Droits
de l'Homme / Human Rights
Nouveau coup de filet contre
le mouvement du prédicateur Gülen
Les autorités turques ont émis mardi des
mandats d'arrêt contre près de 700 personnes soupçonnées de liens avec
le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir
ourdi une tentative de coup d'Etat en 2016.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, les enquêteurs sont à la
recherche de 695 personnes, dont des militaires, des policiers et des
employés du ministère de la Justice. Au moins 159 d'entre elles avaient
été arrêtées mardi matin.
Ces mandats d'arrêt ont été émis dans le cadre de plusieurs enquêtes à
travers la Turquie.
A Ankara, le parquet a demandé l'arrestation de 467 personnes
soupçonnées d'avoir organisé des tricheries lors d'un concours de la
police en 2009 pour favoriser l'accession de sympathisants de M. Gülen
à des postes à responsabilités, selon Anadolu.
Toutes les personnes visées par les mandats d'arrêt émis mardi sont
soupçonnées d'être des partisans du mouvement du prédicateur Fethullah
Gülen, accusé par Ankara d'être le cerveau de la tentative de coup
d'État de juillet 2016.
Installé aux États-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie
catégoriquement tout lien avec la tentative de renversement.
Depuis le putsch avorté, les autorités traquent sans relâche ses
partisans et ont déclenché des purges d'une ampleur sans précédent dans
l'histoire moderne de la Turquie. Plusieurs dizaines de milliers de
personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues de
leurs fonctions.
Les vagues d'arrestations se poursuivent à un rythme soutenu, près de
trois ans après le coup d'Etat manqué, avec des coups de filet
pratiquement chaque semaine. (AFP, 18 février
2020)
A peine acquitté, le
mécène Osman Kavala de nouveau arrêté
Une joie de courte durée. Le mécène Osman Kavala, figure majeure de la
société civile turque, a été arrêté mardi peu après son acquittement
dans une autre affaire, une décision controversée qui risque de
renforcer l'inquiétude au sujet de l'Etat de droit en Turquie.
Dans l'après-midi, un tribunal de Silivri, près d'Istanbul, avait
acquitté neuf personnes, dont M. Kavala, accusées de "tentative de
renversement du gouvernement" pour avoir soutenu des manifestations
antigouvernementales en 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi.
Le tribunal avait en outre ordonné la libération du mécène emprisonné
depuis plus de deux ans, une incarcération qui en a fait le symbole des
pressions croissantes contre la société civile en Turquie.
Mais avant sa libération, le bureau du procureur général d'Istanbul a
émis un mandat d'arrêt contre M. Kavala dans le cadre d'une enquête
séparée, liée à une tentative de putsch visant le président Recep
Tayyip Erdogan en 2016.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, M. Kavala était attendu à sa
sortie de prison par des enquêteurs qui l'ont emmené au siège de la
police antiterroriste à Istanbul dans la soirée pour le placer en garde
à vue.
Alors que l'acquittement de M. Kavala avait été salué par les ONG et
plusieurs pays étrangers, sa nouvelle arrestation risque de susciter
une avalanche de critiques et de renforcer le sentiment d'un
acharnement contre le mécène, plusieurs fois pris à partie par M.
Erdogan.
La Turquie est régulièrement accusée de porter atteinte aux libertés,
en particulier depuis la tentative de coup d'Etat visant le président
Erdogan en 2016, suivie d'une implacable répression contre les voix
critiques.
"Cynique et cruelle"
Dans un communiqué, Amnesty International a appelé à "libérer
immédiatement" M. Kavala, qualifiant la décision de l'arrêter après son
acquittement de "cynique et cruelle".
"Cette initiative, illégitime et motivée par un désir de vengeance,
montre encore une fois que la justice turque est étroitement contrôlée
par le pouvoir politique", a déclaré à l'AFP la représentante en
Turquie de Human Righs Watch, Emma Sinclair-Webb.
Le procès à l'issue duquel M. Kavala avait été acquitté mardi était
considéré comme l'emblème des pressions contre la société civile sous
M. Erdogan.
Pour nombre d'ONG, ce procès, qui reposait sur peu d'éléments concrets,
visait à envoyer un message d'intimidation pour dissuader toute
nouvelle manifestation d'envergure contre M. Erdogan, qui dirige depuis
2003 la Turquie d'une main de plus en plus ferme.
En décembre, la Cour européenne des droits de l'Homme avait réclamé la
libération immédiate de M. Kavala, soulignant l'absence de "faits,
informations et preuves" dans l'acte d'accusation.
A l'issue de la sixième audience du procès Gezi, le tribunal avait
prononcé un acquittement en soulignant l'"absence de preuves
suffisantes".
Signe que l'affaire était suivie de près à l'étranger, le Conseil de
l'Europe, dont Ankara est membre, ainsi que les Etats-Unis et
l'Allemagne ont salué la décision de justice.
M. Kavala, homme d'affaires et philanthrope de 63 ans connu des cercles
intellectuels en Europe, était notamment accusé d'avoir financé le
mouvement de Gezi. Il risquait la prison à vie.
Depuis le début de l'affaire Kavala, des ONG dénonçaient un "simulacre
de procès" reposant sur des accusations "absurdes".
Le mouvement de Gezi a commencé avec un sit-in de militants écologistes
pour défendre le parc de Gezi, l'un des rares espaces verts au coeur
d'Istanbul. Après une répression brutale, il s'est transformé en
mouvement plus global contre M. Erdogan.
Le président Erdogan décrit régulièrement le mouvement de Gezi comme
une "tentative de coup d'Etat" préfigurant une tentative de
renversement, bien réelle celle-là, en juillet 2016.
Il a en outre plusieurs fois attaqué nommément M. Kavala, l'accusant de
"financer les terroristes" et d'être "le représentant en Turquie" du
milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, bête noire de
plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.
Mercredi, un autre procès emblématique doit reprendre, celui de
plusieurs défenseurs des droits humains, dont le président honoraire
d'Amnesty International en Turquie, jugés pour "terrorisme": (AFP, 18
février 2020)
Statement by 1,376 Citizens: We Were All at Gezi
Ahead of the sixth hearing of Gezi trial to be held on February 18,
1,376 citizens have signed a joint statement entitled "I too was there".
The statement has emphasized that "the aspirations voiced and requested
at Gezi cannot be subject of any judiciary procedure."
1,376 people have signed the following statement:
"I too was there because trees, rivers and mountains were my family
"I too was at Gezi so that I could express my opinions freely
"I too was there so I could experience the beauty of solidarity and
joint action
"I too was at Gezi so that no one would be concerned with how many
children I should have or whether I could laugh or not
"I too was there so that the city I live in did not become a concrete
jungle
"I too was at Gezi because I wish a peaceful life
"We were all there. The aspirations that were voiced and requested at
Gezi cannot be the subject of any judiciary procedure."
Info-Türk editors Dogan Özgüden and Inci Tugsavul too signed the
statement. (BIA, 16 February 2020)
TİHV: Demonstrations Banned in 21 Provinces for 147
Times in One Year
The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has released a report on
bans on demonstrations and events between January 1, 2019 and January
31, 2020.
In this period, governorships and sub-governorships issued bans 147
times in 21 cities and one district. The bans affected a total of
25,183,911 people. Durations of the bans varied from two days to 395
days.
"The right to / freedom of assembly and demonstration is an
indispensable condition and an inseparable part of democracies. Talking
about democracy is not possible in a country where this right/freedom
is not guaranteed," the report said.
If further stated that such practices violate Article 34 of the
Constitution, which says, "Everyone has the right to hold unarmed and
peaceful meetings and demonstration marches without prior permission."
"In the period of bans, the situation of Van province comes to the
fore. With back to back orders, the Governorship of Van has been
uninterruptedly implementing the ban on demonstrations and events since
November 21, 2016", the report said, noting that events have been
banned in Van for 1,174 days.
The reasons cited in ban orders were also "arbitrary, abstract and
discriminatory" and were not in compliance with international documents
on human rights, according to the report. (BIA, 13 February
2020)
Eight Lawyers from ÇHD Begin Hunger Strike
Eight lawyers from the Progressive Lawyers Association (ÇHD) have begun
a hunger strike in prisons where they are remanded.
Along with Selçuk Kozağaçlı, the chairperson of the association,
lawyers Aycan Çiçek, Aytaç Ünsal, Barkın Timtik, Ebru Timtik, Engin
Gökoğlu, Ayşegül Çağatay and Oya Aslan have begun the strike, the ÇHD
said in a statement.
"Mustafa Koçak and the revolutionary music band Yorum's members İbrahim
Gökçek and Helin Bölek are on a death fast aiming to defend acquired
rights. We are on a hunger strike to say, 'Our clients' rightful
demands are our demands, they should be accepted!'"
Grup Yorum's İbrahim Gökçek began a hunger strike 233 days ago. On the
199th day of his strike, de declared that he was on a death fast. Helin
Bölek began a hunger strike 230 days ago and announced that she began a
death fast on the 213th day. Both musicians are behind bars.
"We want an act of judging where principles that were gained as a
result of struggles to be implemented, the requirements of the right to
defense and fair trial are fulfilled, the 'crime' is proved based on
concrete and scientific evidence," the ÇHD stated.
Saying that trials are not fair "even in appearance", the lawyers
called for an end to the practices of the involvement of anonymous
witnesses and confessors in trials.
"We are on a hunger strike to say, 'All rights of political prisoners
who have been sentenced with these 'so-called' trials, should have
their rights returned, and the trials should be abolished with all
their consequences!
"We are on a hunger strike to defend human dignity against confinement
and torture on ill prisoners."
Eighteen lawyers from the ÇHD were sentenced to a total of 159 years in
prison in March 2019. An appeal court upheld the sentences without
examining the case files, a bianet report revealed in January. The case
is currently at the Court of Cassation. (BIA, 5 February 2020)
While There are 1,334 Ill Prisoners, Why Only the
Convict of Sivas Massacre?
Social
Memory Platform has released a written statement about the pardon
granted to the convict of Sivas Massacre by President Erdoğan. “No
matter who forgives murderers, we will not forgive them”, the Platform
has said.
Social Memory Platform has issued a statement about the pardon granted
by President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep
Tayyip Erdoğan to Ahmet Turan Kılıç, one of the convicts of Sivas
Massacre, which claimed the lives of 35 people in Madımak Hotel in 1993.
The Platform has made the following statement:
"Yesterday, the aggravated life sentence of Ahmet Turan Kılıç, one of
the defendants of Sivas Massacre, was removed by the special decree of
the President. The 27-year lawsuit filed into a massacre was time
barred, its murderers were and are still being rewarded with impunity.
In fact, Sivas Massacre is a crime against humanity and statutory
limitations are not applicable to crimes against humanity.
"The mindset that committed Sivas Massacre and the perpetrators who
planned it have never been investigated. Only some of those captured by
cameras were taken to court. These convicted murderers were regarded as
victims by the political Islam supporters of the time and are regarded
as such by the current government. The leaders and key figures of the
massacre have been blessed by the government.
"Moreover, different figures that were not questioned before the law
have been whitewashed by the so-called 'intellectuals' and
'journalists'. The history will, of course, not forgive all that has
happened. Considering that there are several ill and old convicts in
need of care in prisons, what is the reason for this special treatment,
which is not the case for them?
"According to the data of Human Rights Association (İHD), there are
1,334 ill prisoners and 557 of them are critically ill. When it is the
case, will prioritizing a single person not pave the way for an unequal
understanding? And we, of course, have a few words for the ones who
made him hit the headlines as a 'grandfather': 'No matter who forgives
murderers, we will not forgive them."
About Sivas Massacre and its judicial process
26 years ago on July 2, 37 people, including 33 artists and writers, 2
hotels workers and 2 attackers, lost their lives in the fire started at
Madımak Hotel in Sivas. 33 intellectuals were in Sivas to attend the
Pir Sultan Abdal festivities. 65 people, 14 of whom were police
officers, got wounded in the fire.
124 people were arrested in relation with the fire. In the seven-year
trial process, 33 people sentenced to death and 85 people were given
prison sentences of 2 to 15 years. 37 defendants were acquitted. The
death sentences of 33 people were converted to aggravated life
sentences.
On March 13, 2012, the Ankara 11th Heavy Penal Court dropped the
charges of the Sivas Massacre trial in line with the prosecutor's
demand to apply the statute of limitations to the case.
As the 9th Penal Chamber of the Supreme Court of Appeals upheld the
verdict on violation of statute of limitations, attorney Şenal Sarıhan
took the case to the Constitutional Court in 2014. However, the court
has not yet announced its judgement. In response, lawyer Sarıhan
appealed to the Constitutional Court regarding the long judicial
processes.
(BIA ,
3 February 2020)
Man serving life imprisonment for massacre of 37 set
free by Erdogan
A convict, who was serving an aggravated life sentence for his
involvement in the deaths of 37 people, has been set free following the
intervention of Turkey’s President Recep Tayyip Erdogan, the Bianet
news portal reported on Friday.
Ahmet Turan Kilic, 86, was convicted of killing 37, most of whom were
Alevi, during the 1993 Madimak Hotel Massacre in the central Anatolian
province of Sivas, where the victims were participating in a cultural
festival.
Erdogan’s decree setting him free came after Turkey’s Council of
Forensic Medicine (ATK) issued a report on Kilic’s health problems.
The convict was released following the publication of the decree in the
Official Gazette on Friday.
“Unfortunately, I am not surprised,” said Huseyin Mat, the chair of the
Federation of Alevi Unions in Germany (AABF), referring to the
allegedly continuing backing by the ruling Justice and Development
Party (AKP) government to the convicts.
Fadime Topac, a lawmaker for Germany’s Green Party, also condemned
Erdogan’s act, saying, “This is a slap in the face of the [Turkish]
public.”
“The [Turkish] state, which has not taken any step in the interest of
justice [in the massacre case], is now taking up saving [releasing] the
convicts,” said Zeynep Altiok, a daughter of Metin Altiok, one of the
victims.
Speaking to Bianet, the daughter pointed to the fact that there were
hundreds of sick inmates waiting for their release based on the ATK
reports, referring to Kilic’s sympathy to the AKP government.
Pro-government media outlets have long been campaigning for Kilic’s
release, Altiok claimed.
“I am wondering how such a personal relationship [between Erdogan and
the released convicts is available] that led to their releases. Can
Erdogan perform such an act [commutation] for all the ill prisoners?”
asked Altiok.
Altiok went on to say that Kilic was not the only convict who has been
released so far.
Previously, when she was a lawmaker from the main opposition Republican
People’s Party (CHP), Altiok had lodged parliamentary inquiries
directed to the judicial authorities, questioning the number of the
massacre convicts in the prisons and the release.
However, her attempts were left unanswered by the parliamentary
speaker’s office, which said that my questions were “long and personal.”
“Because there is a list of convicts that they [the AKP government]
keep secret. We [still] do not know and cannot reach information on how
many people [convicts] have been released and still imprisoned,” said
the former MP.
Altiok also alleged that the ATK doctors, who had previously not issued
sick reports for Kilic, were subjected to investigations by the AKP
government.
“I think the President has thrown his personal weight around [the
issue], as no results could be obtained from the ATK [until this
time],” Altiok argued.
Thirty-three intellectuals and two hotel workers lost their lives in
the Madimak Hotel on July 2, 1993, when it was set alight by a mob of
extremists — two of whom also died in the arson attack that targeted
Aziz Nesin, a Turkish writer.
That was because of his translation work on a novel called “The Satanic
Verses” by Salman Rushdie, a British-Indian novelist known for his
anti-Islamic stance.
The victims, together with some others, mostly Alevis, were in Sivas at
the time to attend a festival for Pir Sultan Abdal, a Turkish Alevi
poet.
A total of 124 people were arrested concerning the incident. After a
seven-year trial period, 33 people were sentenced to death, penalties
which were later converted to life imprisonment due to changes in the
law. Another 91 were handed varying prison sentences.
On 13 March 2012, the Ankara 11th Heavy Penal Court decreed that the
Madımak Trials had lapsed due to time and declared a statute of
limitations.
“May this bring good fortune,” the then Prime Minister Erdogan said on
the same day.
After the 9th Penal Chamber of the Supreme Court of Appeals upheld the
ruling by the lower court, Senal Sarihan, an attorney, took the case to
the Turkish Constitutional Court (AYM) in 2014.
The AYM is yet to announce its judgment since then.
The Alevis, the country’s largest religious minority, have long been
victims of discrimination in many areas of life, including education,
social and religious life, according to many analysts. (IPANews, Feb 1, 2020)
Turkey Criticized by UN Universal
Periodic Review
The 35th session of the Universal Periodic Review (UPR), where the
situation of human rights in 193 United Nations (UN) member countries
are reviewed every five years, has been completed at the UN Human
Rights Council in Geneva.
Making a presentation in the name of Turkey's delegation, Ambassador
Faruk Kaymakçı, the Deputy Minister of Foreign Affairs and the Director
of European Union Affairs, summarized the "difficult period regarding
the coup attempt on July 15, 2016, and the struggle against numerous
illegal organizations."
Kaymakçı stated that Turkey adheres to the values of the Council of
Europe, the First Judicial Reform Package has been put into effect to
improve freedom of expression and the press, and Turkey's efforts
regarding basic freedoms will continue with the Human Rights Action
Plan, which is expected to be run until 2023.
The 'government side' of the medallion
Kaynakçı said that with the First Judiciary Package, which was put into
effect in late October, many cases regarding freedom of thought can be
brought to the Court of Cassation and a maximum remand period was
determined both for the phases of investigation and prosecution. As for
criticisms about legal pressure on journalists, he told the council
that "the laws do not grant the privilege of committing an offense to
anyone, including journalists."
The national report Turkey submitted to the UN prior to the UPR also
stated that "Freedom of expression and the media are safeguarded by the
Constitution and other relevant legislation. There is an active and
pluralistic media community enjoying international standards of freedom
of expression and media in Turkey."
https://undocs.org/en/A/HRC/WG.6/35/TUR/1
'Law and freedom of expression'
However, the pressure on media representatives and rights defenders
were mentioned in the recommendations by more than 50 countries,
including Germany, Canada, France, Sweden, Norway, Iceland, Bulgaria,
Denmark, Estonia, Finland, Morocco. They made criticism and
recommendations about the separation of powers, independence of the
judiciary, rights of journalists becoming effective in accordance with
the European Convention on Human Rights.
At least 20 countries conveyed messages that were directly about
freedom of the press, such as the arbitrary arrest of journalists,
attacks on media representatives and impunity, online and offline
censorship.
Numerous countries, including the US and Sweden, asked Turkey to not
use Article 7 of the Anti-Terror Law as an instrument of oppression.
Uruguay and Armenia asked for the abolishment of Article 301 of the
Turkish Penal Code, which makes it illegal to "insult the state
institutions and the Turkish nation," which Turkey keeps in effect
despite a European Court of Human Rights (ECtHR) judgment on historian
Taner Akçam.
Slovenia mentioned Article 299 of the Turkish Penal Code on "insulting
the President" and Sweden brought up Article 125 of the Turkish Penal
Code, which envisages prison sentence for "insult."
According to the BİA Media Monitoring Reports, at least 61 journalists
have been given prison sentences, deferred prison sentences or judicial
fines in the lawsuits filed as per Article 299 of the Turkish Penal
Code since August 2014, when Recep Tayyip Erdoğan was elected
President. The Constitutional Court ruled last year that Article 299
being included in the legislation does not violate the Constitution.
Criticism from Mexico about freedom of the press
One of the most interesting moments of the event was that Mexico, the
country where the highest number of journalists were killed and where
drug traffickers and mafia targets journalists, drew attention to
violations of media freedom in Turkey.
Eight journalism and freedom of expression organizations (RSF, Article
19, PEN International, PEN Norway, IPI, Pen Britain, Freemuse, European
Centre for Press and Media Freedom [ECPMF] and IFEX) submitted a report
to the UN regarding the UPR of Turkey.
(BIA, 30 January 2020)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Joint Statement for Kavala's Release
by 18 Rights Organizations
18
rights
organizations have held a statement for the press regarding the
re-arrest of rights defender and businessperson Osman Kavala.
Handed down a verdict of acquittal and release in Gezi trial on
February 18, Kavala has been arrested again as part of another
investigation launched into the failed coup attempt on July 15, 2016.
Accordingly, 18 organizations constituting the Solidarity Network for
Human Rights Defenders - Turkey held a press statement at the İstanbul
Office of the Human Rights Association (İHD) today (February 28).
Referring to Osman Kavala's re-arrest as "an example of mistreatment",
the Solidarity Network has made a call for his immediate release.
The members of Solidarity Network for Human Rights Defenders - Turkey
Amnesty International, Association for Monitoring Equal Rights,
Citizens' Assembly Turkey, Civil Space Studies Association, Civil
Rights Defenders, Human Rights Association (İHD), Human Rights Agenda
Association, Human Rights Foundation of Turkey (TİHV), Initiative for
Freedom of Expression, Kaos GL, Life Memory Freedom Association, Media
and Law Studies Association (MLSA), SPOD, Punto24 Association for
Independent Journalism, Research Institute on Turkey, The Rights
Initiative, Truth Justice Memory Center, Turkish-German Forum of Culture
'It constitutes violations to both national and international law'
The press conference was attended by Mahir Geçikligün from the
Association for Monitoring Equal Rights, Esra Koç from the Citizens'
Assembly Turkey, Tarık Beyhan from the Amnesty International, Leman
Yurtsever from the İHD, Aslı Ece Kocak from the MLSA, Sinan Gökçen from
the Civil Rights Defenders, Ümit Efe from the TİHV and Burcu Bingöllü
from Memory Center. (BIA, 28 February 2020)
Erdogan
s'en
prend au mécène Osman Kavala, de nouveau arrêté
Le président Recep Tayyip Erdogan s'en est pris mercredi à l'homme
d'affaires et mécène Osman Kavala, une figure majeure de la société
civile en Turquie, qui a été de nouveau arrêté mardi juste après son
acquittement dans un autre dossier.
Un tribunal a acquitté mardi M. Kavala et huit autres personnes qui
étaient accusés d'avoir "tenté de renverser le gouvernement" pour avoir
soutenu des manifestations antigouvernementales en 2013 connues sous le
nom de mouvement de Gezi.
Mais avant même de pouvoir quitter la prison où il était incarcéré
depuis plus de deux ans, M. Kavala a été placé en garde à vue dans le
cadre d'une autre enquête, portant celle-là sur une tentative de coup
d'Etat qui a visé M. Erdogan en juillet 2016.
Dans un discours devant les députés de son parti à Ankara mercredi, M.
Erdogan a qualifié le mouvement de Gezi de "lâche attaque contre notre
Etat et notre nation", le comparant à des "attaques terroristes" et au
putsch manqué de 2016.
Sans le nommer, M. Erdogan a comparé M. Kavala au milliardaire
américain d'origine hongroise George Soros, bête noire de plusieurs
dirigeants autoritaires dans le monde.
"Des individus comme Soros s'activent en coulisses pour semer le
désordre en provoquant des révoltes dans certains pays. Leur bras en
Turquie était emprisonné, mais ils ont osé l'acquitter hier (mardi) en
ayant recours à des manoeuvres", a déclaré le président turc.
"Que notre nation soit rassurée : nous allons suivre cette affaire de
près", a-t-il ajouté.
Ces déclarations de M. Erdogan interviennent tandis que la garde à vue
de M. Kavala est en cours à Istanbul. Au terme de celle-ci, le
procureur chargé de l'enquête peut demander le placement en détention
provisoire de ce dernier.
Les ONG déplorent régulièrement les pressions du chef de l'Etat sur les
tribunaux, estimant que le pouvoir judiciaire est largement contrôlé
par le pouvoir politique.
D'après la presse turque, le Conseil des juges et des procureurs, un
organisme qui nomme les magistrats, a donné son feu vert mercredi à une
enquête sur les trois juges qui ont prononcé l'acquittement de M.
Kavala la veille.
Un enquêteur va être nommé pour examiner la procédure ayant conduit à
l'acquittement, a écrit le quotidien progouvernemental Hürriyet.
Le putsch manqué de 2016 a été suivi de l'implacable répression de
toute voix critique.
M. Kavala, un homme d'affaires et philanthrope de 63 ans né à Paris,
est connu des cercles intellectuels en Europe.
M. Erdogan a plusieurs fois attaqué M. Kavala ces dernières années,
l'accusant par exemple de "financer des terroristes".
L'Union européenne a vivement critiqué mercredi la nouvelle
interpellation du philanthrope, une décision qui, a-t-elle estimé,
"sape un peu plus la crédibilité de la justice en Turquie". (AFP, 19 février
2020)
La
romancière Asli Erdogan, acquittée, exclut de
rentrer en Turquie
La romancière turque Asli Erdogan,
acquittée vendredi à l'issue d'un procès controversé pour "activités
terroristes", a déclaré dimanche à l'AFP qu'elle excluait de rentrer
dans son pays car "une autre arrestation signifierait la mort" pour
elle.
"Dans les circonstances actuelles, je ne peux pas rentrer étant donné
les risques d'emprisonnement", a-t-elle affirmé dans un entretien
téléphonique avec une journaliste de l'AFP, expliquant que ce qu'elle
dirait dans une interview ou ailleurs pourrait servir de prétexte à une
nouvelle bataille juridique. "Une autre arrestation signifierait la
mort pour moi".
Les autorités turques ont arrêté des dizaines de milliers de personnes,
dont des universitaires et des journalistes, depuis le coup d'Etat
manqué de juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan.
Un tribunal d'Istanbul a acquitté la romancière des accusations de
"tentative de porter atteinte à l'intégrité de l'Etat" et
d'"appartenance à un groupe terroriste", et ordonné l'abandon des
poursuites pour "propagande terroriste".
"Pour être honnête, j'étais très surprise. Presque tout le monde
partait du principe que je serais condamnée", a confié l'auteure, qui a
choisi de vivre en exil en Allemagne.
"Je n'arrive pas encore à y croire, mais si ce n'est pas celle-là, il y
aura une autre affaire", a expliqué l'écrivaine, qui n'a aucun lien de
parenté avec le président Erdogan.
Auteur de plusieurs romans traduits à l'étranger, lauréate 2018 du prix
Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, Asli Erdogan était jugée
pour avoir collaboré au journal prokurde Ozgür Gündem, fermé par décret
en 2016.
Les autorités turques accusaient Asli Erdogan d'avoir, en collaborant à
Ozgür Gündem, aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un
groupe armé qui mène une sanglante guérilla en Turquie et est qualifié
de "terroriste" par Ankara.
La romancière de 52 ans, qui n'était pas présente à l'audience
vendredi, a décrit le système politique actuel comme "du fascisme, du
néo-fascime", affirmant que les procès contre l'auteur emprisonné Ahmet
Altan et l'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala démontraient
que la situation allait "bien au-delà d'une dictature".
"Je ne sais pas vraiment ce qui se passe à huis clos, mais de telles
affaires au caractère irrationnel n'ont pas d'autres explications. Je
les considère comme faisant partie d'une stratégie", a-t-elle souligné.
(AFP, 16 février
2020)
La
romancière Asli
Erdogan acquittée dans un procès pour "terrorisme"
Un tribunal d'Istanbul a acquitté vendredi la romancière turque Asli
Erdogan à l'issue d'un procès controversé pour "activités terroristes",
une affaire qui a suscité l'inquiétude de la communauté internationale.
Le tribunal a acquitté la romancière des accusations de "tentative de
porter atteinte à l'intégrité de l'Etat" et d'"appartenance à un groupe
terroriste", et ordonné l'abandon des poursuites pour "propagande
terroriste", selon une correspondante de l'AFP.
Ce procès était très suivi par les ONG et les observateurs étrangers
qui y voyaient un symbole de la dérive autoritaire du pouvoir turc
après une tentative de coup d'Etat visant le président Recep Tayyip
Erdogan en juillet 2016.
Auteure de plusieurs romans traduits à l'étranger, lauréate 2018 du
prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, Asli Erdogan était
jugée pour avoir collaboré au journal prokurde Ozgür Gündem, fermé par
décret en 2016.
Les autorités turques accusaient Asli Erdogan d'avoir, en collaborant à
Ozgür Gündem, aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un
groupe armé qui mène une sanglante guérilla en Turquie et est qualifié
de "terroriste" par Ankara.
La romancière âgée de 52 ans, qui ne réside plus en Turquie mais en
Allemagne, n'était pas présente à l'audience vendredi.
Sa mère, Mine Aydostlu, a fait part de sa surprise après l'énoncé du
verdict. "Croyez-moi, je suis très heureuse. C'est ce que je voulais,
mais j'ai eu du mal à y croire. J'ai dû demander plusieurs fois si elle
avait réellement été acquittée", a-t-elle dit à l'AFP.
"J'ai fini par l'accepter après avoir entendu le mot +acquittée+ neuf
ou dix fois!", a-t-elle ajouté avec un large sourire.
Selon son avocat, la romancière suit un traitement médical en Allemagne
et pourrait rentrer en Turquie une fois que celui-ci sera achevé.
"Elle est malade et ne peut pas trop se déplacer. Elle ne rentrera pas
aujourd'hui en Turquie, mais elle rentrera, bien sûr, c'est son pays,
sa patrie", a déclaré Me Erdal Dogan.
- "Textes littéraires" -
Dans un texte lu par son avocat lors de l'audience vendredi, Asli
Erdogan a estimé que l'accuser sur la base "de textes littéraires est
une chose que la raison peut difficilement accepter au 21e siècle" et
que cela revient à "piétiner les valeurs sur lesquelles reposent le
droit et la littérature".
Elle a en outre souligné que le caractère politique de ses écrits pour
Ozgür Gündem "se limitait à (la dénonciation des) violations des droits
humains" et réclamé son acquittement.
L'arrestation et la détention pendant plus de 130 jours en 2016 d'Asli
Erdogan ont suscité une vague d'indignation à travers le monde.
Libérée en décembre 2016, elle avait dû attendre septembre 2017 pour
récupérer son passeport et pouvoir quitter la Turquie.
Pour les ONG, son procès était emblématique des atteintes croissantes à
la liberté d'expression en Turquie, en particulier depuis la tentative
de coup d'Etat du 15 juillet 2016.
Après le putsch manqué, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a mené
une répression implacable qui n'a pas épargné les intellectuels et les
médias, comme le quotidien d'opposition Cumhuriyet dont plusieurs
journalistes ont été condamnés pour "terrorisme".
Dans un entretien avec l'AFP en 2018, Asli Erdogan faisait part de son
inquiétude au sujet de la situation dans son pays, qualifiant de
"fasciste" le gouvernement actuel.
Asli Erdogan n'a aucun lien de parenté avec le président Erdogan.
Outre la romancière, le tribunal a acquitté deux autres personnes, dont
la linguiste Necmiye Alpay, jugées avec elle dans le procès Ozgür
Gündem. (AFP,
14 février 2020)
Death Fasting Grup Yorum
Member İbrahim Gökçek Not Released
"Today is February 14. We don't celebrate Valentine's Day, but today is
our marriage anniversary. I was standing trial with my wife, they have
separated the files. She has not come here today, I cannot see her. If
we were outside, maybe we could have the opportunity to drink pickle
juice as poor children of the people, but we are deprived of that too.
Four years of our five-year marriage have passed in prisons, damn this
system."
Six people, including the arrested member of Grup Yorum music band
İbrahim Gökçek, stood trial at the İstanbul 37th Heavy Penal Court in
Çağlayan Courthouse for the first time today (February 14).
Announcing its interim judgement, the court has only released Barış
Yüksel on the condition that he gives signature at the police
department once a week. The court board has ruled that the detention of
all defendants, including İbrahim Gökçek, shall continue.
The court has also ruled that Gökçek be examined at the Forensic
Medical Institute to receive a report as to "whether he can stay in
prison or not."
The trial has been moved to the court at Silivri Penal Institution in
İstanbul. The next hearing of the case will be held on March 26-27,
2020.
He could make his defense while sitting
İbrahim Gökçek, the guitarist of Grup Yorum music band, has been on a
hunger strike in prison for 241 days and musician Helin Bölek has been
on a hunger strike for 238 days. They demand their right to a fair
trial and an end to constant police raids against their cultural center.
As İbrahim Gökçek's request for being taken to court in an ambulance
was rejected, he was brought to courthouse in a separate vehicle. As he
was having difficulties in standing, a chair was brought to the court
hall so that he could make his defense while sitting.
Among the ones who followed the hearing today were also Peoples'
Democratic Party (HDP) MP Musa Piroğlu and Republican People's Party
(CHP) MP Ali Şeker as well as writers Temel Demirer and Murat Menteş
and artists Pınar Aydınlar and Orhan Aydın.
Request for recusation rejected
Attorney Yaprak Türkmen raised a request for recusation: "What your
court did in the trial of Progressive Lawyers Association (ÇHD) lawyers
has cast a suspicion on your impartiality, we do not think that you are
impartial. As the board of the İstanbul 37th Heavy Penal Court, you
have been assigned after the lawyers were arrested again following a
verdict of release.
"A scandalous verdict of this court was the one on Atilla Taş, another
was the verdict of arrest for Selahattin Demirtaş and Sırrı Süreyya
Önder. Similarly, several academics were penalized by the court chaired
by Akın Gürlek."
