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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

46th Year / 46e Année
Décembre
 
2022 December
N° 532
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
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Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
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Cyprus and Greece
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The unbearable vileness of attacking Kurds - Doğan Özgüden

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

Détention prolongée pour Fincanci accusée de "propagande terroriste"
Prison à vie confirmée en appel pour le mécène Kavala
Conference for Life Against War met in İstanbul

La présidente de l'Union des médecins Fincanci sera maintenue en détention
Prisoners in Konya on hunger strike for 78 days in protest of confinement
1,517 ill prisoners in Turkey

La justice turque tente d'écarter le maire d'Istanbul avant les élections
US, EU denounce conviction of İstanbul mayor
"State of emergency made permanent in Turkey"

Non à l'extradition des exilés vers la Turquie par la Suède soumise aux chantages d'Erdogan
Doğan Özgüden

CEDH: la Turquie condamnée pour avoir refusé les visites d'enfants de détenus
Seventy-three prisoners died in Türkiye's prisons in a year
Opposition alliance announces constitutional amendment proposal
Violences contre les femmes: des dizaines de manifestantes arrêtées en Turquie

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkish Cypriot journalist sues Turkey at ECHR for rights violation
Composer and songwriter of 1st of May march passes away
Documentary filmmaker Sibel Tekin arrested for 'filming police car'
Number of jailed journalists spikes to new global record
Turkish journalist Sinan Aygül arrested under new ‘disinformation’ law
Journalist goes to top court once again after local court refuses to recognize its ruling

Freedom of expression report: 67 people sentenced to 299 years in one year in Turkey
Academic freedom is diminishing in Turkey
La Turquie renforce son arsenal contre la presse avant les élections
Journalist Engin Eren sentenced to prison for 'aiding a terrorist organization'
Zaman newspaper columnists sentenced to prison

Kurdish Question / Question kurde

Les forces kurdes lancent une opération contre les jihadistes
Roboski Massacre commemorated on 11th anniversary
Coiffeur d'origine kurde blessé à Roubaix: le client mis en examen
Les forces kurdes en état d'alerte, craignent de nouvelles attaques de l'EI
La communauté kurde refuse de croire à une attaque non ciblée et met en cause la Turquie

The unbearable vileness of attacking Kurds - Doğan Özgüden
Attaque à Paris : les Kurdes frappés au cœur
"Pas encore les nôtres!": colère et pleurs de Kurdes à Paris après les tirs
Police officer slaps HDP İstanbul head, journalist who filmed the incident detained
Dawn raids against pro-Kurdish party across Turkey

Pourquoi les termes “Kurde” et “Kurdistan” hérissent-ils autant le poil en Turquie ?
 
9 blessés par une bombe contre un véhicule de police à Diyarbakir
Selahattin Demirtas shows solidarity to Iranians in 4 languages
L’État turc veut lever l’immunité parlementaire d’une députée kurde
Six months on, arrested Kurdish journalists still wait to see an indictment
Kurdish censored on TV channel
Erdogan demande à Poutine de "nettoyer" le nord de la Syrie des forces kurdes

HDP deputy throws headscarf in protest of cross-border military operations
HDP MP not allowed to speak Kurdish in parliament

Dix ans après le triple assassinat de militantes kurdes à Paris, appel à lever le secret défense

Après l’attentat d’Istiklal, la question kurde revient au centre du jeu politique
Au Kurdistan iranien, Raïssi appelle à déjouer les plans des "ennemis"
Les Kurdes exhortent Moscou à empêcher une offensive terrestre turque
Des milliers de Kurdes manifestent contre les frappes turques dans le Nord-Est
Les Kurdes syriens craignent qu’Ankara ne s’empare de leur ville symbolique


Minorités / Minorities

Freedom of association of the minorities de facto suspended

Kalin: "L’Arménie a plus besoin de la Turquie et de l’Azerbaïdjan que des E-U et de la France"

Politique intérieure/Interior Politics

La justice turque tente d’écarter le maire d’Istanbul avant les élections
Opposition party leader injured in knife attack in his Ankara office

Un député en soins intensifs après une bagarre au Parlement
Erdogan prépare la guerre dans un pays où le fromage coûte plus cher que la viande
Alchimie militaro-politique d’Erdogan: Transformer les bombes en bulletin de vote - Ragip Duran

Forces armées/Armed Forces

Albania signs deal to buy armed drones from Turkey

Un tribunal turc acquitte 103 amiraux à la retraite
Conditions of US sale of F-16s to Türkiye removed from defense budget bill
La coalition internationale reprend ses patrouilles dans le nord de la Syrie
Syrie: tirs de roquette contre une base américaine dans le Nord-Est

Affaires religieuses / Religious Affairs

Turkey’s religious body says New Year celebrations are “cultural corruption”
 
Une fillette de 6 ans mariee! - Ragip Duran
L'opposition accuse le gouvernement d'inaction à propos d'un abus sexuel sur mineur

Le foulard flotte sur le Parlement avant les élections en Turquie
Un recruteur présumé du groupe Etat islamique extradé de Turquie vers l'Australie
Erdoğan says 'LGBT imposition a global dictatorship tool' against Islam


Socio-économique / Socio-economic

Erdogan annonce une 3e augmentation du salaire minimum en un an
Report: At least 828 refugee workers killed on the job in Türkiye in a decade
Un scientifique turc plaide pour un "corridor écologique" en mer Noire
Poverty line exceeds 25,000 lira in Turkey

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Kurdes tués à Paris: Mélenchon veut une saisine du parquet antiterroriste
Ankara convoque l'ambassadeur français pour "propagande anti-Turquie"

Réactions des leaders français, américain et allemand à l'attaque à Paris
Erdogan accuse les critiques occidentales d'ingérence
EP Turkey rapporteur says Imamoglu has become a “political hostage”
Refus d'extradition: la Turquie dénonce une "mesure très négative" de la part de la Suède

Hadja Lahbib apporte son soutien au maire d'Istanbul Imamoglu
Istanbul mayor's conviction a "major setback for democracy in Turkey"
Critiques internationales après la condamnation du maire d'Istanbul

Turkey says Finland must end arms embargo to join NATO
L'UE inaugure un hôpital de 400 lits à la frontière syrienne

Comment la Suède se couche devant Erdogan pour intégrer l’OTAN
Sweden extradited Kurdish refugee Mahmut Tat to Turkey

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Otan: la Turquie remercie la Suède mais espère d'autres mesures
Otan: la justice suédoise rejette l'extradition d'un journaliste réclamée par Erdogan

Otan: Washington, Helsinki et Stockholm tablent sur un feu vert d'Ankara "bientôt"
Washington sanctionne un homme d'affaires turc qui faisait commerce de pétrole iranien
Le chef du Pentagone exhorte la Turquie à ne pas mener d'offensive en Syrie
OTAN: La Suède et la Finlande ont fait des «pas positifs», estime la Turquie

Relations régionales / Regional Relations

Syrie: affrontements dans le nord-ouest, huit combattants pro-turcs tués
Moscow says trilateral meeting idea "extremely positive"
Erdogan soutient la création d'un nouveau gazoduc depuis le Turkménistan
Les pétroliers devront désormais prouver qu'ils sont assurés
Syrie: renforts russes dans une zone frontalière de la Turquie
"C'est pas fini": en Irak, les rebelles kurdes iraniens face aux missiles de Téhéran

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Menaces turques contre la Grèce: Le pouvoir provoque, le bon sens calme le jeu
Turkey issues new threat against Greece over Aegean islands

Immigration / Migration

Turkey increases the number of extradition requests from Sweden to 42

La commune de Schaerbeek tourne le dos au buste de Roger Nols
Les membres d'un important réseau de passeurs condamnés par la justice britannique
The extradition of Mahmut Tat by Sweden is a blatant attack against the refugee and human rights
Festival Cinemamed à Bruxelles: Trois films de Turquie

Droits de l'Homme / Human Rights

Détention prolongée pour Fincanci accusée de "propagande terroriste"

La présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur Fincanci, jugée pour "propagande terroriste", sera maintenue en détention jusqu'à la prochaine audience de son procès le 11 janvier, a décidé jeudi un tribunal d'Istanbul.

Mme Fincanci est détenue depuis le 26 octobre dans une prison d'Ankara pour avoir réclamé une enquête sur des accusations de recours à des armes chimiques par l'armée turque dans le nord de l'Irak contre des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), relayées par des médias prokurdes et des élus de l'opposition.

Ankara avait aussitôt dénoncé une campagne de "désinformation".

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne.

Mme Fincanci, qui avait déjà comparu la semaine dernière devant le même tribunal stambouliote, a à nouveau jeudi rejeté les accusations contre elles, a constaté l'AFP.

"Je ne vais pas présenter de défense (...), car ce que j'ai fait n'est pas un crime et fait partie de mon travail de docteure", a lancé la médecin, qui encourt jusqu'à 7 ans et demi de prison.

"Si je suis une terroriste, de quelle organisation terroriste suis-je membre: la Fondation des droits de l'homme ou [l'organisation] Médecins pour les droits de l'homme ?", a-t-elle interrogé, remettant en cause l'impartialité de ses juges.

Un responsable de l'Union des médecins de Turquie a annoncé en marge de l'audience que les 11 membres de son comité central font désormais l'objet d'une enquête pour "appartenance à une organisation terroriste".

L'arrestation fin octobre de Mme Fincanci, âgée de 63 ans, avait déclenché des manifestations à Istanbul.

Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé avec cinq autres organisations à la libération de Mme Fincanci dans l'attente de l'issue de son procès. (AFP, 29 déc 2022)


Prison à vie confirmée en appel pour le mécène Kavala

Un tribunal d'Istanbul a confirmé mercredi en appel la condamnation à la prison à vie du mécène turc Osman Kavala, accusé d'avoir tenté de renverser le gouvernement, a rapporté l'agence de presse officielle Anadolu.

Les juges ont également maintenu les peines de 18 ans de détention infligées fin avril en première instance à ses sept co-accusés.

Homme d'affaires et philanthrope de 65 ans, Kavala a été condamné pour avoir "tenté de renverser le gouvernement" de Recep Tayyip Erdogan en finançant les manifestations antigouvernementales dites "mouvement de Gezi" en 2013, et les sept autres pour l'avoir soutenu.

Sa condamnation peut encore faire l'objet d'un recours devant la Cour de cassation turque.

Arrêté fin 2017 et détenu depuis, il avait dénoncé un "assassinat judiciaire" lors de son procès, qui a donné lieu à de vives tensions entre Ankara et des chancelleries occidentales qui s'étaient mobilisées en sa faveur.

Les trois avocats d'Osman Kavala avaient fait valoir dans leurs plaidoiries le manque de preuves et l'acharnement du pouvoir dans ce procès marathon éminemment politique.

La détention à perpétuité du mécène est assortie d'une peine de sûreté qui exclut toute remise de peine.

Les responsables du Conseil de l'Europe ont sommé depuis à plusieurs reprises la Turquie de libérer immédiatement Osman Kavala, après un arrêt jugeant qu'Ankara avait violé la Convention européenne des droits de l'Homme. (AFP, 28 déc 2022)

Conference for Life Against War met in İstanbul

"Conference for Life Against War", called by Union for Democracy (DİB) was held in Şişli, İstanbul on Sunday (December 18).

Rıza Türmen, ex-lawyer of the European Court of Human Rights and speaker of DİB made the opening speech in the conference.

Türmen said Türkiye was "in a spiral of violence" and added that President Recep Tayyip Erdoğan's rhetoric such as saying "We may come instantly one night" was triggering that spiral of violence.

"What are the soldiers of Türkiye doing in Syria, in Iraq? How will legitimate self-defense be made within the borders of another country?" asked Türmen and emphasized that "violence should be eliminated from daily life in order to reach peace."

Türmen said, "Peace is the precondition for human rights. We want our right to peace from the state, we want the state to leave the spiral of violence."

The conference continued with two panels throughout the day.

A declaration was announced at the end of the conference, signed by 76 political and civil society organizations.

"They are stealing from our bread and from our lives"

The final declaration of the conference called for peace.

"Wars and operations in the world and in our country have destructive consequences.

"Tensions rising even further following the shifts of power among global powers have the potential to produce devastating outcomes if the workers and the oppressed peoples do not take an initiative against wars.

"Capitalist powers with their male-dominated standpoints are stealing from our bread and from our lives in order to spend for bombs, wars, and military operations. Wars bring poverty, violence, migration, and death to the world and to our country."

"We are experiencing the destruction caused by our country becoming a part of and implementer of policies of war in Syria, in Libya, in the Mediterranean, and in Afghanistan as a result of the neo-Ottoman policies pursued.

"Cross-border operations should be stopped"

"War means that democratic rights and freedoms are completely abolished, that institutionalization of fascism is legitimized, that opportunities of democratization are defeated, that the voice of the people and the opposition are silenced, that strikes are banned, and that the efforts for the workers to fight for their rights are blocked.

"Türkiye should withdraw its military presence in other countries and peace and co-existence policies should be pursued both within the country and abroad.

"Life in mother tongue, equal citizenship"

"We are requesting that a peaceful and democratic solution to the Kurdish question should be reached by way of implementing universal rights such as local democracy, life in the mother tongue, and equal citizenship.

"On the occasion of December 18 International Migrants' Day that everybody facing oppression has the right to request asylum from other countries. Safe ways should be opened for the refugees to pass to third countries and the Readmission Agreement between the EU and Türkiye should be canceled.

"We are requesting that all wars and armed conflicts should be stopped, in Ukraine, in Syria, and in Iraq.

"Aegean should be a sea of peace"

"We send our messages of peace and solidarity to all neighboring peoples from Armenia to Greece, from Syria to Iraq. We believe that the international solidarity of people is the greatest power for life in the face of the option of war.

"We support the struggle of people of Iran for freedom, we request immediate stopping of executions of death sentences.

"The Aegean should be a sea of peace.

"The oppression and occupation policies of Israel against the Palestine people should stop.

"We will not allow our globe to become unlivable and we will not stop calling for life against war." (BIA, 28 December 2022)

La présidente de l'Union des médecins Fincanci sera maintenue en détention

La présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur Fincanci, jugée pour "propagande terroriste", sera maintenue en détention jusqu'à la prochaine audience de son procès jeudi, a décidé vendredi un tribunal d'Istanbul.

Détenue depuis le 26 octobre dans une prison d'Ankara, Mme Fincanci avait réclamé une enquête sur des accusations de recours à des armes chimiques par l'armée turque contre les combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak, relayées par des médias et des membres de l'opposition.

L'arrestation de Mme Fincanci avait déclenché des manifestations à Istanbul où des dizaines de personnes avaient été arrêtées.

Cette experte en médecine légale de 63 ans est entrée vendredi dans la salle d'audience bondée, le poing en l'air, sous les applaudissements des personnes présentes pour la soutenir et le regard de dizaines de policiers antiémeute.

Pendant l'audience, elle a de nouveau appelé à "une enquête efficace" comprenant des inspections sur le terrain et des autopsies.

"En tant que défenseur des droits humains, j'ai la responsabilité de défendre la liberté d'expression et le droit du public à l'information", a-t-elle dit aux juges.

Le PKK avait affirmé que 17 de ses combattants étaient morts dans des attaques à l'arme chimique dans les montagnes du nord de l'Irak.

- "Une des voix les plus courageuses de Turquie"-

Mme Fincanci est connue en Turquie en tant qu'opposante au président turc Recep Tayyip Erdogan.

La représentante du gouvernement allemand pour les droits de l'homme, Luise Amtsberg, a fait part de "sa solidarité" avec Mme Fincanci, "une des voix les plus courageuses de Turquie", a-t-elle dit.

"La Turquie (...) doit respecter le droit d'expression et d'opinion", a-t-elle ajouté.

Le maintien en détention de Mme Fincanci est "une attaque odieuse contre les droits de l'Homme qui exige une réparation immédiate", a de son côté réagi l'ONG Physicians for Human Rights.

Amnesty International et Human Rights Watch ont pour leur part lancé un appel commun avec cinq autres organisations à la libération de Mme Fincanci dans l'attente de son procès.

"Sebnem Korur Fincanci est une éminente experte en matière de documentation de la torture", ont-ils déclaré dans un communiqué commun. "Son travail doit être loué, pas puni", a commenté le président allemand de l'Association médicale mondiale, Frank Ulrich Montgomery, dans le communiqué.

Le procureur a cependant accusé Mme Fincanci de "participer activement aux activités de propagande du PKK" et demandé son maintien en détention.

Mme Fincanci a déclaré que sa détention n'avait fait qu'attirer une plus grande attention sur ses appels à une enquête indépendante.

"Ne pensez pas qu'être en état d'arrestation et en prison est difficile pour moi, a-t-elle affirmé. "C'est en fait une occasion en or pour un défenseur des droits de l'Homme comme moi." (AFP, 23 déc 2022)

Prisoners in Konya on hunger strike for 78 days in protest of confinement

Some prisoners in the Ereğli Type-T Closed Prison in Konya, central Türkiye, have been on a hunger strike for 78 days in protest of rights violations.

The hunger-striking prisoners were transferred to Konya from various prisons around the country on August 23.

Prison officers strip-searched them and searched their mouths before putting them in single-person cells, Mezopotamya Agency (MA) reported.

The number of prisoners in single-person cells has risen to 40 in four months.

Prisoners who refused to be strip-searched were banned from visits and communicating with their family members for one month.

The prisoners in single-person cells were not allowed to see each other during their time out of cells.

Amid this situation, the prisoners on October 4 started an indefinite hunger strike in rotation, demanding to be placed in three-people cells, more time out of the cells, and an end to confinement.

After the prison administration did not meet their demands, all prisoners continued the hunger strike without rotation after November 16.

Members of the Lawyers for Freedom Association (ÖHD), the Human Rights Association (İHD), and the Çukurova TUAY-DER visited the prison on November 11.

In a report after their visit, the groups conveyed the prisoners' complaints about their situation.

"We can't see any person for 23 hours a day. This has now become psychological violence. There is one window in each room and it is fully covered by iron bars. We can't even see the sky because of the walls and fences.

"We don't have kettles, televisions and radios in our rooms. We can neither benefit from publications such as newspapers, magazines and books. There is a daily quota on the amount of hot water. It is not enough when used for cleaning.

"We are constantly harassed by some correction officers. We are not even allowed to say hello to other prisoners." (BIA, 21 December 2022)

1,517 ill prisoners in Turkey

According to the 2021 Council of Europe Criminal Statistics Reports, Turkey has the second-highest number of prisoners globally, with approximately 300,000 people behind bars.

According to Human Rights Association (İHD) Central Prisons Committee, there were 1,517 ill prisoners, with 651 in critical condition, as of April 2022.

At least 50 ill prisoners died in prisons or shorlty after being released in the first eight months of the year, according to the Lawyers for Freedom Association (ÖHD).

Article 16 of the Enforcement Law, amended by Law No. 6411 in 2013, states that "enforcement of sentences for prisoners, who cannot live on their own under prison conditions due to a critical sickness or disability and evaluated to pose no threat to public safety, can be deferred until they recuperate as per the procedure set forth in the third paragraph." However, the İHD notes that this provision is not actually implemented. (BIA, 19 December 2022)

La justice turque tente d'écarter le maire d'Istanbul avant les élections

Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, une figure de l'opposition turque, a été condamné mercredi à plus de deux ans de prison pour "insulte à des responsables" et à une interdiction de mandat politique de même durée, à six mois d'élections cruciales en Turquie.

M. Imamoglu a aussitôt décidé de faire appel de cette condamnation à deux ans, sept mois et quinze jours de détention, a annoncé à l'AFP son avocat, Me Kemal Polat.

L'appel sera suspensif, a-t-il précisé, ce qui signifie que M. Imamoglu conservera son mandat de maire pendant l'examen de son recours.

Le verdict rendu par un tribunal d'Istanbul assortit la peine prison de M. Imamoglu d'une "privation de certains droits", dont celui d'éligibilité, pour la même durée que la peine de prison, ont dit les avocats.

"Ce procès résume la situation de la Turquie", a lancé dans la soirée M. Imamoglu, juché sur le toit d'un bus, face à des milliers de personnes rassemblées devant la mairie scandant "Vive la liberté, Mort à la tyrannie !", "Gouvernement, Démission!" ou "Droit, Loi, Justice !".

- "Depuis la victoire" -

"Ça a commencé le jour où ils ont essayé de nous priver de notre victoire aux élections (municipales) d'Istanbul. Mais ils ne réussiront pas", a-t-il martelé.

Le maire, âgé de 52 ans, est vu comme un candidat potentiel à l'élection présidentielle de juin 2023 face au chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan.

Membre du CHP (social-démocrate), le principal parti d'opposition, il était accusé d'avoir qualifié d'"idiots" les membres du collège électoral qui avaient invalidé son élection en mars 2019, ce qui lui vaut d'être poursuivi en justice.

"Je ne faisais que répondre, en lui renvoyant ses propres termes, au ministre de l'Intérieur qui m'avait traité d'idiot", avait affirmé l'édile.

M. Imamoglu a toujours professé sa "confiance en la justice turque" et dénoncé une "affaire politique" : "Il ne peut y avoir un tel jugement. C'est tragicomique", estimait-il le mois dernier.

Il s'est retrouvé dans le viseur du régime après avoir infligé en mars 2019 sa plus humiliante défaite au parti de M. Erdogan, en remportant la mairie d'Istanbul qui était dirigée depuis 25 ans par le parti AKP au pouvoir.

Son élection a d'abord été annulée par le gouvernement, contraint de s'incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l'électorat qui a offert une plus large victoire à l'opposant.

- "Encore jeune" -

Le maire d'Istanbul compte parmi une poignée de dirigeants d'opposition que les sondages donnent gagnants face à M. Erdogan, confronté à une grave crise économique et à une inflation officielle de 85%.

"Je ne m'adresse pas qu'à Istanbul, mais aussi à Ankara, Izmir, Diyarbakir, Trabzon" prévenait-il mercredi soir, énumérant d'autres villes passées aux mains de l'opposition, dont les élus ont parfois été écartés par le pouvoir : "A ceux qui essaient de nous intimider : je suis encore jeune et je suis toujours enthousiaste!" a-t-il clamé, reprenant le slogan en vigueur au moment de son élection.

Pour le directeur-fondateur de l'Institut de sondage et de recherches MetroPOLL, Ozer Sencar, "cet événement peut se transformer en une belle opportunité pour l'opposition si elle sait en profiter...", a-t-il estimé sur Twitter.

Dans la foule, on approuve: "Je suis ici pour le soutenir et nous continuerons ainsi jusqu'à l'élection de 2023", assure Neslihan Oyku Sahin, un avocat de 23 ans.

"Il l'ont puni pour l'empêcher d'être président, mais c'est lui que le public aime et veut: je pense qu'il recueillera les votes de toutes les catégories de la société", renchérit Firdevs Gulmez, ménagère de 55 ans.

L'alliance de l'opposition, composée de six partis dont le CHP, n'a pas encore désigné son candidat commun pour la présidentielle.

Le chef du CHP, Kemal Kilicdaroglu, semble prêt à se présenter.

En déplacement à Berlin, il a avancé son retour en Turquie mercredi soir : avant de monter dans l'avion il a dénoncé, dans un message vidéo posté sur Twitter, "un massacre de la loi" et "une justice pourrie".

Mais tout en affirmant son soutien au dirigeant de son parti, M. Imamoglu a assuré mardi soir à la veille du procès, dans un entretien avec la chaîne de télévision TV 100, que ses "épaules" étaient "capables de porter toutes sortes de responsabilités". (AFP, 14 déc 2022)

US, EU denounce conviction of İstanbul mayor

The US State Department, the EU Delegation to Türkiye and the PACE co-rapportuers for Türkiye have criticized the sentencing of İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu.

The mayor was on Wednesday sentenced to 2 years and 7 months in prison for "insulting public officials" and banned from politics. He will lose his seat if the verdict is upheld.

The verdict constitutes a "major setback for democracy in Türkiye," the EU delegation said in a written statement.

"This sentence is disproportionate and confirms the systemic lack of independence of the judiciary and the undue political pressure on judges and prosecutors in Türkiye.

"Ahead of Presidential and Parliamentary elections next year, this decision is particularly significant in the context of politicisation of the country's judiciary system, which undermines the freedom and fairness of the electoral context.

"Türkiye needs to reverse the continuous backsliding on human rights and rule of law now."

"The state of democracy in Türkiye"

The co-rapporteurs of the Parliamentary Assembly of the Council of Europe (PACE) for the monitoring of Türkiye, John Howell and Boriss Cilevičs said they were "appalled" by the decision.

"This is another example of the restrictive and repressive environment in which opposition members operate, about which the Parliamentary Assembly already expressed its deep concern last October.

"We therefore once again urge the Turkish authorities to abolish those provisions of the Penal Code whose abusive use restricts freedom of expression year after year and authorises procedures that amount to judicial harassment of the opposition, undermining its capacity to contribute to democratic debate and even to the electoral process.

"The confirmation of this verdict would result in the banning from politics of a prominent opposition figure, who won the 2019 local elections in Istanbul after they were controversially annulled. With national elections only a few months away, this would be a serious signal about the state of Turkish democracy."

"Judicial harassment"

The US State Department said they were "deeply troubled and disappointed" by the decision.

"His conviction is inconsistent with respect for human rights, fundamental freedoms, and the rule of law. We remain gravely concerned by the continued judicial harassment of civil society, media, political and business leaders in Turkey, including through prolonged pretrial detention, overly broad claims of support for terrorism, and criminal insult cases.

"The people of Turkey deserve the ability to exercise their human rights and fundamental freedoms without fear of retribution. The right to exercise the freedoms of expression, peaceful assembly, and association is enshrined in Turkey's constitution, its international law obligations, and its OSCE commitments.

"We urge the government to cease prosecutions under criminal "insult" laws, and to respect the rights and freedoms of all Turkish citizens, including by ensuring an open environment for public debate."

What happened?

Ekrem İmamoğlu, a member of the main opposition Republican People's Party (CHP), won the mayoral elections in March 2019 and the repeat elections three months later, ending the 25-year rule of the Justice and Development Party (AKP) and its predecessors in the city.

The first election, which İmamoğlu had won by less than 1 percent, was annulled at the request of the AKP due to "irregularities." He won the rerun election by nearly 10 percent.

In 2020, İmamoğlu said, "Those who canceled the elections are fools," in response to a statement from the interior minister, who had also called him a "fool." Because of these remarks, a case was filed against him for "insulting public officials" in 2021.

He was yesterday sentenced for insulting the country's top election officials. If the verdict is upheld, he will lose his seat as the mayor and will not be able to run for president in the next year's elections. One of the most popular opposition politicians, he has been mooted as a possible joint opposition candidate. (BIA, 16 December 2022)


"State of emergency made permanent in Turkey"

"The abandonment of the principle of constitutional rule has turned law practices and state institutions into 'instruments' of an oppressive regime," IHD and TIHV have said.

Turkey's two human rights groups held a joint press conference on Friday, on the occasion of the 74th anniversary of the Universal Declaration of Human Rights (UDHR), and released a report on rights violations in Turkey in the first 11 months of 2022.

The Human Rights Association (IHD) and the Human Rights Foundation of Turkey (TIHV) said in a statement that "Turkey is currently governed under the regime of a state of emergency that has been made permanent through decrees and legislation after it was formally lifted on 19 July 2018."

They continued:

"This situation/process has resulted in the abandonment of the principle of constitutional rule that restricts government's power, and has turned law practices and state institutions into 'instruments' of an oppressive regime, letting arbitrariness and uncertainty dominate the public sphere."

They added:

"Many violations of right to life have taken place as a result of the government's policy of addressing all issues, from economy to public health, as security problems, of pursuing policies of polarization and violence inside and outside the country, and particularly of addressing the Kurdish question and international issues of conflict only with military means."

Violations of right to life

According to the report, the violations of right to life in the first 11 months of 2022 include the following incidents:

- 15 people, including a child, were killed by state forces, and 23 people, including a child and 12 refugees, were injured.
- One died in suspicious circumstances in police custody.
- At least 96 people, 21 state troops, 70 militants and five civilians among them, were killed in armed clashes, and 55, including 22 civilians, were injured.
- In the context of Turkey's military campaign in the Kurdistan Region of Iraq (KRI), 274 people - 85 state troops, 188 militants and a civilian - were killed, and 44 people - 20 troops and 24 civilians - were injured.
- At least three people were fatally run over by military or other kind of official vehicles, and two were injured.
- At least a child was killed, and seven people, including three children, were injured by explosion of mines or other ordnance.
- At least 61 people died in prison because of illness, suicide, violence or neglect.
- 15 people were killed and 41 were injured in attacks motivated by racism and hatred, targeting migrants, Kurds, LGBTQIA+ individuals and Alevis.
- Six people, including two children, were killed by a bomb attack.
- A journalist was killed and at least three journalists were injured in attacks.
- At least 10 people died and six people were injured in suspicious circumstance while they were serving in the military.
- At least 1,521 people were killed in the workplace in the first 10 months of 2022, according to a report by the Council for Workers' Health and Job Security.
- At least 308 women and 36 children were killed by men.

Torture and ill treatment

The human rights groups also stressed that "torture has become a major human rights issue in 2022."

According to the report:

- While 1,130 people applied to TIHV with allegations that they have been subjected to torture and ill treatment, IHD documented that at least 980 people were subjected to torture and ill treatment in detention centers.
- At least 5,148 people, including 143 children, were subjected to physical harassment and ill treatment as they were detained by the police during peaceful protests. At least 42 people were injured in such incidents. IHD puts the number of people who were violently detained in protests at 5,323.
- At least 225 people were subjected to some form of torture and ill treatment in the street, and 28 to similar mistreatment during house raids by the police.
The report also says that at least three people have been abducted in the first 11 months of 2022, and there is still no information about Yusuf Bilge who was abducted on 6 August 2019. (gerceknews, 9 December 2022)


CEDH: la Turquie condamnée pour avoir refusé les visites d'enfants de détenus

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour avoir refusé à 19 personnes, détenues pour leur implication supposée dans la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, les visites de leurs enfants ou les appels à leurs familles le week-end.

Les 19 requérants étaient emprisonnés dans divers centres pénitentiaires, en attente de leur jugement ou déjà condamnés pour terrorisme en relation avec la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.

Tous ont saisi la justice turque après le refus par l'administration pénitentiaire d'un droit de visite les week-ends pour leurs enfants en âge scolaire. Souvent détenus loin de chez eux, ils soulignaient que leurs enfants ne pouvaient pas venir les voir durant la semaine puisqu'ils étaient à l'école. Certains n'ont également pas obtenu le droit de téléphoner à leurs familles les week-ends.

Leurs demandes devant les juridictions turques ont été rejetées.

Les autorités turques ont motivé ces refus en indiquant que les prisons étaient surpeuplées, qu'il y avait moins de gardiens les week-ends et donc des risques pour la sécurité.

Cependant, la CEDH souligne qu'il "est essentiel dans le droit au respect de sa vie privée d'un prisonnier que les autorités lui permettent, ou si besoin, l'aident, à maintenir le contact avec sa famille proche".

De ce fait, "limiter la fréquence et de la durée des visites familiales, superviser ces visites et soumettre un détenu à des arrangements particuliers pour ces visites constituent une interférence avec les droits des requérants", souligne la cour, se basant sur sa jurisprudence en la matière.

La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l'Europe, estime ainsi qu'Ankara a violé le droit au respect de la vie privée des requérants (article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme), tant pour ce qui est de la limitation de leurs droits de visite, que pour les restrictions posées pour leurs appels téléphoniques.

La Turquie est condamnée à verser à 16 de requérants des sommes allant de 1.500 à 2.000 euros au titre du dommage moral.

La CEDH, qui siège à Strasbourg (France), est l'organe chargé d'apporter une réponse judiciaire aux violations de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, ratifiée par les 46 Etats membres du Conseil de l'Europe. (AFP, 6 déc 2022)

Non à l'extradition des exilés vers la Turquie par la Suède soumise aux chantages d'Erdogan

Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 5 décembre 2022)

La semaine que nous avons clôturée fut l'anniversaire de deux des attaques les plus ignobles contre la presse libre dans l'histoire de la république de Turquie. Il y a exactement 77 ans, le journal Tan, qui était le héraut de la lutte pour la démocratie et la paix en son temps, a été réduit au silence par une foule de nationalistes et d'islamistes qui détruisirent sa rédaction et brisèrent ses machines à écrire et à imprimer. Il y a 28 ans, les bureaux d'Özgür Ülke, l'un des journaux les plus combatifs de l'époque, ont été bombardés simultanément à Istanbul et à Ankara.

L'attaque contre le journal Tan était l'œuvre du parti républicain du Peuple (CHP), qui était seul au pouvoir à l'époque... Le CHP, qui dans les années 30 déclarait fièrement sa proximité idéologique et stratégique avec le fascisme italien et le nazisme allemand à chaque occasion, avait organisé cette attaque ignoble dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, afin de prouver son anticommunisme et antisoviétisme et comment il ferait de la Turquie l'un des alliés américains les plus loyaux de la région.

Après cet événement en 1945, la Turquie devait être transformée en une semi-colonie des États-Unis en termes politiques, militaires et économiques par le biais d'une série d'accords signés les uns après les autres, et pendant le gouvernement du Parti Démocrate, toujours avec le soutien du CHP, la Turquie devait devenir le membre le plus loyal de l'OTAN.

Au moment où Özgür Ülke fut bombardé en 1994, Süleyman Demirel du parti de la juste voie (DYP), un fidèle vassal de l'impérialisme américain, était président et Tansu Çiller du même parti était première ministre. Comme l'a dit notre ami Hüseyin Aykol, l'un des dirigeants d'Özgür Ülke, qui s'est exprimé lors de la cérémonie commémorative de cette année, trois bâtiments distincts du journal ont été bombardés avec l'ordre personnel de la première ministre Tansu Çiller de "s'en débarrasser".

Oui, Tansu Çiller est la principale responsable de cette lâche attaque... Cependant, il ne faut pas oublier que le partenaire du gouvernement de coalition au moment de cette attaque était le SHP, le prédécesseur du CHP, et que son vice-premier ministre était Murat Karayalçın, le leader de ce parti. Après cela, le leader du CHP, Deniz Baykal, reprendrait le poste de vice-premier ministre et partagerait la responsabilité dans la politique de terrorisme d’État contre l'opposition.

Dans mon article publié dans Artı Gerçek, il y a deux semaines lors du lancement de l'opération Griffe-Epée contre le Kurdistan syrien, j'indiquais que depuis 1984, 18 opérations armées ont été menées dans le nord de l'Irak sous différents noms de code. Baskın Oran, dans son article intitulé "Question du PKK ou question kurde, ou...", également publié dans Artı Gerçek, souligne que lors des opérations Hakurk, Çelik, Atmaca, Şafak et Murat entre 1992 et 1998, les postes de vice-premiers ministres étaient occupés par le SHP et le CHP et que le Premier ministre était du DSP.

Hier, en regardant le meeting du leader du CHP, Kılıçdaroğlu, intitulé "Appel au deuxième siècle", je n'ai pu m'empêcher de me rappeler les événements du premier siècle du CHP.

Comme cela coïncidait avec le 77e anniversaire de l'attaque du CHP contre le journal Tan, j'ai pensé aux grands journalistes Sabiha Sertel et Zekeriya Sertel, qui ont dû quitter la Turquie après que leur journal ait été réduit au silence et que leurs moyens de subsistance aient été détruits, et qui ont dit adieu à la vie, alors qu'ils étaient en exil.

