Droits
de l'Homme / Human Rights
Turkey
defends judge’s past ties to Erdoğan's party
in Osman Kavala case at ECtHR
Turkey has defended its handling of the case against philanthropist
Osman Kavala, who was sentenced to life in prison for “attempting to
overthrow the government.”
In its submission, the government argued that Kavala’s trial was not
politically motivated, according to reporting from the T24 news site.
The Justice Ministry, through the Foreign Ministry, submitted its
defense to the Council of Europe’s Committee of Ministers, which
oversees the implementation of ECtHR rulings. The ministry claimed that
Kavala had not exhausted all domestic legal remedies before appealing
to the ECtHR. It noted that a new application was pending before
Turkey’s Constitutional Court, and until that process concluded,
appealing to the ECtHR would be premature.
“Kavala’s application to the ECtHR is inadmissible due to his failure
to exhaust domestic remedies,” the statement read, noting that the
current case before the Constitutional Court had yet to be resolved and
the delays were reasonable due to the court’s workload.
Turkey also blamed the ECtHR for its failure to act on its own rulings.
According to Turkish authorities, the ECtHR’s initial ruling was
related to Kavala’s pretrial detention, which ended before the court’s
judgment. They noted that after being released on one charge, Kavala
was immediately detained on a separate espionage charge, which remains
under investigation.
The submission emphasized that Kavala's current detention is not
connected to the original charges ruled on by the ECtHR. “The reason
for his detention is related to espionage charges under Article 328 of
the Turkish Penal Code, not the charges from the previous case,” the
defense stated.
Judicial independence and government influence
The government also addressed concerns about the neutrality of the
judiciary, responding to allegations that the trial’s outcome was
influenced by political pressure. Turkey refuted claims that
disciplinary investigations into judges who previously acquitted Kavala
had impacted the fairness of the trial.
“The disciplinary investigations had no bearing on the criminal
proceedings and did not violate the right to an independent trial,” the
defense argued.
Concerns were also raised about one of the judges in the case, who had
previously been affiliated with the ruling Justice and Development
Party (AKP). The authorities rejected these claims, insisting that
there was no evidence of bias or loss of judicial independence.
Regarding statements made by Turkish government officials, including
President Recep Tayyip Erdoğan, which were seen as potentially
influencing the judiciary, Turkey argued that these statements did not
violate the presumption of innocence, as they did not directly assert
Kavala's guilt.
Background
Osman Kavala, a prominent figure in civil society, was arrested in
November 2017. Initially charged with financing the countrywide
anti-government protests in 2013, known as the Gezi Park protests, he
was acquitted in early 2020. However, he wasn’t released due to an
order for his arrest related to the 2016 coup attempt. Later, his
acquittal in the Gezi case was overturned. After the retrial, Kavala
was sentenced to aggravated life imprisonment in 2022 for attempting to
overthrow the government.
The ECtHR had ruled in 2019 that Kavala’s detention was politically
motivated and called for his immediate release. Turkey has not complied
with this ruling, leading to the Council of Europe initiating
infringement proceedings against the country.
The case has drawn widespread international attention, with human
rights organizations and Western governments calling for Kavala's
release and criticizing the Turkish judiciary for undermining the rule
of law. (BIA, 24 sept 2024)
L’image irritante d’un procureur et d’un prévenu!
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 25 septembre 2024)
Après sa défaite aux dernières élections locales, Recep Tayyip Erdoğan,
en sa qualité de président, et l’AKP au pouvoir depuis 22 ans,
continuent à chuter dans les sondages d’opinion. Recherchant une
consolation en se montrant en avant-plan sur la scène internationale,
Erdogan s’est rendu à New York pour prendre la parole à l’Assemblée
générale des Nations Unies. Et depuis ces deux derniers jours, on
assiste à des spectacles édifiants.
Le plus choquant d’entre eux, au point de vue des droits humains, est
sans aucun doute la visite effectuée par le président de la Cour pénale
internationale, Karim Khan, dont la mission première est d’intenter des
actions à La Haye contre les dirigeants des États commettant des
violations des droits humains, et le cas échéant, de demander leur
arrestation, à Recep Tayyip Erdoğan, le chef de l’État d’un des pays où
les droits humains sont les plus bafoués de nos jours, à la Maison
Turque, et les hommages rendus qu’il a rendu à ce dernier.
Selon les informations données par l’Agence Anatolie, lors d’un
entretien à huis clos, Erdoğan a souligné « que dans l’intérêt de
préserver la confiance dans la justice internationale, il est
extrêmement important que le procès pour génocide intenté contre Israël
devant la Cour pénale internationale soit clôturé et les génocidaires
reçoivent la punition qu’ils méritent », et pour y apporter sa
contribution, lui a offert l’ouvrage intitulé « Preuve et Témoignage »
préparé par l’Agence Anatolie sur les crimes commis par Israël à
Gaza.
Il ne fait aucun doute que la guerre de destruction que
l’administration Netanyahu en Israël poursuit, non seulement à Gaza,
mais aussi dans tous les territoires palestiniens occupés et dans son
pays voisin, le Liban, et les violations des droits humains commises
dans ce cadre, devraient être condamnés par la Cour pénale
internationale, comme par toutes les institutions internationales.
Mais il est tout simplement ridicule qu’une telle demande émane du
principal responsable d’un État se trouvant depuis des années au banc
des accusés de la Cour européenne des droits de l’homme, et contre
lequel une action a été intentée il y a à peine un an devant la Cour
pénale internationale pour les crimes qu’il a commis.
Par ailleurs, bien que la République de Turquie soit officiellement
partie à la « Convention pour la prévention et la répression du
génocide » depuis le 31 juillet 1951, elle continue à constamment nier
les génocides commis dans le passé contre nos concitoyens assyriens,
arméniens, grecs et kurdes, et continuent de nos jours, non seulement
en Turquie, mais aussi dans les pays voisins, à mener en toute
insouciance des opérations génocidaires sous des formes et ampleurs
diverses…
Selon le rapport statistique de la Cour européenne des droits de
l’homme pour l’année 2023, la Turquie a été, l’an dernier, le pays qui
a compté le plus grand nombre de requêtes à son encontre. Sur les
68.450 procès intentés devant ce tribunal, 23.397, soit 34,2 pourcents,
provenaient de Turquie.
Une réalité honteuse pour le gouvernement actuel est que, malgré les
arrêts de la CEDH ayant statué en faveur de la libération de nombreux
prisonniers politiques comme Selahattin Demirtaş et Osman Kavala, le
régime d’Ankara dirigé par Erdogan continue à maintenir ces
personnalités en détention.
Et que dire de l’occupation militaire de la moitié nord de l’île de
Chypre depuis près d’un demi-siècle, des opérations terrestres et
aériennes menées sous divers noms de code depuis 1984 sur les terres du
nord de l’Irak et de la Syrie depuis 1984 et de l’établissement de
bases militaires permanentes sur ces territoires depuis 40 ans, ou
encore de l’occupation des terres arméniennes avec l’armée
azerbaïdjanaise dans le Caucase ?
Malgré tout cela, les parlementaires nommés par Tayyip Erdogan et son
pote Bahçeli sont dignement accueillis au sein de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, tout comme au sein
de la Commission parlementaire mixte de l’Union européenne et de la
Turquie à Bruxelles, où ils discourent et votent sur le sort des
peuples européens.
L’affaire du Dersim des années 1937-38 devant la Cour pénale
internationale
Le régime dirigé par Erdoğan n’est pas seulement sur le banc des
accusés de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg… Il y
a également deux procédures séparées, intentées à onze ans de décalage,
devant la Cour pénale internationale dans la capitale des Pays-Bas, La
Haye, pour les pratiques racistes et génocidaires et les violations des
droits humains en Turquie.
Une conférence internationale fut organisée pour la première fois en
Europe par le Comité de Reconstruction du Dersim, le 13 novembre 2008,
au Parlement européen à Bruxelles, pour demander des comptes à l’État
turc pour le génocide commis au Dersim dans les années 1937-38. Sur la
suggestion de notre précieux ami écrivain Haydar Işık, l’un des
dirigeants de l’association, qui nous a malheureusement quitté il y a
trois ans, nous avions uni nos forces avec les organisations kurdes,
assyriennes et arméniennes en Belgique pour mener à bien cette
conférence.
Les représentants diplomatiques de l’État turc en Belgique et leurs
soutiens dans les médias turcophones furent à ce point contrariés par
cette conférence que deux semaines plus tard, les médias en question me
prenaient pour cible : « Özgüden, connu pour ses activités anti-turques
en Belgique, a initié jusqu’à ce jour d’innombrables conférences sur le
« génocide », et a plus récemment contribué en qualité d’organisateur à
une conférence intitulée « Génocide du Dersim » sous la coupole du
Parlement européen ».
Quatre ans plus tard, le Comité de Reconstruction du Dersim a franchi
une nouvelle étape en organisant le 23 novembre 2012 une réunion à
forte affluence à La Haye sur le « Génocide du Dersim de 1937-38 et le
génocide culturel en cours », en portant l’affaire devant la Cour
pénale internationale.
Dans la requête adressée au Bureau du Procureur général de la CPI, il
était stipulé que :
"Les gouvernements de l’État turc qui nient les crimes contre
l’humanité commis, rabaissent les victimes, tendent à faire oublier ce
qui s’est passé et à assimiler par des moyens violents, n’ont pas
hésité à massacrer 34 Kurdes à Roboski sous les yeux du monde entier.
Depuis ces dix dernières années, les membres du gouvernement turc
rechignent de manière arbitraire à reconnaître la compétence de la Cour
pénale internationale pour ne pas être poursuivis pour tous ces crimes
contre l’humanité. Cependant, les crimes contre l’humanité sont des
faits de droit trop importants pour être ainsi sacrifiés à de telles
conditions formelles simples et trop vivants et dynamiques pour rester
enfermés dans le statu quo. C’est dans cette conscience et cette
détermination que nous demandons que soient jugés devant la Cour pénale
internationale les responsables gouvernementaux continuant de commettre
ces crimes".
Malheureusement, alors que 12 années se sont déjà écoulées, aucune
décision n’a été rendue par la Cour pénale internationale dans cette
affaire.
Deuxième procédure devant la Cour pénale internationale
La deuxième affaire déposée 11 ans plus tard contre l’État turc devant
la Cour pénale internationale a été rendue publique le 1er mars 2023
conjointement par l’initiative citoyenne « Tribunal pour la Turquie »
(Turkey Tribunal), les Juges européens pour la Démocratie et les
Libertés (MEDEL) et le cabinet d’avocats belge VSA.
Le 24 septembre 2021, à l’issue d’une série d’audiences tenues à
Genève, le Tribunal pour la Turquie a condamné le régime d’Ankara en le
déclarant responsable de « torture, destruction, atteinte à la liberté
de la presse, impunité, atteinte à l’indépendance judiciaire et à
l’accès à la justice, et crimes contre l’humanité ».
Lors de la conférence de presse tenue à La Haye le 1er mars 2023 pour
annoncer au public l’action intentée devant la Cour pénale
internationale, le Prof. Dr. Johan Vande Lanotte, l’un des anciens
vice-premier ministres de Belgique, avait fait les déclarations
suivantes relatives aux violations des droits humains en Turquie
:
"La requête adressée à la Cour contient 463 déclarations individuelles
de torture concernant 800 personnes identifiées ou identifiables. Les
déclarations décrivent en détail comment la torture est pratiquée de
manière généralisée et systématique. Les preuves fournies par
l'Association des droits de l'homme de Turquie montrent également que
l'organisation a reçu en moyenne 1 460 plaintes pour torture par an au
cours de la période 2003-2021 et que la torture systématique s'est
poursuivie en 2022.
"La requête adressée à la Cour a permis de documenter 109 cas de
disparitions forcées à l'étranger et dans le pays. Alors que l'État
turc a toujours nié toute implication dans les disparitions à
l'intérieur du pays, les autorités se sont constamment vantées
d'enlèvements illégaux à l'étranger. Plus récemment, en juillet 2021,
le président Erdoğan a tenu une conférence de presse au cours de
laquelle a été projetée une vidéo de l'enlèvement d'un enseignant turc
dans un pays étranger. Le document montrait également des traces de la
torture à laquelle la personne enlevée avait été soumise.
"En ce qui concerne les détentions, qui violent les règles
fondamentales du droit international, les statistiques officielles
turques montrent qu'au cours de la période 2015-2021, 2 217 000
personnes ont fait l'objet d'une enquête pour appartenance présumée à
une "organisation terroriste". 560 000 personnes ont été jugées et 374
000 ont été condamnées à la prison, dont 270 000 ont été accusées
d'être membres d'une organisation terroriste. Le simple fait de se
rendre sur les tombes ou d'assister aux funérailles de personnes
considérées comme des opposants au régime constitue un motif
d'arrestation.
"Des personnes perçues comme des opposants au régime ont été licenciées
de force de leur emploi dans des institutions publiques ou dans le
secteur privé, tandis que des citoyens turcs à l'étranger, même leurs
nouveau-nés, ont été dépouillés de leur passeport et privés de services
consulaires". Les statistiques officielles turques montrent que 129 410
fonctionnaires ont été licenciés depuis 2016 et que 19 962 enseignants
se sont vu retirer leur autorisation d'enseigner. Au total, 234 419
passeports ont été saisis dans le cadre d'enquêtes arbitraires.
"Les preuves montrent clairement que l'État turc a commis des crimes
contre des centaines de milliers de personnes simplement parce qu'elles
étaient perçues comme des ennemis du régime d'Erdoğan. Les responsables
de ces crimes savaient que leurs actions contrevenaient à toutes les
règles fondamentales du droit international, mais ils étaient sûrs de
leur impunité.
"La Cour pénale internationale a été créée pour mettre fin à cette
impunité et elle doit le faire également dans notre procès. Nous
demandons au procureur de la CPI de se saisir de cette affaire et de
prouver qu'aucun individu, pas même un haut fonctionnaire d'un membre
de l'alliance de l'OTAN, ne peut être considéré comme au-dessus des
lois."
J'ai également témoigné lors de la conférence de presse à La Haye, en
tant qu'observateur des violations des droits humains commises dans ce
pays en 74 ans, depuis que la Turquie est devenue membre du Conseil de
l'Europe en 1949, et aussi en tant que l'une des cibles de la
répression.
Malheureusement, alors que plus d’un an se soit écoulé, nous n’avons
aucune information sur l’attitude du procureur de la Cour pénale
internationale, Karim Khan, concernant cette requête déposée en 2023.
En revanche, le même procureur entretient non seulement une relation
suivie avec le responsable numéro un du régime qui est l’objet de cette
affaire, mais lui a également récemment rendu visite à la Maison Turque
à New York en lui présentant ses hommages, lui accordant ainsi une
immunité pour tous les procès qui pourraient être intentés dans le
futur…
Après que la Cour de cassation et la Cour constitutionnelle, qui
avaient su relativement préserver leur indépendance en dehors des
périodes de loi martiale en Turquie, se soient progressivement
transformées en « béni-oui-oui » sous le gouvernement Erdogan, c’est
malheureusement au tour de la Cour pénale internationale…
En résumé, la photo émanant de la Maison Turque à New York est l’image
irritante d’un procureur et d’un prévenu…
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Turkey’s child murder crisis: Forensic report reveals Narin
was strangled
A forensic report has confirmed that 8-year-old Narin Güran, whose body
was discovered 19 days after her disappearance in Diyarbakır (Amed),
Turkey, was strangled.
The report, prepared by the Istanbul Forensic Medicine Institute and
sent to the Diyarbakır Chief Public Prosecutor’s Office on Friday,
revealed that Narin’s death was caused by asphyxiation due to pressure
on her neck and mouth.
According to the report, there was no conclusive evidence to determine
whether Narin had been subjected to sexual assault. Her death was
confirmed to have occurred on 21 August, the day she went missing. The
report also noted that injuries to Narin’s body, including a severed
leg, were caused by animals post-mortem.
The case has attracted widespread attention, particularly after images
surfaced showing a ruling Justice and Development Party (AKP) MP, Galip
Ensarioğlu, hosting the main suspect in the murder, Salim Güran, in the
Turkish Parliament. Salim, Narin’s uncle, was arrested after another
suspect confessed to burying her body on his orders. Ensarioğlu’s ties
to the Güran family have fuelled speculation of a cover-up, with
Kurdish groups accusing the MP of obstructing the investigation.
“Those who form dirty alliances are responsible for Narin’s death,”
said Çiğdem Kılıçgün Uçar, co-chair of the Democratic Regions Party
(DBP), as Kurdish politicians continue to demand that Ensarioğlu be
called to testify. The DBP has announced plans to file a criminal
complaint against the MP, raising concerns over his involvement and the
possible protection of political allies.
The case has drawn comparisons to the 1990s Susurluk scandal, which
revealed deep connections between the Turkish state, organised crime
and paramilitary groups. Kurdish groups have pointed to the involvement
of local religious and political figures, including those linked to
Hüda-Par, a party with suspected ties to Turkish Hizbullah, in the
cover-up of Narin’s murder.
Despite the mounting accusations, Ensarioğlu has denied any wrongdoing,
though his remarks – “there are things we know but do not say” – have
only fuelled further speculation. Calls for transparency and a full
investigation into the case continue to grow, with critics warning that
political connections are undermining the investigation. (MedyaNews, 20
Sept 2024)
Le meurtre
de Narin, 9 ans, boulverse le pays
Ragip Duran, TVXS.GR, 16 septembre 2024
Narin (qui veut dire en turc fragile, douillet) une fillette de 9 ans
rentrant de l’école coranique disparaît le 21 août dans le petit
village d’une cinquantaine de maisons, juste à côté de Diyarbakir
(sud-est, kurde).
La police, la gendarmerie, les hélicoptères, les drones ont fouillé la
région pendant 19 jours. Et enfin, ils ont trouvé le corps de Narin,
une jambe cassée et des blessures sur le cou, maladroitement caché sous
des rochers camouflés avec des branches d’arbres près d’une rivière à 2
km. de sa maison.
Les spécialistes de l’autopsie avouent qu’ils ont des difficultés, car
le corps est relativement déformé à cause du temps passé.
Le préfet avait interdit la publication de toute information pendant
les recherches.
Narin, fille d’une famille aisée, devrait aller à l’école lundi passé.
Elle n’a pas pu. Elle a été enterrée avec une robe de mariée.
Qui avait tué Narin? Et pourquoi?
Les journalistes locaux sur place étaient menacés de mort. Personne ne
parlait. Alors que la majorité de la population de ce petit village
appartient à la même famille. Omerta.
Le député local du parti au pouvoir M.Galip Ensarioglu a choqué les
lecteurs car il a déclaré: ‘’Il y a des choses qu’on ne sait pas. Il y
a également des choses qu’on sait, mais qu’on ne peut pas déclarer. Je
connais bien la famille depuis au moins 40 ans’’.
Ce petit village est un bastion de Huda Par (Le Parti de la Cause
Libre), aujourd’hui allié du Président Erdogan avec 4 députés au
Parlement, crée par les anciens cadres du Hizboullah, groupuscule
illégal d’islamistes radicaux qui opéraient avec les forces
anti-terroristes contre le PKK depuis les années 90. Hizboullah tuait,
torturait sauvagement ses opposants.
24 personnes, dont la mère, le père, l’oncle et autres parents de Narin
ont été arrêtés après la découverte du corps.
‘’C’est l’oncle de Narin qui l’a tué et il m’a demandé de faire
disparaître le corps. Je l’ai fait, je suis rentré chez moi et j’ai
fait ma prière du soir’’ a avoué un des suspects. L’oncle, le maire
autoritaire du village, a catégoriquement réfute ces aveux.
Selon les informations publiées sur la Toile, l’oncle de Narin
partageait le lit de la mère de Narin. Et la filette les avait vu
rentrant de l’école coranique. Il y a également des informations selon
lesquelles l’oncle abusait de sa nièce. Selon un autre scénario, Narin
aurait découvert des caches d’armes dans le village.
La soeur de Narin avait également trouvé la mort, il y a environ 3 ans
dans des circonstances mystérieuses. A l’époque la famille avait
déclaré qu’elle s’était suicidée.
Les cercles Kémalistes croient que ‘’le principal responsable de ce
meurtre est le féodalisme kurde’’. La gauche, les organisations des
Droits de l’Homme et les féministes accusent ‘’le régime protecteur des
assassins de Huda Par’’. Ils rappellent qu’Erdogan avait déjà abrogé la
Convention d’Istanbul qui prônait la protection des femmes.
Des marches et meetings pour protester l’assassinat de Narin ont été
organisés dans plus de 10 villes du pays, la police a essayé d’empêcher
les manifestants.
La vérité toute entière risque de ne pas faire le jour, vu que la
police, les procureurs et les juges agissent sous les ordres du
pouvoir, estime la majorité de la population. Erdogan, déjà affaibli
lors des dernières élections locales, désire ne pas perdre ses deux
alliés restants, l’extrême droite nationaliste et les islamistes
radicaux.
La Turquie est devenue sous le joug d’Erdogan un enfer pour les
enfants. Selon le très officiel Directorat des Statistiques de Turquie
(TUIK):
- 104.531 enfants sont disparus entre 2008 et 2016
- 31.890 enfants ont été sexuellement abusés en 2022
- 10.471 enfants ont été mariés alors qu’ils avaient entre 16 et 17 ans
en 2023
- Environ 10.000 enfants tous les ans, c’est-à-dire 27 enfants, tous
les jours, sont disparus en Turquie.
‘’La Turquie d’Erdogan est devenue un puits de mal sans fond. Nous
risquons dans le futur proche d’assister à des événements encore plus
tragiques que celui de Narin’’ croit un professeur de droit public en
exil en France.
La
militante américano-turque, tuée en Cisjordanie, a
été enterrée en Turquie
Les funérailles d'Aysenur Ezgi Eygi, militante américano-turque tuée le
6 septembre en Cisjordanie, sont célébrées samedi en Turquie avec la
volonté d'en faire un symbole de son engagement en faveur de la cause
palestinienne.
En fin de matinée, la foule nombreuse attendait l'arrivée du cercueil
devant la petite mosquée de Didim, tendue de drapeaux turcs et protégée
par un important service d'ordre, en scandant des slogans hostiles à
Israël et aux Etats-Unis: «le peuple palestinien n'est pas seul».
Dès l'annonce de sa mort, Ankara, qui a ouvert une enquête, a dénoncé
avec force cet «assassinat arbitraire» attribué à l'armée israélienne:
le président Recep Tayyip Erdogan a assuré que son pays fera tout «pour
que la mort de notre fille, Aysenur Ezgi, ne reste pas impunie».
La jeune femme de 26 ans, arrivée à l'âge de dix mois aux Etats-Unis
avec sa famille, doit être inhumée en début d'après-midi dans le
cimetière de Didim (sud-ouest), sur la côte égéenne, où vivent ses
proches et où sont arrivés ses parents et son compagnon qui résident
aux Etats-Unis.
Des représentants des principaux partis, AKP au pouvoir et opposition,
ont fait le déplacement ainsi que des militants de la principale ONG
islamique de Turquie, l'IHH.
L'inhumation est prévue après la prière de la mi-journée célébrée à
partir de 13h 15 locales.
Le corps de la jeune femme était arrivé en Turquie vendredi et acheminé
à Izmir (ouest), troisième ville du pays sur la côte occidentale, où
une nouvelle autopsie a confirmé sa mort par «arme à feu», a rapporté
la télévision publique TRT.
La TRT a relevé que ces conclusions «correspondent» à celles des trois
médecins palestiniens qui écartaient l'hypothèse d'un tir indirect.
Ces résultats seront joints au rapport de l'enquête ouverte par le
procureur d'Ankara, avait indiqué le ministre de la Justice Yilmaz Tunç.
La jeune militante avait été accueillie à son arrivée à Istanbul par la
garde d'honneur de l'armée turque réservée aux martyrs et par des
officiels.
«Une personne très spéciale»
Militante du Mouvement de solidarité internationale (ISM), Aysenur Eygi
a été tuée alors qu'elle participait à une manifestation dans le nord
de la Cisjordanie occupée, près de Naplouse.
L'armée israélienne a jugé «très probable» que des tirs provenant de
ses rangs aient tué «indirectement et involontairement» la jeune femme.
«Aysenur a reçu une excellente éducation aux Etats-Unis, elle était
mariée, à l'aise financièrement, elle a tout laissé derrière elle pour
défendre son idéal» a rappelé vendredi son père éploré, Mehmet Suat
Eygi, devant la maison familiale de Didim où la jeune diplômée de
l'Université de Washington séjournait régulièrement en vacances.
Eygi s'est félicité de l'ouverture d'une enquête des autorités turques
et appelé les États-Unis, l'autre pays de sa fille, à faire de même:
«J'attends la même chose du gouvernement américain, car Aysenur n'avait
que dix mois lorsqu'elle est arrivée aux États-Unis», a-t-il fait
valoir.
«La seule chose que je demande à l'Etat c'est de réclamer la justice
pour ma fille. Que (son) sang soit vengé. Que les responsables soient
punis car elle a été délibérément visée», a accusé sa mère, Rabia
Birden, citée par l'agence Anadolu.
La Turquie envisage d'émettre des mandats d'arrêt internationaux, en
fonction des résultats de son enquête.
Le ministre a également appelé le rapporteur spécial de l'ONU sur les
exécutions extrajudiciaires et arbitraires à créer une commission
d'enquête indépendante et à rédiger un rapport sur la mort de Mme Eygi
avec l'intention de le joindre à la procédure pour «génocide» en cours
contre Israël devant la Cour internationale de justice et dans
l'enquête également en cours devant la Cour pénale internationale.
Une fillette de 8 ans portée disparue depuis 19 jours
a été retrouvée morte
Le corps d'une fillette de 8 ans, portée disparue depuis 19 jours, a
été retrouvé dans la province de Diyarbakir, dans le sud-est de la
Turquie, a annoncé dimanche le ministre turc de l'Intérieur.
"Malheureusement, le corps sans vie de Narin, disparue dans le village
de Tavsantepe du district de Baglar à Diyarbakir, a été retrouvé par
nos équipes de gendarmerie", a affirmé le ministre turc de l'Intérieur
Ali Yerlikaya sur X.
Le corps de Narin Güran a été retrouvé dans un sac placé dans une
rivière située à un kilomètre du village où elle vivait avec sa
famille, a affirmé aux journalistes le gouverneur de Diyarbakir Murat
Zorluoglu.
"Narin Güran a été retrouvée morte portant les mêmes habits que la
derniere fois où elle a été vue. (...) Selon les premières
observations, elle a été mise dans un sac après avoir été tuée. Le sac
a ensuite été placé dans la rivière, dissimulé sous des branches et des
pierres de manière à ne pas éveiller de soupçons", a-t-il ajouté.
Dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Diyarbakir, 21 ont
été placées en garde à vue, a annoncé le ministre de la Justice Yilmaz
Tunç.
Les deux parents et le frère aîné de Narin font partie des personnes
interpellées, selon la chaîne turque d'information NTV.
"La triste nouvelle de Narin, qui a été brutalement assassinée, nous a
tous profondément blessés", a réagi le président turc Recep Tayyip
Erdogan sur X.
"Je suivrai personnellement le processus judiciaire pour garantir que
ceux qui nous ont pris Narin reçoivent la punition la plus sévère
qu'ils méritent", a-t-il ajouté.
- Emoi en Turquie -
Sa disparition le 21 août et les efforts de recherche restés vains ont
suscité un émoi en Turquie, plusieurs personnalités connues ont rejoint
une campagne sur les réseaux sociaux intitulée "Retrouvez Narin".
L'oncle de Narin a été interpellé la semaine dernière à la suite
de
"forts soupçons" de "meurtre" et de "privation de liberté" pesant sur
lui.
Des appels au rassemblement dimanche soir pour protester contre le
meurtre de Narin ont été lancés par des organisations féministes dans
plusieurs villes de Turquie.
Le parti prokurde Dem a aussi appelé à une marche à Diyarbakir dimanche
soir.
"Narin a été assassinée de manière organisée. Les responsables de ce
meurtre, qui nous a tous attristés, doivent être révélés et tenus
responsables devant un système judiciaire impartial et indépendant", a
réagi le parti sur X. (AFP, 8 sept 2024)
"Ici le monde" : Turquie, quand la menace religieuse
pèse sur l’enseignement laïc
Esmeralda Labye, rtbf:be, 1er septembre 2024
C’est l’un des fondements de la République de Turquie. Il est inscrit
dans la Constitution.
Article 2 : "La République de Turquie est un État de droit
démocratique, laïque et social, respectueuse des Droits de l’Homme."
Et dans son article 4 : "Aucune proposition d’amendement
constitutionnel visant ce principe ne peut être formulée."
Voilà les faits. Mais dans la réalité, les choses sont différentes et
la nouvelle rentrée scolaire, celle du 3 septembre 2024, le prouve.
À partir de cette date, les écoles devront être bâties sur un modèle à
trois piliers : les vertus, les valeurs et l’action.
Objectif : former des générations morales, vertueuses ayant pour idéal
de faire le bien et d’être utile à la nation. "En pratique, de l’école
maternelle à la fin du secondaire", explique Anne Andlauer,
correspondante RTBF sur place, "chaque cours, dans chaque classe est
censé promouvoir un certain nombre de valeurs présentées comme
nationales. Les cours d’histoire par exemple, seront conçus pour
encourager l’honnêteté et le patriotisme. Les cours de géographies
devront défendre le patriotisme, le respect et le sens des
responsabilités".