Evaluating the request of the attorney in a few minutes, Presiding
Judge Akın Gürlek rejected the request "on the ground that the request
was ill-intentioned and aimed to prolong the trial."
Gökçek: I don't accept to be silenced
A chair was brought to court hall so that İbrahim Gökçek could make his
defense. He could present his statement while sitting:
"I want to live as an artist of the people, I want all obstacles
standing in the way of Grup Yorum to be removed.
"The case file was delivered to us on Tuesday. The file had over 1,000
pages and we did not have the opportunity to examine it. I want time to
make my actual defense. I have come here today. But, I do not know
whether I can come to this court hall ever again or the audience can
see me again. I might die, I might be disabled or lose my memory.
Anything can happen. I wanted to say what I had to say for that reason.
"Why has this process come here? I want to talk about this. I thank
everyone, the artists, families, my attorneys. I know that you stand by
me.
"Who am I? Halil İbrahim Gökçek. I am a laborer of Grup Yorum for the
past 15 years. We tried to do whatever Mahsuni Şerif and Pir Sultan did
to do arts. We were not court jesters. I composed songs, I played bass
guitar. I gave concerts to hundreds of thousands of people in dozens of
concerts. It was the case until the State of Emergency in 2016.
'What did we do for this hostility?'
"A massive political lynch was launched against Grup Yorum in 2017.
Taking the coup of the FETÖ as an opportunity, the AKP has started to
attack the entire opposition in the country. İdil Cultural Center,
which I am a taxpayer of, has been raided for 12 times, the notes of
pianos were destroyed one by one, our guitars were broken. What did we
do for this hostility? We went through all these because we kept on
singing our folk songs. I do not accept the silencing of our folk songs
and bans on our concerts.
"A pages-long indictment was written based on the statements of
witnesses who try to save themselves. Believe me, when this process is
over, you will be the first ones to be stood up.
"I want justice. I want our cultural center not to be raided and want
Grup Yorum members to be released. We are the sources of pride of this
country. We did not bootlick the ruling party's municipalities or
pocket millions of liras like others. We receive 10 or 15 thousand
liras for our concerts the most. We do not get more than that.
"They put such a group to trial. They torture it, they curse it...
"We are in the 21st century and concerts are being banned. We have been
added to lists. What did we do? Did we take guns in our hands? Did we
kill people? Did we give an order of killing? We taught children music,
we formed an orchestra. Is it a crime?"
While İbrahim Gökçek was presenting his statement of defense to the
court, Presiding Judge Akın Gürlek interrupted him for a few times and
wanted him to cut his defense short, indicating that he asked Gökçek's
statement regarding his request for release.
Gökçek answered, "Why are you interrupting me? What is the reason for
that hostility? We are here because we did what I talked about.
'I want to live and play guitar, don't be our murderers'
Gökçek continued his remarks as follows:
"I looked at the indictment partially, but these are not written about
us there: It is not written there that we abused children at the
cultural center, it is not written that we did drug dealing or made
present of tenders. Those who do such things are roaming free outside.
"As for Grup Yorum, it gives free concerts. The equipments such as
cranes and barriers that we legally requested from municipalities for
these concerts have been added to the indictment, defining it as
illegal. 'Terrorist' is the one who spreads fear among the public, we
are not terrorists.
"Attacks against Grup Yorum should end. I was 5 years old when the
group was established and it still continues. Governments have come and
gone, but it still continues. Grup Yorum cannot be silenced like that.
It does not keep silent so long as there are people risking death for
their art. There is Helin Bölek and I. We have risked death to perform
our art in today's Turkey.
"I want to live, I want to play guitar, I want to give concerts, I want
to see the people I love. But the conditions for this should be
established. Do not stand before our art with heavy weapons and
sentences."
Addressing the court, İbrahim Gökçek said, "Don't be our murderers. We
resist even for you so that you will not experience the unjust acts
that the ones before you went through. We are such people."
The hearing continued with the statements of other defendants and
lawyers.
What does the indictment say?
The 159-page indictment against İbrahim Gökçek starts from Kızıldere on
March 30, 1972. The Counter-Terrorism (TEM) records kept about him
since 2005, the statements of nine separate witnesses and the alleged
"[terrorist] organizational attitude" displayed by him while serving
time in prison are the only evidence cited in the indictment.
The records of İstanbul Security Directorate's Counter-Terrorism Branch
go as far back as the years of 2004 and 2005. As for the records of
profiling, they start from the year 2005.
In the first archive records, a witness testifying about Gökçek said,
"I have learned his name and open identity from you. He is a member of
the music band named Grup Yorum, which is a legal institution of the
Revolutionary People's Liberation Party-Front (DHKP-C)."
Among the alleged criminal evidence cited against İbrahim Gökçek is
also a chapter entitled 'His organizational attitude during detention
procedures." His refusal to eat the served meal is also listed as
evidence under this chapter:
"It has been understood that during the time when he was in custody,
suspect İbrahim Gökçek showed resistance to the officers, chanted
slogans, threatened the commissioned personnel, refused to eat the
served meal and went on a hunger strike, he did not put his signature
on the minutes of attorney visitation and went on a hunger strike by
rejecting the served meal." (BIA, 14 February
2020)
Le
parquet requiert la prison à vie pour le
mécène Kavala
Un procureur turc a requis une peine de prison à vie contre l'homme
d'affaires et philanthrope Osman Kavala, incarcéré depuis plus de deux
ans, selon des documents transmis au tribunal et rendus publics par le
parquet jeudi.
M. Kavala, une figure connue des cercles intellectuels en Europe, est
accusé avec 15 autres personnes de "tentative de renversement du
gouvernement" pour avoir soutenu un mouvement de contestation
antigouvernementale en 2013 connu sous le nom de "mouvement de Gezi".
Dans le réquisitoire transmis au tribunal en vue de la prochaine
audience qui doit se tenir le 18 février à Silivri, en lisière
d'Istanbul, le procureur réclame la peine de prison à vie pour M.
Kavala et deux de ses co-accusés.
Au mois de décembre, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a
ordonné la libération immédiate de M. Kavala, mais le tribunal turc
avait fait fi de ce jugement et l'avait maintenu en détention
provisoire.
La détention et le procès de l'homme d'affaires, accusé d'avoir financé
les manifestations de 2013 contre l'actuel président turc Recep Tayyip
Erdogan suscitent l'inquiétude des défenseurs des droits humains en
Turquie et en Europe.
Son incarcération depuis plus de deux ans a fait de lui le symbole de
la répression orchestrée contre la société civile en Turquie, en
particulier depuis une tentative de putsch en 2016 suivie de purges
massives. (AFP,
6 février 2020)
Asli
Erdogan: La
Turquie a lancé une guerre totale contre les Droits Humains
Le procès d’Asli Erdogan reprend le 14 février prochain. L’écrivaine,
éprouvée par une récente campagne de lynchage médiatique et des menaces
de mort, a dû bénéficier encore il y a seulement quelques jours d’une
importante protection policière, alors qu’elle se trouvait à Genève. En
effet le Grand Théâtre de Genève a chargé Luk Perceval, metteur en
scène belge, de revisiter « l’Enlèvement au sérail ». Il a fait appel à
Asli Erdogan pour remplacer un livret désuet par des textes
contemporains, des extraits de son livre « le Mandarin miraculeux ».
« Quelle belle réponse aux orientalistes que de me donner ainsi la
parole ! », me disait-elle tout à l’heure au téléphone. Pourtant rien
n’est facile pour elle, ni devoir vivre sous la menace, ni attendre un
procès, dont elle ressent profondément qu’il est une attaque directe
contre son œuvre d’écrivaine, comme elle l’explique ci-dessous. Je
traduis avec son accord le courriel adressé ce jour à plusieurs amis et
collègues.
Cécile Oumhani.
Chers amis, chers collègues,
Comme vous vous en souvenez peut-être, j’ai été arrêtée le 16 août
2016, au prétexte que j’étais membre du symbolique comité consultatif
de « Özgür Gündem », un journal pro-Kurde, tout à fait légal, en même
temps que les deux rédacteurs en chef. Bien que nous ayons été six à
faire partie du comité consultatif, seule Necmiye Alpay, linguiste et
critique littéraire, a été arrêtée deux semaines après moi. Les chefs
d’accusation qui pesaient contre moi étaient « atteinte à l’unité de
l’Etat » (réclusion à perpétuité aggravée) et « propagande et
appartenance à une organisation terroriste » (jusqu’à quinze ans
d’emprisonnement). Au bout de quatre mois et demi, j’ai été libérée
mais l’affaire se poursuivait.
On l’a laissée traîner pendant trois ans, le procureur reportant
continuellement le procès. Le mois dernier, un nouveau procureur a
soudain pris une décision. Il a demandé que les rédacteurs en chef,
ainsi qu’Eren Keskin, Président de l’Association des Droits Humains et
ancien rédacteur en chef soient jugés pour avoir été membres du PKK
(jusqu’à 15 ans d’emprisonnement). Il a aussi demandé une peine de
prison de 2 à 9 ans pour moi, pour quatre articles que j’ai écrits,
disant qu’il s’agissait de propagande.
Le plus absurde est que ces articles ont été publiés en 2016 et qu’ils
n’ont alors suscité ni procès ni même une enquête. En fait aucun de mes
articles dans toute ma carrière n’a jamais entraîné de procès. L’un
d’eux est un monologue intérieur, un texte en prose intitulé : «
Journal du fascisme : aujourd’hui ». Il n’y a presque rien de politique
dans ce texte, il est tout à fait abstrait et ne fait référence ni à un
lieu ni à une époque. Il s’agit d’une description littéraire de la
destruction intérieure d’un individu sous un régime autoritaire ainsi
que du lourd poids qu’implique d’être témoin. En fait cet article a été
inclus dans « Le silence même n’est plus à toi » et a été publié par
plusieurs éditeurs dont Actes Sud, Penguin Knaus, Gyldendal, Ramus et
Potamos notamment. Le livre a été récompensé par plusieurs prix
littéraires.
Maintenant les éditeurs de plus de douze maisons d’édition, ainsi que
plusieurs membres appartenant à des jurys littéraires sont
indirectement tenus responsables de propagande terroriste. Le procureur
affirme que j’ai fait des commentaires sur des « civils assassinés »,
alors qu’aucun « civil » n’a jamais été assassiné et que donc j’essaie
de représenter les membres du PKK assassinés comme des « civils », en
conséquence de quoi je fais de la propagande, etc. Je suis certaine que
ces éditeurs ne savent même pas pour quelle organisation ils sont
censés avoir fait de la propagande !
Mais l’attaque contre mon œuvre littéraire ne s’arrête pas là. L’un des
articles qui figure dans mon dossier s’intitule « Le plus cruel des
mois : avril », en référence à T.S Eliot. Il décrit la mort d’un chien
errant dans une ville entièrement en ruines. Étrangement, aucun des
articles où je décris comment des civils ont été effectivement
massacrés ne figure dans le dossier.
Le procès est pour très bientôt, avant qu’aucune vraie solidarité ou
réaction forte n’ait le temps de s’organiser : le 14 février, jour de
la Saint-Valentin.
J’en appelle instamment à vous pour que vous protestiez contre ce qui
attaque très gravement la liberté d’opinion, d’expression et bien plus…
La Turquie a lancé une guerre totale contre les Droits Humains, la
littérature et pire encore, la CONSCIENCE, par son insistance à me
poursuivre.
Mes salutations,
Asli Erdogan
(nouvelobs.com, Texte traduit par Cécile Oumhani, membre du PEN français et
du Parlement des Écrivaines Francophones, 29 janvier 2020)
Kurdish
Question / Question kurde
Emprisonné, Selahattin Demirtas s'évade
par l'écriture
Il vit derrière des barreaux depuis plus de trois ans, mais ses mots
sont libres. Avec ses livres qui s'arrachent dans les librairies,
l'opposant kurde Selahattin Demirtas a rejoint l'illustre famille des
prisonniers turcs qui prennent la plume.
Son inspiration, il la trouve "dans les livres, les rêves et les
nouvelles venues de l'extérieur". "Il n'y a rien d'autre ici, à part
quatre murs et une porte", explique-t-il à l'AFP dans des réponses
écrites à des questions transmises par son avocat.
M. Demirtas, ancien candidat à la présidentielle et l'un des principaux
rivaux de Recep Tayyip Erdogan, est emprisonné depuis plus de trois ans
à Edirne (nord-ouest) et risque jusqu'à 142 ans de prison pour des
accusations de "terrorisme" qu'il rejette.
Désormais dans l'incapacité de défier M. Erdogan sur les estrades à
coups de formules bien senties, cet avocat de formation a trouvé refuge
dans la littérature en écrivant des oeuvres qui se vendent par
centaines de milliers.
Le succès a frappé dès la parution en 2017 de son premier ouvrage,
"Seher" ("L'Aurore", en turc), un recueil de nouvelles qui plongent
dans le quotidien, notamment celui des femmes. Il a été imprimé en
240.000 exemplaires et traduit en 16 langues.
Deux autres livres ont depuis suivi : un autre recueil de nouvelles,
"Devran" (paru en France sous le titre "Et tournera la roue"), et un
premier roman, "Leylan", publié en janvier.
- Ecrire, c'est "résister" -
L'ascension de cet ancien dirigeant du Parti démocratique des peuples
(HDP, pro-kurde) a été brutalement stoppée en 2016: dans le cadre de la
répression tous azimuts qui a suivi une tentative de putsch contre M.
Erdogan, M. Demirtas est arrêté et incarcéré.
Aujourd'hui, pour le détenu, écrire est une forme de "résistance" face
à la monotonie de la vie carcérale. "Tout est mis en oeuvre pour
affaiblir la volonté et détruire l'individualité des hommes",
estime-t-il.
S'il reste très populaire parmi ses partisans, M. Demirtas est aussi
très critiqué, dans un pays profondément divisé après 17 ans de règne
d'un dirigeant polarisateur.
Le gouvernement l'accuse de n'avoir pas suffisamment pris ses distances
avec le PKK.
En janvier, une polémique a éclaté après la représentation d'une
adaptation théâtrale de "Devran". "Ils ne pourront pas nettoyer le sang
qu'ils ont sur les mains avec des pièces de théâtre", a commenté le
ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu.
En raison de la diabolisation systématique de M. Demirtas,
régulièrement qualifié de "terroriste" par M. Erdogan, trouver des
comédiens acceptant de jouer dans la pièce a été difficile, explique la
scénariste Jülide Kural.
Elle dit avoir été surprise, "car le livre est légalement autorisé et
vendu partout".
- Tradition turque -
Avec ses livres, M. Demirtas a rejoint le club des écrivains qui ont
produit des oeuvres depuis la prison, remarque Emir Ali Türkmen,
directeur de la maison d'édition Dipnot, qui publie les livres de
l'opposant.
"Hélas, les prisons turques ont produit plusieurs écrivains. Nazim
Hikmet, reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands poètes au monde,
a écrit certaines de ses meilleures oeuvres depuis sa cellule", dit-il
à l'AFP.
Il explique que Dipnot a reçu des menaces de certains nationalistes lui
reprochant de publier les oeuvres de l'opposant kurde, mais souligne
que ces pressions sont peu de chose par rapport à l'époque où les
livres d'auteurs emprisonnés étaient interdits.
Et la polémique n'a pas nui aux ventes, au contraire. Dans une
librairie d'un quartier chic d'Istanbul, plus aucun exemplaire du
dernier livre de Demirtas n'était disponible.
"Il y a un sentiment de sympathie pour Demirtas et ses livres
représentent une lueur d'espoir pour une partie de la population dans
notre société", explique la libraire, Burcu Yazlar.
M. Demirtas estime que s'il était libre et avait davantage de
ressources à sa disposition, il serait "encore plus créatif".
S'il devait aujourd'hui choisir entre la littérature et la politique,
ajoute-t-il, "alors ce serait la littérature. Sans hésiter". (AFP, Fulya OZERKAN, 28 février
2020)
'Terror
Investigation' Launched into HDP Congress
An investigation has been launched against the Peoples' Democratic
Party (HDP) for "propagandizing for an armed terrorist organization"
over a photo slide presentation at the party's congress on Sunday
(February 23).
The presentation showed photographs of Abdullah Öcalan, the imprisoned
leader of the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK). 15 people
determined to have prepared the presentation are under investigation,
the state-run Anadolu Agency (AA) reported.
Earlier in the day, Devlet Bahçeli, the chair of the Nationalist
Movement Party (MHP), called on public prosecutors to open an
investigation into the congress.
"Everyone should come to their senses. This country is not ownerless,"
he told his party's parliamentary group.
The MHP has been in alliance with the ruling Justice and Development
Party (AKP) since a referendum for a presidential system in 2017.
Fourteen of the suspects have been detained so far and the Ankara
anti-terror police are searching for one remaining suspect, the AA
reported.
The HDP held its 4th Ordinary Congress on Sunday in the capital Ankara.
838 of 1,018 delegates cast ballots at the congress. HDP İstanbul MP
Pervin Buldan and HDP Mardin MP Mithat Sancar have been elected as the
new co-chairs of the party. Delegates from 28 countries also attended
the congress. (BIA, 28 February 2020)
Pervin Buldan, Mithat Sancar Elected New HDP
Co-Chairs
The 4th Ordinary Congress of the Peoples' Democratic Party (HDP) was
held in the capital city of Ankara yesterday (February 23).
In addition to thousands of people coming across Turkey, the congress
was also attended by guests from other countries.
838 of 1,018 delegates cast ballots at the congress. As the votes of
two delegates were considered invalid, 836 votes were given to the key
list.
Following the elections, HDP İstanbul MP Pervin Buldan and HDP Mardin
MP Mithat Sancar have been elected as the new co-chairs of the party.
HDP Party Assembly, Central Disciplinary Board and Conciliation Board
members have been also designated with the same elections.
Temelli: We have struggled against an authoritarian government
At the beginning of the congress, Sezai Temelli, now the former
Co-Chair of the party, made a speech and stated the following in brief:
"With full awareness of the responsibility given by our honorable duty
since February 11, 2018, we have put up a struggle against an
authoritarian government, which launched an operation to crush the
Kurds.
"I would like to thank all the provincial and district organizations
with which we have marched on together in this struggle.
"Capitalism, which is a system of injustice, inequality and
exploitation, is in a great crisis today. Authoritarian leaders are
imposing war everywhere to overcome this crisis. The Middle East is at
the center of this war.
"These oppressors want to strangle humanity in the cradle of humanity.
With the gangs in their command, they impose the Third World War on the
people in the form of death, suffering and poverty.
"Now it is time for politics to return to the neighbourhoods, to its
roots. And that is what I will be doing, too. Although our path is long
and challenging, our resistance is young. Although our path is full of
obstacles, our belief is strong. With these sentiments, I greet each
and every one of you. Even though saying farewell is always sad, it
also keeps the enthusiasm of new beginnings in its heart."
Participation from 28 countries
Guests from 28 countries attended the 4th Ordinary Congress of the HDP.
Delegates from France, Germany, Australia, Tunisia, Palestine, Jordan,
Morocco, Cyprus, Sweden, West Bank, Galicia, Lebanon, Greece, Basque,
Egypt, Italy, Catalonia, Denmark, Norway, England, Scotland, Portugal,
Finland, Switzerland, Spain and Armenia attended the congress,
alongside more than 30 representatives of political parties and women's
organizations from the Middle East.
The congress also hosted Parliamentary Assembly of the Council of
Europe United Left Group Chairman Tiny Kox, Palestinian People's
Liberation Front member Leila Khalid, Swedish Social Democratic Party
Member of Parliament Kadir Kasırga, and President of the European Free
Alliance Lorena Lopez de Lacalle as guest speakers.
Buldan: Cizre has an alliance with Gezi
Elected as the HDP Co-Chair again, Pervin Buldan briefly stated the
following at the beginning of the congress:
"On the eve of the change that will take place in Turkey and the Middle
East, we hold our congress with great assertion and determination in
our struggle. Of course, we have not arrived here easily. We have
resisted. Thousands of our friends have been taken hostage, but we have
become millions.
"When it comes to Kurds, when it comes to the opposition or the
democrats, all ruling forces come together with their unlawful
structures. But there is something that they cannot see: There is an
alliance of the oppressed peoples in front of them: Cizre has an
alliance with Gezi. Istanbul and Diyarbakır have an alliance with İzmir
and Hakkari.
"On this side of the border, while people commit suicide because of
hunger, poverty, on the other side of the border the children of the
poor people die one by one in the war. This is the regime they deem
appropriate for the people: unemployment, hunger, poverty, death. They
turned this land, where we could live with peace, into the land of
death.
"They have seized 38 municipalities from us. All they know is political
theft. They say, 'Kurds cannot choose, Kurds cannot rule.' But whatever
they do; Kurds will continue to vote for their own representatives and
rule their own cities! And not just the municipalities, we are
determined to govern this country and we are coming."
'Noah's Ark stands tall, sailing, unwavering
After the speeches, the messages of former HDP Co-Chairs Selahattin
Demirtaş and Figen Yüksekdağ from prison were read out. Their message
was briefly as follows:
"The council of our 4th Grand Ordinary Congress, our fellow delegates,
our dear domestic and overseas guests who accompany us in solidarity,
dear representatives of embassies and media, and our dear peoples, we
cordially greet you! And we wish all a successful congress.
"We know that our odyssey has been rough, our ship has taken some heavy
hits. Our captains have been arrested, alongside our senior crew. But
what they don't know is that the passengers of this ship are of
tremendous resilience, and each is stronger than the next. Neither the
wheelhouse was abandoned, nor the engine room. Nimrod's party failed to
stop the march of millions, and now they have split up into three; but
Noah's Ark stands tall, sailing, unwavering, towards its destination,
driven by an unbreakable bond!
"We adore those who have built the ship, and we adore those who are
sailing on it. We salute those who have fallen in this odyssey and
those who have been captured. We have made a promise to harbour this
ship; thus we shall keep our promise. Now, the mission is to establish
peoples' rule, and godspeed to all of us.
"We may be imprisoned right now, but we know that we are burning in
flames of sorrow. It's you, the younger ones among us, who have taught
us resistance. It's you, women, mothers, who have taught us to stand
tall. We have seen the hope in your eyes, in city squares where chants
of rebellion echoed. We love you, against all odds, and we have missed
you dearly.
"May our hearts and our souls be with you. May our word, our pens, and
our prayers be with you. We send forth our love and regards to each of
you. We congratulate our co-chairs and the party organization, with
them we stand in solidarity.
"Godspeed Peoples' Democratic Party! May you sail towards your
destination!"
Figen Yüksekdağ (Kandıra Prison) and Selahattin Demirtaş (Edirne
Prison)
(BIA, 24 February 2020)
Racist massacre in Hanau, five of the victims are of
Kurdish origin
The nine people were gunned down by a racist attack in two shisha bars
in the German town of Hanau. The victims aged between 21 and 44 were
from immigrant backgrounds and some were German citizens.
Five of
the
victims were of Kurdish origin, according to Mehmet Tanriverdi, the
deputy chair of the Confederation of the Communities of Kurdistan in
Germany. It was not clear if they were the Turkish citizens.
According to unconfirmed reports in Turkish and German media, the
victims also included a Bosnian and a Pole.
The dead included a waiter at Midnight, the first shisha bar to be
attacked. He was named in Turkish media as Gökhan Gültekin. One Turkish
media organisation, TRT, said Gültekin had been engaged to be married.
Iskender Muhammed, a Turkish man who had gone to Midnight for supper
with a group of friends, said Gültekin and three diners were killed
next to him. Muhammed spoke to Turkey’s A Haber TV from a hospital bed
where he was being treated for a bullet wound to his right shoulder.
The Frankfurt-based Kurdish daily newspaper Yeni Özgür Politika
reported that another victim at Midnight was 22-year-old Ferhat Ünvar,
the son of one of its journalists.
At Arena, the second bar to be targeted, two employees are believed to
have been among the dead, according to the son of the owner.
German media reported that one of the victims was a 35-year-old
pregnant mother of two.
Shisha bars are found in towns across Germany and are popular places
for people with links to the Middle East or south Asia to spend their
free time sharing flavoured tobacco from a hookah or water pipe and
drinking tea.
It is likely the gunman deliberately sought out the shisha bars knowing
he would find them full of people from immigrant backgrounds. Although
some require visitors to ring a bell before being allowed in for
security reasons, the shisha bars have a reputation for being open,
accessible and friendly. (guardian.com, 21 Feb
2020)
Kurds in Hanau call on peoples to
oppose fascism
The local Kurdish community centre has spoken out following the racist
attack in Hanau on Wednesday evening. The members made a statement in
front of the association building holding the photos of the two Kurdish
victims Ferhat Ünvar and Gökhan Gültekin in their hands.
Emin Deniz, co-chairman of the Kurdish association Kawa, explained that
the bloody attack was not the first attack on people with a migration
background. He said that the Kurds in Hanau were angry and sad and
called on everyone to oppose fascism and stop racist attacks. Deniz
also demanded a complete clarification of the crime; "So far the
authorities did not inform us about the dead and injured. We demand
this", he said.
Meanwhile, it came out that Ferhat Ünvar is the son of Serpil Temiz, an
employee of the daily newspaper Yeni Özgür Politika. The newspaper
said: "We are deeply shocked by the brutal racist crime in Hanau. Among
the victims is Ferhat Ünvar, the son of our volunteer supporter Serpil
Temiz. Our sincere condolences and deepest sympathy go to the families
of the victims." (ANF, 20 Feb 2020)
Former
MP Mahmut Alınak Behind Bars for the 10th Time
Taken into custody from his house in Turkey's eastern province of Kars
on February 13, writer and politician Mahmut Alınak has been arrested.
In a statement released by his family following his detention, it was
said, "Mahmut Alınak is 68 years old and in prison for the 10th time!"
After he deposed at the prosecutor's office, Alınak was referred to the
judgeship of peace on charge of "membership of an organization." As
reported by Mezopotamya Agency, Mahmut Alınak has been arrested and
sent to Kars Prison on the offense charged.
As the reason for the arrest of former People's Labor Party (HEP) MP,
the court has indicated that he donated the revenue of his book Bêkes
to the family of Cizre People's Assembly Co-Chair Mehmet Tunç and it
has also referred to his conversations with his relatives, his articles
critical of the government, his proposal to mediate between two
conflicting families and his attempts to raise public awareness by
collecting garbage with workers.
About Mahmut Alınak, lawyer, politician, MP and writer.
Nominated by the Social Democratic People's Party (SHP), Alınak was
elected as an MP in the parliamentary elections in 1987 and 1991. He
also served as Democratic Society Party (DTP) provincial chairperson in
Kars.
He was remanded in custody during the investigation against the
Kurdistan Communities Union (KCK) in December 2011. He was released in
July 2012. He was sentenced to 14 months and 7 days in prison for his
statements on torture. Although he was released on probation, he was
put in prison in September 2014 for violating the probation conditions.
He wrote 10 books. (BIA, 17 February 2020)
Plusieurs milliers de Kurdes réclament la
libération d'Öcalan à Strasbourg
Plusieurs milliers de Kurdes ont défilé samedi à Strasbourg, comme
chaque année, pour réclamer la libération de leur chef historique
Abdullah Öcalan, arrêté il y a 21 ans et condamné à la prison à vie en
Turquie.
Partis en fin de matinée des alentours de la gare de Strasbourg, les
manifestants ont été estimés à environ 12.000 par les organisateurs et
4.200 selon la police. Un meeting politique est prévu en début
d'après-midi dans le sud de la ville.
"Depuis 21 ans, il (Abdullah Öcalan) est en prison et depuis 21 ans,
des millions de personnes le soutiennent toujours", a souligné Agit
Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, espérant
une "pression" internationale pour la libération du chef historique du
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et que soit mis un terme à
"la politique de guerre" du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Déambulant derrière une banderole tenue uniquement par des femmes et
sur laquelle était inscrit "Liberté pour Öcalan, statut politique pour
le Kurdistan", les manifestants agitaient de nombreux drapeaux avec la
photo d'Abdullah Öcalan et scandaient notamment "Vive notre leader".
Avec un foulard aux couleurs kurdes (jaune, rouge et vert) autour du
cou, Yasar, 36 ans, est venu presque tous les ans participer à cette
marche annuelle depuis 1999. "C'est important de montrer que nous
sommes derrière notre président et que la liberté doit être pour tous
au Kurdistan", explique cet habitant de la région allemande de
Sachsen-Anhalt, toutefois peu optimiste sur les perspectives à venir
pour son peuple.
Ce grand rassemblement kurde se tient à Strasbourg, ville du Conseil de
l'Europe -dont la Turquie est membre- et de la Cour européenne des
droits de l'Homme, chaque année depuis l'arrestation le 15 février 1999
d'Abdullah Öcalan.
Le chef de la rébellion kurde du PKK est détenu sur l'île-prison
d'Imrali, située au large d'Istanbul, dans un isolement quasi-total.
"En prenant en otage M. Öcalan, c'est tout un peuple qui est pris en
otage. (...) On refuse de vivre sans notre leader, notre langue, notre
culture, nos valeurs", a déclaré Hélène Erin, porte-parole des
organisateurs de la manifestation, critiquant que "l'Europe laisse
faire".
Cette manifestation annuelle kurde avait rassemblé l'année passée 7.000
personnes, selon la police et 17.000 selon les organisateurs. (AFP, 15 février 2020)
HDP:
At Least 99 People Detained
Ayşe Acar Başaran, the Spokesperson for the Peoples' Democratic Party
(HDP) Law and Human Rights Commission, has made a statement about the
operations targeting HDP members in several provinces.
Başaran has announced that though the exact number is not yet certain,
at least 99 people have been detained in the provinces of Diyarbakır,
Ankara, Dersim, Mardin, Van, Mersin, Kocaeli, Muş, Ağrı and İstanbul.
In a written statement released by Acar Başaran, it has been indicated
that seven people in total have been detained in Turkey's southeastern
province of Diyarbakır, including HDP Diyarbakır Provincial executive
İrfan Söner, Bağlar District Co-Chair Mehmet Atlıhan, Yenişehir
District Co-Chair Sadrettin Kaya, Bağlar District executive Abdullah
Dengiz and Bağlar Municipality former municipal council member Rıfat
Turfan.
According to the statement of the MP, while 10 people, the majority of
whom are university students, have been detained in Dersim, six people
have been detained in the capital city of Ankara. Moreover, 14 people,
including four children, have been taken into custody in Mersin and
Mezopotamya Agency reporter Yunus Duman has been detained in Van.
In his weekly press briefing held in HDP Central Office earlier today
(February 14), HDP Spokesperson Günay Kubilay also said:
"We have learnt that our several friends have been taken into custody
in Dersim, Kocaeli, Diyarbakır, Ankara, Muş and Ağrı. Among the
detained are predominantly our provincial and district executives as
well as journalists and university students. We fiercely condemn these
arbitrary and unlawful detentions. We are making this call to the
government: Take your violent hands off the HDP and release our friends
immediately." (BIA, 14 February 2020)
Final Resolution of the 16th EUTCC Conference in EP
The Annual International Conference on the EU, Turkey, the Middle East
and the Kurds was hosted by the EU Turkey Civic Commission (EUTCC) in
cooperation with the GUE/NGL Group, the Greens-European Free Alliance
(GREENS/EFA) and the Groups of the Free Alliance of Socialists and
Democrats (S&D). The conference was successfully held on 5th and
6th of February 2020 in the European Parliament in Brussels.
After his first visit to the country, the Turkey Rapporteur for the
European Parliament said, new narratives are needed for the
relationship between Turkey and the EU. From the perspective of the
conference, new narratives are also needed, not only for relations with
Turkey, but also for the whole Middle East. The Kurds are a major
influential factor here in terms of stability, peace building,
democracy, ecology and gender equality. Together with their regional
allies and due to their global perspectives, they provide a basis for
new narratives in a region marked by wars and crises. Strengthening
cooperation with these democratic forces should therefore be a top
priority.
Based on this the conference calls upon the EU member states, the
European institutions and the United Nations to:
- Treat Turkey’s occupation of North Syria / Rojava as a clear
violation of international law, condemn its policy of ethnic cleansing
in the occupied territory, and call for an immediate withdrawal of
Turkish troops.
- Recognise the North-East Syria’s Autonomous Administration as an
important step towards a political solution to the Syrian conflict and
to integrate their representatives in the commission for the
establishment of a new constitution for Syria. The best way for a
solution is to include all ethnic and religious entities in a
democratic process leading to a decentralized self-administration with
equal rights for women and men.
- Urge Turkey to stop airstrikes and its occupationist endeavors in the
Kurdistan Region of Iraq which is a clear violation of international
law.
- Urge Turkey to release all elected officials and members of the HDP,
to respect the decision of the electorates, and to reinstitute the
mayors replaced by the government appointed trustees.
- Not to sacrifice the EU’s democratic values by caving in to Turkey’s
blackmailing on the issues of refugee crisis and the jihadist threat.
- Take diplomatic, political and legal measures to compel Turkey to
comply with international law concerning the ongoing isolation of
Abdullah Ocalan, and urge the Turkish government to immediately release
him and to return to dialogue for a political solution to the Kurdish
question.
