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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

41th Year / 41e Année
Mai
 
2025 May
N° 561
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


İnfo-Türk, qui diffuse des informations sur les violations des droits de l'homme en Turquie, les luttes de résistance et les problèmes des immigrés et des diasporas dans diverses langues depuis plus d'un demi-siècle, a été fondée par des exilés politiques il y a 51 ans, le 25 avril 1974.


Droits de l'Homme / Human Rights

L'opposition réunit des dizaines de milliers de personnes à Istanbul
Ils ont combattu pour la liberté et la fraternité des peuples - Doğan Özgüden
A Istanbul, un 1er mai sous le signe de la résistance à Erdogan
Two sides of May Day in İstanbul: Police crackdown and celebrations under control

Amnesty dénonce des arrestations avant le 1er mai
Une cinquantaine d'arrestations dans l'enquête visant le maire d'Istanbul

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Journaliste suédois détenu: la ministre suédoise rencontre son homologue turc
Not World Press Freedom Day, but persecution of journalists in Turkey!

Le journaliste suédois condamné avec sursis restera en détention
Une célèbre agent de stars inculpée pour "tentative de renversement du gouvernement"

Kurdish Question / Question kurde

Le PKK s'est réuni "avec succès" en vue de sa dissolution
Décès de Sirri Süreyya  Önder, figure du dialogue avec le PKK
Hamit Bozarslan :"L’idée d’un Kurdistan reste puissante et mobilise les générations "

En Turquie, les négociations piétinent entre le gouvernement et le PKK
Cinq membres des forces kurdes tués en Syrie par l'EI (FDS)
Les Kurdes demandent la construction d'un Etat "démocratique et décentralisé" en Syrie

Minorités / Minorities

Souverainté nationale turque et génocide arménien - Ragip Duran

Politique intérieure/Interior Politics

L'accès au compte X du maire d'Istanbul bloqué par les autorités

Nouveau coup contre la mairie d'Istanbul, autour du canal de la discorde

Forces armées/Armed Forces



Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Les Chypriotes turcs manifestent contre l'autorisation du voile au lycée

Socio-économique / Socio-economic

Mesures à la turque contre le vrai danger de séisme - Ragip Duran
Top court rejects challenge to law allowing euthanasia of stray animals

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Le Conseil de l'Europe exige la libération du maire d'Istanbul
Le Parlement de l'UE exige la libération d'un journaliste suédois

Meloni et Erdogan visent 40 milliards d'euros d'échange commerciaux

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Un juge américain ordonne la libération d'une étudiante turque
Trump veut "travailler" avec Erdogan pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Relations régionales / Regional Relations

Damas et Ankara s'accordent sur un accord de gaz naturel pour la Syrie
La Syrie au coeur de nouvelles tensions entre la Turquie et Israël
Inde-Pakistan: la Turquie alerte sur un "risque de guerre totale"

Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Key figure in slain Cyrpiot casino tycoon’s network shot dead in Netherlands

Immigration / Migration



Droits de l'Homme / Human Rights

L'opposition réunit des dizaines de milliers de personnes à Istanbul

L'opposition turque a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes mercredi soir à Istanbul, sept semaines après l'arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu, dont le sort continue d'agiter la Turquie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Notre lutte est une lutte pour la démocratie. Pour la liberté !", a lancé le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Özgür Özel, qui tente de maintenir la vaste mobilisation déclenchée par l'arrestation le 19 mars de M. Imamoglu.

Les manifestations en soutien au maire emprisonné d'Istanbul, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, ont perdu en intensité au fil des semaines, après avoir essaimé dans le pays et avoir rassemblé des dizaines de milliers de personnes chaque soir à Istanbul aux premiers jours de la contestation, inédite depuis 2013.

"Hé Erdogan (...) Tu partiras comme tu es venu", a clamé M. Özel, chef de la principale force d'opposition, devant le grand portail de l'université d'Istanbul qui avait annulé le diplôme de M. Imamoglu le 18 mars, à la veille de son arrestation, l'empêchant de facto d'être candidat à l'élection présidentielle de 2028, malgré l'investiture de son parti.

"Nous sommes venus ici aujourd'hui pour récupérer (son) diplôme", a poursuivi M. Özel, juché sur un autocar face à une foule dense, exhortant une nouvelle fois le président Erdogan à convoquer des élections anticipées.

Selon M. Özel, une pétition du CHP demandant la libération de M. Imamoglu - incarcéré pour "corruption", ce qu'il nie - et la tenue d'élections dans les plus brefs délais a récolté 14,8 millions de signatures à travers le pays. (AFP, 7 mai 2025)

Ils ont combattu pour la liberté et la fraternité des peuples



Nos valeureux disparus la première semaine de mai

Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 5 mai 2025

 
Il y a deux jours, avec İnci, alors que nous préparions sur les réseaux sociaux la commémoration du premier anniversaire du décès de notre cher et estimé collègue Celal Başlangıç, que nous avons accompagné le 3 mai de l’année dernière, la sombre nouvelle tombait sur les écrans : l’un des leaders de la lutte pour la liberté et la fraternité des peuples, notre estimé artiste, penseur et homme politique Sırrı Süreyya Önder s’en est également allé un 3 mai.

Comme dans le reste du monde, le mois de Mai qui débute dans notre pays avec les manifestations du jour d’unité, de lutte et de solidarité de la classe ouvrière et des peuples opprimés nous déchire aussi le cœur à compter de sa première semaine, depuis 53 ans, par la perte des estimés enfants du peuple morts dans la lutte pour la liberté, la fraternité et la solidarité de nos peuples.

Oui, nous n’oublierons jamais le meurtre odieux, il y a 53 ans d’ici, des trois jeunes pousses, Deniz Gezmiş, Yusuf Arslan ve Hüseyin İnan, sur la potence de la prison centrale d’Ankara dans l’obscurité de la nuit du 6 mai 1972, sur ordre de la junte de 1971 et avec l’approbation de l’Assemblée nationale et du Sénat de la République de cette époque. 

Je me souviens de ma dernière rencontre avec Deniz Gezmiş qui, au moment de son exécution, a crié : « Vive la fraternité et la lutte pour l’indépendance des peuples turc et kurde ! »… C’était fin septembre 1969. J’attendais que l’huissier me convoque pour comparaître devant la 4e Cour pénale d’Istanbul à cause d’un article que j’avais publié dans Ant. Soudain, il y eut un énorme vacarme à la porte d’entrée, Deniz Gezmiş, menotté par la police à l’avant, et les jeunes révolutionnaires derrière…

Deniz avait été arrêté par la police qui avait fait une descente à la Faculté du Droit à l’appel du doyen de la faculté, le professeur Orhan Aldıkaçtı, qu’il était allé rencontrer ce jour-là, et conduit au tribunal pour que sa condamnation par contumace soit rendue effective. Ils emmenèrent immédiatement Deniz dans une salle d’attente un étage plus bas.

Une fois mon audience terminée, je descendis et je retrouvai Deniz. Il était toujours menotté et aussi inquiet. « Des amis m’ont dit que tu avais été acquitté, courage », me dit-il… « Mais ces poursuites contre la presse révolutionnaire et la jeunesse révolutionnaire ne finiront jamais. Nous devrons faire face à des choses bien plus graves… Ils ont tué Mehmet Cantekin… Qui d’autre sera abattu ? Même s’ils me libèrent demain, me laisseront-ils en vie ? Mais nous résisterons… »  

Deniz avait raison. Le jour de son arrestation, Mustafa Taylan Özgür fut également abattu à Istanbul, et la machine à tuer était lancée. À peine trois ans plus tard, ils n’épargnèrent pas Deniz, Yusuf et Hüseyin…

Je n’ai jamais rencontré en personne Yusuf Arslan et Hüseyin İnan, mais j’appris à les connaître par leur nom grâce aux messages qu’ils m’envoyaient alors qu’ils étaient en état d’arrestation après leur retour de Palestine. Dans leurs écrits que je partageai dans la revue Ant, ils déclaraient : « Dans les conditions actuelles, en particulier au Moyen-Orient que l’impérialisme a transformé en une zone de guerre chaude, l’établissement d’un front anti-impérialiste par tous les peuples, les peuples de Turquie, d’Iran, arabe, de Chypre et kurde, et la fondation d’un Cercle révolutionnaire moyen-oriental, est l’une des principales conditions pour porter un coup dévastateur à l’impérialisme ».

1973 : İbrahim Kaypakkaya, 1985 : Fikri Sönmez

J’ai connu personnellement İbrahim Kaypakkaya, torturé pendant quatre mois durant son interrogatoire à Diyarbakır après avoir été capturé dans son combat contre le fascisme du 12 mars, et décédé des suites de ces sévices le 18 mai 1973, dans les années de résistance révolutionnaire des années 60 alors qu’il était un leader étudiant militant de l’École normale supérieure d’Istanbul. Chaque fois qu’il venait rendre visite à la revue Ant, dont il était un lecteur régulier, nous avions de longues conversations non seulement sur la résistance étudiante mais aussi sur les problèmes du mouvement socialiste. Nos publications sur les questions nationales et antimilitaristes étaient les sujets qui intéressaient le plus Kaypakkaya.

J’avais publié des documents relatifs aux pressions exercées par l’administration fascisante de l’École normale supérieure d’Istanbul et la chasse à l’homme visant İbrahim Kaypakkaya dans les numéros de la revue Ant datés des 11 février et 22 avril 1969.

Dans ces circonstances, ils nous rendaient souvent visite à Ant pour discuter. Il avait accueilli avec enthousiasme notre publication de l’Histoire Kurde de Cheref Khan… Après le coup d’État du 12 mars, au sein du mouvement politique auquel il appartenait, en déclarant « Les Kurdes sont également une nation et ils ont le droit à l’autodétermination », il avait apporté une grande contribution à la lutte pour la liberté et la fraternité des peuples en Turquie, qui prit dans les années suivantes une dimension de masse.

L’une des victimes inoubliables de Mai est sans nul doute Fikri Sönmez, arrêté dans le cadre de l’opération militaire lancée contre le gouvernement municipal révolutionnaire de Fatsa, un quart d’heure avant le coup d’État de 1980, et décédé le 4 mai 1985 des suites de conditions de détention inhumaines.

Fatsa fut l’une des expériences municipales révolutionnaires des années 70, sous l’administration de Fikri Sönmez, qui fut élu maire lors des élections de 1979 auxquelles il prit part en tant que candidat indépendant, en recevant plus de voix que les candidats de tous les partis.

La vie à Fatsa commença à changer rapidement après l’accession de Sönmez à la tête de la mairie, et la participation directe de la population à l’administration fut assurée par les comités populaires érigés à cette fin. Le changement extrêmement rapide et visible dans la vie de Fatsa horrifia les représentants des classes dominantes et les politiciens. Tandis que les médias collaborationnistes essayaient d’exciter l’opinion publique contre Fatsa en répandant des nouvelles mensongères comme « Occupation communiste à Fatsa ! » ou encore « Interdit d’entrer à Fatsa sans passeport ! », le premier ministre de l’époque, Demirel, incitait également l’armée, en plein préparatif du coup d’État du 12 septembre, en déclarant : « Si vous laissez faire, une centaine de Fatsa supplémentaires émergeront ».

Avec l’opération « Point final » lancé le 11 juillet 1980 avec la participation d’unités militaires transférées d’Erzincan et de Sarıkamış, il fut mis un terme à l’administration municipale révolutionnaire de Fatsa et le maire Fikri Sönmez fut aussi arrêté et soumis à la torture… Après le coup d’État militaire du 12 septembre 1980, survenu deux mois plus tard, les opérations s’étendirent à toute la Turquie et Fikri Sönmez mourut en prison le 4 mai 1985.

2011 : Halit Çelenk, 2020 : Şekibe Çelenk

Nous fîmes également nos adieux, il y a 14 ans, le 5 mai 2011, à l’éminent avocat Halit Çelenk, qui défendit Deniz Gezmiş, Yusuf Arslan ve Hüseyin İnan devant le tribunal de la loi martiale, et les accompagna lors de leur exécution le 6 mai 1974 en assistant à leurs proclamations de foi révolutionnaires avant qu’ils ne rendent leur dernier souffle.

Neuf ans plus tard, le 21 février 2020, nous perdions l’avocate Şekibe Çelenk, « la sœur Şekibe des Deniz », qui fut la compagne dans la vie comme dans la lutte de Halit Çelenk, notre éminent homme de loi qui se consacra avec dévouement à la direction du Parti ouvrier de Turquie et des organisations de défense des droits humains, tout comme il prit en charge la défense de tous les révolutionnaires à partir des années 60. Je les avais connus en luttant ensemble dans les premières années d’organisation du Parti ouvrier de Turquie. J’entendis parler pour la première fois d’Halit Çelenk par les amis avocats du parti à Izmir. Ils étaient heureux que notre estimé juriste ait rejoint les rangs du parti aux côtés de sa femme Şekibe Çelenk.

Plus tard, lors de mes fréquentes visites à Ankara en qualité de journaliste, de syndicaliste et de membre du parti, j’eus l’occasion de faire personnellement la connaissance de Çelenk, ainsi que d’autres très précieux membres du parti comme le légendaire syndicaliste Tahir le Plébéen (Öztürk) et Uğur Cankoçak. Ils occupaient une place à part dans la section d’Ankara avec leurs relations interpersonnelles chaleureuses, leurs maitrises des dossiers et leurs personnalités inspirant à leurs interlocuteurs, dès la première rencontre, un profond respect et confiance.

En 1963, sur l’insistance du président Mehmet Ali Aybar, je quittai Izmir et pris mes fonctions au bureau de presse du siège central du TİP à Istanbul. Dans les jours où nous travaillions ensemble, je me souviens très bien comment Aybar parlait toujours d’Halit Çelenk et de Şekibe Çelenk avec estime et amour. Lorsqu’il était question de sujets juridiques, il contactait systématiquement Ankara et demandait l’avis d’Halit Çelenk.

Bien qu’un grand succès numérique n’ait pu être obtenu lors des élections de 1963, la voix du Parti ouvrier de Turquie, du mouvement socialiste, fut entendue pour la première fois par le peuple de Turquie sur la radio d’État, posant les bases du succès aux élections générales de 1965 qui devaient se tenir deux ans plus tard. L’une des 15 membres du parti qui firent entendre la voix du parti à la radio était Şekibe Çelenk.

2024 : Celal Başlangıç

Nous avons perdu l’an passé, le 3 mai 2024, notre cher confrère et ami Celal Başlangıç, l’un des leaders de la lutte pour la liberté et la fraternité de nos peuples dans les médias turcs depuis les années 70, avec qui nous collaborâmes à partir de la fondation d’Artı Gerçek.

