Droits
de l'Homme / Human Rights
Vers le cercle réactionnaire du Moyen-Orient...
Doğan Özgüden
(Institut Tchobanian, Tribunes libres, 25 Déc 2024)
Après la prise de pouvoir à Damas par les islamistes, qui ont profité
du vide créé par le coup porté par Israël au Hezbollah soutenu par
l’Iran et des faiblesses de la Russie dues au conflit en Ukraine, sans
rencontrer de résistance, la Turquie connaît des festivités de
victoire, dont le dosage augmente de jour en jour.
La raison principale de ces festivités n’est pas que l’une des vieilles
dictatures de la géographie du Moyen-Orient a été renversée, mais
qu’elle a été remplacée par un gang islamiste qui a prospéré avec le
soutien de la Turquie et des gangs racistes de l’Armée nationale
syrienne (SMO), renforçant ainsi les possibilités de porter de nouveaux
coups à la résistance nationale kurde et de jouer le rôle de leader au
Moyen-Orient.
Ce n’est pas pour rien que le ministre des Affaires étrangères Hakan
Fidan et le chef de l’Organisation nationale du renseignement turc
(MIT) Ibrahim Kalin, lors de leurs visites consécutives à Damas, alors
que la politique de la nouvelle administration était encore incertaine,
ont embrassé le chef de Hayat Tahrir al-Sham, Ahmed al-Shara (Abu
Mohammed al-Julani), qui ressemblait à un « homme d’État en cravate »,
et ont fait de grandes promesses pour la nouvelle structure politique
et la reconstruction de la Syrie.
Il ne fait aucun doute que l’une des questions abordées lors de ces
visites a été le retour d’au moins une partie des millions de réfugiés
syriens qui ont été contraints de fuir leur pays en raison d’une
décennie de conflits armés, en particulier des attaques des groupes
terroristes islamistes, et dont le passage vers les pays européens a
été empêché par la Turquie grâce au financement fourni par l’UE.
Cependant, l’objectif principal des dirigeants d’Ankara dans ces
contacts était de mettre fin à la présence politique kurde dans le
nord-est de la Syrie, comme l’ont clairement montré les discours de
Fidan et Kalın en Syrie et, immédiatement après, ceux d’Erdoğan
lui-même en Turquie.
Deux articles consécutifs publiés dans les deux plus grands quotidiens
belges révèlent clairement ce fait.
« NOUS AVONS UNE DETTE MORALE ENVERS LES KURDES DE SYRIE… »
Christophe Lamfalussy de la Libre Belgique a publié il y a deux jours
un article intitulé « N’oublions pas les Kurdes… ». Nous avons une
dette morale envers les Kurdes syriens. Ce sont eux qui ont vaincu
Daesh avec le soutien de l’Occident » :
« Au moment où les rebelles du nord-ouest de la Syrie lançaient une
offensive pour renverser le régime de Bachar el-Assad à Damas, un
groupe rebelle pro-turc attaquait dans l’est du pays…. Son seul
objectif était de détruire la présence kurde dans cette région…
« Ce groupe rebelle, appelé Armée nationale syrienne (ANS), n’avait
aucun intérêt à démocratiser le pays. Il s’agissait d’un groupe mixte
de milices, comprenant des personnes issues de mouvements islamistes
comme Ahrar al-Sham et Jaish al-Islam, qui a été créé par la Turquie en
2017 pour servir directement les intérêts du président Erdoğan.
« Le SMO est avant tout une bande de milices mercenaires. Comme le
prouvent de nombreuses vidéos, la Turquie a envoyé des centaines de ces
milices mercenaires en 2020 pour soutenir l’armée azerbaïdjanaise dans
l’expulsion des Arméniens de leur patrie du Haut-Karabagh. Certaines
d’entre elles ont également été envoyées en Libye pour servir les
intérêts stratégiques de la Turquie à tout moment.
« En 2019, ces milices ont massacré avec une violence inouïe une
dirigeante d’un parti de centre-gauche dans la région autonome kurde de
Syrie. Hevrin Khalaf, 34 ans, a été traînée par les cheveux, battue
puis mitraillée à mort.
« Depuis deux semaines, l’OMU, soutenue par les frappes aériennes
turques, tente de repousser les forces de résistance kurdes de l’autre
côté de l’Euphrate. Les combats se sont concentrés sur la ville de
Manbij, libérée de Daesh en 2016 par les Kurdes et leurs alliés arabes.
Alors que Damas jouit d’un air de liberté, des rapports indiquent que
l’OMU a commencé à piller à Manbij. Après un cessez-le-feu de quatre
jours négocié par les États-Unis, les affrontements ont repris. Le
barrage sur l’Euphrate, qui fournit de l’eau à 2 millions de personnes,
est devenu inutilisable. Des dizaines de milliers de Kurdes ont été
contraints de migrer en raison des opérations.
« Cette attaque témoigne de l’accord conclu avec Hayat Tahrir al-Sham
(HTS), qui a pris le pouvoir à Damas. L’objectif est de profiter du
renversement de Bachar pour mettre fin à la région autonome laïque,
socialiste et multiethnique établie par les Kurdes dans le nord-est du
pays. L’un des chefs militaires du HTS a déjà déclaré qu’il rejetait
toute forme d’organisation « fédéraliste » dans le pays. Pour
l’instant, on entend des discours d’ouverture de part et d’autre, mais
rien ne garantit qu’un mécanisme sanglant ne sera pas bientôt mis en
place.
« Nous avons une dette morale envers les Kurdes. Ce sont les Forces
démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes,
arabes et assyriens, qui ont vaincu Daesh avec le soutien de
l’Occident. Et pour la première fois en 2015, à Kobani, elles ont
repoussé l’organisation meurtrière avec des centaines de combattants
étrangers. Les troupes féminines, y compris les femmes yézidies,
étaient en première ligne, combattant au cri d’« Melek Tavus », le
symbole de la foi yézidie. Kobani est un symbole de résistance.
« Depuis la libération de Raqqa, la capitale provisoire de Daesh, il y
a environ 10 000 prisonniers de toutes nationalités dans 27 prisons
gérées par les Kurdes. Il y a environ 50 000 femmes et enfants dans les
camps. Parmi eux se trouvent 21 citoyens belges, 13 hommes et 8 femmes.
Les Kurdes sont assistés dans la sécurité de ces prisons par environ
900 soldats américains. Mais leur présence en Syrie ne tient également
qu’à un fil. Quelle que soit la décision du prochain président
américain, Donald Trump, affaiblir les Kurdes reviendrait à faire une
descente dans ces prisons et à libérer les prisonniers sans procès.
« Le président Erdoğan a deux objectifs. Le premier est de renvoyer les
quelque 4,5 millions de réfugiés syriens que la Turquie a accueillis
depuis le début de la guerre […] Car le grand nombre de réfugiés
syriens en Turquie a provoqué quelques tensions avec la population
locale.
« Deuxièmement, l’objectif est de créer une zone tampon de 30
kilomètres de profondeur tout au long de la frontière syrienne afin de
maintenir la présence kurde loin de la Turquie.
« Ankara affirme que les combattants des Unités de protection du peuple
(YPG) sont directement liés au Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), une organisation de guérilla déclarée « terroriste » par la
Turquie et les pays occidentaux. Il y a des liens, c’est vrai. Des
militants traversent la frontière turque pour se rendre en Syrie et en
Irak. Mais les YPG sont majoritairement syriennes et défendent leur
propre territoire. Pour autant que nous le sachions, ils n’ont jamais
attaqué la Turquie, malgré les assassinats successifs de leurs
dirigeants par des drones turcs.
« Grâce au lobbying intensif de la Turquie, le PKK figure sur la liste
antiterroriste de l’Union européenne depuis avril 2002. Mais le YPG n’a
jamais été qualifié de « terroriste » par un autre pays qu’Ankara. De
plus, il s’agit de la pièce maîtresse de la coalition internationale
contre DAESH. Ils ont perdu 12 000 hommes et femmes dans cette guerre.
« La Turquie, qui entretient des relations avec HTS depuis des années,
est le plus grand bénéficiaire de l’éviction de Bachar… Le groupe
radical parle désormais d’un ‘lien stratégique’ avec Ankara. Il y a
déjà entre 16 000 et 18 000 soldats turcs dans le pays.
« Question : Les Kurdes paieront-ils une fois de plus un lourd tribut ?
».
LE SOIR : « LE PROBLÈME KURDE EST À NOUVEAU INSOLUBLE… »
Baouduin Loos du Soir analyse ce qui suit dans son article « Le
problème kurde est à nouveau insoluble… » publié hier :
« Le chef du HTS, le mouvement rebelle islamiste qui a renversé le
régime de Bachar el-Assad en 12 jours, a changé radicalement
d’apparence depuis qu’il s’est installé à Damas. Il accueille désormais
ses visiteurs distingués en costume-cravate. La question brûlante est
de savoir si Ahmed al-Shara est un leader nationaliste ouvert au
dialogue, bref, bien intentionné, mais capable de rester islamiste,
comme le montrent ses discours.
« Il va sans dire que la Turquie se réjouit de l’effondrement du régime
Assad à Damas […] Le président turc Erdoğan a désormais deux objectifs
en tête : renvoyer en Syrie la majorité des plus de 3 millions de
réfugiés syriens en Turquie […] Et, comme il l’a clairement indiqué le
20 décembre, « extirper les terroristes » et détruire complètement les
perspectives d’autonomie des Kurdes en Syrie.
« La visite du ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à Damas,
dimanche, a été suivie d’une visite du chef de l’organisation nationale
turque du renseignement (MIT). La chaleur de l’étreinte entre M. Fidan
et M. Ash-Shera n’a pas échappé aux regards. Ash-Sharaa s’est empressé
de faire la déclaration suivante, qui a beaucoup plu à son visiteur
turc :
« Nous ne permettrons pas que des armes échappent au contrôle de
l’État, qu’elles appartiennent à des groupes révolutionnaires ou à des
groupes se trouvant sur le territoire des FDS.
« Dès que les rebelles ont vaincu Assad, les combats entre les milices
pro-turques et les troupes kurdes ont cessé, grâce à la médiation
américaine. Les États-Unis ont environ 2 000 soldats sur le terrain. Et
ils protègent les Kurdes qui luttent contre Daesh. L’arrivée au pouvoir
de Donald Trump n’a pas rassuré les Turcs, puisque le 8 décembre,
l’Américain a qualifié la victoire des rebelles en Syrie de « prise de
contrôle inamicale » par Ankara. La position du nouveau président
américain sera très importante pour les Turcs…. Et pour les Kurdes… »
Bien entendu, avant même que l’encre n’ait séché sur tous ces
commentaires, le président Erdogan a fait hier une déclaration qui
révèle clairement les intentions anti-kurdes et obscurantistes d’Ankara
d’une manière qui ne laisse aucune place à l’interprétation :
« La protection de l’intégrité territoriale et de la structure unitaire
de la Syrie est la ligne immuable de la Turquie. Nous ne reculerons
pas. Dans l’avenir de la Syrie et de notre région, il n’y a pas de
place pour les structures terroristes telles que DAESH et le PKK. Elles
se liquideront elles-mêmes ou seront liquidées. Nous éliminerons
définitivement ces hordes meurtrières, qui n’accordent à personne
d’autre qu’à elles-mêmes le droit à la vie et à la parole, de la liste
des menaces qui pèsent sur notre région. Nous poursuivrons nos
opérations contre l’organisation terroriste séparatiste en Syrie avec
la sensibilité d’un chirurgien, sans blesser de civils. Nous saluons la
détermination du gouvernement syrien sur cette question. Nous
constatons que les pays occidentaux retirent peu à peu leur soutien à
ces criminels. Le cercle se rétrécit pour les criminels du PKK, la fin
de la route est visible. Ils n’échapperont pas au destin amer qui les
attend. Depuis 40 ans, nous nous débarrasserons de ce fléau qui nous
suce le sang, si Dieu le veut. Après avoir brisé le mur de la terreur,
nous signerons une grande étreinte entre Turcs, Arabes et Kurdes ».
Si les attentes d’Erdoğan se réalisent, à quoi ressemblera la « grande
étreinte » des Turcs, des Arabes et des Kurdes ?
Il y a trois jours, Mehmet Uçum, conseiller en chef du président de la
République, a donné la réponse suivante :
« Larévolution populaire en Syrie n’a pas seulement mis fin à la
dictature de Baas et d’Assad, c’est-à-dire à ce régime sanguinaire.
Cette révolution a également marqué le début d’un nouveau processus qui
affectera l’ensemble du Moyen-Orient. Le processus déclenché dans la
région par la révolution syrienne peut également faire naître un espoir
qui ouvrira la porte à un nouvel ordre mondial juste.
Il convient de noter que le terme « Moyen-Orient » est orientaliste.
Elle ignore la diversité, la richesse historique et culturelle de la
région et reflète la perspective occidentale sur cette géographie. Nous
avons donc besoin d’un nom plus objectif, adapté au contexte de la
région. Les experts et les universitaires du domaine ont un rôle à
jouer dans le processus de dénomination.
En guise d’innovation, nous pouvons commencer par le nom « Afro-Eurasie
centrale » au lieu de « Moyen-Orient ». Ce nom offre une nomenclature
plus neutre et plus objective dans le contexte géographique et
historique, loin des approches orientalistes de la région. Elle exprime
également avec précision l’importance stratégique, la diversité
culturelle et les rôles historiques de la région.
« Pour en revenir à la définition centrée sur l’Occident, le
Moyen-Orient est généralement considéré comme une région composée des
pays suivants, bien qu’il existe différents regroupements : Syrie,
Irak, Qatar, République turque de Chypre du Nord, Administration
grecque de Chypre du Sud, Jordanie, Israël, Liban, Iran, Palestine,
Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Koweït, Bahreïn, Yémen,
Égypte, Afghanistan, Pakistan, Tunisie, Algérie, Libye, Soudan, Maroc.
« La Turquie est le centre et le pays pôle qui intègre physiquement
cette géographie de 24 pays à l’Europe et la dirige économiquement,
politiquement et juridiquement. En tant que pays central, la Turquie
semble avoir le pouvoir et la possibilité de jouer un rôle de premier
plan dans l’établissement d’une loi régionale. Ce pouvoir de la Turquie
provient à la fois de son histoire, du niveau qu’elle a atteint dans la
région aujourd’hui et de sa capacité à être efficace.
« Il est visionnaire pour la Turquie, qui dirige la géographie du
Moyen-Orient, qui est le centre du monde, en tant que pays central, de
lancer une étude de préparation intellectuelle pour la construction
d’un droit public et économique régional qui peut inspirer l’humanité,
à savoir le droit ‘afro-eurasien central’. »
UN CERCLE RÉACTIONNAIRE 54 ANS APRÈS LE CERCLE RÉVOLUTIONNAIRE DU
MOYEN-ORIENT !
Lorsque j’ai lu cette nouvelle, ma mémoire m’a ramené 54 ans en
arrière, à l’époque où l’un des objectifs internationalistes de notre
lutte révolutionnaire était de créer un « cercle révolutionnaire du
Moyen-Orient » auquel participeraient la Turquie, l’Iran, les peuples
arabes, chypriotes et kurdes du Moyen-Orient.
À l’époque, le bureau du magazine Ant, que nous avons publié, était
l’un des lieux où se rencontraient les jeunes Palestiniens, Iraniens,
Chypriotes et Arabes étudiant dans les universités d’Istanbul… Nous
avons soutenu la traduction en turc des tracts qu’ils apportaient dans
différentes langues et nous avons organisé des sessions ouvertes avec
leur participation.
Dans ces années-là, le gouvernement Demirel, loin de soutenir le peuple
palestinien, était occupé à traquer les révolutionnaires solidaires du
peuple palestinien et à soutenir les oummahistes qui organisaient des
attaques au bâton et au couteau, comme le « Bloody Sunday », contre les
marches et les réunions des travailleurs et des étudiants qui
résistaient à l’impérialisme américain, protecteur d’Israël.
Le 1er février 1970, Hüseyin İnan et ses amis, arrêtés par des
gendarmes à leur retour en Palestine et soumis à 150 heures de torture,
déclarent dans un message envoyé à Ant :
« Le gouvernement collaborationniste a envoyé ses agents après nous en
Palestine, où nous avons voyagé pour la juste lutte des peuples arabes.
À notre retour, ils nous ont arrêtés au moyen de complots savamment
préparés et ont essayé de nous présenter au public comme des
‘saboteurs’ et des ‘agents à gages’ ».
Sur la base des mensonges de la police, les médias de la capitale et la
TRT ont attaqué ces jeunes gens au cri de « terroristes formés en
Palestine pris la main dans le sac ».
Dans son article intitulé « Pourquoi suis-je allé à Al-Fatah ? », qu’il
nous a envoyé à son retour de Palestine et que nous avons publié dans
le numéro du 24 février 1970 de Ant Magazine, Yusuf Arslan a déclaré ce
qui suit
« Dans les conditions actuelles, en particulier au Moyen-Orient, que
l’impérialisme a transformé en une zone de guerre chaude, l’une des
principales conditions pour tous les peuples, la Turquie, l’Iran, les
peuples arabes, chypriotes, kurdes, est d’établir un front
anti-impérialiste, de former le Cercle révolutionnaire du Moyen-Orient,
de porter un coup décisif à l’impérialisme. C’est pourquoi je me suis
rendu à Al-Fatah afin de me familiariser avec la pratique de la lutte
révolutionnaire qui se déroule au Moyen-Orient depuis des années et de
contribuer en tant que soldat à la lutte de libération des peuples
arabes opprimés ».
Le Cercle révolutionnaire du Moyen-Orient n’a pas pu être réalisé à
cause de la répression, des complots et du terrorisme de
l’impérialisme, des gouvernements islamo-réactionnaires à son service
et de l’expansionnisme israélien…
Aujourd’hui, on veut former un cercle réactionnaire du Moyen-Orient
dirigé par Erdogan. Résister à la formation de ce cercle sale est une
tâche urgente pour tous les peuples opprimés du Moyen-Orient, en
particulier les peuples de Turquie, de Syrie, d’Irak et d’Iran…
(Traduit du turc par Varoujan Sirapian)
Des milliers de Syriens manifestent en soutien aux
forces kurdes et contre Ankara
Des milliers de personnes ont manifesté jeudi dans la ville de Qamichli
dans le nord-est de la Syrie en soutien aux forces kurdes qui tentent
de repousser des offensives des combattants soutenus par la Turquie,
selon des correspondants de l'AFP.
Fait inédit, les manifestants ont brandi le drapeau de l'indépendance
syrienne à trois étoiles, symbole du soulèvement de 2011 adopté par les
nouvelles autorités à Damas, aux côtés des drapeaux de l'Administration
autonome kurde et de son armée de facto, les Forces Démocratiques
Syriennes (FDS).
"Vive la résistance des FDS", "Le peuple syrien est uni" ou encore "Non
à la guerre, non à l'agression turque contre Rojava (nord-est syrien,
ndlr)", scandaient les manifestants.
"Nous sommes descendus dans la rue aujourd'hui pour soutenir nos
forces", a déclaré Mazloum Ahmed, 39 ans, un habitant de Qamichli.
"Nous sommes les enfants de cette terre depuis des milliers d'années.
Nous devons obtenir nos droits dans la nouvelle Constitution syrienne".
"Nous voulons une Syrie démocratique, où chacun a ses droits", a
déclaré Salha Kalach, une Kurde de 50 ans. "Il est temps que nous ayons
notre place dans une Syrie juste et équitable".
Les Kurdes syriens sont la principale composante des FDS, soutenues par
Washington.
Les FDS accusent des groupes proturcs de se préparer à lancer un assaut
sur la ville de Kobané qu'elles contrôlent près de la frontière turque,
un symbole de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI),
que les forces kurdes ont territorialement défait en 2019.
Dans un communiqué publié jeudi, les FDS ont exhorté les habitants de
Kobané à "participer activement à la résistance et à prendre les armes
contre l'occupation".
Ankara a de son côté affirmé jeudi que les préparatifs militaires se
poursuivraient "jusqu'à ce que les combattants kurdes déposent les
armes".
Dans le même temps, des groupes proturcs ont lancé une offensive contre
la région de Manbij dans le nord-est de la Syrie, contrôlée par les
forces kurdes.
Les Etats-Unis avaient annoncé mardi la prolongation d'une trêve sous
leur égide dans cette région.
Mais 21 combattants de factions proturques ont été tués mercredi dans
une attaque contre une position kurde près de Manbij, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Depuis la chute de Bachar al-Assad, la communauté kurde du nord-est,
opprimée depuis des décennies, craint de perdre l'autonomie relative
conquise depuis le début de la guerre civile en 2011.
Le chef militaire du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham
(HTS), menant la coalition armée au pouvoir, a affirmé mercredi que les
nouvelles autorités voulaient étendre leur autorité sur les zones
kurdes. (AFP, 19 déc 2024)
Eight activists to stand trial for participating in
İstanbul Pride
Eight individuals face trial for their involvement in the 22nd İstanbul
Pride Parade, held on Bağdat Avenue in Kadıköy on June 30, 2024,
according to a statement from the İstanbul LGBTI+ Pride Week Committee.
On the day of the parade, 11 people, including three minors, were
detained with their hands cuffed behind their backs. They were released
after lengthy questioning.
The İstanbul Anadolu Chief Public Prosecutor’s Office filed an
indictment alleging that approximately 50 people had gathered on the
sidewalk for an "unauthorized march" and accused eight individuals of
violating the Law No. 2911 on Meetings and Demonstrations.
The indictment described the Pride Parade as a "so-called pride march."
The first hearing is scheduled for May 8, 2025, at the İstanbul Anadolu
Courthouse, 76th Criminal Court of First Instance.
Pride Week Committee calls for solidarity
The İstanbul LGBTI+ Pride Week Committee released a statement
expressing their support for the defendants: "We have a court date,
friends! On the same day they labeled us an 'illegal group' in their
ban decision, the state—with all its prohibitions and resources—failed
to stop the 22nd İstanbul Pride Parade.
"Now they have filed charges against eight of us, calling our parade a
'so-called pride march.' We stand with our friends and call on all
human rights defenders to support this case against systemic, organized
hatred." (BIA, 12 décembre 2024)
L’histoire
et les revendications de notre exil
politique
Doğan Özgüden, 9 décembre 2024)
Voici mon
intervention à l’occasion de l’inauguration de la Semaine des
Droits Humains organisée le 7 décembre à Cologne par l’Assemblée
européenne des Exilés, TÜDAY (Association germano-turque des droits
humains), l’AABF (Fédération des Unions alévies en Europe) et
l’Association de la Voie de la Solidarité.
Ma route a croisé
Cologne, où nous sommes réunis aujourd’hui, pour la
première fois, il y a tout juste 53 ans, au cours de la première année
de notre exil, qui a débuté dans l’illégalité avec un faux passeport.
La revue Ant que nous publiions dans les années 60 en Turquie état la
seule revue de gauche a relayé les nouvelles et les communiqués des
associations de travailleurs et étudiants progressistes en Europe.
C’est la raison pour laquelle nous avions de nombreux amis dans
diverses villes d’Allemagne.
À l’été 1971, après avoir eu toutes les peines du monde à transporter
deux valises remplies de tracts et d’affiches en différentes langues
contre la junte et les avoir déposées à la consigne à bagages de la
gare, nous avions sonné à la porte de l’Association des travailleurs,
la seule organisation de gauche de Turquie à Cologne à cette époque.
Malheureusement, l’association était fermée durant les vacances d’été…
C’est pourquoi nous avions passé la nuit dans les salles d’attente de
la gare de Cologne, avant de retrouver le lendemain, nos chers amis, le
journaliste Nurettin Tekindor, Ülya Üçer de Radio Cologne et le
scientifique Fazıl Sağlam avec lesquels nous lançâmes la première
campagne de la Résistance démocratique en Allemagne de l’Ouest… Tout de
suite après, nous passâmes à Berlin-Ouest.
C’est à cette époque que je pris ma première leçon sur l’exil politique.
Un procès contre le Parti communiste de Turquie (TKP) monté de toutes
pièces fut ouvert devant le tribunal de la loi martiale pour légitimer
le coup d’État de 1971 auprès du monde occidental. Alors que j’étais
recherché comme accusé dans le cadre de ce procès, nous rencontrâmes à
Berlin-Est le secrétaire général du parti, Zeki Baştımar, l’un des plus
anciens exilés politiques de l’époque. Il posa cette question : «
Qu’allez-vous faire en exil ? »
« Notre exil n’est que transitoire » avais-je dit, « nous retournerons
de nouveau en Turquie par des voies illégales dès que nous aurons
accompli certaines tâches ».
Il répondit avec un sourire amer : « Je ne le pense pas. Nous avons
aussi quitté la Turquie avec les mêmes intentions. Regardez, combien
d’années ont passé, nous sommes toujours là. Il faut être réaliste…
Préparez-vous à une longue vie en exil ».
Un an plus tard, Fahrettin Petek, l’un des plus anciens communistes
exilés que j’ai rencontré à Paris en 1972, allait me dire à peu près la
même chose.
Notre deuxième passage à Cologne fut en 1972… Nous avions rendez-vous
avec Heinrich Böll pour lui présenter les documents sur la torture et
les appels à la résistance en différentes langues que nous avions
préparé à Paris. Il nous promit de prendre contact avec Günther Grass
et Hans Magnus Enzensberger, et de créer en Allemagne, tout comme dans
les autres pays européens, un comité de solidarité avec la résistance
en Turquie. Yılmaz Karahasan du syndicat IG Metall nous apporta
également un grand soutien sur le plan syndical.
Alors que nous n’avions eu aucun problème durant les trois premières
années de notre exil dans les activités que nous menions à Cologne et à
Berlin en toute illégalité, et après avoir régularisé notre situation
en obtenant le statut de réfugié politique, une chose incroyable se
produisit à la fin 1977 lors de notre voyage de Bruxelles à Cologne…
Le ministre allemand de l’Intérieur, Werner Malhofer, avait interdit
l’entrée sur le territoire allemand aux membres de 206 organisations et
287 organes de presse étrangers au motif qu’ils étaient « d’extrême
gauche » et avait signalé leurs noms à tous les postes de contrôle aux
frontières. Je faisais partie de ces personnes en qualité de directeur
d’Info-Türk. Comme mon nom figurait sur cette liste, je fus arrêté dans
le train par la police allemande chargée du contrôle des passeports, et
refoulés en pleine nuit vers la Belgique.
Comme cette interdiction fut levée à la suite de la démission du
ministre face aux protestations des organisations démocratiques
allemandes, je vins régulièrement en Allemagne après le coup d’État du
12 septembre 1980 participer à de nombreuses manifestations
anti-fascistes, tant au nom d’Info-Türk que de celui du Comité européen
de l’Union pour la Démocratie que nous avions fondé contre le régime
putschiste.
L’attaque massive du coup d’État du 12 septembre 1980 contre l’exil
politique
L’attaque la plus raciste et la plus fasciste aussi bien contre
l’ensemble de l’immigration économique de Turquie que contre
l’immigration politique arriva après le coup d’État militaire du 12
septembre 1980.
Dans la période précédente, durant les années 70, alors qu’en plus de
la Turquie, trois pays européens, le Portugal, l’Espagne et la Grèce
étaient également sous le joug de régimes fascistes, sous l’influence
des masses de l’immigration politique en provenance de ces trois pays,
la masse des migrants économiques originaires de Turquie était plus
ouverte à la solidarité avec les organisations démocratiques et aux
relations internationalistes.
Dès sa prise de pouvoir, la première mesure de la junte d’Evren fut,
d’une part, de forcer les travailleurs turcs à prendre la nationalité
des pays dans lesquels ils vivaient afin de créer dans les pays
européens un lobby turc inféodé à Ankara, et d’autre part, de créer une
Fondation religieuse turque pour placer sous sa tutelle les
associations et les mosquées de travailleurs turcs.
De plus, face à la peur et à la panique provoquée par les déchéances de
nationalité des opposants au régime et de la confiscation de leurs
avoirs en Turquie, les travailleurs turcs, en particulier en Allemagne,
en Belgique, en France, en Hollande, au Luxembourg et en Autriche,
furent transformés en combattants du régime d’Ankara.
Behice Boran, Gültekin Gazioğlu, Yılmaz Güney, Şanar Yurdatapan, Melike
Demirağ, Ali Baran, Mehmet Emin Bozarslan, Nihat Behram, Mahmut Baksı,
Şah Turna, Fuat Saka, Demir Özlü, Yücel Top et des centaines d’autres
opposants furent traités de « dépourvu de sang turc » par le chef de la
junte Evren. İnci et moi reçûmes également en 1982 notre part dans
cette opération de déchéance de nationalité.
À ce propos, je voudrais faire un rappel important… Bien que la
privation de nationalité fut appliquée de manière intensive après le
coup d’État du 12 septembre, la première initiative en cette matière
appartenait au gouvernement dirigé par Bülent Ecevit, bien avant le
coup d’État. Dans une déclaration faite en avril 1979, le ministre de
la Sécurité sociale Hilmi İşgüzar annonçaient que les mesures
nécessaires seraient prises contre « ceux qui, opérant à l’étranger, se
montrent indignes d’être membre de notre nation par le sang et par
l’esprit », avant que le ministre de l’Intérieur, Hasan Fehmi Güneş,
accusa les pays européens de soutenir les terroristes de Turquie et
exigea que des mesures urgentes soient prises à leur encontre.
Ensuite, la proposition du député CHP de Kastamonu, Sabri Tığlı, « de
déchoir de la nationalité tous ceux qui portent atteinte à la sûreté de
l’État » fut acceptée en commission des Affaires étrangères de la
Grande Assemblée nationale de Turquie, mais en raison du coup d’État de
1980, cette proposition n’eut pas le temps d’être adoptée en séance
plénière du Parlement. La junte d’Evren se servit de cet héritage…
Je voudrais encore souligner une autre chose… Au cours de l’histoire,
l’exil de Turquie a pris des formes et des dimensions différentes en
parallèle des changements conjoncturels dans le pays.
L’Anatolie, au carrefour des continents asiatique et européen, a non
seulement produit de l’exil depuis l’Antiquité, mais a également reçu
de nombreux exilés, comme en témoigne la tragédie syrienne dont Tayyip
Erdoğan a été un instigateur.
Par exemple, Hanibal, le célèbre commandant carthaginois qui a défié
l’Empire romain a été exilé en Anatolie après ses défaites militaires
et politiques, et a mis fin à ses jours en se suicidant en 183 avant JC
à Lybissa, l’actuelle Gebze.
Mais notre sujet du jour est la migration politique originaire de
Turquie…
L’exil politique pendant la période ottomane et du Parti Unique
Les premiers à connaître la douleur de l’exil pendant la période de
lutte pour la liberté et les droits humains, commencée avec la
Révolution française ayant ébranlé l’Empire ottoman comme tous les pays
européens, furent des intellectuels épris de liberté comme Namık Kemal,
Ali Suavi, Ziya Paşa, Mithat Paşa et Tevfik Fikret, qui ont combattu
l’absolutisme du Sultan Rouge Abdülhamit.
Après la suspension par Abdülhamit de la première monarchie
constitutionnelle instaurée en 1876, les Jeunes Turcs, organisés dans
les deux métropoles ottomanes d’Istanbul et de Salonique, ainsi qu’au
Caire, à Paris, à Londres et à Genève, formèrent la deuxième génération
d’exilés.
Mais ceux qui connurent un exil de masse furent les Arméniens, dont une
partie purent réchapper au génocide de 1895-96 en émigrant vers
l’Amérique, le Canada et l’Europe, et une autre partie vers les grandes
villes comme Istanbul, Izmir et Trabzon.
Le Comité Union et Progrès, qui reçut un grand soutien des
intellectuels libéraux des nations non turques et non musulmanes, à
commencer par les Arméniens, dans leur lutte contre la monarchie, n’a
pas tardé à commettre le premier génocide du XXe siècle après s’est
emparé du pouvoir grâce à un coup d’État sous la seconde monarchie
constitutionnelle. Les Arméniens et Assyriens survivants du génocide et
de la déportation de 1915 ont formé des diasporas partout dans le monde.
Nous connaissons trois autres exemples importants de la dernière
période de l’Empire ottoman.
Le premier est l’exil d’une partie du Comité Union et Progrès, déchu du
pouvoir après la défaite de la Première Guerre mondiale et responsable
du génocide de 1915, à Malte sous supervision anglaise… Cependant, ce
fut un groupe d’exilés extrêmement chanceux, car après sa victoire à la
bataille de Sakarya, Mustafa Kemal les fit ramener en Turquie en 1921 à
la suite d’un accord d’« échange de prisonniers » avec les Anglais.
Après les avoir tous accueillis en « héros de la nation », en ce
compris les responsables du génocide des Arméniens, il les plaça à des
postes clés du gouvernement kémaliste.
Le deuxième groupe d’exilés de la période était les Spartakistes,
organisés en Allemagne en 1919, parmi lesquels Ethem Nejat et Şefik
Hüsnü.
Quant au troisième groupe, ce fut celui des Bolchéviques turcs, dirigés
par Mustafa Suphi, organisés dans la Russie révolutionnaire de cette
époque.
Après la fusion de ces deux derniers groupes, les 15 membres du Parti
communiste de Turquie fondé à Bakou le 10 septembre 1920, avec à leur
tête Mustafa Suphi et Ethem Nejat, furent sauvagement noyés dans les
eaux de la mer Noire dans la nuit des 28-29 janvier 1921 après leur
tentative d’entrée en Anatolie pour s’organiser en Turquie.
Le premier exil collectif survenu pendant la période républicaine eut
lieu lorsque le gouvernement kémaliste exila 150 personnes persona non
grata en 1924, avant de les déchoir de leur nationalité par une loi
spéciale en 1927.
Pendant la période de dictature du parti unique consécutive à
l’adoption de la Loi sur le Maintien de l’Ordre adoptée en 1925, bien
que non soumis à une mesure d’expulsion du territoire, les communistes
comme Nazım Hikmet, Şefik Hüsnü, İsmail Bilen, constamment soumis à des
poursuites, des menaces, des arrestations et des condamnations, furent
contraints de s’exiler par des voies illégales.
Durant le régime dit multipartite qui a suivi la fin de la Seconde
Guerre mondiale, les organisations et publications de gauche ont dès le
départ été confrontées aux interdictions, arrestations et condamnations
de la loi martiale.
Après le raid des éditions Tan, initié et dirigé par le CHP, deux
grands journalistes, Sabiha et Zekeriya Sertel, ont dû quitter la
Turquie, car ils n’avaient plus la possibilité de travailler librement
dans le pays et leur vie était en danger.
En résumé, l’histoire de notre pays, depuis la période ottomane et tout
au long de la période républicaine, est une histoire ininterrompue
d’exils avec les génocides arméniens, assyriens, grecs, kurdes, yézidis
et alévis, les opérations de nettoyage ethnique antijuives en Thrace et
la mise en œuvre d’un impôt sur la fortune ciblant les non-musulmans et
les non-Turcs.
Et les exils dont ma génération a été témoin…
Notre grand poète Nazım Hikmet et notre éminent scientifique le
professeur Fahrettin Petek ont été déchus de leur nationalité turque,
respectivement par le gouvernement du Parti démocrate en 1951 et par
décision du Comité d’union nationale en 1961.
Le fait que de nombreux citoyens grecs et arméniens aient dû quitter la
Turquie après le pogrom des 6-7 septembre 1955, et qu’en 1964, alors
que le CHP était de nouveau au pouvoir, 12 mille citoyens grecs aient
été contraints de quitter la Turquie avec une seule valise et 22
dollars sont les pages les plus honteuses de notre histoire récente.
