)

Pays-Bas: 23 personnes arrêtées lors de heurts entre Turcs et Kurdes

La police néerlandaise a annoncé jeudi avoir arrêté 23 personnes lors de heurts survenus la veille à Rotterdam entre membres des communautés turque et kurde durant une manifestation visant à dénoncer l'offensive menée par Ankara en Syrie.

Des combats ont éclaté entre les deux communautés peu après le début d'une manifestation organisée par les Kurdes, qui a été rapidement suivie d'une contre-manifestation des Turcs.

Les personnes arrêtées, dont certaines étaient notamment munies de tournevis, "sont soupçonnées de violence ouverte, d'agression, de destruction et d'insulte", a déclaré la police.

Trois policiers ont été légèrement blessés au cours de la manifestation, qui s'est déroulée mercredi soir dans le centre de la ville portuaire de Rotterdam (ouest). L'un des agents s'est fracturé le poignet, ont rapporté les médias néerlandais.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a fermement condamné ces violences lors d'un débat sur l'offensive d'Ankara à la Chambre basse dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Vous pouvez manifester dans ce pays, mais nous le faisons de manière civilisée", a déclaré M. Rutte, cité par les médias néerlandais.

"Il faut résoudre les conflits sociaux par le dialogue, et non par les images que nous avons vues de Rotterdam. C'est absolument inacceptable", a-t-il martelé.

La Turquie a lancé mercredi dernier une offensive dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les Occidentaux dans la lutte antijihadiste mais qu'Ankara accuse de terrorisme.

Les Pays-Bas ont par la suite annoncé suspendre toute nouvelle exportation d'armements vers la Turquie "dans l'attente de l'évolution de la situation".
(AFP, 17 octobre 2019)

Plusieurs centaines de Kurdes réunis sur la place Saint-Lambert à Liège

Environ 400 Kurdes, selon une estimation de la police, se sont réunis vendredi à partir de 17heures sur la place Saint-Lambert, à Liège, pour dénoncer l'offensive turque dans le nord-est de la Syrie.

Un petit groupe de Turcs, munis de drapeaux, était également présent, séparé des manifestants par un cordon policier, a indiqué la police de Liège."Nous ne voulons pas des djihadistes d'Al Qaïda dans notre région", revendiquaient sur une banderole les manifestants kurdes, qui distribuaient également des tracts dénonçant la décision "irresponsable" de Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie et les "plans de nettoyage ethnique du régime d'Erdogan" à l'encontre des Kurdes.

Lundi, les troupes américaines stationnées dans le nord-est de la Syrie ont commencé à se retirer de la zone, laissant la voie libre aux militaires turcs. Mercredi, la Turquie a lancé, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antidjihadistes, faisant fi des mises en garde internationales.

Ankara insistait auparavant pour que les Forces démocratiques syriennes (FDS), menées par des Kurdes, se retirent de la zone syrienne frontalière de la Turquie, arguant qu'elles étaient liées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation "terroriste" par Ankara, Washington et l'Union européenne. Il s'agit du deuxième rassemblement kurde en deux jours à Liège. Un dispositif policier a été mis en place afin que ces rassemblements se déroulent dans le calme.
(RTBF, 11 octobre 2019)

Le Parlement flamand a été évacué suite à une alerte à la bombe

Le Parlement flamand a été évacué suite à une alerte à la bombe. Les parlementaires étaient en discussions quant au budget du futur gouvernement Jambon quand l'alerte a été donnée. Les élus ainsi que leurs collaborateurs se sont dirigés dans le calme hors du bâtiment et ont patienté dans la rue.

L'agence Belga précise que la présidente du Parlement flamand Liesbeth Homans (N-VA) s'est entretenue avec la police de Bruxelles et la police militaire et explique prendre cette alerte très au sérieux.

Selon les services du Parlement, cette alerte pourrait être en lien avec les 40 ans de l'Institut kurde de Bruxelles, qui devaient se tenir précisément dans le bâtiment de la rue de Louvain. Entretemps, l'événement a été annulé.

Après une fouille minutieuse des lieux par la police de Bruxelles, aidée de chiens à même de détecter la présence d'explosifs, le personnel à pu réintégrer les lieux vers 17h.

