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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

50th Year / 50e Année
Décembre
 
2024 December
N° 556
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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L’histoire et les revendications de notre exil politique - Doğan Özgüden

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Une soirée de tristesse, de joie et d’anxiété avec les amis arméniens…
Doğan Özgüden


Droits de l'Homme / Human Rights

Vers le cercle réactionnaire du Moyen-Orient... - Doğan Özgüden

Des milliers de Syriens manifestent en soutien aux forces kurdes et contre Ankara
Eight activists to stand trial for participating in İstanbul Pride
L’histoire et les revendications de notre exil politique - Doğan Özgüden
Imbroglio mortel au Moyen-Orient - Ragip Duran
Le 50e anniversaire des Ateliers du Soleil célébré

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkey jails 7 journalists and media workers, places one under house arrest

Dozens detained amid protests over Kurdish journalists killed in drone reported Turkish strike
Syrie: deux journalistes kurdes tués par un "drone turc"
Court bans book on Kurdish women fighters in Kobani
Folk musician Pınar Aydınlar detained for displaying poster of Dersim rebellion leader

Diyarbakır courts order confiscation of pro-Kurdish publications
Study reveals journalists in Turkey living at hunger threshold

Maroc: Luca Guadagnino critique la "censure" de son film "Queer" en Turquiec
Press freedom organizations denounce detention of journalists
Vague d'arrestations pour "terrorisme", dont 12 journalistes
Police detain multiple journalists in house raids across Turkey

Kurdish Question / Question kurde

Ankara autorise l'opposition pro-kurde à rendre visite à Ocalan
Joint declaration by 1043 personalities in Turkey calls for peace

Syrie: les combattants kurdes face à la menace d'Ankara et du nouveau pouvoir
Erdogan appelle à "éradiquer" l'EI et les combattants kurdes en Syrie

Syrie: le leader kurde propose une "zone démilitarisée" dans une ville du nord

Les Kurdes tendent la main au nouveau pouvoir mais craignent pour leur autonomie
L'administration autonome kurde dans l'est adopte le drapeau syrien de l'indépendance
Menacées par les intérêts de la Turquie, quel avenir pour les forces kurdes en Syrie ?

26 morts lors d'une attaque de groupes pro-turcs contre une zone contrôlée par les Kurdes
Another pro-Kurdish mayor removed from office

DEM Party protests Turkey-backed groups’ offensive in Syria

SDF responds to HTS attack, “We will defend our people”
Greta Thunberg: ‘Turkey must clarify its stance on the Kurds’
Kurdish poet İlhan Sami Çomak released from prison after 30 years
Un policier condamné pour des violences sur un manifestant kurde à Marseille

Minorités / Minorities

Armenian publisher and writer Yetvart Tomasyan laid to rest in İstanbul

Aleppo’s minorities express fear over an uncertain future
Rabbin tué aux Emirats: les trois suspects ont été arrêtés en Turquie

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan gagnant ou perdant de l’échiquier syrien? - Ragip Duran

Un ancien maire condamné à 16 ans de prison pour un immeuble effondré lors du séisme

Forces armées/Armed Forces

Cinq civils tués dans des frappes de "drone turc" en Syrie

Syrie: l'armée turque poursuivra ses préparatifs jusqu'à ce que les combattants kurdes "déposent les armes"
En Syrie, la Turquie veut étendre la zone tampon en repoussant les forces kurdes
World’s top arms producers see revenues rise on the back of wars and regional tensions

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Turkey accused of undermining anti-ISIS efforts by supporting jihadist groups

Socio-économique / Socio-economic

18 detentions in street protest against new low minimum wage
11 morts dans une explosion dans une usine de munitions

La Turquie d’Erdogan: l’enfer économique, mais paradis fiscal - Ragip Duran
La compagnie turque Pegasus commande 200 Boeing 737-10
Strike bans in Turkey during Erdoğan's rule

37 personnes sont mortes après avoir bu de l'alcool frelaté en six semaines

One in four children in Turkey goes to school hungry
"Jusqu'à mon dernier souffle": le combat d'une mère turque contre les féminicides

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Berlin met en garde contre une guerre entre la Turquie et les forces kurdes de Syrie

Annalena Baerbock : La sécurité des Kurdes est "essentielle" pour la Syrie
Un Tatar de Crimée, ancien prisonnier en Russie, nommé ambassadeur d'Ukraine en Turquie
Le Premier ministre hongrois Orban chez Erdogan en Turquie pour évoquer l'Ukraine
Royaume-Uni: six personnes inculpées pour leur appartenance à une organisation kurde
Un diplomate turc prend la barre de l'OSCE après une réunion tendue à Malte
Sept personnes arrêtées à Londres dans le cadre d'une enquête sur l'organisation kurde PKK
Le Danemark va restituer à la Turquie un bronze antique

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Trump affirme que la Turquie a réalisé "une prise de contrôle inamicale" de la Syrie
Blinken dit à la Turquie qu'il est impératif de travailler contre l'EI en Syrie

Relations régionales / Regional Relations

Salih Muslim: Turkey’s moves in Syria undermine Kurdish rights and risk escalation
A Damas, les Kurdes directement menacés par la Turquie

Ankara et le nouveau pouvoir syrien s'affichent au grand jour
Le film des derniers événements en Syrie
Accord entre l'Ethiopie et la Somalie: ce que l'on sait
La Syrie post-Assad, source d'opportunités pour la Turquie d'Erdogan
L'offensive rebelle en Syrie, une bonne affaire pour la Turquie?
Dans une Syrie morcelée par la guerre, qui contrôle quels territoires?

La Turquie réclame la "fin" des "attaques" sur les rebelles d'Idleb en Syrie
Erdogan souhaite "l'expansion" du commerce avec la Russie
Un avion russe évacué en Turquie, un moteur en feu à l'atterrissage


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Cyprus warns Turkey-Syria maritime deal could violate international law

"Le monde a perdu la tête au point de célébrer la victoire du terrorisme"
Deux Turcs placés en détention provisoire pour deux meurtres en Grèce

Immigration / Migration

Plus de 30.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie en 17 jours

France: plainte d'une enseignante après des menaces liées à une caricature d'Erdogan


Droits de l'Homme / Human Rights

Vers le cercle réactionnaire du Moyen-Orient...



Doğan Özgüden
(Institut Tchobanian, Tribunes libres, 25 Déc 2024)

Après la prise de pouvoir à Damas par les islamistes, qui ont profité du vide créé par le coup porté par Israël au Hezbollah soutenu par l’Iran et des faiblesses de la Russie dues au conflit en Ukraine, sans rencontrer de résistance, la Turquie connaît des festivités de victoire, dont le dosage augmente de jour en jour.

La raison principale de ces festivités n’est pas que l’une des vieilles dictatures de la géographie du Moyen-Orient a été renversée, mais qu’elle a été remplacée par un gang islamiste qui a prospéré avec le soutien de la Turquie et des gangs racistes de l’Armée nationale syrienne (SMO), renforçant ainsi les possibilités de porter de nouveaux coups à la résistance nationale kurde et de jouer le rôle de leader au Moyen-Orient.

Ce n’est pas pour rien que le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan et le chef de l’Organisation nationale du renseignement turc (MIT) Ibrahim Kalin, lors de leurs visites consécutives à Damas, alors que la politique de la nouvelle administration était encore incertaine, ont embrassé le chef de Hayat Tahrir al-Sham, Ahmed al-Shara (Abu Mohammed al-Julani), qui ressemblait à un « homme d’État en cravate », et ont fait de grandes promesses pour la nouvelle structure politique et la reconstruction de la Syrie.

Il ne fait aucun doute que l’une des questions abordées lors de ces visites a été le retour d’au moins une partie des millions de réfugiés syriens qui ont été contraints de fuir leur pays en raison d’une décennie de conflits armés, en particulier des attaques des groupes terroristes islamistes, et dont le passage vers les pays européens a été empêché par la Turquie grâce au financement fourni par l’UE.

Cependant, l’objectif principal des dirigeants d’Ankara dans ces contacts était de mettre fin à la présence politique kurde dans le nord-est de la Syrie, comme l’ont clairement montré les discours de Fidan et Kalın en Syrie et, immédiatement après, ceux d’Erdoğan lui-même en Turquie.

Deux articles consécutifs publiés dans les deux plus grands quotidiens belges révèlent clairement ce fait.

« NOUS AVONS UNE DETTE MORALE ENVERS LES KURDES DE SYRIE… »

Christophe Lamfalussy de la Libre Belgique a publié il y a deux jours un article intitulé « N’oublions pas les Kurdes… ». Nous avons une dette morale envers les Kurdes syriens. Ce sont eux qui ont vaincu Daesh avec le soutien de l’Occident » :

« Au moment où les rebelles du nord-ouest de la Syrie lançaient une offensive pour renverser le régime de Bachar el-Assad à Damas, un groupe rebelle pro-turc attaquait dans l’est du pays…. Son seul objectif était de détruire la présence kurde dans cette région…

« Ce groupe rebelle, appelé Armée nationale syrienne (ANS), n’avait aucun intérêt à démocratiser le pays. Il s’agissait d’un groupe mixte de milices, comprenant des personnes issues de mouvements islamistes comme Ahrar al-Sham et Jaish al-Islam, qui a été créé par la Turquie en 2017 pour servir directement les intérêts du président Erdoğan.

« Le SMO est avant tout une bande de milices mercenaires. Comme le prouvent de nombreuses vidéos, la Turquie a envoyé des centaines de ces milices mercenaires en 2020 pour soutenir l’armée azerbaïdjanaise dans l’expulsion des Arméniens de leur patrie du Haut-Karabagh. Certaines d’entre elles ont également été envoyées en Libye pour servir les intérêts stratégiques de la Turquie à tout moment.

« En 2019, ces milices ont massacré avec une violence inouïe une dirigeante d’un parti de centre-gauche dans la région autonome kurde de Syrie. Hevrin Khalaf, 34 ans, a été traînée par les cheveux, battue puis mitraillée à mort.

« Depuis deux semaines, l’OMU, soutenue par les frappes aériennes turques, tente de repousser les forces de résistance kurdes de l’autre côté de l’Euphrate. Les combats se sont concentrés sur la ville de Manbij, libérée de Daesh en 2016 par les Kurdes et leurs alliés arabes. Alors que Damas jouit d’un air de liberté, des rapports indiquent que l’OMU a commencé à piller à Manbij. Après un cessez-le-feu de quatre jours négocié par les États-Unis, les affrontements ont repris. Le barrage sur l’Euphrate, qui fournit de l’eau à 2 millions de personnes, est devenu inutilisable. Des dizaines de milliers de Kurdes ont été contraints de migrer en raison des opérations.

« Cette attaque témoigne de l’accord conclu avec Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a pris le pouvoir à Damas. L’objectif est de profiter du renversement de Bachar pour mettre fin à la région autonome laïque, socialiste et multiethnique établie par les Kurdes dans le nord-est du pays. L’un des chefs militaires du HTS a déjà déclaré qu’il rejetait toute forme d’organisation « fédéraliste » dans le pays. Pour l’instant, on entend des discours d’ouverture de part et d’autre, mais rien ne garantit qu’un mécanisme sanglant ne sera pas bientôt mis en place.

« Nous avons une dette morale envers les Kurdes. Ce sont les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes, arabes et assyriens, qui ont vaincu Daesh avec le soutien de l’Occident. Et pour la première fois en 2015, à Kobani, elles ont repoussé l’organisation meurtrière avec des centaines de combattants étrangers. Les troupes féminines, y compris les femmes yézidies, étaient en première ligne, combattant au cri d’« Melek Tavus », le symbole de la foi yézidie. Kobani est un symbole de résistance.

« Depuis la libération de Raqqa, la capitale provisoire de Daesh, il y a environ 10 000 prisonniers de toutes nationalités dans 27 prisons gérées par les Kurdes. Il y a environ 50 000 femmes et enfants dans les camps. Parmi eux se trouvent 21 citoyens belges, 13 hommes et 8 femmes. Les Kurdes sont assistés dans la sécurité de ces prisons par environ 900 soldats américains. Mais leur présence en Syrie ne tient également qu’à un fil. Quelle que soit la décision du prochain président américain, Donald Trump, affaiblir les Kurdes reviendrait à faire une descente dans ces prisons et à libérer les prisonniers sans procès.

« Le président Erdoğan a deux objectifs. Le premier est de renvoyer les quelque 4,5 millions de réfugiés syriens que la Turquie a accueillis depuis le début de la guerre […] Car le grand nombre de réfugiés syriens en Turquie a provoqué quelques tensions avec la population locale.

« Deuxièmement, l’objectif est de créer une zone tampon de 30 kilomètres de profondeur tout au long de la frontière syrienne afin de maintenir la présence kurde loin de la Turquie.

« Ankara affirme que les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) sont directement liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation de guérilla déclarée « terroriste » par la Turquie et les pays occidentaux. Il y a des liens, c’est vrai. Des militants traversent la frontière turque pour se rendre en Syrie et en Irak. Mais les YPG sont majoritairement syriennes et défendent leur propre territoire. Pour autant que nous le sachions, ils n’ont jamais attaqué la Turquie, malgré les assassinats successifs de leurs dirigeants par des drones turcs.

« Grâce au lobbying intensif de la Turquie, le PKK figure sur la liste antiterroriste de l’Union européenne depuis avril 2002. Mais le YPG n’a jamais été qualifié de « terroriste » par un autre pays qu’Ankara. De plus, il s’agit de la pièce maîtresse de la coalition internationale contre DAESH. Ils ont perdu 12 000 hommes et femmes dans cette guerre.

« La Turquie, qui entretient des relations avec HTS depuis des années, est le plus grand bénéficiaire de l’éviction de Bachar… Le groupe radical parle désormais d’un ‘lien stratégique’ avec Ankara. Il y a déjà entre 16 000 et 18 000 soldats turcs dans le pays.

« Question : Les Kurdes paieront-ils une fois de plus un lourd tribut ? ».

LE SOIR : « LE PROBLÈME KURDE EST À NOUVEAU INSOLUBLE… »

Baouduin Loos du Soir analyse ce qui suit dans son article « Le problème kurde est à nouveau insoluble… » publié hier :

« Le chef du HTS, le mouvement rebelle islamiste qui a renversé le régime de Bachar el-Assad en 12 jours, a changé radicalement d’apparence depuis qu’il s’est installé à Damas. Il accueille désormais ses visiteurs distingués en costume-cravate. La question brûlante est de savoir si Ahmed al-Shara est un leader nationaliste ouvert au dialogue, bref, bien intentionné, mais capable de rester islamiste, comme le montrent ses discours.

« Il va sans dire que la Turquie se réjouit de l’effondrement du régime Assad à Damas […] Le président turc Erdoğan a désormais deux objectifs en tête : renvoyer en Syrie la majorité des plus de 3 millions de réfugiés syriens en Turquie […] Et, comme il l’a clairement indiqué le 20 décembre, « extirper les terroristes » et détruire complètement les perspectives d’autonomie des Kurdes en Syrie.

« La visite du ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à Damas, dimanche, a été suivie d’une visite du chef de l’organisation nationale turque du renseignement (MIT). La chaleur de l’étreinte entre M. Fidan et M. Ash-Shera n’a pas échappé aux regards. Ash-Sharaa s’est empressé de faire la déclaration suivante, qui a beaucoup plu à son visiteur turc :

« Nous ne permettrons pas que des armes échappent au contrôle de l’État, qu’elles appartiennent à des groupes révolutionnaires ou à des groupes se trouvant sur le territoire des FDS.

« Dès que les rebelles ont vaincu Assad, les combats entre les milices pro-turques et les troupes kurdes ont cessé, grâce à la médiation américaine. Les États-Unis ont environ 2 000 soldats sur le terrain. Et ils protègent les Kurdes qui luttent contre Daesh. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump n’a pas rassuré les Turcs, puisque le 8 décembre, l’Américain a qualifié la victoire des rebelles en Syrie de « prise de contrôle inamicale » par Ankara. La position du nouveau président américain sera très importante pour les Turcs…. Et pour les Kurdes… »

Bien entendu, avant même que l’encre n’ait séché sur tous ces commentaires, le président Erdogan a fait hier une déclaration qui révèle clairement les intentions anti-kurdes et obscurantistes d’Ankara d’une manière qui ne laisse aucune place à l’interprétation :

« La protection de l’intégrité territoriale et de la structure unitaire de la Syrie est la ligne immuable de la Turquie. Nous ne reculerons pas. Dans l’avenir de la Syrie et de notre région, il n’y a pas de place pour les structures terroristes telles que DAESH et le PKK. Elles se liquideront elles-mêmes ou seront liquidées. Nous éliminerons définitivement ces hordes meurtrières, qui n’accordent à personne d’autre qu’à elles-mêmes le droit à la vie et à la parole, de la liste des menaces qui pèsent sur notre région. Nous poursuivrons nos opérations contre l’organisation terroriste séparatiste en Syrie avec la sensibilité d’un chirurgien, sans blesser de civils. Nous saluons la détermination du gouvernement syrien sur cette question. Nous constatons que les pays occidentaux retirent peu à peu leur soutien à ces criminels. Le cercle se rétrécit pour les criminels du PKK, la fin de la route est visible. Ils n’échapperont pas au destin amer qui les attend. Depuis 40 ans, nous nous débarrasserons de ce fléau qui nous suce le sang, si Dieu le veut. Après avoir brisé le mur de la terreur, nous signerons une grande étreinte entre Turcs, Arabes et Kurdes ».

Si les attentes d’Erdoğan se réalisent, à quoi ressemblera la « grande étreinte » des Turcs, des Arabes et des Kurdes ?

Il y a trois jours, Mehmet Uçum, conseiller en chef du président de la République, a donné la réponse suivante :

« Larévolution populaire en Syrie n’a pas seulement mis fin à la dictature de Baas et d’Assad, c’est-à-dire à ce régime sanguinaire. Cette révolution a également marqué le début d’un nouveau processus qui affectera l’ensemble du Moyen-Orient. Le processus déclenché dans la région par la révolution syrienne peut également faire naître un espoir qui ouvrira la porte à un nouvel ordre mondial juste.

Il convient de noter que le terme « Moyen-Orient » est orientaliste. Elle ignore la diversité, la richesse historique et culturelle de la région et reflète la perspective occidentale sur cette géographie. Nous avons donc besoin d’un nom plus objectif, adapté au contexte de la région. Les experts et les universitaires du domaine ont un rôle à jouer dans le processus de dénomination.

En guise d’innovation, nous pouvons commencer par le nom « Afro-Eurasie centrale » au lieu de « Moyen-Orient ». Ce nom offre une nomenclature plus neutre et plus objective dans le contexte géographique et historique, loin des approches orientalistes de la région. Elle exprime également avec précision l’importance stratégique, la diversité culturelle et les rôles historiques de la région.

« Pour en revenir à la définition centrée sur l’Occident, le Moyen-Orient est généralement considéré comme une région composée des pays suivants, bien qu’il existe différents regroupements : Syrie, Irak, Qatar, République turque de Chypre du Nord, Administration grecque de Chypre du Sud, Jordanie, Israël, Liban, Iran, Palestine, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Koweït, Bahreïn, Yémen, Égypte, Afghanistan, Pakistan, Tunisie, Algérie, Libye, Soudan, Maroc.

« La Turquie est le centre et le pays pôle qui intègre physiquement cette géographie de 24 pays à l’Europe et la dirige économiquement, politiquement et juridiquement. En tant que pays central, la Turquie semble avoir le pouvoir et la possibilité de jouer un rôle de premier plan dans l’établissement d’une loi régionale. Ce pouvoir de la Turquie provient à la fois de son histoire, du niveau qu’elle a atteint dans la région aujourd’hui et de sa capacité à être efficace.

« Il est visionnaire pour la Turquie, qui dirige la géographie du Moyen-Orient, qui est le centre du monde, en tant que pays central, de lancer une étude de préparation intellectuelle pour la construction d’un droit public et économique régional qui peut inspirer l’humanité, à savoir le droit ‘afro-eurasien central’. »

UN CERCLE RÉACTIONNAIRE 54 ANS APRÈS LE CERCLE RÉVOLUTIONNAIRE DU MOYEN-ORIENT !

Lorsque j’ai lu cette nouvelle, ma mémoire m’a ramené 54 ans en arrière, à l’époque où l’un des objectifs internationalistes de notre lutte révolutionnaire était de créer un « cercle révolutionnaire du Moyen-Orient » auquel participeraient la Turquie, l’Iran, les peuples arabes, chypriotes et kurdes du Moyen-Orient.

À l’époque, le bureau du magazine Ant, que nous avons publié, était l’un des lieux où se rencontraient les jeunes Palestiniens, Iraniens, Chypriotes et Arabes étudiant dans les universités d’Istanbul… Nous avons soutenu la traduction en turc des tracts qu’ils apportaient dans différentes langues et nous avons organisé des sessions ouvertes avec leur participation.

Dans ces années-là, le gouvernement Demirel, loin de soutenir le peuple palestinien, était occupé à traquer les révolutionnaires solidaires du peuple palestinien et à soutenir les oummahistes qui organisaient des attaques au bâton et au couteau, comme le « Bloody Sunday », contre les marches et les réunions des travailleurs et des étudiants qui résistaient à l’impérialisme américain, protecteur d’Israël.

Le 1er février 1970, Hüseyin İnan et ses amis, arrêtés par des gendarmes à leur retour en Palestine et soumis à 150 heures de torture, déclarent dans un message envoyé à Ant :

« Le gouvernement collaborationniste a envoyé ses agents après nous en Palestine, où nous avons voyagé pour la juste lutte des peuples arabes. À notre retour, ils nous ont arrêtés au moyen de complots savamment préparés et ont essayé de nous présenter au public comme des ‘saboteurs’ et des ‘agents à gages’ ».

Sur la base des mensonges de la police, les médias de la capitale et la TRT ont attaqué ces jeunes gens au cri de « terroristes formés en Palestine pris la main dans le sac ».

Dans son article intitulé « Pourquoi suis-je allé à Al-Fatah ? », qu’il nous a envoyé à son retour de Palestine et que nous avons publié dans le numéro du 24 février 1970 de Ant Magazine, Yusuf Arslan a déclaré ce qui suit

« Dans les conditions actuelles, en particulier au Moyen-Orient, que l’impérialisme a transformé en une zone de guerre chaude, l’une des principales conditions pour tous les peuples, la Turquie, l’Iran, les peuples arabes, chypriotes, kurdes, est d’établir un front anti-impérialiste, de former le Cercle révolutionnaire du Moyen-Orient, de porter un coup décisif à l’impérialisme. C’est pourquoi je me suis rendu à Al-Fatah afin de me familiariser avec la pratique de la lutte révolutionnaire qui se déroule au Moyen-Orient depuis des années et de contribuer en tant que soldat à la lutte de libération des peuples arabes opprimés ».

Le Cercle révolutionnaire du Moyen-Orient n’a pas pu être réalisé à cause de la répression, des complots et du terrorisme de l’impérialisme, des gouvernements islamo-réactionnaires à son service et de l’expansionnisme israélien…

Aujourd’hui, on veut former un cercle réactionnaire du Moyen-Orient dirigé par Erdogan. Résister à la formation de ce cercle sale est une tâche urgente pour tous les peuples opprimés du Moyen-Orient, en particulier les peuples de Turquie, de Syrie, d’Irak et d’Iran…

(Traduit du turc par Varoujan Sirapian
)

Des milliers de Syriens manifestent en soutien aux forces kurdes et contre Ankara

Des milliers de personnes ont manifesté jeudi dans la ville de Qamichli dans le nord-est de la Syrie en soutien aux forces kurdes qui tentent de repousser des offensives des combattants soutenus par la Turquie, selon des correspondants de l'AFP.

Fait inédit, les manifestants ont brandi le drapeau de l'indépendance syrienne à trois étoiles, symbole du soulèvement de 2011 adopté par les nouvelles autorités à Damas, aux côtés des drapeaux de l'Administration autonome kurde et de son armée de facto, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS).

"Vive la résistance des FDS", "Le peuple syrien est uni" ou encore "Non à la guerre, non à l'agression turque contre Rojava (nord-est syrien, ndlr)", scandaient les manifestants.

"Nous sommes descendus dans la rue aujourd'hui pour soutenir nos forces", a déclaré Mazloum Ahmed, 39 ans, un habitant de Qamichli. "Nous sommes les enfants de cette terre depuis des milliers d'années. Nous devons obtenir nos droits dans la nouvelle Constitution syrienne".

"Nous voulons une Syrie démocratique, où chacun a ses droits", a déclaré Salha Kalach, une Kurde de 50 ans. "Il est temps que nous ayons notre place dans une Syrie juste et équitable".

Les Kurdes syriens sont la principale composante des FDS, soutenues par Washington.

Les FDS accusent des groupes proturcs de se préparer à lancer un assaut sur la ville de Kobané qu'elles contrôlent près de la frontière turque, un symbole de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), que les forces kurdes ont territorialement défait en 2019.

Dans un communiqué publié jeudi, les FDS ont exhorté les habitants de Kobané à "participer activement à la résistance et à prendre les armes contre l'occupation".

Ankara a de son côté affirmé jeudi que les préparatifs militaires se poursuivraient "jusqu'à ce que les combattants kurdes déposent les armes".

Dans le même temps, des groupes proturcs ont lancé une offensive contre la région de Manbij dans le nord-est de la Syrie, contrôlée par les forces kurdes.

Les Etats-Unis avaient annoncé mardi la prolongation d'une trêve sous leur égide dans cette région.

Mais 21 combattants de factions proturques ont été tués mercredi dans une attaque contre une position kurde près de Manbij, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis la chute de Bachar al-Assad, la communauté kurde du nord-est, opprimée depuis des décennies, craint de perdre l'autonomie relative conquise depuis le début de la guerre civile en 2011.

Le chef militaire du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), menant la coalition armée au pouvoir, a affirmé mercredi que les nouvelles autorités voulaient étendre leur autorité sur les zones kurdes. (AFP, 19 déc 2024)

Eight activists to stand trial for participating in İstanbul Pride

Eight individuals face trial for their involvement in the 22nd İstanbul Pride Parade, held on Bağdat Avenue in Kadıköy on June 30, 2024, according to a statement from the İstanbul LGBTI+ Pride Week Committee.

On the day of the parade, 11 people, including three minors, were detained with their hands cuffed behind their backs. They were released after lengthy questioning.

The İstanbul Anadolu Chief Public Prosecutor’s Office filed an indictment alleging that approximately 50 people had gathered on the sidewalk for an "unauthorized march" and accused eight individuals of violating the Law No. 2911 on Meetings and Demonstrations.

The indictment described the Pride Parade as a "so-called pride march."

The first hearing is scheduled for May 8, 2025, at the İstanbul Anadolu Courthouse, 76th Criminal Court of First Instance.

Pride Week Committee calls for solidarity

The İstanbul LGBTI+ Pride Week Committee released a statement expressing their support for the defendants: "We have a court date, friends! On the same day they labeled us an 'illegal group' in their ban decision, the state—with all its prohibitions and resources—failed to stop the 22nd İstanbul Pride Parade.

"Now they have filed charges against eight of us, calling our parade a 'so-called pride march.' We stand with our friends and call on all human rights defenders to support this case against systemic, organized hatred." (BIA, 12 décembre 2024)

L’histoire et les revendications de notre exil politique

Doğan Özgüden, 9 décembre 2024)
Voici mon intervention à l’occasion de l’inauguration de la Semaine des Droits Humains organisée le 7 décembre à Cologne par l’Assemblée européenne des Exilés, TÜDAY (Association germano-turque des droits humains), l’AABF (Fédération des Unions alévies en Europe) et l’Association de la Voie de la Solidarité.
Ma route a croisé Cologne, où nous sommes réunis aujourd’hui, pour la première fois, il y a tout juste 53 ans, au cours de la première année de notre exil, qui a débuté dans l’illégalité avec un faux passeport. La revue Ant que nous publiions dans les années 60 en Turquie état la seule revue de gauche a relayé les nouvelles et les communiqués des associations de travailleurs et étudiants progressistes en Europe. C’est la raison pour laquelle nous avions de nombreux amis dans diverses villes d’Allemagne.

À l’été 1971, après avoir eu toutes les peines du monde à transporter deux valises remplies de tracts et d’affiches en différentes langues contre la junte et les avoir déposées à la consigne à bagages de la gare, nous avions sonné à la porte de l’Association des travailleurs, la seule organisation de gauche de Turquie à Cologne à cette époque. Malheureusement, l’association était fermée durant les vacances d’été… C’est pourquoi nous avions passé la nuit dans les salles d’attente de la gare de Cologne, avant de retrouver le lendemain, nos chers amis, le journaliste Nurettin Tekindor, Ülya Üçer de Radio Cologne et le scientifique Fazıl Sağlam avec lesquels nous lançâmes la première campagne de la Résistance démocratique en Allemagne de l’Ouest… Tout de suite après, nous passâmes à Berlin-Ouest.

C’est à cette époque que je pris ma première leçon sur l’exil politique.

Un procès contre le Parti communiste de Turquie (TKP) monté de toutes pièces fut ouvert devant le tribunal de la loi martiale pour légitimer le coup d’État de 1971 auprès du monde occidental. Alors que j’étais recherché comme accusé dans le cadre de ce procès, nous rencontrâmes à Berlin-Est le secrétaire général du parti, Zeki Baştımar, l’un des plus anciens exilés politiques de l’époque. Il posa cette question : « Qu’allez-vous faire en exil ? »

« Notre exil n’est que transitoire » avais-je dit, « nous retournerons de nouveau en Turquie par des voies illégales dès que nous aurons accompli certaines tâches ».

Il répondit avec un sourire amer : « Je ne le pense pas. Nous avons aussi quitté la Turquie avec les mêmes intentions. Regardez, combien d’années ont passé, nous sommes toujours là. Il faut être réaliste… Préparez-vous à une longue vie en exil ».

Un an plus tard, Fahrettin Petek, l’un des plus anciens communistes exilés que j’ai rencontré à Paris en 1972, allait me dire à peu près la même chose.

Notre deuxième passage à Cologne fut en 1972… Nous avions rendez-vous avec Heinrich Böll pour lui présenter les documents sur la torture et les appels à la résistance en différentes langues que nous avions préparé à Paris. Il nous promit de prendre contact avec Günther Grass et Hans Magnus Enzensberger, et de créer en Allemagne, tout comme dans les autres pays européens, un comité de solidarité avec la résistance en Turquie. Yılmaz Karahasan du syndicat IG Metall nous apporta également un grand soutien sur le plan syndical.

Alors que nous n’avions eu aucun problème durant les trois premières années de notre exil dans les activités que nous menions à Cologne et à Berlin en toute illégalité, et après avoir régularisé notre situation en obtenant le statut de réfugié politique, une chose incroyable se produisit à la fin 1977 lors de notre voyage de Bruxelles à Cologne…

Le ministre allemand de l’Intérieur, Werner Malhofer, avait interdit l’entrée sur le territoire allemand aux membres de 206 organisations et 287 organes de presse étrangers au motif qu’ils étaient « d’extrême gauche » et avait signalé leurs noms à tous les postes de contrôle aux frontières. Je faisais partie de ces personnes en qualité de directeur d’Info-Türk. Comme mon nom figurait sur cette liste, je fus arrêté dans le train par la police allemande chargée du contrôle des passeports, et refoulés en pleine nuit vers la Belgique.  

Comme cette interdiction fut levée à la suite de la démission du ministre face aux protestations des organisations démocratiques allemandes, je vins régulièrement en Allemagne après le coup d’État du 12 septembre 1980 participer à de nombreuses manifestations anti-fascistes, tant au nom d’Info-Türk que de celui du Comité européen de l’Union pour la Démocratie que nous avions fondé contre le régime putschiste.

L’attaque massive du coup d’État du 12 septembre 1980 contre l’exil politique

L’attaque la plus raciste et la plus fasciste aussi bien contre l’ensemble de l’immigration économique de Turquie que contre l’immigration politique arriva après le coup d’État militaire du 12 septembre 1980.

Dans la période précédente, durant les années 70, alors qu’en plus de la Turquie, trois pays européens, le Portugal, l’Espagne et la Grèce étaient également sous le joug de régimes fascistes, sous l’influence des masses de l’immigration politique en provenance de ces trois pays, la masse des migrants économiques originaires de Turquie était plus ouverte à la solidarité avec les organisations démocratiques et aux relations internationalistes.

Dès sa prise de pouvoir, la première mesure de la junte d’Evren fut, d’une part, de forcer les travailleurs turcs à prendre la nationalité des pays dans lesquels ils vivaient afin de créer dans les pays européens un lobby turc inféodé à Ankara, et d’autre part, de créer une Fondation religieuse turque pour placer sous sa tutelle les associations et les mosquées de travailleurs turcs.

De plus, face à la peur et à la panique provoquée par les déchéances de nationalité des opposants au régime et de la confiscation de leurs avoirs en Turquie, les travailleurs turcs, en particulier en Allemagne, en Belgique, en France, en Hollande, au Luxembourg et en Autriche, furent transformés en combattants du régime d’Ankara.

Behice Boran, Gültekin Gazioğlu, Yılmaz Güney, Şanar Yurdatapan, Melike Demirağ, Ali Baran, Mehmet Emin Bozarslan, Nihat Behram, Mahmut Baksı, Şah Turna, Fuat Saka, Demir Özlü, Yücel Top et des centaines d’autres opposants furent traités de « dépourvu de sang turc » par le chef de la junte Evren. İnci et moi reçûmes également en 1982 notre part dans cette opération de déchéance de nationalité.

À ce propos, je voudrais faire un rappel important… Bien que la privation de nationalité fut appliquée de manière intensive après le coup d’État du 12 septembre, la première initiative en cette matière appartenait au gouvernement dirigé par Bülent Ecevit, bien avant le coup d’État. Dans une déclaration faite en avril 1979, le ministre de la Sécurité sociale Hilmi İşgüzar annonçaient que les mesures nécessaires seraient prises contre « ceux qui, opérant à l’étranger, se montrent indignes d’être membre de notre nation par le sang et par l’esprit », avant que le ministre de l’Intérieur, Hasan Fehmi Güneş, accusa les pays européens de soutenir les terroristes de Turquie et exigea que des mesures urgentes soient prises à leur encontre.

Ensuite, la proposition du député CHP de Kastamonu, Sabri Tığlı, « de déchoir de la nationalité tous ceux qui portent atteinte à la sûreté de l’État » fut acceptée en commission des Affaires étrangères de la Grande Assemblée nationale de Turquie, mais en raison du coup d’État de 1980, cette proposition n’eut pas le temps d’être adoptée en séance plénière du Parlement. La junte d’Evren se servit de cet héritage…

Je voudrais encore souligner une autre chose… Au cours de l’histoire, l’exil de Turquie a pris des formes et des dimensions différentes en parallèle des changements conjoncturels dans le pays.

L’Anatolie, au carrefour des continents asiatique et européen, a non seulement produit de l’exil depuis l’Antiquité, mais a également reçu de nombreux exilés, comme en témoigne la tragédie syrienne dont Tayyip Erdoğan a été un instigateur.

