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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

50th Year / 50e Année
Août
 
2024 August
N° 552
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

IL Y A 41 ANS... LA LUTTE DE TUGSAVUL
CONTRE LE LAVAGE DE CERVEAU RACISTE

IMPOSE AUX ENFANTS TURCS PAR LE RÉGIME D'ANKARA

İnci Tuğsavul, fondatrice des Ateliers du Soleil, donnait depuis 1978 jusqu'en 1986, des cours de langue et de culture aux enfants des familles immigrées originaires de Turquie dans les écoles primaires de la commune de Bruxelles.
Le 11 novembre 1982, l'ambassadeur turc à Bruxelles a adressé une lettre au bourgmestre de Bruxelles, Hervé Brouhon, pour lui demander de mettre immédiatement fin aux fonctions d’enseignante d’İnci Tuğsavul, "qui menait des activités contre d’Etat turc".
Le comité de liaison des organisations d’immigrés (CLOTI) protesta aussitôt contre cette tentative de pression. Là-dessus, le bourgmestre Hervé Brouhon a souligné dans sa réponse à l'ambassadeur qu’il avait toute confiance en İnci Tuğsavul et que la commune ne pourrait jamais tolérer d’ingérence d’un Etat étranger dans les affaires communales.
Le 5 novembre 1983, İnci Tuğsavul a critiqué le lavage de cerveau raciste imposé par le régime d'Ankara dans un reportage d'Anne Martynow sur l'immigration turque diffusé par la télévision belge RTBF.



Le texte complet de l'œuvre de Tugsavul sur l'éducation raciste destinée aux enfants turcs



Turkey ranked highest among G20 nations for risk of civil unrest, analysis finds
Une carte d’identité de la violence turque, Ragip Duran

Sixty-one bar associations demand lift of Instagram ban
Constitutional Court declares revocation of Can Atalay’s MP status ‘null and void’
Report: At least 343 children died from preventable causes in Turkey in first half of 2024

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Deux journalistes tuées dans une frappe turque contre le PKK en Irak
Pro-Kurdish Mezopotamya Agency’s website blocked
Court blocks social media accounts of two Kurdish journalists

Bianet editor Ruken Tuncel’s family targeted in racist attack
RSF: Erdoğan’s 10 years of presidency marked by legal harassment, censorship against journalists
İzmir woman arrested after criticizing Erdoğan over Instagram ban during vox pop
Le nouvel ennemi d’Ankara: L’Instagram! - Ragip Duran
La Turquie débloque Instagram après neuf jours de privation

Après Instagram, la Turquie bloque l'accès au jeu Roblox
Instragram toujours bloqué, inquiétudes pour le commerce
Instagram: Erdogan dénonce le "fascisme" des réseaux sociaux envers les Palestiniens

Journalist Karakoç will metaphorically be handed over to Turkey
Troisième jour sans Instagram pour la Turquie
Un roman à quatre mains à travers les barreaux - Anne CHAON

Famous Turkish theater director, actor Genco Erkal bids farewell at 86

Kurdish Question / Question kurde

A conference in Berlin on peace and democracy amidst global conflicts
Three men arrested in Balıkesir for ‘listening to Kurdish music’

Pillar of the Kurdish movement, Tarık Ziya Ekinci, dies at 99
Human Rights Watch warns of escalating crackdown on Kurdish cultural practices in Turkey
Accord de coopération militaire renforcée Turquie-Irak face au PKK
Onze civils tués dans des combats dans l'est de la Syrie sous contrôle kurde

Kurdistan Cultural Week returns to Brussels: A celebration of Kurdish heritage
Authorities remove Kurdish traffic signs in several cities
Turkey’s crackdown on the Kurdish movement expands to ‘terrorist weddings’

Minorités / Minorities

İstanbul’s Chora introduces 20 Euros entrance fee for foreign nationals
Armenian community in Hatay celebrates feast at church restored after earthquakes

Dix ans après l'attaque de Daech en Irak, des milliers de victimes yézidies sont toujours disparues
Turquie-Arménie: les émissaires évoquent une éventuelle ouverture de la frontière
Un député assyrien aborde les questions de sécurité et de propriété au Parlement turc

Politique intérieure/Interior Politics

Les députés rejettent la restitution du mandat d'un député en prison après une violente bagarre

Les J.O. et Ismail Haniyeh: "Mon pays est un autre pays." - Ragip Duran
Un ex-ministre AKP passe à tabac un député kurde au Parlement

Forces armées/Armed Forces

Ankara-Baghdad sign security deal establishing joint operations center at Başika
Turkey continues recruiting mercenaries to fight in Iraqi Kurdistan
Un soldat turc tué dans le nord de l'Irak
La Turquie s'apprête à construire son propre système de  "Dôme d'acier"

Décès du fondateur de Sadat, compagnie de conseil militaire
La Turquie affirme avoir tué 13 militants kurdes dans le nord de l'Irak
Nouvelles frappes turques contre les combattants kurdes en Irak

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Teen arrested after allegedly neo-Nazi inspired stabbing spree in Turkey's Eskişehir
Mort du chef du Hamas: des milliers de manifestants devant Sainte-Sophie à Istanbul
Une centaine de suspects du groupe Etat islamique arrêtés

JO-2024 : Erdogan appelle le pape à "élever la voix" contre une "propagande perverse"
Ouverture des JO: Erdogan condamne "l'immoralité commise contre le monde chrétien"

Socio-économique / Socio-economic

Farmer protests spread across Turkey

La mine d'or où neuf mineurs ont péri en février licencie près de 200 salariés

Un feu de forêt a atteint les zones résidentielles d'Izmir
Children 'exploited, killed' under the guise of vocational training in Turkey
Les défenseurs des animaux inquiets après le vote d'une loi controversée sur les chiens errants

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Turkey invited to EU’s ‘Gymnich’ meeting after five-year hiatus
La Turquie interdit toute nouvelle inscription dans les écoles françaises sur son sol
Erdoğan says Turkey could use military force against Israel just as in Karabakh and Libya

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Le maire de New York assure vouloir coopérer à l'enquête pour corruption liée à la Turquie

Echange historique de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux

Relations régionales / Regional Relations

Mahmoud Abbas veut se "rendre à Gaza" après 17 ans d'absence
Ethiopie-Somalie: "progrès notable" lors des pourparlers selon Ankara
"Génocide" à Gaza : la Turquie se joint à la requête sud-africaine devant la CIJ
Mort du chef du Hamas: des milliers de manifestants à Istanbul
Erdogan condamne l'"assassinat perfide" de son "frère" Ismaïl Haniyeh
Le président palestinien en visite en Turquie mi-août
War of words as Erdogan says Turkey could intervene in Israel’s war on Gaza

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Au cinquantenaire de l’occupation de Chypre voix dissidentes… - Ragip Duran

Immigration / Migration

8th Kurdistan Culture Week kicks off in Brussels

Un demi-siècle de lutte des enfants du Soleil… - Doğan Özgüden


Droits de l'Homme / Human Rights

Turkey ranked highest among G20 nations for risk of civil unrest, analysis finds

Turkey has been ranked as the most likely G20 nation to face internal conflict or civil unrest within the next year, according to a recent analysis by Bloomberg Economics.

The report, released on 14 August, places Turkey ahead of both Russia and the United States in terms of the risk of violent political turmoil, highlighting growing concerns about the country’s political and economic stability.

The analysis adapts a model developed by the US government’s Political Instability Task Force, which assesses the likelihood of internal strife based on factors such as the erosion of democratic institutions and the rise of factionalism. Turkey’s position at the top of the list is attributed to the increasing political polarisation, ongoing economic challenges, and the government’s crackdown on dissent, which have collectively heightened the risk of unrest.

Kurdish journalist Günay Aslan commented on the findings, emphasising that Turkey’s situation is more precarious than that of Russia, which is currently embroiled in the Ukraine conflict, or the United States, which has been experiencing rising political tensions. “Turkey is at the brink of a significant breakdown,” Aslan stated, noting that the country has been grappling with severe economic pressures, ongoing conflicts, and deepening societal divisions.

Aslan pointed to the Turkish government’s reliance on nationalist rhetoric and paramilitary forces as factors that could exacerbate these divisions and potentially lead to widespread violence. He also warned that marginalised groups, such as Kurds and Syrian refugees, could become targets in any internal conflict, as nationalist sentiments and xenophobia continue to rise.

These concerns echo comments by Howard Eissenstat, a non-resident scholar at the Middle East Institute (MEI) who analysed Turkey’s political landscape following pivotal May 2024 elections. Eissenstat argued that the next few years would likely be distinctly unstable due to the country’s economic decline and significant political challenges faced by both the ruling Justice and Development Party (AKP) and the country’s main opposition. (MediaNews, 20 August 2024)

Une carte d’identité de la violence turque, Ragip Duran, TVXS.GR, 17 août 2024

Le 12 août dernier, à Eskisehir (une ville universitaire d’environ 1 million de population entre Istanbul et Ankara), Arda Kucukyetim, 18 ans, a poignardé dans un parc public 5 personnes.
Il portait une casque de moto, une masque de tête de squelette, un gilet d’assaut et un pantalon militaire de camouflage et des gants noirs. Il avait deux couteaux et une hache, ornés de la croix gammée.

Les victimes ont été hospitalisées. Leurs jours ne sont pas en danger.

Kucukyetim a été tout de suite arrêté sur place et le préfet de la ville a décidé ‘’d’interdire la publication de toute information sur tous les médias’’ au nom de ‘’la bonne conduite de l’enquête policière et celle du parquet’’.

Fils d’un couple ouvrier dans l’industrie automobile, ses voisins disent qu’il était calme, pas du tout bavard. Le bachelier du lycée d’arts et métiers Kucukyetim, passait une grande partie de son temps devant la Toile, comme la majorité de ses pairs. Il n’a pas été dans son enfance victime de violence domestique et il n’a pas de casier judiciaire.

‘’Je n’aime pas les êtres vivants’’ a-t-il écrit dans son manifeste de 16 pages diffusées sur les réseaux sociaux le jour de l’attentat. Il avait d’ailleurs diffusé en direct l’agression qu’il a commise. ‘’Techno fascisme’’ dirait Elon Musk, grand spécialiste du sujet.

Le contenu et le style de son manifeste ressemble beaucoup à celle de ses collègues/complices auteurs d’assauts dans 4 autres pays:

- Timothy McVeigh qui a tué 168 personnes en 1995 à Oklahoma
- Anders B.Breivik qui a tué 77 personnes en 2011 au Norvège
- Stephen Paddock qui a tué 60 personnes en 2017 à Las Vegas
- Brenton Tarrant qui a tué 51 personnes en 2019 en Nouvelle-Zélande.

Ces quatre assassins hors pair sont ‘’Des Saints’’ selon Kucukyetim.

Sa Manifeste contient ‘’les cibles potentielles d’attaque’’, ‘’les degrés de difficulté des assauts’’, ‘’les points gagnés selon l’identité des victimes’’ et des insultes contre divers groupes ethniques et minoritaires : Les LGBT, les Kurdes, les Syriens, les Afghans, les Alevis, les Juifs, les Arméniens, les immigrés…

Les 5 victimes d’Eskisehir sont tous des Turcs innocents.

C’est pourquoi d’ailleurs plusieurs internautes ont regretté l’assaut : ‘’ Puisque tu exécutes une opération, il fallait poignarder des Syriens !"

Très peu de journalistes ont publié des papiers sur cet événement. G.Tahincioglu, E.Acarer, C.Yildiz et C.A.Bolukbas ont déchiffré sur la Toile les liens organisationnels de l’agresseur. Il s’agit d’un groupuscule ouvertement raciste, adorant Adolf Hitler. Ataman Kardesligi (La Confrérie d’Ataman, du titre des commandants suprêmes d’Asie Centrale) prône ‘’la purification ethnique’’. Ce groupe fait l’éloge des Talat et Enver Pachas, leaders du Comité d’Union et de Progrès, au pouvoir entre 1908 et 1918 et il se définit comme Kémaliste.

Un ministre a estimé que Kucukyetim a été sous l’influence des jeux vidéos diffusés sur la Toile. Mais le journaliste Tahincioğlu corrige le tir : ‘’On ne peut pas expliquer le comportement et l’action de l’agresseur uniquement par les médias sociaux. Car il règne sur la Turquie actuelle un climat concret de violence inouïe. Vous pouvez l’observer quand vous marchez dans la rue : Bagarres, attaques à main armée, fusillades entre groupes rivaux, hommes qui tuent des femmes, hommes qui battent les enfants et les animaux. Les médias se satisfont de relater cette violence concrète, oui, ils exagèrent’’.

Les médias du Palais et les psychologues du pouvoir essaient de présenter le cas comme celui d’un ‘’Loup Solitaire’’ et d’un ‘’Misanthrope déboussolé’’.

Sixty-one bar associations demand lift of Instagram ban

Sixty-one bar associations across Turkey have issued a joint statement urging the government to lift the recently imposed access ban on Instagram.

This ban, which has affected nearly 58 million users in the country, was enacted by the Information and Communication Technologies Authority (BTK) following the government’s criticism of the platform’s alleged censorship of condolences for killed Hamas leader Ismail Haniyeh. However, the government did not specify the formal reason for the ban.

Two meetings between government officials and Instagram representatives did not yield a positive result.

In their statement, the bar associations criticized the ban's lack of transparency and its impact on constitutional rights, stating, "The access ban to Instagram affects millions of our citizens who rely on this platform for communication, news, and commerce."

The Ministry of Transport and Infrastructure justified the ban, claiming that Instagram had not complied with requirements related to ‘catalog crimes,’ a category that includes serious offenses like incitement to violence and drug promotion. However, the bar associations questioned the legal basis of the ban, pointing out a lack of clarity regarding the specific content that allegedly prompted the ban.

"The decision-making process behind the ban has not been adequately explained to the public. There is no information on what specific content was deemed objectionable, which prosecutors or courts issued removal orders, or whether Instagram refused to comply with such requests," the bar associations stated. They argued that the process appears not to comply with Turkey's Law No. 5651 on Internet Crimes.

The associations emphasized that the ban constitutes a violation of freedom of expression and the press, protected under the Turkish Constitution. They stated, "This ban is a severe infringement on citizens' rights to freedom of expression and communication and acts as a form of censorship against the press."

The statement concluded with a call for the government to lift the ban immediately, allowing citizens to exercise their constitutional rights. "As bar associations, we expect public authorities to open Instagram to access without delay and to end this unlawful practice that prevents citizens from using their constitutional rights," they urged. (BIA, 7 August 2024)

Constitutional Court declares revocation of Can Atalay’s MP status ‘null and void’

The Constitutional Court published its detailed ruling in today’s Official Gazette regarding the case of Can Atalay, a member of the Workers’ Party of Turkey (TİP) who was elected as an MP in the 2023 elections. Despite his election, Atalay, who was incarcerated due to charges related to the 2013 Gezi Park protests, was not released from custody. Following this, the parliament voted to revoke his parliamentary seat.

The Constitutional Court deemed the parliament's decision to revoke Atalay's seat as ‘null and void’ as the Court of Cassation's failure to implement the Constitutional Court's decisions was legally invalid. The ruling was decided with a majority of 10 votes against 4, emphasizing that the judicial process surrounding Atalay's case has lacked legal merit.

Atalay’s case led to an unprecedented clash between the two highest courts of Turkey last year, when he was elected an MP. At the time of his election in May 2023, Atalay had been in prison for one and a half years. His applications for his release to perform his MP duties were rejected by courts. In September, the Court of Cassation, the top appeals court, upheld the Gezi verdict, ensuring his continued imprisonment.

In response, Atalay filed an individual application with the Constitutional Court, which ruled on October 25 that his election rights were violated. Instead of directly implementing the Constitutional Court verdict, the relevant local court referred it to the Court of Cassation. In its decision, the Court of Cassation openly criticized the top court, asserting that the Constitutional Court’s decision violated the Constitution and announcing that it will file criminal complaints against its judges.

New application for release

Following the publication of the detailed ruling, Atalay’s lawyers filed a fresh application for his release.  Atalay’s legal team has submitted a new petition to the Istanbul 13th High Criminal Court, demanding Atalay's immediate release. The petition, signed by attorneys Evren İşler, Deniz Özen, Akçay Taşçı, and Fikret İlkiz, argues that the Constitutional Court’s decision should be upheld and Atalay’s continued detention is a violation of his legal rights.

The petition further outlines the legal obligations of the 13th High Criminal Court to uphold the Constitutional Court’s decision. It argues that all relevant judicial bodies and public authorities must act to resolve the violations identified by the Constitutional Court, emphasizing that the Constitutional Court’s rulings are not mere recommendations but binding decisions.

Reactions

Özgür Özel, leader of the main opposition Republican People's Party (CHP), took to social media to declare that the Constitutional Court's decision confirms that Atalay's parliamentary revocation was void. He stated, “Can Atalay should be released immediately, allowed to take his parliamentary oath, and have all his rights restored.”

Erkan Baş, leader of Atalay’s TİP, , echoed this sentiment, urging for immediate action to correct what he described as a national embarrassment. “The injustice inflicted on our country must be rectified immediately. Can Atalay should be released without delay and commence his duties following his parliamentary oath. The coup plotters will be defeated, and Can Atalay will return to parliament! All Gezi prisoners will eventually be free.” (BIA, August 1, 2024)


Report: At least 343 children died from preventable causes in Turkey in first half of 2024

In the first six months of 2024, at least 343 children in Turkey lost their lives due to preventable causes, according to data compiled by the FİSA Child Rights Center. The majority of these deaths resulted from the government's negligence and failure to fulfill its obligations.

The center's report highlights several key findings:

34 children died as a direct result of government negligence. These deaths were linked to public officials' direct and indirect neglect:

Deaths directly caused by public officials

Crushed or struck by armored vehicles or police cars: 1 child
Landmine and conflict debris explosions: 1 child
Negligence by public officials during care, education, and other services led to deaths:

While receiving care services: 2 children
 During educational activities: 7 children
 Forest fires: 2 children
 Healthcare services: 13 children
 Border crossings: 7 children
 Local government services: 1 child
Government's failure to fulfill positive obligations

309 children died due to the government’s failure to fulfill its positive obligations, including:

Suicides: 32 children
Gun violence: 8 children
Conflict between rival groups: 1 child
Suspicious deaths: 17 children
Various forms of violence:
-Child murders: 6 children

-Domestic violence: 4 children

-Genderbased violence: 9 children

-Peer violence: 4 children

 Negligence:
-Domestic accidents: 28 children

-Incidents in urban and rural open spaces: 44 children

-Stove/natural gas poisoning: 2 children

-Traffic accidents: 95 children

-Fires: 15 children

-Other circumstances: 11 children

Work-related deaths: 33 children
-Child labor deaths: 22 children

-Workplace incidents: 11 children

FİSA's report emphasizes that the deaths of these children are not 'natural' and that a child’s natural course should be to grow and develop. The organization calls attention to the ongoing loss of hundreds of children each year due to preventable causes in Turkey. (BIA, July 30, 2024)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Deux journalistes tuées dans une frappe turque contre le PKK en Irak

Deux journalistes femmes ont été tuées et un homme blessé vendredi au Kurdistan d'Irak dans une frappe de drone visant leur véhicule, un bombardement imputé à l'armée turque engagée contre les combattants kurdes turcs du PKK, ont indiqué des responsables locaux à l'AFP.

Ce n'est "pas l'armée turque", a indiqué à l'AFP le ministère turc de la Défense à Ankara, interrogé sur ce bombardement vendredi matin dans le secteur de Sayyid Sadek, au Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak.

Un responsable de sécurité irakien, s'exprimant sous anonymat, a toutefois assuré à l'AFP qu'un "drone appartenant vraisemblablement à l'armée turque a bombardé un véhicule transportant des journalistes" dans le secteur de Sayyid Sadek à l'est de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan.

Les liens supposés des victimes avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou des entités médiatiques affiliées ont été démentis par des responsables en Irak.

"Les victimes du bombardement aérien (...) sont deux journalistes, et non les membres d'un groupe armée qui représenteraient une menace à la sécurité et à la stabilité de tout pays ou région", a assuré le vice-Premier ministre du Kurdistan, Qubad Talabani, dont le parti est directement aux manettes à Souleimaniyeh.

Dans un communiqué, il a dénoncé "un meurtre sans justification" ainsi qu'une "violation flagrante de la souveraineté territoriale irakienne".

"Deux femmes journalistes ont été tuées", a confirmé à l'AFP le chef de la branche de Souleimaniyeh du syndicat des journalistes, Karouan Anwar, devant la morgue locale.

Lors d'un point de presse, le directeur de la maison de production médiatique kurde "CHATR", Kamal Hama Ridha, a confirmé la mort de deux journalistes employées par son institution, l'une Kurde irakienne originaire de la province de Souleimaniyeh et la deuxième une Kurde de Turquie.

Mais de leur côté, les services antiterroristes d'Erbil, capitale régionale du Kurdistan, ont eux rapporté la frappe "d'un drone de l'armée turque contre un véhicule de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan dans le district de Sayyid Sadek".

"Un responsable du PKK, son chauffeur et un combattant ont été tués" dans ce bombardement, ajoute le communiqué.

Ankara confirme épisodiquement ses bombardements en territoire irakien, où elle mène régulièrement des opérations terrestres et aériennes contre le PKK.
 Les combattants kurdes turcs disposent de bases arrières au Kurdistan autonome d'Irak, qui accueille aussi depuis 25 ans des dizaines de bases militaires turques.

En lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, le PKK est classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

A l'issue d'une visite en Irak de responsables turcs, Bagdad avait discrètement classé en mars le PKK comme "organisation interdite". Mi-août la Turquie et l'Irak ont signé un accord de coopération militaire portant sur l'installation de centres de commandement et d'entrainement communs dans le cadre de la lutte contre le PKK. (AFP, 23 août 2024)

Pro-Kurdish Mezopotamya Agency’s website blocked

The website of the pro-Kurdish news agency, Mezopotamya Ajansı (MA), has been blocked in Turkey. The site, accessible at “mezopotamyaajansi38.com,” was taken down following a decision by the Eskişehir 4th Penal Judgeship of Peace.

Upon attempting to access the website, users are met with a notice indicating that the site has been restricted based on the court order. However, the news agency promptly announced that it continues its operations via an alternative domain: "http://mezopotamyaajansi40.com."

Changing domain addresses is a common strategy employed by websites facing access restrictions. Pro-Kurdish and leftist news agencies have frequently resorted to this method when confronted with such challenges. (BIA, 22 August 2024)


Court blocks social media accounts of two Kurdish journalists

A court has ordered a block on the X accounts of two Kurdish journalists, citing the “protection of national security and public order” as the rationale.

Öznur Değer and Deniz Tekin, a judicial correspondent for the Media and Law Studies Association (MLSA), are the journalists affected by the decision.

Following the order of the Gümüşhane Penal Judgeship of Peace, X restricted access to the Değer’s account within Turkey while no action has been taken yet regarding Tekin’s account.

The MLSA's legal team has announced plans to challenge the court’s ruling, arguing that the decision to block the accounts constitutes a violation of expression. (BIA, 22 August 2024)


Bianet editor Ruken Tuncel’s family targeted in racist attack

The family of bianet editor Ruken Tuncel has once again become the target of a violent attack in their home in Beylikdüzü, İstanbul. The incident marks the second assault on the Tuncel family from their neighbors in a year.

Ruken Tuncel was not present at the scene but her sisters Sinem and Zelal and her mother Fethiye were attacked and eventually hospitalized.

The altercation began at the entrance of their apartment building when Asiye Y., a neighbor, accused Zelal Tuncel of bumping into her. The situation quickly escalated as Y., along with her mother Makbule Y. and another relative, Orhan Y., physically attacked Zelal Tuncel and Sinem Tuncel. Their mother was also assaulted when she attempted to intervene.

Hate speech allegations

The Tuncel family reported being subjected to hate speech during the attack, with the assailants allegedly shouting, "These are Armenians, these are terrorists," and issuing death threats.

This is the second time the family has faced such abuse, having previously been attacked by the same neighbors in August 2023.

Ruken Tuncel's brother, Baran Tuncel, was also attacked by the same individuals at Beylikdüzü State Hospital, where the family had gone to obtain medical reports documenting their injuries.

Following the attack, the Tuncel family, accompanied by their lawyer Halil Yılmaz, filed a formal complaint against the assailants at the Beylikdüzü Şehit Orhan Şahin Police Station.

How the indecent unfolded

The incident unfolded when Zelal Tuncel was leaving her home in the evening. She encountered Asiye Y. and her mother, Makbule Y., at the apartment entrance, where Makbule accused Zelal of bumping into her.

Although Asiye Y. initially downplayed the incident, tensions flared when Zelal dismissed the accusation and continued on her way. Asiye reportedly shouted, "Who do you think you are? Don’t be disrespectful to my mother, or I’ll kill you."

The situation intensified when Sinem Tuncel, alerted by the noise, stepped out onto the balcony. As the Y.s re-entered the apartment, Zelal heard screams and rushed back to find Sinem being assaulted. The violence escalated further when Orhan Y. joined in the attack, and Fethiye Tuncel, who had come out to help her daughters, was also beaten.  (BIA, 15 August 2024)

RSF: Erdoğan’s 10 years of presidency marked by legal harassment, censorship against journalists

Over the past ten years under Recep Tayyip Erdoğan's presidency, Turkey has witnessed a significant decline in press freedom, according to a report by Reporters Without Borders (RSF). The organization highlights the concerning levels of media control, censorship, and persecution that have come to define Erdoğan's presidency, which began in 2014.

Since Erdoğan took office as president on August 10, 2014, five journalists have been killed, 131 have been detained for more than 48 hours, and 77 have been convicted of “insulting the president.” Additionally, over 85% of the national media is now controlled by the government or companies closely aligned with it, severely restricting media pluralism and independent journalism in Turkey.

Impunity and legal harassment

The RSF report emphasizes how Erdoğan’s administration has exploited the judicial system and media regulation to stifle dissent and limit the free press. The 2013 Gezi Park protests, where more than 150 journalists were attacked with impunity, marked the beginning of Erdoğan's aggressive stance towards the media. This attitude has only intensified since he became president, leading to Turkey becoming the world’s largest jailer of journalists by 2018, during the state of emergency following the failed coup attempt in 2016.

Judicial harassment remains a key tool used by the government to suppress critical journalism. Charges commonly brought against journalists include "propaganda for a terrorist organization," "insulting a public official," and "denigrating state institutions." Even though the number of detained journalists has decreased, with four currently imprisoned, the threat of judicial harassment looms large over media professionals.

Online platforms have not been spared from government censorship either. Instagram, Twitter, and Wikipedia have all faced bans in Turkey, with Instagram being most recently blocked in August 2024 due to its removal of posts by Turkish officials mourning Hamas leader Ismail Haniyeh. The platform was reinstated after an agreement between Meta and the Turkish government.

‘An oppressive decade’

Erol Önderoğlu, RSF’s representative in Turkey, underscored the dire state of press freedom under Erdoğan, stating that "independent journalism is now clearly in danger of extinction as a result of this oppressive decade." RSF calls for urgent reforms to protect the right to information and restore press freedom in Turkey.

The RSF report concludes with a comparison: when Erdoğan became president in 2014, Turkey was ranked 154th out of 180 countries in the RSF World Press Freedom Index. By 2024, it had fallen to 158th, reflecting the dramatic erosion of press freedoms under his leadership. (BIA, 14 August 2024)

Izmir woman arrested after criticizing Erdoğan over Instagram ban during vox pop

A woman in İzmir was arrested yesterday for criticizing President Recep Tayyip Erdoğan during a street interview. The woman, identified as Dilruba Y., participated in an interview conducted by the YouTube channel "Tüylü Mikrofon," where she expressed her views on the recent ban on Instagram in Turkey.

"If you abolish the parliamentary system and hand over the entire Republic of Turkey to a single person in the 21st century, he will treat it like his father's farm,” she said during the interview. Her remarks referred to the Instagram ban imposed by the government from August 2 to 10, following the platform's removal of Turkish officials’ posts commemorating the slain Palestinian leader Ismail Haniyeh.

Following the release of the interview, she was taken into custody and later charged with "insulting the president" and “provoking the public into animosity and hatred.” These two charges are frequently pressed against those who publicly express dissent. Dilruba Y. was subsequently ordered to be arrested by the court and put in jail. The charge of "insulting the president" has been increasingly enforced since Erdoğan was elected in 2014, with thousands of people convicted under this law, including more than 130 journalists, according to bianet's Media Monitoring Reports.

RTÜK's criticism

This incident comes on the heels of a warning issued by the head of the Radio and Television Supreme Council (RTÜK), Ebubekir Şahin. Last week, Şahin said that the council is "closely monitoring" channels regularly publishing vox pop interviews, accusing them of spreading misinformation and presenting biased opinions as representative of the general public.

Vox pops have gained popularity in recent years Turkey, particularly on YouTube, where channels regularly ask passersby for their opinions on current affairs. As mainstream media is largely controlled by the state or pro-government entities, these platforms have also become a space for public expression and critique of the government. This has led to several instances where participants or interviewers have been detained for their remarks. (BIA, 13 August 2024)

Le nouvel ennemi d’Ankara: L’Instagram!