Je me suis souvenu de la triste photo de Sabiha Sertel que nous avions mise sur la couverture arrière de son livre "Comme un roman", que nous avions publié parmi les publications Ant en 1968... Cette grande femme de pensée et de combat a décrit en ces termes son départ du pays qu'elle ne reverrait plus jamais, le 9 septembre 1950, en raison de l'oppression abjecte dont elle était victime :

"Nous n'avons pas pu emporter un seul de tous nos écrits et magazines. C'était une chose douloureuse de quitter ainsi notre patrie, où nous nous étions battus pour le peuple pendant tant d'années. Mon cœur s'est effondré alors que je montais lourdement les escaliers de l'avion. Ce n'était pas un voyage habituel. Dans combien de temps pourrais-je revoir ma patrie bien-aimée, mon peuple, mes amis, mes frères et mes sœurs ?"

Sabiha Sertel, devenue apatride, ferma définitivement les yeux en Azerbaïdjan en 1968 sans jamais pouvoir revoir sa patrie.

Et les autres ?

Exactement un demi-siècle après avoir perdu Sertel, en 2021, n'avons-nous pas dit adieu à Ali Ertem et Doğan Akhanlı, qui étaient à l'avant-garde de notre lutte en exil ?

Et ceux avant...

Parmi la génération d'exilés qui nous a précédés, Nazım Hikmet repose à Moscou, Zeki Baştımar (Yakup Demir), Aram Pehlivanyan, Jak et Anjel Açıkgöz en Allemagne, İsmail Bilen en Bulgarie, et les cendres du professeur Fahrettin Petek ont été dispersées à la fois dans le Bosphore et au large de la Normandie.

Parmi les exilés de l'après-12 septembre 1980, Behice Boran est décédé en Belgique, Yılmaz Güney, Ahmet Kaya et Uğur Hüküm ont été enterrés au Père-Lachaise à Paris... Les cendres de Nihat Akseymen ont quant à elles rejoint les eaux de Marmara au large de Heybeliada.

Nubar Yalım aux Pays-Bas, Enver Karagöz et Teslim Töre en Allemagne, Garbis Altınoğlu en Belgique, Suphi Nejat Ağırnaslı et Nubar Ozanyan au Rojava, ont tous migré vers l’Éternité.

Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, militantes de la résistance nationale kurde, ont été lâchement assassinées en plein Paris le 9 janvier 2013 par un tueur à gages de l'État turc.

Alors que le meurtre de ces trois exilées kurdes reste sans suite depuis neuf ans, que la responsabilité de l'État turc a été couverte, une chasse aux exilés visant des dissidents en Suède et en Finlande a été lancée via le chantage de ce même État turc.*

Et la première victime de cette chasse à l'exil, Mahmut Tat, un demandeur d'asile kurde, a été arrêté en Suède le vendredi 2 décembre 2022 et ramené en Turquie, où il fut livré au terrorisme d'État.

Deux jours avant cette opération, les médias turcs ont rapporté que la déclaration publiée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN du 30 novembre "condamne le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations et exprime sa solidarité avec la Turquie qui pleure les pertes de vies humaines à la suite des horribles attentats terroristes récents".

Oui, il y a exactement cinq mois, lors du sommet de l'OTAN à Madrid, Erdoğan a conditionné l'approbation de la demande d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN à l'extradition d'exilés politiques, dont l'écrivain-journaliste Ragıp Zarakolu, vers la Turquie.

Suite à l'extradition de l'exilé kurde Mahmut Tat par la Suède vers la Turquie, première victime, l'Assemblée européenne des exilés (ASM)** a publié la déclaration suivante :

"L'extradition de Mahmut Tat vers la Turquie est une attaque manifeste contre les droits des réfugiés et les droits de l'homme, un exemple audacieux et éhonté du non-respect du droit et de mépris du droit des réfugiés.

"La décision d'extradition est tout à fait conforme aux politiques occidentales de guerre, de faim et d'exploitation contre les peuples du monde, mais elle est diamétralement opposée aux masques de la démocratie et aux principes des droits de l'homme qui tentent de couvrir ces politiques.

"Apparemment, la volonté de la Suède d'adhérer à l'OTAN, qui est une organisation de guerre, et ses négociations avec la Turquie dans ce sens ont été une justification pour la Suède de jeter son masque sans difficulté.

"Cette décision ignore le fait que les dissidents en Turquie sont facilement accusés et condamnés comme 'terroristes' lorsqu'ils exercent leurs droits les plus fondamentaux et s'opposent aux violations des droits et à un gouvernement répressif.

"Les milliers d'années de la culture et du droit d'asile au sein de l'humanité, la Convention de Genève sur les réfugiés de 1951, la Convention européenne des droits de l'homme qui interdit la torture et les traitements cruels, la Convention des Nations unies contre la torture et le Pacte relatif aux droits civils et politiques, de nombreuses conventions internationales, la jurisprudence des tribunaux nationaux et internationaux, l'accumulation et l'expérience progressiste de l'humanité sont ignorées avec cette extradition.

"Il est entendu que dans cette nouvelle ère, dans laquelle les États prédateurs qui exploitent la planète accélèrent leurs politiques de guerre et de conflit pour résoudre leurs contradictions et leurs rivalités, les droits de l'homme et le droit seront de plus en plus violés, et les masques sur leurs visages seront perçus comme un fardeau, et retirés en conséquence.

"Plus que jamais, il est de notre devoir d'être vigilants, de nous opposer et de dénoncer les décisions d'extradition et de rejet des demandeurs d'asile politique, que nous avons vues en Suède, mais aussi en Allemagne, en Autriche et dans les pays d'Europe de l'Est, et d'utiliser les demandes faites aux autorités administratives et judiciaires de la manière la plus efficace à cette fin, d'embrasser, de protéger et d'accroître la lutte pour les principes de la démocratie et des droits de l'homme en Europe avec les migrants et les autochtones.

"Nous dénonçons la Suède et le fascisme et l'abjection en termes juridiques qui se cachent derrière cette décision et nous appelons tout un chacun à intensifier la lutte !"
 
Bien sûr, avant les défenseurs de la démocratie et des droits de l'homme dans les États membres de l'UE et de l'OTAN, l'opposition en Turquie devrait entendre l'appel de l'ASM et passer à l'action pour faire le nécessaire.
 
La table de discussion des six partis d'opposition, qui n'a fait aucune proposition pour une solution pacifique de la question kurde dans son projet de nouvelle constitution qu'elle a annoncé en grande pompe, et le CHP, qui a organisé la veille une manifestation nommée "Appel au deuxième siècle", vont-ils élever la voix face à cette opération inhumaine contre les exilés politiques ?

Compte tenu de leur soutien ouvert ou tacite à l'opération militaire Griffe-Epée de Tayyip Erdoğan, nous n'y croyons pas, mais nous attendons de voir.


Seventy-three prisoners died in Türkiye's prisons in a year

At least 73 prisoners, including three women, died in prisons across Türkiye between December 1, 2021 and December 1, 2022, according to a report prepared by a Peoples' Democratic Party (HDP) deputy.

Thirty-nine of the deceased had illnesses and 34 of them killed themselves according to the authorities, in what MP Ömer Faruk Gergerlioğlu called "suspicious deaths."

"Prisoners lose their lives because there are no sufficient means of physical or psychological treatment. The situation is very bad in prisons and deaths may increase in terms of ill prisoners. I should also stress that suicides may also increase due to physical and psychological reasons," he said today (December 2) at a press conference at the parliament.

According to the Human Rights Association, there are 1,517 ill prisoners across Türkiye, with 651 of them seriously ill. (BIA, 2 Dec 2022)

Allegations of severe torture in İstanbul

Gülten Matur was sent to the courthouse this morning for a health check. She told her lawyer that she was taken into custody a week ago and was subject to severe torture, such as falaka (foot whipping), strappado, electric shocks and brutal beatings.

Her lawyer Seda Şaraldı said she saw traces of torture on her body.

"She was detained on November 20 and told that she was tortured by batons, electricity, and brutal beatings. Her body has signs of severe torture. She was kept in a padded cell. She said that the place where she was held was in İstanbul, but she did not know where it was because her face and eyes were covered. Those who tortured her were also wearing ski masks."

Doctor's report

The doctor's report prepared after the examination as part of the detention proceedings stated the following:

"Swelling and bruising on the nose, swelling and bruising in both zygomatic regions, cuff marks on both wrists, 20x10 cm, 15x10 cm, 10x10 cm ecchymoses in the left leg anterolateral region, 2 2x2 cm wounds on the left ankle posterior, left knee anterior 4x4 cm bruise, 6x6 cm bruise on the back, 8x8 ecchymosis in the right gluteal region, 6x6 cm and 4x4 bruises in the anterolateral region of the right leg, 4x5 ecchymosis in the left shoulder, two times 2x2 and one time 3x3 ecchymosis in the upper part of the left arm, 2x2 cm ecchymosis in the upper left chest. Numerous 1x1 bruises on the right forearm, numerous 1x1 bruises in the abdomen, hyperemia in the left ear, existing eardrum perforation."

Arrested and released

The state-run Anadolu Agency (AA) and the pro-government media reported yesterday (November 28) that the top executive of the Revolutionary People's Liberation Party-Front (DHKP-C) in Türkiye was nabbed.

Matur was detained based on "being a member of an armed terrorist organization" and taken in by a joint operation of MİT (National Intelligence Organization) and the police department.

The People's Law Office (HHB) said in a statement, "In the case of Matur, who was arrested on the same charge in 2017 on the basis of statements by a confessor and was subsequently released, the prosecutor gave the opinion that she should be acquitted of 'managing an organization.'

"The tortures inflicted on our client can be seen even with the naked eye." (BIA, 29 November 2022)

Opposition alliance announces constitutional amendment proposal

Six political parties constituting the opposition alliance, or the 'Table of 6', announced the Constitutional amendment proposals they agree upon for the Strengthened Parliamentary System they propose in Ankara today (November 28).

The leaders of the six parties, Kemal Kılıçdaroğlu, Ali Babacan, Gültekin Uysal, Ahmet Davutoğlu, Meral Akşener and Temel Karamollaoğlu participated in the meeting held in Bilkent Hotel in Ankara.

The commission that prepared the proposal will be visiting the bars of lawyers, NGO's, occupational organizations, the business world, trade unions, women's and youth organizations.

The amendment proposal of 84 articles emphasizes separation of powers. The new system aims to have an effective and participatory legislation, a stabilized, transparent and accountable execution and an independent and impartial jurisdiction.

The outstanding points in the text agreed upon are as follows:

President will not be party member at same time

"The President will be elected by the public for 7 years and will resign from political party membership after being elected. A president whose term has expired will not be able to run for elections for any other political task. The Speaker of the parliament will substitute the President. The President will no longer have veto power on laws but the right to send back to the parliament in order to be debated again.

Not 'duty' but 'freedom'

"The proposal is ridding the Constitution of the concepts that emphasize the basic rights as "duties" and limits the freedoms with the concept of a duty. A libertarian mentality is given to the Constitution. Traces of authoritarian mindset are removed. The expression "basic rights and duties" as it is present in the Constitution is changed with "basic rights and freedoms."

Basic function of the state: Protecting human dignity

"The following is included in the first article of the Constitution regulating the basic rights: 'Human dignity is untouchable and is the foundation of the constitutional order.' Thus the Constitution is given a point of view that is based on human dignity. It is emphasized that the basic function of the state is to protect human dignity and to respect the same.

Animal rights in Constitution for the first time

"With an amendment made in article 56 of the Constitution, the right to health and the right to environment is regulated again and animal rights are granted a constitutional guarantee for the first time.

Violence against women: Convicts will not be able to be elected MP

"Even if pardoned, convicts for sexual assault, sexual abuse of children, wilful injury of women and offence of using fraud or trickery in the fulfillment of execution will not be eligible for standing as a candidate in parliamentary elections.

YÖK will be abolished

"The Council of Higher Education will be abolished. Another council will be set up that will be a planning and coordination council not violating the academic, administrative and financial autonomy of the universities.

Decree laws of State of Emergency period will be repealed

"Decree laws of the State of Emergency period following the coup attempt in 1915 will be repealed. State of emergency will be regulated with a State of Emergency Law and this law and the administrative actions and procedures arising from this law will be remediable.

Withdrawing from International Agreements

"The condition for withdrawal from an international agreement to which Türkiye is a party to is regulated clearly in the Constitution." (BIA, 28 November 2022)

Violences contre les femmes: des dizaines de manifestantes arrêtées en Turquie

Des dizaines de manifestantes rassemblées pour célébrer la Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes ont été arrêtées vendredi à Istanbul, a constaté l'AFP.

Le rassemblement convoqué sur l'emblématique place Taksim, qui n'avait pas été autorisé, a été dès la fin d'après-midi empêché par l'établissement de barrières et de grilles barrant les rues dans un vaste périmètre commençant sur les rives du Bosphore, et par un impressionnant déploiement de policiers anti-émeutes.

A l'appel de la "plateforme du 25 novembre", coalition de mouvements féministes, les manifestantes réunies par centaines, parfois voilées, ont entonné en turc et en langue kurde, "Femme, Vie, Liberté", reprenant le mot d'ordre des Iraniennes en lutte contre le régime des mollahs.

Bloquées par un cordon de police en contrebas de la place Taksim, un groupe de militantes a déployé une banderole face aux policiers clamant: "Pour notre liberté nous ne resterons pas silencieuses, nous n'abandonnons pas le cours de nos vies, nous ne plions pas devant la violence patriarcale".

D'autres calicots appelaient à refuser "l'esclavage domestique" ou: "Les barreaux pour les meurtriers, pas pour les femmes!".

"La police qui n'intervient pas contre les auteurs de violences sur les femmes ont fermé toutes les rues menant à Taksim au nom de la sécurité", s'est insurgée Yesim Tukel, membre de la plateforme du 25 novembre.

"Nous n'avons pas peur de cette violence: nous sommes ici pour dire que nous ne nous soumettrons pas et nous ne tairons pas, ni face à la sainte famille, ni face à l'Etat", a assuré pour sa part une autre militante, Burcu Gulcubuk.

"Ce pays est à nous, ce monde est à nous, le 21è siècle est le siècle des femmes et rien ne peut y changer", a-t-elle ajouté.

Face à la répression qui s'abat sur la plupart des rassemblements publics, les femmes et les mouvements LGBT sont les derniers à convoquer de vastes manifestations en Turquie. (AFP, 25 nov 2022)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkish Cypriot journalist sues Turkey at ECHR for rights violation

Sener Levent’s lawyer said Turkey has violated Article 10 of the European Convention on Human Rights and also “judicially harassed” the journalist for repeated criminal cases filed against him

Prominent Turkish Cypriot journalist Sener Levent, the editor-in-chief of the left-wing Avrupa newspaper has filed a lawsuit against Turkey at the European Court of Human Rights (ECHR) for violating his right of freedom of expression.

Levent’s lawyer Oncel Polili said Turkey has violated Article 10 of the European Convention on Human Rights, an article stating that “everyone has the right to freedom of expression”.

Polili also said that Sener was “judicially harassed” by Ankara for the repeated criminal cases filed against him, Cyprus Mail reported on Tuesday.

A Turkish court in May has sentenced opposition journalist Levent to one year in prison for “insulting” Turkish President Recep Tayyip Erdogan over a cartoon published in Avrupa newspaper in 2017. The cartoon depicted an ancient Greek statue urinating on Erdogan’s head.

In 2019, Levent was tried and acquitted by a Turkish Cypriot court in the same case, when the Turkish ambassador to the Northern Cyprus had brought the charges against him. However, Turkey who didn’t recognize the Turkish Cypriot court’s ruling, filed another case in Ankara on same charges.

“This right shall include freedom to hold opinions and to receive and impart information and ideas without interference by public authority and regardless of frontiers,” Levent’s lawyer said.

In 2018, Levent also faced assassination attempts by angry mobs when hundreds of protesters attacked the offices of the newspaper in capital Nicosia, after he criticized Turkey’s military operation into Syria’s Afrin in an article. The attack came after Erdogan denounced the newspaper as “cheap and nasty” and called on Turkey’s “brothers” in North Cyprus to give the “necessary response” to Sener Levent.

Currently, there are a total of seven criminal cases pending against Levent in Turkish Cypriot courts and another three in Turkish courts, Cyprus Mail said, citing an article published on Avrupa newspaper.

The Turkish Cypriot administration was established in the northern third of Cyprus after Turkey’s invasion of the island in 1974, in response to a Greek Cypriot coup d’etat, aiming to unify the island with Greece (ENOSIS).

Internationally recognized Republic of Cyprus, governed by the Greek Cypriots, controls the south of the island, and the Turkish Cypriots, the north. The administration in the northern part of Cyprus is only recognized by Turkey. (gerceknews, 28 December 2022)

Composer and songwriter of 1st of May march passes away

Sarper Özsan who both composed and wrote the lyrics of the 1st of May march very popular in Türkiye passed away at the age of 78.

Written in 1974, the march was banned at the time and became very popular on the 1st of May of the year 1977.

"What the days bring today is oppression, cruelty, and blood
But this will not go on as such, exploitation will not last
A brand new life will come, for us and for everyone," says the lyrics of the march.

The march is most popular with its interpretations by Timur Selçuk and Cem Karaca

Özsan first took mandolin lessons from Kemal Eroğlu and graduated from the Ankara conservatory composition department in 1969.

He started to work at TRT, the Television and Radio Institution of the time in 1970, the single public television and radio company of the country at the time. He was arrested in 1971 and stayed in prison for 20 months. He then worked at the İstanbul Conservatory and returned to TRT in 1978. Taken away from his duty in the executive board of TRT in 1982 he returned to the institution again in 1990 after a supreme court decision.

Özsan trained the Aydınlık chorus in 1977 composed of workers, villagers, and students, and gave many concerts in different parts of the country.

He also composed soundtracks for different films and received the Best Music award with his work for the Av Zamanı (Hunting Time) film in 1989 at the 2ne Ankara Film Festival. (BIA, 21 December 2022)

Documentary filmmaker Sibel Tekin arrested for 'filming police car'

Sibel Tekin, a documentary filmmaker and journalist, was taken under custody at around 02.00 a.m. on December 16 and was remanded in custody the next day.

Tekin was taken into custody upon the complaint from police officers after their police car entered her frame while shooting for a documentary on daylight saving time. She was expected to be released on Saturday after her statement was taken but her detention period was extended on grounds of "examination of the digital materials."

She was sent to court on Sunday with the prosecutor requesting that she should be remanded in custody.

Known as "memory of Ankara"

The court decided that Sibel Tekin should be remanded in custody.

It was reported that questions were addressed to Tekin while giving her statement at the prosecutor's office on her shoots in Dersim in 2013 and that Tekin was remanded in custody, charged with "organization membership."

Tekin was the producer of Beyaz Motorsiklet (The White Steed of Revolution). She witnessed and documented many social movements, actions, and demonstrations such as the Tekel strike, the Gezi Park protests, and the October 10, 2015, Ankara bombings. She has many documentaries.

Colleagues calling for her immediate release

Professional organizations of documentary filmmakers and journalists as well as many of her colleagues denounced Tekin's arrest and called for her immediate release.

The association of Documentary Filmmakers (BSB) issued a statement saying "The documentary filmmakers want their friend back."

BSB said in its statement, "Our freedom of information and communication and our right to shoot pictures in public and to broadcast
are granted in the Constitution. Keeping archives of our shootings, our montaging, and the documents we attain in order to transfer them to the next generations is our professional responsibility. Sibel is doing this not on behalf of anyone else but on behalf of reality."

BSB also asked in their statement, "Do you have to punish everyone who is trying to do something good for our children, for our young people?"

Progressive Journalists Association (ÇGD) tweeted, "Documentary filmmaker #SibelTekin was taken into custody. This is an assault not only on a journalist, not only on the right to freedom of information; but also on the "memory" of peaceful gatherings and demonstrations!"

She should be released immediately and her archive seized should be returned without one second lost!"

Altyazı Fasikül: Free Cinema Association said in tweet, "#SibelTekin who was taken into custody while shooting for her new documentary in Ankara after the police who entered her frame made a complaint was remanded in custody yesterday night. Tekin is known as "the memory of Ankara." She told the story of the Human Rights Memorial in our series From Below."

The collective tweeter account of the lawyers of the October 10, 2015, Ankara law case also shared a tweet. The lawyers of the case said here, "Documentary filmmaker and journalist Sibel Tekin who is part of our search for justice, recording our legal struggle is not alone."

On October 10, 2015, two bombs detonated outside the Ankara central railway station while thousands were gathering for a demonstration demanding peace killing 107 civilians, in the deadliest terror attack in the history of Türkiye. (BIA, 19 December 2022)

Number of jailed journalists spikes to new global record

It’s been another record-breaking year for the number of journalists jailed for practicing their profession. The Committee to Protect Journalists’ annual prison census has found that 363 reporters were deprived of their freedom as of December 1, 2022 – a new global high that overtakes last year’s record by 20% and marks another grim milestone in a deteriorating media landscape.

This year’s top five jailers of journalists are Iran, China, Myanmar, Turkey, and Belarus, respectively. A key driver behind authoritarian governments’ increasingly oppressive efforts to stifle the media: trying to keep the lid on broiling discontent in a world disrupted by COVID-19 and the economic fallout from Russia’s war on Ukraine.

In Iran, dozens of journalists are among the estimated 14,000 Iranians arrested during the crackdown on protests sparked by the death in police custody of Mahsa Amini, a 22-year-old Kurdish woman arrested for allegedly breaking Iran’s hijab law. Since September, the demonstrations have spread nationwide, with protesters broadening demands for women’s rights to calls for strikes and the overthrowing of Iran’s leaders. Authorities have imprisoned a record number of female journalists – 22 out of the 49 arrested since the start of the protests are women –  a reflection of the prominent role they’ve played in covering thiswomen-led uprising.

 Iran’s crackdown on nationwide protests has made it the world’s worst jailer of journalists in 2022. Many are being held in Tehran’s Evin prison. (Majid Asgaripour/WANA [West Asia News Agency via Reuters)

In China, authorities tightened online censorship during recent protests over the government’s zero-COVID lockdown policies and several journalists are reported to have been briefly detained while covering the demonstrations.

CPJ’s data also highlighted another theme: the ongoing repression of minorities.

In Iran, Kurds have borne the brunt of the Iranian government’s retaliation against the protests, and at least nine Kurdish journalists are among those in jail. In Turkey, authorities arrested 25 Kurdish journalists working either for the Mezopotamya News Agency, the all-female JINNEWS outlet, or production companies that made content used by Kurdish outlets in Europe. In Iraq, all three journalists on this year’s census are jailed in  Iraqi Kurdistan. And in China, many imprisoned journalists are ethnic Uighurs from Xinjiang, where Beijing has been accused of crimes against humanity for its mass detentions and harsh repression of the region’s mostly Muslim ethnic groups.

Imprisoning journalists is just one measure of how authoritarian leaders try to strangle press freedom. Around the world, governments are also honing tactics like “fake news” laws, are using criminal defamation and vaguely worded legislation to criminalize journalism, are ignoring the rule of law and abusing the judicial system, and are exploiting technology to spy on reporters and their families.

In Turkey, where the Constitutional Court ordered a retrial for Hatice Duman – already 20 years into a life sentence – the journalist told an Istanbul court this month that prison officials had confiscated her legal documents and notes several weeks ahead of the trial, thereby violating her right to prepare for her defense. (Earlier, Duman told a CPJ in an interview that personal possessions like her desk, books, diary, and even blank pieces of paper were also taken in the ward raid.) (CPJ, December 14, 2022)

Turkish journalist Sinan Aygül arrested under new ‘disinformation’ law

Turkish authorities should immediately release journalist Sinan Aygül and reform the country’s new anti-disinformation law to ensure that it is not used to harass and imprison members of the press, the Committee to Protect Journalists said Thursday.

On Wednesday, December 14, authorities in the eastern province of Bitlis arrested Aygül, chief editor of the privately owned local news website Bitlis News and chair of the Bitlis Journalists Society, for allegedly spreading false information online, according to news reports and court documents reviewed by CPJ. He is being held pending trial, according to those sources.

On Tuesday, Aygül had tweeted allegations about a sexual assault case in Bitlis; on Wednesday morning he deleted the tweets and posted an apology saying that he had been mistaken. Aygül frequently posts reporting and news commentary on his Twitter account, where he has about 18,000 followers.

“Journalists may make mistakes like anyone else, but sharing and correcting an unconfirmed report should not result in a journalist facing years in prison,” said CPJ Europe and Central Asia Program Coordinator Gulnoza Said, in New York. “Turkish authorities should release Sinan Aygül immediately and ensure that members of the press do not face criminal prosecution for their work.”

Following his tweets, which alleged that a police officer and a soldier were suspects in the sexual assault, and his apology, which said that he had been misinformed, Bitlis police raided the journalist’s house and took him into custody.

Authorities allege that tweets Aygül posted Tuesday violated an amendment added to the country’s penal code in October, which carry prison terms of one to three years for those convicted of publicly spreading false information that causes concern, fear, or panic, those court documents said.

The journalist pleaded not guilty, according to those documents. Aygül is the first journalist that CPJ has documented as being prosecuted under the new criminal amendment.

CPJ emailed the Bitlis chief public prosecutor’s office for comment, but received no reply. (CPJ,  December 15, 2022)

Journalist goes to top court once again after local court refuses to recognize its ruling

Sentenced to compensation by a local court for insulting a politician then recently elected MP from the ruling party, Hacı Boğatekin went to Constitutional Court where he won the case. However, he has to return again to the Constitutional Court now for the same case since the local court has not recognized the decision of the top court.

On September 9, 2011, Hacı Boğatekin, publishing a newspaper in Adıyaman in southeast Türkiye called Gerger Fırat, wrote an article about Mehmet Metiner who was elected an MP in the elections held that year on June 12.

Metiner, a journalist, writer, and politician born in Adıyaman, had served as the editor-in-chief in various magazines of the Islamic circles in Türkiye before and in 2000-2001 he was the vice-president of HADEP, an antecedent of the People's Democratic Party (HDP) of today.

The title of Boğatekin's article on Metiner was "Son Memo... Who are you?" and he was quoting the words of an ex-lead writer of Akit daily, Hüseyin Üzmez for Metiner saying, "Are you a renegade or are you a cow ("dönek" or "inek" in Turkish).

Further in his article, he wrote, "Really what are you? First Istanbul Metropolitan Municipality. Then the Fazilet Party. Then, Vice President of HADEP. And now the Justice and Development Party... So what are all these about?"

Metiner sued Boğatekin for the article. The court in İstanbul ruled for a compensation penalty of 3,500 lira in January 2013 which the Court of Cassation approved in 2014.

Boğatekin took the case to the Constitutional Court (AYM) where the judgment was overturned in 2017. The Court ruled that saying "Are you a renegade or are you a cow" was not an insult.

In the ruling of the high court, it was accepted that the expression was offending, shocking, and disturbing. However, it was stated that "the limits of criticism acceptable for the complainant who is a public character are broader than an ordinary person" and argued that giving penalties for critics towards politicians would have a "dissuading effect," causing different voices in the society to be silenced and ruled that there was a violation of freedom of press and freedom of expression on the side of Boğatekin.

The court also ruled that Boğatekin should be paid a compensation of 3,600 lira.

Local court did not recognize the ruling

Following the ruling Hacı Boğatekin went to the local court for a re-trial. However, the local court did not recognize the supreme court ruling and rejected the request for a re-trial.

There had been two other cases where the local courts did not recognize Constitutional Court rulings, one on Republican People's Party MP Enis Berberoğlu, and another on the Peace Academicians.

Boğatekin went to the Court of Appeals which also approved the local court's rejection of re-trial, saying "it is not obligatory to practice the Constitutional Coourt ruling."

"Retrial is obligatory after Constitutional Court ruling"

Following this decision by the Court of Appeals, Hüseyin Boğatekin, Boğatekin's lawyer again went to Constitutional Court.

Lawyer Hüseyin Boğatekin told bianet that there was no judgment in the template of judgments of the supreme court for re-trial, but that according to the Constitution, the courts were obliged to rehear the cases.

Boğatekin also told bianet that the Constitutional Court was now indicating "in order for the case to be reheard" now due to the confusion this situation is causing and said, "This is causing unjust suffering. The courts are resisting AYM rulings. However, they do not have the authority to do this. And AYM does not have to write a judgment for retrial. A retrial has to be carried out in any case, it is a clear legal obligation to follow the AYM rulings." (BIA, December 12, 2022)

Freedom of expression report: 67 people sentenced to 299 years in one year in Turkey

The Media and Legal Studies Association (MLSA), a non-profit institute focused on freedom of expression, press and information in Turkey, has published its Case Monitoring report from September 1, 2021 to July 20, 2022. According to the report, an inordinate number of journalists were sentenced to a combined total of 299 years, 2 months and 24 days in prison, daily Birgün reported on Dec. 7.

In its assessment, MLSA said, "Compared to previous reporting periods, there has been a radical increase in prison sentences in cases decided during this period. In addition to the higher profile aggravated life sentences given to rights defender Osman Kavala and to journalist Rojhat Doğru — reflecting the pressure on freedom of expression and the increasing will of the courts to punish with the changing political conjuncture — 67 people tried in 41 cases decided during this period were sentenced to a total of 299 years, 2 months and 24 days in prison."

The report, which was introduced on Dec. 6 in the central Istanbul district of Beyoğlu, presented data on 446 hearings of 210 cases from 23 different cities across Turkey. According to the data, the cases in which the most news and social media posts were cited as evidence involved journalists being tried on terrorism charges. Stating that there has been an increase in cases filed against peaceful assemblies and demonstration marches, the report also pointed out that prosecutors and courts of first instance have not implemented the decisions of the Turkish Constitutional Court (AYM) and the European Court of Human Rights (ECHR).

The report stated that the accusation of "propaganda for an organization" featured in 62 cases and that 143 journalists were tried on this charge. Journalists were tried in 38 of the total 44 cases in which the accusation of "membership of an organization" was directed, with 132 journalists overall having appeared before a judge with this accusation. According to the data in the report, the news and social media posts written by journalists in these cases were cited as evidence for the accusations.

Journalists were most often accused of "terrorism" by 38 percent. This was followed by insulting the president with 10 percent and insulting the president with 7 percent.

According to the report, there are currently 59 journalists and media workers in prisons. The number of journalists on trial during this period was recorded as 318 and the number of those in pre-trial detention as 12.

In terms of geographical distribution, Istanbul, with 238 cases, was the region with the most cases. This was followed by the predominantly Kurdish city, Diyarbakır with 73 cases, and the capital city, Ankara, with 32.

During this period, 56.4 percent of such trials involved journalists. Rights defenders and activists followed journalists with 9.1 percent.

Of those tried in 90 different cases, 53.9 percent were charged with making propaganda for a terrorist organization, 39.1 percent on membership of a terrorist organization, 4.3 percent on revealing the identity of persons involved in the fight against terrorism, and 0.9 percent on opposing the Law on the Prevention of the Financing of Terrorism. Of the thousand 398 people on trial, their news, articles and photographs taken and social media posts were mainly cited as evidence.

In the near one-year period, 34 people were tried in 29 cases filed on charges of "insulting the president" and it was stated that these cases targeted journalists the most. According to the report, 18 journalists appeared before a judge on charges of "insulting the president." In the years since Recep Tayyip Erdoğan moved from Prime Minister to President in 2014, thousands have been charged and sentenced for “insulting the president.” Turkey changed from a parliamentary to a presidential system in 2018.

Noting that in 19 cases related to the accusation of insulting the president, social media posts alone were presented as evidence against the defendants, the report stated that in 14 of these cases, the evidence was obtained through the "virtual patrol" method. Beyond simply controversial, this method was declared unconstitutional by a AYM ruling on February 19, 2020, which cancelled the relevant article of the law. Despite this, the report shows that 8 indictments prepared in the dates after the AYM decision and including evidence obtained by the "virtual patrol" method were accepted by the courts.

MLSA stated that the decision-makers did not apply the case law in favor of those on trial, and said, "As in the Gezi Case, which was the most popular case in this period regarding the 11-month period, judges, court committees and prosecutors exhibited attitudes that constituted a violation of the right to a fair trial. Judges have ruled in disregard of established jurisprudence, particularly the AYM and the ECHR; it was seen that the prosecutors also demanded punishment with the opinions on the merits they submitted without taking into account the evidence and facts in favor of the people on trial." (Duvar English, Dec 9, 2022)

Academic freedom is diminishing in Turkey

Yesterday evening (December 7) Ministry of Family and Social Services announced that they are going to intervene in the lawsuit concerning the allegations that H.K.G., the daughter of the founder of the Hiranur Foundation was married at the age of 6 and sexually abused by the man she was married to.

The ministry said in the press statement announced at 18 p.m. last night, "It was considered necessary to make the following statement regarding the news stating that H.K.G. has been sexually abused at the age of 6 published in some news outlets."

"Our ministry will follow the judicial process carefully and give the victim all kinds of legal support in the following period as we have done in the past."

First reported on Saturday

Timur Soykan from Birgün daily newspaper first reported the case on Saturday (December 3) which involves child marriage and sexual abuse.

In Soykan's article, it was reported that Yusuf Ziya Gümüşel, who is the founder of the Hiranur Foundation linked to the İsmailağa sect let his daughter H.K.G. be systematically subjected to sexual abuse by an adult man who is a member of the sect and also their neighbor, engaged his daughter with this person at the age of 13 and married her to him at the age of 14, that she gave birth at the age of 17. Her official marriage was made when she was 18.

Accordingly, H.K.G. went to court after her divorce in 2021 and opened a sexual abuse case. When her family, accused of permitting the sexual abuse, and the offender denied the allegations, H.K.G. submitted to the court her photographs with these persons at the age of 6 and 13 as evidence.

Soykan wrote a follow-up report yesterday (December 7) where these photographs were also published.

"Project to affront people with Islamic values"

An announcement was posted on social media, signed Yusuf Ziya Gümüşel which said, "The article published on December 3, 2022, in BirGün newspaper and internet news portal by 'Timur Soykan' is the product of a project prepared in order to affront the people who have Islamic values and belief while targeting myself and our family by publishing the allegations in a case in which the trials have not started.

"Our daughter making these allegations was married at the age regarded as full age by the civil code, in compliance with Islamic and legal rules and there has not been any pressure on her either from our family or anyone else."

Reactions from political parties

Justice and Development Party (AKP) spokesperson Ömer Çelik also tweeted at the same hours as the announcement from the Ministry and said that they damned the abuse of children and that they would be by the victim and give all kinds of support. "We are by the victim, whoever the victim is and we are against the guilty, whoever the guilty is," he wrote.

There were strong reactions from many people including the opposition parties on the issue yesterday throughout the day.

While People's Democratic Party spokesperson Meral Danış Bektaş brought the issue up in the parliament and asked why the defendants were standing trial without arrest, Türkiye Worker's Party (TİP) members organized a protest in front of the Hiranur Foundation building in Sancaktepe, İstanbul.

Bektaş said that an immediate investigation should be started about "the person who ruled for a "decision of non-prosecution" in this "very severe case."

İYİ (Good) Party leader Meral Akşener said they would not let this "meanness" be whitewashed while Republican People's Party (CHP) leader Kılıçdaroğlu said "Who does this, who permits it, and who establishes the system for it, are all dishonorable.

Ali Babacan, leader of The Democracy and Progress (DEVA) Party tweeted and said, "Abuse to a child of 6 is lowness, it is cruelty. The name for this is clearly rape. We are behind H.K.G. who is seeking justice with all our strength." (BIA, 9 December 2022)

La Turquie renforce son arsenal contre la presse avant les élections

"Une arme de plus contre nous": à quelques mois d'élections cruciales en Turquie, le gouvernement a renforcé son arsenal répressif déjà bien garni contre la presse et l'opposition, s'inquiètent journalistes et activistes.