Les cours devront aussi être organisés en fonction des heures de prière
du vendredi. Les références à l’islam seront les bienvenues, la théorie
de l’évolution, reléguée au rang de théorie non prouvée.
Interrogée par nos collègues de la RTS, Yasemin, une enseignante
primaire depuis plus de 20 ans explique : "Chaque année, les programmes
s’éloignent de plus en plus de la laïcité. Je ne suis absolument pas
contre la religion, mais qu’elle imprègne de plus en plus notre
enseignement au détriment de la science et de la laïcité, c’est
inacceptable".
Parmi les plus inquiets, l’initiative pour la réforme de l’éducation,
un think-thank (groupe de réflexion) de référence dans le pays
qui
parle d’un risque d’endoctrinement.
Kayihan Kesbich qui en fait partie ne mâche pas ses mots : "Quand vous
posez comme principe que la Turquie a une culture nationale, et que les
"valeurs" et la "moralité" de cette culture doivent être transmises aux
enfants sans la moindre possibilité de remise en cause, vous défendez
une "culture nationale" non pas pluraliste, mais monolithique et
centralisée. C’est l’un des points que nous trouvons problématiques…
Car utiliser l’école pour promouvoir cette "culture nationale" unique,
c’est créer un environnement dans lequel les enfants ne voient pas et
ne comprennent pas la pluralité, les différences. Cela peut être une
menace pour la liberté d’opinion, de religion ou de croyance, en même
temps qu’une menace pour la laïcité".
Seule victoire pour les partisans de la laïcité, le ministre de
l’Éducation Yusuf Tekin n’est pas parvenu à imposer la séparation
filles garçons dans les classes.
Des Imams en classe
La réforme ne s’arrête pas là. Désormais, les imams seront des
"références" en classe. Il s’agit en fait de créer des "clubs de
valeurs" via des prédicateurs et des imams, ayant statut de
fonctionnaires en Turquie. Ces religieux joueront le rôle de conseiller
spirituel, ils pourront aller avec une classe visiter une mosquée pour
écouter des prêches. "Les prédicateurs vont entrer directement dans les
écoles" explique Anne Andlauer, "et cela, c’est complètement nouveau
dans un pays ou la laïcité est toujours un principe constitutionnel !"
Levée de boucliers chez les enseignants, les parents d’élèves et les
syndicats. Plusieurs manifestations ont eu lieu et ont encore lieu
régulièrement. Mais leur voix est peu entendue, le pouvoir ayant de
toute façon fait passer ses réformes.
Pour certains, le président Erdogan, au pouvoir depuis 2002, veut
abolir l’école laïque. Une école, rappelons-le encore une fois, laïque
et créée il y a 100 ans par Mustafa Kemal Ataturk, le fondateur de la
République de Turquie.
Ce qui fait dire à cet enseignant à la retraite dans les colonnes de la
RTS : "Les jeunes d’aujourd’hui n’apprennent plus les principes
d’Ataturk. Il a même quasiment disparu des programmes scolaires. Si
vous mettez des théologiens dans les écoles qui devraient être
réservées aux enseignants, cela fait courir un risque grave à l’avenir
de ce pays".
Cayan Calik est membre du syndicat enseignant de gauche Egitim-Sen.
Pour lui, l’objectif du président Erdogan est politique. "Le pouvoir,
qui a considérablement appauvri la population, appelle ouvertement les
citoyens à se contenter de ce qu’ils ont et même à se montrer
reconnaissants du peu qu’ils ont. Et dans le même temps réduire au
silence ceux qui défendent l’éducation laïque".
Avant Erdogan…
Au pouvoir depuis 2002, Recep Tayeb Erdogan a modelé le pays à sa
guise. Aujourd’hui, islamisme et nationalisme font bon ménage. Mais que
ceux qui croient que le retour du religieux est entièrement dû au
maître d’Ankara se détrompent. Comme l’explique Anne Andlauer : "Le
président actuel s’est appuyé sur un socle existant à savoir l’héritage
du coup d’tat militaire de 1980. Ce sont les généraux à l’origine de ce
coup d’État qui ont épousé et imposé ce qu’on appelle la synthèse turco
islamique, une sorte de nationalisme religieux qui associe l’islam à la
nation turque. Et ces militaires, au nom de la défense de l’état laïc,
ont tenté de propager dans les salles de classe. Ces ont eux qui ont
imposé en 1982, des cours obligatoires de culture religieuse. Ils n’ont
pas du tout vocation à étudier l’histoire, la philosophie des
différents courants religieux mais se résument à un enseignement de
l’islam sunnite, largement majoritaire en Turquie. Donc, il y avait
déjà avant l’arrivée d’Erdogan, une volonté d’utiliser l’école à des
fins idéologiques mais c’est clair que Recep Taieb Erdogan a porté le
dossier à un niveau jamais atteint".
La multiplication des Imam Hatip
À la base, ce sont des établissements chargés de former des
prédicateurs et des imams. A l’arrivée, sous l’impulsion du pouvoir
islamo-conservateur, ils deviennent des écoles "tout court". Désormais,
les lycées imam Hatip constituent un système d’écoles parallèles dans
lequel de nombreux cours traditionnels sont remplacés par des cours de
religion islamique.
En 1975, il y avait 100 lycées. Lors de l’arrivée de l’AKP au pouvoir
en 2002, 64.534 lycéens fréquentaient ces établissements. Ils sont
aujourd’hui 450.969.
Haro sur les lycées français
La rentrée scolaire 2024-2025 s’accompagne d’une autre nouveauté. Les
autorités interdisent désormais l’inscription d’élèves de nationalité
turque dans les écoles françaises d’Istanbul et Ankara. Une décision à
mettre en relation avec le refus de la France d’autoriser des écoles
turques sur son territoire. Ankara estime que le principe de
réciprocité doit être appliqué.
Récemment interrogé par le journal Haberturk, le ministre Tekin
déclarait : "Ces écoles ont été créées pour les enfants des employés
des missions diplomatiques, mais elles ont commencé à accepter des
élèves turcs. C’est contraire à la loi".
Le contentieux n‘est pas neuf. En 2012, le Ministère de l’Education
nationale souhaitait que ces écoles soient affiliées au ministère turc
de l’éducation et plus à l’ambassade de France.
Ces écoles, comme toutes celles dans le monde, sont considérées comme
des établissements à but non lucratif et soumis à la législation
française.
Le 13 juillet dernier lors d’une conférence de presse, Yusuf Tekin
dénonçait l’arrogance de la France estimant : "Nous ne sommes pas comme
les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un Etat souverain. Ils ne
nous prennent toujours pas en considération. Si vous voulez dispenser
un enseignement ici, vous agirez selon nos conditions".
Les élèves déjà scolarisés dans les écoles et lycées français pourront
y poursuivre leur scolarité, mais à terme, l’interdiction d’admission
d’élèves turcs réduira fortement leur nombre et mettra donc l’avenir de
ces écoles en péril.
Conscientious objector handed
prison sentence
Conscientious objector Şendoğan Yazıcı has been sentenced to five
months and 18 days in prison for allegedly "inciting disobedience to
the law" under Article 217 of the Turkish Penal Code.
The sentence was handed down by the Borçka Criminal Court of First
Instance following a trial related to a social media post in which
Yazıcı criticized mandatory military service.
Yazıcı only learned of the court's decision two days ago. In addition
to the prison sentence, Yazıcı was also fined 36,500 liras in
administrative penalties, Mezopotamya Agency (MA) reported.
Reflecting on the verdict, Yazıcı remarked, "The state is taking these
side measures to avoid making legal regulations on conscientious
objection. Yet, Turkey is obligated to align its domestic laws with the
'right to conscientious objection' as stipulated in the European
Convention on Human Rights, which it signed in 2006. Instead of doing
this, they try to intimidate people like us by labeling us as 'draft
evaders.'"
"Standing by my words"
Yazıcı, who has faced 15 similar legal cases over the years, stated
that he stands by his post, in which he declared, "I have refused to
join your murderous ranks, to be part of your chain of command, to kill
or be killed, for 12 years now. As long as I breathe, I will continue
to refuse."
He added, "I am already a conscientious objector, and I want others to
support and adopt the ideas I defend. There are currently around 400
conscientious objectors in Turkey; I would like to see that number rise
to 40,000. I will continue to advocate for this. This is not
'incitement to lawlessness'—it’s an effort to encourage others to
embrace the ideas and practices I believe in."
He has announced plans to appeal the sentence at the court of appeals.
The charges stemmed from a post Yazıcı made on November 25, 2022, where
he shared a military record noting him as a "draft evader." Following
this post, legal action was taken against him, culminating in the
August 20 court ruling. (BIA, 30 August 2024)
Gezi
trial prisoner Tayfun Kahraman faces ill-treatment
Tayfun Kahraman, of the eight prisoners from the Gezi Park trial, was
allegedly subjected to mistreatment while en route to a routine
neurological checkup for multiple sclerosis (MS) on Aug 29.
His wife, Meriç Demir-Kahraman, took to social media to detail the
incident, claiming that the officers escorting her husband tightened
his handcuffs excessively, causing pain and injury.
She also reported that the officers defied legal procedures by refusing
to leave the examination room, even after requests from both the doctor
and Kahraman himself.
“Who are these people, defying laws? And whose orders are they
following?" she questioned in her post.
Reactions
The alleged mistreatment has ignited criticism from opposition
politicians and professional organizations. Özgür Özel, the leader of
the main opposition Republican People's Party (CHP), condemned the
incident as "neither legal, moral, nor humane," vowing to hold those
responsible accountable.
Gülistan Kılıç Koçyiğit, deputy chair of the pro-Kurdish Peoples’
Equality and Democracy (DEM) Party parliamentary group, went further,
labeled the treatment as “torture” and a “crime against humanity.”
The İstanbul Chamber of City Planners and the İstanbul Medical Chamber
also issued strong statements denouncing the violence and calling for
accountability. Both organizations pledged to take legal action against
those involved.
The Gezi Park case
Kahraman is among eight defendants sentenced in connection with the
2013 Gezi Park protests, which began as an environmental demonstration
and grew into countrywide anti-government protests.
In April 2022 the İstanbul 13th Heavy Penal Court sentenced
philanthropist Osman Kavala to aggravated life imprisonment for
attempting to overthrow the government, while Kahraman and other
activists received 18-year prison sentences for aiding the attempt.
In September 2023, the Court of Cassation, the top appeals court in the
country, upheld the sentences of five defendants, including Kahraman
and Kavala, while overturning verdicts for the three others. (BIA, 30
August 2024)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Le juge demande à l’auteur : "Pourquoi
vous avez écrit ce roman ?"
Ragip Duran, TVXS.GR, 22 septembre 2024
Le 18 septembre dernier au Palais de Justice d’Istanbul, le
romancier Yavuz Ekinci (45 ans) était dans la cage des accusés devant
le juge de la 23e Cour d’assises. La salle d’audience était pleine
d’écrivains et des amis d’Ekinci.
En solidarité avec leurs collègues, ces derniers défendent le principe
selon lequel ‘’La littérature ne peut pas être jugé par les autorités
de l’Etat’’.
Ekinci, l’auteur du roman ‘’Ceux dont les rêves étaient brisés’’ avait
publié ce livre en 2014. Il s’agit du problème kurde. Le livre était
rédigé et publié à l’époque du ‘’Processus de Paix’’ quand les
responsables du gouvernement négociaient publiquement avec les
représentants du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, crée en
1978, en lutte armée contre le gouvernement central depuis 1984 pour
les droits des Kurdes, ‘’organisation terroriste-séparatiste’’ selon
Ankara et plusieurs pays occidentaux).
Ce roman a été déjà interdit et retiré du marché en mars 2023 par une
décision d’un tribunal.
Ekinci a déjà publié une dizaine de livres, des poèmes, des nouvelles
et des romans en turc et en kurde dont certains ont été traduits en
allemand. Il avait remporté plusieurs prix littéraires en Turquie.
Un lecteur qui se croit ‘’police des lettres’’, avait dénoncé l’auteur
et le livre dans une plainte adressée au CIMER, le Centre de
Communication de la présidence de la République dans laquelle il estime
qu’il s’agit de ‘’propagande terroriste’’.
Le parquet a, dans son acte d’accusation a repris mot à mot, cette
accusation : ’’Faire de la propagande terroriste en écrivant un roman’’
!
Ekinci a invité ses collègues et amis à l’audience. ‘’Le Droit me pose
la question suivante : ’Pourquoi tu as écrit ce roman ?’. Cette
question peut être posée à l’auteur par un journaliste, un lecteur ou
un critique littéraire. Mais tout change quand la question est posée
par un membre du judiciaire’’ dit-il.
‘’Alors, le dialogue entre le juge et l’accusé n’est plus judiciaire,
mais devient un problème de logique’’ écrit Mine Sogut, une écrivaine
présente dans la salle.
Il est, en effet, très difficile d’essayer d’expliquer à un juge ou à
un procureur, qui n’est sûrement pas très brillant dans le domaine de
la littérature, la raison et le processus de la création d’un roman.
Pourtant, Ekinci, enseignant de formation, a fait une très bonne
présentation pour expliquer les relations entre le droit et la
littérature. On se croira dans un atelier de master en littérature
plutôt qu’une salle de tribunal. Ekinci a parlé de la réalité, de la
fiction et du rapport entre ces deux notions. ‘’Si on ne fait pas la
distinction entre la réalité et la fiction, Dostoievski devrait être
jugé et condamné pour meurtre. Car dans ‘Crime et Châtiment’,
Raskolnikov le héros du roman a commis un assassinat. Alors l’auteur,
c’est-à-dire Dostoïevski devrait être condamné’’ a-t-il affirmé. Il a
également, pas à pas, exposé le processus de création d’une œuvre
littéraire. L’imagination, la réalité sociale, la psychologie des héros
du roman…
Le contenu et le style du discours de la défense ont été très appréciés
par les écrivains présents dans la salle. Mais le juge, qui apparemment
n’a pas compris grand-chose et en tout cas incapable de distinguer la
fiction de la réalité a posé la question cruciale après avoir
silencieusement écouté Ekinci. ‘’D’accord, mais pourquoi donc vous avez
écrit ce roman ?’’ . Un sourire malheureux sur les visages des
collègues d’Ekinci.
L’ensemble des écrivains présents dans la salle, croient que ni le
procureur ni le juge a lu le roman. Car ils ont démontré par leurs
questions qu’ils n’étaient pas du tout au courant de l’histoire raconté
dans le livre.
Le procès est reporté au mois de décembre.
Toujours Mine Sogut, dans sa chronique publiée sur le site
d’information indépendant T24.com.tr, se rappelle du dialogue entre
Picasso et le général nazi devant ‘’Guernica’’, le célèbre œuvre du
peintre.
- C’est vous qui avez peint ce tableau ?
- Non, ce n'est pas moi, c’est vous !
Ce roman a été donc écrit comme réponse à ceux qui demandent ‘Pourquoi
vous avez écrit ce roman’.
Acclaimed director Tomris Giritlioğlu dies at 67
Filmmaker, screenwriter, and producer Tomris Giritlioğlu, known for
directing films such as Salkım Hanımın Taneleri (Mrs. Salkım's
Diamonds) and Güz Sancısı (Pains of Autumn), has passed away in
Istanbul at the age of 67. Giritlioğlu had been undergoing cancer
treatment for some time before her death.
Giritlioğlu, who retired from Turkey’s state broadcaster TRT in 2002,
is widely credited with pioneering the trend of period dramas in
Turkish television and cinema.
In addition to tributes from numerous figures in the film industry,
Culture and Tourism Minister Mehmet Ersoy expressed his condolences. “I
learned with deep sorrow about the passing of Tomris Giritlioğlu, the
writer, director, and producer of unforgettable works. May God have
mercy on her soul. I extend my condolences to her loved ones and to the
entire arts community,” Ersoy wrote on social media.
Early life and career
Born in 1957 in the Kadınhanı district of Konya, Giritlioğlu was the
child of a family from Hatay. She spent the early years of her
childhood in Adana. After completing the third grade, she continued her
education at TED Ankara College. She later pursued higher education at
Hacettepe University, where she graduated from the Department of
English Language and Literature.
During her university years, Giritlioğlu became known as a "staunch
revolutionary" and decided to pursue a career in directing. After
graduating, she worked as a translator at TRT. In 1977, she married
Aycan Giritlioğlu, then-head of the TRT news department, and the couple
had a son, Ilgaz, born in 1980.
Following her time as an assistant in the Children’s Programs and
Educational Culture Departments at TRT, she moved to the Documentary
Programs Directorate, where she directed two documentary films titled
Tabletten Belgesele (From Tablet to Documentary) and Beyoğlu. In 1988,
she transitioned to the Drama Department at TRT and, in 1989, directed
her first feature film, From Kanto to Tango.
In the following years, she went on to direct and produce numerous
films, earning awards at prestigious festivals such as the Golden
Orange Film Festival, the İstanbul International Film Festival, and the
Ankara International Film Festival. (BIA, 24 sept 2024)
Journalist faces disinformation charges
after reporting on ‘state-linked’ criminal gang
Rabia Önver faces an arrest warrant and an order for the seizure of her
digital equipment following her coverage of recent criminal activities
in the Kurdish-populated city of Hakkari.
Journalist Rabia Önver is facing disinformation charges following a
raid on her home after she reported on an alleged criminal gang in the
Kurdish-populated eastern city of Hakkari.
Önver was not at home during the Sep 20 raid. The prosecutor’s office
issued an arrest warrant and ordered the seizure of her digital
equipment, according to the Association of Lawyers for Freedom (ÖHD).
"Our client is a journalist who has been reporting in the public
interest," the lawyer group stated. "The search of her home and the
attempt to confiscate digital materials, which are essential for her
work, is a clear attempt to intimidate the press through the judiciary.
"Freedom of the press and the public's right to access information are
essential to democracy. In a democratic country, silencing the press
through judicial means is a severe blow to both democracy and public
trust in the judiciary."
The group urged authorities to reverse the decision and uphold the
principles of law, stating that the investigation violates press
freedom and the public's right to information.
Background
Önver’s report, published by JINNEWS, a news agency focused on Kurdish
and women’s issues, exposed a gang in Hakkari that was allegedly
forcing young women into drug addiction and prostitution. In her
article, Önver interviewed the mother of a woman who claimed to have
been victimized by the gang. The mother alleged that local law
enforcement and judicial authorities pressured her to withdraw her
complaint. She also noted that members of the gang leader's family were
village guards and soldiers.
Önver’s report linked these activities to what was described as a
"special war policy" implemented by the state in Kurdish regions. The
claims also reached Turkey’s parliament, where they were raised in a
parliamentary inquiry. (BIA, 24 sept 2024)
Turkmen journaliste Ruslan Myatiev
banned fromentering Turkey
The Committee to Protect Journalists condemns Turkey’s July 25 denial
of entry to Ruslan Myatiev, director and chief editor of Turkmen.news,
a Netherlands-based independent Turkmen news website.
“Journalist Ruslan Myatiev’s account that Turkey acceded to
Turkmenistan’s request to ban him is a startling suggestion of Turkey’s
complicity in transnational repression with one of the world’s worst
press freedom violators,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central
Asia program coordinator. “Turkish authorities should revoke the travel
ban against Myatiev, and Turkmenistan must stop retaliating against
exile-based journalists.”
When Myatiev arrived with his family at Antalya airport in southern
Turkey for a holiday, police denied him entrance to the country, citing
an entry ban. Myatiev told CPJ that he had not been officially provided
with further information, but that he overheard law enforcement
officers telling each other the ban was classified under code G-82 —
which pertains to “activity against state security” — and had been
requested by Turkmenistan. Officers detained Myatiev for four hours and
questioned him about his work and travel before escorting him onto a
flight back to the Netherlands.
Turkmen.news is among a small number of exile-based independent media
reporting on Turkmenistan, which has one of the most repressive media
environments in the world. The news website has repeatedly been
targeted by cyberattacks in recent years, and Turkmen.news
correspondent Nurgeldi Halykov recently completed a four-year prison
sentence in retaliation for his reporting.
Myatiev told CPJ that cooperation between Turkish and Turkmen law
enforcement has significantly increased since protests by Turkmen labor
migrants in Turkey in 2020, leading Turkmen journalists working in
Turkey to feel insecure.
CPJ’s emails requesting comment from the Communications Directorate of
the Presidency and the Interior Ministry of Turkey, and from the
Ministry of Foreign Affairs of Turkmenistan did not receive any
replies. (CPJ, September 12, 2024)
Freedom of expression groups denounce death threats
against journalist Murat Ağırel
Twenty-three press and freedom of expression organizations from Turkey
and around the world have issued a statement regarding the death
threats made against investigative journalist Murat Ağırel.
The organizations expressed concern over the systematic threats
targeting Ağırel, describing them as a serious threat to press freedom
and journalist safety in Turkey. They also voiced their support for
Ağırel and called on the government to conduct an effective
investigation into the matter.
Most recently, Ağırel shared a video sent to him, where a masked
individual alleged that the journalist’s life was put on a contract and
an MP was involved in this. Two individuals, including the masked
individual, were later taken into custody in connection with the
incident.
“We are deeply alarmed by the persistent pattern of intimidation,
surveillance, and death threats targeting Ağırel, which represent a
severe assault on press freedom and the safety of journalists in
Turkey,” the groups said in a statement.
“These threats and acts of intimidation are not isolated incidents but
part of a broader, systemic issue affecting press freedom in Turkey,
where independent journalists frequently face significant risks in
their pursuit of truth. We urgently call on the authorities to
thoroughly investigate these threats and ensure that those responsible
are held accountable.”
The groups listed the following incidents of threats against Ağırel:
November 21, 2023: Ağırel shared on X, formerly Twitter, that he
received death threats related to his investigative work on money
laundering and tax evasion allegations against Dilan Polat and Engin
Polat, who were recently arrested for alleged money laundering.
November 24, 2023: On the YouTube channel “Tactical Mania Plus”, hosts
Nevzat Dindar and Alper Mert criticized Ağırel for mentioning the name
of a Galatasaray (one of Turkey’s leading football clubs) executive in
his reports on match-fixing allegations, insinuating a death threat
against him.
November 29, 2023: Ağırel revealed on a live broadcast on Halk TV that
the threats extended to his family, including death and rape threats
against his wife, 12-year-old daughter, and sisters, due to his reports
on match-fixing allegations.
May 10, 2024: Ağırel faced renewed threats due to his book “Havala,”
which exposes drug trafficking and money laundering in Turkey. He
reported instances of intimidation, including surveillance of his home
and personal movements.
June 12, 2024: Ağırel shared on X that he was under ongoing
surveillance, with people filming his house, rummaging through his
trash, damaging his car, and following his family members. Ağırel told
the Committee to Protect Journalists (CPJ) that police identified and
questioned some individuals but took no further action after they
denied spying on the journalist.
June 21, 2024: In an article in the pro-government newspaper Türkgün,
Ağırel and three other journalists were openly targeted for their
coverage of the Sinan Ateş murder case. The journalists were openly
singled out because of their reporting.
July 22, 2024: During a recent hearing in the Sinan Ateş murder case,
legal experts from the Turkish government ally, far-right Nationalist
Movement Party (MHP) filed a petition claiming the MHP was a “victim”
and sought to participate in the case as an “aggrieved party.” The
court denied the request. The petition accused various groups,
including investigative journalists, with Ağırel and 62 other
journalists being openly labeled as “agents of influence” by MHP
spokespersons due to their journalism.
Most alarmingly, on September 3, 2024, Ağırel received a new death
threat via a video, where a masked individual claimed that a contract
had been placed on his life and that an execution order had been
issued. The individual also mentioned a parliamentarian allegedly
involved in the threat.
September 4, 2024: The General Directorate of Police issued a statement
on their X account announcing the detention of two individuals
responsible for threatening Ağırel in the video and recording the
footage.
The statement was signed by the following groups:
International Press Institute (IPI), ARTICLE 19 Europe, Articolo 21,
Association of Journalists, Ankara, Association of European Journalists
(AEJ), Coalition For Women In Journalism (CFWIJ), Committee to Protect
Journalists (CPJ), Danish PEN, European Centre for Press and Media
Freedom (ECPMF), Index on Censorship, International Federation of
Journalists (IFJ), Journalists’ Union of Turkey (TGS), Media and Law
Studies Association (MLSA), Osservatorio Balcani Caucaso Transeuropa
(OBCT), PEN America, PEN Canada, PEN International, PEN Norway,
Platform for Independent Journalism (P24), Progressive Journalists
Association (ÇGD), South East Europe Media Organisation (SEEMO),
Swedish PEN, The European Federation of Journalists (EFJ).
(AFP, 12 sept 2024)
La Turquie censure une série Netflix sur Chypre
Le Haut conseil turc de l'audiovisuel (RTÜK) a affirmé vendredi avoir
fait censurer en Turquie une série grecque revenant sur l'invasion
turque de Chypre en 1974, prévue pour être diffusée prochainement sur
Netflix.
"La production en question ne sera incluse que dans le catalogue
Netflix du pays où elle a été précédemment diffusée (Grèce), et ne sera
pas incluse dans le catalogue de la Turquie, ni d'aucun autre pays",
affirme le RTÜK, qui dit avoir "atteint un consensus" avec la
plateforme américaine à ce sujet.
L'AFP n'a pu joindre Netflix dans l'immédiat.
Le Haut conseil turc de l'audiovisuel reproche à la série "Famagusta",
qui traite des évènements ayant conduit à la division il y a cinquante
ans de l'île méditerranéenne, de "dénigrer" la Turquie et son armée.
L'île de Chypre est divisée depuis l'invasion par la Turquie le 20
juillet 1974 de sa partie nord, en réponse à un coup d'Etat de
nationalistes chypriotes grecs visant à rattacher le pays à la Grèce.
Reconnue internationalement, la République de Chypre n'exerce son
autorité que sur la partie sud de l'île, séparée par une zone tampon,
contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN),
autoproclamée et reconnue seulement par Ankara.
La Turquie continue d'affirmer avoir mené à Chypre une "opération de
paix" visant à protéger les Chypriotes turcs.
Le ministère turc des Affaires étrangères avait dénoncé la semaine
dernière la série "Famagusta", affirmant dans un communiqué que
celle-ci "sert la propagande noire de l'administration chypriote
grecque de Chypre du Sud". (AFP, 6 septembre 2024)
Le CPJ et RSF réclament la libération "immédiate" d'un
journaliste
travaillant pour l'AFP
Le Comité de protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans
frontières (RSF) ont appelé mardi à la libération "immédiate" de Bakr
al-Kassem, journaliste travaillant pour plusieurs médias dont l'Agence
France-Presse dans le nord de la Syrie, arrêté par des factions
proturques.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les raisons
de l'arrestation de M. Kassem par la police militaire locale ne sont
pas connues.
L'ONG ajoute que le journaliste a été "battu lors de son arrestation
par la police militaire", relevant des factions proturques qui
contrôlent cette zone du nord syrien, et "les services de
renseignements turcs".
"Nous sommes profondément préoccupés par le fait que des factions de
l'opposition syrienne ont détenu le journaliste Bakr al-Kassem sans
explication et l'ont transféré aux services de renseignements turcs", a
déclaré Yeganeh Rezaian, coordinatrice par intérim du programme
Moyen-Orient/Afrique du Nord (Mena) du CPJ, à Washington.
"Les autorités locales devraient immédiatement libérer al-Kassem et
cesser de détenir des journalistes", a-t-elle ajouté.
RSF a également appelé dans un communiqué à sa libération "immédiate".
"Le harcèlement des journalistes doit cesser dans ce pays qui est l'un
des plus dangereux au monde pour les professionnels de l'information",
a déclaré le responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Jonathan Dagher.
- "Le journalisme n'est pas un crime" -
L'épouse de Bakr al-Kassem, la journaliste Nabiha Taha, jointe
par l'AFP, a précisé que le couple avait été arrêté lundi dans la ville
d'Al-Bab, proche de la frontière avec la Turquie, où ils résident,
alors qu'ils revenaient en voiture de la couverture d'un événement.
"J'ai été relâchée un peu plus tard, mais mon mari reste détenu",
a-t-elle ajouté, indiquant ne pas connaître la raison de son
arrestation ni le lieu où il est détenu.
Nabiha Taha a ajouté que leurs deux téléphones avaient été saisis,
ainsi que l'ordinateur et les caméras de M. Kassem lors d'une
perquisition ultérieure à leur domicile.
Contacté par l'AFP, le chef du "gouvernement intérimaire" syrien qui
administre ces régions, Abdurrahman Mustafa, a déclaré que si
l'arrestation de M. Kassem est "liée à la liberté de la presse, elle
sera examinée et traitée au plus vite".
Plus tard dans la journée, des dizaines de journalistes locaux se sont
rassemblés dans la ville d'Idleb (nord-ouest) pour dénoncer
l'arrestation de leur collègue, selon un correspondant de l'AFP.
Certains d'entre eux portaient des gilets pare-balles et brandissaient
des pancartes ou des portraits de Bakr al-Kassem avec le slogan: "Le
journalisme n'est pas un crime".
M. Kassem a commencé à travailler en 2018 pour l'Agence France-Presse
(AFP) et a couvert de nombreux épisodes de la guerre en Syrie, ainsi
que le tremblement de terre meurtrier en février 2023, dans lequel il a
perdu 17 membres de sa famille. Il travaille également pour l'agence
turque Anadolu et des médias syriens locaux.
"Nous appelons les autorités locales dans le nord de la Syrie à libérer
immédiatement notre correspondant Bakr al-Kassem et à lui permettre de
reprendre son travail librement", a déclaré Sophie Huet, rédactrice en
chef de l'AFP.