Ragip Duran, TVXS.GR, 12 août 2024

Un fonctionnaire de haut rang d’Erdogan, M. Fahrettin Altun, Président de la Communication du Palais, a interdit la semaine passée le plateforme Instagram, car ce dernier avait refusé de publier un message de condoléances rédigé par M. Altun pour le "martyr İsmail Haniyeh" leader assassiné de Hamas.

"Cette censure est inacceptable" a dit M. Altun et il a de son côté censuré tout entier l’Instagram.

Surnommé Goebbels par l’opposition, cet ex-professeur de communication, spécialiste de McLuhan et de Baudrillard, M. Altun se comporte comme "un assassin qui garde toujours son sang-froid" avait estimé un chroniqueur aujourd’hui en exil en France.

M. Altun avait récemment interdit l’accès au site internet de la Cour Constitutionnelle, car cette dernière avait décidé que l’organisation de M. Altun "n’avait pas le droit de sanctionner les médias au nom de la lutte contre la désinformation".

La liberté d’expression et le droit au divertissement de 58 millions de citoyens qui ont un compte Instagram ont été ainsi violés en Turquie. De plus, les compagnies de commerce électronique ont perdu chaque jour 1.9 milliards de livres turcs (environ 27 millions d’Euros)  depuis le 2 août dernier.

Ankara estime qu’Instagram ne fonctionne pas en Turquie conformément aux lois turques. "Nous avons informé les responsables de ce plateau social sur les mesures qu’ils doivent prendre, ainsi, nous pouvons réouvrir l’Instagram" a déclaré le responsable de BTK (l’Organisation des Technologies de l’Information et de la Communication).

Les porte-paroles officiels et officieux d’Ankara estiment que "la Turquie doit créer ses propres applications on line, qui seraient locales et nationales". En effet deux frères palestiniens islamistes, qui résident à Alanya (Sud) ont récemment lancé la "Touch App", l’application à la turque plutôt à l’arabe de l’Instagram. "Nous avons depuis 2 ans investi plus de 40 millions de livres turcs (environ 1.140 millions d’Euros) et nous constatons tous les jours que le nombre d’abonnés augmente" a déclaré Islam Faisal, frère de Mahomed, co-propriétaire de "Touch App". Les internautes n’ont pas perdu de temps pour critiquer cette nouvelle application:

- Locale et nationale? Avec deux arabes?

- Touch App? Very Turkish brand indeed!

- Toutes vos données seront transférées directement au Palais!

- On a maintenant compris pourquoi Altun a interdit Instagram!

- Je prefère rester chez Mark Zuckerberg (Instagram) ou chez Elon Musk (X, ancien Twitter) plutôt que chez Erdogan!

- Que les islamistes s’amusent entre eux dans Touch App, nous, on revendique Instagram.   

L’interdiction est devenue dans la Turquie d’Erdogan la première mesure à prendre quand il s’agit de réprimer l’opposition, voire tout autre idée ou position qui ne sont pas conformes aux intérêts du Palais.

You Tube, Wikipedia et Wattpad ont été déjà interdites pour des périodes limitées lors des 3 dernières années. De plus, la BTK a l’autorité d’empêcher l’accès à des messages sur la toile à la suite d’une simple plainte, sans attendre la décision d’un tribunal. 

Les internautes de Turquie, les jeunes, mais même les vieux sont tous obligatoirement devenus des spécialistes amateurs de la toile. Car ils arrivent toujours à trouver un moyen, la plupart du temps grâce à des opérations techniques en particulier grâce à des VPN, pour éviter les blocages du gouvernement.

Vu que plus de 90% des quotidiens, des stations de radios et des chaînes de télévision sont directement ou indirectement sous le contrôle du Palais, la toile reste presque le seul terrain où les citoyens peuvent exprimer leur opposition au régime. C’est pourquoi d’ailleurs Erdogan a plusieurs fois attaqué publiquement les réseaux sociaux, "le mal de notre siècle" selon le Président. Il estime que ces médias électroniques "portent et essaient de divulguer les valeurs de l’Occident colonialiste". Les responsables de la BTK ont également trouvé des prétextes pour accuser et réprimer ces plateaux globales: Ils ne paient pas d’impôt. Ils n’ont pas des représentants légaux en Turquie. Ils n’aident pas les parquets et les tribunaux du pays.

Les citoyens qui désirent faire entendre leur opposition prennent des mesures. Ils se servent des noms de code, ils cachent leur numéro de IP à partir duquel la police peut trouver l’auteur du message anti-Erdogan. Selon un rapport du MLSA (Association des Études de Droit et des Médias), depuis 1997 plusieurs milliers de citoyens ont été accusés par les procureurs d’avoir semé des messages "contre l’unité de la nation et de l’Etat", "de propagande séparatiste" ou bien "d’insulte contre le président de la République", alors qu’il s’agissait essentiellement et en majorité des messages politiques et pacifistes contre le régime. Plusieurs centaines de personnes ont été également jugées et condamnées à des peines de prison légères ou à des contraventions. "Si tu écris cela, à 5 heures du matin les flics viendront chez toi pour t’inviter à la préfecture de police" dit-on pour avertir les amis.

Les organisations des Droits de l’Homme, celles des avocats et des spécialistes de la toile luttent contre la censure du régime sur les réseaux sociaux.

"Au début de l’an 2011, quand les Égyptiens s’étaient révoltés contre le régime. Le Président Hosni Mubarak a cru qu’il pouvait briser la lutte populaire en coupant l’Internet. Il avait du quand même quitter le pouvoir au mois de février. Car ce n’est pas l’Internet qui menait l’opposition, mais les citoyens. Et ces derniers avaient su et pu trouver des méthodes, de nouveaux mécanismes et outils pour coordonner leurs combats" rappelle le Prof. Dogan Tilic, chroniqueur du quotidien Birgun (Gauche, 5600 ex.)

La Turquie débloque Instagram après neuf jours de privation

Les autorités turques ont annoncé samedi soir le déblocage de la plateforme Instagram dont elles privaient d'accès des dizaines de millions d'abonnés depuis neuf jours.

"A la suite de nos négociations avec les responsables d'Instagram, nous débloquerons l'accès à partir de 21H30 (18H30 GMT) après qu'ils se sont engagés à répondre à nos demandes", a annoncé sur X le ministre des Transports et des infrastructures chargé du dossier, Abdulkadir Uraloglu.

Peu après l'heure dite, l'accès à l'application revenait progressivement à la normale, ont constaté les journalistes de l'AFP.

"Dès le début, nous voulions que les plateformes de médias sociaux respectent les lois de la République", a insisté M. Uraloglu.

La plateforme est restée bloquée depuis le 2 août au matin pour des raisons mal élucidées, entre accusations de "censure" et de contenus illicites.

Le ministre a évoqué samedi soir des "délits liés aux contenus" disponibles sur Instagram.

Selon lui, Instagram a refusé de retirer des milliers de contenus concernant "des jeux, de la drogue et des abus sur des enfants".

Ce que Meta a démenti en affirmant avoir retiré au 31 juillet près de 2.500 contenus au cours du premier semestre, à la demande des autorités turques.

Mais le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, avait juste avant accusé la plateforme de "censure" et affirmé qu'Instagram "empêch(ait) les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh" tué en Iran.

A son tour, le président Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé lundi "un fascisme numérique qui ne peut tolérer même les photos de martyrs palestiniens sans les interdire aussitôt".

Plus de cinquante millions de personnes sont sur Instagram en Turquie (sur 85 millions d'habitants) dont nombre font du commerce pour un montant de 57 millions de dollars quotidiens, selon le vice-président de l'Association des opérateurs du E-Commerce, Emre Ekmekçi.

L'accès au populaire jeu en ligne Roblox, dont la Turquie est l'un des plus fervents pays utilisateurs, restait bloqué samedi pour le quatrième soir. (AFP, 10 août 2024)

Après Instagram, la Turquie bloque l'accès au jeu Roblox

Après Instagram, dont l'accès est bloqué depuis sept jours, la Turquie a également décidé d'interdire, mercredi soir, le très populaire jeu en ligne Roblox, principalement destiné aux enfants et aux adolescents.

Dans une déclaration postée sur X, le ministre de la Justice Yilmaz Tunç explique cette décision par la présence de "contenus" pouvant être préjudiciables aux "enfants", qui "ont fait l'objet d'une enquête menée par le parquet général d'Adana", une ville du sud de la Turquie.

Roblox est une plateforme de jeux vidéo en ligne, permettant aussi de créer de tels jeux.

Selon les applications Apple Store et Google Play, Roblox a cumulé plus de 41 millions de téléchargements en Turquie depuis son apparition en janvier 2015, pour un montant de 37,5 millions de dollars.

Ce blocage suscite jeudi de très nombreuses réactions d'internautes sur le réseaux X.

Parallèlement, l'accès à Instagram est bloqué depuis le 2 août sur des accusations peu claires de censure et de publication de contenus illicites.

En réponse aux accusations des autorités, la plateforme assure avoir retiré, à leur demande, près de 2.500 contenus au cours des six premiers mois de 2024.

Mais ce blocage d'Instagram est intervenu après des accusations de "censure" portées par la présidence turque, affirmant que la plateforme avait "empêché les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh", tué à Téhéran.

Cette offensive contre les réseaux sociaux risque de ne pas s'arrêter là : le président de la commission parlementaire sur les plateformes numériques, Huseyin Yayman, a affirmé que "la nation" demandait la fermeture de Tiktok.

"Les gens qui me voient dans la rue m'interpellent : +Vous irez au paradis si vous fermez Tiktok+, me disent-ils", a-t-il assuré dans une vidéo fournie à l'agence de presse locale DHA, évoquant des "citoyens" rencontrés à Hatay, Adana, Mersin, de grandes villes du sud, mais aussi à Ankara, la capitale, et même à Istanbul.

Le maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a jugé l'attitude des autorités "inconcevable".

"Ceux qui prennent ces décisions sont des esprits ignorants du nouveau monde, de l'économie et de la technologie", a-t-il réagi sur X. (AFP, 8 août 2024)

Instragram toujours bloqué, inquiétudes pour le commerce

L'accès aux services d'Instagram est resté bloqué lundi soir en Turquie pour le quatrième jour consécutif, après des propos virulents du chef de l'Etat et au détriment de multiples opérateurs et commerçants qui y font leurs affaires.

S'exprimant pour la première fois sur le sujet, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé "le fascisme" des réseaux sociaux à l'égard des Palestiniens, semblant accréditer l'idée de représailles à leur encontre.

La rencontre initiée par le ministre des Transports et des Infrastructures turc, Abdulkadir Uraloglu, avec les responsables de la plateforme n'a pas permis de débloquer la situation, a-t-il reconnu.

"Nous n'avons pas obtenu le résultat escompté, nous allons continuer et discuter de manière active", a indiqué le ministre dans un communiqué, à l'issue de ce rendez-vous qu'il avait lui-même annoncé. "Nous ne pensons pas qu'il y aura de progrès aujourd'hui", a-t-il constaté en début de soirée.

Devant les cadres de son parti, à Ankara, M. Erdogan s'est montré sans concession lundi.

"Nous sommes confrontés à un fascisme numérique qui ne peut tolérer même les photos de martyrs palestiniens sans les interdire aussitôt", a-t-il dit devant les cadres de son parti à Ankara.

"Ces entreprises ont déclaré la guerre à la résistance glorieuse et aux héros du peuple palestinien dans le monde virtuel. Nous les voyons agir comme une mafia à chaque fois que leurs intérêts sont en jeu", a-t-il martelé.

Le blocage d'Instagram est intervenu après des accusations de "censure" exprimées par le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun. Ce dernier avait affirmé qu'Instagram "empêch(ait) les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh".

Le Hamas est considéré comme "terroriste" en Europe et aux Etats-Unis, mais loué comme "mouvement de libération" par Ankara qui a décrété un jour de deuil national vendredi, pour les funérailles de M. Haniyeh, son responsable, dont la mort, à Téhéran la semaine dernière, est attribuée à Israël.

La décision de fermer l'accès à Instagram avait été annoncée vendredi par l'Autorité turque des technologies de l'information et des communications (BTK), sans explication.

Le ministre des Transports en revanche avait plutôt fait état de "délit de contenus" heurtant la "sensibilité" de la Turquie, à propos desquels il avait rencontré les responsables de la plateforme la semaine dernière.

Pour les opérateurs économiques, il est temps d'agir: de 50 à 60 millions de Turcs (sur 85 millions d'habitants) sont abonnés à Instagram qui sert de plateforme à des nombreuses activités commerciales.

Ainsi le vice-président de l'Association des opérateurs du E-Commerce, Emre Ekmekçi, estime-t-il que cette coupure risque de coûter 1,9 milliard de livres turques (TL), soit près de 57 millions de dollars par jour.

Selon lui, 10% du commerce en ligne en Turquie s'effectue via les plateformes et les réseaux sociaux, soit 930 millions de TL par jour, près de 28 millions de dollars, a-t-il affirmé à la chaîne privée turque CNCB-E.

"Des centaines de milliers de personnes trouvent des clients sur Instagram. Des centaines de milliers de personnes font des affaires sur Instagram", rappelle sur le réseau X le Pr Özgür Demirtas, titulaire de la chaire de Finances à l'Université Sabanci d'Istanbul.

"Des milliers de personnes établissent des liens à l'exportation sur Instagram. Des milliers de personnes sur Instagram paient des taxes", insiste-t-il en concluant son message (en majuscules) par "OUVREZ SVP!".

Ozan Sihay, vidéaste, photographe et créateur de contenus numériques, s'est également inquiété de la situation.

"Cette interdiction affectera négativement de nombreux secteurs et individus", a-t-il mis en garde en citant "les annonceurs (qui) ont payé des milliers de livres turques", les artistes et les créateurs en général (musique, cinéma, séries...) pour lesquels "Instagram est une vitrine importante", ainsi que les petites entreprises: "Instagram est une passerelle de commerce électronique" pour les boutiques et les produits artisanaux, rappelle-t-il.

Sur X, M. Sihay a encore cité les "grandes marques", auxquelles la plateforme offre "le plus grand support publicitaire", les "institutions publiques" qui y font leurs annonces et enfin le "secteur du tourisme" dont les hôtels, les restaurants, qui y trouvent leurs clients.

"J'espère donc que cette erreur sera corrigée le plus rapidement possible", concluait-il en réclamant "des explications" de la part des autorités.

Les partis de l'opposition CHP (social-démocrate) et Iyi Parti (nationaliste), ainsi que le barreau d'Ankara ont saisi la justice dès vendredi soir pour annuler l'interdiction d'accès. (AFP, 5 août 2024)

Instagram: Erdogan dénonce le "fascisme" des réseaux sociaux envers les Palestiniens

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé lundi le "fascisme" des réseaux sociaux qui ne peuvent "même pas tolérer les photos des martyrs palestiniens" sans les censurer aussitôt.

Au quatrième jour du blocage de la plateforme Instagram, le chef de l'Etat a semblé confirmer les motivations politiques derrière cette décision restée inexpliquée.

"Nous sommes confrontés à un fascisme numérique qui ne peut tolérer même les photos de martyrs palestiniens sans les interdire aussitôt", a-t-il dit devant les cadres de son parti à Ankara.

"Ces entreprises ont déclaré la guerre à la résistance glorieuse et aux héros du peuple palestinien dans le monde virtuel. Nous les voyons agir comme une mafia à chaque fois que leurs intérêts sont en jeu", a-t-il poursuivi.

"Ceci n'est pas nouveau. Nous les avons vues déjà agir selon un double standard quand il s'agissait de la Turquie. (...) Le mensonge et les provocations sont devenus la marque de fabrique de ces plateformes", a-t-il ajouté.

Selon M. Erdogan, "elles respectent les règles en Amérique et en Europe, mais elles les négligent sciemment lorsqu'il s'agit de lutter contre les délits de contenus en Turquie".

Le chef de l'Etat a ajouté avoir tenté "d'établir un dialogue, mais nous n'avons pas encore été en mesure d'établir pleinement la coopération souhaitée" avec ces entreprises.

La Turquie bloque lundi pour la quatrième journée consécutive l'accès à Instagram.

La décision a été annoncée vendredi matin par l'Autorité turque des technologies de l'information et des communications (BTK), sans explication.

La suspicion de censure est aussitôt apparue vendredi après des critiques exprimées par le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun.

Le ministre des Transports et des Infrastructures turc, Abdulkadir Uraloglu, qui a fait état de "sensibilités" et de contenus litigieux a annoncé sur X sa rencontre prévue dans "l'après-midi" avec les responsables de la plateforme. (AFP, 5 août 2024)

Journalist Karakoç will metaphorically be handed over to Turkey

Fréderike Geerdink, Medyanews, 8 August 2024

It looks like Serdar Karakoç, the Kurdish journalist who has been living in the Netherlands since 2000 and whose extradition was asked by Germany, is hiding. At least, he didn’t show up today in the final hearing in his case, in which the judges decided the extradition was allowed. Even his lawyer didn’t know where he was and hadn’t been able to get in touch with him. Is the Dutch justice system treating him unfairly, and if so, in what way? Let’s try to break this down.

In last month’s hearing, in which Karakoç’s lawyer and the public prosecutor could make their cases contra and pro his extradition to Germany, the judges advised Karakoç to take a bag with necessities to the hearing of 7 August, ‘just in case’. In other words: if the court is going to decide extradition is allowed, he will be taken to Germany immediately and then it’s only practical to already have a toothbrush and clean sets of clothing with you. When I asked Karakoç afterwards what would definitely in his bag, he said: “Philosophy books.”
But he didn’t pack a bag. Well, maybe he did, but apparently to go into hiding instead of into a German prison cell.

Consequences

What happens next? That’s up to the prosecutor. He said to Karakoç’s acting lawyer (his actual lawyer is on holiday) that Karakoç should turn himself in. If he doesn’t, he will have to face ‘the consequences’. It’s unclear what those consequences are and the lawyer didn’t comment on it, but it’s likely that there will be an arrest warrant out for him. Not only because he must now be extradited (the correct word for extraditions within the EU is ‘surrender’, but that’s a bit confusing so I use extradition) but also because by not showing up, he violated the conditions that were set when he was released from custody in June.

Just as in the hearing last month, many Kurds had come to the Amsterdam court house to show their solidarity with Karakoç. Some were outraged that the Netherlands could extradite a journalist as they consider that a violation of press freedom. Others said that the extradition may have been requested by Germany but that clearly, Turkey was behind it, and that should have been a reason not to deliver Karakoç to Germany. Don’t the human rights of Kurds count?

Grey Wolves

Whether there is a violation of press freedom here, is unclear. Karakoç is not wanted by Germany because of his journalistic activities but for terrorism-related crimes, which is also why international press freedom organisations haven’t advocated for him. Yes, it could be that Turkey has been pressuring Germany to investigate Karakoç and revive this 7-year old case now due to his recent journalistic investigations into the fascist Turkish Grey Wolves in Europe (about which I couldn’t find any publications by Karakoç but maybe they were upcoming?), but the problem is: there is no evidence of such pressure.

In the hearing last month, the lawyer and also Karakoç himself, argued that the terrorism accusation in the extradition request was not sincere. After all, the activities he was allegedly involved in, fundraising and organising, are not terrorism. The judge shoved that aside yesterday: the merits of the case are not on the table because that’s up to Germany’s courts. Formally, the extradition request was in order.

Also the other arguments were not convincing, the court ruled. Yes, Karakoç has been a resident in the Netherlands for long, but that’s no ground against extradition, and there is a guarantee that if Karakoç is sentenced in Germany, he can serve his sentence in the Netherlands. Fears of not getting a fair trial in Germany were not substanciated, the judges said, and his life or safety are not in danger in that country. So, off he must go because that’s what Germany requested.

Legitimacy

To be honest, I don’t think that within the current European Union’s judicial order, the Dutch court had another option than ruling that the extradition was allowed. Since 2004, there is the so-called Framework Decision on the European Arrest Warrant, which is valid in all EU countries and has replaced lengthy extradition procedures that used to exist between EU countries. This framework is based on – and this is crucial – mutual recognition, meaning that the countries involved recognize the legitimacy of each others legal systems and trust these systems to function within EU standards.

People have asked me if it was possible for me to write about Karakoç’s case for established Dutch media. My answer is: if the judge had refused extradition, then surely I would have had the scoop of the day and the story would be all over the established media now, with experts commenting and politicians getting nervous. “Amsterdam Court blows up European surrender system!” But the court ruled as expected within the regulations and that’s not news.

No coincidence

Which all explains the situation, but doesn’t make it right. The default trust EU countries have in each others legal systems, disregards political influence. It is undeniable that Germany has been serving Turkey by criminalising the Kurdish political movement since decades. Or, as one of Karakoç’s lawyers, Yener Sözen, phrased it: “Germany wants to impose its foreign policy, which is based on the Turkish perspective, on the European Union. It is no coincidence that in recent years several Kurdish politicians in Cyprus, France and Sweden have been arrested at Germany’s request. The arrests are an instrument of German foreign policy.”

Surrendering Karakoç to Germany is not literally handing him over to Turkey, but metaphorically, it is. A European arrest warrant system that doesn’t recognise that but sees itself as purely judicial, is fundamentally flawed. Members of marginalized groups pay the price, as Serdar Karakoç and the Kurdish community do now. Not even the media, supposed to hold power to account, find it a story.

Free Serdar Karakoç!

Troisième jour sans Instagram pour la Turquie

La Turquie s'éveille dimanche toujours privée d'Instagram pour la troisième journée consécutive, après des accusations de censure provenant d'un haut responsable turc contre la plateforme américaine, a constaté l'AFP.

La décision de fermer l'accès à Instagram avait été annoncée vendredi matin sur son site par l'Autorité turque des technologies de l'information et des communications (BTK), sans explication.

Un responsable a fait ensuite référence à une réglementation qui permet de bloquer des "contenus criminels", sans donner plus de détails.

"Notre pays a des valeurs et des sensibilités. Malgré nos avertissements, ils n'ont pas pris en considération les contenus criminels. Nous avons imposé une interdiction d'accès. Lorsqu'ils respecteront nos lois, l'interdiction sera levée", a affirmé le ministre des Transports et de l'Infrastructure Abdulkadir Uraloglu.

Le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, avait vivement critiqué mercredi Instagram, affirmant que la plateforme "empêche les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh".

"Il s'agit d'une tentative de censure très claire et évidente", avait dénoncé M. Altun sur le réseau social X.

Les partis de l'opposition CHP (social démocrate) et Iyi Parti (nationaliste), ainsi que le barreau d'Ankara ont saisi la justice vendredi soir pour annuler l'interdiction d'accès.

Selon les médias turcs, Instagram compte plus de 50 millions d'abonnés en Turquie, parmi 85 millions d'habitants. (AFP, 4 août 2024)

Un roman à quatre mains à travers les barreaux
Anne CHAON, AFP, 6 août 2024

Deux écrivains, l'un dehors, l'autre, le plus populaire des dirigeants kurdes en Turquie, dedans. Sans s'être jamais rencontrés, ils ont accouché d'un roman à quatre mains à travers les barreaux, classé dans les meilleures ventes du pays.

Depuis sa sortie le 5 juillet, "Duo au purgatoire", polar rapide et enlevé entre un vieux général tortionnaire et un ancien avocat gauchiste, tous deux en retraite et baignés d'une même amertume, est le roman de l'été.

Sa genèse prend racine dans l'admiration de Yigit Bener, auteur et traducteur de Louis-Ferdinand Céline notamment, pour le leader kurde Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 et condamné en mai à 42 ans de prison.

Ex-coprésident du parti kurde HDP/DEM, troisième force politique au parlement, le toujours charismatique chef de file kurde "Selo" Demirtas, 51 ans, faisait face à 47 chefs d'accusation, dont atteinte à l'unité de l'Etat - une affaire qui vaut à Ankara sa condamnation devant la Cour européenne des droits de l'Homme.

"C'était un pari risqué d'écrire un roman comme on joue aux échecs, coup par coup, sans se concerter sur l'intrigue, les personnages, le style. Sur rien", convient Demirtas dans un entretien (à distance) à une critique littéraire.

De 15 ans son aîné, Yigit Bener, issu d'une lignée d'écrivains, adresse en 2019 au prisonnier sa traduction en turc du "Voyage au bout de la nuit" avec un mot d'encouragement: "l'expression de ma solidarité".

"Je ne pouvais accepter que cet homme pour lequel j'avais voté, comme six millions d'électeurs et dont je partage les idées, se retrouve derrière les barreaux alors que je suis libre".

 - "Qui a commencé?" -

 Bener, qui a connu l'exil politique dans les années 80, a déjà salué d'une critique élogieuse le premier recueil de nouvelles de Demirtas, "L'Aurore" (traduit en français et en anglais); une correspondance s'engage entre eux via l'avocat du détenu.

Après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan en mai 2023, quand l'espoir d'une libération rapide s'évanouit pour Demirtas, Yigit Bener suggère de pousser les échanges littéraires. "Et si on écrivait un roman, tous les deux?". Sans définir le sujet ni les personnages, précise-t-il.

Qui a commencé? "Interdiction de le dire! On a juste décidé que chacun écrirait à son tour, en alternance". Il s'agit alors surtout de distraire le prisonnier, une plume à défaut d'une clé.

Mais bientôt, de jeux de mots en rebondissements, voilà l'intrigue et 13 chapitres ficelés. "On s'est beaucoup amusé mais il fallait en finir. On l'a laissé reposer deux mois avant de le donner à lire à quelques amis".

  L'éditeur de Demirtas, Dipnot, qui a publié ses romans et nouvelles, tous écrits en prison, endosse aussitôt le projet: après un tirage initial de 55.000 exemplaires, un deuxième est prévu en septembre.

Le défi du départ, lancé comme un gag, est devenu une "intrigue policière tissée sur les quarante dernières années de l'histoire turque et la question kurde", résume Bener.

"Nos histoires personnelles, les trajectoires de Yigit et la mienne ont contribué à façonner le roman. Il m'a motivé quand j'en avais besoin".

"A travers ces deux personnages d'une même génération de perdants, qui partagent un même sentiment de défaite, le livre pose aussi la question de la réconciliation", relève Yigit Bener. "L'idée parle à la Turquie d'aujourd'hui, polarisée comme jamais".

La critique salue un "récit drôle, rapide et enlevé" et les lecteurs se pressent aux premières rencontres dans les librairies.

Bener avoue son embarras, s'excuse de parler seul, sans "Selo". Et emporte partout une bouilloire: le seul appareil électrique que ses geôliers ont trouvé en fouillant sa cellule quand ils soupçonnaient Demirtas de cacher un téléphone portable.

Début juillet, jour de la sortie du livre, il a enfin été autorisé à lui rendre visite dans sa prison d'Edirne (nord-ouest). "Extrêmement ému", confie-t-il, il rencontre enfin son co-auteur à travers l'hygiaphone.

Soumis à l'isolement, même pour les ateliers manuels, Selahattin Demirtas n'a droit qu'à la visite hebdomadaire de sa famille et à celles de son avocat.

Ce samedi-là, exceptionnellement, il a été extrait de sa cellule, la même depuis huit ans, 12 m2 qu'il occupe avec l'ancien maire de Diyarbakir, la principale ville kurde de Turquie (sud-est), Selçuk Mizrakli.

Pour leur premier face-à-face, les deux auteurs ont commencé par échanger des blagues.

Famous Turkish theater director, actor Genco Erkal bids farewell at 86

Renowned Turkish actor and theater director Genco Erkal has died at the age of 86 after battling leukemia.

His final social media post, made just hours before his death, has captured the hearts of many.

In a poignant message posted on his X account, Erkal wrote, “Goodbye my friends, goodbye. I carry you in my soul, in the depths of my soul. I carry my struggle in my mind. Goodbye my friends, goodbye… Like the birds in the pictures, lined up on the beach, don’t wave a handkerchief at me… Farewell without a single syllable.” Followers, moved by the post, urged their loved ones to check on him.

Who was Genco Erkal?

Genco Erkal, born on March 28, 1938, in Istanbul, had a career that spanned over six decades. He graduated from Robert College in 1957, where his passion for theater took root.

Despite his parents’ wishes for him to pursue a different career, Erkal obtained a degree in psychology from Istanbul University but remained devoted to the stage.

Erkal began his theater journey with amateur performances at Robert College. He made his professional debut with the Kenter Theater and later worked with several prestigious theater groups. In 1969, he co-founded Dostlar Theater, which became a cornerstone of Turkish theater.

Throughout his career, Erkal directed and performed in plays by international and Turkish writers, including Gorki, Brecht, Sartre, Havel, and Nazim Hikmet. His performances earned him numerous awards. He was celebrated for his roles in plays such as “The Good Soldier Schweik,” “Memoirs of a Madman,” and “Galileo.”

In the autobiographical film “Genco: A Life Dedicated to Theater,” Erkal stated, “Every moment on stage was a joy for me and I enjoyed it as if I would never be able to do it again. My time on this earth passed with this joy and I hope it continues the same way because my journey continues.” He often credited his time at Robert College for solidifying his passion for theater.

Genco Erkal’s ventures went beyond theater

Erkal’s influence extended beyond the theater. He starred in acclaimed films like “At,” “Faize Hucum,” and “A Season in Hakkari,” winning the Golden Orange Award for Best Actor twice. He also directed and acted in television adaptations of notable plays, including “Legend of Ali of Keshan.”