Par exemple, Hanibal, le célèbre commandant carthaginois qui a défié l’Empire romain a été exilé en Anatolie après ses défaites militaires et politiques, et a mis fin à ses jours en se suicidant en 183 avant JC à Lybissa, l’actuelle Gebze.

Mais notre sujet du jour est la migration politique originaire de Turquie…

L’exil politique pendant la période ottomane et du Parti Unique

Les premiers à connaître la douleur de l’exil pendant la période de lutte pour la liberté et les droits humains, commencée avec la Révolution française ayant ébranlé l’Empire ottoman comme tous les pays européens, furent des intellectuels épris de liberté comme Namık Kemal, Ali Suavi, Ziya Paşa, Mithat Paşa et Tevfik Fikret, qui ont combattu l’absolutisme du Sultan Rouge Abdülhamit.

Après la suspension par Abdülhamit de la première monarchie constitutionnelle instaurée en 1876, les Jeunes Turcs, organisés dans les deux métropoles ottomanes d’Istanbul et de Salonique, ainsi qu’au Caire, à Paris, à Londres et à Genève, formèrent la deuxième génération d’exilés.

Mais ceux qui connurent un exil de masse furent les Arméniens, dont une partie purent réchapper au génocide de 1895-96 en émigrant vers l’Amérique, le Canada et l’Europe, et une autre partie vers les grandes villes comme Istanbul, Izmir et Trabzon.

Le Comité Union et Progrès, qui reçut un grand soutien des intellectuels libéraux des nations non turques et non musulmanes, à commencer par les Arméniens, dans leur lutte contre la monarchie, n’a pas tardé à commettre le premier génocide du XXe siècle après s’est emparé du pouvoir grâce à un coup d’État sous la seconde monarchie constitutionnelle. Les Arméniens et Assyriens survivants du génocide et de la déportation de 1915 ont formé des diasporas partout dans le monde.

Nous connaissons trois autres exemples importants de la dernière période de l’Empire ottoman.

Le premier est l’exil d’une partie du Comité Union et Progrès, déchu du pouvoir après la défaite de la Première Guerre mondiale et responsable du génocide de 1915, à Malte sous supervision anglaise… Cependant, ce fut un groupe d’exilés extrêmement chanceux, car après sa victoire à la bataille de Sakarya, Mustafa Kemal les fit ramener en Turquie en 1921 à la suite d’un accord d’« échange de prisonniers » avec les Anglais. Après les avoir tous accueillis en « héros de la nation », en ce compris les responsables du génocide des Arméniens, il les plaça à des postes clés du gouvernement kémaliste.

Le deuxième groupe d’exilés de la période était les Spartakistes, organisés en Allemagne en 1919, parmi lesquels Ethem Nejat et Şefik Hüsnü.

Quant au troisième groupe, ce fut celui des Bolchéviques turcs, dirigés par Mustafa Suphi, organisés dans la Russie révolutionnaire de cette époque.

Après la fusion de ces deux derniers groupes, les 15 membres du Parti communiste de Turquie fondé à Bakou le 10 septembre 1920, avec à leur tête Mustafa Suphi et Ethem Nejat, furent sauvagement noyés dans les eaux de la mer Noire dans la nuit des 28-29 janvier 1921 après leur tentative d’entrée en Anatolie pour s’organiser en Turquie.

Le premier exil collectif survenu pendant la période républicaine eut lieu lorsque le gouvernement kémaliste exila 150 personnes persona non grata en 1924, avant de les déchoir de leur nationalité par une loi spéciale en 1927.

Pendant la période de dictature du parti unique consécutive à l’adoption de la Loi sur le Maintien de l’Ordre adoptée en 1925, bien que non soumis à une mesure d’expulsion du territoire, les communistes comme Nazım Hikmet, Şefik Hüsnü, İsmail Bilen, constamment soumis à des poursuites, des menaces, des arrestations et des condamnations, furent contraints de s’exiler par des voies illégales.

Durant le régime dit multipartite qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, les organisations et publications de gauche ont dès le départ été confrontées aux interdictions, arrestations et condamnations de la loi martiale.

Après le raid des éditions Tan, initié et dirigé par le CHP, deux grands journalistes, Sabiha et Zekeriya Sertel, ont dû quitter la Turquie, car ils n’avaient plus la possibilité de travailler librement dans le pays et leur vie était en danger.

En résumé, l’histoire de notre pays, depuis la période ottomane et tout au long de la période républicaine, est une histoire ininterrompue d’exils avec les génocides arméniens, assyriens, grecs, kurdes, yézidis et alévis, les opérations de nettoyage ethnique antijuives en Thrace et la mise en œuvre d’un impôt sur la fortune ciblant les non-musulmans et les non-Turcs.

Et les exils dont ma génération a été témoin…

Notre grand poète Nazım Hikmet et notre éminent scientifique le professeur Fahrettin Petek ont été déchus de leur nationalité turque, respectivement par le gouvernement du Parti démocrate en 1951 et par décision du Comité d’union nationale en 1961.

Le fait que de nombreux citoyens grecs et arméniens aient dû quitter la Turquie après le pogrom des 6-7 septembre 1955, et qu’en 1964, alors que le CHP était de nouveau au pouvoir, 12 mille citoyens grecs aient été contraints de quitter la Turquie avec une seule valise et 22 dollars sont les pages les plus honteuses de notre histoire récente.

Le nombre des exilés partis durant la période du 12 mars n’était pas élevé. Hikmet Kıvılcımlı, Mihri Belli, Mehmet Ali Aslan, Kemal Burkay, Ahmet Aras, Mehmet Emin Bozarslan. Fuat Fegan, Latife Fegan, Zülfü Livaneli, Rahmi Saltuk, Bülent Tanör, Kamuran Bekir Harputlu, Ahmet Kardam, Nihat Akseymen et Gülten Savaşçı sont les premiers dont je peux me remémorer…

Je tiens tout spécialement à souligner la grande contribution apportée à notre lutte de cette époque par le collègue de Madame Şebnem Korur Fincancı, mon cher ami le Dr. Gençay Gürsoy, notamment en établissant des liens avec les résistants en Turquie.

Une autre branche de l’exil de la période du 12 mars se trouvait en Palestine. Avec des noms bien connus du mouvement de gauche : Teslim Töre, Bora Gözen, Faik Bulut, Melek Ulagay, Cengiz Çandar, Yücel Sayman, Şahin Alpay, Ömer Özerturgut, Atıl Ant, Sabetay Varol et Ercan Enç…

Bora Gözen fut assassiné avec ses six camarades lors du raid des commandos israéliens sur le camp de Nahr El Bared, près de Tripoli, au Liban, le 21 février 1973.

Le premier grand mouvement d’exil politique vers les pays européens a commencé à la fin des années 70 avec l’arrivée collective d’Assyriens, d’Arméniens et de Kurdes opprimés en Turquie. Comme je l’ai déjà souligné, cette situation a pris une grande ampleur avec les mesures fascistes adoptées après le coup d’État du 12 septembre 1980.

Face aux pressions de la période du 12 septembre, en tant qu’exilés politiques déchus de notre nationalité, nous avons organisé de nombreuses manifestations dans diverses villes d’Europe, et plus particulièrement en Allemagne. Je voudrais vous en rappeler quelques-unes.

En tant que dissidents rendus apatrides, nous avions organisé au Sénat de Berlin une conférence de presse pour protester contre la visite du Premier ministre Turgut Özal et y avions présenté une déclaration détaillée sur les mesures attendues pour une véritable démocratisation. Parmi les signataires de cette déclaration figuraient les dirigeants d’organisations de gauche de différentes tendances, dont la présidente du Parti ouvrier de Turquie, Behice Boran, l’une des premières à être déchue de sa nationalité après le coup d’État du 12 septembre, et des syndicats progressistes affiliés à la DİSK.

Deux semaines après cette conférence de presse, Behice Boran, dont les problèmes de santé s’étaient détériorés dans les conditions d’exil, décédait le 10 octobre 1987 en Belgique.

L’année suivante, Premier ministre Turgut Özal, qui venait à Bruxelles pour faire encore une fois la propagande du régime, interrompait une conférence de presse tenue au Centre de presse international et quittait la salle à la suite de questions que nous lui avions adressées au sujet des violations des droits humains en Turquie. Par la suite, sur ses instructions, le Consulat général de Bruxelles nous notifia une deuxième fois à İnci et à moi, par courrier recommandé du 26 mai 1986, notre déchéance de la nationalité turque.

La même année, les 11-12 décembre 1988, un tribunal international fut convoqué dans cette même ville, à Cologne, contre le régime du 12 septembre… Avec nos amis Dursun Akçam, Gültekin Gazioğlu, Enver Karagöz, Server Tanilli et Şerafettin Kaya, qui ne sont plus de ce monde, nous avons témoigné des exactions de la junte devant ce tribunal. Le récit de notre cher ami Enver Karagöz, arrêté alors qu’il était enseignant à Artvin et torturé à l’eau bouillante versée dans sa gorge, avait particulièrement ébranlé les membres du jury et le public qui assistait à l’audience.

Un autre rappel édifiant… Le SHP (Parti social-démocrate du peuple), dirigé par Erdal İnönü, avait dissuadé les partis sociaux-démocrates européens d’envoyer des représentants au sein du jury de ce tribunal international… Trois parlementaires du SHP furent invités à la soirée des droits humains organisée à Cologne durant le procès, mais Erdal İnönü convoqua en personne ces députés dans son bureau pour leur interdire d’y participer.

Le temps passe vite… C’était il y a tout juste 12 ans… Par une journée de décembre 2012 aussi froide que celle-ci, nous nous étions rassemblés pour la première fois à Cologne en nos qualités d’exilés en Europe pour créer l’Assemblée européenne des Exilés. C’était la première tentative d’organisation des proscrits ou contraints à l’exil depuis le coup d’État du 12 mars 1971.

L’exil politique après la tentative bidon de coup d’État de 2016

Quatre années s’étaient écoulées depuis que, tout comme après les coups d’État de 1971 et de 1980, une nouvelle page s’ouvrait dans l’histoire des exils politiques après la tentative bidon de coup d’État de 2016. Cependant, cette nouvelle page était différente des précédentes. Ceux qui avaient dû s’exiler après le 12 mars et le 12 septembre étaient généralement nos amis issus en général du mouvement socialiste ou des organisations et éditions kurdes, assyriennes, arméniennes, yézidies et alévis visées par les pressions fascistes.

Après cette dernière tentative de coup d’État, nombre d’intellectuels, d’académiques et de journalistes progressistes ont dû s’exiler, victimes de l’état d’urgence.

Mais après 2016, une autre catégorie, n’ayant aucun lien de près ou de loin avec la gauche, déclarée ennemie par la dictature d’Erdoğan, a été contrainte à l’exil…

Un exemple en Belgique… Après les coups d’État du 12 mars et du 12 septembre, menés avec l’encouragement et le soutien de l’OTAN, parmi les forces de la République turque qui ont entravé des années durant nos activités légales en nous cataloguant de « traitre à la nation » et en nous dénonçant aux services de renseignements et aux autorités politiques et militaires de ce pays, il y avait aussi des officiers turcs en poste au quartier général de l’OTAN. Cette fois, ceux-ci durent aussi demander l’asile pour être devenus des cibles.

L’actuel gouvernement AKP n’a rien à envier aux putschistes utilisant tous les moyens de pressions et de menaces contre leurs opposants à l’étranger, quelles que soient leurs tendances.

Deux exemples en provenance de Bruxelles…

Remzi Kartal et Zübeyir Aydar, députés kurdes à la Grande Assemblée nationale de Turquie dans les années 90 et actuellement membres de l’exécutif du Congrès national du Kurdistan à Bruxelles, et l’écrivain et journaliste Bahar Kimyongür, récompensé par Info-Türk pour ses recherches sur « Les conséquences des coups d’État militaires de 1971 et 1980 sur l’émigration de Turquie »…

Du fait de ces mesures, Ragıp Zarakolu, mon camarade de lutte depuis un demi-siècle, toujours exilé en Suède, s’est vu non seulement dépouiller de ses avoirs en Turquie, mais aussi de sa pension de retraite. 

Profitant de la crise ukrainienne, Recep Tayyip Erdoğan a pris une nouvelle mesure audacieuse dans sa politique de chantage en conditionnant l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN à l’extradition vers la Turquie des opposants établis dans ces pays. Notre ami Ragıp Zarakolu figurait également sur la liste des personnes dont l’extradition était demandée.

Et qu’en est-il de la terreur 129b que l’État allemand utilise notamment contre les exilés de gauche et kurdes, juste pour satisfaire le régime d’Ankara ?

Mahmut Özkan, le co-porte-parole de l’Assemblée européenne des Exilés, l’avait très bien expliqué dans la revue Sürgün :

« En Allemagne, des dizaines de révolutionnaires et d’exilés politiques sont jugés sur base de la loi qui englobe « les organisations étrangères » stipulées dans la Constitution allemande, mieux connue de l’opinion publique sous la dénomination d’ « article 129 b ». La raison pour laquelle les organisations de gauche, révolutionnaires et communistes de Turquie et du Kurdistan de Turquie en Allemagne sont tout particulièrement prises pour cibles, est à rechercher dans la poursuite des intérêts historiques et stratégiques et de la collaboration de l’impérialisme allemand avec l’État turc.

Les défunts et les revendications de notre exil politique

Je voudrais clôturer mon intervention en partageant une douleur propre à l’exil politique.

Depuis la réunion de 2012, nous avons été bien tristes de perdre beaucoup des nôtres. Par exemple, Teslim Töre… Il était l’un de nos camarades dévoués, ayant contribué à toutes les initiatives démocratiques et pacifiques dans l’exil, et à la fondation de l’Assemblée européenne des Exilés. Il repose désormais à côté de son camarade Sinan Cemgil à Üsküdar.

Il y a aussi ceux qui n’ont pas pu retourner en Turquie et reposent en terre d’exil, ou dont les cendres ont été dispersées dans l’océan Atlantique ou dans les eaux du Bosphore…

De la génération d’exilés qui nous a précédé, Nazım Hikmet repose à Moscou, Sabiha Sertel à Bakou, Zeki Baştımar, Aram Pehlivanyan, Jak et Anjel Açıkgöz en Allemagne, İsmail Bilen en Bulgarie, tandis que les cendres du professeur Fahrettin Petek ont été dispersées à la fois sur le Bosphore à Istanbul et au large des côtes de Normandie.

De notre génération, nous avons enterré Yılmaz Güney, Ahmet Kaya et Uğur Hüküm au Père Lachaise à Paris… Les cendres de Nihat Akseymen ont rejoint les eaux de la Marmara au large de Heybeliada.

Nubar Yalım nous a quitté pour l’éternité en Hollande, Enver Karagöz, Teslim Töre, Ali Ertem, Doğan Akhanlı, Celal Başlangıç et İsmail Çoban en Allemagne, Garbis Altınoğlu en Belgique, Suphi Nejat Ağırnaslı et Nubar Ozanyan au Rojava.

Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, femmes militantes de la résistance kurde, ont été lâchement exécutées par un tueur à gages de l’État turc au cœur de Paris le 9 janvier 2023.

Oui, la terreur et les complots de l’État turc ne connaissent pas de frontières…

Être constamment sous pression et menace y compris dans le pays étranger dans lequel ils se trouvent est le problème des plus de 3 millions d’émigrants de Turquie installés dans tous les pays du monde, et en particulier des exilés politiques séparés de leur pays à cause du terrorisme d’État.

C’est le problème des diasporas arménienne, assyrienne, kurde et grecque qui ont élu domicile dans différents pays du monde en raison des divers génocides et déportations commis depuis l’Empire ottoman.

C’est le problème de la nation kurde contrainte de vivre dans quatre pays différents après la première guerre impérialiste de partage, avec les Kurdes du Bakur au nord, du Rojhilat à l’est, du Başûr au sud et du Rojava à l’ouest.

C’est le problème de la nation arménienne, comme l’a récemment montré l’occupation du Haut-Karabagh, par les armées azérie et turque, avec la participation de terroristes islamistes.

C’est le problème de la population de Chypre du nord, contrainte de vivre encore des années sous l’occupation de l’armée turque après que sa volonté ait été usurpée par mille fraudes et pressions lors des dernières élections.

L’une des tâches importantes de tous les partis d’opposition en Turquie est de s’adresser directement aux organisations immigrées démocratiques, à commencer par l’Assemblée européenne des Exilés, et aux organisations représentant les diasporas assyrienne, arménienne, yézidie, grecque et kurde.

Si la Turquie veut vraiment se démocratiser, leur volonté doit aussi se refléter de la manière la plus large possible dans les travaux du Parlement, dans la vie organisationnelle et dans les médias…

Et l’exil devrait appartenir au passé à compter des premières élections qui renverseront l’actuel gouvernement islamo-fasciste…

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

Imbroglio mortel au Moyen-Orient

Ragip Duran, TVXS.GR, 8 décembre 2024

La meilleure illustration, une caricature récemment publiée dans un quotidien américain et diffusée sur la Toile montre clairement (?) la situation actuelle du Moyen-Orient: Il y a une dizaine de personnalité qui représente chacun leurs pays ou leurs organisations respectifs, c’est-à-dire, la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Irak, Israël, l’Egypte, la Jordanie, la Russie, les Etats-Unis, la Palestine, l’Arabe Saoudite, Hayat Tahrir Al-Cham (HTC -  Organisation de Libératİon du Levant issu du DAESH), Armée Nationale de Syrie…etc…. Tous les hommes tiennent deux pistolets aux deux mains et tirent contre leurs adversaires.

Il s’agit d’une guerre par procuration, mais deux objectifs sont presque toujours les victimes des agresseurs : Le régime Asad et les Kurdes.

Les observateurs, les spécialistes, les universitaires chevronnés, locaux ou globaux, n’ont pas pu encore une fois ni prévoir ni analyser à chaud ce qui se passe actuellement dans la région. Personne n’est d’accord avec personne. Déjà, le choix d’une terminologie n’est pas encore établi. Les agresseurs, ceux qui ont soudainement pris la ville d’Alep (deuxième grande ville du pays, avec un peu plus de 2 millions d’habitants) sont ‘’des rebelles’’, ‘’des forces de l’opposition syrienne’’ pour les uns, alors que les autres les appellent ‘’des militants armés islamistes soutenus par Ankara’’. Et ils avancent vers Damas.

En effet, cette attaque fut une grande surprise aux yeux des régimes de la région et des capitales de l’Occident et de Moscou. Seuls Ankara et la coalition de ces bandes islamistes seraient au courant, car ce sont eux qui ont planifié et exécuté cette opération.

Devant la carence des données militaires et politiques concrètes, il est pour le moment difficile de prévoir le cours des développements même à court terme. Mais il y a quand même des informations surtout des archives et du passé récent.

* Les agresseurs ont planté le drapeau turc sur la forteresse d’Alep accompagné d’un portrait du Président Erdogan. Ce dernier a déclaré que ‘’la Turquie fera tout le nécessaire afin d’établir la paix’’. Mais son Ministre des Affaires Etrangères, M. Hakan Fidan a été beaucoup plus franc: ‘’Nous soutenons l’opposition en Syrie’’! Les médias turcs avaient déjà publié plusieurs documents, informations, reportages et interviews démontrant que l’Armée Nationale Syrienne (Anciennement L’Armée Libre de Syrie) était créée, formée, financée et armée par Ankara. Ainsi que le HTC.

* Erdogan et l’ensemble des porte-parole du Palais n’ont pas cessé de menacer les Kurdes de Syrie: ‘’Nous ne pouvons jamais tolérer l’établissement d’une entité terroriste sur nos frontières du sud’’. Ankara a d’ailleurs militairement occupé en janvier 2018 la région frontalière syrienne d’Afrin et ses environs. La Turquie a même nommé un Préfet de police et des fonctionnaires dans cette ville où les Kurdes ont dû fuir. Les familles des militants islamistes et ceux des Arabes proches du régime turc ont remplacé les Kurdes d’origine d’Afrin.

- L’acteur principal de l’agression s’appelle HTC, la version révisée de Daesh, une sorte d’Internationale Islamiste formée des militants en provenance de plus de 35 pays des trois continents. De la Russie, de la Somalie, du Norvège, du Maroc voire de la Nouvelle-Zélande… La Grèce et Chypre sont les deux seuls pays de la Méditerranée qui sont absents de la liste des pays qui fournissent des militants au HTC.

- Plusieurs facteurs ont facilité l’exécution de cette agression selon les responsables du FDS (Forces Démocratiques de Syrie, coalition des Kurdes, des Arabes, des chrétiens et autres groupes qui dirige le nord-est de la Syrie)

* Les alliés de Damas, à savoir la Russie et l’Iran, sont actuellement affaiblis à cause des guerres qu’ils mènent en Ukraine et au Moyen-Orient.         

* Washington, Ankara et Tel-Aviv sont en principe contre le régime d’Asad et veulent le renverser. Mais Donald Trump n’est pas encore à la Maison Blanche. Et Erdogan désire paraître comme un opposant d’Israël.

* La communauté internationale, en particulier l’Europe a fermé les yeux devant l’agression d’Israël au Gaza et au Liban.

Le cas des Kurdes de Turquie est également très problématique. Alors qu’ils se préparaient pour un nouveau processus de paix avec Ankara, ce dernier a préféré lancer une attaque contre les Kurdes de Syrie.

‘’Sauf Allah peut savoir ce qui va se passer dans les jours ou semaines à venir’’ estime un spécialiste turc du Moyen-Orient. Et il n’omet pas d’ajouter : ’’Cette région n’est pas pour rien la terre natale des prophètes, ambassadeurs du Bon Dieu !’’.

L’écrivain franco-libanais Amin Malouf avait déjà pris la photo de l’homme du Moyen-Orient: ‘’İci, tout le monde est triste et malheureux, mais personne ne fait rien!’’.  A l’exception des belligérants, des guerriers et des agresseurs, fallait-il préciser.

Le 50e anniversaire des Ateliers du Soleil célébré



Le 50e anniversaire des l’asbl Ateliers du Soleil a été célébré avec beaucoup d'enthousiasme et de joie le mercredi 27 novembre dans ses locaux avec la participation de ses amis.

Après le discours de bienvenue de Iuccia Saponara, présidente de l’association, Doğan Özgüden, un des fondateurs des Ateliers du Soleil, a donné un aperçu de l'histoire, des objectifs et des luttes de cette organisation interculturelle et a exprimé sa gratitude à tous les membres de l'équipe pour leur travail dévoué, en particulier à ses trois collègues féminines, İnci Tuğsavul, Iuccia Saponara et Elise Thiry, qui ont joué un rôle majeur dans le succès de cette initiative citoyenne.

A la soirée, ont été présentés aux invités un diaporama retraçant les activités et réalisations dans différents domaines ainsi qu'une brochure présentant les 50 ans des Ateliers du Soleil en images et un album réalisé par un groupe d'enfants des ateliers sur le même sujet .

L’accès au diaporama et à deux documents illustrés sur l’histoire, les objectifs et les réalisations depuis 50 ans de cet édifice interculturel se trouvent dans la page d’accueil des Ateliers du Soleil: https://www.ateliersdusoleil.be/.

La fête s'est poursuivie jusqu'à une heure tardive avec des échanges de vue sur les problèmes et revendications communes et des futurs des projets communs.

INTERVENTION DE DOĞAN ÖZGÜDEN

Chers amis,

Suite à la présentation par notre présidente Iuccia qui a bien exposé la raison d'être et les objectifs des Ateliers du Soleil, je souhaite exprimer ma joie de célébrer avec vous le 50e anniversaire de cette initiative interculturelle exceptionnelle.

En effet, il est très émouvant pour moi de pouvoir célébrer le 50e anniversaire d'une des initiatives dont je fais partie dans mon long voyage de près de 90 ans...

Ma vie de journaliste, syndicaliste et militant socialiste en Turquie, dans les années 50 et 60, a été toujours perturbée par la répression de l'Etat. Je n'ai jamais pu célébrer même le 10e anniversaire d'un de mes engagements...

En 1971, un coup d'Etat militaire a interdit la revue et la maison d'édition que nous dirigions et nous a obligés à quitter notre pays sous la menace d’emprisonnement de centaines d'années.

C'est après trois ans de résistance en Europe que nous avons organisée contre la junte militaire, sont nés les Ateliers du Soleil dont nous fêtons aujourd'hui le 50e anniversaire.

Au cours de 50 années, nous avons partagé ici la douleur, la joie, la lutte et l'espoir avec nos frères et sœurs, non seulement de notre pays d'origine, mais aussi de quatre continents du monde.

Dans cette grande aventure, nous avons toujours reçu le soutien exemplaire de nos amis belges. A cette occasion, j'exprime notre gratitude à nos chers amis qui ne sont malheureusement plus là, en particulier notre premier président, l'architecte Marc Brunfaut, le juriste Jacques Bourgaux et le grand musicien Julos Beaucarne...

Je remercie également mes amis arméniens, assyriens et kurdes pour leur solidarité dans notre lutte malgré les difficultés, les obstacles et les menaces de l'Etat turc.

Il y a deux jours, les femmes du monde, plus particulièrement les femmes de mon pays d'origine, ont manifesté à l'occasion de la journée pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Elles ont protesté notamment contre le retrait de la Turquie par Erdogan de la Convention d'Istanbul. Comme toujours des centaines de femmes ont été arrêtées.

Il s'agit d'une lutte tout à fait légitime avec laquelle nous sommes toujours solidaires.

Comme il est bien documenté dans la brochure et le diaporama, l'une des tâches principales des Ateliers du Soleil est de défendre l'égalité des femmes et de les aider dans leur lutte pour la dignité et l'accès au travail comme les hommes.

Des femmes arrivées de différents pays du monde entier participent activement à ce combat.

Ce soir, je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude et mon respect à trois femmes qui sont les avant-gardes et dirigeantes de toutes les activités des Ateliers du Soleil.

İnci Tuğsavul, qui était la rédactrice d'un de plus grands quotidiens et d'une revue de gauche prestigieuse dans les années 60 en Turquie, puis une des fondatrices du mouvement de résistance démocratique en exil. Il y a 50 ans, c'est elle qui a créé et développé les Ateliers du Soleil malgré toutes les difficultés et empêchements.

Iuccia Saponara, qui est active et rénovatrice dans toutes les actions des Ateliers du Soleil depuis 40 ans... Elle est présidente des Ateliers du Soleil.

Et Elise Thiry qui, après 27 ans de travail dévoué assume aujourd'hui la direction des Ateliers du Soleil.

Merci Inci, Iuccia et Elise...

Bien sûr, mes remerciements également à Davut Kakız, Nubar Şerbetçiyan et Tural Fincan à la direction des Ateliers du Soleil, et à tous nos collègues qui travaillent avec dévouement pour le succès de cette organisation...

Je suis convaincu que les Ateliers du Soleil poursuivront son combat avec la même intensité et la réussite et célébreront leur 60e anniversaire en 2034 avec le même enthousiasme.

Vive les enfants du soleil!

Vive leur combat pour la fraternité et l’égalité!

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkey jails 7 journalists and media workers, places one under house arrest

On Saturday, Turkish authorities detained several dozen people, including journalists, at a protest against the December 20 killing of Kurdish journalists Jihan Belkin and Nazim Dashdan, who hold Turkish citizenship, in a suspected Turkish drone strike in northern Syria on December 20. The next day, an Istanbul court placed five journalists and two media workers in police detention pending trial and placed five other journalists under judicial control.

“The Turkish government is attempting to control the flow of news about Syria by intimidating the press, as evidenced by the arrest of journalists at a protest, the house arrest of Özlem Gürses, and other legal actions,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Turkish authorities must immediately release the imprisoned journalists and media workers, free Gürses, and allow members of the media to do their jobs without fear of retaliation.”

The journalists and media workers arrested at the Istanbul protest are:
Pınar Gayıp, reporter for the leftist outlet ETHA
Gülistan Dursun, freelance journalist
Hayri Tunç, freelance journalist
Enes Sezgin, social media manager for the pro-Kurdish daily Yeni Yaşam
Osman Akın, news editor for Yeni Yaşam
Can Papila, designer for Yeni Yaşam
Serpil Ünal, reporter for the leftist outlet Mücadele Birliği

Journalists were also detained at a similar protest in the eastern city of Van Friday but they were released.

State owned Anatolia Agency reported on Sunday that the chief prosecutor’s office in Istanbul is investigating independent news website T24 over its coverage of the reactions to the two journalist killings in Syria. Authorities are also investigating Seyhan Avşar, a reporter with independent news website Gerçek Gündem, on suspicion of terrorism propaganda and knowingly spreading misinformation for social media posts on Belkin and Dashdan.

In a separate incident on Saturday, an Istanbul court put journalist Özlem Gürses under house arrest pending trial on suspicion of demeaning the Turkish military over her comments on her YouTube channel regarding Turkey’s military presence in Syria. Gürses continues broadcasting from her home in Istanbul.

In another incident, the chief prosecutor’s office in Istanbul opened an investigation into the Bar Society of Istanbul for suspicion of terrorism propaganda and spreading misinformation due to its statement on Saturday calling for an investigation into the suspected Turkish drone killings of Belkin and Dashdan, and the release of journalists and others detained in Istanbul at the protest against their deaths.

CPJ emailed the chief prosecutor’s office in Istanbul for comment but did not receive a reply. (CPJ, 23 déc 2024)

Dozens detained amid protests over Kurdish journalists killed in drone reported Turkish strike

Police detained at least 39 people, including politicians and 10 journalists, during protests in the Kurdish-majority city of Van following the killing of two Kurdish journalists in a drone strike targeting a vehicle in Syria yesterday.

Nazım Daştan and Cihan Bilgin were killed while covering clashes near the Tishrin Dam in Syria’s Aleppo province, just south of the symbolically significant Kurdish city of Kobani.

The protest in Van was organized by the Dicle Fırat Journalists Association (DFG) and the Mezopotamya Women Journalists Association (MKG), with support from the Van Labor and Democracy Platform. Protesters gathered at the entrance to Sanat Street, carrying banners reading, “Neither our pens nor our cameras will fall” alongside photos of the killed journalists.

Police blocked access to the area, surrounding the protesters and preventing them from issuing a public statement. Among those detained were Mezopotamya Agency (MA) reporters Ruken Polat, Özlem Yacan, Mazlum Engindeniz, and Sema Yüce Polat; Ajansa Welat reporters Bazid Evran and Fırat Tunç; JINNEWS reporter Memihan Zeydan; and journalists Zelal Tunç, Nimet Ölmez, and Oktay Candemir.

Some detainees were subjected to violent treatment before being taken to the provincial police headquarters, according to MA reporting.

Protest in Diyarbakır

In Diyarbakır, members of journalism groups, of the pro-Kurdish Peoples' Equality and Democracy (DEM) Party, and the TJA women's rights group held a demonstration to protest the killings.

In a statement read out during the event, the protesters said, “For decades, the Free Press has worked under the most challenging conditions to report the truth to the public, not only in Kurdistan but across the Middle East and the world."

The group honored Daştan’s and Bilgin’s dedication to covering critical events, including Daştan’s work documenting Kurdish forces' fight against ISIS in 2014 in Syria's Kobani town and Bilgin’s reporting on the 2017 battle of Raqqa. “They fought to illuminate the darkest places with their cameras and notebooks,” said the statement.

The journalists had been covering recent clashes between the Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) and Turkish-backed groups near Kobani.

The area has seen escalating clashes since early December, cocinding with the fall of Bashar al-Assad's regime. Turkey has reportedly supported the SNA with drone and artillery strikes as the conflict intensifies.

Previous killings of journalists

In the past two years, several Kurdish journalists have been killed in drone strikes reportedly in northern Iraq and Syria. Victims include Îsam Abdullah of Hawar News Agency (ANHA) in 2022, JIN TV staff member Necmeddin Faysal; and Çira TV reporter Murat Mîrza.

The Turkish government has remained silent on most of these cases. However, state media reported in August that Rojnews executive Gülistan Tetik, (Tara), was killed in a Turkish intelligence operation. (BIA, 20 December 2024)

Syrie: deux journalistes kurdes tués par un "drone turc"

Deux journalistes turcs d'origine kurde ont été tués par des frappes de "drone turc" près la ville de Kobané, dans le nord de la Syrie, où les forces kurdes craignent un assaut de groupes soutenus par la Turquie, ont annoncé vendredi des médias kurdes et des ONG.

Nazim Dastan, 32 ans, et Cihan Bilgin, 29 ans, qui travaillaient pour des médias kurdes ont été tués jeudi près du barrage de Techrine, à environ 100 kilomètres à l'est d'Alep, la deuxième ville de Syrie, lorsque leur voiture a été touchée par une explosion, a affirmé l'association des journalistes turcs Dicle Firat.

"Nous condamnons cette attaque contre nos collègues et exigeons des comptes", a ajouté l'association, les décrivant comme "deux journalistes précieux".

Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, la Turquie soutient une offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent cette zone du nord de la Syrie.

Les deux journalistes "couvraient les événements dans la zone" quand "un drone turc (...) les a directement visés, provoquant leur mort", a souligné l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

L'explosion a été provoquée par un drone turc, ont également indiqué l'agence de presse turque pro-kurde Mezopotamya et l'agence de presse kurde basée en Syrie Hawar, qui a montré la photo d'une jeune femme tenant un appareil photo et d'un homme qui pose à côté d'une caméra sur trépied.

Le Syndicat des journalistes turcs a condamné l'attaque, affirmant que les deux journalistes auraient été "prétendument pris pour cible par un drone turc".

"Les journalistes ne peuvent pas être attaqués alors qu'ils accomplissent un devoir sacré. Les responsables doivent être retrouvés et jugés", a déclaré la section syndicale de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie.

Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie pour proclamer une "région fédérale" dans le nord.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), armée de facto de l'Administration autonome kurde, ont accusé les groupes soutenus par Ankara de se préparer à lancer l'assaut sur la ville de Kobané.

Ankara, qui en plus des groupes proturcs dispose de 16.000 à 18.000 soldats sur le sol syrien, selon un responsable turc, dit que son armée se tiendra prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate" tant que les combattants kurdes du nord de la Syrie ne "déposeront" pas les armes.

Mais l'armée turque insiste sur le fait qu'elle ne cible jamais les civils mais uniquement des groupes terroristes.

Selon l'OSDH, les frappes de drones turcs ont fait 93 morts dans le nord et l'est de la Syrie depuis le début de l'année, dont 23 civils. (AFP, 20 déc 2024)

Court bans book on Kurdish women fighters in Kobani

A Diyarbakır court has ordered the banning and confiscation of the book The Daughters of Kobani: A Story of Rebellion, Courage, and Justice, written by American journalist and author Gayle Tzemach Lemmon.

The ruling by the Diyarbakır 4th Penal Judgeship of Peace follows a similar decision made by the İzmir 4th Criminal Judgeship of Peace in March 2023, which also banned and ordered the seizure of the book.

Avesta Publishing, which distributes the book in Turkey, criticized the lack of notification for both bans. In a social media statement, the publisher said, "Without the first ban being officially communicated to us, the Diyarbakır 4th Criminal Judgeship of Peace has now issued another ban, dated October 17, 2024, under Decision No. 2024/7039. This second ban, like the first, has yet to be formally delivered to our publishing house."