La Syrie a été morcelée par la guerre qui a éclaté en 2011 après la
répression de manifestations prodémocratie, et l'armée turque y
contrôle avec des groupes affiliés deux vastes zones frontalières. (AFP, 27 août
2024)
Turkish court orders block on X accounts of well-known
politicians,
journalists
A court has ordered a block on 82 X accounts including those of
well-known politicians and journalists, Free Web Turkey reports. The
decision had been disclosed earlier, but its full extent has now been
revealed.
The decision issued by the Gümüşhane Penal Judgeship of Peace on Aug
20, cites “protection of national security and public order” as the
primary reason for the censorship, alleging that these accounts were
used to propagate terrorist organization propaganda.
Among the accounts are those of Ertuğrul Kürkçü, a leftist politician
and the honorary co-chair of the pro-Kurdish Peoples’ Democratic Party
(HDP) and US-based journalist Amberin Zaman.
The account of Cansu Özdemir, a Kurdish-German politician who heads the
Left Party’s parliamentary group in Germany’s Hamburg, was also ordered
to be blocked.
The censorship decision also targeted Kurdish journalists Deniz Tekin,
Öznur Değer, Berçem Mordeniz and the Kurdish-focused Yeni Yaşam
newspaper. (BIA, 26 August 2024)
Manifestation contre une frappe de drone
ayant tué deux journalistes en
Irak
Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés samedi à
Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome dans le nord de
l'Irak, pour dénoncer une frappe de drone imputée à l'armée turque
ayant tué la veille deux journalistes affiliées au PKK.
Interrogé par l'AFP, le ministère turc de la Défense a démenti toute
responsabilité dans ce bombardement survenu vendredi dans le secteur de
Sayyid Sadek. Un responsable de sécurité irakien, ainsi que les
services antiterroristes à Erbil, capitale régionale du Kurdistan,
évoquaient une potentielle frappe de drone de l'armée turque.
Le bombardement, qui a aussi fait un blessé, a tué Gulistan Tara,
journaliste Kurde de Turquie âgée de 40 ans, et Hero Bahadin, monteuse
vidéo de 27 ans, Kurde irakienne, selon le Comité pour la protection
des journalistes (CPJ). Elles travaillaient pour la maison de
production CHATR, qui alimente deux "chaînes d'information financées
par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)", d'après la même
source.
Une centaine de personnes --journalistes et militants-- se sont
rassemblées samedi dans un jardin public de Souleimaniyeh, brandissant
des portraits des deux femmes, selon un journaliste de l'AFP. "Les
martyrs ne mourront pas", a notamment scandé la foule.
"Les bombardements turcs affectent tout le monde au Kurdistan, les
populations civiles en sont victimes, la vie dans les campagnes s'est
quasi-arrêtée parce qu'il n'est pas possible de vivre avec des frappes
de jour, de nuit, chaque minute et chaque heure", déplore la militante
Robar Ahmed.
Les militaires turcs confirment épisodiquement les bombardements en
territoire irakien, où ils mènent régulièrement des opérations
terrestres et aériennes contre le PKK. L'organisation, engagée dans une
lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, est classée
"terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Les combattants kurdes turcs disposent de bases arrières au Kurdistan
autonome d'Irak, qui accueille aussi depuis 25 ans des dizaines de
bases militaires turques.
Bagdad avait discrètement classé en mars le PKK comme "organisation
interdite". Mi-août, la Turquie et l'Irak ont signé un accord de
coopération militaire portant sur l'installation de centres de
commandement et d'entrainement communs dans le cadre de la lutte contre
le PKK.
Rahman Ghareeb, directeur du centre METRO pour les droits des
journalistes, a dénoncé lors de la manifestation la "faiblesse" des
prises de position en Irak face aux opérations militaires turques dans
le pays contre le PKK.
"L'Irak et le Kurdistan ont conclu avec la partie turque un accord de
sécurité qui les contraint à la participation", a-t-il accusé. (AFP, 24
août 2024)
Kurdish
Question / Question kurde
Turkish crackdown on
Kurdish language institutes intensifies
The number of people detained in the ongoing police investigation into
Kurdish language and cultural institutions in Turkey’s Diyarbakır
(Amed) city has reached 25, the authorities confirmed on Tuesday. The
crackdown targeted organisations including the Mezopotamya Language and
Culture Research Association (MED-DER) and Anka Language and Arts
Education Cooperative, which provides multilingual education and
cultural workshops. The police have confiscated books, magazines and
computer hard drives, enforcing a strict secrecy order on the case,
with a 24-hour restriction placed on lawyer access for the detainees.
The detentions have raised concerns among rights groups. Among those in
police custody are prominent figures from MED-DER and other
institutions, including MED-DER co-chairs Mehmet Remzi Azizoğlu and
Şükran Yakut, along with several cultural workers and educators.
Meanwhile, protests have broken out in the city, with Amed Labour and
Democracy Platform condemning the police operation as an act of
“cultural genocide.” Spokesperson Faruk Ercan of the platform accused
the government of escalating its assimilation policies, which have
historically targeted the Kurdish language and culture.
The detentions and protests come against a backdrop of increasing
repression in Turkey, where Kurdish language initiatives face growing
restrictions. Earlier this year, Diyarbakır café owner Ramazan Şimşek
was placed under house arrest after declaring that his establishment
would provide service in Kurdish. His case remains unresolved after
four months.
Rights activists are calling for the release of those detained and an
end to what they describe as the systematic oppression of Kurdish
language and culture in Turkey. (MedyaNews, 25 sept 2024)
Police seize hundreds of books,
periodicals in raid on Diyarbakır bookstore
Police conducted raids at dawn today on a private Kurdish language
course and a bookstore in Diyarbakır as part of a "terrorism"
investigation led by the Diyarbakır Chief Public Prosecutor’s Office.
The raids targeted the Mesopotamia Language and Culture Research
Association (MED-DER) and Payîz Pîrtuk bookstore, resulting in several
detentions.
Hundreds of books, magazines, and newspapers were also seized. Among
the materials confiscated were 409 books and 144 periodicals that had
not been previously ordered to be removed from shelves. Authorities
allege that these publications promote the ideology and propaganda of
the Kurdistan Workers' Party (PKK) militant group.
Cihat Güney, the owner of Payîz Pîrtuk, was among those detained.
According to the Mezopotamya News Agency (MA), the investigation is
based on statements from Ümit Akbıyık, a witness who has previously
contributed to the arrests of hundreds of individuals on charges
related to PKK activities, as well as an anonymous witness. (BIA, 24
sept 2024)
Idris Kaplan, le militant kurde sous la
menace d'une expulsion en Turquie
L'Humanité, 23 septembre 2024
Samedi 21 septembre, ce militant de la cause kurde a été arrêté, puis
transporté au centre de rétention administrative de Vincennes. Détenu
arbitrairement, selon son avocat, maître Romain Ruiz, Idris Kaplan a
été libéré après plus de vingt-quatre heures de rétention.
Mais l’homme, réfugié politique en France, reste toujours sous le coup
de l’avis d’expulsion ordonné par la préfecture de police du
Val-d’Oise. Des associations dénoncent sur les réseaux sociaux le sort
qui lui est réservé : « En France, tous les Kurdes qui mènent des
activités pour la cause kurde sont accusés de récolte de fonds, de
financement d’une organisation terroriste. »
Idris Kaplan risque d’être envoyé vers la Turquie, où il sera
immédiatement incarcéré. Son avocat a indiqué avoir saisi la Cour
européenne des droits de l’homme pour contraindre la France à suspendre
son avis d’expulsion.
Signalisations routières en
langue kurde visées par des fachos turcs
La municipalité kurde du district de Karakoçan, à Elazığ, a restauré
les signalisations routières en langue kurde le 22 septembre après
qu’elles aient été retirées.
Les marquages au sol, qui comprenaient des messages (bilingue
kurde/turc) de sécurité pour les piétons tels que « Pêşî Peya/Önce Yaya
» (Piétons d’abord) et « Hêdî/Yavaş » (Ralentissez), avaient été peints
par la municipalité du district, dirigée par le Parti de l’égalité et
de la démocratie des peuples (DEM). On ne sait pas encore si ces
marquages ont été enlevés par les autorités turques ou par des
fascistes en civil.
En réponse, les co-maires de Karakoçan, ainsi que le député du parti
DEM de Bingöl, Ömer Faruk Hülakü, sont retournés sur place le même jour
pour repeindre les messages supprimés.
S’adressant brièvement aux journalistes à l’extérieur de la
municipalité, Hülakü a déclaré : « Le kurde est la langue la plus
ancienne de ce pays ; elle ne peut être effacée ou détruite. Nous avons
repeint les inscriptions qui avaient été effacées à Dep [Karakoçan].
L’existence du kurde continuera grâce à la résistance honorable de
notre peuple. Toute tentative d’attaque contre notre langue ne fera que
renforcer notre détermination à la protéger. »
Le parti DEM a commencé à introduire des avertissements de circulation
en langue kurde après avoir repris le contrôle des municipalités dans
les régions kurdes lors des élections locales du 31 mars. Beaucoup de
ces municipalités étaient auparavant sous la tutelle d’administrateurs
nommés par le gouvernement turc.
Ce n’est pas la première fois que des panneaux et marquages routiers en
langue kurde sont effacés. Des actions similaires avaient eu lieu dans
des villes comme Van, Diyarbakır, Mardin et Batman, suite aux
directives du ministère de l’Intérieur et des bureaux des gouverneurs
locaux. Les marquages ont été retirés pour des raisons techniques, car
ils n’étaient « pas conformes au règlement routier ». (Kurdistan Au
Féminin, 24 sept 2024)
UN panel
highlights Turkey’s Kurdish oppression,
genocide claims
On Tuesday, at a recent UN Human Rights Council side event in Geneva
titled “Human Rights in Turkey: Crimes Against the Kurdish People
Continue”, key experts delivered scathing critiques of Turkey’s human
rights record, particularly regarding its treatment of the Kurdish
population.
Adem Uzun, a member of the Kurdistan National Congress (KNK), drew a
stark comparison between historical genocides and the current treatment
of Kurds in Turkey, accusing the Turkish state of committing genocide
against Kurdish populations.
Uzun compared the current situation to the early Turkish Republic’s
persecution of non-Muslims, including Armenians and Greeks. He claimed
that Turkey is now engaged in a similar campaign against the Kurds,
involving physical, political, cultural, and linguistic oppression.
Uzun also accused Turkey of attempting to occupy Kurdish territories in
Syria and Iraq, describing these actions as war crimes.
Central to Uzun’s speech was the case of Abdullah Öcalan, a Kurdish
leader imprisoned on İmralı Island since 1999. Uzun revealed that
Öcalan has been cut off from the outside world for the past 42 months,
with no information available about his wellbeing. He condemned
Turkey’s treatment of Öcalan as a violation of human rights and
international law, highlighting the ongoing isolation and lack of
contact with his family and legal representatives.
Uzun further criticised European and international bodies for their
inaction regarding Öcalan’s case and the broader human rights
violations in Turkey. Despite efforts to raise awareness and pressure
international institutions, Uzun lamented the continued silence and
lack of follow-up on past decisions, including those by the UN and the
Council of Europe.
Meanwhile, Professor Hans-Lukas Kieser, a historian from the University
of Zurich, provided a historical context, tracing Turkey’s repression
of Kurds back to the early 20th century. He highlighted the Treaty of
Lausanne’s failure to recognise the Kurds, leading to decades of
systematic rights violations. Kieser also discussed Turkey’s recent
military incursions in Syria, such as the occupation of Afrin in 2018,
which he described as major human rights violations aimed at
suppressing Kurdish self-governance.
In addition, Cengiz Çandar, a Peoples’ Equality and Democracy (DEM)
Party MP, addressed Turkey’s deteriorating democratic standards and
their impact on Kurdish issues. He criticised the regime’s disregard
for both domestic and international legal rulings and described
Turkey’s political climate as “proto-fascist”. Çandar linked Turkey’s
internal authoritarianism with its aggressive foreign policy,
undermining Kurdish autonomy and stressing the need for international
solidarity and reform to resolve these critical issues.
The panel emphasised the urgent need for international intervention to
address Turkey’s human rights abuses and protect Kurdish rights,
calling for immediate and effective action to uphold international law
and human rights standards. (MedyaNews, 19 Sept 2024)
Entre
Erdogan, Assad et Daech, la fragile autonomie des
Kurdes
Gérald Papy, Le Vif, 15 septembre 2024
Prise en étau entre le marteau turc et l’enclume du régime d’Assad,
l’Administration autonome arabo-kurde qui régit le nord-est syrien doit
également composer avec la menace d’une résurgence de l’Etat islamique.
Reportage.
Un à un, les minibus surchargés s’élancent depuis le poste-frontière
irakien de Semalka, et traversent le Tigre sur un pont flottant
incertain. De l’autre côté du fleuve, se dresse un bâtiment en pierre
blanche, dans le plus pur style damascène: c’est le poste-frontière
syrien, abandonné par le régime peu après le début de la guerre civile
et désormais tenu par les forces kurdes. Ici, pas l’ombre d’un portrait
de Bachar al-Assad, ni de drapeau national; seuls quelques jeunes
hommes et jeunes femmes, kalachnikov en bandoulière, patrouillent
enturbannés sous un soleil de plomb. Sur les murs du poste-frontière,
où sont installés les bureaux de l’Administration autonome du nord-est
de la Syrie (Aanes), les photos de martyrs de combattants kurdes
côtoient celles d’Abdullah Ocalan, le leader du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK, bête noire d’Ankara), emprisonné en Turquie depuis
1999. Situé aux confins de la Turquie et de l’Irak (à un kilomètre du
tripoint turco-irako-syrien), ce poste-frontière est la seule porte
ouverte du territoire autonome kurde de Syrie sur le monde extérieur.
Ce sont d’ailleurs les autorités locales qui octroient au
compte-gouttes les permissions d’entrée aux humanitaires ainsi qu’à la
presse, sans que Damas ait son mot à dire.
Véritable proto-Etat, l’Aanes s’étend, depuis la bataille finale contre
l’organisation Etat islamique (EI) en 2019, sur près d’un tiers du
territoire syrien, soit toute la partie à l’est de l’Euphrate. Soutenue
par les puissances occidentales, la coalition arabo-kurde qui la dirige
est confrontée à une conjoncture extrêmement délicate: ciblée de
manière presque quotidienne par la Turquie, qui la considère comme un
sanctuaire du PKK, l’Aanes entretient des relations de plus en plus
difficiles avec le régime syrien. Terrain de jeu de forces armées
étrangères antagonistes, américaines, russes, ou encore iraniennes, le
nord-est de la Syrie doit également composer avec la menace d’une
résurgence de l’Etat islamique, toujours actif dans la région. Une
situation qui tourne au casse-tête, dans un pays encore rongé par ses
démons.
Cohabitation précaire
Qamichli, cité de 200.000 âmes collée à la frontière turque, a tout
d’une ligne de front: contrôlée par les Forces démocratiques syriennes
(FDS), la capitale de facto de l’Aanes est bordée sur son flanc nord
par un long mur de béton qui la sépare de sa jumelle kurde de Turquie,
Nusaybin, et dispose d’un aéroport toujours tenu par le régime syrien.
Dans le centre-ville, où s’enchaînent les avenues commerçantes
rectilignes, se toisent en chiens de faïence les statues d’Hafez
al-Assad et les portraits d’Abdullah Ocalan. Une zone gouvernementale
de taille très modeste aux mains du régime syrien, une des seules de
toute la région autonome, est surveillée par quelques soldats aux
tenues défraîchies, avachis sur leurs fauteuils. Une cohabitation qui
ferait presque oublier l’extrême tension qui a régné entre les forces
kurdes et l’armée syrienne entre 2015 et 2016, et qui s’est aujourd’hui
conclue par un pacte de non-agression.
En cet été 2024, la pression est encore montée d’un cran. Et pour
cause: les autorités locales ont annoncé la tenue d’élections
municipales sur l’ensemble du territoire autonome. Une décision qui, si
elle n’a pas fait l’objet de commentaires en provenance de Damas, a
provoqué la fureur d’Ankara. Sous la menace d’une quatrième opération
militaire turque et face à la vive désapprobation américaine, le vote a
été ajourné à la dernière minute.
Issam Osman, un commerçant de 57 ans installé à Qamichli, explique:
«Pourquoi voter? Nous manquons de tout, d’électricité, de gaz, alors
que nous sommes une terre de gaz et de pétrole. Le prix du pain a
terriblement augmenté et l’Administration autonome achète cette année
le blé aux agriculteurs à un prix très bas. Beaucoup sont en colère,
des élections ne changeront rien.» Un courroux grandissant que les
dirigeants de l’Aanes ont bien saisi, comme le justifie un officier au
sein des FDS: «Notre pouvoir est très limité. Nous avons été contraints
de baisser le prix d’achat du blé, et cela provoque une certaine colère
chez les agriculteurs. Mais il faut comprendre pourquoi: depuis
plusieurs mois, les incendies déclenchés par les frappes turques ont
saboté la production. C’est une stratégie délibérée de la part de la
Turquie de nous déstabiliser et de retourner la population contre nous.»
Punition turque
Car, en plus d’occuper depuis l’opération militaire de 2019 une large
bande de terre le long de sa frontière, la Turquie s’est lancée à
partir de la fin de l’année 2023 dans une tactique de pilonnage intense
de toutes les infrastructures de l’Aanes, qu’elles soient gazières,
pétrolières ou électriques, causant des dégâts considérables. Une des
conséquences étant qu’une portion importante de la région autonome se
trouve, partiellement ou totalement, privée de courant depuis plusieurs
mois.
Dans les rues d’Hassaké, ville mixte partagée entre Kurdes et Arabes et
localisée à 80 kilomètres au sud de Qamichli, l’exaspération des
habitants est extrême. Ici, ce sont les questions hydriques qui
cristallisent les préoccupations. Meriem Abou Hamid, 70 ans, se tient
avec ses proches sur le pas de la demeure familiale, située dans une
des principales rues de la ville. Ils vendent des bouteilles remplies
d’essence aux automobilistes. «Plutôt mourir que de vivre ainsi. Il n’y
a pas d’argent, pas d’eau, pas d’électricité, tout est trop cher. Nous
vivons à dix ici dans une maison minuscule», enrage-t-elle. Quelques
mètres plus loin, Abou Dergham, 70 ans, attend désespérément une
livraison d’eau par camion-citerne. «Jusqu’en 2019, l’eau était
acheminée ici depuis Sérékaniyé, où se trouve une grande station de
traitement. Depuis que la ville est occupée par la Turquie, l’eau
n’arrive qu’en quantité très limitée. Cela nous rend la vie impossible.»
Ici, la cohabitation entre Kurdes et Arabes ne semble absolument pas
poser problème, comme l’explique Abou Dergham: «Bachar al-Assad ne nous
amènera jamais la paix, il a donné la Syrie aux Iraniens et aux Russes,
qui sont une menace pour notre pays. Même si j’aimerais une Syrie unie,
nous n’avons rien de mieux, pour l’heure, que la coalition
arabo-kurde.» A ses côtés, Ahmad, 61 ans, montre du doigt une
base
américaine installée à quelques dizaines de mètres à peine: «Le pays
n’est plus qu’une succession de milices, et dans notre cas, les Kurdes
et les Américains nous apportent de la stabilité. Bien sûr, tout n’est
pas parfait: les sympathisants de l’Etat islamique toujours présents
pensent que nous sommes avec les Kurdes, et ceux-ci se méfient de nous,
en tant qu’Arabes…»
Coexister à Raqqa
Après quatre heures de route sur une voie rapide fendant le désert
syrien, Raqqa se profile à l’horizon. L’ancienne capitale mondiale de
la terreur, ravagée à 80% lors de sa libération en 2017 par les Forces
démocratiques syriennes et les armées de la coalition, essaie tant bien
que mal de revivre. Un enjeu difficile tant les fantômes de Daech
hantent encore les lieux. Au centre de la cité toujours défigurée par
les destructions, se dresse un grand rond-point. Il s’agit de la place
Al-Naïm, tristement célèbre pour avoir été le théâtre des pires
atrocités durant le règne des djihadistes. C’est là qu’ils
exécutaient
les personnes accusées de crimes ou soupçonnées d’être des opposants
politiques. Les témoignages glaçants se succèdent: cadavres crucifiés
exposés pendant des jours, têtes décapitées empalées en rang sur les
grilles du rond-point, corps mutilés abandonnés sur l’asphalte afin
d’être décomposés au fil du va-et-vient des véhicules…
«Ce passé, croyez-moi, tout le monde ici veut l’oublier. Mais il nous
poursuit: dans l’esprit de beaucoup, en avoir été témoin fait de nous
des complices potentiels», avance un jeune homme d’une vingtaine
d’années. Une méfiance qui complique le vivre-ensemble, alors que Raqqa
est toujours le terrain de cellules dormantes de l’Etat islamique. Mais
l’intégration de jeunes membres arabes au sein des Forces démocratiques
syriennes semble avoir changé la donne. Alors que la nuit tombe,
un
convoi de plusieurs véhicules de combattants arabes, tous originaires
de la région, parade dans la ville, mitraillettes et drapeaux des FDS
au vent. A leur passage, malgré quelques regards fuyants, ils ne
semblent pas être perçus par la population comme une armée d’occupation.
L’ambiguïté de Damas
Le cheikh Farès, plus haut représentant de la tribu des Anizah, nous
reçoit à son domicile. Comme d’autres chefs de tribus, il s’est rallié
à l’administration autonome «afin de ne pas répéter les erreurs du
passé»: «Nous ne devons pas être aveuglés par notre stabilité, il y a
des gens très nationalistes des deux côtés, et c’est notre principal
obstacle à une entente totale. Notre mission consiste à poursuivre
notre travail d’équilibre, tous ensemble. Et à préserver la mémoire:
même si les Arabes ont donné beaucoup de sang pour se débarrasser de
Daech, la libération a été initiée par les Kurdes, et nous leur serons
éternellement reconnaissants.»
Dans une caserne autrefois bastion des djihadistes, Farhad Shami,
éminent membre des FDS, confirme un retour de la menace de l’EI, et
n’hésite pas à mettre en cause le régime syrien. «Depuis 2017, le
régime n’a rien fait pour affaiblir Daech. Il a peur que nous
traversions le fleuve et que nous étendions notre territoire. Il les
laisse donc opérer dans les zones désertiques. Soyons honnêtes: s’il ne
reprend pas position ici, ce n’est pas par sympathie, mais parce que
l’armée syrienne n’a plus les moyens humains et financiers de couvrir
ce territoire.»
L’influence de l’EI à Al-Hol
Si la lutte contre l’EI constitue pour les forces arabo-kurdes une
véritable assurance vie, garantissant un soutien crucial des puissances
occidentales face aux ambitions turques, la gérance des cendres du
califat est un casse-tête de plus dans un océan de difficultés. Outre
les quelque 10.000 prisonniers toujours détenus dans des établissements
pénitentiaires de fortune, l’Aanes se voit contrainte d’administrer
plusieurs dizaines de milliers de personnes, proches présumés des
combattants de l’EI. Capturées lors de la bataille finale de Baghouz en
2019, elles ont été placées sans jugement dans deux principaux camps,
celui de Roj –3.000 personnes d’origine étrangère– et celui de Al-Hol.
Dans ce dernier, 43.000 personnes –à 95% des femmes et des enfants–
s’entassent au cœur d’un océan de tentes aux teintes incertaines. Le
panorama est édifiant: sous un soleil accablant défilent des milliers
de femmes, enveloppées dans des niqabs aux couleurs sombres. Tout
manque à Al-Hol: l’eau, la nourriture, parfois même l’électricité.
Sous escorte de gardes kurdes armés, nous sommes autorisés à déambuler
dans le secteur réservé aux Irakiennes et aux Syriennes. A l’écart,
Musa Hassan al-Saleh, un Irakien de 21 ans, cache son regard derrière
la visière de sa casquette. Il veut croire que l’heure du retour est
proche. «Je n’étais qu’un enfant quand mes parents m’ont amené ici.
J’ai peur de rentrer en Irak et d’être puni par le gouvernement, mais
j’espère quand même pouvoir être rapatrié prochainement. La vie est
impossible, ici.»
La confusion est totale, la sensation d’oppression constante. Face à la
foule qui nous entoure, les gardes kurdes se montrent nerveux et
tâchent d’écourter la visite. «Laissez-nous parler, c’est une honte,
s’emporte une Syrienne d’une quarantaine d’années. Mon fils de 15 ans a
été arrêté, je n’ai plus de nouvelles depuis deux mois.» Une jeune
femme de 20 ans, dont le niqab laisse apparaître des yeux soigneusement
maquillés, est inquiète: «Je devais me marier avec un garçon du camp.
Trois jours avant, il a été arrêté par les forces de sécurité pour «
terrorisme ». Je n’ai plus jamais eu de nouvelles.» Un enjeu
humanitaire qui est en outre doublé de questions sécuritaires
brûlantes. Car sur le malheur de ces âmes en déroute continue de
prospérer l’Etat islamique. «Nous ne sommes pas assez nombreux, estime
Cihan Henen, en charge de la partie civile du camp. Un système de
passeurs existe autour du camp, des personnes s’évadent, des armes
entrent.»
Selon des sources militaires, des brigades de femmes sèment la terreur
dans le camp, et en violentent d’autres, au nom de la loi islamique.
«C’est démentiel. Un système d’imposition au profit de l’EI continue
d’exister, tout comme un système de justice islamique. L’endoctrinement
des enfants est très fort, et sans une volonté internationale de mener
une politique de rapatriement, de justice et de réintégration, nous
allons vers des jours difficiles», rapporte une source sécuritaire au
sein des FDS.
Rapprochement turco-syrien?
Cinq ans après la fin de la guerre contre l’Etat islamique,
l’Administration autonome du nord-est de la Syrie, acculée par les
difficultés politiques, géopolitiques, économiques et sécuritaires,
semble à la croisée des chemins. D’autant que depuis plusieurs
semaines, les tentatives de rapprochement entre le régime de Bachar
al-Assad et Recep Tayyip Erdogan suscitent incertitudes et
interrogations.
La Turquie, qui avait brutalement rompu ses rapports avec son voisin
syrien au début de la révolte en 2011 et soutenu les factions rebelles
islamistes en guerre contre le régime –certaines sont devenues des
auxiliaires d’Ankara–, semble aujourd’hui prête à changer de paradigme,
poussée en ce sens par des enjeux internes brûlants. Un jeu qui serait
«gagnant-gagnant»: face au sentiment anti-syrien grandissant en
Turquie, le président turc espère probablement ouvrir la voie au retour
des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant dans son pays, possiblement
dans les provinces kurdes qui se verraient ainsi «arabisées»; du côté
syrien, un rétablissement des relations bilatérales avec son voisin
serait un pas vers la fin de l’isolement politique régional d’Assad.
Une évolution qui, si elle aboutit, pourrait mettre en péril l’Aanes:
autant Bachar al-Assad que Recep Tayyip Erdogan partagent la volonté de
limiter au maximum l’autonomie du nord-est de la Syrie.
Dans un lieu tenu secret, loin de tout, une des Unités de protection de
la femme (YPJ), mises sur le devant de la scène durant la guerre contre
les djihadistes, fourbit ses armes. Cibles privilégiées des drones
turcs, ces jeunes femmes promettent, malgré un avenir très incertain,
de continuer le combat. Un mot de conclusion, provisoire, peut être
laissé à Judy, 19 ans à peine, qui a fait le choix de rejoindre les YPJ
il y a trois ans: «Il n’y aura pas de retour en arrière. Nous avons
versé trop de sang pour nous libérer. Nous sommes prêtes à tout, comme
nos grandes sœurs, et nous sommes entraînées. Le régime syrien, les
Turcs ou Daech, c’est la même chose pour nous, nous n’avons pas peur et
continuerons à lutter pour construire une société juste sur cette
terre.»
Militante
féministe Gulhatun Kara ne doit pas être
extradée
Gulhatun Kara, militante féministe kurde du Mouvement des Femmes kurdes
en Europe, a été arrêtée en juin dernier par la France en application
d’un mandat d’arrêt européen lancé par l’Allemagne avant d’être mise en
liberté sous contrôle judiciaire.
Elle comparaît demain devant la cour d’appel de Paris qui doit se
prononcer sur son extradition.
Gulhatun Kara, accusée par l’Allemagne d’appartenir au PKK, est
réfugiée en France depuis 1991 après subi des actes de torture en
Turquie.
Le PCF soutient les appels lancés à l’initiative du Conseil
démocratique kurde en France à ne pas appliquer ce mandat d’arrêt
allemand. Si des suites judiciaires doivent avoir lieu, elles doivent
se produire sur le sol français.
Le PCF réaffirme son exigence de décriminaliser le mouvement national
kurde et de retirer le PKK de la liste des organisations terroristes de
l’Union Européenne. (Parti communiste français le 17 septembre 2024)
Plus de 1500 avocats appellent à la levée de l’isolement
d'Öcalan
Des avocats de 35 pays différents, au total 1524 signataires, se sont
unis pour demander la liberté d’Abdullah Öcalan. À cette occasion, une
conférence de presse a été organisée à Bruxelles, en Belgique, par
plusieurs organisations juridiques, dont l’Association pour la
Démocratie et le Droit International (MAF-DAD), l’Ordre des Avocats de
Bruxelles, l’Institut des Droits de l’Homme de l’Ordre de Bruxelles,
l’Association des Avocats Européens pour la Démocratie et les Droits de
l’Homme dans le Monde (ELDH) et le Syndicat des Avocats Démocrates
Européens (AED).