- Contribute to a political solution by lifting all restrictions on
Kurdish parties and individuals, in light of the decisions of the
European Court of Justice and the Belgian Court of Cassation, which
insist that the PKK is not a terrorist organization but a party to an
internal armed conflict. (ANF, 7 Feb 2020)
Signature Campaign for
Diyarbakır Metropolitan Mayor Mızraklı
Starting from the obscure “double coup” process beginning from 15 July
2016 until the local elections of 31 March 2019, 95 HDP Mayors have
been suspended from office and replaced by trustees (kayyım); following
the March 31 elections, the election certificates of 6 mayors, 8
co-mayors and 47 municipal assembly members have been seized through
YSK (High Election Council); and in the aftermath of the March 31
elections, 32 Mayors, 70 municipal assembly members and scores of
mukhtars have been suspended from office, replaced by trustees, and
most of these elected figures have been arrested .
This unlawful political purge campaign, conducted under the guise of
legal concepts such as "appointment", "suspension from office" and
"trustee", is above all a kind of political coup targeting the right to
elect and be elected and is a type of political coup constituting a
constitutional offense.
The suspension from office of two Mayors elected in two successive
election terms, their arrest through the use of irregular or fake
evidence, the handing over of municipalities to the political
government by use of state force, as well as threats levelled by
government spokespersons in the run-up to the elections, such as "We
will again appoint trustees!" demonstrate that this coup had been
planned in advance.
In both election terms the Metropolitan Municipality of Diyarbakır was
targeted first and foremost, and previous Mayor Gülten Kışanak was
arrested and replaced by a trustee. Mayor Dr. Adnan Selçuk Mızraklı,
who in March 31 elections replaced the trustee who had been appointed
was also arrested and replaced by an administrative – political civil
servant. As such, these incidents constitute constitutional offenses
that demonstrate the insistence of the government on this political
coup.
The arrest warrants issued along with the appointment of trustees and
for which fake evidence were used, are politically motivated acts of
hostage-taking in addition to being unlawful. Judges and prosecutors
were made to write and undersign such actions carried out by using
concepts such as "arrest", "investigation" and "indictment", which
amount to nothing but an effort to create a legal cover to offenses, as
has been the case in all coups.
The fact that "investigation" and "arrests" followed one another and
occurred in the same time span, and their targets were the same, all
demonstrate that such unlawfulness generated from a single centre. The
19 January statement of President Erdoğan perfectly attests to this
disappointing reality:
"This has indeed been a highly upsetting step for our judicial
community. What is interesting is that; of course we gave instructions
for all that, … Imagine, how can a court dare to immediately acquit or
release a person who had been sentenced to life imprisonment? This is
not comprehensible. Thankfully, our Justice Ministry and Prosecution
Office also took steps at this point. And carried out the apprehension
in an operation they conducted together with the Ministry of Interior.”
Now this statement is a clear announcement that the judiciary is and
should continue to receive instructions from the President.
***
The investigation against Diyarbakır Metropolitan Mayor Dr. Adnan
Selçuk Mızraklı is in the forefront of these major operations launched
upon an instruction. Confessor H.B.A., who was arrested in 2016 and who
benefitted from the “repentance law” three years ago, was made to sign
an “identification record” 11 days before the elections --a
documentwhich was soon proven to be fake. As a matter of fact, the said
confessor had completed his confessions 2 years before that, and got
arrested. In these confessions Dr. Adnan Selçuk Mızraklı’s name is not
even mentioned. How come that this confessor, who is in prison for two
years, all of a sudden recalls an incident, which was not a part of his
confessions, after an elapse of 2 years, and 11 days before the
elections?
The accusations in the indictment are not based on any evidence at all.
This confessor has evidently created a scenario by listening to a
surgery case described by another witness years after the latter was
arrested, reading the social media messages of Mızraklı, observing the
professional meetings that he had attended, and public events organized
by his party.
That the names of the prosecutor, 2 gendarmerie privates, and a record
keeper undersigning this doctored identification record, where
identification procedures have explicitly been violated, have not been
indicated and kept confidential points to a sort of repletion of the
duty-offence they had committed.
One of the targets of the ”coup of trustees” is the economic resources
of the local administration. The public opinion has been shown with
documents how these resources were carelessly thrown in the air by the
trustees, includingfurnishing luxurious offices and bathrooms for
themselves. So the AKP, which lost the elections at all localities
where a trustee has been appointed, is left with no option other than
forcefully seizing local administrations to cover up the corruption and
other offenses.
Such an open trampling over of even the most basic values of figurative
democracy; throwing into the dust bin of the unwanted results coming
from the ballot box formerlyidolized by themselves, show that
democracy, which cannot be defended in the streets and public squares
cannot be protected at the ballot box.
We are aware of it and we will not remain silent.
Until the elected are restored in their posts, we will continue our
struggle against the trustees and arrests.
Abdullah Demirbaş, Adil Okay, Ahmet Dindar, Akın Birdal, Attila
Tuygan, Aydın Engin, Ayşe Erzan, Ayşe Hür, Ayşe Öncü, Ayşe Sevin
Kırıkoğlu, Ayşegül Devecioğlu, Bahadır Altan, Baskın Oran, Cengiz Arin,
Doğan Özgüden, Emine Uşaklıgil, Ercan Kanar, Erdoğan Aydın, Esra Koç,
Esra Mungan, Eşber Yağmurdereli, Ferhat Tunç, Fikret Başkaya, Gençay
Gürsoy, Gönül Dinçer, Gürhan Ertür, Hacer Ansal, Hüsnü Öndül, İnci
Tuğsavul, İsmail Beşikçi, İsmail Cem Özkan, Kadir Cangızbay, Kazım
Bayraktar, Kuvvet Lordoğlu, Mehveş Evin, Mebuse Tekay, Meryem Koray,
Mustafa Peköz, Nazar Büyüm, Nesrin Nas, Nesteren Davutoğlu, Nevzat
Onaran, Nilay Etiler, Nurten Ertuğrul, Onur Hamzaoğlu, Orhan Alkaya,
Orhan Silier, Oya Baydar, Ömer Faruk Gergerlioğlu, Özlem Özkan,
Ragıp Zarakolu, Ramazan Gezgin, Recep Maraşlı, Rıza Türmen, Sait
Çetinoğlu, Semra Somersan, Şanar Yurdatapan,Tuna Altınel, Viktorya
Çiprut, Ümit Biçer, Yasemin Bektaş, Yücel Demirer, Zehra Arat, Nilay
Etiler, Kuvvet Lordoğlu
Le long chemin de la gauche kurde
Le
Monde diplomatique, Jean-Michel Morel ,
2 février 2020
Au
cours
des dernières décennies, les partis prokurdes favorables à une
participation au jeu politique en Turquie ont régulièrement été
confrontés à la répression des autorités, qui les accusaient de
complicité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette
démarche légaliste a toutefois mené à des succès, comme l’ont montré
les multiples gains électoraux du Parti démocratique des peuples (HDP).
Fondé en 2013, le Parti démocratique des peuples (HDP) a fait sien le
point de vue de M. Abdullah Öcalan, leader et cofondateur du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), pour qui la reconnaissance de
l’identité millénaire kurde n’implique pas l’indépendance. Coprésidé
par M. Selahattin Demirtaş, incarcéré depuis novembre 2016 par le
pouvoir turc (lire son article « “L’homme qui se prend pour un sultan”
»), le HDP se veut d’abord un parti fédérateur rassemblant des Kurdes,
des Turcs, des Arméniens, des Assyro-Chaldéens, des Turkmènes, etc.
Cette formation se revendique aussi de gauche, féministe, écologique,
portant les revendications de toutes les minorités sexuelles.
L’histoire du HDP se confond ainsi avec celle des luttes sociales de
l’ensemble du peuple turc. Comme le raconte M. Doğan Özgüden, rédacteur
en chef de l’agence de presse Info-Türk, basée à Bruxelles : « Après sa
création en 1961 (…), le Parti ouvrier de Turquie (TIP) a grandi grâce
au soutien massif des camarades kurdes. (…) Le TIP a été interdit après
le coup d’État de 1971 parce qu’il avait déclaré que “le peuple kurde a
le droit d’exercer ses droits politiques en Turquie”. »
Reprenant ce mot d’ordre, les Kurdes se sont employés à poser les bases
d’une activité politique le plus autonome possible. À l’occasion des
élections législatives d’octobre 1991, pour la première fois, des
candidats kurdes se sont présentés sous l’étiquette favorable à leur
cause : le Parti du travail du peuple (HEP), rejoignant les listes du
Parti social-démocrate (SHP). Ils ont ainsi obtenu vingt-deux sièges.
Mais, quand la députée Leyla Zana a prêté serment en déclarant en kurde
: « Vive la fraternité entre les peuples turc et kurde », elle et ses
compagnons ont été évincés de l’Assemblée nationale et condamnés à
quinze ans de prison.
Au fil du temps, pour pouvoir résister aux multiples interdictions dont
il a été l’objet, le parti prokurde a dû régulièrement changer
d’identité. En quelque vingt-trois ans, le futur HDP (...)
“Le
verdict concernant le PKK devrait constituer
un
précédent dans l’UE”
Le PKK n’est pas une organisation terroriste, a déclaré mardi la Cour
de cassation belge. Lors d’une conférence de presse à Bruxelles, les
personnes ayant bénéficié d’un non-lieu dans ce procès ainsi que des
responsables politiques ont appelé à une nouvelle approche de l’UE
vis-à-vis de la question kurde.
Suite à la confirmation par la Cour de cassation belge d’une décision
rendue par la chambre des mises en accusation jugeant que le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) ne pouvait être considéré comme une
organisation terroriste, une conférence de presse s’est tenue jeudi à
Bruxelles, avec la participation des avocats de la défense, de députés
européens et des responsables politiques kurdes Remzi Kartal et Zübeyir
Aydar. Selon les intervenants, la décision de la Cour a ouvert une
brèche dans la politique de criminalisation du mouvement kurde.
La décision confirmée mardi par la Cour de cassation de Bruxelles est
un arrêt rendu en appel par la Chambre des mises en accusation en mars
2019, qui avait considéré que le PKK n’était pas une “organisation
terroriste”, mais une partie dans un conflit armé.
Le terme « terrorisme » légitime la répression de l’opposition en
Turquie
La conférence au Club européen de la presse a été ouverte par les
députés européens Andreas Schieder (socialiste), Nikolaj Villiumsen
(GUE) et François Alfonsi (Verts). M. Villiumsen a déclaré que la
décision judiciaire devrait avoir des conséquences positives, évoquant
la répression en Turquie de l’opposition, en particulier du HDP, par le
régime de l’AKP, sur la base d’accusations de terrorisme.
L’argument du « terrorisme » a également été utilisé pour justifier
l’invasion de la Syrie par la Turquie. Cependant, le problème ne peut
être résolu par la force, a estimé M. Villiumsen, appelant le
gouvernement turc et le PKK à négocier une solution politique.
Andreas Schieder a, quant à lui, souligné que le problème n’était pas
le terrorisme, mais les droits d’une partie de la population. Il a
ajouté que la lutte pour les droits culturels, politiques et
économiques était légitime.
La liste des organisations terroristes empêche une solution politique
Reprenant la parole, Nikolaj Villiumsen a déclaré que l’inscription du
PKK sur la liste des organisations terroristes était une erreur de l’UE
qui empêchait une solution à la question kurde. Il a fait remarquer que
la décision belge pourrait aider à lancer un processus politique.
Interrogé par l’agence de presse kurde Firat News (ANF) sur la
déclaration du ministre belge des affaires étrangères, Philippe Goffin,
concernant la décision de la Cour de cassation, M. Villiumsen a
qualifié ladite déclaration de « très regrettable ». Le ministre belge
avait déclaré mercredi que la décision de justice ne changeait rien à
la position du gouvernement belge qui continuait à considérer le PKK
comme une organisation terroriste.
Le député européen des Verts François Alfonsi a qualifié à son tour la
décision de la cour de Bruxelles d’ « étape positive contre la
criminalisation du mouvement kurde ». Il a ajouté que les autres pays
européens devraient s’inspirer de cette décision.
Ingérence du gouvernement belge dans la justice
Les avocats de la défense, Jan Fermon, Joke Callewaert, Paul Bekaert et
Luc Walleyn, ont expliqué le processus juridique.
“La question, a déclaré Paul Bekaert, est maintenant de savoir si le
gouvernement belge respectera la décision de la cour. Le système
judiciaire belge a rendu une décision claire qui devrait également
avoir un impact sur la liste des organisations terroristes de l’UE”.
Jan Fermon a expliqué le déroulement de la procédure et évoqué les
documents de Wikileaks qui ont révélé les pressions exercées par
l’ambassade américaine pour multiplier les poursuites pénales contre
les Kurdes en Belgique. L’inscription du PKK sur la liste des
organisations terroristes de l’UE est également une décision politique
qui doit être révisée, selon M. Fermon qui a qualifié la déclaration du
ministre belge des affaires étrangères d’ « ingérence dans la justice ».
Prêts pour une solution politique
Remzi Kartal, co-président du Kongra Gel, et Zübeyir Aydar,
représentant du Conseil exécutif du KNK (Congrès national du Kurdistan)
sont intervenus à la suite des avocats. Les deux hommes politiques
kurdes figurent parmi les personnes ayant bénéficié du non-lieu.
M. Kartal a exprimé le souhait que ce verdict change la politique de
criminalisation menée en Europe à l’encontre des Kurdes : “Le problème
n’est pas le PKK. Le PKK est utilisé comme prétexte pour attaquer le
peuple kurde”. Il a appelé l’UE à considérer la décision du tribunal
belge comme un précédent et à adopter une nouvelle approche de la
question kurde.
Zübeyir Aydar a, quant à lui, souligné que la liste des organisations
terroristes de l’UE légitimait les arrestations, la torture et les
meurtres commis par l’État turc : “Personne ne doit continuer à se
rendre complice d’Erdoğan. En Europe, des dizaines de milliers de
personnes ont été criminalisées du fait de la définition du PKK en tant
qu’organisation terroriste. Nous sommes une partie dans cette guerre,
dans cette lutte et nous défendons la liberté de notre peuple. Nous
sommes prêts à résoudre le problème pacifiquement par le dialogue.
J’appelle le gouvernement belge et l’UE à se conformer à la décision de
justice et à retirer le PKK de la liste des organisations terroristes”.
(ROJINFO,
31 janvier 2020)
Minorités
/ Minorities
Damas reconnaît le "génocide arménien", Ankara
dénonce un "acte hypocrite"
Le Parlement syrien a officiellement reconnu jeudi comme "génocide" le
massacre d'environ 1,5 million d'Arméniens entre 1915 et 1917, sur fond
de vives tensions avec la Turquie après des affrontements meurtriers
dans le nord-ouest de la Syrie.
"Le Parlement (...) condamne et reconnaît le génocide commis contre les
Arméniens par l'Etat ottoman au début du XXe siècle", a-t-il indiqué
dans un communiqué.
L'actuel territoire syrien est considéré comme un des principaux
théâtres du massacre des Arméniens qui, selon les historiens, furent
contraints par les autorités ottomanes à des marches forcées à travers
le désert, avant que les survivants ne soient placés dans des camps de
concentration.
A Deir-Ezzor (est), un mémorial du génocide arménien avait été érigé,
avant d'être détruit par le groupe Etat islamique (EI).
Cette reconnaissance intervient dans un contexte de fortes tensions
entre Damas et Ankara, des combats entre les deux camps ayant eu lieu
ces derniers jours dans le nord-ouest de la Syrie, où sont déployés des
soldats turcs.
Le ministère turc des Affaires étrangères a qualifié dans un communiqué
le vote du Parlement syrien d'"acte hypocrite de la part d'un régime
qui pendant des années a commis toutes sortes de massacres contre son
propre peuple".
"Nous vivons actuellement une agression turque qui repose sur la même
pensée ottomane haineuse", a déclaré pour sa part le chef du Parlement
syrien, Hammouda Sabbagh.
Cette "agression" rappelle "les crimes commis par les ancêtres" du
président turc Recep Tayyip Erdogan contre le peuple arménien, a-t-il
assuré.
- Tensions inédites -
Mercredi, M. Erdogan a menacé de frapper "partout" le régime syrien en
cas d'attaque contre les forces turques en Syrie, après la mort de
plusieurs de ses soldats.
La Turquie, qui soutient des rebelles syriens, a lancé depuis 2015
trois opérations militaires en Syrie contre l'EI et les combattants
kurdes qu'Ankara qualifie de "terroristes".
A l'issue de la dernière offensive --stoppée après deux accords conclus
séparément avec Washington et Moscou--, les forces turques se sont
emparées d'une bande frontalière de 120 kilomètres à l'intérieur du
territoire syrien le long de sa frontière sud.
Depuis le début de l'offensive lancée en décembre par Damas et Moscou
contre la région d'Idleb, dernier bastion jihadiste et rebelle en
Syrie, la Turquie tente de freiner l'avancée des forces du régime, qui
contrôlent désormais près de la moitié de la province d'Idleb.
M. Erdogan a posé un ultimatum au régime de Damas, le sommant de se
retirer de certaines positions dans d'ici fin février, et menaçant de
l'y contraindre en faisant "tout ce qui est nécessaire".
La Turquie a déployé des renforts massifs dans cette région du
nord-ouest syrien. Depuis début février, 14 soldats turcs ont été tués
et 45 blessés lors d'attaques menées par Damas dans la région d'Idleb.
Mardi, un hélicoptère du régime syrien a été abattu par des tirs de
roquettes dans la région, une attaque ayant tué trois pilotes selon le
quotidien prorégime al-Watan, et imputée par les médias turcs aux
rebelles pro-Ankara.
- Près de 30 pays -
Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d'Arméniens ont
été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de
l'Empire ottoman, alors allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.
Les Arméniens cherchent à faire reconnaître par la communauté
internationale l'existence d'un génocide.
La Turquie, issue du démantèlement de l'Empire en 1920, reconnaît des
massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile
en Anatolie doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000
Arméniens et autant de Turcs ont péri.
Selon Ankara, ces personnes n'ont pas été victimes d'une campagne
d'extermination mais du chaos des dernières années de l'Empire ottoman.
La Turquie affirme aussi que des dizaines de milliers de Turcs ont été
massacrés par les nationalistes arméniens qui se sont alliés à l'ennemi
russe lors de la Première guerre mondiale, avant la décision du
gouvernement ottoman de déporter les Arméniens vers la Syrie.
De nombreux historiens et universitaires ont toutefois conclu que la
déportation et le massacre des Arméniens pendant la Première Guerre
mondiale répondait à la définition juridique du génocide.
Près de 30 pays ont déjà adopté des lois, des résolutions ou des
motions reconnaissant le génocide. (AFP, 13 février 2020)
Christians in northeast Syria living in fear as
Turkish forces
Chris HUBY | Matthieu DELMAS, www.france24.com, 7 février 2020
In northeastern Syria, the Christian community is more threatened than
ever. Last October, it found itself caught in the middle of the battle
between Turkish and Kurdish forces. Meanwhile, Islamic State group
sleeper cells are active in the region and the Christian minority is
one of their targets. Our reporters Chris Huby and Matthieu Delmas went
to meet a community living in fear of kidnappings and attacks.
Advertising
In northeastern Syria, the Christian minority is caught in the
crossfire. When Turkey launched Operation "Peace Spring" against
Kurdish YPG fighters on the Turkish-Syrian border last October 9,
Christians found themselves surrounded by fighting. Turkish forces and
their allies took control of a handful of predominantly Christian
villages in the Khabur Valley.
Meanwhile, Islamic State (IS) group sleeper cells have been
reactivated, targeting the Christian minority – whose members they
consider heretics – and forcing US troops to take up positions in the
villages in late January 2020.
The consequences have been disastrous. While international observers
had hoped for the return of Christians to the region, the exact
opposite occurred. In a new exodus of the Christian minority, many have
fled to Europe, the United States or Australia, even if that meant
leaving all their possessions behind.
Among those who have chosen to stay in Syria despite the danger and the
economic crisis, some have taken up arms to ensure their own security.
More than 2,000 Christians have organised themselves into militias.
They fully intend to defend themselves against the enemy, whether it’s
Turkish or jihadist.
Syriac
Couple in Şırnak Missing for 24 Days
Hurmuz
and
Şimoni Diril, a Syriac couple from Mehre (Kovankaya) village in the
Beytüşşebap district of the southeastern Şırnak Province, have been
missing since January 11.
They are the parents of Remzi Diril, the priest of the İstanbul
Chaldean Church. Diril told bianet that the search is continuing.
Conducting an investigation into the incident, the prosecutor's office
imposed a confidentiality order on the case on January 16.
"Three or four days after the incident, their neighbors said the family
[the couple] were kidnapped. Why didn't they state this in the first
place but now? According to their statement, 'Three people, including a
woman, took the couple.' A technical search was carried out based on
this statement but there was no result," Peoples' Democratic Party
(HDP) MP Tuma Çelik told bianet.
"Besides, the prosecutor's office imposing a confidentiality order on
the file is also raising many questions. According to the information I
received from the district governorship, a technical search is being
carried out.
"If this state cannot find the couple who have been missing for 24 days
in an area like this, this means it is incapable. I don't think Turkey
is so incapable, which means there is not a sufficient search. I don't
believe the state is doing the necessary search and rescue work with
all its organs."
What happened?
Remzi Diril had announced that he has not been able to reach his
parents as of January 11.
Informing bianet that the couple resided in both their village and
İstanbul, Çelik had said, "Apart from the Diril couple who has got
missing, there is only one person living in the village. This other
person is a relative of theirs.
"The village is in mountainous terrain, it is a military zone and
usually forbidden. Due to winter conditions, we as well as their family
members have difficulties in reaching the village. The family members
are deeply worried, they cannot reach the region, either."
Syriacs are a Christian minority who mostly live in the southeastern
parts of the country.
(BIA, February 3, 2020)
Politique
intérieure/Interior Politics
Sauver la face en Syrie, le casse-tête d'Erdogan
Le régime d'Assad y avance inexorablement, des déplacés se massent à la
frontière turque et l'allié russe semble lui tourner le dos: le
président Recep Tayyip Erdogan est confronté à un véritable casse-tête
pour éviter d'être le grand perdant de la bataille d'Idleb.
Depuis début février, pas moins de 17 soldats turcs ont été tués par
les forces du régime syrien dans la province d'Idleb, dernier bastion
rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, et plusieurs postes
d'observation turcs, qu'Ankara croyait protégés par ses accords avec le
parrain russe du président Bachar al-Assad, se retrouvent encerclés
dans des territoires reconquis par Damas.
Soucieux d'empêcher une victoire de M. Assad, son ennemi juré, et une
nouvelle vague de réfugiés frappant aux portes de la Turquie, M.
Erdogan, dont le pays soutient des groupes rebelles en Syrie, a menacé
de lancer une offensive contre les forces de Damas si elles ne reculent
pas dans Idleb d'ici fin février.
Mais au moment où ses relations avec son homologue russe Vladimir
Poutine sont traversées par des fortes tensions en raison de désaccords
sur la Syrie, lancer une telle offensive contre le régime sans risquer
une confrontation avec Moscou, son principal soutien, relève pour M.
Erdogan de la quadrature du cercle.
MM. Erdogan et Poutine, principaux acteurs internationaux dans le
conflit en Syrie, avaient conclu en 2018 à Sotchi un accord instaurant
une "zone démilitarisée" dans la province d'Idleb censée séparer les
positions du régime de celles des rebelles et des jihadistes. Mais cet
arrangement a volé en éclats ces dernières semaines et les deux parties
se rejettent la responsabilité de son implosion.
- "Conflit direct"-
"Si le régime d'Assad ne se retire pas jusqu'à ses lignes antérieures
d'ici la fin du mois et si entretemps la Turquie et la Russie ne
parviennent pas à un accord, je crois qu'on assistera à un conflit
direct entre la Turquie et le régime d'Assad", estime l'analyste
politique Ali Bakeer, basé à Ankara.
"Ce n'est pas le régime syrien qui sera le problème pour la Turquie,
mais les Russes", ajoute-il.
Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région
frontalière, c'est parce qu'elle redoute l'arrivée sur son territoire
d'une nouvelle vague de réfugiés.
Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens, dont la
présence suscite une hostilité croissante au sein de l'opinion
publique, et envisage d'alléger le fardeau en installant une partie
d'entre eux dans des régions du nord de la Syrie contrôlées par la
Turquie à la faveur de trois précédentes offensives.
"L'arrivée d'une nouvelle vague de réfugiés serait le pire scénario
pour la Turquie, et non pas une confrontation directe avec le régime",
estime M. Bakeer.
D'après lui, si la Turquie et la Russie ne surmontent pas leur
divergences pour ressusciter l'accord de Sotchi, Ankara pourrait tenter
de mettre en place "une zone de sécurité le long de sa frontière dans
ce qui restera d'Idleb sans que cela ne fasse l'objet d'accords avec la
Russie ou avec le régime d'Assad". Une telle zone permettra à la
Turquie d'héberger en territoire syrien les déplacés syriens ayant fui
les combats.
- "Pas de rupture" -
"Erdogan est conscient du fort ressentiment en Turquie à l'égard des
réfugiés syriens, et c'est pour cette raison qu'il présente les
activités militaires en Syrie comme destinées à empêcher l'arrivée
d'une nouvelle vague", convient Haid Haid, chercheur à Chatham House.
"Pour lui, le coût (politique) sera élevé s'il perd beaucoup de soldats
sans parvenir à empêcher les réfugiés de traverser en Turquie. Mais il
pourrait aussi sortir vainqueur de la crise si l'issue de
l'intervention est positive pour la Turquie", ajoute-il.
Lui aussi estime qu'une offensive turque contre les forces du régime
"est une possibilité". "Permettre à Assad de reconquérir Idleb non
seulement infligera un camouflet à Erdogan à la maison mais pourrait
aussi écorcher la réputation de la Turquie et sa capacité à projeter sa
puissance".
Pour M. Haid, une telle confrontation ne sonnera pas nécessairement le
glas de l'alliance turco-russe, les deux pays ayant ces dernières
années considérablement renforcé leur coopération, au delà de la Syrie,
dans les domaines de la défense et de l'énergie.
"L'alliance actuelle entre la Turquie et la Russie dépasse le cadre de
la Syrie et c'est pour cette raison qu'aucun des deux ne veut la
torpiller, ne serait-ce que à ce stade. Idleb est importante pour la
Turque mais n'est pas considéré comme un motif de rupture",
souligne-t-il. (AFP,
25 février
2020)
Erdoğan
wants partitioned Libya dependent on Turkey
Turkey’s foreign policy in Libya is a calculated strategy to gain
another foothold in the Eastern Mediterranean, similar to the breakaway
northern Cyprus, columnist Nervana Mahmoud wrote for Arabic news outlet
Al Hurra.
Part of Turkish President Recep Tayyip Erdoğan’s plans for Libya is “a
separate entity in Western Libya that is fully dependent on Turkey for
its survival,” Mahmoud’s article said, similar to the northern third of
Cyprus under Turkish control.
The Mediterranean island, split between the internationally recognised
Republic of Cyprus and the breakaway Turkish Republic of Northern
Cyprus following Turkey’s military intervention in 1974, faces
political and military paralysis, and is in a permanent state of “no
war/no peace,” according to the article.
Unlike in Cyprus, Erdoğan is popular with Islamists and Libyans of
Turkish descent, and there is a “growing, misplaced nostalgia towards
the bygone era of Ottoman-controlled Libya,” that the pro-Erdoğan
groups in the country “aggressively encourage,” it said.
But for a similar scenario to play out in the north African country,
Western and Arab parties would need to fail to prevent the emergence
and survival of a pro-Turkish entity in Western Libya, it added.
In a strategic move to outmanoeuvre a consortium of countries seeking
to stake their own claims to Mediterranean hydrocarbon deposits, last
year Turkey made two deals with the Tripoli-based, U.N.-recognised
Government of National Accord (GNA), redefining Turkey’s maritime
borders and providing Turkish military support for the GNA’s fight
against the Libyan National Army (LNA).
Erdoğan also wants to stop the LNA’s advance towards Tripoli and “is
determined to block any political agreement that aims to disarm his
loyal militias in Western Libya or return them back to Syria,” the
article said.
Turkey, as part of its efforts to support the GNA, has sent more than
4,000 Syrian fighters, many involved with jihadist and extremist groups.
“No rational country will commit to sending UN peacekeeping forces that
have a mandate to disarm hard-core Islamist militants embedded in
Libya,” it said, and a ceasefire without a political settlement will
lead to the inevitable partition of Libya, giving Erdoğan’s policy “a
good chance of succeeding.”
(Ahval, Feb 7, 2020)
Erdogan rêve d'un nouvel Empire
ottoman
Par Guillaume Perrier
Challenges.fr, le 2 février 2020
Moins de trois mois après une opération militaire contre les Kurdes
dans le nord de la Syrie, la Turquie se lance dans une nouvelle mission
à haut risque. La deuxième armée de l'Otan se projette cette fois en
Libye, un ancien territoire ottoman, où elle nourrit de solides
ambitions économiques et stratégiques. Début janvier, le président
Recep Tayyip Erdogan a validé, par un vote des députés, l'envoi de
troupes pour soutenir les forces du gouvernement d'Entente nationale
libyen (GNA) de Fayez al-Sarraj menacées par l'avancée des milices du
maréchal Khalifa Haftar depuis la Cyrénaïque, à l'est du pays. Environ
200 formateurs sont arrivés en renfort, ainsi que des centaines de
mercenaires syriens, en attendant un déploiement plus spectaculaire.
Suffisant, pour le moment, pour affirmer ses ambitions, figer les
positions et imposer, avec la Russie, un cessez-le-feu précaire.
Si le président turc vole ainsi au secours du gouvernement de Tripoli,
c’est parce qu’il a plus d’une carte à jouer dans cette manœuvre. Les
très convoités gisements de gaz des profondeurs de la Méditerranée sont
au premier rang des priorités turques. Face à une alliance énergétique
rivale qui se dessine entre Israël, Chypre, la Grèce et l’Egypte,
Ankara a décidé de passer à l’offensive.
Accords de prospection
Le 5 décembre dernier, Erdogan a signé avec le gouvernement libyen un
accord pour s’octroyer de vastes zones économiques exclusives en haute
mer dans le but d’y mener des missions de prospection. Pour lui, il
s’agit aussi de reprendre pied en Libye, un terrain qui lui est
familier, après une parenthèse de neuf ans. Avant la chute du régime de
Mouammar Kadhafi, en 2011, les entrepreneurs turcs disposaient d’un
quasi-monopole sur tous les contrats d’infrastructures. Routes, ponts,
stades, universités, ports, aéroports… Avec la guerre, ce sont près de
20 milliards de dollars de contrats qui ont été abandonnés. Tripoli a
accepté le 14 janvier des compensations financières, à hauteur de 2,7
milliards de dollars. Mais les compagnies turques en manque de
débouchés veulent revenir en force sur le marché libyen. "Ankara veut
se positionner pour la reconstruction du pays, c’est un objectif de
premier plan pour ses entreprises", note Marc Pierini, ancien
ambassadeur de l’Union européenne dans les deux pays. La Libye est
aussi un formidable terrain d’expérimentation pour une industrie
militaire turque en pleine expansion. A Tripoli, les véhicules blindés
de BMC et les drones armés fabriqués par Bayraktar, deux compagnies
intimement liées à l’entourage du président turc, ont été propulsés à
l’avant du conflit.
Mais la motivation d’une telle escalade, estime Marc Pierini, "est une
pure question de politique intérieure". Confronté à des difficultés
économiques et malmené dans les sondages depuis qu’il a perdu, dans les
urnes, la mairie d’Istanbul, au profit de son adversaire, Ekrem
Imamoglu, en juin dernier, Erdogan cherche à reconquérir les cœurs. "En
dix-sept ans de pouvoir, le président turc n’a jamais été en aussi
mauvaise posture, c’est donc une façon pour lui de reprendre la main,
de flatter la fibre nationaliste, de défendre l’indépendance du pays
pour faire diversion, poursuit Pierini. Cela n’a que des avantages,
jusqu’à ce qu’il fasse le pas de trop." Le parti d’extrême droite, le
MHP, est le seul à le soutenir, tandis que l’opposition kémaliste, plus
prudente, s’est élevée contre une "aventure désastreuse". Son propre
parti est divisé.
Jeu diplomatique
Par cette politique expansionniste qui rappelle les heures glorieuses
de l’empire ottoman, le président turc entend s’imposer par le rapport
de force dans le jeu diplomatique régional. "Toute solution sans la
Turquie n’en serait pas une", répète régulièrement Erdogan. Dans le
conflit libyen, il est, avec le Qatar, le parrain du gouvernement,
proche comme lui des Frères musulmans, tandis que l’Arabie saoudite,
les Emirats arabes unis et l’Egypte ont pris fait et cause pour Haftar.
La rivalité entre les deux camps se retrouve dans d’autres pays de la
région, comme au Soudan.
Les ambitions militaires de la Turquie vont d’ailleurs bien au-delà de
la Méditerranée. Une base militaire accueille 5 000 de ses soldats au
Qatar depuis qu’un embargo a été décrété par l’Arabie saoudite voisine.
Ankara en possède une autre en Somalie, un pays dans lequel Erdogan
s’est personnellement investi depuis 2011 et qui pourrait être sa
prochaine conquête. Le pétrole au large des côtes somaliennes est un
"objectif très important" n’a pas caché Erdogan le 20 janvier au retour
de sa conférence sur la Libye. La Somalie, a-t-il annoncé, a invité la
Turquie à venir y prospecter.