J’ai perdu de nombreux collègues estimés au cours de mes 73 ans de journalisme… Je ne sais pas combien il reste de survivants de notre génération des années 50 d’opposants au gouvernement du Parti démocrate (DP), arrivé au pouvoir avec des promesses de démocratie avant de procéder aussitôt à l’envoi de troupes en Corée et à l’intégration de la Turquie dans l’OTAN pour défendre les intérêts de l’impérialisme US et du capital collaborationniste, au lancement de la célèbre rafle anticommuniste de 1951 et à la déchéance de nationalité de Nazım Hikmet, tout comme il manifestera une hostilité envers la presse libre…

Celal Başlangıç est né à Istanbul dans ces années-là et a commencé sa carrière de journaliste à Izmir au milieu des années 70. Comme nous avons été contraints de poursuivre notre lutte à l’étranger après le coup d’État du 12 mars 1971, je n’eus jamais l’occasion de travailler avec lui comme journaliste en Turquie… Mais j’assistai à son travail journalistique extrêmement réussi dans les journaux Politika, Cumhuriyet, Evrensel et Radikal, qui m’étaient livrés par courrier de Turquie…

Nos chemins croisèrent ceux de Celal à Bruxelles, alors qu’il était l’une des cibles de la terreur lancée contre les médias et les journalistes d’opposition après la pseudo-tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, et qu’il était contraint de poursuivre sa lutte en exil, tout comme nous 45 ans auparavant.

Lors de cette rencontre, Celal m’avait entretenu de son projet qui ne portait pas encore le nom d’Artı Gerçek, et m’avait proposé d’en être l’un des contributeurs. Durant notre demi-siècle d’exil consécutif au coup d’État du 12 mars 1971, nous avions essayé de contribuer, en plus de notre propre entreprise d’édition de bulletins d’informations, de livres et de brochures en diverses langues, Info-Türk, à de nombreux journaux, revues et agences de presse tant en Turquie qu’à l’étranger. Tous ont leur place dans l’histoire des luttes.

Cependant, en 2017, ce fut une première dans notre histoire médiatique qu’un grand nombre de journalistes renommés se réunissent en exil et donnent vie à Artı Gerçek… Celal Başlangıç et ses amis accomplirent une tâche difficile et, surmontant de grandes difficultés financières, lancèrent Artı Gerçek en février 2017.

Dans son article publié dans le premier numéro, Celal Başlangıç déclarait « « La relation de la Turquie à la vérité est chaque jour un peu plus rompue par le gouvernement de l’AKP. Les médias qui expriment la vérité sont fermés les uns après les autres. Ceux qui sont encore en mesure de paraitre sont corrigés à coups de sanctions financières et de peines de prison pour être soumis. C’est face à ce tableau que nous avons visé une publication sans censures et autocensures. Nous avons voulu, comme personnes ayant fait des années durant du journalisme, apporter une contribution, aussi petite soit-elle, pour ceux qui défendent la démocratie, la paix et les libertés en Turquie. Bonne chance à nous pour un média libre et une Turquie démocratique ».

Un mois plus tard, Artı TV, une avancée majeure dans l’audiovisuelle, était lancé. Être aux côtés de mes amis journalistes, dont j’ai toujours été fier de la combativité sans concession, lors de la cérémonie d’inauguration qui fut organisée à Cologne, fut l’un des évènements les plus heureux de ma vie professionnelle.

La dégradation de jour en jour de l’état de santé de Celal dans les dernières années fut une source de grande inquiétude et de tristesse pour İnci et moi…

Il y a deux ans, le 9 juin 2023, lors de la projection à Cologne du documentaire « Apatride » réalisé par Esra Yıldız sur notre vie et nos luttes, durant laquelle Celal, malgré ses problèmes de santé, et son épouse Ayşe Yıldırım, s’étaient joints à nous, avec la participation d’Osman Okkan jusqu’à une heure tardive, nous avions eu un entretien chaleureux en nous souvenant du bon vieux temps.

Je me souviendrai toujours de lui avec amour comme d’un collègue exemplaire, de mon rédacteur en chef et voisin de page dans Artı Gerçek et, de plus, comme d’un ami proche.

2025 : Sırrı Süreyya Önder

Sırrı Süreyya Önder, que nous avons perdu le 3 mai, avait été très bien présenté dans l’article d’Ali Duran Topuz dans Artı Gerçek, intitulé « Ce Sırrı Süreyya ne s’arrête jamais ! », à propos de ses pépins de santé alarmants qui avaient secoué tout le monde culturel et politique : « Une minorité dans la minorité. Un socialiste révolutionnaire d’une ville et d’une famille pauvre économiquement et riche culturellement ».

Malheureusement, je n’ai jamais pu côtoyer Sırrı Süreyya Önder, mais son père Ziya Önder et moi avions pris part à la même époque à la lutte socialiste dans des régions géographiques différentes. Au début des années 60, alors que j’avais exercé des responsabilités dans l’organisation du Parti ouvrier de Turquie à Izmir, puis à Istanbul, Ziya Önder était l’un des organisateurs du parti à Adıyaman et en fut le premier président provincial.

Ayant perdu son père alors qu’il n’avait que huit ans, Sırrı Süreyya Önder se lança dans la lutte politique alors qu’il était étudiant au Lycée d’Adıyaman. Il fut arrêté pour avoir été parmi les manifestants contre le massacre de Maraş en 1978 et purgea sept années de prison après le coup d’État de 1980.
 
Après être devenu célèbre avec le film Beynelmilel, Önder a participé en tant que scénariste, réalisateur, consultant et acteur, à la production des films « O… Çocukları [Enfants de p… », « Emret Komutanım [À vos ordres mon commandant] », « Sis ve Gece [Brouillard et Nuit] », « Ada : Zombilerin Düğünü [Ile : le mariage des zombies] », « F Tipi Film [Film sur les prisons de type F], « Ejder Kapanı [Piège du dragon] », « Mar [Serpent] », « Düğün Dernek [Association de mariage] » et « Yeraltı [Sous-terrain] ». Après son entrée au Parlement lors des élections de 2011, il a toujours été à l’avant-garde des initiatives en faveur de la démocratie et de la paix en tant que député du Parti de la Paix et de la Démocratie (Barış ve Demokrasi Partisi – BDP), du Parti démocratique des Peuples (Halkların Demokratik Partisi – HDP), et plus récemment, du parti de l’Égalité et de la Démocratie des Peuples (DEM).
 
Nous savons que, pendant qu’Önder menait ces activités, il attachait une grande importance à la formation d’alliances démocratiques avec les autres partis de la gauche de l’échiquier politique et qu’il était toujours en dialogue et en échange de vues avec eux.

Après la mort d’Önder, les sentiments exprimés par Ali Duran Topuz dans son article paru hier dans Artı Gerçek et intitulé « Sırrı Süreyya, qu’as-tu fait ? » sont également ceux que nous partageons avec İnci :

« Il a été traducteur entre Turc et Kurde, nous avons perdu notre capacité à nous comprendre. Il nous a fait goûter au plaisir d’un humour empreint de sagesse populaire, nous avons perdu notre joie. Nous avons perdu notre meilleur ami ».

Le mois de Mai qui, en différentes années, a arrachés à leurs camarades, à leurs amis et surtout à la lutte pour la liberté et la fraternité des peuples, Deniz Gezmiş, Yusuf Arslan, Hüseyin İnan, İbrahim Kaypakkaya, Fikri Sönmez, Halit Çelenk, Celal Başlangıç et Sırrı Süreyya Önder, ne seront jamais oubliés.

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN

A Istanbul, un 1er mai sous le signe de la résistance à Erdogan

« Un jour viendra, la roue tournera, l’AKP rendra des comptes au peuple ! » scandent les avocats du barreau d’Istanbul – dont le président est visé par une procédure de destitution – dans le cortège du 1er mai. Sous une pluie battante, la foule converge vers Kadiköy, sur la rive asiatique, à l’est de la métropole turque.

C’est peu dire que ce 1er mai a une coloration très politique, après l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul, le 23 mars dernier, et les vagues d’incarcérations qui ont suivi. L’AKP, le Parti de la justice et du développement du président turc Recep Tayyip Erdogan, est particulièrement contesté dans les rangs de cette marche à l’appel de la Confédération révolutionnaire des syndicats de Turquie (Disk), de la Confédération des fonctionnaires (Kesk), de l’Union des chambres d’architectures de Turquie (TMMOB) et de l’ordre des médecins (TTB), autour du mot d’ordre « Nous gagnerons ».

Depuis l’arrestation d’Imamoglu, Özgur Özel, le secrétaire général de son parti, le CHP (le Parti républicain du peuple, social-démocrate), a tenu deux meetings par semaine. Lors du dernier, à Basaksehir, à l’ouest d’Istanbul, la veille de la fête des droits des travailleurs, il y a salué d’une voix éraillée tous les « démocrates » réunis et a appelé à se rendre au rassemblement du 1er mai, à la fois avec le syndicat Disk à Kadiköy, et à Kartal avec le syndicat Türk-Is. Les autres partis de gauche, notamment le DEM (Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples), représentation politique des Kurdes, le Parti des travailleurs (TIP), le Parti de gauche (SOL) et le Parti communiste (TKP) avaient également appelé à se rendre à Kadiköy.

« Une des plus grandes manifestations d’Istanbul »

Avant même la manifestation, dans le train urbain Marmaray, à l’approche du point de rendez-vous, Ali Ercan Akpolat, maire CHP d’un arrondissement, interpelle les passagers, rappelant la situation d’Imamoglu qu’il affirme avoir vu la veille. Autour de lui, des slogans fusent : « Tous ou aucun, seul on ne peut se sauver ! » – un emprunt à Brecht –, certains entonnent déjà la chanson turque traditionnelle du 1er mai. Quelques instants plus tard, elle résonne dans les rues où les manifestants chantent, dansent et s’époumonent, agitant leurs banderoles et leurs drapeaux, abrités sous des casquettes floquées de leur logo syndical. Certains sont venus de loin pour manifester, parfois jusqu’à 100 kilomètres alentour.

Dans le cortège, Turgut Dedeoglu, le président de la Disk journalisme, annonce « une des plus grandes manifestations d’Istanbul », rappelant que les arrestations vont au-delà des responsables politiques : « Plus de 30 journalistes ont été arrêtés » depuis le 23 mars. Mais la forte inflation que traverse le pays et le chômage ont aussi leur part dans cette affluence. « Les chiffres réels du chômage atteignent 28,8 % de la population active, soit 11 730 000 personnes, un record », indiquait le quotidien de gauche Bir Gün, dans son édition du 30 avril.

« Un programme a été mis en œuvre par la bourgeoisie nationale et internationale pour reprendre les droits des travailleurs », analyse Özkan Atar, le président de la branche métallurgie de la Disk. Et le pays subit des privations de libertés syndicales : « Il y a eu de nombreuses interdictions de grèves, mais aussi de former des syndicats, et des licenciements. » Un recul qui provoque, selon Özkan Atar, « de nombreuses protestations des travailleurs ». « L’arrestation du maire d’Istanbul et d’autres élus, pour les remplacer par des administrateurs, a ouvert la voie à une résistance sociale et démocratique, et c’est ce qui converge aujourd’hui », conclut-il.

Plus de 400 arrestations

Le bleu de la Disk textile vient trouer le rouge omniprésent de la confédération. Juste devant les partis politiques, les étudiants d’Istanbul réclament une « université gratuite et universelle ». Sur la place de Kadiköy où se rejoignent les cortèges partis de l’ancienne gare d’Haydarpasa et de la gare de Sögütlücesme, les manifestants tiennent bon, sautillant au rythme des slogans, des refrains de Bella Ciao, engoncés dans des ponchos de plastique pour se préserver des averses.

Depuis la scène où se tient le meeting syndical, une déclaration de Selahattin Demirtas, leader de la gauche pro-Kurdes emprisonné par le régime d’Erdogan, est lue : « Nous résisterons jusqu’à bâtir ensemble un système démocratique. » En ce 1er mai, plus de 400 personnes ont été arrêtées à proximité de la place Taksim, interdite aux manifestations depuis le 1er mai sanglant de 1977, selon le quotidien Cumhuriyet. La mobilisation populaire est au rendez-vous, mais il reste encore du chemin à parcourir. (L'Humanité,  1 mai 2025)

Two sides of May Day in İstanbul: Police crackdown and celebrations under control

On May Day, thousands of people filled the streets of İstanbul in a powerful show of solidarity and protest, but the city was split in two.

On one side of the Bosphorus, in Taksim, a symbolically important venue for the labor movement, heavily guarded streets and police barricades met leftist demonstrators who attempted to march toward the symbolic square, resulting in widespread detentions and scenes of confrontation.

On the other side, Kadıköy on the city's Asian shores, a government-approved gathering unfolded in a markedly different atmosphere, orderly and celebratory, with trade unions, professional associations, and opposition party members rallying under banners calling for labor rights, democracy, and justice.

Heavy crackdown on Taksim marchers

In the early hours of the day, union representatives laid wreaths at the Republic Monument in Taksim Square to commemorate those who lost their lives during the 1977 Bloody May Day. These events are the only May Day commemorations permitted in the square in recent years.

Authorities imposed unprecedented road closures and public transport restrictions to prevent access to Taksim. The security perimeter extended far beyond the square itself, with key roads in Şişli and Fatih districts also sealed off.

Metro stations in and around Taksim, including those located before and after the square, were shut down, effectively paralyzing movement across a large part of the city and severely limiting access for those attempting to join the demonstrations.

In defiance of government restrictions, leftist groups that came together under the May 1 Taksim Organizing Committee gathered early in the day in the Şişli and Mecidiyeköy neighborhoods, calling on the public to “reclaim Taksim.” The square has long been a symbolic site for the labor movement.

Clashes began around 10.30 am local time (GMT+3) as various groups began marching through side streets toward Taksim, meeting with a firm police response. The İstanbul branch of the Progressive Lawyers Association (ÇHD) reported that more than 400 people had been taken into custody by 3.20 pm, including at least nine lawyers.

Among those detained were members of socialist groups, youth organizations, and union representatives.

“We are determined. We will not let the resistance of the people and youth be crushed,” the organizing committee stated in a social media post. “We continue to resist and march. The pressures and detentions could not stop the resistance of the people.”

Notable detentions included Murat Çepni, co-chair of the Socialist Party of the Oppressed (ESP), and members of the Progressive Lawyers Association (ÇHD), such as Rojhat Tunç and Saruhan Efe Kadaifçi. Police also intervened against journalists covering the events, including bianet editor Ayşegül Başar.

“Everyone should be ashamed to be behind this barrier,” shouted one protester in Şişli. Opposition politicians, including Republican People’s Party (CHP) İstanbul chair Özgür Çelik and MP Mahmut Tanal, were also present at the scene and condemned the restrictions.

Taksim’s importance

Taksim Square and the adjacent İstiklal Avenue, among İstanbul’s main tourist hubs, have long been central to social movements in Turkey, leftist and otherwise, and a flashpoint for May Day tensions.

In 1977, during a massive May Day rally in Taksim Square, unidentified gunmen opened fire on the crowd, triggering a stampede that left 34 people dead. The event became known as “Bloody May Day.”

After the 1980 military coup, authorities banned May Day celebrations in Taksim, sparking annual confrontations between police and protesters attempting to reclaim the square. A brief period of official tolerance followed under the ruling Justice and Development Party (AKP), which legalized rallies in Taksim from 2010 to 2012.

However, the square was once again closed off in subsequent years. Currently, only small delegations are permitted to enter the square to lay carnations in memory of those killed in 1977.

Despite the longstanding ban, this year’s call to march on Taksim came from roughly 40 groups, including trade unions and socialist organizations. In the days leading up to May Day, police carried out preemptive raids, detaining several members of the organizing committee.