Lors de cette conférence, qui s’est tenue au Club de la Presse de
Bruxelles, les participants ont souligné que cette initiative avait été
lancée pour obtenir le droit de visite à Abdullah Öcalan. Ils ont
également souligné que le Comité pour la Prévention de la Torture (CPT)
avait été alerté, et ont décrit la situation à Imrali comme une forme
d’isolement unique et discriminatoire, reconnue au niveau international
par les avocats.
« Les droits sont bafoués, les visites sont empêchées »
Dans la lettre envoyée au ministère turc de la Justice, il est souligné
qu’Abdullah Öcalan, ainsi qu’Ömer Hayri Konar, Hamili Yıldırım et Veysi
Aktaş, détenus à la prison de haute sécurité d’Imrali, se sont vu
refuser illégalement le droit de rencontrer leurs avocats. La lettre,
lue lors de la conférence de presse, détaillait les restrictions sur
les visites d’avocats et de la famille.
Le texte précise : « Les interventions continues contre le droit de la
défense et l’isolement d’Öcalan et des autres prisonniers ont conduit
des organisations juridiques internationales, telles que l’ELDH, l’AED
et Lawyers for Lawyers, à publier des déclarations, suscitant également
des critiques généralisées au sein de réseaux d’avocats. »
« L’interdiction des visites enfreint la loi internationale »
La lettre rappelle que, le 22 janvier 2024, 1330 avocats, inscrits à 35
barreaux différents, ont déposé une demande auprès du procureur de la
République de Bursa, exigeant la levée de l’interdiction des visites
d’avocats à Imrali et le rétablissement des droits de visite pour
Abdullah Öcalan et les autres prisonniers. Elle souligne également que
l’interdiction des visites enfreint les règles des Nations Unies
relatives au traitement des détenus (Règles Mandela) et les
recommandations du CPT.
La lettre conclut en appelant les autorités turques à respecter le
droit international et à permettre les visites des avocats à Imrali,
affirmant que l’application correcte de la loi turque et internationale
est essentielle pour garantir les droits fondamentaux des détenus.
Témoignages des intervenants
Lors de la conférence de presse, Hélène Debaty, présidente de l’AED, a
exprimé sa profonde préoccupation concernant la situation à Imrali,
qu’elle a qualifiée de « terrifiante ». Elle a souligné l’importance de
la mobilisation internationale et des 1500 signatures recueillies pour
dénoncer cette situation.
Heike Geisweid, coprésidente de MAF-DAD, a rappelé les nombreuses
violations des recommandations du CPT et de la loi pénitentiaire
turque, affirmant que les États ont l’obligation de garantir les droits
des détenus, quels que soient leur identité ou la nature de leur
condamnation.
Yves Oschinsky, représentant de l’Ordre des Avocats de Bruxelles, a
insisté sur l’importance du droit à la défense, en soulignant que la
Turquie enfreignait les lois internationales en refusant ce droit aux
détenus d’Imrali.
Enfin, Thomas Schmidt, secrétaire général de l’ELDH, a appelé l’Union
européenne à faire pression sur la Turquie pour garantir le droit de
visite des avocats à Imrali, tout en dénonçant l’isolement total imposé
à Abdullah Öcalan et l’inaction des institutions internationales face à
cette situation. (ROJINFO, 16 septembre 2024)
Ankara’s opposition to Kurdish autonomy in Soviet
Union revealed in new documents
Newly uncovered telegrams from the 1920s reveal that the Turkish
government opposed the establishment of Kurdish-language schools and
autonomy for Kurds in Azerbaijan, fearing the spread of Kurdish
nationalism. Historian Dr. İsmet Konak shared details on Monday,
highlighting Ankara’s resistance to Kurdish rights in the Soviet Union.
Dr. Konak, who has been researching the ‘Red Kurdistan’ region,
discovered two previously unseen documents from 1925 and 1926 in the
Turkish Foreign Ministry archives. He stated, “The more we delve into
these archives, the clearer it becomes that Turkey’s hostility towards
the Kurds was pathological.” The documents reveal Ankara’s objection to
the creation of a ‘Kurdish Republic’ in Karabakh and its opposition to
Kurdish-language education in Soviet Azerbaijan.
One of the telegrams, dated 17 November 1925, shows that the Turkish
Foreign Ministry viewed the establishment of Kurdish boarding schools
and the potential training of Kurdish-speaking teachers as a “threat to
national security”. The Turkish government feared that these schools
could be used to spread Kurdish education and influence into Turkey.
Telegram 1 (17 November 1925)
To the Embassy in Moscow
To the Consulate in Baku
To the Consulate in Yerevan
The Russian Soviet government has designated 45 Kurdish villages around
Karabakh as a “Kurdish Republic”, with internal administration
conducted in the Kurdish language and external communication in the
Azerbaijani Turkish language. There are reportedly 250 teachers, and
Kurdish boarding schools have been established in Karabakh, where the
education period lasts five years. As in other Soviet schools, a
political agenda is pursued in these institutions, and some of the
teachers are Armenians. There is a concern that those educated in these
schools may later be sent to our territory. The Eastern Border
Commission has reported these findings to the Ministry of the Interior.
It is requested that detailed and comprehensive information on this
matter be obtained.
The second document, a telegram from 23 January 1926, indicates that
the Turkish government was relieved to learn that the Kurdish legal
entity in Karabakh was only an administrative unit rather than a
full-fledged republic. The document also celebrated that education in
these schools would be conducted only in Turkish, highlighting Ankara’s
ongoing concerns about the use of the Kurdish language.
Telegram 2 (23 January 1926)
To the Embassy in Moscow
In response to correspondence dated 10 December 1925 from the Ministry
of Foreign Affairs and 4 January 1926 from the Embassy in Moscow:
A district composed of Kurdish-inhabited villages around Karabakh has
been established. This is named a “Kurdish district”, not a “Kurdish
Republic”. It does not even possess autonomy. The schools in this
district are primary and secondary education institutions where
instruction is in Turkish, with no difference from other district
schools. Therefore, there is no indication that those educated there
would be specifically sent to Turkey.
Dr. Konak emphasised that these documents demonstrate Turkey’s
long-standing resistance to Kurdish self-determination, drawing
parallels with other ethnic groups such as the Turkish Cypriots and the
Gagauz in Moldova, who were allowed self-governance. “While Turks in
Cyprus and Gagauzia could exercise their rights to self-determination,
Kurds were labelled as rebels and separatists,” he said.
These findings are part of a broader effort to uncover Turkey’s
historical stance against Kurdish autonomy and rights in neighbouring
regions, as shown by its efforts to suppress Kurdish culture and
language both within and beyond its borders.
Red Kurdistan (Kurdistana Sor in Kurdish) was an autonomous
administrative region in Soviet Azerbaijan established in 1923 and
dissolved in 1929. It was created for the Kurdish population living in
the regions of Lachin, Kelbajar and Kubatly in what is now Azerbaijan.
The region, known as the Kurdistan Uyezd, aimed to serve as a homeland
for the Kurdish minority in the South Caucasus, reflecting the Soviet
policy of supporting minority rights and national identities in the
1920s.
Red Kurdistan was part of the Soviet “korenizatsiya” (indigenisation)
policy, which promoted local languages and cultures within the Soviet
Union’s various ethnic regions. However, the region’s existence was
short-lived. In 1929, Red Kurdistan was abolished as part of the Soviet
Union’s administrative restructuring, and its territory was
incorporated into other administrative divisions. Many Kurds were later
subjected to forced resettlement, particularly during Stalin’s era,
further diluting the Kurdish presence in the region.
Today, the history of Red Kurdistan remains a significant point of
reference for Kurdish nationalists and is often invoked in discussions
about Kurdish rights and autonomy in the broader region.
Kurdish
politician dies on day he was supposed to be
released from prison
Kurdish politician Abdulmelîk Okyay (71) died on 12 September, the day
he was supposed to be released from the Erzurum (Erzirom) prison in
Turkey.
Okyay suffered a heart attack the morning he was due to be released. He
was taken to a local hospital where medical intervention could not save
his life. Okyay’s body was taken to Erzurum Forensic Medicine Institute.
DEM Party members, family and friends of Okyay gathered in front of the
Forensic Medicine Institute after receiving the news. Okyay’s body will
be buried in his hometown, the village of Kırıkhan (Qirikan), today.
Abdulmelik Okyay became involved in Kurdish political movements during
his student days in the 1980s and dedicated his life to the struggle
for the rights of the Kurdish people, working for many different
Kurdish political parties. He started his political journey with the
Labour Party (HEP), one of the political parties of the Kurdish freedom
movement that developed in the 1990s. Okyay also served for a long time
as People’s Democracy Party (HADEP) Erzurum provincial chairman and
later continued his active politics as a member of the Peoples’
Democratic Party (HDP), the predecessor of today’s DEM party.
Okyay was arrested and imprisoned several times in the 1990s, but he
did not give up his struggle for the rights of the Kurdish people. He
was repeatedly subjected to terror proceedings and was eventually
imprisoned again. (Medya News, 13 Sept 2024)
Four Kurds involved in ‘Mahsa Amini’ protests face
deportation to Iran
Four Kurdish people who participated in protests following the death of
Jina Mahsa Amini in Iran are facing the threat of deportation from
Turkey back to Iran, where they could be executed.
Özgül Saki, an MP from the pro-Kurdish Peoples' Democracy and Equality
(DEM) Party, has raised the issue with Interior Minister Ali Yerlikaya,
questioning the fate of these migrants currently held at the Edirne
Removal Center.
The four individuals, Hüseyin Minbai, Şevgar Muhammadi, and journalists
Reşad Muhammadi and Fahime Hüseyni, face legal action in Iran for their
involvement in the countrywide protests sparked by the death of Jina
Mahsa Amini in September 2022. Amini, a Kurdish woman, was killed by
Iran’s morality police while in custody.
Saki emphasized that Turkey is a signatory to the 1951 Geneva
Convention, the European Convention on Human Rights, and the Turkish
Law on Foreigners and International Protection, all of which prohibit
the deportation of individuals to countries where they face the risk of
torture, ill-treatment, or execution.
She urged the government to clarify the legal status of these migrants,
who are under international protection, and stressed that their
deportation would violate international law and human rights.
Saki posed several questions to Yerlikaya, including whether a
deportation order was issued regarding the migrants and whether the
government assessed if they would face risk of torture and execution in
case they are returned to Iran. (BIA, 13 Sept 2024)
Nouvelles frappes turques contre le PKK en Irak
La Turquie a annoncé lundi avoir mené de nouvelles frappes aériennes
contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)
dans les montagnes du nord de l'Irak.
"Une opération aérienne a été menée (...) dans les régions de Metina,
Gara, Hakurk et Qandil", indique le ministère turc de la Défense dans
un communiqué.
Ankara affirme avoir détruit "21 cibles composées de grottes, de
bunkers et d'abris" utilisées par le PKK, classé organisation
terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.
L'armée turque, dont les incursions sur le sol irakien sont
régulièrement dénoncées par Bagdad, affirme également avoir "neutralisé
de nombreux terroristes".
La Turquie admet bombarder les montagnes nord de l'Irak, mais nie mener
des frappes de drones dans d'autres zones du nord du pays, comme elle
en est accusée.
Depuis 1984, le conflit entre le PKK et l'Etat turc a fait plus de
40.000 morts, dont de nombreux civils. (AFP, 9 sept 2024)
Kurdistan
d'Irak: un militant kurde d'Iran extradé vers
son pays
La police de Souleimaniyeh, au Kurdistan autonome d'Irak, a extradé
vers l'Iran voisin un militant kurde iranien appartenant à l'un des
partis d'opposition historiques installés de longue date dans la
région, a confirmé samedi sa formation.
La version des faits rapportée par le Parti démocratique du Kurdistan
d'Iran (PDKI) diverge de celle annoncée vendredi soir par les Assayech,
les services de sécurité de Souleimaniyeh, ville du nord de l'Irak où
les autorités locales entretiennent traditionnellement de bons rapports
avec Téhéran.
Comme d'autres formations kurdes iraniennes installées depuis des
décennies en Irak et qui dénoncent les discriminations dont souffre
leur communauté en République islamique d'Iran, le PDKI est dans la
ligne de mire de Téhéran, qui qualifie ces organisations de
"terroristes" et les accuse de lancer des attaques sur son territoire.
Dans leur communiqué, les Assayech indiquent avoir arrêté le citoyen
iranien Behzad Khosrawi "car il n'avait pas de résidence" en règle dans
la région autonome.
Assurant que M. Khosrawi n'a "aucun lien" avec tout "militantisme
politique", les forces de sécurité affirment qu'il "a demandé à
retourner en République islamique d'Iran", et a signé un document le
stipulant.
Samedi, le PDKI a réagi en assurant que M. Khosrawi, originaire du
Kurdistan d'Iran, était bien "un membre" de la formation. Après une
deuxième convocation par les services de sécurité, il a été arrêté et
remis "au renseignement iranien", selon le communiqué du parti.
"Behzad Khosrawi vivait avec sa mère et sa soeur à Souleimaniyeh depuis
plus de dix ans, ils avaient obtenu un permis de séjour (...) et leur
résidence était en règle", assure la formation, précisant que l'homme
avait aussi un statut de réfugié auprès du HCR.
"Il est membre d'un parti politique d'opposition (...) et bénéficie du
droit d'asile en tant que réfugié politique", déplore le mouvement qui
condamne son extradition.
En Irak, les partis kurdes iraniens disposaient jusqu'à très récemment
de combattants en treillis, s'apparentant à des "réservistes" qui
s'entraînent au maniement des armes.
Fin 2023, après plusieurs bombardements menés par l'Iran en Irak, les
autorités irakiennes se sont engagées à désarmer ces factions et à les
évacuer de leurs bases près de la frontière iranienne pour les
transférer vers des campements.
Téhéran avait notamment accusé ces mouvements d'encourager les
manifestations ayant secoué l'Iran après la mort en septembre 2022 de
la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée par la police des moeurs.
(AFP, 7 sept 2024)
Left-wing party faces closure for defending Kurds’
self determination right
A newly formed left-wing party in Turkey, the Party of Socialists
(SOLDEP), is facing potential closure for including clauses in its
charter that defend the rights of the Kurdish people, including their
right to self-determination.
The Chief Public Prosecutor's Office of the Court of Cassation sent a
notice to SOLDEP, demanding the removal of phrases such as "defending
the rights of the Kurdish people" and "the right of nations to
self-determination." The notice claims these phrases are
unconstitutional.
Those who founded the SOLDEP split from the Workers' Party of Turkey
(TİP) last year, criticizing it for not adhering to Marxist principles
in its approach to the Kurdish issue. SOLDEP was officially registered
as a political party on July 10.
The prosecutor's notice also deemed the party's advocacy for minority
rights and Kurdish-language education as criminal. The notice stated,
"The expressions in the aforementioned clauses of the party program
characterize Kurdish citizens, who are an integral element of the
Republic of Turkey, as a minority.
“It advocates for the struggle for education in their mother tongue,
and defends the right of elements to self-determination, including the
right to secession, and asserts the existence of nations other than the
Turkish nation..."
Only Armenians, Greeks (Rum) and Jews are officially recognized as
minorities in Turkey. The Kurds, Turkey's second-largest ethnic group,
along with several other ethnicities, are considered Turkish citizens
but are not specifically recognized as distinct groups
SOLDEP has been given 60 days to comply with the changes or face
closure under Article 104/1 of the Political Parties Law.
Since the closure of the Workers’ Party of Turkey (TİP) in 1971,
several parties have been targeted for expressing views on Kurdish
self-governance and cultural rights.
The Constitutional Court's decision to close TİP was partly based on a
clause in its charter that called for Kurdish and Turkish socialists to
work together for a socialist revolution. This decision has since
served as a precedent for the closure of other parties advocating for
Kurdish rights. (BIA, 5 September 2024)
Six morts, dont un enfant, dans deux frappes de drone
par la Turquie en Irak
Trois personnes, "dont un enfant", ont été tuées jeudi en Irak dans une
frappe de drone visant une camionnette au Kurdistan, a indiqué à l'AFP
un responsable local de cette région du nord où l'armée turque bombarde
régulièrement les combattants kurdes turcs du PKK.
Cette frappe intervient au lendemain d'un bombardement similaire qui a
tué trois personnes originaires d'une ville du Kurdistan autonome
d'Irak, un père et ses enfants --deux adolescents de 18 ans et 14
ans--, selon Kamaran Osman, du Community Peacemakers Teams (CPT), une
ONG implantée dans la région.
Ankara confirme épisodiquement ses frappes en territoire irakien, où
elle poursuit une campagne militaire avec des opérations terrestres et
aériennes contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé
organisation terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.
"Cet après-midi, un drone a attaqué une camionnette, tuant trois
personnes dont un enfant", a indiqué jeudi à l'AFP Osman Anwar, le
gouverneur du district de Chwarta, où le bombardement a eu lieu, près
du village de Harmeleh.
Le conducteur a été identifié comme un "citoyen normal, un paysan",
selon le responsable.
Menant une lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, les
combattants du PKK disposent de bases arrière dans la région autonome
du Kurdistan irakien, frontalier de la Turquie. Le secteur accueille
également depuis vingt-cinq ans des dizaines de bases militaires
turques.
La Turquie a mené lundi des frappes aériennes contre des combattants du
PKK dans les montagnes du nord de l'Irak, a annoncé le ministre turc de
la Défense, affirmant avoir détruit "20 cibles composées de grottes, de
bunkers, d'abris, d'entrepôts et d'installations" utilisées par
l'organisation.
Alors que depuis plusieurs mois Ankara pressait l'Irak d'adopter une
position plus ferme sur ce dossier du PKK, Bagdad avait discrètement
classé en mars le groupe comme "organisation interdite".
A la mi-août, la Turquie et l'Irak ont d'ailleurs signé un accord de
coopération militaire portant sur l'installation de centres de
commandement et d'entraînement communs dans le cadre de la lutte contre
le PKK.
Le 23 août, une frappe de drone imputée à l'armée turque a coûté la vie
à deux journalistes affiliées au PKK. (AFP, 5 sept 2024)
Un
important chef des forces de sécurité kurdes tué
dans un attentat
Un important chef des forces de sécurité kurdes affiliées à
l'Administration autonome dans le nord-est de la Syrie a été tué mardi
dans un attentat visant son véhicule près d'une prison, a indiqué
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Selon l'ONG, "un chef des forces de sécurité kurdes a été tué et une
autre personne blessée" dans "une explosion près de la prison d'Oum
Farsan, près de Qamichli", coïncidant avec "le survol d'un drone turc".
"Le dirigeant a joué un rôle de premier plan dans la direction des
opérations contre le groupe Etat islamique (EI) dans la région de
Raqqa", ancienne "capitale" du groupe jihadiste, selon l'ONG basée au
Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays en
guerre.
L'agence de presse locale kurde, Hawar, a rapporté "une forte
explosion", précisant qu'une voiture avait été visée.
L'armée turque, qui déploie des soldats dans le nord de la Syrie, mène
régulièrement des frappes dans le nord de la Syrie contre les zones
contrôlées par les Kurdes, qui avaient défait territorialement l'EI en
2019 avec le soutien de Washington.
Ankara considère la principale composante des Forces démocratiques
syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, comme une extension des
rebelles kurdes turcs qu'elle combat. Les FDS contrôlent des
territoires adjacents à ceux tenus par la Turquie et ses supplétifs
syriens.
Après la défaite de l'EI, les forces kurdes ont progressivement étendu
leur contrôle en Syrie où elles tiennent près du quart de la superficie
du pays, établissant une administration autonome.
En octobre 2023, la Turquie a mené une vaste campagne aérienne visant
des dizaines de sites militaires et infrastructures dans le nord de la
Syrie après un attentat visant le siège du ministère de l'Intérieur à
Ankara, revendiquée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois opérations militaires de
grande envergure en Syrie, visant principalement les combattants
kurdes, qu'Ankara déclare vouloir chasser de ses frontières. (AFP, 4
sept 2024)
Amedspor, un club kurde face à la haine
Le groupe de supporters dévale la rue en agitant les poings. Sur le
chemin du stade à Istanbul, parés aux couleurs de leur équipe, les
ultras de Sakaryaspor agonisent d'injures leur adversaire du soir,
Amedspor, club kurde le plus populaire de Turquie, mais aussi le plus
détesté du pays.
"Ce n'est pas une équipe, ce sont des terroristes !", éructent Efe Kaan
Özkaya et sa bande devant l'enceinte qui accueille ce match de deuxième
division de football.
Le quartier fourmille de policiers et de blindés, un déploiement hors
norme ordonné pour la venue d'Amedspor, le club de Diyarbakir, la
"capitale kurde" du sud-est de la Turquie encore défigurée par les
combats à l'arme lourde qui y ont opposés en 2015-2016 l'armée au Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), un conflit qui a fait plus de
40.000 morts depuis 1984.
Dans le stade, l'hymne national démarre. À l'unisson, les supporters de
Sakaryaspor font de la main le signe des Loups gris, une faction
ultranationaliste accusée de multiples assassinats dans le passé,
notamment de militants kurdes et de gauche.
Face à eux, les 200 supporters d'Amedspor autorisés à assister au match
sont parqués au milieu d'une centaine de policiers munis de gilets
pare-balles.
Leur présence est déjà une victoire: de 2016 à l'accession cette année
d'Amedspor en deuxième division, les autorités ont quasi
systématiquement interdit ses fans de déplacements, au motif notamment
de ne pouvoir assurer leur sécurité.
- "résistance" -
Le match débute. Sur la pelouse, les joueurs d'Amedspor arborent
une tunique blanche striée de rouge et de vert, trois couleurs
habituelles des bannières kurdes. En tribune, les supporters scandent
"Amed ! Amed !", le nom kurde de Diyarbakir.
Le club, nommé Diyarbakirspor jusqu'en 2015, a vu sa popularité
exploser chez les Kurdes après s'être rebaptisé Amedspor. C'est aussi
depuis ce moment-là, et la reprise peu après des combats entre le PKK
et l'armée dans le sud-est à majorité kurde, qu'une partie des
supporters turcs lui voue une haine sans borne.
Neuf ans plus tard, dans une Turquie où les quelque 15 millions de
Kurdes demeurent sujets à discriminations, "la présence d'Amedspor,
avec ses couleurs et son nom, représente une forme de résistance très
forte et inédite", juge Daghan Irak, sociologue du sport.
L'enseignant à l'université d'Huddersfield (Angleterre) rappelle
toutefois les sanctions à répétition contre le club et ses joueurs,
notamment lorsque certains avaient appelé à la fin des opérations
contre le PKK, groupe qualifié de terroriste par Ankara.
"Les Kurdes sont libres d'être Kurdes en privé tant qu'ils consentent à
être Turcs en public. Et les Kurdes sont libres de jouer (au football)
tant qu'ils ne jouent pas en tant que Kurdes", analyse Daghan Irak.
- "équipe nationale kurde" -
Les joueurs d'Amedspor, qui en troisième division l'an dernier
jouaient devant quelque 20.000 supporters en moyenne à domicile -- plus
que 17 des 20 équipes de première division --, sont reçus avec
hostilité à chaque déplacement.
En 2023 à Bursa, ville conservatrice du nord-ouest, ses joueurs ont été
assaillis par une pluie de projectiles, dont des couteaux.
"Quelle que soit l'équipe en face, Amedspor est presque toujours perçu
comme la sélection d'un autre pays", explique à l'AFP Reha Ruhavioglu,
directeur du Centre d'études kurdes, à Diyarbakir.
Ses supporters mettent eux en avant la dimension identitaire de leur
équipe, malgré la présence de joueurs non-Kurdes dans l'effectif.
"Amedpor est aux Kurdes ce que Barcelone est aux Catalans. Ce n'est pas
qu'une équipe, c'est une identité", affirme Uygar Öztürk, 43 ans, à
l'issue du terne match contre Sakaryaspor (0-0).
"Amedspor n'est pas juste l'équipe de Diyarbakir, c'est comme une
équipe nationale kurde", abonde Azer Günes, 19 ans.
Le jeune serveur, arrivé au printemps à Istanbul, dit porter les
couleurs de son club "partout", plus encore depuis que des ouvriers
kurdes ont été passés à tabac -- et l'un blessé par balle -- fin août
dans le centre du pays pour avoir refusé d'ôter leurs maillots
d'Amedspor.
Derrière lui, dans la rue mal éclairée vers laquelle la police dirige
les supporters d'Amedspor, Ugur Çetin ne décolère pas.
"Nous étions 200 supporters pour 2.000 policiers ! J'ai été fouillé 8
fois !", peste le trentenaire. Pourquoi tant de précaution ? "C'est à
cause de notre race !", répond-il. (AFP, 31 août 2024)
Two civilians killed in Turkish drone attack in
Qamishli
Two civilians were killed in a Turkish drone strike in Qamishli
(Qamişlo), northern Syria, on 28 August. The attack comes just days
after two Kurdish women journalists, Gulistan Tara and Hêro Bahadîn,
were killed in a Turkish drone strike in Iraqi Kurdistan.
According to Fırat News Agency, Xalide Mihemed Şerif (45) and her son
Hejar Ednan Silêman (24) were killed in the Turkish drone strike in the
Al-Antariya (Enteriye) neighbourhood of Qamishli, between a post office
and bus terminal.
The mother and son killed in the drone strike will be buried at the
Delil Saroxan cemetery in Qamishli on Thursday evening.
The Autonomous Administration of North and East Syria (AANES) had
published a statement accusing the Turkish state and its affiliated
Islamist militias of being responsible for the attack. (Medyanews, 29
August 2024)
Minorités
/ Minorities
Top court deems conference ban over
'genocide' discussion unconstitutional
The Constitutional Court has ruled that the 2019 decision to ban a
conference organized by the Hrant Dink Foundation in Kayseri was a
violation of the foundation's constitutional rights to assembly and
demonstration.
The court determined that the Kayseri Governor's Office had unlawfully
blocked the event, citing concerns about public safety and the
conference’s alignment with the foundation’s objectives.
The ruling underscored that authorities cannot limit events based on
subjective interpretations of their content or anticipated reactions.
Hence it dismissed claims that certain historical terms used in the
conference, such as "genocide" or "massacre," warranted the
prohibition, reiterating that freedom of expression includes the right
to challenge and debate sensitive historical issues.
The conference, titled "Social, Cultural, and Economic History of
Kayseri and Surroundings," was set to take place on Oct 18-19, 2019,
with an international panel of scholars discussing historical changes
in the region between 1850 and 1950. However, the governor’s office
prohibited the event, claiming it was incompatible with the
foundation’s stated purpose and posed a threat to public order.
'No concrete evidence'
The Hrant Dink Foundation, named after the murdered Armenian
journalist, filed a legal challenge against the ban, which was
initially dismissed by local courts. Following an appeal, the
foundation brought the case before the Constitutional Court, arguing
that the ban infringed on their rights to assembly and free speech.
In its ruling, the Constitutional Court emphasized that public
authorities must provide relevant and sufficient justifications when
restricting basic rights. The court noted that the ban lacked a sound
legal basis, and there was no concrete evidence to suggest the
conference posed a threat to public safety. It further highlighted that
expressions that may be controversial or provocative still fall under
the protection of free speech in a democratic society.
The court ruled in a unanimous decision that the foundation’s
constitutional right to organize demonstrations and public gatherings,
as outlined in Article 34 of the Constitution, had been violated. (BIA,
18 sept 2024)
L'opposition
s'inquiète pour la laïcité à l'école
Anne Andlauer, Le Soir, 12 septembre 2024
Au cœur d’un été turc relativement calme, l’initiative a fait parler
d’elle. Régulièrement, depuis mi-juillet, le principal parti
d’opposition CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate)
organise ce qu’il appelle des « marathons de l’éducation ». Le dernier
en date a eu lieu le 28 août à Bilecik, au nord-ouest de l’Anatolie.
Pendant 24 heures chrono, des orateurs se relaient sur une place
publique pour raconter comment, selon eux, le gouvernement est en train
de « détruire l’éducation laïque ».
Merve, enseignante de lycée à Ankara, la capitale, a assisté à la
première manifestation. « En quinze ans de carrière, j’ai vu comment ce
pouvoir tentait d’utiliser l’école pour imposer son idéologie et
justifier ses politiques. Même dans ma matière, les mathématiques ! »,
s’emporte cette fonctionnaire, qui préfère taire son nom de famille. «
Les nouveaux programmes nous demandent par exemple d’utiliser la
résolution de problèmes pour développer la moralité des élèves et leur
enseigner la valeur de l’épargne. En pleine crise économique, c’est
pratique ! », ironise l’enseignante.
Les nouveaux programmes scolaires, dévoilés en mai pour entrer en
vigueur dès cette rentrée, provoquent une levée de boucliers chez une
partie du corps enseignant et des parents d’élèves. Ils ambitionnent de
former des « générations morales et vertueuses, qui ont pour idéal de
faire le bien et d’être utiles à la nation ». De l’école enfantine au
lycée, chaque cours est censé promouvoir un certain nombre de « valeurs
» présentées comme « nationales ». Les directives pour chaque matière
abondent en référence à la morale, la religion, la famille et la patrie.