In addition to his contributions to Turkish theater, Erkal performed internationally. He acted in French productions at festivals in Paris and Avignon since 1993, further solidifying his global presence.


Kurdish Question / Question kurde

A conference in Berlin on peace and democracy amidst global conflicts

The European Forum for Freedom and Peace (EFFP) is organising a Peace and Democracy Conference in Berlin on 31 August and 1 September to coincide with World Peace Day. The event will focus on global conflicts and aims to foster dialogue, address war crimes and promote peace efforts. The conference will bring together a wide range of international participants, including academics, civil society organisations and political representatives.

The European Forum for Freedom and Peace (EFFP) will host a major peace conference in Berlin from 31 August to 1 September under the theme “We Weave the Future Together”. The event, planned to coincide with World Peace Day on 1 September, comes at a critical time amid rising conflicts in various parts of the world, including the Middle East, Eastern Europe and beyond.

In its invitation, the EFFP stresses the importance of creating “a space for peace and solidarity” in the heart of the world on this symbolic day and encourages widespread participation. The forum, made up of academics, journalists, writers, artists and politicians, describes itself as a movement against “undeclared global war”.

The event will focus on current wars and their devastating effects, including those in Ukraine, Syria, Yemen, Palestine and Kurdistan. It will address broader issues of militarism, nationalism and the rising tide of racism, sexism and anti-immigrant sentiment. According to the Forum, these forces are “diminishing hopes for peace and democracy” while exacerbating conflicts around the world.

As well as examining international experiences, the conference will discuss specific issues such as the Kurdish question, state war crimes and the concept of isolation as a form of torture. It will also advocate for the release of Kurdish leader Abdullah Öcalan and others who are seen as symbols of the struggle for peace, while focusing on the role of women in peace efforts, exemplified by the slogan “Women, Life, Freedom”.

In the face of a worsening global climate, with wars breaking out in new regions even before existing ones have ended, the EFFP aims to promote dialogue and cooperation in order to lay the foundations for a lasting peace movement. The Forum emphasises that “peace, freedom, democracy and dialogue” are needed more urgently than ever in today’s fractured world.

Preparations for the event included a workshop held in Germany’s NRW region on 2 June 2024. The outcomes of this workshop have helped shape the agenda for the Berlin conference, which will bring together a broad international spectrum of participants, including academics, representatives of political parties, civil society organisations, and legal and media professionals.

As conflicts around the world continue to escalate, this EFFP initiative provides an important platform to promote peace and democracy at a time of great uncertainty and division. (MedyaNews, 23 August 2024)

Three men arrested in Balıkesir for ‘listening to Kurdish music’

Three construction workers have been arrested in Balıkesir, northwestern Turkey, for allegedly listening to Kurdish music in a park, according to a report from Mezopotamya Agency (MA).

The incident took place in the Altıeylül district, where the workers were approached by police officers who claimed they received complaints from locals.

The police requested the workers' identification, but when they refused to comply, they were allegedly beaten and taken into custody. Brother of one of the detainees alleged that bystanders also joined the attack on the Kurdish men, as reported by MA.

Furthermore, the detainees were denied the opportunity to obtain medical reports documenting the injuries they sustained.

After being held overnight, they were transferred to the Balıkesir Courthouse on the morning of Aug 22.

During their interrogation by the prosecutor, the workers were charged with "making propaganda for a terrorist organization" and "resisting police." They were subsequently brought before the Criminal Court of Peace, where a judge ordered their arrest.

Such incidents have become increasingly common recently, with individuals being detained for playing songs in public spaces like parks, shore lines or weddings. Authorities often justify these detentions by labeling the content of the songs as "terrorist propaganda." (BIA, 23 August 2024)


Pillar of the Kurdish movement, Tarık Ziya Ekinci, dies at 99

Tarık Ziya Ekinci, a Kurdish politician, writer, historian, doctor and human rights activist, passed away on 15 August 2024 at the age of 99. Ekinci was a major figure in the Kurdish struggle and left behind a legacy of numerous works on the Kurdish issue and minority rights.

Born in 1925 in Lice, Diyarbakır (Amed), Ekinci’s life was a testament to his commitment to freedom, democracy and equality. He completed his secondary education in Diyarbakır before graduating from the Faculty of Medicine at Istanbul University in 1949. In 1957, Ekinci returned to Diyarbakır as a specialist in internal medicine. From 1958 to 1980, he represented doctors from the Kurdish region at the Central Council Congress of the Turkish Medical Association (TTB).

Ekinci’s political journey began with the Republican People’s Party (CHP) in 1957, and he joined the Turkish Workers’ Party (TİP) after the 1960 coup. He played a leading role in the Eastern Meetings, which were crucial in the formation of the contemporary Kurdish movement. Ruşen Arslan, a prominent Kurdish activist, noted that Ekinci was a key figure in almost every one of the meetings, underlining his influential role.

In 1970, Ekinci was involved in the founding of the Diyarbakır Revolutionary Eastern Cultural Centres (DDKO). However, following the 1971 Turkish military memorandum, he was imprisoned for three years for ‘Kurdish and communist propaganda’, and five more times after the 1980 coup.

During a brief period of freedom, Ekinci fled abroad, practising medicine in Paris until 1989, when he returned to Turkey. After his return, he continued to be active in Kurdish politics.

Ekinci’s passing has elicited strong statements from prominent Kurdish figures, including Selahattin Demirtaş, the former co-chair of the HDP, and Selçuk Mızraklı, the former mayor of Diyarbakır, both of whom are currently imprisoned in Edirne. Demirtaş and Mızraklı expressed their deep respect for Ekinci via social media, saying, “We express that we will continue our struggle with determination to realise the dreams of our dear brother Tarık and remain true to all the values to which he dedicated his life”.

Emirali Türkmen, deputy co-chair of the pro-Kurdish Peoples’ Democracy Party (HDP) and editor-in-chief of Dipnot Publishing, offered perhaps the most apt description of Ekinci: “Tarık Ziya Ekinci was both a witness to and an actor in Turkey’s recent history. He was first and foremost a part of Kurdish history. He lived through the process known as the ‘Kurdish awakening’ or ‘Kurdish enlightenment’. In the 1960s, as a Kurdish intellectual, he was one of the key figures who continued this process. He is one of those whom I am honoured to have known”.

Ekinci’s contributions extended beyond his writings, as he was actively involved in various socialist publications and served on the Academic Political Advisory Board of the pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP) and later on the Advisory Board of the HDP.

Tarık Ziya Ekinci’s legacy will undoubtedly continue to inspire future generations in the ongoing struggle for Kurdish rights and wider social justice. (medyanews, 16 August 2024)

Human Rights Watch warns of escalating crackdown on Kurdish cultural practices in Turkey

Human Rights Watch has raised concerns about the increasing criminalisation and repression of Kurdish cultural practices in Turkey. In an article published on Thursday, Emma Sinclair-Webb, associate director and Turkey director at Human Rights Watch, said that the Turkish authorities are systematically targeting legitimate Kurdish cultural activities. She warned that “turning Kurdish wedding parties into crime scenes by arresting and prosecuting guests and musicians is only the latest example of how, for decades, Turkish authorities have perverted the criminal justice system to target legitimate activities and political expression by Kurds”.

In one notable case, nine Kurdish youths in Mersin, southern Turkey, were arrested after a TikTok video showed them dancing to a Kurdish song and chanting slogans on a beach on 16 June. Although the video had been shared over a month earlier, the youths were formally arrested on 25 July, amid growing criticism that the charges were part of a wider campaign against Kurdish cultural expression. The detainees were reportedly subjected to psychological torture and forced to listen to the ultra-nationalist song ‘Ölürüm Türkiyem’ while in custody, a move widely condemned by rights groups as a deliberate act of intimidation.

Sinclair-Webb also highlighted the wider implications of these arrests, stating: “The actions of the authorities in detaining and criminalising people for such lawful activities is a clear abuse of arrest powers”. She added that the European Court of Human Rights has ruled that singing popular folk songs, shouting slogans or referring to the PKK is protected speech because these activities do not incite violence or pose an imminent danger to individuals.

The incident in Mersin is not an isolated one. In Bazîd district of Ağrı (Agirî), police raided a wedding party and arrested several people, including a musician, for allegedly ‘spreading terrorist propaganda’ through Kurdish songs and dances. Although some were released after interrogation, others were formally charged, highlighting the widespread surveillance and criminalisation of Kurdish cultural practices. In a separate case, Turkish police targeted several weddings in Hakkari (Colemêrg), a predominantly Kurdish province, detaining local musicians and some attendees on similar charges.

Protests erupted in response, with Kurdish activists and supporters rallying in various cities against what they see as a systematic attempt to suppress Kurdish culture.

The pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy Party (DEM) also condemned the arrests, stressing that such actions were indicative of the ongoing war against Kurdish culture and language. The party warned that the criminalisation of cultural practices and the suppression of political expression could lead Turkey into dangerous waters and further deepen social divisions.

The crackdown extends beyond cultural events. In Istanbul, two Kurdish employees of an airport restaurant were reportedly sacked for speaking Kurdish at work, highlighting a worrying pattern of discrimination against Kurds in various sectors. This problem is exacerbated in Turkey’s prison system, where Kurdish inmates face increasing restrictions. Recently, the Şırnak (Şirnex) T-Type Closed Prison imposed harsh measures, including a ban on speaking Kurdish on the phone, a ban on hugging visitors and a ban on bringing essential items into the facility.

Human Rights Watch has called for an end to these repressive measures, the immediate release of those unjustly detained, and reforms to protect cultural freedoms in Turkey. (medyanews, 16 August 2024)


Accord de coopération militaire renforcée Turquie-Irak face au PKK

La Turquie a annoncé jeudi un accord de coopération militaire avec l'Irak avec l'installation de centres de commandement et d'entrainement communs contre les combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), que Bagdad a décidé d'interdire en tant que parti.

"Nous allons porter notre coopération au plus haut niveau grâce aux centres de commandement et d'entrainement communs inclus dans notre accord", a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, après une entretien à huis clos à Ankara avec son homologue irakien Fouad Hussein.

Selon son ministère, "un centre conjoint de coordination sécuritaire est en cours de création à Bagdad" et, parallèlement, "un centre conjoint de formation et de coopération est formé à Bashiqa" près de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

M. Fidan, qui s'exprimait lors d'une déclaration à la presse au côté de M. Hussein, a salué
un "accord historique" et noté "une sensibilisation croissante de l'Irak sur le PKK".

Pour le ministre irakien, "la présence d'éléments du PKK à Qandil, Mahmur et Sindjar (nord) est un danger pour la région du Kurdistan et d'autres villes irakiennes. Elle menace aussi la société irakienne". "Aussi le gouvernement irakien a décidé d'ajouter le PKK à la liste des partis interdits", a-t-il poursuivi.

Il a précisé que "le camp de Bashiqa sera transformé en camp d'entrainement irakien sous la responsabilité des forces armées irakiennes" et qu'une "commission conjointe permanente sera installée en Turquie".

"La coopération entre la Turquie et l'Irak a atteint une niveau élevé, il s'agit d'une avancée historique" a-t-il insisté soulignant que la notion de "sécurité" concernait également les questions de l'eau, des échanges commerciaux, l'énergie, les transports et l'agriculture notamment, alors que l'utilisation des deux grands fleuves de Mésopotamie, le Tigre et l'Euphrate, qui prennent tous deux leur source en Turquie, est source de tensions récurrentes entre les deux pays.

"Nous avons évoqué le combat contre les organisations terroristes de part et d'autre de nos frontières, contre la contrebande et les migrations illégales" a-t-il encore précisé.

L'armée turque mène de fréquentes opérations le long de la frontière et en territoire irakien pour traquer les combattants du PKK,qu'Ankara considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux. (AFP, 15 août 2024)

Onze civils tués dans des combats dans l'est de la Syrie sous contrôle kurde

Onze civils ont été tués dans le bombardement par des groupes pro-iraniens qui soutiennent le régime d'un village de l'est de la Syrie sous contrôle des forces à majorité kurdes, a indiqué vendredi une ONG.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont confirmé la mort de "onze civils, pour la plupart des femmes et des enfants".

Dans un communiqué, elles ont accusé "les forces du régime" de Bachar al-Assad d'avoir commis "un massacre" en bombardant dans la nuit de jeudi à vendredi le village d'Al-Dahla dans la province de Deir Ezzor.

Les combats ont éclaté mercredi dans cette région lorsque des groupes locaux pro-iraniens ont lancé une offensive contre les zones tenues par les FDS, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La province à majorité arabe de Deir Ezzor est traversée par l'Euphrate qui marque la frontière entre les zones tenues par le régime syrien et ses alliés, et celles contrôlées par les FDS.

Les 11 civils ont été tués "dans un bombardement intensif dans la nuit sur le village d'al-Dahla depuis les zones où sont basées des groupes locaux pro-iraniens", a précisé l'OSDH.

Selon cette ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, sept personnes -un combattant des FDS, trois miliciens pro-iraniens et trois civils- avaient été tués mercredi.

Les Etats-Unis, qui soutiennent les FDS, déploient des centaines de soldats dans cette province riche en pétrole.

En septembre 2023, ils étaient intervenus pour empêcher que des combats similaires ne dégénèrent, dans un pays dévasté et morcelé par plus de 13 ans de guerre. (AFP, 9 août 2024)

Kurdistan Cultural Week returns to Brussels: A celebration of Kurdish heritage

The vibrant and eagerly awaited Kurdistan Cultural Week returns to Brussels for its eighth edition from 15 to 18 August 2024. This year’s festivities will once again bring the rich traditions and culture of Kurdistan to the heart of Europe, offering a unique and colourful experience for locals and visitors alike.

The festivities kick off on 15 August with a lively folkloric march through the streets around Boulevard Anspach, starting at 13:00 from Place de la Bourse. This parade, with its traditional Kurdish costumes, music and dance, reminiscent of a Kurdish carnival, aims to set the tone for the following days.

Spanjeplan – Place D’Espagne will be the main venue for the event, where visitors can enjoy a range of cultural activities. The programme will include traditional Kurdish music performances by groups such as JORDA, 133 Wav, 4 Sterk and Çarnewa, as well as solo musicians. Visitors will experience traditional Kurdish instruments such as the Erbanê, Kemençe and Def û Zûrne, as well as the unique vocal artistry of the Dengbêjî singers. The festival will also include a fusion of Belgian and Latin American music, film screenings, theatre performances and exhibitions.

Food lovers will have the opportunity to sample a variety of Kurdish dishes, offering a taste of the region’s rich culinary heritage. The event will also feature a symbolic Kurdish village set up in Spanish Square, providing further opportunities for visitors to immerse themselves in Kurdish culture.

Last year’s edition of Kurdistan Cultural Week received enthusiastic support from the people of Brussels, reflecting the deep respect and appreciation for the Kurdish community in Belgium. The festival, which began with a vibrant Kurdish parade, successfully introduced Europe to the diverse cultural heritage of Kurdistan with its range of music, dance, art and culinary experiences.

This year’s event promises to build on that success, with even more for visitors to explore and enjoy. As the 8th Kurdistan Cultural Week approaches, Brussels is once again preparing to celebrate the enduring traditions and vibrant culture of the Kurdish people. (Medyanews, 8 August 2024)

Authorities remove Kurdish traffic signs in several cities

Kurdish-language traffic signs in several cities in Turkey have been removed by authorities over the past month. These signs, installed by municipalities controlled by the pro-Kurdish Peoples’ Democracy and Equality (DEM) Party, have sparked controversy as they were seen as a step towards linguistic inclusivity.

Following similar actions in the Kurdish-populated cities of Van, Diyarbakır, and Batman, signs in Mardin’s Dargeçit and Nusaybin districts have been removed as well. In Van and Diyarbakır, the signs were initially covered by a nationalist group, who replaced them with the slogan "Turkey belongs to Turks and will remain Turkish."

The Mardin Metropolitan Municipality, which is responsible for the signs, issued a written statement confirming the removal upon directives from the Mardin governor and district governors. The reason for the removal was the signs’ alleged non-compliance with traffic marking standards.

Late at night, these signs were reportedly covered with paint, effectively erasing the “Pêşî Peya” icons. The Mardin Metropolitan Municipality expressed its discontent and reiterated its commitment to promoting multilingualism. “We aim to develop multilingualism and have included Kurdish, alongside Turkish, in traffic warning signs within the city to enhance their effectiveness and accessibility,” the statement said.

'Well-received by locals'

The municipality noted that these efforts were well-received by the local population but faced backlash from those who opposed the region’s cultural richness and had tried to alienate the community from its language and culture through trustee policies for years. “Such actions, aimed at facilitating the daily lives of our Kurdish-speaking citizens, are among the priorities of our community-focused municipal approach.”

“We condemn this attack on our multilingual efforts and urge judicial authorities and local NGOs to address this issue. We will use all legal means to protect the rich cultural fabric of our city,” the statement concluded.

Kurdish-language signs and symbols have faced similar removals following the 2015 collapse of a peace process between the state and Kurdish militia. For example, in 2016, a trustee appointed to the Diyarbakır municipality removed Kurdish street signs, prompting public outcry and protests from pro-Kurdish groups and activists. (BIA, July 31, 2024)


Turkey’s crackdown on the Kurdish movement expands to ‘terrorist weddings’

Within couple of weeks, dozens of people across the country faced detention for chanting 'terrorist' slogans during weddings featuring Kurdish music and traditional attire. The country's top courts have deemed those slogans legal in multiple rulings.

In recent weeks, police have detained and arrested dozens of Kurds during weddings and celebrations across the country, accusing them of making ‘terrorist propaganda’ due to the songs they played and the slogans they chanted.

On Saturday, police conducted raids in various districts of İstanbul, detaining at least 18 people. Eleven of these individuals were arrested, while seven were released under judicial control.

The state-run Anadolu Agency reported that one detainee had shared a video on social media of themselves listening to a song ‘associated with the terrorist organization,’ referring to the Kurdistan Workers’ Party (PKK) militant group.

Last week, six individuals were detained after a wedding in Ağrı, and six women were detained in Siirt. Both events were reportedly traditional Kurdish weddings, featuring their songs, dance and attire. Apparently, the content of their songs and slogans were the reason for their detention.

In Mersin, a group of young people were taken into custody after videos of them dancing to music and chanting slogans in support of Abdullah Öcalan, the imprisoned PKK leader, resurfaced on social media, causing a nationalist backlash. While in custody, the youths were made to listen to the Turkish nationalist song “Ölürüm Türkiyem,” (I’d Die For You, My Turkey) and footage of those moments was shared on social media by Interior Minister Ali Yerlikaya in what Kurdish politicians deemed an act of 'torture.'

The 'terror' slogans

The pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party sees these actions as part of a legal harassment campaign against Kurdish culture. Sezai Temelli, the party's parliamentary group chair, questioned "what do you do when you go to weddings" and said “Kurds will continue to celebrate their culture.”

DEM’s Women’s Assembly posted a video of women dancing halay with the message, “We will sing our songs and dance against this mentality that opposes Kurdish culture and language.”

State and pro-government media outlets, on the other hand, emphasize what they consider 'pro-terrorist' slogans chanted at these events, without negatively mentioning that these were Kurdish weddings.The most cited slogan is 'Biji Serok Apo,' which means 'Long live leader Apo."

Despite Öcalan serving a life sentence for crimes against the state, he has been embraced by the DEM and its predecessors, whose voter base remains around 5 million people. DEM deputies often refer to him as 'Mr. Öcalan.' Both the phrases 'Biji Serok Apo' and 'Mr. Öcalan' have led to numerous legal accusations in the past. However, the highest bodies of the Turkish judiciary have tolerated these slogans over the past decade or so. Both the Court of Cassation and the Constitutional Court have ruled multiple times that such expressions fall under freedom of speech.

One particular Constitutional Court decision from 2020 concludes that the applicant’s arrest due to chanting these slogans during an event violated their freedom of expression. However, their arrest due to another event, where more 'extreme' slogans praising the PKK were chanted, did not constitute a violation.

Intensified crackdown
The recent arrests are part of a broader policy to suppress the Kurdish political movement, which has intensified over the past year or so, especially since President Recep Tayyip Erdoğan’s re-election in 2023. This policy includes frequent raids and investigations against pro-Kurdish journalists, NGO members, lawyers, and politicians, removal of elected mayors in Kurdish-populated cities, and bans on Kurdish cultural events such as concerts and theater plays.

Erdoğan’s government had adopted a more conciliatory approach towards the Kurdish issue in the late 2000s and early 2010s, initiating a peace process with the PKK in 2012. However, this process ended in 2015, leading to a gradual increase in pressure on the Kurdish movement. The failed coup attempt in 2016 and the subsequent state of emergency resulted in a significant purge, with numerous senior Kurdish politicians, including former HDP co-chairs Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, being imprisoned.

Over the past year, the increased pressure on the Kurdish movement aligns with Turkey's objective of launching a decisive operation against the PKK in northern Iraq. Ankara has been conducting intensive diplomatic efforts to gain support from the Iraqi government and the Kurdistan Regional Government (KRG). In March, President Erdoğan announced plans for a ‘final operation’ against the PKK in the summer, though this has not yet materialized.

Turkey has maintained a constant military presence in the Kurdistan region since 2019, as part of the military operations dubbed as the ‘Claw Operations.’ This period saw the four-decade conflict between Turkey and the PKK shifting to Iraqi territory, with the militant group's presence within the borders of Turkey having significantly diminished.

The DEM Party has called on the KRG and opposition parties in Turkey to oppose this policy of ‘occupation.’ In a recent speech, the party’s o-leader Tuncer Bakırhan criticized the government’s actions, likening them to the devastation caused by Israel in Gaza.

“The people in Turkey are in a state of hunger and misery. While retirees are struggling to make ends meet and the country is experiencing widespread poverty, the government is pursuing conflict and war, first in Rojava and now in the Kurdistan Region. We do not accept this. The opposition should not support this war and conflict-driven mentality because this war belongs to the AKP-MHP government, not the people of Turkey," he said.

“We want to address the leaders of the Kurdistan Regional Government. Another country is establishing 80 bases in a region beyond its borders, more than the number of bases the United States has in Syria. Our call to the regional government is this: Please do not be complicit in these occupation policies.”

However, President Erdoğan maintains that Turkey will launch decisive military operations in both Iraq and Syria. "We will soon be closing the final lock in the Claw Operation Area in Northern Iraq," he said as recently as July 13, during a speech at the National Defense University. The operations will also cover northern Syria, ruled by a Kurdish-led administration which Turkey considers an extension of the PKK, the president emphasized. (BIA, July 29, 2024)

Minorités / Minorities

İstanbul’s Chora introduces 20 Euros entrance fee for foreign nationals

Foreign tourists were able to visit the historical structure for free after it was reconverted into a mosque in 2020.

İstanbul’s Chora introduces 20 Euro entrance fee for foreign nationals

The Chora Mosque in İstanbul, formerly a museum and originally a church, will now charge a 20 euro entrance fee for foreign visitors, according to a decision by the General Directorate of Foundations.

The mosque is open for Muslim prayers on Fridays, during which only worshippers are allowed entry, according to Anadolu Agency (AA). On other days, the site is open for tourism between 9.00 am and 6.00 pm, but access for prayers is prioritized, with tourist visits paused 15 minutes before prayer times. Muslims can enter for free during prayer times. (BIA, 20 August 2024)

Armenian community in Hatay celebrates feast at church restored after earthquakes

The Feast of the Assumption, or Asdvadzadzin, one of the five major holy days in the Armenian Church, was celebrated with special significance this year at the Surp Asdvadzadzin Church in Vakıfköy, Hatay.

The church, which had sustained damage in the devastating February 2023 earthquakes, was reopened for worship after repairs.

On Saturday, August 17, the church was rededicated in a ceremony known as "Odzum," marking its return to service, according to reporting from the Agos newspaper.

Sahak Maşalyan, the Armenian Patriarch of Turkey, traveled to Vakıfköy to lead the celebrations, which included a blessing service and a festive gathering. The Assumption Mass was conducted by Bishop Hovagim Manukyan, the spiritual leader of the Armenian communities in the UK and Ireland.

Before the ceremony, the patriarch visited Hatay Governor Mustafa Masatlı. Uupon his arrival in Vakıfköy, he was greeted with traditional drum and zurna music.

'Double feast'

Touring the newly restored church, Maşalyan expressed his joy at the renovation, emphasizing the collective effort that went into the restoration.

He remarked, "We are celebrating a double feast today. We bless the grapes and hold the church's Odzum service. After a year of repair, the church looks beautiful. This is a gift to Vakıfköy, made possible through contributions from benefactors in İstanbul and abroad."

The evening continued with the official opening ceremony, where hymns were performed, and blessings were offered by church officials. The celebration extended into the evening with a traditional "harisa" feast, where seven pots of the dish were prepared to symbolize the seven Armenian villages of Musa Dagh.

The next day, the Badarak service was held with a large turnout from the local community. During the service, Bishop Manukyan delivered a sermon in Armenian, while Patriarch Maşalyan spoke in Turkish, highlighting the recent natural disasters and the importance of living with integrity.

"Nature is sending us its curse, not its blessing," he said, referring to the earthquakes, adding, "It's not the earthquake that killed people, but the buildings constructed by dishonest people. Over 50,000 lives were lost. If you want blessings, don’t be deceitful—be honest, don’t steal, and live like a human being."

The celebrations concluded with the blessing of the harisa pots, as the community came together to honor their traditions and reflect on the challenges they have overcome. (BIA, 19 August 2024)


Dix ans après l'attaque de Daech en Irak, des milliers de victimes yézidies sont toujours disparues

Une dizaine d'années après l'offensive du groupe terroriste État islamique (EI ou Daech) contre la communauté yézidie en Irak, Amnesty International dénonce dans un nouveau rapport la détention pour une durée indéterminée de centaines de rescapés dans le nord-est de la Syrie. Désormais pris au piège d'un système de détention tentaculaire, beaucoup continuent de subir des mauvais traitements avec la contribution de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

À partir de 2014, l'organisation terroriste a tué plus de 3 000 membres de cette minorité ethnique et religieuse kurdophone, et enlevé au moins 6 800 autres, principalement des femmes et des enfants. En soumettant ces dernières à de l'esclavage, notamment sexuel, et en forçant les garçons à se battre pour eux, l'État islamique s'est rendu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité selon les Nations unies.

Conditions de détention dégradantes

Plus de cinq ans après la défaite du groupe armée lors de sa bataille finale à Baghouz – dernière ville de son "califat" – en mars 2019, plus de 2 600 Yézidis seraient toujours portés disparus. Sous le contrôle de l'Administration autonome de la Syrie du Nord et de l'Est, un système carcéral a été mis en place pour enfermer les combattants de l'EI, avec le soutien de la communauté internationale et notamment des États-Unis.

Un millier de Yézidis seraient désormais détenus à tort par les autorités locales, de façon illimitée, sans inculpation ni procès, bien qu'aucun chiffre exact ne puisse être établi. De fait, "il est vraiment difficile de savoir exactement combien d'entre eux sont emprisonnés car il n'y a jamais eu de criblage vraiment efficace pour les identifier et leur donner la protection nécessaire", déplore Lauren Aarons, conseillère principale en matière de genre, de conflits et de justice internationale chez Amnesty International. Un nombre encore inconnu de jeunes hommes et de garçons, enlevés par l'État islamique et élevés comme des enfants soldats, seraient aussi prisonniers d'un réseau connecté regroupant au moins 27 centres de détention.

Parmi les rescapés yézidis emprisonnés en Syrie, des centaines de femmes et d'enfants seraient actuellement détenues dans le camp d'Al-Hol, véritable prison à ciel ouvert située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière irakienne. Entourés par des anciens combattants de Daech et leur famille, les Yézidis continueraient de subir des mauvais traitements, par leurs précédents bourreaux et par l'Autorité autonome.

Dans son rapport, Amnesty International dénonce un "traitement cruel, inhumain et dégradant" mené par le système pénitentiaire contre les hommes et jeunes garçons, caractérisé notamment par des passages à tabac, l'obligation de se tenir dans des positions douloureuses ainsi que des décharges électriques, pouvant entraîner la mort. De plus, "il y a un risque élevé de transmission de la tuberculose et un sévère manque en soins de santé" au sein des différentes structures, note Mme Aarons.

Des mères séparées de leurs enfants

Alors que les prisonniers yézidis présents dans le système carcéral peuvent être rapatriés en Irak après s'être présentés et avoir été identifiés, plusieurs organisations de défense ainsi que d'anciens détenus affirment qu'une partie d'entre eux reste anonyme et demeure donc prisonnière. De fait, il n'existerait actuellement aucun système de dialogue entre les organisations internationales et les autorités locales pour retrouver les survivants de Daech et les distinguer de leurs bourreaux.

De plus, certains n'osent pas se faire connaître par peur d'être pris pour cible par les membres de l'EI avec qui ils partagent leur détention s'ils tentent de rejoindre leurs proches. "D'autres ont été enlevés très jeunes par l'État islamique et ne se souviennent même plus qu'ils sont des Yézidis", constate Lauren Aarons. D'autres encore ont été avertis par Daech que l'ensemble de leur communauté a disparu, ou que leurs familles leur feraient du mal s'ils tentaient de rentrer chez eux.