Ankara a déjà envoyé 3 000 mercenaires en Libye
Depuis décembre, ils débarquent par centaines, acheminés de nuit par
avion. Plus de 3 000 combattants supplétifs syriens sous les ordres
d’Ankara seraient déjà arrivés en Libye pour soutenir le gouvernement
de Tripoli au côté des militaires turcs. Des milliers d’autres sont
recrutés par les services secrets, le MIT, et entraînés en Turquie en
vue d’être transférés dans l’ancien territoire ottoman. Ces « chiens de
guerre » appartiennent à des factions syriennes passées sous bannière
turque depuis 2016 et utilisées dans les récentes opérations contre les
Kurdes. Cette fois, c’est à 3 000 kilomètres du territoire syrien
qu’ils sont parachutés. La solde promise, environ 2 000 euros par mois
(25 fois plus que ce qu’ils touchaient auparavant), est leur principale
motivation. Au moins une dizaine de ces mercenaires syriens auraient
été tués sur la ligne de front de Tripoli, face aux forces de Khalifa
Haftar qui tiennent l’est du pays et qui sont, elles, soutenues par
l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Forces
armées/Armed Forces
Escalade militaire après
la mort d'au moins 33 soldats turcs
Le nord-ouest de la Syrie était le théâtre d'une brusque escalade
militaire vendredi après la mort d'une cinquantaine de combattants dans
des affrontements entre forces turques et syriennes, Ankara réclamant
l'appui des Occidentaux avec un appel à l'Otan et menaçant d'ouvrir les
frontières aux migrants.
Seize combattants du régime syrien ont été tués par des bombardements
turcs menés en représailles à la mort d'au moins 33 soldats jeudi dans
la région d'Idleb dans des frappes aériennes attribuées par Ankara à
Damas, a rapporté vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Cette brusque poussée de fièvre risque d'aggraver encore la situation
humanitaire déjà catastrophique à Idleb, où plusieurs centaines de
civils ont été tués et près d'un million de personnes déplacées ces
derniers mois par l'offensive qu'y mène depuis décembre le régime de
Damas appuyé militairement par Moscou.
Les Nations unies ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, soulignant
que le "risque d'une escalade encore plus grande augmentait d'heure en
heure".
Dans ce contexte, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a
annoncé une réunion en urgence vendredi des ambassadeurs des 29 pays de
l'Alliance, à la demande de la Turquie, en vertu de l'article 4 du
traité qui peut être invoqué par un allié estimant son intégrité
territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité menacée.
A Ankara, la présidence turque a en outre exhorté la communauté
internationale à mettre en place une zone d'exclusion aérienne à Idleb
pour clouer au sol les avions du régime syrien et de Moscou qui
pilonnent la région depuis plusieurs mois.
Dans une apparente tentative de faire pression sur l'Union européenne
pour obtenir davantage de soutien, Ankara a en outre annoncé qu'il ne
stopperait plus les migrants qui cherchent à se rendre en Europe depuis
la Turquie.
"Nous ne retiendrons plus ceux qui veulent se rendre en Europe", a
déclaré vendredi à l'AFP un haut responsable sous couvert d'anonymat,
réveillant le spectre d'une grave crise migratoire comme celle qui a
secoué le continent européen en 2015.
- Marche vers la frontière -
Selon les médias turcs, des groupes de migrants se dirigeaient vendredi
matin en direction de la frontière avec la Grèce dans l'ouest de la
Turquie, certains affrétant des bus depuis Istanbul.
L'agence de presse DHA a rapporté qu'environ 300 migrants syriens,
irakiens ou encore iraniens étaient arrivés dans la province d'Edirne,
à la frontière grecque.
Et les chaînes de télévision turques montraient des groupes de quelques
dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, sac sur le dos
ou sur la tête, en train de marcher le long d'une autoroute en
direction de la frontière grecque.
Athènes a pour sa part immédiatement annoncé le doublement de ses
patrouilles à la frontière turque.
La Turquie accueille sur son sol quelque quatre millions de migrants et
réfugiés, syriens pour la plupart, et redoute un nouvel afflux depuis
Idleb, où plus de 900.000 personnes se sont réfugiées près de la
frontière turque depuis trois mois, selon l'ONU.
Les affrontements entre forces turques et syriennes ont aussi creusé un
fossé entre Ankara et Moscou lesquels, en dépit de leurs intérêts
divergents, avaient renforcé leur coopération ces dernières années.
Vendredi, le ministère russe de la Défense a affirmé que les soldats
turcs tués jeudi avaient été touchés car ils se trouvaient parmi des
"unités combattantes de groupes terroristes".
Affirmant que la Turquie n'avait pas communiqué la présence de ses
troupes dans la zone concernée et qu'elles "n'auraient pas dû s'y
trouver", le ministère russe a en outre affirmé que les forces
aériennes n'avaient "pas été utilisées dans cette zone".
S'engouffrant dans la brèche ouverte par ces tensions, les Etats-Unis
ont appelé la Turquie à voir "la Russie telle qu'elle est vraiment" et
à renoncer aux systèmes russes de défense antiaérienne S-400.
- "Vengeance" -
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui ne s'est pas encore exprimé
publiquement depuis la mort des 33 soldats turcs, a convoqué dans la
nuit de jeudi à vendredi un conseil de sécurité extraordinaire à Ankara.
Vendredi matin, la presse turque faisait part de son choc et de sa
colère, certains journaux proches du pouvoir appelant à la "vengeance".
Les tensions n'ont cessé de croître ces dernières semaines à Idleb,
avec plusieurs affrontements entre les forces turques et syriennes qui
ont fait au total 53 morts dans les rangs des forces d'Ankara en
février.
Sur le terrain, le régime syrien et son allié russe ont mis les
bouchées doubles ces dernières semaines et repris plusieurs localités
dans cette province frontalière de la Turquie.
Cependant, les groupes rebelles, dont certains sont appuyés par Ankara,
ont contre-attaqué et repris jeudi la ville stratégique de Saraqeb,
selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
En reprenant la ville, jihadistes et rebelles coupent l'autoroute M5
reliant la capitale Damas à la métropole d'Alep (nord).
Sept civils, dont trois enfants, ont péri jeudi dans des bombardements
syriens et russes sur la province d'Idleb, selon l'OSDH.
Depuis décembre, plus de 400 civils ont été tués dans l'assaut selon
l'OSDH.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques,
la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts. (AFP, 28 février
2020)
Un
hélicoptère de l'armée abattu
par les rebelles pro-Ankara
Un hélicoptère de l'armée syrienne a été abattu vendredi dans le
nord-ouest de la Syrie et son équipage tué, deuxième crash du genre
cette semaine sur fond de tensions entre Ankara et Damas, qui poursuit
sa progression meurtrière face aux jihadistes et rebelles.
Depuis décembre, le pouvoir de Bachar al-Assad, appuyé par son allié
russe, a repris son offensive dans le nord-ouest syrien contre l'ultime
grand bastion des jihadistes et des rebelles, malgré les avertissements
du voisin turc.
Cette progression sur le terrain s'accompagne de violents bombardements
qui, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ont tué
vendredi huit civils, dont trois enfants. Cinq des victimes sont mortes
lors de frappes russes sur le village de Maarata, près de la ville
d'Atareb, dans la province d'Alep.
La Turquie et ses supplétifs syriens, déployés dans le nord-ouest,
tentent d'entraver l'avancée du régime, qui contrôle désormais près de
la moitié de la province d'Idleb.
Un hélicoptère de l'armée a ainsi été touché vendredi "par un missile
ennemi près d'Orum al-Kobra", secteur "où sont déployés des groupes
terroristes armés soutenus par la Turquie", selon une source militaire
citée par l'agence officielle syrienne Sana.
Le tir ayant causé le crash a été revendiqué par une alliance de
groupes rebelles pro-Ankara, le Front national de la libération (FNL).
La source de l'agence Sana n'a pas donné de bilan précis, indiquant
seulement que l'équipage de l'hélicoptère avait été tué. L'OSDH a pour
sa part fait état de deux pilotes tués et imputé le crash à un missile
des forces turques.
Les autorités turques n'ont pas commenté.
Ankara, qui soutient des groupes rebelles, maintient des troupes dans
le nord-ouest syrien et y a envoyé des renforts ces derniers jours pour
entraver l'avancée des forces gouvernementales.
Mardi déjà, un autre hélicoptère de l'armée syrienne avait été abattu
par un tir également imputé par l'OSDH aux forces turques dans la
province d'Idleb, voisine de celle d'Alep.
Les médias turcs avaient imputé le crash aux groupes rebelles syriens
pro-Ankara.
- Base militaire reconquise -
Illustrant les tensions entre Damas et Ankara, des affrontements d'une
violence inédite ont opposé début février les soldats turcs aux forces
syriennes dans le nord-ouest.
Damas martèle son intention de reprendre l'intégralité de la province
d'Idleb, sa dernière grande bataille stratégique à l'heure où le
pouvoir contrôle plus de 70% du pays.
Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne
d'Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d'Idleb ainsi que
des secteurs attenants dans celles d'Alep, de Hama et de Lattaquié.
Des groupes rebelles et d'autres factions jihadistes moins influents
sont également présents dans ces zones.
Vendredi, les forces du régime ont repris la localité d'Orum al-Kobra
dans l'ouest d'Alep après avoir reconquis la base 46, située à 12
kilomètres à l'ouest de la ville d'Alep, au terme de "violents combats"
contre les jihadistes et des rebelles, selon l'OSDH.
D'après l'Observatoire, les combats ont fait dans ces secteurs au moins
14 morts dans les rangs des forces du rgime, contre 19 dans le camp
adverse.
Des forces turques s'étaient retirées jeudi de cette base, selon la
même source.
Avant de tomber en novembre 2012 aux mains des rebelles, elle était
l'une des dernières places fortes du régime dans le nord-ouest. L'AFP
avait vu des insurgés s'y installer après de violents combats pendant
lesquels quelque 150 soldats avaient été tués ou exécutés. (AFP, 15 février 2020)
Ankara
met en garde Damas, un hélicoptère du régime
abattu
Ankara a adressé mardi une sévère mise en garde à Damas après la mort
de cinq de ses soldats dans le nord-ouest de la Syrie, où deux pilotes
du régime ont été tués dans le crash de leur hélicoptère après un tir
attribué aux forces turques.
Les menaces de la Turquie, qui soutient des groupes rebelles et dispose
de positions militaires dans cette région, interviennent alors que les
forces syriennes loyalistes ont poursuivi leur progression, reprenant
le contrôle du dernier tronçon d'une autoroute clé reliant Damas à Alep.
Dans ce contexte de vive tension, marqué par une crise humanitaire
majeure selon l'ONU, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est
montré intransigeant mardi, assurant que le régime syrien paierait
"très cher" toute nouvelle attaque contre les forces d'Ankara.
Dans la matinée, un hélicoptère de l'armée syrienne a été abattu par un
tir de roquettes des forces turques au sud-est de la ville d'Idleb près
du village de Qaminas, selon l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH), qui a précisé que les deux pilotes étaient décédés.
Ankara a évoqué un "crash", sans en revendiquer la responsabilité.
L'agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a
indiqué que "l'avion a été visé par un missile hostile dans la région
d'Al-Nayrab, dans le sud d'Idleb, entrainant la chute de l'appareil et
la mort de son équipage".
Sur le site où l'appareil s'est écrasé, un correspondant de l'AFP a vu
les dépouilles des deux pilotes ainsi que des débris de l'appareil.
Les forces du régime ont par la suite bombardé des zones près d'un
poste d'observation turc dans le même village, ont indiqué l'OSDH et le
correspondant de l'AFP.
Au moins trois personnes ont péri dans ces bombardements, d'après
l'Observatoire qui n'était pas en mesure de préciser dans l'immédiat
s'il s'agissait de soldats turcs ou de combattants rebelles alliés.
Sur le plan humanitaire, près de 700.000 personnes ont fui l'offensive
militaire lancée en décembre par le régime et son allié russe dans la
région d'Idleb.
"C'est, selon notre analyse, le plus grand nombre de personnes
déplacées sur une même période depuis le début de la crise en Syrie il
y a bientôt neuf ans", a souligné mardi le Bureau de coordination des
affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha). (AFP, 11 février 2020)
Cinq soldats turcs tués par Damas
dans le nord-ouest, l'exode de civils continue
Cinq soldats turcs ont été tués lundi en Syrie par des tirs
d'artillerie du régime, nouvelle poussée de fièvre dans le nord-ouest
du pays en guerre, où une offensive du pouvoir de Damas et son allié
russe a fait près de 700.000 déplacés.
Ces affrontements entre les forces d'Ankara et de Damas interviennent
dans un contexte de tensions inédites entre les deux voisins, une
semaine jour pour jour après des combats dans le nord-ouest syrien
ayant fait une vingtaine de morts dans les deux camps.
Une délégation russe se trouve d'ailleurs à Ankara pour des pourparlers
sur la situation dans la province d'Idleb, où le régime de Bachar
al-Assad a enchaîné les reconquêtes face aux jihadistes et rebelles ces
deux derniers mois, ignorant les avertissements de la Turquie.
Lundi, cinq soldats turcs ont été tués par des tirs d'artillerie du
régime, a annoncé le ministère turc de la Défense.
Cinq soldats turcs ont aussi été blessés dans ces tirs qui ont visé des
positions turques dans la province d'Idleb, a indiqué le ministère dans
un communiqué, ajoutant que les forces d'Ankara avaient riposté.
De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a
rapporté des tirs de roquettes du régime sur l'aéroport militaire de
Taftanaz, dans la province d'Idleb, évoquant "des morts et des blessés"
parmi les troupes turques qui y sont stationnées.
Il n'a pas fait état de victimes parmi les troupes du régime après la
riposte d'Ankara.
La Turquie, qui soutient des rebelles et dont les troupes stationnent
dans le nord-ouest syrien, y a dépêché ces derniers jours des renforts
et des blindés pour les déployer sur de nouvelles positions militaires.
Lundi, un correspondant de l'AFP a pu voir des soldats turcs dans le
secteur de Qaminas, au sud de la grande ville d'Idleb. (AFP, 8 février 2020)
Turkey deploys extremists to Libya, local militias say
Syrian
militants affiliated with groups such as al-Qaida and the Islamic State
group are currently being sent by Turkey to fight on behalf of the
U.N.-supported government in Libya, according to two Libyan militia
leaders and a Syrian war monitor.
Both sides in Libya’s civil war receive equipment and backing from
foreign countries. But Turkey, which has long trained and funded
opposition fighters in Syria and relaxed its borders so foreign
fighters joined IS, has in recent months been airlifting hundreds of
them over to a new theater of war in Libya.
The U.N.-supported government controls only a shrinking area of western
Libya, including the capital, Tripoli. It’s facing a months-long
offensive by forces loyal to Gen. Khalifa Hifter who is allied with a
rival government based in Libya’s east. The United Nations recognizes
the government in Tripoli, led by Prime Minister Fayez Sarraj, as
Libya’s legitimate government because it was born out of U.N.-mediated
talks in 2015.
Sarraj is backed by Turkey, and to a lesser degree, Qatar and Italy.
Hifter receives backing from the United Arab Emirates and Egypt, as
well as France and Russia. Libya has the ninth largest known oil
reserves in the world, and many of these countries are apparently
jockeying for influence in order to control Libya’s resources.
Libyan militia leaders in Tripoli told The Associated Press that Turkey
has brought more than 4,000 foreign fighters into Tripoli, and that
“dozens” of them are extremist-affiliated. The two commanders spoke on
condition of anonymity because they were not authorized to discuss the
matter with the media.
The commanders also highlighted differing opinions within the Libyan
militias about accepting Syrian extremists into their ranks. One said
the fighters’ backgrounds aren’t important, as long as they’ve come to
help defend the capital. The other said some commanders fear the
fighters will “tarnish” the image of the Tripoli-based government.
Turkey-backed militias in northern Syria have been known to include
fighters that previously fought with al-Qaida, IS and other militant
groups, and have committed atrocities against Syrian Kurdish groups and
civilians.
The U.N. has repeatedly condemned the flow of weapons and foreign
fighters into Libya. But the organization has not directly responded to
reports and accusations by Hifter’s side that Sarraj’s government and
Turkey are apparently using IS- and al-Qaida-linked extremists as
mercenaries.
Turkey has not confirmed or denied reports of Syrian fighters being
sent to Libya to support Sarraj, and the Turkish military did not
respond to requests for comment.
However, in a televised interview last month, Turkish President Recep
Tayyip Erdogan said: “As a combat force, we will have a different team
there. They won’t be from within our soldiers. Those different teams
and the combat forces will work together. But our high-ranking soldiers
will coordinate.” He did not elaborate.
Rumors of Turkey-backed Syrian fighters in Libya have swirled for
weeks. Foreign leaders and commentators have pointed to videos
circulated online that appear to show Syrians in Tripoli. In one video,
a man with a Syrian accent films the dormitories where he and other
fighters are living, saying “Thank God, we arrived safely in Libya.”
Another clip shows a plane full of fighters, some wearing fatigues and
speaking with Syrian accents.
Turkey’s Libyan allies and Syrian opposition leaders have denied any
organized efforts to send combatants to Libya. But in January, Sarraj
told the BBC that his government “would not hesitate to cooperate with
any party to defeat this aggression” by Hifter’s forces.
Rami Abdurrahman, the director of the Britain-based Syrian Observatory
for Human Rights, told the AP that his war-monitoring network has
determined there are at least 130 former Islamic State or al-Qaida
fighters among the approximately 4,700 Turkey-backed Syrian mercenaries
sent to fight for Sarraj.
He said the IS militants had joined the so-called Syrian National Army,
a patchwork alliance formed by Turkey from different factions who
battled the government of Syrian President Bashar Assad. Most of the
groups are loyal to Turkey, and the SNA was used as shock troops last
year in Turkey’s offensive against U.S.-allied Kurdish forces in
northern Syria.
In theory, a cease-fire brokered by Russia and Turkey remains in place
around Tripoli but Libya’s warring sides have traded accusations of
violations, and the shaky truce is threatened by clashes.
Representatives from Sarraj and Hifter began meetings in Geneva on
Tuesday to work toward a more permanent cease-fire.
The Observatory also quoted a Syrian fighter from Idlib province who
applied to go to Libya as saying he was motivated by the financial
benefits offered by Turkey.
Elizabeth Tsurkov, a fellow at the U.S.-based Foreign Policy Research
Institute who closely follows Syria’s armed groups, said the promise of
payment, Turkish citizenship or the prospect of fleeing to Europe were
the main motives of Syrian fighters sent to Libya.
“None of them are committed to the fight in Libya due to personal
conviction or ideology,” she said.
A Libyan official at the prime minister’s office said Syrian fighters
have been in Libya since early August. At first, he said they were only
facilitating the work of Turkish military experts. But as the fighting
escalated in mid-December, the number of Syrian fighters arriving in
Libya increased. These fighters now immediately deploy to the front
lines, said the official, speaking on condition of anonymity because he
wasn’t authorized to talk to reporters on the subject.
The Tripoli authorities and U.S. officials have also accused Hifter of
relying on hundreds of Russian mercenaries. Sudanese armed groups from
the Darfur region recently joined the fighting on both sides, according
to a report by U.N. experts.
The influx of Syrian, Russian and Sudanese mercenaries has threatened
to prolong the war and cripple international efforts to establish a
long-term cease-fire. Last month, a summit in Berlin brought together
the major international stakeholders in Libya, but with few concrete
results.
Nicholas Heras, a Syria expert at the Washington-based Institute for
the Study of War, said Turkey is focusing on Libya to establish a
sphere of influence in the Mediterranean.
“However, the Turks do not want to risk significant casualties to their
own forces when the Turkish military has built a proxy force of Syrian
fighters that can reinforce the Libyan fighters,” he said. (AP, February 5, 2020)
Syrie:
Combats d'une violence inédite entre soldats
turcs et syriens
Des combats d'une violence inédite ont opposé lundi soldats turcs et
syriens dans le nord-ouest de la Syrie, faisant plus de 20 morts, l'une
des plus graves confrontations entre les deux camps dans le pays en
guerre.
Cette escalade a fait monter la tension entre la Turquie, qui soutient
des groupes rebelles en Syrie, et la Russie, principal soutien du
régime syrien de Bachar al-Assad dans sa guerre contre les insurgés et
les jihadistes.
Les hostilités qui ont duré plusieurs heures sont les plus graves
depuis l'intervention de la Turquie dans le conflit syrien en 2016 pour
combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et éloigner les
forces kurdes syriennes de sa frontière.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les
affrontements ont éclaté avant l'aube après l'arrivée d'un convoi turc
de 240 camions et blindés près de la localité de Saraqeb dans la
province d'Idleb, que le régime syrien veut reprendre.
Ils ont été déclenchés par des tirs du régime sur des positions
turques, a précisé l'OSDH, ajoutant que les
soldats turcs ont riposté en tirant à l'artillerie sur des positions
syriennes dans les provinces d'Idleb et dans celles voisines de Hama et
Lattaquié.
L'armée turque a indiqué avoir "détruit plusieurs cibles". Selon
Ankara, cinq militaires et trois membres du personnel civil turcs ont
été tués, et neuf soldats blessés.
"Nous avons dit +Ce n'est plus possible+, et nous avons apporté la
riposte appropriée", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan,
en commentant les représailles turques. "Que ce soit par des
bombardements aériens ou d'artillerie, nous leur faisons payer le prix".
- "Assumer ses obligations" -
Côté syrien, au moins 13 soldats ont été tués et vingt blessés, selon
l'OSDH. Mais l'agence officielle syrienne Sana a démenti tout décès
dans les rangs de l'armée.
Selon Ankara, les militaires turcs visés ont été envoyés à Idleb pour
renforcer les quelque 12 postes d'observation turcs dans la région.
La Russie a affirmé ne pas avoir été prévenue de ces renforts. Mais
Ankara a assuré avoir averti les Russes "un jour avant". Ces deux pays
jouent un rôle incontournable dans le conflit.
Les confrontations directes meurtrières entre la Turquie et les
prorégime ont été très rares depuis le début de la guerre en mars 2011.
M. Erdogan a de nouveau appelé Moscou à "assumer ses obligations" à
Idleb, alors que les deux pays avaient parrainé une trêve censée entrer
en vigueur mi-janvier dans la province d'Idleb, dernier grand bastion
dominé par les jihadistes et accueillant des rebelles en Syrie.
Mais cette trêve est restée lettre morte et le régime Assad, épaulé par
l'allié russe, a poursuivi son offensive dans la province ainsi que
dans des secteurs adjacents des provinces de Hama, Lattaquié et d'Alep.
Grâce à son aviation et aux bombardements quasi-quotidiens, le régime
Assad a gagné du terrain dans ces zones dominées par les jihadistes de
Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche d'Al-Qaïda.
- Enfants tués -
Lundi encore, 14 civils dont six enfants ont été tués et 20 blessés
dans de nouveaux raids russes visant l'ouest de la province d'Alep,
selon l'OSDH.
"Les avions ont visé une voiture qui transportait des déplacés", a dit
à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Un correspondant de l'AFP dans la localité d'Urum al-Kubra a pu voir
les corps de neuf de ces victimes, dont des enfants au visage
ensanglanté, enveloppés dans des couvertures.
Face à l'offensive, l'Organisation mondiale de la Santé a rapporté la
fermeture en janvier d'au moins 53 établissements médicaux dans la
région.
Dans la province d'Idleb, les forces du régime ont à présent pour cible
la ville de Saraqeb, située sur une autoroute clé reliant la métropole
d'Alep à la province de Lattaquié.
Ces forces ont pris un tronçon de l'autoroute ainsi que le village
d'Al-Nerab, selon l'Observatoire. Elles se trouvent à 8 km de la ville
d'Idleb, chef-lieu éponyme de la province.
Le front d'Idleb représente la dernière grande bataille stratégique
pour le régime Assad, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire
après avoir multiplié les victoires face aux jihadistes et rebelles.
Les forces syriennes sont déployées dans le nord-est du pays, tenu par
les Kurdes, mais cette minorité continue d'y jouir d'une grande
autonomie. Certaines zones échappent dans le nord et sont tenues par
les forces turques et leurs supplétifs syriens.
Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit
en Syrie a fait plus de 380.000 morts et poussé à la fuite des millions
de personnes. (AFP, 3 février 2020)
Erdogan
menace de recourir
à la "force militaire" en Syrie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé vendredi la "cruauté"
du régime syrien envers son peuple, menaçant de recourir de nouveau "à
la force militaire" en Syrie où les forces loyalistes progressent dans
le dernier bastion rebelle d'Idleb.
"Nous ne tolérerons pas la cruauté du régime envers son propre peuple
et ses attaques qui provoquent des bains de sang et menaçant notre pays
d'une nouvelle vague de migrants", a déclaré M. Erdogan dans un
discours devant des responsables de son parti à Ankara.
"Nous, la Turquie, voulons sincèrement la stabilité de la Syrie et la
sécurité pour son peuple et nous n'hésiterons pas à faire ce qu'il
faut, y compris recourir à la force militaire", a-t-il ajouté.
Les forces gouvernementales syriennes ont reconquis mercredi la ville
stratégique de Maaret al-Noomane, la deuxième plus grande de la
province d'Idleb (nord-ouest), et progressaient pour récupérer la
région, dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS),
l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Leur prochain objectif est la
localité de Saraqeb, d'importance stratégique car située à la jonction
de deux grands axes routiers.
La Turquie a averti mardi qu'elle riposterait à toute attaque contre
ses postes d'observation dans la province d'Idleb.
L'armée turque est déployée dans douze postes d'observation dans la
région d'Idleb, en vertu d'un accord conclu en septembre 2018 entre
Moscou, allié du régime syrien, et Ankara, qui parraine les rebelles.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, l'armée turque a déployé
mercredi des renforts à Reyhanli, ville turque frontalière de la Syrie
et située non loin d'Idleb.
Mercredi, M. Erdogan avait accusé Moscou, allié du régime syrien, de ne
pas respecter les accords conclus avec Ankara au sujet du nord-ouest de
la Syrie, où les aviations syrienne et russe ont multiplié les
bombardements.
M. Erdogan a récemment averti l'Europe que son pays, qui héberge
environ cinq millions de réfugiés dont quelque 3,7 millions de Syriens,
ne pouvait faire face à lui seul à un nouvel afflux de Syriens fuyant
l'intensification des bombardements à Idleb. (AFP, 31 janvier 2020)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Turan Dursun, religieux musulman devenu athée et
abattu
« Pour pouvoir créer un monde plus libre, nous devons briser les
tabous, tous les tabous. À commencer par les tabous qui prennent leurs
sources dans les religions et la spiritualité. Toute chaîne entravant
les libertés doit être brisée ». (Turan Dursun, Préface de Din Bu, Vol.
1)
Bahar Kimyongür, Athéisme, 17 décembre 2019
Texte complet:
https://www.athees.net/tag/laicite-2/
Erdogan
Wants to Create an Islamic State in Northern
Syria
Fierce clashes between the Syrian Arab Army and the Turkish Army and
their terrorist allies raged in Idlib on Thursday, killing two Turkish
soldiers and wounding five. The situation has calmed somewhat on Friday
as President Erdogan will call President Putin in the evening to
discuss the battlefield events. Russia has maintained its position that
Turkey withdraws from Idlib and honors the 2018 Sochi agreement, in
which Turkey was bound to separate civilians from armed terrorist
groups.
The European Council stated that the 27 EU member states have called on
all parties in the Idlib conflict to initiate a ceasefire for
humanitarian reasons and to fully implement their commitments under the
Sochi agreement.
Erdogan has a plan for Syria, and he has the support of President Trump
and the EU. Erdogan wants to create an Islamic State in Northern
Syria and wants to occupy Idlib as the western corner of a very long
strip of borderland along the Syrian-Turkish border, which would end at
the Iraqi border with Syria. This long strip of land would be a
‘safe-zone’, as he calls it. The EU accepted his plan and went so
far as to offer to finance the plan with money for roads, schools,
hospitals and all the infrastructure a new zone would need, including
housing needs.
The ‘safe’ feature of his ‘safe-zone’ translates into safety for Turkey
from Kurdish armed militias, which Turkey calls terrorists, but
previously had been US military partners and assets, on the Trump
payroll. The western media will portray the ‘safe-zone’ as
meaning safety for Syrian civilians.
Turkey and Europe would send all the refugees to the ‘safe-zone’, as
they have been overwhelmed with Syrian refugees, and now seek an
immediate way to off-load their burden.
Abu Muhammad al-Joulani is the head of Hay’at Tahrir al-Sham (HTS),
which formerly was called Jibhat al-Nusra, which is the Al Qaeda
affiliate in Syria. Idlib is controlled by HTS, in addition to their
partners Turkistan Islamic Party (TIP), and Haras al-Deen. These groups
have committed hundreds of war crimes and atrocities, emanating from
Idlib, against unarmed civilians in Syria. 15,000 civilians in
Aleppo have been killed by mortars, missiles, and propelled gas
canisters in the last 9 years. In the Christian towns of M’hardeh,
Saraqib and Salamiah and others, thousands of unarmed civilians have
been killed by the terrorists based in Idlib by mortars, missiles, and
car bombs. Aleppo, Idlib, and Hama is a triangle that has suffered for
9 years of daily attacks from the terrorists in Idlib, who have been
well funded and well equipped by Turkey, the US, NATO and some of the
Persian Gulf.
On February 15, 2020, Joulani appeared in a 12-minute video interview
in an apparent attempt to gain additional support from Muslims outside
of Syria. He ended the interview with a message to ‘the
mujahideen’ and emphasized the importance of ‘jihad’ in Syria to all
Sunnis worldwide.
In 2017 Trump cut off funding and support of Jibhat al-Nusra, and this
is when they changed their name to HTS. However, the funding and
military support is still pouring into Idlib, and conveniently the UN
food program and other international charities have continued to
support the terrorists and their families.
Recently, Erdogan has sought the US, EU and NATO support of his
military operation in Idlib, under the guise of ‘humanitarian concern’,
but they have failed to jump on his bandwagon because HTS is in
control, and they would be supporting a terrorist group following
Radical Islam, and with the goal of establishing an Islamic State in
Syria. Erdogan was discretely told by western officials to urge
Jolani to make a public statement by video declaring his group had
dissolved, and this would clear the way for US-EU-NATO support.
However, Jolani failed to make that statement, and instead, the video
regurgitates the goal of creating an Islamic utopia in Idlib.
The Christian village of Kessab still sits unrecovered from the
terrorist attack and occupation of 2014, and the residents have not all
returned or rebuilt their damaged properties because the terrorists in
Idlib continue to occasionally shoot missiles from Idlib into Kessab,
which have killed and maimed unarmed civilians. The large city of
Latakia has been a frequent target of the terrorists in Idlib as the
shoot missiles in residential areas. In the summer of 2015, they
shot 11 missiles in one day at residential targets in Latakia. The
terrorists in Idlib frequently use drones to target the Russian airbase
at Hmemein near Latakia, and military experts have discovered the
source of the military-grade sophisticated drones is Turkey.
The Russians might make a treaty between the Kurdish and the Syrian
government forming an alliance against the US and Turkey in northeast
Syria along the Turkish border. The Syrian Arab tribes living in
the northeast of Syria, who are supportive of the Syrian government,
may work alongside the Kurdish forces, forming a popular resistance
against the US-Turkish occupation. They would be supported by the
Syrian Arab Army and the Russian forces. This situation reminds us of
the Iraqi popular resistance against the US occupation after the 2003
invasion.
The tensions over Idlib are reaching a fever-pitch, as the Syrians and
their Russian allies, and the Turkish and their terrorist allies
face-off in possible full-scale military conflict. The tension
between the two sides may escalate into open warfare or may dissipate
into negotiations, via a third party broker, Iran. If negotiations were
to begin, and succeed, we may see a new political settlement that would
be acceptable to all sides. While Russia may yet accede to a
ceasefire, it would not do so unless Turkey was to provide guarantees
that the HTS in Idlib were disarmed and removed.
In my personal view, I see the Russian side may support Erdogan’s
position in Libya, in exchange for Erdogan removing all terrorists from
Idlib, and they may be shipped to Libya. The Syrian government
and the Russians may take control of Idlib, and Turkey may also leave
northeast Syria, under a guarantee from the Russians that the Kurdish
militias would lay down their arms. (ahtribune.com, Steven
Sahiounie, February
22 ,2020)
Arrestation
d'un ancien bourreau de l'EI qui s'était
"reconverti"
La police antiterroriste turque a arrêté
un ancien bourreau du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie
qui, après son retour dans le civil, s'était reconverti en réparateur
d'installations gazières en Turquie, ont rapporté les médias mardi.
Ce ressortissant syrien âgé de 50 ans, identifié par son ancien nom de
guerre "Abu Taki al-Chami", a été arrêté lundi sur un chantier dans la
région de Bursa, dans le nord-ouest de la Turquie, a rapporté l'agence
de presse étatique Anadolu.
Les médias turcs ont diffusé une vidéo montrant le suspect rasé de
près, vêtu d'un pantalon de travail blanchi par le plâtre et d'un
discret bonnet noir, en train d'être fermement emmené par deux
policiers en uniforme d'assaut.