« Le but ultime de nos efforts est d’éduquer nos enfants comme des
personnes respectant la morale, courageuses, volontaires, productives,
compatissantes, patriotiques, dotées de sens critique, compétentes et
vertueuses », a détaillé Recep Tayyip Erdogan lors de la présentation
des programmes. « Nous ne permettrons à personne de s’interposer entre
les enfants de ce pays et ses valeurs religieuses », a ajouté le
président dans une charge contre « ceux qui s’opposent à notre démarche
éducative pour des raisons purement idéologiques ».
« Une menace »
En Turquie, pays à très large majorité musulmane où la laïcité est un
principe constitutionnel, la « démarche éducative » du pouvoir inquiète
bien au-delà des rangs de l’opposition. « Utiliser l’école pour
promouvoir une culture nationale unique, en partant du principe que ses
supposées valeurs doivent être enseignées sans la moindre possibilité
de remise en question, c’est créer un environnement dans lequel les
enfants ne voient pas et ne comprennent pas les différences », souligne
Kayihan Kesbiç, chercheur à l’Initiative pour la réforme de l’éducation
(ERG), un think tank de référence. « Cela peut être une menace pour la
liberté d’opinion, de religion ou de croyance, en même temps qu’une
menace pour la laïcité. »
Pour les opposants au président Erdogan, qui l’accusent depuis des
années d’imposer aux élèves son idéologie islamo-nationaliste, la
réforme des programmes a été la mesure de trop. Un an plus tôt,
beaucoup s’étaient déjà émus de la mise en œuvre d’un projet qui
requiert la création de « clubs des valeurs » dans les établissements
publics, et permet à des imams et autres prédicateurs d’y intervenir en
qualité de « conseillers spirituels ». La dernière année scolaire a vu
des classes entières se rendre à la mosquée dans le cadre de ce projet.
Les critiques ne sont pas nouvelles. Recep Tayyip Erdogan, qui se
présentait il y a 20 ans comme un démocrate soucieux de mener son pays
vers l’adhésion à l’Union européenne, s’emploie depuis le début des
années 2010 à éduquer « une génération pieuse ». Le chef de l’Etat a
notamment généralisé le modèle des écoles de prédicateurs (où les
élèves suivent un enseignement religieux poussé, en plus du cursus
classique), dont il est lui-même diplômé. Leur nombre a été multiplié
par quatre en vingt ans, pour représenter aujourd’hui 13 % des
établissements. Mais ces dernières années, avec la réforme des
programmes et l’entrée des imams dans les écoles publiques, sa mainmise
s’étend désormais à une tout autre échelle.
« Un appel à la patience »
« Le pouvoir, qui a considérablement appauvri la population, cherche à
créer du consentement. En utilisant le discours de l’islam politique,
il appelle les citoyens à la patience, à se contenter de ce qu’ils ont.
Ça, c’est l’objectif à court terme », estime Çayan Çalik, un
responsable du syndicat d’enseignants de gauche Egitim Sen. « A plus
long terme, le pouvoir cherche à imposer une façon de vivre et de
penser qui tourne entièrement autour de la religion, des règles et des
rituels religieux. Ceci pour transformer la société en base électorale
naturelle » du parti présidentiel.
Le CHP social-démocrate, vainqueur des élections municipales de mars, a
porté plainte auprès du Conseil d’Etat pour tenter de bloquer l’entrée
en vigueur des nouveaux programmes. Sa demande, qui n’a pas encore été
instruite, n’a presque aucune chance d’aboutir.
Politique
intérieure/Interior Politics
European
court demands response from Turkey over
imprisoned MP Can Atalay
The European Court of Human Rights (ECtHR) has requested an official
response from the Turkish government regarding the ongoing detention of
Can Atalay, a Workers' Party of Turkey (TİP) deputy who remains
imprisoned despite his election to parliament in May 2023.
Atalay, who has been held for over two years in connection with the
Gezi Park trial, has not been released despite rulings from the
Constitutional Court that called for his freedom.
The ECtHR is asking the government whether Atalay's continued
imprisonment violates his right to freedom and to participate in
parliamentary elections. Specifically, the court has asked whether the
government has breached Article 5 of the European Convention on Human
Rights by depriving Atalay of his liberty, even after his election to
parliament. The court also questioned whether Atalay's right to
challenge the legality of his detention has been respected, as his
appeals for release have been consistently blocked by Turkish courts.
The ECtHR's inquiry follows concerns about conflicts between Turkey's
Constitutional Court, which ruled in favor of Atalay’s release, and the
Court of Cassation, which has so far refused to implement the ruling.
The European court also asked whether Atalay’s continued detention
infringes upon his right to stand for election and to hold office, a
right guaranteed under Article 3 of Protocol 1 to the European
Convention on Human Rights.
Atalay was elected an MP representing Hatay in the May 2023 general
elections but was unable to take his seat due to his imprisonment.
Despite his conviction for his involvement in the 2013 Gezi Park
protests, legal experts and opposition groups have argued that his
parliamentary immunity and election should have secured his release.
After the Court of Cassation defied the Constitutional Court ruling, he
was stripped of his MP status.(BIA, 16 Sept 2024)
12
September 1980, a never ending military coup
Confederation of Revolutionary Trade Unions (DISK) Istanbul Regional
Representative Asalettin Arslanoğlu, one of the witnesses of the 12
September 1980 military coup, said that lawlessness has increased in
the 44 years since the coup.
On 12 September 1980, a National Security Council which brought
together the chief of General Staff, general Kenan Evren, and chiefs of
staff of army and security forces took power by proclaiming a state of
siege throughout the country. Politicians, from Ecevit to Demirel,
Erbakan, Turkes are arrested, the National Assembly is dissolved and
the activities of associations and trade unions are banned. The junta
extends to a retired admiral, who becomes Prime Minister, Bulent Ulusu.
In the eight and a half months that followed the massacre of Maraş, in
late December 1979, there were at least 3856 dead. That of 12 September
1980 was the third coup in Turkey in thirty years. The first was that
of May 27, 1960, the second that of March 12, 1971. Between 1971 and
1984, violence and repression against the Kurds and against the left
reached its peak. A generation is essentially destroyed.
Arslanoğlu, who was a member of the Revolutionary Communist Party of
Turkey (TDKP) in 1980, was a student at the Istanbul Construction
Vocational High School when the coup occurred.
Arslanoğlu told Mezopotamya Agency (MA) that he was held in prison for
about a year and a half during the martial law period, and added: "They
would tear the newspaper into pieces and give it to us. Because they
would cut off the news.
Therefore, we did not know what was happening in Amed and Mamak
[jails]. However, we could more or less guess what was happening from
the treatment we were subjected to. In Davutpaşa, all the wards were
converted into a cell system. Food was given from the lower porthole of
the door, like feeding a cat. It was thought that our human dignity
would be violated in this way. There was tremendous torture. The
torturers were not human."
Arslanoğlu said: "The number one declaration of the 12 September
military junta was 'the military army seized power', and the number two
declaration was 'DISK's strikes are banned'. Therefore, 12 September
was a coup targeting the organized struggle of the working class,
carried out to establish neoliberalism in Turkey.
So, was it successful? In my opinion, it was successful. If the retired
working class says 'I can't get anything' today, the reason for this
should be sought on 12 September. With the 12 September coup, the
strike law, the union law and the collective agreement law were put
into practice."
Arslanoğlu said: "As someone who lived through the coup , I can say
that there is a much clearer lawlessness today. Because back then there
was an effort to comply with and make up laws and regulations. Today,
there is no such thing. Back then, for example, a general, the head of
the junta, would choose certain people and make up sentences in courts,
looking for their procedures and give them punishments, whereas today I
can clearly say that we are experiencing a completely irregular junta
process where everything changes and is changed as soon as a single
person gives an order, and arrests and tortures continue."(ANF, 12 Sept
2024)
"L’occident
est jaloux de la Turquie"
Ragip Duran, TVXS.GR, 1 septembre 2024
Quand on feuillette les pages des quotidiens ou quand on navigue sur
Internet, on voit souvent des statistiques parfois ornées des
info-graphiques. Alors on y cherche toujours son pays, sa ville ou son
quartier. Et puis on fait des comparaisons avec d’autres pays qu’on
connaît plus ou moins. Et on étudie la classification, notre rang sur
la liste. Est-on mieux que le voisin ? Qui est à la tête de la liste ?
Qui est le dernier ?
Les statistiques, c’est-à-dire les chiffres, les pourcentages, les
listes, les rangs, les courbes…sont peut-être visuellement
intéressants, mais ils sont en dernière analyse abstraites et vagues.
Ils ne touchent pas sur l’état de l’individu. Et représente la plupart
du temps la tendance générale, c’est-à-dire la tendance du pouvoir.
Pour le lecteur, un citoyen qui a des difficultés financières dès le 15
du mois, le fait que son pays est placé dans les statistiques
officielles la 10e plus grande économie de la terre, ne signifie
pas
grand-chose.
Ces statistiques, il faut l’admettre, nous informe vaguement sur l’état
actuel du pays, surtout par rapport aux autres pays.
“L’Occident est jaloux de la Turquie” est une phrase culte prononcée
par le Président Erdogan en mai 2021.
Il n’a pas donné une seule preuve concrète qui peut justifier cette
déclaration, mais ses fans étaient déjà prêts à croire que la Turquie
est plus fort, plus grand, plus riche que l’Europe !
Erdogan dirige et contrôle plus de 90 % de l’ensemble des médias du
pays. Très peu de citoyen, électeurs d’Erdogan, lisent la presse
étrangère. Chez eux, la croyance peut refuser assez facilement les
réalités socio-économiques. La contradiction entre le discours du
pouvoir et l’état actuel des finances et de l’économie turques commence
à faire face pour une partie des pro-Erdogan.
Les travailleurs immigrés turcs qui rentrent en Turquie pour les
vacances d’été admettent que la vie dans les pays d’Europe est
nettement moins chère.
Il y a en Turquie de plus en plus d’ancien électeur d’Erdogan qui
désormais sont du côté de l’opposition. Les résultats des élections
démontrent clairement qu’Erdogan perd de plus en plus de vote. Mais
plus il perd de soutien plus il exagère sur la puissance du pays.
Cette semaine, au moins cinq statistiques publiées sur la Toile ont
encore une fois démenti la phrase culte du Président turc.
1) Le taux de l’inflation
La Turquie est à la tête de la liste avec 61 % alors que les
spécialistes réfutent ce chiffre officiel et estiment qu’il s’agit d’un
taux de 110 %.
Le taux d’inflation en Grèce est de 2.7%. La Suisse a le taux le plus
bas, 1.3 % selon l’enquête publiée par World of Statistcs.
2) Indice d’augmentation des loyers
La Turquie est à la tête de la liste avec 663 unités alors que l’index
en Grèce est environ de 110 (La moyenne des pays de l’UE) selon World
of Statistics.
3) Jeunes sans emploi, pas d’étude ni de formation
La Turquie est à la tête de la liste avec 27.9 % alors qu’en Grèce, il
s’agit de 16 %. Aux Pays-Bas, ce pourcentage est seulement de 4.5 selon
l’OCDE qui prend comme base les jeunes entre 15 et 29 ans.
4) Les jeunes (entre 20-29 ans) qui vivent chez leurs parents
La Turquie a un score de 56 % alors que la Grèce % 78 et le numéro 1 de
cette catégorie est la Corée du Sud avec 81 %. Le Danemark a le
pourcentage le plus bas : 10 % selon une enquête de l’OCDE publiée en
2022.
5) La liberté de presse
Parmi les 180 pays, la Turquie est au 158e rang, la Grèce est au 88e.
Le champion de cette catégorie est le Norvège et l’Erythrée est le
dernier selon le rapport annuel des Reporters sans frontières.
Faut-il également ajouter les statistiques sur l’inflation dans le
secteur de l’énergie, sur la performance de lecture de PISA et sur
l’inégalité de revenu dans lesquels la Turquie ne brille pas par sa
position.
Une grande partie de la population turque n’est pas au courant de ces
statistiques. Bien qu’elle souffre tous les jours à cause des
difficultés énormes aux niveaux financiers et économiques la majorité
des Turcs semblent être contente d’être turc et musulman.
Le fondateur de la République (1923) Moustapha Kémal Atatürk avait déjà
annoncé la bonne nouvelle en 1933 :
“Tu es heureux si tu dis que tu es turc !”.
Le bonheur aurait des définitions plurielles.
Dimensions politiques de la violence
footballistique
Ragip DURAN, TVXS.GR, 24 août 2024
La Turquie a pu encore une fois observer la semaine passée les
dimensions et effets politiques de la violence dans les stades.
M. Ali Koc, président de Fenerbahce, un des plus grands clubs du pays a
été la cible de plusieurs attaques physiques quand il est descendu sur
le terrain lors du match Goztepe-Fenerbahce, le 17 août dernier à İzmir.
M. Koc (57), vice-président du Koc Holding, appartient à la plus riche
famille de Turquie.
Fenerbahce, dirigé depuis juin par le célèbre directeur technique
portugais Jose Mourinho, a déjà perdu l’occasion de participer cette
année à la Ligue des Champions de l’UEFA et l’équipe a fait un match
nul à İzmir, ‘’grâce à l’aide des arbitres’’ selon la majorité des
chroniqueurs sportifs.
Fenerbahce, qui porte le nom d’un quartier de la rive asiatique
d’Istanbul, a été fondé en 1907, mais ce club, qui revendique 30
millions (sur 85 millions d’âmes) de supporters, n’a pas pu remporter
de coupe depuis 10 ans et n’a pas pu participer aux groupes de la Ligue
des Champions depuis maintenant 15 ans.
Faut-il rappeler que Kadıkoy (Kalkedon), le district où se trouve
Fenerbahce et son stade, était un quartier peuplé en majorité des
sujets et citoyens grecs (Les Roums) depuis l’Empire Byzantin.
D’ailleurs, les Roums d’antan et d’aujourd’hui, fidels au footballeur
légendaire de Fenerbahce Lefter Kucukandonyadis (1925-2012) sont plutot
supporter de Fenerbahce.
M. Koc, est parti le lendemain pour Ankara pour rendre visite aux deux
leaders politiques : MM. Bahceli de MHP (Extrême-droite, allié
d’Erdogan) et Ozel (Kémaliste, opposition). Le Président de Fenerbahce,
serait, selon la presse sportive, ‘’à la recherche d’un soutien chez
les politiques, car son club est de plus en plus détesté et isolé dans
plusieurs secteurs de la société’’.
M. Koc, toujours présent devant les caméras, se plaigne du ‘’lynche
organisé contre son club’’ et critique ‘’le système injuste du milieu
footballistique’’.
La violence dans les stades n’est pas un phénomène nouveau en Turquie.
Déjà en septembre 1967, lors du match Kayseri-Sivas, deux équipes de
l’Anatolie centrale, 43 personnes avaient trouvé la mort à la suite des
accrochages entre les supporters des deux équipes. Faut-il rappeler que
les populations de ces deux villes ne s’entendaient pas bien depuis
longtemps, car Kayseri était à l’époque une ville conservatrice sunnite
alors que Sivas était et est toujours une ville à forte majorité
alévis.
S’il faut dresser la liste des événements récents de violence dans les
stades, il faut parler du coup-de-poing d’un président de club contre
l’arbitre en plein milieu du terrain le 11 décembre dernier à Ankara.
En mars 2023, les supporters nationalistes de Bursa (Marmara) ont
brandi les posters des policiers et de soldats, ‘’assassins officiels’’
selon les Kurdes, lors de la rencontre contre Amedspor (Sud-est).
Le Président de Fenerbahce, en mai 2024, escorté de garde du corps
armé, a fait une descente dans le stade de Galatasaray. Ils ont frappé
le directeur administratif du stade.
Le car de Fenerbahce a été cible des balles en avril 2015 lors du
retour du match de Rize, sur la route de l’aéroport de Trabzon.
Les médias britanniques et espagnols, comme la BBC et le Daily Mirror,
plus El Mundo Deportivo de Barcelone publient des articles et des
reportages sur ‘’l’époque de la violence’’ et ‘’la honte du football en
Turquie’’.
La majorité des auteurs de ces attaques n’ont pas été identifiée par
les parquets et policiers. ‘’L’impunité encourage la multiplication des
attaques’’ estime Arif Kizilyalin, chroniqueur sportif du quotidien
Cumhuriyet.
‘’La violence dans les stades n’est pas un phénomène isolé’’ constate
le professeur de sociologie Besim Dellaloglu.
En effet, une vague de violence sanglante frappe le pays depuis au
moins dix ans:
- 3850 femmes ont été tuées par leurs maris, amis ou frères depuis 2014
- Au moins 400 chiens de rue ont été tués depuis seulement le 2 août,
date de la mise en application de la nouvelle loi sur les animaux des
rues.
- On ne sait pas exactement combien d’élèves sont battus par les
enseignants, combien de jeune travailleurs battus par les patrons,
combien de garçons et de filles battus par leurs parents tous les jours
dans les écoles, les usines et les maisons.
- Même au Parlement, lieu où on doit parler pour résoudre les
problèmes, Alpay Ozalan, ancien footballeur, député du parti d’Erdogan
a attaqué physiquement Ahmet SIK, ancien journaliste député du Parti
Ouvrier de Turquie alors que ce dernier était en train de faire son
intervention à la tribune le 16 août dernier.
‘’Le recul d’Erdogan, le soutien qu’il perd renforcent la crise
politique et morale. Le droit n’agit plus. Il n’existe même pas. Alors
la violence devient le dernier moyen, l’ultime instrument du pouvoir
pour résoudre les problèmes’’ analyse un professeur de droit
administratif en exil en France.
Forces
armées/Armed Forces
Report:
Turkish strikes kill 111 civilians in North and East
Syria since 2022
Turkey has bombarded Kurdish-led North and East Syria hundreds of times
since the start of the year, killing 11 civilians in the first six
months of 2024, according to the local human rights monitor Hevdesti
(Synergy Association for Victims). A child is among the dead this year,
while 51 civilians have been injured. Dozens of critical facilities,
such as health centres, power transfer stations and oil and gas fields
were deliberately targeted and destroyed, according to the report,
preventing the local population from accessing electricity, water and
gas for months on end.
Overall, Hevdesti has documented the killing of 111 civilians,
including 13 children and 10 women, and the injury of 364 others
(including 31 children and 19 women) as a result of Turkish attacks
since the start of 2022.
In a statement introducing the report, entitled ‘Death Shadows Us’, the
Syria-based NGO said: “The scenes of civilians’ suffering are repeated
with every strike Turkey carries out on areas of [North and East
Syria]. These stories are not just figures; they are rather a painful
embodiment of the exorbitant cost paid by… civilians as a result of the
Turkish attacks that disregard humanitarian laws.”
There was particular devastation to infrastructure as Turkey launched
waves of punitive bombing beginning in October 2023. The report further
documents damage to residential areas, service and health facilities
and critical installations, in addition to small factories and firms.
As a result of the bombing at that time, more than a million people
were cut off from electricity, while 1.4 million people had only
limited access to safe drinking water. Damage to medical facilities
disrupted medical activities in 38 locations, including disrupting the
oxygen supply to 12 hospitals.
The report goes on to cite other rights monitors and watchdogs
including Human Rights Watch, who are quoted as saying: “Turkish drone
strikes on Kurdish-held areas of northeast Syria damaged critical
infrastructure and resulted in water and electricity disruptions for
millions of people.” The raids also directly targeted US-funded and
-facilitated projects, marking a new departure as part of an ongoing
escalation.
According to Hevdesti, “The advance in the scale of Turkish aggressions
on areas in northeast Syria indicates Turkey’s intention to destroy the
region’s economy and deprive the residents from their basic rights and
services.” This is compounded by the potential loss of over $1 billion
in oil revenues and repair costs, severely impairing the region’s
ability to provide basic humanitarian services.
In its conclusion, Hevdesti calls on Turkey to respect the principle of
distinction, by refraining from targeting civilian infrastructure and
targets; to respect the principle of proportionality, which prohibits
launching attacks on legitimate military targets which may be expected
to cause incidental civilian casualties; and to respect the right to
health, the right to life, and the right to an adequate standard of
living.
“In all circumstances, the Turkish government must immediately cease
attacks on civilians, infrastructure, and critical facilities, and
respect international human rights law,” the NGO stated. “Moreover, it
should initiate an impartial and thorough investigation into any
civilian casualties resulting from its operations.” (Medya News, 11
Sept 2024)
Quatre gendarmes turcs tués dans un accident de véhicule
blindé
Quatre gendarmes turcs ont été tués et un autre a été blessé dans un
accident de véhicule blindé dans la province de Tunceli, dans l'est de
la Turquie, a annoncé dimanche soir le ministre turc de l'Intérieur.
"A la suite du renversement du véhicule blindé pendant leur service à
Ovacik, dans la province de Tunceli, nos sergents spécialisés de
gendarmerie Ömer Eroglu, Mehmet Aykanat, Orhan Burak Büyükçayli et
notre caporal Dogan Kizilates sont tombés martyrs", a affirmé le
ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya sur X.
Le chauffeur du véhicule a perdu le contrôle et le blindé est tombé
d'une falaise, a rapporté l'agence privée DHA.
Les secours ont immédiatement été dépêchés sur place et cinq gendarmes
blessés ont été transférés dans les hôpitaux de la région.
Quatre d'entre eux sont depuis décédés, tandis qu'un gendarme blessé
est toujours à l'hôpital.
Une enquête a été ouverte. De fortes pluies ont affecté l'état des
routes dans la matinée, selon la chaîne turque d'information NTV. (AFP,
8 sept 2024)
Le cri d’élèves officiers qui inquiète Erdogan
Courrier international, 5 septembre 2024
Depuis une semaine, c’est une simple cérémonie officielle qui enflamme
la presse et le débat public turc. Le 30 août dernier, jour de la
célébration de la victoire des forces armées turques dans une bataille
de la guerre d’indépendance – celle de Dumlupinar, en 1922, remportée
par Mustafa Kemal, dit “Atatürk”, fondateur de la République turque
l’année suivante –, le président islamo-nationaliste turc, Recep Tayyip
Erdogan, assistait à une cérémonie de remise de diplômes d’élèves
officiers.
La cérémonie, retransmise notamment par le ministère de la Défense, se
tenait dans un stade où avaient été disposés deux immenses portraits,
l’un du président Erdogan, l’autre de Mustafa Kemal.
Mais c’est une autre scène, qui ne figurait pas sur les images
officielles, qui a déclenché la polémique. En marge du protocole, à la
fin de la cérémonie, la quasi-totalité des élèves se sont mis à scander
“Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal !” Avant de sortir leurs
épées de cérémonie pour prêter ensemble le serment de protéger une
Turquie “laïque et démocratique”, relate la chaîne d’opposition HalkTv.
Ce slogan est depuis des années repris massivement par l’opposition
laïque comme cri de ralliement et de défiance envers le pouvoir
islamo-nationaliste de Recep Tayyip Erdogan.
Méfiance entre Erdogan et l’armée
Historiquement très attachée à la figure d’Atatürk – littéralement
“père des Turcs” –, l’armée a multiplié durant des décennies des coups
d’État en son nom en se présentant comme la garante de l’ordre, mais
aussi de la laïcité. Le dernier en date, en 1997, avait renversé le
gouvernement islamiste de Necmettin Erbakan, mentor de Recep Tayyip
Erdogan. Ce dernier, alors maire d’Istanbul, avait été emprisonné
pendant quatre mois. “Tant de coups d’État ont été commis au nom de
Mustafa Kemal Atatürk, pourquoi prêter un serment parallèle au serment
officiel ? Pourquoi reprendre ainsi un slogan de l’opposition ? C’est
inacceptable”, estime un éditorialiste du quotidien progouvernemental
Türkiye.
“Cela ne fait aucun doute, des gens ont manipulé ces soldats kémalistes
dans le but de créer le chaos dans le pays”, dénonce de son côté le
quotidien islamo-nationaliste Yeni Safak. “Ce sont probablement les
mêmes que ceux qui étaient derrière la tentative de coup d’État de
2016”, selon le journal. En juillet 2016, une tentative de putsch dont
les responsabilités restent encore nébuleuses, bien qu’elles aient été
attribuées par le pouvoir à l’imam en exil Fethullah Gülen, ancien
allié d’Erdogan devenu sa bête noire, avait échoué de manière sanglante.
Depuis son arrivée au pouvoir, il y a vingt-deux ans, le président
Erdogan tente de purger les forces de sécurité et en premier lieu
l’armée des éléments kémalistes les plus radicaux. Avec l’aide des
fidèles de l’imam Gülen, à l’époque bien implantés dans le domaine
judiciaire, il avait, entre 2007 et 2012, lancé deux immenses procès
contre des centaines de militaires accusés de préparer un putsch.
Depuis, et surtout après 2016, Erdogan s’est efforcé de placer ses
fidèles au sein de l’armée.
Enquête ouverte
“Peut-être reproche-t-on à ces soldats de n’avoir pas chanté ‘Nous
sommes les soldats de l’AKP’ [le parti de Erdogan] ?” s’interroge le
très kémaliste quotidien Sözcü. Un éditorialiste du quotidien
Cumhuriyet tente ironiquement de se mettre à la place d’un partisan
d’Erdogan favorable à une purge de l’armée en écrivant : “Nous avons
mis en place tant de contrôles dans le recrutement, des examens oraux,
nous mettons les anciens en retraite anticipée et pourtant nous
continuons à échouer.”
Pour le reste de la presse d’opposition, il s’agit avant tout d’un
témoignage de patriotisme qu’il ne faudrait pas politiser outre mesure.
Pourtant, les cris d’orfraie venus des milieux proches du pouvoir ont
fini par payer : jeudi 5 septembre, le ministère de la Défense
annonçait ainsi le lancement d’une enquête, rapporte le média en ligne
T24.
Nouvelles frappes turques contre les combattants kurdes en
Irak
La Turquie a mené lundi de nouvelles frappes aériennes contre les
combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les
montagnes du nord de l'Irak, a annoncé le ministre turc de la Défense.
"Conformément à nos droits à l'autodéfense (...), une opération
aérienne a été menée contre des cibles terroristes dans le nord de
l'Irak dans les régions de Metina, Zap, Gara, Hakurk, Qandil et Asos",
indique le ministère turc de la Défense dans un communiqué.
Ankara affirme avoir détruit "20 cibles composées de grottes, de
bunkers, d'abris, d'entrepôts et d'installations" utilisées par les
combattants du PKK, qui mènent une guérilla contre l'Etat turc depuis
1984, un conflit qui a fait plus de 40.000 morts, dont de nombreux
civils.
L'armée turque, dont les incursions sur le sol irakien sont
régulièrement dénoncées par Bagdad, dit avoir "neutralisé de nombreux
terroristes".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé samedi la volonté de
la Turquie d'"éliminer les scélérats séparatistes qui constituent une
source de menace pour notre nation et nos frères irakiens".
Les combattants kurdes turcs du PKK disposent de bases arrières au
Kurdistan autonome, qui accueille aussi depuis 25 ans des bases
militaires turques. (AFP, 3 sept 2024)
Un "drone
turc" abattu par l'armée dans
une ville du nord d'Irak
Un "drone turc", abattu par l'armée irakienne, est tombé jeudi à
Kirkouk, métropole du nord de l'Irak, ont annoncé des responsables
militaires irakiens, Ankara poursuivant chez son voisin des opérations
militaires contre les combattants kurdes turcs du PKK.
Ayant pris peur quand le drone est tombé, un menuisier a été victime
d'une chute sur un chantier dans le centre de Kirkouk, et transporté à
l'hôpital, d'après un responsable de la police locale s'exprimant sous
couvert d'anonymat.
Ankara confirme épisodiquement ses bombardements en territoire irakien,
où elle mène régulièrement des opérations terrestres et aériennes
contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé
organisation "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Jeudi matin, un drone est tombé sur une habitation dans le centre de la
ville de Kirkouk, provoquant des dégâts matériels, ont confirmé à l'AFP
un responsable militaire et un autre de la police de Kirkouk,
s'exprimant sous couvert d'anonymat.
"Un drone turc ayant pénétré l'espace aérien irakien a été abattu", a
indiqué à des journalistes le commandant adjoint de la défense aérienne
à Kirkouk, le général Abdel Salam Ramadan, s'exprimant devant des
caméras lors d'un point presse sur le site où l'aéronef est tombé.
Le drone venait "de la direction de Souleimaniyeh", deuxième grande
ville du Kurdistan autonome, plus au nord.
- "Clarifier l'incident" -
Dans un communiqué publié plusieurs heures plus tard, le
"commandement conjoint des opérations" des forces de sécurité
irakiennes a confirmé qu'il s'agissait d'un drone turc, effectivement
détecté par la défense aérienne irakienne.
Mais le texte annonce qu'une commission d'enquête devra "déterminer les
raisons de la chute" de l'aéronef "et les circonstances de l'incident",
dédouanant ainsi de toute responsabilité l'armée irakienne.
Sur X (ex-Twitter) le porte-parole de la diplomatie turque, Öncü
Keçeli, a repris ce communiqué officiel irakien. "Coordination a été
faite avec les autorités irakiennes pour clarifier tous les détails de
l'incident", commente le responsable.
"La Turquie est pleinement déterminée à lutter contre le terrorisme",
ajoute-t-il, en allusion au PKK.
Alors que depuis plusieurs mois Ankara pressait l'Irak d'adopter une
position plus ferme sur ce dossier du PKK, Bagdad avait discrètement
classé en mars le groupe comme "organisation interdite".
A la mi-août, la Turquie et l'Irak ont d'ailleurs signé un accord de
coopération militaire portant sur l'installation de centres de
commandement et d'entraînement communs dans le cadre de la lutte contre
le PKK.