Le nombre des exilés partis durant la période du 12 mars n’était pas
élevé. Hikmet Kıvılcımlı, Mihri Belli, Mehmet Ali Aslan, Kemal Burkay,
Ahmet Aras, Mehmet Emin Bozarslan. Fuat Fegan, Latife Fegan, Zülfü
Livaneli, Rahmi Saltuk, Bülent Tanör, Kamuran Bekir Harputlu, Ahmet
Kardam, Nihat Akseymen et Gülten Savaşçı sont les premiers dont je peux
me remémorer…
Je tiens tout spécialement à souligner la grande contribution apportée
à notre lutte de cette époque par le collègue de Madame Şebnem Korur
Fincancı, mon cher ami le Dr. Gençay Gürsoy, notamment en établissant
des liens avec les résistants en Turquie.
Une autre branche de l’exil de la période du 12 mars se trouvait en
Palestine. Avec des noms bien connus du mouvement de gauche : Teslim
Töre, Bora Gözen, Faik Bulut, Melek Ulagay, Cengiz Çandar, Yücel
Sayman, Şahin Alpay, Ömer Özerturgut, Atıl Ant, Sabetay Varol et Ercan
Enç…
Bora Gözen fut assassiné avec ses six camarades lors du raid des
commandos israéliens sur le camp de Nahr El Bared, près de Tripoli, au
Liban, le 21 février 1973.
Le premier grand mouvement d’exil politique vers les pays européens a
commencé à la fin des années 70 avec l’arrivée collective d’Assyriens,
d’Arméniens et de Kurdes opprimés en Turquie. Comme je l’ai déjà
souligné, cette situation a pris une grande ampleur avec les mesures
fascistes adoptées après le coup d’État du 12 septembre 1980.
Face aux pressions de la période du 12 septembre, en tant qu’exilés
politiques déchus de notre nationalité, nous avons organisé de
nombreuses manifestations dans diverses villes d’Europe, et plus
particulièrement en Allemagne. Je voudrais vous en rappeler
quelques-unes.
En tant que dissidents rendus apatrides, nous avions organisé au Sénat
de Berlin une conférence de presse pour protester contre la visite du
Premier ministre Turgut Özal et y avions présenté une déclaration
détaillée sur les mesures attendues pour une véritable démocratisation.
Parmi les signataires de cette déclaration figuraient les dirigeants
d’organisations de gauche de différentes tendances, dont la présidente
du Parti ouvrier de Turquie, Behice Boran, l’une des premières à être
déchue de sa nationalité après le coup d’État du 12 septembre, et des
syndicats progressistes affiliés à la DİSK.
Deux semaines après cette conférence de presse, Behice Boran, dont les
problèmes de santé s’étaient détériorés dans les conditions d’exil,
décédait le 10 octobre 1987 en Belgique.
L’année suivante, Premier ministre Turgut Özal, qui venait à Bruxelles
pour faire encore une fois la propagande du régime, interrompait une
conférence de presse tenue au Centre de presse international et
quittait la salle à la suite de questions que nous lui avions adressées
au sujet des violations des droits humains en Turquie. Par la suite,
sur ses instructions, le Consulat général de Bruxelles nous notifia une
deuxième fois à İnci et à moi, par courrier recommandé du 26 mai 1986,
notre déchéance de la nationalité turque.
La même année, les 11-12 décembre 1988, un tribunal international fut
convoqué dans cette même ville, à Cologne, contre le régime du 12
septembre… Avec nos amis Dursun Akçam, Gültekin Gazioğlu, Enver
Karagöz, Server Tanilli et Şerafettin Kaya, qui ne sont plus de ce
monde, nous avons témoigné des exactions de la junte devant ce
tribunal. Le récit de notre cher ami Enver Karagöz, arrêté alors qu’il
était enseignant à Artvin et torturé à l’eau bouillante versée dans sa
gorge, avait particulièrement ébranlé les membres du jury et le public
qui assistait à l’audience.
Un autre rappel édifiant… Le SHP (Parti social-démocrate du peuple),
dirigé par Erdal İnönü, avait dissuadé les partis sociaux-démocrates
européens d’envoyer des représentants au sein du jury de ce tribunal
international… Trois parlementaires du SHP furent invités à la soirée
des droits humains organisée à Cologne durant le procès, mais Erdal
İnönü convoqua en personne ces députés dans son bureau pour leur
interdire d’y participer.
Le temps passe vite… C’était il y a tout juste 12 ans… Par une journée
de décembre 2012 aussi froide que celle-ci, nous nous étions rassemblés
pour la première fois à Cologne en nos qualités d’exilés en Europe pour
créer l’Assemblée européenne des Exilés. C’était la première tentative
d’organisation des proscrits ou contraints à l’exil depuis le coup
d’État du 12 mars 1971.
L’exil politique après la tentative bidon de coup d’État de 2016
Quatre années s’étaient écoulées depuis que, tout comme après les coups
d’État de 1971 et de 1980, une nouvelle page s’ouvrait dans l’histoire
des exils politiques après la tentative bidon de coup d’État de 2016.
Cependant, cette nouvelle page était différente des précédentes. Ceux
qui avaient dû s’exiler après le 12 mars et le 12 septembre étaient
généralement nos amis issus en général du mouvement socialiste ou des
organisations et éditions kurdes, assyriennes, arméniennes, yézidies et
alévis visées par les pressions fascistes.
Après cette dernière tentative de coup d’État, nombre d’intellectuels,
d’académiques et de journalistes progressistes ont dû s’exiler,
victimes de l’état d’urgence.
Mais après 2016, une autre catégorie, n’ayant aucun lien de près ou de
loin avec la gauche, déclarée ennemie par la dictature d’Erdoğan, a été
contrainte à l’exil…
Un exemple en Belgique… Après les coups d’État du 12 mars et du 12
septembre, menés avec l’encouragement et le soutien de l’OTAN, parmi
les forces de la République turque qui ont entravé des années durant
nos activités légales en nous cataloguant de « traitre à la nation » et
en nous dénonçant aux services de renseignements et aux autorités
politiques et militaires de ce pays, il y avait aussi des officiers
turcs en poste au quartier général de l’OTAN. Cette fois, ceux-ci
durent aussi demander l’asile pour être devenus des cibles.
L’actuel gouvernement AKP n’a rien à envier aux putschistes utilisant
tous les moyens de pressions et de menaces contre leurs opposants à
l’étranger, quelles que soient leurs tendances.
Deux exemples en provenance de Bruxelles…
Remzi Kartal et Zübeyir Aydar, députés kurdes à la Grande Assemblée
nationale de Turquie dans les années 90 et actuellement membres de
l’exécutif du Congrès national du Kurdistan à Bruxelles, et l’écrivain
et journaliste Bahar Kimyongür, récompensé par Info-Türk pour ses
recherches sur « Les conséquences des coups d’État militaires de 1971
et 1980 sur l’émigration de Turquie »…
Du fait de ces mesures, Ragıp Zarakolu, mon camarade de lutte depuis un
demi-siècle, toujours exilé en Suède, s’est vu non seulement dépouiller
de ses avoirs en Turquie, mais aussi de sa pension de retraite.
Profitant de la crise ukrainienne, Recep Tayyip Erdoğan a pris une
nouvelle mesure audacieuse dans sa politique de chantage en
conditionnant l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN à
l’extradition vers la Turquie des opposants établis dans ces pays.
Notre ami Ragıp Zarakolu figurait également sur la liste des personnes
dont l’extradition était demandée.
Et qu’en est-il de la terreur 129b que l’État allemand utilise
notamment contre les exilés de gauche et kurdes, juste pour satisfaire
le régime d’Ankara ?
Mahmut Özkan, le co-porte-parole de l’Assemblée européenne des Exilés,
l’avait très bien expliqué dans la revue Sürgün :
« En Allemagne, des dizaines de révolutionnaires et d’exilés politiques
sont jugés sur base de la loi qui englobe « les organisations
étrangères » stipulées dans la Constitution allemande, mieux connue de
l’opinion publique sous la dénomination d’ « article 129 b ». La raison
pour laquelle les organisations de gauche, révolutionnaires et
communistes de Turquie et du Kurdistan de Turquie en Allemagne sont
tout particulièrement prises pour cibles, est à rechercher dans la
poursuite des intérêts historiques et stratégiques et de la
collaboration de l’impérialisme allemand avec l’État turc.
Les défunts et les revendications de notre exil politique
Je voudrais clôturer mon intervention en partageant une douleur propre
à l’exil politique.
Depuis la réunion de 2012, nous avons été bien tristes de perdre
beaucoup des nôtres. Par exemple, Teslim Töre… Il était l’un de nos
camarades dévoués, ayant contribué à toutes les initiatives
démocratiques et pacifiques dans l’exil, et à la fondation de
l’Assemblée européenne des Exilés. Il repose désormais à côté de son
camarade Sinan Cemgil à Üsküdar.
Il y a aussi ceux qui n’ont pas pu retourner en Turquie et reposent en
terre d’exil, ou dont les cendres ont été dispersées dans l’océan
Atlantique ou dans les eaux du Bosphore…
De la génération d’exilés qui nous a précédé, Nazım Hikmet repose à
Moscou, Sabiha Sertel à Bakou, Zeki Baştımar, Aram Pehlivanyan, Jak et
Anjel Açıkgöz en Allemagne, İsmail Bilen en Bulgarie, tandis que les
cendres du professeur Fahrettin Petek ont été dispersées à la fois sur
le Bosphore à Istanbul et au large des côtes de Normandie.
De notre génération, nous avons enterré Yılmaz Güney, Ahmet Kaya et
Uğur Hüküm au Père Lachaise à Paris… Les cendres de Nihat Akseymen ont
rejoint les eaux de la Marmara au large de Heybeliada.
Nubar Yalım nous a quitté pour l’éternité en Hollande, Enver Karagöz,
Teslim Töre, Ali Ertem, Doğan Akhanlı, Celal Başlangıç et İsmail Çoban
en Allemagne, Garbis Altınoğlu en Belgique, Suphi Nejat Ağırnaslı et
Nubar Ozanyan au Rojava.
Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, femmes militantes de la
résistance kurde, ont été lâchement exécutées par un tueur à gages de
l’État turc au cœur de Paris le 9 janvier 2023.
Oui, la terreur et les complots de l’État turc ne connaissent pas de
frontières…
Être constamment sous pression et menace y compris dans le pays
étranger dans lequel ils se trouvent est le problème des plus de 3
millions d’émigrants de Turquie installés dans tous les pays du monde,
et en particulier des exilés politiques séparés de leur pays à cause du
terrorisme d’État.
C’est le problème des diasporas arménienne, assyrienne, kurde et
grecque qui ont élu domicile dans différents pays du monde en raison
des divers génocides et déportations commis depuis l’Empire ottoman.
C’est le problème de la nation kurde contrainte de vivre dans quatre
pays différents après la première guerre impérialiste de partage, avec
les Kurdes du Bakur au nord, du Rojhilat à l’est, du Başûr au sud et du
Rojava à l’ouest.
C’est le problème de la nation arménienne, comme l’a récemment montré
l’occupation du Haut-Karabagh, par les armées azérie et turque, avec la
participation de terroristes islamistes.
C’est le problème de la population de Chypre du nord, contrainte de
vivre encore des années sous l’occupation de l’armée turque après que
sa volonté ait été usurpée par mille fraudes et pressions lors des
dernières élections.
L’une des tâches importantes de tous les partis d’opposition en Turquie
est de s’adresser directement aux organisations immigrées
démocratiques, à commencer par l’Assemblée européenne des Exilés, et
aux organisations représentant les diasporas assyrienne, arménienne,
yézidie, grecque et kurde.
Si la Turquie veut vraiment se démocratiser, leur volonté doit aussi se
refléter de la manière la plus large possible dans les travaux du
Parlement, dans la vie organisationnelle et dans les médias…
Et l’exil devrait appartenir au passé à compter des premières élections
qui renverseront l’actuel gouvernement islamo-fasciste…
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Imbroglio
mortel au Moyen-Orient
Ragip Duran, TVXS.GR, 8 décembre 2024
La meilleure illustration, une caricature récemment publiée dans un
quotidien américain et diffusée sur la Toile montre clairement (?) la
situation actuelle du Moyen-Orient: Il y a une dizaine de personnalité
qui représente chacun leurs pays ou leurs organisations respectifs,
c’est-à-dire, la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Irak, Israël, l’Egypte,
la Jordanie, la Russie, les Etats-Unis, la Palestine, l’Arabe Saoudite,
Hayat Tahrir Al-Cham (HTC - Organisation de Libératİon du Levant
issu du DAESH), Armée Nationale de Syrie…etc…. Tous les hommes tiennent
deux pistolets aux deux mains et tirent contre leurs adversaires.
Il s’agit d’une guerre par procuration, mais deux objectifs sont
presque toujours les victimes des agresseurs : Le régime Asad et les
Kurdes.
Les observateurs, les spécialistes, les universitaires chevronnés,
locaux ou globaux, n’ont pas pu encore une fois ni prévoir ni analyser
à chaud ce qui se passe actuellement dans la région. Personne n’est
d’accord avec personne. Déjà, le choix d’une terminologie n’est pas
encore établi. Les agresseurs, ceux qui ont soudainement pris la ville
d’Alep (deuxième grande ville du pays, avec un peu plus de 2 millions
d’habitants) sont ‘’des rebelles’’, ‘’des forces de l’opposition
syrienne’’ pour les uns, alors que les autres les appellent ‘’des
militants armés islamistes soutenus par Ankara’’. Et ils avancent vers
Damas.
En effet, cette attaque fut une grande surprise aux yeux des régimes de
la région et des capitales de l’Occident et de Moscou. Seuls Ankara et
la coalition de ces bandes islamistes seraient au courant, car ce sont
eux qui ont planifié et exécuté cette opération.
Devant la carence des données militaires et politiques concrètes, il
est pour le moment difficile de prévoir le cours des développements
même à court terme. Mais il y a quand même des informations surtout des
archives et du passé récent.
* Les agresseurs ont planté le drapeau turc sur la forteresse d’Alep
accompagné d’un portrait du Président Erdogan. Ce dernier a déclaré que
‘’la Turquie fera tout le nécessaire afin d’établir la paix’’. Mais son
Ministre des Affaires Etrangères, M. Hakan Fidan a été beaucoup plus
franc: ‘’Nous soutenons l’opposition en Syrie’’! Les médias turcs
avaient déjà publié plusieurs documents, informations, reportages et
interviews démontrant que l’Armée Nationale Syrienne (Anciennement
L’Armée Libre de Syrie) était créée, formée, financée et armée par
Ankara. Ainsi que le HTC.
* Erdogan et l’ensemble des porte-parole du Palais n’ont pas cessé de
menacer les Kurdes de Syrie: ‘’Nous ne pouvons jamais tolérer
l’établissement d’une entité terroriste sur nos frontières du sud’’.
Ankara a d’ailleurs militairement occupé en janvier 2018 la région
frontalière syrienne d’Afrin et ses environs. La Turquie a même nommé
un Préfet de police et des fonctionnaires dans cette ville où les
Kurdes ont dû fuir. Les familles des militants islamistes et ceux des
Arabes proches du régime turc ont remplacé les Kurdes d’origine d’Afrin.
- L’acteur principal de l’agression s’appelle HTC, la version révisée
de Daesh, une sorte d’Internationale Islamiste formée des militants en
provenance de plus de 35 pays des trois continents. De la Russie, de la
Somalie, du Norvège, du Maroc voire de la Nouvelle-Zélande… La Grèce et
Chypre sont les deux seuls pays de la Méditerranée qui sont absents de
la liste des pays qui fournissent des militants au HTC.
- Plusieurs facteurs ont facilité l’exécution de cette agression selon
les responsables du FDS (Forces Démocratiques de Syrie, coalition des
Kurdes, des Arabes, des chrétiens et autres groupes qui dirige le
nord-est de la Syrie)
* Les alliés de Damas, à savoir la Russie et l’Iran, sont actuellement
affaiblis à cause des guerres qu’ils mènent en Ukraine et au
Moyen-Orient.
* Washington, Ankara et Tel-Aviv sont en principe contre le régime
d’Asad et veulent le renverser. Mais Donald Trump n’est pas encore à la
Maison Blanche. Et Erdogan désire paraître comme un opposant d’Israël.
* La communauté internationale, en particulier l’Europe a fermé les
yeux devant l’agression d’Israël au Gaza et au Liban.
Le cas des Kurdes de Turquie est également très problématique. Alors
qu’ils se préparaient pour un nouveau processus de paix avec Ankara, ce
dernier a préféré lancer une attaque contre les Kurdes de Syrie.
‘’Sauf Allah peut savoir ce qui va se passer dans les jours ou semaines
à venir’’ estime un spécialiste turc du Moyen-Orient. Et il n’omet pas
d’ajouter : ’’Cette région n’est pas pour rien la terre natale des
prophètes, ambassadeurs du Bon Dieu !’’.
L’écrivain franco-libanais Amin Malouf avait déjà pris la photo de
l’homme du Moyen-Orient: ‘’İci, tout le monde est triste et malheureux,
mais personne ne fait rien!’’. A l’exception des belligérants,
des guerriers et des agresseurs, fallait-il préciser.
Le 50e anniversaire des Ateliers du Soleil célébré
Le 50e anniversaire des l’asbl Ateliers du Soleil a été célébré avec
beaucoup d'enthousiasme et de joie le mercredi 27 novembre dans ses
locaux avec la participation de ses amis.
Après le discours de bienvenue de Iuccia Saponara, présidente de
l’association, Doğan Özgüden, un des fondateurs des Ateliers du Soleil,
a donné un aperçu de l'histoire, des objectifs et des luttes de cette
organisation interculturelle et a exprimé sa gratitude à tous les
membres de l'équipe pour leur travail dévoué, en particulier à ses
trois collègues féminines, İnci Tuğsavul, Iuccia Saponara et Elise
Thiry, qui ont joué un rôle majeur dans le succès de cette initiative
citoyenne.
A la soirée, ont été présentés aux invités un diaporama retraçant les
activités et réalisations dans différents domaines ainsi qu'une
brochure présentant les 50 ans des Ateliers du Soleil en images et un
album réalisé par un groupe d'enfants des ateliers sur le même sujet .
L’accès au diaporama et à deux documents illustrés sur l’histoire, les
objectifs et les réalisations depuis 50 ans de cet édifice
interculturel se trouvent dans la page d’accueil des Ateliers du
Soleil: https://www.ateliersdusoleil.be/.
La fête s'est poursuivie jusqu'à une heure tardive avec des échanges de
vue sur les problèmes et revendications communes et des futurs des
projets communs.
INTERVENTION DE DOĞAN ÖZGÜDEN
Chers amis,
Suite à la présentation par notre présidente Iuccia qui a bien exposé
la raison d'être et les objectifs des Ateliers du Soleil, je souhaite
exprimer ma joie de célébrer avec vous le 50e anniversaire de cette
initiative interculturelle exceptionnelle.
En effet, il est très émouvant pour moi de pouvoir célébrer le 50e
anniversaire d'une des initiatives dont je fais partie dans mon long
voyage de près de 90 ans...
Ma vie de journaliste, syndicaliste et militant socialiste en Turquie,
dans les années 50 et 60, a été toujours perturbée par la répression de
l'Etat. Je n'ai jamais pu célébrer même le 10e anniversaire d'un de mes
engagements...
En 1971, un coup d'Etat militaire a interdit la revue et la maison
d'édition que nous dirigions et nous a obligés à quitter notre pays
sous la menace d’emprisonnement de centaines d'années.
C'est après trois ans de résistance en Europe que nous avons organisée
contre la junte militaire, sont nés les Ateliers du Soleil dont nous
fêtons aujourd'hui le 50e anniversaire.
Au cours de 50 années, nous avons partagé ici la douleur, la joie, la
lutte et l'espoir avec nos frères et sœurs, non seulement de notre pays
d'origine, mais aussi de quatre continents du monde.
Dans cette grande aventure, nous avons toujours reçu le soutien
exemplaire de nos amis belges. A cette occasion, j'exprime notre
gratitude à nos chers amis qui ne sont malheureusement plus là, en
particulier notre premier président, l'architecte Marc Brunfaut, le
juriste Jacques Bourgaux et le grand musicien Julos Beaucarne...
Je remercie également mes amis arméniens, assyriens et kurdes pour leur
solidarité dans notre lutte malgré les difficultés, les obstacles et
les menaces de l'Etat turc.
Il y a deux jours, les femmes du monde, plus particulièrement les
femmes de mon pays d'origine, ont manifesté à l'occasion de la journée
pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Elles ont
protesté notamment contre le retrait de la Turquie par Erdogan de la
Convention d'Istanbul. Comme toujours des centaines de femmes ont été
arrêtées.
Il s'agit d'une lutte tout à fait légitime avec laquelle nous sommes
toujours solidaires.
Comme il est bien documenté dans la brochure et le diaporama, l'une des
tâches principales des Ateliers du Soleil est de défendre l'égalité des
femmes et de les aider dans leur lutte pour la dignité et l'accès au
travail comme les hommes.
Des femmes arrivées de différents pays du monde entier participent
activement à ce combat.
Ce soir, je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma
gratitude et mon respect à trois femmes qui sont les avant-gardes et
dirigeantes de toutes les activités des Ateliers du Soleil.
İnci Tuğsavul, qui était la rédactrice d'un de plus grands quotidiens
et d'une revue de gauche prestigieuse dans les années 60 en Turquie,
puis une des fondatrices du mouvement de résistance démocratique en
exil. Il y a 50 ans, c'est elle qui a créé et développé les Ateliers du
Soleil malgré toutes les difficultés et empêchements.
Iuccia Saponara, qui est active et rénovatrice dans toutes les actions
des Ateliers du Soleil depuis 40 ans... Elle est présidente des
Ateliers du Soleil.
Et Elise Thiry qui, après 27 ans de travail dévoué assume aujourd'hui
la direction des Ateliers du Soleil.
Merci Inci, Iuccia et Elise...
Bien sûr, mes remerciements également à Davut Kakız, Nubar Şerbetçiyan
et Tural Fincan à la direction des Ateliers du Soleil, et à tous nos
collègues qui travaillent avec dévouement pour le succès de cette
organisation...
Je suis convaincu que les Ateliers du Soleil poursuivront son combat
avec la même intensité et la réussite et célébreront leur 60e
anniversaire en 2034 avec le même enthousiasme.
Vive les enfants du soleil!
Vive leur combat pour la fraternité et l’égalité!
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Turkey jails 7 journalists and media
workers, places one under house arrest
On Saturday, Turkish authorities detained several dozen people,
including journalists, at a protest against the December 20 killing of
Kurdish journalists Jihan Belkin and Nazim Dashdan, who hold Turkish
citizenship, in a suspected Turkish drone strike in northern Syria on
December 20. The next day, an Istanbul court placed five journalists
and two media workers in police detention pending trial and placed five
other journalists under judicial control.
“The Turkish government is attempting to control the flow of news about
Syria by intimidating the press, as evidenced by the arrest of
journalists at a protest, the house arrest of Özlem Gürses, and other
legal actions,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Turkish
authorities must immediately release the imprisoned journalists and
media workers, free Gürses, and allow members of the media to do their
jobs without fear of retaliation.”
The journalists and media workers arrested at the Istanbul protest are:
Pınar Gayıp, reporter for the leftist outlet ETHA
Gülistan Dursun, freelance journalist
Hayri Tunç, freelance journalist
Enes Sezgin, social media manager for the pro-Kurdish daily Yeni Yaşam
Osman Akın, news editor for Yeni Yaşam
Can Papila, designer for Yeni Yaşam
Serpil Ünal, reporter for the leftist outlet Mücadele Birliği
Journalists were also detained at a similar protest in the eastern city
of Van Friday but they were released.
State owned Anatolia Agency reported on Sunday that the chief
prosecutor’s office in Istanbul is investigating independent news
website T24 over its coverage of the reactions to the two journalist
killings in Syria. Authorities are also investigating Seyhan Avşar, a
reporter with independent news website Gerçek Gündem, on suspicion of
terrorism propaganda and knowingly spreading misinformation for social
media posts on Belkin and Dashdan.
In a separate incident on Saturday, an Istanbul court put journalist
Özlem Gürses under house arrest pending trial on suspicion of demeaning
the Turkish military over her comments on her YouTube channel regarding
Turkey’s military presence in Syria. Gürses continues broadcasting from
her home in Istanbul.
In another incident, the chief prosecutor’s office in Istanbul opened
an investigation into the Bar Society of Istanbul for suspicion of
terrorism propaganda and spreading misinformation due to its statement
on Saturday calling for an investigation into the suspected Turkish
drone killings of Belkin and Dashdan, and the release of journalists
and others detained in Istanbul at the protest against their deaths.
CPJ emailed the chief prosecutor’s office in Istanbul for comment but
did not receive a reply. (CPJ, 23 déc 2024)
Dozens detained amid protests over Kurdish
journalists killed in drone reported Turkish strike
Police detained at least 39 people, including politicians and 10
journalists, during protests in the Kurdish-majority city of Van
following the killing of two Kurdish journalists in a drone strike
targeting a vehicle in Syria yesterday.
Nazım Daştan and Cihan Bilgin were killed while covering clashes near
the Tishrin Dam in Syria’s Aleppo province, just south of the
symbolically significant Kurdish city of Kobani.
The protest in Van was organized by the Dicle Fırat Journalists
Association (DFG) and the Mezopotamya Women Journalists Association
(MKG), with support from the Van Labor and Democracy Platform.
Protesters gathered at the entrance to Sanat Street, carrying banners
reading, “Neither our pens nor our cameras will fall” alongside photos
of the killed journalists.
Police blocked access to the area, surrounding the protesters and
preventing them from issuing a public statement. Among those detained
were Mezopotamya Agency (MA) reporters Ruken Polat, Özlem Yacan, Mazlum
Engindeniz, and Sema Yüce Polat; Ajansa Welat reporters Bazid Evran and
Fırat Tunç; JINNEWS reporter Memihan Zeydan; and journalists Zelal
Tunç, Nimet Ölmez, and Oktay Candemir.
Some detainees were subjected to violent treatment before being taken
to the provincial police headquarters, according to MA reporting.
Protest in Diyarbakır
In Diyarbakır, members of journalism groups, of the pro-Kurdish
Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party, and the TJA women's rights
group held a demonstration to protest the killings.
In a statement read out during the event, the protesters said, “For
decades, the Free Press has worked under the most challenging
conditions to report the truth to the public, not only in Kurdistan but
across the Middle East and the world."
The group honored Daştan’s and Bilgin’s dedication to covering critical
events, including Daştan’s work documenting Kurdish forces' fight
against ISIS in 2014 in Syria's Kobani town and Bilgin’s reporting on
the 2017 battle of Raqqa. “They fought to illuminate the darkest places
with their cameras and notebooks,” said the statement.
The journalists had been covering recent clashes between the
Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) and Turkish-backed groups
near Kobani.
The area has seen escalating clashes since early December, cocinding
with the fall of Bashar al-Assad's regime. Turkey has reportedly
supported the SNA with drone and artillery strikes as the conflict
intensifies.
Previous killings of journalists
In the past two years, several Kurdish journalists have been killed in
drone strikes reportedly in northern Iraq and Syria. Victims include
Îsam Abdullah of Hawar News Agency (ANHA) in 2022, JIN TV staff member
Necmeddin Faysal; and Çira TV reporter Murat Mîrza.
The Turkish government has remained silent on most of these cases.
However, state media reported in August that Rojnews executive Gülistan
Tetik, (Tara), was killed in a Turkish intelligence operation. (BIA, 20
December 2024)
Syrie: deux journalistes kurdes tués par un "drone turc"
Deux journalistes turcs d'origine kurde ont été tués par des frappes de
"drone turc" près la ville de Kobané, dans le nord de la Syrie, où les
forces kurdes craignent un assaut de groupes soutenus par la Turquie,
ont annoncé vendredi des médias kurdes et des ONG.
Nazim Dastan, 32 ans, et Cihan Bilgin, 29 ans, qui travaillaient pour
des médias kurdes ont été tués jeudi près du barrage de Techrine, à
environ 100 kilomètres à l'est d'Alep, la deuxième ville de Syrie,
lorsque leur voiture a été touchée par une explosion, a affirmé
l'association des journalistes turcs Dicle Firat.
"Nous condamnons cette attaque contre nos collègues et exigeons des
comptes", a ajouté l'association, les décrivant comme "deux
journalistes précieux".
Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, la Turquie soutient
une offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent
cette zone du nord de la Syrie.
Les deux journalistes "couvraient les événements dans la zone" quand
"un drone turc (...) les a directement visés, provoquant leur mort", a
souligné l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au
Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.
L'explosion a été provoquée par un drone turc, ont également indiqué
l'agence de presse turque pro-kurde Mezopotamya et l'agence de presse
kurde basée en Syrie Hawar, qui a montré la photo d'une jeune femme
tenant un appareil photo et d'un homme qui pose à côté d'une caméra sur
trépied.
Le Syndicat des journalistes turcs a condamné l'attaque, affirmant que
les deux journalistes auraient été "prétendument pris pour cible par un
drone turc".
"Les journalistes ne peuvent pas être attaqués alors qu'ils
accomplissent un devoir sacré. Les responsables doivent être retrouvés
et jugés", a déclaré la section syndicale de Diyarbakir, dans le
sud-est de la Turquie.
Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de
l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie pour
proclamer une "région fédérale" dans le nord.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), armée de facto de
l'Administration autonome kurde, ont accusé les groupes soutenus par
Ankara de se préparer à lancer l'assaut sur la ville de Kobané.
Ankara, qui en plus des groupes proturcs dispose de 16.000 à 18.000
soldats sur le sol syrien, selon un responsable turc, dit que son armée
se tiendra prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate"
tant que les combattants kurdes du nord de la Syrie ne "déposeront" pas
les armes.
Mais l'armée turque insiste sur le fait qu'elle ne cible jamais les
civils mais uniquement des groupes terroristes.
Selon l'OSDH, les frappes de drones turcs ont fait 93 morts dans le
nord et l'est de la Syrie depuis le début de l'année, dont 23 civils.
(AFP, 20 déc 2024)
Court bans book on Kurdish women fighters in Kobani
A Diyarbakır court has ordered the banning and confiscation of the book
The Daughters of Kobani: A Story of Rebellion, Courage, and Justice,
written by American journalist and author Gayle Tzemach Lemmon.
The ruling by the Diyarbakır 4th Penal Judgeship of Peace follows a
similar decision made by the İzmir 4th Criminal Judgeship of Peace in
March 2023, which also banned and ordered the seizure of the book.
Avesta Publishing, which distributes the book in Turkey, criticized the
lack of notification for both bans. In a social media statement, the
publisher said, "Without the first ban being officially communicated to
us, the Diyarbakır 4th Criminal Judgeship of Peace has now issued
another ban, dated October 17, 2024, under Decision No. 2024/7039. This
second ban, like the first, has yet to be formally delivered to our
publishing house."
The Turkish translation of the book published by Avesta.
Published internationally, The Daughters of Kobani is based on hundreds
of hours of interviews and field reporting conducted by Gayle Tzemach
Lemmon. It tells the story of Kurdish women fighters who played a key
role in the battle against ISIS in the Syrian Kurdish town of Kobani
during 2014 and 2015.
Kobani, located in northern Syria, became a symbol of the fight against
ISIS after the People’s Defense Units (YPG) successfully repelled an
ISIS siege that lasted months. While praised internationally for their
efforts, the YPG is viewed by Turkey as the Syrian affiliate of the
outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK). (BIA, 13 décembre 2024)
Folk
musician Pınar Aydınlar detained for displaying
poster of Dersim rebellion leader
Folk musician Pınar Aydınlar was detained after performing on stage
with a poster of Seyid Rıza during her concert yesterday as part of the
"Tunceli Cultural Gatherings" program organized by İstanbul
Metropolitan Municipality (İBB).
The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office launched an investigation
into Aydınlar and the event organizers on allegations of "praising a
crime and a criminal," as per article 215 of the Turkish Penal Code,
which could lead to a prison sentence of up to two years.
During her performance, Aydınlar expressed admiration for Seyid Rıza,
saying, “I bow with respect a thousand times before the memory of Seyid
Rıza, who said, ‘I did not bow to you,’ and before the memory of those
we have lost. While we cannot even visit the grave of our leader or
know its location, we say again to those destroying the nature of
Dersim: ‘We are the grandchildren of Seyid Rıza. We are here.’”
In an Instagram post with an excerpt from the concert, Aydınlar wrote,
“We are the grandchildren of Seyid Rıza.”
“For us, it’s Dersim, not Tunceli," she wrote, expressing her rejection
of the city’s official name, a stance widely adopted in the region.
Following the event, Aydınlar announced on her social media account
that she had been taken into custody.
Seyid Rıza, an Alevi Zaza-Kurdish leader and religious figure, was
executed on Nov 15, 1937, for leading a rebellion in the Dersim region
during the early years of the republic. (BIA, 13 décembre 2024)
Diyarbakır courts order confiscation of
pro-Kurdish publications
Courts in Diyarbakır have ordered the confiscation of several books and
issues of pro-Kurdish publications seized during police raids in
September, Mezopotamya Agency (MA) reports.
As part of an investigation launched by the Diyarbakır Chief Public
Prosecutor’s Office in 2022, police conducted a series of raids on Sep
24 targeting the Mesopotamia Language and Culture Research Association
(MED-DER), Payîz Pirtûk publishing house, and the Anka Language and
Arts Education Cooperative, as well as several private residences.
During the raids, numerous books, magazines, and newspapers—none of
which were subject to prior confiscation orders—were seized. Among the
confiscated publications were issues of the magazines Demokratik
Modernite (issues 1, 2, 39, and 48), Ekolojik Yaşam (2024 issues 2, 3,
4, and 5; 2023 issue 1), Jineoloji (issues 16, 29, and 31), and
newspapers Yeni Yaşam and Xwebûn from this year.
The Diyarbakır 3rd and 4th Penal Judgeships of Peace issued orders
officially confiscating the seized materials. The rulings alleged
that
the publications contained "terrorist propaganda," "descriptive
portrayals of the organization," and content that "glorified" the group
in question. (BIA, 12 décembre 2024)
Study reveals journalists in Turkey living at hunger
threshold
The Press, Broadcast, and Printing Workers Union (DİSK Basın-İş) has
conducted a wage study involving 82 journalists from 53 different media
outlets. According to the findings, the average salary in the media
sector is just 28% above the minimum wage, at 23,378 Turkish lira (~850
US dollars).
The study found that salaries vary significantly based on years of
experience. Only journalists with more than 10 years of experience earn
over 30,000 liras, while those with less experience are generally paid
below the average.
For journalists with different levels of experience, the average
monthly wages are:
Less than 1 year: 22,871 liras
1–3 years: 21,269 liras
3–5 years: 22,000 liras
5–10 years: 23,600 liras
More than 10 years: 31,889 liras
The study also highlighted that one in four media workers earns minimum
wage. Half of the sector operates within 20% of the minimum wage level,
and nine out of ten media workers earn less than 25,000 liras.
Journalists’ average salary expectations were recorded at 42,134
liras—an increase of roughly 80% over current earnings.
The study also examined job stability, revealing that the average
tenure in a single workplace is just 3.8 years. Nearly 70% of workers
leave their job within three years, while only 11% remain with the same
employer for more than a decade.
Call for a minimum base wage
DİSK Basın-İş called for the establishment of a minimum base wage in
the media sector, arguing that current salaries are unacceptable for a
profession requiring significant skills and demanding deadlines.
"The majority of press workers are earning minimum wage or close to it.
The question is no longer ‘What will the minimum wage be?’ but rather,
‘Why are so many people working for minimum wage?’ It’s time to address
this issue," the report stated.
The union proposed a minimum base wage set at twice the minimum wage
for entry-level journalists. Additionally, it recommended annual raises
at least equal to increases in the national minimum wage, with a 3%
increase for each year of experience. For workers who remain with the
same employer, DİSK Basın-İş suggested an additional 5% raise at the
start of each year of continued employment.
The report emphasized that press workers, described as “intellectual
laborers constantly racing against time,” should not be subjected to
wages that hover near the minimum. (BIA, 9 décembre 2024)
Maroc: Luca Guadagnino critique la "censure" de son
film "Queer" en
Turquie
Le cinéaste italien Luca Guadagnino a critiqué samedi la récente
interdiction de son film "Queer" en Turquie, se disant prêt à combattre
"toute institution voulant ternir les pouvoirs" du cinéma, en marge du
festival du film de Marrakech.