Le débat budgétaire sera poursuivi jeudi matin, à partir de 10 heures. Ainsi en ont décidé les groupes parlementaires. La décision sera formalisée officiellement, mercredi.

Le débat budgétaire avait été interrompu au cours de l'intervention du chef de file de Groen Björn Rzoska, qui sera autorisé à poursuivre son intervention jeudi.

Mercredi, une séance plénière assortie de questions d'actualité est au programme.

Dans l'après-midi, les commissions seront officiellement installées.
(La Libre Belgique, 8 octobre 2019)

Attaque à Paris: le spectre de l’ennemi intérieur

La tuerie commise au cœur de la préfecture de police de Paris par Mickaël Harpon, un informaticien attaché à la Direction du renseignement (DRPP), semblait bien d’inspiration islamiste, comme l’a précisé samedi le procureur antiterroriste Jean-François Ricard. L’assaillant, qui a tué à coups de couteau quatre policiers, avait envoyé à son épouse peu avant les faits pas moins de 33 SMS empreints de fanatisme et fréquentait, lui qui s’était converti à l’islam, des personnes soupçonnées de radicalisme.

L’enquête débouchera sur des certitudes. Il reste que cet attentat a frappé au cœur l’un des lieux de la lutte antiterroriste censé être l’un des plus sécurisés de France et au sein duquel s’agence la récolte du renseignement et se discutent les moyens de riposte au terrorisme.

Le choc est immense au sein de la préfecture de Paris. Il l’est aussi dans toutes les forces de police de France qui redoutent désormais que des « ennemis intérieurs » puissent œuvrer en leur sein.

Cette préoccupation est aussi celle de la police fédérale belge. Naguère, une évaluation de ce risque de « trahison interne » (elle vaut pour les islamistes comme pour des terroristes d’extrême droite) avait été menée dans le souci d’assurer la cohésion indispensable des forces engagées sur le terrain de la lutte contre le fanatisme. Le souci est celui-là : comment garantir l’efficacité de la lutte antiterroriste – et plus généralement assurer l’exécution des missions dévolues à la police – si la confiance entre personnels d’appartenances philosophiques (réelles ou supposées) différentes n’est plus ressentie comme absolue et devient un facteur de défiance ?

Mickaël Harpon a réussi par son raid meurtrier à instiller ce doute qui laissera des traces. La pire crainte s’est concrétisée.

En Belgique, le même souci s’était manifesté avec l’identification, au sein des forces armées, de 55 militaires (dont cinq sous-officiers) susceptibles d’être en relation avec des radicalisés, comme avait indiqué à la Chambre l’ex-ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) en réponse à une question parlementaire.

Le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner a annoncé un renforcement des procédures de scannage des personnels policiers. Elles seront menées et seront peut-être ressenties par les concernés comme l’étant à l’excès.

Mais c’est le prix à payer pour garantir que les corps essentiels de l’Etat ne sont pas gangrenés.

Cette tuerie réplique, avec une acuité accrue, au sein des forces de sécurité ce qui s’était fait jour au sein de la société au lendemain des attentats islamiques : une défiance amplifiée en regard des personnes issues de la communauté ou de confession musulmane.

C’est ce que le fanatisme terroriste vise : déstabiliser le vivre ensemble paisible.

A Paris, il a désormais tenté de déstabiliser ceux qui en sont les garants.
(Le Soir, 6 octobre 2019)

La Grèce confrontée à sa plus grande vague migratoire depuis 2016

"On gère au jour le jour", soupire un garde-côte grec, à l'arrivée d'un nouveau groupe de migrants, le cinquième de la journée, sur une plage de l'île de Lesbos en Grèce, confrontée à sa plus grande vague migratoire depuis 2016.

Sur la rive de Skala Sykamineas, au nord de Lesbos, "plus de 250 personnes sont arrivées en un seul jour", mardi, explique à l'AFP Patrick Foley, qui coordonne ici les secours pour l'ONG suédoise Lighthouse Relief.