Anadolu décrit l'individu comme un ancien bourreau et un ex-haut
dirigeant de l'EI dans la région de Deir Ezzor (est de la Syrie).
Une vidéo diffusée il y a plusieurs années sur les réseaux sociaux le
montre notamment en train d'exécuter un civil d'une balle dans la
nuque. Il portait alors une barbe fournie.
L'arrestation de cet individu a mené à l'interpellation mardi à Bursa
de trois autres personnes soupçonnées d'avoir combattu au sein de l'EI,
a rapporté Anadolu.
Le groupe jihadiste EI a régné pendant plusieurs années sur de vastes
pans de la Syrie et de l'Irak, jusqu'à sa défaite militaire l'an
dernier.
La Turquie a longtemps été accusée par ses alliés de ne pas lutter
suffisamment contre les jihadistes voulant se rendre en Syrie en
traversant son territoire.
Après avoir été frappée par plusieurs attentats en 2015, la Turquie a
cependant multiplié les arrestations et démantèlements de cellules
jihadistes.
Ankara renvoie par ailleurs régulièrement vers leur pays d'origine les
candidats étrangers au jihad arrêtés sur le sol turc. (AFP, 18 février
2020)
ISIS took advantage of Turkish
invasion of northeast Syria
Islamic State (ISIS) increased the number of its attacks by nearly 20
percent following Turkey's October offensive into northeast Syria, the
Military Times said on Tuesday, citing a report by the U.S. Defense
Intelligence Agency (DIA).
Attacks by ISIS rose from a monthly average of 55, to 66 after Turkey's
Syria incursion, according to the DIA report.
“This suggests ISIS continues to view the security environment in
northeast Syria as more conducive to its operations,” the Military
Times quoted the report as saying.
But officials from the U.S.-led coalition fighting ISIS said the report
was based on online ISIS propaganda and that Turkish military
operations had not led to ISIS making a comeback.
Turkey launched Operation Peace Spring on Oct. 9 after President Donald
Trump announced he was pulling U.S. forces from the border area. But
the advance of Turkish forces and their Syrian rebel allies provoked
international outrage as Kurdish-led groups that had fought in the
front lines against Islamic State were shelled and withdrew. (ahvalnews,Feb 05 2020)
Erdogan
dénonce la
"trahison" de certains pays arabes
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi certains pays
arabes de commettre une "trahison" en restant "silencieux" face au plan
"scandaleux" des Etats-Unis censé, selon le président américain Donald
Trump, régler le conflit israélo-palestinien.
"Les pays arabes qui soutiennent un tel plan commettent une trahison
envers Jérusalem, ainsi que leur propre peuple et, plus important,
toute l'humanité", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours devant des
responsables de son parti, l'AKP, à Ankara.
"L'Arabie saoudite est silencieuse. Quand vas-tu faire entendre ta voix
? Oman, Bahreïn, pareil. Le gouvernement d'Abou Dhabi applaudit. Honte
à vous ! Honte à vous !", a lancé M. Erdogan.
M. Erdogan, ardent défenseur de la cause palestinienne, avait
jugé mercredi que ce plan, qui présente notamment Jérusalem comme la
"capitale indivisible d'Israël", était "absolument inacceptable".
Le plan présenté par M. Trump permet également l'annexion par Israël de
territoires occupés en dépit du droit international. Les dirigeants
palestiniens ont immédiatement refusé de négocier sur cette base.
"La Turquie ne reconnaît pas et n'accepte pas ce plan qui anéantit la
Palestine et fait main basse sur Jérusalem", a déclaré M. Erdogan
vendredi, qualifiant de "scandaleuses" les propositions américaines.
"Jérusalem est notre ligne rouge", a-t-il souligné. "Abandonner la
totalité de Jérusalem aux griffes ensanglantées d'Israël reviendrait à
commettre un grand tort envers l'humanité", a ajouté le président turc.
L'importance de Jérusalem pour les musulmans est notamment due à la
présence de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam.
"Si nous ne parvenons pas à protéger la mosquée al-Aqsa, demain les
mauvais regards se tourneront vers la Kaaba", sanctuaire le plus saint
de l'islam situé à La Mecque, en Arabie saoudite, a mis en garde M.
Erdogan.
Le chef de l'Etat turc a également exhorté "les chrétiens, qui eux
aussi ont des droits sur Jérusalem, à protéger" cette ville considérée
comme sacrée par les trois grandes religions monothéistes.
Jérusalem est un point de friction dans les relations entre la Turquie
et les Etats-Unis, déjà très tendues sur de nombreux dossiers
internationaux.
Les dirigeants turcs avaient critiqué avec virulence l'initiative du
président Trump qui avait reconnu en 2017 Jérusalem comme la capitale
de l'Etat d'Israël, et y avait déplacé l'ambassade américaine.
La presse turque proche du pouvoir s'en prend régulièrement à certains
pays arabes, notamment l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis,
qu'elle accuse de s'être rapprochés d'Israël sur fond d'hostilité
commune envers l'Iran.
Les relations de la Turquie avec ces deux pays se sont dégradées après
l'assassinat, à Istanbul en 2018, de l'éditorialiste saoudien Jamal
Khashoggi. En dépit des tensions, M. Erdogan s'en prend rarement
frontalement à Ryad. (AFP, 31 janvier 2020)
Socio-économique
/ Socio-economic
Séisme frontalier: neuf
morts en Turquie, au moins 40 blessés en Iran
Un séisme de magnitude 5,7 survenu dimanche à la frontière entre l'Iran
et la Turquie a tué côté turc neuf personnes, dont quatre enfants, et
fait plusieurs dizaines de blessés des deux côtés de la frontière, ont
annoncé les autorités des deux pays.
Le séisme a frappé à 05H23 GMT (09H23 locales) et son épicentre était
localisé près du village de Habash-e Olya dans le nord-ouest de l'Iran,
à moins de dix kilomètres de la frontière avec la Turquie, selon
l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis. Sa magnitude était de
5,7 sur l'échelle de magnitude du moment utilisée par l'USGS.
Selon le centre d'étude des séismes de l'Institut de géophysique de
l'Université de Téhéran, l'épicentre de la secousse tellurique se
situait à une profondeur de 6 km.
Neuf personnes sont mortes, dont quatre enfants, a indiqué à des
journalistes le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu qui s'est
rendu sur place. "Il n'y a actuellement plus personne sous les
décombres", a-t-il affirmé.
Le ministre turc de la Santé, Fahrettin Koca a précisé que 37 personnes
ont été blessées, dont huit se trouvent dans un état critique.
Des images de la chaîne de télévision turque NTV ont montré des maisons
en pisé effondrées dans des villages recouverts par la neige dans la
province de Van (est), limitrophe de l'Iran.
La présidence turque a indiqué que le président Recep Tayyip Erdogan se
tenait informé de la situation.
- Zones sismiques très actives -
En Iran, au moins 40 personnes ont été blessées dont 17 hospitalisées
dans la province iranienne d'Azerbaïdjan-Occidental (nord-ouest du
pays) touchée par la secousse, a indiqué le Service national des
secours iraniens dans un nouveau bilan. Quarante-trois villages ont
subi des dégâts, selon la même source.
L'Iran, comme la Turquie, sont situés dans une des zones sismiques les
plus actives au monde.
En Iran, le dernier séisme majeur remonte à novembre 2017 avec un
tremblement de terre de magnitude 7,3 dans la province de Kermanshah
(ouest) qui avait fait 620 morts.
Le séisme le plus meurtrier de ces 30 dernières années en Iran, d'une
magnitude 7,4, avait fait 40.000 morts et laissé un demi-million de
personnes sans-abri dans le nord du pays en 1990.
En Turquie, le dernier séisme puissant (7,1 sur l'échelle de Richter)
s'était produit en 2011 dans la province de Van (est), faisant plus de
600 morts.
La province de Van a été marquée début février par la mort de 41
personnes dans deux avalanches, dix jours après un puissant séisme qui
avait aussi fait 41 morts dans la province d'Elazig située également
dans l'est de la Turquie. (AFP, 23 février
2020)
Trois morts
dans l'accident d'un avion à Istanbul
Un avion de ligne turc avec plus de 180 personnes à bord s'est disloqué
après être sorti de piste en atterrissant à Istanbul mercredi, un
accident spectaculaire qui a fait trois morts et des dizaines de
blessés.
Le fuselage de l'appareil, un Boeing 737 de la compagnie privée turque
Pegasus, s'est brisé en trois et a pris feu après une sortie de la
piste à l'aéroport international Sabiha Gökçen, situé sur la rive
asiatique d'Istanbul, selon les images diffusées par la chaîne CNN-Türk.
L'avion, en provenance de la ville d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie,
a eu cet accident en raison des mauvaises conditions météorologiques,
selon le gouverneur d'Istanbul Ali Yerlikaya.
Trois ressortissants turcs ont été tués et 179 personnes ont été
blessées, a indiqué le ministre de la Santé Fahrettin Koca dans une
déclaration à la presse.
L'appareil transportait 177 passagers et six membres d'équipage, a
rapporté l'agence de presse étatique Anadolu, et non 177 personnes au
total comme l'avaient affirmé précédemment les autorités turques.
Selon une correspondante de l'AFP sur place, il s'est brisé en deux
endroits après la sortie de piste.
La partie avant du fuselage, comprenant la cabine de pilotage et les
premiers rangs, s'est dissociée du reste et s'est retournée. Une
seconde fracture était visible au niveau du tiers arrière de l'avion,
comprenant les 10 derniers rangs et la queue de l'aéronef.
- Chute de 40 mètres -
M. Yerlikaya, le gouverneur d'Istanbul, a indiqué que l'avion avait
"glissé sur une soixantaine de mètres" après être sorti de piste, avant
de "chuter d'une hauteur de 30 à 40 mètres" d'un talus.
"L'accident aurait pu avoir des conséquences plus graves" encore,
a-t-il souligné.
Selon les médias turcs, plusieurs ressortissants étrangers se
trouvaient à bord de l'avion, mais leurs nationalités n'étaient pas
connues dans la nuit.
Ni la compagnie Pegasus, ni les autorités aéroportuaires n'étaient
joignables dans l'immédiat.
Plusieurs dizaines de secouristes s'affairaient autour de l'appareil
sous une forte pluie, tandis que d'autres se déplaçaient à l'intérieur
de la carlingue qu'ils éclairaient avec des lampes, selon la
correspondante de l'AFP.
Des ambulances attendaient non loin de l'appareil.
L'incendie qui s'était déclenché après l'accident a été maîtrisé par
les pompiers, a rapporté Anadolu.
Un procureur d'Istanbul a ouvert une enquête pour déterminer les causes
de l'accident, a rapporté l'agence.
L'aéroport Sabiha Gökçen a été fermé aux vols et tous les avions
redirigés vers l'aéroport international Istanbul, sur la rive
européenne de la capitale économique de la Turquie.
Située à l'intersection de l'Europe, de l'Asie, du Proche-Orient et de
l'Afrique, Istanbul est une plaque tournante majeure du transport
aérien.
Le président Recep Tayyip Erdogan entend faire de la ville la première
destination aérienne mondiale, à l'aide notamment du méga-aéroport
d'Istanbul inauguré en 2018.
Mais la métropole de plus de 15 millions d'habitants est régulièrement
balayée par des vents puissants et des pluies battantes qui compliquent
la tâche des pilotes.
Les conditions climatiques, qui peuvent être extrêmes en hiver,
contraignent régulièrement les autorités aéroportuaires à annuler des
vols.
Des incidents mineurs, comme des sorties de piste ou des collision avec
des oiseaux, se produisent parfois dans les deux aéroports
internationaux de la ville.
Début janvier, un autre appareil de la compagnie Pegasus avait effectué
une sortie de piste à l'aéroport Sabiha Gökçen. Personne n'avait été
blessé dans l'incident.
En 2018, un avion de la compagnie Pegasus avait fait une spectaculaire
sortie de piste à Trabzon, dans le nord-est de la Turquie, terminant sa
course suspendu à flanc de falaise. Personne n'avait été blessé dans
cet accident. (AFP, 5 février 2020)
Près de 40 morts dans deux avalanches
dans l'est de la Turquie
Au moins 33 personnes ont été tuées mercredi lorsqu'une avalanche s'est
abattue sur plusieurs dizaines de secouristes, déployés après une
première coulée de neige qui avait fait cinq morts la veille au même
endroit dans l'est de la Turquie.
Mardi soir, une première avalanche s'est produite à Bahçesaray, dans la
province de Van, emportant un minibus qui transportait une quinzaine de
passagers. Bilan: cinq morts, huit blessés et deux personnes portées
disparues, selon les autorités locales.
Après la catastrophe, quelque 300 secouristes et villageois étaient
arrivés sur les lieux pour tenter de retrouver des survivants. La
deuxième avalanche a frappé mercredi vers midi au même endroit, alors
que les opérations de recherche étaient en cours.
Selon l'agence gouvernementale des situations de catastrophe (AFAD), 33
personnes, dont de nombreux secouristes, ont été tuées et 53 blessées
dans la deuxième avalanche. Le bilan provisoire des deux catastrophes
était donc de 38 morts et 61 blessés.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi indiqué que 33
personnes avaient péri, exprimant ses condoléances aux proches des
victimes lors d'un discours à Kirikkale (centre du pays).
Des images diffusées par les médias turcs montraient des véhicules
équipés de grosses roues tout-terrain retournés par la force de la
coulée de neige.
Plusieurs dizaines de secouristes creusaient frénétiquement avec des
pelles à la recherche de survivants, pendant qu'un blizzard s'abattait
sur la région, réduisant la visibilité et compliquant l'accès.
Des équipes de l'AFAD, des gendarmes et des pompiers, épaulés par des
habitants des villages de la région, participaient aux recherches,
selon les médias turcs.
Des rescapés étaient évacués des lieux sur des brancards traînés sur la
neige, selon les images des télévisions.
Le ministère de la Défense a indiqué qu'un avion militaire avait
décollé d'Ankara dans l'après-midi à destination de Van, avec des
véhicules spécialisés et 85 secouristes et gendarmes à son bord pour
prêter main forte aux opérations en cours.
- Accès difficile -
Le ministre turc de la Santé Fahrettin Koca a prévenu que le bilan
pourrait encore s'alourdir. Le nombre de personnes encore bloquées sous
la neige n'était pas connu dans l'immédiat.
La région où se sont produites les deux avalanches est une zone
montagneuse située aux confins orientaux de la Turquie, difficile
d'accès et où les conditions climatiques sont rudes en hiver.
La première avalanche mardi avait également emporté un engin de
chantier, dont le conducteur est parvenu à s'extraire avant de donner
l'alerte.
Les opérations de recherches avaient été interrompues mardi soir en
raison de la mauvaise météo, avant de reprendre mercredi matin, selon
le ministère de l'Intérieur.
Surtout connues pour ses plages de sable fin, la Turquie est également
un pays très montagneux. Chaque hiver, des villages dans l'est et le
nord-est sont coupés du reste du monde en raison des abondantes chutes
de neige.
De nombreux touristes visitent chaque année la région de Van, attirés
par son patrimoine historique, son lac et ses célèbres chats blancs aux
yeux vairons.
Dans un message publié sur Twitter, l'ambassade des Etats-Unis en
Turquie a présenté ses condoléances aux proches des victimes.
L'ambassadeur de l'Union européenne à Ankara, Christian Berger, a lui
aussi présenté ses condoléances et adressé un message de soutien aux
secouristes, dans un communiqué.
Ces avalanches meurtrières surviennent dix jours après un puissant
séisme qui avait fait 41 morts dans la province d'Elazig, également
dans l'est de la Turquie. (AFP, 5 février 2020)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Il y a 48 ans, une rencontre avec Jean
Daniel
Le grand journaliste Jean Daniel, fondateur, directeur et éditorialiste
du Nouvel Observateur, s’est éteint dans la soirée du mercredi 19
février, à l’âge de 99 ans. Il est considéré comme le dernier grand
témoin et un acteur des grandes mutations du XXe siècle. Sous son ère,
L’Obs était devenu le porte-étendard et le vivier intellectuel de ce
qu’il appelait "la deuxième gauche”. "Une conscience de ce monde",
écrit, en hommage à son fondateur, le site internet de L’Obs. (Le Soir,
21 février 2020)
Au début de notre exil, quand nous, Inci et moi, étions à Paris en
1972, nous avons eu un entretien avec Jean Daniel dans les locaux de la
rédaction du Nouvel Observateur au sujet de la répression de la junte
militaire en Turquie.
En raison d'une visite du Premier ministre turc Nihat Erim à Paris, la
presse française parlait un peu plus de la Turquie, mais les violations
croissantes des droits de l’homme n’étaient guère évoquées.
Je n’ai jamais oublié deux des journaux, le Canard enchaîné et le
Nouvel Observateur, auxquels nous nous sommes adressés par
l’intermédiaire de notre ami Louis Rigaudias, une des figures
historiques de la résistance française contre l'occupation allemande
dans les années 40. Sous le nom de Rigal, il a milité dans la
Résistance, et a été arrêté par les fascistes...
D’abord le célèbre Canard enchaîné qui avait fait trembler tant de
gouvernements, dont il dénonçait les turpitudes... Claude Angeli, une
des figures du journalisme militant, venait d’être nommé rédacteur en
chef.
Après avoir attentivement écouté ce que nous lui expliquions au sujet
de la répression étatique en Turquie, il posa cette question :
- Il y a une autre importante question qui m’intéresse… l’hégémonie des
militaires sur l’économie en Turquie et les relations entre la France
et la Turquie en matière d’armement.
- Enfin, m’écriai-je. C’est un des sujets de notre lutte depuis des
années en Turquie. Et c’est à cause des menaces des militaires que nous
avons été forcés à l’exil.
Sur ce, je donnai à Angeli des informations approfondies sur le
militarisme et l’armement en Turquie.
L’autre média était Le Nouvel Observateur... Jean Daniel, fondateur de
la revue, nous a posé d’emblée une question :
- Etes-vous des terroristes ?
- Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous sommes des journalistes, comme
vous, et nous sommes ici pour vous parler des violations des droits de
l’homme en Turquie.
- Veuillez m’excuser, mais le bon grain peut se mélanger à l’ivraie
dans un pays où le Consul général d’Israël est enlevé et abattu. On
raconte que le groupe qui a enlevé Elrom a une antenne à Paris…
Il ajouta :
- Je vais vous présenter à une jeune consœur, c’est elle qui fera le
reportage avec vous.
La jeune stagiaire qui nous fut présentée était Kenize Mourad. Elle
allait devenir célèbre d'abord en Turquie, puis dans le monde entier,
avec son roman "De la part de la princesse morte" dans les années ’80.
Elle venait de commencer au Nouvel Observateur après avoir été hôtesse
de l’air durant quelques années.
- J’ai aussi un lien indirect avec la Turquie, nous indique-t-elle. Je
suis la petite-fille du sultan ottoman Mourad V. J’ai toujours vécu en
exil avec ma mère, Hatidjé Sultane, dans des conditions difficiles.
Mais je souhaite toujours connaître, et même voir, la Turquie.
(Extraits de Journaliste “Apatride” par Dogan Özgüden, Academic
and Scientific Publications (ASP), Bruxelles 2014)
Forages illégaux en Méditerranée: l'UE va
sanctionner deux ressortissants turcs
L'Union européenne va sanctionner deux ressortissants turcs, impliqués
dans des forages illégaux d'hydrocarbures en Méditerranée, ont indiqué
mercredi plusieurs diplomates à l'AFP.
Ces deux personnes, dont les identités et les fonctions ne sont pas
précisées, seront interdites d'entrée dans l'Union et leurs avoirs
gelés, selon les mêmes sources. Ces sanctions devraient être approuvées
lors d'un prochain conseil des ministres de l'UE dans les semaines qui
viennent.
L'UE avait lancé en janvier une mise en garde à la Turquie à propos de
ces forages, notamment dans les eaux de Chypre, membre de l'UE, alors
qu'Ankara venait d'annoncer l'arrivée d'un bateau de forage près de
l'île.
Elle avait alors dit être en mesure de prendre des sanctions ciblées
contre "les personnes ou les entités qui sont responsables d'activités
de forage non autorisées d'hydrocarbures en Méditerranée orientale ou
qui sont impliquées dans ces activités".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait rejeté les "ultimatums" de
l'Union européenne, avertissant que la Turquie abritait quelque quatre
millions de réfugiés, en majorité syriens, et qu'elle pourrait leur
ouvrir les portes vers l'Europe. (AFP, 5 février 2020)
Libye,
Méditerranée: Paris
multiplie les charges contre Ankara
La France est montée en première ligne en Europe face aux ambitions
régionales de la Turquie, affichant dans la foulée ses moyens
militaires en Méditerranée orientale, potentiel foyer de fortes
tensions entre de nombreux pays de la région.
Recevant mercredi le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le
président Emmanuel Macron a dénoncé "les intrusions et provocations"
d'Ankara en Méditerranée orientale, où les gisements d'hydrocarbures
attisent les rivalités entre les deux pays mais électrisent aussi
Israël, le Liban, l'Egypte et Chypre.
M. Macron a annoncé un prochain renforcement de la présence navale
française dans la zone afin d'"assurer la pleine sécurité d'une région
stratégique pour l'Europe".
Anticipant ce renforcement, le porte-avions français Charles de Gaulle
est arrivé jeudi en Méditerranée orientale, officiellement pour appuyer
les opérations antjihadistes en Syrie et en Irak. La veille, le
bâtiment français repérait une frégate turque qui escortait un cargo
chargé de blindés de transport de troupes à destination de Tripoli.
Au même moment, Emmanuel Macron dénonçait une nouvelle fois l'ingérence
turque dans le conflit libyen en "contravention explicite" avec les
engagements pris par Ankara à la conférence sur la Libye de Berlin le
19 janvier.
La France avait déjà haussé le ton contre Ankara lors de l'offensive
turque en octobre contre la milice kurde des YPG, alliée des
Occidentaux dans la lutte antiterroriste en Syrie, et au sommet de
l'Otan, dont la Turquie est membre, à Londres en décembre.
- "Réaction plus qu'action" -
"Il faut à un moment donné, face à un régime qui ne voit plus de
limites à son action, dire stop", estime Marc Pierini, ancien
ambassadeur de l'Union européenne en Turquie et chercheur au cercle de
réflexion Carnegie Europe à Bruxelles.
"C'est facile à faire politiquement, c'est ce qui vient d'être fait à
Paris. Evidemment, sur le terrain, c'est infiniment plus compliqué (..)
Mais seul le langage de force est compris à Ankara", analyse-t-il.
La France, engagée sur de multiples fronts et contrainte
budgétairement, est "à la limite de ses capacités d'action maritime",
prévenait en novembre le chef d'état-major français, le général
François Lecointre, lors d'une audition parlementaire.
Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l'Institut européen
Thomas More, Paris est "plus dans la réaction que l'action face à la
poussée turque et russe" en Libye.
Ces derniers mois, Ankara et Moscou ont pris l'ascendant dans la crise
libyenne par mercenaires interposés, entre Russes de la force Wagner
d'un côté et rebelles syriens pro-Turcs de l'autre.
La Russie soutient l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa
Haftar, au côté des Emirats arabes unis, de l'Egypte et de l'Arabie
saoudite.
Dans un parfait miroir des rivalités régionales, la Turquie a volé au
secours du gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj à
Tripoli, reconnu par l'ONU, en difficulté face à l'offensive du
maréchal sur la capitale.
- Quid de l'unité européenne? -
Entre ces deux fronts, les Européens apparaissent divisés, la France
restant soupçonnée, malgré ses dénégations, de soutenir le maréchal
Haftar. Une suspicion renforcée par sa charge contre la seule Turquie,
sans un mot sur le camp d'en face tout autant soupçonné de violer
l'embargo sur les armes.
"Là il y a le porte-avions qui passe, c'est l'occasion de faire
une démonstration de force, de puissance. Mais y aura-t-il une
véritable politique d'ensemble qui ne se réduise pas à des coups de
menton, des prises de parole?", s'interroge Jean-Sylvestre Mongrenier.
"Ce qui compte c'est l'unité de l'Europe. Et pour l'heure, nous avons
deux approches différentes, ce n'est pas bon", déplore Marc Pierini. Il
pointe une chancelière allemande Angela Merkel qui "fait ami ami avec
le président turc" Recep Tayyip Erdogan, afin de contenir le flux de
réfugiés vers l'Europe, et un président français qui "fait le
contraire".
Les tensions en Méditerranée orientale se sont accentuées avec la
conclusion fin novembre d'un accord controversé entre Ankara et le GNA
qui permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones
maritimes riches en hydrocarbures au grand dam de la Grèce, de
l'Egypte, de Chypre et d'Israël.
Avec ces multiples ingérences, "la crise libyenne s'étend sur
l'ensemble de la Méditerranée", constate François Heisbourg, de la
Fondation pour la recherche stratégique (FRS) à Paris.
"La France prend parti entre deux membres de l'Otan pour la Grèce, qui
menace d'utiliser son véto si l'UE adopte des mesures hostiles à Haftar
et favorables à Tripoli. Ce n'est pas une petite affaire", souligne
l'expert.
(AFP,
31
janvier 2020)
Turquie-USA-OTAN /
Turkey-USA-NATO
Washington
appelle Ankara à abandonner les armes russes
Les Etats-Unis ont appelé jeudi la Turquie à tirer les leçons des
récents affrontements en Syrie avec le régime de Damas soutenu par
Moscou, en renonçant aux systèmes russes de défense antiaérienne S-400.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a engagé ses forces dans le
nord-ouest de la Syrie, où elles font face au régime de Bachar
al-Assad, qui veut reprendre le dernier bastion rebelle et jihadiste
d'Idleb avec l'appui de frappes aériennes russes.
Neuf soldats turcs ont été tués dans de nouvelles frappes aériennes,
ont annoncé jeudi les autorités turques. Cette nouvelle crise a
alimenté des tensions entre Ankara, qui soutient des groupes rebelles à
Idleb, et Moscou.
"J'espère vraiment que le président Erdogan va voir qui est le
partenaire fiable de la Turquie et qui ne l'est pas", a déclaré à des
journalistes à Washington l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de
l'Otan Kay Bailey Hutchison.
Elle a affirmé que le gouvernement américain était "l'allié du
passé et de l'avenir" des Turcs.
"Ils doivent renoncer aux S-400", a-t-elle insisté. "Ils voient la
Russie telle qu'elle est vraiment, ils voient ce qu'elle fait
maintenant, et si elle attaque les soldats turcs, cela doit prendre le
dessus sur tout ce qui peut unir par ailleurs la Turquie et la Russie".
Les S-400 sont les des principaux contentieux entre Washington et
Ankara, alliés au sein de l'Otan: l'armée turque a acheté ces systèmes
de défense malgré la menace de sanctions américaines, provoquant la
colère des Etats-Unis, qui estiment que cela n'est pas compatible avec
les dispositifs de l'Alliance atlantique.
"Nous avons tout tenté pour expliquer à notre allié que si on veut
rester dans la même alliance, ils ne peuvent pas avoir un système de
défense antimissiles russe au milieu de leur pays", a mis en garde
l'ambassadrice. (AFP, 27
février
2020)
Tensions
russo-turques: Ankara doit-elle se rapprocher
de l'Occident?
Les tensions entre la Turquie et la Russie au sujet de la Syrie doivent
inciter Ankara à se rapprocher de l'Occident, en particulier de
Washington, a estimé vendredi un haut responsable du département d'Etat
américain.
En dépit d'un accord de désescalade entre Ankara et Moscou, le régime
syrien mène une offensive avec l'appui de l'aviation russe dans la
province d'Idleb contrôlée par des groupes rebelles et des jihadistes.
L'intensification des bombardements à Idleb a donné lieu ces derniers
jours à des échanges acrimonieux entre Ankara, qui soutient des groupes
rebelles, et Moscou, allié du président syrien Bachar al-Assad.
Ces désaccords compromettent le rapprochement que les présidents turc
Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont scellé après une
grave crise diplomatique en 2015 et qui a culminé avec une étroite
coopération sur le dossier syrien en dépit d'intérêts divergents.
"Nous aimerions certainement voir la Turquie s'aligner plus directement
et clairement avec l'Otan (dont Ankara est membre), avec les
Etats-Unis, et avec l'Occident en réaction au rôle destructeur de la
Russie dans la région, en particulier en Syrie actuellement", a déclaré
le responsable qui a requis l'anonymat à un groupe de journalistes à
Istanbul.
"Je crois que ce que nous voyons en Syrie et en Libye, en particulier,
montre à quel point les intérêts de la Turquie et de la Russie ne se
recoupent pas et j'espère que nos partenaires turcs vont en tirer la
même conclusion", a-t-il ajouté.
Comme en Syrie, la Turquie et la Russie soutiennent des camps opposés
en Libye où Ankara s'est allié avec le gouvernement de Tripoli reconnu
par l'ONU alors que Moscou est accusé d'appuyer l'homme fort de l'Est,
Khalifa Haftar. Les forces de ce dernier bénéficient du soutien de la
compagnie de sécurité russe Wagner, décrite par le haut responsable
américain comme "un instrument du Kremlin".
"Le vrai facteur d'instabilité n'est pas la Turquie, mais la Russie
qui joue en Libye un rôle particulièrement pernicieux", a-t-il dit.
Concernant la Syrie, le responsable américain a estimé que la Russie
"croit en une solution militaire du conflit", mais il a souligné qu'une
telle issue "irait à l'encontre des intérêts de la Turquie à Idleb et
en Syrie plus généralement".
"Les intérêts de la Turquie et des Etats-Unis se recoupent beaucoup
plus que ceux de la Turquie et de la Russie. Le partenaire de la
Turquie, son allié, ce sont les Etats-Unis et non pas la Russie",
a-t-il insisté.
Mais en dépit des récentes tensions la Turquie n'a pas donné
d'indication à ce stade d'une quelconque volonté de revoir à la baisse
sa coopération avec Moscou, a affirmé le responsable américain, citant
notamment le refus catégorique d'Ankara de renoncer à s'approvisionner
en systèmes de défense anti-aérienne S-400 russes. (AFP, 14 février 2020)
Relations
régionales / Regional Relations
Nouvelles tensions après
une réconciliation spectaculaire turco-russe
La brusque escalade entre forces syriennes et turques à Idleb a brisé
l'entente entre Ankara et Moscou, qui coopéraient étroitement,
notamment en Syrie, après avoir surmonté une grave crise diplomatique
fin 2015.
Les présidents Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, qui ont la
main sur le dossier syrien avec l'Iran, ont tous les deux des relations
tendues avec les Occidentaux.
- 2015: Avion russe abattu -
Le 24 novembre 2015, un chasseur-bombardier Su-24 russe est abattu par
deux chasseurs turcs F-16. Ankara affirme qu'il se trouvait dans
l'espace aérien turc, Moscou assure qu'il a été abattu dans le ciel
syrien.
L'incident provoque la colère de la Russie qui dénonce "un coup de
poignard dans le dos" et impose une série de sanctions contre la
Turquie.
- 2016: Erdogan en Russie -
Le 27 juin 2016, M. Erdogan adresse un message au président russe dans
lequel il exprime, selon lui, des "regrets" et des "condoléances" pour
le pilote russe tué. Le Kremlin évoque des "excuses" turques.
Le 29, M. Poutine ordonne la levée des sanctions dans le domaine
touristique et la "normalisation" des relations commerciales.
En juillet, il est l'un des premiers dirigeants étrangers à l'appeler
après le putsch raté en Turquie, pour souhaiter un "retour rapide à la
stabilité".
Le 9 août 2016, MM. Poutine et Erdogan promettent une "difficile"
réconciliation lors de leur première rencontre à Saint-Pétersbourg.
- 2017: Entente sur la Syrie -
La Russie, principale alliée avec l'Iran du régime de Bachar al-Assad,
et la Turquie, soutien des rebelles, renforcent leur coopération sur le
dossier syrien.
En janvier 2017, les trois pays lancent le processus d'Astana, capitale
du Kazakhstan (depuis rebaptisée Nur-Sultan), sans les Etats-Unis,
invitant représentants du régime et rebelles à des pourparlers.
Le processus débouche sur la mise en place de "zones de désescalade" en
Syrie.
En mars 2017, MM. Erdogan et Poutine se félicitent d'avoir entièrement
normalisé leurs relations. "Nous considérons la Turquie comme notre
partenaire le plus important", souligne M. Poutine, qui ordonne fin mai
la levée de la majorité des sanctions.
- 2018: Accord sur Idleb -
En septembre 2018, MM. Poutine et Erdogan, réunis dans la station
balnéaire russe de Sotchi, se mettent d'accord pour instaurer une "zone
démilitarisée" en Syrie devant séparer les territoires aux mains des
insurgés des zones gouvernementales et éviter une offensive du régime
dans la province d'Idleb.
Cette zone sera contrôlée par les forces turques et la police militaire
russe, selon Moscou.
- 2019: Coopération -
En juillet 2019, Ankara annonce le début de la livraison de missiles
russes S-400, en dépit des mises en garde répétées des Etats-Unis.
L'achat de ce système de défense antiaérienne est un sujet de frictions
majeur entre Ankara et Washington, qui estime que les S-400 ne sont pas
compatibles avec les dispositifs de l'Otan, dont la Turquie est membre.