The Turkish translation of the book published by Avesta.

Published internationally, The Daughters of Kobani is based on hundreds of hours of interviews and field reporting conducted by Gayle Tzemach Lemmon. It tells the story of Kurdish women fighters who played a key role in the battle against ISIS in the Syrian Kurdish town of Kobani during 2014 and 2015.

Kobani, located in northern Syria, became a symbol of the fight against ISIS after the People’s Defense Units (YPG) successfully repelled an ISIS siege that lasted months. While praised internationally for their efforts, the YPG is viewed by Turkey as the Syrian affiliate of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK). (BIA, 13 décembre 2024)

Folk musician Pınar Aydınlar detained for displaying poster of Dersim rebellion leader
 
Folk musician Pınar Aydınlar was detained after performing on stage with a poster of Seyid Rıza during her concert yesterday as part of the "Tunceli Cultural Gatherings" program organized by İstanbul Metropolitan Municipality (İBB).

The İstanbul Chief Public Prosecutor’s Office launched an investigation into Aydınlar and the event organizers on allegations of "praising a crime and a criminal," as per article 215 of the Turkish Penal Code, which could lead to a prison sentence of up to two years.

During her performance, Aydınlar expressed admiration for Seyid Rıza, saying, “I bow with respect a thousand times before the memory of Seyid Rıza, who said, ‘I did not bow to you,’ and before the memory of those we have lost. While we cannot even visit the grave of our leader or know its location, we say again to those destroying the nature of Dersim: ‘We are the grandchildren of Seyid Rıza. We are here.’”

In an Instagram post with an excerpt from the concert, Aydınlar wrote, “We are the grandchildren of Seyid Rıza.”

“For us, it’s Dersim, not Tunceli," she wrote, expressing her rejection of the city’s official name, a stance widely adopted in the region.

Following the event, Aydınlar announced on her social media account that she had been taken into custody.

Seyid Rıza, an Alevi Zaza-Kurdish leader and religious figure, was executed on Nov 15, 1937, for leading a rebellion in the Dersim region during the early years of the republic. (BIA, 13 décembre 2024)

Diyarbakır courts order confiscation of pro-Kurdish publications

Courts in Diyarbakır have ordered the confiscation of several books and issues of pro-Kurdish publications seized during police raids in September, Mezopotamya Agency (MA) reports.

As part of an investigation launched by the Diyarbakır Chief Public Prosecutor’s Office in 2022, police conducted a series of raids on Sep 24 targeting the Mesopotamia Language and Culture Research Association (MED-DER), Payîz Pirtûk publishing house, and the Anka Language and Arts Education Cooperative, as well as several private residences.

During the raids, numerous books, magazines, and newspapers—none of which were subject to prior confiscation orders—were seized. Among the confiscated publications were issues of the magazines Demokratik Modernite (issues 1, 2, 39, and 48), Ekolojik Yaşam (2024 issues 2, 3, 4, and 5; 2023 issue 1), Jineoloji (issues 16, 29, and 31), and newspapers Yeni Yaşam and Xwebûn from this year.

The Diyarbakır 3rd and 4th Penal Judgeships of Peace issued orders officially confiscating the seized materials.  The rulings alleged that the publications contained "terrorist propaganda," "descriptive portrayals of the organization," and content that "glorified" the group in question. (BIA, 12 décembre 2024)

Study reveals journalists in Turkey living at hunger threshold

The Press, Broadcast, and Printing Workers Union (DİSK Basın-İş) has conducted a wage study involving 82 journalists from 53 different media outlets. According to the findings, the average salary in the media sector is just 28% above the minimum wage, at 23,378 Turkish lira (~850 US dollars).

The study found that salaries vary significantly based on years of experience. Only journalists with more than 10 years of experience earn over 30,000 liras, while those with less experience are generally paid below the average.

For journalists with different levels of experience, the average monthly wages are:

Less than 1 year: 22,871 liras

1–3 years: 21,269 liras
3–5 years: 22,000 liras
5–10 years: 23,600 liras
More than 10 years: 31,889 liras

The study also highlighted that one in four media workers earns minimum wage. Half of the sector operates within 20% of the minimum wage level, and nine out of ten media workers earn less than 25,000 liras.

Journalists’ average salary expectations were recorded at 42,134 liras—an increase of roughly 80% over current earnings.

The study also examined job stability, revealing that the average tenure in a single workplace is just 3.8 years. Nearly 70% of workers leave their job within three years, while only 11% remain with the same employer for more than a decade.

Call for a minimum base wage
DİSK Basın-İş called for the establishment of a minimum base wage in the media sector, arguing that current salaries are unacceptable for a profession requiring significant skills and demanding deadlines.

"The majority of press workers are earning minimum wage or close to it. The question is no longer ‘What will the minimum wage be?’ but rather, ‘Why are so many people working for minimum wage?’ It’s time to address this issue," the report stated.

The union proposed a minimum base wage set at twice the minimum wage for entry-level journalists. Additionally, it recommended annual raises at least equal to increases in the national minimum wage, with a 3% increase for each year of experience. For workers who remain with the same employer, DİSK Basın-İş suggested an additional 5% raise at the start of each year of continued employment.

The report emphasized that press workers, described as “intellectual laborers constantly racing against time,” should not be subjected to wages that hover near the minimum. (BIA, 9 décembre 2024)

Maroc: Luca Guadagnino critique la "censure" de son film "Queer" en Turquie

Le cinéaste italien Luca Guadagnino a critiqué samedi la récente interdiction de son film "Queer" en Turquie, se disant prêt à combattre "toute institution voulant ternir les pouvoirs" du cinéma, en marge du festival du film de Marrakech.

Les autorités turques ont interdit début novembre une projection de son film "Queer" prévue en ouverture d'un festival de cinéma à Istanbul "au motif qu'il contenait un contenu provocateur, susceptible de troubler l'ordre public", selon les organisateurs qui ont décidé d'annuler l'événement en signe de protestation.

"Je me demande s'ils ont vu le film ou s'ils le jugent sur les grandes lignes ou sur la stupidité facétieuse de certains journalistes qui se sont focalisés sur +James Bond devenu gay+", a répondu le réalisateur italien à une question de l'AFP lors d'une conférence de presse du jury du festival de Marrakech qu'il préside.

"C'est une censure obtuse, surtout dans ce monde où il est possible de télécharger le film", a indiqué le réalisateur de "Call me by your name" (2017).

Inspiré d'un roman éponyme de William S. Burroughs, "Queer" retrace les aventures mêlant sexe, drogue et alcool d'un américain (incarné par l'ancien agent 007 Daniel Craig) qui s'éprend d'un jeune compatriote dans le Mexico City d'après-guerre.

"J'espère vraiment qu'ils croient que le (sujet) du film peut entraîner l'effondrement de la société. Parce que cela signifie que ma croyance dans le pouvoir du cinéma est vraie et qu'elle n'est pas délirante", a souligné M. Guadagnino.

"Je vais me battre contre toute institution qui veut ternir les pouvoirs inévitables" du cinéma, a-t-il ajouté.

La 21e édition festival international du film de Marrakech se déroule du 29 novembre au 7 décembre.

Le jury, présidé par Luca Guadagnino, comprend notamment les actrices américaine Patricia Arquette et française Virginie Efira, le réalisateur iranien Ali Abbasi ou encore l'acteur britannique Andrew Garfield. (AFP, 30 nov 2024)

Press freedom organizations denounce detention of journalists

Eighteen press and free expression groups from Turkey and around the world have issued a statement condemning the detention of journalists during operations centered in Eskişehir.

The groups criticized the confidentiality order placed on the investigation and the denial of access to lawyers for the detainees.

"Withholding information about the arrests and operations highlights the escalating threats to press freedom and the ability to practice journalism freely," the statement read.

The organizations called on Turkey to adhere to its legal obligations and protect journalists from political pressure, urging authorities to stop targeting the press:

"Turkey must fulfill its obligations under the Press Law, the Constitution of the Republic of Turkey, and the European Convention on Human Rights (ECHR). The systematic harassment and intimidation of journalists must cease immediately. We urge authorities to end the oppression and unjust detentions of journalists, ensure their safety, and safeguard freedom of expression. Furthermore, under Article 10 of the ECHR, journalistic activities must be protected. Journalism is an essential pillar of a democratic society and must remain free from political interference."

The investigation

The investigation, initiated by the Eskişehir Chief Public Prosecutor’s Office, led to police operations on Nov 26 in İstanbul, Diyarbakır, Ankara, and Batman. The detainees included journalists, writers, poets, and cartoonists. Several were transferred to Eskişehir for further investigation.

On Nov 26, Interior Minister Ali Yerlikaya referred to those detained as “suspected members of a terrorist organization” in a statement posted on social media.

Lawyers for the detained journalists were denied access to their clients and prevented from obtaining information about the investigation, citing a “confidentiality order.”  (BIA, 28 nov 2024)

Vague d'arrestations pour "terrorisme", dont 12 journalistes

Plus de deux cent trente personnes dont douze journalistes, poètes et écrivains, ont été arrêtées ces dernières 24 heures en Turquie, soupçonnées de liens "présumés avec des organisations terroristes", selon le ministère turc de l'Intérieur.

Plusieurs associations de journalistes dont Dicle Firat et Mesopotamia ont appelé mercredi à un rassemblement de protestation à Diyarbakir (sud-est), la plus grande ville kurde du pays.

Dans un message sur le réseau X, le ministre Ali Yerlikaya a précisé mardi que les opérations menées dans "trente provinces" ont conduit à l'arrestation de "231 membres présumés d'organisations terroristes".

Ces personnes ont été arrêtées pour "financement" ou "propagande" au profit du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre le gouvernement, ou parce que leur "nom apparaissait au sein des structures politiques et médiatiques de l'organisation terroriste PKK", selon le ministre.

Par ailleurs, les forces armées turques engagées dans le nord de l'Irak ont affirmé avoir repris le contrôle de la région de Zap et "éliminé" toute présence des combattants du PKK, selon le ministre de la Défense Yasar Güler.

Cependant, le président Recep Tayyip Erdogan a montré ces derniers temps une volonté de "tendre la main aux frères kurdes" laissant entrevoir la possibilité de libérer le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, condamné à vie et détenu depuis 1999 sur une île au large d'Istanbul. (AFP, 27 nov 2024)

Police detain multiple journalists in house raids across Turkey

Turkish authorities should stop treating journalists like terrorists by raiding their homes and detaining them, the Committee to Protect Journalists said Wednesday.

“Turkish authorities once more raided the homes of multiple journalists in the middle of the night, in order to portray them as dangerous criminals, and detained them without offering any justification. CPJ has monitored similar secretive operations in the past decade, and not one journalist has been proven to be involved with actual terrorism,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “The authorities should immediately release the journalists in custody and stop this systematic harassment of the media.”

In a statement Tuesday, Turkey’s Interior Ministry said police had conducted simultaneous operations in 30 cities and detained a total of 261 people who suspected of having ties to the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) or alleged offshoot organizations. At least 12 journalists are reported to be held in custody:

Erdoğan Alayumat, former reporter for the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency in Istanbul

•    Suzan Demir, Istanbul-based freelance reporter
•    Tuğçe Yılmaz, Istanbul-based reporter for the independent news website Bianet
•    Emrah Kelekçier, Diyarbakır-based freelance photographer
•    Ahmet Sümbül, Diyarbakır-based freelance reporter
•    Roza Metina, chairperson of the Mesopotamia Women Journalists Association in Diyarbakır
•    Bilal Seçkin, Istanbul-based freelance photographer
•    Bilge Aksu, Istanbul-based freelance reporter
•    Mehmet Uçar, Batman-based freelance reporter
•    Doğan Güzel, Diyarbakır-based political cartoonist
•    Abdurrahman Aydın, Antalya-based columnist for the independent news website Gazete Duvar
•    Havin Derya, Antalya-based freelance reporter

The reasons for the detentions are unknown, as there is a court order of secrecy on the investigation, preventing the detainees and their lawyers from being informed of the investigation’s details and possible charges, a common practice in such crackdowns.

CPJ emailed Turkey’s Interior Ministry for comment but received no reply.

Separately, Devlet Bahçeli, leader of the government ally Nationalist Movement Party (MHP), threatened the pro-opposition outlet Halk TV and its commentators for criticizing his party with a vow that the MHP will make them suffer.

“We are taking note, one by one, of the ignorant and arrogant commentators, especially Halk TV,” Bahçeli said Tuesday at a MHP meeting in Ankara. In October, he had told the outlet to “watch your step.”  (CPI, 25 nov 2024)

Kurdish Question / Question kurde

Ankara autorise l'opposition pro-kurde à rendre visite à Ocalan

La Turquie a approuvé la demande du parti pro-kurde DEM de rendre visite au fondateur du PKK, Abdullah Ocalan, emprisonné à vie, ont déclaré vendredi le ministre de la Justice et un porte-parole du parti.

"Nous avons répondu positivement à la demande de rencontre de DEM", a déclaré le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunc, à la chaîne d'information TRGT.

"En fonction des conditions météorologiques, ils se rendront à Imrali demain ou dimanche", a-t-il déclaré, faisant référence à l'île-prison où Ocalan est détenu à l'isolement depuis 25 ans.

Le porte-parole du parti DEM avait confirmé auparavant avoir reçu "un appel (du ministère de la Justice): il y aura une visite demain (samedi) ou dimanche tant que le temps n'est pas mauvais".

Ocalan, détenu depuis 25 ans dans la île-prison turque d'Imrali, au large d'Istanbul, a fondé le PKK, ou Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mène depuis des décennies une insurrection contre la Turquie et est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Il a été arrêté en 1999 et purge depuis lors une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.

M. Tunc a lui-même "répondu positivement à la demande de rencontre du parti DEM" avec deux législateurs du parti approuvés pour la visite, avait rapporté de son côté la télévision privée turque NTV.

Cette décision intervient deux mois après que le chef du parti d'extrême droite turc MHP a tendu un rameau d'olivier à M. Ocalan, l'invitant au parlement à renoncer à la terreur et à dissoudre son groupe, une démarche soutenue par le président Recep Tayyip Erdogan.

Un jour plus tard, Ocalan a été autorisé à rendre visite à sa famille pour la première fois depuis mars 2020. Dans les semaines qui ont suivi, DEM a demandé au ministère de la Justice l'autorisation de rendre visite à Ocalan, une demande désormais approuvé, selon le parti. (AFP, 27 déc 2024)

Joint declaration by 1043 personalities in Turkey calls for peace

ANF, 27 December 2024
1043 people from North Kurdistan and Turkey signed a declaration titled "Peace and democracy for all of us" against the policies of war and the lack of a solution to the Kurdish question. The signatories demanded that the policies of war and deadlock in the Kurdish question be abandoned, and a peace process be initiated. 

The declaration released on Friday reads as follows:

"Turkey is going through a tough process. While poverty and lawlessness are increasing on the one hand, the government, on the other hand, tries to solve its problems by resorting to violence as its support from the people weakens. Removing elected mayors and replacing them with civil servants as trustees, responding to every peaceful demonstration with police violence, sending those voicing a slightest criticism to prison, and trying to solve the Kurdish question with violence are different aspects of the politics of violence. On the other hand, Turkey is surrounded by a circle of war. The civilian population, women and children are the ones who suffer the most.

‘We need a peace movement to take Turkey out of this violence environment’

More than ever, we need a peace movement to take Turkey out of this violence environment. Peace means not only the end of armed conflicts, but also the elimination of the cause of conflict by finding solutions to the disputes that lead to war. A peaceful solution to the Kurdish question is an indispensable element of social and political peace. We believe that peace cannot be achieved with weapons.

‘There is no indication that the government is seeking a peaceful and democratic solution’

On the other hand, it would be misleading to consider the Kurdish question only as an issue within Turkey's borders. As long as Turkey does not pursue a peaceful policy on the Kurdish issue and the war and conflict in Syria for the benefit of all the peoples in the region, it is difficult to achieve a real peace on the Kurdish question in Turkey. Although the developments since the beginning of October have created expectations of peace, there is no indication that the government is seeking a peaceful and democratic solution to the Kurdish question.

‘Equal citizenship can only be realized through a pluralist democracy’

That is why we, the undersigned, would like to call for the initiation of a peace process. This is also a call for democracy, bread, justice, freedom, human rights and the rule of law. We know from experience that the Kurdish question can only be solved within the framework of democracy and on the basis of human rights. The rights of Kurds can only be protected by securing the fundamental rights and freedoms of every individual living in Turkey through the rule of law. Participatory democracy can only be achieved by loosening the rigid centralism that chokes local governments. Equal citizenship can only be realized through a pluralist democracy that respects all identities.

‘It is important to base peace on international legal standards’

Peace cannot be realised with the end of war. Peace must be built and the structures on which it will stand must be established. In this context, we believe that it is important to base peace on international legal standards regarding rights and freedoms. We believe that democratic community and mass organisations have an important role to play in building a lasting peace.

‘Peace involves the whole society’

Until now, all initiatives on the Kurdish issue have been taken by the state or political actors. However, a peace process initiated by democratic individuals and organizations together with the people will lead to the socialization of peace, social support for the peace process, and the establishment of a culture of peace instead of a culture of violence. Peace is not a concept that covers only the warring parties. It is a social concept that involves the whole society. Therefore, the success of the peace process depends on social support.
In order for a lasting peace to be built in society, a free, egalitarian and democratic social life must also be ensured. To this end, we need a reorganisation of economic distribution in favor of the poor and working people, and the construction of a country where there is no hunger, poverty, unemployment, femicides, occupational homicides, infant abuse, education, health and housing problems.

‘War is a crime against peace’

The right to live in peace is a fundamental human right. The Nuremberg Tribunal recognized that war is a crime against peace. The November 12, 1984 U.N. General Assembly resolution states that 'all human beings have the sacred right to live in peace'. On 10 December 2010, the declaration adopted at the Congress on the Right to Live in Peace held in Santiago de Compostela, Spain, states that individuals, groups and peoples have the right to live in just, sustainable and lasting peace and underlines that the responsibility for ensuring and protecting this right belongs to the state.”

The 1043 signatories are as follows:

A. Ertan Mısırlı, A. Gülsün Sop, A. Ömer Türkeş, Abdo Yılmaz, Abdulbaki Erdoğmuş, Abdulgafur Doğru, Abdulgani Poyraz, Abdulhakim Daş, Abdulkadir Güleç, Abdullah Aktaş, Abdullah Aren Çelik, Abdullah Babacan, Abdullah Çağer, Abdullah Demirbaş, Abdullah Göllü, Abdullah Keskin, Abdurrahim Doğan, Abdurrahim Şişman, Abdülaziz Akyol, Abdülkerim Yakut, Abdülselam Suvakçı, Adalet Dinamit, Adalet Ünlü, Adil Demirci, Adil Güler, Adil Okay, Adnan Ekşigil, Adnan Kaya, Adnan Özyalçiner, Adnan Şahin, Afşin Kum, Ahmet Aksoy, Ahmet Avşar, Ahmet Aydoğan, Ahmet Aykaç, Ahmet Çakmak, Ahmet Dağ, Ahmet Dindar, Ahmet Doğan, Ahmet Ergin, Ahmet Erkan, Ahmet Faruk Ünsal, Ahmet Haşim Köse, Ahmet Işık, Ahmet İnam, Ahmet İnsel, Ahmet Karagöz, Ahmet Kardam, Ahmet Malkoçoğlu, Ahmet Özdemir Aktan, Ahmet Özmen, Ahmet Telli, Ahmet Tüzün , Ahmet Ümit, Ahmet Yıldırım, Ahmet Zirek, Akın Atalay, Akın Atauz, Akın Birdal, Akın Yanardağ, Akif Bayrak, Akif Kurtuluş, Albert Ali Salah, Alev Özgüner, Algan Sezgintüredi, Ali Atalan, Ali Bayramoğlu, Ali Bilge, Ali Bulaç, Ali Demir, Ali F. Bilir, Ali Fikri Işık, Ali Galip Yıldız, Ali Haydar Konca, Ali Karakoç, Ali Karapınar, Ali Nesin, Ali Şimşek, Ali Yalçın, Ali Yıldırım, Aliye Özlü, Alpar Sevgen, Altay Öktem, Anıl Mert Özsoy, Arif Ali Cangı, Arif Altunkalem, Arif İsmet Yılmaz, Arzu Filiz Güngör, Arzu Şahin, Askeri Tanrıkulu, Aslı Bahar Özbilen, Aslı Telli, Asuman Bayrak, Asuman Susam, Ata Yazıcıoğlu, Ataol Behramoğlu, Atilla Birkiye, Atilla Coşkun, Atilla Durak, Aycan İrmez, Aydın Bodur, Aydın Çetinkaya, Aydın Deniz, Aydın Erdoğan, Aydın Gelmez, Aydın Gümüş, Aydoğan Kars, Ayfer Koçak, Ayfer Tunç, Aygül Demirtaş, Ayhan Baran, Ayhan Çelik, Ayhan Erensoy, Ayhan Ergenç, Aykut Erdoğan, Ayla Akat, Aysel Hoşgit, Ayşe Acar Başaran, Ayşe Arat, Ayşe Ayben Altunç, Ayşe Bakkalcı, Ayşe Erzan, Ayşe Gözen, Ayşe Güngör, Ayşe Özdemir, Ayşe Sarısayın, Ayşe Sözeri Cemal, Ayşe Şehriban Demirel, Ayşe Yolageldili, Ayşegül Devecioğlu, Ayşen Şahin, Ayşenur İğdem, Aytekin Sağlam, Ayten Sezgin, Azad Yıldırım, Aziz Tunç, Bahadır Altan, Bahri Belen, Bahri Gedik, Banu Çukadar, Barış Işık, Barış İnce, Barış Yavuz, Baskın Oran, Bayram Bozyel, Bedia Özgökçe Ertan, Bediz Yılmaz, Bedrattin Karaboğa, Bekir Benek, Belgin Bıyıkoğlu, Belma Fırat, Beral Madra, Beril Eyüpoğlu, Berna Kılınç, Berrin Oyur, Berrin Sönmez, Besime Konca, Beşir Biçer, Beşir Demirkanoğlu, Betül Tanbay, Beyza Diler, Bışar İçli, Bilal Karabay, Binnaz Toprak, Birgül Oğuz, Birsen Atakan, Burhan İşiyok, Bülend Tuna, Bülent Atamer, Bülent Ateş, Bülent Tekin, Bülent Türkmen, Bülent Yarbaşı, Cabbar Barış, Cafer Solgun, Cahit Kırkkazak, Cahit Mete, Can Candan, Can Dündar, Canan Aydın Bıçak, Celal İnal, Celalettin Can, Cemal Özen, Cemil Çoban, Cengiz Arın, Cengiz Babalık, Cengiz Bayıldıran, Cengiz Güngör, Cengiz İvdil, Cengiz Kaplan, Ceren Cansu Akkaya, Ceren Gündoğan, Ceren Vardar Acar , Cesari Mercan, Cevahir Bedel, Cevat Aktaş, Cevat Demir, Cevdet Bozkurt, Cevriye Aydın, Cigerxun Polat, Cihan Aydın, Cihan Roj, Cihan Şenoğuz, Cihan Vesek, Cihangir İslam, Coşkun Üsterci, Cuma Boynukara, Cuma Coşan, Cuma Erçe, Cuma Kolukısa, Cüneyt Ozansoy, Çağatay Anadol, Çetin Ali Nergis, Çetin Kulu, Çiğdem Koç, Çiğdem Kozan , Davut Güler, Defne Suman, Demir Çelik , Demir Topçuoğlu, Deniz Durukan, Deniz Galip, Deniz Mukan, Deniz Subaşı, Deniz Türkali, Deniz Yıldırım, Deniz Yonucu, Derya Tolgay, Devrim Avcı, Dicle Akar, Dilek Aykan, Dilek Hattatoğlu, Dilek Öcalan, Dilşa Deniz, Dodan Özer, Doğan Bermek, Doğan Çakmak, Doğan Özgüden, Doğan Özkan, Doğu Yücel, Döne Gevher, Dursun Öztürk, Edip Polat, Edip Yaşar, Efkan Bolaç, Ekrem Baran, Ekrem Kutlu, Elif Akgül Ateş, Elif Keleş O, Elif Sofya, Emel Kaya, Emel Kurma, Emel Uzman, Emin Ekinci, Emine Özhasar, Emine Uşaklıgil, Emrah Kırımsoy, Emrah Taşar, Emre Kutlu, Enes Atila Pay, Engin Çörüşlü, Engin Deniz Akarlı, Engin Deniz Ergin, Engin Turgut, Enis Güngör, Enver Akan, Ercan Bingöl, Ercan İpekçi, Ercan Jan Aktaş, Ercan Y. Yılmaz, Ercüment Akdeniz, Erdal Doğan, Erdal Karakuş, Erdoğan Aydın, Eren Baskın, Eren Keskin, Ergin Cinmen, Ergin Türsoy, Ergün Özgür, Erhan Altunel, Erhan Araz, Erhan Ceylan, Erkan Şenses, Erol Kızılelma, Erol Köroğlu, Erol Memiş, Ertan Meyan, Ertan Zerayak, Ertuğrul Günay, Ertuğrul Kürkçü, Esat Şenyuva, Esen Ulubay, Esha Aktaş, Esin Şenol, Esra Debağcı, Esra Koç, Esra Mungan, Eşber Yağmurdereli, Evren Altınel, Eylem Arzu Kayaoğlu, Eylem Ata, Eylem Gencer, Eyüp Çakır, Eyüp Yılmaz, Ezgi Şahin Yalvarıcı, Fahrettin Ülgün, Faik Bulut, Faik Elmas, Faruk Balıkçı, Fatih Aydın , Fatin Kanat, Fatma Akdokur, Fatma Ayparçası, Fatma Bostan Ünsal, Fatma Erden, Fatma Gök, Fatma Hoşgör, Fatma Kurtulan, Fatma Nevin Vargün, Fatma Taşar Tüfekçi, Fatma Yücel, Fatoş İrven, Faysal Mahmutoğlu, Faysal Özdemir, Faysal Sarıyıldız, Fehmi Tek, Feleknas Uca, Ferat Mehmetoğlu, Ferdağ Ergin Öztürk, Ferdi Yamar, Fergun Özelli, Ferhat Kentel, Ferhat Tunç, Feride Çetin, Feride Çiçekoğlu, Feridun Andaç, Ferman Özgün, Feryal Saygılıgil, Fethi Gümüş, Fethiye Çetin, Fevzi Saygılı, Fevzi Ünal, Feyza Hepçilingirler, Feyzi Kömürcü, Fırat Acar, Fırat Can, Fırat Ceweri, Fırat Epözdemir, Fırat Sandalcı, Fırat Sönmez, Figen Alkaç, Figen Ertem, Fikret Aktaş, Fikret Başkaya, Filiz Aydın, Filiz Kardam, Filiz Kerestecioğlu, Filiz Koçali, Fuat Ay, Fuat Coşacak, Funda Akbulut, Furkan Yer, Füsun Ertuğ, Gaffar Karadoğan, Galip Deniz Altınay, Garo Paylan, Gaye Boralıoğlu, Gençay Gürsoy, Gonca Özmen, Gökay Erol, Gökçe Bilgin, Gökhan Biçici, Gökhan Dayık, Gönen Orhan, Gönül Erterzi, Gül Büyükbeşe, Gülay Bilici, Gülay Koca, Gülayşe Koçak, Güler Fişek, Güliz Sağlam, Gülnur Acar Savran, Gülser Kayır, Gülseren Onanç, Gülseren Pusat, Gülşen Özbek, Gültan Kışanak, Günal Kurşun, Günay Polat, Gündüz Vassaf, Güngör Erçil, Güngör Şenkal, Günseli Baki, Güray Dağ, Gürhan Ertür, Gürkan Develi, Güven Güzeldere, Güvenç Aydoğan, Habibe Danışman, Hacer Ansal, Hacer Özdemir, Hadi Cin, Hadi Polat, Hakan Akçura, Hakan Altun, Hakan Bozyurt, Hakan Etenoğlu, Hakan Subaşı, Hakan Türkmen, Hakim Tokmak, Hakkı Çetin Özdemir, Halide Güneş, Halide Yıldırım, Halil Ergün, Halil Savda, Halim Bulutoğlu, Halis Ertaş, Haluk Özsaraç, Hamdullah Arvas, Hanife Altun, Hanifi Kandemir, Harun Toptan, Hasan Cemal, Hasan Cevat Özdil, Hasan Demirel, Hasan Hayri Ateş, Hasan Kara, Hasan Ortaç, Hasan Öztoprak, Hasan Seçkin, Hasan Ürel, Hasip Kaplan, Hatice Aslan, Hatice Demir, Hatice Doğan, Hatice Göz, Hatice Kavran, Hatice Kocaman, Hatice Seçkin Akuğur, Hatice Zümrüt, Hatip Dicle, Havin Ölmez, Haydar Akgül, Haydar Çetin, Haydar Ergülen, Hayko Bağdat, Hayrettin Güzel, Hayri Yetik, Hıdır Işık, Hicri İzgören, Hidayet Şefkatli Tuksal, Hilmi Aydoğdu, Hülya Akdeniz, Hülya Ceylan, Hülya Ekşigil, Hülya Uygun, Hülya Yalçın, Hürriyet Karadeniz, Hüsamettin Akışlı, Hüsamettin Zenderlioğlu, Hüseyin Aslan, Hüseyin Bektaşoğlu, Hüseyin Çağlar, Hüseyin Esentürk, Hüseyin Kalkan, Hüseyin Küçükbalaban, Hüseyin Mat, Hüseyin Sarıbaş, Hüseyin Sarıgül, Hüseyin Sarısayın, Hüseyin Sevim, Işıl Ünal, İ Hakkı Zariç, İ Kuban Altınel, İbrahim Aksoy, İbrahim Betil, İbrahim Ekinci, İbrahim Halil Subaşı, İbrahim Kaçmaz, İbrahim Karakaya, İbrahim Sinemillioğlu, İdris Baluken, İhsan Berkhan, İlhami Akay, İlhami Sidar, İlkay Alptekin Demir, İlkay Geyik, İlke Çandırbay, İlknur Alcan, İlyas Danyeli, İmam Taşçıer, İnan Demirkan, İnci Hekimoğlu, İnci İşbulur, İnci Özkan Kerestecioğlu, İnci Tuğsavul, İpek Yürekli, İrem Cennet Doğdu, İrfan Aktan, İrfan Keskin, İrfan Oğur, İrfan Uğur, İshak Karakaş, İslam  Arpat, İslam Özkan, İsmail Beşikçi, İsmail Demirci, İsmail Güzelsoy, İsmail Tarhan, İsmail Tekin, İsmihan Okyay Çoban, İz Öztat, İzzet Kılıç, K. Sevim Güngör, Kadir Akın, Kadri Salaz, Kağan Önal, Kamil Ateşoğoğulları, Kamil Tekin Sürek, Kazım Altun, Keleş Öztürk, Kemal Aktaş , Kemal Çınar, Kemal Deniz Çiftçi, Kemal Karanfil, Kemal Ulaş, Kerem Duruk, Kerem Karakuş, Kıvılcım Ünal, Koçer, Koray Feyiz, Korhan Gümüş, Korkut Akın, Kudbettin Ulubay, Kudret Ünal, Kumru Toktamış, Kutsal Utku Tatar, Kuvvet Lordoğlu, Lal Laleş, Latife Akyüz, Levent Akçasu, Levent Köker, Levent Tüzel, Leyla Birlik, Leyla İmret, Lezgin Botan, Lisa Çalan, Ludmilla Denisenko, M. Ali Ateş, M. İhsan Çevik, M. Sezgin Tanrıkulu, M. Şerif Camcı, M. Ufuk Tekin, Mahmut Alikaşifoğlu, Mahmut Balpetek, Mahmut Memduh Uyan, Mahmut Temizyürek, Mahmut Vefa, Mahsum Batı, Mahsum Oral, Mashar Demirkan, Mazhar Zümrüt, Mazlum Çetinkaya, Mehmet A. Oturan, Mehmet Akboya , Mehmet Aker, Mehmet Ali Aslan, Mehmet Bayram, Mehmet Bekaroğlu, Mehmet Bilal Dede, Mehmet Cemil Çoğaltay, Mehmet Cihan Kıran, Mehmet Dicle, Mehmet Doğan, Mehmet Dursun, Mehmet Emin Adıyaman, Mehmet Emin Aktar, Mehmet Emin Aslan, Mehmet Hanifi Yangın, Mehmet İnal, Mehmet Kutlu, Mehmet Merhametsiz, Mehmet Necati Besler, Mehmet Nur, Mehmet Onur Yılmaz, Mehmet Özer, Mehmet Rauf Kesici, Mehmet Said Aydın, Mehmet Soydan, Mehmet Taşdemir, Mehmet Taşkıran, Mehmet Toker, Mehmet Türk, Mehmet Türkay, Mehmet Ural, Mehmet Uysal, Mehmet Vural, Mehtap Tosun, Melek Göregenli, Melek Özman, Melek Taylan Ulagay, Melih Sağıroğlu, Meltem Düzgün, Memet Kara, Menekşe Toprak, Menice Rümeysa Gülmez, Meral Atasoy, Meral Camcı, Mervan Eren Gül, Meryem Koray, Mesut Alp, Mesut Balcan, Mesut Beştaş, Mesut Coşkun, Metin Cengiz, Metin Ersoy, Metin Kılavuz, Metin Temiz, Metin V. Bayrak, Mevsim Yenice, Mihail Vasiliadis, Mine Soysal, Mualla Kavuncu, Muammer Nadir Kaya, Muazzez Uslu Avcı, Muharrem Erbey, Muhsin Çolak, Muhtullah Çoban, Mukri Vakar, Murat Alabey, Murat Büyükyılmaz, Murat Çelikkan, Murat Dinçer, Murat Gülsoy, Murat Gümrükçüoğlu, Murat Güven, Murat Karahan, Murat Karayalçın, Murat Özünay, Murat Özyaşar, Murat Tayyar Sarıkaya, Murat Uyurkulak, Murat Yalçın, Murathan Mungan, Mustafa Aslan, Mustafa Çinkılıç, Mustafa Elveren, Mustafa Eraslan, Mustafa Huzeyfe Okuyucu, Mustafa Kemal Güngör, Mustafa Peköz, Mustafa Şener, Mustafa Taylan Savran, Mustafa Yelkenli, Mustafa Yeşilbağdan, Muzaffer Asma, Muzaffer Kaya, Muzaffer Kutay, Müfit Özdeş, Müge Boztepe, Müge İplikçi, Münir Korkmaz, Münire Dağ, Mürsel Önder, Müslüm Yücel, Müzeyyen Şen, Naci Akıncı, Naci Binay, Naci Sönmez, Nadir Bingöl, Nafiz Sağ, Nafiz Toprak, Nagehan Tokdoğan, Naif Alibeyoğlu, Nalan Barbarosoğlu, Namık Kuyumcu, Nazan Aksoy, Nazan Üstündağ, Nazım Tural, Nazım Turan, Nazik Işık, Nazlı Andan, Necibe İnci Serdar, Necla Kanbur, Necmi Demir, Necmiye Alpay, Nedim Taş, Nergiz Savran Ovacık, Nermin Mollaoğlu, Nesim Ovadya İzrail, Nesimi Aday, Nesli Çetinkaya, Neslihan Yalman, Nesrin Nas, Nesteren Davutoğlu, Neşe Özgen, Neşe Yaşın, Nevay Samer, Nevin Güney İnce, Nevin Kamilağaoğlu, Nevin Soyukaya, Nevzat Süer Sezgin, Nevzat Çağlar Tüfekçi, Nevzat Onaran, Nihat Akdoğan, Nihat Gençosman, Nihat Öcal, Nihat Özcan, Nihat Tepe, Nihat Türk, Nil Mutluer, Nilgün Doğançay, Nilgün Öneş, Nilgün Yurdalan, Nimetulla Güneş, Nimetullah Erdoğmuş, Nizamettin Toğuç, Nur Bekata, Nur Deriş, Nur Sürer, Nuran İmir, Nuray Aslan, Nuray Özdoğan, Nurdan Gürbilek, Nure Basar, Nurettin Çivi, Nurhan Davudyan, Nurhan Demirhan, Nurhan Suerdem, Nuri Demirci, Nuri Ödemiş, Nursel Aydoğan, Nurşen Sönmez, Nurten Ertuğrul, Nusret Doğruak, Nusret Gürgöz, Nusrettin Yaşar, Nuşirervan Elçi, Nüket Esen, O. Meriç Eyüboğlu, Olcay Şimşek, Onur Hamzaoğlu, Orhan Akbay, Orhan Alkaya, Orhan Doğançay, Orhan Gazi Ertekin, Orhan Kaya, Orhan Kemal Cengiz, Orhan Kılıç, Orhan Koçak, Orhan Pamuk, Orhan Sarıbal, Orhan Silier, Osman Baydemir, Osman Çokur, Osman Ergin, Osman Okkan, Osman Şenkul, Oya Baydar, Oya Özgüven, Öget Öktem Tanör, Ömer Faruk, Ömer Faruk Kırnıç, Ömer Güven, Ömer Madra, Önder Birol Bıyık, Özcan Çine, Özcan Gülhan, Özcan İntaş, Özcan Yaman, Özden Özdemir, Özdeş Özbay, Özgür Müftüoğlu, Özgür Zeybek, Özkan Avcı, Özkan Mert, Özlem Cebe, Özlem İşbilir, Özlem Özkan, Özlem Şekercioğlu, Öznur Bayoğlu, Özüm Vurgun, Pakrat Estukyan, Paluri Arzu Kal, Pelda Vesek Sandalcı, Peral Beyaz, Perihan Yoğurtçu, Pınar Ercan, Pınar Öğünç, Polat Özlüoğlu, Rabia Gündoğmuş, Rahim Arslan, Rahmi Akdaş, Rahmi Emeç, Rakel Dink, Ramazan Kurt, Rebia Dirim, Recep Sancaktar, Refika Çakıllık, Reis Çelik, Remzi Çelik, Remzi Karabulut, Remzi Tanrıverdi, Resul Sever, Reşat Kaymaz, Reşo Son, Reyan Tuvi, Rezan Tuncay, Rıdvan Hatun, Rıza Türmen, Rober Koptaş, Rojhat Tunç, Ruken Akça, Ruken Yetişkin, Rukiye Yıldırım, Ruşen Işık, Rüksan Tuna, Rümeysa Çamdereli, S. Kemal Çakıroğlu, Saadet Becerikli, Saadet Erkuş, Saadet Sorgunlu, Sabahat Tuncel, Sabahattin Diril, Sabriye Akkul, Sadullah Sayın, Said Şaşmaz, Saime Tuğrul, Sait Çetinoğlu, Sakin Günel, Sami Evren, Saniye Seçkin, Sarya Can, Savaş Işık, Seçil Ege Işık, Seçkin Özsoy, Sedat Taş, Sedat Vefa Bostan, Sedat Yurtdaş, Selahattin Nesipoğlu, Selçuk Erez, Selim Ölçer, Selim Sadak, Selma Esen, Selma Irmak, Selma Koçiva, Sema Gülez, Sema Kaygusuz, Semih Bilgen, Semih Gümüş, Semih Oktay, Semir Özmen, Semire Nergiz, Semra Karadağ, Semrin Şahin, Sena Kaleli, Sepin Sinanoğlu, Serdar Arat, Serdar Günakın, Serdar Keskin, Serdar Koçol, Serdar M. Değirmencioğlu, Serdar Talay, Serdar Tüm, Sergen Sucu, Serhat Aktan, Serhat Alan, Serhat Eren, Serhat Kaya, Serpil Akyar, Serpil Kemalbay, Sevda Çelik Özbingöl, Sevengül Sönmez, Several Ballıkaya, Sevgi Sümer, Sevgi Yılmaz, Sevim Çelikcan, Sevim Erdoğan, Sevim Korkmaz Dinç, Sevinç Koçak, Seyda Selek, Seydi Fırat, Seyithan Elmas, Seywan Seidian, Sezer Ateş Ayvaz, Sıla Talay, Sidar Gümüş, Sidar Jir, Simten Çoşar, Sinan Özaraz, Sinan Tutal, Sinan Zincir, Sipan Aslan, Songül Beydilli, Songül Çalık, Songül Erol Abdil, Songül Tunçdemir, Suat Bakır, Suzan İşbilen, Suzan Samancı, Suzan Yazıcı, Süheyla İnal, Süleyman Eryılmaz, Süleyman Gökalp, Süleyman Özkaplan, Süleyman Yılmaz, Süreyya Evren, Süreyya Karacabey, Şaban Aslan, Şahide Ağaoğlu, Şahika Yüksel, Şahin Koçan, Şanar Yurdatapan, Şebnem İşigüzel, Şebnem Korur Fincancı, Şebnem Oğuz, Şehbal Şenyurt Arınlı, Şemsettin Bozkurt, Şenay Çöte, Şengün Kılıç, Şerafettin Yarız, Şeref Turgut, Şevin Kaya, Şeyhmus Bayhan, Şivan Cemil Özen, Şule Aytaç, Şükran Şakir, Şükran Yücel, Şükrü Alpsoy, Şükrü Aslan, Şükrü Erbaş, Tahir Kemal Bozkır, Tahir Sargın, Tahsin Yeşildere, Talat Büyük, Talat Kara, Taner Akçam, Taner Kargı, Tansu Açık, Tarık Günersel, Taylan Çelik, Tayyip Korkmaz, Telli Işık, Temel İskit, Tenziye Acar, Tevfik Karahan, Tora Pekin, Toros Korkmaz, Tufan Akgül, Tuğba Hezer, Tuğrul Eryılmaz, Tuna Altınel, Tunç Soyer, Turgut Haskan, Tülay Özdeş, Türkan Demir, Türkan Uzan Avşin, Ubeydullah Kılıç, Ufuk Uras, Uğur Altınarık, Uğur Can Demirci, Uğur Canbilen, Uğur Çıkrıkçılı, Uğur Gökmen, Uğur Sümer, Ülkü Gülşen, Ülkü Sağır, Ümit Aktaş, Ümit Biçer, Üstün Güvener, Vecdi Erbay, Vecdi Sayar, Vedat Altıntaş, Vedat Yıldırım, Vedia Yeşim Bayanoğlu, Vesile Özdem Yükselen, Veysel Demirkaya, Veysi Eski, Viki Çiprut, Yakın Ertürk, Yakup Tilermeni, Yakup Uygun, Yalçın Çelikay, Yalçın Çıdamlı, Yasemin Çargıt, Yasemin Gülbol, Yasemin Özgün, Yasemin Sert, Yasemin Yazıcı , Yaşar Gökoğlu, Yaşar Okur, Yavuz Ekinci, Yavuz Kaya, Yavuz Tüzün, Yeşim Dorman, Yeşinil Yeşilyurt, Yıldız Bayazıt, Yıldız İmrek, Yıldız Önen, Yıldız Tar, Yiğit Gülöksüz, Yunus Muratakan, Yurdusev Özsökmenler, Yusuf Alataş, Yusuf Nazım, Yusuf Ziya Can, Yücel Göktürk, Yücel Kayıran, Yücel Tunca, Yücelay Sal, Yüksel Genç, Zafer Doruk, Zafer Kıraç, Zafer Yıldırım, Zarife Atik, Zehra Arat, Zehra Çelenk, Zehra Şenoğuz, Zeki Işıl, Zekiye Kürkçüoğlu, Zeliha Altuntaş, Zeynel Öztürk, Zeynep Altıok, Zeynep Atikkan, Zeynep Duygu Ağbayır, Zeynep Kaya Akdeniz, Zeynep Kıvılcım, Zeynep Köylü, Zeynep Selimoğlu Akıncı, Zeynep Şaner, Zeynep Tanbay, Zeynep Tozduman, Zeynep Uzunbay, Zihni Karaçay, Ziya Halis, Ziya Pir, Ziya Yavuzeş, Zozan Uzun, Zozan Vargün, Zübeyir Gülabi, Zülal Koç, Züleyha Gülüm, Züleyha Nur.