Les autorités turques ont interdit début novembre une projection de son
film "Queer" prévue en ouverture d'un festival de cinéma à Istanbul "au
motif qu'il contenait un contenu provocateur, susceptible de troubler
l'ordre public", selon les organisateurs qui ont décidé d'annuler
l'événement en signe de protestation.
"Je me demande s'ils ont vu le film ou s'ils le jugent sur les grandes
lignes ou sur la stupidité facétieuse de certains journalistes qui se
sont focalisés sur +James Bond devenu gay+", a répondu le réalisateur
italien à une question de l'AFP lors d'une conférence de presse du jury
du festival de Marrakech qu'il préside.
"C'est une censure obtuse, surtout dans ce monde où il est possible de
télécharger le film", a indiqué le réalisateur de "Call me by your
name" (2017).
Inspiré d'un roman éponyme de William S. Burroughs, "Queer" retrace les
aventures mêlant sexe, drogue et alcool d'un américain (incarné par
l'ancien agent 007 Daniel Craig) qui s'éprend d'un jeune compatriote
dans le Mexico City d'après-guerre.
"J'espère vraiment qu'ils croient que le (sujet) du film peut entraîner
l'effondrement de la société. Parce que cela signifie que ma croyance
dans le pouvoir du cinéma est vraie et qu'elle n'est pas délirante", a
souligné M. Guadagnino.
"Je vais me battre contre toute institution qui veut ternir les
pouvoirs inévitables" du cinéma, a-t-il ajouté.
La 21e édition festival international du film de Marrakech se déroule
du 29 novembre au 7 décembre.
Le jury, présidé par Luca Guadagnino, comprend notamment les actrices
américaine Patricia Arquette et française Virginie Efira, le
réalisateur iranien Ali Abbasi ou encore l'acteur britannique Andrew
Garfield. (AFP, 30 nov 2024)
Press freedom organizations denounce detention
of journalists
Eighteen press and free expression groups from Turkey and around the
world have issued a statement condemning the detention of journalists
during operations centered in Eskişehir.
The groups criticized the confidentiality order placed on the
investigation and the denial of access to lawyers for the detainees.
"Withholding information about the arrests and operations highlights
the escalating threats to press freedom and the ability to practice
journalism freely," the statement read.
The organizations called on Turkey to adhere to its legal obligations
and protect journalists from political pressure, urging authorities to
stop targeting the press:
"Turkey must fulfill its obligations under the Press Law, the
Constitution of the Republic of Turkey, and the European Convention on
Human Rights (ECHR). The systematic harassment and intimidation of
journalists must cease immediately. We urge authorities to end the
oppression and unjust detentions of journalists, ensure their safety,
and safeguard freedom of expression. Furthermore, under Article 10 of
the ECHR, journalistic activities must be protected. Journalism is an
essential pillar of a democratic society and must remain free from
political interference."
The investigation
The investigation, initiated by the Eskişehir Chief Public Prosecutor’s
Office, led to police operations on Nov 26 in İstanbul, Diyarbakır,
Ankara, and Batman. The detainees included journalists, writers, poets,
and cartoonists. Several were transferred to Eskişehir for further
investigation.
On Nov 26, Interior Minister Ali Yerlikaya referred to those detained
as “suspected members of a terrorist organization” in a statement
posted on social media.
Lawyers for the detained journalists were denied access to their
clients and prevented from obtaining information about the
investigation, citing a “confidentiality order.” (BIA, 28 nov
2024)
Vague d'arrestations pour "terrorisme", dont 12
journalistes
Plus de deux cent trente personnes dont douze journalistes, poètes et
écrivains, ont été arrêtées ces dernières 24 heures en Turquie,
soupçonnées de liens "présumés avec des organisations terroristes",
selon le ministère turc de l'Intérieur.
Plusieurs associations de journalistes dont Dicle Firat et Mesopotamia
ont appelé mercredi à un rassemblement de protestation à Diyarbakir
(sud-est), la plus grande ville kurde du pays.
Dans un message sur le réseau X, le ministre Ali Yerlikaya a précisé
mardi que les opérations menées dans "trente provinces" ont conduit à
l'arrestation de "231 membres présumés d'organisations terroristes".
Ces personnes ont été arrêtées pour "financement" ou "propagande" au
profit du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée
contre le gouvernement, ou parce que leur "nom apparaissait au sein des
structures politiques et médiatiques de l'organisation terroriste PKK",
selon le ministre.
Par ailleurs, les forces armées turques engagées dans le nord de l'Irak
ont affirmé avoir repris le contrôle de la région de Zap et "éliminé"
toute présence des combattants du PKK, selon le ministre de la Défense
Yasar Güler.
Cependant, le président Recep Tayyip Erdogan a montré ces derniers
temps une volonté de "tendre la main aux frères kurdes" laissant
entrevoir la possibilité de libérer le chef historique du PKK, Abdullah
Öcalan, condamné à vie et détenu depuis 1999 sur une île au large
d'Istanbul. (AFP, 27 nov 2024)
Police detain multiple journalists in
house raids across Turkey
Turkish authorities should stop treating journalists like terrorists by
raiding their homes and detaining them, the Committee to Protect
Journalists said Wednesday.
“Turkish authorities once more raided the homes of multiple journalists
in the middle of the night, in order to portray them as dangerous
criminals, and detained them without offering any justification. CPJ
has monitored similar secretive operations in the past decade, and not
one journalist has been proven to be involved with actual terrorism,”
said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “The authorities should
immediately release the journalists in custody and stop this systematic
harassment of the media.”
In a statement Tuesday, Turkey’s Interior Ministry said police had
conducted simultaneous operations in 30 cities and detained a total of
261 people who suspected of having ties to the outlawed Kurdistan
Workers’ Party (PKK) or alleged offshoot organizations. At least 12
journalists are reported to be held in custody:
Erdoğan Alayumat, former reporter for the pro-Kurdish Mezopotamya News
Agency in Istanbul
• Suzan Demir, Istanbul-based freelance reporter
• Tuğçe Yılmaz, Istanbul-based reporter for the
independent news website Bianet
• Emrah Kelekçier, Diyarbakır-based freelance
photographer
• Ahmet Sümbül, Diyarbakır-based freelance reporter
• Roza Metina, chairperson of the Mesopotamia Women
Journalists Association in Diyarbakır
• Bilal Seçkin, Istanbul-based freelance photographer
• Bilge Aksu, Istanbul-based freelance reporter
• Mehmet Uçar, Batman-based freelance reporter
• Doğan Güzel, Diyarbakır-based political cartoonist
• Abdurrahman Aydın, Antalya-based columnist for the
independent news website Gazete Duvar
• Havin Derya, Antalya-based freelance reporter
The reasons for the detentions are unknown, as there is a court order
of secrecy on the investigation, preventing the detainees and their
lawyers from being informed of the investigation’s details and possible
charges, a common practice in such crackdowns.
CPJ emailed Turkey’s Interior Ministry for comment but received no
reply.
Separately, Devlet Bahçeli, leader of the government ally Nationalist
Movement Party (MHP), threatened the pro-opposition outlet Halk TV and
its commentators for criticizing his party with a vow that the MHP will
make them suffer.
“We are taking note, one by one, of the ignorant and arrogant
commentators, especially Halk TV,” Bahçeli said Tuesday at a MHP
meeting in Ankara. In October, he had told the outlet to “watch your
step.” (CPI, 25 nov 2024)
Kurdish
Question / Question kurde
Ankara
autorise l'opposition pro-kurde à rendre
visite à Ocalan
La Turquie a approuvé la demande du parti pro-kurde DEM de rendre
visite au fondateur du PKK, Abdullah Ocalan, emprisonné à vie, ont
déclaré vendredi le ministre de la Justice et un porte-parole du parti.
"Nous avons répondu positivement à la demande de rencontre de DEM", a
déclaré le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunc, à la chaîne
d'information TRGT.
"En fonction des conditions météorologiques, ils se rendront à Imrali
demain ou dimanche", a-t-il déclaré, faisant référence à l'île-prison
où Ocalan est détenu à l'isolement depuis 25 ans.
Le porte-parole du parti DEM avait confirmé auparavant avoir reçu "un
appel (du ministère de la Justice): il y aura une visite demain
(samedi) ou dimanche tant que le temps n'est pas mauvais".
Ocalan, détenu depuis 25 ans dans la île-prison turque d'Imrali, au
large d'Istanbul, a fondé le PKK, ou Parti des travailleurs du
Kurdistan, qui mène depuis des décennies une insurrection contre la
Turquie et est considéré comme une organisation terroriste par Ankara
et ses alliés occidentaux.
Il a été arrêté en 1999 et purge depuis lors une peine de prison à vie
sans possibilité de libération conditionnelle.
M. Tunc a lui-même "répondu positivement à la demande de rencontre du
parti DEM" avec deux législateurs du parti approuvés pour la visite,
avait rapporté de son côté la télévision privée turque NTV.
Cette décision intervient deux mois après que le chef du parti
d'extrême droite turc MHP a tendu un rameau d'olivier à M. Ocalan,
l'invitant au parlement à renoncer à la terreur et à dissoudre son
groupe, une démarche soutenue par le président Recep Tayyip Erdogan.
Un jour plus tard, Ocalan a été autorisé à rendre visite à sa famille
pour la première fois depuis mars 2020. Dans les semaines qui ont
suivi, DEM a demandé au ministère de la Justice l'autorisation de
rendre visite à Ocalan, une demande désormais approuvé, selon le parti.
(AFP, 27 déc 2024)
Joint
declaration by 1043 personalities in Turkey calls
for peace
ANF, 27 December 2024
1043 people from North Kurdistan and Turkey signed a declaration titled
"Peace and democracy for all of us" against the policies of war and the
lack of a solution to the Kurdish question. The signatories demanded
that the policies of war and deadlock in the Kurdish question be
abandoned, and a peace process be initiated.
The declaration released on Friday reads as follows:
"Turkey is going through a tough process. While poverty and lawlessness
are increasing on the one hand, the government, on the other hand,
tries to solve its problems by resorting to violence as its support
from the people weakens. Removing elected mayors and replacing them
with civil servants as trustees, responding to every peaceful
demonstration with police violence, sending those voicing a slightest
criticism to prison, and trying to solve the Kurdish question with
violence are different aspects of the politics of violence. On the
other hand, Turkey is surrounded by a circle of war. The civilian
population, women and children are the ones who suffer the most.
‘We need a peace movement to take Turkey out of this violence
environment’
More than ever, we need a peace movement to take Turkey out of this
violence environment. Peace means not only the end of armed conflicts,
but also the elimination of the cause of conflict by finding solutions
to the disputes that lead to war. A peaceful solution to the Kurdish
question is an indispensable element of social and political peace. We
believe that peace cannot be achieved with weapons.
‘There is no indication that the government is seeking a peaceful and
democratic solution’
On the other hand, it would be misleading to consider the Kurdish
question only as an issue within Turkey's borders. As long as Turkey
does not pursue a peaceful policy on the Kurdish issue and the war and
conflict in Syria for the benefit of all the peoples in the region, it
is difficult to achieve a real peace on the Kurdish question in Turkey.
Although the developments since the beginning of October have created
expectations of peace, there is no indication that the government is
seeking a peaceful and democratic solution to the Kurdish question.
‘Equal citizenship can only be realized through a pluralist democracy’
That is why we, the undersigned, would like to call for the initiation
of a peace process. This is also a call for democracy, bread, justice,
freedom, human rights and the rule of law. We know from experience that
the Kurdish question can only be solved within the framework of
democracy and on the basis of human rights. The rights of Kurds can
only be protected by securing the fundamental rights and freedoms of
every individual living in Turkey through the rule of law.
Participatory democracy can only be achieved by loosening the rigid
centralism that chokes local governments. Equal citizenship can only be
realized through a pluralist democracy that respects all identities.
‘It is important to base peace on international legal standards’
Peace cannot be realised with the end of war. Peace must be built and
the structures on which it will stand must be established. In this
context, we believe that it is important to base peace on international
legal standards regarding rights and freedoms. We believe that
democratic community and mass organisations have an important role to
play in building a lasting peace.
‘Peace involves the whole society’
Until now, all initiatives on the Kurdish issue have been taken by the
state or political actors. However, a peace process initiated by
democratic individuals and organizations together with the people will
lead to the socialization of peace, social support for the peace
process, and the establishment of a culture of peace instead of a
culture of violence. Peace is not a concept that covers only the
warring parties. It is a social concept that involves the whole
society. Therefore, the success of the peace process depends on social
support.
In order for a lasting peace to be built in society, a free,
egalitarian and democratic social life must also be ensured. To this
end, we need a reorganisation of economic distribution in favor of the
poor and working people, and the construction of a country where there
is no hunger, poverty, unemployment, femicides, occupational homicides,
infant abuse, education, health and housing problems.
‘War is a crime against peace’
The right to live in peace is a fundamental human right. The Nuremberg
Tribunal recognized that war is a crime against peace. The November 12,
1984 U.N. General Assembly resolution states that 'all human beings
have the sacred right to live in peace'. On 10 December 2010, the
declaration adopted at the Congress on the Right to Live in Peace held
in Santiago de Compostela, Spain, states that individuals, groups and
peoples have the right to live in just, sustainable and lasting peace
and underlines that the responsibility for ensuring and protecting this
right belongs to the state.”
The 1043 signatories are as follows:
A. Ertan Mısırlı, A. Gülsün Sop, A. Ömer Türkeş, Abdo Yılmaz, Abdulbaki
Erdoğmuş, Abdulgafur Doğru, Abdulgani Poyraz, Abdulhakim Daş,
Abdulkadir Güleç, Abdullah Aktaş, Abdullah Aren Çelik, Abdullah
Babacan, Abdullah Çağer, Abdullah Demirbaş, Abdullah Göllü, Abdullah
Keskin, Abdurrahim Doğan, Abdurrahim Şişman, Abdülaziz Akyol,
Abdülkerim Yakut, Abdülselam Suvakçı, Adalet Dinamit, Adalet Ünlü, Adil
Demirci, Adil Güler, Adil Okay, Adnan Ekşigil, Adnan Kaya, Adnan
Özyalçiner, Adnan Şahin, Afşin Kum, Ahmet Aksoy, Ahmet Avşar, Ahmet
Aydoğan, Ahmet Aykaç, Ahmet Çakmak, Ahmet Dağ, Ahmet Dindar, Ahmet
Doğan, Ahmet Ergin, Ahmet Erkan, Ahmet Faruk Ünsal, Ahmet Haşim Köse,
Ahmet Işık, Ahmet İnam, Ahmet İnsel, Ahmet Karagöz, Ahmet Kardam, Ahmet
Malkoçoğlu, Ahmet Özdemir Aktan, Ahmet Özmen, Ahmet Telli, Ahmet Tüzün
, Ahmet Ümit, Ahmet Yıldırım, Ahmet Zirek, Akın Atalay, Akın Atauz,
Akın Birdal, Akın Yanardağ, Akif Bayrak, Akif Kurtuluş, Albert Ali
Salah, Alev Özgüner, Algan Sezgintüredi, Ali Atalan, Ali Bayramoğlu,
Ali Bilge, Ali Bulaç, Ali Demir, Ali F. Bilir, Ali Fikri Işık, Ali
Galip Yıldız, Ali Haydar Konca, Ali Karakoç, Ali Karapınar, Ali Nesin,
Ali Şimşek, Ali Yalçın, Ali Yıldırım, Aliye Özlü, Alpar Sevgen, Altay
Öktem, Anıl Mert Özsoy, Arif Ali Cangı, Arif Altunkalem, Arif İsmet
Yılmaz, Arzu Filiz Güngör, Arzu Şahin, Askeri Tanrıkulu, Aslı Bahar
Özbilen, Aslı Telli, Asuman Bayrak, Asuman Susam, Ata Yazıcıoğlu, Ataol
Behramoğlu, Atilla Birkiye, Atilla Coşkun, Atilla Durak, Aycan İrmez,
Aydın Bodur, Aydın Çetinkaya, Aydın Deniz, Aydın Erdoğan, Aydın Gelmez,
Aydın Gümüş, Aydoğan Kars, Ayfer Koçak, Ayfer Tunç, Aygül Demirtaş,
Ayhan Baran, Ayhan Çelik, Ayhan Erensoy, Ayhan Ergenç, Aykut Erdoğan,
Ayla Akat, Aysel Hoşgit, Ayşe Acar Başaran, Ayşe Arat, Ayşe Ayben
Altunç, Ayşe Bakkalcı, Ayşe Erzan, Ayşe Gözen, Ayşe Güngör, Ayşe
Özdemir, Ayşe Sarısayın, Ayşe Sözeri Cemal, Ayşe Şehriban Demirel, Ayşe
Yolageldili, Ayşegül Devecioğlu, Ayşen Şahin, Ayşenur İğdem, Aytekin
Sağlam, Ayten Sezgin, Azad Yıldırım, Aziz Tunç, Bahadır Altan, Bahri
Belen, Bahri Gedik, Banu Çukadar, Barış Işık, Barış İnce, Barış Yavuz,
Baskın Oran, Bayram Bozyel, Bedia Özgökçe Ertan, Bediz Yılmaz,
Bedrattin Karaboğa, Bekir Benek, Belgin Bıyıkoğlu, Belma Fırat, Beral
Madra, Beril Eyüpoğlu, Berna Kılınç, Berrin Oyur, Berrin Sönmez, Besime
Konca, Beşir Biçer, Beşir Demirkanoğlu, Betül Tanbay, Beyza Diler,
Bışar İçli, Bilal Karabay, Binnaz Toprak, Birgül Oğuz, Birsen Atakan,
Burhan İşiyok, Bülend Tuna, Bülent Atamer, Bülent Ateş, Bülent Tekin,
Bülent Türkmen, Bülent Yarbaşı, Cabbar Barış, Cafer Solgun, Cahit
Kırkkazak, Cahit Mete, Can Candan, Can Dündar, Canan Aydın Bıçak, Celal
İnal, Celalettin Can, Cemal Özen, Cemil Çoban, Cengiz Arın, Cengiz
Babalık, Cengiz Bayıldıran, Cengiz Güngör, Cengiz İvdil, Cengiz Kaplan,
Ceren Cansu Akkaya, Ceren Gündoğan, Ceren Vardar Acar , Cesari Mercan,
Cevahir Bedel, Cevat Aktaş, Cevat Demir, Cevdet Bozkurt, Cevriye Aydın,
Cigerxun Polat, Cihan Aydın, Cihan Roj, Cihan Şenoğuz, Cihan Vesek,
Cihangir İslam, Coşkun Üsterci, Cuma Boynukara, Cuma Coşan, Cuma Erçe,
Cuma Kolukısa, Cüneyt Ozansoy, Çağatay Anadol, Çetin Ali Nergis, Çetin
Kulu, Çiğdem Koç, Çiğdem Kozan , Davut Güler, Defne Suman, Demir Çelik
, Demir Topçuoğlu, Deniz Durukan, Deniz Galip, Deniz Mukan, Deniz
Subaşı, Deniz Türkali, Deniz Yıldırım, Deniz Yonucu, Derya Tolgay,
Devrim Avcı, Dicle Akar, Dilek Aykan, Dilek Hattatoğlu, Dilek Öcalan,
Dilşa Deniz, Dodan Özer, Doğan Bermek, Doğan Çakmak, Doğan Özgüden,
Doğan Özkan, Doğu Yücel, Döne Gevher, Dursun Öztürk, Edip Polat, Edip
Yaşar, Efkan Bolaç, Ekrem Baran, Ekrem Kutlu, Elif Akgül Ateş, Elif
Keleş O, Elif Sofya, Emel Kaya, Emel Kurma, Emel Uzman, Emin Ekinci,
Emine Özhasar, Emine Uşaklıgil, Emrah Kırımsoy, Emrah Taşar, Emre
Kutlu, Enes Atila Pay, Engin Çörüşlü, Engin Deniz Akarlı, Engin Deniz
Ergin, Engin Turgut, Enis Güngör, Enver Akan, Ercan Bingöl, Ercan
İpekçi, Ercan Jan Aktaş, Ercan Y. Yılmaz, Ercüment Akdeniz, Erdal
Doğan, Erdal Karakuş, Erdoğan Aydın, Eren Baskın, Eren Keskin, Ergin
Cinmen, Ergin Türsoy, Ergün Özgür, Erhan Altunel, Erhan Araz, Erhan
Ceylan, Erkan Şenses, Erol Kızılelma, Erol Köroğlu, Erol Memiş, Ertan
Meyan, Ertan Zerayak, Ertuğrul Günay, Ertuğrul Kürkçü, Esat Şenyuva,
Esen Ulubay, Esha Aktaş, Esin Şenol, Esra Debağcı, Esra Koç, Esra
Mungan, Eşber Yağmurdereli, Evren Altınel, Eylem Arzu Kayaoğlu, Eylem
Ata, Eylem Gencer, Eyüp Çakır, Eyüp Yılmaz, Ezgi Şahin Yalvarıcı,
Fahrettin Ülgün, Faik Bulut, Faik Elmas, Faruk Balıkçı, Fatih Aydın ,
Fatin Kanat, Fatma Akdokur, Fatma Ayparçası, Fatma Bostan Ünsal, Fatma
Erden, Fatma Gök, Fatma Hoşgör, Fatma Kurtulan, Fatma Nevin Vargün,
Fatma Taşar Tüfekçi, Fatma Yücel, Fatoş İrven, Faysal Mahmutoğlu,
Faysal Özdemir, Faysal Sarıyıldız, Fehmi Tek, Feleknas Uca, Ferat
Mehmetoğlu, Ferdağ Ergin Öztürk, Ferdi Yamar, Fergun Özelli, Ferhat
Kentel, Ferhat Tunç, Feride Çetin, Feride Çiçekoğlu, Feridun Andaç,
Ferman Özgün, Feryal Saygılıgil, Fethi Gümüş, Fethiye Çetin, Fevzi
Saygılı, Fevzi Ünal, Feyza Hepçilingirler, Feyzi Kömürcü, Fırat Acar,
Fırat Can, Fırat Ceweri, Fırat Epözdemir, Fırat Sandalcı, Fırat Sönmez,
Figen Alkaç, Figen Ertem, Fikret Aktaş, Fikret Başkaya, Filiz Aydın,
Filiz Kardam, Filiz Kerestecioğlu, Filiz Koçali, Fuat Ay, Fuat Coşacak,
Funda Akbulut, Furkan Yer, Füsun Ertuğ, Gaffar Karadoğan, Galip Deniz
Altınay, Garo Paylan, Gaye Boralıoğlu, Gençay Gürsoy, Gonca Özmen,
Gökay Erol, Gökçe Bilgin, Gökhan Biçici, Gökhan Dayık, Gönen Orhan,
Gönül Erterzi, Gül Büyükbeşe, Gülay Bilici, Gülay Koca, Gülayşe Koçak,
Güler Fişek, Güliz Sağlam, Gülnur Acar Savran, Gülser Kayır, Gülseren
Onanç, Gülseren Pusat, Gülşen Özbek, Gültan Kışanak, Günal Kurşun,
Günay Polat, Gündüz Vassaf, Güngör Erçil, Güngör Şenkal, Günseli Baki,
Güray Dağ, Gürhan Ertür, Gürkan Develi, Güven Güzeldere, Güvenç
Aydoğan, Habibe Danışman, Hacer Ansal, Hacer Özdemir, Hadi Cin, Hadi
Polat, Hakan Akçura, Hakan Altun, Hakan Bozyurt, Hakan Etenoğlu, Hakan
Subaşı, Hakan Türkmen, Hakim Tokmak, Hakkı Çetin Özdemir, Halide Güneş,
Halide Yıldırım, Halil Ergün, Halil Savda, Halim Bulutoğlu, Halis
Ertaş, Haluk Özsaraç, Hamdullah Arvas, Hanife Altun, Hanifi Kandemir,
Harun Toptan, Hasan Cemal, Hasan Cevat Özdil, Hasan Demirel, Hasan
Hayri Ateş, Hasan Kara, Hasan Ortaç, Hasan Öztoprak, Hasan Seçkin,
Hasan Ürel, Hasip Kaplan, Hatice Aslan, Hatice Demir, Hatice Doğan,
Hatice Göz, Hatice Kavran, Hatice Kocaman, Hatice Seçkin Akuğur, Hatice
Zümrüt, Hatip Dicle, Havin Ölmez, Haydar Akgül, Haydar Çetin, Haydar
Ergülen, Hayko Bağdat, Hayrettin Güzel, Hayri Yetik, Hıdır Işık, Hicri
İzgören, Hidayet Şefkatli Tuksal, Hilmi Aydoğdu, Hülya Akdeniz, Hülya
Ceylan, Hülya Ekşigil, Hülya Uygun, Hülya Yalçın, Hürriyet Karadeniz,
Hüsamettin Akışlı, Hüsamettin Zenderlioğlu, Hüseyin Aslan, Hüseyin
Bektaşoğlu, Hüseyin Çağlar, Hüseyin Esentürk, Hüseyin Kalkan, Hüseyin
Küçükbalaban, Hüseyin Mat, Hüseyin Sarıbaş, Hüseyin Sarıgül, Hüseyin
Sarısayın, Hüseyin Sevim, Işıl Ünal, İ Hakkı Zariç, İ Kuban Altınel,
İbrahim Aksoy, İbrahim Betil, İbrahim Ekinci, İbrahim Halil Subaşı,
İbrahim Kaçmaz, İbrahim Karakaya, İbrahim Sinemillioğlu, İdris Baluken,
İhsan Berkhan, İlhami Akay, İlhami Sidar, İlkay Alptekin Demir, İlkay
Geyik, İlke Çandırbay, İlknur Alcan, İlyas Danyeli, İmam Taşçıer, İnan
Demirkan, İnci Hekimoğlu, İnci İşbulur, İnci Özkan Kerestecioğlu, İnci
Tuğsavul, İpek Yürekli, İrem Cennet Doğdu, İrfan Aktan, İrfan Keskin,
İrfan Oğur, İrfan Uğur, İshak Karakaş, İslam Arpat, İslam Özkan,
İsmail Beşikçi, İsmail Demirci, İsmail Güzelsoy, İsmail Tarhan, İsmail
Tekin, İsmihan Okyay Çoban, İz Öztat, İzzet Kılıç, K. Sevim Güngör,
Kadir Akın, Kadri Salaz, Kağan Önal, Kamil Ateşoğoğulları, Kamil Tekin
Sürek, Kazım Altun, Keleş Öztürk, Kemal Aktaş , Kemal Çınar, Kemal
Deniz Çiftçi, Kemal Karanfil, Kemal Ulaş, Kerem Duruk, Kerem Karakuş,
Kıvılcım Ünal, Koçer, Koray Feyiz, Korhan Gümüş, Korkut Akın, Kudbettin
Ulubay, Kudret Ünal, Kumru Toktamış, Kutsal Utku Tatar, Kuvvet
Lordoğlu, Lal Laleş, Latife Akyüz, Levent Akçasu, Levent Köker, Levent
Tüzel, Leyla Birlik, Leyla İmret, Lezgin Botan, Lisa Çalan, Ludmilla
Denisenko, M. Ali Ateş, M. İhsan Çevik, M. Sezgin Tanrıkulu, M. Şerif
Camcı, M. Ufuk Tekin, Mahmut Alikaşifoğlu, Mahmut Balpetek, Mahmut
Memduh Uyan, Mahmut Temizyürek, Mahmut Vefa, Mahsum Batı, Mahsum Oral,
Mashar Demirkan, Mazhar Zümrüt, Mazlum Çetinkaya, Mehmet A. Oturan,
Mehmet Akboya , Mehmet Aker, Mehmet Ali Aslan, Mehmet Bayram, Mehmet
Bekaroğlu, Mehmet Bilal Dede, Mehmet Cemil Çoğaltay, Mehmet Cihan
Kıran, Mehmet Dicle, Mehmet Doğan, Mehmet Dursun, Mehmet Emin Adıyaman,
Mehmet Emin Aktar, Mehmet Emin Aslan, Mehmet Hanifi Yangın, Mehmet
İnal, Mehmet Kutlu, Mehmet Merhametsiz, Mehmet Necati Besler, Mehmet
Nur, Mehmet Onur Yılmaz, Mehmet Özer, Mehmet Rauf Kesici, Mehmet Said
Aydın, Mehmet Soydan, Mehmet Taşdemir, Mehmet Taşkıran, Mehmet Toker,
Mehmet Türk, Mehmet Türkay, Mehmet Ural, Mehmet Uysal, Mehmet Vural,
Mehtap Tosun, Melek Göregenli, Melek Özman, Melek Taylan Ulagay, Melih
Sağıroğlu, Meltem Düzgün, Memet Kara, Menekşe Toprak, Menice Rümeysa
Gülmez, Meral Atasoy, Meral Camcı, Mervan Eren Gül, Meryem Koray, Mesut
Alp, Mesut Balcan, Mesut Beştaş, Mesut Coşkun, Metin Cengiz, Metin
Ersoy, Metin Kılavuz, Metin Temiz, Metin V. Bayrak, Mevsim Yenice,
Mihail Vasiliadis, Mine Soysal, Mualla Kavuncu, Muammer Nadir Kaya,
Muazzez Uslu Avcı, Muharrem Erbey, Muhsin Çolak, Muhtullah Çoban, Mukri
Vakar, Murat Alabey, Murat Büyükyılmaz, Murat Çelikkan, Murat Dinçer,
Murat Gülsoy, Murat Gümrükçüoğlu, Murat Güven, Murat Karahan, Murat
Karayalçın, Murat Özünay, Murat Özyaşar, Murat Tayyar Sarıkaya, Murat
Uyurkulak, Murat Yalçın, Murathan Mungan, Mustafa Aslan, Mustafa
Çinkılıç, Mustafa Elveren, Mustafa Eraslan, Mustafa Huzeyfe Okuyucu,
Mustafa Kemal Güngör, Mustafa Peköz, Mustafa Şener, Mustafa Taylan
Savran, Mustafa Yelkenli, Mustafa Yeşilbağdan, Muzaffer Asma, Muzaffer
Kaya, Muzaffer Kutay, Müfit Özdeş, Müge Boztepe, Müge İplikçi, Münir
Korkmaz, Münire Dağ, Mürsel Önder, Müslüm Yücel, Müzeyyen Şen, Naci
Akıncı, Naci Binay, Naci Sönmez, Nadir Bingöl, Nafiz Sağ, Nafiz Toprak,
Nagehan Tokdoğan, Naif Alibeyoğlu, Nalan Barbarosoğlu, Namık Kuyumcu,
Nazan Aksoy, Nazan Üstündağ, Nazım Tural, Nazım Turan, Nazik Işık,
Nazlı Andan, Necibe İnci Serdar, Necla Kanbur, Necmi Demir, Necmiye
Alpay, Nedim Taş, Nergiz Savran Ovacık, Nermin Mollaoğlu, Nesim Ovadya
İzrail, Nesimi Aday, Nesli Çetinkaya, Neslihan Yalman, Nesrin Nas,
Nesteren Davutoğlu, Neşe Özgen, Neşe Yaşın, Nevay Samer, Nevin Güney
İnce, Nevin Kamilağaoğlu, Nevin Soyukaya, Nevzat Süer Sezgin, Nevzat
Çağlar Tüfekçi, Nevzat Onaran, Nihat Akdoğan, Nihat Gençosman, Nihat
Öcal, Nihat Özcan, Nihat Tepe, Nihat Türk, Nil Mutluer, Nilgün
Doğançay, Nilgün Öneş, Nilgün Yurdalan, Nimetulla Güneş, Nimetullah
Erdoğmuş, Nizamettin Toğuç, Nur Bekata, Nur Deriş, Nur Sürer, Nuran
İmir, Nuray Aslan, Nuray Özdoğan, Nurdan Gürbilek, Nure Basar, Nurettin
Çivi, Nurhan Davudyan, Nurhan Demirhan, Nurhan Suerdem, Nuri Demirci,
Nuri Ödemiş, Nursel Aydoğan, Nurşen Sönmez, Nurten Ertuğrul, Nusret
Doğruak, Nusret Gürgöz, Nusrettin Yaşar, Nuşirervan Elçi, Nüket Esen,
O. Meriç Eyüboğlu, Olcay Şimşek, Onur Hamzaoğlu, Orhan Akbay, Orhan
Alkaya, Orhan Doğançay, Orhan Gazi Ertekin, Orhan Kaya, Orhan Kemal
Cengiz, Orhan Kılıç, Orhan Koçak, Orhan Pamuk, Orhan Sarıbal, Orhan
Silier, Osman Baydemir, Osman Çokur, Osman Ergin, Osman Okkan, Osman
Şenkul, Oya Baydar, Oya Özgüven, Öget Öktem Tanör, Ömer Faruk, Ömer
Faruk Kırnıç, Ömer Güven, Ömer Madra, Önder Birol Bıyık, Özcan Çine,
Özcan Gülhan, Özcan İntaş, Özcan Yaman, Özden Özdemir, Özdeş Özbay,
Özgür Müftüoğlu, Özgür Zeybek, Özkan Avcı, Özkan Mert, Özlem Cebe,
Özlem İşbilir, Özlem Özkan, Özlem Şekercioğlu, Öznur Bayoğlu, Özüm
Vurgun, Pakrat Estukyan, Paluri Arzu Kal, Pelda Vesek Sandalcı, Peral
Beyaz, Perihan Yoğurtçu, Pınar Ercan, Pınar Öğünç, Polat Özlüoğlu,
Rabia Gündoğmuş, Rahim Arslan, Rahmi Akdaş, Rahmi Emeç, Rakel Dink,
Ramazan Kurt, Rebia Dirim, Recep Sancaktar, Refika Çakıllık, Reis
Çelik, Remzi Çelik, Remzi Karabulut, Remzi Tanrıverdi, Resul Sever,
Reşat Kaymaz, Reşo Son, Reyan Tuvi, Rezan Tuncay, Rıdvan Hatun, Rıza
Türmen, Rober Koptaş, Rojhat Tunç, Ruken Akça, Ruken Yetişkin, Rukiye
Yıldırım, Ruşen Işık, Rüksan Tuna, Rümeysa Çamdereli, S. Kemal
Çakıroğlu, Saadet Becerikli, Saadet Erkuş, Saadet Sorgunlu, Sabahat
Tuncel, Sabahattin Diril, Sabriye Akkul, Sadullah Sayın, Said Şaşmaz,
Saime Tuğrul, Sait Çetinoğlu, Sakin Günel, Sami Evren, Saniye Seçkin,
Sarya Can, Savaş Işık, Seçil Ege Işık, Seçkin Özsoy, Sedat Taş, Sedat
Vefa Bostan, Sedat Yurtdaş, Selahattin Nesipoğlu, Selçuk Erez, Selim
Ölçer, Selim Sadak, Selma Esen, Selma Irmak, Selma Koçiva, Sema Gülez,
Sema Kaygusuz, Semih Bilgen, Semih Gümüş, Semih Oktay, Semir Özmen,
Semire Nergiz, Semra Karadağ, Semrin Şahin, Sena Kaleli, Sepin
Sinanoğlu, Serdar Arat, Serdar Günakın, Serdar Keskin, Serdar Koçol,
Serdar M. Değirmencioğlu, Serdar Talay, Serdar Tüm, Sergen Sucu, Serhat
Aktan, Serhat Alan, Serhat Eren, Serhat Kaya, Serpil Akyar, Serpil
Kemalbay, Sevda Çelik Özbingöl, Sevengül Sönmez, Several Ballıkaya,
Sevgi Sümer, Sevgi Yılmaz, Sevim Çelikcan, Sevim Erdoğan, Sevim Korkmaz
Dinç, Sevinç Koçak, Seyda Selek, Seydi Fırat, Seyithan Elmas, Seywan
Seidian, Sezer Ateş Ayvaz, Sıla Talay, Sidar Gümüş, Sidar Jir, Simten
Çoşar, Sinan Özaraz, Sinan Tutal, Sinan Zincir, Sipan Aslan, Songül
Beydilli, Songül Çalık, Songül Erol Abdil, Songül Tunçdemir, Suat
Bakır, Suzan İşbilen, Suzan Samancı, Suzan Yazıcı, Süheyla İnal,
Süleyman Eryılmaz, Süleyman Gökalp, Süleyman Özkaplan, Süleyman Yılmaz,
Süreyya Evren, Süreyya Karacabey, Şaban Aslan, Şahide Ağaoğlu, Şahika
Yüksel, Şahin Koçan, Şanar Yurdatapan, Şebnem İşigüzel, Şebnem Korur
Fincancı, Şebnem Oğuz, Şehbal Şenyurt Arınlı, Şemsettin Bozkurt, Şenay
Çöte, Şengün Kılıç, Şerafettin Yarız, Şeref Turgut, Şevin Kaya, Şeyhmus
Bayhan, Şivan Cemil Özen, Şule Aytaç, Şükran Şakir, Şükran Yücel, Şükrü
Alpsoy, Şükrü Aslan, Şükrü Erbaş, Tahir Kemal Bozkır, Tahir Sargın,
Tahsin Yeşildere, Talat Büyük, Talat Kara, Taner Akçam, Taner Kargı,
Tansu Açık, Tarık Günersel, Taylan Çelik, Tayyip Korkmaz, Telli Işık,
Temel İskit, Tenziye Acar, Tevfik Karahan, Tora Pekin, Toros Korkmaz,
Tufan Akgül, Tuğba Hezer, Tuğrul Eryılmaz, Tuna Altınel, Tunç Soyer,
Turgut Haskan, Tülay Özdeş, Türkan Demir, Türkan Uzan Avşin, Ubeydullah
Kılıç, Ufuk Uras, Uğur Altınarık, Uğur Can Demirci, Uğur Canbilen, Uğur
Çıkrıkçılı, Uğur Gökmen, Uğur Sümer, Ülkü Gülşen, Ülkü Sağır, Ümit
Aktaş, Ümit Biçer, Üstün Güvener, Vecdi Erbay, Vecdi Sayar, Vedat
Altıntaş, Vedat Yıldırım, Vedia Yeşim Bayanoğlu, Vesile Özdem Yükselen,
Veysel Demirkaya, Veysi Eski, Viki Çiprut, Yakın Ertürk, Yakup
Tilermeni, Yakup Uygun, Yalçın Çelikay, Yalçın Çıdamlı, Yasemin Çargıt,
Yasemin Gülbol, Yasemin Özgün, Yasemin Sert, Yasemin Yazıcı , Yaşar
Gökoğlu, Yaşar Okur, Yavuz Ekinci, Yavuz Kaya, Yavuz Tüzün, Yeşim
Dorman, Yeşinil Yeşilyurt, Yıldız Bayazıt, Yıldız İmrek, Yıldız Önen,
Yıldız Tar, Yiğit Gülöksüz, Yunus Muratakan, Yurdusev Özsökmenler,
Yusuf Alataş, Yusuf Nazım, Yusuf Ziya Can, Yücel Göktürk, Yücel
Kayıran, Yücel Tunca, Yücelay Sal, Yüksel Genç, Zafer Doruk, Zafer
Kıraç, Zafer Yıldırım, Zarife Atik, Zehra Arat, Zehra Çelenk, Zehra
Şenoğuz, Zeki Işıl, Zekiye Kürkçüoğlu, Zeliha Altuntaş, Zeynel Öztürk,
Zeynep Altıok, Zeynep Atikkan, Zeynep Duygu Ağbayır, Zeynep Kaya
Akdeniz, Zeynep Kıvılcım, Zeynep Köylü, Zeynep Selimoğlu Akıncı, Zeynep
Şaner, Zeynep Tanbay, Zeynep Tozduman, Zeynep Uzunbay, Zihni Karaçay,
Ziya Halis, Ziya Pir, Ziya Yavuzeş, Zozan Uzun, Zozan Vargün, Zübeyir
Gülabi, Zülal Koç, Züleyha Gülüm, Züleyha Nur.