The permitted rally

On the Asian side of the city, thousands gathered in Kadıköy for an authorized May Day celebration organized by leading labor confederations such as the Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey (DİSK), the Confederation of Public Employees’ Trade Unions (KESK), the Union of Chambers of Turkish Engineers and Architects (TMMOB), and the Turkish Medical Association (TTB).

Marchers convened near Numune Hospital and Söğütlüçeşme before proceeding to Rıhtım Square, where a rally was held under the slogan “We will win for labor, peace, democracy, and justice.”

While the event was peaceful, security was tight. Police controlled entry points, conducted body searches, and inspected banners. A humorous protest sign by CHP youth members, “You can’t run a state with turnips and pickles," was barred from entry. The banner referred to the ongoing corruption investigation against the now-suspended İstanbul Mayor Ekrem İmamoğlu, who is a member of the CHP.

CHP’s Kadıköy district chair Ali Narin called the ban “a reflection of the regime of repression,” adding, “This restriction on our young people’s satirical expression is unacceptable.”

Labor leaders and local officials, including DİSK Chair Arzu Çerkezoğlu and the CHP mayor of Üsküdar, led the march. Demonstrators chanted slogans such as “Union, despite everything,” and “AKP to the grave, people to power.”

The rally also emphasized solidarity with imprisoned journalists and political figures. Signs carried by workers read “Don’t touch my severance pay” and “Dignified life, secure jobs.” The event began with a moment of silence and a performance by the Ruhi Su Friends Choir.

Manifesto

During the rally, representatives of the organizing unions read a joint “May Day 2025 Manifesto,” declaring a vision for a fairer, more democratic Turkey. The statement outlined demands including secure employment, protection of union rights, gender equality, and freedom of expression.

“A country where no one is a second-class citizen… where journalists, artists, and political opponents are not jailed, is possible,” the manifesto read. “There is no salvation alone—either we all unite, or none of us succeed.” (BIA,  1 May 2025)

Amnesty dénonce des arrestations avant le 1er mai

L'ONG Amnesty International a dénoncé mercredi l'arrestation d'une centaine de personnes avant le 1er mai en Turquie, exhortant les autorités à lever l'interdiction de manifester sur l'emblématique place Taksim d'Istanbul.

Ces restrictions "sont fondées sur des raisons de sécurité et d'ordre public totalement fallacieuses et (...) doivent être levées de toute urgence", a affirmé Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe d'Amnesty pour l'Europe, citée dans un communiqué.

La police d'Istanbul a procédé depuis le début de la semaine à plus de 100 arrestations de personnes ayant appelé à des rassemblements le 1er mai sur la place Taksim, selon des médias turcs.

A de rares exceptions, les rassemblements sont interdits sur cette grande esplanade depuis que des manifestations, parties du parc Gezi voisin, y avaient fait trembler le pouvoir en 2013.

Comme les années précédentes, la police a d'ores et déjà bouclé la place, théâtre passé de grandes luttes pour la démocratie, ont constaté depuis mardi des journalistes de l'AFP.

Des barrières avaient déjà été érigées tout autour de la place en mars après l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui a provoqué une vague de contestation d'une ampleur inédite depuis les grandes manifestations de 2013.

Le gouverneur d'Istanbul, Davut Gül, a qualifié de "provocation" les appels à s'y rassembler, prévenant que ces derniers seraient punis.

Selon Amnesty International, cette interdiction de facto de manifester place Taksim contrevient à une décision de la Cour constitutionnelle turque de 2023, qui avait estimé que les restrictions d'y célébrer le 1er mai violaient le droit des syndicats à la liberté de réunion. (AFP, 30 avr 2025)

Une cinquantaine d'arrestations dans l'enquête visant le maire d'Istanbul

Près d'une cinquantaine de proches et partisans du maire d'opposition d'Istanbul, incarcéré fin mars, ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête pour corruption qui le vise, a annoncé samedi le parquet de la ville turque.

"Dans le cadre de l'enquête, des mandats d'arrêt ont été émis à l'encontre de 53 personnes" à Istanbul et Ankara notamment, dont "47 ont été arrêtées", a annoncé le parquet général d'Istanbul dans un communiqué.

Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, l'un des plus farouches opposants au président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention le 25, accusé de "corruption", alors qu'il devait être désigné par son parti, le CHP, comme son candidat à la future élection présidentielle.

Parmi les personnes arrêtées samedi matin, selon la presse turque, figurent le chef de cabinet du maire, Kadriye Kasapoglu, le frère de son épouse Dilek Imamoglu, le responsable de l'administration chargée des Eaux et d'anciens responsables de la mairie.

Selon le site d'information Bir Gün, proche de l'opposition, des perquisitions étaient toujours en cours samedi matin au domicile des personnes concernées, à Istanbul, Ankara et Tekirdag (nord-ouest).

Pour le responsable provincial du Parti républicain démocrate (CHP) d'Istanbul, Özgür Celik, ces arrestations sont liées à l'opposition de la municipalité au grand projet controversé de "Kanal Istanbul", censé doubler la voie maritime du Bosphore.

Le projet, présenté par le président Erdogan, alors Premier ministre, en avril 2011 relierait la mer Noire et la mer de Marmara afin de désengorger le détroit du Bosphore sur 50 km de long, 150 m de large et 25 m de profondeur.

Il est fortement décrié par les défenseurs de l'environnement car il empièterait sur des terrains naturels et agricoles et altèrerait le bassin de retenue qui alimente en partie Istanbul en eau.

"L'opération d'aujourd'hui n'est pas une coïncidence", affirme M. Celik sur X, en expliquant que l'administration des eaux et canalisations de la mégapole (Iski) a ordonné la démolition et l'arrêt des chantiers de construction le long du tracé du canal.

"Les employés de la municipalité qui se sont opposés (au projet) sont actuellement au poste de police principal", a-t-il ajouté.
 "Le prix que fait payer le gouvernement minoritaire à notre pays devient chaque jour plus lourd", a-t-il accusé.

Le vice-président du groupe CHP au Parlement, première force d'opposition, Gökhan Günaydin, a également affirmé que "la vraie raison de ces arrestations est le canal Istanbul", et estimé que "la municipalité métropolitaine d'Istanbul est devenue pratiquement inopérante", privée de la majorité de ses cadres.

Les autorités turques ont entamé un projet immobilier de logements sociaux et ont mis en vente récemment des terrains adjacents au tracé du futur canal à grand renfort de publicité dans les pays du Golfe. (AFP, 26 avr 2025)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Journaliste suédois détenu: la ministre suédoise rencontre son homologue turc

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Maria Malmer Stenergard a rencontré jeudi son homologue turc Hakan Fidan pour lui demander la libération du journaliste suédois Joakim Medin, arrêté fin mars en Turquie et condamné pour "insulte" au président turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué la diplomatie suédoise.

Cette rencontre a eu lieu en marge d'une rencontre informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Varsovie mercredi et jeudi, à laquelle était également convié le ministre turc, a précisé le ministère des Affaires étrangères à l'AFP.

"J'ai rencontré le ministre turc des Affaires étrangères, nous avons parlé de Joakim Medin et j'ai clairement indiqué que je voulais qu'il rentre chez lui dès que possible", a-t-elle déclaré au quotidien suédois Expressen.

Reporter pour le journal suédois Dagens ETC, Joakim Medin, 40 ans, a été interpellé le 27 mars à son arrivée à Istanbul, où il venait couvrir les manifestations déclenchées par l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan.

La semaine dernière il a été condamné à 11 mois de prison avec sursis par un tribunal d'Ankara, pour "insulte au président". Il a comparu par visioconférence depuis sa cellule dans une prison de la région d'Istanbul.

Malgré la condamnation à une peine avec sursis, Joakim Medin doit rester en prison dans l'attente d'un autre procès pour "appartenance à une organisation terroriste".

Le journaliste nie l'accusation de la justice turque selon laquelle il aurait participé en janvier 2023 à Stockholm à une manifestation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie). (AFP, 8 mai 2025)

Not World Press Freedom Day, but persecution of journalists in Turkey!

In Turkey, where the government has eliminated judicial independence, the fact that journalists can be arbitrarily arrested at any moment was once again demonstrated when seven media representatives who covered the mass protests that took place during the period when İstanbul Metropolitan Mayor Ekrem İmamoğlu was arrested were imprisoned under the pretense of "deterrence" and the accusation of "violating the Law on Meetings and Demonstrations."

The issue gained international attention once more with the arrest of Swedish journalist Joakim Medin of the newspaper Dagens ETC, on charges of "membership in an armed terrorist organization" and "insulting the president."

The BİA Media Monitoring Report covering the period of January-February-March 2025 shows that influential journalists and critical media outlets are subjected to continuous judicial harassment and that judicial control has become widespread as a new form of "imprisonment." The verdicts of acquittal in the past three months for journalists from Sözcü newspaper, the Vice News team, Halk TV reporters, and journalists such as Murat Çelikkan, Tunca Öğreten, and Murat Baykara, most of whom served prison terms, reveal the arbitrary nature of these prosecutions.

The torment of arrests and house arrests for journalists

Currently, three journalists (Elif Akgül, Yıldız Tar, and Ercüment Akdeniz) have been deprived of their freedom since February 22 as part of an investigation into the Peoples’ Democratic Congress (HDK). In the same investigation, Ender İmrek, who was detained, and investigative journalist İsmail Saymaz, whose journalism activities as a reporter for Radikal newspaper were, after 12 years, included in the Gezi investigation, are under house arrest.

Many Kurdish media representatives are subjected to severe judicial control measures following detention. The house arrest imposed on Özlem Gürses in December 2024 due to her statements on her YouTube channel was lifted after 52 days. The fact that critical television channels are targeted by the judiciary was further evidenced by Halk TV Editor-in-Chief Suat Toktaş’s 34-day detention.

In Turkey, dozens of journalists are under judicial control, described in Reporters Without Borders’ (RSF) 2024 Report as "another anti-democratic and rapidly expanding practice aimed at arbitrarily seizing journalists' freedom of movement and minds," through restrictions such as travel bans and the obligation to sign in regularly.

22 journalists detained: New pretext is the 'demonstration law'

In the last three months, during judicial and police operations especially targeting Halk TV, BirGün, and Van media, at least 22 journalists were detained for various periods.

Journalists covering the mass protests triggered by İmamoğlu’s detention were arbitrarily held in custody for four days, especially in İzmir, on the grounds of "violating the Law on Meetings and Demonstrations."

BBC reporter Mark Lowen, who came to Turkey to cover the protests, was detained and deported on the grounds of "being without accreditation" and "posing a threat to public order."

Six journalists, including Ruşen Takva, who were covering the sit-in protest initiated before the operation targeting Van Metropolitan Municipality, were also detained.

Judicial control has become a common tool for criminalizing journalists in Turkey: In February, Berkant Gültekin and Uğur Koç, Publishing Coordinators of BirGün Newspaper, along with Responsible Editor Yaşar Gökdemir, were detained; Koç and Gökdemir were released on the condition of a travel ban and signing in once a week. Investigative journalist İsmail Saymaz had his passport confiscated, while Halk TV presenter Ece Üner was released under a travel ban and signing obligation.

26 acquittals, 17 convictions in three months

In the first three months of 2025, 26 of the nearly 150 journalists on trial were acquitted, while 17 of them (including Nevşin Mengü, Ali Ergin Demirhan, Kürşat Yılmaz, Görkem Kınacı, Sultan Keleş, İbrahim Aydın, Burkan Karabay, Kazım Güleçyüz...) were sentenced to a total of 25 years, 7 months, and 22 days in prison, and fined 2,610 liras for charges such as “insulting the president,” “insult,” “defamation,” “propaganda for an organization,” “insulting state institutions,” “insulting religious values,” “aiding an organization,” and “membership in an organization.”

This period also marked a time when long-standing cases in İstanbul against employees of Sözcü newspaper and in Diyarbakır against the Vice News team concluded with acquittals, and five reporters from Halk TV were also acquitted at the very first hearing of their trial.

Journalist and rights defender Murat Çelikkan, who had shown symbolic solidarity with the now-shuttered Özgür Gündem newspaper, was also acquitted of charges of “propaganda for a terrorist organization” in a case where he served over two months in prison.

Journalists Tunca Öğreten and Murat Baykara, who were on trial for “encouraging drug use” due to documentaries about the effects of drugs, were also acquitted.

Investigations into those who attend trials or report on them

The opening of investigations into 55 journalists, columnists, and reporters during this three-month period highlights the extent to which critical journalism is under intense judicial scrutiny.

Acting on behalf of Cengiz Holding, Mehmet Cengiz, who came under the spotlight over public tenders and allegations of environmental destruction, filed criminal complaints against 26 journalists and columnists working for Sözcü newspaper and its affiliated website.

Twenty-one journalists who covered the Kobanî trial, in which former HDP Co-Chairs Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ are also being prosecuted, are facing investigations as well.

Insulting the President: Swedish journalist and 19 defendants

After the cases of Deniz Yücel and Charlie Hebdo, arbitrary trials against journalists under the charge of “insulting the president” have once again gained international attention. This time, the arrest of Swedish journalist Joakim Medin, a reporter for Dagens ETC, upon entering Turkey on March 27 brought the issue to the fore once again.

Additionally, in the past three months, at least 19 journalists and cartoonists (Barış Pehlivan, Ozan Alper Yurtoğlu, Deniz Yücel, Ahmet Sever, Levent Gültekin, Sedef Kabaş, Hayko Bağdat, Baransel Ağca, Çiğdem Akbayrak, Erk Acarer, Julien Serignac, Gerard Biard, Laurent Sourisseau, “Alice,” Ramazan Yurttapan, Haydar Ergül, Sultan Keleş, Furkan Karabay (2), and Rüstem Batum) have been involved in cases based on accusations of “insulting the president.”

In the last 10 years, 78 journalists have been convicted under Article 299 of the Turkish Penal Code. In the past three months, journalists prosecuted under this article faced a total of 88 years and 8 months in prison. While Levent Gültekin and Çiğdem Albayrak were acquitted, Sultan Keleş was sentenced to 1 year and 2 months in prison.

The file of journalist Ahmet Seven, who had lived for years under the threat of imprisonment due to his book “İçimde Kalmasın/Tanıklığımdır,” will be closed due to his passing. (BIA, 3 mai 2025)

Le journaliste suédois condamné avec sursis restera en détention

Le journaliste suédois Joakim Medin, arrêté fin mars à son arrivée en Turquie, a été condamné mercredi à onze mois de prison avec sursis pour "insulte au président" turc, mais restera en prison dans l'attente d'un autre procès pour "appartenance à une organisation terroriste".

Le reporter du journal suédois Dagens ETC comparaissait en visioconférence devant un tribunal d'Ankara depuis sa cellule de la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, a constaté une journaliste de l'AFP.

La justice turque l'accusait d'avoir participé en janvier 2023 - ce que le journaliste nie depuis le début - à une manifestation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) à Stockholm au cours de laquelle une effigie du président turc Recep Tayyip Erdogan avait été pendue par les pieds.

Le juge avait ordonné sa libération pour ce chef d'inculpation.

Dans une réaction transmise par son avocat et reproduite par son journal, le reporter a estimé avoir remporté une "première bataille" avec cette peine de prison suspendue: "Une bataille gagnée, une autre à venir. Mais j'ai davantage confiance de rentrer bientôt à la maison, a-t-il confié.