Enfin, nombre de femmes et de filles encore à Al-Hol et victimes de violences sexuelles de la part de leurs anciens bourreaux ont avec elles des enfants en bas âge. En déclinant leur identité, elles craignent d'être séparées de leurs enfants dès leur sortie du camp, comme cela a été reporté en 2020 à Amnesty International, en violation totale des droits humains. Dans un rapport publié la même année, l'organisation humanitaire constate que toutes les femmes interrogées qui ont été séparées de leurs enfants ont déclaré qu'elles n'avaient plus eu aucun contact avec eux et ne les avaient pas vus depuis. Selon des chiffres transmis par une organisation présente dans le nord-est de la Syrie, et repris par Amnesty International, seulement 400 Yézidis ont pu retourner en Irak depuis 2019. (La Libre Belgique, 31 juillet 2024)

Turquie-Arménie: les émissaires évoquent une éventuelle ouverture de la frontière

Des représentants de la Turquie et de l'Arménie, chargés de la normalisation des relations, ont évoqué mardi l'éventuelle réouverture de la ligne ferroviaire entre leurs deux pays, a indiqué le ministère turc des Affaires étrangères.

"Les émissaires sont convenus d'évaluer les besoins techniques nécessaires à la mise en service du poste frontière ferroviaire d'Akyaka/Akhurik en fonction des développements régionaux", affirme le ministère dans un communiqué, après une rencontre des émissaires à la frontière turco-arménienne.

Ces derniers se sont également accordés pour "faciliter les procédures de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques", selon le texte.

Selon les images diffusées par les médias turcs, les émissaires se sont serrés la main avec chaleur sur un pont à Alican/Margara, à la frontière turco-arménienne, avant de se rendre dans les postes frontaliers des deux pays.

C'est par ce pont que l'Arménie avait envoyé un convoi d'aide humanitaire en février 2023 aux victimes du séisme meurtrier qui avait frappé le sud et sud-est de la Turquie.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s'est lui-même rendu vendredi à ce poste-frontière que Erevan a récemment rénové dans l'optique d'une possible ouverture des frontières.

La Turquie a fermé en 1993 sa frontière avec l'Arménie à la suite de la première guerre du Haut-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été suspendues depuis, mais Ankara et Erevan ont entrepris depuis la fin 2021 de les normaliser avec la nomination d'émissaires.

Selon les médias turcs, la frontière entre la Turquie et l'Arménie pourrait dans un premier temps être ouverte aux ressortissants des pays tiers, avant d'être ouverte à tous.

Erevan reproche toutefois régulièrement à Ankara de ne pas prendre les mesures nécessaires pour ouvrir les frontières, la Turquie laissant entendre de son côté qu'elle attend un éventuel accord de paix entre l'Azerbaïdjan, son allié, et l'Arménie.

Les relations entre la Turquie et l'Arménie sont en outre empoisonnées par les massacres d'Arméniens commis lors de la Première Guerre mondiale dans l'Empire ottoman, ancêtre de la Turquie, que Erevan et de nombreux pays qualifient de génocide, un terme qu'Ankara rejette. (AFP, 30 juillet 2024)

Un député assyrien aborde les questions de sécurité et de propriété au Parlement turc

Lors d'un récent débat parlementaire turc le 26 juillet 2024, George Aslan, député assyrien représentant Mardin depuis la formation du Parlement en 2023, a pris la parole au nom du Parti DEM, et a abordé les questions de sécurité et de propriété.

Aslan a commencé son discours en soulignant les développements significatifs dans de nombreux domaines au cours des cent dernières années de l'histoire du pays et en soulignant que les membres des minorités parmi les citoyens turcs ont également été directement ou indirectement affectés par ces développements. "Parfois, ils ont été pris pour cible en raison de leur identité religieuse, ils ont été victimes d'attaques, leurs biens et leurs terres ont été confisqués", a-t-il poursuivi.

"La question des saisies de terres est sans aucun doute l'un des problèmes fondamentaux qui perdurent aujourd'hui", a-t-il souligné.

Aslan a confirmé que des mesures positives ont été prises concernant cette question au cours des différents gouvernements de l'AKP, tandis que "de nouveaux problèmes se sont ajoutés à ceux existants dans certains endroits", a-t-il ajouté.

Il a mentionné qu'en 2016, les églises, monastères, cimetières et terrains appartenant aux fondations religieuses assyriennes de Mardin ont été transférés au Trésor sur la base de la loi municipale. Ensuite, grâce à un règlement adopté au Parlement, seule une partie des biens immobiliers en question a été restituée, tandis que des dizaines d'autres biens immobiliers ont été saisis.

Aslan a évoqué les raisons réglementaires et juridiques de la saisie et les circonstances douteuses dans lesquelles la saisie a été effectuée, alors que la plupart des propriétaires étaient à l'étranger :

"À Mardin, la plupart des réglementations et des pratiques bureaucratiques, en particulier le cadastre et les travaux cadastraux et plus tard la loi sur les municipalités métropolitaines, ont évolué de manière défavorable pour la communauté assyrienne, et de nombreuses propriétés appartenant tant aux fondations qu'aux particuliers leur ont été retirées. Le cadastre les travaux ont eu lieu à une époque où la majorité des Assyriens étaient à l'étranger et de nombreuses terres ont été transférées au Trésor et à l'Administration forestière au motif qu'elles n'étaient pas cultivées, raisons pour lesquelles les gens ont dû quitter leurs maisons et les terres n'ont pas été récupérées ; compte."

Pour étayer ses affirmations, Aslan a mentionné quelques cas réels.

Un terrain de 57 000 mètres carrés saisi auparavant par le Trésor dans le village assyrien Iwardo (turc Gülgöze) "a été vendu à quelqu'un qui n'était pas du village à un prix très bas, bien en dessous de sa valeur", a-t-il déclaré.

Un autre terrain saisi appartenant à des Assyriens à Üçköy, un quartier de Nusaybin, "a été vendu aux enchères à son propriétaire initial pour un prix bien supérieur à sa valeur, ce qui signifie que la personne a été obligée d'acheter à nouveau son propre terrain", a-t-il ajouté.

Aslan a également rapporté qu'une autre personne - de la même manière - avait tenté de racheter son propre terrain pour construire une maison dans le village yézidi de Bacin (en turc Güven), mais il lui a conseillé de ne pas le faire, mais plutôt d'intenter une action en justice contre la trésorerie.

Poursuivant son discours, Aslan a souligné une sorte de procédure formelle par laquelle le Trésor et les autorités publiques du logement s'entendent pour saisir des terrains privés et les mettre ensuite en vente :

"L'année dernière, les terrains appartenant au quartier Dagiçi de Nusaybin ont été vendus par le Département de l'immobilier TOKI (une autorité nationale du logement), mais suite aux réactions [négatives de la population] sur la question, la vente a été annulée. Ces terrains appartiennent à le village ou les individus. Le Trésor les saisit d'abord, puis ils sont transférés à TOKI. TOKI les vend aux enchères ; lorsque personne n'assiste à la vente aux enchères, leurs propres officiers ou hommes assistent à la vente aux enchères pour augmenter le prix. ils savent que ceux qui assisteront à la vente aux enchères dans les villages respectifs achèteront certainement le terrain. »

Afin de résoudre le problème de propriété des Assyriens, Aslan a lancé un appel afin de mettre fin à ces injustices : « La question du cadastre et du cadastre doit être reconsidérée de toute urgence », a-t-il souligné.

En outre, il a souligné que « des personnes s'adressent aux tribunaux en raison de la perte de leurs droits, et certaines de ces affaires sont portées devant la Cour européenne des droits de l'homme. En 2001, le Premier ministre de l'époque, Bülent Ecevit, a appelé au retour des Assyriens de l'étranger, et plus tard, les responsables de l'AKP arrivés au pouvoir ont lancé des appels similaires. Suite à ces appels, des milliers de personnes sont revenues de l'étranger et ont reconstruit leurs villages.

Aslan a conclu son discours en faisant référence à deux cas non résolus de meurtres de personnes âgées retournant dans les villages assyriens de Yemisli et Beytüssebap , et a exigé que « le problème foncier rencontré par les Assyriens soit résolu de manière globale et que la sécurité de la vie des personnes qui sont retournées dans leurs villages soit résolue de manière globale. de l'étranger doit être assuré." (AINA, 29 juillet 2024)

Politique intérieure/Interior Politics

Les députés rejettent la restitution du mandat d'un député en prison après une violente bagarre

Les députés turcs ont refusé vendredi soir d'examiner une motion de l'opposition sur la restitution du mandat d'un député en prison après une violente bagarre qui a fait au moins deux blessés plus tôt dans la journée.

L'examen de la décision de la Cour constitutionnelle sur la restitution du mandat de Can Atalay a été rejeté par les votes des députés des partis composant la majorité au pouvoir, l'AKP (islamo-conservateur) du président turc Recep Tayyip Erdogan et du MHP (nationaliste).

La session parlementaire avait plus tôt été suspendue à la suite d'une échauffourée qui a fait au moins deux blessés.

La bagarre a éclaté lorsqu'un député AKP, Alpay Ozalan, a donné un coup de poing au député d'opposition Ahmet Sik, alors que ce dernier critiquait le gouvernement à propos du député détenu, Can Atalay.

D'autres députés sont alors intervenus, provoquant une violente bagarre entre des dizaines de membres du parlement pendant presque une demi-heure.

Au moins deux députés de l'opposition, un élu du CHP (social démocrate) et une élue du DEM (pro-kurde), ont été légèrement blessés par des coups au niveau des yeux.

D'autres députés de l'AKP ont donné des coups au député d'opposition Ahmet Sik alors qu'il était tombé au sol, a vu un journaliste de l'AFP sur place.

Des gouttes de sang ont éclaboussé le sol, a constaté l'AFP.

"J'ai honte d'avoir été témoin de cette situation", a réagi le dirigeant du CHP, principal parti de l'opposition, Ozgur Ozel.

"Les députés de l'AKP, qui ne reconnaissent pas la loi et n'appliquent pas les décisions de la Cour constitutionnelle, transforment le Parlement en une arène de violence (...). Nous condamnons fermement cette agression", a réagi de son côté le parti pro-kurde DEM.

Une sanction de "condamnation" a été décidée pour les deux députés à l'origine de la bagarre, a annoncé le président du parlement Numan Kurtulmus.

-Bataille judiciaire-

Elu en mai 2023 depuis sa cellule de prison, M. Atalay a été déchu en janvier de son mandat parlementaire.

L'avocat, élu sous la bannière du Parti des travailleurs de Turquie (TIP, gauche), avait été condamné en avril 2022 à 18 ans de prison, accusé d'avoir cherché, avec le philanthrope Osman Kavala - condamné à la prison à vie - à renverser le gouvernement en 2013 à travers une vague de manifestations sans précédent.

Le député de la province d'Hatay (sud), qui rejette ces accusations, est depuis plusieurs mois au coeur d'une bataille judiciaire opposant deux des plus hautes juridictions de Turquie.

La Cour constitutionnelle a ordonné par deux fois la remise en liberté de l'élu, âgé de 47 ans, arguant que son droit à la "liberté" et à la "sécurité individuelle", ainsi que celui d'être "élu et de mener des activités politiques", avaient été "violés".

Les avis de la Cour constitutionnelle, rendus en octobre, ont été contestés par la Cour de cassation.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors pris le parti de cette dernière en accusant la Cour constitutionnelle "d'accumuler les erreurs". (AFP, 16 août 2024)

Les J.O. et Ismail Haniyeh: "Mon pays est un autre pays."(*)

Ragip Duran, TVXS.GR, 3 août 2024

Deux événements de portée globale, les J.O. de Paris 2024 et l’assassinat à Téhéran d’Ismail Haniyeh ont été perçus en Turquie d’une façon un peu différente  par rapport aux pays européens.

Le président de la République, selon le quotidien Cumhuriyet (opposition, Kémaliste, 37.400 ex.), “a été invité à la cérémonie d’ouverture de Paris 2024, mais il a refusé de s’y rendre à la suite de l’opposition de sa petite-fille de 13 ans’’.

- Grand-père ne part pas pour Paris, car là-bas, ils feront de la propagande pour les LGBT, a dit ma petite-fille, alors j’ai décidé de ne pas participer à cette cérémonie, a déclaré le Président Erdogan.

Cette affirmation n’est pas correcte selon la chaîne de télévision publique français France 24 qui a précisé que les noms de M. Poutine et de celui de M. Erdogan ne paraissaient pas sur la liste des chefs d’Etat et de gouvernement invités à la cérémonie d’ouverture par le Président français M. Macron.

“Qui est mort de mensonges?’’ dit un adage en turc.

Plusieurs chroniqueurs rappellent que le Président turc avait également prétendu que “c’était son beau-frère qui l’avait informé en premier sur le déroulement du Coup d’Etat’’ le 15 juillet 2016.

Farouche opposant des LGBT, Erdogan, avec l’aide de sa petite-fille a pu ainsi expliquer son absence de la cérémonie.

“Écoute, mais ne crois pas!’’ dit un autre adage.

Mais Erdogan n’a pas beaucoup de chance, car deux jours après sa déclaration dans laquelle il avait menacé Israël “d’accomplir une opération militaire comme en Libye et en Artsakh (le Haut-Karabakh)’’ le chef du Bureau Politique de Hamas M. Ismail Haniyeh était assassiné à Téhéran. Haniyeh vivait en exil en Turquie et au Qatar et était fermement soutenu par le régime turc.

L’ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait récemment prononcé le nom de Haniyeh: “En réponse à Netanyahu qui a été invité au Congrès américain, nous pouvons inviter M. Ismail Haniyeh faire un discours devant la Grande Assemblée Nationale de Turquie’’.

Ankara a réagi massivement contre l’assassinat de Haniyeh. Le président de la République, le Ministère des affaires étrangères, la Présidence des Affaires Religieuses (Le Diyanet)  et l’ensemble des organisations officielles et privées pro-Erdogan ont publié des communiqués pour condamner l’assassinat et rendre hommage “au martyr Haniyeh’’. Un jour de deuil national a été décrété par le Palais Présidentiel. De plus, les drapeaux turcs sont mis en berne. Ce qui a été critiqué par les opposants: “Les pays arabes n’ont jamais décreté de jour de deuil national pour nos journées tristes comme le tremblement de terre ou la mort de nos soldats… On devient de plus en plus arabe!’’.

Le Diyanet a envoyé une directive aux responsables des mosquées des 81 départements de Turquie afin qu’elles “récitent un appel spécial à la prière (la Salat) pour les morts au nom de Haniyeh’’ .

Hamas est considéré par le régime turc et l’ensemble des cercles islamistes turcs comme un mouvement de libération nationale.

A Batman, ville du sud-est anatolien, une des petites forteresses des islamistes kurdes, un groupe a attaqué avec des pierres et bâtons le Café Starbucks, “une compagnie juive’’ selon les assaillants.

Les activistes islamistes et ceux de l’extrême-droite, tous nationalistes, ont un registre bizarre en Turquie quand il s’agit de manifestation de protestation.

Quelques exemples:

- Pour protester contre “l’impérialisme américain’’ ils ont brûlé des billets de dollars!

- Pour protester contre les Pays-Bas, ils ont éventré des oranges!     

- Pour protester contre l’Italie, ils ont brulé des caravates italiennes de marque Versace!

- Enfin pour protester contre l’oppression de la Chine envers les Ouïghours, ils ont frappé des touristes japonais!

L’assassinat de Haniyeh à Téhéran serait, selon quelques observateurs de l’opposition, un message d’avertissement envoyé à Ankara par Tel-Aviv.

Mais ce message peut être facilement neutralisé grâce aux activistes islamistes qui décortiquent les cafés Starbucks.

(*) Titre d’une chanson populaire très à la mode en Turquie au début des années 70. Elle est devenue no 1 des hit-parades surtout après l’opération militaire contre Chypre, car les paroles font l’éloge du nationalisme turc. C’est la version en turc de la chanson de Mireille Mathieu intitulée ’L’aveugle’ (Ça tombe bien.’). Cette dernière est inspirée d’une chanson traditionnelle juive, de type Klezmer intitulée Rabbi Elimelekh.

Un ex-ministre AKP passe à tabac un député kurde au Parlement

Adil Karaismailoglu, un député qui a été ministre des Transports entre 2020 et 2023, a donné la semaine dernière des coups de pied et de poing à Ali Bozan, un député du parti pro-kurde DEM, lors d’une session au Parlement turc. L’agression a été décrite par les médias locaux et filmée en partie.

« L’AKP fait régulièrement les poches des travailleurs, des fonctionnaires et des retraités par l’intermédiaire du TUIK [l’institut statistique turc, ou TurkStat] », a fait remarquer M. Bozan avant l’agression violente dont il a été victime de la part de M. Karaismailoglu et d’autres membres du groupe parlementaire de l’AKP sur le parquet de l’assemblée législative. Bozan faisait référence aux chiffres de l’inflation publiés par le TUIK, largement considérés comme faux en Turquie. Les travailleurs reçoivent des augmentations de salaire basées sur ces chiffres. La valeur réelle de leur salaire diminue donc.

M. Bozan a fait remarquer que « les voix de ces travailleurs, retraités et fonctionnaires, dont le revenu est volé, ne sont malheureusement pas entendues ». Il a ajouté : « Je veux crier au nom de ces personnes dont les salaires sont volés : Au voleur ! Au voleur ! Voleurs ! L’AKP est en train de commettre un vol. Vous êtes à la fois insolents et corrompus ». Les derniers mots de Bozan ont déclenché l’attaque.

Lorsque la nouvelle de l’attaque s’est répandue en Turquie, tout le monde s’est accordé à dire que M. Karaismailoglu tentait de se rappeler au bon souvenir du président Recep Tayyip Erdogan en s’en prenant au député kurde.

M. Karaismailoglu avait l’ambition de se présenter comme candidat de l’AKP à la mairie d’Istanbul lors des élections locales du 31 mars. Pendant un temps, il a émis des propos totalement absurdes pour attirer l’attention d’Erdogan.

Cependant, Erdogan a nommé son ministre de l’urbanisme, Murat Kurum, pour Istanbul. Après la défaite de Kurum aux élections, Erdogan l’a reconduit dans ses fonctions de ministre.

Karaismailoglu tue maintenant le temps au Parlement, levant le doigt en faveur de chaque souhait du gouvernement et contre tout ce qui est proposé par les partis d’opposition. Kurum, quant à lui, est occupé à distribuer des contrats d’un milliard de dollars et à voyager dans des jets de luxe.

Après que Karaismailoglu a attaqué Bozan, Oktay Saral (@oktay_saral), un collaborateur d’Erdogan, l’a félicité sur la plateforme de médias sociaux X. Saral, très actif sur X, semble ne pas avoir grand-chose à faire au palais. Karaismailoglu et Saral sont tous deux originaires d’Of, une ville de Trabzon, une province située sur la côte de la mer Noire.

Les Saral basés à Of forment un clan mafieux de premier plan en Turquie. Pour qu’un groupe armé soit qualifié de mafieux, il doit compter parmi ses membres quatre types de personnes : des politiciens, des bureaucrates, des hommes d’affaires et des tueurs à gages. Les Saral sont un clan mafieux à part entière. (armenews.com, 31 juillet 2024)

Forces armées/Armed Forces

Ankara-Baghdad sign security deal establishing joint operations center at Başika

Ankara and Baghdad formalised a new security memorandum of understanding on 15 August, which includes the establishment of a joint operations center at the Bashiqa (Başika) military base in Iraq’s Kurdistan Region, where Turkish forces have been stationed since 2015.

This agreement, supported by the Kurdistan Democratic Party (KDP), has led to significant debate, with critics questioning Iraq’s decision to deepen cooperation with Turkey instead of seeking the withdrawal of Turkish forces from its territory.

The details of the memorandum, made public on 21 August, outline a framework for enhanced military cooperation between Turkey and Iraq, focusing on joint training, counterterrorism and intelligence sharing. The agreement stipulates that the operations center at Bashiqa will be managed by a joint committee comprised of senior officials from Turkey, Iraq and the Kurdistan Regional Government (KRG). This centre will coordinate military operations and serve as the main hub for intelligence collected from the border regions.

A crucial aspect of the agreement is its focus on combating “banned organisations,” a term used in the memorandum without specifying which groups are targeted. This language reflects Iraq’s recent decision to ban the Kurdistan Workers’ Party (PKK) from operating within its borders, recognising it as a security threat but stopping short of Turkey’s demand to categorise the group as a ‘terrorist organisation.’ Following this, Iraq also banned the Yazidi Freedom and Democracy Party (PADÊ) and other political groups linked to the PKK, underlining Iraq’s broader efforts to curb PKK influence in response to Turkish pressure.

This security memorandum is part of a broader strategy that was previously outlined in a 24-point agreement signed between Turkey and Iraq on 22 April. That earlier deal included joint security measures specifically targeting the PKK and proposed collaborative infrastructure projects. However, despite these recent bans, it remains unclear if Iraq has fully labelled the PKK as a proscribed organisation, even as its members are to be treated as political refugees under specific conditions.

The agreement has been met with criticism from Iraqi security experts and political commentators. Sefa Asim, an Iraqi security analyst, expressed concerns that the joint operations centre could facilitate further Turkish military expansion in Iraq, particularly within the Kurdistan Region. Speaking to Rojnews on Monday, Asim noted that “the security agreement signed between Iraq and Turkey is still incomplete, with several unresolved issues remaining on the table. Despite this, Baghdad is signing agreements with Turkey rather than focusing on removing Turkish forces from Iraqi soil.”

Asim pointed out that the establishment of a joint operations centre, as outlined in the agreement, is likely to serve as a control hub, further entrenching Turkey’s military presence in Iraq. He also highlighted the possibility that, in the near future, the Iraqi government could issue an order to withdraw Turkish forces from the Kurdistan Region, a move that has not yet been made but remains within Iraq’s potential capabilities. (MediaNews, 22 August 2024)

Turkey continues recruiting mercenaries to fight in Iraqi Kurdistan

An article by the Syrian Observatory for Human Rights (SOHR), a Syrian NGO, claims that the Turkish state is focusing on recruiting Turkmen mercenaries to fight against the Kurdistan Workers’ Party (PKK) guerillas in the Kurdistan Region of Iraq (KRI).

Turkish authorities have reportedly also sent a new batch of 150 Syrian mercenaries to the region, according to SOHR. These fighters come from the ranks of Al-Sultan Suleiman Shah, Al-Sultan Murad and al-Hamzah factions of the pro-Turkish Syrian National Army (SNA). The recruitment is organised by the Turkish National Intelligence Organisation (MIT).

Last month, Turkish Nationalist Movement Party (MHP) leader Devlet Bahçeli met with Abu Amsha (Mohammed Hussein Al-Jasim), the leader of the Sultan Suleiman Shah militia. Abu Amsha has recently been awarded Turkish citizenship. The MHP is in alliance with Turkey’s ruling Justice and Development Party (AKP).

SOHR pointed out that the Turkish state is taking advantage of the current living situation in northern Syria. “Turkish authorities exploit the difficult living conditions in northern Syria to attract young people with money, which pushes them to participate in wars that serve its agendas outside Syrian territory,” the NGO wrote.

Salaries range from $2,500 to $3,000 per month, which is higher than the salaries given to mercenaries sent by Turkey and Turkish companies to Libya, Azerbaijan and Niger. It is also substantially higher pay than SNA fighters would get within Syria.

According to SOHR, Turkey is offering the higher salaries in order to persuade people to join the perilous fight in the mountains of the KRI. SOHR pointed out that hundreds of mercenaries have already been sent to take part in violent battles, and some are being held captive by the PKK.

Earlier in August, Rami Abdulrahman, head of SOHR, explained the extent of Turkey’s use of foreign fighters in an interview with Özgür Politika. He said: “Syrian mercenaries are currently fighting on the front lines in Niger. In Libya, Syrian mercenaries are still stationed in various positions. Earlier, these mercenaries were also involved in fierce clashes in the Nagorno-Karabakh region of Azerbaijan”.

Abdulrahman also pointed out that the use of Turkmen mercenaries is intended to stir up ethnic tensions in the region, by creating the illusion that Turkmen people are on the side of the Turkish state. (medyanews, 16 August 2024)

 Un soldat turc tué dans le nord de l'Irak

Un soldat turc a été tué dans le nord de l'Irak "par des tirs du PKK", Parti des travailleurs du Kurdistan, a annoncé mercredi le ministère turc de la Défense.

Le soldat a été visé par des tirs du PKK, groupe classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux et qui mène une guérilla contre l'Etat turc depuis 1984, dans la zone de l'opération "griffe-verrou", dans le nord de l'Irak, a précisé le ministère.

La Turquie a lancé l'opération "griffe-verrou" en avril 2022 pour sécuriser sa frontière avec le nord de l'Irak, d'où elle accusait le PKK de lancer des attaques contre le territoire turc.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé mi-juillet la fin imminente de l'opération "griffe-verrou", estimant avoir "enfermé" les Kurdes du PKK.

Ces déclarations étaient intervenues après un regain des opérations militaires turques au Kurdistan autonome du nord de l'Irak, dénoncées par Bagdad malgré un rapprochement récent des deux capitales. (AFP, 7 août 2024)

La Turquie s'apprête à construire son propre système de défense antimissile, "Dôme d'acier"

La Turquie s'apprête à construire son propre système de défense antimissile, baptisé "Dôme d'acier", a annoncé mercredi le président de l'Agence de l'industrie de la défense (SSB), qui dépend de la présidence turque.

"Notre projet national Dôme d'acier permettra l'intégration de nos systèmes de défense aérienne, de nos capteurs et de nos armes dans un réseau unique", a affirmé Haluk Görgün, le président de la SSB, dans une vidéo partagée par son organisme.

Muni d'un système de soutien d'intelligence artificielle, le projet sera mené par des acteurs publics de l'industrie de la Défense comme Aselsan, Rokatsan et MKE, ainsi que l'organisme public de recherche Tubitak Sage.

Contactée par l'AFP, la SSB n'a pas souhaité partager plus de détails sur le projet.

Selon la chaîne publique TRT Haber, le Dôme d'acier sera conçu comme "un parapluie de sécurité" couvrant l'ensemble de l'espace aérien turc et visant à répondre aux menaces "allant des très basses altitudes aux plus hautes", ainsi que de "très courte à la longue portée".

Ankara s'illustre depuis plusieurs années avec des projets ambitieux de défense, y compris des drones et des avions de combat.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan rappelle régulièrement son souhait de renforcer l'industrie turque de défense avec des appareils et systèmes construits par des entreprises locales.

"Les projets que nous avons lancés il y a des années se transforment aujourd'hui en avions, chars, navires, missiles et fusées qui sont une source de fierté pour nous tous. La Turquie est littéralement en train d'écrire une épopée dans le domaine de l'industrie de défense", avait-il affirmé en février. (AFP, 7 août 2024)

Décès du fondateur de Sadat, compagnie de conseil militaire

Le fondateur de la société turque de conseil militaire Sadat, considérée comme l'arme secrète de la Turquie pour ses opérations extérieures, est décédé dimanche, ont rapporté les médias turcs.

Adnan Tanriverdi, décédé à 79 ans, avait également été le conseiller en chef du président turc Recep Tayyip Erdogan entre 2016 et 2020.

Sadat est considérée comme l'arme secrète de la Turquie pour ses opérations extérieures, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, même si son chef actuel Melih Tanriverdi, le fils du fondateur, l'a démenti lors d'un entretien avec l'AFP en 2021.

Sadat International Defense Consultancy a été créée en 2012 par Adnan Tanriverdi, mis en retraite d'office en 1996 alors qu'il était général de brigade lors d'une purge anti-islamique dans les rangs de la hiérarchie militaire turque.

Sur son site, l'entreprise Sadat indique avoir pour mission "d'assister les pays musulmans afin de leur permettre de prendre leur place et de jouer leur rôle face aux superpuissances mondiales".

Une enquête de l'AFP avait revelé en mai dernier que Sadat était chargé de recruter des mercenaires proturcs en Syrie et les acheminer au Niger pour y protéger des intérêts et des projets turcs, notamment des mines.

En 2020, un rapport du Département américain de la Défense affirmait que Sadat avait envoyé des équipes en Libye former des combattants syriens pour soutenir le gouvernement de Tripoli.
 Le Centre syrien pour la justice et la responsabilité affirme que Sadat était également "responsable du transport aérien international de mercenaires" vers la Libye et l'Azerbaïdjan, en guerre contre l'Arménie, via la Turquie.

Interrogé en mai par l'AFP, le ministère turc de la Défense a affirmé que "toutes ces allégations étaient fausses". (AFP, 4 août 2024)

La Turquie affirme avoir tué 13 militants kurdes dans le nord de l'Irak

Les forces turques ont ciblé des militants kurdes dans le nord de l'Irak avec des frappes aériennes, tuant 13 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé mardi le ministère de la Défense, rapporte Reuters.

Comme l'a annoncé le ministère, les militants du PKK ont été "neutralisés" dans les régions de Gara et Haftan, au nord de l'Irak. L'utilisation par le ministère turc du terme « neutralisé » signifie généralement éliminé.