Le 8 janvier 2020, les présidents turc et russe inaugurent
officiellement le gazoduc TurkStream qui acheminera en Turquie et en
Europe du gaz extrait en Russie, lors d'une cérémonie en grande pompe à
Istanbul.
M. Erdogan qualifie l'ouverture de ce gazoduc d'"événement historique
pour les relations turco-russes et la carte énergétique régionale".
- Février 2020: Escalade en Syrie -
Le 3 février, des combats d'une violence inédite entre soldats syriens
et turcs font une vingtaine de morts dans cette région.
Le 27, l'armée turque essuie ses plus lourdes pertes en une seule
attaque depuis le début de son intervention en Syrie en 2016 avec la
mort de plus de trente soldats dans des frappes aériennes attribuées
par Ankara à l'armée syrienne.
Depuis décembre 2019, le régime de Bachar al-Assad mène une offensive
meurtrière pour reprendre le bastion rebelle d'Idleb et la progression
de ses forces a provoqué des frictions entre Moscou et Ankara. (AFP, 28 février
2020)
Erdogan dos au mur en Syrie après la
mort de plus de 30 soldats turcs
Le président Recep Tayyip Erdogan se trouvait vendredi dos au mur en
Syrie après la mort de 33 soldats turcs dans la province d'Idleb, où il
aura du mal à renverser un rapport de force favorable au régime syrien
protégé par la Russie.
Ankara a beau avoir lancé des représailles meurtrières contre les
forces du régime de Bachar al-Assad, il risque de perdre gros s'il
s'engage dans une escalade à long terme, faute de pouvoir compter sur
un appui occidental déterminant.
Pour tenter d'obtenir davantage de soutien de l'Union européenne face
au puissant allié russe de Damas, M. Erdogan a une nouvelle fois joué
la carte des réfugiés. Ankara a annoncé qu'il ne stopperait plus les
migrants qui cherchent à se rendre en Europe depuis la Turquie,
réveillant le spectre de la grave crise migratoire de 2015.
"La Turquie n'a ni les moyens militaires, ni les ressources humaines
pour poursuivre l'escalade en cours a Idleb", estime Jana Jabbour,
experte de la Turquie à Sciences Po Paris.
Outre l'aspect militaire, M. Erdogan doit, selon l'analyste, tenir
compte de l'opinion publique en Turquie, "qui risque de se retourner
contre lui si le nombre de soldats turcs tués en Syrie augmente".
"La menace d'ouvrir les frontières de l'Europe aux migrants est un
moyen très efficace pour mettre la pression sur l'UE pour qui un afflux
supplémentaire de réfugiés représente un scénario cauchemardesque",
ajoute-t-elle.
La récente escalade à Idleb, dernier bastion contrôlé par des rebelles
pro-turcs et des jihadistes en Syrie, a fait voler en éclats l'entente
entre Ankara et Moscou qui coopéraient étroitement depuis 2016 pour
faire cesser les combats en Syrie en dépit de leurs intérêts divergents.
- "Aucune option convenable" -
Après avoir demandé, jusqu'ici en vain, le déploiement sur son sol de
systèmes de défense américains Patriot, la Turquie a appelé vendredi la
communauté internationale à mettre en place une zone d'exclusion
aérienne dans le nord-ouest de la Syrie pour empêcher les avions du
régime syrien et de son allié russe de mener des frappes.
Les représentants des pays membres de l'Otan se sont réunis en urgence
vendredi, à la demande de Turquie, en vertu de l'article 4 du traité
pouvant être invoqué par un allié "qui estime que son intégrité
territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité est menacée".
Mais à l'issue de la réunion, les membres de l'Alliance n'ont annoncé
aucune mesure concrète, se bornant à exprimer leur solidarité avec
Ankara.
Selon Sinan Ulgen, directeur du centre de réflexion Edam à Istanbul, la
Turquie a peu de chances d'obtenir un soutien militaire de l'Otan,
surtout après se l'être mise à dos en se rapprochant de Moscou et en
achetant le système de défense antiaérienne russe S-400.
Il estime que la Turquie ne dispose d'aucune "option convenable" en
Syrie, soulignant que les frappes du régime jeudi ont "exposé la
vulnérabilité de la position turque faute d'avoir la supériorité dans
les airs".
"En d'autres mots, les troupes turques resteront exposées à des frappes
aériennes comme celles d'hier", ajoute-t-il.
Dans ce contexte, la Turquie pourrait, selon M. Ulgen, être contrainte
d'accepter un arrangement avec la Russie pour garder seulement le
contrôle d'une "petite zone le long de la frontière turque dans
laquelle s'entasseront les troupes turques et près d'un million de
déplacés syriens".
"Erdogan est confronté à des choix extrêmement difficiles qui
comportent tous des risques majeurs", abonde Yezid Sayigh, chercheur au
Carnegie Middle East Center. "Il ne peut pas ne pas riposter aux
attaques directes du régime, mais il doit en même temps éviter d'aller
trop loin dans l'escalade".
Bien qu'elle soit "spectaculaire", l'escalade actuelle "est
probablement une tactique de négociations à haut risque qui débouchera
sur une nouvelle entente russo-turque au sujet d'Idleb", estime-t-il.
"En bref, je ne pense pas qu'il aura une guerre totale, ni que la
Turquie va de nouveau se rapprocher de l'Otan", ajoute-t-il. (AFP, 28 février
2020)
Erdogan
confirme la
présence de combattants syriens pro-Ankara en Libye
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé vendredi pour la
première fois la présence de combattants syriens supplétifs d'Ankara en
Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli face aux forces de
l'homme fort de l'Est libyen Khalifa Haftar.
"Il y a des éléments de l'Armée nationale syrienne (ANS) sur place. Ils
(Haftar et ses soutiens) veulent qu'ils partent. Or la compagnie de
sécurité russe Wagner dispose de 2.500 hommes (en Libye), pourquoi on
n'en parle pas?", a déclaré M. Erdogan à la presse à Istanbul.
L'ANS est une coalition de groupe armés syriens entraînés et
financés par Ankara.
C'est sous la bannière de l'ANS, une structure qui a remplacé l'Armée
syrienne libre et relevant officiellement du "gouvernement" en exil de
l'opposition syrienne basée en Turquie, que des combattants syriens ont
participé à la dernière offensive menée en octobre par la Turquie pour
déloger les milices kurdes des YPG d'une vaste bande de territoire dans
le nord-est de la Syrie.
Plusieurs responsables étrangers ont affirmé que la Turquie avait
envoyé des combattants syriens auprès du gouvernement de Tripoli de
Fayez al-Sarraj, reconnu par l'ONU, après avoir signé avec lui un
accord de coopération militaire en novembre, mais Ankara n'avait à ce
jour jamais confirmé ces informations.
Outre la compagnie Wagner, considérée par des experts comme un outil
aux mains du Kremlin, le général Haftar bénéficie du soutien des
Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, des rivaux
régionaux de la Turquie.
En visite à Moscou, Haftar a assuré vendredi qu'il s'opposerait
militairement "aux envahisseurs turcs" si les pourparlers inter-libyens
visant à établir un cessez-le-feu durable échouent.
"Si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la
sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d'où ils
viennent, alors les forces armées (de Khalifa Haftar) rempliront leur
devoir constitutionnel (...) de défense face aux envahisseurs
turco-ottomans", a-t-il dit à l'agence de presse russe Ria Novosti.
Le maréchal était en visite à Moscou selon l'agence, la Russie étant
largement considérée, malgré ses dénégations, comme l'un des principaux
soutiens de M. Haftar dans son conflit armé avec les troupes du
gouvernement libyen d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj.
M. Haftar a accusé MM. Erdogan et Sarraj, qui se sont rencontrés jeudi
à Istanbul, de ne pas respecter les engagements issus d'une conférence
internationale tenue en début d'année à Berlin, lors de laquelle la
communauté internationale s'est engagée à ne pas s'ingérer dans le
conflit libyen.
"Notre patience atteint ses limites", a-t-il dit.
Pour lui, les pourparlers de Genève ne pourront aboutir qu'en cas de
"retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons
d'armes de la Turquie à Tripoli, et la liquidation des groupes
terroristes".
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé a jugé que la mise
en place d'un cessez-le-feu durable était une mission "très difficile"
mais "pas impossible". (AFP, 21 février
2020)
Si les pourparlers libyens échouent, Haftar s'opposera à
"l'envahisseur
turc"
L'homme fort de l'Est de la Libye, le maréchal Haftar, a assuré
vendredi qu'il s'opposerait militairement "aux envahisseurs turcs",
Ankara soutenant le gouvernement de Tripoli, si les pourparlers
inter-libyens visant à établir un cessez-le-feu durable échouent.
"Si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la
sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d'où ils
viennent, alors les forces armées (de Khalifa Haftar) rempliront leur
devoir constitutionnel (...) de défense face aux envahisseurs
turco-ottomans", a-t-il dit à l'agence de presse russe Ria Novosti.
Le maréchal était en visite à Moscou selon l'agence, la Russie étant
largement considérée, malgré ses dénégations, comme l'un des principaux
soutiens de M. Haftar dans son conflit armé avec les troupes du
gouvernement libyen d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj.
La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan soutient, elle, M. Sarraj,
avec lequel elle a signé en novembre 2019 des accords de coopération
militaire, sécuritaire et maritime. Les deux hommes se sont vus à
Istanbul jeudi.
M. Haftar a accusé les deux hommes de ne pas respecter les engagements
issus d'une conférence internationale en début d'année à Berlin, lors
de laquelle la communauté internationale s'est engagée à ne pas
s'ingérer dans le conflit libyen.
"Notre patience atteint ses limites", a-t-il dit.
Pour lui, les pourparlers de Genève ne pourront aboutir qu'en cas de
"retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons
d'armes de la Turquie à Tripoli, et la liquidation des groupes
terroristes".
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé a jugé que la mise
en place d'un cessez-le-feu durable était une mission "très difficile"
mais "pas impossible". (AFP,
21 février
2020)
Moscou appelle Ankara à cesser de
"soutenir les terroristes" en Syrie
La Turquie doit cesser son soutien aux "groupes terroristes" de la
région syrienne d'Idleb, a déclaré jeudi le ministère russe de la
Défense, ajoutant avoir mené des frappes contre les groupes armés
soutenus par Ankara.
Dénonçant des frappes venues des positions turques qui ont blessé
quatre soldats syriens, l'armée russe appelle dans son communiqué "la
partie turque à cesser de soutenir les actions des groupes terroristes
et de leur donner des armes".
Selon le communiqué, les "formations terroristes ont mené plusieurs
attaques massives" contre les positions syriennes dans les régions
d'Al-Nayrab et Qaminas, au sud d'Idleb.
Le communiqué précise que des bombardiers Su-24 ont frappé "des
formations terroristes" et permis à l'armée syrienne de repousser leur
attaque, détruisant "un tank, six véhicules blindés et cinq véhicules
tout-terrain lourdement armés".
La diplomatie russe a plus tard réagi par la voix de sa porte-parole
Maria Zakharova, qui s'est dite "très préoccupée par le soutien des
forces armées turques aux combattants".
"Un tel incident viole les accords russo-turcs (...) et risque de
provoquer une nouvelle escalade du conflit dans cette partie du
territoire national syrien", a-t-elle ajouté, citée par l'agence de
presse Ria Novosti.
L'armée turque a de son côté annoncé que deux de ses militaires avaient
été tués et cinq blessés par une frappe aérienne dans la province
d'Idleb, attribuant ces frappes à l'armée syrienne.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie
sur un vaste réseau de sources, les combats de jeudi dans la province
d'Idleb, en plus des deux soldats turcs, ont coûté la vie à 11
combattants pro-régime et 14 rebelles pro-turcs.
Ces événements surviennent dans un contexte de fortes tensions dans
cette région entre les forces turques et les troupes syriennes.
Mercredi, le Kremlin avait déjà accusé Ankara de ne pas respecter le
cessez-le-feu en Syrie et de ne rien faire pour "neutraliser les
terroristes" dans la région rebelle d'Idleb.
La région fait théoriquement l'objet d'un accord de "désescalade" entre
Ankara et Moscou mais la Turquie y a considérablement renforcé sa
présence militaire. Le régime et la Russie, de leurs côtés, ont
enregistré des gains face aux groupes rebelles et jihadistes ces
dernières semaines. (AFP,
20 février
2020)
Erdogan menace le régime d'une offensive,
Moscou met en garde
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est attiré mercredi une sévère
mise en garde de Moscou après avoir menacé de lancer bientôt une
offensive militaire en Syrie contre les forces du régime de Bachar
al-Assad dans la région d'Idleb (nord-ouest).
Face à cette situation rendue plus volatile par la dernière altercation
verbale entre Ankara et Moscou, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie,
Geir Pedersen, a mis en garde mercredi contre "le péril imminent
d'escalade" à Idleb.
Cet échange musclé intervient alors que la situation humanitaire a
atteint un point critique dans cette région, dernier bastion rebelle et
jihadiste en Syrie, où près d'un million de personnes ont fui une
offensive du régime appuyée par l'aviation russe.
Signe de la tension extrême dans la zone, M. Erdogan a réitéré son
ultimatum au régime syrien pour qu'il se retire d'ici fin février à
l'est d'une autoroute clé et des abords de postes d'observation turcs à
Idleb.
"Il s'agit de nos dernières mises en garde (...) Nous pourrons surgir
une nuit sans crier gare. Pour le dire d'une manière plus explicite,
une opération à Idleb est imminente", a menacé le chef de l'Etat turc
dans un discours à Ankara.
La Russie, parrain du régime syrien, a immédiatement réagi. Une telle
opération serait "la pire des options", a déclaré le porte-parole du
Kremlin Dmitri Peskov.
Cette passe d'armes intervient alors que des discussions entre Ankara
et Moscou, dont le dernier round s'est achevé mardi dans la capitale
russe, ont échoué jusqu'à présent à réduire les tensions à Idleb.
L'offensive de Damas a provoqué une crise ouverte avec Ankara, qui
appuie certains groupes rebelles, lorsque plusieurs soldats turcs
déployés à Idleb ont été tués par des bombardements syriens, début
février.
Signe de la volatilité de la situation, le ministre turc de la Défense
Hulusi Akar a affirmé mercredi qu'il était "hors de question" pour la
Turquie d'abandonner ses postes d'observation à Idleb, dont certains
sont encerclés par le régime.
"S'ils sont attaqués de quelque manière que ce soit, nous riposterons",
a-t-il prévenu.
- "Conditions atroces" -
Ces tensions ont aussi suscité des frictions entre Ankara et Moscou,
qui coopèrent étroitement en Syrie depuis 2016, en dépit de leurs
intérêts divergents.
Ankara voit d'un mauvais oeil l'avancée du régime à Idleb, région
frontalière de la Turquie, redoutant un nouvel afflux de déplacés sur
son sol. Quelque 3,7 millions de Syriens y ont déjà trouvé refuge
depuis 2011.
Après plusieurs semaines d'offensive, la situation humanitaire est
catastrophique.
Selon l'ONU, environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et
des enfants, ont fui les violences depuis le début en décembre de
l'offensive dans la région d'Idleb et ses environs.
Jamais le pays, en guerre depuis 2011, n'a connu un tel exode sur une
période de temps aussi courte. Au total, le conflit syrien a poussé à
l'exil des millions de civils et tué plus de 380.000 personnes.
"Les gens fuient dans des conditions atroces", a déploré mercredi M.
Pedersen, l'émissaire de l'ONU.
Lors d'une conférence de presse à Istanbul mercredi, une coalition
d'ONG syriennes a exhorté "le monde à se réveiller et à stopper le
carnage" à Idleb, dressant un état des lieux alarmiste de la situation
humanitaire dans cette province.
"Des centaines de milliers de personnes sont en train de mourir, pas
seulement à cause des bombardements, mais aussi à cause du froid (...)
On dirait la fin du monde", a déclaré à l'AFP Razan Saffour, de
l'Association médicale des expatriés syriens.
- Camps surpeuplés -
Ces ONG estiment qu'une aide d'urgence de 310 millions d'euros est
nécessaire pour faire face aux besoins essentiels de ces déplacés qui
ont trouvé refuge à proximité de la frontière turque, s'entassant par
dizaines de milliers dans des camps de fortune.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui
s'appuie sur un important réseau de sources en Syrie, plus de 400
civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son
offensive dans le nord-ouest.
Damas et Moscou affirment lutter contre le "terrorisme", mais sont
accusés de cibler régulièrement des populations et infrastructures
civiles.
Sur les 550 structures sanitaires de la région, seule la moitié est
encore opérationnelle, a déploré mardi l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS).
Selon l'agence de l'ONU pour l'enfance (Unicef), les deux derniers
hôpitaux opérationnels dans l'ouest de la province d'Alep, voisine
d'Idleb, dont une maternité, ont été touchés par des frappes.
En dépit des mises en garde répétées d'Ankara, les forces
gouvernementales poursuivent leur offensive et concentrent actuellement
leurs opérations dans l'ouest de la province d'Alep, a indiqué l'OSDH.
Les prorégime tentent de progresser "en direction de la montagne Cheikh
Barakat", qui surplombe de vastes régions dans l'ouest d'Alep et le
nord d'Idleb, près de la frontière turque, d'après l'OSDH. (AFP, 19 février
2020)
Pour
Ankara, les divergences
"ne doivent pas affecter" les relations avec Moscou
La Turquie a estimé samedi que ses divergences avec la Russie sur la
Syrie ne devaient "pas affecter" les relations turco-russes, notamment
les livraisons par Moscou de systèmes de défense antiaérienne que
dénonce Washington.
Dans une conversation téléphonique, le président turc Recep Tayyip
Erdogan et son homologue américain Donald Trump ont parlé des "moyens
de mettre fin à la crise à Idleb dans les plus brefs délais", a par
ailleurs annoncé la présidence turque. Ce dernier grand bastion des
rebelles et des jihadistes sur le territoire syrien est la cible depuis
plusieurs mois d'une offensive du régime de Damas, avec l'appui de
l'aviation russe.
Les deux chefs d'Etat ont estimé que "les dernières attaques" des
forces gouvernementales dans cette région du nord-ouest de la Syrie
étaient "inacceptables", a ajouté la présidence.
Dans le même temps, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut
Cavusoglu a eu samedi des entretiens avec son homologue russe Sergueï
Lavrov en marge de la conférence sur la sécurité se déroulant à Munich,
en Allemagne.
Qualifiant dans un tweet de "positive" cette rencontre, M. Cavusoglu a
souligné qu'une délégation de son pays irait lundi à Moscou, après la
visite d'envoyés russes, dont des responsables militaires et des
services de renseignement, il y a une semaine à Ankara, sans que
d'ailleurs cela aboutisse à un accord concret.
"Les différences d'opinion en Syrie ne doivent pas affecter les
relations turco-russes. La situation à Idleb n'affectera pas l'accord
sur les S-400", les systèmes russes de défense antiaérienne achetés par
Ankara malgré l'opposition des Etats-Unis qui les jugent incompatibles
avec l'armement de l'Otan, a rapporté la chaîne de télévision turque
NTV, reproduisant des propos du ministre après ses discussions avec son
homologue russe.
Sergueï Lavrov a quant à lui assuré samedi à la conférence de Munich
que la victoire du président Bachar al-Assad "sur le terrorisme" était
"inévitable" dans la province d'Idleb.
"Les Etats-Unis ont proclamé avoir éliminé le groupe Etat islamique
(EI) mais l'hydre est de retour", a-t-il encore dit.
La Turquie et la Russie ont travaillé de manière étroite sur le dossier
syrien, même si Ankara soutient des rebelles syriens alors que Moscou
est un allié du régime de Damas.
En vertu d'un accord conclu en 2018 entre ces deux pays, la Turquie
dispose de 12 postes d'observation dans la province d'Idleb.
Des combats entre forces turques et syriennes dans cette région ont
récemment provoqué la mort de 14 soldats turcs. (AFP, 15 février 2020)
Le
Kremlin accuse Ankara de ne pas "neutraliser
les terroristes" à Idleb
Ankara ne respecte pas les accords russo-turcs pour un cessez-le-feu en
Syrie et ne fait rien pour "neutraliser les terroristes" dans la région
rebelle d'Idleb, a accusé mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri
Peskov.
Evoquant les accords de Sotchi conclus entre les deux pays, il a
expliqué que la Turquie avait "l'obligation de neutraliser les groupes
terroristes" mais que "tous ces groupes bombardent les troupes
syriennes et mènent des actions agressives contre les installations
militaires russes".
"Ceci est inacceptable et va à l'encontre des accords de Sotchi", a
poursuivi le porte-parole de Vladimir Poutine. Il a dans le même temps
dédouané les forces syriennes, qui frappent selon lui "les terroristes,
et non les civils".
Le ton est monté mercredi entre Ankara et Moscou, après plusieurs jours
marqués par des combats meurtriers entre forces turques et syriennes
dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest) qui ont provoqué la mort
de 14 soldats turcs dans des bombardements des forces de Bachar
al-Assad, soutenues par la Russie.
La région fait théoriquement l'objet d'un accord de "désescalade" entre
Ankara et Moscou mais la Turquie y a considérablement renforcé sa
présence militaire. Le régime et la Russie, de leurs côtés, ont
enregistré des gains face aux groupes rebelles et jihadistes ces
dernières semaines.
Adressant une rare critique à l'égard de la Russie, M. Erdogan l'a
accusée mercredi de "massacres" et dénoncé pendant un discours "les
promesses qui ne sont pas respectées".
Un accord conclu entre Ankara et Moscou dans la station balnéaire russe
de Sotchi prévoyait la cessation des hostilités à Idleb, mais il a été
violé de manière répétée jusqu'à son effondrement complet.
Sur le plan humanitaire, près de 700.000 personnes ont fui l'offensive
militaire lancée en décembre par le régime et son allié russe dans la
région d'Idleb. Le conflit en Syrie a lui fait plus de 380.000 morts et
des millions de réfugiés depuis son déclenchement en 2011. (AFP, 12 février 2020)
En
Syrie, le régime va
reprendre Idleb "par étapes"
Le régime syrien à l'heure actuelle n'a ni les hommes ni les ressources
nécessaires pour reprendre l'intégralité de la province d'Idleb. Cette
reconquête pourrait se faire par étapes, ne laissant aux jihadistes et
rebelles du secteur qu'une marge de manoeuvre limitée, jugent des
experts.
Sur le long terme, le pouvoir de Bachar al-Assad affirme sa
détermination à reconquérir toute la province ainsi que certains
secteurs limitrophes dans le nord-ouest du pays en guerre. Ce front
constitue la dernière grande bataille stratégique pour le pouvoir qui
contrôle désormais plus de 70% du territoire.
Depuis décembre 2019, les forces du régime aidées de l'allié russe ont
repris leur assaut contre cet ultime grand bastion des jihadistes et
des rebelles en Syrie.
Malgré les avertissements de la Turquie voisine, qui a des troupes
déployées dans la zone et soutient certains insurgés, les prorégime
progressent, reprenant de nombreux secteurs.
"Le régime n'a ni les effectifs, ni les ressources pour reprendre tout
Idleb, en une seule opération", assure Nicholas Heras, chercheur à
l'Institute for the Study of War (ISW).
Il penche pour "une offensive par phases" qui nécessite surtout le
soutien aérien russe.
Une stratégie déjà adoptée par le régime qui a grignoté depuis 2017 des
territoires dans la région de trois millions d'habitants, située à la
frontière turque.
La province avait même bénéficié de quelques mois de répit, après un
accord signé à Sotchi par Ankara et Moscou en 2018 prévoyant une "zone
démilitarisée" pour séparer zones prorégime de celles des jihadistes et
rebelles et la réouverture de deux autoroutes traversant Idleb, reliant
la métropole d'Alep à la capitale et à la province de Lattaquié.
Toutefois cette trêve a volé en éclats et le régime a repris ses
opérations avec les autoroutes dans son viseur.
- "Coût élevé" -
Malgré l'avancée du régime, plus de la moitié de la province d'Idleb et
des secteurs attenants dans les régions d'Alep, de Hama et de
Lattaquié, restent dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham,
HTS, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda.
La région compte environ 30.000 rebelles et plus de 20.000 jihadistes,
selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui évoque la
présence de milliers d'étrangers.
Difficile de voir le régime poursuivre son offensive au nord des deux
autoroutes, juge M. Heras. Le "coût des combats" serait "bien plus
élevé" que ce que Moscou ou Damas sont disposés à payer.
Et c'est sans compter avec la Turquie, qui accueille déjà plus de trois
millions de réfugiés syriens et craint un nouvel afflux.
Début décembre, plus d'un demi-million de personnes ont été déplacées
dans la région, selon l'ONU. La moitié des habitants d'Idleb sont déjà
des Syriens déplacés ces dernières années par d'autres offensives du
régime ailleurs en Syrie.
Ankara qui maintient sa frontière fermée, a sommé le régime de stopper
son assaut, dépêchant des renforts dans le nord d'Idleb.
Le 3 février, des combats d'une violence inédite entre soldats syriens
et turcs ont fait une vingtaine de morts, selon l'OSDH.
Pour Samuel Ramani, doctorant à l'Université d'Oxford, toute nouvelle
progression du régime dépendra de la réaction des forces turques.
"Assad pourrait vouloir geler le conflit temporairement. Avant de
lancer une nouvelle escalade, une fois que cette crise des relations
turco-syriennes sera passée".
- "A la merci d'Assad" -
L'équilibre des forces et les traditionnelles négociations entre Moscou
et Ankara pourraient offrir un nouveau répit temporaire à Idleb.
"L'option la plus probable" serait une "zone tampon" où seraient
confinés rebelles, jihadistes et les civils refusant de vivre sous
contrôle du régime, juge M. Ramani.
Cela dépendra toutefois de la volonté de la Turquie de pousser pour un
tel objectif, dit-il.
Le rédacteur en chef du quotidien Al-Watan proche du pouvoir syrien,
Waddah Abd Rabbo, affirme que la reconquête se fera "par étapes, selon
des accords internationaux comme celui de Sotchi". Toutefois, "il est
impératif de progresser et libérer toute la province, que la Turquie le
veuille ou non".
En attendant, les combattants auront la possibilité de "se rendre". Les
étrangers "n'auront d'autre choix que de se rendre, d'être jugés devant
la justice syrienne, ou fuir" en Turquie, assure M. Abd Rabbo.
En octobre, M. Assad avait estimé que "la bataille d'Idleb" était "le
socle pour mettre fin au désordre et au terrorisme" en Syrie, dévastée
par neuf ans de guerre qui a fait plus de 380.000 morts.
Pour M. Ramani, le sort des rebelles dépend "de la ligne de conduite
d'Ankara". Avec le soutien turc ils pourront persévérer mais s'ils sont
abandonnés, ils seront "à la merci des forces d'Assad".
Pour éviter cela, certains n'auront d'autres choix que d'accepter le
rôle de "mercenaires" au service d'Ankara à l'étranger, notamment en
Libye, dit M. Ramani. (AFP, 8 février 2020)
Un demi-million de déplacés en deux mois de violences à
Idleb
Un demi-million de personnes ont été déplacées en deux mois de
violences dans le nord-ouest de la Syrie, où le régime mène avec le
soutien de Moscou une offensive dans la région d'Idleb pour reconquérir
l'ultime grand bastion dominé par jihadistes et rebelles.
L'offensive du régime a aussi provoqué une montée des tensions entre
Damas et Ankara, qui soutient des rebelles et dispose de troupes dans
cette région frontalière de la Turquie, au lendemain de combats
meurtriers inédits entre soldats des deux pays.
Depuis décembre, la province d'Idleb et ses environs sont quasi
quotidiennement la cible de frappes du régime de Bachar al-Assad qui
avance dans la région grâce notamment au soutien de l'aviation russe.
Quelque 520.000 personnes ont été poussées à la fuite depuis
début
décembre, une des plus grandes vagues d'exode dans le pays en guerre, a
indiqué l'ONU mardi.
Le conflit en Syrie, qui a fait plus de 380.000 morts depuis 2011, a
aussi jeté sur la route de l'exil plus de la moitié de la population
d'avant-guerre --plus de 20 millions d'habitants.
Les civils fuyant les violences à Idleb trouvent refuge dans des zones
relativement épargnées plus au nord, souvent près de la frontière avec
la Turquie, qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés
syriens.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays craint un nouvel
afflux de réfugiés syriens, a prévenu qu'il ne permettrait pas au
régime syrien de "gagner du terrain" dans la région.
Il a en outre prévenu qu'Ankara riposterait "de la plus ferme des
manières" si ses troupes sont prises pour cible, lors d'un entretien
avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des tirs d'artillerie du régime
syrien ont fait huit morts côté turc. Ankara a répondu en bombardant
des positions syriennes, tuant au moins 13 personnes.
A Damas, le commandement des forces armées a qualifié d'"agression
flagrante" la présence de forces turques en Syrie, et prévenu que
l'armée se tenait prête "pour une riposte immédiate à toute agression"
turque contre les troupes syriennes dans la région, selon l'agence
officielle syrienne Sana.
- "Autodéfense justifiée" -
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a affirmé mardi que
Washington soutenait "pleinement" la riposte de la Turquie aux tirs du
régime syrien, estimant qu'il s'agissait d'"autodéfense justifiée".
Même si elles soutiennent des camps opposés en Syrie, la Turquie et la
Russie ont renforcé depuis 2016 leur coopération sur ce dossier. Mais
Ankara accuse Moscou de ne pas faire suffisamment pression sur Damas
pour qu'il stoppe son offensive à Idleb.
Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit craindre
"une escalade" susceptible de mener à "une situation totalement hors de
contrôle" et réclamé un "arrêt des hostilités" entre Ankara et Damas.
Les violences ont provoqué un exode massif dans la région, où un
correspondant de l'AFP à Hazano, dans le nord d'Idleb, a vu défiler
mardi des camions, des tracteurs tirant des remorques, des minibus,
avançant pare-choc contre pare-choc, transportant des déplacés.
Les déplacés emportent avec eux matelas en mousse, couvertures, chaises
en plastique, bonbonnes de gaz, moutons, des portes démontées et des
armoires.
- "Crimes de guerre"? -
En une semaine, Mohamed Bahjat et sa famille ont été déplacés trois
fois, fuyant les combats près de la ville de Saraqeb.
"On ne sait pas où on va", confie ce père de trois enfants. "On est
parti sous les bombardements", lâche l'homme de 34 ans, qui voyage avec
ses parents et son frère.
Un autre correspondant de l'AFP a vu des déplacés démonter leurs tentes
près de Binnich, emportant dans des camionnettes leurs maigres effets
et parfois leurs poules.
La majorité des déplacés fuient le sud d'Idleb pour se rendre dans "des
zones urbaines et des camps de déplacés" du nord-ouest de la province
ou dans des territoires du nord de la région voisine d'Alep, selon
l'ONU.
L'offensive du régime a coûté la vie à 294 civils dont 83 enfants
depuis mi-décembre, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
Et la Commission d'enquête indépendante et internationale (COI) sur la
Syrie a fait état "d'attaques contre les infrastructures civiles --dont
des écoles, des marchés et des installations médicales".
"Le ciblage délibéré et systématique des hôpitaux suit un schéma déjà
documenté par la Commission et pourrait constituer des crimes de
guerre", martèle la COI, créée par le Conseil des droits de l'Homme de
l'ONU.
Plus de la moitié de la province d'Idleb et certaines zones des régions
voisines d'Alep, Hama et Lattaquié, sont dominées par les jihadistes de
Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda). Des groupes
rebelles y sont également présents.
Le front d'Idleb représente la dernière grande bataille stratégique
pour le régime, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire
national après avoir multiplié les victoires, avec l'aide cruciale de
la Russie, face aux jihadistes et rebelles. (AFP, 4 février 2020)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Ankara s'en prend au dirigeant de Chypre-Nord
qui redoute une "annexion"
La Turquie a violemment critiqué lundi le dirigeant de Chypre-Nord
Mustafa Akinci pour avoir déclaré la semaine dernière qu'il redoutait
une dépendance croissante vis-à-vis d'Ankara susceptible d'aboutir à
une "horrible" annexion.
Chypre est divisée depuis l'invasion, en 1974, de la partie
septentrionale de l'île par l'armée turque, en réaction à un coup
d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce.
Le tiers nord de l'île est aujourd'hui contrôlé par l'autoproclamée
République turque de Chypre-Nord (RTCN), uniquement reconnue par
Ankara. Le reste du territoire forme la République de Chypre, membre de
l'Union européenne.
Dans une interview publiée jeudi par le journal britannique The
Guardian, M. Akinci a estimé que la réunification de l'île en un Etat
fédéral était la "seule solution viable", ajoutant que l'hypothèse
d'une annexion de la RTCN par Ankara était "horrible".
"Je ne serai pas un second Tayfur Sökmen", a-t-il ajouté, en référence
au premier et unique président de l'éphémère République de Hatay,
rattachée à la Turquie en 1939 après sa séparation de la Syrie sous
mandat français.
Les commentaires de M. Akinci ont suscité l'ire du gouvernement turc.
"Je n'ai jamais travaillé avec un responsable politique aussi peu
honnête que M. Akinci", a tonné lundi le chef de la diplomatie turque
Mevlüt Cavusoglu. "Il instrumentalise la Turquie à des fins
électoralistes", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Ankara.