Syrie:
les combattants kurdes face à la menace
d'Ankara et du nouveau pouvoir
Les combattants kurdes du nord de la Syrie font face à une offensive de
groupes armés soutenus par la Turquie et redoutent en parallèle que les
nouvelles autorités à Damas mettent fin à leur autonomie chèrement
acquise.
Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de
l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie pour
proclamer une "région fédérale" dans le nord, s'attirant l'hostilité de
la Turquie voisine.
- Offensive parallèle -
Lorqu'une coalition de rebelles, dominée par des islamistes radicaux, a
lancé le 27 novembre une offensive fulgurante dans le nord de la Syrie
qui lui a permis en douze jours de prendre Damas, des factions
syriennes proturques ont déclenché de leur côté une attaque contre les
forces kurdes.
Elles ont pris le contrôle de l'enclave stratégique de Tal Rifaat
(nord) et de Manbij (nord-est), zone à majorité arabe.
Tal Rifaat et Manbij font partie d'une "zone de sécurité" de 30
kilomètres de large que la Turquie veut établir le long de sa frontière
avec la Syrie.
Une médiation américaine a permis de conclure une trêve dans les
combats mais les forces kurdes accusent les groupes proturcs de la
violer.
Les Kurdes syriens sont la principale composante des Forces
démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis et qui ont
été le fer de la lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat
islamique (EI).
Les FDS ont accusé les groupes soutenus par Ankara de se préparer à
lancer l'assaut sur la ville de Kobané.
Cette ville à majorité kurde avait été érigée en symbole de la lutte
contre les jihadistes qui y avaient connu leur première défaite avant
d'être définitivement vaincus en 2019.
Mardi, Mazloum Abdi, chef des FDS, a proposé la création d'une "zone
démilitarisée" à Kobané.
- Menace turque -
Ankara, qui en plus des groupes proturcs dispose de 16.000 à 18.000
soldats sur le sol syrien, selon un responsable turc, dit que son armée
se tiendra prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate"
tant que les combattants kurdes du nord de la Syrie ne "déposeront" pas
les armes.
Le chef de la diplomatie turque a toutefois jugé que l'armée d'Ankara
n'aurait aucune raison d'intervenir si le nouveau pouvoir à Damas
"s'occupait correctement de ce problème".
Selon des observateurs, la Turquie tente de profiter du changement de
pouvoir en Syrie pour affaiblir et éloigner le plus possible de sa
longue frontière les combattants kurdes, qu'elle qualifie de
"terroristes".
Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois offensives dans le nord de
la Syrie contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), l'épine
dorsale des FDS, et Ankara tient depuis sous son contrôle deux vastes
zones frontalières du côté syrien.
Ankara considère les YPG comme une extension du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur son sol depuis les
années 1980.
- Autonomie menacée -
Les Kurdes syriens ont effectué plusieurs gestes d'ouverture en
direction des nouvelles autorités qui ont pris le pouvoir à Damas,
craignant pour leur autonomie limitée acquise de haute lutte dans le
nord-est de la Syrie.
Ils ont adopté le drapeau syrien de l'indépendance, qui flotte
désormais dans la capitale. Mercredi, l'administration semi-autonome
kurde a annoncé qu'elle abolissait les droits de douane et autres taxes
entre les zones qu'elle contrôle et le reste de la Syrie.
Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de
guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, a affirmé mardi à l'AFP que le nouveau
pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones kurdes et qu'il ne
reconnaissait pas "le fédéralisme".
Il a ajouté que "la région que contrôlent actuellement les FDS sera
intégrée à la nouvelle administration du pays". (AFP, 20 décembre
2024)
Erdogan appelle à "éradiquer" l'EI et les combattants
kurdes en Syrie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à "éradiquer"
les organisations terroristes en Syrie, en citant le groupe Etat
Islamique (EI) et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Daech, le PKK et leurs associés, qui menacent la survie de la Syrie,
doivent être éradiqués", a déclaré à la presse M. Erdogan, lors de son
retour d'un sommet au Caire, utilisant l'acronyme arabe pour désigner
l'EI.
"Il est temps de neutraliser les organisations terroristes existant en
Syrie", a-t-il lancé.
La Turquie considère les Forces de défense syriennes (FDS) comme une
organisation terroriste parce qu'elles sont dominées par les YPG, les
Unités de protection du peuple kurde, un groupe qu'elle estime être lié
aux militants du PKK et qui ont mené une insurrection de plusieurs
décennies sur le sol turc.
Mais les FDS, soutenues par les États-Unis qui les considèrent comme
"essentielles" pour empêcher une résurgence jihadiste dans la région,
ont mené la lutte contre le groupe État islamique en Syrie en 2019.
M. Erdogan a également déclaré que son gouvernement prenait des
"mesures préventives" contre les groupes qui représentent une menace
pour la Turquie.
"Il est impossible pour nous d'accepter un tel risque", a-t-il
souligné, exprimant l'espoir que les nouveaux dirigeants syriens ne
choisissent pas de travailler avec eux.
"Les chefs des organisations terroristes, telles que l'EI, le PKK et
les YPG, seront écrasés dans les plus brefs délais", a-t-il averti.
M. Erdogan a également annoncé que le ministre turc des Affaires
étrangères, Hakan Fidan, se rendrait bientôt à Damas, à la suite du
chef des services de renseignements turcs, Ibrahim Kalin, qui s'était
rendu dans la capitale syrienne quatre jours seulement après la chute
d'Assad, et où il avait rencontré les dirigeants du HTS. (AFP, 20 déc
2024)
Syrie: le
leader kurde propose une "zone démilitarisée"
dans une ville du nord
Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées
par les Kurdes et appuyées par les Etats-Unis, a proposé mardi la
création d'une "zone démilitarisée" à Kobané, une ville du nord de la
Syrie, sur fond de combats avec des groupes soutenus par Ankara.
Cette déclaration intervient dix jours après la prise de pouvoir en
Syrie de groupes rebelles dominés par le groupe sunnite radical Hayat
Tahrir al-Sham (HTS), accueillie favorablement par la Turquie.
"Réaffirmant notre engagement ferme à parvenir à un cessez-le-feu
complet dans l'ensemble de la Syrie, nous annonçons notre disponibilité
à proposer l'établissement d'une zone démilitarisée dans la ville de
Kobané, avec le redéploiement des forces de sécurité sous la
supervision et la présence américaine", a écrit M. Abdi sur X.
Après la chute du président Bachar al-Assad, des combats meurtriers ont
éclaté dans le nord du pays entre les FDS, qui contrôlent de vastes
régions du nord-est syrien, et les groupes proturcs, auxquels une trêve
a mis fin sous une médiation américaine.
Les Etats-Unis ont annoncé mardi la prolongation "jusqu'à la fin de la
semaine" de cette trêve, à Manbij, zone à majorité arabe.
Cette prolongation survient alors que les groupes soutenus par Ankara
se préparaient à lancer l'assaut sur Kobané, une ville tenue par les
forces dirigées par les Kurdes à une soixantaine de km de Manbij, à la
frontière turque, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme
(OSDH).
Dans un geste d'ouverture envers HTS, l'administration autonome kurde a
annoncé qu'elle adoptait le drapeau syrien de l'indépendance, qui
flotte désormais à Damas.
Mais cette communauté longtemps opprimée sous Bachar al-Assad craint de
perdre l'autonomie limitée acquise de haute lutte dans le nord-est de
la Syrie.
Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de
guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, a affirmé mardi que le nouveau pouvoir
voulait étendre son autorité sur ces zones kurdes.
Il a ajouté que la région que contrôlent actuellement les FDS serait
"intégrée à la nouvelle administration du pays".
La Turquie estime que les forces kurdes implantées dans le nord-est
émanent de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan,
PKK, séparatiste.
Les Kurdes syriens ont été victimes de discrimination pendant des
décennies, notamment sous le règne du clan Assad, empêchés par exemple
d'apprendre leur langue dans les écoles. (AFP, 17 déc 2024)
Les
Kurdes tendent la main au nouveau pouvoir mais
craignent pour leur autonomie
Les Kurdes syriens ont tendu la main à la nouvelle administration
rebelle qui s'est installée à Damas, mais la communauté longtemps
opprimée craint de perdre l'autonomie limitée acquise de haute lutte
dans le nord-est de la Syrie.
Les Kurdes syriens ont été victimes de discrimination pendant des
décennies, notamment sous le règne du clan Assad, empêchés par exemple
d'apprendre leur langue dans les écoles.
Dans un geste d'ouverture envers le groupe islamiste Hayat Tahrir
al-Sham (HTS) qui a renversé, avec ses alliés, le président Bachar
al-Assad, l'administration autonome kurde a annoncé qu'elle adoptait le
drapeau syrien de l'indépendance, qui flotte désormais à Damas.
Le sort des Kurdes de Syrie, qui étaient taxées de "séparatisme" du
temps d'Assad, "reste incertain", observe l'analyste Mutlu Civiroglu,
basé à Washington, avant de noter que "sur le terrain, l'évolution de
la situation est rapide".
Ces Kurdes font face à "une pression croissante de la Turquie et des
factions sous son contrôle", des combattants soutenus par Ankara
s'étant emparés, à la faveur de l'offensive des rebelles de HTS, de
deux zones du nord, Manbij et Tal Rifaat, qu'ils tenaient.
La semaine dernière, Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques
syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et appuyées par les
Etats-Unis, a salué "l'opportunité de construire une nouvelle Syrie
basée sur la démocratie et la justice, qui garantisse les droits de
tous les Syriens".
- Craintes pour l'autonomie -
Mais de nombreux habitants du nord-est s'inquiètent de l'avenir de leur
région semi-autonome. "Les factions de Damas ne reconnaissent pas les
Kurdes", affirme à l'AFP Ali Darwish, un habitant de la ville kurde de
Qamichli.
"Maintenant, ils veulent lisser leur image devant la communauté
internationale". "En tant que Kurdes, nous espérons être en mesure de
préserver nos régions et d'améliorer la situation économique", souligne
cet homme de 58 ans, s'exprimant en kurde.
Les FDS contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie, où les
Kurdes syriens ont instauré une administration semi-autonome. Alliées
des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique
(EI), elles sont considérées par la Turquie comme une émanation du
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé par Ankara comme une
organisation terroriste.
Jeudi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que les
FDS étaient "essentielles" pour empêcher une résurgence des jihadistes
de l'EI en Syrie après la chute d'Assad.
La Turquie, elle, a déjà nommé un représentant diplomatique en Syrie
après avoir accueilli favorablement la prise du pouvoir par HTS. Ce
dernier dit avoir renié les fondements de ses origines, lorsque le
groupe s'appelait Jabhat al-Nusra et avait prêté allégeance à Al-Qaïda.
- Le facteur turc -
"Les Kurdes syriens sont confrontés à plusieurs défis importants, dont
le plus pressant est l'hostilité permanente de la Turquie à leur
égard", affirme l'analyste Mutlu Civiroglu.
Depuis 2016, la Turquie a organisé de nombreuses opérations contre les
FDS.
Les combattants des nouvelles autorités syriennes ont pris la ville
orientale de Deir Ezzor, qui était brièvement passée sous contrôle des
FDS après le retrait des troupes de l'ancien régime et de leurs alliés
soutenus par l'Iran.
"Toutes les attaques et menaces turques contre les Kurdes visent
directement ou indirectement à saper l'autonomie kurde et à étendre le
contrôle turc dans le nord de la Syrie", souligne M. Civiroglu.
Les nouveaux dirigeants syriens n'ont cessé de répéter que les
minorités seraient protégées mais sans mentionner explicitement les
Kurdes.
A Qamichli, des habitants ont déclaré à l'AFP qu'ils se réjouissaient
de l'éviction d'Assad mais qu'ils demeuraient inquiets.
Les Kurdes, la plus importante minorité ethnique de Syrie, veulent un
"Etat démocratique qui respecte les droits et la religion de chacun",
déclare Khorshed Abo Rasho, 68 ans. "Nous voulons un Etat fédéral, pas
une dictature", ajoute-t-il.
L'avocat Fahd Dawoud, âgé de 44 ans, est plus optimiste. "Nous espérons
que le nouveau gouvernement représentera tous les Syriens et n'exclura
aucun parti". (AFP, 13 déc 2024)
L'administration
autonome kurde dans l'est adopte le drapeau
syrien de l'indépendance
L'administration autonome kurde dans l'est de la Syrie a annoncé jeudi
qu'elle adoptait le drapeau syrien de l'indépendance qui flotte
désormais à Damas, après qu'une coalition de groupes rebelles menés par
des islamistes ont pris le pouvoir dimanche et renversé le président
Bachar al-Assad.
"À la lumière de ce changement historique, le drapeau de l'indépendance
(...) est un symbole de la nouvelle phase, car il exprime les
aspirations du peuple syrien à la liberté, la dignité et l'unité
nationale", a déclaré l'administration, ajoutant qu'elle avait "décidé
d'arborer ce drapeau dans l'ensemble des institutions officielles de
(..) l'administration autonome".
L'administration a dit "partir du fait que les régions qu'elle contrôle
font partie intégrante de la géographie syrienne et que ses habitants
sont d'authentiques composantes syriennes".
Dimanche, le commandant en chef des FDS (Forces démocratiques
syriennes) Mazloum Abdi avait salué dans la chute du président Assad
"une opportunité pour construire une nouvelle Syrie fondée sur la
démocratie et la justice, qui garantisse les droits de tous les
Syriens".
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées des Occidentaux dans
la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), sont
considérées par Ankara comme une émanation des indépendantistes kurdes
du PKK.
Ces derniers jours, des combattants soutenus par la Turquie se sont
d'ailleurs emparés de Manbij et Tal Rifaat, deux zones majoritairement
arabes qui étaient tenues par les Kurdes dans la région d'Alep.
Les Kurdes, opprimés et marginalisés par le parti Baas au pouvoir
durant la dictature du clan Assad, avaient hissé leurs propres couleurs
(rouge, blanc, vert et jaune) dans les territoires qu'ils contrôlent
depuis la guerre civile. Cela leur valait d'être accusés de
"séparatisme" par le gouvernement Assad bien que les forces kurdes
aient évité toute confrontation ouverte. (AFP, 12 déc 2024)
Menacées par les intérêts de la Turquie, quel
avenir pour les forces kurdes en Syrie ?
Menacés par les intérêts turcs dans le pays, les Kurdes syriens voient
une nouvelle fois leur rêve d’autonomie remis en doute.
L’effondrement brutal du régime de Bachar al Assad, après une offensive
éclair des rebelles jusqu’au cœur du pays, a redéfini les équilibres de
force précaires en Syrie.
Avec la chute du "Boucher de Damas", la population kurde syrienne perd
un ennemi historique, mais fait désormais face à l’inconnu. Longtemps
marginalisées par la famille régnante, les Forces démocratiques
syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, avaient profité du chaos de
la guerre civile pour établir une administration autonome dans le
nord-est du pays.
Cette indépendance relative est désormais menacée par les ambitions
turques. Au moins 26 combattants sont morts lundi, alors que des forces
syriennes soutenues par Ankara ont lancé une offensive dans la région
de Manbij (nord), quelques jours après avoir pris une enclave tenue par
les Kurdes.
Intérêts turcs
De plus en plus isolés sur le territoire syrien, les Kurdes misent
désormais sur une entente fra- gile avec Hayat Tahrir al Cham (HTS),
organisation islamiste à la tête de l’offensive rebelle. "Nous voulons
une désescalade [...], et que nos problèmes soient résolus par le
dialogue", expliquait à la presse Mazloum Abdi, chef des forces kurdes
en Syrie, vendredi. Un pari sur l’avenir, car "tout dépendra du type de
régime que veut instaurer le chef de HTS Abou Mohammed al Joulani à
Damas", souligne Didier Bilion, directeur adjoint de l’Institut de
relations internationales et stratégiques (Iris), et spécialiste de la
Turquie.
Le leader doit néanmoins composer avec les intérêts dans le pays de la
Turquie, avec laquelle il entretient des relations fluides. "Pendant
plusieurs années, Ankara a permis à HTS d’acheminer armes et argent via
sa frontière, et va sûrement tenter de profiter de ces bonnes relations
pour faire pression sur le groupe", précise le géopolitologue.
Le nord du territoire syrien représente de fait un enjeu central pour
le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui appelle depuis plusieurs
années à la création d’une zone tampon le long de la frontière
syrienne. Cette dernière per- mettrait à Ankara de renvoyer chez eux
les près de 3 millions de Syriens réfugiés sur son territoire, et dont
la présence suscite un mécontentement croissant au sein de la
population turque. Et d’éloigner au maximum les FDS, dont les gains
territoriaux sont perçus par la Turquie comme une menace existentielle.
"Savoir-faire politique"
Désormais nouveau leader de facto de la Syrie, al Joulani répondra-t-il
aux attentes turques ? Dans un communiqué publié dimanche, l’organ-
isation islamiste a affirmé "que les Kurdes syri- ens font partie
intégrante de la société syrienne et jouissent de pleins droits communs
avec le reste de la population de ce pays".
"Rien n’est gravé dans le marbre, on peut tout à fait imaginer HTS se
distancier des intérêts d’Ankara", avance Didier Bilion. Le groupe HTS
"n’est pas un proxy de la Turquie" et al Joulani "poursuit son agenda
personnel".
À la recherche de crédibilité auprès des autres puissances
internationales, le leader "est potentiellement prêt à laisser aux
Kurdes une forme d’autonomie très relative dans le nord-est, à
condition qu’ils ne nuisent pas à l’exercice de son pouvoir". Et
pourrait également miser sur une aide financière de la communauté
interna- tionale, alors que près de 90 % de la population syrienne vit
sous le seuil de pauvreté, selon le rapport le plus récent des Nations
unies.
"Durant sa carrière, al Joulani a fait preuve d’un savoir-faire
politique et d’un certain flair. Le maintiendra-t-il devant les
responsabilités écrasantes qui deviennent désormais les si- ennes ?
Seul le temps nous le dira", conclut Didier Bilion. (La Libre Belgique,
10 décembre 2024)
26
morts lors d'une attaque de groupes pro-turcs contre
une zone
contrôlée par les Kurdes
Au moins 26 combattants ont été tués alors que des forces syriennes
soutenues par la Turquie ont lancé une offensive dans la région de
Manbij, dans le nord de la Syrie, quelques jours après avoir pris une
enclave tenue par les Kurdes.
Les combattants pro-turcs avaient déjà repris l'enclave kurde de Tal
Rifaat la semaine dernière, après que des rebelles menés par des
islamistes ont lancé une offensive éclair à la faveur de laquelle ils
sont parvenus à renverser Bachar al-Assad à Damas.
"Des factions pro-turques... ont pris de larges quartiers de la ville
de Manbij dans la campagne orientale d'Alep, après de violents
affrontements avec le Conseil militaire de Manbij," a rapporté
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le conseil est affilié aux Forces Démocratiques syriennes (FDS)
dominées par les Kurdes et soutenues par Washington qui contrôlent de
vastes régions du nord-est de la Syrie.
"Les affrontements ont fait neuf morts parmi les combattants pro-turcs
et au moins 17 parmi les membres du Conseil militaire de Manbij," selon
l'OSDH, qui dispose d'un réseau de sources en Syrie.
Les FDS ont affirmé que les conseils militaires de Manbij et de la
ville voisine d'al-Bab portaient des "coups sérieux" aux combattants
soutenus par la Turquie, évoquant des "affrontements féroces".
Les factions soutenues par Ankara ont déclaré avoir "pris le contrôle
de la ville de Manbij à l'est d'Alep après des batailles acharnées",
dans un communiqué publié sur leur chaîne Telegram.
Ces groupes ont également diffusé des vidéos de combattants déclarant
avoir pris Manbij, apparemment depuis l'intérieur de la zone.
Plus tôt dimanche, le commandant des FDS, Mazloum Abdi, a salué un
"moment historique" avec la chute du "régime dictatorial" d'Assad.
(AFP, 8 déc 2024)
DEM Party protests Turkey-backed groups’ offensive in
Syria
The pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party organized a
protest against recent offensives in Syria by the Turkey-backed Syrian
National Army (SNA) and the jihadist Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) group.
The demonstration took place in the Suruç district of Urfa province,
near Turkey’s border with Syria. Participants included Meral
Danış-Beştaş, co-spokesperson of the Peoples’ Democratic Congress
(HDK); Çiğdem Kılıçgün Uçar and Keskin Bayındır, co-chairs of the
Democratic Regions Party (DBP); Tülay Hatimoğulları, co-chair of the
DEM Party; as well as Free Women’s Movement (TJA) activists and several
members of parliament.
The group gathered in Suruç’s Aligor neighborhood before marching
toward the border, chanting slogans and clapping.
Ahead of the protest, the Governor’s Office announced a two-day ban on
demonstrations across the province.
Protest in Ankara
In addition to the border protest, DEM Party parliamentary group
leaders Gülistan Kılıç Koçyiğit and Sezai Temelli, along with several
MPs, staged a separate demonstration outside the Interior Ministry in
the capital Ankara. They protested both recent developments in Syria
and the government’s recent appointment of trustees to replace elected
officials in Kurdish municipalities.
Speaking at the demonstration, Kılıç Koçyiğit accused the government of
targeting Kurdish communities and the DEM Party through what she
described as “trustee appointments and political operations aimed at
annihilation.”
“They are trying to dictate our path with trustees and political
crackdowns,” she said. “They aim to silence us in democratic political
spaces while erasing our people’s democratic resistance against this
fascism. Let it be clear—this issue cannot be resolved through plans
drawn up behind desks.”
‘Calling for peace while provoking war’
Kılıç Koçyiğit also criticized the government’s rhetoric on peace,
claiming it contradicted its actions. “You claim to seek peace, but you
provoke war and escalate tensions in the country. Appointing trustees
to disregard the people’s will cannot be called peace. Talking about
peace while deepening isolation and targeting communities is not a path
to peace,” she said.
Turning to the situation in Syria, she condemned the government’s role
in recent military operations. “There are people celebrating the
raising of Turkish flags in Aleppo. Whose land is Aleppo? Whose city is
it? Is Turkey trying to occupy Aleppo and Syria?” she asked.
Kılıç Koçyiğit claimed that more than 300,000 people were displaced
from Afrin alone during the latest offensives and criticized Turkey’s
involvement in arming and supporting groups responsible for attacks on
Kurdish populations. “Turkey bears responsibility for any
massacres against the people in the region, especially Kurds. You
cannot feign ignorance. Who has bases in Idlib? Who has protected HTS
there? What commitments did you make in Astana? Answer these questions.
'Syris is our red line'
“Now, these groups are armed and heading toward Kurdish areas,
destroying their homes and lives while claiming there’s a distinction
between Kurds in Syria and Turkey. There is no such world. Suruç and
Kobani are one, separated only by a border. Kamışlo and Nusaybin are
the same.”
Kılıç Koçyiğit vowed to continue resisting trustee appointments and
Turkey’s actions in Syria. “We condemn the practice of trustees and
will join forces with pro-democracy movements to voice opposition
everywhere. Our co-chairs are marching to the border in Suruç today.
Let me be clear—Syria is our red line. We will not allow massacres
against the people there. We will not stand by while our people are
killed. We will fight to uphold Syria’s territorial integrity, the
rights of its people to determine their future, and the establishment
of peace in the region,” she concluded. (BIA, 4 December 2024)
Another pro-Kurdish mayor removed from
office
The Interior Ministry has suspended Ayvaz Hazır, the co-mayor of Van's
Bahçesaray district, from office following a court ruling against him.
The ministry announced that Harun Arslanargun, the district governor of
Bahçesaray, has been appointed as acting mayor in Hazır’s place.
Hazır, a member of the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy
(DEM) Party, was on Nov 29 convicted of "committing crimes on
behalf of a terrorist organization without being a member" and
sentenced to three years and 11 months in prison. He was removed from
office hours later.
Hazır denounced the decision as politically motivated, claiming, "If I
weren’t a co-mayor, I would have been acquitted." He told Mesopotamya
Agency (MA) that the conviction was imposed under external pressures,
saying, “The judge didn’t make this decision independently. It was a
result of coercion and instructions.”
Hazır emphasized that his conviction stemmed from attending a public
demonstration in his former role as a press member at the municipality,
where he took photographs. “Nine years later, after becoming co-mayor,
a political decision was made to sentence me in a case where I didn’t
expect any punishment,” he said.
The DEM Party has launched protests following Mayor Hazır’s dismissal,
with party members, co-mayors, and municipal council members staging a
vigil outside the municipal hall. They also organized a protest march
yesterday. (BIA, 2 December 2024)
SDF responds to HTS attack, “We will defend our people”
Farhad Shamî, press spokesperson for the Kurdish-led Syrian Democratic
Forces (SDF) has made a statement saying that the SDF will defend the
people against Hayat Tahrir al-Shams (HTS). HTS was formerly known as
the Al-Nusra Front.
Today, HTS entered the city of Aleppo, killing civilians and shelling
Aleppo’s university. There are increasing concerns about the safety of
the civilians in the Kurdish neighbourhoods of Eşrefiye and Shasmeqsûd
in Aleppo, and fears that the Turkey-backed Syrian National Army (SNA)
will use the cover of the HTS operation to attack Kurdish forces in
Tel-Rifaat and Ein-Issa.
Shamî stated that the attack in Aleppo was planned and coordinated by
the Turkish state. He said that, by using groups like HTS, the Turkish
state is trying to prevent peace in Syria and “realise its long-term
occupation plans”. According to Shamî, the attacks are being carried
out step by step and in an organised manner.
Farhad Shamî said that the SDF’s primary goal is to protect the people
and the region, adding, “No matter who plans what, our only duty is to
ensure the defense of our people.” (MedyaNews, 29 November 2024)
Greta Thunberg: ‘Turkey must clarify its stance on
the Kurds’
During her trip, Thunberg met with representatives of the Peoples’
Equality and Democracy (DEM) party-led Diyarbakır (Amed) Metropolitan
Municipality, and paid a visit to a radio station which had recently
been closed down by the Turkish state.
Thunberg, who inspired the Youth Strike for Climate Action
movement/Fridays for Future movement, is a long-term supporter of the
Kurdish women’s movement.
In her post, Thunberg describes the Turkish state’s systematic attacks
on nature in southeast Turkey, including exploitation by mining
companies and the decimation of forests. Ecologically destructive
policies in southeast Turkey have been linked to the systematic
marginalisation of Kurdish peoples by the Turkish state – which wants
to break Kurdish communities’ connection to the land.
Thunberg emphasised the need for autonomous governance in the Kurdish
regions of southeast Turkey. She wrote: “To build genuine bridges of
solidarity in Turkey, autonomy and self-governance for Kurdish regions
are essential. The Kurdish people deserve the right to shape their own
lives, culture, and communities.”
Voices like Thunberg’s are all the more important, as peoples’ autonomy
in southeast Turkey is currently under threat. Democratically elected
DEM Party mayors have recently been replaced by state appointed
trustees in constituencies across southeast Turkey, and in Istanbul.
“For a sustainable peace and a just future, the Kurds’ right to freedom
and autonomy must be respected and the violent attacks against
Kurdistan must end,” Thunberg emphasised.
Thunberg also made a call for justice for the thousand currently
imprisoned by Turkey.
According to Thunberg, this sustainable future can only be achieved if
Turkey clarifies its “stance on the Kurds and other minority groups by
enshrining their rights in the constitution. (MedyaNews, 28 November
2024)
Kurdish
poet İlhan Sami Çomak released from prison after 30
years
Kurdish poet İlhan Sami Çomak was released late yeserday after spending
30 years in prison.
His family members and officials from the Peoples’ Equality and
Democracy (DEM) Party were among those who greeted Çomak outside the
Marmara Prison in Silivri in the outskirts of İstanbul.
Speaking after his release, the 51-year-old poet reflected, “I had
imagined being freed on a brighter and sunnier day, seeing the light in
my loved ones’ eyes in a different atmosphere. But this is good too—I’m
free at last. From a manufactured darkness, I have arrived at a true
one.”
Çomak, who was arrested in İstanbul in 1994, and sentenced to life
imprisonment by the now-defunct State Security Court on charges of
“undermining the unity and integrity of the state.” He served time in
various prisons during his 30-year incarceration.
In August, the prison administration blocked his conditional release
after concluding that Çomak was not in "good behavior" and stated that
he had "no awareness of the crime."
After an appeal by his attorneys, the Silivri Court of Penal
Enforcement overturned the prison administration's decision, paving the
way for Çomak's release
Who is İlhan Sami Çomak?
Born in 1973 in Bingöl, İlhan Sami Çomak completed his primary and
secondary education there before enrolling in the Geography Department
at İstanbul University in 1992. His studies were interrupted when he
was detained in 1994. Çomak writes poetry not only in Turkish but also
in his native Kurdish.
Over the years, Çomak has earned several literary accolades, including
the 2019 Sennur Sezer Labor and Resistance Poetry and Story Award for
his manuscript Geldim Sana and the 2022 Metin Altıok Poetry Prize for
his collection Hayattayız Nihayet (We Are Alive at Last).
His work has been celebrated internationally, with two short films
inspired by his poetry—Anatomy of Freedom and Not Home Yet—screened at
the Venice Film Festival and Borders Art Festival in 2022. The films
were part of the “Fragmented Identities” theme.
Çomak’s poetry has been translated into English, Norwegian, Russian,
German, and Welsh. He is a member of both the Turkish PEN Writers
Association and the Turkish Writers’ Union. Additionally, he holds
lifetime honorary membership in organizations including Norwegian PEN,
Austrian PEN, PEN Cymru in Wales, Irish PEN, and Kurdish PEN.
(BIA, 27 November 2024)
Attaques de forces kurdes contre des positions
proturques en Syrie
Les forces kurdes syriennes ont attaqué lundi des positions de
combattants proturcs dans le nord de la Syrie, faisant au moins 11
morts dont des civils, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH).
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et
qui contrôlent de vastes étendues du nord-est de la Syrie, ont mené une
attaque à la bombe contre une position militaire des factions
pro-turques et une opération d'infiltration dans un poste militaire
dans deux villages de la région de Ras al-Aïn, selon l'ONG.
"Une femme, ses deux enfants et un homme ont été tués dans le
bombardement d'une position militaire
utilisée par des factions soutenues par Ankara pour des opérations de
trafic d'êtres humains vers la Turquie", a indiqué l'OSDH.
Selon la même source, "sept combattants proturcs ont été tués dans le
même bombardement ainsi que dans une opération d'infiltration menée par
les forces spéciales" des FDS dans un village proche.
Dimanche, au moins 15 combattants syriens soutenus par Ankara ont été
tués après une infiltration dans leur territoire des FDS, avait indiqué
l'Observatoire.
Les FDS, soutenues par les Etats-Unis, ont dirigé le combat contre le
groupe jihadiste Etat islamique dans ses derniers bastions syriens
avant sa défaite en 2019. Elles sont dominées par les Unités de
protection du peuple kurde (YPG), considérées par Ankara comme une
émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit.
Les troupes turques et des factions rebelles syriennes qui leur sont
fidèles contrôlent des régions du nord de la Syrie. (AFP, 25 nov 2024)
Un policier
condamné pour des violences sur un
manifestant kurde à
Marseille
Un policier marseillais a été condamné lundi à huit mois de prison avec
sursis pour avoir exercé des violences jugées illégitimes contre un
manifestant kurde deux ans plus tôt.
Aujourd'hui en poste à Bobigny, le fonctionnaire était jugé pour un
coup de poing porté au visage d'un manifestant, des violences qui
n'étaient "pas justifiées et disproportionnées" selon le délibéré du
tribunal.
Le policier a également été condamné à une interdiction d'exercer sur
la voie publique pendant un an.
Les faits s'étaient déroulés le 24 décembre 2022, au terme d'une
violente manifestation organisée à Marseille, au lendemain de
l'assassinat de trois Kurdes à Paris.