L'armée turque a mené vendredi des frappes aériennes dans le nord de l'Irak et détruit 25 cibles des militants kurdes, a annoncé plus tôt le ministère turc de la Défense. Selon elle, ces cibles comprenaient des grottes, des abris, des bunkers, des entrepôts et des installations.

Le PKK, qui mène une insurrection contre l'État turc depuis 1984, a été désigné organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne. Plus de 40 XNUMX personnes ont été tuées dans le conflit.
(Koha, 30 juillet 2024)

Nouvelles frappes turques contre les combattants kurdes en Irak

La Turquie a mené dans la nuit de vendredi à samedi de nouvelles frappes aériennes contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les montagnes du nord de l'Irak, selon Ankara et des sources irakiennes.

"Conformément à nos droits à l'autodéfense (...), des opérations aériennes ont été menées contre des cibles terroristes dans le nord de l'Irak dans les régions de Gara, Qandil et Asos", affirme le ministère turc de la Défense dans un communiqué.

L'armée turque, qui frappe régulièrement la zone, dit avoir visé 25 cibles, "parmi lesquelles des grottes, des bunkers, des abris, des entrepôts et des installations" du PKK, groupe classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux et qui mène une guérilla contre l'Etat turc depuis 1984.

Interrogée par l'AFP, une source sécuritaire dans le nord de l'Irak a qualifié ces frappes d'"intenses".

Selon Kamran Othman, membre de l'ONG Community Peacemakers Teams (CPT), implantée au Kurdistan irakien, celles-ci ont duré 45 minutes environ. Aucune victime civile n'est à recenser, selon cette source, qui a fait état de dégâts sur des terres agricoles.

L'armée turque, dont les incursions sur le sol irakien sont dénoncées par Bagdad, affirme elle avoir "neutralisé de nombreux terroristes".

Les combattants kurdes turcs du PKK disposent de bases arrières au Kurdistan autonome, qui accueille aussi depuis 25 ans des bases militaires turques.

L'ONG CPT a recensé plus de 230 frappes aériennes turques depuis le 15 juin, dont certaines ont provoqué des incendies sur des terres agricoles et des déplacements de populations.

La Turquie reste "déterminée" à créer un couloir de sécurité dans le nord de l'Irak - comme en Syrie - pour prévenir toute incursion "terroriste" sur son territoire, a réaffirmé vendredi le ministre turc de la Défense Yasar Güler dans un entretien au média qatari Al-Jazeera.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui affirmé mi-juillet que son armée était parvenue à "enfermer" les combattants du PKK dans le nord de l'Irak. (AFP, 27 juillet 2024)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Teen arrested after allegedly neo-Nazi inspired stabbing spree in Turkey's Eskişehir

A court has arrested an 18-year-old man following a stabbing attack in Eskişehir, central Turkey, which left five people injured.

The incident occurred yesterday at a café and an adjacent park in the Tepebaşı district. The assailant, identified as A.K., was apprehended at the scene by police and later taken to the hospital under heavy security. Following his court appearance, he was formally charged with "attempted premeditated murder of multiple persons" and "threatening to create fear and panic among the public” and remanded in custody.

The emerging details about his motivations and influences indicate that this attack may represent an unprecedented incident in Turkey.

According to a report from the T24 news website, A.K. admitted during police interrogation that he had been influenced by neo-Nazi ideologies. He had a sticker featuring the Black Sun, a symbol associated with neo-Nazism, affixed to the tactical vest he wore during the attack.

A.K. claimed to have been inspired by Anders Behring Breivik, the Norwegian far-right extremist who killed 77 people in 2011. A.K. reportedly made contact with an individual online who used the name Fjotolf Hansen, Breivik's adopted name. Together, they allegedly planned the attack, with A.K. being instructed on how to make explosives. However, A.K. was unable to obtain the necessary materials and instead armed himself with a knife, a hatchet, and other weapons, which he ordered online.

During the attack, A.K. was dressed in tactical gear, including a helmet and assault vest, and had a camera attached to his helmet to record the incident. He cited the Black Sun as an expression of his ideological beliefs.
A manifesto allegedly written by A.K. using the nickname “Skreewie” circulated on social media following the attack. While it could not be verified whether the document was genuine, it aligns with A.K.’s statement to the police.

The manifesto expresses hatred for humanity, LGBTI+s, and refugees, and admiration for other right-wing extremist attackers, including Brenton Tarrant, who committed the Christchurch mosque shootings in 2019, Stephen Paddock, who carried out the Las Vegas shooting in 2017, and Timothy McVeigh, the Oklahoma City bomber. A.K. referred to these individuals as "modern-day saints" in his manifesto.

As a random act of violence inspired by neo-Nazi ideology, this attack is unprecedented in Turkey, even though similar views have a significant online presence. (BIA, 14 August 2024)


Mort du chef du Hamas: des milliers de manifestants devant Sainte-Sophie à Istanbul

Des milliers de manifestants se sont réunis samedi soir devant l'ex-basilique byzantine Sainte-Sophie, transformée en mosquée en 2020, à Istanbul, pour dénoncer la mort du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l'Iran.

Réunis à l'appel de plusieurs associations conservatrices et pro-gouvernementales, dont une présidée par Bilal Erdogan, le fils du chef de l'Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, des manifestants ont brandi des drapeaux turcs et palestiniens, ainsi que des portraits d'Ismaïl Haniyeh.

"Israël a assassiné un héros important d'une manière qui lui convient, c'est-à-dire de manière perfide. Haniyeh avait appelé des millions de personnes à manifester (pour Gaza). Nous respectons sa dernière volonté", a affirmé Bilal Erdogan, qui a participé au rassemblement, sur la chaîne privée CNN Türk.

Le président du syndicat des fonctionnaires Memur Sen, réputé pro-gouvernemental, Ali Yalçin, a pris la parole lors du meeting et appelé à la poursuite des limitations des exportations vers Israël annoncée par la Turquie en avril.

M. Erdogan a condamné mercredi l'"assassinat perfide" de son "frère" Ismaïl Haniyeh, oeuvre selon lui de "la barbarie sioniste".

Le chef du Hamas, qui résidait fréquemment en Turquie avant le 7 octobre, avait été reçu en avril à Istanbul par M. Erdogan, fervent soutien du Hamas qu'il qualifie de "mouvement de libération".

Une prière a été organisée vendredi à Sainte-Sophie en hommage à Ismaïl Haniyeh, au moment de ses funérailles organisées à Doha, au Qatar, tandis que des milliers de personnes ont défilé mercredi soir à Istanbul pour dénoncer sa mort.

Transformée une première fois en mosquée lors de la prise de Constantinople, Sainte-Sophie, classée au patrimoine de l'humanité, était devenue un musée par la volonté du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatuk, en 1934 avant de redevenir une mosquée le 10 juillet 2020 sur décision du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

Depuis, l'édifice et ses alentours sont devenus un lieu de manifestation prisé des groupes turcs pro-gouvernementaux. (AFP, 3 août 2024)

Une centaine de suspects du groupe Etat islamique arrêtés

La Turquie a annoncé vendredi l'arrestation de "99 suspects" du groupe Etat islamique dans vingt-six provinces du pays, selon le ministre de l'Intérieur Ali Verlikaya.

"99 suspects ont été arrêtés dans les opérations GÜRZ-4 en cours depuis trois jours", a indiqué le ministre dans un message sur X.

"Nous ne tolérerons aucun terroriste. Nous n'avons qu'un seul objectif, combattre sans hésitation, avec vos prières et votre soutien, jusqu'à ce que le dernier terroriste soit neutralisé", a-t-il ajouté.

Les arrestations ont eu lieu aux quatre coins du pays, notamment à Ankara la capitale, à Izmir (ouest), dans le centre (Kayseri, Konya), le sud (Gaziantep, Adana, Hatay, Kahramanmaras) et dans l'est (Elazig, Bingöl), énumère M. Verlikaya.

La Turquie annonce régulièrement l'arrestation de suspects soupçonnés d'appartenir à l'EI: le dernier coup de filet en date, en mars, avait concerné 147 personnes. A l'époque, le ministère turc de l'Intérieur avait comptabilisé "2.919 personnes arrêtées", soupçonnées de liens avec le groupe jihadiste.

Deux hommes suspectés de participation à l'attentat perpétré début mars lors d'un concert à Moscou (139 morts) et revendiqué par l'EI avaient séjourné plusieurs semaines sur le sol turc avant de retourner en Russie, selon les autorités locales. (AFP, 2 août 2024)


JO-2024 : Erdogan appelle le pape à "élever la voix" contre une "propagande perverse"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le pape François à "élever la voix" à ses côtés contre la "propagande perverse" diffusée selon lui lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris, a affirmé jeudi la présidence turque.

"Le président Erdogan a déclaré que sous couvert de liberté d'expression et de tolérance, la dignité humaine a été bafouée et les valeurs religieuses et morales ont été tournées en ridicule, offensant autant les musulmans que le monde chrétien, et estime nécessaire d'élever la voix ensemble", indique la présidence turque dans un communiqué.

Le chef de l'Etat turc, coutumier des déclarations homophobes, qui avait annoncé mardi sa volonté d'appeler le pape pour dénoncer "l'immoralité" de la cérémonie d'ouverture des JO, a lors de cet appel déploré "la remise en cause des valeurs religieuses, la propagande perverse et l'effondrement moral dans lequel le monde dérive avec les Jeux olympiques", a ajouté la présidence.

L'ayatollah Ali Khamenei, le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump et des responsables religieux conservateurs ont eux aussi critiqué la cérémonie d'ouverture des JO, notamment le tableau où sont apparues la DJ Barbara Butch, militante féministe et lesbienne, au côté de deux drag queens.

Ce passage a été interprété comme une moquerie du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci, ce que les organisateurs démentent, le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, expliquant avoir voulu représenter une "grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe".

Réélu président de la Turquie pour cinq ans fin mai, M. Erdogan avait, lors de la dernière ligne droite de sa campagne, ciblé presque quotidiennement les LGBTQI+ qu'il qualifie de "pervers" et de "déviants", les accusant de vouloir détruire la famille traditionnelle.

Son ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu, avait dénoncé la "religion" LGBTQ+ importée selon lui "d'Amérique et d'Europe". "Quand ils parlent des LGBTQ+, ça inclut le mariage des animaux et des humains", avait-il clamé.

Dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), l'homosexualité reste largement soumise à l'opprobre sociale et en butte à l'hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP.

La société turque est profondément clivée, entre conservateurs et religieux d'une part et libéraux et laïcs d'autre part. (AFP, 1 août 2024)


Ouverture des JO: Erdogan condamne "l'immoralité commise contre le monde chrétien"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné mardi "l'immoralité commise contre le monde chrétien" lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris et annoncé vouloir appeler le pape François à ce sujet.

"J'appelerai le pape à la première occasion pour partager avec lui l'immoralité commise contre le monde chrétien et contre tous les chrétiens. Les Jeux olympiques ont été utilisés comme un outil de perversion qui corrompt la nature humaine", a indiqué le chef de l'Etat devant une réunion de son parti.

Le président Erdogan, qui avait initialement annoncé sa venue à Paris les 26 et 27 juillet avant de laisser planer le doute, a justifié son absence en affirmant que sa petite-fille l'avait mis en garde.

"Macron m'avait invité. J'ai dit que je pouvais venir. Mais ma petite-fille de 13 ans m'a dit de ne pas y aller, (...) qu'ils y organiseraient une manifestation LGBT. Elle m'a montré des images sur Instagram", a-t-il affirmé, bien que le plus grand secret ait entouré jusqu'au bout les tableaux de la cérémonie sur la Seine.

"Pouvez-vous imaginer qu'un événement sportif censé unir les gens ait été ouvert avec hostilité envers les valeurs du genre humain?", a-t-il poursuivi.

"Ce qui s'est fait à Paris est un projet visant à ramener les humains à un niveau plus bas que les animaux", a-t-il aussi estimé.

Pour M. Erdogan, président islamo-conservateur qui prend régulièrement les personnes LGBT pour cibles, "en utilisant l'influence internationale des Jeux olympiques, nos êtres les plus innocents, nos enfants, ont été visés de manière dégoûtante".

"La scène honteuse de Paris a offensé non seulement le monde catholique et le monde chrétien, mais aussi nous-mêmes. Il nous a également indignés. Nous avons apprécié la réaction justifiée du Premier ministre hongrois, M. (Viktor) Orban" a-t-il salué.

"En fait, il fallait que davantage de dirigeants dénoncent cette attaque flagrante contre le sacré", a-t-il regretté.

La chaîne publique turque TRT Spor a diffusé presque intégralement la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, y compris le tableau incarné par des drag queens, que certains ont interprété comme une moquerie du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, ce que les organisateurs ont démenti.

TRT Spor a interrompu sa diffusion en direct après le tableau, provoquant des protestations de nombreux spectateurs sur les réseaux sociaux. (AFP, 30 juillet 2024)
Un feu de forêt a atteint les zones résidentielles d'Izmir

Un feu de forêt a atteint les zones résidentielles d'Izmir, troisième ville de Turquie par sa population, située sur la côte ouest du pays, ont rapporté vendredi soir les médias turcs.

Trois quartiers situés dans les districts centraux de Karsiyaka et Bayrakli ont été évacués alors que 16 immeubles ont été endommagés par le feu, ont annoncé les autorités, précisant qu'il n'y avait pas de victimes.

Commencé jeudi soir, le feu de forêt s'est rapidement propagé vers les zones résidentielles à cause de vents atteignant dans la journée 50 km/h.

Une fumée épaisse a couvert presque l'ensemble de la ville, donnant des couleurs orange et grise au ciel, selon les images diffusées par les médias turcs.

Un refuge pour les chiens errants a aussi été évacué par des défenseurs des droits des animaux.

Les vents forts rendent impossible l'intervention des hélicoptères bombardiers d'eau pendant la nuit, a rapporté la chaîne d'information turque NTV.

Des pompiers ont été envoyés en renfort de plusieurs villes de Turquie, et l'armée ainsi que les forces de l'ordre ont été mobilisées. (AFP, 16 août 2024)

Socio-économique / Socio-economic

Farmer protests spread across Turkey

Farmer protests have erupted across Turkey throughout August, as growers rally against rising production costs and insufficient crop prices.

Farmers are blocking roads with tractors, dumping produce such as tomatoes onto streets, and handing out free melons and watermelons to draw attention to their plight in various places across the country.

The primary driver behind these protests is the widening gap between increasing input costs, including diesel, fertilizer, and pesticides, and the stagnant prices for their products, which are failing to cover these increased expenses.

Here is a compilation of the protests between August 1 and 21:

August 1: Tomato producers on the streets in İzmir
August 4: Pistachio farmers protest with tractors
August 8: Farmers block İzmir-İstanbul road in Bursa
August 11: Apricot producers outside TMO in Malatya
August 12: All producers stand up in Balıkesir
August 12: Farmers in Manisa distribute 600 tons of melons and watermelons for free
August 13: Protest by farmers in Burdur
August 13: Balıkesir farmers on the streets again
August 17: Farmers in Maraş dump their tomatoes on the road
August 18: Protest also in Aksaray
August 19th: “We can't produce” protest by Eskisehir farmers
August 20: Afşin farmers say they can't sell their products
August 21: Farmer's struggle against municipality in Konya
August 21: In Karacabey, a farmer who was left with no produce dumped 30 tons of tomatoes on the ground. (BIA, 22 August 2024)

La mine d'or où neuf mineurs ont péri en février licencie près de 200 salariés

La mine d'or où neuf mineurs ont péri en février dans le nord-est de Turquie licencie près de 200 salariés, a annoncé lundi la compagnie Anagold.

"Nous déclarons avec regret que nous devons nous séparer de 187 de nos collègues", a annoncé la compagnie dans un communiqué, citant une "situation économique difficile" à cause des "activités de production arrêtées".

Basée à Denver et à Toronto, la société SSR Mining détient 80% des actions d'Anagold, tandis que 20% appartiennent à la compagnie turque Lidya.

Après le glissement de terrain qui avait piégé sous terre neuf mineurs, le permis environnemental de la mine avait été retiré par les autorités turques.

Mais pour le syndicat Bagimsiz Maden Is, la compagnie devrait prendre ses responsabilités concernant ses "lacunes en matière de sécurité professionnelle".

"Les conditions qui ont provoqué le retrait du permis ont été créées par Anagold et l'exploitation de la mine a rendu, à cause des conséquences environnementales, impossible une autre source de revenus dans cette localité", a affirmé à l'AFP l'avocat du syndicat, Mert Batur.

"Anagold devrait continuer à supporter le coût économique de ses actions et payer les salaires de ses employés", a-t-il ajouté.
 Une butte formée par un empilement de terre retirée de la mine avait dévalé en février, couvrant une large superficie et laissant neuf mineurs piégés.

Selon le rapport d'expertise préliminaire cité par les médias turcs, les responsables de la mine n'ont pas pris les précautions nécessaires malgré la connaissance des fissures dans l'empilement de terre à l'origine du désastre.

Six responsables de la mine ont été mis en détention.

Employant 667 mineurs, la mine avait déjà fait la Une des journaux en 2022 après une fuite de cyanure, incitant les autorités à suspendre brièvement ses opérations.

Elle avait rouvert après le paiement d'une amende, ce qui avait provoqué un tollé de l'opposition. (AFP, 19 août 2024)

Un feu de forêt a atteint les zones résidentielles d'Izmir

Un feu de forêt continue de menacer les zones résidentielles d'Izmir, troisième ville de Turquie par sa population, située sur la côte ouest du pays, ont rapporté samedi matin les médias turcs.

Les hélicoptères et avions bombardiers d'eau, restés cloués au sol pendant la nuit à cause des vents forts, ont repris leur lutte contre les flammes, selon la chaîne d'information NTV.

Samedi matin, le ciel était encore obstrué par les fumées grises du côté de Karsikaya, le district d'Izmir d'où le feu est parti, tandis que les habitants pouvaient sentir une odeur de fumée dans toute la ville, a déclaré un témoin joint au téléphone par l'AFP et souhaitant garder l'anonymat.

900 habitants des cinq districts affectés ont été évacués dans la nuit, a affirmé le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

"La superficie totale touchée est d'environ 1.600 hectares. (...) Actuellement, deux avions et onze hélicoptères continuent d'intervenir", a déclaré de son côté le ministre de l'Agriculture et des Forêts Ibrahim Yumakli qui a assuré que les habitants des zones urbaines ne devaient pas être "inquiets".

L'intervention au point du départ du feu est difficile en raison de "vallées escarpées", a précisé le ministre.

Seize immeubles ont été endommagés par le feu, affectant 78 personnes, dont 29 ont dû être hospitalisées, a annoncé le ministère turc de la Santé.
 Parti jeudi soir, le feu de forêt s'est rapidement propagé vers les zones résidentielles à cause de vents atteignant dans la journée 50 km/h.

Des pompiers ont été envoyés en renfort de plusieurs villes de Turquie, tandis que l'armée et les forces de l'ordre ont été mobilisées.

Six autres feux continuent de ravager les zones forestières dans d'autres villes de Turquie, dont à Bolu (nord-ouest) et à Aydin (ouest).

L'incendie d'Izmir constitue le plus grande incendie de l'été 2024 en Turquie, menaçant des zones urbaines.

Quinze personnes ont été tuées en juin dans un feu de végétation qui s'est déclaré à Mardin, dans le sud-est de la Turquie. (AFP, 17 août 2024)

Children 'exploited, killed' under the guise of vocational training in Turkey

Turkey’s Vocational Education Centers (MESEM) are facing growing criticism and scrutiny following reports of student deaths and inadequate working conditions.

These centers are designed to provide vocational education to high school-level students through a practical and work-based learning approach. However, the critics say that they legitimize child labor, pointing out that they are mostly preferred by the children of low-income families.

MESEM was brought under the formal education system in 2016, with significant expansion during the tenure of former Minister of Education Mahmut Özer between 2021-23.

“We need to increase the integration between the labor market and education processes,” Özer had said about the centers in January 2023. “We must make the working environments of the labor market a part of education so that we can be strong in vocational education. The most significant opportunity for this is the vocational education centers, which are critical for small and medium-sized enterprises.”

Nine work-related deaths in 2024

In the first seven months of 2024, nine high school students participating in MESEM programs lost their lives in work-related incidents.

Educational researcher Kayıhan Kesbiç from the Education Reform Initiative (ERG) noted that MESEM programs gained popularity in 2021-2022, complicating oversight and quality assurance.

"Previously, businesses in agreement with the Ministry of National Education could accept a certain number of students based on the number of skilled trainers available," he explained. "But with the ease of becoming a trainer and the increased number of students allowed, tracking, quality, and oversight have been negatively affected."

Cheap labor

Murat Çakır, general coordinator of the Health and Safety Labor Watch (İSİG), a group monitoring work-related deaths across the country, also raised concerns about the safety of the workplaces where students are sent.

According to Çakır, students are often employed for five to six days a week, working 10 to 12 hours a day, and are used as cheap labor in factories, construction sites, and service sectors. He describes these environments as lacking essential safety measures.

"Children are pushed into the workforce under the guise of learning skills, but they are subjected to all kinds of tasks, regardless of suitability, such as plastering, carrying loads, and tying rebar," said Çakır. He noted that these students earn only a third of the minimum wage.

Çakır further elaborated on the economic pressures driving families to enroll their children in MESEM programs. The ongoing economic crisis forces families to seek additional income sources, making these programs an appealing option because students can earn money while studying, he asserts.

This situation leads to multi-faceted exploitation, he warned. "The most extreme outcome is death; beyond that, there are injuries, physical development issues, and a lack of pedagogical growth. Overall, these children are oppressed. Even adults have difficulty asserting their rights, but in this context, there's no such possibility."

"Without a collective pushback, it is evident that these problems will persist,” added Çakır. (BIA, 7 August 2024)

Les défenseurs des animaux inquiets après le vote d'une loi controversée sur les chiens errants

En Turquie les défenseurs des animaux redoutent une vaste campagne de mise à mort des chiens errants à travers le pays après le vote dans la nuit de lundi à mardi, d'une loi autorisant la capture et l'euthanasie de ceux jugés malades ou agressifs.

Le parlement a validé le texte autour de 4H00 du matin (01H00 GMT) par 275 votes des députés de l'alliance au pouvoir, malgré les protestions des élus de l'opposition et 224 votes contre.

"Nous porterons dès que possible devant la Cour constitutionnelle la loi qui viole le droit à la vie des animaux", a réagi le président du principal parti de l'opposition, CHP (social démocrate), Özgür Özel.

"Aujourd'hui restera dans l'histoire comme un jour sombre. Ni l'histoire ni l'humanité ne pardonneront à ceux qui ont voté +oui+'", a protesté de son côté la députée CHP Aliye Timis Ersever.

"Nous sommes profondément déçus par la décision du Parlement de modifier la loi sur la protection des animaux (...) Ces changements inhumains vont créer un cycle de souffrance et de mort pour les animaux errants (...). A moins que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne s'abstienne de la ratifier", a espéré l'Association internationale de défense des animaux Four Paws dans un communiqué.

- Sanctions contre les maires -

 Le gouvernement turc, inquiet d'une augmentation des attaques et des cas de rage dus aux chiens errants, dont le nombre est estimé à 4 millions, se défend d'un tel dessein et affirme vouloir en priorité placer ces animaux dans des refuges et encourager leur adoption.

La loi prévoit la capture des chiens errants, leur placement dans les refuges et l'euthanasie des chiens "présentant un danger pour la vie et la santé des personnes et des animaux, ceux au comportement négatif incontrôlable et ceux atteints d'une maladie contagieuse ou incurable ou dont l'adoption est interdite".

La loi impose aux municipalités de construire des refuges et de mettre en vigueur ces dispositions d'ici 2028, tandis que les maires seront personnellement tenus responsables et pourront être condamnés à une peine de six mois à deux ans de prison en cas de manquement.

L'opposition, qui a remporté Istanbul et Ankara, les deux principales villes du pays, ainsi que des centaines d'autres municipalités lors des élections locales du 31 mars dernier, a promis de ne pas appliquer la loi.

"Vous voulez prendre votre revanche du 31 mars. Promulguez autant de lois de massacre que vous voulez, aucune de nos municipalités ne sera votre complice", a affirmé la députée CHP Gökçe Gökçen.

- Manifestations -

Dans une lettre adressée la semaine dernière au président turc Recep Tayyip Erodgan, l'ancienne actrice et star française Brigitte Bardot avait appelé au retrait du projet de loi.

Lors des débats, des députés opposés au texte, qui préconisent une vaste campagne de stérilisation pour les chiens à la place de l'euthanasie, ont protesté dans l'hémicycle en enfilant des gants blancs tachés de faux sang.

De nombreuses manifestations contre le projet de loi ont été organisées depuis des semaines dans plusieurs villes.

À la différence de nombreux pays, les chiens et chats errants font partie intégrante du quotidien de millions de Turcs, prompts à leur offrir nourriture et affection.

Les débats actuels ravivent chez certains le souvenir de la tragédie de Hayirsizada (l'île maudite, en turc): en 1910, les autorités ottomanes, désireuses de moderniser Istanbul, déportèrent des dizaines de milliers de chiens errants sur une île déserte en mer de Marmara, où ils s'entredévorèrent et moururent de faim et de soif. (AFP, 30 juillet 2024)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Turkey invited to EU’s ‘Gymnich’ meeting after five-year hiatus

Turkey has received an invitation to the European Union’s informal foreign ministers meeting, also known as the Gymnich meeting, a spokesperson for the Foreign Ministry has confirmed.

Öncü Keçeli welcomed the decision and described it  as a sign of the EU's "desire for dialogue,” as quoted by the state-run Anadolu Agency (AA).

Keçeli emphasized that this positive approach should extend beyond the Gymnich meetings, saying that key issues include revitalizing Turkey’s EU accession process, updating the Customs Union, and visa liberalization.

Foreign Minister Hakan Fidan is expected to attend the meetings in Brussels on Aug 29, marking Türkiye's participation after a five-year hiatus.
(BIA, 22 August 2024)

La Turquie interdit toute nouvelle inscription dans les écoles françaises sur son sol

La Turquie a interdit avec effet immédiat toute nouvelle inscription dans les classes de maternelle et de première année de primaire des écoles françaises, une reprise en mains redoutée après un long dialogue de sourds et peu avant la rentrée scolaire du 3 septembre.

Au coeur du différend, une exigence continue de "réciprocité" de la part d'Ankara, qui demande à pouvoir ouvrir en France des écoles turques reconnues par l'Etat français.

Aux termes d'un accord intérimaire intervenu après "de longues négociations", a annoncé dans un communiqué le ministère turc de l'Education, "aucun nouvel étudiant turc ne sera inscrit dans les écoles mentionnées jusqu'à ce qu'un accord international prévoyant un statut juridique soit conclu".

"Par conséquent, aucun nouvel élève turc ne sera inscrit dans les classes de maternelle et de première année des écoles primaires Charles De Gaulle (à Ankara, ndlr) et Pierre Loti" à Istanbul, écrit-il.

Le ministère précise que la mesure prend effet avec caractère rétroactif "à partir du 1er janvier 2024, pour couvrir l'année scolaire 2024-2025 et au-delà. De même, aucun nouvel élève ne sera admis dans les classes intermédiaires".

Dans un communiqué posté sur son site internet, l'ambassade de France à Ankara explique que "les autorités turques demandent un certain nombre d'aménagements" et assure que "les négociations reprendront à la rentrée afin de trouver un accord durable" de coopération en matière éducative.

- Cours de turc -

Alors que les négociations entre le ministère turc de l'Education et la représentation française étaient en cours "depuis janvier", la crise a éclaté au grand jour mi-juillet.

Le ministre, Yusuf Tekin, avait à ce moment-là dénoncé "l'arrogance" de la France qui "ne daigne pas nous prendre comme interlocuteur".

"Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un Etat souverain. Vous devez donc agir selon nos conditions si vous voulez enseigner ici", avait-il mis en garde.

"Qu'on donne un statut légitime à ces écoles (françaises, ndlr). En contrepartie, nous aurons certaines demandes pour les citoyens turcs en France", avait d'ailleurs insisté le ministre.

Il insistait en particulier sur "les cours de langue et de civilisation turques" pour les élèves de la diaspora en France, affirmant que Paris "bloquait" sur ce point.

Il semble cette fois en voie d'obtenir gain de cause.

Son ministère affirme qu'un "accord global de coopération éducative, incluant l'enseignement du turc pour les étudiants turcs résidant en France" est en cours de négociations et appelle à "poursuivre les négociations pour le finaliser dans les plus brefs délais".

- Sous tutelle -

En attendant, les écoles françaises de Turquie se retrouvent de facto sous tutelle.

"La liste des élèves turcs scolarisés et les informations sur les écoles labellisées par l'Agence française pour l'enseignement à l'étranger (Aefe) seront remises à notre ministère avant la rentrée prochaine", prévient ce dernier.

Et jusqu'à ce que ces écoles obtiennent "un statut légal, les cours de langue turque, culture turque, littérature turque, histoire et géographie turques" ne pourront être dispensés que par "des enseignants citoyens de la République de Turquie nommés par notre ministère", précise-t-il encore.

Les élèves déjà scolarisés dans les écoles et les lycées français pourront y poursuivre leur scolarité mais, à terme, l'interdiction d'admettre des citoyens turcs dans ces établissements réduirait drastiquement leur nombre d'élèves et les mettrait en péril.