"La loi sur la désinformation, c'est une arme de plus contre nous dans l'arsenal du gouvernement", déplore Gokhan Bicici, rédacteur en chef du site d'information indépendant dokuz8NEWS, à Istanbul.

"Ils avaient déjà des armoires pleines de fusils et des dizaines d'outils et d'armes à leur disposition" pour réduire au silence les médias, indique-t-il à l'AFP depuis son bureau sur la rive asiatique de la ville.

Il cite notamment "l'insulte au président", accusation qui a permis ces dernières années de poursuivre des dizaines de milliers de voix critiques - étudiants, sportifs et même une ancienne Miss Turquie.

En octobre, le Parlement turc a adopté une nouvelle loi qui punit la diffusion de "fausse nouvelle" jusqu'à trois ans de prison, sans définir ce qui peut constituer une fausse information...

Le parti AKP (islamo-conservateur) et ses alliés nationalistes du MHP, majoritaires au Parlement, ont voté des amendements jugés "dangereux" et même "dystopiques" par les défenseurs des droits civils.

- "Pouvoir discrétionnaire" -

Pour le spécialiste du droit numérique Yaman Akdeniz, cette loi accorde "un large pouvoir discrétionnaire aux autorités" avec un risque patent d'arbitraire en période pré-électorale.

"Il n'est donc pas surprenant que la première personne poursuivie à ce titre soit le chef du principal parti d'opposition", relève-t-il.

Probable candidat à la présidentielle de juin 2023 face au chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kilicdaroglu, patron du CHP, est poursuivi pour avoir accusé sur Twitter le gouvernement d'être responsable de "l'épidémie de méthamphétamine" qui frappe la Turquie.

M. Erdogan a ardemment défendu la loi, dénonçant les réseaux sociaux "sans limite, ni moralité, ni éthique qui attisent la polarisation et le feu de la haine".

Il s'était pourtant lui-même appuyé sur Twitter pour mobiliser ses partisans lors de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

Avec la loi sur la désinformation, "le gouvernement pourra exercer un contrôle considérable sur les médias sociaux", redoute Emma Sinclair-Webb, représentante de Human Rights Watch.

"La loi (les) place dans une position très difficile: soit ils se conforment et suppriment des contenus; soit ils divulguent les données de leurs utilisateurs sous peine d'énormes amendes", détaille-t-elle.

Entré en vigueur alors que la cote du chef de l'Etat était au plus bas à cause de la crise économique et d'une inflation dépassant les 80%, le texte permet aux autorités de suspendre internet ou de restreindre l'accès aux réseaux sociaux comme après l'attentat du 13 novembre à Istanbul (six morts, 81 blessés).

- "Davantage de pression" -

Dans le viseur également, les journalistes et médias kurdes: Fatma Demirelli, directrice de l'ONG de soutien à la liberté d'expression P24, cite "de nouvelles arrestations visant un grand nombre de journalistes depuis cet été".

"Nous craignons que cette nouvelle loi (...) n'aggrave encore la situation", assure-t-elle à l'AFP.

Fin octobre, neuf journalistes ont été interpellés à Istanbul et d'autres villes du pays dont Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde, accusés de liens avec des mouvements qualifiés de "terroristes", comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) auquel les autorités ont attribué l'attentat d'Istanbul.

Ce qui a porté à 76 le nombre de journalistes derrière les barreaux en Turquie, selon le décompte de la plateforme de surveillance de la liberté de la presse, Expression Interrupted.

Reporters Sans Frontières classe pour sa part la Turquie au 149e rang - sur 180 pays - de son index sur la liberté de la presse.
 Fatos Erdogan, journaliste de dokuz8NEWS, affirme que les reportages sont de plus en plus difficiles.

"Nous avons déjà été victimes de violences mais j'ai le sentiment qu'il y aura davantage de pression", croit-elle, se disant "inquiète pour notre sécurité".

"Poursuites et menaces font partie de notre quotidien", confirme son rédacteur en chef, Gokhan Bicici.

"Désormais, se montrer prudents et éviter autant que possible d'être une cible est la principale préoccupation des journalistes en Turquie, même pour les plus libres d'entre eux", ajoute-t-il. (AFP, 2 déc 2022)

Journalist Engin Eren sentenced to prison for 'aiding a terrorist organization'

Engin Eren, formerly a reporter for the now-shuttered Dicle News Agency (DİHA) has been sentenced to 3 years, 1 month and 15 days in prison for "aiding an illegal organization while not being a member of it."

Eren was among the 31 defendants who were put on trial for "being a member of a terrorist organization," "violating the Law on Military Forbidden Zones and Safe Zones," and "violating the Law on Gatherings and Demonstrations."

The case concerns a 2015 sit-in protest against the conflict in the country's Kurdish-majority regions.

The 34th and final hearing of the case was held today (November 30) at the Batman 2nd Heavy Penal Court.

Eren did not attend today's hearing while his attorney, Resul Temur, was present in the courtroom.

Repeating their opinion as to the accusations from the hearing on June 3, the prosecutor demanded all defendants be sentenced for the offenses charged against them.

Making defense against the prosecutor's opinion, Temur said, "My client went to the protest that is the subject of the lawsuit for news coverage. In the minutes recorded by police officers after the incident, my client is also defined as a journalist.

"Moreover, evidence in the file also shows the area was outside of the military forbidden zone. It's clear that the crime did not occur. Also, the fact that the police did not warn [the crowd] to disperse shows that the material and spiritual conditions of the offense did not occur. I request my client's acquittal."

The court sentenced Eren for "aiding the organization while not being a member of it" and acquitted him of the other charges.

Twenty-nine defendants received the same sentence as Eren. Two were sentenced to 6 years and 3 months in prison for "being a member of a terrorist organization."

What happened?

On September 18, 2015, a sit-in protest was organized to "stop deaths" during clashes between the army and the Kurdistan Workers' Party (PKK) in Sason, Batman in eastern Türkiye.

Over 80 people took part in the protest, including Peoples' Democratic Party (HDP) deputy Ayşe Acar-Başaran, the then-co-mayors of Batman and NGO representatives.

Following the protest, 83 people, including DİHA reporter Engin Eren, were detained for being "human shields" for the PKK.

Eren's cameras and flash memories were seized and cited as criminal evidence. (BIA, 30 Nov 2022)


Zaman newspaper columnists sentenced to prison

Three former columnists for the now-shuttered Zaman newspaper have received prison sentences for "aiding a terrorist organization."

Ali Bulaç, Şahin Alpay and Ahmet Turan Alkan have been sentenced to 2 years and 6 months in prison and Mümtazer Türköne has been sentenced to 3 years and 9 months in prison.

The journalists were retried after the Court of Cassation, the highest appeals court in the country, overturned a verdict against them in 2020.

They are accused of aiding the "Fethullahist Terrorist Organization (FETÖ)," which is held responsible for the 2016 coup attempt.

All defendants attended the final hearing yesterday (November 29) at the İstanbul 13th Heavy Penal Court.

"I have been deprived of the job I did for 55 years"

Ali Bulaç, during his defense, said that he was 72 years old and did not remember how many hearings he attended.

"Every case I was tried in was about freedom of thought and ideas. My property, my pension, my house were confiscated. I am almost in the position of being given alms.

"I was deprived of my 55-year job and profession. My support or sympathy for this organization is against the nature of things and the ordinary course of life.

Responding to the claim that the Zaman was against Islamism, Bulaç answered,

"Fetullah Gülen was also saying these things. The newspaper had nationalists, leftists, liberals, Jews, Greeks, and even gay writers. I was there for the Islamist quota. Since I was 15 years old, I have had an Islamist understanding. Despite being innocent, I was imprisoned for 22 months, while struggling with 3 chronic diseases."

"The dark side of the movement"

Stating he was never a member of FETÖ, defendant Şahin Alpay said that he wrote in Zaman because he could not find any other opportunity.

"I am not a religious person. I am a culturally Muslim. I was an atheist in my youth. I am now a deist. I did not see that the Gülen movement was a sinister organization until the treacherous coup attempt took place.

"I condemn the attempt the July 15 coup attempt, and I regret that I wrote in Zaman. I was mistaken not to see the movement's dark side."

"No article can be used as evidence"

Defendant Mümtazer Türköne stated that the case lasted for 6 years and everything has been said.

"As evidence, the headlines of the articles I wrote in the newspapers were shown. No article from this newspaper can be used as evidence in the trial.

"The reason why I was imprisoned for 2.5 years while my friends were released was that I showed no sign of remorse. I haven't done anything that I'll regret.

"I am an academic from a nationalist MHP background. I am a person who has connected and registered to an anti-coup civil program in Türkiye."

"This organization sickens me"

Responding to being sentenced as a member of the organization, Ahmet Turan Alkan said, "This organization sickens me. In other words, I find it hateful. Of course, we were also against this, but we did not have the opportunity to say anything.

"I'm tired of this job, I'm bored, and I'm starting to feel ashamed. At this age, I am a burden to my children. I stopped saying hello to ninety percent of my friends."

After the defenses, the verdict was announced, which saw Ali Bulaç, Şahin Alpay and Ahmet Turan Alkan sentenced to 2 years and 6 months in prison for "aiding an armed terrorist organization" as part of FETÖ. Mümtazer Türköne case was announced separately. He saw in his verdict 3 years and 9 months in prison for the same crime.

What happened?

After the coup attempt on July 15, 2016, operations against media organizations close to the Gülenists commenced. Zaman was a daily newspaper with a high circulation before the government seizure on March 4, 2016. It was closed by decree No. 668 on July 26, 2016.

11 people, including the former writers of Zaman newspaper, were tried for various crimes at the Istanbul 13th Heavy Penal Court. On July 6, 2018, the court sentenced Ali Bulaç and Şahin Alpay to 8 years and 9 months in prison for "membership of an armed terrorist organization", and Mümtazer Türköne and Mustafa Ünal to 10 years and 6 months.

On September 24, 2020, The 16th Criminal Chamber of the Supreme Court of Appeals, established partial reversal for some defendants and partial approval for some defendants. (BIA, 30 November 2022)

Kurdish Question / Question kurde

Les forces kurdes lancent une opération contre les jihadistes

Les forces kurdes en Syrie ont annoncé jeudi avoir lancé une opération contre le groupe Etat islamique (EI) en coopération avec la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, trois jours après une attaque meurtrière dans le nord du pays.

Les combattants kurdes avaient décrété l'état d'urgence lundi à la suite d'une attaque revendiquée par l'EI contre leur quartier général à Raqa qui avait fait six morts dans leurs rangs.

"Le 29 décembre, nos forces, avec la participation (...) de la coalition internationale contre l'EI, ont lancé l'opération "éclair d'al-Jazira", ont indiqué dans un communiqué les Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance de combattants dominée par les Kurdes).

La coalition internationale n'a pas confirmé dans l'immédiat participer à l'opération.

Celle-ci vise à "éliminer les cellules terroristes de l'EI (...) et les chasser hors des zones qui ont été le théâtre de récentes attaques terroristes", indiquent les FDS.

Les forces kurdes rappellent notamment l'attaque de lundi contre le quartier général des forces kurdes à Raqa, dont les auteurs n'ont cependant pas réussi à libérer des jihadistes d'une prison.

Elles mentionnent également "huit tentatives d'attaques (...) contre le camp (de déplacés) d'al-Hol et dans des régions à Deir Ezzor et Hassaké", dans le nord-est.

Appuyées par la coalition internationale, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre l'EI chassé de ses fiefs en Syrie en 2019, après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires dans ce pays et dans l'Irak voisin.

Mais malgré la perte de ses fiefs dans ces deux pays, le groupe continue d'y mener des attaques.

Dans sa revendication de l'attaque lundi, l'EI avait dit vouloir "venger" les jihadistes détenus par les forces kurdes.

En septembre, les forces kurdes avaient annoncé l'arrestation de plus de 200 jihadistes dans le camp d'Al-Hol depuis le début d'une opération lancée fin août suite à une recrudescence des attaques de l'EI. (AFP, 29 déc 2022)

Roboski Massacre commemorated on 11th anniversary

11 years ago in the Roboski village of Uludere, Şırnak, a bombardment by warplanes of Turkish Armed Forces killed 34 people, 19 of whom were children. The victims were commemorated today (December 28) at their gravesite.

"President Erdoğan had told that they would not allow the massacre to be lost in the dark corridors of Ankara. Today the Roboski massacre is paved over in Ankara," said Ferhat Encü who lost family members and beloved in the Roboski massacre 11 years ago.

The commemoration started with a moment of silence.

People's Democratic Party (HDP) İstanbul co-chair Ferhat Encü, who lost family members and beloved ones in the Roboski massacre, said "President Erdoğan had told that they would not allow the massacre to be lost in the dark corridors of Ankara. Today the Roboski massacre is paved over in Ankara."

"Those who committed crime are apparent"

HDP Co-Chair Pervin Buldan said; "11 years have passed but the perpetrators have not stood any trial."

"Only photographs are left to the families, and tears in their eyes. No effective investigation was made. The perpetrators were not revealed.

"The ones who gave the instruction are apparent, those who committed the crime are apparent. The only thing that we cannot see is justice, law, or any remorse from those governing the country. Those who should be called to account are attacking us who should be calling them to account.

"They sued Roboski families"

"Those who lost their beloved in Roboski are calling those responsible to account. Those who should give an account are trying the Roboski families. They are slapping Ferhat Encü on the face. They are in fact slapping the Kurdish people's firm attitude.

Republican People's Party (CHP) MP Sezgin Tanrıkulu also spoke in the commemoration. He said, "the general staff and the government of the day are responsible for this massacre." (BIA, 28 December 2022)

Coiffeur d'origine kurde blessé à Roubaix: le client mis en examen

Le quadragénaire d'origine turque soupçonné d'avoir blessé dimanche à coups de ciseaux à Roubaix (Nord) un coiffeur d'origine kurde a été mis en examen pour tentative d'homicide et écroué mardi, a annoncé le parquet mercredi.

"Le parquet a ouvert une information judiciaire du chef de tentative d'homicide volontaire avec la circonstance aggravante relative au caractère raciste des faits même si ce dernier point est contesté par l'intéressé", a indiqué la procureure Carole Etienne.

Cet homme de 47 ans "aurait d'abord reçu un coup de sèche-cheveux puis se serait emparé d'une paire de ciseaux tout comme la victime dont l'ITT a été fixée à 3 semaines", a ajouté la procureure, sans plus de détails sur l'identité du mis en cause et de la victime.

L'altercation aurait débuté parce que le client, "d'origine turque"
était "agacé" par la musique kurde diffusée dans le salon de coiffure, avait indiqué mardi une source proche de l'enquête.

Grièvement blessé au thorax de plusieurs coups de ciseaux, le coiffeur, "d'origine irakienne kurde" et âgé de 27 ans, a dû être opéré, selon la même source.

La nouvelle de l'agression, survenue après le passage à l'acte d'un retraité français qui a tué trois Kurdes vendredi à Paris, avait été relayée sur les réseaux sociaux au sein de la communauté kurde.

A l'appel d'organisations kurdes, une centaine de personnes ont manifesté mardi après-midi dans le centre de Lille, aux cris notamment de "Turquie terroriste".  (AFP, 28 déc 2022)

Les forces kurdes en état d'alerte, craignent de nouvelles attaques de l'EI

Les forces kurdes, en état d'alerte, sont à la recherche de jihadistes mardi dans le nord de la Syrie, de crainte de nouvelles attaques au lendemain d'un assaut raté du groupe Etat islamique, a indiqué un responsable kurde à l'AFP.

Six membres des forces de sécurité kurdes et un jihadiste ont été tués lundi lors d'une attaque revendiquée par l'EI contre le quartier général des forces kurdes à Raqqa, qui visait une prison où sont détenus des jihadistes.

A la suite de cette attaque, l'administration autonome kurde a décrété l'état d'urgence à Raqqa, ancienne "capitale" de l'EI en Syrie, et proclamé un couvre-feu dans la ville.

"La campagne de ratissage et de poursuite des cellules potentielles de Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) se poursuit, et le couvre-feu reste en place jusqu'à nouvel ordre", a déclaré à l'AFP le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), Farhad Chami.

"Nous avons des informations sur des attaques potentielles de Daech au cours des fêtes de fin d'année à Raqqa, Hassaké et Qamichli", toutes sous contrôle kurde, a-t-il ajouté, précisant que les forces kurdes étaient "en état d'alerte".

Raqqa était l'ancienne "capitale" de l'EI en Syrie, qui y avait instauré un régime de terreur, imposant une stricte application de la loi islamique et se livrant à de nombreuses exactions.

Interrogés au téléphone par l'AFP, des habitants de la ville ont affirmé que l'attaque de mardi avait ravivé les douloureux souvenirs du règne des jihadistes.

"Nous ne pouvons pas oublier ce que Daech a fait par le passé, ils veulent nous ramener à la situation de peur et de panique", affirme le gérant d'un supermarché à Raqqa, qui a requis l'anonymat par peur de représailles.

Oussama al-Khalaf, un militant de la ville, explique que depuis l'attaque de lundi, les habitants de Raqqa "vivent dans la peur d'un retour de l'EI à travers ses cellules dormantes".

"La plupart des habitants vivent dans la terreur d'un renouvellement de telles attaques", ajoute-t-il.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie, l'EI a été défait sous le coup d'offensives successives, en 2017 en Irak et en 2019 en Syrie.

Mais malgré la perte de ses fiefs dans ces deux pays, le groupe continue d'y revendiquer des attaques à travers des cellules dormantes.

L'EI avait affirmé que l'attaque de lundi visait à "venger" les jihadistes détenus par les forces kurdes, notamment les femmes qui se trouvent dans le camp d'Al-Hol, dans le nord de la Syrie. (AFP, 27 déc 2022)

La communauté kurde refuse de croire à une attaque non ciblée et met en cause la Turquie

"Cessez de nous demander de croire à cette version": la communauté kurde refuse d'accepter que l'attaque qui a tué trois de ses membres à Paris relève du crime raciste d'un homme isolé et continue d'y voir la main de la Turquie.

"Le régime fasciste d'Erdogan a encore frappé", a martelé lundi au mégaphone Agit Polat, le jeune président du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) lors d'une marche organisée à Paris en mémoire des victimes.

Dans toutes les têtes, et sur la rangée de portraits brandis au premier rang, affleure le souvenir du triple assassinat, jamais élucidé, de trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) le 9 janvier 2013 à Paris.

Le parcours de la marche, qui a réuni quelques centaines de participants, a relié symboliquement le centre culturel kurde visé vendredi à l'immeuble de la rue La Fayette, non loin de là, où ont été abattues les trois militantes il y a dix ans.

Répidement arrêté, leur assassin est mort d'un cancer en 2016 quelques semaines avant son procès.

Mais même si les parties civiles ont obtenu en 2019 la relance de l'enquête pour examiner l'éventuelle implication des services de renseignement turcs, les Kurdes de France doutent depuis de l'impartialité de la justice française.

"Pour nous, c'est évident, il (le tireur présumé de vendredi, ndlr) n'a pas pu agir seul, il y a un lien avec la Turquie", affirme un participant à la marche, Denis "malheureusement" Erdogan, qui regrette de partager le même patronyme que celui du président turc Recep Tayyip Erdogan.

- "Propagande" -

Le gouvernement turc n'a guère apprécié les accusations de la communauté kurde de France.

Trois jours après l'attaque, il a convoqué l'ambassadeur de France en Turquie pour exprimer son "mécontentement" face à ce qu'il considère comme de la "propagande anti-Turquie" lancée "par les cercles du PKK", selon une source diplomatique turque.

Le PKK est considéré comme un mouvement terroriste par Ankara et l'Union européenne (UE).

Le suspect de l'attaque de vendredi, un ancien conducteur de train de nationalité française âgé de 69 ans, a confié en garde à vue une "haine des étrangers pathologique" depuis un cambriolage dont il a été victime en 2016 et expliqué "s'en être pris à des victimes qu'il ne connaissait pas".

Il a aussi déclaré, selon la procureure de Paris Laure Beccuau, en vouloir "à tous les migrants" et "aux Kurdes pour avoir +constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daech (l'organisation Etat islamique, ndlr) au lieu de les tuer+".

Agit Polat, qui estime que le tireur présumé a pu être manipulé lors de son passage en prison, se dit "incrédule" face aux premiers éléments de l'enquête révélés par la procureure.

"En vingt-quatre heures, on évoque le cas psychiatrique puis en fait non", détaille-t-il en référence à la levée, pour raison de santé, de la garde à vue du suspect, admis quelques heures à l'unité psychiatrique de la préfecture de police de Paris.

- "Décision politique" -

"On essaie à tout prix d'éviter la saisine du parquet antiterroriste", insiste M. Polat.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) ne s'est pas, à ce stade, saisi de l'enquête sur l'attaque de vendredi.

L'avocat des familles des trois militantes tuées en 2013, Me Antoine Comte, a souligné lui aussi "l'incompréhension" de la communauté kurde, estimant que la qualification terroriste avait été "retenue pour des faits similiaires en 2013".

"Ça apparaît comme une décision profondément politique. Visiblement, le parquet ne veut pas prendre le risque d'incriminer l'Etat turc même de façon subliminale", a-t-il dit à l'AFP, "c'est un problème géopolitique".

Depuis vendredi, aucun membre de cette communauté de réfugiés kurdes de Turquie, d'Irak ou d'Iran, ne veut croire que les victimes de vendredi sont mortes d'un banal acte xénophobe qui n'aurait rien à voir avec le mouvement de libération kurde et son conflit avec le régime turc.

La communauté kurde se perçoit "laïque, travailleuse et intégrée", selon les mots d'un jeune employé de restaurant qui a requis l'anonymat, et ne figure pas parmi les cibles habituelles de l'ultradroite française.

La journaliste et militante kurde Selma Akkaya évoque le sentiment de sa communauté; un phénomène "de surimpression des images de 2013". (AFP, 26 déc 2022)

The unbearable vileness of attacking Kurds

Doğan Özgüden, Gerçek News, 26 December 2022

After meeting with Albanian, Algerian, Armenian, Assyrian, Belgian, Cameroonian, Chinese, Congolese, Greek, Italian, Kurdish, Rwandan and Turkish friends of mine who are administrators and educators at the Sun Workshops (Günes Atölyeleri) to celebrate the ending of 2022 we returned home, where I began to read the new documentary novel by author Medeni Ferho, titled Dr. Rifat.*

Medeni Ferho, who had discussed the unknown aspects of the 1915 Assyrian Genocide in his earlier book titled “Seyfo – Gebro Isa Zette Celma Anlatiyor”** unearths the threat of genocide and plunder against Assyrian, Kurdish, and Yazidi citizens in Midyat connected to the aggressive hysteria of tensions brought about by Cyprus in 1964 in his new book.

While reading about how another genocide and plunder was prevented 58 years ago thanks to the foresight and intervention of Assyrian and Kurdish people in the city, Dr. Rifat Yenigun first and foremost among them, a painful bit of news that appeared on the breaking news section on my computer screen brought me back to our time:

“Armed attack on the Ahmet Kaya Kurdish Cultural Center in Paris… Three Kurds massacred…”

Incredible… Chatting with the Brussels Kurdish Institute Chair Derwich Ferho, we had talked at length about how European institutions were abiding by Tayyip’s blackmail, creating difficulties and obstacles for the legitimate resistance of the Kurdish nation… One of the most shameful examples of this submission for Europe is the fact that the investigation regarding the massacre of three dissenting Kurdish women, Sakine Cansiz, Fidan Dogan and Leyla Saylemez at the Kurdish Information Bureau in Paris by a trigger man of the Turkish State has not been concluded for 10 years.

Is that the only crime?

The Rue Bonnels offices of the Brussels Kurdish Institute, with which we have fought against both fascism in Turkey and xenophobia in Belgium for nearly half a century were torched by the Grey Wolves stirred up by the Turkish State on 17 December 1998, before the watching Belgian police. The same night, an Assyrian business on Rue Verbist was vandalized.

Even though they had the video records of the incidents, broadcast on one of Turkey’s most popular television channels, where the perpetrators could be easily identified, no legal action was taken against Turkish diplomats who egged on the Grey Wolves, the Turkish associations and media under their guidance. On top of that, none of the assailants were sentenced at the so-called trials that went on for a few years, with the exception of single young man who was considered an instigator and sentenced to “a few months of public service at a foundation”!

They have attacked Kurds in other European countries

Following the recent attack that resulted in the killing of artist Mir Perver, woman activist Emine Kara (Evin), and Abdurrahman Kizil in Paris, the Firat News Agency provided important data regarding the murders, massacres, and fascists attacks in European countries organized by the regimes in Turkey from the 1970s until recent times:

5 May 1974: 30-year-old forestry engineer Neset Danis, an intellectual, was beaten severely by MHP (Nationalist Movement Party) fascists during the Hamburg Turkish Workers’ Community Congress elections. The attack took place as representatives of the Turkish Consulate and Turk-Is trade union observed; Danis lost his life two weeks later at the hospital.

5 January 1980: 36-year-old socialist union organizer Celalettin Kesim was killed by MHP fascists while distributing leaflets in the Kreuzberg neighborhood of Berlin.

31 December 1994: TKP ML-TIKKO (Turkish Communist Party Marxist-Leninist – Liberation Army of the Workers and Peasants of Turkey) members Nurettin Topuz, Mustafa Akgun, and Mustafa Aksakal were massacred at a coffee house by MHP fascists at Germersheim, a town in the Rheinland Pfalz province. It was later revealed that the murderer, whose identity was kept secret for a long time while he was detained and then released by the court, was a MIT (National Intelligence Organization) agent who had worked at the “counter-terror” unit in Yozgat before 1980.

3 September 1995: A 21-year-old Kurdish young man called Seyfettin Kalan lost his life after an attack by a group of Turkish fascists in the town of Neumunster. Gaining confidence from the inaction of the police, the Grey Wolves launched a wave of attacks against Kurds all over Germany. Kurdish locations in Ulm, Bielefeld and Mulheim were torched. The Grey Wolf who killed Kalan and wounded two young people only received a sentence for illegally carrying a firearm, and was released after a while.

3 January 1997: A young Kurdish man called Ercan Alkaya, a member of the Alevi Cultural Foundation in Kiel, was killed by Turkish fascists.

4 July 1999: Erol Ispir was murdered by MHP fascists while keeping watch at the German Immigrant Workers’ Federation (AGIF) locale in Cologne.

12 September 2015: A fascist supporter of the AKP (Justice and Development Party)-MHP drove his vehicle into a crowd of demonstrators who were protesting Turkey in Bern, the capital of Switzerland, wounding five people. Even though the Bern Prosecutor’s Office asked for a sentence of eight years of imprisonment, the case was closed by the local court in 2021 with no consequences.

On the same day, a Grey Wolf called Celal A. wounded four people in Hanover, Germany, yelling “All Kurds must be cut down.” He was tried for attempting to kill four people, with the prosecutor’s office asking for six to 10 years of imprisonment, but he was found not guilty by the court and acquitted.

27 October 2017: A bus that went on a tour of Europe with the slogan, “Freedom for Abdullah Ocalan” was attacked by Turkish racists in Antwerp, Belgium. Then, AKP-MHP supporters who were also members of Osmanli Ocaklari (Ottoman Hearths), UETD and Grey Wolves arrived in Antwerp via buses, trains, and private vehicles, and attacked Kurdish shopkeepers. The Belgian police took no action during the attacks where many Kurds were injured, and their workplaces were destroyed.

24 June 2020: AKP-MHP supported fascists groups terrorized Austria’s capital, Vienna. The incidents that began with attacks on the demonstration organized by women of Kurdistan and Turkey lasted four days.

28-29 October 2020: Fascist pro-AKP-MHP groups went on a hunt for Armenians in cities such as Viennes, Decines and Dijon in France, where many Armenians live. More than 250 people carrying Turkish flags kept yelling, “Where are you, Armenians?” and “We will kill the Armenians,” calling for violence.

3 April 2021: Turkish fascists targeted the Kurdish foundation in Lyon. Over 20 fascists with face masks attacked foundation members with iron rods and knives, wounding four, two of them seriously.

The shameful silence of Europe

While these truths are evident, the AKP-MHP government, and especially Erdogan keep talking about Kurdish organizations as “criminal organizations” in their dealings with European governments, trying to get them banned, and their members extradited via threats.

For example, three days before the Paris massacre, on 20 December, Director of Presidential Communications Fahrettin Altun made a speech in Ankara at a panel titled “Turkey-France Relations: Opportunities and Challenges,” where he said, “Turkey-France relations should not be sacrificed for cheap and short-term political calculations that make terrorist organizations or anti-Turkey lobbies happy. Turkey is not receiving the support it deserves. This being the case, we shall continue doing what is necessary for our national security, and proceed with determination in fighting terrorism with all our capabilities.”

Following the latest massacre, Kurdish organizations staged protests in Paris and the police intervened; newspapers under government control that reported on the incidents used these headlines: “The PKK that they fostered is now attacking the Crusaders,” “The PKK that it fed has attacked France,” “Foster terrorism and it will come back to bite you,” “The scorpion they have protected is now stinging Europe...”

Not to be outdone, Presidential Spokesperson Ibrahim Kalin announced on his social media account: “This PKK in France is the same terrorist organization you support in Syria. The same PKK has murdered thousands of Turks, Kurds, and security personnel in the last 40 years. Now they are burning the streets of Paris. Are you still going to maintain your silence?”

What about Interior Minister Suleyman Soylu?

He was issuing a challenge to the entire world at an opening ceremony in Erzurum, where Erdogan was also present:

“The Black Sea is perfectly cleansed. The Amanos (mountains) from Hatay to Adiyaman are cleansed. Tendurek is cleansed. Erzurum’s countryside is cleansed. The day we enter the Century of Turkey, there will be no terrorists left in the mountains of this country. Tayyip Erdogan will cleanse not only Turkey from the terrorists, but the entire world.”

What about the Turkish State’s endless attacks on not only the Bakur Kurds within its borders, but also the Basur and Rojava Kurds beyond its borders, using weapons of mass destruction?

I am reminded of Milan Kundera’s famous work, “The Unbearable Lightness of Being” as I watch these vile attacks on the just struggle of the Kurdish nation, the shameful behavior in the face of the murder of three Kurdish patriots with a decade apart, the silence and even criminal complicity of European governments on this matter.

I am adapting it with a sense of outrage, and shout this in the face of what we have just witnessed:

The unbearable vileness of attacking Kurds…

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*Medeni Ferho, Dr. Rıfat, Sitav Yayınları, Kasım 2022
** Medeni Ferho, Seyfo, Yeni Anadolu Yayıncılık, Eylül 2022

Attaque à Paris : les Kurdes frappés au cœur

En fin de matinée vendredi, trois personnes ont été tuées rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale, devant un centre culturel kurde. Connu de la justice, le suspect venait de sortir de détention provisoire après avoir attaqué au sabre un camp de migrants de la capitale.

Il était environ 11 h 40 ce vendredi lorsque W. M., 69 ans, a ouvert le feu à de multiples reprises rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris. A proximité du centre culturel kurde Ahmet-Kaya, communauté très présente dans ce quartier populaire de la capitale, l’homme a mortellement touché trois personnes – une femme et deux hommes. Il a également blessé trois hommes, dont l’un était encore, en fin de journée, en situation «d’urgence absolue».

Les enquêteurs poursuivent samedi leurs investigations pour déterminer les raisons qui ont poussé un homme de 69 ans, déjà poursuivi pour une agression raciste, à ouvrir le feu vendredi à Paris, près d'un centre culturel kurde, faisant trois morts et trois blessés.

Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur place dans l'après-midi, deux personnes ont été tuées devant le centre culturel kurde Ahmet-Kaya et la troisième dans un restaurant proche.

L'homme "a été interpellé immédiatement après les faits et placé en garde à vue", a indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau. Une enquête a été ouverte pour assassinat, tentative d'assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes.

Les investigations ont été confiées à la police judiciaire.

Le tireur présumé, légèrement blessé au visage lors de son arrestation, est connu de la justice.

Il a été condamné en juin dernier à douze mois d'emprisonnement pour des violences avec armes commises en 2016, condamnation dont il a fait appel.

Cet homme a par ailleurs été mis en examen en décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste, et dégradations pour des faits commis le 8 décembre 2021. Dans cette deuxième affaire, il est soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche des migrants d'un campement du XIIe arrondissement et d'avoir lacéré leurs tentes, avait relaté à l'époque une source policière.

Après un an en détention provisoire, il a été remis le 12 décembre en liberté, comme l'exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, a indiqué la procureure.

- Mobile raciste ? -

En 2017, l'homme avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour détention prohibée d'armes.

Il est en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et "n'était pas fiché comme étant quelqu'un de l'ultradroite", selon Gérald Darmanin.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le mobile du racisme est une des pistes explorées mais doit être confirmée notamment par les déclarations du suspect lors de sa garde à vue.

La piste d'un attentat terroriste a, elle, été écartée à ce stade des investigations, selon la procureure.

Le matin des faits, "il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a déclaré à l'AFP le père du suspect âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé".

Il a "voulu s'en prendre à des étrangers" et "manifestement agi seul", a estimé M. Darmanin, précisant qu'il fréquentait un stand de tir.

"Il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", a-t-il souligné, alors que des rumeurs d'attaque "politique" étaient relayées par la communauté kurde.

Les "motifs racistes des faits" vont "évidemment faire partie des investigations, a renchéri Laure Beccuau lors d'un point presse.

"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a-t-elle précisé en fin de journée dans son communiqué.

L'émotion a gagné la communauté kurde très présente dans ce quartier, qui a évoqué un acte "terroriste" et mis en cause la Turquie. De violents incidents ont éclaté avec les forces de l'ordre, et une personne a été interpellée, a indiqué à l'AFP une source policière.

Le préfet de police Laurent Nuñez doit recevoir samedi matin des responsables de la communauté kurde, qui ont par ailleurs annoncé une manifestation à la mi-journée à Paris. (AFP, 24 déc 2022)

"Pas encore les nôtres!": colère et pleurs de Kurdes à Paris après les tirs

Dans le quartier kurde de Paris, à 100 mètres du lieu des tirs meurtriers vendredi, des membres de la communauté kurde se sont aussitôt rassemblés pour crier leur colère et chagrin. Avec en tête le triple assassinat de kurdes du PKK, il y a neuf ans, dans le même arrondissement.

Un groupe d'une dizaine d'amis kurdes arrivent en courant. Vite effondrés sur le trottoir, ils éclatent en pleurs, en cris, aux pieds des policiers.
 
Ça recommence, vous ne nous protégez pas. On nous tue!", hurle en pleine rue une jeune réfugiée kurde (qui a refusé d'être identifiée) avant de prendre son visage dans ses mains et d'être sortie de la foule par ses camarades en état de choc.

Trois personnes ont été tuées par balles et trois autres blessés peu avant midi, rue d'Enghien, au niveau du centre culturel kurde Ahmet Kaya.

La foule ne sait pas encore que le tireur présumé, interpellé et placé en garde à vue, est un Français de 69 ans, conducteur de train à la retraite, connu pour s'être déjà attaqué avec un sabre à des migrants dans un camp du XIIe arrondissement, selon les premiers éléments de l'enquête.

Parmi les dizaines de Kurdes rassemblés, bouleversés, les rumeurs d'attaque "politique" galopent. Des slogans fusent déjà: "extrême droite, assassin!" ou "Erdogan, assassin!", visant le président turc.

Et en milieu d'après-midi, le rassemblement a dégénéré en échauffourées avec la police.

- Traumatisme de 2013 -


Ce vendredi, un frère et une soeur devaient se retrouver dans un petit restaurant kurde du quartier quand ils ont vu la police arriver et boucler la rue du centre culturel kurde. Ils disent avoir compris immédiatement. "Je me suis dit ce n'est pas possible que ça recommence, pas les nôtres", dit la soeur, Jihan Akdogan. "On savait très bien que ça recommencerait", répond le frère, Juan Golan Elibeg, 41 ans.