Samedi, la présidence turque avait déjà dénoncé les propos de M.
Akinci, estimant que "le peuple turc lui infligerait une leçon" lors de
l'élection présidentielle prévue fin avril à Chypre-Nord.
Les pourparlers inter-chypriotes sont à l'arrêt depuis l'échec en 2017
d'un round de négociations sous l'égide des Nations unies.
Chypre-Nord est économiquement et diplomatiquement dépendant du "grand
frère" turc.
En octobre, M. Akinci s'était déjà attiré les foudres d'Ankara pour
avoir critiqué une offensive turque dans le nord de la Syrie.
"Il a dépassé les bornes", avait estimé le président Recep Tayyip
Erdogan. (AFP,
10 février 2020)
Northern Cyprus President Targeted by AKP, MHP
Several senior government officials have lashed out at Mustafa Akıncı,
the President of the Turkish Republic of Northern Cyprus (TRNC), over
his comments on the Cyprus issue in an interview on Thursday (February
6).
Akıncı talked to the Guardian about the long-standing reunification
efforts in Cyprus island.
"If this failed to happen, he said, the north would grow increasingly
dependent on Ankara and could end up being swallowed up, as a de facto
Turkish province," the Guardian cited Akıncı as saying.
The prospect of Crimea-style annexation was "horrible" and against
Turkey's own interests, Akıncı further said in the interview.
Reactions from the government
His remarks drew a rebuke from high-level officials as Vice President
Fuat Oktay tweeted, "I condemn the remarks that target the Republic of
Turkey which stands with TRNC in all conditions and protect its rights
and interests."
It will not be tolerated to use Turkey as "a tool of the election
campaign" with political approaches lack of vision, he said.
Presidency Communications Director Fahrettin Altun said in a written
statement that Akıncı does not deserve to sit on the chair of the
presidency, which had cost "the lives of Turkish Cypriots and Turkish
soldiers."
"Turkey has no designs on the soil of any country and it will not
tolerate Turkish soil being made benefits available to anybody," he
stated.
Justice Minister Abdulhamit Gül also criticized Akıncı's remarks, which
he said hurt the "ancestors and martyrs."
Nationalist Movement Party (MHP) Chair Devlet Bahçeli asked Akıncı to
resign him from office.
TRNC Prime Minister Ersin Tatar joined government officials in
condemning Akıncı's remarks. "That Akıncı criticizes Turkey via claims
not existing is a wrong behavior with the aim of winning the election,"
he said in a written statement.
Tatar said "Turkish Cypriots will punish Akıncı" by not voting in favor
of him in the presidential election slated for on April 26.
Akıncı's response
In response to criticism, Akıncı said that the people of Northern
Cyprus does not embrace the possibility of the annexation of Northern
Cyprus by Turkey.
"People are yearning for a structure that is self-governing,
self-sufficient and has a real say in their institutions. Of course,
there is no doubt that there are things we need to accomplish
especially in the economy and other fields. Our society never embraces
the possibility of annexation. As a leader chosen by such people, what
could be the answer I gave to the question asked in relation to Crimea?
"Yes, I stated that an annexation scenario similar to Crimea would be
terrible and that this wouldn't be a development in favor of Turkey as
well as of Cyprus Turks. This is the scenario that will eliminate the
TRNC. I stand by my words, which I didn't say for the first time."
Saying that there are different communities living in Cyprus, the quest
for a federal order where different communities will live together in
peace continues.
Decades since the foundation of the TRNC in 1983 have seen several
attempts to resolve the Cyprus dispute, all ending in failure. The
latest, held with the participation of the guarantor countries, Turkey,
Greece, and the UK, came to an end without any progress in 2017 in
Switzerland.
(BIA, February 10, 2020)
La
Grèce renforce sa présence en Méditerranée pour
contrer la Turquie
La Grèce s'engage depuis peu sur le terrain de la défense aux côtés de
ses alliés français et américains en Méditerranée, espérant obtenir
leur soutien face à la Turquie voisine et attirer leurs investissements.
Sur fond de tensions en Méditerranée orientale, le gouvernement
conservateur a, en un seul mois, renforcé sa coopération stratégique
avec Paris, relancé un accord militaire avec Washington et décidé de
l'envoi de missiles Patriot en Arabie Saoudite.
En outre, une frégate grecque participe depuis la semaine dernière à la
mission du porte-avion français Charles-de-Gaulle dans l'est de la
Méditerranée.
L'objectif officiel de cette mission est d'appuyer les opérations
antjihadistes en Syrie et en Irak, mais aussi d'assurer la stabilité
dans la région.
Lors du vote récent au Parlement d'un accord de défense
gréco-américain, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis s'est félicité
du "renforcement de l'alliance stratégique avec les Etats-Unis",
soulignant par ailleurs que la coopération militaire avec la France
"n'a jamais été meilleure".
Elle vient s'ajouter aux récentes démarches diplomatiques d'Athènes
contre les accords controversés signés entre Ankara et le gouvernement
libyen de Tripoli, qui redessinent les frontières maritimes en ignorant
la présence des îles grecques.
Dénoncés par l'UE, ces accords ont mis de nouveau à l'épreuve les
relations gréco-turques, traditionnellement délicates. Outre la
question du flux migratoire depuis les côtes turques vers les îles
grecques, les deux voisins se heurtent de longue date sur des questions
de souveraineté en mer Egée.
"La participation de la Grèce à la force européenne en Méditerranée est
une nécessité sachant les provocations de la Turquie et ses tentatives
de s'imposer dans cette zone en dépit du droit international", indique
à l'AFP Kostantinos Filis, directeur de recherches à l'Institut grec
des relations internationales.
La Grèce cherche à "renforcer sa capacité de dissuasion contre ceux qui
ont éventuellement des visées" dans la zone, déclare le porte-parole du
gouvernement Stelios Petsas.
- La France "allié idéal" -
Selon des diplomates, la France a encouragé la Grèce à être "plus
autonome" et "à jouer un rôle plus actif dans les initiatives
européennes de défense comme au Sahel", où est engagée la force
française Barkhane.
"La France est actuellement l'allié idéal pour la Grèce", qui veut
tonifier son industrie de défense, observe Panayotis Tsakonas,
professeur du droit international à l'Université d'Athènes et chercheur
au centre grec de politique européenne, Eliamep.
Cet expert rappelle que "les deux pays partagent la même position sur
la situation en Méditerranée orientale". Il évoque les intérêts des
sociétés françaises impliquées dans les forages d'hydrocarbures au
large de Chypre, allié principal de la Grèce.
La Turquie, qui occupe depuis 1974 la partie nord de l'île et conteste
le droit de Nicosie d'exploiter les gisements en Méditerranée, a
empêché ces forages à plusieurs reprises, au grand dam des Occidentaux.
En négociation pour l'achat de deux frégates françaises Belh@rra,
Athènes espère construire certaines parties de ces bâtiments dans ses
chantiers navals.
Les deux pays prévoient de signer un accord "stratégique" fin février.
- "Pression" américaine -
La nouvelle politique de défense d'Athènes provoque toutefois de vives
critiques de l'opposition de gauche, qui taxe le gouvernement
conservateur d'aventurisme.
"Vous entraînez le pays dans des aventures qui dépassent sa capacité et
changent la politique étrangère suivie depuis des décennies", a fustigé
l'ex-Premier ministre Alexis Tsipras.
Le déploiement de missiles Patriot en Arabie Saoudite "s'inscrit dans
le cadre d'une initiative conjointe avec les Etats-Unis, la France et
le Royaume-Uni" pour "assurer la sécurité des sites énergétiques
cruciaux", a rétorqué le gouvernement.
Mais l'analyste Konstantinos Filis voit dans cette décision "une
pression américaine" et "le risque" d'une implication grecque dans la
brûlante question iranienne.
Pour Athènes, qui cherche à doper son économie en souffrance après une
décennie de crise économique et de coupes drastiques dans le budget de
la défense, il s'agit aussi d'attirer de nouveaux investissements de
ses partenaires.
Selon le gouvernement grec, les Etats-Unis vont investir 12 millions
d'euros dans la base aérienne à Larissa, dans le centre de la Grèce, et
6 millions d'euros sur la base américaine de Souda, en Crète.
En contrepartie, Athènes va moderniser sa flotte d'avions de chasse
américains F-16 et a exprimé son intérêt pour des drones et de F-35. (AFP, 8 février 2020)
Face à la Turquie, Chypre s'équipe de missiles
anti-aériens et antinavires
Chypre, en proie à de vives tensions avec la Turquie sur fond
d'exploitation des gisements d'hydrocarbures en Méditerranée, a
récemment commandé des missiles anti-aériens et des missiles
antinavires, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.
L'armée chypriote a signé en décembre un contrat avec le fabricant de
missiles européen MBDA de 150 millions d'euros pour la fourniture de
missiles sol-air Mistral à très courte portée, selon cette source,
confirmant une information de La Tribune.
Elle a signé un autre contrat de 90 millions d'euros avec la marine
chypriote pour la fourniture de missiles antinavires Exocet qui
équiperont une batterie côtière.
Contacté par l'AFP, MBDA n'a pas souhaité réagir.
Ces derniers mois, la Turquie a envoyé des navires de forage dans la
Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre malgré des avertissements de
Washington et de l'UE, dont Nicosie est membre. En décembre, Ankara a
aussi déployé un premier drone armé à Chypre-Nord et, selon des médias
turcs, a pour projet d'y construire une base navale.
La Turquie, qui occupe la partie nord de Chypre depuis 1974, entend
s'appuyer sur un accord conclu fin novembre avec le gouvernement
national libyen (GNA) pour mettre fin à son isolement en Méditerranée
orientale et faire valoir des droits sur l'exploitation des
hydrocarbures.
Face aux revendications d'Ankara, Chypre, la Grèce et Israël ont signé
début janvier un accord pour construire le gazoduc EastMed afin
d'acheminer le gaz extrait en Méditerranée orientale vers la Grèce via
Chypre.
(AFP, 6 février 2020)
Immigration
/ Migration
En
quête de soutien en Syrie, Erdogan ouvre les
portes de l'Europe aux
migrants
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi de laisser les
portes de l'Europe ouvertes aux migrants, au moment où il cherche un
soutien occidental contre le régime syrien auquel il a promis de "faire
payer le prix" de ses attaques militaires contre Ankara.
A la frontière entre la Turquie et la Grèce où plusieurs milliers de
personnes voulant se rendre en Europe ont afflué, la situation était
très tendue, avec des échauffourées entre policiers grecs tirant des
grenades lacrymogènes et migrants lançant des pierres.
Des milliers de migrants, notamment des Afghans, des Irakiens et des
Syriens, ont passé la nuit à la frontière, se regroupant autour de
braseros de fortune à proximité du poste-frontière de Pazarkule
(Kastanies, côté grec), selon des correspondants de l'AFP.
- 4.000 migrants repoussés -
Face à ces scènes qui réveillent le spectre de la grave crise
migratoire qui a fait trembler l'Europe en 2015, la Grèce et la
Bulgarie - également voisine de la Turquie- ont bouclé leur frontière.
M. Erdogan a affirmé que 18.000 personnes avaient "forcé les portes"
pour passer en Europe vendredi, anticipant une vague de "30.000
personnes" samedi, des chiffres qui semblent surévalués par rapport à
ce que les journalistes de l'AFP ont vu sur le terrain.
Athènes a indiqué samedi avoir empêché 4.000 migrants venant de Turquie
d'entrer "illégalement" en Grèce.
La Turquie, qui a conclu en 2016 avec Bruxelles un pacte visant à
réduire le passage de migrants notamment vers la Grèce, a ouvert ses
frontières vendredi afin de faire pression sur l'Europe pour obtenir
davantage de soutien en Syrie.
Jeudi, Ankara y a essuyé ses plus lourdes pertes depuis le début de son
déploiement en Syrie en 2016, avec 33 militaires tués dans des frappes
aériennes attribuées au régime de Bachar al-Assad, soutenu par Moscou,
à Idleb dans le nord-ouest de la Syrie. Un autre soldat turc a été tué
vendredi.
Les forces turques ont riposté et ont affirmé samedi avoir détruit une
"installation d'armes chimiques".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG, au
moins 48 soldats syriens et 14 combattants du Hezbollah, allié de
Damas, ont été tués dans des frappes turques.
- "Ecartez-vous" -
"Nous aurions préféré ne pas en arriver là. Mais puisqu'ils nous y ont
poussés, alors ils vont en payer le prix", a déclaré M. Erdogan.
Alors que les relations entre Ankara et Moscou se dégradent rapidement
à cause de la crise d'Idleb, M. Erdogan a durci le ton envers le
président russe Vladimir Poutine, avec qui il s'est pourtant efforcé de
cultiver une étroite relation personnelle depuis 2016.
Lors d'un entretien téléphonique vendredi, "j'ai dit à M. Poutine: +Que
faites-vous là-bas (en Syrie) ? Si vous voulez établir une base,
allez-y, mais ôtez-vous de notre chemin. Laissez-nous seul à seul avec
le régime+", a affirmé le président turc.
Plus conciliant, le ministère russe des Affaires étrangères Sergueï
Lavrov a affirmé samedi que Russes et Turcs avaient émis le souhait
d'une "réduction des tensions" en Syrie lors de rencontres entre hauts
responsables des deux pays ces derniers jours.
Selon le Kremlin, les deux présidents pourraient se rencontrer à Moscou
la semaine prochaine.
Ces dernières semaines, M. Erdogan a plusieurs fois sommé les forces
syriennes de se retirer de certaines zones à Idleb d'ici la fin
février, menaçant sinon de l'y contraindre par la force. En théorie, ce
délai arrive à expiration samedi à minuit.
Le régime syrien, appuyé par Moscou, mène depuis décembre une offensive
pour reprendre la province d'Idleb, ultime bastion rebelle et jihadiste.
Sur le terrain, des affrontements entre rebelles et régime se
poursuivaient samedi autour de la ville stratégique de Saraqeb, dans le
sud de la province d'Idleb, selon l'OSDH, qui note toutefois une
réduction de l'intensité des bombardements russes et turcs.
- "Tenez vos promesses" -
Les combats et bombardements ont provoqué une catastrophe humanitaire,
faisant près d'un million de déplacés à Idleb. Le conflit en Syrie a
fait plus de 380.000 morts depuis 2011.
La situation à Idleb suscite la vive préoccupation de la communauté
humanitaire, qui a multiplié vendredi les appels à la fin des
hostilités.
Mais au-delà d'une solidarité verbale, Ankara réclame désormais de
l'aide concrète.
"Nous ne pourrons pas faire face à une nouvelle vague de réfugiés"
venue d'Idleb, a prévenu samedi M. Erdogan, accusant l'Union européenne
de ne pas avoir fourni toute l'aide financière promise pour accueillir
les réfugiés en Turquie.
"Il faut que l'Europe tienne ses promesses (...) Si vous êtes sincères,
alors il faut que vous preniez votre part du fardeau", a-t-il déclaré.
A la frontière grecque, où les nuages de gaz lacrymogène se mêlaient à
la fumée âcre des feux de camps, les migrants attendaient l'occasion de
passer.
"Les Grecs ont fermé la frontière (...) S'ils ne la rouvrent pas, alors
nous essaierons de passer clandestinement. Hors de question de
retourner à Istanbul", déclare à l'AFP Ahmad Barhoum, un réfugié syrien
qui a passé la nuit sur place.
Un migrant égyptien ayant requis l'anonymat indique à l'AFP qu'il
attend "une décision de la patronne de l'Union européenne, Angela
Merkel", la chancelière allemande dont le pays avait accueilli
plusieurs centaines de milliers de personnes lors de la crise
migratoire en 2015. (AFP, 29 février
2020)
Quelques remarques à propos de la
réponse du ministre de la Justice
Le mercredi 5 février 2020 en Commission de la Justice, en réponse à la
question "Si les Loups gris, organisation armée ultranationaliste
turque reliée au Parti d'action nationaliste (MHP), ou des
organisations connexes essayaient d'infiltrer la Belgique" le ministre
de la Justice Koen Geens a donné une réponse tout à fait rassurante.
Selon La Dernière Heure, il a tout d'abord rappelé que la présence du
mouvement des Loups gris en Belgique remonte à la fin des années
septante, "dans le sillage du mouvement ultranationaliste MHP et des
centres culturels dont les activités sont coordonnées par la FTB, la
Fédération turque de Belgique."
"La FTB continue à exercer un certain contrôle et interdit les actions
violentes susceptibles de nuire à son image de marque", assure-t-il.
"Même si les membres du MHP et de la FTB sont toujours considérés comme
les Loups gris, il ne s'agit pas en Belgique d'une organisation
paramilitaire ou terroriste."
Probablement, en raison de ses occupations à la recherche d'une issue à
la crise gouvernementale, Monsieur Geens n'a pas consacré assez de
temps à analyser l'infiltration de ce mouvement ultra nationaliste turc
dans la vie politique belge et à prendre connaissance des actes
criminels commis par ce mouvement.
Tout d'abord, les dirigeants de la Belgique et des autres pays membres
de l'Union européenne doivent être parfaitement au courant que le Parti
d'action nationaliste (MHP) est une organisation qui a déclenché le
terrorisme armé dans les années 60 et qui est coupable depuis lors de
plusieurs massacres: le dimanche sanglant à Istanbul (1969), les
massacres à Ankara (1978), Kahramanmaras (1978), Corum (1980) et à
Sivas (1993).
En 1981, un Loup Gris du nom de Mehmet Ali Ağca a tenté d'assassiner le
pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre à Rome.
Les Loups Gris ont également des liens dans des pays et des régions
turcophones, surtout en Azerbaïdjan, dans les pays d'Asie centrale, et
aussi avec les Turcs des Balkans et du Caucase. Ceci afin de faire la
propagande de l'idéologie pan-turquiste et de montrer leur solidarité
avec les mouvements nationalistes d'autres peuples qu'ils considèrent
comme frères.
Pendant la récente guerre syrienne, les Loups gris ont pris part aux
combats au côté de milices islamistes contre les forces armées
syriennes et kurdes.
Dans les pays européens dont la Belgique, l'infiltration des Loups Gris
a commencé en 1978.
En Belgique, notre bulletin d'information Info-Türk donne depuis 1978
toutes les informations en quatre langues concernant les actes de
violence des Loups gris aussi bien en Europe qu'en Belgique.
Déjà dans le numéro de mai 1978, nous avons donné les premières
nouvelles alarmantes pour la Belgique:
"Après avoir multiplié les provocations pour une guerre civile en
Turquie, le Parti d'Action Nationaliste (MHP) a récemment lancé une
vaste campagne parmi les travailleurs turcs à l'étranger. A Bruxelles,
les partisans fascistes du MHP ont établi leur organisation à la rue
Verte 30 - 1030 Bruxelles, sous l'appellation de 'Association
Culturelle Turque: Club des Idéalistes'. Immédiatement après la
fondation de leur organisation terroriste, ses membres commencèrent à
attaquer des ouvriers et étudiants turcs qui ne partageaient pas leur
'idéal'.
"Le 20 avril 1978, alors que deux travailleurs progressistes étaient
dans le café Emirdag à la Chaussée de Haecht, les membres du 'Club des
Idéalistes' tentèrent de les provoquer en les insultant.
"Le 22 avril, des fascistes armés de barres de fer et de hachettes
attaquèrent un groupe qui distribuait des tracts pour la manifestation
du 1er mai et blessèrent un des distributeurs.
"Le 25 avril, alors qu'une dizaine de progressistes se trouvaient dans
le café Emirdag, ils furent encerclés par des agresseurs fascistes
armés de revolvers, de poignards et de barres de fer. Quand le
propriétaire fit appel à la police, ils cachèrent leurs armes que la
police ne put trouver.
"Des organisations progressistes turques à Bruxelles ont demandé aux
autorités belges d'interdire ce centre fasciste et d'expulser de
Belgique les responsables."
Depuis lors, les actes agressifs et violents par les Loups Gris n'ont
jamais cessé dans ce pays.
Le 31 décembre 1993, lorsqu'un groupe d'intellectuels kurdes et
d'activistes, participant à une longue marche pour la liberté depuis
Bonn, sont arrivés à Bruxelles, les Loups gris ont provoqué une
centaine de jeunes turcs et organisé une violente manifestation
anti-kurde à Saint-Josse. Ils scandaient des slogans tels que
"Saint-Josse est un quartier turc!", "Il n'y a pas de place ici pour
les Kurdes!".
Un des premiers grands congrès européens de la Türk-Federasyon a été
tenu le 12 mai 1996 à Genk avec la participation des principaux
dirigeants des Loups Gris. L'attaché culturel de l'Ambassade de Turquie
était l'un des invités d'honneur à côté du leader historique du
mouvement néo-fasciste turc, l'ancien colonel Alparslan Türkes.
L'organisation de la soirée de Newroz du 20 mars 1998 au Cirque royal a
été confiée au président de la Türk-Federasyon en tant que porte-parole
de toutes les fédérations pro-gouvernementales.
Le 7 novembre 1998, les Loups gris portant les drapeaux du MHP
ont attaqué sous les yeux de la police les locaux de l'Institut kurde
de Bruxelles et d'une association culturelle kurde situés Rue Bonneels
à Saint-Josse. En scandant des slogans anti-kurdes, ils ont incendié
les deux bâtiments.
Le 17 novembre 2016, l'Institut kurde de Bruxelles à Saint-Josse a de
nouveau été attaqué par des Loups gris qui scandaient des slogans
anti-kurdes.
Le Vif: "Le vrai discours des Loups gris turcs"
Quant à l'infiltration des Loups gris dans la politique belge, voici un
article intitulé "Le vrai discours des Loups gris turcs" paru dans Le
Vif du 8 novembre 2012:
La venue au Palais des Congrès de Liège du leader politique des Loups
gris, Devlet Bahceli, président du MHP turc, le 20 mai dernier, avait
suscité beaucoup d'émotion dans la Cité ardente. Le Comité des
Arméniens de Belgique avait pourtant prévenu par fax, le 18 mai, toutes
les autorités: fédérales, régionales, communautaires, provinciales,
communales et judiciaires.
En raison de son radicalisme, le mouvement des Loups gris est classé
comme groupe "à suivre". Même sans être visées particulièrement, à la
différence des Arméniens qui revendiquent la reconnaissance par l'Etat
turc du génocide dont leur peuple fut victime entre 1915 et 1917, les
autorités avaient des raisons de s'inquiéter. Ce mouvement ne fait rien
pour accroître le sentiment d'appartenance des Belgo-Turcs à leur
patrie d'accueil (24 % seulement se disent 'fiers d'être Belges' selon
une enquête Eurislam commandée par la Commission européenne et publiée
en juin dernier).
Le discours qu'a prononcé à Liège, le 20 mai dernier, Devlet Bahceli,
président général du Parti Mouvement National (MHP), n'était pas de la
guimauve. Le Vif/L'Express a pu prendre connaissance de la traduction
française de ce discours-fleuve dont l'original se trouve sur le site
du MHP, bras politique des Loups gris et maison-mère de la Fédération
des nationalistes turcs démocrates turcs de Belgique, active dans
l'animation culturelle de l'immigration turque. Bahceli était en
tournée européenne pour galvaniser les troupes et fédérer les énergies
panturques. Après les envolées lyriques vinrent l'exhortation des
migrants à préserver leur identité turco-musulmane, également des
propos très hostiles à l'égard des Arméniens et des Kurdes, ainsi que
l'impatience de voir des élus turcs s'élever dans la sphère politique
pour veiller, dans l'ordre, aux intérêts de la Turquie et du "pays où
ils vivent". Voici quelques extraits significatifs de ce discours
prononcé en turc, sans détours.
"Turcs d'Europe, vous représentez la gloire et la splendeur de
l'identité turque". Devlet Bahceli s'incline devant le courage qu'il a
fallu aux migrants pour s'expatrier. 'Certes, nous savons que, dans ce
pays, vous êtes perçus comme étrangers et vous avez rencontré beaucoup
de difficultés en tant que porteurs d'une identité et d'une culture
étrangère. Mais vous ne leur avez jamais cédé." Il poursuit : "Vous
avez fait de la Belgique votre Emirdag, vous avez ramené l'Anatolie en
Belgique, vous n'avez pas rompu avec vos traditions et vos habitudes,
vous n'avez pas abandonné vos racines, vos ressources et votre minaret".
Un petit coup de langue à l'égard de la Turquie : 'Les dirigeants de
notre patrie n'ont pas pu assurer, ni à vous ni à la génération
précédente, les besoins fondamentaux de la vie que sont l'éducation,
l'emploi, une alimentation quotidienne ; vous les avez obtenus dans des
pays étrangers'. Et un autre coup de griffe pour l'un de ces 'pays
étrangers' pourtant accueillant: 'Au début de cette deuxième décennie
du siècle, vous luttez pour la vie dans un monde qui s'éloigne des
valeurs de l'humanité. Dans la capitale de l'Union européenne, centre
politique des valeurs occidentales, vous enseignez la civilisation et
vous montrez ainsi qui est la nation turque'.
Le grand patron du MHP s'en prend ensuite aux "lobbies de la diaspora"
qui, en France, tentent d'obtenir la pénalisation du 'soit-disant
génocide arménien' et qui, en Belgique, ont tenté de les priver d'une
salle de congrès. "Comme des fascistes et des racistes, ils ont proféré
à notre égard des bassesses qu'un esprit sain ne saurait imaginer
(...). Ils doivent savoir que leurs mentalités et leurs intentions sont
pires que celles des nazis." Pour les Kurdes (dont il ne prononce pas
le nom), Devlet Bahceli prévient: "Nous n'allons pas rester silencieux
concernant le souhait de certains de voir la Turquie se diviser, de
poser des exigences d'enseignement dans leur langue maternelle…"
Si sourcilleux de l'unité de son propre pays, l'orateur voit la
Belgique comme un simple 'édifice démocratique' dont la communauté
turque est devenue une “ composante" ayant gardé intactes ses
traditions. "Les Turcs vivant ici sont arrivés à une position qui leur
a permis d'apporter une contribution importante à la vie commerciale,
politique, économique et socio-culturelle de la Belgique. Mais il faut
certainement arriver à un stade encore supérieur", exhorte Bahceli.
Comment? "Pour bénéficier de tous les types de droits sociaux,
politiques et économiques, et être pris en compte comme une force
sociologique, vous devez lutter et afficher vos intentions. Représentez
la nation turque dans les élections locales et nationales, et veillez
aux intérêts de la Turquie et du pays dans lequel vous vivez." Un
programme clair et net."
Les deux derniers discours du chef des Loups gris
Pour finir notre contestation à la déclaration du ministre de la
Justice sur le MHP et sa ramification en Europe et en Belgique, nous
partageons ci-après deux dernières informations relatives aux Loups
gris.
Le 2 février 2020, les dirigeants des fédérations des Loups gris
(Türk-Federasyon) d'Allemagne, France, Pays-Bas, Autriche, Suisse,
Grande Bretagne, Scandinavie et Belgique se sont réunis au siège du MHP
à Ankara. Le président du MHP Devlet Bahçeli, dans un long discours
adressé aux représentants des Loups gris en Europe a dit: "En tant que
représentants de la turcité européenne, de la grande nation turque de
la géographie de l'Europe occidentale, vous assumez également des
responsabilités importantes. Ne vous sentez pas seuls dans cette tâche.
Sachez que nous vous accompagnerons dans tous vos travaux. Dans le même
temps, je crois sincèrement que vous ne donnerez pas la possibilité aux
fauteurs de troubles, ennemis de la nation turque et de l'État turc."
Le 14 février 2020, la déclaration de Devlet Bahceli au Parlement turc:
"Le président Bashar Assad est un meurtrier et criminel. Si nécessaire,
la nation turque devrait envisager d’entrer dans Damas. Si nécessaire,
brûlons la Syrie, détruisons Idlib!"
Si ces documents ne sont pas suffisamment clairs et nets, nous
proposons au ministre de la Justice et aux autres dirigeants de ce
pays, deux sources riches d'informations sur les Loups gris, réalisées
grâce au travail minutieux et objectif du chercheur Pierre-Yves Lambert.
On peut y trouver également beaucoup d’informations sur la
participation des élu(e)s belges à des happenings loups gris et les
visites réciproques entre la Turquie et la Belgique.
1) Suffrage
Universel: Loups gris en Belgique
2) Loups
gris et politique belge
Une page de Wikipédia sur Emir
Kir
Une
page bien documentée sur les Loups Gris en
Belgique
En mai 2019, le candidat au Parlement flamand Yasin Gül, échevin
ex-Groen à Heusden-Zolder, est exclu du CD&V après qu'une vidéo ait
révélé ce qui avait déjà été dénoncé pendant la campagne électorale de
2018 pour les communales, à savoir son allégeance aux Loups gris. Les
listes étant déjà clôturées, il ne peut en être retiré mais n'est pas
élu, il recueille 9.194 voix[21].
Participation d'élu.es belges à des happenings loups gris
Régulièrement, des élu.es belges, pas seulement des binationaux
turco-belges, des principaux partis assistent à des événements (rupture
de jeûne, nevruz) organisés par des foyers idéalistes avec déploiement
de bannières à l'image d'Alparslan Türkeş et avec les emblèmes
facilement reconnaissables des Loups gris, voire avec élus MHP
spécialement venus de Turquie.
Schaerbeek 10 novembre 2003: Nezahat Namli (à l'époque PRL),
échevine à Saint-Josse, coorganise une rupture de jeûne avec
l'organisation d'extrême droite Belçika türk koordinasyon kurulu
(BTKK), où un ancien ministre MHP, Abdulkadir Cay, prend la parole, les
personnalités politiques belges présentes sont nombreuses, à quelques
mois d'élections régionales, Joëlle Milquet (présidente du cdH, députée
fédérale), Clotilde Nyssens (sénatrice cdH), Brigitte Grouwels
(ancienne ministre communautaire CD&V, députée régionale), Ergün
Top (ancien candidat CD&V à Anvers en 1999 et 2000), Nebahat Acar
(candidate CD&V en 1999, 2000 et 2003), Emir Kir (échevin PS à
Saint-Josse), Pascal Smet (secrétaire d'Etat régional bruxelllois
sp.a), Cemal Cavdarli (député fédéral sp.a), Sait Köse (échevin FDF à
Schaerbeek), Belma Tek (candidate PRL en 2003, conseillère au cabinet
du Ministre des Affaires étrangères), Hatice Ciftci (candidate PRL en
2003), Hüseyin Dönmez (candidat Agalev à la Chambre en 1999), Halis
Kökten (conseiller communal ex-FDF à Saint-Josse)[22]
Marchienne-au-Pont octobre 2005: rupture du jeûne au local des
"Loups Gris" (Marchienne Türk Kültür Ocağı), avec Mahmut Doğru
(candidat MR non élu aux régionales de 2004, élu conseiller communal PS
à Charleroi en 2006), Zeki Yaşar (conseiller provincial Ecolo du
Hainaut passé au PS en novembre 2003, non réélu en 2006), Neslihan
Beklevic (conseillère communale PS, ex-Ecolo, à Châtelet, réélue en
2006) et Neşe Açıkgöz (candidate cdH non élue aux régionales de 2004 et
aux communales à Charleroi en 2006)[23]
Monceau-sur-Sambre mars 2006: Alison De Clercq (PS), députée
fédérale, et Jean-Pierre De Clercq (PS), député provincial du
Hainaut[24]
Beringen, décembre 2008: soirée politique des Loups gris en
présence de Marino Keulen (Open VLD), ministre régional flamand de
l'Intérieur[25]).
Marchienne-au-Pont, 2009: le député régional wallon Serdar Kiliç
(PS) a financé une rupture du jeûne chez les Loups gris, avec pour
argument qu'il tentait d'y propager l'idéologie socialiste[26] [27].
Schaerbeek, mai 2019: rupture de jeûne de la Fédération des Loups
gris avec Belma Tek, conseillère communale (MR) à Evere et membre du
cabinet du Premier Ministre Charles Michel et du conseiller communal
(MR) d'Anderlecht Mustafa Ulusoy[28]
Texte
complet:
wiki.suffrage-universel.be
La réponse
du président du MR à
notre message relatif à l'affaire Emir Kir
Nous avons reçu le message suivant de M. Georges-Louis BOUCHEZ,
président du Mouvement Réformateur (MR), en réponse à notre
communiqué sur l'affaire Emir Kir et nous le remercions pour avoir
précisé la prise de position de son parti sur cette affaire et en ce
qui concerne l'influence du régime d'Ankara sur la communauté turque en
Belgique.
"Bonjour,
"J’ai bien reçu votre message qui évoque notamment l’exclusion d’Emir
Kir du Parti Socialiste.
"Il ne m’appartient pas de commenter les décisions prises par la
commission de vigilance du PS bruxellois. Sachez cependant que le
Mouvement Réformateur a toujours fait preuve d’une intransigeance
totale à l’égard de l’extrême-droite ou des groupes radicaux. Le manque
de clarté du PS vis-à-vis d’Emir Kir et de sa position sur le génocide
arménien nous interpellait depuis longtemps. De notre côté, nous avons
toujours été très clair et à la pointe sur ces thématiques de lutte
contre le communautarisme.