Un courrier d'information a commencé d'être adressé aux parents d'élèves concernés, avec les changements de programme réclamés par le gouvernement turc pour les élèves turcs et binationaux.

Le président Recep Tayyip Erdogan a présenté début juin un nouveau programme scolaire vantant la famille et l'ordre moral, malgré la contestation des syndicats d'enseignants qui lui reprochent d'islamiser l'éducation au détriment des langues étrangères et des cours de science.

Cette décision intervient dans un contexte de raidissement des autorités turques qui bloquent depuis le 2 août l'accès à la plateforme Instagram et, depuis mercredi, au très populaire jeu en ligne Roblox. (AFP, 10 août 2024)

Erdoğan says Turkey could use military force against Israel just as in Karabakh and Libya

President Recep Tayyip Erdoğan has suggested that Turkey might consider using military force against Israel if necessary, drawing comparisons to Turkey’s military interventions in Libya and Nagorno-Karabakh.

Speaking in his hometown of Rize, Erdoğan emphasized Turkey’s need to demonstrate strength in response to Israel's military actions in Gaza. 

"If we are strong, Israel cannot [do these to] Palestine. Just as we entered Karabakh, just as we entered Libya, we can do the same to them. There would be no reason for not doing that," he remarked. The state-run Anadolu Agency (AA) omitted this part of the president’s speech in the version it disseminated to its subscribers.

Erdoğan's remarks came as he highlighted the importance of Turkey’s strength to counteract Israel's military aggressions. “Who can guarantee that those who are razing Gaza today will not set their sights on Anatolia tomorrow?” he questioned.

Turkey played a direct role in the Second Karabakh War between Armenia and Azerbaijan, as well as the civil war in Libya in 2020. It provided military advisory support and armed drones to Azerbaijan and the UN-recognized Government of National Accord (GNA) in Libya. This support was pivotal in Azerbaijan’s decisive win against Armenia and in helping the GNA balance the scales against Khalifa Haftar forces. 

However, unlike the conflicts in Libya and Karabakh, there is no official authority inviting Turkey into the Israel-Palestine conflict. Additionally, Israel's advanced air defense systems present a more significant challenge for Turkey’s drones compared to those in Libya, Armenia, or the Kurdish militant groups in Syria and Iraq. The effectiveness of these drones, which had been notable in the early stages of the Ukraine war as well, was diminished once Russia deployed more advanced air defense systems.

Criticism of Netanyahu’s US Congress speech

Erdoğan also criticized Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu's speech to the US Congress, likening Netanyahu to Hitler, as he has done many times over the years. 

"This is exactly the Crusader mentality that is being revived. On one side, there are those in the House of Representatives applauding someone who is a Hitler imitator. But outside the House, thousands are condemning them. Seeing people applaud the murderer of 40,000 innocents makes us worried not just for humanity but for our future as well," Erdoğan stated. 

‘Mahmoud Abbas should apologize to us’
Erdoğan also addressed criticisms from opposition political parties, which called for the government to invite Palestinian President Mahmoud Abbas to Turkey to speak in the parliament. 

The president said that Abbas had been invited but did not come. "He should apologize to us for not coming. We are waiting to see if he will come. Regardless, we continue to voice the concerns of the Palestinian people and our Palestinian brothers in every meeting and gathering.” (BIA, July 28, 2024)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Le maire de New York assure vouloir coopérer à l'enquête pour corruption liée à la Turquie

Le maire de New York Eric Adams a assuré vendredi qu'il allait transmettre les documents nécessaires pour mettre fin à l'enquête pour corruption le visant lui et son équipe de campagne et lancée il y a plusieurs mois.

Le New York Times a rapporté jeudi que l'édile démocrate avait été cité à comparaître par la justice fédérale dans le cadre de cette enquête pour des faits présumés de corruption liée à la Turquie.

"Je suis un ancien membre des forces de l'ordre, je crois qu'il faut suivre les règles et j'ai répété maintes fois, et mon équipe le sait, que nous allons transmettre toutes les informations nécessaires pour une conclusion rapide de cette affaire", s'est défendu vendredi matin cet ancien capitaine de police afro-américain sur une émission de radio locale.

Ces assignations devant un grand jury fédéral -- des citoyens qui participent avec un procureur à la phase d'instruction -- s'inscrivent dans le cadre d'une enquête pour corruption présumée démarrée il y a neuf mois. Celle-ci vise le maire, son équipe de campagne, et la municipalité au sujet du financement de la campagne électorale d'Eric Adams de 2021, avec des implications possibles de la Turquie.

L'enquête porte sur des accusations de dons illégaux à la campagne du démocrate par des sociétés du BTP liées à Ankara. Des soupçons se portent notamment sur l'autorisation obtenue par la Turquie de faire construire en face du siège de l'ONU à Manhattan un immense gratte-ciel abritant la mission du pays auprès des Nations unies et son consulat général.

En novembre, la police fédérale (FBI) sur instruction du parquet fédéral de Manhattan avait saisi des portables et des appareils électroniques appartenant au maire et avait perquisitionné le domicile de la directrice du financement de la campagne du candidat.

Ni le FBI, ni le parquet n'ont répondu aux sollicitations de l'AFP.

Ancien capitaine de police afro-américain, ex-syndicaliste policier antiraciste, élu de l'aile droite du Parti démocrate, M. Adams est devenu maire en novembre 2021 pour quatre ans mais fait face plusieurs scandales, y compris une accusation d'agression sexuelle par une ancienne collègue policière.

L'élu nie toute faute.

D'après le New York Times, ses avocats ont mené leur propre enquête et ont affirmé n'avoir pas trouvé de preuves d'activités illégales. Ils ont transmis leurs conclusions à la justice fédérale avec laquelle ils continuent de coopérer. (AFP, 16 août 2024)

Echange historique de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux

La Russie et les Occidentaux ont échangé jeudi en Turquie 26 de leurs ressortissants, dont le journaliste américain Evan Gershkovich, dans le plus grand accord de libération de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide.

Outre le reporter du Wall Street Journal détenu depuis mars 2023, figure également l'ex-Marine américain Paul Whelan, emprisonné pour espionnage en Russie depuis fin 2018.

Les services de renseignement turcs ont "mené à Ankara l'opération d'échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps", s'est vantée la présidence turque, précisant qu'elle concernait "26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (Etats-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Bélarus)".

Les Russes, dont l'agent présumé du FSB Vadim Krassikov qui était en prison en Allemagne pour l'assassinat d'un séparatiste tchétchène, ont été accueillis jeudi soir à Moscou à la sortie de l'avion par le président Vladimir Poutine.

Ses services de sécurité (FSB) ont confirmé le retour de "huit citoyens russes" et "deux enfants mineurs".

Selon le Kremlin, M. Poutine a en échange gracié 13 personnes condamnées en Russie et libérées dans le cadre de l'accord.

 - "Concessions" allemandes -

 A la Maison Blanche, entouré des familles des Américains libérés, le président Joe Biden a ainsi salué les "décisions courageuses et audacieuses" d'alliés européens pour rendre possible cet échange "historique", louant les "concessions importantes" faites par l'Allemagne et la coordination de la Turquie.

De fait, en accueillant jeudi soir à Cologne d'anciens prisonniers libérés de Russie et du Bélarus, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu'ils avaient "craint pour leur vie".

Parmi eux, Rico Krieger, un Allemand condamné au Bélarus pour "terrorisme" et "mercenariat", et l'opposant russe Ilia Iachine, condamné fin 2022 en Russie à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé des crimes imputés à Moscou en Ukraine.

Pour le chancelier Scholz, cette décision de relâcher l'agent présumé du FSB Krassikov a été "difficile" mais elle a "sauvé des vies".

Ce vaste échange a relevé de la "prouesse diplomatique", s'est félicité Joe Biden.

"Depuis la Guerre froide, il n'y a jamais eu un nombre aussi important de personnes échangées de cette manière", a renchéri son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan et "il n'y a jamais eu, à notre connaissance, d'échange impliquant autant de pays".

 - Négociations pour Navalny -

 La Maison Blanche a également révélé avoir oeuvré pendant des mois à la libération de l'ex-ennemi numéro 1 du Kremlin, Alexeï Navalny, avant qu'il ne meure en février dans une prison de l'Arctique, dans des circonstances troubles.

"Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, 13 en Allemagne et trois aux Etats-Unis", a précisé Ankara, qui les avait répartis dans sept avions.

Ces "deux mineurs" seraient les enfants d'un couple d'espions russes, Artem Viktorovich Dultsev et Anna Valerevna Dultseva, arrêtés fin 2022 en Slovénie, et qui avaient été placés en famille d'accueil, selon les médias slovènes.

Il s'agit du premier échange entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner, détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants, contre celle du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux Etats-Unis.

Pour Dmitri Oreschkine, un analyste politique indépendant basé à Riga, "aucun des deux camps n'a gagné". "C'est un match nul (...). Poutine n'aurait jamais autorisé un accord pouvant être interprété comme un succès pour l'Amérique, l'Allemagne ou l'Occident en général", a-t-il dit à l'AFP.

Les Etats-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération d'Evan Gershkovich, condamné le 19 juillet en Russie à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour "espionnage", une accusation jamais étayée.

Outre la famille de M. Gershkovich, Joe Biden a reçu celles de M. Whelan, de l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza et d'Alsu Kurmasheva, journaliste russo-américaine qui était également détenue en Russie.

 - Coup monté -

 Le Wall Street Journal (WSJ), sa famille et le gouvernement américain n'ont eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces contre Evan Gershkovich, 32 ans, ancien collaborateur de l'AFP, qui avait été arrêté alors qu'il était en reportage à Ekaterinbourg (Oural).

Ses parents et sa soeur, des Américains d'origine russe, ont exprimé leur "soulagement" et leur "joie".

Le WSJ et l'organisation Reporters sans frontières se sont déclarés aussi "immensément soulagés".

Deux collaboratrices d'Alexeï Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, figurent également parmi les personnes libérées.

Tout comme l'artiste Alexandra Skotchilenko, arrêtée en 2022 en Russie pour avoir remplacé des étiquettes de prix de supermarchés par des messages dénonçant l'offensive contre l'Ukraine, ou encore le jeune Russo-Allemand Kevin Lik.

Vladislav Kliouchine, condamné aux Etats-Unis pour fraude, est également libre. (AFP, 2 août 2024)

Relations régionales / Regional Relations

Mahmoud Abbas veut se "rendre à Gaza" après 17 ans d'absence

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé jeudi à Ankara son intention de se rendre dans le territoire en guerre de Gaza, dominé par le mouvement rival du Hamas et verrouillé depuis le 7 octobre.

"J'ai décidé de me rendre à Gaza avec d'autres dirigeants frères palestiniens", a déclaré le président du Fatah devant les députés turcs qui l'ont acclamé debout.

"J'irai. Même si cela doit me coûter la vie. Notre vie ne vaut pas plus que celle d'un enfant. La victoire ou le martyre", a-t-il martelé, après dix-sept ans d'absence et alors que nul n'a pu pénétrer dans le territoire palestinien isolé depuis le début de la guerre, hormis quelques travailleurs humanitaires.

"Gaza nous appartient et nous n'accepterons aucune proposition visant à la diviser", a prévenu M. Abbas, qui a ajouté vouloir se rendre ensuite "à Jérusalem, notre capitale éternelle".

Le territoire palestinien de Gaza, soumis à d'intenses bombardements israéliens en représailles aux massacres du Hamas le 7 octobre en Israël, est depuis 2006 sous le contrôle du mouvement islamiste, rival du Fatah de M. Abbas.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi un nouveau bilan de plus de 40.000 morts dans le territoire de Gaza après dix mois de conflit.

Mahmoud Abbas, qui réside à Ramallah, en Cisjordanie, est arrivé à Ankara mercredi à l'invitation des autorités turques.

- immense désastre" -

Il a été convié à s'adresser au parlement à Ankara qui entendait ainsi répondre à l'invitation faite par le Congrès américain au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Je viens devant vous porteur d'un message de la part de mon peuple qui subit un immense désastre" a entamé M. Abbas devant les députés turcs et un portrait du chef politique du Hamas assassiné à Téhéran, Ismaïl Haniyeh, déposé couvert de roses au premier rang.

La visite de M. Abbas intervient dans un contexte de très fortes tensions, alors que sont ouvertes jeudi à Doha des discussions en vue d'une trêve à Gaza entre Israël et le Hamas.

Le président de l'Autorité palestinienne a remercié le chef de l'Etat turc pour le "soutien apporté au peuple palestinien".

Le président Recop Tayyip Erdogan, qui dénonce avec virulence un "génocide" en cours à Gaza et le soutien des pays occidentaux à Israël, l'a reçu mercredi soir dès son arrivée à Ankara, en provenance de Moscou, pour discuter d'un cessez-le-feu à Gaza, selon la présidence turque.

Durant cette réunion, il a une nouvelle fois critiqué le silence des pays occidentaux face à des morts toujours plus nombreux à Gaza, une situation "inacceptable", selon la présidence turque.

La guerre se déroule entre Israël et le Hamas à Gaza d'où il a été chassé en 2007. Mais elle suscite des remous dans les rangs du Fatah, le parti palestinien historique, plus que jamais incapable de peser sur le cours des évènements.

Au début de la guerre, l'International Crisis Group (ICG) avait estimé qu'il y avait peu d'espoir que l'Autorité palestinienne, déjà profondément impopulaire, puisse retourner à Gaza à la suite d'une invasion israélienne et ne soit pas "traitée comme un ennemi".

Le parti du président Mahmoud Abbas, au pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne depuis sa création en 1994, donne l'impression d'assister en spectateur au conflit, au grand dam de la population palestinienne au sein de laquelle sa popularité semble au plus bas. (AFP, 15 août 2024)

Ethiopie-Somalie: "progrès notable" lors des pourparlers selon Ankara

L'Ethiopie et la Somalie ont accompli un "progrès notable" lors du deuxième tour des pourparlers indirects menés par l'entremise de la Turquie à Ankara, a annoncé mardi le ministre turc des Affaires étrangères.

"Il existe des convergences importantes sur certains principes majeurs et modalités spécifiques. Cela constitue un progrès notable", a affirmé le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan lors d'une conférence de presse conjointe avec ses homologues à Ankara.

"Nous espérons avoir un engagement continu qui nous aidera finalement à résoudre les différends actuels et à rétablir des relations normales", a déclaré de son côté le ministre éthiopien des Affaires étrangères Taye Atske Sélassié.

Le chef de la diplomatie éthiopienne a rappelé que son pays cherche à "obtenir un accès fiable à la mer" de manière pacifique.

"Des progrès ont été réalisés (...) Le gouvernement fédéral somalien reste déterminé à parvenir à un résultat pacifique et mutuellement bénéfique, conformément au droit international", a également constaté le ministre somalien Ahmed Muallim Fiqi.

Le troisième tour des pourparlers est prévu le 17 septembre à Ankara.

Lors des discussions à l'invitation du ministre Hakan Fidan, ce dernier a fait la navette entre ses deux homologues, sans que ceux-ci ne se parlent en direct.

La Turquie intervient dans ce dossier qui met de nouveau aux prises deux voisins aux relations tendues, afin de permettre l'accès de l'Ethiopie aux eaux internationales via la Somalie, sans attenter à la souveraineté territoriale de celle-ci.

Samedi, le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et, dimanche, avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, selon la présidence turque.

Un premier round de pourparlers a eu lieu le 1er juillet dans la capitale turque.

Mais ce deuxième tour a été avancé après un voyage éclair d'Hakan Fidan le 3 août à Addis Abeba pour y rencontrer son homologue et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

L'Éthiopie est le pays le plus peuplé du monde sans accès à la mer depuis la sécession de l'Érythrée en 1991, rappelle Ankara.

Addis a conclu en janvier un protocole d'accord avec le Somaliland pour l'accès à la mer, avec engagement à reconnaître l'indépendance de ce territoire qui s'est unilatéralement séparé de la Somalie.

Cet accord a ouvert une nouvelle crise entre ces deux voisins d'Afrique de l'Est qui se sont durement affrontés par deux fois au siècle dernier.

"En tant que Turquie, notre objectif est d'aborder et de résoudre les préoccupations existantes pour le bénéfice non seulement de la Somalie et de l'Éthiopie, mais aussi de l'ensemble de la région", a affirmé le chef de la diplomatie turque. (AFP, 13 août 2024)


"Génocide" à Gaza : la Turquie se joint à la requête sud-africaine devant la CIJ

La Turquie s'est jointe mercredi à la procédure intentée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour violation présumée de la Convention sur le génocide de 1948, dans un contexte de tensions redoublées.

Une délégation de parlementaires turcs accompagnés de l'ambassadeur de Turquie aux Pays-Bas s'est rendue à cette fin à La Haye (Pays-Bas), où siège la CIJ, selon la télévision publique turque TRT qui l'a suivie en direct.

"Notre décision d'intervenir reflète l'importance que notre pays attache à la solution de la question palestinienne dans le cadre du droit et de la justice", a fait valoir le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.

"Israël, encouragé par l'impunité de ses crimes, tue chaque jour de plus en plus de Palestiniens innocents", a-t-il dénoncé sur X.

"La communauté internationale doit faire sa part pour mettre fin au génocide. Elle doit exercer la pression nécessaire sur Israël et ses partisans. La Turquie fera tous ses efforts sur cette voie", a-t-il ajouté.

Cette "déclaration d'intervention" se fonde sur l'article 63 du Statut de la CIJ, avait rappelé sur X le porte-parole de son ministère, Öncü Keçeli, en soulignant qu"aucun pays au monde n'est au-dessus du droit international".

"L'affaire portée devant la CIJ est extrêmement importante pour garantir que les crimes commis par Israël ne resteront pas impunis", a-t-il insisté.

L'Afrique du Sud a initié sa procédure fin 2023 devant la CIJ, la plus haute juridiction des Nations unies, en alléguant que l'offensive israélienne à Gaza viole la Convention de l'ONU sur le génocide de 1948, une accusation fermement démentie par Israël.

Les opérations israéliennes dans le territoire palestinien ont fait près de 40.000 morts en 10 mois, selon le décompte du Hamas. Elles interviennent en représailles au massacre en Israël de 1.198 personnes commis par des commandos du mouvement islamiste le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP.

L'Afrique du Sud a été rejointe depuis par la Colombie, la Libye, l'Espagne, le Mexique, et par les Palestiniens, qui disposent du statut d'observateur à la CIJ.

La déclaration de la Turquie est présentée dans un contexte de tensions redoublées après la mort à Téhéran du responsable politique du Hamas, Ismail Haniyeh, attribuée à Israël.

Hakan Fidan avait dénoncé lundi les soutiens "inconditionnels" dont bénéficie Israël qui "sape les fondements du droit international".

Dans un arrêt rendu le 26 janvier, la CIJ avait ordonné à Israël de faire tout son possible pour prévenir les actes de génocide lors de ses opérations militaires à Gaza.

En juin, elle a également ordonné à Israël de garantir un "accès sans entrave" aux enquêteurs mandatés par l'ONU pour examiner les allégations de génocide.

Entretemps, Pretoria a aussi demandé à la CIJ d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, estimant que "le génocide (avait) atteint un niveau horrible".
 Par ailleurs, la CIJ a jugé le mois dernier que l'occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967 était "illégale" et qu'elle devait cesser "le plus rapidement possible".

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes, mais la cour ne dispose pas de moyens concrets pour les faire appliquer. (AFP, 7 août 2024)

Mort du chef du Hamas: des milliers de manifestants à Istanbul

Des milliers de personnes ont défilé mercredi à Istanbul après la prière du soir pour dénoncer la mort du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l'Iran.

Une foule compacte s'est massée à l'extérieur de l'imposante mosquée du quartier conservateur de Fatih, agitant des drapeaux turcs et palestiniens et scandant des messages hostiles à Israël, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Israël assassin, va-t'en de la Palestine !", ont lancé des manifestants, qui ont défilé sur près de deux kilomètres à l'appel de la grande ONG islamique turque IHH.

Des participants à la marche ont brûlé un drapeau israélien, selon un vidéaste de l'AFP.

"Israël, les Etats-Unis et l'Otan seront vaincus !", indiquait en turc et en anglais un message en lettres blanches inscrit sur deux grandes banderoles noires.

"Je suis ici parce qu'Israël a tué en martyr le représentant du peuple palestinien. Les grandes puissances ont un rôle important à jouer. Si elles n'empêchent pas ces massacres (...) alors l'histoire nous accusera d'en avoir été les spectateurs", a expliqué à l'AFP Mehmet, 44 ans, l'un des manifestants.

Des prières funéraires en hommage au chef du Hamas ont été lues dans de nombreuses mosquées de Turquie mercredi, selon les médias locaux.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l'Otan, a condamné dans un message écrit l'"assassinat perfide" de son "frère" Ismaïl Haniyeh, oeuvre selon lui de "la barbarie sioniste".

Le chef du Hamas, qui résidait fréquemment en Turquie avant le 7 octobre, avait été reçu en avril à Istanbul par M. Erdogan, fervent soutien du Hamas qu'il qualifie de "mouvement de libération".  (AFP, 31 juillet 2024)

Erdogan condamne l'"assassinat perfide" de son "frère" Ismaïl Haniyeh

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné mercredi l'"assassinat perfide" à Téhéran de son "frère", le chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh.

"Que Dieu ait pitié de mon frère Ismaïl Haniyeh, tombé en martyr à la suite de cette odieuse attaque", a écrit M. Erdogan sur le réseau social X, dénonçant "la barbarie sioniste".

"Cet acte ignoble vise à saboter la cause palestinienne, la glorieuse résistance de Gaza et la juste lutte de nos frères palestiniens et à démoraliser et intimider les Palestiniens", ajoute le chef de l'Etat turc.

Le ministère turc des Affaires étrangères avait condamné plus tôt "l'ignoble assassinat" de M. Haniyeh.

Le chef du Hamas, qui résidait fréquemment en Turquie avant le 7 octobre, avait été reçu en avril à Istanbul par le président Erdogan, qui qualifie le Hamas de "mouvement de libération".

La Turquie a offert depuis 2011 une base arrière aux responsables du Hamas, suite à l'accord qui a présidé à la libération de plus d'un millier de prisonniers palestiniens en échange du soldat israélien Gilad Shalit. (AFP, 31 juillet 2024)


Le président palestinien en visite en Turquie mi-août

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas effectuera une visite en Turquie les 14 et 15 août, a annoncé mercredi la présidence turque, quelques heures après la mort en Iran du chef du Hamas palestinien.

M. Abbas rencontrera en Turquie le président Recep Tayyip Erdogan, avant de s'exprimer le lendemain devant le Parlement à Ankara, a indiqué sur le réseau social X le porte-parole de la présidence turque, Fahrettin Altun.

Selon la presse turque, le président Erdogan avait invité Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh en Turquie en réponse à l'invitation la semaine passée du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au Congrès américain, vivement dénoncée par Ankara.

M. Abbas, homme fort du Fatah, mouvement rival du Hamas, s'était rendu en Turquie début mars à l'invitation du président Erdogan.

Le chef de l'Etat turc a condamné mercredi l'"assassinat perfide" à Téhéran de son "frère" Ismaïl Haniyeh, tué dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l'Iran.

M. Haniyeh, qui résidait fréquemment en Turquie avant l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, avait été reçu en avril par le président Erdogan, fervent soutien du Hamas qu'il qualifie de "mouvement de libération". (AFP, 31 juillet 2024)


War of words as Erdogan says Turkey could intervene in Israel’s war on Gaza

A war of words has broken out between Israel and Turkey after President Recep Tayyip Erdogan threatened his country could intervene militarily in Israel’s war on Gaza.

Turkish and Israeli officials unleashed barbs at one another on Sunday and Monday after Erdogan said in a speech on Sunday that “there is no reason” that Turkey could not act, noting military interventions made in the past in other countries.

While crude rhetoric between the two countries has been regular amid the war in Gaza, the threats and insults come as fears of a wider escalation rise once again.

Shortly after Erdogan’s speech, Israeli Foreign Minister Israel Katz said in a post on X that the Turkish president was “following in the footsteps” of former Iraqi dictator Saddam Hussein by threatening to attack Israel.

“Just let him remember what happened there and how it ended,” he wrote in reference to the Iraqi president’s infamous 2003 capture by United States forces while hiding in a hole in the ground near a farmhouse in Tikrit. Hussein was later executed.

In retaliation, Turkey – not for the first time – compared Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu to Adolf Hitler.

“Just as genocidal Hitler ended, so will genocidal Netanyahu,” said the Turkish Ministry of Foreign Affairs.

“Just as the genocidal Nazis were held accountable, so will those who try to destroy the Palestinians,” the post continued. “Humanity will stand by the Palestinians. You will not be able to destroy the Palestinians.”

‘Humanity’s conscience’

Erdogan, who has consistently issued strong rhetoric during Israel’s 10-month war in Gaza, made the suggestion that Turkey could intervene militarily in a speech to his ruling Justice and Development (AK) Party on Sunday.

“We need to be very strong so that Israel cannot do these ridiculous things to Palestine. Just as we entered Karabakh, just as we entered Libya, we can do something similar to them,” he said.

Turkey, which backs the Tripoli-based government of Libyan Prime Minister Abdul Hamid Dbeibah, in 2020 sent soldiers to the fractured North African country to support its United Nations-backed administration.

In the breakaway region of Nagorno-Karabakh, over which Ankara ally Azerbaijan has fought for decades against Armenia, Turkey has denied engaging in any direct military operations.

But it has pledged support for Azerbaijan with “all means”, which has included military training and modernisation, along with the provision of advanced combat drones and other military equipment.

In a post on X on Monday, Turkish Foreign Minister Hakan Fidan boasted that Erdogan “has become the voice of humanity’s conscience”.

“International Zionist circles, especially Israel, who want to suppress this righteous voice, are in great alarm,” he wrote. “History ended the same way for all genociders and their supporters.”

Turkey restricted some exports to Israel in April – six months into the war on Gaza – and said it halted trade with Israel altogether in early May.

Israel said it would scrap the country’s free trade agreement with Turkey in retaliation, with Israeli Finance Minister Bezalel Smotrich signalling the move is reversible when Erdogan is replaced by a leader who is “sane and not a hater of Israel”.
(aljazeerq, July 29, 2024)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Au cinquantenaire de l’occupation de Chypre voix dissidentes…

Ragip Duran, TVXS.GR, 28 juillet 2024

Cérémonies officielles, fanfares, feux d’artifices, manifestations, discours d’agitation et de propagande tout au long de la semaine passée… Une partie de la Turquie a “célébré la victoire historique’’ selon le quotidien kémaliste Cumhuriyet, l’occupation de Chypre par l’armée turque le 15 juillet 1974.

En effet, le président de la principale formation de l’opposition M. Ozgur Ozel et le président de la République M. Tayyip Erdogan ont participé ensemble à Nicosie dans la partie sous occupation turque aux “fêtes’’ pour célébrer le cinquantième anniversaire de “L’Opération de Paix’’, nom de code officiel de l’occupation turque. (environ 4 milles morts, plusieurs centaines blessés, un millier de disparus et 210 milles chypriotes-grecs déplacés)

Cette opération militaire est qualifiée par le Nouveau Parti de Chypre (YKP, fondé en 1989, socialiste, lutte pour la réunification pacifique de l’île) comme “l’occupation et l’invasion’’. 50 ans après, ce parti déclare : “ Nous regardons vers l’humanité et l’amour et non vers la guerre et le nationalisme’’.

La très grande partie de l’opinion publique turque croit qu’Ankara avait et a toujours raison d’occuper environ 40 pc. de Chypre. “La République Turque de Chypre du Nord (RTCN)’’ créée en 1983, n’est reconnue diplomatiquement que par Ankara. Même l’Azerbaïdjan et le Qatar, deux rares alliés d’Erdogan sur la scène internationale ont toujours des relations diplomatiques avec la République de Chypre, membre de l'Union européenne depuis 2004. 

“Complexe impérial nostalgique’’ oblige une partie des Turcs à croire que Chypre – et d’ailleurs les Balkans, les Caucases et le Moyen-Orient fait partie encore et toujours du Grand Univers Turc, c’est pourquoi Chypre s’appelle “la Patrie Bébé’’ dans la terminologie officielle.

Mais il y a eu et il y a encore des voix dissidentes en Chypre et en Turquie contre l’invasion de 1974. Déjà à l’époque, le mouvement maoïste turc avait organisé des manifestations contre l’opération militaire. “Fin à l’occupation, liberté pour Chypre’’ était leur mot d’ordre.

Mehmet Ali Talat, gauche, Président (2005-2010) du RTCN avait déclaré “70 pc. du problème chypriote est un problème de propriété’’.

RTCN est considérée par l’opposition de la gauche indépendante turque comme “un nid de la contre-guérilla’’, officiellement “Le Département de la Guerre Spéciale’’ de l’Etat Major de l’armée, connu également sous le nom de “L’Etat Profond’’. Dépourvu de tout contrôle juridique et policier des mécanismes internationaux, les maffias turcs, russes ou autres opèrent librement dans la partie nord de l’île. De même, des responsables militaires turcs de haut rang comme le Général Sabri Yirmibesoglu, Esat Oktay Yıldıran, Raci Tetik et autres, tous accusés de torture avaient accompli leurs stages en Chypre, rappelle l’écrivain Akin Olgun.