Au milieu des Kurdes de tous âges et de soutiens de l'opposition pro-kurde, ils se prennent dans les bras, tentent de récupérer les premières informations.

Pour l'heure, le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n'y a "aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a expliqué la procureur de la République de Paris. Les motifs racistes des faits "vont évidemment faire partie des investigations", a-t-elle ajouté.

Mais les kurdes présents revivent le traumatisme d'il y a neuf ans: non loin de là, le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, avaient été tuées de plusieurs balles dans la tête au siège du Centre d'information du Kurdistan.

"Ca nous renvoie a ce qu'il s'est passé en 2013. Des informations qui nous parviennent, cette personne a eu le temps de charger son arme plusieurs fois, il n'y avait pas de sécurité et s'il y en avait, ils n'ont rien pu faire pour les protéger", dit Jihan Akdogan, 30 ans, qui se présente comme "interprète" et "patriote kurde". "Une réunion de femmes était prévue dans l'après-midi. Il y aurait pu y avoir encore plus de victimes", ajoute la jeune femme.

Alors les esprits s'échauffent. Une réfugiée turque d'opposition, qui se présente comme "Julie" refusant de donner son nom de famille, se dit persuadée que "c'est une attaque politique" et que "le centre culturel était directement visé".

L'unique suspect du triple assassinat de 2013, le Turc Omer Güney, est mort d'un cancer en décembre 2016, à la veille de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris. Mais les parties civiles ont obtenu en 2019 que soient relancées des investigations pour examiner l'implication potentielle des services de renseignement turcs.

Les deux juges d'instruction chargés de cette information judiciaire ont récemment reçu les parties civiles pour faire un point sur l'avancée des investigations, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, précisant qu'il restait des actes d'enquête et des vérifications à réaliser. (AFP, 23 déc 2022)

Dawn raids against pro-Kurdish party across Turkey

Police detained scores of Pro-Kurdish Democratic Regions Party senior executives including its Co-Chair Keskin Bayindir in dawn raids in several cities across Turkey, increasing the pressure on Kurdish politicians, Mezopotamya news agency reported.

“You have already seen that you cannot intimidate us with oppression, detentions and political genocide operations. You will not see a single Kurd bowing to fascism and taking a step back, your political life will not be enough for this,” DBP said on Twitter, along with a video showing Bayindir being taken into custody in southeastern city of Diyarbakir by two police officers who twisted his arm to prevent him from making a victory sign.

Lawyers said three other senior party members were detained in Diyarbakir as part of an ongoing investigation against Bayindir.

The DBP is a Kurdish political party operating mainly in Turkey’s southeast cities in fraternity with Peoples' Democratic Party (HDP) who conducts politics nationwide.

Many deputies from the HDP came to the headquarters of the DBP to show support as police continued its search inside the building.

Mezopotamya reported that police also detained provincial heads of the party in Van, Urfa, Antep and Mardin.

Police also continue an extensive search in the party building in Turkey’s capital Ankara. (gerceknews.com, 23 December 2022)

Police officer slaps HDP İstanbul head, journalist who filmed the incident detained

A police officer slapped Ferhat Encü, the Peoples' Democratic Party's (HDP) İstanbul co-chair, during a demonstration for ill prisoners yesterday (December 18).

The police dispersed the crowd, which included HDP members and family members of ill prisoners.

Mehmet Zeki, a camera operator for Artı TV who filmed the incident, was later detained.

Meral Danyıldız, an Artı TV reporter, tweeted, "They detained Zeki for filming the incident. They also battered Artı TV reporter Umut Taşdağ. Umut fell to the ground. He went to the hospital."

Selahattin Demirtaş, the imprisoned former co-chair of the party, tweeted, "The Kurds will never forget this attack on our mothers and the slap on Ferhat Encü. You have never seen a slap. Wait for the [elections]. We will show you!"

The İstanbul Governor's Office announced today that it had opened an investigation into the incident.

Ferhat Encü, also a former MP for the HDP, lost 11 members of his family in the 2011 Roboski Massacre, where 34 people were killed in airstrikes in the Uludere (Roboski) district of Şırnak. The people, initially claimed to be members of the Kurdistan Workers' Party (PKK), had turned out to be gasoline and cigarette smugglers between Iraq and Türkiye. (BIA, 19 December 2022)


Pourquoi les termes “Kurde” et “Kurdistan” hérissent-ils autant le poil en Turquie ?



Selahattin Demirtaş, président honoraire du HDP
Courrier International, 22 décembre 2022
Dans cet article rédigé depuis sa prison, où il est incarcéré depuis 2016, Selahattin Demirtas, le charismatique ex-leader du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) appelle ses compatriotes turcs à sortir de la haine des Kurdes et rappelle que Kurdes et Turcs ont vécu ensemble pendant mille ans dans une fraternité rompue depuis seulement un siècle.

La “question kurde”, ou le “problème kurde”, ne concerne pas que les Kurdes mais nous tous, et c’est ensemble que nous devons la traiter. Elle a beau être l’une des questions centrales dans notre pays, je constate avec tristesse qu’elle reste encore floue dans l’esprit de beaucoup. Certains viennent juste d’en entendre parler, d’autres se figurent qu’un tel problème n’existe pas.

Pour résumer à grands traits, ce que l’on appelle la “question kurde” désigne l’ensemble des problèmes vécus par les Kurdes depuis la fin de l’Empire ottoman, qui se sont amplifiés dans les premières années de la République turque [créée en 1923 sur une base nationaliste turque], et n’ont cessé de se multiplier et de s’enraciner au cours du siècle dernier. Je souligne donc que le “problème kurde” n’est pas le problème posé par les Kurdes mais par leurs conditions de vie en Turquie.

C’est bien sûr un problème multifactoriel, que plusieurs livres ne suffiraient pas à cerner – c’est dire combien il est difficile de le faire en un article. Cette question possède des dimensions sociales, politiques, économiques, que je ne pourrai pas traiter. Ce qui m’intéresse ici, c’est le fait que de nombreuses personnes, notamment sous l’influence des politiques de l’AKP (le parti islamo-nationaliste au pouvoir) soient encore dans l’ignorance totale ou partielle des termes de cette question.

Je vais donc vous poser quelques questions sur ce problème kurde, en vous demandant d’y répondre honnêtement. Il s’agit là d’une question capitale, qui a causé tant de morts [sans compter les massacres des débuts de la République turque, les affrontements entre les forces de sécurité turques et la guérilla du PKK qui ont fait plus de 45 000 morts depuis 1984] et brisé tant d’existences depuis de si nombreuses années.

Si vous désirez réellement la comprendre, vous devez vous départir de vos préjugés et commencer cette lecture dans un esprit fraternel. Peut-être que vous y découvrirez que vous avez vous aussi un problème kurde.

Avez-vous un problème kurde ?

Première question : “I love you”, “ich liebe dich”, “je vous aime”, “ez ji te hez dikim”. Selon vous, laquelle de ses phrases est écrite dans la langue du peuple kurde, qui compte 40 millions de membres dans le monde, dont 20 millions en Turquie, et dont vous prétendez qu’ils sont “vos frères depuis mille ans”[l’historiographie retient que les Turcs ont fait leur entrée en Anatolie, où les Kurdes étaient déjà présents de longue date, lors de la bataille de Malazgirt, en 1071] ? Si vous êtes parvenus à le deviner, connaissiez-vous déjà quelques-uns de ces mots ? Si la réponse est négative, alors vous avez un problème kurde.

Alors que vous êtes en mesure de comprendre et peut-être même de parler l’anglais, le français ou l’allemand, vous ne comprenez pas le moindre mot de la langue de vos soi-disant frères millénaires qui sont 20 millions de vos compatriotes.

Une autre question pour vous : “nos frères de Bulgarie”, “nos frères d’Azerbaïdjan”, “nos frères de Chypre”, “nos frères d’Allemagne”. Qui sont, selon vous, ces “frères” auxquels on fait référence ? Cette fois, vous avez trouvé sans problème : oui, il s’agit bien des Turcs.

Mais jetons un œil à l’article 66 de la Constitution : “Toute personne de nationalité turque est turque.” Pourtant, ces “Turcs” que vous identifiez comme tels ne sont pas citoyens de la République de Turquie. N’est-ce donc pas étrange d’appeler “Turcs” ces gens qui n’habitent pas en Turquie et n’en possèdent pas la nationalité ? Non, ça ne l’est pas, car ici l’appellation “turc” fait référence à une ancienne appartenance ethnique. Il désigne les membres de cette ethnie “turque” à l’histoire millénaire, remontant jusque dans les steppes d’Asie centrale.

Mais cette appellation de Turc n’est évidemment pas la bonne pour désigner les Kurdes, qu’elle exclue ou invisibilise. On peut éventuellement dire d’eux qu’ils sont “de Turquie”, mais pas les qualifier de “turc”. Les Kurdes sont un vieux peuple, présent depuis des millénaires en Mésopotamie, dans cette région que nous appelons Kurdistan. Par définition, ce ne sont pas des Turcs, et ils ne le deviendront pas. Appeler “Turc” un Kurde, ou tenter de le turquifier ne fait qu’aggraver ce problème kurde.

Une langue invisibilisée à l’école

Les langues turque et kurde ne sont même pas apparentées. Le Kurde fait partie des langues dites indo-européennes, tandis que le turc est rattaché à la branche des langues ouralo-altaïques. Cette seule différence est déjà capitale. Si vous soutenez que “le kurde n’est pas une langue, nous sommes tous des Turcs et notre langue maternelle à tous est le turc”, alors vous avez un problème kurde.

Faites donc preuve d’un peu d’empathie. Imaginez-vous dans une ville ou un village de Sakarya ou de Yozgat [des régions turques à majorité conservatrice et nationaliste]. Vous avez inscrit votre petite Ayse à l’école maternelle et vous l’y conduisez en la tenant par la main. Sur le chemin, en lui répétant vos instructions, vous êtes saisis par la peur. Et si elle n’y arrivait pas ? Alors vous le lui répétez : “Écoute bien, ma fille, ne parle surtout pas turc à l’école, ne dis pas que nous sommes turcs.” La petite Ayse panique, car le turc est la seule langue qu’elle maîtrise.

Quand l’instituteur souriant entre dans la classe, elle se sent aux bords des larmes. Elle n’est plus elle-même, celle qu’elle est chez elle ou dans la rue. Elle jette un œil autour d’elle, presque tous ses camarades de classe sont envahis par la même peur. Et l’instituteur de les prévenir : “Bon, les enfants, désormais il est interdit de s’exprimer en turc, car nous sommes tous kurdes et le kurde est notre langue.”

Comment vous sentiriez-vous à la place d’Ayse ou en tant que parent aux prises avec une telle situation ? Si vous trouvez cela normal, alors ne m’en voulez pas, mais vous avez un gros problème kurde.

Que ceux qui pensent que l’on a accès en Turquie à une éducation en kurde [une des promesses récurrentes de l’AKP pour se rallier les voix des Kurdes conservateurs] se détrompent. Il existe uniquement une option qui permet théoriquement d’avoir deux heures de kurde par semaine. Et tous les prétextes sont bons pour refuser dans la pratique ce droit qui nous est reconnu.

Tout le monde doit bien sûr apprendre le turc, la langue officielle, à l’école. Le turc est notre langue commune, une des choses qui nous unit. On devrait aussi apprendre la langue internationale qu’est l’anglais. Et comme cela se pratique dans de nombreux pays développés, l’on devrait pouvoir avoir des cours dans sa langue maternelle.

D’ailleurs, pendant la période ottomane et jusque dans les premières années de la république, l’enseignement dans les madrasas [écoles coraniques], qui n’était pas qu’un enseignement religieux, mais portait aussi sur les mathématiques, les sciences humaines ou l’astronomie par exemple, était assuré en kurde. Saviez-vous que cette langue n’est interdite que depuis 1925, où l’on commença par interdire son usage dans l’espace public, punissant ceux qui le faisaient d’une amende proportionnelle au nombre de mots prononcés ?

Choisir le dialogue et la paix

Si, dans une rue d’Istanbul, vous rencontrez quelqu’un et que vous lui demandez d’où il vient, quelle réponse vous hérisse le poil : “je viens de Thrace”, “je viens de Cappadoce”, “je viens du Kurdistan” ? Le simple mot de Kurdistan provoque en vous une colère incontrôlable ? Le diagnostic est net : vous avez un problème kurde.

Souvenons-nous que ce mot de “Kurdistan” renvoie à une entité historique et géographique. Une géographie qui contient des zones aujourd’hui réparties entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie. L’Iran compte une province appelée Kurdistan.

Jusqu’à la deuxième année de la fondation de la République turque, la région du sud et du sud-est du pays était nommée Kurdistan. Les Turcs seldjoukides et les Ottomans n’avaient pas la chair de poule à l’idée de parler du Kurdistan, où ils nommaient des seigneurs féodaux kurdes.

En prononçant ce mot [Kurdistan], vous n’appelez pas à la création d’un nouvel État indépendant de la Turquie. Vous appelez simplement une région géographique par son nom. Mais depuis 1925, les mots “kurde” et “Kurdistan” sont interdits, et les Kurdes contraints à l’assimilation dans une identité turque qui n’est pas la leur.

Et qu’en est-il de la situation dans les villes kurdes ? Prenons l’exemple de Diyarbakir [la plus grande ville kurde de Turquie]. Selon les statistiques officielles, il s’agissait, en 1927, de la cinquième ville de Turquie en termes de développement économique. Mais comme tous les investissements étatiques ont été orientés depuis cette période vers l’ouest du pays, les villes kurdes n’ont cessé de s’appauvrir.

Dans les années 1980, Diyarbakir était arrivé en queue du classement, et, d’après les chiffres de 2017, la ville était classée 68e. Qu’on ne prétexte pas que “la région n’a pas pu se développer à cause du terrorisme”, Diyarbakir était déjà en fin de classement au début des années 1980, soit avant le début des affrontements armés.

En résumé, les Kurdes et les Turcs, ont vécu ensemble pendant mille ans dans une fraternité qui a été rompue depuis cent cinquante ans. Cette situation a donné lieu à de nombreuses révoltes. Malheureusement, beaucoup de sang a coulé. Beaucoup de drames ont eu lieu, et continuent de se produire.

Il est temps, alors que nous avançons vers le premier centenaire de la République [en 2023], d’aborder ces problèmes de manière civilisée, de renforcer, avec l’aide du Parlement et d’une réforme constitutionnelle, notre union et notre fraternité. Car aucun frère ne peut rester silencieux face à tant d’injustices subies par son frère sans que la fraternité qui les unit soit remise en cause. Réglons cette question kurde sans violence et sans armes, en nous parlant, en nous écoutant et en nous comprenant les uns les autres.

Ce n’est pas nous qui avons envoyé ces gens dans les montagnes [les guérilleros du PKK], ce sont les oppressions subies qui les y ont poussées. Nous les appelons à descendre des montagnes, à cesser de tuer et d’être tués, à choisir le dialogue et la paix. C’est pour avoir dit cela que l’on nous traite de “suppôt du terrorisme”, vous le savez ?

Mais nous continuerons sans relâche à vous parler de cette question kurde. Faites en sorte d’essayer de comprendre, s’il vous plaît, car cette question vous concerne aussi. Commencez par faire preuve d’empathie, par vous renseigner sur l’histoire. Et puis, pourquoi pas, apprenez même un peu de kurde. Commençons par cette phrase : “Ez ji te hez dikim” [“Je t’aime bien”].

* Selahattin Demirtas est un avocat spécialisé sur la question des droits de l’homme, Selahattin Demirtas devient en 2014 président du Parti démocratique des peuples (HDP), qui réunit la majorité des Kurdes et une partie de la gauche turque. Au printemps 2015, il refuse la proposition d’alliance électorale avec Erdogan, qui mène alors un processus de paix avec la guérilla du PKK, et obtient 13 % des voix aux élections parlementaires. Le président turc s’allie alors avec l’extrême droite du MHP et met fin à la trêve et aux négociations de paix, déclenchant des affrontements d’une très grande violence dans les villes de l’est du pays. Visé depuis par de nombreux procès, dont un pour “propagande terroriste”, il est emprisonné depuis le 4 novembre 2016.


9 blessés par une bombe contre un véhicule de police à Diyarbakir

Neuf personnes ont été blessées vendredi dont huit policiers par l'explosion d'une bombe au passage d'un véhicule de la police près de Diyarbakir, la principale ville du sud-est de la Turquie en majorité peuplée de Kurdes, ont indiqué les autorités locales.

Selon un communiqué du bureau du gouverneur, la bombe était dissimulée dans une voiture garée sur le bas-côté, qui a explosé au passage d'un fourgon de la police anti-émeute en fin de nuit vers 5H00 locales (2H000 GMT).

Ces policiers circulaient sur la route principale conduisant de Diyarbakir à Mardin, localité touristique fondée par les Assyriens, à 30 km à vol d'oiseau de la frontière syrienne.

L'attentat n'a pas été revendiqué.

Cette explosion, la première depuis plus de cinq ans près de Diyabarkir, survient dans un contexte tendu, après une série de raids aérien de l'armée turque contre les groupes de combattants kurdes installés dans le nord-est de la Syrie, dont le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les YPG, unités de protection du peuple, alliées des Etats-Unis dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique.

Ankara a menacé le mois dernier de conduire une opération militaire terrestre afin de prendre le contrôle de cette région et d'instaurer une "zone de sécurité" de 30 km de large le long de sa frontière sud.  (AFP, 16 décembre 2022)

Selahattin Demirtas shows solidarity to Iranians in 4 languages

“What violence, what prison, what death could destroy the demand for rights and freedom,” Demirtas asked

Turkey’s imprisoned Kurdish politician Selahattin Demirtas has sent a solidarity message to Iranian people.

“I condemn the Iranian state, which is trying to suppress the people's desire for freedom with violence and executions,” former co-chair of pro-Kurdish People’s Democratic Party (HDP) said via Twitter on Friday.

Posting his message in Turkish, Kurdish, Persian and Azerbaijani languages, Demirtas asked “What violence, what prison, what death could destroy the demand for rights and freedom?”

In the aftermath of the suspicious death of the 22-year-old Mahsa Amini, following her arrest for allegedly violating Iran’s hijab law in September, thousands took the streets for the largest anti-government protests in Iran since 2009.

Spreading to as many as 80 cities, women were at the forefront of the demonstrations, waving and burning their headscarves. Iranian authorities escalated a violent crackdown on the protestors, killing hundreds, arresting activists and journalists.

Within the last two weeks, Iran publicly executed two prisoners who were arrested during the protests.

Since the beginning of the unrest in mid-September, Iranian authorities have arrested more than 14,000 people, according to UN human rights experts.

Demirtas who is behind bars in Turkey since 2016 on terrorism charges, despite several court rulings for his immediate release, also has shaved his hair in support of women in Iran in late September.

Masha Amini on Sept.13 was arrested by Iran’s morality police [Gasht-e-Ershad] - a unit enforcing the laws on Islamic dress code in public - for wearing her headscarf too “loosely” and hours after detention, fell into a coma. Three days after hospitalized, Amini died on Sept.16. According to Iranian police, she died due to a heart failure, but her family says she was subjected to torture, suffering a fatal blow to the head. (gerceknews, December 16, 2022)

L’État turc veut lever l’immunité parlementaire d’une députée kurde

Trois rapports préparés pour la levée de l’immunité parlementaire de la députée du Parti démocratique des peuples (HDP) Feleknas Uca ont été envoyés au Parlement turc.

Les rapports ont été préparés par le bureau du procureur général d’Ankara concernant la levée de l’immunité de Mme Uca.

L’un des rapports a été préparé le 4 février avec l’allégation d' »incitation à la haine et à l’hostilité ». Les déclarations de Mme Uca faites aux agences de presse concernant les attaques de l’Etat turc contre le nord et l’est de la Syrie et Shengal ont été citées comme motif.

Dans la deuxième plainte, Uca a été accusée de « propagande pour une organisation terroriste ». Le discours d’Uca à Êlih (Batman) le 8 mars 2021 était la raison du deuxième rapport.

Dans le troisième rapport, l’accusation de « faire des réunions et des manifestations illégales » a été portée. La marche, qui a été organisée en solidarité avec les actions de grève de la faim lancées contre l’isolement d’Ocalan à Imrali le 8 novembre 2018, a été citée comme motif de ce rapport. Les trois rapports ont été envoyés au Parlement. (ROJINFO, 10 décembre 2022)

Six months on, arrested Kurdish journalists still wait to see an indictment

Resul Temur, the lawyer of 16 Kurdish journalists who were jailed in June said the failure to produce an indictment showed that the prosecution did not have any evidence against them.

16 Kurdish journalists that were put behind bars after being arrested in Turkey’s southeastern Diyarbakir in June are yet to see an indictment after six whole months, their lawyer said, adding that the lack of indictment indicated that the prosecution failed to find evidence against them.

Speaking to Arti Gercek’s Remzi Budancir, lawyer Resul Temur explained the lawyers’ frustration while waiting for the prosecutor's office to finish its proceedings and prepare the indictment.

During the investigation, prosecutors claimed the journalists formed the “Media Comittee” of the PKK (Kurdistan Workers Party) and they were spreading propaganda.

“When the journalists were taken into custody, [the police] made clear why they were detained. They were detained because of the TV programs they made. No matter how long they wait, [the prosecutors] can at most make a transcription of those TV programs. Beyond that, there's really nothing they can do," Temur said.

He added: “This situation should no longer be seen as intimidation, but as a direct silencing and punishment.”

After the journalists were jailed, Turkish Journalists Association (TGC) dedicated the Press Freedom Award to them, as part of a show of support to all journalists behind bars who are unable to practice their profession. (gerceknews, December 16, 2022)


Kurdish censored on TV channel

In the 'Esra Erol'da' program on ATV, the words of a woman speaking in Kurdish were censored.

Besime, a mother who has not seen her daughter for a long time could not stop crying when she saw her. When she hugged her daughter she started expressing her feelings in Kurdish but the channel turned the volume down so that she could not be heard.

While Besime was speaking in Kurdish her daughter said "My mother does not know much Turkish" and translated that her mother was saying that "her heart was tearing out."

When the volume was turned down for a long while in the program, Esra Erol the presenter of the program, said, "Dear Besime, I know that you are sorry for your daughter but I also want to understand what you are saying."

The mother started to speak in Turkish after Erol's warning. (BIA, December 13, 2022)

Erdogan demande à Poutine de "nettoyer" le nord de la Syrie des forces kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé à son homologue russe Vladimir Poutine la nécessité de "nettoyer" le nord de la Syrie des forces kurdes, lors d'un entretien téléphonique dimanche.

"Il est important et prioritaire de nettoyer le long de la frontière des terroristes, sur au moins 30 km de profondeur, conformément au mémorandum de Sotchi en 2019", a affirmé M. Erdogan, faisant référence aux combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord de la Syrie, selon un communiqué de la présidence turque.

Selon le Kremlin, les deux dirigeants ont évoqué "la problématique" de la résolution du conflit en Syrie sur la base "du respect des conditions" de l'accord russo-turc de 2019.

"Les organes de défense et de politique extérieure des deux pays vont poursuivre à cet égard des contacts étroits", a affirmé la présidence russe dans un communiqué.

Le chef de l'Etat turc menaçait depuis novembre de lancer une opération militaire terrestre dans le nord de la Syrie pour repousser les combattants des YPG qu'Ankara accuse d'être derrière un attentat qui a fait six morts à Istanbul le 13 novembre.

Les forces kurdes ont nié toute implication.

En 2019, un accord entre Ankara et Moscou avait mis fin à une autre offensive turque, promettant la création d'une "zone de sécurité" de 30 km pour protéger la Turquie des attaques qui pourraient venir du territoire syrien.

Un accord aux termes similaires avait été séparément conclu entre Ankara et Washington en 2019.

La Turquie reproche à la Russie, ainsi qu'aux Etats-Unis, de ne pas respecter ces accords et d'avoir failli à éloigner les YPG de la frontière turque.

La Turquie a lancé le 20 novembre une série de raids aériens dans le nord-est de la Syrie sur des positions de combattants kurdes, qu'elle qualifie de "terroristes".

Quelques centaines de soldats de la coalition internationale sont déployés dans cette région aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019.

Moscou et Washington ont tous les deux affirmé leur opposition à une éventuelle incursion terrestre turque dans le nord de la Syrie. (AFP, 11 déc 2022)

HDP deputy throws headscarf in protest of cross-border military operations

People's Democratic Party (HDP) Diyarbakır MP Remziye Tosun took off and threw her white muslin on the floor in the general assembly of the parliament yesterday (December 8) during the talks on the 2023 budget.

"I am throwing my muslin here where all decisions of war are taken so that the fighting will stop, so that the isolation system [in prisons] is abolished and so that an honorable peace is reached in this geography," said Tosun.

The MP talked about and protested the cross-border operations of Türkiye.

Tosun said, "We are here in order to act for the people so we are obliged to struggle for honorable peace for the people. It is therefore that we said 'budget for peace, not for war.' And we will continue to say this. However, people's labor and the sweat of their brow is again transferred to the expenses of the war. The cost of 20 years of fighting is trillions of lira. And what share does the society get from this? Only oppression, death, violence, and hunger."

73 lives lost in the presence of the state

Tosun also spoke about the conditions in prisons. She said, "Policies of war are continuous from the prisons to the streets, from the streets to cross-border operations. Seventy-three people died in prisons in one year. 73 lives were lost in the presence of the state. Ill prisoners are kept as a trump card and political prisoners hostage. This way they are showing their teeth to all of the opposition."

Tosun said, "Now we need peace more than ever, and women need it the most. Because the women suffer the most. There are in our tradition, women who stop fighting by throwing their white muslin on the floor. Women have to use this power again today. I am also today throwing my muslin here where all decisions of war are taken so that the fighting will stop so that the isolation system [in prisons] will be abolished and so that an honorable peace will be reached in this geography.

Tosun said, closing her speech, "Operations should be stopped, the isolation in İmralı prison should be abolished, the way should be opened for an honorable peace." (BIA, 9 December 2022)

HDP MP not allowed to speak Kurdish in parliament

Main opposition Republican People’s Party’s (CHP) Deputy Parliament Speaker Haydar Akar on Dec. 6 did not allow pro-Kurdish Peoples’ Democratic Party (HDP) MP İmam Taşçıer to speak in Kurdish in the Assembly.

During the talks for the 2023 budgets, Taşçıer wanted to make his whole speech in Kurdish language. Allowing this for a while, Deputy Parliament Speaker Haydar Akar asked Taşçıer to continue his speech in Turkish.

When Taşçıer wanted to continue to speak Kurdish, Akar turned off his microphone and did not allow the HDP MP to speak “in accordance with the Rules of Procedure.”

Akar said “I also have a native language (different from Turkish). No MP here can understand me when I speak in my native language. I continue to speak in Turkish, which is the official language so that we can all understand it. He can say a few sentences (in Kurdish), but he can't make the whole speech,” Akar said.

Objecting the decision, HDP Group Deputy Chair Meral Danış Beştaş said “There are hundreds of Kurdish-speaking deputies here. Four-fifths of the Assembly may not understand, but I argue that one-fifth does. This language is the language of more than 30 million Kurds living in Turkey. Are the Kurds not citizens of the Republic of Turkey, do they not pay taxes?”

“It is a despotic attitude for you to interrupt our deputy’s speech. The Rules of Procedure does not say that Kurdish cannot be spoken. We do not reject the official language,” Beştaş added.

In response, Akar said “I am not against the Kurdish language.He can say something in his native language. If he translates them, we can understand the remarks. You say 30 million Kurds understand it, but the remaining 50 million do not understand. The aim is for 86 million people to understand.” (Duvar English, Dec 9, 2022)


Dix ans après le triple assassinat de militantes kurdes à Paris, appel à lever le secret défense

Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a exhorté mardi les autorités françaises à lever le secret défense concernant l'assassinat de trois militantes kurdes en plein Paris en janvier 2013, réclamant la fin de l'"impunité" dans cette affaire jamais jugée.

"Triple assassinat des militantes kurdes à Paris: 10 ans d'infamie, ça suffit ! Levez le secret défense !", interpelle dans un communiqué le CDK-F, qui dit fédérer 26 associations de la diaspora kurde en France.

Le CDK-F appelle à déclassifier "des informations détenues par les différents services du renseignement français" sur cette affaire.

Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été tuées de plusieurs balles dans la tête dans un appartement du Xe arrondissement de Paris.
 Le CDK-F accuse depuis des années le service de renseignement turc (MIT) et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat, perpétré, selon le CDK-F, par un agent du MIT.

L'enquête en France avait relevé "l'implication" de membres des services secrets turcs dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires.

Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, cet homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.

Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans l'assassinat. Une information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.

"Dix ans après, l'horreur, la tristesse et la colère restent toujours vivantes dans le coeur et la mémoire des Kurdes et de leurs amis", souligne le CDK-F.

"Sollicités à plusieurs reprises par les juges d'instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret défense", déplore-t-il.

"En refusant de lever le secret défense, la France commet un déni de justice et entretient l'impunité d'un crime politique et terroriste. La mort de l'assassin présumé, Ömer Güney, n'y change rien, puisque les commanditaires sont toujours vivants", estime le CDK-F.

Le 4 janvier, une marche blanche est prévue par le CDK-F jusqu'au 147 rue La Fayette, dans le Xe arrondissement, où le triple assassinat a eu lieu.

Le CDK-F appelle les Kurdes de la diaspora en Europe à converger à Paris le 7 janvier pour une grande marche, appelant citoyens et élus français, défenseurs de la justice, organisations politiques, syndicales et associatives à se joindre à la manifestation.

 Le 9 janvier, une cérémonie d'hommage sera organisée devant le 147 rue La Fayette et le 12 janvier se tiendra un colloque à l'Assemblée nationale sur le sujet, selon le CDK-F. (AFP, 6 déc 2022)

Après l’attentat d’Istiklal, la question kurde revient au centre du jeu politique

Melek Kaya, La Libre Belgique, 2 décembre 2022

"Cette guerre est une attaque pour prolonger la vie du gouvernement, pour maintenir son pouvoir ; elle n’a aucune légitimité, elle approfondit les problèmes régionaux, en particulier le problème kurde”, a déploré la coalition d’extrême gauche menée par le parti pro-kurde du HDP (parti démocratique des peuples, NdlR) dans un communiqué rendu public dimanche 20 novembre en réaction aux frappes aériennes menées par les forces armées turques au nord de l’Irak et en Syrie.

Ces interventions militaires se veulent une réponse à l’attentat du 13 novembre sur l’avenue Istiklal, rue piétonne la plus célèbre d’Istanbul, qui a fait 6 morts et 81 blessés. “D’après les premiers indices que nous avons recueillis, c’est le PKK/YPG (Parti des Travailleurs du Kurdistan et Unités de protections du peuple, NdlR) le coupable. […] Notre première évaluation est que les instructions ont émané de Kobané et que l’auteure de l’acte est passée par Afrine”, avait déclaré le ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, au soir du drame.

Si le IP (Bon Parti, NdlR) a immédiatement soutenu l’opération militaire, le CHP (parti républicain du peuple, NdlR) n’a formulé qu’une approbation tardive et prudente, laissant percevoir des divergences de vues au sein de la principale coalition d’opposition.

Une version officielle qui manque de crédibilité

Les deux organisations incriminées, bêtes noires d’Ankara, ont rapidement démenti les accusations du gouvernement turc et les zones d’ombre demeurent sur l’identité des commanditaires. “Nous assurons que nos forces n’ont aucun lien avec l’explosion d’Istanbul et nous rejetons les accusations contre elles”, a tweeté Mazlum Abdi, le chef de file des FDS (Forces démocratiques syriennes, NdlR).

”La version officielle n’est évidemment pas très crédible. Les éléments qui ressortent ne s’accordent pas non plus avec ce que le pouvoir présente. Le fait que le gouvernement lance une opération en Syrie immédiatement dans la foulée interroge aussi sur les calculs réels du gouvernement”, remarque Berk Esen, professeur de Sciences politiques à l’Université de Sabanci.

Dans un article publié le 22 novembre, le journaliste d’investigation Ismail Saymaz livrait l’interrogatoire d’Ahlam Albashir, responsable de l’attentat, où les propos de la jeune arabe syrienne dévoilent en effet un profil en décalage avec les profils connus du YPG.

La crainte d’une manipulation

L’attentat d’Istiklal ravive en effet les craintes d’un scénario similaire à l’année 2015. L’entrée du HDP au Parlement en juin 2015 avait privé le président Erdogan de la majorité au Parlement. La reprise des affrontements entre les forces armées turques et le PKK pendant l’été avait fait basculer le pays dans un nouveau cycle de violences et les élections anticipées de novembre 2015 avaient permis au président turc une reprise en main de l’échiquier politique.

Or, le 15 novembre, le site d’information T24 publiait une information inquiétante : un membre du MHP (parti d’action nationaliste, NdlR), allié utranationaliste d’Erdogan, aurait été convoqué dans le cadre de l’enquête sur l’attentat. Ces fuites n’ont pas manqué d’alimenter les théories de déstabilisation et de manipulation en sous-main de cette formation politique très hostile au mouvement kurde.

L’intervention militaire turque en Irak et en Syrie intervient alors que l’AKP (parti de la Justice et du Développement, NdlR) au pouvoir a multiplié les gestes à direction du parti du HDP, ces dernières semaines. Une délégation menée par le ministre de la Justice Bekir Bozdag avait notamment rencontré le HDP le 2 novembre dans le cadre des négociations autour du projet de loi de nouvelle constitution lancée par le président Recep Tayyip Erdogan.

Des initiatives qui ont surpris, dans un contexte où la coalition gouvernementale n’a eu de cesse de marginaliser et de criminaliser le HDP ces dernières années.

À quelques mois des prochaines échéances électorales, les deux grandes coalitions politiques sont données au coude à coude dans les enquêtes d’opinion et l’électorat kurde se trouve à nouveau dans une position de faiseur de rois.

Au Kurdistan iranien, Raïssi appelle à déjouer les plans des "ennemis"

Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé jeudi dans la province du Kurdistan, berceau des manifestations qui secouent le République islamique depuis la mort de Mahsa Amini, à déjouer les plans des "ennemis" de l'Iran, accusés de fomenter les troubles.

La jeune femme de 22 ans issue de la minorité kurde est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.

Cette mort a déclenché une vague de protestations contre le pouvoir qui accuse des forces étrangères, notamment les Etats-Unis, d'être derrière ces "émeutes" pour chercher à déstabiliser la République islamique.

Les autorités reprochent aussi à l'opposition kurde basée à l'étranger d'encourager la contestation, déclenchée dans la province du Kurdistan, dans le nord-ouest du pays.

"Lors des récentes émeutes, les ennemis ont commis une erreur de calcul en croyant pouvoir semer le chaos et l'insécurité", a dit le président iranien en inaugurant un projet d'eau potable à Sanandaj, chef-lieu du Kurdistan.

"Mais ils ignoraient que le Kurdistan avait par le passé donné le sang de milliers de martyrs et que ses habitants avaient vaincu l'ennemi", a-t-il ajouté dans son discours retransmis par la télévision, en faisant allusion à la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-88).

"Les gens sont confrontés à des problèmes économiques et sociaux mais ils savent être solidaires face à l'ennemi", a-t-il encore assuré.

Le président iranien a estimé que "la nouvelle génération dans cette région (...) ne suivrait pas les plans des ennemis, notamment des Etats-Unis".