De nouveau mercredi, M. Medin a affirmé "n'avoir jamais participé à cet événement": "J'étais en Allemagne pour mon travail. Je n'étais même pas au courant de cette manifestation", a-t-il déclaré.

Le tribunal a montré durant l'audience des clichés pris lors d'un autre rassemblement, en août 2023 à Stockholm, alors que la Turquie barrait toujours l'entrée de la Suède dans l'Otan.

"Je n'ai jamais eu l'intention d'insulter le président (Erdogan). J'étais chargé d'écrire les articles et mes éditeurs ont choisi les photos", s'est défendu le reporter qui a rappelé que le chef de l'Etat était alors "une figure centrale" exhibée lors de ces défilés.

- "antidémocratique" -

Agé de 40 ans, Joakim Medin avait été interpellé le 27 mars à son arrivée à Istanbul où il venait couvrir les manifestations déclenchées par l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du chef de l'Etat.

Le journaliste est par ailleurs accusé d'"appartenance à une organisation terroriste", un crime pour lequel il encourt jusqu'à neuf ans de prison et qui fera l'objet d'un procès ultérieur.

Cette accusation s'appuie sur des publications sur les réseaux sociaux, des articles de presse et des livres écrits "uniquement dans le cadre de ses activités journalistiques", a déclaré à l'AFP Baris Altintas, codirectrice de l'ONG turque de défense des droits humains MLSA, qui le défend.

La date de ce procès n'a pas encore été annoncée.

Ces dernières années, des dizaines de Turcs, adolescents, journalistes et même une ancienne Miss Turquie ont été poursuivis pour "insulte au président".

"Le délit d'+insulte au président+ est utilisé pour harceler de nombreux journalistes locaux et étrangers et méconnaît clairement les précédents établis par la Cour européenne des droits de l'homme", déplore Erol Önderoglu, représentant de Reporters sans Frontières (RSF).

Il a jugé "antidémocratique" la condamnation du journaliste suédois dans cette première affaire, et a "demandé aux autorités turques de libérer d'abord le journaliste, puis de fixer rapidement une date pour le second procès et d'abandonner les poursuites".

Le député européen Jonas Sjostedt, présent au tribunal d'Ankara, a estimé que cette condamnation "n'était pas justifiée" et qu'en attendant le prochain procès, "le juge laisse le prochain (juge) décider, en espérant qu'il ordonnera sa libération".

RSF place la Turquie au 158e rang sur 180 de son classement de la liberté de la presse dans le monde.

Selon Andreas Gustavsson, rédacteur en chef de Dagens ETC, Joakim Medin est "en assez bonne condition".

- "mon métier" -

Il a pu faire de l'exercice en détention, rencontrer ses avocats, des représentants du consulat de Suède - dont plusieurs ont assisté à l'audience - et, "une fois par semaine, appeler brièvement sa femme", a précisé M. Gustavsson".

"Je n'ai fait que mon métier de journaliste", a insisté le reporter. "Tout ce que je veux c'est rentrer soutenir ma femme encente et voir ma petite fille" .

Près de 2.000 personnes ont été arrêtées dont de nombreux étudiants et des journalistes durant les vastes manifestations en soutien au maire emprisonné d'Istanbul.

Un correspondant de la BBC, Mark Lowen, a été expulsé de Turquie le jour de l'arrestation de Joakim Medin pour "menace à l'ordre public" et une dizaine de reporters turcs, dont le photographe de l'AFP, Yasin Akgül, ont été arrêtés et détenus plusieurs jours, accusés de participation à une manifestation interdite à Istanbul.

Les relations entre la Turquie et la Suède s'étaient détériorées lorsqu'Ankara avait refusé de ratifier la candidature de Stockholm à l'Otan après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. Le président Erdogan reprochait à la Suède sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol.

Ankara avait finalement cédé début 2024, ratifiant l'adhésion du pays scandinave à l'Alliance atlantique après vingt mois de tractations. (AFP, 30 avr 2025)

Une célèbre agent de stars inculpée pour "tentative de renversement du gouvernement"

Une célèbre agent d'acteurs des séries turques à succès a été inculpée mardi de "tentative de renversement du gouvernement" et risque jusqu'à 30 ans de prison, a rapporté l'agence étatique Anadolu.

Ayse Barim avait été arrêtée fin janvier à la demande du parquet d'Istanbul dans le cadre de l'enquête sur les manifestations antigouvernementales du parc de Gezi, en 2013, qui avaient ouvert une vague de contestation sans précédent du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

"Un acte d'accusation a été préparé contre Ayse Barim exigeant jusqu'à trente ans de prison pour avoir aidé à une tentative de renversement du gouvernement de la République de Turquie", indique Anadolu citant l'acte d'accusation.

Le parquet d'Istanbul avait justifié l'ouverture de l'enquête en arguant des liens supposé de Mme Barim avec le mécène et philanthrope Osman Kavala, bête noire du président Erdogan, également accusé d'avoir "tenté de renverser le gouvernement" lors des événements de Gezi.

Arrêté en 2017, Osman Kavala a été condamné à la prison à vie et à l'isolement le 25 avril 2022.

Sept autres prévenus, architectes, urbanistes, réalisatrice, avocat, universitaires... avaient été condamnés le même jour à dix-huit ans de prison.

Les manifestations de Gezi étaient restées inédites dans le pays, où chaque rassemblement est durement réprimé, jusqu'à la récente vague de contestation soulevée par l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu le 19 mars détenu depuis pour "corruption".

Les manifestations qui se sont poursuivies dans plusieurs grandes villes de Turquie pendant une dizaine de jours et ont entraîné près de 2.000 arrestations n'ont cependant pas atteint la même ampleur que celles de Gezi.

Mme Barim, 56 ans, souffre de graves problèmes de santé et a dû récemment être hospitalisée, selon son avocate.

Elle a, entre autres, travaillé avec les acteurs de la célèbre série turque "Le Siècle Magnifique", librement adaptée de la vie du sultan ottoman Soliman le Magnifique au XVIe siècle et diffusée dans plus de quarante pays sur quatre saisons. (AFP, 30 avr 2025)


Kurdish Question / Question kurde

Le PKK s'est réuni "avec succès" en vue de sa dissolution

Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a réuni son congrès "avec succès" en vue de prononcer sa dissolution et de mettre un terme à des décennies de combats fratricides qui ont fait près de 40.000 morts en Turquie.

Selon les informations rapportées vendredi par l'agence prokurde ANF, proche du parti armé, les travaux se sont tenus du 5 au 7 mai dans "les zones de défense Media", terme utilisé par le mouvement pour désigner les montagnes de Qandil, dans le nord de l'Irak, où se trouvent le commandement militaire du PKK et ses combattants.

"Le 12e congrès du PKK s'est réuni avec succès à l'appel du leader Abdullah Öcalan et l'a salué avec nostalgie et respect", rapporte l'agence, citant un communiqué de la présidence du congrès.

Celle-ci précise que "des décisions d'une importance historique" ont été prises "concernant les activités du PKK, sur la base de l'appel" de M. Öcalan.

Le 27 février, le leader historique du PKK Abdullah Öcalan, "Apo" (oncle, en kurde) pour ses partisans, avait appelé son mouvement à déposer les armes et à se dissoudre.

Cet appel du leader de 76 ans, incarcéré depuis 26 ans sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, faisait suite à une médiation initiée à l'automne par un allié du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, le nationaliste Devlet Bahceli, via le parti prokurde DEM.

Le PKK avait répondu favorablement le 1er mars, annonçant un cessez-le-feu immédiat avec les forces turques.

Le DEM a salué vendredi un "tournant historique". "Une nouvelle page s'ouvre sur la voie d'une paix honorable et d'une solution démocratique", a estimé le parti dans un communiqué, ajoutant que "toutes les institutions politiques démocratiques", en particulier l'Assemblée nationale turque, devraient "prendre leurs responsabilités pour une véritable démocratisation" du pays.

Un responsable du parti, troisième force au parlement turc, a indiqué à l'AFP que les travaux du congrès ont été retardés par le décès le 3 mai de l'un de ses membres, Sirri Süreyya Önder, qui était très impliqué dans cette médiation et proche de M. Öcalan.

 - "opportunité historique" -

Le Congrès du PKK lui a rendu hommage "avec respect et gratitude", et appelé "tout le monde à travailler ensemble pour atteindre les objectifs de paix et de société démocratique" défendus par M. Önder, rappelle l'ANF.

Après avoir salué une "opportunité historique" de paix, le président Erdogan avait juré de poursuivre les opérations armées contre le PKK "si (ses) promesses n'étaient pas tenues".

Mi-mars, le PKK s'était dit dans l'impossibilité de se réunir en raison des bombardements turcs persistants sur ses positions.

"Chaque jour, des avions de reconnaissance (turcs, NDLR) volent, chaque jour, ils bombardent, chaque jour, ils attaquent", avait insisté sur une chaîne de télévision kurde, Sterk TV, Cemil Bayik, l'un des dirigeants du mouvement.

Le sort de M. Öcalan à ce stade n'est pas connu, mais un responsable du parti au pouvoir AKP a laissé entendre que son régime de détention serait "assoupli", sans cependant évoquer sa remise en liberté, selon le quotidien turc progouvernemental Türkiye.

"Certaines mesures administratives seront prises. Un officier sera chargé de l'assister à Imrali. Les conditions de détention seront assouplies. (...) Les rencontres avec le DEM et la famille seront également plus fréquentes", selon ce responsable qui affirme que "Öcalan lui-même a déclaré ne pas vouloir quitter Imrali".

Selon ce responsable, le fondateur et leader du PKK, toujours respecté de ses partisans, craint pour sa vie s'il quitte sa prison. "Il sait qu'il aura un problème de sécurité lorsqu'il sortira".

L'Irak avait exigé en mars un retrait total de son territoire de l'armée turque et des combattants du PKK en cas d'accord de paix.

De leur côté, les combattants kurdes au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), dans le nord-est de la Syrie, s'étaient dits "pas concernés" par l'appel du PKK à désarmer. (AFP, 9 mai 2025)

Décès de Sirri Süreyya  Önder, figure du dialogue avec le PKK

Le député prokurde de Turquie Sirri Süreyya  Önder, décédé samedi, était une figure respectée même de ses adversaires,  capable de s'adresser au-delà de son cercle politique pour promouvoir la paix  avec le groupe armé kurde PKK.

L'élu du Parti de l'égalité et de démocratie des peuples (DEM, prokurde)  était né en 1962 dans une famille turque et socialiste d'Adiyaman dans le  sud-est à majorité kurde du pays.

Doté de cette double culture, d'une ténacité à toute épreuve et d'une  solide répartie, il a joué un rôle clé dans le dialogue entre Ankara et le  Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis l'automne dernier, comme il  l'avait fait une première fois entre 2013 et 2015.

"Son tempérament et son parcours ont fait qu'il est devenu un virtuose dans  l'art de s'adresser à tous", indiquait à l'AFP l'ancien président du HDP (le  prédécesseur du DEM), Ertugrul Kürkçü.

A plusieurs reprises depuis la fin 2024, Sirri Önder avait rencontré avec  d'autres responsables du DEM le fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, détenu  depuis 26 ans sur une ile au large d'Istanbul, et des responsables turcs, dans  le cadre d'un dialogue initié par Ankara.

Fin février, M. Öcalan a appelé le PKK à déposer les armes et à "se  dissoudre" pour mettre fin à quatre décennies de guérilla qui ont fait plus de  40.000 morts.

 - "Postier de la paix" -

 "Je serai le postier de la paix s'il le faut. Je donnerai ma vie pour  cela", affirmait M. Önder pour faire taire les critiques.

Son hospitalisation à la suite d'une rupture de l'aorte, mi-avril, avait  provoqué une émotion considérable dans la classe politique turque.

Le président Recep Tayyip Erdogan - qui ne manque jamais d'accuser le DEM  de liens avec le PKK - avait appelé la fille de M. Önder pour l'assurer qu'il  suivait "de près" son état de santé.

"C'est le résultat des efforts (de M. Önder) en faveur de la liberté, de la  justice et de la paix jusqu'à ses 62 ans", a écrit Ali Duran Topuz, sur le  journal en ligne Arti Gercek.

"Les événements semblent déprimants, mais des jours meilleurs sont en  réalité proches", affirmait Sirri Süreyya Önder en souriant en 2018, à la  veille de son incarcération pour un an pour "propagande terroriste".

La prison, il l'a connue dès ses 16 ans, pour avoir participé à une  manifestation, puis de nouveau après le coup d'Etat de 1980, torturé puis  incarcéré pendant sept ans.

- "Député des arbres" -

 Apprenti d'un photographe, camionneur puis ouvrier dans le bâtiment, il  devient par la suite réalisateur, chroniqueur presse et TV, auteur notamment  d'une fiction multi-récompensée en 2006, "Beynelmilel" (L'Internationale), sur  la répression du coup d'état de 1980.

"Alors que la plupart des films turcs sur le coup d'Etat de 1980 se  concentrent sur la défaite et le découragement de la gauche, Beynelmilel est  un des rares films à ce sujet à donner de l'espoir", souligne Mazlum Vesek,  spécialiste du cinéma turc.

 En 2013, il était aux premiers rangs des manifestations de Gezi, le grand  mouvement de contestation parti d'Istanbul initialement pour défendre un parc:  "Je suis aussi le député des arbres", lançait-il aux policiers.

Depuis sa prison, le chef historique du PKK Abdullah Öcalan avait publié  après l'hospitalisation de M. Önder un message soulignant "ses grands efforts  pour la paix".

 "C'est quelqu'un qui brise les préjugés. Il les a brisés dans la société,  au parlement et dans les rues", affirmait le leader kurde. (AFP, 3 mai 2025)

Hamit Bozarslan :"L’idée d’un Kurdistan reste puissante et mobilise les générations "

Le Point, 8 mai 2025, Propos recueillis par François-Guillaume Lorrain

Les Kurdes n'ont émergé des ténèbres de l'Histoire que dans les années 1980, à l'occasion de conflits concernant des pays dans lesquels ils vivaient, la guerre entre l'Iran et l'Irak. Mais on ne se soucia de leur sort que quelques années plus tard, quand Saddam Hussein, après la guerre perdue du Koweït, se vengea sur eux, alors que les Alliés les avaient incités à se rebeller.

L'histoire des Kurdes, en Occident, débute donc par un abandon. Un double abandon, devrait-on dire, puisque la première fois que le voile s'était levé sur eux, vers 1920, lorsqu'il fut question d'un Kurdistan au lendemain de la Première Guerre mondiale, la promesse ne fut pas tenue par les Français et les Anglais, prélude à des massacres multiples dans un Moyen-Orient dont les Kurdes, aujourd'hui, sont devenus des acteurs incontournables.

Répartis sur quatre États, les Kurdes vivent dans une dialectique permanente, entre unité et fragmentation nationale. C'est l'une des caractéristiques que souligne, dans cet entretien, Hamit Bozarslan, qui vient de diriger Histoire des Kurdes, des origines à nos jours, paru au Cerf. Après cette lecture, on ne pourra plus dire que les Kurdes sont un grand peuple inconnu.