La procureure avait reconnu que le prévenu pouvait avoir fait "une
erreur de bonne foi" quand il avait cru identifier en fin de
manifestation la victime comme l'un des auteurs de jets de projectiles
sur les policiers, plus tôt dans l'après-midi.
Mais l'interpellation, si elle était justifiée selon le parquet,
n'était en rien proportionnée. Le policier se voit aussi reprocher
d'avoir dressé un faux procès-verbal d'interpellation.
Sa victime, carreleur de profession, avait subi une fracture du nez et
un "blackout", et ne souvenait pas de l'agression.
Le policier devra lui verser 4.000 euros au titre des souffrances
endurées, et 2.000 euros au titre du préjudice moral.
Ce policier avait déjà été condamné, le 31 mai par la même chambre
correctionnelle, à six mois de prison avec sursis pour des faits
similaires, cette fois-là sur un jeune couple en marge d'une
manifestation pour les retraites, une condamnation dont il a fait
appel. (AFP, 25 nov 2024)
Minorités
/ Minorities
Armenian publisher and writer Yetvart Tomasyan
laid to rest in İstanbul
Yetvart Tomasyan, a writer, publisher, and one of the founders of Aras
Publishing, was laid to rest today following a funeral ceremony. Known
affectionately as "Tomo Abi" (Brother Tomo), Tomasyan passed away on
Dec 14.
A large crowd gathered at the funeral held at the Kumkapı Mother Mary
Church for the funeral ceremony. Tomasyan was later buried at the
Zeytinburnu Balıklı Armenian Cemetery.
The ceremony was attended by Patriarch Sahag Maşalyan and other clergy
members. The sermon was delivered by Senior Priest Hovagim Seropyan,
who reflected on Tomasyan’s life.
"Everything he did was done with love," Seropyan said, adding that the
large crowd at the funeral was a testament to the impact of Tomasyan’s
work. He described him as “a man in love with his past but walking
toward the future.”
About Yetvart Tomasyan
Yetvart Tomasyan was a publisher and writer. He was one of the four
co-founders of Aras Publishing, established in 1993, alongside Mıgırdiç
Margosyan, Ardaşes Margosyan, and Hrant Dink.
He completed his early education at the Anarad Hığutyun School in
Samatya and later attended Tıbrevank High School in Üsküdar. Tomasyan
pursued higher studies at İstanbul University.
In 1971, he married Payline, whom he had met at Tıbrevank High School.
The couple had two sons, Bedros and Mihran.
Throughout his life, Tomasyan played a significant role in promoting
Armenian literature and culture, particularly focusing on amplifying
the voice of the Armenian community in Turkey. The legacy of the 1915
Armenian Genocide deeply influenced his life and work.
Tomasyan also contributed to Agos newspaper and dedicated himself to
fostering dialogue and understanding between communities through his
writings and cultural efforts.
He was born in İstanbul in 1949. (BIA, 17 December 2024)
Aleppo’s minorities express fear over an uncertain
future
The fall of the Assad regime has been celebrated all over Syria – and
the world – but the takeover by the jihadist Hay’at Tahrir al-Sham
(HTS) has sparked fears of oppression amongst minorities in Syria.
An article written by Maria Alexeeva and published by the investigative
media outlet The Insider on 9 December shares insights into the
realities of the Kurdish, Armenian and Christian minorities in Syria,
who are doubtful about HTS’ promises to protect religious and ethnic
groups in the country.
Alexeeva interviews Mohammed, a Kurdish resident from Sheikh Maqsoud in
Aleppo. He spoke about the ongoing curfew, and the HTS siege.
According to Mohammed: “the HTS is not touching people yet, trying to
save face, trying to show how progressive they are, but people don’t
believe them, because they know the past of HTS… minorities are very
scared, Kurds, Yazidis and also especially Christians who make up 10
percent of the population of Aleppo.”
“Now they want to put the West’s vigilance to sleep,” Mohammad said.
Mohammad explained that the minorities in Aleppo “fear bloodshed” but
that many are staying in their homes, because they’d “rather be killed
than leave”.
Aras Yousef of the Kurdish Peace Institute in Qamishli (Qamişlo) says
that Kurds are worried that what happened in Afrin and Serekaniye will
now happen again: “Ordinary people, civilians, want security. Some are…
against the Assad regime, some are neutral, but the main thing that all
Kurds are concerned about is how to avoid the carnage that happened in
Afrin and Serekaniye.”
Thousands have fled from Aleppo to the regions under the control of the
Autonomous Administration of North and East Syria (AANES), and tent
camps have been set up near the Tabqa Dam on the Euphrates river.
The conditions in these emergency camps are dire, and in early December
a four-month-old baby named Noa Mohammad Rasho – whose family were
forced to leave Shahba – froze to death in a camp in Raqqa.
At least two Yazidi Kurds have been murdered while fleeing. According
to The Insider: “Ahmed Hassou, from the village of Kibar, died while
trying to flee the town of Tel Rifat towards Afrin. His wife sustained
gunshot wounds and was hospitalised. And on 29 November, Mamdouh Bakr
Osman was killed near Aleppo. His family stated that three gunshot
wounds were found on his body.”
There also are reports from the Syrian Democratic Forces (SDF) of
hundreds of Kurdish civilians being kidnapped by Turkish-backed
mercenaries while they tried to flee. The Insider states that these
refugees were “stopped” in their cars, and then “driven in an unknown
direction”.
In Damascus, according to The Insider piece, most people celebrated the
fall of Assad’s regime, but there is still a lot of uncertainty about
the future. Additionally, there are reports emerging about robberies by
HTS fighters.
Many people’s biggest concern is the Turkey-backed Syrian National Army
(SNA). According to Mohammed, the SNA, which is now committing
massacres in northern Syria, has “more than 30 groups fighting within
their ranks, many of which are known for their atrocities and are
officially recognised as terrorist in the US and other states”.
Aras Yousef told The Insider about the fate of Kurdish refugees from
the Afrin region, which was invaded by Turkey in 2018, saying that
displaced people from Afrin make up most of the population of the
Sheikh Maqsoud and Ashrafiyah neighbourhoods in Aleppo. Up to 200,000
refugees from Afrin were living in the Shahba Camp north of Aleppo and
have now been forced to flee again, after being attacked by the SNA and
the Turkish Army.
Many of Aleppo’s Christians have reportedly now fled to the Kurdish
controlled neighbourhoods. But, for the moment at least, HTS are
allowing church services in Aleppo to take place. One Syrian-Armenian
woman from Aleppo said: “We heard opposition fighters telling locals:
don’t be afraid, we are not against you, our actions are against the
Syrian government, and your life will be better.” But Christians are
still worried for the future.
Up to 10,000 Armenians remain in the territory under the control of
HTS, according to Zare Sinanyan, Chief Commissioner for Diaspora
Affairs of the Republic of Armenia. The Armenian Diaspora
representative Maria Ibrahim called the HTS’ offensive a “Turkish
occupation”.
“We can’t imagine life under Turkish rule,” an Armenian student from
Aleppo told The Insider. “We are scared and unsure of what could happen
tomorrow.”
“Nothing bad has happened in the city so far. Electricity has been
given more often, which is good. The lights are on several times a day
for longer periods of time. But these are such small things compared to
the possible massacres that everyone is talking about,” another
Armenian woman explained.
The Armenians interviewed were worried about their identity, their
language and their safety. One interviewee said: “We don’t know what
might happen later, especially since we are Armenian and the opposition
groups are backed by Turkey… What will happen to our Armenian schools,
our language? Maybe in a month they will demand that women wear the
hijab or forbid to speak Armenian, to teach it in schools. Maybe they
will force us to learn Turkish or involve our youth in military
service.”
The people interviewed by The Insider were deeply sceptical about the
positive statements being reported in the media by Aleppo’s Armenian
Christians. Many say that people are scared to speak out honestly in
public. (medyanews, 13 décembre 2024)
Une soirée de tristesse, de joie et d’anxiété avec les
amis arméniens…
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 2 décembre 2024)
Alors que
nous honorions la mémoire du fondateur de l'Association des
opposants au génocide, Ali Ertem, qui nous a quitté il y a trois ans,
les informations relatives à de nouvelles menaces de génocide
arrivaient de Syrie…
C’est aujourd’hui le
troisième anniversaire du décès d’Ali Ertem, l’un
des membres les plus cultivés et combatifs de l’immigration de Turquie
et fondateur de l’Association des opposants au génocide… Samedi soir,
nous nous sommes réunis à l’occasion d’une soirée organisée par
l’Association des Arméniens démocrates de Belgique pour honorer la
mémoire de cette personnalité exceptionnelle élevée sur le sol
anatolien et mieux connaître sa lutte et l’organisation qu’il a créée.
Ali Ertem, tout comme Doğan Akhanlı que nous avons perdu la même année,
était un de nos camarades ayant lutté sans relâche non seulement pour
la démocratisation et la liberté de nos peuples en Turquie, mais aussi
pour la reconnaissance des génocides et pogroms commis depuis l’Empire
ottoman et poursuivis de manière systématique même durant les périodes
relatives de « démocratisation » du régime républicain.
Nous avions participé avec lui à des réunions contre le négationnisme
dans diverses villes d’Europe et avions partagé nos expériences et nos
connaissances. De plus, en 2017, il avait rendu visite aux Ateliers du
Soleil avec son épouse bien-aimée et camarade de lutte Selay Ertem,
fait connaissance avec nos amis et suggéré de nouvelles perspectives de
lutte contre le négationnisme.
Ali Ertem naquit en 1950 dans une famille croyante du village de Göllü
dans le district de Koçhisar. Après avoir entamé des études primaires
en suivant des cours de coran, il termina ses études secondaires dans
les grandes villes et travailla comme apprenti dans différentes
entreprises. En 1964, suite à une annonce des Charbonnages de la Ruhr,
il vint en Allemagne pour y suivre une formation d’apprenti
électricien, tourneur et mineur, et après trois ans et demi de
formation, commença sa vie de travailleur migrant.
Le processus de reconnaissance du fait génocidaire par
l’immigrant Ali Ertem
Dans le livre intitulé « Des racines dans l’air : génocide et traces de
vie » de Heide Rieck et Azad Ordukhanyan, Ali Ertem a décrit comme suit
son implication dans le mouvement de gauche et la lutte contre le
négationnisme :
« J’ai commencé à vivre les plus grands changements dans ma vie après
mon déménagement dans la résidence étudiante de la Girondelle 78 à
Bochum. Ma vie de gauche a débuté en écoutant les poètes populaires
comme Ruhi Su, Aşık İhsani et Aşık Mahsuni Şerif et en lisant les
poètes comme Nazım Hikmet, Hasan Hüseyin et Bertold Brecht. J’ai vécu
une rupture radicale avec la croyance religieuse. Je n’avais jamais
imaginé qu’il me faudrait des années pour digérer l’« accusation » que
les Turcs avaient commis un génocide contre le peuple arménien lors
d’une discussion que nous eûmes avec Mihran Dabak dans notre cuisine
commune. Alors que j’avais intégré beaucoup de nouvelles connaissances
au cours de mes dizaines d’années de vie de gauche, que j’avais lu un
nombre important d’œuvres fondamentales du marxisme et que j’avais
appris suffisamment sur l’histoire des mouvements révolutionnaires en
Russie, en Chine, en Albanie et à Cuba pour le « raconter » à d’autres,
j’ai réalisé bien tard que j’ignorais tout de notre propre histoire
récente.
« Depuis le moment où je pris conscience de ce fait jusqu’aux jours où
j’exhortai le parti de gauche dans lequel je militais de reconnaître
les crimes de génocide commis contre l’humanité, je n’avais pas encore
une totale clarté d’esprit. Les camarades « dirigeants » éludèrent le
sujet en expliquant que cette question était devenue de l’histoire
ancienne, que ni le génocide ni la question arménienne ne constituaient
un obstacle à la lutte de classes, qu’il nous fallait nous concentrer
sur la lutte révolutionnaire pour la résolution de tous les problèmes
et que la tentative d’inverser la roue de l’histoire était une attitude
réactionnaire. Dès ce moment, je pensais qu’il était temps de sortir la
tête du sable, d’apprendre avec patience et rester fidèle aux idées que
je défendais avec ma véritable identité. J’étais conscient que, même
seul, je devais me préparer au processus difficile qui faisait face à
moi.
« J’ai commencé à examiner les travaux sur le génocide des Arméniens.
Johannes Lepsius, Yves Ternon, Fridtjof Nansen, Vahakn Dadrian, Franz
Werfel, Tessa Hofmann, Wolfgang Gust et bien d’autres recherches,
articles et biographies m’ont aidé à élargir mes horizons sur ce sujet.
J’ai acquis de précieuses connaissances des révolutionnaires allemands
sur le sujet, en particulier sur la lutte contre l’Holocauste et
l’antisémitisme. J’ai suivi avec attention les manifestations de
commémoration organisées pour le 24 avril, les discours tenus et les
revendications concrètes exposées. À chaque fois, j’ai obtenu de
nouvelles informations qui m’ont motivé. Au cours de ces 20 ans
d’examen de conscience, j’ai appris que je n’avais aucun droit
d’attendre quoi que ce soit de qui que ce soit sur un sujet que je
n’avais pas résolu dans ma propre conscience. »
C’est avec cette détermination qu’Ali Ertem et ses amis se réunirent le
26 septembre 1998 et fondèrent l'Association des opposants au génocide
(SKD)… La SKD poursuit depuis 26 ans sa lutte sans concession contre le
négationnisme à travers ses publications, communiqués et réunions
qu’elle organise ou auxquelles elle participe.
La semaine passée, lors de la soirée de célébration des 50 ans des
Ateliers du Soleil, l’un des cadeaux d’anniversaire les plus précieux
vint de la bonne nouvelle apportée par nos amis arméniens de la venue,
deux jours plus tard, de l’épouse d’Ali Ertem, Selay Ertem, avec trois
autres de ses camarades de lutte, pour faire connaître son histoire et
son combat.
C’est dans le nouveau local, situé près de l’aéroport de Zaventem, de
nos amis arméniens avec lesquels nous menons une lutte commune très
large depuis près de 40 ans à Bruxelles, tout comme avec les amis
assyriens et kurdes, que nous avons rencontré Selay Ertem, l’écrivain
Mesut Ethem Kavallı, Erhan Gündüz et Döne Gündüz. Ceux-ci nous ont
renseignés sur la personnalité d’Ali Ertem, ainsi que sur la fondation
et le combat de l'Association des opposants au génocide.
Mesut Ethem Kavallı nous a également présenté les livres intitulés «
Geçmişle Yüzleşirken - Eksik Kalmış Hikayeler (En faisant face au passé
– Des histoires incomplètes) » et « Seni Ararken (En te cherchant) »
qu’il a écrits sur les génocides arménien et pontique.
Les dirigeants de l’Association des Arméniens démocrates de Belgique,
le Dr. Bogos Mouradian et l’écrivain Hovsep Hayreni, ont souligné leur
plein accord avec l'Association des opposants au génocide, non
seulement sur la reconnaissance des génocides, mais aussi sur la
solidarité de toutes les forces démocratiques qui visent à défendre le
respect des droits humains et l’égalité des peuples.
En ouverture de la soirée, le concert du virtuose du duduk Vartan
Hovanissian et des mélodies arméniennes chantées par Devrim Kavallı
était vraiment fascinant.
L’un des moments les plus émouvants de la soirée fut la remise aux
dirigeants de l'Association des opposants au génocide par Bogos et
Hovsep du portrait d’Ali Ertem réalisé par le peintre-sculpteur Nerses
Vardanyan.
Les sombres nouvelles venant d’Alep lors de cette soirée
triste et enjouée…
Alors que nous discutions avec nos amis arméniens pendant la pause de
cette soirée exceptionnelle, nos yeux étaient rivés sur les
informations qui affluaient les unes après les autres en provenance de
Syrie sur nos écrans de téléphones portables… Les agences de presse
rapportaient la prise de contrôle d’une « grande partie » d’Alep, la
deuxième ville du pays, par le groupe djihadiste du Hayat Tahrir
al-Cham (Organisation de Libération du Levant) et l’Armée nationale
syrienne soutenue par la Turquie.
Les mêmes sources rapportaient que l’Armée nationale syrienne avait
aussi profité de l’occasion pour attaquer les Forces démocratiques
syriennes dont l’épine dorsale est constituée par les forces kurdes en
Syrie…
De plus, les Arméniens qui occupent une place importante, tant au
nombre qu’en qualité, dans la population d’Alep, s’apprêtaient à
quitter la ville pour ne pas devenir les victimes d’un nouveau génocide
face à cette attaque et cette occupation terroristes racistes
islamistes et turques.
En regardant ces informations, ma mémoire m’a d’abord ramené à l’époque
où, il y a quatre ans de cela, l’Armée nationale syrienne, sous le
commandement d’Ankara, participait avec les unités turques à
l’opération de massacre contre les Arméniens lors de l’invasion du Haut
Karabagh par l’armée azerbaïdjanaise.
Dès que je rentrai chez moi pour m’asseoir devant l’ordinateur, je
remontai 109 ans en arrière pour voir qu’Alep était l’une des «
nouvelles patries » les plus importantes de la nation arménienne qui
avait pu se sauver lors du génocide de 1915. Malheureusement, un siècle
plus tard, avec le commencement de cette nouvelle conquête islamiste en
Syrie, les Arméniens d’Alep avaient commencé à quitter cette nouvelle
patrie pour éviter un « génocide ».
Les éditions Aras, œuvre du bien-aimé Hrant Dink, l’un des dernières
victimes du génocide des Arméniens en Turquie, expliquaient il y a 6
ans d’ici dans un long article intitulé « Ce qui arrive aux Arméniens
qui fuient Alep est un deuxième génocide » :
« Une population que la guerre en Syrie affecte profondément sont les
Arméniens… Les Arméniens qui ont réussi à échapper au génocide il y a
un siècle et ont construit une nouvelle vie à Alep pour panser leurs
blessures, revivent l’histoire avec la guerre en Syrie. Contraints de
quitter leurs foyers, les Arméniens choisissent de se rendre soit en
Arménie, soit au Liban soit dans les pays occidentaux. La Turquie, qui
se trouve de l’autre côté de la frontière, n’est pas sur leur route.
Parce que la Turquie, du point de vue de leur histoire, touche une tout
autre blessure. Les terres où se trouvent leurs racines familiales
n’évoque pour eux plus que le seul souvenir du génocide. »
L’article comprend une longue interview du journaliste Serdar Korucu,
qui a rassemblé ses entretiens avec des Arméniens ayant fui Alep pour
se rendre en Arménie dans son livre intitulé « Halepsizler (Les
orphelins d’Alep) ».
En fait, les Arméniens ont une longue histoire enracinée en Syrie qui
remonte au XIe siècle. Ceux qui ont fui l’occupation seldjoukide de
l’Arménie se sont installés dans le nord de la Syrie et ont construit
leurs quartiers à Antakya, Alep et Antep. L’effondrement du Royaume
arménien de Cilicie a entraîné un nouvel afflux de population vers la
ville d’Alep au nord, au début du XIVe siècle.
Les survivants du génocide des Arméniens de 1915 en Turquie ont été
déportés dans les déserts de Deir el Zor, dans l’est de la Syrie, où la
plupart sont morts. Une partie des rescapés ont émigré au Liban, en
Égypte ou vers l’Occident, tandis que des milliers se sont établis dans
le centre commercial du pays à Alep, dans la capitale Damas et dans les
provinces de Hassaké, Rakka et Lattaquié, au nord. Rien qu’à Alep, neuf
écoles ont été ouvertes, constituant un important centre
d’apprentissage et culturel tant pour la communauté arménienne de Syrie
que pour toute la diaspora au Moyen-Orient. Bien qu’étant une minorité
religieuse et ethnique, les Arméniens sont représentés au Parlement
syrien et sont impliqués dans tous les domaines de la vie sociale du
pays.
Nouvelles menaces de génocide, 109 ans après 1915
Aujourd’hui, le peuple arménien de Syrie, est la cible de nouvelles
versions du génocide qui, le siècle précédent, a massacré leurs
ancêtres sur le territoire de la Turquie, tant dans le Caucase qu’en
Syrie.
Le journaliste Serdar Korucu, qui a interviewé des Arméniens forcés
d’émigrer en Arménie, explique dans son entretien à Aras les raisons
pour lesquelles ils qualifient les derniers développements de « Second
Génocide » :
« Il est très naturel pour eux de penser cette situation comme un «
génocide ». Parce que le processus de génocide qui s’est déroulé il y a
un siècle les a marqué à tel point qu’elle leur revient à l’esprit à
chaque désastre. Nous pouvons en voir un exemple dans les évènements
des 6-7 septembre (1955) à Istanbul. À ce moment-là, les Arméniens
qualifient également ce qu’ils ont vécu de « génocide ». Parce que la
première chose ressentie est le retour du génocide. Et l’une des
raisons est le grand traumatisme qu’ils ont vécu. Il y a plein de
données qui les amène à ressentir un génocide. Avec la destruction par
Daesh du monument au Génocide des Arméniens à Deir el Zor à l’occasion
du 100e anniversaire du génocide des Arméniens en 2015, ils comprennent
clairement qu’une grande menace pèse sur eux.
« Par exemple, durant la guerre, le quartier arménien était devenu une
frontière. Il y a un quartier arménien entre les groupes d’opposition
et les forces d’Assad. Chaque bombe larguée tombe sur le quartier
arménien. Elles ont endommagé des églises et des bâtiments et fait un
grand nombre de victimes. Cela laisse naturellement un traumatisme sur
les gens. Il est tout-à-fait normal qu’ils considèrent cela comme un
génocide. Ce sont les Arméniens qui ont été expulsés et déplacés par le
génocide. Ils ont survécu grâce à leur instinct de survie et leur
chance. Ce qui est important avec ces familles, c’est que leurs enfants
et petits-enfants qui ont grandi avec le souvenir du génocide ont à
nouveau vécu cela. Cela nous rappelle tout de même un nouveau génocide
».
Alors que je partage avec vous ce nouveau drame de la nation
arménienne, les nouvelles parviennent selon lesquelles l’épiscopat
arménien d’Alep a décidé de ne pas organiser de service religieux dans
les églises ce dimanche et a averti le peuple arménien de ne pas sortir
en rue…
Et sur le site de Nouvelles d’Arménie, ce cri du cœur de notre chère
amie, présidente fondatrice de la Fédération européenne arménienne pour
la Justice et la Démocratie (FEAJD), Hilda Tchoboïan : « Je ne sais
pas comment dire. Une communauté arménienne entière, celle de la Syrie,
tombe dans les mains des Djihadistes, avec toutes les conséquences
horribles qu’on imagine, et autour de nous, on ne voit que « business
as usual ». À Alep, ma ville natale, l’armée régulière a quitté les
lieux abandonnant les civils devant l’avancée des terroristes. Le
Consulat d’Arménie a été évacué sans en avertir les responsables de la
communauté. Les Arméniens sont murés chez eux dans l’attente… de quoi ?
Que les Djihadistes sanguinaires (proxi de la Turquie) viennent les
égorger ? C’est l’horreur qui recommence ».
Oui, 109 ans après le génocide de 1915, nos amis arméniens sont
confrontés à la menace de nouveaux génocides dans les régions du sud et
de l’est de la Turquie.
Je souhaite du succès dans leur lutte, tant à l'Association des
opposants au génocide qu’à l’Association des Arméniens démocrates de
Belgique, ainsi qu’à toutes les organisations démocratiques avec
lesquelles nous unissons nos forces.
Traduction: Mazyar KHOOJINIAN
Rabbin
tué aux Emirats: les trois suspects ont été
arrêtés en Turquie
Les trois principaux suspects du meurtre d'un rabbin israélo-moldave
aux Emirats arabes unis ont été arrêtés en Turquie, ont indiqué mardi à
l'AFP des sources sécuritaires turques.
Les Emirats arabes unis avaient annoncé dimanche l'arrestation de trois
hommes, sans en préciser le lieu ni les circonstances.
Les autorités émiraties, qui ont indiqué lundi que les suspects étaient
de nationalité ouzbèke, ont remercié mardi la Turquie pour sa
coopération dans leur arrestation, sans fournir plus de détails.
"Les meurtriers du rabbin Tzvi Kogan (...) ont été arrêtés lors d'une
opération secrète menée par l'Organisation nationale de renseignement
et la police turque", ont affirmé mardi soir des sources sécuritaires
turques, précisant que les trois hommes avaient été interpellés à bord
d'un taxi peu après avoir atterri à Istanbul.
Les suspects ont été extradés dans la foulée vers les Emirats arabes
unis, a-t-on appris de mêmes sources.
Le meurtre du rabbin israélo-moldave, dont les circonstances n'ont pas
été rendues publiques par les autorités émiraties, a été qualifié
d'"acte odieux de terrorisme antisémite" par le gouvernement israélien.
Le corps de Tzvi Kogan, 28 ans, a été retrouvé sans vie dimanche aux
Emirats, où il était installé avec sa femme, trois jours après sa
disparition. (AFP, 26 nov 2024)
Politique
intérieure/Interior Politics
Erdogan gagnant ou perdant de l’échiquier syrien?
Ragip Duran, TVXS.GR, 16 décembre 2024
Faut-il d’abord rappeler que la position géostratégique de la Turquie
est déjà assez explosive. Au beau milieu des Balkans, du Moyen-Orient
et des Caucases ce pays est encerclé des bombes à retardement des
trois côtés. A l’intérieur, il y a déjà une grande usine de dynamite.
La géographie étant le destin des pays et des sociétés, là-bas, il est
presqu’impossible d’imaginer une société pacifique et une région en
pleine stabilité.
Depuis la chute du régime Assad en Syrie, 911 km de frontière commune
avec la Turquie, même l’homme de la rue à Istanbul passe pour un grand
spécialiste du Moyen-Orient, de l’Islam radical, de l’impérialisme
américain…etc…
Les médias du pouvoir font la fête: “Assad est renversé, car il a
refusé de faire la paix avec Erdogan”, “Désormais, c’est Ankara qui
fait le jeu”, “Alep est une ville turque depuis des millénaires”.
Tous les gouvernements turcs ont, depuis la création de la République
en 1923, un dogme, c’est-à-dire une obsession anti-kurde à l’intérieur
du pays et dans la région. L’anecdote sur les deux condamnés à mort,
l’un turc l’autre kurde explique bien ce blocage. Le bourreau demande
aux deux condamnés leurs derniers vœux: le kurde dit, “Je veux voir ma
mère”. Le turc retroque “Je veux que le kurde ne voit pas sa mère
!”.
Une grande partie de l’opposition turque estime qu’il s’agit d’un
complot américain pour réaliser les plans du “Projet du Grand
Moyen-Orient”. “Après l’Irak, Washington divisera la Syrie,
troisième
objectif sera l’Iran et viendra le tour de la Turquie. Ils veulent
créer le Kurdistan, entité pro-américaine et pro-Israël” écrit M. Ali
Guller, chroniqueur du quotidien Kémaliste, Cumhuriyet (23.300 copies
par jour, au 21ème rang parmi les 31 quotidiens nationaux).
Les islamistes et la majorité des musulmans purs et durs sont en
général des gens très calmes, sûrs d’eux-mêmes, presque indifférent à
tout et n’ont aucun souci et aucune réaction devant les séismes, les
incendies, les catastrophes politiques et naturelles. Car, selon eux,
tout est l’œuvre d’Allah et on ne peut pas changer le train de vie,
déjà décidé par le Haut. Il en est de même concernant les Kémalistes et
divers types de “gauche très anti-impérialiste”. “Tout est décidé et
exécuté par Washington. Tout ce qui est contre nous sont des valets des
américains” disent-ils.
Le Président du Parti Républicain du Peuple, principale formation de
l’opposition, M. Ozgur Ozel, a déclaré, deux jours avant la fuite
d’Assad que “le Président Erdogan doit parler avec son homologue
syrien”. L’opposition turque avait toujours apprécié “Le Boucher de
Damas” car il est laïc.
La réalité politique sur le terrain syrien est bien entendu beaucoup
plus complexe et imprévisible que les affirmations des pseudo-stratèges
turcs.
* Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de Libération du Levant),
nouveaux maîtres de Damas, qui veut faire croire qu’il a changé de
veste (De l’İslam radical à l’Islam modéré) est en conflit avec l’Armée
Nationale de Syrie (ANS, front militaire des islamistes de plusieurs
pays créée, formée et financée par Ankara). HTC se prépare à diriger le
pays alors que l’ANS poursuit ses attaques militaires contre les Kurdes
et pille les richesses du pays là où ils peuvent.
* Faut-il remarquer que les capitales occidentales ont également changé
de veste à propos de HTC. Auparavant, cette organisation était déclarée
terroriste, le chef de HTC était recherché partout (On l’a vu récemment
sur les écrans de la chaîne de TV américaine CNN İnternationale!) alors
que maintenant la diplomatie americano-europénne parle de “travailler
ensemble avec la nouvelle administration syrienne pour rétablir la paix
et la stabilité”.
* FDS (Forces Démocratique de Syrie), armée de 100 milles soldats
dirigée par les Kurdes au nord et nord-est du pays désire avoir de
bonnes relations avec HTC. FDS a un autre avantage : Elles sont
publiquement soutenues militairement et politiquement par Washington.
Israël, également, veut avoir de bonnes relations avec les Kurdes de
Syrie.
* Erdogan croit qu’il est un des gagnants du jeu syrien, car Assad est
renversé et l’Iran ne pèse plus, Moscou serait hors du jeu. Mais Ankara
ne s’entend pas bien avec Israël, seul gagnant pour le moment et les
Etats Unis gagnant probable à long terme.
* Ankara croit que la majorité des réfugiés syriens résidant en Turquie
(plus de 6 millions selon les estimations non-officielles) rentreront
en Syrie. Les spécialistes précisent que ces réfugiés préfèrent encore
et toujours rester en Turquie, où ils sont relativement bien traités au
lieu de rentrer en Syrie où l’Etat est presque complètement détruit. De
plus, personne, aujourd’hui, ne peut prévoir le futur proche de Damas.
* L’Islam politique a été battu en Egypte en juin 2014, dix ans après,
ce fut le Hamas en Palestine et Hezbollah au Liban qui ont reçu des
coups sévères. L’Islam politique en Turquie, représenté par le parti au
pouvoir d’Erdogan a perdu cette année les élections locales. Mais le
HTC, issu d’Al-Qaida a saisi le pouvoir en Syrie. Il sera désormais
obligé de lutter contre les autres fractions de l’Islam politique pour
pouvoir sauvegarder et consolider son pouvoir.
Finalement, Erdogan est peut-être à court terme un des gagnants, mais à
moyen et à long terme, il risque de faire partie de la liste des
régimes perdants. Et cela, indépendamment de sa propre volonté, car au
Moyen-Orient Ankara n’est pas au volant. Il est assis sur le strapontin
dans la voiture conduite par le chauffeur Trump et son assistant
Netanyahu. Les Kurdes sont pour le moment les voyageurs privilégiés de
la voiture.
Un ancien maire condamné à 16 ans de
prison pour un immeuble effondré
lors du séisme
Un ancien maire et promoteur immobilier a été condamné à 16 ans et
trois mois de prison en Turquie pour l'effondrement d'un immeuble lors
du séisme meurtrier de février 2023, ont rapporté les médias turcs.
La cour a condamné Okkes Kavak pour avoir "causé la mort ou des
blessures à plus d'une personne par négligence consciente" pour
l'effondrement d'un immeuble dont il était le promoteur et où 26
personnes ont péri à Nurdagi, dans le province de Gaziantep, au sud-est
de la Turquie.
La cour lui a également reproché d'avoir eu recours à des documents
falsifiés pour obtenir le permis de construire.
Promoteur avant d'être élu maire de Nurdagi, Okkes Kavak est aussi
poursuivi pour l'effondrement d'un autre immeuble où 36 personnes ont
perdu la vie.
Nurdagi a été gravement endommagé lors du séisme de magnitude 7.8 qui a
dévasté le sud du pays en février 2023 causant la mort de plus de
53.000 en Turquie et plus 6.000 au moins en Syrie voisine. (AFP, 5 déc
2024)
Forces
armées/Armed Forces
Cinq civils tués dans des frappes de "drone turc" en
Syrie
Cinq civils ont été tués dans des frappes de "drone turc" dans le
nord-est de la Syrie, a rapporté samedi une ONG, au lendemain de la
mort de deux journalistes kurdes dans des circonstances similaires.
Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, Ankara soutient une
offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent une
partie du nord de la Syrie.
"Deux civils, une femme et un membre d'un parti politique, ont succombé
à leurs blessures, portant à cinq le nombre de personnes tuées samedi
par des frappes de drone turc" près de la localité de Tal Brak, dans la
province de Hassaké, a déclaré l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (OSDH).
"L'occupation turque a visé avec une frappe de drone une voiture sur
une route reliant la ville d'Al-Hawl à Tal Brak (...) tuant trois
civils", a indiqué plus tôt l'agence de presse kurde en Syrie Hawar.
"Ce crime fait partie d'une série de violations flagrantes du droit
international et des droits de l'Homme qui interdisent de prendre pour
cible des civils", ont affirmé de leur côté les Forces de sécurité
intérieure kurdes dans un communiqué.
Deux autres civils ont péri dans une autre frappe turque dans le même
secteur, selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose
d'un vaste réseau de sources dans le pays.
Un drone turc a également ciblé des silos de blés au sud-ouest de la
ville de Kobané, près de la frontière turque, ont indiqué les Forces
démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), "détruisant une
grande quantité des stocks".
Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de
l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie, qui a
éclaté en 2011, pour proclamer une "région fédérale" dans le nord.
La Turquie, qui soutient le nouveau pouvoir syrien après la chute
d'Assad, estime que les FDS, qui contrôlent les zones semi-autonomes,
sont une émanation de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), séparatiste.
Elle dit que son armée se tient prête pour une possible opération à
l'"est de l'Euphrate" tant que les FDS ne "déposeront" pas les armes.
Mais l'armée turque insiste sur le fait qu'elle ne cible jamais les
civils mais uniquement des groupes terroristes.
Vendredi, deux journalistes turcs d'origine kurde avaient également été
tués par des frappes de "drone turc" près la ville de Kobané, dans le
nord, selon l'association des journalistes turcs Dicle Firat, l'agence
de presse turque pro-kurde Mezopotamya et Hawar.
L'OSDH a par ailleurs rapporté samedi la mort de 14 combattants
proturcs dans de "violents combats" avec les FDS près du barrage de
Tichrine sur l'Euphrate, dans le nord du pays. (AFP, 21 déc 2024)
Syrie:
l'armée turque poursuivra ses préparatifs
jusqu'à ce que les combattants kurdes "déposent les armes"
L'armée turque "poursuivra" ses préparatifs à la frontière
turco-syrienne jusqu'à ce que les combattants kurdes du Nord syrien
"déposent les armes", a affirmé jeudi le ministère turc de la Défense.
"La menace contre nos frontières (...) persiste. Nos préparatifs et nos
mesures dans le cadre de notre lutte contre le terrorisme se
poursuivront jusqu'à ce que l'organisation terroriste PKK/YPG dépose
les armes et que ses combattants étrangers quittent la Syrie", a
déclaré à la presse turque un porte-parole du ministère, Zeki Akturk.
"Nous pensons que la nouvelle administration syrienne et l'Armée
nationale syrienne (une faction proturque, NDLR), ainsi que le peuple
syrien, libéreront les régions occupées", a-t-il ajouté en visant le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection
du peuple kurde (YPG), considérées comme une extension du PKK par
Ankara.
Groupe armé classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, le
PKK mène depuis 1984 une guérilla contre l'Etat turc, qui cherche à
éloigner le plus possible les combattants kurdes de son territoire et
de ses frontières.
Selon des observateurs, Ankara et des groupes proturcs menacent de
lancer un assaut sur Kobané, une ville syrienne tenue par des forces
dirigées par des combattants kurdes, à la frontière turque.