Syrie: les combattants kurdes face à la menace d'Ankara et du nouveau pouvoir

Les combattants kurdes du nord de la Syrie font face à une offensive de groupes armés soutenus par la Turquie et redoutent en parallèle que les nouvelles autorités à Damas mettent fin à leur autonomie chèrement acquise.

Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie pour proclamer une "région fédérale" dans le nord, s'attirant l'hostilité de la Turquie voisine.

- Offensive parallèle -

Lorqu'une coalition de rebelles, dominée par des islamistes radicaux, a lancé le 27 novembre une offensive fulgurante dans le nord de la Syrie qui lui a permis en douze jours de prendre Damas, des factions syriennes proturques ont déclenché de leur côté une attaque contre les forces kurdes.

Elles ont pris le contrôle de l'enclave stratégique de Tal Rifaat (nord) et de Manbij (nord-est), zone à majorité arabe.

Tal Rifaat et Manbij font partie d'une "zone de sécurité" de 30 kilomètres de large que la Turquie veut établir le long de sa frontière avec la Syrie.

Une médiation américaine a permis de conclure une trêve dans les combats mais les forces kurdes accusent les groupes proturcs de la violer.

Les Kurdes syriens sont la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis et qui ont été le fer de la lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les FDS ont accusé les groupes soutenus par Ankara de se préparer à lancer l'assaut sur la ville de Kobané.

Cette ville à majorité kurde avait été érigée en symbole de la lutte contre les jihadistes qui y avaient connu leur première défaite avant d'être définitivement vaincus en 2019.

Mardi, Mazloum Abdi, chef des FDS, a proposé la création d'une "zone démilitarisée" à Kobané.

- Menace turque -

Ankara, qui en plus des groupes proturcs dispose de 16.000 à 18.000 soldats sur le sol syrien, selon un responsable turc, dit que son armée se tiendra prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate" tant que les combattants kurdes du nord de la Syrie ne "déposeront" pas les armes.

Le chef de la diplomatie turque a toutefois jugé que l'armée d'Ankara n'aurait aucune raison d'intervenir si le nouveau pouvoir à Damas "s'occupait correctement de ce problème".

Selon des observateurs, la Turquie tente de profiter du changement de pouvoir en Syrie pour affaiblir et éloigner le plus possible de sa longue frontière les combattants kurdes, qu'elle qualifie de "terroristes".

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois offensives dans le nord de la Syrie contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), l'épine dorsale des FDS, et Ankara tient depuis sous son contrôle deux vastes zones frontalières du côté syrien.

Ankara considère les YPG comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur son sol depuis les années 1980.

- Autonomie menacée -

Les Kurdes syriens ont effectué plusieurs gestes d'ouverture en direction des nouvelles autorités qui ont pris le pouvoir à Damas, craignant pour leur autonomie limitée acquise de haute lutte dans le nord-est de la Syrie.

Ils ont adopté le drapeau syrien de l'indépendance, qui flotte désormais dans la capitale. Mercredi, l'administration semi-autonome kurde a annoncé qu'elle abolissait les droits de douane et autres taxes entre les zones qu'elle contrôle et le reste de la Syrie.

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, a affirmé mardi à l'AFP que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones kurdes et qu'il ne reconnaissait pas "le fédéralisme".

Il a ajouté que "la région que contrôlent actuellement les FDS sera intégrée à la nouvelle administration du pays". (AFP,  20 décembre 2024)

Erdogan appelle à "éradiquer" l'EI et les combattants kurdes en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à "éradiquer" les organisations terroristes en Syrie, en citant le groupe Etat Islamique (EI) et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Daech, le PKK et leurs associés, qui menacent la survie de la Syrie, doivent être éradiqués", a déclaré à la presse M. Erdogan, lors de son retour d'un sommet au Caire, utilisant l'acronyme arabe pour désigner l'EI.

"Il est temps de neutraliser les organisations terroristes existant en Syrie", a-t-il lancé.

La Turquie considère les Forces de défense syriennes (FDS) comme une organisation terroriste parce qu'elles sont dominées par les YPG, les Unités de protection du peuple kurde, un groupe qu'elle estime être lié aux militants du PKK et qui ont mené une insurrection de plusieurs décennies sur le sol turc.

Mais les FDS, soutenues par les États-Unis qui les considèrent comme "essentielles" pour empêcher une résurgence jihadiste dans la région, ont mené la lutte contre le groupe État islamique en Syrie en 2019.

M. Erdogan a également déclaré que son gouvernement prenait des "mesures préventives" contre les groupes qui représentent une menace pour la Turquie.

"Il est impossible pour nous d'accepter un tel risque", a-t-il souligné, exprimant l'espoir que les nouveaux dirigeants syriens ne choisissent pas de travailler avec eux.

"Les chefs des organisations terroristes, telles que l'EI, le PKK et les YPG, seront écrasés dans les plus brefs délais", a-t-il averti.

M. Erdogan a également annoncé que le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, se rendrait bientôt à Damas, à la suite du chef des services de renseignements turcs, Ibrahim Kalin, qui s'était rendu dans la capitale syrienne quatre jours seulement après la chute d'Assad, et où il avait rencontré les dirigeants du HTS. (AFP, 20 déc 2024)

Syrie: le leader kurde propose une "zone démilitarisée" dans une ville du nord

Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et appuyées par les Etats-Unis, a proposé mardi la création d'une "zone démilitarisée" à Kobané, une ville du nord de la Syrie, sur fond de combats avec des groupes soutenus par Ankara.

Cette déclaration intervient dix jours après la prise de pouvoir en Syrie de groupes rebelles dominés par le groupe sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), accueillie favorablement par la Turquie.

"Réaffirmant notre engagement ferme à parvenir à un cessez-le-feu complet dans l'ensemble de la Syrie, nous annonçons notre disponibilité à proposer l'établissement d'une zone démilitarisée dans la ville de Kobané, avec le redéploiement des forces de sécurité sous la supervision et la présence américaine", a écrit M. Abdi sur X.

Après la chute du président Bachar al-Assad, des combats meurtriers ont éclaté dans le nord du pays entre les FDS, qui contrôlent de vastes régions du nord-est syrien, et les groupes proturcs, auxquels une trêve a mis fin sous une médiation américaine.

Les Etats-Unis ont annoncé mardi la prolongation "jusqu'à la fin de la semaine" de cette trêve, à Manbij, zone à majorité arabe.

Cette prolongation survient alors que les groupes soutenus par Ankara se préparaient à lancer l'assaut sur Kobané, une ville tenue par les forces dirigées par les Kurdes à une soixantaine de km de Manbij, à la frontière turque, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans un geste d'ouverture envers HTS, l'administration autonome kurde a annoncé qu'elle adoptait le drapeau syrien de l'indépendance, qui flotte désormais à Damas.

Mais cette communauté longtemps opprimée sous Bachar al-Assad craint de perdre l'autonomie limitée acquise de haute lutte dans le nord-est de la Syrie.

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, a affirmé mardi que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur ces zones kurdes.

Il a ajouté que la région que contrôlent actuellement les FDS serait "intégrée à la nouvelle administration du pays".

La Turquie estime que les forces kurdes implantées dans le nord-est émanent de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK, séparatiste.

Les Kurdes syriens ont été victimes de discrimination pendant des décennies, notamment sous le règne du clan Assad, empêchés par exemple d'apprendre leur langue dans les écoles. (AFP, 17 déc 2024)


Les Kurdes tendent la main au nouveau pouvoir mais craignent pour leur autonomie

Les Kurdes syriens ont tendu la main à la nouvelle administration rebelle qui s'est installée à Damas, mais la communauté longtemps opprimée craint de perdre l'autonomie limitée acquise de haute lutte dans le nord-est de la Syrie.

 Les Kurdes syriens ont été victimes de discrimination pendant des décennies, notamment sous le règne du clan Assad, empêchés par exemple d'apprendre leur langue dans les écoles.

Dans un geste d'ouverture envers le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a renversé, avec ses alliés, le président Bachar al-Assad, l'administration autonome kurde a annoncé qu'elle adoptait le drapeau syrien de l'indépendance, qui flotte désormais à Damas.

Le sort des Kurdes de Syrie, qui étaient taxées de "séparatisme" du temps d'Assad, "reste incertain", observe l'analyste Mutlu Civiroglu, basé à Washington, avant de noter que "sur le terrain, l'évolution de la situation est rapide".

Ces Kurdes font face à "une pression croissante de la Turquie et des factions sous son contrôle", des combattants soutenus par Ankara s'étant emparés, à la faveur de l'offensive des rebelles de HTS, de deux zones du nord, Manbij et Tal Rifaat, qu'ils tenaient.

La semaine dernière, Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et appuyées par les Etats-Unis, a salué "l'opportunité de construire une nouvelle Syrie basée sur la démocratie et la justice, qui garantisse les droits de tous les Syriens".

- Craintes pour l'autonomie -

Mais de nombreux habitants du nord-est s'inquiètent de l'avenir de leur région semi-autonome. "Les factions de Damas ne reconnaissent pas les Kurdes", affirme à l'AFP Ali Darwish, un habitant de la ville kurde de Qamichli.

"Maintenant, ils veulent lisser leur image devant la communauté internationale". "En tant que Kurdes, nous espérons être en mesure de préserver nos régions et d'améliorer la situation économique", souligne cet homme de 58 ans, s'exprimant en kurde.

Les FDS contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie, où les Kurdes syriens ont instauré une administration semi-autonome. Alliées des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), elles sont considérées par la Turquie comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé par Ankara comme une organisation terroriste.

Jeudi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que les FDS étaient "essentielles" pour empêcher une résurgence des jihadistes de l'EI en Syrie après la chute d'Assad.

La Turquie, elle, a déjà nommé un représentant diplomatique en Syrie après avoir accueilli favorablement la prise du pouvoir par HTS. Ce dernier dit avoir renié les fondements de ses origines, lorsque le groupe s'appelait Jabhat al-Nusra et avait prêté allégeance à Al-Qaïda.

- Le facteur turc -

"Les Kurdes syriens sont confrontés à plusieurs défis importants, dont le plus pressant est l'hostilité permanente de la Turquie à leur égard", affirme l'analyste Mutlu Civiroglu.

Depuis 2016, la Turquie a organisé de nombreuses opérations contre les FDS.

Les combattants des nouvelles autorités syriennes ont pris la ville orientale de Deir Ezzor, qui était brièvement passée sous contrôle des FDS après le retrait des troupes de l'ancien régime et de leurs alliés soutenus par l'Iran.

"Toutes les attaques et menaces turques contre les Kurdes visent directement ou indirectement à saper l'autonomie kurde et à étendre le contrôle turc dans le nord de la Syrie", souligne M. Civiroglu.

Les nouveaux dirigeants syriens n'ont cessé de répéter que les minorités seraient protégées mais sans mentionner explicitement les Kurdes.

A Qamichli, des habitants ont déclaré à l'AFP qu'ils se réjouissaient de l'éviction d'Assad mais qu'ils demeuraient inquiets.

Les Kurdes, la plus importante minorité ethnique de Syrie, veulent un "Etat démocratique qui respecte les droits et la religion de chacun", déclare Khorshed Abo Rasho, 68 ans. "Nous voulons un Etat fédéral, pas une dictature", ajoute-t-il.

L'avocat Fahd Dawoud, âgé de 44 ans, est plus optimiste. "Nous espérons que le nouveau gouvernement représentera tous les Syriens et n'exclura aucun parti". (AFP, 13 déc 2024)

L'administration autonome kurde dans l'est adopte le drapeau syrien de l'indépendance

L'administration autonome kurde dans l'est de la Syrie a annoncé jeudi qu'elle adoptait le drapeau syrien de l'indépendance qui flotte désormais à Damas, après qu'une coalition de groupes rebelles menés par des islamistes ont pris le pouvoir dimanche et renversé le président Bachar al-Assad.

"À la lumière de ce changement historique, le drapeau de l'indépendance (...) est un symbole de la nouvelle phase, car il exprime les aspirations du peuple syrien à la liberté, la dignité et l'unité nationale", a déclaré l'administration, ajoutant qu'elle avait "décidé d'arborer ce drapeau dans l'ensemble des institutions officielles de (..) l'administration autonome".

L'administration a dit "partir du fait que les régions qu'elle contrôle font partie intégrante de la géographie syrienne et que ses habitants sont d'authentiques composantes syriennes".

Dimanche, le commandant en chef des FDS (Forces démocratiques syriennes) Mazloum Abdi avait salué dans la chute du président Assad "une opportunité pour construire une nouvelle Syrie fondée sur la démocratie et la justice, qui garantisse les droits de tous les Syriens".

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), sont considérées par Ankara comme une émanation des indépendantistes kurdes du PKK.

Ces derniers jours, des combattants soutenus par la Turquie se sont d'ailleurs emparés de Manbij et Tal Rifaat, deux zones majoritairement arabes qui étaient tenues par les Kurdes dans la région d'Alep.

Les Kurdes, opprimés et marginalisés par le parti Baas au pouvoir durant la dictature du clan Assad, avaient hissé leurs propres couleurs (rouge, blanc, vert et jaune) dans les territoires qu'ils contrôlent depuis la guerre civile. Cela leur valait d'être accusés de "séparatisme" par le gouvernement Assad bien que les forces kurdes aient évité toute confrontation ouverte. (AFP, 12 déc 2024)

Menacées par les intérêts de la Turquie, quel avenir pour les forces kurdes en Syrie ?

Menacés par les intérêts turcs dans le pays, les Kurdes syriens voient une nouvelle fois leur rêve d’autonomie remis en doute.

L’effondrement brutal du régime de Bachar al Assad, après une offensive éclair des rebelles jusqu’au cœur du pays, a redéfini les équilibres de force précaires en Syrie.

Avec la chute du "Boucher de Damas", la population kurde syrienne perd un ennemi historique, mais fait désormais face à l’inconnu. Longtemps marginalisées par la famille régnante, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, avaient profité du chaos de la guerre civile pour établir une administration autonome dans le nord-est du pays.

Cette indépendance relative est désormais menacée par les ambitions turques. Au moins 26 combattants sont morts lundi, alors que des forces syriennes soutenues par Ankara ont lancé une offensive dans la région de Manbij (nord), quelques jours après avoir pris une enclave tenue par les Kurdes.

Intérêts turcs

De plus en plus isolés sur le territoire syrien, les Kurdes misent désormais sur une entente fra- gile avec Hayat Tahrir al Cham (HTS), organisation islamiste à la tête de l’offensive rebelle. "Nous voulons une désescalade [...], et que nos problèmes soient résolus par le dialogue", expliquait à la presse Mazloum Abdi, chef des forces kurdes en Syrie, vendredi. Un pari sur l’avenir, car "tout dépendra du type de régime que veut instaurer le chef de HTS Abou Mohammed al Joulani à Damas", souligne Didier Bilion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), et spécialiste de la Turquie.

Le leader doit néanmoins composer avec les intérêts dans le pays de la Turquie, avec laquelle il entretient des relations fluides. "Pendant plusieurs années, Ankara a permis à HTS d’acheminer armes et argent via sa frontière, et va sûrement tenter de profiter de ces bonnes relations pour faire pression sur le groupe", précise le géopolitologue.

Le nord du territoire syrien représente de fait un enjeu central pour le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui appelle depuis plusieurs années à la création d’une zone tampon le long de la frontière syrienne. Cette dernière per- mettrait à Ankara de renvoyer chez eux les près de 3 millions de Syriens réfugiés sur son territoire, et dont la présence suscite un mécontentement croissant au sein de la population turque. Et d’éloigner au maximum les FDS, dont les gains territoriaux sont perçus par la Turquie comme une menace existentielle.
"Savoir-faire politique"

Désormais nouveau leader de facto de la Syrie, al Joulani répondra-t-il aux attentes turques ? Dans un communiqué publié dimanche, l’organ- isation islamiste a affirmé "que les Kurdes syri- ens font partie intégrante de la société syrienne et jouissent de pleins droits communs avec le reste de la population de ce pays".

"Rien n’est gravé dans le marbre, on peut tout à fait imaginer HTS se distancier des intérêts d’Ankara", avance Didier Bilion. Le groupe HTS "n’est pas un proxy de la Turquie" et al Joulani "poursuit son agenda personnel".

À la recherche de crédibilité auprès des autres puissances internationales, le leader "est potentiellement prêt à laisser aux Kurdes une forme d’autonomie très relative dans le nord-est, à condition qu’ils ne nuisent pas à l’exercice de son pouvoir". Et pourrait également miser sur une aide financière de la communauté interna- tionale, alors que près de 90 % de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté, selon le rapport le plus récent des Nations unies.

"Durant sa carrière, al Joulani a fait preuve d’un savoir-faire politique et d’un certain flair. Le maintiendra-t-il devant les responsabilités écrasantes qui deviennent désormais les si- ennes ? Seul le temps nous le dira", conclut Didier Bilion. (La Libre Belgique, 10 décembre 2024)

26 morts lors d'une attaque de groupes pro-turcs contre une zone contrôlée par les Kurdes

Au moins 26 combattants ont été tués alors que des forces syriennes soutenues par la Turquie ont lancé une offensive dans la région de Manbij, dans le nord de la Syrie, quelques jours après avoir pris une enclave tenue par les Kurdes.

Les combattants pro-turcs avaient déjà repris l'enclave kurde de Tal Rifaat la semaine dernière, après que des rebelles menés par des islamistes ont lancé une offensive éclair à la faveur de laquelle ils sont parvenus à renverser Bachar al-Assad à Damas.

"Des factions pro-turques... ont pris de larges quartiers de la ville de Manbij dans la campagne orientale d'Alep, après de violents affrontements avec le Conseil militaire de Manbij," a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le conseil est affilié aux Forces Démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et soutenues par Washington qui contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie.

"Les affrontements ont fait neuf morts parmi les combattants pro-turcs et au moins 17 parmi les membres du Conseil militaire de Manbij," selon l'OSDH, qui dispose d'un réseau de sources en Syrie.

Les FDS ont affirmé que les conseils militaires de Manbij et de la ville voisine d'al-Bab portaient des "coups sérieux" aux combattants soutenus par la Turquie, évoquant des "affrontements féroces".

Les factions soutenues par Ankara ont déclaré avoir "pris le contrôle de la ville de Manbij à l'est d'Alep après des batailles acharnées", dans un communiqué publié sur leur chaîne Telegram.

Ces groupes ont également diffusé des vidéos de combattants déclarant avoir pris Manbij, apparemment depuis l'intérieur de la zone.

Plus tôt dimanche, le commandant des FDS, Mazloum Abdi, a salué un "moment historique" avec la chute du "régime dictatorial" d'Assad. (AFP, 8 déc 2024)

DEM Party protests Turkey-backed groups’ offensive in Syria

The pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party organized a protest against recent offensives in Syria by the Turkey-backed Syrian National Army (SNA) and the jihadist Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) group.

The demonstration took place in the Suruç district of Urfa province, near Turkey’s border with Syria. Participants included Meral Danış-Beştaş, co-spokesperson of the Peoples’ Democratic Congress (HDK); Çiğdem Kılıçgün Uçar and Keskin Bayındır, co-chairs of the Democratic Regions Party (DBP); Tülay Hatimoğulları, co-chair of the DEM Party; as well as Free Women’s Movement (TJA) activists and several members of parliament.

The group gathered in Suruç’s Aligor neighborhood before marching toward the border, chanting slogans and clapping.

Ahead of the protest, the Governor’s Office announced a two-day ban on demonstrations across the province.

Protest in Ankara

In addition to the border protest, DEM Party parliamentary group leaders Gülistan Kılıç Koçyiğit and Sezai Temelli, along with several MPs, staged a separate demonstration outside the Interior Ministry in the capital Ankara. They protested both recent developments in Syria and the government’s recent appointment of trustees to replace elected officials in Kurdish municipalities.

Speaking at the demonstration, Kılıç Koçyiğit accused the government of targeting Kurdish communities and the DEM Party through what she described as “trustee appointments and political operations aimed at annihilation.”

“They are trying to dictate our path with trustees and political crackdowns,” she said. “They aim to silence us in democratic political spaces while erasing our people’s democratic resistance against this fascism. Let it be clear—this issue cannot be resolved through plans drawn up behind desks.”

‘Calling for peace while provoking war’

Kılıç Koçyiğit also criticized the government’s rhetoric on peace, claiming it contradicted its actions. “You claim to seek peace, but you provoke war and escalate tensions in the country. Appointing trustees to disregard the people’s will cannot be called peace. Talking about peace while deepening isolation and targeting communities is not a path to peace,” she said.

Turning to the situation in Syria, she condemned the government’s role in recent military operations. “There are people celebrating the raising of Turkish flags in Aleppo. Whose land is Aleppo? Whose city is it? Is Turkey trying to occupy Aleppo and Syria?” she asked.

Kılıç Koçyiğit claimed that more than 300,000 people were displaced from Afrin alone during the latest offensives and criticized Turkey’s involvement in arming and supporting groups responsible for attacks on Kurdish populations.  “Turkey bears responsibility for any massacres against the people in the region, especially Kurds. You cannot feign ignorance. Who has bases in Idlib? Who has protected HTS there? What commitments did you make in Astana? Answer these questions.

'Syris is our red line'
“Now, these groups are armed and heading toward Kurdish areas, destroying their homes and lives while claiming there’s a distinction between Kurds in Syria and Turkey. There is no such world. Suruç and Kobani are one, separated only by a border. Kamışlo and Nusaybin are the same.”

Kılıç Koçyiğit vowed to continue resisting trustee appointments and Turkey’s actions in Syria. “We condemn the practice of trustees and will join forces with pro-democracy movements to voice opposition everywhere. Our co-chairs are marching to the border in Suruç today. Let me be clear—Syria is our red line. We will not allow massacres against the people there. We will not stand by while our people are killed. We will fight to uphold Syria’s territorial integrity, the rights of its people to determine their future, and the establishment of peace in the region,” she concluded. (BIA, 4 December 2024)

Another pro-Kurdish mayor removed from office

The Interior Ministry has suspended Ayvaz Hazır, the co-mayor of Van's Bahçesaray district, from office following a court ruling against him.

The ministry announced that Harun Arslanargun, the district governor of Bahçesaray, has been appointed as acting mayor in Hazır’s place.

Hazır, a member of the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party,  was on Nov 29 convicted of "committing crimes on behalf of a terrorist organization without being a member" and sentenced to three years and 11 months in prison. He was removed from office hours later.

Hazır denounced the decision as politically motivated, claiming, "If I weren’t a co-mayor, I would have been acquitted." He told Mesopotamya Agency (MA) that the conviction was imposed under external pressures, saying, “The judge didn’t make this decision independently. It was a result of coercion and instructions.”

Hazır emphasized that his conviction stemmed from attending a public demonstration in his former role as a press member at the municipality, where he took photographs. “Nine years later, after becoming co-mayor, a political decision was made to sentence me in a case where I didn’t expect any punishment,” he said.

The DEM Party has launched protests following Mayor Hazır’s dismissal, with party members, co-mayors, and municipal council members staging a vigil outside the municipal hall. They also organized a protest march yesterday. (BIA, 2 December 2024)


SDF responds to HTS attack, “We will defend our people”

Farhad Shamî, press spokesperson for the Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) has made a statement saying that the SDF will defend the people against Hayat Tahrir al-Shams (HTS). HTS was formerly known as the Al-Nusra Front.

Today, HTS entered the city of Aleppo, killing civilians and shelling Aleppo’s university. There are increasing concerns about the safety of the civilians in the Kurdish neighbourhoods of Eşrefiye and Shasmeqsûd in Aleppo, and fears that the Turkey-backed Syrian National Army (SNA) will use the cover of the HTS operation to attack Kurdish forces in Tel-Rifaat and Ein-Issa.

Shamî stated that the attack in Aleppo was planned and coordinated by the Turkish state. He said that, by using groups like HTS, the Turkish state is trying to prevent peace in Syria and “realise its long-term occupation plans”. According to Shamî, the attacks are being carried out step by step and in an organised manner.

Farhad Shamî said that the SDF’s primary goal is to protect the people and the region, adding, “No matter who plans what, our only duty is to ensure the defense of our people.” (MedyaNews, 29 November 2024)

Greta Thunberg: ‘Turkey must clarify its stance on the Kurds’

During her trip, Thunberg met with representatives of the Peoples’ Equality and Democracy (DEM) party-led Diyarbakır (Amed) Metropolitan Municipality, and paid a visit to a radio station which had recently been closed down by the Turkish state.

Thunberg, who inspired the Youth Strike for Climate Action movement/Fridays for Future movement, is a long-term supporter of the Kurdish women’s movement.

In her post, Thunberg describes the Turkish state’s systematic attacks on nature in southeast Turkey, including exploitation by mining companies and the decimation of forests. Ecologically destructive policies in southeast Turkey have been linked to the systematic marginalisation of Kurdish peoples by the Turkish state – which wants to break Kurdish communities’ connection to the land.

Thunberg emphasised the need for autonomous governance in the Kurdish regions of southeast Turkey. She wrote: “To build genuine bridges of solidarity in Turkey, autonomy and self-governance for Kurdish regions are essential. The Kurdish people deserve the right to shape their own lives, culture, and communities.”

Voices like Thunberg’s are all the more important, as peoples’ autonomy in southeast Turkey is currently under threat. Democratically elected DEM Party mayors have recently been replaced by state appointed trustees in constituencies across southeast Turkey, and in Istanbul.

“For a sustainable peace and a just future, the Kurds’ right to freedom and autonomy must be respected and the violent attacks against Kurdistan must end,” Thunberg emphasised.

Thunberg also made a call for justice for the thousand currently imprisoned by Turkey.

According to Thunberg, this sustainable future can only be achieved if Turkey clarifies its “stance on the Kurds and other minority groups by enshrining their rights in the constitution. (MedyaNews, 28 November 2024)

Kurdish poet İlhan Sami Çomak released from prison after 30 years

Kurdish poet İlhan Sami Çomak was released late yeserday after spending 30 years in prison.

His family members and officials from the Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party were among those who greeted Çomak outside the Marmara Prison in Silivri in the outskirts of İstanbul.