Le Point : Comment expliquer que les Kurdes représentés dans des dynasties musulmanes comme les Ayyoubides (au XIIIe siècle avec Saladin) ou en Iran, avec les Safavides, jusqu'au XVIIIe, se retrouvent en minorité au sein de l'Empire ottoman à la fin du XIXe siècle ?

Hamit Bozarslan : Le XIXe siècle est, certes, marqué par des révoltes kurdes incessantes contre l'État central, notamment avec Bedir Khan en 1846, sur le modèle de Méhémet Ali en Égypte, mais la très grande brutalité du pouvoir à Constantinople scelle leur échec, comme pour certaines insurrections qui voient le jour dans les Balkans. Ce qui fait la force des Kurdes est aussi leur faiblesse : la fragmentation des structures tribales, des alliances toujours incertaines.

À partir de 1890, Constantinople mise sur la fraternité islamique pour enrégimenter les Kurdes dans des brigades qui apportent leur soutien à la répression des Arméniens. Le sultan a repéré le potentiel de violence kurde, mais il la canalise, l'instrumentalise pour aiguiser les lignes de fracture intrakurde ou pour l'utiliser contre les Arméniens. En jouant sur la peur d'un État islamique menacé de disparition, le Palais inféode une partie des Kurdes pour contrer les révolutionnaires arméniens qui ambitionnent de refonder l'Empire sur des bases égalitaires.

Pourquoi les Kurdes, qui ont prêté la main au génocide arménien, se retrouvent-ils en 1916 déportés en masse – près de 500 000 personnes – vers l'Anatolie par les Ottomans qu'ils ont pourtant aidés ?

À cette date-là, on est déjà dans le nationalisme turc à outrance. Des documents ont démontré que, très vite, aux yeux du Comité Union et Progrès qui a confisqué le pouvoir, les Kurdes remplacent les Arméniens. Dans le sillage du génocide, il décide de déporter les Kurdes et de les disséminer au sein des populations turques où ils ne représenteront jamais plus que 4 ou 5 % de la population, où leurs solidarités et hiérarchies internes seront détruites.

Au Traité de Sèvres en 1920, Anglais et Français promettent aux Kurdes un État. Hypocrisie, fausses promesses ou réelle volonté d'aller dans ce sens ?

Ces deux puissances sortent exsangues du conflit mondial. Leur expérience mandataire, en Irak pour l'Angleterre, en Syrie pour la France, se passe très mal sur le terrain : employer des troupes, de l'argent, pour faire aboutir le projet d'un Kurdistan, devient coûteux. Ce recul va de pair avec la lâcheté à l'égard des dirigeants nationalistes turcs qu'on avait promis de faire condamner pour crimes contre l'humanité, avant d'y renoncer.

Les Kurdes eux-mêmes sont divisés sur l'attitude à adopter à l'égard de Mustafa Kemal. Une partie de l'élite vise la fondation d'un État ; une autre, composée de religieux, de chefs de tribus, réclame seulement une autonomie. Ils croient aux discours de Kemal qui parle souvent de réunir les trois Kurdistan (Syrie, Turquie, Irak), de reconnaître l'égalité entre Turcs et Kurdes, qui légitime sa lutte par un discours panislamiste. C'est d'ailleurs du Kurdistan turc qu'est partie la résistance de Kemal face aux Grecs en 1920.

La révolte réprimée de Koçgiri en 1921 sonne-t-elle le glas de cette croyance ?

Les rebelles kurdes de Koçgiri ne croyaient déjà pas à ces promesses. Mais il faut avoir à l'esprit qu'ils étaient des Kurdes alévis – une confession en rupture avec le sunnisme – et qu'ils ont sauvé des Arméniens pendant le génocide. La répression turque est atroce et laissera un souvenir terrible et durable, les Alévis étant à nouveau massacrés en 1938. Le traité de Lausanne en 1923, favorable à la Turquie, enterre plus largement les espoirs kurdes.

Comment le rêve d'un Kurdistan peut-il perdurer en dépit de ces défaites ?

La nette défaite du mouvement kurde dans les années 1920, l'intériorisation de la victoire des 4 États – Iran, Irak, Syrie, Turquie –, où l'on trouve désormais éparpillés des Kurdes, vont conduire, malgré ces revers, à une unité qui s'opère symboliquement : on s'unifie par un imaginaire, on crée un drapeau kurde, il se structure un Panthéon de héros kurdes ; en 1946, on écrit un hymne national kurde. Tous ces symboles circulent dans l'espace, dans le temps, utilisés, radicalisés dans les années 1960, 1970, ce qui permet un dynamisme interne.

Mais les effets de la division sont réels. À partir des années 1920, les frontières entre l'Empire perse et l'ancien Empire ottoman, jusque-là perméables, ainsi que les nouvelles frontières entre la Turquie, l'Irak et la Syrie, se militarisent à outrance pour interdire tout déplacement de Kurdes. Aller voir son cousin en lui apportant du thé revient à trahir et à faire de la contrebande. La résistance kurde consiste à défier ce couperet des frontières. Deux logiques coexistent donc : on devient pleinement citoyen turc, iranien ou irakien, mais on devient aussi pleinement kurdistanais, grâce à un lien de solidarité et de transfrontalité qui ne cesse jamais. C'est une division qui est à la fois intériorisée et contestée.

Les Soviétiques, en Iran en 1945 où naît une très éphémère République kurde, les Américains, en Irak en 2003 ou en Syrie à partir de 2012, ont souvent utilisé les Kurdes pour lutter contre un ennemi commun…

Dès que les lignes bougent, dès que surgissent des alliés potentiels venus d'ailleurs, les acteurs kurdes se repositionnent, car ils offrent une force humaine indispensable. Sans les Kurdes, l'État islamique n'aurait pu être vaincu en 2015, et s'ils n'étaient pas là encore, rien n'empêcherait sa renaissance.

Comment se présente le tableau de leurs autonomies selon les quatre États où ils sont répartis ?

Dans les années 1940, 1950, il est unanimement répressif : aucune représentation politique n'existe. Cette collaboration entre les États se lézarde au fil des années 1960, 1970, et des tensions entre l'Iran et l'Irak, la Turquie et la Syrie, l'Irak et la Syrie. Les Kurdes ont joué de ces divisions, de ces conflits, disposant d'alliés à un prix moral parfois très haut.

En Irak, ils ont été lâchés par les Américains après la guerre du Golfe en 1991. Seuls les soutiens de François Mitterrand, qui a convaincu George Bush de revenir sur sa décision, et du président turc relativement réformiste Turgut Özal, qui a vu arriver deux millions de Kurdes dans son pays, ont persuadé les Américains de créer une zone d'autonomie complète qui demeure encore.

En Syrie, depuis 2012, l'autonomie au nord du pays est aussi une réalité, même si elle n'a pas de statut officiel. Malgré les incursions turques, aujourd'hui entravées sous la double pression américaine et israélienne, les négociations du PYD avec Damas laissent augurer d'une autonomie durable au Rojava (littéralement, là où le soleil se couche, ou « l'ouest du Kurdistan »), le nouveau pouvoir syrien ne pouvant se payer le luxe d'une seconde guerre civile.

En Iran, aucun parti n'est toléré, mais il existe une société souterraine, des cercles de sociabilité très dense. En Turquie, malgré les milliers d'arrestations, malgré les Escadrons de la mort, le parti légal kurde, le DEM, obtient 10 % des voix aux élections. Demeure la question du PKK, clandestin, de son avenir au sein d'un éventuel processus de paix.

L'idée d'un Kurdistan reste-t-elle encore vivace ?

Oui, elle est puissante et permet un effet d'ancrage, de mobilisation générationnelle, qui dure, malgré la répression. Elle est à la base d'une dialectique singulière : les Kurdes ont différentes références politiques selon les pays où ils se trouvent, différents alphabets, mais ils partagent une même histoire transmise dans les familles, les cercles de sociabilisation, de manière très précoce, je pense par exemple aux pique-niques en Turquie des années 1950-1960. Les Kurdes ont dès la fin des années 1990 créé de nombreux sites Internet, aujourd'hui, il en existe par milliers. Au final, c'est une communauté qui oscille entre une grande inquiétude et une forte espérance.

En Turquie, les négociations piétinent entre le gouvernement et le PKK

Courrier international 30 avril 2025

Les médias progouvernementaux turcs étaient formels : la guérilla kurde du PKK devait, à la fin du mois d’avril, organiser un grand congrès pour débattre de l’appel lancé le jeudi 27 février par Abdullah Öcalan, le fondateur du mouvement, emprisonné en Turquie depuis 1999, à rendre les armes et à dissoudre l’organisation.

Attendu depuis deux mois, ce congrès n’aura finalement pas lieu à la date prévue par les autorités turques, ont annoncé les dirigeants kurdes retranchés dans les montagnes du nord de l’Irak. “Depuis l’appel du 27 février, nous n’avons observé aucun changement concret qui nous permette de traduire cet appel dans les faits”, a déploré l’organisation dans un message diffusé le 28 avril, rapporte le quotidien Birgün.

Plusieurs questions en suspens

Le PKK réclame notamment que son fondateur emprisonné puisse présider le congrès dont il a demandé la réunion lors de son appel du 27 février. Une demande difficile à satisfaire pour Ankara, qui a refusé la possibilité que le leader kurde y intervienne en direct par vidéoconférence, notamment par crainte qu’il ne délivre un message différent de celui lancé il y a deux mois, rapporte le journaliste turc Murat Yetkin sur son blog, Yetkin Report.

Maintenu au secret pendant des années, Abdullah Öcalan a pu bénéficier de quelques visites ces derniers mois, notamment celle d’une délégation du parti prokurde de Turquie, le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM). Mais les autres visites qu’il a réclamées lui ont jusqu’à présent été refusées. Outre la question du régime de détention d’Öcalan, de nombreuses questions restent en suspens, parmi lesquelles celle de l’avenir des milliers de prisonniers kurdes accusés de liens avec le PKK, et plus généralement celle du devenir des combattants du mouvement.

Le parti prokurde du DEM – dont de nombreuses mairies ont été saisies par le pouvoir islamo-conservateur ces derniers mois et plusieurs de ses élus emprisonnés – a aussi fait le choix de lancer des négociations avec le gouvernement turc, notamment sur le projet d’une nouvelle Constitution qui prendrait mieux en compte les droits – en particulier culturels – de la minorité kurde du pays (autour de 20 % de la population). Mais ces négociations tardent également à déboucher.

Combats dans le nord de l’Irak

Dans ce contexte, l’annonce d’un nouveau procès contre l’ancien dirigeant du parti, l’avocat Selahattin Demirtas, a été accueillie par le mouvement kurde comme une “tentative de sabotage” du processus de paix par le pouvoir, rapporte le média en ligne Kisa Dalga.

Emprisonné depuis 2016 malgré des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour constitutionnelle turque exigeant sa libération, l’opposant a été condamné à quarante-cinq ans de prison en 2024 et pourrait se voir condamner à quinze ans supplémentaires pour un discours prononcé il y a neuf ans.

Sur le terrain, si l’intensité des combats qui opposaient en Syrie les mercenaires proturcs et les YPG (Unités de protection du peuple), proches du PKK, a diminué ces dernières semaines, les affrontements se poursuivent entre l’armée turque et le PKK en Irak.

La Turquie y occupe 2 000 km2, empêchant les déplacements et frappant parfois les populations civiles, relate un reportage de la BBC. En réponse aux bombardements aériens turcs, le PKK a lancé depuis la mi-avril plusieurs attaques avec des drones explosifs contre l’armée d’Ankara, selon le quotidien Hürriyet.

Cinq membres des forces kurdes tués en Syrie par l'EI (FDS)

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, ont annoncé mardi la mort de cinq de leurs combattants lors de deux attaques menées par le groupe jihadiste État islamique (EI) dans l'est de la Syrie.

"Cinq de nos combattants sont tombés en martyrs et d'autres ont été blessés en repoussant deux attaques terroristes contre une position militaire de nos forces" dans deux localités, ont indiqué les FDS, bras armé de l'administration autonome kurde.

Les FDS, qui ont fait état d'une série "d'opérations terroristes menées par l'EI dans la région de Deir Ezzor" ont annoncé avoir renforcé les "mesures de sécurité et patrouilles dans la région, avec la recrudescence des activités des cellules dormantes".

Le groupe ultraradical s'était emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak, proclamant en 2014 un "califat" où il a imposé un règne de terreur, avant d'être défait territorialement en 2019 par les FDS, aidées par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Les combattants repliés dans le vaste désert syrien ont continué cependant de mener des attaques sanglantes, notamment contre des civils.

Depuis la chute du président déchu Bachar al-Assad le 8 décembre, la fréquence des attaques du groupe a diminué dans les zones contrôlées par les nouvelles autorités islamistes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, à l'inverse des zones contrôlées par les Kurdes dans l'est et le nord-est.

Lors de sa première visite à Bagdad en mars, le chef de la diplomatie syrienne Assaad al-Chaibani avait assuré que la Syrie était prête à "renforcer la coopération avec l'Irak" pour lutter contre l'EI à leur frontière commune, longue de plus de 600 kilomètres.

Après la chute d'Assad, le président par intérim Ahmad al-Chareh et le commandant des FDS, Mazloum Abdi, ont signé un accord bilatéral le 11 mars visant à intégrer les institutions de l'administration autonome kurde dans l'Etat syrien.

Mais ils ont rejeté la déclaration constitutionnelle adoptée par Damas, qui accorde les pleins pouvoirs à M. Chareh, estimant qu'elle ne reflète pas la diversité syrienne. (AFP, 29 avr 2025)

Les Kurdes demandent la construction d'un Etat "démocratique et décentralisé" en Syrie

Plusieurs partis kurdes ont adopté samedi une position commune pour construire un Etat "démocratique et décentralisé" après la chute de Bachar al-Assad en Syrie, où leurs droits seraient garantis.

Soutenus par Washington, les Kurdes contrôlent de vastes territoires dans le nord et l'est de la Syrie, incluant les principaux champs pétroliers et gaziers, et voient dans la fin du pouvoir de Bachar al-Assad, évincé par les nouvelles autorités islamistes le 8 décembre, l'occasion d'être mieux représentés dans le pays multiethnique.

Plus de 400 figures kurdes syriennes et des représentants kurdes d'Irak et de Turquie, ont participé à cette conférence intitulée "Unité de la position et du rang kurdes" et à l'issue de laquelle les participants ont adopté un "projet de vision politique kurde commune, exprimant (...) une approche réaliste pour une solution juste à la question kurde en Syrie, en tant qu'Etat démocratique décentralisé".

Mohammad Ismaïl, responsable kurde, a indiqué que la déclaration finale constituait la "charte fondatrice" d'une "Syrie unifiée, pluriethnique, multiconfessionnelle et multiculturelle, dont la Constitution garantit les droits nationaux du peuple kurde, protège la liberté et les droits des femmes et favorise leur participation active à toutes les institutions politiques, sociales et militaires".

La déclaration appelle à adopter cette vision comme "base du dialogue national" entre les forces kurdes ainsi qu'avec la nouvelle administration de Damas et l'ensemble des forces nationales syriennes, et annonce la formation prochaine d'une délégation chargée de dialoguer avec les parties concernées pour concrétiser les objectifs de cette position.