Entre 2016 et 2019, la Turquie, membre de l'Otan, a mené trois
opérations d'envergure dans le nord de la Syrie, visant à la fois l'EI
et les YPG.
La Turquie, qui occupe, depuis ces opérations terrestres, des zones du
territoire syrien, y dispose toujours de 16.000 à 18.000 soldats, a
affirmé mardi Ömer Çelik, le porte-parole du parti islamo-conservateur
AKP du président Recep Tayyip Erdogan. (AFP, 19 déc 2024)
En Syrie,
la Turquie veut étendre la zone tampon en
repoussant les forces kurdes
Encouragé par le changement de pouvoir à Damas, le président turc,
Recep Tayyip Erdogan, grand protecteur de la rébellion syrienne, a
profité de la nouvelle donne pour lancer les rebelles proturcs de
l’Armée nationale syrienne (ANS) à l’assaut de plusieurs villes du
nord-est de la Syrie qui étaient contrôlées jusqu’ici par les forces
kurdes. Chassés de Tall Rifaat dimanche 8 décembre, de Manbij le
lendemain, les combattants kurdes sont désormais menacés d’être boutés
hors de Kobané par les supplétifs turcs. Mardi 10 décembre, des
dizaines de frappes aériennes ont visé la région de Kobané, où l’ANS
bénéficie du soutien des avions de combat et des drones armés turcs.
A l’opposé des rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC),
qui se sont efforcés, durant leur offensive éclair à travers la Syrie,
de ménager les populations civiles, privilégiant la négociation pour
faire sortir les combattants kurdes de l’aéroport d’Alep que ces
derniers contrôlaient, l’ANS a semé le chaos dans les villes conquises.
« En ce moment, des milliers de personnes fuient Kobané par peur de
l’Armée nationale syrienne affiliée à la Turquie. Une peur bien plus
grande que celle inspirée par Hayat Tahrir Al-Cham, qui jusqu’ici n’a
commis aucune violation, massacre ou attaque contre les civils. A
l’inverse, l’ANS reçoit ses directives de l’Etat turc, et elle procède
à l’élimination des Kurdes », a souligné Ahmad Arag, le secrétaire
général de l’Alliance nationale démocratique syrienne, joint par
téléphone mardi à Alep, dans le nord de la Syrie.
Soutenus par les Etats-Unis pour leur rôle dans la lutte contre
l’organisation Etat islamique (EI), les combattants kurdes, qui
administrent une vaste zone dans l’est de la Syrie, apparaissent comme
les perdants de la nouvelle donne. L’offensive de l’ANS correspond en
tous points au plan élaboré depuis des années par Recep Tayyip Erdogan,
avide de repousser les Kurdes le plus loin possible de la zone
frontalière. Le président turc s’est d’ailleurs réjoui, lundi, des
succès de ses supplétifs sur le terrain, accusant les Kurdes syriens de
chercher à « transformer le chaos en opportunité »
L’Armée nationale syrienne, groupe de rebelles affidés à la Turquie
Ankara peut se frotter les mains. Sans avoir déployé un seul soldat
supplémentaire sur le théâtre des opérations du nord de la Syrie, le
gouvernement turc est sur le point de voir se réaliser deux de ses plus
anciens vœux : étendre son champ d’action au-delà des zones contrôlées
par son armée, principalement dans les régions frontalières, et voir
reculer les forces kurdes syriennes, liées au Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK) turc.
En moins d’une semaine, l’offensive spectaculaire, lancée le 27
novembre, du groupe islamiste radical Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) en
coordination avec ses alliés soutenus par la Turquie, a permis aux
rebelles syriens de quasiment doubler le territoire qu’ils contrôlent
en s’emparant d’Alep, la deuxième ville du pays, poussant vers le sud
leur offensive jusqu’aux portes de Hama et reprenant, au nord,
l’enclave stratégique de Tall Rifaat, contrôlée par les Kurdes. Cette
dernière prise, obtenue dimanche par les combattants de l’Armée
nationale syrienne (ANS), un groupement de milices pro-turques, éclaire
l’étroitesse des relations entre Ankara et cette coalition de rebelles
longtemps rivale de HTC. Elle révèle aussi l’efficacité avec laquelle
la Turquie a su naviguer dans les complexités régionales.
Pendant des années, le pouvoir turc a été le principal soutien des
groupes d’insurgés qui se sont soulevés contre le président Bachar
Al-Assad en 2011. La volonté d’empêcher les militants kurdes de se
masser à la frontière turque et celle de stabiliser le nord du pays
pour y renvoyer les réfugiés syriens installés sur son territoire ont
été les moteurs de cette politique d’intervention du président Recep
Tayyip Erdogan en Syrie. Avec, comme point d’orgue, l’occupation des
régions du Nord syrien, à partir d’août 2016, par les forces armées
turques et leurs supplétifs de l’ANS. (Le Monde, 11 décembre 2024)
World’s top arms producers see revenues
rise on the back of wars and
regional tensions
Arms revenue increases were seen in all regions, with particularly
sharp rises among companies based in Russia and the Middle East.
Overall, smaller producers were more efficient at responding to new
demand linked to the wars in Gaza and Ukraine, growing tensions in East
Asia and rearmament programmes elsewhere.
In 2023 many arms producers ramped up their production in response to
surging demand. The total arms revenues of the Top 100 bounced back
after a dip in 2022. Almost three quarters of companies increased their
arms revenues year-on-year. Notably, most of the companies that
increased their revenues were in the lower half of the Top 100.
Six of the Top 100 arms companies were based in the Middle East. Their
combined arms revenues grew by 18 per cent to $19.6 billion. With the
outbreak of war in Gaza, the arms revenues of the three companies based
in Israel in the Top 100 reached $13.6 billion. This was the highest
figure ever recorded by Israeli companies in the SIPRI Top 100. The
three companies based in Türkiye saw their arms revenues grow by 24 per
cent to $6.0 billion, benefiting from exports prompted by the war in
Ukraine and from the Turkish government’s continued push towards
self-reliance in arms production.
‘The biggest Middle Eastern arms producers in the Top 100 saw their
arms revenues reach unprecedented heights in 2023 and the growth looks
set to continue,’ said Dr Diego Lopes da Silva, Senior Researcher with
the SIPRI Military Expenditure and Arms Production Programme. ‘In
particular, as well as taking in record arms revenues in 2023, Israeli
arms producers are booking many more orders as the war in Gaza rages on
and spreads.’
The nine companies in the Top 100 based in China saw their smallest
year-on-year percentage increase in arms revenues (+0.7 per cent) since
2019 amid a slowing economy. Their total arms revenues in 2023 reached
$103 billion.
The combined arms revenues of the three Indian companies in the Top 100
increased to $6.7 billion (+5.8 per cent).
NCSIST, the only Taiwan-based company in the Top 100, recorded a 27 per
cent increase in its arms revenues to $3.2 billion.
Türkiye’s Baykar produces armed uncrewed aerial vehicles (UAVs) that
have been widely used in the war in Ukraine. Exports accounted for
around 90 per cent of its arms revenues in 2023, which increased by 25
per cent over the year to $1.9 billion.
The United Kingdom’s Atomic Weapons Establishment, which designs,
manufactures and maintains nuclear warheads, recorded the largest
year-on-year percentage increase in arms revenues (+16 per cent) among
UK companies in the Top 100, to reach $2.2 billion. (sipri, 2 December
2024)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Turkey
accused of undermining anti-ISIS efforts by
supporting jihadist groups
The United States faces growing challenges in Syria, as Turkey’s
reliance on jihadist groups to consolidate territorial gains threatens
the US-led fight against ISIS. As the fall of Bashar al-Assad’s regime
creates a power vacuum, Washington’s partnership with the Kurdish-led
Syrian Democratic Forces (SDF) is coming under increasing strain from
Ankara’s military ambitions and alliances.
Turkey has intensified its military operations in northern Syria,
targeting SDF positions and seizing key areas such as Manbij (Minbîc)
and Tal Rifaat. Ankara’s coalition includes the Syrian National Army
(SNA), a group with links to jihadist groups. The SNA has clashed with
the SDF, which has been instrumental in the US-led campaign against
ISIS. Despite repeated warnings from Washington, Turkey’s actions risk
undermining stability in the region.
“The US cannot allow actions that compromise our partners in the fight
against ISIS,” said John Kirby, White House national security
communications adviser. He reiterated that the SDF remains a critical
ally in ensuring the defeat of ISIS.
Ankara’s military campaign appears aimed at establishing a buffer zone
along its border and curbing the SDF’s influence. Turkey regards the
SDF as an offshoot of the Kurdistan Workers’ Party (PKK). This stance
has put Turkey at odds with its NATO allies, particularly the US, which
supports the SDF.
Turkey’s alignment with groups such as Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) has
drawn criticism. Once designated as a jihadist organisation, HTS has
been involved in operations that analysts say could further destabilise
Syria.
On the other hand, HRW has reported that tens of thousands of civilians
seeking safety in Kurdish-controlled northeast Syria are enduring dire
conditions due to inadequate shelter, water, food, and healthcare. The
influx of displaced individuals has overwhelmed reception centres in
areas like Tabqa and Raqqa, prompting the establishment of additional
centres in Kobani, al-Hasakah, and Qamishli. Displaced persons have
recounted harrowing experiences, including children suffering from
hunger and cold, and pregnant women giving birth without medical care.
In response to Turkey’s actions, US Secretary of State Antony Blinken
visited Ankara for high-level talks. According to a State Department
statement, Blinken is urging Turkey to respect minority rights and to
ensure that its military operations do not endanger US forces or their
mission.
The Pentagon has also been engaged in diplomatic efforts, with Defence
Secretary Lloyd Austin stressing the importance of coordination to
prevent incidents such as the recent friendly fire downing of a US MQ-9
Reaper drone by SDF forces.
Meanwhile, the US continues its military operations to prevent an ISIS
resurgence. Recent air strikes on ISIS strongholds underscore the
importance of the US-SDF partnership. General Erik Kurilla, commander
of US Central Command, reaffirmed this commitment during a visit to
Syria, stating: “There should be no doubt that we will hold any
organisation accountable for supporting ISIS.”
Turkey’s actions have also come under international scrutiny. Israel,
which has been carrying out airstrikes in Syria to neutralise weapons
stockpiles, has reportedly been in talks with the SDF. This development
has raised concerns in Ankara, with Turkish officials accusing
Washington of facilitating such talks to bolster the SDF’s position.
The relationship between the US, Turkey and the SDF highlights the
complexities of post-Assad Syria. As Turkey continues to use
jihadist-linked groups to achieve its strategic objectives, Washington
faces the dual challenge of maintaining its alliance with Ankara while
safeguarding its partnership with the SDF. The outcome of this dynamic
will significantly shape Syria’s future stability and the broader fight
against ISIS. (medyanews, 12 décembre 2024)
Socio-économique
/ Socio-economic
18
detentions in street protest against new low minimum wage
Members of the Hakkımı Ver [‘Give Me My Right’] Platform marched
against the announcement of the new minimum wage which rose at a lower
rate than annual inflation. Workers, opening a banner on İstiklal
Street, the main thoroughfare of the central Beyoğlu district, shouted
the slogan “Let’s see Vedat (Işıkhan, Minister of Labour and Social
Security) live on this minimum wage” and were detained.
18 detentions in street protest against new low minimum wage
The Hakkımı Ver Platform, which brings together workers and pensioners
who demand secure working conditions and a humane life, organized a
street protest when yesterday at an unexpectedly late hour the minimum
wage was announced as 22 thousand 104 TL. Platform members protested
the rise in the minimum wage remaining below the annual inflation rate.
Beginning their march on Mis Street in Beyoğlu, Istanbul, the workers
walked onto İstiklal Street, wanting to reach Taksim Square with their
banner proclaiming “Rise against this minimum wage regime”.
In reference to Vedat Işıkhan, Minister of Labour and Social Security,
they also chanted the slogan, “Let’s see Vedat live on this minimum
wage”. The police intervened in front of the French Cultural Centre on
İstiklal Street, before the group could reach the square. 18 people
were detained. Taken to the Vatan Police Directorate, all detained
members of the group were released early this morning. (BIA, 25 déc
2024)
11
morts dans une explosion dans une usine de munitions
Onze personnes ont été tuées et sept blessées mardi par une puissante
explosion survenue dans une usine de munitions du nord-ouest de la
Turquie, selon un nouveau bilan des autorités.
"Il y a malheureusement onze morts (...), huit femmes et trois hommes.
Et nous avons sept blessés", a déclaré sur place le ministre turc de
l'Intérieur, Ali Yerlikaya.
Un précédent bilan officiel faisait état de douze morts et cinq blessés.
Selon le gouverneur de la province de Balikesir, Ismail Ustaoglu,
l'explosion s'est produite peu avant 08H30 (05H30 GMT) mardi en raison
d'un "dysfonctionnement technique" sur une ligne de production.
Seuls deux des sept blessés sont encore "sous observation" dans un
hôpital, a indiqué le ministre turc de l'Intérieur.
Selon les autorités, l'usine où est survenue l'explosion, située au
nord de la ville de Balikesir, produit des munitions et des explosifs à
usage civil.
Six employés de la même usine avaient déjà été blessés dans une
explosion en 2014, selon la presse turque.
Des images diffusées par les chaînes de télévision turques montrent une
partie de l'usine totalement détruite, ainsi que des panneaux de métal
et des morceaux de verre projetés à des dizaines de mètres à la ronde.
Un témoin a qualifié les lieux de "champ de bataille" à la chaîne
d'information en continu NTV.
Un incendie s'étant déclaré à la suite de l'explosion a été éteint dans
la matinée par les pompiers, et l'usine a rapidement été évacuée.
Une enquête a été ouverte et la piste du sabotage a d'ores et déjà été
écartée, selon les autorités.
L'usine est située à environ un kilomètre du village le plus proche,
selon des images satellites consultées par l'AFP.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté ses condoléances et
dépêché sur place ses ministres de la Défense, de l'Intérieur et du
Travail.
En juin 2023, cinq personnes avaient péri dans une explosion dans une
usine d'explosifs de la province d'Ankara, la capitale turque.
En juillet 2020, sept personnes avaient été tuées et près de 130
blessées par une explosion survenue dans une usine de feux d'artifice
de la province turque de Sakarya (nord-ouest).
En 2009 et 2014, deux explosions s'étaient déjà produites dans la même
usine, faisant deux morts et une quarantaine de blessés, selon les
médias turcs. (AFP, 24 déc 2024)
La Turquie
d’Erdogan: l’enfer économique, mais paradis
fiscal
Ragip Duran, TVXS.GR, 21 décembre 2024
“Si la Turquie est une société commerciale-financière, vu l’état actuel
du budget et le bilan des échecs, le patron ou les actionnaires mettra
le PDG à la porte!” croit un professeur d’économie en exil en Allemagne.
En effet, la Turquie d’Erdogan souffre depuis au moins 10 ans d’une
crise économico-financière qui frappe essentiellement les salariés, les
ouvriers, les patrons des PME, les paysans, les chômeurs, les jeunes,
les étudiants… qui forment environ 75 pc. de la population.
3 chiffres enregistrés à Istanbul montrent la gravité de la crise:
- Du pain, 200 gr. coûte 10.00 Livres Turques- LT ( 0.27 Euro).
- Le loyer mensuel d’un appartement de 2 chambres est environ 28.000 LT
(765 Euros).
- Le SMIC, le salaire minimum est de 17.000 TL (464 Euros).
L’ensemble des paramètres économiques (Revenus, exportations,
inflation…etc…) va de pire en pire à cause des dépenses militaires,
celles du Palais Présidentiel et mauvaise gestion des affaires
économiques et financiers. La carence de la justice sociale et
économique, la corruption, les pots-de-vin, le népotisme, le
blanchissement de l’argent en provenance des stupéfiants et de la vente
illégale d’armes…enfin la non-existence d’un Etat de droit c’est-à-dire
la non-impunabilité rongent la société toute entière. Certaines
personnalités de l’opposition turque et les spécialistes étrangers
estiment que la Turquie d’aujourd’hui est devenue “un Narco-Etat” voire
“un Etat Voyou”.
Mais comment donc dans l’état actuel des choses la Turquie d’Erdogan
peut assurer la survie du mécanisme administratif et financier de
l’Etat?
12 pratiques, en vigueur uniquement en Turquie, nous donnent quelques
indices:
- Des chèques postdatés circulent librement dans le marché.
- Il faut payer entre 2.500 et 8.500 LT (67.5 et 230 Euros) selon la
durée de validité pour avoir un passeport.
- Tout citoyen qui part à l’étranger doit payer un impôt de 710 LT (20
Euros).
- Pour faire enregistrer un portable acheté à l’étranger, il faut payer
6.000 LT (162 Euros).
- L’impôt imposé lors de l’achat d’une voiture importée est en général
le double du prix de la voiture. Exemple: Une Audi A6 coûte 40.000
Euros en Turquie, mais il faut payer une Taxe de Consommation Spéciale
de 70.000 Euros.
- Tous les citoyens qui possèdent un portable doivent payer l’impôt
imposé juste après le grand séisme d’août 1999 désormais appelé Taxe
Spéciale de Communication.
- Le total des taxes indirectes dépasse 70 pc. de l’ensemble des impôts.
- Tous les citoyens qui payent les factures d’électricité doivent
également payer 2 pc. de “contribution pour la TRT”, la
radio-télévision publique même s’ils n’ont pas de téléviseur.
- L’Etat concède des contrats aux grandes entreprises pour la
construction des aéroports, des auto-routes, des ponts, des
hôpitaux…etc… selon le système BOT
(Built-Operate-Transfer/Construit-Exploite-Transfert) avec une garantie
d’utilisateur. La totalité de ces projets coûtent actuellement environ
150 milliards d’Euros.
- La Turquie et les Émirats Arabes Unis sont les deux seuls pays où il
n’y a pas d’impôt sur le commerce de diamants et autres pierres
précieuses.
- Une plaque d’immatriculation pour les taxis privés ou les taxis en
commun (Dolmush) coûte 6 millions LT (162.000 Euros) donc beaucoup plus
chère que le prix de la voiture.
Enfin un dernier chiffre, pas économique, mais plutôt politique qui
serait le résultat ou bien la raison des statistiques citées ci-dessus :
- Plus de 200.000 citoyens ont été interrogés par le Parquet pour avoir
“insulté le président de la République” et 52.000 d’entre eux ont été
jugés entre 2019 et 2022 selon une information du quotidien Birgün
publié le 14 mars dernier. Ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2022.
La compagnie turque Pegasus commande 200 Boeing
737-10
La compagnie aérienne low-cost turque Pegasus Airlines a annoncé jeudi
avoir passé une commande ferme de 100 moyen-courriers Boeing 737-10,
l'avion vedette de l'avionneur américain, et posé une option pour 100
appareils supplémentaires.
"La valeur totale du contrat pour ces 200 Boeing 737-10 est d'environ
36 milliards de dollars sur la base des prix catalogue actuels",
indique dans un communiqué la compagnie turque, précisant qu'il s'agit
de la "plus grande commande" de son histoire.
"Les 100 premiers avions (...) commenceront à rejoindre notre flotte à
partir de 2028", a affirmé la directrice générale du transporteur,
Güliz Öztürk, citée dans le communiqué.
La commande des 100 autres 730-10, le plus grand monocouloir de la
famille 737 MAX de Boeing, sera convertie "en fonction des conditions
du marché et des besoins de notre flotte", a précisé Mme Öztürk.
Le "MAX 10" de Boeing peut transporter jusqu'à 230 passagers, selon le
communiqué. Boeing, qui a connu des déboires et défaillances techniques
dans la famille des 737 MAX, son modèle vedette, accuse des retards de
livraisons d'appareils.
Fondé en 1990 et basé à l'aéroport Sabiha Gökçen, au sud-est
d'Istanbul, Pegasus Airlines dessert 144 destinations dans 53 pays.
(AFP, 19 déc 2024)
Strike bans in Turkey during Erdoğan's rule
Since the Justice and Development Party (AKP) led by Recep Tayyip
Erdoğan came to power in 2002, the government has postponed more than
20 strikes, effectively banning them.
Between 2003 and 2023, strike bans prevented 200,000 workers from
taking collective action while about 90,000 workers could go on strike,
according to data compiled by economics professor Aziz Çelik.
Until Apr 2017, when Turkey was governed with a parliamentary system,
strike postponements required a cabinet decision. After the transition
to the presidential system following the Jun 2018 elections, this
authority was transferred to the president. an authority granted
under
the state of emergency powers in effect from Jul 2016, following a
failed coup attempt, to Jul 2018.
President Erdoğan openly boasted about his administration’s
intervention in strikes during this period in several public
statements. In July 2017, addressing foreign investors, Erdoğan
said
that the state of emergency was implemented to prevent strikes: “When
we came to power, Türkiye was under a state of emergency, but all
factories were under the threat of strikes. Remember those days. But
now, wherever there is a strike threat, we immediately intervene,
taking advantage of the state of emergency.”
In April 2018, speaking to industrialists during his party’s
parliamentary group meeting, Erdoğan said, “Is there any talk of a
strike at any factory? If so, we intervene immediately. The state of
emergency becomes an instant solution. There’s an atmosphere of peace,
and yet they’re advising us not to have the state of emergency in
place.”
In December 2018, the president said, “With us, what they call strikes
are no more. Now, there are no strikes. If there are no strikes, it
means you’re giving workers their due and protecting their rights.”
(BIA, 16 December 2024)
37
personnes sont mortes après avoir bu de l'alcool frelaté en six
semaines
Trente-sept personnes sont mortes à Istanbul en six semaines après
avoir consommé de l'alcool frelaté, a annoncé lundi le bureau du
gouverneur d'Istanbul.
"37 personnes ont perdu la vie, 77 personnes ont été empoisonnées, dont
17 qui continuent de recevoir des traitements en raison de la
consommation de l'alcool frelaté depuis le 1er novembre 2024", a-t-il
indiqué sur X.
Quatorze personnes soupçonnées d'avoir écoulé l'alcool à l'origine de
ces décès ont été placées en détention, a-t-il ajouté.
Les intoxications à l'alcool frelaté sont courantes en Turquie, la
production clandestine s'étant développée avec l'explosion des taxes
sur les boissons alcoolisées.
Fin 2021, au moins vingt-cinq personnes étaient décédées en quelques
jours dans plusieurs provinces du pays. Une quarantaine d'autres
étaient mortes intoxiquées un an plus tôt.
Le raki, alcool national, coûte autour de 1.300 livres turques (35
euros environ) le litre au supermarché, dans un pays où le salaire
minimum plafonne à 17.000 livres (465 euros).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, accusé par ses opposants de
vouloir islamiser la société, a plusieurs fois pris position contre la
consommation d'alcool ou de tabac. (AFP, 16 déc 2024)
One in four
children in Turkey goes to school hungry
We spoke with the Sulukule Volunteers Association about their efforts
to support equal opportunities in education, the positive effects of
providing one free meal at schools on children, and their proposed
solutions to address this issue.
'One in four children in Turkey goes to school hungry'
The Sulukule Volunteers Association was founded in 2010 in Karagümrük,
İstanbul, to help children overcome barriers in education and
strengthen their social cohesion.
Responding to the challenges brought about by urban transformation, the
association operates with goals such as preventing school dropouts and
providing children with the necessary support for their nutrition and
socio-emotional development.
Prioritizing the view of children as rights-holders and supporting
their well-being, the association aims to create long-term social
impact.
We spoke with the Sulukule Volunteers Association about their work and
the importance of providing one free meal at schools for children, as
well as their proposed solutions on this issue.
How many countries offer “one free meal at school,” and what benefits
does this practice bring?
Over 100 countries worldwide provide free school meal programs.
According to the 2022 report by the World Food Programme (WFP), this
means 418 million children have access to their right to nutrition. As
mentioned earlier, this practice contributes positively to children’s
physical, mental, and psychological well-being.
However, the benefits of free school meal programs extend beyond
children. WFP reports indicate that such programs provide employment
for approximately 4 million people in 85 countries. When local
stakeholders are involved, this employment also supports local
economies.
According to UNICEF’s 2022 data, Turkey ranks second after Colombia in
child poverty, with a rate of 33.8%.
For the 2024–2025 academic year, which spans 185 school days, the
calculated costs for providing one free meal per day are as follows:
for preschool, 13.7 billion liras; for primary school, 50.1 billion
liras; for middle school, 46.9 billion liras; and for high school, 54.6
billion liras. As stated by Minister of National Education Yusuf Tekin
in the 2024 Budget Presentation Speech, this cost corresponds to 13% of
the ministry’s budget.
The average daily cost of one free meal per child is: for preschool,
36.05 liras; for primary and middle school, 48.91 liras; and for high
school, 61.77 liras.
As outlined in our report, we propose a two-phase model that includes
analysis and mechanism development. In the analysis phase, at the start
of each school term, research should be conducted to assess children’s
needs. This includes general health screenings, identifying allergies
and sensitivities, and determining the average caloric needs of
children in each school. The findings should guide the preparation of
meals and food packages tailored to specific requirements.
In the mechanism phase, the model must be adaptable based on the
physical facilities of each school. The proposed model involves
planning, pilot implementation and monitoring, model revision,
widespread implementation, and oversight. The implementation would
involve collaboration among various stakeholders: the Ministry of
National Education and the Ministry of Health as implementers; schools,
local governments, logistics companies, and professional organizations
as supporters; the Ministry of Family and Social Policies, the Ministry
of Agriculture, civil society organizations, and professional
organizations as monitors and inspectors; and the central government,
private sector, and international funds as funders. Ultimately,
ensuring free nutrition support requires interagency cooperation and a
holistic approach.
There is a strong perception that this issue cannot be resolved.
However, good practices, calculations, and studies show that ensuring
children can "eat properly" at school is indeed achievable. For more
information about what we’ve discussed and additional insights, you can
follow us on our website and social media channels or contact us via
email. (BIA, 5 December 2024)
"Jusqu'à
mon dernier souffle": le combat d'une mère turque
contre les
féminicides
La vie de Filiz Demiral a basculé un jour d'août 2020. Par téléphone,
un policier lui annonce que sa fille Ceyda, tout juste 20 ans, a été
retrouvée morte. Un suicide, pense d'abord la police turque.
Filiz Demiral refuse d'y croire et, très vite, les faits émergent: sa
fille est morte sous les coups d'un homme rencontré en ligne, auprès
duquel elle souhaitait adopter un chien.
"Son bras était presque entièrement sectionné et elle avait cinq plaies
profondes à la gorge, à la mâchoire et sur d'autres parties du corps",
raconte quatre ans plus tard à l'AFP cette mère âgée de 47 ans, la voix
tremblante de douleur et de colère.
Dimanche, Filiz Demiral s'est jointe à une manifestation organisée à
Istanbul à la veille de la journée internationale de lutte contre les
violences faites aux femmes, aux côtés d'autres proches de femmes
tuées, dans un pays où 327 féminicides ont déjà été recensés par des
associations en 2024, dont 49 rien qu'en octobre.
L'enquête a montré que sa fille a été tuée après qu'elle eut
repoussé des avances, et la justice, après avoir condamné le meurtrier
à 24 années de prison, a réduit sa peine de moitié, arguant de
circonstances atténuantes, déplore Filiz Demiral.
"Refuser un rapport sexuel a été considéré comme une raison pour tuer",
s'étrangle la mère, qui a fait appel de la décision et s'est promise de
porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme si
nécessaire.
"Il n'y a rien qui dissuade", affirme-t-elle, regrettant que certaines
décisions de justice ne soient "pas correctement appliquées". "Cela
encourage les hommes. Ils tuent au moindre coup de colère",
fulmine-t-elle en rappelant que le meurtrier de sa fille avait déjà été
condamné pour violences.
- "Vivre librement" -
Lors de la manifestation de dimanche à Istanbul, des participantes ont
brandi des photos de leurs filles assassinées, sous le regard de
nombreux policiers qui les ont empêchées de défiler.
D'autres tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit: "Si je
+tombe d'un balcon+, n'y croyez pas: j'aime la vie", une allusion aux
morts parfois classées comme accidents ou suicides mais que familles et
associations féministes considèrent comme de potentiels féminicides.
Le gouvernement turc, qui a dénoncé en 2021 la Convention dite
d'Istanbul qui impose de poursuivre les auteurs de violences contre les
femmes, arguant que son propre arsenal législatif suffit à les
protéger, ne publie pas de statistiques sur les féminicides, laissant
cette tâche aux organisations féministes.
"Les féminicides que nous recensons dans les journaux ne concernent que
les morts évidentes, pas les décès suspects ni les suicides, dont le
nombre reste inconnu", explique Leyla Soydinç, volontaire de
l'association féministe Mor Çati.
"Nous avons interpellé le gouvernement mais il refuse de répondre",
ajoute la militante, dont l'association dispose d'un foyer d'accueil à
Istanbul pour les femmes fuyant les violences qu'elles subissent chez
elles.
"La Turquie n'offre pas de protection suffisante. C'est pourquoi nous
apprenons aux femmes à anticiper le risque de violence",
développe-t-elle, reprochant à la police de tenter parfois des
médiations entre les maris violents et leurs femmes venues chercher
secours.
"Cette impunité a légitimé la violence contre les femmes et a provoqué
une hausse des féminicides", affirme Bahar Uluçay, une des
participantes à la marche organisée dimanche à Istanbul, qui dit avoir
déjà été interpellée par le passé pour avoir manifesté contre les
féminicides.
"Nous continuerons à manifester jusqu'à ce que nous puissions vivre
librement, jusqu'à ce que les criminels soient punis. Et je crois que
nous gagnerons cette lutte pour les droits", assure la militante, âgée
de 27 ans.
Filiz Demiral est elle aussi bien décidée à mener jusqu'au bout
son "combat pour la justice".
"Je me bats pour les autres femmes. Je suis déterminée à le faire
jusqu'à mon dernier souffle." (AFP, 25 nov 2024)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Berlin met en garde contre une guerre entre la
Turquie et les forces kurdes de Syrie
La cheffe de la diplomatie allemande a mis en garde lundi la Turquie
contre un durcissement de son conflit avec les unités kurdes dans le
nord de la Syrie, après la chute du dictateur Bachar al-Assad.
Une guerre de la Turquie contre les Kurdes en Syrie "ne doit pas avoir
lieu", a affirmé Annalena Baerbock à la radio allemande Deutschlandfunk.
"Cela n'aiderait personne" si le mouvement jihadiste État islamique
(EI) "profitait d'un conflit" entre la Turquie et les Kurdes, a-t-elle
souligné, ajoutant que "ce serait un danger pour la sécurité de la
Syrie, mais aussi pour la Turquie et pour nous, l'Europe".
Cette déclaration intervient alors que le président turc Recep Tayyip
Erdogan a appelé vendredi à "éradiquer" les organisations terroristes
en Syrie, en citant l'EI et le Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK).
Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, Ankara soutient une
offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent une
partie du nord de la Syrie.
Ankara considère les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe
dirigé par les Kurdes et soutenu par les États-Unis, comme une
extension de son ennemi juré, le PKK.
Les FDS sont "essentielles" pour empêcher un résurgence de l'EI en
Syrie, avait de son côté affirmé mi-décembre le chef de la diplomatie
américaine Antony Blinken.
La ministre allemande a rappelé que ce sont notamment les Kurdes qui
ont fait reculer "les terroristes de l'EI" qui avaient perpétré de
"terribles massacres" en Syrie.
La situation actuelle "ne doit pas être utilisée pour que les Kurdes
soient à nouveau chassés, pour qu'il y ait à nouveau de la violence",
a-t-elle insisté.
Des affrontements ont eu lieu dimanche entre factions proturques et les
FDS dans la zone de barrage de Tichrine sur l'Euphrate, a indiqué
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'ONG a aussi fait état de la mort d'une femme et de son enfant dans un
"bombardement d'artillerie par des factions proturques" dans la
campagne de Kobané, dans le nord de la Syrie. (AFP, 23 déc 2024)
Annalena Baerbock : La sécurité des Kurdes est
"essentielle" pour la Syrie
La sécurité du peuple kurde est "essentielle" pour que la Syrie ait "un
avenir libre et sûr", a assuré la ministre allemande des Affaires
étrangères Annalena Baerbock vendredi à Ankara à son homologue turc.
"La sécurité, en particulier celle des Kurdes, est essentielle pour un
avenir libre et sûr pour la Syrie", a-t-elle dit à la presse après
avoir rencontré le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan,
avertissant des dangers de toute "escalade" avec les forces kurdes en
Syrie.
Plus tôt dans la journée, Mme Baerbock a tiré la sonnette d'alarme
concernant de nouvelles violences dans le nord de la Syrie, où les
troupes turques et des combattants soutenus par Ankara affrontent les
Forces de défense syriennes (FDS), un groupe dirigé par les Kurdes et
soutenu par les États-Unis.
Ankara considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et a promis jeudi qu'elle ne
reculerait pas tant que les combattants kurdes ne seraient pas désarmés.
Alors que les rebelles islamistes poursuivaient leur offensive éclair
de douze jours qui a renversé Bachar el-Assad le 8 décembre, les
combattants soutenus par la Turquie ont entamé une opération parallèle
contre les forces kurdes dans le nord, déclenchant des affrontements
qui ont fait des centaines de morts en quelques jours.
"Des milliers de Kurdes de Manbij et d'autres endroits sont en fuite en
Syrie ou craignent de nouvelles violences", a déclaré la ministre
allemande.
"J'ai dit très, très clairement aujourd'hui que nos intérêts communs en
matière de sécurité ne doivent pas être mis en péril par une escalade
avec les Kurdes en Syrie".
Mais elle a exprimé sa compréhension pour les préoccupations
sécuritaires "légitimes" d'Ankara, affirmant que "le nord-est de la
Syrie ne doit pas constituer une menace pour la Turquie", tout en
avertissant qu'on ne doit pas permettre aux jihadistes du groupe État
islamique (EI) de reprendre pied en Syrie.
"Personne ne serait aidé si le véritable vainqueur d'un conflit avec
les Kurdes s'avérait être les terroristes de l'EI : ce serait une
menace pour la sécurité de la Syrie, de la Turquie et aussi pour nous
en Europe", a-t-elle fait valoir.
Selon une source du ministère turc des Affaires étrangères, M. Fidan
lui a dit que le PKK et le YPG - la principale force au sein des FDS -
ne représentaient pas le peuple kurde.
"Le point de vue selon lequel le PKK/YPG représente les Kurdes en Syrie
est erroné", a déclaré la source, soulignant que la Turquie ne
permettrait jamais à de telles "organisations terroristes d'abuser de
la situation en Syrie".
"Nous attendons de tous nos alliés qu'ils respectent les préoccupations
de la Turquie en matière de sécurité", a ajouté cette source
diplomatique turque.
La ministre allemande a par ailleurs fait savoir que son pays jugerait
les nouveaux dirigeants islamistes du HTS en Syrie "sur leurs actes",
alors que l'on s'inquiète de l'enracinement du groupe dans l'islam
radical.
"Il est clair qu'un ordre islamiste radical ne peut que conduire à une
nouvelle fragmentation, à une nouvelle oppression et donc à de
nouvelles violences", a déclaré Mme Baerbock à des journalistes à
Ankara. "Nous jugerons les nouveaux dirigeants sur leurs actes".
Avant même le début de sa visite, la cheffe de la diplomatie allemande
avait souligné vendredi l'importance de ne pas "saper l'intégrité
territoriale" de la Syrie, où des groupes pro-turcs combattent des
forces kurdes.
"La Syrie ne doit pas devenir le jouet de puissances étrangères, ni une
expérience de forces radicales", avait-elle dit. (AFP, 20 déc 2024)
Un Tatar de
Crimée, ancien prisonnier en Russie, nommé
ambassadeur d'Ukraine en Turquie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi la
nomination comme ambassadeur en Turquie d'un homme politique membre de
la communauté des Tatars de Crimée, qui a été emprisonné pendant près
de trois ans par la Russie.
M. Zelensky a indiqué dans son communiqué du soir qu'il avait approuvé
la décision d'envoyer "Nariman Dzhelyal en Turquie" en tant
qu'ambassadeur.