Dans le nord de l'Irak, les combattants du PKK disposent de bases
arrières au Kurdistan autonome, la région accueillant également depuis
vingt-cinq ans des dizaines de bases militaires turques.
Kirkouk et sa province éponyme riche en pétrole sont sous le contrôle
du pouvoir fédéral de Bagdad et jouxtent les territoires du Kurdistan
autonome.
L'incident de jeudi intervient près d'une semaine après une frappe de
drone imputée à l'armée turque, qui a coûté la vie à deux journalistes
affiliées au PKK dans une région à l'est de Souleimaniyeh. (AFP, 29
août 2024)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Turquie: billets en vente pour le paradis
Ragip Duran, TVXS.GR, 7 septembre 2024
La Turquie d’Erdogan, depuis 2002, essaie de modifier l’ADN de la
République fondée par Atatürk en 1923. Tout un programme !
A la veille de la rentrée scolaire 2024-25, le Ministère de l’Education
Nationale a décidé d’enlever de l’ensemble des manuels de
l’enseignement secondaire le dicton “Est heureux celui qui se dit turc
!’’. Le gouvernement de l’Homme Unique avait déjà interdit en octobre
2013 la citation quotidienne de “Notre Serment’’, -un texte
essentiellement nationaliste voire raciste coloré de patriotisme dans
l’ensemble des écoles publiques et privées, du Primaire à la Terminale.
La dernière phrase de ce serment était encore “Est heureux celui qui se
dit turc’’, repris du discours d’Atatürk en 1933. Ce serment était
obligatoire entre 1933 et 2013.
Les mauvaises langues constatent que le régime a dû admettre que les
citoyens turcs ne sont plus heureux alors pourquoi l’affirmer.
Les Kémalistes estiment que le régime actuel désire affaiblir voire
éliminer le caractère national et nationaliste de la République et ils
s’opposent contre l’Islamisation de la société.
Laïque et nationaliste dès le départ, la République Kémaliste luttait à
sa façon contre les dogmes de la religion. Elle avait d’abord aboli en
1922 l’organe suprême religieux de l’Empire Ottoman (Seyhulislam) et
puis le Califat a été également aboli en 1924.
La Direction Générale des Affaires du Culte (Diyanet) avait remplacé
l’ex-organe suprême impérial pour diriger l’ensemble des activités
religieuses (L’administration des mosquées, l’édiction des
consultations juridiques -fatwas-, l’organisation du pèlerinage etc…).
Le Diyanet, est devenu sous le régime actuel la plus grande institution
publique sous le contrôle du Palais avec un budget de 92 milliards de
Livres Turques (Plus de 2.5 milliards d’Euros) et avec 212 milles
salariés. Le rang dans la hiérarchie officielle du Président du Diyanet
a été récemment modifié. Il était auparavant 52e personnalité du
protocole, mais Erdogan l’a placé au 12e rang donc plus important que
le Chef de l’Etat Major de l’armée turque.
Le régime actuel avait déjà reconnu qu’il n’avait pas pu “s’imposer au
niveau de la culture’’ c’est pourquoi Erdogan accorde une importance
capitale à l’enseignement, à l’éducation et à la culture en général
surtout pour ses projets à long terme. Mais une autre défaite a vu le
jour : Les Ecoles Imam-Hatips (Ecoles pour former les imams et autre
personnel religieux, usine de nouveaux cadres d’Erdogan dont
d’ailleurs, il est issu) sont devenues les écoles les moins préférées
donc les moins fréquentées par les élèves. L’élite du régime envoie ses
propres enfants à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis prenant
l’exemple de leur Président Erdogan. Ce dernier désire depuis 22 ans
effacer l’héritage laïc du Kémalisme et imposer des normes et des
règles islamiques sur l’ensemble de la société.
Le Président du Diyanet, M. Ali Erbas, ami de jeunesse d’Erdogan,
professeur de théologie, connu par ses voitures de luxe, avait en
octobre 2022 déclaré que “Les pauvres auront leurs places au 7e étage à
côté des martyrs au paradis et nous les envierons’’. Un courtier
immobilier de talent !
Un entrepreneur musulman a eu récemment le culot sur La Toile de
proposer de vendre des places d’entrée au paradis “Sans bureaucratie et
sans tourment’’. Il ajoute : “Nous avons seulement 70 milles places
donc il faut une pré-inscription’’. La somme à payer n’est pas encore
précisée…
Le régime actuel, incapable d'assurer une vie décente pour ses citoyens
investit donc pour le futur céleste…
La
Turquie affirme avoir arrêté un
trésorier du Mossad
Un ressortissant kosovar soupçonné d'avoir opéré des virements pour le
compte des services de renseignement israéliens en Turquie a été arrêté
vendredi à Istanbul, a rapporté mardi l'agence étatique turque Anadolu.
Les services de renseignement turcs (MIT), qui surveillaient le suspect
depuis son entrée sur le territoire cinq jours plus tôt, ont observé ce
dernier effectuer des transferts d'argent à destination de personnes
oeuvrant pour le Mossad israélien en Turquie et en Syrie, selon Anadolu.
Ces transferts d'argent, en provenance de pays d'Europe de l'Est et du
Kosovo en particulier, auraient permis de rétribuer la captation
d'images de drones ainsi que des "opérations psychologiques contre des
politiciens palestiniens", indique l'agence de presse officielle turque.
Une trentaine de personnes soupçonnées d'espionnage au profit d'Israël
avaient été arrêtées en janvier en Turquie, accusées notamment de
préparer des enlèvements.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas début octobre, le
président turc Recep Tayyip Erdogan, allié traditionnel de la cause
palestinienne, a multiplié les invectives à l'égard d'Israël.
La Turquie a également suspendu début mai ses relations commerciales
avec Israël.
La police turque avait déjà arrêté en 2021 et 2022 plusieurs dizaines
d'individus soupçonnés d'espionner des Palestiniens résidant en Turquie
pour le compte des services de renseignement israéliens.
Au printemps 2022, des médias israéliens avaient fait état de
tentatives d'attaques contre des touristes israéliens à Istanbul,
déjouées par la coopération des services de renseignement turcs et
israéliens. (AFP, 3 sept 2024)
Syrie:
les Kurdes libèrent des détenus liés à l'EI
L'Administration autonome du nord-est de la Syrie, dominée par les
Kurdes, a libéré lundi 50 prisonniers syriens accusés d'appartenir au
groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le cadre d'une amnistie
générale, a indiqué à l'AFP un responsable kurde.
Des milliers de détenus soupçonnés d'appartenir à l'EI, parmi lesquels
des centaines d'étrangers de plusieurs nationalités, se trouvent dans
les prisons des Forces démocratiques syriennes (FDS), branche armée de
l'Administration autonome.
En juillet, l'Administration autonome a accordé une amnistie générale
en vertu de laquelle "50 personnes accusées d'appartenir à
l'organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI) ont été
libérées lundi", a déclaré à l'AFP Reber Kalo, responsable des
relations au sein des forces de sécurité kurdes (Asayish), sans
préciser dans quelles prisons elles étaient détenues.
Il s'agit du deuxième groupe à être libéré sur un total de 1.000 à
1.500 personnes bénéficiant de l'amnistie.
Selon M. Kalo, l'amnistie concerne "uniquement les Syriens et n'inclut
pas les étrangers, et se limite à ceux dont les mains ne sont pas
tachées de sang".
"Il y aura d'autres vagues de libérations au cours des prochains mois",
selon lui.
Les FDS, dominées par les Kurdes mais qui comptent également des
combattants arabes dans leurs rangs avaient déjà libéré des dizaines de
Syriens accusés d'être liés à l'EI dans leurs prisons, après avoir
obtenu des garanties de la part des chefs tribaux.
L'EI a pris le contrôle de pans entiers de Syrie en 2014, imposant un
règne de terreur avant d'être défait en 2019 par une coalition
internationale dirigée par les Etats-Unis et aidée des forces kurdes
syriennes.
Depuis l'administration autonome détient environ 56.000 personnes
incluant 30.000 enfants dans 24 centres de détention et deux camps,
Al-Hol et Roj, dans le nord-est de la Syrie.
Parmi elles figurent des combattants de l'EI et leurs familles, ainsi
que des déplacés ayant fui les combats. (AFP, 2 sept 2024)
Arrestation
de 119 personnes soupçonnées d'appartenance à l'EI
La police turque a arrêté cette semaine 119 personnes soupçonnées
d'appartenir au groupe jihadiste Etat Islamique (EI), a annoncé
vendredi le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.
Ces suspects ont été interpellés dans 23 des 81 provinces du pays, dont
celles d'Istanbul, d'Ankara et d'Izmir, a détaillé le ministre dans un
message sur X.
Le ministre, qui fait régulièrement état de coups de filet visant l'EI,
avait annoncé la semaine passée l'arrestation de 65 personnes
soupçonnées d'appartenance au groupe jihadiste.
Depuis le 1er juin 2023, plus de 3.600 suspects ont été interpellés
dans le pays, selon les autorités.
Certains de ces membres présumés de l'EI se sont installés en Turquie
après l'effondrement du "califat" autoproclamé du groupe jihadiste en
2019.
L'EI, qui a perpétré des attaques meurtrières dans le pays - dont
l'une, dans une discothèque d'Istanbul, a fait 39 morts en 2017 -, a
revendiqué fin janvier l'assaut d'une église catholique d'Istanbul
pendant une messe, qui a fait un mort.
Les autorités turques, autrefois accusées de laisser les jihadistes
transiter librement sur son territoire, ont annoncé fin avril
l'arrestation à Istanbul d'un homme soupçonné de préparer un attentat à
la bombe. (AFP, 30 août 2024)
Diyarbakır cafes faced with Islamist attacks over alcohol sale,
women's
clothing
The assailants were released after giving statements to the police
following the latest attack. A DEM deputy says the attacks are
reminiscent of Kurdish Hezbollah, a group responsible for the killing
thousands of people in the region during the 1990s.
Two popular cafes in Diyarbakır's historic Suriçi district, Karga and
Hewş, have been repeatedly targeted by attackers demanding the
prohibition of alcohol and stricter dress codes for customers. These
incidents have sparked concerns about increasing religious extremism in
the area.
The attacks began on Jul 11, when three individuals, later identified
through security footage, launched an assault involving gunfire and
sound bombs on the cafes. The attackers, who had demanded that the
cafes stop serving alcohol and that patrons adhere to conservative
dress codes, were detained but released after spending about a month in
custody.
On Aug 25, two of the previously detained individuals, identified as
V.G. and U.Y., returned to one of the cafes, threatening the staff.
According to reports, they demanded that the cafe stop allowing women
dressed in what they deemed inappropriate clothing to visit the
establishment. Following a verbal altercation, V.G. and U.Y. physically
assaulted the cafe employees.
Despite the presence of police officers in armored vehicles, who were
stationed nearby due to the previous attacks, the situation escalated.
During the incident, one of the attackers reportedly attempted to grab
a weapon from a police officer.
"They attacked us in front of the police"
The cafe’s operator, Bahoz Damlayıcı, expressed his frustration,
telling the media, “Just an hour ago, I informed you that these
individuals attacked us in front of dozens of police officers, and now
they have been released. If anything happens to us, those who allowed
their release are responsible.”
Damlayıcı explained that the threats began in May, with the situation
deteriorating to violence in July. He also highlighted the attackers'
ability to return freely to the scene of the crime despite their
previous actions. "We don’t understand how these people, shouting
‘Allahu Akbar,’ could just walk back into this street. If anything
happens to us, they are to blame. We demand our safety be ensured and
warn that these attacks on our lifestyle could soon threaten everyone
in Diyarbakır. I call on everyone to stand in solidarity with us.”
Reminding Hezbollah
Ceylan Akça Cupolo, a Diyarbakır MP from the Peoples' Equality and
Democracy Party (DEM Party), previpusly drew attention to the growing
number of attacks on civilians, picnics, and businesses in the region.
In a parliamentary inquiry submitted on Jul 16, Cupolo stated, "The
fact that these individuals, who are known to law enforcement and
openly send threats and death messages, can continue their attacks
freely brings to mind the state-supported groups like Hezbollah in the
1990s."
Kurdish Hezbollah, also known as Hizbullah in Turkey, is an Islamist
militant group that was particularly active during the conflict in the
1990s in the country’s Kurdish-populated eastern and southeastern
regions. The group was responsible for the targeted killings of
thousands of people, including Kurdish politicians, journalists, and
other public figures. The group has no relations to the Lebanese
Hezbollah. (BIA, 27 August 2024)
Socio-économique
/ Socio-economic
865 ans de prison pour l'entrepreneur d'un
immeuble effondré lors du séisme
L'entrepreneur responsable de la construction d'un immeuble du sud de
la Turquie, dans lequel 96 personnes ont péri lors du puissant séisme
du 6 février 2023, a été condamné vendredi à 865 années de prison, a
rapporté l'agence de presse officielle Anadolu.
Le bâtiment de 14 étages, situé dans la grande ville d'Adana, s'était
effondré sous l'effet du tremblement de terre de magnitude 7,8, survenu
à 04h17 du matin, qui a fait plus de 53.500 morts en Turquie et près de
6.000 en Syrie voisine. Un seul de ses résidents avait survécu.
Selon la presse turque, l'entrepreneur, Hasan Alpargün, condamné
vendredi pour "avoir causé la mort et des blessures de plus d'une
personne avec une intention possible", avait fui vers la République
turque de Chypre-Nord (RTCN) le jour du séisme, avant de se rendre à la
police une semaine plus tard.
L'effondrement de cet immeuble d'habitation, construit en 1975, avait
aussitôt suscité de vives interrogations alors que la ville d'Adana,
située à moins de 200 km de l'épicentre du séisme, avait été
globalement épargnée par les violentes secousses.
Des experts ont, au cours du procès, pointé de graves insuffisances
dans la construction des colonnes censées soutenir le bâtiment, ainsi
que dans la qualité du béton utilisé.
L'entrepreneur s'est lui défendu en affirmant que la construction avait
été approuvée par les autorités.
Plus de 260 personnes impliquées dans la construction de bâtiments qui
se sont écroulés lors du séisme de février 2023 ont été arrêtées dans
les semaines suivantes, certaines en tentant de fuir la Turquie.
Plusieurs procès se sont ouverts depuis le début de l'année à travers
le pays pour juger certains de ces entrepreneurs. (AFP, 27 sept 2024)
La Turquie
a signé un accord de livraison de GNL avec
TotalEnergies
La Turquie a signé un accord "à long terme" avec le groupe français
TotalEnergies portant sur la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL)
sur dix ans à partir de 2027, a annoncé mercredi le ministre turc de
l'Energie.
"Nous avons signé un accord GNL à long terme entre notre société
nationale Botas et TotalEnergies" a indiqué sur le réseau X le ministre
Alparslan Bayraktar.
"Avec cet accord qui sera valable 10 ans à partir de 2027",
précise-t-il, "seize cargaisons de GNL d'environ 1,6 milliard de mètres
cubes seront livrées chaque année".
"Nos accords GNL à long terme sont d'une grande importance pour
garantir la sécurité de l'approvisionnement énergétique de notre pays
et de notre région, accroître la diversité de nos ressources et assurer
la flexibilité de notre approvisionnement énergétique", a souligné le
ministre.
La Turquie importe la majeure partie de sa consommation de gaz de
Russie, ainsi que du Qatar et d'Azerbaïdjan.
Le gaz naturel liquéfie (GNL) est considéré comme une énergie propre et
peu polluante, notamment utilisée dans les transports. (AFP, 18 sept
2024)
Les barons de la drogue turcs règlent
leurs comptes
Guillaume Perrier, Le Point, 13 septembre 2024
« Luxueuse villa disposant d'une salle de sport, d'un spa avec sauna,
hammam et espace détente, un escalier monumental avec des magnifiques
ornements, une piscine de cinq mètres par quinze. » La petite annonce,
qui vient d'être publiée par le Service fédéral des finances belge,
présente deux villas de luxe, mises à prix à 680 000 euros chacune, qui
seront vendues aux enchères le 19 novembre, à Anvers.
Dans ces résidences, on trouve une salle de massage, d'innombrables
chambres avec des meubles recouverts d'or, des salles de bains avec
jacuzzi, lustres monumentaux, sculptures en marbre, trône et terrain
arboré d'un hectare. Le bureau à l'étage est orné de grands drapeaux de
la Turquie. Et sur l'imposant portail d'entrée était même affiché le
blason rouge et or de la présidence de la République turque !
Les deux biens, saisis par la Belgique en juin, appartenaient à Orhan
Üngan, un puissant baron de la mafia turque. Ce trafiquant, surnommé «
le Fantôme » ou « le roi de la cocaïne aux mille et un visages », pour
sa capacité à disparaître sous de fausses identités – on lui en connaît
au moins huit –, est mêlé à de nombreuses affaires de stupéfiants et
soupçonné d'avoir commandité plusieurs homicides, dans des règlements
de comptes avec les autres clans qui se disputent le marché de la
drogue entre la Turquie et l'Europe.
Des cartels prospères sous le ministère de Soylu
Üngan a été capturé en juin à Istanbul, dans un coup de filet contre
les organisations criminelles qui gangrènent la Turquie et en ont fait
une plaque tournante du narcotrafic international. L'enquête avait été
lancée par l'Allemagne à la suite d'une saisie. L'opération « Kuyu 4 »
a conduit à l'arrestation de 62 suspects et la saisie de 200 biens
immobiliers et de 85 véhicules, une trentaine de sociétés, des avoirs
bancaires, des armes, trois machines à compter les billets et des sacs
postaux remplis de devises.
Chaque semaine ou presque, Ankara annonce la capture de chefs mafieux
ou la saisie de centaines de kilos de drogues. Ainsi, ce jeudi 12
septembre, 316 suspects ont été arrêtés à travers le pays, permettant
le démantèlement de quelques réseaux de trafiquants. Le ministre de
l'Intérieur Ali Yerlikaya entend montrer sa résolution à faire tomber
les cartels qui prospéraient du temps de son prédécesseur, Süleyman
Soylu, dont les liaisons dangereuses avec certains barons de la drogue
étaient devenues trop visibles.
La chute d'Orhan Üngan fait suite à celle d'une autre figure du crime
organisé, Urfi Cetinkaya, « l'Escobar turc ». En juin 2023, ce dernier
était appréhendé dans un quartier chic de la rive européenne
d'Istanbul. Âgé de 74 ans, Cetinkaya – qui se déplace en fauteuil
roulant depuis qu'il a été blessé par balle en 1988 après avoir tenté
de forcer un barrage de police – était l'un des plus puissants
parrains, et l'un des plus craints. Déjà arrêté en 2000 en Espagne, il
avait été accusé d'être à la tête d'une filière pesant alors près de 2
milliards de dollars. Depuis, au moins 37 tonnes de drogue saisies en
Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Bulgarie, en Mauritanie ont été
reliées à ses réseaux. Avec sa capture, les autorités turques ont mis
la main sur un patrimoine – immobilier, voitures de luxe, yachts,
participations dans plus de 60 sociétés – d'une valeur totale d'un
demi-milliard de dollars.
Recherché depuis vingt-quatre ans par les polices du monde entier, il
menait ses affaires sans être réellement inquiété. Connecté aux réseaux
nationalistes Loups gris, Cetinkaya bénéficiait de solides appuis
politiques. Son fils Rüstem, également arrêté en 2023, était
vice-président du conseil d'administration de l'Union des exportateurs
de minerais d'Istanbul, et siégeait même au « board » de l'assemblée
turque des exportateurs !
Les cartes redistribuées entre les clans
Cette série d'opérations spectaculaires lancée par le ministre Ali
Yerlikaya est loin d'avoir détourné le narcotrafic du territoire turc.
« Plus qu'une véritable guerre aux trafiquants, il s'agit plutôt d'une
redistribution des cartes. Certains clans sont mis au pas au profit
d'autres », estime une source au sein d'un service de renseignements.
En 2018, l'Iranien Naji Sharifi Zindashti, à la tête d'un puissant
réseau de trafiquants à travers l'Europe, avait été arrêté… et remis en
liberté quatre mois plus tard. L'influent député turc Burhan Kuzu
(d'AKP, le parti au pouvoir) fut accusé d'avoir fait pression sur les
magistrats pour obtenir sa libération. Zindashti était aussi en guerre
avec « le Fantôme », Orhan Üngan. Ce dernier est soupçonné d'avoir
commandité l'assassinat d'Arzu Zindashti, la fille de son rival. Quant
à son frère, Ilhan Üngan, il a été abattu il y a quelques mois en
pleine rue, à Istanbul.
La capture d'Orhan Üngan, la perquisition de ses villas en Belgique et
l'analyse de ses conversations téléphoniques ont permis de faire des
trouvailles étonnantes. Comme d'autres grands trafiquants
internationaux, le baron de la drogue utilisait la messagerie cryptée
Sky ECC, jusqu'à sa découverte par les services d'enquête européens en
2021. Il communiquait par ce biais avec plusieurs de ses informateurs
au sein de la police turque. L'une de ses sources policières a été
interpellée avec 4 kg de cocaïne et des balances de précision à son
domicile. Un autre policier, Ömer Faruk Gezer, à qui il distribuait
parfois de l'« argent de poche », a été inculpé en mars 2024 pour
espionnage au profit du Mossad, le service extérieur israélien.
Mais surtout, dans ses conversations, Üngan se vantait d'être affilié à
« l'État » et de bénéficier de protections au sein du MIT, les services
de renseignements turcs étroitement contrôlés par Recep Tayyip Erdogan.
L'insigne présidentiel accroché au portail de sa villa anversoise était
la marque de cette identification au pouvoir turc. La collusion entre
les groupes criminels et les services de sécurité au sein de l'« État
profond » turc n'est pas nouvelle. Mais elle a redoublé ces dernières
années.
Malgré Erdogan, les femmes turques n'ont pas
l'intention de faire des enfants
Marcelina Szumer-Brysz, Le Soir, 7 septembre 2024
Le président a appelé les femmes à avoir trois enfants ; nous les avons
faits en une seule fois », déclarait dernièrement, très sérieusement,
aux caméras de la chaîne TGRT Haber, Ali Hakyemez, père de triplés nés
en août dernier à Giresun, une province turque de la mer Noire. Et
d’ajouter, la mine grave pour bien montrer qu’il ne plaisante pas : «
Allah nous a bénis, et nous sommes très heureux. Mais maintenant, nous
comptons sur le président pour nous aider. »
Le jeune père faisait référence à un appel lancé aux Turcs par Recep
Erdogan il y a une dizaine d’années. Le président, qui a lui-même
quatre enfants et neuf petits-enfants, avait demandé que chaque couple
s’efforce d’avoir au moins trois bambins, « avant qu’il ne soit trop
tard » et que le taux de natalité ne tombe trop bas pour permettre le
renouvellement des générations. En effet, les prévisions récentes de
l’office national de statistiques turc inquiètent fortement les
politiciens et les démographes.
Des villes et des campagnes dépeuplées
« On savait tous que le taux de natalité allait baisser. Mais, en dix
ans, nous sommes passés d’un taux bas à un taux très bas », constate
Mehmet Ali Eryurt, du think tank Fikir Turu. L’analyse détaillée qu’il
a effectuée sur la base des données fournies par l’administration
enterre pour l’instant les espoirs du président de construire une
société forte et peuplée.
La tendance à la baisse est d’ailleurs constante depuis de nombreuses
années. Il y a un siècle, une femme turque mettait au monde six enfants
en moyenne. Dans les années 80, elle ne donnait plus naissance qu’à
quatre enfants, puis à trois dans les années 90. Il y a une décennie,
ce chiffre était tombé à 2,1. Aujourd’hui, il n’est plus que de 1,5, un
taux historiquement bas qui ne permet plus d’assurer le renouvellement
des générations.
Il y a bien sûr des disparités territoriales : dans certaines provinces
turques, les femmes ont plus d’enfants qu’ailleurs. Sanlıurfa, près de
la frontière syrienne, affiche le taux de natalité le plus élevé de
Turquie, avec 3,2 enfants par femme. Cette région, majoritairement
peuplée de Kurdes, est fortement ancrée dans les traditions et la
religion. Derya Arslan, une archéologue sans enfants, nous raconte : «
J’y ai travaillé quelques années, au début de ma carrière. Un collègue
de mon âge avait déjà trois enfants et disait qu’il n’en voulait pas
d’autres. Je suis allée à la pharmacie acheter des pilules pour sa
femme (en Turquie, la contraception hormonale est vendue sans
ordonnance, NDLR). Il les lui a données, mais elle a refusé
catégoriquement de les prendre. Elle pensait que si elle arrêtait de
faire des enfants, son mari la quitterait pour une autre. »
Pourtant, l’affirmation quelque peu condescendante des citadins selon
laquelle les habitants de la partie orientale de la Turquie se «
reproduiraient comme des lapins » ne correspond pas à la réalité. La
moitié des quinze provinces qui présentent la plus forte chute du taux
de fécondité se situent en effet dans cette partie du pays. Les trois
plus grandes agglomérations, Ankara, Istanbul et Izmir, sont également
particulièrement frappées par le phénomène : le taux de natalité y est
tombé à 1,2 enfant. Le taux le plus faible a été enregistré à Batin, au
bord de la mer Noire : 1,1 enfant. Alors qu’il y a dix ans, la Turquie
enregistrait 1,4 million de naissances par an, ce nombre est désormais
inférieur à un million.
Des mères plus âgées et plus conscientes
Comment s’explique cette baisse ? Les chercheurs pointent plusieurs
causes.
Selon Selin Köksal, démographe à l’université de Londres et citée par
CNN Turk, l’insécurité économique et les difficultés financières
constitueraient un facteur déterminant dans la décision de repousser à
plus tard la parentalité. « Pendant la crise économique de 2001-2002,
la natalité a reculé de 7 %. En 2023, elle a diminué de 8 % par rapport
à l’année précédente », observe-t-elle. Et elle estime que les chiffres
des deux années à venir devraient également refléter les difficultés
que rencontre la société turque, comme celles engendrées par le
tremblement de terre dévastateur survenu au début de l’année dernière.
Mais les problèmes qui touchent les Turcs ne sont pas l’unique cause :
la conscientisation et la hausse du niveau d’éducation jouent aussi un
rôle. Les Turcs se marient de plus en plus tard : la moyenne d’âge est
d’un peu plus de 28 ans pour les hommes et de près de 26 ans pour les
femmes. De plus, les jeunes couples ne deviennent pas immédiatement
parents. L’âge moyen auquel les femmes donnent naissance à leur premier
enfant est aujourd’hui de 27 ans, et l’âge moyen des mères en général
est de plus de 29 ans. En revanche, au début du XX e siècle, les femmes
de 20 à 24 ans étaient les plus susceptibles d’avoir des enfants.
« Cela s’explique par la hausse du niveau d’éducation dans tout le pays
», explique la D re Alanur Cavlin, de l’Institut de recherche sur la
population de l’université de Hacettepe, également interrogée par CNN
Turk. Selon elle, au moment de prendre la décision d’avoir (ou pas) un
enfant, les parents prennent de plus en plus en compte leurs propres
besoins ainsi que d’autres facteurs dont ils ne se souciaient pas
auparavant.
C’est particulièrement vrai pour les mères, et la tendance s’oriente
vers le choix de n’avoir qu’un seul enfant. Le nombre de mineures ayant
des enfants a fortement diminué. En 2001, le taux de naissances parmi
les 15-19 ans était de 49 pour mille, mais il a chuté à 11 pour mille
en 2023.
« Pas n’importe comment, et pas avec n’importe qui »
Il y a une dizaine d’années, le président Erdogan a donc durci son
discours, affirmant que les femmes qui n’ont pas ou ne veulent pas
avoir de descendance ne sont que des « demi-femmes ». Cette déclaration
n’a guère eu d’effet sur les Turques. Une enquête réalisée ces
dernières années a révélé que 35 % des couples mariés ne voulaient pas
du tout d’enfants. Certains pourraient avoir des enfants, mais ne le
souhaitent pas. D’autres voudraient, mais n’en ont pas la possibilité.
« Je voudrais avoir un enfant, mais pas n’importe comment, et pas avec
n’importe qui », nous indique Ezgi, enseignante à Samsun. Elle a 44 ans
et est divorcée. Elle savait qu’avec son mari, la séparation était plus
probable que la naissance d’un enfant – parce que lui, justement, n’en
voulait pas. Il a le même âge qu’elle et s’est habitué à mener une vie
confortable. Il n’a pas envie de devoir changer des couches. « En
Turquie, les célibataires n’ont pas droit à la fécondation in vitro »,
confie-t-elle. « D’ailleurs, je voudrais avoir une vraie famille. Mais
petit à petit, je me fais à l’idée que ça n’arrivera pas. »
D’autres Turques ont quant à elles renoncé volontairement à la
maternité. La BBC en a interrogé quelques-unes. Voici, pêle-mêle, les
raisons qu’elles invoquent : « Je ne serais pas une bonne mère, je le
sais, et j’aimerais que tout le monde soit aussi conscient que moi au
lieu de me traiter d’égoïste et de fainéante » ; « Le monde dans lequel
nous vivons a tellement changé que le discours selon lequel il serait
naturel pour une femme d’avoir des enfants n’a plus de raison d’être »
; « C’est une trop grande responsabilité, un coût financier et
émotionnel trop important » ; « Je travaille auprès d’enfants depuis
vingt ans et je vois à quel point ils sont malheureux dans le monde
d’aujourd’hui » ; « Dans un pays comme la Turquie, il est impossible
d’être mère et de travailler – or, sans travail, on ne peut pas
garantir le bien-être de son enfant. »
Avant les vacances, l’AKP, le parti du président Erdogan, a convoqué
d’urgence un conseil démographique. La ministre de la Famille, Mahinur
Özdemir Göktas, a présenté un projet de soutien aux mères turques. Les
modifications des textes de loi prévoient notamment un allongement du
congé de maternité rémunéré ainsi que la mise en place de programmes
d’aide. Les politiques envisagent également des aides pour la garde
d’enfants en crèche. Et ils assurent, le ministre des Finances Mehmet
Simsek en tête, qu’ils n’hésiteront pas à mobiliser les ressources
nécessaires pour éviter la catastrophe démographique.