Speaking after his release, the 51-year-old poet reflected, “I had imagined being freed on a brighter and sunnier day, seeing the light in my loved ones’ eyes in a different atmosphere. But this is good too—I’m free at last. From a manufactured darkness, I have arrived at a true one.”

Çomak, who was arrested in İstanbul in 1994, and sentenced to life imprisonment by the now-defunct State Security Court on charges of “undermining the unity and integrity of the state.” He served time in various prisons during his 30-year incarceration.

In August, the prison administration blocked his conditional release after concluding that Çomak was not in "good behavior" and stated that he had "no awareness of the crime."

After an appeal by his attorneys, the Silivri Court of Penal Enforcement overturned the prison administration's decision, paving the way for Çomak's release

Who is İlhan Sami Çomak?

Born in 1973 in Bingöl, İlhan Sami Çomak completed his primary and secondary education there before enrolling in the Geography Department at İstanbul University in 1992. His studies were interrupted when he was detained in 1994. Çomak writes poetry not only in Turkish but also in his native Kurdish.

Over the years, Çomak has earned several literary accolades, including the 2019 Sennur Sezer Labor and Resistance Poetry and Story Award for his manuscript Geldim Sana and the 2022 Metin Altıok Poetry Prize for his collection Hayattayız Nihayet (We Are Alive at Last).

His work has been celebrated internationally, with two short films inspired by his poetry—Anatomy of Freedom and Not Home Yet—screened at the Venice Film Festival and Borders Art Festival in 2022. The films were part of the “Fragmented Identities” theme.

Çomak’s poetry has been translated into English, Norwegian, Russian, German, and Welsh. He is a member of both the Turkish PEN Writers Association and the Turkish Writers’ Union. Additionally, he holds lifetime honorary membership in organizations including Norwegian PEN, Austrian PEN, PEN Cymru in Wales, Irish PEN, and Kurdish PEN.  (BIA, 27 November 2024)

Attaques de forces kurdes contre des positions proturques en Syrie

Les forces kurdes syriennes ont attaqué lundi des positions de combattants proturcs dans le nord de la Syrie, faisant au moins 11 morts dont des civils, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et qui contrôlent de vastes étendues du nord-est de la Syrie, ont mené une attaque à la bombe contre une position militaire des factions pro-turques et une opération d'infiltration dans un poste militaire dans deux villages de la région de Ras al-Aïn, selon l'ONG.

"Une femme, ses deux enfants et un homme ont été tués dans le bombardement d'une position militaire
utilisée par des factions soutenues par Ankara pour des opérations de trafic d'êtres humains vers la Turquie", a indiqué l'OSDH.

Selon la même source, "sept combattants proturcs ont été tués dans le même bombardement ainsi que dans une opération d'infiltration menée par les forces spéciales" des FDS dans un village proche.

Dimanche, au moins 15 combattants syriens soutenus par Ankara ont été tués après une infiltration dans leur territoire des FDS, avait indiqué l'Observatoire.

Les FDS, soutenues par les Etats-Unis, ont dirigé le combat contre le groupe jihadiste Etat islamique dans ses derniers bastions syriens avant sa défaite en 2019. Elles sont dominées par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), considérées par Ankara comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit.

Les troupes turques et des factions rebelles syriennes qui leur sont fidèles contrôlent des régions du nord de la Syrie. (AFP, 25 nov 2024)

Un policier condamné pour des violences sur un manifestant kurde à Marseille

Un policier marseillais a été condamné lundi à huit mois de prison avec sursis pour avoir exercé des violences jugées illégitimes contre un manifestant kurde deux ans plus tôt.

Aujourd'hui en poste à Bobigny, le fonctionnaire était jugé pour un coup de poing porté au visage d'un manifestant, des violences qui n'étaient "pas justifiées et disproportionnées" selon le délibéré du tribunal.

Le policier a également été condamné à une interdiction d'exercer sur la voie publique pendant un an.

Les faits s'étaient déroulés le 24 décembre 2022, au terme d'une violente manifestation organisée à Marseille, au lendemain de l'assassinat de trois Kurdes à Paris.

La procureure avait reconnu que le prévenu pouvait avoir fait "une erreur de bonne foi" quand il avait cru identifier en fin de manifestation la victime comme l'un des auteurs de jets de projectiles sur les policiers, plus tôt dans l'après-midi.

Mais l'interpellation, si elle était justifiée selon le parquet, n'était en rien proportionnée. Le policier se voit aussi reprocher d'avoir dressé un faux procès-verbal d'interpellation.

Sa victime, carreleur de profession, avait subi une fracture du nez et un "blackout", et ne souvenait pas de l'agression.

Le policier devra lui verser 4.000 euros au titre des souffrances endurées, et 2.000 euros au titre du préjudice moral.

Ce policier avait déjà été condamné, le 31 mai par la même chambre correctionnelle, à six mois de prison avec sursis pour des faits similaires, cette fois-là sur un jeune couple en marge d'une manifestation pour les retraites, une condamnation dont il a fait appel. (AFP, 25 nov 2024)

Minorités / Minorities

Armenian publisher and writer Yetvart Tomasyan laid to rest in İstanbul

Yetvart Tomasyan, a writer, publisher, and one of the founders of Aras Publishing, was laid to rest today following a funeral ceremony. Known affectionately as "Tomo Abi" (Brother Tomo), Tomasyan passed away on Dec 14.

A large crowd gathered at the funeral held at the Kumkapı Mother Mary Church for the funeral ceremony. Tomasyan was later buried at the Zeytinburnu Balıklı Armenian Cemetery.

The ceremony was attended by Patriarch Sahag Maşalyan and other clergy members. The sermon was delivered by Senior Priest Hovagim Seropyan, who reflected on Tomasyan’s life.

"Everything he did was done with love," Seropyan said, adding that the large crowd at the funeral was a testament to the impact of Tomasyan’s work. He described him as “a man in love with his past but walking toward the future.”

About Yetvart Tomasyan

Yetvart Tomasyan was a publisher and writer. He was one of the four co-founders of Aras Publishing, established in 1993, alongside Mıgırdiç Margosyan, Ardaşes Margosyan, and Hrant Dink.

He completed his early education at the Anarad Hığutyun School in Samatya and later attended Tıbrevank High School in Üsküdar. Tomasyan pursued higher studies at İstanbul University.

In 1971, he married Payline, whom he had met at Tıbrevank High School. The couple had two sons, Bedros and Mihran.

Throughout his life, Tomasyan played a significant role in promoting Armenian literature and culture, particularly focusing on amplifying the voice of the Armenian community in Turkey. The legacy of the 1915 Armenian Genocide deeply influenced his life and work.

Tomasyan also contributed to Agos newspaper and dedicated himself to fostering dialogue and understanding between communities through his writings and cultural efforts.

He was born in İstanbul in 1949. (BIA, 17 December 2024)

Aleppo’s minorities express fear over an uncertain future

The fall of the Assad regime has been celebrated all over Syria – and the world – but the takeover by the jihadist Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) has sparked fears of oppression amongst minorities in Syria.

An article written by Maria Alexeeva and published by the investigative media outlet The Insider on 9 December shares insights into the realities of the Kurdish, Armenian and Christian minorities in Syria, who are doubtful about HTS’ promises to protect religious and ethnic groups in the country.

Alexeeva interviews Mohammed, a Kurdish resident from Sheikh Maqsoud in Aleppo. He spoke about the ongoing curfew, and the HTS siege.

According to Mohammed: “the HTS is not touching people yet, trying to save face, trying to show how progressive they are, but people don’t believe them, because they know the past of HTS… minorities are very scared, Kurds, Yazidis and also especially Christians who make up 10 percent of the population of Aleppo.”

“Now they want to put the West’s vigilance to sleep,” Mohammad said.

Mohammad explained that the minorities in Aleppo “fear bloodshed” but that many are staying in their homes, because they’d “rather be killed than leave”.

Aras Yousef of the Kurdish Peace Institute in Qamishli (Qamişlo) says that Kurds are worried that what happened in Afrin and Serekaniye will now happen again: “Ordinary people, civilians, want security. Some are… against the Assad regime, some are neutral, but the main thing that all Kurds are concerned about is how to avoid the carnage that happened in Afrin and Serekaniye.”

Thousands have fled from Aleppo to the regions under the control of the Autonomous Administration of North and East Syria (AANES), and tent camps have been set up near the Tabqa Dam on the Euphrates river.

The conditions in these emergency camps are dire, and in early December a four-month-old baby named Noa Mohammad Rasho – whose family were forced to leave Shahba – froze to death in a camp in Raqqa.

At least two Yazidi Kurds have been murdered while fleeing. According to The Insider: “Ahmed Hassou, from the village of Kibar, died while trying to flee the town of Tel Rifat towards Afrin. His wife sustained gunshot wounds and was hospitalised. And on 29 November, Mamdouh Bakr Osman was killed near Aleppo. His family stated that three gunshot wounds were found on his body.”

There also are reports from the Syrian Democratic Forces (SDF) of hundreds of Kurdish civilians being kidnapped by Turkish-backed mercenaries while they tried to flee. The Insider states that these refugees were “stopped” in their cars, and then “driven in an unknown direction”.

In Damascus, according to The Insider piece, most people celebrated the fall of Assad’s regime, but there is still a lot of uncertainty about the future. Additionally, there are reports emerging about robberies by HTS fighters.

Many people’s biggest concern is the Turkey-backed Syrian National Army (SNA). According to Mohammed, the SNA, which is now committing massacres in northern Syria, has “more than 30 groups fighting within their ranks, many of which are known for their atrocities and are officially recognised as terrorist in the US and other states”.

Aras Yousef told The Insider about the fate of Kurdish refugees from the Afrin region, which was invaded by Turkey in 2018, saying that displaced people from Afrin make up most of the population of the Sheikh Maqsoud and Ashrafiyah neighbourhoods in Aleppo. Up to 200,000 refugees from Afrin were living in the Shahba Camp north of Aleppo and have now been forced to flee again, after being attacked by the SNA and the Turkish Army.

Many of Aleppo’s Christians have reportedly now fled to the Kurdish controlled neighbourhoods. But, for the moment at least, HTS are allowing church services in Aleppo to take place. One Syrian-Armenian woman from Aleppo said: “We heard opposition fighters telling locals: don’t be afraid, we are not against you, our actions are against the Syrian government, and your life will be better.” But Christians are still worried for the future.

Up to 10,000 Armenians remain in the territory under the control of HTS, according to Zare Sinanyan, Chief Commissioner for Diaspora Affairs of the Republic of Armenia. The Armenian Diaspora representative Maria Ibrahim called the HTS’ offensive a “Turkish occupation”.

“We can’t imagine life under Turkish rule,” an Armenian student from Aleppo told The Insider. “We are scared and unsure of what could happen tomorrow.”

“Nothing bad has happened in the city so far. Electricity has been given more often, which is good. The lights are on several times a day for longer periods of time. But these are such small things compared to the possible massacres that everyone is talking about,” another Armenian woman explained.

The Armenians interviewed were worried about their identity, their language and their safety. One interviewee said: “We don’t know what might happen later, especially since we are Armenian and the opposition groups are backed by Turkey… What will happen to our Armenian schools, our language? Maybe in a month they will demand that women wear the hijab or forbid to speak Armenian, to teach it in schools. Maybe they will force us to learn Turkish or involve our youth in military service.”

The people interviewed by The Insider were deeply sceptical about the positive statements being reported in the media by Aleppo’s Armenian Christians. Many say that people are scared to speak out honestly in public. (medyanews, 13 décembre 2024)

Une soirée de tristesse, de joie et d’anxiété avec les amis arméniens…


Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 2 décembre 2024)
Alors que nous honorions la mémoire du fondateur de l'Association des opposants au génocide, Ali Ertem, qui nous a quitté il y a trois ans, les informations relatives à de nouvelles menaces de génocide arrivaient de Syrie…
C’est aujourd’hui le troisième anniversaire du décès d’Ali Ertem, l’un des membres les plus cultivés et combatifs de l’immigration de Turquie et fondateur de l’Association des opposants au génocide… Samedi soir, nous nous sommes réunis à l’occasion d’une soirée organisée par l’Association des Arméniens démocrates de Belgique pour honorer la mémoire de cette personnalité exceptionnelle élevée sur le sol anatolien et mieux connaître sa lutte et l’organisation qu’il a créée.

Ali Ertem, tout comme Doğan Akhanlı que nous avons perdu la même année, était un de nos camarades ayant lutté sans relâche non seulement pour la démocratisation et la liberté de nos peuples en Turquie, mais aussi pour la reconnaissance des génocides et pogroms commis depuis l’Empire ottoman et poursuivis de manière systématique même durant les périodes relatives de « démocratisation » du régime républicain.

Nous avions participé avec lui à des réunions contre le négationnisme dans diverses villes d’Europe et avions partagé nos expériences et nos connaissances. De plus, en 2017, il avait rendu visite aux Ateliers du Soleil avec son épouse bien-aimée et camarade de lutte Selay Ertem, fait connaissance avec nos amis et suggéré de nouvelles perspectives de lutte contre le négationnisme.

Ali Ertem naquit en 1950 dans une famille croyante du village de Göllü dans le district de Koçhisar. Après avoir entamé des études primaires en suivant des cours de coran, il termina ses études secondaires dans les grandes villes et travailla comme apprenti dans différentes entreprises. En 1964, suite à une annonce des Charbonnages de la Ruhr, il vint en Allemagne pour y suivre une formation d’apprenti électricien, tourneur et mineur, et après trois ans et demi de formation, commença sa vie de travailleur migrant.

Le processus de reconnaissance du fait génocidaire par l’immigrant Ali Ertem

Dans le livre intitulé « Des racines dans l’air : génocide et traces de vie » de Heide Rieck et Azad Ordukhanyan, Ali Ertem a décrit comme suit son implication dans le mouvement de gauche et la lutte contre le négationnisme :

« J’ai commencé à vivre les plus grands changements dans ma vie après mon déménagement dans la résidence étudiante de la Girondelle 78 à Bochum. Ma vie de gauche a débuté en écoutant les poètes populaires comme Ruhi Su, Aşık İhsani et Aşık Mahsuni Şerif et en lisant les poètes comme Nazım Hikmet, Hasan Hüseyin et Bertold Brecht. J’ai vécu une rupture radicale avec la croyance religieuse. Je n’avais jamais imaginé qu’il me faudrait des années pour digérer l’« accusation » que les Turcs avaient commis un génocide contre le peuple arménien lors d’une discussion que nous eûmes avec Mihran Dabak dans notre cuisine commune. Alors que j’avais intégré beaucoup de nouvelles connaissances au cours de mes dizaines d’années de vie de gauche, que j’avais lu un nombre important d’œuvres fondamentales du marxisme et que j’avais appris suffisamment sur l’histoire des mouvements révolutionnaires en Russie, en Chine, en Albanie et à Cuba pour le « raconter » à d’autres, j’ai réalisé bien tard que j’ignorais tout de notre propre histoire récente.

« Depuis le moment où je pris conscience de ce fait jusqu’aux jours où j’exhortai le parti de gauche dans lequel je militais de reconnaître les crimes de génocide commis contre l’humanité, je n’avais pas encore une totale clarté d’esprit. Les camarades « dirigeants » éludèrent le sujet en expliquant que cette question était devenue de l’histoire ancienne, que ni le génocide ni la question arménienne ne constituaient un obstacle à la lutte de classes, qu’il nous fallait nous concentrer sur la lutte révolutionnaire pour la résolution de tous les problèmes et que la tentative d’inverser la roue de l’histoire était une attitude réactionnaire. Dès ce moment, je pensais qu’il était temps de sortir la tête du sable, d’apprendre avec patience et rester fidèle aux idées que je défendais avec ma véritable identité. J’étais conscient que, même seul, je devais me préparer au processus difficile qui faisait face à moi.

« J’ai commencé à examiner les travaux sur le génocide des Arméniens. Johannes Lepsius, Yves Ternon, Fridtjof Nansen, Vahakn Dadrian, Franz Werfel, Tessa Hofmann, Wolfgang Gust et bien d’autres recherches, articles et biographies m’ont aidé à élargir mes horizons sur ce sujet. J’ai acquis de précieuses connaissances des révolutionnaires allemands sur le sujet, en particulier sur la lutte contre l’Holocauste et l’antisémitisme. J’ai suivi avec attention les manifestations de commémoration organisées pour le 24 avril, les discours tenus et les revendications concrètes exposées. À chaque fois, j’ai obtenu de nouvelles informations qui m’ont motivé. Au cours de ces 20 ans d’examen de conscience, j’ai appris que je n’avais aucun droit d’attendre quoi que ce soit de qui que ce soit sur un sujet que je n’avais pas résolu dans ma propre conscience. »

C’est avec cette détermination qu’Ali Ertem et ses amis se réunirent le 26 septembre 1998 et fondèrent l'Association des opposants au génocide (SKD)… La SKD poursuit depuis 26 ans sa lutte sans concession contre le négationnisme à travers ses publications, communiqués et réunions qu’elle organise ou auxquelles elle participe.

La semaine passée, lors de la soirée de célébration des 50 ans des Ateliers du Soleil, l’un des cadeaux d’anniversaire les plus précieux vint de la bonne nouvelle apportée par nos amis arméniens de la venue, deux jours plus tard, de l’épouse d’Ali Ertem, Selay Ertem, avec trois autres de ses camarades de lutte, pour faire connaître son histoire et son combat. 

C’est dans le nouveau local, situé près de l’aéroport de Zaventem, de nos amis arméniens avec lesquels nous menons une lutte commune très large depuis près de 40 ans à Bruxelles, tout comme avec les amis assyriens et kurdes, que nous avons rencontré Selay Ertem, l’écrivain Mesut Ethem Kavallı, Erhan Gündüz et Döne Gündüz. Ceux-ci nous ont renseignés sur la personnalité d’Ali Ertem, ainsi que sur la fondation et le combat de l'Association des opposants au génocide.

Mesut Ethem Kavallı nous a également présenté les livres intitulés « Geçmişle Yüzleşirken - Eksik Kalmış Hikayeler (En faisant face au passé – Des histoires incomplètes) » et « Seni Ararken (En te cherchant) » qu’il a écrits sur les génocides arménien et pontique.

Les dirigeants de l’Association des Arméniens démocrates de Belgique, le Dr. Bogos Mouradian et l’écrivain Hovsep Hayreni, ont souligné leur plein accord avec l'Association des opposants au génocide, non seulement sur la reconnaissance des génocides, mais aussi sur la solidarité de toutes les forces démocratiques qui visent à défendre le respect des droits humains et l’égalité des peuples.

En ouverture de la soirée, le concert du virtuose du duduk Vartan Hovanissian et des mélodies arméniennes chantées par Devrim Kavallı était vraiment fascinant.

L’un des moments les plus émouvants de la soirée fut la remise aux dirigeants de l'Association des opposants au génocide par Bogos et Hovsep du portrait d’Ali Ertem réalisé par le peintre-sculpteur Nerses Vardanyan.

Les sombres nouvelles venant d’Alep lors de cette soirée triste et enjouée…

Alors que nous discutions avec nos amis arméniens pendant la pause de cette soirée exceptionnelle, nos yeux étaient rivés sur les informations qui affluaient les unes après les autres en provenance de Syrie sur nos écrans de téléphones portables… Les agences de presse rapportaient la prise de contrôle d’une « grande partie » d’Alep, la deuxième ville du pays, par le groupe djihadiste du Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de Libération du Levant) et l’Armée nationale syrienne soutenue par la Turquie.

Les mêmes sources rapportaient que l’Armée nationale syrienne avait aussi profité de l’occasion pour attaquer les Forces démocratiques syriennes dont l’épine dorsale est constituée par les forces kurdes en Syrie…

De plus, les Arméniens qui occupent une place importante, tant au nombre qu’en qualité, dans la population d’Alep, s’apprêtaient à quitter la ville pour ne pas devenir les victimes d’un nouveau génocide face à cette attaque et cette occupation terroristes racistes islamistes et turques.

En regardant ces informations, ma mémoire m’a d’abord ramené à l’époque où, il y a quatre ans de cela, l’Armée nationale syrienne, sous le commandement d’Ankara, participait avec les unités turques à l’opération de massacre contre les Arméniens lors de l’invasion du Haut Karabagh par l’armée azerbaïdjanaise.

Dès que je rentrai chez moi pour m’asseoir devant l’ordinateur, je remontai 109 ans en arrière pour voir qu’Alep était l’une des « nouvelles patries » les plus importantes de la nation arménienne qui avait pu se sauver lors du génocide de 1915. Malheureusement, un siècle plus tard, avec le commencement de cette nouvelle conquête islamiste en Syrie, les Arméniens d’Alep avaient commencé à quitter cette nouvelle patrie pour éviter un « génocide ».

Les éditions Aras, œuvre du bien-aimé Hrant Dink, l’un des dernières victimes du génocide des Arméniens en Turquie, expliquaient il y a 6 ans d’ici dans un long article intitulé « Ce qui arrive aux Arméniens qui fuient Alep est un deuxième génocide » :
« Une population que la guerre en Syrie affecte profondément sont les Arméniens… Les Arméniens qui ont réussi à échapper au génocide il y a un siècle et ont construit une nouvelle vie à Alep pour panser leurs blessures, revivent l’histoire avec la guerre en Syrie. Contraints de quitter leurs foyers, les Arméniens choisissent de se rendre soit en Arménie, soit au Liban soit dans les pays occidentaux. La Turquie, qui se trouve de l’autre côté de la frontière, n’est pas sur leur route. Parce que la Turquie, du point de vue de leur histoire, touche une tout autre blessure. Les terres où se trouvent leurs racines familiales n’évoque pour eux plus que le seul souvenir du génocide. »

L’article comprend une longue interview du journaliste Serdar Korucu, qui a rassemblé ses entretiens avec des Arméniens ayant fui Alep pour se rendre en Arménie dans son livre intitulé « Halepsizler (Les orphelins d’Alep) ».

En fait, les Arméniens ont une longue histoire enracinée en Syrie qui remonte au XIe siècle. Ceux qui ont fui l’occupation seldjoukide de l’Arménie se sont installés dans le nord de la Syrie et ont construit leurs quartiers à Antakya, Alep et Antep. L’effondrement du Royaume arménien de Cilicie a entraîné un nouvel afflux de population vers la ville d’Alep au nord, au début du XIVe siècle.

Les survivants du génocide des Arméniens de 1915 en Turquie ont été déportés dans les déserts de Deir el Zor, dans l’est de la Syrie, où la plupart sont morts. Une partie des rescapés ont émigré au Liban, en Égypte ou vers l’Occident, tandis que des milliers se sont établis dans le centre commercial du pays à Alep, dans la capitale Damas et dans les provinces de Hassaké, Rakka et Lattaquié, au nord. Rien qu’à Alep, neuf écoles ont été ouvertes, constituant un important centre d’apprentissage et culturel tant pour la communauté arménienne de Syrie que pour toute la diaspora au Moyen-Orient. Bien qu’étant une minorité religieuse et ethnique, les Arméniens sont représentés au Parlement syrien et sont impliqués dans tous les domaines de la vie sociale du pays.

Nouvelles menaces de génocide, 109 ans après 1915

Aujourd’hui, le peuple arménien de Syrie, est la cible de nouvelles versions du génocide qui, le siècle précédent, a massacré leurs ancêtres sur le territoire de la Turquie, tant dans le Caucase qu’en Syrie.

Le journaliste Serdar Korucu, qui a interviewé des Arméniens forcés d’émigrer en Arménie, explique dans son entretien à Aras les raisons pour lesquelles ils qualifient les derniers développements de « Second Génocide » :

« Il est très naturel pour eux de penser cette situation comme un « génocide ». Parce que le processus de génocide qui s’est déroulé il y a un siècle les a marqué à tel point qu’elle leur revient à l’esprit à chaque désastre. Nous pouvons en voir un exemple dans les évènements des 6-7 septembre (1955) à Istanbul. À ce moment-là, les Arméniens qualifient également ce qu’ils ont vécu de « génocide ». Parce que la première chose ressentie est le retour du génocide. Et l’une des raisons est le grand traumatisme qu’ils ont vécu. Il y a plein de données qui les amène à ressentir un génocide. Avec la destruction par Daesh du monument au Génocide des Arméniens à Deir el Zor à l’occasion du 100e anniversaire du génocide des Arméniens en 2015, ils comprennent clairement qu’une grande menace pèse sur eux.

« Par exemple, durant la guerre, le quartier arménien était devenu une frontière. Il y a un quartier arménien entre les groupes d’opposition et les forces d’Assad. Chaque bombe larguée tombe sur le quartier arménien. Elles ont endommagé des églises et des bâtiments et fait un grand nombre de victimes. Cela laisse naturellement un traumatisme sur les gens. Il est tout-à-fait normal qu’ils considèrent cela comme un génocide. Ce sont les Arméniens qui ont été expulsés et déplacés par le génocide. Ils ont survécu grâce à leur instinct de survie et leur chance. Ce qui est important avec ces familles, c’est que leurs enfants et petits-enfants qui ont grandi avec le souvenir du génocide ont à nouveau vécu cela. Cela nous rappelle tout de même un nouveau génocide ».

Alors que je partage avec vous ce nouveau drame de la nation arménienne, les nouvelles parviennent selon lesquelles l’épiscopat arménien d’Alep a décidé de ne pas organiser de service religieux dans les églises ce dimanche et a averti le peuple arménien de ne pas sortir en rue…

Et sur le site de Nouvelles d’Arménie, ce cri du cœur de notre chère amie, présidente fondatrice de la Fédération européenne arménienne pour la Justice et la Démocratie (FEAJD), Hilda Tchoboïan : « Je ne sais pas comment dire. Une communauté arménienne entière, celle de la Syrie, tombe dans les mains des Djihadistes, avec toutes les conséquences horribles qu’on imagine, et autour de nous, on ne voit que « business as usual ». À Alep, ma ville natale, l’armée régulière a quitté les lieux abandonnant les civils devant l’avancée des terroristes. Le Consulat d’Arménie a été évacué sans en avertir les responsables de la communauté. Les Arméniens sont murés chez eux dans l’attente… de quoi ? Que les Djihadistes sanguinaires (proxi de la Turquie) viennent les égorger ? C’est l’horreur qui recommence ».

Oui, 109 ans après le génocide de 1915, nos amis arméniens sont confrontés à la menace de nouveaux génocides dans les régions du sud et de l’est de la Turquie.

Je souhaite du succès dans leur lutte, tant à l'Association des opposants au génocide qu’à l’Association des Arméniens démocrates de Belgique, ainsi qu’à toutes les organisations démocratiques avec lesquelles nous unissons nos forces.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

Rabbin tué aux Emirats: les trois suspects ont été arrêtés en Turquie

Les trois principaux suspects du meurtre d'un rabbin israélo-moldave aux Emirats arabes unis ont été arrêtés en Turquie, ont indiqué mardi à l'AFP des sources sécuritaires turques.

Les Emirats arabes unis avaient annoncé dimanche l'arrestation de trois hommes, sans en préciser le lieu ni les circonstances.

Les autorités émiraties, qui ont indiqué lundi que les suspects étaient de nationalité ouzbèke, ont remercié mardi la Turquie pour sa coopération dans leur arrestation, sans fournir plus de détails.

"Les meurtriers du rabbin Tzvi Kogan (...) ont été arrêtés lors d'une opération secrète menée par l'Organisation nationale de renseignement et la police turque", ont affirmé mardi soir des sources sécuritaires turques, précisant que les trois hommes avaient été interpellés à bord d'un taxi peu après avoir atterri à Istanbul.

Les suspects ont été extradés dans la foulée vers les Emirats arabes unis, a-t-on appris de mêmes sources.

Le meurtre du rabbin israélo-moldave, dont les circonstances n'ont pas été rendues publiques par les autorités émiraties, a été qualifié d'"acte odieux de terrorisme antisémite" par le gouvernement israélien.

Le corps de Tzvi Kogan, 28 ans, a été retrouvé sans vie dimanche aux Emirats, où il était installé avec sa femme, trois jours après sa disparition. (AFP, 26 nov 2024)

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan gagnant ou perdant de l’échiquier syrien?

Ragip Duran, TVXS.GR, 16 décembre 2024

Faut-il d’abord rappeler que la position géostratégique de la Turquie est déjà assez explosive. Au beau milieu des Balkans, du Moyen-Orient et des Caucases  ce pays est encerclé des bombes à retardement des trois côtés. A l’intérieur, il y a déjà une grande usine de dynamite. La géographie étant le destin des pays et des sociétés, là-bas, il est presqu’impossible d’imaginer une société pacifique et une région en pleine stabilité.

Depuis la chute du régime Assad en Syrie, 911 km de frontière commune avec la Turquie, même l’homme de la rue à Istanbul passe pour un grand spécialiste du Moyen-Orient, de l’Islam radical, de l’impérialisme américain…etc…

Les médias du pouvoir font la fête: “Assad est renversé, car il a refusé de faire la paix avec Erdogan”, “Désormais, c’est Ankara qui fait le jeu”, “Alep est une ville turque depuis des millénaires”.

Tous les gouvernements turcs ont, depuis la création de la République en 1923, un dogme, c’est-à-dire une obsession anti-kurde à l’intérieur du pays et dans la région. L’anecdote sur les deux condamnés à mort, l’un turc l’autre kurde explique bien ce blocage. Le bourreau demande aux deux condamnés leurs derniers vœux: le kurde dit, “Je veux voir ma mère”. Le turc retroque “Je veux que le kurde ne voit pas sa mère !”.   

Une grande partie de l’opposition turque estime qu’il s’agit d’un complot américain pour réaliser les plans du “Projet du Grand Moyen-Orient”.  “Après l’Irak, Washington divisera la Syrie, troisième objectif sera l’Iran et viendra le tour de la Turquie. Ils veulent créer le Kurdistan, entité pro-américaine et pro-Israël” écrit M. Ali Guller, chroniqueur du quotidien Kémaliste, Cumhuriyet (23.300 copies par jour, au 21ème rang parmi les 31 quotidiens nationaux).

Les islamistes et la majorité des musulmans purs et durs sont en général des gens très calmes, sûrs d’eux-mêmes, presque indifférent à tout et n’ont aucun souci et aucune réaction devant les séismes, les incendies, les catastrophes politiques et naturelles. Car, selon eux, tout est l’œuvre d’Allah et on ne peut pas changer le train de vie, déjà décidé par le Haut. Il en est de même concernant les Kémalistes et divers types de “gauche très anti-impérialiste”. “Tout est décidé et exécuté par Washington. Tout ce qui est contre nous sont des valets des américains” disent-ils.

Le Président du Parti Républicain du Peuple, principale formation de l’opposition,  M. Ozgur Ozel, a déclaré, deux jours avant la fuite d’Assad que “le Président Erdogan doit parler avec son homologue syrien”. L’opposition turque avait toujours apprécié “Le Boucher de Damas” car il est laïc.

La réalité politique sur le terrain syrien est bien entendu beaucoup plus complexe et imprévisible que les affirmations des pseudo-stratèges turcs.

* Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de Libération du Levant), nouveaux maîtres de Damas, qui veut faire croire qu’il a changé de veste (De l’İslam radical à l’Islam modéré) est en conflit avec l’Armée Nationale de Syrie (ANS, front militaire des islamistes de plusieurs pays créée, formée et financée par Ankara). HTC se prépare à diriger le pays alors que l’ANS poursuit ses attaques militaires contre les Kurdes et pille les richesses du pays là où ils peuvent.

* Faut-il remarquer que les capitales occidentales ont également changé de veste à propos de HTC. Auparavant, cette organisation était déclarée terroriste, le chef de HTC était recherché partout (On l’a vu récemment sur les écrans de la chaîne de TV américaine CNN İnternationale!) alors que maintenant la diplomatie americano-europénne parle de “travailler ensemble avec la nouvelle administration syrienne pour rétablir la paix et la stabilité”. 

* FDS (Forces Démocratique de Syrie), armée de 100 milles soldats dirigée par les Kurdes au nord et nord-est du pays désire avoir de bonnes relations avec HTC. FDS a un autre avantage : Elles sont publiquement soutenues militairement et politiquement par Washington. Israël, également, veut avoir de bonnes relations avec les Kurdes de Syrie.

* Erdogan croit qu’il est un des gagnants du jeu syrien, car Assad est renversé et l’Iran ne pèse plus, Moscou serait hors du jeu. Mais Ankara ne s’entend pas bien avec Israël, seul gagnant pour le moment et les Etats Unis gagnant probable à long terme.

* Ankara croit que la majorité des réfugiés syriens résidant en Turquie (plus de 6 millions selon les estimations non-officielles) rentreront en Syrie. Les spécialistes précisent que ces réfugiés préfèrent encore et toujours rester en Turquie, où ils sont relativement bien traités au lieu de rentrer en Syrie où l’Etat est presque complètement détruit. De plus, personne, aujourd’hui, ne peut prévoir le futur proche de Damas.

* L’Islam politique a été battu en Egypte en juin 2014, dix ans après, ce fut le Hamas en Palestine et Hezbollah au Liban qui ont reçu des coups sévères. L’Islam politique en Turquie, représenté par le parti au pouvoir d’Erdogan a perdu cette année les élections locales. Mais le HTC, issu d’Al-Qaida a saisi le pouvoir en Syrie. Il sera désormais obligé de lutter contre les autres fractions de l’Islam politique pour pouvoir sauvegarder et consolider son pouvoir.   

Finalement, Erdogan est peut-être à court terme un des gagnants, mais à moyen et à long terme, il risque de faire partie de la liste des régimes perdants. Et cela, indépendamment de sa propre volonté, car au Moyen-Orient Ankara n’est pas au volant. Il est assis sur le strapontin dans la voiture conduite par le chauffeur Trump et son assistant Netanyahu. Les Kurdes sont pour le moment les voyageurs privilégiés de la voiture.

Un ancien maire condamné à 16 ans de prison pour un immeuble effondré lors du séisme

Un ancien maire et promoteur immobilier a été condamné à 16 ans et trois mois de prison en Turquie pour l'effondrement d'un immeuble lors du séisme meurtrier de février 2023, ont rapporté les médias turcs.

La cour a condamné Okkes Kavak pour avoir "causé la mort ou des blessures à plus d'une personne par négligence consciente" pour l'effondrement d'un immeuble dont il était le promoteur et où 26 personnes ont péri à Nurdagi, dans le province de Gaziantep, au sud-est de la Turquie.

La cour lui a également reproché d'avoir eu recours à des documents falsifiés pour obtenir le permis de construire.

Promoteur avant d'être élu maire de Nurdagi, Okkes Kavak est aussi poursuivi pour l'effondrement d'un autre immeuble où 36 personnes ont perdu la vie.

Nurdagi a été gravement endommagé lors du séisme de magnitude 7.8 qui a dévasté le sud du pays en février 2023 causant la mort de plus de 53.000 en Turquie et plus 6.000 au moins en Syrie voisine. (AFP, 5 déc 2024)


Forces armées/Armed Forces

Cinq civils tués dans des frappes de "drone turc" en Syrie

Cinq civils ont été tués dans des frappes de "drone turc" dans le nord-est de la Syrie, a rapporté samedi une ONG, au lendemain de la mort de deux journalistes kurdes dans des circonstances similaires.

Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, Ankara soutient une offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent une partie du nord de la Syrie.

"Deux civils, une femme et un membre d'un parti politique, ont succombé à leurs blessures, portant à cinq le nombre de personnes tuées samedi par des frappes de drone turc" près de la localité de Tal Brak, dans la province de Hassaké, a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"L'occupation turque a visé avec une frappe de drone une voiture sur une route reliant la ville d'Al-Hawl à Tal Brak (...) tuant trois civils", a indiqué plus tôt l'agence de presse kurde en Syrie Hawar.

"Ce crime fait partie d'une série de violations flagrantes du droit international et des droits de l'Homme qui interdisent de prendre pour cible des civils", ont affirmé de leur côté les Forces de sécurité intérieure kurdes dans un communiqué.

Deux autres civils ont péri dans une autre frappe turque dans le même secteur, selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.

Un drone turc a également ciblé des silos de blés au sud-ouest de la ville de Kobané, près de la frontière turque, ont indiqué les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), "détruisant une grande quantité des stocks".

Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie, qui a éclaté en 2011, pour proclamer une "région fédérale" dans le nord.

La Turquie, qui soutient le nouveau pouvoir syrien après la chute d'Assad, estime que les FDS, qui contrôlent les zones semi-autonomes, sont une émanation de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), séparatiste.

Elle dit que son armée se tient prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate" tant que les FDS ne "déposeront" pas les armes.

Mais l'armée turque insiste sur le fait qu'elle ne cible jamais les civils mais uniquement des groupes terroristes.

Vendredi, deux journalistes turcs d'origine kurde avaient également été tués par des frappes de "drone turc" près la ville de Kobané, dans le nord, selon l'association des journalistes turcs Dicle Firat, l'agence de presse turque pro-kurde Mezopotamya et Hawar.

L'OSDH a par ailleurs rapporté samedi la mort de 14 combattants proturcs dans de "violents combats" avec les FDS près du barrage de Tichrine sur l'Euphrate, dans le nord du pays. (AFP, 21 déc 2024)

Syrie: l'armée turque poursuivra ses préparatifs jusqu'à ce que les combattants kurdes "déposent les armes"

L'armée turque "poursuivra" ses préparatifs à la frontière turco-syrienne jusqu'à ce que les combattants kurdes du Nord syrien "déposent les armes", a affirmé jeudi le ministère turc de la Défense.

"La menace contre nos frontières (...) persiste. Nos préparatifs et nos mesures dans le cadre de notre lutte contre le terrorisme se poursuivront jusqu'à ce que l'organisation terroriste PKK/YPG dépose les armes et que ses combattants étrangers quittent la Syrie", a déclaré à la presse turque un porte-parole du ministère, Zeki Akturk.

"Nous pensons que la nouvelle administration syrienne et l'Armée nationale syrienne (une faction proturque, NDLR), ainsi que le peuple syrien, libéreront les régions occupées", a-t-il ajouté en visant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple kurde (YPG), considérées comme une extension du PKK par Ankara.

Groupe armé classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, le PKK mène depuis 1984 une guérilla contre l'Etat turc, qui cherche à éloigner le plus possible les combattants kurdes de son territoire et de ses frontières.

Selon des observateurs, Ankara et des groupes proturcs menacent de lancer un assaut sur Kobané, une ville syrienne tenue par des forces dirigées par des combattants kurdes, à la frontière turque.

Entre 2016 et 2019, la Turquie, membre de l'Otan, a mené trois opérations d'envergure dans le nord de la Syrie, visant à la fois l'EI et les YPG.

La Turquie, qui occupe, depuis ces opérations terrestres, des zones du territoire syrien, y dispose toujours de 16.000 à 18.000 soldats, a affirmé mardi Ömer Çelik, le porte-parole du parti islamo-conservateur AKP du président Recep Tayyip Erdogan. (AFP, 19 déc 2024)

En Syrie, la Turquie veut étendre la zone tampon en repoussant les forces kurdes

Encouragé par le changement de pouvoir à Damas, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, grand protecteur de la rébellion syrienne, a profité de la nouvelle donne pour lancer les rebelles proturcs de l’Armée nationale syrienne (ANS) à l’assaut de plusieurs villes du nord-est de la Syrie qui étaient contrôlées jusqu’ici par les forces kurdes. Chassés de Tall Rifaat dimanche 8 décembre, de Manbij le lendemain, les combattants kurdes sont désormais menacés d’être boutés hors de Kobané par les supplétifs turcs. Mardi 10 décembre, des dizaines de frappes aériennes ont visé la région de Kobané, où l’ANS bénéficie du soutien des avions de combat et des drones armés turcs.

A l’opposé des rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), qui se sont efforcés, durant leur offensive éclair à travers la Syrie, de ménager les populations civiles, privilégiant la négociation pour faire sortir les combattants kurdes de l’aéroport d’Alep que ces derniers contrôlaient, l’ANS a semé le chaos dans les villes conquises. « En ce moment, des milliers de personnes fuient Kobané par peur de l’Armée nationale syrienne affiliée à la Turquie. Une peur bien plus grande que celle inspirée par Hayat Tahrir Al-Cham, qui jusqu’ici n’a commis aucune violation, massacre ou attaque contre les civils. A l’inverse, l’ANS reçoit ses directives de l’Etat turc, et elle procède à l’élimination des Kurdes », a souligné Ahmad Arag, le secrétaire général de l’Alliance nationale démocratique syrienne, joint par téléphone mardi à Alep, dans le nord de la Syrie.

Soutenus par les Etats-Unis pour leur rôle dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), les combattants kurdes, qui administrent une vaste zone dans l’est de la Syrie, apparaissent comme les perdants de la nouvelle donne. L’offensive de l’ANS correspond en tous points au plan élaboré depuis des années par Recep Tayyip Erdogan, avide de repousser les Kurdes le plus loin possible de la zone frontalière. Le président turc s’est d’ailleurs réjoui, lundi, des succès de ses supplétifs sur le terrain, accusant les Kurdes syriens de chercher à « transformer le chaos en opportunité »

L’Armée nationale syrienne, groupe de rebelles affidés à la Turquie

Ankara peut se frotter les mains. Sans avoir déployé un seul soldat supplémentaire sur le théâtre des opérations du nord de la Syrie, le gouvernement turc est sur le point de voir se réaliser deux de ses plus anciens vœux : étendre son champ d’action au-delà des zones contrôlées par son armée, principalement dans les régions frontalières, et voir reculer les forces kurdes syriennes, liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc.

En moins d’une semaine, l’offensive spectaculaire, lancée le 27 novembre, du groupe islamiste radical Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) en coordination avec ses alliés soutenus par la Turquie, a permis aux rebelles syriens de quasiment doubler le territoire qu’ils contrôlent en s’emparant d’Alep, la deuxième ville du pays, poussant vers le sud leur offensive jusqu’aux portes de Hama et reprenant, au nord, l’enclave stratégique de Tall Rifaat, contrôlée par les Kurdes. Cette dernière prise, obtenue dimanche par les combattants de l’Armée nationale syrienne (ANS), un groupement de milices pro-turques, éclaire l’étroitesse des relations entre Ankara et cette coalition de rebelles longtemps rivale de HTC. Elle révèle aussi l’efficacité avec laquelle la Turquie a su naviguer dans les complexités régionales.

Pendant des années, le pouvoir turc a été le principal soutien des groupes d’insurgés qui se sont soulevés contre le président Bachar Al-Assad en 2011. La volonté d’empêcher les militants kurdes de se masser à la frontière turque et celle de stabiliser le nord du pays pour y renvoyer les réfugiés syriens installés sur son territoire ont été les moteurs de cette politique d’intervention du président Recep Tayyip Erdogan en Syrie. Avec, comme point d’orgue, l’occupation des régions du Nord syrien, à partir d’août 2016, par les forces armées turques et leurs supplétifs de l’ANS. (Le Monde, 11 décembre 2024)

World’s top arms producers see revenues rise on the back of wars and regional tensions

Arms revenue increases were seen in all regions, with particularly sharp rises among companies based in Russia and the Middle East. Overall, smaller producers were more efficient at responding to new demand linked to the wars in Gaza and Ukraine, growing tensions in East Asia and rearmament programmes elsewhere.

In 2023 many arms producers ramped up their production in response to surging demand. The total arms revenues of the Top 100 bounced back after a dip in 2022. Almost three quarters of companies increased their arms revenues year-on-year. Notably, most of the companies that increased their revenues were in the lower half of the Top 100.

Six of the Top 100 arms companies were based in the Middle East. Their combined arms revenues grew by 18 per cent to $19.6 billion. With the outbreak of war in Gaza, the arms revenues of the three companies based in Israel in the Top 100 reached $13.6 billion. This was the highest figure ever recorded by Israeli companies in the SIPRI Top 100. The three companies based in Türkiye saw their arms revenues grow by 24 per cent to $6.0 billion, benefiting from exports prompted by the war in Ukraine and from the Turkish government’s continued push towards self-reliance in arms production.

‘The biggest Middle Eastern arms producers in the Top 100 saw their arms revenues reach unprecedented heights in 2023 and the growth looks set to continue,’ said Dr Diego Lopes da Silva, Senior Researcher with the SIPRI Military Expenditure and Arms Production Programme. ‘In particular, as well as taking in record arms revenues in 2023, Israeli arms producers are booking many more orders as the war in Gaza rages on and spreads.’

The nine companies in the Top 100 based in China saw their smallest year-on-year percentage increase in arms revenues (+0.7 per cent) since 2019 amid a slowing economy. Their total arms revenues in 2023 reached $103 billion.

The combined arms revenues of the three Indian companies in the Top 100 increased to $6.7 billion (+5.8 per cent).

NCSIST, the only Taiwan-based company in the Top 100, recorded a 27 per cent increase in its arms revenues to $3.2 billion.

Türkiye’s Baykar produces armed uncrewed aerial vehicles (UAVs) that have been widely used in the war in Ukraine. Exports accounted for around 90 per cent of its arms revenues in 2023, which increased by 25 per cent over the year to $1.9 billion.

The United Kingdom’s Atomic Weapons Establishment, which designs, manufactures and maintains nuclear warheads, recorded the largest year-on-year percentage increase in arms revenues (+16 per cent) among UK companies in the Top 100, to reach $2.2 billion. (sipri, 2 December 2024)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Turkey accused of undermining anti-ISIS efforts by supporting jihadist groups

The United States faces growing challenges in Syria, as Turkey’s reliance on jihadist groups to consolidate territorial gains threatens the US-led fight against ISIS. As the fall of Bashar al-Assad’s regime creates a power vacuum, Washington’s partnership with the Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) is coming under increasing strain from Ankara’s military ambitions and alliances.

Turkey has intensified its military operations in northern Syria, targeting SDF positions and seizing key areas such as Manbij (Minbîc) and Tal Rifaat. Ankara’s coalition includes the Syrian National Army (SNA), a group with links to jihadist groups. The SNA has clashed with the SDF, which has been instrumental in the US-led campaign against ISIS. Despite repeated warnings from Washington, Turkey’s actions risk undermining stability in the region.

“The US cannot allow actions that compromise our partners in the fight against ISIS,” said John Kirby, White House national security communications adviser. He reiterated that the SDF remains a critical ally in ensuring the defeat of ISIS.

Ankara’s military campaign appears aimed at establishing a buffer zone along its border and curbing the SDF’s influence. Turkey regards the SDF as an offshoot of the Kurdistan Workers’ Party (PKK). This stance has put Turkey at odds with its NATO allies, particularly the US, which supports the SDF.

Turkey’s alignment with groups such as Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) has drawn criticism. Once designated as a jihadist organisation, HTS has been involved in operations that analysts say could further destabilise Syria.

On the other hand, HRW has reported that tens of thousands of civilians seeking safety in Kurdish-controlled northeast Syria are enduring dire conditions due to inadequate shelter, water, food, and healthcare. The influx of displaced individuals has overwhelmed reception centres in areas like Tabqa and Raqqa, prompting the establishment of additional centres in Kobani, al-Hasakah, and Qamishli. Displaced persons have recounted harrowing experiences, including children suffering from hunger and cold, and pregnant women giving birth without medical care.

In response to Turkey’s actions, US Secretary of State Antony Blinken visited Ankara for high-level talks. According to a State Department statement, Blinken is urging Turkey to respect minority rights and to ensure that its military operations do not endanger US forces or their mission.

The Pentagon has also been engaged in diplomatic efforts, with Defence Secretary Lloyd Austin stressing the importance of coordination to prevent incidents such as the recent friendly fire downing of a US MQ-9 Reaper drone by SDF forces.

Meanwhile, the US continues its military operations to prevent an ISIS resurgence. Recent air strikes on ISIS strongholds underscore the importance of the US-SDF partnership. General Erik Kurilla, commander of US Central Command, reaffirmed this commitment during a visit to Syria, stating: “There should be no doubt that we will hold any organisation accountable for supporting ISIS.”

Turkey’s actions have also come under international scrutiny. Israel, which has been carrying out airstrikes in Syria to neutralise weapons stockpiles, has reportedly been in talks with the SDF. This development has raised concerns in Ankara, with Turkish officials accusing Washington of facilitating such talks to bolster the SDF’s position.

The relationship between the US, Turkey and the SDF highlights the complexities of post-Assad Syria. As Turkey continues to use jihadist-linked groups to achieve its strategic objectives, Washington faces the dual challenge of maintaining its alliance with Ankara while safeguarding its partnership with the SDF. The outcome of this dynamic will significantly shape Syria’s future stability and the broader fight against ISIS. (medyanews, 12 décembre 2024)


Socio-économique / Socio-economic

18 detentions in street protest against new low minimum wage

Members of the Hakkımı Ver [‘Give Me My Right’] Platform marched against the announcement of the new minimum wage which rose at a lower rate than annual inflation. Workers, opening a banner on İstiklal Street, the main thoroughfare of the central Beyoğlu district, shouted the slogan “Let’s see Vedat (Işıkhan, Minister of Labour and Social Security) live on this minimum wage” and were detained.

18 detentions in street protest against new low minimum wage

The Hakkımı Ver Platform, which brings together workers and pensioners who demand secure working conditions and a humane life, organized a street protest when yesterday at an unexpectedly late hour the minimum wage was announced as 22 thousand 104 TL. Platform members protested the rise in the minimum wage remaining below the annual inflation rate.

Beginning their march on Mis Street in Beyoğlu, Istanbul, the workers walked onto İstiklal Street, wanting to reach Taksim Square with their banner proclaiming “Rise against this minimum wage regime”.

In reference to Vedat Işıkhan, Minister of Labour and Social Security, they also chanted the slogan, “Let’s see Vedat live on this minimum wage”. The police intervened in front of the French Cultural Centre on İstiklal Street, before the group could reach the square. 18 people were detained. Taken to the Vatan Police Directorate, all detained members of the group were released early this morning. (BIA, 25 déc 2024)

11 morts dans une explosion dans une usine de munitions

Onze personnes ont été tuées et sept blessées mardi par une puissante explosion survenue dans une usine de munitions du nord-ouest de la Turquie, selon un nouveau bilan des autorités.

"Il y a malheureusement onze morts (...), huit femmes et trois hommes. Et nous avons sept blessés", a déclaré sur place le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.

Un précédent bilan officiel faisait état de douze morts et cinq blessés.

Selon le gouverneur de la province de Balikesir, Ismail Ustaoglu, l'explosion s'est produite peu avant 08H30 (05H30 GMT) mardi en raison d'un "dysfonctionnement technique" sur une ligne de production.

Seuls deux des sept blessés sont encore "sous observation" dans un hôpital, a indiqué le ministre turc de l'Intérieur.

Selon les autorités, l'usine où est survenue l'explosion, située au nord de la ville de Balikesir, produit des munitions et des explosifs à usage civil.

Six employés de la même usine avaient déjà été blessés dans une explosion en 2014, selon la presse turque.

Des images diffusées par les chaînes de télévision turques montrent une partie de l'usine totalement détruite, ainsi que des panneaux de métal et des morceaux de verre projetés à des dizaines de mètres à la ronde.

Un témoin a qualifié les lieux de "champ de bataille" à la chaîne d'information en continu NTV.

Un incendie s'étant déclaré à la suite de l'explosion a été éteint dans la matinée par les pompiers, et l'usine a rapidement été évacuée.

Une enquête a été ouverte et la piste du sabotage a d'ores et déjà été écartée, selon les autorités.

L'usine est située à environ un kilomètre du village le plus proche, selon des images satellites consultées par l'AFP.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté ses condoléances et dépêché sur place ses ministres de la Défense, de l'Intérieur et du Travail.

En juin 2023, cinq personnes avaient péri dans une explosion dans une usine d'explosifs de la province d'Ankara, la capitale turque.

En juillet 2020, sept personnes avaient été tuées et près de 130 blessées par une explosion survenue dans une usine de feux d'artifice de la province turque de Sakarya (nord-ouest).

En 2009 et 2014, deux explosions s'étaient déjà produites dans la même usine, faisant deux morts et une quarantaine de blessés, selon les médias turcs. (AFP, 24 déc 2024)

La Turquie d’Erdogan: l’enfer économique, mais paradis fiscal

Ragip Duran, TVXS.GR, 21 décembre 2024

“Si la Turquie est une société commerciale-financière, vu l’état actuel du budget et le bilan des échecs, le patron ou les actionnaires mettra le PDG à la porte!” croit un professeur d’économie en exil en Allemagne.

En effet, la Turquie d’Erdogan souffre depuis au moins 10 ans d’une crise économico-financière qui frappe essentiellement les salariés, les ouvriers, les patrons des PME, les paysans, les chômeurs, les jeunes, les étudiants… qui forment environ 75 pc. de la population.

3 chiffres enregistrés à Istanbul montrent la gravité de la crise:

- Du pain, 200 gr. coûte 10.00 Livres Turques- LT ( 0.27 Euro).

- Le loyer mensuel d’un appartement de 2 chambres est environ 28.000 LT (765 Euros).

- Le SMIC, le salaire minimum est de 17.000 TL (464 Euros).

L’ensemble des paramètres économiques (Revenus, exportations, inflation…etc…) va de pire en pire à cause des dépenses militaires, celles du Palais Présidentiel et mauvaise gestion des affaires économiques et financiers. La carence de la justice sociale et économique, la corruption, les pots-de-vin, le népotisme, le blanchissement de l’argent en provenance des stupéfiants et de la vente illégale d’armes…enfin la non-existence d’un Etat de droit c’est-à-dire la non-impunabilité rongent la société toute entière. Certaines personnalités de l’opposition turque et les spécialistes étrangers estiment que la Turquie d’aujourd’hui est devenue “un Narco-Etat” voire “un Etat Voyou”.

Mais comment donc dans l’état actuel des choses la Turquie d’Erdogan peut assurer la survie du mécanisme administratif et financier de l’Etat?

12 pratiques, en vigueur uniquement en Turquie, nous donnent quelques indices:

- Des chèques postdatés circulent librement dans le marché.

- Il faut payer entre 2.500 et 8.500 LT (67.5 et 230 Euros) selon la durée de validité pour avoir un passeport.

- Tout citoyen qui part à l’étranger doit payer un impôt de 710 LT (20 Euros).

- Pour faire enregistrer un portable acheté à l’étranger, il faut payer 6.000 LT (162 Euros).

- L’impôt imposé lors de l’achat d’une voiture importée est en général le double du prix de la voiture. Exemple: Une Audi A6 coûte 40.000 Euros en Turquie, mais il faut payer une Taxe de Consommation Spéciale de 70.000 Euros.

- Tous les citoyens qui possèdent un portable doivent payer l’impôt imposé juste après le grand séisme d’août 1999 désormais appelé Taxe Spéciale de Communication. 

- Le total des taxes indirectes dépasse 70 pc. de l’ensemble des impôts.

- Tous les citoyens qui payent les factures d’électricité doivent également payer 2 pc. de “contribution pour la TRT”, la radio-télévision publique même s’ils n’ont pas de téléviseur.

- L’Etat concède des contrats aux grandes entreprises pour la construction des aéroports, des auto-routes, des ponts, des hôpitaux…etc… selon le système BOT (Built-Operate-Transfer/Construit-Exploite-Transfert) avec une garantie d’utilisateur. La totalité de ces projets coûtent actuellement environ 150 milliards d’Euros.

- La Turquie et les Émirats Arabes Unis sont les deux seuls pays où il n’y a pas d’impôt sur le commerce de diamants et autres pierres précieuses.

- Une plaque d’immatriculation pour les taxis privés ou les taxis en commun (Dolmush) coûte 6 millions LT (162.000 Euros) donc beaucoup plus chère que le prix de la voiture.

Enfin un dernier chiffre, pas économique, mais plutôt politique qui serait le résultat ou bien la raison des statistiques citées ci-dessus :

- Plus de 200.000 citoyens ont été interrogés par le Parquet pour avoir “insulté le président de la République” et 52.000 d’entre eux ont été jugés entre 2019 et 2022 selon une information du quotidien Birgün publié le 14 mars dernier. Ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2022.

La compagnie turque Pegasus commande 200 Boeing 737-10

La compagnie aérienne low-cost turque Pegasus Airlines a annoncé jeudi avoir passé une commande ferme de 100 moyen-courriers Boeing 737-10, l'avion vedette de l'avionneur américain, et posé une option pour 100 appareils supplémentaires.

"La valeur totale du contrat pour ces 200 Boeing 737-10 est d'environ 36 milliards de dollars sur la base des prix catalogue actuels", indique dans un communiqué la compagnie turque, précisant qu'il s'agit de la "plus grande commande" de son histoire.

"Les 100 premiers avions (...) commenceront à rejoindre notre flotte à partir de 2028", a affirmé la directrice générale du transporteur, Güliz Öztürk, citée dans le communiqué.

La commande des 100 autres 730-10, le plus grand monocouloir de la famille 737 MAX de Boeing, sera convertie "en fonction des conditions du marché et des besoins de notre flotte", a précisé Mme Öztürk.

Le "MAX 10" de Boeing peut transporter jusqu'à 230 passagers, selon le communiqué. Boeing, qui a connu des déboires et défaillances techniques dans la famille des 737 MAX, son modèle vedette, accuse des retards de livraisons d'appareils.

Fondé en 1990 et basé à l'aéroport Sabiha Gökçen, au sud-est d'Istanbul, Pegasus Airlines dessert 144 destinations dans 53 pays. (AFP, 19 déc 2024)

Strike bans in Turkey during Erdoğan's rule

Since the Justice and Development Party (AKP) led by Recep Tayyip Erdoğan came to power in 2002, the government has postponed more than 20 strikes, effectively banning them.

Between 2003 and 2023, strike bans prevented 200,000 workers from taking collective action while about 90,000 workers could go on strike, according to data compiled by economics professor Aziz Çelik.

Until Apr 2017, when Turkey was governed with a parliamentary system, strike postponements required a cabinet decision. After the transition to the presidential system following the Jun 2018 elections, this authority was transferred to the president.  an authority granted under the state of emergency powers in effect from Jul 2016, following a failed coup attempt, to Jul 2018.

President Erdoğan openly boasted about his administration’s intervention in strikes during this period in several public statements.  In July 2017, addressing foreign investors, Erdoğan said that the state of emergency was implemented to prevent strikes: “When we came to power, Türkiye was under a state of emergency, but all factories were under the threat of strikes. Remember those days. But now, wherever there is a strike threat, we immediately intervene, taking advantage of the state of emergency.”

In April 2018, speaking to industrialists during his party’s parliamentary group meeting, Erdoğan said, “Is there any talk of a strike at any factory? If so, we intervene immediately. The state of emergency becomes an instant solution. There’s an atmosphere of peace, and yet they’re advising us not to have the state of emergency in place.”

In December 2018, the president said, “With us, what they call strikes are no more. Now, there are no strikes. If there are no strikes, it means you’re giving workers their due and protecting their rights.” (BIA, 16 December 2024)


37 personnes sont mortes après avoir bu de l'alcool frelaté en six semaines

Trente-sept personnes sont mortes à Istanbul en six semaines après avoir consommé de l'alcool frelaté, a annoncé lundi le bureau du gouverneur d'Istanbul.

"37 personnes ont perdu la vie, 77 personnes ont été empoisonnées, dont 17 qui continuent de recevoir des traitements en raison de la consommation de l'alcool frelaté depuis le 1er novembre 2024", a-t-il indiqué sur X.

Quatorze personnes soupçonnées d'avoir écoulé l'alcool à l'origine de ces décès ont été placées en détention, a-t-il ajouté.

Les intoxications à l'alcool frelaté sont courantes en Turquie, la production clandestine s'étant développée avec l'explosion des taxes sur les boissons alcoolisées.

Fin 2021, au moins vingt-cinq personnes étaient décédées en quelques jours dans plusieurs provinces du pays. Une quarantaine d'autres étaient mortes intoxiquées un an plus tôt.

Le raki, alcool national, coûte autour de 1.300 livres turques (35 euros environ) le litre au supermarché, dans un pays où le salaire minimum plafonne à 17.000 livres (465 euros).

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, accusé par ses opposants de vouloir islamiser la société, a plusieurs fois pris position contre la consommation d'alcool ou de tabac.
(AFP, 16 déc 2024)

One in four children in Turkey goes to school hungry

We spoke with the Sulukule Volunteers Association about their efforts to support equal opportunities in education, the positive effects of providing one free meal at schools on children, and their proposed solutions to address this issue.
'One in four children in Turkey goes to school hungry'

The Sulukule Volunteers Association was founded in 2010 in Karagümrük, İstanbul, to help children overcome barriers in education and strengthen their social cohesion.

Responding to the challenges brought about by urban transformation, the association operates with goals such as preventing school dropouts and providing children with the necessary support for their nutrition and socio-emotional development.

Prioritizing the view of children as rights-holders and supporting their well-being, the association aims to create long-term social impact.

We spoke with the Sulukule Volunteers Association about their work and the importance of providing one free meal at schools for children, as well as their proposed solutions on this issue.

How many countries offer “one free meal at school,” and what benefits does this practice bring?

Over 100 countries worldwide provide free school meal programs. According to the 2022 report by the World Food Programme (WFP), this means 418 million children have access to their right to nutrition. As mentioned earlier, this practice contributes positively to children’s physical, mental, and psychological well-being.

However, the benefits of free school meal programs extend beyond children. WFP reports indicate that such programs provide employment for approximately 4 million people in 85 countries. When local stakeholders are involved, this employment also supports local economies.

According to UNICEF’s 2022 data, Turkey ranks second after Colombia in child poverty, with a rate of 33.8%.

For the 2024–2025 academic year, which spans 185 school days, the calculated costs for providing one free meal per day are as follows: for preschool, 13.7 billion liras; for primary school, 50.1 billion liras; for middle school, 46.9 billion liras; and for high school, 54.6 billion liras. As stated by Minister of National Education Yusuf Tekin in the 2024 Budget Presentation Speech, this cost corresponds to 13% of the ministry’s budget.

The average daily cost of one free meal per child is: for preschool, 36.05 liras; for primary and middle school, 48.91 liras; and for high school, 61.77 liras.

As outlined in our report, we propose a two-phase model that includes analysis and mechanism development. In the analysis phase, at the start of each school term, research should be conducted to assess children’s needs. This includes general health screenings, identifying allergies and sensitivities, and determining the average caloric needs of children in each school. The findings should guide the preparation of meals and food packages tailored to specific requirements.

In the mechanism phase, the model must be adaptable based on the physical facilities of each school. The proposed model involves planning, pilot implementation and monitoring, model revision, widespread implementation, and oversight. The implementation would involve collaboration among various stakeholders: the Ministry of National Education and the Ministry of Health as implementers; schools, local governments, logistics companies, and professional organizations as supporters; the Ministry of Family and Social Policies, the Ministry of Agriculture, civil society organizations, and professional organizations as monitors and inspectors; and the central government, private sector, and international funds as funders. Ultimately, ensuring free nutrition support requires interagency cooperation and a holistic approach.

There is a strong perception that this issue cannot be resolved. However, good practices, calculations, and studies show that ensuring children can "eat properly" at school is indeed achievable. For more information about what we’ve discussed and additional insights, you can follow us on our website and social media channels or contact us via email. (BIA, 5 December 2024)

"Jusqu'à mon dernier souffle": le combat d'une mère turque contre les féminicides

La vie de Filiz Demiral a basculé un jour d'août 2020. Par téléphone, un policier lui annonce que sa fille Ceyda, tout juste 20 ans, a été retrouvée morte. Un suicide, pense d'abord la police turque.

Filiz Demiral refuse d'y croire et, très vite, les faits émergent: sa fille est morte sous les coups d'un homme rencontré en ligne, auprès duquel elle souhaitait adopter un chien.

"Son bras était presque entièrement sectionné et elle avait cinq plaies profondes à la gorge, à la mâchoire et sur d'autres parties du corps", raconte quatre ans plus tard à l'AFP cette mère âgée de 47 ans, la voix tremblante de douleur et de colère.

Dimanche, Filiz Demiral s'est jointe à une manifestation organisée à Istanbul à la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, aux côtés d'autres proches de femmes tuées, dans un pays où 327 féminicides ont déjà été recensés par des associations en 2024, dont 49 rien qu'en octobre.

L'enquête a montré que sa fille a été tuée après qu'elle eut repoussé des avances, et la justice, après avoir condamné le meurtrier à 24 années de prison, a réduit sa peine de moitié, arguant de circonstances atténuantes, déplore Filiz Demiral.

"Refuser un rapport sexuel a été considéré comme une raison pour tuer", s'étrangle la mère, qui a fait appel de la décision et s'est promise de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme si nécessaire.

"Il n'y a rien qui dissuade", affirme-t-elle, regrettant que certaines décisions de justice ne soient "pas correctement appliquées". "Cela encourage les hommes. Ils tuent au moindre coup de colère", fulmine-t-elle en rappelant que le meurtrier de sa fille avait déjà été condamné pour violences.

- "Vivre librement" -

Lors de la manifestation de dimanche à Istanbul, des participantes ont brandi des photos de leurs filles assassinées, sous le regard de nombreux policiers qui les ont empêchées de défiler.

D'autres tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit: "Si je +tombe d'un balcon+, n'y croyez pas: j'aime la vie", une allusion aux morts parfois classées comme accidents ou suicides mais que familles et associations féministes considèrent comme de potentiels féminicides.

Le gouvernement turc, qui a dénoncé en 2021 la Convention dite d'Istanbul qui impose de poursuivre les auteurs de violences contre les femmes, arguant que son propre arsenal législatif suffit à les protéger, ne publie pas de statistiques sur les féminicides, laissant cette tâche aux organisations féministes.

"Les féminicides que nous recensons dans les journaux ne concernent que les morts évidentes, pas les décès suspects ni les suicides, dont le nombre reste inconnu", explique Leyla Soydinç, volontaire de l'association féministe Mor Çati.

"Nous avons interpellé le gouvernement mais il refuse de répondre", ajoute la militante, dont l'association dispose d'un foyer d'accueil à Istanbul pour les femmes fuyant les violences qu'elles subissent chez elles.

"La Turquie n'offre pas de protection suffisante. C'est pourquoi nous apprenons aux femmes à anticiper le risque de violence", développe-t-elle, reprochant à la police de tenter parfois des médiations entre les maris violents et leurs femmes venues chercher secours.

"Cette impunité a légitimé la violence contre les femmes et a provoqué une hausse des féminicides", affirme Bahar Uluçay, une des participantes à la marche organisée dimanche à Istanbul, qui dit avoir déjà été interpellée par le passé pour avoir manifesté contre les féminicides.

"Nous continuerons à manifester jusqu'à ce que nous puissions vivre librement, jusqu'à ce que les criminels soient punis. Et je crois que nous gagnerons cette lutte pour les droits", assure la militante, âgée de 27 ans.

Filiz Demiral est elle aussi bien décidée à mener jusqu'au bout son "combat pour la justice".

"Je me bats pour les autres femmes. Je suis déterminée à le faire jusqu'à mon dernier souffle." (AFP, 25 nov 2024)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Berlin met en garde contre une guerre entre la Turquie et les forces kurdes de Syrie

La cheffe de la diplomatie allemande a mis en garde lundi la Turquie contre un durcissement de son conflit avec les unités kurdes dans le nord de la Syrie, après la chute du dictateur Bachar al-Assad.

Une guerre de la Turquie contre les Kurdes en Syrie "ne doit pas avoir lieu", a affirmé Annalena Baerbock à la radio allemande Deutschlandfunk.

"Cela n'aiderait personne" si le mouvement jihadiste État islamique (EI) "profitait d'un conflit" entre la Turquie et les Kurdes, a-t-elle souligné, ajoutant que "ce serait un danger pour la sécurité de la Syrie, mais aussi pour la Turquie et pour nous, l'Europe".

Cette déclaration intervient alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à "éradiquer" les organisations terroristes en Syrie, en citant l'EI et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, Ankara soutient une offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent une partie du nord de la Syrie.

Ankara considère les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe dirigé par les Kurdes et soutenu par les États-Unis, comme une extension de son ennemi juré, le PKK.

Les FDS sont "essentielles" pour empêcher un résurgence de l'EI en Syrie, avait de son côté affirmé mi-décembre le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

La ministre allemande a rappelé que ce sont notamment les Kurdes qui ont fait reculer "les terroristes de l'EI" qui avaient perpétré de "terribles massacres" en Syrie.

La situation actuelle "ne doit pas être utilisée pour que les Kurdes soient à nouveau chassés, pour qu'il y ait à nouveau de la violence", a-t-elle insisté.

Des affrontements ont eu lieu dimanche entre factions proturques et les FDS dans la zone de barrage de Tichrine sur l'Euphrate, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'ONG a aussi fait état de la mort d'une femme et de son enfant dans un "bombardement d'artillerie par des factions proturques" dans la campagne de Kobané, dans le nord de la Syrie. (AFP, 23 déc 2024)

Annalena Baerbock : La sécurité des Kurdes est "essentielle" pour la Syrie

La sécurité du peuple kurde est "essentielle" pour que la Syrie ait "un avenir libre et sûr", a assuré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock vendredi à Ankara à son homologue turc.

"La sécurité, en particulier celle des Kurdes, est essentielle pour un avenir libre et sûr pour la Syrie", a-t-elle dit à la presse après avoir rencontré le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan, avertissant des dangers de toute "escalade" avec les forces kurdes en Syrie.

Plus tôt dans la journée, Mme Baerbock a tiré la sonnette d'alarme concernant de nouvelles violences dans le nord de la Syrie, où les troupes turques et des combattants soutenus par Ankara affrontent les Forces de défense syriennes (FDS), un groupe dirigé par les Kurdes et soutenu par les États-Unis.

Ankara considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et a promis jeudi qu'elle ne reculerait pas tant que les combattants kurdes ne seraient pas désarmés.

Alors que les rebelles islamistes poursuivaient leur offensive éclair de douze jours qui a renversé Bachar el-Assad le 8 décembre, les combattants soutenus par la Turquie ont entamé une opération parallèle contre les forces kurdes dans le nord, déclenchant des affrontements qui ont fait des centaines de morts en quelques jours.