Cet ancien journaliste de 44 ans, également dirigeant communautaire de
la minorité musulmane persécutée de la péninsule de Crimée annexée par
Moscou, a été libéré cette année dans le cadre d'un échange de
prisonniers impliquant des civils.
Il est le chef-adjoint du Majlis, l'assemblée traditionnelle des Tatars
de Crimée, que la Russie a interdite après l'annexion de la péninsule
en 2014.
De nombreux Tatars de Crimée se sont opposés à cette annexion et ont
depuis été emprisonnés.
M. Dzhelyal a été arrêté en septembre 2021 et condamné en 2022 à 17 ans
de prison pour terrorisme. Il a été accusé d'avoir comploté pour faire
exploser un gazoduc près de Simferopol, la capitale régionale, avec
plusieurs autres militants, qui ont nié leur culpabilité.
Amnesty International a reconnu M. Dzhelyal comme prisonnier politique
et a qualifié sa condamnation de "nouveau coup porté aux droits de
l'Homme" en Crimée.
Il a été libéré en juin et a retrouvé sa famille à Kiev.
Parmi les autres Tatars de Crimée les plus en vue figurent le ministre
ukrainien de la Défense, Rustam Umerov, et la chanteuse qui a remporté
le concours de l'Eurovision, Jamala. (AFP, 20 déc 2024)
Le Premier
ministre hongrois Orban chez Erdogan en Turquie
pour évoquer l'Ukraine
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a rencontré jeudi à Ankara le
président turc Recep Tayyip Erdogan pour évoquer notamment la guerre en
Ukraine, dernière étape en date d'une "mission", infructueuse
jusqu'ici, pour obtenir un cessez-le-feu.
M. Orban "a eu de longs entretiens avec le dirigeant turc", a déclaré
le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto dans une
vidéo diffusée sur Facebook, saluant le rôle de "médiateur" de la
Turquie sur le dossier ukrainien.
"Il n'existe pas de solution sur le champ de bataille, il n'y a de
solution qu'à la table des négociations, et il faut donc mettre en
place un cessez-le-feu et des pourparlers de paix dès que possible",
a-t-il ajouté.
Tout en condamnant rapidement l'invasion russe de l'Ukraine, la Turquie
a opté pour la neutralité entre Moscou et Kiev et ne s'est pas jointe
aux sanctions occidentales contre la Russie.
Quant à Viktor Orban, il joue sa propre partition, cultivant sa
proximité avec le Kremlin tout en étant membre de l'Union européenne,
dont il occupe la présidence semestrielle jusqu'à fin décembre.
Début juillet il s'était rendu à Moscou, disant chercher une
solution
diplomatique au conflit, sans concertation avec ses partenaires.
Après avoir rencontré le pape François la semaine dernière au Vatican
et le président américain élu Donald Trump, dont il est proche, en
Floride lundi, il a parlé au téléphone au président russe Vladimir
Poutine mercredi, évoquant un cessez-le-feu à Noël ainsi qu'un échange
de prisonniers et accusant Kiev d'avoir rejeté cette offre.
Mais l'Ukraine a démenti avoir discuté avec lui d'une trêve et a
condamné son initiative. "Personne ne doit promouvoir sa propre image
au détriment de l'unité", a lancé le président ukrainien Volodymyr
Zelensky.
"Il ne peut y avoir de discussions sur la guerre que la Russie mène
contre l'Ukraine, sans l'Ukraine", a-t-il ajouté dans un message sur X.
Le Kremlin a pour sa part dit "soutenir tous les efforts" de médiation
de Budapest. Mercredi, "la partie russe a remis à l'ambassade hongroise
notre pré-demande d'échange" de prisonniers, a précisé le porte-parole
de la présidence russe, Dmitri Peskov. (AFP, 12 déc 2024)
Royaume-Uni: six personnes inculpées pour leur
appartenance à une organisation kurde
Six personnes ont été inculpées par la justice britannique pour leur
appartenance au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une
organisation interdite au Royaume-Uni, a annoncé la police de Londres
mardi.
Interpellés fin novembre à différents endroits de la capitale, ces deux
femmes âgées de 31 et 59 ans et quatre hommes de 23, 27, 56 et 62 ans,
ont été inculpés lundi pour "appartenance à un groupe terroriste
interdit", a précisé la police dans son communiqué.
Ils doivent comparaître mardi devant le tribunal de Westminster à
Londres.
Un septième suspect de 31 ans, également interpellé fin novembre, a été
relâché sans faire l'objet de poursuites.
"Les accusations portées dans cette affaire sont très graves et font
suite à une enquête approfondie menée par nos détectives", a souligné
Helen Flanagan, de la force antiterroriste de la police de Londres,
citée dans le communiqué.
Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des
décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une
organisation "terroriste" par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis,
l'Union européenne et le Royaume-Uni. (AFP, 10 déc 2024)
Un diplomate turc prend la barre de
l'OSCE après une réunion tendue à
Malte
Le diplomate turc Feridun Sinirlioglu a été désigné vendredi à la tête
de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),
à l'issue d'une réunion à Malte tendue en raison de la participation de
la Russie.
L'OSCE, qui compte 57 pays et siège à Vienne, était privée de
secrétaire général depuis septembre, et le dernier budget sur lequel
elle ait trouvé un accord remonte à 2021.
L'organisation est paralysée depuis l'invasion de l'Ukraine par la
Russie en 2022, Moscou bloquant les décisions clés, qui doivent être
prises à l'unanimité.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assisté
jeudi à la réunion ministérielle organisée à Ta'Qali, près de La
Valette, son premier voyage dans un pays de l'Union européenne (UE)
depuis le début de l'invasion russe.
L'année dernière, l'Ukraine avait boycotté la réunion ministérielle de
l'OSCE en Macédoine du Nord en raison de la présence de M. Lavrov, mais
le ministre des affaires étrangères de Kiev, Andriï Sybiga, a assisté
jeudi aux discussions à Malte, bien qu'il ait quitté la salle avec
plusieurs représentants des alliés de Kiev pendant le discours de M.
Lavrov, qu'il a traité de "criminel de guerre".
L'OSCE a été marquée par "des divisions géopolitiques fondamentales et
une paralysie institutionnelle", a observé lors de la conférence de
presse finale le chef de la diplomatie maltaise Ian Borg, hôte de la
réunion, soulignant que les nominations au secrétariat général et à
trois autres postes-clé n'avait pas été faciles .
"Aujourd'hui, nous avons démontré que même dans l'adversité, cette
organisation reste une pierre angulaire du multilatéralisme", a-t-il
estimé.
M. Sinirlioglu est un diplomate expérimenté qui a notamment été
ambassadeur de Turquie en Israël, ministre des Affaires étrangères et
représentant permanent auprès de l'ONU. Il s'est engagé à "servir de
pont et de facilitateur" entre les Etats membres de l'OSCE.
Il succède à l'Allemande Helga Maria Schmid, nommée en décembre 2020
pour un mandat de trois ans, qui a ensuite été prolongé jusqu'en
septembre.
La Russie avait empêché l'Estonie, membre de l'OTAN, d'assurer la
présidence cette année, ce qui a conduit Malte à prendre le relais. La
Finlande, qui a rejoint l'OTAN l'an dernier, prendra la tête de
l'organisation en 2025.
L'OSCE, fondée en 1975 pour apaiser les tensions entre l'Est et l'Ouest
pendant la guerre froide, envoie des observateurs lors de conflits et
d'élections dans le monde entier.
Sept personnes arrêtées à Londres dans le cadre d'une
enquête sur
l'organisation kurde PKK
Sept personnes ont été arrêtées par la police antiterroriste
britannique dans le cadre d'une enquête sur le Parti des Travailleurs
du Kurdistan (PKK), organisation interdite au Royaume-Uni, a annoncé la
police de Londres mercredi.
Deux femmes, âgées de 31 et 59 ans, et quatre hommes de 23, 27, 56 et
62 ans, ont été interpellés à l'aube à différents endroits de la
capitale britannique et placés en garde à vue.
Une septième arrestation, celle d'un homme de 31 ans, a été annoncée en
fin de journée, et les sept personnes interpellées sont toutes
actuellement en garde à vue.
Ces arrestations sont le résultat "d'une enquête et d'une opération de
grande envergure portant sur des activités que nous pensons liées au
groupe terroriste PKK", a dit Helen Flanagan, commandante à la force
antiterroriste de la police de Londres, citée dans un communiqué.
Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des
décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une
organisation terroriste par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis,
l'Union européenne et le Royaume-Uni.
"J'espère que ces arrestations montrent que nous ne tolérerons aucune
sorte d'activités terroristes et que nous prendrons des mesures lorsque
nous estimons que du mal peut être fait ici au Royaume-Uni ou
ailleurs", a-t-elle ajouté.
Des perquisitions ont été menées à huit adresses à Londres, notamment
au centre communautaire kurde de Haringey, au nord de la capitale, qui
a été fermé et où les recherches se poursuivent.
Des protestations ont eu lieu dans la journée devant ce centre, et
quatre personnes ont été arrêtées après des altercations avec la
police, sans lien avec l'enquête en cours.
"Nous comprenons que ces arrestations ont suscité une certaine
inquiétude" au sein de la communauté kurde au Royaume-Uni, a réagi
Helen Flanagan mercredi soir dans un autre communiqué.
"Je tiens à la rassurer sur le fait que notre activité vise à protéger
chaque individu contre tout préjudice potentiel, y compris au sein de
cette communauté", a-t-elle ajouté mercredi soir. (AFP, 27 nov 2024)
Le Danemark va restituer à la Turquie un bronze
antique
Le litige durait depuis l'été 2023 mais la tête en bronze de l'empereur
romain Septime Sévère va finalement être restituée à la Turquie, a
annoncé mardi le musée danois où elle était exposée.
"La Glyptothèque s'est prononcée en faveur de la demande de restitution
de l'ancien portrait en bronze de la Turquie", a indiqué l'institution
culturelle dans un communiqué.
Il y a près de deux ans, une statue - sans tête - de l'empereur
romain Septime Sévère (145-211) avait été rendue à la Turquie après des
décennies aux Etats-Unis dans une collection privée qui l'avait prêtée
au Metropolitan Museum de New York.
Or cette oeuvre antique avait par le passé était associée au bronze de
la Glyptothèque, entré dans les collections du musée en 1970 sans
information sur sa provenance exacte.
En 1979, un ancien conservateur du musée avait estimé que les deux
statues correspondaient.
Les deux parties avaient été réunies le temps d'une exposition et fait
l'objet de mesures par l'archéologue turque Jale Inan.
Ces arguments à l'appui, l'ambassade de Turquie au Danemark avait
formellement demandé la restitution du bronze en mai 2023, une requête
d'abord accueillie avec circonspection.
"Je ne dis pas qu'ils ne vont pas ensemble. Je dis simplement que nous
ne sommes pas aussi sûrs que nous l'étions peut-être il y a 25 ou 30
ans", avait alors dit à l'AFP un responsable de la Glyptothèque, Rune
Frederiksen.
La concordance des deux pièces n'a finalement pu être établie avec
certitude mais le musée a déterminé que le bronze provenait de Boubon,
un site romain d'Asie mineure dans la région historique de Lycie sur
l'actuelle côte méditerranéenne de la Turquie.
"Des pièces archéologiques uniques provenant de Boubon ont été vendues
illégalement à des collectionneurs et à des musées du monde entier. Ces
dernières années, un grand nombre de ces pièces, en particulier celles
conservées dans des collections aux États-Unis, ont été restituées", a
indiqué dans un communiqué la directrice du musée, Gertrud
Hvidberg-Hansen.
"Ces facteurs ont contribué à notre décision d'accéder à la demande de
restitution de la Turquie". (AFP, 26 nov 2024)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Trump affirme que la Turquie a réalisé "une prise de
contrôle inamicale" de la Syrie
Donald Trump a estimé lundi que la Turquie avait effectué "une prise de
contrôle inamicale" de la Syrie, après que des groupes rebelles -- dont
certains soutenus par Ankara -- ont renversé le gouvernement de Bachar
al-Assad.
"La Turquie est très intelligente. C'est un gars intelligent, et il est
très tenace", a déclaré le futur président américain lors d'une
conférence de presse, vraisemblablement en allusion au président turc
Recep Tayyip Erdogan.
"La Turquie a fait une prise de contrôle inamicale sans que beaucoup de
vies ne soient perdues. Je peux dire qu'Assad était un boucher", a-t-il
ajouté.
Depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le
nord-ouest de la Syrie, entretenant des relations avec le groupe Hayat
Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda et considéré
comme terroriste par de nombreux pays occidentaux.
Le gouvernement turc s'est dit "prêt" dimanche à fournir de l'aide
militaire si le nouveau gouvernement syrien mené par les rebelles
islamistes lui en faisait la demande.
"Il faut attendre de voir ce que fera la nouvelle administration. Nous
pensons qu'il est nécessaire de leur donner une chance", a déclaré le
ministre turc de la Défense, Yasar Güler.
La priorité de la Turquie en Syrie est de lutter contre les combattants
séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des
Unités de protection du peuple (YPG), un objectif soutenu par le
nouveau gouvernement syrien, a-t-il affirmé.
Par extension, Ankara considère les FDS (Forces démocratiques
syriennes) comme un groupe terroriste, ce qui la place en opposition
directe avec l'administration américaine de Joe Biden. Washington
considère ce groupe comme "crucial" afin d'empêcher une résurgence des
djihadistes du groupe Etat islamique en Syrie.
Les FDS, soutenues par les Etats-Unis, ont dirigé le combat contre l'EI
dans ses derniers bastions syriens avant sa défaite en 2019. Elles sont
dominées par les YPG, considérées par Ankara comme une émanation du
PKK, interdit.
"Nous l'avons fait savoir à nos amis américains. Nous attendons qu'ils
réévaluent leurs positions", a déclaré Yasar Güler.
Donald Trump prendra officiellement ses fonctions à la Maison Blanche
le 20 janvier. (AFP, 16 déc 2024)
Blinken dit à la Turquie
qu'il est impératif de travailler contre l'EI en Syrie
Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a affirmé vendredi
qu'il est "impératif" de travailler contre l'EI en Syrie après la chute
de Bachar al-Assad, lors d'une visite à Ankara, la capitale turque.
M. Blinken a aussi indiqué qu'il voit des "signes encourageants" d'un
progrès vers un cessez-le-feu à Gaza et a demandé à la Turquie
d'utiliser son influence sur le Hamas pour l'encourager à l'accepter.
Ses remarques interviennent dans le cadre de la deuxième étape d'une
tournée régionale qui a suivi l'éviction soudaine du président Bachar
al-Assad après une offensive menée par des rebelles dirigés par des
islamistes.
Après sa visite en Jordanie, M. Blinken est arrivé jeudi soir dans la
capitale turque et a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan dans
un salon de l'aéroport d'Ankara.
"Notre pays a travaillé très dur (...) pour assurer l'élimination du
califat territorial de l'EI, pour garantir que cette menace ne revienne
plus. Et il est impératif que nous poursuivions ces efforts", a-t-il
déclaré vendredi à Ankara lors d'une conférence de presse conjointe
avec le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.
"Nos priorités incluent d'assurer la stabilité en Syrie le plus
rapidement possible, d'empêcher le terrorisme de gagner du terrain,
d'éviter l'Etat islamique et le PKK d'y dominer", a précisé à son tour
M. Fidan, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
considéré comme une organisation terroriste par la Turquie.
- "Jamais de la faiblesse" -
Jeudi soir, le chef de l'Etat turc a déclaré à M. Blinken que la
Turquie ne permettra "jamais de la faiblesse dans la lutte contre
l'Etat islamique".
"En tant que seul pays de l'OTAN à avoir combattu corps à corps contre
Daech, la Turquie empêchera les efforts du PKK et de ses extensions
visant à transformer la situation sur le terrain en une opportunité et
ne permettra jamais de la faiblesse dans la lutte contre l'EI", a-t-il
affirmé, selon un communiqué de la présidence turque.
Alors que les rebelles dirigés par les islamistes marchaient sur Damas,
les groupes proturcs ont lancé leur propre offensive contre les FDS
(Forces démocratiques syriennes), dominées par les Kurdes et soutenues
par les États-Unis, que M. Blinken a qualifié jeudi "d'essentielles"
pour empêcher une résurgence de l'EI en Syrie.
Les combats entre les deux forces ont suscité des inquiétudes au sujet
des intérêts divergents des alliés de l'OTAN en Syrie.
-"Signes encourageants" d'un cessez-le-feu à Gaza -
M. Blinken a aussi affirmé vendredi qu'il voyait des "signes
encourageants" d'un progrès vers un cessez-le-feu à Gaza.
"Nous avons discuté de Gaza et nous avons discuté, je pense, de
l'opportunité (...) de mettre en place un cessez-le-feu. Et ce que nous
avons vu ces dernières semaines sont des signes aussi encourageants que
possible", a-t-il déclaré.
Il a aussi demandé à la Turquie d'utiliser son influence sur le Hamas
pour qu'il dise "oui" à un cessez-le-feu.
"Lors de mes discussions avec le président Erdogan et avec le ministre
Fidan, nous avons parlé de la nécessité pour le Hamas de dire oui à un
accord possible, pour enfin contribuer à y mettre un terme. Et nous
apprécions beaucoup le rôle que la Turquie peut jouer en utilisant sa
voix auprès du Hamas pour tenter de parvenir à une conclusion", a-t-il
ajouté.
Le chef de la diplomatie américaine avait également discuté des efforts
en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza lors de son arrivée en Jordanie
jeudi, effectuant sa 12e visite au Moyen-Orient depuis l'attaque du
Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
La Turquie entretient depuis longtemps des liens étroits avec les
dirigeants du Hamas, le considérant comme un mouvement de libération
nationale plutôt que comme une organisation terroriste, à la différence
de la plupart des pays occidentaux.
Critique virulent d'Israël et de ses actions à Gaza, M. Erdogan a
fréquemment accueilli les dirigeants politiques du Hamas qui ont
utilisé Istanbul comme l'une de leurs bases étrangères au cours de ses
deux décennies de règne. (AFP, 13 déc 2024)
Relations
régionales / Regional Relations
Salih Muslim: Turkey’s moves in Syria undermine
Kurdish rights and risk escalation
Salih Muslim, a senior official of the Democratic Union Party (PYD),
warned that Turkey’s recent diplomatic engagements with Syria could
marginalise Kurdish gains and escalate regional tensions. Speaking in
an exclusive interview with Delal Akyüz of Mezopotamya Agency on
Wednesday, Muslim stressed that the Kurdish-led Autonomous
Administration in North and East Syria (AANES) seeks to be part of
Syria’s political solution.
Muslim’s remarks come amid shifting dynamics following attacks by
Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) that led to the collapse of Syria’s
61-year-old Baath regime. Turkey responded quickly, establishing
contact with HTS leader Ahmad al-Shara through high-level visits.
Turkish intelligence chief İbrahim Kalin visited Damascus on 12
December, followed by Foreign Minister Hakan Fidan on 22 December.
According to Muslim, Ankara’s strategy aims to isolate Kurdish groups
and prevent any formal engagement between the Syrian government and the
Autonomous Administration. Muslim said Turkey is urging Damascus to
reject any dialogue with the Kurds and block relations with the
Autonomous Administration. He accused Turkey of pursuing neo-colonial
ambitions reminiscent of France’s past mandate over Syria.
Muslim criticised Ankara’s claims of promoting Syrian stability,
arguing that Turkey labels Kurdish defence forces like the Syrian
Democratic Forces (SDF), People’s Protection Units (YPG), and Women’s
Protection Units (YPJ) as terrorists to justify intervention. Turkey
uses the pretext of counter-terrorism to control Syria. Their policies
are unacceptable to both the Syrian people and the region, he stated.
Highlighting the origins of Kurdish defence forces, Muslim said these
groups emerged after 2011 to protect civilians against attacks. Muslim
asserted that Kurdish forces were formed to defend their people and
gains, and disarmament is only possible if threats are removed and
safety is guaranteed.
While HTS has not clashed directly with Kurdish groups, Muslim
acknowledged ongoing communication. HTS claims it will not target
Kurds, and so far, they have kept that promise. They also advocate
unifying Syria’s armed groups, which ‘we do not oppose in principle’,
Muslim explained.
He indicated that HTS leader Abu Mohammad al-Julani opposes
Turkish-backed groups and seeks to dismantle them. Muslim added that if
Turkey halts its intervention and divisive policies, common ground
could be found with HTS.
Muslim revealed that discussions with the Kurdish National Council in
Syria (KNCS, also known by the acronym ENKS) continue, despite Turkish
efforts to obstruct Kurdish unity. He said they are committed to
achieving Kurdish unity and addressing shared goals.
Expressing hope for future negotiations with Damascus, Muslim advocated
a collaborative approach to drafting laws and addressing disputes.
Muslim concluded that they are part of Syria and want to be involved in
the political process, adding that dialogue remains the healthiest path
forward. (Medianews, 26 déc 2024)
A Damas, les Kurdes directement menacés par la Turquie
C’est sans doute la rencontre la plus importante de ces derniers jours
pour Ahmed Al Charaa, le chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Il a
laissé tomber son nom de guerre – Abou Mohammed Al Joulani – et troqué
son treillis pour un costume et, pour la première fois, une cravate.
Si, le 22 décembre, il a mis les petits plats dans les grands, c’est
qu’il recevait celui qui a pratiquement été son mentor politique et
représentant de la puissance tutélaire turque, Hakan Fidan. Aujourd’hui
ministre des Affaires étrangères, ce dernier a longtemps été à la tête
du MIT, les services de renseignements. À ce titre, il avait une
relation privilégiée avec Al Charaa, y compris quand celui-ci frayait
avec Daech et al-Qaida.
Les forces de protection kurdes visées par le HTC
À l’issue de leur entretien, les deux hommes ont tenu une conférence de
presse assez déconcertante tant leurs rôles semblaient inversés. Ahmad
Al Charaa a ainsi déclaré que son administration travaillait à la
protection des minorités, soulignant l’importance de la « coexistence »
dans ce pays multiethnique et multiconfessionnel.
Depuis deux semaines et la chute du régime baasiste, rien n’a encore
été entrepris en ce sens : l’intérim n’est absolument pas inclusif et
il se refuse à toute application de la résolution 2254 pour une
transition du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le dirigeant du HTC a eu cette phrase étonnante : « Nous nous efforçons
de protéger les confessions et les minorités contre tout conflit entre
elles », et contre les acteurs « extérieurs » qui tentent d’exploiter
la situation « pour provoquer une discorde sectaire ». Il a également
fait savoir que « la logique de l’État est différente de celle de la
révolution, et nous ne permettrons pas la présence de toute arme
échappant au contrôle de l’État ».
Une attaque claire envers les YPG
Si cela concerne tous les groupes armés du pays – y compris ceux de son
propre camp, djihadistes massacreurs, qu’il entend intégrer dans une
nouvelle armée nationale – il vise avant tout les forces de protection
kurdes (YPG). Ces dernières avaient payé un lourd tribut dans la lutte
contre l’État islamique et gardent toujours les combattants de Daech
dans les camps de prisonniers.
Elles se trouvent désormais totalement abandonnées y compris par
l’Union européenne (UE) et surtout les États-Unis. Pourtant, le
secrétaire d’État américain Antony Blinken a averti que le groupe
islamiste tenterait de rétablir ses forces au cours de cette période.
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« Je ne savais pas si mon fils était blessé, arrêté, ou tué » : à
Shehba, la double peine des familles kurdes à la recherche de leurs
proches disparus
Hakan Fidan n’a pas fait le déplacement à Damas pour rien. Alors qu’un
journaliste lui demandait si la Turquie allait opérer une offensive
dans le nord de la Syrie, c’est-à-dire en pays kurde, il a eu cette
réponse dénuée d’ambiguïté : « Les YPG volent les ressources
énergétiques du peuple syrien. Les YPG doivent être placés dans une
position où ils ne menacent plus l’unité de la Syrie. Il n’y a pas de
place pour le YPG-PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan – NDLR) dans
l’avenir de la Syrie. Les YPG doivent se dissoudre au plus vite. Ce
n’est pas le moment d’attendre et de voir. Nous devons agir
immédiatement. »
Pour bien marquer sa puissance, le représentant d’Ankara, dont les
troupes stationnent en Syrie, a ajouté : « L’intégrité territoriale de
la Syrie n’est pas négociable. » (L'Humanité, 23 décembre 2024)
Ankara et le nouveau pouvoir syrien s'affichent au
grand jour
Discrets jusqu'à l'offensive rebelle en Syrie, les liens entre la
Turquie et le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), désormais au
pouvoir à Damas, s'affichent au grand jour, chacun tirant profit de
l'autre, estiment des analystes.
"Personne ne les connaît aussi bien que nous", s'est targué le chef de
la diplomatie turque, Hakan Fidan, affirmant qu'Ankara avait convaincu
la Russie et l'Iran de ne pas stopper l'offensive ayant conduit à la
chute de Bachar al-Assad.
Pour autant, la victoire des rebelles syriens menés par le groupe HTS
n'est "pas une prise de contrôle" de la Syrie par la Turquie, a assuré
M. Fidan mercredi sur Al Jazeera, rejetant une affirmation du président
élu américain Donald Trump.
"HTS n'est pas une marionnette turque, contrairement à d'autres
factions rebelles syriennes, mais le groupe a depuis longtemps des
liens étroits avec les Turcs et a besoin du soutien turc", résume à
l'AFP Aron Lund, du centre de réflexion Century International.
Dans un entretien publié mercredi par le quotidien progouvernemental
turc Yeni Safak, le chef de HTS et des nouvelles autorités syriennes,
Abou Mohammad al-Jolani, de son vrai nom Ahmad al-Chareh, a ainsi
affirmé que son gouvernement entretiendra une "relation stratégique"
avec Ankara.
- "Stabiliser la Syrie" -
Symbole de cette proximité nouvelle entre la Turquie et la Syrie,
longtemps demeurées ennemies, le patron du renseignement turc, Ibrahim
Kalin, proche du président Recep Tayyip Erdogan, a savamment mis en
scène sa rencontre à Damas avec Abou Mohammad al-Jolani, quatre jours
seulement après la chute d'Assad.
"Les nouveaux dirigeants syriens sont très préoccupés par le fait de se
construire une légitimité et des contacts avec les pays étrangers",
relève Aron Lund.
"Ils n'ont pas vraiment les contacts diplomatiques ou l'expérience
nécessaires pour plaider leur cause au niveau international, donc ils
bénéficient beaucoup de l'aide d'Ankara", souligne-t-il.
La Turquie, qui s'est dit "prête" à fournir une aide militaire aux
nouvelles autorités syriennes, a appelé mercredi la communauté
internationale à retirer le groupe HTS de la liste des organisations
terroristes, ce qu'Ankara devrait faire sous peu, a laissé entendre le
chef de la diplomatie turque.
En visite jeudi au Caire, où il doit être reçu par son homologue
égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président turc Erdogan pourrait
essayer de convaincre l'Egypte, acteur régional important, de prendre
contact avec le nouveau pouvoir à Damas, avance la presse turque.
"Si Ankara parvient à aider à stabiliser la Syrie, (...) la Syrie
deviendra un allié de la Turquie", souligne Soner Cagaptay, du
Washington Institute of Near East Policy, pour qui Ankara possède déjà
"plus d'influence à Damas qu'elle n'en a jamais eu depuis 1920".
- "Taper les Kurdes" -
La Turquie pourra-t-elle en échange compter sur le pouvoir à
Damas
pour l'aider à se débarrasser des combattants kurdes du Nord syrien,
qu'elle perçoit comme une menace?
"Le nouveau gouvernement syrien le souhaite autant que nous", a affirmé
le ministre turc de la Défense, Yasar Güler.
Le chef militaire du groupe HTS a lui déclaré mardi à l'AFP que
l'autorité du nouveau pouvoir syrien s'exercerait aussi sur les zones
kurdes du nord-est, contrôlées par une administration semi-autonome.
"Les Turcs voudraient pousser HTS à taper les Kurdes, mais HTS ne veut
pas s'impliquer", estime sous couvert d'anonymat un spécialiste de la
Syrie au sein d'une représentation diplomatique occidentale en Turquie.
Pour cette source, le rôle d'Ankara dans l'offensive en Syrie a été
"surestimé", mais la Turquie possède désormais un "vrai levier
économique" grâce à sa frontière de plus de 900 km avec la Syrie.
De leur côté, les Occidentaux souhaitent éviter que la Turquie ne
s'impose comme l'allié incontournable de Damas.
Mardi à Ankara, la présidente de la Commission européenne, Ursula von
der Leyen, a ainsi jugé que l'Union européenne devait "intensifier" ses
liens avec le pouvoir syrien.
"La Turquie est devenue l'acteur étranger le plus influent en Syrie,
mais les États-Unis conservent une influence significative, sur la
légitimité internationale du nouveau gouvernement syrien et sur le
financement de la reconstruction du pays", souligne Ömer Özkizilcik,
chercheur associé à l'Atlantic Council à Ankara.
L'évolution de la situation dépendra donc aussi de Donald Trump, qui
prendra ses fonctions le 20 janvier mais s'est déjà dit convaincu que
"la Turquie détient les clés de la Syrie". (AFP, 19 déc 2024)
Le film des
derniers événements en Syrie
Cinq jours après la chute de Bachar al-Assad, renversé par le groupe
islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des groupes rebelles
alliés, les Syriens ont célébré vendredi la "victoire" dans de
nombreuses villes du pays.
Voici les développements des dernières 24 heures.
Ankara a parlé aux Russes et Iraniens
La Turquie a convaincu la Russie et l'Iran de ne pas intervenir en
Syrie pendant l'offensive des rebelles, a affirmé le ministre turc des
Affaires étrangères, Hakan Fidan.
"La chose la plus importante à faire était de parler aux Russes et aux
Iraniens et d'être sûr qu'ils n'entreraient pas militairement dans
l'équation. Nous leur avons parlé, ils ont compris", a-t-il dit.
Une offensive planifiée depuis un an
Les rebelles islamistes ont planifié il y un an leur offensive contre
Bachar al-Assad, a affirmé Abou Hassan al-Hamwi, un des commandants de
HTS, au Guardian.
Réouverture samedi de l'ambassade de Turquie
La Turquie rouvre samedi son ambassade à Damas, fermée depuis 2012, a
affirmé M. Fidan.
L'équipe de l'ambassade et le chef de mission désigné jeudi "sont
partis aujourd'hui (vendredi)" à Damas et l'ambassade "sera
opérationnelle demain" (samedi), a-t-il dit.
Une délégation du Qatar en Syrie
Une délégation du Qatar se rendre dimanche en Syrie pour rencontrer des
responsables du gouvernement de transition et préparer la réouverture
de l'ambassade, a déclaré à l'AFP un diplomate qatari.
Eviter une résurgence de l'EI
Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a affirmé, lors de
visites en Turquie et en Irak, que les Etats-Unis oeuvreraient pour
empêcher une résurgence du groupe jihadiste Etat islamique (EI) après
la chute de M. Assad.
Pont aérien de l'UE
Alors que l'hiver approche, l'Union européenne a annoncé le lancement
d'un pont aérien humanitaire destiné à la Syrie, via la Turquie. Selon
le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, 90% de la population
syrienne dépend de l'aide l'humanitaire.
"Signaux constructifs" au HCR
Les nouvelles autorités en place à Damas ont envoyé un "signal
constructif" au HCR, en lui demandant de rester en Syrie, a indiqué
l'organisation.
"Bienvenus"
Le chancelier Olaf Scholz a dit à l'adresse des réfugiés syriens
"intégrés" en Allemagne qu'ils restaient "bienvenus", alors que des
conservateurs et l'extrême droite appellent à leur retour dans leur
pays d'origine.
Israël dans la zone tampon
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné à l'armée
de "se préparer à rester" tout l'hiver dans la zone tampon située à la
lisière de la partie du Golan syrien occupée par Israël.
Les troupes israéliennes sont entrées dans la zone tampon juste après
la chute d'Assad. L'ONU a dénoncé une "violation" de l'accord de
désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël. (AFP, 13 déc 2024)
Accord entre l'Ethiopie et la Somalie: ce que l'on
sait
Après des mois de brouille concernant un protocole d'accord controversé
signé par l'Ethiopie avec la région séparatiste somalienne du
Somaliland pour un accès à la mer, Addis Abeba et Mogadiscio ont signé
mercredi en Turquie un accord pour mettre fin aux tensions.
L'accord a été salué dans la foulée par l'Union africaine, qui a
"fortement encouragé" les deux pays voisins à le mettre en oeuvre.
Que signifie cet accord pour les relations entre l'Ethiopie et la
Somalie, et quelles sont les conséquences pour la Corne de l'Afrique?
- Comment en est-on arrivé là? -
Les relations entre l'Ethiopie et la Somalie se sont fortement tendues
en janvier après qu'Addis Abeba a signé un protocole d'accord avec la
région séparatiste du Somaliland.
Ce texte prévoit la location pour 50 ans à l'Ethiopie, immense pays
enclavé d'environ 120 millions d'habitants, de 20 km de côtes du
Somaliland, qui a unilatéralement proclamé son indépendance de la
Somalie en 1991.
Les autorités somalilandaises affirment qu'en échange de cet accès à la
mer, l'Ethiopie deviendrait le premier pays à reconnaître
officiellement leur république. Le contenu exact de l'accord n'a jamais
été rendu public, et Addis Abeba n'a jamais affirmé que la
reconnaissance du Somaliland était une condition sine qua non.
Les autorités somaliennes ont de leur côté dénoncé un accord "illégal"
et une "agression" contre sa souveraineté.
La communauté internationale, notamment l'ONU, les Etats-Unis et la
Chine, ont enjoint l'Ethiopie à respecter l'intégrité territoriale de
la Somalie.
En réaction, Mogasdiscio a, ces derniers, mois renforcé ses relations
avec l'Egypte, en froid avec l'Ethiopie à cause de la construction d'un
barrage sur le Nil, et l'Erythrée.
- Pourquoi la communauté internationale est-elle inquiète? -
Cette escalade entre les deux pays inquiète dans une région instable,
en proie notamment à l'insurrection des islamistes radicaux shebab.
Mogadiscio a menacé d'ordonner le retrait des quelque 10.000 soldats
éthiopiens présents en Somalie dans le cadre de l'Atmis (mission
africaine de transition en Somalie).
En septembre, dans un entretien avec l'AFP, Omar Mahmood, analyste
principal de l'Afrique de l'est pour le groupe de réflexion
International Crisis Group, avait déclaré que les shebab étaient les
"grands gagnants" de cette situation.
- Que contient l'accord? -
Très peu d'éléments ont filtré de cet accord conclu mercredi entre le
président somalien Hassan Cheikh Mohamoud et le Premier ministre
éthiopien Abiy Ahmed sous les auspices du président turc Recep Tayyip
Erdogan.
Le président turc a déclaré mercredi qu'il estimait que l'accord,
qualifié d'"historique", conclu après huit heures de négociations
allait permettre d'assurer un accès de l'Ethiopie à la mer.
Selon le texte de l'accord publié par la Turquie, les parties sont
convenues "d'abandonner les divergences d'opinion et les questions
litigieuses, et d'aller résolument de l'avant dans la coopération en
vue d'une prospérité commune".
"Cela met fin aux divergences que nous avons eues ces derniers temps.
L'Éthiopie et la Somalie sont deux pays voisins, et ils ont des
intérêts mutuels à coopérer ensemble et à construire un avenir prospère
pour nos deux pays et nos deux peuples", a salué le président somalien.
- Que devient l'accord entre l'Ethiopie et le Somaliland? -
C'est un élément crucial, et l'accord conclu mercredi en Turquie ne
mentionne pas le devenir du protocole d'accord signé en janvier.
Le Somaliland, qui installe jeudi un nouveau président, n'a pour
l'heure fait aucune déclaration officielle et les autorités
éthiopiennes n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.