- "Désespoir" -

Pour sa part, le commandant en chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, Hossein Salami, s'est rendu à Chiraz (sud) où 13 personnes ont péri fin octobre dans une attaque contre un sanctuaire chiite revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Il s'en est pris, lui aussi, à "l'ennemi" qui "ne veut pas que la sécurité règne dans le pays".

"Aujourd'hui, ils (les ennemis) essaient tous de semer les graines du désespoir dans le coeur des jeunes", a-t-il dit selon l'agence de presse officielle Irna.

"Certains affichent même leur satisfaction après l'élimination de l'équipe nationale de football", a-t-il ajouté, en allusion à la défaite mardi de l'équipe d'Iran face aux Etats-Unis lors du Mondial de football.

Ce revers de l'Iran et son élimination du Mondial ont suscité parmi les Iraniens à la fois des scènes de joie et de désespoir, dans un pays partagé face au mouvement de contestation.

Selon la justice iranienne, une enquête a été ouverte jeudi sur la mort par balle d'un jeune homme au nord de Téhéran, après la victoire des Etats-Unis.

Selon des groupes de défense des droits humains basés à l'étranger, qui accusent les forces de l'ordre, cet homme a été tué mardi soir au volant de sa voiture alors qu'il klaxonnait pour célébrer la défaite de son pays.

Parallèlement au combat contre les "ennemis", le commandant en chef des Gardiens a tenu à souligner la nécessité de "prendre des mesures pour servir le peuple, car la pauvreté et la misère font partie aussi des ennemis du pays".

Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début des manifestations antigouvernementales.

Selon le rapporteur spécial de l'ONU sur l'Iran, plus de 15.000 personnes ont été arrêtées.

Plus de 2.000 personnes ont été inculpées, dont la moitié à Téhéran, depuis le début de la contestation, selon les chiffres officiels de la justice iranienne. (AFP, 1 déc 2022)

Les Kurdes exhortent Moscou à empêcher une offensive terrestre turque

Les forces kurdes de Syrie ont demandé à la Russie de faire pression sur la Turquie, qui bombarde leurs régions dans le nord-est du pays, pour la dissuader de lancer une offensive terrestre, a affirmé leur chef mardi.

Lors d'une conférence de presse en ligne, Mazloum Abdi a cependant assuré que ses Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) "se défendront" si la Turquie lance l'assaut.

Ankara a lancé le 20 novembre une série de raids aériens dans le nord-est de la Syrie sur des positions de combattants kurdes, membres de groupes qualifiés de "terroristes" par Ankara. Et son président Recep Tayyip Erdogan a réitéré la semaine dernière son intention d'ordonner, "le moment venu", une offensive terrestre.

M. Abdi, commandant en chef des FDS, a rencontré samedi le commandant en chef des forces russes en Syrie, le général Alexandre Chaiko, à l'aéroport militaire de Qamichli (nord-est).

"Nous leur avons demandé de faire stopper les attaques turques", a déclaré le responsable militaire kurde. Selon lui, "il est clair que les Turcs (...) se préparent" à une offensive terrestre.

Moscou, allié du régime syrien, et Washington, qui soutient les Kurdes de Syrie, ont récemment appelé Ankara "à la retenue".

Si la Turquie met ses menaces à exécution, "nous serons obligés d'élargir l'étendue de cette guerre" pour qu'elle englobe l'ensemble de la zone frontalière, a averti M. Abdi, qui a déploré la position "faible" de Washington.

La Turquie a lancé ses raids après un attentat qui a fait six morts et des dizaines de blessés à Istanbul le 13 novembre, accusant les Kurdes de l'avoir commandité, ce qu'ils ont démenti.

Le président turc a réaffirmé vendredi l'objectif d'établir une "ceinture de sécurité d'Ouest en Est" le long de la frontière avec la Syrie.

- Déploiement de l'armée syrienne -

Depuis le 20 novembre, environ 75 personnes ont été tuées dans les frappes turques, en majorité des combattants des FDS, ainsi qu'une dizaine de civils et des soldats syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

A la faveur de la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 et qui a morcelé le pays, les Kurdes de Syrie ont pris le contrôle d'une grande partie du nord-est, instaurant une administration autonome malgré le courroux d'Ankara.

La Russie avait joué un rôle de médiateur lors de la précédente offensive turque en 2019 et obtenu un accord en vertu duquel l'armée syrienne et des forces russes se sont déployées le long de la frontière.

M. Abdi a souligné que "ce qui est actuellement discuté (avec les Russes), c'est le respect par les parties concernées de l'entente de 2019 avec la Turquie".

Il a indiqué accepter un déploiement plus important des forces du régime syrien dans la zone frontalière avec la Turquie si cela pouvait empêcher une offensive terrestre turque.

"Nous n'avons pas de problème avec une augmentation du nombre de forces gouvernementales (...) même si je pense qu'elles sont déployées en nombre suffisant", a-t-il dit.

Depuis le début du conflit en Syrie, les Kurdes ont évité toute confrontation avec le régime de Damas, à l'exception d'escarmouches limitées, et ont maintenu leurs relations avec le pouvoir central. (AFP, 29 nov 2022)


Des milliers de Kurdes manifestent contre les frappes turques dans le Nord-Est

Des milliers de Kurdes syriens ont manifesté dimanche à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, pour protester contre les récentes frappes aériennes turques visant cette région contrôlée par l'administration semi-autonome kurde, a rapporté un photographe de l'AFP.

Ankara mène depuis une semaine une opération aérienne baptisée "Griffe-Epée" contre les forces kurdes en Syrie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak, accusés par les autorités turques d'avoir perpétré l'attentat du 13 novembre à Istanbul, qui avait fait six morts. Les forces kurdes ont nié toute implication.

Depuis le 20 novembre, au moins 59 personnes ont été tuées dans les frappes turques qui se sont principalement concentrées dans le nord-est de la Syrie: 35 combattants kurdes, 23 soldats syriens, ainsi qu'un journaliste travaillant pour une agence de presse kurde, toujours selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Dimanche, dans la ville de Qamichli, dans la région d'Hassaké, des milliers de manifestants ont dénoncé les frappes de la Turquie, ainsi que les menaces d'une offensive terrestre qu'elle menace de déclencher, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

Les protestataires ont brandi le drapeau drapeau kurde rouge, jaune et vert et des portraits d'Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK, emprisonné en Turquie, lançant des slogans hostiles au président turc Recep Tayyip Erdogan.

"La volonté du peuple kurde ne sera pas brisée (...), nous ne quitterons pas notre terre historique", a déclaré à l'AFP Siham Sleimane, une manifestante de 49 ans.

"Nous sommes victimes d'une éradication", a dit un autre protestataire, Salah el-dine Hamou, 55 ans. "Jusqu'à quand allons-nous mourir pendant que le reste du monde nous regarde?"
 Appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les forces kurdes syriennes avaient été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations d'envergure dans le Nord de la Syrie contre les milices et organisations kurdes. Ankara répète vouloir créer une "zone de sécurité" de 30 km de large le long de sa frontière sud. (AFP, 27 nov 2022)


Les Kurdes syriens craignent qu’Ankara ne s’empare de leur ville symbolique

Ankara mène depuis dimanche des frappes aériennes contre les zones kurdes du nord-est de la Syrie. Et la Turquie a clairement fait savoir que Kobané, symbole de la victoire des forces kurdes contre l’EI, figure en tête des objectifs d’une offensive terrestre qu’elle menace de déclencher.

En souvenir des sanglants combats qui ont délogé les jihadistes de la ville en janvier 2015, les autorités kurdes ont instauré un cordon autour d’un ensemble de bâtiments détruits, de véhicules calcinés et de débris de missiles, qu’ils ont baptisé “musée” de Kobané.

Dans cette ville frontalière de la Turquie, la tension est palpable et se lit sur les mines crispées des habitants, même si certains continuent de suivre les matches du Mondial.

La plupart d’entre eux avaient fui les combats avec l’EI, avant de revenir progressivement et de reconstruire leurs habitations.

“On a combattu l’EI pour le monde entier et, aujourd’hui, le monde ferme les yeux et fait l’autruche face aux bombarde­ments turcs”

Une semaine après un attentat qui a fait a fait six morts à Istanbul le 13 novembre, imputé par Ankara aux Kurdes, la Turquie a lancé une campagne de raids aériens dans les zones kurdes de Syrie, à commencer par Kobané.

Ankara a affirmé que l’attentat avait été commandité de Kobané, mais les Kurdes ont nié toute responsabilité.

Les bombardements turcs ont ensuite visé d’autres régions, notamment la province de Hassaké (nord-est), bastion des Forces démocratiques syriennes, une coalition dirigée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis.

La Turquie menace également de lancer une opération terrestre pour protéger sa frontière sud.

Erdogan veut une “ceinture de sécurité d’Ouest en Est”

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé vendredi son objectif d’établir une “ceinture de sécurité d’Ouest en Est” le long de la frontière sud.

Une telle zone engloberait de facto la ville emblématique de Kobane, reprise en 2015 par les Forces démocratiques syriennes (FDS, kurdes) aux jihadistes du groupe Etat islamique avec le soutien des Etats-Unis.

“Avec la ceinture de sécurité que nous sommes en train de créer au-delà de nos frontières, nous défendrons les droits de millions de femmes et d’enfants innocents”, a martelé M. Erdogan lors d’un discours à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes.

“Si Dieu le permet, nous compléterons cette (zone) le long de toute notre frontière d’Ouest en Est dès que possible”, a-t-il insisté.

“Briser la volonté des Kurdes”

“La situation à Kobané est mauvaise et les gens ne dorment pas la nuit”, de peur que “la ville ne soit bombardée à tout moment”, déclare Nabo Jumaa Ramadan, qui a ouvert une supérette dans la ville après être rentré du Liban voisin en 2019.

“Kobané est un symbole pour les Kurdes ; elle a vaincu l’EI”, assure-t-il fièrement.

Selon lui, le président turc Recep Tayyip Erdogan souhaite “briser la volonté des Kurdes dans la ville”.

“Si Kobané tombe, tout le Rojava tombera”, prévient-il, en utilisant le nom donné par les Kurdes aux régions qu’ils contrôlent en Syrie.

M. Erdogan avait déjà menacé d’attaquer Kobané et d’autres zones sous contrôle kurde. En 2019, les Etats-Unis et la Russie étaient intervenus pour empêcher Ankara de mener une attaque de grande ampleur.

Moscou avait facilité le retrait des forces kurdes, qu’Ankara taxe de “terroristes”, de Kobané, leur ancien bastion, vers une zone située à plus de 30 kilomètres de la frontière turque.

Jeudi, malgré la crainte d’une intervention terrestre, aucune mobilisation militaire n’était visible dans les rues de la ville, selon des correspondants de l’AFP.

Une voiture civile munie d’un haut-parleur sillonnait le centre-ville, appelant à prendre part à une manifestation contre les bombardements turcs.

De plusieurs quartiers de Kobané, des drapeaux turcs sont visibles à la frontière.

Sur une colline proche, qui abrite un poste des soldats du régime syrien, on distingue également les drapeaux syrien et russe. (AFP, 25 nov 2022)


Minorités / Minorities

Freedom of association of the minorities de facto suspended

A new report by The Freedom of Belief Initiative said the election regulation for the minority foundations which took effect in June suspended the internationally protected association rights of minorities

The election regulation for the boards of minority foundations that was elaborated by the General Directorate of Foundations in Turkey has hindered the minorities to select board of directors for their foundations, said The Freedom of Belief Initiative in a report titled “Narrow Election – “Policy text of the minority foundations election regulation in the light of human rights principles,” written in collaboration with Norwegian Helsinki Committe.

The report, penned by Arno Kalayci, a researcher in the Research Centre for Justice and Governance, claims that freedom of association of minorities in Turkey has been de facto suspended.

According to the report, the regulation, which took effect in June this year put aside internationally protected minority rights in Turkey, as it was politicized and shaped by the government, although it is the duty of the Foundations Council to decide on the draft regulations regarding foundations.

International principles ignored

The report said that the principles laid down by the Human Rights Committee, the European Court of Human Rights (ECHR) and other international human rights mechanisms and the Constitutional Court were not taken into account during the preparation process of the new regulation. The new regulation was not prepared through a process in which different social segments of minority communities took part as stakeholders.

Demands and needs were brushed aside

Critical and previously known problems, such as the constituency, the residence requirement for candidacy and election and the determination of the election organization committees by the current administrative board were arranged in a way contrary to demands and needs.

Similarly, despite all objections and criticisms, the elections of foundations with hospitals were postponed and no legal justification was presented for this.

Dysfunctional judiciary

The last ten years saw minorities demanding from politicians to benefit from their fundamental rights and freedoms, and neither the national assembly nor the relevant ministries, judicial institutions were effective in solving the problems.

By blocking the election of the board of directors of minority foundations, the administration has de facto suspended important elements of the collective dimension of minorities' freedom of association and religion in Turkey for a long time and limited the fundamental rights and freedoms of minorities violating the Constitution.

The judiciary has become dysfunctional in the legal struggles carried out by minorities with limited means and left the solution of the problems to the political power.

Suggestions to eliminate the impact

The report also suggested some steps to take to eliminate the impact by the interventions to the collective dimension of minorities' freedom of association belief. These are:

• Turkey should join to the Council of Europe Convention on the Protection of National Minorities, and the reservations in other international conventions should be removed.
• Barriers to freedom of association, religion or belief of minorities in national law should be removed.
• Necessary legal arrangements should be made with broad participation of minorities in order for minorities to acquire legal personality and to enjoy their right to be free in their internal affairs in an equal and effective manner.
• Measures to ensure de facto equality should be implemented. In this context, a share from the public budget should be allocated to minority institutions, especially foundations with schools and places of worship.
• Selective and discriminatory interventions regarding constituency, candidacy and votership, which are included in the regulation, should be ended, and an arrangement should be made that allows all minority foundations to hold elections. Restrictive control mechanisms should be abolished and democratic elections should be ensured.
• Article 25, which postpones the elections of the board of directors of foundations with hospitals, should be repealed.
• Fundamental steps should be taken for the judiciary to have an effective function regarding minority rights. (gerceknews, 12 December 2022)

Kalin: "L’Arménie a plus besoin de la Turquie et de l’Azerbaïdjan que des E-U et de la France"

Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a participé à un événement organisé à l’Université Bilkent à Ankara, et consacré aux perspectives de la politique étrangère de la Turquie, rapporte Hurriyet.

Dans ses remarques lors de l’événement, Kalin a souligné qu’une fois qu’un traité de paix sera signé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, il y aura la paix et la prospérité dans la région. Selon lui, tout le monde en bénéficiera, et l’Arménie en sera le principal bénéficiaire.

"Parce que l’Arménie est un petit pays enclavé avec une population de [seulement] trois millions d’habitants. La normalisation de [ses] relations avec l’Azerbaïdjan et la Turquie contribuera le plus au développement de l’Arménie. Contrairement à l’opinion de la diaspora arménienne, l’Arménie a plus besoin de la Turquie et de l’Azerbaïdjan que de la France et des États-Unis.

Si nous parlons franchement, l’Arménie est aujourd’hui sous les auspices militaires et le contrôle économique de la Russie. L’Arménie est un pays qui travaille pour exister, en se positionnant comme une partie du bloc occidental. La meilleure solution pour l’Arménie est la normalisation de [ses] relations avec la Turquie et l’Azerbaïdjan", a déclaré Ibrahim Kalin, en faisant semblant d’ignorer que les voisins en question de l’Arménie se comportent comme des prédateurs à son égard... Le monde à l’envers, dans la pure tradition négationniste de l’Etat génocidaire turc. (armenews.com, 9 déc 2022)

Politique intérieure/Interior Politics

Opposition party leader injured in knife attack in his Ankara office

An unidentified assailant attacked an opposition party leader with a knife in his office in Ankara, Turkish media outlets reported.

The politician, Öztürk Yılmaz, leader of the Innovation Party (YP), was injured in the attack, losing a significant amount of blood, media reports said.

Yılmaz has been hospitalized at an Ankara hospital. The assailant fled the scene of the attack.

Also a former diplomat, Yılmaz was held hostage by the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL) for 101 days in 2014. He recently announced that he would run in next year’s presidential election, openly accusing the ruling Justice and Development Party (AKP) of collaborating with the terrorist group.

Yılmaz, Turkey’s former consul general in Mosul, was taken hostage by the terrorist organization along with 48 staff members and dependents at the consulate after it was raided on June 11, 2014. All the hostages were released in October of the same year.

Yılmaz, who started his political career with the main opposition Republican People’s Party (CHP) in 2015, was expelled from the CHP in 2018 and founded the YP, which he currently chairs, in 2020.

Yılmaz announced during a meeting with party members last month that he would stand as a candidate in Turkey’s 2023 presidential election, saying he wanted to “fight, settle old scores and completely change the system that President Recep Tayyip Erdoğan established.”
(turkishminute.com, December 7, 2022)

Un député en soins intensifs après une bagarre au Parlement

Un député turc de l'opposition a été hospitalisé d'urgence et placé en soins intensifs mardi à Ankara après avoir reçu un coup sur la tête lors d'une bagarre au Parlement, a annoncé mardi une élue de son parti.

"Nous avons constaté que son état s'est détérioré après le coup qu'il a reçu sur la tête. (...) Une défibrillation cardiaque a été pratiquée à l'hôpital", a affirmé aux journalistes Aylin Cesur, députée d'Iyi Parti (le "Bon Parti" en turc, nationaliste), membre du même parti que le député hospitalisé, Hüseyin Örs.

M. Örs, 58 ans, est en soins intensifs et son état est jugé "critique", a précisé Mme Cesur.

Les images diffusées par les médias turcs montrent le député de Trabzon, sur la mer Noire (nord-est), frappé par un élu du parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la Justice et du développement, islamo-conservateur).

L'AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdogan, n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

La bagarre a éclaté lors du débat sur le budget 2023.

"Notre député a été victime d'une lourde attaque. (...) C'est un jour de honte pour le parlement turc et pour ceux qui ont commis cette agression", a réagi le porte-parole d'Iyi Parti, Kursat Zorlu.

Les bagarres et échanges de coups sont assez fréquents lors de débats tendus à l'assemblée nationale turque. (AFP, 6 déc 2022)


Erdogan prépare la guerre dans un pays où le fromage coûte plus cher que la viande

Ragip Duran, Chronique Turquie, 6 déc 2022


  • Plusieurs signes montrent que l’invasion de la Syrie du nord par l’armée de terre turque serait imminente. Le Président turc, pour rester au pouvoir désire installer des coffins de martyrs à coté des urnes.


Washington et Moscou, bien qu’ils avaient fermé les yeux quand l’aviation turque bombardait depuis au moins une semaine les objectifs civils kurdes en Syrie du nord, s’opposent nettement contre une opération terrestre de l’armée turque en territoire syrien. Mais les porte-parole du régime d’Ankara insistent: ‘’Nous pouvons à tout moment commencer cette opération, une nuit soudainement’’, disent-ils.


A 29 semaines des élections présidentielles et générales, Erdogan croit qu’il peut encore gagner grâce à une guerre contre les kurdes, car une grande partie de la nation turque, à commencer par les 6 partis de l’opposition officielle soutien ‘’la lutte contre le terrorisme pour la défense de l’intégrité territoriale, de l’union de l’Etat et de la nation’’ selon leurs propres phrases. Intégrité territoriale en terre syrienne!


Les responsables de deux ambassades et d’une grande organisation internationale à Ankara ont reçu des messages des autorités turques pour renforcer les mesures de sécurité afin d’empêcher des attentats ou bombardements prochains.


Les troupes turques présentes en Syrie du Nord, qui participaient aux patrouilles périodiques et conjointes avec les Russes ont cessé cette activité.


Moscou a envoyé des renforts à ses bases militaires dans la région frontalière syro-turque.


Les familles des soldats américains présentes dans les régions frontalières de Syrie et d’Irak du Nord ont quitté leurs maisons pour venir s’installer à Erbil (ville kurde d’Irak du Nord).


Moscou, a transmis le message d’Ankara aux responsables kurdes de Syrie: ‘’Retirez toutes vos forces militaires de la région frontalière turco-syrienne et laissez cette région de 30 km. de profondeur aux autorités du régime de Damas’’. Proposition refusée par le FDS, Forces Démocratiques de Syrie, l’armée kurde locale.


La guerre ou bien une opération militaire de cette dimension a besoin d’au moins trois éléments essentiels, rappellent les spécialistes:


- Soutien de l’opinion publique interne, assuré


- Soutien des puissances globales et régionales, non assuré


- Une économie forte et un soutien financier important, non assurés



Erdogan a pu, selon les médias du pouvoir, trouver récemment 15 milliards de dollars de crédit en provenance de l’Arabie Saoudite et du Qatar. Mais dans un pays où le fromage (En moyen 130 livres turques, le kilo, 6.5 euros) coûte plus cher que la viande (En moyen 90 livres turques, le kilo, 4.5 euros) ces 15 milliards risquent d’être évaporés dans le sang et dans la poussière de la guerre.


La sécurité nationale, appellation officielle de la lutte contre les kurdes est un thème populaire et convaincant pour les électeurs. Alors que la situation économique et financière est le Talon d’Achille du pouvoir turc.


Erdogan semble choisir une stratégie déjà exécutée et réussie en 2015 et 2018: renforcer l’animosité anti kurde, provoquer encore plus les sentiments et réflexes nationalistes (pas seulement contre les K également contre l’opposition et contre l’Occident)au sein de la population et ainsi les votes qu’il perd depuis au moins 2020.


Il risque de réussir, estiment une partie des observateurs indépendants.

Alchimie militaro-politique d’Erdogan: Transformer les bombes en bulletin de vote

Ragip Duran, Chronique Turquie, 27 nov 2022

A huit mois des élections, le Président turc, qui prépare la guerre contre les kurdes de Syrie, croit qu’il peut gagner grâce au soutien de l'opposition et au silence du monde occidental.

Il est coincé. Les prix montent à toute vitesse, la livre turque chute encore plus vite. Ça fait déjà 20 ans qu’il est au pouvoir et il n’a plus de promesse, plus de fable à raconter aux citoyens. Après de ‘’bonnes nouvelles’’ inventées, sur la découverte de grands stocks de gaz naturel dans la Mer Noire et la nouvelle voiture ‘’locale et nationale’’ fabriquée en Turquie, il est allé jusqu’à prétendre que ‘’la Turquie enverra en 2023 son premier astronaute à la lune’’! Ces trois initiatives n’ont pas rempli les poches des Turcs de plus en plus pauvres. Ces trois thèmes de propagande n’ont pas rempli non plus les cœurs des électeurs, qui fuient le pays s’ils ont les moyens. Alors il était malheureux quand il lisait les résultats des sondages d’opinion, car il perdait toujours devant les trois autres candidats.

Perdre le pouvoir ne sera pas une simple défaite pour l’Homme Unique. Car il risque de perdre toute sa richesse accumulée d’une façon pas très catholique d’ailleurs. De plus, il risque de se trouver derrière les barreaux d’une cellule de prison, car il a commis une multitude de crimes, d’actes illégaux et illégitime selon ses opposants.

La guerre contre les kurdes peut, croit-il, renforcer sa position politique et électorale. Le terrorisme dit de l’Etat ou bien la violence officielle tout court, contre les kurdes, mais également contre les Syriens est monnaie valable dans la grande partie de la société turque. Ce scénario avait été déjà mis en scène en 2015. Quand Erdogan avait perdu la majorité parlementaire en juin 2015, une campagne de bombardement exécutée grâce aux militants de l’Etat Islamique, allié d’Erdogan contre les kurdes et contre le régime d’Assad avait donné ses fruits. Il avait pu regagner les élections de novembre 2015.

Quant aux acteurs régionaux et internationaux, c’est-à-dire Washington, Moscou, Téhéran et l'Union européenne - un degré moins important pour ce dernier -, Erdogan se serve des contradictions internes de ces puissances.

En Syrie du Nord, il y a essentiellement trois forces militaires sur les territoires bombardés par l’aviation turque : la coalition contre l’Etat Islamique dirigée par les Etats Unis, les troupes russes qui soutiennent le Président Assad, enfin les locaux, les kurdes. Faut-il également ajouter les groupes et groupuscules armés des intégristes, des islamistes plus les milices pro-iraniennes.

Actuellement, le monde occidental se concentre sur l’invasion de l’Ukraine par Poutine. L’administration de Biden n’est déjà pas très forte aux Etats Unis même. Et l’Iran attaque ses propres kurdes et les kurdes d’Irak. Il y a donc très peu d’opposition au niveau international. Ainsi, Erdogan peut se passer devant une grande partie l’opinion publique turque comme un héros qui lutte contre les deux super puissances pour protéger l’unité de la patrie et de la nation !

Détail important : cette dernière campagne de bombardement contre la Syrie du Nord, serait, selon Ankara, la réponse à l’attentat du 13 novembre, 6 morts et 81 blessés à Istanbul. Aucune organisation n’a toujours pas revendiqué la responsabilité de cet attentat. Mais le régime d’Erdogan a pu tout de suite trouver le responsable : le PKK/PYD (organisations politico-militaires des kurdes de Turquie et de Syrie) a-t-il déclaré. Alors que ces deux partis ont condamné cet acte sanglant et refusé toute responsabilité. Une jeune femme, noire, qui a déposé la bombe était présentée comme étant ‘’l’agent de renseignement spécialement formé par le PKK/PYD’’. Mais il s’est avéré que cette femme appartient à une famille proche de l’Armée Libre de Syrie (ALS), une organisation parapluie créée par Ankara, composée de différents groupes d’intégristes. Ses deux frères, portant l’uniforme de l’ALS, ont été tués sur-le-champs de bataille et un troisième est toujours commandant de cette armée.

Les médias indépendants ont publiés en Turquie, plusieurs dizaines de papiers démontrant les contradictions et les incohérences des aveux de la jeune suspecte.

Les porte-parole de l’opposition parlementaire, a l’exception du HDP (Kurdes et gauche), se sont tout de suite rangé du côté d’Erdogan pour applaudir l’armée turque et les bombardements.

Une autre précision : au seuil de l’hiver, l’aviation turque a bombardé cette fois essentiellement les infrastructures d’énergie, de pétrole et d’électricité, donc des objectifs civils pour rendre la vie quotidienne encore plus difficile. Les avions de guerre turcs ont également bombardé les alentours de deux objectifs sensibles : le camp-prison où sont détenus les familles des militants de l’Etat Islamique et les terrains proches des bases américaines et russes.



Erdogan a déjà annoncé qu’une opération terrestre avec des tanks est en préparation ‘’pour éradiquer complètement le terrorisme’’ selon ses propres mots. Mais l’ensemble des observateurs étrangers savent bien qu’il s’agira d’une tentative d’occupation d’une bande de 30 km de profondeur sur le territoire syrien. Les kurdes seront chassés et une partie des 5 millions de réfugiés syriens qui vivent actuellement en Turquie y seront installés selon les plans d’Ankara.

‘’Facile de faire des plans, mais difficile de les exécuter’’ prévoit Celal Baslangic, chroniqueur spécialiste du problème kurde de la chaîne Arti TV, basée en Allemagne.

Forces armées/Armed Forces

Albania signs deal to buy armed drones from Turkey

Albania has bought three Turkish-made Bayraktar drones that will be ready for action if the country's national security is threatened, but will be used in the meantime to help police, Albanian Prime Minister Edi Rama said on Tuesday, as Turkish drones continue to gain popularity globally after being used by Ukraine's military to thwart Russian forces.

"They will be ready for every occasion," Rama said during a signing ceremony with representatives of Turkish defense company Baykar in Albania’s capital Tirana, adding that he hoped the drones would never have to be used in a war.

He did not say when they would be delivered and whether Albania would seek to buy more of them.

Rama said the drones, which will be armed and ready for combat, will help authorities in a number of areas, including monitoring the Balkan country's territory, locating cannabis plantations and tracking wildfires.

Albania, which became a NATO member in 2009, has no warplanes.

Baykar said Albania has become the 27th country that the company exported drones in a post on Twitter, along with a hashtag #nationaltechnologymove.

During the ceremony, Baykar’s CEO Haluk Bayraktar expressed his wish that this technology will start a new era between the two countries.

"These technologies proved to be really important assets in the inventory. They can be used not only in wartime but also in peacetime. Here we will establish a service center that will serve Albania and neighboring countries," he said. (gerceknews.com, 21 December 2022)

Un tribunal turc acquitte 103 amiraux à la retraite

Un tribunal turc a acquitté mardi 103 amiraux à la retraite que le président Recep Tayyip Erdogan avait accusés l'an dernier de préparer un "coup d'État", ont annoncé les médias d'État.

Le tribunal d'Ankara chargé de cette affaire a conclu qu'il n'y avait pas à leur encontre d'éléments légaux constitutifs d'un crime, selon l'agence de presse Anadolu.

Le parquet avait requis jusqu'à 12 ans d'emprisonnement pour chacun de ces anciens amiraux, qui étaient restés libres dans l'attente du procès.
 Ils ont été déférés à comparaître devant la justice après avoir signé en avril 2021 une lettre ouverte en faveur du respect de la Convention de Montreux de 1936.

Ce traité vise à démilitariser la mer Noire en fixant des règles strictes pour le passage des navires de guerre dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles conduisant à la Méditerranée.

Mais M. Erdogan prévoit de faire creuser un nouveau canal à Istanbul, à l'ouest du Bosphore, afin de soulager l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde.

Les amiraux à la retraite ont fait part de leur crainte que l'éventuelle remise en cause de cette Convention en cas de creusement d'un tel canal n'ait des répercussions négatives sur la Turquie.

Le président turc s'est alors emporté contre ces ex-hauts responsables de la Marine, les accusant de menacer de fomenter un "coup d'État" contre le gouvernement élu. (AFP, 20 déc 2022)


Conditions of US sale of F-16s to Türkiye removed from defense budget bill

Anadolu Agency reported on Wednesday (December 7) that the final version of the text of the bill to be voted in the general assembly of the two wings of the congress had emerged, and that the items making sales of F-16 jets contingent on conditions were removed.

Accordingly, the conference committee, which includes senators and representatives from both houses of the US Congress, finalized the National Defense Authorization Law (NDAA) bill, which includes a defense budget of 857 billion dollars.

The related restricting items were presented by 18 representatives, including New Hampshire Representative Democrat Chris Pappas, Florida Representative Republican Gus Bilirakis, New York Representative Republican Nicole Malliotakis, and New Jersey Representative Democrat Frant Pallone.

The removal of the relevant clauses came after similar clauses previously submitted by New Jersey Senator Bob Menendez and Maryland Senator Chris van Hollen were not included in the Senate version of the NDAA bill.

Türkiye hails recent US move

AA also reported that Türkiye hailed the recent US move to exclude certain provisions in the final text of the US defense budget on the sale of F-16s to Ankara.

Accordingly, speaking at a joint press conference with his Moldovan counterpart Nicu Popescu in Istanbul, Foreign Minister Mevlut Cavusoglu said: "In the end, the absence of a negative element (in the bill) is a positive development. We welcome this," and "Approval of bill, completion of purchases would serve 'everyone's interest" he added.

What did previous version say?

In the previous version of the defense budget, it was stipulated that new F-16 sales to Turkey and F-16 modernization kits would not be made within the scope of the Arms Export Control Law, while the exemption of this article was subject to the following conditions:

"After concrete steps are presented to the relevant committees of the Senate and House of Representatives to ensure that the sale in question touches on important national security interests of the United States and that these weapons do not repeatedly violate Greek airspace, the president may apply for an exemption from this clause."

While the items submitted by Menendez and van Hollen were not added to the Senate bill, the bill submitted by Pappas and his supporters was approved and included by the House of Representatives on July 14.

Efforts of Türkiye were influential

It is stated that the efforts of Turkish diplomats and the Ministry of Foreign Affairs in Washington were influential in this step from the Congress.

In order for arms sales to be realized, it is necessary that Congress does not raise an objection to the sale.

Turkey requests 40 new F-16 Block 70 fighter jets and modernization kits for 80 aircraft in its inventory from the USA. (BIA, 7 December 2022)

La coalition internationale reprend ses patrouilles dans le nord de la Syrie

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a repris ses patrouilles régulières dans le nord-est de la Syrie après les avoir réduites en raison des bombardements turcs, ont indiqué vendredi un correspondant de l'AFP et une source militaire kurde.

La Turquie a lancé le 20 novembre une série de raids aériens dans le nord-est de la Syrie sur des positions de combattants kurdes, membres de groupes qualifiés de "terroristes" par Ankara.

Quelques centaines de soldats de la coalition internationale sont déployés dans cette région aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019.

"La coalition internationale, en coordination avec les FDS, a repris ses patrouilles régulières dans le nord-est de la Syrie, après qu'elles ont été réduites en raison des frappes turques sur la zone", a indiqué à l'AFP une source militaire kurde, sous couvert d'anonymat.

"La coordination entre les FDS et la coalition ne s'est pas arrêtée, mais elle a baissé avec la réduction des patrouilles et la nécessité pour les FDS de se concentrer sur les menaces turques", a-t-il ajouté.

Les patrouilles étaient passées de "20 par semaine à environ cinq ou six après le début des frappes turques", selon la source kurde.

Ces frappes, qui ont fait des dizaines de morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ont baissé en intensité ces derniers jours.

"Nous avons été contraints d'arrêter les opérations contre les cellules de l'EI pendant plusieurs jours", en raison des attaques de la Turquie, a déclaré de son côté Mahmoud Bardakhan, membre du commandement général des FDS. Ces opérations reprendront samedi en "coordination avec la coalition", a-t-il ajouté.

Les FDS avaient averti que l'escalade turque entraverait sa lutte contre l'EI, menée avec la coalition, alors que le groupe jihadiste continue de mener des attaques sporadiques.

Deux patrouilles de la coalition sont parties vendredi matin dans deux directions différentes depuis sa base de Rmeilane, près de Hassaké, selon un correspondant de l'AFP.

Chaque patrouille comprenait quatre véhicules blindés arborant des drapeaux américains et était accompagnée d'un véhicule des FDS.

Des patrouilles de la coalition ont également eu lieu vendredi, plus au sud, dans la province de Deir Ezzor, selon l'OSDH.

La coalition internationale est le principal soutien des FDS, principalement constituée de membres des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiées d'organisation "terroriste" par Ankara.

Après que la Turquie a lancé ses frappes et menacé d'une opération terrestre, les FDS ont exhorté Washington à adopter une position plus "ferme" pour freiner Ankara.

"Les patrouilles américaines (...) ne suffisent pas. Le plus important, c'est qu'on voit les Américains quand les avions bombardent nos zones (...) Ils doivent nous protéger", indique de son côté Ibrahim Khalil, un commerçant de 42 ans, au passage d'une patrouille à Jawadiyé, dans le nord-est de la Syrie, pays morcelé en raison de la guerre déclenchée en 2011. (AFP, 2 déc 2022)


Syrie: tirs de roquette contre une base américaine dans le Nord-Est

Deux tirs de roquettes ont visé vendredi soir la base américaine d'al-Chaddadeh dans le Nord-Est de la Syrie, au sud du gouvernorat de Hassaké, a annoncé samedi le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).

L'attaque, qui a ciblé les forces de la coalition internationale vers 22H30 (21H30 GMT), n'a fait ni victime ni dégât dans la base, selon la même source.

Centcom n'a pas précisé l'origine des tirs, intervenant alors que des positions kurdes du nord de la Syrie ont été visées par une série de raids aériens de la Turquie depuis dimanche dernier.

"Les attaques de cette sorte mettent en danger la population civile et les forces de la coalition et fragilisent la sécurité et la stabilité durement acquises de la Syrie et de la région", a estimé le porte-parole de Centcom, le colonel Joe Buccino.

Le 17 novembre, l'armée américaine avait rapporté une attaque à la roquette contre une base de la coalition, à al-Omar (Est), où se trouve le plus grand champ pétrolifère de Syrie. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, avait estimé que l'attaque provenait "d'une base de milices pro-iraniennes".