Les nouvelles autorités ont rejeté toute tentative de division ou de séparatisme, visant implicitement les aspirations kurdes à consolider l'autonomie acquise au fil du conflit depuis 2011.

Le président Ahmad al-Chareh et le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, ont signé un accord bilatéral le 11 mars visant à intégrer les institutions de l'administration autonome kurde dans l'Etat syrien.

Les FDS, bras armé de l'administration autonome, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique, qu'elles ont défait territorialement en 2019.

"La conférence n'a pas pour objectif, comme certains le prétendent, de diviser le pays, mais au contraire de promouvoir l'unité de la Syrie", a déclaré M. Abdi lors de l'ouverture de la conférence, à laquelle participaient également des partis kurdes rivaux de l'administration autonome.

"Nous voulons que toutes les composantes syriennes obtiennent leurs droits dans la constitution afin que nous puissions construire une Syrie démocratique, décentralisée et inclusive", a-t-il ajouté.

Les Kurdes ont rejeté la déclaration constitutionnelle adoptée par Damas, qui accorde les pleins pouvoirs à M. Chareh, estimant qu'elle ne reflète pas la diversité syrienne.

Dans un message publié sur X, Badran Ciya Kurd, responsable de l'administration autonome, a déclaré que la conférence marquait un "moment historique" qui permettra aux Kurdes de "jouer un rôle de premier plan dans les transformations démocratiques radicales en Syrie". (AFP, 26 avr 2025)

Minorités / Minorities

Souverainté nationale turque et génocide arménien

Ragip Duran, TVXS.GR, 26 avril 2025

La Turquie officielle célèbre le 23 avril la Fête de la Souveraineté  Nationale et des Enfants.

Une grande partie de la communauté internationale, à commencer par l’Arménie, toute la diaspora arménienne sur les 5 continents et plusieurs instances politiques y compris le Parlement Hellénique commémore le 24 avril, la 110e année du Génocide Arménien.

Le 23 avril 1923, Moustapha Kémal, vainqueur de la ‘’Guerre d’İndépendance’’ avait inauguré à Ankara, nouvelle capitale du nouvel Etat, la Grande Assemblée Nationale de Turquie, organe suprême qui détenait les trois pouvoirs: Le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Kémal, était également le chef des forces armées. 

‘’La souverainté nationale’’ n’était pour Kémal que l’élimination politique sinon physique de l’ensemble des populations non-turques, non-musulmanes et voir celles des musulmanes de secte alévi.

102 années plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, le Président Erdogan est en pratique aussi bien équipé politiquement que Kémal des années 1920. La continuité est un élément essentiel de l’Etat!

Le 24 avril 1915, donc à peine 8 ans avant la déclaration de la République turque, plus de 2000 Arméniens d’Istanbul, chefs et porte-paroles de la communauté, hommes politiques, journalistes, écrivains et intellectuels ont été arrêtés sous les ordres de Talat Pacha, ministre de l’Intérieur de l’Empire Ottoman. Ces Arméniens ont été exilés vers Anatolie Centrale et la majorité des membres de ce groupe a été assassinée sur la route. 24 avril est donc, selon les Arméniens le début du Génocide.

Ces deux dates, le 23 et le 24 avril sont intimement liées l’une à l’autre. Car ce fut le génocide arménien qui a ouvert la voie à la création de la République turque. Le pouvoir politique de l’époque (1908-1918), c’est-à-dire le Comité de l’Union et du Progrès (CUP), tout comme leurs successeurs les Kémalistes, croyait que la seule solution pour sauver la nation turque en faillite, était de créer un Etat-Nation. Ce dernier se définit comme ‘’une seule nation, un seul drapeau, un seul Etat, une seule langue’’. Le Prof. Hans-Lukas Kieser, grand historien de cette époque écrit que l’objectif du CUP et des Kémalistes plus tard, était ‘’de neutraliser et de chasser toutes les populations non-musulmanes et non-turques de l’Anatolie’’. Donc les Arméniens, les Grecs, les Assyriens, les chaldéens, les Juifs d’abord et plus tard les Kurdes, les alévis et les Arabes devraient être turquisés ou chassés de l’Anatolie. Les idéologues du CUP et du Kémalisme, croyaient que les non-turcs et les non-musulmans de l’Empire agissaient comme la Cinquième Colonne des puissances étrangères, en particulier de ‘’la France et de la Grande Bretagne qui désirent diviser et coloniser l’Empire’’. La direction du CUP était profondément pro-Allemand.

L’interdépendance entre le 24 et le 23 avril a été maintes fois démontrée par des faits et déclarations des officiels. Talat Pacha, nommé l’architecte du génocide par les historiens et arméniens, est encore vu par l’Etat turc comme ‘’un grand héros national’’. Plusieurs dizaines de boulevards, de places publiques et de rues en Turquie portent aujourd’hui le nom de Talat Pacha.

Les relations d’amitiés politiques entre Talat Pacha et Moustapha Kémal sont bien exposées dans la correspondance de ces deux personnalités. ‘’Talat Pacha a nettoyé la route devant nous’’ a-t-il affirmé à sa veuve selon le journaliste-historien Murat Bardakci.

Le ministre de la Défense Nationale M. Vecdi Gonul avait déclaré en novembre 2008 à Bruxelles la relation entre les génocides et la création de l’Etat-Nation turc: ‘’S’il y avait encore des Roums en Egée et des Arméniens dans les autres régions de la Turquie, est ce qu’on pourra avoir le même Etat national?’’.

Cette relation très intime et très forte entre le 24 et le 23 avril oblige les officiels turcs à faire une grande opération d’agitation et de propagande à propos du 23 avril et à se taire voire à renier le 24 avril.

La République turque d’aujourd’hui, 102 ans après sa création, n’est toujours pas capable de faire face à son propre histoire. 31 gouvernements ou parlements, y compris la Grèce ont déjà officiellement reconnu le Génocide Arménien de 1915, seule la Turquie et l’Azerbaïdjan renient ce fait tragique.

Politique intérieure/Interior Politics

L'accès au compte X du maire d'Istanbul bloqué par les autorités

Les autorités turques ont bloqué jeudi l'accès au compte X du maire incarcéré d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, qui compte près de 10 millions d'abonnés, a constaté l'AFP.

Un message précise: "Compte restreint -- @ekrem_imamoglu a été restreint en TR (Turquie) en réponse à une demande légale".

Ce blocage intervient au lendemain d'un rassemblement de l'opposition devant l'université d'Istanbul, suivi par des dizaines de milliers de personnes, la foule la plus importante depuis un mois.

En revanche le compte en anglais du maire, @imamoglu_int, reste accessible.

Depuis l'arrestation le 19 mars de M. Imamoglu, accusé de "corruption" - ce qu'il nie -, et son placement en détention, le maire continue de s'exprimer via des messages postés sur son compte X par des proches.

Dans son dernier message sur X, l'opposant incarcéré à la prison de Silivri, dans la banlieue d'Istanbul, exhortait ses partisans à rejoindre le rassemblement convoqué mercredi soir par son parti, le CHP.

Selon le groupe de surveillance EngelliWeb, qui rapporte la censure sur Internet et les sites bloqués en Turquie, l'accès au compte du maire a été bloqué pour des raisons de "protection de la sécurité nationale et de l'ordre public", en vertu de "l'article 8/A de la loi n° 5651".

L'arrestation d'Ekrem Imamoglu, alors qu'il s'apprêtait à être investi par son parti pour l'élection présidentielle de 2028, a jeté chaque soir pendant une semaine des dizaines de milliers de personnes dans les rues d'Istanbul, et provoqué des manifestations dans des dizaines de villes de Turquie.

Face à la répression et près de 2.000 arrestations, leur nombre avait progressivement diminué au cours des dernières semaines.

Selon Yaman Akdeniz, professeur de droit et directeur de l'Association turque pour la liberté d'expression (IFOD), les raisons du blocage n'ont pas encore été divulguées mais "grâce à notre projet EngelliWeb, nous avons pu détecter l'existence d'un ordre au titre de l'article 8/A ".

"Malheureusement, je ne suis pas surpris car des centaines de comptes ont fait l'objet d'ordres similaires depuis l'arrestation d'Imamoglu", a-t-il déclaré à l'AFP.

"X est officiellement devenu le bras des forces de l'ordre turques", a-t-il ajouté.

L'avocat Gönenç Gürkaynak a annoncé qu'il contesterait cette décision en justice: "à la demande de X et en ma qualité d'avocat indépendant de X, je déposerai ce matin une demande d'objection auprès du tribunal compétent", a-t-il annoncé sur son propre compte.

En signe de solidarité avec le maire, de nombreux abonnés ont affiché un portrait d'Ekrem Imamoglu en photo de profil. (AFP, 8 mai 2025)

Nouveau coup contre la mairie d'Istanbul, autour du canal de la discorde

Le projet décrié de "Kanal Istanbul", destiné à doubler la voie maritime du Bosphore sur 50 km, se retrouve au coeur du conflit entre la mairie de la mégapole et les autorités turques.

Le parquet d'Istanbul a annoncé samedi avoir émis des mandats d'arrêt à l'encontre de cinquante-trois personnes, dont quarante-sept ont été interpellées, des proches du maire d'opposition Ekrem Imamoglu, arrêté le 19 mars, et de son équipe.

Pour les responsables de son parti, le CHP, ces arrestations sont liées à leur volonté de contrer le projet démesuré de "Canal Istanbul" du président Recep Tayyip Erdogan.

En meeting à Mersin (sud), le chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, a accusé le gouvernement d'avoir "relancé" le projet de "Kanal Istanbul" juste après l'arrestation d'Ekrem Imamoglu.

Ce qu'a démenti "le département de lutte contre la désinformation" du gouvernement, assurant que "l'opération fait suite à l'enquête ouverte le 19 mars contre le maire pour corruption".

- "Une poignée d'ambitieux" -

De sa cellule, Ekrem Imamoglu a dénoncé ces arrestations à un moment où Istanbul et ses 16 millions d'habitants vivent dans la terreur d'un séisme majeur, après celui de 6,2 qui a secoué cette ville mercredi, suivi depuis de nombreuses répliques.

Il s'en est pris à "une poignée d'ambitieux (...) qui se sont mis à remplir des dossiers vides de mensonges et de calomnies".

Le maire, l'un des plus farouches opposants au président Erdogan, a été placé en détention accusé de "corruption", alors qu'il devait être désigné pour être le candidat du CHP à la future élection présidentielle.

Parmi les personnes arrêtées samedi figurent, entre autres, selon la presse turque, son chef de cabinet particulier, le frère aîné de son épouse et plusieurs responsables de l'administration municipale.

Sur X, le responsable provincial du CHP d'Istanbul, Özgür Celik, a affirmé que "l'opération d'aujourd'hui" n'était "pas une coïncidence", les services municipaux ayant ordonné la démolition et l'arrêt des chantiers immobiliers le long du tracé du "Canal Istanbul".

"Les employés de la municipalité qui se sont opposés (au projet) sont actuellement au poste de police principal", a ajouté M. Celik.
 Le projet de canal présenté par le président Erdogan, alors Premier ministre, en avril 2011 n'a pas commencé à être réalisé mais des programmes immobiliers ont été lancés par l'Etat tout comme la vente des terrains.

Cette voie d'eau relierait la mer Noire à la mer de Marmara afin de désengorger le détroit du Bosphore, sur 50 km de long, 150 m de large et 25 m de profondeur.

Le président du CHP Özgür Özel a affirmé cette semaine devant le Parlement que l'arrestation de M. Imamoglu était liée à son opposition au "Kanal".

- "Maisons au bord de l'eau" -

"Ils n'arrivent pas à creuser le canal parce que le gardien d'Istanbul Ekrem Imamoglu s'y oppose. Mais ils ont entamé la construction de maisons tout autour ! Pourquoi ? Parce qu'ils les ont vendues", a-t-il martelé.

"Pendant que le maire est en prison" a-t-il renchéri samedi, "Recep Tayyip Erdogan est apparu dans des publicités sur les télévisions arabes. Il a promis des maisons avec vue sur le canal et des lacs à Istanbul, avec des passeports turcs en supplément".

Le projet est fortement décrié par les défenseurs de l'environnement car il empièterait sur les derniers terrains naturels et agricoles autour de cette mégapole.

En outre, le creusement du canal exposerait encore davantage Istanbul aux risques sismiques, ont rappelé cette semaine plusieurs experts, arguant qu'une faille active repose sous son tracé.

"Tous les experts disent que le tremblement de terre sera une question de +survie+ (pour Istanbul). S'il vous plaît, n'allouez plus de ressources à des projets pharaoniques ! Encore une fois : soit le Canal, soit Istanbul", a plaidé le Dr Bugra Gökce, le président de l'Agence de planification urbaine d'Istanbul.

"Que puis-je ajouter...? Bonne chance !", concluait également le Pr Övgün Ahmet Ercan, un géophysicien de l'Institut technique d'Istanbul (ITU).

Ekrem Imamoglu s'est toujours opposé au projet, affirmant dès 2021 que les terrains bordant le futur canal avaient été cédés à des partisans de M. Erdogan : "C'est un projet de BTP et d'immobilier", déplorait-il, avant d'affirmer que "la principale motivation d'Erdogan, c'est l'argent, l'argent et encore l'argent". (AFP, 26 avr 2025)

Forces armées/Armed Forces


Affaires religieuses / Religious Affairs

Les Chypriotes turcs manifestent contre l'autorisation du voile au lycée

Une nouvelle manifestation de Chypriotes-turcs  est attendue vendredi à Nicosie-Nord pour protester contre la récente  autorisation du port du voile dans les lycées publics, une réforme dénoncée  par ses opposants au nom des traditions laïques locales.

Un appel à la grève générale a été lancé pour vendredi par plus d'une  centaine de syndicats pour exiger l'abrogation de la nouvelle règle, et  rendez-vous donné en début de soirée pour manifester, dans la partie chypriote  turque de la capitale divisée.

En mars, le conseil des ministre de la République turque de Chypre du Nord  (RTCN) - autoproclamée en 1983 et reconnue uniquement par Ankara - a réformé  le code de discipline scolaire pour autoriser le hijab au lycée, laissant les  collèges décider si faire pareil ou pas.

Le foulard, s'il est porté, doit être simple, de couleur unie et assortie à  l'uniforme scolaire, selon la nouvelle réglementation.

"Dans ce pays, il y a ceux qui ont des croyances religieuses et ceux qui  n'en ont pas. Ceux qui vont à la mosquée et ceux qui n'y vont pas. Ce sont des  choix individuels", a défendu lors d'une émission matinale le président de la  RTCN, Ersin Tatar.

Le changement, qui a déclenché un levée de bouclier de la part des partis  d'opposition, des milieux enseignants et des syndicats, a été décidé après un  incident relayé sur les réseaux sociaux en mars dans une école de  Nicosie-Nord, où une lycéenne s'était vue refuser l'entrée à cause de son  hijab.

Sur la vidéo, la jeune fille, un foulard bleu sur la tête est avec son père  devant les portes de l'établissement, engagée dans une discussion houleuse  avec ce qui semble être la direction tandis que les autres élèves entrent en  classe.

Les opposants à la réforme ont accusé le gouvernement de politiser le  système éducatif et de porter atteinte aux valeurs de laïcité.