Guleid Ahmed Jama, avocat et analyste politique du Somaliland, a
déclaré à l'AFP que l'accord "indique que l'Éthiopie répudie certains
de ses engagements concernant la reconnaissance du Somaliland".
"Cela ne dissuadera pas le Somaliland de continuer à rechercher une
reconnaissance internationale, mais c'est évidemment un revers", a-t-il
déclaré.
- Quelles ont été les réactions à cet accord? -
L'Union africaine, par la voix du président de la Commission, Moussa
Faki Mahamat, a salué jeudi un "acte important", tout en enjoignant les
deux pays "à mettre en oeuvre, sans délai, les mesures pertinentes
adoptées".
Un peu plus tôt, le secrétaire exécutif du bloc régional d'Afrique de
l'est, l'Autorité intergouvernementale pour développement (Igad) et
ex-ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu, avait
salué un "accord important" qui "démontre un engagement à résoudre les
problèmes bilatéraux à l'amiable".
Omar Mahmood a de son côté affirmé que l'accord était une surprise
"bienvenue" dans la région.
"Cela fait baisser la tension, qui jusqu'alors était dangereuse",
a-t-il déclaré à l'AFP, tout en assurant que les deux parties en
sortaient gagnantes.
"Abiy obtient l'engagement d'avoir accès à la mer, (mais sans la
mention de la base navale), tandis que pour la Somalie, l'accord
reconnaît sa souveraineté", a-t-il expliqué. (AFP, 12 déc 2024)
La Syrie post-Assad, source d'opportunités pour la Turquie
d'Erdogan
Le renversement du gouvernement de Bachar al-Assad, ennemi d'Ankara,
renforce le poids régional de la Turquie, qui dispose désormais d'une
influence accrue en Syrie, soulignent les experts.
"En tant que principal soutien des rebelles, la Turquie est le grand
gagnant dans la région" de la chute de Bachar al-Assad, estime Paul
Salem, vice-président du Middle East Institute (MEI), à Washington.
Pour autant, au moment où la Syrie plonge dans l'inconnu, "ce succès
implique la responsabilité (pour Ankara) de participer à une transition
réussie", note-t-il.
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, la
Turquie s'est ainsi dit prête dimanche à aider la Syrie à "garantir sa
sécurité" et "panser ses plaies".
Le chef de la diplomatie turque, appelant de ses voeux une "transition
en douceur" à Damas, a dit espérer le retour de millions de réfugiés
syriens dans leur pays.
Trois millions d'entre eux vivent sur le sol turc, alimentant un fort
sentiment antisyrien dans la population.
"La perspective d'un retour des réfugiés syriens renforcera le soutien"
à Erdogan dans l'opinion publique turque, prédit Gönül Tol, directrice
du programme Turquie au Middle East Institute.
- "nouveau patron" -
L'experte souligne aussi que, sur le front de la politique étrangère,
la chute d'Assad va rebattre les cartes entre Ankara et Moscou, allié
jusqu'ici de Damas au côté de Téhéran.
"La Turquie jouira d'un meilleur rapport de force dans ses relations
avec la Russie", affirme Mme Tol, pour qui la guerre en Syrie avait
rendu Ankara "vulnérable" aux décisions de Moscou, les bombardements
russes sur le nord-ouest du pays ayant fait redouter jusqu'à récemment
un nouvel afflux de réfugiés à la frontière turque.
"L'influence de la Turquie va s'accroître à Damas, au détriment de
l'Iran et de la Russie", abonde Soner Cagaptay, du Washington Institute
of Near East Policy, qui estime qu'Ankara doit désormais aider le
groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a mené l'offensive
rebelle, à "obtenir une reconnaissance internationale" et à "se
débarrasser de la Russie et de l'Iran".
"Et cela ne fonctionnera pas si la Turquie se comporte comme le nouveau
patron de la Syrie", avertit-il.
Sinem Adar, du Centre d'études appliquées sur la Turquie (CATS) à
Berlin, estime qu'"il est trop tôt" pour dire si la Turquie est le
"gagnant" des développements chez son voisin.
"Beaucoup dépendra de la dynamique entre les acteurs locaux, en
particulier le HTS et les FDS", les Forces démocratiques syriennes
dominées par les Kurdes, qui ont tenté dans ses premiers jours de tirer
profit de l'offensive rebelle, "et de la dynamique entre le HTS et
Ankara", souligne la chercheuse sur X.
- "blason nationaliste" -
Le bouleversement des équilibres dans le Nord syrien est aussi
l'occasion pour la Turquie d'éloigner de sa frontière les Unités de
protection du peuple (YPG), alliées des Occidentaux dans la lutte
contre l'Etat islamique (EI) mais considérées par Ankara comme une
émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi juré.
Des combattants proturcs participant à l'offensive rebelle ont ainsi
repris la semaine dernière aux forces kurdes le contrôle de la ville de
Tal Rifaat, située en lisière d'une "zone de sécurité" occupée par la
Turquie dans le nord de la Syrie.
Le chef de la diplomatie turque a redit dimanche veiller à ce que les
combattants kurdes n'étendent pas leur influence en Syrie "en profitant
de la situation", au moment où les télévisions turques annonçaient que
des factions proturques "nettoyaient" la région de Manbij, au nord-est
d'Alep, de la présence des YPG.
"Nous sommes en contact avec nos amis américains à ce sujet. Ils savent
à quel point nous sommes sensibles à la question du YPG et du PKK", a
déclaré dimanche le ministre turc des Affaires étrangères.
Pour Gönül Tol, outre les considérations purement sécuritaires,
"Erdogan pourra utiliser (l'image de) YPG affaiblies pour redorer son
blason nationaliste dans son pays". (AFP, 8 déc 2024)
L'offensive
rebelle en Syrie, une bonne affaire pour la
Turquie?
La Turquie reste prudente face à l'offensive rebelle en Syrie mais elle
espère y gagner à terme le retour d'une partie des trois millions de
Syriens réfugiés sur son sol et l'occasion de nettoyer la menace kurde
à sa frontière sud, estiment les observateurs.
Alors que le président syrien Bachar al-Assad a rejeté sa main tendue,
Ankara apparaît comme un acteur majeur pour l'avenir proche de son
voisin.
Q: Quel rôle la Turquie a-t-elle joué dans l'offensive rebelle?
R: Selon Ömer Özkizilcik, chercheur associé à l'Atlantic Council à
Ankara, la Turquie entretient "une relation complexe et difficile" avec
le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a conduit
la marche des factions rebelles syriennes sur Alep.
L'offensive était prévue "sept semaines plus tôt, les plans militaires
prêts, mais la Turquie a empêché les rebelles d'avancer" et la Russie,
alliée de Damas, "a lourdement bombardé leurs positions" pour sauver le
gouvernement Assad, affirme Ömer Özkizilcik. Point de vue partagé par
Charles Lister, expert au Middle East Institute à Washington, qui donne
la date initiale de "mi-octobre".
Ce n'est qu'après l'échec des tentatives de normalisation des relations
avec Damas et la recherche d'une solution politique à travers le
processus diplomatique d'Astana - qui associe depuis 2017 Turquie,
Russie et Iran - qu'Ankara a donné son feu vert, assure Ömer Özkizilcik.
"Ce serait une erreur, à ce stade, d'essayer d'expliquer les événements
en Syrie par une quelconque ingérence étrangère", a affirmé lundi le
ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.
Q: Quelles relations entre la Turquie et le groupe HTS?
R: La Turquie a combattu l'expansion du groupe HTS dans sa "zone de
sécurité", dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara a fait pression sur
ce groupe pour qu'il rompe son affiliation à Al-Qaïda et ne s'en prenne
pas aux minorités, chrétiennes et druzes en particulier: "Le HTS
d'aujourd'hui n'est plus celui de 2020", affirme M. Özkizilcik.
Firas Kontar, opposant syrien d'origine druze, auteur de "Syrie, la
révolution impossible", estime cependant qu' "Erdogan n'a plus les
moyens d'arrêter les HTS".
Q: Où en sont les relations entre Damas et Ankara?
R: Damas et Ankara ont rompu leurs relations en 2011, après le début du
conflit syrien qui a morcelé le pays et fait un demi-million de morts
environ.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles, a
tendu la main à partir de 2022 à Bachar al-Assad, qu'il qualifiait
jusque là d'"assassin". En juillet, il s'est dit prêt à l'inviter "à
tout moment" mais M. Assad a conditionné cette rencontre au retrait des
forces turques de Syrie, malgré la médiation de la Russie, alliée de
Damas.
Ankara espérait par cette réconciliation faciliter le retour d'une
partie des quelque trois millions de réfugiés syriens toujours sur son
sol, dont la présence est devenue un enjeu politique fort.
"Avec le changement de donne sur le terrain, la Turquie apparaît comme
l'acteur majeur du moment en Syrie et l'Iran et la Russie vont devoir
négocier avec elle une solution" politique au conflit, avance Ömer
Özkizilcik.
Q: Quelle présence turque en Syrie?
R: Depuis 2016, la Turquie a lancé plusieurs incursions contre
les forces kurdes dans le nord de la Syrie, qui lui ont permis de
contrôler des zones le long de la frontière.
L'objectif est d'éloigner les mouvements armés kurdes, dont les Unités
de protection du peuple (YPG), alliées des Occidentaux dans la lutte
contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI).
La Turquie considère les YPG comme une émanation du PKK, classé
terroriste par Ankara, les Etats-unis et l'Union européenne.
Q: Quel avenir pour les mouvemments kurdes?
R: Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ONG basée
au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, des
groupes rebelles proturcs ont repris dimanche aux forces kurdes le
contrôle de la ville de Tal Rifaat. Cette localité-clé est située en
lisière de la "zone de sécurité" occupée par la Turquie dans le nord de
la Syrie.
Les services de renseignements turcs (MIT) ont annoncé lundi y avoir
tué un responsable local du PKK, Yasar Çekik.
"La Turquie ne permettra pas aux organisations terroristes de tenter de
profiter de l'atmosphère d'instabilité" en Syrie, a prévenu lundi le
ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. (AFP, 3 déc 2024)
Dans une Syrie morcelée par la guerre, qui contrôle
quels territoires?
Sous la houlette des islamistes de Hayat Tahrir al-Cham, des rebelles
du nord de la Syrie ont lancé une offensive fulgurante sur la ville
d'Alep, contraignant l'armée de Bachar al-Assad à abandonner la
deuxième ville du pays.
Cette conquête représente un tournant dans le cours de la guerre en
Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations
prodémocratie. Pour le régime, elle remet en cause des années de
victoires qu'il a enchaînées avec le soutien militaire de ses alliés,
la Russie et l'Iran.
Après 13 années d'un conflit sanglant ayant morcelé la Syrie, qui sont
les principaux belligérants et leurs soutiens?
- Les islamistes radicaux -
Les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dominés par
l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, contrôlaient avant leur
offensive la dernière poche d'opposition armée dans le nord-ouest de la
Syrie, englobant près de la moitié de la province d'Idleb et des
territoires limitrophes des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.
Plus de la moitié de ses quelque cinq millions d'habitants concentrés
sur 3.000 km2 sont des déplacés ayant fui d'autres régions reconquises
par le régime.
A la faveur de leur offensive éclair, les rebelles ont quasiment doublé
leur territoire, selon Fabrice Balanche, maître de conférence à
l'université Lyon 2.
Outre Alep, ils ont conquis des parties de sa province, de celle
d'Idleb et de la province de Hama (centre).
- Les forces gouvernementales -
Après le début du conflit en 2011, l'armée syrienne avait perdu la
majorité du territoire au profit des factions d'opposition, de
combattants kurdes, puis des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
L'intervention russe en 2015 a changé la donne. Soutenu militairement
par Moscou, l'Iran et le Hezbollah, le régime a repris de nombreux
territoires.
Avant l'offensive de HTS, le gouvernement de Bachar al-Assad contrôlait
les deux tiers de la Syrie et environ 12 millions de personnes qui y
vivent, selon l'analyste Fabrice Balanche.
Il tient encore notamment la capitale Damas, une grande partie du
littoral (nord-ouest), ainsi que la province de Homs, dans le centre du
pays, et les régions instables de Deraa et de Soueida, dans le sud.
Dans l'ouest de la Syrie, la Russie dispose de la base aérienne de
Hmeimim et d'une base navale au port de Tartous.
- Combattants kurdes -
Profitant de l'affaiblissement du régime après le début de la guerre,
les Kurdes ont annoncé la mise en place d'une "administration autonome"
dans des zones du nord et de l'est du pays, après le retrait du régime
d'une grande partie de ces régions.
Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS,
dominées par les Kurdes) ont progressivement étendu leur territoire, en
enchaînant les victoires face à l'EI.
Elles dominent le Nord-Est syrien, dont la population est estimée à 3
millions d'habitants, dont un gros tiers de Kurdes, selon Fabrice
Balanche.
Des forces américaines, déployées dans le cadre d'une coalition
internationale anti-EI, sont déployées sur plusieurs bases en
territoire kurde, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor.
Elles sont également présentes dans le sud, sur la base stratégique
d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne.
- La Turquie et les factions -
Les forces turques et leurs supplétifs syriens contrôlent une bande
territoriale discontinue entre Afrine et Ras al-Aïn, dans le
nord-ouest, le long de la frontière turque.
Ces territoires contrôlés par une coalition de rebelles relevant de la
Turquie, abritent 1,5 million de personnes.
Parallèlement à l'offensive à Alep, ces groupes ont pris l'enclave de
Tal Rifaat, contrôlée par les Kurdes.
Depuis 2016, l'armée turque a lancé plusieurs opérations militaires
dans le nord de la Syrie, ciblant notamment les combattants kurdes.
- Les jihadistes de l'EI -
Après avoir conquis de vastes zones en Syrie et en Irak en 2014,
l'organisation jihadiste a subi des défaites successives jusqu'à perdre
tous ses territoires en 2019 en Syrie.
Les combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent de mener
des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les
forces kurdes. (AFP, 3 déc 2024)
Ce
que l'on sait de l'escalade militaire dans le nord de la Syrie
Des groupes rebelles emmenés par les islamistes radicaux de Hayat
Tahrir al-Sham poursuivent l'escalade militaire dans le nord de la
Syrie, après avoir conquis Alep, deuxième ville du pays qui échappe au
contrôle total du régime pour la première fois depuis 2011.
Dans un pays morcelé par la guerre, quelles perspectives à l'horizon
pour le nord de la Syrie et ses belligérants?
- Qui a lancé l'offensive?
Elle a été lancée le 27 novembre par une coalition de groupes rebelles
dominée par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Sham
(HTS).
"Les forces du régime se sont retirées de leurs positions (...) sans
livrer de résistance significative", a estimé l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH). Même constat selon des témoins interrogés par
l'AFP.
Pour Jérôme Drevon, expert de l'International Crisis Group (ICG),
l'offensive visait initialement à "tester (...) les lignes de défense
du régime".
L'avancée fulgurante des insurgés leur a permis de réaliser que "le
régime était plus faible que ce qu'ils pensaient", ajoute-t-il.
La prise d'Alep montre aussi "que l'Iran et la Russie soit n'ont pas
pu, soit n'ont pas voulu, vraiment protéger le régime sur un point
essentiel qui est la capitale économique", estime-t-il.
La perte de la métropole constitue un revers d'autant plus cuisant que
le régime, épaulé par Téhéran et Moscou, n'avait épargné aucun effort
pour reprendre en 2016 ses quartiers orientaux tenus par la rébellion,
au prix d'un long siège et de sanglants combats.
En parallèle à l'offensive de HTS, des rebelles soutenus par Ankara ont
lancé dès samedi une nouvelle opération, qui leur a notamment permis de
prendre l'enclave de Tal Rifaat (nord), auparavant aux mains des
Kurdes, bête noire de la Turquie.
Les combats ont poussé des dizaines de milliers de Kurdes de Tal Rifaat
à fuir vers des territoires tenus par la minorité plus à l'est.
- Les pays impliqués -
Samedi, le président Bachar al-Assad a juré de "vaincre" les
"terroristes" avec "l'aide de ses alliés".
Mais si la donne avait changé? Moscou est absorbé par la guerre en
Ukraine et Téhéran par une situation régionale explosive qui a affaibli
ses alliés, au premier rang desquels le Hezbollah au Liban, après deux
mois de guerre avec Israël.
Les rebelles ont choisi le moment "idéal" pour lancer leur offensive,
estime Hans-Jakob Schindler, du think tank Counter-Extremism Project
(CEP), tant la Russie, l'Iran, ou le Hezbollah "ont d'autres problèmes
à régler en ce moment".
Téhéran et Moscou ont toutefois promis à leur allié syrien un "soutien
inconditionnel". Selon le Kremlin, ils ont "souligné l'importance de
coordonner" leur action avec la Turquie, qui soutient des rebelles et
contrôle des territoires frontaliers dans le nord syrien.
Peu présente les premiers jours, l'aviation russe a annoncé dimanche
soutenir l'armée syrienne "pour repousser l'agression terroriste" dans
le nord syrien.
L'Iran a lui confirmé maintenir ses "conseillers militaires" au côté de
l'armée.
Pour sa part la Turquie, qui selon certains experts a donné son feu
vert à l'offensive sur Alep, a estimé par la voix de son ministre des
Affaires étrangères Hakan Fidan que Damas devait "parvenir à un
compromis avec son propre peuple et l'opposition légitime".
- Quelles perspectives?
"Alep semble perdue pour le régime. A moins de lancer prochainement une
contre-offensive, ou si la Russie et l'Iran envoient plus de renforts,
je ne pense pas que le gouvernement puisse la récupérer", estime Aron
Lund, du centre de réflexion Century International.
Or "un gouvernement sans Alep n'est pas vraiment un gouvernement
fonctionnel en Syrie", résume-t-il.
Le président "Assad n'a probablement pas les ressources nécessaires
pour reprendre Alep", confirme Tammy Palacios, de l'institut New Lines.
Et même si cela se faisait, avec le soutien des alliés russes et
iraniens, les localités environnantes ne pourraient pas être
reconquises, ajoute-t-elle.
L'escalade en cours rompt le calme précaire dans le nord syrien, qui
régnait depuis 2020 grâce à un cessez-le-feu négocié par Moscou et
Ankara.
Mais si les armes s'étaient tues, aucune résolution politique, et
durable, du conflit n'était en vue.
Pour le politologue Fabrice Balanche, il est difficile de s'attendre à
une "réunification" de la Syrie.
"Le régime peut se maintenir dans la région côtière alaouite, notamment
grâce à la présence russe, à Homs et à Damas" dans le centre,
explique-t-il.
Le nord-ouest restera "sous la tutelle de HTS et des pro-turcs", et le
nord-est dominé par les forces kurdes "à condition que la présence
américaine dure" pour empêcher une offensive turque, dit-il.
Désormais, un gouvernement reconnu par l'ONU pourrait coexister au côté
d'"entités autonomes (...) reposant sur une forte identité
ethnico-confessionnelle", pronostique-t-il. "La fragmentation existante
va s'installer dans le temps". (AFP, 3 déc 2024)
La Turquie réclame la "fin" des "attaques" sur les rebelles
d'Idleb en
Syrie
Ankara a appelé vendredi à mettre "fin" aux "attaques" sur la ville
d'Idleb et sa région, dernier bastion jihadiste et rebelle dans le
nord-ouest de la Syrie, après une série de raids de les aviations russe
et syrienne.
"Nous avons demandé qu'il soit mis fin aux attaques. Les affrontements
récents ont généré une escalade indésirable des tensions dans la région
frontalière", a indiqué sur X le porte-parole du ministère turc des
Affaires étrangères en évoquant "les développements à Idleb et sa
région frontalière".
Il s'agit de la première réaction officielle de la Turquie depuis le
début de l'offensive éclair des jihadistes contre le régime syrien, qui
les a conduits en deux jours jusque dans Alep, deuxième ville du pays.
"Il est de la plus haute importance pour la Turquie qu'une nouvelle
phase d 'instabilité plus grande encore soit évitée et que les civils
ne soient pas touchés", estime le ministère.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose
d'un vaste réseau de sources en Syrie, le groupe jihadiste Hayat Tahrir
al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la
Turquie, sont entrés vendredi dans Alep.
L'ONG a fait état en parallèle de raids intensifs menés par des avions
russes et syriens sur la ville d'Idleb et sa région.
Ces combats qui sont les plus violents depuis 2020 ont fait au moins
255morts, selon l'OSDH.
Un correspondant de l'AFP avait rapporté de violents affrontements
depuis mercredi matin à l'est de la ville d'Idleb, accompagnés de
frappes aériennes du régime.
Le chef du "gouvernement" autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a
justifié jeudi l'offensive jihadiste en affirmant que le régime avait
"commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l'exode de
dizaines de milliers de civils".
Pour Ankara, "les récentes attaques contre Idleb ont atteint un niveau
qui mine l'esprit et la mise en oeuvre des accords d'Astana" de 2017.
Le processus d'Astana, qui associe la Russie, l'Iran et la Turquie,
devait permettre de mettre un terme au conflit en Syrie avec la
création de quatre zones démilitarisées. Mais la Syrie n'a jamais signé
cet accord.
La Turquie, qui accueille trois millions de réfugiés syriens, avait
entamé un processus de réconciliation avec Damas, sous le parrainage
russe, allié du président Bachar al-Assad, mais ce rapprochement n'a
pas abouti. (AFP, 29 nov 2024)
Erdogan souhaite "l'expansion" du commerce avec la Russie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
affirmé souhaiter "l'expansion" du volume des échanges commerciaux
entre la Turquie et la Russie, lors d'un entretien téléphonique
dimanche avec son homologue russe Vladimir Poutine.
"Le président Erdogan a déclaré qu'il visait à accroître la coopération
entre la Turquie et la Russie dans de nombreux domaines, notamment
l'expansion du volume des échanges commerciaux", a précisé la
présidence turque dans un communiqué.
Tout en condamnant rapidement l'offensive russe en Ukraine, la Turquie
a opté pour la neutralité entre les deux pays et ne s'est pas jointe
aux sanctions occidentales contre Moscou.
Le président turc avait alors justifié cette politique par la forte
dépendance de la Turquie au pétrole et au gaz russe.
Cinq entreprises turques ont été cibles de sanctions américaines en
septembre 2023 pour avoir fourni des produits et des services aux
entreprises russes du secteur de la défense.
Dans une lettre envoyée en août 2022 aux cercles d'affaires turcs, le
secrétaire américain adjoint au Trésor avait mis en garde les
compagnies turques d'un "risque accru" pour elles face "aux tentatives
de la Russie d'utiliser" la Turquie "pour échapper aux sanctions".(AFP,
24 nov 2024)
Un avion russe évacué en Turquie, un moteur en feu à
l'atterrissage
Plus de 90 passagers et membres d'équipage d'un avion russe ont été
évacués dimanche soir après qu'un de ses moteurs a pris feu à
l'atterrissage à Antalya, dans le sud de la Turquie, a indiqué le
ministère des Transports.
Le Soukhoï Superjet-100 de la compagnie Azimuth Airlines atterrissait à
l'aéroport d'Antalya, sur la côte méditerranéenne de la Turquie,
lorsqu'un incendie s'est déclaré dans son moteur, a-t-il précisé dans
un communiqué.
Un responsable de l'aéroport a précisé à l'agence Anadolou qu'il
s'agissait du moteur gauche, et que l'incendie avait été éteint
rapidement.
"89 passagers et 6 membres d'équipage qui étaient à bord ont été
évacués sans encombre à 21H43 (18H43 GMT, ndlr) et il n'y a pas eu de
blessés", selon le ministère.
L'avion arrivait de Sotchi, une célèbre station balnéaire russe de la
mer Noire.
Tous les atterrissages à l'aéroport d'Antalya ont été suspendus jusqu'à
03H00 (0H00 GMT) lundi, tandis que les avions au départ ont été envoyés
sur la piste militaire de l'aéroport, a indiqué le ministère. (AFP, 24
nov 2024)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Cyprus warns Turkey-Syria maritime deal could violate
international law
Cyprus warned that any potential maritime agreement between Turkey and
Syria must comply with international law, especially the United Nations
Convention on the Law of the Sea (UNCLOS), and respect Cyprus’
sovereignty.
Government spokesman Konstantinos Letymbiotis said the government is
closely monitoring the situation. “Any attempt to undermine or ignore
Cyprus’ sovereign rights would violate international law. Cyprus will
take all necessary measures at the international and European levels,”
he said.
Letymbiotis added that President Nikos Christodoulides, in coordination
with Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis, has briefed European
Union leaders on Turkey’s possible actions and has secured EU backing.
The statement follows Turkish media reports about a potential maritime
deal between Turkey and Syria in the contested waters of the Eastern
Mediterranean. (ekathimerini, 24 Dec 2024)
"Le monde a perdu la tête au point de célébrer la
victoire du terrorisme"
Charalambos Petinos, Tribunes libres, 14 Déc 2024
La situation actuelle en Syrie préoccupe et pose des questions. La
prise de Damas par les djihadistes et la fuite de Bachar al-Assad crée
une situation qui interpelle les observateurs et les politiques du
monde entier. Nombre d’entre eux a salué la chute d’Assad et s’est
réjoui du changement.
Cependant, de nombreuses interrogations hantent les brillants esprits
de nos dirigeants.
Avec ce papier, j’ai choisi de donner la parole à un journaliste
chypriote turc, Şener Levent – qui a publié dans le quotidien chypriote
grec O Politis ses réflexions sur la question[1].
Avant de donner la parole à Şener Levent quelques mots sur sa
personnalité. Fondateur et rédacteur en chef du quotidien chypriote
turc Avrupa. Il milite pour la réunification de Chypre et le départ de
toutes les armées de l’île, y compris l’armée d’occupation turque.
Ses prises de position lui ont valu nombre de condamnations par la
justice turque et par la « justice » chypriote turque. Pour protester
contre la politique du régime d’Erdogan contre lui-même et son journal
il a rebaptisé le quotidien Avrupa en Afrika !
Şener Levent a eu également plusieurs procès à Ankara. J’en retiens
plus particulièrement un qui a fait pas mal de bruit en Turquie.
***
Şener Levent écrit à propos de la situation syrienne.
Titre de l’article : « Le monde a perdu la tête au point de célébrer la
victoire du terrorisme »
« Ce n’était pas une guerre civile. La grande majorité des djihadistes
qui se qualifient d’« opposition » sont venus de l’étranger. Ils ont
été formés en Turquie. Ils ont été élevés là-bas. Et ils ont été
envoyés en Syrie. Ce sont des mercenaires, pas des combattants de
l’opposition. Le vrai danger de guerre civile existe désormais en
Syrie. Pour l’instant, il s’agit de pillage et de saccage. Ensuite,
viendra le le grand chamboulement du monde.
« Selon Tayyip Erdogan, qui se considère comme le commandant victorieux
de la victoire djihadiste, ils ont libéré la Syrie ! Mais les Syriens
vont désormais connaitre les vraies ténèbres. Tout ce qui se passe
rappelle l’Iran, la Libye et l’Irak. Ils pensaient que ceux qui avaient
renversé le Chah Reza Pahlavi et l’avaient remplacé par l’ayatollah
Khomeini avaient fait une révolution et avaient libéré l’Iran. Après
cela, ils ont vécu et vivent encore le véritable esclavage. Les mollahs
islamistes à l’esprit étroit et embrouillé ne tolèrent même pas que les
femmes montrent leurs cheveux ! Saddam Hussein, en Irak, était lui
aussi un dictateur très brutal, comme le Chah Reza Pahlavi. Il a fait
subir le pire à l’opposition. Ils se sont réjouis lorsque l’invasion
américaine a renversé Saddam et qu’ils ont déboulonné ses statues, tout
comme ceux qui déboulonnent aujourd’hui les statues d’Hafez Assad en
Syrie.
« Mais lorsqu’ils ont vu ce qui s’est passé par la suite, ils ont même
commencé à regretter Saddam. Ils ont également célébré ceux qui ont
brutalement éliminé Kadhafi en Libye. Mais la Libye s’est transformée
en une telle mare de sang qu’ils ont commencé à avoir la nostalgie de
Kadhafi. Je ne pense pas qu’il en sera autrement en Syrie.
« La meute de djihadistes qui a conquis Damas a mis à prix la tête
d’Assad pour dix millions de dollars. Dix millions de dollars pour
quiconque le capturera. Et l’Amérique a déjà mis une prime de 10
millions de dollars sur la tête du chef de Hayat Tahrir Al-Sham (HTS),
al-Joulani. Regardez les revirements de l’histoire. Et maintenant, elle
applaudit al-Joulani, dont la tête avait été mise à prix pour dix
millions de dollars ! Plus drôles encore sont les déclarations qui
sortent de la bouche de Tayyip Erdogan alors que la Syrie est en train
d’être démantelée. Il parle de protéger l’intégrité territoriale de la
Syrie ! A l’heure actuelle, ils sont trois à se partager les
territoires de la Syrie : Les djihadistes, les Kurdes et les Turcs. Et
c’est l’Amérique qui contrôle tout ça et qui les mène là où elle veut !
Si les djihadistes, qui sont divisés en plusieurs groupes, ne peuvent
pas s’unir sous un même drapeau, ils peuvent eux aussi être divisés en
petits États. L’Amérique fera tout ce qu’il faut pour Israël, auquel
elle accorde une grande importance. Après tout, elle a également défini
les limites de cette guerre.
Comme elle les a définies à Chypre. Elle a autorisé l’armée turque à
aller jusqu’où elle pouvait aller et a tracé la ligne. De Karpas à
Limnitis. Aux djihadistes de Syrie, elle a dit « ne touchez pas aux
Kurdes ». Les djihadistes en Syrie et l’armée turque ont compris le
message. De plus, Tayyip Erdogan a tenu la promesse qu’il avait faite
au secrétaire d’État américain Blinken. Blinken lui avait dit « ne
touchez pas aux civils ». Et Erdogan a donné cette consigne aux
djihadistes.
« Cela sent un nouvel Afghanistan à plein nez. Ils parent le chef
djihadiste al-Joulani et l’exhibent à la télévision. Al-Joulani nous
dit qu’il a changé et qu’il n’est plus le même homme qu’avant. L’époque
où l’Amérique avait mis sa tête à prix pour dix millions de dollars est
révolue, dit-il. L’homme est différent à chaque âge, dit-il.
Aujourd’hui, il tente de convaincre le monde qu’il est un dirigeant
démocratique. Vous verrez. La Turquie sera le premier pays à
reconnaître le nouvel État qu’ils ont déclaré. Ensuite, Tayyip Erdogan
se rendra à Damas pour prier à la mosquée Emevi. Qui sait, il
construira même, probablement, un complexe immobilier avec une mosquée
à Damas, comme il le fait chez nous (dans la partie de Chypre occupée
par la Turquie, ndt ). Et notre propre État fantôme, la RTCN[2], sera
parmi les premiers à féliciter la nouvelle administration de Damas.
Nous établirons de très bonnes relations avec cette administration
terroriste. Plus d’argent et plus de drogues afflueront ici. Vous allez
voir, la situation que je décris n’est pas lointaine… Vous verrez
qu’ils vont même ouvrir la liaison maritime entre Lattaquié à
Famagouste[3]. »
______________________________
[1] O Politis : https://politis.com.cy/874790/article
[2] République turque du nord de Chypre, entité créée par la Turquie
sur le territoire chypriote qu’elle occupe illégalement depuis 1974. La
Turquie est le seul pays au monde à avoir reconnu cette entité
sécessionniste.
[3] Port situé sur la côte orientale de Chypre, sous occupation turque,
fermé au trafic international par les autorités légitimes de la
République de Chypre.
Deux
Turcs placés en détention provisoire pour deux meurtres en Grèce
Deux ressortissants turcs, accusés du meurtre de deux de leurs
compatriotes dans une banlieue balnéaire d'Athènes au début de la
semaine, ont été placés vendredi en détention provisoire après avoir
été inculpés pour homicide, a-t-on appris de source judiciaire.
Lundi, deux Turcs d'origine kurde avaient été tués et un autre blessé
dans une fusillade à Glyfada, une banlieue aisée de la capitale grecque.
Outre le crime d'"homicide", les deux accusés ont également été
inculpés pour "tentative d'homicide" et "détention et usage illégal
d'armes", selon la même source.
L'un des suspects a refusé d'expliquer ses actes tandis que l'autre a
nié les accusations, affirmant qu'il n'était pas présent au moment des
meurtres.
Pour la police grecque, selon les premières informations, il s'agirait
de règlement de comptes "au sein de la mafia turque". (AFP, 13 déc 2024)
Immigration
/ Migration
Plus de 30.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie
en 17 jours
Plus de 30.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour
rentrer dans leur pays au cours des dix-sept derniers jours, a affirmé
vendredi le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.
"Le nombre de personnes qui sont parties (en Syrie, NDLR) en 17 jours
est de 30.663. Ce flux ne s'arrêtera pas", a affirmé le ministre à la
chaîne privée turque TGRT.
Un précédent nombre communiqué par les autorités turques faisait état
de "plus de 25.000" retours depuis la Turquie en quinze jours depuis la
chute de Bachar al-Assad.
"Notre consulat général ouvrira à Alep dans quelques jours. (...) Nous
y ouvrons un bureau de gestion des migrations. Des enfants sont nés
ici, il y a eu des mariages, des divorces, des décès. Nous prenons des
mesures pour répondre à leurs besoins", a précisé le ministre.
La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie,
accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant
fui la guerre qui a meurtri leur pays à partir de 2011.
Les autorités turques, qui espèrent le retour en Syrie d'importants
contingents de réfugiés afin d'atténuer le fort sentiment anti-Syriens
dans la population, permettront également à un membre de chaque famille
de réfugiés de se rendre en Syrie et revenir à trois reprises jusqu'au
1er juillet 2025 afin de préparer leur réinstallation. (AFP, 27 déc
2024)
France: plainte d'une enseignante après des menaces liées à
une
caricature d'Erdogan
Une enseignante dans l'est de la France a déposé plainte après avoir
été menacée par la mère d'une élève de seconde qui lui reprochait
d'avoir montré à ses élèves une caricature du président turc Recep
Tayyip Erdogan, a indiqué jeudi le parquet.
Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie, a déclaré à
l'AFP Julie Fergane, procureur de la République de Lons-le-Saunier (est
de la France), confirmant des informations de l'hebdomadaire La Voix du
Jura.
Lors d'une exposition de dessins de presse dans la Cité scolaire
Saint-Sauveur, dans la localité de Saint-Claude (est), une caricature
de Recep Tayyip Erdogan en dictateur aurait choqué une élève qui a pris
en photo le dessin et l'a montré à sa mère, a indiqué Julie Fergane.
D'après la plainte, cette parent d'élève a appelé l'établissement en
tenant des propos "outrageants, politiques et vindicatifs", mais sans
dimension religieuse, dans un contexte de conflit préexistant entre la
famille et l'enseignante sur ses méthodes pédagogiques.
La Direction académique des services de l'éducation nationale a
également porté plainte, a indiqué le rectorat de la ville de Besançon
(est).
"Cette enseignante est remise en cause dans sa pratique pédagogique par
une famille de manière générale", selon le rectorat. "La caricature est
un élément de reproches parmi d'autres".
"L'enseignante a été agressée verbalement, par l'intermédiaire d'un
personnel de l'établissement, par une mère qui a essayé de la joindre à
plusieurs reprises", selon la même source.
"Comme toujours quand un personnel est menacé, une protection
fonctionnelle a été mise en place" pour cette enseignante, qui a "pris
quelques jours de repos". Cette protection prévoit entre autres un
accompagnement juridique, psychologique et administratif.
"Il est important qu'elle se sente soutenue dans l'exercice de sa
fonction", selon le rectorat.
L'incident, qui s'est produit fin novembre, survient dans le contexte
du procès de l'assassinat de Samuel Paty, enseignant décapité en 2020
en région parisienne par un islamiste qui lui reprochait d'avoir montré
à ses élèves des caricatures du prophète Mahommet. (AFP, 5 déc 2024)
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