Mardi, une frappe turque contre une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale antijihadiste, dans le Nord-Est de la Syrie, a mis les forces américaines en danger, selon le Centcom. Un drone turc a bombardé la base, faisant deux morts parmi les combattants kurdes.

Les tirs d'artillerie turcs ont aussi repris vendredi contre la province de Hassaké, selon l'OSDH, qui n'a pas fait état de victimes.
 La Turquie dit être décidée à sécuriser sa frontière, affirmant que l'attentat ayant fait six morts et 81 blessés au coeur d'Istanbul le 13 novembre, a été commandité de Kobané, dans le Nord de la Syrie, ce que les Kurdes ont démenti.

Ankara indique cibler depuis le 20 novembre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de ses alliés des Unités de protection du peuple (YPG), composante dominante des Forces démocratiques syriennes (FDS, une alliance dominée par les Kurdes).

Appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les FDS avaient été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019. (AFP, 26 nov 2022)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Turkey’s religious body says New Year celebrations are “cultural corruption”

Diyanet said “the entertainments held under the name of New Year's Eve, the symbolic figures used in these entertainments and cutting pine trees have nothing to do with our history and culture”

Turkey’s Directorate of Religious Affairs (Diyanet) has declared New Year celebrations as a “cultural corruption” in its Friday prayer’s sermon text.

“We live in a time when moral values and traditions have begun to deteriorate and a cultural alienation is rapidly increasing. One of these cultural corruptions is New Year celebrations,” the official state institution regulating the role of Islam in the country said.

“The entertainments held under the name of New Year's Eve, the symbolic figures used in these entertainments and cutting pine trees have nothing to do with our history and culture,” it said in the text send to all mosques around Turkey to be read simultaneously.

Islamist circles in Turkey have long been angered by the popularity of New Year celebrations, putting an upmost effort to discourage them by relating with Christianity.

In previous years, the country has witnessed several protests targeting the festive and its symbols.

In several occasions, protesters have stabbed inflated Santa Clauses or even performed so-called circumcisions on them.

According to the directorate’s sermon text, alcohol which is banned in Islam is the mother of all evils, and gambling, destroys families and causes murders.

“Lottery, which is a type of gambling is also forbidden [Haram] and sinful in our religion”, it said. (gerceknews.com, 23 December 2022

Une fillette de 6 ans mariee!

Ragip Duran, Chronique Turquie, 12 décembre 2022

C’était dans une secte religieuse. L’ensemble du pays condamne cette pratique qualifiée de "viol", "de harcèlement sexuel de mineur". Le Président Erdogan garde le silence. Le procureur demande 27 ans de prison pour chacun des parents et "le mari".

Timur Soykan, journaliste d’investigation du quotidien Birgün (Un jour, gauche) l’a révélé grâce à l’étude d’un dossier d’un tribunal.

Le président de la Fondation Hiranur, M. Yusuf Ziya Gumusel a accepté le mariage de sa fille H.K.G. avec un homme de 29 ans, membre du secte, alors que la fillette avait 6 ans. Cette Fondation est proche du secte İsmail Aga, un des plus grands du pays, connu par ses pratiques très strictes de l’Islam. Le fondateur de cette secte l’imam Mahmut Ustaosmanoglu, qui avait "reçu" plusieurs fois le Président Erdogan avait demandé au seuil de sa mort que "les femmes ne participent pas à ses funérailles". Actif depuis 1980, ce secte dirige des écoles coraniques et organise des activités d’entre aide parmi ses membres. ‘’Nous avons formé jusqu’aujourd’hui plus de 100 milles étudiants’’ (Talibans) réclame la secte sur son site internet. Mais par ailleurs, il y a deux assassinats dans les mosquées du secte, qui n’ont toujours pas été interrogés en détail par les tribunaux.

H.K.G a déposé une plainte au Parquet d’Istanbul il y a deux ans. Elle a expliqué en détail dans sa déposition ses malheurs. Mariage religieux à 6 ans, mariage civil à 12 ans, harcèlement sexuel permanant… Elle croyait au départ qu’il s’agissait d’un jeu.

Le procureur a rédigé son acte d’accusation, il y requiert 27 ans de prison ferme pour chacun des parents et le mari. Le frère et les sœurs de H.K.G renient les faits et accuse le journaliste Soykan qui est déjà la cible des attaques des milieux islamistes. H.K.G. a 24 ans aujourd’hui, elle a deux enfants et elle a pu divorcer.

Le scandale a été condamné par l’ensemble de l’opinion publique en Turquie, à l’exception du Président Erdogan, pourtant qui émet une opinion sur tout et sur n’importe quoi.

Certaines personnalités du monde islamique essaient de justifier cet horrible incident: "Il y a l’accord de la famille et de la fillette", "Enfant? Enfant par rapport à quoi?" disent-ils. Il y en a même un qui rappelle que "le Prophète Mahomet avait pris pour femme Aicha quand elle avait 8 (huit) ans"!

Atatürk avait en 1925 interdit par une loi les sectes religieuses. La Direction des affaires du culte (Diyanet) était fondée en 1924 pour remplacer le Ministère Ottoman des Fondations.

La Diyanet a aujourd’hui, plus 130 milles cadres (İmams, muezzins, enseignants du Coran et fonctionnaires) et un budget de 13 milliards de livres turques (Environ 650 milles Euros) beaucoup plus que plusieurs autres ministères. Faut-il rappeler qu’en Turquie il y a seulement 107 milles médecins actifs. La place du Président de Diyanet a été récemment élevée dans la hiérarchie protocolaire de l’Etat.

La Diyanet a été créée par Atatürk, essentiellement pour promouvoir la laïcité et également pour réduire l’influence politique des islamistes dans la nouvelle République. Mais la droite conservatrice turque a toujours voulu se servir de la religion pour ses objectifs politiques. La Diyanet s’occupe des 90 milles mosquées du pays, de l’enseignement du Coran, de l’organisation du pèlerinage.

Il y a une trentaine de sectes religieuses avec ses 400 branches organisées sur l’ensemble du territoire du pays, selon un rapport de la Diyanet. L’ensemble de ces sectes soutiennent les partis de droite depuis la fondation en 1923 de la République, laïque selon la Constitution.

Ces sectes ont maintenant le désir de remplacer les cadres de la Communauté Gülen, ancien allié nouvel ennemi public no 1 d’Erdogan, qui a été évincé du pouvoir depuis le Coup d’Etat manqué du 15 Juillet 2016.

Le pouvoir garde le silence sur ce scandale et le juge responsable de l’affaire a fixé la première audience pour mai 2023!

L'opposition accuse le gouvernement d'inaction à propos d'un abus sexuel sur mineur

La tension a monté dans la nuit de samedi au parlement turc où des députés de l'opposition ont vivement protesté contre des ministres qu'ils accusent d'inaction à propos d'un cas d'abus sexuel sur mineur qui a provoqué un tollé dans le pays.

"L'enfant a parlé, vous avez gardé le silence, mais nous ne nous tairons pas!", "Démission!" ont scandé des députés de l'opposition tenant des pancartes à la main lorsque la ministre de la Famille Derya Yanik a pris la parole lors des débats sur le budget à l'assemblée turque.
 De nombreux députés ont aussi frappé sur leurs bancs et hué la ministre.

Lorsque le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu a pris la parole, des élus ont lancé leurs pancartes en guise de protestation.

Le cas d'une femme qui a déposé plainte contre son ex-mari et ses parents, qu'elle accuse de l'avoir mariée de force lorsqu'elle avait six ans, a suscité cette semaine un tollé en Turquie. Le père de cette femme est un influent leader d'une confrérie religieuse, dont l'ex-mari est également membre.

Aujourd'hui âgée de 24 ans et divorcée, la victime affirme avoir subi des abus sexuels depuis l'âge de six ans.

La victime a déposé sa plainte en 2020 dans cette affaire où aucune interpellation n'a encore eu lieu.

Timur Soykan, le journaliste turc qui a révélé l'affaire en publiant des extraits de la déposition de la jeune femme, a été victime d'une campagne de lynchage sur les réseaux sociaux par des groupes conservateurs qui l'ont accusé "d'insulte à l'islam".

L'opposition turque reproche au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan de mansuétude envers les confréries religieuses et de ne pas prendre les mesures nécessaires pour protéger les mineurs confiés à ces groupes par leurs parents.

"L'abus sexuel sur enfant et les violences envers les femmes est un sujet qui dépasse la politique. On ne peut tolérer que des victimes soient utilisées à des fins politiques", avait affirmé Mme Yanik. (AFP, 11 déc 2022)

Le foulard flotte sur le Parlement avant les élections en Turquie

Le parti au pouvoir du président turc Recep Tayyip Erdogan a déposé vendredi au Parlement un amendement à la Constitution pour graver dans le marbre le droit de porter, ou non, le foulard islamique dans la vie courante, au lycée et au bureau. Dans cet Etat laïc, la décision très politique à quelques mois des élections ravive un débat que le fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal, avait voulu clore au début du XXe siècle. Le projet d'amendement devrait être débattu après la mi-décembre.

Preuve que le sujet est d'actualité: dans la série à succès de Netflix "Bir Baskadir", qui confronte une jeune paysanne (voilée) à deux psy, citadines et émancipées, l'une d'elles lâche en zappant devant sa télé: "C'est la nouvelle mode: dans toutes les séries maintenant, il y a une fille voilée". L'approche des scrutins présidentiel et législatif l'an prochain a convaincu le président Recep Tayyip Erdogan de monter au créneau, brandissant même la possibilité d'un référendum sur la question.

M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et son parti islamo-conservateur, l'AKP, espèrent bien garder les rênes du pays. Mais c'est son probable concurrent, le leader de l'opposition et du parti historiquement laïc, le CHP (social-démocrate) de Mustafa Kemal Atatürk, qui a le premier relancé la question en accusant le président de vouloir "garder les femmes voilées en otages".

Interdictions levées

Kemal Kiliçdaroglu voulait ainsi rassurer les milieux conservateurs en assurant qu'une fois élu, il inscrirait dans la loi le droit de porter le foulard.  "Y a-t-il discrimination envers les voilées ou pas voilées aujourd'hui dans la fonction publique? Dans les écoles? Non!", lui a renvoyé M. Erdogan en s'emparant du débat. "Nous avons réussi ceci!"

"Découragé" au nom de la modernité à la proclamation de la République, puis progressivement banni dans l’éducation et la fonction publique, le foulard islamique a été pas à pas réintroduit depuis 2008. L'AKP a levé d'abord l’interdiction à l'université, puis au collège, dans la fonction publique, au Parlement et même dans la police.

Des mesures reçues en Turquie comme une libération des droits des femmes et sur lesquelles elles ne veulent pas revenir, explique Berrin Sönmez, historienne, militante et ardente défenseure des droits des femmes. "Ceux qui considèrent le foulard comme un symbole religieux contraire au principe de laïcité devraient comprendre qu'il s'agit d'une discrimination: interdit ou obligatoire, le foulard est une même violation des droits des femmes si la règle est imposée par l'Etat", martèle Mme Sönmez, elle-même couverte.

Face aux objections de certaines féministes et à la grave crise économique qui secoue le pays, elle fait valoir que "l'assurance que les femmes voilées puissent exercer leurs droits (...) est un moyen de prévenir les crises économiques et d'augmenter le niveau de développement humain" en leur permettant d'étudier et de travailler.

Faute d'étude récente, elle estime que la moitié des femmes turques portent le foulard - en 2012 elles étaient 65%.  "Ne pas le comprendre m'est incompréhensible", ajoute-t-elle. "La proposition de loi de [Kemal] Kilicdaroglu est une mesure importante pour faire obstacle à Erdogan", conclut cette intellectuelle, opposante au président sortant.

"Femme idéale"

Car pour les féministes turques, qui soutiennent ardemment le mouvement de révolte des Iraniennes, le chef de l'Etat a surtout voulu s'assurer du soutien des franges les plus conservatrices de ce pays à majorité musulmane sunnite.  "L'interdiction laïque du foulard et (sa levée) ont toutes deux été lancées au nom de l'émancipation des femmes. En réalité, les deux ont cherché à imposer leur propre vision de la femme idéale", estime Gönül Tol, directrice-fondatrice du Programme Turquie du Middle East Institute, dans un article posté sur le site. "Lever l'interdiction du foulard est emblématique de l'agenda populiste islamiste plus large d'Erdogan", dénonce-t-elle.

"Il n'a jamais vraiment voulu libérer (les femmes), qu'elles portent ou non le foulard. Pour lui, les femmes ne sont que des mères ou des épouses, pas des individus", insiste la chercheuse.  "La clé pour vraiment les libérer est (...) de légiférer sur le droit des femmes de choisir. Décider quand ou s'il faut être enceinte, combien d'enfants avoir, ou de porter ou non un foulard, les femmes doivent être libres de choisir par elles-mêmes", martèle-t-elle.

Un site web intitulé "Tu ne marcheras jamais seule" s'adresse d'ailleurs aux femmes qui, forcées de porter le foulard par leur famille, l’enlèvent désormais. En face, le parti AKP a offert ces derniers mois un "soutien" appuyé à plusieurs manifestations contre les droits des personnes LGBT et pour "la défense de la famille". Dans les rangs desquelles les femmes apparaissaient toutes voilées. (AFP, 9 déc 2022)

Un recruteur présumé du groupe Etat islamique extradé de Turquie vers l'Australie

Un combattant du groupe Etat islamique (EI), qui aurait joué un rôle important dans la propagande de recrutement de cette organisation, va être inculpé pour "graves infractions terroristes" après avoir été extradé de Turquie vers l'Australie, a annoncé vendredi la police fédérale.

Neil Christopher Prakash, 31 ans, a été arrêté en Turquie en 2016 après avoir traversé le pays depuis la Syrie.

Il a été condamné en 2019 à sept ans d'emprisonnement par un tribunal turc, qui l'a reconnu coupable d'appartenance à une organisation terroriste.

La police fédérale australienne a fait savoir que M. Prakash était arrivé en Australie par avion vendredi matin.

"Une enquête a été lancée en 2016 lorsque l'homme se serait rendu en Syrie pour combattre avec l'Etat islamique", a-t-elle indiqué dans un communiqué, ajoutant qu'elle "plaidera devant le tribunal que l'homme a commis une série d'infractions terroristes graves".

Les autorités estiment que quelque 230 Australiens se sont rendus en Irak et en Syrie pour prendre les armes depuis 2012, M. Prakash en étant l'un des exemples les plus marquants.

Il est apparu dans des vidéos de recrutement de l'EI dans lesquelles il exhortait les Australiens à se "réveiller" et à rejoindre le groupe.

M. Prakash a été décrit par l'ancien Premier ministre conservateur Malcolm Turnbull comme l'un des "principaux financiers ou organisateurs" de l'EI au Moyen-Orient.

L'ex-procureur général australien George Brandis avait déclaré en 2016 que M. Prakash avait été tué en Irak à la suite d'une frappe aérienne américaine ciblée, mais il été confirmé par la suite qu'il avait seulement été blessé. (AFP, 2 déc 2022)

Erdoğan says 'LGBT imposition a global dictatorship tool' against Islam

President Recep Tayyip Erdoğan targeted LGBTI+s and western countries in a speech today (November 28) at a gathering of the Organization of Islamic Cooperation (OIC) in İstanbul.

Erdoğan described the "imposition of LGBT" as a "global dictatorship tool" that threatens Islamic values.

"Today, anti-Islamism is one of Western politicians' most frequently used tools to gather votes or cover up their failures," he remarked at the opening of the 38th Meeting of the Standing Committee for the OIC's Economic and Commercial Cooperation (COMCEC).

"Those who talk big about democracy and freedoms do not hesitate to implement the most fascist practices regarding the rights of Muslims, especially Muslim women."

The president lashed out at European countries' headscarf regulations, which he called a "new form of racism."

"The unlawful restrictions on headscarves in school, work life, and public spaces in some European countries are the most striking examples of this.

"The imposition of LGBT, which has become a global dictatorship tool, is another threat that aims to weaken both the institution of the family and Islamic values.

"No matter how you put it, interfering with belief through violence, to dictate one's own way of life, is a form of resurrecting the spirit of the medieval inquisition.

"Without a doubt, this fascist wave affects Muslims and other non-Muslims of different languages and cultures.

"It is essential to strengthen solidarity within our organization to fight against this new form of racism."

Discrimination against LGBTI+s

A recent EU Commission report stated that Türkiye's anti-discrimination legislation does not meet European standards and indicates severe concerns about the human rights of LGBTI+s.

There is neither legislation to combat hate speech nor regulations on hate crimes on sexual orientation and gender identity in Türkiye.

Türkiye is the second-worst country for LGBTI+s in Europe, according to the Rainbow Index of ILGA, an LGBTI+ rights group.

Elected and appointed state officials increasingly target LGBTI+s. In recent months, Erdoğan has frequently called LGBTI+ as opposed to the country's values and degrading the family structure.

His Justice and Development Party (AKP) has also prepared an amendment to the constitution to guarantee women's right to wear a headscarf and to protect "the family institution," which is anticipated as an anti-LGBTI+ move.

Starting in September in İstanbul, anti-LGBTI+ rallies have been held in several cities across Türkiye. Some AKP politicians openly supported them. (BIA, 28 November 2022)


Socio-économique / Socio-economic

Erdogan annonce une 3e augmentation du salaire minimum en un an

Le salaire minimum en Turquie, confrontée à une inflation de plus de 84% sur un an, sera relevé au 1er janvier à 8.500 livres turques (TRY) net (environ 455 dollars), pour la troisième fois en un an, a annoncé jeudi le président Recep Tayyip Erdogan.

Plus de 40% des Turcs vivent avec le salaire minimum.

Ce dernier s'établissait à 2.826 livres fin décembre 2021, soit un peu moins de 300 dollars à l'époque.

Il avait été relevé à 4.253 TRY en janvier dernier et à 5.500 en juillet, à un niveau insuffisant pour vivre dans les grandes villes comme Istanbul.

Reconnaissant que le pays traverse une "période critique", à moins de six mois des élections présidentielle et législatives prévues au printemps prochain, M. Erdogan a promis le "déclin rapide de l'inflation dès la fin du mois".

"Nous sommes déterminés à réduire l'inflation de 20% d'ici la fin de l'année prochaine", a-t-il promis.

Les syndicats avaient réclamé 9.500 TRY par mois mais le chef de l'Etat a indiqué qu'il n'avait pas été possible de parvenir à un accord.

"Après une série de rencontres, hélas, employés et employeurs n'ont pu se mettre d'accord sur un montant" a déclaré le président jugeant le "compromis raisonnable".

La hausse des prix à la consommation a déjà ralenti en novembre en Turquie pour la première fois depuis mai 2021, à 84,4% sur un an contre 85,5% le mois précédent, selon les données officielles.

Un groupe d'économistes indépendants estime cependant que le taux d'inflation réel s'élève à plus du double, tandis que la monnaie turque a perdu près de 30% de sa valeur sur l'année écoulée.

La banque centrale turque a gardé jeudi son principal taux directeur stable à 9%, après quatre mois de baisses consécutives, suivant le souhait du président turc et malgré l'inflation.

A rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat, qui cherchera à être réélu en juin prochain, affirme que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.

Avec une inflation à 84,39%, les banques risquent de perdre sur un an 75,39% de la valeur d'un prêt effectué au taux d'intérêt officiel.

Selon des observateurs, cet écart risque de paralyser les prêts et de ralentir considérablement la croissance en Turquie.

"La croissance économique continuera de ralentir au premier semestre de l'année prochaine, et il est très possible que le président Erdogan fasse pression sur la (banque centrale) pour qu'elle assouplisse encore plus sa politique avant les élections de l'année prochaine", a estimé Nicholas Farr, de Capital Economics, dans une note envoyée à ses clients.

Selon l'analyste, les tentatives du gouvernement turc pour inciter les exportateurs à vendre des dollars et des sources de financement internationales ont contribué à stabiliser la livre turque ces derniers mois.

"Mais ce n'est pas viable et nous prévoyons qu'elle chutera d'environ 20% par rapport au dollar d'ici fin 2023", a ajouté l'analyste. (AFP, 22 déc 2022)

Report: At least 828 refugee workers killed on the job in Türkiye in a decade

At least 828 refugee workers were killed on the job in Türkiye between 2013 and 2022, according to data from the Health and Safety Labor Watch (İSİG), a group monitoring work-related killings in Türkiye.

The groups published the report yesterday (December 18), on the occasion of International Migrants Day.

Killings of refugee workers made up 4.41 percent of all work-related killings in Türkiye, says the report. Fifty-one percent of the killed refugee workers were from Syria and 18 percent were from Afghanistan.

"The fact that seven of every 10 killed workers were those who became refugees because of wars shows that wars not only displace people but also cause 'proletarianization'," said İSİG.

Türkiye hosts over four million refugees, more than any other country in the world. More than 3.7 million of them are from Syria and 300,000 of them from Afghanistan, according to government figures.

Studies show that an overwhelming majority of refugee workers work in insecure and precarious conditions, and are often paid lower than the minimum wage.
CLICK - Pro-government business leader happy with refugee workers as 'locals snub hard labor jobs'
"Migrant/refugee workers, which are seen as 'expendable workers' by bosses, are made work for long hours without any rules, with low wages and without occupational health and safety measures," the İSİG also stressed.

The highest number of killings of refugee workers occurred in the sectors of agriculture (29 percent) and construction (25 percent).

"The main reasons for deaths in the agriculture sector was the transportation of an excessive number of workers in tractor trailers ... and fallings from a height as a result of the failure to take measures in the construction sector," noted the report. (BIA, 19 December 2022)

Un scientifique turc plaide pour un "corridor écologique" en mer Noire

"Cette guerre est ultra brutale aussi pour la biodiversité": Bayram Öztürk, scientifique turc, plaide pour la mise en place en urgence d'un "corridor écologique" en mer Noire afin de protéger les dauphins et l'écosystème de la région, "gravement menacés" par la guerre en Ukraine.

"C'est un crime contre l'environnement, non seulement contre les dauphins mais aussi certains poissons qui sont également menacés, par exemple les esturgeons", s'inquiète le président de la Fondation turque pour la recherche marine (Tudav) et directeur du département de biologie marine de l'Université d'Istanbul.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mercredi un "écocide", affirmant que "des milliers de dauphins morts se sont échoués sur les rives de la mer Noire" en raison des effets de l'invasion russe en Ukraine sur l'environnement marin.

Bayram Öztürk juge impossible de dénombrer les dauphins morts dans la région depuis février en raison de la guerre en cours, mais ils sont pour lui, sans doute, "au moins des centaines" à avoir été victimes notamment des sonars à basse fréquence utilisés par les navires militaires et sous-marins russes, estime-t-il.

"Les dauphins subissent des traumatismes acoustiques. [Les sonars] endommagent leur système d'orientation et ils finissent par s'échouer", explique-t-il à l'AFP.

Un recensement réalisé en 2020 établissait le nombre de dauphins en mer Noire à 250.000.

"Mais les autres espèces méritent tout autant d'être protégées. L'écosystème est un tout: vous ne pouvez pas protéger une espèce sans en protéger une autre."

- "Rendre des comptes" -

Comment sauvegarder le fragile écosystème de la région? "Il faudrait un corridor écologique allant de l'embouchure du Danube (à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie) jusqu'à la région d'Odessa, où il existe une très forte concentration de dauphins", plaide Bayram Öztürk.

"La guerre devrait être interrompue dans cette zone au moins pendant deux ou trois mois, entre janvier et avril, pendant la période de migration des dauphins", ajoute-t-il, conscient que sa proposition puisse être jugée "romantique".

Le biologiste marin souhaite aussi la mise en place d'un "comité scientifique international" qui serait autorisé à "étudier ce qui se passe en mer Noire à cause de la guerre".

"Nous avons besoin d'une surveillance internationale, nous avons besoin de savoir exactement ce qui se passe", martèle-t-il.
 Le scientifique, basé à Istanbul, dit échanger régulièrement avec des confrères bulgares, roumains et ukrainiens. Vendredi, sa fondation organise une conférence sur la sécurité maritime en mer Noire, où sera abordé le coût environnemental de la guerre en Ukraine.

"Je parle aussi avec des scientifiques russes", assure-t-il. "Ils sont très coopératifs et disent avoir honte de ce qui se passe. Mais ils disent tous qu'ils ne peuvent rien faire. Ils se sentent inutiles en tant que scientifiques."

A Montréal, où s'est ouverte mercredi la conférence de l'ONU sur la biodiversité, la Russie a rejeté en bloc les allégations portées par les pays occidentaux, qui l'accusent de créer une catastrophe environnementale dans la région.

Le Pr Öztürk s'inquiète que la guerre puisse durer, après que le président russe Vladimir Poutine a affirmé mercredi qu'il s'agissait d'un "long processus".

"Comment les Ukrainiens et les autres pourront-ils être indemnisés pour les dommages écologiques?", s'interroge-t-il, inquiet d'une "faille dans le système juridique international".

"S'ils tuent tout, pas seulement les dauphins mais aussi les poissons et tout l'habitat côtier pour les poissons, les invertébrés et les oiseaux, qui sera tenu pour responsable?" (AFP, 9 déc 2022)

Poverty line exceeds 25,000 lira in Turkey

The Confederation of Turkish Trade Unions (TÜRK-İŞ) published the results of its monthly "Hunger and Poverty Survey". Their research indicates that for the month of November:

The starvation line, the absolute minimum amount of food expenditure necessary for a family of four to have a healthy, balanced, and adequate diet, is estimated at 7,786 lira (403 Euro) per month

The poverty line, which includes food and other mandatory monthly expenditures for clothing, housing (rent, electricity, water, fuel), transportation, education, and health needs, is projected at 25,365 lira (1313 Euro) for a family of four.

The "cost of living" for a single person is assessed at 10,171 lira (526 Euro) per month.

Currently, the minimum wage in Türkiye stands at 5,500 lira (284 Euro), meaning a single person working for the minimum wage must find another 4,671 lira (241 Euro) to make a living. The minimum food expenditure for a family of 4 living in Ankara increased by 4.87 percent compared to the previous month. The rate rose by 137 percent in the past 12 months.

In the month of November, a majority of food prices increased, such as meat, dairy products, and spices. Sunflower oil, pasta, and red lentils saw a price drop. Black olives and potatoes saw the most significant price hikes, with 31 and 25 percent.

Last month, Türkiye's official inflation rate surpassed 85 percent, and an independent group of economists indicates that the inflation rate is likely over 185 percent. Despite high inflation, the central bank of Türkiye, fueled by President Erdoğan's unusual interest rate theory, pushed through, as recently as November 24, interest rate cuts, contradictory to orthodox economic thought. (BIA, 30 Nov 2022)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Kurdes tués à Paris: Mélenchon veut une saisine du parquet antiterroriste

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon revient dans une note de blog lundi sur la fusillade meurtrière contre un centre culturel kurde à Paris, disant ne pas croire au "hasard" et réclamant une saisine du parquet antiterroriste.

"Nous ne croyons pas que l'assassin se soit rendu par hasard au lieu et à l'heure d'une réunion des femmes kurdes pour préparer la commémoration de l'assassinat il y a dix ans des trois dirigeantes kurdes", écrit-il, pointant que ces meurtres n'ont toujours pas été résolus et restent selon lui sous le sceau du "secret défense".

Un homme de 69 ans a ouvert le feu vendredi devant un centre culturel kurde du Xème arrondissement de Paris, tuant trois personnes. Il a reconnu en garde à vue avoir voulu tuer des étrangers. Il devait être présenté lundi à un juge d'instruction.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes, confiée à la police judiciaire. Mais le parquet national antiterroriste ne s'est pas saisi de l'affaire.

"Évidemment, on ne peut rien envisager sans penser à la Turquie", poursuit Jean-Luc Mélenchon. L'Insoumis trouve "curieux (...) tout ce qui a suivi" depuis la libération de l'auteur présumé "jusqu'à son armement clandestin en douze jours".

Initialement placé en détention provisoire après une mise en examen pour des faits de violences avec armes remontant au 8 décembre 2021, le suspect avait été remis le 12 décembre dernier en liberté provisoire, ainsi que l'exige la loi au bout d'un an, et placé sous contrôle judiciaire.

"J'ai présenté les demandes de nos parlementaires et de notre comité d'action sur le sujet: levée totale du secret défense sur le dossier d'il y a dix ans, saisine du parquet anti-terroriste sur les assassinats du 23 décembre", plaide Jean-Luc Mélenchon.

"De tous ces points de vue l'affaire de l'assassinat des Kurdes le 23 décembre n'est pas un fait divers. (...) C'est un fait politique grave de sécurité intérieure et extérieure", conclut-il. (AFP, 26 déc 2022)

Ankara convoque l'ambassadeur français pour "propagande anti-Turquie"

L'ambassadeur de France en Turquie a été convoqué lundi au ministère turc des Affaires étrangères, Ankara protestant contre ce qu'elle perçoit comme une "propagande anti-Turquie" en France, depuis le meurtre de trois Kurdes à Paris, selon une source diplomatique turque.

"Nous avons exprimé notre mécontentement face à la propagande lancée contre notre pays par les cercles du PKK", le Parti des travailleurs du Kurdistan, a critiqué cette source, en annonçant la convocation de l'ambassadeur Hervé Magro.

Ankara reproche notamment à Paris d'avoir laissé des partisans du PKK manifester dans les rues de Paris, certaines de leurs pancartes évoquant des liens entre la Turquie et le meurtrier français.

Des accusations reprises "par des représentants du gouvernement français et des politiciens", assure ce diplomate, pour qui "le gouvernement français et certains politiciens ont été utilisés comme des instruments de propagande".

Un conseiller spécial du président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné dimanche les violences survenues à Paris après le meurtre de trois Kurdes, incriminant le PKK, "la même organisation terroriste que vous soutenez en Syrie".

"Le même PKK qui a tué des milliers de Turcs, de Kurdes et des forces de sécurité au cours des 40 dernières années. Maintenant, ils brûlent les rues de Paris. Allez-vous toujours garder le silence?", avait-il poursuivi.

Au lendemain du meurtre de trois Kurdes vendredi à Paris, des manifestations en hommage aux victimes ont été émaillées de violences. Le retraité français a affirmé avoir agi par "haine pathologique" des étrangers.

Lors des manifestations, des slogans ont été scandés comme "Vive la résistance du peuple kurde !" (AFP, 26 déc 2022)


Réactions des leaders français, américain et allemand à l'attaque à Paris

Le président français Emmanuel Macron a adressé sur Twitter un message aux "Kurdes de France", qui ont été la cible, ce vendredi 23 décembre, d'une "odieuse attaque au cœur de Paris", en référence au triple meurtre devant un centre culturel Kurde, rue d'Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale.

"Pensées aux victimes, aux personnes qui luttent pour vivre, à leurs familles et proches", a écrit le chef de l'État sur le réseau social, adressant également sa "reconnaissance" aux "forces de l'ordre pour leur courage et leur sang froid". Trois personnes sont mortes dans cette attaque, qui a aussi fait plusieurs blessés, dont une est en urgence absolue.

Condoléances par le secrétaire d'État américain

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a présenté ses "plus sincères condoléances" à la France après la fusillade qui a fait trois morts et trois blessés près d'un centre culturel kurde du Xe arrondissement de Paris ce vendredi. Il a regretté un "jour funeste".

"Je présente mes plus sincères condoléances aux victimes de l'attaque d'un centre culturel kurde à Paris. Mes pensées vont aux membres de la communauté kurde et aux Français en ce jour funeste", a-t-il tweeté.

Le chancelier allemand Scholz condamne un "acte horrible"

Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié d"'acte horrible" la fusillade qui a fait trois morts et trois blessés vendredi devant un centre culturel kurde du centre de Paris.

Dans un tweet, M. Scholz a écrit que la fusillade a été "un acte horrible qui a secoué Paris et la France aujourd'hui. Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches". (AFP, 23 déc 2022)

Erdogan accuse les critiques occidentales d'ingérence

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé mercredi les critiques occidentales d'ingérence, réagissant pour la première fois à la vague de réprobation internationale suscitée la semaine dernière par la condamnation du maire d'Istanbul.

"Il y a ceux qui font des calculs d'ingénierie politique à travers un verdict encore non confirmé. Il y a des étrangers qui utilisent un jugement (...) pour orienter la politique de notre pays", a réagi le chef de l'Etat turc.

La condamnation à deux ans et sept mois de prison et à la privation des droits politiques d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et rival potentiel de M. Erdogan pour les élections de 2023, a provoqué la semaine dernière des manifestations de l'opposition turque et des critiques internationales.

Les Etats-Unis se sont dits "profondément inquiets et déçus par le verdict de la justice turque".

Berlin a pour sa part évoqué "un coup dur pour la démocratie", la France exhortant la Turquie "à inverser de toute urgence les tendances négatives à l'oeuvre en matière d'Etat de droit, de démocratie et de respect des droits fondamentaux" et l'Union européenne jugeant la condamnation "disproportionnée".

M. Imamoglu est considéré comme un candidat sérieux pour l'opposition, après avoir ravi la plus riche et la principale ville de Turquie au parti de M. Erdogan, l'AKP, en mai 2019.

Il était accusé d'avoir "insulté" les membres du collège électoral - traités "d'idiots" - qui avaient invalidé sa victoire, avant qu'un nouveau scrutin ne le confirme avec éclat trois mois plus tard.

Malgré la condamnation, l'édile âgé de 52 ans et membre du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate), pourra continuer à rester maire d'Istanbul tant que le verdict n'est pas confirmé en appel.

M. Erdogan, au pouvoir depuis près de 20 ans, a annoncé sa candidature à sa propre succession au printemps prochain, dans un contexte de sévère crise économique avec une inflation de plus de 84%. (AFP, 21 déc 2022)

EP Turkey rapporteur says Imamoglu has become a “political hostage”

Istanbul Mayor Ekrem Imamoglu has become a political hostage, the European Parliament’s Turkey rapporteur Nacho Sanchez Amor said.

Describing the situation of the judiciary in Turkey as “terrible” during a press conference in Ankara on Tuesday, Amor said “the recent conviction of Imamoglu has made him a kind of political hostage”.

A Turkish court last week has sentenced Imamoglu to 2 years, 7 months and 15 days in prison on charges of insulting the members of a top election board. The court also banned him from politics, a decision which needs to be finalized by the supreme court in order to be implemented.

EU rapporteur said Kurdish politician Selahattin Demirtas and philanthropist Osman Kavala could also be defined as political hostages in Turkey’s prisons, Kronos news website reported.

Nacho Sanchez Amor held a two-day visit to Turkey ahead of EP’s annual report on the country.

Sharing his assessments over his visit in a press conference in capital Ankara, Amor expressed concerns on the situation of human rights and the rule of law in Turkey.

“There is no progress in these areas,” Amor said.

Defining Turkish judiciary as “unpredictable”, Amor said Imamoglu’s statement which the case was built on should not have had any legal consequences.

“Freedom of expression in democracies should only be limited in very severe and serious situations,” he said.

In May 2019, Turkey’s Supreme Election Council (YSK) ruled to annul and re-run the mayoral election held on March 31, 2019, after the AKP appealed the vote, claiming that the opposition candidate Imamoglu’s victory came after electoral fraud and irregularities.

Condemning the YSK’s decision, Imamoglu said the electoral board had bowed to pressure from the ruling party. “Those who cancelled the election are fools,” he said. (gerceknews.com, 21 December 2022)

Refus d'extradition: la Turquie dénonce une "mesure très négative" de la part de la Suède

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a dénoncé mardi une "mesure très négative" de la part de la Suède après le refus de sa Cour Suprême d'extrader le journaliste Bülent Kenes, réclamé par le président Recep Tayyip Erdogan.