 - Le risque d'une "confrontation" -

 "Faire une exception sur les symboles religieux dans les écoles publiques  est contraire à la laïcité et menace le bon développement des enfants",  s'insurge Burak Mavis, à la tête du syndicat des enseignants de la RTCN.

 "Les moins de 18 ans n'ont pas la capacité de faire leurs propres choix,  c'est une erreur de penser qu'un choix idéologique et symbolique comme le  foulard soit librement voulu", ajoute-t-il à l'AFP avant les rassemblements.

Plus de 10.000 personnes avaient déjà participé à une manifestation à  Nicosie-Nord le mois dernier, selon ce dirigeant syndical, rassemblant des  leaders du principal parti d'opposition, le Parti républicain turc (CTP), et  d'autres groupes de gauche.

"Avec cette réglementation, on est sûr de déclencher un débat de société  voire une confrontation à propos de l'éducation laïque et des libertés  individuelles", a fustigé sur Facebook Tufan Erhurman, le leader du CTP.

 Majoritairement musulmans, les Chypriotes-turcs s'identifient largement à  une pratique sécularisée de l'islam.

Le foulard est rarement porté, la consommation d'alcool courante pour  beaucoup et les plus pieux ont tendance à réserver leur pratique religieuse à  la sphère privée.

La population originaire de l'île se distingue en ce sens des habitants  venus de Turquie, volontiers plus conservateurs et religieux, et qui seraient  plus nombreux selon certaines estimations.

 Le débat n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui qu'a connu la Turquie en  2013 après la décision de lever l'interdiction du foulard pour les lycéennes.

Dans les établissements de la République de Chypre, grécophone,

reconnue  internationalement et membre de l'UE, les élèves peuvent porter le foulard et  d'autres signes religieux. (AFP, 2 mai 2025)

Socio-économique / Socio-economic

Mesures à la turque contre le vrai danger de séisme

Ragip Duran, TVXS.GR, 7 mai 2025
La Turquie se trouve géographiquement au beau milieu d’au moins de trois grandes lignes de faille, donc est un pays de séisme par excellence.

Le pays a été dévasté depuis l’Empire Byzantin par des hordes de Mongols, de Croisés, de Turcs…Mais les grands tremblements de terre  ont également déformé l’environnement naturel, l’architecture historique, l’urbanisme voire la composition des populations. Plus de 20 séismes d’intensité de plus de 6 selon l’échelle de Richter depuis 1924 a causé la mort de plusieurs centaines de milliers de citoyens et la destruction de plus de 2 millions de bâtiments selon les statistiques de l’Observatoire Kandilli de l’Université de Bosphore.

Malgré ces données, les gouvernements turcs n’ont pas pu prendre les mesures nécessaires et préparer/éduquer ses citoyens contre ce fléau. Car la majorité de ces dirigeants croient que le séisme est un événement naturel et divin donc impossible d’empêcher. ‘’Les militaires prenaient de l’alcool, c’est pourquoi il y a eu le séisme de 1999 à İzmit’’ avait osé déclarer un imam local. ‘’Les femmes qui ne portent pas le foulard islamique ont provoqué le séisme’’ avait estimé un autre responsable religieux.

La seconde raison de la carence des mesures serait le manque de planification urbaine et de l’aménagement du territoire. Le Quartier Général de la marine turque ainsi que la plus grande usine pétrochimique du pays se trouvent sur la plus grande faille d’Anatolie qui est là depuis au moins mille an!

Enfin, l’avidité à fond de gagner de l’argent encourage les promoteurs à construire des bâtiments là où il ne fallait pas. Il suffit d’un pot-de-vin pour obtenir le permis de construire même au bord d’une rivière, juste sur la faille ou bien sur un terrain déjà glissant.

L’impunité est un autre facteur qui augmente les risques. Plusieurs promoteurs n’ont même pas été interrogés alors que les bâtiments qu’ils avaient construits avec du matériel de fortune s’étaient écroulés comme des châteaux de cartes lors du grand séisme de 1999. Précision importante: L’ensemble de ces promoteurs étaient proches du pouvoir.

Faut-il également rappeler que l’administration n’accorde pas assez d’importance pour contrôler les constructions en cours.

Plusieurs Zones de Rassemblement Urgent créées dans les centres des grandes villes pour protéger les citoyens après le séisme de 1999 ont été vendus aux sociétés qui y ont construit des centres commerciaux. L’argent était donc plus important que la vie humaine.

De nos jours, le régime d’Erdogan, à la suite de l’arrestation du maire Imamoglu, a réactualisé le fameux Canal Istanbul, immense projet d’urbanisation qui reliera une deuxième fois la Mer de Marmara à la Mer Noire. Les chaînes de télévision arabes diffusent des spots publicitaires pour vendre des terrains et des villas dans cette région. Un tribunal avait déjà décidé que ce projet n’était pas conforme aux normes juridiques, écologiques et urbaines. Le pouvoir ne respecte plus la loi, le droit et les verdicts des tribunaux. Les universitaires et l’opposition ont déjà démontré que ce projet ruinera complètement l’environnement où vivent environ un million d’habitants. De plus, la construction du Canal Istanbul peut déclencher le grand séisme de magnitude de plus de 7 prévu par les experts.

Les citoyens deviennent petit à petit des spécialistes amateurs du séisme. Mais ils n’arrivent pas toujours à bien choisir leur maître préfère. Les professeurs de géologie, de sismologie, de géographie font le tour des plateaux de télévision pour éclairer les citoyens. Baguette à la main devant des cartes de failles, ils expliquent d’une façon technique avec une terminologie presque incompréhensible les risques et les mesures. La société turque déjà polarisée politiquement, économiquement et culturellement se trouve encore une fois divisée devant les affirmations contradictoires des professeurs de séisme. ‘’Hier soir, les partisans du Prof. X sont allés calmement dormir dans leurs lits. Les militants du Prof. Y ont passé la nuit dans leurs voitures. Les abonnés du Prof. Z avaient déjà quitté la ville!’’ constate un internaute.

Le séisme peut être un événement naturel, mais l’administration centrale ne l’est pas en Turquie.

Top court rejects challenge to law allowing euthanasia of stray animals

The Constitutional Court has rejected an application to annul key provisions of a controversial animal protection law that allows for the euthanasia of stray animals. The decision drew criticism from animal rights advocates who had gathered outside the court in protest.

The main opposition Republican People’s Party (CHP) had filed the petition seeking the annulement of 16 articles in Law No. 7527 amending the Animal Protection Law, which was enacted last year.

The court reviewed the case on its merits and dismissed the challenge, unanimously for some articles and by majority vote for others, according to Mezopotamya Agency (MA) reporting. It has not yet issued its reasoning for the decision.

Animal rights groups, including the Animal Rights Commission of the Union of Turkish Bar Associations, joined civil society organizations in rallying outside the Constitutional Court from the early hours of the day. Protesters denounced the court’s ruling, and police attempted to block the demonstration with riot shields.

The law, enacted in August, grants municipalities the authority to capture stray animals, dogs and cats alike, keep them in shelters until adoption, and euthanize those that were determined to be dangerous or critically ill. It also authorizes local governments to define the procedures for carrying out euthanasia.

The legislation was introduced by the ruling Justice and Development Party (AKP) following sustained public campaigns prompted by a series of street dog attacks across the country. However, it also faced strong opposition from animal rights advocates, who argued that the law violated fundamental animal welfare principles.

Following the law’s enactment, the CHP filed a case with the Constitutional Court on Aug 15, citing violations of the right to life, public interest, and animal welfare. The party requested the annulment of 16 out of the law’s 17 articles.

The court’s decision to reject the request upholds the law, which remains in force. (BIA, 7 May 2025)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Le Conseil de l'Europe exige la libération du maire d'Istanbul

Le Conseil de l'Europe a exigé mercredi la libération "immédiate" du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, après avoir pu rencontrer cet opposant au président Recep Tayyip Erdogan en détention.

"À l'issue de notre échange de vues approfondi avec M. Imamoglu, nous restons convaincus qu'il est inacceptable, dans un Etat de droit, de priver Istanbul de son maire élu en le détenant sans procès ni charges fondées, et nous réitérons notre appel en faveur de sa libération immédiate", écrit dans un communiqué la délégation qui a rencontré l'opposant.

Le communiqué ne précise par quand exactement la délégation, conduite par le Belge Marc Cools, président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, un organe du Conseil de l'Europe, a rencontré M. Imamoglu, indiquant simplement que sa visite officielle en Turquie s'est déroulée les 5 et 6 mai.

Il s'est agi de "la première délégation internationale à rencontrer le maire Imamoglu après son arrestation" le 19 mars, selon la délégation, qui remercie les autorités turques d'avoir permis cet entretien.

M. Imamoglu est détenu à la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul.

"L'arrestation d'élus locaux et de fonctionnaires municipaux, ainsi que leur remplacement sans procédure régulière ni procès fondé sur des preuves, portent atteinte aux principes démocratiques fondamentaux", dénonce le communiqué.

En outre, "les allégations de terrorisme (...) ne peuvent en aucun cas justifier le remplacement des maires par des administrateurs gouvernementaux. Ces mesures ignorent de fait la volonté des citoyens exprimée par les urnes", écrit la délégation.

Elle se dit préoccupée "par les violations des libertés fondamentales des manifestants qui ont été signalées à la suite des manifestations déclenchées par l'arrestation du maire d'Istanbul".

L'arrestation d'Ekrem Imamoglu, investi candidat du principal parti d'opposition (CHP, social-démocrate) à la présidentielle de 2028 le jour-même de son incarcération pour "corruption", a été le déclencheur d'une colère plus large, dans un pays dirigé depuis 2002 par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan.

Les grandes manifestations de la première semaine, quand des dizaines de milliers de personnes déferlaient chaque soir devant l'hôtel de ville d'Istanbul, sont révolues mais le CHP s'efforce depuis d'entretenir la contestation.

Le Conseil de l'Europe, qui rassemble 46 pays, dont la Turquie, est la vigie des droits de l'homme et de la démocratie sur le continent. (AFP, 7 mai 2025)

Le Parlement de l'UE exige la libération d'un journaliste suédois

Le Parlement européen a exigé mercredi la libération "immédiate et sans conditions" du journaliste suédois Joakim Medin, arrêté fin mars en Turquie puis condamné par un tribunal d'Ankara pour "insulte" au président turc Recep Tayyip Erdogan.

Les eurodéputés "condamnent fermement" cette arrestation, et "réaffirment que la liberté de la presse est un droit fondamental et une valeur essentielle de l'Union européenne", ajoute le texte adopté lors d'un vote en session plénière à Strasbourg.

Il s'agissait d'un amendement associé à un "rapport" sur les relations UE-Turquie, sans valeur législative. Cet ajout était défendu par trois eurodéputés du groupe de La Gauche (The Left), deux suédois et un chypriote.

Reporter pour le journal suédois Dagens ETC, Joakim Medin, 40 ans, a été interpellé le 27 mars à son arrivée à Istanbul, où il venait couvrir les manifestations déclenchées par l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan.

La semaine dernière il a été condamné à onze mois de prison avec sursis par un tribunal d'Ankara, pour "insulte au président". Il a comparu par visioconférence depuis sa cellule dans une prison de la région d'Istanbul.

Malgré la condamnation à une peine avec sursis, Joakim Medin doit rester en prison dans l'attente d'un autre procès pour "appartenance à une organisation terroriste".

Le journaliste nie l'accusation de la justice turque selon laquelle il aurait participé en janvier 2023 à Stockholm à une manifestation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie).

Dans le rapport voté mercredi par une nette majorité (367 voix pour, 74 contre et 188 abstentions) les eurodéputés constatent que "le recul démocratique continue en Turquie", dont le processus d'adhésion à l'UE "doit rester gelé".

"Plus les autorités turques s'orientent vers un modèle autoritaire- comme cela a été observé récemment avec l'arrestation d'Ekrem Imamoglu - plus elles s'éloignent de l'adhésion à l'UE", a commenté l'élu espagnol Nacho Sánchez Amor (Socialistes et Démocrates), rapporteur du texte.

La Turquie a été reconnue comme candidate à l'entrée dans l'UE en 1999 mais les négociations d'adhésion sont gelées depuis 2018. (AFP, 7 mai 2025)


Meloni et Erdogan visent 40 milliards d'euros d'échange commerciaux

La Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont signé mardi une "déclaration conjointe" par laquelle ils s'engagent à parvenir à 40 milliards d'euros d'échanges commerciaux entre les deux pays.

"Nous avons signé aujourd'hui une déclaration conjointe qui fixe comme objectif nouveau et vraiment ambitieux d'atteindre 40 milliards d'euros dans nos échanges commerciaux à moyen terme", a déclaré Mme Meloni, après la rencontre.

"L'objectif que nous visons avec nos partenaires turcs est de renforcer l'autonomie industrielle européenne et méditerranéenne", a-t-elle ajouté.

L'Italie est le deuxième partenaire commercial de la Turquie en Europe. Le commerce bilatéral s'est élevé à 32,2 milliards de dollars en 2024, selon Rome.

Les deux dirigeants se sont réunis en tête-à-tête avant une rencontre élargie à plusieurs ministres des gouvernements de Rome et Ankara.

Mme Meloni et M. Erdogan ont discuté de la guerre en Ukraine et de la situation au Moyen-Orient avant la rencontre élargie au cours de laquelle une série d'accords a été signée, notamment dans les domaines de l'énergie et de la défense, selon une source gouvernementale italienne.

"L'objectif est de renforcer la coopération et le partenariat stratégique entre les deux nations et d'encourager les relations économiques et commerciales, qui se sont considérablement développées ces dernières années", a indiqué la source.

Cette réunion intervient alors que l'invasion russe de l'Ukraine a poussé l'Union européenne à rechercher des liens plus étroits en matière de sécurité avec la Turquie, alliée de l'Otan et candidate de longue date à l'adhésion à l'UE.

La guerre en Ukraine a aussi propulsé l'industrie de la défense au plus haut, et l'entreprise italienne de défense Leonardo a ainsi convenu avec le fabricant turc de drones Baykar de développer conjointement des drones.

La lutte contre l'immigration illégale, un sujet cher à la Première ministre italienne, qui dirige le parti post-fasciste Fratelli d'Italia (FDI), a été également évoquée.

Ankara a joué ces dernières années un rôle de premier plan dans la lutte contre les arrivées irrégulières en Europe, recevant en retour des milliards de la part de Bruxelles.

Les délégations ont cherché également à renforcer la coopération dans les domaines des transports, des infrastructures, de l'espace et du sport, l'Italie et la Turquie devant accueillir conjointement l'Euro-2032 de football. (AFP, 29 avr 2025)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Un juge américain ordonne la libération d'une étudiante turque

Un juge fédéral américain a ordonné vendredi la libération immédiate d'une étudiante turque arrêtée en mars par la police de l'immigration, devenue un symbole de la volonté de l'administration Trump de museler le mouvement de solidarité avec les Palestiniens de Gaza face à Israël.

La vidéo de l'arrestation le 25 mars de Rumeysa Ozturk, une doctorante de l'université Tufts dans le Massachusetts, par des agents en civil des services de l'immigration (ICE), visages masqués et pour certains capuche sur la tête, en vue de son expulsion, avait suscité l'indignation.