La RTCN n’a autre source de revenu que les casinos et les universités privées. Les salaires des fonctionnaires de la RTCN sont payés par Ankara.

Le Prof. Mehmet Altan, économiste et chroniqueur du site d’information indépendante Arti Gercek, revient sur le problème chypriote dans son dernier article intitulé “L’île pirate’’. ’’La principale valeur de la RTCN n’est pas l’humanité, mais celle du Département de la Guerre Spéciale. 7 kg. d’héroïne ont été trouvé dans les valises de trois voyageurs introduits à la salle des VIP par un député du parti au pouvoir (UBP de Denktas). Les assassins du journaliste Kutlu Adali n’ont toujours pas été traduits devant la justice. ’’ Il cite plusieurs autres assassinats et scandales politiques et financiers en rapport avec l’abus du pouvoir, la contre-bande de stupéfiants commis dans l’île depuis 1983.

Enfin, il critique violemment le chef de l’opposition turque M. Ozel, qui a récemment déclaré que son parti (le CHP), “devient un parti de la Turquie quand on est à l’étranger’’.  Altan constate finalement que “Les leaders du pouvoir et de l’opposition se sont pressés en RTCN et donnent en chœur un concert de nationalisme’’.



Immigration / Migration

8th Kurdistan Culture Week kicks off in Brussels

The 8th edition of the Kurdistan Culture Week is taking place in Brussels from 15 to 18 August. The festivities began on 15 August with a lively folklore march through the streets of Brussels, where hundreds of Kurds presented their traditional costumes and performed traditional Kurdish govend dances, accompanied by energetic Kurdish music.

Kurdish artists from different regions in Kurdistan took to the stage to perform their songs and received enthusiastic support from the people of Brussels, many of whom showed interest in Kurdish culture and even tried to join in the Kurdish dances that were being enjoyed all over the festival square.

The festival’s programme also included a screening of the movie “Berbû“, which was produced by Sevinaz Evdike in Rojava (North and East Syria) in 2022 and portrays the story of a young girl’s fate during the war in Ras al-Ayn (Serê Kaniyê).

Different elements of Kurdish culture were brought closer to the visitors at an information stand where, for example, Kurdish children’s cradles – “dergûş” in Kurdish – were exhibited and people had the opportunity to enjoy a cup of freshly made Kurdish çay tea and warm Kurdish dishes.

A performance by a children’s choir drew the attention of many, with the children showing their connection to their culture, proudly displayed their Kurdish origin. Music is an important part of Kurdish culture, standing for the active resistance of the Kurdish people against assimilation policies such as those in Turkey or Syria, where the Kurdish language and culture are strongly suppressed.

The festival will continue until 18 August, with many more performances by well-known Kurdish artists and a large audience in attendance.(MediaNews, 20 August 2024)

Un demi-siècle de lutte des enfants du Soleil…


Les Ateliers du Soleil, œuvre d’un exil créatif en Belgique, entrent dans leur cinquantième année avec une direction rajeunie et un programme plus étendu
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 6 août 2024)
 
La semaine dernière, après l’assassinat du leader du Hamas Haniyeh en Iran, où il était censé se trouver sous haute protection, l’attention du monde entier s’est focalisée sur la Turquie où le président Erdogan s’est répandu en menaces en affirmant : « Tout comme nous sommes entrés au Karabagh, tout comme nous sommes entrés en Lybie, nous ferons de même à Israël », juste avant la réalisation d’un échange d’otages par l’entremise du MİT (service de renseignements turc) entre la Russie et certains pays occidentaux, États-Unis en tête.
 
Alors que le président américain Biden et les dirigeants des autres pays partis prenants se répandaient en éloge et gratitude envers la Turquie, les médias turcs sous influence n’ont pas tardé à s’en faire l’écho en titrant « La victoire diplomatique d’Erdogan », « La Turquie est un centre de confiance », « La Turquie mérite d’être remerciée ».
 
Bien, mais aucune ligne dans ces médias sur le fait que cette Turquie, applaudie pour avoir permis l’échange dans sa capitale de 26 otages de sept pays différents, compte encore plus de 350 000 personnes souffrant dans ses cachots, et que de nouvelles prisons sont en construction pour maintenir un nombre toujours plus croissant de détenus et de condamnés derrière les barreaux…
 
Ils ne se soucient guère des souffrances carcérales des dirigeants, députés et intellectuels kurdes, des résistants de Gezi, des journalistes et écrivains opposants…
 
Et qu’en est-il des citoyens qui, à côté de ceux enfermés dans les cachots de la dictature AKP-MHP en raison de leurs opinions et choix politiques, ont dû s’exiler et y poursuivre leurs luttes et leurs réalisations pour éviter le même sort ?
 
Engin Erkiner, l’un de nos amis exilés politiques en Allemagne, a précisément abordé cette question dans son article intitulé « Notre exil créatif », qu’il a partagé l’autre jour sur les réseaux sociaux.
 
« L’exil créatif est considéré comme un concept nouveau. Bien qu’il y ait bien d’autres exemples dans l’histoire, la raison de la nouveauté de ce concept est que l’exil a longtemps été associé à la dépression, à la détresse et à l’absence de communication. C’est une composante de l’exil mais il y a aussi un autre aspect : les productions des exilés sur différents sujets… ».
 
Avant de donner quelques exemples : « Lorsque nous jetons un œil sur les personnes exilées de Turquie après 1971 et surtout après 1980, on rencontre de nombreux noms productifs. Alors que la productivité de Doğan Özgüden et d’İnci Tuğsavul a commencé après 1971, l’exil créatif pouvant être qualifié de masse s’est produit après 1980. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont Server Tanilli, Yusuf Ziya Bahadanlı, Fakir Baykurt, Doğan Akhanlı, Gökhan Harmandalıoğlu, Yılmaz Güney, Oya Baydar, Demir Özlü, Dursun Akçam, Nihat Behram, Ataol Behramoğlu et Abdülkadir Konuk. »
 
L’organisation de l’exil créatif en Belgique
 
Coïncidence intéressante, juste après avoir partagé cet article d’Engin Erkiner, membre du conseil d’administration de l’Assemblée des Exilés en Europe, nous nous réunissions avec nos amis des Ateliers du Soleil, l’une des réalisations les plus pérennes de nos travaux créatifs commencés en exil après le coup d’État de 1971, pour célébrer un élan important pour l’avenir.
 
İnci Tuğsavul, fondatrice des Ateliers du Soleil et sa directrice durant 37 ans, avait transmis cette responsabilité à Iuccia Saponara en 2011. Iuccia, qui a atteint l’âge de la retraite cette année et continue à en assurer la présidence du conseil d’administration, vient à son tour de confier la direction des Ateliers du Soleil à Elise Thiry, son adjointe depuis 1999.
 
Les Ateliers du Soleil, que nous avons fondés en 1974, sont le produit du Mouvement de la résistance démocratique que nous avons lancé avec d’autres amis exilés au lendemain du coup d’État de 1971. Dans ces années-là, trois autres pays européens, l’Espagne, le Portugal et la Grèce, étaient, tout comme la Turquie, sous des dictatures fascistes. À cette époque, nous étions constamment en unité d’action et en solidarité avec les résistances antifascistes de ces pays, et nous avons beaucoup appris d’eux sur la créativité dans l’exil.
 
Les trois premières années de notre exil, de 1971 à 1973, furent consacrées à l’organisation de la résistance démocratique dans divers pays, à commencer par la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède et la France, et la dénonciation du sale visage de la junte au pouvoir.
 
À cette époque, nous avions porté à la connaissance des organisations internationales, notamment du Conseil de l’Europe, et des médias, les violations des droits humains et les pratiques de torture et de cruauté en Turquie en publiant consécutivement trois livres en anglais. Ces trois documents ont récemment été réédités par Info-Türk sous la forme d’un livre à grand format de 828 pages intitulé Resistance Documents (Documents de résistance).
 
Après avoir régularisé notre situation, nous avons créé le 1er mai 1974, avec la participation d’amis ayant pris part à la résistance démocratique, le centre d’information et de documentation Info-Türk afin d’informer de manière systématique et en différentes langues l’opinion publique mondiale sur les réalités de la Turquie.
 
Afin de financer la publication des bulletins d’information d’Info-Türk et l’édition en Belgique de livres dont l’impression était toujours interdite en Turquie, nous avions créé un atelier de composition, de mise en page, de graphisme et d’impression qui serait également actif sur le marché pour son financement. J’écrivais les textes des bulletins et des livres sur une machine à composer à tête rotative IBM, puis je les retravaillais deux ou trois fois pour constituer toutes les lignes en bloc avant de les confier à İnci pour la mise en page et l’impression. Toute la charge technique de l’atelier, en ce compris l’impression et la reliure, reposait sur les épaules d’İnci.
 
Bien que la Police des Étrangers de Belgique ait refusé pendant trois ans de nous accorder un permis de séjour et de travail, parce que l’ambassade de Turquie nous dénonçait comme des « personnes dangereuses », nous avons continué ce travail avec obstination en notre qualité de réfugiés de l’ONU.
 
L’organisation en Europe du Parti ouvrier de Turquie, refondé en 1976 en Turquie, et la publicité de son action en différentes langues auprès de l’opinion publique mondiale, le soutien apporté aux dirigeants du parti après le coup d’État du 12 septembre dans leurs demandes d’asile en Europe, et la création d’une Union pour la Démocratie, ouverte à toutes les forces hostiles à la junte, au-delà des frontières partisanes, furent réalisées grâce à cette infrastructure.
 
La première manifestation de masse contre la junte d’Evren après le coup d’État de 1980 dans la capitale de l’Europe fut organisée par l’Union pour la Démocratie.
 
C’est aussi dans notre atelier que fut assuré la composition, la mise en page, le graphisme et l’impression des journaux en langue turque de la FGTB et de la CSC, les deux grands syndicats auxquels étaient affiliés les travailleurs migrants de Turquie en Belgique, ainsi que des journaux et communiqués des organisations immigrées progressistes en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Celui-ci sera aussi le noyau au départ duquel seront créés les Ateliers du Soleil avant de diversifier leurs activités.
 
En parallèle à ces travaux, nous avions également pris des responsabilités dans les activités sociales et culturelles de l’Organisation de solidarité des travailleurs de Turquie (TİDÖB) et du Centre culturel des travailleurs de Turquie (TİKM), fondés par des travailleurs de Turquie à Bruxelles dans les années 1970.
 
Notre lutte sociopolitique ne s’est pas limitée à la Turquie. Nous avons toujours pris une part active dans la campagne lancée conjointement par toutes les organisations immigrées progressistes pour que les travailleurs étrangers et leurs familles bénéficient de droits égaux et obtiennent le droit de vote et d’éligibilité sur le plan politique. Nous avons également pris des responsabilités au sein du Comité de Liaison des Organisations de Travailleurs immigrés (CLOTI) et du Centre bruxellois d’Action interculturelle (CBAI).
 
En 1983, le passage du groupe d’élèves constitué par İnci, portant différentes pancartes, dans le cadre d’une grande manifestation de protestation organisée par les organisations démocratiques et syndicales contre la préparation de certains projets anti-immigrés avait été un grand évènement.
 
Tandis que notre lutte antifasciste se poursuivait, nous organisâmes à partir de 1982, à l’initiative d’İnci, qui enseignait dans les écoles bruxelloises la langue et la culture turques aux enfants originaires de Turquie, des classes de remédiation pour favoriser la réussite scolaire des enfants immigrés ainsi que des cours de formation permanente pour permettre aux adultes d’apprendre la langue et de réussir leur vie professionnelle et leurs relations sociales.
 
Des ateliers créatifs furent également créés pour permettre aux jeunes, aux enfants, et même aux adultes, de s’exprimer dans différentes branches artistiques et de partager avec tous les richesses culturelles de leurs pays d’origine.
 
Au début, seuls les immigrés de Turquie et du Maroc venaient à ces ateliers, mais quelques années plus tard, grâce à leur approche internationaliste ouverte à toute l’humanité, sans distinction de langue, d’origine ou de croyance, près de 300 adultes et 100 jeunes et enfants de plus de 50 nationalités issues de trois continents vinrent y travailler chaque jour.


 
L’oeuvre des enfants du soleil : les Ateliers du Soleil
 
Il fallait donner un nom aux ateliers en tenant compte de la diversité croissante des participants et de la dimension internationaliste de la lutte. Durant mes études supérieures en économie, l’utopie de l’État du Soleil de Campanella, où tout le monde vivait en égalité, m’avait beaucoup marqué. Nous avons choisi le nom « Ateliers du Soleil » car la majorité de nos participants viennent des pays ensoleillés du sud.
 
Au début, nos activités culturelles à destination du grand public étaient principalement inspirées par la Turquie. En 1976, nous avons organisé avec les travailleurs de Turquie membres du syndicat FGTB une soirée d’hommage à Nazım Hikmet. En 1982, İnci, qui est également guitariste, lançait des cours de saz sur partition. En 1983, après l’organisation de spectacles de Karagöz dans quatre communes bruxelloises et une représentation sur Nasreddin Hodja à la salle du Botanique, nous nous sommes ouverts au multiculturalisme avec une exposition présentant les œuvres de caricaturistes issus de pays d’émigration au Centre de presse international.
 
L’un des tournants les plus importants de cette ouverture fut le spectacle de théâtre « Gidiyorum Gündüz Gece » (Je marche jour et nuit) présenté en 1985 par des jeunes de diverses nationalités, inspiré de la célèbre chanson d’Aşık Veysel et présentant les problèmes communs auxquels tous les immigrants sont confrontés dans leurs pays d’arrivée.
 
Les relations chaleureuses établies par nos amis kurdes, assyriens et arméniens, passés à l’avant-plan des flux d’émigrations politiques en Belgique à la suite de la montée des pressions fascistes en Turquie, avec les Ateliers du Soleil nous ont permis de réaliser des manifestations retentissantes, non seulement dans le domaine culturel, mais aussi sur le plan de la lutte antifasciste.
 
L’Institut kurde de Bruxelles, fondé dans les années 1970 sous la dénomination Tekoşer, avait pris une part active à la soirée de protestation que nous avions organisé contre la junte d’Evren en 1981, tant par leur message qu’à travers la participation de leur groupe folklorique. Plus tard, furent créés l’Institut assyrien de Belgique et l’Association des Arméniens démocrates de Belgique.
 
Les attaques contre les organisations et les commerces kurdes, assyriens et arméniens dans les années 1990, et les campagnes de lynchage lancées à notre encontre par l’ambassade de Turquie et les médias en langue turque à son service, ont encore davantage renforcé notre solidarité et notre unité de force et d’action.
 
Les manifestations de résistance communes que nous avons organisées à l’occasion des commémorations des génocides arménien, assyrien et kurde et des coups d’État du 12 mars et du 12 septembre, et contre les attaques incessantes du fascisme de Tayyip comptent parmi les pages les plus importantes des 50 ans des Ateliers du Soleil.
 
Toutes les informations relatives à la naissance, au développement et aux réalisations des Ateliers du Soleil sont accessibles à tous sur leur site internet http://www.ateliersdusoleil.be.
 
Nos âges avançant, nous avons confié la direction des Ateliers du Soleil à de jeunes amis de différentes nationalités avec lesquels nous avons travaillé des années durant et lutté ensemble contre toutes les difficultés, afin de concentrer notre énergie principalement sur les éditions Info-Türk et la valorisation de nos archives vieilles de 50 ans…
 
Avec une équipe composée de travailleurs de différentes nationalités, ils mènent avec succès les Ateliers multiculturels du Soleil vers l’avenir. Nous en sommes fiers. Nous tenons à remercier tous nos collègues, à commencer par Iuccia Saponara et Elise Thiry qui dirigent les ateliers.  
 
Notre profonde gratitude ne va pas seulement à eux, mais aussi à nos camarades de lutte et amis dirigeants de l’Institut assyrien de Belgique, de l’Association des Arméniens démocrates de Belgique, de l’Institut kurde de Bruxelles et de la Maison du Peuple de Bruxelles qui, lors de la réunion de présentation de la version française de mon livre « Journaliste apatride », nous ont décerné, à İnci et à moi, le titre de « Citoyens de l’Humanité ».
 
Lorsque nous sommes arrivés illégalement en Belgique en 1971, nous avions respectivement 35 et 31 ans… Aujourd’hui, nous avons 88 et 84 ans… Nous approchons de la fin d’un voyage long et mouvementé.
 
Notre souhait est que, même si ce ne sera pas de notre vivant, la période à venir soit celle de l’effondrement de la terreur des Tayyip-Bahçeli en Turquie, de la libération de tous les opprimés du monde entier, et du retour sur leurs terres de naissance et auprès de leurs proches de tous ceux qui ont été contraints à l’exil…
 
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN



Le texte complet de l'œuvre de Tugsavul sur l'éducation raciste destinée aux enfants turcs

İnci Tuğsavul, fondatrice des Ateliers du Soleil, donnait depuis 1978 jusqu'en 1986, des cours de langue et de culture aux enfants des familles immigrées originaires de Turquie dans les écoles primaires de la commune de Bruxelles.

 

Le 11 novembre 1982, l'ambassadeur turc à Bruxelles a adressé une lettre au bourgmestre de Bruxelles, Hervé Brouhon, pour lui demander de mettre immédiatement fin aux fonctions d’enseignante d’İnci Tuğsavul, "qui menait des activités contre d’Etat turc".

 

Le comité de liaison des organisations d’immigrés (CLOTI) protesta aussitôt contre cette tentative de pression. Là-dessus, le bourgmestre Hervé Brouhon a souligné dans sa réponse à l'ambassadeur qu’il avait toute confiance en İnci Tuğsavul et que la commune ne pourrait jamais tolérer d’ingérence d’un Etat étranger dans les affaires communales.

 

Le 5 novembre 1983, İnci Tuğsavul a critiqué le lavage de cerveau raciste imposé par le régime d'Ankara dans un reportage d'Anne Martynow sur l'immigration turque diffusé par la télévision belge RTBF.

 

L'année suivante, sur la demande de l'Association pour le développement, l’emploi, la formation et l’insertion sociale (DEFIS), Inci Tuğsavul a écrit un livre sur les problèmes éducatifs des enfants immigrés turcs en Belgique.

 

Ce livre a été publié par Info-Türk avec le soutien de l'UNESCO.

 

La version originale en turc de ce livre est accessible au lien suivant:

 

https://www.info-turk.be/Turk%20dili%20Final.pdf

 

La version en français de ce document se trouve dans un des derniers livres d'Info-Türk,

"Une rebelle dans l'encre d'exil - Le combat pluriel d'Inci Tugsavul, écrit par Doğan Özgüden et traduit par Bahar Kimyongür*

 

Les problèmes éducatifs des enfants immigrés turcs en Belgique

 

Inci Tugsavul, Info-Türk, avril 1984

 

Les travailleurs migrants originaires de Turquie constituent aujourd’hui une catégorie sociale importante dans les pays européens industrialisés. Selon les dernières données, le nombre de travailleurs migrants turcs dans ces pays dépasse les 930.000. La communauté immigrée turque, familles incluses, compte plus de 2,2 millions d’âmes.

 

Le nombre de Turcs vivant dans trois pays européens où l’on parle français dépasse les 200.000. Parmi eux, 92.772 se trouvent en France, 66.563 en Belgique et 35.957 en Suisse.

 

Le phénomène de migration entraîne une série de problèmes sociaux et culturels tant pour les travailleurs migrants que pour les pays industriels développés qui emploient des travailleurs migrants. Ces problèmes sont plus profonds pour les immigrés turcs issus d’un environnement social et culturel complètement différent. Le poids des problèmes se fait de plus en plus sentir au fil des années.

 

Initialement amenés en tant que « travailleurs invités », les travailleurs turcs passent du statut d’« invité » à celui de « résident », notamment avec l’ancrage de la deuxième, voire de la troisième génération. Bien que la nostalgie du pays anime le désir d’un « retour définitif » chez soi, la réalité de la vie oblige la majorité des immigrés turcs à rester de façon permanente dans les pays pour lesquels ils ont versé leur sueur au cours de la période la plus productive de leur vie, contribuant ainsi à la croissance économique de ces pays. Le chômage qui augmente chaque année en Turquie d’une part, et les difficultés des nouvelles générations qui grandissent dans des conditions différentes à s'adapter aux conditions de vie de leur pays d’origine d’autre part, ne laissent aux travailleurs immigrés turcs d’autre choix que de pérenniser leur installation dans les pays où ils travaillent.

 

À mesure que la tendance à l’enracinement se renforce, les difficultés d’adaptation à la société deviennent plus évidentes et plus pressantes. Il existe diverses raisons objectives et subjectives qui expliquent ces difficultés. Les principales raisons objectives sont sans doute les différences sociales, culturelles, coutumières et rituelles entre le pays d’origine des travailleurs immigrés turcs et le pays d’accueil.

 

Bien que la Turquie s’efforce de « s’occidentaliser » depuis la fondation de la république et tente de créer ses institutions politiques, sociales et culturelles sur le modèle des pays occidentaux, elle est historiquement et éthiquement plus proche du monde islamique que de l’Europe.

 

C’est surtout dans les catégories sociales dont sont issus les travailleurs immigrés, c’est-à-dire dans les zones rurales et les bidonvilles des grandes villes, que l’attachement aux valeurs islamiques se fait davantage sentir. Le travailleur immigré a beau vivre dans les régions industrielles développées d’Europe, les effets de l’environnement dont il est issu se reflètent dans tous ses comportements.

 

Autre motif de non-intégration, c’est le niveau d’éducation généralement faible des travailleurs immigrés envoyés en Europe. Non seulement, ils ne connaissent pas la langue du pays dans lequel ils se rendent lorsqu’ils voyagent à l’étranger mais en plus, la plupart d’entre eux ne disposent pas des bases qui leur permettraient d’apprendre cette langue en peu de temps et de l’utiliser facilement dans leur vie quotidienne. De plus, même ceux qui disposent de ces bases n’ont ni le temps ni l’énergie à consacrer à une telle formation en dehors des heures de travail, car ils occupent les emplois les plus pénibles, les plus fatigants et les plus nocifs d’Europe.

 

N’oublions pas que le phénomène des migration en provenance de Turquie ne concerne pas uniquement les titulaires du statut de « travailleur ». Aujourd’hui, 451.000 des 2,2 millions de Turcs vivant hors de Turquie sont des femmes au foyer. Etant donné le faible taux d’alphabétisation de la population féminine en Turquie par rapport à celui des hommes, les raisons objectives de la non-intégration des immigrées turques paraissent plus évidentes.

 

Lorsque l’on ne tient compte que des pays européens francophones, le nombre total de femmes turques s’élève à 36.145. Cela donne 20.695 vivant en France, 13.305 en Belgique et 2.143 en Suisse.

 

La principale raison subjective de la non-intégration des immigrés turcs à la société dans laquelle ils vivent est que ni les dirigeants turcs ni les gouvernements des pays hôtes n’ont anticipé ce problème. Ils n’ont pris aucune des mesures nécessaires et ont laissé les immigrés à leur propre sort...

 

L’exclusion par la population locale de ces personnes venues d’un autre monde, ayant des valeurs sociales et culturelles différentes et contraintes de vivre dans des quartiers délabrés, abandonnés et insalubres, a progressivement conduit à la formation de ghettos turcs au cœur des grandes villes d’Europe. Ces ghettos se sont progressivement institutionnalisés avec l’ouverture de mosquées, d’épiceries, de cafés et de services divers gérés par des Turcs.

 

Parmi les raisons subjectives de cette ghettoïsation, il y a notamment les médias turcs et leurs émissions chauvines qui s’adressent aux travailleurs immigrés turcs alphabétisés sur le thème de la « supériorité turque ».

 

Les ghettos sont devenus la cible du racisme et de la xénophobie à mesure que la crise économique s’approfondissait et que le chômage augmentait en Europe, surtout suite à l’accroissement du nombre d’immigrés turcs passant du statut de « travailleur invité » à celui d’ « autochtone » et suite à l’apparition des deuxième et troisième générations. La question de l’intégration a gagné en importance tant pour les immigrés eux-mêmes que pour les gouvernements des pays d’accueil jusqu’à ce que, sous la pression des travailleurs immigrés, des organisations démocratiques et des syndicats, elle a connu une mise à l’agenda de la part des institutions nationales et internationales en tant que dossier prioritaire.

 

D’après les données de 1983, le nombre de personnes âgées de 0 à 18 ans parmi la population immigrée turque dans les pays européens dépasse les 817.000.

 

Le nombre total d’enfants et de jeunes originaires de Turquie dans les trois pays francophones a atteint 77.939 la même année. 34.077 d’entre eux vivent en France, 30.258 en Belgique et 13.604 en Suisse. De plus, la population d’enfants et de jeunes turcs augmente rapidement en raison du taux de natalité élevé. Par exemple, en Belgique, où vivent 30.000 enfants et adolescents, 2.600 enfants turcs sont nés rien qu’en 1983.

 

On ne peut pas dire que ces enfants et ces adolescents qui sont nés et ont grandi dans des pays européens ou qui ont quitté la Turquie dans leur petite enfance pour ensuite grandir dans ces pays, ont plus de chance que la première génération en termes d’adaptation. Leurs problèmes d’intégration diffèrent toutefois sensiblement de ceux de la première génération.

 

Alors que la première génération n’a que des difficultés à s’adapter à la vie du pays dans lequel elle vit actuellement, les jeunes de la deuxième et de la troisième génération ont également des difficultés à s’adapter à la vie sociale et culturelle de leur pays d’origine... Et c’est tout-à-fait naturel car même s’il vit avec sa famille dans le ghetto turc, l’enfant immigré originaire de Turquie entretient une relation multiculturelle à l’école, dans la rue et dans les plaines de jeu. L’enseignement qu’il suit de manière obligatoire en vertu des lois du pays d’accueil n’a presque rien à voir avec les caractéristiques sociales et culturelles du pays d’origine de sa famille. Par ailleurs, son propre cercle familial est non seulement dans l’incapacité de l’aider dans sa scolarité en raison de son faible niveau d’éducation mais il ne peut pas non plus lui transmettre de manière adéquate la culture de son pays d’origine.

 

Privé du soutien de son entourage familial, l’enfant turc échoue constamment à l’école. Comme les pays européens qui accueillent des travailleurs immigrés ne prennent pas en amont les mesures nécessaires garantissant le comblement de l’écart scolaire entre les enfants de ces derniers et les enfants autochtones, ces familles ne parviennent pas non plus à équilibrer les lacunes de leurs enfants en appliquant des méthodes éducatives particulières.

 

L’enfant immigré éprouve pas seulement de grandes difficultés à s’adapter à la vie sociale et culturelle du pays dans lequel il vit, il manque également des services adéquats pour apprendre sa langue et sa culture maternelles. Ni les dirigeants turcs, ni ceux des pays d’accueil, personne n’a pris les mesures requises pour créer les conditions d’apprentissage et de leur épanouissement dans leur propre langue et culture.

 

La situation dramatique des enfants de travailleurs immigrés, tiraillés entre deux cultures différentes, incapables de les maîtriser pleinement, et condamnés aux difficultés d’intégration à la vie sociale et culturelle du pays dans lequel ils vivent, ainsi qu’aux conditions sociales et culturelles de leur pays d’origine en cas de retour définitif, a été abordée pour la première fois en 1970 par le Conseil de l’Europe. Cette prise de conscience a abouti à un projet de décret sur l’éducation des enfants immigrés. Réunis à Bruxelles en juin 1971, les ministres de l’Éducation des 21 pays membres ont convenu d’accorder une importance particulière à leur éducation scolaire.

 

Lors d’une conférence organisée par le Conseil de l’Europe sur « l’enseignement des immigrés » à Strasbourg en novembre 1974, un certain nombre de décisions concrètes ont été prises sur cette question. L’importance de l’enseignement de la langue maternelle dans le processus éducatif y a été soulignée.

 

La question de l’éducation des enfants des travailleurs immigrés a également été abordée lors d’une conférence organisée par l’UNESCO en novembre 1972. L’ensemble des États membres a été appelé à « accorder aux enfants des travailleurs immigrés le droit de bénéficier de manière égale des moyens éducatifs et d’améliorer la qualité de leur enseignement ».

 

En octobre de l’année suivante, une réunion d’experts a été organisée par l’UNESCO pour déterminer les mesures concrètes à prendre sur cette question.

 

Malgré un certain retard, toutes les décisions et tous les appels lancés par les institutions européennes ont visé à résorber le retard des enfants de travailleurs immigrés sur le plan éducatif, à leur permettre de s’intégrer dans la vie sociale et culturelle des pays dans lesquels ils vivent et à apprendre et à s’épanouir dans leur langue maternelle et leur culture, pour qu’ils puissent s’adapter à la vie éducative et culturelle de leur pays d’origine en cas de retour définitif.

 

C’est dans ce cadre que des cours de langue et de culture turques sont organisés pour les enfants d’immigrés turcs dans la plupart des pays employant des travailleurs immigrés. Ces cours sont intégrés aux heures de cours normaux dans certaines écoles et sous forme de cours complémentaires dans d’autres.

 

Dans certaines écoles, une semi-intégration est mise en place, à mi-chemin entre les deux modèles.