Ankara a demandé un certain nombre d'expulsions d'opposants pour donner son feu vert à l'élargissement de l'Otan à la Suède et à la Finlande.

"Le rejet de notre demande d'extradition de Bülent Kenes est une mesure très négative. Les participants au pustch doivent être renvoyés en Turquie", a déclaré le ministre en référence à la tentative de coup d'état de juillet 2016.

"Nous ne voulons plus entendre de paroles de la part de la Suède ou de la Finlande, ce que nous voulons ce sont des mesures concrètes", a martelé le ministre turc devant la presse.

M. Cavusoglu a annoncé la visite jeudi à Ankara de son homologue suédois Tobias Billstrom.

La Suède a expulsé début décembre un membre du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), que la Turquie et ses alliés occidentaux considèrent comme un mouvement "terroriste".

Une mesure qu'Ankara avait considéré comme un "début".

"S'ils pensaient qu'après (cette expulsion) nous allions renoncer à nos demandes, ce n'était pas réaliste", a insisté mardi M. Cavusoglu.

Lundi, la Cour Suprême suédoise, chargée des recours contre les extraditions, a retenu "plusieurs obstacles" à la remise aux autorités turques de l'ex-rédacteur en chef de "Taoday Zaman", accusé par Ankara d'avoir été complice de la tentative de coup d'Etat de 2016 et d'être membre du mouvement güléniste.

L'éditorialiste avait quitté précipitamment la Turquie en 2016 quelques jours après un putsch raté qu'Ankara attribue au mouvement guléniste.

"Je n'ai rien à voir avec le terrorisme, avec la violence, avec un coup d'Etat", a-t-il affirmé à l'AFP. "Je fais du journalisme et c'est pour ça qu'Erdogan ou son régime m'ont fait suivre, m'ont inculpé et m'ont poursuivi", a dénoncé l'ancien rédacteur en chef du quotidien Today's Zaman.

Ses écrits déplaisent et les plaintes et procédures contre lui s'accumulent, au point qu'il avait déjà dû renoncer à son poste de rédacteur en chef fin 2015.

En Suède, il contribue au Stockholm Center for Freedom, une association fondée par d'autres opposants turcs en exil dont les noms se retrouvent sur les listes publiés par des médias turcs, Abdullah Bozkurt et Levent Kenez.

La Turquie et la Hongrie sont les deux seuls pays membres de l'OTAN à n'avoir pas ratifié l'entrée des deux pays nordiques au sein de l'Alliance atlantique.

Pour Bülent Kenes, Stockholm et Helsinki ont eu tort d'entamer des discussions directes avec la Turquie et auraient mieux fait de laisser les grandes puissances de l'Otan, Etats-Unis en tête, en première ligne.

"C'était une grave erreur d'aller à la table des négociations avec un despote pour se protéger de l'agression d'un autre despote, en l'occurrence Vladimir Poutine", a-t-il jugé. (AFP, 20 déc 2022)

Hadja Lahbib apporte son soutien au maire d'Istanbul Imamoglu

En déplacement dans la mégapole turque, la ministre belge des affaires étrangères Hadja Lahbib s'est entretenue vendredi avec le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Planifiée de longue date, cette rencontre a forcément pris une tout autre épaisseur après la condamnation mercredi de M. Imamoglu à deux ans et sept mois de prison, ainsi que la déchéance de ses droits politiques pour insulte à magistrat.

"J'ai exprimé jeudi à Ankara (lors de sa rencontre avec son homologue turc, ndlr) mon inquiétude, et aujourd'hui au maire lui-même", a commenté la ministre belge qui juge cette peine "disproportionnée".

Ekrem Imamoglu, qui pourrait se lancer dans la course des élections présidentielles de juin prochain, a annoncé vouloir faire appel de sa condamnation.

Ce recours étant suspensif, l'intéressé demeure jusqu'à nouvel ordre maire de la plus grande ville du pays.

Dans une interview avec Belga, celui-ci s'est voulu confiant quant à l'issue de la procédure. "Ce n'est pas une situation difficile. Nous avons déjà résolu beaucoup de problèmes par le passé, et nous allons aussi résoudre celui-ci".

Critiques concernant la liberté d’action kurde en Belgique

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), a essuyé jeudi à Ankara les critiques concernant la liberté d’action du PKK en Belgique.

Lors d’une rencontre avec son homologue Mevlüt Çavuşoğlu, le chef de la diplomatie turque a jugé que la Belgique n’en faisait pas assez contre le mouvement séparatiste kurde qui "coordonne en Belgique ses activités terroristes illégales", a-t-il attaqué lors d’un point presse à l’issue d’une entrevue qui a duré deux heures et demie environ. "Ce que j’attends de vous c’est que vous preniez des mesures contre les terroristes qui sont actifs dans votre pays. Hier encore il y avait une manifestation du PKK devant l’ambassade turque à Bruxelles. Si Daesh ne peut le faire, le PKK non plus alors", a fustigé le ministre turc.

Mme Lahbib a immédiatement répliqué : "Nous avons en effet connaissance de la présence de sympathisants du PKK en Belgique, mais des enquêtes ont été menées et elles n’ont rien révélé qui ne s’inscrirait dans le cadre de la liberté d’expression et la liberté de manifestation. Mais bien sûr, nous sommes ouverts à toute information complémentaire des services de sécurité turcs", a souligné Mme Lahbib.

Dans une interview avec l’agence Belga, la ministre belge a précisé sa position : "Que la Turquie nous donne les preuves, et alors nous prendrons des actions, car la Belgique considère aussi le PKK comme une organisation terroriste. La Turquie ne veut pas que des sympathisants puissent manifester avec des drapeaux (en Belgique, ndlr), mais tant qu’il n’y a pas d’appel à la haine et d’usage de la violence, nous tolèrerons cela".

Avant sa rencontre avec son homologue, la ministre belge est passée jeudi déposer une couronne au mausolée d’Atatürk, fondateur de la République turque en 1923, il y aura tout juste cent ans l’année prochaine.

Mme Hadja Lahbib rendra visite ce vendredi au maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu qui vient d'être condamné ce mercredi à deux ans et sept mois de prison et à la suspension de ses activités politiques.

Cette condamnation, vue par les opposants du régime comme une tentative d'éviction politique du leader social-démocrate, a provoqué ce jeudi des manifestations de rue et des critiques internationales, Washington en tête. L'appel que le condamné a interjeté lui permet de rester en liberté et de continuer d'exercer sa fonction.

En visite officielle à Ankara, Mme Lahbib a notamment rencontré ce jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu. Sa rencontre programmée ce vendredi avec Ekrem Imamoglu a été évoquée. La cheffe de la diplomatie belge a confirmé à son homologue turc que cette rencontre, programmée de longue date, était maintenue.

"L'indépendance de la justice est une valeur importante pour nous. C'est la base de l'État de droit. Un récent rapport de la Commission européenne a mis en évidence un manque d'indépendance de l'appareil judiciaire en Turquie. Vous savez que nous avons beaucoup d'attentes à ce sujet de la part de la Turquie", a indiqué Mme Lahbib à son collègue turc, selon ce qu'elle a expliqué à la presse à l'issue de la rencontre.

"2023 sera marquée par le centenaire de la Turquie ainsi que par les élections. Celles-ci devront refléter la volonté de la population et les convictions des Turcs", a ajouté Hadja Lahbib. (Belga, 16 décembre 2022)

Istanbul mayor's conviction a "major setback for democracy in Turkey"

The court's decision "confirms the systemic lack of independence of the judiciary and the undue political pressure on judges and prosecutors in Turkey," EU Diplomatic Service has said.

The Diplomatic Service of the European Union reacted on Thursday to a Turkish court's recent decision to convict Istanbul Mayor Ekrem Imamoglu.

Imamoglu was sentenced to a prison term of two years seven months and 15 days on Wednesday for allegedly insulting members of Turkey's election board. If the decision is upheld by the appeals court, Imamoglu will also face a political ban.

The spokesperson of European Union External Actions said in a written statement:

"The decision of the first instance court sentencing İstanbul Mayor Ekrem Imamoglu to 2 years, 7 months and 15 days in prison and banning him from political life for the crime of 'insulting public officials' constitutes a major setback for democracy in Turkey. This sentence is disproportionate and confirms the systemic lack of independence of the judiciary and the undue political pressure on judges and prosecutors in Turkey."

The statement continued:

"Ahead of Presidential and Parliamentary elections next year, this decision is particularly significant in the context of politicization of the country’s judiciary system, which undermines the freedom and fairness of the electoral context. Turkey needs to reverse the continuous backsliding on human rights and rule of law now." (gerceknews, December 15, 2022)

Critiques internationales après la condamnation du maire d'Istanbul

La condamnation du maire d'Istanbul, rival potentiel du président Recep Tayyip Erdogan pour les élections de 2023, a provoqué des manifestations de l'opposition turque et des critiques internationales, Washington en tête.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont réunies jeudi à Istanbul en présence de tous les leaders de l'opposition turque pour soutenir Ekrem Imamoglu, condamné la veille à deux ans et sept mois de prison et à la suspension de ses activités politiques pour une durée équivalente.

Sous la pluie, M. Imamoglu, 52 ans et également membre du CHP, la principale formation de l'opposition et étoile montante de la vie politique turque, s'est adressé à la foule compacte massée devant le siège de la municipalité.

"Ils ont effacé vos votes!" a-t-il lancé devant une marée de drapeaux rouges de la Turquie. "Ce n'est pas mon procès mais le procès de la justice et de l'équité", a insisté l'élu, assurant n'avoir "absolument pas peur de cette décision illégitime".

"Je n'ai pas de juges pour me protéger mais j'ai 16 millions de Stambouliotes et notre nation derrière moi", a-t-il enchainé, avant de conclure "Tout ira bien!" - le slogan de sa campagne victorieuse pour la mairie en 2019.

C'est la première fois que les six partis d'opposition se retrouvent ainsi en meeting public depuis le lancement de leur plateforme commune pour affronter le président Recep Tayyip Erdogan lors des élections présidentielles et parlementaires en 2023.

Kemal Kilicdaroglu, patron du CHP, considéré comme le probable candidat commun de l'opposition, a dénoncé "un coup porté à la nation par la justice" et promis de "ne pas céder d'un millimètre".

Un rassemblement de plusieurs centaines de personnes, selon la presse turque, s'est tenu simultanément à Trabzon (nord-est), la ville natale du maire sur la Mer noire.

M. Imamoglu est lui aussi vu comme un candidat sérieux pour l'opposition, après avoir ravi la plus riche et la principale ville de Turquie au parti de M. Erdogan, l'AKP, en mai 2919.

Il était accusé d'avoir "insulté" les membres du collège électoral - traités "d'idiots" - qui avaient invalidé sa victoire, avant qu'un nouveau scrutin ne le confirme avec éclat trois mois plus tard.

- Condamnation "disproportionnée" -

L'édile, qui a assuré n'avoir fait que "retourner" l'insulte au ministre de l'Intérieur qui avait, selon lui, employé ce terme, a annoncé son intention de faire appel.

M. Erdogan, au pouvoir depuis près de 20 ans, a annoncé sa candidature à sa propre succession au printemps prochain, dans le contexte d'une sévère crise économique et d'une inflation de plus de 84%.

Le président ne s'est pas exprimé, mais le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahçeli, membre de la coalition au pouvoir, a indiqué "que tout le monde doit respecter une décision de justice, qu'elle lui plaise ou non".

Un sondage de l'institut Metropoll montrait cependant jeudi que, même auprès des sympathisants AKP, le jugement contre M. Imamoglu ne convainc pas: 28% d'entre eux y voyant "une affaire politique" contre 22% un réel procès pour diffamation.

La condamnation du maire a suscité une vague de réprobation internationale, les Etats-Unis se disant jeudi "profondément inquiets et déçus par le verdict de la justice turque".

"Nous exhortons le gouvernement à cesser les poursuites pénales en justice pour +insulte+ et à respecter les droits et les libertés des citoyens turcs, notamment en garantissant un environnement propice au débat public", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, dans un communiqué.

Berlin a pour sa part évoqué "un coup dur pour la démocratie", la France exhortant la Turquie "à inverser de toute urgence les tendances négatives à l'oeuvre en matière d'Etat de droit, de démocratie et de respect des droits fondamentaux" et l'Union européenne jugeant la condamnation "disproportionnée".

Sur Twitter, Marc Pierini, spécialiste de la Turquie à l'Institut Carnegie-Europe, à Bruxelles, estime que "si ce verdict n'est pas renversé en appel, la crédibilité du scrutin sera gravement entamée". (AFP, 15 déc 2022)

Turkey says Finland must end arms embargo to join NATO

Finland must publicly declare that it's lifting an arms embargo on Turkey to win Ankara’s approval for its membership to NATO, the Turkish foreign minister said Tuesday.

Mevlut Cavusoglu made the comments ahead of visit by Finland’s Defense Minister Antti Kaikkonen, who will be discussing his nation’s bid to join the military alliance with his Turkish counterpart Hulusi Akar on Thursday.

“The Finnish defense minister’s visit to Turkey is important because we have not yet heard a statement from Finland saying they’ve lifted their arms embargo against us,” Cavusoglu told reporters. “We’re expecting such a statement from there.”

Sweden and Finland abandoned their longstanding policies of military nonalignment and applied for membership in the alliance after Russian forces invaded Ukraine in February, amid concerns that Russia might target them next.

But NATO-member Turkey has been holding up Sweden and Finland’s bids to join the military alliance, accusing the two Nordic countries of ignoring threats to Turkey from Kurdish militants and other groups it considers as terrorists and pressing them to crackdown on these groups. Ankara has also been pressuring the two countries to lift a de-facto ban on weapons sales to Turkey.

Sweden announced in September that it was removing an arms embargo it had imposed on Ankara in 2019 following Turkey’s military operation against the Kurdish militia in Syria.

Turkey, which has accused the Nordic countries of ignoring threats against it from Kurdish militants and other groups that it considers as terrorists, has not endorsed their accession. The parliaments of Turkey and Hungary have yet to ratify their applications. The 28 other NATO member states have already done so. (Associated Press, December 6, 2022)

L'UE inaugure un hôpital de 400 lits à la frontière syrienne

L'Union européenne a inauguré mardi un hôpital flambant neuf de 400 lits, à un jet de pierre de la frontière entre la Turquie et la Syrie, théâtre fin novembre d'un regain de tension entre l'armée turque et les combattants kurdes.

L'ambassadeur de l'UE Nikolaus Meyer-Landrut a profité d'une accalmie pour inaugurer l'établissement, le plus gros de la province, situé
dans la ville de Kilis (sud-est), à cinq kilomètres à vol d'oiseau de la frontière.

Ce projet, financé à hauteur de 50 millions d'euros par l'UE, est l'un des plus importants jamais mis en place par les 27 dans le pays, qui ont alloué plus de 10 milliards d'euros à la Turquie depuis 2014 en contrepartie de l'accueil de réfugiés, principalement syriens.

L'hôpital, à la façade décorée pour l'occasion des drapeaux turcs et européens, doit venir soulager la province dont la population a explosé depuis 2011 avec l'arrivée de quelque 90.000 réfugiés syriens, débordant l'unique établissement de la ville.

"La Turquie accueille la plus grande population de réfugiés au monde depuis plus de dix ans (plus de 4 millions de réfugiés, dont 3,7 millions de Syriens, NDLR) et Kilis est l'une des provinces les plus concernées", avec 38% de Syriens parmi sa population, a rappelé M. Meyer-Landrut.

Ankara et Bruxelles avaient conclu en 2016 un accord, critiqué par les défenseurs des droits humains, aux termes duquel la Turquie s'engageait à lutter contre le passage de migrants vers l'Europe, en échange notamment d'une aide financière, allouée depuis à une multitude de projets dont des écoles et des centres de santé pour réfugiés.


"Depuis 2016 - si on compare avec les chiffres de 2014-2015 - on peut voir que les chiffres (le nombre d'arrivées de migrants aux frontières de l'UE) ont diminué de manière drastique", s'est félicité le diplomate, interrogé par l'AFP.

"Cela a marché et c'est, bien sûr, dans l'intérêt commun de la Turquie et des Européens", a-t-il estimé.

A Kilis, l'ambassadeur s'est gardé d'évoquer les récentes menaces turques d'opération terrestre contre les combattants kurdes, de l'autre côté de la très proche frontière, affirmant simplement qu'"une solution politique est nécessaire" pour mettre fin au conflit en Syrie et permettre le retour des réfugiés.

La ville est pourtant en première ligne côté turc: il y a quinze jours, un militaire et sept policiers ont été blessés par une roquette tombée sur le poste-frontière d'Öncüpinar, dix kilomètres plus au sud, en réponse aux frappes lancées quelques heures plus tôt par la Turquie sur le nord de la Syrie et des positions de combattants kurdes.

Ankara a accusé le Parti de Travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses alliés des Unités de protection du peuple (YPG) d'avoir perpétré l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés au coeur d'Istanbul le 13 novembre. (AFP, 6 déc 2022)


Sweden extradited Kurdish refugee Mahmut Tat to Turkey

Mahmut Tat, who was detained by the Swedish police on November 22 and taken to the detention center in Mölndal, was taken to the detention center in Märsta near Arlanda Airport yesterday without informing his relatives. Tat, who was able to communicate with his relatives during the day, said that he was handcuffed during the transfer and that his hands were damaged. His relatives, who tried to communicate with Tat all day today, could not reach him. Lawyer Abdullah Deveci could not hear from Tat either. Deveci said that he also called the detention center where Tat was held, but no information was given.

Reaching his son Ozan Can Tat, who lives in Sweden, in the evening hours, Mahmut Tat said that he was extradited to Turkey and kept at the police station at Istanbul Airport. Son Tat stated that his father said he was fine and that they could talk very briefly. Tat noted that after the phone call, he informed his relatives in Turkey about his father’s condition.

‘WE DID NOT FIND A LAWYER TO LOOK AT THE FILE’

Lawyer Abdullah Deveci, whom we reached before Tat’s deportation, said, “We have been calling Mahmut since the morning, his phone is ringing but we cannot reach him. He may have been sent. It is frightening for his family and relatives that we cannot get a response in this way.”

Stating that he was taken from Tat’s file two years ago because he said “This file is political, it has nothing to do with the law”, Deveci stated that the lawyer appointed to Tat by the state only looked at the detention file and said: “We talked to many lawyers in the country to look at the file, but no lawyer refused to look at this file. If Sweden has become like this in six months, it’s a terrible thing for the Swedish people and democracy. For this reason, I decided to take over the file again last night and tried to contact Mahmut, but I could not reach him.”

Neither OFFICIAL LAWYER AND INSTITUTION GIVE INFORMATION

Stating that he met with the lawyer who handled Tat’s detention file, Deveci said, “The lawyer stated that Mahmut Tat did not say to him, ‘You can share my information with another lawyer,’ and said that he could not talk about Tat’s situation. I didn’t get it,” he said.

Deveci said that he also called the detention center and said: “They said that no information can be given to anyone other than his official lawyer and that Mahmut Tat himself can make this request. When I said that I could not reach Mahmut, they said that they could not give any information about it.”

Noting that the developments reminded him of the situation of his client, Resul Özdemir, who was extradited to Turkey by Sweden in 2020, Deveci said, “They sent Resul when air flights could not be made in seven continents due to the corona. When Resul said that the police implied that they would send him, I called the police and got the answer ‘no, we will not send him’. But two days later, we could not reach Resul in the same way and we saw him on television. I hope we don’t experience the same.” (turkey.postsen.com, Dec 3, 2022)

Comment la Suède se couche devant Erdogan pour intégrer l’OTAN

Mathilde Karsenti, Marianne, 5 déc 2022

Ce vendredi 2 décembre, les autorités suédoises ont renvoyé en Turquie un militant du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Depuis quelques mois, Tayyip Erdoğan menace de bloquer l’adhésion de la Suède et la Finlande à l’OTAN en raison de la présence de membres du PKK – jugé terroriste – sur leur sol. Stockholm a décidé de faire du zèle.

Recep Tayyip Erdogan a-t-il remporté la partie ? Un membre présumé du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – organisation considérée comme terroriste par Ankara et l'Union européenne (UE) – vient d’être renvoyé par la Suède en Turquie, ce vendredi 2 décembre. Aussitôt arrêté, celui-ci a ensuite été présenté à un tribunal de police turc. Selon l’agence de presse locale Anadolu, il avait été condamné en Turquie à six ans et dix mois de prison pour avoir entretenu des liens avec le PKK, liens qu’il a toujours niés. Arrivé en Suède en 2015, Mahmut Tat, s’est vu refuser sa demande d’asile par la police suédoise. Comme d’autres déboutés, ce Kurde de Turquie est donc resté en Suède, où il travaillait. Mais le 22 novembre, il est arrêté pour défaut de papiers à l’issue d’un contrôle routier.

Le sort de certains ressortissants kurdes de Turquie exilés ou réfugiés en Suède et, dans une moindre mesure, en Finlande, est au cœur des discussions avec Ankara pour l'entrée des deux pays nordiques dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan). Depuis le 18 mai dernier – date à laquelle les candidatures de la Suède et de la Finlande à l'Otan ont été officialisées – la Turquie oppose son véto. Pour celle-ci, les deux pays seraient des refuges pour les « terroristes » du PKK, mouvement indépendantiste kurde d'obédience marxiste combattu par la Turquie. Mais le 28 juin, le président turc signe un mémorandum avec la Suède et la Finlande en amont du sommet de l'Otan à Madrid. En validant ce texte, les deux pays scandinaves s’engagent sur certaines demandes du président Erdogan, qui exige notamment l'extradition des militants kurdes protégés par Stockholm et Helsinki.

Depuis les années quatre-vingt-dix, le PKK lutte en effet contre le gouvernement d'Ankara pour la reconnaissance de son territoire, ce qui lui vaut d'être qualifié de groupe « terroriste » par les dirigeants turcs. Pourtant en Syrie, les Kurdes ont longtemps été érigées en héros par la communauté internationale pour avoir été à l'avant-garde de la lutte contre l'État islamique sur le terrain militaire. La coalition internationale, s'est appuyée sur les connaissances des combattants locaux pour les attaques au sol. En 2014-2015, les peshmergas d’Irak et les combattants du YPG/J dans le Rojava syrien (nord de la Syrie) ont courageusement repoussé les assauts de Daech lors de la bataille de Kobané au nord de la Syrie. Aujourd’hui, c’est sous les balles et les bombes de Recep Tayyip Erdogan qu’ils résistent dans la quasi-indifférence d’un monde occidental enferré dans ses contradictions…

Depuis avril, Ankara mène, de son côté, une opération militaire dans le nord de l'Irak contre le PKK. Le 26 mai dernier, Recep Tayyip Erdogan a annoncé des « opérations hors frontières », contre les groupes « terroristes », visant la région du Rojava où se trouvent aussi les forces du YPG/J, alliées des Occidentaux. L’attentat d’Istanbul du 3 novembre (6 morts et 81 blessés) – pourtant non revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – aurait dû alerter. Erdogan a aussitôt prévenu que le PKK et ses affiliés du YPG/J en Syrie allaient payer l'addition. Une semaine plus tard, l’armée turque attaquait le Kurdistan turc et irakien et la région… de Kobané. Mais les Occidentaux ont alors choisi de privilégier l’accord sur les céréales en mer Noire, dont la Turquie se prévaut.

Un succès diplomatique dont le pouvoir turc s’est aussitôt félicité. « Dans cette histoire, les Turcs ont forcément joué sur le velours car ils savaient que tout le monde avait intérêt à ce que cet accord entre en vigueur » déclarait à Marianne l’ex-ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty, mi-novembre. Depuis le début de la guerre en Ukraine, Erdogan tente de s’imposer en tant que médiateur entre l’Ukraine et la Russie. Ses intérêts sont nombreux tant sur le plan national – les prochaines élections présidentielles ont lieu en juin prochain – que sur la scène internationale car cela lui permet de confirmer sa place de « seul pays en mesure de parler avec Poutine (…) et d'obtenir des résultats ».

Sur le plan de l'Otan, là aussi la pression turque donne des résultats. « Le renvoi d'un terroriste appartenant au PKK est un début montrant leur sincérité, a d’ailleurs déclaré le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag lors d'un entretien télévisé ce lundi. Nous espérons que d'autres suivront ». La semaine dernière, le ministre suédois des Affaires étrangères a affirmé qu’il y avait des « progrès » dans ses négociations avec la Turquie. De son côté, la diplomatie turque a salué la « bonne volonté » du gouvernement suédois, en précisant toutefois attendre davantage de « mesures concrètes ». Fin juin, la Turquie a publié une liste de 45 personnes dont elle souhaite l’extradition depuis la Finlande et la Suède.

L’adhésion des deux pays scandinaves à l’Otan semble donc plus qu’être une question de temps. Pour les experts, la Turquie a intérêt à lever son veto. Sur le plan militaire, le spécialiste de la Suède, Aron Lund, interrogé par France 24, estime qu’en « allongeant considérablement la frontière terrestre entre la Russie et l'Otan », l’entrée d’Helsinki et Stockholm dans l’Otan « déplacerait le point focal de cette frontière, et les tensions Otan-Russie qui en découlent, beaucoup plus au nord, loin de la Turquie. » Reste à savoir quel sera le sort des quelque 116 000 Kurdes vivants en Suède et en Finlande…
 
Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Otan: la Turquie remercie la Suède mais espère d'autres mesures

Des "mesures positives" ont été prises par Stockholm, mais la Turquie réclame "d'autres pas importants" pour lever ses objections à l'entrée de la Suède dans l'Otan, a indiqué jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

"Nous n'ignorons pas les mesures positives qui ont été prises, mais il reste des pas importants à effectuer" a déclaré le ministre turc qui recevait son homologue suédois, Tobias Billström, à Ankara.

La Turquie bloque depuis mai l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Alliance Atlantique, en exigeant notamment que les deux pays procèdent à des extraditions d'opposants qu'elle considère comme des "terroristes".

Or la visite de M. Billström, quoique prévue de longue date selon ses services, intervient quelques jours après le refus de la Cour Suprême suédoise d'extrader le journaliste Bülent Kenes, réclamé par le président Recep Tayyip Erdogan.

Décision qualifiée de "très négative" cette semaine par M. Cavusoglu.

Pour ce dernier, "le nouveau gouvernement suédois est plus déterminé à satisfaire les demandes turques" et se montre "plus sincère" que le précédent dans l'application du mémorandum d'accord signé en juin pour lever les obstacles à l'élargissement de l'Otan.

Mais outre la question des extraditions, M. Cavusoglu a regretté les restrictions qui demeurent aux exportations suédoises d'équipements de type militaire.

"Nos entreprises de défense n'ont toujours pas obtenu de feu vert à leurs demandes d'importer certains produits" a-t-il relevé - il s'agit notamment de certaines pièces de moteurs fabriquées en Suède.

De son côté, M. Billströlm a voulu rassurer le ministre turc: "Mon message à M. Cavusoglu et au peuple turc est clair: la Suède tient ses promesses et les prend au sérieux".

Mais il a fait valoir que "la Suède a un système judiciaire indépendant".

"Depuis la signature du mémorandum, la Suède a fait de notre coopération la priorité" a-t-il insisté.

Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara considère comme un mouvement terroriste, "n'est peut être pas une menace pour (nous) mais en est une pour la Turquie et nous prenons ceci très au sérieux" a assuré M. Billström.

Il a fait ainsi valoir que "les amendements à la constitution vont criminaliser le soutien aux activités terroristes": "Nous faisons notre part pour appliquer les termes du memorandum", a-t-il insisté.

M. Billström devait poursuivre sa visite par une visite au parlement, dominé par le parti AKP du chef de l'Etat, dont il devait rencontrer le président.

Seuls les parlements turc et hongrois n'ont pas ratifié l'entrée des deux pays nord l'Otan.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, élu d'un gouvernement conservateur, avait effectué l'un de ses tout premiers déplacement internationaux à Ankara, début novembre, pour tenter de lever le véto turc. (AFP, 22 déc 2022)

Otan: la justice suédoise rejette l'extradition d'un journaliste réclamée par Erdogan

La Cour Suprême suédoise a rejeté lundi la demande d'extradition de la Turquie pour le journaliste Bülent Kenes, réclamée personnellement par le président turc Recep Tayyip Erdogan pour donner son feu vert à l'entrée de la Suède dans l'Otan.

La haute juridiction, chargée des recours contre les extraditions, a retenu "plusieurs obstacles" à la remise aux autorités turques de cet ex-rédacteur en chef, accusé par Ankara d'avoir été complice de la tentative de coup d'Etat de 2016 et d'être membre du mouvement güléniste.

La Cour suprême a relevé son statut de réfugié en Suède, le fait que les accusations portées contre lui relèvent de "crimes politiques" ou ayant trait à la sécurité de l'Etat turc, et enfin le fait que d'être membre du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen n'est pas répréhensible en Suède, détaille-t-elle dans un communiqué.

"Il y a aussi un risque de persécution sur la base de ses convictions politiques. Une extradition ne donc pas avoir lieu", a déclaré le juge Petter Asp.

Interrogé par l'AFP, l'ancien éditorialiste du quotidien en anglais Today's Zaman s'est dit "heureux" de la décision mais a accusé "le régime d'Erdogan" d'avoir "fabriqué les accusations" contre lui.

"Je suis un journaliste, pas un terroriste", a-t-il affirmé, en se disant "certain que le régime utilisera d'autres méthodes pour rendre ma vie ici aussi difficile que possible".

En dehors de la Hongrie qui doit ratifier l'adhésion de la Suède et de la Finlande début 2023, la Turquie est le seul pays à menacer d'empêcher l'adhésion à l'Otan des deux pays nordiques, décidée dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Ankara, Stockholm et Helsinki avaient signé un mémorandum d'accord lors du dernier sommet de l'Otan en juin, mais M. Erdogan avait de nouveau menacé de bloquer la ratification indispensable dès le lendemain.

Lors d'une visite du Premier ministre suédois Ulf Kristersson pour convaincre le chef de l'Etat turc, ce dernier avait été interrogé sur les dizaines d'extraditions réclamées par Ankara dans le cadre des discussions.

Le chef de l'Etat turc n'avait alors cité qu'un seul nom à titre d'exemple: celui de M. Kenes, 53 ans, qu'il accuse d'être un "terroriste".

Les extraditions de militants kurdes ou de personnalités hostiles au régime turc réfugiées en Suède sont le point le plus délicat des exigences formulées par Ankara.

Le gouvernement suédois souligne que la justice du pays nordique est indépendante, a le dernier mot, et que les décisions déjà prises ne peuvent être remises en cause. (AFP, 19 déc 2022)

Otan: Washington, Helsinki et Stockholm tablent sur un feu vert d'Ankara "bientôt"

La Finlande et la Suède se sont jointes aux Etats-Unis jeudi pour appeler la Turquie à donner son feu vert à leur accession à l'Otan, estimant avoir satisfait les exigences de sécurité d'Ankara.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et ses homologues suédois et finlandais se sont abstenus, au cours d'une conférence de presse commune à Washington après des entretiens trilatéraux, de critiquer la Turquie, qui bloque encore l'accession des deux pays nordiques à l'Alliance atlantique.

"Je suis convaincu que l'Otan accueillera bientôt formellement la Finlande et la Suède en son sein", a déclaré le secrétaire d'Etat américain.

"Les deux pays ont pris des mesures concrètes significatives pour remplir leurs engagements, y compris celles liées aux intérêts de sécurité de notre allié, la Turquie", a-t-il ajouté.

La Turquie bloque l'élargissement de l'Alliance atlantique depuis mai en réclamant l'extradition de plusieurs ressortissants kurdes de Turquie qui se sont exilés ou réfugiés en Suède et, dans une moindre mesure, en Finlande.

La Suède a expulsé la semaine dernière l'un d'entre eux, Mahmut Tat, condamné en Turquie à six ans et dix mois de prison pour appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation considérée comme terroriste par Ankara et l'Union européenne.

Le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a déclaré que les engagements pris par les deux pays envers la Turquie avaient été "totalement remplis".

Il a espéré que la Suède et la Finlande puissent adhérer à l'Otan en février, la date avancée par l'autre pays bloquant encore le processus, la Hongrie, pour que le parlement hongrois ratifie cette adhésion.

"Bien sûr, ce qui nous manque encore, c'est une date claire et un programme clair du parlement turc pour régler cette question", a déclaré M. Haavisto. "Nous savons que la Turquie va avoir des élections. Nous espérons bien sûr que cette décision de la Turquie interviendra aussi vite que possible".

Des élections présidentielle et législatives sont prévues en juin prochain en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, espère bien se maintenir à la tête du pays et les experts s'attendent à ce qu'il se montre inflexible jusque là pour satisfaire son électorat conservateur.

A la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Finlande et la Suède ont présenté en mai une candidature commune en vue d'intégrer l'Alliance atlantique, abandonnant des décennies de non-alignement militaire.

 Celle-ci doit être acceptée à l'unanimité par les 30 Etats membres de l'Otan. (AFP, 8 déc 2022)

Washington sanctionne un homme d'affaires turc qui faisait commerce de pétrole iranien

Les Etats-Unis ont imposé jeudi des sanctions contre un homme d'affaires turc soupçonné d'avoir engrangé des centaines de millions de dollars en faisant commerce de pétrole provenant des Gardiens de la Révolution iraniens.

Sitki Ayan, un proche du président turc Recep Tayyip Erdogan, ainsi que son fils et un de ses bras droits ont été placé sur la liste noire du Trésor américain, gelant tous leurs actifs aux Etats-Unis et leur interdisant l'accès aux principaux marchés financiers.

Le Trésor accuse M. Ayan d'être venu en aide à la Force Qods, une unité d'élite des Gardiens de la Révolution islamique, en arrangeant la vente et l'acheminement de pétrole qu'elle contrôle vers la Chine, d'autres acheteurs d'Asie de l'Est, l'Europe et les Emirats arabes unis.

Il a aussi contribué au transfert des recettes de ces ventes aux Gardiens de la Révolution.

Selon le Trésor, Sitki Ayan s'est servi du réseau de son groupe d'entreprises ASB, enregistré à Gibraltar, pour dissimuler les origines du pétrole et la destination des paiements.

L'homme d'affaires a aussi eu recours à l'une de ses entreprises pour acheter un navire-citerne sous pavillon panaméen pour les Gardiens de la Révolution, selon la même source.

Kasim Oztas, un haut responsable du groupe ASB qui "s'occupait personnellement de la plupart des affaires de M. Ayan", et Bahaddin Ayan, le fils de l'homme d'affaires, font également l'objet de sanctions.

Le Trésor a placé environ 20 entreprises du groupe ASB et du réseau de l'homme d'affaires sur sa liste noire. (AFP, 8 déc 2022)

Le chef du Pentagone exhorte la Turquie à ne pas mener d'offensive en Syrie

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a exprimé mercredi à son homologue turc Hulusi Akar sa "forte opposition" au lancement d'une nouvelle offensive d'Ankara en Syrie, selon le Pentagone.

La Turquie a effectué le 20 novembre une série de raids aériens dans le nord-est de la Syrie sur des positions de combattants kurdes, membres de groupes qu'elle qualifie de "terroristes". Et son président Recep Tayyip Erdogan a réitéré la semaine dernière son intention d'ordonner, "le moment venu", une offensive terrestre.

Le ministre "a appelé à la désescalade et partagé la forte opposition du ministère de la Défense à une nouvelle opération militaire turque en Syrie", a déclaré le Pentagone dans un communiqué.

Il a aussi présenté ses condoléances pour les victimes de l'attentat d'Istanbul, qui a fait six morts et plus de 80 blessés le 13 novembre.