"Nous avons assisté plus de 5.000 personnes en deux mois", ajoute-t-il, alors que deux nouveaux bateaux chargés d'une cinquantaine de migrants ont accosté mercredi matin.

"On a connu une escalade énorme depuis deux mois", observe-t-il, dans un contexte de nouvelle crise migratoire en Grèce, quatre ans après l'arrivée d'un million de demandeurs d'asile sur les îles grecques.

En septembre, 10.258 migrants ont débarqué sur les îles grecques depuis les rives turques voisines, en majorité des familles afghanes et syriennes, selon le dernier décompte du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies.

"La Grèce vit de loin la pire période" depuis 2016, quand l'Union européenne et la Turquie ont signé un accord pour réduire le flux migratoire, juge le ministre adjoint à la protection civile Lefteris Oikonomou.

"Chaque mois, il en arrive plus que le même mois de l'an dernier", renchérit Patrick Foley.

En mai, son ONG a aidé 70 migrants à accoster en sécurité sur les plages de Lesbos et à leur offrir un hébergement temporaire.

Ce chiffre a dépassé les 2.800 arrivées en septembre, à peu près autant en août, précise-t-il.

Pour lui, l'avenir "est vraiment imprévisible: on peut revenir à une situation normale du jour au lendemain, c'est peut-être une tendance à court terme ou au contraire continuer à augmenter", estime-t-il.

Le pic des arrivées sur les îles égéennes met en péril un réseau d'hébergement pour les migrants déjà complètement engorgé.

Les cinq "hotspots" sur les îles de Lesbos, Samos, Kos, Chios et Leros abritent plus de 26.000 migrants et réfugiés pour à peine plus de 6.000 places.

Dans un environnement insalubre, les exilés vivent dans des conteneurs de frêt ou sous des tentes de fortune et se plaignent de devoir attendre des heures pour avoir à manger, prendre une douche ou utiliser les toilettes.

- Conditions "inhumaines" -

"Garder des gens sur les îles dans de telles conditions d'insécurité est inhumain et doit prendre fin", souligne le HCR, dans un communiqué publié mardi.

Une réfugiée est morte et 17 migrants ont été blessés dimanche dans un incendie, suivi d'émeutes.

Le HCR exhorte "les autorités grecques à accélérer leur projet de transférer sur le continent plus de 5.000 demandeurs d'asile déjà autorisés à poursuivre leur procédure de demande d'asile", ajoute le HCR.

"En parallèle, de nouvelles places d'hébergement doivent être fournies pour alléger la pression des îles vers le continent grec où la plupart des sites ont la capacité" de les accueillir, précise encore l'agence onusienne.

En Grèce, beaucoup estiment que la Turquie n'en fait pas assez pour freiner le flux migratoire dans la mer Egée, dont les traversées périlleuses font des centaines de noyades par an.

Mais, selon Patrick Foley, c'est la crainte d'une arrestation en Turquie qui pousse les migrants, en particulier les Afghans, à se rendre en Grèce le plus rapidement possible.

"Beaucoup de personnes venant d'Afghanistan ont passé à peine deux semaines en Turquie avant d'entreprendre la traversée", en sachant "à peu près" ce qui les attend dans les camps grecs, rapporte le coordinateur de l'ONG.
 Mais ils "pensent que les choses ne peuvent pas être pires", lâche-t-il.

Le gouvernement grec conservateur, issu des urnes le 7 juillet, a affiché sa volonté de renvoyer en Turquie quelque 10.000 migrants d'ici fin 2020, en vertu du pacte entre Bruxelles et Ankara de mars 2016.

Le ministre grec chargé de l'immigration se rend à Ankara mercredi pour s'entretenir avec le ministre turc de l'Intérieur.

Le commissaire européen aux questions migratoires Dimitris Avramopoulos vient en Grèce vendredi.

Athènes a promis de continuer à transférer des réfugiés des îles vers le continent.

Mais à un tel rythme d'arrivées, le désengorgement des camps sur les îles sera rapidement neutralisé.

Quelque 250 réfugiés ont été transférés lundi au Pirée, autant que de migrants débarqués à Lesbos le lendemain.
(AFP, 2 octobre 2019)

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