 

Il n’est cependant pas possible d’affirmer aujourd’hui que ces pratiques ont atteint un niveau capable d’assurer la mise en œuvre des principes et des objectifs fixés par les institutions européennes.

 

Pour l’heure, les cours de langue et de culture turques dispensés aux enfants d’immigrés turcs à l’étranger sont loin de répondre aux besoins en termes quantitatifs.

 

Bien que le nombre total de Turcs âgés de 0 à 18 ans répartis dans divers pays du monde dépasse les 800.000, selon le communiqué du ministère turc de l’Éducation nationale, le nombre d’enseignants chargés de leur apprendre la langue et la culture turques était seulement de 2.780 en 1981. (Milliyet, 10.8.1981). Un total de 880 de ces enseignants ont été sélectionnés par le gouvernement turc parmi les enseignants attachés au ministère de l’Éducation nationale, et 1.900 par les gouvernements des pays employant des travailleurs immigrés parmi les enseignants et intellectuels travaillant dans ces pays.

 

Les données sur l’enseignement de la langue maternelle des enfants immigrés turcs en Belgique sont encore plus récentes.

 

Selon les informations fournies par l’ambassade de Turquie (Hürriyet, 21.4.1984), le nombre total d’enfants et de jeunes turcs étudiant dans des établissements d’enseignement de différents niveaux en Belgique au cours de l’année scolaire 1983-1984 était de 29.644. Parmi eux, 8.824 sont situés en Région wallonne, 12.970 en Région flamande et 7.850 en Région bruxelloise.

 

La répartition des étudiants turcs selon les différents niveaux d’enseignement dans ces trois régions est la suivante :

 

Région wallonne :

École maternelle 1.834, école primaire 3.500, école secondaire 3.400, enseignement supérieur 30.

 

Région flamande :

École maternelle 3.300, école primaire 5.050, école secondaire 4.600, enseignement supérieur 20.

 

Région bruxelloise :

École maternelle 1 720, école primaire 3 310, école secondaire 2 500, enseignement supérieur 320.

 

Ainsi, la répartition des enfants turcs selon le degré d’enseignement dans toute la Belgique est la suivante :

 

Maternelle : 6.854

École primaire : 11 860

Lycée : 10 500

Enseignement supérieur : 370

 

Il convient de noter que tous les jeunes turcs scolarisés dans l’enseignement supérieur ne sont pas tous des enfants de travailleurs immigrés.

 

La plupart d’entre eux sont des jeunes venus de Turquie en Belgique pour poursuivre des études supérieures grâce à une bourse ou à titre privé avec les moyens de leur famille.

 

La majorité des jeunes de l’enseignement secondaire fréquentent des écoles professionnelles qui les préparent à devenir travailleurs plutôt que des écoles secondaires traditionnelles qui leur permettront de poursuivre des études supérieures. Car, comme les autres enfants de travailleurs immigrés, les enfants immigrés turcs sont confrontés à de nombreux handicaps par rapport aux enfants belges. La plupart d’entre eux échouent dès l’école primaire. Les élèves en échec terminent leur scolarité obligatoire entre 6 et 16 ans en Belgique dans des écoles « spécialisées » créées pour les élèves en décrochage, tandis que la majorité de ceux qui terminent l’école primaire avec beaucoup de difficultés ne sont admis que dans les écoles professionnelles.

 

Selon une étude publiée par le Comité de liaison des centres de formation immigrés de l'Agglomération de Bruxelles (Ecole et Immigration, p.14), le taux de redoublement sur une scolarité de six ans pour les enfants des Belges riches ou du niveau de cadre supérieur varie entre 12 et 21%, pour les enfants de Belges ayant le statut d’ouvriers qualifiés, il s’élève à 36% et pour les enfants de ouvriers belges non qualifiés, il atteint les 43%. Quant aux enfants de travailleurs immigrés, le taux d’échec scolaire s’élève à 51% pour ceux nés en Belgique, et jusqu'à 70% pour ceux nés dans leur pays d’origine.

 

Selon les informations fournies par le ministère de l’Éducation nationale de la République de Turquie, le taux de réussite scolaire des enfants turcs à l’étranger n’est que de 40%. (Milliyet, 24.3.1982) Autrement dit, 60 enfants turcs sur cent sont voués à l’échec scolaire.

 

Le sort qui attend les jeunes turcs sans éducation est de devenir des ouvriers s’ils parviennent à trouver un emploi dans la société dans laquelle ils vivent, ou de rejoindre la catégorie des éléments « marginaux » s’ils ne trouvent pas d’emploi. Compte tenu de la crise économique qui secoue les pays européens et de l’ampleur du chômage qu’elle a provoqué, il est évident qu’un jeune étranger ne trouvera pas facilement un emploi, même s’il possède des compétences exceptionnelles, surtout en ces temps d’expansion du racisme et de la xénophobie.

 

L’autre option qui s’offre aux jeunes Turcs confrontés à une telle impasse dans la société où ils ont grandi est de retourner en Turquie et d’y construire une nouvelle vie.

 

Mais le jeune qui entend faire cela se heurte à de grands obstacles. Le premier d’entre eux est matériel : la hausse permanente du chômage qui n’offre pas de possibilités d’emploi même aux jeunes qui grandissent et reçoivent une éducation en Turquie... Selon les dernières données, le taux officiel de chômage en Turquie a atteint 20%. À cela s’ajoutent les chômeurs cachés, dont le nombre approche les 10 millions.

 

Si même les jeunes qui grandissent en Turquie ont extrêmement peu de chances de trouver un emploi dans ces conditions, les jeunes qui grandissent dans un environnement totalement étranger à la Turquie ne peuvent espérer trouver un emploi dans leur propre pays.

 

De plus, l’enfant de travailleur immigré n’a pas les connaissances linguistiques et l’éducation culturelle qui lui permettraient de s’adapter à la vie sociale en cas de retour définitif en Turquie. Il connaît le turc avec un vocabulaire très limité parlé dans son entourage familial, et il prononce les mots qu’il connaît avec un fort accent dû à l’influence de la langue dominante qu’il utilise constamment dans le pays où il vit.

 

Le niveau de lecture et d’écriture du turc est extrêmement faible, même parmi ceux qui peuvent suivre des cours de langue et de culture turques. Ceux qui n’ont pas la possibilité de bénéficier d’un tel cours n’ont même pas la possibilité d’écrire une lettre en turc à leurs proches en Turquie ou de lire correctement une publication turque. Passé un certain âge, il n’est pas facile pour un jeune contraint de rentrer en Turquie de surmonter cet obstacle subjectif. Même après que les institutions européennes aient décidé d’organiser des cours d’enseignement de la langue et de culture maternelles, la situation n’a pas connu d’amélioration tangible.

 

Selon les dernières données, pour 29.664 étudiants turcs en Belgique au cours de l’année scolaire 1983-84, le nombre d’éducateurs chargés d’enseigner la langue et la culture turques n’était que de 130. 73 de ces enseignants envoyés par le ministère de l’Éducation nationale de la République de Turquie se trouvent en Région flamande, 44 en Région wallonne et 13 en Région bruxelloise.

 

En outre, la Ville de Bruxelles compte trois enseignants chargés par le Conseil consultatif des travailleurs immigrés d’enseigner la langue et la culture turques aux enfants des écoles primaires turques. Bien que les cours de langue et de culture turques soient intégrés aux heures de cours régulières dans certaines écoles de la Région flamande, ces cours sont dispensés en dehors des heures normales en Région wallonne et en Région bruxelloise.

 

Ces cours supplémentaires n’ont aucun attrait pour les enfants qui ont besoin de se reposer, de s’amuser ou de faire leurs devoirs après avoir suivi toute une journée de programme scolaire. C’est pourquoi, le nombre d’étudiants qui suivent les cours de langue et de culture turques est faible, et ceux qui les suivent ne peuvent comprendre et assimiler pleinement ces cours en ayant l’esprit fatigué.

 

De plus, les familles attachées aux valeurs islamiques considèrent les cours de Coran comme le seul moyen de maintenir la loyauté de leurs enfants envers leur patrie et leur famille, et préfèrent les envoyer à ces cours plutôt qu’à des cours de langue et de culture turques. Ces cours, entièrement en arabe, n’apportent pratiquement rien à l’enfant : les élèves du primaire qui naviguent entre le turc à la maison et le français et le flamand à l’école sont complètement perdus par l’introduction de l’arabe qu’ils ne comprennent pas du tout, et ne peuvent donc apprendre aucune langue correctement.

 

Sous la pression des milieux conservateurs, même les parents d’élèves conscients de la détresse de leurs enfants sont contraints de les envoyer, à contrecœur, suivre des cours de Coran au lieu du cours de langue et de culture turques.

 

Dans ces conditions, il serait illusoire et malhonnête d’espérer que les enfants d’immigrés turcs acquièrent des connaissances linguistiques et culturelles qui leur permettront de s’adapter à la vie sociale et culturelle lors de leur retour définitif en Turquie.

 

En donnant la priorité à l’enseignement des enfants de travailleurs immigrés de leur langue maternelle et leur culture d’origine, le Conseil et la Commission des Communautés européennes voulaient sans doute résoudre, même de manière limitée, le problème du chômage croissant dans les pays européens. Cette mesurette visait en quelque sorte à garantir le retour dans leur pays d’origine des enfants de travailleurs immigrés dont le nombre est en constante croissante, leur retour étant lié à leur apprentissage correct de leur langue et de leur culture maternelles.

 

Cependant, le niveau actuel de l’éducation dispensée aux enfants d’immigrés turcs est loin d’atteindre cet objectif.

 

De plus, les cours de langue et de culture turques donnés aujourd’hui, notamment par les enseignants envoyés par le gouvernement turc, ne préparent pas les enfants turcs au retour dans leur pays d’origine. Le contenu de ces cours les rendent même encore plus incompatibles avec la société dans laquelle ils vivent. Cet enseignement les emprisonne davantage dans des ghettos turcs car les enseignants utilisent du matériel pédagogique préparé par le ministère de l’Éducation nationale de Turquie qui regorge de clichés chauvins. Les enseignants pratiquent ainsi un lavage de cerveau sous le nom d’éducation culturelle turque en inculquant la supériorité des Turcs sur les autres nations.

 

En réalité, la plupart des enseignants recrutés par les autorités turques pratiquent volontairement ce lavage de cerveau, car ils sont sélectionnés parmi des personnes ayant des tendances d’extrême droite en Turquie, qui sont même des collaborateurs des organisations de sécurité turques. Ceux qui n’entrent pas dans cette catégorie sont contraints de suivre scrupuleusement le programme de formation qui leur est imposé, puisque leur avenir professionnel est entre les mains du ministère turc de l’Éducation nationale.

 

Le système éducatif turc avait déjà un caractère extrêmement nationaliste et ce, depuis la fondation de la République. Suite à une série de décisions prises par le gouvernement militaire, notamment après le putsch du 12 septembre 1980, il a acquis un caractère encore plus militariste et chauvin.

 

Par un décret publié le 8 juin 1981, le ministère de l’Éducation nationale a imposé une discipline de caserne aux établissements scolaires. Quant au commandement de la loi martiale d’Ankara, il a publié un communiqué le 21 septembre 1981 dans lequel il tient tous les enseignants travaillant dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire responsables du mode de vie et du comportement des élèves à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école. Dans la même déclaration, les enseignants ont été sommés de dénoncer les collègues qui ne respectaient pas ces directives.

 

Dans son décret du 21 septembre 1981, le ministère de l’Éducation nationale a forcé tous les niveaux de l’enseignement à se conformer aux principes d’Atatürk et aux traditions et spécificités turques, et dans son décret du 8 décembre 1981, la tenue vestimentaire des enseignants et des étudiants a été soumise à la discipline militaire.

 

Dans son discours du 26 novembre 1981, le général Evren, président du Conseil national de sécurité, a appelé tous les enseignants à dénoncer leurs collègues qui n’adhèrent pas aux principes d’Atatürk et qui « empoisonnent les enfants du pays ».

 

L’année qui a suivi le putsch, plus de 6.000 enseignants ont été victimes de ce terrorisme d’État, poursuivis, arrêtés, emprisonnés ou licenciés.

 

Mais à propos des professeurs de langue et de culture turques à l’étranger, la presse turque a régulièrement diffusé des informations de cet acabit :

 

« Dans une interview exclusive accordée à Tercüman, le ministre de l’Éducation nationale Hasan Sağlam a déclaré que la situation des étudiants et des enseignants à l’étranger est suivie avec une grande vigilance et que « l’on a commencé à couper les relations avec ceux que l’on a identifié comme des subversifs et des séparatistes agissant contre la Turquie. » (Tercüman, 9.6.1981)

 

« Le ministère de l’Éducation nationale a rencontré les autorités de la République fédérale d’Allemagne et a demandé, par l’intermédiaire de son homologue allemand, le renvoi des enseignants qui ont été nommés par l’Etat allemand afin de les remplacer par les enseignants désignés par l’Education nationale (turque) ».

 

Le ministère veillera à envoyer à l’étranger des enseignants attachés aux principes d’Atatürk, non impliqués dans des mouvements extrémistes, et pouvant assurer l’unité indivisible de la nation. (Tercüman, 31.3.1982).

 

« Le ministre de l’Éducation nationale Hasan Sağlam a annoncé qu’une enquête avait été menée contre 253 enseignants travaillant à l’étranger. Il a demandé que les noms des enseignants qui se livrent à des activités idéologiques et ceux des étudiants qui distribuent des tracts contre la Turquie lui soient communiqués. Hasan Sağlam a déclaré à ce sujet : « Le devoir des enseignants que nous envoyons à l’étranger est d’inculquer aux étudiants qui leur sont confiés des connaissances et une sagesse conformes aux principes d’Atatürk, et non des idées déviantes... Notre objectif est de remplacer les enseignants locaux par des enseignants  de Turquie. »

 

Nous ne pouvons rien dire à certains Länder. Ils ne nous écoutent pas et n’écoutent pas leur gouvernement fédéral. Mais nous ne les lâchons pas pour autant », a-t-il averti." (Tercüman, 27.12.1982).

 

Le ministère de l’Éducation nationale a également décidé de faire de l’éducation et de la formation des enfants turcs à l’étranger « une politique d'État ». Il a consacré un programme à ce sujet sous le nom de « Programme de langue turque, d’études sociales et religieuses pour les enfants de travailleurs à l’étranger ». Les « objectifs de l’enseignement des études sociales » y sont définis comme suit :

 

« Entretenir les liens des enfants avec la culture turque en entretenant leur nostalgie de la mère patrie et la tristesse de l’absence de leurs proches et de leurs voisins.

 

Faire comprendre aux enfants que la République de Turquie a été créée après de grands sacrifices, au prix de la vie et du sang de la nation, et faire connaître les grands services rendus par Atatürk par l’établissement de la nouvelle Turquie et la réalisation des révolutions turques.

 

« Faire comprendre aux enfants qu’ils sont les enfants dignes de l’honorable nation turque, leur faire découvrir l’intelligence, les aptitudes, la hardiesse au travail, l’héroïsme, le sens du sacrifice, la foi en la science et dans les valeurs morales, l’amour pour l’art, les goûts esthétiques et la rectitude de la nation turque, leur décrire leur mission qui consiste à faire connaître ces caractéristiques supérieures dans un pays étranger et, si nécessaire, en faire la démonstration et prouver cette supériorité, donner la conviction que grâce à nos qualités supérieures, nous pouvons envisager l’avenir avec confiance et enfin leur faire adopter les principes du nationalisme turc.

 

« Faire comprendre aux enfants qu’ils se trouvent temporairement dans un pays étranger, qu’ils représentent la grande nation turque aussi longtemps qu’ils y restent, et que leur bon comportement glorifie le nom turc autant que leur comportement mauvais, inapproprié et inconvenant porte atteinte à notre honneur et à notre dignité nationales et humilie notre nation.

 

Bien que la majorité des enfants des travailleurs turcs à l’étranger soient « permanents » dans les pays européens pour les raisons expliquées en détail dans le chapitre précédent et bien qu’ils doivent se préparer à s’adapter à la vie de ces pays, dans le programme du gouvernement turc, on leur enseigne qu’ils sont « temporaires » et au lieu de les encourager à s’intégrer dans la société dans laquelle ils vivent en portant leurs propres valeurs culturelles, on leur donne la tâche de devenir des militants du nationalisme turc en se servant de ces valeurs comme outils. »

 

Dans les livres pédagogiques publiés par le même ministère, le kémalisme, le nationalisme turc, les révolutions turques sont abordés sous un angle chauvin et raciste.

 

Bien qu’un quart de la population turque soit d’origine kurde et que des minorités d’origines diverses vivent dans le pays, le slogan chauvin qui considère tous les citoyens de la République de Turquie comme des « Turcs » et les Kurdes comme des « Turcs des montagnes », à savoir « Heureux celui qui se dit Turc », est constamment répété dans le programme éducatif des enfants des travailleurs immigrés.

 

Par exemple, les commémorations organisées en Belgique à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance d’Atatürk se sont terminées par un concours d’écriture organisé parmi les enfants des écoles primaires turques sur le thème « Heureux celui qui se dit Turc ». Les prix des de ce concours ont été remis lors d’une cérémonie à Bruxelles en présence de l’ambassadeur de Turquie Haluk Kura et des représentants permanents de la Turquie auprès de l’OTAN et de la CEE. (Tercüman, 16.6.1981)

 

Bien avant le putsch, un éducateur en Turquie a mené une enquête sur le « problème de l’enseignement primaire en Turquie » et a identifié comme suit la nature chauvine des manuels scolaires turcs :

 

« Il convient d’écrire ce qui suit concernant la nature des livres : que ce soit par concours, commission ou commande, aucun des livres préparés selon ces trois méthodes n’est adapté aux besoins éducatifs et à la pédagogie actuelle. Dans les livres « Notre Turc » utilisés pour les cours de turc, on sert du « chauvinisme » à la place du « nationalisme ». Ce qui est présenté sous le nom de Turquie dans le cours d’études sociales, c’est « l’Empire ottoman », et c’est de plus en plus l’islamisme.

 

Par exemple, dans le livre « Notre turc » qui sera étudié dans les classes de 4e année, il y a eu quatre modification préoccupantes par rapport à la version du livre de l’année dernière. Le nombre d’extraits d’Ergenekon (1) et d’Alparslan (2) sont passées de deux à cinq, et des photos de loups gris ont également été jointes aux leçons. (Cumhuriyet, 14.9.1976). De même, peu avant le coup d’État, des scientifiques de l’Allemagne fédérale ont demandé que les contenus des manuels scolaires turcs ne soient pas enseignés aux enfants turcs dans les écoles allemandes en raison de leur contenu ultranationaliste :

 

« Lors d’un congrès intitulé L’allemand comme langue étrangère qui s’est tenu à Bielefeld, des universitaires et enseignants en philologie ont fait une déclaration commune pour l’interdiction des manuels scolaires turcs utilisés en Allemagne.

 

Les congressistes ont affirmé que le peuple grec était présenté comme un ennemi des Turcs surtout dans les livres d’histoire, et qu’un sentiment ultranationaliste était inculqué dans ces manuels scolaires. Ils ont ajouté qu’au lieu de développer l’esprit critique des enfants turcs, ces ouvrages servent à en faire des êtres crédules, croyant tout ce qu’on leur dit, et à les encaserner mentalement.

 

Soulignant la difficulté de contrôler les leçons et les supports de cours en turc, les intervenants ont par ailleurs affirmé que la sélection des enseignants envoyés en Allemagne était basée sur leur nationalisme plutôt que sur leurs capacités pédagogiques.

 

Malgré l’interdiction de certains livres incitant à la haine, les intervenants se sont plaints du fait que ces livres se trouvaient toujours dans les bibliothèques et ont convenu que les cours bilingues étaient désormais inévitables. » (Milliyet, 4.6.1980).

 

En effet, les livres distribués aux écoles pour les cours de langue et de culture turques par les bureaux de conseil en éducation turcs d’Europe regorgent d’exemples de nationalisme extrême confinant au chauvinisme. En voici quelques-uns ci-dessous :

 

Extrait du livre « Notre turc » pour les élèves de la 4e année primaire :

 

« Premières lueurs de l’aube... La mer calme bouillonna soudain sur la plage touristique de Kyrenia. Les commandos turcs poussaient sur la plage comme des champignons... Les mitrailleuses criblèrent en rafales ceux qui voulaient résister de telle sorte que les cœurs des collaborateurs grecs furent déchiquetés.

 

Leurs yeux injectés de sang furent pris de terreur... Kyrenia était prostrée... Les Grecs riches de Kyrenia disparurent lorsqu’ils virent que les droits des Chypriotes turcs qu’ils opprimaient étaient protégés. Kyrenia était désormais un port turc. C’est ainsi que l’armée turque embrassa le port. » (p. 179)

 

Extrait du livre « Etudes sociales » de la classe de 5e année primaire :

 

« Enfants Sacrés et Bien-aimés de la Grande Nation Turque ! Notre guerre n'est pas terminée. L’ennemi ne dort pas. Aujourd’hui, beaucoup de choses sont faites, ouvertement ou secrètement, pour affaiblir notre nation. Aujourd’hui, certains guettent la moindre occasion pour voulons arracher des morceaux de votre patrie et pour vous effacer de l’histoire."

 

Il y a des gens qui voient Istanbul, Izmir et bien d’autres villes et villages dans leurs rêves. Il y a ceux qui œuvrent de l’intérieur et à l’extérieur pour semer la division au sein de notre nation et désintégrer notre patrie. Soyez vigilants; Soyez forts et en avant ! Protégez ces terres pétries du sang de vos ancêtres, protégez ce grand legs d’Atatürk contre les agresseurs internes et externes. » (page 114).

 

Extrait du livre « Notre turc » pour les élèves de 5e année primaire :

 

« Quand j’ai regardé la route d’en face par la fenêtre arrière, j’ai vu des groupes de soldats ennemis debout sur le bord de la route, les fusils en joue. Je me suis dit :

 

" – Ah j’aurais dû cacher une mitrailleuse ici et leur envoyer du plomb à l’instant. Je les aurais tous étalés comme une natte, pensais-je. Les soldats ennemis ressemblaient à une assiette devant mes yeux. Ce fusil-mitrailleur aurait pu tous les liquider. J’étais si triste de ne pas avoir une telle arme en main..." (p. 59).

 

Extrait du livre intitulé « Ecrits exemplaires » pour les élèves de 1ère année secondaire :

 

« Heureux est celui qui se dit Turc ! Si l’un de vos proches a participé à la Guerre d’Indépendance ou à la guerre de Corée, retrouvez-le et recueillez le récit de ces guerres auprès de lui ou de toute personne que vous pourrez trouver. Racontez-les en classe dans un langage soigné et attrayant. Produisez une revue qui raconte les bienfaits surhumains de « Petit Mehmet »(3)  dans ces guerres en vous répartissant les tâches. » (p. 69)

 

--

 

« Une patrie remplie de martyrs ! Demandez et enquêtez dans votre famille, parmi vos proches ou dans les familles de vos voisins s’il y a des martyrs de guerre... demandez aux proches des martyrs : pourquoi les Turcs désirent-ils tant être martyrisés pour la patrie et la nation ?  Parlez aux anciens combattants ou à leurs proches : À chaque confrontation, l’élan, l’agilité, le sang-froid, l’héroïsme dont fait preuve chaque Turc... Après avoir réalisé l’enquête ci-dessus, préparez un Dossier Héroïsme avec les informations que vous avez recueillies pour en faire une Journée de l’Héroïsme en classe. (p. 110).

 

Le jour le plus enflammé, le plus ardent de la guerre,

Devant l’escouade de première ligne,

Surgissant de sa position, la baïonnette montée sur son fusil

Regardez Mehmet se battre comme un demi-Dieu ! (p. 111).

 

--

 

Extrait du livre intitulé « Leçons de turc » pour les classes de 2e année secondaire :

 

« La lutte sportive est dans le sang des Turcs. Les lutteurs qui font preuve de puissance et d’abnégation n’existent qu’en Turquie. Regardez Ahmet et puis regardez son adversaire. Ahmet ressemble à un enfant à côté de lui. Mais la force turque efface cette différence. » (p.69).

 

Ô ornement rouge et blanc du ciel azur,

Robe de mariée de ma sœur, dernière couverture de mon martyr

Mon drapeau de lumière et de vagues !

J’ai lu ton épopée

A moi de l’écrire

Je creuserai la tombe

De celui qui ne te regarde pas à travers mes yeux.

Je détruirai le nid

De l’oiseau qui s’envole sans te saluer

 (p. 120)

 

--

 

Extrait du livre Leçons de turc pour les élèves de la 3ème année secondaire :

Être turc, c’est travailler.

Être turc, c’est affronter.

Être Turc, c'est vivre. (p. 102)

 

« Chaque nation a ses héros anonymes et ses soldats inconnus; mais il est impossible d’en imaginer un qui soit aussi accompli et chaleureux que ce « Petit Mehmet » dont nos yeux ne se détachent jamais. C’est ce qui fait que l’expression « Fort comme un Turc » soit devenue un proverbe mondial alors que son corps n’est pas aussi spectaculaire ». (p.116).

 

Après que le régime militaire ait mis davantage l’accent sur le kémalisme et le nationalisme dans l’enseignement et rendu obligatoires pour tous les élèves des cours de religion qui étaient auparavant facultatifs, les manuels scolaires ont été réécrits conformément à cette orientation. Le dosage de chauvinisme dans les nouveaux manuels sera sans aucun doute plus élevé que dans les anciens.

 

Si l’enseignement de la langue et de la culture d’origine des enfants turcs en Europe est confié à des enseignants désignés par le ministère turc de l’Éducation nationale et assuré avec le matériel pédagogique envoyé par celui-ci, la deuxième génération déjà confrontée aux difficultés d’adaptation sera davantage exclue de la société européenne dans laquelle elle vit et le conditionnement au chauvinisme auquel elle sera soumise renforcera les ghettos turcs dans ces métropoles. Alors comment devrait-on éduquer les enfants d’immigrés turcs dans la langue et la culture turques ?

 

Pour répondre à cette question, il faut d’abord prendre en considération la nouvelle stratégie éducative proposée par l’UNESCO à ses pays membres. L’organisation pour l’éducation, la science et la culture des Nations Unies considère l’éducation comme la « clé » qui permet à l’humanité d’atteindre un niveau de vie incluant la paix, la sécurité et toutes sortes de droits civils. En voici son contenu :

 

« Le but de l'éducation n'est pas seulement de former les jeunes à un certain métier, mais aussi de les préparer à s’adapter à différents métiers, styles de production, conditions de travail et innovations.

 

Les cours de langue et de culture des enfants immigrés turcs devraient être envisagés par les autorités belges comme une partie de leur enseignement général et se baser sur la réalité belge. Ils devraient par conséquent être organisés par les instances éducatives belges en tenant compte des remarques suivantes :

 

1. Si les enfants turcs doivent suivre des cours de langue et de culture turques comme cours supplémentaires en dehors des heures de classe et après une journée entière de cours du programme scolaire normal, leur attention diminue, et même s’ils suivent ces cours, il ne leur sera pas possible de comprendre en suffisance et d’assimiler la matière. De plus, en dehors des heures normales de cours, de nombreux parents préfèrent envoyer leurs enfants à des cours de Coran plutôt qu’à des cours de langue et de culture turques. C’est pourquoi, ces cours doivent être intégrés dans l’horaire scolaire en tant que cours obligatoires.

 

2. Le matériel pédagogique utilisé à ce jour dans les cours de langue et de culture turques est un ensemble de manuels publiés en Turquie et envoyés par le ministère turc de l’Éducation nationale. Non seulement leur contenu est éloigné de la réalité belge, mais en plus, ils inculquent le chauvinisme aux enfants et leur font ressentir de l’hostilité à l’égard de la société dans laquelle ils vivent. Le matériel et les livres pédagogiques sur la langue et la culture turques devraient à cet égard être préparés par les autorités responsables des affaires éducatives et culturelles de Belgique, en coopération avec les organisations démocratiques issues de l’immigration.

 

3. Les enseignants envoyés de Turquie pour donner des cours de langue et de culture turques aux enfants d’immigrés turcs sont généralement choisis parmi des ultranationalistes et collaborent généralement avec les services de sécurité turques. Cette pratique doit cesser une fois pour toutes. La nomination des professeurs de langue et de culture turques doit être effectuée par les autorités belges, après avis des Conseils consultatifs des travailleurs immigrés de Belgique et des organisations démocratiques turques.

 

* Une rebelle dans l'encre d'exil - Le combat pluriel d'Inci Tugsavul

https://www.info-turk.be/Inci,%20une%20rebelle.pdf


1) D’après la mythologie turque, Ergenekon est une vallée mythique et le berceau des Turcs située aux confins de l’Asie centrale où ils resteront enfermés des siècles durant jusqu’à ce qu’une louve dénommée Asena les libère en leur indiquant l’issue.
2) Alparslan est le vainqueur de la bataille de Mantzikert en 1071 face aux troupes de l’empereur byzantin Romain IV Diogène. Cette percée turque dans l’empire gréco-byzantin marque le début de la domination turque en Asie mineure.

3) Mehmetçik ou « Petit Mehmet » est le sobriquet affectueux désignant les soldats de l’armée turque.

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