Un juge fédéral de l'Etat voisin du Vermont, dans le nord-est des Etats-Unis, a ordonné vendredi "au gouvernement de la relâcher immédiatement".

Le seul motif invoqué par l'administration Trump pour justifier l'expulsion de Rumeysa Ozturk est un article qu'elle avait cosigné en mars 2024 dans son journal universitaire, le Tufts Daily, critiquant la façon dont son établissement gérait le mouvement de protestation contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.

L'exécutif a eu depuis largement l'occasion de présenter d'autres éléments, mais ne l'a pas fait, a rappelé le juge William Sessions au terme d'une audience à laquelle elle a participé en visioconférence d'un centre de détention géré par ICE en Louisiane (sud) où elle est incarcérée depuis plus de six semaines.

"Dans le même temps, la prolongation de sa détention censure la liberté d'expression de millions de personnes qui ne sont pas citoyens de ce pays. N'importe laquelle d'entre elles peut maintenant hésiter à exercer sa liberté d'expression garantie par le Premier amendement (de la Constitution, NDLR) de crainte d'être embarquée vers un centre de détention loin de chez elle", a souligné le magistrat.

 - "Cauchemar constitutionnel" -

Le juge Sessions a refusé d'assortir cette libération des conditions suggérées par le gouvernement en matière de liberté de mouvement. Rumeysa Ozturk est "libre de retourner chez elle au Massachusetts" et de "se déplacer" au-delà de cet Etat, a-t-il précisé.

Il a néanmoins exigé que cette libération soit supervisée régulièrement par un centre municipal de réinsertion des détenus dans le Vermont qui lui en rendra compte.

Le magistrat a également proposé que les avocats de Rumeysa Ozturk et des services d'immigration conviennent de "conditions légères" à sa liberté d'aller et venir puisqu'elle reste sous le coup d'une procédure d'expulsion.

"Passer plus de six semaines en détention pour avoir écrit une tribune est un cauchemar constitutionnel. Sa libération est une victoire pour quiconque défend la justice, la liberté d'expression et les droits humains fondamentaux", a réagi dans un communique Monica Allard, une avocate de l'influente organisation de défense des droits civiques ACLU.

Dans une affaire similaire, un autre juge fédéral du Vermont avait ordonné le 30 avril la libération d'un étudiant palestinien impliqué dans le mouvement à l'université Columbia contre la guerre à Gaza et arrêté en pleine démarche de naturalisation deux semaines auparavant.

Mohsen Mahdawi est le cofondateur d'un groupe d'étudiants palestiniens à l'université new-yorkaise Columbia, avec Mahmoud Khalil, figure de la mobilisation estudiantine propalestinienne aux Etats-Unis, que l'administration Trump tente d'expulser depuis son arrestation le 8 mars.

Le président républicain Donald Trump a lancé une offensive contre les grandes universités américaines, les accusant de laisser prospérer sur leurs campus des mouvements de soutien aux Palestiniens face à l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, qu'il assimile à des manifestations d'antisémitisme. (AFP, 9 mai 2025)

Trump veut "travailler" avec Erdogan pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Donald Trump entend "travailler avec le  président (Recep Tayyip) Erdogan pour mettre fin à la guerre ridicule mais  meurtrière entre la Russie et l'Ukraine", a-t-il assuré lundi après un échange  téléphonique avec son homologue turc.

 Le président américain a assuré avoir eu une "conversation téléphonique  très bonne et productive" avec le dirigeant turc, qui a également porté sur  "la Syrie, Gaza et plus encore".

"Le président m'a invité à aller en Turquie et, de la même manière, il  viendra à Washington", a ajouté Donald Trump, rappelant avoir eu une relation  "excellente" avec Recep Tayyip Erdogan pendant son premier mandat (2017-2021).

Le président turc a remercié Donald Trump pour "son approche pour mettre  fin aux guerres", selon un communiqué de la présidence turque.

La Turquie, membre de l'Otan, a pris part aux réunions des alliés européens  et britannique de l'Ukraine.

Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois proposé d'accueillir des négociations  de paix dans son pays.

Le chef de l'Etat turc maintient aussi un contact avec le président russe  Vladimir Poutine, et les deux dirigeants ont par exemple dialogué récemment à  propos d'un accord sur la sécurité en mer Noire.

Ankara avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d'un  accord permettant l'exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire,  dont la Russie avait par la suite claqué la porte.

Recep Tayyip Erdogan a aussi poussé son homologue à alléger les sanctions  sur la Syrie, affirmant selon ses services qu'une telle décision, à la suite  de la chute de Bachar al-Assad, "contribuerait" à la stabilisation du pays  ravagé par la guerre.

Fin mars, Washington a assuré qu'un assouplissement des sanctions n'aurait  pas lieu tant qu'ils n'auraient pas constaté des progrès sur des priorités  telles que la lutte contre le "terrorisme".

Selon Ankara, Recep Tayyip Erdogan a également dit à Washington que l'aide  humanitaire devrait être délivrée "sans interruption" dans la bande de Gaza,  dévastée par la guerre et soumise à un blocus total d'Israël depuis plus de  deux mois. (AFP, 5 mai 2025)


Relations régionales / Regional Relations

Damas et Ankara s'accordent sur un accord de gaz naturel pour la Syrie

Le ministre syrien de l'Energie, Mohammad al-Bachir, a annoncé vendredi qu'un accord avait été trouvé entre Damas et Ankara afin que la Turquie fournisse du gaz naturel à la Syrie, via un gazoduc situé dans le nord du pays.

"Je me suis mis d'accord avec mon homologue turc, Alparslan Bayraktar, pour que soient fournis à la Syrie six millions de mètres cubes de gaz naturel par jour via le gazoduc Kilis-Alep", a dit le ministre syrien dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle Sana.

Kilis est située près de la frontière turque, au nord de la ville syrienne d'Alep.

Cet accord contribuera "à augmenter les heures de fourniture d'électricité et à améliorer la situation énergétique en Syrie", a ajouté le ministre.

Le nouveau pouvoir islamiste syrien, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre, cherche à reconstruire le pays ravagé par près de 14 années de guerre civile.

Le conflit a gravement endommagé les infrastructures électriques, avec des coupures pouvant durer plus de 20 heures par jour.

"Nous fournirons du gaz naturel à la Syrie depuis Kilis dans les trois mois à venir", a dit pour sa part le ministre turc de l'Energie jeudi soir à la chaîne privée CNN-Turk.

"Ce gaz sera utilisé pour la production d'électricité dans la centrale à gaz naturel d'Alep", a-t-il précisé, confirmant un débit quotidien prévu de six millions de mètres cubes.

En mars, le Qatar avait annoncé le financement de livraisons de gaz à la Syrie depuis la Jordanie, dans le but de remédier aux pénuries de production d'électricité.

La Turquie et le Qatar, qui entretiennent des liens étroits avec le gouvernement de transition syrien, ont été les deux premiers pays à rouvrir leurs ambassades à Damas après la chute de Bachar al-Assad, et ont appelé à la levée des sanctions imposées à la Syrie. (AFP, 9 mai 2025)

La Syrie au coeur de nouvelles tensions entre la Turquie et Israël

Les tensions se sont accumulées récemment  entre la Turquie et Israël sur le sol syrien après des mois d'escalade verbale  à propos de Gaza, les deux pays s'activant avec des visées contraires chez  leur voisin.

A peine six mois après la chute de Bachar el-Assad, seul un mécanisme de  coexistence et la pression américaine permettraient d'éviter une confrontation  potentiellement explosive entre les deux pays, préviennent les analystes.

Selon les médias turcs, la chasse turque a montré les dents la semaine  dernière après une série de frappes israéliennes sur Damas et Idleb  (nord-ouest), l'ex-fief rebelle du désormais président syrien par intérim  Ahmad al-Charreh.

Les F-16 turcs ont fait demi-tour avant tout incident mais l'épisode,  démenti par Israël, illustre la nervosité de chacun sur le territoire syrien.

La Turquie et Israël s'étaient rapproché juste avant les massacres du  Hamas, le 7 octobre 2023 et la riposte armée d'Israël sur Gaza.

 Ankara, proche du mouvement islamiste palestinien, s'inscrit en soutien des  nouveaux maîtres de Damas et maintient plusieurs milliers d'hommes sur leur  sol: deux raisons de friction avec le gouvernement israélien.

"Israël veut s'assurer que la Syrie ne constituera pas une menace militaire  et tente d'affaiblir son gouvernement tandis que la Turquie veut une direction  centralisée, qui affirme son contrôle et sa souveraineté", résume Soli Ozel,  professeur de Relations internationales et associé à l'Institut Montaigne, à  Paris.

"Avec des objectifs aussi contraires, le conflit est presque inévitable.  C'est comme si on attendait que l'accident se produise", indique-t-il à l'AFP.

 Les autorités turques ont montré une irritation croissante face aux frappes  israéliennes, officiellement destinées à protéger la minorité druze de Syrie  mais qui constituent pour Ankara une menace à la stabilité régionale.

"Israël tente de dynamiter la révolution du 8 décembre en attisant les  tensions ethniques et religieuses et en dressant les minorités de Syrie contre  le gouvernement" accusait le mois dernier le président turc Recep Tayyip  Erdogan. (AFP, 7 mai 2025)

 Inde-Pakistan: la Turquie alerte sur un "risque de guerre totale"

La Turquie a mis en garde mercredi contre le "risque de guerre totale" entre l'Inde et le Pakistan, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"L'attaque conduite la nuit dernière par l'Inde fait courir le risque d'une guerre totale. Nous condamnons cette initiative provocatrice ainsi que les attaques visant des civils et des infrastructures civiles", a écrit le ministère.

Ankara appelle les deux parties "à faire preuve de bon sens" et à prendre "des mesures pour réduire la tension (...) y compris en matière de lutte contre le terrorisme".

A ce sujet, la Turquie dit "soutenir la demande d'enquête du Pakistan sur l'attentat du 22 avril" au Cachemire indien, qui avait fait 26 morts.

La Turquie et le Pakistan, deux pays à large majorité musulmane, entretiennent de longue date des relations et une coopération économiques et militaires.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu à Islamabad en février où plus d'une vingtaine de nouveaux accords de coopération, notamment de défense, ont été signés. (AFP, 7 mai 2025)

Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir, l'ONU dénonçant ces violences "inacceptables" mais aussi l'intervention militaire d'Israël.

Affirmant vouloir défendre la communauté druze, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur le secteur des combats et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Ces affrontements ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

Déclenchés lundi soir dans la localité à majorité druze de Jaramana, une banlieue de Damas, les heurts entre groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite et combattants druzes se sont étendus mercredi à Sahnaya, faisant 22 morts -tous des combattants- selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats à Jaramana ont fait 17 morts d'après l'OSDH.

Les forces de sécurité ont annoncé se déployer à Sahnaya pour "rétablir l'ordre" après les violences impliquant les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite dont les membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Le ministère de l'Intérieur a averti que les autorités "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie".

Il a mis en cause des "groupes hors-la-loi" ayant pris pour cible "des postes et barrages" des forces de sécurité aux abords de Sahnaya, une localité située à 15 km au sud-ouest de Damas et où vivent des druzes.

Le pouvoir du président Ahmad al-Chareh a aussi réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien sans exception, y compris la communauté druze", selon un communiqué des Affaires étrangères.

Il a exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- "Les obus tombent" -

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus tombent sur nos maisons", a raconté à l'AFP Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya. "Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle. Les gens meurent et nous avons des blessés."

Un accord mardi soir entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana a mis fin aux affrontements dans cette localité. Selon l'OSDH, des tirs sporadiques sont encore entendus à Sahnaya.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'est dit "alarmé" par le "potentiel d'escalade supplémentaire d'une situation extrêmement fragile" après les violences autour de Damas et a exigé que cessent les attaques israéliennes.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

- "Alliés locaux" -

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya".

L'armée israélienne a annoncé que ses forces étaient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si "la violence contre la communauté druze persistait".

Elle a en outre affirmé avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers un hôpital en Israël.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt a appelé les druzes à "rejeter toute ingérence israélienne".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Les dignitaires druzes avaient rejeté ces propos, réaffirmant leur attachement à l'unité de la Syrie.

La Turquie, pays allié du pouvoir syrien, a appelé Israël à "cesser ses frappes aériennes" sur la Syrie. (AFP, 30 avr 2025)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Key figure in slain Cyrpiot casino tycoon’s network shot dead in Netherlands

Cemil Önal, a close associate of Northern Cypriot casino tycoon Halil Falyalı who was assassinated in 2022, was shot and killed yesterday in the Netherlands nearly two weeks after giving an interview in which he warned of threats to his life.

Önal, known as the “financial brain” behind Falyalı’s operations, was targeted on the terrace of Hotel Hoevevoorde in the Rijswijk city around 5.45 pm local time. The gunman has not yet been caught.

Dutch police confirmed that an investigation is ongoing and stated that “all possibilities remain on the table.” Witnesses reported hearing three gunshots at the scene. Önal was reportedly under the protection of US and Dutch intelligence agencies at the time of the attack.

In a recent interview with  the Northern Cyprus-based Bugün Kıbrıs editor-in-chief Ayşemdem Akın, Önal had made serious accusations involving Turkish and Cypriot politicians and government officials. He alleged corruption, bribery, blackmail, and money laundering tied to Falyalı’s business empire. “I am a black box. They will want to silence me,” Önal said in the interview, openly expressing fears for his life.

Journalist threatened after interview

Following the interview, journalist Ayşemdem Akın received a death threat linked to her reporting. Akın had been publishing a series titled Halil Falyalı Is Alive, which delved into the tycoon’s enduring influence and network. She was contacted by phone from a Turkish number and warned to stop the series. A woman on the call said, “I want to protect you,” but threatened that Akın would be killed if she continued. She claimed three individuals were already on the island “to do what’s necessary.”

Akın shared the 27-minute audio recording with police and filed an official complaint. “I stayed calm at first because of the contradictions in the threat,” she said. “But I will not back down.” Police have since contacted Turkish authorities to identify the owner of the phone line and possible connections.

Killing of Falyalı

Halil Falyalı, a prominent figure in the gambling and betting industry in Northern Cyprus, was killed in a drive-by shooting in Girne (Kyrinea) Feb 2022. Falyalı had long been a controversial figure in Northern Cyprus, with a history of legal troubles including charges of assault, robbery, and false imprisonment.

In 2021, exiled Turkish mob boss Sedat Peker accused him of being a central player in an international cocaine trafficking network stretching from Colombia to Turkey, as well as an "illegal betting baron."

Falyalı had also been investigated by US authorities and faced legal action on suspicion of drug trafficking.
Less than a year after Peker's allegations, Falyalı was assassinated by a team of gunmen in Feb 2022 near his house in Girne (Kyrinea), who opened fire on his car with automatic rifles.

At that time, Mustafa Akıncı, former president of Norhtern Cyprus, had claimed that Falyalı was "protected" by his allied politicians in the ruling National Unity Party (UBP).

"Everyone knows that he supports UBP with all his financial means in elections at all levels. It is also known that there are allegations that Halil Falyalı has connections with various dirty and illegal relations," Akıncı had said. (BIA, 3 May 2025)

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