"Les questions de vivre ensemble, de neutralité de l’Etat et
d’intégration sont au cœur de la réflexion du projet libéral. Tant sur
l’échec de l’intégration que sur les dangers du communautarisme, nous
n’avons malheureusement pas été écoutés dans le passé par certains
partis politiques. Le MR s’oppose aux revendications menées par des
groupes, souvent minoritaires, visant la manifestation de leurs replis
identitaires ainsi que le rejet public de leur appartenance au socle
commun de valeurs.
"Je vous rappelle par ailleurs que la Turquie, qui était un candidat à
l’adhésion à l’Union Européenne depuis 2005, ne remplit plus à nos yeux
les critères pour continuer ce processus d’adhésion : un partenariat
stratégique doit lui être proposé à la place d’une candidature d’Etat
membre. Nous souhaitons désormais baser notre relation sur un
véritable partenariat stratégique basé sur la sécurité, l’économie, la
mobilité. Nous pensons qu’il faut sortir de l’hypocrisie d’une
perspective d’adhésion la Turquie. En effet, comme vous le soulignez
dans votre courrier, la tendance vers la détérioration des libertés,
des droits humains et de l’État de droit dans le pays ne s’est
malheureusement pas inversée.
"Le MR est également vigilant pour ce qui concerne l’influence de la
Turquie sur notre territoire. Les relations sont fortes entre la
communauté turque en Belgique et le pays d’origine, ce qui peut mener à
des dérives comme on l’a vu avec Emir "Kir.
"Bien à vous,
"Georges-Louis BOUCHEZ
"Président
"Mouvement Réformateur"
A qui revient la prérogative de formation des imams en
Belgique?
Le ministère belge de la Justice a annoncé dans un communique de presse
du 31 janvier 2020 que la formation civile d'imams en néerlandais
commence à la KULeuven en février 2020 et la même formation en français
à l’UCLouvain à partir de l’année académique 2020-2021.
De leur côte quatre institutions islamiques rappellent dans un
communiqué commun que "la formation des imams en Belgique n’est pas une
question qui relève des pouvoirs publics ni même des universités. Cette
prérogative revient à la communauté dans le cadre du principe de la
liberté de culte."
Le communiqué est signé par les représentants des institutions
suivantes: L’Exécutif des Musulmans de Belgique, L’Académie de
Formations et de Recherches en Etudes Islamiques, Le Conseil de
Coordination des Institutions Islamiques de Belgique et Le Conseil des
Théologiens.
LE COMMUNIQUE DU MINISTERE DE LA JUSTICE
Outre une formation civile en néerlandais à la KU Leuven qui débute en
février, une formation similaire en français sera également organisée à
l’UCLouvain à partir de l’année académique 2020-2021.
La formation des imams comportera deux volets, l’un civil et l’autre
théologique, organisés en parallèle.
La formation des imams comportera deux volets, l’un civil et l’autre
théologique, organisés en parallèle.
Les autorités belges entendent se conformer aux recommandations de la
Commission d’enquête parlementaire, instituée à la suite des attentats
du 22 mars 2016. Une de ces recommandations était l’organisation d’une
formation universitaire pour toute personne souhaitant devenir ministre
du culte islamique. Pour pouvoir exercer cette profession, le candidat
doit maîtriser une des langues nationales et être familiarisé avec les
valeurs fondamentales de l'État belge et ses principes juridiques.
Dans ses deux volets, la formation s'adresse non seulement aux futurs
imams, mais également aux ministres du culte islamique en général,
conseillers islamiques, prédicateurs, théologiens, etc. Les étudiants
intéressés peuvent, dès février, s'adresser à l’AFOR (l’Académie de
formation et de recherche en études islamiques), ce qui permettra aux
candidats de suivre une formation en Belgique.
L’UCLouvain organise le volet civil de cette formation sous la forme de
deux certificats, ouverts à toutes personnes intéressées par le fait
religieux ; le volet théologique est, quant à lui, entièrement
dispensée par l’AFOR. Un accord a été conclu entre l’UCLouvain et
l’AFOR portant sur le volet civil, lequel sera organisé et géré
exclusivement par l’UCLouvain.
L’un des certificats d’université, intitulé « Religions et sociétés »
(20 crédits), comportera notamment les enseignements suivants :
introduction à la psychologie sociale, introduction à la sociologie
religieuse, laïcités et sécularisations en Europe, citoyenneté et
religion, histoire et actualité du binôme politique-religion.
L’autre certificat d’université, intitulé « Islam et vivre-ensemble »
(20 crédits), a pour objectif principal l’acquisition d’une meilleure
connaissance de la diversité de la société belge. Il portera sur les
droits de l’homme, l’analyse du discours religieux sur Internet,
l’histoire des conflits religieux, etc.
Le volet théologique est assuré par l’AFOR exclusivement. Il s’agit
d’une Académie sous forme d’ASBL spécialement créée à cet effet qui se
charge de la formation et de l’analyse dans le domaine des études
islamiques. L’AFOR a été créée en étroite collaboration avec le
gouvernement et l’EMB (Exécutif des Musulmans de Belgique).
Le Vice-Premier ministre, ministre de la Justice et des Affaires
européennes Koen Geens : « Nous œuvrons de manière structurelle à une
formation belge des ministres du culte islamique afin de restreindre
toute influence étrangère. Il importe que nous sachions ce que nous
étudions ».
L'EXTRAIT DU COMMUNIQUE DE 4 INSTITUTIONS ISLAMIQUES
L’actualité de ces derniers jours a fait resurgir la question de la
formation des imams en Belgique et nous constatons avec regret que la
répercussion dans la presse de certaines informations recueillies à ce
sujet a provoqué une série de malentendu et de confusion. C’est
pourquoi nous tenons à clarifier certaines informations qui ont fait
l’objet d’une mauvaise interprétation.
Comme nous l’avons pu évoqué à plusieurs reprises dans le passé, la
formation des imams en Belgique n’est pas une question qui relève des
pouvoirs publics ni même des universités.
Cette prérogative revient à la communauté dans le cadre du principe de
la liberté de culte. Il s’agit donc pleinement d’un projet de la
communauté musulmane de Belgique et le fruit d’une coopération entre
ses différentes institutions. Nous reconnaissons bien entendu
l’implication du gouvernement fédéral comme partenaire facilitateur et
par cette occasion, nous remercions vivement le Ministre de la Justice
pour sa disponibilité et son encouragement dans la préparation de ce
projet.
L'arrière-plan
de l'affaire
Emir Kir
Doğan
Özgüden
La dernière affaire
Emir Kir a suscité pas mal de commentaires dans les médias belges, non
seulement sur l'exclusion du bourgmestre de Saint-Josse du Parti
socialiste, mais également sur la mainmise du pouvoir d'Ankara sur
les immigrés en provenance de Turquie.
J'avais déjà exposé mon point de vue sur ce sujet dans La Libre
Belgique du 22 janvier 2020 sous le titre "Des élus belges captifs
des autorités turques? Oui". (La
Libre Belgique, Débats/Ripostes)
Quelques jours plus tard, Le Soir m'a envoyé une série de
questions relatives à cette affaire. Bien que j'ai répondu à ces
questions en rappelant plusieurs faits relatifs à la reconnaissance des
droits politiques aux citoyens d'origine étrangère et à l'abus de ces
droits par le régime répressif d'Ankara, on a utilisé seulement une partie
de mes réponses dans un reportage sur la communauté turque à
Bruxelles publié
dans Le Soir du 24 janvier 2020 .
Compte tenu du fait que les répercussions de cette affaire ne
s’arrêteront
pas d'au moins jusqu'aux élections prochaines, je partage ci-bas
l'entièreté de mon interview non-publiée ainsi que la traduction en
français des extraits de mon article sur l'affaire Emir Kir publié le
17 janvier 2020 par le journal numérique Artıgerçek.
L’Interview accordée au quotidien Le Soir
Q - Pour commencer, le cordon sanitaire est un principe qui ne semble
pas trouver écho au sein d’une partie de la population turcophone de
Bruxelles. Comment, vu d’ici, comprendre cela, au regard du paysage
politique national en Turquie?
A - Le cordon sanitaire n’a pas le même sens dans des différents pays et dans des époques différentes.
Par exemple, en Turquie, le cordon
sanitaire s’applique depuis des décennies contre la reconnaissance du
génocide des Arméniens et contre les droits fondamentaux des peuples
kurdes et
des minotités chrétiennes. Pour les immigrés captifs des autorités
turques, celui qui
est imposé par Ankara est prioritaire. Alors qu’en Belgique la
fréquentation ou le dialogue avec les partis d’extrême droite fait
l’objet de cordon sanitaire, en Turquie le parti fasciste MHP est le
partenaire principal de l'AKP, parti du président Erdogan. En plus, les
députés de ce parti se trouvent dans la Commission parlementaire mixte
UE-Turquie et sont souvent présents dans les réunions des associations
des Loups gris en Belgique sans que les autorités
belges ne les en empêchement.
Q - Dans le paysage
bruxellois, on a à la fois des membres eu PS qui
ne cachent pas leur soutien à l’AKP, et en même temps une élue MR qui
se retrouve présidente du comité de soutien belge au CHP (Derya
Bulduk). Comment comprendre que ce qui peut, à première vue, paraître
comme une asymétrie illogique, puisse passer sans problème?
A - Non seulement un soutien à l’AKP et au CHP, il y a plusieurs élus
turcs appartenant à différents partis belges donnent leur soutien au
MHP et aux organisations des Loups gris. Dans les bulletins
d’information d’Info-Türk, nous avons publié des centaines
d’informations et des documents démontrant ces relations dangereuses,
mais les partis politiques belges ou leurs représentants dans les
assemblées, même au gouvernement, n’ont jamais réagi… Au contraire, ces
élus ont toujours été placés dans les listes de candidats pour pouvoir
obtenir la vote des électeurs d’origine turque.
Q - On parle beaucoup de l’influence de la Diyanet et de
l’ambassade
sur les populations sur la communauté belgo-turque. Est-ce possible de
comprendre par quels moyens cette influence s’exerce? Est-ce qu’il est
courant, même pour les belgo-trucs sécularisés, d’être en relation avec
une association comme la Diyanet (notamment dans le cadre de la prise
en charge des inhumations), et si oui, est-il possible de l’expliquer
un peu plus en détail?
A - Les pouvoirs à Ankara ont toujours utilisé tous les moyens pour
tenir sous contrôle les immigres économiques et pour empêcher la
présence des opposants du régime dans le pays européens, notamment dans
la capitale européenne. Par exemple, dans les années 70, malgré le fait
que j’étais réfugié politique reconnu au Pays-Bas, sur l’intervention
de l’ambassade turque, on m'a refusé d’obtenir un permis de séjour et
de
travail en Belgique pour empêcher les publications d’Info-Türk.
Mais le coup dur est arrivé après le coup d’état militaire de 1980.
Tout d’abord, pour renforcer le lobby turc, la junte militaire a
incité tous les immigrés turcs à se naturaliser bien qu’avant le
passage à une nationalité étrangère était considérée comme une trahison
à la patrie. Pendant que les immigrés turcs devenaient des citoyens
ayant la
double nationalité, pour pouvoir tenir sous contrôle les associations
et les mosquées turques, la junte a ordonné la création de cette
fondation islamique Diyanet sous l’autorité de l’Ambassade turque. En
même temps, la junte a commencé à priver les opposants en exil de leur
nationalité turque en confisquant leurs biens en Turquie. Sous la peur
de perdre leurs biens qu’ils ont acheté en Turquie avec leur économie
réalisée en travaillant des années dans les charbonnages ou les
secteurs lourds, les immigrés turcs se sont vus obligés de rester
éloignés des
organisations démocratiques. Sous la bénédiction des consulats turcs
sont nées plusieurs organisations nationalistes ou islamistes. La
majorité des mosquées turques sont entrées sous l’autorité de la
Diyanet. Quand les élections belges sont ont été octroyées aux citoyens
d'origine étrangère, les candidats d’origine turque ont été convoqués à
la Diyanet pour promettre, si élus, de servir le lobby turc, par
exemple avec la revendication de la démolition du monument de génocide
arménien de 1915 à Ixelles. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de
voir même des belgo-turcs sécularisés en relation avec la Diyanet.
Q - Les structures associatives de tout genre (associations de jeunes,
entrepreneurs, médias, etc) , très développées au sein de la communauté
belgo-turque, peuvent sembler vues de l’extérieur fonctionner de
manière très polarisées (pro-pouvoir, pro-gülen, pro-kurdes, etc. )
Est-ce vraiment le cas? Y a-t-il à Bruxelles des "mondes" turcs qui
ne se fréquentent pas ou presque pas?
A - Tout d’abord, il faut faire une précision… Les immigrés ou exilés
en provenance de Turquie ne sont pas seulement d’origine turque. En
dehors d'eux, il y a aussi ceux issus des diasporas arménien, assyrien
et kurde…
Chaque groupe de cette mosaïque est organisé dans les associations qui
portent leurs revendications. D’ailleurs, les immigrés d’origine
turque ne constituent pas un seul bloc… Bien que la majorité soit
sunnite, il y a également une communauté alévite ouverte à la
laïcité.
Par exemple, aux élections turques, la moitié des électeurs de
nationalité turque étaient absents aux urnes en signe de protestation
et 30 % des participants ont voté pour les partis d’opposition.
Malheureusement, les missions de l’Etat turc ne respectent pas cette
diversité et provoquent souvent les immigrés captifs contre les
associations des diasporas ou des opposants du régime. Des associations
et commerces arménien, assyrien et kurde ont été plusieurs fois
saccagés, et même incendiés à Saint-Josse par les groupes
turco-islamistes, notamment par les Loups gris du MHP.
Q - Le paysage médiatique turcophone de Belgique semble assez
étoffé. Aujourd’hui, reflète-t-il toute la diversité des opinions
présente au sein de la population belgo-turque? Considérez-vous
que tous ces médias fournissent un véritable travail journalistique? Et
ces
journaux trouvent-ils un grand succès auprès de la communauté?
A - Il faut répondre à ces questions en tenant compte de
l’évolution
des médias depuis un demi-siècle. Quand je suis arrivé en Belgique, les
émissions de la radio officielle turque TRT et les éditions européennes
des quatre ou cinq quotidiens turcs pro-gouvernementaux étaient les
seules sources d’information pour les immigrés turcs. En 1974 nous
avons lancé à Bruxelles la publication des bulletins d’information
et
des livres aussi bien en turc que français. Une autre source fiable en
turc étaient les émissions hebdomadaires de la RTB et la BRT. Les
années
suivantes, nous avons contribué également à la réalisation des
journaux
en turc de la FGTB et la CSC et des organisations démocratiques turques
en Belgique et dans les pays voisins.
Après le coup d’état de 1980, le paysage médiatique a subi un
changement important avec la multiplication des télévisons turque sous
le contrôle de l’Etat que les immigrés pouvaient capter sans difficulté
avec antennes paraboliques et suivre le lavage de cerveau pro-régime.
Ensuite, sont arrivés les médias numériques dont la grande majorité
diffuse des informations ou commentaires favorables au lobby turc. Bien
entendu, les diasporas et groupes d’opposition disposent eux
aussi de plusieurs sites numériques.
A mon avis, aujourd’hui, les réseaux sociaux qui sont les médias les
plus efficaces, une grande partie est favorable au régime
d’Ankara et à son lobby en Belgique.
Durant les élections turques et belges, ils jouent un rôle indéniable
dans la propagande des partis politiques ou candidats
pro-gouvernementaux.
Q - Pour conclure, et de manière plus large, comment expliquer que le
rapport des belgo-turcs la politique nationale de leur pays
d’origine
semble générer autant de crispation chez nous, un degré que l’on
ne
retrouve chez aucune autre communauté vivant en Belgique (qu’il
s’agisse des Français, des Marocains ou des Congolais, par exemple)?
Pour une simple raison, les dirigeants du régime turc, toute tendance
confondue, prétendent que la République turque est la successeure
légitime de l’Empire ottoman qui avait dominé pendant des siècles trois
continents et est arrivé jusqu’à la porte de Vienne dans ses conquêtes
au nom de la supériorité de la race turque et de l’Islam.
Ceux qui ne peuvent pas se sauver de la mainmise du régime d’Ankara
rêvent que la Turquie redeviendra un jour le maître d’au moins dans les
anciens territoires de l’Empire ottoman. D’où il y a un sentiment de
supériorité qui les amène à privilégier des critères ou exigences
d’Ankara par rapport aux critères démocratiques européens des pays
d’accueil.
Un simple exemple… Dans l’affaire Emir Kir, la décision disciplinaire
du PS à son égard est considérée comme un acte de racisme par les
médias, organisations, élus de la communauté turque et ainsi que leurs
alliés dans la politique belge.
Je termine avec un petit rappel. Malgré ses multiples actes et
déclarations précédentes incompatibles avec le cordon sanitaire, Kir a
récemment été sanctionné pour la visite de deux maires de MHP, alors
que les députés et les maires de ce parti étaient accueillis dans
plusieurs instances européennes et belges comme je viens d’évoquer au
début de mes réponses. Cette sanction a provoqué inévitablement une
réaction.
Mais, Emir Kir reste toujours le bourgmestre de Saint-Josse et libre de
poursuivre ses activités politiques… Par contre en Turquie, depuis des
années, il y a une chasse à l’homme contre les maires kurdes élus avec
les votes parfois jusqu’à 80 pour-cent. La plupart de ces élus ont été
chassés de leurs sièges et remplacés par des curateurs désignés par le
gouvernement. En plus, comme les leaders du parti pro-kurde HDP,
Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag et des dizaines de milliers
d’opposants y compris journalistes, universitaires, artistes, la
plupart de ces maires kurdes se trouvent dans les prisons d’Erdogan.
Je n’ai jamais entendu un seul mot d’Emir Kir ou d’autres élus
d’origine turque en protestation contre cette violation des droits de
l’Homme dans leur pays d’origine.
Un règlement de compte tragi-comique en
Belgique
Doğan Özgüden, Artıgerçek, 17 janvier 2020
Il y a exactement 13 ans, alors que les médias internationaux et belges
diffusaient les informations à propos de l'assassinat du journaliste
arménien Hrant Dink devant les locaux de son journal Agos à Istanbul,
Celalettin Cerrah, chef de la police d'Istanbul, a été accueilli par
Emir Kir, alors ministre d'état d’origine turque du gouvernement
régional de Bruxelles, dans son bureau, et a été honoré par la remise
d'une plaquette de la Région bruxelloise. Lors de cette visite, était
présent également le directeur des renseignements
de la police d'Istanbul Ahmet İlhan Güler. Cette rencontre était la fierté
des nationalistes turcs et a été largement diffusée par les médias
turcophones.
Il n'était pas facile de comprendre qu'un ministre chargé de la
propreté, des monuments et des sites de la région, et non de la sécurité et de
l'ordre public, puisse accueillir un chef de la police étrangère d’une
telle manière. Personne n'a été dérangée par une
telle visite, ni au niveau gouvernemental ni dans l'administration du
parti. A
l'époque, les dirigeants du Parti socialiste étaient présents
lors des réunions ou ruptures de jeûne organisées par les associations
turco-islamiques afin d’obtenir les suffrages des
électeurs d'origine turque.
Encouragée par ce laissez-faire, l'amitié entre Emir Kir avec
Celalettin Cerrah se poursuivra sans relâche, et ce, même lorsque les
médias remettent en question la responsabilité de Celalettin Cerrah
dans le meurtre de Hrant Dink.
Une dépêche de l'AFP d’Istanbul, datée du 6 février 2007, indiquait que
lors de l'enquête sur le meurtre de Dink, une enquête préliminaire a
été ouverte à l’encontre du chef de la police d'Istanbul Celalettin
Cerrah et
le directeur des renseignements de la même police Ahmet İlhan Güler a
été licencié. Cette nouvelle a été relayée
également dans les médias belges.
Néanmoins, le ministre d'état de Bruxelles a participé à la célébration
du 162e anniversaire de la création de la police d'Istanbul en avril de
la même année en tant qu'invité d'honneur du chef de la police
controversé Celalettin Cerrah. Durant la cérémonie, il a été également
honoré par la remise d'une plaquette de la Police d'Istanbul.
Bien sûr, Emir Kir ne pouvait pas avoir de lien ni de près ni de loin
avec le meurtre de Hrant Dink. Cependant, devenu très populaire dans la
communauté turque en raison de son ascension rapide comme ministère
d'état puis comme bourgmestre, il se trouvait toujours au premier plan
de la négation du génocide des Arméniens. Il avait soutenu sans
hésitation la campagne de l’Association de la pensée atatürkiste de
Belgique (BADD) niant le génocide des Arméniens, demandant la démolition du mémorial dédié à
ce génocide à Ixelles et appelant les Turcs à "défendre
leur patrie!".
Bien que le négationnisme de Kir ait été fortement critiqué par les
organisations démocratiques, la ministre de la Justice Laurette Onkelinx (PS) a déclaré à Ertuğrul Özkök
(rédacteur en chef du quotidien Hürriyet) et Zeynel Lüle
(représentant de ce quotidien en Belgique), que le Parti socialiste
avait une confiance entière en Emir Kir et qu'il le
soutiendrait
toujours. (Hürriyet, 9 mars 2005).
La raison de ce soutien inconditionnel était d’obtenir les voix des
électeurs d’origine turque présents dans les communes de Saint-Josse et
de Schaerbeek. Pour ce faire, la ministre de la Justice Onkelinx,
originaire de Liège, va jusqu’à s’installer à Schaerbeek pour obtenir
ces voix avec l'ambition d’en devenir bourgmestre lors des élections
communales de 2006. Elle a commencé à fréquenter toutes les
associations turques sans que leur obédience au régime d'Ankara ne la
dérange.
Cependant, le déni du génocide des Arméniens par Emir Kir a été
confirmé par une décision du tribunal belge suite au procès qu’il a
intenté contre le journaliste Mehmet Köksal et le chercheur Pierre-Yves
Lambert. Ceux-ci avaient révélé dans leur site web d’importantes
informations à son sujet. La 14e chambre du tribunal de première
instance de Bruxelles a décidé le 28 octobre 2005 que les écrits
étaient fondés, réels et a décidé de ne pas les poursuivre.
Au grand étonnement, dans une émission de radio du 21 décembre 2005, le
sénateur Philippe Moureaux, chef de la région bruxelloise du Parti
socialiste, s’est insurgé contre cette décision du tribunal. Il a
vigoureusement pris la défense d’Emir Kir, affirmant qu’on ne peut
reprocher à un enfant immigré turc des évènements survenus il y a 100
ans et en qualifiant les critiques de "racistes".
La candidate bourgmestre de Schaerbeek, Laurette Onkelinx, accompagnée par Emir Kir, a participé le 20 juin 2006 à une réunion organisée par l’Association de la pensée
atatürkiste de Belgique (BADD) juste avant les élections,
durant laquelle elle a déclaré que le Parti socialiste était
contre la proposition de loi déposée par le MR et le FDF pour la
reconnaissance du génocide arménien.
"Il est du devoir des historiens et non des politiciens d'écrire
l'Histoire… Personne n'a été témoin de l'évènement et personne n'a
survécu pour en témoigner aujourd'hui… De plus, il n'y a pas de
décision de justice internationale sur cet incident." Ces paroles ont
été applaudies chaleureusement par les électeurs présents dans la salle.
Pourtant, en novembre 2006, Emir Kir a été critiqué pour la
première fois par son propre parti à cause de son soutien à la BADD
qui demandait par une pétition le démantèlement du monument en
mémoire du génocide des Arméniens à Ixelles. Alors qu'il était
Secrétaire d'état chargé de la propreté et de la protection des
monuments au sein du gouvernement régional de Bruxelles, Emir Kir avait
cautionné une pétition demandant le démantélement du monument.
Le ministre président de la Région bruxelloise Charles Picqué, dans une émission le 27 novembre
2006 à RTL-TVI, a souligné que le génocide des Arméniens était un fait
et a invité Emir Kir à déclarer s'il avait signé un tel document. Lors
de la réunion du Parlement Bruxellois du 8 décembre 2006, les députés
ont forcé le ministre Emir Kir à faire une déclaration à ce sujet, et
il a échappé au danger de perdre son siège en disant qu'il ne se
souvenait pas avoir signé une telle pétition et qu'il avait déposé une
plainte contre ceux qui l’accusaient de l'avoir signée.
Après avoir sauvé son siège, comme mentionné plus haut, en tant que Ministre d’Etat belge, Emir Kir n'a pas hésité
d'accueillir le 19 janvier 2007 le chef de la
police d'Istanbul Celalettin Cerrah dans son
cabinet ministériel à Bruxelles.
Par ailleurs, Emir Kir a participé à une réunion organisée par le
ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül, le 24 février 2007
à Ankara. Cette assemblée réunissait des élus turcs provenant
d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, du Danemark et de Suède. L’ordre
du jour: "Négation du génocide arménien".
Emir Kir, comme tous les Turcs ayant la double nationalité, était
obligé de faire le service militaire dans l'Armée turque. Selon la loi turque, à l'âge de
39 ans, tous les citoyens devaient faire leur service militaire d’une durée de 16 mois. Pourtant, la loi prévoit une
exemption pour les ressortissants vivant à l'étranger. Moyennant le
paiement d’une somme de 5112 euros, ils pouvaient faire un service
militaire de 21 jours de service dans une caserne à la province de
Burdur. A défaut, il était échu de la nationalité turque.
Comme chaque année, Emir Kir passait ses congés annuels en Turquie...
Mais en été 2007, qu'est-ce qu'il a fait en Turquie? Un mystère. A-t-il
presté ses 21 jours de service militaire à Burdur? Selon une dépêche du
site d'information Parlement Turc en date du 16 août, le
ministre turc des Affaires étrangères de l'époque, Abdullah Gül, avait
déclaré qu’Emir Kir en a été exempté moyennant la propagande en faveur
de l'AKP.
Bien qu'il ait fait son service militaire, non pas dans l'armée belge,
mais dans l'armée turque, bien qu’une ordonnance d’un tribunal belge
lui ai donné tort, le ministre d'état Emir Kir restait toujours une
personne à honorer par le Parti socialiste, et ce dans un but
électoral, au point de recevoir le 16 juillet 2009, du Roi, le titre de
Commandant au service de la Couronne.
A travers un communiqué, le Comité des Arméniens de Belgique a
critiqué le fait d’avoir honoré par ce titre une personne condamnée par
un tribunal pour négation de génocide.
Néanmoins, Emir Kir, l’étoile de la politique belge continue à briller.
En tant que secrétaire d’Etat, il a financé l’Association Turkish Lady,
qui a récompensé
les femmes portant le hijab dans une cérémonie en la présence de Philippe
Moureaux et Laurette Onkelinx. Le lendemain sont publiés les photos de
cette cérémonie montrant Emir Kir et Laurette Onkelinx danser au rythme
d'une chanson anatolienne.
Avec le soutien de la direction du Parti socialiste, Emir Kir s’est
emparé de la commune de Saint-Josse après les élections communales de
2012.
Selon un accord préélectoral, Jean Demannez, ancien bourgmestre de la
commune, resterait en fonction trois ans de plus après cette élection,
quel que soit le pourcentage de voix, puis céderait le majorat à Emir
Kir. Cependant, Emir Kir, qui a remporté le plus grand nombre de votes
de préférence grâce aux électeurs turcs lors de ces élections, a pris
d'assaut la commune avec ses supporters et a pris possession du siège
de la commune sous les applaudissements en forçant Demannez à se
retirer. Face à cette opération, Demannez a qualifié Emir Kir de "menteur,
tyran et hypocrite" dans une déclaration au quotidien La Libre Belgique
du 16 octobre 2012.
Lors des élections législatives de 2014, les candidats turcs, en
particulier les candidats au Parti socialiste, sont entrés au
Parlement régional de Bruxelles grâce aux votes reéus des électeurs
d'origine turque et suite à une campagne de propagande avec des tracts
et affiches en langue turque. Emir Kir a également été élu député au
Parlement fédéral à Bruxelles tout en conservant le titre de
bourgmestre. Sur les 18.536 voix prises par Kir lors de cette élection,
9 068, soit 48,92 %, provenaient des communes de Saint-Josse et
Schaerbeek, où les électeurs turcs étaient nombreux.
D'une part, Emir Kir avait renforcé son pouvoir avec le soutien des
médias et des hommes d'affaires turcs à Saint-Josse, où il était
bourgmestre, et d’autre part, il n’a pas perdu de temps pour agir au
Parlement fédéral selon les souhaits du gouvernement AKP et du lobby
turc.
Lors de la session de l'Assemblée fédérale, composée de 150 membres, le
30 avril 2015, une minute de silence a été observée aux victimes du
génocide arménien de 1915. Emir Kir y était absent.
Le 23 Juillet 2015, lorsque le Parlement fédéral a dû se prononcer à
propos de la reconnaissance du génocide arménien, le lobby turc a fait
pression afin qu’il soit mentionné que la République turque n’est pas
responsable des faits qui se sont déroulés durant l’empire Ottoman.
C’est à cette condition qu’Emir Kir a voté le texte.
Emir Kir a continué à agir selon les directives de l’AKP. Non seulement
à propos du génocide des Arméniens, mais aussi à propos de la cause
kurde.
Fin 2016, il a dénoncé les activités kurdes qui se déroulent à
Bruxelles. Il a comparé le mouvement national kurde à DAESH, de sorte
que le président du Parti socialiste Elio Di Rupo a
explicitement critiqué à la télévision RTBF les propos d'Emir Kir, et
ce, pour la première fois.
Ayant paniqué face à ces critiques, les amis d'Emir Kir dans les médias
turcs sont intervenus pour sauver leur "reis". Ils ont mené une
campagne de calomnie contre les organisations démocratiques qui le
critiquaient. Je faisais partie de leurs cibles. Voici ce qu’on pouvait
y
lire : "Les défenseurs d’organisations terroristes et les séparatistes
œuvrent aux frontières de la commune de Saint-Josse. Le fondateur
d’Info-Türk, un ancien fusil de gauche est à la tête de ces
organisations et il a mis Emir Kir dans son collimateur".
En mars 2017, lors du référendum en Turquie, afin d'accroître les
pouvoirs présidentiels d'Erdogan, Emir Kir a tout mis en œuvre pour
favoriser la propagande d'Erdogan au point de mettre une salle de sa
commune à la disposition de Taner Yildiz, un des dirigeants de l’AKP.
Grâce aux efforts d’Emir Kir et d'autres élus au service du lobby turc,
les électeurs turcs résidant en Belgique ont soutenu Erdogan et son
alliance présidentielle formée par l'AKP et le MHP (parti d’extrême
droite) à 70 % des voix.
Ayant renforcé sa popularité dans la communauté turque avec son soutien
à l'Alliance présidentielle, Emir Kir a été réélu député lors des élections
législatives belges en mai 2019. A côte de lui, quatre autres
candidats turcs sur la liste du Parti socialiste ont été élus
au Parlement régional de Bruxelles.
Un des sites d'information turcs en Belgique donnait ce résultat avec
le titre "Le commandant en chef Emir Kir et ses généraux ont gagné
l'élection victorieusement".
Cependant, quand le "commandant en chef" Emir Kir a reçu récemment une
délégation de maires turcs, dont deux du MHP, dans son bureau de
bourgmestre il y a quelque temps, il a été éjecté du Parti
socialiste.
Quand certains membres du Parti socialiste demandent qu’Emir
Kir soit expulsé parce qu'il a accueilli des fascistes turcs, pour
éviter son expulsion, Emir Kir a dû regretter son geste. Mais il n'a
pas réussi à calmer ses opposants.
Dans son article du 15 janvier 2020, le journaliste à la RTBF Bertrand Henne soulève le fait qu’Emir Kir n’a
pas dit un seul mot à propos de ses relations avec le MHP, parti
d’extrême droite, et le passé criminel de ce parti. Il s’interroge
quant à savoir si le Parti socialiste pardonnera cet oubli.
Dans son article dans La Libre Belgique du 16 janvier 2020, le
journaliste Claude Demelenne a décrit la déclaration de Kir comme étant
une mascarade. Il accuse les responsables du Parti socialiste
de mener une politique de l’autruche.
L’hebdomadaire Le Vif a soulevé le fait que les détenteurs de
la double nationalité-turco belge sont plus proches à la Turquie qu'à
la Belgique.
Un exemple: le cas de Mahinur Ozdemir, qui avait été éjectée par le CDH
à
cause de
son opposition à la reconnaissance du génocide des Arméniens,
vient d'être
nommée Ambassadrice turque en Algérie par le gouvernement de Tayyip
Erdogan. La question qui a été posée fut "Peut-on servir à la fois deux
maîtres?".
Après l'éjection d'Emir Kir par la Commission de vigilance du PS
bruxellois,
quelle sera la prise de position du Parti socialiste par rapport aux
autres élus qui se disent socialistes, mais sont toujours défenseurs du
régime d'Ankara, nient le génocide des Arméniens et assimilent le
mouvement national kurde à Daesh.
Un ultime point à souligner... Après avoir été exclue du cdH, le titre
d’ambassadrice de Turquie en Algérie a été attribué à Mahinur Ozdemir,
dont Erdogan fut le témoin de mariage il y a 10 ans. Après son éjection
du Parti socialiste, Emir Kir sera-t-il désigné par Erdogan
comme ambassadeur turc en Belgique?
Attendons… Et voyons…
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