"Des milliers de Kurdes de Manbij et d'autres endroits sont en fuite en Syrie ou craignent de nouvelles violences", a déclaré la ministre allemande.

"J'ai dit très, très clairement aujourd'hui que nos intérêts communs en matière de sécurité ne doivent pas être mis en péril par une escalade avec les Kurdes en Syrie".

Mais elle a exprimé sa compréhension pour les préoccupations sécuritaires "légitimes" d'Ankara, affirmant que "le nord-est de la Syrie ne doit pas constituer une menace pour la Turquie", tout en avertissant qu'on ne doit pas permettre aux jihadistes du groupe État islamique (EI) de reprendre pied en Syrie.

"Personne ne serait aidé si le véritable vainqueur d'un conflit avec les Kurdes s'avérait être les terroristes de l'EI : ce serait une menace pour la sécurité de la Syrie, de la Turquie et aussi pour nous en Europe", a-t-elle fait valoir.

Selon une source du ministère turc des Affaires étrangères, M. Fidan lui a dit que le PKK et le YPG - la principale force au sein des FDS - ne représentaient pas le peuple kurde.

"Le point de vue selon lequel le PKK/YPG représente les Kurdes en Syrie est erroné", a déclaré la source, soulignant que la Turquie ne permettrait jamais à de telles "organisations terroristes d'abuser de la situation en Syrie".

"Nous attendons de tous nos alliés qu'ils respectent les préoccupations de la Turquie en matière de sécurité", a ajouté cette source diplomatique turque.

La ministre allemande a par ailleurs fait savoir que son pays jugerait les nouveaux dirigeants islamistes du HTS en Syrie "sur leurs actes", alors que l'on s'inquiète de l'enracinement du groupe dans l'islam radical.

"Il est clair qu'un ordre islamiste radical ne peut que conduire à une nouvelle fragmentation, à une nouvelle oppression et donc à de nouvelles violences", a déclaré Mme Baerbock à des journalistes à Ankara. "Nous jugerons les nouveaux dirigeants sur leurs actes".

Avant même le début de sa visite, la cheffe de la diplomatie allemande avait souligné vendredi l'importance de ne pas "saper l'intégrité territoriale" de la Syrie, où des groupes pro-turcs combattent des forces kurdes.

"La Syrie ne doit pas devenir le jouet de puissances étrangères, ni une expérience de forces radicales", avait-elle dit. (AFP, 20 déc 2024)

Un Tatar de Crimée, ancien prisonnier en Russie, nommé ambassadeur d'Ukraine en Turquie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi la nomination comme ambassadeur en Turquie d'un homme politique membre de la communauté des Tatars de Crimée, qui a été emprisonné pendant près de trois ans par la Russie.

M. Zelensky a indiqué dans son communiqué du soir qu'il avait approuvé la décision d'envoyer "Nariman Dzhelyal en Turquie" en tant qu'ambassadeur.

Cet ancien journaliste de 44 ans, également dirigeant communautaire de la minorité musulmane persécutée de la péninsule de Crimée annexée par Moscou, a été libéré cette année dans le cadre d'un échange de prisonniers impliquant des civils.

Il est le chef-adjoint du Majlis, l'assemblée traditionnelle des Tatars de Crimée, que la Russie a interdite après l'annexion de la péninsule en 2014.

De nombreux Tatars de Crimée se sont opposés à cette annexion et ont depuis été emprisonnés.

M. Dzhelyal a été arrêté en septembre 2021 et condamné en 2022 à 17 ans de prison pour terrorisme. Il a été accusé d'avoir comploté pour faire exploser un gazoduc près de Simferopol, la capitale régionale, avec plusieurs autres militants, qui ont nié leur culpabilité.

Amnesty International a reconnu M. Dzhelyal comme prisonnier politique et a qualifié sa condamnation de "nouveau coup porté aux droits de l'Homme" en Crimée.

Il a été libéré en juin et a retrouvé sa famille à Kiev.

Parmi les autres Tatars de Crimée les plus en vue figurent le ministre ukrainien de la Défense, Rustam Umerov, et la chanteuse qui a remporté le concours de l'Eurovision, Jamala. (AFP, 20 déc 2024)


Le Premier ministre hongrois Orban chez Erdogan en Turquie pour évoquer l'Ukraine

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a rencontré jeudi à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan pour évoquer notamment la guerre en Ukraine, dernière étape en date d'une "mission", infructueuse jusqu'ici, pour obtenir un cessez-le-feu.

M. Orban "a eu de longs entretiens avec le dirigeant turc", a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto dans une vidéo diffusée sur Facebook, saluant le rôle de "médiateur" de la Turquie sur le dossier ukrainien.

"Il n'existe pas de solution sur le champ de bataille, il n'y a de solution qu'à la table des négociations, et il faut donc mettre en place un cessez-le-feu et des pourparlers de paix dès que possible", a-t-il ajouté.

Tout en condamnant rapidement l'invasion russe de l'Ukraine, la Turquie a opté pour la neutralité entre Moscou et Kiev et ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie.

Quant à Viktor Orban, il joue sa propre partition, cultivant sa proximité avec le Kremlin tout en étant membre de l'Union européenne, dont il occupe la présidence semestrielle jusqu'à fin décembre.
 Début juillet il s'était rendu à Moscou, disant chercher une solution diplomatique au conflit, sans concertation avec ses partenaires.

Après avoir rencontré le pape François la semaine dernière au Vatican et le président américain élu Donald Trump, dont il est proche, en Floride lundi, il a parlé au téléphone au président russe Vladimir Poutine mercredi, évoquant un cessez-le-feu à Noël ainsi qu'un échange de prisonniers et accusant Kiev d'avoir rejeté cette offre.

Mais l'Ukraine a démenti avoir discuté avec lui d'une trêve et a condamné son initiative. "Personne ne doit promouvoir sa propre image au détriment de l'unité", a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

"Il ne peut y avoir de discussions sur la guerre que la Russie mène contre l'Ukraine, sans l'Ukraine", a-t-il ajouté dans un message sur X.

Le Kremlin a pour sa part dit "soutenir tous les efforts" de médiation de Budapest. Mercredi, "la partie russe a remis à l'ambassade hongroise notre pré-demande d'échange" de prisonniers, a précisé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. (AFP, 12 déc 2024)

Royaume-Uni: six personnes inculpées pour leur appartenance à une organisation kurde

Six personnes ont été inculpées par la justice britannique pour leur appartenance au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation interdite au Royaume-Uni, a annoncé la police de Londres mardi.

Interpellés fin novembre à différents endroits de la capitale, ces deux femmes âgées de 31 et 59 ans et quatre hommes de 23, 27, 56 et 62 ans, ont été inculpés lundi pour "appartenance à un groupe terroriste interdit", a précisé la police dans son communiqué.

Ils doivent comparaître mardi devant le tribunal de Westminster à Londres.

Un septième suspect de 31 ans, également interpellé fin novembre, a été relâché sans faire l'objet de poursuites.

"Les accusations portées dans cette affaire sont très graves et font suite à une enquête approfondie menée par nos détectives", a souligné Helen Flanagan, de la force antiterroriste de la police de Londres, citée dans le communiqué.

Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une organisation "terroriste" par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni. (AFP, 10 déc 2024)

Un diplomate turc prend la barre de l'OSCE après une réunion tendue à Malte

Le diplomate turc Feridun Sinirlioglu a été désigné vendredi à la tête de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à l'issue d'une réunion à Malte tendue en raison de la participation de la Russie.

L'OSCE, qui compte 57 pays et siège à Vienne, était privée de secrétaire général depuis septembre, et le dernier budget sur lequel elle ait trouvé un accord remonte à 2021.

L'organisation est paralysée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, Moscou bloquant les décisions clés, qui doivent être prises à l'unanimité.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assisté jeudi à la réunion ministérielle organisée à Ta'Qali, près de La Valette, son premier voyage dans un pays de l'Union européenne (UE) depuis le début de l'invasion russe.

L'année dernière, l'Ukraine avait boycotté la réunion ministérielle de l'OSCE en Macédoine du Nord en raison de la présence de M. Lavrov, mais le ministre des affaires étrangères de Kiev, Andriï Sybiga, a assisté jeudi aux discussions à Malte, bien qu'il ait quitté la salle avec plusieurs représentants des alliés de Kiev pendant le discours de M. Lavrov, qu'il a traité de "criminel de guerre".

L'OSCE a été marquée par "des divisions géopolitiques fondamentales et une paralysie institutionnelle", a observé lors de la conférence de presse finale le chef de la diplomatie maltaise Ian Borg, hôte de la réunion, soulignant que les nominations au secrétariat général et à trois autres postes-clé n'avait pas été faciles .

"Aujourd'hui, nous avons démontré que même dans l'adversité, cette organisation reste une pierre angulaire du multilatéralisme", a-t-il estimé.

M. Sinirlioglu est un diplomate expérimenté qui a notamment été ambassadeur de Turquie en Israël, ministre des Affaires étrangères et représentant permanent auprès de l'ONU. Il s'est engagé à "servir de pont et de facilitateur" entre les Etats membres de l'OSCE.

Il succède à l'Allemande Helga Maria Schmid, nommée en décembre 2020 pour un mandat de trois ans, qui a ensuite été prolongé jusqu'en septembre.

La Russie avait empêché l'Estonie, membre de l'OTAN, d'assurer la présidence cette année, ce qui a conduit Malte à prendre le relais. La Finlande, qui a rejoint l'OTAN l'an dernier, prendra la tête de l'organisation en 2025.

L'OSCE, fondée en 1975 pour apaiser les tensions entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide, envoie des observateurs lors de conflits et d'élections dans le monde entier.

Sept personnes arrêtées à Londres dans le cadre d'une enquête sur l'organisation kurde PKK

Sept personnes ont été arrêtées par la police antiterroriste britannique dans le cadre d'une enquête sur le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation interdite au Royaume-Uni, a annoncé la police de Londres mercredi.

Deux femmes, âgées de 31 et 59 ans, et quatre hommes de 23, 27, 56 et 62 ans, ont été interpellés à l'aube à différents endroits de la capitale britannique et placés en garde à vue.

Une septième arrestation, celle d'un homme de 31 ans, a été annoncée en fin de journée, et les sept personnes interpellées sont toutes actuellement en garde à vue.

Ces arrestations sont le résultat "d'une enquête et d'une opération de grande envergure portant sur des activités que nous pensons liées au groupe terroriste PKK", a dit Helen Flanagan, commandante à la force antiterroriste de la police de Londres, citée dans un communiqué.

Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une organisation terroriste par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni.

"J'espère que ces arrestations montrent que nous ne tolérerons aucune sorte d'activités terroristes et que nous prendrons des mesures lorsque nous estimons que du mal peut être fait ici au Royaume-Uni ou ailleurs", a-t-elle ajouté.

Des perquisitions ont été menées à huit adresses à Londres, notamment au centre communautaire kurde de Haringey, au nord de la capitale, qui a été fermé et où les recherches se poursuivent.

Des protestations ont eu lieu dans la journée devant ce centre, et quatre personnes ont été arrêtées après des altercations avec la police, sans lien avec l'enquête en cours.

"Nous comprenons que ces arrestations ont suscité une certaine inquiétude" au sein de la communauté kurde au Royaume-Uni, a réagi Helen Flanagan mercredi soir dans un autre communiqué.

"Je tiens à la rassurer sur le fait que notre activité vise à protéger chaque individu contre tout préjudice potentiel, y compris au sein de cette communauté", a-t-elle ajouté mercredi soir. (AFP, 27 nov 2024)

Le Danemark va restituer à la Turquie un bronze antique

Le litige durait depuis l'été 2023 mais la tête en bronze de l'empereur romain Septime Sévère va finalement être restituée à la Turquie, a annoncé mardi le musée danois où elle était exposée.

"La Glyptothèque s'est prononcée en faveur de la demande de restitution de l'ancien portrait en bronze de la Turquie", a indiqué l'institution culturelle dans un communiqué.

Il y a près de deux ans, une statue - sans tête - de l'empereur romain Septime Sévère (145-211) avait été rendue à la Turquie après des décennies aux Etats-Unis dans une collection privée qui l'avait prêtée au Metropolitan Museum de New York.

Or cette oeuvre antique avait par le passé était associée au bronze de la Glyptothèque, entré dans les collections du musée en 1970 sans information sur sa provenance exacte.

En 1979, un ancien conservateur du musée avait estimé que les deux statues correspondaient.

Les deux parties avaient été réunies le temps d'une exposition et fait l'objet de mesures par l'archéologue turque Jale Inan.

Ces arguments à l'appui, l'ambassade de Turquie au Danemark avait formellement demandé la restitution du bronze en mai 2023, une requête d'abord accueillie avec circonspection.

"Je ne dis pas qu'ils ne vont pas ensemble. Je dis simplement que nous ne sommes pas aussi sûrs que nous l'étions peut-être il y a 25 ou 30 ans", avait alors dit à l'AFP un responsable de la Glyptothèque, Rune Frederiksen.

La concordance des deux pièces n'a finalement pu être établie avec certitude mais le musée a déterminé que le bronze provenait de Boubon, un site romain d'Asie mineure dans la région historique de Lycie sur l'actuelle côte méditerranéenne de la Turquie.

"Des pièces archéologiques uniques provenant de Boubon ont été vendues illégalement à des collectionneurs et à des musées du monde entier. Ces dernières années, un grand nombre de ces pièces, en particulier celles conservées dans des collections aux États-Unis, ont été restituées", a indiqué dans un communiqué la directrice du musée, Gertrud Hvidberg-Hansen.

"Ces facteurs ont contribué à notre décision d'accéder à la demande de restitution de la Turquie".  (AFP, 26 nov 2024)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Trump affirme que la Turquie a réalisé "une prise de contrôle inamicale" de la Syrie

Donald Trump a estimé lundi que la Turquie avait effectué "une prise de contrôle inamicale" de la Syrie, après que des groupes rebelles -- dont certains soutenus par Ankara -- ont renversé le gouvernement de Bachar al-Assad.

"La Turquie est très intelligente. C'est un gars intelligent, et il est très tenace", a déclaré le futur président américain lors d'une conférence de presse, vraisemblablement en allusion au président turc Recep Tayyip Erdogan.

"La Turquie a fait une prise de contrôle inamicale sans que beaucoup de vies ne soient perdues. Je peux dire qu'Assad était un boucher", a-t-il ajouté.

Depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le nord-ouest de la Syrie, entretenant des relations avec le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda et considéré comme terroriste par de nombreux pays occidentaux.

Le gouvernement turc s'est dit "prêt" dimanche à fournir de l'aide militaire si le nouveau gouvernement syrien mené par les rebelles islamistes lui en faisait la demande.

"Il faut attendre de voir ce que fera la nouvelle administration. Nous pensons qu'il est nécessaire de leur donner une chance", a déclaré le ministre turc de la Défense, Yasar Güler.

La priorité de la Turquie en Syrie est de lutter contre les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), un objectif soutenu par le nouveau gouvernement syrien, a-t-il affirmé.

Par extension, Ankara considère les FDS (Forces démocratiques syriennes) comme un groupe terroriste, ce qui la place en opposition directe avec l'administration américaine de Joe Biden. Washington considère ce groupe comme "crucial" afin d'empêcher une résurgence des djihadistes du groupe Etat islamique en Syrie.

Les FDS, soutenues par les Etats-Unis, ont dirigé le combat contre l'EI dans ses derniers bastions syriens avant sa défaite en 2019. Elles sont dominées par les YPG, considérées par Ankara comme une émanation du PKK, interdit.

"Nous l'avons fait savoir à nos amis américains. Nous attendons qu'ils réévaluent leurs positions", a déclaré Yasar Güler.

Donald Trump prendra officiellement ses fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier. (AFP, 16 déc 2024)

Blinken dit à la Turquie qu'il est impératif de travailler contre l'EI en Syrie

Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a affirmé vendredi qu'il est "impératif" de travailler contre l'EI en Syrie après la chute de Bachar al-Assad, lors d'une visite à Ankara, la capitale turque.

M. Blinken a aussi indiqué qu'il voit des "signes encourageants" d'un progrès vers un cessez-le-feu à Gaza et a demandé à la Turquie d'utiliser son influence sur le Hamas pour l'encourager à l'accepter.

Ses remarques interviennent dans le cadre de la deuxième étape d'une tournée régionale qui a suivi l'éviction soudaine du président Bachar al-Assad après une offensive menée par des rebelles dirigés par des islamistes.

Après sa visite en Jordanie, M. Blinken est arrivé jeudi soir dans la capitale turque et a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan dans un salon de l'aéroport d'Ankara.

"Notre pays a travaillé très dur (...) pour assurer l'élimination du califat territorial de l'EI, pour garantir que cette menace ne revienne plus. Et il est impératif que nous poursuivions ces efforts", a-t-il déclaré vendredi à Ankara lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

"Nos priorités incluent d'assurer la stabilité en Syrie le plus rapidement possible, d'empêcher le terrorisme de gagner du terrain, d'éviter l'Etat islamique et le PKK d'y dominer", a précisé à son tour M. Fidan, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par la Turquie.

- "Jamais de la faiblesse" -

Jeudi soir, le chef de l'Etat turc a déclaré à M. Blinken que la Turquie ne permettra "jamais de la faiblesse dans la lutte contre l'Etat islamique".

"En tant que seul pays de l'OTAN à avoir combattu corps à corps contre Daech, la Turquie empêchera les efforts du PKK et de ses extensions visant à transformer la situation sur le terrain en une opportunité et ne permettra jamais de la faiblesse dans la lutte contre l'EI", a-t-il affirmé, selon un communiqué de la présidence turque.

Alors que les rebelles dirigés par les islamistes marchaient sur Damas, les groupes proturcs ont lancé leur propre offensive contre les FDS (Forces démocratiques syriennes), dominées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, que M. Blinken a qualifié jeudi "d'essentielles" pour empêcher une résurgence de l'EI en Syrie.

Les combats entre les deux forces ont suscité des inquiétudes au sujet des intérêts divergents des alliés de l'OTAN en Syrie.

-"Signes encourageants" d'un cessez-le-feu à Gaza -

M. Blinken a aussi affirmé vendredi qu'il voyait des "signes encourageants" d'un progrès vers un cessez-le-feu à Gaza.

"Nous avons discuté de Gaza et nous avons discuté, je pense, de l'opportunité (...) de mettre en place un cessez-le-feu. Et ce que nous avons vu ces dernières semaines sont des signes aussi encourageants que possible", a-t-il déclaré.

Il a aussi demandé à la Turquie d'utiliser son influence sur le Hamas pour qu'il dise "oui" à un cessez-le-feu.

"Lors de mes discussions avec le président Erdogan et avec le ministre Fidan, nous avons parlé de la nécessité pour le Hamas de dire oui à un accord possible, pour enfin contribuer à y mettre un terme. Et nous apprécions beaucoup le rôle que la Turquie peut jouer en utilisant sa voix auprès du Hamas pour tenter de parvenir à une conclusion", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine avait également discuté des efforts en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza lors de son arrivée en Jordanie jeudi, effectuant sa 12e visite au Moyen-Orient depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.

La Turquie entretient depuis longtemps des liens étroits avec les dirigeants du Hamas, le considérant comme un mouvement de libération nationale plutôt que comme une organisation terroriste, à la différence de la plupart des pays occidentaux.

Critique virulent d'Israël et de ses actions à Gaza, M. Erdogan a fréquemment accueilli les dirigeants politiques du Hamas qui ont utilisé Istanbul comme l'une de leurs bases étrangères au cours de ses deux décennies de règne. (AFP, 13 déc 2024)

Relations régionales / Regional Relations

Salih Muslim: Turkey’s moves in Syria undermine Kurdish rights and risk escalation

Salih Muslim, a senior official of the Democratic Union Party (PYD), warned that Turkey’s recent diplomatic engagements with Syria could marginalise Kurdish gains and escalate regional tensions. Speaking in an exclusive interview with Delal Akyüz of Mezopotamya Agency on Wednesday, Muslim stressed that the Kurdish-led Autonomous Administration in North and East Syria (AANES) seeks to be part of Syria’s political solution.

Muslim’s remarks come amid shifting dynamics following attacks by Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) that led to the collapse of Syria’s 61-year-old Baath regime. Turkey responded quickly, establishing contact with HTS leader Ahmad al-Shara through high-level visits. Turkish intelligence chief İbrahim Kalin visited Damascus on 12 December, followed by Foreign Minister Hakan Fidan on 22 December.

According to Muslim, Ankara’s strategy aims to isolate Kurdish groups and prevent any formal engagement between the Syrian government and the Autonomous Administration. Muslim said Turkey is urging Damascus to reject any dialogue with the Kurds and block relations with the Autonomous Administration. He accused Turkey of pursuing neo-colonial ambitions reminiscent of France’s past mandate over Syria.

Muslim criticised Ankara’s claims of promoting Syrian stability, arguing that Turkey labels Kurdish defence forces like the Syrian Democratic Forces (SDF), People’s Protection Units (YPG), and Women’s Protection Units (YPJ) as terrorists to justify intervention. Turkey uses the pretext of counter-terrorism to control Syria. Their policies are unacceptable to both the Syrian people and the region, he stated.

Highlighting the origins of Kurdish defence forces, Muslim said these groups emerged after 2011 to protect civilians against attacks. Muslim asserted that Kurdish forces were formed to defend their people and gains, and disarmament is only possible if threats are removed and safety is guaranteed.

While HTS has not clashed directly with Kurdish groups, Muslim acknowledged ongoing communication. HTS claims it will not target Kurds, and so far, they have kept that promise. They also advocate unifying Syria’s armed groups, which ‘we do not oppose in principle’, Muslim explained.

He indicated that HTS leader Abu Mohammad al-Julani opposes Turkish-backed groups and seeks to dismantle them. Muslim added that if Turkey halts its intervention and divisive policies, common ground could be found with HTS.

Muslim revealed that discussions with the Kurdish National Council in Syria (KNCS, also known by the acronym ENKS) continue, despite Turkish efforts to obstruct Kurdish unity. He said they are committed to achieving Kurdish unity and addressing shared goals.

Expressing hope for future negotiations with Damascus, Muslim advocated a collaborative approach to drafting laws and addressing disputes. Muslim concluded that they are part of Syria and want to be involved in the political process, adding that dialogue remains the healthiest path forward. (Medianews, 26 déc 2024)

A Damas, les Kurdes directement menacés par la Turquie

C’est sans doute la rencontre la plus importante de ces derniers jours pour Ahmed Al Charaa, le chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Il a laissé tomber son nom de guerre – Abou Mohammed Al Joulani – et troqué son treillis pour un costume et, pour la première fois, une cravate.

Si, le 22 décembre, il a mis les petits plats dans les grands, c’est qu’il recevait celui qui a pratiquement été son mentor politique et représentant de la puissance tutélaire turque, Hakan Fidan. Aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, ce dernier a longtemps été à la tête du MIT, les services de renseignements. À ce titre, il avait une relation privilégiée avec Al Charaa, y compris quand celui-ci frayait avec Daech et al-Qaida.

Les forces de protection kurdes visées par le HTC

À l’issue de leur entretien, les deux hommes ont tenu une conférence de presse assez déconcertante tant leurs rôles semblaient inversés. Ahmad Al Charaa a ainsi déclaré que son administration travaillait à la protection des minorités, soulignant l’importance de la « coexistence » dans ce pays multiethnique et multiconfessionnel.

Depuis deux semaines et la chute du régime baasiste, rien n’a encore été entrepris en ce sens : l’intérim n’est absolument pas inclusif et il se refuse à toute application de la résolution 2254 pour une transition du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le dirigeant du HTC a eu cette phrase étonnante : « Nous nous efforçons de protéger les confessions et les minorités contre tout conflit entre elles », et contre les acteurs « extérieurs » qui tentent d’exploiter la situation « pour provoquer une discorde sectaire ». Il a également fait savoir que « la logique de l’État est différente de celle de la révolution, et nous ne permettrons pas la présence de toute arme échappant au contrôle de l’État ».

Une attaque claire envers les YPG

Si cela concerne tous les groupes armés du pays – y compris ceux de son propre camp, djihadistes massacreurs, qu’il entend intégrer dans une nouvelle armée nationale – il vise avant tout les forces de protection kurdes (YPG). Ces dernières avaient payé un lourd tribut dans la lutte contre l’État islamique et gardent toujours les combattants de Daech dans les camps de prisonniers.

Elles se trouvent désormais totalement abandonnées y compris par l’Union européenne (UE) et surtout les États-Unis. Pourtant, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a averti que le groupe islamiste tenterait de rétablir ses forces au cours de cette période.

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Hakan Fidan n’a pas fait le déplacement à Damas pour rien. Alors qu’un journaliste lui demandait si la Turquie allait opérer une offensive dans le nord de la Syrie, c’est-à-dire en pays kurde, il a eu cette réponse dénuée d’ambiguïté : « Les YPG volent les ressources énergétiques du peuple syrien. Les YPG doivent être placés dans une position où ils ne menacent plus l’unité de la Syrie. Il n’y a pas de place pour le YPG-PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan – NDLR) dans l’avenir de la Syrie. Les YPG doivent se dissoudre au plus vite. Ce n’est pas le moment d’attendre et de voir. Nous devons agir immédiatement. »

Pour bien marquer sa puissance, le représentant d’Ankara, dont les troupes stationnent en Syrie, a ajouté : « L’intégrité territoriale de la Syrie n’est pas négociable. » (L'Humanité,  23 décembre 2024)

Ankara et le nouveau pouvoir syrien s'affichent au grand jour

Discrets jusqu'à l'offensive rebelle en Syrie, les liens entre la Turquie et le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), désormais au pouvoir à Damas, s'affichent au grand jour, chacun tirant profit de l'autre, estiment des analystes.

"Personne ne les connaît aussi bien que nous", s'est targué le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, affirmant qu'Ankara avait convaincu la Russie et l'Iran de ne pas stopper l'offensive ayant conduit à la chute de Bachar al-Assad.

Pour autant, la victoire des rebelles syriens menés par le groupe HTS n'est "pas une prise de contrôle" de la Syrie par la Turquie, a assuré M. Fidan mercredi sur Al Jazeera, rejetant une affirmation du président élu américain Donald Trump.

"HTS n'est pas une marionnette turque, contrairement à d'autres factions rebelles syriennes, mais le groupe a depuis longtemps des liens étroits avec les Turcs et a besoin du soutien turc", résume à l'AFP Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

Dans un entretien publié mercredi par le quotidien progouvernemental turc Yeni Safak, le chef de HTS et des nouvelles autorités syriennes, Abou Mohammad al-Jolani, de son vrai nom Ahmad al-Chareh, a ainsi affirmé que son gouvernement entretiendra une "relation stratégique" avec Ankara.

 - "Stabiliser la Syrie" -

 Symbole de cette proximité nouvelle entre la Turquie et la Syrie, longtemps demeurées ennemies, le patron du renseignement turc, Ibrahim Kalin, proche du président Recep Tayyip Erdogan, a savamment mis en scène sa rencontre à Damas avec Abou Mohammad al-Jolani, quatre jours seulement après la chute d'Assad.

"Les nouveaux dirigeants syriens sont très préoccupés par le fait de se construire une légitimité et des contacts avec les pays étrangers", relève Aron Lund.

"Ils n'ont pas vraiment les contacts diplomatiques ou l'expérience nécessaires pour plaider leur cause au niveau international, donc ils bénéficient beaucoup de l'aide d'Ankara", souligne-t-il.

La Turquie, qui s'est dit "prête" à fournir une aide militaire aux nouvelles autorités syriennes, a appelé mercredi la communauté internationale à retirer le groupe HTS de la liste des organisations terroristes, ce qu'Ankara devrait faire sous peu, a laissé entendre le chef de la diplomatie turque.

En visite jeudi au Caire, où il doit être reçu par son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président turc Erdogan pourrait essayer de convaincre l'Egypte, acteur régional important, de prendre contact avec le nouveau pouvoir à Damas, avance la presse turque.

"Si Ankara parvient à aider à stabiliser la Syrie, (...) la Syrie deviendra un allié de la Turquie", souligne Soner Cagaptay, du Washington Institute of Near East Policy, pour qui Ankara possède déjà "plus d'influence à Damas qu'elle n'en a jamais eu depuis 1920".

 - "Taper les Kurdes" -

 La Turquie pourra-t-elle en échange compter sur le pouvoir à Damas pour l'aider à se débarrasser des combattants kurdes du Nord syrien, qu'elle perçoit comme une menace?

"Le nouveau gouvernement syrien le souhaite autant que nous", a affirmé le ministre turc de la Défense, Yasar Güler.

Le chef militaire du groupe HTS a lui déclaré mardi à l'AFP que l'autorité du nouveau pouvoir syrien s'exercerait aussi sur les zones kurdes du nord-est, contrôlées par une administration semi-autonome.

"Les Turcs voudraient pousser HTS à taper les Kurdes, mais HTS ne veut pas s'impliquer", estime sous couvert d'anonymat un spécialiste de la Syrie au sein d'une représentation diplomatique occidentale en Turquie.

Pour cette source, le rôle d'Ankara dans l'offensive en Syrie a été "surestimé", mais la Turquie possède désormais un "vrai levier économique" grâce à sa frontière de plus de 900 km avec la Syrie.

De leur côté, les Occidentaux souhaitent éviter que la Turquie ne s'impose comme l'allié incontournable de Damas.

Mardi à Ankara, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a ainsi jugé que l'Union européenne devait "intensifier" ses liens avec le pouvoir syrien.

"La Turquie est devenue l'acteur étranger le plus influent en Syrie, mais les États-Unis conservent une influence significative, sur la légitimité internationale du nouveau gouvernement syrien et sur le financement de la reconstruction du pays", souligne Ömer Özkizilcik, chercheur associé à l'Atlantic Council à Ankara.

L'évolution de la situation dépendra donc aussi de Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier mais s'est déjà dit convaincu que "la Turquie détient les clés de la Syrie". (AFP, 19 déc 2024)

Le film des derniers événements en Syrie

Cinq jours après la chute de Bachar al-Assad, renversé par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des groupes rebelles alliés, les Syriens ont célébré vendredi la "victoire" dans de nombreuses villes du pays.

Voici les développements des dernières 24 heures.

Ankara a parlé aux Russes et Iraniens

La Turquie a convaincu la Russie et l'Iran de ne pas intervenir en Syrie pendant l'offensive des rebelles, a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

"La chose la plus importante à faire était de parler aux Russes et aux Iraniens et d'être sûr qu'ils n'entreraient pas militairement dans l'équation. Nous leur avons parlé, ils ont compris", a-t-il dit.

Une offensive planifiée depuis un an

Les rebelles islamistes ont planifié il y un an leur offensive contre Bachar al-Assad, a affirmé Abou Hassan al-Hamwi, un des commandants de HTS, au Guardian.

Réouverture samedi de l'ambassade de Turquie

La Turquie rouvre samedi son ambassade à Damas, fermée depuis 2012, a affirmé M. Fidan.

L'équipe de l'ambassade et le chef de mission désigné jeudi "sont partis aujourd'hui (vendredi)" à Damas et l'ambassade "sera opérationnelle demain" (samedi), a-t-il dit.

Une délégation du Qatar en Syrie

Une délégation du Qatar se rendre dimanche en Syrie pour rencontrer des responsables du gouvernement de transition et préparer la réouverture de l'ambassade, a déclaré à l'AFP un diplomate qatari.

Eviter une résurgence de l'EI

Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a affirmé, lors de visites en Turquie et en Irak, que les Etats-Unis oeuvreraient pour empêcher une résurgence du groupe jihadiste Etat islamique (EI) après la chute de M. Assad.

Pont aérien de l'UE

Alors que l'hiver approche, l'Union européenne a annoncé le lancement d'un pont aérien humanitaire destiné à la Syrie, via la Turquie. Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, 90% de la population syrienne dépend de l'aide l'humanitaire.

"Signaux constructifs" au HCR

Les nouvelles autorités en place à Damas ont envoyé un "signal constructif" au HCR, en lui demandant de rester en Syrie, a indiqué l'organisation.

"Bienvenus"

Le chancelier Olaf Scholz a dit à l'adresse des réfugiés syriens "intégrés" en Allemagne qu'ils restaient "bienvenus", alors que des conservateurs et l'extrême droite appellent à leur retour dans leur pays d'origine.

Israël dans la zone tampon

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné à l'armée de "se préparer à rester" tout l'hiver dans la zone tampon située à la lisière de la partie du Golan syrien occupée par Israël.

Les troupes israéliennes sont entrées dans la zone tampon juste après la chute d'Assad. L'ONU a dénoncé une "violation" de l'accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël. (AFP, 13 déc 2024)

Accord entre l'Ethiopie et la Somalie: ce que l'on sait

Après des mois de brouille concernant un protocole d'accord controversé signé par l'Ethiopie avec la région séparatiste somalienne du Somaliland pour un accès à la mer, Addis Abeba et Mogadiscio ont signé mercredi en Turquie un accord pour mettre fin aux tensions.

L'accord a été salué dans la foulée par l'Union africaine, qui a "fortement encouragé" les deux pays voisins à le mettre en oeuvre.

Que signifie cet accord pour les relations entre l'Ethiopie et la Somalie, et quelles sont les conséquences pour la Corne de l'Afrique?

- Comment en est-on arrivé là? -

Les relations entre l'Ethiopie et la Somalie se sont fortement tendues en janvier après qu'Addis Abeba a signé un protocole d'accord avec la région séparatiste du Somaliland.

Ce texte prévoit la location pour 50 ans à l'Ethiopie, immense pays enclavé d'environ 120 millions d'habitants, de 20 km de côtes du Somaliland, qui a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991.

Les autorités somalilandaises affirment qu'en échange de cet accès à la mer, l'Ethiopie deviendrait le premier pays à reconnaître officiellement leur république. Le contenu exact de l'accord n'a jamais été rendu public, et Addis Abeba n'a jamais affirmé que la reconnaissance du Somaliland était une condition sine qua non.

Les autorités somaliennes ont de leur côté dénoncé un accord "illégal" et une "agression" contre sa souveraineté.

La communauté internationale, notamment l'ONU, les Etats-Unis et la Chine, ont enjoint l'Ethiopie à respecter l'intégrité territoriale de la Somalie.

En réaction, Mogasdiscio a, ces derniers, mois renforcé ses relations avec l'Egypte, en froid avec l'Ethiopie à cause de la construction d'un barrage sur le Nil, et l'Erythrée.

- Pourquoi la communauté internationale est-elle inquiète? -

Cette escalade entre les deux pays inquiète dans une région instable, en proie notamment à l'insurrection des islamistes radicaux shebab.

Mogadiscio a menacé d'ordonner le retrait des quelque 10.000 soldats éthiopiens présents en Somalie dans le cadre de l'Atmis (mission africaine de transition en Somalie).

En septembre, dans un entretien avec l'AFP, Omar Mahmood, analyste principal de l'Afrique de l'est pour le groupe de réflexion International Crisis Group, avait déclaré que les shebab étaient les "grands gagnants" de cette situation.