A Istanbul,
le blues des vendeurs de rue face à l'inflation
Vers des "lendemains incertains"? À Istanbul, les vendeurs de rue,
figures populaires héritées de l'empire ottoman, broient du noir,
inquiets de la perte d'une grosse partie de leur clientèle turque,
assommée par l'inflation.
De bon matin et sous un soleil éclatant, Hakan Deniz pousse sa carriole
rouge et dorée vers le parvis de la mosquée de Rüstem Pacha, dans un
secteur touristique du vieil Istanbul. Le jeune homme s'installe et
rapidement l'odeur du maïs et des châtaignes grillés embaume l'air.
Le vendeur, âgé de 18 ans, aime son métier, qu'il a choisi il y a six
ans lorsqu'il a hérité du chariot de son père. Mais ces derniers mois,
il a le vague à l'âme.
"À cause de l'inflation (52% sur un an en août, NDLR), j'ai perdu
quasiment la moitié de mes clients", soupire-t-il en servant à une
touriste américaine un sachet de châtaignes consciencieusement pesé sur
une balance à poids.
"Nos lendemains sont incertains", estime-t-il, se demandant parfois
comment ce métier précaire - sans salaire garanti, ni sécurité sociale,
ni retraite - "pourra encore exister dans le futur".
La figure du vendeur itinérant de nourriture est pourtant indissociable
de l'image d'Istanbul. À la nuit tombée, leurs petites gargotes
ambulantes surmontées de néons forment des îlots de lumière. Et les
odeurs qui s'en dégagent, de l'entêtante moule farcie jusqu'au sésame
chaud des simits, petits pains ronds traditionnels, habitent depuis des
générations les rues de la métropole, aujourd'hui peuplée de 16
millions d'habitants.
- "Tradition ottomane" -
Ces marchands jouissent d'"une image globalement positive", explique à
l'AFP Osman Sirkeci, chercheur à l'Université d'économie d'Izmir.
Certains, comme les vendeurs de macun (pâte sucrée et colorée à base
d'épices), sont vus comme les héritiers de toute une "tradition
ottomane".
`Aux lendemains du Covid, cette profession séculaire a connu un boom:
selon le chercheur, un million de personnes sont venues grossir ses
rangs, le métier offrant une solution de repli à ceux peinant à trouver
un emploi.
Le pays compte aujourd'hui 7 millions de vendeurs de rue de toutes
sortes, légaux et illégaux, selon M. Sirkeci.
Mais le boom de l'inflation est venu percuter de plein fouet cette
profession souvent caractérisée par de bas salaires et de faibles
marges.
"Les charges des marchands ambulants sont bien inférieures à celles des
commerces traditionnels, puisqu'ils ne payent ni loyer ni
d'électricité", explique M. Sirkeci, mais ils achètent cher leurs
matières premières, car ils entretiennent "rarement un lien direct avec
les producteurs" et passent par d'onéreux intermédiaires qui
répercutent l'inflation.
"Le prix du sésame a grimpé en flèche, celui de la farine aussi. Tout
est trop cher !", confirme Nuri Geyik, 54 ans. Il y a quelques années,
"je vendais mes simits 1 livre turque pièce, maintenant je suis obligé
de les vendre 15 livres !".
- Réservé aux touristes ? -
"Le prix du transport a aussi augmenté", souligne Mithat Atilgan,
vendeur de fruits et légumes cultivés dans la région de Bursa, à 150 km
d'Istanbul.
Résultat: "les ventes vont mal" car les Stambouliotes ne peuvent pas
suivre les augmentations de prix, soupire-t-il derrière son chariot de
fortune, sur lequel s'étalent des figues fraîches. "Aujourd'hui, il n'y
a que les riches qui ont les moyens de m'acheter des fruits !".
Pour Hakan Deniz, la conséquence est concrète: "avant, ma clientèle
était essentiellement turque", explique le vendeur de maïs, mais "ce
n'est plus le cas, désormais 70% sont des touristes".
A quelques pas, Mustafa Demir craint de subir le même sort. Le vendeur
de cornichons marinés (et leur jus salé) a encore une "bonne base
d'habitués turcs"... Mais pour combien de temps ? "J'ai honte de vendre
mes verres à 40 livres à mes clients fidèles", glisse-t-il, quand ils
"coûtaient à peine 15 centimes à une époque".
A terme, sans ces clients locaux, "le métier va disparaître", estime
Hakan Deniz, même si des chercheurs comme Osman Sirkeci jugent un tel
scénario improbable. "Regardez les vendeurs de boza (boisson fermentée
à base de céréales, NDLR) !", affirme M. Deniz, "Aujourd'hui, il n'y en
a quasiment plus à Istanbul !". (AFP, 4 sept 2024)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Adhésion aux Brics: Erdogan fustige
l'UE, "qui nous a fait attendre"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a sollicité l'adhésion de
son pays au bloc des Brics, a fustigé jeudi "ceux qui nous ont fait
attendre depuis des années", désignant l'Union européenne.
"Ceux qui disent (ne rejoignez pas les Brics ou toute autre structure)
sont les mêmes qui nous ont fait attendre pendant des années à la porte
de l'Union européenne", a déclaré M. Erdogan selon des propos rapportés
par l'agence officielle Anadolu.
"Nous ne pouvons pas nous déconnecter du monde turc et islamique
simplement parce que nous sommes un pays de l'Otan. Les Brics et
l'Asean sont des structures qui offrent des opportunités pour
développer notre coopération économique", a-t-il fait valoir devant la
presse turque lors de son retour des Nations unies.
Le président russe Vladimir Poutine a confirmé mercredi qu'il attendait
son homologue turc à Kazan, en Russie, le mois prochain dans le cadre
d'un sommet des Brics.
La Turquie, qui entretient des relations tendues avec ses alliés
occidentaux au sein de l'Alliance atlantique, a annoncé début septembre
avoir officiellement soumis une demande d'adhésion à ce groupe de cinq
pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud).
M. Erdogan a par ailleurs indiqué qu'il "réévaluerait" les relations
d'Ankara avec Washington après les élections américaines du 5 novembre.
"Nous réévaluerons les relations entre la Turquie et les Etats-Unis en
conséquence. Nous prendrons nos mesures en conséquence. Nous espérons
que le résultat sera bénéfique", a-t-il prévenu, selon Anadolu et sans
autre précision malgré les questions des journalistes turcs.
Il a également rappelé que la Turquie disposait d'une "créance de 1,450
milliard de dollars" aux Etats-Unis en raison de l'achat programmé
d'avions de combat F-35, payés mais jamais livrés à Ankara et promis
"des mesures pour recouvrer cette créance." (AFP, 26 sept 2024)
Turkish Foreign Minister met EU ministers in Brussels after
5 years
Foreign Minister Hakan Fidan attended the European Union (EU) Foreign
Ministers' meeting in Brussels today, from which Turkey has been
excluded for five years, for the first time, and also held bilateral
meetings with foreign ministers of some member states.
Prior to this meeting, Dogan Özgüden asked in his article at Info-Türk:
"That's all well and good, but will the foreign ministers of the
European Union at this meeting just listen to Hakan Fidan's demands
such as 'revitalizing Turkey's accession process, updating the Customs
Union, providing visa liberalization' and nod their heads, or will they
also be able to make serious criticisms and warnings about the human
rights violations of the Ankara regime and the operations of the
Turkish Army in neighboring countries?"
Of course not...
Following the meeting and bilateral talks, Foreign Minister Hakan Fidan
gave the good news for the Ankara regime in a statement he made to the
press:
"Today, almost all of my EU colleagues emphasized that structural and
regular dialogue and consultations should continue with Turkey in all
areas, especially foreign policy, security and defense policies. They
said that Turkey plays an important role in the issues of
Russia-Ukraine, the war in Gaza, Syria, Iraq, the Middle East, Africa
and the South Caucasus. They emphasized the importance of closer and
deeper consultations and joint policy development between Turkey and
the EU."
European Union (EU) High Representative for Foreign Affairs and
Security Policy Josep Borrell also stated that the geopolitical
situation in the nearby region and beyond was thoroughly discussed with
Foreign Minister Hakan Fidan during the meeting and said, "We reviewed
the issues that particularly complicate our relations, the situation in
Cyprus and some issues related to the situation in the Middle East, but
especially the situation in Cyprus, which many member states have
referred to."
Belgian Foreign Minister Lahbib also made a statement after the
bilateral meeting and said, "I held a meeting with my Turkish colleague
Hakan Fidan. We shared our approaches to the conflicts in Ukraine, the
Middle East and the Caucasus. Turkey continues to be an important ally
for Belgium and Europe and plays a role as a strategic player in the
international arena."
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Le maire de New York inculpé pour les
pots-de-vin par un responsable turc
Le maire démocrate de New York, Eric Adams, a été "arrosé" en secret
pendant des années de pots-de-vin, a accusé jeudi le procureur de
Manhattan en annonçant l'inculpation de l'élu, désormais très fragilisé
à la tête de la plus grande ville des Etats-Unis.
Dévoilé jeudi, l'acte d'inculpation du parquet fédéral de Manhattan
mentionne notamment des faits de fraude électronique, sollicitation
illégale de contribution pour une campagne électorale auprès d'une
personne étrangère et l'acceptation de pots-de-vin versés par un
responsable turc.
En échange, Eric Adams, devenu maire en 2021, aurait usé de son
influence auprès des pompiers de New York pour accélérer l'ouverture
d'un gratte-ciel abritant la mission de la Turquie auprès des Nations
unies et son consulat général, peut-on lire dans le document
judiciaire. Le bâtiment avait été inauguré à temps pour l'Assemblée
générale de l'ONU en septembre, en présence du président turc Recep
Tayyip Erdogan.
"Il a caché au public qu'il était arrosé en secret de cadeaux" et a
maintenu "le public dans l'ignorance année après année", a accusé le
procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, lors d'un point presse.
"Ce qui est allégué dans l'acte d'accusation, l'argent étranger,
l'argent de sociétés, les années de dissimulation - montre qu'il (Eric
Adams) a gravement rompu le lien de confiance avec le public", a ajouté
le procureur, alors que les appels à la démission du maire se sont
multipliés chez les élus démocrates new-yorkais, dont la figure de la
gauche Alexandria Ocasio-Cortez.
- "Bonne chance" -
En revanche, le candidat républicain à la présidentielle, Donald
Trump, a sous-entendu sans preuve qu'Eric Adams était victime d'un
complot judiciaire pour avoir haussé le ton contre les arrivées de
migrants à New York.
"Je lui souhaite bonne chance", a ajouté Donald Trump, lui-même inculpé
dans de multiples affaires et condamné par la justice pénale dans le
dossier des paiements dissimulés à l'ancienne star de films X, Stormy
Daniels.
L'acte d'accusation de M. Adams, long de 57 pages, détaille des
soupçons de contributions illégales de la part de donateurs étrangers,
à la connaissance du candidat, et des cadeaux sous forme de luxueux
voyages en avion sur les lignes d'une compagnie turque, ainsi que des
séjours dans des hôtels huppés, ayant permis au démocrate d'étoffer ses
réseaux internationaux.
Autant de faveurs que l'ancien maire de l'arrondissement de Brooklyn,
qui préparait sa campagne pour devenir maire de New York, aurait dû
déclarer en tant qu'élu.
Eric Adams a répondu qu'il était "impatient" de se défendre, lors d'un
point presse devant sa résidence, perquisitionnée tôt jeudi matin,
excluant implicitement de démissionner.
Selon des documents judiciaires, il doit comparaître vendredi
devant un juge pour la notification des charges, mais son avocat a
demandé un délai.
- Ex-policier -
Son inculpation sonne comme un coup de tonnerre et fragilise
encore plus le maire de la plus grande ville des Etats-Unis (8,5
millions d'habitants), un ancien capitaine de police de New York
afro-américain élu en 2021 sur des promesses de sécurité et qui a vu
son taux de popularité chuter durant son mandat, tandis que les
affaires visant l'Hôtel de ville se sont multipliées.
"J'ai voté pour lui parce que c'était un ancien policier, je pensais
que la ville en avait besoin. Et je trouvais qu'avoir un maire noir
était très positif après le mouvement +Black Lives Matter+. Mais c'est
une déception. Il doit démissionner", a déclaré à l'AFP un électeur
new-yorkais, Bartholomew Bland, en traversant la gare grouillante de
monde de Grand Central, à Manhattan.
Son inculpation risque aussi d'embarrasser le camp démocrate, à
quarante jours de l'élection présidentielle entre Kamala Harris et le
républicain Donald Trump, au coude-à-coude dans les sondages.
"J'ai toujours su que si je défendais les intérêts des New-Yorkais, je
serais une cible - et je le suis devenu", s'est défendu Eric Adams. "Si
je suis inculpé, je suis innocent et je me battrai avec toute ma force
et mon esprit", a ajouté le maire, 64 ans.
Au moins quatre enquêtes fédérales sont en cours, dont trois menées par
le parquet de Manhattan, visant le maire et ses proches, dont plusieurs
ont démissionné, comme le chef de la police de New York.
Eric Adams avait gagné la primaire démocrate de 2021 sur la promesse de
faire baisser la criminalité, qui avait grimpé en flèche à New York
pendant la pandémie de Covid. Il a pu mettre à son crédit une
diminution des crimes violents, mais les New-Yorkais doivent aussi
faire face à la hausse du coût de la vie et à une crise du logement qui
a fait grimper leurs loyers à des niveaux sans précédent.
Fin 2023, le taux de popularité du maire était tombé au plus bas, à 28%
dans un sondage. Dans ce contexte, plusieurs rivaux se sont déclarés
candidats à la primaire du parti en 2025. (AFP, 27 sept 2024)
Erdoğan skips Biden’s dinner during UN
General Assembly
Although there was no official explanation from Ankara, Turkish media
speculated that Erdoğan’s decision was related to the US
administration’s support for Israel’s attacks on Gaza and Lebanon,
which the president had strongly criticized during his speech at the
General Assembly.
President Recep Tayyip Erdoğan left New York early yesterday, skipping
a dinner hosted by US President Joe Biden for world leaders attending
the 78th United Nations General Assembly.
The president was expected to attend the dinner on Sep 25, but after
completing his meetings, he departed New York for Turkey with his
spouse Emine Erdoğan.
They left from John F. Kennedy International Airport aboard the
presidential plane "CAN" at 12.40 am local time (GMT-7). The plane
landed at Atatürk Airport in İstanbul at 9.30 am Turkish time today
(GMT+3), according to the state-run Anadolu Agency (AA).
It had been previously announced that Erdoğan would join Biden's event.
There has been no official explanation from Ankara regarding the change
in plans. However, there was speculation in the Turkish media that
Erdoğan’s decision was related to the US administration’s support for
Israel’s attacks on Gaza and Lebanon, which he strongly criticized
during his speech at the General Assembly.
Emine Erdoğan, meanwhile, did participate in a separate luncheon hosted
by US First Lady Jill Biden for the spouses of attending leaders.
President Erdoğan’s trip to New York included participation in UN
discussions and bilateral meetings. (BIA, 26 sept 2024)
Report de la première réunion de
coopération sur la sécurité entre Turquie et Suède
La première réunion entre la Turquie et la Suède sur leur coopération
en matière de sécurité, qui devait se tenir ce mercredi à Ankara, a dû
être repoussée en raison d'une avarie technique sur l'avion
transportant les ministres suédois, ont annoncé ces derniers.
L'avion transportant la ministre suédoise des Affaires étrangères Maria
Malmer Stenergard et le ministre de la Justice Gunnar Strömmer a dû
revenir à Stockholm "en raison de problèmes techniques", selon le
communiqué du gouvernement suédois.
"Une nouvelle réunion sera programmée dès que possible", ont-ils
précisé.
La Turquie et la Suède avaient décidé d'un mécanisme de coopération en
matière de sécurité en juillet 2023 lors du sommet de Vilnius, où
Ankara avait donné son feu vert à l'adhésion de Stockholm à l'Otan.
Pour cette première réunion, les deux pays devaient discuter de "la
lutte commune contre le terrorisme et de la criminalité transnationale
organisée", selon le gouvernement suédois.
"Les questions de sécurité bilatérales, régionales et internationales,
notamment la lutte contre le terrorisme" devaient être au menu de cette
réunion, avait indiqué le ministère turc des Affaires étrangères.
Selon une source diplomatique turque, Ankara souhaitait à cette
occasion discuter "des mesures supplémentaires" contre le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation terroriste
par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, ainsi que contre
le mouvement guléniste, que le gouvernement turc accuse d'être derrière
la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, ce qu'il a toujours nié.
(AFP, 18 sept 2024)
La Turquie
a soumis une demande d'adhésion aux Brics
La Turquie, un Etat membre de l'Otan aux relations parfois tendues avec
ses alliés occidentaux, a soumis une demande d'adhésion au bloc des
pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud),
a annoncé mardi le porte-parole du parti au pouvoir.
"Notre président a plusieurs fois affirmé que nous voulions devenir
membre des Brics. (...) Le processus est en cours", a affirmé Ömer
Çelik, le porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan.
"S'il y a des développements concrets concernant notre adhésion aux
Brics, une décision ou une évaluation des Brics, nous les partagerons
avec vous", a déclaré M. Çelik au cours d'une conférence de presse.
"Notre président a clairement affirmé que la Turquie voulait prendre
part à toutes les plateformes importantes, dont les Brics", a ajouté M.
Çelik.
Ni la présidence turque, ni le ministère turc des Affaires étrangères
n'ont réagi dans l'immédiat.
Comptant quatre membres (Brésil, Chine, Inde et Russie) à sa création
en 2009, le bloc a été rejoint par l'Afrique du Sud en 2010 et s'est
élargi cette année à plusieurs autres pays émergents, dont l'Égypte et
l'Iran.
"Nous ne considérons pas les Brics comme une (solution) alternative
(face) à toute autre structure", a affirmé en juillet le président
Erdogan, dont le pays est toujours officiellement candidat à l'entrée
dans l'Union européenne.
Les négociations d'adhésion à cette dernière, entamées en 2005, sont
toutefois à l'arrêt depuis plusieurs années, les relations avec l'UE
s'étant fortement dégradées après une tentative de putsch en juillet
2016 en Turquie, suivie de purges massives.
La Turquie, qui a maintenu des relations étroites avec Moscou malgré
l'offensive russe en Ukraine, est le seul candidat à l'UE et le seul
membre de l'Otan à avoir frappé à la porte de ce club regroupant les
principaux pays émergents, qui doit se réunir en sommet en octobre à
Kazan (Russie).
Elle avait participé en 2018 à un précédent sommet des Brics en Afrique
du Sud.
"La Turquie peut devenir un pays fort, prospère et respecté si elle
développe simultanément ses relations avec l'Est et l'Ouest", a déclaré
samedi M. Erdogan. (AFP, 3 sept 2024)
Militaires américains agressés en Turquie: 15
personnes interpellées
Quinze personnes ont été interpellées pour avoir "agressé physiquement"
deux militaires américains du porte-avions USS Wasp à Izmir, sur la
côte ouest de la Turquie, a annoncé lundi la préfecture.
"Deux militaires de nationalité américaine en civil ont été agressés
physiquement par un groupe de quinze personnes, membres de l'Union de
jeunesse de Turquie (TGB)", a affirmé la préfecture dans un communiqué,
ajoutant que les "quinze suspects ont été interpellés" par les forces
de l'ordre.
Les militaires font partie du personnel du porte-avions américain USS
Wasp en visite depuis le 1er septembre à Izmir.
"Nous pouvons confirmer les informations selon lesquelles des
militaires américains de l'USS Wasp ont été victimes d'une attaque à
Izmir aujourd'hui et qu'ils sont désormais sains et saufs. Nous
remercions les autorités turques pour leur réaction rapide et l'enquête
en cours", a déclaré l'ambassade américaine en Turquie sur X.
L'Union de jeunesse de Turquie (TGB) a revendiqué l'agression avec une
vidéo partagée sur son compte X.
"Nous avons mis un sac sur la tête des soldats américains de l'USS Wasp
(...) Les soldats américains qui portent sur leurs mains le sang de nos
soldats et de milliers de Palestiniens ne peuvent souiller notre pays",
a affirmé le groupe nationaliste.
Sur la vidéo, plusieurs personnes sont vues en train de mettre de force
un sac sur la tête d'une personne habillée en civil alors qu'ils
scandent "Yankee go home!".
Mi-août, l'USS Wasp avait effectué des manoeuvres avec des navires
militaires turcs en méditerranée, des médias turcs proches de
l'opposition y voyant un déploiement de soutien à Israël.
Le ministère turc de la Défense avait rejeté ces critiques en assurant
qu'il s'agissait de manoeuvres "de routine". (AFP, 2 sept 2024)
Relations
régionales / Regional Relations
Poutine dit attendre Erdogan en Russie
en octobre pour le sommet des Brics
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré mercredi attendre son
homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Kazan en Russie le mois prochain
dans le cadre du sommet des Brics, un bloc économique que la Turquie,
un Etat membre de l'Otan, veut rejoindre.
"J'adresse mes meilleurs voeux au président de la République de
Turquie, M. Erdogan. Je l'attends en Russie, à Kazan. Je pense que nous
avons prévu une réunion bilatérale le 23" octobre, a dit Vladimir
Poutine au président du Parlement turc, Numan Kurtulmus, en visite à
Moscou.
"Nous sommes très heureux de développer nos relations avec la
République de Turquie dans tous les domaines", a enchaîné le chef de
l'Etat russe, qualifiant la Russie et la Turquie de "bons voisins".
La dernière visite du président Erdogan en Russie remonte à septembre
2023, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire.
La Turquie, aux relations parfois tendues avec ses alliés occidentaux,
a annoncé début septembre avoir officiellement soumis une demande
d'adhésion aux Brics.
Comptant quatre membres (Brésil, Chine, Inde et Russie) à sa création
en 2009, ce groupe de pays émergents a été rejoint par l'Afrique du Sud
en 2010 et s'est élargi cette année à plusieurs autres Etats, dont
l'Égypte et l'Iran, un partenaire économique et diplomatique de la
Russie.
La Turquie, qui a maintenu des relations étroites avec Moscou malgré
l'offensive russe en Ukraine depuis février 2022, est le seul membre de
l'Alliance atlantique à avoir frappé à la porte de ce club.
Un sommet de l'organisation doit se dérouler du 22 au 24 octobre
prochains dans la ville russe de Kazan.
Outre M. Erdogan, le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre
indien Narendra Modi ou encore le président iranien Massoud Pezeshkian
sont attendus à cette occasion.
La Turquie, aux côtés de l'ONU, avait aidé à la mise en place d'un
accord céréalier à l'été 2022 qui visait à permettre les exportations
céréalières ukrainiennes via la mer Noire, malgré le conflit avec la
Russie, qui a dénoncé cet accord un an plus tard. (AFP, 25 sept 2024)
"Le système de l'ONU meurt à Gaza",
dit Erdogan à la tribune des Nations unies
"Le système de l'ONU meurt à Gaza", a lancé mardi le président turc
Recep Tayyip Erdogan devant les dirigeants du monde entier réunis à New
York pour l'Assemblée générale des Nations unies.
"Ce ne sont pas seulement les enfants, c'est aussi le système de l'ONU
qui meurt à Gaza", a déclaré le chef de l'Etat turc, qualifiant l'ONU
de "structure dysfonctionnelle".
"Les valeurs que l'Occident prétend défendre sont en train de mourir...
Je pose la question ouvertement: Hé, organisations de défense des
droits de l'homme, ceux qui vivent à Gaza et en Cisjordanie ne sont-ils
pas des êtres humains?", a-t-il ajouté, estimant que Gaza est devenu
"le plus grand cimetière d'enfants et de femmes au monde".
"Conseil de sécurité de l'ONU, qu'attendez-vous pour prévenir le
génocide à Gaza et pour dire +stop+ à cette cruauté, à cette barbarie
?", a-t-il lancé.
"Qu'attendez-vous pour arrêter les massacres qui entraînent toute la
région dans la guerre?", a poursuivi M. Erdogan, affirmant que la
Turquie "se tient au côté du peuple libanais" après les frappes
meurtrières menées par Israël contre le Hezbollah au Liban.
"Tout comme Hitler a été stoppé par l'alliance de l'humanité il y a 70
ans, Netanyahu et son réseau d'assassins doivent également être stoppés
par l'alliance de l'humanité", a-t-il dit encore, appelant à un
cessez-le-feu "immédiat et durable" à Gaza. (AFP, 24 sept 2024)
La Turquie accuse Israël d'"étendre la guerre au Liban"
Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a accusé jeudi
Israël d'"étendre la guerre au Liban" après la vague d'explosions
perpétrées sur des appareils mobiles.
"Nous constatons qu'Israël commence à intensifier ses attaques contre
le Liban, étape par étape", a déclaré le ministre lors d'une interview
en direct à la chaîne de télévision publique TRT.
"L'escalade dans la région est inquiétante. Nous avons atteint le point
où face à ces opérations de plus en plus provocantes, l'Iran, le
Hezbollah et leurs éléments proches n'ont d'autre choix que de réagir"
a-t-il mis en garde.
Le ministre turc, qui se trouvait mercredi à Amman, a prévenu que "la
Jordanie n'entend pas rester silencieuse face au fait accompli
israélien, ce qui est également alarmant". "Il y a un risque de guerre
qui impliquerait la Jordanie, l'Egypte et toute la région" a-t-il
estimé, en appelant la communauté internationale à y "mettre un terme
avant qu'il ne soit trop tard".
"Le gouvernement fanatique d'Israël poursuit une stratégie visant à
éliminer toutes les menaces" a-t-il accusé. "Cette folie ne nuit pas
seulement aux Palestiniens. Elle hypothèque également l'avenir des
Israéliens", selon lui.
Ancien patron des puissants services de renseignements turcs, le MIT,
M. Fidan a également noté que l'explosion à distance d'appareils de
communications, bipeurs et talkies-walkies, est "une méthode
fréquemment utilisée par les services de renseignement".
"La différence ici est qu'elle se produit à très grande échelle. Israël
a infiltré les entreprises impliquées dans les achats du Hezbollah
grâce à des renseignements techniques et humains" a-t-il jugé. (AFP, 19
sept 2024)
La Turquie reprendra des pourparlers séparés avec l'Éthiopie
et la Somalie
La Turquie envisage de mener dorénavant des pourparlers séparés avec
l'Éthiopie et la Somalie, les deux voisins en crise de la Corne de
l'Afrique, avant de réunir les responsables des deux pays pour
poursuivre les négociations, a annoncé jeudi le chef de la diplomatie
turque.
La troisième session de discussions initialement prévue mardi à Ankara
a été annulée sans annonce ni explication des protagonistes ni du pays
hôte.
"Plutôt que de réunir les parties pour une discussion directe, ce
qu'elles ne font d'ailleurs pas (...), nous avons l'intention de faire
converger les positions par le biais d'une discussion individuelle"
avec chacune d'elles, a indiqué le ministre turc des Affaires
étrangères Hakan Fidan à l'agence étatique Anadolu.
"Il y a des leçons que nous avons tirées des deux premiers tours", a
justifié le ministre.
"Plus tard, lorsqu'une position sera pleinement partagée, nous pourrons
réunir les parties et signer" un accord, a-t-il ajouté.
Lors des précédentes discussions tenues en juin et en août à Ankara, M.
Fidan avait fait la navette entre ses deux homologues, sans que ceux-ci
ne se parlent en direct.
La Turquie intervient dans ce dossier qui met de nouveau aux prises
deux voisins aux relations tendues, afin de garantir l'accès de
l'Éthiopie aux eaux internationales via la Somalie, sans attenter à la
souveraineté territoriale de celle-ci.
L'Éthiopie est le pays le plus peuplé du monde sans accès à la mer
depuis la sécession de l'Érythrée en 1991.
Addis a conclu en janvier un protocole d'accord avec le Somaliland pour
l'accès à la mer, avec engagement à reconnaître l'indépendance de ce
territoire qui s'est unilatéralement séparé de la Somalie.
Cet accord a ouvert une nouvelle crise entre ces deux voisins d'Afrique
de l'Est qui se sont durement affrontés par deux fois au siècle
dernier. (AFP, 19 sept 2024)
Tunisie: un drapeau turc hissé par erreur sur un
bâtiment public, quatre arrestations
Quatre personnes ont été interpellées en Tunisie pour avoir hissé par
erreur le drapeau turc à la place du tunisien sur un bâtiment
gouvernemental, ont rapporté mercredi les médias locaux.
Ni l'identité ni la fonction de ces personnes placées en garde à vue
n'ont été précisées, selon la même source.
L'image du drapeau turc surmontant le siège de la société des chemins
de fer publics SNFCT a largement circulé sur les réseaux sociaux mardi
avec des commentaires ironiques.
Les deux drapeaux, aux couleurs rouge et blanche, sont similaires aussi
pour leurs motifs de croissant de lune et d'étoile, mais avec un design
différent.