La Turquie a accusé les Kurdes de l'avoir commandité, ce qu'ils ont démenti.

La veille de cet échange entre Lloyd Austin et son homologue, le porte-parole du Pentagone avait déclaré qu'une opération terrestre de la Turquie en Syrie risquerait de "compromettre" les acquis de la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) dans ce pays. (AFP, 1 déc 2022)

OTAN: La Suède et la Finlande ont fait des «pas positifs», estime la Turquie

La Suède et la Finlande ont effectué des «pas positifs» dans la lutte contre le terrorisme, une condition posée par Ankara pour approuver leur adhésion à l'OTAN, a estimé mercredi le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.

«Le nouveau gouvernement en Suède est plus déterminé que le précédent et nous accueillons ceci avec satisfaction. (...) Ils ont effectué des changements législatifs et tout ça constitue des pas positifs», a affirmé M. Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Bucarest, en marge de la réunion des chefs de la diplomatie de l'OTAN.

Les ministres des Affaires étrangères de Suède, Finlande et Turquie se sont rencontrés mardi en marge de cette réunion.

«Nous avons eu une très bonne rencontre hier (...). Je dois dire qu'après cette réunion j'ai senti des progrès», a assuré de son côté le chef de la diplomatie suédoise Tobias Billström indiquant qu'il se rendrait prochainement à Ankara pour y plaider en faveur de l'adhésion de la Suède à l'OTAN.

Le ministre turc a cependant ajouté qu'en dépit «de belles déclarations et une bonne détermination» de la part de deux pays nordiques, la Turquie attend toujours des «mesures concrètes».

«Nous n'avons pas encore vu de mesures concrètes dans des domaines comme l'extradition des criminels, le gel des avoirs des groupes terroristes et la fin de leurs activités. Oui, il y a eu des pas positifs comme des changements législatifs, mais nous devons voir leur application», a-t-il affirmé.

La Turquie accuse la Suède et la Finlande de mansuétude envers le Parti des travailleurs kurdes (PKK) et ses alliés, comme les Unités de protection du peuple (YPG).

Ankara bloque depuis mai l'entrée des deux pays nordiques dans l'Alliance atlantique et a signé avec eux un mémorandum d'accord en juin liant leur adhésion à leur lutte contre les mouvements kurdes et leurs partisans sur leur sol.

En visite début novembre à Ankara, le premier ministre suédois Ulf Kristersson a promis de répondre aux inquiétudes exprimées par la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme, afin de lever tout obstacle à son entrée dans l'OTAN. (AFP, 30 nov 2022)

Relations régionales / Regional Relations

Syrie: affrontements dans le nord-ouest, huit combattants pro-turcs tués

Huit combattants d'un groupe pro-turc ont été tués lundi lors de violents affrontements dans le nord-ouest de la Syrie avec des forces du régime syrien, ont indiqué des formations rebelles et une ONG.

Un premier bilan des rebelles pro-turcs faisait état de six combattants tués et trois blessés dans une offensive déclenchée par les forces du régime, épaulées par des forces kurdes, dans la nuit de dimanche à lundi dans la région d'Afrine, proche de la frontière avec la Turquie.

Mais le groupe Faylaq al-Cham, jugé proche de la branche syrienne des Frères musulmans, a indiqué en soirée que le nombre de tués s'élevait désormais à huit, tous des combattants de cette formation.

Les combats ont duré quelques heures et la situation était calme en début de soirée, selon un correspondant de l'AFP.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, a affirmé que les forces du régime syrien, épaulées par des combattants kurdes, avaient gagné du terrain et pris le contrôle de deux positions de Faylaq al-Cham, à la faveur de violents combats dans lesquels des armes lourdes ont été employées.

De tels échanges de tirs se produisent régulièrement entre les forces du régime de Damas et les groupes pro-turcs dans ce secteur.

Les rebelles pro-turcs incluant Faylaq al-Cham contrôlent une partie de la bande frontalière avec la Turquie. Le groupe a participé aux offensives de l'armée turque lancées depuis 2016 dans le nord de la Syrie, principalement contre les combattants kurdes.

Les combats en cours lundi ne sont cependant pas liés aux menaces de la Turquie de lancer une offensive terrestre contre d'autres zones frontalières dans le nord de la Syrie, selon des sources concordantes. (AFP, 26 déc 2022)

Moscow says trilateral meeting idea "extremely positive"

Turkish President Erdogan’s call for Russia to mediate between Turkey and Syria has been received warmly by the Kremlin.

Moscow is extremely positive about the idea of Turkish President Tayyip Erdogan to hold a meeting of the leaders of Turkey, Syria and the Russian Federation, Russian Deputy Foreign Minister Mikhail Bogdanov said on Friday.

"Extremely positive," he said, answering a question from Russian RIA Novosti agency about how Russia perceived Erdogan's idea.

"We are now holding contacts with Syrian friends," Bogdanov added.

Turkish President Tayyip Erdogan on Thursday said Ankara is willing to take trilateral steps with Moscow and Damascus governments on Syria.

“I’ve made the proposal to [Russian President Vladimir] Putin, he looked positively. Thus, we will start the chain of negotiations," Erdogan told reporters on a flight back from Turkmenistan, state-run Anadolu news agency reported.

After years of supporting the opposition aiming to topple the Assad regime since the civil war erupted in Syria in 2011, Turkey signalled a U-turn in Syrian policy when Foreign Minister Mevlut Cavusoglu in July disclosed that he met with the Syrian Foreign Minister on the sidelines of a European summit.

Contacts between the two countries’ intelligence services currently remain the sole direct dialogue channel between Damascus and Ankara. (gerceknews, December 16, 2022)

Erdogan soutient la création d'un nouveau gazoduc depuis le Turkménistan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a apporté mercredi son soutien à la création d'un nouveau gazoduc susceptible de réduire la dépendance de l'Europe au gaz russe, en reliant le Turkménistan riche en énergie.

"Nous transportons le gaz de la mer Caspienne vers l'Europe via le corridor (existant), qui est l'épine dorsale du gazoduc transanatolien" (à travers l'Azerbaidjan, la Géorgie et la Turquie, ndlr), a déclaré M. Erdogan dont les propos ont été rapportés par ses services.

"Nous devons lancer les travaux permettant le transport du gaz naturel turkmène vers les marchés occidentaux de la même manière", a-t-il poursuivi.

Le nouveau projet pourrait relier le Turkménistan au pipeline existant entre l'Azerbaïdjan et la Turquie.

Le chef de l'Etat turc s'exprimait lors d'un sommet tripartite avec ses homologues d'Azerbaïdjan et du Turkménistan, accueilli par ce dernier dans la ville isolée d'Awaza.

Cette réunion tombe à point pour l'Union européenne qui tente de se dégager de sa dépendance énergétique à la Russie, depuis l'invasion de l'Ukraine.

M. Erdogan suit depuis le début du conflit le 24 février une ligne qui lui a permis de conserver de bonnes relations avec le président russe Vladimir Poutine, tout en fournissant des armes et en discutant avec Kiev.

Il a ainsi soutenu notamment l'idée de M. Poutine de créer un nouveau "hub gazier" en Turquie permettant de poursuivre les exportations de gaz russes vers l'UE, en contournant les pipelines existants à travers l'Ukraine et sous la mer Baltique.

L'administration américaine chargée de l'énergie estime que le Turkménistan dispose des sixièmes réserves mondiales prouvées de gaz naturel.

Jusqu'à présent le gaz turkmène était exporté via le marché russe. Mais le pays a également intensifié ses livraisons à la Chine et cherche des moyens d'accéder à d'autres marchés via la Turquie.

M. Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie.

Les pays d'Asie centrale ont également réévalué leurs relations autrefois étroites avec Moscou depuis le lancement de la guerre contre l'Ukraine.

Parallèlement, la décision de la Russie de limiter l'approvisionnement en gaz de l'Europe en représailles aux sanctions occidentales a fait craindre des pénuries d'énergie dans les pays européens au moment où l'hiver s'installe. (AFP, 14 déc 2022)

Les pétroliers devront désormais prouver qu'ils sont assurés

Les pétroliers qui veulent emprunter les détroits sous contrôle turc, le Bosphore et les Dardanelles, doivent désormais prouver qu'ils sont assurés, ont annoncé mercredi les responsables turcs.

"Nous voulons nous assurer de leur couverture, parce qu'ils ont commencé à la dissimuler", a indiqué une source officielle à l'AFP, confirmant des informations de l'agence de presse officielle turque Anadolu.

Cette demande remonte au 1er décembre, a précisé cette source.

Selon Anadolu citant des responsables turcs, "certaines compagnies internationales ont annulé la couverture de nombreux bâtiments en raison des sanctions imposées à la Russie" depuis le début de la guerre contre l'Ukraine.

La décision d'Ankara correspond à l'entrée en vigueur de l'embargo européen sur le pétrole russe, accompagné d'un prix plafond de 60 dollars au plus, qui interdit aux pays de l'Union européenne, du G7 et à l'Australie de fournir quelque service que ce soit aux pétroliers transportant du brut russe, y compris de les assurer.

Les pays du G7 fournissent les prestations d'assurance pour 90% des cargaisons mondiales.

Le site spécialisé The TankerTracker.com a rapporté tôt mercredi que les exportations par voie maritime de pétrole russe avaient été réduites de moitié durant les dernières 48 heures.

Selon Anadolu, les responsables turcs suspectent les assureurs occidentaux de double jeu: "ils espèrent que la Turquie laissera passer les bateaux même sans garantie, ainsi ils pourront à la fois se conformer aux sanctions internationales et à leurs responsabilités envers leurs clients".

Pour Yörük Isik, spécialiste du suivi des mouvements des navires sur le Bosphore et dans la région, la Turquie exige désormais la présentation d'une "assurance protection et indemnisation" (P&I) pour tous les navires en provenance de ports russes.

Ce type d'assurance couvre des risques allant des guerres aux dommages environnementaux pour des montants qui peuvent être colossaux.

Or, les assureurs occidentaux refusent de fournir, par écrit à chaque bateau, un "engagement général à couvrir tout ce qui se passe dans le Bosphore", comme la Turquie l'exige et contrairement aux assureurs "russes (qui) ont tout juste commencé" à le faire, affirme Yörük Isik.

"Nous sommes donc dans une situation où, de facto, les armateurs les plus honnêtes, les plus réputés, ne peuvent plus transiter" par les détroits turcs, souligne-t-il.

Dans un communiqué, l'International Group of P&I Clubs --associations professionnelles de mutualisation du risque--, qui estime couvrir la quasi-totalité du transport maritime mondial, rapporte qu'après avoir "évalué en détail la situation, les Clubs ont décidé qu'ils ne pouvaient
délivrer une telle lettre".

Car, justifie-t-il, "délivrer une telle lettre, en ces circonstances, reviendrait à violer les sanctions européennes, américaines et britanniques", en particulier celles entrées en vigueur le 5 décembre fixant un prix plafond pour le pétrole russe.

Le Bosphore, qui relie la mer Noire à la mer de Marmara, et le détroit des Dardanelles, qui débouche en mer Egée, sont les voies de passage obligées pour les pétroliers en provenance de Russie comme pour les cargos qui assurent depuis l'été dernier le transport des céréales ukrainiennes dans le cadre d'un accord impliquant la Turquie, l'Ukraine, la Russie et les Nations unies.

En vertu de la Convention de Montreux (1936), le contrôle des mouvements dans ces deux détroits a été confié à la Turquie.

Depuis 2002, la Turquie exige de tout navire les empruntant d'être couvert par une assurance sous peine de se faire interdire le passage. (AFP, 7 déc 2022)

Syrie: renforts russes dans une zone frontalière de la Turquie

Les forces russes ont accru leur présence mercredi dans une région du nord de la Syrie sous contrôle des forces kurdes et de l'armée syrienne, menacée par une offensive terrestre de la Turquie, ont indiqué des habitants et une ONG.

C'est la première fois que l'armée russe, qui soutient le régime de Bachar al-Assad, dépêche des renforts dans la région de Tal Rifaat, frontalière de la Turquie, depuis qu'Ankara a lancé le 20 novembre une campagne de raids aériens contre les combattants kurdes.

Des habitants de Tal Rifaat ont indiqué à l'AFP que des renforts russes étaient arrivés dans la ville située à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque.

Le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que l'offensive terrestre que la Turquie menace de lancer "le moment venu" viserait en priorité Tal Rifaat, ainsi que les localités de Manbij et Kobané, en vue d'établir une zone de sécurité large de trente kilomètres au sud de sa frontière.

Tal Rifaat se trouve dans une enclave contrôlée par les forces kurdes, entourée de régions tenues par l'armée syrienne d'un côté, et de groupes proturcs de l'autre.

Selon les mêmes habitants, les forces de Moscou ont établi un nouveau barrage entre la zone contrôlée par les Kurdes et celle tenue par les forces pro-turques.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain) a de son côté indiqué que les forces russes avaient également consolidé leur présence à l'aéroport militaire de Menagh, tenu par le régime syrien, proche de Tal Rifaat.

L'OSDH a également fait état de renforts russes dans les environs de la ville frontalière kurde de Kobané. Un responsable de sécurité a indiqué à l'AFP que les forces russes y avaient fait circuler une patrouille, sous la surveillance d'un hélicoptère.

"Le but de ces renforts pourrait être d'empêcher ou de retarder l'opération militaire turque", a affirmé à l'AFP le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

Les forces kurdes de Syrie ont indiqué mardi avoir demandé à la Russie de faire pression sur la Turquie pour la dissuader de lancer une offensive terrestre.

Moscou, allié du régime syrien, et Washington, qui soutient les Kurdes de Syrie, ont tous deux appelé Ankara "à la retenue".

La Turquie a lancé ses raids après un attentat qui a fait six morts à Istanbul le 13 novembre, accusant les Kurdes de l'avoir commandité, ce qu'ils ont démenti.

Depuis le 20 novembre, environ 75 personnes ont été tuées dans les frappes turques, en majorité des combattants kurdes, ainsi qu'une dizaine de civils et des soldats syriens, selon l'OSDH. (AFP, 30 nov 2022)

"C'est pas fini": en Irak, les rebelles kurdes iraniens face aux missiles de Téhéran

Un toit enfoncé, un mur explosé et des éclats de verre: "c'est les missiles du régime". Dans leur base arrière du nord de l'Irak, les rebelles kurdes iraniens recensent les dégâts causés par le feu de Téhéran, en attendant de nouvelles frappes.

Leur QG, ils l'appellent "La Citadelle". Ce fort de l'époque de Saddam Hussein semble tout droit sorti du "Désert des Tartares". Il est planté à flanc d'une colline désertique à l'écart de Koysinjaq (Koya, en kurde), gros bourg du Kurdistan d'Irak où le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), qualifié de "terroriste" par Téhéran, a élu domicile en 1993.

C'est aussi l'une des cibles des drones et missiles de l'Iran.

"Le régime iranien nous a bombardés trois fois en moins de deux mois", relève Karim Farkhapour, un dirigeant du PDKI. Dans les rangs de son mouvement, douze personnes ont été tuées et 20 autres blessées, selon lui.

Les militants du PDKI ont évacué le fort, mais les dégâts sont encore nettement visibles, notamment après la dernière salve en date, tirée il y a une semaine.

Du toit de la bibliothèque pendouillent des câbles électriques, des étagères déchiquetées gisent au sol. Dans une autre salle, M. Farkhapour slalome entre les gravats pour atteindre un drapeau kurde miraculeusement indemne.

"Le régime de Téhéran va encore nous viser. C'est pas fini, vous verrez", dit-il, un revolver arrimé à la ceinture de son habit traditionnel.

- "Mensonge" -

Ce n'est pas la première fois que les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, revendiquent des frappes contre le PDKI, mais les récents bombardements, qui ont aussi visé d'autres groupes rebelles kurdes iraniens en Irak, ont pris une acuité particulière en raison du contexte politique en Iran.

Le pouvoir iranien accuse ces factions d'"importer des armes" depuis l'Irak et d'encourager les manifestations qui secouent l'Iran depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, après son arrestation par la police des moeurs.

"Faux", rétorque Moustafa Mouloudi, l'un des dirigeants du PDKI à Koysinjaq.

"Il n'y a aucune preuve que nous ayons fait passer des armes en Iran", dit-il. "C'est un mensonge proféré par le régime pour cacher la vérité au peuple. Le terroriste, c'est le régime".

Les groupes kurdes iraniens tels que le PDKI ou Komala sont de longue date dans le viseur de Téhéran. Installés au Kurdistan d'Irak depuis les années 1980 avec la bénédiction de Saddam Hussein, alors en guerre avec l'Iran, ils sont souvent très à gauche politiquement.

Si les analystes estiment qu'ils ont quasiment interrompu leurs activités militaires, ils continuent à militer depuis l'exil.

Dénonçant les discriminations dont souffre la minorité kurde d'Iran (environ 10 millions d'habitants sur les 83 millions que compte le pays), le PDKI veut un "Iran fédéral" dans lequel serait créée une province kurde dotée d'une large autonomie, explique Karim Farkhapour.

"Nous sommes laïques et nous luttons pour les droits des femmes", assure-t-il.

- "La peur au ventre" -

L'organisation, financée grâce notamment aux dons des sympathisants, obéit à une hiérarchie rigide. Pour preuve: lors d'une visite aux militants du PDKI à Koysinjaq, l'AFP est invitée à ne pas s'écarter du programme établi par les instances dirigeantes.

Au sein du PDKI, "nous sommes libres", assure de son côté Shaunem Hamzi, militante de 36 ans vivant à Koysinjaq avec ses parents.

Les cheveux au vent, la jeune femme dit avoir vécu dans un camp du PDKI installé à 500 mètres de la citadelle. Avec 200 autres familles, elle habitait une de ces maisons en parpaings ou en béton de plain-pied qui formait ce village miniature. Jusqu'aux salves de Téhéran.

Les dernières attaques "ont été beaucoup plus intenses que les précédentes. Les enfants, les familles ont eu très peur. Maintenant, nous vivons la peur au ventre", énonce-t-elle.

Comme tous les autres habitants, Shaunem Hamzi a dû quitter le camp et vit un jour dans une maison trouvée par le PDKI, un autre jour dans une autre.

En tant que femme kurde iranienne, elle affirme s'identifier fortement au mouvement de contestation qui secoue l'Iran.

"Si le régime tente de nous stopper ne serait-ce que temporairement, les manifestations repartiront quand même de plus belle, parce que c'est dans nos coeurs", tonne-t-elle. "Les protestataires n'obéiront jamais aux règles du régime". (AFP, 28 nov 2022)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Menaces turques contre la Grèce: Le pouvoir provoque, le bon sens calme le jeu

Ragıp Duran, Chronique Turquie , 17 décembre 2022

L’animosité anti-grecque a été toujours une bonne cause des gouvernements turcs, surtout quand ces derniers ont des problèmes insurmontables en politique intérieure.

Par ailleurs, l’animosité anti-turque fut un bon moyen des dirigeants grecs quand eux aussi ont des problèmes à l’intérieur du pays.

Faut-il également rappeler qu’en 1930 le Président grec Venizélos et son homologue turc Mustafa Kemal Atatürk ainsi que vers la fin des années 1990, les ministres des affaires étrangères des deux pays respectifs, MM. Cem et Papandréou avaient su créer une atmosphère d’entente, de bon voisinage et de paix entre Ankara et Athènes ?

Ces animosités réciproques se renforcent en particulier lors des périodes des campagnes électorales en Grèce et en Turquie.

Malgré ces conflits politiques et diplomatiques entre les deux capitales, presque l’ensemble des populations des deux pays, qui ont des cultures et traditions similaires, ont pu coexister pacifiquement pendant des dizaines d’années depuis 1923, date de la fondation de la République de Turquie.

Le Président Erdogan, au pouvoir depuis 2002, désire gagner les élections présidentielles et générales qui auront lieu, théoriquement, en juin 2023.

Il est désormais incapable d’améliorer la situation économique à l’intérieur du pays où le taux d’inflation a atteint 80% selon les chiffres officiels, mais 181% selon les calculs des organisations civiles de spécialistes.

Depuis au moins un an, tous les sondages d’opinion publique montrent qu’Erdogan et son parti sont au-dessous des 35% d’intention de vote, alors qu’il faut 51% pour être élu Président et au moins 40% pour avoir la majorité absolue au Parlement.

Les politiques diplomatiques du Président sont isolées Ankara du reste du monde. Erdogan est en conflit avec Washington, Bruxelles, Moscou et avec l’ensemble de ces voisins.

Le Président turc a récemment fait des pas pour débloquer les relations avec la Syrie, Israel, l’Egypte et l’Arabie Saudite. Le Qatar et l’Azerbaïdjan restent les seuls vrais alliés d’Ankara.

Erdogan a donc besoin d’une grande initiative pour gagner des points. Son premier projet était d’organiser une opération militaire contre les kurdes au nord de la Syrie et de l’Irak. Ces régions ont été récemment bombardées par l’aviation turque. Mais Erdogan voulait par une opération terrestre de grande envergure occuper ces régions pour chasser les populations locales, en majorité kurdes et chrétiennes. Ce projet est soutenu par une grande partie de l’opinion publique turque à commencer par l’opposition parlementaire. Mais Washington, Moscou, Bagdad et Téhéran se sont catégoriquement opposé contre l’invasion de l’armée turque.

Depuis, Erdogan a un nouvel objectif : la Grèce. Lui-même, ses porte-parole et les chroniqueurs des médias du gouvernement font l’éloge de l’armée turque. Leur discours est emprunté du "journalisme de Gonzo", c’est-à-dire très nationaliste, populiste et d’une qualité très médiocre voire loumpène.

Cette semaine, deux diplomates en retraite, un professeur de relations internationales et un journaliste ont, dans leurs chroniques et interviews, interprété le conflit actuel dans une perspective pacifique et démocratique:

Aydın Selcen, dans sa chronique publiée par Artı Gerçek, croit que "le conflit entre les deux pays peut être résous sous l’égide de l'Union européenne". Il écrit ‘’qu’un conflit armé n’est pas du tout à l’ordre du jour, mais qu’il n’y a pas non plus à court terme une voie pour résoudre les problèmes’’.

Alper Coskun, diplomate en retraite, précise dans une interview accordé au quotidien Indépendant que le conflit n’est pas simplement bilatéral, car "La Méditerranée est devenue un important bassin d’énergie donc plusieurs autres pays côtiers ont également leurs mots à dire". Il préconise l’abandon du discours agressif d’Ankara, mais critique également "certaines provocations d’Athènes".

Prof. Serhat Guvenc, donne déjà des conseils à l’opposition turque. ’’Quand elle sera au pouvoir, le nouveau gouvernement d’Ankara doit tout d’abord quitter ce discours militariste et chercher des solutions uniquement par des méthodes diplomatiques’’.

Enfin, Stelios Berberakis, correspondant à Athènes du site İnternet t24, estime que MM. Dendias et Cavusoglu ont, tous les deux, un langage qui envenime les relations bilatérales. "Pour la Turquie, le problème est politique, alors que pour la Grèce, le problème est juridique" écrit-il.

"Nous pouvons avoir un tableau complètement différent à la suite des élections fin juin 2023 dans les deux pays respectifs. Peu importe la couleur du nouveau gouvernement grec, mais si Erdogan quitte en 2023 la scène politique turque, ce sera déjà une très bonne nouveauté" prévoit un professeur d’économie en exil en France.


Turkey issues new threat against Greece over Aegean islands

Turkey warned Greece to back off and stop militarizing the Aegean islands, otherwise Ankara “will take the necessary steps on the ground.”

“Either Greece takes a step back and abides by the agreements, or we do what is necessary,” Turkish Foreign Minister Mevlüt Çavuşoğlu said on Tuesday during a joint press conference with his Romanian counterpart Bogdan Aurescu in Ankara.

“If Athens does not want peace, Ankara will do whatever is necessary. We cannot remain silent about the disarmament of the islands, we will take the necessary steps both legally and on the ground,” Çavuşoğlu said.

Turkey has stepped up its rhetoric against Greece in recent months amid what Ankara sees as a growing military buildup on the Greek Aegean islands, close to Turkey’s coastline. In a repeated, thinly veiled threat, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has said: “We can come down suddenly one night when the time comes.”

Ankara sent a letter to the United Nations in July 2021 laying out its arguments against Athens — which, Çavuşoğlu said, bothered Greece.

These islands were given to Greece under the treaties of Lausanne and Paris on the condition of disarmament, he said, adding that Greece is “directly violating these two agreements.” Greece has deployed military equipment on the islands despite their demilitarized status. “So Greece does not want peace,” Çavuşoğlu added.

Greece said it fully respects its obligations arising from the Treaty of Lausanne, adding that Athens is not provoking its neighbor nor has it amassed a large landing fleet on its shores.

“It is inconceivable that Greece can be accused of increasing tension in the Aegean, when it is Turkey that is directly raising issues that even concern the sovereignty of the Greek islands,” Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis said recently.

Despite being NATO allies, the neighboring countries have been at odds for decades over a number of bilateral disputes, including maritime boundaries, overlapping claims to their continental shelves, and the long-running Cyprus dispute.

Earlier this year, Greece called upon its Western allies to put an end to Turkey’s inflammatory rhetoric or risk another Ukraine situation.

The Greek foreign ministry sent letters to NATO, the United Nations and the EU taking issue with comments by Erdoğan that it said were “unprovoked, unacceptable and an insult against Greece and the Greek people,” asking the organizations to condemn Ankara’s behavior. (politico.eu, December 6, 2022)

 
Immigration / Migration

Turkey increases the number of extradition requests from Sweden to 42

Turkey has increased the number of people who expects Sweden to extradite to 42, Euronews said, citing Swedish media on Thursday.

Previous list was included 33 names, mostly accused by Ankara of being a member of a “terrorist” organization, it said.

Following Russia’s invasion of Ukraine on Feb.24, Sweden, alongside with Finland officially applied for NATO membership. The final approval of the two Scandinavian countries’ NATO bids depends on the current 30 member states’ parliaments, where Ankara says it will not approve the accession documents if Stockholm and Helsinki fail to fulfil their commitments, regarding Turkey’s extradition requests of terror suspects.

According to Swedish media, 16 people are deemed to be linked to Kurdistan Workers’ Party (PKK), 12 to Gulen Movement, 7 to various leftist groups which all are designated as a terrorist organization by Turkey. The remaining 7 of the list are charged with fraud-related crimes.

On Monday, Sweden’s Supreme Court has blocked the extradition of Turkish journalist Bulent Kenes who Ankara blames of being a Gulen movement supporter. While Ankara denounced the court’s decision as a “very negative development”, Sweden said it was bound to act in accordance with the Supreme Court's ruling.

Last month Turkish President Recep Tayyip Erdogan singled out Kenes as a person Ankara wants to be extradited from Sweden as a condition for Turkey’s approval for Stockholm to join NATO. (gerceknews.com, 23 December 2022)

La commune de Schaerbeek tourne le dos au buste de Roger Nols

Le buste des différents bourgmestres qui ont géré Schaerbeek accueille les visiteurs dans le grand hall de la maison communale. Parmi ces statues, une fait l’objet de débat. Roger Nols a marqué la Cité des Ânes par son long règne (1970-1989) mais aussi par ses actions et ses propos xénophobes. Suite à la lettre ouverte de Mrax demandant le retrait du buste, la commune a demandé une étude et mis en place un groupe de travail qui vient de faire une proposition d’intervention retenue à l’unanimité.

Le groupe de travail était co-présidé par la bourgmestre f.f. Cécile Jodogne (DéFI) et l’échevine pour l’Égalité des genres et des chances Sihame Haddioui (Ecolo). Composé d’un représentant de tous les partis politiques présents au Conseil communal, de citoyens ainsi que d’experts, le groupe de travail s’est réuni à trois reprises, pendant deux heures, et a tenu sa dernière séance le mardi 6 décembre 2022.

À l’issue de celle-ci, les chercheurs du Brussels Studies Institute ont été chargés de rédiger un rapport relatant les débats, les opinions et globalement le cheminement de la réflexion du groupe sur ce sujet sensible. Un scénario en particulier a fait consensus dans le groupe de travail et a été retenu à l’unanimité. Il s’agit de retourner le buste de Roger Nols (orienté dès lors face au mur) et de placer devant lui un nouveau socle supportant une nouvelle œuvre d’art, incarnant les valeurs actuelles de la commune. Par ailleurs, un dispositif pédagogique sera mis en place autour du buste, afin d’expliquer l’intervention, et ses raisons.

Le rapport présentant les conclusions du groupe de travail sera soumis au conseil communal pour prise d’acte et approbation de la proposition concernant le buste en sa séance du 21 décembre 2022. Les modalités concernant l’opérationnalisation artistique, pédagogique et financière de cette intervention seront déterminées par le Collège, au début de l’année 2023. (sudinfo.be, 15 déc 2022)

Les membres d'un important réseau de passeurs condamnés par la justice britannique

Cinq passeurs impliqués dans un réseau soupçonné d'avoir acheminé en camion au moins 1.900 migrants kurdes à partir des Balkans en France ou en Allemagne, et certains au Royaume-Uni, ont été condamnés vendredi à jusqu'à huit ans de prison, selon les autorités britanniques.

Le principal accusé, Tarik Namik, a vu sa peine de huit ans de privation de liberté être assortie d'un mandat d'arrêt, faute de s'être présenté vendredi devant le tribunal de Manchester chargé de l'affaire.

Cet homme de 45 ans était à la tête d'un groupe, tombé en 2017 sous le coup d'une enquête de l'Agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA), qui avait une activité "sophistiquée" et "lucrative" consistant à transporter des migrants à partir de l'Irak et de l'Iran.

Tarik Namik était en lien avec d'autres passeurs à l'étranger, l'organisation qu'il dirigeait recourant à des chauffeurs routiers généralement originaires de Turquie.

Des enregistrements retrouvés dans son téléphone suggèrent qu'il a pu être impliqué dans l'acheminement d'au moins 1.900 migrants des Balkans jusqu'en France ou en Allemagne pendant une période de 50 jours, facturant environ 1.800 euros par personne.

Le groupe proposait ensuite, moyennant un coût supplémentaire, deux moyens différents de se rendre au Royaume-Uni.

Le premier consistait à cacher les migrants dans des camions de chauffeurs complices en France ou en Belgique, parfois même derrière le déflecteur au-dessus de la cabine, avant qu'ils ne soient récupérés, généralement par l'un des membres du réseau, chauffeur de taxi.

Condamné vendredi à quatre ans et demi de prison, ce dernier avait été arrêté en novembre 2017 tandis qu'il transportait une femme kurde irakienne qui venait d'arriver en camion à Douvres (sud-est).

L'autre solution était de dissimuler des groupes plus importants à l'arrière du camion d'un chauffeur complice. Une fois arrivés, les migrants demandaient l'asile.

En septembre 2017, neuf migrants avaient été vus en train de descendre d'un camion polonais dans le nord de l'Angleterre. L'un d'eux venait d'appeler les secours. Assoiffé et affamé, le groupe, qui comptait cinq enfants, avait été emmené à l'hôpital.

Les trois autres passeurs impliqués ont été condamnés à des peines allant d'un an et quatre mois à cinq ans et quatre mois de prison pour avoir joué le rôle de coordinateurs.

L'un des responsables de la NCA, Richard Harrison, a estimé que cette organisation cherchait à "déstabiliser le système d'asile" britannique par appât du gain, mettant en danger des "migrants vulnérables, notamment de jeunes enfants".

Le verrouillage croissant du port de Calais côté français et du tunnel sous la Manche a eu pour conséquence une explosion depuis 2018 du nombre des traversées de la Manche à bord de petites embarcations. Plus de 44.000 de ces périlleux périples ont déjà été enregistrés depuis le début de l'année, un record. (AFP, 9 déc 2022)


The extradition of Mahmut Tat by Sweden is a blatant attack against the refugee and human rights

We call on everybody to raise the struggle in the name of refugee and human rights, and hereby expose sweden for the fascism and shamelesness created with this decision.

Sweden has extradited an asylum seeker Mahmut Tat to Turkey. Mr Tat has a conviction decision with 6 years 10 months prison for the membership of PKK. This shameful and daring act by Sweden is disrespectful and violates the recognition of rights of refugees and the rule of law.

Whilst this extradition is extremely in line with the Western World’s policies of war, exploitation and hunger is also in contradiction with their attitude of their wear of  mask in order to hide these deceptions . The notions of democracy and human rights knitted in their masks to cover these policies.

It is obvious that the determination of Sweden to be a member of NATO- the war organisation combined with the negotiation by Turkey has led to its mask to be removed without much hassle.

This decision ignores the fact that the dissidents in Turkey are easily labelled as terrorists and punished as soon as they use their basic human rights, oppose the oppressive regimes with breach of rights.

With this extradition, the thousands years long culture of seeking refuge together with gains and experience accumulated by the progressive side of the humanity are breached as are many international treaties, case laws of domestic and international nature. The 1951 Geneve Treaty of the Rights of Refugees, European Convention of Human Rights that prevents the persecution and torture, United Nation Treaty against torture , United Nation Treaty for Civil and Political Rights a few to mention.

It is now becoming apparent that exploitative states of this world whilst solving the contradictions and competition amongst themselves with accelerated policies of war and will be breaching human rights and rule of law and will be removing their masks as an when it suits them in this new era.

It is therefore necessary to be vigilant and oppose, expose these measures of policies of asylum refusals and extraditions that have currently appeared in Sweden and in fact also present and growing in Germany, Austria and Eastern Europe. It is necessary to make counter applications to the administrative and judicial authorities as effective as possible. It is necessary to increase the level of struggle for the protection of principles surrounding democracy and human rights, this is a duty for us all whether we are an immigrant or a native. 3 December 2022

European Assembly of Exiles

Festival Cinemamed à Bruxelles: Trois films de Turquie

BETWEEN TWO DAWNS

De Selman Nacar | Avec Mücahit Koçak, Nezadet Erden, Burcu Gölgedar
Après qu’un ouvrier ait été gravement blessé dans l’entreprise familiale, Kadir est contraint de prendre une décision morale qui aura un impact sur ses rêves, sa famille et la vie de la femme de l’ouvrier blessé.
Ce récit familial porte un regard sur la condition des travailleur·euses en Turquie.
Mercredi 07/12 à 18h30      Cinéma Aventure

LOVE, DEUTSCHMARKS AND DEATH

De Cem Kaya| Avec Barak Bar-Am, Micha Bar-Am, Nimrod Bar-Am
Le documentaire Love, Deutschmarks and Death est un film sur la musique indépendante, jusqu’à présent inconnue, des travailleur·euses immigré·es turc·ques en Allemagne et de leurs petits-enfants. Cem Kaya donne un aperçu de la vivacité unique de cette sous-culture oubliée.
Du saz au rap, l’immigration turque en Allemagne à travers la musique.
Vendredi 09/12 à 20h30      Cinéma Palace

SNOW AND THE BEAR

De Selcen Ergun | Avec Merve Dizdar, Saygin Soysal, Asiye Dinçsoy,…
Aslı, s’installe dans le petit village enneigé qui lui a été assigné pour son service obligatoire d’infirmière. Si l’hiver y a toujours été rude, cette année, il semble ne pas prendre fin. La rumeur court que les ours, sortis plus tôt de leur hibernation, auraient tué des animaux dans les environs. Bien que personne ne les ait vraiment aperçus, les habitant·es ont peur de les voir arriver à leur porte. Un soir, un homme disparaît. Aslı se retrouve prise au milieu d’un tourbillon de relations de pouvoir, de secrets et de doutes.
Le propos résolument féministe de la réalisatrice s’épanouit dans une scénographie rurale et légendaire.

Dimanche 04/12 à 20h30    Cinéma Palace
Mardi 06/12 à 20h45    Cinéma Aventure




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