- Que contient l'accord? -

Très peu d'éléments ont filtré de cet accord conclu mercredi entre le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed sous les auspices du président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le président turc a déclaré mercredi qu'il estimait que l'accord, qualifié d'"historique", conclu après huit heures de négociations allait permettre d'assurer un accès de l'Ethiopie à la mer.

Selon le texte de l'accord publié par la Turquie, les parties sont convenues "d'abandonner les divergences d'opinion et les questions litigieuses, et d'aller résolument de l'avant dans la coopération en vue d'une prospérité commune".

"Cela met fin aux divergences que nous avons eues ces derniers temps. L'Éthiopie et la Somalie sont deux pays voisins, et ils ont des intérêts mutuels à coopérer ensemble et à construire un avenir prospère pour nos deux pays et nos deux peuples", a salué le président somalien.

- Que devient l'accord entre l'Ethiopie et le Somaliland? -

C'est un élément crucial, et l'accord conclu mercredi en Turquie ne mentionne pas le devenir du protocole d'accord signé en janvier.

Le Somaliland, qui installe jeudi un nouveau président, n'a pour l'heure fait aucune déclaration officielle et les autorités éthiopiennes n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Guleid Ahmed Jama, avocat et analyste politique du Somaliland, a déclaré à l'AFP que l'accord "indique que l'Éthiopie répudie certains de ses engagements concernant la reconnaissance du Somaliland".

"Cela ne dissuadera pas le Somaliland de continuer à rechercher une reconnaissance internationale, mais c'est évidemment un revers", a-t-il déclaré.

- Quelles ont été les réactions à cet accord? -

L'Union africaine, par la voix du président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, a salué jeudi un "acte important", tout en enjoignant les deux pays "à mettre en oeuvre, sans délai, les mesures pertinentes adoptées".

Un peu plus tôt, le secrétaire exécutif du bloc régional d'Afrique de l'est, l'Autorité intergouvernementale pour développement (Igad) et ex-ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu, avait salué un "accord important" qui "démontre un engagement à résoudre les problèmes bilatéraux à l'amiable".

Omar Mahmood a de son côté affirmé que l'accord était une surprise "bienvenue" dans la région.

"Cela fait baisser la tension, qui jusqu'alors était dangereuse", a-t-il déclaré à l'AFP, tout en assurant que les deux parties en sortaient gagnantes.

"Abiy obtient l'engagement d'avoir accès à la mer, (mais sans la mention de la base navale), tandis que pour la Somalie, l'accord reconnaît sa souveraineté", a-t-il expliqué. (AFP, 12 déc 2024)

La Syrie post-Assad, source d'opportunités pour la Turquie d'Erdogan

Le renversement du gouvernement de Bachar al-Assad, ennemi d'Ankara, renforce le poids régional de la Turquie, qui dispose désormais d'une influence accrue en Syrie, soulignent les experts.

"En tant que principal soutien des rebelles, la Turquie est le grand gagnant dans la région" de la chute de Bachar al-Assad, estime Paul Salem, vice-président du Middle East Institute (MEI), à Washington.

Pour autant, au moment où la Syrie plonge dans l'inconnu, "ce succès implique la responsabilité (pour Ankara) de participer à une transition réussie", note-t-il.

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, la Turquie s'est ainsi dit prête dimanche à aider la Syrie à "garantir sa sécurité" et "panser ses plaies".

Le chef de la diplomatie turque, appelant de ses voeux une "transition en douceur" à Damas, a dit espérer le retour de millions de réfugiés syriens dans leur pays.

Trois millions d'entre eux vivent sur le sol turc, alimentant un fort sentiment antisyrien dans la population.

"La perspective d'un retour des réfugiés syriens renforcera le soutien" à Erdogan dans l'opinion publique turque, prédit Gönül Tol, directrice du programme Turquie au Middle East Institute.

- "nouveau patron" -

L'experte souligne aussi que, sur le front de la politique étrangère, la chute d'Assad va rebattre les cartes entre Ankara et Moscou, allié jusqu'ici de Damas au côté de Téhéran.

"La Turquie jouira d'un meilleur rapport de force dans ses relations avec la Russie", affirme Mme Tol, pour qui la guerre en Syrie avait rendu Ankara "vulnérable" aux décisions de Moscou, les bombardements russes sur le nord-ouest du pays ayant fait redouter jusqu'à récemment un nouvel afflux de réfugiés à la frontière turque.

"L'influence de la Turquie va s'accroître à Damas, au détriment de l'Iran et de la Russie", abonde Soner Cagaptay, du Washington Institute of Near East Policy, qui estime qu'Ankara doit désormais aider le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a mené l'offensive rebelle, à "obtenir une reconnaissance internationale" et à "se débarrasser de la Russie et de l'Iran".

"Et cela ne fonctionnera pas si la Turquie se comporte comme le nouveau patron de la Syrie", avertit-il.

Sinem Adar, du Centre d'études appliquées sur la Turquie (CATS) à Berlin, estime qu'"il est trop tôt" pour dire si la Turquie est le "gagnant" des développements chez son voisin.

"Beaucoup dépendra de la dynamique entre les acteurs locaux, en particulier le HTS et les FDS", les Forces démocratiques syriennes dominées par les Kurdes, qui ont tenté dans ses premiers jours de tirer profit de l'offensive rebelle, "et de la dynamique entre le HTS et Ankara", souligne la chercheuse sur X.

- "blason nationaliste" -

Le bouleversement des équilibres dans le Nord syrien est aussi l'occasion pour la Turquie d'éloigner de sa frontière les Unités de protection du peuple (YPG), alliées des Occidentaux dans la lutte contre l'Etat islamique (EI) mais considérées par Ankara comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi juré.

Des combattants proturcs participant à l'offensive rebelle ont ainsi repris la semaine dernière aux forces kurdes le contrôle de la ville de Tal Rifaat, située en lisière d'une "zone de sécurité" occupée par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Le chef de la diplomatie turque a redit dimanche veiller à ce que les combattants kurdes n'étendent pas leur influence en Syrie "en profitant de la situation", au moment où les télévisions turques annonçaient que des factions proturques "nettoyaient" la région de Manbij, au nord-est d'Alep, de la présence des YPG.

"Nous sommes en contact avec nos amis américains à ce sujet. Ils savent à quel point nous sommes sensibles à la question du YPG et du PKK", a déclaré dimanche le ministre turc des Affaires étrangères.

Pour Gönül Tol, outre les considérations purement sécuritaires, "Erdogan pourra utiliser (l'image de) YPG affaiblies pour redorer son blason nationaliste dans son pays". (AFP, 8 déc 2024)

L'offensive rebelle en Syrie, une bonne affaire pour la Turquie?

La Turquie reste prudente face à l'offensive rebelle en Syrie mais elle espère y gagner à terme le retour d'une partie des trois millions de Syriens réfugiés sur son sol et l'occasion de nettoyer la menace kurde à sa frontière sud, estiment les observateurs.

Alors que le président syrien Bachar al-Assad a rejeté sa main tendue, Ankara apparaît comme un acteur majeur pour l'avenir proche de son voisin.

Q: Quel rôle la Turquie a-t-elle joué dans l'offensive rebelle?

R: Selon Ömer Özkizilcik, chercheur associé à l'Atlantic Council à Ankara, la Turquie entretient "une relation complexe et difficile" avec le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a conduit la marche des factions rebelles syriennes sur Alep.

L'offensive était prévue "sept semaines plus tôt, les plans militaires prêts, mais la Turquie a empêché les rebelles d'avancer" et la Russie, alliée de Damas, "a lourdement bombardé leurs positions" pour sauver le gouvernement Assad, affirme Ömer Özkizilcik. Point de vue partagé par Charles Lister, expert au Middle East Institute à Washington, qui donne la date initiale de "mi-octobre".

Ce n'est qu'après l'échec des tentatives de normalisation des relations avec Damas et la recherche d'une solution politique à travers le processus diplomatique d'Astana - qui associe depuis 2017 Turquie, Russie et Iran - qu'Ankara a donné son feu vert, assure Ömer Özkizilcik.

"Ce serait une erreur, à ce stade, d'essayer d'expliquer les événements en Syrie par une quelconque ingérence étrangère", a affirmé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Q: Quelles relations entre la Turquie et le groupe HTS?

R: La Turquie a combattu l'expansion du groupe HTS dans sa "zone de sécurité", dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara a fait pression sur ce groupe pour qu'il rompe son affiliation à Al-Qaïda et ne s'en prenne pas aux minorités, chrétiennes et druzes en particulier: "Le HTS d'aujourd'hui n'est plus celui de 2020", affirme M. Özkizilcik.

Firas Kontar, opposant syrien d'origine druze, auteur de "Syrie, la révolution impossible", estime cependant qu' "Erdogan n'a plus les moyens d'arrêter les HTS".

Q: Où en sont les relations entre Damas et Ankara?

R: Damas et Ankara ont rompu leurs relations en 2011, après le début du conflit syrien qui a morcelé le pays et fait un demi-million de morts environ.

Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles, a tendu la main à partir de 2022 à Bachar al-Assad, qu'il qualifiait jusque là d'"assassin". En juillet, il s'est dit prêt à l'inviter "à tout moment" mais M. Assad a conditionné cette rencontre au retrait des forces turques de Syrie, malgré la médiation de la Russie, alliée de Damas.

Ankara espérait par cette réconciliation faciliter le retour d'une partie des quelque trois millions de réfugiés syriens toujours sur son sol, dont la présence est devenue un enjeu politique fort.

"Avec le changement de donne sur le terrain, la Turquie apparaît comme l'acteur majeur du moment en Syrie et l'Iran et la Russie vont devoir négocier avec elle une solution" politique au conflit, avance Ömer Özkizilcik.

Q: Quelle présence turque en Syrie?
 R: Depuis 2016, la Turquie a lancé plusieurs incursions contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, qui lui ont permis de contrôler des zones le long de la frontière.

L'objectif est d'éloigner les mouvements armés kurdes, dont les Unités de protection du peuple (YPG), alliées des Occidentaux dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI).

La Turquie considère les YPG comme une émanation du PKK, classé terroriste par Ankara, les Etats-unis et l'Union européenne.

Q: Quel avenir pour les mouvemments kurdes?

R: Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, des groupes rebelles proturcs ont repris dimanche aux forces kurdes le contrôle de la ville de Tal Rifaat. Cette localité-clé est située en lisière de la "zone de sécurité" occupée par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Les services de renseignements turcs (MIT) ont annoncé lundi y avoir tué un responsable local du PKK, Yasar Çekik.

"La Turquie ne permettra pas aux organisations terroristes de tenter de profiter de l'atmosphère d'instabilité" en Syrie, a prévenu lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. (AFP, 3 déc 2024)

Dans une Syrie morcelée par la guerre, qui contrôle quels territoires?

Sous la houlette des islamistes de Hayat Tahrir al-Cham, des rebelles du nord de la Syrie ont lancé une offensive fulgurante sur la ville d'Alep, contraignant l'armée de Bachar al-Assad à abandonner la deuxième ville du pays.

Cette conquête représente un tournant dans le cours de la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie. Pour le régime, elle remet en cause des années de victoires qu'il a enchaînées avec le soutien militaire de ses alliés, la Russie et l'Iran.

Après 13 années d'un conflit sanglant ayant morcelé la Syrie, qui sont les principaux belligérants et leurs soutiens?

- Les islamistes radicaux -

Les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dominés par l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, contrôlaient avant leur offensive la dernière poche d'opposition armée dans le nord-ouest de la Syrie, englobant près de la moitié de la province d'Idleb et des territoires limitrophes des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.

Plus de la moitié de ses quelque cinq millions d'habitants concentrés sur 3.000 km2 sont des déplacés ayant fui d'autres régions reconquises par le régime.

A la faveur de leur offensive éclair, les rebelles ont quasiment doublé leur territoire, selon Fabrice Balanche, maître de conférence à l'université Lyon 2.

Outre Alep, ils ont conquis des parties de sa province, de celle d'Idleb et de la province de Hama (centre).

- Les forces gouvernementales -

Après le début du conflit en 2011, l'armée syrienne avait perdu la majorité du territoire au profit des factions d'opposition, de combattants kurdes, puis des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

L'intervention russe en 2015 a changé la donne. Soutenu militairement par Moscou, l'Iran et le Hezbollah, le régime a repris de nombreux territoires.

Avant l'offensive de HTS, le gouvernement de Bachar al-Assad contrôlait les deux tiers de la Syrie et environ 12 millions de personnes qui y vivent, selon l'analyste Fabrice Balanche.

Il tient encore notamment la capitale Damas, une grande partie du littoral (nord-ouest), ainsi que la province de Homs, dans le centre du pays, et les régions instables de Deraa et de Soueida, dans le sud.

Dans l'ouest de la Syrie, la Russie dispose de la base aérienne de Hmeimim et d'une base navale au port de Tartous.

- Combattants kurdes -

Profitant de l'affaiblissement du régime après le début de la guerre, les Kurdes ont annoncé la mise en place d'une "administration autonome" dans des zones du nord et de l'est du pays, après le retrait du régime d'une grande partie de ces régions.

Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont progressivement étendu leur territoire, en enchaînant les victoires face à l'EI.

Elles dominent le Nord-Est syrien, dont la population est estimée à 3 millions d'habitants, dont un gros tiers de Kurdes, selon Fabrice Balanche.

Des forces américaines, déployées dans le cadre d'une coalition internationale anti-EI, sont déployées sur plusieurs bases en territoire kurde, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor.

Elles sont également présentes dans le sud, sur la base stratégique d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne.

- La Turquie et les factions -

Les forces turques et leurs supplétifs syriens contrôlent une bande territoriale discontinue entre Afrine et Ras al-Aïn, dans le nord-ouest, le long de la frontière turque.

Ces territoires contrôlés par une coalition de rebelles relevant de la Turquie, abritent 1,5 million de personnes.

Parallèlement à l'offensive à Alep, ces groupes ont pris l'enclave de Tal Rifaat, contrôlée par les Kurdes.

Depuis 2016, l'armée turque a lancé plusieurs opérations militaires dans le nord de la Syrie, ciblant notamment les combattants kurdes.

- Les jihadistes de l'EI -

Après avoir conquis de vastes zones en Syrie et en Irak en 2014, l'organisation jihadiste a subi des défaites successives jusqu'à perdre tous ses territoires en 2019 en Syrie.

Les combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent de mener des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les forces kurdes. (AFP, 3 déc 2024)


Ce que l'on sait de l'escalade militaire dans le nord de la Syrie

Des groupes rebelles emmenés par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham poursuivent l'escalade militaire dans le nord de la Syrie, après avoir conquis Alep, deuxième ville du pays qui échappe au contrôle total du régime pour la première fois depuis 2011.

Dans un pays morcelé par la guerre, quelles perspectives à l'horizon pour le nord de la Syrie et ses belligérants?

- Qui a lancé l'offensive?

Elle a été lancée le 27 novembre par une coalition de groupes rebelles dominée par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

"Les forces du régime se sont retirées de leurs positions (...) sans livrer de résistance significative", a estimé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Même constat selon des témoins interrogés par l'AFP.

Pour Jérôme Drevon, expert de l'International Crisis Group (ICG), l'offensive visait initialement à "tester (...) les lignes de défense du régime".

L'avancée fulgurante des insurgés leur a permis de réaliser que "le régime était plus faible que ce qu'ils pensaient", ajoute-t-il.

La prise d'Alep montre aussi "que l'Iran et la Russie soit n'ont pas pu, soit n'ont pas voulu, vraiment protéger le régime sur un point essentiel qui est la capitale économique", estime-t-il.

La perte de la métropole constitue un revers d'autant plus cuisant que le régime, épaulé par Téhéran et Moscou, n'avait épargné aucun effort pour reprendre en 2016 ses quartiers orientaux tenus par la rébellion, au prix d'un long siège et de sanglants combats.

En parallèle à l'offensive de HTS, des rebelles soutenus par Ankara ont lancé dès samedi une nouvelle opération, qui leur a notamment permis de prendre l'enclave de Tal Rifaat (nord), auparavant aux mains des Kurdes, bête noire de la Turquie.

Les combats ont poussé des dizaines de milliers de Kurdes de Tal Rifaat à fuir vers des territoires tenus par la minorité plus à l'est.

- Les pays impliqués -

Samedi, le président Bachar al-Assad a juré de "vaincre" les "terroristes" avec "l'aide de ses alliés".

Mais si la donne avait changé? Moscou est absorbé par la guerre en Ukraine et Téhéran par une situation régionale explosive qui a affaibli ses alliés, au premier rang desquels le Hezbollah au Liban, après deux mois de guerre avec Israël.

Les rebelles ont choisi le moment "idéal" pour lancer leur offensive, estime Hans-Jakob Schindler, du think tank Counter-Extremism Project (CEP), tant la Russie, l'Iran, ou le Hezbollah "ont d'autres problèmes à régler en ce moment".

Téhéran et Moscou ont toutefois promis à leur allié syrien un "soutien inconditionnel". Selon le Kremlin, ils ont "souligné l'importance de coordonner" leur action avec la Turquie, qui soutient des rebelles et contrôle des territoires frontaliers dans le nord syrien.

Peu présente les premiers jours, l'aviation russe a annoncé dimanche soutenir l'armée syrienne "pour repousser l'agression terroriste" dans le nord syrien.

L'Iran a lui confirmé maintenir ses "conseillers militaires" au côté de l'armée.

Pour sa part la Turquie, qui selon certains experts a donné son feu vert à l'offensive sur Alep, a estimé par la voix de son ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan que Damas devait "parvenir à un compromis avec son propre peuple et l'opposition légitime".

- Quelles perspectives?

"Alep semble perdue pour le régime. A moins de lancer prochainement une contre-offensive, ou si la Russie et l'Iran envoient plus de renforts, je ne pense pas que le gouvernement puisse la récupérer", estime Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

Or "un gouvernement sans Alep n'est pas vraiment un gouvernement fonctionnel en Syrie", résume-t-il.

Le président "Assad n'a probablement pas les ressources nécessaires pour reprendre Alep", confirme Tammy Palacios, de l'institut New Lines.

Et même si cela se faisait, avec le soutien des alliés russes et iraniens, les localités environnantes ne pourraient pas être reconquises, ajoute-t-elle.

L'escalade en cours rompt le calme précaire dans le nord syrien, qui régnait depuis 2020 grâce à un cessez-le-feu négocié par Moscou et Ankara.

Mais si les armes s'étaient tues, aucune résolution politique, et durable, du conflit n'était en vue.

Pour le politologue Fabrice Balanche, il est difficile de s'attendre à une "réunification" de la Syrie.

"Le régime peut se maintenir dans la région côtière alaouite, notamment grâce à la présence russe, à Homs et à Damas" dans le centre, explique-t-il.

Le nord-ouest restera "sous la tutelle de HTS et des pro-turcs", et le nord-est dominé par les forces kurdes "à condition que la présence américaine dure" pour empêcher une offensive turque, dit-il.

Désormais, un gouvernement reconnu par l'ONU pourrait coexister au côté d'"entités autonomes (...) reposant sur une forte identité ethnico-confessionnelle", pronostique-t-il. "La fragmentation existante va s'installer dans le temps". (AFP, 3 déc 2024)

La Turquie réclame la "fin" des "attaques" sur les rebelles d'Idleb en Syrie

Ankara a appelé vendredi à mettre "fin" aux "attaques" sur la ville d'Idleb et sa région, dernier bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, après une série de raids de les aviations russe et syrienne.

"Nous avons demandé qu'il soit mis fin aux attaques. Les affrontements récents ont généré une escalade indésirable des tensions dans la région frontalière", a indiqué sur X le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères en évoquant "les développements à Idleb et sa région frontalière".

Il s'agit de la première réaction officielle de la Turquie depuis le début de l'offensive éclair des jihadistes contre le régime syrien, qui les a conduits en deux jours jusque dans Alep, deuxième ville du pays.

"Il est de la plus haute importance pour la Turquie qu'une nouvelle phase d 'instabilité plus grande encore soit évitée et que les civils ne soient pas touchés", estime le ministère.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, sont entrés vendredi dans Alep.

L'ONG a fait état en parallèle de raids intensifs menés par des avions russes et syriens sur la ville d'Idleb et sa région.

Ces combats qui sont les plus violents depuis 2020 ont fait au moins 255morts, selon l'OSDH.

Un correspondant de l'AFP avait rapporté de violents affrontements depuis mercredi matin à l'est de la ville d'Idleb, accompagnés de frappes aériennes du régime.

Le chef du "gouvernement" autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a justifié jeudi l'offensive jihadiste en affirmant que le régime avait "commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l'exode de dizaines de milliers de civils".

Pour Ankara, "les récentes attaques contre Idleb ont atteint un niveau qui mine l'esprit et la mise en oeuvre des accords d'Astana" de 2017.

Le processus d'Astana, qui associe la Russie, l'Iran et la Turquie, devait permettre de mettre un terme au conflit en Syrie avec la création de quatre zones démilitarisées. Mais la Syrie n'a jamais signé cet accord.

La Turquie, qui accueille trois millions de réfugiés syriens, avait entamé un processus de réconciliation avec Damas, sous le parrainage russe, allié du président Bachar al-Assad, mais ce rapprochement n'a pas abouti. (AFP, 29 nov 2024)

Erdogan souhaite "l'expansion" du commerce avec la Russie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé souhaiter "l'expansion" du volume des échanges commerciaux entre la Turquie et la Russie, lors d'un entretien téléphonique dimanche avec son homologue russe Vladimir Poutine.

"Le président Erdogan a déclaré qu'il visait à accroître la coopération entre la Turquie et la Russie dans de nombreux domaines, notamment l'expansion du volume des échanges commerciaux", a précisé la présidence turque dans un communiqué.

Tout en condamnant rapidement l'offensive russe en Ukraine, la Turquie a opté pour la neutralité entre les deux pays et ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre Moscou.

Le président turc avait alors justifié cette politique par la forte dépendance de la Turquie au pétrole et au gaz russe.

Cinq entreprises turques ont été cibles de sanctions américaines en septembre 2023 pour avoir fourni des produits et des services aux entreprises russes du secteur de la défense.

Dans une lettre envoyée en août 2022 aux cercles d'affaires turcs, le secrétaire américain adjoint au Trésor avait mis en garde les compagnies turques d'un "risque accru" pour elles face "aux tentatives de la Russie d'utiliser" la Turquie "pour échapper aux sanctions".(AFP, 24 nov 2024)

Un avion russe évacué en Turquie, un moteur en feu à l'atterrissage

Plus de 90 passagers et membres d'équipage d'un avion russe ont été évacués dimanche soir après qu'un de ses moteurs a pris feu à l'atterrissage à Antalya, dans le sud de la Turquie, a indiqué le ministère des Transports.

Le Soukhoï Superjet-100 de la compagnie Azimuth Airlines atterrissait à l'aéroport d'Antalya, sur la côte méditerranéenne de la Turquie, lorsqu'un incendie s'est déclaré dans son moteur, a-t-il précisé dans un communiqué.

Un responsable de l'aéroport a précisé à l'agence Anadolou qu'il s'agissait du moteur gauche, et que l'incendie avait été éteint rapidement.

"89 passagers et 6 membres d'équipage qui étaient à bord ont été évacués sans encombre à 21H43 (18H43 GMT, ndlr) et il n'y a pas eu de blessés", selon le ministère.

L'avion arrivait de Sotchi, une célèbre station balnéaire russe de la mer Noire.

Tous les atterrissages à l'aéroport d'Antalya ont été suspendus jusqu'à 03H00 (0H00 GMT) lundi, tandis que les avions au départ ont été envoyés sur la piste militaire de l'aéroport, a indiqué le ministère. (AFP, 24 nov 2024)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Cyprus warns Turkey-Syria maritime deal could violate international law

Cyprus warned that any potential maritime agreement between Turkey and Syria must comply with international law, especially the United Nations Convention on the Law of the Sea (UNCLOS), and respect Cyprus’ sovereignty.

Government spokesman Konstantinos Letymbiotis said the government is closely monitoring the situation. “Any attempt to undermine or ignore Cyprus’ sovereign rights would violate international law. Cyprus will take all necessary measures at the international and European levels,” he said.

Letymbiotis added that President Nikos Christodoulides, in coordination with Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis, has briefed European Union leaders on Turkey’s possible actions and has secured EU backing.

The statement follows Turkish media reports about a potential maritime deal between Turkey and Syria in the contested waters of the Eastern Mediterranean. (ekathimerini, 24 Dec 2024)

"Le monde a perdu la tête au point de célébrer la victoire du terrorisme"

Charalambos Petinos, Tribunes libres, 14 Déc 2024

La situation actuelle en Syrie préoccupe et pose des questions. La prise de Damas par les djihadistes et la fuite de Bachar al-Assad crée une situation qui interpelle les observateurs et les politiques du monde entier. Nombre d’entre eux a salué la chute d’Assad et s’est réjoui du changement.

Cependant, de nombreuses interrogations hantent les brillants esprits de nos dirigeants.

Avec ce papier, j’ai choisi de donner la parole à un journaliste chypriote turc, Şener Levent – qui a publié dans le quotidien chypriote grec O Politis ses réflexions sur la question[1].

Avant de donner la parole à Şener Levent quelques mots sur sa personnalité. Fondateur et rédacteur en chef du quotidien chypriote turc Avrupa. Il milite pour la réunification de Chypre et le départ de toutes les armées de l’île, y compris l’armée d’occupation turque.

Ses prises de position lui ont valu nombre de condamnations par la justice turque et par la « justice » chypriote turque. Pour protester contre la politique du régime d’Erdogan contre lui-même et son journal il a rebaptisé le quotidien Avrupa en Afrika !

Şener Levent a eu également plusieurs procès à Ankara. J’en retiens plus particulièrement un qui a fait pas mal de bruit en Turquie.

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Şener Levent écrit à propos de la situation syrienne.

Titre de l’article : « Le monde a perdu la tête au point de célébrer la victoire du terrorisme »

« Ce n’était pas une guerre civile. La grande majorité des djihadistes qui se qualifient d’« opposition » sont venus de l’étranger. Ils ont été formés en Turquie. Ils ont été élevés là-bas. Et ils ont été envoyés en Syrie. Ce sont des mercenaires, pas des combattants de l’opposition. Le vrai danger de guerre civile existe désormais en Syrie. Pour l’instant, il s’agit de pillage et de saccage. Ensuite, viendra le le grand chamboulement du monde.

« Selon Tayyip Erdogan, qui se considère comme le commandant victorieux de la victoire djihadiste, ils ont libéré la Syrie ! Mais les Syriens vont désormais connaitre les vraies ténèbres. Tout ce qui se passe rappelle l’Iran, la Libye et l’Irak. Ils pensaient que ceux qui avaient renversé le Chah Reza Pahlavi et l’avaient remplacé par l’ayatollah Khomeini avaient fait une révolution et avaient libéré l’Iran. Après cela, ils ont vécu et vivent encore le véritable esclavage. Les mollahs islamistes à l’esprit étroit et embrouillé ne tolèrent même pas que les femmes montrent leurs cheveux ! Saddam Hussein, en Irak, était lui aussi un dictateur très brutal, comme le Chah Reza Pahlavi. Il a fait subir le pire à l’opposition. Ils se sont réjouis lorsque l’invasion américaine a renversé Saddam et qu’ils ont déboulonné ses statues, tout comme ceux qui déboulonnent aujourd’hui les statues d’Hafez Assad en Syrie.

« Mais lorsqu’ils ont vu ce qui s’est passé par la suite, ils ont même commencé à regretter Saddam. Ils ont également célébré ceux qui ont brutalement éliminé Kadhafi en Libye. Mais la Libye s’est transformée en une telle mare de sang qu’ils ont commencé à avoir la nostalgie de Kadhafi. Je ne pense pas qu’il en sera autrement en Syrie.

« La meute de djihadistes qui a conquis Damas a mis à prix la tête d’Assad pour dix millions de dollars. Dix millions de dollars pour quiconque le capturera. Et l’Amérique a déjà mis une prime de 10 millions de dollars sur la tête du chef de Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), al-Joulani. Regardez les revirements de l’histoire. Et maintenant, elle applaudit al-Joulani, dont la tête avait été mise à prix pour dix millions de dollars ! Plus drôles encore sont les déclarations qui sortent de la bouche de Tayyip Erdogan alors que la Syrie est en train d’être démantelée. Il parle de protéger l’intégrité territoriale de la Syrie ! A l’heure actuelle, ils sont trois à se partager les territoires de la Syrie : Les djihadistes, les Kurdes et les Turcs. Et c’est l’Amérique qui contrôle tout ça et qui les mène là où elle veut ! Si les djihadistes, qui sont divisés en plusieurs groupes, ne peuvent pas s’unir sous un même drapeau, ils peuvent eux aussi être divisés en petits États. L’Amérique fera tout ce qu’il faut pour Israël, auquel elle accorde une grande importance. Après tout, elle a également défini les limites de cette guerre.

Comme elle les a définies à Chypre. Elle a autorisé l’armée turque à aller jusqu’où elle pouvait aller et a tracé la ligne. De Karpas à Limnitis. Aux djihadistes de Syrie, elle a dit « ne touchez pas aux Kurdes ». Les djihadistes en Syrie et l’armée turque ont compris le message. De plus, Tayyip Erdogan a tenu la promesse qu’il avait faite au secrétaire d’État américain Blinken. Blinken lui avait dit « ne touchez pas aux civils ». Et Erdogan a donné cette consigne aux djihadistes.

« Cela sent un nouvel Afghanistan à plein nez. Ils parent le chef djihadiste al-Joulani et l’exhibent à la télévision. Al-Joulani nous dit qu’il a changé et qu’il n’est plus le même homme qu’avant. L’époque où l’Amérique avait mis sa tête à prix pour dix millions de dollars est révolue, dit-il. L’homme est différent à chaque âge, dit-il. Aujourd’hui, il tente de convaincre le monde qu’il est un dirigeant démocratique. Vous verrez. La Turquie sera le premier pays à reconnaître le nouvel État qu’ils ont déclaré. Ensuite, Tayyip Erdogan se rendra à Damas pour prier à la mosquée Emevi. Qui sait, il construira même, probablement, un complexe immobilier avec une mosquée à Damas, comme il le fait chez nous (dans la partie de Chypre occupée par la Turquie, ndt ). Et notre propre État fantôme, la RTCN[2], sera parmi les premiers à féliciter la nouvelle administration de Damas. Nous établirons de très bonnes relations avec cette administration terroriste. Plus d’argent et plus de drogues afflueront ici. Vous allez voir, la situation que je décris n’est pas lointaine… Vous verrez qu’ils vont même ouvrir la liaison maritime entre Lattaquié à Famagouste[3]. »
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[1] O Politis : https://politis.com.cy/874790/article
[2] République turque du nord de Chypre, entité créée par la Turquie sur le territoire chypriote qu’elle occupe illégalement depuis 1974. La Turquie est le seul pays au monde à avoir reconnu cette entité sécessionniste.
[3] Port situé sur la côte orientale de Chypre, sous occupation turque, fermé au trafic international par les autorités légitimes de la République de Chypre.

Deux Turcs placés en détention provisoire pour deux meurtres en Grèce

Deux ressortissants turcs, accusés du meurtre de deux de leurs compatriotes dans une banlieue balnéaire d'Athènes au début de la semaine, ont été placés vendredi en détention provisoire après avoir été inculpés pour homicide, a-t-on appris de source judiciaire.

Lundi, deux Turcs d'origine kurde avaient été tués et un autre blessé dans une fusillade à Glyfada, une banlieue aisée de la capitale grecque.

Outre le crime d'"homicide", les deux accusés ont également été inculpés pour "tentative d'homicide" et "détention et usage illégal d'armes", selon la même source.

L'un des suspects a refusé d'expliquer ses actes tandis que l'autre a nié les accusations, affirmant qu'il n'était pas présent au moment des meurtres.

Pour la police grecque, selon les premières informations, il s'agirait de règlement de comptes "au sein de la mafia turque". (AFP, 13 déc 2024)

Immigration / Migration

Plus de 30.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie en 17 jours

Plus de 30.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays au cours des dix-sept derniers jours, a affirmé vendredi le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

"Le nombre de personnes qui sont parties (en Syrie, NDLR) en 17 jours est de 30.663. Ce flux ne s'arrêtera pas", a affirmé le ministre à la chaîne privée turque TGRT.

Un précédent nombre communiqué par les autorités turques faisait état de "plus de 25.000" retours depuis la Turquie en quinze jours depuis la chute de Bachar al-Assad.

"Notre consulat général ouvrira à Alep dans quelques jours. (...) Nous y ouvrons un bureau de gestion des migrations. Des enfants sont nés ici, il y a eu des mariages, des divorces, des décès. Nous prenons des mesures pour répondre à leurs besoins", a précisé le ministre.

La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre qui a meurtri leur pays à partir de 2011.

Les autorités turques, qui espèrent le retour en Syrie d'importants contingents de réfugiés afin d'atténuer le fort sentiment anti-Syriens dans la population, permettront également à un membre de chaque famille de réfugiés de se rendre en Syrie et revenir à trois reprises jusqu'au 1er juillet 2025 afin de préparer leur réinstallation. (AFP, 27 déc 2024)

France: plainte d'une enseignante après des menaces liées à une caricature d'Erdogan

Une enseignante dans l'est de la France a déposé plainte après avoir été menacée par la mère d'une élève de seconde qui lui reprochait d'avoir montré à ses élèves une caricature du président turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué jeudi le parquet.

Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie, a déclaré à l'AFP Julie Fergane, procureur de la République de Lons-le-Saunier (est de la France), confirmant des informations de l'hebdomadaire La Voix du Jura.

Lors d'une exposition de dessins de presse dans la Cité scolaire Saint-Sauveur, dans la localité de Saint-Claude (est), une caricature de Recep Tayyip Erdogan en dictateur aurait choqué une élève qui a pris en photo le dessin et l'a montré à sa mère, a indiqué Julie Fergane.

D'après la plainte, cette parent d'élève a appelé l'établissement en tenant des propos "outrageants, politiques et vindicatifs", mais sans dimension religieuse, dans un contexte de conflit préexistant entre la famille et l'enseignante sur ses méthodes pédagogiques.

La Direction académique des services de l'éducation nationale a également porté plainte, a indiqué le rectorat de la ville de Besançon (est).

"Cette enseignante est remise en cause dans sa pratique pédagogique par une famille de manière générale", selon le rectorat. "La caricature est un élément de reproches parmi d'autres".

"L'enseignante a été agressée verbalement, par l'intermédiaire d'un personnel de l'établissement, par une mère qui a essayé de la joindre à plusieurs reprises", selon la même source.

"Comme toujours quand un personnel est menacé, une protection fonctionnelle a été mise en place" pour cette enseignante, qui a "pris quelques jours de repos". Cette protection prévoit entre autres un accompagnement juridique, psychologique et administratif.

"Il est important qu'elle se sente soutenue dans l'exercice de sa fonction", selon le rectorat.

L'incident, qui s'est produit fin novembre, survient dans le contexte du procès de l'assassinat de Samuel Paty, enseignant décapité en 2020 en région parisienne par un islamiste qui lui reprochait d'avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahommet. (AFP, 5 déc 2024)



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