La SNFCT a présenté ses "sincères excuses" et retiré le drapeau, après
avoir expliqué avoir passé une commande groupée de plusieurs drapeaux.
L'erreur a échappé aux fonctionnaires qui l'ont reçu et "n'a été
remarquée qu'au moment de la levée du drapeau".
Le ministère des Transports, auquel est rattachée la société de chemins
de fer, a ouvert une enquête pour "rechercher les responsabilités et
prendre des sanctions administratives et réglementaires" alors que la
Tunisie se prépare à une élection présidentielle le 6 octobre.
En mai dernier, neuf personnes avaient été poursuivies dont au moins
trois arrêtées parmi lesquelles le président de la Fédération de
natation (FTN) et le chef de l'Agence antidopage de Tunisie (Anad)
après que le drapeau tunisien avait été masqué par un tissu lors d'une
compétition de natation.
Les organisateurs avaient voulu appliquer une interdiction faite par
l'Agence mondiale anti-dopage (AMA) à la Tunisie d'utiliser son
drapeau, pour non-conformité au code mondial antidopage.
Mais l'absence du drapeau avait provoqué la colère du président Kais
Saied qui s'était déplacé jusqu'à la piscine et avait fait hisser le
drapeau. Il avait rapidement limogé le président de la FTN et le
directeur de l'Anad.
Les poursuites judiciaires avaient été lancées pour "atteinte au
drapeau de la Tunisie", "formation d'une bande (organisée) pour
commettre des agressions et provoquer le désordre" et pour "complot
contre la sûreté intérieure" de l'Etat.
Le 5 septembre, trois personnes, en détention dans cette affaire depuis
la mi-mai, dont l'ancien directeur général de l'Anad, ont été libérées
après leur condamnation à trois mois de prison avec sursis, selon
Mohammed Sadok Jouini, porte-parole du tribunal. (AFP, 11 sept 2024)
La Turquie condamne le "meurtre" d’une Américano-Turque par
les soldats israéliens
La Turquie a condamné vendredi le "meurtre" en Cisjordanie d’une
militante américaine pro-palestinienne, également citoyenne turque,
affirmant que celle-ci avait été tuée par les "soldats israéliens
d’occupation".
"Nous avons appris avec une profonde tristesse que notre citoyenne
nommée Aysenur Ezgi Eygi a été tuée par les soldats israéliens
d’occupation dans la ville de Naplouse […] Nous condamnons ce meurtre
commis par le gouvernement Netanyahu", écrit le ministère turc des
Affaires étrangères dans un communiqué.
Le directeur de l’hôpital Rafidia de Naplouse, dans le nord de la
Cisjordanie, a annoncé vendredi après-midi le décès de cette militante
âgée de 26 ans, arrivée dans son établissement avec une blessure par
balle à la tête.
Les États-Unis ont déclaré chercher "urgemment" davantage
d’informations sur le décès de cette militante. "Israël tente
d’intimider quiconque vient en aide aux Palestiniens et lutte
pacifiquement contre le génocide. Cette politique de violence ne
donnera aucun résultat", affirme la diplomatie turque, dénonçant un
"crime contre l’humanité". (AFP, 6 septembre 2024)
Erdogan et Sissi ouvrent une nouvelle ère dans leurs relations
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue égyptien Abdel
Fattah al-Sissi ont affirmé mercredi à Ankara vouloir "renforcer leur
coopération", scellant la fin d'une longue décennie de brouille.
"Nous allons renforcer notre coopération dans tous les domaines", a
déclaré à l'issue de leur entretien le président Erdogan, qui avait été
reçu au Caire mi-février par M. Sissi.
Le président turc, qui a accueilli mercredi son homologue à sa descente
de l'avion, s'est félicité de la première visite officielle en Turquie
de son "cher frère" égyptien, qu'il qualifiait il y a encore cinq ans
de "tyran" et d'"assassin".
Les deux dirigeants ont signé mercredi 17 accords de coopération, selon
la présidence turque, et ont réaffirmé devant la presse leur volonté de
porter les échanges commerciaux entre leurs pays à 15 milliards de
dollars par an d'ici cinq ans, contre moins de 10 milliards
actuellement.
"Nous souhaitons améliorer notre coopération avec l'Égypte dans le
domaine de l'énergie, notamment du gaz naturel et de l'énergie
nucléaire", a déclaré M. Erdogan.
Selon la présidence turque, les deux dirigeants ont également discuté
de la "possible livraison" de drones turcs à l'Egypte.
En février, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait
affirmé que la Turquie avait "passé un accord" avec l'Egypte pour lui
fournir des drones, livrés à de nombreux pays africains par Ankara.
- "Arrêter l'escalade" -
Le même mois au Caire, MM. Sissi et Erdogan avaient acté l'ouverture
d'une "nouvelle page" dans les relations entre leurs pays, brutalement
rompues après l'arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2013.
La destitution par M. Sissi du premier président égyptien
démocratiquement élu, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et grand
allié de la Turquie, faisait alors jurer au président Erdogan qu'il ne
parlerait "jamais" à "quelqu'un comme" M. Sissi.
Mais les relations entre les deux hommes, qui soutiennent deux
gouvernements rivaux en Libye, se sont réchauffées ces dernières années.
Leurs intérêts convergent désormais sur plusieurs dossiers régionaux,
dont celui de la guerre à Gaza.
"L'instauration d'un cessez-le-feu et l'acheminement de l'aide
humanitaire [dans la bande de Gaza] restent nos priorités", a déclaré
mercredi M. Erdogan, dont le pays a envoyé plusieurs navires d'aide
humanitaire à Gaza via le port égyptien d'Al-Arish depuis le début du
conflit entre le Hamas palestinien et Israël le 7 octobre.
Evoquant la "tragédie humanitaire à Gaza" et la nécessité d'un
cessez-le-feu, M. Sissi a également appelé à "arrêter l'escalade en
Cisjordanie", territoire occupé par Israël depuis 1967 où l'armée
israélienne a lancé une opération il y a une semaine.
M. Sissi a par ailleurs affirmé avoir "discuté amplement" avec le
président Erdogan de la situation en Somalie et s'être accordé avec lui
sur la nécessité d'oeuvrer pour "préserver l'unité et l'intégrité
territoriale" de ce pays de la Corne de l'Afrique.
Ankara et Le Caire ont signé ces derniers mois plusieurs accords de
coopération militaire avec la Somalie, en proie à de vives tensions
avec l'Ethiopie, son principal voisin. (AFP, 4 sept 2024)
La Turquie insiste sur sa nécessaire présence en Syrie
La présence de la Turquie en Syrie voisine vise à empêcher ce pays
déchiré par la guerre de tomber sous l'emprise de groupes
"terroristes", a indiqué jeudi à la presse un responsable du ministère
turc de la Défense.
Cette mise au point fait suite aux propos dimanche du président syrien
Bachar al-Assad indiquant qu'un rapprochement avec Ankara n'était pas
conditionné par un retrait turc du territoire syrien, comme l'exigeait
auparavant Damas.
Les deux pays ont rompu toutes relations officielles en 2011, après le
début du conflit syrien qui a morcelé le pays.
"La présence de la Turquie en Syrie empêche la division du territoire
syrien et la création d'un couloir terroriste", a déclaré cette source
sous couvert d'anonymat.
Les forces turques et les factions rebelles soutenues par la Turquie
contrôlent de vastes étendues du nord de la Syrie, et Ankara a lancé
des offensives transfrontalières successives depuis 2016,
principalement pour éradiquer la zone des Forces démocratiques
syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes, soutenues par les États-Unis.
La Turquie considère les Unités de protection du peuple kurde (YPG),
qui dominent les FDS, comme une émanation du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), qu'elle qualifie de "groupe terroriste".
"Nous voulons une Syrie démocratique et prospère, et non une Syrie en
proie à l'instabilité et aux organisations terroristes", a ajouté la
même source.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui avait soutenu les efforts
des rebelles pour renverser en vain le régime syrien de Bachar
al-Assad, a cherché ces derniers mois un rapprochement avec lui en
l'invitant en Turquie.
"Notre président a personnellement exprimé notre volonté de pourparlers
et de dialogue à tous les niveaux", a déclaré la source du ministère.
Les FDS ont été cruciaux pour déloger les jihadistes du groupe État
islamique de leurs derniers bastions en Syrie en 2019.
Les Kurdes ont établi une administration semi-autonome couvrant des
régions du nord et du nord-est.
La guerre en Syrie a commencé après la répression des manifestations
antigouvernementales en 2011 et a fait plus de 500.000 morts et des
millions de déplacés.
La Turquie accueille quelque 3,2 millions de réfugiés syriens sur une
population de 85 millions d'habitants, selon les données des Nations
Unies. (AFP, 29 août 2024)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Immigration
/ Migration
Controverse entre Berlin et Ankara
autour de l'expulsion de migrants
Le gouvernement allemand a annoncé vendredi vouloir, avec l'assentiment
d'Ankara, accélérer les expulsions dans leur pays de migrants turcs
sans titre de séjour, un accord démenti dans la foulée par le
gouvernement du président Erdogan.
"Nous avons obtenu que les renvois vers la Turquie soient plus rapides
et plus efficaces et que la Turquie réadmette plus rapidement les
citoyens qui ne peuvent pas rester en Allemagne", a affirmé sur X la
ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, sans plus détail sur
les arrangements convenus avec Ankara.
Cette annonce est intervenue en pleine offensive du gouvernement d'Olaf
Scholz contre l'immigration illégale, dans un contexte de progression
électorale de l'extrême droite dans le pays.
"C'est un grand progrès et un élément supplémentaire pour limiter la
migration irrégulière. Car le nombre de demandeurs d'asile turcs est
élevé, alors qu'il n'y a pas de motif de protection en Allemagne dans
un cas sur dix", a ajouté la ministre dans une interview au groupe de
journaux Funke.
Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), ce sont le
chancelier Olaf Scholz et le président turc Recep Tayyip Erdogan qui
ont conclu, après plusieurs mois de négociations, un accord pour
augmenter massivement les expulsions de ressortissants turcs déboutés
de l'asile.
Mais dans la soirée, le ministère turc des Affaires étrangères a nié
l'existence d'un tel accord.
"Les informations de la presse allemande concernant le retour de nos
citoyens qui n'ont pas d'autorisation légale de résider en Allemagne ne
correspondent pas à la vérité", a dit sur X un porte-parole du
ministère.
"Aucune pratique de déportation de masse de nos citoyens n'a été
autorisée" et "la question n'a pas été au programme de la rencontre
entre le président (turc) et le chancelier Scholz à New York le 23
septembre", a ajouté le porte-parole.
D'après le quotidien FAZ, Berlin a enclenché le renvoi, via des vols
réguliers, d'un premier groupe de 200 Turcs séjournant illégalement en
Allemagne. Le quotidien affirme que la Turquie est prête à accepter
"jusqu'à 500 ressortissants par semaine".
Cette évolution, si elle se confirmait, interviendrait au moment où la
lutte contre l'immigration irrégulière est revenue au premier plan des
préoccupations politiques en Allemagne, comme ailleurs dans l'UE.
Le gouvernement Scholz est sous pression après une série de crimes
violents et d'attaques extrémistes, qui ont alimenté la montée du parti
d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Une série de mesures visant à durcir la politique d'immigration ont été
annoncées ces dernières semaines.
La Turquie est cette année le troisième pays d'origine des
demandeurs d'asile en Allemagne, après la Syrie et l'Afghanistan, selon
le ministère de l'Intérieur. La plupart des demandeurs déclarent
appartenir à la minorité kurde, indique la FAZ.
La grande majorité d'entre eux n'obtenant pas de mesure de protection
au titre de l'asile, plus de 15.000 Turcs sont actuellement sous le
coup d'une mesure d'éloignement du territoire. Moins de 900 ont été
expulsés vers la Turquie l'année dernière, rapporte le journal FAZ.
La première économie européenne abrite la plus grande diaspora
d'origine turque au monde, soit environ 2,8 millions de personnes,
issues des flux d'immigration de travail des années 1960 et 1970. (AFP,
27 sept 2024)
Berlin va accélérer les expulsions vers
la Turquie
L'Allemagne va accélérer, avec l'accord d'Ankara, les expulsions de
migrants turcs sans titre de séjour, a annoncé vendredi la ministre de
l'Intérieur, en pleine offensive du gouvernement d'Olaf Scholz contre
l'immigration illégale.
"Nous avons obtenu que les renvois vers la Turquie soient plus rapides
et plus efficaces et que la Turquie réadmette plus rapidement les
citoyens qui ne peuvent pas rester en Allemagne", a affirmé sur X la
ministre Nancy Faeser, sans plus détail sur les arrangements convenus
avec Ankara.
"C'est un grand progrès et un élément supplémentaire pour limiter la
migration irrégulière. Car le nombre de demandeurs d'asile turcs est
élevé, alors qu'il n'y a pas de motif de protection en Allemagne dans
un cas sur dix", a-t-elle ajouté dans une interview au groupe de
journaux Funke.
Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), le chancelier
Olaf Scholz et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont conclu, après
plusieurs mois de négociations, un accord pour augmenter massivement
les expulsions de ressortissants turcs déboutés de l'asile.
Interrogé par l'AFP, le gouvernement allemand n'a pas commenté ces
éléments.
D'après la FAZ, Berlin a enclenché le renvoi, via des vols réguliers,
d'un premier groupe de 200 Turcs séjournant illégalement en Allemagne.
Le quotidien affirme que la Turquie est prête à accepter "jusqu'à 500
ressortissants par semaine".
Cette décision intervient au moment où la lutte contre l'immigration
irrégulière est revenue au premier plan des préoccupations politiques
en Allemagne, comme ailleurs dans l'UE.
Le gouvernement Scholz est sous pression après une série de crimes
violents et d'attaques extrémistes, qui ont alimenté la montée du parti
d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Une série de mesures visant à durcir la politique d'immigration ont été
annoncées ces dernières semaines.
La Turquie est cette année le troisième pays d'origine des demandeurs
d'asile en Allemagne, après la Syrie et et l'Afghanistan, selon le
ministère de l'Intérieur. La plupart des demandeurs déclarent
appartenir à la minorité kurde, indique la FAZ.
La grande majorité d'entre eux n'obtenant pas de mesure de protection
au titre de l'asile, plus de 15.000 Turcs sont actuellement sous le
coup d'une mesure d'éloignement du territoire. Moins de 900 ont été
expulsés vers la Turquie l'année dernière, rapporte la FAZ.
La première économie européenne abrite la plus grande diaspora
d'origine turque au monde, soit environ 2,8 millions de personnes,
issues des flux d'immigration de travail des années 1960 et 1970. (AFP,
27 sept 2024)
Manque de respect à la mémoire des
immigrés turcs morts dans un incendie !
Doğan
Özgüden, 16 septembre 2024
Il y a exactement un an, dans mon article intitulé « Mercato : le
marché des transferts des candidats en Belgique… » paru le 16 septembre
2023 dans Artı Gerçek, j’indiquais que des transferts de candidats
turcs avaient déjà lieu à cette date en vue des élections fédérales et
régionales qui se tiendraient l’année suivante dans ce pays.
Pourquoi Mercato? Durant les mois d’été, les pages sportives des médias
belges, comme partout ailleurs dans le monde, regorgent de nouvelles
sur les transferts de footballeurs à des prix astronomiques, avec en
Une incontournable la mention Mercato!
Ce mot, qui signifie “marché des transferts” en italien, a commencé à
être utilisé depuis les années 1990 dans les médias francophones dans
le sens de “marché des transferts de joueurs de football”… Dans un
article publié dans son numéro du 7 septembre 2023, intitulé “Un
mercato à 160 millions d’euros”, Le Soir avait annoncé que les clubs
belges de football avaient battu un nouveau record en matière de
transferts de joueurs…
Le marché des transferts dans le football tout juste clôturé, La Libre
Belgique rapportait une semaine après un transfert dans le monde
politique avec un titre sensationnel : “Mercato au parti DéFI qui a
transféré le député Emin Özkara!”
Ce n’était guère surprenant… Tous les sondages d’opinion montraient que
le parti régional bruxellois DéFI, tout comme son partenaire de
coalition dans les exécutifs communaux Ecolo, allait subir
d’importantes pertes de voix lors des élections à venir… C’est pourquoi
Sadık Köksal, membre depuis des années à la fois du parlement régional
bruxellois et du conseil communal de Schaerbeek, avait démissionné deux
mois auparavant de DéFI pour rejoindre le parti libéral MR, le parti
pressenti avoir le plus de chances de remporter les élections selon les
sondages d’opinion.
DéFI avait trouvé un remède à cela en recourant à un “mercato”
sensationnel pour attirer à lui les voix des électeurs turcs, dont
74,70 % avaient porté leurs suffrages vers la coalition de Recep Tayyip
Erdoğan lors des dernières élections en Turquie, avec le transfert en
grande pompe d’Emin Özkara, ayant siégé des années durant dans les
rangs du Parti Socialiste tant au parlement régional bruxellois qu’au
conseil communal de Schaerbeek.
Ce transfert de DéFI, qui a toujours adopté une position critique à
l’égard des régimes oppressifs en Turquie, était à peine croyable. Tout
en étant membre d’un parti qualifié de « gauche », Emin Özkara était,
comme de nombreux politiciens binationaux ayant à la fois la
citoyenneté belge et turque, un défenseur ardent du régime turc dans
les parlements où il siégeait. Afin d’obtenir les suffrages des
électeurs turcs aux élections belges, il imprimait et distribuait des
manifestes électoraux en langue turque, et a toujours soutenu les
activités de lobbying de l’État turc en Belgique.
Un bref rappel… Les ressortissants de Turquie ont, depuis des années,
le droit de voter aux élections locales, même s’ils n’ont pas acquis la
nationalité belge, et aux élections législatives… S’ils ont obtenu la
citoyenneté belge, ils peuvent également être candidats et éligibles
pour les conseils communaux et les parlements régionaux et fédéral.
Toutes les élections à Bruxelles revêtent pour les partis politiques
belges une grande importance, pas uniquement du fait de la présence
d’électeurs originaires de Turquie, mais aussi en raison du fait que la
plus grande proportion de population musulmane vivant en Belgique
réside dans cette ville-région. Suivant les dernières données, alors
que les résidents originaires de pays musulmans représentent 4,9 % de
la population en région wallonne et 5,1 % en région flamande, ce taux
atteint 23,6 % en région bruxelloise.
À l’intérieur de la région bruxelloise, les ressortissants originaires
de pays musulmans constituent 45 % de la population de Saint-Josse et
37,3 % de la population à Schaerbeek.
Cependant, les élections du parlement régional bruxellois du 9 juin
2024 ne se sont pas déroulées comme DéFI l’espérait, malgré son mercato
sensationnel… Par rapport aux élections d’il y a cinq ans, son
pourcentage de voix est passé de 13,8 % à 8,11 %, et le nombre de ses
députés a chuté de 10 à 6. Quant à son partenaire de coalition ECOLO,
son pourcentage de voix a régressé de 19,12 % à 9,85 %, et son nombre
de députés de 15 à 7.
En revanche, le parti libéral MR a augmenté son pourcentage de voix de
16,87 % à 25,95 % et son nombre d’élus de 13 à 20, et Sadık Köksal, son
nouveau transfuge, n’a rencontré aucune difficulté à conserver son
siège au parlement régional bruxellois.
Conquête turque dans les communes bruxelloises
Bien que plus de trois mois se soient écoulés depuis les élections
parlementaires du 9 juin en Belgique, les gouvernements qui assumeront
les fonctions exécutives pour les quatre prochaines années n’ont pu
être formés ni au niveau fédéral, ni dans les régions flamande et
bruxelloise…
La formation des coalitions qui formeront ces gouvernements semble
largement dépendre des résultats que les partis obtiendront lors des
élections locales qui se tiendront le 13 octobre. Emir Kır, bourgmestre
depuis 12 ans de la commune à la plus forte densité en population
musulmane, Saint-Josse, exclu il y a quatre ans du Parti Socialiste
pour avoir reçu dans ses bureaux des politiciens du MHP, se présentera
de manière indépendante pour les élections locales sous une « Liste du
bourgmestre » composée par lui. Toutefois, même s’il arrive en tête en
termes de nombre de sièges après les élections, il ne sera guère
surprenant qu’il soit obligé, pour conserver son maïorat, de s’asseoir
à la table des négociations avec les autres partis pour former le
collège exécutif communal…
Quant à la commune de Schaerbeek, dont plus d’un tiers de la population
est composée de musulmans, des changements surprises y sont attendus
lors des élections à venir. L’administration communale connaît une
crise majeure en raison des réactions émanant des habitants de la
commune face à certaines dispositions, imposées par le parti partenaire
de coalition Ecolo, rendant la vie quotidienne difficile… À tel point
qu’en raison du refus de l’opposition d’assister aux séances, le
conseil communal n’a pas pu se tenir pendant des mois et de nombreuses
questions urgentes et vitales n’ont pu être résolues.
Il ne serait donc pas surprenant que le parti libéral (MR), le parti
socialiste (PS) et le parti du travail de Belgique (PTB) augmentent
leurs voix lors des prochaines élections et se démarquent dans les
négociations de coalition.
Le Parti socialiste qui, bien que dirigeant la plupart des autres
communes, est dans l’opposition à Schaerbeek depuis des années, est
tellement sûr du renversement lors des élections à venir de l’actuelle
coalition DéFI-ECOLO, qu’il a d’ores et déjà désigné Hasan Koyuncu
comme candidat au maïorat après les élections du 13 octobre. Ce dernier
est depuis des années à la fois membre du parlement régional bruxellois
et du conseil communal de Schaerbeek, et en plus, vient d’être coopté
par son parti au Sénat belge après les dernières élections législatives.
Et ce, malgré les critiques auxquelles Koyuncu a dû faire face, en
qualité de vice-président du parlement régional bruxellois, pour avoir
invité un imam d’origine pakistanaise à une cérémonie de remise de prix
au parlement le 13 janvier 2024, et toléré que cet imam monte à la
tribune du parlement pour réciter un verset du Coran…
Alors que les élections n’auront lieu que dans un mois, les vitrines
des cafés, restaurants, magasins et salons de coiffure turcs de
Schaerbeek sont déjà parées d’affiches colorées des candidats du Parti
socialiste, et notamment de Koyuncu…
Les médias en ligne en langue turque de Belgique sont également remplis
d’informations, de commentaires et de publicités promouvant et faisant
la propagande des candidats turcs des différents partis…
Les nouveaux élus doivent mettre fin à cette honte !
Pendant ce temps-là, vendredi dernier, j’ai été secoué par une
déclaration publiée sur les réseaux sociaux par Ahmed Mouhssin, l’un
des porte-paroles d’origine marocaine de l’opposition Ecolo-Groen à la
commune de Saint-Josse, où la population turque vit en nombre.
Il y a exactement 42 ans, le 24 avril 1982, un terrible incendie
s’était déclaré dans un immeuble double à quatre étages, à l’angle des
rues de la Limite et du Moulin dans cette municipalité, où vivaient des
familles d’immigrants turcs, et dans lequel 14 personnes périrent
brûlées vives.
Comme le confirma Guy Cudell, le bourgmestre de Saint-Josse à l’époque,
cette catastrophe était le résultat du fait que les propriétaires de
cette commune où les travailleurs migrants de Turquie et leurs familles
vivaient en grand nombre, louaient leurs logements, dépourvus de toutes
sortes de mesures de sécurité, à des familles d’origine étrangère sans
effectuer les rénovations nécessaires.
Lorsque j’avais été présenter mes condoléances aux proches des victimes
de la catastrophe, rassemblés dans une maison proche du bâtiment
sinistré, tous ceux avec qui j’avais pu m’entretenir étaient révoltés
de l’indifférence tant des autorités belges que de l’État turc. La
chaîne de télévision belge en langue française RTBF avait également
réalisé sur place un reportage de 57 minutes, diffusé sous le titre «
Belgique, patrie amère : le drame de Saint-Josse », dans laquelle les
proches des défunts et les immigrants habitant le quartier exprimaient
leur colère.
Après le nettoyage des décombres des maisons détruites par l’incendie,
et en mémoire des victimes de la catastrophe, le terrain au coin de la
rue de la Limite fut réaménagé par la commune en un parc où les enfants
pourraient venir jouer en toute sécurité et les personnes âgées venir
se reposer et respirer.
Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, Ahmed Mouhssin dénonce
le fait qu’en l’absence de mesures d’entretien et de sécurité, ce petit
parc s’est depuis un moment transformé en une déchetterie où personne
n’ose s’aventurer, que le mur et la plaque commémorative rendant
hommage aux victimes de l’incendie sont couverts de tags, et qu’au lieu
de trouver une solution à cette situation honteuse, l’entrée du parc a
été complètement bloquée avec des barreaux en fer.
Ce qui est plus douloureux encore, c’est qu’un tel manque de
reconnaissance se produise dans une commune dirigée depuis 12 ans par
un bourgmestre turc…
Mais est-ce tout ? Je l’avais déjà écrit… Une statue de notre Nasreddin
Hodja, érigée dans la commune de Schaerbeek où les élus turcs figurent
en nombre, est à l’état d’abandon au coin d’une rue transformée en
dépotoir…
Une statue du Hodja montant un âne à l’envers a été pour la première
fois érigée en 2006 à l’intersection des rues Gallait, Vandermeersch et
Rubens à Schaerbeek, mais peu de temps après, le bras droit et le
chapelet du Hodja, ainsi que la queue de son âne, furent vandalisés.
Afin de calmer la réaction des électeurs originaires de Turquie, peu
avant la tenue des élections communales de 2018, une statue plus petite
de Nasreddin Hodja montant un âne à l’envers fut érigée à un carrefour
de la chaussée de Haecht à Schaerbeek, où se trouvent un grand nombre
de commerçants turcs.
Cependant, le carrefour où se trouve cette statue a également
progressivement commencé à se transformer en une décharge où les
commerçants du quartier viennent chaque soir entasser leurs déchets.
Mon ami écrivain humoriste Erdinç Utku se bat depuis des années contre
cette situation honteuse et propose que la statue de Nasreddin Hodja
soit sauvée de cette décharge et déplacée au parc Josaphat à Schaerbeek
connu pour être le quartier des ânes…
Voilà l’attitude de deux municipalités à fortes directions turques.
Mais qu’en est-il de l’État turc, représenté par trois ambassadeurs
dans la capitale de l’Europe et qui intervient tout le temps dans la
vie sociale, éducative, politique et religieuse des immigrants de
Turquie avec les associations et les mosquées de la Fondation Diyanet
sous ses ordres ?
Les représentants directs et indirects de cet État ne se sont-ils
jamais rendu compte de ces deux manques de reconnaissance et de respect
en plein centre de ces deux communes, Saint-Josse et Schaerbeek, où les
Turcs vivent en nombre ?
Quelle honte !
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Thousands of Syrians forced to leave
Kayseri following anti-refugee
violence
About 3,000 Syrian refugees have been reportedly forced to leave the
central Anatolian city of Kayseri following the violent protests in
late June. The unrest was triggered by an alleged sexual assault on a
child, which led to attacks on the refugee community.
In addition to those who left voluntarily, about 30 to 40 Syrians
accused of various crimes were sent to the Bünyan Removal Center,
according to a statement from the Human Rights Association (İHD).
In Kayseri, there were about 83,000 registered Syrian refugees as of
May 2024, based on data from the Ministry of Interior. The total number
of registered Syrians in the country stands at 3.6 million.
The İHD emphasized the need for thorough investigations into hate
speech and racist attacks against refugees, saying, "Syrian refugees
and other migrants who fled their countries due to war should not be
forced to return due to racist attacks. They should only return
voluntarily and willingly."
The İHD further criticized the broader context of Turkey's refugee
policies, pointing out that many refugees are being sent back from
European Union countries to Turkey. The association called for the
removal of reservations to the UN Refugee Convention and the
cancellation of the EU-Turkey Readmission Agreement, to allow refugees
to seek asylum in EU countries more easily.
‘Migration will continue’
The İHD further said, "Due to its geographical location, a large number
of refugees take refuge in Turkey, those going to EU countries are sent
back, and it is understood that migration to Turkey will continue for
many years to come."
The association urged Turkey to lift its reservations on the UN Refugee
Status agreements, grant refugee status to asylum seekers, and ensure
their rights and freedoms.
Additionally, they called for the cancellation of the Readmission
Agreement with the EU to facilitate the travel of those wishing to go
from Turkey to EU countries.
"The rights and freedoms of all people who have taken refuge or
migrated to Turkey for any reason whatsoever, especially the right to
life, must be guaranteed," the İHD concluded.
Anti-refugee sentiment in Turkey
Turkey hosts the largest number of refugees globally, with 3.6 million
registered Syrians and approximately 320,000 refugees of other
nationalities, according to government data.
Anti-refugee sentiment in Turkey has also been a growing concern,
particularly in the context of the country's economic challenges.
A study conducted this year by Ipsos for the UNHCR across 52 countries
has revealed that Turkey has the highest rate of anti-refugee sentiment
among these nations. The survey shows that 77% of respondents in Turkey
support completely closing the country's doors to refugees, compared to
a global average of 44%. Additionally, 70% of the public in Turkey
believe that refugees coming to Turkey are not fleeing war, but seeking
a more comfortable life.
The study also highlighted how support for refugees is declining in
several countries due to national security concerns. The findings
indicate that support has decreased by 93% in Kenya, 81% in Greece, 75%
in the United Kingdom, 74% in Germany, 70% in the United States, and
57% in Turkey. (BIA, 28 August 2024)
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